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Chapitre 6

Entreprises et marchés de la Révolution industrielle à nos jours :


les transformations du capitalisme et de la concurrence

1-POURQUOI LA FIRME ?

1­1 Un problème d’échanges.
Ronald COASE, La nature de la firme, 1937
Oliver WILLIAMSON, The economic institutions of capitalism, 1985

1­2 Un problème de production et d’organisation.
Richard NELSON et Sydney WINTER, An evolutionary theory of economic change, 1982

2-LE TISSU DES ENTREPRISES, UNE PERPÉTUELLE RECOMPOSITION.

2­1 Vers la grande entreprise moderne.
2­1­1 Les entreprises restent longtemps de petite taille.
 
2­1­2 La concentration s’accélère à la fin 19ème siècle : la naissance du big business.
2­1­3 Un contexte plus favorable.

2­2 Un objectif productif : baisser les coûts.

2­3 Une histoire sans fin ?
2­3­1 Economies et déséconomies d’échelle.
2­3­2 Les PME majoritaires.

2­4 L’exemple de l’industrie automobile française : de l’artisanat de luxe à la mondialisation.
Jean-Louis LOUBET, Histoire de l’automobile française, 2001

3-LES STRATÉGIES SUR LES MARCHÉS.

3­1 Des marchés sous influence.
3­1­1 Influencer par la taille : la recherche du pouvoir.
3­1­2 Se différencier : l’innovation.

3­2 L’impact sur la concurrence.
3­2­1 Le rôle de la concurrence.
3­2­2 Un exemple de concurrence imparfaite : la concurrence monopolistique.
Harold HOTELLING, Stability in competition, 1929
Edward CHAMBERLIN, La théorie de la concurrence monopolistique, 1933
3­2­3 Les marchés contestables.
William BAUMOL, John PANZAR, Robert WILLIG, Contestable markets and the theory of industry structure, 1982
Chapitre 6
Entreprises et marchés de la Révolution industrielle à nos jours :
les transformations du capitalisme et de la concurrence

•L’entreprise est assez difficile à analyser :
­sur le plan historique, on a très peu de traces des innombrables petites et moyennes entreprises qui
constitue la base du tissu économique. Seule les plus importantes émergent.
­sur le plan théorique, le firme est assez mal prise en compte et longtemps assimilée à un agent
individuel sans vraiment s’intéresser à son fonctionnement interne, comme une boîte noire.
•On peut retenir la définition de Perroux, un microcosme capitaliste. C’est un agent économique
qui combine les facteurs de production K et L sur le marché / vend des biens et services sur le
marché.

1-Pourquoi la firme ?
1­1 Un problème d’échanges.
Ronald COASE, La nature de la firme, 1937
Oliver WILLIAMSON, The economic institutions of capitalism, 1985
•Pourquoi   la   firme,   autrement   dit   pourquoi   certains   échanges   sont   réalisés   sur     les   marchés   et
d’autres dans les entreprises ? Pourquoi un boulanger fabrique­t­il le pain mais pas la farine ? Une
première réponse vient de Coase (1937) et l’économie des coûts de transaction.
­l’économie de marché coordonnée par le système des prix. Mais il y a des coûts de transaction
(recherche   d'information,   négociation,   sécurité   du   contrat…),   qui   sont   métaphoriquement   des
“frottements“ de l’échange et fondent l’analyse institutionnaliste moderne.
­la firme est une manière de limiter ces coûts en internalisant des activités sans recours au marché
selon un principe de coordination hiérarchique où certains (les actionnaires, les managers) exercent
une autorité sur d’autres.
Ainsi, l’idée fondamentale est que la firme est un mode de coordination alternatif au marché, et
fondamentalement différent de celui­ci, qui n’est donc pas toujours efficient. Le choix du mode de
coordination se fait en comparant les coûts de transaction et les coûts de transaction. Comment
arbitrer ?
•Pourquoi   ces   différences   de   coûts ?   Williamson   prolonge   cette   analyse   en   s’appuyant   sur   les
hypothèses de comportement suivantes :
­d’abord, la  rationalité limitée  théorisée par Simon (1976) : les agents ne peuvent pas envisager
toutes   les   possibilités,   compte   tenu   de   l’information   disponible   (certaines   choses   ne   sont   pas
probabilisables), des capacités de calculs… Il faut s’appuyer sur d’autres critères de choix, comme
par exemple s’arrêter à la première solution satisfaisante, ou s’appuyer sur l’habitude et la routine…
­l’opportunisme des agents : ceux­ci ne révèlent pas tout (préférence, information…) ce qui rend
coûteux le contrôle de l’application des contrats faute de confiance.
Les contrats sur le marché sont donc incomplets (i.e. incomplétude des contrats), c’est­à­dire qu’ils
ne peuvent pas tout prévoir compte tenu de l’information imparfaite. La firme présente alors des
avantages :
­l’organisation interne permet de limiter cette incertitude. Ainsi, un contrat d’emploi (Simon, 1951)
est incomplet au sens où il ne précise pas toutes les tâches futures du salarié, qui seront décidées au
fil des besoins par l’autorité hiérarchique.
­les actifs peuvent être spécifiques, c’est­à­dire qu’un investissement durable (former un employé.
acheter un équipement…) doit être fait pour effectuer une transaction particulière. Si le contrat est
rompu, ces actifs sont dévalorisés. La firme préfère internaliser ces activités pour les accomplir
régulièrement et fréquemment, la continuité temporelle permettant la sauvegarde des ressources
spécifiques.
=> la firme apparaît donc plus comme une structure de coordination que comme une fonction de
production : l’intégration est expliquée par des problèmes d’échanges, pas par des problèmes de
production.
1­2 Un problème de production et d’organisation.
Richard NELSON et Sydney WINTER, An evolutionary theory of economic change, 1982
•Les théories évolutionnistes cherchent à savoir pourquoi certaines firmes offrent un produit et pas
d’autres, pourquoi elles diffèrent entre elles, suivant quelles logiques elles se transforment… Elles
s’appuient beaucoup sur Schumpeter.
Le problème de la coordination des agents qui composent la firme est crucial. Il y a certes une
autorité hiérarchique, mais cela ne suffit pas : des routines doivent lier les comportements entre eux.
Elles sont le fruit d’effets d’apprentissage, cumulatifs, collectifs, propres à chaque entreprise et sont
donc difficilement transférables.
Dans ce cadre qui impose une  path dependancy, les firmes peuvent progressivement passer d’un
produit à l’autre, ce qui montre là aussi que l’histoire compte.
=> au fond, la firme est un ensemble de compétences qui en délimitent les frontières.
•L’historien Alfred Chandler s’inscrit dans ces démarches en analysant la grande firme. Pour lui,
des  facteurs  technologiques  doivent  être pris  en compte pour expliquer  l’existence  des grandes
firmes,   dont   une   caractéristique   essentielle   est   la   capacité   à   s’organiser   pour   s’adapter   à   son
environnement, pour lutter contre les rendements décroissants de la taille (bureaucratie…). Il insiste
donc sur les innovations organisationnelles.

2-Le tissu des entreprises, une perpétuelle recomposition.


2­1 Vers la grande entreprise moderne.
2­1­1 Les entreprises restent longtemps de petite taille.
Globalement, les entreprises restent de petite taille au moins jusqu’aux années 1870, même dans les
secteurs où la division du travail et la mécanisation sont poussées.
•Les formes d'industries traditionnelles restent toujours importantes au 19 ème siècle : proto­industrie
rurale (tissage lin et laine notamment, ex de l’industrie comtoise), petits ateliers en sous­traitance,
multitude de microentreprises notamment dans l’alimentaire…
•La concentration est très inégale suivant les régions et les secteurs (mines et sidérurgie plus que les
autres secteurs, coton plus que les autres textiles, filature plus que tissage cotonnier), ce qui rend
peu opératoire les moyennes.
Ex :   dans   le   coton   à   Manchester,   pourtant   symbole   de   la   grande   entreprise,   la   majorité   des
entreprises ont entre 250 et 500 salariés vers 1840, avec pas d’augmentation de la part des plus
grandes entreprises et pas d’intégration des deux processus textiles. Pourtant, de plus en plus de
capital fixe.
=> le capitalisme du début de la RI est relativement atomistique.
ème
 2­1­2 La concentration s’accélère à la fin 19     siècle
   
    : la naissance du  big business  .
•Dans les années 1880, notamment en Allemagne et aux Etats­Unis, apparaissent des entreprises
d’un type nouveau, différentes par nature des précédentes, qui présentent des caractères proches des
ème
grandes entreprises de la seconde moitié du 20  siècle.
C’est un phénomène de concentration, de  cristallisation du capital  avec augmentation de la taille
absolue ou relative des unités  (entreprises et établissements) au sein de l'ensemble auquel elles
appartiennent (secteur, branche, espace). Cela peut se faire par croissance interne ou externe.
•On peut repérer différents types de concentration :
­la concentration peut être  technique (verticale)  ou  économique (horizontale), soit à différents
stades de la production, soit à un même stade de la filière par augmentation de la production.
ex : les fusions entre grandes banques sont une forme horizontale de concentration, même si les
services qu’elles produisent ne sont pas tout à fait homogènes.
ex : les  Konzerns  allemands sont de très grands groupes d’industries lourdes, qui pratiquent une
intégration verticale depuis des produits de base comme le charbon, l’acier, le ciment, la potasse…
vers des produits finis (chantier naval, papier, produits chimiques…).
­la concentration peut­être simplement  financière, avec des  conglomérats  qui interviennent dans
des secteurs très variés, généralement par croissance externe.
ex : aux Etats­Unis émergent d’immenses groupes appelés trusts comme celui de la First National
Bank de John Pierpont Morgan, dont la carrière bancaire l’a d’abord mené à prendre le contrôle de
plusieurs   compagnies   de   chemins   de   fer   profondément   réorganisée,   puis   à   constituer   un
conglomérat : General Electric dans le nouveau secteur des biens électriques, US Steel (168.000
employés, créée en 1901 autour de l’empire Carnegie et de ses concurrents pour 2/3 de l’acier
américain), ATT, Continental Oil…
De nombreuses tentatives de monopolisation ont lieu des années 1880 au début du 20 ème siècle. Les
Etats­Unis   deviennent   à   cette   époque   symboles   du   gigantisme,   loin   de   la   démocratie   de   petits
propriétaires louée par Tocqueville un demi­siècle plus tôt.
=> la concentration est plus poussée aux Etats­Unis, en Allemagne, au Japon conduisant  à des
capitalisme présentant des spécificités nationales.
=> elle apparaît comme une tendance lourde du capitalisme, comme le montre la succession de
mégafusions depuis les années 1990.
ex : les compagnies minières [charbon, fer, métaux non ferreux] sont devenues des géants mondiaux
comme le brésilien Vale, l’anglo­australien Rio Tinto Alcan (Pechiney) ou l’anglo­canadien BHP
Billiton.
2­1­3 Un contexte plus favorable.
•Tendanciellement, l’élévation du niveau de vie (plus de pouvoir d’achat) et le développement des
échanges internationaux (plus de clients potentiels) conduisent à l’élargissement des marchés.
•Les phases de crises peuvent être des stimulants pour tenter de survivre en baissant les coûts.
ex : la régulation assez concurrentielle aboutit à une baisse prolongée des prix pendant la Grande
Dépression de 1873­1896, qui est une phase d'accélération décisive (notamment aux EU).
ex : dans la crise financière actuelles, les banques fusionnent.
•Des facteurs socio­politiques peuvent intervenir : la concentration est parfois encouragée par les
pouvoirs  publics,  par  exemple  avec  une  politique  de  “champions   nationaux“  dans  des  secteurs
perçus comme stratégiques.
ex :   c’est   très   net   en   Allemagne   à   la   fin   du   19 ème  siècle,   où   l’Etat   soutient   les   ententes   entre
Konzerns, imposant des prix assez élevés à l’intérieur pour supporter le coût de la conquête de
nouveaux marchés grâce au dumping.
2­2 Un objectif productif : baisser les coûts.
•L’analyse transactionnelle met l’accent sur les coûts de transaction : des coûts d’internalisation et
ceux de transaction moins élevés conduisent à une concentration verticale.
Ex :   en   Alsace,   de   nombreuses   entreprises   de   plus   de   1000   salariés   emploient   1/3   de   la   main
d’œuvre. On peut faire l’hypothèse que le tissu économique moins développé nécessite d’intégrer
des activités qu’on ne peut trouver sur le marché (alors que la Bourse de Manchester, le commerce
mondial   de   coton   centralisé   à   Liverpool…réduisent   au   minimum   les   coûts   de   transaction   et
d’information). Ce raisonnement peut être étendu aux pays d’industrialisation tardive.
•Du   point   de   vue   de   la   production,   les  rendements   d’échelle   croissants  dans   lesquelles   les
entreprises font des économies d’échelle sont la motivation principale.
­au sens strict, la production augmente proportionnellement plus vite que la quantité de facteurs
mise en œuvre, à combinaison productive donnée.
­plus généralement, l’idée est que plus on produit, plus le coût moyen unitaire diminue ce qui rend
intéressante la recherche du volume. C’est généralement lié à la présence de coûts fixes importants,
notamment des investissements initiaux indivisibles et très élevés, qui conduisent à une élévation du
point mort (ou taille critique) à partir duquel les entreprises deviennent rentables.
ex : les investissements dans la recherche, dans les machines (comme l’acier Bessemer) ou dans la
prospection de ressources naturelles… nécessitent une grande taille et sont d’autant plus rentables
que l’on produit beaucoup.
•La grande taille peut permettre de mettre en œuvre une OST avec une division du travail accrue de
type taylorienne : la concentration nécessaire à l’amélioration du fonctionnement de l’organisation.
=> pour des raisons variées, la grande taille permet des gains de productivité.
2­3 Une histoire sans fin ?
2­3­1 Economies et déséconomies d’échelle.
•La   grande   taille   peut   présenter   des   inconvénients   et   conduire,   passé   un   certain   seuil,   à   des
rendements d’échelle décroissants ou déséconomies d’échelle. L’idée est que le coût fixe unitaire
continue   à   diminuer,   mais   que   le   coût   variable   unitaire   augmente   de   plus   en   plus   vite   et   que
finalement le coût moyen augmente. Il devient donc moins rentable de produire plus.
Les  coûts d’organisation, de contrôle, de gestion administrative… en particulier peuvent devenir
excessifs.
Cela   conduit   à   un   recentrage   sur   le   “cœur   de   métier“   où   les   compétences   de   la   firme   sont
spécifiques. L’idée est qu’il est moins cher d’acheter sur le marché un bien ou un service que de le
faire dans  l’entreprise.  Le mouvement  d’externalisation  s’est ainsi développé  depuis  les années
1980,   notamment   pour   les   services   aux   entreprises :   restauration,   nettoyage,   gestion   de
l’informatique   parfois   confiés   à   des   grands   groupes   eux­mêmes   concentrés   (Sodexho,   Cap
Gemini…) mais spécialisés dans leur domaine. Mais on retrouve les problèmes de coordination par
le marché : qualité, délais, confidentialité…
Externalisation   et   sous­traitance   peuvent   être   perçues   comme   une   forme   de   maintien   de   la
concentration tant les relations sont fortes entre donneur d'ordres et sous­traitants.
La taille peut diminuer (downsizing), mais pas nécessairement car dans le même temps le processus
de concentration sur l’activité spécifique de l’entreprise peut se poursuivre.
•Des formes plus légères et ponctuelles de concentration se développent aussi : collaboration sur un
produit, un projet de recherche, ou pour imposer une norme technologique (ex : joint venture entre
Rio Tinto et BHP Billiton sur le fer australien, coopération Peugeot­Fiat sur les monospaces…).
=>   d’une   manière   générale,   les  innovations   organisationnelles  apportent   des   réponses   à   ces
provlèmes.
2­3­2 Les PME majoritaires.
•La proportion de PME est toujours très majoritaire et relativement stable.
INSEE au 1er janvier 2007 en France :
2.925.000 entreprises dont :
1.745.000 sans salariés
983.000 avec 1 à 9 salariés (soit 93% des entreprises ont moins de 10 salariés pour 27% du CA…)
190.000 avec 10 à 250 salariés (soit  6,5% de PME pour 15% du CA)
5.500 de plus de 250 salariés (et seulement 450 de plus de 2000 salariés) mais 58% du CA
•Elles ne sont pas forcément moins efficaces.
­elles sont efficaces dans les secteurs avec de faibles économies d’échelle et où les investissements
initiaux ne sont pas trop élevés.
­les coûts d’organisation y sont plus faibles.
­elles   sont   aussi   le   lieu   d’innovations   en   attendant   un   processus   de   concentration :   les   grands
groupes  ont  commencé   comme  cela,  et  les  nouveaux  secteurs  s’organisent  autour  de  PME qui
croissent rapidement même si de grands groupes peuvent essayer de se reconvertir.
ex : dans les nouvelles technologies, les rendements sont très fortement croissants compte tenu de la
nature des produits (fort coût de recherche et développement, très faible coût marginal). L’exemple
classique est celui de Microsoft.
ex : dans l’industrie pharmaceutique aux Etats­Unis, les nouveaux médicaments mis en œuvre sont
souvent le fait d’entreprises de moins de 10 ans (50% d’entre eux contrairement à l’Europe et ils ne
seraient que 10%).
•Le renouvellement du tissu des entreprises se fait surtout “par le bas“ : les création concernent
naturellement des PME, les disparitions généralement aussi avec un taux de mortalité assez élevé.
ex : en France, entre 200.000 et 300.000 entreprises sont créées en France dans les années 2000, et
40.000 à 50.000 disparaissent chaque année. Le taux de survie à 3 ans est d’environ les deux tiers,
le taux de survie à 5 ans est d’environ la moitié.
2­4 L’exemple de l’industrie automobile française : de l’artisanat de luxe à la mondialisation.
Jean-Louis LOUBET, Histoire de l’automobile française, 2001
•Chronologie : Peugeot 1896, Renault 1899, Citroën 1915 (pour des obus…).
­les constructeurs sont d’abord engagés sur un marché de luxe, avec un travail très qualifié et bien
payé,   un   produit   très   individualisé.   Elles   font   une   sorte   de   “haute   couture“   avec   des   marges
considérables (20% pour Peugeot début 20ème). Dés la Belle Epoque cependant, Renault rachète dés
ses fournisseurs pour mieux contrôler les délais, les prix… (fonderie, carrosserie, huiles…).
­dés la fin des années 1920, les ¾ de la production sont assurés par les majors contre seulement le
tiers en 1919. La taille est croissante (26.000 ouvriers à Billancourt dés les années 1920).
­la crise des années 1930 est une période de recomposition comme souvent. Les petits constructeurs
finissent de disparaître, Citroën fait faillite en 1935 et repris par Michelin.
­les Trente Glorieuses le marché est stabilisé autour d’un oligopole à 3 français + 1 étranger (Simca
de Fiat puis Chrysler), encore concentré par l’Association Peugeot­Renault pour partager des coûts
de composants (notamment des moteurs communs).
­face à la crise des années 1980, une nouvelle étape est franchie avec la fusion Peugeot­Citroën dés
1976   puis   avec   Simca   en   1978   et   enfin   le   rachat   de   Faurecia   en   1998,   un   des   premiers
équipementiers mondiaux.
•La stratégie hésitante de Renault est éclairante :
­la course au volume dans les 20 Glorieuses.
­l’engagement dans la diversification tous azimut face au retournement de la conjoncture au milieu
des années 1970 (outillage, moteurs marins, cycles, lyophilisation du café…).
­le   recentrage   et   externalisation   après   la   quasi­faillite   du   début   des   années   1980.   Les   effectifs
fondent de 30% (de 80.000­100.000 personnes à moins de 60.000 personnes) et le point mort est
abaissé de plusieurs centaines de milliers de véhicules par an (minimum en 1986), comme chez
Peugeot (Poissy passe de 22.000 à 8.000 personnes).
­le passage à une taille mondiale avec les rachats de Nissan une sorte d’association) puis de Dacia et
Samsung, pour une production annuelle de 6 M de véhicules et un effectif de 130.000 personnes
chez Renault (PSA a aussi (re)grandit avec aujourd’hui environ 200.000 personnes dont 60.000
chez Faurecia et 3,4 M de véhicules produits).

3-Les stratégies sur les marchés.


3­1 Des marchés sous influence.
 3­1­1 Influencer par la taille   : la recherche du pouvoir.
La concentration est assez difficile à mesurer (la taille moyenne peut croître et la concentration des
parts   de   marché   diminuer)   et   souvent   sous­estimée   (opérations   non   vues,   contrôle   minoritaire,
relations personnelles…). Mais elle constitue de toutes façons une réduction du nombre des centres
de décisions et donc du nombre des acteurs sur un marché qui devient plus oligopolistique.
•La concentration est donc souvent liée à la recherche d'un pouvoir de marché, qui permet de peser
sur les prix, éventuellement avec des effets cumulatifs (les fournisseurs se regroupent face à un
client concentré).
ex : les centrales d’achat de la grande distribution, les groupes de BTP face à l’Etat acheteur, les
groupes miniers face à la demande chinoise.
La réduction du nombre d’acteur favorise les ententes, généralement sur un marché oligopolistique
et un produit assez homogène. Ces ententes sont fondamentalement instables : elles supposent que
des firmes accordent leurs vues (sur la demande, les évolutions technologiques…), et une fois le
prix augmenté, la tentation est forte de se comporter en free rider.
ex : les sidérurgistes pour des marchés de rails dés les années 1840 en France, ou les opérateurs de
téléphonie mobile récemment condamnés en France.
•Ce pouvoir prend souvent la forme de barrières à l'entrée sur un marché (soit une hausse du coût
d’entrée), contre des concurrents potentiels.
­l’investissement minimal nécessaire pour entrer sur un marché concentré avec de forts économies
d’échelles est élevé, car il faut produire au même coût que les acteurs présents, donc une grosse
quantité. Le ticket d’entrée est très élevé.
­l’intégration verticale des réseaux de distribution empêche ceux­ci de distribuer les produits de
concurrents (comme Singer, American Tobacco, Mc Cormick).
De   plus,   dans   une  approche   historique,   les   grandes   entreprises   sont   souvent   présentes   depuis
longtemps sur les marchés, ce qui lui confère des avantages sur les entrants potentiels :
­dans les activités de haute technologie aux rendements fortement croissants, il y a une  prime au
premier entrant, qui peut imposer en plus sa norme technologique.
­surtout, les effets d’apprentissage s’accumulent au cours de l’histoire de la firme, ce qui favorise là
aussi   les   premiers   entrés.   Cette   approche   n’est   pas   instantanée   (contrairement   aux   économies
d’échelle envisagées avec une stabilité des connaissances).
ex :   la   “courbe   d’expérience“   à   80%   signifie   qu’à   chaque   doublement   de   la   production,   une
économie de temps de 20% est observée, comme par exemple dans l’aéronautique.
•Les   grandes   entreprises   ont   les   moyens   de   faire   pression   sur   l’Etat   (surtout   si   les   dirigeants
entretiennent une proximité avec le pouvoir politique) pour infléchir la réglementation, avec un
comportement rent seeking. Souvent, les entreprises se regroupent alors en institutionnalisant leurs
relations par des structures.
Ex : au Japon, le  Keidanren  (Fédération japonaise des organisations  économiques)  né en 1946,
regroupe plus de 1000 entreprises, essentiellement les grandes. Il défend leur point de vue sur les
problèmes économiques et fait des propositions au gouvernement et au parti au pouvoir ; c’est un
lobby très puissant, aux avis très écoutés.
 3­1­2 Se différencier   : l’innovation.
•L’innovation est un autre moyen – majeur – d’échapper à la concurrence. C’est elle qui fait du
capitalisme, comme le souligne Schumpeter (1942) « une méthode de transformation économique »
qui n’est « jamais stationnaire ». C’est une forme de concurrence radicale, pas seulement par les
prix, qui « s'attaque, non pas seulement aux marges bénéficiaires et aux productions marginales
des firmes existantes, mais bien à leurs fondements et à leur existence même. »
Ainsi,   les   entreprises   cherchent   dés   le   début   à   recréer   une  hétérogénéité   du   marché  en   se
différenciant les uns des autres de manière à capter une demande, constituer des “niches“… En
d’autres termes, l’information est imparfaite ici aussi.
•On distingue plusieurs types de différenciation :
­la différenciation horizontale renvoie à des produits substituables : à prix égal, les consommateurs
choisiront l’un ou l’autre en fonction en de leurs préférences (par exemple la 206 et la Clio), ou en
fonction de la localisation géographique du vendeur (par exemple une pizzeria près et une pizzeria
loin).
­la différenciation verticale signifie que les produits sont de qualités inégales (donc qu’à prix égal
tous les consommateurs  préfèrent le produit de meilleure qualité). Il y a donc possibilité d’une
gamme de produits, plus ou moins dispersée (du bas de gamme au grand luxe).
­ces différenciations peuvent revêtir un caractère social, lié aux normes et aux pratiques culturelles,
à l’image dégagée par le produit (cf Veblen et la consommation ostentatoire).
•Ex de marché différencié : le marché automobile.
­dans l’entre­deux guerres, la multitude des artisans (Bugatti, Hotchkiss, Panhard…) continuent à
occuper un créneau de luxe ou demi­luxe à petite échelle, tandis que les grands tentent de sortir de
la crise avec des petites voitures comme le projet de 2 CV de Citroën finalisé seulement en 1939.
­la   production   de  masse  est  toujours   différenciée :  Renault  plutôt  populaire,   Peugeot  milieu   de
gamme, Citroën inclassable (la DS, mais aussi match 2 CV ­ voiture des années 1950 ­ contre 4 CV
Renault).
=> d’une manière générale, la différenciation est intimement liée au progrès technique.
3­2 L’impact sur la concurrence.
3­2­1 Le rôle de la concurrence.
•La conception traditionnelle de la concurrence (dite pure et parfaite) repose sur des hypothèses
restrictives parmi lesquelles :
­des acteurs nombreux sans pouvoir les uns sur les autres (atomicité), ce qui suppose la libre entrée
sur les marchés.
­des connaissances identiques pour tous les acteurs (information parfaite).
Dans ce contexte, les prix s’imposent aux acteurs, qui s’y adaptent sans pouvoir les influencer, ce
qui ignore toutes les possibilités stratégiques en la matière. C’est donc un modèle peu applicable en
réalité.
•Le monopole est critiqué car il conduit à une rente, c’est­à­dire un profit indu pour les entreprises,
et   la   concurrence   est   donc   un   frein   à   certains   effets   de   l’accumulation   capitaliste   comme   la
recherche à tout prix du profit.
Mais le monopole n’est pas seulement un problème de déformation de la répartition : comme le dit
Phelps, pourquoi les planteurs de laitue ne se coaliseraient­ils pas pour faire payer davantage le
consommateur du moment que cela n’entraîne pas une diminution des quantités produites ? Selon
quel critère de justice sociale devraient­ils eux renoncer à un peu de revenu ?
Le   problème   est   que  le   monopole   conduit   à  une  baisse   du  bien­être   global  faute   d’une   bonne
allocation des ressources, tandis que la concurrence conduit à un optimum.
=> on y trouve un  élément clé de l’idéologie libérale  en général, qui suppose la dispersion du
pouvoir et la décentralisation des décisions.
•Pour autant, le monopole [pris au sens large d’une entreprise ayant un pouvoir sur le marché et pas
au sens strict d’une entreprise unique] peut être intéressant.
­il  permet  de  stimuler  l’innovation. Schumpeter  souligne  l’importance  du monopole  temporaire
permis par la protection de l’innovation (par exemple par un brevet) pour en assurer la rémunération
avant diffusion [voir aussi les modèles à croissance endogène]. C’est donc l’Etat qui place – comme
souvent avec les réglementations (taxis, banques… ou ONA au Maroc) – une barrière à l’entrée.
Les   profits   tirés   du   monopole   peuvent   aussi   permettre   de   dégager   les   fonds   nécessaires   à   des
investissements incertains, notamment en recherche et développement.
ex : jusqu’à la fin des années 1970, AT&T avait un quasi monopole sur les télécommunications aux
Etats­Unis. Elles disposait des Bell Labs exceptionnels pour des innovations majeures (transistors,
logiciels…) financés par sa rente. L’éclatement en spins off sous l’impulsion du régulateur a permis
aussi l’essaimage des innovations.
­en   situation   de   rendements   croissants   continûment,   un   seul   producteur   est   plus   efficace   que
plusieurs qui multiplieraient les coûts fixes : c’est un monopole naturel. La concurrence est certes
assurée dans les secteurs à coûts et rendements constants, et dans les secteurs à coûts croissants i.e.
rendements décroissants.
•En fait, la concurrence apparaît comme un phénomène plein de contradictions.
­l’économie classique lui reconnaît un rôle positif (notamment sur les prix) alors que les entreprises
cherchent à s’y soustraire (par des barrières, par la concentration), comme le soulignait déjà Smith
qui critique « l’esprit de monopole » « des marchands et des manufacturiers » (livre IV chap. 3).
­les marchés sont censés parvenir à un équilibre entre offre et demande, alors que la concurrence
déclenche un phénomène fondamentalement dynamique qui est l’innovation.
=> ainsi, les effets de la concurrence poussent à sa disparition.
•Enfin, le modèle marchand n’épuise pas les relations entre acteurs concurrents, qui sont engagés
aussi dans des relations complexes.
Ex :   en   France,   le   syndicat   des   constructeurs   automobiles   est   né   dés   1898,   et   après   plusieurs
changements d’appellation est depuis 1990 le Comité des Constructeurs Français d’Automobiles
(CCFA).
Cette structure pérenne est à la fois lieu d’affrontements entre concurrents, mais aussi d’élaboration
de positions communes, notamment par rapport à l’Etat. C’est un  lobby  (action sur la législation,
sur la construction de routes, contre les opposants à la vitesse) et ainsi qu’une structure de partage
de l’information (par exemple pour l’apprentissage des marchés extérieurs).
Ex : dans les districts industriels italiens, les coûts de transaction entre clients et fournisseurs sont
diminués   grâce   à   l’habitude,   la   confiance   (et   donc   le   moindre   opportunisme)   qui   limitent
l’incertitude   et   rendent   les   contrats   plus   complets.   les   relations   marchandes   sont   clairement
encastrées dans des relations interpersonnelles anciennes..
=> la concurrence est donc modifiée.
 3­2­2 Un exemple de concurrence imparfaite   : la concurrence monopolistique.
Harold HOTELLING, Stability in competition, 1929
Edward CHAMBERLIN, La théorie de la concurrence monopolistique, 1933
Les  modèles  de concurrence imparfaite  sont nombreux, correspondant par exemple   à différents
types “d’imperfections des marchés“, comme le cas de produits non homogènes ou différenciés.
•Un premier modèle évoque la différenciation horizontale dans un duopole. Hotelling étudie les
comportements de deux entreprises qui se partagent une zone (par exemple deux marchands de
sandwichs le long d’une plage).
L’intensité de la concurrence dépend de la distance (il n’y a plus de différenciation s’ils son au
même endroit), d’éventuelles baisses de prix peuvent conduire à empiéter un peu sur la zone de
chalandise de l’autre… En tous cas, les décisions de l’une influent sur l’autre.
•Le modèle de concurrence monopolistique s’applique un marché différencié verticalement mais
avec des acteurs relativement nombreux.
­cette différenciation est un moyen puissant d’échapper à une guerre des prix, puisque pour chaque
niveau de qualité les vendeurs sont en fait relativement peu nombreux.
­le nombre de vendeurs et de produits dépend du niveau et la répartition des revenus : la gamme est
d’autant plus étendue que les revenus sont inégaux (mais chaque niveau de gamme est moins large),
tandis qu’une structure plus égalitaire de revenus permettra moins de différenciation et conduira
plutôt à un oligopole naturel…
•Dans tous les cas, « affronter la concurrence, c'est cultiver la différence » et rechercher un pouvoir
de marché.
­les acteurs peuvent influencer les prix (price maker au lieu de price taker).
­les acteurs s’influencent les uns les autres : il existe une interdépendance stratégique.
3­2­3 Les marchés contestables.
William BAUMOL, John PANZAR, Robert WILLIG, Contestable markets and the theory of industry structure,
1982
•De nombreux marchés sont dominés depuis longtemps par des oligopoles stables apparemment peu
concurrentiels, et avec des rendements croissants.
Pour autant, ce n’est pas forcément inefficace si les entreprises sont soumises  à la  concurrence
potentielle d’une acteur qui pourrait les concurrencer s’il entrait sur le marché. Elles doivent alors
maintenir des prix plus bas que ce qu’elles pourraient quitte à ne pas maximiser leur profit à court
terme (autrement dit, elles ont intérêt à partager leur rente avec les consommateurs).
•Pour que les entreprises en place soient soumises à cette pression potentielle, il faut que le marché
soit contestable par un nouvel entrant, ce qui est possible si :
­les barrières à l’entrée doivent être faibles.
­surtout les coûts de sortie (ou sunk costs ou coûts d’irréversibilité) doivent être nuls. Une entreprise
doit   pouvoir   récupérer   sa   mise   si   elle   veut   repartir.   C’est   un   hypothèse   restrictive,   car   les
investissements   en   infrastructure,   en   formation,   en   brevets…   peuvent   être   élevés   et   difficile   à
revendre.
Si ces conditions sont réunies et qu’aucun nouvel entrant ne se manifeste, c’est que les entreprises
du secteur même concentré n’abusent pas de leur position et qu’un concurrent ne peut pas faire
mieux. On dit que le marché est soutenable, bref, que la situation est efficace même en l’absence de
concurrence pure.
•Parmi les implications de ce modèle, on trouve les modalités de l’intervention publique :
­il   est   efficace   de   libéraliser   les   marchés,   sans   trop   se   préoccuper   de   la   réglementation   de   la
concurrence en termes de positions dominantes.
­il n’est pas nécessaire  de faire passer dans  la sphère publique certains  monopoles  naturels  du
moment qu’ils sont contestables.

CONCLUSION
•Le capitalisme  du 19ème  siècle était  plutôt atomistique, concurrentiel,  tandis  que celui du 20 ème
siècle est plus monopoliste avec de grands groupes qui ont un pouvoir important et des oligopoles
assez stables. Il s’organise, s’institutionnalise.
•La concurrence  n’a pas disparu, mais  elle  s’est transformée  et a changé d’échelle,  du marché
national à la mondialisation.
•L’analyse  plutôt  en termes  de  diversité  (très nettes  asymétries  entre acteurs  et entre  produits),
d’interdépendance stratégique (les firmes dépendent les unes des autres et agissent sur les marchés),
de dynamique plutôt que d’équilibre (les marchés ne sont pas des espaces de stabilité).
•L’entreprise est confrontée à des problèmes d’organisation.

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