N° 36 DÉCEMBRE 2019
ÉDITO
Ce qui se passe dans le corps
quand on s’embrasse
En couple depuis longtemps, il arrive que l’on néglige de
s’embrasser. Pourtant, le baiser a des pouvoirs stupéfiants.
Dans les contes, il a celui de transformer un crapaud en
prince charmant ! Sans aller jusque-là, le baiser amoureux
déclenche un maelstrom de réactions chimiques qui se
répercutent dans tout le corps. Pour son plus grand bien.
Dès que vos lèvres en touchent d’autres, le cerveau libère
un flot de substances : l’ocytocine (l’hormone de l’attache-
ment, voilà pourquoi s’embrasser souvent aide à solidifier
une relation), la sérotonine et la dopamine, associées au
bien-être. En parallèle, la sécrétion du cortisol, l’hormone
du stress, diminue. Une étude a ainsi révélé qu’un couple
s’embrassant souvent avait une meilleure résistance stress.
Mais le baiser a d’autres retombées inattendues. Il amé-
liore l’immunité et réduit le risque de réactions aller-
giques. Sans doute grâce aux 80 millions de bactéries
échangées lors d’un bouche-à-bouche langoureux ! Il aide
à réduire la pression artérielle en dilatant les vaisseaux
sanguins, tout en relâchant de l’adrénaline dans le sang ce
qui accélère son flux. Un long baiser stimule enfin la pro-
duction de salive, l’une de nos meilleures armes contre les
caries ! Vous m’excuserez, ce n’est plus très romantique.
Laissez-moi juste terminer sur cette information : la salive
de l’homme contient de la testostérone, qu’il transmet à sa
compagne via les muqueuses buccales, augmentant chez
elle l’appétit sexuel et préparant la « suite » ! Laquelle est
également excellente pour la santé et la longévité, comme
vous allez de voir. Alors n’hésitez plus, prenez votre par-
tenaire dans vos bras, faites-lui des câlins, embrassez-le ou
la. Vous y gagnerez sur tous les tableaux !
Élisabeth Honoré
DOSSIER
Préserver la symphonie hormonale
pour une vie intime épanouie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
FORME ET VITALITÉ
Votre périnée est-il tonique ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
INTERVIEW DE MARIE DE HENNEZEL
Quand vieillir libère la tendresse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
EXERCICES
11 minutes par jour pour être en forme olympique. . . . . . 12
COIN COSMÉTO
Un gel lavant respectueux des peaux sensibles . . . . . . . . 15
Préserver la symphonie
hormonale pour une vie
intime épanouie
Il est normal que l'activité sexuelle soit moins
intense à 60 ans qu'à 20 ans. Mais les personnes
en bonne santé peuvent entretenir des relations
tout à fait satisfaisantes pendant très longtemps.
Par le Dr Jean-Luc Morel
médecin anti-âge
Si le couple a perdu sa complicité, inutile d'attendre un
miracle d'un traitement hormonal substitutif (THS).
Inversement, il ne faudra pas demander à un individu
aux glandes surrénales épuisées par le stress chronique
ou dépressif (l'un mène souvent à l'autre) de satisfaire un
partenaire tous les soirs. Corps et esprit doivent trouver
un équilibre qui permettra une sexualité épanouie, malgré
l'âge qui avance.
En tout cas, s'il n'y a pas de remède miracle, il n'y a pas
non plus de fatalité, et des moyens existent pour amélio-
rer cet état de fait, somme toute assez banal après la qua-
rantaine
Avant tout, comprenons bien que, comme le corps et l'es-
prit, les hormones et les pensées sont liées. Les unes ne vont
pas sans les autres. L'amour favorise la production d'ocyto-
cine, le fantasme celle de dopamine, par exemple. Cela ne
veut pas dire qu'en prenant ces hormones, on tombe amou-
reux. Ça fait l'affaire de certains médias, mais ce n'est pas la
réalité. Ce serait trop simple.
Cependant, il serait possible que l'élévation (naturelle ou
artificielle) des taux d'hormones favorise les choses dans
une certaine mesure. On retrouve un peu partout, dans notre
organisme, cet effet de réciprocité. Et cela explique peut-
être les résultats divergents des études scientifiques à ce sujet.
Le mieux est de jouer sur tous les tableaux.
DOSSIER
Pourquoi la libido diminue
avec l'âge
La nature a prévu de favoriser la survie de l'espèce humaine en
maintenant des taux d'hormones sexuelles élevés pendant une
cinquantaine d'années seulement. Au-delà, apparaissent méno-
pause et andropause. Dame Nature estime que nous avons eu
suffisamment de temps pour concevoir dans de bonnes condi-
tions de santé et de forme, et donc de perpétuer l'espèce.
Il semble donc « naturel » que l'activité sexuelle diminue
après la cinquantaine. Il ne faut pas vouloir garder sa
sexualité de 20 ans toute sa vie, mais il n'y a pas de raison
pour que tout s'arrête non plus. C'est comme le 100 mètres
en courant : on le fait moins vite à 60 ans qu'à 20.
On peut voir la sexualité sous un double aspect :
■■ vouloir (le désir). Cette envie de sexe est surtout liée à
l'attachement que l'on éprouve pour une personne (lié à
une hormone : l'ocytocine), mais aussi à la nouveauté et à
la réalisation (dopamine) ;
■■ pouvoir (la fonction physique). Le fonctionnement des
organes sexuels est lié, lui, à la forme générale, à la santé
et, en particulier, aux hormones sexuelles (testostérone
d'abord, chez l'homme, bien sûr, mais aussi, chez la
femme, DHEA, œstradiol…), à la circulation sanguine, à
une bonne production d'adrénaline, à l'état du système
cardiovasculaire et neurologique…
Ces deux aspects sont nécessaires à la fonction sexuelle et
à la libido. Si l'on ne veut pas (pour diverses raisons), ça ne
marchera pas. Si l'on ne peut pas, ça ne marchera pas non
plus. Tout est intriqué.
L'objet de cet article n'est pas de vous expliquer les
méandres de notre moi inconscient ou d'entrer dans la
psychothérapie du couple. En revanche, nous allons voir
comment il est possible d'optimiser au mieux cette fonc-
tion physique, en sachant que cela aura aussi un impact sur
le désir. Bien entendu, cet effet de réciprocité varie d'une
personne à une autre, et il est difficilement mesurable.
2
Psychologie de la monotonie
Pour l'être humain du XXIe siècle, la libido n'est plus
seulement liée au processus de reproduction pour
la survie de l'espèce. On peut dire qu'elle s'est céré-
bralisée. C'est à la fois une bonne et une mauvaise
chose pour ceux dont l'âge avance.
■■Le mauvais côté : si les sentiments s'émoussent dans
le couple ou que quelques frictions apparaissent,
et si la vie à deux devient trop routinière, voire
ennuyeuse, la sexualité va en pâtir rapidement.
■■Le bon côté : notre cerveau et nos pensées
(pensées positives, projets communs, complicité,
désirs et fantasmes et, bien sûr, relation d'amour)
peuvent très bien stimuler notre libido à tout âge.
Ne nous leurrons pas cependant : pour que tout
fonctionne toujours comme à l'adolescence (mais ce
n'est pas forcément ce que nous demandons !),
il faudrait à la fois les mêmes niveaux d'hormones, le
même entrain, la même vigueur et le même esprit de
découverte et d'excitation devant la nouveauté.
La baisse de forme et l'épuisement
des glandes surrénales
Un des facteurs majeurs du manque de libido, que l'on peut
également constater chez l'individu jeune, est l'état de surme-
nage ou de fatigue accumulée, notamment en cas d'épuise-
ment des glandes surrénales par le stress chronique.
Les surrénales fabriquent aussi des hormones sexuelles, et
lorsqu'elles sont trop occupées à la production d'hormones du
stress (notamment, le cortisol), celle d'hormones sexuelles
s'en ressent. Cela est physiologiquement « normal » : le corps
d'un individu stressé réagit par la lutte ou la fuite, pour les-
quelles il va mobiliser toute son énergie. En effet, si un quel-
conque prédateur est dans le coin, ce n'est pas le moment de
penser à la galipette !
Ces maladies qui affectent la sexualité
Certains troubles de la santé peuvent apparaître
avec l'âge et avoir une influence négative sur la
sexualité. Il s'agit, en particulier, des pathologies
suivantes :
■■syndrome métabolique ;
■■diabète et obésité ;
■■hypothyroïdie ;
■■hyperlipidémie (trop de graisses dans le sang) ;
■■hypertension artérielle et artériosclérose ;
■■maladies neurologiques : Parkinson, neuropathies…
De plus, toute affection psychologique accompa-
gnée d'anxiété ou d'un état dépressif est à traiter
avant toute chose pour retrouver la libido.

La baisse de production hormonale
Vers la cinquantaine, et d'une façon plus flagrante pour
la femme avec la ménopause, la production d'hormones
sexuelles diminue. Cela a un double impact :
1.  sur la baisse du désir sexuel ;
2. sur la fonction sexuelle, qui est moins bonne (essen-
tiellement, l'érection chez l'homme et la lubrification
vaginale chez la femme).
Le deuxième effet va aggraver le premier, avec au final une
baisse de la fréquence des rapports. Quand l'acte sexuel
devient difficile, voire pénible, il est normal de ne plus en
avoir envie. On comprend ainsi aisément qu'il est logique
de traiter ces deux aspects de la chose en même temps.
Pour accroître la libido, on cherchera donc, chez l'homme
comme chez la femme (et outre les aspects de santé et de
psychologie vus plus haut) :
■■ à faciliter le flux sanguin dans les parties génitales ;
■■ à rehausser les activités de la testostérone, de la dopa-
mine, voire de l'ocytocine. (Nous parlons ici de ramener
des taux trop bas vers la norme, et non de faire des sujets
boostés aux hormones.)
Ces deux effets agiront en même temps sur la fonction
sexuelle et l'état des organes génitaux, tout comme sur la
composante cérébrale. Ce sont d'ailleurs les effets principa-
lement recherchés par les remèdes « aphrodisiaques » tradi-
tionnels, le plus souvent à base de plantes.
Notez aussi que la sédentarité et le manque d'exercice phy-
sique sont des facteurs de libido en berne. L'exercice physique
participe à la bonne production d'hormones et de neuromé-
diateurs, à un meilleur moral, une meilleure circulation san-
guine, etc.
Les hormones du désir
et de la fonction sexuelle
Rappelons que le fonctionnement hormonal est un tout.
Chaque hormone exerce ses propres effets, mais aussi des
impacts sur les autres. Celles qui sont citées ici sont forte-
ment « liées » à la libido, ce qui veut dire qu'elles augmentent
ou baissent avec elle. D'autres hormones sont également
impliquées, mais beaucoup moins. Nous n'en parlerons pas.
En ce qui concerne les hormones sexuelles, comprendre les
deux séquences de transformation suivantes, qui se pro-
duisent dans notre corps, est primordial :
Pregnénolone -> DHEA -> Testostérone -> Œstrogène
et
Pregnénolone -> Cortisol
DOSSIER
Au commencement étaient
la pregnénolone et la DHEA
Ces deux hormones (certains parlent de « précurseurs hormo-
naux ») voient leur production baisser avec l'âge. En consé-
quence, la testostérone, qui en dérive, baissera également. Il
a été démontré que la prise de DHEA pouvait améliorer la
libido, surtout chez les femmes (Pr É. Beaulieu).
De plus, comprenez bien que si vos glandes surrénales s'épuisent
à fabriquer du cortisol (le plus souvent à cause du stress chro-
nique), il restera moins de pregnénolone pour faire de la DHEA,
qui donnera de la testostérone, etc. Il apparaît bien que, dans ces
cas, le problème n'est pas que « dans la tête », mais est aussi lié à ce
mauvais fonctionnement hormonal.
La testostérone : l'hormone
de la puissance sexuelle…
chez la femme aussi
Connue comme « hormone mâle », elle est pourtant bien pro-
duite chez l'homme comme chez la femme. La différence est
qu'elle se transforme principalement en œstrogène chez la
femme, mais très peu chez l'homme. C'est l'hormone de la
puissance sexuelle et de l'excitation, qui accroît la libido
pour les deux sexes. Aussi, les traitements substitu-
tifs à la testostérone se font chez l'homme comme chez la
femme (à des doses différentes, bien sûr).
Un taux normal de testostérone favorise la puissance sexuelle
et les érections nocturnes chez l'homme. Un taux sanguin
normal correspond à 50 à 280 pg/ml chez l'homme, et à
2-15 pg/ml chez la femme. Hausser les niveaux au-delà de la
norme n'apporte pas de changement significatif. À l'inverse,
remonter les taux lorsqu'ils sont trop bas aide à retrouver la
fonction sexuelle.
Les traitements à base de testostérone (avec ou sans œstrogènes
associés) ont montré une amélioration de la capacité sexuelle
chez les femmes ménopausées ou hystérectomisées.
La testostérone multiplie les transporteurs de la dopamine,
ce qui permettrait à cette dernière d'accroître le désir sexuel.
Cela montre que l'effet des hormones est lié et complexe.
La baisse de testostérone est souvent associée à la perte de
muscle et à la prise de masse grasse, à une diminution de
l'esprit de compétition et de l'agressivité, à l'apparition de la
dépression.
Ocytocine : l'hormone de l'attachement
Cette hormone a fait couler beaucoup d'encre il y a quelques
années, tant on lui a prêté d'effets merveilleux :
■■ elle rend amoureux, heureux et sociable ;
■■ elle intensifie le plaisir, la libido, la prise de muscle, etc.
3
DOSSIER
Depuis, les études scientifiques se sont contredites et, après
avoir mis l'ocytocine à un peu toutes les sauces, nombreux ont
été déçus par les résultats. Il semblerait qu'il y ait eu un embal-
lement médiatique, et surtout que la production d'ocytocine
soit autant l'effet de ces états que leur cause, sinon plus.
Quand je suis amoureux, mon cerveau produit de l'ocytocine
et ma libido grandit. D'accord, mais ce n'est pas parce que je
donne de l'ocytocine à mon cerveau que je vais tomber amou-
reux de ma voisine et lui courir après. Le raccourci était un
peu simpliste, bien que pas totalement faux non plus. On l'a
dit : l'équilibre neuro-endocrinien est un tout, requérant les
bonnes pensées, les bons neurones, les bonnes glandes, les
bonnes productions hormonales.
Voici néanmoins ce qui est généralement admis au sujet de
l'ocytocine :
■■ Les souris femelles dépourvues de récepteur à l'ocytocine
montrent une perte d'intérêt pour les mâles, notamment
pendant les phases sexuelles de leur cycle.
■■ L'injection intracérébrale d'ocytocine chez le rat
déclenche des érections.
■■ Elle est relarguée dans le cerveau pendant l'orgasme.
■■ Elle accroît le sentiment de bien-être, et renforce l'attache-
ment du mâle pour sa partenaire féminine.
■■ Elle fortifie l'attraction amoureuse et la fidélité chez l'ani-
mal monogame.
■■ Elle réduit l'anxiété et renforce la sensation de calme et de
sécurité en compagnie.
■■ Son apport développe la confiance, la générosité et l'em-
pathie.
À l'heure actuelle, la supplémentation en ocytocine existe en
spray sublingual et en injections. Mais son recours dans le cas
de la libido n'est pas constamment efficace et pas vraiment
codifié.
Dopamine : le neurotransmetteur
de la créativité et du désir sexuel
La dopamine est, plus exactement, un neuromédiateur (un
genre d'« hormone du cerveau »). Elle est étroitement liée aux
hormones. En particulier, la testostérone, la DHEA, l'hor-
mone de croissance, les hormones thyroïdiennes, l'œstra-
diol… vont favoriser sa production.
La dopamine est le neuromédiateur de la concentration,
du passage à l'action et de l'attention. Elle amplifie la créa-
tivité et le désir sexuel. C'est l'hormone du système plaisir-
récompense. Elle favorise les échanges avec les personnes de
l'entourage et participe à l'attachement amoureux.
La dopamine joue un rôle important dans le désir sexuel et
l'érection. Les remèdes stimulant les récepteurs à dopamine
favorisent l'érection chez l'homme sain comme chez celui en
perte de puissance.
4
Les traitements pour hausser les taux de dopamine sanguine
sont utilisés essentiellement contre la maladie de Parkinson
et certaines dépressions nerveuses. On constate parfois des
effets étonnants sur la libido, en pratique médicale, même
à des âges très avancés. Mais cela n'en fait pas vraiment des
traitements contre la baisse de libido.
Un traitement substitutif est un engagement pour un traite-
ment au long cours, car à partir du moment où l'on apporte
une hormone au corps, il a tendance à ne plus en fabriquer,
ou moins.
Vous avez tout intérêt à maintenir
une sexualité active
Conserver sa libido et avoir une activité sexuelle
régulière constituent des facteurs de longévité.
La médecine ayurvédique enseigne depuis long-
temps qu'une sexualité épanouie est bonne pour la
santé. Les études scientifiques ont, depuis, vérifié
ces faits.
En 2013, le Dr David Weeks a présenté à la British
Psychological Society une étude démontrant qu'une
activité sexuelle régulière pouvait ralentir le vieillisse-
ment. Les participants de l'étude dont la sexualité était
plus intense paraissaient plus jeunes que leur âge.
En fait, l'action « rajeunissante » viendrait des hor-
mones produites en quantité lors de l'acte sexuel,
principalement : ocytocine, sérotonine et dopamine.
En 2017, il a été constaté que les sujets d'âge mûr
ayant une meilleure libido et plus de rapports sexuels
avaient de meilleures performances cérébrales.
Améliorer sa libido en pratique
Comme nous l'avons vu plus haut, nous ne parlerons pas ici
de l'aspect psycho-relationnel des choses, mais de ce qu'il est
possible d'améliorer dans les fonctions du corps, malgré l'âge.
Entretenir une belle vitalité
et sa forme en général
L'exercice physique. Sans entrer dans les détails, on
connaît son importance pour stimuler la production hormo-
nale, tout comme la circulation sanguine et la forme en géné-
ral. Des études sont citées plus bas.
Le sommeil. Il est essentiel à la production des hormones,
à tous les mécanismes d'auto-entretien et de réparation du
corps ainsi qu'au maintien d'une bonne humeur. Il faut en
faire une priorité.
L'alimentation. Avant tout, il faut veiller à ne pas manquer
des nutriments importants ici : le magnésium, le zinc, le sélé-
nium et les vitamines E, D, A et B6, qui sont impliquées dans
le métabolisme des hormones sexuelles. Quelques règles de
base sont à respecter :
 DOSSIER

■■ Évitez les sucreries, le sucre ajouté en général, et rédui- naturel du corps. Les remèdes allopathiques bien connus
sez votre consommation de glucides à index glycémique (Viagra, Cialis, Levitra…) fonctionnent ainsi.
élevé (céréales et leurs farines : pain, pâtes, viennoise-
ries…). Ces aliments favorisent le phénomène de glyca- Restaurer le terrain hormonal
tion (une sorte de caramélisation des protéines du corps),
C’est un pilier majeur de la fonction sexuelle et de la libido.
rendant les tissus moins souples et diminuant ainsi la
Voici comment agir plus spécifiquement sur chaque hor-
circulation sanguine. Notez que ce phénomène est très
mone. Il faut commencer par éviter les perturbateurs
accentué par la cuisson à forte température des aliments
hormonaux, hélas particulièrement présents aujourd'hui
(grillés, roussis, gratinés…).
dans notre environnement. La plupart ont un effet œstro-
■■ Mangez plus de bonnes graisses. Les régimes pauvres
génique (matières plastiques, hydrocarbures, pesticides…),
en graisses abaissent les niveaux de testostérone en parti-
et sont encore plus perturbateurs pour l'homme en ce qui
culier. Les bonnes graisses sont en général trop absentes de
concerne la libido. En outre, le BPA des matières plastiques
notre alimentation (surtout oméga 3, mais aussi graisses
fait baisser les niveaux d'ocytocine au fil des générations.
mono-insaturées et graisses saturées de bonne qualité, non
industrielles). N'oublions pas que les hormones sexuelles Booster sa testostérone
sont fabriquées à partir du cholestérol. Ce dernier est éga-
Chez l'obèse, quatre heures d'exercice par semaine peuvent
lement nécessaire à la production d'ocytocine.
faire grimper le taux de testostérone de 250 % par rapport
■■ Notons aussi qu'un régime riche en protéines ET en
à celui qui n'en fait que deux. L'exercice aérobique modéré,
extraits d'huile d'olive a montré de bons résultats chez
pratiqué 200 minutes par semaine, permet d'améliorer le
le rat : en accroissant la testostérone de 300 % et en rédui-
taux de testostérone et la fonction sexuelle.
sant les niveaux de cortisol sanguin.
Un bon sommeil, suffisamment long, favorise une meilleure
production de cette hormone.
Aliments stimulant la libido
La prise de DHEA accroît la testostérone de 200 % chez
Traditionnellement, certains aliments sont réputés
améliorer la libido (liste non exhaustive) : l'homme d'âge moyen et de 180 % chez l'homme jeune lors-
■■œuf, avocat, graisse de coco, huile d'olive ; qu'elle est associée à une pratique d'exercices par intervalles
■■fruits de mer, huîtres, saumon ; de haute intensité (HIIT). Elle l'augmente aussi sans faire
■■céleri, brocoli, chou frisé, épinards ; d'exercice de haute intensité après 40 ans, mais quasiment
■■fruits de la passion, banane ;
■■curcuma, poivre, gingembre, ail… pas chez l'homme jeune.
En fait, pour la plupart d'entre eux, les explications En cas de déficience en vitamine D, une complémentation
sont aujourd'hui données par la science : effet fait monter la testostérone de 25 % chez les hommes en sur-
anti-aromatase pour certains, élévation d'hormones
(ou aide à leur production) pour d'autres, vasodila-
poids. De même pour le zinc. Le bore en complémentation
tation, etc. Les aromatases sont des enzymes élèverait les niveaux de testostérone comme d'estradiol.
du corps permettant la conversion de testostérone
en œstrogènes. Parmi les plantes à effet anti-aromatase, citons l'ortie, le rai-
sin, le fruit de la passion (surtout en association avec la pipé-
Les aliments suivants ont d'ailleurs montré dans
des études leur action inhibitrice sur les aroma- rine du poivre). L'avoine et l'ortie favorisent la libération de
tases : curcuma, gingembre rouge, thé vert, réglisse la testostérone par sa protéine porteuse (la SHBG), ce qui la
et raisin (resvératrol)… rendrait plus active.
Parmi les grands classiques des médecines traditionnelles
Améliorer la circulation génitale dont les effets ont été constatés par des études scientifiques,
citons le tribulus, l'ashwaganda, la maca, le ginseng, le gin-
Un apport accru de sang dans les parties génitales favorise
gembre, le tongkat ali… Personnellement, j'aime bien le
la fonction sexuelle (en particulier, l'érection). Certaines
gingembre, pour sa simplicité d'emploi, et le tongkat ali, qui
plantes activent la circulation sanguine. Ces vasodilatateurs
apporte dans ma pratique des résultats plus constants que les
naturels dilatent les artères, accroissant ainsi le flux sanguin :
autres.
gingko biloba, tongkat ali, yohimbe… Il faut noter que sou-
vent ces plantes ont une action double : sur le terrain hormo- Ensuite, comme on l'a vu plus haut, un traitement d'apport
nal et sur la circulation sanguine génitale. hormonal est possible. Pour ma part, je le conseille en seconde
intention, lorsque les mesures précédentes n'ont pas suffi. Il
L'arginine est un acide aminé favorable à l'augmentation
est vrai que ses effets sont souvent radicaux.
d'oxyde nitrique (NO), lui-même un puissant vasodilatateur

5
DOSSIER
Ces traitements doivent être employés à bon escient (et
sous le contrôle d'un médecin) : réservés aux personnes qui
en ont vraiment besoin, après dosages sanguins, évaluation
des symptômes cliniques, à des doses raisonnables (les plus
faibles pour obtenir un résultat sans effet secondaire)…
Accroître son ocytocine
La stimulation sexuelle, quelle qu'elle soit, va augmenter
l'ocytocine. Lors de l'orgasme, une grande quantité en est
relâchée dans le corps. Les caresses, le toucher, la stimu-
lation des mamelons, accroissent également cette hor-
mone, tout comme le fait de tomber amoureux.
Voici quelques pratiques susceptibles d'élever votre niveau
d'ocytocine :
■■ écouter de la musique douce ;
■■ faire de bonnes rencontres sociales ;
■■ la méditation ;
■■ la stimulation du nerf vague (par la cohérence cardiaque,
par exemple) ;
■■ les douches chaudes et la chaleur en général ;
■■ la pratique du yoga ;
■■ le fait de respirer des senteurs de jasmin ou de lavande…
Certains aliments comme le chocolat noir et le fenugrec
ont montré des effets en ce sens.
Un bon niveau de magnésium (un taux normal de magnésium
se mesure de façon plus fiable avec le magnésium intra-érythro-
cytaire, c'est-à-dire dans les globules rouges : de 1,6 à 2,45 mmol/
litre) est nécessaire à la fonction de l'ocytocine, tout comme celui
de cholestérol (pas moins de 1,6 g/l). Rappelons que les carences
en magnésium sont, de nos jours, très répandues.
De fortes doses de vitamine C (3 g/jour) et de caféine
peuvent aussi élever l'ocytocine.
La vitamine D, que certains considèrent comme une hor-
mone, favorise la production d'ocytocine, comme tout ce qui
fait baisser le cortisol.
Pour moi, l'ocytocine n'est pas un standard du traitement
de la baisse de la libido. Néanmoins, stimuler sa production,
voire complémenter, peut être intéressant pour certaines
personnes. Il est possible qu'il s'agisse de sujets présentant
une carence d'émotions affectives, qui ont du mal à créer des
liens, du contact physique… En choisissant et en adaptant les
traitements en fonction du profil de chaque personne, ceux-ci
seront plus pertinents et marchent généralement mieux.
Stimuler sa dopamine
Tout ce qui va évoquer la notion de récompense et de plai-
sir va favoriser la production de dopamine dans le cerveau :
découverte, nouveauté, gain, action dans un but particu-
lier, acquisition…
6
Les acides aminés phénylalanine et tyrosine sont les précur-
seurs de la dopamine dans le corps. Ils peuvent être pris en
complémentation alimentaire, mais, a priori, ils n'agiront
que si le corps est en carence de ceux-ci, ou les absorbe mal.
En pratique, on suspecte une carence d'après certains symp-
tômes liés au mauvais métabolisme de la dopamine :
■■ perte d'intérêt sexuel ;
■■ manque d'énergie et de tonus ;
■■ tendance à l'isolement, avec moins de contacts ;
■■ difficultés à se concentrer ;
■■ manque d'intérêt, non-motivation, moins de projets ;
■■ addiction à des activités répétitives ;
■■ manque de confiance en soi ;
■■ envies d'aliments sucrés…
Les problèmes d'absorption sont, en principe, liés aux
troubles digestifs chroniques divers.
On trouve ces acides aminés en concentration importante
dans les aliments suivants :
■■ Tyrosine : canard, dinde, germes de blé, porc, gibier, pou-
let, œuf, chocolat, avoine…
■■ Phénylalanine : canard, dinde, germes de blé, haricot
mungo, noix, porc, poulet, œuf, chocolat, avoine, gibier…
La vitamine C, B6, et celles du groupe B en général sont néces-
saires au métabolisme de la dopamine.
Certaines plantes sont intéressantes pour stimuler l'activité
dopaminergique : Mucuna pruriens (qui me semble la plus
puissante), guarana, Avena sativa (l'avoine)…
Conclusion
La baisse de la libido avec l'âge est un phénomène complexe
où s'intriquent sentiments, hormones et forme physique. Il
n'y a pas de traitement miracle ni universel, et la prise systé-
matique d'un remède « standard » n'apporte pas toujours les
résultats escomptés.
Néanmoins, avec un peu de logique, il est possible de rééqui-
librer les principales fonctions sexuelles en analysant ce qui
fonctionne le moins bien chez chaque personne, pour agir
dessus en priorité. C'est là que se fait toute la différence : lors-
qu'on replace la pièce manquante du puzzle. C'est là que l'art
d'un bon thérapeute interviendra, en découvrant les carences
de ces fonctions chez chaque individu, de façon à les combler
et à obtenir des résultats optimaux. 
Jean-Luc Morel
Les sources scientifiques de cet article sont disponibles ici :
https://sni.media/kPzd

Votre périnée est-il tonique ?
Le plaisir féminin reste un mystère à plus d'un titre. Il n'a rien de « mécanique ». Pour autant, il ne faudrait
pas négliger le rôle d'un périnée tonique dans une vie sexuelle satisfaisante (chez la femme comme chez
l'homme, d'ailleurs). Une piste à travailler pour l'améliorer !
Par
Valérie
Colletta,
professeur
de Pilates
En voulant aider les
jeunes accouchées face
à leurs problèmes
d'incontinence urinaire,
le gynécologue alle-
mand Kegel (voir le n° 28
du mois de mars) s'est
aperçu que sa méthode
consistant à leur faire
travailler leur plancher
pelvien les aidait aussi
à retrouver plus
rapidement une vie
sexuelle satisfaisante,
voire meilleure qu'avant
l'accouchement !
Exercice
Accessoires : 1 tapis, 1 gros
ballon, 1 coussin pour le prélude
(facultatif)
Durée : 5 minutes 1 à 2 fois/
semaine
Remarque : Cet exercice est
aussi recommandé pour la
femme enceinte, car il soulage
les douleurs du dos, et pour la
rééducation du périnée après
un accouchement.
Bien sûr, il ne suffira pas si d'autres pro-
blèmes vous empêchent de profiter plei-
nement de votre relation amoureuse.
Mais, pratiqué régulièrement, cet exer-
cice simple libérera le mouvement du
bassin et tonifiera le périnée. Vos rela-
tions auront une chance d'être l'occasion
de moments de partage plus intenses et
plus profonds, en termes d'émotions, de
sensations, de plaisir…
1. Prélude à l'exercice : En position
allongée, coussin sous la tête, jambes
repliées, visualisez la contraction du
muscle du vagin et du sphincter, puis
son relâchement. Alternez contraction/
relâchement 8 à 10 fois.
2. Position de base : Assise au centre
du ballon (positionné à l'arrière du tapis),
pieds posés à plat, ancrés au sol, jambes
écartées de la largeur des hanches,
genoux au-dessus des chevilles (afin de
solliciter les muscles profonds de votre
sangle abdominale). Inspirez par le nez,
contractez le périnée, allongez la taille
en contractant le ventre vers le haut,
comme si vous vouliez le plaquer contre
la colonne, afin de vous auto-grandir,
sommet du crâne vers le ciel. Puis expi-
rez par la bouche, en cherchant à resser-
rer encore un peu plus votre sangle abdo-
minale, comme un corset.
FORME ET VITALITÉ
3. En inspirant, et en gérant l'appui au
sol de vos pieds, engagez un mouvement
de votre bassin vers l'avant, en position
de rétroversion (bas du dos arrondi, mais
haut du dos redressé, Figure A) ; puis
vers l'arrière en expirant, position d'an-
téversion (ischions dirigés vers l'arrière,
Figure B). Le mouvement sera libre seu-
lement si vous pensez à vous étirer.
4. Toujours sur l'inspiration et sur l'ex-
piration, engagez ensuite votre bassin
de la droite vers la gauche, sans bouger
vos épaules, afin de rester assez gainée
(Figure C).
5. Finissez l'enchaînement en reliant
les cinq points (devant, côté, arrière,
côté, centre). Alternez le sens de rota-
tion : dans le sens des aiguilles d'une
montre, puis dans l'autre, l'aller en ins-
pirant et le retour en expirant.
Le mouvement devient alors assez
ludique et pourra se répéter 6 à 8 fois de
chaque côté !
Ce mouvement, bien maîtrisé, rendra de
la mobilité à vos hanches et à votre bas-
sin. Un bassin mobile permet un meil-
leur contrôle sur la contraction périnée/
vagin (plus musclé, plus tonique), pour le
plus grand plaisir de votre partenaire…
et du vôtre ! 
7
INTERVIEW
Quand vieillir libère la tendresse
Et si l’âge était le gage d’une sexualité plus épanouie ? C’est, en tout cas, l’avis de la psychologue Marie
de Hennezel. À condition toutefois d’accepter d’embrasser une « sexualité autre » ! À la clé : tendresse,
amour et complicité.
Marie de Hennezel est psycho-
logue clinicienne. Elle a travaillé
pendant dix ans dans la pre-
mière unité de soins palliatifs de
France, créée en 1987 à l’hôpital
international de la Cité universi-
taire de Paris. Elle est l’auteur de
plusieurs ouvrages, dont L’Âge,
le Désir et l’Amour (2016, Pocket)
et Et si vieillir libérait la tendresse
(à paraître en octobre 2019),
coécrit avec le psychiatre et psy-
chanalyste Philippe Gutton.
8
Vous prenez le contre-
pied de l’injonction très
américaine selon laquelle
il faudrait avoir la même
sexualité à 60 ans qu’à 20.
Qu’est-ce qui change
avec l’âge ?
Marie de Hennezel : Faire l’amour
recouvre des choses très différentes
quand on vieillit, mais ce n’est pas moins
bien pour autant ! À partir du moment
où l’on accepte le vieillissement et que
l’on s’est réconcilié avec l’image de soi,
on entre dans une intimité plus tendre,
complice et lente où l’échange des
regards est très important. C’est ce que
j’appelle une « sexualité autre ». Cette
sexualité ne peut plus être pulsionnelle,
elle ne laisse plus de place à la violence
du désir que l’on a connu plus jeune.
En outre, la recherche du plaisir seul
devient largement insuffisante. Avec
l’âge, on est davantage dans le registre de
l’amour et de la tendresse, autrement dit
sur des vibrations d’ordre émotionnel.
Comment faire en sorte
qu’un corps vieillissant ne
devienne pas un obstacle
à une sexualité épanouie ?
M. de H. : Les seniors assistent à un
vieillissement inéluctable de leur corps
et de leurs organes sexuels. Il faut faire
le deuil du corps jeune, et ce n’est pas
facile. Surtout pour les hommes, car
ils sont tellement identifiés à la viri-
lité de leur sexe que le dysfonctionne-
ment érectile représente une atteinte
narcissique à leur image d’homme.
Les femmes n’ont pas ce problème
mécanique, mais leur corps change,
leur peau se ride. Certaines se trouvent
si laides, ont tellement honte de leur
apparence, qu’elles n’envisagent plus
de s’exposer au regard de l’autre.
Résultat : elles renoncent à entretenir
une intimité.
D’autres, en revanche, arrivent à pas-
ser outre, mais cela suppose de com-
prendre et d’accepter que la séduction et
la beauté ne sont pas uniquement liées
à l’apparence. Il faut s’attacher davan-
tage au sourire, symbole de l’ouverture
vers l’autre, et au regard qui exprime la
richesse de l’intériorité.
À tout âge, on peut parfaitement tomber
amoureux d’une silhouette, d’une allure,
de l’esprit d’une personne et, le plus sou-
vent, d’un regard. Les yeux vieillissent,
mais le regard reste vif, car il reflète toute
notre richesse intérieure.
À vous écouter, il y a mille
façons de faire l’amour
en vieillissant. C’est-à-dire ?
M. de H. : Passé un certain âge, faire
l’amour ne consiste plus nécessaire-
ment à se mettre dans un lit. Il faut
élargir ! Certains couples disent d’ail-
leurs : « Nous, on fait la tendresse. »
C’est une notion beaucoup plus large
qui implique néanmoins toujours un
contact charnel. Ce contact peut se
limiter à prendre l’autre dans les bras
ou à aller beaucoup plus loin. Il peut
passer par le champ de la caresse, de
la parole… La comédienne Macha
Méril m’a dit un jour, à propos de
son conjoint : « Il me pénètre de mille
façons par ses mots quand il me parle. »
C’est très révélateur.

Des études attestent que l’acte sexuel
aide à vieillir. Vous insistez,
pour votre part, surtout sur l’importance
du contact physique.
M. de H. : Le fait d’être physiquement en relation avec
l’autre fait énormément de bien. Le corps sécrète alors la
fameuse hormone du bonheur, l’ocytocine, qui est excel-
lente pour le moral. Lorsque l’on se penche sur la sexologie
traditionnelle chinoise, on découvre que le contact sexuel
quotidien est très important pour la longévité. Pourtant,
il n’implique pas forcément un coït. L’idée est plutôt de
mettre les sexes en contact et de respirer ensemble pour un
échange d’énergies yin et yang.
Vous préconisez d’ailleurs d’explorer
d’« autres voies érotiques »
telles que le tantra. De quoi s’agit-il ?
M. de H. : Le tantra est une pratique sexuelle d’origine
indienne qui met lui aussi l’accent sur l’échange des souf-
fles. Pour faire monter le désir, le couple visualise la mon-
tée de l’énergie sexuelle (ce que les Hindous appellent « la
kundalini ») le long de la colonne vertébrale, tout en pra-
tiquant un échange circulaire des souffles. Le tantra pro-
pose aussi des pratiques qui reposent sur la sensualité, la
lenteur, le laisser-faire. Ce sont des pistes très intéressantes
pour les couples qui souhaitent passer à une sexualité dif-
férente. Le seul grand obstacle, c’est de s’obstiner à vou-
loir retrouver ce que l’on a connu plus jeune. Lorsque l’on
s’intéresse au tantra, il faut accepter d’être beaucoup plus
ouvert à la dimension énergétique. Attention : il n’est pas
pour autant indispensable de s’inscrire à un stage tantrique
pour expérimenter cette voie érotique. Mon livre L’Âge, le
Désir et l’Amour y consacre un chapitre entier. J’explique,
par exemple, qu’il suffit de prendre son partenaire dans les
bras quelques minutes, chakra du cœur contre chakra du
cœur, se regarder et respirer ensemble. Les couples qui pra-
tiquent ces techniques racontent que cela a complètement
transformé et réveillé leur sexualité. Mais cela suppose de
dépasser pas mal de poncifs…
Quels conseils donneriez-vous
à nos lecteurs qui appréhendent de voir
leur sexualité décliner avec l’âge ?
M. de H. : La sexualité ne décline pas si on accepte de la
faire évoluer. Tout réside dans l’acceptation. Et il ne faut
surtout pas voir la sexualité des seniors comme un pis-
aller. Au contraire ! Cette « sexualité autre » est un champ
extrêmement intéressant à explorer, surtout sous l’angle de
la tendresse. Je crois qu’il faut l’appréhender comme une
aventure nouvelle et merveilleuse. 
Propos recueillis par Sandra Franrenet
INTERVIEW
Le sexe, c’est la santé
Le Dr Sylvain Mimoun est psychiatre et gynécologue.
Il a fondé et préside la Société française de gynéco-
logie obstétrique psychosomatique.
Pourquoi une sexualité épanouie est-elle le gage
d’une bonne santé ?
Dr Sylvain Mimoun : L’année dernière, une étude
britannique a montré que le sexe avait un impact
positif sur les fonctions cognitives et notamment la
mémoire, le langage, les mouvements, les sens et
les fonctions exécutives. Une autre étude menée
par des chercheurs de l’université de Harvard a
montré que faire l’amour régulièrement permettait
de réduire de 22 % le cancer de la prostate chez les
hommes.
De mon côté, j’estime que les bénéfices sont surtout
d’ordre psychologique. Prendre du plaisir,
être amoureux… Toutes ces sensations contribuent
à fabriquer des endorphines, autrement dit de la
morphine naturelle, qui agissent sur les douleurs
et aident à voir la vie en rose !
Qu’est-ce qu’une sexualité épanouie
après 50-60 ans ?
Dr S. M. : C’est une sexualité qui fait plaisir aux
deux partenaires, peu importe la fréquence. Il existe
beaucoup d’études sur le nombre de rapports
sexuels chez les plus de 60 ans. Un sondage réalisé
en 2015 indique que 85 % des seniors ont entre 1 et
5 rapports sexuels par mois et 42 % dépassent les 5
rapports mensuels. On peut encore citer l’étude de
Bortz et Wallace selon laquelle 17 % des plus de 94
ans font l’amour plus d’une fois par semaine.
Très bien, mais quid si on n’entre pas dans ces sta-
tistiques ? Certains couples sont parfois loin du câlin
hebdomadaire, mais sont très heureux pour autant
car leurs rapports sont épanouissants. Ils privilé-
gient la qualité à la quantité. Les problèmes sur-
viennent lorsque l’un des deux protagonistes a plus
de besoins sexuels que l’autre et qu’il/elle met trop
la pression à l’autre. J’ai également remarqué que
la question de la fréquence dissimule parfois un
« je n’aime pas la façon dont il/elle me le demande ».
Mais je souhaite insister sur une chose : l’âge ne
signe pas l’arrêt de mort de la sexualité !
Mon patient le plus âgé a 99 ans et ma patiente 88,
preuve que ce sujet les intéresse toujours !
9
L'ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE EN UN COUP D'ŒIL
L'e-cigarette, meilleure que la cigarette classique ?
Arrêter la cigarette est certainement la première
chose à faire pour ralentir l'apparition des signes
de l'âge et limiter son exposition à bon nombre de
maladies (dont le cancer). Certains se tournent vers
l'e-cigarette pour se sevrer. 700 000 Français affirment
avoir déjà drastiquement réduit leur consommation
de cigarettes classiques grâce au vapotage1 (mais des
études pour prouver son efficacité pour un sevrage
complet et définitif doivent encore être menées). Sauf
que l'on commence à se rendre compte que la sainte
e-cigarette aurait des tares cachées. Le British Medical
Journal a fait le point sur la question.
Comme la cigarette classique, l'e-cigarette contient de
la nicotine via un aérosol inhalable. Cette substance
est aussi addictive sous cette forme que lorsqu'elle est
fumée. La vapoteuse émet aussi des produits plus que
problématiques : des carbonyles volatils, des espèces
réactives de l'oxygène (ROS), des furanes et des
1. Selon une enquête de Santé publique France.
https://www.bmj.com/search/advanced/e-cigarette
Démence : attention
au verre de trop
Des oublis récurrents, des moments
d'absence, des difficultés à s'orienter :
tous ces signes précèdent l'apparition
de la démence sénile. Pour ne pas
aggraver la situation, surveillez votre
consommation d'alcool. En effet, une
récente étude publiée dans le JAMA
s'est penchée sur le lien entre consom-
mation d'alcool et risque de démence.
3 021 personnes de 72 ans en moyenne
ont été suivies pendant huit ans.
473 d'entre elles montraient des signes
de déficience cognitive légère (DCL).
Tous les six mois, chaque participant
a réalisé dix tests neuropsychologiques
pour évaluer l'évolution de ses fonc-
tions cognitives. Dans le même temps,
les chercheurs ont mesuré la consom-
mation d'alcool (quantité, répétition
et type d'alcool). Au-delà de 14 verres
d'alcool (quel qu'il soit) par semaine,
le risque de démence est augmenté
de 72 % pour les personnes présentant
des signes de DCL. Une nouvelle confir-
mation qu'en la matière, la modération
reste de mise !
Manja Koch, Annette L. Fitzpatrick, Stephen R. Rapp et al.,
« Alcohol consumption and risk of dementia and cognitive
decline among older adults with or without mild cognitive
impairment », JAMA Netw. Open, 27 septembre 2019.
10
métaux lourds toxiques pour les poumons
(plomb, chrome, nickel). D'autres substances poten-
tiellement dangereuses sont scrutées par les
scientifiques. Au regard de sa composition, l'actualité
récente de l'e-cigarette prend une autre tournure.
En octobre 2019, 18 personnes sont déjà décédées
aux États-Unis et 1 080 ont été diagnostiquées comme
atteintes de maladies pulmonaires attribuées
à l'e-cigarette. Pénétration inhabituelle d'huile dans les
poumons, lésions similaires à des « brûlures chimiques »
dans ces mêmes poumons… L'e-cigarette n'est claire-
ment pas anodine pour la santé des poumons.
Malgré ces données alarmantes, l'e-cigarette contiendrait
quand même moins de composants toxiques
que la cigarette classique. Mais les épisodes récents
incitent à la plus grande prudence. Le vapotage ne doit
être perçu que comme une aide au sevrage définitif de la
cigarette, pas comme une alternative sur le long terme.
Nanoparticules de plastique
dans les sachets de thé
Vous rentrez d'une journée éprouvante. Vous posez votre sac,
vos clés, vous vous débarrassez de votre manteau sur une
chaise et filez mettre la bouilloire en marche. Un bon petit thé
réconfortant pour cinq minutes de bien-être ! Eh bien, voici
une information susceptible de vous gâcher cet instant.
Des chercheurs canadiens ont montré qu'un sachet de thé en
plastique (nylon, PET ou polypropylène) relâchait dans l'eau
chauffée à 95 °C (comme on le fait pour un thé, en général)
11 milliards de microparticules de plastique en moyenne
et 3 milliards de nanoparticules ! La température de l'eau semble
jouer un rôle dans la quantité de microparticules libérées. Il y en
aurait 300 fois moins dans une eau chauffée à 20 °C. L'impact sur
la santé humaine n'a pas encore été évalué, mais une expéri-
mentation sur des puces d'eau a été menée. Les chercheurs leur
ont administré des doses comparables de plastique, provoquant
des anomalies génétiques et comportementales. Bien sûr, les
alternatives aux sachets de thé en plastique existent : filtres en
papier bio non traité, boules à thé réutilisables…
Laura M. Hernandez, Elvis Genbo Xu, Hans C.E. Larsson, Rui Tahara, Vimal B. Maisuria,
Nathalie Tufenkji, « Plastic teabags release billions of microparticles and nanoparticles into
tea », Environmental Science & Technology, 2019.
Diabétiques, votre IMC
ne prédit pas votre risque
cardiovasculaire
Si vous êtes diabétique de type 2, vous devez
savoir que vous avez plus de risques d'avoir des
complications vasculaires, car vos vaisseaux sont
endommagés par l'inflammation et une glycémie
(niveau de glucose dans le sang) non maîtrisée.
Si, en plus vous êtes en surpoids, la probabilité
est encore plus grande. Mais il semble que l'on
fait fausse route en se servant de l'IMC (indice de
masse corporelle) comme indicateur du risque
cardiovasculaire des diabétiques : il n'y aurait,
d'après des chercheurs chinois, pas de corrélation
entre les deux. Des personnes à l'IMC bas peuvent
très bien être concernées, elles aussi, par un évé-
nement cardiovasculaire.
Plutôt que l'IMC, nous aurions bien plus intérêt à
surveiller l'IMG, l'indice de masse grasse. Lorsque
ce dernier est élevé, il accroît de plus 50 % le risque
cardiovasculaire. C'est le corollaire d'un manque de
masse maigre (muscles) qui semble plus préjudi-
ciable dans la prévention du risque cardiovascu-
laire chez les diabétiques. L'IMC, certes plus facile à
calculer que l'IMG (qui nécessite des appareils spé-
ciaux) mais obsolète, ne doit donc pas vous faire
oublier de vous préoccuper en priorité de votre
masse musculaire pour une prévention efficace.
Xing Zhenhua, « Association of predicted lean body mass and fat mass
with cardiovascular events in patients with type 2 diabetes mellitus », CMAJ,
23 septembre 2019.
Nouvelles recommandations européennes sur le cholestérol :
on n'est pas sorti de l'auberge !
La Société européenne de cardiologie (ESC) et la
Société européenne d'athérosclérose (EAS) viennent
de mettre à jour leurs recommandations concernant
les niveaux de cholestérol sanguin admissibles pour
prévenir les maladies cardiovasculaires. L'occasion
d'un mea culpa ? Ce serait trop beau ! Ce serait plutôt :
« On persévère, et on creuse encore plus profond » !
Les deux organismes (largement subventionnés par
l'industrie pharmaceutique, ce n'est un secret pour
personne) ont en effet établi qu'il fallait encore abais-
ser les normes des taux de cholestérol à atteindre :
■■moins de 70 mg/dL de sang pour les patients consi-
dérés comme à « haut risque » d'un événement
cardiovasculaire ;
■■moins de 55 pour les patients considérés comme
« à très haut risque » ;
■■moins de 40 pour les patients qui font un second
événement cardiovasculaire dans les 2 ans alors
qu'ils prennent la dose maximale de statines.
Mach F. et al., « Guidelines for the management of dyslipidaemias : lipid modification to reduce cardiovascular risk », Eur. Heart J., 2019.
Yi Sang-Wook et al., « Total cholesterol and all-cause mortality by sex and age : a prospective cohort study among 12,8 million adults », Scientific Reports, 2019.
Du doigté
contre le mal de dos
Des scientifiques viennent de montrer, dans une
petite étude, tout l'intérêt de l'acupression contre
le mal de dos chronique et la fatigue qu'il occa-
sionne. 67 personnes ont été divisées en trois
groupes. Le premier groupe a suivi le traitement
médicamenteux classique, les deux autres des
séances d'acupression (auto-administrée) à raison
de trente minutes par jour pendant six semaines.
L'acupression consiste à appuyer avec ses doigts
sur des points précis du corps. À terme, les deux
groupes « acupression » ont présenté une fatigue
et des douleurs moins importantes (douleur
réduite de 35 % en moyenne selon les chercheurs) :
des effets similaires, voire supérieurs, au groupe
« médicaments ». Sans doute cette technique, inspi-
rée de la tradition chinoise, agit-elle sur le système
nerveux et facilite-t-elle la détente, notamment
musculaire.
Le mieux est de se rapprocher d'un spécialiste. Si
vous souhaitez vous lancer seul, vous pouvez vous
servir de vos doigts ou d'accessoires comme une
boule de massage, un tapis de massage, etc. Mais
l'identification des points nécessite d'être formé.
En attendant, pour découvrir et localiser les points
d'acupression, vous pouvez vous rendre sur cette
page : https://www.acupression.fr/trouver-points-acu-
pression/.
Susan Lynn Murphy, Richard Edmund Harris, Nahid Roonizi Keshavarzi,
Suzanna Maria Zick, « Self-administered acupressure for chronic low back
pain. A randomized controlled pilot trial », Pain Medicine, 25 juin 2019.
Pour atteindre de telles cibles, suggèrent les auteurs
de ces recommandations, il faudrait encore plus de
statines, et même compléter le traitement par d'autres
médicaments, comme l'Ézétimibe et les inhibiteurs
PCSK9 (ces derniers ont manifestement du mal à décol-
ler…). Dans le même temps, ils proposent d'élargir la
définition des patients dits « à très haut risque ».
À croire qu'ils n'ont pas lu les dernières études qui
établissent qu'un taux de cholestérol bas est corrélé à
un risque plus élevé d'AVC hémorragique (multiplié par
deux chez les femmes), à une aggravation des lésions
au niveau des nerfs périphériques chez les diabétiques,
à une augmentation du risque d'hémorragies intracé-
rébrales. Il semblerait, selon une récente étude, que le
taux de cholestérol associé à la mortalité la plus basse
se situe entre 210 et 249 mg/dL. Le cholestérol n'est
pas coupable de ce dont on l'accuse, mais les statines
ont encore de beaux jours devant elles.
11
EXERCICES
11 minutes par jour
pour être en forme olympique
Lorsqu'on franchit le cap de la cinquantaine, on est statistiquement à la moitié de sa vie. Mais dans quel
état va-t-on la finir ? Grabataire ou en pleine possession de ses moyens intellectuels et physiques ? Un
pilier essentiel de la santé à améliorer est la condition physique. Le graal : les 5BX, onze minutes d'exer-
cices quotidiens pour être en pleine forme, à tout âge.
Par Hughes Belin
Pour améliorer ma condition physique, je cherchais une
méthode éprouvée, suffisamment flexible pour s'adapter
à n'importe quelle situation de forme, et surtout facile à
mettre en œuvre : pas longue, sans instrument coûteux ni
matériel spécifique et qu'on peut pratiquer chez soi, sans
aller à la « salle de sport ». Une conversation avec mon
coach m'a aiguillé sur les 5BX (pour 5 Basic eXercises), un pro-
gramme d'entraînement de l'Armée de l'air canadienne1 du
début des années 1960 que certains membres de la famille
royale d'Angleterre pratiqueraient quotidiennement.
Cinq exercices seulement en onze minutes chrono !
■■ Un exercice de 2 minutes d'assouplissement
■■ 1 minute d'abdominaux
■■ 1 minute d'hyper-extensions
■■ 1 minute de pompes
■■ 6 minutes de course sur place entrecoupée de sauts en
extension (qu'on peut remplacer par de la course, voire
de la marche, mais plus longtemps).
Le niveau de difficulté du programme augmente avec le
nombre de répétitions (très peu au début), puis avec la sophis-
tication des exercices. Au degré 1, les exercices sont plus
« faciles ». Le degré 6 est réservé aux athlètes. À chaque tranche
d'âge correspond un niveau-cible (A + degré 2 entre 45 et 49
ans, C+ degré 2 entre 50 et 60 ans), que vous atteignez tran-
quillement en progressant petit à petit depuis le niveau le plus
bas (D-) du degré 1. Lorsque vous atteignez votre niveau-cible,
vous êtes « dans la norme » et vous pouvez choisir d'en rester
là ou d'aller plus loin, tant que cela reste confortable. Aucune
obligation de temps, sauf de rester une semaine (voire dix
jours après 60 ans) au même niveau avant d'aller plus loin.
Vous pouvez faire ces exercices n'importe où et ce n'est
pas fatigant – on peut même les faire habillé normale-
ment ! Bref, contrairement au footing ou à la natation,
c'est impossible de trouver une excuse pour ne pas les faire.
Premier bon point.
1. http://fit450.com/HTML/5BX_Intro.html
2. www.stevengreul.de
12
Au bout de dix jours de pratique quotidienne, j'étais
convaincu ! Je me sentais plus tonique, et j'ai même conti-
nué à perdre du poids jusqu'à un niveau stable. Et après
quelques mois, j'ai non seulement perdu mon ventre de
cinquantenaire inactif mais mes muscles se dessinent de
plus en plus. Je ne me suis pas senti aussi jeune depuis des
années.
Et la santé, ça va ?
La diffusion de la brochure présentant le programme, édi-
tée par l'Armée canadienne à 23 millions d'exemplaires
en 13 langues, témoigne de son succès. J'ai toutefois pré-
féré m'assurer que ce programme était vraiment bon pour
la santé. Ces exercices des années 1960 ne datent-ils pas
un peu ? En fouillant sur le net, je m'aperçois que le pro-
gramme aurait été arrêté par l'Armée canadienne car « il
peut provoquer des blessures physiques ».
Steven Greul2, coach sportif berlinois avec douze ans d'ex-
périence, me met immédiatement en garde : « il y a beau-
coup de manière de mal faire ces exercices ». Par exemple
l'exercice d'abdos du 2e degré peut se faire en mobilisant les
abdominaux, mais aussi en mobilisant les muscles fléchis-
seurs des hanches, ce qui n'est pas le but. Mais lorsqu'on
les fait correctement, « c'est un super outil », d'où l'intérêt
d'investir dans une petite séance avec un coach ou un kiné-
sithérapeute pour ne pas se tromper.
Lorsque vous atteignez votre niveau-cible, voire après
quelques semaines, vous allez constater une améliora-
tion : la force est accrue, vous avez diminué votre masse
grasse par rapport à votre poids, vous êtes plus souple, vous
avez un meilleur souffle et vous avez renforcé votre cœur.
« Mais il faut y aller progressivement, en sortant de sa zone
de confort », ajoute Steven. « Le but est d'être en bonne
santé car tout commence et finit par la santé », résume-t-il,
« et pour cela, il faut une bonne hygiène de vie ».
En parlant d'hygiène de vie, les pilotes de l'armée cana-
dienne n'étaient pas Monsieur-tout-le-monde. Leur nour-
riture est contrôlée, leur rythme de vie est bien réglé, leurs
heures de sommeil également. Les 5BX doivent donc s'ins-
crire dans une meilleure hygiène de vie.
 EXERCICES

Luc Jamoulle, ostéopathe3 à Bruxelles, identifie un risque
majeur dans certains exercices qui font appel à la chaîne mus-
culaire postérieure, pour les personnes souffrant d'une hernie
discale. Le meilleur des sports pour ceux qui souffrent du dos en
général est plutôt la marche. La première précaution serait donc
de vérifier auprès d'un spécialiste (un médecin du sport ou un
physiothérapeute) qu'on peut faire ce programme sans risque.
Mais à ma grande surprise, il y a aussi un volet mental à
ces exercices.
Le fameux mindset
Sur le papier, « il n'y a qu'à ». Mais la bête noire de ceux et celles
qui veulent améliorer leur vie, c'est la gestion de la volonté - si
je rate le créneau de l'avant petit-déjeuner, mes chances de ne
pas les faire sont de 90 %. Le mindset est capital pour entamer
une nouvelle habitude ou un nouveau rituel. Ne pas l'accom-
plir tous les jours doit être impossible à justifier sans se mentir.
Il y a différentes manières de faire les exercices : soit de manière
« contemplative », soit avec un esprit de « compétition for-
cée ». En d'autres termes, sur le mode de la performance, sans
attention particulière, ou avec une démarche qui développe la
conscience corporelle. « Ça fait toute la différence », pour Luc,
« il faut se concentrer pour faire les exercices, pas de distrac-
tion ». Car l'attention au corps développe le ressenti, qui favorise
l'expression du geste adéquat. En d'autres termes, vous ne pou-
vez plus vous faire mal car vous écoutez votre corps. « On peut
ainsi, dans un second temps, dépasser avec sagesse ses limites.
Cette transgression douce renforce la condition physique et
mentale », explique-t-il.
Retenons donc qu'il est primordial d'être présent à ses exercices
pour en tirer le meilleur parti : bénéfices physiques, mais aussi
plaisir et joie de prendre soin de soi.
J'ai fait découvrir les exercices à un ami, quarantenaire
ambitieux, très soucieux d'efficacité et de performance. Nous
avons fait les exercices ensemble, et c'est la première fois
que j'ai transpiré en courant sur place, au 5e exercice. Lui, il
était essoufflé. Mon ami avait « poussé » la cadence, même si
c'était la première fois de sa vie qu'il les faisait. Il est passé à
côté de l'objectif de ces exercices, qui est tout autre : les faire
au rythme du niveau où l'on se trouve, sans forcer, en étant
confortable, et surtout régulièrement. Ici, se dépasser veut sim-
plement dire que vous êtes suffisamment confortable pour
passer au niveau supérieur. Et que lorsque vous arrivez au
niveau-cible des personnes de votre âge, vous êtes libre d'al-
ler plus loin, tant que cela reste confortable.
Au lieu d'expédier les exercices, vous allez donc les effec-
tuer en pleine conscience. Ils sont tellement courts qu'on
peut se permettre de ne pas s'évader en pensée mais au
contraire de sentir tous leurs effets sur le corps, à chaque
répétition. À des années-lumières des hamsters qui courent
sur des tapis roulants, écouteurs aux oreilles, devant un
écran de télévision.
Je ne reviens toujours pas de l'incroyable métamorphose
de mon corps en quelques mois avec seulement 11 minutes
d'exercices par jour. Les efforts d'assiduité du début ont
vite laissé la place au bonheur d'avoir une forme de jeune
homme et un ventre plat. Je ne suis pas près de lâcher mon
nouveau rituel matinal ! 

Nombre de répétitions pour les deux premiers degrés

Degré 1 Degré 2
Niveau Ex. 1 Ex. 2 Ex. 3 Ex. 4 Ex. 5 Niveau Ex. 1 Ex. 2 Ex. 3 Ex. 4 Ex. 5
A+ 20 18 18 13 400 A+ 30 23 33 20 500
A 18 17 17 12 375 A 29 21 31 19 485
A- 16 15 16 11 335 A- 28 20 29 18 470
B+ 14 13 15 9 320 B+ 26 18 27 17 455
B 12 12 14 8 305 B 24 17 25 16 455
B- 10 11 13 7 280 B- 22 16 23 15 440
C+ 8 9 12 6 260 C+ 20 15 21 14 425
C 7 8 10 5 235 C 19 14 19 13 410
C- 6 7 8 4 205 C- 18 13 17 12 395
D+ 4 5 6 3 175 D+ 16 12 15 11 380
D 3 4 5 3 145 D 15 11 14 10 360
D- 2 3 4 2 100 D- 14 10 13 9 335
temps 2 1 1 1 6 temps 2 1 1 1 6

3. Initialement kinésithérapeute méziériste, il a complété son approche d'ostéopathe par la méthode Rességuier, la mindfullness et l'énergétique. osteopathie.be/fr/osteopathe/luc-jamoulle

13
 EXERCICES
5BX : Description des exercices des degrés 1 et 2
Pour le nombre de répétitions et le temps à accorder à chaque exercice, référez-vous aux tableaux.
Degré 1
Exercice 1 : Stretching. Debout,
jambes écartées, bras levés. Fléchir
gentiment le buste en gardant le
dos plat, toucher ses orteils avec les
doigts, puis revenir à la position de
départ et se cambrer. Si nécessaire,
les genoux peuvent plier légèrement.
Exercice 2 : Abdos. Couché sur le dos,
les jambes écartées de 20 cm, bras
le long du corps. Relever gentiment
la tête pour regarder ses pieds. Les
jambes restent droites. La tête puis les
épaules doivent se détacher du sol.
Exercice 3 : Dos. Couché sur le ventre,
paumes sous les cuisses. Lever la tête
et une jambe (tendue), reposer, puis
faire de même avec l'autre jambe. Les
mains restent sur le sol, la cuisse doit
se détacher de la paume à chaque
fois. Compter un chaque fois que la
seconde jambe touche le sol.
Exercice 4 : Demi-pompes. Couché
sur le ventre, mains sous les
épaules, paumes au sol. Tendre
complètement les bras ; les genoux
et les pieds restent au sol, le corps
est droit de la tête aux genoux. Plier
lentement les bras pour revenir à
1. www.fit450.com
14
la position de départ et compter un
lorsque la poitrine touche le sol.
Exercice 5 : Course sur place.
Compter un à chaque fois que le pied
gauche touche le sol. Les pieds doivent
décoller de 10 cm environ. Chaque
fois qu'on atteint 75, faire 10 sauts en
ciseaux : sauter avec la jambe droite
et le bras gauche tendus vers l'avant
et la jambe gauche et bras droit vers
l'arrière, puis resauter en inversant les
positions des bras et des jambes avant
d'atterrir. Les bras doivent être tendus
à hauteur des épaules. Répéter 10 fois
cette séquence.
Degré 2
Exercice 1 : Même exercice qu'au
degré 1, mais avec un « rebond »
quand vous touchez vos orteils, en bas.
Exercice 2 : Même exercice qu'au
degré 1, mais en remontant tout le
haut du corps pour arriver à une
position assise. Les genoux peuvent
plier légèrement. Si nécessaire, blo-
quer les pieds sous un meuble.
Exercice 3 : même exercice qu'au
degré 1, mais on lève la tête et les
deux jambes en même temps.
Exercice 4 : Pompes. Couché sur
le ventre, paumes au sol sous les
épaules. Tendre complètement les
bras, seuls les paumes et les orteils
touchent le sol. Le corps est droit de
la tête aux pieds, le dos est plat. Plier
lentement les bras pour revenir à
la position de départ et compter un
lorsque la poitrine touche le sol.
Exercice 5 : Même exercice qu'au
degré 1, sauf que chaque fois qu'on
atteint 75, on fait 10 « jumping
jacks » : jambes qui se touchent, bras
tendus le long du corps, sauter et
atterrir avec les jambes écartées et
les bras tendus bien au-dessus des
épaules. Resauter pour revenir à la
position de départ. Répéter 10 fois
cette séquence.
Pour la suite de la progression,
rendez-vous sur le site de Paul, un
sexagénaire anglais plein de vie1.
 COIN COSMÉTO

Un gel lavant respectueux

des peaux sensibles
L’appellation « hypoallergénique » n’apporte aucune garan- Préparation
tie et signifie seulement que les allergènes les plus courants
1.  Faites chauffer doucement l’huile de coco au bain-
ne font pas partie de la formulation. Les gels douche du com-
marie jusqu’à ce qu’elle devienne liquide.
merce contiennent donc souvent des parfums synthétiques,
des conservateurs accusés d’être des perturbateurs endocri- 2. Ajoutez-y le miel et mélangez bien.
niens et des agents allergènes ou potentiellement irritants.
3. Incorporez progressivement le savon liquide. Mélangez
Cependant, il est possible de préparer un gel lavant maison
avec précaution pour éviter de produire de la mousse.
d’une douceur absolue, même pour les peaux réactives, et
sans ingrédient polémique. 4. Ajoutez enfin les huiles essentielles.

Zoom sur les ingrédients 5. Remuez bien le tout et transvasez dans un flacon
propre de 150 ml.
L’huile de coco hydrate comme aucune autre sans obs-
truer les pores, le tout avec une odeur divine. Le miel a une Secouez avant chaque utilisation. L’huile de coco a ten-
incroyable affinité avec la peau. Il convient très bien pour les dance à se solidifier en dessous de 25°, il suffit alors de
brûlures, les cicatrices, etc. Dans cette recette, son pouvoir réchauffer le gel douche dans ses mains ou de le laisser
antibactérien est parfait, il nourrit merveilleusement la peau quelques instants sous un filet d’eau chaude. 
et la laisse très douce.
Annie Casamayou
Un savon liquide à l’huile d’olive pure fabriqué selon la
méthode traditionnelle ne fait pas tirailler la peau comme les
autres savons, il est doux, il mousse un peu. Vous le trouvez
en boutique bio.
Les huiles essentielles donnent un coup de « peps » à la prépa-
ration. Le parfum des agrumes et du romarin à cinéole invite
à démarrer la journée de bonne humeur, mais libre à vous de
choisir d’autres huiles essentielles. Si vous présentez un ter-
rain sensible ou allergique, par précaution, n’hésitez pas à
tester les huiles essentielles dont les molécules peuvent faire
réagir : versez-vous-en une goutte au creux du coude et patien-
tez 15 minutes. Si tout va bien, vous pouvez les intégrer au gel
douche. Sinon, même sans le parfum des huiles essentielles, le
gel douche est agréable et réconfortant pour la peau.

Gel lavant coco-miel

Pour un flacon de 150 ml :
■■ 50 g d’huile de coco
■■ 50 g de miel liquide
■■ 50 ml de savon liquide
■■ 8 gouttes d’HE de romarin à cinéole
■■ 4 gouttes d’essence d’orange douce
■■ 4 gouttes d’essence de pamplemousse

Les informations contenues dans cette revue sont publiées à titre purement informatif et ne peuvent être considérées comme des conseils médicaux personnalisés. Il existe
des contrindications possibles pour les produits cités. Aucun traitement ne devrait être entrepris en se basant uniquement sur le contenu de cette revue, et il est fortement
recommandé aux lecteurs de consulter des professionnels de santé dûment accrédités auprès des autorités sanitaires pour toute question relative à leur santé et leur bien-être.
Le Journal de la Médecine Anti-Âge - n° 36 - décembre 2019 - Directeur de la publication : Vincent Laarman - Rédactrice en chef : Élisabeth Honoré
Santé Nature innovation - SNI Éditions SA - Am Bach 3, 6072 Sachseln - Suisse - ISSN : 2504-1886 (Print) - 2504-1894 (Online)
Pour toute question concernant votre abonnement, contactez le service client par téléphone au +33 (0)1 58 83 50 73 -
Ou écrire à http://www.santenatureinnovation.com/contact ou adresser un courrier à : SNI Éditions - CS 70 074 - 59 963 Croix Cedex - FRANCE
15
 COMPLÉMENTS AU BANC D'ESSAI

COURRIER DES LECTEURS

« J’ai lu que l’organisme fabrique lui-même du cholestérol. Comment cela fonctionne-t-il ? Est-ce que
les conséquences peuvent être les mêmes que pour le cholestérol « classique » ? Existe-t-il une solution

Crédits photos : kumarworks / Istockphoto.com | Anna Rassadnikova – majivecka – Babkina Svetlana – nale – majivecka – Michal Sanca – Bill Fehr – Bokica – Michal Sanca –
pour le réduire ? » Brigitte C.
Bonjour Brigitte, le cholestérol est un lipide intervenant dans à l’analyse que des taux élevés de cholestérol de type LDL-C
plusieurs réactions biologiques. Des spécialistes estiment que puissent provoquer des maladies cardiaques.
70 % du cholestérol provient de notre organisme (foie) et le
Quant à l’utilisation malheureusement généralisée des
reste, de l’alimentation, notamment de source animale. Le
statines, dans une revue exhaustive d’études sur le sujet
cholestérol est une molécule indispensable, servant à fabriquer,
impliquant 1,3 million de personnes, 17 médecins inter-
entre autres, différentes hormones, la vitamine D, la coenzyme
nationaux ont conclu que ces médicaments provoquaient
Q10, etc. Elle participe aussi à la réalisation des sels biliaires et
de nombreux effets secondaires graves sans le bénéfice
entre dans la constitution de toutes les membranes cellulaires,
escompté. Ces experts affirment même que les essais posi-
pour ses fonctions les plus connues.
tifs en faveur des statines ont été falsifiés.
Dans les années 1950 à 1970, un lien statistique a été établi
Une étude prospective très récente réalisée sur 1 180 per-
entre un niveau de cholestérol sanguin élevé et le risque de
sonnes atteintes de maladies cardiovasculaires a révélé
maladies cardiovasculaires. À la suite de cette constatation
que la diète méditerranéenne était significativement plus
entachée de biais méthodologiques, des médicaments ont été
efficace sur la mortalité (- 37 %) que les statines, qui n’agis-
élaborés et proposés à la population occidentale pour faire
saient pas seules sans diète !

976photo Studio – Victoria 1 – goodluz – Monkey Business Images / Shutterstock.com

baisser ses niveaux de cholestérol sanguin (les fibrates dans un
premier temps, puis actuellement les statines). La réduction
du taux de cholestérol sanguin, total puis de type LDL, est deve-
nue au fil des décennies une obsession dans le milieu médical,
puis dans l’inconscient collectif, pour abaisser le risque car-
diovasculaire et, notamment, pour combattre l’athérosclé-
rose, « l’encrassement » des artères par les mauvaises graisses.
Cependant, on sait maintenant que les mécanismes de l’athé-
rosclérose sont beaucoup plus complexes et que rien n’indique
Les personnes pouvant cependant tirer un avantage des
statines pour leur santé sont celles souffrant d’une hyper-
cholestérolémie familiale, une maladie très rare qui donne
un taux très élevé de cholestérol, quels que soient l’alimen-
tation et le mode de vie. Si vous devez prendre des statines,
il convient d’y associer du coenzyme Q10, une molécule très
importante pour l’énergie cellulaire, et dont la fabrication
est bloquée par la prise de statines. 

Dr Franck Gigon

La rédaction du Journal de la médecine anti-âge répond à vos questions.

Envoyez-les à : courrier.jma@sante-nature-innovation.fr
Cette rubrique n'est pas une consultation médicale et ne remplace pas une visite chez votre médecin. Vous êtes nombreux
à nous écrire, nous ne pouvons malheureusement répondre à chacun d'entre vous. C'est pourquoi nous nous efforçons
de répondre aux questions susceptibles d'aider le plus grand nombre. Merci de votre confiance et de votre compréhension.

Formulaire d’abonnement au Journal de la médecine anti-âge

Le Journal de la Médecine Anti-Âge est le mensuel
des informations dans le domaine de l’antivieillissement :
tous les mois vous recevez dans votre boite à lettres
un nouveau numéro de 16 pages rempli des meilleures
informations de santé naturelle pour mieux vieillir.
Votre abonnement du Journal de la Médecine Anti-Âge
comprend 12 numéros (un an d’abonnement) + votre
garantie satisfait ou remboursé à 100 % pendant 3 mois
pour seulement 59 € en version papier + 15 € (pour les frais
d’impression et d’envoi) ou 59 € en version électronique
(n’oubliez pas de renseigner votre adresse email !).
Pour vous abonner, merci de compléter ce formulaire.
Pour souscrire directement en ligne ou hors
de France métropolitaine, rendez-vous sur :
santenatureinnovation.com
Étape 1 : Votre format
Papier (74 €)
Electronique (59 €)
Étape 2 : Vos coordonnées
Nom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Adresse :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ville :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Email :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Téléphone : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Étape 3 : Votre règlement
Merci de joindre à ce formulaire un chèque du montant de votre abonnement (74 € ou 59 €) à
l’ordre de SNI Éditions et de les renvoyer à :
SNI Éditions - CS 70 074 - 59 963 Croix Cedex - FRANCE
Une question ? Joignez-nous au : +33 (0)1 58 83 50 73

Informatique et Liberté : vous disposez d’un droit d’accès et de rectification des données vous concernant. Ce service est assuré par nos soins.
16ne souhaitez pas que vos données soient communiquées, merci de cocher la case suivante
Si vous