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Economie de

l’agriculture
de conservation
Economie de l’agriculture de
conservation

Sevice de la gestion des terres et de la nutrition des plantes


Division de la mise en valeur des terres et des eaux
ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE
Rome, 2003
Les appellations employées dans cette publication et la présentation
des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’Organisation
des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture aucune prise de
position quant au statut juridique ou au stade de développement des
pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autorités, ni quant au tracé
de leurs frontières ou limites

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00100 Rome, Italie ou, par courrier électronique, à copyright@fao.org

© FAO 2003
Résumé

L’agriculture de conservation (AC) ou agriculture durable améliore l’utilisation des


ressources par une approche de gestion intégrée. Elle contribue à une production
durable et ses avantages incluent l’utilisation de plus faibles quantités d’intrants, des
récoltes stables et une amélioration des échanges d’éléments nutritifs avec le sol.
L’AC est généralement plus profitable que d’autres technologies de conservation.

En plus des facteurs financiers, les modèles d’adoption de l’AC identifient d’autres
facteurs significatifs concernant des objectifs de gestion, des motifs de pouvoir et
des contraintes fondamentales. La dimension collective est parfois cruciale pour
que la démarche soit couronnée de succès.

La politique est importante pour l’adoption de l’AC. Les politiques réussies


exigent une bonne compréhension des conditions au niveau de l’exploitation et des
programmes, spécifiques du site, qui utilisent divers outils politiques. Des politiques
unifiées pourraient aider à développer un capital social et des conditions favorables
à l’action collective.

Le développement d’indicateurs de durabilité qui démontrent les avantages de l’AC


peut aider à répondre aux nécessités d’amélioration de l’analyse et de l’information.
Une approche de l’exploitation au niveau global peut être la base la plus appropriée
pour des analyses financières car elle permet d’appréhender la gamme complète des
réponses des exploitants et d’incorporer les options disponibles.
iv

Remerciements

Cette étude est basée sur le travail de D. Knowler, B. Bradshaw et D. Gordon (tous
faisant partie de l’Université Simon Fraser, Bernaby, Colombie britannique, Canada).
L’étude a bénéficié des contributions de G.Evers (FAO), A. MacMillan (FAO) D.
Montange (CIRAD, France), J. Plummer, J. Poulisse (FAO), J. Pretty (Université
d’Essex, Royaume-Uni), F. Shaxson, B. Stewart (Université West Texas A & M,
Camion, Texas, USA) et de Tanja van den Bergen (FAO).

La photographie de couverture est due à T. Friedrich (FAO).


v

Table des matières

1. INTRODUCTION 1
Historique et objectifs 1
Définir l’agriculture de conservation 2
Un raisonnement économique pour favoriser l’agriculture de
conservation 4
Un cadre conceptuel pour étudier l’adoption de l’agriculture
de conservation 7

2. FACTEURS INFLUENÇANT L’ADOPTION DE L’AGRICULTURE DE CONSERVATION 13


Analyses financières: agriculture de conservation contre méthodes
conventionnelles 13
La zone agro-écologique tempérée dans les pays développés 13
Équipement agricole et coût de l’énergie 13
Coûts des pesticides 14
Coûts de main-d’œuvre 15
Coûts des engrais et autres intrants 15
La zone agro-écologique tropicale / tempérée dans les pays en
développement 17
Analyses financières de l’agriculture de conservation par rapport
aux autres technologies de conservation 21
Autres facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation 23
Caractéristiques de l’exploitant 24
Caractéristiques de l’exploitation 26
Information 27
Facteurs biophysiques et techniques 27
Facteurs sociaux 28

3. L’AGRICULTURE DE CONSERVATION ET LE RÔLE DE LA POLITIQUE 31


L’influence de la politique sur l’adoption de l’agriculture de
conservation 31
Comment la politique peut favoriser l’adoption de l’agriculture de
conservation 34
Implications pour l’analyse économique et politique 38
Techniques d’évaluation hors marché 40
Épuisement du sol en tant que capital naturel 40
Budget d’une exploitation entière 40
Techniques alternatives d’évaluation de projet 41
vi

4. CONCLUSIONS 43

BIBLIOGRAPHIE 47

Annexe 1
Résumé des analyses financières de l’agriculture de conservation 61
Annexe 2
Présentation d’études empiriques sur l’adoption de la conservation
du sol et de l’agriculture de conservation 63
vii

Liste des tableaux

1. Avantages et coûts économiques potentiels associés à l’agriculture de


conservation, avec leur incidence 5
2. Les fonctions dans l’écosystème des terres sous agriculture de
conservation et les conséquences mondiales de sa non adoption 7
3. Comparaison des coûts des travaux conventionnels et de conservation
pour le maïs et le soja aux États-Unis d’Amérique, en 1979 et 1992 16
4. Comparaison des coûts de l’agriculture conventionnelle et de
conservation pour des petits exploitants dans deux zones du Paraguay 20
5. Comparaison des valeurs actualisées nettes de l’agriculture de
conservation avec celles d’autres technologies de conservation
des sols et des eaux 22
6. Facteurs influençant l’attractivité des méthodes utilisées en agriculture
de conservation au niveau de l’exploitation en Afrique de l’Ouest 24
7. Facteurs statistiquement significatifs affectant la décision de l’exploitant
d’adopter une technologie de conservation 25
8. Effet du régime foncier agricole et de la perception de sécurité
de ce régime foncier sur l’investissement dans les technologies de
conservation en Afrique 27
9. Résumé des approches politiques pour promouvoir l’agriculture de
conservation 34
10. Effets du labour et de la gestion de la surface du sol sur les indices
de durabilité agricole 39

Liste des figures

1. Courbe en cloche montrant les catégories de réceptivité individuelle


à l’innovation et pourcentage pour chaque catégorie 8
2. Courbe en S représentant le taux d’adoption d’une innovation
en fonction du temps 8
3. Un cadre conceptuel pour étudier l’adoption de l’agriculture de
conservation 10
viii

Liste des encadrés

1. Une première étude sur l’adoption et la diffusion d’innovation 8


2. Expérience latino-américaine sur l’agriculture de conservation 18
3, Action collective et capital social dans la conservation des sols
et des eaux 29
4. Deux cas de rôles contrastés de la politique de promotion de
l’agriculture durable 33
5. Politiques pour encourager la conservation des sols: cultures
de rente en Ontario, Canada 37
6. Programme de plan environnemental d’exploitation en Ontario 38
Economie de l'agriculture de conservation 1

Chapitre 1
Introduction

HISTORIQUE ET OBJECTIFS
L’agriculture de conservation (AC) vise à une meilleure utilisation des ressources
agricoles par la gestion intégrée des disponibilités en sol, en eau et en ressources
biologiques, combinée avec une limitation des intrants externes. Elle contribue à la
conservation de l’environnement et à une production agricole durable en maintenant
une couverture organique, permanente ou semi-permanente, du sol. Le non-labour
ou un travail minimum du sol, le semis direct et une rotation de diverses cultures
sont des éléments importants de l’AC.

L’adoption de l’AC au niveau d’une exploitation entraîne une main-d’œuvre


moins importante, des puissances de travail inférieures, des rendements plus
stables et une amélioration de la capacité d’échange des éléments nutritifs du sol.
La rentabilité des productions agricoles en AC tend à augmenter avec le temps par
rapport à l’agriculture conventionnelle. D’autres avantages sont attribués à l’AC au
niveau des bassins versants: une hydrologie de surface plus régulière et des charges
en sédiments réduites dans les eaux de surface. Au niveau global, l’AC contribue
à la séquestration du carbone, diminuant la teneur en CO2 dans l’atmosphère et
aidant de ce fait à modérer le changement climatique. Elle participe également à la
conservation du sol et de la biodiversité terrestre.

L’agriculture de conservation est pratiquée dans le monde entier sur environ 57


millions d’hectares, soit environ 3 pour cent des 1 500 millions d’hectares de terres
arables. La majeure partie de la terre sous AC est en Amérique du Nord et du Sud.
Elle s’étend rapidement sur les petites et grandes exploitations en Amérique du Sud,
où les exploitants qui la pratiquent sont bien organisés dans des associations au niveau
local, régional et national. En Europe, la Fédération européenne de l’agriculture de
conservation, un groupe régional de pression, réunit des associations nationales d’AC
du Royaume-Uni, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Portugal et d’Espagne.

En dépit de ces avantages apparents, et malgré quelques exceptions notables


dans le monde en développement, l’AC s’est répandue relativement lentement,
particulièrement dans les systèmes de cultures en climat tempéré. La transformation
de l’agriculture conventionnelle en AC semble exiger de l’exploitant des qualifications
importantes en matière de gestion et implique des investissements pour l’achat de
2 Introduction

nouveaux équipements. Cependant, elle peut également exiger un minimum de


capital social pour stimuler son expansion.

À la lumière de cette situation, le but de cette étude est d’identifier et d’analyser


les conditions, financières et autres, qui poussent les exploitants à adopter des
pratiques d’AC. L’étude passe en revue la littérature et analyse le côté économique
de l’adoption de ces technologies au niveau de l’exploitation. Elle identifie les
divergences entre les avantages apportés au niveau individuel et les avantages
économiques nationaux ou mondiaux provenant de l’extension de la zone sous AC.
Elle examine également les politiques et les options permettant de créer des liens
entre ces deux domaines d’intérêt, en particulier à la lumière de la politique actuelle
dans les pays développés et en développement.

Le reste de ce chapitre examine le concept de l’AC. Il débat des avantages


économiques de l’AC afin de développer un raisonnement permettant de favoriser
l’adoption de l’AC au niveau national et international. Il présente ensuite un cadre
conceptuel pour aider à comprendre les influences corrélées avec l’adoption de
l’AC par des exploitants agricoles. Le chapitre 2 analyse la situation au niveau
de l’exploitation en termes d’incitations financières pour l’adoption et autres
facteurs. Le chapitre 3 analyse la politique existante pour l’AC et met en valeur de
nouvelles directions pour cette politique. Le chapitre 4 présente les conclusions et
recommandations de l’étude. Les annexes fournissent les résumés des autres études
utilisées au cours de cette recherche.

DÉFINIR L’AGRICULTURE DE CONSERVATION


L’AC est apparue comme une alternative à l’agriculture conventionnelle en raison
des pertes de productivité des sols due à la dégradation de ceux-ci (par exemple
l’érosion et la compaction). L’AC vise à diminuer la dégradation des sols par
plusieurs pratiques qui réduisent au minimum l’altération de la composition et de
la structure du sol et les effets sur la biodiversité naturelle. En général, l’AC inclut
toute pratique qui réduit, modifie ou élimine le travail du sol et évite le brûlis des
résidus afin de maintenir la surface du sol couverte tout au long de l’année (ECAF,
2001). Par contre, les formes conventionnelles d’agriculture emploient régulièrement
des charrues pour efectuer un labour profond du sol (FAO, 2001). La limite
séparant l’agriculture conventionnelle de l’AC s’estompe souvent car l’agriculture
conventionnelle utilise beaucoup de pratiques typiques de l’AC, telles que le labour
minimum ou le non-labour. Par conséquent, la caractéristique différenciant l’AC de
l’agriculture conventionnelle est la mentalité de l’exploitant. L’exploitant agricole
conventionnel croit que le labour du sol apporte des avantages à son exploitation
et il augmenterait le labour si c’était économiquement faisable. L’exploitant en AC
Economie de l'agriculture de conservation 3

remet en cause la nécessité du labour en premier lieu et se sent mal à l’aise quand
un labour est effectué.

L’AC maintient une couverture organique du sol, permanente ou semi-


permanente, se composant d’une plante vivante ou d’un paillis mort. La fonction
de la couverture organique est de protéger physiquement le sol contre le soleil, la
pluie et le vent et de nourrir les organismes vivants du sol. Par la suite, les micro-
organismes et la faune du sol assureront la fonction de labour et l’équilibre nutritif
du sol, maintenant de ce fait la capacité de résilience du sol. Le non-labour avec
conservation des résidus de culture et semis direct est peut-être le meilleur exemple
d’AC, puisqu’il évite la perturbation provoquée par le labour mécanique. Une rotation
de cultures variées est également importante pour éviter des problèmes de maladies
et de parasites. Les deux dernières décennies ont vu se perfectionner les technologies
associées à l’agriculture avec travail minimum du sol ou même non-labour et leur
adaptation pour presque toutes les tailles d’exploitation, types de sol et de culture
et zones de climat.

Quelques exemples de techniques d’AC qui incluent:


• Semis direct / non-labour: le sol reste non perturbé de la récolte à la plantation,
excepté pour lʼapport dʼéléments nutritifs. La plantation ou le semis a lieu
dans un étroit lit de semences ou sillon créé par des coutres, socs sarcleurs,
disques dʼouverture, chisel ou cultivateur rotatif. Le contrôle des adventices
est principalement effectué par des herbicides ayant peu dʼincidence sur
lʼenvironnement. Une pratique culturale peut servir à contrôler en urgence les
adventices. Cette stratégie est la meilleure option pour les cultures annuelles.
• Billonnage: le sol reste non perturbé de la récolte à la plantation, excepté pour
lʼapport dʼéléments nutritifs. La plantation a lieu dans un lit de semences préparé
sur des billons avec des socs bineurs, des disques dʼouverture, des coutres, ou des
socs sarcleurs. Les résidus sont laissés en surface entre les billons. Le contrôle
des adventices est effectué par des herbicides et/ou des pratiques culturales. Les
billons sont rehaussés au cours de la saison de culture.
• Culture sur paillis / travail réduit / travail minimum du sol: le sol est travaillé
avant le semis. Des outils de labour – chisel, cultivateur, disques, socs bineurs ou
lames - sont utilisés. Le contrôle des adventices est effectué par des herbicides
et/ou des pratiques culturales. Lors du travail du sol sans retournement, le sol est
travaillé (mais pas retourné) juste après la récolte pour incorporer partiellement
les résidus de récolte et favoriser la germination des graines dʼadventices qui
couvriront le sol pendant la période entre les deux cultures. Ces mauvaises
herbes sont détruites par la suite à lʼaide dʼun moyen chimique (en utilisant des
herbicides) et incorporées lors du semis, en un seul passage, avec un semoir sans
retournement.
4 Introduction

• Cultures de couverture: semis dʼespèces adaptées, ou utilisation de la végétation


spontanée, entre les lignes dʼarbres, ou pendant la période entre deux cultures
annuelles successives, comme mesure pour empêcher lʼérosion du sol et contrôler
les mauvaises herbes. La gestion des cultures de couverture utilise généralement
des herbicides avec des incidences minimales sur lʼenvironnement.

La définition de l’AC dans cette étude est plus large que celle employée par la
FAO (non travail du sol avec semis direct et maintien d’une couverture du sol / des
résidus de culture sans incorporation, avec des rotations de cultures). L’interprétation
plus large du concept englobe un plus grand nombre de données et de sources
d’informations, vu que de nombreuses études utilisent des définitions différentes
de l’AC et la définition plus large utilisée ici tient compte de la majeure partie de
cette variabilité.

UN RAISONNEMENT ÉCONOMIQUE POUR FAVORISER L ’ AGRICULTURE DE


CONSERVATION

Le tableau 1 présente un profil des avantages et des coûts associés à l’AC. La


distinction entre les impacts locaux, nationaux et mondiaux, est importante car il est
possible de rationaliser des programmes nationaux ou mondiaux favorisant l’adoption
de l’AC selon que les avantages nets sont significatifs ou non à ce niveau. Les
bénéfices au niveau national sont particulièrement importants et plaident fortement en
faveur d’un soutien de la politique à ce niveau. Uri et al. (1999a) ont estimé que les
bénéfices réalisés par la diminution de l’érosion (pertes évitées en matière d’érosion
en nappe, par ravinement et érosion éolienne) pour les États-Unis d’Amérique du
fait des zones sous agriculture de conservation sont dans une fourchette de 90,3 à
288,8 millions de dollars EU en 1996.

Du point de vue de l’exploitant, les avantages de l’AC peuvent exister soit au


niveau de son exploitation (gain personnel) soit en dehors (réduction de la pollution
par les sédiments, séquestration du carbone, etc.). Le tableau 1 montre que, tandis
que plusieurs des augmentations de coût associées à l’adoption de l’AC s’accumulent
au niveau de l’exploitant, relativement peu d’avantages font de même. Le tableau 1
semble confirmer qu’il y a une divergence entre les avantages sociaux de l’AC et
son attractivité potentielle au niveau de l’exploitation.

Peu d’études empiriques ont pour sujet les avantages économiques de l’adoption
de l’AC dans la zone agro-écologique tropicale; la plupart des preuves ont été
accumulées pour des régions développées telles que l’Amérique du Nord. Par
exemple, Stonehouse (1997) a simulé en vraie grandeur le non-labour et le non-
travail du sol au Sud Ontario (Canada) et a constaté que ces deux pratiques ont
Economie de l'agriculture de conservation 5

TABLEAU 1
Avantages et coûts économiques potentiels associés à l’agriculture de
conservation, avec leur incidence
Bénéfices et coûts Niveau d’incidence
Local National/ Mondial
Régional
Bénéfices
Réduction des coûts d’exploitation: économies de temps, de main- √
d’œuvre et de mécanisation
Augmentation de la fertilité du sol et de la capacité de rétention d’eau √ √ √
du sol, résultant à long terme en une augmentation des rendements,
une diminution des variations de rendements et une plus grande
sécurité alimentaire
Stabilisation du sol et protection contre l’érosion entraînant une √
sédimentation réduite en aval
Réduction des contaminations toxiques des eaux de surface et des √
nappes
Cours plus régulier des rivières, inondations réduites et réamorçage √
des puits à sec
Recharge des aquifères du fait d’une meilleure infiltration √
Réduction de la pollution de l’air provenant des équipements de √ √
travail du sol
Réduction des émissions de CO2 vers l’atmosphère (séquestration √
du carbone)
Conservation de la biodiversité terrestre et du sol √

Coûts
Achat d’équipement spécialisé pour le semis √
Problèmes de parasites à court terme dus au changement dans la √
gestion des cultures
L’exploitant a besoin de nouvelles compétences en gestion √
– demandant un engagement en temps pour apprendre et
expérimenter
L’AC entraîne l’application d’herbicides additionnels √ √
Formation et mise en oeuvre de groupes d’exploitants √ √
Perception par les exploitants d’un risque élevé du fait des √ √
incertitudes technologiques
Développement des modules techniques appropriés et programmes √
de formation

Sources: adapté de ECAF, 2001 et FAO, 2001.

apporté au niveau de l’exploitation un bénéfice modeste par comparaison avec le


travail du sol conventionnel. Les avantages dus au non-labour et au non-travail sont
plus importants en tenant compte des avantages hors exploitation. Les bénéfices hors
exploitation considérés sont les avantages en matière de pêche en aval et la réduction
des coûts de dragage. Ceux-ci représentaient respectivement 43 et 10 pour cent des
avantages nets pour la société du fait de l’agriculture de conservation. Ainsi, en dépit
6 Introduction

des bénéfices marginalement plus élevés sous AC, l’impossibilité pour l’exploitant
d’appréhender les avantages hors exploitation signifie que les exploitants adoptent
moins l’AC que cela devrait être le cas.

D’autres études montrent une compensation entre les retombées économiques et


l’intégrité environnementale avec l’adoption de pratiques de plus en plus intensives
en matière d’agriculture de conservation. Kelly, Lu et Teasdale (1996) trouvent qu’un
non-labour strict produit des revenus plus élevés que le travail du sol conventionnel
et fait passer l’indice de risque environnemental de 78,9 à 64,7. Cet indice prend
en compte les risques d’érosion du sol, les pertes en phosphore et azote, et la
contamination potentielle par les pesticides. Cependant, en incorporant les cultures de
couverture et en substituant des engrais organiques aux engrais minéraux, l’option de
l’AC devient moins rentable que le travail du sol conventionnel. Cependant, l’indice
de risque environnemental diminue à 50 ou même moins, montrant clairement la
compensation «économie – environnement» du point de vue social.

La préoccupation mondiale pour ce qui est de la dégradation des sols apporte


un argument en faveur d’une intervention au niveau international. Cet argument
ne provient pas seulement d’un souci concernant ce qui se produit dans différentes
nations mais également de l’existence possible de coûts régionaux ou mondiaux
induits par la dégradation des sols. En d’autres termes, il peut exister des bénéfices
globaux générés par l’adoption de l’AC et autres technologies de mise en valeur des
sols. Le tableau 2 présente une classification des diverses fonctions d’un écosystème
associées aux ressources en sol qui pourraient avoir une dimension globale.

Le tableau 2 indique qu’il y a des avantages globaux potentiels associés à


l’adoption de l’AC. Par exemple, il y a un lien entre la séquestration du carbone
dans le sol et le réchauffement global car le piégeage à long terme du carbone dans
la matière organique réduit la teneur en carbone de l’atmosphère. Cependant, les
avantages associés à la séquestration de carbone dans le sol peuvent ne pas être
visibles si la dégradation des sols résulte en un transfert de carbone d’un emplacement
à l’autre sans libération nette vers l’atmosphère. Pour l’AC, Uri (1999a) argue du
fait que «les avantages à récupérer de la séquestration de carbone dépendront du
non remaniement du sol».

En l’absence de pratiques de gestion durable du sol, la dégradation des sols


peut amener des pertes de récoltes et de bétail, avec des conséquences régionales
ou mondiales (réfugiés, famine, etc.). Dans les endroits où le reste du monde fournit
une assistance, ces ressources sont gaspillées si une adoption plus rapide de l’AC
ou d’autres pratiques pouvait avoir évité cette situation. En outre, les terres sous
AC favorisent la vie sauvage et contiennent une microflore édaphique qui est une
des composantes importantes de la biodiversité globale, ceci étant démontré par la
Economie de l'agriculture de conservation 7

TABLEAU 2
Les fonctions dans l’écosystème des terres sous agriculture de conservation
et les conséquences mondiales de sa non adoption
Fonctions dans l’écosystème du sol Conséquences potentielles mondiales ou
(valeurs d’usage indirect) régionales de la dégradation des sols
Support des plantes domestiquées (cultures) et Perte de production de culture / bétail, entraînant
des animaux (bétail) des problèmes d’éco-réfugiés et la famine,
demande d’ une intervention internationale

Support de l’habitat de la vie sauvage Perte d’une biodiversité importante au niveau


mondial
Source d’oligo-éléments pour la consommation Carences alimentaires et maladies, demandant
humaine (par exemple, qualité vs. quantité de une intervention internationale
nourriture)
Rôle de tampon et de modération du cycle Inondation, transport de sol et problèmes de
hydrologique (par exemple drainage, stockage sédimentation trans-frontalière; faible infiltration
temporaire, etc.); protection des bassins entraînant une réduction du rendement des
versants cultures (voir ci-dessus)
Décomposition et recyclage (par exemple Perte d’une importante biodiversité au niveau
élimination de déchets) des micro-organismes et des vers du sol
(par exemple pénicilline, streptomycine);
accumulation de déchets dans des proportions
mondiales
Régulation des gaz de l’atmosphère et des Émissions de gaz à effet de serre et
cycles élémentaires (par exemple séquestration réchauffement mondial quand la matière
du carbone) organique est détruite

Source: adapté de Scherr, 1999.

découverte de la pénicilline et de la streptomycine. Ainsi, une bonne conservation


et gestion des sols peut avoir des avantages que l’exploitant individuel ne prévoit
pas, mais qui ont de vraies implications pour l’environnement mondial.

UN CADRE CONCEPTUEL POUR ÉTUDIER L’ADOPTION DE L’AGRICULTURE DE


CONSERVATION

Les exploitants qui passent de la pratique conventionnelle à une technique nouvelle


peuvent le faire pour de multiples raisons. Ils peuvent par exemple découvrir une
méthode de production plus efficace et plus rentable, ou bien ils peuvent percevoir un
problème et, en recherchant des solutions, arrivent à une pratique nouvelle, telle que
l’AC. Les problèmes accélérant le changement possible vers l’AC sont typiquement
la dégradation et l’érosion des sols ou la baisse des rendements des cultures due à
la détérioration de la fertilité du sol. Ces vues sont associées au modèle traditionnel
d’innovation et à l’adoption de nouvelles technologies dans beaucoup d’industries,
y compris l’agriculture (encadré 1).
8 Introduction

ENCADRÉ 1
UNE PREMIÈRE ÉTUDE SUR L’ADOPTION ET LA DIFFUSION D’INNOVATION
L’étude de l’adoption et de la diffusion d’innovation a ses origines dans l’Ouest des États-Unis
d’Amérique. Dans une étude de l’Université de l’État de l’Iowa, Ryan et Gross (1943) ont montré
que le mode d’adoption et de diffusion d’un hybride de maïs était systématique (c.-à-d. régulier),
ouvrant de ce fait la porte pour une recherche plus poussée. L’adoption et la diffusion d’un
processus d’innovation ont été caractérisées comme l’acceptation, avec le temps, d’un élément
spécifique par des individus (ou des unités d’adoption) liés à des canaux de transmission
spécifiques. L’innovation inclut «n’importe quelle pensée, comportement, ou chose nouvelle
parce que qualitativement différente des formes existantes » (Jones, 1967). Cette définition
étendue prend en compte toutes les idées ou processus perçus comme ayant une utilité. Dans
un contexte agricole, cela pourrait être une nouvelle variété ou procédure de gestion adoptée
par un individu, une famille ou une société. Une grande partie de la recherche s’est concentrée
sur l’adoptant afin de déterminer quelles variables pouvaient contribuer à l’adoption ou au rejet
d’une innovation. Alors que la maximalisation du profit / de la satisfaction est généralement une
cause déterminante principale, d’autres variables, telles que le niveau d’éducation des adoptants,
peuvent jouer un rôle significatif dans l’adoption. En conclusion, la diffusion est le processus par
lequel une innovation se répand au cours du temps dans un système social donné. La figure 1
montre la distribution en cloche de la créativité individuelle et le pourcentage des adoptants
potentiels typiquement censés entrer dans chaque catégorie. A une extrémité de la distribution,
sont les innovateurs. Les innovants sont des preneurs de risque et des pionniers qui adoptent une
innovation très tôt dans le processus de diffusion. A l’autre extrémité, se trouvent les retardataires
qui résistent à l’adoption d’une innovation jusqu’assez tard dans le processus de diffusion, et même
parfois ne l’adoptent jamais. La figure 2 montre l’évolution de l’adoption en fonction du temps.
Typiquement, les innovations se répandent dans le temps en une configuration qui ressemble à
une courbe en S. Ainsi, le rythme d’adoption d’une innovation passe par un temps de croissance
lente et progressive avant une période de croissance relativement rapide.

Nombre
ou
pourcentage
d'adoptants
Pèriode de
croissance
rapide

Innovants Adoptants Majorite Majorite Retardataires


2,5 % précoces précoces tardive 16 % Temps
13,5 % 34 % 34 %

FIGURE 1 FIGURE 2
Courbe en cloche montrant les Courbe en S représentant le taux
catégories de réceptivité individuelle d’adoption d’une innovation en
à l’innovation et pourcentage pour fonction du temps
chaque catégorie

Source: Surrey, 1997.

Certains exploitants ont adopté l’AC parce qu’ils ont trouvé que les augmentations
immédiates de rendement ou de profit étaient attrayantes. Dans cette situation, une
incitation financière claire a induit le changement de comportement, comme suggéré
par le modèle classique décrit dans l’encadré 1. Cependant, il peut être inadéquat
de considérer le modèle classique comme base pour favoriser l’adoption des
Economie de l'agriculture de conservation 9

technologies d’agriculture de conservation (par exemple le non-travail du sol). Car le


modèle d’adoption et diffusion est basé sur « le volontarisme de la part de l’exploitant
preneur de décision et le gain économique attaché au nouveau comportement » (van
Es, 1983). Comme les technologies de conservation peuvent entraîner des avantages
sociaux, mais peuvent également avoir comme conséquence des pertes financières
au niveau de l’exploitation, le modèle classique présenté dans l’encadré 1 peut ne
pas entraîner un niveau socialement optimal d’adoption d’AC.

D’ailleurs, quelques auteurs plaident pour l’existence d’un processus continu


d’innovation complexe régissant les technologies agricoles telles que l’AC, en
utilisant l’exemple du non-labour. Ces systèmes d’innovation sont non linéaires et
comportent des interactions complexes et des feedbacks entre agents (par exemple
exploitants, vulgarisateurs et entreprises privées). Ces auteurs arguent du fait que
des systèmes d’innovation complexes continus se caractérisent par la présence
d’agents qui ont une information limitée mais sont toujours à la recherche de
nouvelles occasions technologiques. En plus des actions individuelles d’agents, les
circonstances initiales et le fonctionnement des boucles de feed-back influent sur
le processus d’innovation, le rendant imprévisible. L’innovation technologique en
résultant provient d’un mélange particulier des conditions initiales, d’événements
aléatoires et de tendances à long terme. Par exemple, la réponse des parasites à de
nouvelles techniques de contrôle est imprévisible, mais a cependant une influence
significative sur l’évolution des futurs développements technologiques et leur
adoption.

Indépendamment du facteur de motivation ou du modèle d’adoption admis, les


exploitants considèrent seulement les aspects de leurs actions qui relèvent d’une
perspective privée. Typiquement, ce processus implique seulement des considérations
au niveau de l’exploitation. Cependant, il pourrait s’étendre aux impacts sur les
voisins et les générations futures si les relations sociales et les considérations de
gestion à long terme reçoivent une priorité personnelle élevée. En dépit d’une vision
plus étroite, beaucoup de facteurs influencent cette perspective personnelle et aident
à moduler des décisions au sujet des nouvelles technologies ou d’un changement des
pratiques de l’exploitation. La figure 3 montre une vue de ce processus.

La figure 3 montre comment les ménages font des choix et prennent des décisions
en matière de technologie pour l’utilisation de leurs ressources en terres en tenant
compte des contraintes imposées par leur situation socio-économique et les ressources
de l’exploitation, aussi bien que des facteurs de niveau supérieur, à l’échelle locale
ou mondiale. Par exemple, s’il manque de terre disponible et d’un accès adéquat
au crédit, l’exploitant ne peut pas investir dans l’AC si cela exige une grande mise
de fonds. L’information sur de nouvelles technologies et les conditions financières
est un préalable aux changements des pratiques en matière d’exploitation et son
10 Introduction

FIGURE 3
Un cadre conceptuel pour étudier l’adoption de l’agriculture de conservation

(STIMULUS EXTÉRIEUR)

global
national
FINANCE AUTRES FACTEURS POLITIQUE

local
• Prix des produits/ • Conditions biophysiques • Taux d'interêt
coût des entrants • Technologie • Récompenses pour
• Variabilité des prix • Capital social la bonne gestion
• Subvention à la
production

INFORMATION

Perception de l'exploitant
Caractéristiques (des revenux nets, du risque, etc.) Caractéristiques
de l'exploitant de l'exploitation

Décisions individuelles
(niveau exploitation)
• Sélection d'intrants, de productions
• Adoption de l'agriculture de conservation

économie social
environnement
IMPACTS DES DÉCISIONS INDIVIDUELLES SUR L'EXPLOITATION
global
national
local

IMPACTS IMPACTS IMPACTS


ÉCONOMIQUES ENVIRONNMENTAUX SOCIAUX

(RÉPONSE)

Source: adapté de Bradshaw et Smit, 1997 et FAO, 2001.

obtention n’implique généralement pas de grandes mises de fonds. Les politiques


gouvernementales de crédit et de vulgarisation jouent ici un rôle important.
Contrairement au fonctionnement plus direct des politiques du secteur agricole et des
incitations financières, quelques facteurs sociaux et institutionnels ont une influence
plus indirecte. Néanmoins, tous ces facteurs affectent les bénéfices nets, les risques
et d’autres éléments financiers qui pilotent le processus décisionnel.
Economie de l'agriculture de conservation 11

Au centre de ce modèle de processus décisionnel sont les perceptions des


exploitants. Un changement de politique et des incitations financières ou une
réduction de la qualité des ressources naturelles signalent à l’exploitant que le
modèle actuel d’utilisation des ressources du ménage peut ne plus être adapté.
Il y a polémique au sujet du point à partir duquel les exploitants perçoivent une
détérioration progressive dans leurs ressources naturelles de base. Cependant, il y a
maintenant suffisamment de preuves que les petits propriétaires se rendent souvent
compte de la dégradation du sol, bien que d’autres facteurs affectant la production
puissent parfois masquer cet état de fait. La figure 3 montre que la détection de la
dégradation du sol est due au fonctionnement des mécanismes de feed-back.

L’AC est juste une des nombreuses options à la disposition des exploitants
pour répondre aux changements perçus dans leur environnement de production. Par
exemple, tous les membres - ou quelques-uns - d’une famille peuvent émigrer ou
accepter un emploi en dehors de l’exploitation, ou bien rester sur place et modifier
les pratiques agricoles. En fait, l’impact sur la productivité du sol peut être positif ou
négatif, dépendant de nombreux facteurs. Si les ménages choisissent l’émigration, ils
peuvent réduire l’intensité avec laquelle ils cultivent les parcelles existantes, ou alors
abandonner leurs vieilles terres et mettre en culture de nouvelles terres dans des zones
de défriche. Cette dernière possibilité a des implications sérieuses si les exploitants
transfèrent sur ces nouvelles zones des méthodes de gestion des sols non durables.
Beaucoup de solutions techniques de rechange sont également disponibles pour les
producteurs s’ils choisissent de changer de gestion plutôt que d’émigrer, et elles
incluent l’AC. Les choix des différents exploitants sont cumulatifs et peuvent avoir
d’éventuels impacts bien au delà de leur exploitation personnelle (tableau 2).

Le fonctionnement des mécanismes de feed-back (figure 3) boucle la boucle et


le potentiel existe ainsi, soit pour une série d’améliorations de la productivité des
sols se renforçant au fur et à mesure, soit pour une série de dégradations des sols
faisant de même.
Economie de l'agriculture de conservation 13

Chapitre 2
Facteurs influençant l’adoption de
l’agriculture de conservation

ANALYSES FINANCIÈRES: AGRICULTURE DE CONSERVATION CONTRE MÉTHODES


CONVENTIONNELLES

On peut supposer que l’agriculture de conservation est plus profitable dans des
régions tropicales à précipitations élevées avec des zones en pentes raides, (par
exemple en Amérique latine) que dans des zones tempérées plus plates (par
exemple au Canada, aux États-Unis d’Amérique), puisque les sols dans le premier
cas seraient sujets à un plus gros risque d’érosion en travail conventionnel. Mais une
telle généralisation cacherait un certain nombre de complexités qui rendent difficile
l’analyse des revenus financiers dus à l’AC. Par exemple, dans 7 des 12 études de
coût récentes, passées en revue pour cette étude (annexe 1), un travail réduit ou un
non-labour ont donné des revenus nets plus élevés que le travail conventionnel, et
beaucoup de ces études portent sur des régions tempérées.

La zone agroécologique tempérée dans les pays développés


Une des premières analyses financières complètes de l’AC dans de grandes
exploitations des pays développés (Crosson, 1981) a comparé les coûts, au niveau
de l’exploitation, du labour conventionnel par rapport au labour de conservation aux
États-Unis d’Amérique. Des revues plus récentes tendent à renforcer la conclusion
que l’AC a un petit avantage de coût par rapport au labour conventionnel mais
que les conditions spécifiques au site pourraient modifier ce résultat de différentes
manières (tableau 3). Les aspects suivants de coût des intrants forment la base de
ces conclusions générales.

Équipement agricole et coût de l’énergie


C’est l’élément de coût le plus important pour les plus grands producteurs et donc
l’impact de l’AC sur ces éléments de dépenses est grand. La plupart des analyses
suggèrent que l’AC réduit les coûts d’équipements agricoles. Le non-labour ou le
travail minimum impliquent que les exploitants peuvent utiliser un plus petit tracteur
et faire moins de passages sur le terrain. Ceci a également comme conséquence
des coûts inférieurs en carburant et en réparations. Cependant, cette vue simplifiée
masque certaines complexités tout en faisant une comparaison juste. Par exemple,
certains exploitants peuvent considérer l’AC comme un complément plutôt que
14 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

comme un produit de remplacement de la totalité de leurs pratiques présentes. S’ils


changent seulement partiellement pour l’AC (par exemple dans quelques zones ou
sur quelques années), alors leur coût de travail mécanisé peut augmenter car ils
doivent maintenant prévoir pour deux systèmes de culture ou simplement utiliser
leurs équipements existants, peu efficaces cependant sur leurs zones d’AC.

Pour prendre en compte une telle complexité, les économistes distinguent


les coûts à court et long terme, les premiers ne supposant aucune adaptation de
l’équipement existant et les seconds prenant en compte une telle adaptation. Une
étude comparative AC / labour conventionnel dans le Wisconsin (Mueller et al., 1985)
a constaté que les coûts moyens à court terme en AC dépassaient d’environ 7 pour
cent les coûts moyens à long terme. Les coûts moyens à court terme par hectare
pour l’AC étaient plus importants que pour le labour conventionnel. Cependant,
après ajustement au capital, les coûts de l’AC à long terme tombent au-dessous de
ceux du labour conventionnel.

De même, on s’attend à ce que le coût du carburant soit inférieur en AC, et


c’est généralement la conclusion de la plupart des études. La baisse du prix des
carburants devrait favoriser une plus grande adoption de l’AC. Une étude (Uri,
1998a) montre que le prix du pétrole brut a un effet statistiquement significatif
mais relativement mineur sur l’intensité de l’AC (mais pas sur l’adoption par de
nouveaux exploitants). Elle constate qu’une augmentation de 10 pour cent du prix
du pétrole brut aux États-Unis d’Amérique est associée à une croissance de 0,4 pour
cent des surfaces plantées en AC, augmentation concentrée principalement sur les
exploitations utilisant déjà l’AC.

Coûts des pesticides


En AC, les applications plus importantes d’herbicides semblent compenser les coûts
inférieurs en équipements, particulièrement au début de la période d’adoption et
avec le non-labour. En effet, les herbicides remplacent l’utilisation des machines
pour le contrôle des mauvaises herbes. Les facteurs spécifiques à la localisation sont
importants car les mauvaises herbes pérennes peuvent présenter des problèmes pour
l’AC. Néanmoins, les taux d’application d’herbicides et la possibilité de contrôler
entièrement les mauvaises herbes dans toutes les situations en AC demeurent des
domaines controversés et continus de recherches. Des évaluations récentes tendent
à montrer que les applications d’herbicide diminuent avec le temps et peuvent
en fin de compte tomber à un niveau égal à celui utilisé en travail conventionnel
(USDA, 1998). Le contrôle des insectes n’est pas réellement une question dans
les comparaisons entre agriculture conventionnelle et de conservation. Comme la
plupart des pesticides sont tirés du pétrole, les prix du pétrole brut sont susceptibles
d’affecter leurs coûts. Dans l’affirmative, un prix plus élevé du brut signifierait des
Economie de l'agriculture de conservation 15

coûts plus élevés des herbicides, compensant partiellement l’avantage relatif de coût
de l’AC provenant des besoins inférieurs en carburant pour les machines (ceci peut
expliquer la faible réponse trouvée par Uri).

Coûts de main-d’œuvre
Beaucoup d’attention a été consacrée à la réduction apparente des besoins en
main-d’œuvre en AC. Cette diminution résulte de la réduction du travail pour la
préparation des sols au début de la saison de culture. Quelques estimations ont évalué
cette réduction à 50-60 pour cent pendant cette période de temps. Sur de grandes
exploitations mécanisées dans le monde développé, l’impact réel de cette économie
est faible car les coûts de main-d’œuvre comptent pour moins de 10 pour cent du coût
total par unité de surface (tableau 3). Cependant, sur certaines exploitations dans le
monde développé, la tendance vers une augmentation du travail hors exploitation
rend attrayante l’économie de main-d’œuvre, même relativement petite, due à l’AC.
En effet, quelques études de cas ont cité l’économie de temps fournie par l’AC
comme motivation première de l’adoption de l’agriculture de conservation (Wandel
et Smithers, 2000).

Coûts des engrais et autres intrants


La plupart des analyses comparatives des coûts du labour conventionnel et du travail
de conservation supposent que les autres facteurs de production demeurent inchangés
après le passage à l’AC. Une discussion continue concernant l’utilisation d’engrais
en AC car il est évident que l’adoption de l’AC affecte l’utilisation de l’azote par les
récoltes et sa lixiviation. Uri (1997) trouve une certaine augmentation de l’utilisation
d’engrais par des producteurs de maïs adoptant le travail de conservation aux États-
Unis d’Amérique. De plus, si l’application d’engrais en AC exige une plus grande
compétence, alors les coûts d’application pourraient augmenter même si les quantités
appliquées restent identiques. Une conclusion plus générale est que l’AC exige de
plus grandes compétences en matière de gestion et il peut être coûteux pour les
exploitants d’acquérir de telles compétences. L’AC peut également affecter les
achats de semences car les exploitants peuvent avoir la possibilité d’éviter certains
problèmes de parasite en investissant dans des variétés plus résistantes. Cependant,
ceci augmente les coûts.

Les données comparatives du tableau 3 montrent une image cohérente des


coûts de l’agriculture de conservation aux États-Unis d’Amérique pour les récentes
décennies. Des évaluations plus récentes tendent à présenter une large gamme pour
l’AC, reconnaissant la variation des conditions spécifiques aux sites (par exemple
drainage, précipitations). De manière peut-être plus significative, les éléments de
coût énumérés dans le tableau 3 représentent seulement un sous-ensemble des coûts
totaux car d’autres facteurs de production – ainsi que la terre – étaient supposés rester
16 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

TABLEAU 3
Comparaison des coûts des travaux conventionnels et de conservation pour le maïs
et le soja aux États-Unis d’Amérique, en 1979 et 1992
Coût par acre en 1979 Coût par acre en 1992
(1) (2) Ratio (3) (4) Ratio
Culture / élément Travail Travail de (1/2) Travail Travail de (3/4)3
de coût Conventionnel Conservation Conventionnel Conservation2
Maïs
Équipement et
carburant 45,34 38,34 1,18 55 37-44 1,36
Pesticides1 8,72 11,63 0,75 10-15 5-25 0,83
Main-d’œuvre 13,24 6,62 2,00 8 5-7 1,33
Total de ces 3
composants 67,30 56,59 1,19 73-78 56-76 1,14

Soja
Équipement et
carburant 38,11 33,11 1,15 55 37-44 1,36
Pesticides1 9,13 12,17 0,75 14-28 7-40 0,89
Main-d’œuvre 12,21 6,10 2,00 8 5-7 1,33
Total de ces 3
composants 59,45 51,38 1,16 77-91 58-91 1,13
1
En 1979, cela inclut les insecticides mais pas en 1992.
2
Inclut le travail au chisel, le billonnage et le non-travail; la gamme de coût total reflète la somme des
technologies individuelles.
3
Coefficient calculé sur la base des valeurs moyennes pour chaque gamme de chiffres donnée.
Source: Crosson, 1981.

constants avec l’un ou l’autre des systèmes de culture. En recadrant les économies
attribuables à l’AC dans ces coûts totaux, n’importe quel avantage en coût s’élève
à environ 5–10 pour cent en 1979 et probablement à peu près au même niveau dans
les années 90.

Une analyse des facteurs de risque manque également dans beaucoup de


comparaisons des coûts de travail, entre conventionnel et conservation. Un aspect
du risque est la reconnaissance du fait que les rendements pourraient changer selon
les différents systèmes de culture. Beaucoup de discussions se sont focalisées sur le
fait de savoir si le passage à l’AC entraîne des rendements supérieurs ou inférieurs.
Comme les résultats pour des climats tempérés sont souvent contradictoires, et que,
s’il y a une différence, elle n’est généralement pas statistiquement significative, la
plupart des analystes considèrent simplement que les rendements sont identiques.
De même, l’impact de l’adoption de l’AC sur la variabilité du rendement et le
risque est controversé. Quelques études développent l’argument que l’AC augmente
la variabilité des rendements dans beaucoup de situations, accroissant de ce fait
les risques (Fox et al., 1991). En revanche, la recherche australienne montre une
variabilité des rendements réduite avec l’AC (Kirby et al., 1996), alors qu’une étude
au Canada indique que les revenus nets étaient plus élevés lors des mauvaises années
avec l’AC qu’avec des pratiques conventionnelles, mais inférieurs quand la moyenne
Economie de l'agriculture de conservation 17

est faite sur une durée plus longue. Les conclusions sur le fait de savoir si le risque
est augmenté ou réduit avec l’AC demeurent évasives.

Plus sûrs sont les impacts de l’AC sur l’intensité de culture. Avec un temps réduit
de préparation du terrain, le cycle de culture est plus court, permettant de faire plus de
cultures dans une période donnée et même une double culture là où cela n’était pas
possible précédemment. Quand cet avantage est disponible avec l’AC, l’utilisation
plus efficace de la ressource fixe en sol a pour conséquence des revenus annuels
nets plus élevés par hectare. De plus, les exploitants peuvent ajuster leur stratégie
de culture en passant à l’AC. Par conséquent, les essais de rendement comparant la
même culture sous l’un ou l’autre des systèmes de culture peuvent ne pas représenter
la réalité. En fait, adopter intégralement l’AC implique de passer à une rotation
appropriée de cultures qui différera probablement de la stratégie conventionnelle de
mise en culture utilisée auparavant. Pour cette raison, certains auteurs ont demandé
une approche plus large des évaluations comparatives en agriculture tempérée, à
l’échelle de l’exploitation entière (Diebel et al., 1993).

De façon générale, une comparaison entre méthodes conventionnelles et de


conservation dans des zones agro-écologiques tempérées dépend de deux effets
de compensation. L’un implique les économies de main-d’œuvre, et probablement
aussi de mécanisation, dues à l’AC, alors que l’autre comprend des coûts plus
élevés en herbicides, tout au moins au début, avec l’AC. Selon l’importance de
chacun de ces effets, l’AC peut sembler plus ou moins coûteuse. Par exemple,
au Saskatchewan (Canada), des chercheurs ont constaté que les coûts plus élevés
en herbicides caractérisant l’AC ont dépassé toutes les économies provenant des
postes main-d’œuvre, carburant, réparation des équipements et frais généraux
(Zentner et al., 1991). De même, Stonehouse et Bohl (1993) ont utilisé un modèle
de programmation linéaire montrant que l’agriculture de conservation n’est pas
profitable dans un système d’exploitation à cultures de rente. Cependant, la plupart
des études des pays développés analysées indiquent que l’AC réalise au moins des
économies mineures par rapport aux pratiques conventionnelles. Cependant, ces
économies n’ont pas été suffisantes pour entraîner l’adhésion d’un grand nombre
d’exploitants avec de grandes exploitations mécanisées. Ces exploitants peuvent
s’opposer à de nouvelles pratiques à moins qu’il n’y ait une promesse de revenus
financiers beaucoup plus élevés.

La zone agroécologique tropicale / tempérée dans les pays en développement


Une des histoires à succès pour l’AC s’est passée en Amérique latine (encadré 2).
Des exploitations mécanisées de grande taille sont communes dans beaucoup de
régions d’Amérique latine et les exploitants ont adopté l’AC sur une grande partie
de cette zone cultivée. Alors que la majeure partie de l’analyse comparative de coût
18 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

ENCADRÉ 2
EXPÉRIENCE LATINO-AMÉRICAINE SUR L’AGRICULTURE DE CONSERVATION
L’Amérique latine a le taux le plus élevé d’adoption des pratiques de non-travail du sol dans le
monde. Les premières tentatives consignées de non-labour mécanisé ont eu lieu dans la région
subtropicale du Brésil entre 1969 et 1972 et en 1981/2 dans la zone tropicale du Brésil. Le premier
test de non-labour sur le terrain a eu lieu dans l’état du Parana en 1972. En 1999, le pourcentage
de non-labour sur toute la zone cultivée atteignait 52 pour cent au Paraguay, 32 pour cent en
Argentine et 21 pour cent au Brésil. Le non-labour représente 95 pour cent de toutes les techniques
de conservation en Amérique latine (44 pour cent aux États-Unis d’ Amérique). L’adoption du non-
labour en Amérique latine a été progressive, ceci étant dû aux restrictions sur les herbicides et
les semoirs et à l’important accroissement des coûts d’adoption (encadré 1). Cependant, comme
les exploitants ont reçu l’assistance d’ONG, du secteur public et d’intérêts privés, l’adoption s’est
accrue sensiblement. Par exemple, les exploitants sur des petites, moyennes et grandes surfaces
au Paraguay ont exposé en détail les améliorations considérables de la rentabilité au niveau
de l’exploitation et de la réduction du risque. Les études montrent également le rôle crucial du
personnel entraîné pour la formation des exploitants dans les nouvelles méthodes de gestion et
l’importance de la disponibilité du crédit pour l’achat de nouveaux équipements de non-labour. En
fournissant une assistance financière et institutionnelle, le gouvernement a joué un rôle crucial en
créant des incitations pour l’adoption de ces méthodes. Les petits exploitants ont été une cible
particulière car ils n’ont pas la capacité de mobiliser des fonds et de se recycler par eux-mêmes.
La Banque mondiale a réitéré ces observations dans son examen d’un projet au Brésil favorisant
l’agriculture durable, les formes modernes de gestion des terres et la conservation des sols et
des eaux. Elle considère la vulgarisation rurale comme étant un élément pivot du projet. De plus,
les incitations financières ont largement permis de motiver la formation de groupes parmi les
exploitants, amenant à une augmentation de capital social et coopération. Elle reconnaît que les
retours rapides et les incitations et supports financiers du gouvernement avaient une influence
considérable sur l’adoption des techniques d’agriculture de conservation.
Sources: Sorrenson et al., 1997 & 1998; Banque mondiale, 2000.

présentée ci-dessus pour des régions tempérées de l’hémisphère Nord s’appliquerait


ici, les bénéfices de l’AC en Amérique latine ont été plus importants. Pour une
part, ce plus grand avantage est le fait des facteurs physiques et climatiques, mais
reflète également les différences de nature de la technologie adoptée. Tandis que
la plupart des études aux États-Unis d’Amérique examinent l’adoption du travail
de conservation isolément, en Amérique latine, la technologie est beaucoup plus
proche du concept de l’AC décrit au chapitre 1; il est ainsi possible d’inclure non
seulement des adaptations dans le travail du sol mais aussi des changements dans
les cultures de couverture et les pratiques de paillage aussi bien que l’incorporation
des rotations de cultures et d’autres changements.

Au Paraguay, les rendements en travail conventionnel ont diminué de 5 à 15 pour


cent sur une période de dix ans, alors que les rendements en non-labour augmentaient
de 5 à 20 pour cent (Sorrenson et al., 1997 et 1998). L’utilisation d’intrants (engrais et
herbicide) a chuté en moyenne de 30 à 50 pour cent sur la même période. Au Brésil,
sur une période de 17 ans, les rendements en maïs et soja ont augmenté de 86 et 56
pour cent, respectivement, alors que les apports d’engrais pour ces cultures chutaient
Economie de l'agriculture de conservation 19

de 30 et 50 pour cent, respectivement. En outre, l’érosion des sols au Brésil a baissé


de 3,4 - 8,0 t/ha en travail conventionnel à 0,4 t/ha en agriculture de conservation,
et la perte d’eau est passée d’approximativement 990 à 170 t/ha.

En conséquence, les avantages financiers pour les exploitants qui ont adopté l’AC
en Amérique latine ont été très importants. Cependant, cela a pris du temps pour se
concrétiser complètement. Sorrenson (1997) a comparé la rentabilité financière de
l’AC avec les pratiques conventionnelles sur 10 ans pour 18 exploitations, moyennes
et grandes, dans deux régions du Paraguay. Il a constaté que, en dixième année, le
revenu agricole net était passé dans les exploitations en AC de moins de 10 000 dollars
EU à plus de 30 000 dollars EU, alors que dans les exploitations conventionnelles, le
revenu agricole net a diminué, devenant même parfois négatif. Sur les exploitations
de moyenne et grande taille, ont pu être observés:
• une moindre érosion des sols, des améliorations de structure des sols et une
augmentation de la teneur en matière organique, du rendement et de lʼintensité
des cultures,
• un temps réduit entre la récolte et le semis de la culture suivante, permettant de
réaliser plus de cultures sur une période de douze mois,
• une diminution du temps de travail des tracteurs, de la main-dʼœuvre sur
lʼexploitation, des coûts de mécanisation, dʼengrais, insecticides, fongicides
et herbicides, et des économies sur la réfection des terrasses et contours et le
remplacement des semences à la suite de fortes pluies,
• une diminution des risques sur la base dʼune exploitation complète, en raison de
rendements améliorés et stabilisés et dʼune diversification dans dʼautres cultures
de rente.

En Amérique latine et dans d’autres régions en développement, l’AC est une


technologie ayant un attrait potentiel pour les petits exploitants. Cependant, adopter
l’AC sur une petite exploitation, peut-être non mécanisée, implique certaines prises
en compte différentes par rapport à une grande exploitation mécanisée. Par exemple,
comme les petits exploitants utilisent peu d’intrants commerciaux, les discussions
sur la forte augmentation du coût des herbicides peuvent ne pas être adaptées.
Même si les petits exploitants reconnaissent le besoin d’herbicides, ils peuvent ne
pas pouvoir financer leur achat. De même, peu de petits exploitants utilisent des
quantités significatives d’engrais de sorte qu’une discussion au sujet de l’impact de
l’AC sur l’utilisation d’engrais ne sera généralement pas pertinente. Finalement, la
disponibilité du crédit joue un rôle important dans l’AC pour couvrir les achats accrus
d’intrants nécessaires. Si les petits exploitants louent le matériel de préparation du
sol, alors le passage à l’AC devrait être relativement simplifié du fait qu’il n’y a
aucune implication d’investissement dans la mécanisation. Les coûts à court terme
seraient ainsi proches des coûts à long terme en passant à l’AC.
20 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

TABLEAU 4
Comparaison des coûts de l’agriculture conventionnelle et de conservation pour
des petits exploitants dans deux zones du Paraguay
Edelira1 San Pedro 2
(1) (2) Ratio (3) (4) Ratio
Culture / coût ($EU Travail Travail de (1/2) Travail Travail de (3/4)
1998) Conventionnel Conservation Conventionnel Conservation2
Surface de 15,6 15,6 -- 6,8 6,8 --
l’exploitation (ha)
Main-d’œuvre 287 240 1,20 164 163 1,01
(personne-jours)
Revenu net ($EU/an) 2 570 4 272 0,60 1 010 2 229 0,45
Revenu du travail 8,95 17,80 0,50 6,16 13,67 0,45
($EU/jour)
1
moyenne de 3 exploitations qui sont passées du conventionnel au non-travail avec un système
d’engrais vert.
2
moyenne de 2 exploitations qui sont passées du conventionnel au non-travail avec un système
d’engrais vert.
Source: Sorrensen et al., 1998.

La majorité des petits exploitants dans le monde entier effectue manuellement la


préparation du sol et le sarclage, et l’adoption de l’AC a un très grand impact sur la
main-d’œuvre utilisée pour ces activités. Dans une analyse comparative de la culture
traditionnelle (système de jachère arborée) avec le système de culture sans travail
du sol et la culture en couloirs au Nigeria, l’économie de main-d’œuvre en AC était
substantielle (Ehui et al., 1990). Alors que la culture en couloirs exige de 126 à 151
personne-jours/ha/an et que le système de jachère arborée nécessite de 67 à 102 jours,
la technologie sans travail du sol demande 58 jours (avec une part pour le nettoyage de
la parcelle dans chaque cas). Ces coûts de main-d’œuvre s’élèvent à plus de 50 pour
cent des coûts totaux de production pour chaque technologie. Cependant, des coûts
supérieurs d’herbicide et d’équipement ont pénalisé la technologie sans labour, qui
est seulement privilégiée dans des conditions de pression de population plus élevée,
conditions qui pénalisent les systèmes alternatifs de jachère. Dans des études sur des
petits exploitants en Amérique latine, le revenu agricole net et les revenus du travail
étaient bien plus élevés avec l’AC qu’avec les pratiques conventionnelles. Le tableau
4 confirme ces observations pour des utilisateurs de l’AC au Paraguay.

Pour juger de l’attractivité de l’AC dans les systèmes de petites exploitations en


Afrique, Amérique latine et ailleurs, l’économie de main-d’œuvre est un des facteurs
principaux. Un nouveau point relatif au travail est que, comme la main-d’œuvre est
économisée lors de la préparation de la parcelle et pendant les étapes de sarclage
(s’il y a utilisation d’herbicide), il peut y avoir des implications dans la division du
travail au sein de la famille. Dans la plupart des systèmes de petites exploitations
en Afrique, les membres masculins du ménage sont responsables de la préparation
de la parcelle (avec une contribution aux semis), alors que les membres féminins
du ménage sont responsables du sarclage. L’utilisation d’herbicide peut exiger une
Economie de l'agriculture de conservation 21

certaine adaptation dans ces responsabilités parce que ce sont habituellement les
membres masculins du ménage qui manipulent les pesticides. Les membres masculins
du ménage peuvent s’opposer à la demande de travail supplémentaire pendant la
période de sarclage, créant ainsi un obstacle à l’adoption de l’AC.

En outre, certaines conditions peuvent mettre en valeur l’attractivité financière


relative de l’AC. Par exemple, l’augmentation de la pression foncière tend à
augmenter l’attractivité de l’AC par rapport à la jachère arborée. Une considération
supplémentaire est la qualité de la terre. Les études sur les revenus nets du paillage,
une composante importante de l’AC pour le petit exploitant, suggèrent que les
bénéfices de cette pratique augmentent avec la qualité de la terre cultivée (Lamers et
al., 1998). Les exemples réussis d’adoption de l’AC en Amérique latine ont démontré
l’importance du crédit comme facteur déclenchant, ceci en raison de la nécessité de
financer le matériel de semis spécialisé et les herbicides.

ANALYSES FINANCIÈRES DE L’AGRICULTURE DE CONSERVATION PAR RAPPORT


AUX AUTRES TECHNOLOGIES DE CONSERVATION

La plupart des analyses financières de l’AC se concentrent sur une comparaison


avec les méthodes conventionnelles, que ce soit un travail conventionnel du sol
ou une jachère arborée. Cependant, les exploitants peuvent souvent choisir parmi
un certain nombre de pratiques alternatives de conservation, et, dans ce cas, l’AC
est juste une option parmi plusieurs possibles. C’est particulièrement vrai pour les
systèmes de petites exploitations, vu qu’une absence d’investissement préalable en
matière de mécanisation et l’adaptabilité à petite échelle de beaucoup de techniques
de conservation des sols et des eaux rendent l’adoption relativement facile au point
de vue matériel et financier.

Pour examiner l’attractivité pour un petit exploitant de l’AC par rapport aux
pratiques alternatives en matière de conservation, une base de données de plus de
130 analyses différentes de technologies de conservation des sols et des eaux a été
compilée. Les analyses se sont concentrées sur l’Afrique et l’Amérique latine avec
toutes les technologies codées selon qu’elles sont liées à l’AC (groupe 1) ou non
(groupe 2), comme indiqué par le système de classification des technologies du
Panorama mondial des approches et technologies de conservation (World Overview
of Conservation Approaches and Technologies = WOCAT). Le groupe 1 inclut des
mesures visant principalement à améliorer la couverture du sol et la matière organique,
alors que les technologies du groupe 2 sont généralement des approches linéaires,
en travers de la pente, destinées à réduire l’érosion éolienne ou le ruissellement. Des
informations sur les revenus financiers au niveau de l’exploitation ont été introduites
dans la base de données pour chaque technologie. Les résultats pour chacun des
22 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

TABLEAU 5
Comparaison des valeurs actualisées nettes de l’agriculture de conservation avec
celles d’autres technologies de conservation des sols et des eaux
Technologies Nombre total Analyses avec Pourcentage avec
d’analyses VAN positive VAN positive
Groupe 1 40 34 85
Agriculture de conservation et approches
agronomiques liées (ex. cultures
intercalaires, cultures en courbes de
niveau, engrais vert)
Groupe 2 96 55 57
Améliorations de gestion, structurelles,
végétatives et autres (ex. rideaux d’arbres,
terrasses, billons, agroforesterie)
Total, toutes analyses 136 89 65

Source: compilé à partir d’une revue de 136 analyses de technologies de conservation des sols et
des eaux.

deux groupes de technologies ont été triés selon que l’adoption de la technologie
a fourni des valeurs actualisées nettes (VAN) positives ou négatives. Le tableau 5
présente les résultats de cette procédure.

L’analyse présentée dans le tableau 5 est quelque peu brute vu que beaucoup
d’études utilisent des hypothèses différentes au sujet de la durée du projet, des taux
d’escompte, des coûts d’opportunité de la terre, etc. De plus, la classification des
technologies n’est pas exactement compatible avec la définition de l’AC présentée
ci-dessus. Néanmoins, les résultats du tableau 5 indiquent que l’AC et, plus largement,
les améliorations agronomiques tendent à entraîner des revenus nets plus élevés
au niveau de l’exploitation que d’autres techniques (par exemple améliorations
du type de couvert végétal, des infrastructures ou autres). On pourrait dire que
cette attractivité relative de l’AC est plus importante que dans le cas de la seule
comparaison de l’AC et du travail conventionnel. Ainsi, une fois confrontée à de
nombreuses solutions de rechange par rapport à la pratique conventionnelle, l’AC et
les approches associées peuvent offrir les meilleures rentabilités dans beaucoup de
situations. Les facteurs spécifiques du lieu permettraient de déterminer la technologie
individuelle offrant les meilleurs revenus pour un exploitant particulier.

En résumant l’évidence financière à l’appui de l’AC, quelques réserves sont de


mise. Alors qu’il est vrai que l’AC se conforme souvent à ce que Pampel et van Es
(1977) nomment une «pratique profitable pour l’environnement » (c.-à-d. bonne
pour l’environnement et rentable), il n’en est pas toujours ainsi. Les contraintes
particulières de lieu peuvent avoir comme conséquence des rendements réduits;
par ailleurs, des facteurs institutionnels peuvent favoriser des pratiques alternatives
(Stonehouse, 1995).
Economie de l'agriculture de conservation 23

Ainsi, il est nécessaire de considérer les conditions spécifiques du lieu pour


déterminer l’attractivité financière de l’AC. Même dans les cas où les incitations
financières peuvent sembler attrayantes, une prise en considération des facteurs non
financiers est nécessaire pour comprendre l’adoption réelle et potentielle de l’AC.

A UTRES FACTEURS INFLUENÇANT L ’ ADOPTION DE L ’ AGRICULTURE DE


CONSERVATION

Plusieurs études ont cherché à identifier les obstacles à l’adoption au delà de la


divergence évidente entre les coûts au niveau de l’exploitation et les bénéfices
sociaux plus étendus tirés de l’AC (Smit et Smithers, 1992; Pierce, 1996; Cary et
Wilkenson, 1997). On peut citer:
• les grandes charges dʼinvestissement peuvent décourager lʼadoption (Wandel et
Smithers, 2000)
• le risque perçu par rapport à lʼadoption de lʼAC peut être un obstacle (McNairn
et Mitchell; Stonehouse, 1996; 1992Uri, 1998b)
• les longues périodes dʼattente pour que les bénéfices de lʼAC se matérialisent
peuvent être un obstacle pour les exploitants ayant une gestion à court terme
(Tweeten, 1995)
• les obstacles peuvent être liés à la culture et à lʼhistoire récente
(Nyagumbo,1997).

La nécessité de considérer des facteurs autres que les revenus nets reflète des
objectifs en concurrence chez les exploitants dans la gestion de leurs exploitations,
par exemple la rentabilité en comparaison avec des investissements faibles ou avec
des besoins alimentaires de subsistance minimum. Les technologies en concurrence
peuvent répondre à différents objectifs à des degrés divers. En terme de maximisation
des revenus financiers nets, les tableaux 3-5 suggèrent que l’AC peut fournir de
meilleurs revenus nets que les pratiques conventionnelles ou d’autres technologies
de conservation, selon les conditions locales. Le tableau 6 compare différentes
caractéristiques des technologies d’AC et d’autres techniques de conservation des
sols au niveau de l’exploitation en Afrique de l’Ouest. L’analyse qualitative utilise
quatre critères représentant les différents objectifs des petits exploitants, critères
dont l’un est la rentabilité financière (tableau 5). Bien qu’en accord avec l’analyse
des revenus nets du tableau 5, les résultats du tableau 6 tiennent compte d’une
évaluation beaucoup plus large, montrant les imperfections ou les avantages des
différentes technologies qui peuvent ne pas être mis en évidence dans une analyse
financière seule.

Les influences, autres que les revenus nets, montrées dans le tableau 6 représentent
seulement un petit sous-ensemble des nombreux facteurs non financiers susceptibles
24 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

TABLEAU 6
Facteurs influençant l’attractivité des méthodes utilisées en agriculture de
conservation au niveau de l’exploitation en Afrique de l’Ouest
Techniques de gestion du sol Attractivité Effet initial sur le Investissement Main-d’œuvre
financière rendement supplémentaire supplémentaire
(revenus nets) nécessaire
Agriculture de Conservation
Paillage ++ + + -,+
Billonnage -,++ + + --,+
Cultures en bandes -,++ -,+ + +
Cultures en couloirs - - - --,-
Jachère arborée +,++ + --,- --,+

Végétal et structure
Lignes de vétiver -,+ - --,- -,++
Billons / Fosses aveugles - - + ++
(Fanya juu)
Terrasses, lignes de pierres - + + -
Lignes d’arbres - - -- +,++
Note: Le tableau utilise une échelle +/- avec quatre notes possibles allant de -- à ++, cette dernière étant la
meilleure note.

d’influencer l’adoption de technologies de conservation. Le tableau 7 liste ces autres


facteurs susceptibles d’influencer l’adoption de l’AC dans un sens statistiquement
significatif (basé sur un examen des résultats statistiques contenus en annexe 2).
Un examen des nombreuses études citées dans le tableau 7 suggère que les résultats
sont souvent non concluants. Les conditions sont peut-être trop spécifiques aux
sites étudiés pour permettre de beaucoup généraliser en se basant seulement sur
des études statistiques.

Les facteurs au niveau de l’exploitation changent d’une opération à l’autre et les


facteurs de niveau plus élevé sont également en cause, comme la transmission de
l’information (par l’intermédiaire des activités liées à la politique et des processus
sociaux). En outre, les variables présentées ci-dessous – et leurs catégories plus
larges – n’agissent pas indépendamment, mais interagissent plutôt pour influencer
l’adoption.

Caractéristiques de l’exploitant
Depuis que Ryan et Gross (1943) ont prouvé pour la première fois que l’adoption
des innovations agricoles est en général variable d’un exploitant à l’autre, des
chercheurs ont attiré l’attention sur certaines caractéristiques des exploitants dans
un effort d’expliquer cette inégalité. Dans le cas de l’adoption de technologies de
conservation du sol, Gould et al. (1989) soulignent que la prise de conscience des
dirigeants d’exploitation par rapport à l’érosion ou d’autres problèmes concernant
le sol est une condition préalable à l’adoption. En effet, la conscience de l’exploitant
ou sa perception des problèmes concernant le sol s’avère fréquemment corrélée
Economie de l'agriculture de conservation 25

TABLEAU 7
Facteurs statistiquement significatifs affectant la décision de l’exploitant d’adopter
une technologie de conservation
Caractéristiques de Caractéristiques de Facteurs techniques Facteurs
Facteurs d’information
l’exploitant l’exploitation et biophysiques sociaux

Éducation Taille de l’exploitation Contact avec les Intensité d’utilisation Capital


vulgarisateurs de la terre social
Santé Type de l’exploitation
Présence aux Taux d’érosion du sol
Expérience Régime foncier démonstrations au
champ et sur les Système de culture
Conscience/ Adapté aux objectifs parcelles de tests, etc.
perception de de production Type de sol
l’érosion du sol Source d’information (ex.
comme un problème Degré de contrôle dans autres exploitants) Climat
la prise de décision
Conscience de Facilité d’accessibilité à Pluviosité
l’érosion du sol Propriété de l’information Disponibilité
l’équipement de travail de l’assistance Accord avec le
Taux d’escompte conventionnel cadre physique de
l’exploitation
Age Revenus moyens /
bruts / nets sur Disponibilité
Exploitant à temps l’exploitation ou hors- du travail de
plein / temps partiel exploitation conservation

Revenu

Aptitude et volonté
d’emprunter (crédit)

Note: les variables listées ici montrent une signification statistique dans au moins une des études empiriques
citées en annexe 2.

positivement à l’adoption de l’AC (Stonehouse, 1991). De même, le point central


d’information et de connaissance sur l’adoption de l’AC, pour être au courant des
problèmes de sol et des solutions potentielles, devrait amener le niveau d’éducation
d’un gestionnaire d’exploitation à se corréler positivement à l’adoption. L’adoption
des pratiques en matière d’AC est généralement corrélée positivement avec
l’éducation, qu’elle soit spécifique ou générale, malgré quelques résultats non
significatifs ou même avec une corrélation négative (Rahm et Huffman, 1984;
Marra et Ssali, 1990; Warriner et Moul, 1992).

L’âge et/ou l’expérience sont des facteurs difficiles à relier à l’adoption de l’AC,
étant donné que les études ont montré une corrélation positive et négative. A partir
d’une étude d’adoption du travail de conservation dans le Wisconsin, Gould et al.
(1989) ont prouvé que des exploitants plus âgés et plus expérimentés identifiaient
plus facilement des problèmes de sol que leurs collègues plus jeunes. Cependant, ils
étaient moins susceptibles que leurs plus jeunes collègues de s’attaquer aux problèmes
une fois identifiés. En revanche, plusieurs études ont constaté que l’adoption des
26 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

pratiques de contrôle de l’érosion du sol est positivement corrélée avec le revenu


(Okoye, 1998; Wandel et Smithers, 2000).

Caractéristiques de l’exploitation
Les études sur l’adoption du travail de conservation et autres pratiques de type AC
ont souvent porté une attention significative à la taille de l’exploitation (ou parfois
à la surface plantée). Beaucoup d’études ont constaté que l’adoption de l’AC est
positivement corrélée avec la taille de l’exploitation (Westra et Olson, 1997).
Cependant, d’autres études n’ont montré aucune relation significative (Agbamu,
1995; Uri, 1999b) ou même une corrélation négative (Shortle et Miranowski, 1986).
Par conséquent, l’influence globale de la taille de l’exploitation sur l’adoption est
peu concluante.

Certaines études ont constaté que l’adoption du travail de conservation est


corrélée positivement avec la présence d’érosion et d’autres problèmes de sol sur
l’exploitation (Stonehouse, 1991). Cependant, la prise de conscience par l’exploitant
et son souci par rapport aux problèmes de sol sont probablement les facteurs les plus
cruciaux affectant l’adoption. Une autre caractéristique importante de l’exploitation
est la productivité de sa terre. Dans le cas d’un non-travail avec paillis, Uri (1997)
montre que, aux États-Unis d’Amérique, l’adoption est plus envisageable sur les
exploitations avec des faibles niveaux de productivité du sol plutôt qu’avec les plus
élevés. En outre, un bon ajustement entre l’AC et les objectifs de production de
l’exploitation encourage l’adoption.

Un facteur plus complexe susceptible d’affecter l’adoption est le régime foncier.


En termes simples, la privatisation de la terre devrait entraîner de meilleures
incitations pour l’adoption des technologies de conservation. Cependant, les études
sur la privatisation de la terre ou la remise d’un titre de propriété n’ont pas prouvé
que ces actions sont nécessaires pour motiver des pratiques durables et, parfois, cela
a eu l’effet opposé. Ainsi, il s’avère que les producteurs peuvent recevoir un titre
de propriété parce que cela garantit des droits sur la terre, mais cela ne provoque
pas nécessairement des changements dans leur gestion des terres. En revanche, de
nombreuses études montrent que les institutions traditionnelles régissant l’accès
aux ressources en terres dans des régions en développement sont souples et tiennent
compte des pressions, internes ou externes. Le tableau 8 récapitule les évidences
empiriques fournies par un certain nombre d’études en Afrique s’intéressant au
titre de propriété et au régime foncier coutumier. Il est prouvé que le premier mode
institutionnel n’accorde aucun avantage par rapport au second, en termes d’incitations
à l’investissement. Ainsi, la revendication générale du fait que le titre de propriété
entraînera un investissement accru dans des améliorations foncières devrait être
considérée avec prudence.
Economie de l'agriculture de conservation 27

TABLEAU 8
Effet du régime foncier agricole et de la perception de sécurité de ce régime foncier
sur l’investissement dans les technologies de conservation en Afrique
Type de régime foncier Pays Impact sur les décisions d’investissement
Titre de propriété Ghana +/x
Rwanda/Ghana/Kenya x
Ouganda +/x
Somalie x
Droits coutumiers Zimbabwe +
Ghana, Kenya +/x
Rwanda +
Burkina Faso x
Niger +
Note: + effet positif sur l’investissement pour des améliorations; - effet négatif sur l’investissement; x neutre ou
pas d’effet sur l’investissement (statistiquement non significatif).
Source: FAO/FIDA (1999) pour une liste des études indiquées ci-dessus.

Information
Sans connaissance des pratiques associées à l’AC par l’intermédiaire d’un certain
mode de communication ou d’information, l’adoption est improbable. En effet,
les études sur l’adoption d’une innovation et la diffusion ont longtemps identifié
l’information comme variable principale, et l’adoption est généralement corrélée
avec la disponibilité d’information (de Harrera et Sain, 1999). L’information devient
particulièrement importante quand le degré de complexité des technologies de
conservation augmente (Nowak, 1987).

Les sources d’informations qui influencent positivement l’adoption des pratiques


de type AC peuvent inclure: d’autres exploitants, des médias, des réunions et des
agents de vulgarisation. Cependant, en ce qui concerne cette dernière source, Agbamu
(1995) montre que le contact seul ne favorisera pas l’adoption si la diffusion de
l’information est inefficace, imprécise ou inadéquate. Les études n’ont pas toujours
prouvé que l’adoption est corrélée avec la facilité d’obtenir l’information.

Facteurs biophysiques et techniques


En termes techniques, les caractéristiques et la disponibilité des technologies d’AC
sont des facteurs cruciaux pour l’adoption. Cependant, de Harrera et Sain (1999)
notent que la disponibilité n’implique pas la propriété individuelle des machines
nécessaires vu que les arrangements de leasing / location prolifèrent. En outre, les
adoptants potentiels doivent être persuadés que la technologie va être efficace. Les
facteurs techniques interagissent avec des facteurs biophysiques, ainsi le type de
sol, les précipitations ou la topographie, peuvent encourager/faciliter ou décourager/
limiter l’adoption de l’AC. Alors que certaines études ont montré que les exploitations
situées dans des régions de pentes raides et de sols sensibles à l’érosion ont une plus
28 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

grande tendance à utiliser des pratiques d’AC, d’autres études ont trouvé que ces
variables ne sont pas significatives.

Facteurs sociaux
L’adoption de l’AC est rarement une stricte fonction de maximisation des bénéfices
individuels, mais peut également refléter des intérêts non-individuels ou de société.
Plus spécifiquement, Lynne (1995) indique que la prise de décision de l’exploitant
reflète habituellement un compromis entre l’utilité économique personnelle et l’utilité
collective. Les producteurs identifient souvent ce dernier point comme «la bonne
chose à faire», au moins dans les endroits où la bonne gestion fait partie de la norme
culturelle. L’argument indique que, pour beaucoup de producteurs, la fierté associée
à la bonne gestion compense les récompenses financières limitées (Campbell et al.,
1999). Les exemples de tels motifs de bonne gestion régissant des arrangements
de gestion de la terre incluent le mouvement Landcare en Australie (Sobels et al.,
2001). En revanche, Van Kooten et al. (1990) ont modélisé les compensations entre
gestion et revenus nets sur les exploitations en blé-jachère au Saskatchewan, Canada.
Leur étude a constaté que les exploitants apportent des changements aux pratiques
agronomiques pour améliorer la qualité du sol seulement pour des degrés extrêmes
de prise de conscience (par exemple conduite d’un leader). Ce résultat s’avère vrai
même si de telles pratiques ne représentent pas plus qu’un sacrifice de 5 pour cent
des revenus nets.

En plus des motifs de saine gestion, l’action collective peut être nécessaire pour
mettre en application l’AC sur une base régionale. Les arrangements de coopération
régissent de nombreuses activités dans les systèmes agricoles de village. Bien que
la discussion se concentre habituellement sur les ressources communes, même
l’utilisation de la terre privée peut être couverte par des arrangements de coopération
régissant les divers aspects de gestion de l’exploitation (Pretty, 1995). Par exemple,
le labour en courbe de niveau, les lignes de pierres et d’autres travaux structuraux,
exigent la coopération de plusieurs - ou même de beaucoup - d’exploitants afin
d’être des stratégies efficaces de conservation. Beaucoup d’aspects de l’AC
s’adaptent bien au modèle coopératif, y compris la formation et le fonctionnement
des groupes d’exploitants, la diffusion de l’information, le contrôle des parasites et
l’achat d’intrants agrochimiques. L’encadré 3 fournit une discussion plus générale
sur l’action collective en relation avec l’agriculture durable.

Si l’AC exige une action collective ou des niveaux élevés d’organisation sociale
pour l’aider à gagner du terrain, alors l’accroissement de l’adoption peut être relié à
un capital social d’une société. Le rôle du capital social, en stimulant ou en retardant
l’action collective nécessaire pour favoriser la nouvelle technologie de conservation,
est d’un intérêt croissant (encadré 3). Dans le sens le plus large, le capital social
Economie de l'agriculture de conservation 29

ENCADRÉ 3
ACTION COLLECTIVE ET CAPITAL SOCIAL DANS LA CONSERVATION DES SOLS ET DES EAUX
L’action collective peut donner des bénéfices supérieurs à ceux issus d’une prise de décision
individuelle quand les tâches à effectuer exigent l’activité coordonnée d’un groupe (pour diverses
pratiques agricoles et de conservation). Par exemple, les coûts des transactions répétées entre
beaucoup d’individus peuvent être réduits en établissant un ensemble simple de règles et en
évitant les négociations et les transactions individualisées. Cependant, l’action collective n’est
pas automatique dans la diffusion des technologies améliorées telles que l’AC, particulièrement
quand l’information manque et que les processus physiques sous-jacents de la dégradation
des terres sont lents et à peine perceptibles. De plus, quelques individus peuvent tirer bénéfice
de l’action collective sans y contribuer, et ceci peut avoir comme conséquence un manque de
motivation collective. En utilisant la théorie des jeux pour modéliser le comportement dans des
situations collectives d’action, les chercheurs ont essayé de comprendre quels facteurs peuvent
stimuler le comportement collectif. Par exemple, si la répétition et l’observabilité caractérisent
les activités de groupe, il peut en résulter une coopération, mais seulement si:
• Les autres individus sont capables d’exercer des représailles dans l’avenir, si un individu
ne coopère pas, par exemple réduire les avantages que cet individu pourra obtenir dans le
futur,
• Les menaces de représailles sont crédibles et pas trop coûteuses à mettre en application
– ainsi, la revanche peut être vue comme une action collective en soi, et
• Les avantages à venir sont assez substantiels et suffisamment stables à long terme pour
fournir une incitation à coopérer au présent - dans ce cas, les rencontres en tête à tête
prouvent leur importance car elles assurent que les aspects de réputation et de confiance
rentrent dans la structure des incitations.
En général, les variables principales influençant le succès potentiel de l’action collective sont:
le nombre de décideurs, particulièrement le nombre minimum nécessaire pour parvenir à un
avantage collectif; les taux d’escompte, qui agissent sur l’importance des futurs bénéfices de
l’action collective, une similitude d’intérêts parmi les agents, et la présence de quelques individus
leaders ou ayant d’autres avantages. La Banque mondiale (1998) a passé en revue diverses
définitions de ce terme qui s’étendent d’une vue assez étroite concernant la communication entre
des individus, par l’intermédiaire d’associations, sociétés, etc., à une vue beaucoup plus globale
incluant l’environnement social et politique entier. En termes simples, si l’activité de conservation
exige une coopération, alors le degré d’interconnexion et l’environnement social peuvent être un
point déterminant crucial. Les différents indicateurs de niveau du capital social d’une communauté
ou nation incluent le nombre et le type d’associations, l’homogénéité dans les communautés, le
niveau de confiance dans les autres, la confiance dans les réseaux d’assistance, la présence
de leaders naturels, etc.

se réfère à la communication entre les individus dans la société et considère les


relations comme un type d’avantages. Plusieurs études ont examiné l’influence
du capital social sur l’adoption de technologie dans les pays développés ou en
développement. Par exemple, la parenté, ou plus exactement les relations avec les
autres, peut influencer l’adoption de la technologie de conservation. Quelques études
ont prouvé que l’attente de la transmission de surfaces cultivables peut influer sur
le comportement de conservation parmi des exploitants, alors que d’autres études
sur le même sujet n’ont pas montré une corrélation positive. De même, des niveaux
plus élevés de capital social permettent d’expliquer l’adoption des pratiques en
30 Facteurs influençant l’adoption de l’agriculture de conservation

matière d’engrais et de conservation des sols au Pérou (Isham, 2000; Swinton,


2000), alors qu’une étude a associé le succès des comités ruraux dans des villages
paraguayens au niveau du capital social dans ces communautés (Molinas, 1998).
De telles institutions au niveau local ont été un catalyseur important dans l’adoption
et la diffusion de l’AC.

En conclusion, les résultats inconsistants et parfois contradictoires obtenus à


partir des études sur l’adoption des pratiques en matière d’AC tendent à suggérer
que le processus décisionnel est fortement variable, et que les résultats peuvent être
propres aux personnes, aux localisations et aux situations particulières. Ceci rend
particulièrement motivante la tâche de développer un cadre politique pour favoriser
l’adoption de l’AC.
Economie de l'agriculture de conservation 31

Chapitre 3
L’agriculture de conservation et le rôle de la
politique

La précédente analyse des facteurs financiers et autres facteurs relatifs à l’adoption


de l’AC et ses pratiques associées a déjà pris en compte plusieurs des effets de
la politique, ou plus généralement de l’action du gouvernement, sur l’adoption.
Les gouvernements agissent sur la politique macro-économique, les règlements
commerciaux, les subventions sur les intrants, ou l’éducation et la vulgarisation pour
modifier l’environnement de prise de décision dans lequel les exploitants choisissent
une pratique au lieu d’une autre (figure 3). Ce chapitre examine les rôles réels et
potentiels de la politique dans l’adoption de l’AC.

L’ INFLUENCE DE LA POLITIQUE SUR L ’ ADOPTION DE L ’ AGRICULTURE DE


CONSERVATION

L’agriculture a été l’objet d’intérêts et d’interventions considérables de la part de


l’état au cours de la dernière moitié du siècle passé, peut-être plus que n’importe
quel autre secteur économique (Robinson, 1989; Gardner, 1990). Bien qu’il soit
possible de surestimer l’influence de la politique dans la prise de décision d’un
exploitant (Winter, 2000), il y a une reconnaissance croissante du fait que l’apport
d’une assistance publique sous forme de prix garanti des produits, subvention aux
intrants, indemnités compensatrices, crédit bon marché, ou assistance en cas de
catastrophes a encouragé et facilité un investissement massif des exploitants pour
l’augmentation de la capacité de production. Certains auteurs ont caractérisé la forme
dominante d’agriculture qui en résulte, au moins dans le monde développé, comme
étant industrielle. Ce nom a été donné en raison de la tendance permanente à aller
vers des unités de production plus grandes et moins nombreuses, des spécialisations
régionales et par type d’entreprises, un travail du sol plus intensif, une confiance
accrue dans les produits agrochimiques, et dans beaucoup d’endroits, des produits
en excédent (Troughton, 1985). Du fait des effets induits sur la qualité des sols, des
eaux et l’habitat de la faune sauvage, divers auteurs ont impliqué la politique agricole
comme contribuant à la dégradation de l’environnement (Libby, 1985; OCDE, 1989;
Pierce, 1993; Lewandrowski et al., 1997).

C’est dans ce contexte que beaucoup de gouvernements ont présenté des


programmes variés pour encourager l’adoption des pratiques de type AC. Avec
32 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique

des services de vulgarisation, des subventions et taxes, ces initiatives ont obtenu
quelques résultats importants. Par exemple, le succès de la promotion des pratiques
d’AC dans certaines régions en développement, en particulier en Amérique latine,
est remarquable, et la politique y a joué un rôle important. L’encadré 4 présente les
principaux facteurs cités dans l’augmentation de l’AC dans les pays du Mercosur
en Amérique latine. Beaucoup de ces facteurs proviennent non de la politique du
gouvernement mais de facteurs sans grand rapport et de traditions locales. En effet,
beaucoup des programmes favorisant l’AC dans le monde entier ont été relativement
inefficaces en raison des signes et incitations contradictoires en provenance de
programmes de subvention préexistants. Par exemple, les politiques conçues pour
favoriser l’agriculture durable peuvent être contrecarrées par d’autres décisions
politiques, généralement plus généreuses, soutenant des cultures en ligne, fortement
érosives, telles que l’arachide ou le tabac, ou par des efforts de recherche et de
vulgarisation faibles ou peu réactifs.

Certaines études ont montré que la vulgarisation financée par le gouvernement


a un impact positif sur l’adoption (par exemple Logan, 1990), bien qu’Agbamu
(1995) avertisse que toutes les formes de vulgarisation n’atteindront pas un tel but.
Dans le cas d’une aide financière d’état, Napier et Camboni (1993) identifient une
corrélation positive, quoique faible, entre la participation à de tels programmes et
l’adoption de l’agriculture de conservation. Plus spécifiquement, en se basant sur une
exploitation modèle avec cultures de rente dans le sud-ouest de l’Ontario, Stonehouse
et Bohl (1993) ont montré qu’une subvention unique couvrant 20 pour cent des
dépenses supplémentaires inciterait un exploitant à passer du labour conventionnel
au non-travail du sol. Cependant, l’étude suggère que la conversion vers des cultures
avec couverture permanente telle la luzerne exige des subventions excessivement
élevées. En conclusion, en ce qui concerne l’utilisation de taxes, Aw-Hassan et
Stoecker (1994) ont déterminé que, si les dommages hors - exploitation dus aux
pratiques conventionnelles étaient taxés à hauteur de 2,25 dollars EU par tonne de
sol perdu, la conversion des zones de terres à fort rendement/forte érosion en zones
en agriculture de conservation augmenterait de manière significative, alors que les
terres à plus faible rendement seraient converties en pâturage. Cependant, dans une
étude semblable, Stonehouse et Bohl (1993) montrent qu’il est difficile d’obtenir
des niveaux signicatifs de prévention de l’érosion du sol en utilisant la taxation et
ce, avec comme conséquence des réductions significatives des revenus nets.

Au delà des confins de l’agriculture de conservation, l’examen de nouveaux


schémas de conservation en Europe peut fournir une idée sur l’effet de la politique
sur le comportement de conservation parmi les exploitants. Ces schémas se sont
développés grâce à une conversion progressive du régime extensif de subvention
de l’Union Européenne passant de la subvention à la production à la subvention de
pratiques environnementales comme le gel des terres (Potter et Goodwin, 1998).
Economie de l'agriculture de conservation 33

ENCADRÉ 4
DEUX CAS DE RÔLES CONTRASTÉS DE LA POLITIQUE DE PROMOTION DE L’AGRICULTURE DURABLE
Plusieurs études ont examiné les raisons de la réussite de la promotion de l’AC (non-labour)
dans la région du Mercosur en Amérique du Sud, notant qu’un système efficace d’innovation
s’est développé autour de la promotion du non-labour. Ce système inclut un certain nombre
d’éléments de politique avec des éléments sans réel rapport qui ont contribué à ce succès.
Comme exemple de ce dernier point, les compagnies agrochimiques ont contribué à initier les
programmes, reconnaissant leur propre intérêt dans la promotion du non-labour. Les exploitants
ont eux aussi tiré des bénéfices de manière significative, car les avantages du non-labour étaient
particulièrement importants pour la culture principale de soja et étaient disponibles pour les
moyennes et grandes exploitations. En terme de rôle de la politique du gouvernement, les
services de recherche et de vulgarisation traditionnels étaient limités et lents à répondre aux
besoins des exploitants. Cependant, cela a ouvert la voie à d’autres, exploitations pionnières,
ONG et agences d’assistance étrangère, pour combler les lacunes. Ainsi, les exploitants
pouvaient aisément détecter et comprendre les problèmes sous-jacents et expérimenter des
solutions, avec l’aide de l’information fournie par des associations d’exploitants en non-labour.
Les traditions locales ont également aidé; bien qu’il n’y ait eu au départ aucune connaissance sur
le non-labour, il y avait une tradition d’innovation avec des cultures commerciales. De plus, une
incompréhension entre la vulgarisation et la recherche s’intéressant à des petites et moyennes
exploitations dans quelques pays (par exemple le Paraguay) a pu limiter un programme d’AC
qui aurait pu autrement réussir. En Nouvelle Zélande, le gouvernement a enlevé pratiquement
toute assistance, y compris les subventions pour l’environnement, au secteur pastoral dominant
l’agriculture dans la période post-1984. Cette action a fourni une occasion unique d’évaluer les
implications du retrait des subventions sur l’utilisation des ressources au niveau de l’exploitation et
la gestion environnementale. Il semble évident que la réponse au retrait d’une subvention, au moins
à court terme, sera une diminution de l’intensité de culture, manifestée par: (1) une mise en culture
limitée des terres marginales, (2) une utilisation d’engrais réduite et plus sélective et (3) un cheptel
réduit avec des charges de pâturage limitées. En même temps, l’insécurité a augmenté parmi les
exploitants et a donc rétréci les horizons de planification et étouffé certains investissements en
matière d’environnement. Alors que les exploitants entreprennent toujours des activités, comme
planter des arbres pour le contrôle de l’érosion, en raison d’un besoin identifié ou dans une éthique
de conservation, l’arrêt des dons et autres subventions réduit généralement la propension et la
capacité des exploitants à entreprendre beaucoup d’activités de gestion, particulièrement pendant
les périodes de crise financière. Par conséquent, beaucoup de gouvernements régionaux ont
comblé le vide laissé par le retrait de l’assistance nationale en finançant de nouveaux programmes
pour encourager la bonne gestion au niveau de l’exploitation.
Sources: Bradshaw et Smit, 1997; Sorrenson, 1997; Bradshaw et al., 1998; Blunden et Bradshaw,
1999.

En se basant sur une enquête réalisée en Écosse, Wynn et al. (2001) prouvent que
la compensation seule n’assure pas le succès d’un programme de conservation car
un manque de sensibilisation pour de tels programmes peut limiter la participation.
Une fois avertis, les exploitants sont plus enclins à participer, aussi longtemps que ce
sera bien adapté à la situation de leur exploitation et que le coût de ces actions sera
bas. Les coûts d’application sont souvent un obstacle à l’adoption (Wilson, 2000).
Même avec une pleine compensation de la diminution prévue du revenu agricole
résultant de la participation, des coûts administratifs ou de transaction inférieurs
à 5 pour cent de la compensation totale peuvent empêcher la participation d’un
exploitant (Falconer, 2000). Cette évidence en Europe suggère que l’aide financière
34 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique

seule n’est pas suffisante pour encourager l’adoption des pratiques de type AC. Il
est nécessaire de combiner une telle assistance avec d’autres efforts dirigés vers les
besoins spécifiques de fonctionnement de l’exploitation.

COMMENT LA POLITIQUE PEUT FAVORISER L’ADOPTION DE L’AGRICULTURE DE


CONSERVATION

Étant donnés les impacts sur l’environnement notés au cours de la dernière moitié
du siècle passé, certains auteurs ont affirmé que le découplage de la subvention à
l’agriculture et des décisions de production représentait le moyen le plus pertinent
par lequel les gouvernements pourraient diminuer la dégradation de l’environnement
(OCDE, 1989 et 1998). Il y a discussion au sujet des moyens, directs et indirects, par
lesquels les gouvernements peuvent favoriser de manière efficace la conservation
dans l’agriculture. Le tableau 9 récapitule les nombreuses approches adoptées
par des gouvernements du monde développé pour atteindre divers objectifs de
conservation.

Dans la promotion de l’AC, un des principaux soucis pour les personnes


définissant la politique est de savoir si l’AC fournit un revenu net positif ou négatif
aux adoptants potentiels. Une fois que cette incertitude est levée, Uri (1998b)
recommande:
• éducation et assistance technique quand la conservation est profitable mais que
lʼexploitant nʼest pas conscient de la technologie ou de sa rentabilité, ou nʼa pas
les capacités pour la mettre en application,
• aide financière quand la conservation nʼapporte pas de profit à lʼexploitant
individuel mais fournirait de substantiels bénéfices à la société,
• recherche et développement à long terme,
• gel de terres et

TABLEAU 9
Résumé des approches politiques pour promouvoir l’agriculture de conservation
Catégorie Exemples d’approche

Accord volontaire Accords de gestion, services de formation/ vulgarisation, recherche


et développement, centres de ressources, etc.
Contrôles économiques / Nécessité d’accords croisés, embargo sur les exportations, etc.
commerciaux
Incitations financières Dons/subventions, remises d’impôts, etc.

Règlementations Statuts, amendes, zonage, taxes, etc.

Gestion / Propriété directe Achats publics, dons, etc.


Source: Pierce, 1996.
Economie de l'agriculture de conservation 35

• règlementation et impôts quand le comportement de conservation est exigé de tous


les exploitants ou de ceux participant à des programmes dʼassistance financière
(par exemple une mesure dʼaccord croisé).

En ce qui concerne la première approche, McNairn et Mitchell (1992) indiquent


qu’encourager l’adoption des pratiques de conservation exige i) l’assurance que
l’adoption apporte des bénéfices à long terme, ii) une information non ambiguë,
facilement compréhensible et précise et iii) la promotion des multiples avantages
économiques et non économiques. L’éducation joue un rôle crucial dans la motivation
de l’adoption et exige une information et une expérience adaptées et crédibles,
communiquées par les canaux appropriés. Les services de vulgarisation peuvent être
très efficaces pour fournir une information ainsi qu’une assistance, particulièrement
dans le cas de technologies nouvelles ou émergentes, mais les agents publics ne
devraient pas être les fournisseurs exclusifs de tels services.

L’aide financière à l’adoption de diverses pratiques en matière de conservation


est bien établie en Europe et, à un degré moindre, en Amérique du Nord. L’aide peut
prendre de nombreuses formes, telles que des crédits d’impôts sur l’équipement, la
location de matériel, des programmes en partage de coûts et des subventions directes.
Une telle assistance est propre à participer au financement des investissements
initiaux significatifs et des coûts de transition, et aussi dans les cas où l’adoption
est peu rentable du point de vue de l’exploitant individuel. L’encadré 5 présente une
analyse des options de politique pour encourager la conservation des sols dans les
exploitations de l’Ontario (Canada), mettant en valeur le rôle que de telles analyses
peuvent jouer quand l’aide gouvernementale est nécessaire. Cependant, Nowak
(1987) suggère que l’aide financière peut également être importante même quand
l’adoption d’une technologie a comme conséquence des retours nets positifs pour des
exploitants. L’auteur indique que l’assistance institutionnelle tend à réduire le risque
pris par les exploitants qui adoptent une technologie inconnue et limite de ce fait leur
besoin d’information détaillée avant l’adoption. Ainsi, l’assistance de l’état est utile
pour surmonter la non-adoption due aux difficiles demandes d’information.

Une approche de politique moins interventionniste pourrait se concentrer sur


la recherche et le développement pour mettre en valeur les avantages de l’adoption
de l’AC en améliorant les performances ou en réduisant les coûts. Cette approche
se fonde sur l’adoption volontaire et vise à augmenter les chances que cela se
produise en rendant la méthode plus intéressante. Cependant, la recherche et le
développement sont une stratégie de politique à long terme avec une probabilité
incertaine de succès.

La mise en jachère de terres est seulement appropriée dans les cas où les soucis
d’érosion du sol sont assez significatifs pour garantir la conversion des terres vers
36 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique

des cultures à couverture permanente. Typiquement, cette approche exige un


financement public significatif afin de compenser les exploitants, et elle n’est pas
envisageable dans les zones fortement dépendantes d’une surface limitée de terres
pour la production de produits alimentaires.

En conclusion, bien qu’ayant été essayé dans quelques endroits, réglementer


les limites de l’érosion du sol n’est pas une approche ordinaire (Libby, 1985). Cette
situation résulte probablement d’une maladresse politique et de fortes requêtes
oscillant entre mise «en valeur sous contrainte ou bien par acceptation». Il en est
spécialement ainsi quand une régulation des pertes de sol par l’utilisation du non-
labour résulte en un déclin significatif des revenus nets (encadré 5). Une approche
de normalisation plus commune implique des mesures d’accords croisés dans
lesquelles l’acceptation dans un programme d’assistance dépend de l’adoption de
certaines pratiques en matière de conservation. Dans les cas où le choix personnel est
effectif, la mise en place du programme risque d’être plus réalisable politiquement
et plus efficace économiquement. Avec la mise en place de taxes sur l’érosion du
sol, il est possible d’induire l’adoption de l’AC et même la conversion en pâturages.
Cependant, des niveaux signicatifs de conservation du sol impliquent des pertes
significatives de revenu (encadré 5). Par conséquent, bien que possible, la taxation
n’est pas politiquement faisable.

La nature peu concluante des études empiriques, et la nature évidemment


spécifique de beaucoup de résultats par rapport au lieu, suggèrent qu’une
approche universelle n’est pas possible. Afin de s’adapter aux différences entre
les exploitations, les exploitants et les circonstances économiques, une approche
de politique ciblée peut être préférable. En d’autres termes, des mécanismes de
politique, tels que des dons ou des services de vulgarisation, pourraient être adaptés
aux conditions particulières d’un endroit ou, de préférence, à différents exploitants
et au fonctionnement de leurs exploitations (encadré 6). Bien qu’une approche de
politique ciblée place une charge administrative lourde sur les personnes définissant
cette politique, elle pourrait avoir une plus grande efficacité qu’une approche plus
uniforme, et pourrait représenter le moyen le plus efficace d’encourager l’adoption
de l’AC.

Bien qu’une approche de politique ciblée puisse être la plus appropriée pour la
conception des programmes favorisant directement l’AC, quelques prescriptions
de politiques alternatives pourraient être applicables de manière plus universelle.
Par exemple, Isham (1999) précise que des investissements parallèles en capital
social peuvent être nécessaires pour créer un environnement donnant des moyens
suffisants pour l’adoption des activités souhaitables du projet, et ceci peut s’appliquer
fortement dans le cas de l’AC. Certains auteurs pensent que le capital social est le
produit d’un apprentissage. La stimulation des discussions au sujet de la communauté
Economie de l'agriculture de conservation 37

ENCADRÉ 5
POLITIQUES POUR ENCOURAGER LA CONSERVATION DES SOLS: CULTURES DE RENTE EN ONTARIO,
CANADA
Une étude a analysé les impacts des politiques publiques sur l’utilisation des terres, la conservation
du sol, les aspects financiers au niveau de l’exploitation et le budget public pour évaluer l’efficacité
des politiques alternatives pour combattre l’érosion du sol. L’objectif était d’estimer l’efficacité
prévue des actions gouvernementales conçues pour limiter les pertes de sol par érosion. L’étude
a employé un modèle de programmation linéaire multi-période pour modéliser le fonctionnement
d’une exploitation de cultures de rente produisant du soja, du maïs et des céréales-grain dans
le sud-ouest de l’Ontario. Le but était de maximiser la VAN des retours nets de l’exploitation sur
une période de 20 ans. Dix solutions alternatives de systèmes de production ont été considérées,
représentant diverses séquences de cultures et techniques de préparation du sol (labour
conventionnel, labour de conservation et non-labour). En outre, six politiques ont été modélisées:
(i) une limite annuelle contrôlée de perte de sol lors des pratiques culturales de l’exploitation,
(ii) une taxe annuelle sur les pertes de sol par érosion, (iii) une taxe sur les intrants en matériels
associés aux systèmes conventionnels de préparation des sols, (iv) une subvention unique pour
des achats de matériel de labour de conservation, (v) une subvention annuelle pour encourager
l’incorporation de la luzerne dans la production ou pour adopter le labour de conservation, et (vi)
une subvention directe sur les coûts de production de la luzerne. En l’absence de toute politique
publique, le système le plus profitable est la rotation «maïs – soja – blé d’hiver» avec labour
conventionnel. Les autres politiques ont montré que:
• Une régulation de la perte de sol exige un changement de système de production: comme
la régulation devient de plus en plus restrictive, l’exploitant passe du conventionnel à la
conservation puis au non-labour et la trésorerie nette de l’exploitation diminue au maximum
de 57 pour cent.
• Un modeste niveau de taxation sur la perte de sol (0,20 t/an) est nécessaire pour réduire
l’érosion du sol de 20 pour cent et se réalise avec une relativement petite perte de la trésorerie
(6 pour cent). Cependant, augmenter le niveau de taxation apporte peu en terme de réduction
des pertes de sol, mais érode fortement le revenu net.
• L’efficacité de la taxe sur le matériel dépend de la rotation de cultures choisie par
l’exploitant.
• Une subvention unique de 20 pour cent pour le matériel de non-labour serait suffisante
pour élever la trésorerie nette au-dessus de celui du labour conventionnel et du labour de
conservation sur une période de quatre ans.
• Une subvention annuelle directe à la production de 20 pour cent serait suffisante pour qu’une
production continue de maïs en non-labour surpasse le revenu net d’un maïs-soja en labour
de conservation.
• Une très forte subvention pour la luzerne serait nécessaire pour faire passer l’exploitant à
un système moins érosif.
En conclusion, les mesures de politique publique qui demandent à l’exploitant de supporter la
charge de réduire l’érosion du sol sont peu susceptibles d’être mises en application en raison
des effets financiers défavorables imposés au fonctionnement de l’exploitation. Les politiques
publiques qui exigent des contribuables un partage de la charge seraient pertinentes en terme de
coût par unité d’érosion contrôlée, mais pourraient devenir un problème fiscal, particulièrement
pendant une période de déficit budgétaire du gouvernement et de montée de la dette.
Source: Stonehouse et Bohl, 1993.

et la recherche du consensus dans la prise de décision peuvent aider à réaliser un


tel apprentissage. Une des principales questions est de savoir si les gouvernements
peuvent stimuler le capital social, car les efforts descendants peuvent ne pas être
38 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique

ENCADRÉ 6
PROGRAMME DE PLAN ENVIRONNEMENTAL D’EXPLOITATION EN ONTARIO
Le programme de plan environnemental d’exploitation en Ontario (PEE) représente une
approche innovante de la conservation environnementale au niveau de l’exploitation, avec la
participation volontaire des exploitants, pour évaluer les risques environnementaux et leur faire
prendre conscience de l’environnement sur leurs exploitations. Le programme PEE a commencé
en 1992, aidant des exploitants à développer un plan pratique pour gérer leurs exploitations
d’une manière responsable par rapport à l’environnement. Les différents exploitants travaillent
sur une série de 23 modules couvrant des questions telles que la qualité de l’eau et l’habitat
de la faune; ils soumettent leurs plans individualisés à l’examen de leurs pairs (c.-à-d. à leurs
collègues exploitants). Il a commencé et reste un processus piloté par les exploitants, bien que
le gouvernement fournisse de l’expertise technique et des fonds. L’acceptation et l’intérêt des
exploitants sont forts, plus particulièrement quand on les compare aux approches traditionnelles de
régulation menées par le gouvernement. Alors que certains fonds sont disponibles (un maximum
de 1 500 dollars canadiens par exploitation pour les exploitants qui ont terminé, mis en place,
et se sont assurés de l’approbation de leur participation au PEE; les gagnants des concours
environnementaux reçoivent 1 000 dollars canadiens), le programme se fonde principalement
sur la fierté des exploitants et leur désir de gagner le respect de leurs collègues, leurs voisins
et des consommateurs. Comme un participant du programme l’a énoncé: «Le PEE est une
excellente manière de noter notre propre rapport d’état et évaluer toutes nos activités par
rapport à l’environnement. Nous avons besoin d’informer nos voisins urbains que nous sommes
préoccupés par l’environnement».
Sources: Grudens-Schuck, 2000; Klupfel, 2000; Stonehouse, 2000; Ontario Soil and Crop
Improvement Association, 2001.

capables de favoriser le capital social ascendant. Cependant, Sobels et al. (2001)


suggèrent qu’il n’en est pas ainsi, citant Landcare en Australie comme exemple
d’un soutien gouvernemental réussi contribuant au capital social. De même, à un
certain degré, le succès du programme de plan environnemental d’exploitation
en Ontario est attribuable à la fierté des exploitants et à l’intérêt qu’ils portent à
«faire la chose juste»(encadré 6). Ainsi la fierté et la pression des pairs peuvent être
des formes importantes de motivation pour l’adoption de l’AC, et les politiques
gouvernementales peuvent contribuer à cette avancée.

IMPLICATIONS POUR L’ANALYSE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE


Une politique spécialisée et des analyses économiques sont des préalables à la
conception adéquate et au positionnement correct des politiques de l'AC. Les analystes
politiques et les économistes intéressés par l’AC peuvent utiliser de nombreuses
nouvelles techniques et cheminements de pensée. Les indicateurs de durabilité en
sont un exemple. Ils prennent en compte les changements de pratiques agricoles
qui modifient la durabilité du système de production d’une manière quantifiable,
changements que l’analyse conventionnelle peut ne pas reconnaître. Par conséquent,
les indicateurs de durabilité aident à décrire l’évolution de la productivité du sol sur la
durée ou à présenter son statut dans des conditions plus contrastées pour ce qui est de
Economie de l'agriculture de conservation 39

TABLEAU 10
Effets du labour et de la gestion de la surface du sol sur les indices de durabilité
agricole
Niveau de durabilité Indices de durabilité influencée par le travail du sol
Plante/culture Rendement agronomique

Système de culture Productivité

Système de production Profit, revenu, ressource et qualité de l’environnement

Région/communauté Approvisionnement, revenus hors exploitation, avantage comparatif,


qualité de l’environnement
National PNB, durabilité de la ressource, statut commercial
International Ration de calories par tête

Source: Lal, 1999.

l’AC et de la gestion conventionnelle. Les indicateurs de durabilité sont applicables


au niveau des systèmes de production locaux, à des niveaux intermédiaires tels que
la communauté ou la région ou à des niveaux plus élevés. Le tableau 10 montre
certains des indicateurs que les changements de pratiques en matière de travail du
sol affectent à chacun de ces niveaux. Si des analyses plus complètes de durabilité
incorporent ces indicateurs, les changements des pratiques agricoles causeront des
modifications des mesures d’accompagnement.

Au niveau du village et de l’exploitation, les indicateurs évaluent la durabilité


des systèmes spécifiques de production et, par déduction, la durabilité du travail du
sol dans un système de production donné (Tisdell, 1996). Le tableau 10 suggère
plusieurs variables au niveau de l’exploitation qui pourraient servir d’indicateurs.
Des indicateurs plus complets définissent la durabilité dans un sens opérationnel,
en utilisant des concepts tels que le revenu durable. C’est le revenu potentiel qui
peut être obtenu de l’utilisation des ressources sans limite de temps. Dans certains
cas, les indicateurs qui accompagnent ces définitions lient la dégradation des sols au
niveau de l’exploitation avec les techniques nationales de comptabilité.

Au niveau macro-économique, le système des comptes nationaux a intégré la


dégradation du sol grâce à des initiatives formelles de comptabilité verte telles que
le Système des Nations Unies de Comptabilité Environnementale et Economique
Intégrée. En accord avec la pratique normale en matière de comptabilité nationale,
la comptabilité verte mesure le désinvestissement ou l’investissement dans le capital
naturel du sol et ajuste le rapport PNN/PNB en conséquence. D’autres approches
d’indicateur national incluent les calculs de la Banque mondiale en matière de taux
réels de l’épargne. Elles ajustent l’épargne intérieure nette aux changements de
la valeur des réserves et des dommages de la pollution tandis que l’indicateur de
Pearce-Atkinson incorpore des éléments d’une véritable conception de l’épargne.
40 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique

Les indicateurs de ce type peuvent faire passer de manière puissante aux décideurs
le message que la dégradation du sol a pour résultat une perte de richesse nationale,
et encourager ainsi de plus grands efforts destinés à favoriser des pratiques plus
durables comme l’AC.

Les analystes qui doivent évaluer l’attractivité des projets impliquant l’AC ou des
pratiques agricoles en concurrence peuvent utiliser un certain nombre de mesures.
Des efforts particuliers en ce sens sont nécessaires car certains des avantages de
l’adoption de l’AC n’apparaissent pas dans des analyses conventionnelles de type
coûts / bénéfices, ou dans des comparaisons de l’AC et des pratiques alternatives
en termes financiers étroitement définis.

Techniques d’évaluation hors marché


Il est habituel d’employer des techniques d’évaluation hors marché pour incorporer
les avantages et les coûts des pratiques agricoles qui n’ont pas de prix sur les
marchés. Les exemples incluent l’envasement de l’aval des lits des fleuves dû à
l’érosion du sol, ou la perte d’engrais organiques quand le fumier est utilisé comme
combustible au lieu d’être employé sur les champs de l’exploitation. Les méthodes
d’évaluation les plus appropriées aux comparaisons de l’AC et des pratiques
agricoles conventionnelles incluent le coût de remplacement, les changements de
productivité, les approches directes et indirectes de produits de substitution, les
dépenses de prévention ou d’atténuation, et les techniques de marché hypothétiques
ou construites (IIED, 1994).

Épuisement du sol en tant que capital naturel


Les analyses économiques au niveau des projets peuvent incorporer l’épuisement
du sol – en tant que forme de capital naturel – sous les pratiques conventionnelles
de labour, permettant ainsi des comparaisons plus justes avec l’AC. Cet épuisement
constitue un coût de mise en culture non-durable en plus des coûts de production
normaux. C’est un coût d’usage car cela rapporte des gains à court terme aux dépens
du revenu futur (Daly, 1996). Omettre le coût d’usage résulte en une surestimation
des avantages économiques nets des pratiques de culture en vigueur qui épuisent
les sols. Plusieurs techniques sont disponibles pour calculer le coût de l’épuisement
des réserves de ressources naturelles. Deux approches communes sont la méthode
du prix net et la méthode de coût d’utilisation marginal.

Budget d’une exploitation entière


Une analyse environnementale appropriée exige l’évaluation des changements des
conditions environnementales pour toute la gamme des réponses comportementales
qui en découlent (Freeman, 1993). Quand les exploitants adoptent l’AC, de nombreux
Economie de l'agriculture de conservation 41

changements auxiliaires peuvent être attendus, comme le changement de cultures, les


changements dans le contrôle des parasites, les modifications dans la répartition des
travaux de culture pour les membres de la famille (par sexe), etc. Pour cette raison,
les analyses comparatives de l’AC et des pratiques alternatives devraient adopter
une approche de l’exploitation entière pour prendre en compte la totalité de ces
changements comportementaux (Sorrenson, 2001). Diebel et al. (1993) indiquent
que l’analyse de pratiques individuelles prises isolément peut même entraîner des
résultats trompeurs quand certains facteurs rentrent en synergie pour élever des
barrières à l’adoption qui ne sont pas autrement évidentes.

Techniques alternatives d’évaluation de projet


Alors que le travail de projet fait une utilisation généralisée de l’analyse coûts/
bénéfices, d’autres techniques d’évaluation de projet obtiennent des résultats
pour l’évaluation des projets ou technologies de l'AC. Celles-ci incluent l’analyse
multicritères (AMC), l’analyse de coût / efficacité, l’analyse de décision, l’évaluation
d’impact sur l’environnement et les méthodes participatives. L’AMC admet que les
décideurs du gouvernement et les petits exploitants ont beaucoup d’objectifs en tête
quand ils décident, respectivement, de la viabilité d’un projet agricole et des méthodes
de gestion au niveau de l’exploitation, plus qu’une analyse coûts/bénéfices ne peut
prendre en compte. En outre, les diverses techniques de comparaison, telles que
des courbes d’échange ou des techniques analytiques plus sophistiquées, peuvent
aider à évaluer les échanges parmi des objectifs de concurrence. Par exemple, Van
Kooten et al. (1990) utilisent une telle méthode pour examiner les compromis faits
entre les revenus nets et les motivations de bonne gestion chez des exploitants au
Saskatchewan (Canada), adoptant les méthodes de conservation des sols.
42 L’agriculture de conservation et le rôle de la politique
Economie de l'agriculture de conservation 43

Chapitre 4
Conclusions

Les avantages de l’AC sont très étendus : de l’assistance à la production agricole de


base et la réponse aux besoins de sécurité alimentaire d’une façon durable, jusqu’à
la participation à la conservation de la biodiversité terrestre et du sol, préoccupation
mondialement importante, aboutissant à la séquestration de carbone. Ces idées
actuelles sur ces avantages suggèrent que l’expansion de l’AC dans beaucoup
de zones agro-écologiques différentes semble raisonnable dans une perspective
sociale.

Cependant, la rentabilité financière de l’AC est incertaine. Bien qu’il semble y


avoir un petit avantage de coût par rapport aux pratiques conventionnelles d’une façon
générale, les résultats sont susceptibles de varier largement d’un site à l’autre, avec
beaucoup d’études montrant l’AC comme moins rentable. Il y a aussi des différences
dans l’analyse de cas dans des pays développés ou en développement, avec des
exemples en climat tropical montagneux montrant un avantage clair pour l’AC en
raison de son approche plus complète et des meilleures conditions agroclimatiques.
Par contre, des précautions sont justifiées en zone tempérée, car l’approche AC
recommandée est moins intensive et tout avantage de coût est probablement
insuffisant pour arriver au niveau d’adoption et de diffusion justifié d’un point de
vue social. En partie, cette situation se produit parce que les exploitants ne peuvent
pas prendre en compte les nombreux avantages nationaux et mondiaux de l’AC.

Cette divergence entre intérêts privés et sociaux étant prise en compte, les
interventions favorisant des techniques de production plus durables sont légitimes
dans un sens social, ainsi qu’aux niveaux national et international. Cependant, l’AC
n’est pas la seule technique de conservation du sol et de l’eau qui peut générer les
bénéfices cités ci-dessus. Par conséquent, il est nécessaire de situer l’AC dans une
gamme plus large d’alternatives au système de production conventionnel. D’une
manière encourageante, l’AC représente un groupe de pratiques agronomiques
améliorées qui sont généralement plus rentables que les technologies concurrentes
de conservation du sol et de l’eau qui sont plus structurelles ou purement axées sur
le végétal par nature.

Si les approches de type AC sont préférables aux alternatives, alors l’apport


d’une compensation financière pour provoquer l’adoption peut paraître une
réponse politique appropriée. Cependant, il est peu probable qu’un tel exercice
44 Conclusions

puisse combler le vide entre les niveaux socialement souhaitables d’adoption et le


véritable comportement des exploitants. D’autres facteurs affectent l’adoption. Par
exemple, de nombreuses influences de ce type sont statistiquement significatives
dans les modèles qui essayent d’expliquer le comportement réel d’adoption (par
opposition aux discussions générales manquant de support empirique). Ces autres
facteurs proviennent des différents objectifs de gestion de l’exploitant, des motifs
de bonne conduite et des barrières ou contraintes fondamentales qui empêchent une
réponse aux signaux de rentabilité. Dans certains cas, c’est la dimension collective
plutôt que la dimension privée qui est cruciale pour le succès de l’adoption. Il semble
y avoir une corrélation entre des niveaux plus élevés de capital social et le succès
dans ces situations. Ainsi, la promotion de l’AC doit commencer par l’identification
de tous les facteurs qui gênent l’adoption et pas simplement le manque de revenus
financiers nets.

La politique a également été un déterminant important dans l’explication de


l’historique de l’adoption ou de la non-adoption de l’AC. Les positions politiques
ont parfois été limitées et inefficaces pour la promotion de l’AC. Une grande partie
de la diffusion réussie de la technologie s’est produite en raison de l’assistance de
sociétés privées, de la formation et du fonctionnement de groupes d’exploitants et
d’autres voies non gouvernementales. De plus, des politiques contradictoires ont
souvent fonctionné avec des objectifs divergents, encourageant et décourageant
l’AC en même temps. En dépit de ces déficits, les exemples des décisions politiques
réussies incluent des programmes de découplage en Europe et des programmes de
bonne conduite des exploitations tels que Landcare en Australie.

L’analyse ci-dessus contient des implications pour les dirigeants politiques. D’une
part, l’hypothèse que l’AC va se répandre d’elle-même d’une manière idéale n’est
pas juste. D’autre part, la prescription d’une politique uniforme devant s’adapter
à beaucoup d’endroits n’est pas réaliste non plus, qu’elle se fasse sous forme
d’interventions directes ou d’incitations plus indirectes provenant de la recherche
et du développement, ou un certain mélange des deux. La conception de politiques
réussies de promotion de l’AC est susceptible de commencer par une compréhension
complète des conditions au niveau de l’exploitation. Cette compréhension doit
inclure des objectifs de gestion, des attitudes par rapport au risque, la volonté de
faire des concessions entre la bonne conduite et les bénéfices. L’étape suivante est
la conception soigneuse de programmes adaptés au lieu et qui s’appuient sur une
gamme d’outils de politique. La flexibilité est susceptible d’être un élément principal
dans la conception de la politique de promotion de l’AC.

Les politiques à caractère plus uniforme pourraient être utiles dans le


développement du capital social et la promotion des conditions requises pour
une action collective. Par exemple, les avantages en matière de capital social
Economie de l'agriculture de conservation 45

des approches de vulgarisation de groupe sont probablement sous évalués. Étant


donnée l’importance démontrée des groupes d’exploitants et de la transmission de
l’information dans la diffusion réussie de l’AC, les efforts pour stimuler ces activités
peuvent être largement payants.

Afin de concevoir des politiques appropriées concernant l’AC et, plus


généralement, l’agriculture durable, il y a un besoin d’amélioration des analyses des
politiques et d’information pour la prise de décision. Développer des indicateurs de
durabilité qui peuvent montrer plus clairement les avantages de l’AC par rapport à ses
alternatives est une première étape. De telles améliorations sont réalisables au niveau
de l’analyse économique. Par exemple, l’incorporation de l’épuisement du capital
naturel dans les études des pratiques agricoles conventionnelles peut aider à montrer
les limites de ces techniques. Enfin, une approche des systèmes de l’exploitation
entière peut être la base la plus appropriée pour des analyses financières de l’AC,
car cela peut prendre en compte la gamme complète des choix que les exploitants
font quand ils adoptent une nouvelle technologie telle que l’AC. D’ailleurs, cela
peut incorporer les nombreuses options disponibles pour les exploitants faisant un
tel choix, ce qui n’est pas possible dans une comparaison simpliste entre travail
conventionnel et agriculture de conservation.
46 Conclusions
Economie de l'agriculture de conservation 47

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Annexe 1: Résumé des analyses financières de l’agriculture de conservation
Étude Lieu Cultures Retours/coûts Commentaires
Kelly, Lu et États-Unis Maïs, blé d’hiver, Marge brute totale ($EU/ha): La Marge brutetotale est le total des revenus
Teasdale (1996) d’ Amérique blé à paille, soja - conventionnel, $EU 306 moins les coûts variables.
et foin - non-travail, $EU 331
- culture de couverture, $EU 117-169
- à base de fumier, $EU 256-305
Uri (2000) États-Unis Maïs et soja Dépenses totales ($EU/ha): Inclut les coûts de mécanisation, main-d’œuvre et
d’ Amérique - chisel / charrue à soc, $EU 182-227 herbicides. Comparaisons faites entre labour au
- chisel / disques , $EU 137-212 soc / chisel (technique conventionnelle) et toutes
- chisel / non-travail, $EU 165-197 les autres.
- non-travail, $EU 142-205
- billonnage, $EU 140-227
Stonehouse Ontario, Canada Maïs, soja, Changements en revenu total / an (C$): Les coûts représentent le changement du système
(1997) luzerne, blé d’hiver - grande largeur non-labour, conventionnel vers le système de non travail
et avoines C$ 260 719 partiel ou total. Inclut les coûts au niveau de
- non-travail, C$ 1 840 553 l’exploitation et les coûts sociaux associés à la
Economie de l'agriculture de conservation

pêche, au nettoyage des canaux et au dragage.


Govindasam et al. Arkansas, Coton Revenus nets (1993 $EU/acre): Revenus nets incluent les coûts de: semences,
(1995) États-Unis - conventionnel, $EU 306 & ($EU138) main-d’oeuvre, produits phytosanitaires, carburant,
d’ Amérique - non-travail, $EU 261 & ($EU161) réparations et entretien, intérêts, mécanisation et
(2 sites) - billonnage, $EU 305 & ($EU182) frais fixes.
Sijtsma et al. Île du Prince Pomme de terre- Économies de coût de travail (C$): Comparaison avec les coûts de charrue à
(1998) Édouard, Canada orge-fourrage, - charrue chisel, C$ 5 890-7 860 soc. Coûts de travaux incluent les coûts de
orge-soja - herse à disques, C$ 7 779-11 007 remplacement de la mécanisation et l’entretien sur
- herse puissante, C$ 2 736 toute la durée de vie.
- cultivateur rotatif, C$ 2 458
- semoir cultivateur, C$ 11 012
Hernanz et al. Espagne Blé d’hiver, orge Augmentation des revenus nets Comparaison du travail minimum et du non-
(1995) d’hiver, orge de (1993 $EU/ha): travail avec le labour conventionnel, les revenus
printemps et vesce - travail minimum, $EU 80-114 nets étant la marge brute moins les coûts de
- non-travail, $EU 46-154 production.
Zentner et al. S a s k a t c h e w a n , Blé de printemps Revenus nets (1989/90 C$/ha): Les revenus nets sont les revenus moins les
(1991) Canada avec jachère en - conventionnel, sol limoneux coûts en cash, main-d’œuvre et les frais de
rotation (C$ 84)-C$ 40 mécanisation (incluant intérêts et dépréciation).
- minimum, (C$ 21)-C$ 24 Pas d’allocation pour l’investissement en terre.
61

- non-travail, (C$ 108)-C$ 5


Étude Lieu Cultures Retours/coûts Commentaires
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Mueller et al. Wisconsin, Maïs Coûts totaux ($EU/acre): Coûts totaux incluant: coûts variables à court
(1985) États-Unis - conventionnel, $EU 295 (non & avec frais fixes) terme, plus coûts fixes (incluant la terre) dans les
d’ Amérique - charrue chisel, $EU 301 (non fixe), $EU297 calculs à long terme.
- travail au semis, $EU 314 (non fixe), EU287
- non-travail, $EU 320 (non fixe), $EU292

Stonehouse Canada Maïs Retour attendu sur la gestion (C$/ha): Le retour attendu est égal à revenu brut
(1991) - conventionnel, C$ 416 moins coûts totaux de production, définis
- conventionnel réduit, C$ 405 ainsi: carburant, produits chimiques agricoles,
- non-labour, C$ 411 semences, réparations et entretien de
- non-travail, C$ 340 l’équipement, coûts du capital, main-d’œuvre,
location de la terre, assurance et divers.
Ehui et al. (1991) Sud Ouest du Maïs & manioc A compléter PVINR (Naira/ha).
Nigeria
Kirby et al. (1996) Nord de l’Australie Sorgho Marge brute (1996 $EU/ha): Marge brute, coûts variables et retours ne sont
- travail conventionnel, $EU 190 pas définis.
- non-travail, $EU 271
Sorrenson (1997) San Pedro et Avoines, soja, Revenu net de l’exploitation (1995/96 $EU): Revenu net de l’exploitation = revenu total de
Itapua, Paraguay tournesol, - travail conventionnel, ($EU 3 013) & $EU 1095 l’exploitation moins coûts totaux variables & coûts
maïs, blé, radis - non-travail, $EU 31 142 & $EU33 703 fixes après 10 ans.
oléagineux, Taux financier de retour sur investissement
crotalaire et fèves marginal: exploitation moyenne: 39 à 49 %,
grande exploitation: 100 à 151 %
Sorrenson (1998) Edilera et San Divers Revenu net de l’exploitation Revenu net de l’exploitation = revenu total de
Pedro, Paraguay (1998/99 $EU): l’exploitation moins coûts totaux variables & coûts
- conventionnel $EU 567 & $EU 1 400 fixes
- non-travail $EU 1 000-2 900 &
$EU 1 090-1 350
Augmentation du revenu net de l’exploitation lors
du passage « conventionnel - non-travail » : 35
à 236 %

Notes : valeurs négatives entre parenthèses.


Annexe 1 – Résumé des analyses financières de l’agriculture de conservation
Annexe 2: Présentation d’études empiriques sur l’adoption de la conservation du
sol et de l’agriculture de conservation
Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption

Tanzanie Engrais azoté Surface plantée en variété Taille de l’exploitation Éducation, âge, main-d’œuvre familiale, visites
(Nkonya et al., de maïs améliorée de vulgarisation, grandeur du cheptel, activités
1997) hors exploitation
Nigeria Pratiques traditionnelles de Prix des intrants, taux Emploi hors exploitation, indice Taille de l’exploitation, prix des productions,
(Okoye, 1998) contrôle de l’érosion du sol d’intérêt, age d’innovation, revenu, éducation attitude par rapport à la conservation, indice de
(troncs d’arbres, plantes prise de risques
de couverture, fossés de
diversion, paillage, buttage et
billonnage)
Pratiques recommandées Prix des intrants, age, Emploi hors exploitation, prix des Prix des intrants, taux d’intérêt, taille de
Economie de l'agriculture de conservation

de contrôle de l’érosion du revenu productions, indice d’innovation, l’exploitation, attitude par rapport à la
sol (non travail et travail éducation conservation, indice de prise de risques
minimum, culture en bandes
et courbes de niveaux,
pas de brûlis et plantation
d’arbres)
Rwanda Investissements de Investissements de Position plus basse sur la pente, Indice de rentabilité agricole, salaire non
(Clay et al., conservation conservation au niveau du taille des parcelles, distance de agricole, prix des productions, distance au
1998) (bandes enherbées, fossés, secteur l’habitation, terres en location, marché ou à la route, terres en jachère/ en
rangées de haies, terrasses) terres en propriété bois / pâturage, pente, fragmentation des
parcelles, durée d’exploitation, pluviosité,
variation des prix, variables de revenu et de
richesse, variables démographiques et socio-
économiques, autres variables au niveau du
secteur

Notes: la signification est donnée au niveau de 5% ou plus, sauf Caveness et Kurtz, qui est au niveau de 15 % ou plus, et Westra et Olson, Shortle et Miranowski
et Gould et al., qui sont à 10 % ou plus; Rahm et Huffman ne disent pas à quel niveau ils mesurent la signification; Nowak (1987) n’est pas clair sur le niveau de
signification; de Harrera et Sain sont à 10 %.
63
64

Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption

Intrants organiques Taille des parcelles, durée Salaire non agricole, prix des Indice de rentabilité agricole, prix des
(compost, fumier, engrais sur l’exploitation, valeur bananes, distance au goudron, autres productions, distance au marché,
vert, mulch) du bétail, connaissance partage des terres en jachère et terres boisées, pente, fragmentation des
des technologies de des pâturages, pente, position parcelles, pluviosité, variables de revenu et
conservation / production, plus basse sur la pente, distance de richesse, variables démographiques et
utilisation des intrants de l’habitation, variation de prix, socio-économiques, autres variables au niveau
organiques au niveau du terres en location, terres en du secteur
secteur propriété, âge du chef de famille
Intrants chimiques et Partage des possessions Partage des pâturages, pente, Indice de rentabilité agricole, salaire non
minéraux de bois, taille des parcelles, position plus basse sur la pente, agricole, prix des productions, distance au
(engrais, pesticides, chaux) distance du lieu de durée d’exploitation, terres en marché ou à la route, partage des terres
résidence, utilisation des location en jachère, fragmentation des parcelles,
intrants chimiques au niveau pluviosité, variation de prix, variables
du secteur de revenu et de richesse, variables
démographiques et socio-économiques, autres
variables au niveau du secteur
Érosion due à l’utilisation de Partage des possessions Position plus basse sur la Indice de rentabilité agricole, salaire non
la terre en jachère / bois / pâture, pente, distance de l’habitation, agricole, prix des productions, distance
(potentiel érosif du mélange fragmentation des terres, pluviosité, terres en propriété, au marché ou à la route, pente, durée
de cultures – valeur plus taille des parcelles, revenus types d’utilisation des terres et d’exploitation, variation de prix, autres
grande, culture plus érosive) des cultures de rente des intrants chimiques au niveau variables de revenu et de richesse, variables
du secteur démographiques et socio-économiques, autres
variables au niveau du secteur
Éthiopie Pratiques de conservation : Perception du problème, Age, taille de la famille, altitude Éducation, rapport travailleurs /
(Shiferaw et préservation des bandes en attitude positive par rapport de la parcelle consommateurs dans la famille, place des
Holden, 1998) courbes de niveau et des à l’adoption, conscience parcelles dans la zone du groupe, sécurité de
fosses aveugles (fanya juu) de la technologie, rapport la terre, taille de l’exploitation, bétail possédé,
terre / habitant, pente, taille type de maison, autres caractéristiques
des parcelles, perception technologiques, revenu hors exploitation,
de la productivité de la utilisation des terres
technologie
Annexe 2 – Presentation d' etudes empiriques
Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption
Sénégal Agrofourniture Nombre de parcelles Nombre de chevaux, nombre
(Caveness et (haies vives, brise vents et en propriété, nombre de filles
Kurtz, 1993) jardins de case) d’hommes adultes, nombre
d’enfants males, rendement
en arachide
Minnesota Travail du sol pour la Taille de l’exploitation, Facilité à trouver de l’information, Viabilité à long terme de l’exploitation, âge,
(Westra et Olson, conservation conscience de l’érosion, degré de contrôle dans la prise expérience, niveau de la dette, disponibilité et
1997) important investissement de décision facilité à obtenir de l’information, disponibilité
récent sur l’exploitation, de l’assistance
autres exploitants servant
de source principale
d’information, savoir-faire
en gestion, adaptation
aux buts de production
Economie de l'agriculture de conservation

et au cadre physique de
l’exploitation
Iowa, États-Unis Travail du sol pour la Surface plantée en Santé Pluviosité, longueur de la saison de culture,
d’ Amérique conservation maïs, rapport surface en régime foncier, formation professionnelle,
(Rahm et soja / surface en maïs, achèvement du cycle du collège agricole,
Huffman, 1984) caractéristiques du sol participation aux démonstrations du service
(onduleux, sols plus légers de vulgarisation
et drainants), expérience,
éducation théorique,
présence aux cours,
conférences et réunions
dans l’état de l’Iowa, média
utilisés pour l’information
Iowa, États-Unis Travail du sol pour la Contact avec l’USDA, Intensité d’utilisation de la Nombre de jours de champ, parcelles de
d’ Amérique conservation (facteurs contact avec le service de terre, taux d érosion, degré de démonstration et de tests au champ visités
(Nowak, 1987) écologiques contraints) vulgarisation potentialité pour le maïs chaque année, revenu brut de l’exploitation,
revenu hors exploitation, taille de
l’exploitation, accès au crédit, régime foncier,
utilisation de main-d’œuvre
65
66

Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption
Nigeria Onze méthodes de gestion Connaissance des Contact avec le service de Taille de l’exploitation, niveau d’éducation,
(Agbamu, 1995) du sol, incluant le travail du pratiques innovantes vulgarisation état de leader
sol minimum et le non travail
Iowa, États-Unis Travail du sol pour la Éducation, type de champ Taille de l’exploitation Expérience, régime foncier, rotation de
d’ Amérique conservation (colline) cultures, perception accrue du risque,
(Shortle et augmentation de rendement attendue
Miranowski,
1986)
Wisconsin, États- Perception de l’érosion du sol Pente de la terre, Surfaces plantées Formation ayant trait à l’exploitation,
Unis d’ Amérique éducation, expérience, opérateur à temps plein / partiel
(Gould et al., contact avec le service de
1989) vulgarisation
Travail du sol pour la Surface plantée, proportion Exploitation élevage / culture de Proportion de la surface totale cultivée
conservation de la surface totale céréales, pente de la terre, taux dévolue aux céréales à petites graines et
plantée pour les cultures d’endettement, éducation, âge, au foin
en lignes, précipitations et travail hors exploitation
température, revenus du
ménage, âge, travail hors
exploitation, possibilité de
transférer l’exploitation à
un membre de la famille,
perception de l’érosion
du sol
Maine, États-Unis Travail du sol pour la Éducation, expérience Taille des exploitations, susceptibilité du
d’ Amérique conservation / pratiques de sol à l’érosion, contact avec le service de
(Marra et Ssali, conservation du sol vulgarisation, âge, santé
1990)
Tanzanie Engrais
(Isham, 2000)
Annexe 2 – Presentation d' etudes empiriques
Etude / Pays Culture ou méthode de Variables ayant une Variables ayant une influence Variables non significatives
gestion du sol adoptée influence positive négative significative
significative sur l’adoption
Ontario, Canada Travail du sol pour la Éducation, âge, partenaires Intégration Taille des exploitations, revenu net, sources
(Warriner et conservation au sein de la famille, extérieures d’information, diversité
Moul, 1992) communication, croyance
dans l’efficience du travail
de conservation
Azuero, Panama Travail conventionnel, travail Taille des parcelles, Pente, propriété de l’équipement Régime foncier, disponibilité de l’information
(de Harrera et minimum et non travail importance du bétail, de travail conventionnel
Sain, 1999) (grandes exploitations) disponibilité de
l’équipement
Travail conventionnel, travail Disponibilité de Taille des parcelles, importance Régime foncier, disponibilité de l’équipement,
minimum et non travail l’information du bétail propriété de l’équipement pour la préparation
(petites exploitations) conventionnelle du sol, pente
États-Unis d’ Non-travail du sol Type d’exploitation, faible Forte productivité du sol, budget Régime foncier, température, âge, éducation,
Amérique productivité du sol, pente, en carburant et en engrais texture du sol, taille des exploitations,
Economie de l'agriculture de conservation

(Uri, 1997) pluviosité, budget pour les habituel surface en cause dans le programme de
engrais et les pesticides réduction des terres, proportion d’hectares
sans pesticides, main-d’œuvre saisonnière,
exploitant à temps partiel/plein, proportion
d’hectares irrigués, eau appliquée, dose de
semis, rendement par hectare
Travail du sol avec mulch Type d’exploitation, faible Forte productivité du sol, budget Régime foncier, température, dépenses
productivité du sol, pente, en carburant et en engrais en engrais, âge, éducation, texture du sol,
pluviosité, budget pour les habituel taille de l’exploitation, surface en cause
pesticides dans le programme de réduction des terres,
proportion d’hectares sans pesticides, main-
d’œuvre saisonnière, exploitant à temps
partiel/plein, proportion d’hectares irrigués,
eau appliquée, dose de semis, rendement
par hectare
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L’agriculture de conservation est une approche innovante pour
améliorer l’utilisation des ressources pour une production
durable. Ses avantages incluent une réduction des intrants,
une meilleure stabilité des rendements, une amélioration des
échanges d’éléments nutritifs dans le sol et une augmentation
de la rentabilité à long terme. Cette étude examine les facteurs
financiers et autres qui affectent l’adoption et le succès de
l’agriculture de conservation que ce soit au niveau de
l’exploitation, au niveau national ou mondial. Consciente de la
divergence possible entre les intérêts privés et les intérêts
sociaux, l’étude met l’accent sur l’importance des objectifs et
des motifs des agriculteurs, la dimension collective et le rôle de
la politique. En demandant une analyse améliorée de la
politique et une information en vue d’une prise de décision, elle
recommande le développement d’indicateurs de durabilité et
une approche au niveau de l’exploitation entière.

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