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La responsabilité civile délictuelle trouve ses fondements dans les articles 1382 s. du
Code civil, ou plus précisément dans les articles 1382 à 1386 du Code civil.
Il conviendra alors de voir le régime de chacun des articles, les articles 1382 et 1383
(I), l’article 1384 (II), l’article 1385 (III) et enfin l’article 1386 (IV) afin de mieux
comprendre ce qu’est la responsabilité civile délictuelle.
A La notion de faute
Les articles 1382 et 1383 C.civ. fondent l’obligation à réparation du préjudice sur la
faute du responsable qui doit être prouvée par la victime.
La notion de faute délictuelle n’est pas définie par le Code civil. Ce dernier ne vise que
la faute volontaire soit le délit, et la faute d’imprudence ou de négligence qui est le quasi-
délit.
Planiol a défini la faute comme étant la violation d’une obligation préexistante.
Pour que la faute soit caractérisée, la victime doit établir que le responsable a eu une attitude
contraire à une norme de conduite résultant d’une faute de commission (1) ou d’abstention (2)
(ou d’omission).
1) La faute de commission
La faute de commission résulte d’un acte positif du responsable qui méconnaît une
règle de conduite imposée par une obligation préalable.
Il peut s’agir de la violation d’une loi ou bien même d’une règle coutumière comme
c’est le cas de la responsabilité sportive dans le cadre de la pratique d’un sport violent tel que
la boxe. La responsabilité sportive est engagée seulement si la personne a méconnu les règles
sportives.
Les juges ont ici un large pouvoir d’appréciation.
2) La faute d’abstention ou d’omission
Dans un arrêt Branly du 27 février 1951 (1), la Cour de cassation adopte une position plutôt
libérale. En effet, dans cette décision, la Cour considère que « la faute prévue par les art. 1382
et 1383 peut consister aussi bien dans une abstention que dans un acte positif ; que
l’abstention, même non dictée par la malice et l’intention de nuire, engage la responsabilité de
son auteur lorsque le fait omis devait être accompli en vertu d’une obligation légale,
réglementaire ou conventionnelle, soit aussi, dans l’ordre professionnel ».
Cet arrêt permet de relever deux éléments de la faute d’abstention.
Tout d’abord la faute d’abstention n’implique pas que l’auteur ait été animé d’une
intention malveillante à l’égard de la victime.
Ensuite, il doit exister une obligation d’action préalable dont les sources sont très
variées : loi, coutume, norme professionnelle…
Les tribunaux peuvent aussi sanctionner une faute d’abstention quant le responsable
aurait dû agir selon des règles normales de conduite d’une vie en société, soit l’idée du « bon
père de famille », même si aucun texte spécial n’existe.
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1. Civ. 27 février 1951, D.1951. 329, note H. DESBOIS
II L’article 1384 du Code civil
L’article 1384 du Code civil contient huit alinéas. La plupart définissant une
responsabilité particulière. Il convient alors de les étudier de façon successive.
Deux arrêts de principe permettront la « découverte » de l’art. 1383 al. 1er C. civ.
Dans un arrêt du 11 juin 1896, Teffaine (2), la chambre civile de la Cour de cassation
affirme l’existence d’une responsabilité extra-contractuelle autonome du fait des choses
fondée sur l’art. 1384 al. 1er C.civ. La Cour de cassation reprenant une idée lancée par la
jurisprudence et la doctrine belges.
Plus tard, dans un arrêt des chambres réunies du 13 février 1930, Jand’heur (3), la
Cour de cassation affirmera l’existence d’un principe général de responsabilité du fait des
choses, fondée sur l’art. 1384 al. 1er C.civ., qui oblige le gardien à l’indemnisation des
préjudices causés par la chose, indépendamment de toute preuve de sa faute.
2) La notion de chose
La jurisprudence interprète de façon très large la notion de chose. Cela peut être toute
chose, tant un meuble qu’un immeuble.
Malgré une conception large, la jurisprudence énonce trois exceptions :
- les exceptions fondées sur l’adage « specialia generalibus derogant », qui signifie que
ce qui est spécial, déroge à ce qui est général.
Donc, les choses soumises à des textes spéciaux n’entrent pas dans le champ
d’application de l’art. 1384 al. 1er du Code civil. Ainsi en est-il des animaux (art. 1385
C.civ.) ou des bâtiments en ruine (art. 1386 C.civ.).
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2. Ch. civ. 11 juin 1896, S. 1897. 1. 17 note A. ESMEIN ; D. 1897. 1. 433 note SALEILLES et concl. SARRUT
3. Cass. Ch. réunies, 13 février 1930, D. 1930. 1. 57, rapport LE MARC’HADOUR, concl. MATTER et note
RIPERT ; S. 1930. 1. 121 et note P. ESMEIN, Gaz. Pal. 1930. 1. 393 et concl. MATTER
3) Conditions de la mise en œuvre de la responsabilité
Le dommage subi par la victime doit être dû au fait de la chose, celle-ci doit être
l’instrument du dommage.
La responsabilité incombe à la personne qui exerce sur la chose un pouvoir de garde qui
est un pouvoir d’usage, de contrôle et de direction sur la chose. Le gardien étant la personne
qui détenant de façon matérielle cette chose lors du dommage. Il s’agit généralement du
propriétaire de la chose bien que le transfert de garde soit admis par la jurisprudence.
4) Le régime de la responsabilité
L’article 1384 al. 1er du Code civil met en œuvre une responsabilité objective du
gardien de la chose. Il peut s’exonérer de sa responsabilité par la cause étrangère.
La jurisprudence appliquait l’alinéa 1er de l’art. 1384 C.civ pour les incendies ayant pris
naissance dans une chose, qui causaient un dommage aux voisins. C’est pour éviter une forte
augmentation des primes des contrats d’assurance sur les recours des voisins en cas
d’incendie que la loi du 7 novembre 1922 a été votée et insérée dans l’article 1384 al. 2 C.civ.
2) Evolution de la jurisprudence
Le texte énonce que celui qui détient, à un titre quelconque, tout ou partie de
l’immeuble ou des biens mobiliers dans lesquels un incendie a pris naissance ne sera
responsable, à l’égard des tiers, des dommages causés par cet incendie que s’il est prouvé
qu’il doit être attribué à sa faute ou à la faute des personnes dont il est responsable.
En l’absence de faute prouvée, et si l’origine de l’incendie est inconnue, le gardien
n’encourt aucune responsabilité (4).
La jurisprudence a interprété de façon restrictive les conditions d’application de
l’article 1384 al. 2 C.civ. pour écarter le moins possible la protection de l’art. 1384 al. 1er
C.civ., et ce, malgré les assureurs.
Tout d’abord, elle a considéré que si un incendie provoque une explosion, l’art. 1384
al. 2 C.civ. s’applique (5). Par la suite, la jurisprudence considère uniquement le fait que
l’incendie soit né dans l’immeuble ou les biens mobiliers du défendeur pour appliquer l’alinéa
2 de l’article 1384 du Code civil (6).
La doctrine appelle à une suppression de cet article.
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4. Civ. 2e, 12 juillet 1955, D. 1955.685 sur un poêle imprudemment porté au rouge
5. Civ. 23 novembre 1925, Gaz. Pal. 1926.1.133
6. Civ. 2e, 16 avril 1996, Bull. civ. II, n°93, Resp. civ. et assur. 1996, chron. 38, par H. JOURDAIN
C Les alinéas 4 et 7 de l’article 1384 du Code civil : la responsabilité des
parents du fait des enfants
Les parents sont tenus pour responsables des fautes commises par leur enfant
mineur et qui causent à une autre personne un dommage.
Pour pouvoir mettre en œuvre la responsabilité des parents, deux conditions doivent
être réunies :
- Le(s) parent(s) devant exercer l’autorité parentale
- une cohabitation (le mineur doit vivre chez ses parents) doit exister avec l’auteur du
fait dommageable
Depuis l’arrêt Bertrand (7) la responsabilité des parents est une responsabilité
objective. Ils peuvent se dégager de cette responsabilité que par la cause étrangère.
Régime de la responsabilité
Pour le commettant, il s’agit d’une responsabilité sans faute. La victime n’a pas à
prouver la faute du commettant. Quant au commettant, il ne peut s’exonérer par la preuve de
son absence de faute. Ses possibilités d’exonération sont restreintes. Il peut s’exonérer en
prouvant que les conditions de sa responsabilité ne sont pas réunies. Quant à l’exonération par
la cause étrangère, elle reste possible, mais le commettant ne peut s’exonérer en invoquant
que le fait du préposé avait pour lui les caractères de la force majeure, néanmoins, si la force
majeure est constituée à l’égard du préposé, le commettant peut s’en prévaloir comme cause
d’exonération.
La faute de la victime et le fait du tiers restent exonératoires.
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7. Civ ; 2e, 19 février 1997, D. 1997. 265, note P. JOURDAIN ; JCP 1997. II. 22848, note M. HUYETTE
Mais dans un arrêt Costedoat, l’Assemblée Plénière, décida que « n’engage pas sa
responsabilité à l’égard des tiers le préposé qui agit sans excéder les limites de la mission qui
lui a été impartie par son commettant » (8). La victime n’a plus donc plus qu’une action,
contre le commettant, dès lors que le préposé n’outrepasse pas les limites de sa mission.
L’application de l’article 1384 alinéa 6 du Code civil est aujourd’hui en déclin, la doctrine
plaide pour sa suppression.
Comme les parents à l’égard de leur enfant, l’artisan est responsable de l’apprenti.
Conditions de la responsabilité
Pour mettre en œuvre la responsabilité de l’artisan, il faut que l’apprenti ait commis un
fait illicite ayant causé un dommage à un tiers.
Il faut une relation d’apprentissage, et peu importe que le responsable ait la qualité
juridique d’artisan.
Nature de la responsabilité :
La responsabilité de l’artisan reposerait sur un régime de présomption simple de faute.
Mais suite à l’arrêt Bertrand (Civ. 2e, 19 février 1997), la doctrine considère que cette
solution devrait aussi s’appliquer à l’artisan. Il aurait donc une responsabilité objective.
Toutefois, la Cour de cassation n’a pas répondu à cette question.
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8. Assemblée Plénière, 25 février 2000, D. 2000.673, note Ph. BRUN ; Resp ; civ. et assur., chron. n°11, obs. H.
GROUTEL, JCP 2000.I.241, obs. G. VINEY
9. Ass. plén. 14 décembre 2001, D. 2002. 1230, note J. JULIEN, JCP 2002. II. 1ote M. BILLAU
2) La responsabilité de l’instituteur du fait de ses élèves
Pour mettre en œuvre la responsabilité du fait des animaux, soit l’article 1385 C.civ.,
l’animal doit être approprié.
Dès 1885, avec un arrêt Montagnié, la Cour de cassation décida qu’il ne suffisait
pas au gardien de rapporter la preuve d’une absence de faute, mais que la présomption de
faute édictée par l’article 1385 « ne peut céder que devant a preuve soit d’un cas fortuit, soit
d’une faute commise par la partie lésée » (10).
L’article 1385 C.civ. rend responsable le propriétaire de l’animal ou celui qui s’en sert,
même quand l’animal s’est égaré ou échappé.
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10. Civ. 27 octobre 1885, DP 1886.1.207, S. 1886.1.33, Grands arrêts, n° 190
IV L’article 1386 du Code civil, la responsabilité du fait des
bâtiments en ruine
Avant la découverte et l’exploitation de l’article 1384 alinéa 1er, l’article 1386 a été
le seul texte du Code civil pouvant améliorer la situation de la victime à propos des choses
inanimées.
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11. Req. 4 juillet 1905, DP 1906.1.245
12. Civ. 2e, 23 mars 2000, RTD civ. 2000.581
Bibliographie
° Fr. CHABAS, « Cent ans de responsabilité civile », Gaz. Pal. juillet-août 2000 p.
1399
La faute
° La responsabilité du fait des choses, Réflexions autour d’un centenaire, sous la dir.
de F. LEDUC. Economica, 1997 (recueil d’articles écrits à l’occasion du centenaire de l’arrêt
Teffaine
Responsabilité du commettant