Beruflich Dokumente
Kultur Dokumente
nous ont été transmis 3. C'est un détail qui à première vue paraît peu
significatif, mais qui, nous l'espérons, nous permettra de mieux saisir
la manière dont les deux illustres traducteurs des années 400 ont rendu
en latin de nombreux écrits de leur grand maître alexandrin 4.
I. Quelques faits.
Traitant des trois homélies catéchétiques, rapportées par le sacra-
mentaire Gélasien, Dom de Puniet prétend que les Pères du IVe et
du Ve siècles auraient rarement utilisé la formule Dominus et Salva-
tor noster, tandis que la formule serait devenue fréquente au temps
de Césaire d'Arles 5. R. Étaix, à son tour, se réfère à cette opinion pour
confirmer l’authenticité de certaines homélies attribuées à Chromace
d'Aquilée 6. Il est vrai que l'expression Dominus et Salvator noster est
très caractéristique de cet auteur 7. Mais en ce qui concerne ses con-
temporains, elle est loin d'être aussi rare qu'on l'a pensé.
De fait, nous rencontrons vers 400 la formule en question chez
des écrivains de toutes les Églises latines, quoique peut-être sous des
formes légèrement variées. Ainsi la lisons-nous chez des auteurs ita-
liens, tels que Filastre de Brescia, Ambroise de Milan, le Ps. Hege-
monius, c'est-à-dire, l'auteur de la version latine des Acta Archelai,
Rufin d'Aquilée, Gaudence de Brescia aussi bien que Maxime de Tu-
rin 8. Nous la retrouvons chez des africains, comme Augustin, Tico-
3 Le sujet qu’on traite ici fera l’objet d’une étude plus étendue dans un ouvrage
sur le vocabulaire christologique de Léon le Grand.
4 Outre la littérature indiquée dans la note 1, voir aussi A. Siegmund, Die
Ueberlieferung der griechischen christlichen Literatur in der lateinischen Kirche bis
zum 12. Jahrhundert (München, 1949), 110123־.
5 P. de Puniet, Les trois homélies catéchétiques du sacramentaire gélasien:
RHE 6, 1905, 311: «La formule ,Dominus et Salvator noster’ par laquelle débute
notre Expositio se rencontre assez rarement chez les Pères du IV et V siècles pour
qu’elle mérite d’être relevée.». Voir 311, note 2: « Plus tard cette expression devient
familière à Césaire d’Arles, au Pape Vigile et à S. Isidore de Séville ».
6 R. Étaix, Fragments nouveaux du commentaire sur Matthieu de Chromace
d'Aquilée, (Lyon, i960), 256.
7 Voir Chromace d’Aquilée, Opera omnia: CChL 9, 596: index verborum:
Dominus ac Salvator noster.
8 Pilastre de Brescia, Divers, hereseon liber: CChL 9, 520: Index verborum,
dominus; Ambroise, De fide II, 1, 10: CSEL 78, 63; De spiritu Sancto I, prol. 8,
82: CSEL 79, 19; Explan. Ps. 45, 11: CSEL 64, 337, 5; ib., 16: CSEL 64, 341,
12s; Expos, evang. s. Luc. IV, 57, 705: CChL 14, 126 = CSEL 32, 167, 21s; ib.
II, i, 6s: CChL 14, 30 = CSEL 32, 40, 18s; etc. Au sujet de s. Ambroise, deux
remarques s’imposent. Quant à la transmission du texte d’abord, on y constate des
hésitations entre salvator et salutaris. Ensuite, il faut bien concéder que l’évêque
de Milan recourt relativement peu à la formule Dominus Salvator, resp. Dominus sa-
lutaris; Ps.-Hegemonius, Acta Archelai 5, 4: GCS 16, 7, 3s (texte grec 'σωτήρ
TRADUCTIONS D,ORIGENE 139
κύριος’) et 7, 18s (texte latin ,salvator dominus')’, 61, 6: GCS 16, 89, 30s; 31, 9:
GCS 16, 44, 27; 15, 8: GCS 16, 24, 27s. Il est intéressant de relever que la traduc-
tion latine qui, d’après l’éditeur, C. H. Beeson (voir GCS 16, XVIIIs), daterait
de la fin du IVe siècle propose la formule en plusieurs variantes, et que, dans l’uni-
que passage transmis en grec, σωτήρ précède κύριος. Cela nous suggère qu’au temps
de la rédaction de l’original grec (330-348), la formule κύριος σωτήρ n’était pas en-
core courante; Rufin, De bened. pair. II, 19, 2s: CChL 20, 216. Voir également, De
adult, liborum Origenis, 9, 10: CChL 20, 13. Quant aux autres traductions on y re-
viendra ci-dessous; Gaudence de Brescia, Tract. IV, 18, 101-103: CSEL 68, 43;
IX, 22, 189s: CSEL 68, 81; etc.; Maxime de Turin, Serm. 28, 48: CChL 23, 109;
serm. 41, 52: CChL 23, 165; serm. 63, 45: CChL 23, 267; serm. 99, 31: CChL 23, 394.
9 Augustin, Conf. 9, 4, 7: Bibl. Aug. 14, 82; 7, 5, ך: Bibl. Aug. 13, 594; Contra
Faustum, 23, 5: ML 42, 468; De Trinitate IV, 3, 5; ML 42, 889, aussi bien qu’en
bien des sermons ou des commentaires scriptuaires. Parmi ceux-ci, on notera surtout,
Tract, in evang. Ioannis 17, 1-16: CChL 36, 169-179, où Augustin cite par deux fois
Tite 2, 13 et recourt cinq fois à la formule Dominus et Salvator noster Iesus Christus.
Il est, d’ailleurs, à retenir que ce traité commence par cette formule, qu’il contient
des allusions au symbole baptismal, qu’il insiste sur la grandeur de l’incarnation,
qu’il développe le motif du sauveur-médecin et qu’il défend contre les ariens l’action
créatrice du Christ: des traits qui nous font donc tous saisir la portée qu’a la formule
dans la pensée d’Augustin; Ticonius, In Apoc. 10, 7; MLS 1, 642: « ...septima
tuba persecutionis est finis, est aduentus Domini Saluatoris »; Maximinus, C. Ambro-
sium, 17: MLS I, 703; serm. 2: In sancta Epiphania, 164 s: MLS 1, 734 ss; serm.
7, 174: MLS I, 745.
10 Sulpice Sévère, Dial. I, 4: CSEL 1, 185, us.; Eucher de Lyon, De laude
heremi, 22: CSEL 31, 184; Instruct, ad Salonium, I, Mt 9: CSEL 31, 108; ib., I,
10 9: CSEL 31, 117; Jean Cassien, De Incarn. I, 2: ML 50, 19AS; I, 3: ML 50,
23A (deux fois); II, 5: ML 50, 42DS; II, 6: ML 50, 47A; III, 13: ML 50, 69B;
VII, 30: ML 50, 267AS.; Vincent de Lérins, Excerpta, 7: ed. Madoz 120, 6-9;
Common., 26: ML 50, 673.
11 Grégoire D’Elvire, De fide orthodoxa, 8: ML 20, 47D, 49A. — Parmi les
oeuvres de cet auteur, mérite d’être spécialement mentionné le Tractatus (Origenis)
de libris SS. Scripturarum: MLS 1, 358-472: On y rencontre sur environ 120 colon-
nés cinq fois Dominus et Salvator ou Dominus Salvatorque, quatre fois Deus Salva-
tor et une fois Salvator noster et Dominus. — Voir aussi, ib. XVII, 184: MLS 1, 456;
Orose, Lib. apol. 31, 8: CSEL 5, 659. — Voir Adv. pag. 7, 3, 4: CSEL 5, 438.
12 Jérôme, In Hieremiam proph. III, 74, 2: CSEL 59, 210, 21s; In Isaiam,
12, 41, 8/16, 67: CChL 73A, 472; 12, 41, 21/24, 20s: CChL 73A, 475; ep. 18A, 7, 7:
CSEL 54, 84; Vulgate: 1 Rois 14, 39; Phil 3, 20. — Parmi les commentaires bibli-
ques de Jérôme, celui sur Zacharie surtout est remarquable: ML 25 (1845) 1415D-
1542A. On y retrouve, en effet, environ vingt fois la formule Dominus Salvator, dont
I4Ò B. STUDER
plusieurs fois sous la forme Adventus Domini Salvatoris, p.e. I, i, 18s: ML 25, 1428B;
I, 2, i, 2: ML 25, 1430B. — Quant aux rapports de ce commentaire avec celui de
Didyme d’Alexandrie, on y reviendra tout à l’heure; Nicétas de Rémésiana, De
divers, appellationibus, 1, 13־: ed. Burn i; De Symbolo, 3: ed. Burn 41, 26 ;־De psal-
mod. bono, 10: ed. Burn 78, 8s.
13 Voir Origène־J érôme, Homiliae in Lucam: ed. Rauer = GCS 49 (35).
On y trouve au moins quatre fois Dominus Salvator, p.e., Horn. 8: GCS 49, 47, 5s.
48, 9, et trois fois Dçminus noster atque Salvator, p.e., Horn. 13: GCS 49, 77, 5s.
14 Voir Origène-Rufin, Homiliae in Numéros: GCS 30, 1285־. On y ren-
contre au moins huit fois Dominus et Salvator noster, p.e., Horn. 23, 2: GCS 30, 312,
29s. — Voir également Horn. 23, 10: GCS 30, 221, 16s: Christus Iesus Dominus et
redemptor eius; Horn. 26, 2: GCS 30, 244, 24s: « ...quod mandat Dominus et Salvator... ».
15 Origène, De Principiis III, i, 7: GCS 22.205, 8.23s.
16 Origène, De Principiis II, 8, 3: GCS 22, 155, 13, avec le texte de Jérôme,
Ep. ad Avitum: ML 22, 1065, en note. — Au sujet de cette traduction, il faut bien
noter que, polémiquant contre Rufin, Jérôme entendait donner ici une traduction
littérale. Voir G. Bardy, Traducteurs et adaptateurs au IVe siècle: RchScRel 30, 1940,
290, et, F. X. Murphy, Rufinus of Aquileia (Washington, 1945), 105. Mais cette
intention de faire une version littérale ne semble pas l’avoir empêché d’introduire
la formule Dominus atque Salvator.
17 Origène-J érôme, Homiliae in Lucam 10: GCS 49, 60, 11: « έν τη Χρίστου
έπιδημίςρ » et « in adventu Domini Salvatoris ». — D’autres exemples du même genre
dans le même ouvrage: Horn, in Lucam 8, 1: GCS 49, 47, 5s, à comparer avec Am-
broise, Expos, in ev. s. Lucae II, 28, 385s: CChL 14, 43 = CSEL 32/4, 56, 6. —* Hom.
in Lucam 8, 2: GCS 49, 48, 810־, à comparer avec Ambroise, Expos, in ev. s. Lu-
cae II, 27, 374: CChL 14, 42 = CSEL 32/4, 20s. Horn, in Lucam 21, 4: GCS 49, 128,
193 ,30 ;24־: GCS 49, 173, 24s. 174, 24־. A ajouter un exemple ultérieur de la tra-
duction du De Principiis par Rufin: IV, 2, 1: GCS 22, 306, 3.
TRADUCTIONS D ׳ORIGÈNE 141
peu différemment, quand nous disposons d'un texte grec qui ne pro-
vient pas seulement de fragments de chaînes, mais d'une tradition
plus complète du texte. Les homélies sur Jérémie dont nous possé-
dons une grande partie non seulement dans la version de Jérôme, mais
aussi dans le texte original, nous en fournit un exemple très éloquent 18.
Dans ces homélies, en effet, nous rencontrons en grec, comme en quel-
ques passages d'autres écrits origéniens, la formule σωτήρ καί κύριος 19.
Mais, au moins trois fois, nous y voyons aussi le titre ό κύριος ήμών
καί σωτήρ ’Ιησούς Χριστός, ce qui paraît exceptionnel 2°. Jérôme lui-
même a rendu chaque fois littéralement cette formule solennelle, et
cela, on le notera bien, vers 380 21. Pourtant il faut aussi remarquer
qu'une fois, au moins, il change les termes de la formule plus simple,
σωτήρ κύριος, en la traduisant par Dominus et Salvator meus 22. On
peut considérer ce changement comme peu significatif, voire même
comme dû au hasard. On lui attribuera, cependant, une portée plus
grande, si l'on tient compte des anomalies assez nombreuses du même
genre. Jérôme, en effet, reproduit également σωτήρ par Iesus23 ou
faites par Jérôme et Rufin, des écrits origéniens, recourent très fré-
quemment au thème du Seigneur-Sauveur. Il faut même admettre
qu'elles le contiennent beaucoup plus souvent que le texte original,
voire même, qu'elles l'emploient là où le texte grec connu met en va-
leur d'autres titres christologiques. Certes, cette note très caractéris-
tique correspond à la tradition latine des alentours de 400. Elle n’est
même pas absente d'autres traductions que Jérôme nous a laissées.
Mais est-ce que ce contexte historique explique vraiment le fait de
ces traductions assez libres? Ne pourrait-on pas imaginer que les tra-
ducteurs latins avaient à leur disposition un texte grec mieux con-
servé que celui des fragments grecs qui nous sont restés? Et alors,
ne serait-il pas plus juste de penser à une influence des versions sur
la tradition latine en général plutôt qu'à une influence inverse? C'est
un problème qui n'est pas facile à résoudre.
Didyme, II, 340: 173, 20s: SChr 84, Jérôme, II, 8, 11.12: ML 25, 1471C:
594*·
«... γέγραπται* « dicitur:
Εύφράνθητε, οί ουρανοί άμα αύτφ (Dt 32, ’ Laetamini caeli cum eo ’ (Dt 32, 43)
43: LXX) τφ σωτηρι δηλονότι» id est, cum Domino Salvatore ».
A comparer en outre, Didyme, II, 25: 99, 311 ,100־: SChr 84, 438 (avec tout
le contexte) avec Jérôme, II, 6, 9: ML 25, 1457D (avec le contexte). — Voir éga־
lement ce que, dans la note 2, on a dit sur la version latine du commentaire dOri-
gène sur Matthieu. De même on notera les divergences des textes dOrigène et d’Am-
broise, cités dans la note 16.
33A. Jaubert, Origène, Homélies sur Josué, 82. — L’auteur renvoie en note,
à M. Wagner, Rufinus the Translator, 9, qui défend la même appréciation.
33 Op. cit., 82.
34 En ce qui concerne les caractéristiques générales des chaînes exégétiques,
voir, R. Devreesse, Chaînes: DBS 1 (1928) 10841233־, surtout 1092SS. — Voir éga-
lement A. Jaubert, op. cit., 7082־.
I44 B. STUDER
De plus, Marius Victorinus, Adv. Arium 1, 47, 45SS: ed. Hadot: SChr 68,
332 (au lieu de Dominus, cependant, l’équivalent de pater omnis creaturae); Epist.
Candidi, ii, 18-22: ed. Hadot: SChr 68, 124. Quant à l’authenticité de ce deuxième
texte, voir, P. Nautin, Candidus VArien: Mélanges de Lubac, 1, 309320־, ainsi que
M. SiMONETTi, Nota sull’ariano Candido: Orpheus io, 1963, 151157־. D’après ces
deux auteurs, il s’agit d’une lettre fictive, composée par Marius Victorinus lui-même.
Lucifer de Cagliari, De s. Athanasio, 1, 33: CSEL 14, 124, 26s.
On pourrait se référer également à un fragment arien qui précise même qu’il
faut voir le Fils dans le Seigneur par lequel toutes les choses ont été créées: Fragm.
arian. 4: ML 13, 603B-605C. Mais il est difficile de le dater. Constantin, Epist.
5: CSEL 26, 210, 4s. — Dans la même lettre apparaît aussi la formule Christus Sal-
vator: 208, 31s; 209, 5.34. — Voir aussi Orat. ad Coetum Sanctorum, ii: MG 20,
1264BC. — Pour ce qui concerne la valeur de ces témoignages, J. Quasten, Initiation
aux Pères de l’Eglise, III (Paris, 1962) 459492( ־Litt.).
39 Voir R. Braun, Deus Christianorum, 495, note 1. —· On trouve, cepen-
dant, Salvator dans les Testimonia de Cyprien: 2, 7: CSEL 3/1, 71, 16 (titre). 73,
2 (Le 2, 11); 3, 11: CSEL 3/1, 124, 5 (Phil 3, 20).
40 Suivant le glossaire du CSEL, Hilaire n’utilise que très rarement le mot
même de salvator. Ce qui est à expliquer par l’histoire générale de ce mot qui ne
s’est imposé à tous les milieux chrétiens que vers la fin du IVe siècle. Voir à ce pro־
pos, P. de Labriolle, Salvator: ALMA 14, 1939, 35; C. Mohrmann, Les emprunts
grecs dans la latinité chrétienne: VigChr 4, 1950, 204s; A. Thibaut, La révision he-
xaplaire de s. Jérôme, n. 24: P. Salmon, Richesses et déficiences des anciens psautiers
latins (Rome, 1959) 121s; R. Braun, Deus Christianorum, 493, note 1.
41 Voir Juvencus, Evangeliorum libri IV: CSEL 24, 170: index, où ne sont
indiqués que cinq passages avec Salvator.
42 Voir les textes indiqués par G. Müller, Lexicon Athanasianum, 787794־,
surtout 792: κύριος; 1403s: σωτήρ. —Voir aussi, H. Linssen, ΘΕΟΣ ΣΩΤΗΡ. Entwich-
lung und Verbreitung einer liturgischen Formelgruppe: Jahrbuch für Liturgie Wissen-
schaft 8, 1928, 175־. Cet article, d’ailleurs, ne met pas seulement en lumière l’in-
fluence de saint Athanase, voire, de l’Eglise d’Egypte, dans ce qui concerne Tori־
gine et l’évolution de la formule Dominus Salvator, mais contient aussi un maté-
riel très riche, concernant l’histoire de cette formule dans les textes liturgiques en
général.
48 Voir Didyme D’Alexandrie, Sur Zacharie, cité ci-dessus: note 30; Vita-
lius D’Antioche, De fide, cité par Cyrille D’Alexandrie* De recta fide ad reginas,
I, 10: MG 76, 1216D = ־ed. Lietzmann 273, 18-22; Cyrille De Jérusalem, Cote-
chesis 15, 12: MG 33, 885BC; Basile De Césarée, Adv. Eunomium, 2, 2: MG 29,
576D; De Spir. Sancto, 24, 55: MG 32, 172B; 29, 73: MG 32, 204C (citation de Julius
Africanus); De iudicio Dei, 7: MG 31, 672A. — D’après un glossaire, dressé dans un
mémoire inédit par A. Hawkaluk, De nominibus divinis apud S. Basilium (Rome,
1965/6), 107, il n’y a pas d’autres textes qui contiennent la formule; Theodore De
Mopsueste, In Ioannem, 1, 29: MG 66, 733D == ed. Vosté 29, 23s; 5, 19: MG 66,
744C = ed. Vosté 80, 12; In Matthaeum, 3, 1517־: Frag. 14: ed. Reuss 101, 2-4.
44 A propos de Jean Chrysostome, voir A. Wenger, Introduction aux caté-
chèses baptismales: SChr 50 (Paris, 1957), Ί5°> note 2, où il est dit: «...le terme de
κύριος ne se trouve que rarement chez lui et dans des expressions consacrées corn-
me la formule de foi ou dans la doxologie ». Chrysostome préfère, en effet, de loin
δεσπότης, maître. Voir op. cit., 116, note 3 et 119, note 1. On rencontrera d’autant
moins chez lui κύριος καί σωτήρ. Chez Cyrille d’Alexandrie, notre formule est ab-
sente, sauf erreur, des lettres et des homélies pascales. On y voit, par contre, très
fréquemment la formule ό πάντων σωτήρ Χριστός. Voir, p.g., Horn. Pasch. 29, i, 3:
MG 77, 957B.961B.965C. Ou bien la formule σωτήρ ήμών Χριστός. Voir, p.e. Horn.
Pasch. 2, 7.8: MG 77, 445B.449A. Assez souvent se rencontre également ό των όλων
σωτήρ καί κύριος. Voir p.e. Horn. Pasch. 24, 4: MG 77, 897D; 25, 1: MG 77, 901D.
45 Voir la note précédente à propos de Jean Chrysostome.
46 A ce sujet, il ne faut pas oublier les rapports respectifs qui existaient entre
Chromace d’Aquilée, Rufin, Jérôme et Augustin.
47 Voir ci-dessus, note 20.
48 Outre les textes allégués dans la note 20, sont à noter: Origène, C. Celsum,
V, ii: GCS 2, 12, 18; VI, 17: GCS 2, 88, 16. — In Matthaeum, 15, 11: GCS 40, 378, 9-13.
49 A en juger par les index de ses oeuvres, Eusèbe n’utilise que la formule de
TRADUCTIONS d'ORIGÉNE 147
σωτήρ κύριος, p.e., Demonstr. evang., 3, 2, 32: GCS 23, 101, 9; 5, 3, 2: GCS 23, 219,
14 ,7 ,9 ;6־: GCS 23, 418, 22SS; 10, 8, 67: 23, 483, 17. — De eccles. theologia, 2, 1: GCS
14, 99, 27s; 2, 20: GCS 14, 127, 16; 3, 3: GCS 14, 146, 7; 3, 5: GCS 14, 159, 35s; 3,
17: GCS 14, 179, 8.14. — Voir aussi la formule ήμέρα κυριακή τε καί σωτήριος, dans
la Vita Constantini, 18: GCS 7, 124, 6.11, ainsi que dans les Laudes Constantini, 9:
GCS 7, 219, 27s.
50 Voir à ce sujet P. Beskow, Rex gloriae. The Kingship of Christ in the Early
Church (Uppsala, 1962), 295307־, surtout 297s (Litt.). — Quant à l’usage christolo-
gique de παντοκράτωρ chez Origène, les affirmations de cet auteur sont cependant,
à nuancer. En effet, on a de bonnes raisons de considérer comme texte authentique
ce que nous lisons chez Origène, De Principiis, I, 2, 10: GCS 22, 43, 517־, surtout
1417־: « Et sicut nemo debet offendi, cum deus sit pater, quod etiam salvator deus est,
ita et cum omnipotens dicitur pater, nullus debet offendi, quod etiam filius dei omni-
potens dicitur ». Car, ce texte n’est pas isolé. Voir les autres textes cités par C. Ca-
pizzi, Pantokrator (Rome, 1964), 56.7281־.
51 Cette idée du Λόγος-σωτήρ est très caractéristique pour la théologie d’Eu-
sèbe de Césarée. Voir, De eccles. theologia, 1, 9: GCS 14, 67, 18ss; 3, 15: GCS 14, 172,
25; E. Marcellum, 2, 4: GCS 14, 57, 34; Demonstr. evang. 5, 3, 2s: GCS 23, 219, 16־.
Aussi ne peut-on que souligner ce qu’a dit H. de Riedmatten, Les Actes du
procès de Paul de Samosate, 74: « En connotant ce rôle cosmique du Verbe, Eusèbe
l’appelle une δύναμις; si le Verbe est ’ Christ ’, ’ Grand-Prêtre ’, ’ Sauveur c’est
encore dans sa fonction d’intermédiaire cosmique... Ces termes quOrigène réser-
ve à l’incarné, Eusèbe dit qu’ils conviennent au Verbe de par sa nature même ».
Ce que cet auteur affirme d’Origène est pourtant à corriger, Eusèbe ne fait
que s’insérer dans la tradition alexandrine que Philon, suivant les spéculations hel-
lénistiques, a fondée et qu’Origène n’a pas abandonnée. Il est vrai qu’Origène parle
très souvent de σωτήρ au sens historique, voire, l’emploie au lieu de Jésus. Mais il
ne réserve aucunement ce titre au Verbe incarné. Pour lui, le Verbe est Sauveur,
soit qu’il libère du mal, soit qu’il achève les hommes, voire même toute la création.
Voir en ce sens, C. Celsum, VI, 17; GCS 2, 88, 16s; VI, 31: GCS 2, 100, 27.
Voir à ce sujet P. Beskow, Rex Gloriae, 187230־, en particulier, 210s. — En
ce qui concerne spécialement l’idée d’intermédiaire sauveur chez Origène, voir M.
Harl, Origène et la fonction révélatrice du Verbe incarné, surtout, 106, avec la note 18.
I48 B. STUDER
mer par la formule κύριος σωτήρ toute la foi dans le Christ. Ils n'en
étaient pas encore à désigner le Verbe incarné comme Seigneur et
Sauveur pour mettre en lumière le fait qu'un et le même a créé le monde
et Ta aussi sauvé du péché 52.
Pour toutes ces raisons, il est préférable d'admettre que Jérôme
et Rufin, dans beaucoup de cas, ont élargi les titres christologiques
qu'ils trouvaient dans les textes originaux dOrigène. Sans pour autant
vouloir corriger ou même trahir la pensée de leur maître, ils ont qua-
lifié à leur manière le Christ de Seigneur et Sauveur. Les fragments
grecs, par contre, sont à considérer comme plus fidèles à cet égard.
55 Cette double doctrines est imposée avant tout, vers la fin du IVe siècle quand
il s’agissait de défendre à la fois contre les Ariens la divinité du Verbe et contre les
Apollinaristes l'intégrité de la nature humaine du Christ, et elle a trouvé son exprès-
sion la plus parfaite dans l’antithèse de creator et recreator: le même qui a créé les
hommes est venu pour les sauver du mal. Voir p.e. Hilaire de Poitiers, In Mat-
thaeum, 32, 6: ML 9, 1072A; Ambroise, Expos, evang. s. Luc., 10, 95, 909SS: CChL
16, 373; Augustin, Tract, in Ioannem 38, 8, ioss: CChL 36, 342. — C’est surtout
Augustin qui ne cesse de recourir à cette antithèse. Voir à ce sujet, G. Ladner, The
Idea of Reform (Cambridge, 1959), 153-283.
86 II est très caractéristique que le Pape Damase, en polémiquant en même
temps contre les Ariens et les Apollinaristes, recourt à la formule de Dominus et
Salvator noster. Voir, Damase, Epistolarum fragmenta ad episcopos Orientales: ed.
Denzinger-Schönmetzer n. 146.
57 Voir Augustin, Contra Faustum, 23, 5: ML 42, 468: « Fides catholica ea-
demque apostolica est. Dominum nostrum et Salvatorem Iesum Christum et Filium Dei
esse secundum divinitatem, et filium David secundum carnem ». Voir, Tract, in evang.
Ioannis 17, 1-16: CChL 36, 169-179. — Et encore plus clairement, Jean Cassien,
De incarnatione, 6, 19: ML 50, 182: « Unum enim Christum omnes confitebantur, ne
duos facerent. Hunc ergo crede; et ita crede Dominum omnium Iesum Christum, uni-
genitum et primogenitum, eumdem rerum creatorem, quem hominum conservatorem:
eumdem prius conditorem totius mundi, quem postea redemptorem generis humani ».
88 A ce sujet voir P. Beskow, Rex Gloriae, 74122־: The Testimonia Tradition,
en particulier, 84s. — ־De même, P. Prigent, Justin et l'Ancien Testament, Paris,
1964; W. Repges, Die Namen Christi in der Literatur der Patristik und des Mittelai-
ters: Trierer Theologische Zeitschrift 73, 1964, 161177־.
ISO B. STUDER
TINO... ». — De même, Dessau n. 691: I, 156 n. 692: I, 156; n. 739: I, 166; n. 742;
I, 166; n/ 765. Voir à ce sujet, H. Mattingly, Roman Coins, 244, et en outre, F.
Dornseiff, Σωτήρ: PWK 2/5 (1927) 1219.
69 Selon l’idéologie politique des Romains, il y a identification de la salus publica
et de l’empereur. G’est en ce sens qu’on avait invoqué avant Constantin la protec-
tion de Jupiter ou du Sol Invictus pour l’empereur. Voir à ce sujet W. Dürig, Pie-
tas liturgica, 202ss. — Depuis Constantin, par contre, les inscriptions présentent
l’empereur lui-même comme source du salut. C’est lui qui est à la fois Dominus et
conservator imperii.
70 Constantin, Epist. 5: CSEL 26, 210, 4s: «...nihilominus uos qui domini
saluatoris sequimini uiam, patientiam adhibete... »
71 Epist. synodi Ariminensis: CSEL 65, 79. — Voir à ce propos P. Beskow,
Rex Gloriae, 324.
72 Voir F. Van Der Meer ־Ch. Mohrmann, Bildatlas der frühchristlichen
Welt, ftg. 320. — Le Christ est présenté comme maître, il est vrai, mais cela dans
l’entourage impérial.
73 CIL VI, 1181.
74 Ainsi, à la fin du IVe siècle, la légende d’une monnaie rappelle l’entrée d’Ho-
norius à Milan par ces termes: «RS ADVENTUS D. N. A UG. ». Voir, R. Del-
brueck, Spätantike Kaiserporträts von Constantinus Magnus bis zum Ende des West-
reiches (Berlin, 1933), 96.
TRADUCTIONS D *ORIGENE 153
4. Quelques conclusions.
Dans son article tout récent « Spätantike lateinische Uebersetzun-
gen christlicher griechischer Literatur », F. Winkelmann insiste forte-
ment sur la nécessité d'étudier à fond les traductions latines d’ouvra-
ges grecs, et cela au point de vue de la qualité linguistique, des influen-
ces, des tendances aussi bien que des méthodes. Selon cet auteur, tout
cela vaudrait spécialement de la littérature chrétienne qui est parti-
culièrement riche d'aspects divers: quant aux genres littéraires, à la
qualité, aux motifs, à la destination ou aux difficultés des versions 78.
En essayant d'élucider un petit détail de cette problématique im-
mense, à savoir, l'usage du titre christologique de Dominus Salvator
dans les traductions de Jérôme et de Rufin, nous avons voulu illus-
trer la justesse des vues de cet article.
De fait, nous avons constaté que les versions que Jérôme et Rufin
nous ont procurées des ouvrages origéniens recourent fréquemment à
l'expression Dominus Salvator ou à des formules semblables, et cela
même contre le texte grec tel qu'il nous a été conservé. Nous avons
même vu que l'équivalent grec se rencontre extrêmement rarement
These materials are provided to you by the American Theological Library Association (ATLA) in
accordance with the terms of ATLA's agreements with the copyright holder or authorized distributor of
the materials, as applicable. In some cases, ATLA may be the copyright holder of these materials.
You may download, print, and share these materials for your individual use as may be permitted by the
applicable agreements among the copyright holder, distributors, licensors, licensees, and users of these
materials (including, for example, any agreements entered into by the institution or other organization
from which you obtained these materials) and in accordance with the fair use principles of United States
and international copyright and other applicable laws. You may not, for example, copy or email these
materials to multiple web sites or publicly post, distribute for commercial purposes, modify, or create
derivative works of these materials without the copyright holder's express prior written permission.
Please contact the copyright holder if you would like to request permission to use these materials, or
any part of these materials, in any manner or for any use not permitted by the agreements described
above or the fair use provisions of United States and international copyright and other applicable laws.
For information regarding the identity of the copyright holder, refer to the copyright information in
these materials, if available, or contact ATLA at products@atla.com.