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Chapitre 5

Les modèles de croissance

A lire en particulier : la partie III du chapitre 6 du Précis d’économie d’Emmanuel Combe.

1-LA CROISSANCE, UN MYSTÈRE?

1-1 Les classiques : la croissance smithienne semble limitée.


1-1-1 L’univers classique : une économie de l’échange.
1-1-2 Une croissance par la division du travail ?
Adam SMITH, Enquête sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations, 1776
1-1-3 L’accumulation du capital, source primordiale de la croissance liée à la répartition.

1-2 Déséquilibre d'une croissance exogène : Harrod-Domar et le fil du rasoir.

1-3 Le modèle néo-classique de Solow : une explication partielle.


Robert SOLOW, A contribution to the theory of economic growth, 1956
1-3-1 La possibilité d’une sentier de croissance équilibrée.
1-3-2 La possibilité d’un rattrapage, mais la croissance reste exogène.

2-LES MODÈLES À CROISSANCE ENDOGÈNE.

2-1 Des sources plus variées pour la croissance.


2-1-1 Les caractéristiques du progrès technique.
2-1-2 Le capital humain.
Gary BECKER, Human capital, 1964

2-2 Les mécanismes de la croissance endogène.


2-2-1 Les effets externes et cumulatifs du progrès technique.
2-2-2 Les effets de seuil liés au capital humain.

2-3 Une collection de modèles de croissance.


Paul ROMER, Increasing returns and long term growth, 1986
Robert BARRO et Xavier SALA-I-MARTIN, La croissance économique, 1996
Chapitre 5
Les modèles de croissance

•L’approche par les facteurs de croissance cherche à savoir pourquoi certains pays (et pas d’autres)
sont entrés  dans la croissance : c’est une approche positive,  une rationalisation historique, pour
chercher les conditions favorables au déclenchement [cf analyse rostowienne, institutionnaliste] et
déboucher éventuellement sur un contenu normatif.
•L’approche en termes de modèles de croissance conduit à un raisonnement hypothético­déductif,
appuyé sur des hypothèses forcément simplificatrices de la réalité, auxquelles le modèle est plus ou
moins sensible et qu’on peut tester une par une. Le contenu est beaucoup plus normatif.
Questions importantes : comment la croissance s’opère une fois déclenchée ? pourquoi semble­t­
elle autosoutenue, irréversible ? pourquoi les différences entre pays ? 
•Kaldor résume les grandes tendances historiques en construisant des  faits stylisés, autrement dit
des régularités observables sur le long terme :
(1) la production par tête et la productivité du travail augmentent, à un rythme assez constant.
(2) le capital physique par tête est croissant (l’accumulation du capital est toujours au cœur des
théories de la croissance, avec une gigantesque accumulation par tête depuis eux siècles).
(3) le coefficient de capital i.e. le rapport du capital physique à la production est en gros constant.
(4) le taux de rendement du capital est en gros constant (il n’a a priori pas de raison d'augmenter :
on en met de plus en plus dans des process de production de plus en plus complexes).
(5) la part relative du travail et celle du capital dans le revenu national sont en gros constantes.
(6) il y a des différences importantes des taux de croissance par tête entre pays.
Selon Barro et Sala­i­Martin (1996) qui étudient une centaine de pays sur la période 1960­1990, le
fait stylisé (4) n’est pas avéré, tandis que les autres sont globalement satisfaisants.
On peut considérer qu’un modèle doit pouvoir expliquer ces grandes tendances, au premier rang
desquelles l’élévation de la productivité.

1-La croissance, un mystère?


1-1 Les classiques : la croissance smithienne semble limitée.
1-1-1 L’univers classique : une économie de l’échange.
Adam Smith (1723­1790), professeur de philosophie à l’université d’Edimbourg, voyage en France
de 1764 à 1766 et y rencontre les physiocrates mais aussi Voltaire, Turgot, Rousseau. Il est ensuite
commissaire des douanes. Ses deux grands ouvrages sont La Théorie des sentiments moraux (1759)
où il dégage les tendances innées des individus qui les poussent à satisfaire leurs désirs ; Enquête
sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations (1776).
Thomas Malthus (1766­1834), pasteur et professeur.
David Ricardo (1772­1823), professionnel efficace de la Bourse (il y fait fortune) et député à la
Chambre après 1819, engagé dans la lutte pour l’abrogation des Corn Laws contre les propriétaires
fonciers.
John Stuart Mill (1806­1873), employé à la Compagnie des Indes Orientales, lui aussi député dans
les années 1860, mais davantage utilitariste et réformiste.
Jean­Baptiste Say (1767­1832), industriel du coton puis professeur au CNAM.
•L’économie   apparaît   comme  science  en   temps   que   discipline   lorsque   apparaît   une   nouvelle
approche   de   la   richesse   (accumulation   efficace…)   mais   aussi   une   nouvelle   organisation   de
l’économie (le marché) [voir chapitre 1].
­c’est une science, qui vise donc à l’élaboration de principes i.e. de lois à caractère universel.
­c’est une science de l’échange, dans le cadre nouveau (et institué plutôt que naturel) du marché. Il
n’y a pas de science économique si les individus vivent isolément.
=> finalement, il s’agit d’une  économie politique  au sens où le problème central est celui de la
rémunération des participants à l’échange, c’est­à­dire la répartition. Autrement dit, « le rôle des
énoncés scientifique est d’éclairer les moyens de concilier des intérêts divers en vue d’accroître le
bien­être collectif » (Deleplace), pour répondre à une préoccupation d’harmonisation sociale. Les
classiques   répondent   que   le   marché   (et   les   contrats   passés   sur   ce   marché)   conduisent   à   une
répartition efficace.
•A la fin du 19ème  siècle, l’apparition du paradigme néoclassique change la perspective. Tous les
comportements sont unifiés sous le concept d’agent économique individuel i.e. l’homo economicus
dégagé de toute détermination sociale, ce qui émancipe totalement la théorie pure par rapport à la
morale sociale.
La   nouvelle   définition   canonique   de   l’économie   devient   celle   d’une   « science   qui   étudie   le
comportement humain comme relation entre des fins et des moyens rares  à usages alternatifs »
(Robinson 1932).
La question économique est donc liée à la rareté, et la science économique est la science des choix
(toujours des possibilités alternatives) rationnels (toujours chercher l’efficacité par l’adéquation des
moyens à une fin). Mais la question de la répartition passe au second plan.
•On retrouve une économie pleinement politique en définissant avec Phelps « l’étude des structures
alternatives de rémunération entre lesquels la société » opère des choix.
1-1-2 Une croissance par la division du travail ?
Adam SMITH, Enquête sur la Nature et les Causes de la Richesse des Nations, 1776
•L’hypothèse  est que  le travail  est de plus  en plus  productif   à  mesure qu’il  est spécialisé,  par
approfondissement   de  la  division  du travail,  qui  a existé  dés  les   premières   sociétés   agricoles  :
prêtres, maçons, combattants…
La division peut être technique, à l’échelle microéconomique de entreprise, comme le suggère la
manufacture   d’épingles.   Les   tâches   sont   plus   ou   moins   segmentées,   plus   ou   moins   qualifiées
(recouvrant ici une division sociale du travail, avec des rapports hiérarchiques).
La division du travail peut être perçue à l’échelle macroéconomique, entre les biens et services
vendus par les entreprises.
•La division du travail est nécessairement liée à l’échange, elle n’existe que par lui. Pour Smith, la
propension à échanger est une disposition naturelle, propre aux hommes qui y trouvent leur intérêt
et leur permet de « cultiver et porter à la perfection tout talent ou génie qu’il peut posséder pour
cette espèce particulière d’activité ».
•L’accroissement de la taille des marchés permet un approfondissement de la division du travail. 
M étendus (transports…) ­> DT approfondie  ­> élévation de la productivité ­> élévation du niveau
de vie ­> M étendus
Ainsi Smith à l’intuition d’une croissance autosoutenue. La vraie cause de la richesse réside dans
l’échange plus que dans la production et le progrès technique est en position très périphérique : il
n’y a pas forcément de nouvelle technologies.
1-1-3 L’accumulation du capital, source primordiale de la croissance liée à la répartition.
•Le capital est envisagé comme le moteur de la production et de la croissance, permettant l’emploi
de plus de travail productif.
Le capital  est aussi fruit de l’épargne (Smith : « c’est l’économie  [parsimony]  et non l’activité
[industry] qui est la cause immédiate de l’accumulation du capital »). L’épargne est essentiellement
dégagée par la classe des capitalistes (pas le terme entrepreneur), une classe étant l’ensemble des
personnes  ayant un revenu du même  type, soit trois classes (capitalistes, propriétaires  fonciers,
travailleurs) pour trois revenus (profit, rente, salaire).
La répartition  est donc essentielle,  et plus  généralement  des  conséquences  de l’industrialisation
(beaucoup plus que ses causes) appréhendée notamment en terme de “question sociale“ compte tenu
des réalités de la première moitié du 19ème siècle.
•La croissance est cependant limitée :
­état stationnaire de Ricardo, même si ce n’est qu’une possibilité limite [et que le progrès technique
est   envisagé   mais   gourmand   en   capital]   [et   que   le   salaire   de   subsistance   est   culturellement
déterminé : il pourrait donc croître en fonction de nouveaux besoins].
­présentation floue chez Smith : pays au « degré de richesse » tel que le capital est pleinement
employé dans toutes les branches, pays « pleinement peuplé ». Toute la question est de savoir quels
sont ces degrés ultimes…
1-2 Déséquilibre d'une croissance exogène : Harrod-Domar et le fil du rasoir.
•Hypothèses :
­le coefficient de capital v (qui exprime le nombre d'unités de capital nécessaire à la production
d'une unité de biens) est stable, ce qui signifie qu'on ne change pas les combinaisons capital/travail.
­la perspective est keynésienne et repose sur la double nature de l’investissement.
I : élément de la demande avec Y = I/s (1)
I : élément de l’offre avec v = K/Y  soit Y = K/v et Y = K/v = I/v (2)
­le taux de croissance est g = ∆Y/Y = (2) / (1) soit g = s/v
•Mais :
­le taux de croissance effectif a peu de chances d’être égal au taux de croissance “garanti“ car les
variables sont indépendantes (s dépend des consommateurs, I des anticipations, v est fixe).
­la croissance est sur le "fil du rasoir" : son équilibre (tel que offre = demande sur le marché des
biens) n'est pas assuré car tout écart par rapport au sentier de croissance déclenche des phénomènes
cumulatifs (double risque d'inflation si trop de demande ou de surinvestissement si pas assez de
demande).
Il se dégage un pessimisme de ce modèle (de 1948, à une époque où la question de la croissance
semble insoluble au sortir des années 1930 et de la guerre) quant à une croissance de plein­emploi,
cependant contredit par la situation économique des Trente Glorieuses.
1-3 Le modèle néo-classique de Solow : une explication partielle.
Robert SOLOW, A contribution to the theory of economic growth, 1956
1-3-1 La possibilité d’une sentier de croissance équilibrée.
•Le contexte est différent (la croissance forte, la recherche de solutions au sous­développement), et
les hypothèses également :
­la substituabilité entre travail et capital (justifiée selon Solow car la fixité des facteurs est à court
terme alors que l’étude de la croissance s’inscrit dans une perspective de long terme) permet  à
l’économie de suivre un sentier de croissance à l’équilibre. Le changement d’hypothèse dans le
modèle conduit donc d’emblée à des conclusions différentes.
­la fonction de production est à rendements factoriels décroissants et rendements d’échelle constant.
­l’épargne est entièrement réinvestie.
­investissement net = variation du capital = différence entre I et la fraction de I qui est déclassée
pour obsolescence.
•Le modèle se présente ainsi :
­la courbe de la production Y est concave, Y=f(K) s’accroît de moins en moins vite car le K investi
a un rendement marginal décroissant.
­l’accumulation du capital se fait au rythme de l’I auquel il faut retrancher une fraction de K qui est
déclassée par obsolescence soit ∆K = I ­ ∂K. Mais l’I est en fait l’épargne entièrement réinvestie, on
a donc I = sY et ∆K = sY ­ ∂K.
­si l’on raisonne par tête, l’accumulation du capital par tête se fait au rythme ∆k = sy – (∂ + n)k car
il   faut   investir   davantage   pour   compenser   à   la   fois   le   déclassement   du   stock   de   capital   et
l’augmentation du nombre de travailleur.
•La conséquence est la suivante :
­à terme, l’accroissement du capital par tête s’arrête car une unité investie génère un supplément de
Y juste suffisant pour générer un supplément de I = sY qui compense juste le niveau minimum
nécessaire (∂ + n)K. On a alors ∆k = sy – (∂ + n)k = 0.
­l’économie converge vers cet état d’équilibre  : elle croît jusque là, et si elle le dépasse, l’I fonction
de Y sera moins élevé que ce qu’il faudrait pour maintenir le niveau de capital par tête et donc k
diminue pour revenir au niveau d’équilibre.
­le produit global peut avoir une  croissance régulière au rythme de la croissance démographique
mais le produit par tête et le capital par tête ne s’accroissent plus.
•Quelles sont les modifications possibles ?
­modifier le taux d’épargne s qui peut modifier le revenu par tête.
Mais si plus d’épargne, l’investissement augmente, le travail devient moins cher, il va y avoir une
substitution travail/capital. L’investissement revient alors à son état régulier de croissance, tandis
que les niveaux par tête retrouvent un point de stabilité.
­modifier   la   fonction   de   production   par   du   progrès   technique,   là   encore   pour   une   croissance
transitoire qui s’annulera lorsque y sera parvenu à un certain niveau.
1-3-2 La possibilité d’un rattrapage, mais la croissance reste exogène.
•Donc :
­il y a l’idée qu’à terme, les PIB croissent mais les  PIB par hab stagnent. On peut simplement
chercher le meilleur taux d’épargne pour maximiser la consommation par tête (règle d’or montrée
par Phelps en 1962).
­on trouve l’explication d’une  convergence des taux de croissance  compte tenu des rendements
factoriels décroissants : plus le niveau de départ est faible par rapport à la position d’état régulier à
long terme, plus le taux de croissance est rapide. Il y a donc explication partielle du rattrapage et de
son ralentissement depuis 1973. Mais il n’y a la convergence est conditionnelle au sens où il n’y a
pas   forcément   convergence   des   niveaux :   c’est   un   problème   de   taux   d’épargne,   de   croissance
démographique, de forme de la fonction de production liée au progrès technique.
­il   y   a   possibilité   d’une   croissance   sans   fin   si   l’augmentation   transitoire   du  progrès   technique
devient permanente…
•Le modèle de Solow est intéressant pour expliquer le rattrapage (rendement décroissants), et parce
qu’il met en évidence du progrès technique.
­mais le progrès technique exogène et gratuit sert à expliquer (!) la poursuite de la croissance.
­et la convergence pas réalisée à l’échelle mondiale [cf groupes A et B de Maddison] et les théories
traditionnelles « demeurent totalement muettes face à la persistance et à l’aggravation des écarts
entre niveaux de croissance des pays et des régions » (Bosserelle).

2-Les modèles à croissance endogène.


2-1 Des sources plus variées pour la croissance.
2-1-1 Les caractéristiques du progrès technique.
•Le capital physique reste une source toujours essentielle. L’investissement concrétise le progrès
technique ainsi incorporé au stock de capital de l’entreprise, tandis que le progrès technique incite à
investir   pour   la   compétitivité :   le   progrès   technique   est   à   la   fois   cause   et   conséquence   de
l'investissement.
•Le progrès technique est endogène car il a un caractère profondément économique [voir chapitre 2]
et résulte du comportement des agents. Il génère un profit… mais il a un coût, pour la recherche
mais aussi pour son appropriation car il nécessite du capital humain qui lui­même est coûteux.
=> le progrès technique est donc source de la croissance et vient de la croissance qui génère les
revenus nécessaires à sa production [avec les risques de la circularité].
•Selon Romer, la technologie est la « capacité humaine à maîtriser et connaître la nature, pour
l’appliquer à la production ».
­c’est un bien sujet à accumulation : les connaissances forment un stock, enrichi par de nouvelles
découvertes, même s’il y a un déclassement des connaissances avec une accumulation “nette“ à
distinguer de l’effet “brut“ (c’est une sorte de destruction créatrice : les TCE empruntent beaucoup
à Schumpeter).
­c’est un bien non­rival, qui peut être approprié par plusieurs agents à la fois.
­c’est un bien reproductible à un coût nettement inférieur à celui de la production, parfois même
presque sans coût.
2-1-2 Le capital humain.
Gary BECKER, Human capital, 1964
•Le capital humain est une notion cruciale pour mieux comprendre l’inégale qualité et efficacité du
facteur   travail.   C’est  « le stock de connaissances (et plus largement de
compétences) valorisables économiquement, et intégrées aux individus ». Il recouvre
un domaine très large : qualification, éducation de la main d'oeuvre mais aussi l'hygiène ou la santé.
C’est une évidence empirique : les pays les plus riches sont les plus scolarisés, pour des durées de
plus   en   plus   longues.   A   l’inverse,   cela   signifie   qu’un   des   premiers   investissements   en   capital
humain dans les PED concerne la santé.
•Il s’agit d’un bien propre à chaque individu, d’un bien rival qui ne peut être utilisé par un autre
individu.
­une partie du capital humain est pourtant non­spécifique, fait de connaissances non­rivales, mais
dont l’appropriation est individuelle (par exemple, le théorème de Pythagore est un bien collectif
mais le fait de le connaître ou non dépend de chaque individu qui en tirera ensuite un profit privé).
­une autre partie du capital humain est spécifique, au sens il résulte d’une expérience propre à
l’individu,  comme l’apprentissage  d’une fabrication…  C’est une idée ancienne,  déjà portée par
Smith lorsqu’il montre l’accroissement de l’habileté des travailleurs  par la spécialisation.
•Ceci recouvre les différentes façons d’accumuler ce qui est donc un stock.
­on   peut   investir   en   se   formant,   avec   un   coût   d’opportunité :   renoncer   à   a   rémunération   d’un
maintenant pour un travail mieux rémunéré plus tard i.e. consacrer des ressources actuelles à une
augmentation de la production future.
­on peu accumuler du capital humain tout en travaillant, par  effet d’apprentissage  (learning by
doing).
2-2 Les mécanismes de la croissance endogène.
2-2-1 Les effets externes et cumulatifs du progrès technique.
•Le progrès technique génère des externalités cumulatives.
­il   faut   certes   rendre   la   connaissance   excluable   en   la   protégeant   par   un   droit   de   propriété
intellectuel,   nécessaire  pour  motiver  l’innovateur,  en  lui  assurant  une  rente  de  situation   i.e.  un
monopole temporaire.
­mais elles génèrent des externalités positives, soit une conséquence sur les autres agents, par un
mécanisme par définition non marchand et auquel un prix ne peut être attribué. Chaque innovation,
chaque chercheur peuvent accroître la productivité des autres innovateurs et chercheurs qui vont
puiser   dans   un   stock   de   connaissances   sujet   à   accumulation.   Cette   externalité   est   même
intertemporelle.
Ex : les travaux de Caballero et Jaffe (1993) portent sur les brevets : combien de brevets sont cités
dans chaque brevet (pour mesurer le caractère cumulatif et externe des connaissances) ? Il y a une
tendance à la diminution du nombre de connaissances engendrées par une nouvelle connaissance
i.e. chaque découverte entre pour une part décroissante dans le stock de connaissance public.
•Mais l’accès aux connaissances n’est pas totalement gratuit :
­il faut payer un droit sous forme d’achat de brevet, de licence, et il faut investir pour concrétiser ce
progrès technique, ce qui peut alors générer des effets d’apprentissage (sur les machines…).
­il faut un certain niveau de capital humain pour pouvoir exploiter les connaissances  (à la limite, la
recherche   fondamentale   de   pointe   d’un   chercheur   n’est   comprise   que   par   une   poignée   de   ses
collègues).
Cependant,  les  externalités  sont en partie  préservées, ce qui fait  que le rendement  social  de la
recherche   reste   supérieur   à   son   rendement   privé   (probablement   de   50   à   100%).   La   recherche
publique vise d’ailleurs un maximum d’externalités.
=> c’est donc bien « la nature de bien partiellement public du savoir qui en fait un moteur de la
croissance » (Guellec et Ralle)
2-2-2 Les effets de seuil liés au capital humain.
•Le capital humain génère lui aussi des effets externes et à rendements croissants.
­le capital humain est interdépendant avec le progrès technique : on apprend ce qu’il y a dans le
stock de connaissances, mais celui­ci s’accroît grâce au capital humain des chercheurs.
­l’investissement en capital humain est d’autant plus efficace que la formation initiale est bonne :
plus on apprend, mieux on apprend, ce qui génère des rendements croissants.
­l’investissement en capital humain est d'autant plus rentable que le niveau moyen d'éducation est
élevé : il y a une puissante externalité, car le capital humain (même s’il est privé) d’un individu rend
plus efficace les autres agents.
•Les rendements croissants et les effets externes du capital humain conduisent à des effets de seuil
très puissant :
­en deçà d’un certain niveau, il est difficile d’apprendre, de bénéficier de transferts de technologie,
et   les   plus   qualifiés   ne   sont   pas   aussi   efficaces   qu’ils   le   pourraient   (d’où   par   exemple   des
phénomènes de fuite des cerveaux).
­à l’inverse, les effets d’apprentissage sont d’autant plus forts qu’on est engagé dans la production
de biens de haute technologie,  cercle vertueux d’une  économie développée qui produit plus de
capital humain par learning by doing, ce qui permettra d’accroître encore la productivité.
Les conclusions sont évidemment favorables à la formation, mais tous les investissements dans ce
secteur ne se valent pas : quel type d’enseignement ? quelle équité ? (voir par exemple le contraste
entre le secondaire et le supérieur aux Etats­Unis).
=> les sources de la croissance sont interdépendantes, et sont à rendements croissants. La croissance
ne   s’étouffe   pas   à   cause   de   la   baisse   de   la   productivité   marginale   des   facteurs   au   fil   de   leur
accumulation. On a donc croissance autosoutenue, contrairement aux modèles néo­classiques où la
croissance se poursuit grâce au progrès technique mais où il n’y a aucune rétroaction.
2-3 Une collection de modèles de croissance.
Paul ROMER, Increasing returns and long term growth, 1986
Robert BARRO et Xavier SALA-I-MARTIN, La croissance économique, 1996
Les hypothèses ne sont pas toutes changées :
­les économies croissent en suivant un sentier de croissance équilibrée.
­les agents sont rationnels et optimisateurs.
•Romer propose le premier modèle en 1986. L’idée est que l’investissement (en K qui est physique
mais aussi technique) d’une firme augmente  également la productivité des autres firmes, car la
technologie ainsi mise en œuvre se diffuse notamment par des effets d’apprentissage qui ne peuvent
être approprié : la main d’œuvre apprend puis bouge, les autres entreprises observent et évitent les
erreurs…
Ce   modèle   permet   de   conserver   un   équilibre   concurrentiel :   les   rendements   sont   constants   à
l’échelle   des   firmes   (sans   quoi   elle   devrait   croître   indéfiniment),   et   croissants   à   l’échelle   de
l’économie.
Ex : il y a des effets de densité, comme dans les districts industriels italiens, cas particulier de SPL.
­territoire  = identité  géographique, historique, socioculturelle  forte. Souvent un héritage  ancien,
surtout e Nord de l’Italie, de l’Emilie Romagne à la Vénétie, Lombardie…
­concentration de PME/PMI, voire de microentreprise, avec une forte “vivacité entrepreneuriale“.
­spécialisation et division du travail dans des secteurs à faibles économies d’échelle.
=>   abaissement   des   coûts   de   transaction   (tout   sur   place :   fournisseurs,   transporteurs,   publicité,
conseil en divers domaines…), un partage de l’information (prospection des marchés par exemple)
et de puissants effets externes concernant les “savoirs implicites“ (savoir faire… liés aux effets
d’apprentissage)   avec   beaucoup   d’échanges   informels   mais   aussi   formels   (consortia  à
l’exportation).
­secteurs : le  made in Italy  (maroquinerie, habitat : marbre, sanitaires et  design…) mais aussi la
mécanique   ou   l’électromécanique.   Spécialisation   forte   généralement   sur   des   secteurs   mouvants
(mode…).
=> pas beaucoup de R&D, mais d’importants rendements sociaux + apprentissage.
•Barro et Sala­i­Martin proposent un modèle de diffusion meneur ­> suiveur :
Le coût d’imitation est inférieur au coût de production de la technologie, mais :
­il faut mobiliser des ressources pour adapter les technologies à leur nouvel environnement, ce qui
fait   des  politiques   publiques   menées  une  donnée  cruciale  pour  expliquer  les  différents  taux  de
croissance des suiveurs pour un gap technologique donné. Le niveau initial de capital humain est
déterminant.
­il y a un phénomène de rendement décroissant de l’imitation, d’autant plus coûteuse que le stock
de technologie à diffuser diminue i.e. le suiveur se rapproche du meneur, ce qui rend compte de la
convergence.
­le respect des DPI apparaît important pour favoriser la croissance du meneur et donc du suiveur.

CCL
­le  rattrapage est possible [voir modèle de Barro] mais  fortement conditionnel et limité à certains
groupes de pays, ce que confirme les études empiriques. Il y a rattrapage au sein de l’OCDE, à
laquelle   s’ajoute   certains   pays   émergents,   mais   les   écarts   se   sont   également   creusés   avec   de
nombreux autres pays qui convergent peut­être entre eux mais ne rattrapent pas les plus riches,
particulièrement depuis la fin des années 1970 (idée des “clubs de convergence“).
­les politiques et investissements publics ont un rôle à jouer, pas aisément mesurable, car le marché
apparaît comme sous­optimal en présence d’externalités positives.
­l’histoire  compte, car un choc  (par exemple  technologique)  peut  avoir un effet  de long  terme
puisque un mécanisme cumulatif peut s’engendrer à partir des conditions nouvelles ainsi créées.

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