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l’agriculture
de conservation
Economie de l’agriculture de
conservation
© FAO 2003
Résumé
En plus des facteurs financiers, les modèles d’adoption de l’AC identifient d’autres
facteurs significatifs concernant des objectifs de gestion, des motifs de pouvoir et
des contraintes fondamentales. La dimension collective est parfois cruciale pour
que la démarche soit couronnée de succès.
Remerciements
Cette étude est basée sur le travail de D. Knowler, B. Bradshaw et D. Gordon (tous
faisant partie de l’Université Simon Fraser, Bernaby, Colombie britannique, Canada).
L’étude a bénéficié des contributions de G.Evers (FAO), A. MacMillan (FAO) D.
Montange (CIRAD, France), J. Plummer, J. Poulisse (FAO), J. Pretty (Université
d’Essex, Royaume-Uni), F. Shaxson, B. Stewart (Université West Texas A & M,
Camion, Texas, USA) et de Tanja van den Bergen (FAO).
1. INTRODUCTION 1
Historique et objectifs 1
Définir l’agriculture de conservation 2
Un raisonnement économique pour favoriser l’agriculture de
conservation 4
Un cadre conceptuel pour étudier l’adoption de l’agriculture
de conservation 7
4. CONCLUSIONS 43
BIBLIOGRAPHIE 47
Annexe 1
Résumé des analyses financières de l’agriculture de conservation 61
Annexe 2
Présentation d’études empiriques sur l’adoption de la conservation
du sol et de l’agriculture de conservation 63
vii
Chapitre 1
Introduction
HISTORIQUE ET OBJECTIFS
L’agriculture de conservation (AC) vise à une meilleure utilisation des ressources
agricoles par la gestion intégrée des disponibilités en sol, en eau et en ressources
biologiques, combinée avec une limitation des intrants externes. Elle contribue à la
conservation de l’environnement et à une production agricole durable en maintenant
une couverture organique, permanente ou semi-permanente, du sol. Le non-labour
ou un travail minimum du sol, le semis direct et une rotation de diverses cultures
sont des éléments importants de l’AC.
remet en cause la nécessité du labour en premier lieu et se sent mal à l’aise quand
un labour est effectué.
La définition de l’AC dans cette étude est plus large que celle employée par la
FAO (non travail du sol avec semis direct et maintien d’une couverture du sol / des
résidus de culture sans incorporation, avec des rotations de cultures). L’interprétation
plus large du concept englobe un plus grand nombre de données et de sources
d’informations, vu que de nombreuses études utilisent des définitions différentes
de l’AC et la définition plus large utilisée ici tient compte de la majeure partie de
cette variabilité.
Peu d’études empiriques ont pour sujet les avantages économiques de l’adoption
de l’AC dans la zone agro-écologique tropicale; la plupart des preuves ont été
accumulées pour des régions développées telles que l’Amérique du Nord. Par
exemple, Stonehouse (1997) a simulé en vraie grandeur le non-labour et le non-
travail du sol au Sud Ontario (Canada) et a constaté que ces deux pratiques ont
Economie de l'agriculture de conservation 5
TABLEAU 1
Avantages et coûts économiques potentiels associés à l’agriculture de
conservation, avec leur incidence
Bénéfices et coûts Niveau d’incidence
Local National/ Mondial
Régional
Bénéfices
Réduction des coûts d’exploitation: économies de temps, de main- √
d’œuvre et de mécanisation
Augmentation de la fertilité du sol et de la capacité de rétention d’eau √ √ √
du sol, résultant à long terme en une augmentation des rendements,
une diminution des variations de rendements et une plus grande
sécurité alimentaire
Stabilisation du sol et protection contre l’érosion entraînant une √
sédimentation réduite en aval
Réduction des contaminations toxiques des eaux de surface et des √
nappes
Cours plus régulier des rivières, inondations réduites et réamorçage √
des puits à sec
Recharge des aquifères du fait d’une meilleure infiltration √
Réduction de la pollution de l’air provenant des équipements de √ √
travail du sol
Réduction des émissions de CO2 vers l’atmosphère (séquestration √
du carbone)
Conservation de la biodiversité terrestre et du sol √
Coûts
Achat d’équipement spécialisé pour le semis √
Problèmes de parasites à court terme dus au changement dans la √
gestion des cultures
L’exploitant a besoin de nouvelles compétences en gestion √
– demandant un engagement en temps pour apprendre et
expérimenter
L’AC entraîne l’application d’herbicides additionnels √ √
Formation et mise en oeuvre de groupes d’exploitants √ √
Perception par les exploitants d’un risque élevé du fait des √ √
incertitudes technologiques
Développement des modules techniques appropriés et programmes √
de formation
des bénéfices marginalement plus élevés sous AC, l’impossibilité pour l’exploitant
d’appréhender les avantages hors exploitation signifie que les exploitants adoptent
moins l’AC que cela devrait être le cas.
TABLEAU 2
Les fonctions dans l’écosystème des terres sous agriculture de conservation
et les conséquences mondiales de sa non adoption
Fonctions dans l’écosystème du sol Conséquences potentielles mondiales ou
(valeurs d’usage indirect) régionales de la dégradation des sols
Support des plantes domestiquées (cultures) et Perte de production de culture / bétail, entraînant
des animaux (bétail) des problèmes d’éco-réfugiés et la famine,
demande d’ une intervention internationale
ENCADRÉ 1
UNE PREMIÈRE ÉTUDE SUR L’ADOPTION ET LA DIFFUSION D’INNOVATION
L’étude de l’adoption et de la diffusion d’innovation a ses origines dans l’Ouest des États-Unis
d’Amérique. Dans une étude de l’Université de l’État de l’Iowa, Ryan et Gross (1943) ont montré
que le mode d’adoption et de diffusion d’un hybride de maïs était systématique (c.-à-d. régulier),
ouvrant de ce fait la porte pour une recherche plus poussée. L’adoption et la diffusion d’un
processus d’innovation ont été caractérisées comme l’acceptation, avec le temps, d’un élément
spécifique par des individus (ou des unités d’adoption) liés à des canaux de transmission
spécifiques. L’innovation inclut «n’importe quelle pensée, comportement, ou chose nouvelle
parce que qualitativement différente des formes existantes » (Jones, 1967). Cette définition
étendue prend en compte toutes les idées ou processus perçus comme ayant une utilité. Dans
un contexte agricole, cela pourrait être une nouvelle variété ou procédure de gestion adoptée
par un individu, une famille ou une société. Une grande partie de la recherche s’est concentrée
sur l’adoptant afin de déterminer quelles variables pouvaient contribuer à l’adoption ou au rejet
d’une innovation. Alors que la maximalisation du profit / de la satisfaction est généralement une
cause déterminante principale, d’autres variables, telles que le niveau d’éducation des adoptants,
peuvent jouer un rôle significatif dans l’adoption. En conclusion, la diffusion est le processus par
lequel une innovation se répand au cours du temps dans un système social donné. La figure 1
montre la distribution en cloche de la créativité individuelle et le pourcentage des adoptants
potentiels typiquement censés entrer dans chaque catégorie. A une extrémité de la distribution,
sont les innovateurs. Les innovants sont des preneurs de risque et des pionniers qui adoptent une
innovation très tôt dans le processus de diffusion. A l’autre extrémité, se trouvent les retardataires
qui résistent à l’adoption d’une innovation jusqu’assez tard dans le processus de diffusion, et même
parfois ne l’adoptent jamais. La figure 2 montre l’évolution de l’adoption en fonction du temps.
Typiquement, les innovations se répandent dans le temps en une configuration qui ressemble à
une courbe en S. Ainsi, le rythme d’adoption d’une innovation passe par un temps de croissance
lente et progressive avant une période de croissance relativement rapide.
Nombre
ou
pourcentage
d'adoptants
Pèriode de
croissance
rapide
FIGURE 1 FIGURE 2
Courbe en cloche montrant les Courbe en S représentant le taux
catégories de réceptivité individuelle d’adoption d’une innovation en
à l’innovation et pourcentage pour fonction du temps
chaque catégorie
Certains exploitants ont adopté l’AC parce qu’ils ont trouvé que les augmentations
immédiates de rendement ou de profit étaient attrayantes. Dans cette situation, une
incitation financière claire a induit le changement de comportement, comme suggéré
par le modèle classique décrit dans l’encadré 1. Cependant, il peut être inadéquat
de considérer le modèle classique comme base pour favoriser l’adoption des
Economie de l'agriculture de conservation 9
La figure 3 montre comment les ménages font des choix et prennent des décisions
en matière de technologie pour l’utilisation de leurs ressources en terres en tenant
compte des contraintes imposées par leur situation socio-économique et les ressources
de l’exploitation, aussi bien que des facteurs de niveau supérieur, à l’échelle locale
ou mondiale. Par exemple, s’il manque de terre disponible et d’un accès adéquat
au crédit, l’exploitant ne peut pas investir dans l’AC si cela exige une grande mise
de fonds. L’information sur de nouvelles technologies et les conditions financières
est un préalable aux changements des pratiques en matière d’exploitation et son
10 Introduction
FIGURE 3
Un cadre conceptuel pour étudier l’adoption de l’agriculture de conservation
(STIMULUS EXTÉRIEUR)
global
national
FINANCE AUTRES FACTEURS POLITIQUE
local
• Prix des produits/ • Conditions biophysiques • Taux d'interêt
coût des entrants • Technologie • Récompenses pour
• Variabilité des prix • Capital social la bonne gestion
• Subvention à la
production
INFORMATION
Perception de l'exploitant
Caractéristiques (des revenux nets, du risque, etc.) Caractéristiques
de l'exploitant de l'exploitation
Décisions individuelles
(niveau exploitation)
• Sélection d'intrants, de productions
• Adoption de l'agriculture de conservation
économie social
environnement
IMPACTS DES DÉCISIONS INDIVIDUELLES SUR L'EXPLOITATION
global
national
local
(RÉPONSE)
L’AC est juste une des nombreuses options à la disposition des exploitants
pour répondre aux changements perçus dans leur environnement de production. Par
exemple, tous les membres - ou quelques-uns - d’une famille peuvent émigrer ou
accepter un emploi en dehors de l’exploitation, ou bien rester sur place et modifier
les pratiques agricoles. En fait, l’impact sur la productivité du sol peut être positif ou
négatif, dépendant de nombreux facteurs. Si les ménages choisissent l’émigration, ils
peuvent réduire l’intensité avec laquelle ils cultivent les parcelles existantes, ou alors
abandonner leurs vieilles terres et mettre en culture de nouvelles terres dans des zones
de défriche. Cette dernière possibilité a des implications sérieuses si les exploitants
transfèrent sur ces nouvelles zones des méthodes de gestion des sols non durables.
Beaucoup de solutions techniques de rechange sont également disponibles pour les
producteurs s’ils choisissent de changer de gestion plutôt que d’émigrer, et elles
incluent l’AC. Les choix des différents exploitants sont cumulatifs et peuvent avoir
d’éventuels impacts bien au delà de leur exploitation personnelle (tableau 2).
Chapitre 2
Facteurs influençant l’adoption de
l’agriculture de conservation
On peut supposer que l’agriculture de conservation est plus profitable dans des
régions tropicales à précipitations élevées avec des zones en pentes raides, (par
exemple en Amérique latine) que dans des zones tempérées plus plates (par
exemple au Canada, aux États-Unis d’Amérique), puisque les sols dans le premier
cas seraient sujets à un plus gros risque d’érosion en travail conventionnel. Mais une
telle généralisation cacherait un certain nombre de complexités qui rendent difficile
l’analyse des revenus financiers dus à l’AC. Par exemple, dans 7 des 12 études de
coût récentes, passées en revue pour cette étude (annexe 1), un travail réduit ou un
non-labour ont donné des revenus nets plus élevés que le travail conventionnel, et
beaucoup de ces études portent sur des régions tempérées.
coûts plus élevés des herbicides, compensant partiellement l’avantage relatif de coût
de l’AC provenant des besoins inférieurs en carburant pour les machines (ceci peut
expliquer la faible réponse trouvée par Uri).
Coûts de main-d’œuvre
Beaucoup d’attention a été consacrée à la réduction apparente des besoins en
main-d’œuvre en AC. Cette diminution résulte de la réduction du travail pour la
préparation des sols au début de la saison de culture. Quelques estimations ont évalué
cette réduction à 50-60 pour cent pendant cette période de temps. Sur de grandes
exploitations mécanisées dans le monde développé, l’impact réel de cette économie
est faible car les coûts de main-d’œuvre comptent pour moins de 10 pour cent du coût
total par unité de surface (tableau 3). Cependant, sur certaines exploitations dans le
monde développé, la tendance vers une augmentation du travail hors exploitation
rend attrayante l’économie de main-d’œuvre, même relativement petite, due à l’AC.
En effet, quelques études de cas ont cité l’économie de temps fournie par l’AC
comme motivation première de l’adoption de l’agriculture de conservation (Wandel
et Smithers, 2000).
TABLEAU 3
Comparaison des coûts des travaux conventionnels et de conservation pour le maïs
et le soja aux États-Unis d’Amérique, en 1979 et 1992
Coût par acre en 1979 Coût par acre en 1992
(1) (2) Ratio (3) (4) Ratio
Culture / élément Travail Travail de (1/2) Travail Travail de (3/4)3
de coût Conventionnel Conservation Conventionnel Conservation2
Maïs
Équipement et
carburant 45,34 38,34 1,18 55 37-44 1,36
Pesticides1 8,72 11,63 0,75 10-15 5-25 0,83
Main-d’œuvre 13,24 6,62 2,00 8 5-7 1,33
Total de ces 3
composants 67,30 56,59 1,19 73-78 56-76 1,14
Soja
Équipement et
carburant 38,11 33,11 1,15 55 37-44 1,36
Pesticides1 9,13 12,17 0,75 14-28 7-40 0,89
Main-d’œuvre 12,21 6,10 2,00 8 5-7 1,33
Total de ces 3
composants 59,45 51,38 1,16 77-91 58-91 1,13
1
En 1979, cela inclut les insecticides mais pas en 1992.
2
Inclut le travail au chisel, le billonnage et le non-travail; la gamme de coût total reflète la somme des
technologies individuelles.
3
Coefficient calculé sur la base des valeurs moyennes pour chaque gamme de chiffres donnée.
Source: Crosson, 1981.
constants avec l’un ou l’autre des systèmes de culture. En recadrant les économies
attribuables à l’AC dans ces coûts totaux, n’importe quel avantage en coût s’élève
à environ 5–10 pour cent en 1979 et probablement à peu près au même niveau dans
les années 90.
est faite sur une durée plus longue. Les conclusions sur le fait de savoir si le risque
est augmenté ou réduit avec l’AC demeurent évasives.
Plus sûrs sont les impacts de l’AC sur l’intensité de culture. Avec un temps réduit
de préparation du terrain, le cycle de culture est plus court, permettant de faire plus de
cultures dans une période donnée et même une double culture là où cela n’était pas
possible précédemment. Quand cet avantage est disponible avec l’AC, l’utilisation
plus efficace de la ressource fixe en sol a pour conséquence des revenus annuels
nets plus élevés par hectare. De plus, les exploitants peuvent ajuster leur stratégie
de culture en passant à l’AC. Par conséquent, les essais de rendement comparant la
même culture sous l’un ou l’autre des systèmes de culture peuvent ne pas représenter
la réalité. En fait, adopter intégralement l’AC implique de passer à une rotation
appropriée de cultures qui différera probablement de la stratégie conventionnelle de
mise en culture utilisée auparavant. Pour cette raison, certains auteurs ont demandé
une approche plus large des évaluations comparatives en agriculture tempérée, à
l’échelle de l’exploitation entière (Diebel et al., 1993).
ENCADRÉ 2
EXPÉRIENCE LATINO-AMÉRICAINE SUR L’AGRICULTURE DE CONSERVATION
L’Amérique latine a le taux le plus élevé d’adoption des pratiques de non-travail du sol dans le
monde. Les premières tentatives consignées de non-labour mécanisé ont eu lieu dans la région
subtropicale du Brésil entre 1969 et 1972 et en 1981/2 dans la zone tropicale du Brésil. Le premier
test de non-labour sur le terrain a eu lieu dans l’état du Parana en 1972. En 1999, le pourcentage
de non-labour sur toute la zone cultivée atteignait 52 pour cent au Paraguay, 32 pour cent en
Argentine et 21 pour cent au Brésil. Le non-labour représente 95 pour cent de toutes les techniques
de conservation en Amérique latine (44 pour cent aux États-Unis d’ Amérique). L’adoption du non-
labour en Amérique latine a été progressive, ceci étant dû aux restrictions sur les herbicides et
les semoirs et à l’important accroissement des coûts d’adoption (encadré 1). Cependant, comme
les exploitants ont reçu l’assistance d’ONG, du secteur public et d’intérêts privés, l’adoption s’est
accrue sensiblement. Par exemple, les exploitants sur des petites, moyennes et grandes surfaces
au Paraguay ont exposé en détail les améliorations considérables de la rentabilité au niveau
de l’exploitation et de la réduction du risque. Les études montrent également le rôle crucial du
personnel entraîné pour la formation des exploitants dans les nouvelles méthodes de gestion et
l’importance de la disponibilité du crédit pour l’achat de nouveaux équipements de non-labour. En
fournissant une assistance financière et institutionnelle, le gouvernement a joué un rôle crucial en
créant des incitations pour l’adoption de ces méthodes. Les petits exploitants ont été une cible
particulière car ils n’ont pas la capacité de mobiliser des fonds et de se recycler par eux-mêmes.
La Banque mondiale a réitéré ces observations dans son examen d’un projet au Brésil favorisant
l’agriculture durable, les formes modernes de gestion des terres et la conservation des sols et
des eaux. Elle considère la vulgarisation rurale comme étant un élément pivot du projet. De plus,
les incitations financières ont largement permis de motiver la formation de groupes parmi les
exploitants, amenant à une augmentation de capital social et coopération. Elle reconnaît que les
retours rapides et les incitations et supports financiers du gouvernement avaient une influence
considérable sur l’adoption des techniques d’agriculture de conservation.
Sources: Sorrenson et al., 1997 & 1998; Banque mondiale, 2000.
En conséquence, les avantages financiers pour les exploitants qui ont adopté l’AC
en Amérique latine ont été très importants. Cependant, cela a pris du temps pour se
concrétiser complètement. Sorrenson (1997) a comparé la rentabilité financière de
l’AC avec les pratiques conventionnelles sur 10 ans pour 18 exploitations, moyennes
et grandes, dans deux régions du Paraguay. Il a constaté que, en dixième année, le
revenu agricole net était passé dans les exploitations en AC de moins de 10 000 dollars
EU à plus de 30 000 dollars EU, alors que dans les exploitations conventionnelles, le
revenu agricole net a diminué, devenant même parfois négatif. Sur les exploitations
de moyenne et grande taille, ont pu être observés:
• une moindre érosion des sols, des améliorations de structure des sols et une
augmentation de la teneur en matière organique, du rendement et de lʼintensité
des cultures,
• un temps réduit entre la récolte et le semis de la culture suivante, permettant de
réaliser plus de cultures sur une période de douze mois,
• une diminution du temps de travail des tracteurs, de la main-dʼœuvre sur
lʼexploitation, des coûts de mécanisation, dʼengrais, insecticides, fongicides
et herbicides, et des économies sur la réfection des terrasses et contours et le
remplacement des semences à la suite de fortes pluies,
• une diminution des risques sur la base dʼune exploitation complète, en raison de
rendements améliorés et stabilisés et dʼune diversification dans dʼautres cultures
de rente.
TABLEAU 4
Comparaison des coûts de l’agriculture conventionnelle et de conservation pour
des petits exploitants dans deux zones du Paraguay
Edelira1 San Pedro 2
(1) (2) Ratio (3) (4) Ratio
Culture / coût ($EU Travail Travail de (1/2) Travail Travail de (3/4)
1998) Conventionnel Conservation Conventionnel Conservation2
Surface de 15,6 15,6 -- 6,8 6,8 --
l’exploitation (ha)
Main-d’œuvre 287 240 1,20 164 163 1,01
(personne-jours)
Revenu net ($EU/an) 2 570 4 272 0,60 1 010 2 229 0,45
Revenu du travail 8,95 17,80 0,50 6,16 13,67 0,45
($EU/jour)
1
moyenne de 3 exploitations qui sont passées du conventionnel au non-travail avec un système
d’engrais vert.
2
moyenne de 2 exploitations qui sont passées du conventionnel au non-travail avec un système
d’engrais vert.
Source: Sorrensen et al., 1998.
certaine adaptation dans ces responsabilités parce que ce sont habituellement les
membres masculins du ménage qui manipulent les pesticides. Les membres masculins
du ménage peuvent s’opposer à la demande de travail supplémentaire pendant la
période de sarclage, créant ainsi un obstacle à l’adoption de l’AC.
Pour examiner l’attractivité pour un petit exploitant de l’AC par rapport aux
pratiques alternatives en matière de conservation, une base de données de plus de
130 analyses différentes de technologies de conservation des sols et des eaux a été
compilée. Les analyses se sont concentrées sur l’Afrique et l’Amérique latine avec
toutes les technologies codées selon qu’elles sont liées à l’AC (groupe 1) ou non
(groupe 2), comme indiqué par le système de classification des technologies du
Panorama mondial des approches et technologies de conservation (World Overview
of Conservation Approaches and Technologies = WOCAT). Le groupe 1 inclut des
mesures visant principalement à améliorer la couverture du sol et la matière organique,
alors que les technologies du groupe 2 sont généralement des approches linéaires,
en travers de la pente, destinées à réduire l’érosion éolienne ou le ruissellement. Des
informations sur les revenus financiers au niveau de l’exploitation ont été introduites
dans la base de données pour chaque technologie. Les résultats pour chacun des
22 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation
TABLEAU 5
Comparaison des valeurs actualisées nettes de l’agriculture de conservation avec
celles d’autres technologies de conservation des sols et des eaux
Technologies Nombre total Analyses avec Pourcentage avec
d’analyses VAN positive VAN positive
Groupe 1 40 34 85
Agriculture de conservation et approches
agronomiques liées (ex. cultures
intercalaires, cultures en courbes de
niveau, engrais vert)
Groupe 2 96 55 57
Améliorations de gestion, structurelles,
végétatives et autres (ex. rideaux d’arbres,
terrasses, billons, agroforesterie)
Total, toutes analyses 136 89 65
Source: compilé à partir d’une revue de 136 analyses de technologies de conservation des sols et
des eaux.
deux groupes de technologies ont été triés selon que l’adoption de la technologie
a fourni des valeurs actualisées nettes (VAN) positives ou négatives. Le tableau 5
présente les résultats de cette procédure.
L’analyse présentée dans le tableau 5 est quelque peu brute vu que beaucoup
d’études utilisent des hypothèses différentes au sujet de la durée du projet, des taux
d’escompte, des coûts d’opportunité de la terre, etc. De plus, la classification des
technologies n’est pas exactement compatible avec la définition de l’AC présentée
ci-dessus. Néanmoins, les résultats du tableau 5 indiquent que l’AC et, plus largement,
les améliorations agronomiques tendent à entraîner des revenus nets plus élevés
au niveau de l’exploitation que d’autres techniques (par exemple améliorations
du type de couvert végétal, des infrastructures ou autres). On pourrait dire que
cette attractivité relative de l’AC est plus importante que dans le cas de la seule
comparaison de l’AC et du travail conventionnel. Ainsi, une fois confrontée à de
nombreuses solutions de rechange par rapport à la pratique conventionnelle, l’AC et
les approches associées peuvent offrir les meilleures rentabilités dans beaucoup de
situations. Les facteurs spécifiques du lieu permettraient de déterminer la technologie
individuelle offrant les meilleurs revenus pour un exploitant particulier.
La nécessité de considérer des facteurs autres que les revenus nets reflète des
objectifs en concurrence chez les exploitants dans la gestion de leurs exploitations,
par exemple la rentabilité en comparaison avec des investissements faibles ou avec
des besoins alimentaires de subsistance minimum. Les technologies en concurrence
peuvent répondre à différents objectifs à des degrés divers. En terme de maximisation
des revenus financiers nets, les tableaux 3-5 suggèrent que l’AC peut fournir de
meilleurs revenus nets que les pratiques conventionnelles ou d’autres technologies
de conservation, selon les conditions locales. Le tableau 6 compare différentes
caractéristiques des technologies d’AC et d’autres techniques de conservation des
sols au niveau de l’exploitation en Afrique de l’Ouest. L’analyse qualitative utilise
quatre critères représentant les différents objectifs des petits exploitants, critères
dont l’un est la rentabilité financière (tableau 5). Bien qu’en accord avec l’analyse
des revenus nets du tableau 5, les résultats du tableau 6 tiennent compte d’une
évaluation beaucoup plus large, montrant les imperfections ou les avantages des
différentes technologies qui peuvent ne pas être mis en évidence dans une analyse
financière seule.
Les influences, autres que les revenus nets, montrées dans le tableau 6 représentent
seulement un petit sous-ensemble des nombreux facteurs non financiers susceptibles
24 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation
TABLEAU 6
Facteurs influençant l’attractivité des méthodes utilisées en agriculture de
conservation au niveau de l’exploitation en Afrique de l’Ouest
Techniques de gestion du sol Attractivité Effet initial sur le Investissement Main-d’œuvre
financière rendement supplémentaire supplémentaire
(revenus nets) nécessaire
Agriculture de Conservation
Paillage ++ + + -,+
Billonnage -,++ + + --,+
Cultures en bandes -,++ -,+ + +
Cultures en couloirs - - - --,-
Jachère arborée +,++ + --,- --,+
Végétal et structure
Lignes de vétiver -,+ - --,- -,++
Billons / Fosses aveugles - - + ++
(Fanya juu)
Terrasses, lignes de pierres - + + -
Lignes d’arbres - - -- +,++
Note: Le tableau utilise une échelle +/- avec quatre notes possibles allant de -- à ++, cette dernière étant la
meilleure note.
Caractéristiques de l’exploitant
Depuis que Ryan et Gross (1943) ont prouvé pour la première fois que l’adoption
des innovations agricoles est en général variable d’un exploitant à l’autre, des
chercheurs ont attiré l’attention sur certaines caractéristiques des exploitants dans
un effort d’expliquer cette inégalité. Dans le cas de l’adoption de technologies de
conservation du sol, Gould et al. (1989) soulignent que la prise de conscience des
dirigeants d’exploitation par rapport à l’érosion ou d’autres problèmes concernant
le sol est une condition préalable à l’adoption. En effet, la conscience de l’exploitant
ou sa perception des problèmes concernant le sol s’avère fréquemment corrélée
Economie de l'agriculture de conservation 25
TABLEAU 7
Facteurs statistiquement significatifs affectant la décision de l’exploitant d’adopter
une technologie de conservation
Caractéristiques de Caractéristiques de Facteurs techniques Facteurs
Facteurs d’information
l’exploitant l’exploitation et biophysiques sociaux
Revenu
Aptitude et volonté
d’emprunter (crédit)
Note: les variables listées ici montrent une signification statistique dans au moins une des études empiriques
citées en annexe 2.
L’âge et/ou l’expérience sont des facteurs difficiles à relier à l’adoption de l’AC,
étant donné que les études ont montré une corrélation positive et négative. A partir
d’une étude d’adoption du travail de conservation dans le Wisconsin, Gould et al.
(1989) ont prouvé que des exploitants plus âgés et plus expérimentés identifiaient
plus facilement des problèmes de sol que leurs collègues plus jeunes. Cependant, ils
étaient moins susceptibles que leurs plus jeunes collègues de s’attaquer aux problèmes
une fois identifiés. En revanche, plusieurs études ont constaté que l’adoption des
26 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation
Caractéristiques de l’exploitation
Les études sur l’adoption du travail de conservation et autres pratiques de type AC
ont souvent porté une attention significative à la taille de l’exploitation (ou parfois
à la surface plantée). Beaucoup d’études ont constaté que l’adoption de l’AC est
positivement corrélée avec la taille de l’exploitation (Westra et Olson, 1997).
Cependant, d’autres études n’ont montré aucune relation significative (Agbamu,
1995; Uri, 1999b) ou même une corrélation négative (Shortle et Miranowski, 1986).
Par conséquent, l’influence globale de la taille de l’exploitation sur l’adoption est
peu concluante.
TABLEAU 8
Effet du régime foncier agricole et de la perception de sécurité de ce régime foncier
sur l’investissement dans les technologies de conservation en Afrique
Type de régime foncier Pays Impact sur les décisions d’investissement
Titre de propriété Ghana +/x
Rwanda/Ghana/Kenya x
Ouganda +/x
Somalie x
Droits coutumiers Zimbabwe +
Ghana, Kenya +/x
Rwanda +
Burkina Faso x
Niger +
Note: + effet positif sur l’investissement pour des améliorations; - effet négatif sur l’investissement; x neutre ou
pas d’effet sur l’investissement (statistiquement non significatif).
Source: FAO/FIDA (1999) pour une liste des études indiquées ci-dessus.
Information
Sans connaissance des pratiques associées à l’AC par l’intermédiaire d’un certain
mode de communication ou d’information, l’adoption est improbable. En effet,
les études sur l’adoption d’une innovation et la diffusion ont longtemps identifié
l’information comme variable principale, et l’adoption est généralement corrélée
avec la disponibilité d’information (de Harrera et Sain, 1999). L’information devient
particulièrement importante quand le degré de complexité des technologies de
conservation augmente (Nowak, 1987).
grande tendance à utiliser des pratiques d’AC, d’autres études ont trouvé que ces
variables ne sont pas significatives.
Facteurs sociaux
L’adoption de l’AC est rarement une stricte fonction de maximisation des bénéfices
individuels, mais peut également refléter des intérêts non-individuels ou de société.
Plus spécifiquement, Lynne (1995) indique que la prise de décision de l’exploitant
reflète habituellement un compromis entre l’utilité économique personnelle et l’utilité
collective. Les producteurs identifient souvent ce dernier point comme «la bonne
chose à faire», au moins dans les endroits où la bonne gestion fait partie de la norme
culturelle. L’argument indique que, pour beaucoup de producteurs, la fierté associée
à la bonne gestion compense les récompenses financières limitées (Campbell et al.,
1999). Les exemples de tels motifs de bonne gestion régissant des arrangements
de gestion de la terre incluent le mouvement Landcare en Australie (Sobels et al.,
2001). En revanche, Van Kooten et al. (1990) ont modélisé les compensations entre
gestion et revenus nets sur les exploitations en blé-jachère au Saskatchewan, Canada.
Leur étude a constaté que les exploitants apportent des changements aux pratiques
agronomiques pour améliorer la qualité du sol seulement pour des degrés extrêmes
de prise de conscience (par exemple conduite d’un leader). Ce résultat s’avère vrai
même si de telles pratiques ne représentent pas plus qu’un sacrifice de 5 pour cent
des revenus nets.
En plus des motifs de saine gestion, l’action collective peut être nécessaire pour
mettre en application l’AC sur une base régionale. Les arrangements de coopération
régissent de nombreuses activités dans les systèmes agricoles de village. Bien que
la discussion se concentre habituellement sur les ressources communes, même
l’utilisation de la terre privée peut être couverte par des arrangements de coopération
régissant les divers aspects de gestion de l’exploitation (Pretty, 1995). Par exemple,
le labour en courbe de niveau, les lignes de pierres et d’autres travaux structuraux,
exigent la coopération de plusieurs - ou même de beaucoup - d’exploitants afin
d’être des stratégies efficaces de conservation. Beaucoup d’aspects de l’AC
s’adaptent bien au modèle coopératif, y compris la formation et le fonctionnement
des groupes d’exploitants, la diffusion de l’information, le contrôle des parasites et
l’achat d’intrants agrochimiques. L’encadré 3 fournit une discussion plus générale
sur l’action collective en relation avec l’agriculture durable.
Si l’AC exige une action collective ou des niveaux élevés d’organisation sociale
pour l’aider à gagner du terrain, alors l’accroissement de l’adoption peut être relié à
un capital social d’une société. Le rôle du capital social, en stimulant ou en retardant
l’action collective nécessaire pour favoriser la nouvelle technologie de conservation,
est d’un intérêt croissant (encadré 3). Dans le sens le plus large, le capital social
Economie de l'agriculture de conservation 29
ENCADRÉ 3
ACTION COLLECTIVE ET CAPITAL SOCIAL DANS LA CONSERVATION DES SOLS ET DES EAUX
L’action collective peut donner des bénéfices supérieurs à ceux issus d’une prise de décision
individuelle quand les tâches à effectuer exigent l’activité coordonnée d’un groupe (pour diverses
pratiques agricoles et de conservation). Par exemple, les coûts des transactions répétées entre
beaucoup d’individus peuvent être réduits en établissant un ensemble simple de règles et en
évitant les négociations et les transactions individualisées. Cependant, l’action collective n’est
pas automatique dans la diffusion des technologies améliorées telles que l’AC, particulièrement
quand l’information manque et que les processus physiques sous-jacents de la dégradation
des terres sont lents et à peine perceptibles. De plus, quelques individus peuvent tirer bénéfice
de l’action collective sans y contribuer, et ceci peut avoir comme conséquence un manque de
motivation collective. En utilisant la théorie des jeux pour modéliser le comportement dans des
situations collectives d’action, les chercheurs ont essayé de comprendre quels facteurs peuvent
stimuler le comportement collectif. Par exemple, si la répétition et l’observabilité caractérisent
les activités de groupe, il peut en résulter une coopération, mais seulement si:
• Les autres individus sont capables d’exercer des représailles dans l’avenir, si un individu
ne coopère pas, par exemple réduire les avantages que cet individu pourra obtenir dans le
futur,
• Les menaces de représailles sont crédibles et pas trop coûteuses à mettre en application
– ainsi, la revanche peut être vue comme une action collective en soi, et
• Les avantages à venir sont assez substantiels et suffisamment stables à long terme pour
fournir une incitation à coopérer au présent - dans ce cas, les rencontres en tête à tête
prouvent leur importance car elles assurent que les aspects de réputation et de confiance
rentrent dans la structure des incitations.
En général, les variables principales influençant le succès potentiel de l’action collective sont:
le nombre de décideurs, particulièrement le nombre minimum nécessaire pour parvenir à un
avantage collectif; les taux d’escompte, qui agissent sur l’importance des futurs bénéfices de
l’action collective, une similitude d’intérêts parmi les agents, et la présence de quelques individus
leaders ou ayant d’autres avantages. La Banque mondiale (1998) a passé en revue diverses
définitions de ce terme qui s’étendent d’une vue assez étroite concernant la communication entre
des individus, par l’intermédiaire d’associations, sociétés, etc., à une vue beaucoup plus globale
incluant l’environnement social et politique entier. En termes simples, si l’activité de conservation
exige une coopération, alors le degré d’interconnexion et l’environnement social peuvent être un
point déterminant crucial. Les différents indicateurs de niveau du capital social d’une communauté
ou nation incluent le nombre et le type d’associations, l’homogénéité dans les communautés, le
niveau de confiance dans les autres, la confiance dans les réseaux d’assistance, la présence
de leaders naturels, etc.
Chapitre 3
L’agriculture de conservation et le rôle de la
politique
des services de vulgarisation, des subventions et taxes, ces initiatives ont obtenu
quelques résultats importants. Par exemple, le succès de la promotion des pratiques
d’AC dans certaines régions en développement, en particulier en Amérique latine,
est remarquable, et la politique y a joué un rôle important. L’encadré 4 présente les
principaux facteurs cités dans l’augmentation de l’AC dans les pays du Mercosur
en Amérique latine. Beaucoup de ces facteurs proviennent non de la politique du
gouvernement mais de facteurs sans grand rapport et de traditions locales. En effet,
beaucoup des programmes favorisant l’AC dans le monde entier ont été relativement
inefficaces en raison des signes et incitations contradictoires en provenance de
programmes de subvention préexistants. Par exemple, les politiques conçues pour
favoriser l’agriculture durable peuvent être contrecarrées par d’autres décisions
politiques, généralement plus généreuses, soutenant des cultures en ligne, fortement
érosives, telles que l’arachide ou le tabac, ou par des efforts de recherche et de
vulgarisation faibles ou peu réactifs.
ENCADRÉ 4
DEUX CAS DE RÔLES CONTRASTÉS DE LA POLITIQUE DE PROMOTION DE L’AGRICULTURE DURABLE
Plusieurs études ont examiné les raisons de la réussite de la promotion de l’AC (non-labour)
dans la région du Mercosur en Amérique du Sud, notant qu’un système efficace d’innovation
s’est développé autour de la promotion du non-labour. Ce système inclut un certain nombre
d’éléments de politique avec des éléments sans réel rapport qui ont contribué à ce succès.
Comme exemple de ce dernier point, les compagnies agrochimiques ont contribué à initier les
programmes, reconnaissant leur propre intérêt dans la promotion du non-labour. Les exploitants
ont eux aussi tiré des bénéfices de manière significative, car les avantages du non-labour étaient
particulièrement importants pour la culture principale de soja et étaient disponibles pour les
moyennes et grandes exploitations. En terme de rôle de la politique du gouvernement, les
services de recherche et de vulgarisation traditionnels étaient limités et lents à répondre aux
besoins des exploitants. Cependant, cela a ouvert la voie à d’autres, exploitations pionnières,
ONG et agences d’assistance étrangère, pour combler les lacunes. Ainsi, les exploitants
pouvaient aisément détecter et comprendre les problèmes sous-jacents et expérimenter des
solutions, avec l’aide de l’information fournie par des associations d’exploitants en non-labour.
Les traditions locales ont également aidé; bien qu’il n’y ait eu au départ aucune connaissance sur
le non-labour, il y avait une tradition d’innovation avec des cultures commerciales. De plus, une
incompréhension entre la vulgarisation et la recherche s’intéressant à des petites et moyennes
exploitations dans quelques pays (par exemple le Paraguay) a pu limiter un programme d’AC
qui aurait pu autrement réussir. En Nouvelle Zélande, le gouvernement a enlevé pratiquement
toute assistance, y compris les subventions pour l’environnement, au secteur pastoral dominant
l’agriculture dans la période post-1984. Cette action a fourni une occasion unique d’évaluer les
implications du retrait des subventions sur l’utilisation des ressources au niveau de l’exploitation et
la gestion environnementale. Il semble évident que la réponse au retrait d’une subvention, au moins
à court terme, sera une diminution de l’intensité de culture, manifestée par: (1) une mise en culture
limitée des terres marginales, (2) une utilisation d’engrais réduite et plus sélective et (3) un cheptel
réduit avec des charges de pâturage limitées. En même temps, l’insécurité a augmenté parmi les
exploitants et a donc rétréci les horizons de planification et étouffé certains investissements en
matière d’environnement. Alors que les exploitants entreprennent toujours des activités, comme
planter des arbres pour le contrôle de l’érosion, en raison d’un besoin identifié ou dans une éthique
de conservation, l’arrêt des dons et autres subventions réduit généralement la propension et la
capacité des exploitants à entreprendre beaucoup d’activités de gestion, particulièrement pendant
les périodes de crise financière. Par conséquent, beaucoup de gouvernements régionaux ont
comblé le vide laissé par le retrait de l’assistance nationale en finançant de nouveaux programmes
pour encourager la bonne gestion au niveau de l’exploitation.
Sources: Bradshaw et Smit, 1997; Sorrenson, 1997; Bradshaw et al., 1998; Blunden et Bradshaw,
1999.
En se basant sur une enquête réalisée en Écosse, Wynn et al. (2001) prouvent que
la compensation seule n’assure pas le succès d’un programme de conservation car
un manque de sensibilisation pour de tels programmes peut limiter la participation.
Une fois avertis, les exploitants sont plus enclins à participer, aussi longtemps que ce
sera bien adapté à la situation de leur exploitation et que le coût de ces actions sera
bas. Les coûts d’application sont souvent un obstacle à l’adoption (Wilson, 2000).
Même avec une pleine compensation de la diminution prévue du revenu agricole
résultant de la participation, des coûts administratifs ou de transaction inférieurs
à 5 pour cent de la compensation totale peuvent empêcher la participation d’un
exploitant (Falconer, 2000). Cette évidence en Europe suggère que l’aide financière
34 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique
seule n’est pas suffisante pour encourager l’adoption des pratiques de type AC. Il
est nécessaire de combiner une telle assistance avec d’autres efforts dirigés vers les
besoins spécifiques de fonctionnement de l’exploitation.
Étant donnés les impacts sur l’environnement notés au cours de la dernière moitié
du siècle passé, certains auteurs ont affirmé que le découplage de la subvention à
l’agriculture et des décisions de production représentait le moyen le plus pertinent
par lequel les gouvernements pourraient diminuer la dégradation de l’environnement
(OCDE, 1989 et 1998). Il y a discussion au sujet des moyens, directs et indirects, par
lesquels les gouvernements peuvent favoriser de manière efficace la conservation
dans l’agriculture. Le tableau 9 récapitule les nombreuses approches adoptées
par des gouvernements du monde développé pour atteindre divers objectifs de
conservation.
TABLEAU 9
Résumé des approches politiques pour promouvoir l’agriculture de conservation
Catégorie Exemples d’approche
La mise en jachère de terres est seulement appropriée dans les cas où les soucis
d’érosion du sol sont assez significatifs pour garantir la conversion des terres vers
36 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique
Bien qu’une approche de politique ciblée puisse être la plus appropriée pour la
conception des programmes favorisant directement l’AC, quelques prescriptions
de politiques alternatives pourraient être applicables de manière plus universelle.
Par exemple, Isham (1999) précise que des investissements parallèles en capital
social peuvent être nécessaires pour créer un environnement donnant des moyens
suffisants pour l’adoption des activités souhaitables du projet, et ceci peut s’appliquer
fortement dans le cas de l’AC. Certains auteurs pensent que le capital social est le
produit d’un apprentissage. La stimulation des discussions au sujet de la communauté
Economie de l'agriculture de conservation 37
ENCADRÉ 5
POLITIQUES POUR ENCOURAGER LA CONSERVATION DES SOLS: CULTURES DE RENTE EN ONTARIO,
CANADA
Une étude a analysé les impacts des politiques publiques sur l’utilisation des terres, la conservation
du sol, les aspects financiers au niveau de l’exploitation et le budget public pour évaluer l’efficacité
des politiques alternatives pour combattre l’érosion du sol. L’objectif était d’estimer l’efficacité
prévue des actions gouvernementales conçues pour limiter les pertes de sol par érosion. L’étude
a employé un modèle de programmation linéaire multi-période pour modéliser le fonctionnement
d’une exploitation de cultures de rente produisant du soja, du maïs et des céréales-grain dans
le sud-ouest de l’Ontario. Le but était de maximiser la VAN des retours nets de l’exploitation sur
une période de 20 ans. Dix solutions alternatives de systèmes de production ont été considérées,
représentant diverses séquences de cultures et techniques de préparation du sol (labour
conventionnel, labour de conservation et non-labour). En outre, six politiques ont été modélisées:
(i) une limite annuelle contrôlée de perte de sol lors des pratiques culturales de l’exploitation,
(ii) une taxe annuelle sur les pertes de sol par érosion, (iii) une taxe sur les intrants en matériels
associés aux systèmes conventionnels de préparation des sols, (iv) une subvention unique pour
des achats de matériel de labour de conservation, (v) une subvention annuelle pour encourager
l’incorporation de la luzerne dans la production ou pour adopter le labour de conservation, et (vi)
une subvention directe sur les coûts de production de la luzerne. En l’absence de toute politique
publique, le système le plus profitable est la rotation «maïs – soja – blé d’hiver» avec labour
conventionnel. Les autres politiques ont montré que:
• Une régulation de la perte de sol exige un changement de système de production: comme
la régulation devient de plus en plus restrictive, l’exploitant passe du conventionnel à la
conservation puis au non-labour et la trésorerie nette de l’exploitation diminue au maximum
de 57 pour cent.
• Un modeste niveau de taxation sur la perte de sol (0,20 t/an) est nécessaire pour réduire
l’érosion du sol de 20 pour cent et se réalise avec une relativement petite perte de la trésorerie
(6 pour cent). Cependant, augmenter le niveau de taxation apporte peu en terme de réduction
des pertes de sol, mais érode fortement le revenu net.
• L’efficacité de la taxe sur le matériel dépend de la rotation de cultures choisie par
l’exploitant.
• Une subvention unique de 20 pour cent pour le matériel de non-labour serait suffisante
pour élever la trésorerie nette au-dessus de celui du labour conventionnel et du labour de
conservation sur une période de quatre ans.
• Une subvention annuelle directe à la production de 20 pour cent serait suffisante pour qu’une
production continue de maïs en non-labour surpasse le revenu net d’un maïs-soja en labour
de conservation.
• Une très forte subvention pour la luzerne serait nécessaire pour faire passer l’exploitant à
un système moins érosif.
En conclusion, les mesures de politique publique qui demandent à l’exploitant de supporter la
charge de réduire l’érosion du sol sont peu susceptibles d’être mises en application en raison
des effets financiers défavorables imposés au fonctionnement de l’exploitation. Les politiques
publiques qui exigent des contribuables un partage de la charge seraient pertinentes en terme de
coût par unité d’érosion contrôlée, mais pourraient devenir un problème fiscal, particulièrement
pendant une période de déficit budgétaire du gouvernement et de montée de la dette.
Source: Stonehouse et Bohl, 1993.
ENCADRÉ 6
PROGRAMME DE PLAN ENVIRONNEMENTAL D’EXPLOITATION EN ONTARIO
Le programme de plan environnemental d’exploitation en Ontario (PEE) représente une
approche innovante de la conservation environnementale au niveau de l’exploitation, avec la
participation volontaire des exploitants, pour évaluer les risques environnementaux et leur faire
prendre conscience de l’environnement sur leurs exploitations. Le programme PEE a commencé
en 1992, aidant des exploitants à développer un plan pratique pour gérer leurs exploitations
d’une manière responsable par rapport à l’environnement. Les différents exploitants travaillent
sur une série de 23 modules couvrant des questions telles que la qualité de l’eau et l’habitat
de la faune; ils soumettent leurs plans individualisés à l’examen de leurs pairs (c.-à-d. à leurs
collègues exploitants). Il a commencé et reste un processus piloté par les exploitants, bien que
le gouvernement fournisse de l’expertise technique et des fonds. L’acceptation et l’intérêt des
exploitants sont forts, plus particulièrement quand on les compare aux approches traditionnelles de
régulation menées par le gouvernement. Alors que certains fonds sont disponibles (un maximum
de 1 500 dollars canadiens par exploitation pour les exploitants qui ont terminé, mis en place,
et se sont assurés de l’approbation de leur participation au PEE; les gagnants des concours
environnementaux reçoivent 1 000 dollars canadiens), le programme se fonde principalement
sur la fierté des exploitants et leur désir de gagner le respect de leurs collègues, leurs voisins
et des consommateurs. Comme un participant du programme l’a énoncé: «Le PEE est une
excellente manière de noter notre propre rapport d’état et évaluer toutes nos activités par
rapport à l’environnement. Nous avons besoin d’informer nos voisins urbains que nous sommes
préoccupés par l’environnement».
Sources: Grudens-Schuck, 2000; Klupfel, 2000; Stonehouse, 2000; Ontario Soil and Crop
Improvement Association, 2001.
TABLEAU 10
Effets du labour et de la gestion de la surface du sol sur les indices de durabilité
agricole
Niveau de durabilité Indices de durabilité influencée par le travail du sol
Plante/culture Rendement agronomique
Les indicateurs de ce type peuvent faire passer de manière puissante aux décideurs
le message que la dégradation du sol a pour résultat une perte de richesse nationale,
et encourager ainsi de plus grands efforts destinés à favoriser des pratiques plus
durables comme l’AC.
Les analystes qui doivent évaluer l’attractivité des projets impliquant l’AC ou des
pratiques agricoles en concurrence peuvent utiliser un certain nombre de mesures.
Des efforts particuliers en ce sens sont nécessaires car certains des avantages de
l’adoption de l’AC n’apparaissent pas dans des analyses conventionnelles de type
coûts / bénéfices, ou dans des comparaisons de l’AC et des pratiques alternatives
en termes financiers étroitement définis.
Chapitre 4
Conclusions
Cette divergence entre intérêts privés et sociaux étant prise en compte, les
interventions favorisant des techniques de production plus durables sont légitimes
dans un sens social, ainsi qu’aux niveaux national et international. Cependant, l’AC
n’est pas la seule technique de conservation du sol et de l’eau qui peut générer les
bénéfices cités ci-dessus. Par conséquent, il est nécessaire de situer l’AC dans une
gamme plus large d’alternatives au système de production conventionnel. D’une
manière encourageante, l’AC représente un groupe de pratiques agronomiques
améliorées qui sont généralement plus rentables que les technologies concurrentes
de conservation du sol et de l’eau qui sont plus structurelles ou purement axées sur
le végétal par nature.
L’analyse ci-dessus contient des implications pour les dirigeants politiques. D’une
part, l’hypothèse que l’AC va se répandre d’elle-même d’une manière idéale n’est
pas juste. D’autre part, la prescription d’une politique uniforme devant s’adapter
à beaucoup d’endroits n’est pas réaliste non plus, qu’elle se fasse sous forme
d’interventions directes ou d’incitations plus indirectes provenant de la recherche
et du développement, ou un certain mélange des deux. La conception de politiques
réussies de promotion de l’AC est susceptible de commencer par une compréhension
complète des conditions au niveau de l’exploitation. Cette compréhension doit
inclure des objectifs de gestion, des attitudes par rapport au risque, la volonté de
faire des concessions entre la bonne conduite et les bénéfices. L’étape suivante est
la conception soigneuse de programmes adaptés au lieu et qui s’appuient sur une
gamme d’outils de politique. La flexibilité est susceptible d’être un élément principal
dans la conception de la politique de promotion de l’AC.
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Mueller et al. Wisconsin, Maïs Coûts totaux ($EU/acre): Coûts totaux incluant: coûts variables à court
(1985) États-Unis - conventionnel, $EU 295 (non & avec frais fixes) terme, plus coûts fixes (incluant la terre) dans les
d’ Amérique - charrue chisel, $EU 301 (non fixe), $EU297 calculs à long terme.
- travail au semis, $EU 314 (non fixe), EU287
- non-travail, $EU 320 (non fixe), $EU292
Stonehouse Canada Maïs Retour attendu sur la gestion (C$/ha): Le retour attendu est égal à revenu brut
(1991) - conventionnel, C$ 416 moins coûts totaux de production, définis
- conventionnel réduit, C$ 405 ainsi: carburant, produits chimiques agricoles,
- non-labour, C$ 411 semences, réparations et entretien de
- non-travail, C$ 340 l’équipement, coûts du capital, main-d’œuvre,
location de la terre, assurance et divers.
Ehui et al. (1991) Sud Ouest du Maïs & manioc A compléter PVINR (Naira/ha).
Nigeria
Kirby et al. (1996) Nord de l’Australie Sorgho Marge brute (1996 $EU/ha): Marge brute, coûts variables et retours ne sont
- travail conventionnel, $EU 190 pas définis.
- non-travail, $EU 271
Sorrenson (1997) San Pedro et Avoines, soja, Revenu net de l’exploitation (1995/96 $EU): Revenu net de l’exploitation = revenu total de
Itapua, Paraguay tournesol, - travail conventionnel, ($EU 3 013) & $EU 1095 l’exploitation moins coûts totaux variables & coûts
maïs, blé, radis - non-travail, $EU 31 142 & $EU33 703 fixes après 10 ans.
oléagineux, Taux financier de retour sur investissement
crotalaire et fèves marginal: exploitation moyenne: 39 à 49 %,
grande exploitation: 100 à 151 %
Sorrenson (1998) Edilera et San Divers Revenu net de l’exploitation Revenu net de l’exploitation = revenu total de
Pedro, Paraguay (1998/99 $EU): l’exploitation moins coûts totaux variables & coûts
- conventionnel $EU 567 & $EU 1 400 fixes
- non-travail $EU 1 000-2 900 &
$EU 1 090-1 350
Augmentation du revenu net de l’exploitation lors
du passage « conventionnel - non-travail » : 35
à 236 %
Tanzanie Engrais azoté Surface plantée en variété Taille de l’exploitation Éducation, âge, main-d’œuvre familiale, visites
(Nkonya et al., de maïs améliorée de vulgarisation, grandeur du cheptel, activités
1997) hors exploitation
Nigeria Pratiques traditionnelles de Prix des intrants, taux Emploi hors exploitation, indice Taille de l’exploitation, prix des productions,
(Okoye, 1998) contrôle de l’érosion du sol d’intérêt, age d’innovation, revenu, éducation attitude par rapport à la conservation, indice de
(troncs d’arbres, plantes prise de risques
de couverture, fossés de
diversion, paillage, buttage et
billonnage)
Pratiques recommandées Prix des intrants, age, Emploi hors exploitation, prix des Prix des intrants, taux d’intérêt, taille de
Economie de l'agriculture de conservation
de contrôle de l’érosion du revenu productions, indice d’innovation, l’exploitation, attitude par rapport à la
sol (non travail et travail éducation conservation, indice de prise de risques
minimum, culture en bandes
et courbes de niveaux,
pas de brûlis et plantation
d’arbres)
Rwanda Investissements de Investissements de Position plus basse sur la pente, Indice de rentabilité agricole, salaire non
(Clay et al., conservation conservation au niveau du taille des parcelles, distance de agricole, prix des productions, distance au
1998) (bandes enherbées, fossés, secteur l’habitation, terres en location, marché ou à la route, terres en jachère/ en
rangées de haies, terrasses) terres en propriété bois / pâturage, pente, fragmentation des
parcelles, durée d’exploitation, pluviosité,
variation des prix, variables de revenu et de
richesse, variables démographiques et socio-
économiques, autres variables au niveau du
secteur
Notes: la signification est donnée au niveau de 5% ou plus, sauf Caveness et Kurtz, qui est au niveau de 15 % ou plus, et Westra et Olson, Shortle et Miranowski
et Gould et al., qui sont à 10 % ou plus; Rahm et Huffman ne disent pas à quel niveau ils mesurent la signification; Nowak (1987) n’est pas clair sur le niveau de
signification; de Harrera et Sain sont à 10 %.
63
64
Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption
Intrants organiques Taille des parcelles, durée Salaire non agricole, prix des Indice de rentabilité agricole, prix des
(compost, fumier, engrais sur l’exploitation, valeur bananes, distance au goudron, autres productions, distance au marché,
vert, mulch) du bétail, connaissance partage des terres en jachère et terres boisées, pente, fragmentation des
des technologies de des pâturages, pente, position parcelles, pluviosité, variables de revenu et
conservation / production, plus basse sur la pente, distance de richesse, variables démographiques et
utilisation des intrants de l’habitation, variation de prix, socio-économiques, autres variables au niveau
organiques au niveau du terres en location, terres en du secteur
secteur propriété, âge du chef de famille
Intrants chimiques et Partage des possessions Partage des pâturages, pente, Indice de rentabilité agricole, salaire non
minéraux de bois, taille des parcelles, position plus basse sur la pente, agricole, prix des productions, distance au
(engrais, pesticides, chaux) distance du lieu de durée d’exploitation, terres en marché ou à la route, partage des terres
résidence, utilisation des location en jachère, fragmentation des parcelles,
intrants chimiques au niveau pluviosité, variation de prix, variables
du secteur de revenu et de richesse, variables
démographiques et socio-économiques, autres
variables au niveau du secteur
Érosion due à l’utilisation de Partage des possessions Position plus basse sur la Indice de rentabilité agricole, salaire non
la terre en jachère / bois / pâture, pente, distance de l’habitation, agricole, prix des productions, distance
(potentiel érosif du mélange fragmentation des terres, pluviosité, terres en propriété, au marché ou à la route, pente, durée
de cultures – valeur plus taille des parcelles, revenus types d’utilisation des terres et d’exploitation, variation de prix, autres
grande, culture plus érosive) des cultures de rente des intrants chimiques au niveau variables de revenu et de richesse, variables
du secteur démographiques et socio-économiques, autres
variables au niveau du secteur
Éthiopie Pratiques de conservation : Perception du problème, Age, taille de la famille, altitude Éducation, rapport travailleurs /
(Shiferaw et préservation des bandes en attitude positive par rapport de la parcelle consommateurs dans la famille, place des
Holden, 1998) courbes de niveau et des à l’adoption, conscience parcelles dans la zone du groupe, sécurité de
fosses aveugles (fanya juu) de la technologie, rapport la terre, taille de l’exploitation, bétail possédé,
terre / habitant, pente, taille type de maison, autres caractéristiques
des parcelles, perception technologiques, revenu hors exploitation,
de la productivité de la utilisation des terres
technologie
Annexe 2 – Presentation d' etudes empiriques
Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption
Sénégal Agrofourniture Nombre de parcelles Nombre de chevaux, nombre
(Caveness et (haies vives, brise vents et en propriété, nombre de filles
Kurtz, 1993) jardins de case) d’hommes adultes, nombre
d’enfants males, rendement
en arachide
Minnesota Travail du sol pour la Taille de l’exploitation, Facilité à trouver de l’information, Viabilité à long terme de l’exploitation, âge,
(Westra et Olson, conservation conscience de l’érosion, degré de contrôle dans la prise expérience, niveau de la dette, disponibilité et
1997) important investissement de décision facilité à obtenir de l’information, disponibilité
récent sur l’exploitation, de l’assistance
autres exploitants servant
de source principale
d’information, savoir-faire
en gestion, adaptation
aux buts de production
Economie de l'agriculture de conservation
et au cadre physique de
l’exploitation
Iowa, États-Unis Travail du sol pour la Surface plantée en Santé Pluviosité, longueur de la saison de culture,
d’ Amérique conservation maïs, rapport surface en régime foncier, formation professionnelle,
(Rahm et soja / surface en maïs, achèvement du cycle du collège agricole,
Huffman, 1984) caractéristiques du sol participation aux démonstrations du service
(onduleux, sols plus légers de vulgarisation
et drainants), expérience,
éducation théorique,
présence aux cours,
conférences et réunions
dans l’état de l’Iowa, média
utilisés pour l’information
Iowa, États-Unis Travail du sol pour la Contact avec l’USDA, Intensité d’utilisation de la Nombre de jours de champ, parcelles de
d’ Amérique conservation (facteurs contact avec le service de terre, taux d érosion, degré de démonstration et de tests au champ visités
(Nowak, 1987) écologiques contraints) vulgarisation potentialité pour le maïs chaque année, revenu brut de l’exploitation,
revenu hors exploitation, taille de
l’exploitation, accès au crédit, régime foncier,
utilisation de main-d’œuvre
65
66
Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption
Nigeria Onze méthodes de gestion Connaissance des Contact avec le service de Taille de l’exploitation, niveau d’éducation,
(Agbamu, 1995) du sol, incluant le travail du pratiques innovantes vulgarisation état de leader
sol minimum et le non travail
Iowa, États-Unis Travail du sol pour la Éducation, type de champ Taille de l’exploitation Expérience, régime foncier, rotation de
d’ Amérique conservation (colline) cultures, perception accrue du risque,
(Shortle et augmentation de rendement attendue
Miranowski,
1986)
Wisconsin, États- Perception de l’érosion du sol Pente de la terre, Surfaces plantées Formation ayant trait à l’exploitation,
Unis d’ Amérique éducation, expérience, opérateur à temps plein / partiel
(Gould et al., contact avec le service de
1989) vulgarisation
Travail du sol pour la Surface plantée, proportion Exploitation élevage / culture de Proportion de la surface totale cultivée
conservation de la surface totale céréales, pente de la terre, taux dévolue aux céréales à petites graines et
plantée pour les cultures d’endettement, éducation, âge, au foin
en lignes, précipitations et travail hors exploitation
température, revenus du
ménage, âge, travail hors
exploitation, possibilité de
transférer l’exploitation à
un membre de la famille,
perception de l’érosion
du sol
Maine, États-Unis Travail du sol pour la Éducation, expérience Taille des exploitations, susceptibilité du
d’ Amérique conservation / pratiques de sol à l’érosion, contact avec le service de
(Marra et Ssali, conservation du sol vulgarisation, âge, santé
1990)
Tanzanie Engrais
(Isham, 2000)
Annexe 2 – Presentation d' etudes empiriques
Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption
Ontario, Canada Travail du sol pour la Éducation, âge, partenaires Intégration Taille des exploitations, revenu net, sources
(Warriner et conservation au sein de la famille, extérieures d’information, diversité
Moul, 1992) communication, croyance
dans l’efficience du travail
de conservation
Azuero, Panama Travail conventionnel, travail Taille des parcelles, Pente, propriété de l’équipement Régime foncier, disponibilité de l’information
(de Harrera et minimum et non travail importance du bétail, de travail conventionnel
Sain, 1999) (grandes exploitations) disponibilité de
l’équipement
Travail conventionnel, travail Disponibilité de Taille des parcelles, importance Régime foncier, disponibilité de l’équipement,
minimum et non travail l’information du bétail propriété de l’équipement pour la préparation
(petites exploitations) conventionnelle du sol, pente
États-Unis d’ Non-travail du sol Type d’exploitation, faible Forte productivité du sol, budget Régime foncier, température, âge, éducation,
Amérique productivité du sol, pente, en carburant et en engrais texture du sol, taille des exploitations,
Economie de l'agriculture de conservation
(Uri, 1997) pluviosité, budget pour les habituel surface en cause dans le programme de
engrais et les pesticides réduction des terres, proportion d’hectares
sans pesticides, main-d’œuvre saisonnière,
exploitant à temps partiel/plein, proportion
d’hectares irrigués, eau appliquée, dose de
semis, rendement par hectare
Travail du sol avec mulch Type d’exploitation, faible Forte productivité du sol, budget Régime foncier, température, dépenses
productivité du sol, pente, en carburant et en engrais en engrais, âge, éducation, texture du sol,
pluviosité, budget pour les habituel taille de l’exploitation, surface en cause
pesticides dans le programme de réduction des terres,
proportion d’hectares sans pesticides, main-
d’œuvre saisonnière, exploitant à temps
partiel/plein, proportion d’hectares irrigués,
eau appliquée, dose de semis, rendement
par hectare
67
L’agriculture de conservation est une approche innovante pour
améliorer l’utilisation des ressources pour une production
durable. Ses avantages incluent une réduction des intrants,
une meilleure stabilité des rendements, une amélioration des
échanges d’éléments nutritifs dans le sol et une augmentation
de la rentabilité à long terme. Cette étude examine les facteurs
financiers et autres qui affectent l’adoption et le succès de
l’agriculture de conservation que ce soit au niveau de
l’exploitation, au niveau national ou mondial. Consciente de la
divergence possible entre les intérêts privés et les intérêts
sociaux, l’étude met l’accent sur l’importance des objectifs et
des motifs des agriculteurs, la dimension collective et le rôle de
la politique. En demandant une analyse améliorée de la
politique et une information en vue d’une prise de décision, elle
recommande le développement d’indicateurs de durabilité et
une approche au niveau de l’exploitation entière.