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Pour l’École du passer a : la place du cartel

Marie-Annick Le Port Gobert


Rennes, France

Partons de cette logique : l’institution psychanalytique et l’École de psychanalyse sont distinctes.


L’institution supporte l’École : au sens de la soutenir, de l’élever, d’en prendre soin, d’aider à sa
fabrique. Elle doit aussi supporter son antinomie avec l’École, fonctionnant d’un groupe, non de
psychanalystes mais d’analysants bien souvent accrochés au leurre du rapport sexuel, et ne
souhaitant pas trop s’éloigner du discours du maître. Cela est de structure.
C’est quand au un par un, l'UN se prête au discours analytique que cet UN fabrique de l’École. Il se
distingue par sa sortie d’un discours, pour faire entendre ce qui relève du discours analytique. La
logique vient dire ici qu’il n’y a pas d’École de psychanalyse sans l’institution. Celle-ci y met de sa
patte, de son trait, de sa trace, voire de son symptôme pour faire son École. Voilà pourquoi il semble
que les instances d’une École particulière sont accrochées aux signifiants et au style de l’institution
qui contribue à la faire, dans son actualité contemporaine. À mon avis, il est impossible de faire la
passe dans une autre École que celle dont dépend l’institution où l’on s’est logé.
Dans notre École, et depuis plus de 20 ans, l’institution des Forums du Champ lacanien a choisi de
soutenir la procédure de la passe et ses cartels par son Collège international de la garantie (CIG),
pour recueillir un savoir, s’il en est, à propos du désir de l’analyste. Cette question est d’ailleurs la
seule que Lacan posait dans sa « Proposition du 9 octobre 1967 ». Pour faire École, le Collège
international de la garantie se consacre entièrement à cette question du désir de l'analyste, d’en
recueillir les entendus, et de nommer ou pas l’analyste de l'École (AE).

Toujours dans cet esprit de faire École, je voudrais faire une proposition :
Sous l’égide de ce CIG, qu’il soit aussi possible de recueillir les témoignages des moments de passage
des analysants, les autorisant à vouloir dire ce qu'il en est de passer au discours analytique, dans
différentes circonstances de leur parcours d’analysants, soit dans leur cure, soit dans leur vie. De ces
moments qui ont fait acte pour eux, les situant pour un temps, un peu autre à eux-mêmes.
Cela nécessiterait un autre type de cartel qui serait non « de la passe » pour nommer les AE et centré
sur la recherche du désir de l’analyste, mais cartel de « passage », c’est-à-dire lieu de travail sur la
question des passages d’un discours à un autre.
Voici quelques exemples de situation possible :
• Quand un analysant demande à entrer à l’École comme membre, ou bien à s’inscrire aux
Forums, que s’est-il passé pour lui ?
• Quand un cartel prend fin, un cartellisant veut témoigner d’un savoir acquis, et des modalités
du passage de sa question au savoir nouveau ou à l’interrogation nouvelle ?
• Quand dans la cure, un passage s’effectue (la tombée d'une identification, ou tout autre
événement qui devient avènement du réel dans un parcours). Témoigner donc des passes
dans une cure et pas seulement de la passe dernière dans la cure.
• Quand un analysant, venu pour la première fois exposer son travail à d’autres, souhaite en
dire quelque chose de ce passage si important dans son rapport changé aux autres et à
l’École : comment cela le rend différent dans son rapport à la psychanalyse ?
• Quand un analysant devenu passant dans la procédure n’a pas été nommé, et qu’il veuille
dire quelque chose de ce passage, dont l’institution ne lui demande pas a priori les
coordonnées, d’en apporter témoignage ? (certains l’ont fait, mais dans un cercle restreint,
pas au titre d'un travail d’École).
• Et quid de l’entrée en analyse ?
• Qu’en est-il du passage du symptôme d’entrée au symptôme analytique dans la cure ?
• Qu’entend-on du nouage du transfert dans l’expérience des jeunes analysants ?
Il y a probablement d’autres circonstances pour lesquelles un analysant voudra, pour faire École,
porter son dire au crédit du discours analytique. Ils ne seraient probablement pas si nombreux ceux
qui souhaiteraient témoigner, mais leur passage transmis par une instance de l’École fera, tout
comme la prise de parole des AE dans l’École, un recueil de travail précieux pour l’avancée de la
psychanalyse.
Le temps d’un passage, sa cause, son effet et son reste, ne sont-ils pas ce qui structure les
fondamentaux de la psychanalyse, à savoir l’acte et le discours ?
Concrètement, il suffirait pour commencer l’expérience qu’il y ait un ou plusieurs cartels intitulés
« passage », en complémentarité des cartels de la passe, que le CIG se proposerait d’organiser sous sa
responsabilité. On peut imaginer un cartel « passage » par pôle par exemple, pour des modalités plus
pratiques. Ce dispositif permettrait à la jeunesse analytique (je veux parler des jeunes entrées en
analyse), de faire savoir ce qu’est une cure analytique dans son moment de bascule d’un discours à
l’autre.
Il n’y a pas de passage sans acte, et pas d’acte sans un sujet qui s’absente de l’être. Dans cette logique,
un analysant ne peut faire la lecture de son acte qu’avec d'autres, faire entendre à d’autres ce qui a
produit pour lui un changement de position par rapport à sa cause, l’objet a. Nous ne cessons de dire
avec Lacan qu’un lien social nouveau est la conséquence du discours analytique. Mais que dit
l’expérience de l’analysant dans cette problématique aujourd’hui ? Qu’en restera-t-il pour le lien
social dans notre communauté ?
Si on donne crédit à ce que dit Lacan dans Encore (phrase que l’on cite à l’envie...), à savoir « qu’à
chaque passage d’un discours à un autre, il y a toujours quelque émergence du discours analytique »,
alors ne serait-il pas pertinent d’écouter ceux qui se risqueraient à en faire valoir l’efficace ? Il ne
suffit pas de citer Lacan dans le texte (en quoi consiste ce « quelque émergence » ?), mais de chercher
à transmettre dans l’expérience en quoi consiste ce passage ? Car il y a une contradiction en
apparence entre le fait que l’acte de l’analyste est sans discours, et le discours qui se dit analytique.
L’École de psychanalyse mériterait bien de recueillir des analysants, sur ce point de passage de l’acte
au discours, un témoignage qui fasse École.
Donc un cartel, mis en place de la même façon que ceux de la passe dans la procédure, se
proposerait au travail de voir en quoi, dans l’expérience, et non théoriquement, on peut cerner la
rencontre d’un sujet avec l’objet cause qui le conduit au désir, même entr’aperçu, et même sans
savoir ce qui touche au réel de cet objet. Le constat simplement de la perte de jouissance pour passer
à un acte qui fondera une nouvelle donne, qui puisse s’écrire pour une École, n’est-ce pas là la
substance de ce que la psychanalyse a à faire entendre ?
L’institution pourra toujours rechigner à proposer un dispositif de plus, et donc du travail
supplémentaire pour le CIG. L’École, elle, n’en sera que renforcée et les analysants qui s’y prêteront,
tout en étant probablement aussi peu nombreux que les candidats passants, seront les transmetteurs
d’un savoir de la même façon que les futurs nommés AE.
On sait bien que si le plus de transfert de travail vise le réel et touche à la jouissance, il ne sera de
nulle raison de faire ce travail, mais de réson pour la psychanalyse, soit dans un but de transmettre non
pas ce que l’on sait, mais ce qui relève de l’impossible à savoir, de ce qui ne peut que s’entendre. Et
aussi de proposer peut-être, qu’il n’y a pas que l’interprétation qui peut transformer le sujet de
l’inconscient, et peut être aussi de redonner au réel du corps ses lettres de noblesse lacanienne.
Ces cartels « passage » seraient aussi éphémères que les témoignages, réagissant à l’éclair et la hâte de
dire, ils seraient pris dans le même tourbillon que ceux de la passe, à la manœuvre de la fabrique
d’École, et viendraient faire toucher du doigt une possible École pas toute. Ils obtempèreraient au temps
de l’inconscient des analysants d’École.
Ces cartels seraient mis en place par le même processus que ceux de la passe, candidatures ouvertes
(peut-être en ajouter le nombre) et vote en AG.
Ce qui nous intéresse ici, dans le fond, c’est un savoir sur le reste, quand un sujet en est passé par le
petit a lacanien pour changer de discours. Le reste qu’est l’AE serait équivalent au reste recueilli par
les cartels « passage », où les analysants seraient devenus, pour un laps de temps, des sans noms...
donc sur le chemin du désir de l’analyste.

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