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La hausse des ressources financières entre 2001 et 2013 cache des dysfonctionnements
au niveau de leur répartition. Les frais du personnel absorbent l’essentiel, face à une
faible exécution des budgets d’investissement et de matériels.
C’EST l’un des paradoxes qui plombent les efforts de l’Etat et expliquent les
défaillances qui caractérisent le système d’éducation nationale et d’enseignement
supérieur: «Les résultats enregistrés par le Maroc restent en deçà des moyens alloués
au secteur». C’est l’une des principales conclusions du rapport d’évaluation de la
charte nationale d’éducation, élaboré par le Conseil supérieur de l’éducation, de la
formation et de la recherche scientifique. En effet, «beaucoup de pays font mieux avec
moins de ressources», est-il indiqué. Au Maroc, les ressources financières allouées à
l’enseignement représentent 6,3% du budget de l’Etat (salaires non compris). En face,
l’espérance de vie scolaire ne dépasse pas 10,2 ans, contre une moyenne de 12 ans
dans des pays de niveau similaire. Il faut dire qu’au Maroc, le taux d’abandon scolaire
reste parmi les plus élevés, avec un impact négatif sur le budget public (voir encadré).
Globalement, le rapport du Conseil de Omar Azziman fait sortir une série de
dysfonctionnements qui caractérisent le financement du système éducatif. L’évolution
des ressources budgétaires n’est pas allée de pair avec les besoins.
Au niveau du collège, la hausse du budget par élève est expliquée par une
augmentation des dépenses de fonctionnement. Chaque élève au collège a coûté à
l’Etat 5.401 DH en 2011 contre 4.595 DH en 2001. Cependant, au secondaire
qualifiant, à savoir le lycée, les dépenses de l’Etat par élève sont en baisse. Là aussi,
les changements démographiques n’ont pas été anticipés par le gouvernement, dans la
mesure où le nombre des inscrits dans les lycées a fortement augmenté depuis 2006. Et
cette «hausse était plus importante que celle des effectifs des enseignants».
Conclusion, l’application de la charte a été relativement bénéfique au primaire et au
collège aux dépens du lycée.
Les efforts de l’Etat ont été largement concentrés sur ces deux cycles, comme cela est
souligné par l’évaluation effectuée par le Conseil de Azziman. Ce document fait
ressortir une autre aberration qui a marqué le système de financement. En 2005, les
frais relatifs à l’opération de départ volontaire ont été comptabilisés en tant que
dépenses de fonctionnement. Résultats, les données montrent une augmentation du
coût par élève au niveau de chaque cycle. Or, il s’agit là d’une hausse fictive.
Au niveau du supérieur, le budget global a plus que doublé entre 2001 et 2013, passant
de 4,18 milliards de DH à 9,66 milliards. Sauf que cette hausse cache une grande
disparité au niveau de la prise en charge des dépenses de formation en fonction des
filières.
De façon générale, le rapport met l’accent sur un écart des coûts par étudiant entre les
branches régulées et non régulées. Pour les filières à accès réglementé, comme les
facultés de médecine, les grandes écoles et les instituts des ingénieurs, les dépenses par
étudiant sont 3 fois plus élevées que dans les autres branches, notamment des sciences
économiques, juridiques et sociales. Cela s’explique notamment par «les taux
d’encadrement qui sont meilleurs dans les établissements régulés». Sauf que ces
derniers ont également vu le budget alloué à chaque étudiant baisser durant les
dernières années. Car, l’évolution du nombre des inscrits a été plus importante que
celle des ressources mobilisées. «Les initiatives de 10.000 ingénieurs et 3.300
médecins à l’horizon 2020, ainsi que l’incitation des autres établissements à accès
régulé à admettre plus d’étudiants ont induit une forte augmentation des effectifs, sans
une progression adéquate des ressources financières». Or, il s’agit de filières de
formation de profils pointus, qui nécessitent la mobilisation de moyens pour assurer
les résultats escomptés. Mais il faut dire que la situation est pire dans les branches non
régulées, notamment les facultés qui ont vu leurs effectifs doubler entre 2001 et 2011.
Or, «cette tendance à la hausse, qui va se poursuivre, n’a pas été suivie par une
augmentation des ressources au même rythme».