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L’ é m a n c i p a t i o n d e s t r a v a i l l e u r s s e r a l ’ œ u v re d e s t r a v a i l l e u r s e u x - m ê m e s

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126
OUVRIÈRES
N0 (2520) ce numéro.
Semaine du
2 au 8 décembre 2010
Et vous ?
1,5 euro (soutien 2 euros) (page 16)
ISSN 0813 9500

TRIBUNE LIBRE DE LA LUTTE DES CLASSES

Irlande, Portugal, Grande-Bretagne, France… 11 DÉCEMBRE


dans toute l’Europe, les travailleurs sont confrontés CONFÉRENCE NATIONALE
POUR L’UNITÉ
aux mêmes questions OUVRIÈRE

Ni plans de rigueur Des centaines


de délégués
seront

Ni contre-réformes à la conférence
pour l’unité
ouvrière

Non au chantage Le débat et la


désignation des délégués
se poursuivent

de la dette! (pages 2, 3, 6 et 7)
dans les réunions
politiques
de préparation.
Pages 4 et 5

Enseignement
L’appel
de Bobigny
Contre la guerre “vers un grand
projet national

et l’exploitation pour l’enfance


et la jeunesse”
La conférence mondiale s’est tenue à Alger Un appel qui vise à faire
partager par tous
(pages 8 et 9) les élus politiques et
toutes les organisations
ouvrières et laïques
un programme commun
de dénationalisation de
Meeting
de l’Enten
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les divers prix littéraires

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Maurice Nadeau.
Page 15
2 > A la Une >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010

Bruxelles,
le 30 novembre :
le président de la
Banque centrale
européenne, Jean-
Claude Trichet,
lors d’une
conférence
de la Commission
européenne
sur les affaires
économiques
et monétaires.
Dublin,
le 27 novembre :
plus de 50 000
travailleurs irlan-
dais ont mani-
festé ce samedi
contre le plan
d’austérité
que veut imposer
le gouvernement
Cowen.

Photos AFP
Rien n’y a fait… Ni l’annonce du plan d’“aide” à l’Irlande, fixé à 85 milliards d’euros, garanti conjointement
par le Fonds européen de stabilisation et le FMI, ni les propos rassurants de tous les dirigeants européens.
L’euro a dévissé et les Bourses européennes ont à nouveau chuté, faisant planer le spectre d’un effet
domino sur l’ensemble du continent.

L’euro dans la tourmente !


Les “marchés” hantés
par la menace d’explosion Par Marc Gauquelin culièrement importante : plus de 130 mil- cas de défaillance d’un Etat, les pertes aux
Comme une avalanche dont
la dévastation croît avec le temps, liards d’euros pour les banques allemandes prêteurs. Brouillage…
la chute de l’euro met en question et plus de 110 milliards pour les banques A la question « Comment expliquer que les

C
l’avenir même de l’Union européenne. hristine Lagarde, mi- françaises (…). L’un des dangers, souligné marchés ne se soient pas calmés mal-
nistre des Finances du par l’enquête, est la forte “interconnexion” gré l’annonce d’une aide financière à l’Ir-
Elle est alimentée par les doutes des gouvernement fran- des systèmes bancaires des “maillons faibles” lande ? », posée par Le Monde (25 novem-
marchés financiers quant à la capacité çais, feint de s’étonner. de la zone euro, susceptible de constituer bre), l’économiste Daniel Cohen répond :
des gouvernements à appliquer jus- Selon elle, « l’Europe un “autre canal de contagion” de la crise. » « Comme après les mesures annoncées en
qu’au bout les plans de guerre sociale (serait) difficile à com- faveur de la Grèce au mois de mai, les mar-
concoctés sous l’égide de Bruxelles prendre pour les mar- DES PLANS D’AUSTÉRITÉ chés restent hésitants, car ils s’inquiètent
et de Washington. Des plans qui n’ont chés ». Ah bon ? Les JAMAIS VUS EN TEMPS DE PAIX que la médecine soit trop amère et rejetée
qu’un seul but : faire payer par les tra- marchés, en revanche, semblent très bien Aujourd’hui, l’euphorie passée, les banques, “Après par la population. »
vailleurs la banqueroute des banques « comprendre » où sont leurs intérêts et au bord de la faillite, se tournent vers les les mesures Tout est là, parfaitement résumé.
et des Etats qui les ont renflouées, comment les défendre. Ce que justifie Etats qui les ont déjà renflouées une pre- Après les gigantesques grèves et manifes-
d’ailleurs pleinement le chroniqueur des mière fois au cours de la crise de 2008, pro-
annoncées, tations qui ont eu lieu en Grèce, au Portu-
et profiter de l’occasion pour abaisser les marchés
Echos datés du 30 novembre, qui écrit : voquant l’explosion de la fameuse « dette gal, en Espagne, en Irlande et en France il
brutalement, partout, le « coût du « Un Etat peut défaillir (…). Non seulement souveraine ». restent n’y a que quelques semaines, les marchés
travail ». Tout repose sur les directions les Etats d’opérette au fin fond du Caucase, La moindre menace de défaillance du plus hésitants, n’ont qu’une seule hantise : pourvu, se
des organisations syndicales ou les bons gros émergeants des années 80, petit Etat de la zone euro provoque l’affo- disent-ils, que les directions du mouve-
car ils
et des partis se réclamant du mouve- mais aussi les Etats modernes développés, lement des « marchés », qui exigent des ment ouvrier, les directions des confédé-
ment ouvrier pour canaliser la révolte occidentaux. Et s’ils font défaut, leurs créan- conditions de plus en plus draconiennes
s’inquiètent rations syndicales comme les directions
des travailleurs et tenter de la circons- ciers le sentiront passer. Ils vont perdre de des Etats, donc l’adoption de plans d’aus- que la des partis qui se réclament traditionnelle-
crire dans un « dialogue social » l’argent d’une manière ou d’une autre. Ils térité jamais vus en temps de paix. médecine ment de la classe ouvrière réussissent,
basé sur le paiement des intérêts seront remboursés plus tard, ou moins que Revenons à l’Irlande. Pour sauver « ses » soit trop comme ils l’ont fait jusqu’à aujourd’hui, à
d’une dette monstrueuse. prévu (les Anglo-Saxons parlent alors de banques de la faillite (et aussi les banques amère canaliser l’immense colère des travailleurs
“haircut”, coupe de cheveux). Les investis- britanniques et allemandes engagées en et des peuples qu’on veut étrangler.
Le discours de politique générale
seurs ont peur de passer chez le coiffeur ! Et Irlande), le gouvernement irlandais vient
et rejetée Jusqu’où pourront-ils tenir sur cette ligne
de François Fillon, le 24 novembre, a c’est logique. » d’obtenir de l’Union européenne et du FMI par la de renonciation à tout ce qui a constitué
précisément cet objectif. L’« intersyn- un prêt de 85 milliards d’euros sur trois population” le mouvement ouvrier en Europe ? Jus-
dicale », emmenée par François LA CONTAGION DE LA CRISE ans, remboursable sur vingt ans. qu’où pourront-ils faire barrage, et empê-
Chérèque (CFDT) et Bernard Thibault À TOUTE L’EUROPE Les 35 premiers milliards seront destinés cher que ces millions d’hommes arrachent
(CGT), entraînant la FSU, Dans l’euphorie des années subprimes, les à sauver le secteur bancaire, qui a déjà reçu Daniel Cohen, l’annulation de la dette et de tous les plans
Solidaires et l’UNSA, lui a répondu, banques se sont gorgées de milliards de du gouvernement irlandais 50 milliards économiste d’austérité qui en découlent ?
(Le Monde,
le 29 novembre, en actant « la néces- produits toxiques. Bénéficiant de toutes d’euros… Du côté des travailleurs et de la majorité
25 novembre)
saire réduction des déficits » (lire page 3). les opportunités offertes par la dérégle- Et pour prouver à la fois sa capacité d’ho- des peuples, du côté de la civilisation… la
En Irlande, au Portugal, mentation financière, elles ont favorisé un norer sa dette et sa volonté de mettre en même question se pose, mais en sens in-
où viennent d’avoir lieu d’immenses endettement gigantesque et monté des œuvre toutes les prescriptions de l’Union verse. Comment aider les travailleurs à se
opérations du type de celles qui ont été européenne en matière de protection so- ressaisir jusqu’au bout de leurs organisa-
mobilisations, les mêmes questions montées aux Etats-Unis avec les fameux ciale, le gouvernement irlandais vient d’an- tions de classe, rétablies sur la base des
se trouvent posées (lire pages 6 et 7). subprimes. noncer bravement qu’il utiliserait, pour véritables revendications ouvrières, pour
La conférence ouvrière pour l’unité, Le résultat, une enquête de la Deutsche « cofinancer » le sauvetage de son secteur dresser la force de millions d’hommes pour
qui réunira, le 11 décembre, à Paris, Bank, citée par Le Monde daté du 30 no- bancaire, 17,5 milliards d’euros prélevés défaire ces plans monstrueux ?
des centaines de délégués de toutes vembre, le résume : « Au deuxième trimestre sur le fonds national pour les retraites ! C’est ce débat que se fixe pour objectif d’or-
tendances vise à aider à surmonter 2010, les établissements allemands déte- Beaucoup de choses ont été dites, ces der- ganiser ce journal, qui rend compte de la
ces obstacles politiques dressés naient le plus grand stock de créances pu- niers jours, sur l’origine de la grande ner- conférence d’Alger comme de la prépara-
contre la lutte de classe des tra- bliques et privées sur la Grèce, l’Irlande et vosité des « marchés ». tion de la conférence nationale de délé-
vailleurs (lire pages 4 et 5). le Portugal, avec 213 milliards d’euros, contre On accuse Merkel et son intransigeance. gués pour l’unité ouvrière du 11 décembre,
142 milliards pour les établissements fran- Elle aurait mis le feu aux poudres en fai- à Paris.
Yan LEGOFF çais. Leur exposition à l’Espagne est parti- sant peser la menace de faire partager, en ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
3

D
France : le consensus
mis en place ?
eux déclarations se sont répondu la
semaine passée. Le mercredi 24 no-
vembre, François Fillon a présenté un
véritable programme de combat dans son
discours à l’Assemblée nationale (voir ci-des-
sous les principales citations).
rances, Denis Kessler —, que Fillon se fixe de
mettre à bas.
Pour cela, comme on le lira ci-dessous, Fillon
met en avant, à l’aide de la loi sur la repré-
sentativité du 20 août 2008 (issue de la « posi-
tion commune » d’avril 2008 CGT-CFDT-
Non seulement l’exigence de l’abrogation de
la loi Sarkozy sur les retraites ne figure pas,
mais il n’y a tout simplement aucune réfé-
rence à la mobilisation de plus de deux mois
où des millions ont exigé le retrait de la contre-
réforme.
ÉDITORIAL

Questions, réponses
Daniel Gluckstein
é
Secrétaire national du POI

Question : L’effondrement qui frappe


l’Irlande menace-t-il la France ?
Réponse : L’euro transmet sa contagion
d’une économie à l’autre. L’effondrement
menace partout.
Q : Comment réduire les déficits ?
R : Cette question ne peut être posée à
Il a d’emblée donné le « la » en déclarant : « Il Medef ), l’arme de ce qu’il appelle le « dia- En revanche, y figurent les exigences affir-
la classe ouvrière. Le déficit, c’est deux tiers
faut continuer de rénover notre héritage social logue social responsable ». mées par Fillon sur « la nécessaire réduction
de cadeaux aux patrons (exonérations fis-
et non pas faire de nos droits acquis le mate- Et c’est à ce discours que répond cinq jours des déficits », « l’harmonisation de la fisca-
las de notre léthargie. » plus tard la nouvelle déclaration commune lité des entreprises » et l’appel au « socle social cales et sociales) et un tiers aux banques par
Derrière la morgue de la formule, c’est tout nationale des organisations CGT, CFDT, FSU, européen », dont on sait qu’il a depuis des le paiement des intérêts de la dette. Dette
l’héritage des conquêtes sociales de 1945 — Solidaires et UNSA (voir extraits ci-dessous). années servi de couverture et de camouflage publique dont le gonflement découle des
reprenant en cela l’objectif affirmé il y a quel- Dans cette « interpellation », un mot est ab- à toutes les remises en cause des droits et des milliards offerts pour renflouer spécula-
ques années par le représentant des as su- sent : le mot « retraites ». conquêtes sociales. ■
teurs, banquiers et capitalistes faillis. Les
travailleurs n’ont pas à payer pour cela.
Q : Mais même la gauche appelle à ré-
MERCREDI 24 NOVEMBRE, LE 29 NOVEMBRE, duire les déficits ?
À L’ASSEMBLÉE NATIONALE AU SIÈGE DE LA CFDT R : C’est vrai que les Premiers ministres
de « gauche » en Espagne, au Portugal, en
Grèce, les dirigeants du Parti socialiste en
François Fillon plaide L’intersyndicale France acceptent ce cadre. Et aussi « l’in-
tersyndicale » des cinq organisations, qui,

“pour un dialogue social se prononce pour le 29 novembre, évoque « la nécessaire réduc-


tion des déficits ». Mais c’est un piège tendu
au mouvement ouvrier : celui de la « gou-
responsable” “la nécessaire réduction vernance ». Accepter la logique de la « réduc-
tion des déficits » conduit à accompagner
des déficits publics” les contre-réformes. Une véritable politique
conforme aux intérêts vitaux de la classe
Dans son discours de politique générale, ouvrière devrait formuler : « Nous rejetons
le Premier ministre a réaffirmé son intention tous les plans de rigueur, l’argument des “défi-
Les organisations syndicales CFDT, CGT, cits” et de la dette ; seuls doivent prévaloir les
d’associer étroitement les syndicats FSU, Solidaires et UNSA interpellent besoins de la population. »
à son programme de contre-réformes Q : L’Europe laisserait-elle faire ?
les décideurs politiques et économiques R : Il y a quelques mois, les manifestants
grecs criaient : « Dehors le FMI, dehors l’Union
l faut nous libérer des défi- ans le cadre de la

“I cits (…). Il faut continuer


de rénover notre héritage
social et non pas faire de nos droits
“D journée de mo -
bilisation de la CES
(Confédération européenne des
Photos AFP
européenne ! » La semaine passée, un res-
ponsable syndical irlandais déclarait, lors
de la venue des experts du FMI et de l’Union
européenne : « Les barbares sont à notre
acquis le matelas de notre léthar- syndicats — NDLR) “Non à l’aus- porte. » Peut-on, comme le fait « l’intersyn-
gie (…). Il faut enfin repenser la gou- térité, priorité à l’emploi et à la dicale », « interpeller » les barbares de l’Union
vernance mondiale, renforcer la croissance en Europe”, les orga- européenne pour qu’ils prennent des me-
régulation financière (…). En tenant nisations syndicales CFDT, CGT, sures sociales ? Non. L’Union européenne a
bon sur la réforme des re traites, FSU, Solidaires et UNSA ont pour seule fonction de faire payer aux tra-
nous avons réaffirmé l’autorité de décidé d’interpeller le 15 dé- vailleurs la crise de décomposition du sys-
l’Etat et la légitimité du Parlement. cembre 2010 les décideurs poli- tème capitaliste. On ne peut répondre aux
Et ce faisant, nous avons clarifié les tiques et économiques français, besoins des peuples qu’en rompant avec elle.
conditions d’un dialogue social res- à la veille du sommet de l’Union Q : Est-ce possible ?
ponsable. Après le temps des désac- européenne (…). R : Ou bien on part des besoins ouvriers,
cords, le temps du dialogue prag- Il faut une relance économique et les mots d’ordre en découlent : abroga-
matique est revenu. tournée vers la satisfaction des tion de la réforme des retraites, on ne touche
La loi du 20 août 2008, relative à la besoins sociaux et respectant les pas à la Sécurité sociale, interdiction des li-
rénovation du cadre de représen- cement d’un départ à la retraite sur impératifs écologiques. cenciements, rétablissement des postes sup-
tativité, a amorcé un changement deux, initiée au début du quin- Cela nécessite une plus juste primés dans les services publics, nationa-
du paysage syndical. quennat. Chaque année, les effec- répartition des richesses, la ré- lisation ou renationalisation des secteurs
Ce sera la clé d’un nouveau ré - tifs de l’Etat diminuent ainsi de plus duction des inégalités, des inves- clés de l’industrie et de l’industrie bancaire.
formisme social, que je suis prêt, de 30 000. tissements publics et privés, un Ou bien on s’engage sur la voie du consen-
avec Xavier Bertrand, à soutenir de Pendant la crise, nous avons mis en renforcement des régulations de sus ou de l’accompagnement. La conférence
toutes mes forces (…). place avec les partenaires sociaux la finance et de l’économie. d’Alger (lire pages 8 et 9) a montré que dans
Il n’y aura plus de dépenses pu - des mesures exceptionnelles et mas- La nécessaire réduction des défi- le monde entier de très larges secteurs du
bliques supplémentaires pour re- sives. Cette politique a porté ses cits doit être le fruit d’une autre publiques font l’objet de spé- mouvement ouvrier débattent précisément
lancer la croissance. fruits. politique économique et sociale. culations financières. de cette question. Les délégués présents ont
En revanche, nous avons le devoir Nous devons (…) progresser dans L’Union européenne doit rapi- Il faut combattre le dumping conclu : il faut rompre avec la spirale infer-
d’offrir à nos entreprises des finan- la voie de la flexisécurité. Il nous dement consolider les moyens social en renforçant le socle nale de la gouvernance, qui conduit tout
cements de long terme (…). La fis- revient d’en fixer les objectifs, le de solidarité vis-à-vis des pays social européen, en particulier droit à la catastrophe.
calité directe sur les entreprises est calendrier, la méthode, mais je veux de la zone euro dont les dettes avec la mise en place d’un salaire Q : Mais quelle force a la capacité d’im-
en moyenne supérieure à 5 points dire que c’est aux partenaires so- minimum dans chacun des Etats poser cela ?
à ce qu’elle est chez nos voisins ciaux d’en proposer et d’en définir membres. R : Celle des millions qui ont combattu
européens ! les modalités et les outils. L’Union européenne doit garan- pour imposer le retrait de la contre-réforme
Mon premier engagement : c’est Aujourd’hui, nous avons environ tir les droits sociaux fondamen- des retraites, celle des milliers de délégués
qu’il n’y aura pas de hausse d’im- 600 000 jeunes en alternance. Eh taux face aux règles du marché qui n’ont pas hésité à braver les directives
pôts. La gestion rigoureuse de la dé- bien, nous nous fixons l’objectif de et de la concurrence. des sommets en se battant pour la grève
pense publique (…) : nous avons doubler ce chiffre (…). Il faut donner les moyens à des pour le retrait. Cette force n’a pas réussi à
tracé, avec le programme de stabi- Nous lancerons une concertation services de qualité de jouer tout surmonter l’obstacle, mais elle est dispo-
lité et la loi de programmation des nationale sur la protection sociale leur rôle. L’harmonisation de la nible pour imposer les solutions qu’appelle
finances publiques que vous avez qui associera tous les acteurs, les fiscalité des entreprises est une la situation.
votée, la ligne de cet effort de redres- partenaires sociaux, les profes- nécessité urgente. Q : Ne faut-il pas l’aider à s’organiser
sement. Alors que le déficit atteint sionnels de santé, les mutuelles, La création d’emplois de qualité, pour cela ?
7,7 % du produit intérieur brut en les assurances, les collectivités ter- la réduction du chômage, et en R : Nous, au POI, nous estimons que pour
2010, nous reviendrons à 6 % en ritoriales, au premier rang d’entre particulier pour les jeunes, la
franchir ces obstacles, la classe ouvrière a
2011, à 4,6 % en 2012, à 3 % en 2013 elles les conseils généraux. pérennité des systèmes de pro-
besoin d’un authentique parti ouvrier indé-
et à 2 % en 2014. Cette trajectoire Cette concertation devra examiner tection sociale sont dépendantes
pendant. Mais nous n’en faisons pas un préa-
vertueuse exige une mobilisation les voies et les moyens de réguler à la fois des décisions nationales
lable. C’est pourquoi nous avons pris l’ini-
sans faille ! les dépenses de santé, de fixer la et des réponses européennes.
tiative de la conférence du 11 décembre,
Une mobilisation de l’Etat, bien sûr, part des régimes obligatoires et Face à ces enjeux, les organisa-
dans laquelle travailleurs et militants de
mais aussi une mobilisation des complémentaires, et de diversifier tions syndicales CFDT, CGT, FSU,
toutes tendances et de toutes appartenances
régimes sociaux et des collectivités les modes de financement. Solidaires et UNSA interpelle-
qui se posent les questions évoquées ici ont
territoriales. Cette concertation nationale aura ront les décideurs politiques et
leur place, dans un débat libre, démocra-
Sur les effectifs, nous poursuivrons, évidemment pour but immédiat économiques par des initiatives
tique et fraternel.
avec François Baroin et Georges de traiter la question de la dépen- unitaires sur tout le territoire le
Tron, la politique de non-rempla- dance. » ■ 15 décembre 2010. » ■
4
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010

RÉUNIONS, DÉLÉGUÉS, MANDATS…

Des centaines de délégués seront, le 11 décembre,


Alpes-Maritimes

Réunis en conférence départementale,


des salariés et des syndicalistes La parole à…
du privé et du public adoptent un appel Stéphane Jouteux, délégué à la conférence nationale
Depuis un mois, par petits groupes, plusieurs dizaines de salariés se sont réunis du 11 décembre
autour d’Informations ouvrières, à Nice et à Sophia-Antipolis, pour préparer la
conférence nationale du 11 décembre. Une conférence départementale a eu lieu
e suis délégué des Alpes-Maritimes tation s’approfondit. Je la résumerai par un
le 26 novembre, qui a rassemblé vingt et un salariés et syndicalistes du privé et du
public (1). Nous publions ci-dessous des extraits de la déclaration issue de cette
conférence.
“J à la conférence du 11 décembre
(lire ci-contre). Je viens de prendre
connaissance de la déclaration de l’inter-
mot : celle de la recherche du consensus avec
Fillon, qui en appelle, avec la loi sur la repré-
sentativité, à un « changement du paysage
syndicale CGT-CFDT-FSU-Solidaires-UNSA syndical ».
“Refuser le cadre de négociations fixé par le gouvernement, du 29 novembre. C’est incroyable. Le mot Pourquoi suis-je délégué ? Aujourd’hui, moins
les patrons et l’Union européenne” « retraites » n’est même pas prononcé.
Pendant des semaines et des mois, nous
que jamais, on ne peut accepter ce consen-
sus avec Fillon. Je pense, à l’inverse, que l’exi-
sommes descendus dans la rue à des millions gence d’abrogation de la loi est une nécessité
e 23 novembre, l’intersyndi- syndiqués ou non, puissent diriger leur

“L cale départementale a appelé


à un rassemblement “retraite
aux flambeaux” avec lampions, etc. Ils
mouvement pour éviter que ce soit Ché-
rèque qui mène la barque.
— Lors de son discours d’investiture à
pour exiger le retrait de la loi Sarkozy. De nom-
breuses organisations de la CGT à tous les
niveaux, dont la mienne, ont pris position
dans ce sens. De multiples prises de position
absolue. Bien sûr, personne ne pense qu’on
puisse obtenir tout de suite l’abrogation de
cette loi. Mais formuler comme point de dé-
part de toute plate-forme d’unité l’exigence
étaient 300 et le secrétaire départemen- l’Assemblée nationale, Fillon a dit qu’il
d’instances ont eu lieu. Mais, jusqu’au bout, d’abrogation est un positionnement par rap-
tal du syndicat a dit : “La faute repose sur allait continuer à “réformer”, qu’il allait
les responsables confédéraux de cette inter- port à toutes les contre-réformes à venir an-
celles et ceux qui n’ont participé à aucune “fixer les objectifs, le calendrier, la méthode
syndicale se sont refusé à avancer ce mot noncées par Fillon.
action de résistance.” Je ne suis pas d’ac- (…), mais c’est aux partenaires sociaux
d’ordre de retrait. Les journées d’action saute- Le 11 décembre, je crois que c’est cette dis-
cord avec ça. Il y a eu une mobilisation d’en proposer et d’en définir les modalités
mouton et le refus d’appeler à la grève pour cussion que nous aurons à mener avec tous
énorme auparavant. Ils veulent éviter les et les outils”. Il faut dire clairement : non,
le retrait en ont été la conséquence. les délégués qui, comme moi, ont participé
questions embarrassantes : pourquoi ne nous ne négocierons pas de nouveaux
En fait, nous nous sommes heurtés pendant avec une large couche de militants à ce com-
pas avoir appelé à la grève générale, au reculs, nous n’acceptons pas de négocier
toutes ces semaines à une orientation. Et bat pendant des semaines pour chercher à
retrait, au blocage économique du pays ? dans le cadre fixé par le patronat, le gou-
aujourd’hui, quand je lis « l’interpellation » submerger l’obstacle que nous avons ren-
— Plusieurs syndicats du département vernement, l’Union européenne, les mar-
de l’intersyndicale, je constate que cette orien- contré. » ■
se sont battus pour le retrait. Et sous la chés financiers. De haut en bas, ceux qui
pression de la masse, à un moment se sont prononcés contre le mot d’ordre
donné, ils ont dû accepter de dire retrait. de retrait du projet de loi refusent aujour-
Au soir du 12 octobre, Aubry a dû dire d’hui de réclamer l’abrogation de la loi.
retrait. Et le lendemain, elle s’est rétractée. C’est ça le problème. Si l’on veut prépa-
Le 13 octobre, l’union départementale rer les conditions pour gagner, il faut s’ex-
CGT appelait au retrait du projet de loi. pliquer et dire dès maintenant : abroga-
Et le surlendemain, le mot d’ordre de re- tion de la loi Woerth et refus de la retraite
trait disparaissait à nouveau. La masse par points ! »
A lire, dans INFORMATIO
OUVRIÈRE NS
qui a déferlé le 12 octobre a fait bouger ■
les lignes. Mais on est confronté à un pro-
blème. En haut, ils ne veulent pas du re-
trait. A partir de là, ils ne se donnent pas
(1) Amadeus, Association départementale de sau-
vegarde de l’enfance et de l’adolescence, CNRS,
le n° 128 S
les moyens de gagner. Cela ne veut pas Education nationale, Faceo, France 3 Côte d’Azur,
d’Informations
dire qu’on ne peut pas y arriver (…). Il
faut que les salariés qui sont en grève,
France Télécom, hôpital, IME Henri-Matisse,
Schneider, Sopra, Thalès Alenia Space, Visteon.
ouvrières,
le compte
SPÉCIAL
La parole à… rendu de la
conférence.
Francis, cheminot en Indre-et-Loire 11 DÉCEMBRE
“Ce que j’attends de la conférence nationale CONFÉRENCE NATIO
du 11 décembre” NALE
ans la bataille me- chronique de revendiquer claire-
POUR L’UNITÉ
“D née contre la “ré -
forme” des retraites,
après sept “journées d’action”
ment le retrait du projet gouver-
nemental et d’appeler au blocage
du pays pour y parvenir.
OUVRIÈRE
depuis le début de l’année, Pour ma part, je considère que
conclue par un mouvement re- l’“unité syndicale” n’a de raison
conductible de dix-sept jours de d’exister que dans le renforcement
grève en octobre, la principale de l’efficacité de l’“unité d’action”
réflexion des collègues cheminots qu’elle engendre.
qui revient depuis dans les dis- De même, au qualificatif de “par- Réunion à Montpellier (Hérault)
cussions consiste à dire : “Tout ça tenaire social” en charge du dia-
pour ça ?”
(…) Dans le cas présent, la res-
logue avec le gouvernement, je
préfère celui d’“interlocuteur syn-
“On ne peut pas appliquer d’un côté et se battre de l’autre”
ponsabilité et le rôle de l’ensemble dical” en charge de la défense des
des états-majors des syndicats droits des travailleurs. A l’initiative du comité de Mont- ça n’a pas pris. Pourquoi ? A cause des pôles d’excellence par le biais
n’étaient-ils pas d’appeler fran- Dans ce conflit, l’“unité syndicale” pellier du POI, dix-sept militants du refus de négocier du gouver- d’appels d’offres concernant ce
chement à la grève générale ? n’a eu pour effet que de brider l’ac- de toutes tendances, syndicalistes nement ? Du manque de mobili- que le pouvoir voit comme ren-
Au lieu de cela, pour préserver la tion des travailleurs en lutte, pour pour la plupart, ayant participé sation ? Je ne sais pas. C’est difficile table. En plus, l’argent réservé pour
sacro-sainte “unité syndicale” tout n’aboutir au final qu’à l’“unité à la mobilisation pour le retrait à analyser. Mais (…) on n’a pas dit les universités est placé en Bourse,
en restant des “partenaires sociaux d’… inaction” ! de la contre-réforme des retraites, notre dernier mot, même si ça elles ne touchent que les intérêts,
responsables” (puisque leur “sens Face aux menaces qui guettent se sont réunis le 24 novembre au semble plus difficile aujourd’hui. on nourrit les marché financiers
des responsabilités” a même été notre Sécurité sociale, nos ser- Dôme dans le cadre de la prépa- — J.-P., syndicaliste cheminot : A (…). Le Conseil économique et
reconnu par François Fillon lui- vices publics, l’ensemble des fon- ration de la conférence du 11 dé- mon avis, la position de Chérèque social régional du Languedoc-
même), certains ont préféré lais- dements de notre système répu- cembre à Paris. empêchait toute unité sur les re- Roussillon soutient le « grand
ser s’enliser le conflit dans des blicain, il faut au plus tôt en tirer vendications. Sans l’unité, on ne emprunt ». Des organisations syn-
“moments forts” à saute-mouton, les leçons. J’espère vivement que — M., syndicaliste cheminote : Je peut pas gagner. dicales siègent dans cette institu-
puis, au final, dans un mouvement la conférence nationale du 11 dé- n’ai pas de réponses à toutes les — P., technicienne CNRS : Nous tion. On ne peut pas appliquer
reconductible, avec l’incapacité cembre nous y aidera. » ■ questions, mais je m’en pose beau- aussi on subit les plans de déman- d’un côté et se battre de l’autre :
coup (…). On voyait bien que par- tèlement de l’Université : le « grand c’est l’enjeu aujourd’hui.
tout les gens se mobilisaient, mais emprunt » va permettre de garder ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
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TRIBUNES LIBRES, DÉBATS, DISCUSSIONS…
Informations syndicales

en conférence pour l’unité ouvrière Communiqué des syndicats


CGT, FO, SUPAP-FSU,
SUD, UNSA
de la Ville de Paris
Réunion à Paris
“On ne lâche rien !”
“L’unité, sur des mots d’ordre précis, est la seule perspective possible” a loi sur les retraites

80 militants de plusieurs arrondissements de la capitale, enseignants, postiers, travailleurs du privé, cheminots, agents de la Sécurité sociale, etc.,
ont répondu à l’invitation au débat, le 25 novembre, lancée par leurs camarades du XIIIe arrondissement. Nous en publions quelques extraits.
“L votée à la va-vite contre
la majorité de la popu-
lation est illégitime est injuste (…).
n syndicaliste des Gobelins : plus consciente. Travailler sur l’unité, Beaucoup de jeunes se sont mobi- lement sur la base des vingt-cinq Nous avons eu raison de nous mobi-

U L’Irlande est dans une situa-


tion de marasme profond,
alors qu’il y a quelques mois, on nous
c’est la seule perspective possible.
— Un syndicaliste cheminot : A la
gare Saint-Lazare, nous avons fait
lisés. La conférence doit être un pas
en avant pour les militants des dif-
férentes organisations pour confron-
meilleures années pour le privé, re-
prendre l’ensemble de la carrière
pour le calcul des points, y compris
liser !
Les millions d’habitants de ce pays
qui ont voulu agir ont eu raison.
la présentait comme un exemple à dix-huit jours de grève. L’unité syn- ter des points de vue qui ne sont pas les années de galère. Le salarié ali- Grèves, manifestations, blocages
suivre. Aujourd’hui, on veut leur faire dicale SUD, CGT et FO s’est faite sur les mêmes. mente un capital “virtuel”. Le prin-
sont profondément légitimes quand
payer la crise dont ils ne sont en rien l’exigence du retrait. Il y a eu des as- Trois jeunes cheminots qui étaient cipe, c’est que la retraite versée ne
responsables. C’est un puits sans semblées générales massives tous dans le bureau de grève sont délé- dépasse pas le montant de ce capi- la France d’en haut refuse d’enten-
fond qu’on veut faire avaler au peu- les jours. gués pour cette conférence ouvrière. tal virtuel. dre la France d’en bas (…).
ple irlandais. J’ai espoir que nous, On a connu une tentative au som- Donc, la valeur du point dépendra A la Ville de Paris, les grévistes ont
en France, nous ne soyons pas pous- met pour que FO n’ait pas la parole “La loi Woerth, de l’âge du salarié au moment du été plus nombreux qu’en 1995, plus
sés dans cette logique. dans les assemblées générales, mais premier étage de la fusée” départ à la retraite, de l’espérance nombreux qu’en 2003. Les débats
Ce que propose le gouvernement, la CGT et les cheminots au niveau de vie de sa catégorie socioprofes- dans les assemblées générales, sur
dont certaines organisations espèrent local ont dit : tout le monde inter- — Un syndicaliste de la Sécurité sionnelle ! Tous les critères utilisés les lieux de travail, les grèves lors
tirer profit, c’est la cogestion de la si- vient, car on est tous dans le com- sociale : La loi Woerth, ce n’est que sont ceux de la capitalisation. des huit journées de mobilisation,
tuation. bat. le premier étage de la fusée. Il y a eu Dans ces conditions, il n’y a plus les actions devant le musée d’Art
Certains syndicalistes pensent qu’il On a installé un bureau de grève : il l’amendement que le Sénat a voté d’âge légal de départ à la retraite,
moderne, la déchetterie Porte d’Ivry,
faut en passer par là. Je ne partage y a eu de nombreuses discussions au dernier moment pour 2013 : il mo- chacun va partir quand il veut. Plus
pas cela. C’est eux ou nous, c’est fron- pour que la confédération appelle à difierait le système des retraites, ins- il part tôt, moins il aura de pension. la participation à des actions inter-
tal. Ce n’est pas compliqué. la grève générale. Certains ont dit tallerait la retraite par points. Ce n’est On arriverait à une retraite misérable professionnelles resteront dans les
La seule perspective pour moi, c’est que même s’ils avaient appelé, ce pas une généralisation de l’ARRCO- et il ne resterait qu’une solution : les mémoires.
notre unité sur des mots d’ordre pré- n’était pas sûr qu’on aurait gagné. AGIRC que veut le gouvernement. fonds de pension. On se bat donc Même promulguée, la loi sur les re-
cis, l’unité la plus claire possible, la Ce n’est pas si simple. Ils veulent, alors qu’on calcule actuel- pour l’abrogation de la loi. ■ traites restera injuste, et donc inac-
ceptable ! Dans un contexte de ré-
duction d’emplois et de gel des sa-
laires, les fonctionnaires et les non-
Geneviève Marchal, responsable du Collectif régional des veuves et femmes de retraités des mines de fer (Moselle) titulaires sont touchés de plein fouet
(…).
“Nous rencontrons les femmes pour expliquer qu’une loi, on peut l’abroger” Ce que nous avons vécu ces der-
niers mois, partagé et appris nour-
rira d’autres mobilisations.
Photo Informations ouvrières

Le gouvernement sait à quoi s’at-


tendre s’il s’engage plus encore
dans la remise en cause de nos
La parole à… droits !
Arsène Schmitt, président du Pendant ce conflit, nos organisa-
Comité de défense des travailleurs tions ont demandé deux fois au-
frontaliers de la Moselle dience au maire de Paris, qui a re-
fusé de nous recevoir ensemble sur
“Pourquoi toute cette révolte n’aboutit les questions liées au conflit des re-
traites
pas à une grève générale en Europe ?” Il va bientôt recevoir séparément
chacune de nos organisations.
Nous ne manquerons pas de porter
ans tous les capital, entretenant l’illusion

“D pays européens
gronde la révolte,
les travailleurs se mobilisent,
d’un syndicalisme européen et
détournant la colère populaire.
Avec en prime les félicitations
au cours de ces audiences les reven-
dications sur les salaires, les pro-
motions, l’emploi, les conditions
de travail et la précarité des emplois
des grèves générales en Grèce, des gouvernements jugeant les
a colère ne s’est pas mande aux organisations syndicales au Portugal, en Espagne, en directions syndicales “respon- des non-titulaires qui sont les vôtres

“L éteinte avec le vote de


la loi. Les manifesta-
tions ont rassemblé 3,5 millions de
de tous les pays d’accompagner la
politique de l’Union européenne.
C’est également ce que font les di-
Irlande... En France, nous ve-
nons de sortir d’un puissant
mouvement de lutte de classes.
sables” (…).
Il faut travailler à l’unité syn-
dicale, mais pas une unité syn-
(…).
En 2010, Paris a déjà réalisé 250 mil-
lions d’euros de recettes qui n’étaient
personnes et cette prise de conscience rections des partis de gauche cen- Pourquoi toute cette révolte dicale accompagnant la ré- pas prévues au budget. Pourtant,
ne s’est pas perdue. Nous devons la sés représenter la classe ouvrière. n’aboutit pas à une grève géné- gression sociale, comme nous pas un centime de ces recettes sup-
“travailler”, la faire grandir. L’unité viendra de ceux qui étaient rale en Europe ? Pourquoi n’y venons de la vivre avec les re- plémentaires n’a été affecté aux per-
Nous rencontrons les femmes pour dans les grèves et les manifestations. a-t-il pas d’unité des classes traites. Il faut la rupture avec sonnels. Ce n’est pas admissible !
expliquer qu’une loi, on peut l’abro- Il nous faut de nouvelles perspec- ouvrières en Europe pour mettre les consensus. La seule pers-
Le budget qui sera présenté au
ger. tives politiques pour aboutir dans en échec ce recul de civilisa- pective qui s’offre à nous, c’est
Forcément, une telle mobilisation nos revendications. tion ? Pourquoi les gouverne- l’unité et l’action de masse des conseil de Paris de décembre sans
fait craindre la suite au gouverne- Attendre l’élection présidentielle de ments en Europe, les Sarkozy- classes ouvrières en Europe la moindre création d’emplois n’est
ment, car on est seulement au début 2012, c’est entériner la réforme des Merkel peuvent-ils se permettre pour stopper et inverser la poli- pas acceptable.
de la mise en œuvre de son plan retraites. cette destruction générale de tique de destructions générales.
d’austérité. Nous avons besoin d’échanger entre nos droits et acquis ? Tout sim- C’est préparer la grève géné- 2010, 2011, 2012, 2013. Ne cessons
Les directions des centrales syndi- nous, à l’échelle nationale : pour- plement parce qu’il existe en rale pour stopper la barbarie pas d’exiger :
cales CGT et CFDT ont joué le mau- quoi le mouvement n’a pas abouti France comme en Allemagne du capitalisme et pour un — L’abrogation de la loi ! Non à la
vais jeu, accompagné le vote de la et comment faire reculer le gou- un consensus politique et syn- changement de société. retraite par points !
loi et provoqué l’arrêt du mouve- vernement sur ces réformes catas- dical. Pour cela, il faut rassembler — Maintien du système de retraite
ment. trophiques ? Les directions de nos confé - tous les militants ouvriers (…).
par répartition, maintien du cal-
Malgré cela, le découragement ne La conférence, c’est aussi : permettre dérations syndicales fran - A la conférence des délégués
paraît pas dans les conversations au peuple, qui a voté majoritaire- çaises, allemandes, soumises du 11 décembre, à Paris, j’y cul sur les six derniers mois.
des femmes, l’envie de se battre est ment non à la Constitution euro- à la Confédération européenne serai avec la délégation de Sar- — La retraite à 60 ans à taux plein,
toujours aussi visible. « On ne peut péenne en 2005, de dire quel projet des syndicats (CES), appellent reguemines. Son mandat est c’est-à-dire sans décote.
pas en rester là », c’est le sentiment politique et quel gouvernement il sans cesse au dialogue, à la né- issu des discussions avec des — L’augmentation des salaires que
qui dominait à ce meeting (1). Le veut, avoir un vrai débat. Ailleurs, gociation. A quoi servent les responsables syndicaux tra- le gouvernement veut bloquer
respect grandit pour tous ceux qui le langage est tronqué, faussé, pour manifestations européennes vaillant en Allemagne ou en jusqu’en 2013.
résistent, particulièrement pour les nous faire accepter l’austérité. » annuelles « bidon » de la CES, France qui cherchent à briser — Des créations d’emplois pour les
militantes du collectif dont l’âge ■ comme celle du 29 septembre la division pour bloquer les services publics.
force l’admiration. à Bruxelles ? Il s’agit, à chaque attaques du capital : à Behr, — La satisfaction de nos revendi-
Le problème de fond auquel nous (1) Le 4 novembre dernier, 200 veuves et fois, d’une espèce de garden- Continental, dans la fonction
cations à la mairie de Paris.
sommes confrontés, c’est que la femmes de mineurs étaient rassemblées à party euro-syndicale parfaite- publique, la SNCF, l’action so-
Confédération européenne des syn- Hayange, à l’appel du Collectif contre la ment inoffensive pour le grand ciale. » ■
dicats essaie par tous les moyens de destruction du régime minier de Sécurité
contenir l’explosion sociale et de- sociale (NDLR).
6 > A la Une >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010

Dans toute l’Europe, les travailleurs


IRLANDE

Chronique Plus de 100 000 manifestants à Dublin, le 27 novembre


POLITIQUE

La CES
à l’œuvre…
“L’Irlande n’est pas à vendre !”
Plus de 100 00 personnes ont manifesté samedi
27 novembre, à Dublin, contre le quatrième
Par Yan Legoff plan d’austérité accepté par le gouvernement
en échange de « l’aide » du FMI et de Bruxelles :

Photo AFP
En une semaine, le Portugal le plan « d’économies » et de destruction le plus
a connu une grève générale d’une draconien jamais adopté en Irlande.
ampleur inégalée depuis plus
’Irlande, ce pays qui a si chèrement
de vingt ans, la capitale de l’Irlande
a vu converger plus de 100 000
manifestants venus de tout le pays
L conquis son indépendance il y a moins
d’un siècle, vient de passer sous la tutelle
du Fonds monétaire international et de l’Union
et les étudiants anglais ne cessent européenne. L’effondrement de son système
de manifester… La volonté bancaire, miné par la spéculation immobilière,
de combattre des travailleurs et a phagocyté le budget de l’Etat venu à sa res-
cousse, gonflant démesurément sa dette. Et
des peuples en Europe ne peut être aujourd’hui, les « marchés financiers » exigent
mise en doute. A quels obstacles le paiement, par le sang de la nation irlandaise,
sont-ils confrontés pour faire recu- des intérêts d’une dette creusée pour les ren-
ler les gouvernements ? En France, flouer !
l’intersyndicale CGT, CFDT, FSU, Dublin prévoit ainsi de ramener son déficit à
Solidaires et UNSA se prononce 3 % de son PIB, comme l’exige l’Union euro-
pour « la nécessaire réduction péenne, d’ici à 2014. Ce déficit s’est envolé à
32 % du PIB en raison des dizaines de milliards
des déficits » (lire page 3). d’euros que l’Etat a déjà dû injecter dans ses
Et dans les autres pays ? banques afin de leur éviter la faillite après l’écla-
Des questions similaires tement de la bulle immobilière. La manifestation à Dublin, le 27 novembre.
sont posées. Car tout est ordonné Des quatre coins de l’île, ce 27 novembre, sont
par la prétendue Confédération arrivés fonctionnaires, retraités, salariés, étu- plus ses dettes et deux tiers des personnes inter-
européenne des syndicats (CES), diants pour exprimer leur refus de payer la dette rogées s’opposent aux mesures de rigueur.
colossale d’un système bancaire responsable. Que déclare O’Connor, président d’un des prin-
qui appelle à des « actions
symboliques »
La mobilisation a été importante à l’échelle d’un
pays de 4,5 millions d’habitants qui a déjà subi
cipaux syndicats de l’île, qui appelait à la mani-
festation ?
Le nouveau plan exigé
le 15 décembre prochain.
Le point de la vue de la CES vaut
trois plans d’austérité depuis 2008. Dans la mani-
festation, de nombreuses pancartes : « Eire not
Le nouveau plan, dit-il, est « une feuille de route
vers l’âge de pierre et une déclaration de guerre
par Bruxelles et le FMI
d’être connu. Concernant le plan
drastique imposé aux travailleurs
for sale » (« L’Irlande n’est pas à vendre »).
« Plusieurs de mes amis sont déjà partis. Il y a si
contre les bas salaires (…) ».
Mais quelle conclusion en tire-t-il ? « Le senti-
est d’une brutalité inouïe
grecs, la CES déclarait, en juin peu d’emplois, si peu d’espoir en l’avenir. Le gou- ment d’injustice déjà très fort est accentué par — Baisse de 12 % du salaire horaire minimum,
vernement a trahi ma génération, et maintenant, ce nouveau plan, mais nous restons une orga- « cela par nécessité pour que le pays reste
dernier : « La CES reconnaît que voici mon pays vendu au FMI », déclare une étu- nisation pro-européenne et attachée à la pré- compétitif », commente le ministre des Finances
le gouvernement et le peuple grecs diante. sence de l’Irlande dans la zone euro. » irlandais ;
n’ont actuellement pas d’alterna- D’autres encore, cités par la presse française : Pas question, donc, pour ce dirigeant, de re- — réduction de l’assurance sociale de 14 %
tive au plan de sauvetage, mais « Il n’y a pas d’autre choix que de se battre, parce mettre fondamentalement en cause les diktats (notamment allocations chômage et fami-
que ce qui nous attend, c’est la fermeture d’écoles, de Bruxelles. liales) ;
estime qu’il faudra, et le plus tôt — hausse d’un quart des frais d’inscription uni-
sera le mieux, y ajouter un élément d’hôpitaux. La direction de son syndicat, indique Libération
versitaires ;
supplémentaire en faveur — Tout ce pour quoi nous avons travaillé a été (27 novembre), « considère que le nouveau plan
— suppression de près de 8 % des emplois
perdu. Nos retraites sont réduites. d’ajustement pourrait causer la perte supplé-
de la croissance et de l’emploi. » publics :
— Pour l’instant, j’ai encore un travail, mais pour mentaire de 90 000 emplois sur une population — réduction de 10 % du salaire des nouveaux
Plus récemment, le 16 octobre, combien de temps ? J’ai peur… active de 1,9 million de personnes et plaide pour fonctionnaires et de 6 à 12 % des retraites ;
le secrétaire général de la CES, — On sauve les banquiers, pas l’Irlande. Mon fils que l’objectif de parvenir à 3 % de déficit public — en revanche, le gouvernement maintient à
John Monks, réclamait, comme de 31 ans a dû s’exiler en Australie parce qu’il ne prévu en 2014 soit au moins étalé jusqu’à 2017 ». 12,5 % le taux d’imposition des sociétés, en
une « étape essentielle », de « faire trouvait pas de boulot ici. » Les travailleurs irlandais n’auraient-ils donc dépit des pressions de pays comme la France
participer les partenaires sociaux Selon un récent sondage publié par le journal droit qu’à un délai de paiement ? Car il faudrait, (taux d’imposition à 33 %) ou l’Allemagne
irlandais The Sunday Independant, 57 % des envers et contre tout, accepter de payer pour (30 %). ■
des pays concernés par les mesures
Irlandais souhaitent que Dublin ne rembourse les banques ? ■
d’austérité » à l’Instance euro-
péenne de stabilité financière…
En insistant bien : « Nous ne vou- COMMUNIQUÉ DE PRESSE
lons pas être de simples specta-
teurs. » Non seulement, pour
la CES, il n’y a pas d’alternative
aux « plans d’économies »
“Non à l’Union européenne, oui à la démocratie !”
qui frappent partout les travailleurs,
mais elle revendique d’y être Message de syndicalistes anglais aux travailleurs irlandais et portugais
directement associée ! Pour le bien
des ouvriers, cela va sans dire… En Grande-Bretagne, Bob Crow, secrétaire leur économie soit entièrement mise entre les mains tion gouvernementale responsable en faveur
Et d’avancer « dix revendications général du syndicat des transports RMT et des banquiers constitue un acte d’agression. de l’emploi, des investissements dans les ser-
syndicales » pour un « programme porte-parole du mouvement No2EU-Yes to En conduisant une grève générale demain, les vices publics et d’autres mesures nécessaires
democracy, appelle à la solidarité avec les tra- travailleurs portugais montrent clairement pour défendre les populations laborieuses serait
de réforme financière », parmi les- vailleurs irlandais et portugais. qu’ils ne sont pas prêts à accepter l’austérité considérée comme autant de menaces contre
quelles « des normes suffisantes en sans limites imposée par l’Union européenne ; l’union monétaire européenne.
matière de fonds propres des insti- e mouvement No2EU-Yes to democracy et les Irlandais ne doivent pas accepter la des- Les classes qui ne font que parler, les banquiers
tutions bancaires », « la démocrati-
sation de la finance par des
normes élevées de dialogue social
L assure aujourd’hui les travailleurs irlan-
dais et portugais de son soutien plein et
entier dans leur combat contre les tentatives
truction de leur système de protection sociale
et de la démocratie comme prix à payer pour
le sauvetage imposé par l’Union européenne.
et les dirigeants européens entraînent le conti-
nent tout entier vers une aventure politique
et économique qui nous amène à présent au
menées sous l’égide de l’Union européenne Le dernier budget, qui doit être adopté par le gou- bord du désastre, et ce seront des dizaines de
et l’implication des syndicats
visant à prendre le contrôle de leur économie vernement irlandais le 7 décembre, entièrement millions de simples citoyens qui vont payer,
à tous les niveaux »… au compte des banques. contre le peuple, vise non pas à protéger l’emploi, au prix de leur existence complètement rui-
Une organisation syndicale, Bob Crow, secrétaire général du syndicat des les conditions d’existence ni les services publics, née. »
la CES ? transports RMT et porte-parole de No2EU, mais bien les financiers et les banquiers. « C’est le moment de se dresser pour combattre »,
déclare : « L’attaque menée par l’Union euro- C’est en complète cohérence avec la politique déclare Bob Crow.
péenne pour obliger les peuples à accepter que de l’Union européenne, alors même qu’une ac- Mardi 23 novembre 2010 ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
7

sont confrontés aux mêmes questions


PORTUGAL GRANDE-BRETAGNE

Le gouvernement “socialiste” Les étudiants


manifestent à nouveau
face à la “plus grande grève jamais réalisée” dans le pays en masse… Mais où sont
les syndicats ouvriers
Ecartant toute revendication nette de retrait et le Parti travailliste ?
Photo AFP

du plan « d’économies » draconien, les direc-


tions des centrales syndicales veulent « re-
prendre le dialogue social avec le gouver-

Photo AFP
nement ».

e 24 novembre, les deux principales cen-

L trales portugaises, CGTP et UGT, unies


pour la première fois depuis vingt-deux
ans, appelaient à faire grève dans tout le pays
contre le plan d’austérité imposé par le gou-
vernement « socialiste » pour réduire les défi-
cits publics et rassurer les marchés financiers.
C’est « la plus grande grève jamais réalisée » dans
l’histoire du pays, selon l’UGT.
Avions et trains annulés, ports paralysés, écoles
fermées, service minimum dans les hôpitaux,
piquets de grève devant les centres de tri de la
poste ou de l’aéroport de Lisbonne : la grève
générale a été très massivement suivie, affec-
tant tous les secteurs, services publics et grandes
entreprises, notamment dans la construction
automobile (90 % de grévistes à Eutoeuropa ou
Sakhti).
Le gouvernement portugais, dirigé par le Pre-
mier ministre « socialiste » José Socrates, avait
annoncé que, quelle que soit l’ampleur de la La manifestation à Lisbonne, le 24 novembre.
grève générale du 24 novembre, il n’infléchirait
aucunement les mesures d’austérité. gouvernement » (L’Humanité, 24 novembre). la baisse des salaires du secteur public de 5 % ,
Ce à quoi Manuel Carvalho da Silva, secrétaire Un « dialogue social » pour quoi ? Le budget que le gel des pensions et la hausse des impôts.
général de la CGTP, la principale centrale syn- le Parlement a définitivement adopté vendredi « J’ai bon espoir que l’adoption du budget de
dicale du pays, répond : « Nous savons que, pour 26 novembre vise à ramener le déficit public de l’Etat permettra de renforcer la confiance des
le moment, des réponses positives sont difficiles... 7,3 % en 2010 à 4,6 %, en 2011, un budget de ri- marchés (…). Nous devons affirmer très claire-
Nous n’attendons pas de grands résultats dans gueur sans précédent. ment que ce budget sera exécuté avec rigueur »,
l’immédiat… Le lendemain de la grève, nous Les coupes budgétaires vont entraîner en par- a garanti de son côté le président portugais. La manifestation des étudiants à Londres,
demandons la reprise du dialogue social avec le ticulier la diminution des prestations sociales, ■ le 24 novembre.

es milliers d’étudiants ont fait grève

Une délégation ouvrière reçue à la direction de la centrale syndicale CGTP


D et ont manifesté, pour la deuxième
fois, à Londres et dans les grandes
villes universitaires, le 24 novembre dernier.
Ils protestent contre les coupes budgétaires
et l’augmentation des frais d’inscription uni-
versitaires. Le gouvernement a prévu de les
Une correspondance du Parti ouvrier d’unifi- vernement de Socrates-Union européenne sans secrétaire général de l’UGT, des grèves — sec-
porter de 3 290 livres (3 867 euros) à 6 000
cation socialiste (POUS), membre de l’Entente retrait de leur plan d’austérité. teur par secteur — ne sauraient-elles briser la
livres, et même, dans des « circonstances
internationale des travailleurs et des peuples, Cette lettre reprend la prise de position de la résistance des travailleurs ?
exceptionnelles », à 9 000 livres !
au soir de la grève générale. commission de coordination des commissions Ce que les travailleurs attendent des deux cen-
Etudiants et lycéens se sont heurtés vio-
de travailleurs du parc industriel de l’entreprise trales syndicales, n’est-ce pas qu’elles s’enga-
lemment à des barrages de police, dont des
e mercredi 24 novembre, des millions de Eutoeuropa : « Nous ne voulons pas voir encore gent publiquement à n’accepter aucune invita-

C travailleurs portugais, en grève et en ma-


nifestation ont exigé :
— le retrait du plan du gouvernement ;
une fois les dirigeants syndicaux rivaliser sur la
négociation des indemnités de licenciement, nous
voulons des syndicats qui agissent dans l’unité
tion à négocier quoi que ce soit avec le gouver-
nement sans que soient abandonnées les at-
taques contre les emplois et les salaires, et, tout
unités de police montée. « A bas les coupes ! »,
ont scandé les manifestants.
« Je veux aller à l’Université, je veux faire
quelque chose de ma vie, mais ces coupes vont
— le paiement intégral des salaires ; pour garantir les emplois. » au contraire, qu’elles mobilisent dans l’unité
rendre impossible cela. Ma mère vit des allocs
— l’interdiction des licenciements collectifs à La lettre a été envoyée aux deux centrales syn- jusqu’à ce que le gouvernement retire ce plan
et a déjà du mal à joindre les deux bouts ! »,
Groundforce (prestataire de services “Ce que dicales, accompagnée d’une de - d’austérité ?
s’écrie une jeune lycéenne.
des aéroports — NDT), à Pages mande d’audience. C’est en réponse Nous avons tous présente à l’esprit l’expérience
les travailleurs Le gouvernement conservateur prévoit de
jaunes et dans toutes les autres en- à cette demande qu’Arménio Carlos, des puissantes mobilisations des enseignants
treprises. attendent des membre de la commission exécutive et leurs résultats. Qu’ont gagné les enseignants
couper 83 milliards de livres (95 milliards
d’euros) en moins de cinq ans dans tous les
Le gouvernement répond qu’il ne deux centrales de la CGTP, a reçu une délégation des et leurs syndicats dans cette négociation, qui
budgets : suppression de 490 000 postes de
touche pas une ligne de son plan syndicales, signataires de la lettre le 22 novembre a mené à un « accord » sans que soit retirée la
fonctionnaires (sur 6 millions) ; coupes dans
d’austérité, signé avec le PSD et n’est-ce pas dernier. loi de destruction de la démocratie dans les
les budgets sociaux : allocation chômage,
découlant d’un compromis avec Au cours de la réunion, Arménio Car- écoles, et qui a maintenu une évaluation injuste
qu’elles allocation logement ou aides aux handica-
l’Union européenne. los a assuré à la délégation que cette et inapplicable — et dont la FENPROF (syndi-
pés, accélération du calendrier pour l’aug-
Dans cette situation, qu’attendent s’engagent centrale syndicale ne capitulerait pas cat des enseignants — NDT) vient d’exiger la
mentation à 66 ans de l’âge du départ à la
les travailleurs des directions de leurs publiquement devant ce gouvernement, comme il suspension ? N’est-ce pas pour cette raison
retraite.
centrales syndicales ? à n’accepter l’avait déjà affirmé, et qu’elle main- que tant d’enseignants affirment : « Tant de
« Le travail doit payer », déclare le ministre
Ils attendent d’elles qu’elles s’enga- aucune invitation tenait sa position de ne signer aucun luttes... pour ensuite venir mourir enlisés dans
britannique du Travail. Le gouvernement
gent à poursuivre la mobilisation « pacte pour l’emploi » sans une autre les sables ! » ?
à négocier quoi justifie ainsi le projet sur l’allocation chô-
dans l’unité, jusqu’à l’obtention du politique pour le développement du Combien de militants, combien de travailleurs,
mage. Ce projet privera un chômeur d’allo-
retrait du plan d’austérité du gou- que ce soit avec pays, sans augmentation des salaires combien de dirigeants ne sont-ils pas déjà par-
le gouvernement et des pensions, sans renforcement cation pendant trois mois s’il refuse une
vernement. venus à cette même conclusion ?
offre, six mois s’il en refuse deux et trois ans
Ce qui s’exprime dans ces mots sans que soient du pouvoir de l’Etat dans des secteurs Unir sur une même orientation — qui traverse
s’il en écarte trois. Les chômeurs devront
d’ordre, c’est le contenu même d’une abandonnées stratégiques de l’économie, notam- tout le mouvement syndical — tous ceux qui
aussi participer à des programmes de tra-
lettre approuvée dans une rencontre ment celui de l’énergie. sont déterminés à défendre l’indépendance
les attaques vail obligatoire, sous peine de sanctions.
qui s’est tenue à Lisbonne, le 13 no- Il a aussi dit que la lutte allait se pour- complète de nos organisations syndicales, pour
L’opposition travailliste s’est indignée de
vembre dernier, à l’initiative de la contre les emplois suivre, secteur par secteur, et que la qu’elles réalisent un seul front, celui de notre
cette politique « injuste » ; les plus grands
commission pour l’interdiction des et les salaires ?” CGTP ferait tout pour empêcher les classe, obligeant le gouvernement, l’Union euro-
dirigeants syndicaux ont eux aussi réagi,
licenciements. licenciements à Groundforce. péenne et le FMI à reculer, c’est là un objectif
mais sans annoncer pour autant d’appel à
Ses signataires s’adressent à Car- Mais si le gouvernement ne recule primordial, le plus crucial que nous puissions
une mobilisation… contre un plan budgé-
valho da Silva et à João Proença (dirigeants des pas et se prépare même à un PEC4 (quatrième réaliser, pour aider à renverser positivement le
taire qu’ils qualifient pourtant de « mas-
centrales syndicales CGTP et UGT — NDT), pour « plan de stabilité et de croissance », c’est-à-dire cours des événements.
leur demander de ne rien signer avec le gou- plan d’austérité — NDT), comme l’a affirmé le Le 24 novembre 2010 ■ sacre ». ■
8 > L’actualité internationale >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010

Reportage

La VIIIe Conférence mondiale ouverte


s’est tenue à Alger
Reportage réalisé par tutifs du syndicalisme, c’est un fait établi par

Photo Informations ouvrières


Benoît Larnose, des décennies de combats de classe, explique-
Edison Cardoni t-il, que « dans le capitalisme, sous un régime
et Jean-Pierre Raffi d’exploitation de l’homme par l’homme, tout a
été acquis par le rapport de force ».
Pour Norbert Benissan, syndicaliste de l’Union
syndicale indépendante du Togo (UNSIT), « le
dialogue social est l’ennemi de l’indépendance
de classe, il faut renouer avec les fondamentaux
du syndicalisme ».
Ce que Charlie Lendo, délégué de Guadeloupe,
vice-président de l’UGTG, a résumé en une for-
mule qui s’est puissamment incarnée dans le
LKP à la tête de la grève générale de quarante-
quatre jours l’an dernier : « Le capitalisme, le

L
a première chose qui saute aux colonialisme ne s’humanisent pas, ils se com-
yeux dès qu’on pose le pied sur la battent. »
terre algérienne, c’est, inscrite dans D’autres importantes questions ont traversé
chaque geste, la fière souveraineté cette conférence ouvrière et marqué ses débats :
d’un peuple qui n’oublie pas le prix sur la situation et les luttes des femmes tra-
qu’il a dû payer pour arracher des vailleuses et de la jeunesse ; concernant le com-
mains du colonialisme français sa liberté et son bat pour tirer Mumia Abu-Jamal du couloir de
indépendance. la mort où il risque d’être mis à nouveau ; concer-
Sentiment qu’exprimera intensément Louisa nant aussi le combat mené par le Comité inter-
Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs national contre la répression (Cicr) pour l’arrêt
d’Algérie, coorganisatrice de cette conférence de la répression qui frappe le syndicaliste russe
avec l’UGTA et l’Entente internationale des tra- Ourousov emprisonné et les syndicalistes de
vailleurs et des peuples, dans le discours qu’elle l’UGTG persécutés par le pouvoir colonial en
prononcera en clôture de la conférence : « En Guadeloupe. Des questions qui ont donné lieu
tant qu’Algérienne et au nom de tous les délégués à des réunions tenues en marge des séances plé-
algériens, au nom de l’UGTA, du Parti des tra- social” est-il la même chose que la négociation ? sie, de Serbie, de Suisse, de Grande-Bretagne, nières, ou qui ont fait l’objet d’appels proposés
vailleurs et de tous les délégués présents, j’ex- Non ! C’est se mettre d’accord sur les mesures d’ac- de Hongrie, d’Espagne, de Turquie, du Portu- à la signature des participants, comme par
prime ma fierté pour l’organisation et la tenue compagnement de la crise. Le “consensus”, est-ce gal, de Roumanie, de Suède et de France…, du exemple la lettre ouverte à Dilma Roussef, la
de cette VIIIe Conférence mondiale ouverte en la démocratie ? Non ! Le consensus, c’est l’obli- continent américain, du Brésil, du Mexique, nouvelle présidente du Brésil, membre du Parti
Algérie, terre de 1,2 million de martyrs pour l’in- gation d’arriver à des conclusions identiques d’Haïti, de Guadeloupe, de Martinique, du Vene- des travailleurs, pour qu’elle décide de retirer
dépendance, 56 ans après les débuts de la révo- entre exploiteurs et exploités. La démocratie, c’est zuela et des Etats-Unis…, les délégués du Moyen- les troupes brésiliennes qui encadrent la mis-
lution. » au contraire la reconnaissance d’intérêts anta- Orient, du Liban, de Palestine et d’Irak…, en sion d’intervention en Haïti.
L’autre impression qui a saisi tous les délégués goniques dans la société. » étant certains encore d’en oublier.

I
dès leur arrivée — ils seront nombreux à le sou- Tous les intervenants qui se sont ensuite suc- Délégués qui ont montré en même temps la l est revenu à Louisa Hanoune, à qui
ligner dans leur intervention —, c’est la chaleur cédé ont dressé l’acte d’accusation le plus impla- résistance que la classe ouvrière, la paysanne- Sidi Saïd avait donné mandat de par-
de l’accueil, la fraternelle hospitalité que leur cable contre un système social qui entraîne rie et la jeunesse opposent à cette politique de ler au nom de toute la délégation algé-
ont aussitôt réservée les militants du Parti des aujourd’hui le monde et l’humanité tout entière destruction de leurs droits. Comme le rapporte rienne, et à Daniel Gluckstein, au nom
travailleurs, qui, durant les cinq jours où étaient dans la guerre, la destruction, le chaos. Ils ont par exemple ce délégué algérien, syndicaliste de l’Entente internationale, de conclure
présentes nombre des délégations à la confé- montré en même temps que partout, dans les de la société nationale algérienne de pétrole, la conférence.
rence, en ont assuré le bon déroulement avec conditions certes difficiles, les travailleurs et les qui explique comment, « après une longue Pour Daniel Gluckstein, « il y a presque vingt
rigueur et efficacité. peuples opposent une résistance farouche à la bataille, les travailleurs et le peuple algérien ont ans, à Barcelone, les bases ont été jetées, qui se
Cinquante-deux pays étaient représentés. Près déchéance dans laquelle ce système voudrait arraché la reprise du contrôle par l’Etat des hydro- sont considérablement élargies dans cette VIIIe
de quatre cents militants ouvriers, politiques et les conduire. carbures à hauteur de 51 %. Ce qui constitue une Conférence mondiale ouverte. Des débats ont eu
syndicaux. Quatre-vingt-dix-sept d’entre eux avancée, bien que nous continuions à exiger le lieu d’une très grande richesse, d’une très grande
ont pris la parole après les trois rapports intro- Guerre contre les peuples contrôle à 100 %. » franchise. La question qui nous est posée à tous
ductifs. Au final, un succès indéniable, que cha- est : à quelles conditions la classe ouvrière peut-
cun a tenu à souligner. Comme sont venus le dire les deux délégués La “guerre”, c’est aussi la guerre elle se défendre, sinon en se réappropriant ses
Première à ouvrir cette conférence, Louisa d’Afghanistan, « la guerre tragique menée contre contre l’indépendance organisations. » Et faisant explicitement réfé-
Hanoune citait la phrase d’un responsable du le peuple afghan est aujourd’hui la guerre de des organisations ouvrières rence à la Première Internationale, l’Associa-
FMI, Michel Camdessus, en 1991, devant le l’administration Obama, tout aussi criminelle tion internationale des travailleurs, il conclut :
Bureau international du travail — « Il n’y a plus que l’administration Bush ». Une guerre pré- Engagé, comme nous l’avons dit plus haut, par « Il n’y a pas d’autre issue que la recherche com-
de Nord ni de Sud, tous doivent appliquer le pro- tendument pour la « démocratie », pendant Sidi Saïd, un débat s’est ouvert, comme il l’a binée de l’unité sur ce qui nous est commun et
gramme d’ajustement structurel » — pour rap- laquelle « la production d’opium a augmenté de d’ailleurs lui-même appelé de ses vœux, face à de la diversité dans le respect des positions des
peler combien sont unifiées les luttes des peuples 30 % ; la violence contre les femmes et les enfants une politique qui, dit-il, lui « fait peur pour le uns et des autres. »
dans le monde entier contre la guerre et l’ex- a augmenté elle aussi considérablement ; des mil- syndicalisme ». « Une situation où l’on voit se Louisa Hanoune soulignait encore une fois « l’im-
ploitation. Ajoutant, pour souligner l’unité de liers de civils ont été tués par les frappes aé- former au-dessus de nos têtes une alliance non portance de cette conférence tenue à Alger, en terre
combat des peuples et des classes laborieuses : riennes ». écrite, mais qui pèse sur nos organisations, s’opé- africaine, dans ce local de la Mutuelle du syndi-
« Mais la guerre contre les classes ouvrières se Et l’orateur de montrer jusqu’où va le cynisme rer un alignement sur la mondialisation. » cat des travailleurs des matériaux de construc-
mène aussi aux Etats-Unis et en Europe. » Elle de ces criminels en rapportant les propos tenus Délégué américain, militant de l’AFL-CIO, Gene tion, dans la diversité du mouvement ouvrier
citait « Sankara, ancien président du Burkina il y a deux jours par le représentant de l’OTAN, Bruskin, invite à « se méfier des mots comme international, des délégations venues de pays
Faso, qui avait soutenu la Conférence de Cara- qui a osé déclarer que « l’Afghanistan est un pays “consensus”, “dialogue social”, “ajustement”… » impérialistes et de pays opprimés. » Elle rappe-
cas pour l’annulation de la dette et qui disait où il fait bon vivre… bien mieux qu’à New York ». et à « toujours vérifier ce qu’ils représentent ». lait que, « pour nous, il n’y a pas de distinction
quelques jours avant son assassinat, le 27 février Des mots qui, le plus souvent, sont « des men- entre pays forts et faibles, petits ou grands, mais

S
1987, que les malheurs d’un peuple ne peuvent ’il est un peuple qui doit faire face songes, des pièges pour les organisations syndi- un combat commun contre un système capita-
jamais être profitables à un autre peuple ». à cette politique atroce de guerre cales ». liste qui vit une crise sans précédent et qui génère
Sidi Saïd, le secrétaire général de l’UGTA, fai- contre les peuples, c’est bien le Pour Marc Blondel, syndicaliste (France) invité les attaques les plus brutales contre tous les
sait l’amer constat que, dans ce monde dominé peuple palestinien, qui « vit depuis par Sidi Saïd à cette conférence, il est clair que peuples, précipitant le monde dans l’anarchie ».
par les marchés financiers, « l’homme a disparu si longtemps l’exploitation et l’op- ces mots n’ont rien à voir avec le syndicalisme En adoptant la déclaration qu’on lira en page 9,
des objectifs de l’économie, c’est la doctrine ultra- pression d’une nation entière qui ouvrier indépendant et constituent en réalité les délégués ont accepté la proposition que les
libérale qui domine, pour qui le marché est le ne compte pas moins de sept millions de réfu- un piège mortel pour lui. « La “cohésion sociale” membres de la tribune de la conférence se consti-
seul régulateur de l’économie ». Ajoutant que « le giés », comme est venu le rappeler Salah Salah, entre l’ouvrier et le patron, c’est impossible, c’est tuent en coordination internationale de l’Entente
problème n’est pas de réguler les marchés comme membre du Conseil national palestinien. un leurre, c’est le syndicat au service des patrons. » internationale des travailleurs et des peuples. Ils
on règle son chauffage central ». « Il faut, disait- « Le seul “travail décent” que je connaisse, ont établi que l’animation de l’Entente s’opére-
il, revenir sur un terrain politique et juridique Mais la “guerre”, c’est aussi celle explique-t-il, c’est celui qui applique les normes rait conjointement depuis Paris et Alger.
qui garantisse la justice sociale. » Ce qui, selon contre les travailleurs, leurs droits… de l’OIT, toutes les normes de l’OIT. » Quant à la
lui, passe par la « bonne gouvernance » et le « dia- « gouvernance mondiale », il « craint que ce ne
logue social ». Et ce, sur tous les continents, comme l’ont mon- soit rien d’autre que donner plus d’autorité au
Pour Daniel Gluckstein, « dans leurs luttes, les tré les délégués africains, du Sénégal, du Bur- FMI ». On ne peut, dit-il, « contrôler le rôle des- La relation de la conférence qui est faite dans
obstacles que rencontrent les travailleurs et les kina Faso, du Tchad, de Centrafrique, du Nigeria, tructeur du FMI ». cette page ne prétend évidemment pas rendre
peuples ne sont pas d’abord dans les gouverne- d’Azanie, du Burundi, du Lesotho, du Gabon, Patrick Hébert, syndicaliste membre de la délé- compte de la totalité des interventions, dont
ments affaiblis et en crise, mais principalement du Togo, du Bénin, d’Algérie et du Maroc…, les gation française, constate que « des désaccords, Informations ouvrières publiera au cours
dans les organisations de la classe ouvrière elle- délégués asiatiques, de Chine, de Corée, des Phi- des nuances, s’expriment dans ce débat », par- des prochaines semaines de plus amples
même ». lippines, du Bangladesh, du Pakistan, de la faitement légitimes au regard de la situation extraits. Elle est un point de vue subjectif
Et il posait une question qui fera débat durant Réunion et d’Inde…, européens, de Moldavie, complexe dans laquelle se trouve le mouvement qui n’engage que ses auteurs.
les trois jours de la conférence : « Le “dialogue de Tchéquie, de Belgique, d’Allemagne, de Rus- ouvrier. Rappelant les bases et principes consti-
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
9
Les réunions
de compte rendu

La déclaration adoptée de la conférence

par les délégués à la conférence A Paris, vendredi


17 décembre 20 h
Espace Charenton
(Alger, 27, 28 et 29 novembre 2010) 327, rue de Charenton, Paris XIIe
Métro Porte-de-Charenton
Il y a vingt ans, le 4 janvier 1991, le Manifeste adopté par l’Entente
internationale des travailleurs et des peuples dans sa conférence de Meeting de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples
fondation de Barcelone affirmait la confiance des participants « dans soutenu par le Parti ouvrier indépendant

N
ous, militants ouvriers, politiques et syndicaux, délé- la capacité des travailleurs du monde entier à se libérer des chaînes de
gués de cinquante-deux pays réunis en Conférence l’exploitation et de l’oppression, leur capacité à édifier un monde où la
CONFÉRENCE MONDIALE
CONTRE
ALGER,
mondiale à Alger les 27, 28 et 29 novembre 2010, après collaboration harmonieuse entre les nations et les travailleurs se substi- 27-28-29 novembre 2010

avoir entendu les rapports précis présentés par quatre- tuera à ce monde de la barbarie qui monte chaque jour davantage ».
vingt-dix-sept orateurs sur la situation de leurs pays,
sommes arrivés à une conclusion : seule l’union des
travailleurs et des peuples du monde peut empêcher que l’humanité
Vingt ans plus tard, nous, réunis à Alger, réaffirmons cette confiance
renforcée par les événements qui se sont déroulés : en dépit de toutes
les souffrances et de toutes les destructions, la volonté de résistance et
LA GUERRE ET
ne soit entraînée dans une catastrophe à l’image de celle qui frappe
d’ores et déjà les peuples en Haïti, en Afghanistan et dans tant d’autres
de combat des travailleurs et des peuples qui n’acceptent pas de dis-
paraître reste l’élément essentiel sur lequel repose l’avenir de l’huma-
L’EXPLOITA-
pays meurtris. nité.
TION MEETI
Une catastrophe qui découle de la survie d’un système économique
NG
V
fondé sur l’exploitation capitaliste et les politiques mises en œuvre pour ingt ans plus tard, nous réaffirmons : la paix et la fra-
INTERNATIO
Prendront la parole :
des militants
syndicalistes du Brésil,

VENDREDI N1AL
tenter de le sauver par des gouvernements de toutes couleurs politiques, ternité entre les travailleurs et les peuples ne peut être des militants américains
combattant pour le
qui, tous, acceptent de suivre les directives de l’administration des Etats- réalisée que par les travailleurs et les peuples eux- Labor Party aux Etats-
Unis, des militants du

DÉCEMBRE 2 7
Unis. mêmes. Elle ne peut être réalisée que sur la base de la LKP de Guadeloupe et
des militants ouvriers
français de toutes
Notre conférence s’intitule : contre la guerre et l’exploitation. satisfaction de leurs besoins les plus fondamentaux,

Imprimerie Rotinfed 2000 Paris


origines qui rendront

Nous nous opposons à la guerre, qui entraîne pour les peuples et


les travailleurs du monde entier des souffrances intolérables, et impose
qui se heurtent à ceux de la classe des exploiteurs, qui
porte en elle la guerre et la faillite.
compte de cette
conférence.
0H
dans tous les pays — dans ceux qui subissent des interventions mili- Notre devoir est plus que jamais d’agir pour organiser et contribuer Espace Charenton
327, rue de Charenton, Paris XIIe - Métro Porte-de-Charenton
taires étrangères comme dans ceux qui les organisent — la destruction au combat qui aidera les peuples et les classes ouvrières à sauver, par Parti ouvrier indépendant 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris

de pans entiers de l’industrie, le chômage généralisé, les mesures de leur propre mouvement, en préservant l’indépendance de leurs orga-
déréglementation, la destruction de l’enseignement, de la culture, la nisations, l’humanité de la guerre et des chaînes de l’exploitation et de
désertification des campagnes et les exodes sans fin. Nous nous oppo- l’oppression. Et en province
sons aux ingérences étrangères, aux menaces d’interventions militaires Nous reprenons à notre compte le mot d’ordre lancé le 4 janvier
où que ce soit et à la présence de bases militaires impérialistes qui remet- 1991 à Barcelone : « Gouvernements fauteurs de guerre et de misère, crai- — Vendredi 3 décembre : Lyon
tent en cause la souveraineté des nations. gnez la révolte des peuples. A bas la guerre ! A bas l’exploitation ! »
Nous nous opposons à l’exploitation. Sur cette base, nous, délégués représentant cinquante-deux pays, — Mercredi 8 décembre : Lille
Nous rejetons les diktats lancés par les « sommets » — du G 20, du jugeons indispensable de resserrer entre nous l’échange et le dialogue
G 8, du FMI, de l’Union européenne, etc. — qui prétendent combattre entre les délégations de tous les pays, afin d’aider à conforter dans cha- — Vendredi 10 décembre :
les conséquences de « la crise » en en faisant payer le prix toujours plus cun de nos pays et à l’échelle internationale le mouvement engagé pour
lourd et dévastateur aux travailleurs et à la jeunesse, à leurs conquêtes, préserver l’indépendance des organisations ouvrières, dont dépend la Chartres (Champhol)
à leurs droits et garanties. Et nous rejetons la prétention des mêmes sauvegarde de la civilisation humaine.
institutions de faire accompagner par les organisations syndicales cha- Nous mandatons pour organiser cet échange et ce dialogue la coor- — Vendredi 10 décembre : Amiens
cun de leur sommet et les décisions qui y sont prises à l’encontre de dination internationale de l’Entente internationale des travailleurs et
l’indispensable solidarité ouvrière internationale. des peuples issue de cette conférence. ■ — Jeudi 16 décembre : Angers
Nous rejetons le diktat du paiement d’une dette qui n’est pas celle
des peuples, utilisée comme un instrument de pillage, de démantèle- LE COMITÉ DE COORDINATION — Jeudi 16 décembre : Bordeaux
ment de la souveraineté des nations et de tous les acquis des travailleurs
dans le monde entier. Anton Vechkunin (Russie) ; Patrick Hébert, syndicaliste (France) ; Charly — Vendredi 17 décembre : Dole
Nous rejetons le diktat lancé aux organisations ouvrières, sommées, Lendo, syndicaliste UGTG (Guadeloupe) ; Julio Turra, CUT (Brésil) ; Nancy
au nom du prétendu intérêt général, d’accepter les règles d’une « gou- Wohlforth, coprésidente de Pride at Work et vice-présidente de la Califor- — Vendredi 17 décembre :
vernance mondiale » et d’un prétendu dialogue social, dont la seule nia Federation of Labor (à titre personnel) (Etats-Unis) ; Salah Salah, Conseil
fonction est de subordonner, d’intégrer les organisations des travailleurs national palestinien ; Tiyani Lybon Mabasa, président du Socialist Party of Marseille
aux plans des gouvernements et des institutions internationales, remet- Azania (Afrique du Sud/Azanie) ; Jordi Salvador Duch, responsable syndi-
tant en cause la souveraineté nationale. A l’accepter, elles se subor- cal (à titre personnel) (Espagne) ; Gotthard Krupp, SPD, Ver.di (à titre per- — Samedi 8 janvier : Montchanin
donneraient à ce diktat et s’interdiraient de jouer leur rôle de défense sonnel) (Allemagne) ; Rubina Jamil, présidente de la All Pakistan Trade
des intérêts des travailleurs et des peuples. Nous affirmons que l’indé- Union Federation (Pakistan) ; Nambiath Vasudevan, coordinateur du Trade — Mercredi 12 janvier : Auxerre
pendance des organisations ouvrières est une condition de la démo- Union Solidarity Committee, Mumbaï (lnde) ; Louisa Hanoune, secrétaire
cratie, du progrès social, de la souveraineté et de l’indépendance des générale du Parti des travailleurs, au nom du parti (Algérie) ; Daniel Gluck- — Mercredi 12 janvier : Dijon
peuples. stein, secrétaire national du Parti ouvrier indépendant (France) ; Alan Ben-
Nous, délégués de cinquante-deux pays réunis à Alger, avons, au jamin, OPEIU local 3, membre du San Francisco Labor Council (à titre — Jeudi 13 janvier : Mulhouse
cours de ces trois jours d’échanges et de débats, établi le constat que, personnel) (Etats-Unis).
malgré les souffrances terribles subies dans le monde entier, partout se — Jeudi 20 janvier : Rennes
dresse la résistance des peuples, de la jeunesse et des travailleurs, qui
cherchent à ressaisir leurs organisations pour lutter, résister, recon- — Vendredi 21 janvier : Chambéry
quérir.
— Samedi 22 janvier : Le Mans

Revue de presse

“Les barbares sont à nos portes”


L
e Soir d’Algérie, Le Temps d’Algérie, El Moud- Liberté du même jour cite Louisa Hanoune, pour culation, conduit à l’aggravation de l’oppression
jahid, L’Expression, Le Courrier d’Algérie, qui « ce sont les richesses naturelles, comme l’ura- des peuples dominés et de l’exploitation des tra-
Liberté, La Tribune… La presse algérienne nium, le pétrole et l’or qui sont derrière les appé- vailleurs du monde entier ». Pour appuyer ses
a largement rendu compte de la VIIIe Conférence tits des puissances mondiales qui cherchent à dires, l’orateur a fait remarquer que la dette mon-
mondiale contre la guerre et l’exploitation (CMO). s’imposer à travers le terrorisme. “Désormais, diale est de 90 000 milliards de dollars, et que ce
Preuve d’une liberté d’expression et d’un plura- explique-t-elle, ces crises touchent des pays capi- n’est en aucun cas « à la classe ouvrière d’en rem-
lisme à l’exact opposé de nos « médias » natio- talistes développés où des mesures de sauve- bourser un centime ». Pour le journal Horizons,
naux. garde du capital sont prises au détriment des « l’ambition affichée lors de l’ouverture des tra-
Sous le titre « Les barbares sont à nos portes », fai- intérêts des ouvriers et des jeunes”. » vaux de la conférence est d’aller vers une mobili-
sant référence à la déclaration d’un syndicaliste Le Courrier d’Algérie, de son côté, a vu dans cette sation internationale de la classe ouvrière afin de
irlandais alors que débarquait une mission du conférence « une opportunité de débattre du de- contrer la politique impérialiste (…). Les interve-
FMI, La Tribune datée du 28 novembre annonce venir de la classe ouvrière (…), une occasion de nants ont, à l’unanimité, rapporte ce journal, mis
l’ouverture de la conférence, « coorganisée par débat des différentes entraves rencontrées par la l’accent sur la nécessité de conjuguer les efforts et
l’UGTA, le Parti des travailleurs et l’Entente inter- classe ouvrière de par le monde, notamment ». de coordonner les actions. »
nationale des travailleurs et des peuples. C’est la Et ce journal cite Daniel Gluckstein, coordina- L’Expression cite le secrétaire de l’UGTA, Abdel-
première fois que cette conférence se tient sur le teur international de l’Entente internationale des madjid Sidi Saïd, pour qui, avec les marchés finan-
continent africain, précisément en Algérie. Ce que travailleurs et des peuples, pour qui « le nouvel ciers, « nous avons affaire à des pompiers pyro-
beaucoup de participants, militants ouvriers, per- ordre international que veulent instaurer les forts manes arrosant d’essence un moteur auquel ils
sonnalités politiques et responsables syndicaux, de ce monde appuyés par tous les gouvernants sié- ont mis le feu avec la conviction de le voir redé-
venus de 60 pays ont salué. » geant à l’ONU, au service et au profit de la spé- marrer ». ■
10 > L’actualité politique et sociale >>>
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010

Dossier & arguments


Représentativité syndicale, dépendance, formation en alternance…

Ce que prépare le nouveau gouvernement Sarkozy-Fillon

1 2
Loi dite de représentativité syndicale Personnes âgées dites “dépendantes”

Que contient concrètement Sur quoi le gouvernement


la loi du 20 août 2008 ? veut-il le consensus ?
Pour le gouvernement Sarkozy-Fillon, elle est la “clé” d’un “changement Par Martine Debat las Sarkozy avait prévenu : « La fa-
mille n’est pas simplement un lieu
du paysage syndical” devant engendrer un “nouveau réformisme social”. ès la contre-réforme des pour obtenir des droits, c’est égale-

Le 21 septembre dernier, une conférence était or-


ganisée par Denis Langlet et Jean-Pierre Vielle, syn-
Il n’était pas possible d’apporter la preuve contraire.
Désormais, chaque organisation syndicale doit appor-
D retraites votée, le président
Sarkozy a annoncé la mise
en place dès 2012, c’est-à-dire dans
ment un lieu où on exerce des de-
voirs. Et si la famille ne veut pas les
exercer, la société devra pouvoir se
dicalistes de la métallurgie, sur la loi dite de repré- ter la preuve de sa représentativité, et ce à chaque nou- à peine plus d’un an, d’un système rembourser sur un patrimoine. »
sentativité syndicale. Lors de cette conférence, une velle échéance électorale. Et la représentativité acquise d’assurance-dépendance pour les Suppression à la moitié des béné-
juriste a exposé les aspects essentiels de cette loi. à un niveau ne vaut plus pour un autre. Exemple : un personnes âgées. Il a précisé que sa ficiaires actuels de l’allocation ver-
Nous publions cette semaine des extraits de la pre- syndicat d’entreprise peut ne pas être représentatif nouvelle « réforme » ferait l’objet, sée par la Sécurité sociale (alloca-
mière partie de cette contribution relative à la repré- alors que la fédération à laquelle il est rattaché est, elle, pendant six mois, d’une « consul- tion personnalisée d’autonomie).
sentativité dans l’entreprise. représentative. tation avec les partenaires sociaux, M. Sarkozy appelle cela « le cin-
Pour la mise en application de ces nouvelles disposi- les collectivités locales et les asso- quième risque »… Cynisme et trom-
a loi du 20 août 2008 comporte deux volets : un tions, la loi a créé une période transitoire d’une durée ciations concernées », à la suite de perie !

L premier volet consacré à la représentativité syn-


dicale et un second volet concernant le temps
de travail. Mon exposé s’attachera à présenter uni-
de cinq ans à compter de la publication de la loi, afin
que l’audience des syndicats puisse être mesurée selon
les nouvelles règles. Ainsi, au niveau de l’établissement
laquelle les « décisions seraient prises
à l’été 2011 ».
Il faut faire, a-t-il déclaré, « un sys-
« En utilisant ce terme, Nicolas Sar-
kozy a-t-il pratiqué “sciemment” la
confusion des genres ? », s’interro-
quement les évolutions relatives à la représentativité ou de l’entreprise, le syndicat représentatif à ce niveau tème juste, équitable », afin que gent Les Echos (18 novembre).
syndicale. le restera jusqu’au prononcé des résultats des premières toute personne âgée puisse « vivre En effet, pour ce quotidien, « si le
La principale modification issue de cette loi réside dans élections professionnelles qui se déroulent après la dignement » soit à domicile, soit en public n’y a sans doute vu que du
la remise en cause de la présomption irréfragable de publication de la loi. établissement. Quelle est la vérité ? feu », le terme de « risque » (et non
représentativité accordée aux cinq confédérations syn- J’envisagerai dans un premier temps la question de la Quelles sont en réalité les proposi- de « branche » de la Sécurité sociale)
dicales depuis un arrêté du 31 mars 1966. représentativité syndicale dans l’entreprise et les pré- tions que le président de la Répu- renvoie à l’idée d’assurance privée.
En clair, auparavant, chaque syndicat affilié à l’une de rogatives que cela confère, puis, dans un deuxième blique demande aux confédérations Au total : les personnes âgées, qui
ces confédérations était considéré comme représen- temps, je m’intéresserai aux nouvelles règles de vali- ouvrières d’avaliser ? ont cotisé toute leur vie et pour qui
tatif quel que soit le niveau (branche, entreprise). dité des accords d’entreprise. M. Sarkozy s’appuie sur les propo- les actifs cotisent, seraient exclues
sitions du rapport de la « mission de la Sécurité sociale… Tout béné-
d’information » qui lui a rendu son fice pour les patrons, d’abord pour
rapport en juillet 2010 (1) : les assureurs privés, mais aussi pour
« Faut-il faire un système assuran- tous ceux qui ne paieraient plus
I. La représentativité dans l’entreprise tiel ? Faut-il obliger les gens à s’as-
surer ? », s’interroge le président.
rien pour nos vieux malades. Une
honte !
Le rapport prévoit l’obligation, dès Pour sa part, Jean-Martin Cohen-
Première partie : les critères de représentativité 50 ans, de souscrire une assurance Solal, directeur général de la Mutua-
perte d’autonomie. lité française (PS), estime que « s’il
• Ces critères sont définis à l’ar- L’ancienneté tour des élections de chaque co- « Faut-il augmenter la CSG ? », faut un complément à la partici-
ticle L. 2121-1 du Code du travail. mité d’établissement. demande-t-il. Le rapport préconise pation des pouvoirs publics, celui-
Pour mémoire, l’ancienne rédac- • Avant de s’intéresser plus parti- l’augmentation de la CSG pour les ci peut être privé, mais basé sur la
• Ainsi, un syndicat peut être repré-
tion prévoyait que, pour être repré- culièrement au critère de l’au- retraités. solidarité »…
sentatif dans un établissement sans
sentatif, un syndicat devait réunir dience, je souhaiterais attirer votre « Faut-il avoir recours sur les suc- Allez comprendre !
être représentatif au niveau de l’en-
les critères suivants : attention sur un critère dont on cessions quand les enfants n’ont pas ■
— les effectifs ; treprise. Et, inversement, un syn- la volonté ou pas les moyens d’ai-
parle moins, mais qui est tout (1) Mission dirigée par Valérie Rosso-
— l’indépendance ; dicat représentatif au niveau de der leurs parents ? ». Le rapport pré-
aussi essentiel, celui de l’ancien- Debord et composée de dix parlementaires
— les cotisations ; l’entreprise peut ne pas l’être dans voit de faire « choisir » la personne
neté. L’ancienneté d’un syndicat de toutes appartenances (y compris PS et
— l’expérience et l’ancienneté du chaque établissement. âgée entre le prélèvement sur sa
s’apprécie à compter de la date du PCF), qui ont travaillé ensemble pendant
syndicat ; dépôt légal de ses statuts à la mai- • La représentativité est mesurée succession et la réduction de moi- huit mois (le représentant du PCF n’a pas
— l’attitude patriotique pendant rie. Il est donc prudent de vérifier sur les résultats obtenus sur l’en- tié de son allocation. En 2007, Nico- voté le rapport).
la guerre. que les statuts du syndicat sont semble des collèges où le syndi-
Ces critères n’étaient pas cumu- bien régulièrement déposés et mis cat à vocation à présenter des can-

3
latifs. à jour par la même occasion. didats. Par exemple, une organi- La “formation des jeunes en alternance”
sation syndicale telle que Force
Les nouveaux critères L’audience électorale ouvrière ou encore la CGT ont vo-

• La nouvelle rédaction de l’article


L. 2121-1 du Code du travail re-
• Critère principal de cette ré -
forme, l’audience électorale s’éta-
cation à présenter des candidats
dans tous les collèges (que ce soit
le collège ouvrier ou cadre).
La jeunesse, cible
prend quatre des anciens critères
et en ajoute trois nouveaux. Ces
sept nouveaux critères sont désor-
blit à partir des résultats aux élec-
tions professionnelles.
• Leur représentativité sera donc
mesurée sur l’ensemble des suf-
d’une déréglementation
mais cumulatifs. Il s’agit :
— Du respect des valeurs répu-
blicaines, critère qui se substi-
• Pour être représentatif, un syn-
dicat doit obtenir au moins 10 %
des suffrages exprimés (c’est-à-
frages exprimés sans considéra-
tion des collèges, alors même
qu’elles ne présentaient de can-
sans limites
tue à celui de l’attitude patrio- dire sans compter les bulletins didats que dans le collège ouvrier.
tique pendant la guerre. blancs ou nuls) au premier tour

“I
• Les dispositions de la loi concer- l faut doubler le nombre officielle, « l’alternance concerne
— De l’indépendance (vis-à-vis des dernières élections des mem- de jeunes en formation en 70 % des emplois offerts aux jeunes »
nant les organisations syndicales
de l’employeur). bres titulaires au comité d’entre- alternance », a déclaré (AFP, 23 novembre). Le reste, c’est
catégorielles ne concernent à ce
— De la transparence financière prise ou de la délégation unique Nicolas Sarkozy lors de son inter- de l’intérim, des contrats à durée
jour que la CFE-CGC, qui, elle, a
(critère à rapprocher des nou- du personnel, ou à défaut des délé- vention télévisée du 16 novembre. déterminée (CDD)... et le chômage,
vocation à représenter unique-
velles obligations faites aux or- gués du personnel. « Dans tous les esprits, il y a la ques- pour un quart des jeunes.
ment le personnel cadre.
ganisations syndicales quant à • Même si le quorum n’est pas at- tion de l’emploi des jeunes », sou- Les patrons en redemandent. Lau-
la certification et à la publica- • La mesure de l’audience a un tenait la veille son nouveau ministre rence Parisot, pour le Medef, appelle
teint au premier tour, celui-ci doit
tion de leurs comptes). double intérêt : du Travail, Xavier Bertrand, appe- à sortir des « demi-mesures », exi-
malgré tout être dépouillé en vue
— D’une ancienneté minimale de — déterminer les syndicats repré- lant au « soutien des partenaires so- geant des « réformes structurelles »,
de la mesure de l’audience.
deux ans dans le champ pro- sentatifs dans l’entreprise ; ciaux ». Ce sera « un défi majeur passant « probablement par un sta-
fessionnel et géographique cou- • Dans le cas d’une société à éta- — mesurer le poids respectif de d’ici la fin du quinquennat », insis- tut spécifique à inventer » pour les
vrant le niveau de négociation. blissements multiples en pré- chaque organisation, ce qui est tait le ministre de l’Apprentissage, jeunes en entreprise (AFP, 16 no-
— De l’audience, critère central. sence de comités d’établissement indispensable pour apprécier la Nadine Morano. vembre)... C’est ce qu’elle appelle
— De l’influence, principalement et d’un comité central d’entre- validité des accords collectifs si- Mais qu’est-ce que « l’alternance » ? aborder le sujet « absolument sans
caractérisée par l’activité et l’ex- prise, la re présentativité au gnés dans l’entreprise. ■ Elle prospère sur la casse des lycées tabou »... Bref, une nouvelle étape
périence. niveau de l’entreprise se calcule professionnels et des diplômes à dans la déréglementation pour la
— Des effectifs d’adhérents et des par addition des résultats obte- (Prochain article : Les prérogatives qui tous les niveaux, du collège à l’Uni- jeunesse, dont l’univers est déjà
cotisations. nus par le syndicat au premier découlent de ces critères.) versité, offrant au patronat et à l’Etat celui du chômage et de la précarité
une main d’œuvre bon marché. la plus extrême !
D’ores et déjà, indique une étude Y. L. ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
11

Enseignement
Santé

Manque de médecins :
L’appel de Bobigny “vers un grand projet la main dans le sac…
national pour l’enfance et la jeunesse” rance 3, journal national de 19 h 30, 23 no-

Dossier réalisé par Michel Landron Le gouvernement multiplie donc les qualifiés pour la circonstance de « par-
F vembre 2010 : « Nicolas Sarkozy a promis
aux maires de France de s’attaquer au pro-
blème du manque de médecins dans certaines
appels à « projets » pour élaborer et tenaires rassemblés de la communauté » régions. Une nouvelle étude montre que la France
Un budget de 53 milliards d’euros pour mettre en œuvre en commun une nou- dite « éducative ». compte 216 450 médecins en activité, c’est-à-dire
l’école, cette année : ce n’est pas assez, velle réforme de l’école pour libérer l’Etat Un projet territorial qui, par exemple, 324 pour 100 000 habitants, une moyenne plutôt
élevée. La France ne manque pas de médecins, c’est
s’insurgent les parents et les personnels de cette charge publique considérable prendrait en charge les activités spor- leur répartition qui pose problème. Ainsi, les pro-
de l’Education nationale devant les comprenant les salaires et les pensions tives, artistiques et culturelles les après- fessionnels sont très nombreux dans le Sud et en
conséquences effrayantes du démantè- de plus d’un million de personnels de midi dans les écoles ne serait-il pas du Ile-de-France. »
lement de l’Education nationale entre- l’Education nationale. pain bénit pour transférer ces activités Mensonge ! En effet, selon l’Atlas de
pris par le pouvoir politique, qui sup- Tout « projet » qui participe de l’entre- de l’Education nationale vers les collec- la démographie médicale en France
prime des heures d’enseignement et des prise de « dénationalisation de l’école tivités locales et les associations à la
du Conseil national de l’Ordre des
postes d’enseignants qualifiés. publique » est donc bon à prendre. recherche d’une « clientèle » ?
La consultation organisée sur les rythmes A quand les « appels d’offre » pour les
médecins (c’est la fameuse « étude »
Mais c’est beaucoup trop pour le gou-
vernement, engagé avec la RGPP (révi- scolaires essaie ainsi de réaliser « un organiser ? évoquée par France 3) : « 193 943
sion générale des politiques publiques — consensus » pour transférer les respon- C’est à ce moment qu’a été rendu public, médecins étaient en activité en France
NDLR) dans la réduction des dépenses sabilités de l’Etat aux collectivités locales, le 10 octobre dernier, l’« appel de Bobigny au 1er janvier 2010, soit 5 600 de moins
publiques afin de financer les intérêts associations dites « éducatives » les plus vers un grand projet national pour l’en- qu’un an auparavant… Pour la
de la dette contractée auprès des banques diverses, lobbys du tourisme, investis- fance et la jeunesse » dont nous présen- deuxième année consécutive, le nom-
qui spéculent sur les marchés financiers. seurs privés et chefs d’entreprise, tous tons les grandes lignes ci-dessous. ■ bre de médecins en activité régulière
est en baisse… La densité de médecins
en activité régulière s’établit donc à
Un programme commun de dénationalisation de l’enseignement public cette date à 308,8 médecins pour
100 000 habitants. »

Photo AFP
l’initiative du Réseau français des villes et leur potentiel de formation et d’in-
A éducatrices, l’appel de Bobigny est signé
par la plupart des associations dites
« éducatives », des fédérations syndicales des
sertion en relation avec le service pu-
blic ».
ÉTABLISSEMENT
DE RÉINSERTION SCOLAIRE (ERS)

personnels de l’Education nationale (SGEN- En français normal, cela ne veut-il pas dire mobi-
liser les chefs d’entreprise et les investisseurs
Un établissement
CFDT, UNSA, FSU, UNEF, UNL), des confédé-
rations CFDT et CGT, de la FCPE et de maires privés, « acteurs du monde économique » s’il en
est ? N’est-ce pas proposer ce que le Medef et
catholique
de grandes villes comme celui de Paris, d’An-
gers, de Lyon, de Nanterre, de Montreuil, de la CGPME revendiquent : entrer dans « la com-
munauté éducative » des « territoires appre-
appelé à la rescousse
Montbéliard, de Reims, de Grenoble, de Bègles,
de Dijon, de Strasbourg… la plupart au PS, au nants » pour assujettir l’école à leurs besoins
en main-d’œuvre rentable, mobile, malléable
de l’Education
PCF ou à Europe Ecologie.
et docile dans une entreprise compétitive où
les salariés sont en majorité en CDD ?
nationale
Les signataires de l’appel de Bobigny Que les capitalistes et leurs représentants dé- Sidérant, mais vrai. Après les graves inci-
affirment « refuser les inégalités terri- fendent cela, c’est logique, mais des associations dents provoqués à Craon, dans la
toriales et sociales » et « les reculs consi- laïques, des syndicats et des élus du peuple ? Mayenne, et à Portbail, dans la Manche, Repères
dérables qui sont annoncés ». Bien. Ils par l’irresponsabilité gouvernementale
transférant des élèves de Seine-Saint- Qu’en est-il des soi-disant « très nom-
ajoutent aussitôt : « Nous refusons le “Cinq objectifs prioritaires”
Denis en grande difficulté dans des éta- breux médecins » du « Sud et de l’Ile-
statu quo. Nous voulons nous appuyer appel propose « 5 objectifs prioritaires ». blissements scolaires publics pas du de-France » ?
sur le service public pour le transfor-
mer. »
Cet appel propose-t-il donc de récupérer les
L’ Leurs formulations, très générales,
reprennent les mêmes termes que ceux
du Livre vert de l’Education de l’Union euro-
tout adaptés à leur prise en charge sé-
rieuse par des personnels qualifiés (voir
Informations ouvrières, n° 125), le minis-
La moyenne nationale pour 100 000
habitants est de 160 médecins géné-
milliards de fonds publics que l’Etat déverse péenne : équité au lieu d’égalité des droits, tère de l’Education nationale récidive. ralistes et 153 spécialistes. Or, comme
vers les écoles confessionnelles, pour financer « coéducation » et « coopération éducative de Il vient de demander à l’inspecteur d’aca- le montre le tableau ci-dessous, cinq
le redressement de l’école publique victime de tous les acteurs », mobilisation de toutes les res- démie de Seine-Saint-Denis de trouver
sources éducatives des territoires et de l’école
départements d’Ile-de-France (sur
l’acharnement de cinquante ans de Ve Répu- coûte que coûte un établissement sco-
blique antilaïque ? Non, pas un mot sur cet at- autour « des projets éducatifs des établissements laire d’accord pour implanter un ERS
sept indiqués) ont un nombre de
tentat antidémocratique que représentent les d’enseignement » et des institutions culturelles en son sein. Il a trouvé. médecins généralistes inférieur à la
lois Debré-Guermeur-Carle. publiques et des territoires… Les parents d’élèves de l’établissement moyenne nationale.
Les maires signataires sont des élus politiques catholique Fénelon, à Vaujours (93),
qui considèrent sans doute que le soutien des Qu’est-ce d’autre qu’un programme viennent de recevoir une lettre datée Nombre Nombre
Eglises dans leurs villes mérite bien la délaïci- politique de « territorialisation de l’en- du 22 novembre du directeur diocésain de généralistes/ de spécialistes/
sation de l’Etat. et du chef d’établissement leur annon- Sud de la France 100 000 habitants 100 000 habitants
Mais que viennent faire dans cette commu-
seignement » livrant les établissements
scolaires à « la communauté éduca- çant l’implantation d’un ERS. Aude 169 133
nauté œcuménique, aux côtés de la CFDT et du Il n’y a évidemment pas plus de per- Ariège 188 107
Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, tive » ? sonnels qualifiés et d’installations adap- Gard 173 149
des associations et des syndicats qui inscrivent L’école ne serait plus vraiment sous tées pour les encadrer dans cet établis- Gers 166 94
la laïcité de l’Etat et de l’école dans leurs prin- l’autorité de l’Etat et les enseignants Lot 178 113
sement catholique qu’au collège de
cipes fondateurs ?
deviendraient les subordonnés de la Craon. Il y a seulement l’accord des res- Ile-de-France
« communauté éducative territoriale » ponsables de l’enseignement privé Essonne 139 130
L’appel de Bobigny propose-t-il l’abrogation Hauts-de-Seine 180 218
des lois qui programment la dénationalisation sous la tutelle des élus politiques locaux catholique affirmant que l’ERS « cor-
Paris 280 517
de l’école publique, en particulier avec l’auto- et « des acteurs économiques ». respond pleinement au projet de l’en- Seine-et-Marne 124 109
nomie des établissements scolaires et des uni- seignement catholique ». Seine-Saint-Denis 131 131
N’est-ce pas un programme commun On ne sait pas encore combien l’Edu-
versités, la suppression de la formation profes- Val-de-Marne 157 212
sionnelle des enseignants par l’Etat, la régio-
de dénationalisation de l’enseignement cation nationale va verser à Fénelon Yvelines 148 157
nalisation de la formation professionnelle livrée public que cet appel vise à faire parta- pour sa grande générosité.
au patronat, la remise en cause de la délivrance ger par tous les élus politiques et toutes Rappelons que le département de la Selon ces chiffres, dans la quasi-totalité de ces
des diplômes nationaux par la seule Education les organisations ouvrières et laïques, Seine-Saint-Denis est le seul de France départements, le manque de spécialistes est dra-
nationale garantissant leur validité dans toutes où il n’existe pas d’établissement public matique.
à la veille des prochaines échéances Comment les médecins généralistes pourraient-
les conventions collectives et les statuts ? Non, électorales ? d’enseignement adapté (EREA), avec
pas un mot. ils faire leur propre travail, plus celui des spé-
internat, qui pourrait scolariser ces élèves
Les dix-huit propositions formulées dans cet cialistes, plus celui des hôpitaux qui ont été
en grande difficulté scolaire avec des
appel de Bobigny pour une loi d’orientation fermés ? C’est mission impossible.
Il préconise au contraire la promotion méritent donc un examen attentif, le diable se personnels spécialisés dans des locaux
Et les victimes, ce sont les malades.
de « territoires apprenants » ou de cachant toujours dans les détails. Nous les exa- adaptés. On se demande bien où France 3 est allé prendre
« villes éducatrices » et de « mobiliser minerons dans un prochain article. M. L. ■ ses chiffres !
tous les acteurs du monde économique ■ ■
12INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126
> La vie du parti >>> SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010

Pourquoi le POI Interview Communiqué


de Gérard Schivardi (extraits)
PARTI OUVRIER INDÉPENDANT
présente-t-il
des candidats “Ici, c’est un canton rural, “Abrogation de toute
aux élections avec de nombreux petits
cantonales la loi, cela veut dire…”
de mars 2011 ? agriculteurs comme moi”
u congrès de l’Association des
La résistance des 500 000 conseillers
municipaux et généraux à la
destruction du cadre républicain hérité
Christian Sourbès, maire de Lagrange (Landes) “A maires de France (AMF), j’ai ren-
contré de nombreux maires in-
quiets des pressions qu’ils subissent, tant fi-
de la Révolution française (communes, Propos recueillis par Luc Lestrade Il faudrait aider les agriculteurs à vivre de nancières que politiques, pour que leur com-
cantons, départements) se produit leur travail, développer les services publics mune et leur petite communauté de communes
dans une situation politique où au lieu de les fermer. Or la perception de rejoignent les communautés d’agglomération.
la classe ouvrière a développé sa lutte Pourquoi as-tu décidé de te présenter Gabarret a été fermée, bien que les agents J’ai en particulier rencontré des représentants
de classe pour le retrait de la réforme comme candidat du POI aux élections des Finances aient manifesté avec leurs de l’association des maires des Bouches-du-
des retraites. Cette résistance s’est cantonales sur ton canton, celui de Ga- syndicats. J’étais d’ailleurs présent comme Rhône, “farouchement opposée à la métropole
réfractée, d’une façon certes déformée, barret ? maire à cette manifestation et j’ai inter- marseillaise”, dans laquelle ils ne veulent pas
mais bien réelle, dans les votes Pour défendre la démocratie, notamment pellé la directrice départementale. Les que leur commune soit intégrée. Cette asso-
contradictoires à l’Assemblée nationale la démocratie communale, contre les ins- bureaux de poste sont vidés de leurs per- ciation, regroupant la majorité des maires de
et au Sénat, où le gouvernement a titutions bonapartistes de la V e Répu- sonnels ; à Créon, il n’y a plus qu’un point- ce département, demande “l’abrogation pure
obtenu une courte majorité (trois voix) blique. poste chez un commerçant. La gendar- et simple de cette réforme”.
pour faire passer sa loi. Malgré ce vote, La démocratie, c’est le cadre dans lequel merie de Gabarret (toute neuve) n’est ou- J’ai pris également note que le député PS de
il n’a pu aller jusqu’au bout on peut défendre les conquêtes sociales, verte que le lundi matin et le samedi l’Hérault, Kleber Mesquida, a déclaré le 24 no-
sur les objectifs qu’il s’était fixés : qui sont pour moi l’avenir de l’humanité. après-midi, il faut faire en moyenne vembre sur France 3 Languedoc Roussillon :
mode d’élection des « conseillers C’est pourquoi j’ai parti- 40 kilomètres pour en “Cette loi sera abrogée, c’est un engagement for-
territoriaux » qui devaient être cipé à toutes les manifes- trouver une autre. Et le mel.” Si cette déclaration est conséquente, il est
déconnectés des cantons, interdiction tations organisées dans le reste suit : il n’y a plus de clair que, comme vice-président du conseil gé-
pour un département de financer département pour le re- pompe à essence à Gabar- néral de l’Hérault, Kleber Mesquida va immé-
des compétences qui relevaient trait du projet de loi de ret depuis six ans, on est diatement rétablir la subvention que le dépar-
d’autres entités — dits financement Woerth et de Sarkozy sur obligé d’aller faire le plein tement a supprimée aux communes, ce qui se
croisés —, abaissement du seuil les retraites. à 8 kilomètres, dans le traduit par le licenciement massif d’employés
d’autofinancement exigé à partir Gers voisin. On nous parle territoriaux, de contrats aidés, un des objectifs
duquel une commune peut s’engager Quel rapport avec les de « tourisme vert ». Mais de la réforme territoriale visant à faire payer au
dans un investissement, etc. C’est élections cantonales ? on ne fait pas d’activité peuple une dette qui n’est pas la sienne !
sur cette résistance de la population La réforme territoriale a touristique dans un dé - De même, le combat pour l’abrogation de la
et d’une partie de ses élus que nous pour but de faire dispa- sert ! loi de réforme territoriale, de toute la loi, néces-
nous appuyons dans la campagne raître les communes dans Plus grave encore, les hôpi- site que le président PS du conseil général de
des cantonales pour dégager des axes l’intercommunalité for- taux landais sont menacés l’Aude, Marcel Raynaud, cesse d’aider madame
de mobilisation sur les revendications. cée, ainsi que les cantons par la loi Bachelot. On sait le préfet à regrouper nos trente petites com-
Dans le département d’Indre-et-Loire, et les départements. que la mise en place des munautés de communes en dix EPCI, regrou-
le POI a engagé une bataille On nous a présenté la dé- “Le groupe Maïsadour « communautés de terri- pement dont les conséquences sont : l’aug-
pour l’unité contre la fermeture de sept centralisation comme le toire », reliées à la réforme mentation des impôts, la suppression des ser-
collèges à laquelle veut procéder moyen de rapprocher les était, au début, territoriale, signifie sup- vices à la population et le dessaisissement des
le conseil général (PS-PCF). élus du peuple ; en fait, pressions de services, de conseils municipaux. »
A Montreuil (Seine-Saint-Denis), le POI c’est l’inverse. Dix conseil- une coopérative. lits, d’emplois, voire d’éta- Paris, le 26 novembre
a engagé la bataille contre lers généraux PS des blissements entiers. Com-
la disparition du centre de santé, Landes ont signé l’appel C’est aujourd’hui une ment comprendre que le
que le conseil général veut fermer. que nous avions lancé conseil général, à l’unani-
Elle se relie à la défense de l’hôpital. pour l’unité pour le retrait entreprise dont 40 % mité (c’est-à-dire avec les Sept candidatures en Indre-et-Loire
A Créteil (Val-de-Marne), le comité de la réforme territoriale. voix de l’UMP), ait adopté « De l’échange, il est ressorti que cette campagne
du POI fait signer une pétition C’est très bien, mais qu’a du capital sont détenus une motion, le 8 novembre met en relation notre action de défense des collèges
pour que les élus retirent leur signature fait le PS, qui, ici, a une dernier, qui se prononce publics, à laquelle elle sert de point d’appui, et la pré-
d’un accord fusionnant deux hôpitaux et importante capacité de par une multinationale pour un « rapprochement sentation des positions politiques du POI pour le
aboutissant à la fermeture des services. mobilisation, notamment des hôpitaux de Mont-de- socialisme, la République et la démocratie, totale-
En Loire-Atlantique, le POI parmi les élus ? Pas grand- de semenciers Marsan, Dax et Saint-Se- ment reliées à l’exigence de la rupture avec l’Union
est engagé dans la bataille chose. C’est comme pour ver », c’est-à-dire un re- européenne et l’abrogation des institutions anti-
pour la renationalisation des chantiers les retraites, on les a vus et qui délocalise les groupement dans le cadre démocratiques de la Ve République.
Elle nous permet, sous cette forme, d’ouvrir une issue
navals, pour l’unité associant les élus, dans les manifs, mais, en de la loi Bachelot, au pré-
la population. même temps, ils sont pour productions en Chine, texte d’éviter le pire, à politique en liant celle-ci aux éléments concrets : col-
lèges publics, impôts locaux, maisons de retraite,
Dans chacun de ces cas, l’allongement de la durée savoir un hypothétique
la responsabilité du conseil général de cotisation et ils se sont au Maroc, en Ukraine risque de démembrement action sociale, services publics, emplois territoriaux,
respect du Code du travail (Ryanair), “plans sociaux”…,
est engagée, soit parce qu’il a refusé, ici comme ailleurs, des équipements hospita-
la compétence, soit parce que c’est lui à se prononcer pour le re- et en Roumanie” liers landais ? Il faut dé-
et de présenter une politique d’ensemble pour per-
mettre le renforcement du parti.
qui a pris la décision. trait, alors que plus de fendre dans l’unité le main- Des candidatures ont été retenues dans sept can-
Nous ne cherchons pas à établir 10 000 Landaises et Lan- tien de tous les établisse- tons. Trois cantons supplémentaires sont en discus-
un « programme » électoral dais ont manifesté dans le département ments, de tous les services, de tous les em- sion. »
ni un catalogue de tous les méfaits sur le mot d’ordre des syndicats : « Aban- plois. Ce sera, à n’en pas douter, un axe
Lu dans le compte rendu
de la politique des uns et des autres… don du projet de loi. » important de campagne pour les deux can-
du comité départemental d’Indre-et-Loire du POI ■
ce qui nous amènerait didatures du POI aux élections cantonales
à des candidatures « témoignage » Quels seront tes axes de campagne ? dans le département des Landes. ■
ou de « dénonciation » La lutte contre la désertification, la défense
sans grand intérêt pour la population. des agriculteurs, la défense des services Deux semaines avant le meeting international qui rendra compte de la conférence d’Alger
Nous cherchons à nous appuyer publics.
sur tout segment de démocratie
communale, de service public,
Ici, c’est un canton rural, avec de nom-
breux petits agriculteurs comme moi.
Joachim Salamero, membre du bureau national du POI, animera une
pour rassembler la population
et engager la mobilisation
pour sa défense. C’est une campagne
Même dans ce tout petit canton, nous
subissons les effets de la « concurrence
libre et non faussée » de l’Union euro-
CONFÉRENCE OUVRIÈRE
de construction du parti.

Le samedi 4 décembre, jour du bureau


péenne, la concentration des activités
agricoles entre les mains de groupes capi-
talistes. Le groupe Maïsadour était, au
SAMEDI 4 DÉCEMBRE de 14 h 30 à 17 heures
87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris (M Château-d’Eau) o
national, la commission nationale « can- début, une coopérative. Aujourd’hui, c’est
tonales » se réunira de 9 heures à une entreprise dont 40 % du capital sont
11 heures, afin de centraliser toutes les
informations envoyées par les comités
du POI : liste des cantons, réflexions
détenus par une multinationale de semen-
ciers et qui délocalise les productions en
Chine, au Maroc, en Ukraine et en Rou-
LA Ire INTERNATIONALE (AIT)
Ses enseignements pour la construction de l’Entente internationale des travailleurs
sur les axes de mobilisation. ■ manie. et des peuples, dont est partie prenante le POI

Je souhaite prendre contact avec le Parti ouvrier indépendant  Je souhaite adhérer 


Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

................................................................................. Code postal : .......................................... E-mail : ....................................................................................

Bulletin à retourner à : Parti ouvrier indépendant, 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, 75010 Paris
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126
> Chroniques < SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
13

Chronique politique Chronique d’en haut

Quel gouvernement expropriera les banques ? “Torrent


Par Marc Gauquelin Un gouvernement porté par un formi- Faire le premier pas dans cette direction,
d’amertume”
dable mouvement qui écartera le mensonge saisir le premier maillon de la chaîne pour
de tous les discours sur des « réformes justes », ouvrir une telle issue politique, c’est assu-

A
qui profite « l’aide » euro-
rer la réussite de la conférence nationale de Par Jean Cambredaze
péenne de 86 milliards d’eu- sur « l’intérêt général », pour enfin dresser
ros accordée au gouverne- une véritable plate-forme de défense des délégués pour l’unité ouvrière du 11 décem-

O
n aurait tort de ne voir qu’un
ment irlandais, et au nom de in térêts fondamentaux des travailleurs, bre, à Paris. Son objectif : élaborer avec ces
jeu de chaises musicales dans
laquelle le peuple de ce pays au premier rang de laquelle l’exigence de milliers de cadres ouvriers qui ont combattu
le dernier remaniement minis-
doit payer le terrible tribut qui vient d’être l’abrogation de la loi sur les retraites. dans leurs organisations syndicales pour
annoncé ? l’unité pour le retrait de la réforme des re- tériel.
Une plate-forme de combat politique
L’éditorialiste des Echos (23 novembre) traites les formes les plus adaptées de l’or- D’abord, parce que le parti
pour l’unité pour l’abrogation de toutes les
répond à la question : « Le plan d’aide à l’Ir- ganisation politique indispensable à la présidentiel, pilier institutionnel, a explosé,
contre-réformes, rejetant toute « concerta-
lande est en fait, il faut le dire, un plan de poursuite et à l’élargissement du combat de fait, malgré les mises en garde de Nico-
tion nationale sur la protection sociale »,
soutien aux banques britanniques et alle- contre le « consensus » prôné par François las Sarkozy contre la tentation de la « scis-
exigeant l’abrogation de la loi antisyndicale
mandes : les premières ont un encours glo- Fillon à l’adresse des dirigeants ouvriers. sion », devant les députés UMP réunis à
dite de la « représentativité » d’août 2008 et
bal de 222 milliards de dollars sur ce pays, ■ l’Elysée, appelant « chacun » à « reprendre
exigeant des capitalistes l’interdiction des
les secondes de 206 milliards. Ne pas aider son calme ».
licenciements. (1) L’Humanité (27 novembre).
l’Irlande, c’eut été faire courir un risque ma- Mises en garde vainement réitérées le
jeur aux banques de deux des plus grandes 24 novembre, devant les sénateurs UMP
économies européennes. Autrement dit, c’eut Trait libre par Juju réunis à leur tour à l’Elysée, pour tenter d’as-
été exposer le système bancaire en général à sécher le « torrent d’amertume »...
un effet domino de type Lehman Brothers. » Jean-Louis Borloo quitte la vice-prési-
Cela a le mérite de la clarté. dence de l’UMP et Jean-Pierre Raffarin crée
Qui peut honnêtement imaginer pou- son propre mouvement, République et Ter-
voir mettre, réellement et durablement, les ritoires. L’un après l’autre, les clans libéraux,
travailleurs et les peuples à l’abri de l’im- centristes, radicaux, etc., reprennent leurs
mense vague de destructions qui déferle sur billes.
le monde — symptôme de la crise de tout
L’amertume ? Elle est palpable chez Nico-
le système fondé sur la propriété privée des
las Sarkozy, dont on sait qu’il peine à brider
moyens de production — sans exproprier
ses pulsions et (res)sentiments. « Aucune
les banques ?
Mais qui expropriera ? Quels gouverne- ambition personnelle (surtout la sienne !)
ments auront l’audace de le faire et de décla- n’a vocation à être satisfaite si on n’est pas
rer caduques les traités européens pour co- uni », plaide-t-il toujours vainement, en rap-
ordonner au niveau de toute l’Europe la re- pelant l’échec de Giscard à l’élection prési-
construction totale de l’économie ? dentielle de 1981, dont Chirac avait savonné
Quel gouvernement, en France ? la planche...
Un gouvernement porté au pouvoir par Le président de la République vient d’es-
le jeu de l’alternance dans le respect des ins- suyer une triple défaite d’autant plus dou-
titutions de la Ve République et constitué de loureuse qu’elle lui est infligée par son propre
partisans d’une illusoire « taxation du capi- camp. Fillon lui a été imposé comme Pre-
tal », allant jusqu’à vouloir confier à la BCE mier ministre alors qu’il voulait Borloo. Copé
(à l’image de la Réserve fédérale américaine) s’est emparé de ce qui reste de l’UMP et son
la mission de « racheter tout ou partie des lieutenant, Christian Jacob, de la présidence
dettes par la création monétaire » (1) ? du groupe parlementaire contre le radical
Un gouvernement revendiquant une très Jean Leonetti, candidat de l’Elysée.
équivoque « nationalisation des banques », Nicolas Sarkozy avait pourtant lancé cet
à l’image de ce qu’ont déjà fait Gordon avertissement à Jean-François Copé : « A
Brown en Grande-Bretagne et le gouverne- tous ceux qui veulent être président de la
ment irlandais, afin de faire payer aux peuples
République un jour, je précise que le prési-
les pertes des établissements financiers ?
dent, pour l’instant, c’est moi ! » (1).
Ou bien un gouvernement porté au pou-
Las ! La clé de voûte des institutions de
voir par un mouvement de la classe ouvrière
rassemblée autour de ses organisations de la Ve République ne verrouille plus grand-
classe, dans le prolongement du mouve- chose...
ment esquissé en septembre-octobre, avant C’est que, derrière la multiplication bra-
d’être contré par Thibault-Chérèque ? vache des ambitions présidentielles, der-
rière l’emballement des « affaires », qui,
Chronique sociale toutes, ciblent le président de la République,
il y a cette sentence de plus en plus pro-
noncée dans les cercles du capital financier :
Représentativité syndicale : Nicolas Sarkozy, au vu de son récent échec
l’Union européenne ne veut voir qu’une seule tête à briser la classe ouvrière, n’est plus en capa-
cité de l’emporter dans les conflits à venir,
alors qu’ils s’annoncent plus sévères. Car
Par Frédéric Chamberlain toutes pièces et subventionnée par l’Union pas un instrument conçu pour les syndi- malgré l’insuccès revendicatif, loin de la ré-
Retraité syndicaliste européenne, et qui impose aux confédéra- cats. » signation, loin de l’abattement, l’état d’esprit,
tions ouvrières des différents pays un cadre Dans ce « comité de dialogue social », « en bas », s’affirme encore dans cette décla-
unique d’accompagnement des contre-ré- les enseignants français auront le plaisir de

L
a question d’avoir des syndicats ration des syndicats de la Ville de Paris (2) :
indépendants, capables d’ex- formes ? savoir qu’ils sont représentés par une seule « Ce que nous avons vécu ces derniers mois,
primer clairement les revendi- Les syndicats d’enseignants affiliés à l’In- organisation (parlant au nom de l’inter-
partagé et appris nourrira d’autres mobili-
cations, en l’occurrence le « re- ternationale de l’éducation viennent d’en syndicale) : la CFDT.
sations. Le gouvernement sait à quoi s’at-
trait » du projet de loi et, main- faire l’expérience lors d’une modification Mais nombre de syndicats ne s’avouent
de leurs structures. pas vaincus. Une déclaration commune tendre s’il s’engage plus encore dans la remise
tenant, « l’abrogation » de la loi sur les re-
Leur « Comité syndical européen de (SNETAA-FO, Solidarnosc, FNEC-FP-FO, en cause de nos droits ! »
traites est devenue en quelques semaines
l’une des questions majeures pour les tra- l’éducation (CSEE) » stipule dans ses nou- BBLS, KTOEOS, CSI-F, OLME de Pologne, La crise qui ravage le sommet de l’Etat
vailleurs, les militants ouvriers qui cher- veaux statuts qu’il participe au « processus de France, de Chypre, d’Espagne et de Grèce) n’a d’autre origine que la combativité jamais
chent à comprendre et qui ne s’avouent pas de dialogue social de l’Union européenne ». a indiqué lors de la réunion prévue pour le démentie, récemment renforcée, de la classe
vaincus. L’instrument de ce « dialogue », dont les changement de statut du CSEE leur désac- ouvrière française, qui a été à deux doigts
D’où vient donc cette idée d’« intersyn- enseignants mesurent les effets en France cord avec ce « comité de dialogue social » et de faire sauter le verrou Thibault-Chérèque,
dicale », à laquelle la responsable de la FSU comme en Irlande et dans les autres pays, leur attachement à défendre le statut des condition pour balayer la contre-réforme
voulait même accoler un logo spécifique, c’est un « comité de dialogue social secto- fonctionnaires, les retraites, les salaires, l’en- des retraites... ■
sinon de la loi sur la représentativité : impo- riel » de l’éducation. seignement public.
ser à tous les niveaux un « syndicat » unique, Pour participer à ce comité, une « fédé- En dépit de leurs efforts, les gouverne- (1) « Je m’en fous des gueulantes de Nicolas », aurait rétor-
capable de pourrir une grève et d’empêcher ration d’employeurs de l’éducation » a été ments de l’Union européenne n’arrivent pas qué Copé (in Copé, l’homme pressé, de Solenn de Royer
les travailleurs de pouvoir aller jusqu’au bout constituée avec l’aide du CSEE, dont une à imposer l’interlocuteur unique qu’ils vou- et Frédéric Dumoulin). Toutes les autres citations entre
pour gagner ? vice-présidente, membre du SNES-FSU, draient avoir pour faire passer leurs plans guillemets sont des propos de Nicolas Sarkozy rapportés
Comment ne pas faire le rapprochement expliquait en octobre 2008 à Istanbul : « Il destructeurs. La loi sur la représentativité en par les médias.
avec le modèle de la « Confédération euro- faut donner aux employeurs des assurances France n’a-t-elle pas d’autre but ? Et ne ren- (2) Déclaration « On ne lâche rien ! » des syndicats FO,
péenne des syndicats », structure créée de quant au fait que le dialogue social n’est contre-t-elle pas la même résistance ? ■ CGT, UNSA, SUD et FSU de la Ville de Paris.
14 > Tribunes libres <

«
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
Nous écrire : INFORMATIONS OUVRIÈRES 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, CS 30016 75479 Paris cedex E-mail : informations-ouvrieres@fr.oleane.com

Dans le courrier
Dominique Saint Araille, syndicaliste à l'AFPA
Ne changez plus rien !

Informations ouvrières est arrivé,


selon moi, à une bonne for-
Un seul véritable plan pour les travailleurs : exiger le retrait
mule : mise en page, rubriques
repérables, textes clairs... La lec-
du “plan stratégique”, le retour à la subvention d’Etat,
ture est facilitée et agréable,
cela donne envie de lire. Ne
la restauration de l’égalité nationale devant la formation
changez plus rien. Semaine
après semaine, j’apprécie no-
tamment le type d’articles de

D
epuis quinze ans, le service lité territoriale républicaine ?). Les bases juridiques ? des lignes hiérarchiques étanches : pour un asser-
la page 13. public de formation profes- Une organisation et un statut en question, des pro- vissement complet de la formation aux règles de la
Page 14, dans le « courrier » du sionnelle (et l’AFPA en premier positions de nouvelle « gouvernance » au milieu du rentabilité. Mise en place en cours pour une échéance
no 122, je note les lignes dues lieu) est utilisé par les divers gué. Un schéma d’ensemble ? Une ligne « AFPA Of- opérationnelle au 1er janvier 2011.
à F.- P., de Taverny, sous le titre : gouvernements (de gauche et fice » chargée de la gestion courante, des investisse- — Une seconde phase d’adaptation du dispositif aux
« Travailler plus longtemps pour de droite) comme champ d’ex- ments, des approvisionnements et du patrimoine, nouveaux « clients » : mise en concurrence systéma-
mourir plus tôt ! » Ce qui est périmentations pour la mise en déconnectée hiérarchiquement et territorialement tique nécessitant de trouver, du côté des entreprises,
écrit est juste. Mais le « travailler marché des secteurs adminis- de la ligne « production » « AFPA Formation ». L’amé- ce que les commanditaires publics ne mettent plus.
plus longtemps » ne signifie pas trés par un Etat qui abandonne progressivement le lioration de la productivité ? Gagné ! En un an, l’as- Opérationnalité complète en janvier 2012.
l’absence de longues périodes consensus social acté à la Libération par le Conseil sociation a perdu 2 000 emplois... Le repositionnement Y manquent encore les deux phases non écrites à ce
de chômage. A côté de cela, il national de la Résistance. des services d’orientation professionnelle ? Exit à jour, mais qui en seront la suite logique :
y a les conditions de travail, la Expérimentations généralisées à des secteurs que, Pôle emploi avec armes, bagages et ... savoir-faire ! — Départ et-ou autofinancement de la troisième
surexploitation des salariés, les jusque-là, le citoyen jugeait régaliens : l’énergie, les « L’AFPA a de nombreux atouts. Elle est riche d’une composante (AFPA Ingénierie), plus financée par
cadences, les exigences patro- transports, la culture, mais aussi la Sécurité sociale, la grande expérience en matière de formation qualifiante l’Etat avec l’abandon de la politique du titre, trans-
nales. retraite par répartition, la santé et, « en bonne voie », et certifiante des demandeurs d’emploi. A ce titre, elle formée en bureau d’étude, ôtant tout ce qui faisait la
L’argument des politiques, valets ceux de la formation et de l’enseignement. est et doit rester un acteur important d’un service pu- spécificité de l’AFPA.
du capital, est l’allongement de Au travers de leurs directives, les co-artisans de cette blic de l’emploi rénové. » — Enfin, vente par appartements.
l’espérance de vie. Mais entre « marchandisation » accélé- Fermez le ban ! Pour l’heure, les résultats sont : overbooking, détresse
les difficultés croissantes pour rée sont clairement : Conseil La réalité de l’AFPA, deux ans à peine après ce beau des agents, risques financiers majeurs, dégradation
être soigné (pour toutes les rai- et Parlement européens, mais discours ? rapide de l’immobilier, moindre service rendu aux
sons qu’Informations ouvrières aussi Medef et consorts de la Nous sommes entrés, par le biais d’un « plan déclaré bénéficiaires, désorganisation générale.
explicite semaine après semaine), même Europe libérale et fi- stratégique », dans la période de dislocation. Un seul véritable plan pour les travailleurs : exiger le
et ce qu’on appelle le « stress » nancière. En quatre phases : retrait du « plan stratégique », le retour à la subven-
au travail, la fameuse espérance Imaginez : le budget total for- — Une phase classique pour toute entreprise natio- tion d’Etat, la restauration de l’égalité nationale devant
de vie ne peut que baisser ! mation professionnelle était, nale en cours de privatisation (EDF-ERDF, SNCF-RFF, la formation, seuls outils d’un véritable droit à la se-
B. B., Isle (87) en 2007, d’un montant de France Télécom-Orange, etc.) : séparation entre les conde chance pour les travailleurs aujourd’hui pri-
28,4 milliards d’euros (0,9 mil- lignes gestion-comptabilité et « production », avec vés d’emploi et de qualification.
liard d’euros pour l’AFPA). des territoires géographiques ne se recoupant pas et ■
AGFF : silence radio Alors, pouvoir dégager, en
rentabilité nette, de 5 % à “En quarante INTERVIEW
Je suis très perplexe face au si- 10 %, cela aiguise des appé-
lence radio qui entoure la re- tits ! ans, on est
conduction de l’accord AGFF, En quarante ans, on est re- Bruno Marion, délégué syndical CGT de l’entreprise Brodard
qui avait été prolongé en mars venu sur les droits des travail- revenu sur
2009 jusqu’au 31 décembre leurs à la formation et à la Graphique, à Coulommiers (Seine-et-Marne), fermée en juillet
2010. Cet accord permet de qualification, sous le couvert les droits des
toucher la retraite complémen- de vocables trompeurs : indi-
taire du privé à taux plein avant vidualisation des méthodes
et des contenus, sécurisation
travailleurs à “Sur les retraites, la stratégie
65 ans si l’on a le nombre de
trimestres validés. des parcours, etc. Cette des-
truction s’est poursuivie au
la formation mise en place n’était pas la bonne...”
Le patronat voulait imposer le
taux plein seulement à partir nom de l’harmonisation euro- et à la qualifi-
de 65 ans. Avec la contre-ré- péenne.
forme des retraites, a-t-il changé Unique cible : le « coût du tra- cation, sous Quelle est ton appréciation sur le mouvement tout le tissu industriel de la Seine-et-Marne qui part,
d’objectif ? Je ne le pense pas, vail » ! Un travailleur qualifié concernant les retraites ? avec l’appui implicite du ministre de l’Industrie et
d’autant que, maintenant, il y qui vous renvoie à la grille des le couvert Sur les retraites, la stratégie mise en place n’était pas des barons locaux de l’UMP (Copé, Jégo, Riester, Bru-
a un nouveau contexte, expres- salaires ? Beaucoup trop cher ! la bonne, et l’on voit le résultat : Sarkozy a pu faire nel...). Il faut arrêter cette spirale.
sion d’une régression sociale. Voir la citation de notre mi- de vocables passer sa loi. Cela a duré beaucoup trop longtemps. Ils se foutent de nous : il y a eu des milliards pour la
Si le patronat réussit à imposer nistre de l’Economie, publiée Ce qu’il fallait faire, c’était Société générale, mais des étudiants, des salariés re-
son point de vue, cela voudrait dans le Journal officiel du Sé- trompeurs : bloquer depuis le début par noncent, faute d’argent, par exemple à des soins den-
dire 20 % de pertes sur la re-
nat daté du 25 septembre une grève générale. Il aurait taires. On ferme les imprimeries en France, on dé-
traite complémentaire avant
2008 en réponse aux ques- individua- fallu que les dirigeants des localise pour casser les salaires. Je suis, comme mes
tions de nos parlementaires : confédérations appellent à camarades, au chômage, et j’ai constaté au début de
67 ans : ce serait l’enterrement
définitif de la retraite à 60 ans,
« Décentralisation complète lisation la grève, au niveau national, l’année que les lycéens n’avaient pas leurs livres, on
de la formation des deman- toutes les catégories de tra- ne les avait pas imprimés, on ne fournit plus le maté-
à 62 ans, et son passage à...
67 ans.
deurs d’emploi, qui sera effec- des méthodes vailleurs, les raffineries riel pour étudier.
tive au 1er janvier 2009, et comme les routiers, les trans-
L. G., Tours (37)
(...) soumission plus directe et des conte- ports, la presse, etc., tout le Que penses-tu de la campagne du POI pour une
aux règles de la concurrence, monde. loi interdisant les licenciements ?
comme vient de le rappeler le nus, sécurisa- Le gouvernement n’aurait Je pense que ce n’est pas suffisant, on ne peut pas
Agents de l’Etat... Conseil de la concurrence... pas pu faire passer sa loi ; au “Il aurait fallu dire seulement : une loi interdisant les licenciements,
pas du gouvernement Ensuite, si les règles commu- tion des bout de quelques jours de point. Ce qu’il faut, c’est un plan de sauvegarde indus-
nautaires et nationales impo- grève, une semaine au maxi- que triel de grande envergure, plan incluant l’interdic-
Si les « nécessaires » écono- sent à l’AFPA de se soumettre parcours, etc.” mum, il aurait dû céder. tion des fermetures d’entreprises et des licenciements,
mies budgétaires servent d’alibi
à la remise en cause d’un des
aux règles de concurrence pour Et, dans le même temps où les dirigeants sous l’égide du gouvernement et des partenaires
une large partie de ses acti- le gouvernement s’attaque sociaux.
piliers de la fonction publique,
la garantie de l’emploi, je crains
vités, l’Etat accompagnera, dans le cadre d’un nouveau aux retraites, retarde l’âge de des confédé-
contrat de progrès pour cinq ans, ces nécessaires évo- départ, les fermetures d’usi- Le POI a pris l’initiative d’une conférence ouvrière
que la raison profonde n’en soit
bien plus grave (...).
lutions. » nes, les licenciements se suc- rations le 11 décembre, ouverte aux militants et travail-
Ce contrat de progrès, aujourd’hui, plus personne n’en cèdent. leurs de toutes tendances et de toutes confédé-

»
Les fonctionnaires sont des
agents de l’Etat. Ils ne sont pas
parle et la contribution de l’Etat à hauteur de 109,2 mil- L’entreprise Brodard Gra- appellent rations, pour l’unité ouvrière et la reconquête des
liards en 2010 (et de 750 milliards jusqu’en 2004...) phique, à Coulommiers, où droits et de la démocratie. Qu’en penses-tu, veux-
des agents du gouvernement.
Leur rôle, comme celui des ma-
devrait passer en 2011 à 57,7 milliards. Cherchez l’er- je travaillais (217 emplois), a à la grève, tu y participer ?
reur ! été fermée en juillet. C’est une initiative intéressante. Je ferai mon pos-
gistrats, est d’appliquer la loi et
les règlements en toute indé-
« Enfin, l’AFPA de demain doit reposer sur des bases Ce n’est pas un cas isolé, au niveau sible pour venir.
économiques, financières et juridiques solides, ce qui c’est une partie d’un ensem- Propos recueillis par le correspondant
pendance, sans avoir à subir de suppose de réfléchir de manière approfondie à un ble. En Seine-et-Marne, par national, d’Informations ouvrières ■
pressions ou de chantage à schéma d’ensemble incluant les problématiques d’amé- exemple, rien que dans l’im-
l’avancement de la part d’un lioration de la productivité, d’utilisation du patrimoine primerie, ce sont partout des toutes
gouvernement quel qu’il soit et de repositionnement des services d’orientation pro- fermetures d’usines, à Torcy,
(...). fessionnelle. » Lagny (Roto-euro-graph, les catégories
Un fonctionnaire licenciable Les bases économiques et financières ? Sima-Torcy, JDC-imprime-
résistera-t-il longtemps au choix Départ de l’orientation à Pôle emploi : 75 milliards en ries-Torcy), des plans de li- de travailleurs,
qu’on lui laissera de favoriser moins sur le chiffre d’affaires. Désengagement de l’Etat, cenciements chez Québécor,
tel ou tel, avec commissions et impact estimé, début 2010 : 75 milliards. Passage aux à Mary-sur-Marne, des me- tout
rétrocommissions, ou de déga- appels d’offres : 84 milliards. Charge de la maintenance naces de fermeture à Claye-
ger ? du patrimoine : 80 milliards. Financements de plus en Souilly (Fecomme)… Et c’est le monde !”
C’est la voie ouverte à toutes plus hétérogènes d’une région à l’autre (quid de l’éga- pareil dans tout le départe-
les corruptions... ment (tentative de fermeture
N. L., Larroque (81) de la sucrerie de Nangis, menaces sur la raffinerie de
Grandpuits, usine PSA à Moissy-Cramayel…). C’est
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126
> La page quinze < SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010
15

Littérature Cinéma

Avalanche
Prix littéraires. Un entretien de documentaires

avec Maurice Nadeau Novembre est traditionnellement le mois


du documentaire. En voici trois, sortis ces
deux dernières semaines, sans oublier
Commissariat, que nous avons présenté
la semaine dernière.
Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié..., les divers prix littéraires 2010 viennent d’être décernés. La
presse n’en a eu que pour Michel Houellebecq, « enfin » récompensé pour son dernier roman. Celui-ci
a plus souvent été présenté pour ce qu’il allait rapporter que pour son contenu. Pour en savoir plus sur Cheminots
la nature de ces prix et la façon dont ils sont attribués, nous publions l’entretien que Maurice Nadeau
De Luc Joulé et Sébastien Jousse
a accordé à Jean-Jacques Marie.

D
e 2006 à

Photo AFP
Repères 2009, les
cinéastes
● Né en 1911, Maurice Nadeau milite
ont vécu avec les
dans les années 1930 dans le mou-
équipes de che-
vement trotskyste aux côtés de Pierre
minots de la ré -
Naville. Au lendemain de la guerre, il
gion PACA, puis
devient chroniqueur et critique litté-
ont filmé les em-
raire au journal Combat, publie une
ployés dans leur
Histoire du surréalisme et un recueil
travail. Résultat :
de Documents surréalistes qui font
un panorama des
toujours autorité, puis fonde la revue
divers métiers de
Les Lettres nouvelles.
la SNCF, mais aussi, et surtout, un état des
lieux après l’ouverture du fret au privé,
● Il découvre un certain nombre
avant celle du trafic voyageurs. Atomisa-
d’écrivains, qu’il est le premier à
tion des activités, cloisonnement, gâchis
publier, comme Malcom Lowry ou
des savoir-faire, mépris envers les employés,
Varlam Chalamov. Il dirige depuis près
les usagers et la sécurité, le tout sacrifié sur
d’un demi-siècle La Quinzaine litté-
l’autel de la concurrence et de la rentabi-
raire, le seul organe de presse consa-
lité érigé par l’Union européenne. C’est un
cré à la littérature en France, où il
constat, fort et intéressant, qui passe pour
publie régulièrement une chronique
l’essentiel par la voix off des travailleurs —
intitulée “Journal en public”.
leurs propos sont d’une remarquable luci-
dité — plus souvent que par l’image et les
● Il a publié plusieurs recueils de ses
situations filmées. A. V. ■
articles : Grâces leur soient rendues, 8 novembre 2010 : au restaurant Drouant, une foule de journalistes, de photographes et de caméramen après
Serviteur, Journal en public. l’attribution du dernier prix Goncourt à Michel Houellebecq.

Propos recueillis Il existe une hiérarchie des prix : cor- le moins la controverse entre les jurés. Connaissant la composition des
Inside Job
par Jean-Jacques Marie poratistes, régionaux, nationaux. Le Il est le plus petit dénominateur com- jurys et leurs goûts, peut-on dire
De Charles Ferguson
prix Goncourt a de l’importance, mun d’une composante de plusieurs que, dans leur stratégie, des au-
non en vertu des mérites littéraires générations, de différents journaux teurs écrivent en visant tel ou tel

I
nside Job est l’his-
Il existe en France plusieurs cen- des frères Goncourt ou des dispo- et périodiques, de plusieurs indivi- jury, donc adaptent leur écriture
toire de la crise.
taines de prix de toutes sortes. sitions de leur testament, non même dualités. J’ai été coopté en tant que à ces goûts réels ou supposés ?
Une histoire déjà
La première question que l’on se par la qualité des écrivains qu’ils critique littéraire du quotidien Com- Certains « peintres » ou « ar tis-
connue dans ses gran-
pose est : à quoi servent-ils ? avaient réunis pour décerner leur bat. Quand on travaille en même tes » fabriquent bien des œuvres
des lignes. Mais ici,
Les prix servent à faire vendre les premier prix (les membres de l’Aca- temps dans l’édition, ce qui était mon correspondant au goût dominant
toute la conspiration
ouvrages primés. Accessoirement, démie se succèdent main- cas, appartenir à un jury des marchands et des critiques.
des apprentis sorciers
à faire connaître un auteur ou à ac- tenant par cooptation, “Le lauréat comme le Renaudot vous Ce pourrait être vrai de la litté-
est mise à plat. Leurs
croître la considération dans laquelle votée par les survivants), n’est pas apporte une certaine consi- rature.
machinations de gosses
il est tenu. mais par la croyance, nour- forcément dération de l’employeur On dit en effet que certains jeunes
gâtés crèvent les yeux.
rie par la tradition, que leur le meilleur comme des candidats à la auteurs écrivent pour le Goncourt,
La collusion entre politique et finance n’est
Est-ce une réalité typiquement récompense va au plus publication. le Renaudot ou l’Interallié. Ils sont
méritant (sous divers “romancier” Ma règle de conduite était
plus à découvrir, mais l’ampleur de leur
française ou ce système existe- en général déçus. Ce qui prouve,
voracité et de leur implacable logique de
t-il partout dans des dimensions aspects) des écrivains qu’ils du moment, de ne jamais voter en faveur non l’honnêteté des jurys, d’autre
cerveaux malades dépasse l’imagination.
similaires ? ont sélectionnés : souvent, mais celui d’un auteur publié par la part plutôt sensibles aux médias,
Ils fautent, truandent, attaquent ce qu’ils
Cette pratique existe dans la plu- l’auteur d’un « premier qui suscite maison qui m’employait, mais le besoin qu’ont ces jurys
ont fabriqué pour gagner encore plus. La
part des pays d’Europe et d’Amé- roman ». Bien que cette le moins la encore moins, bien sûr, d’exister par eux-mêmes. ■
fabrique d’argent virtuel les enivre. Les pré-
rique, au Japon, et sans doute ail- tradition : découvrir, en- pour un auteur publié par
courager, plutôt que consa- controverse
sidents successifs des Etats-Unis les encou-
leurs. Le plus prestigieux est le prix mes soins.
Nobel, décerné par l’Académie sué- crer, soit souvent enfreinte, entre J’ai démissionné quand je ÉCLAIRAGE ragent, Obama compris. Les dirigeants de
toutes ces belles institutions témoignent
doise. En est justifiable, pour le prix elle fait partie du sentiment les jurés” me suis aperçu que mes “Best-sellerisation” dans le film. Ils sont comme des gamins mal
de Littérature, tout écrivain de toute public, elle perdure. confrères n’étaient pas tous
C’est le dernier mot à la mode élevés qui ne comprennent pas qu’ils ont
langue en tout pays. irréprochables, que ma va-
dans le petit monde de l’édition. fait des bêtises. Et ils continuent à mettre la
Tu as, sauf erreur, appartenu au nité avait été largement satisfaite et
Il découle évidemment du terme planète à feu et à sang. Mais ça, ils ne s’en
De quand datent ces institutions ? jury du prix Renaudot pendant que je ne servais en rien les auteurs
américain désignant un ouvrage inquiètent pas. J. E. ■
Pourquoi ont-elles pris une telle un quart de siècle ou presque. que j’estimais.
extension ? Quelle(s) leçon(s) en as-tu ti - J’étais d’autre part membre du jury vendu à un grand nombre d’exem-
Le système du prix obtenu par vote
d’un collège quelconque est ancien.
rée(s) ?
J’ai été coopté au jury Renaudot, jury
du prix des Critiques et, plus tard,
du prix du Meilleur Livre étranger.
plaires, un best-seller. On consi-
dère généralement qu’un écrivain
peut « vivre de sa plume » si ses
Ce n’est qu’un début
Il a été précédé par le « choix du de journalistes, en 1945. J’en ai dé- J’ai failli être exclu du premier pour
ouvrages avoisinent au moins les
prince », d’une institution, d’une missionné en 1969. J’ai souvent voté « mauvaise conduite » avant de 300 000 exemplaires. Or une ré- De Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barougier
corporation, d’une Académie. Tel avec la majorité, plus souvent avec l’avoir quitté. J’étais très souvent cente étude du magazine Livres-

E
qu’on le connaît aujourd’hui, il a la minorité, sans jamais parvenir à absent aux délibérations du second. Hebdo relève que seulement une n moyenne, puis grande section de
pris de l’extension dans les pays dits faire triompher mon candidat quand Le premier était devenu un prix quarantaine d’auteurs parviennent maternelle, l’institutrice a mis en
« démocratiques ». il s’appelait Samuel Beckett ou d’éditeur. Le second, décerné par en France au dixième de ce chiffre. place un « atelier de philosophie ».
Claude Simon. Le lauréat n’est pas des cadres de maisons d’édition, Les deux derniers ouvrages les S’appuyant sur un casting craquant de
Parmi cette kyrielle de prix, il forcément le meilleur « romancier » récompensait chaque éditeur à tour plus vendus en 2009, de Jean-Phi- « chères têtes blondes »
existe une hiérarchie évidente : du moment, mais celui qui suscite de rôle. lippe Toussaint et de Marie NDiaye, et des dialogues savou-
le Goncourt fait vendre, dit-on, à ont atteint respectivement 32 000 reux (« Maman est intel-
400 000 exemplaires en moyenne, CHIFFRE La rumeur court régulièrement sur et 29 000 exemplaires. ligente, parce qu’elle ne
d’autres à quelques centaines. les arrangements auxquels les prix, On comprend mieux alors la stra- met pas le Nutella au
A quoi tient cette hiérarchie, et
d’abord la primauté du Goncourt,
qui porte le nom de deux frères
400000
C’est le tirage du dernier
au moins les grands, donnent lieu.
Cela correspond-il à une réalité
ou est-ce simplement un bruit
tégie des maisons d’édition vis-à-
vis des grands prix littéraires, car
ceux-ci leur assurent de très gros
frigo »…), le film peut
séduire.
Beaucoup de prudence
romanciers que, sauf erreur, à peu prix Goncourt. répandu par les auteurs ou les tirages. s’impose pourtant. N’est-
près personne ne lit plus aujour- éditeurs qui ne décrochent pas Ceux-ci semblent trustés par un il pas excessif de parler
Immédiatement après son nouveau vocable barbare dans ce
d’hui ? J’ai essayé de lire plusieurs les prix attendus ? de philosophie, disci-
attribution, la maison d’édition milieu pourtant censé honorer la
de leurs romans, Les Frères Zin- J’ai évidemment soupçonné des pline précise qui n’est ni la prose de Mon-
de Michel Houellebecq langue française : « Galligrami-
garo et quelques autres. arrangements entre éditeurs et jurés sieur Jourdain ni la simple mise en débat
(Flamarion) a décidé chel »… Il s’agit de la contraction
Le moins que l’on puisse dire est sans être certain de la réalité d’au- des noms des trois maisons d’édi-
de sujets complexes ? D’autre part, cet ate-
d’un tirage supplémentaire
que leur écriture, sans parler de cun. J’ai démissionné du Renaudot tion Gallimard, Grasset et Albin lier initié par l’éditeur catholique Bayard-
de 200 000 exemplaires,
leur psychologie de « café du avant que mes soupçons ne de- Michel, qui ont publié à elles seules Presse bat en brèche la laïcité de l’école
doublant ainsi sa première
commerce », comme on dit, a pris viennent des certitudes. Quant au depuis vingt ans 85 % des grands républicaine, qui se fonde en particulier sur
mise en librairie.
des rides qu’aucun lifting ne peut prix des Critiques, il est mort de sa prix annuels. F. P. ■ des programmes et des instructions, en par-
réparer. belle mort. ticulier dans ce milieu fragile. A. V. ■
INFORMATIONS OUVRIÈRES N0 126 SEMAINE DU 2 AU 8 DÉCEMBRE 2010

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L’HUMEUR
de Michel Sérac  Faites-le savoir Vu à la télévision

“Pétain, un héros
“War si populaire” (suite)

Photo DR
Ça roule pour eux Entendu, vu, lu
on the poor” ! De Serge de Sampigny
omme sur des rails. Le
230 000 logements
sont vides en Irlande. C prix des TGV est plus
rapide que l’inflation.
C’est ce qui ressort d’un rap-
dans “Capital”
(décembre 2010)
Lundi 15 novembre,
20 h 35, France 3.

e réalisateur va jusqu’à
Comme aux Etats-Unis,
les banques
ont fait expulser
port du cabinet d’audit Bos-
ton Consulting Group.
Selon cette étude, l’augmen-
L écrire dans sa note d’in-
tention au sujet du film :
« Ce que nous apprend Pétain,
leurs débiteurs, tation des billets TGV par kilo- c’est que les Français, grâce à
après les avoir ruinés. lui et par lui, se sont accom-
mètre et par voyageur aurait
modés de l’occupation alle-
Mais les banques été en moyenne de 3,4 % par mande en zone nord et de la
ont toutes fait faillite.
Photo DR

Révolution nationale en zone


L’Etat les a renflouées, sud. » Quid de la Gestapo se-
ruinant le budget. condée par la police française,
La banqueroute qui pourchassait, torturait et
tuait tout opposant, résistant
est alors devenue celle
de l’Etat. Sur ordre des
« Avis aux crédules : (appelé « terroriste » par les
autorités) ? Quid des lois liber-
banquiers européens, un site Internet ticides qui interdisaient le droit
créanciers des banques tapissé de photos de grève, le droit à l’organisa-
irlandaises — de gosses africains tion syndicale ou politique,
censuraient la presse et l’opi-
50 milliards pour les maigrichons nion ?
capitalistes français —, avec une description Le réalisateur de ce film, qui
l’Union européenne d’actions n’est en rien un historien, se
a donc enjoint au Des yeux et des faits d’hiver sur le terrain suffit permet de mettre sur le même
plan les Français écrasés par
servile gouvernement
eux faits, deux actes d’accusation. Il a 35 ans et s’est retrouvé
en général les privations, victimes de la
irlandais de punir les
coupables : les salariés
et les pauvres. Le Smic
D à la rue il y a six mois. « Il faut du travail pour avoir un loge-
ment, il faut un logement pour avoir du travail. Je ne suis plus
personne », explique-t-il aux micros tendus, les yeux baissés, le regard
pour appâter
les donateurs.
Opération
dictature, pourchassés pour
leurs opinions ou leurs ori-
gines, et ceux qui dirigeaient
et profitaient du régime, les
irlandais serait abaissé an entre 2002 et 2009, soit une fuyant du « pauvre ». Télés et radios, à coups de témoignages souvent
de 8,65 euros hausse de 26,4 % pour l’en- poignants, nous appellent, nous qui avons un logement et du chauf-
Sauvetage Enfants, Pétain, Laval, mais aussi Doriot

à 7,65 euros. semble de cette période, alors fage, à soutenir les actions caritatives. Doctors with a mission (ancien membre du PCF), Dar-
land et les dirigeants des grandes
Avec ce qui leur reste, que l’inflation (officielle) n’était Dans une pharmacie, une femme, après son travail, présente une or- et Nourriture entreprises qui applaudissaient
donnance pour son enfant malade. Après rassemblement des médi-
les Irlandais « que » de 1,7 % par an en
caments, la pharmacienne lui demande 28,50 euros. La femme, étonnée,
du monde ce régime d’ordre…
achèteraient des moyenne. Cette envolée des
et gênée : « Autant que cela ? » La pharmacienne lui explique que tout ont tellement usé Une majorité de parlementaires
de gauche vota en quelques
tarifs a contribué à la crois- n’est pas pris en charge. La femme regarde et dit : « Je ne prends pas de la combine
marchandises taxées heures, dans un hôtel de Vichy,
sance du chiffre d’affaires de celui-ci. » La pharmacienne lui explique qu’il est indispensable au
d’une TVA à 23 %,
l’activité grande vitesse : au traitement, c’est l’antibiotique. De plus en plus gênée, la femme prend
qu’en octobre 2009, les pleins pouvoirs à un vieillard
seraient taxés sur l’eau, cours de ces sept années, la un à un les médicaments, en élimine certains. Il reste alors à payer le parquet de Paris profondément réactionnaire et
à ses sbires, et ce seraient les
la santé, les allocations. SNCF a enregistré une pro- 13,20 euros. Elle sort de son porte-monnaie 15 euros, puis sort de la a ouvert une Français qui « s’accommode-
Quant à l’emploi des gression de 6,7 % par an en pharmacie en longeant la queue qui s’est formée derrière elle avec les
yeux baissés, le regard fuyant, celui du « pauvre ».
instruction judiciaire raient » et seraient tenus pour
jeunes, 25 000 postes moyenne, passant de 2,79 mil- pour “escroquerie responsables ?
Des centaines de milliers de SDF qui voudraient travailler et vivre, des
de fonctionnaires sont Insidieusement, le propos de
supprimés (à l’échelle
liards d’euros à 4,38 milliards. milliers de « pauvres » qui travaillent et peinent à survivre, à soigner et abus ce film, qui n’est en rien histo-
Pour la SNCF, qui conteste ces
française : 375 000). chiffres, le TGV reste tout de
leurs enfants. Et une petite minorité qui ne cesse de s’enrichir et de
réclamer le remise en cause des « avantages acquis » comme la retraite,
de confiance” (…). rique, est de dédouaner les res-
« War on the poor », même l’un des trains les moins la Sécurité sociale, le CDI, etc. Eux, ils n’ont pas froid aux yeux. Désolé pour ceux ponsabilités politiques des élus
de la IIIe République qui ont
guerre aux pauvres, chers du monde. Lucien GAUTHIER ■ qui espéraient violé le mandat du peuple et
titre le Mirror. Quand on lit ce genre de décla- un miracle : conduit à ces souffrances.
Tandis que la canaille ration, on peut s’attendre à de
C’est pourtant vrai
cette année encore, Quatre-vingts parlementaires
nouvelles hausses réelles ou notre palmarès ont, eux, fait le choix de voter
des spéculateurs plante contre les pleins pouvoirs et ont
déguisées (suppression de cer- Le quotidien Le Monde publie un supplément « 200 idées de
des associations

ses crocs sur le Portugal cadeaux pour Noël ». souvent été condamnés à mort.
tains tarifs, suppléments en
et l’Espagne,
fonction des heures et des Parmi ceux-ci, une idée originale : offrir une forêt dans la Creuse caritatives fait L’histoire du régime n’a donc
l’institution la
jours de circulation).
à 200 000 euros. apparaître son lot pas grand-chose à voir avec
cette imposture télévisuelle.
Défenseure des enfants R. M. ■ de brebis galeuses. » Cécile JUMAIN ■
publie en France
son rapport, accablant, INFORMATIONS OUVRIÈRES
sur le sort des deux
millions d’enfants
pauvres. Elle décrit CHOISISSEZ VOTRE FORMULE Autorisation de prélèvement
les conséquences Dans tous les cas, remplir lisiblement et en lettres majuscules vos nom, prénom et adresse
psychiques, scolaires, J ’autorise l’établissement teneur de
destructrices pour ces  Par prélèvement mensuel : 5,80 euros (  9,50 euros pour les plis clos) mon compte à effectuer les prélève-
ments chaque fin de mois de 5,80 euros
enfants, des expulsions (datez et signez l’autorisation de prélèvement ci-contre en joignant un relevé d’identité bancaire ou postal)
présentés par Informations ouvrières.
de familles — 30 000 OU : Je pourrai suspendre à tout moment
à 40 000 par an,  5 numéros “découverte” : 7 euros • 12 numéros : 17 euros •  4 mois (17 numéros) : 24 euros ces prélèvements par simple lettre.

dont 10 000 par la force.  6 mois (25 numéros) : 33 euros •  1 an (51 numéros) : 65 euros •  1 an, pli clos : 110 euros
Guerre aux salariés, Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Comité : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Département : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Signature (obligatoire) :
guerre aux pauvres !
L’autorité publique,
Nom, prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
la puissance de
réquisition, aujourd’hui
N° : . . . . . . . . . . . Rue, bd, ave., etc. : . . . . . . . . . Nom de la voie : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
asservies à la classe
parasitaire, ne doivent-
elle pas changer de .......................................................................................................
IMPORTANT : n’oubliez pas
mains, imposer le salut de joindre un relevé d’identité
public, appuyées sur Code postal : . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . bancaire ou postal,
de dater et signer votre
la majorité travailleuse ? ET TOUJOURS... autorisation de prélèvement.
Là est l’enjeu démo-
12 numéros : 10 euros pour tout premier abonnement 
Numéro national émetteur : 442543
cratique, et non dans
les bobards sur 2012. Bulletin à renvoyer à : Informations ouvrières, 87, rue du Faubourg-Saint-Denis, CS 30016, 75479 Paris Cedex 10. Chèque à l’ordre d’Informations ouvrières

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