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RÉSUMÉ. Aventis Pharma est l’un des plus grands groupes pharmaceutiques mondiaux.
Comme ailleurs, la naissance d’un médicament y est longue, de la découverte de la molécule
active à la commercialisation finale. Il faut transformer la molécule en substance absorbable,
vérifier son efficacité et son innocuité, mener des essais cliniques. Mais en parallèle, il faut
chercher un procédé permettant de produire des quantités importantes au moindre coût, le
plus proprement possible. Pour ce faire, la maîtrise des outils chimiques et biochimiques est
indispensable, avec désormais les techniques de mutagenèse et de génie génétique sur les
bactéries. L’évolution de ces procédés est illustrée sur deux exemples, la production de
vitamine B12 et celle d’un antibiotique, le synercid®.
ABSTRACT. Aventis Pharma is one of the most famous pharmaceutical industries in the world.
From the discovery of an active molecule to the final marketing, it takes a long time to such a
company to develop a new drug. The molecule must be transformed into an consumable
product, whose efficiency and non-toxicity must be verified by clinical trials. In the same time,
one must design a new process allowing to produce cleanly large quantities at the lowest cost.
It is therefore essential to master chemical and biochemical techniques, and also now such
techniques as mutagenesis and genetic engineering on bacteria. The evolution of these
processes in pharmaceutical industries is here illustrated by two examples, the B12 vitamin
production and the synercid® antibiotic synthesis.
MOTS-CLÉS : industrie pharmaceutique, médicaments, procédés, génie génétique, mutagenèse,
vitamine B12, antibiotique
KEY WORDS :pharmaceutical industries, drug, process, genetic engineering, mutagenesis, B12
vitamin, antibiotic
1. Aventis Pharma
2.1.1. Présentation
1
estimation septembre 1999
2
chiffres Pro-Forma 1998
Vitamines et antibiotiques : de nouveaux défis industriels 3
nombre de ces molécules (7) passent en phase I et sont testés cliniquement chez
l’homme. La phase I, qui dure moins d’un an, teste la tolérance aux produits. La
phase II (deux ans), son aptitude à soigner. Et la phase III (deux à trois ans), son
efficacité comparée notamment aux autres molécules sur le marché. Finalement, une
seule molécule sera retenue à l’issue de tous ces tests, sur laquelle est engagée la
demande d’enregistrement. Avec l’AMM commence la phase IV du médicament, où
se met en place une pharmacovigilance qui durera pendant toute la phase de
commercialisation. Le médicament est alors lui-même protégé durant 20 ans.
En parallèle de ces tests, sont développés les procédés de production. Les
quantités produites doivent en effet passer de moins d’un kilogramme à plusieurs
centaines de kilogrammes. Ces procédés seront figés en fin de phase II.
Les coûts pour l’industriel sont répartis pendant les dix ans de mise au point du
médicament. L’ordre de grandeur est de près de 200 millions de francs pour le
développement pré-clinique, de deux milliards de francs pour le développement
clinique (phase I à III) et de deux milliards de francs pour la commercialisation en
phase IV.
2.3. La mutagenèse
Les mutations de l’ADN sont des phénomènes naturels et nécessaires à la vie des
cellules et leur fréquence augmente sous le rayonnement ultraviolet (UV). Le
rayonnement UV introduit des mutations grâce à divers mécanismes. Il provoque
des cassures, des liaisons covalentes entre brins… Les mécanismes réparateurs
Vitamines et antibiotiques : de nouveaux défis industriels 5
introduisent alors des erreurs et la transcription conduit à des enzymes modifiés. Des
mutations peuvent également être introduites par voie chimique : en fixant des
chromatophores fixant les UV sur certaines bases, on peut rendre le rayonnement
UV partiellement spécifique et introduire des mutations relativement localisées.
L’impact de ces mutations est souvent de conduire à la mort de la cellule, sans
que l’on puisse établir de taux de mortalité spécifique. C’est un résultat expérimental
qui fait partie de ce que l’on pourrait appeler la connaissance interne de l’entreprise.
La mutagenèse consiste à introduire des mutations sur un certain type de
microorganisme et d’étudier les propriétés des nouvelles souches afin d’en découvrir
une qui répondent aux critères du procédé de production. On peut ensuite répéter
l’opération sur la nouvelle souche afin d’améliorer encore le procédé.
L’étude des nouvelles souches se fait par « screening » : une colonie initiale est
soumise à mutagenèse puis les différentes bactéries sont séparées, enrichies. On les
place ensuite en condition de production et on étudie les propriétés des nouveaux
principes actifs. Tout est entièrement robotisé compte tenu du très grand nombre de
souches (jusqu’à 20.000) à traiter. Pour tester des antibiotiques par exemple, on
place les souches sur des germes sensibles (cellules d’Escherichia Coli qui ne
survivent pas aux antibiotiques). Un profil HPLC (High Performance Liquid
Chromatography) permet également de rechercher les clones qui ne produisent pas
les impuretés.
On sélectionne ainsi une trentaine de mutants (sur 3000) dont on va tester les
capacités de productions intensives pour n’en retenir que trois. Une dernière
sélection déterminera la bactérie qui sera la nouvelle souche. A partir de cette
nouvelle souche on réitère le cycle de sélection pour affiner d’autres paramètres. Il
faut parfois jusqu’à 20 cycles et chacun dure approximativement 6 mois !
Quand les gènes impliqués dans la production d’un principe actif sont connus
précisément, on peut faire appel au génie génétique pour améliorer les procédés. Le
génie génétique permet de faire à peu près toutes les optimisations imaginables : on
peut ajouter, modifier, amplifier ou enlever un ou plusieurs gènes et partant tout
devient possible. Ces modifications conduisent systématiquement à la catégorisation
« Organisme Génétiquement modifié » (OGM) des souches et des principes actifs
produits.
Cette classification pénalisante conduit à développer de nouveaux outils. Les
modifications ne doivent par exemple pas introduire de séquences étrangères. La
réglementation nuit au génie génétique qui est pourtant beaucoup plus souple que la
mutagenèse. Il faut donc recourir à d’autres outils d’amélioration. Cela passe par une
meilleure connaissance des voies de biosynthèse. Elle s’obtient par séquençage
systématique. Il faut ensuite déterminer les fonctions des nouveaux gènes identifiés.
Cependant le génie génétique a encore un intérêt : la classification OGM ne
concerne pas les souches dont l’ADN a été simplement tronqué. La délétion d’une
6 Revue ?
3.2. Antibiotiques
Le produit PIIA fut donc augmenté par mutagénèse et des voies annexes
produisant des impuretés furent court-circuitées en y ajoutant des étapes de synthèse
permettant de revenir au produit PIIA.
Enfin, un traitement chimique sur PIA et PIIA a permis d’obtenir une solubilité
satisfaisante.