BTS

Méthodologie
pour l’épreuve
de culture générale
et expression

Hélène Sabbah
AGRÉGÉE DE LETTRES CLASSIQUES
Conception maquette : Frédéric Jély
Réalisation : Thomas Winock
Relecture : Silvain Chupin

© HATIER – Paris, août 2008

ISBN : 978-2-218-93160-4

Toute représentation, traduction, adaptation ou reproduction, même partielle, par tous procédés, en tous pays,
faite sans autorisation préalable est illicite et exposerait le contrevenant à des poursuites judiciaires.
Réf. : loi du 11 mars 1957, alinéas 2 et 3 de l’article 41.
Une représentation ou reproduction sans autorisation de l’éditeur ou du Centre Français d’Exploitation du droit de
Copie (20, rue des Grands-Augustins, 75006 PARIS) constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425
et suivants du Code pénal.
P R É S E N
Le guide pédagogique qui accompagne
le manuel de méthodologie destiné aux
étudiants de STS en culture générale et
expression suit la même organisation, et
apporte des réponses aux exercices des
quatre grandes parties.
Plus précisément, on trouvera dans cet ou-
vrage, pour les chapitres des parties 1 et 2 :
– pour les chapitres 1 à 5 compris, le
traitement de tous les exercices dans
les rubriques APPROCHES, APPLI-
CATION et PROLONGEMENTS ;
– pour les chapitres 6 à 16 compris, et
dans les mêmes rubriques :
• le traitement de toutes les questions
regroupées sous le titre « Pour
analyser le document » qui figure à
la suite de chaque document ;
• le traitement de certains exercices
regroupés sous le titre « Vers la
synthèse ». Les exercices qui ne sont
pas traités sont indiqués par les lettres
NT. Il n’est pas possible de traiter
tous les exercices, au nombre de trois
ou quatre par document, et qui se
recoupent parfois ;
• le traitement de certains exercices
regroupés sous le titre « Vers
l’écriture personnelle ». De la même
manière, les sujets non traités sont
indiqués par les lettres NT.
• un tableau (p. 10-11) récapitule tous
les exercices traités.
En ce qui concerne « Vers la synthèse »,
chaque exercice traité se trouve dans le
chapitre où figure sa consigne, à la suite
de l’analyse du document concerné. Mais
l’endroit où l’exercice est traité est rappelé
systématiquement à la suite de chaque
document entrant dans le corpus indiqué.
T A T I O N
Concernant « Vers l’écriture personnelle »,
le principe de signalisation est le même : le
sujet traité se trouve dans le chapitre où
figure sa consigne. Le chapitre et la page
sont indiqués auprès de chaque document
concerné.
Pour tous ces exercices d’apprentissage de
la synthèse et de l’écriture personnelle, on
trouvera différentes formes et présenta-
tions : plans, rédaction partielle, rédaction
totale, réponses sous forme de tableaux.
On trouvera également dans cet ouvrage,
pour les chapitres des parties 3 et 4 :
– pour les chapitres 17 à 27 compris : le
traitement de tous les exercices relatifs
à la construction, à la réalisation et à la
rédaction de la synthèse et de l’écriture
personnelle ;
– pour les chapitres 28 et 29 : le
traitement de tous les exercices relatifs
à la rédaction d’un CV et d’une lettre de
candidature.
Au début de chaque grande partie, on
trouvera un ensemble d’explications justi-
fiant les choix didactiques et pédagogiques
de chaque étape : ces explications éclairent
la structure du manuel, son fonctionnement,
et la nature des démarches mises en jeu à
travers les exercices, depuis l’analyse des
documents officiels jusqu’à la maîtrise des
épreuves de l’examen.
Nous souhaitons que ce guide pédagogique
facilite le travail des professeurs enseignant
en STS, en les aidant à préparer leurs
étudiants à l’épreuve de l’examen sur le
double plan méthodologique et culturel.
Hélène SABBAH
3
 S O M M A I R E
Tableau des synthèses et des écritures personnelles traitées ........................... 10

1
CHAPITRE 1
Connaître la nature
de l’épreuve

L’enseignement du français et
12

la définition de l’épreuve ......................................................... 14

CHAPITRE 2 Exemple de synthèse .................. Les blogs ...............................24
CHAPITRE 3 Exemple d’écriture personnelle ..... Les blogs ...............................30

2 Savoir identifier et
analyser les documents

Savoir identifier les documents

36

CHAPITRE 4 Analyser le paratexte ................... ..........................................38

CHAPITRE 5 Identifier le genre d’un document textuel ......................................43

Savoir analyser les documents

CHAPITRE 6 Analyser un extrait d’essai........................................................50

■ M.-F. Hirigoyen,
Le Harcèlement morall (1998) .. ............
■ D. Diderot,
Paradoxe sur le comédien (1781) ..........
■ E. de Roux, Patrimoine industriell (2000)
■ J. Castarède, Le Luxe (1992) ............
■ N. Jonas, La Famille (2007) ..............
■ C. Lévi-Strauss, Tristes tropiques (1955)
■ P. Breton, Le Culte de l’Internett (2000) .
■ J. Hassin, « Vivre dans la rue » (2007) ..
Le travail ....................................50
Le comédien en scène....................53
Le devenir des sites industriels .........54
Le luxe ......................................56
La condition des femmes ................58
Le voyage...................................60
Les menaces sur les libertés ........... .61
L’exclusion .................................62
5
 CHAPITRE 7 Analyser un extrait de presse ....................................................67
■ M. Le Bris, « Orients rêvés, Orients réels »
(dossier de presse 2006) ................... Le voyage...................................67
■ S.-F. N’Piénikoua, « Un enfant en guerre…»
(Courrier international, 2007) ... ............ L’exploitation des enfants ................69
■ N. Guibert, J.-P. Langellier, « …le réseau
de vidéosurveillance » ((Le Monde, 2007) . Les menaces sur les libertés ........... .72
■ Entretien avec Axel Kahn
( Gazette du Palais, 2007) ................
(La Les dérives de la médecine..............75
■ J. Alia, « Massacre au fond des bois »
((Le Nouvel Observateur, 2000) . ............ La sauvegarde des forêts ................78
■ Entretien avec Jean-Marie Dru
((Le Monde 2, 2007) ............. ............ La publicité .................................79
■ M.-C. Betbeder, « Ne pas perdre sa vie
à la gagner » ((Le Monde Initiatives, 1997) . Le travail ....................................82
■ Entretien avec la comédienne
Helen Mirren (Positif
( , 2006) ................ Le comédien en scène....................84

CHAPITRE 8 Analyser un dessin de presse, une BD .........................................88

■ Dessin de Soulas (1988) .................
■ Dessin de Plantu,
Wolfgang, tu feras informatique (1988) ...
■ Bande dessinée de C. Bretécher,
Les Frustrés (1975) .............. ............
■ Dessin de Sempé, Un peu de Paris (2001)
■ Dessin d’Honoré (1986) ...... ............
■ Bande dessinée de D. Lefèvre, E. Guibert
et F. Lemercier, Le Photographe (2003) ...
■ Dessin de Faujour (2006) ..... ............
■ Dessin de Serre, Humour noir
et hommes en blanc (2001) .... ............
L’exclusion .................................88
La condition des femmes ................90
Le comédien en scène....................92
Le devenir des sites industriels .........95
Le travail ....................................97
Le voyage...................................98
La publicité ............................... 101
Les dérives de la médecine ............ 102

CHAPITRE 9 Analyser un schéma, un document chiffré .................................. 105

■ Sondage auprès des SDF (2006) ........ L’exclusion ............................... 105
■ Courbes : le chômage des jeunes (2007) Le travail .................................. 107

■ Schéma : les pluies acides,

Dictionnaire Larousse (2008) .............. .
■ Sondage sur l’utilisation des enfants
dans la publicité (2005) .....................
■ Sondage sur l’utilisation du corps
des femmes dans la publicité (2005) ......
■ Sondage sur la vidéosurveillance (2007).
La sauvegarde des forêts .............. 108
L’exploitation des enfants.............. 111
La condition des femmes .............. 113
Les menaces sur les libertés .......... 116

6
CHAPITRE 10 Analyser un extrait de roman................................................... 120
■ F. Beigbeder, 99 F – 14,99 € (2000) ..... La publicité ............................... 120
■ F. de Fénelon, Les Aventures de
Télémaque (1699) ............... ............ Le luxe .................................... 122
■ B. Vian, L’Écume des jours (1947) ....... Le travail .................................. 124
■ V. Hugo, Les Misérables (1862) .......... L’exclusion ............................... 126
■ G. Orwell, 1984 (1950) ........ ............ Les menaces sur les libertés .......... 127
■ É. Zola, Germinall (1885) .................. Le devenir des sites industriels ....... 128

CHAPITRE 11 Analyser un extrait poétique ................................................... 132

■ J. M. de Heredia, Les Trophées (1893),
« Les conquérants » ........................ . Le voyage................................ . 132
■ V. Hugo, Les Contemplations (1856),
« Melancholia » .............................. L’exploitation des enfants.............. 134
■ É. Verhaeren, Les Villes
tentaculaires (1895), « Les usines » ....... Le devenir des sites industriels ....... 136
■ J. Prévert, Paroles (1946),
« La grasse matinée » ........... ............ L’exclusion ............................... 138
■ Voltaire, Le Mondain (1736) .. ............ Le luxe .................................... 139
■ J. Supervielle, (1939-1945),
« Arbres dans la nuit et le jour » ............ La sauvegarde des forêts .............. 140

CHAPITRE 12 Analyser une œuvre d’art ....................................................... 144

■ Œuvre de E. Pignon-Ernest,
Expulsions (1977) ........................... . L’exclusion ............................... 144
■ Tableau de H. A. Gervex, Une soirée au
Pré Catelan (1909) ............... ............ Le luxe .................................... 147
■ Affiche de R. Savignac,
Non à la voie express (1972) ... ............ La publicité ............................... 149
■ Vases-sculptures de J.-M. Massaud,
Missed Tree I et II (2007) .................... La sauvegarde des forêts .............. 152
■ Illustration pour le catalogue
Manufrance (1925) .............. ........... . La condition des femmes ............. . 154
■ Gravure : le travail des enfants dans
les mines en Angleterre (1844) ............. L’exploitation des enfants.............. 156
■ Tableau de N. A. Kassatkine,
Nouvelle industrie textile
à Orechovo-Zoejevo (1904) .... ............ Le devenir des sites industriels ....... 158
■ Tableau de F. Léger,
Les Constructeurs (1950) ................... Le travail .................................. 160

7
 CHAPITRE 13 Analyser une publicité ........................................................... 164
■ Affiche Amnesty International (2007) ...
■ Publicité Miss Dior Chérie (2007) .......
■ Affiche de F. A. Doumenq,
Les Huit heures (1919) .......... ............
■ Affiche Air France (1946) ..... ............
■ Publicité Aigle (2007) .....................
■ Publicité Perrier (1998) ...................
CHAPITRE 14 Analyser un extrait de théâtre.................................................. 179
■ A. Tchékhov, Oncle Vania (1897) ........
■ J. Romains, Knock
k (1923) ................
■ Marivaux, La Colonie (1750) .............
■ L. Jouvet et B. Jaques,
Elvire Jouvet 40 (1986) .......... ............
CHAPITRE 15 Analyser une photo .............................................................. 189
■ O. Coulange, sans abri (1992) ...........
■ Centrale Montemartini devenue musée
à Rome (2006) ...............................
■ P. Gely, répétition de théâtre (2005) .....
■ Image du film Les Temps modernes
(C. Chaplin, 1936) ............... ............
■ « L’Odyssée Verte » à Rambouillet (2007)
■ Affiche du film Sicko (M. Moore, 2007) .
■ M. Dorigny, enfants travaillant dans
une briqueterie en Colombie (1992-1993)
■ M. Parr, touristes devant l’Acropole
à Athènes (1991) ................ ............
■ M. Fourmy, poste de contrôle
de la RATP (1999) ............... ............
CHAPITRE 16 Analyser un document de référence ......................................... 213
■ Définition et missions du BVP ...........
■ Loi sur le harcèlement moral (2002) ....
■ Chronologie sur le statut
des femmes (1995) .............. ............
■ Le Serment médicall (1996) .. ............
■ Convention internationale
des droits de l’enfantt (1989) ................
■ Définition et missions
de la CNIL (2004-2005) .....................
8
L’exploitation des enfants.............. 164
Le luxe .................................... 167
Le travail .................................. 169
Le voyage................................. 171
La sauvegarde des forêts .............. 174
La publicité ............................... 176
La sauvegarde des forêts .............. 179
Les dérives de la médecine............ 182
La condition des femmes .............. 183
Le comédien en scène.................. 185
L’exclusion ............................... 189
Le devenir des sites industriels ....... 191
Le comédien en scène.................. 193
Le travail .................................. 195
La sauvegarde des forêts .............. 198
Les dérives de la médecine ............ 201
L’exploitation des enfants.............. 205
Le voyage................................. 206
Les menaces sur les libertés .......... 208
La publicité ............................... 213
Le travail .................................. 215
La condition des femmes .............. 218
Les dérives de la médecine............ 221
L’exploitation des enfants .............. 224
Les menaces sur les libertés .......... 226
 Sommaire

3 Maîtriser l’épreuve
de l’examen

Construire et rédiger une synthèse de documents

230

CHAPITRE 17 La synthèse : classer les idées

d’un corpus de documents ...................................................... 232

CHAPITRE 18 La synthèse : construire le plan ....... Les jeux vidéo ........................ 236

CHAPITRE 19 La synthèse : entraînement ............ Les mangas ........................... 248

CHAPITRE 20 La synthèse : entraînement............. La réforme de l’orthographe ........... 253

CHAPITRE 21 La synthèse : rédiger les paragraphes et les introductions partielles ....... 258

CHAPITRE 22 La synthèse : rédiger l’introduction et la conclusion.......................... 267

Répondre à un sujet d’écriture personnelle

CHAPITRE 23 L’écriture personnelle : analyser le sujet ...................................... 275

CHAPITRE 24 L’écriture personnelle : trouver des idées ..................................... 284

CHAPITRE 25 L’écriture personnelle : construire le plan ..................................... 291

CHAPITRE 26 L’écriture personnelle : rédiger les paragraphes et les

introductions partielles ............................................................ 303

CHAPITRE 27 L’écriture personnelle : rédiger l’introduction et la conclusion.............. 311

4 Savoir rédiger
des écrits professionnels 318

CHAPITRE 28 Rédiger un CV.....................................................................

V 320
CHAPITRE 29 Rédiger une lettre de candidature............................................. 326

9
 TABLEAU DES SYNTHÈSES ET DES
Sont indiqués, pour chaque thème, le chapitre et la page où figure la consigne
g ou le
et la page où ils sont traités dans ce guide pédagogique.

SYNTHÈSE
DEUX DOCUMENTS TROIS DOCUMENTS
Consigne Consigne

La publicité CHAP. 10, p. 100 ➤ GUIDE, p. 121 CHAP. 7, p. 76 ➤ GUIDE, p. 81

CHAP. 13, p. 135 (3)* ➤ GUIDE, p. 177 CHAP. 12, p. 120 ➤ GUIDE, p. 150
CHAP. 16, p. 157 ➤ GUIDE, p. 214

Le travail CHAP. 6, p. 55 ➤ GUIDE, p. 51 CHAP. 12, p. 126 ➤ GUIDE, p. 161

CHAP. 12, p. 126 ➤ GUIDE, p. 160 CHAP. 15, p. 148 ➤ GUIDE, p. 196
CHAP. 13, p. 130 ➤ GUIDE, p. 170 CHAP. 16, p. 158 ➤ GUIDE, p. 217

Le devenir des sites CHAP. 6, p. 57 ➤ GUIDE, p. 55 CHAP. 10, p. 106 ➤ GUIDE, p. 129
CHAP. 8, p. 83 (2)* ➤ GUIDE p. 96
industriels CHAP. 11, p. 111 ➤ GUIDE, p. 137
CHAP. 12, p. 125 ➤ GUIDE, p. 159

Le voyage CHAP. 15, p. 153 (1)* ➤ GUIDE, p. 207 CHAP. 7, p. 68 ➤ GUIDE, p. 68

La condition des femmes CHAP. 6, p. 61 ➤ GUIDE, p. 59 CHAP. 8, p. 81 ➤ GUIDE, p. 91

CHAP. 14, p. 141 ➤ GUIDE, p. 184 CHAP. 12, p. 123 ➤ GUIDE, p. 155
CHAP. 16, p. 160 ➤ GUIDE, p. 220

L’exclusion CHAP. 8, p. 80 ➤ GUIDE, p. 89 CHAP. 6, p. 65 ➤ GUIDE, p. 64

CHAP. 12, p. 118 haut ➤ GUIDE, p. 145 CHAP. 9, p. 92 ➤ GUIDE, p. 105
CHAP. 15, p. 145 ➤ GUIDE, p. 189

La sauvegarde des forêts CHAP. 7, p. 74 ➤ GUIDE, p. 79 CHAP. 15, p. 150 (3)*

CHAP. 12, p. 121 ➤ GUIDE, p. 153 ➤ GUIDE, p. 199
CHAP. 14, p. 137 ➤ GUIDE, p. 180

L’exploitation des enfants CHAP. 7, p. 69 ➤ GUIDE, p. 70

CHAP. 11, p. 109 ➤ GUIDE, p. 135
CHAP. 12, p. 124 (1)* ➤ GUIDE, p. 157

Les dérives de la médecine CHAP. 15, p. 151 ➤ GUIDE, p. 202

Le comédien en scène CHAP. 7, p. 79 ➤ GUIDE, p. 85

CHAP. 14, p. 143 ➤ GUIDE, p. 186

Le luxe CHAP. 10, p. 101 ➤ GUIDE, p. 123 CHAP. 13, p. 129 ➤ GUIDE, p. 167
CHAP. 11, p. 114 ➤ GUIDE, p. 140

Les menaces sur les libertés CHAP. 7, p. 71 ➤ GUIDE, p. 73 CHAP. 7, p. 71 ➤ GUIDE, p. 74

CHAP. 9, p. 98 ➤ GUIDE, p. 117

* Entre parenthèses le numéro de la consigne (Vers la synthèse) quand il y en a plusieurs pour le même
nombre de documents, ou le numéro du sujet (Vers l’écriture personnelle) quand il y en a plusieurs.

10
ÉCRITURES PERSONNELLES TRAITÉES
sujet
j dans le manuel de l’étudiant,

ÉCRITURE
QUATRE DOCUMENTS PERSONNELLE
Consigne Sujet
CHAP. 12, p. 120 (1)* ➤ GUIDE, p. 151
CHAP. 13, p. 133 (2)* ➤ GUIDE, p. 175

CHAP. 6, p. 55 ➤ GUIDE, p. 52
CHAP. 15, p. 148 ➤ GUIDE, p. 197

CHAP. 15, p. 146 ➤ GUIDE, p. 192

CHAP. 13, p. 132 ➤ GUIDE, p. 172 CHAP. 8, p. 88 haut ➤ GUIDE, p. 100

CHAP. 11, p. 108 ➤ GUIDE, p. 133
CHAP. 13, p. 132 ➤ GUIDE, p. 173

CHAP. 9, p. 97 ➤ GUIDE, p. 114 CHAP. 9, p. 97 ➤ GUIDE, p. 115

CHAP. 12, p. 118 haut ➤ GUIDE, p. 146 CHAP. 8, p. 80 ➤ GUIDE, p. 89

CHAP. 9, p. 93 bas ➤ GUIDE, p. 110 CHAP. 13, p. 133 (2)* ➤ GUIDE, p. 175
CHAP. 15, p. 150 ➤ GUIDE, p. 200 CHAP. 14, p. 137 (2)* ➤ GUIDE, p. 181

CHAP. 13, p. 128 ➤ GUIDE, p. 165 CHAP. 7, p. 68 ➤ GUIDE, p. 71

CHAP. 9, p. 95 (1)* ➤ GUIDE, p. 112

CHAP. 15, p. 151 ➤ GUIDE, p. 203 CHAP. 7, p. 72 ➤ GUIDE, p. 77

CHAP. 16, p. 162 ➤ GUIDE, p. 223

CHAP. 8, p. 82 ➤ GUIDE, p. 94 CHAP. 15, p. 147 ➤ GUIDE, p. 194

CHAP. 12, p. 118 bas ➤ GUIDE, p. 148 CHAP. 10, p. 101 ➤ GUIDE, p. 124

CHAP. 15, p. 154 ➤ GUIDE, p. 209

11
1
Connaître la
nature de l’épreuve
 CHAPITRE
1 L’enseignement
du français et la
définition de l’épreuve
Livre de l’étudiant ➜ p. 16 à 20

1 Nature de l’enseignement du français en STS

A P P R O C HES ➜ p. 16

EXERCICE 1
1 Sous le titre « Culture génnérale et expression », 2 Les deux composantes de l’enseignement du
l’extrait du B.O. donné p. 16-17 est construit en trois français en STS sont la culture générale et l’expres-
étapes identifiables aux trois intertitres. La lecture sion envisagée sur le double plan de l’écrit et de
montre que ces trois étapes n n’ont pas le même sta- l’oral.
tut. La première
tut première, « Objectifs et contenus », annonce la
3 Il est question des deux années d’études, par
finalité de l’enseignement du français en STS, ensei-
l’indication En première année (l. 12), En deuxième
gnement qui se trouve décomposé en culture géné-
année (l. 24), en gras dans le texte. La différence
rale et communication efficace à l’oral et à l’écrit. Les
essentielle est qu’en première année, le professeur
deux étapes suivantes reprennent, pour les définir,
est libre de choisir les thèmes sur lesquels il sou-
les contenus annoncés par ces deux expressions.
haite faire travailler les étudiants, en respectant des
Vient d’abord la présentation de la culture générale
objectifs précis, tandis qu’en deuxième année, deux
(reconnaissable au titre). Vient ensuite une partie
thèmes sont imposés, et restreignent donc le champ
consacrée à l’expression. Ces deux termes renvoient
culturel. Le sujet de l’examen porte sur l’un des deux
au grand titre.
thèmes.

EXERCICE 2
Dans le B.O., la culture générale est présentée comme
le résultat de lectures et de réflexions associées à
toutes sortes de documents textuels et iconogra-
phiques, littéraires, philosophiques, sociologiques,
de presse… touchant à des questions d’actualité
abordées dans les médias, les lieux d’échanges,
de débats, dans les films, les pièces de théâtre, à la
télévision, dans les expositions…
Exemples tirés du manuel :
– Presse : article de Courrier internationall sur les
enfants soldats, auteur Serge-Félix N’Piénikoua,
journaliste du Bénin, date : juillet 2007.
– Essai : La Famille, auteur Nicolas Jonas, date :
2007.
– Œuvre littéraire : 99 F – 14,99 €, auteur Frédéric
Beigbeder, date : 2000.
– Document iconographique : Les Constructeurs,
auteur Fernand Léger, date : 1950.
– Film : Sicko, auteur Michael Moore, date : 2007.

14

EXERCICE 3
● Exemples de questions d’actualité agitant les
médias, les milieux politiques, les milieux associa-
tifs : l’immigration clandestine ; la carte scolaire ; la
réglementation du travail ; l’alcoolisme au volant ;
la dépénalisation de certaines drogues ; la réforme
de la justice ; les méthodes d’apprentissage de la
lecture ; la protection de la vie privée ; les dangers
de la surveillance électronique ; les réglementations
à mettre en place sur Internet…
● Les médias : presse écrite, presse en ligne, radio,
télévision, Internet.
EXERCICE 4
● Questions de société : interrogations portant sur
des points qui concernent la collectivité, les mem-
bres de la communauté nationale. On peut citer les
questions d’éducation, l’interdiction de la cigarette,
la violence urbaine, l’insuffisance des logements
sociaux, l’exclusion, les limitations de vitesse…
● Questions de politique : la constitution d’un
État, les choix diplomatiques d’un gouvernement,
l’organisation des élections, les fonctions et les
devoirs des élus, la décentralisation, l’organisation
des régions, la réforme de la justice, les libertés des
individus, l’indépendance de la presse par rapport
au pouvoir politique…
EXERCICE 5
L’exercice demande de dégager quelques points de
ce que dit le B.O. et de faire appel à l’expérience.
Nous donnons quelques éléments de réponse,
mais il est intéressant que les étudiants répondent
de manière personnelle en fonction de situations
vécues.
Une bonne maîtrise de la langue orale implique :
– la correction de la langue dans toutes les situa-
tions : quand on ne s’adresse pas aux copains, on
utilise un niveau de langue courant correct, non fami-
lier, des phrases construites, on évite les abrévia-
tions, les formules de la langue parlée entre jeunes,
le verlan, les expressions typiques.
CHAPITRE
1
● Productions artistiques : cinéma, expositions,
spectacles divers (humoristes, théâtre), festivals.
● Lieux de débat : Parlement, Sénat, colloques,
conventions, réunions électorales, meetings politi-
ques, tables rondes, conférences.
Ces différents lieux de débats sont associés parce
que dans les uns on parle des autres, que tout ce
qui se passe dans la vie sociale et politique, comme
dans la vie intellectuelle et artistique, fait l’objet d’en-
registrements télévisés et de publications diverses.
● Questions d’éthique : certaines dérives de la
médecine en relation avec des expériences humai-
nement et moralement contestables, la lutte contre
les différentes formes de corruption (dans le sport,
les médias, la vie politique).
● Questions d’esthétique : débats sur le carac-
tère artistique de certaines productions (les tags
sont-ils de l’art ?) et de certaines « performances »
(rassemblements de personnes, accumulations
d’objets, auto-mise en scène d’artistes exposant
leur vie privée…).
Beaucoup de ces questions peuvent se recouper et
se rattacher à plusieurs domaines.
– l’utilisation de formules de politesse quand on
s’adresse à quelqu’un : Monsieur, Madame, Mon-
sieur le Proviseur, Monsieur le Directeur…
– une capacité d’appréciation des différentes
situations vécues et de la manière de s’exprimer
adaptée à chacune.
– une diction claire et articulée : des explications
compréhensibles, un contenu qui n’est pas une
« bouillie » de mots…
– des interventions construites : on ne répond pas
par des morceaux de phrases, on pose correctement
les questions, on n’interrompt pas celui qui parle.
15
 EXERCICE 6
Qualités et compétences dont il faut faire preuve par écrit en les regroupant et en ne gardant que l’es-
en expression écrite sentiel.

– Savoir rédiger une documentation : classification,
hiérarchisation, précision de la rédaction.
– Rendre compte d’un livre lu : savoir synthétiser et
regrouper des idées et des faits pour les traduire par
écrit, de manière correcte et construite.
– Rédiger une note : savoir exprimer brièvement et
avec précision des points importants en les clas-
sant.
– Composer et rédiger une synthèse à partir d’élé-
ments différents : maîtriser suffisamment les idées
des différents documents pour pouvoir les exprimer
– Exprimer des idées personnelles : trouver les
termes, les moyens lexicaux et syntaxiques qui
suggèrent que l’on s’exprime en son propre nom,
sans nécessairement utiliser la première personne,
souvent de manière très insistante : « Moi, je person-
nellement… »
➤ Les qualités à acquérir ou à développer sont la
précision, l’exactitude et la richesse des termes, la
maîtrise d’un vocabulaire étendu, la correction de la
syntaxe, la justesse du ton adopté en fonction de la
situation d’écriture.

A P P L I C ATION ➜ p. 18

EXERCICE 7 On peu
ut répondre à la question sous forme de tableau.

Société Politique Éthique Esthétique

1) La communication
3) Le sport
4) Le travail
5) La condition des femmes
6) L’éducation
7) La liberté d’expression
9) Les sectes
10) Nouvelles images de la
famille
11) Le progrès scientifique
et technique
13) Les jeux vidéo
14) Les problèmes de
l’illettrisme
15) Le commerce équitable
16) Les différentes formes
de discrimination.
17) les effets de la mondia-
lisation
18) Les loisirs
19) Le bonheur
20) L’information et la
presse
2) L’œuvre d’art
3) Le sport
6) L’éducation
7) La liberté d’expression 7) La liberté d’expression
8) L’immigration
9) Les sectes
11) Le progrès scientifi-
que et technique
12) Le développement
durable
14) Les problèmes de
l’illettrisme
15) Le commerce
équitable
17) Les effets de la
mondialisation
19) Le bonheur
20) L’information et la
presse

➤ Le tableau fait apparaître que de nombreux thèmes relèvent de questions de société, mais que certains
appartiennent à deux domaines au moins : la vie sociale et la politique ont de nombreuses interférences.
16
 L’ e n s e i g n e m e n t d u f r a n ç a i s e t l a d é f i n i t i o n d e l ’ é p r e u v e CHAPITRE
1
EXERCICE 8 Réponse sous forme de tableau.

Problématiques Thèmes
A. La moralisation des pratiques commerciales 15. Le commerce équitable
B. À quoi sert l’école ? 6. L’éducation
C. Sport et finance 3. Le sport
D. Photographie et réalité 1. La communication et 2. L’œuvre d’art
E. Le mariage est-il dépassé ? 10. Nouvelles images de la famille
F. L’homme et la machine / l’homme ou la machine 11. Le progrès scientifique et technique
G. Être heureux en travaillant ? 4. Le travail
H. Différentes formes de censure 7. La liberté d’expression
I. Information ou opinion ? 20. L’information et la presse
J. L’éthique du journaliste 20. L’information et la presse
K. La violence dans les stades 3. Le sport
L. Le rôle des parents 6. L’éducation
M. Faut-il faire confiance à la presse ? 20. L’information et la presse
N. La nécessité de préserver la nature 12. Le développement durable
O. Le danger des superstitions 9. Les sectes
P. La civilisation des loisirs : une utopie ? 4. Le travail
Q. À quand les robots intelligents ? 11. Le progrès scientifique et technique

➤ Les problématiques constituent un aspect particulier et limité d’un thème plus vaste.

EXERCICE 9 Réponse sous forme de tableau.

Thèmes Problématiques suggérées

La culture La culture et les cultures, les problèmes de l’intégration
Ex. : roman d’A. Begag, Le Gone du Chaâba
Le développement des mégapoles Des villes inhumaines
Ex. : film Metropolis, de F. Lang
L’importance de la mémoire collective Mémoire et responsabilité
Ex. : les monuments, les cérémonies de commémoration et leur
sens
Le dévoilement de soi Peut-on tout dire sur soi ?
Ex. : les émissions de télévision du type « C’est mon choix » où
les invités racontent leurs malheurs
Internet Internet et Big Brother
Ex. : 1984 de G. Orwell
La peine de mort Les raisons de sa suppression
Ex. : roman de V. Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné / film,
La Dernière Marche de T. Robbins
Le téléphone portable Une véritable addiction ?
Ex. : plus de téléphones portables que de postes fixes / la
concurrence entre opérateurs
Le développement de l’interactivité Être seul et en groupe ?
Ex. : les communications en réseau, les jeux en réseau
De nouveaux modes de transport Des transports à l’échelle de la mondialisation
Ex. : l’Airbus 380, les énormes porte-containers

17
 Thèmes
La téléréalité
Le tourisme de masse
Le communautarisme
EXERCICE 10 On peut établir le classement des compétences sous forme de tableau.
Oral
Mémoriser et restituer par oral
un message oral ou écrit
(transmission d’un message
téléphonique)
Reformuler un message oral
((retranscription d’une réponse
d’entretien) (le message peut se
faire par écrit)
Connaître et respecter les
conditions préalables et indis-
pensables à toute communica-
tion orale : attention, écoute,
disponibilité (face à un interlocu-
teur client)
t
Adapter sa voix et son attitude
aux contraintes de la situation
(entretien d’embauche)
➤ La plus grande partie des compétences signalées concernent à la fois l’écrit et l’oral.
18
Problématiques suggérées
Les raisons d’un succès
Ex. : Loft Story, Koh Lanta
Qu’est-ce que voyager ?
Ex. : les voyages organisés
Des attitudes ethnocentristes
Ex. : les différentes formes de discrimination et de racisme
Écrit
Reconnaître le statut du texte :
genre, registre, type de discours,
destinataire (analyse
( littéraire
d’un texte écrit)
t
Oral et écrit
Choisir et maîtriser le registre de
langue approprié (conversation)
Établir une problématique de la
recherche envisagée (mise
( en
relation d’éléments opposés ou
paradoxaux)x
Relativiser les informations en
fonction de leur environnement
(dans le cas d’une information
f
sur le vif)
Élaborer une idée à partir d’un
fait, d’un exemple, d’un docu-
ment (raisonnement
( déductiff)
Nuancer, relativiser, si besoin,
l’expression de sa pensée (en
cas d’incertitude)
Mettre en relation les éléments
d’un même document ou des
éléments appartenant à des
documents différents, repérer les
idées convergentes et diver-
gentes (dans la réalisation d’une
synthèse)
Restructurer un message à partir
d’éléments donnés (dans le cas
d’un message incomplet)
t
 L’ e n s e i g n e m e n t d u f r a n ç a i s e t l a d é f i n i t i o n d e l ’ é p r e u v e CHAPITRE
1
2 Définition de l’épreuve de culture générale
et expression

A P P R O C HES ➜ p. 19

EXERCICE 11
En définissant d’abord la notion de culture et les démarches menées pour l’acquérir, puis en donnant la
nature de l’épreuve de l’exam
men, le B.O. permet de dégager les liens qui existent entre le travail des deux
années de préparation et son évaluation, et de comprendre comment l’un conduit à l’autre.

Travail mené pendant les deux années (en vue de Évaluation lors de l’épreuve de l’examen
l’acquisition d’une culture ouverte sur les problè-
mes contemporains)

Lecture et analyse de documents divers, d’épo-
ques, de thèmes et de problématiques différents
Prise de connaissance et respect de la pensée
d’autrui
Expression d’un jugement personnel justifié et
appuyé sur des savoirs ainsi que sur l’expérience
personnelle
Rendre compte d’une culture acquise en cours de
formation à travers des compétences de lecture et
d’analyse : savoir lire et analyser un document et
le situer par rapport à une problématique
Apprécier un message ou une situation et être
capable de les situer dans un contexte ; être
capable d’en rendre compte sous la forme d’un
rapprochement objectif de différents documents
Savoir tirer parti, pour forger son ou ses
jugements, des documents lus et des savoirs
acquis

Exercices visant à développer des compétences
de communication écrite et orale efficace
Être capable de communiquer de manière efficace
dans la vie courante et dans la vie professionnelle,
de manière écrite et de manière orale, en sachant
adapter la forme et le contenu des propos à la
situation de communication vécue

➤ Les objectifs du travail à mener en classe de STS pour la préparation de l’épreuve du BTS montrent une
adéquation précise et cohérente entre la nature du travail (documents et approches de ces documents) et
les compétences que l’épreuve vise à évaluer. La présence des deux thèmes en seconde année limite de
manière favorable aux étudiants le champ d’application du travail.

EXERCICE 12
Sens de différentes expressions
● « Tirer parti des documents » : comprendre les
idées des documents lors de leur lecture et de leur
analyse, pour s’approprier leur contenu (prises de
position exprimées, manière qu’a l’auteur d’aborder
un thème, de poser des problématiques, d’y répon-
dre, d’exposer des idées…) et être capable ensuite
de réutiliser ce contenu sous une forme personnelle,
pas seulement en y faisant référence, mais en repre-
nant certaines idées, certains points de vue devenus
personnels. Cette démarche est le corollaire d’une
lecture et d’une compréhension précises des docu-
ments (analyse, recherche des enjeux d’un docu-
ment, sensibilité aux implicites).
19
 ● « Rendre compte d’une culture » : démarche
proche de la précédente, mais à une échelle plus
grande. C’est en effet en sachant tirer parti de l’étude
des documents que l’on se forge une culture. Il s’agit
de savoir faire la preuve des acquis culturels des
deux années de préparation, c’est-à-dire, grâce à la
lecture et à l’analyse des documents, à des lectures
d’œuvres, faire état des idées rencontrées, de leur
compréhension, de leur appropriation. La culture
envisagée mêle les savoirs à la réflexion dans un
mouvement constant d’enrichissement réciproque.
● « Apprécier un message » : « apprécier » signifie
ici « considérer à sa juste valeur, selon son impor-
tance ». Il s’agit d’une compétence qui implique,
grâce à des capacités de réflexion, à des connais-
sances et à une bonne utilisation – éventuellement –
EXERCICE 13 Réponse sous forme de tableau.
Différences entre synthèse
et écriture personnelle
La synthèse est notée sur 40 et l’écriture person-
nelle sur 20.
La réalisation de la synthèse exige plus de temps
que la réalisation du travail d’écriture personnelle.
La synthèse est un exercice qui implique que son
auteur reste objectif tandis que l’écriture person-
nelle permet la subjectivité.
Dans la synthèse, l’auteur confronte des docu-
ments en ne donnant aucun jugement personnel ;
dans l’écriture personnelle, on lui demande de
prendre position.
EXERCICE 14
Le travail de chacune des deux années
● Première année : pas de thème imposé ; grande
ouverture culturelle : possibilité de travailler à partir
de documents très divers, dont les thèmes restent
au choix du professeur. Le travail de première année
comporte un certain nombre d’apprentissages : lec-
ture et analyse de documents divers pour susciter
la curiosité, rapprochement et confrontation de do-
cuments, débats, recherches, travaux oraux. La pre-
mière année pose les bases du travail de synthèse,
et du travail d’écriture personnelle, de manière pro-
gressive. Le travail de première année est centré sur
la notion d’ouverture dans tous les domaines, conte-
nus culturels et nouveaux exercices.
20
de l’expérience personnelle, de relativiser une
situation ou un message et de ne pas les prendre
immédiatement « à la lettre ». « Apprécier » implique
une certaine mise à distance réflexive et donc une
certaine méfiance par rapport à des réactions immé-
diates trop dictées par l’émotion.
● « Réaliser un message » : cette démarche cou-
rante peut paraître facile. Elle implique cependant
un ensemble d’éléments qui demandent de savoir
définir et « apprécier » les conditions dans lesquelles
le message (écrit ou oral) est produit. La réalisation
d’un message implique une situation de communi-
cation résumée par le schéma de la communication,
et met en jeu les fonctions du langage. La démarche
envisagée est donc semée de difficultés, puisqu’elle
exige de nombreuses adaptations.
Éléments associant les deux exercices
Les deux exercices font partie de la même
épreuve.
Les deux exercices sont indissociables du corpus
de documents : le sujet d’écriture personnelle est
en relation directe avec les « documents propo-
sés ».
Le corpus de documents sur lequel reposent la
synthèse et le travail d’écriture personnelle est
lui-même relié, thématiquement, à l’un des deux
thèmes au programme. Le travail sur le thème aide
à comprendre la problématique de la synthèse et
donne des idées pour le sujet d’écriture person-
nelle.
● Deuxième année : la présence des deux thèmes
restreint le champ culturel. Il s’agit alors de dévelop-
per une culture associée aux deux thèmes : diver-
sité des orientations, relations éventuelles entre les
thèmes, ouverture, découvertes des problématiques
diverses. Mais ce travail culturel est indissociable
de la préparation de l’épreuve : l’entraînement à la
synthèse et à l’écriture personnelle se fait en relation
avec les deux thèmes.
Le travail de la première année est très ouvert ;
celui de la deuxième année davantage ciblé. Les
deux années permettent un apprentissage progressif
des exercices de l’examen.
 L’ e n s e i g n e m e n t d u f r a n ç a i s e t l a d é f i n i t i o n d e l ’ é p r e u v e
A P P L I C A TION
EXERCICE 15
La culture en classe de prép
paration au BTS
Il est intéressant de comparer des définitions venues
des étudiants eux-mêmes. On n peut proposer ici les
éléments de définition suivantts : la culture en classe
de préparation au BTS peut sse définir comme un en-
semble de connaissances portant sur des thèmes
variés, et plus précisément sur les deux thèmes au
programme. Ces connaissances sont constituées
par un ensemble de savoirs (des faits, des situations,
des enchaînements d’événements…) et d’idées (des
points de vue, des prises de position, des théo-
ries…) venues de documents de natures différentes :
ces idées ont été émises par différents auteurs, en
fonction des documents. Elles doivent nourrir une
réflexion personnelle, l’étudiant devant s’approprier
ces idées en étant capable d’expliquer avec lesquel-
EXERCICE 16 Réponse sous forme de tableau.
Genres considérés
Roman, poésie, théâtre
Essais, articles de presse, entretiens
Documents iconographiques : tableaux, photos,
dessins de presse et publicités
Documents de référence : lois, règlements,
conventions
CHAPITRE
1
➜ p. 20
les il est – ou n’est pas – d’accord, tout en les res-
pectant et en faisant preuve de tolérance.
On pourrait encore définir cette culture du BTS
comme la capacité d’accueillir et d’accepter des
idées, d’en adopter certaines en sachant qu’elles
peuvent modifier celles que l’on a déjà et en consi-
dérant qu’elles constituent un enrichissement per-
sonnel. L’attitude d’ouverture est fondamentale dans
tout contexte professionnel parce qu’elle permet de
mieux comprendre les situations auxquelles on est
confronté et de trouver plus facilement des réponses
adaptées.
➤ On peut remarquer que la notion de culture en-
globe, dans ce contexte, certaines attitudes et des
contenus.
Rapports avec la culture
Ouvrages de littérature, relevant de la fiction :
renvoient à des époques historiques, traitent de
thèmes humains et sociaux, voire politiques ;
expriment des idées.
Ex. : les images et les raisons de l’exclusion au
XIXe siècle.
Ouvrages en prise directe sur le réel ; abordent
des questions d’actualité immédiate, historiques et
sociales, donnent des informations, des points de
vue, des prises de position, et donc des idées.
Ex. : un essai traitant des discriminations hom-
mes /femmes.
Documents en relation avec la réalité, qu’ils
représentent. Témoignages de faits, de situa-
tions, illustrations de la vie sociale ; interrogations
particulières sur la capacité de ces documents
de rendre compte du réel avec exactitude ; les
réflexions qu’ils font naître sur leur utilisation politi-
que et sociale.
Ex. : les dérives de la téléréalité.
Textes essentiels qui définissent les fonctionne-
ments d’une société et qui évoluent avec elle ;
nombreux thèmes de réflexion sur les rapports
entre la vie sociale et ces documents.
Ex. : la surveillance exercée par la CNIL pour limi-
ter certains risques de l’informatique.
21
 Genres considérés
Schémas, graphiques et tableaux de statistiques
Rapports avec la culture
Documents permettant une approche rapide,
illustrative et parfois chiffrée de faits de société,
ainsi que de leurs évolutions dans le temps. Leur
analyse relève du travail sociologique qui aborde
diverses questions de société.
Ex. : l’avis des citoyens, en pourcentage, sur la
surveillance vido des gens dans la rue.

EXERCICE 17
L’exposé demandé constitue un exercice d’oral dont candidat est évalué. Des éléments de réponse figu-
la réponse figure dans l’extrait du B.O. p. 19. La rent dans les exercices 11, 12, 13, 15.
partie la plus difficile consiste à préciser sur quoi le

EXERCICE 18
L’exercice est à double tranchant. D’un côté, il per-
met à certains étudiants de montrer qu’ils ont du
répondant en matière culturelle, à travers la citation
d’ouvrages divers : œuvres littéraires (renvoi aux étu-
des précédentes), films, émissions de télévision (ren-
voi à la vie personnelle et à l’actualité). De l’autre, il
peut aussi souligner le manque de références et pro-
voquer une forme de découragement. L’expérience
d’enseignement en STS montre qu’il faut parfois
plusieurs mois pour que de nombreux étudiants se
« réconcilient » avec l’idée de culture. Valoriser leurs
savoirs est plus utile que leur asséner un programme
de lectures (celui du B.O.) qui a quelque chose de
monstrueux, même s’il est dit qu’il ne faut, naturel-
lement, pas tout envisager… Une démarche efficace
consiste à les aider à réactiver, collectivement, des
savoirs en suggérant des titres, des auteurs ou des
thèmes.
Si l’on fait faire l’exercice, il sera intéressant d’éta-
blir une classification des réponses, selon le thème
envisagé, sous forme de tableau dont les entrées
seraient : titre, auteur, genre, époque, problématique,
exemple. La démarche prépare le travail d’écriture
personnelle.

EXERCICE 19
Les trois premiers thèmes renvoient à la notion de culture de la manière suivante :

Thèmes Relations avec la culture Relations avec les domaines

« La fête dans ses dimensions
collectives »
La fête est une manifestation
sociale : elle tient aux traditions,
à la religion, elle s’enracine
dans les mythes ; elle a diverses
significations humaines et col-
lectives ; elle a aussi différentes
fonctions : son caractère humain
et social l’associe à la culture.
envisagés en STS
La fête s’inscrit dans les ques-
tions sociales, dans les
questions d’esthétique : la fête
prend des formes artistiques ;
elle peut prendre certains as-
pects politiques.

22
 L’ e n s e i g n e m e n t d u f r a n ç a i s e t l a d é f i n i t i o n d e l ’ é p r e u v e
Thèmes Relations avec la culture
« Risque et progrès » La notion de progrès (évolu-
tion, amélioration) et donc de
changement, de découverte, de
recherche, renvoie à la vie et à la
progression des sociétés. Cela
touche aussi au domaine scienti-
fique et à tout ce qui concerne
l’expérimentation de nouvelles
techniques et technologies.
On se situe dans un domaine
culturel très vaste, qui englobe
la science, la sociologie, la
morale…
« Faire voir, quoi, comment, pour Le domaine de l’image et de la
quoi ? » représentation est associé de
très près à la culture : historique
de l’image et de ses fonctions,
progrès techniques de l’image
(la photo, le cinéma, l’image
télévisuelle), représentations ico-
nographiques, sens et utilisation.
Le fait que nous vivions dans
une civilisation dite « de l’ima-
ge » associe la représentation à
tous les domaines culturels.
EXERCICE 20
Entraînement à l’oral à envisager en deuxième de réponse figurent dans les exercices 1 et 6 et
année, dans le cadre, par exemple, de la rencontre dans l’exercice 14.
des deux niveaux (1re et 2e années). Des éléments
CHAPITRE
1
Relations avec les domaines
envisagés en STS
Les questions sociales sont
abordées à travers la notion
d’évolution des sociétés ; l’ex-
ploitation des inventions pose
des problèmes d’ordre éthique,
parfois résolus par des décisions
politiques. La question du pro-
grès dans le domaine artistique
relève d’une réflexion d’ordre
esthétique. Les quatre domaines
signalés par le B.O. sont ainsi
représentés.
L’image, son développement,
ses formes et ses utilisations
constituent un « phénomène de
société ». L’image est d’autre
part exploitée sur un plan
politique (collusion télévision /
vie politique) ; son exploitation
pose des questions d’éthique et
son appartenance à la création
artistique l’inscrit dans des ré-
flexions d’ordre esthétique.
23
 CHAPITRE
2 Exemple
EXERCICE 1 On peut répondre sous forme de tableau.
Étapes de l’introduction
Annonce du thème général
Présentation des documents
Annonce des trois grandes orientations
➤ La première phrase donne le thème. Viennent
ensuite sept lignes dans lesquelles les documents
sont présentés. On précise leur nature, leur source,
leur auteur, leur date et leur thème, parfois en les rap-
prochant. Ces précisions occupent ici la plus grande
partie de l’introduction. Elles sont importantes, parce
que les différents documents n’ont pas la même
EXERCICE 2
Le thème de la première grande partie est le phéno-
mène du blog comme le montrent à la fois l’annonce
du plan dans l’introduction générale et l’introduction
partielle. On peut être plus précis en détaillant le
contenu des trois paragraphes : nature du blog, les
blogueurs, l’ampleur du phénomène. Les trois com-
posantes annoncées se retrouvent dans chacune
des trois orientations du plan de la première partie :
– on trouve la définition du blog en A ;
– la seconde étape (B) récapitule qui sont les blo-
gueurs ;
EXERCICE 3
1 La deuxième partie (ou deuxième grande orien-
tation) présente trois alinéas. On observe d’abord
un court paragraphe de quatre lignes, puis un
paragraphe plus long (dix lignes) et un troisième
paragraphe d’un peu plus de treize lignes. Cette
disposition et cette composition conduisent à
penser que cette partie comporte une introduction
partielle suivie de deux paragraphes. On peut le véri-
fier en se référant à l’annonce du plan.
24
de synthèse
Livre de l’étudiant ➜ p. 21 à 33
Délimitation
Première phrase de l’introduction
Lignes 2 à 9
Lignes 9 à 11
nature et que, s’ils ont le même statut dans le corpus,
ils ne sont pas à analyser de la même manière. Leur
présentation permet aussi de faire ressortir certains
antagonismes, certaines oppositions, ce qui sug-
gère déjà quelles peuvent être les orientations de la
synthèse. En dernier lieu est donné le plan du devoir,
sous la forme de deux ou trois grandes orientations.
– la troisième étape (C) annonce la présentation
d’une extension chiffrée du phénomène.
➤ L’orientation de la première partie est annoncée
dans le plan de l’introduction générale ; elle apparaît
dans l’introduction partielle de cette partie, avec des
précisions sur son contenu. Ces précisions corres-
pondent au thème traité par chacun des paragra-
phes A, B et C. On peut donner à cette partie le titre
suivant : le phénomène du blog.
2 La seconde partie pourrait avoir comme titre :
L’utilisation des blogs, de manière personnelle et de
manière professionnelle, avec comme titres de para-
graphes : A) L’utilisation personnelle et B) L’utilisation
professionnelle (ou dans les entreprises). Le plan (fin
de l’introduction générale) annonce une deuxième
partie consacrée aux utilisations du blog. Si l’on
observe la deuxième partie, on remarque :
– qu’il est fait référence à la notion d’utilisation dans

l’introduction partielle. On trouve en effet les expres-
sions dont il est utilisé, utilisation personnelle, utilisa-
tion professionnelle ;
– que le paragraphe qui suit l’introduction partielle
commence par l’expression L’utilisation personnelle
du blog, thème ensuite développé en une dizaine de
lignes ;
– que le dernier paragraphe commence par Sur le
plan professionnell et développe ensuite en treize
EXERCICE 4
1 Le titre de la troisième partie pourrait être : Des
règles nécessaires de bon usage, avec comme titres
de paragraphes : Le respect de la déontologie (A) et
Le respect des lois (B). Dans les deux cas, on observe
qu’il s’agit de limites, de contraintes imposées à une
utilisation incontrôlée des blogs considérée comme
dangereuse. Le lien thématique entre les deux pa-
ragraphes est souligné par la formulation Mais… ne
concernent pas que… qui souligne, non une oppo-
sition, mais le dépassement d’une restriction dans
un exposé linéaire à thème constant. Il y a ainsi une
forme de gradation entre les deux paragraphes.
2 L’annonce de l’introduction générale fait état de
limites rencontrées par la pratique des blogs. L’intro-
duction partielle de la troisième grande partie n’em-
ploie pas ce terme mais signale la nécessité d’une
déontologie et du respect de la légalité. Il s’agit bien
EXERCICE 5 La mise en parallèle de l’introduction et de la conclusion met en évidence leurs
éléments communs.
Introduction
Annonce du thème général : les blogs et leur
développement
Présentation des documents : genre, auteur,
source, date, thème ; éventuels regroupements
thématiques : cette présentation fait ressortir la
problématique du corpus
Annonce du plan donnant les trois grandes orien-
tations du devoir : nature, utilité, risques
CHAPITRE
2
lignes différentes utilisations du blog dans divers
types d’entreprises : liens réseaux, communication,
information dans l’immobilier, la distribution, le
recrutement.
➤ Ce qui est annoncé à la fin de l’introduction géné-
rale est repris sous la forme d’introduction partielle.
L’introduction partielle annonce le contenu des para-
graphes, que l’on retrouve dans chacun d’entre eux.
là de limites visant à canaliser une utilisation exces-
sive et dangereuse des blogs. Enfin, les deux para-
graphes évoquent l’un les dangers du blog, l’autre
la nécessité d’une formation civique des jeunes blo-
gueurs, qui bien souvent n’ont pas conscience du
pouvoir de l’outil qu’ils manipulent.
3 Les parties II et III sont liées de manière théma-
tique par la reprise de certains termes. On observe
ainsi que du pouvoir du blog professionnel, on pas-
se, assez naturellement, à l’idée du danger qui pour-
rait naître de ce pouvoir. La troisième partie apparaît
alors comme la suite logique puisqu’elle s’intéresse
aux dérives et à la nécessité d’imposer des limites
légales.
Il ne faut pas oublier que chaque partie ne corres-
pond pas à un plan stéréotypé : elle est uniquement
dictée par le contenu du corpus.
Conclusion
Rappel du thème général : les blogs.
Reprise de l’idée dominante du corpus : un phéno-
mène en développement, comportant de nom-
breux avantages + exemple illustrant cette utilité :
la création d’un blog de presse et allusion à l’un
des points de vue exprimés par M.-É. Leclerc.
Insistance particulière sur la nécessité des limites et
ouverture sur un thème plus large, qui est la question
de la liberté d’expression.
25
 ➤ Par ses différents blancs et par la disposition des
cases remplies, le tableau révèle des points intéres-
sants concernant l’évolution d’un devoir de l’intro-
duction, qui l’ouvre, à la conclusion, qui le ferme.
La mise en parallèle du début et de la fin révèle la
reprise du thème général, puis des divergences de
EXERCICE 6 La synthèse proposée est construite de la manière suivante :
Introduction
I – Première grande partie :
le phénomène du blog
A) Nature du blog
B) Qui sont les blogueurs
C) L’ampleur d’un phénomène à travers les chiffres
II – Deuxième grande partie :
les utilisations du blog
A) Utilisation personnelle
B) Utilisation professionnelle
EXERCICE 7
Dans la deuxième grande partie de la synthèse,
on peut observer la manière dont les documents
sont utilisés. Toute idée vient nécessairement d’un
ou plusieurs documents, et la personne qui rédige
la synthèse doit impérativement préciser d’où vient
l’idée. La première phrase du premier paragraphe
(l. 5, p. 29, partie II) commence ainsi par l’idée de
l’utilisation personnelle du blog. Cette idée est énon-
cée en relation avec les documents, avant même
d’être développée et l’on comprend que, sans les
documents, elle n’apparaîtrait pas. Les documents
où elle figure sont signalés immédiatement sous
la forme suivante : comme le rappelle l’article de
L’Express, apparaît surtout dans le document du
CLEMI et dans l’entretien avec M.-É. Leclerc. Trois
EXERCICE 8
Le corpus comporte plusieurs documents de nature
différente dont la vocation initiale et les enjeux ne
sont pas d’être regroupés et associés. Certes, ils
ont en commun d’aborder un même thème, et d’ex-
primer des idées communes, mais ils n’ont pas été
composés pour aller ensemble ! Ils ont seulement
été réunis parce que leur confrontation fait surgir des
idées proches ou des contradictions, des paradoxes,
et qu’ils se complètent réciproquement.
26
contenu, bien qu’il s’agisse des mêmes documents
et des mêmes idées. La conclusion ne reprend pas
tous les points, mais s’attache à une idée essen-
tielle pour situer la problématique du corpus dans un
débat plus large, qui est ici un débat social, moral et
politique, celui de la liberté d’expression.
III – Troisième grande partie : limites et contrain-
tes nécessaires
A) Une déontologie nécessaire
B) Des obligations légales
Conclusion
documents sont donc concernés. Ils peuvent être
signalés avant l’idée ou après, mais la démarche de
la synthèse pose impérativement :
– que toute idée doit nécessairement figurer dans
plusieurs documents et ne peut venir d’ailleurs ;
– que les sources des idées (les documents avec
une référence précise) doivent être impérativement
signalées ;
– que la manière de rédiger ne doit pas prendre la
forme du discours indirect : M.-É. Leclerc dit que…
la journaliste de l’Express dit que… ;
– qu’un paragraphe ne se construit pas sur l’énu-
mération du contenu de chaque document pris
successivement.
À partir de ce corpus d’éléments qui diffèrent par leur
auteur, leur genre, leur forme et qui n’ont pas néces-
sairement les mêmes enjeux, la synthèse constitue,
en plusieurs étapes structurées, un ensemble qui
doit avoir une unité thématique, une problématique
et un contenu venus uniquement des documents. Il
est donc normal que l’on retrouve dans la synthèse
les idées des documents. Il y a cependant des diffé-
rences importantes : ce qui unifie le corpus est son

thème commun, ce qui unifie la synthèse est son
auteur unique, son thème, une problématique, une
structure et une situation d’énonciation particulière.
À la diversité répond une forme d’unité démonstra-
EXERCICE 9 1 On peut repérer et expliciter un exemple de reformulation des idées.
Idées
Le blog est un moyen formidable de développer
des réseauxx (document 1).
La grande force de ces pages personnelles est de
créer du lien (document 1). – Le blog est aussi un in-
croyable vecteur de diffusion (document 1). D’autres
entreprises ont compris que le blog pouvait servir
leur image (document 1). – Les entreprises sont
tentées de faire des blogs un outil de management
collectiff (document 1).
Avec le blog n’importe quel citoyen peut interpeller
un dirigeant d’entreprise (document 3). – Le blog-
ging permet une plus grande humanisation de la
communication (document 3).
➤ L’exemple fait apparaître le passage de la diversité à l’unité de la synthèse : à partir de sept éléments diffé-
rents venus de deux documents, on exprime l’essentiel en une phrase synthétique qui regroupe l’ensemble.
2 On peut repérer aussi les formulations suivantes
utilisées pour faire référence aux documents :
d’après ; signalé parr ; insiste M.-É. Leclerc ; selon
M.-É. Leclerc ; rejoignent les recommandations de… ;
le documentt (dont il vient d’être question) rappelle… ;
souligne ; rappelle aussi… dont il est question dans
l’article ; le document indique aussii ; il liste les sanc-
tions ; le document du CLEMI est un outil… (partie III)
➤ On observe ici un certain nombre de formulations
qui permettent de signaler la source des idées, le rôle
joué par le document, ou par son auteur. Certaines
formulations soulignent les rapprochements entre
EXERCICE 10
Chacun des documents a un auteur qui s’exprime en
son propre nom, ou qui fait parler des locuteurs, de
manière directe ou indirecte. L’auteur de la synthèse
ne peut reprendre les documents à son compte. Il
doit prendre de la distance et aborder les textes en
reprenant leurs idées, sans omettre d’indiquer leur
source. C’est lui qui rédige, mais il est dans la si-
tuation d’un joueur réalisant un puzzle et mettant en
place des morceaux qui doivent aller ensemble pour
Exemple de synthèse CHAPITRE
2
tive. À des idées dispersées dans les documents
correspond une organisation logique des mêmes
idées, rassemblées et classées dans une perspec-
tive argumentative.
Reformulation
La possibilité de créer des liens, de constituer
des réseaux, de mettre en place des échanges de
points de vue, de faire circuler l’information, de dé-
velopper une image professionnelle avantageuse,
fait du blog, comme le montrent l’article de presse
et l’entretien, un outil efficace dans différents types
d’entreprise… (partie II-B)
documents, comme par exemple dans la deuxième
grande partie : l’article de L’Express et l’entretien
sont révélateurs ; comme le montrent l’article et l’en-
tretien.
N.B. La reprise de termes cités, entre guillemets dans
l’introduction partielle : charte de bon usage et risque
de discrédit, est une manière de procéder qui n’est
pas et ne doit pas être fréquente dans la synthèse.
On ne reprend certains mots sous forme de cita-
tion que lorsqu’ils sont très importants et difficiles à
reformuler. La synthèse ne doit jamais être un mon-
tage de citations.
construire un tout cohérent. Il n’est donc pas l’auteur
des idées, mais l’auteur d’un texte qui reprend des
idées appartenant à d’autres. Ce qui appartient à
l’auteur d’une synthèse est le plan qu’il a mis en pla-
ce pour organiser les idées et les éléments de cette
organisation : introduction, introductions partielles,
conclusion, rédaction. Dans une synthèse, celui qui
parle a pour fonction d’organiser des idées qui ne
sont pas les siennes.
27
 EXERCICE 11
Dans l’exemple donné, on ne remarque pas de signes
de subjectivité : le texte est écrit à la troisième person-
ne, il ne comporte pas de registre particulier, pas de
modalisateurs, pas de connotations autres que celles
qui figurent dans les documents. Ainsi, le caractère
élogieux de certains documents en ce qui concerne
les blogs (document 1 et document 3), les chiffres
cités, peuvent être repris dans la synthèse sans être
EXERCICE 12
La démarche de la synthèse consiste à confronter les
documents d’un corpus pour dégager les idées qu’ils
ont en commun et les exposer, en les reformulant, en
un devoir construit autour d’une problématique et
argumenté. Le travail de synthèse se fait uniquement
à partir des idées des documents (aucune idée exté-
rieure) dont les références doivent être indiquées. La
synthèse n’est ni de la paraphrase, ni un montage
de citations.
Ses difficultés sont multiples : la première concerne
le corpus, qu’il faut lire et comprendre, alors qu’il
s’agit de documents de nature différente, pour en
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Pour faire référence aux documents, on peut utiliser
des formulations dont voici un échantillonnage :
D’après, selon, comme le disent les auteurs des
documents X et Y, comme l’affirment M. M. et
M. dans les documents ; si l’on en croit ce qui figure
dans les documents X et Y ; si l’on en croit M. et M... ;
tel document rejoint le document X sur tel point ;
comme le déplorent, comme le montrent, comme le
réfutent, comme le démentent, comme le rappellent
les auteurs des documents… ; les documents X et
Y de M. et M. précisent que… ; comme le suggè-
rent les documents X, Y et Z, ou comme le suggè-
rent les auteurs des documents… ; les trois auteurs
s’interrogent sur le même point, posent la même
question ; comme le proposent, le recommandent,
le conseillent les auteurs des documents X, Y et Z,
comme M. et M. le sous-entendent…
28
considérés comme des marques d’admiration ou
d’étonnement venus de l’auteur de la synthèse. Ce
registre figure en effet dans les documents et ne vient
pas de l’auteur du devoir. On peut d’autre part consi-
dérer que l’ouverture qui figure dans la conclusion
n’est pas une « intrusion » de la subjectivité de l’auteur
de la synthèse : l’idée de la liberté d’expression est
sous-jacente dans trois documents sur quatre.
dégager les idées. La seconde étape, qui est la
classification des idées est également difficile, parce
qu’il faut mettre en évidence une problématique et
construire un plan à partir d’idées dont on a parfois
l’impression qu’elles vont un peu dans toutes les
directions, compte tenu des différents « angles
d’approche » des documents. La dernière étape, qui
est la rédaction, implique de reformuler les idées en
laissant de côté ses réactions personnelles pour res-
pecter l’objectivité. Il faut adopter un ton neutre et ne
pas oublier de donner les références qui définissent
la source des idées. Il faut aussi rédiger de manière
précise et correcte.
➜ p. 32
➤ On peut utiliser un grand nombre de verbes
de parole et de pensée en faisant varier la nature
et le nombre de leurs sujets, qui sont tantôt les
documents, tantôt les auteurs, tantôt ceux qui
parlent dans les textes (par exemple dans un texte
théâtral).
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
CORPUS 2
– DOCUMENT 1
1 Dans un extrait du roman 99 F – 14,99 €, publié
en 2000, F. Beigbeder évoque avec cynisme la posi-
tion d’un créatif dans une agence de publicité.
2 Le héros narrateur du roman de F. Beigbeder,
99 F – 14,99 €, explique les différentes fonctions de
la publicité dans la vie économique.

– DOCUMENT 2
1 Le document 2 est la définition du BVP, Bureau
de Vérification de la Publicité, dont la fonction est de
veiller à une certaine déontologie de la production
publicitaire.
2 Le document 2, document de référence qui
donne la définition du BVP, rappelle la nécessité d’un
organisme chargé de contrôler la publicité.
– DOCUMENT 3
1 En mai 2007, Le Monde 2 a interrogé le publici-
taire J.-M. Dru sur l’omniprésence et sur les évolu-
tions de la publicité.
2 Dans un entretien accordé au Monde 2, en mai 2007,
J.-M. Dru évoque les évolutions de la publicité.
– DOCUMENT 4
1 L’affiche publicitaire Aigle (campagne de 2007)
associe les hommes à une espèce en voie de dis-
parition.
2 L’affiche publicitaire Aigle (campagne de 2007)
pourrait illustrer les propos de J.-M. Dru sur la
nécessité d’établir des ruptures avec la publicité tra-
ditionnelle.
CORPUS 3
– DOCUMENT 1
1 Dans La Colonie, comédie de 1750, Marivaux
met en scène des femmes qui revendiquent leur par-
ticipation à l’élaboration d’une constitution.
2 La question des discriminations hommes / fem-
mes est abordée par Marivaux dans La Colonie, une
comédie de 1750.
– DOCUMENT 2
1 Dans un essai sur la famille, publié en 1995, C. Cor-
dero récapitule, dans une chronologie, les grandes
dates de l’émancipation des femmes en France.
2 Une chronologie établie par C. Cordero dans un
essai sur la famille (1995) montre les lents progrès de
la parité hommes / femmes.
– DOCUMENT 3
1 Dans un autre essai consacré à la famille, mais
en 2007, N. Jonas s’intéresse aux différences filles /
garçons dans les études.
2 L’extrait de l’essai de N. Jonas sur la famille
montre, en 2007, que les filles et les garçons ne sont
pas à égalité dans les études.
– DOCUMENT 4
1 Le dessin de Plantu dénonce la jalousie des
Exemple de synthèse CHAPITRE
2
hommes qui ne supportent pas la réussite intellec-
tuelle des femmes.
2 Le dessin de Plantu rappelle qu’on a tendance à
exiger d’une femme qu’en plus de ses diplômes elle
ait des qualités physiques.
EXERCICE 3
Autre version de l’introduction :
Si vous avez quelque chose à dire : créez un blog,
mais attention ! Telle est la recommandation qui
se dégage du corpus proposé. Il regroupe qua-
tre documents différents. Comme documents
textuels figurent un article de presse, extrait de
L’Express et datant de 2005 ainsi qu’un entretien
de 2006 entre un spécialiste français du blog, Loïc
Le Meur, et un professionnel de la distribution,
M.-É. Leclerc. Ces deux documents envisagent
des utilisations différentes du blog. Un document
destiné aux jeunes, sous une forme iconographi-
que, et édité par le CLEMI en 2005, met en garde
les collégiens contre certains excès tandis qu’un
tableau de pourcentages produit par Médiamétrie
en 2005 donne des chiffres révélateurs. Le regrou-
pement de ces documents conduit à étudier suc-
cessivement la nature et l’ampleur du phénomène
« blog », les possibilités d’utilisation du blog et la
nécessité de définir quelques limites.
EXERCICE 4
Rédaction du paragraphe A de la première partie :
La nature du blog est donnée par les documents 1,
2 et 3. L’origine du mot – contraction de « weblog »
– apparaît dans le document 1, qui le définit et
rejoint par là les autres documents. Le blog est
présenté comme un écrit à la fois personnel et
public, journal de bord, lieu d’échange et d’infor-
mation en relation, comme le souligne le document
1, avec d’autres sites. Le blog illustre l’existence
d’une « toile » sur laquelle et grâce à laquelle de
simples particuliers entrent en communication
privée et ouverte avec d’autres. Le blog est l’oc-
casion de faire des commentaires sur les écrits et
les pensées d’autrui, rendus publics, comme le
signale M.-É. Leclerc. C’est aussi, selon lui, l’occa-
sion d’exprimer des suggestions et des critiques,
et, dans le domaine professionnel, de proposer des
améliorations. Le document du CLEMI montre que
c’est un moyen de communication très utilisé par
les jeunes, qui en font un bloc-notes d’échanges et
de jeu, tandis que le document 3 fait du blog une
sorte de « pense-bête » professionnel qui donne
l’occasion de réfléchir en public. Les trois docu-
ments insistent sur les notions de communication
et d’ouverture au public.
29
 CHAPITRE
3 Exemple
d’écriture personnelle
Livre de l’étudiant ➜ p. 34 à 37

EXERCICE 1 Les mots-clefs du sujet sont au nombre de trois : expliquer, qui constitue la démarche,
succès et blog, qui donnent le thème et la problématique.

– Le sujet demande de présenter un phénomène :
FAUX.
– Le sujet demande d’analyser les conséquences
d’un phénomène : FAUX.
– Le sujet demande de donner les explications d’un
phénomène : VRAI.
– Le sujet demande de discuter un point de vue :
FAUX.
– Le sujet demande d’exposer uniquement un point
de vue personnel : FAUX.
– Le sujet impose un plan de type thèse / antithèse /
synthèse : FAUX.
– Le sujet impose un plan qui énumère les différentes
causes du succès du blog : VRAI.
– Le traitement du sujet peut se faire sous la forme
d’un article exposant, entre une introduction et une
conclusion, les différentes raisons expliquant le
développement des blogs : VRAI.
– La thèse de départ est que le blog a du succès ; le
sujet demande d’expliquer pourquoi : VRAI.

EXERCICE 2
1 L’introduction est composée de la façon sui-
vante :
– Phrase d’accroche donnant immédiatement le
thème sous la forme d’une définition du blog.
– Énoncé de la problématique sous la forme d’un
rappel de ce qui est un des mots-clefs du sujet, le
mot succès, et évocation de certaines caractéristi-
ques du blog (ce qui est une manière de préciser la
définition initiale).
– Annonce de la démarche envisagée, une interro-
gation sur des causes, avec la présentation de trois
grandes orientations : besoin de parler de soi et de
le faire savoir, le pouvoir des blogs, une utilisation
professionnelle efficace des blogs.
2 On peut mettre en évidence les relations théma-
tiques entre l’introduction et le sujet par le surlignage
des termes communs, puis par une récapitulation
sous forme de tableau.

Mots-clefs du sujet Introduction

expliquer Explications / caractéristique qui explique / chercher
les raisons / nous interroger sur la manière
Besoin de parler de soi / le pouvoir des blogueurs /
utilisation professionnelle du blog*
succès grandissant Extension / instituts de sondage / développement
d’Internet / succès grandissant
blog Néologisme / carnet de bord / journal intime
dialogue personnel et public

* Les éléments donnés en gris ne font pas partie du sujet, mais constituent le point d’aboutissement de la
recherche d’idées : ce sont trois orientations classant des causes du succès du blog, orientations qui consti-
tuent le plan du devoir :
I – besoin de parler de soi, II – le pouvoir des blogueurs, III – une utilisation professionnelle efficace des blogs.
30

EXERCICE 3
1 L’idée qui domine le premier paragraphe est
la suivante : le blog est en adéquation avec une
tendance sociale de notre époque, qui conduit les
individus à vouloir faire connaître publiquement
ce qui relève de leur vie privée. Le succès du blog
vient de la possibilité qu’il offre de combiner ces
deux éléments contradictoires. L’idée est formulée
dans les deux premières phrases du paragraphe.
Elle pourrait être remplacée par le titre suivant : la
possibilité de parler de soi en public. Elle est déve-
loppée à partir de la troisième phrase.
EXERCICE 4
1 Les paragraphes 1 et 2 (première et deuxième
grandes orientations du devoir) sont reliés par une
phrase de transition dont l’articulation est ainsi. Cette
phrase, qui ouvre la partie II, pourrait aussi terminer
la partie I dont elle constituerait le bilan. Placée de
cette manière, elle laisse toute sa force à la chute de
la première partie, qui, par le ton utilisé, comporte un
élément de subjectivité.
2 L’idée dominante développée dans le deuxième
paragraphe, et annoncée par la formule Une autre
raison…, est que les blogs doivent aussi leur suc-
cès au pouvoir qu’ils confèrent à la communauté des
blogueurs. Par leur caractère public et non contrôlé,
ils se révèlent très efficaces sur le plan de la diffu-
sion. Cette idée est en cohérence avec son annonce
dans l’introduction, qui utilise l’expression pouvoir
dont dispose la communauté des blogueurs.
EXERCICE 5
1 et 2 Le thème du troisième paragraphe repose
sur l’utilisation qui peut être faite du blog dans le
domaine professionnel en facilitant toutes sortes de
relations hiérarchiques. Ce paragraphe s’articule au
précédent par le biais d’une formule énumérative :
On peut enfin considérer que le développement
du blog s’explique… L’emploi de l’adverbe enfin
souligne que l’on arrive en fin d’énumération des
CHAPITRE
3
2 Le paragraphe comporte deux exemples. Le
premier, emprunté à l’un des documents du corpus,
le document du CLEMI, est là pour illustrer l’idée que
les collégiens utilisent les blogs de manière très per-
sonnelle, ludique, mais aussi souvent irrévérencieuse
et malvenue. Le second exemple vient d’un article du
magazine Courrier international consacré aux rela-
tions entre les Français et les blogs. Cet exemple
explique le succès des blogs en France par le goût
des Français pour l’analyse et cite à ce sujet les Essais
de Montaigne, comme référence. Ces deux exemples
illustrent deux explications du succès des blogs.
3 La deuxième partie comporte, comme la pre-
mière, deux exemples, mais aucun ne vient des
documents du corpus. Le premier est extrait d’un
organe de presse, le second d’une revue. Ils illus-
trent l’un et l’autre le pouvoir dont dispose la blogos-
phère en ce qui concerne la rapidité de diffusion des
nouvelles et des réactions, de manière exponentielle.
On peut observer que la place prise par ces exem-
ples est importante par rapport au développement
de l’idée dominante. Cela s’explique par le fait que
ces exemples reposent sur des faits qu’on ne peut
comprendre en l’absence d’éléments narratifs : il
faut en effet dire de quoi il est question en racontant
deux épisodes ayant un point de départ, un dévelop-
pement et un point d’aboutissement. Les deux évo-
cations narratives, qui ne peuvent se résumer à une
phrase nominale, prennent de la place dans le texte
en apportant des éléments concrets.
différentes causes. La notion de développementt est
au cœur de la réflexion sur le succès des blogs. Le
verbe s’explique rappelle que l’on fait une étude des
causes qui expliquent un phénomène.
La référence au domaine professionnell constitue
un écho de l’introduction et assure la cohérence
entre l’annonce du plan et le contenu de la troisième
étape.
31
 EXERCICE 6 La mise en parallèle de la conclusion et de l’introduction peut se faire sous forme de
tableau.
Introduction
Définition du blog et constat d’un développement
important de ce phénomène.
Présentation de quelques caractéristiques du blog
pouvant déjà suggérer une explication globale de
son développement : énoncé de la problématique.
Énoncé de trois orientations qui correspondent au
plan du devoir.
➤ La manière dont est rempli le tableau permet de
comprendre les relations entre l’introduction et la
conclusion. On trouve en commun certaines carac-
téristiques du blog. Dans l’introduction, ces carac-
téristiques servent à mettre en place une problé-
matique qui sera développée et argumentée dans
le corps du devoir et qui aboutira à une validation.
Dans la conclusion, les mêmes caractéristiques sont
EXERCICE 7
Le sujet proposé repose sur un constat – le succès
du phénomène blog – auquel il faut trouver des
explications, des causes. La démarche mise en jeu
correspond à une argumentation dans laquelle on
propose des arguments (preuves, explications, cau-
ses) qui expliquent, prouvent et montrent pourquoi
un phénomène, une idée, ou une thèse, sont accep-
tables et crédibles.
La thèse selon laquelle les blogs constituent un phé-
nomène à succès est soutenue par trois arguments
(idées dominantes de chaque paragraphe) organisés
de manière linéaire sur le même thème. Ces argu-
ments / preuves peuvent se formuler de la manière
suivante :
– le succès des blogs vient de ce qu’ils permettent à
chacun, selon les tendances actuelles de la société
de communication, de parler de soi de manière publi-
que. On le sait par différents exemples empruntés à
32
Conclusion
Retour sur certaines particularités antinomiques
qui peuvent, globalement, expliquer le succès des
blogs.
Insistance sur la capacité des blogs de concilier
deux tendances contradictoires de notre époque :
manière implicite de mettre l’accent sur des com-
portements contradictoires caractéristiques de la
société de communication.
reprises après la démonstration de leur validité. Elles
permettent alors de faire apparaître ce qui était im-
plicite, l’adéquation du blog et de l’état d’esprit de
l’actuelle société de communication : il en est à la
fois la preuve et le produit.
La dernière étape de la conclusion permet presque
toujours de faire apparaître une manière de voir et de
penser un problème dans un contexte élargi.
la vie sociale et parce que des analystes, les sociolo-
gues, justifient ces raisons dans leurs travaux ;
– le succès des blogs trouve une autre explication
dans le fait que les blogueurs, réunis en blogosphère
(ou monde des blogueurs), constituent une commu-
nauté détenant un pouvoir considérable. Cet état
de chose est prouvé par des cas précis de mise en
commun de ce pouvoir pour faire pression sur des
entreprises. Ces cas sont analysés dans des articles
spécialisés ;
– le succès des blogs s’explique aussi par l’efficacité
de leur utilisation dans différents domaines profes-
sionnels. Plusieurs analyses, prises de position et
réflexions de spécialistes vont dans ce sens.
➤ L’organisation du devoir selon le schéma : thèse /
arguments / exemples pour chacun des arguments
l’inscrit dans une démarche de type argumentatif.

EXERCICE 8
Les idées exprimées dans le devoir proposé ne
sont pas des idées personnelles appartenant, de
manière subjective, à la personne qui l’a écrit.
– L’idée (argument 1) que le blog permet de parler
de soi en public relève d’une simple observation
du blog et de la manière dont fonctionne ce mode
de communication : le blog appartient à une per-
sonne qui le crée et qui utilise cet espace d’écri-
ture pour s’exprimer et susciter un débat ouvert à
qui veut participer. Pour trouver cette idée, il faut
juste savoir que les blogs existent, ce qu’ils sont,
comment ils fonctionnent et ce que l’on peut y
faire. Tout étudiant de BTS possède, par l’utilisation
d’Internet, des informations sur ce sujet. L’idée est
ensuite confirmée par le contenu de certains des
documents du corpus ;
– L’argument 2 du pouvoir des blogueurs demande
un peu plus de recherche et quelques faits et
exemples mettant en relief la rapidité de diffusion
des nouvelles et la force représentée par la com-
munauté de tous ceux qui participent à des blogs.
La nature de cet argument est là pour rappeler aux
étudiants que l’on trouve des idées dans la lecture
EXERCICE 9
On trouve dans le travail proposé plusieurs marques
visibles de la subjectivité de l’auteur :
– l’emploi de la première personne du pluriel, nous
au début du premier paragraphe et de la première
personne du singulier au début de la conclusion, je
pense ;
– la présence de jugements à la fin du premier para-
graphe, lorsqu’il est question de Montaigne et des
Exemple d’écriture personnelle CHAPITRE
3
d’ouvrages divers, articles, extraits d’essais, qui
eux-mêmes renvoient à des faits historiques, ou à
des faits d’actualité.
– L’argument 3, qui fait état de l’efficacité du blog
dans le domaine professionnel, vient à la fois de
la lecture des documents du corpus (article de
L’Express et entretien avec M.-É. Leclerc) et de lec-
tures diverses, déjà utilisées pour l’argument 2. La
nature de cet argument conduit, comme le précé-
dent, à considérer comme indispensable la lecture
de documents de type sociologique. Rappelons
ici que la lecture de ces documents s’inscrit dans
le travail des deux années de préparation. Il attire
aussi l’attention sur le fait que certaines idées vien-
nent directement du corpus de documents
➤ Il ressort des observations précédentes que le
caractère personnel des idées dépend de la culture
de l’auteur d’un travail d’écriture personnelle, mais
surtout de la sélection, du choix que cette personne
peut effectuer dans un ensemble d’idées venues de
ses lectures ainsi que d’une curiosité et d’une sen-
sibilité à l’environnement social et culturel.
Essais : ce qui est très élogieux, ce qui l’est beau-
coup moins ; on peut ne pas apprécier !
Il faut cependant considérer que la subjectivité et le
caractère personnel du devoir ressortent aussi de la
manière d’aborder le sujet, de construire l’argumen-
tation et de l’illustrer par des exemples dont certains
relèvent de l’expérience et des connaissances per-
sonnelles de l’auteur.
33
 EXERCICE 10
On peut récapituler, sous forme de tableau, les différences et les points communs entre la synthèse et l’écri-
ture personnelle à partir des deux devoirs réalisés sur le thème des blogs.
Éléments communs
Un thème commun : les blogs.
Un support commun constitué par le corpus de
documents
La synthèse et le travail d’écriture personnelle
sont des travaux construits et relevant d’un
plan, d’une structure visible dans la présentation
typographique et dans l’organisation d’ensemble.
En particulier, chacun présente une introduction,
un développement en deux ou trois parties et une
conclusion.
La synthèse et l’écriture personnelle ont le même
« rédacteur ».
➤ Deux caractéristiques fondamentales différen-
cient la démarche de l’écriture personnelle de celle
de la synthèse, l’utilisation des documents et le plan,
ce qui entraîne une troisième différence concernant
le « rédacteur » : la position de celui qui écrit. Pour
la synthèse, tout ce qui est à utiliser se trouve exclu-
sivement dans les documents et c’est uniquement
34
Éléments différents
Les documents n’ont pas la même « utilité » : pour
la synthèse, ils constituent une « matière » à uti-
liser dans sa totalité ; pour l’écriture personnelle,
ils constituent un réservoir d’idées dans lesquelles
on peut puiser.
Le travail d’écriture personnelle est imposé par un
sujet tandis que pour la synthèse aucune direction
n’est donnée.
Les deux démarches, argumentées, sont nette-
ment différentes : la synthèse reprend les idées du
corpus et les organise selon une problématique
qui n’est pas donnée, mais qui ressort de la nature
et du contenu des documents. Le regroupement
et la reformulation des idées ne peuvent se faire
sans référence constante aux documents. Le
travail d’écriture personnelle doit apporter une ou
des réponses à une question posée dans le sujet.
L’auteur de ce travail peut prendre appui sur les
documents mais son travail consiste à construire
une réflexion faisant intervenir d’autres idées
venant de ses connaissances, de son expérience,
de sa culture.
Il n’y a aucune raison pour que le plan de la syn-
thèse et le plan du travail d’écriture personnelle se
rejoignent.
Le « rédacteur » de la synthèse et du travail
d’écriture personnelle a une position différente par
rapport au texte qu’il rédige. Dans la synthèse,
il reprend objectivement des idées qui ne lui
appartiennent pas. Dans l’écriture personnelle,
il peut revendiquer les idées qu’il exprime : ce
sont les siennes et s’il en exprime certaines avec
lesquelles il n’est pas d’accord, il a le droit de le
faire savoir.
à partir d’eux que se construit le devoir. Pour l’écri-
ture personnelle, le champ de recherche des idées
est libre – par rapport aux documents – mais les
limites du travail sont imposées par le sujet. Dans
la synthèse, le rédacteur est objectif et fidèle aux
documents ; dans l’écriture personnelle, il parle en
son propre nom.

P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Expression de la cause : par, car, en effet, parce que,
puisque, du fait que, du fait de, pour la raison que.
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
● Expression de la cause
– Le phénomène du blog connaît un grand succès
car (parce que, pour la raison que) il permet à cha-
que internaute de s’exprimer librement.
– Le phénomène du blog connaît un grand succès :
en effet, il permet…
– Par la possibilité (l’occasion) qu’il offre… le phéno-
mène du blog connaît un grand succès.
– Du fait qu’il permet à chaque internaute… le phé-
nomène du blog…
● Expression de la conséquence
– Le blog permet à chaque internaute de s’exprimer
librement, de sorte que (si bien que) ce phénomène
connaît un grand succès.
– Le blog permet à chaque internaute de s’exprimer
Exemple d’écriture personnelle CHAPITRE
3
➜ p. 37
librement : c’est pourquoi (ainsi, en conséquence,
de ce fait, le résultat est que, au point que, il s’ensuit
que, il en résulte que, la conséquence est que…) ce
phénomène connaît un grand succès.
EXERCICES 3 ET 4
Ces deux exercices laissent toute latitude aux étu-
diants de répondre personnellement. Les réponses
peuvent aussi venir d’un échange oral et être trans-
crites ensuite par écrit (au cours d’une séance de
TP), ce qui cumule les deux entraînements à l’écrit
et à l’oral.
L’utilisation alternée de la première et de la troisième
personne est de nature à faire observer le degré de
subjectivité ou d’objectivité des propos :
Ex. : Ce que je trouve intéressant, dans le blog, c’est
la manière dont s’enchevêtrent les différentes prises
de position. L’un répond à l’autre, un troisième inter-
vient et cela fait un débat qui met chacun en position
d’attente. On a envie d’avoir des réponses, des réac-
tions, à ce que l’on a écrit.
Le blog est intéressant parce que les différentes
prises de position s’y enchevêtrent… Chacun a en-
vie d’avoir des réponses, des réactions, à ce qu’il a
écrit.
35
2
Savoir identifier et
analyser les documents
 CHAPITRE
4 Analyser
A P P R O C HES
EXERCICE 1
1 L’auteur est donné, c’est V. Hugo. On sait que
l’œuvre est en vers par l’inddication v. 69-100. Sa
date de publication est égaleement donnée, 1853 ;
le passage est identifiable grâce à l’indication du
livre V, et du numéro du texte,
livre, text 13, avec le numéro
des vers 69-100. Concernant le thème de l’œuvre,
on peut penser, à partir des trois titres qui sont
donnés, Les Châtiments, « L’autorité est sacrée »,
EXERCICE 2
1 Il est précisé que l’œuvre est traduite du russe.
Acte premierr indique qu’il s’agit d’un extrait théâ-
tral. Son auteur est donné, c’est A. Tchékhov. Le
traducteur est A. Adamov, ce qui est précisé. Le
passage proposé se situe dans l’acte premier.
EXERCICE 3
1 Celui qui parle : G. Tordjman ; il est l’interlocu-
teur dans un entretien.
Le genre du document : un entretien dont le titre est
« La conjugalité s’apprend ».
Le genre de l’ouvrage d’où il est extrait : une revue
dont le titre est Mariage, mariages, revue publiée en
mars 1989.
Le thème global de cette série de revues est le
38
le paratexte
Livre de l’étudiant ➜ p. 42 à 46
➜ p. 42
et « L’Expiation », qu’il est question de morale, de
justice et de politique.
2 Les indications du livre, du texte et des vers indi-
quent qu’il s’agit d’une œuvre versifiée. On peut pen-
ser compte tenu du titre, si l’on ne connaît pas déjà
l’œuvre, à une œuvre poétique en vers de V. Hugo, et
plus particulièrement à une œuvre engagée.
2 Le titre attire l’attention sur celui qui est sans
doute le personnage principal. Mais le lecteur ne
peut pas deviner grand-chose du thème. 1897 est
la date de publication de l’œuvre en russe, 1973 la
date de sa traduction par A. Adamov pour les édi-
tions Flammarion. L’indication acte premierr laisse
penser que l’acte n’est pas divisé en scènes.
thème des mutations sociales, et le thème du
numéro concerné est le mariage et son évolution.
2 Série « Mutations » indique le thème, l’orienta-
tion d’une série de revues portant sur des questions
de société. Le numéro désigne le numéro de la revue
dans la série et Mariage, mariages est le titre de ce
numéro particulier de la revue.

EXERCICE 4
Le paratexte proposé permet de déterminer les
informations suivantes : l’auteur est Serge-Félix
N’Piénikoua, journaliste à La Gazette du Golfe, au
Bénin. La première source du texte est ce journal
béninois, mais le texte, qui est un article sur les
enfants soldats, a été repris dans l’hebdomadaire
EXERCICE 5
1 L’auteur du texte est Émilien Carassus ; le titre
de l’œuvre est Le Snobisme et les lettres françaises
de Paul Bourget à Marcel Proust, 1884-1914. La date
de publication est 1996 ; le thème traité est le sno-
bisme dans la littérature française de 1884 à 1914.
2 Les deux dates 1884-1914 font partie du titre de
l’œuvre. Elles délimitent la période historique d’étu-
de du snobisme dans la littérature française. À partir
EXERCICE 6
1 L’auteur est donné, Daniel Bougnoux, ainsi
que la source. Il s’agit de la revue Esprit. La date,
mars 1996, indique une parution mensuelle et orien-
te vers l’identification d’une revue.
2 Autres informations : le titre de l’article, assez
accrocheur, oriente vers une réflexion économique
EXERCICE 7
Les éléments composant la légende d’un tableau
contiennent de nombreuses informations sur le
tableau. Ils apprennent en particulier :
– qui est le peintre et quelles sont ses dates : Eugène
Delacroix, 1798-1863 ;
EXERCICE 8
La légende de la photo donne les informations sui-
vantes :
– le nom du photographe, Olivier Coulange ;
– le titre ou la thématique de la photo ou de la série à
laquelle appartient la photo : sans abri ;
CHAPITRE
4
Courrier international. À propos de ce journal, le
lecteur apprend qu’il est un hebdomadaire (par l’in-
dication de la semaine de sa publication) et qu’il est
composé d’articles repris d’organes de presse de
tous les pays du monde, ce qui fait son caractère
international.
du titre et du thème, on peut penser que l’œuvre est
un essai portant sur les relations entre la littérature
et la société. Le signe © est l’abréviation de « copy-
right ». Il détermine à qui appartiennent les droits de
publication de l’œuvre. Ici, c’est la maison d’édition
Armand Colin qui détient les droits de l’œuvre dont
il est question. Cette précision est obligatoire tant
qu’une œuvre n’est pas tombée dans le domaine
public (70 ans après sa publication).
sur les relations franco-américaines dans le cadre
de certains échanges commerciaux. Le chapeau
et la note donnent des précisions qui vont dans le
même sens : article sur les négociations douanières
entre la France et les États-Unis. Le texte est extrait
d’un article de revue portant sur un thème écono-
mico-politique.
– le titre du tableau et sa date de réalisation : Le
28 juillet 1830, la Liberté guidant le peuple (1831) ;
– la nature du tableau : huile sur toile ;
– les dimensions du tableau : 250 x 325 cm ;
– le musée où se trouve le tableau et la ville où se
trouve le musée : musée du Louvre, Paris.
– le nom de l’agence qui détient les droits de repro-
duction de l’image : agence Vu ;
Ces différentes informations sont rendues obligatoi-
res par la loi, a minima pour le nom du photographe
et l’agence.
39
 EXERCICE 9
Le paratexte de la bande dessinée envisagée donne
les informations suivantes :
– le nom des trois collaborateurs et leur rôle respectif
dans la réalisation de cette BD : Didier Lefèvre est
le photographe, Emmanuel Guibertt est l’auteur du
texte et des dessins, Frédéric Lemercierr est le res-
ponsable de la mise en page et des couleurs.
Ces informations attirent l’attention sur une col-
laboration à trois. Souvent, les auteurs de bandes
dessinées sont deux, celui qui crée le texte et celui
qui dessine. Une autre information est inhabituelle,
EXERCICE 10
Le paratexte de l’enquête apporte les informations
suivantes :
– la date précise de réalisation de l’enquête : 26 et
27 octobre 2005 ;
– l’organisme qui a réalisé l’enquête : le département
Stratégies d’opinion de TNS Sofres ;
– l’échantillonnage de population ayant participé à
l’enquête : un échantillon de 1 000 personnes repré-
EXERCICE 11
Les difficultés liées à la présence de dates viennent de
ce que les différents paratextes donnent parfois plu-
sieurs dates dont la proximité peut prêter à confusion :
date de publication d’une œuvre, date de traduction de
cette œuvre pour un éditeur comme c’est le cas pour
Oncle Vania (exercice 2) : les deux dates peuvent être
très éloignées dans le temps. Il peut y avoir autant de
EXERCICE 12
Dans les différents paratextes, on peut trouver les
noms propres suivants :
– le nom de l’auteur, et de ceux qui, éventuellement,
ont contribué à une œuvre : Anton Tchékhov, les trois
auteurs de la bande dessinée Le Photographe ;
– le nom d’une personne interrogée au cours d’un
entretien, et éventuellement le nom de la personne
qui l’interroge ;
40
l’indication de la présence d’un photographe. La
BD en question comporte en effet de nombreuses
photographies, ce qui correspond à son titre ;
– le titre de l’album, Le Photographe, et la date de
publication, 2003 ;
– le numéro du volume, 1, ce qui signifie qu’il y en a
plusieurs ;
– les numéros des deux pages choisies, 77-78 ;
– le nom de l’éditeur dépositaire des droits de publi-
cation, les éditions Dupuis.
sentatif de l’ensemble de la population ;
– l’âge des personnes interrogées : 18 ans et plus ;
– la manière de procéder : personnes interrogées en
face à face à leur domicile ;
– la méthode utilisée : méthode des quotas.
Le paratexte donne toutes les informations concer-
nant la nature et le déroulement de l’enquête.
dates différentes qu’il y a de traductions, alors que la
date de publication de l’œuvre est toujours la même.
Quand il s’agit d’une reprise d’article, on peut trouver
la date de publication initiale de l’article et la date de
sa reprise. On trouve aussi des dates figurant dans le
titre (voir l’exemple de l’exercice 5), qu’il ne faut pas
confondre avec la date de publication.
– le nom d’un traducteur : Arthur Adamovv ;
– le nom de personnages d’œuvre de fiction : Oncle
Vania ;
– le nom d’auteurs dont il est question dans l’œuvre ;
Paul Bourget, Marcel Proustt ;
– le nom de l’éditeur ou de la maison d’édition :
Armand Colin, Dupuis.

A P P L I C ATION
EXERCICE 13
● Document 1
1 auteur du dessin ; 2 titre d
du recueil de dessins ;
3 nom de l’éditeur ; 4 date de publication du recueil.
● Document 2
1 nom du peintre ; 2 dates du peintre ; 3 titre du
tableau ; 4 date du tableau ; 5 nature du tableau ;
6 musée dans lequel se trouve le tableau ; 7 ville où
se trouve le musée.
● Document 3
1 auteur de l’œuvre ; 2 titre du chapitre d’où est tiré
le document proposé ; 3 titre de l’œuvre complète ;
4 numéro du tome dans lequel se trouve le chapitre ;
5 nom de l’éditeur détenant les droits de publication ;
6 nom de la collection dans laquelle figure l’œuvre ;
7 date de publication.
EXERCICE 14
Utilisation de l’italique dans un paratexte : titres
d’œuvres, titres d’organes de presse, titres de
tableaux.
EXERCICE 15
1 Les informations données par le paratexte :
● Document 1 : auteur, titre de l’œuvre, date de
publication. Le chapeau donne des informations sur
les deux personnages en présence et suggère que le
texte proposé est un dialogue. On pourrait avoir en
plus une information concernant le genre (roman ?
théâtre ?), une situation du passage dans l’œuvre
avec l’indication d’une partie ou d’un chapitre.
● Document 2 : auteur, titre de l’œuvre, éditeur et
date de publication. Le chapeau précise qu’il s’agit
d’un roman, donne l’époque à laquelle se situe l’ac-
tion et le contexte, qui est celui de la parfumerie. On
pourrait avoir en plus le nom du traducteur du texte
en français (l’auteur est allemand) et la date de la tra-
duction. On pourrait également avoir la situation du
texte dans le roman (roman qui comporte différentes
grandes parties et des chapitres numérotés) ainsi
que son sous-titre : Histoire d’un meurtrier.
● Document 3 : auteur, titre de l’œuvre, date de
Analyser le paratexte CHAPITRE
4
➜ p. 45
● Document 4
1 nom du peintre ; 2 titre du tableau ; 3 titre d’une
série d’études préparant le tableau La Chute d’Icare,
par Picasso ; 4 auteur de l’essai La Chute d’Icare,
dans lequel se trouvent reproduites les études ;
5 titre de l’essai de G. Picon ; 6 nom de la collection
dans laquelle figure l’essai de G. Picon ; 7 nom de
la maison d’édition détenant les droits de publica-
tion du texte ; 8 date de publication de l’essai de
G. Picon.
➤ Dans ce cas particulier, l’identification est un peu
difficile. Le document est en effet iconographique :
c’est une étude de Picasso relative au tableau inti-
tulé La Chute d’Icare, étude extraite d’un essai de
G. Picon consacré à ce tableau et portant le même
titre. Il y a là quelques risques de confusion.
Utilisation des guillemets dans un paratexte : titre de
chapitre, titre de collection.
publication initiale, situation de l’extrait proposé – ce
qui fait apparaître qu’il s’agit de théâtre –, indication
de l’éditeur qui détient les droits, date de publication
chez cet éditeur. Le chapeau présente une certaine
situation en signalant la profession des deux prota-
gonistes et la manière dont l’un se situe par rapport
à l’autre. On pourrait avoir en plus l’indication de la
collection (Folio) chez Gallimard et l’indication des
pages dans cette collection. L’acte I est très long et
ne comporte pas de subdivision en scènes.
● Document 4 : auteur, titre d’un article, titre de
l’ouvrage collectif dans lequel figure l’article, nom
de celui qui a dirigé la réalisation de l’ouvrage, date
de publication, nature de l’ouvrage, éditeur. Le cha-
peau définit le « Raid Passion Hérault », qui est une
épreuve de sport-aventure.
2 On peut établir quelques relations entre les
références de chaque document et le chapeau qui
l’accompagne.
41
 ● Document 1 : sans préciser le genre (pourquoi
pas une biographie ?), le chapeau donne des préci-
sions importantes concernant celui dont on sait, par
le titre, qu’il est le personnage central : il est âgé, c’est
un chercheur et il fait preuve d’esprit positiviste. Il est
certainement le porte-parole de Zola et peut illustrer
ses recherches naturalistes. La présence de Clotilde,
à la fois femme, jeune et « disciple », suggère une
transmission d’expérience, mais aussi un débat de
génération.
● Document 2 : on retrouve dans le chapeau la
notion de parfum, qui semble prépondérante, étant
donné le titre. Il est visiblement question de recher-
che de parfum, et d’apprentissage, au XVIIIe siècle. Le
lecteur qui ne connaît pas le roman peut se dire qu’il
va être question de la fabrication et des caractéristi-
ques d’un parfum particulier.
● Document 3 : le titre et le chapeau se rejoignent
P R O L O N G EMENTS
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 1
● Paratexte : Molière (1622-1673), L’Avare, acte IV,
scène 7, 1668.
● Chapeau de présentation : la pièce de Molière
L’Avare, met en scène Harpagon, dont l’avarice
maladive gâche la vie de tout son entourage, et
en particulier celle de ses enfants. À l’acte IV, il est
persuadé qu’on lui a volé la cassette contenant
tout son argent.
● Notes explicatives
1. Support : ce qui aide à vivre ; ce qui assure une
protection.
2. Quérir : chercher, faire venir.
3. Question : sous l’Ancien Régime, torture utili-
sée systématiquement par les tribunaux pour faire
avouer les accusés.
42
pour faire savoir que l’on est dans le milieu médical et
que l’on va se trouver face à un dialogue de théâtre.
La rencontre des deux médecins, celui qui s’en va en
ville et celui qui arrive à la campagne, met l’accent
sur des différences. Une question reste en suspens
pour le lecteur : vers quoi oriente le sous-titre de la
pièce le Triomphe de la médecine ?
● Document 4 : le chapeau laisse penser que le
texte, à l’intérieur d’une réflexion sur la notion de
« sport-aventure », est consacré à une manifestation
particulière, le « Raid Passion Hérault », qui se trouve
défini avant que ne commence le document.
3 Concernant le chapeau du document 4, on peut
observer que la définition qui constitue ce chapeau
pourrait figurer sous forme de note, tandis que quel-
ques lignes présenteraient l’article de Gisèle Lacroix
par rapport aux autres articles figurant, sur le même
thème, dans l’ouvrage collectif.
➜ p. 46
EXERCICE 2
● Paratexte : Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen, 26 août 1789, « Préambule » et arti-
cles 1, 2, 3 et 4.
● Chapeau de présentation : le 26 août 1789,
l’Assemblée constituante, tenant compte des
revendications de nombreux cahiers de doléan-
ces, vote une déclaration préalable à ce qui
sera la première Constitution française, celle de
1791. Cette déclaration définit les droits naturels,
inaliénables et sacrés des citoyens. En voici le
préambule, rédigé par Jean-Joseph Mounier et
Mirabeau, et les quatre premiers articles.
● Notes explicatives
1. Inaliénables : qui ne peuvent être enlevés, ôtés.
2. Corps social : l’ensemble de tous ceux qui com-
posent la société et la nation.
3. Auspices : protection.
4. Être suprême : Dieu, divinité supérieure dans la
croyance déiste.
5. Imprescriptibles : qui ne peuvent être effacés par
le temps ; immuables.
6. Bornes : limites.
CHAPITRE
5 Identifier le genre
d’un document textuel
A P P R O C HES
EXERCICE 1
La manière dont le texte est im
mprimé et mis en page révèle la poésie versifiée et le théâtre en vers.
EXERCICE 2
1 et 2 Appartenance à un genre à partir du titre
A. Genre épistolaire ; B. Autobiographie ; C. Poé-
sie ; D. Entretien ou essai ; E. Autobiographie ;
F. Roman ; G. Récit de voyage ; H. Autobiographie ou
biographie ; I. Essai ; J. Essai scientifique ; K. Auto-
biographie ; L. Essai scientifique ; M. Essai histori-
que ; N. Nouvelles ou récits historiques ; O. Con-
tes ; P. Discours ; Q. Essai sur la presse ; R. Essai ;
S. Théâtre (tragédie) ; T. Dictionnaire.
➤ Certains éléments des titres orientent vers l’ap-
partenance à des genres définis. Il reste cependant
des incertitudes, qui sont les suivantes :
– les lettres et autobiographies (mémoires,
( confes-
sions, journal…) relèvent-elles ou non de la fiction ?
– le mot histoire n’a pas le même sens selon qu’il est
employé au singulier ou au pluriel ;
– que recouvrent exactement les mots pensées par
EXERCICE 3
Les indices d’appartenance à la presse sont les sui-
vants, dans les paratextes proposés.
1. Extrait du dossier de presse : terme presse. Le
mot souligné, dossier, désigne un document parti-
culier, destiné à informer les journalistes assistant à
une manifestation.
Livre de l’étudiant ➜ p. 47 à 53
➜ p. 47
rapport au mot écrits quand il s’agit du domaine
scientifique ?
3 L’aide venue du nom de l’auteur (donc de
connaissances acquises antérieurement)
Des savoirs acquis peuvent aider à l’identification du
genre si certains extraits des œuvres citées ont été
étudiés. Des « rencontres » préalables avec Mon-
taigne, Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Balzac et
Maupassant dans le cadre du programme de fran-
çais aident certainement à déterminer des genres
déjà identifiables par des titres comme Confessions
ou Mémoires. Pour le reste, il s’agit essentiellement
d’associations qui se font (ou non) entre des noms
d’auteurs et des titres d’œuvres, de manière plutôt
aléatoire, en fonction de lectures et de connaissan-
ces personnelles, par exemple celle du domaine de
spécialité d’un auteur : science médicale pour Pas-
teur ou Jean Rostand, philosophie pour Voltaire.
2. Le numéro (31), la précision hors série signalent qu’il
s’agit d’une revue, dont le titre (connu des étudiants)
est Alternatives économiques. On est donc dans le
domaine de la presse. Le mot hors série indique qu’il
s’agit d’un numéro spécial de parution trimestrielle,
comme le signale la mention 1err trimestre.
43
 3. Le terme Gazette indique qu’il s’agit d’un organe
de presse ; on peut rappeler ici le titre du journal fon-
dé en 1631 par Théophraste Renaudot (1586-1653).
Le mot Palais précise le contexte de la justice. Les
dates signalent que cette publication judiciaire est
tri-hebdomadaire.
4. L’article concerné vient du journal Le Monde. La
date soulignée (jour, mois et année) rappelle que ce
journal est un quotidien.
5. Article venu du Nouvel Observateur. L’indication
EXERCICE 4
Ce qui oriente vers l’identification d’extraits d’essais.
1. Le thème sociologique donné par le titre, Le Harcè-
lement moral ; évocation d’un problème de société.
2. Le thème historico-scientifique – patrimoine indus-
triel – donné par le titre du chapitre et par le titre de
l’ouvrage.
3. Le nom de l’auteur, s’il est connu des étudiants ;
le titre, La Distinction, n’oriente pas spécifiquement
vers un essai ; ce pourrait être le titre d’un roman.
4. Le thème sociologique, l’éditeur (des Presses
Universitaires), la collection « Que sais-je ? » connue
pour faire le point sur des notions et sur des problè-
mes divers.
5. Le nom de l’auteur, astrophysicien célèbre, le
sous-titre de l’œuvre Réflexions d’un observateur de
la nature.
On peut cependant remarquer ici que le sous-titre et
le nom Malicorne, qui est celui du village de Bour-
EXERCICE 5
Les indices qui, de l’intérieur, permettent d’identifier
le genre d’un document textuel.
● Extrait 1 : dans les lignes qui composent la se-
conde partie du post-scriptum apparaît la première
personne du pluriel, nous, désignant des membres
de l’équipe de L’Express, plus précisément de la
rubrique Réussir. Ceux qui parlent et qui donnent
rendez-vous aux lecteurs sur un blog (avec l’adresse
Internet) sont des journalistes travaillant à L’Express.
Le document est un texte de presse.
● Extrait 2 : à la ligne 3 de l’extrait, celui qui parle
désigne ce qu’il rédige par le mot essai – À Grasse
44
6-12 janvier 2000 signale qu’il s’agit d’une publica-
tion hebdomadaire.
6. Le numéro indiqué (548
( ) et l’indication du mois
orientent vers une revue mensuelle, ce qu’est effec-
tivement Positif, dans le domaine du cinéma.
7. Le titre Bulletin d’information du ministère de
l’Agriculture montre qu’il s’agit d’une publication ins-
titutionnelle dont la parution est mensuelle, ce que
précise l’indication octobre 1985.
gogne où H. Reeves possède une maison, peuvent
orienter vers des réflexions de type autobiographi-
que.
6. Le titre de l’ouvrage qui donne non seulement le
thème, Internet, mais aussi la démarche adoptée et
la nature du contenu : une théorie critique ; le nom
de l’auteur, spécialiste de l’analyse des médias.
7. Le titre, relatif à Internet, la présence de l’expres-
sion lien sociall dans ce titre.
8. Le nom de l’auteur, anthropologue et ethnologue
célèbre. Comme pour l’ouvrage de P. Bourdieu ou
celui d’H. Reeves, le titre de l’essai pourrait être celui
d’un roman.
9. Le titre de l’ouvrage, La Famille, et la collection
dans laquelle il figure, « Thèmes et débats ».
10. Le nom de l’auteur (mais il n’est pas certain qu’il
soit connu de nombreux étudiants) et le titre qui ren-
voie à des questions sociologiques.
où j’écris cet essai. Le lecteur peut ainsi connaître
le genre de l’ouvrage en cours de réalisation. Il est
intéressant de l’apprendre à ce moment-là, car, en
l’absence de titre, on pourrait penser que ce texte
informatif fait partie d’un roman et que celui qui parle
est un personnage de fiction.
● Extrait 3 : dès la première ligne, celui qui parle
indique le thème (sociologique) traité. Il s’agit de
comparer des médias traditionnels et des médias
nouveaux pour rassurer les utilisateurs qui se croient
dépassés. Ces indications suffisent à faire compren-
dre qu’il s’agit d’un essai.
 Identifier le genre d’un document textuel
EXERCICE 6
L’extrait proposé retrace la carrière d’un monteur de
télévision, qui, remarqué pour sa voix, devient rapide-
ment présentateur de la météo grâce à de petites
astuces bientôt reprises par d’autres sur d’autres
chaînes, qui l’imitent. À la lecture du paragraphe, il est
difficile de discerner, du fait du caractère à la fois narratif
EXERCICE 7
Récapitulation d’éléments et d’indices qui aident à
déterminer le genre d’un document écrit : éléments
de paratexte comme l’indication des vers (poésie),
d’un acte, d’une scène (théâtre), d’une périodicité
de publication (presse) ; indication d’appartenance
à une collection, titre de l’ouvrage indiquant un
genre (confessions, journal…), un thème relevant
de la sociologie, de l’Histoire, des sciences, éven-
A P P L I C ATION
1 et 2 Les différents chapeaux proposés permettent tous, à travers certaines pré-
EXERCICE 8 cisionss, de déterminer leur genre.
Genre
Chronique journalistique / ré
éalité
Roman / fiction
Autobiographie / journal / réalité
Roman / fiction
Texte d’une conférence / réalité
Essai d’ethnologie / réalité
Théâtre, comédie / fiction
EXERCICE 9
1 Dans le groupe 1, les quatre extraits évoqués
(dont deux appartiennent à la fiction) ont deux points
communs : d’une part ils sont narratifs (même forme de
discours) ; d’autre part ils rapportent tous un accident
(même thème) : on peut donc penser que les quatre
récits pourraient présenter des caractéristiques com-
CHAPITRE
5
et informatif du texte, et des précisions qu’il contient :
– s’il s’agit d’un récit de fiction (ascension d’un homme
dans le milieu de la télévision) ;
– s’il s’agit d’un extrait de biographie réelle ;
– si ce texte fait partie d’une nécrologie (rappel d’une
carrière).
tuellement titre d’une partie ou d’un chapitre, nom
de l’auteur ; chapeau de présentation précisant le
genre, informations données à l’intérieur d’un texte,
présence de locuteurs échangeant des propos (dia-
logues, entretiens), notes complémentaires appor-
tant des précisions qui ne sont pas données dans (et
par) le chapeau.
➜ p. 50
Termes / indices
Chronique, Le Monde 2
Extrait romanesque, narrateur, personnage
Journal d’un écrivain, écrivain, romancière,
personnellement assisté
Est extrait d’un roman
Texte d’une conférence
Ouvrage qui retrace ses travaux ethnologiques
La comédie
munes conduisant à les confondre : en particulier, il
peut y avoir une grande proximité entre le récit de théâ-
tre (bien qu’oral) et le récit romanesque et des ressem-
blances dans la précision entre le récit de presse et le
récit dans un essai. De manière générale, on peut parler
de confusion possible entre les quatre documents.
45
 Dans le groupe 2, les quatre extraits ont en com-
mun un élément essentiel, qui est l’écriture à la pre-
mière personne dans laquelle l’auteur, le narrateur
et le personnage semblent confondus. Dans le cas
de l’autobiographie, seuls des éléments extérieurs
permettent au lecteur de savoir si l’on se situe dans
la réalité (Rousseau, Les Confessions) ou dans la fic-
tion (Marivaux, Le Paysan parvenu). Un épisode de
roman rapporté à la première personne, soit par le
narrateur, soit par un personnage d’un roman (récit
de Des Grieux dans Manon Lescaut, récit fait par le
« créatif » de F. Beigbeder dans 99 F – 14, 99 €
€) peut
tout à fait être confondu avec ce qui serait un vrai
récit autobiographique. On ne verra pas de différence
fondamentale avec un passage de nature autobio-
graphique dans un essai (Malicorne
( d’H. Reeves).
La présence de la première personne dans différents
genres est à l’origine de nombreuses confusions. Il
est alors impératif de tenir compte de tous les indi-
ces donnés par l’ensemble du paratexte pour ne pas
commettre d’erreur d’identification.
2 Les aides possibles : voir la récapitulation de
l’exercice 7. On pourrait faire observer aux étudiants
que pour l’identification du genre des documents, il
faut « faire feu de tout bois », non seulement cher-
cher et utiliser tous les éléments qui figurent dans
le paratexte, mais chercher aussi dans ses propres
connaissances, et combiner l’ensemble pour faire
surgir des informations efficaces.

EXERCICE 10
1 Dans le groupe 1, les trois documents cités
ont un point commun concernant leur forme et leur
modalité de parole. Il s’agit d’un dialogue, d’un
échange de propos. Ils ont donc, pour commencer,
la même présentation graphique : alternance des
répliques (alinéas fréquents) avec l’indication des
interlocuteurs (pas toujours dans le roman). Cette
dernière particularité peut aider à différencier le
roman, mais on pourra donner comme exemple
Le Neveu de Rameau, ou Jacques le Fataliste,
romans dont certains passages ont une mise en
page exactement semblable à celle des pièces de
théâtre ou encore des entretiens. Pour ce qui est
de l’entretien et du dialogue de théâtre, il peut y
avoir une grande proximité dans la forme et dans
le thème (les personnages de Tchékhov tiennent
des propos écologiques), ce qui rend la différen-
ciation difficile.
Dans le groupe 2, les trois genres considérés,
roman, théâtre, essai, sont réunis par deux éléments
communs, d’une part la forme de discours (discours
argumentatif), d’autre part le caractère politique des
idées exprimées (nature du thème traité) : les élé-
ments communs générés par ces similitudes sont
la rhétorique (les techniques de l’argumentation), les
registres utilisés, le caractère abstrait des idées, les
exemples concrets, la volonté de convaincre, l’im-
portance politique des enjeux. On trouvera ainsi des
éléments similaires dans un discours économico-
politique d’Étienne Lantier (Germinal), l un discours
révolutionnaire (Mirabeau, Danton), un discours poli-
tique (Appel du 18 juin).

2 On peut récapituler des éléments de réponse sous forme d’un tableau.

Groupe 1
Genres Ce qui les différencie
Dialogue ● Appartient à la fiction.
de théâtre ● Fait partie d’un ensemble dans lequel
tout passe par la parole.
● Les personnages ne sont pas histori-
ques (sauf quelques-uns).
● Présence de didascalies spécifiquement
théâtrales.
Conversation ● Appartient à la fiction.
dans un ● Constitue un échange dialogué à l’inté-
roman rieur d’un récit continu qui met en jeu un
narrateur ; est parfois entremêlé d’élé-
ments narratifs.
Les indices utiles
● L’indication du genre théâtral.
● Le titre et l’auteur de la pièce.
● La situation précise de l’extrait dans la
pièce : avec l’indication de la présence
d’actes et de scènes ou de « tableaux ».
● L’indication du genre romanesque.
● L’utilisation du mot narrateur.
● Des indications précisant qui sont les
personnages mis face à face et ce qui
s’est passé avant le moment où se situe
le dialogue.

46
 Identifier le genre d’un document textuel CHAPITRE
5
Entretien ● Relève de la réalité. ● Indication de l’organe de presse où
journalistique ● Confronte des interlocuteurs connus, se trouve publié l’entretien (titre, date,
historiques, dans un contexte médiatique périodicité).
indiqué. ● Indication des personnes (nom, fonction)
mises face à face.
● Indication des circonstances et du
thème de l’entretien.

Groupe 2
Genres Ce qui les différencie Les indices utiles
Un discours ● Relève de la fiction. ● Le titre et l’auteur, le contexte de
politique dans ● S’inscrit dans la continuité narrative en l’intrigue.
un roman adoptant une autre forme de discours, ● Un chapeau situant le discours,
le discours argumentatif : se révèle sous précisant qui est l’orateur et de quel
la forme de paroles rapportées par un thème il est question.
narrateur. ● Référence au narrateurr et à sa position.

Une tirade ● Relève de la fiction et renvoie à un ● Le titre, l’auteur, l’indication de la

de théâtre contexte qui est celui de l’intrigue, fictive, position du texte, dans un acte et dans
exposant de la pièce. une scène, marques évidentes du théâtre.
des idées ● Fait partie d’un échange de propos ● Des indications sur l’intrigue pour définir
politiques dans lequel n’intervient aucun narrateur. les conditions du discours.
Un essai ou ● Relève de la réalité. Discours qui a pour ● L’auteur, le thème du discours ou de
un discours thème une situation réelle et historique et l’essai, les circonstances historiques ;
exprimant qui se situe dans un contexte réel. quelques éléments (par exemple des
des idées notes) signifiant l’importance des enjeux
politiques (collectifs, nationaux…).

EXERCICE 11 On peut regrouper les remarques sous la forme d’un tableau permettant de répondre
aux trois questions simultanément.

Extraits Thème abordé Paratexte et justification

Extrait 1 Les modifications subies par la nature
en vingt-cinq ans.
Une dégénérescence graduelle et indu-
bitable.
Extrait 3 Exposé concernant la nécessité de
mettre en commun des connaissances
relatives aux forêts et à la biodiversité
pour maintenir en vie le milieu naturel
forestier.
Extrait 4 Récit mettant en scène un homme qui,
inlassablement, plante des chênes dans
un terrain qui n’est pas à lui pour consti-
tuer une forêt là où il n’y avait rien.
Anton Tchékhov, Oncle Vania. Un personnage
s’adresse à d’autres pour leur faire observer la
disparition des forêts, de certaines espèces et de
certaines caractéristiques de la vie rurale.
Le mot isba est un indice du pays où se situe la
scène.
L’extrait relève du théâtre.
J.-M. Brézard, N. Drapier et F. Mortier,
LaRevueDurable, septembre / octobre 2005.
Les propos tenus s’inscrivent dans les réflexions
sur le développement durable et sur la nécessité
de sauvegarder les forêts.
L’extrait appartient à une revue spécialisée.
Jean Giono, L’Homme qui plantait des arbres,
1953.
Le titre du roman suffit pour établir le lien avec le
texte.

➤ On remarque que les extraits 1, 3 et 4 ont le même
thème, qui touche à l’écologie, mais que la manière
dont ils sont écrits ne suffit pas pour en déterminer le
genre avec certitude. Celui qui est le plus facilement
identifiable est l’extrait 4, parce qu’il est narratif.
Il évoque ainsi une histoire, celle de L’Homme qui
plantait des arbres. L’extrait 1 et l’extrait 3 semblent
très proches : l’un fait le constat de la détérioration
47
 du milieu naturel et de la disparition d’une certaine
forme de vie rurale ; l’autre envisage des procédures
pour mieux gérer les milieux naturels comme la forêt.
Extraits Thème abordé
Extrait 2 Évocation descriptive et informative d’un
univers carcéral visiblement faite par
quelqu’un qui s’y trouve : les lieux, leur
nature, leur utilisation.
Extrait 5 Réflexion sur une évolution et une huma-
nisation des prisons qui se fait malgré
l’objection de la sécurité.
➤ Les extraits 2 et 5 ont pour thème commun
l’univers de la prison. Pour différencier le genre des
deux extraits, on peut observer que l’extrait 5 relève
plus de l’analyse, et l’extrait 2 plus de la descrip-
tion. D’autre part, l’extrait 2 est écrit à la première
personne. On peut donc penser qu’il s’agit d’un
extrait romanesque faisant état d’une expérience
d’emprisonnement, ce qui correspond au titre de
V. Hugo. On peut supposer qu’il s’agit d’un extrait
de roman.
EXERCICE 12
L’importance des dates : on peut récapituler les dif-
férentes dates qui apparaissent dans le paratexte :
dates des auteurs, date de publication d’une œuvre,
date de traduction d’une œuvre chez tel ou tel éditeur,
date de publication d’un organe de presse : cette
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
L’exercice vise à vérifier la connaissance du sens
de certains mots en relation avec ce qui est traité
dans le chapitre. En même temps qu’un exercice de
vérification du sens – qui peut se faire de manière
orale –, il y a là un entraînement à l’expression de
définitions. Dans la plupart des cas, on ne peut se
contenter d’un équivalent ou d’un synonyme. Il faut
donc développer la définition : un roman est une
œuvre de fiction qui… Le mot chronique vient d’un
mot grec qui signifie le temps. Ce terme désigne un
type d’article de presse… On peut demander que
48
L’extrait 3, assez optimiste, semble répondre aux
considérations pessimistes et aux constats attristés
de l’extrait 1.
Paratexte et justification
V. Hugo, Le Dernier Jour d’un condamné, 1829.
Concernant la prison, le récit à la première per-
sonne est fait par un prisonnier : il parle d’un
cachot pareil au mien. Un rapprochement immé-
diat se fait avec le titre de l’œuvre de V. Hugo.
J. Favard, Les Prisons, 1994.
Le texte fait penser à un essai, non à un roman :
celui qui parle analyse une situation et propose
les conclusions de cette analyse.
Dans les différents regroupements d’extraits, les ris-
ques de confusion de genre viennent de ce que des
thèmes communs sont traités de manière proche :
mêmes formes de discours, expression peu différen-
ciée d’enjeux qui se ressemblent alors que certains
extraits traitent du réel et de situations historiques,
tandis que d’autres relèvent de la fiction. On juge par
là – et par les risques d’erreur – de l’importance des
informations données par l’ensemble des éléments
du paratexte, qui aident à identifier avec exactitude
la nature et le genre des documents écrits.
date, qui indique une périodicité, permet d’identifier
la nature du journal : quotidien, tri-hebdomadaire,
hebdomadaire, mensuel, bimestriel, trimestriel… Il
s’agit toujours de situer une œuvre et un auteur dans
le temps.
➜ p. 53
chaque définition (orale ou écrite) prenne une forme
différente.
EXERCICE 2
Les termes proposés sont plus difficiles que ceux de
l’exercice 1. Leur insertion dans une phrase à visée
explicative a une double efficacité, mais aussi une
double difficulté : rédiger une phrase correcte et faire
ressortir le sens. Le travail de composition de phrases
n’empêche pas que l’on s’attarde un peu sur le sens
de ces mots venus de différents lexiques.
Ex : l’orateur était sûr de ce qu’il affirmait, il en avait la
preuve, et ses assertions commençaient à faire chan-
ger d’avis l’auditoire.
 Identifier le genre d’un document textuel
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 3
Extrait 1 : exemple de chapeau de présentation
Oncle Vania (1897) est une pièce du dramaturge
russe A. Tchékhov, qui met en scène un groupe
d’amis réunis à la campagne. Parmi eux se trouve
un médecin, Astrov, qui s’intéresse à la nature et
qui cherche à rendre son entourage conscient de
la détérioration du milieu forestier qui les entoure.
Extrait 3 : exemple de chapeau de présentation
Dans un article du numéro 17 de LaRevueDu-
rable daté de septembre / octobre 2005, trois
chercheurs font connaître leur point de vue sur
certaines démarches à mettre en place pour assu-
rer avec succès la gestion naturelle des milieux
forestiers.
EXERCICE 4
L’exercice renvoie directement à la notion de genre,
mais aussi à celle de forme de discours et de registre,
et demande de rédiger cinq courts textes représenta-
tifs de genres différents : article narratif ; analyse d’un
phénomène ; dialogue ; éloge ; analyse critique. Le
travail peut être scindé : on divise la classe en cinq
groupes et, dans chaque groupe, on travaille sur un
texte particulier.
À titre d’exemple, on pourra rappeler un passage de
La Chute d’A. Camus qui raconte un incident, non
avec une bicyclette, mais avec une motocyclette.
■ ACTIVITÉS ORALES
EXERCICE 5
La difficulté de l’exercice (recherche par Google / Pro-
priété littéraire) est de formuler des réponses brèves
à partir d’un document de référence officiel, le Code
de la propriété littéraire, où se trouvent mêlés deux
domaines, la production littéraire et le droit.
EXERCICE 6
Les jeux de rôle ont souvent beaucoup de succès en
classe de BTS, mais leur réalisation implique une règle
du jeu précise et une autorité pour la faire respecter.
L’impératif pour chaque joueur est de prendre un rôle
et de s’y montrer cohérent et pertinent. En effet, un
des objectifs est d’apprendre à s’exprimer en public,
en groupe, mais également d’exprimer des idées avec
lesquelles on n’est pas forcément d’accord : chacun
exprime les idées du personnage qu’il joue (et qu’il a
peut-être tiré au sort). C’est sur ce plan que l’exercice
est difficile, mais aussi très profitable.
CHAPITRE
5
Pour être vraiment efficace, il nécessite aussi une
présence active de témoins (une partie de la classe)
dont le rôle est d’apprécier les prestations, et d’en
faire ensuite l’analyse, tout comme il revient au pro-
fesseur / observateur de faire le bilan de ce à quoi il
a assisté. Les témoins doivent aussi être sensibles à
l’évolution du débat et aux éventuels changements de
position des participants.
Le sujet ne dit pas dans quelles circonstances les
« joueurs » sont réunis : cela influera nécessairement
sur le « démarrage » du débat. Par où commencer ?
Qui va lancer la discussion ? Le professeur peut le
décider, ou non.
EXERCICE 7
Pour la recherche de textes à lire à haute voix (exer-
cice de diction, apprentissage de l’oral en vue de la
soutenance du rapport de stage en fin de deuxième
année), nous donnons quelques pistes de recherche,
auteurs et textes.
Quelques exemples d’ouvrages où trouver des
discours politiques
– Romans : Stendhal, Le Rouge et le Noir ; V. Hugo,
Les Misérables, Quatrevingt-treize ; Zola, Germi-
nal… ; R. Martin du Gard, Les Thibault.
– Théâtre : Sophocle, Œdipe roii ; Shakespeare,
Hamlet, Le Roi Lear ; V. Hugo, Ruy Blas ; Angelo,
tyran de Padoue, Lucrèce Borgia ; A. Jarry, Ubu Roi ;
J.-P. Sartre, Les Mains sales ; A. Camus, Caligula,
Les Justes.
– Discours : J.-J. Rousseau ; Mirabeau ; Danton ;
A. Césaire, Discours sur le colonialisme ; C. de
Gaulle, Appel du 18 juin ; A. Malraux, Éloge funèbre
de Jean Moulin ; V. Hugo ; R. Badinter, discours
sur la suppression de la peine de mort ; P. Valéry,
Variété.
EXERCICE 8
Pour des dialogues de théâtre sur le thème de la
politique, on pourra chercher du côté des mêmes
pièces que pour l’exercice précédent, en y ajoutant
Antigone de Sophocle ; La Colonie, L’Île des esclaves, s
de Marivaux ; Le Barbier de Séville et Le Mariage de
Figaro, de Beaumarchais ; Lorenzaccio, de Musset ;
La guerre de Troie n’aura pas lieu, Électre, de J. Girau-
doux ; La Tragédie du roi Christophe, d’A. Césaire ;
Le Balcon, de J. Genet ; Rhinocéros, d’E. Ionesco ;
Combat de nègres et de chiens, de B.-M. Koltès.
On pourra faire référence aux mêmes romans que
dans l’exercice 7, en y ajoutant Guerre et Paix, de
Tolstoï, La Ferme des animaux, de G. Orwell, La Peste,
de Camus. Pour les entretiens politiques réels, on
pourra se référer au site : http://www.linternational-
magazine.com/rubrique 47.html
49
 CHAPITRE
6 Analyser
un extrait d’essai
Livre de l’étudiant ➜ p. 54 à 66

A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement moral : ➜ p. 54

la violence perverse au quotidienn (1998) THÈME : le travail

Intérêts du document
Sur le thème du u travail, une présentation de ce que peut être le « traitement » pervers infligé
au personnel ; uune image très pessimiste du travail et des conséquences désastreuses des
différentes formes que peut prendre le harcèlement moral. Il sera intéressant de rapprocher
cet extrait du texte de loi qui définit le harcèlement.

Pour analyser le document
1 Des comportements condamnables
L’extrait d’essai écrit par M.-F. Hirigoyen énumère
un ensemble de comportements d’entreprise pou-
vant relever de ce que l’on appelle le harcèlement
moral. On peut classer ces comportements en trois
groupes : exploitation, absence de reconnaissance,
infériorisation.
● L’exploitation : elle est exprimée par des formu-
les à la fois imagées et très critiques, comme presse-
citrons (l. 1), demandant toujours plus (l. 2), s’investir
corps et âme (l. 8), on leur demande trop (l. 10-11),
on demande toujours plus (l. 26). Le premier repro-
che porte ainsi sur la charge de travail dont certaines
entreprises accablent leur personnel, et ce reproche
conduit directement au second qui est le refus de la
récompense.
● L’absence de reconnaissance : il ressort du texte
qu’en échange du travail forcené qui est demandé au
personnel, il n’y a que des promesses non tenues.
L’expression faisant miroiter beaucoup (l. 2-3) indi-
que l’existence d’une sorte de contrat tacite, en réa-
lité une manipulation qui, en jouant sur l’affectivité de
l’employé, permet d’obtenir de lui beaucoup en lui
laissant croire qu’il sera récompensé, qu’on lui saura
gré de ses efforts alors que c’est le contraire qui est
mis en œuvre. Les expressions aucune reconnais-
sance de leurs efforts (l. 12) et de moins en moins
50
de considération (l. 27) marquent les premières éta-
pes d’un traitement dont la dernière est exprimée
par l’entreprise s’en débarrasse (l. 3-4). Mais aupa-
ravant, il faut signaler un autre comportement, qui
consiste à inférioriser, humilier, nier.
● L’infériorisation : le deuxième paragraphe du
texte expose de manière très détaillée les proces-
sus de découragement, pire, de négation du travail,
de brimade, de frustration, de non-reconnaissance :
faire des employés des pions ou des robots, ne pas
tenir compte de leurs compétences, leur refuser la
possibilité de progresser dans leur métier, les infan-
tiliser et les humilier publiquement relèvent d’une
forme de déshumanisation, de brimades volontaires
et machiavéliques de torture morale, de maltraitance.
Les employés sont ainsi placés dans des positions
professionnelles intenables (postes peu importants
par rapport à leurs diplômes et à leurs compéten-
ces, et qui les placent sous les ordres de supérieurs
moins diplômés et moins compétents) dont les
conséquences sont parfois catastrophiques.
2 Les conséquences du harcèlement
Elles apparaissent dans le texte à travers tout un
ensemble de termes négatifs, qui expriment l’état
dans lequel se trouve un employé victime des attitu-
des et des comportements signalés ci-dessus. Une
des conséquences est l’usure, signalée à la ligne 3,
accompagnée de phénomènes de stress (l. 11). On
peut penser que ces conséquences ont un double

effet : d’une part l’employé se trouve dans un état phy-
siologique et psychologique désastreux, d’autre part
la nécessité de continuer à travailler dans ces condi-
tions ne peut qu’accroître l’angoisse et la souffrance.
On comprend alors que, fragilisé et sans ressources
physiques ni psychologiques, il en vienne à commettre
des fautes qui ne peuvent qu’aggraver sa situation, le
faisant ainsi entrer dans une spirale de malheur.
Une autre conséquence signalée par l’auteur du
texte est l’obligation de tout supporter et de se taire,
Vers la synthèse ➜ p. 55
1 Deux documents : extrait de l’essai Le Harcèlement moral, de M.-F. Hirigoyen (➜ p. 54) ; extrait du
roman L’Écume des jours, de B. Vian (➜ p. 101).
Intérêts du rapprochement
Le rapprochement proposé constitue un exercice d’apprentissage de la synthèse sur deux plans, la
recherche des différences et des points communs d’une part, la rédaction d’autre part ; l’efficacité de
l’exercice vient de la diversité des points de vue émis dans l’extrait de roman.
L’extrait d’essai de la psychiatre M.-F. Hirigoyen, Le
Harcèlement morall et l’extrait du roman de B. Vian
L’Écume des jours abordent l’un et l’autre, sous des
formes différentes du fait de leur genre, la notion de
travail. Les deux documents présentent des points
communs et des différences.
I – LES POINTS COMMUNS
● Le premier point commun entre les deux docu-
ments est qu’ils parlent l’un et l’autre des gens qui
travaillent, plus que de la notion de travail. Dans le
dialogue entre Chloé et Colin, il est question des
travailleurs, à l’occasion d’une rencontre fortuite
avec des gens au travail, désignés par le pronom ils ;
dans l’extrait d’essai, on trouve les termes personnel,
salarié, employés, personne, individu.
● De là, on peut observer que, dans les deux cas,
apparaît l’idée que les travailleurs sont placés dans
une situation de victime : dans le roman, cette
situation est due au fait que ceux qui travaillent ont
été, selon Colin, conditionnés à considérer le travail
comme quelque chose de sacré, ayant une haute
valeur, même si ce n’est pas ce qu’ils pensent, même
si le travail qu’ils font n’a pas de valeur en lui-même.
Ils suivent un mouvement, une opinion selon laquelle
c’est bien de travailler, sans se poser de question. Les
employés dont il est question dans l’extrait d’essai
sont dans une situation de véritable oppression, ren-
dus esclaves d’une autorité qui les méprise et tend à
les transformer en robots. D’un côté, on voit des êtres
humains qui ne pensent pas par eux-mêmes, dont
la vie se résume au travail, de l’autre, on trouve des
travailleurs maltraités au nom d’une certaine forme
(implicite) de sacralisation inhumaine du travail et de
CHAPITRE
6
protester intérieurement et courber la tête (l. 32), ce
qui ne fait qu’augmenter le malaise, par l’absence de
parole, par solitude, par frustration. Le point ultime
est la maladie, qui devient elle-même aggravante par
l’angoisse qu’elle fait naître.
➤ Particulièrement sévère et dénonciateur, le
document témoigne de situations de harcèlement
permettant de comprendre en quoi les conditions
de travail de certains salariés sont insupportables et
pourquoi une loi a été nécessaire.
l’entreprise. Dans les deux cas, les responsables ne
sont pas clairement désignés. Dans les deux cas, le
travail apparaît explicitement comme une obligation
absolue qui gâche la vie parce qu’il sert uniquement,
sans aucune gratification, à la gagner.
II – LES DIFFÉRENCES
● La différence essentielle entre les deux documents
vient des raisons pour lesquelles les travailleurs
présentés se trouvent en situation de victimes. Dans
l’extrait de roman, on observe une généralisation de
l’image du travail à travers les propos de Colin pour
qui le travail ne semble pas être un bien. Il ne par-
tage pas l’idée traditionnelle selon laquelle le travail
est sacré. L’image du travail est négative quel que
soit l’interlocuteur. Dans le texte de M.-F. Hirigoyen,
ce qui est mis en relief est une dérive totalitaire du
travail caractéristique de certaines entreprises, pas
systématiquement de toutes, le premier mot du texte
le montre. Se dégage ainsi du texte, à travers les
souffrances des victimes, l’idée que le travail peut
être autre chose : l’occasion d’utiliser des compé-
tences, de progresser, d’avoir la satisfaction d’une
reconnaissance de ses qualités. Se dessine en creux
une autre image du travail humainement valorisant.
– Deux documents : consigne ➜ p. 158 (NT*).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 158. Ce sujet
est traité p. 217 de ce guide pédagogique, chapitre
16 (Analyser un document de référence).
3 Quatre documents : consignes ➜ p. 85 (NT) et
p. 158 (NT).
* Non traité.
51
 Vers l’écriture personnelle ➜ p. 55
1 Sujet ➜ p. 55.
Intérêt du sujet
La citation qui sert de point de départ est de nature à provoquer des réactions très personnelles. Il est
donc intéressant de donner à chacun la possibilité d’exprimer son point de vue. Un tel sujet doit appren-
dre à nuancer des propos mais aussi à s’exprimer de manière subjective.
Nous donnons ici différents arguments correspon-
dant à deux thèses opposées, celle du refus d’une
part, et celle, d’autre part, de l’accord partiel avec
indication de conditions et / ou de limites. L’introduc-
tion pourrait être l’occasion de signaler le caractère
absolu de la formule « corps et âme » : donner son
temps, son énergie, ses compétences et adhérer
totalement à l’esprit de l’entreprise.
I – ARGUMENTS EN FAVEUR DU REFUS
Raisons de ne pas accepter de « s’investir corps et
âme » dans son travail.
● L’investissement « corps et âme » connote une
soumission presque totale de l’individu qui consacre
sa vie et ses qualités humaines à l’entreprise, deve-
nant une pièce inamovible du dispositif, comme un
élément de la machine. Le risque est une métamor-
phose en objet, la présence d’une obsession, une
perte de liberté.
● La vie d’un individu n’est pas faite que de tra-
vail. L’investissement total semble « tirer un trait »
sur tout ce qui constitue par d’autres domaines, la
famille, les loisirs, la découverte des autres et du
monde, activités qui demandent du temps et une
disponibilité. L’équilibre d’une vie vient souvent de
la coexistence d’éléments différents, l’activité pro-
fessionnelle, la vie personnelle, avec peut-être des
interférences, parce que l’une ne fait jamais dispa-
raître l’autre.
● L’investissement « corps et âme » exige une dis-
ponibilité et une énergie qui épuisent l’individu et ne
peuvent durer toute une vie : cela prend la forme
d’un véritable sacerdoce dont un des dangers est la
perte des capacités critiques, du libre arbitre et de
sa personnalité.
On peut ajouter à ces différents arguments le sen-
timent possible d’une exploitation par l’entreprise,
sans compensations matérielles ou « spirituelles »
garanties.
➤ De manière générale, le refus se justifie par l’idée
que l’être humain, contrairement à l’idée développée
à la fin de Candide, ne se trouve pas sur terre pour
y travailler !
52
II – ARGUMENTS EN FAVEUR D’UN ACCORD
PARTIEL ET SOUS CONDITIONS
N.B. Il est peu probable que les étudiants soient favo-
rables à un investissement total dans le travail. Nous
proposons donc des arguments présentés « sous
conditions », avec un certain nombre de restrictions.
À chacun d’exprimer celles qui lui conviennent.
● On peut ainsi envisager d’accepter un investisse-
ment « corps et âme » dans le travail, mais à condition
que, d’une part, cela soit limité dans le temps, et que,
d’autre part, cela en « vaille la chandelle », ce que
chacun pourra définir de manière plus personnelle :
intérêt du travail et des responsabilités, possibilités
d’avancement, reconnaissance bien réelle des tâches
accomplies et de l’ampleur de l’investissement, rému-
nération… On peut hiérarchiser ces conditions.
● Ce type d’engagement peut être tentant à titre
d’expérience personnelle, pour découvrir le monde
du travail et savoir ainsi ce que l’on est prêt à accep-
ter et pourquoi.
● On peut remarquer aussi que certaines profes-
sions et certains choix personnels conduisent à un
tel engagement (mais en général pas durant une vie
entière) : cela peut être le cas dans les métiers de
l’humanitaire, qui exigent un investissement impor-
tant, en énergie, en dévouement à une cause et à une
idéologie, non sans risques, compte tenu des dangers
de ce genre de situation. Actuellement, certains jeu-
nes cadres (dans diverses entreprises de production
et dans le tertiaire, la banque notamment) se voient
imposer (ou acceptent) des conditions de travail très
prenantes (poids des responsabilités, horaires…).
➤ L’intérêt de cette réflexion – outre des appren-
tissages méthodologiques – vient de ce qu’elle
rencontrera immanquablement les préoccupations
des étudiants, engagés dans la voie d’une forma-
tion professionnelle qui les confrontera rapidement
au monde du travail. D’autre part, ils peuvent être
conduits, par la nature du sujet, à établir une diffé-
rence entre des idées qui leur paraissent accepta-
bles et les leurs, personnelles, et une spontanéité qui
peut manquer de recul. Les arguments proposent
des attitudes adoptables, mais ce ne seront peut-
être pas celles qu’ils souhaitent adopter.

N.B. On trouvera des éléments de réflexion et des
informations dans Le Travail, de D. Méda, Presses
Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », édi-
tion mise à jour en 2007, notamment dans le chapi-
tre III, « Quelle place pour le travail ? ».
DOCUMENT 2 Denis Diderot, Paradoxe sur le comédien
(1781, publication posthume en 1830)
Intérêts du document
Extrait d’essai sous forme de dialogue au sujet de la manière de jouer, ce qui conduit à une
réflexion sur le théâtre, sur le travail, sur la sensibilité de celui qui joue et sur ce qu’attend
le spectateur.
Pour analyser le document
1 La thèse soutenue par Le Premier
Les deux personnages en présence sont Le Premier,
qui parle le plus, et Le Secondd dont nous n’avons
qu’une seule réplique qui traduit une grande stupé-
faction. La thèse du premierr est exprimée dans sa
première réplique et développée ensuite longuement
dans les paragraphes qui constituent sa seconde
réplique.
Cette thèse est que les qualités d’un bon comédien
relèvent du jugementt (l. 3), de la froideurr et de la
tranquillité (l. 4), et ne requièrent absolument aucune
sensibilité (l. 4). En d’autres termes, le comédien est
celui qui pense son rôle et qui l’interprète comme un
rôle de composition, celui qui doit pouvoir s’adapter
à tous les rôles et qui ne met pas sa propre sen-
sibilité au service de son jeu. Ce dernier n’est pas
caractérisé par la spontanéité mais par la réflexion.
On peut parler de paradoxe dans la mesure où la
croyance admise (la doxa) est que le comédien doit
être d’une très grande sensibilité pour que son jeu
soit largement construit sur l’émotion et pour qu’il
« vive » réellement de l’intérieur les sentiments,
les réactions, les états d’âme du personnage qu’il
incarne.
2 Le développement de la thèse du Premier
La thèse est développée en deux paragraphes
séparés par un blanc. Chaque paragraphe comporte
certaines caractéristiques.
● Idées exprimées et temps employés dans le
premier paragraphe
Le premier paragraphe expose, à partir du mot rai-
sons (l. 8), une première justification, sous une forme
conditionnelle. L’idée est que le jeu construit sur la
Analyser un extrait d’essai CHAPITRE
6
2 Sujets ➜ p. 77 (NT) et p. 85 (NT).
Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 197, chapitre 15 (Analyser une
photo).
➜ p. 55
THÈME : le comédien en scène
sensibilité – et donc sur l’élan, sur la spontanéité,
sur une sorte d’improvisation de la gestuelle, ce
que sous-entend la sensibilité – est nécessairement
un jeu inégal, un comédien n’étant pas capable de
reproduire lors de plusieurs représentations ce qui est
spontané et donc unique. Cette idée est renforcée,
toujours dans le même paragraphe, par la théorie
selon laquelle si le comédien compose son rôle, et
reste, en quelque sorte, à distance au moment même
où il joue, il pourra constamment enrichir son jeu
grâce à la réflexion, et en tenant compte des réac-
tions du public. Il ne peut pas être lui-même quand il
joue, car que serait-il lorsqu’il cesserait de jouer ?
On peut remarquer que dans ce premier paragraphe,
ce qui, concernant le comédien, est présenté comme
non acceptable est exprimé au conditionnel tandis
que la théorie à laquelle adhère celui qui parle est
exprimée au futur ainsi qu’au présent de l’indicatif.
Se trouvent ainsi distinguées l’explication refusée et
l’explication retenue. Le paragraphe se termine par
deux questions qui reposent sur un raisonnement a
contrario proche du raisonnement par l’absurde.
● Idées exprimées et temps employés dans le
second paragraphe
Le second paragraphe s’ouvre sur l’idée d’une
confirmation des idées du premier paragraphe,
confirmation reposant sur l’observation des acteurs
qui jouent de manière spontanée et sensible (avec
leur âme). Celui qui parle évoque leur inégalité à tra-
vers une suite de termes contradictoires : fort / faible,
chaud / froid, plat / sublime, manqué / excellé, excellé /
manqué, ce qui reprend l’idée d’irrégularité déjà
exprimée dans le premier paragraphe. Le paragra-
phe 2 reprend la comparaison / opposition mise en
place dans le premier paragraphe (le comédien qui
joue d’âme et celui qui joue de réflexion) en dévelop-
pant la manière de procéder du second : étude de la
53
 nature humaine, imitation, composition bien maîtrisée
(mesuré, combiné, appris, ordonné), contrôle total de
ses émotions (début, apogée, fin…). Véritable miroir
de lui-même renvoyant toujours la même image, le
comédien de réflexion peut être certain de toujours
jouer son rôle de manière similaire, parce qu’il le com-
pose chaque jour de la même manière, sans compter
sur des élans de sensibilité qui ne seraient pas tou-
jours au rendez-vous. Le paragraphe 2 est, comme le
premier, construit sur l’opposition de deux manières
de jouer, avec l’utilisation de l’indicatif présent, futur
et passé (ce qui est exprimé est considéré comme
une vérité, comme quelque chose dont la réalisation
est certaine) et du conditionnel pour exprimer ce à
quoi le locuteur n’adhère pas.
● Fonction de chaque paragraphe
Chacun des paragraphes est présenté comme une
justification de la thèse. Le premier repose sur une
condition, le second affirme à l’indicatif. Il s’agit
Vers la synthèse ➜ p. 56
1 Deux documents : consigne proche de celle
de la page 143. Ce sujet est traité p. 186 de ce
guide pédagogique, chapitre 14 (Analyser un extrait
théâtral).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 147 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 143 (NT).
DOCUMENT 3 Emmanuel de Roux, Patrimoine industriell (2000)
Intérêts du document
Un texte qui élucide la notion de patrimoine industriel et qui fait réfléchir sur les raisons de
sauvegarder ce qui témoigne de la vie industrielle passée. Une sensibilisation qui rejoint
les préoccupations historiques, architecturales et sociales mises en évidence, entre autres
manifestations, par la journée du patrimoine.
Pour analyser le document
1 La notion de « patrimoine industriel »
L’expression patrimoine industriel, employée à la pre-
mière ligne, se précise tout au long du texte en rela-
tion avec la notion d’héritage. Il s’agit non seulement
de tout un ensemble architectural, celui des usines,
54
du même argument donné dans le paragraphe 1
et approfondi dans le paragraphe 2, ce dernier
donnant davantage l’impression d’être construit sur
des exemples observés tandis que le premier reste
du domaine de l’hypothèse. Le second paragraphe
consolide le premier et le précise, le développe et
l’exploite mais il n’apporte pas d’argument supplé-
mentaire.
➤ Concernant le jeu du comédien, Diderot, par la
voix du Premier, met en valeur le travail d’obser-
vation du comédien, sa capacité de composer son
personnage, la manière dont il puise dans la nature
humaine, son calme, sa froideur et l’extrême contrôle
qu’il garde de lui-même, ce qui lui permet un jeu
brillant et égal, mais non vécu de l’intérieur, observé
et reproduit autant de fois que nécessaire.
Il ressort aussi du texte que le comédien doit tenir
compte des réactions du public qui le renseignent
sur sa manière de jouer.
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 56
1 Sujet ➜ p. 56 (NT).
2 Sujet ➜ p. 79 (NT).
Sujet ➜ p. 147. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 194, chapitre 15 (Analyser une
photo).
➜ p. 56
THÈME : le devenir des sites industriels
mais aussi des machines elles-mêmes ; le patrimoine
industriel regroupe tout ce qui a été produit au XIXe siè-
cle et parfois même avant dans le domaine de l’in-
dustrie : il s’agit donc de lieux et de réalisations tech-
niques qui témoignent de ce que fut la vie industrielle
à qui nous devons progrès et confort.
Le texte permet de mieux comprendre de quoi se
compose cet ensemble : hauts-fourneaux (l. 2), usi-

nes, machines (l. 3, 14), architecture industrielle, hal-
les, entrepôts (l. 11, 14). Il est précisé que certains de
ces édifices sont abandonnés, rouillés. L’auteur du
texte donne aussi des exemples précis, un moulin,
une filature (l. 20, 21) avec leur implantation géogra-
phique, et cités comme des lieux méritant le détour.
Tous ces édifices sont présentés, qu’ils soient nom-
mément cités ou non, comme des éléments de
mémoire et d’histoire à sauvegarder.
2 Les menaces et la sauvegarde
Le texte évoque à la fois ce qui menace les édifices
industriels et les raisons pour lesquelles il faut les
sauver.
– Les menaces : un nombre important d’édifices
industriels est menacé de destruction simplement
parce qu’ils sont abandonnés. La détérioration de
ces sites est abordée au début du texte : il est ques-
tion de rouille, de bulldozers, de machines obsolètes
abandonnées, de tags, de murs à moitié détruits,
décrépis (l. 4). Il est facile au lecteur d’imaginer cer-
tains de ces sites laissés de manière parfois pitoya-
ble à l’abandon alors qu’ils sont les vestiges d’une
époque particulièrement importante et révélatrice
tant sur le plan du progrès et de l’avancée de la civi-
lisation que sur celui de l’exploitation des hommes.
– Les raisons d’une sauvegarde : c’est précisément
la nature des édifices et des lieux qui justifie l’idée de
sauvegarde, parfois de sauvetage. On peut récapitu-
ler les raisons avancées par l’auteur du texte :
● il s’agit d’un héritage légué par les hommes des
siècles précédents et cet héritage témoigne des
Vers la synthèse ➜ p. 57
1 Deux documents : extrait de l’essai Patrimoine industriel, d’E. de Roux (➜ p. 56) ; photo de la centrale
Montemartini (➜ p. 146).
Intérêts du rapprochement
Exemple de la transformation d’un lieu industriel en musée, avec conservation des machines ; réflexion
sur la juxtaposition, dans ce lieu, d’une statue antique et d’une machine moderne ; rapprochement d’un
texte et d’une image qui elle-même comporte deux éléments.
La consigne de l’exercice demande de justifier le
rapprochement d’un extrait d’essai et d’une photo.
Les raisons du rapprochement viennent du thème
traité. L’image explicite et illustre le texte. Elle va
même plus loin.
● L’analyse du document textuel fait ressortir le
thème de la sauvegarde nécessaire, selon E. de
Roux, des sites industriels du ou des siècles précé-
dents, qu’il ne faut ni oublier ni laisser à l’abandon.
Ils témoignent en effet, selon ce spécialiste de l’art,
non seulement d’inventions industrielles, mais de
Analyser un extrait d’essai CHAPITRE
6
étapes successives dans l’avancée des sciences et
des techniques : utilisation de l’énergie hydraulique,
houille, vapeur, acier, électricité. Les sites industriels
sont des témoignages des inventions, de leurs appli-
cations. Ils constituent les fragments d’une histoire.
● Sauvegarder ces témoins se révèle essentiel
du fait de l’accélération des nouvelles techniques,
qui ont tendance à reléguer les précédentes. Ce
que l’auteur appelle la mutation de l’outil industriel
(l. 31) rend obsolètes les techniques existantes. Lais-
ser disparaître les sites industriels, c’est oublier ce à
quoi nous devons les progrès actuels.
● Une troisième justification se dégage du texte :
il s’agit d’une justification esthétique. Parmi les
édifices industriels, il existe de véritables œuvres
d’art, ce qui souligne l’existence de préoccupa-
tions concernant l’art industriel, très représentatif de
l’idéologie positiviste du XIXe. Les exemples cités (en
photo dans l’ouvrage d’E. de Roux) montrent des
recherches architecturales parfois très raffinées, qui
étonnent, s’agissant de constructions industrielles,
mais qui sont génératrices, comme le dit E. de Roux,
de véritable émotion esthétique.
● Il faut enfin signaler que ces lieux ont été le
cadre d’une vie professionnelle, sociale et culturelle
qu’on ne peut oublier. Derrière les restes des usines,
des machines, il y a les hommes. Si leur vie nous
est connue par les témoignages des mouvements
sociaux et par des romans (Zola notamment), il
est important que leurs lieux de travail et souvent
de souffrances et de luttes soient réhabilités et
honorés.
recherches esthétiques. Ils évoquent toute une vie
sociale et culturelle, et c’est à ce titre qu’il faut les
préserver des destructions et détériorations diverses
(y compris certaines formes de vandalisme).
● La photo montre une ancienne centrale électri-
que transformée en musée. On voit déjà là, dans la
transformation, une application des propos d’E. de
Roux à travers le souci d’exploiter de manière à la
fois esthétique et didactique un lieu industriel. On
remarque de plus, sur la photo, la présence d’une
machine peinte en bleu, mise en valeur dans la
55
 lumière et, d’après ce que l’on peut voir, comme neuve.
Ainsi présentée, la machine fait figure d’œuvre d’art,
exposée aux regards, à l’observation et à l’admiration
du public, comme la statue antique avec laquelle elle
coexiste. L’usine est devenue musée, elle est donc
non seulement sauvegardée, mais transformée en lieu
consacré à l’art. La machine est devenue œuvre d’art
et voisine avec un autre témoignage des productions
d’une époque lointaine. On pourrait dire que ce qui est
réalisé ici correspond exactement à ce que préconise
E. de Roux : il expose une théorie de la sauvegarde et
l’image donne un exemple de réalisation.
On peut enfin ajouter que le rapprochement statue /
machine n’a pas pour effet de dévaloriser la statue,
mais de valoriser la machine et de faire naître des
interrogations sur la notion d’art industriel.
DOCUMENT 4 Jean Castarède, extrait de la préface de l’essai
Le Luxee (1992)
Intérêts du document
Une réflexion sur la notion de luxe à partir du champ sémantique du mot ; un ensemble
de définitions faisant apparaître la diversité des sens et le caractère subjectif ; un texte qui
trouve des échos dans Le Mondain, de Voltaire, et dans la diatribe de Mentor ; document
intéressant pour étudier les antinomies venues des différents sens d’un mot.
Pour analyser le document
1 La démarche de l’auteur du document
La première phrase de l’extrait, La définition du luxe
est très subjective, oriente dans deux directions,
d’une part l’idée de définition, d’autre part l’idée
de subjectivité et donc de définitions multiples. La
lecture confirme cette idée : la démarche de l’auteur
consiste à donner successivement des sens diffé-
rents du mot luxe en fonction d’éléments variables.
Il commence par l’étymologie puis passe en revue
des critères, situations, contextes, personnes, qui
lui permettent d’envisager différentes acceptions du
luxe, mais aussi différents jugements portés sur cette
notion, qui prend à chaque fois des significations
différentes du mot ou de l’adjectif dérivé luxueux. La
démarche adoptée ressemble à celle de l’auteur d’un
dictionnaire établissant le champ sémantique du
mot, agrémenté de commentaires. La présence dans
le texte de celui qui parle sous la forme du pronom
personnel nous (l. 18) évoque, plus qu’une page de
dictionnaire classique, une page d’encyclopédie ou
56
Deux documents : consigne ➜ p. 83 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 106. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique p. 129, chapi-
tre 10 (Analyser un extrait de roman).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 125 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 57
1 Sujet ➜ p. 57. On trouvera des éléments pour
traiter ce sujet dans le chapitre 24 (Trouver des idées)
du livre de l’étudiant ➜ p. 229 et suivantes.
2 Sujet ➜ p. 146. Ce sujet est traité p. 192 de
ce guide pédagogique, chapitre 15 (Analyser une
photo).
➜ p. 57
THÈME : le luxe
de dictionnaire à la manière de ceux du XVIIIe, comme
le Dictionnaire philosophique.
2 Les différents sens et leurs contextes / les
difficultés
● Le point de départ de l’auteur est l’étymologie du
mot, luxx et luxuria, qui pose d’emblée des sens pres-
que contradictoires, par exemple si l’on rapproche les
notions de goût et de clinquant en rattachant le mot à
l’être et au paraître. De cet antagonisme initial décou-
lent alors deux approches, en fonction de supposés
spécialistes, les puristes et les autres. On perçoit l’anti-
nomie de ces deux approches dans l’opposition entre
valeur sûre (l. 7) et superflu (l. 8-9), avec une référence
au texte du Mondain de Voltaire dont un extrait figure
dans le chapitre consacré à la poésie (p. 113). À ces
deux notions assez clairement définies, et qui dominent
l’ensemble du texte, se rattachent ensuite des emplois
dans différents domaines, avec toujours les mêmes
oppositions. Ainsi dans le domaine commercial, on rat-
tache d’un côté le luxe à des idées d’intuition, de génie
(ce qui n’est pas quantifiable) tandis que de l’autre, il
est considéré comme un placement intéressant.

Des premiers paragraphes ressort ainsi une impor-
tante distinction entre matérialité du luxe considéré
comme un placement et donc lié à l’argent (pour les
puristes) et caractère difficilement saisissable, affec-
tif et même spirituel du luxe, orientation choisie par
celui qui parle, et qui prend nettement position à la
ligne 18. Le luxe est alors assimilé à la fête, au don,
on revient à l’idée de superflu. Mais l’auteur du texte
reconnaît à ce moment de son exposé la difficulté de
s’en tenir à ces éléments sémantiques : la définition
fluctue en fonction d’éléments comme les change-
ments sociaux et historiques, les différences de lieux
et de manières de vivre, qui font que la notion de
superflu est elle-même très subjective, comme le
montrent les exemples très concrets et illustratifs du
soleil, du calme, de l’anonymat et des modes fémi-
nines. On se rend compte que le sens du mot luxe,
ici, correspond à des « biens » souhaités en relation
directe avec la situation dans laquelle on vit : il y a là
une acception tout à fait courante du mot : on définit
comme un luxe la soudaine possession de ce que
l’on n’avait pas auparavant.
L’avant-dernier paragraphe du texte met l’accent
sur le luxe en tant que signe, ou élément symboli-
que d’un niveau de vie, ou d’une appartenance, ce
qui le rattache à la notion d’argent. Ce que l’auteur
désigne par un passage de l’univers matériel à
l’univers mental fait du luxe un véritable symbole,
une extériorisation d’éléments intérieurs, mentaux
et psychologiques. Le retour au rapprochement
luxe / valeur marchande / bon goût montre l’extrême
difficulté qu’il y a à démêler les imbrications séman-
tiques des différents sens, selon les contextes et
les situations. Le dernier paragraphe insiste sur ce
qui peut réunir les différents sens et connotations
du luxe, son caractère indispensable pour embellir
la vie, et son caractère inaccessible qui nourrit les
rêves sans lesquels on ne peut vivre.
● Les difficultés rencontrées par l’auteur du texte
viennent de la complexité de la notion envisagée
Analyser un extrait d’essai CHAPITRE
6
et du caractère fluctuant de ses applications. Une
étymologie en elle-même contradictoire fait qu’il est
ensuite difficile de débrouiller le fil complexe des
significations données à partir des emplois du mot.
La démarche est d’autant plus difficile que les signi-
fications opposées finissent par se recouper : à un
sens dénoté lui-même complexe se superposent de
nombreux emplois connotés, dont les connotations
viennent elles-mêmes du sens initial, et non des
modalités d’emploi. De ce fait, le luxe constitue une
notion sur laquelle il est difficile que tout le monde
s’accorde.
Vers la synthèse ➜ p. 59
1 Deux documents : consigne ➜ p. 59 (NT).
Deux documents : consigne ➜ p. 101. Ce sujet est
traité p. 123 de ce guide pédagogique, chapitre 10
(Analyser un extrait de roman).
Deux documents : consigne ➜ p. 118 bas (NT).
2 Deux documents : consigne ➜ p. 59 (NT).
3 Trois documents : consigne ➜ p. 129. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 167, chapi-
tre 13 (Analyser une publicité).
4 Quatre documents : consigne ➜ p. 118 bas.
Ce sujet est traité p. 148 de ce guide pédagogique,
chapitre 12 (Analyser une œuvre d’art).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 59
1 Sujet ➜ p. 59 (NT).
2 Sujet ➜ p. 101. Ce sujet est traité p. 124 de ce
guide pédagogique, chapitre 10 (Analyser un extrait
de roman).
Sujet ➜ p. 129 (NT).
57
 A P P L I C ATION
DOCUMENT 5 Nicolas Jonas, La Famillee (2007)
Intérêts du document
Sur le thème dee la condition des femmes, un document facile d’accès, de construction net-
tement visible et renvoyant à des observations sociales accessibles.
Pour analyser le document
1 Thème et construction du document
– Le thème : dès les deux premières phrases du
document, on peut comprendre quel en est le thème.
La première exprime un fait historique, l’instauration
de la mixité dans les études et les conséquences –
égalité des chances (l. 3) – qui auraient dû en découler.
La seconde, qui commence par un terme marquant
une objection – or (l. 4) –, indique que la situation n’est
pas celle que l’on attendait – est loin d’être égalitaire
(l. 5). La suite du texte, dans lequel on note la récur-
rence du mot enseignement et de nombreux termes
appartenant au même champ lexical, montre que
le thème abordé est celui de l’enseignement, mais
plus précisément, dans ce thème général, celui des
inégalités qui subsistent entre les filles et les garçons.
On remarque en effet que le texte comporte de nom-
breuses mises en parallèle et comparaisons entre eux
et qu’il est construit sur une sorte de balancement
constant, qui fait passer de ce qui concerne les filles à
ce qui concerne les garçons.
Concernant la survivance des inégalités entre filles
et garçons, celui qui parle donne un certain nombre
d’explications.
– Construction, délimitation et contenu : l’extrait
est constitué de trois paragraphes de taille inégale.
● Le premier, le plus long, commence par un
constat : ce que l’on attendait de la mixité en matière
d’égalité filles / garçons ne s’est pas produit ; on
constate le maintien des inégalités. Ce constat des
inégalités est immédiatement illustré par une mise
en parallèle de l’enseignement général – garçons
majoritaires dans les filières valorisées – et de
l’enseignement technique où la répartition dans cer-
taines filières se fait de manière sexuée. Le constat
est développé par une analyse des orientations des
filles et l’énumération des domaines qui leur sem-
blent réservés : lettres, domaine social, emplois de
service présentés comme précaires et dévalorisés
(l. 16). L’expression sont poussées (l. 10) connote
58
➜ p. 60
THÈME : la condition des femmes
l’existence d’une pression sociale. L’auteur du texte
souligne d’ailleurs, à la fin du paragraphe, que ces
orientations s’inscrivent dans un mouvement dont
l’origine est l’éducation des filles, relayée par les
attitudes et les croyances de tout l’environnement
social. Le premier paragraphe met en évidence un
fait, qui est l’absence d’égalité des filles et des gar-
çons dans le domaine des études.
● Le second paragraphe, nettement plus court, est
consacré à l’expression d’autres inégalités filles / gar-
çons, à l’intérieur de la famille, dans la vie courante.
L’auteur du texte énonce un nouveau constat : le statut
des filles et des garçons est, là encore, inégalitaire. Il
est question d’extérieur, les garçons y ayant plus faci-
lement accès, et d’intérieur, associé aux filles, ce qui
conduit à une autre association qui est filles / activités
ménagères. On retrouve là un schéma bien connu :
on attend des filles, et beaucoup moins des garçons,
voire pas du tout, qu’elles aident leur mère (ce qui
constitue une forme d’apprentissage ménager).
● Le troisième paragraphe reprend l’idée émise
dans le premier paragraphe de l’existence de com-
pétences liées au sexe. Il semble bien que tout ce qui
a été dit dans les paragraphes précédents conduise
à cette conclusion portant sur la nature des différen-
ces. Plus que les autres paragraphes, le troisième
donne la cause de ces disparités : une croyance pro-
fondément ancrée dans les mentalités familiales et
accentuée par les différents modes de socialisation.
C’est là une manière de signaler, implicitement, qu’il
est et sera difficile de les faire disparaître.
2 Les relations logiques entre les paragraphes /
Constat et explications
Le texte mêle le constat de faits vérifiables, et, pour
certains, quantifiables, à des recherches d’explica-
tion. Mais il n’est pas toujours facile de différencier
ces deux démarches.
– Les liens logiques entre les paragraphes : le
paragraphe 2 commence par Les inégalités liées
au sexe s’expriment également (l. 23). L’adverbe

également indique que l’on reste dans le constat de
manifestations, ces manifestations étant celles des
inégalités entre filles et garçons. Et en effet, on a
changé de domaine en passant d’un paragraphe à
l’autre : des études, on est passé à la vie familiale.
Entre le paragraphe 2 et le paragraphe 3, le lien se
fait par le démonstratif Ces (l. 33), qui renvoie à ce
qui est désigné par l’expression exigences inégales.
La première phrase souligne que l’auteur reprend
le contenu des deux paragraphes (école et famille)
et qu’il les relie par un élément commun, qui est la
recherche et l’exposé des causes.
– Constat et explications : la plus grande partie du
paragraphe 1 est consacrée à des constats relatifs à
la répartition des filles et des garçons selon la nature
des domaines (filières générales / filières techniques,
puis à l’intérieur des filières techniques). Mais on
observe à partir de la ligne 17 des remarques qui
orientent le texte vers les raisons de l’état de fait
constaté : la notion de socialisation sexuée (l. 17), qui
Vers la synthèse ➜ p. 61
1 Deux documents : extrait de l’essai de N. Jonas, La Famille (➜ p. 60) ; extrait de la pièce de Marivaux
La Colonie (➜ p. 139).
Intérêts du rapprochement
Rapprocher deux documents d’époque et de genre différents sur un même thème d’actualité constitue
un bon apprentissage de la synthèse ; il est également intéressant de constater le caractère moderne
des propos des personnages de Marivaux. Le texte de théâtre permet de comprendre l’expression des
idées à travers un dialogue de fiction.
Deux documents, l’un du XVIIIe, l’autre du XXIe siècle,
appartenant à des genres différents, abordent le
même thème : l’inégalité entre les femmes et les
hommes. Le premier est un extrait de la pièce de
Marivaux La Colonie, qui met en scène, en 1750, des
hommes et des femmes isolés sur une île. Le second
est un extrait d’essai de N. Jonas consacré, en 2007,
à la famille. Dans les deux cas, on trouve un constat
presque similaire et une explication identique.
I – UN CONSTAT SIMILAIRE
La lecture et le rapprochement des deux documents
mettent en évidence un thème commun, qui est celui
des inégalités entre hommes et femmes ou filles et
garçons. On peut constater en effet que, dans le
texte de Marivaux, les hommes refusent aux femmes
la participation à la vie politique et les renvoient à leur
fonction traditionnelle, désignée par le mot lot : se
marier, élever leurs enfants et s’occuper du ménage ;
dans le texte de N. Jonas (deuxième paragraphe), il
apparaît que le destin des filles est de prendre en
charge, comme leur mère, les activités ménagères.
Les deux documents mettent aussi en évidence que
certaines branches professionnelles sont fermées
Analyser un extrait d’essai CHAPITRE
6
peut définir un processus particulier de socialisation,
est associée à des causes qui sont le comportement
familial et la tradition de l’éducation. On peut donc
déduire des propos de celui qui parle que les dispa-
rités (constat) ont pour source, origine et explication
une « idéologie » véhiculée par l’environnement
social. Le paragraphe 2 revient à la démarche du
constat, mais on remarque que les faits observés
comportent en eux-mêmes leur explication : les filles
sont, plus que les garçons, associées aux activités
ménagères, parce que c’est là un apprentissage à
une future vie de femme.
Le dernier paragraphe donne l’explication fonda-
mentale : la croyance en l’existence de compétences
sexuées, ce qui, globalement, permet de tout expli-
quer, par l’affirmation de deux domaines différents
caractérisés par l’intérieur / l’extérieur, les savoir-faire
féminins / savoir-faire masculins et, finalement, ce
que l’on pourrait appeler une sensibilité féminine
opposée à une sensibilité masculine.
aux filles, ou que du moins on ne leur conseille pas
d’y aller. Ainsi, dans le texte de Marivaux, la reven-
dication des femmes d’accéder aux professions de
finance, de guerre et de justice provoque les réac-
tions scandalisées et sarcastiques des hommes :
une telle décision est, pour eux, tout simplement hors
de propos. Dans le texte de N. Jonas, il est constaté
que les filles sont plus naturellement orientées vers
les voies les moins valorisées, considérées comme
« féminines » et mieux adaptées à leur nature. Dans
les deux cas, se trouve établi, d’un côté par les réac-
tions des hommes, de l’autre par des études socio-
logiques, un même constat dont il est intéressant de
chercher l’explication.
II – UNE EXPLICATION IDENTIQUE
Les personnages masculins de la pièce de Marivaux
fondent leur refus de voir les femmes participer à
la vie politique simplement sur le fait qu’elles sont
femmes, et que de ce fait elles n’ont pas les com-
pétences requises parce qu’elles n’ont pas reçu une
éducation adéquate. Le processus mis en évidence
apparaît de manière précise : femmes > éducation
spécifique > impossibilité d’être considérées comme
59
 des égales. Il y a là une sorte de cercle vicieux d’où il
semble bien difficile de sortir et qui peut se résumer
ainsi : la différence « initiale » de sexe qui entraîne
l’idée d’une sensibilité féminine, de comporte-
ments féminins… entraîne de ce fait un traitement
éducatif différent. Causes, faits et conséquences
ont tendance à se mélanger. Le texte de N. Jonas
met l’accent sur le fait que même si les principes
d’éducation sont modifiés (imposition de la mixité
qui met garçons et filles sur le même plan), les
différences demeurent pour les mêmes raisons que
celles évoquées chez Marivaux. La certitude qu’ont
les femmes que l’éducation peut les faire accéder
au même statut et aux mêmes professions que les
hommes se trouve démentie par des faits consta-
tés au XXIe siècle. La croyance dans l’existence de
compétences sexuées vient, sur le plan familial, sur
le plan social, sur le plan scolaire, démentir l’idée
d’une égalité réelle. Ce sont les idées traditionnelles
qui, selon N. Jonas, maintiennent les différences,
comme on le voit chez Marivaux.
2 Trois documents : consigne ➜ p. 81. Ce sujet
DOCUMENT 6 Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiquess (1955)
Intérêts du document
Réflexion, en 1955, sur les méfaits conjugués de la pollution, de l’industrialisation et de
l’exploitation non réfléchie des richesses du monde ; mise en relief de la détérioration des
paysages par un ethnologue ayant vécu parmi les populations de l’Amazonie, conduisant à
une réflexion sur le sens des voyages.
Pour analyser le document
1 Thème et problématique de l’extrait
Le premier mot de l’extrait, qui désigne les destinatai-
res du message, donne aussi le thème. Il est question
des voyages et, plus particulièrement, de tout ce qui
en a fait disparaître le charme, la magie, la richesse.
La seconde phrase donne immédiatement la raison
essentielle de cette disparition : le développement de
la civilisation industrielle à l’échelle mondiale. Il est
à ce sujet intéressant de tenir compte de la date de
publication de l’essai, 1955 : on ne parlait pas encore
de mondialisation, et pourtant c’est bien ce qui est
mis en cause ici. Par l’utilisation de tout un lexique
de la destruction, et par le choix de termes dont les
connotations sont violemment négatives et déprécia-
tives, comme viciés (l. 3), fermentation (l. 4), mortifie
60
est traité dans ce guide pédagogique, p. 91, chapitre
8 (Analyser un schéma, dessin de presse).
Trois documents : consigne ➜ p. 123. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique p. 155, chapitre 12
(Analyser une œuvre d’art).
Trois documents : consigne ➜ p. 160. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 220, chapitre
16 (Analyser un document de référence).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 81 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 61
Sujet ➜ p. 97 : ce sujet est traité dans ce guide péda-
gogique, p. 115, chapitre 9 (Analyser un schéma, un
document chiffré).
Sujet ➜ p. 141 (NT).
Sujet ➜ p. 160. On trouvera des éléments concer-
nant ce sujet dans le chapitre 25 du livre de l’étu-
diant, p. 243.
➜ p. 61
THÈME : le voyage
(l. 4), zone maladive (l. 8), bidonvilles (l. 8), flétritt (l. 9),
formes les plus malheureuses (l. 11-12), notre ordure
(l. 18), celui qui parle s’en prend violemment à tout
ce qui constitue les sous-produits de la civilisation,
tout ce qui détruit, détériore, modifie, annihilant les
éléments naturels et détruisant les paysages.
2 Récapitulation des critiques et registre
L’idée dominante de ce qui est une véritable diatribe
contre les excès du progrès est l’inutilité du voyage
qui nous conduit à retrouver, partout, des horreurs
dont nous sommes responsables en tant que civi-
lisés. Ce que dénonce l’auteur est l’uniformisation
qu’impose une civilisation mondiale dont les caracté-
ristiques sont partout les mêmes. Le terme monocul-
ture, dans le dernier paragraphe, définit de manière
précise le nivellement qu’impose la civilisation de
masse. C. Lévi-Strauss ne refuse pas la civilisation, il

en refuse les débordements, l’exploitation excessive
et non concertée des ressources du monde et les
ordures qu’elle produit.
On peut reformuler ici les critiques et constats néga-
tifs :
– disparition du charme des voyages ;
– la civilisation a un effet corrupteur ;
– les régions jusque-là sauvegardées perdent leur
caractère naturel et leurs spécificités sous la violence
unificatrice de la civilisation industrielle ;
– les sous-produits de la civilisation infectent la sur-
face de la terre ;
– les voyages nous confrontent à nos destructions et
à notre corruption ;
– la civilisation n’a plus comme caractéristiques la
diversité et la richesse mais l’uniformité désolante
de la massification.
Le registre utilisé est celui de la satire et de la
polémique : énumération de critiques sévères et
violentes, dénonciation d’un état de fait considéré
comme insupportable, utilisation d’un lexique
violemment négatif et imagé, hyperbolique dans la
critique et la négation (termes répertoriés dans la
réponse 1).
DOCUMENT 7 Philippe Breton, Le Culte de l’Internet : une
menace pour le lien social ? (2000)
Intérêts du document
Une réflexion sur le développement du commerce électronique et sur la manière dont peu-
vent être utilisées les informations recueillies grâce à Internet ; l’efficacité d’interférences
auxquelles on ne pense pas ou que l’on considère comme efficaces et de nature à faciliter
la vie.
Pour analyser le document
1 Domaine concerné et thème abordé
La première phrase de l’extrait oriente le lecteur vers
la notion de commerce électronique (premier para-
graphe), ce qui conduit immédiatement à Internet,
qui en est le vecteur. À l’intérieur de ce domaine,
qui touche aussi à la télévision sur Internet, le thème
est celui de l’attitude du consommateur mis en
situation d’acheter très vite et très facilement. Un
Analyser un extrait d’essai CHAPITRE
6
Vers la synthèse ➜ p. 62
1 Deux documents : consignes ➜ p. 62 (NT), p. 68
(NT), p. 132 (NT) et p. 153 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 68. Ce sujet
est traité p. 68 de ce guide pédagogique, chapitre 7
(Analyser un extrait de presse).
Trois documents : consigne ➜ p. 132 (NT).
4 Quatre documents : consigne ➜ p. 132. Ce
sujet est traité p. 172 de ce guide pédagogique,
chapitre 13 (Analyser une publicité).
Quatre documents : consigne ➜ p. 153 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 62
1 Sujet ➜ p. 62 (NT).
2 Sujet ➜ p. 108. Ce sujet est traité p. 133 de ce
guide pédagogique, chapitre 11 (Analyser un extrait
poétique).
Sujet ➜ p. 132. Ce sujet est traité p. 173 de ce guide
pédagogique, chapitre 13 (Analyser une publicité).
➜ p. 62
THÈME : les menaces sur les libertés
autre aspect est également envisagé : il s’agit de la
« cybersurveillance » qui peut venir interférer dans
le commerce électronique, en fournissant toutes
sortes de renseignements utiles sur les goûts et sur
les attentes des acheteurs.
On peut ainsi répondre à la question du thème et
du domaine en disant que l’extrait s’intéresse aux
possibilités qu’offre le commerce électronique et aux
dangers qui résultent de diverses interférences du
domaine informatique.
61
 2 Quelles menaces et quels dangers ? Qui est
menacé ?
Les menaces et les dangers : on peut reformuler ici
les menaces récapitulées par l’extrait.
● Extrême facilité du commerce électronique :
on achète via son ordinateur : plus de déplacement,
choix rapide, mais caractère irréversible de la déci-
sion, caractère abstrait de ce que l’on achète, pas
de possibilité de bien voir, de toucher, de soupeser…
Ce qui peut constituer un ensemble de facilités pour
certains est vu par d’autres (l’auteur de l’essai, ou
S. Godeluck, qui est citée) comme un danger du
fait même de la facilité et de la rapidité. Tout un
aspect de « vérification » personnelle disparaît de
cette démarche, qui associe très rapidement la
décision d’acheter au paiement. Dans un magasin,
on cherche, on essaie, on touche, on hésite : on a
une grande liberté d’action et la possibilité de ne pas
agir… La facilité du commerce électronique modifie
les comportements de l’acheteur.
● L’incitation à l’achat du fait de la net-réclame ou
publicité sur Internet, un vecteur de publicité très
efficace, comme le montrent certains chiffres. 25 %
des internautes se disent incités à acheter par la
publicité sur Internet, ce qui représente le même
chiffre que celui, cumulé, des acheteurs influencés
par la publicité dans les journaux (14 %) et à la télé-
vision (11 %). Le fait que la net-réclame soit efficace
accentue les risques qui découlent d’un choix rapide
fait sans assez de recul.
● L’utilisation des cookies : la publicité sur Internet
utilise tout ce qui peut fournir des informations sur les
utilisateurs d’ordinateurs : habitudes, goûts, choix,
comportements, nature de leurs recherches à l’aide
des différents moteurs de recherche… Ces informa-
tions sont fournies par ce que l’on appelle des coo-
kies, implantés dans les ordinateurs et capables de
conserver de nombreuses informations. Le croisement
de données permet à des annonceurs publicitaires
d’obtenir ces informations très précises et de cibler
DOCUMENT 8 Jacques Hassin, conférence donnée à l’Université
de tous les savoirs (UTLS, 2007)
Intérêts du document
Une analyse réaliste, faite par un spécialiste (médecin au Centre d’accueil et de soins hospi-
taliers de Nanterre), de la condition de SDF : caractéristiques de cet état, raisons, difficultés
d’en sortir ; une évocation sans pathos, mais faisant comprendre avec émotion l’inhumanité
de la condition de SDF.
62
encore plus leurs publicités. On peut considérer que
de tels comportements commerciaux (l’appropriation
et le croisement des données) constituent presque
des atteintes à la vie privée.
● Une frontière incertaine entre information et
publicité : le dernier danger vient de la difficulté de
différencier ce qui relève de l’information de ce qui
relève de la publicité : un écran d’ordinateur relié à
Internet foisonne d’informations diverses, mais, par
exemple, l’annonce de la sortie du CD d’un chanteur
relève-t-elle de l’information ou de la publicité pour
le CD ? La difficulté de répondre à cette question
signale que chaque utilisateur d’Internet est soumis
sans s’en rendre compte à un vrai matraquage publi-
citaire.
● Qui est menacé ? Tous les utilisateurs d’Internet
sont d’une manière ou d’une autre menacés par la
curiosité des cookies, par la force du commerce élec-
tronique et par le mélange des genres. On pourrait
dire que ceux qui manquent de recul, de réflexion et
qui ne se méfient pas sont encore plus menacés que
ceux qui ont réfléchi, ont lu, connaissent l’existence
de la CNIL et ne font pas confiance aveuglément à
ce qu’ils voient sur leurs écrans et entendent dans
leurs téléphones portables.
Vers la synthèse ➜ p. 63
1 Deux documents : consigne ➜ p. 63 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 71. Ce sujet
est traité p. 74 de ce guide pédagogique, chapitre 7
(Analyser un extrait de presse).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 63
1 Sujet ➜ p. 63 (NT).
2 Sujets ➜ p. 71 (NT) et p. 166 (NT).
➜ p. 63
THÈME : l’exclusion

Pour analyser le document
1 Thème, structure et différents points abordés
● Le thème : la conférence s’inscrit dans un
cycle qui a pour titre « Vivre dans des conditions
extrêmes », ce qui donne une première orientation
thématique. Celle-ci se précise dès les premières
lignes. Il est question des gens qui vivent dans les
rues, désignés à notre époque par le sigle SDF ou par
les termes Zonards ou Clochards (l. 2). En utilisant la
première personne, J’évoqueraii (l. 5), celui qui parle
apporte un témoignage qui relève de son expérience
professionnelle. La conférence est consacrée au
thème de l’exclusion : il s’agit d’exposer la condition
des exclus et, tout au long du texte, c’est de cela
qu’il est question, expliqué et analysé en un grand
nombre de petits paragraphes qui envisagent tous
les aspects de la vie de ceux qui ont été rejetés ou
qui se sont mis en marge de la société, pour finir
sur la grande difficulté qu’il y a à leur venir en aide.
L’organisation du texte est signalée dès le premier
paragraphe, qui, après quelques chiffres, pose deux
questions : Comment ces personnes vivent-elles ?
Et comment peut-on les aider ?
● Structure et différents points abordés : les
deux premiers paragraphes (l. 1 à 8) constituent une
entrée en matière annonçant le thème, les orienta-
tions (vie et aide), l’expérience de celui qui parle et
une première orientation : ce qui concerne le corps
ainsi que les notions de temps et d’espace. Ces
différents points sont abordés dans les lignes 9 à 23,
dans lesquelles il est question de mort, de maladies,
d’hygiène presque inexistante, d’ivresse chronique,
de blessures et de maladies non soignées. La troi-
sième étape du texte regroupe les lignes 24 à 44. Il y
est question des causes de la marginalité : en général
un malheur survenu, qui a entraîné une chute rapide
et irréversible, des traumatismes de l’enfance (vio-
lence, inceste, abandon familial). J. Hassin évoque
l’absence de conscience de l’avenir, les rendez-vous
ratés avec les travailleurs sociaux, un enfermement
et une souffrance qui font dire que personne ne
choisirait une telle vie.
À partir de la ligne 45, on entre dans une seconde
grande partie du texte, qui tourne autour des ques-
tions de solutions cherchées par les travailleurs
sociaux. L’auteur du texte énumère des solutions,
mais pour signaler aussi qu’elles ne sont pas accep-
tées d’emblée et qu’elles ouvrent sur de nouvelles
difficultés comme l’existence de dettes. Abordant
la question des relations entre les SDF et ceux qui
veulent les aider, J. Hassin fait une analyse des com-
portements : d’un côté, refus et insultes, qui sont
présentés comme une manière d’exister ; de l’autre,
la nécessité absolue d’un professionnalisme qui ne
Analyser un extrait d’essai CHAPITRE
6
doit pas céder à l’émotion, ni à l’improvisation, et qui
exige que l’on sache très bien pourquoi on fait ce
travail : c’est le médecin qui parle et l’on comprend,
dans l’émotion qui se trouve à la fin du texte, qu’il
considère ce qu’il a entrepris comme une mission
qui relève de l’humanisme et qui répond exactement
à certains des termes du Serment médical (pour ce
document, voir livre de l’étudiant p. 162).
2 Les caractéristiques de l’exclusion et les
obstacles pour en sortir
Ce sont là deux des orientations du document.
● Les caractéristiques de l’exclusion : une
première caractéristique concerne le corps. L’ex-
clusion est caractérisée par la maladie, le manque
d’hygiène, l’absence de soins en cas de plaies et de
lésions, les ravages de l’alcool et du tabac (boire et
fumer pour oublier sa condition) qui entraînent une
espérance de vie courte (53 ans). L’exclusion c’est
encore devoir chaque jour trouver où dormir, trouver
à manger, ne plus avoir conscience du temps, avec
l’incapacité de se projeter dans un avenir, ne plus
avoir conscience de l’espace, mais en demeurant,
parfois, à proximité d’un lieu où l’on a mené une vie
normale, avant la déchéance. Être marginal, c’est
devenir invisible, n’avoir aucune vie privée, aucune
sexualité, être solitaire et abandonné, c’est devoir se
débrouiller pour survivre quotidiennement.
● Les obstacles : les caractéristiques de l’exclu-
sion telles que les analyse J. Hassin permettent de
comprendre d’où viennent les difficultés pour en
sortir et les obstacles rencontrés par les travailleurs
sociaux. Du côté des exclus, les rapports avec les
autres ont perdu toutes les marques de la sociabilité,
ce qui se traduit par le rejet, le refus et l’insulte lors-
que certains veulent les aider. Il est très difficile de
revenir à une conscience du temps et de l’espace,
de retrouver des codes de comportement à la sortie
d’une vie sans aucune règle : entre ce que sont les
SDF et la vie normale, l’écart est devenu tel que la
réintégration se révèle souvent trop difficile, trop
douloureuse. Du côté des travailleurs, il faut accep-
ter d’essuyer des refus et des insultes, trouver des
solutions qui ne sont pas toujours acceptées, faire
un travail sur le long terme, qui peut être démenti
brutalement. Les difficultés sont également institu-
tionnelles : dans certains cas, il n’y a pas de solution
(les déboutés du droit d’asile).
➤ On peut parler de « conditions extrêmes » parce
que la vie menée par les SDF est une vie inhumaine :
elle l’est par les conditions de vie – de survie – insup-
portables (pas de lieu où se réfugier, rien à manger,
la solitude, l’abandon à proximité de l’aisance, de la
richesse) ; elle l’est par la perte de ce qui fait un être
humain, la conscience de soi, la dignité, l’autonomie,
une certaine image de soi.
63
 Vers la synthèse ➜ p. 65

1 Deux documents : consigne ➜ p. 65 (NT).

Deux documents : consigne ➜ p. 80. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 89, chapitre 8 (Ana-
lyser un dessin de presse).
Deux documents : consigne ➜ p. 92 (NT).
2 Trois documents : extrait de roman de V. Hugo (document 1 ➜ p. 103), poème de J. Prévert
(document 2 ➜ p. 112), texte d’une conférence de J. Hassin (document 3 ➜ p. 63).

Intérêts du rapprochement
Rapprochement de trois documents de genres différents abordant, à des époques différentes et selon
des points de vue et des sensibilités différents, la question de l’exclusion ; ce rapprochement met en évi-
dence des caractéristiques et des causes similaires, d’origine familiale ou sociale ; l’exercice demande
une analyse différente des documents, qui ne font pas ressortir les idées de la même manière.

La consigne demande d’analyser, en trois étapes
successives, les caractéristiques de l’exclusion, ses
explications et ses éventuelles conséquences. Nous
donnons ici les grandes lignes, non rédigées.
I – LES CARACTÉRISTIQUES DE L’EXCLUSION
● Être dans la rue (documents 1, 2 et 3), devoir cher-
cher chaque jour de quoi se nourrir et un lieu pour
dormir (documents 1 et 3), avoir faim à proximité de
la nourriture et de l’abondance : idée explicite dans
les documents 1 et 2, implicite dans le document 3.
● Être en marge, ne pas pouvoir s’intégrer, être seul,
se sentir rejeté de partout, parfois malade, dans des
conditions d’hygiène déplorables (documents 1, 2
et 3) ; se sentir traité comme des animaux, perdre
la conscience du temps et de l’avenir (document 3),
être complètement déstructuré.
II – DES EXPLICATIONS
● Existence d’un changement brutal, d’un grand
malheur : accident, perte du travail, détérioration
d’une situation jusque-là normale (document 3),
dans le cas de J. Valjean (document 1), une condam-
nation très sévère et un statut particulier, celui d’ex-
bagnard reconnaissable partout, ce qui entraîne la
transformation d’un individu intégré en marginal.
● Raisons plus profondes, selon J. Hassin (docu-
ment 3), et familiales : violences, abandon familial,
inceste, enfances tourmentées et malheureuses.
On peut penser que c’est un drame familial qui a
transformé le personnage de Prévert (document 2) en
homme qui a faim.
III – CONSÉQUENCES POSSIBLES
● Violence présente dans le texte de Prévert
(document 2) et dans le document 3 : évocation d’un
crime d’un côté (tuer pour trouver de l’argent pour
manger), évocation de la manière dont les travailleurs
sociaux qui viennent en aide aux marginaux sont
parfois insultés et rejetés, ce qui est le signe d’une
sorte de déshumanisation. Idée que la marginalité et
l’exclusion déterminent des actions violentes, seul
moyen d’exister, seul moyen de survivre.
● Enfermement dans une situation dont on ne peut
sortir : l’exclusion génère l’exclusion, avec une confu-
sion des causes et des effets (document 3) ; absence
de solutions parce que les exclus eux-mêmes met-
tent les solutions en échec (document 3).
➤ N.B. On peut remarquer que certaines idées
sont données explicitement, surtout dans le texte
de J. Hassin, et que dans les deux textes de fiction,
certaines idées (la violence possible, le découra-
gement, la résignation) sont moins directement
exprimées.
CONCLUSION
Difficulté d’éradiquer l’exclusion quand elle a des
causes sociales et familiales elles-mêmes ancrées
dans la misère et le malheur ; transformation rapide
et irréversible d’une situation normale en situation
d’exclusion ; état qui par lui-même oppose des
obstacles aux différentes tentatives et recherches de
résolution.
Trois documents : consigne ➜ p. 92. Ce sujet est
traité p. 105 de ce guide pédagogique, chapitre 9
(Analyser un schéma, un document chiffré).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 118 haut.
Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique,
p. 146, chapitre 12 (Analyser une œuvre d’art).
Quatre documents : consigne ➜ p. 80 (NT).

64

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 65
1 Sujet ➜ p. 65 (NT).
2 Sujet ➜ p. 80. Ce sujet est traité p. 89 de ce
guide pédagogique, chapitre 8 (Analyser un dessin
de presse).
PR OL ON GEMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Le renvoi aux fiches 4 (sur les formes de raisonnement) et 3 (sur les formes de discours) doit permettre de
réactiver des connaissances acquises dans les classes précédentes.
EXERCICE 2
L’objectif de l’exercice, qui tient à la fois du lexique et de l’expression écrite, est de faire acquérir du vocabu-
laire et de développer la capacité d’exprimer en une phrase nominale la ou les caractéristiques immédiates
d’un document.
DOCUMENT
Document 1, extrait du Harcèlement moral
Document 2, extrait du Paradoxe sur le comédien
Document 3, extrait de Patrimoine industriel
Document 4, extrait de Le Luxe
Document 5, extrait de La Famille
Document 6, extrait de Tristes tropiques
Document 7, extrait de Le Culte de l’Internet
Document 8, extrait de Vivre dans la rue
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 3
(exemple rédigé page 107 du livre de l’étudiant)
● Document 1
Dans un essai datant de 1998, Le Harcèlement
moral, la psychiatre M.-F. Hirigoyen aborde, sur le
thème du travail, l’attitude de certaines entrepri-
ses à l’égard de leurs employés, réduits à un état
de déshumanisation désespérante.
● Document 2
Dans un essai qui prend la forme d’un dialogue
intitulé Paradoxe sur le comédien, l’encyclopé-
diste et philosophe D. Diderot s’intéresse au jeu
théâtral. Les deux interlocuteurs, désignés par Le
Analyser un extrait d’essai CHAPITRE
6
N.B. Le tableau rempli d’une synthèse relative au
thème de l’exclusion figure dans ce guide pédago-
gique, p. 240, chapitre 18.
➜ p. 66
EXPRESSION CORRESPONDANTE
Analyse critique et dénonciatrice
Présentation de raisons personnelles
Interrogations sur une démarche à suivre et justifications de
cette démarche
Étude lexicale et sémantique d’un terme
Présentation de plusieurs constats et d’explications
Évocation violemment dépréciative
Exposé accompagné de citations et de données chiffrées
Exposé structuré de situations difficiles et de solutions pour y
remédier
Premier et Le Second s’opposent sur la place de
la sensibilité dans l’interprétation.
● Document 3
L’extrait de l’essai Patrimoine industriel, d’E. de
Roux, explique, en 2000, les raisons de sauve-
garder les sites industriels, qui témoignent d’une
époque à laquelle nous sommes redevables et
dont la disparition nous priverait de repères et de
savoirs.
● Document 8
Médecin au Centre d’accueil et de soins hospi-
taliers de Nanterre, J. Hassin est confronté à la
situation des SDF. Dans une conférence pronon-
cée en 2007 dans le cadre de l’Université de tous
les savoirs (UTLS), il expose la vie de ces « êtres
invisibles » et les difficultés qu’ils rencontrent pour
sortir de l’exclusion.
65
 EXERCICE 4
ll s’agit ici de présenter deux documents en les rat-
tachant l’un à l’autre.
Sur le thème du travail et de la manière dont il est
jugé et vécu, on peut rapprocher deux documents
de genre différent. Le premier est un extrait du
roman de B. Vian L’Écume des jours (1947). Il met
en scène deux jeunes gens qui parlent du travail
et de la manière dont on inculque aux travailleurs
l’idée que c’est quelque chose de sacré. L’autre
extrait d’un essai intitulé Le Harcèlement moral,
qui date de 1998 et qui a pour auteur une psychia-
tre, M.-F. Hirigoyen, donne du travail une image
dévalorisée et décevante, du fait de l’attitude de
certaines entreprises, qui finissent par désespérer,
voire détruire, ceux qui travaillent pour elles.
EXERCICE 5
Idées des lignes 23-32 du document 5
Les garçons ont le droit de sortir du milieu fami-
lial pour leurs loisirs, l’intérieur étant davantage
réservé aux filles, dont on attend qu’elles aident
leur mère dans les activités du ménage, de la
cuisine et de la garde des plus jeunes.
EXERCICE 6
Idées du dernier paragraphe du document 3
L’univers industriel a subi, depuis vingt ans, des
évolutions profondes et rapides qui nous confron-
tent à la question de la sauvegarde d’un héritage
dont une grande partie a déjà disparu.
66
EXERCICE 7
Résumé des deux derniers paragraphes du docu-
ment 5
Les inégalités filles / garçons sont aussi familiales.
Les garçons ont plus facilement la permission
de sortir de la famille, de façon générale et pour
leurs loisirs. Cette différence atteint les activités
ménagères, plutôt attribuées aux filles, qui doivent
aider leurs mères. On explique cette répartition
sexuée par la croyance qu’il existe des domaines
– extérieur, sciences – et des comportements
masculins tandis que d’autres – intérieur, lettres
– sont spécifiques aux femmes. Cette répartition
est moins nette qu’en 1950, mais elle se nourrit
des traditions sociales, scolaires et professionnel-
les. (88 mots)
■ ACTIVITÉS ORALES
EXERCICE 8
L’exercice peut se faire par groupe de deux étudiants.
EXERCICE 9
Il peut être intéressant de mettre en parallèle diffé-
rentes versions d’un même extrait des Essais, en
langue d’origine, en langue modernisée et en langue
traduite, dans une perspective de réflexion sur
l’évolution de la langue. Un tel exemple pourrait être
repris dans le travail d’écriture personnelle associé à
la réforme de l’orthographe (chapitre 20, p. 200).
CHAPITRE
7 Analyser
un extrait de presse
Livre de l’étudiant ➜ p. 67 à 79

A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Michel Le Bris, « Orients rêvés, Orients réels », extrait ➜ p. 67

du dossier de presse du festival « Étonnants Voyageurs »

(Saint-Malo, 2006) THÈME : le voyage

Intérêts du document
Un texte lyriqu
lyrique qui célèbre, à travers des images traditionnelles, le caractère présenté
comme mystérieux et magique de l’Orient, illustration d’un ailleurs de rêve ; des éléments
de réflexion sur les relations entre l’Orient et l’Occident ; une interrogation sur la frontière
entre le rêve et la réalité, à l’occasion d’une rencontre d’auteurs de récits de voyages ; le
caractère apologétique et publicitaire d’un dossier de presse.

les termes sagesse / raison, sensualité / morale, tradi-

Pour analyser le document
tion / histoire ?

1 Différents thèmes et registres adoptés
Le thème du voyage et les pays concernés par le
festival « Étonnants Voyageurs » de 2006 orientent
l’article du dossier de presse vers l’Orient, qui
occupe une place importante dans le texte. Ce fil
conducteur lexical et thématique permet à celui qui
écrit d’aborder diverses orientations corollaires. On
trouve ainsi successivement :
● les images littéraires de l’Orient qui pourraient
être aussi des images cinématographiques ; réfé-
rence à Baudelaire et à toute l’imagerie orientale
du XIXe siècle, avec, pêle-mêle, les merveilles, le
raffinement, la lumière, les mystères, le souvenir des
Mille et une nuits, les conquérants de Heredia et les
voyages de Nerval. Les deux premiers paragraphes
regroupent une véritable mythologie du voyage
en Orient, et d’un Orient fantasmatique, présenté
comme une sorte de miroir qui concentre l’imagi-
naire, les émotions, les souvenirs.
● la difficulté qu’il y a à situer cet Orient fan-
tasmé et déformé par l’exotisme de convention. Le
texte fait surgir ce qui oppose l’Orient et l’Occident,
avec cette question : l’un des deux mondes n’est-il
pas le double inversé de l’autre, ce qui émane de la
manière dont semblent s’opposer, mais sans heurt,
● la révélation, dans les deux derniers paragra-
phes, des différences profondes qui opposent deux
mondes et des interrogations sur leur coexistence et
un destin commun : confrontation, ou échanges et
interpénétration ?
● l’évocation d’un extraordinaire bouillonnement
culturel à l’est et la volonté de le découvrir et de le
faire découvrir à travers la littérature et les récits de
voyages.
➤ Sur un mode apologétique et lyrique tout à la fois,
la présentation du festival prend la forme d’un éloge
très accentué de l’Orient et du voyage, soulignant à
travers de nombreux termes très valorisants, char-
gés de mythologie, de mystique et de fascination, le
charme et la magie des récits de voyages dans des
contrées lointaines qui continuent d’étonner, mais
qui inquiètent aussi parfois.
2 Ce à quoi se trouvent associés le voyage et
l’Orient et données non abordées
Le voyage et l’Orient se trouvent associés successi-
vement aux éléments suivants :
● le dépaysement exotique, l’évasion, la découverte
de mondes différents caractérisés par des richesses,
des merveilles, des couleurs, des senteurs. L’Orient
67
 est présenté, fondamentalement, comme ce qui est
différent ;
● des destinations plus rêvées que réelles, un
ailleurs insaisissable avec ce qu’il fait naître d’es-
poirs et de peurs, parce qu’il est autre. Il fascine et
effraie, prenant la forme d’un univers imaginaire qui
offre ce que ne donne pas l’Occident, qui pense,
réagit et ressent avec un esprit, une pensée, une
sensibilité différents, qui suscite la curiosité et les
interrogations ;
● des craintes devant la découverte d’un monde en
totale ébullition, foisonnant et créatif, gigantesque et
en développement constant : l’Orient mythique se
trouve associé à une réalité humaine et économique
qui fait peur ;
● des débats, des réflexions, des lectures, des
échanges : on est à la fois dans la littérature et dans
la réalité, dans les légendes et dans l’Histoire.
➤ Le texte fait ressurgir les images traditionnel-
les d’un Orient magique auxquelles viennent se
superposer des images plus réalistes. On remarque
cependant que le texte n’aborde pas certaines
réalités historiques concernant certains pays d’Ex-
trême-Orient : le développement intensif de l’indus-
trie et de l’exploitation des ressources naturelles,
l’agressivité commerciale (Chine), la démographie
(en Chine), la question des droits de l’homme (en
Chine, au Tibet, en Birmanie…), l’existence de régi-
mes autoritaires…

Vers la synthèse ➜ p. 68

1 Deux documents : consigne ➜ p. 68 (NT*).

Deux documents : consigne ➜ p. 88 haut (NT).
2 Trois documents : « Les conquérants », extrait des Trophées, de J. M. de Heredia (document 1 ➜ p. 108),
extrait de l’essai Tristes tropiques, de C. Lévi-Strauss (document 2 ➜ p. 61), extrait du dossier de presse du
festival « Étonnants Voyageurs », de M. Le Bris (document 3 ➜ p. 67).

Intérêts du rapprochement
Trois documents de genre, d’époque et de registre différents, donnant des images différentes des voya-
ges, entre rêve et réalité : l’éloge des voyages fascinants se heurte à la présentation de la réalité indus-
trielle, économique et politique.

La consigne de l’exercice (p. 68) demande d’étudier
en quoi l’éloge des voyages peut être contrebalancé
par l’évocation de certains aspects de la réalité.
Le plus simple est d’adopter une organisation en
« thèse » / « antithèse », pour étudier dans une pre-
mière partie les aspects du voyage qui méritent un
éloge puis dans une seconde partie les caractéris-
tiques d’une réalité qui s’y oppose. On peut aussi
regrouper les éléments sous forme de tableau. C’est
ce que nous proposons ici.

DOCUMENTS ÉLOGE DU VOYAGE RETOUR À LA RÉALITÉ

1. « Les conquérants »,
J. M. de Heredia
((Les Trophées, 1893)
texte poétique (sonnet)
1 merveilleux et fascinant.
– Voyage présenté comme une Évocation de la violence, de la
libération, une compensation à la brutalité, de la conquête ; voyageurs
misère, comme un rêve, comme comparés à des oiseaux de proie, à
la réalisation d’un espoir et d’une des soudards sans foi ni loi.
attente.
– Voyage associé à une aventure, à
la recherche de métal précieux et
d’enrichissement.
– Voyage assimilé à une exploration
épique et à la découverte de contrées
mystérieuses, de connaissances
nouvelles ; voyage vécu comme

* Non traité.
68
 Analyser un extrait de presse
2. C. Lévi-Strauss, Tristes Évocation de la magie ancienne
tropiques (1955) des voyages : promesses, trésors,
extrait d’essai exotisme, découverte ; possibilité
d’entrer dans des régions inconnues
et de rencontre avec des populations
dont la vie a échappé à la civilisation.
CHAPITRE
7
Présentation très critique
des destinations des voyages
exotiques, destinations gâchées
par l’industrialisation : ce qui
était naturel et sauvage est vicié et
corrompu, détérioré par les sous-
produits de la civilisation, uniformisé
sous des aspects dégradés et altérés.
> Perte de la signification et du
charme des voyages ; illusion des
récits de voyage qui rapportent une
réalité qui n’existe plus et dont la
civilisation de masse montre la face
corrompue.

3. M. Le Bris, dossier de – Évocation, à travers une référence Inquiétudes relatives à un

presse du festival « Étonnants
Voyageurs » (2006)
à Baudelaire, du charme des voyages,
des pays exotiques ; images et
parfums venus d’Orient.
– Voyage assimilé au rêve, associé à
la lumière, à des cultures différentes,
à des paysages rêvés, au mystère, au
mysticisme, remèdes aux morales
étriquées et recherche de la sagesse.
affrontement Orient / Occident, à
cause de différences profondes liées
à l’histoire ; festival considéré comme
une porte ouverte aux rencontres
et réconciliations ; le voyage est
l’occasion de considérer certains états
de fait historiques et de se demander
dans quelle mesure il peut aider à en
atténuer la réalité.

➤ Les trois documents consacrés au voyage font res-
sortir les caractéristiques traditionnelles du voyage :
dépaysement, découverte, fascination devant les
merveilles aperçues, mais posent la question de la
survivance des merveilles. La réalité historique et
industrielle a modifié les lieux qui constituaient les
destinations des voyages exotiques : découverte des
méfaits de la civilisation, les voyages servent aussi à
découvrir que le modèle occidental n’est pas néces-
sairement le meilleur et que les Occidentaux ne sont
pas toujours les bienvenus. La difficulté s’oppose
souvent au rêve et oblige à « revenir sur terre ».
Trois documents : consignes ➜ p. 88 haut (NT) et
p. 132 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 153 (NT).

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 68

1 Sujet ➜ p. 62 (NT).
Sujet ➜ p. 108. Ce sujet est traité p. 133 de ce guide pédagogique, chapitre 11 (Analyser un extrait poétique).
Sujet ➜ p. 132. Ce sujet est traité p. 173 de ce guide pédagogique, chapitre 13 (Analyser une publicité).

DOCUMENT 2 Serge-Félix N’Piénikoua, article de ➜ p. 68

Courrier internationall (juillet 2007) THÈME : l’exploitation des enfants

Intérêts du document
Un article venu du Bénin, étudiant la situation des enfants soldats en Afrique et permettant de
mieux comprendre un phénomène qui n’est pas vu de la même manière en Europe et en Afrique ;
un article de nature à susciter des réflexions sur la distance entre ce phénomène et l’existence
d’une convention internationale définissant les droits – en l’occurrence bafoués – des enfants ; le
texte est intéressant par l’imbrication des explications, des faits et de leurs conséquences.

69

Pour analyser le document
1 Le phénomène et différentes explications
L’article du journaliste béninois met en évidence un
phénomène dont il donne aussi certaines caractéris-
tiques et certaines explications.
● Le phénomène : il s’agit de l’enrôlement forcé
(l. 24) d’enfants à qui l’on donne des armes, une
formation rapide (l. 4-5), que l’on drogue et que l’on
conditionne (l. 5) par différents moyens, pour les
amener à tuer comme le font les combattants adultes.
Munis d’armes automatiques comme les kalach-
nikovs (l. 16, 24-25), privés de la force de résister,
contraints d’obéir à ceux qui les ont recrutés, ils
sont obligés de combattre et deviennent rapidement
de véritables machines de guerre (l. 6). Les pays
concernés sont nombreux : Liberia, Angola, Tchad,
République démocratique du Congo, Sierra Leone,
Soudan. D’après l’article, ces enfants constituent
des troupes importantes – le gros des troupes (l. 13-
14) ; ils sont mis en première ligne et ne participent
pas au partage du butin.
● Ses explications : l’article donne plusieurs
explications qui relèvent de domaines différents.
L’enrôlement des enfants est présenté, au début de
l’article, comme un moyen de suppléer au manque
– insuffisance numérique (l. 3) – de combattants
adultes. Une seconde explication vient de la nature
même des enfants : jeunes, fragiles, facilement
influençables et vivant parfois dans la misère, ils
constituent des proies faciles pour les recruteurs
qui les droguent et les endoctrinent, les plaçant
ainsi dans un cercle vicieux (l. 24) auquel ils peuvent
difficilement échapper, une fois qu’ils sont devenus
des machines de guerre (l. 6).
Mais on peut observer qu’il y a d’autres explications,
qui se situent sur un plan culturel et traditionnel.
Ainsi, l’auteur de l’article explique (l. 21) que, pour
certains Africains, un enfant en guerre peut être
considéré comme un adulte (affirmation qui semble
Vers la synthèse ➜ p. 69
1 Deux documents : extrait de presse de S.-F. N’Piénikoua (➜ p. 68) et extrait de la Convention interna-
tionale des droits de l’enfant (➜ p. 163).
Intérêts du rapprochement
Mise en parallèle de deux documents antinomiques mais en même temps indissociables. Le premier
présente un état de fait qui contrevient à ce que définit le second, mais le second a été édicté en raison
de l’existence de diverses formes d’exploitation des enfants. Le second document doit aider à limiter le
phénomène analysé dans le premier et doit permettre de le sanctionner.
70
un peu en opposition avec ce qui est dit à la fin du
texte sur l’importance de l’initiation et de l’apprentis-
sage des armes traditionnelles) et qu’un enfant dont
les parents ont été tués peut prendre les armes pour
les venger, et cela quel que soit son âge.
2 Les conséquences et les solutions envisa-
gées
Le phénomène des enfants soldats présente diffé-
rentes conséquences : la première est de transfor-
mer des enfants qui devraient être à l’école en tueurs
impitoyables peu conscients de leurs actes du fait
de la drogue et de l’endoctrinement. Confrontés
très jeunes à une violence subie et exercée lors des
combats, ils ne connaissent que cela et se trouvent
totalement déshumanisés (l. 11), sans repères ni
valeurs d’aucune sorte. Une deuxième conséquence
est que l’acceptation du phénomène par une partie
de la population, comme le montrent les expressions
beaucoup d’Africains considèrent que (l. 20-21),
certains vont même jusqu’à penserr (l. 22), pour des
raisons qui ne sont pas données dans le texte, est
de nature à modifier des pratiques et des croyances
ancestrales, selon lesquelles seuls les adultes pren-
nent part à la guerre, pas les enfants.
En ce qui concerne les solutions, on peut compren-
dre que, dans les conditions énoncées, elles ne vien-
nent pas des pays concernés, ni même des autres
pays africains. Il y a cependant un espoir qui réside
dans la présence, d’une part, de certaines ONG qui
ont pris le problème en main et, d’autre part, du
Tribunal pénal international. Le tribunal sanctionne,
les ONG s’efforcent de « ré-humaniser » les enfants
en les faisant sortir des conflits pour leur donner
une formation, une éducation leur permettant de se
réintégrer à une vie sociale.
➤ Outre la déshumanisation dont les enfants sont
les premières victimes, le phénomène des enfants
soldats confronte certains pays d’Afrique à un bou-
leversement des traditions au profit des situations de
violence et de guerre.

La consigne demande de faire apparaître les points
sur lesquels s’opposent les deux documents. Nous
donnons une réponse sous forme de tableau à partir
duquel les étudiants peuvent passer à la rédaction.
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
La colonne de droite reprend les différents droits qui
devraient être respectés et qui sont bafoués dans la
situation des enfants soldats.

ARTICLE DE S.-F. N’PIÉNIKOUA CONSACRÉ AUX ENFANTS CONVENTION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’ENFANT
SOLDATS

Enrôlement de force des enfants.
Enfants drogués, endoctrinés, ayant perdu leur
possibilité de décider et de refuser.
Enfants contraints de se battre / transformation des
enfants en machines de guerre / idée qu’un enfant en
guerre n’est plus un enfant.
Article 27 : droit à un niveau de vie décent pour
assurer le développement physique, mental, spirituel,
moral et social.
Article 28 : droit à l’éducation grâce à un
enseignement obligatoire / obligation de fréquenter
l’école.
Article 31 : droit aux loisirs (repos, jeux, activités
récréatives).
Article 32 : droit à la protection contre l’exploitation :
impossibilité d’obliger un enfant à accomplir une
tâche dangereuse et non éducative.
Article 24 : droit à la santé relevant des États qui
doivent assurer la lutte contre les maladies et contre la
malnutrition et garantir la fourniture d’eau potable.
Article 28 : droit à l’éducation / enseignement
obligatoire / fréquentation régulière de l’école.
Article 31 : droit aux loisirs.
Article 32 : droit à la protection contre l’exploitation.
Article 27 : droit à un niveau de vie décent.
Article 28 : droit à l’éducation.
Article 31 : droit aux loisirs.
Article 32 : droit à la protection contre l’exploitation.

➤ La mise en parallèle des deux documents montre
que la situation des enfants soldats et les traite-
ments auxquels on les soumet pour les enrôler et
pour les exploiter contreviennent de façon flagrante
à au moins quatre articles fondamentaux de la
Convention internationale des droits de l’enfant.
Cette convention relève de l’ONU et de l’UNICEF :
son inapplication montre l’ampleur du phénomène
des enfants soldats et la gravité de la manière dont
sont considérés certains enfants.
Deux documents : consigne ➜ p. 109. Ce sujet est
traité p. 135 de ce guide pédagogique, chapitre 11
(Analyser un extrait poétique).
Deux documents : consigne ➜ p. 128 (NT).
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 128. Ce
sujet est traité p. 165 de ce guide pédagogique,
chapitre 13 (Analyser une publicité).
Quatre documents : consignes ➜ p. 152 (NT) et
p. 164 (NT).

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 69

1 Sujet ➜ p. 69.
Intérêts du sujet
Un sujet qui prend appui sur des exemples d’exploitation des enfants et qui ne demande pas explicite-
ment de donner un avis personnel. Il donne l’occasion de mettre en parallèle, compte tenu de sa formu-
lation et de son orientation, la construction et la rédaction de la synthèse d’une part, la construction et la
rédaction de l’écriture personnelle d’autre part. La possibilité d’aller chercher des exemples au-delà du
corpus fait comprendre le caractère particulier de l’écriture personnelle.

71
 Le sujet demande d’expliquer en quoi l’exploitation
des enfants, sous ses différentes formes, constitue
un traitement inhumain. Une telle réflexion, qui offre
peu de possibilités d’objections, mais peut orienter
vers une recherche de solutions, est traitable sous la
forme de quelques paragraphes dont nous donnons
ici les grandes lignes. Ces grandes lignes peuvent
ensuite faire l’objet d’un exercice de rédaction et de
développement, avec insertion d’exemples divers.
I – LE CARACTÈRE INHUMAIN DE L’EXPLOITATION
DES ENFANTS
1. L’inhumanité vient de ce que l’on met des enfants
dans une situation d’adulte : ils sont confrontés
à des scènes traumatisantes, qui ne sont pas de
leur âge et qui relèvent de la violence : détenir des
armes, être poussé à tuer, massacrer, participer aux
combats et aux tueries, être acteurs et victimes à la
fois de la guerre. Conduire des enfants à considérer
que la guerre et les armes sont un gagne-pain revient
à les mettre dans des conditions de vie qui n’ont
rien à voir avec l’enfance et qui peuvent la détruire
irrémédiablement.
2. L’inhumanité vient aussi de ce que les enfants
sont privés de ce dont ils ont fondamentalement
besoin : une éducation scolaire, une formation leur
permettant de construire un avenir d’adulte. Il est
inhumain de refuser à des enfants la connaissance,
le savoir. En agissant ainsi, on détruit probablement
de manière définitive leur possibilité de devenir des
adultes conscients et responsables : n’ayant connu
que la guerre, ils ne peuvent voir la vie qu’à travers
les conflits, la violence. Ils entrent ainsi malgré eux
dans une spirale de destruction de ce qu’il y a d’hu-
main en eux.
3. L’inhumanité vient enfin de l’exploitation de ceux
qui sont faibles et sans défense par des adultes
qui devraient au contraire les protéger. Il y a là une
DOCUMENT 3 N. Guibert et J.-P. Langellier, « M. Sarkozy entend
développer le réseau de vidéosurveillance »,
Le Mondee (10 juillet 2007)
Intérêts du document
Un article de presse posant avec clarté un problème d’actualité, la question du développe-
ment de la vidéosurveillance et des garanties offertes aux citoyens en matière de protection
de leur vie privée.
72
inversion des rôles insupportable : on utilise les
enfants parce qu’ils sont petits et peuvent accéder
à des lieux de travail inaccessibles aux adultes ;
on les exploite parce qu’ils n’ont pas de moyens
de défense, du fait de leur âge et souvent de leur
situation sociale (abandonnés, orphelins, sans
aucun recours, vivant dans la rue). Bien souvent, les
conditions de travail imposées – horaires, fardeaux
à porter… – n’ont rien à voir avec les capacités
physiques d’enfants.
On les exploite aussi précisément parce qu’ils sont
enfants, chair fraîche dans le cas de la pédophilie et
de la prostitution enfantine, et qu’ils sont considérés
comme une véritable marchandise.
4. On peut encore considérer que l’inhumanité vient
de ce que les enfants ne bénéficient à aucun moment
d’un respect de leurs choix et de leurs désirs. Si
on les drogue pour les enrôler, si on les endoctrine
avec des discours qu’ils ne comprennent pas, si on
leur fait miroiter un butin qu’on ne leur donne pas
ensuite, on les leurre et on les met dans une situa-
tion de dépendance en abusant de leur liberté et en
abusant aussi des choix de leurs parents, quand ils
en ont. On peut citer comme exemples les enfants
contraints par des trafiquants (comme leurs parents)
à avaler des capsules de drogue qu’ils font ainsi
passer d’un pays à un autre.
➤ Les différentes formes d’inhumanité sont en
complète opposition avec les droits définis par la
Convention internationale des droits de l’enfant, ce
qui laisse perplexe, compte tenu du nombre d’en-
fants exploités. On peut s’interroger alors sur les
solutions à envisager.
2 Sujet ➜ p. 95 (sujet 1). Ce sujet est traité dans
ce guide pédagogique, p. 112, chapitre 9 (Analyser
un schéma, un document chiffré).
Sujet ➜ p. 164 (NT).
➜ p. 69
THÈME : les menaces sur les libertés

Pour analyser le document
1 Constats, justifications et réactions
L’article fait état de la multiplication des systèmes de vi-
déosurveillance, explique quelles sont les justifications
avancées et signale un certain nombre de réactions.
● Les constats : l’article commence par un exposé
concernant l’Angleterre, avec des chiffres précis :
4,2 millions de caméras de surveillance (1 pour 14
personnes), une preuve de leur omniprésence par l’in-
dication des lieux – partout (l. 3) – où elles se trouvent,
voies de circulation, transports en commun, stades et
centres commerciaux (l. 3 à 5). Le détail des situations
de surveillance révèle qu’un habitant de Londres peut
être filmé 300 fois par jour. Ces différents chiffres vien-
nent illustrer l’idée exprimée dans la première phrase,
le peuple le plus épié au monde. Viennent ensuite des
constats qui concernent la France : l’augmentation de la
vidéosurveillance depuis 1995, la réclamation du minis-
tère de l’intérieur (l. 32) demandant plus de caméras, le
durcissement de la loi en 2005 (l. 38), la possibilité don-
née aux gendarmes et à la police d’accéder aux images
sans aucun contrôle judiciaire. Le dernier constat est
celui du pouvoir des matériels accessibles à tous et qui
permettent à chacun de surveiller ses voisins.
● Les justifications : le constat du développement
de la vidéosurveillance est accompagné dans le texte
par plusieurs justifications. La vidéosurveillance est
présentée comme un système de sécurité dans la
lutte contre le terrorisme (l. 7) et elle apparaît d’autant
moins inquiétante qu’apparemment ce développe-
ment s’accompagne de garanties suffisantes. Il est
question, pour l’exemple anglais, de garde-fous
légaux protégeant le citoyen (l. 8) contre différents
excès. En France, les justifications sont proches : il
est question de protéger les bâtiments publics, de
réguler, en le surveillant, le trafic routier. Là encore,
on signale la présence de garanties solides concer-
nant les lieux d’implantation des caméras (pas à
l’intérieur des immeubles d’habitation), l’autorisation
venue d’une commission présidée par un magistrat,
et la durée de conservation des images et la durée
de stockage des données. Les garanties fournies
consolident les justifications en faisant apparaî-
tre qu’il n’y a pas de danger pour les libertés des
Vers la synthèse ➜ p. 71
1 Deux documents : article du Monde (➜ p. 69) et photo (➜ p. 154).
Intérêts du rapprochement
Mise en parallèle de deux documents de nature différente, qui ont des liens très étroits : l’image repré-
sente un système de surveillance dont il est question dans le texte. Le rapport entre les deux est celui
de l’illustration : l’image illustre le texte, le texte explicite l’image et attire l’attention sur ce que ne révèle
peut-être pas la photo.
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
citoyens. Néanmoins, cela n’empêche pas diverses
réactions, qui ne sont pas positives.
● Les réactions : le texte signale les réactions de
certaines associations (l. 9), réactions d’inquiétude
en Angleterre devant l’ampleur de la collecte d’infor-
mations concernant la vie privée des citoyens (l. 10-
11). On note des réactions similaires en France, du
côté de la CNIL (voir p. 164 du manuel), qui émet des
inquiétudes concernant les menaces qui pèsent sur
les libertés à partir du moment où les faits et gestes
des individus sont filmés et les images conservées.
En particulier, la CNIL juge que les garanties don-
nées ne sont pas suffisantes. Les associations des
droits de l’homme émettent elles aussi, d’après le
texte, un avis inquiet et suggèrent que les systèmes
de vidéosurveillance soient eux-mêmes contrôlés.
2 Des notions contradictoires
L’existence de la vidéosurveillance et son développe-
ment sont partout présentés comme des protections
contre le terrorisme et sont donc considérés comme
des instruments de sécurité en faveur des citoyens. De
même, la surveillance de la circulation routière permet
de réguler le trafic et se présente comme une aide
offerte aux automobilistes qui peuvent ainsi circuler
avec plus d’informations. Ainsi, pour des raisons de
protection des individus et de surveillance des lieux,
il semble normal d’enregistrer les faits et gestes des
voyageurs dans les gares, sur les autoroutes, dans les
magasins, dans les parkings, en fait, presque partout.
Mais d’un autre côté, la conséquence de cette sur-
veillance des lieux et des gens fait que les individus
sont constamment filmés : les inquiétudes viennent
de ce que l’on peut se poser les questions suivantes :
qui a accès officiellement aux données (aux images
filmées) ? Que peuvent devenir ces images ? Il y a
une évidente contradiction entre l’idée de sécurité,
bénéfique, et le danger de l’utilisation des données de
la surveillance, s’il n’y a aucune protection juridique,
aucun contrôle de l’utilisation des données. Ce qui
se joue ici est une sécurité annoncée (mais de quelle
nature en réalité ?) et un enregistrement des faits et
gestes de chacun qui peut être par la suite utilisé de
manière dévoyée. Il se peut qu’une sécurité contre
un danger soit remplacée par un autre danger, dont
personne ne mesure l’ampleur.
73
 Les points communs entre l’article du Monde de
N. Guibert et J.-P. Langellier et la photo du poste de
contrôle de la RATP sont en relation avec la question
de la vidéosurveillance. Dans l’article, il est question
de surveillance dans le métro, et l’on voit sur l’image
deux écrans qui concernent le métro. Sur le premier,
le plus à gauche de la photo, on distingue l’agglomé-
ration parisienne (tache de la couleur la plus claire)
avec le réseau de métro et celui des autobus, ce qui
permet de situer toutes les stations. Sur le second
écran, on voit un quai de métro avec diverses person-
nes dont une au premier plan. Cette image provient
d’une caméra placée sur le quai et enregistrant tout
ce qui s’y passe. On peut déduire de cette présence
que ce genre de dispositif se trouve sur tous les
quais de métro et dans les couloirs, ce qui permet
de surveiller les agissements et les déplacements
des personnes. S’il est difficile de distinguer ce qui
figure sur le troisième écran (des lignes rouges),
en revanche, le quatrième montre de nouveau des
personnes. Les écrans de surveillance permettent
de comprendre de quelle manière sont captées les
images des voyageurs dans les transports en com-
mun. Un deuxième point commun apparaît entre le
texte et l’image. Le texte souligne les inquiétudes
de la CNIL et de diverses associations, tant en
Angleterre qu’en France : ces inquiétudes portent
sur l’utilisation des données. Or l’image montre des
observateurs devant les écrans : la question que l’on
peut se poser est : que font-ils exactement ? De quel
pouvoir disposent-ils ? Quelle garantie offrent-ils en
ce qui concerne la conservation et l’utilisation des
données ? Ces questions sont explicitement envi-
sagées dans le texte à propos de toutes les formes
de surveillance, pas uniquement celles du métro. On
retrouve ici ce qui est à l’origine des inquiétudes des
associations, à défaut de l’être chez les particuliers,
qui ne mesurent pas toujours à quel point ils sont
surveillés, enregistrés, et peut-être fichés.
➤ Le rapprochement des deux documents montre
que l’un peut servir d’illustration à l’autre. Mais l’image
seule est peut-être rassurante et évoque la sécurité,
tandis que le texte fait surgir des thèmes de réflexion
et peut-être quelques inquiétudes chez le lecteur, qui
prend conscience des risques. En ce sens, les deux
documents se complètent, l’un exprimant clairement
ce que l’autre se contente de montrer.
Deux documents : consigne ➜ p. 98. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 117, chapitre 9
(Analyser un schéma, un document chiffré).
Deux documents : consigne ➜ p. 166 (NT).

2 Trois documents : document de référence définissant la CNIL (document 1 ➜ p. 164) ; extrait d’un
essai de Ph. Breton, Le Culte de l’Internet : une menace pour le lien social ? (document 2 ➜ p. 62) ; article du
Monde de N. Guibert et J.-P. Langellier (document 3 ➜ p. 69).

Intérêts du rapprochement
Mise en évidence, à travers trois documents qui ne se trouvent pas très éloignés dans le temps, des
différents dangers que la surveillance électronique et Internet peuvent faire peser sur la vie privée et
sur les libertés des individus ; interrogation sur les pouvoirs dont dispose la CNIL, organisme officiel de
contrôle.

La consigne de l’exercice demande de faire appa-
raître les menaces qui pèsent sur les libertés indivi-
duelles et les moyens mis en œuvre pour les limiter.
Nous donnons la présentation et les grandes lignes
du rapprochement.
PRÉSENTATION
L’importance prise par Internet dans la vie quoti-
dienne des individus d’une part, le développement
de la surveillance électronique de l’autre, font peser,
selon certains observateurs, de sérieuses menaces
sur les libertés. Trois documents s’intéressent à cette
question et apportent des éléments de réflexion. Le
premier est un document officiel qui définit, depuis
1978, la Commission Nationale de l’Informatique et
des Libertés dont l’intitulé associe clairement libertés
et informatique et dont l’existence renvoie à la notion
de vie privée, de fichier et de surveillance. Un extrait
d’essai de Ph. Breton, Le Culte de l’Internet : une
74
menace pour le lien social ? (2000), s’intéresse plus
particulièrement à la manière dont se fait la publicité
sur Internet et signale les risques courus par les
consommateurs. Enfin, un article du quotidien Le
Monde, signé N. Guibert et J.-P. Langellier (2007),
aborde la question de la télésurveillance et de son
développement au nom de la sécurité. Le rappro-
chement des trois documents permet d’étudier les
menaces sur les libertés et les solutions envisagées.
I – LES MENACES QUI PÈSENT SUR LES LIBERTÉS
Présence dans les trois documents de l’affirmation
selon laquelle les libertés individuelles sont mena-
cées : document 1 : les dangers que l’informatique
peut faire peser sur les libertés (l. 32) ; document 2 :
les libertés sont menacées par le développement
du commerce électronique (l. 1-2) ; document 3 :
il est question d’alerte à la société de surveillance

et de sauvegarde de la vie privée. Quelles sont ces
menaces ?
● La surveillance vidéo, de plus en plus fréquente
et en voie de progression, notamment en France
(chiffres donnés pour l’Angleterre et pour la France
dans le document 3) ; circuits installés partout pour
surveiller les citoyens pour des raisons de sécurité et
de lutte contre le terrorisme (document 3) ; dévelop-
pement de la cybersurveillance indiquée par le docu-
ment 2 et signalée par le document 1 : les individus
sont filmés et, selon le document 3, les informations
sont conservées sans garantie juridique ; la CNIL
s’inquiète de l’utilisation possible des données enre-
gistrées. La création de la CNIL est le signe même
des dangers qui existent et qui sont aggravés par
l’existence de matériels commercialisés. Toute sur-
veillance illégale est une atteinte à la vie privée.
● Le commerce et la publicité électroniques :
autres aspects de certaines menaces sur les libertés
(document 2 essentiellement) ; existence des cookies
qui permettent aux annonceurs publicitaires d’obtenir
des informations très précises sur les consommateurs,
individuellement, de manière à mieux cibler leur publi-
cité. Il est question de transmission de fichiers dans
le document 1 et d’interférences dans le document
3 : l’une des tâches de la CNIL est de les contrôler,
ce qui révèle que des transmissions illégales doivent
être surveillées et sanctionnées. On peut parler aussi
d’atteinte aux libertés quand la possibilité de choisir
se trouve diminuée par différents brouillages qui font
que l’on ne sait plus ce qui relève de l’information et
ce qui relève de la publicité (document 2).
➤ On peut parler de menaces pesant sur les libertés
individuelles à partir du moment où un individu est
surveillé, filmé, épié à son insu et qu’il ne sait pas que
son image et des données le concernant circulent et
peuvent faire l’objet de diverses démarches plus ou
moins légales. Les trois documents mettent l’accent
sur l’existence de fichiers dont les intéressés ne
soupçonnent même pas qu’ils existent. La menace
est d’autant plus grave que l’on ne sait ni d’où elle
vient ni quelles formes elle peut prendre.
DOCUMENT 4 Entretien accordé à La Gazette du Palaiss par le
généticien Axel Kahn (2007)
Intérêts du document
Une réflexion sur la médecine et sur la manière dont se modifient les relations entre les
patients et les médecins ; ce que cela révèle sur le plan des comportements individuels et
sociaux ; un thème emblématique parce qu’il touche aux questions de vie et de mort.
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
II – COMMENT LIMITER LES DANGERS
La réponse à cette question est donnée à la fois par
la création et l’existence de la CNIL (document 1) et
par des mesures précisées dans le document 3.
● La présence d’une commission de contrôle :
présence de la CNIL dans les trois documents :
référence à deux rapports annuels exprimant des
inquiétudes (documents 2 et 3) en 1999 et 2006,
texte officiel définissant la commission (document
1) ; importance d’une telle commission, qui est indé-
pendante et peut agir en sanctionnant des excès ;
possibilité, pour la CNIL, de proposer des mesures
législatives, d’exercer un droit de surveillance et de
contrôle des systèmes d’information ; possibilité de
sanctionner par une amende toute utilisation illégale
de données informatiques.
● Des réglementations diverses : existence
de telles réglementations envisagée à la fois dans
le document 1 (c’est le rôle de la CNIL) et dans le
document 3 qui signale la nécessité d’obtenir une
autorisation préfectorale donnée après l’avis d’une
commission présidée par un magistrat ; pas de
surveillance à l’intérieur des immeubles ; obligation
de détruire les enregistrements dans un délai d’un
mois.
➤ Il existe ainsi des garde-fous, mais ils semblent
insuffisants et il n’est pas certain que les réglemen-
tations soient toutes suivies ni que les garanties
juridiques instituées soient toutes respectées. C’est
ce qui ressort du document 3.
Quatre documents : consigne ➜ p. 98 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 154. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 209, chapi-
tre 15 (Analyser une photo).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 71
1 Sujet ➜ p. 71 (NT).
2 Sujets ➜ p. 63 (NT) et p. 166 (NT).
➜ p. 71
THÈME : les dérives de la médecine
75

Pour analyser le document
1 Les changements observés dans les rela-
tions entre patients et médecins
La question posée à A. Kahn oriente vers l’idée de
modifications critiquables intervenant actuellement
dans les relations entre les médecins et leurs
patients. C’est ce qui ressort du mot dérive (l. 2). On
peut identifier ces modifications.
● Le choix du médecin : en opposition avec
l’image paternaliste du médecin ayant un pouvoir sur
la clientèle (l. 5-8), ce qui se dégage aujourd’hui est
la demande, exprimée (et réalisée) par les malades,
de choisir leur médecin, et non d’aller consulter
systématiquement un « médecin de famille » qui a
tendance à disparaître. Celui qui parle assimile cette
demande de liberté de choix à une démarche qui se
traduit par du nomadisme médicall (l. 10, mot mis
entre guillemets dans le texte) : le patient change de
médecin tant qu’il n’a pas obtenu ce qu’il désire en
matière de résultat.
● Une relation contractuelle visant à l’efficacité :
la revendication de choix personnel du médecin est
indissociable, selon A. Kahn, de la notion de contrat
qui se met en place dans la relation médecin /
malade. Le médecin, devenu prestataire de services,
est considéré comme quelqu’un dont l’action doit
aboutir à un résultat attendu par le client / patient.
Ce dernier se juge alors en droit d’exiger plus que
la guérison d’un rhume ou le diagnostic de tel ou tel
mal. Le patient / client considère qu’il peut demander
plus, et parfois autre chose, parce qu’il instaure un
véritable contrat avec le médecin.
● Des demandes qui ne relèvent plus de la
médecine : le corollaire de la notion de contrat est
la modification des demandes (avec exigence de
résultats). A. Kahn les envisage dans deux domaines
problématiques : la chirurgie esthétique – le contrat
est de réparer dans le sens de l’esthétique et de faire
accéder à la beauté –, et la médecine du sport – le
contrat est la performance à atteindre – ce qui place la
médecine pas très loin du dopage. Il envisage aussi, à
travers les expressions bien-être mental, voire social
(l. 20), tout un domaine mal défini mais qui est en
relation avec l’idée de confort de vivre, par opposition
à tout ce qui est malaise, mal-être et dépression.
➤ Les changements observés sont révélateurs
d’une exigence d’autonomie et de liberté de choix
du patient en matière de médecin. Il y a là une forme
d’individualisme caractéristique de notre société.
On note d’autre part l’importance accordée à l’ap-
parence esthétique et surtout à l’idée qu’on peut la
modifier, soit pour atténuer une réelle laideur, soit
76
pour répondre à des canons de beauté dont les
mannequins, les « top models » et autres actrices
et acteurs de cinéma donnent l’exemple, soit pour
diminuer les atteintes de l’âge et paraître toujours
plus jeune. On note enfin l’importance accordée à la
performance, y compris à l’aide de produits illicites :
dominer, dépasser, faire plus, franchir des limites…
peuvent être considérés comme des caractéristiques
de notre époque.
2 La notion de dérives
On peut parler de dérives à partir du moment où
l’éthique et la déontologie ne sont plus respec-
tées. Dans les cas signalés par A. Kahn, il est bien
spécifié que ce n’est pas la demande de liberté de
choix du médecin par le patient qui est discutable,
mais sa conséquence, qui se traduit par un man-
que de continuité dans la démarche médicale et
la recherche systématique d’une satisfaction des
désirs (mot employé par celui qui parle l. 11). On
pourrait presque parler ici de « caprice ». Ce que
signale A. Kahn est une sorte d’inversion des rôles,
comme si le patient avait la compétence de déter-
miner quel médecin pouvait le mieux répondre à
ses attentes. Dans ces conditions, on peut craindre
que ne se mette en place une relation reposant à la
fois sur le pouvoir et sur l’argent, pouvoir du patient
devenu client et qui n’hésitera pas à faire intervenir
la justice (c’est un des corollaires observés actuel-
lement) si le « contrat » n’est pas rempli, pouvoir
de l’argent qui ouvre les portes et « facilite » les
transactions, notamment dans la médecine privée.
Le choix fait par A. Kahn de certains termes dans
son discours met particulièrement en évidence
les modifications de la relation médecin / patient :
nomadisme, nature contractuelle (l. 13, 18), être
requis (l. 22), dopage frauduleux (l. 26), exigence
du malade (l. 28), enjoint (l. 28). Dans le contexte,
tous ces termes ont des connotations négatives.
Vers la synthèse ➜ p. 72
1 Deux documents : consigne ➜ p. 72 (NT).
Deux documents : consigne ➜ p. 139. Ce sujet est
traité sous forme d’exemple de paragraphe rédigé
p. 139 du manuel de l’étudiant.
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 151. Ce
sujet est traité p. 203 de ce guide pédagogique,
chapitre 15 (Analyser une photo).
Quatre documents : consigne ➜ p. 162. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 223, chapi-
tre 16 (Analyser un document de référence).

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 72
1 Sujet ➜ p. 72.
Intérêts du sujet
Susciter une réflexion et définir une position personnelle sur un sujet qui met en cause la notion de liberté
en même temps que le système de santé ; le sujet permet différentes démarches : on peut en effet n’être
que partiellement d’accord avec le point de vue évoqué et faire suivre des arguments qui soutiennent
la thèse d’autres qui expriment des objections ; le sujet permet l’utilisation de la première personne et
l’appel à l’expérience personnelle mais demande une réflexion plus large.
La problématique du sujet – à partir d’une phrase
d’Axel Kahn – est la liberté laissée au malade dans
le choix de son médecin et la manière dont cette
liberté peut, ou non, se justifier. Nous donnons ici
quelques arguments soutenant deux thèses oppo-
sées.
I – ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA THÈSE :
C’EST AU MALADE QUE REVIENT LE CHOIX DE
SON MÉDECIN
● Choisir son médecin est une question de liberté
individuelle revendiquée par les patients, dans la
tradition de la médecine libérale qui est celle de la
France.
● Avoir la possibilité de choisir celui qui vous soigne
signifie que l’on peut mettre fin à une relation méde-
cin / patient si l’on juge qu’elle n’est pas bonne : il
existe des médecins peu aimables, désagréables
ou désinvoltes dans leurs propos, qui reçoivent mal
leurs patients, des cabinets médicaux où l’on attend
des heures, d’autres où l’on a l’impression d’être un
simple numéro.
● Corollaire de l’argument précédent : on sait à quel
point une relation de confiance entre le médecin
et son patient peut aider ce dernier à améliorer sa
santé, voire à vaincre la maladie.
➤ On comprend l’importance du choix du médecin
par le patient. Il n’est pas certain que le médecin
imposé (comme dans certains systèmes de santé
européens) joue un rôle aussi personnalisé. Il existe
cependant des cas dans lesquels le choix n’existe
pas et des situations qui constituent quelques
dérives.
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
II – ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA THÈSE :
LAISSER AU MALADE LE CHOIX DE SON MÉDE-
CIN N’EST PAS TOUJOURS POSSIBLE ; CELA
PEUT AUSSI COMPORTER QUELQUES DÉRIVES
● Il existe des cas dans lequel le patient n’a pas la
possibilité d’exprimer son choix personnel : cas des
zones rurales où n’existe qu’un seul médecin (situa-
tion qui est celle de Knock) : si le médecin est comme
le docteur Knock, on peut s’attendre au pire…
● Cas d’urgence : dans les grandes villes, la ferme-
ture des cabinets médicaux pendant le week-end
et la suppression des médecins de garde a pour
conséquence que l’on doit faire appel aux médecins
d’urgence et au service des urgences des hôpitaux.
Dans le système français, ce genre de pratiques a
des incidences sur la Sécurité sociale, par la multi-
plication des actes médicaux.
● Comme l’explique A. Kahn, la liberté de choisir
son médecin peut conduire à ce qu’il appelle le
« nomadisme », errance du patient d’un médecin à
un autre, jusqu’à ce qu’il trouve ce qu’il souhaite. Et
dans certains cas, ce qu’il cherche met le médecin
dans une situation éthique contraire au Serment
médical : si la demande venue du patient vise à lui
faire obtenir des produits permettant des perfor-
mances, par exemple sportives, on entre dans le
domaine du dopage.
➤ La liberté dont dispose tout malade de choisir son
médecin, liberté qui peut jouer un rôle favorable dans
la guérison, rencontre des limites institutionnelles et
des obstacles importants quand la relation tradi-
tionnelle de confiance réciproque se transforme en
exigence de résultat, domaine dans lequel l’éthique
professionnelle n’a plus guère de place.
2 Sujet ➜ p. 162 (NT).
77
 A P P L I C ATION
DOCUMENT 5 Josette Alia, article du Nouvel Observateur
(2000)
Intérêts du document
À la suite d’un éévénement qui a marqué le pays entier, la tempête de décembre 1999, une
réflexion – sous forme d’article de presse – portant sur les différentes fonctions et utilités de
réflexion
la forêt et des arbres, sur leur importance écologique, sur les relations symboliques entre les
arbres et les hommes, thème littéraire et poétique par excellence.
Pour analyser le document
1 Thème, structure et point de vue personnel
● Le thème : le document est un article de presse
consacré à une réflexion sur un événement naturel,
la tempête de vent qui s’est produite en décembre
1999. En janvier 2000, la journaliste J. Alia évoque
les conséquences de cette tempête sur les forêts
françaises. On le voit au fait qu’il est constamment
question des arbres : arbres abattus (l. 2), forêts
publiques (l. 5), patrimoine forestier (l. 12), Grand
Cèdre frappé à mortt (l. 21), que le document donne
un grand nombre de chiffres indiquant la totalité des
pertes, puis leur localisation – 100 millions d’arbres
(l. 3) – Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne (l. 5-6),
Aquitaine, Landes (l. 11). L’évocation chiffrée des
pertes en matière d’arbres conduit à une réflexion
sur les conséquences humaines et économiques
d’une telle catastrophe.
● La structure du document : l’article est construit
en plusieurs paragraphes. Le premier est consacré
aux pertes, partiellement chiffrées selon les régions.
Il insiste sur le caractère considérable des dégâts et
conclut sur le fait que cette tempête, un coup de cha-
blis, est la plus meurtrière du XXe siècle. L’information
concernant l’ampleur des dégâts conduit ensuite à
évoquer les différents aspects de ce qui est présenté
comme une catastrophe. L’auteur envisage la catas-
trophe humaine (paragraphe 2), puis la catastrophe
économique qui occupe les paragraphes 3 et 4,
dans lesquels se trouvent chiffrées les pertes, par
rapport à la rentabilité de la forêt. C’est une manière
d’insister sur les différentes fonctions et utilités des
forêts.
● Le point de vue personnel de celle qui parle :
l’auteur de l’article ne se contente pas d’évoquer
un événement et de l’accompagner de chiffres, de
manière objective. Elle laisse passer des traces de
subjectivité en évoquant, par exemple, le parc de
Courson, qu’elle semble connaître (l. 17), ou encore
78
➜ p. 73
THÈME : la sauvegarde des forêts
la chute du Grand Cèdre, racontée comme celle d’un
être vivant dont la mort inspire une grande nostalgie.
La dernière question (l. 46) peut sembler être posée
de manière objective, mais elle peut être aussi per-
çue comme une question angoissante concernant
l’avenir de tous. Ainsi, l’auteur de l’article laisse
passer une certaine émotion à travers ce qu’elle
écrit, ce qui est certainement la meilleure manière de
sensibiliser les lecteurs à ce qui est présenté comme
une catastrophe (l. 15 et 29).
2 Les différents aspects de la catastrophe
Dans quatre paragraphes successifs, dont on peut
regrouper les deux derniers, l’auteur de l’article met
en relief la nature et les conséquences d’une catas-
trophe écologique.
● Nature et ampleur de la catastrophe : le premier
paragraphe donne l’ampleur des dégâts et les lieux
essentiellement touchés : nombre de mètres cubes
de bois touchés (l. 3), nombre d’arbres – 100 millions
– (l. 3), pourcentages – 80 % de l’espace forestier
(l. 9) – avec leur répartition par région.
● Caractère humain de la catastrophe : c’est le
thème du deuxième paragraphe. L’auteur de l’article
évoque implicitement la déception et le chagrin des
forestiers, qui voient détruit l’objet de leur passion.
Elle évoque des lieux détruits de manière peut-être
irrémédiable, parc de Versailles, de Courson, et
rappelle les parentés entre les arbres et les hommes
à travers l’expression mémoire vivante (l. 18-19), rap-
pelant la mort d’un cèdre à Marines, et l’assimilant à
la mort d’un être humain.
● Caractère économique de la catastrophe :
c’est l’objet des deux derniers paragraphes. Le
premier point abordé est le manque à gagner. La
forêt française est présentée comme rentable sur
le double plan des productions « annexes » comme
les champignons et de la filière bois (fabrication de
la pâte à papier et des meubles). L’auteur du texte
donne des chiffres et précise que 550 000 person-

nes travaillant dans ce secteur sont concernées. Le
dernier paragraphe aborde un aspect un peu dif-
férent, mais toujours économique, qui est la chute
du prix du bois abattu, du fait d’une trop grande
quantité de bois « blessé » mise sur le marché.
Enfin, le dernier point est la question du bois qui
risque de manquer dans les années à venir parce
qu’il faut beaucoup de temps aux forêts pour se
reconstituer.
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
➤ Les différents aspects de la catastrophe font
ressortir, de manière implicite, les côtés utiles des
arbres et de la forêt. D’une part, les forêts font partie
du patrimoine national et représentent une spécifi-
cité française ; d’autre part, les arbres constituent
une mémoire et font partie de la vie des hommes ;
enfin, la forêt et les arbres représentent une richesse
économique importante, sur le plan des productions
naturelles et sur celui de l’utilisation du bois.

Vers la synthèse ➜ p. 74

1 Deux documents : poème de J. Supervielle (➜ p. 115 ) ; article de J. Alia (➜ p. 73).

Intérêts du rapprochement
Exercice d’apprentissage de base de la synthèse à partir du rapprochement de deux documents de
genre différent pour construire un paragraphe.

L’association arbres / humains Deux documents : consigne ➜ p. 93 (NT).

Le rapprochement du texte de J. Alia et du poème de
J. Supervielle révèle que les arbres et les hommes ont
bien des points communs. J. Alia signale ainsi des
relations d’affectivité forte entre certains lieux boisés
célèbres, les parcs de Versailles et de Courson, et
les amoureux. On remarque d’autre part l’utilisation
d’un lexique humain pour évoquer les arbres dans
les deux documents. La figure de la personnification
est constante : les arbres, présentés comme une
mémoire, sont des êtres animés pour lesquels on uti-
lise le même lexique de la vie, de la mort, du sang, du
cercueil. Ils accompagnent la vie des êtres humains,
se tiennent debout comme eux et se trouvent terras-
sés, comme eux, par les intempéries et par la mort.
Deux documents : consigne ➜ p. 137. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 180, chapitre
14 (Analyser un extrait de théâtre).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 150 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 93 bas. Ce
sujet est traité p. 110 de ce guide pédagogique, cha-
pitre 9 (Analyser un schéma, un document chiffré).
Quatre documents : consigne ➜ p. 133 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 74

Le texte de J. Alia montre que l’on peut composer une

Sujet 1 ➜ p. 137 (NT).
sorte d’oraison funèbre d’un arbre, ce qui paraît tout
à fait normal dans le poème de J. Supervielle qui fait Sujet 2 ➜ p. 137. Ce sujet est traité dans ce guide
des arbres des frères des hommes, bâtis de la même pédagogique, p. 181, chapitre 14 (Analyser un texte
manière, avec les mêmes espoirs et le même destin. théâtral).

DOCUMENT 6 Entretien accordé au Monde 2 par Jean-Marie Dru ➜ p. 74

(2007) THÈME : la publicité

Intérêts du document
Un entretien donnant une approche diversifiée de la publicité sous ses différentes orienta-
tions : l’omniprésence, l’art, la vocation commerciale et les nécessaires effets de rupture ;
idée d’une nécessaire réglementation de certains excès, ce qui renvoie à l’existence du BVP
(p. 156, chapitre 16).

79
 ● Orientation 2 : elle est donnée à titre d’exemple
Pour analyser le document
dans le manuel de l’étudiant, p. 76.

1 Le thème du document et ses quatre orien-
tations
La simple lecture des questions posées à J.-M. Dru
par la rédaction du Monde 2 permet de comprendre
qu’il est question de la publicité : elle est présente
directement dans trois questions sur quatre et indi-
rectement dans la première. Chacune des questions
envisage un aspect particulier de la publicité : la pre-
mière interroge sur une omniprésence illustrée par
la présence de nombreux messages non sollicités
sur Internet et par les différentes formes d’affichage
publicitaire. La seconde explique en quoi la publicité
est un art, la troisième aborde la question de l’impact
commercial et la dernière les moyens utilisés pour
frapper la sensibilité.
On peut synthétiser chacune de ces orientations de
la manière suivante :
● Orientation 1 : celui qui parle expose les théories
d’un publicitaire américain avec lequel il est d’accord.
Une publicité trop abondante et trop contraignante,
qui occupe trop de temps libre et qui intervient dans
les films et dans les informations, finit par perdre son
efficacité. Les conséquences sont donc négatives.
● Orientation 3 : J.-M. Dru évoque dans sa réponse
les relations entre la publicité et le commerce, qu’elle
dynamise, assurant la promotion de produits de
valeur, jouant un rôle important dans le financement
de la presse, et témoignant, par son contenu et sa
nature, de l’esprit d’une époque. Celui qui parle
envisage aussi la nécessité de limiter certains excès,
mais l’idée essentielle est la nécessité de réinventer
la publicité (l. 40).
● Orientation 4 : en réponse à la question du sens
du mot disruption, J.-M. Dru explique la notion de
rupture en publicité, démarche qui consiste à inven-
ter de manière inattendue pour frapper les esprits,
les sensibilités, ajouter quelque chose d’inattendu
et de risqué. L’expression saut créatif (l. 51) illustre
l’idée d’inventivité avec quelques risques liés à la
nouveauté. Selon celui qui parle, il doit y avoir une
certaine nouveauté dérangeante dans la publicité
pour qu’elle atteigne ses objectifs.
2 Caractéristiques de la publicité
À partir de l’échange de propos entre Le Monde 2
et J.-M. Dru, on peut dégager certaines caractéristi-
ques de la publicité.

CARACTÉRISTIQUES QUALITÉS DANGERS ÉVENTUELS

Omniprésence : la publicité se Trop de publicité / paysages
présente sous des formes diverses gâchés.
et multiples, partout : spams,
drapeaux, panneaux, téléphones
portables, messageries, télévision.

Association à différents arts
appliqués, au commerce, aux
médias ; publicité présentée comme
un art de fertilité (l. 29).
Elle touche à la sociologie, à
l’anthropologie.
La publicité ainsi conçue est un
véritable moteur économique,
elle fait travailler les créateurs,
fait connaître les produits ; elle
témoigne d’une époque, dont elle
traduit l’esprit.
Risque d’abus et de dérives (non
précisés dans le document) qui
conduisent à l’idée d’une législation
et d’un contrôle indispensables.

Inventivité et créativité : la La publicité est source de gaieté ;

publicité est construite sur des elle apporte un aspect festif à la
effets de rupture ; elle cherche à vie, ainsi que de l’humour.
apporter une plus-value symbolique.

➤ Le document fait l’éloge de la publicité en signalant
certaines caractéristiques considérées comme tout à
fait positives : la fonction économique, l’information
sur les produits, la fantaisie créatrice, la recherche
des ruptures déconcertantes. J.-M. Dru fait cepen-
dant référence à certaines dérives possibles : excès
de publicité provoquant un refus, un dégoût chez le
téléspectateur ou chez le voyageur qui ne voit que
des panneaux le long des routes, abus non définis,
mais parmi lesquels chacun peut penser à différen-
tes dérives racistes, sexistes, provocatrices (par
exemple certaines publicités Benetton ou d’autres,
relevant du « porno chic »). Le texte renvoie implici-
tement à l’existence du Bureau de Vérification de la
Publicité, le BVP (p. 156).

80
 Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
Vers la synthèse ➜ p. 76

1 Deux documents : consigne ➜ p. 76 (NT).

Deux documents : consigne ➜ p. 100. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 121, chapitre 10
(Analyser un extrait de roman).
Deux documents : consigne ➜ p. 134 (NT).
2 Trois documents : extrait du roman 99 F –14,99 €, de F. Beigbeder (document 1 ➜ p. 99), du document
de référence définissant le BVP (document 2 ➜ p. 156) et de l’entretien du Monde 2 avec J.-M. Dru (docu-
ment 3 ➜ p. 74).

Intérêts du rapprochement
Confrontation de trois documents relatifs à la publicité pour envisager ce qui la caractérise et ce qui peut
conduire à l’existence d’une surveillance et à l’établissement de limites.

La consigne demande d’étudier trois grandes orientations : caractéristiques, excès possibles et limites
nécessaires. Nous donnons les grandes lignes sous forme de tableau de préparation de la synthèse.

DOCUMENTS CARACTÉRISTIQUES EXCÈS LIMITES

1. Extrait de roman : La publicité est un La publicité donne à celui Le caractère explicitement
99 F – 14,99 € (2000) domaine omniprésent qui la crée le sentiment excessif du monde de la
dans la vie des d’être le maître du monde, publicité laisse penser qu’il
individus ; elle relève du fait de son pouvoir faudrait y mettre des limites :
de l’invention, de la économique et de la manière le créatif semble avoir un
créativité et joue un dont elle envahit notre pouvoir absolu et la question
rôle essentiel dans le environnement ; il y a aussi qui se pose est celle du
commerce. le sentiment d’un pouvoir sur « jusqu’où peut-il aller dans
Elle consiste à faire les individus qui, par la force l’action publicitaire ? ».
acheter aux gens ce dont des slogans, sont conduits à
ils n’ont pas besoin. acheter.
La publicité se La publicité est présentée
développe dans un comme une arme redoutable
univers d’argent, de dans le combat commercial
création, de compétition et la compétition entre les
et de rivalités de marques. Celui qui parle
pouvoir. utilise le lexique de la guerre.
2. Document de Le document définit les Les excès sont signalés Ce document impose des règles
référence : définition caractéristiques éthiques implicitement : manquement déontologiques pour concilier
et fonctions du BVP de la publicité : loyale, aux règles déontologiques les intérêts de la publicité et
véridique et saine. de la profession, manque ceux des consommateurs.
d’honnêteté, publicité Son action consiste à
mensongère, atteinte à la vie examiner les visuels de
privée, volonté manifeste de la publicité et émettre
choquer. un avis concernant les
risques suivants : induire
en erreur, choquer, faire
preuve d’irresponsabilité.
Le BVP peut demander
des modifications et
éventuellement une cessation
de diffusion.
Le document met en relief la
nécessité d’une autodiscipline
de la profession.

81
 3. Entretien avec La publicité se trouve
J.-M. Dru, extrait au confluent des arts,
de presse, Le Monde 2 du commerce et des
(2007) médias.
La publicité a un rôle
économique important ;
elle témoigne des goûts
d’une époque et d’une
société.
Elle apporte de la
fantaisie et de l’humour.
Prolifération de publicités Allusion à la nécessité d’une
sous des formes diverses réglementation et d’une
sur Internet ; panneaux législation pour éviter les
publicitaires gâchant les abus et les monopoles.
paysages ; coupures répétées
des films et des informations
TV ; inflation publicitaire.

➤ La nature de la publicité, ses différentes formes, traité p. 150 de ce guide pédagogique, chapitre 12
ses fonctions et son extraordinaire développement (Analyser une œuvre d’art).
montrent la nécessité d’un contrôle. À la lecture des
documents, on comprend où se situent les dérives Vers l’écriture personnelle ➜ p. 76
possibles et l’importance d’une autodiscipline de toute
la profession. Les différents scandales provoqués par
1 Sujet ➜ p. 76 (NT).
les campagnes de publicité Benetton ou par ce que
l’on appelle le « porno chic » illustrent des dérapages 2 Sujet ➜ p. 133 (sujet 2). Ce sujet est traité p. 177
qui peuvent conduire à des formes de censure posant de ce guide pédagogique, chapitre 13 (Analyser une
la question de la liberté d’expression. publicité).

Trois documents : consignes ➜ p. 88 bas (NT) et Sujet ➜ p. 120. Ce sujet est traité p. 151 de ce guide
p. 157 (NT). pédagogique, chapitre 12 (Analyser une œuvre
d’art).
Trois documents : consigne ➜ p. 120. Ce sujet est Sujets ➜ p. 100 (NT) et p. 157 (NT).

DOCUMENT 7 Marie-Claude Betbeder, article dans ➜ p. 76

Le Monde Initiativess (1997) THÈME : le travail

Intérêts du document
Document de presse donnant différentes représentations du travail et faisant état des es-
poirs de jeunes demandeurs d’emploi ; une perception du travail qui s’oppose à certains
préjugés concernant les jeunes.

les mêmes du début à la fin de l’article. Sa structure

Pour analyser le document
1 Thème et construction du document
● Le thème : dès la seconde ligne du document,
on peut déterminer que le thème traité est le travail.
Le thème revient de manière récurrente, à travers
différents termes : travaill (l. 2, 5, 19, 29), métierr (l. 7),
tâches (l. 16), étudierr (l. 24-25), études (l. 26), acti-
vités artistiques (l. 37). Sur ce thème qui sert de fil
conducteur, on remarque que les propos ne sont pas
82
correspond à trois étapes d’une réflexion sur les
relations entre le travail et les jeunes.
● La structure et les citations : les quatre premiers
paragraphes du texte sont consacrés à la présenta-
tion des représentations que certains jeunes deman-
deurs d’emploi ont du travail. Le point de départ est
constitué par les travaux d’un chercheur, R. Saïdi.
L’auteur de l’article reprend ses propos en les rappor-
tant sous une forme directe (italique et guillemets), et
ces propos eux-mêmes sont parsemés de citations

(autres guillemets et italique) venant des propos des
jeunes eux-mêmes. Par exemple, dans l’expression
prononcée par le sociologue : « c’est “le plaisir”
d’exercer un métier “qu’on aime”” », les mots plaisir
et qu’on aime sont des citations venues directement
des propos des jeunes interrogés.
Le paragraphe 5 laisse de côté les jeunes deman-
deurs d’emploi pour envisager le cas des étudiants ;
en cours d’études, ils ont un autre statut. La question
qui leur a été posée est différente, c’est « Pourquoi
étudier ? » et le texte donne des éléments de réponse
qui montrent le goût de l’étude, le sentiment, par ces
études, de préparer l’avenir, et un indéniable sérieux.
Ces réponses viennent des travaux de plusieurs
sociologues et d’une psychanalyste, Myriam Ziri.
La dernière partie du document (paragraphes 6 et 7)
fait état des difficultés que rencontrent tous les jeu-
nes, dans la recherche d’un travail. Qu’ils soient ou
non diplômés, ils se trouvent confrontés à la préca-
rité. L’auteur de l’article fait alors référence à d’autres
travaux, ceux d’une autre sociologue, Laurence
Rouleau-Berger, qui fait état de l’existence de ce
qu’elle appelle des espaces intermédiaires, lieux de
rencontre, mais surtout de création et d’expression
énergique du refus de la précarité.
L’article reprend ainsi à trois reprises les travaux
de sociologues et fait référence à une psychana-
lyste dans trois cas de figure différents : étude des
demandeurs d’emploi, étude des étudiants, étude
des différents groupes de jeunes confrontés aux
mêmes difficultés.
Vers la synthèse ➜ p. 77
1 Deux documents : consigne ➜ p. 93 haut (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 126. Ce sujet
est traité p. 161 de ce guide pédagogique, chapitre
12 (Analyser une œuvre d’art).
Trois documents : consigne ➜ p. 158. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 217, chapitre
16 (Analyser un document de référence).
3 Quatre documents : consignes ➜ p. 85 (NT),
p. 148 (NT) et p. 158 (NT).
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
2 Le travail, représentations et attentes chez
les jeunes
Le témoignage du premier sociologue qui intervient
dans le document fait état d’images du travail très
positives et tout à fait valorisées. Pour les jeunes
demandeurs d’emploi qui ont donné leur avis, le
travail est associé à tout un processus qui leur
aura permis d’acquérir un savoir, de se former et,
enfin, de faire la preuve de leurs qualités et de leurs
compétences. La totalité des termes utilisés ont des
connotations positives : ils évoquent la réussite, le
fait d’être parvenu à un résultat, de continuer à pro-
gresser et de mettre en place des relations positives
avec un environnement professionnel. L’amour du
métier entre pour une part importante dans les juge-
ments, ainsi que le désir de bien faire et d’obtenir
ainsi une reconnaissance professionnelle et sociale.
À l’inverse, les mêmes jeunes refusent les tâches qui
n’offrent aucune ouverture, qui ne mettent pas en jeu
l’esprit d’initiative, qui n’offrent pas de possibilités
de progresser.
Chez les étudiants, les études sont vécues comme
une préparation à la vie professionnelle, à la décou-
verte du monde et comme une formation fondamen-
tale. Enfin, devant une précarité croissante, les uns
et les autres manifestent leur désir et leur volonté
de faire quelque chose en se rejoignant dans le
domaine de la créativité artistique, avec le souci et
l’espoir communs de gagner leur vie, mais sans la
perdre à la gagner.
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 77
1 Sujet ➜ p. 77 (NT).
2 Sujet ➜ p. 55. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 52, chapitre 6 (Analyser un extrait
d’essai).
Sujet ➜ p. 85 (NT).
Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 197, chapitre 15 (Analyser une
photo).
83
 DOCUMENT 8 Entretien de Michel Ciment avec Helen Mirren,
Positif (2006)
Intérêts du document
Réflexions d’une comédienne célèbre pour son rôle d’Elisabeth II sur la manière de jouer et
sur la préparation du rôle difficile qui consiste à incarner une personnalité de premier plan
en vie.
Pour analyser le document
1 Le thème du document et ses différentes
orientations
Dès la première question de l’extrait, le lecteur sait
qu’il est question de cinéma et de la manière d’in-
carner une personnalité en vie : on parle de rôle, de
scénario et d’interprétation.
Dans la première réponse de la comédienne, se
trouve abordée la question d’un désaccord possible
entre une certaine idée du personnage à interpréter,
qui est ici la première personnalité du royaume, le
scénario du film, qui vient du metteur en scène, en
l’occurrence S. Frears, réalisateur de films sociaux
et engagés, et l’interprétation personnelle de la
comédienne. La réponse est orientée vers l’idée
d’observation et de recherches, pour mieux cerner le
personnage avec l’effort particulier de ne pas mêler
des idées personnelles (politiques) à l’image de la
personne à interpréter. Compte tenu des idées politi-
ques de la famille de la comédienne (idées opposées
à la monarchie), elle aurait pu être influencée et jouer
d’une manière peu crédible, ou simplement orientée.
On découvre là une première réflexion sur la manière
de préparer un rôle, dans un souci d’honnêteté, et
de fidélité à ce que l’on peut connaître ou deviner
d’une personne.
LE PERSONNAGE
Elisabeth, son évolution
La personne que j’allais interpréter ; la reine comme personne,
la reine comme institution
La jeune fille qu’elle était
Des tableaux où le modèle est très conscient
Trois photos
Le désir de bien faire son devoir
Visage d’un sérieux incroyable
Une femme très difficile à connaître
Sens naturel de la dignité privée
84
➜ p. 77
THÈME : le comédien en scène
La seconde orientation du thème global, qui est
le jeu du comédien / la manière d’interpréter le rôle
d’une personnalité en vie, est celle des recherches
effectuées pour être le plus près possible du person-
nage. La comédienne explique ce qui lui a été utile :
documents filmés, biographies ; images télévisées
(l. 22-23). Elle insiste sur l’importance de quelques
documents fondamentaux, et paradoxalement
associés à la jeunesse d’Elisabeth. Ces documents
sont évoqués et décrits, et ce qu’ils révèlent est
également précisé.
La dernière question oriente vers une réflexion sur
l’imitation. Démentant toute idée d’imiter celle qu’elle
incarne, la comédienne évoque tout le travail qu’elle
a fait sur sa voix, et rapporte à cette occasion ses
angoisses et sa crainte de ne pas réussir.
➤ Analysant, dans un exposé qui raconte tout un
cheminement, les difficultés rencontrées dans ce
rôle particulier, H. Mirren invite le lecteur à s’inter-
roger sur ce qu’est l’interprétation d’un personnage
vivant aussi important qu’Elisabeth II. Ce qui est
particulier à ce rôle pourrait s’appliquer à d’autres
interprétations. Le document apprend beaucoup sur
la manière de préparer un rôle.
2 Le personnage à interpréter et la comédienne
On peut regrouper dans un tableau ce qui renvoie à
l’une et ce qui renvoie à l’autre.
LA COMÉDIENNE
Mon opinion
Nombreuses recherches personnelles
Famille farouchement républicaine
Mon rôle
Ce que je cherchais dans la reine
J’ai cherché à retrouver sa diction et sa voix ainsi que sa
démarche
Trouver le son exact de la voix
Pour que je devienne la reine, que je crée une persona
physique du personnage

➤ Le contenu des deux colonnes met en relief tout
un ensemble d’éléments soulignant la difficulté du
travail de la comédienne : le personnage est la reine,
une personne et une institution imbriquées, quel-
qu’un de très difficile à connaître, et dont l’interpré-
tation exige une sorte de perfection, parce que c’est
la reine d’une part, parce qu’elle est vivante d’autre
part. La reine constitue le modèle, mais il ne s’agit
pas de l’imiter, il faut l’interpréter, l’incarner, comme
le dit la comédienne dans la dernière phrase : il
faut donc, à un certain moment, que le jeu de l’une
Vers la synthèse ➜ p. 79
1 Deux documents : extrait de presse, entretien avec H. Mirren (➜ p. 77) ; extrait théâtral, Elvire Jouvet
40 (➜ p. 142).
Intérêts du rapprochement
Les propos de deux comédiennes et d’un comédien / professeur sur la manière de jouer, sur les difficul-
tés rencontrées, et sur ce que signifie incarner le rôle d’un personnage célèbre soit parce qu’il est encore
vivant, soit parce qu’il est un classique du théâtre.
Deux extraits appartenant à des genres différents
abordent le travail du comédien. Le premier est un
entretien accordé en 2006 à la revue Positif par la
comédienne britannique H. Mirren, connue, entre
autres rôles, pour avoir incarné à l’écran la reine
Elisabeth II dans le film de Stephen Frears, The
Queen. Le second est un extrait de la pièce Elvire
Jouvet 40, qui met en scène sous forme de person-
nage de théâtre, l’acteur Louis Jouvet en professeur
d’art dramatique, et une de ses élèves, Claudia. Il
est question de jouer une scène de Dom Juan, de
Molière. Les deux extraits traitent l’un et l’autre du
travail du comédien : sa nécessité d’une part, sa
nature d’autre part.
I – LA NÉCESSITÉ DE TRAVAILLER
Incarner un personnage implique l’obligation d’un
travail soutenu, seule condition pour parvenir à
accomplir ce qui est d’une grande difficulté. Ces
deux notions de victoire et de préparation apparais-
sent dans les deux documents. Claudia dit qu’elle
n’y arrivera pas, et H. Mirren fait part de son anxiété
à l’idée qu’elle n’y arrivera pas. Il faut donc travailler
un rôle pour en saisir le sens, avec l’aide du pro-
fesseur, en prenant conscience que ce n’est pas
tout à fait ça… et qu’il faut tout revoir, parce que le
choix du jeu (gestes, ton, interprétation) n’est pas le
bon. La préparation est une phase abordée par les
deux documents et présentée comme une nécessité
par un certain nombre de formulations insistant sur
l’obligation : il faut, tu dois. En mettant en valeur tout
ce qui relève de la préparation : le temps, la réflexion,
les recherches documentaires, l’observation, le
mûrissement, une manière de se nourrir du person-
nage, de le comprendre de l’intérieur, les répétitions,
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
reprenne l’image de l’autre, mais pas seulement
l’image extérieure. Par le biais de ses recherches,
la comédienne révèle une recherche intérieure pour
être le plus proche possible du modèle en essayant
de comprendre qui est ce personnage et quelle est
la conception de ses responsabilités, de sa fonction
monarchique. Dans le travail de préparation, les
deux personnes (comédienne et personnage) sont
séparées, mais dans le travail d’interprétation, elles
sont réunies au point que l’une semble réellement
être l’autre.
la notion d’incubation, le travail du sentiment, les
deux textes soulignent que l’interprétation d’un rôle
ne relève pas de l’improvisation et exige de longs
efforts et un travail particulier.
II – LA NATURE DU TRAVAIL
En insistant sur la nécessité de travailler, les deux
documents permettent de comprendre en quoi
consiste ce travail, avec une différence cependant.
Dans le texte d’H. Mirren, il s’agit d’un rôle cinéma-
tographique, et de l’incarnation d’une personnalité
vivante tandis que, dans l’extrait théâtral, il est
question d’une pièce et de l’incarnation d’un per-
sonnage de fiction. Dans les deux cas, le travail est
d’abord celui de la compréhension du personnage.
Louis Jouvet recommande à son élève de s’impré-
gner du caractère de Dona Elvire, d’entrer dans ses
sentiments, dans sa sensibilité. Dans l’entretien avec
H. Mirren, il semble que le travail pour elle consiste
à cerner le caractère officiel de la personne qu’elle
doit incarner, en allant chercher des exemples dans
la jeunesse de la reine, en la regardant sur des ban-
des d’actualité, en observant des photos. Il s’agit là,
comme dans le discours de L. Jouvet, d’un travail
de recherche de l’intérieur : réactions, manières
d’être, de réagir, de se comporter dans différentes
situations, non pas pour imiter mais pour incarner,
pour créer cette persona dont il est question à la fin
du texte.
Il ressort des deux documents que le travail consiste
aussi à s’oublier au profit de celui ou celle que l’on
incarne et donc à faire preuve d’une certaine humi-
lité. Louis Jouvet reproche à Claudia son orgueil et
cherche à la ramener à une attitude plus soumise au
85
 rôle et moins liée à l’idée de représentation ; de son
côté, H. Mirren fait comprendre que l’incarnation de la
reine oblige à l’acceptation d’une certaine soumission
à une personnalité forte. Ce travail de compréhension
est celui qui lui a permis de dépasser les opinions
antimonarchiques de sa famille. La préparation du
rôle révèle ici une recherche dont la qualité essentielle
est l’honnêteté intellectuelle et morale.
➤ Au théâtre ou au cinéma, le travail du comédien
regroupe tout ce qui peut lui permettre d’abord de
bien comprendre son rôle, ensuite de l’incarner
avec justesse, en abandonnant tout orgueil. L’art du
comédien est un art marqué par l’humilité, la généro-
sité et, dans une certaine mesure, le don de soi.
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
La première chose à faire consiste à replacer les
mots dans leur contexte. Nous donnons leur position
(texte et ligne) et quelques synonymes.
Affectation (Document 8, l. 47) : pose, manque de
naturel, faux-semblant, manières, chiqué, bluff.
Audience (Document 6, l. 7) : intérêt, attention,
public touché, ensemble des spectateurs, assis-
tance, assemblée.
Estimer (Document 5, l. 7) : évaluer, déterminer,
calculer, apprécier, priser, considérer, goûter.
Paternalisme (Document 4, l. 5) : protection ou
autorité paternelle.
Performance (Document 4, l. 30) : réalisation, résul-
tat, réussite, succès.
Pouvoir décisionnaire (Document 4, l. 27) : pos-
sibilité / capacité / compétence / autorisation de
décider, de choisir.
Précarité (Document 7, l. 32, 39) : instabilité, fragi-
lité, absence de sûreté, de sécurité.
Rentabilité (Document 5, l. 38) : caractère profita-
ble, caractère bénéfique.
Représentation (Document 7, l. 1-2) : image, per-
ception, vision.
EXERCICE 2
● DOCUMENT 1
Prolifération : multiplication, pléthore, augmenta-
tion, reproduction.
86
Deux documents : consigne ➜ p. 82 (NT).
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 82. Ce sujet
est traité p. 94 de ce guide pédagogique, chapitre 8
(Analyser un dessin de presse).
Quatre documents : consigne ➜ p. 143 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 79
1 et 2 Sujets ➜ p. 79 (NT) et p. 56 (NT).
Sujet ➜ p. 147. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 194, chapitre 15 (Analyser une
photo).
➜ p. 79
● DOCUMENT 2
Ont essaimé : ont proliféré, se sont éparpillés, se
sont démultipliés, se sont multipliés, se sont parta-
gés.
Émerger : apparaître, se produire, arriver, sortir, se
manifester.
Suppléer : remplacer, compenser, compléter, répon-
dre, remédier.
Endoctrinés : enrégimentés, catéchisés, condition-
nés, déterminés, formatés, fanatisés, subjugués.
Manipulables : manœuvrables, influençables, doci-
les.
Bénéficient : profitent de, possèdent, jouissent de.
Assouvir : réaliser, remplir, combler, satisfaire, cal-
mer, contenter, étancher, éteindre, rassasier.
● DOCUMENT 3
Épié : observé, guetté, surveillé, lorgné, scruté.
Arsenal : quantité, réserve, ensemble d’armes.
Autorité judiciaire : force / compétences / préroga-
tives de la justice, fermeté / rigueur de la justice.
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 3
Présentation du document 2
Dans un article publié par La Gazette du Golfe,
journal béninois, et repris par Courrier internatio-
nal, Serge-Félix N’Piénikoua aborde la question
des enfants soldats en Afrique. Il précise les
causes de ce phénomène, en donne quelques
conséquences et rappelle que ce problème, qui

scandalise les pays occidentaux, ne provoque
guère de réactions sur le continent africain.
Présentation du document 6
Dans un entretien accordé au Monde 2, Jean-Marie
Dru, qui dirige une agence de publicité, donne son
point de vue sur l’invasion publicitaire, mais aussi
sur l’importance économique de la publicité et
sur la nécessité de constants effets de rupture : la
publicité doit surprendre, voire effrayer.
EXERCICE 4
Questions posées à R. Saïdi
1. « D’après les travaux que vous avez menés auprès
des jeunes demandeurs d’emploi rencontrés à la
PAIO, comment ces derniers se représentent-ils le
travail ? Qu’en attendent-ils ? »
2. « Quelles sont au contraire les tâches qu’ils rejet-
tent ? »
Question posée à Myriam Ziri
Vous avez posé la question « Pourquoi étudier ? » à
des étudiants. Que vous ont-ils répondu ?
Question posée à Laurence Rouleau-Berger
Dans vos travaux sur la socialisation des jeunes, aussi
bien les diplômés que les autres, vous avez observé
l‘existence de ce que vous appelez des « espaces
intermédiaires » où se rencontrent les jeunes précai-
res. Pouvez-vous nous donner quelques détails ?
EXERCICE 5
Supposition : Supposons que les Britanniques
soient le peuple le plus épié du monde… • On peut
supposer que… • Et si nous supposions que les
Britanniques… • Si les Britanniques étaient le peu-
ple le plus épié du monde… • À supposer que les
Britanniques soient…
Possibilité : Il se pourrait que les Britanniques
soient… • Il est possible que les Britanniques
soient… • Les Britanniques pourraient bien être…
Évidence : Sans nul doute, les Britanniques sont
les… • Il est certain / il est avéré que les Britanni-
ques sont…
Rumeur : On dit que les Britanniques sont… • On
raconte que… • Le bruit court que… • C’est de
notoriété publique que…
Constat difficile à croire : J’ai du mal à croire que
les Britanniques sont… • J’ai quelques difficultés à
envisager que les Britanniques soient… • Les Britan-
niques sont… j’ai du mal à le croire…
Constat inacceptable : Je ne peux pas accepter
que les Britanniques soient… • Les Britanniques,
le peuple le plus épié du monde ? Je ne peux l’ac-
Analyser un extrait de presse CHAPITRE
7
cepter / c’est inacceptable, selon moi / je trouve cela
inacceptable.
EXERCICE 6
On peut suggérer les orientations suivantes :
1. Rechercher des titres de pièces de Molière
faisant référence à la médecine : Le Malade imagi-
naire, Le Médecin malgré lui, L’Amour médecin, Le
Médecin volant.
2. Rechercher la présence de médecins ou d’allu-
sions à la médecine dans les pièces dont le titre fait
référence à la médecine et dans d’autres (Dom
( Juan
et Monsieur de Pourceaugnac, par exemple).
3. Présenter, en les classant, des images de la
médecine et des médecins (leurs costumes, leur
langage, leurs pratiques, leur incompétence…) à
travers ces pièces, en relation avec l’état de santé
de Molière lui-même et sa mort, en scène, alors
qu’il jouait Le Malade imaginaire.
■ RECHERCHE /
COMPOSITION D’UN
DOSSIER
EXERCICE 7
Les notions de relativisme culturel et d’ethnocen-
trisme rejoignent les réflexions et questions sur
l’altérité. On pourra orienter les recherches vers des
extraits de différents ouvrages :
– Montaigne, Essais, I, 31, « Des cannibales » (éd.
Arléa, 2002)
– J.-J. Rousseau : Discours sur les sciences et les
arts
– Diderot, Supplément au voyage de Bougainville
– Montesquieu, De l’esprit des lois, chap. 15
– C. Lévi-Strauss, Anthropologie structurale II,
Race et Histoire (éd. Plon, 1973)
– R. Barthes, Mythologies, « Bichon chez les
nègres » (éd. du Seuil, 1957)
– A. Memmi, Ce que je crois (éd. Grasset, 1985)
– L. Poliakov, Le Racisme (en collaboration avec
Christian Delacampagne et Patrick Girard, éd.
Seghers, 1976)
– A. Jacquard, Éloge de la différence (éd. du Seuil,
1981)
– R. Aron, Mémoires (éd. Julliard, 1983)
– Tahar Ben Jelloun, Le racisme expliqué à ma fille
(éd. du Seuil, 1998)
– J.-C. Carrière, La Controverse de Valladolid (éd.
Belfond, 1992)
– Driss Chraïbi, La Civilisation, ma mère ! (éd.
Denoël, 1983)
87
 CHAPITRE
8 Analyser
un dessin de presse,
une bande dessinée
A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Dessin de Soulas, « Sortir de l’exclusion » (1988)
Intérêts du document
Un dessin qui illlustre et fait comprendre, immédiatement, la situation d’un exclu et l’ex-
trême difficulté
é qu’il y a à sortir de cet état.
Pour analyser le document
1 Ce que représente et met en scène le dessin
Le dessin de Soulas représente une petite scène à
trois personnages, sous le titre, placé en haut de
l’image (« Sortir de l’exclusion », suivi de points de
suspension). Les personnages sont placés de part
et d’autre d’une ligne centrale (non matérialisée) qui
divise l’image en deux sous le titre : d’un côté deux
personnages, de l’autre un seul, au-dessus duquel
figure une bulle avec les paroles Je suis coincé. Ces
paroles sont prononcées par le personnage dont
on ne voit que les yeux et qui se trouve placé dans
une sorte de gros tuyau, ou grosse canalisation. Les
deux autres personnages, chaudement habillés (ce
que montre, entre autres, l’écharpe), se trouvent l’un
derrière la canalisation, l’autre à son entrée. Ce der-
nier s’est accroupi pour se trouver au même niveau
que l’homme coincé. La scène se passe dans un
environnement imprécis, mais on peut noter la pré-
sence de cailloux, d’herbe et d’une bouteille vide : il
s’agit sans doute d’un terrain vague. La saison est
suggérée par plusieurs indices : la manière dont sont
habillés les deux hommes et des flocons de neige
(petits ronds sur un fond bleu). Les deux hommes
qui se trouvent à l’extérieur ont l’un et l’autre un air
perplexe et désolé, presque désarmé. Les couleurs
gris, bleu, vert, marron atténuent le caractère dra-
matique de la situation (ce qui serait au contraire
accentué par un dessin en noir et blanc).
88
Livre de l’étudiant ➜ p. 80 à 90
➜ p. 80
THÈME : l’exclusion
2 Ce qui est mis en valeur
Le titre, avec ses points de suspension, donne le
thème, explicite la situation représentée et attire l’at-
tention du lecteur sur le sens : un exclu, qui a trouvé
refuge dans une vieille canalisation ou un vieux baril
renversé et sans fond, ne peut en sortir malgré la
présence de deux personnes qui sont visiblement
prêtes à l’aider. De l’image et des mots qui l’accom-
pagnent, en particulier le contenu de la bulle Je suis
coincé, ressortent :
– que l’exclusion est comparable à une vie dans
l’obscurité exiguë d’un objet de rebut, sur un terrain
vague ;
– qu’il existe des personnes – par exemple des tra-
vailleurs sociaux, mais aussi des gens dont ce n’est
pas le métier – qui s’intéressent au sort des exclus
et sont prêtes à les aider ;
– que ces personnes se heurtent, dans leurs efforts,
à des impossibilités matérielles ;
– que la situation d’un exclu est de nature à durer, ce
que signifie la formulation Je suis coincé, équivalant
à « Je ne peux pas sortir de là ».
Les points de suspension du titre sont révélateurs :
ils attirent l’attention sur un certain nombre de non-
dits, d’incertitudes, d’éventualités vagues dont la
réalisation reste hypothétique.
➤ Tous les éléments du dessin sont importants : ils
permettent de saisir, d’un seul regard, la situation
représentée et son interprétation.
 CHAPITRE
8
Vers la synthèse ➜ p. 80

1 Deux documents : dessin de Soulas (➜ p. 80) et texte de la conférence de J. Hassin (➜ p. 63).

Intérêts du rapprochement
il est intéressant de constater que le dessin de Soulas regroupe – explicitement et implicitement – une
grande partie des caractéristiques de l’exclusion qui sont présentées dans la conférence de J. Hassin ;
le dessin pourrait illustrer le texte.

On peut rapprocher les deux documents sous forme de tableau.

TEXTE DE J. HASSIN DESSIN DE SOULAS

Dénomination des exclus : Sans domicile fixe, Clochards, Représentation d’un homme vivant sur un terrain
Zonards (l. 2). vague dans un morceau de canalisation.

Référence à l’alcoolisme, alcoolomanie (l. 17). Présence d’une bouteille vide.

Isolement psycho-affectif,
f solitude (l. 41). Solitude de l’homme qui vit dans un abri qui comporte
à peine de la place pour lui.
Hommes invisibles (l. 42). L’homme dans sa canalisation est difficile à identifier,
on ne voit que ses yeux, il n’est personne.

Présence et action de personnes que l’on peut
identifier comme des travailleurs sociaux (l. 54), mais
action entravée par différents éléments, comme, par
exemple, les dettes, ou une situation antérieure à
laquelle il faut aussi remédier.
Présence sur l’image de deux personnes qui
s’intéressent au sort du SDF et qui cherchent
visiblement à l’aider, mais la réponse Je suis coincé peut
contenir à elle seule, avec l’appui de l’image,
l’ensemble des obstacles qui s’opposent non seulement
à la sortie immédiate de la canalisation qui sert d’abri,
mais à la sortie de la marginalisation.

Insistance sur le fait que s’occuper des SDF implique Les deux personnes qui se trouvent sur l’image ont
un savoir-faire et pas d’improvisation ; idée que l’air de vouloir aider l’homme coincé, mais sont
la générosité ne suffit pas (l. 73). Même les médecins également perplexes sur la marche à suivre.
doivent avoir une formation particulière.

➤ Les similitudes perceptibles dans les deux docu-
ments conduisent à réfléchir sur l’efficacité spécifi-
que du document textuel et du dessin : il n’est pas
certain que l’on puisse trouver toutes les références
et les allusions qui figurent dans le dessin sans avoir
un document qui précise les conditions de vie des
SDF. À ce titre, la lecture du texte « éclaire » le dessin.
D’autre part, une fois le texte lu, le dessin concrétise
les propos tenus par J. Hassin. Le dessin donne à
voir ce que dit le texte, de manière marquante.
– Deux documents : consigne ➜ p. 145 (NT)*.
2 Trois documents : consigne ➜ p. 92. Ce sujet
est traité p. 105 de ce guide pédagogique, chapitre 9
(Analyser un schéma, un document chiffré).
Trois documents : consigne ➜ p. 145. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 189, chapi-
tre 15 (Analyser une photo).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 80 (NT).
* Non traité.

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 80

1 Sujet ➜ p. 80
Intérêts du sujet
Le thème du sujet est abordé dans le dessin de Soulas et dans le document de J. Hassin. En réfléchis-
sant à la situation des SDF, il est possible de trouver certaines raisons expliquant leurs refus d’aide,
même si ces raisons restent à l’état d’hypothèses.

89
 Nous donnons ici quelques arguments visant à expli-
quer les attitudes de refus.
● La vie en marge des SDF vient souvent d’une suc-
cession de malheurs et d’échecs sur différents plans,
familial, social, professionnel, avec une détérioration
rapide et irréversible de la situation : on peut com-
prendre qu’ils ne soient pas attirés par un retour vers le
monde qui a vu, et parfois provoqué leur déchéance.
Dans certains cas, les souvenirs douloureux sont trop
récents ; dans d’autres, la marginalité dure depuis si
longtemps que le « monde d’avant » est oublié.
● Les travailleurs sociaux incarnent un monde qui est
peu dissociable, pour les SDF, des situations très diffici-
les de glissement vers la déchéance qu’ils ont connues
et qu’ils connaissent encore : ce monde « normal »
est celui des contraintes, des obligations, celui des
dettes, des huissiers, des difficultés économiques, du
chômage. Certains ont encore suffisamment présent
à l’esprit cet ensemble de malheurs pour savoir qu’un
retour à la vie normale impliquerait de payer des dettes,
d’affronter des difficultés nombreuses. Ils n’acceptent
pas facilement l’idée d’un retour dans ce contexte
chargé de problèmes. Leurs refus se cristallisent sur
ceux qui les leur proposent, ce qui peut expliquer l’ac-
cueil brutal et grossier réservé aux travailleurs sociaux.
● Pour certains SDF, la disparition des notions de
temps et de lieu, le refus de l’avenir, qui n’est plus
perçu, expliquent l’impossibilité de se situer, de faire
DOCUMENT 2 Dessin de Plantu, extrait de Wolfgang,
tu feras informatiquee (1988)
Intérêts du document
Mise en évidence (et dénonciation), sur un mode humoristique, de réactions masculines à
l’égard des femmes qui réussissent : outre leurs qualités intellectuelles, on leur demande
d’être agréables à regarder. Les attentes concernant les femmes sont nettement plus exi-
geantes, venant des hommes, que celles qui concernent les hommes.
Pour analyser le document
1 Thème et domaine envisagés
La question est traitée à titre d’exemple dans le
manuel de l’étudiant (➜ p. 81).
2 Sens et mise en valeur du message
● Le dessin met en évidence plusieurs messages.
Le premier est que certains hommes sont facilement
jaloux de la réussite intellectuelle d’une femme.
Cette jalousie se manifeste par des remarques plei-
90
des projets, d’envisager un avenir. Or cette capacité
est indispensable pour se sortir d’une situation
présente, qui offre parfois le sentiment d’une liberté
et d’une absence de contraintes sociales : pour cer-
tains, une vie misérable au jour le jour est préférable
à un retour dans le monde codifié, pesant et organisé
de la société. On voit ce genre de situation lorsque
des SDF refusent d’habiter des lieux proposés parce
qu’ils ne sont pas libres de s’y comporter comme ils
le veulent, parce que cela les oblige à rompre avec
certaines habitudes, avec la familiarité qu’ils ont
créée avec les gens d’un quartier.
Ce sont là des raisons difficiles à exprimer et déve-
lopper, parce que nous ne sommes pas à la place
de ceux dont nous parlons, mais elles existent et
sont signalées par les psychologues, les médecins
et les travailleurs sociaux du SAMU social : les SDF
qui refusent les aides refusent parfois ce qu’ils ont
fui dans la société ou ce dont ils ont été privés,
souvent avec violence. Dans ces conditions, on
peut comprendre certains de leurs choix. L’enquête
sur les relations des SDF et de la société montre un
fort désir de s’y intégrer mais il y a, selon ceux qui
peuvent les aider, une grande difficulté à passer à
l’acte. Cela n’est pas dû uniquement aux individus :
le contexte joue un rôle important.
Sujet ➜ p. 65 (NT).
➜ p. 81
THÈME : la condition des femmes
nes d’acrimonie. Le second est que cette jalousie
s’exprime rapidement par des remarques qui délais-
sent le côté intellectuel pour se fixer sur l’apparence
physique : ainsi les diplômes et autres signes de la
réussite perdent de leur valeur et de leur crédibilité si
celle qui les détient n’offre pas, en plus, une image
agréable à regarder. Contrairement à ce qui se passe
pour les hommes, on exige d’une femme, pour la
considérer à la hauteur de sa tâche, qu’elle ait des
qualités esthétiques en plus de son savoir et de ses
compétences.
● Le dessin de Plantu rend compte de cet état de
fait et le dénonce à travers la partie écrite du docu-
 Analyser un dessin de presse, une bande dessinée
ment, mais les paroles sont renforcées par certaines
caractéristiques de la représentation picturale elle-
même. On note ainsi l’antithèse globale qui souligne
l’opposition femme / homme : taille, allure générale,
rayonnement, sourire, preuves accumulées de la
réussite d’un côté, petits personnages méchants et
désagréables, propos jaloux et mesquins, aucune
preuve d’un niveau quelconque d’étude ou de réus-
site, de l’autre. Le personnage féminin est représenté
de manière hyperbolique : occupation de l’espace (la
Vers la synthèse ➜ p. 81
1 Deux documents : consigne ➜ p. 81 (NT).
Deux documents : consigne ➜ p. 141. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 184, chapitre 14
(Analyser un extrait théâtral).
2 Trois documents : extrait de La Colonie, de Marivaux (document 1 ➜ p. 139), extrait de l’essai La
Famille, de N. Jonas (document 2 ➜ p. 60), dessin de Plantu (document 3 ➜ p. 81).
Intérêts du rapprochement
Apprentissage de la synthèse par le rapprochement de trois documents de genres différents sur deux
thèmes indiqués : le travail consiste à repérer et classer les idées.
I – VOLONTÉ DES FEMMES ET POSSIBILITÉ POUR
ELLES DE RÉUSSIR
Les trois documents abordent la question de la
réussite des femmes. On peut analyser d’abord
comment se manifeste leur volonté de réussir puis
ce qui la facilite.
● Les manifestations d’une volonté de réussir
Elles apparaissent surtout dans les documents 1
et 3. Dans le texte de Marivaux (document 1), les
propos d’Arthénice constituent de véritables reven-
dications féministes : les femmes veulent participer
à l’élaboration d’une constitution nouvelle ; elles
veulent occuper des emplois qui sont habituellement
réservés aux hommes – justice, épée –, et font valoir
qu’un monde dirigé par les hommes ne prend pas
en compte la moitié de l’humanité. Dans le dessin
de Plantu (document 3), on voit une femme qui a
brillamment réussi dans ses études, et rien n’indique
que ses diplômes soient spécifiquement réservés
aux femmes, ce qui confirme l’idée que les femmes
peuvent réussir dans tous les domaines, y compris
ceux qui peuvent paraître comme exclusivement des
domaines masculins.
● Ce qui permet cette réussite
Les trois documents donnent de manière précise les
raisons que les femmes peuvent avoir de penser que
la réussite est à leur portée. On peut d’abord signa-
ler chez certaines une volonté et des compétences
qu’elles considèrent comme inexploitées. D’après
Arthénice et Madame Sorbin, dans le document 1,
une femme a suffisamment d’intelligence, de savoir-
CHAPITRE
8
jeune femme déborde du cadre…), accumulation de
preuves de la réussite, manière très visible dont sont
écrits les mots diplôme, prix, importante couronne
de laurier, attitude générale marquée par une grande
aisance.
➤ À partir de trois personnages, le dessinateur met
en évidence une attitude facilement généralisable. Le
jeu des oppositions devrait conduire chaque specta-
teur à réfléchir sur ses propres préjugés.
faire et de réflexion pour apprendre des métiers
jusque-là réservés aux hommes : ceux de la guerre,
ceux de la justice. Selon ces deux personnages,
une bonne formation – Il n’y a que de l’habitude à
toutt (l. 23) – peut remédier à certaines ignorances :
il suffit d’apprendre, et sur ce plan, aucun domaine
n’est interdit aux femmes. Le document 2 et le
document 3 insistent particulièrement sur la notion
de formation. Si Plantu montre une lauréate, qui, du
fait de ses succès, peut certainement viser un poste
professionnel important, N. Jonas (document 2)
rappelle que la mixité de l’enseignement, acquise
dans les années 1960, permet aux filles de faire les
mêmes études que les garçons et donc, en principe,
d’accéder aux mêmes postes. Les deux documents
se rejoignent sur ce point. Cependant, le document
2 met en évidence les obstacles qui freinent l’égalité
des chances et la réussite des femmes.
II – LES OBSTACLES À LA RÉUSSITE DES FEMMES
Ce qui gêne la réussite des femmes se retrouve dans
les trois documents : on peut ainsi observer une
continuité historique. On peut distinguer ce qui vient
des hommes eux-mêmes et ce qui vient du contexte
familial.
● Les obstacles venus des hommes
Deux documents mettent en évidence que les
hommes ne renoncent pas facilement à certaines
prérogatives traditionnelles. Le dialogue théâtral
(document 1) fait clairement apparaître que, pour
eux, et cela depuis toujours, le rôle des femmes est
91
 à la maison et qu’elles n’ont aucune part à la gestion
des affaires publiques : on attend d’elles qu’elles se
limitent, une fois mariées, à leur maison et qu’elles
se soumettent à leur mari. Dans le dessin de Plantu
(document 3), la méchanceté jalouse des deux
hommes fait comprendre que si une femme réussit,
c’est qu’elle est laide. Ce préjugé traduit en réalité
le refus de voir les femmes se hisser à des postes
élevés et la volonté mesquine de les rabaisser en
méprisant leurs mérites. Le document 2 énonce des
idées qui ne sont pas très éloignées de cette dis-
parité traditionnelle lorsque son auteur analyse les
différences entre l’éducation des filles et celle des
garçons. Le second paragraphe de ce document
met en relief certains droits accordés aux garçons
– sortir du cercle familial, rentrer tard, s’inscrire à des
clubs de sport –, droits qui sont autant d’ouvertures
vers une autonomie refusée aux filles. Il est facile de
penser que la mentalité machiste tire ses origines
des avantages offerts aux garçons dans le contexte
familial. À ces différents obstacles, il faut ajouter
ceux qui touchent spécifiquement à l’éducation des
filles, malgré les possibilités d’égalité.
● Les obstacles venus de l’éducation familiale
Selon le document 1, les raisons qu’ont les hommes
de refuser les femmes dans leurs domaines ont
pour origine profonde les structures familiales et la
tradition. Le document 2 explicite ces obstacles, en
signalant qu’ils ne sont pas généralisés, mais qu’ils
ont un poids certain. Les femmes sont orientées
vers des branches professionnelles jugées plus
adaptées à leur sensibilité, et cela dès le lycée. La
conséquence de ce fait est que les filles sont plus
nombreuses dans le secteur tertiaire, les garçons
dans le secteur industriel, ce qui s’explique, selon
N. Jonas, par l’idée qu’il existe des compétences
sexuées. Les filles vont aussi plus facilement,
DOCUMENT 3 Planche de bande dessinée de C. Bretécher,
extraite des Frustréss (1973-1980)
Intérêts du document
Étude d’un document qui relève à la fois du dessin humoristique de presse et de la bande
dessinée : suite d’images constituant un court récit terminé par une chute ; document qui
pourrait s’apparenter à une courte nouvelle ; référence à Molière et mise en scène du travail
et des angoisses des comédiens ; satire de la manière dont certains acteurs se prennent
au sérieux.
92
d’après ce sociologue, vers des emplois associés
aux enfants, et vers d’autres, qui sont dévalorisés.
On peut ajouter qu’elles sont, plus que les garçons,
sollicitées pour des tâches ménagères, ce qui
contribue à maintenir l’image de la femme attachée,
de manière normale et admise, au ménage. Ces
différentes orientations correspondent à un certain
nombre d’idées, de croyances et de comportements
venus de la famille, en voie de diminution, mais
largement responsables des inégalités de réussite
entre les filles et les garçons.
➤ Il est intéressant de constater, entre le premier
document et les deux autres, une continuité théma-
tique et historique : au XVIIIe siècle (prenant le relais
des « femmes savantes » de Molière, même si cel-
les-ci ont des comportements outrés), les héroïnes
de Marivaux revendiquent une éducation leur per-
mettant d’accéder aux métiers des hommes et de
partager leurs responsabilités politiques. La difficulté
d’application de la loi sur la parité politique de 2001
montre qu’on est encore bien loin du compte.
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 81 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 97. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 114, chapitre 9
(Analyser un schéma, un document chiffré).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 80
Sujet ➜ p. 97. Ce sujet est traité p. 115 de ce guide
pédagogique, chapitre 9 (Analyser un schéma, un
document chiffré).
Sujet ➜ p. 160 : on trouvera des éléments concer-
nant ce sujet dans le chapitre 25 du livre de l’étu-
diant, p. 243.
➜ p. 82
THÈME : le comédien en scène
 Analyser un dessin de presse, une bande dessinée
Pour analyser le document
1 La mise en évidence du thème à travers le
dessin et le texte
La page de BD, donnée intégralement, comporte
onze vignettes dont la dernière occupe la place de
deux autres. Sur les huit premières, on voit deux
femmes assises chacune sur une chaise et échan-
geant des propos. L’une d’entre elles tient une feuille
sur laquelle doit figurer leur texte. Visiblement, elles
le relisent, l’apprennent, vérifient qu’elles le savent,
avec une agitation perceptible à leurs positions suc-
cessives. Sur la neuvième vignette, elles sont appe-
lées pour une audition, ce qui met fin à leur échange.
Elles sont alors au comble de l’angoisse comme le
montre l’image : contractées, en sueur (les petites
gouttes), en position de sursaut. L’avant-dernière
et la dernière images font comprendre dans quelle
situation exacte elles se trouvent.
● Les attitudes
Les huit premières vignettes ne font que peu varier
le dessin qui montre diverses positions de la tête et
des mains de deux personnes en train de discuter
et de consulter leur feuille : elles se rapprochent ou
s’écartent l’une de l’autre en fonction du contenu de
leurs propos. Sur la dernière vignette, après avoir été
appelées, elles se trouvent sur un plateau où elles
« jouent » et sont filmées. Tout autour d’elles sont
déployés des appareils (caméra, ordinateurs, projec-
teurs…) et des techniciens.
● Les paroles
Elles accompagnent les six premières vignettes.
Pendant leur attente, les deux femmes échangent
des propos qui sont tous en relation avec leur situa-
tion présente et le théâtre. On observe un ensem-
ble de termes exprimant l’angoisse, la peur : un de
ces tracs (vignette 1), ventre qui double de volume
(vignette 1), Je flippe à mortt (vignette 6). La lecture
de leurs répliques montre aussi qu’elles parlent
d’une expérience personnelle qui leur a fait rencon-
trer les « grands » du théâtre ou du cinéma : Barrault,
Planchon, Brook, Truffautt (vignettes 2, 3 et 5). Il res-
sort de leurs propos qu’elles ont joué l’une et l’autre
dans des pièces mises en scène par des metteurs
en scène célèbres et que l’une doit même tourner
avec Truffaut. On remarque cependant que ce pro-
jet passe par des relations complexes et sans doute
peu assurées : un de ses copains qui est copain avec
le jules de la monteuse (vignette 5).
➤ Deux comédiennes échangent des propos sur
leurs rencontres respectives avec de grands noms
du théâtre ou du cinéma, en attendant une audition
qui provoque chez elles une véritable angoisse,
malgré l’expérience affichée. Or l’audition a pour
objet de sélectionner deux actrices pour prononcer
CHAPITRE
8
un slogan publicitaire de présentation d’une poêle
à frire…
2 La portée critique de l’ensemble
L’ensemble des vignettes, le déroulement de l’his-
toire, les personnages eux-mêmes font sourire et ont
une portée satirique. Il est intéressant de mettre à
jour les éléments et les procédés qui y participent,
pour en dégager le sens.
● Le caractère hyperbolique de l’angoisse
On observe – à travers le dessin et le texte – une
insistance particulière, notamment par l’emploi
d’hyperboles, un de ces tracs, double de volume
(vignette 1), sur ce que ressentent les deux comé-
diennes et sur ce qu’elles ont ressenti dans des cir-
constances analogues : c’était monstrueux, c’était
horrible (vignette 2).
● L’insistance sur une grande expérience du
théâtre
Les propos des deux comédiennes font état d’une
riche expérience théâtrale, avec les plus grands.
On note le caractère vantard des rappels de sou-
venirs et les jugements très négatifs ou très posi-
tifs portés sur Durantin et Arnaud (que personne
ne connaît) respectivement jugés nul et admira-
ble, toujours de manière hyperbolique comme en
témoignent les mots lamentable (vignette 3), su-
blime, fan-tas-tique, dé-men-tiel (vignette 4). La
décomposition des mots en syllabes est le signe
d’une insistance forte dans la prononciation elle-
même. La dessinatrice met en scène ses person-
nages favoris, des femmes atteintes d’une sorte
de snobisme intellectuel, au comportement et aux
paroles manifestant une assurance extérieure,
mais une fragilité intérieure, excessives dans leurs
émotions et dans leurs propos.
● Un effet de fort décalage dans la chute
Il est certain que les huit premières vignettes ser-
vent à préparer la chute : durant toute cette partie,
les deux interlocutrices donnent l’image de comé-
diennes expérimentées mais redoutant l’audition,
avec la crainte de ne pas être choisies. Le contexte
et les références laissent penser au lecteur qu’elles
auditionnent pour un grand metteur en scène. On
observe cependant que les liens avec F. Truffaut sont
loin d’être directs et passent par des « relations de
relations », du copinage, sans rien d’officiel (vignette
5). Cette précision fait naître une certaine suspicion
chez le lecteur. La chute, qui intervient dans les
deux dernières images, établit un contraste fort (une
antithèse) entre l’image qui s’est créée des comé-
diennes et de leur expérience d’une part, le rôle et
le contexte dans lequel elles auditionnent, d’autre
part ! On pourrait penser : tout ça pour ça ! Le rôle
consiste à manipuler une poêle à frire et à prononcer
un slogan publicitaire particulièrement inepte.
93
 ● Les connotations du titre
C. Bretécher a donné comme titre à sa page la
réplique de Molière Le petit chat est mort. Cette
phrase, qui ne semble présenter aucune difficulté
particulière, est réputée dans les cours d’art dra-
matique comme particulièrement difficile à dire et à
jouer par son caractère inattendu dans le contexte
de la pièce. Le choix de ce titre qui, en apparence,
n’a aucun rapport avec les personnages, suscite la
Vers la synthèse ➜ p. 82
1 Deux documents : consigne ➜ p. 82 (NT).
2 Quatre documents : extrait d’Elvire Jouvet 40 (document 1 ➜ p. 142), extrait d’un entretien avec
H. Mirren (document 2 ➜ p. 77), bande dessinée de C. Bretécher (document 3 ➜ p. 82), photographie de
comédiens en répétition (document 4 ➜ p. 147).
Intérêts du rapprochement
Regroupement de quatre documents différents, dont deux de nature iconographique, permettant de
récapituler, de manière linéaire, l’ensemble des difficultés du métier de comédien. Le plan étant donné, le
travail consiste essentiellement dans la recherche et le regroupement des idées.
Nous donnons ici la présentation des documents –
qui pourrait constituer l’introduction de la synthèse –,
puis les idées regroupées et rédigées.
PRÉSENTATION – INTRODUCTION
Le corpus proposé traite du travail du comédien. Il
regroupe quatre documents dont deux relèvent de
l’image. Le premier est un extrait de la pièce Elvire
Jouvet 40, qui met en scène l’acteur Louis Jouvet
dans le rôle d’un professeur d’art dramatique faisant
répéter une scène difficile à une « apprentie » comé-
dienne. Le second est un extrait d’entretien avec la
comédienne H. Mirren, connue pour son rôle dans
le film de S. Frears The Queen, film dans lequel elle
incarne la reine d’Angleterre. La première image est
la planche de BD de Claire Bretécher « Le petit chat
est mort », qui montre deux comédiennes avant une
audition. Le dernier document est une photo des répé-
titions d’une pièce tirée du Procès, roman de Kafka.
On y voit un metteur en scène dirigeant, de la salle,
des comédiens au travail. Les quatre documents per-
mettent de dégager un certain nombre de difficultés
associées au métier d’acteur.
LES DIFFICULTÉS DU MÉTIER D’ACTEUR / COMÉDIEN
Métier difficile, celui du comédien exige un travail de
préparation. Il faut, de plus, vaincre des obstacles
qui viennent autant du rôle que de la personnalité de
celui qui joue.
● La nécessité du travail préparatoire
Interpréter un rôle ne s’improvise pas : on peut le
comprendre à travers chacun des documents du
corpus. Les deux images montrent l’une, le docu-
94
curiosité du lecteur et met en relief, avant toute lec-
ture, un effet de décalage ironique : malgré le titre,
on n’est pas chez Molière.
➤ À travers ces différents procédés, la page, iro-
nique, fait la satire de ceux et de celles qui, dans
le domaine du théâtre et du cinéma, mettent sur le
même plan la création artistique et les publicités
commerciales.
ment 4, des comédiens en scène et un metteur en
scène leur donnant des indications, notamment de
son bras droit, l’autre, le document 3, deux comé-
diennes attendant une audition. Le terme même de
répétition insiste sur le fait qu’il faut s’exercer à jouer
et à rejouer les mêmes scènes, pour « entrer » dans
la mise en scène et parvenir à répondre aux exigen-
ces de celui qui dirige, comme le font les acteurs
vus sur la photo. Quoique satirique, la bande des-
sinée de C. Bretécher insiste sur l’état émotionnel
dans lequel se trouvent ses héroïnes, qui, un papier
à la main, répètent leur rôle. Les deux documents
textuels abordent aussi l’idée qu’il est indispensa-
ble de travailler un rôle. Louis Jouvet, dans le docu-
ment 1, insiste sur la préparation d’une scène et
sur le fait que « sentir » une scène ne signifie pas
que le comédien soit capable de la réussir sur le
plan du jeu. Quant à H. Mirren, elle explique, dans
le document 2, le travail nécessaire lorsqu’il s’agit
d’incarner une personne encore vivante, qui, de
surcroît, est une personnalité politique : recherches
de documents divers et surtout originaux, nom-
breuses lectures, visionnage d’images d’actualité,
pour comprendre une personnalité, même dans son
enfance, travail de la gestuelle, pour « être » celle
qu’elle incarne, sans en être simplement l’imitation,
travail de diction, avec l’aide d’une répétitrice, pour
trouver le timbre de voix qui convient. La comé-
dienne insiste, dans ses propos, sur la difficulté
de ce travail en rappelant qu’elle a plusieurs fois
pensé ne pas arriver à « devenir » la reine. Le tra-
vail du comédien se heurte en effet à des obstacles
divers.
 Analyser un dessin de presse, une bande dessinée
● La présence d’obstacles
Les documents textuels exposent l’un et l’autre
certains obstacles rencontrés par les comédiens.
Dans le document 2, qui ne relève pas de la fiction,
la comédienne souligne, ce qui apparaît aussi dans
le dialogue de théâtre (qui n’est pas tout à fait de la
fiction), que le travail d’interprétation est source de
conflit entre la personnalité du comédien, ses idées,
ses croyances et le rôle qu’il doit assumer. C’est
particulièrement vrai lorsque le modèle est vivant.
Ainsi, H. Mirren évoque les opinions politiques de sa
famille, et le fait que son milieu est hostile au sys-
tème politique de la monarchie. Elle explique ainsi
comment elle a choisi de séparer ses opinions per-
sonnelles de celles de la personne qu’elle devait
incarner. Ce qu’elle expose dans cette partie de l’en-
tretien rejoint ce que met en relief Louis Jouvet (dans
le document 1) s’adressant à Claudia : la nécessité
absolue de mettre de côté ses propres réactions et
ses sentiments personnels, pour être au service,
totalement, des sentiments dégagés par le person-
DOCUMENT 4 Dessin de Sempé, extrait de Un peu de Paris
Intérêts du document
Faire réfléchir sur la notion de rénovation, sur le mélange entre l’ancien et le moderne : mise
en valeur ou destruction ? ; analyse du dessin de presse et réflexion sur ses relations avec
les faits de société.
Pour analyser le document
1 Une rénovation
Le dessin représente une rue parisienne (le titre du
recueil de dessins signale qu’il s’agit de Paris), vue
en plongée, bordée d’immeubles sur la gauche.
L’accent est mis, par la taille et par l’occupation
de l’espace, sur un chantier que l’on voit en coupe
latérale, au centre et à droite de l’image. Ce chantier
est bordé, au niveau de la rue, par une palissade
surmontée d’une pancarte indiquant qu’il s’agit de la
rénovation d’un immeuble du XVIIe siècle. Sur la pan-
carte, on peut aussi distinguer les expressions grand
standing et le mot parking. La notion de rénovation
est donc officiellement annoncée et confirmée par
ce que voit le spectateur de l’image : en plus foncé
apparaît une façade qui conserve de nombreux élé-
ments décoratifs de son époque d’origine : perron
CHAPITRE
8
nage. De la même façon que la comédienne britan-
nique s’efforce de s’effacer devant son personnage,
Louis Jouvet demande à Claudia de faire taire son
orgueil, et de se montrer sincère, en ne faisant pas
ce qu’il appelle du chiqué (l. 13). Les deux textes se
rejoignent sur l’idée qu’il ne faut pas en faire trop,
mais avoir bien compris les sentiments du person-
nage, qu’il faut mettre de côté son orgueil et éviter de
« bricoler » un rôle approximatif mais chercher l’in-
terprétation exacte de ce qu’est la personne, réelle
ou fictive, à laquelle le comédien donne vie.
Quatre documents : consigne ➜ p. 143 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 82
Sujets ➜ p. 56 (NT) et p. 79 (NT).
Sujet ➜ p. 147. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 194, chapitre 15 (Analyser une
photo).
➜ p. 83
THÈME : le devenir des sites industriels
avec un escalier bordé d’une balustrade classique,
grande porte monumentale, grandes fenêtres à
petits carreaux, jusqu’au dernier étage, œils-de-
bœuf (de style « grand siècle » comme on en voit
sur le toit des Invalides) très ouvragés à l’étage qui
se situe juste sous les toits, motifs aux angles, toit
à pans coupés… L’impression dominante est celle
d’une recherche décorative et architecturale baro-
que et classique, complexe, très ouvragée, ce dont
rend compte la multiplicité des éléments dessinés.
Le dessin comporte ainsi la représentation d’une
construction ancienne que l’on souhaite maintenir
parce qu’elle est esthétiquement belle et bénéficie
du « cachet » de l’ancien. L’idée de rénovation vient
surtout de ce qui se trouve derrière. La façade mas-
que une transformation totale de l’immeuble dont les
appartements (ou les bureaux) se trouvent dessinés
et organisés de manière tout à fait stéréotypée. Ils
sont représentés comme des boîtes empilées, sans
originalité, tous sur le même modèle et visiblement
95
 sans correspondance avec les niveaux de fenêtres
de la façade : 4 ou 5 niveaux identifiables en façade,
10 niveaux d’empilement des pièces à l’arrière.
On peut conclure de l’image que la façade est res-
taurée et que le reste est entièrement nouveau : il y a
à la fois rénovation, restauration et création.
2 Le(s) sens du dessin
Sempé s’intéresse ici à une manière de procéder très
fréquente en ville, notamment à Paris, dans les quar-
tiers de type haussmannien : on conserve les façades
du XIXe siècle ou d’époques antérieures, lorsqu’elles
sont belles, on les restaure, éventuellement on les
consolide, mais on modifie tout ce qui se trouve à
l’arrière-plan. Plusieurs éléments laissent penser que
le dessinateur dénonce une manière de procéder qui
relève du trompe-l’œil. Le lecteur de l’image remarque
en effet une distorsion entre l’annonce grand stan-
ding et la réalisation. Si cette indication correspond
à ce que l’on peut voir en façade, elle ne correspond
pas à ce qui se trouve derrière la façade, et qui relève
Vers la synthèse ➜ p. 83
1 Deux documents : consigne ➜ p. 83 (NT).
2 Deux documents : dessin de Sempé extrait de Un peu de Paris (➜ p. 83) et photo montrant une ancienne
centrale transformée en musée (➜ p. 146).
Intérêts du rapprochement
Mise en parallèle de deux « œuvres » de vocation différente pour une réflexion sur la sauvegarde des
outils industriels par rapport à celle des œuvres d’art ; préparation d’un travail d’écriture personnelle ;
exercice d’observation qui peut être complété par un exercice de rédaction.
LES ÉLÉMENTS COMMUNS À LA PHOTO ET AU
DESSIN
● Le rapprochement de deux époques : XIXe (ou
XVIIe)
et XXe siècles pour le dessin de Sempé ; Anti-
quité gréco-latine et XXe siècle pour la photo.
● Le rapprochement d’éléments appartenant à
des domaines différents, ou ayant des finalités
différentes : dans le dessin de Sempé, une façade
esthétiquement travaillée et un empilement de piè-
ces similaires (même forme, même surface, même
volume…). La façade est là « pour faire beau », la
construction moderne qui se trouve derrière est
rentable ; sur la photo, une œuvre d’art antique,
une « koré » au drapé travaillé, et une machine très
bien conservée et peinte en bleu. La statue pou-
vait orner une maison, un temple, un lieu public ;
la machine, du temps de son fonctionnement, était
strictement utilitaire et servait dans le domaine de
l’électricité.
96
de ce que l’on appelle, vulgairement, des « cages à
lapins ». Tels qu’ils sont présentés, les appartements
ou les bureaux semblent plus relever de l’utilisation
maximale de la place que d’une recherche de grand
standing. On peut le voir à la taille, à la disposition
des pièces : le dessin met en relief la répétition des
éléments semblables, qui paraissent préfabriqués.
➤ Le dessinateur s’en prend ici à un type de rénova-
tion dont la finalité essentielle semble être la rentabi-
lité d’une opération immobilière, sous couvert de la
restauration d’un patrimoine. L’image illustre ce que
l’on peut désigner, au sens littéral, par l’expression
« une restauration de façade ». Les effets sont créés
par tout un jeu d’oppositions : noir / blanc, surcharge
de la décoration / vide des pièces en construction,
qui n’ont aucune fioriture, surface / profondeur et
volume ; impression de décor pour la façade / réa-
lité de la construction qui se trouve derrière. Dans
les deux cas (façade et immeuble), on a l’idée de
multiplicité, mais elle ne concerne pas les mêmes
éléments.
➤ Dans les deux cas, chaque image fait coexister
un élément du passé et un élément décalé dans le
temps ; les conclusions que l’on peut tirer d’une juxta-
position en apparence anachronique sont différentes.
Sempé se moque d’une rénovation qui va dans le
sens d’une rentabilité et qui exploite un site en « allé-
chant » le client par la façade « grand standing » : il se
situe dans un domaine économique plus que culturel.
Ceux qui ont choisi de faire coexister – ce que montre
la photo – l’art et l’industrie, l’esthétique et l’efficacité
technologique en les regroupant dans un musée, font
comprendre que leur souci est celui de la valorisation
d’une machine à l’instar d’une œuvre d’art. On peut, à
partir de ces choix, ouvrir tout un débat, en ajoutant,
comme élément illustratif, le tableau de N. A. Kassa-
tkine (p. 125) montrant qu’un univers industriel peut
être envisagé comme le motif d’une œuvre d’art.
Ce peut être l’occasion de réfléchir sur les produc-
tions « industrielles » du sculpteur R. Serra, auteur
d’œuvres réalisées en acier brut.
 Analyser un dessin de presse, une bande dessinée
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 83
Sujet ➜ p. 57 : on trouvera des éléments pour traiter
ce sujet dans le livre de l’étudiant (chapitre 24, p. 229
et suivantes).
A P P L I C ATION
DOCUMENT 5 Dessin de presse d’Honoré (1986)
Intérêts du document
Sur le thème dee la flexibilité du travail, un dessin insistant au contraire sur la rigidité ; image
empruntée au fifilm américain Safety Lastt ; importance des contrastes de couleur, des lignes
et de la représe
représentation d’un univers de bureaux ; explicitation du sens de l’image par le texte
qui figure dans la bulle.
Pour analyser le document
1 Ce que représente le dessin
Le dessin d’Honoré est visiblement inspiré d’une image
du film Safety Lastt (titre français Monte là-d’ssus) du
metteur en scène F. C. Newmeyer réalisé en 1923, et
de l’acteur Harold Lloyd essayant d’arrêter le temps
dans une position très inconfortable : dans le film, en
effet, le personnage est au-dessus du vide. L’image
représente un personnage vêtu de noir, accroché à
l’aiguille d’une grosse pendule elle-même placée sur
le mur extérieur d’un immeuble et, semble-t-il, pesant
de tout son poids sur l’aiguille des heures (qui marque
8 heures et presque quinze minutes). Dominé par les
lignes verticales et obliques des constructions d’un
univers de bureaux dont les éléments semblent dis-
proportionnés (la porte à gauche, la pendule) parce
qu’ils sont vus en perspective, le dessin est également
dominé par les couleurs. L’ensemble constitue un
monde géométrique noir et orange dans lequel la vie
est représentée par l’homme, qui, accroché à l’aiguille,
tourne vers le spectateur / lecteur un visage angoissé.
Sa position déséquilibrée suggère l’idée qu’il fait des
efforts, en pesant de tout son poids, pour modifier la
position de l’aiguille, mais sans y parvenir. En bas à
droite de l’image, une bulle contient ses paroles sous
la forme d’une phrase exclamative : Pas trop flexible
quand même le temps de travail !
À partir de ces différentes composantes, le lecteur
peut comprendre que le thème traité est celui du
travail (contexte, personnage, mot travail),
l plus pré-
CHAPITRE
8
Sujet ➜ p. 146. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 192, chapitre 15 (Analyser une
photo).
➜ p. 85
THÈME : le travail
cisément qu’il s’agit du temps de travail (pendule,
personnage, paroles) et que le personnage montre
par sa position la difficulté qu’il y a dans le monde du
travail à obtenir une véritable flexibilité (adaptation
souple du temps de travail).
2 Le sens du dessin et les moyens mis en
œuvre
Le dessin frappe par ses contrastes : palette de
couleurs limitée à des nuances d’orange, contras-
tant avec le noir et le blanc, épaisseur des traits
noirs. L’univers présenté est austère, géométrique et
triste. Sur ce fond peu attrayant, la partie centrale de
l’image est occupée par le personnage et la pendule,
qui sont les éléments-clés et qui attirent immédia-
tement l’attention, avant les paroles de la bulle. La
pendule, blanche et noire, énorme et sans doute
angoissante, constitue le seul élément présentant
une courbe, ce qui s’oppose à la rectitude de toutes
les autres lignes. Le dernier contraste est créé par
le personnage, seul élément vivant, que le lecteur
perçoit en mouvement, en plein effort. Par rapport à
l’environnement, il représente la vie, l’effort. Il semble
en danger de perdre l’équilibre.
➤ Pourrait-on se passer de la bulle pour compren-
dre le sens du dessin ? Sans doute : le message,
qui est la lutte contre le temps, semble clair. Mais
le texte des paroles donne des précisions et permet
d’élucider le geste : l’homme seul cherche à modifier
la rigidité de l’aiguille, métaphore des efforts pour
assouplir le temps de travail et de la difficulté d’y
parvenir lorsqu’on est seul à lutter.
97
 Vers la synthèse ➜ p. 85 Vers l’écriture personnelle ➜ p. 85

1 Deux documents : consigne ➜ p. 130. Ce sujet Sujet ➜ p. 85 (NT).

est traité dans ce guide pédagogique, p. 170, chapi-
tre 13 (Analyser une publicité).
Sujet ➜ p. 55. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 52, chapitre 6 (Analyser un extrait
2 Trois documents : consigne ➜ p. 148. Ce sujet d’essai).
est traité p. 196 de ce guide pédagogique, chapi- Sujet ➜ p. 77 (NT).
tre 15 (Analyser une photo).
Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité p. 171 de ce guide
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 85 (NT) et pédagogique, chapitre 15 (Analyser une photo).
p. 148 (NT).

DOCUMENT 6 Bande dessinée Le Photographee (2003), ➜ p. 86

de D. Lefèvre, E. Guibert et F. Lemercier THÈME : le voyage

Intérêts du document
Analyse d’une bande dessinée ; originalité d’une œuvre qui mêle la photographie au
dessin ; caractère réel du voyage rapporté, vécu de manière dangereuse par des membres
de Médecins sans Frontières, ce qui ouvre des perspectives de réflexion à mettre, éventuel-
lement, en rapport avec les textes sur la médecine ; images exprimant une certaine manière
de voyager.

voit apparaître effectivement le bord noir du négatif

Pour analyser le document
1 Caractéristiques et thème des deux planches
Les deux planches de la bande dessinée Le Pho-
tographe ont une première particularité, immédia-
tement visible : elles font alterner le dessin et les
photographies. Cela signifie que les auteurs mêlent
la fiction à la représentation de la réalité. Une autre
caractéristique concerne la nature et le statut du
texte.
N.B. On peut rappeler ici que les événements réels
et historiques rapportés par la BD sous la forme de
photographies se situent en 1986 (présence sovié-
tique en Afghanistan) et qu’à cette date la photo
numérique n’existe pas. Les photos reproduites
sont des photos sur papier, tirées sous la forme de
« planches-contact ».
● L’alternance dessin / photo : la première page
donne une succession d’images qui ressemblent à
des pellicules en noir et blanc ou sépia. Il s’agit en
réalité de planches-contact, photos développées au
format de vignettes, sur une feuille : c’était très utilisé
dans la presse avant l’existence de la photo numé-
rique, car cela permettait de choisir entre plusieurs
photos en les ayant les unes à côté des autres. On
98
et le numéro de la photo. On distingue d’ailleurs
leurs numéros sur le film. Les images captées relè-
vent de la réalité comme les deux photos suivantes,
qui ont la même origine, mais qui occupent plus de
place. On retrouve une photo en bas de la page,
placée au centre de la ligne avec du texte de part
et d’autre. Toutes les photos de cette planche sont
des photos d’intérieur qui tournent autour du même
épisode : un des Afghans accompagnant l’équipe
s’est égaré mais a fini par retrouver le groupe. C’est
son retour qui est exposé : les photos montrent son
air halluciné, sans doute du fait des angoisses d’être
perdu. La seconde planche (p. 87) comporte six
photos placées de la même manière dans chaque
demi-page. Ce sont aussi des clichés qui se suivent
sur un film : on reconnaît les mêmes paysages pris
selon des angles et des plans différents. Il y a donc
une suite dans les photos comme il y a une suite
dans les images.
Les images relèvent du dessin en couleurs, mais
dans des teintes peu vives, beige, marron, sépia,
avec du noir et du blanc. C’est un dessin minutieux,
qui se veut réaliste, et dont on remarque que ce
qu’il représente est très proche de ce que repré-
sentent les photos. Comme sur les photos, on a
 Analyser un dessin de presse, une bande dessinée
des vignettes dessinées représentant le groupe,
d’autres se limitant à un ou à deux personnages,
avec des plans variés, parfois originaux, comme
les deux personnages de la cinquième vignette de
la seconde planche. On ne voit qu’une partie des
personnages, mais ils apparaissent en entier sous
la forme d’ombres. Il y a ainsi de grandes simili-
tudes entre les deux séries de représentation : le
thème, les personnages et le déroulement de l’his-
toire vécue passent alternativement de la photo au
dessin et du dessin à la photo sans autre rupture
que celle de la nature de l’image. Le dessinateur
représente les personnages, le photographe capte
leur image : ils agissent en continuité et avec une
évidente entente. Les images et les vignettes dessi-
nées s’intéressent aussi au paysage, photographié
sous plusieurs angles et plans : le lecteur en saisit
la beauté sauvage, le caractère désertique, généra-
teur d’angoisse.
● Le texte : après une ligne de texte explicitant ce
que l’on voit sur les trois premières photos, on trouve
du texte sous forme d’encadré, à cinq reprises sur la
première planche et à deux reprises sur la seconde.
On peut donc remarquer qu’il ne s’agit pas de bulles
rapportant des paroles prises sur le vif. Le contenu
des différents encadrés est essentiellement informatif
et narratif. L’auteur des textes, qui est aussi le dessi-
nateur, explique ce qui est représenté sur les images
et sur les photos : sans les textes, il serait difficile de
savoir ce qui se passe. Le lien de sens est très étroit
entre images et texte, au point que le lecteur peut
se demander, en fonction de sa propre démarche de
lecture, si le texte explicite l’image en exposant son
contenu ou si l’image est là pour illustrer ce qui est
dit dans le texte.
De l’ensemble texte / image, il ressort que les per-
sonnages en scène sont des Européens en mission
dans le nord de l’Afghanistan, accompagnés de
moudjahidin afghans qui les guident et qu’ils entrent
dans une zone particulièrement dangereuse, comme
le montrent les paysages : beauté et caractère
sauvage des montagnes arides, danger des lieux
découverts : à cette époque, ce pays était en guerre
avec l’URSS. L’épisode de l’homme égaré laisse
penser qu’il vaut mieux ne pas se perdre dans ces
solitudes en apparence désertes.
L’originalité de l’ensemble est double : l’alternance
dessins / photos montre l’exactitude des dessins et
insiste, de manière dramatisée, sur les personnages
et sur les lieux. La similitude des éléments représen-
tés souligne l’art du dessinateur. Si le dessin rappelle
que l’on est dans la BD, la photo rappelle, elle, que le
récit est authentique et qu’il ne s’agit pas de fiction.
La seconde originalité vient du texte, qui constitue
une sorte de journal de bord.
CHAPITRE
8
2 Les aspects particuliers mis en relief et les
informations
● Sur le thème du voyage – qui n’est pas, étant donné
les circonstances, un voyage touristique – l’ensem-
ble dessins / photos / texte apporte les informations
suivantes :
– un épisode qui renseigne sur les conditions de
vie : les marches de nuit, dans le froid, le risque de
se perdre, la terreur de cet égarement (froid, peur,
présence de l’ennemi, absence de nourriture…) ;
– les réactions et le mode de vie du groupe : l’accueil de
l’homme perdu, la manière de le réconforter, qui donne
des précisions sur la nourriture et la boisson, une sorte
d’aparté personnel de celui qui raconte pour faire part
de son dégoût du thé puis de son accoutumance ;
– des précisions sur les lieux et sur les objectifs du
lendemain : la traversée d’un grand plateau exposé
et dangereux (peu d’abris, comme on le voit, le
risque constant d’être attaqués). Les lieux, montrés
à la fois par une image et par six photos sont impres-
sionnants et correspondent aux craintes émises par
celui qui raconte ;
– la présentation de la stratégie adaptée : passer par
petits groupes de deux hommes comme on le voit
sur les deux dernières photos.
➤ On peut penser que les visées de cette bande
dessinée sont les suivantes :
– raconter en dessin, texte et photos, une expérience
vécue et rendre ce récit original par l’adjonction de
dessins très nettement inspirés des photos, ce qui
accentue l’idée d’authenticité : les photos garantis-
sent la véracité des dessins ;
– témoigner, en restant au plus près de la réalité, de
l’importance de cette expédition sur différents plans,
comme celui de la découverte des gens, des lieux
et des manières de vivre, mais aussi de la portée
humaine d’une telle expérience puisqu’elle se situe
dans le cadre d’une mission médicale et humanitaire.
Vers la synthèse ➜ p. 88
1 Deux documents : consigne ➜ p. 88 (NT).
Deux documents : consigne ➜ p. 153. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 207, chapitre
15 (Analyser une photo).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 88 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 153 (NT).
N.B. On trouvera dans le chapitre 17 du livre de
l’étudiant (p. 177-178) un corpus sur le voyage
regroupant quatre documents, parmi lesquels la
bande dessinée. Ce corpus sert de base à un travail
de classification des idées.
99
 Vers l’écriture personnelle ➜ p. 88
1 Sujet ➜ p. 88
Intérêts du sujet
Une réflexion, non sur un thème, mais sur un genre, la BD ; une occasion de susciter des réactions à
un jugement qui peut être ressenti comme dévalorisant. On peut demander aux étudiants d’envisager
d’abord ce qui pourrait justifier le point de vue d’Y. Frémion, puis de prendre la défense « culturelle » de
la BD en s’interrogeant aussi sur ses fonctions : un divertissement doit-il être culturel ?
Nous donnons ici des éléments de plan.
I – JUSTIFICATION DU POINT DE VUE D’Y. FRÉMION
Y. Frémion assimile la BD au langage de ceux qui
sont étrangers à la culture traditionnelle.
● D’une part, la BD est faite de dessins, ce qui
semble plus facilement accessible que la lecture ;
d’autre part, comme on ne peut pas faire passer des
idées complexes et des raisonnements dans des
dessins, le contenu d’une BD est nécessairement
simple et facile à comprendre : histoires simplifiées,
comportements immédiatement identifiables (exem-
ple : Tintin), réactions des personnages rendues par
les images et par des onomatopées, non par des
analyses psychologiques.
● Les textes de la BD sont courts quelle que soit
leur nature : paroles prononcées au discours direct,
onomatopées (fréquentes), ou encadrés narratifs
exposant l’évolution d’une situation ou un élément
important, ce qu’il y a à lire est en général réduit à
peu de chose, facile, avec des références simples à
des situations de tous les jours (exemples : BD de
C. Bretécher, BD de Lauzier).
● Les thèmes traités sont divers, ils renvoient à
l’histoire, à la vie sociale, à l’environnement immé-
diat, mais souvent sous une forme simplifiée, à
travers des faits faciles à comprendre et dont les
tenants et les aboutissants n’apparaissent pas. La
BD s’en tient à ce qui est factuel ; les réactions et
sentiments ont une expression figurative.
● Certaines bandes dessinées s’inspirent de
romans connus, ceux de G. Simenon, et même de
ceux de M. Proust. On peut voir alors à quel point
la BD est réductrice. Elle doit, du fait de sa nature,
laisser de côté bien des explications données par
les romanciers.
➤ Si l’on considère que la culture traditionnelle est
celle du discours construit, de la complexité analy-
tique, de la richesse des caractères, de la pensée
discursive rigoureuse, alors on peut penser que la
BD n’y a pas sa place et qu’elle ne peut en rendre
compte. Faut-il pour autant la juger de façon si
négative ?
100
II – DÉFENSE « CULTURELLE » DE LA BD
● La BD n’est pas uniquement une suite d’images
simplistes et de textes d’une affligeante pauvreté.
D’une part, le dessin – souvent remarquable par le
graphisme, à la fois précis, réaliste et documentaire
(série Largo Winch, éd. Dupuis ; série XIII, éd. Dar-
gaud) – peut faire passer de nombreuses idées ;
d’autre part, un texte bref peut, lui aussi, sous une
forme très resserrée, dire beaucoup, y compris des
explications concernant des montages financiers…
Dans la BD de C. Bretécher, quelques dessins et
peu de texte font ressortir un ensemble de compor-
tements très représentatifs de la nature humaine. Il
n’est pas besoin de longs discours.
● Il existe des BD dont les auteurs se donnent pour
objectif d’apporter des éléments de réflexion et
mettent en scène des héros dont les choix peuvent
constituer des modèles ou des contre-exemples. On
mettra dans ce groupe les BD de Tardi consacrées à
la guerre (par exemple C’était la guerre des tranchées,
éd. Casterman, 1993), Le Photographe (➜ p. 86-87)
ou encore un ouvrage consacré aux conséquences
de l’accident de Tchernobyl, Tchernobyl mon amour
(C. Montellier, éd. Actes Sud, 2006). On peut citer
aussi Lucky Luke, de Morris et Goscinny, personnage
représentatif des mythes américains de la conquête
de l’Ouest, qui reprend tous les thèmes sociaux et
politiques des westerns.
● Des manifestations comme le festival d’Angoulême,
qui est consacré à la bande dessinée, montrent que
cette littérature, en constant développement, n’est
pas réservée à des lecteurs au lexique peu développé
et aux idées courtes. Ainsi, les différents albums d’As-
térix sont nourris de culture latine, toujours utilisée à
bon escient, et porteuse de beaucoup d’humour.
Témoignage de l’importance des arts graphiques,
la BD touche à deux domaines complémentaires, le
texte et l’image dont le décryptage commun et simul-
tané n’est pas réservé aux lecteurs sans culture.
➤ Il ne faut pas exclure la BD comme non porteuse
de culture ; il ne faut pas non plus la considérer
comme une source de méditation philosophique.
Puisqu’elle est un passe-temps et un divertissement,
on peut lui demander d’être légère et distrayante. Et
si, en plus, elle fait réfléchir, c’est mieux ; mais ce
n’est pas sa vocation.
 Analyser un dessin de presse, une bande dessinée
2 Sujet ➜ p. 62 (NT).
Sujet ➜ p. 108. Ce sujet est traité p. 133 de ce guide
pédagogique, chapitre 11 (Analyser un extrait poé-
tique).
DOCUMENT 7 Dessin de presse de Faujour (2006)
Intérêts du document
Trois vignettes pour dénoncer de manière directe les relations d’argent entre la publicité et le
sport ; particularités du dessin de presse, qui « dit » des choses de manière explicite, mais
contient aussi beaucoup d’implicite ; dessin comportant des éléments textuels et permet-
tant d’étudier l’association texte / dessin.
Pour analyser le document
1 Composition et thème du document
Le document se compose de trois vignettes sur les-
quelles figure le même personnage, avec trois ges-
tes et trois mimiques différentes. Les trois vignettes
comportent du texte, sous la forme de bulles de BD,
ce qui signifie que les paroles émanent du person-
nage présent. Seule la troisième vignette comporte
un fond, que l’on peut identifier comme un stade. On
peut en déduire que les dessins ont quelque chose
à voir avec le sport, d’autant qu’il est question suc-
cessivement de l’équipe de France (vignette 1), du
mundial (vignette 2) et du nom de joueurs de football
célèbres (vignette 3). Sur la première vignette, celui
qui parle et qui peut être identifié soit comme l’en-
traîneur de l’équipe, soit comme un journaliste spor-
tif, annonce la composition de l’équipe de France,
ce qui correspond à un moment « footballistique »
important : on peut le remarquer à l’air grave et doc-
toral (avant-bras levé et index dressé) de celui qui
parle. La seconde vignette vient atténuer l’impor-
tance de la nouvelle, voire la minimiser complète-
ment, puisque la précision qui est donnée signale
que la sélection est faite pour après le Mundial,
compétition suprême ! Les bras croisés et l’air ironi-
que du personnage accompagnent une nouvelle qui
n’a, en matière de football, aucune importance, et
qui, de ce fait, suscite certaines interrogations et une
certaine curiosité. La clé (et le sens) de l’ensemble
figure dans la troisième vignette, qui associe le nom
CHAPITRE
8
Sujet ➜ p. 132. Ce sujet est traité p. 173 de ce guide
pédagogique, chapitre 13 (Analyser une publicité).
➜ p. 88
THÈME : la publicité
de cinq joueurs célèbres de l’équipe de France à cinq
grandes marques : Danone, Auchan, Sony, Nestlé et
Mac Do. Le thème du sport se trouve ainsi associé
au thème de la publicité. Le personnage a une mine
réjouie, comme s’il annonçait une grande nouvelle
ou comme s’il racontait une histoire drôle…
2 Sens du message
En procédant par étapes successives avant de dévoi-
ler la « grande » nouvelle, le personnage représenté
(et le dessinateur qui le met en scène) provoque l’at-
tention du lecteur qui s’interroge sur ce qui va suivre.
Il lui faut lire les trois vignettes dans l’ordre, ce qui le
fait aller ainsi de surprise en étonnement : annonce,
précision, révélation. Mais la précision détruit la
portée de l’annonce et la révélation n’est pas ce
que l’on pouvait attendre. La troisième vignette a
donc une grande force dénonciatrice parce qu’elle
associe des éléments auxquels le lecteur ne s’attend
pas. Entre chacune des vignettes et la suivante, il
y a à la fois un effet de continuité thématique et un
effet de rupture sémantique. L’association noms
des joueurs / marques publicitaires dénonce avec
force les relations d’argent qui lient les joueurs et
les marques, à travers d’importants contrats. Le lien
exprimé par l’anaphore de chezz souligne le passage
d’un univers à l’autre, du sport à l’argent, et l’abandon
du premier au profit du second. La coupe du monde
de football a un avantage majeur pour les joueurs
d’une équipe, surtout si c’est l’équipe championne :
elle leur permet de signer des contrats publicitaires.
On se trouve là à l’un des nombreux confluents de
l’argent et du sport.
101
 Vers la synthèse ➜ p. 88
1 Deux documents : consigne ➜ p. 88 (NT).
Deux documents : consigne ➜ p. 135. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 177, chapitre
13 (Analyser une publicité).
2 Trois documents : consignes ➜ p. 88 (NT) et p. 157
(NT).
DOCUMENT 8 Serre, dessin extrait de Humour noir et hommes
en blanc
Intérêts du document
Un dessin relevant de l’humour noir pour faire réfléchir, sur un mode humoristique, mais grin-
çant, aux relations médecin / patient et à la situation de l’un par rapport à l’autre ; observa-
tion d’une certaine manière de dessiner différente de celle d’autres dessinateurs représentés
dans le chapitre.
Pour analyser le document
1 Thème, registre et manière de dessiner
Le titre du recueil, Humour noir et hommes en
blanc, donne d’emblée le ton. Les hommes en
blanc sont les médecins et l’humour noir est une
manière particulière de mettre en relief, de façon
souvent caricaturale, avec cruauté, voire désespoir,
ce que le monde a de tragique, ou d’incohérent,
d’absurde. Le dessin proposé correspond bien à ce
titre. On y voit deux personnages installés face à
face. L’un est visiblement un patient : il a la jambe
droite dans le plâtre et vient consulter un médecin,
plus précisément un chirurgien. Le contexte médi-
cal et chirurgical est rendu par le diplôme accroché
au mur (genre d’exposition qui ne se fait plus), par
l’armoire vitrée remplie de boîtes de médicaments,
par la blouse blanche de l’homme assis en face du
patient, avec un stéthoscope qui dépasse de la po-
che. La position des deux personnages exprime la
situation de consultation. Mais il faut tenir compte
d’un élément surprenant : au-dessus du chirurgien,
qui semble écouter le patient avec attention (en
même temps qu’avec un petit sourire inquiétant)
se trouvent exposés sous la forme classique de
trophées de chasse, trois membres amputés : une
jambe avec son pied, une main avec un poignet et
un bras entier. Ces trophées inattendus sont tout à
fait inquiétants, et la perplexité se lit sur le visage
du patient, qui doit se demander avec angoisse ce
qui l’attend.
102
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 88
1 Sujets ➜ p. 100 (NT) et p. 157 (NT).
Sujet ➜ p. 133 (sujet 2). Ce sujet est traité dans ce
guide pédagogique, p. 177, chapitre 13 (Analyser
une publicité).
2 Sujets ➜ p. 76 et p. 120. Ces sujets sont abordés
dans le livre de l’étudiant, chapitre 25.
➜ p. 89
THÈME : les dérives de la médecine
Plusieurs registres se combinent dans ce dessin :
l’humour noir vient de la mise en relief d’un compor-
tement destructeur qui n’est pas celui d’un médecin
digne de ce nom. Le dessin, qui joue sur des domai-
nes sensibles, la santé, la vie, la mort, le corps, sous
une forme angoissante, est satirique : il contient une
dénonciation forte de pratiques qui relèvent de la
compétition et de la recherche de la notoriété, dans
un domaine qui ne s’y prête pas.
Il est intéressant de caractériser la manière de des-
siner de Serre : personnages quelque peu hyperboli-
ques par leurs proportions ; ils sont grands, minces,
un peu déformés, avec des visages caricaturaux (le
nez en particulier). Cette manière de dessiner est
particulièrement visible dans la représentation du pa-
tient, qui évoque un oiseau de proie. On peut remar-
quer aussi la taille des membres exposés. Le dessin
en noir et blanc est très contrasté, précis, mais peu
attractif : les personnages inspireraient plutôt une
sorte de répulsion, l’un parce qu’il ressemble à un
épouvantail, l’autre parce que, sous l’apparence de
l’attention, il semble préparer un mauvais coup… Ils
ont l’un et l’autre quelque chose d’effrayant : la re-
présentation de la nature humaine, à travers eux, re-
lève du pessimisme, de la grisaille, et d’une violence
sous-jacente.
2 Le sens du dessin
La signification du dessin découle de ses compo-
santes : le patient qui consulte un chirurgien pour
une jambe cassée risque de ressortir de la clini-
que, de l’hôpital ou du cabinet où opère « l’homme
 Analyser un dessin de presse, une bande dessinée
en blanc » avec une jambe en moins, celle-ci étant
destinée à orner un mur. De là naissent l’idée d’un
rapport de force et l’image du patient / gibier, du
chirurgien / chasseur et de la chirurgie / tableau de
chasse et compétition pour savoir qui pourra af-
ficher les plus beaux trophées. L’image, très ex-
plicite, laisse le lecteur retrouver de lui-même un
ensemble d’implicites et en particulier l’oubli, la
méconnaissance ou le refus des règles éthiques de
la profession médicale (voir à ce sujet le Serment
médical, p. 162 du livre de l’étudiant) : la fonction
du médecin n’est pas de contribuer à la diminution
physique du patient mais à sa restauration. Celui
qui, avec un sourire sardonique, suppute les chan-
ces qui s’offrent à lui d’augmenter son tableau de
chasse, métaphore des opérations qu’il réalise et
des prothèses qu’il pose, est un chirurgien indi-
gne, qui contrevient à son serment et aux règles
éthiques de sa profession. Serre dénonce ici, sous
une forme effrayante et grinçante, une dérive de
la chirurgie.
Vers la synthèse ➜ p. 89
1 Deux documents : consigne ➜ p. 89 (NT).
P R O L O N GEMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Sens et emplois de figures de rhétorique dans
des documents iconographiques
● Accumulation : figure d’insistance qui consiste
à mettre ensemble, en grande quantité, énumérer,
entasser, regrouper des éléments. On constate une
accumulation de signes de réussite dans le dessin
de Plantu (➜ p. 81), une accumulation de rouages
dans la machine des Temps modernes (➜ p. 148),
une accumulation de voitures dans l’affiche de Savi-
gnac (➜ p. 120), une accumulation de machines
dans le tableau de N. A. Kassatkine (➜ p. 125).
● Antithèse : figure d’opposition qui rapproche
deux éléments contradictoires. On observe une
antithèse dans le dessin de Plantu (➜ p. 81) entre la
jeune femme et les deux hommes : elle est grande /
ils sont petits ; elle occupe une place prépondérante
du dessin / ils sont à l’écart ; elle est souriante et
heureuse / ils sont désagréables et jaloux. On trouve
également une antithèse dans le dessin de Sempé
(➜ p. 83) entre la façade sauvegardée de l’immeu-
ble, avec ses fioritures, son originalité et sa com-
CHAPITRE
8
Deux documents : consigne ➜ p. 151. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 202, chapitre
15 (Analyser une photo).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 151 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ 151. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 203, chapi-
tre 15 (Analyser une photo).
Quatre documents : consigne ➜ p. 162. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 223, chapi-
tre 16 (Analyser un document de référence).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 89
1 Sujet ➜ p. 89 (NT).
2 Sujet ➜ p. 72. Ce sujet est traité p. 77 de ce
guide pédagogique, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
Sujet ➜ p. 162 (NT).
➜ p. 90
plexité décoratives et ce qui est derrière la façade,
un ensemble de bureaux modernes tous semblables,
stéréotypés. On peut parler également d’antithèse à
propos de la photo de la page 146 : à la statue anti-
que s’oppose la machine moderne, l’une et l’autre
considérées comme des œuvres d’art.
● Gradation : figure d’insistance qui énumère des
éléments disposés selon un ordre d’importance. On
peut parler de gradation (taille) entre les trois élé-
ments qui figurent sur le tableau de chasse du chirur-
gien (dessin de Serre ➜ p. 89) : la main, le bras, la
jambe ; on peut également parler de gradation dans
les propos du personnage de Faujour (➜ p. 88).
● Hyperbole : figure d’insistance qui met en relief
l’excès, la démesure, en utilisant des superlatifs,
des pluriels, des termes collectifs. La représentation
(disproportionnée) de la jeune femme dans le des-
sin de Plantu (➜ p. 81) constitue une hyperbole. On
peut dire la même chose du personnage du dessin
d’Honoré (➜ p. 85), comme de la pendule à laquelle
il s’accroche, l’un et l’autre sont gigantesques com-
parés aux immeubles voisins.
● Métaphore : figure d’analogie, la métaphore met
en relief des similitudes entre deux éléments. C’est
une comparaison incomplète à laquelle il manque
103
 toujours l’outil de comparaison et parfois le comparé.
La canalisation dans laquelle se trouve coincé le SDF
du dessin de Soulas (➜ p. 80) peut être considérée
comme une métaphore de l’emprisonnement des
marginaux dans une situation d’où ils ne parviennent
pas à sortir, pour toutes sortes de raisons.
● Métonymie : figure d’insistance qui consiste
à remplacer un concept par un autre avec lequel il
entretient une relation logique (appartenance, conte-
nu / contenant, partie pour le tout…). Dans le dessin
d’Honoré (➜ p. 85) et dans l’affiche de F. A. Doumenq
(➜ p. 130), le temps est représenté par l’instrument
qui le mesure. Dans le dessin de Serre (➜ p. 89), les
jambes représentent des trophées de chasse.
● Anaphore : figure d’insistance qui consiste à
répéter un même mot ou groupe de mots au début
de vers, phrases ou de paragraphes qui se suivent.
On peut en voir une sorte d’illustration dans le dessin
de Sempé (➜ p. 83) : les pièces toutes semblables
qui constituent l’immeuble sont la constante répé-
tition du même motif. De même dans l’image des
Temps modernes (➜ p. 148), on observe une accu-
mulation anaphorique du motif du rouage.
● Symbole : le symbole est un signe figuratif qui
représente un concept. Dans le dessin de Plantu
(➜ p. 81), la couronne de laurier est le symbole de
la réussite.
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
Le dessinateur Serre met en scène, dans Humour
noir et hommes en blanc (➜ p. 89), un chirurgien
(c’est identifiable à partir du tableau qui se trouve
accroché au mur), qui reçoit un patient dans son
cabinet. On remarque un bureau avec un télé-
phone et une armoire vitrée contenant diverses fio-
les et boîtes. Le patient semble inquiet, sans doute
à juste titre : derrière le spécialiste, une main, une
autre main au bout d’un bras et une jambe accro-
chées au mur sont assimilables à des trophées
de chasse. L’image oppose l’inquiétude visible du
patient au sourire sarcastique du chirurgien, qui
laisse penser qu’il a flairé la bonne affaire et pourra
bientôt accrocher un nouveau trophée.
Le dessinateur dénonce ainsi, avec ce que l’on
appelle un humour noir, une dérive qui prend
les patients pour de futurs symboles de « chas-
ses » réussies et la chirurgie pour une véritable
chasse ; le chirurgien vainqueur étant celui qui
peut s’enorgueillir du plus beau tableau. Dans
ce contexte, le patient est assimilé à un animal
pourchassé et le savoir-faire du chirurgien à une
série d’amputations, voire une tuerie qui doit
permettre la constitution d’un palmarès enviable.
On est très loin du Serment médical.
104
EXERCICE 3
● Document 1 (➜ p. 80) : malgré l’aide extérieure, il
est difficile de sortir de l’exclusion. / Comment sortir
lorsqu’on est coincé ?
● Document 2 (➜ p. 81) : les hommes n’aiment pas
les femmes qui réussissent.
● Document 3 (➜ p. 82) : que d’angoisses pour
un spot publicitaire ! / L’art de se prendre au
sérieux. / Beaucoup de bruit pour peu de chose.
● Document 4 (➜ p. 83) : une rénovation de
façade. / Il y a rénovation et rénovation.
● Document 5 (➜ p. 85) : la flexibilité n’est pas ce
que l’on croit. / Flexibilité ou rigidité ?
● Document 6 (➜ p. 86-87) : une mission dange-
reuse. / Risques et dangers de l’aide humanitaire.
● Document 7 (➜ p. 88) : quand le sport et la publi-
cité font bon ménage. / Le football, ça rapporte ! / Le
football et les marques : le grand amour. / Équipe de
France ou équipe de marques… ?
● Document 8 (➜ p. 89) : quand les chirurgiens
partent à la chasse aux trophées… / La chirurgie :
hôpital ou safari ?
EXERCICE 4
● Document 3 (➜ p. 82)
Sous le titre « Le petit chat est mort », la planche de
BD de C. Bretécher, extraite des Frustrés, rapporte
les échanges de paroles de deux comédiennes très
angoissées avant de passer une audition. La suc-
cession de vignettes se termine par une chute inat-
tendue qui en donne le sens.
● Document 6 (➜ p. 86-87)
Le document 6 est constitué par deux planches de
vignettes d’une bande dessinée, réalisée en 2003,
Le Photographe, qui mêle dessin et photographies
authentiques. Ses auteurs sont D. Lefèvre, E. Gui-
bert et F. Lemercier. Le récit mis en image raconte
le périple d’un groupe de Médecins Sans Frontiè-
res dans le nord de l’Afghanistan, au moment de la
guerre avec l’URSS, en 1986.
● Document 7 (➜ p. 88)
Dessin de presse de Faujour, le document 7, qui
date de 2006, met en scène un commentateur
sportif qui présente l’équipe de France de football
en précisant, sans craindre de la nommer, à quelle
marque chaque joueur se trouve associé.
■ RECHERCHES
On trouvera de nombreux dessins de presse sur le
site Iconovox. Les Frustrés, de C. Bretécher, sont
publiés dans la collection Librio et facilement acces-
sibles.
CHAPITRE
9 Analyser
un schéma,
un document chiffré
Livre de l’étudiant ➜ p. 91 à 98

A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Sondage exclusif CSA / FNARS / La Croixx (2006) ➜ p. 91

THÈME : l’exclusion

Intérêts du document
Un tableau de pourcentage sur le thème des relations entre les SDF et la société ; des
réponses marq quant une modification historique à travers les résultats de trois sondages
faits à des époques différentes ; document permettant un apprentissage de l’analyse de ce
qui est dit et de ce qu’il faut savoir lire.

sondages ont déjà été faits et qu’il peut être intéres-

Pour analyser le document
1 Les informations données par le document
● La source du document permet de savoir qu’il
a été commandé par une association, la FNARS
(Fédération Nationale des Associations d’Accueil et
de Réinsertion Sociale), et par le journal La Croix. Il
a été réalisé par l’institut de sondage CSA, dans la
période du 30 octobre au 10 novembre 2006.
● Le paratexte de présentation signale que le son-
dage a été effectué auprès de 493 personnes qui
étaient toutes des SDF.
● Concernant l’item L’attitude à l’égard de la société
et la perception de l’avenir, la question posée porte
sur l’envie de s’intégrer à la société, de la transformer,
d’en faire partie, d’y prendre des responsabilités, de
vivre en marge, d’en profiter.
La composition du tableau est la suivante : sur la
première ligne l’item, et sur la ligne d’en dessous,
la question, complétée par la première colonne,
qui suggère six possibilités de réponses. Viennent
ensuite trois colonnes indiquant des pourcentages.
Chaque colonne correspond à une période, en
remontant dans le temps : novembre 2006, 1997 et
1994. Chacune des trois colonnes se termine, en bas
du tableau, par le chiffre 100, qui rappelle que les
colonnes donnent des résultats en pourcentages. Le
rappel de 1994 et 1997 montre que de semblables
sant d’analyser les différences de résultats sur une
dizaine d’années.
➤ L’interprétation d’un tableau passe d’abord par
une identification de toutes ses données. Dans le cas
particulier du tableau proposé, avant toute conclusion
tirée des chiffres, il est intéressant d’observer qui est
concerné ainsi que la nature des questions posées :
elles sont cruciales parce qu’elles portent sur ce qui
définit la situation des exclus, leur relation – rejet,
refus, marginalité – avec la société et les sentiments
qui en découlent. Les références historiques (1994,
1997) servent de repères pour faire des observations
sur le phénomène de l’exclusion, la manière dont il
est vécu, et certaines évolutions.
2 Ce qu’apprend le tableau
Réponse rédigée dans le livre de l’étudiant p. 92.
Vers la synthèse ➜ p. 92
1 Deux documents : consigne ➜ p. 92 (NT*).
2 Trois documents : tableau de pourcentage
(document 1 ➜ p. 91), extrait de la conférence de
l’Université de tous les savoirs (document 2 ➜ p. 63),
dessin de presse de Soulas (document 3 ➜ p. 80).
* Non traité.
105
 Intérêts du rapprochement
Trois documents de genre différent s’intéressant aux relations entre les SDF et la société ; trois modalités
différentes pour donner des informations et faire réfléchir ; trois types d’analyse différents.

La consigne de l’exercice donne deux orientations :
les souhaits d’intégration de certains SDF et ce qui
y fait obstacle. Nous donnons ici la présentation des
documents et les grandes lignes du rapprochement
sous forme de tableau. Une des deux orientations
(orientation 1) est ensuite rédigée.
PRÉSENTATION
Une idée courante, concernant les SDF que l’on
voit mendier dans les rues ou installés sous des
abris de fortune, est qu’ils refusent la société, et
se sont mis eux-mêmes à l’écart plutôt qu’ils n’ont
été exclus. Les trois documents qui constituent
le corpus ne vont pas dans ce sens. Le premier,
résultat chiffré d’un sondage effectué en 2006
pour le journal La Croixx et la FNARS et rappel de
sondages antérieurs, fait apparaître qu’un nombre
important d’exclus souhaite revenir dans la société.
Le document 2, une conférence faite par le médecin
J. Hassin, qui s’occupe des SDF, attire l’attention
sur les difficultés de réinsertion, comme le dessin
de presse de Soulas : de nombreux obstacles
freinent, voire empêchent les exclus de se réinsérer
dans la société.

DOCUMENTS LE DÉSIR DE RÉINSERTION LES OBSTACLES

1. Sondage CSA pour la FNARS
et La Croix, p. 91 / tableau de
pourcentage, 2006
Les chiffres de 2006 montrent La question des obstacles n’est
que, sur 100 SDF interrogés, 89 pas explicitement abordée dans le
ont une relation positive avec la document chiffré.
société, et que, d’une manière
ou d’une autre, ils souhaitent s’y
intégrer, la transformer, y vivre,
avoir des responsabilités. Ainsi,
la société n’est pas rejetée par
un pourcentage important de
personnes qui en sont rejetées.
On remarque seulement que, par
rapport aux sondages précédents,
le chiffre de ceux qui espèrent
des responsabilités a nettement
diminué (de 16 à 9).

2. Conférence de J. Hassin, p. 63,
Université de tous les savoirs, 2007
Le document 2 met en relief le fait
que certains SDF acceptent l’aide
des travailleurs sociaux, mais de
manière souvent incohérente et
brutale. Ils souhaitent sans doute
sortir de leur état mais ont perdu
les modes d’expression nécessaires
pour se faire comprendre.
Un obstacle important est signalé
indirectement : c’est l’état de
déchéance physique dans lequel
sont tombés bien des SDF : état
physiologique délabré, alcoolisme,
perception de l’environnement
sous forme de menaces, perte de la
conscience du temps, des lieux, de
l’avenir, absence d’espoir ; il faut
également signaler les difficultés
matérielles qui se manifestent
au sortir de la marginalité, par
exemple les dettes.
Ces différents points expliquent
que les aides soient souvent
rejetées avec violence. La
déstructuration psychologique
rend très difficiles les tentatives de
réinsertion.

106

3. Dessin de Soulas, p. 80, 1988 ;
dessin de presse
Analyser un schéma, un document chiffré
Souhait indiqué par le titre du
dessin Sortir de l’exclusion.
Soutien et aide exprimés par
la présence de deux personnes
qui semblent vouloir porter
assistance au SDF installé dans sa
canalisation. Le souhait de retour à
une normalité ne peut se faire sans
aide extérieure.
CHAPITRE
9
Les paroles du SDF : Je suis coincé
résument à elles seules toutes les
difficultés : s’extraire du tuyau
signifie revenir dans un monde
dont on a oublié, en tant que
marginal, certains codes et certains
fonctionnements ; le retour à une
vie « normale » semble ne pouvoir
se faire facilement.

I – LES SOUHAITS DE RÉINSERTION 1994 (80) et en 1997 (84). La réalisation du sondage

Les documents 1 et 3, essentiellement, abordent
l’idée que les SDF souhaitent se réinsérer dans la
société d’où ils sont exclus. Sur le dessin de Soulas,
le gros titre Sortir de l’exclusion attire l’attention sur
ce qui peut être un souhait, souhait qui se trouve
exprimé dans le sondage effectué par le CSA et qui
se révèle important et significatif. Selon les chiffres
indiqués, on remarque en effet que, sur 100 SDF
interrogés en 2006, 89 souhaitent retrouver une
relation normalisée avec la société. Ce chiffre, qui
regroupe à la fois ceux qui veulent juste s’intégrer
et d’autres qui souhaitent plus, marque une pro-
gression par rapport au même sondage effectué en
d’une part, les différentes démarches des travailleurs
sociaux mises en relief par les propos de J. Hassin
d’autre part, la présence, enfin, des deux personnes
qui visiblement cherchent à aider l’homme coincé
montrent une prise en compte des désirs de ceux qui
ont sombré ou ont été entraînés dans la marginalité.
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 92
Sujet ➜ p. 65 (NT).
Sujet ➜ p. 80. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 89, chapitre 8 (Analyser un dessin
de presse).

DOCUMENT 2 Trois courbes sur l’évolution du chômage des jeunes, ➜ p. 92

La Croixx (2007) THÈME : le travail

Intérêts du document
Un ensemble de courbes permettant de suivre un phénomène dans sa continuité et de
comparer deux évolutions dissociées ainsi que la synthèse des deux ; manière de lire un
document de ce type ; avantages et inconvénients de ce type de courbe par rapport à un
exposé textuel.

sous-titre indique aussi que les chiffres correspon-

Pour analyser le document
1 La composition du document
Le document proposé est un graphique qui regroupe
trois courbes. Sur le plan textuel, il ne comporte que
quelques éléments permettant de comprendre ce
qu’il représente et de l’interpréter. On remarque la
présence d’un grand titre, constat au présent, qui
pourrait aussi constituer la conclusion du schéma :
Le chômage touche davantage les peu diplômés,
puis un sous-titre qui apporte une précision : trois
ans après la sortie des études, et ce que représente
chacune des courbes, ceux qui sortent de l’ensei-
gnement supérieur long, ceux qui sont peu diplômés.
La courbe centrale fait le total des deux autres. Le
dent à des pourcentages. Le schéma est construit
avec en abscisse l’indication d’une durée, de 1976
à 2001, soit 25 ans, et en ordonnée des chiffres de
pourcentage de 0 à 50. Il permet ainsi de suivre deux
évolutions en continu sur une durée de 25 ans. Le
choix de trois couleurs accentue la lisibilité en diffé-
renciant de manière nette les trois courbes.
2 Les informations données par le schéma
L’ensemble du schéma permet de dégager plusieurs
informations.
Globalement, de 1976, époque où le chômage des
jeunes trois ans après la fin de leurs études était bas
pour les diplômés du supérieur (4 %), plus élevé
pour les peu diplômés (10 %), à 1984, qui marque un
107
 premier pic, le chômage des jeunes a régulièrement
augmenté, mais de manière nettement différente.
Tandis que pour les diplômés de l’enseignement
supérieur long l’augmentation n’était que d’environ
3 % (passage de 4 % à 6 %), pour les peu diplômés,
l’augmentation a été forte et rapide, environ de 27 %
(passage de 10 % à 37 %). Le chômage a ensuite
connu une décrue vers 1991 : diminution de 10 %
pour les peu diplômés et de 2 % pour les autres,
avec une remontée très forte en 1997-98, avec un
pic de 49 % (donc remontée de 21 % environ pour
les peu diplômés) et une augmentation de 6 % pour
les diplômés du supérieur (passage de 5 % à 11 %).
Depuis 1997-98, le chômage des peu diplômés est
redescendu à 40 % et semble s’y maintenir, avec
juste une petite augmentation (1 ou 2 % en 2002)
tandis que le chômage des diplômés du supérieur
long suit une baisse régulière.
De manière générale, on peut observer que la courbe
bleue et la courbe verte suivent un mouvement
d’ensemble qui présente des similitudes dans les
montées et les décrues, mais avec des différences :
le point de départ n’est pas le même et les mouve-
ments d’augmentation et de décrue sont nettement
plus brutaux en ce qui concerne la courbe bleue.
Vers la synthèse ➜ p. 93
Deux documents : consigne ➜ p. 93 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 93
Sujet➜ p. 55. Ce sujet est traité p. 52 de ce guide
pédagogique, chapitre 6 (Analyser un extrait d’essai).
Sujet ➜ p. 77 (NT).
DOCUMENT 3 Schéma extrait du Dictionnaire Larousse (2008)
Intérêts du document
Un schéma figuratif, avec texte, dessin, flèches et couleurs différentes, permettant de com-
prendre un double processus de destruction des forêts sous l’effet des pluies acides.
Pour analyser le document
1 Composition et fonctionnement du schéma
Le schéma concernant les pluies acides occupe un
rectangle au centre duquel a été dessiné un arbre
108
Concernant les deux catégories de diplômés, on
remarque que le chômage des jeunes trois ans après
la fin de leurs études est en augmentation, mais dans
le cas des diplômés de l’enseignement supérieur
long, en 25 ans, il n’a pas dépassé les 11 % (avec un
point de départ à 4 %) tandis qu’il a atteint les 49 %
pour les peu diplômés.
En 25 ans, la fluctuation du chômage des diplômés
du supérieur long s’est faite de 4 à 7 % environ avec
une pointe à 11 % ; celle des peu diplômés s’est faite
de manière brutale de 10 à 40 %. La courbe rouge,
qui réunit les deux, suit le même mouvement mais de
manière atténuée (moins de pics et de ruptures).
➤ Il ressort de manière très lisible de ce schéma
que le chômage des jeunes, envisagé trois ans
après la fin de leurs études, a augmenté en 25 ans
mais de manière beaucoup plus importante pour
ceux qui sont peu diplômés. La conclusion que l’on
peut tirer de ces différents chiffres et des courbes
est que le diplôme apporte des garanties contre le
chômage. Il ne signifie pas que l’on trouve (ou que
l’on a trouvé) à coup sûr du travail trois ans après
la sortie des études ; il est certain cependant que
plus le diplôme est élevé, plus il y a de chances de
trouver du travail.
Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité dans ce guide péda-
gogique, p. 197, chapitre 15 (Analyser une photo).
Sujet ➜ p. 85 (NT).
➜ p. 93
THÈME : la sauvegarde des forêts
ressemblant à un sapin. La cime de l’arbre atteint
une zone dont la couleur bleue évoque le ciel tandis
que les racines, visibles, se trouvent dans la partie
inférieure de couleur rougeâtre qui représente la
terre, dont il est précisé qu’elle est acidifiée. Tel qu’il
est schématisé, le sapin se dresse tout droit mais
 Analyser un schéma, un document chiffré
on remarque que sa partie supérieure est marquée
par le dépérissement, ce qui est souligné par les
informations chute des aiguilles, à droite et mort, au
faîte de l’arbre. On observe d’autre part la présence
de signes, à gauche, qui, comparables à des gout-
tes, représentent des précipitations définies comme
des pluies acides. Ces pluies acides ont une action
directe sur le sol indiquée par une information située
tout à fait à gauche du sapin. En haut à droite du
schéma, une demi-sphère blanche représente – c’est
écrit dessus – la chaleur ou la sécheresse. On peut
l’assimiler au soleil. Plusieurs informations, toutes de
connotation négative, indiquent ce qui atteint l’arbre
par le sol : action nocive directe sur les racines, perte
d’éléments nutritifs.
Pour que la description soit complète, il faut signaler
la présence de flèches de deux couleurs, qui tracent
deux sortes de parcours en plusieurs lignes courbes
reliant différents éléments du schéma : ciel / arbre,
ciel / terre, boule blanche (soleil) / arbre, terre / tronc
de l’arbre. En bas à gauche du schéma figure, sous
forme de légende, la signification des flèches de cou-
leur. Les lignes bleues représentent l’action de ce qui
vient directement de l’atmosphère, les lignes vertes
indiquent ce qui passe, et selon quel cheminement,
dans les arbres, provoquant leur mort progressive
depuis la cime jusqu’aux racines. Grâce aux lignes
de couleur, le lecteur peut comprendre un processus
qui a une double origine : ce qui vient de l’industrie,
ce qui vient de la nature.
La clé qui permet de comprendre le fonctionnement
est l’ensemble de flèches de couleurs différentes,
avec une légende en bas à gauche du document :
le lecteur comprend ainsi l’existence de deux fac-
teurs de destruction – d’une part les pluies dues à
la présence de produits toxiques dans l’atmosphère,
d’autre part les variations climatiques et la manière
dont ils se « combinent » – avec pour conséquence
une action encore plus négative.
Eléments communs
DÉFINITION
Précipitations, pluies contenant de l’acide sulfurique et de
l’acide nitrique
Très nuisible à la végétation, en particulier aux forêts
➤ On se rend compte ainsi que la définition dit en
quoi consiste le phénomène, mais n’en détaille pas
le processus ; elle donne un constat et la relation de
cause à effet négative entre les pluies acides et la
CHAPITRE
9
2 Ce qu’apprend le schéma
En faisant une lecture du schéma à partir du haut, on
observe la présence de deux sources de destruction :
d’un côté la concentration atmosphérique en différents
produits chimiques, sous-produits de l’industrialisa-
tion (oxydes de soufre, azote et métaux lourds), de
l’autre les effets de la chaleur ou de la sécheresse.
La concentration en éléments chimiques destruc-
teurs a deux actions négatives qui ont lieu dans
l’atmosphère (flèches bleues à gauche du schéma) :
la première se fait directement sur les aiguilles de
l’arbre, qui tombent, c’est une sorte d’empoisonne-
ment. La seconde se manifeste à travers des pluies
acides, dans l’atmosphère, puis dans la terre qu’el-
les acidifient. On aborde alors le processus terrestre
(flèches vertes). Les pluies acides appauvrissent les
éléments nutritifs de la terre, ce qui a une action
destructrice sur les racines : insuffisamment nourri,
et ne pouvant absorber l’eau qui lui est nécessaire,
l’arbre dépérit. Le phénomène chimique dû à la pol-
lution atmosphérique est aggravé par les effets de la
sécheresse, qui est un phénomène naturel.
➤ Le schéma met en évidence la double origine
conjuguée de la pollution industrielle et de ce qui
vient de la nature et ce double processus est mis
en relief par les deux séries de flèches bleues qui
viennent du haut du schéma. Les flèches vertes indi-
quent dans quel sens se fait l’action destructrice à
l’intérieur du sol, puis la remontée à l’intérieur de l’ar-
bre, attaqué aussi de l’extérieur (à gauche et à droite
sur le schéma) : l’atmosphère, l’eau, la chaleur et la
terre jouent chacune un rôle négatif et destructeur
avec des enchaînements de cause à effet (signalés
par les flèches) et des effets aggravants.
Comparer la définition du dictionnaire et le schéma
donné par le même dictionnaire permet de mettre en
évidence des éléments communs et de faire appa-
raître ce que le schéma donne de plus.
SCHÉMA
Pluies acides venues de la concentration atmosphérique en
oxyde de soufre et azote
Mort, chute des aiguilles, perte d’éléments nutritifs, action
nocive directe
destruction des forêts ; le schéma, lui, retrace le pro-
cessus et permet de comprendre comment l’arbre
est atteint et par quoi. Le schéma est plus explicite
et plus scientifique que la définition.
109
 Vers la synthèse ➜ p. 93

1 Deux documents : consigne ➜ p. 93 (NT).

Deux documents : consigne ➜ p. 121. Ce sujet est traité p. 153 de ce guide pédagogique, chapitre 12
(Analyser une œuvre d’art).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 121 (NT).
3 Quatre documents : extrait théâtral d’A. Tchékhov, Oncle Vania (document 1 ➜ p. 136) ; article de presse
de J. Alia (document 2 ➜ p. 73) ; photo du dossier de presse de « L’Odyssée Verte » (document 3 ➜ p. 150) ;
schéma expliquant les pluies acides (document 4 ➜ p. 93).

Intérêts du rapprochement
Regroupement de quatre documents, deux documents textuels, deux documents iconographiques à
partir desquels, pour s’exercer à la synthèse, on peut étudier ce qui détruit les forêts et en quoi cette
destruction peut révéler l’importance de leurs fonctions.

La consigne donne deux pistes : la destruction des
forêts et les fonctions qui font son importance.
Nous donnons ces deux orientations sous une
forme rédigée.
I – CE QUI DÉTRUIT LA FORÊT
La lecture et l’analyse des quatre documents propo-
sés font ressortir que ce qui menace la forêt vient de
l’action directe des hommes, et de celle des hommes
conjuguée à celle de la nature.
● La destruction qui vient directement des hom-
mes : elle est abordée dans les documents 1 et 2.
Dans le document 1, le personnage d’Astrov se désole
de voir disparaître les forêts russes pour permettre
aux habitants d’avoir du bois de chauffage (au lieu
d’aller ramasser du bois mort) et de construire non
seulement des charpentes, mais des maisons entiè-
res (au lieu de les construire en pierre). Cela conduit,
pour ce personnage, à un déboisement assimilable
à un véritable massacre qui a des répercussions sur
toute la faune et la flore environnantes. Dans son
analyse des conséquences de la tempête de 1999,
J. Alia (document 2) évoque aussi l’utilisation du
bois dans l’industrie, bois qui ne peut venir que de
la destruction de certaines forêts. On peut aussi, en
considérant les programmes d’aventure forestière
proposés par l’« Odyssée Verte » (document 3), se
rendre compte que des aménagements récents,
dans les forêts, ont pour objectif d’apprendre aux
promeneurs à les respecter. Le premier destructeur
des arbres et des forêts est l’homme.
● La destruction qui vient des hommes et de la
nature : il s’agit, d’une part, de la destruction étudiée
dans le schéma des pluies acides, que l’on trouve
dans le document 4, et, d’autre part, des phénomè-
nes naturels comme les tempêtes (document 2). Le
document 4 présente le double processus chimique
qui détruit les forêts par les pluies acides, chargées
d’acide sulfurique et d’acide nitrique, attaquant les
110
arbres à la fois de l’extérieur et de l’intérieur. Cette
pollution industrielle venue des hommes est aggra-
vée par certains phénomènes naturels comme la
chaleur et la sécheresse. Les arbres et les forêts sont
alors doublement menacés, comme ils le sont par
d’autres phénomènes naturels comme les tempêtes.
Dans le document 2, J. Alia évoque la tempête des-
tructrice de 1999 qui a causé de véritables ravages
dans la forêt française, entraînant avec elle toute une
chaîne de destruction.
➤ La forêt est soumise à la double action destruc-
trice des hommes et des éléments. L’évocation de
sa disparition fait émerger son importance à travers
différentes fonctions.
II – L’IMPORTANCE DE LA FORÊT À TRAVERS
CERTAINES FONCTIONS
Les documents du corpus font apparaître que la
forêt a une importance capitale dans trois grands
domaines : elle adoucit et humanise les hommes,
elle a un rôle écologique et un rôle économique.
● Une fonction humaniste : sur les quatre docu-
ments, trois insistent de manière plus ou moins
directe, sur la fonction « humaine » de la forêt. Ainsi, le
personnage de Sonia dans le document 1 accorde à
la forêt le pouvoir d’embellir, d’adoucir les êtres, de les
rendre plus accessibles à la beauté et à la sensibilité,
de les éloigner de la violence. Pour elle, les forêts sont
inspiratrices de grâce, d’élégance et de savoir-vivre.
L’image de la forêt humaine inspiratrice et proche de
la sensibilité humaine apparaît aussi dans le texte de
J. Alia, lorsqu’elle assimile un vieux cèdre abattu à un
être humain et lorsqu’elle parle de mémoire vivante des
arbres. Elle met ainsi en valeur une conception animiste
des arbres qui figure dans le texte de Tchékhov.
● Une fonction écologique : elle est mise en relief
par l’extrait théâtral et par le texte de J. Alia. Dans les
deux documents, il est question de tout ce qui est
lié à l’existence de la forêt et de ses écosystèmes :
 Analyser un schéma, un document chiffré
la flore et la faune qui y sont étroitement associées,
la nature des paysages. Dans le document 1, Astrov
rappelle tout ce qui disparaît avec la destruction de
la forêt, comme le fait aussi J. Alia : plus de bêtes
sauvages, plus de gibier, ensablement des rivières,
appauvrissement de la terre (document 1), plus de
récoltes de champignons divers (document 2). C’est
tout un équilibre qui est détruit.
● Une fonction économique : ce qui fait aussi la
valeur de la forêt est son utilisation dans l’économie
d’une région ou d’un pays. Cette valeur est mise en
relief dans le document 2 : J. Alia signale le manque
à gagner dû à la disparition des arbres. La forêt rap-
porte : le bois est transformé en pâte à papier, en
meubles, et ce que l’on appelle la filière bois donne du
travail à 550 000 personnes. La forêt a aussi une valeur
CHAPITRE
9
touristique, comme le montre la réalisation de l’« Odys-
sée Verte » qui utilise les arbres pour construire des
circuits d’aventure tout en sensibilisant à l’importance
écologique des arbres. La destruction de la forêt est un
manque à gagner important sur des plans divers.
➤ La nécessité de sauvegarder les forêts est dictée
par les fonctions qu’elle occupe et par son impor-
tance sur le plan de la vie des hommes, sur le plan
de la survie des équilibres naturels et sur le plan de
l’économie, trois domaines indissociables.
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 93
Sujet 1 ➜ p. 137 (NT).
Sujet 2 ➜ p. 137. Ce sujet est traité p. 181 de cet
ouvrage, chapitre 14 (Analyser un extrait théâtral).

DOCUMENT 4 Tableau et diagramme en bâtons extraits d’une ➜ p. 94

enquête TNS Sofres sur la publicité (2005)

THÈME : l’exploitation des enfants

Intérêts du document
Deux modes de représentation d’éléments chiffrés, un tableau de pourcentage et un dia-
gramme dit « en bâtons » dont l’un (le second) apporte des précisions sur un résultat donné
dans le tableau. On pourra s’interroger sur la lisibilité des résultats selon le mode d’expres-
sion choisi ; sur le thème de l’utilisation des enfants dans la publicité, les résultats portent
sur une durée de 22 ans.

La dernière colonne comporte, en rouge, les chiffres

Pour analyser le document
1 La construction des deux regroupements de
résultats
Le tableau de pourcentages et le diagramme en
bâtons forment un ensemble contenu dans un
tableau de résultat de sondage dont le titre est
L’utilisation des enfants dans la publicité, et la ques-
tion Trouvez-vous choquant ou pas choquant que
des enfants apparaissent dans des publicités ?
● Le tableau : il est formé de quatre colonnes dont
les deux centrales sont surmontées de la mention
Rappel enquête, qui donne les résultats en pourcen-
tage d’une enquête similaire (même question posée,
sur le même thème) à deux moments différents et
antérieurs. Dans les deux cas (1983 et 2002), l’en-
quête a été faite par le même institut de sondage,
la SOFRES. La première colonne du tableau donne
deux items antithétiques C’est choquantt et Ce n’est
pas choquant, ce qui ne laisse aucune possibilité de
réponse approximative. La dernière case, en bas de
la colonne, est laissée à ceux qui n’ont pas d’avis.
du sondage de 2005. La succession des trois chif-
fres sur les lignes horizontales permet de comparer
les résultats à trois époques différentes et de faire
des comparaisons sur les réactions des personnes
sondées.
● Le diagramme en bâtons : les six bâtons de
couleur fuchsia qui constituent le diagramme repré-
sentent, en pourcentages, une décomposition des
réponses à l’item C’est choquant en fonction de
l’âge des personnes sondées. Les âges sont donnés
sur la ligne horizontale : 18-24, 25-34, 35-49, 50-64,
65 et plus, le premier bâton regroupant le résultat
ensuite décomposé, résultat donné par le premier
tableau, et qui est : 22 % des personnes interrogées
pensent que c’est choquant de faire apparaître des
enfants dans la publicité. Le diagramme en bâtons
ne prend en compte que le résultat de 2005 et pas
du tout les résultats établis en 1983 et en 2002.
2 Ce qu’apprend l’ensemble du tableau de
pourcentages et du diagramme
Le tableau de pourcentages apprend que sur la
question du caractère choquant des enfants dans la
111
 publicité, en 22 ans, les opinions se sont modifiées.
Ainsi, le nombre d’avis C’est choquantt a diminué
de 9 % par rapport à 1983, et le nombre d’avis Ce
n’est pas choquant a augmenté de 13 %. Le nombre
de sans opinion a baissé de moitié (de 7 % à 3 %).
La présence de plusieurs dates fait apparaître que
les modifications les plus importantes ont eu lieu
entre 1983 et 2002, ce qui correspond à un laps
de temps de presque vingt ans. Les modifications
d’opinion vont dans le sens d’un avis plus favorable
à la présence des enfants dans la publicité, ce qui
semble aller dans le sens d’une importance plus
grande accordée aux enfants, peut-être parce qu’ils
représentent, sur le plan économique, un marché
considérable.
Le diagramme en bâtons s’intéresse à un aspect
particulier des résultats du sondage : comment se
fait la répartition par âge des adeptes du C’est cho-
quant ? Le résultat est intéressant : plus les sondés
sont jeunes moins ils répondent que C’est choquant.
Les 22 % de réponses C’est choquantt (premier
bâton) se répartissent selon une progression très
nette, qui s’accentue fortement des 35-40 ans vers
Répartition par âge des 22 % de réponses C’est choquant
18-24 ans 25-34 ans 35-49 ans
9 11 15
Vers la synthèse ➜ p. 95
Deux documents : consigne ➜ p. 95 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 95
1 Sujet ➜ p. 95.
Intérêts du sujet
L’intérêt du sujet vient de ce qu’il va à l’encontre des résultats du tableau et peut paraître relever du
paradoxe. La lecture de l’extrait de la Convention internationale des droits de l’enfantt (p. 163) pourrait
constituer une aide ou un point de départ utiles ; à chacun de répondre de manière personnelle ; mais il
semble difficile de défendre la thèse selon laquelle il n’y a aucun danger.
Nous donnons ici quelques arguments pour étayer la
thèse de l’existence de risques.
Même si un sondage réalisé en 2005 fait savoir que
75 % des personnes interrogées ne jugent pas cho-
quant d’utiliser des enfants dans la publicité, on peut
penser que cette forme d’exploitation peut compor-
ter certains risques.
● Poser pour des affiches publicitaires, ou pour
la publicité de catalogues, constitue un travail qui
peut être contraignant, entraîner des déplacements,
se faire sur un temps qui pourrait être celui de
l’école ou celui des congés. C’est là une première
112
les 65 ans et plus. Ce sont les personnes les plus
âgées (les plus « vieux jeu ») qui sont réticentes – à
43 %, ce qui est important – à l’utilisation des enfants
dans la publicité : leur éducation, leur expérience, un
système de valeurs différent peuvent expliquer les
résultats donnés par le diagramme.
➤ Il est intéressant de constater que les trois-quarts
(75 %) des personnes interrogées ne trouvent pas
choquant que des enfants figurent dans des publici-
tés. Il serait intéressant d’avoir, ce que ne donne pas
le tableau proposé, les conclusions d’un sociologue
sur l’importance prise par les enfants, par la publicité
et par l’acceptation de les voir y figurer.
On pourrait transformer le diagramme en tableau
(voir ci-dessous), mais il est certain que la forme du
diagramme et la couleur attirent l’attention du lecteur
et se révèlent très parlantes. Le schéma montre de
manière figurative (en rendant le jeu des proportions
et de la gradation) et immédiatement saisissable ce
que le tableau demande de déduire. Le diagramme
bénéficie de la force de l’image : il « impressionne »
davantage et oblige davantage à réfléchir, ce qui
peut paraître paradoxal.
50-64 ans + de 65 ans
30 43
objection : les enfants ne doivent pas travailler
– sauf dans des conditions bien précises – et l’on
sait que le travail imposé aux enfants est contraire
à la Convention internationale des droits de l’enfant
(p. 163).
● Les enfants ne sont pas majeurs et n’ont aucun
droit de décision, ni aucune possibilité de signer un
contrat accompagnant ce type de travail. Ils sont donc
à la merci des adultes, ceux qui les engagent d’une
part, éventuellement leurs parents, lorsque ceux-ci
voient là une possibilité de gagner un argent qui ne
reviendra pas nécessairement à ceux qui l’ont gagné.
 Analyser un schéma, un document chiffré
● Si le fait de poser pour des publicités peut être
perçu par les enfants comme un jeu, un divertisse-
ment, il ne les met pas moins en contact avec des
milieux, ceux de la publicité, qui ne sont peut-être pas
des « fréquentations » pour eux : brassage d’argent,
liberté des comportements, liberté de langage. La
manière dont ils sont considérés (en mini-vedettes)
risque de développer chez les enfants une certaine
forme de narcissisme, le sentiment de sa propre
importance, d’une valeur marchande, au détriment
de valeurs plus orientées vers l’humanisme.
● Les enfants d’aujourd’hui sont considérés comme
des consommateurs de demain. Pour certains publi-
citaires, leur utilisation comme enfant est une forme
de conditionnement pour leur vie d’adulte : étant
« tombés » dans la publicité, ils en seront marqués
de manière profonde.
● On peut aussi considérer qu’il n’est pas néces-
sairement honnête d’utiliser des enfants pour cibler
CHAPITRE
9
des publicités sur d’autres enfants : on exploite le
caractère enfantin des uns pour faire des autres des
consommateurs bien définis. On pourrait dire qu’il y
a dans ce cas une double atteinte à l’enfance.
● Il y a enfin le risque – sans doute rare, mais présent
– d’une dérive du travail demandé vers des photos
d’un autre genre, situations mises en évidence par
de récentes et importantes affaires de pédophilie.
➤ Utiliser des enfants dans la publicité a certaine-
ment de nombreux avantages sur le plan financier.
C’est précisément la raison pour laquelle cette
utilisation doit être soumise à une réglementation
susceptible de respecter les intérêts de l’enfant
et de les soustraire à toute forme d’exploitation
abusive.
2 Sujet ➜ p. 95 (NT).
3 Sujets ➜ p. 69 et p. 164 (NT).

A P P L I C ATION
DOCUMENT 5 Extrait d’une enquête SOFRES sur l’utilisation du ➜ p. 96

corps de la femme dans la publicité (2005)

THÈME : la condition des femmes *

Intérêts du document
Sur le double thème de la publicité* et de la condition des femmes, il est utile (et proba-
blement polémique) de s’interroger sur les réactions provoquées par l’utilisation du corps
des femmes dans la publicité et d’essayer d’en comprendre les raisons, qui ne sont pas
données.

* On peut aussi exploiter ce document – comme le précédent – dans un travail consacré à la publicité.

pas choquantt et Sans opinion. Les deux colonnes

Pour analyser le document
Le document proposé est un encadré comportant un
tableau et trois diagrammes en « camembert » sur le
même thème, qui est indiqué en titre, avant la ques-
tion. Le titre est L’utilisation du corps de la femme
dans la publicité ; la question est plus explicite :
Trouvez-vous choquant ou pas choquant que des
publicités montrent des femmes très peu vêtues ?
On étudie chaque élément successivement.
1 Première partie du document
Le document donne d’abord un tableau de résultats
chiffrés correspondant à une question formulée au-
dessus. Le tableau comporte quatre colonnes. La
première indique les items : C’est choquant, Ce n’est
suivantes donnent les résultats du même sondage
fait en 1983 et en 2002, donnés en rappel. La dernière
colonne donne des chiffres en rouge, datant de 2005,
année de réalisation et de publication du sondage.
Observant les chiffres donnés, le lecteur peut tirer
les conclusions suivantes : pour l’item C’est cho-
quant, par rapport au point de départ – les chiffres
de 1983 –, les chiffres de 2005 ne révèlent pas
de très profond bouleversement – seulement 3 %
en plus alors que la différence des résultats entre
1983 et 2002 marquait une augmentation de 7 %.
Entre 2002 et 2005, la différence de 4 % montre
une diminution du nombre de personnes choquées.
Pour l’item Ce n’est pas choquant, on note une cer-
taine stabilité entre 1983 et 2005 (seulement 1 %
113
 de différence). De manière générale, en 22 ans, le
nombre de personnes choquées a plus augmenté
– relativement – que le nombre de personnes non
choquées.
Devant ces fluctuations relativement faibles, il est
plus intéressant de s’intéresser au pourcentage
lui-même qu’aux différences : en 2005, 57 % de
personnes interrogées jugent non choquant de mon-
trer, dans la publicité, des femmes très peu vêtues,
contre 41 % qui sont d’un avis contraire. On peut
aussi remarquer que les sans opinion ont diminué de
deux tiers, et qu’ils sont peu nombreux.
Les résultats donnés dans ce tableau pourraient
prendre deux autres formes :
– trois courbes fonctionnant de la manière suivante :
en abscisse les dates : 1983, 2002, 2005, en ordon-
née les chiffres : 38, 45, 41 ; 56, 53, 57 ; et 6, 2 et 2.
Il est probable que, comme pour le document 2 du
chapitre, ces courbes seraient très parlantes ;
– un diagramme en bâton donnant, pour chaque
date indiquée sur la ligne horizontale, trois bâtons de
couleur différente, une couleur pour chaque item.
2 Les diagrammes en camembert
Les trois diagrammes en camembert apportent des
précisions relevant d’une classification particulière
– selon le sexe – des réponses aux items. Cette pré-
cision est indiquée en titre. Le premier camembert
reprend les informations globales données dans
le tableau pour 2005 : elles sont explicitées par la
légende qui signale que ce qui est de couleur fuchsia
correspond à l’item Ce n’est pas choquantt tandis
que ce qui est en gris correspond à l’item C’est
choquant, le jaune correspondant aux sans opinion :
on retrouve les 57 %, Ce n’est pas choquant, et les
41 %, C’est choquant.
Les deux diagrammes suivants indiquent comment,
à l’intérieur de cette proportion, se répartissent les
avis des hommes et ceux des femmes. Il y a donc
un camembert pour les hommes, qui indique une
forte proportion d’avis Ce n’est pas choquantt (67 %),
et un camembert pour les femmes, indiquant un
pourcentage supérieur d’avis C’est choquantt (50 %)
par rapport au nombre d’avis Ce n’est pas choquant
(48 %).
Il ressort des trois camemberts que dans la propor-
tion de personnes non choquées figure un nombre
important d’hommes, 67 % des 57 % indiqués dans
le tableau, et un nombre bien moins important de
femmes.
Dans un diagramme en camembert, il est impor-
tant, pour que le lecteur s’y retrouve, qu’il sache
exactement à quoi correspondent les couleurs des
différentes « parts » et ce que représente la totalité.
Ici en particulier, il faut savoir que l’on se trouve face
à des pourcentages de pourcentages, ce qui rend la
lecture et l’interprétation plus complexes.
Le diagramme en camembert pourrait être transformé
en diagramme en bâtons ou s’intégrer au tableau. Il
serait alors nécessaire d’opérer une division dans
chaque item, entre hommes et femmes, pour faire
apparaître les différences de pourcentages. Les
résultats seraient sans doute plus faciles à lire qu’à
partir des camemberts.

Vers la synthèse ➜ p. 97

Quatre documents : Marivaux, La Colonie (document 1 ➜ p. 139) ; document de référence, chronologie

(document 2 ➜ p. 158) ; dessin de Plantu paru dans Le Monde (document 3 ➜ p. 81) ; tableau de pourcenta-
ges et diagrammes (document 4 ➜ p. 96).

Intérêts du rapprochement
Quatre documents de genres différents contiennent implicitement ou révèlent explicitement des repré-
sentations des femmes et des manières de les traiter ; réaliser un tableau de reformulation des idées
constitue un bon travail d’apprentissage de la synthèse de documents.

DOCUMENTS MANIÈRES DONT LES FEMMES SONT REPRÉSENTÉES ET TRAITÉES

1. Marivaux, La Colonie, 1750, Femmes considérées à travers leurs fonctions traditionnelles : se marier, obéir
extrait théâtral ; débat entre au mari, veiller sur la maison.
des hommes et des femmes Refus des hommes d’accepter les femmes dans des professions de finance, de
sur le rôle des femmes, p. 139 judicature et d’épées parce qu’elles n’y connaissent rien.

114

2. Document de référence,
1995, chronologie de
l’émancipation des femmes,
les dates importantes, p. 158
Analyser un schéma, un document chiffré CHAPITRE
9
Incapacité juridique totale de la femme mariée : sans aucune autonomie, la
femme est considérée comme un enfant, mais aussi comme un objet et comme
une coupable en cas d’adultère. En 1942, la femme qui avorte peut être
condamnée à mort.
À partir de 1946, égalité de droits entre les femmes et les hommes.
Progressivement, les lois accordent aux femmes une forme d’autonomie dans
certaines décisions, comme l’interruption de grossesse.

3. Dessin de presse de Plantu,
1988, la réussite des femmes,
p. 81
Femme lauréate et couverte de diplômes considérée par deux hommes
uniquement en raison de son physique. La remarque : Ouais !… mais elle est
pas terrible affirme clairement qu’une femme doit être agréable à regarder
(en plus d’avoir des diplômes) si elle veut être considérée et réussir
professionnellement.

4. Tableau de pourcentages
et diagramme sur l’utilisation
du corps des femmes dans la
publicité, 2005, p. 96
Femme considérée dans la publicité uniquement en fonction de ses qualités
esthétiques et des connotations sexuelles des images : pourcentage important
d’hommes considérant qu’il n’est pas choquant d’utiliser le corps de la femme
dans la publicité ➜ femme considérée comme un vecteur de la publicité qui
utilise son corps comme un argument publicitaire indirect et camouflé.

➤ Le tableau montre diverses représentations et la Les pourcentages concernant la femme et la publi-

manière dont ces représentations ont évolué depuis
le XVIIIe siècle. Malgré des progrès en autonomie et
une égalité de droit acquise en 1946, les femmes
sont encore bien souvent victimes de discriminations
sexistes, comme en témoigne le dessin de Plantu.
cité montrent que, pour un certain nombre d’hom-
mes, la femme est un « objet » valorisant aussi bien
une voiture qu’un appareil ménager ou un opérateur
de téléphone.

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 97

1 Sujet ➜ p. 97.
Intérêts du sujet
Le sujet conduit à donner un point de vue personnel ; il pourrait être intéressant de le traiter d’abord sous
forme de débat pour que chacun puisse s’exprimer et choisir, parmi les arguments émis, ceux qui lui
conviennent, pour les reformuler sous une forme organisée.

Nous donnons ici quelques arguments contradic-
toires.
I – ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA THÈSE :
ACCORD AVEC CEUX QUI UTILISENT LE CORPS
DES FEMMES DANS LA PUBLICITÉ.
● Le corps des femmes est depuis l’Antiquité
une source d’inspiration pour les artistes : statues
gréco-latines, représentation de nus en peinture, en
photographie : pourquoi ce thème ne serait-il pas
utilisable dans la publicité surtout si on la considère,
en reprenant les propos élogieux de B. Cendrars et
du publicitaire J.-M. Dru, comme un art ? Il n’y a pas
de domaine réservé.
● Un certain nombre de personnes (57 % des
personnes interrogées dans un sondage SOFRES
de 2005) ne sont pas choquées de voir la publicité
utiliser le corps des femmes : l’explication vient du
caractère agréable de ce spectacle, qui, visible-
ment, fait vendre aussi bien une voiture qu’un réfri-
gérateur ou des vacances au soleil. Cela passe par
un certain nombre d’associations, d’analogies sur
lesquelles joue la publicité. Au corps féminin se rat-
tache un ensemble de fantasmes que l’on associe à
divers produits pour les vendre : voiture / pouvoir /
puissance / aventure / voyage / femme ; vacances /
exotisme / dépaysement / liberté / sexe /femme… ;
téléphone portable / élégance / liens amoureux /
rendez-vous / femme ; interrupteurs électriques /
lumière / luxe / réveil / lit / femme…
● Indépendamment des relations fantasmatiques
entre le produit à vendre et le corps féminin, ce der-
nier est utilisé parfois uniquement pour ses connota-
tions sexuelles : curiosité, mise en jeu de l’imagina-
115
 tion, jeu subtil entre ce qui est montré et ce qui est
juste suggéré. L’objectif est de créer une association
par effet de rupture (caractère suggestif des poses,
dans les publicités pour des vêtements) ; la publicité
se fait érotique, particulièrement lorsqu’elle concerne
des produits qui touchent les femmes (parfums, pro-
duits de toilette, lingerie…).
Esthétique, associations originales, provocation :
tels sont trois des moteurs qui justifient l’utilisation
du corps féminin dans la publicité.
II – ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA THÈSE
CRITIQUE DE L’UTILISATION DU CORPS DES
FEMMES DANS LA PUBLICITÉ
● Dans bien des cas, on ne comprend pas les
relations qui peuvent exister entre le produit vanté
et la présence d’une femme déshabillée. Celle-ci
est réduite à l’état d’objet ; elle est utilisée comme
argument de vente, ce qui peut laisser penser, par
répétition d’une telle situation, qu’une femme n’est
pas bonne à autre chose qu’à utiliser ses charmes
dans la publicité.
● Il n’est pas certain que le corps féminin et
l’érotisme constituent de bons arguments pour
vendre un appareil ménager ou une voiture, malgré
DOCUMENT 6 Extrait d’une enquête réalisée par le CSA à propos
de la vidéosurveillance (2007)
Intérêts du document
Un sondage sur la vidéosurveillance qui a l’originalité de croiser les résultats avec les sym-
pathies politiques des personnes interrogées ; les questions posées permettent plusieurs
sortes de réponses, ce qui les relativise mais interpelle sur leur rigueur.
Pour analyser le document
1 La composition du document
Le document proposé est un encadré qui comporte
une question et un ensemble de réponses sous la
forme de quatre colonnes de chiffres avec leur total.
La question est longue : elle occupe cinq lignes en
haut de l’encadré. Elle demande aux personnes
interrogées de réagir à une décision de triplement de
la vidéosurveillance, décision prise par le ministère
de l’Intérieur, et qui doit se faire par une intercon-
nexion des dispositifs de surveillance de la RATP,
de la SNCF et des grands magasins. Il y a quatre
réponses possibles, qui permettent quelques nuan-
ces et qui sont indiquées dans la partie gauche de
l’encadré. Ces réponses sont regroupées sous les
deux formules Favorable / Pas favorable qui font le
116
les associations et les émotions mises en jeu. Le
regard porté sur le modèle risque de se détour-
ner du produit pour conserver seulement l’image
agréable. Il est certain que le mot « Alice » évoque
un opérateur Internet, mais la jeune personne en
robe légère qui apparaît dans les publicités fait-
elle davantage vendre les abonnements téléphoni-
ques ? La clientèle des Galeries Lafayette est-elle
attirée par les images acrobatiques et déshabillées
de Laetitia Casta ? Et achète-t-elle davantage pour
autant ?
➤ Au nom de sentiments légitimes animés par le
féminisme, on peut protester contre cette utilisation
du corps des femmes dans la publicité. Mais, d’une
part, on est bien obligé de constater que le mouve-
ment ne se ralentit pas. D’autre part, l’observation
selon laquelle sur l’ensemble de ceux qui pensent
que ce n’est pas choquant il y a 48 % de femmes,
laisse penser que personne ne peut vraiment inverser
la tendance. Le combat semble perdu d’avance !
2 Sujet ➜ p. 141 (NT).
Sujet ➜ p. 160 : on trouvera des éléments concer-
nant ce sujet dans le livre de l’étudiant, chapitre 25,
p. 243.
➜ p. 97
THÈME : les menaces sur les libertés
total de Tout à fait favorable et Plutôt favorable d’une
part, de Plutôt pas favorable et Pas favorable du tout
d’autre part. Les colonnes de chiffres 2, 3 et 4 pré-
sentent une précision qui décompose les premiers
chiffres, ceux de la première colonne (qui regroupe
les réponses globales). Les réponses sont classées
selon les sympathies politiques des personnes qui
ont répondu : sympathisants du Parti socialiste,
sympathisants du Mouvement démocrate (Modem)
et sympathisants de l’UMP.
2 Ce qu’apprend le lecteur
Le lecteur de l’encadré donnant les résultats du
sondage apprend d’abord quel est l’avis, en pour-
centage, des personnes interrogées. Il ressort des
résultats que 73 % des personnes interrogées sont
favorables au projet de vidéosurveillance et que
ces personnes se répartissent en 31 % de Tout à
 Analyser un schéma, un document chiffré
fait favorables et en 42 % de Plutôt favorables, une
seule personne ne se prononçant pas. En ce qui
concerne les non favorables ou plutôt pas favora-
bles, ils constituent un ensemble de 26 % répartis de
manière égale en 13 % et 13 %.
On peut faire plusieurs remarques à propos de ces
chiffres :
– les auteurs du sondage ont réuni sous la déno-
mination favorable des sondés très favorables et
d’autres, dont l’adhésion est moins nette, et qui sont
plus nombreux. Le lecteur peut s’interroger sur le
sens précis de l’adverbe plutôtt dans les formulations
Plutôt favorable et Plutôt pas favorable alors qu’il
aurait été possible, dans le premier cas, d’utiliser le
terme Favorable. On peut penser qu’un certain man-
que de rigueur est de nature à donner un résultat
lui-même approximatif, bien que chiffré. On ne sait
pas exactement ce que recouvrent réellement les
73 % et les 26 %.
– le chiffre de 73 % laisse penser que le pourcentage
de ceux qui veulent accroître la vidéosurveillance est
vraiment important.
Les trois colonnes suivantes donnent, par ordre
croissant, les partisans de la vidéosurveillance en
fonction de leurs sympathies politiques. Les moins
favorables sont les sympathisants socialistes (56 %),
CHAPITRE
9
puis viennent les sympathisants du Modem (63 %),
puis ceux de l’UMP (95 %), ce qui constitue un chiffre
très important. Le détail du groupe Favorable montre
que dans deux cas (PS et Modem) les partisans du
Plutôt favorable sont plus nombreux que les parti-
sans du Tout à fait favorable. C’est l’inverse dans le
cas de l’UMP.
De ces chiffres, le lecteur peut conclure que le souci
des libertés individuelles l’emporte chez les sym-
pathisants socialistes sur l’inquiétude sécuritaire et
que c’est l’inverse chez les sympathisants de l’UMP
tandis que les sympathisants du Modem se situent
entre les deux.
Le lecteur des résultats du sondage peut également
être conduit à réfléchir sur la manière dont les sym-
pathies politiques peuvent influer sur des questions
sociales, en orientant les choix, les actions, les com-
portements.
On pourrait représenter le résultat de ce sondage sous
forme de diagramme en bâtons et sous forme de qua-
tre camemberts, le premier donnant à l’aide de quatre
couleurs les quatre différents types de réponse, les
trois autres donnant les réponses par sympathie politi-
que. Il n’est pas certain que des camemberts rendant
compte de pourcentages de pourcentages soient plus
faciles à lire que le tableau tel qu’il est donné.

Vers la synthèse ➜ p. 98

1 Deux documents : extrait de presse de N. Guibert et J.-P. Langellier (➜ p. 69) ; tableau de pourcentages
(➜ p. 97).

Intérêts du rapprochement
Les deux documents exactement contemporains – dont l’un chiffré et résultant d’un sondage – traitent
de la manière dont sont perçues les mesures développant la vidéosurveillance ; leur rapprochement
permet un exercice d’apprentissage de la synthèse par la rédaction de trois paragraphes à partir du
rapprochement de deux documents différents.

La consigne de l’exercice demande de rapprocher l’extrait de presse et le tableau de pourcentage pour

étudier ce que le second apporte au premier. Nous donnons ici un tableau (page suivante) faisant apparaître
les éléments communs, à partir desquels on peut rédiger trois paragraphes :
– la question du développement de la vidéosurveillance ;
– les justifications et les réactions positives ;
– les réactions négatives et les inquiétudes.

117
 DOCUMENTS DÉVELOPPEMENT DE LA
VIDÉOSURVEILLANCE
1. Article du Monde, – Évocation de la situation
juillet 2007 en Angleterre, avec des
chiffres : 4,2 millions
de caméras, installées
partout : train, bus, métro,
centres commerciaux ; un
Londonien filmé 300 fois
par jour.
– Évocation de la
situation en France :
développement, demande
du ministère de l’Intérieur
d’une surveillance accrue :
plus de caméras dans les
rues, surveillance du trafic
routier ; accès aux images
facilité pour la police et
la gendarmerie hors du
contrôle de l’autorité
judiciaire.
2. Tableau de Projet du ministère de
pourcentages, août l’Intérieur indiqué dans
2007 la question du sondage :
Sondage CSA triplement des capacités
de la vidéosurveillance ;
mise en place d’une
interconnexion entre la
RATP (métro et bus), la
SNCF (trains), certaines
collectivités et certains
grands magasins.
➤ Le tableau fait apparaître, de manière précise,
quelles formes prend le développement de la vidéo-
surveillance. Il montre aussi que ce développement
rencontre beaucoup d’avis favorables ; les person-
nes interrogées sont plus sensibles à l’aspect sécu-
ritaire de la surveillance qu’au fait que les citoyens
sont constamment surveillés et risquent de perdre
ou de voir s’atténuer certaines libertés.
118
JUSTIFICATIONS ET
RÉACTIONS POSITIVES
– Objectifs affichés : la
lutte contre le terrorisme,
assurer la sécurité des
personnes.
– Acceptation par les
Anglais au nom de la
sécurité (contre les
attentats).
– Acceptation justifiée
par la présence affirmée
de « garde-fous » du côté
de la police.
En France, présence
de limites : existence
d’un contrôle judiciaire
et règles à respecter :
avis d’une commission
présidée par un
magistrat.
Sur l’ensemble des
personnes interrogées,
on obtient un
résultat de 73 % de
personnes favorables
à l’augmentation de la
surveillance. Ces 73 %
(presque les ¾ des
personnes interrogées)
se répartissent en 56 %,
63 % et 95 % en fonction
des sympathies politiques
(PS ; Modem et UMP).
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 98 (NT).
Vers l’écriture personnelle
1 Sujets ➜ p. 63 (NT) et p 71 (NT).
2 Sujet ➜ p. 166 (NT).
RÉACTIONS NÉGATIVES
ET INQUIÉTUDES
– Inquiétude de certaines
associations britanniques
qui s’interrogent sur le
stockage et sur l’utilisation
potentielle de très
nombreuses informations
relatives aux citoyens.
– Inquiétudes de la CNIL
dans son rapport de
2006 : elle signale que les
individus ne sont pas assez
sensibles à la surveillance
constante dont ils font
l’objet. Elle prévient des
dangers d’une diminution
des libertés individuelles en
échange de la sécurité.
Le tableau de pourcentages
montre qu’il y a des
personnes plutôt pas ou
pas du tout favorables au
développement annoncé
de la vidéosurveillance,
mais ces personnes sont
largement dépassées en
nombre par les adeptes de
la surveillance.
Le tableau ne donne pas
les raisons, mais elles
sont implicites : pouvoirs
accordés aux services
de police, stockage des
informations, insuffisance
des garanties judiciaires.
➜ p. 98
 Analyser un schéma, un document chiffré CHAPITRE
9
P R O L O N G EMENTS ➜ p. 98

■ EXPRESSION ÉCRITE La courbe rouge, qui fait la moyenne des deux

EXERCICE 1
Concernant le chômage des jeunes peu diplô-
més trois ans après la fin de leurs études, la
courbe bleue donne les informations suivantes :
partant de 10 % en 1976, la courbe a atteint un
EXERCICE 2
premier sommet de 37 % en 1985, pour redes-
cendre à 28 % en 1991 et repartir à la hausse,
avec un maximum de 49 % atteint en 1998. En
2001, on se trouvait à 41 % environ. Le schéma
apprend que les jeunes peu diplômés connais-
sent un taux de chômage important et que ce
taux est croissant de manière importante depuis
1976.
La courbe verte, qui concerne les diplômés du
supérieur long, est très différente. Elle montre une
augmentation du chômage à certaines périodes
mais dans une amplitude qui ne dépasse pas les
6 à 7 %. Parti de 4 %, ce chômage n’a jamais, de
1976 à 1997, dépassé 11 %.
autres, se situe dans une zone médiane : elle fait
apparaître les mêmes mouvements, mais sans pic,
de manière estompée du fait des mouvements
peu brutaux de la courbe verte. Elle ne dépasse
jamais les 23 %.
Le document proposé donne deux diagrammes
en ligne. Le premier indique l’âge moyen d’entrée
dans la vie active. Il ressort du graphique que de
1969 à 2005, soit en 36 ans, l’âge moyen d’entrée
dans la vie active est passé de 19,3 ans à 24 ans.
L’augmentation a été régulière à partir de 1977.
Le second graphique fait apparaître que, dans le
même laps de temps, l’âge moyen de sortie de la
vie active est passé de 62,4 ans à 58,8 ans, avec
une décrue régulière. La conclusion que l’on peut
tirer de ces chiffres est que la durée de vie active
est passée, en 36 ans, de 43,1 ans en 1969 à 34,8
ans en 2005. Elle a diminué de 8,3 ans.

■ T R A N S F O R M AT I O N
EXERCICE 3

%
40
35
30
25
20
15
10
5
0
• de vous • de la • d’en faire • d’y prendre • de vivre • d’en profiter • Ne se
y intégrer transformer partie, des respon- en marge prononcent
sans plus sabilités pas

Novembre 2006

1997

1994

119
 CHAPITRE
10
un extrait de roman
A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Frédéric Beigbeder, 99 F – 14,99 € (2000)
Intérêts du document
Manière dont un personnage de roman présente, en 2000, l’intégration de la publicité à la
chaîne économ mique, son omniprésence et son efficacité ; l’importance du « créatif » et ses
émotions personnelles ; la nature du registre : cynisme, satire et ironie – le niveau de langue
et ses justifications.
Pour analyser le document
1 Importance et rôle de la publicité
● Son omniprésence : l’omniprésence de la
publicité est exprimée dans la première phrase par
l’énumération des actions dont elle est l’objet : ven-
dentt (l. 2), parle (l. 3), parodie (l. 3), dissèque (l. 4), le
dernier verbe, font grimperr (l. 4), ayant la publicité
pour sujet : elles (les publicités) font grimper. À tra-
vers ces termes, la publicité est présentée comme
indispensable. La suite du texte insiste sur ce point.
● Son rôle : il est défini par une autre énumération
d’actions dont la publicité est à chaque fois le sujet,
écraser, gagner, convaincre (l. 12-13), et surtout faire
en sorte que la chaîne économique qui regroupe
l’invention, la fabrication et la diffusion ne soit pas
réduite à néant. La publicité est la condition même
de la réussite d’un enchaînement économique de
grande envergure, ce qui est mis en valeur par un
ensemble d’hyperboles : pointe extrême (l. 8), toute
l’industrie (l. 8), la plus âpre (l. 9), des millions (l. 10),
magasins innombrables (l. 11). Le lexique belliqueux
– bagarre (l. 9), guerre (l. 14) – assimile la publicité à
une arme dans la compétition commerciale que se
livrent les marques.
● La créativité publicitaire : elle s’exprime par les
mots fabrique (l. 1), imaginées (l. 6), quelque chose
d’assez mystérieuxx (l. 15), trouvé une idée (l. 16-17)
120
Analyser
Livre de l’étudiant ➜ p. 99 à 107
➜ p. 99
THÈME : la publicité
et suggère qu’il s’agit d’inventer quelque chose qui
soit capable de déclencher un achat. L’accent est
mis sur l’idée d’une sorte d’alchimie qui confère à
son auteur un pouvoir énorme, exprimé par l’expres-
sion Maître de l’Univers (l. 7, avec des majuscules),
qui s’oppose de manière intéressante à la notion de
jeune con (l. 5). L’expression relève d’une termino-
logie philosophico-ésotérique que l’on trouve dans
l’heroic fantasy et dans les jeux vidéo.
● L’importance des « créatifs » : c’est là une des
idées principales du texte parce que celui qui parle est
un créatif et qu’il parle de lui-même. L’accent est mis
sur ce personnage à travers les expressions que quel-
qu’un fabrique (l. 1), il y a un jeune con (l. 5), ce jeune
con (l. 6, 12), vaut cherr (l. 6). Le texte fait comprendre
que tout dépend de lui et de sa capacité d’inventer
ce qui permettra de vendre. Le second paragraphe
donne une définition plus conventionnelle, concep-
teur-rédacteurr (l. 23-25), et définit, de manière plus
technique que le premier paragraphe, la fonction du
créatif dans la publicité cinématographique et télévi-
suelle (scénarios
( , l. 24, et slogans, l. 25).
2 La position de celui qui parle
Le texte est écrit à la première personne, ce qui
permet au narrateur / personnage de faire état de ses
propres idées, opinions, pensées. L’avantage de ce
choix est que la publicité est vue par un responsable
de création publicitaire qui parle donc, si l’on peut

dire, « de l’intérieur », et sait de quoi il parle. C’est
ce qui lui permet d’exposer au lecteur, qui ne connaît
pas nécessairement les mécanismes, l’importance
énorme de la publicité dans la chaîne commerciale.
Grâce à sa position de créatif de talent, il peut
mettre en valeur l’opposition entre jeune con (l. 5) et
Maître de l’Univers (l. 7), ce qui est simultanément
une dévalorisation et une hypervalorisation de son
propre rôle. Enfin, il évoque avec émotion (réelle ou
feinte ?) la naissance d’une idée efficace : proces-
sus mystérieux de la création, magie, découverte,
moment intense, complicité, larmes… Les termes
utilisés sont chargés d’émotion, mais l’émotion
est démentie (ou compensée ?) par le cynisme du
Vers la synthèse ➜ p. 100
1 Deux documents : extrait du roman 99 F – 14,99 €, de F. Beigbeder (➜ p. 99) ; extrait de l’entretien
((Le Monde 2) avec J.-M. Dru (➜ p. 74).
Intérêts du rapprochement
Une consigne large conduit à envisager ce qui rapproche et ce qui différencie les deux documents, qui
présentent certains points communs en dépit de la différence de genre, fiction d’un côté et réalité de
l’autre, et de registre ; les deux textes donnent deux approches différentes de la publicité et de tout ce
à quoi elle touche.
L’extrait de roman de F. Beigbeder et l’extrait d’entre-
tien avec J.-M. Dru (texte de presse) traitent l’un et
l’autre de la publicité. Le personnage (fictif) de roman
est un créatif, J.-M. Dru est le directeur (réel) d’une
importante agence de publicité. Leurs propos se rejoi-
gnent sur certains points et divergent sur d’autres,
malgré une très nette différence de registre.
I – LES POINTS DE CONVERGENCE
● L’importance économique : elle est présente
dans les deux documents. Le créatif du roman fait
de la publicité le moteur de tout un enchaînement
économique qui va de l’invention à la vente en pas-
sant par la fabrication et la diffusion. Le publicitaire
J.-M. Dru énumère les actions liées à la publicité :
accompagnement de la révolution industrielle, pro-
motion, financement de la presse, renouvellement
de métiers en voie de disparition. Dans les deux
textes, on peut parler de force d’action et de pouvoir
économique important de la publicité.
● L’omniprésence : sous des formes différentes,
il est question dans les deux documents de la pré-
sence quasi envahissante de la publicité. Interrogé
sur sa place sur Internet, J.-M. Dru affirme vouloir
diminuer une présence si importante qu’elle peut en
avoir des conséquences négatives. Le personnage
du roman fait état d’une présence dans tous les
domaines de l’économie : il y a ceux qui la créent,
ceux qui la vendent, ceux qui l’utilisent, ceux qui la
copient, ceux qui l’analysent.
CHAPITRE
10
propos (la création publicitaire, faite pour persuader
d’acheter et ce par tous les moyens, peut paraître
contestable sur le plan moral et humain) et par la
vulgarité des termes et des formulations : jeune con
(l. 5), fourguerr (l. 17), inutile (l. 17), ménagère pauvre
(l. 17-18), lourderr (l. 22). Ironie et cynisme dominent
dans cette présentation outrée et satirique de la
publicité et dans cet autodénigrement, sans que le
lecteur puisse savoir de manière certaine quel est le
degré de sincérité de celui qui parle.
On notera que le niveau de langue « pose » le per-
sonnage : la familiarité argotique volontaire est une
forme de snobisme professionnel et participe à la
stratégie de (fausse) dévalorisation de soi.
● La créativité : les deux documents évoquent
la nécessité d’être inventif dans le domaine de la
publicité. Le héros de 99 F – 14, 99 € évoque avec
émotion le caractère créatif de la publicité, parle
de magie, de mystère, de quelque chose qui jaillit
comme une lumière, d’émotion forte. J.-M. Dru
associe la publicité à différents arts et souligne la
nécessité de ce qu’il appelle un « saut créatif », rup-
ture qui fait réagir les acheteurs potentiels, provoque
leurs émotions, introduit une distorsion qui attire leur
attention en les déconcertant.
➤ Les deux documents ont ainsi plusieurs points
communs. Ils divergent cependant sur les visées
avouées de la publicité.
II – UN POINT DE DIVERGENCE
● Les objectifs de la publicité : la différence de
registre des deux documents attire l’attention sur
deux conceptions différentes de la publicité. Celui
qui parle dans le roman, tout en étant partie pre-
nante, a tendance à dénigrer ce qui est l’objet de son
travail. L’ironie, le cynisme soulignent une distance
critique par rapport à une création dont l’objectif
est présenté comme réussir à faire acheter quelque
chose à quelqu’un qui n’en a pas besoin (et qui,
souvent, n’en a pas les moyens). Une telle attitude
relève du mépris du consommateur ; J.-M. Dru, au
contraire, présente une publicité séductrice, qui doit
plaire, charmer, embellir la vie, témoigner de l’état
d’esprit d’une époque. À une conception immédia-
121
 tement utilitaire et dont le but avoué est de vendre,
s’oppose une conception optimiste et inventive, dont
les finalités sont certainement les mêmes, mais les
moyens sans doute différents. On peut parler là, ce
que montrent aussi le lexique utilisé et le registre, de
deux approches différentes de la publicité, par deux
« spécialistes », l’une arrogante et cynique, l’autre
séduisante et optimiste.
2 Trois documents : consigne ➜ p. 76. Cet
exercice est traité p. 81 de ce guide pédagogique,
chapitre 7 (Analyser un extrait de presse).
DOCUMENT 2 François de Fénelon,
Les Aventures de Télémaquee (1699)
Intérêts du document
Un extrait de roman se présentant comme un exposé mêlant l’économie et la morale, ce
qui peut se comprendre dans l’éducation d’un jeune prince ; condamnation du luxe comme
élément de « perturbation » et de confusion sociales par destruction d’un ordre social tra-
ditionnel et presque de « droit divin » ; le transfert progressif des jugements de celui qui
parle, de l’économie à la morale et de la morale à la politique ; l’importance des jugements
opposés appartenant à des voix différentes.
Pour analyser le document
1 Les reproches adressés au luxe par Mentor
La première phrase de l’extrait, dans lequel Mentor
parle d’un bout à l’autre, donne le ton avec un juge-
ment négatif sur le luxe présenté comme un mal,
presque incurable (l. 1).
On peut regrouper les différents reproches qui sou-
tiennent cette thèse ; certains renvoient à la morale,
d’autres à l’organisation sociale ; enfin, les référen-
ces au roi apportent des connotations politiques :
– le luxe est un poison pour la nation parce qu’il
écarte les pauvres d’un travail productif, celui de la
terre (l. 1 à 5). On trouve là un argument à la fois social
(il oppose deux catégories, les riches et les pauvres)
et moral (il exprime une croyance traditionnelle dans
les vertus du travail de la terre) ;
– le luxe transforme le superflu en nécessaire (l. 6),
faussant ainsi l’échelle des valeurs : c’est là un argu-
ment moral ;
– le luxe est un vice contagieux parce qu’il modifie
l’organisation sociale traditionnelle, les conditions
(l. 18), qui ne doivent pas être remises en cause :
122
Trois documents : consigne ➜ p. 88 bas (NT*).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 100
1 Sujet ➜ p. 100 : traité partiellement p. 100.
2 Sujets ➜ p. 76 (NT), p. 135 (NT), p. 157 (NT).
3 Sujet ➜ p. 120. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 151, chapitre 12 (Analyser un œuvre
d’art).
* Non traité.
➜ p. 100
THÈME : le luxe
chacun veut accéder au rang de celui qui est au-
dessus de lui, et cela des plus pauvres jusqu’au roi :
petits (l. 13), médiocres (l. 12), proches parents du roi
(l. 11), roii lui-même (l. 10), ce qui modifie les com-
portements, et dans certains cas provoque le vol, les
emprunts, les tromperies, les artifices. On trouve ici
un argument social intéressant, dont les connota-
tions sont religieuses : il ne convient pas de modifier
un ordre social dont l’origine est considérée comme
de « droit divin ». Cet argument social a un corollaire
moral : les déviations des comportements ;
– le luxe est un facteur de corruption parce qu’il
devient un objectif en soi, qui justifie l’acquisition
immorale et condamnable de biens pour être riche ;
la richesse et la possession contribuent à ce que la
pauvreté soit considérée comme une infamie (l. 20),
que les biens et vertus traditionnels, générosité,
altruisme, esprit de sacrifice, savoir, soient méprisés
au profit de la gloire vaine, du faste et de l’apparence
(l. 21 à 23). Les termes utilisés soulignent le caractère
moral de cet argument ;
– le luxe constitue un excès contraire à l’esprit et à
la morale : il s’oppose à la modération et à la fruga-
lité prêchées par les philosophes (argument moral,
l. 29-30).

2 Des points de vue appartenant à l’opinion
courante
À propos du luxe, le texte comporte les points de vue
de Mentor, qui sont fortement critiques, mais aussi
d’autres prises de position, sur l’origine desquelles il
ne faut pas faire d’erreur.
● On observe une première idée appartenant à on
aux lignes 2-3 : On dit que le luxe sert à nourrir les
pauvres aux dépens des riches. Aussitôt démentie,
cette idée n’appartient visiblement pas à Mentor,
mais à l’opinion courante.
Analyser un extrait de roman CHAPITRE
10
● On remarque un autre jugement aux lignes 8-9 :
Ce luxe s’appelle bon goût, perfection des arts et
politesse de la nation, démenti dès la phrase suivante
par la formulation Ce vice (l. 9), et expliqué par est
loué comme une vertu (l. 10). Mentor formule ce que
pensent certains, mais c’est pour aussitôt détruire
ces jugements en insistant sur leurs caractères inac-
ceptables. On peut considérer de même que la suc-
cession d’injonctions de la ligne 21 est prononcée
avec une certaine dérision, puisque s’y associent le
mépris, l’absence de gloire, de récompense et de
reconnaissance.

Vers la synthèse ➜ p. 101

Deux documents : extrait du roman Les Aventures de Télémaque, de F. de Fénelon (➜ p. 100) ; extrait de la
préface de l’essai Le Luxe, de J. Castarède (➜ p. 57).

Intérêts du rapprochement
Recherche de points communs entre deux documents de nature différente (roman / essai) et d’époque
différente ; les visées de chaque texte sont également différentes : le premier relève de l’éducation poli-
tique, sociale et morale d’un jeune prince, le second appartient à la préface d’un essai sociologique.
Certains points, implicites dans l’un, sont explicites dans l’autre. Trois siècles les séparent.

Malgré ce qui les sépare, les deux documents peuvent son champ sémantique, le document de J. Castarède
être rapprochés : en analysant les différents sens du renvoie au texte de Fénelon. On peut faire apparaître
terme « luxe » et en déterminant ainsi, en quelque sorte, les éléments communs sous forme de tableau.

F. DE FÉNELON, LES AVENTURES DE TÉLÉMAQUEE (1699) J. CASTARÈDE, LE LUXEE (1992)

Raffinement de voluptéé (l. 5). Étymologie : luxuria, « excès », « clinquant » (l. 3-4)
Bon goût, perfection des arts, politesse de la nation (l. 9) : Rayonnement, goût, élégance (l. 3) : point de vue de
jugement général n’appartenant pas à Mentor. certains.

Magnificence (l. 12), richesse (l. 15), faste (l. 14). Magnificence (l. 20).

Superflu (l. 6) qui devient nécessaire et dont on ne peut Superflu (l. 8-9), ce qui n’est pas nécessaire.
plus se passer.

Le luxe est présenté comme une tentation condamnable, Le luxe est un investissement patrimoniall (l. 33). Il est
comme une volonté de s’élever socialement (ce qui n’est aussi présenté comme un rêve (l. 50).
pas acceptable pour Mentor).

Du rapprochement des deux documents, on retient
essentiellement un point commun, qui permettrait
de caractériser le luxe : il est associé au faste, à
la richesse, à la magnificence ; apparaît également
l’idée de superflu, qui, selon Mentor, se transforme
en nécessaire. À cela on peut ajouter un point,
explicite dans le texte de J. Castarède, implicite
dans celui de Fénelon : le luxe constitue un signe
extérieur, un symbole. On pourrait dire que, dans
les deux documents, on trouve des éléments simi-
laires, mais que la différence fondamentale est le
jugement qui est porté sur ces éléments : Mentor
est opposé à toute forme de luxe par respect de la
morale et de l’organisation sociale. Pour lui, le luxe
est corruption et bouleverse l’ordre social. Jean
Castarède présente différentes perceptions du luxe
en insistant sur le caractère subjectif de la définition
du mot. Dans les deux documents figure l’idée que
le luxe, difficilement accessible, relève du rêve et
aide à vivre.
Deux documents : consigne ➜ p. 114. Ce sujet est
traité p. 140 de ce guide pédagogique, chapitre 11
(Analyser un extrait poétique).
123
 Vers l’écriture personnelle ➜ p. 101

1 Sujet ➜ p. 101.

Intérêts du sujet
Utiliser les différents points de vue proposés par les documents pour donner un avis tranché (le luxe
est un bien / le luxe est un mal) ou pour construire une réponse mitigée. Le sujet peut être envisagé
tout d’abord sous forme d’un débat en groupe, à partir des documents, les arguments étant ensuite
repris pour construire différents types de réponse. On trouvera des éléments concernant ce sujet dans
le chapitre 24 du livre de l’étudiant.

I – ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA THÈSE : LE ble ; il représente ce dont on n’a pas expressément

LUXE EST UN MAL
● Le luxe constitue un excès (de raffinement, de
richesse, d’éléments ostentatoires) : il contrevient
ainsi à la modération, à la modestie, à la simplicité, à
la frugalité recommandées par la philosophie et par
la parole (Mentor dans le texte de Fénelon).
● Par les envies et les ambitions qu’il provoque,
le luxe, associé à la richesse et à la possession de
biens de valeur, est de nature à brouiller les catégories
sociales et à perturber une organisation de la société
considérée, traditionnellement, comme impossible à
remettre en cause (Mentor dans le texte de Fénelon).
● Pour les mêmes raisons (ambitions, désir de
s’élever, d’être plus riche…), le luxe provoque des
comportements répréhensibles ayant pour objectif
de se procurer de l’argent facilement : tromperies,
artifices divers, vol, violences diverses (Mentor dans
le texte de Fénelon).
● L’importance accordée au luxe dévalorise des
qualités, des compétences, des efforts, des talents,
des choix altruistes et généreux et entraîne leur mépris
tandis que le faste, la richesse, la facilité, l’apparence,
sont valorisés (Mentor dans le texte de Fénelon).
II – ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA THÈSE : LE
LUXE EST UN BIEN
● Le luxe rend la vie facile, confortable et agréa-
besoin, et qui apporte du plaisir, de l’agrément (Vol-
taire ➜ p. 113).
● Le luxe embellit l’environnement et apporte
lumière, esthétique, élégance, éblouissement en
créant un décor agréable à regarder (tableau de
Gervex ➜ p. 119, publicité pour Dior ➜ p. 129) : les
illuminations d’une ville, la recherche esthétique de
ses vitrines, ses monuments, leur décoration.
● La volonté d’accéder au luxe et à tout ce qu’il
connote (beauté, richesse, recherche esthétique)
pousse à la réussite personnelle et constitue un
moteur d’élévation individuelle et sociale.
● Le goût du luxe est également perçu comme un
puissant moteur économique : développement des
échanges commerciaux, exploration de nouveaux
marchés, de nouvelles sources de produits rares
(Voltaire ➜ p. 113).
➤ Le luxe fait rêver parce qu’il se présente comme
ce que l’on n’a pas et que l’on aimerait avoir
(J. Castarède ➜ p. 57). Il est important pour cette
raison, il nourrit l’imagination et les aspirations, il
charme et séduit, il offre un horizon d’évasion et
compense la médiocrité de la vie. On comprend
que certaines publicités (pour les parfums notam-
ment) soient construites sur des représentations
du luxe.
2 Sujets ➜ p. 59 et p. 129 (NT).

DOCUMENT 3 Boris Vian, L’Écume des jourss (1947) ➜ p. 101

THÈME : le travail

Intérêts du document
Faire émerger des idées opposées sur le travail à partir d’un dialogue de roman entre deux
personnages peu conventionnels ; des réflexions sur les relations entre le travail des hom-
mes et le travail des machines, sur le conditionnement dont sont victimes les hommes dans
le monde du travail.

124

Pour analyser le document
1 Les questions sur lesquelles porte le dialogue
Il y a essentiellement deux grandes questions sur
lesquelles porte le dialogue. On peut d’ailleurs
remarquer que l’échange n’avance pas et que Chloé,
qui a lancé le sujet, l’abandonne par lassitude de ne
pas arriver à une autre conclusion que celle de la
supposée bêtise des hommes. Les questions sont
les suivantes :
– est-ce ou n’est-ce pas bien de travailler ? (l. 1-
2, puis 25 à 27). Il s’agit ici de la valeur du travail,
avec une allusion implicite aux jugements portés
habituellement sur cette activité : le travail est sacré
(l. 26), formateur, il s’oppose à la paresse, il apprend
à l’homme les réalités de la vie… On peut remarquer
que n’entre pas en ligne de compte ici le fait qu’il
puisse être nécessaire de travailler pour vivre.
– le travail, les hommes, les machines et l’utilisa-
tion du temps de la vie (l. 5, 10 à 15) : l’utilité des
machines pour remplacer les hommes dans les
tâches difficiles, mais la nécessité pour les hommes
de travailler à construire les machines et l’organisa-
tion que cela pourrait exiger, puisque les hommes
travaillent d’abord pour vivre et non pour construire
des machines.
➤ Derrière ces échanges se profile la question de
travailler pour vivre ou vivre pour travailler, dont on
perçoit qu’elle n’intéresse pas vraiment les deux
interlocuteurs, peut-être par manque d’expérience
du travail.
2 Les différents points de vue énoncés
À propos du travail et des orientations envisagées, le
texte donne les points de vue de deux personnages.
Mais l’un d’entre eux ajoute à ses propres idées
celles qui viennent de la tradition. Le dialogue donne
ainsi trois opinions.
● Le point de vue de Chloé : donné dès la pre-
mière réplique, ce point de vue est plutôt négatif :
Ce n’est pas tellement bien de travailler (l. 1-2), et,
selon ce même personnage, cela ne donne pas le
droit d’être arrogant et méprisant. Le jugement, qui
n’accorde guère de valeur au travail, est complété
par l’idée qu’il vaudrait mieux utiliser des machines
que des hommes (l. 5), et que ceux qui travaillent
préféreraient sans doute se distraire au lieu de
travailler (l. 21-22). Ces propos montrent chez celle
qui les prononce une perception compréhensive et
humaine, sans doute partagée par beaucoup, et qui
fait du travail une corvée dont chacun aimerait être
délivré.
● Le point de vue traditionnel : il est énoncé par
Colin, qui prend soin de préciser d’où viennent les
Analyser un extrait de roman CHAPITRE
10
idées qu’il énonce en utilisant – entre autres formu-
lations – le pronom indéfini on : on leur a ditt (l. 3, 25),
en général, on trouve. (l. 3), ceux qui leur font croire
(l. 30-31). Colin met en relief l’idée courante selon
laquelle, traditionnellement, le travail doit être consi-
déré comme une valeur en soi. Les termes valorisants
de l’énumération : c’est sacré, c’est bien, c’est beau,
c’est ce qui compte avant toutt (l. 26), et l’idée que
seuls les travailleurs ont droit à tout (l. 26-27) sont l’ex-
pression d’une idéologie à laquelle ne souscrivent ni
l’un ni l’autre des interlocuteurs, et que Colin présente
comme le résultat d’un bourrage de crâne.
● Le point de vue de Colin : il s’exprime en plu-
sieurs étapes, toujours en réponse aux propos de
Chloé. Son point de vue est que les hommes sont
victimes de ceux qui les exploitent en leur faisant
croire à la valeur absolue et sacrée du travail (l. 25
à 27). C’est, selon Colin, cette exploitation qui fait
qu’ils passent leur temps à travailler, n’ont pas le
temps de construire les machines qui les libéreraient
et qu’ils ne peuvent même pas profiter des suppo-
sés avantages de leur condition – valorisée – de
travailleurs. De manière progressive, et sous une
forme argumentée, Colin dénonce la manière dont
le monde du travail (les dirigeants, représentés de
manière récurrente par on) transforme les hommes
en « machines » à produire. L’incapacité de penser
à laquelle ils sont conduits les empêche même de
trouver le temps d’inventer de quoi se libérer. C’est là
une façon de dire que l’abrutissement humain dû au
travail bloque toute possibilité de progrès.
Vers la synthèse ➜ p. 102
1 Deux documents : consigne ➜ p. 102 (NT).
Deux documents : consigne ➜ p. 55. Ce sujet est
traité p. 51 de ce guide pédagogique, chapitre 6
(Analyser un extrait d’essai).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 126. Ce sujet
est traité p. 161 de ce guide pédagogique, chapitre 12
(Analyser une œuvre d’art).
3 Quatre documents : consignes ➜ p. 85 (NT) et
p. 158 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 102
Sujet ➜ p. 55. Ce sujet est traité p. 52 de ce guide
pédagogique, chapitre 6 (Analyser un extrait d’es-
sai).
Sujets ➜ p. 77 (NT) et p. 85 (NT).
Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité p. 197 de ce guide
pédagogique, chapitre 15 (Analyser une photo).
125
 A P P L I C ATION
DOCUMENT 4 Victor Hugo, Les Misérables (1862)
Intérêts du document
Image et caracté éristiques de l’exclusion au XIXe siècle à travers une scène de fiction montrant
le rejet d’une personne
p par une autre ; la condition des anciens bagnards et la surveillance
policière dont ils sont l’objet ; une scène entièrement construite sur un dialogue de type
théâtral.
Pour analyser le document
1 Le thème du passage
L’extrait des Misérables a pour thème l’exclusion.
Un passage entièrement dialogué confronte l’ex-
bagnard Jean Valjean à un aubergiste qui lui refuse
le gîte et le couvert, parce qu’il a deviné son statut. À
travers un échange de répliques, l’extrait permet au
lecteur de comprendre la situation du personnage et
l’attitude de l’aubergiste.
● Jean Valjean : installé comme s’il n’y avait aucun
problème d’accueil, il est demandeur, et plusieurs
répliques précisent qu’il a de l’argent et peut payer :
J’ai de l’argent, Je paye (l. 4, 7 et 20). Il n’est donc pas
un mendiant, mais un voyageur et un client comme
un autre, en théorie. D’autre part, il n’est pas agressif
mais explique sa fatigue et son besoin de manger,
Je veux mangerr (l. 20), et commence par ne pas
prendre très au sérieux le refus. Ce n’est qu’après
avoir argumenté en réponse aux dénégations de
l’aubergiste (l. 16 à 34) et avoir compris ses raisons
réelles (l. 39 à 41) qu’il accepte de s’en aller.
Il ressort de la fin de la scène que l’aubergiste a
identifié son hôte comme un ancien bagnard (par le
signalement venu de la mairie) et que c’est la raison
de son refus. L’exclusion prend ici la forme d’une
opposition à toute tentative de réinsertion sociale :
le fait qu’un ancien bagnard soit immédiatement
reconnaissable a pour conséquence qu’il se fait
rejeter partout où il passe.
● L’aubergiste : il a, tout au long de la scène, une
attitude de refus réitérés. Les raisons avancées sont
les suivantes : pas de chambre (l. 9), pas de place
même à l’écurie (l. 13), pas de dîner (l. 16), pas de
126
➜ p. 103
THÈME : l’exclusion
nourriture, retenue par les rouliers (l. 26). À chaque
demande formulée, l’aubergiste oppose un refus
qu’il présente comme ne venant pas de lui, mais des
autres. Ces différents refus sont autant de prétextes,
de raisons fallacieuses, dont il ne cherche même pas
à cacher le caractère de prétexte mensonger. L’ex-
plication est donnée à la fin de l’échange, lorsque
l’aubergiste est à bout d’argument : Vous vous appe-
lez Jean Valjean (l. 39), je me suis douté de quelque
chose (l. 40).
2 Informations historiques et sociales
Publié en 1862, mais faisant référence aux années
1830-1840, le roman de V. Hugo traite de faits
sociaux du XIXe siècle. Jean Valjean est une victime
de la justice de l’époque : condamné au bagne
pour avoir volé un pain, il reste, même une fois sa
peine achevée, un marginal, un exclu. Cette forme
d’exclusion a pour caractéristiques le fait d’être
partout refusé, rejeté, même lorsqu’il s’agit de se
loger comme un voyageur normal et de payer, de
devoir signaler son passage dans les mairies des
villes ou villages où il séjourne, d’être partout iden-
tifié et, de ce fait, susceptible d’être chassé. Son
statut le condamne donc à l’errance, à la pauvreté,
à la solitude, à l’inconfort, à la faim et au mépris. Sa
condamnation initiale devrait faire de lui (s’il n’était
aidé par quelques êtres généreux) un exclu à vie.
➤ L’extrait fait réfléchir sur la sévérité extrême de
la justice, sur les déterminations négatives et très
lourdes qui pèsent sur ceux qui sont victimes de
l’injustice, sur la cruauté des conditions de vie de
ceux que V. Hugo appelle, sans connotation morale,
mais en insistant sur leur misère matérielle, les
« misérables ».

Vers la synthèse ➜ p. 104
1 Deux documents : consigne ➜ p. 104, partielle-
ment traité.
2 Deux documents : consigne ➜ p. 65 (NT).
Trois documents : consigne p. 65. Ce sujet est
➜ Sujet ➜ p. 65 (NT).
traité p. 64 de ce guide pédagogique, chapitre 6
(Analyser un extrait d’essai).
DOCUMENT 5 Georges Orwell, 19844 (1950)
Intérêts du document
Faire réfléchir sur la nature d’un État dans lequel un pouvoir central exerce une surveillance
de tous les instants sur les individus, les privant ainsi de liberté ; faire s’interroger, à partir de
cette situation, sur l’ampleur actuelle de la vidéosurveillance, dont le roman constitue une
illustration, voire une prémonition inquiétante.
Pour analyser le document
1 Thème de l’extrait et situation du personnage
L’extrait de roman qui est proposé aborde plusieurs
thèmes liés entre eux. Il y a d’abord l’évocation d’un
contexte peu agréable, peut-être explicable par
un conflit récent, ce que l’on peut déterminer par
l’insistance sur la détérioration et sur la destruction,
paraissait froid
d (l. 1-2), papier déchiré (l. 3), tout sem-
blait décoloré (l. 4).
Vient ensuite une présence inquiétante, celle d’un
personnage, Big Brother, dont les affiches et le regard
sont présentés comme obsédants : affiches collées
partout (l. 4), vous fixait du regardd (l. 5-6). Parmi les
éléments inquiétants qui évoquent une perpétuelle
surveillance, figure aussi l’hélicoptère, qui connote
une présence policière, ce qui est confirmé par les
mots patrouille et mettre le nez aux fenêtres des gens
(l. 12). À cela s’ajoutent, dans une progression qui a
quelque chose d’angoissant, l’évocation de la Police
de la Pensée (l. 13-14) et le télécran (l. 15), instru-
ment de surveillance, qui capte (image et son) ce que
dit et ce que fait chaque individu. La présentation
de l’instrument désigné par le mot télécran insiste
sur ses caractéristiques : recevait et transmettait
(l. 17), captait tous les sons (l. 17), être vu aussi bien
qu’entendu (l. 19-20), elle surveillait tout le monde,
constammentt (l. 23-24), tout son émis était entendu
(l. 26), tout mouvement était perçu (l. 27). On observe
une forte insistance sur l’idée de surveillance et
Analyser un extrait de roman CHAPITRE
10
N.B. Le tableau rempli d’une synthèse relative au
thème de l’exclusion figure dans ce guide pédago-
gique, p. 240-241 (chapitre 18).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 104
Sujet➜ p. 80. Ce sujet est traité p. 89 de ce guide
pédagogique, chapitre 8 (Analyser un dessin de presse).
➜ p. 105
THÈME : les menaces sur les libertés
d’emprisonnement. Chaque être est épié, surveillé,
sans qu’il puisse savoir à quel moment, ou s’il s’agit
d’une surveillance permanente. Ces caractéristiques
montrent un univers dans lequel les individus n’ont
plus aucune intimité et dont non seulement la vie
visible, mais les pensées peuvent être connues d’un
pouvoir central omniprésent et dont la présence ne
se fait jamais oublier.
Dans ce contexte, le personnage ressemble à un
prisonnier. Il ne peut rien regarder sans apercevoir
l’image de Big brother, il ne peut rien faire sans être
vu, rien dire sans être entendu, il ne peut réfléchir
sans que lui vienne à l’esprit la présence de la Police
de la Pensée. Surveillé de l’extérieur et à l’intérieur
de chez lui, il est cerné de toutes parts par une
organisation qui ne lui laisse qu’une liberté tout à fait
illusoire.
2 Le régime politique en place
La présence d’une surveillance totale et constante
des individus, l’existence du chef suprême au titre en
principe rassurant, la centralisation de son pouvoir, la
manière dont les êtres sont réduits à l’état d’objets,
sont privés d’une véritable liberté d’action, de parole
et de pensée, tout dans le texte évoque un régime
totalitaire pour lequel les « citoyens » n’ont aucune
individualité, aucune existence qui n’appartienne
pas, ou qui ne soit pas récupérée par le pouvoir.
L’extrait montre les dangers, les ravages d’un tel
système – authentique sur le plan historique – et la
127
 manière dont il broie les êtres au profit du pouvoir
d’un seul secondé par une centralisation très précise
et très rigoureuse, dont on a ici un aperçu. Le texte,
qui figure au tout début du roman, en pose le décor
et précise quels sont les instruments qui permettent
un tel régime, en insistant sur les moyens de la sur-
veillance électronique.
La lecture de l’extrait et éventuellement d’autres,
venus du même roman, est une invitation à réfléchir
sur l’évolution technique des sociétés actuelles et,
dans un domaine plus large, sur la manière dont
la mondialisation des communications crée une
emprise de plus en plus forte sur la liberté des indivi-
dus. La situation décrite a pour objectif d’avertir les
lecteurs sur les dangers d’une surveillance ici liée à
un régime particulier, mais qui pourrait être utilisée
DOCUMENT 6 Émile Zola, Germinall (1885)
Intérêts du document
Importance du témoignage historique et social apporté par un roman ; importance de ce
que représente un site industriel : mémoire de la vie des ouvriers lors de la Révolution indus-
trielle ; compréhension de phénomènes sociaux ; nature particulière des lieux, présentés
de manière à la fois technique et fantastique ; réflexion possible sur la valeur du patrimoine
industriel et sur la nécessité d’en maintenir la mémoire.
Pour analyser le document
1 Thème de l’extrait et informations données
sur les lieux et sur les gens
Le thème de l’extrait est l’arrivée, de nuit, dans un
lieu industriel, d’un homme, désigné par le mot
homme (l. 1, 14) – il n’a donc pas encore d’identité –,
à la recherche de travail. Le texte donne à voir ce que
cet homme arrive à distinguer dans la nuit, une mine
qu’il n’identifie pas immédiatement. Ces lignes, qui
appartiennent au début du roman, se concentrent
sur trois éléments : l’homme, la mine en fonctionne-
ment, ceux qui y travaillent.
● L’homme : personnage central, c’est à travers lui
que les choses sont vues, dans le paysage industriel
qu’il traverse de manière presque cinématographi-
que, ce que montrent les expressions l’homme avait
à sa droite (l. 1), reparurent près de luii (l. 5), venait
de l’arrêterr (l. 7), l’homme reconnutt (l. 14). Le lecteur
assiste ainsi à l’entrée d’un inconnu dans un monde
qu’il découvre en même temps que lui et qui est celui
de la mine. L’interrogation résignée à quoi bon ? il
n’y aurait pas de travaill (l. 14-15) au discours indi-
128
dans un contexte démocratique, avec des consé-
quences dont il est impératif de se soucier.
Vers la synthèse ➜ p. 105
1 Deux documents : consigne ➜ p. 63 (NT).
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 154. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 209
chapitre 15 (Analyser une photo).
Quatre documents : consigne ➜ p. 98 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 105
Sujets ➜ p. 63 (NT), p. 71 (NT) et p. 166 (NT).
➜ p. 106
THÈME : le devenir des sites industriels
rect libre souligne l’hésitation du personnage, son
découragement, puis sa persévérance, qui se traduit
par le Bonjourr de la ligne 21.
● La mine : les lieux sont décrits avec une grande
précision et avec le souci de donner des informa-
tions techniques et exactes. On le voit au nombre
important de termes spécialisés : charpentes, bois
noircis (l. 10), tréteauxx (l. 11), terri (l. 16), ouvriers
de la coupe (l. 17), déblais (l. 18), moulineurs (l. 19),
berlines (l. 20, 25). Celui qui parle a visiblement le
souci de donner une description exacte des lieux.
On sait par les Carnets d’enquête (Présentation
d’Henri Mitterand, éd. Plon, 1986) à quel point Zola
était soucieux de l’exactitude des lieux, qu’il allait lui-
même observer, en prenant des notes et en faisant
des croquis.
● Les gens : la précision de la description concerne
aussi les ouvriers, non de manière individualisée (ils
ne sont pas encore des personnages précis, même
le héros), mais sur un plan professionnel. Ils sont
désignés par les termes exacts de leurs fonctions,
ouvriers de la coupe à terre (l. 17), moulineurs (l. 19),
et par les actions qu’ils accomplissent : sortait (l. 18),
pousserr (l. 19), culbutantt (l. 20), pesait (l. 26).

➤ Nettement informatif, l’extrait donne au lecteur
des éléments de connaissance de la mine et de ce
qu’on y fait. Le souci de précision n’empêche pas de
présenter les lieux dans un registre particulier.
2 Une perception et une représentation fan-
tastiques des lieux
La découverte de la mine se fait à travers le regard
du personnage qui, d’abord un peu perdu, finit par
reconnaître la fosse d’une mine. Cette perception
des lieux est rendue dans un registre imagé à la
fois métaphorique et hyperbolique : de nuit, la mine
prend une allure fantomatique et monstrueuse. On
peut énumérer ce qui participe au caractère effrayant
de l’univers découvert :
– l’idée de confusion et la difficulté d’identifi-
cation des lieux : pignons confus (l. 3), sans qu’il
comprît davantage (l. 5), tas écrasé de constructions
Analyser un extrait de roman CHAPITRE
10
(l. 7-8), alignaient vaguement (l. 10), noyée de nuit et
de fumée (l. 11-12), qu’on ne voyait pointt (l. 13) ;
– la présence d’éléments qui ont quelque chose
de mystérieux et / ou de monstrueux. Certains
relèvent de la personnification, d’autres sont expri-
més par des comparaisons : les feux reparurent
(l. 5), brûlaient si haut dans le ciel mort (l. 6), lunes
fumeuses (l. 6), de rares lueurs sortaient (l. 8-9),
tréteaux gigantesques (l. 11), apparition fantastique
(l. 11), respiration grosse et longue (l. 12), grandes
haleines régulières, comme des coups de faux
(l. 27, 28).
➤ La présentation de la mine fait alterner des élé-
ments techniques très précis et une représentation
effrayante, qui montre cet univers industriel sous la
forme d’une sorte de monstre dévoreur d’hommes
– la mine s’appelle le Voreux — mais en même temps
de monde fantasmagorique et fascinant.

Vers la synthèse ➜ p. 106

1 Deux documents : consigne p. ➜ 111. Ce sujet est traité p. 137 de ce guide pédagogique, chapitre 11
(Analyser un texte poétique).
2 Trois documents : extrait du roman d’É. Zola, Germinal (document 1 ➜ p. 106), extrait poétique
d’É. Verhaeren (document 2 ➜ p. 110), extrait d’un essai d’E. de Roux (document 3 ➜ p. 56).

Intérêts du rapprochement
Réflexion, à travers deux textes littéraires qui évoquent le monde industriel et un extrait d’essai, sur
les raisons de ne pas laisser mourir certains sites industriels qui témoignent de la vie ouvrière et de la
manière dont le XIXe siècle positiviste concevait certains lieux de la production industrielle.

La consigne demande de mettre en relief les raisons
de la sauvegarde et de la réhabilitation des sites
industriels. Les raisons sont formulées par E. de
Roux et illustrées par les documents littéraires.
LES RAISONS DE SAUVEGARDER / RÉHABILITER
LE PATRIMOINE INDUSTRIEL
● Existence d’une dette du monde actuel à
l’égard de l’époque industrielle (document 3)
représentée par des lieux : présentation nocturne
de la mine (document 1) et évocation des fabriques
et des usines (document 2) ; description d’une zone
industrielle habitée comportant un canal, des usines,
des maisons d’habitation, des cafés… (document 2) ;
évocation du travail difficile et de la vie misérable des
ouvriers dans les documents 1 et 2. La dette justifie
de faire revivre des lieux essentiels de production, de
création et de vie.
● Caractère particulièrement esthétique et
émouvant de certains sites industriels : réalisations
remarquables (document 3) sur le plan du style, de
l’innovation et de la recherche esthétique ; l’auteur du
document 3 parle de prouesses techniques. Les docu-
ments 1 et 2 insistent sur une esthétique industrielle
mystérieuse ou fantastique, géométrique et fascinante.
La mine est présentée comme un monde particulier,
dont les caractéristiques ont exigé des hommes des
techniques et des savoir-faire qu’il convient d’admi-
rer. Les lieux industriels sont générateurs d’émotion
(documents 1 et 3) par leurs formes, leurs structures,
leurs couleurs, leurs lignes. On le remarque dans la
présentation des « Usines » (document 2).
● Importance de conserver des témoignages
d’une histoire qui disparaît très vite du fait de l’accé-
lération du monde et de la mondialisation (document
3 pour la formulation de l’idée, documents 1 et 2
pour l’illustration) : les lieux de l’industrialisation sont
porteurs de toute une histoire : mise en place de l’in-
dustrie, dans l’enthousiasme et dans la souffrance
des êtres humains, de générations remplacées par
d’autres, développement puis disparition brutale des
lieux et de l’outil de travail du fait de crises économi-
ques, de nouvelles énergies, de nouvelles stratégies
industrielles, de mutations. Il est essentiel d’empê-
cher que disparaissent non seulement un savoir-faire
mais aussi sa mémoire…
129
 ➤ La littérature constitue en elle-même un témoi-
gnage historique de la vie ouvrière et des lieux
industriels : la sauvegarde matérielle de ceux qui
demeurent permet d’associer le souvenir littéraire à
la réalité des sites.
3 Quatre documents : consignes ➜ p. 125 (NT) et
p. 146 (NT).
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
● Un mentor : un précepteur, un guide, un maître,
un protecteur.
● Autres termes : un hercule / sous l’égide
de / protéiforme / un adonis / un atlas / sous les
auspices de… / être de bon augure / une égé-
rie / une cassandre / un cerbère / une chimère / un
dédale / un écho / une harpie / une mégère / un
laïus / un marathon / un méandre / une naïade / un
nectar / une odyssée / un pactole / des pénates.
EXERCICE 2
● Termes familiers ou grossiers dans le texte de
F. Beigbeder : téloche : télévision ; un jeune con : un
jeune type, un jeune créatif ; bagarre : bataille ; four-
guerr : placer, faire accepter, faire acheter ; lourderr :
exclure, licencier, mettre à la porte.
● Raisons d’un tel choix : utiliser un registre
« branché » professionnel (snobisme) ; faire « vrai »
(effet de réel) en montrant comment on parle dans
le milieu de la publicité ; pour le personnage, se
donner de l’importance et paraître au-dessus du
« lecteur moyen » à qui il s’adresse ; se présenter
sous une forme paradoxale, à la fois jeune imbécile,
qui ne sait pas grand-chose, et créateur génial car
c’est sur son inventivité que repose toute une chaîne
économique ; donner un ton provocateur et très
assuré aux propos tenus.
EXERCICE 3
Des termes et des synonymes
Artifice : ruse, subterfuge, fraude, déguisement.
Corrompre : altérer, dépraver, gâter pervertir.
Incurable : inguérissable, irrémédiable.
Légende : fable, histoire, explication (accompagnant
un dessin, une carte).
Magnificence : somptuosité, richesse, luxe, faste,
générosité.
130
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 106
Sujet ➜ p. 57. On trouvera des éléments pour traiter
ce sujet dans le chapitre 24 du manuel de l’étudiant
(p. 229 et suivantes).
Sujet ➜ p. 146. Ce sujet est traité p. 192 de ce guide
pédagogique, chapitre 15 (Analyser une photo).
➜ p. 107
Modération : mesure, adoucissement, diminution.
Notoriété : célébrité, reconnaissance.
Parodier : imiter, contrefaire.
Prévisions : conjectures, prédictions, annonces.
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 4
La pauvreté est une infamie.
● Nombreux sont ceux qui pensent, contrairement
à Mentor, que la pauvreté est une infamie. / La
pauvreté est une infamie, c’est l’avis de tous, sauf
de Mentor.
● Je ne suis pas du tout de l’avis de ceux qui
affirment que la pauvreté est une infamie. / Je ne
comprends pas du tout comment on peut dire
que la pauvreté est une infamie. / La pauvreté,
une infamie ! Voilà une idée que je ne partage pas
du tout.
● La pauvreté est une infamie : c’est ce que tout
le monde pense. / Il y a un consensus autour de
l’idée que la pauvreté est une infamie. / C’est une
idée admise par tous que la pauvreté est une
infamie.
● Certains, que je ne rejoins pas, considèrent
la pauvreté comme une infamie. / Il est des gens
pour penser, mais je ne partage pas leur façon de
voir, que la pauvreté est une infamie.
● J’adhère tout à fait à l’idée que la pauvreté
est une infamie. / Je partage tout à fait l’idée
que… / À coup sûr, la pauvreté est une infamie ;
en tout cas, c’est mon avis.
● La pauvreté, une infamie ? J’avoue avoir du
mal à formuler un point de vue. / Il me paraît diffi-
cile d’affirmer que la pauvreté est une infamie.
● Je ne sais pas trop si la pauvreté est vraiment
une infamie : de quelle pauvreté s’agit-il ? Le mot
a plusieurs sens.

EXERCICE 5
Présentations rédigées
● Texte de G. Orwell : l’extrait du roman de
G. Orwell, 1984, publié en 1950, évoque un
monde totalitaire dans lequel chaque individu est
constamment surveillé par un pouvoir central,
désigné par « Big brother ».
Analyser un extrait de roman CHAPITRE
10
● Texte d’É. Zola : dans un extrait du roman
Germinal, daté de 1885, d’É. Zola, le narrateur
rapporte avec des précisions techniques le monde
de la mine, découvert, de nuit, par le héros, ouvrier
à la recherche d’un travail.
131
 CHAPITRE
11 Analyser
un extrait poétique
Livre de l’étudiant ➜ p. 108 à 116

A P P R O C HES
DOCUMENT 1 José Maria de Heredia, « Les conquérants », ➜ p. 108

sonnet extrait des Trophées (1893) THÈME : le voyage

Intérêts du document
bre, écrit au XIXe siècle et célébrant les grands voyageurs de la Renaissance :
Un sonnet célèb
une double ima
age de rapacité et de rêves d’exotisme et de découverte ; une certaine image
des voyages / expéditions ; un texte historique.

terrifiant (la mer, les tempêtes, l’accueil des popu-

Pour analyser le document
1 Motivations des voyageurs / Caractéristi-
ques des voyages et des conquérants
La lecture du sonnet fait apparaître les raisons de
partir suivantes :
– la lassitude d’une vie médiocre, voire misérable et
difficile à supporter pour des hommes avides d’aven-
tures, de voyages et d’actions d’éclat irréalisables
dans les limites de leurs pays (premier quatrain) ;
– le désir des richesses supposées des contrées
lointaines comme le Japon (v. 5 et 6) ;
– la curiosité des contrées nouvelles, encore char-
gées de mystère (tercets).
Ces motivations combinent ce qui est violent, par
la comparaison avec les oiseaux de proie, ce qui
est mystérieux et poétique, et ce qui relève de la
connaissance, l’appel de l’inconnu. On retrouve là
trois grandes caractéristiques des expéditions de la
fin du XVe siècle et du XVIe.
Les voyages et les conquérants sont définis à tra-
vers les motivations. Il s’agit de grandes expéditions
maritimes par des voies inexplorées, pour trouver
non seulement des pays mais des passages incon-
nus. Ce sont des voyages dangereux, entrepris par
des aventuriers dont certains sont sans foi ni loi. Les
conquérants sont des hommes ambitieux, courageux
et téméraires, capables d’aller jusqu’aux limites de
leurs forces, de partir vers un inconnu qui peut être
132
lations locales, les mutineries)… La comparaison
avec les oiseaux de proie laisse penser que certains
sont violents et peu regardants sur les moyens de la
conquête, et qu’ils cherchent une compensation à
diverses frustrations sociales.
2 Le registre utilisé
Les conquérants et leurs voyages sont évoqués par
Heredia sur un mode élogieux. Un certain nombre de
termes ont des connotations positives et chargées
d’admiration comme les expressions ivres d’un rêve
héroïque (v. 4), les adjectifs fabuleux (v. 5), mystérieux
(v. 8), épiques (v. 9), enchantaitt (v. 11), mirage (v. 11).
Les aventuriers, leurs objectifs et la nature de leurs
voyages semblent inspirer au poète une véritable
fascination.
Vers la synthèse ➜ p. 108
1 Deux documents : consigne ➜ p. 62 (NT*).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 68. Ce sujet
est traité p. 68 de ce guide pédagogique, chapitre 7
(Analyser un extrait de presse).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 132. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 172,
chapitre 13 (Analyser une publicité).
* Non traité.

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 108
1 Sujet ➜ p. 108.
Intérêts du sujet
Réflexion sur l’expérience personnelle du voyage par rapport à la découverte par personne interposée
(le voyage à la télévision) : ce qu’elle apporte et ses limites.
Nous donnons ici un ensemble d’arguments qui peu-
vent servir de base à un devoir personnel.
I – CE QU’APPORTE ET CE QUE PERMET LA TÉLÉ-
VISION
● voyager en images (+ mouvement + son) dans
des régions où l’on n’irait pas tout seul ni même
en groupe pour différentes raisons et les voir comme
si on les avait filmées soi-même. Les raisons qui
peuvent être avancées sont les suivantes :
– c’est trop loin et trop cher ;
– ce sont des régions extrêmes dans lesquelles on
ne peut guère faire de tourisme : régions très froides
(régions polaires), régions très chaudes (déserts),
régions d’une altitude très élevée (Everest) exigeant
des capacités sportives très développées ;
– ce sont des régions difficiles d’accès du fait de la
végétation (forêt amazonienne, jungle de Birmanie)
et des animaux sauvages dangereux, difficiles aussi
pour les Occidentaux du fait du climat (humidité,
insectes, maladies) ;
– ce sont des régions dangereuses parce qu’elles
sont le théâtre de conflits humains ou parce qu’elles
sont instables (politiquement, géologiquement) ;
● bénéficier, en matière d’image et de prise de
vues, du travail de spécialistes qui n’hésitent pas
à utiliser divers moyens de déplacement pour mieux
filmer (aile volante, dirigeable) des régions vues ainsi
du ciel (ex. N. Hulot, Y. Arthus-Bertrand) ;
● bénéficier de commentaires intéressants venus
de spécialistes ; enrichir ses connaissances par des
savoirs relatifs aux différentes régions, aux popula-
tions rencontrées, aux coutumes, aux modes de vie,
à tout ce qui caractérise les gens, la faune, la flore,
l’habitat, les arts…
Les techniques cinématographiques permettent la
réalisation d’émissions documentaires de grande
qualité consacrées aux voyages, Thalassa, Ushuaia,
émissions du National Geographic. Elles font rêver,
apportent la vue de paysages splendides, laissant
penser au spectateur qu’il est le seul à les voir (et
qu’il ne fait pas partie d’un groupe dans lequel
chacun doit regarder le même paysage au même
moment). Elles racontent les périples d’aventuriers
auxquels les téléspectateurs peuvent s’identifier. On
peut alors considérer que la télévision peut rempla-
cer les voyages, et qu’elle fait même mieux.
CHAPITRE
11
Mais il s’agit toujours là de « voyage par procura-
tion ». Pour répondre à la question posée par le
sujet, il faut aussi se demander ce que la télévision
ne remplace pas.
II – LES SPÉCIFICITÉS DES VRAIS VOYAGES : CE
QUI LES CARACTÉRISE ET FAIT LEUR INTÉRÊT,
LEUR RICHESSE
● la préparation : choix du pays, choix des iti-
néraires, recherches, lectures, informations, visite
d’agences de voyages, consultation de catalogues…
la préparation du voyage est une démarche person-
nelle, qui est un avant-goût du voyage.
● le voyage, même si la destination n’est pas tout à
fait aussi lointaine et exotique qu’à la télévision, est
réellement vécu ; le voyageur est sur le terrain : c’est
lui qui marche sur le sol du pays visité, qui découvre
le climat, qui entend les bruits, voit et photographie
les paysages, sent le vent, respire les odeurs… Ce
qu’il « emmagasine » lui est totalement personnel et
relève de son choix.
● le voyage, c’est aussi la rencontre avec les
gens, leurs manières de vivre, de se vêtir, leur lan-
gue que l’on écoute parfois sans rien y comprendre,
leur accueil, éléments qui déterminent ce que l’on
ressent et la façon dont on se comporte. Ce type
de voyage permet au voyageur d’exercer sa liberté
de choix, comme Montaigne le rapporte dans les
Essais, disant que s’il ne peut aller à droite, il va à
gauche, avec un constant esprit de découverte, une
curiosité toujours en éveil et une disponibilité totale.
Toutes ces composantes du voyage, auxquelles il
faut ajouter les incidents et mésaventures diverses,
constituent une expérience irremplaçable dont le
voyageur tire toutes sortes d’enseignements. Cer-
tes, il va moins loin, mais son voyage est, pour lui,
plus personnel que celui dont il voit les images à la
télévision, et qui n’est pas pour autant à rejeter.
➤ Le voyage vu à la télévision et le voyage réellement
effectué ne sont pas deux modes de voyages qui
s’opposent. Le premier offre des possibilités immen-
ses, le second est personnel, vivant et authentique.
De cette manière, ils se complètent.
2 Sujet ➜ p. 62 (NT).
Sujet ➜ p. 132. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 173, chapitre 13 (Analyser une
publicité).
133
 DOCUMENT 2 Victor Hugo, « Melancholia », poème extrait des
Contemplationss (1856)
Intérêts du document
Extrait poétique célèbre évoquant, de manière très critique et pathétique, le sort des enfants
au travail au XIXe siècle ; exemple de poésie engagée exprimant des idées, mais utilisant les
procédés poétiques pour rendre la dénonciation plus efficace.
Pour analyser le document
1 Le contenu du texte
Le texte poétique évoque à la fois les conditions de
vie des enfants, les effets négatifs du travail, qui se
trouve dévalorisé, et la notion de progrès.
● Les conditions de vie des enfants : avant même
de mettre en relief les conditions désastreuses dans
lesquelles les enfants sont exploités, on peut repérer
tout ce qui insiste sur leur statut d’enfant. Le poète
donne leur âge, huit ans (v. 3), filles et garçons,
signale leur innocence (v. 9), parle d’âge tendre
(v. 23) et rappelle qu’ils sont à l’âge où l’on joue et où
l’on rit, mais où on ne travaille pas dans les mines ou
sur des machines.
Les conditions de travail regroupent un certain nom-
bre de dénonciations : la durée, quinze heures (v. 4),
le caractère répétitif et l’inconfort, de l’aube au soir,
éternellement, même mouvement, accroupis (v. 5-7),
le monde industriel fait de machines monstrueuses
(v. 10) dont les enfants semblent les victimes, la
présence constante de la fatigue et de la maladie
(v. 12, 18). L’endroit où ils travaillent est associé
à un bagne et à l’enfer (v. 9), ce qui fait d’eux des
prisonniers, des condamnés et des coupables. Les
conditions dans lesquelles ils vivent – misère, malnu-
trition, exploitation, travail incessant – les assimilent
à des animaux : V. Hugo dénonce, en disant qu’elle
ne devrait pas être permise par Dieu, le caractère
inhumain de cette exploitation d’êtres faibles et
désarmés, qui fait honte à leurs exploiteurs et qui
dévalorise aussi la notion de travail.
● Les effets négatifs du travail : V. Hugo oppose,
dans le texte, le travail de caractère sacré, qui,
selon lui, a une valeur en soi et grandit l’homme,
vrai travail, sain, fécond, généreux (v. 33), instrument
de liberté et de bonheur (v. 34), au travail d’esclave
qui est celui que l’on impose aux enfants. Il met en
lumière des effets destructeurs : à travers tout un
ensemble de termes péjoratifs : maigrit (v. 2), pâleur
(v. 12), cendre (v. 12), las (v. 13), servitude (v. 17),
rachitisme (v. 18), il s’en prend violemment au travail,
à son aspect épuisant et déshumanisant, avec des
effets aussi négatifs que de transformer Apollon et
Voltaire. En des termes très critiques, V. Hugo stig-
134
➜ p. 109
THÈME : l’exploitation des enfants
matise les effets d’un travail non seulement épuisant
et auquel on ne devrait jamais soumettre les enfants,
mais qui les exploite, les use et les abrutit alors qu’ils
devraient être à l’école, les rendant encore plus
misérables pour produire de la richesse (v. 24). Il est
comparé au vice et rejeté avec violence.
● La notion de progrès : le travail des enfants étant
indissociable du progrès industriel, c’est aussi à cette
notion que s’en prend V. Hugo. La machine devient
un véritable monstre dévoreur, être mythologique tapi
dans l’ombre et menaçant, capable d’engloutir les
enfants pour se nourrir. Ces images hyperboliques
parcourent le texte. Le progrès lui-même devient
objet d’interrogations angoissées (v. 26), qui posent
la question d’un avenir qu’on ne sait comment se
représenter. L’ensemble du texte exprime l’idée que
le modernisme (les machines et la révolution indus-
trielle) et le progrès ne peuvent être acceptés s’ils
sont à l’origine d’une déshumanisation des êtres et du
gâchis des enfants dont la vie, l’enfance, la santé, la
transformation en adulte sont compromises par l’obli-
gation de travailler dans des conditions inhumaines.
2 La position de celui qui parle par rapport au
thème évoqué
Les termes utilisés, les connotations, les images
traduisent chez celui qui parle une véritable indigna-
tion. On peut identifier cette colère dénonciatrice à
diverses manières d’écrire :
– la question initiale, Où vont tous ces enfants… (v. 1),
qui donne à voir des enfants dans une situation pitoya-
ble, et l’explication de cet état à travers la réponse qui
présente le travail des enfants et les enfants ;
– l’insistance sur les conditions inhumaines : durée du
travail – quinze heures, de l’aube au soir, éternelle-
mentt (v. 4-5) –, position – accroupis (v. 7) –, absence
de pause ;
– caractère monstrueux de la machine dévoreuse
d’enfants, machine sombre, monstre hideuxx (v. 7-8) ;
caractère inhumain de l’environnement industriel ;
– exclamations (v. 17, 18, 22, 32-34) dénonçant la
servitude, le travail générateur de misère, d’abrutis-
sement des enfants ;
– malédiction adressée au travail et au progrès accu-
sés de rendre les hommes et les enfants esclaves.
 Analyser un extrait poétique CHAPITRE
11
La position est très critique et le ton est polémique ➤ Un texte qui s’inscrit dans les différents engage-
et dénonciateur : le travail des enfants dans de telles ments de V. Hugo en faveur des déshérités et des
conditions est présenté comme ce que personne ne malheureux.
devrait accepter.

Vers la synthèse ➜ p. 109

1 Deux documents : article de Courrier Internationall (➜ p. 68) et poème de V. Hugo (➜ p. 109).

Intérêts du rapprochement
Malgré de grandes différences (époque, pays, nature de l’exploitation, genre des documents), il est inté-
ressant de rapprocher deux documents qui montrent deux modes d’exploitation des enfants.

La consigne demande de mettre en relief deux formes d’exploitation différentes des enfants. Les deux docu-
ments abordent aussi les raisons de l’exploitation. On peut répondre sous forme de tableau.

DOCUMENTS FORME D’EXPLOITATION RAISONS DE L’EXPLOITATION

1. Poème de V. Hugo extrait des
Contemplations (1856)
Thème : l’exploitation des enfants
dans les usines au XIXe siècle
Enfants envoyés travailler à
l’usine dès huit ans dans des
conditions inhumaines : journées
de 15 heures, travail répétitif,
abrutissant, affaiblissant ; enfants
fatigués et rachitiques, exploités
comme dans un bagne.
Petits, les enfants sont « utilisés »
pour travailler là où les adultes
ne peuvent pas aller (dans les
mines) ; ils sont payés moins cher
que les adultes ; ils sont faibles,
souvent misérables, rapportent un
peu d’argent à leurs familles, et ne
peuvent se révolter contre ce qu’on
leur impose.

2. Article de presse, Courrier
internationall (2007) de
S.-F. N’Piénikoua
Thème : les enfants soldats en
Afrique
Enrôlement de force d’enfants
que l’on oblige à devenir soldats,
à se battre, à tuer, à massacrer.
Ils sont endoctrinés, drogués et
conditionnés à faire ce qu’on leur
ordonne, et finissent par agir
comme des automates, incapables
de se rendre compte qu’ils sont
devenus des tueurs.
Les enfants sont mis en première
ligne, et sacrifiés. Ils ne bénéficient
pas toujours de leur part de butin.
Les enfants soldats sont destinés
à pallier les manques d’effectifs
dans certains mouvements armés ;
il est relativement facile de les
enrôler en les droguant, et en les
endoctrinant parce qu’ils sont
jeunes, fragiles, influençables
et qu’on leur fait croire à leur
puissance à partir du moment où
ils sont armés. Leur enrôlement
permet d’avoir des combattants
dociles à mettre en première ligne,
sans avoir à les récompenser par
leur part de butin, ce qui fait plus
pour les autres.
Les enfants soldats sont traités
comme des objets, des instruments.

➤ Dans ces deux cas, très différents, on remarque
que les enfants sont exploités par des adultes qui
profitent de leur faiblesse, des conditions matériel-
les extrêmes (misère, appartenance à des familles
pauvres, enfants abandonnés, orphelins…) dans les-
quelles ils se trouvent, pour se procurer de la main-
d’œuvre peu chère et soumise, soit parce qu’ils sont
très jeunes, soit parce qu’ils ont été conditionnés.
Le phénomène des enfants soldats est tout à fait
contemporain. Ce que dénonçait V. Hugo en 1856
existe toujours, comme le montre l’image des enfants
travaillant dans une briqueterie en Colombie (p. 152),
et le texte pourrait s’appliquer à bien des situations
de travail des enfants dans le monde.
135
 Deux documents : consigne ➜ p. 124 (NT) et p. 152
(NT).
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 128. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 165,
chapitre 13 (Analyser une publicité).
Quatre documents : consigne ➜ p. 124 (NT).
DOCUMENT 3 Émile Verhaeren, « Les usines », extrait des
Villes tentaculairess (1895)
Intérêts du document
Un texte poétique évoquant avec un mélange de réalisme et de registre épique le monde
industriel ; expression d’une sorte de fascination pour un univers géométrique et effrayant
pour ceux qui y travaillent et pour ceux qui y vivent.
Pour analyser le document
1 Caractéristiques du monde industriel à tra-
vers le poème
Le titre du poème est « Les usines » et ce qu’il évo-
que est un univers industriel fait de banlieues et de
faubourgs dont on peut répertorier les spécificités.
– Un ensemble caractérisé par ses lignes, formes
et volumes géométriques : lignes horizontales d’un
canal, de quais et de murs, rectangles (v. 8), lignes
verticales des cheminées et des paratonnerres, mas-
ses d’autres constructions.
– Un mélange des éléments : eau (v. 2), granit (v. 8),
briques (v. 8), plâtras (v. 21).
– Une succession de constructions diverses mais
liées à la fabrication : fabriques, usines (v. 7), de monu-
ments divers (v. 7, 8, 17), et aussi de bars (v. 23).
– Des habitations marquées par la misère : quartiers
rouillés (v. 18).
– La présence constante du bruit des machines :
ronflent terriblementt (v. 7), ronflent (v. 16), grondent
(v. 39), haletants battements sourds (v. 40).
– La présence de la misère, perceptible partout.
➤ Nature des constructions, obscurité, bruit constant,
misère et querelles : le poète recrée un univers qui a
quelque chose d’effrayant et de fantastique et vivant
puisqu’il est personnifié par le choix d’un lexique
relatif aux humains : se regardant, yeuxx (v. 1 et reprise
anaphorique au vers 14), répétition du verbe ronfler.
Se trouve ainsi recomposé et montré un monde fan-
136
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 109
1 Sujet ➜ p. 69. Ce sujet est traité p. 71 de ce
guide pédagogique, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
Sujet ➜ p. 164 (NT).
2 Sujet ➜ p. 95 (deux sujets). Le sujet 1 est traité
p. 112 de ce guide pédagogique, chapitre 9 (Analy-
ser un schéma, un document chiffré) ; sujet 2 (NT).
➜ p. 110
THÈME : le devenir des sites industriels
tomatique, animé d’une vie propre et quelque peu
monstrueuse, qui fait passer au second plan la vie
de ceux qui travaillent et survivent dans le bruit, la
rouille, le salpêtre, l’humidité, et qui constituent tout
un ensemble humain abordé dans la seconde partie
du poème.
2 Les relations entre les lieux et les gens
Ceux qui vivent dans l’univers industriel évoqué
n’apparaissent pas tout de suite dans le texte, mais
les relations qu’ils entretiennent réciproquement
sont suggérées par divers mots. Le mot usines
connote la présence d’une population ouvrière,
prolétarienne, caractérisée par l’expression misère
en pleurs (v. 6), ce qui est accentué par l’évocation
de familles dans la misère : misère vestimentaire,
exprimée par le mot guenilles (v. 19), misère et
détérioration de la végétation – flore pâle et pourrie
(v. 22) – dans le seul lieu où elle pourrait apparaître,
les squares (v. 20). Cette misère ouvrière (salaires
bas, peu d’argent, enfants nombreux, conditions de
travail inhumaines, éléments connotés par le milieu
évoqué) est celle qui conduit aux scènes évoquées
dans les deux dernières strophes : alcoolisme,
violence (on pense à l’Assommoirr et au contexte
de certains romans de Zola, même si le monde
décrit par Zola est celui du Second Empire), haines,
vols, comportements dictés par la promiscuité, les
jalousies, les mauvaises conditions de travail et de
vie. À une présentation de lieux inhumains, sales,
détériorés, effrayants, sans lumière, ni confort, ni
espoir, correspond l’évocation d’une population
dont les comportements et les réactions sont mar-

qués par cette atmosphère. À un univers industriel
laid et monstrueux correspondent la misère et la
déchéance d’habitants dont l’existence et le travail
Vers la synthèse ➜ p. 111
1 Deux documents : extrait du roman de Zola, Germinall (➜ p. 106) ; poème « Les usines », d’É. Verhaeren
(➜ p. 110).
Intérêts du rapprochement
Le rapprochement de deux documents littéraires, un extrait de roman et un extrait poétique, fait surgir
des similitudes dans l’évocation monstrueuse, quasiment mythologique, des machines et d’un lieu in-
dustriel : zone de fabriques d’un côté, installation minière en pleine campagne de l’autre. Dans les deux
cas, rapprochement possible entre les lieux et les gens.
I – Le premier paragraphe est donné à titre d’exem-
ple rédigé dans le livre de l’étudiant. Nous propo-
sons ici le second paragraphe.
II – CONDITIONS DE VIE DU PROLÉTARIAT
Dans les deux documents, il est question de ceux qui
vivent et qui travaillent dans le monde industriel. Les
travailleurs sont évoqués dans des situations diffé-
rentes, mais qui sont liées dans un enchaînement de
cause à effet. Ainsi dans le poème d’É. Verhaeren, les
ouvriers ne sont pas montrés au travail mais dans des
lieux qui les accueillent, les bars : ce sont des gens
soûls oubliant leur misère et les difficiles conditions
de travail suggérées par l’environnement malsain,
l’eau, l’obscurité, le bruit, les dangers divers. On
comprend que l’univers des bars, tel qu’il est montré,
avec ses lumières (étains,
( cuivres, miroirs, luit, rayon-
nentt v. 24-28), ses reflets, la couleur lumineuse de la
bière, attire les travailleurs qui viennent y oublier leur
misère. En revanche, dans le texte de Zola, dans un
univers équivalent, les ouvriers sont présents, avec
des caractéristiques diverses. Il y a d’abord celui
qui est au chômage et qui désespère de trouver du
travail, très tôt le matin, alors qu’il fait encore nuit. Les
autres sont déjà au travail, et comparés à des ombres
vivantes, ce qui les place dans un univers présenté
comme fantomatique. On observe que l’un est un
vieillard, signe qu’il faut travailler longtemps à une
époque où les retraites n’existent pas ; un autre est
Analyser un extrait poétique CHAPITRE
11
sont indispensables à la production, d’une part, à
l’avancée du progrès, de l’autre. Il y a réciprocité
entre les lieux et les gens.
présenté comme efflanqué et encore endormi, signe
d’une mauvaise alimentation et d’un travail matinal.
➤ L’ensemble des deux documents insiste sur la
dureté des conditions de travail et de vie des ouvriers
– dureté du travail, horaires, environnement malsain
et dangereux. Le second insiste aussi sur la vie des
familles : misère, maladie, difficultés de s’entendre
avec les voisins, haines, promiscuité, manque d’ar-
gent, alcoolisme. Les deux documents témoignent,
sous une forme à la fois réaliste et poétique, d’une
certaine fascination des auteurs pour le monde
industriel, et d’une volonté de dire à quel point la vie
des ouvriers était toujours dure, parfois inhumaine.
C’est là une manière de rappeler le prix humain payé
au progrès et au confort.
2 Trois documents : consigne ➜ p. 106. Ce sujet
est traité p. 129 de ce guide pédagogique, chapitre
10 (Analyser un extrait de roman).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 146 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 111
Sujet ➜ p. 57. On trouvera également des éléments
dans le livre de l’étudiant (chapitre 24, Trouver des
idées, pages 231-232).
Sujet ➜ p. 146. Ce sujet est traité p. 192 de ce guide
pédagogique, chapitre 15 (Analyser une photo).
137
 A P P L I C ATION
DOCUMENT 4 Jacques Prévert, « La grasse matinée »,
extrait de Paroles (1946)
Intérêts du document
Un texte poétiq que très critique qui met en scène un exclu face à la société de consomma-
tion ; un registre
registr satirique qui utilise la dérision et l’ironie pour faire apparaître des effets de
disproportion.
Pour analyser le document
1 Le thème abordé et ses différents aspects
Contrairement à ce que laisserait supposer son
titre, le poème de Prévert n’évoque ni la paresse
ni le confort, mais la solitude et la souffrance d’un
homme qui a faim. Entre deux groupes de quatre
vers similaires donnés en introduction et en conclu-
sion, se développe une scène dont les étapes s’en-
chaînent, avec une alternance de récit au présent et
de remarques faites par celui qui parle. Le thème est
celui de la faim, évoquée à travers un homme qui
n’a pas mangé depuis trois jours et qui, à la limite
extrême de ses forces, regarde avec envie l’intérieur
d’une vitrine, puis le comptoir d’un café. Le poème
invite ainsi à réfléchir sur la coexistence de la faim
(exclusion, solitude, misère) et des signes visibles de
la société de consommation. Le texte comporte les
éléments suivants :
– le constat fait par celui qui parle : le bruit de l’œuf
dur, familier à ceux qui fréquentent les cafés, mais
ici perçu par un homme affamé et pour qui ce bruit
n’est qu’un souvenir ;
– la tête de l’homme affamé (le lien se fait par le mot
tête) / l’aspect de cette tête, la tête dans la vitrine,
une autre tête qui pourrait se manger ;
– le temps passé sans manger, qui semble impos-
sible dans une société d’abondance ; explication
de cette durée : la police surveille tout / évocation
pleine de dérision et d’ironie des sardines protégées
dans leur boîte ;
– l’étape suivante est la tentation du bistrot et de ce
que l’on y trouve ; début d’un brouillage des notions
(vertige dû à la faim) et d’une confusion des mots
café-crème ➜ café-crime et évocation d’un crime
commis pour le prix d’un café, par désespoir et
misère.
➤ Sur le thème de la faim et de la misère, le poème
rapporte les étapes de l’errance désespérée d’un
homme qui voit autour de lui ce dont il est privé. Le
138
➜ p. 112
THÈME : l’exclusion
texte met en relief les disproportions entre ceux qui
n’ont rien et la société environnante, qui regorge de
biens de consommation, mais les fait protéger par
la police. Dans le texte, J. Prévert exprime avec une
ironie efficace tout ce qu’il refuse : les inégalités,
l’exclusion, la faim, la misère, l’État policier, et sou-
ligne les relations de cause à effet entre l’exclusion
et la violence.
2 Le registre
On peut identifier le registre du texte comme un
registre polémique et satirique, utilisant essentielle-
ment la violence des mots, celle des images, ainsi
que l’ironie.
L’ironie et la dérision sont identifiables dès le titre, qui
constitue une antiphrase par rapport au contenu du
poème. La grasse matinée est une expression toute
faite dont chacun sait qu’elle connote le confort,
l’agrément de rester au lit au lieu de se lever tôt, et
de paresser au lieu d’aller travailler. Or l’homme évo-
qué se trouve hors d’une telle situation. Sa condition
est exprimée en une succession de vers courts et
rythmés par des reprises sonores, comme faim, faim,
magasin, matin, Potin, ou par la reprise d’un même
mot dans des contextes différents, par exemple le
mot tête : sa tête, sa tête, une autre tête, une tête de
veau, une tête de n’importe quoi, se paye sa tête…
Les répétitions de mots martèlent le propos et sou-
lignent la situation inacceptable et inhumaine dans
laquelle se trouve l’homme évoqué. La satire touche
aussi l’organisation policière, rappelée par les vers
34-39 soulignant, dans un processus de gradation,
les différentes protections qui figurent – de manière
ridicule en étant présentées ainsi avec la répétition
de protégées – autour d’une boîte de sardines. La
violence polémique du ton augmente à la fin du
texte, qui aborde la question de la violence et d’un
assassinat pour le prix d’un petit déjeuner.
➤ Texte violemment critique qui dénonce les inégali-
tés sociales et la nature d’une société qui refuse à un
homme l’aumône d’un petit déjeuner composé d’un
œuf dur et d’un café.

Vers la synthèse ➜ p. 113
1 Deux documents : consigne ➜ p. 104 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 65. Ce sujet
est traité p. 64 de ce guide pédagogique, chapitre 6
(Analyser un extrait d’essai).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 80 (NT).
Quatre documents : consigne p. 118 haut. Ce
➜ pédagogique, p. 89, chapitre 8 (Analyser un dessin
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 146,
DOCUMENT 5 Voltaire, extrait du poème Le Mondainn (1736)
Intérêts du document
Poème célèbre dans lequel Voltaire brocarde avec humour le mythe de l’âge d’or en procla-
mant son goût personnel et le goût des Lumières pour le luxe, les arts, le raffinement, l’exo-
tisme… et pour la fausse austérité des lointains aïeux, qui n’avaient pas la moindre notion
du confort et de ses plaisirs, et qui étaient vertueux par nécessité.
Pour analyser le document
1 Le thème du document et ses différents
aspects
Au vers 9, celui qui parle, Voltaire, affirme aimer le
luxe et situe ce choix de manière historique. Partant
de l’évocation de l’âge d’or, supposé être le temps
par excellence du bonheur, il défend son époque et
les différentes caractéristiques qui pourraient la faire
ressembler à des temps heureux. Le texte comporte
des allusions à différentes sortes de plaisirs traduits
par les termes luxe, mollesse (v. 9), arts (v. 10), goût,
ornements (v. 11), abondance (v. 14), plaisirs nou-
veauxx (v. 17), or, trésors (v. 18), superflu (v. 22), nou-
veaux biens (v. 27). On remarque par là que le luxe se
trouve associé à diverses orientations : le goût de la
vie confortable dans un environnement esthétique,
la présence de belles choses à regarder, de mets
agréables à manger, de vins et de biens divers asso-
ciés à l’or et aux trésors. Voltaire fait ici l’apologie du
luxe en le présentant comme un superflu nécessaire,
ce qui n’est pas indispensable à la vie mais qui lui
confère d’indéniables charmes. Ce qu’il prône est
le contraire de l’austérité : abondance, diversité,
originalité des produits, l’ensemble contribuant aux
plaisirs de la vie.
2 Arguments et registre
Se démarquant d’une admiration inconditionnelle
et traditionnelle pour l’âge d’or, Voltaire vante les
Analyser un extrait poétique CHAPITRE
11
chapitre 12 (Analyser une œuvre d’art).
N.B. Un tableau de synthèse rempli relatif à un cor-
pus sur le thème de l’exclusion se trouve p. 240-241
de ce guide pédagogique (chapitre 18).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 113
Sujet ➜ p. 65 (NT).
Sujet ➜ p. 80. Ce sujet est traité dans ce guide
de presse).
➜ p. 113
THÈME : le luxe
charmes du luxe à son époque et développe une
argumentation pour les défendre :
– aimer le luxe, avoir le goût des belles choses, du
raffinement, des arts, des ornements est la caracté-
ristique de l’honnête homme. On ne demande pas
à l’homme qui pense et qui réfléchit de le faire dans
l’austérité.
– le luxe, l’abondance, la richesse confèrent à la
vie sa douceur, son agrément, et sont à l’origine de
l’inspiration artistique, des créations esthétiques : le
luxe est générateur d’art. Il est créatif.
– le luxe est un moteur du commerce et des échan-
ges économiques : il a réuni les deux hémisphères et
développe un commerce mondial, faisant connaître
d’un côté des produits exotiques et de l’autre des
vins.
– le dernier argument est un peu différent : il consiste
à réfuter l’avis de ceux qui continuent à admirer la
sobriété des aïeux et l’absence chez eux du luxe. La
réponse est simple pour Voltaire : ils ne pouvaient
vivre dans le luxe puisqu’ils ne le connaissaient pas
et ne possédaient rien : leur vertu ne résultait pas
d’un choix mais d’une réalité historique ! Les temps
ont changé et dès lors que le luxe est présent, autant
profiter des agréments qu’il procure.
On peut observer deux registres dans le texte : l’un
est l’éloge. Voltaire fait l’apologie du luxe en énumé-
rant tous les agréments et les plaisirs qu’il procure.
Tout ce qui touche au luxe est connoté positivement.
L’autre est l’ironie à l’égard de l’âge d’or et des ancê-
tres vertueux par obligation et non par choix.
139
 Vers la synthèse ➜ p. 114

1 Deux documents : extrait des Aventures de Télémaque, de F. de Fénelon (➜ p. 100), texte de Voltaire,
Le Mondain (➜ p. 113).

Intérêts du rapprochement
Le rapprochement est une confrontation qui montre que les deux documents sont vraiment en opposi-
tion sur deux plans, celui de l’économie et celui de la morale ; il est intéressant de signaler la différence
d’époque (XVIIe et XVIIIe siècles) et l’apparition, avec Voltaire, de l’idée sous-jacente d’une recherche de
bonheur individuel associé au plaisir, qui ne se manifeste pas au XVIIe siècle.

Le premier paragraphe est donné à titre d’exemple
dans le livre de l’étudiant (p. 114). Nous développons
le second paragraphe.
Outre l’économie, les deux points de vue présentés
s’opposent sur le plan de la morale. Dans le texte
de Fénelon, Mentor parle d’un mal presque incurable
(v. 1) et utilise le mot vice (v.
( 9) là où Voltaire parle
d’honnête homme (v. 12). Dans le premier texte,
il est question de corruption des âmes par le luxe
(v. 19), qui l’emporte sur toutes les vertus prônées
par l’enseignement religieux. Pour Mentor, tout ce
qui fait la valeur d’un être, science, habileté, vertu,
réalisations, sacrifices, se trouve détruit par le luxe,
devenu le seul critère de la valeur. Et ce luxe finit par
provoquer des comportements immoraux : trom-
perie, mensonge, subterfuges divers pour parvenir,
s’élever socialement, paraître. Il est intéressant d’ob-
server que ce que rejette violemment Mentor, l’asso-
ciation du luxe au bon goût, à la perfection des arts
et à la politesse de la nation (v. 9), est exactement
ornements (v. 11), abondance (v. 14), travaux (v. 15),
besoins nouveaux (v. 17).
Il y a une antinomie profonde entre les deux points
de vue, dont l’un se réfère à un ordre social immua-
ble et à une vertu austère tandis que l’autre est une
apologie du progrès qui fait bouger les structures et
du plaisir qui rend la vie agréable.
2 Deux documents : consigne ➜ p. 59 (NT).
3 Trois documents : consigne ➜ p. 129. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique p. 167, chapi-
tre 13 (Analyser une publicité).
4 Quatre documents : consigne ➜ p. 118 bas.
Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique
p. 148 dans le chapitre 12 (Analyser une œuvre
d’art).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 114

ce que prône et défend Voltaire lorsqu’il fait l’éloge

du luxe et qu’il ironise sur l’austérité forcée de nos
lointains ancêtres. Voltaire utilise presque les mêmes
termes que Mentor, mais dans des connotations
positives et élogieuses : plaisirs, arts (v. 10), goûts,
Sujets ➜ p. 59 (NT) et p. 129 (NT).
Sujet ➜ p. 101. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 124, chapitre 10 (Analyser un extrait
de roman).

DOCUMENT 6 Jules Supervielle, « Arbres dans la nuit et le jour » ➜ p. 115

(1946), extrait de 1939-1945 dans Œuvres poétiques

complètes THÈME : la sauvegarde des forêts

Intérêts du document
Un texte poétique qui met en évidence de nombreuses analogies entre les arbres et
les hommes, les uns et les autres constituant une sorte de famille au même langage, aux
mêmes racines et au même destin. J. Supervielle développe là une forme d’animisme.

140

Pour analyser le document
1 Thème et idée essentielle
Le thème global du poème est constitué par les
arbres, qui figurent dans le titre et qui sont désignés
dans les trois strophes par tout un lexique de la
végétation : arbres (v. 4), ramilles (v. 7), sève (v. 9),
racines (v. 17), tronc (v.( 19), bois (v. 19), bûcheron
(v. 22). Le titre suggère qu’ils possèdent la conscience
du temps, comme les êtres humains. L’idée domi-
nante du poème est que les arbres et les hommes
ont de nombreuses similitudes, des analogies, et
qu’ils constituent une sorte de grande famille, avec
les mêmes caractéristiques. Ils sont rapprochés par
leurs origines et par leur destin, qui est la mort.
Les trois strophes font en effet apparaître :
– une similitude fondamentale qui suppose que les
arbres comprennent le langage humain puisque le
poète s’adresse directement à eux ;
– des similitudes de formes et une étrangeté commu-
ne qui rapproche la vie des arbres et celle des hom-
mes du même caractère mystérieux (strophe 1) ;
– des similitudes d’élément vital, sang et sève, de
fonctionnement, de manière de vivre (strophe 2) ;
– des similitudes d’origine et de destin, de relations
avec le ciel et la terre, de vie et de mort, et de senti-
ments comme l’angoisse (strophe 3).
➤ Par l’utilisation d’un lexique humain appliqué
aux arbres, le poète met en évidence le fait que les
arbres et les hommes non seulement sont animés
d’une même vie mais sont proches par leur manière
de vivre. Par le jeu des personnifications se trouvent
mises en lumière des analogies qui fondent une
forme d’animisme à la fois inquiétant et rassurant.
2 Les rôles attribués aux arbres
Dans une mise en parallèle avec les humains, les
arbres peuvent jouer, alternativement, le rôle de
comparé ou d’élément de référence.
– Les arbres comparés aux humains : le fait que
Analyser un extrait poétique CHAPITRE
11
les humains servent de référence conduit à analyser
les arbres et à les étudier selon des critères humains.
On le perçoit dans le texte, qui permet de mettre en
lumière leur vie, leur sang, leur durée, de leur prêter
des sentiments, de faire d’eux les membres d’une
grande famille solidaire : ils deviennent plus proches,
plus compréhensibles, plus respectables. Le mystère
de la vie semble être le même que pour les êtres.
– Les humains comparés aux arbres : la com-
paraison inverse place des arbres en situation de
référent et leur analyse, leur connaissance, leur vie
devraient permettre une meilleure connaissance des
deux règnes, le règne humain et le règne végétal.
L’inversion relativise, simplifie la connaissance et fait
des arbres une sorte de miroir tendu aux hommes.
La mise en place des analogies facilite la compré-
hension mutuelle, mais, selon la lecture qu’on fait du
texte, complexifie ou au contraire décomplexifie la
nature et la vie des uns et des autres.
➤ On trouve dans le texte une constante de l’inspi-
ration de J. Supervielle, les analogies entre l’homme
et la nature aussi bien sur le plan biologique que sur
le plan métaphysique.
Vers la synthèse ➜ p. 115
1 Deux documents : consigne ➜ p. 74. Ce sujet
est traité p. 79 de ce guide pédagogique, chapitre 7
(Analyser un extrait de presse).
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 150. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 200,
chapitre 15 (Analyser une photo).
Quatre documents : consigne ➜ p. 133 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 115
Sujet 1 ➜ p. 137 (NT).
Sujet 2 ➜ p. 137. Ce sujet est traité p. 181 de ce
guide pédagogique, chapitre 14 (Analyser un extrait
théâtral).
141
 P R O L O N G EMENTS ➜ p. 116

■ LEXIQUE
EXERCICE 1

Pour traiter cet exercice, qui relève à la fois du lexique et de l’analyse des documents, on peut partir des mots
ou des textes. Nous avons choisi de partir des textes et de faire suivre certains mots de synonymes.

TEXTES MOTS PROPOSÉS SYNONYMES

1. J. M. de Heredia, « Les Éloge, exotisme, utopie Apologie, célébration, dithyrambe,
conquérants » glorification, panégyrique

2. V. Hugo, « Melancholia » Exploitation, prolétariat, Utilisation / ouvriers,

pathétique, révolution industrielle travailleurs / bouleversant, touchant,
émouvant, poignant

3. É. Verhaeren, « Les Prolétariat, révolution industrielle Développement, bouleversement de

usines » l’industrie

4. J. Prévert, « La grasse Ironie, satire, rituel Raillerie, dérision, sarcasme / plaisanterie,

matinée » critique, dérision, moquerie

5. Voltaire, Le Mondain Exotisme, ironie, paradis, mythe, Jardin d’Éden / légende, fable, allégorie,
nostalgie, rituel utopie / regret, tristesse, vague à
l’âme / traditionnel, conventionnel,
ordinaire, usuel, coutumier

6. J. Supervielle, « Arbres Analogies, mémoire, rituel, Ressemblances, souvenir, souvenance

dans la nuit et le jour » similitudes

■ EXPRESSION ÉCRITE EXERCICE 3

EXERCICE 2 ● Pour (selon, d’après, si l’on en croit, d’après ce

La fable de La Fontaine intitulée « Le laboureur et
ses enfants » aborde le thème du travail sous une
forme imagée qui caractérise les apologues. Le
fabuliste y explique la valeur du labeur à travers une
petite histoire dans laquelle un père mourant signale
à ses enfants la présence d’un trésor dans son
champ, en jouant sur le mot « trésor ». Prenant ses
paroles à la lettre, les enfants retournent le champ
pour y trouver le trésor, qui se révèle être une valeur
plus grande de la terre, travaillée et labourée. Il ne
leur reste plus qu’à comprendre l’association tra-
vail / trésor et la leçon : c’est en travaillant que l’on
fait fructifier ce que l’on possède.
que dit…) La Fontaine, le travail est un trésor.
● Pour La Fontaine, comme pour beaucoup,
le travail est un trésor. / La Fontaine, comme
beaucoup de personnes, pense que le tra-
vail est un trésor. / La Fontaine n’est pas (est
loin d’être) le seul à penser que le travail est
un trésor. / La Fontaine partage avec beau-
coup de gens l’idée que le travail est un trésor.
● Avec La Fontaine, je pense que le travail est
un trésor. / Je partage avec La Fontaine l’idée
que le travail est un trésor. / Je pense comme La
Fontaine que le travail est un trésor. / Mon avis est
que le travail est un trésor, comme le pense La
Fontaine.

142

● Je ne partage pas tout à fait l’idée que le travail
est un trésor. / Le travail, un trésor ? Ce n’est pas
tout à fait mon avis.
● Je ne suis pas du tout d’accord avec l’idée que
le travail est un trésor. / Pour moi, le travail n’est
pas (pas du tout, absolument pas) un trésor. / Je
ne partage absolument pas l’idée que le travail est
un trésor. / Je récuse l’idée qu’on puisse assimiler
le travail à un trésor.
● Pour beaucoup de gens, le travail n’est pas un
trésor. / Ils sont nombreux à penser que le travail
n’est pas un trésor. / Beaucoup de gens ne croient
pas que le travail puisse être un trésor. / Beaucoup
de gens refusent de croire que le travail puisse
être un trésor.
EXERCICE 4
Texte de V. Hugo
Extrait du recueil des Contemplations publié en
1856, « Melancholia » est un poème dans lequel
V. Hugo présente, de manière pathétique et
dénonciatrice, la condition des enfants que l’on
Analyser un extrait poétique CHAPITRE
11
exploite en les faisant travailler. Il évoque les
conditions inhumaines auxquelles sont soumis
des enfants qui devraient aller à l’école, jouer et
rire au lieu de dépérir dans des usines assimilées
à des bagnes.
Texte de J. Prévert
Intitulé par antiphrase et dérision « La grasse mati-
née », le poème de J. Prévert, extrait du recueil
Paroles (1946), évoque la situation pitoyable d’un
homme affamé devant la vitrine d’un magasin
et les idées qui lui traversent l’esprit tandis qu’il
se remémore le bruit d’un œuf dur cassé sur un
comptoir. Le texte met en parallèle la condition
d’un SDF et les signes extérieurs de la société de
consommation.
■ ACTIVITÉS ORALES
EXERCICE 5
Un dossier sur le mythe de l’âge d’or figure sur le
site Musagora (Educnet) : http://www.musagora.
education.fr
143
 CHAPITRE
12 Analyser
une œuvre d’art
Livre de l’étudiant ➜ p. 117 à 127

A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Ernest Pignon-Ernest, Expulsionss (1977) ➜ p. 117

THÈME : l’exclusion

Intérêts du document
Originalité de la
a technique utilisée, qui consiste à prendre pour support les murs d’immeu-
bles et à y insé
sérer des scènes illustratives de la vie sociale ; la représentation figurée de
l’expulsion, qui aboutit souvent à l’exclusion ; les jeux de disproportion dans l’image.

motifs géométriques ou floraux, encore visibles, des

Pour analyser le document
1 Ce que représente l’image et l’idée de l’artiste
La photo montre le travail de l’artiste, qui consiste à
intégrer une sérigraphie – on la voit dans le rectangle
central en bas de l’image – à un élément existant du
paysage urbain. Cette intégration prend en compte
la totalité du support, comme le montre la photo-
graphie, extraite d’un ouvrage qui donne d’autres
exemples de cette manière de procéder. L’œuvre est
constituée par l’ensemble dans lequel les personna-
ges sont indissociables de l’immeuble photographié
qui sert, en quelque sorte, de décor. La démarche
créative consiste à composer une scène dans un
contexte choisi et déjà existant en y insérant des
personnages. L’artiste avait de cette façon placé sur
différents supports de la capitale des représentations
de Rimbaud sous la forme d’un voyageur.
L’image montre un haut mur d’immeuble (trois éta-
ges sous le toit) qui devait être mitoyen avec un
autre immeuble qui a été démoli et dont il reste l’in-
dication des étages et des traces de peinture et de
papier peint sur le mur restant. On a donc ce que
l’on pourrait appeler la coupe d’un immeuble lais-
sant deviner des vestiges de l’immeuble que l’on a
démoli et de l’utilisation de certaines pièces. Ces
éléments restants sont plus représentatifs de l’im-
meuble démoli que de celui qui reste. Cette coupe
trace une sorte de géométrie de l’habitat : on dis-
tingue des surfaces abîmées de papier peint (sans
couleur, tout étant photographié en noir et blanc) aux
144
surfaces blanches détériorées, les conduits de che-
minée, toute une zone noire terminée, au niveau du
sol, par une surface blanche. Tous ces éléments sont
très contrastés et attirent l’attention du spectateur,
qui ne voit pas immédiatement les deux personna-
ges qui sont en bas.
Sur un fond gris lui-même sur un fond blanc appa-
raissent deux personnages qui semblent dispro-
portionnés ; il s’agit d’un homme et d’une femme
chargés de bagages. L’homme tient une valise de la
main droite et un matelas roulé de la main gauche.
La femme est également chargée de bagages, quel-
que chose de roulé du côté droit (matelas ou cou-
vertures), sacs du côté gauche. Debout, ils semblent
surpris par la photo au moment où ils s’apprêtent à
partir, ou au moment où ils sont déjà en mouvement.
Ils sont l’image de l’expulsion ; ils représentent tous
ceux qui sont mis à la porte de chez eux, jetés à
la rue par des destructions d’immeubles et par des
opérations immobilières.
2 Ce qui donne sa force à la représentation /
Un art engagé
Le titre Expulsions connote la souffrance, le chagrin,
la douleur, et évoque une situation d’abandon, de
solitude et de malheur. Ces connotations sont ren-
dues d’abord par le caractère sombre, dégradé et
détruit de ce qui est représenté : un immeuble démoli
(le spectateur l’imagine, il fait partie de l’implicite), les
traces de vie qui demeurent sur le mur et qui témoi-
gnent de tout ce qui a précédé : des appartements,

une vie familiale, des temps peut-être heureux, sans
menace. La vision offerte au spectateur est celle de
la désolation et de la destruction, avec des restes qui
ont quelque chose de pathétique.
Un autre effet vient de la présence des deux per-
sonnages et de leur disproportion par rapport à
l’immeuble. Ils semblent écrasés par la présence de
ce mur, réduits à l’état de petites images, à la fois
prisonniers de cette géométrie oppressante qui les
écrase et dans une situation d’appartenance à deux
univers. Ils sont en effet à la fois dehors et dedans, à
l’image de tous les exclus et des expulsés, qui sont
à la fois dans et hors la société. Il faut enfin signaler
la présence de ce qu’ils transportent avec eux, des
bagages réduits, mais qui représentent leur vie pas-
sée et leur statut actuel.
Noir et blanc, caractère écrasant et disproportionné
du mur représenté, faiblesse et petitesse des person-
Vers la synthèse ➜ p. 118
1 Deux documents : Expulsions, d’E. Pignon-Ernest (1977) (➜ p. 117) ; photo d’O. Coulange, sans abri
(1992) (➜ p. 145).
Intérêts du rapprochement
Deux représentations de l’exclusion, de la solitude et du malheur ; l’utilisation du noir et blanc ; rappro-
chement intéressant pour un entraînement à l’analyse de l’image et à l’écriture de la synthèse (rédaction
d’un ou deux paragraphes après la détermination des idées essentielles issues des questions de « Pour
analyser le document »).
Nous donnons ici une présentation des deux docu-
ments et trois paragraphes d’analyse comparée.
PRÉSENTATION
Une photo et une œuvre d’art sont illustratives d’un
problème social que l’on aurait pu croire disparu à
l’époque de la société de consommation. La photo,
document datant de 1992, a pour titre « sans abri ».
On la doit au photographe O. Coulange. Elle a été
prise à l’extérieur, dans un bois, certainement en
automne ou en hiver. L’œuvre d’art est un ensemble
réalisé par E. Pignon-Ernest : il a choisi un support
urbain, un mur d’immeuble détruit, pour y insérer des
personnages en situation d’expulsion, ce qui est le
titre global d’une série d’œuvres de la même inspira-
tion réalisées en 1977. Le rapprochement des deux
images peut faire surgir un ensemble de remarques
sur le contexte, les personnages et sur la force de la
représentation.
I – L’IMPORTANCE ET LA SIGNIFICATION DU
CONTEXTE
On peut observer que dans les deux documents le
contexte est important. Dans la photo d’O. Cou-
lange, il s’agit d’un bois traversé par un chemin
CHAPITRE
12
nages prisonniers d’un univers détruit, dont les repè-
res ont été effacés, tout ce qui compose et caracté-
rise l’image représentée en fait ressortir le caractère
tragique : oppression sociale, injustice, poids d’un
destin d’exclu, errance, difficultés d’intégration,
immigration… Les thèmes sociaux du XXe siècle sont
réunis dans cette œuvre, avec une grande force.
➤ C’est dans cette orientation que l’on peut parler
d’art engagé : E. Pignon-Ernest oblige le spectateur
(le passant, puisque ses personnages sont dans la
rue) à voir la situation de ceux que la reconstruc-
tion, les opérations et les spéculations immobilières
mettent à la rue. Il fait ainsi prendre conscience de
certains aspects inhumains de la vie sociale. Cette
insertion durable dans le paysage urbain de ceux qui
en sont exclus est une manière de prendre position
et de dénoncer. C’est aussi une manière de sensi-
biliser.
sur lequel court un jogger en tenue de sport. On
se trouve dans un contexte de loisir, peut-être un
dimanche matin. L’absence de feuillage sur les
arbres et les feuilles tombées sur le sol suggèrent
le moment de l’année, automne ou hiver, ce que
confirme le bonnet et le manteau du SDF que l’on
voit au premier plan. Le contexte a quelque chose
de contradictoire : d’un côté, il suggère le loisir,
la vie, la nature, de l’autre il suggère la solitude et
l’abandon. Il y a là une opposition que l’on retrouve
dans les personnes présentes. Dans l’œuvre d’E.
Pignon-Ernest, le contexte est celui d’un immeuble
démoli dont il reste des traces qui évoquent la vie
d’avant la démolition. On note un contraste entre le
noir et le blanc, d’anciens papiers peints : l’ensem-
ble semble gigantesque, écrasant. La destruction
est présente partout et crée un effet de tristesse et
d’abandon. Dans les deux « décors », c’est la gri-
saille et la tristesse qui dominent.
II – LES PERSONNAGES
Dans les deux documents, ils jouent un rôle fon-
damental. La photo d’O. Coulange montre, au pre-
mier plan, avec une double mise en relief venue
des contrastes et des positions, un homme assis
145
 sur une souche d’arbre et penché en avant, dans la
plus totale solitude. Il forme une masse sombre. À
proximité, un chariot de supermarché rempli, mais
on ne peut savoir de quoi, représente sans doute
tout ce que l’homme possède. Le chariot, incongru
sur le chemin, le jogger et l’homme assis consti-
tuent par leur position les trois sommets d’un trian-
gle au centre de l’image : l’un, léger, est en train
de courir, l’autre, massif et immobile, regarde le sol,
le chariot connote ici à la fois la mobilité et l’im-
mobilité. Dans l’œuvre d’E. Pignon-Ernest, les deux
personnages sont aussi pitoyables que le SDF de
la photo : les uns et l’autre sont accablés par un
sort qui fait d’eux des exclus. Le couple de la séri-
graphie est en train de partir, chargé de ses biens
(comme le SDF avec son chariot). Eux ont des vali-
ses et un matelas, ils ne sont pas encore réduits au
même degré d’exclusion : ils sont expulsés. Dans
les deux représentations, l’idée d’accablement est
rendue de manière différente : attitude du person-
nage assis d’un côté, disproportion entre le couple
et l’immeuble de l’autre.
III – LE SENS DES DEUX IMAGES
Les deux images montrent, concernant l’exclusion,
des aspects différents mais proches. Dans les deux
cas, les personnages représentés donnent l’impres-
sion d’une grande solitude : indifférence du jogger
d’un côté, absence de toute présence humaine de
l’autre. D’autre part, ils sont montrés dans un état de
privation et de dénuement pitoyable : pas de domi-
cile pour le SDF, plus de lieu d’habitation pour le cou-
ple. Rien n’est dit de leur souffrance, de leur douleur,
du saccage d’une vie avec la nécessité de quitter
des lieux, avec le désespoir de ne savoir où aller. Les
deux images, toutes deux désespérantes, suggèrent
le poids d’une vie subie et non choisie et le spec-
tateur peut penser qu’il y a entre les deux une rela-
tion cohérente : de l’expulsion (présentée ici comme
le résultat d’une démolition, mais à cela peuvent
s’ajouter divers problèmes, notamment d’argent) à
l’exclusion, il y a une sorte de logique tragique.
Trois documents : consigne ➜ p. 145. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 189, chapitre
15 (Analyser une photo).

3 Quatre documents : « La grasse matinée » de J. Prévert (document 1 ➜ p. 112) ; Expulsions, d’E.

Pignon-Ernest (document 2 ➜ p. 117) ; photographie d’O. Coulange (document 3 ➜ p. 145) ; « Vivre dans
la rue », conférence de J. Hassin (document 4 ➜ p. 63).

Intérêts du rapprochement
Corpus de quatre documents ayant la particularité de comporter deux documents iconographiques (rap-
prochés ci-dessus) et qui offrent au lecteur la possibilité d’avoir des perceptions différentes du problème
envisagé, sous deux formes écrites d’un côté et sous deux formes visuelles de l’autre, avec deux docu-
ments qui relèvent du réel et deux autres qui font intervenir la créativité de l’auteur.

Nous donnons ici les grandes lignes de deux gran-
des orientations : les caractéristiques de l’exclusion
et certaines de ses origines.
I – LES CARACTÉRISTIQUES DE L’EXCLUSION À
TRAVERS LES QUATRE DOCUMENTS
– La question du logement : l’absence de lieu fixe
dans le document 4 rappelle la recherche journalière
d’un lieu où dormir, ce qui apparaît sur le document 3 :
le SDF se trouve dans une forêt, hors de la ville, avec
le chariot qui contient tout ce qu’il possède. Dans
le document 2, les expulsés portent avec eux leur
matelas. Ils n’ont plus d’habitat. À cette question
du logement, il faut ajouter celle de l’alimentation
évoquée dans le document 4 et thème essentiel du
document 1 : l’homme affamé (trois jours sans man-
ger) ferait n’importe quoi pour un café-crème.
– Le fait d’être en dehors : les SDF, les expulsés
sont des gens qui se sont mis ou qui ont été mis
hors de la société. Ils se trouvent de ce fait toujours
« à l’extérieur » au sens propre du terme. J. Hassin
(document 4) parle de gens qui sont dans la rue et
qui ont à affronter les intempéries et les dangers de
146
cette situation. Dans le texte de Prévert (document
1), l’homme qui a faim se trouve toujours à l’exté-
rieur, par rapport au grand magasin, par rapport
au café dont il a gardé le souvenir, par rapport aux
vitres qui protègent les biens de consommation. Le
SDF de la photo vit dehors et garde avec lui, dans
le froid de l’hiver, les quelques biens qu’il possède :
il n’a visiblement aucun abri (comme le souligne le
titre). Dans l’œuvre qui constitue le document 2, les
deux personnes sont dehors, par rapport au mur qui
reste et à l’immeuble qui existait et qui a disparu. Eux
aussi ont avec eux tout ce qu’ils possèdent.
– L’isolement, la solitude : les quatre documents
font état d’une vie sans aide, sans secours, dans le
dénuement et la solitude. Sur la photo, l’homme qui fait
du jogging n’a sans doute même pas vu le SDF assis
sur la souche de l’arbre. Le personnage de Prévert n’a
visiblement personne pour lui venir en aide, même pas
ceux qui le voient certainement de l’intérieur du café, et
le couple de la sérigraphie (document 2) n’est accom-
pagné de personne, avec personne aux alentours :
aucune aide, aucun secours, ces personnes sont
devenues, comme le dit J. Hassin, des êtres invisibles.

– D’autres caractéristiques : le document 4 fait état,
de manière explicite, d’autres caractéristiques, que
l’on peut considérer comme présentes implicitement
dans les autres documents : la perte de notion du
temps – comment avoir le sens de l’avenir lorsqu’on
vit dehors et que l’on transporte avec soi tous ses
biens comme dans les documents 2 et 3 ? –, l’en-
durcissement à la douleur physique, la peur du retour
vers une normalité semée de problèmes de tous
genres. On remarque à ce sujet que les documents
textuels présentent de manière explicite ce qui reste
implicite dans les documents iconographiques.
II – CERTAINES CAUSES DE L’EXCLUSION
Les raisons de l’exclusion ne constituent pas l’élé-
ment essentiel des documents. Elles y apparaissent
cependant. C’est le document 4 qui donne des
explications venues des SDF eux-mêmes. Il appa-
raît que le changement de statut et le glissement,
souvent rapide, vers la déchéance viennent d’un
grand malheur soudain, d’un changement brutal :
perte de l’emploi, suivie de la perte du logement,
de l’éclatement familial. Tout se termine dans la rue.
Le document d’E. Pignon-Ernest va dans le même
sens en montrant une de ces causes : l’expulsion, la
perte du logement, résultats de politiques urbaines
DOCUMENT 2 Henri Alexandre Gervex,
Une soirée au Pré Catelann (1909)
Intérêts du document
Un tableau représentant un lieu mondain et luxueux et ceux qui le fréquentent, aristocratie,
haute bourgeoisie, milieux d’affaires et d’industrie, personnages à la mode ; insistance sur
le luxe, la décoration, le modernisme, les costumes, une manière de vivre dominée par les
notions d’argent et de notoriété.
Pour analyser le document
1 Ce que représente le tableau et la notion de
luxe
L’image représentée n’est qu’une partie du tableau
d’H. A. Gervex ; elle se divise, d’une manière presque
égale, en deux parties dont l’une montre les murs du
restaurant du Pré Catelan avec un peu de l’intérieur,
et l’autre l’extérieur avec l’entrée et à l’arrière-plan
des frondaisons et des lumières comparables à
celles d’une guirlande lumineuse. D’un côté tout est
clair et de l’autre tout est sombre ; à l’obscurité de la
nuit s’oppose l’éclatante lumière de l’électricité. On
aperçoit d’ailleurs, par les baies ouvertes, plusieurs
lustres.
Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
et immobilières, peut être la première étape de la
chute ; dans le cas du personnage de Prévert (docu-
ment 1), on peut imaginer que la faim s’explique par
le manque d’argent, qui lui-même s’explique par
le manque de travail. J. Hassin, qui a rencontré de
nombreux SDF, fait remonter à plus loin les causes
profondes de la marginalité : violences familiales,
abandon, inceste… Il semble que pèse sur certai-
nes vies un déterminisme social tragique dont il est
difficile de sortir, même avec l’aide des travailleurs
sociaux et de tous ceux qui analysent l’exclusion et
cherchent à lui trouver des solutions.
N.B. Un corpus sur le thème de l’exclusion figure dans
le chapitre 18 du livre de l’étudiant et se trouve traité
dans le chapitre 18 de ce guide pédagogique, p. 240.
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 118
1 Sujet ➜ p. 118 haut (NT*).
Sujet ➜ p. 80. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 89, chapitre 8 (Analyser un dessin
de presse).
2 Sujet ➜ p. 65 (NT).
* Non traité.
➜ p. 118
THÈME : le luxe
La partie droite de ce qui est représenté montre
une construction blanche dont l’étage est décoré
de balcons ornés de végétation et de petites sta-
tues diverses. Le rez-de-chaussée et l’étage sont
séparés par une corniche ouvragée, en surplomb.
Le rez-de-chaussée, au plafond élevé, possède de
grandes baies vitrées rectangulaires ou en arrondi,
ouvertes sur les bordures de fleurs du jardin. Toute
la construction est blanche et lumineuse, d’un blanc
un peu rosé. Tout est illuminé et il semble faire grand
jour à l’intérieur tant il y a de lumière. Du côté gauche,
tout semble obscur ; le jeune chasseur est habillé de
manière sombre, comme les hommes que l’on distin-
gue à l’entrée du restaurant. La voiture est également
noire, comme les grands arbres de l’arrière-plan. Ce
contraste fait ressortir la somptuosité lumineuse de
147
 l’intérieur du restaurant. Au-dessus des arbres, on
aperçoit un morceau de ciel avec quelques traînées
de nuages et un croissant de lune ; l’ensemble crée
une atmosphère de conte merveilleux.
Il faut enfin signaler la présence de personnages :
au premier plan, un groupe de deux femmes et d’un
homme en tenues raffinées, robes élégantes pour
les femmes, habit et haut de forme pour l’homme,
grands chapeaux. Le tombé des tissus laisse penser
qu’il s’agit d’étoffes raffinées, soie, satin, brocart
velours. À l’arrière-plan, dans le groupe qui se tient
à l’entrée, une femme porte une robe à traîne et un
grand chapeau clair à grandes plumes.
La notion de luxe apparaît dans la plupart des élé-
ments du tableau : dans les lieux d’abord, dont on
sait que, de grande renommée, ils étaient fréquentés
par une clientèle riche et célèbre. L’architecture
raffinée et la décoration recherchée montrent le
caractère luxueux du restaurant, avec une débauche
de lumière électrique et un grand nombre de lustres
somptueux.
➤ Lumières, richesse, somptuosité, raffinement : le
luxe semble présent partout dans les lieux représen-
tés.
2 La mise en valeur du luxe
Les composantes luxueuses du décor représenté
sont essentiellement mises en relief par des effets
de contraste : la lumière et l’obscurité jouent l’une
sur l’autre de manière réciproque ; chacune valo-
risant l’autre et la faisant ressortir. La partie droite,
construction et salle de restaurant, semble émerger
de l’obscurité de manière merveilleuse, comme un
palais de conte, ce que met en relief à la fois l’ar-
chitecture, la décoration et les personnages, qui
semblent sortis eux aussi d’un conte ou d’un rêve.
L’ouverture sur un ciel bleu-mauve accentue le côté
« décor de théâtre », illusion et magie. Il ressort du
tableau, du fait des lignes (sans rupture), des cou-
leurs relativement douces (celles des vêtements des
femmes), une impression générale d’harmonie. Il
s’agit là d’un monde à part, dans lequel les soucis
n’apparaissent pas. Seul compte le plaisir d’une
compagnie choisie, caractérisée par le raffinement,
les plaisirs, l’élégance et le savoir-vivre. Le peintre a
joué sur l’angle de vue qui montre deux groupes de
personnes et une partie de l’intérieur du restaurant,
vu de l’extérieur, de manière un peu indiscrète. Celui
qui regarde peut avoir l’impression d’avoir été convié
à admirer, de l’extérieur, un monde dans lequel il
n’entre pas. Se dégage ainsi l’idée que cet univers de
luxe, de beauté et d’harmonie est ouvert à certains
et fermé aux autres : on le voit sans y être, et tout se
passe – car les personnages ne sont pas tous vus
de face – comme si le spectateur était invité à entrer
comme par effraction dans un domaine réservé.

Vers la synthèse ➜ p. 118

1 Deux documents : consigne ➜ p. 118 bas. Ce sujet est partiellement traité dans le manuel de l’étudiant
à cette même page.
2 Deux documents : consigne ➜ p. 118 (NT).

3 Quatre documents : extrait du Mondain de Voltaire (document 1 ➜ p. 113) ; tableau d’H. A. Gervex,
Une soirée au Pré Catelan (document 2 ➜ p. 119) ; extrait de l’essai Le Luxe, de J. Castarède (document 3
➜ p. 57) ; affiche publicitaire Dior (document 4 ➜ p. 129).

Intérêts du rapprochement
Un corpus comprenant deux documents textuels d’époque et de genre différents et deux documents
iconographiques, tous liés par la notion de luxe ; le travail consiste à dégager les différentes caracté-
ristiques du luxe en partant de l’un ou l’autre des documents textuels, peut-être de préférence le texte
de J. Castarède, qui s’interroge sur la définition du mot. On a là un exercice efficace d’entraînement
à la synthèse.

148
 Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
Nous donnons ici un tableau récapitulatif à partir duquel il est possible de mettre en place différents exercices
de rédaction.

1. Voltaire, Le Mondain, 2. H. A. Gervex, Une 3. J. Castarède, Le 4. Publicité pour l’eau

1736, extrait poétique / soirée au Pré Catelan, Luxe, extrait d’essai, de toilette Miss Dior
éloge personnel du luxe 1909, tableau 1992, définition du mot Chérie, 2007
et champ sémantique

Illumination du Sens du mot associé Élégance de

Évocation des arts, du
goût, des ornements, de
tout ce qui demande de
l’argent.
restaurant, lumière des aux notions de lumière, l’architecture classique
murs blancs, lumière élégance, goût, de la maison ; élégance
passant de la salle au rayonnement. de la jeune femme en
jardin ; mise en valeur robe et chaussures Dior.
de la lumière par rapport
à la moitié sombre du
tableau.
La somptuosité des lieux Association luxe / Nombreux signes
implique la richesse des argent / investissement / extérieurs de richesse :
gens qui le fréquentent : richesse. la demeure classique, la
ce sont des représentants voiture de luxe, le parc,
de la haute bourgeoisie, la vie mondaine suggérée
de l’aristocratie, du par la tenue de soirée de
monde de la finance ; la jeune femme.
la richesse se voit aux
vêtements de soirée des
personnages (hommes en
habits et hauts de forme).

Idée de l’abondance, des
plaisirs et des arts divers ;
allusions aux produits
rares apportés par le
commerce exotique.
Le restaurant est le cadre Association de la Fête présente à travers
somptueux de rencontres magnificence et de la fête. l’idée de sortie et de
mondaines. mondanité.

➤ Le tableau, qui regroupe des éléments communs

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 118
aux quatre documents, met en relief ce qui cor-
respond au sens le plus courant attribué au luxe : Sujet ➜ p. 59 (NT) et p. 129 (NT).
abondance superflue, somptuosité, magnificence,
raffinement, élégance, bon goût (ou au contraire Sujet ➜ p. 101. Ce sujet est traité dans ce guide
goût tapageur et entièrement tourné vers le paraître) pédagogique, p. 124, chapitre 10 (Analyser un extrait
et argent. De manière générale, le luxe est ce qui de roman).
rend la vie plus agréable ; c’est pourquoi les images
qui y sont associées sont aussi porteuses de rêve.

DOCUMENT 3 Affiche de Raymond Savignac, ➜ p. 120

Non à la voie expresss (1972) THÈME : la publicité

Intérêts du document
Une affiche publicitaire devenue œuvre d’art ; une fonction particulière de la publicité mise
au service d’une cause sociale et collective ; la force persuasive et l’originalité de l’image,
qui n’a pas besoin d’argumentaire.

149

Pour analyser le document
1 L’expression d’une invasion / le risque qui
menace la cathédrale
Deux éléments imbriqués dominent l’image : d’une
part un flot de voitures faisant une masse compacte
se dirigeant de droite à gauche, d’autre part les deux
tours de Notre-Dame de Paris, penchées comme la
tour de Pise et surmontées par des mains qui, visi-
blement, appellent au secours.
Les voitures sont représentées de manière stylisée,
pour le peu que l’on distingue de chacune : elles se
ressemblent toutes et l’on n’en voit guère que les
vitres latérales, les roues et les conducteurs, tant
elles constituent un ensemble dense. Noires, elles
ressemblent à des insectes dont le groupe compact
évoque une véritable invasion. Rien ne semble pou-
voir les arrêter : leur foule avance avec détermination,
droit devant elles.
Au centre de l’image, émergeant du flot ininterrompu
des voitures, surgit la façade de la cathédrale de
Paris, reconnaissable à ses deux tours sans clo-
chers. Elle paraît déséquilibrée par la poussée des
voitures. Cette position déséquilibrée et difficile est
accentuée par les deux mains qui sortent des tours
et qui représentent celles d’une personne en train de
se noyer et appelant au secours.
L’ensemble de l’image et sa signification reposent
sur un ensemble de métaphores elles-mêmes nées
d’analogies. Les éléments qui entrent dans la com-
position de l’image sont : la voie express qui connote
la présence importante de voitures, d’un « flot » de
voitures, le mot « flot », qui vient à l’esprit, renvoyant
au fait que la voie express se trouve directement
au bord de la Seine. Il y a aussi la cathédrale et la
menace que l’invasion des voitures peut faire peser
sur le site : nombre, bruit, pollution par les gaz
d’échappement, disparition du calme nécessaire à
un lieu religieux. La mise en commun de ces diffé-
Vers la synthèse ➜ p. 120
1 Deux documents : consigne ➜ p. 134. Ce sujet est traité dans le manuel de l’étudiant p. 134.
2 Trois documents ➜ p. 120 : affiche de R. Savignac (document 1 ➜ p. 120) ; publicité pour Perrier (docu-
ment 2 ➜ p. 134) ; extrait de presse (document 3 ➜ p. 74).
Intérêts du rapprochement
Deux documents iconographiques présentent certaines caractéristiques évoquées par le publicitaire
J.-M. Dru lorsqu’il parle de la créativité de la publicité ; rapprochement de deux documents iconographi-
ques dont la vocation est différente, entraînant une réflexion sur les fonctions de la publicité.
150
rents éléments a inspiré à R. Savignac la métaphore
de la noyade et l’image du déséquilibre, qui sont la
conséquence de l’invasion du flot, de la marée des
voitures et / ou de l’arrivée massive d’un groupe
compact d’insectes menaçants ou de machines
illustrant le progrès.
2 Les liens entre le slogan et l’image
Les seuls mots de l’affiche sont Non à la voie
express, qui constituent un véritable slogan et
c’est ce que traduit le dessin. Contrairement à la
plupart des publicités dont la fonction est de van-
ter un produit et de persuader les consommateurs
de l’acheter, cette affiche a pour fonction de faire
connaître les raisons d’une opposition. Commandée
à R. Savignac par le Comité de défense des berges
de la Seine, elle exprime par les mots le slogan qui
réunit tous les participants au comité et par le dessin
les arguments qui soutiennent ce refus. Ce qui est
représenté, la masse des voitures et le déséquilibre
de la cathédrale personnifiée appelant à l’aide, signi-
fie exactement : nous ne voulons pas d’une masse
de voitures polluantes le long de la Seine, et surtout
nous ne voulons pas que la cathédrale Notre-Dame,
lieu sacré particulièrement célèbre, ait à souffrir de la
présence d’un trafic soutenu et bruyant de voitures
envahissant son site.
L’œuvre d’art se met ici, avec une originalité et une
efficacité persuasives, avec, également, un minimum
d’effets, au service d’une cause collective. On remar-
que en effet la simplicité presque naïve du dessin. La
force vient du pouvoir de suggestion de l’ensemble :
on reconnaît immédiatement la cathédrale maltraitée,
et l’analogie avec la noyade se met facilement en
place. La force vient aussi des contrastes de couleurs,
noir et orange, qui contribuent, surtout le noir, à une
dramatisation de ce qui est représenté. Le lien entre
le slogan et le dessin est si explicite qu’il n’est pas
nécessaire de développer un argumentaire donnant
des explications.

Les propos de J.-M. Dru servent de point d’ancrage
à l’étude, dont nous donnons les grandes lignes.
L’entretien avec J.-M. Dru met en relief certaines
caractéristiques de la publicité, dont on retrouve des
éléments dans les deux affiches. On peut s’attacher
à la notion de « média art » d’une part, et aborder la
question des visées de la publicité d’autre part.
I – LA PUBLICITÉ, UN « MÉDIA ART »
Le publicitaire J.-M. Dru adopte, pour parler de
la publicité, le terme média art, qui met en relief
une notion esthétique et qui fait valoir toutes les
composantes d’une réalisation publicitaire, arts
appliqués, médias et différents moyens pour dire
quelque chose d’important en quelques images et
quelques mots. Si l’on observe les deux affiches
qui font partie du corpus, on peut penser qu’elles
illustrent ces propos. Elles relèvent l’une et l’autre
des arts appliqués, dessin pour Savignac, photo
pour Perrier. Elles constituent l’une et l’autre un
support médiatique assurant une double commu-
nication publique par les mots et par l’image, entre
un concepteur et un destinataire. Dans l’affiche
de Savignac, le lecteur, même s’il ne connaît pas
exactement le contexte, comprend très bien la
force du refus et ce sur quoi elle repose, la menace
d’une invasion de voitures assimilées à des insec-
tes effrayants ; dans l’affiche pour Perrier, qui ne
comporte aucun slogan, la compréhension du mes-
sage passe par une association dont le sens est
immédiatement perceptible : Perrier est la boisson
favorite d’Einstein, référence qui incite tout individu
à boire cette eau. L’association Perrier / Einstein
« dit » qu’on peut ainsi devenir aussi intelligent que
le savant. On ne parlera pas ici de mots talentueux,
mais d’originalité et de trouvaille dans les associa-
tions et dans le montage photographique.
II – L’HUMOUR, L’ESPRIT D’UNE ÉPOQUE ET LA
« DISRUPTION »
Une autre caractéristique de la publicité, selon J.-
M. Dru, est sa capacité de jouer sur l’humour, de
rendre notre vie plus gaie et de se construire sur
des effets de rupture – ce que le publicitaire appelle
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 120
1 Sujet ➜ p. 120.
Intérêts du sujet
Le sujet offre la possibilité de construire une réflexion en un seul ou en deux temps : recherche de ce qui
peut apparenter une publicité à une œuvre d’art ; objections soulignant ce qui les différencie, notamment
le caractère utilitaire, persuasif et commercial de la publicité.
Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
la disruption – dont la visée est de faire réagir, de
surprendre, d’étonner, voire de faire peur. Il s’agit
toujours de provoquer un choc sensoriel. Les deux
affiches en sont des exemples : dans le cas de celle
de Savignac, l’idée étonnante est la personnification
de la cathédrale et son appel au secours sous la
double menace de la « montée » des eaux et du flot
des voitures. Les deux tours penchées expriment tout
ce que peut inspirer une atteinte à un lieu symbolique
et sacré. Il y a derrière l’image tout un cheminement
à la fois sensible et raisonné que les mots du slogan
n’expriment pas, sous leur forme catégorique, mais
qui se met en place presque inconsciemment. L’ar-
tiste joue ainsi sur des références qui appartiennent
à tous, qui font partie du patrimoine culturel, et son
message pose implicitement la question : que serait
Paris sans Notre-Dame ? Dans l’affiche pour Perrier,
c’est un habile montage d’images qui, en l’absence
de tête pour le personnage dont on voit les mains, met
en valeur la tête d’Einstein dessinée sur le T-shirt. Le
décalage fait que l’on a l’impression que c’est Einstein
qui se sert un verre d’eau Perrier et l’accent est mis
– par la mimique du personnage – sur le caractère
désaltérant du produit. Pas de mots pour un slogan,
qui se crée tout seul, sous différentes formes, à partir
du montage et du nom du produit. Dans les deux cas,
on peut parler d’humour : l’image de Notre-Dame
personnifiée et appelant au secours est inattendue
et fait sourire, autant pour la signification que pour la
trouvaille du dessinateur. L’association Einstein / intel-
ligence / Perrier et le choix du portrait font également
sourire, chacun sachant que l’idée de devenir aussi
intelligent qu’Einstein en buvant de l’eau Perrier est
une plaisanterie. La publicité joue ici sur deux signifi-
cations : faire croire quelque chose dont chacun sait
que c’est impossible. C’est encore une trouvaille.
➤ Recherche, originalité, humour, mais également
sens de la dramatisation (chez Savignac), on peut
constater de nombreux points communs entre les
deux images et les propos du publicitaire. Selon les
objectifs visés, mise en valeur et commercialisation
d’un produit (Perrier) ou expression d’une prise de
position collective (Savignac), la publicité sensibilise
dans un sens (acheter) ou dans l’autre (refuser).
151
 Nous donnons ici quelques pistes de réflexion, en
suggérant de prendre pour supports et exemples le
tableau d’H. A. Gervex, Une soirée au Pré Catelan
(p. 119), et la publicité pour l’eau de toilette Miss
Dior Chérie (p. 129). La mise en parallèle des deux
représentations pourrait conduire aux questions sui-
vantes : peut-on dire que la publicité Dior constitue
une œuvre d’art ? En quoi le tableau d’H. A Gervex
pourrait-il être considéré comme une publicité pour
le restaurant du Pré Catelan ?
Un autre point de départ peut être la recherche d’af-
fiches publicitaires faites par des artistes : Toulouse-
Lautrec, Bonnard, Vuillard, Mucha, Vasarely (affiche
Air France, p. 132), les créations du pop art (boîtes
de Coca Cola et de soupe Campbell). On pourra
trouver des éléments et toute une série d’affiches
sur le site http://pagesperso-orange.fr/art-deco.
france/publicite.htm
I – CE QUI APPARENTE UNE PUBLICITÉ À UNE
ŒUVRE D’ART
– Ce qui relève d’une recherche esthétique et la
privilégie : lignes, formes, couleurs, association et
harmonie des composantes ; grande importance
accordée à l’image par rapport à la place accordée
au rédactionnel, qui peut être réduit à presque rien,
ex. : l’affiche pour Air France (p. 132) dessinée par
Vasarely.
– Ce qui marque la présence d’une manière per-
sonnelle de percevoir et de représenter les choses
à travers des procédés divers : dessin, peinture,
collages, photographie, témoignant d’une sensibilité
et d’une créativité personnelles. C’est ce que l’on
trouve chez Savignac.
DOCUMENT 4 Jean-Marie Massaud, Missed Tree I et III (2007)
Intérêts du document
Une œuvre d’art originale inspirée à la fois par les vases et par les arbres, qui permet de
mettre chez soi un arbre comme le dit le créateur lui-même ; un élément décoratif qui invite
à réfléchir sur l’importance des arbres et sur leurs relations avec les hommes dans la civili-
sation urbaine.
Pour analyser le document
1 Description des vases / sculptures
La photo montre trois créations de taille importante :
1,59 et 2 mètres, c’est-à-dire une taille humaine.
Chacune de ces créations est composée d’un tronc
gris blanc, très lisse, unique ou divisé en deux ramifi-
152
– Importance accordée à ce qui, dans l’image, relève
du symbole, de l’implicite, renvoie à des référents
culturels.
➤ C’est la combinaison de ces différents éléments,
avec, en premier, les qualités esthétiques, qui font
de certaines publicités des œuvres d’art. On peut
cependant signaler que la vocation des créations
artistiques et des créations publicitaires n’est pas la
même, ce qui peut gêner le rapprochement.
II – CE QUI SÉPARE UNE PUBLICITÉ D’UNE ŒUVRE
D’ART
– La présence de texte écrit apportant des informa-
tions ; toute la partie rédactionnelle.
– L’aspect présent, temporel, d’actualité de ce qui
est représenté : la publicité n’a pas de vocation à la
pérennité : elle s’inscrit dans le temps de l’actualité
commerciale.
– Le caractère utilitaire et fonctionnel de la publicité
qui est là pour faire acheter, pour persuader le public
de la valeur d’un produit, quel qu’il soit. On peut pen-
ser que cette orientation utilitaire ne correspond pas
à la vocation de l’art, sauf lorsque ce dernier se fait
apologétique, ou art de commande, mais c’est alors
pour célébrer une notion, une idée, non pour vanter
un produit. Dans la publicité, la visée argumentative
l’emporte sur la visée esthétique. La seconde se met
au service de la première.
➤ L’idée couramment répandue est que l’art perd
son « âme » en se mettant au service de la publicité ;
sans doute faudrait-il différencier la nature des cau-
ses que celle-ci défend ou dénonce.
2 Sujets ➜ p. 76 (NT), p. 133 (NT), p. 100 (NT) et
p. 157 (NT).
➜ p. 121
THÈME : la sauvegarde des forêts
cations. Le tronc est surmonté de feuillages tout à fait
semblables à ceux d’arbres véritables. Dans la mesure
où il s’agit de vases, les feuillages peuvent être modi-
fiés et remplacés par d’autres, qui donneraient un
autre aspect et une autre forme à chaque arbre : c’est
une des originalités de ces œuvres, qui sont d’abord
des vases. Les troncs sont sans aucune aspérité : on
aperçoit seulement une ligne sombre et un creux, per-

ceptible à des ombres. Ces trois compositions sont
perçues à la fois comme des sculptures (leur appa-
rence, leur couleur, le toucher que l’on peut imaginer)
et comme des arbres authentiques. L’hésitation entre
réel et art fait le charme et la beauté de ces objets
dont l’intérêt est de faire entrer la nature dans une
maison ou un appartement sous la double forme d’un
élément de la nature et d’une création esthétique ; le
mélange arbre et sculpture combine deux éléments
fondamentaux de la vie : la nature et l’art.
2 Sens du titre et fonction de ces créations
Le titre, qui peut être traduit par l’arbre qui nous man-
que, l’arbre dont on a la nostalgie, attire l’attention
sur l’idée que l’homme a constamment besoin de la
Vers la synthèse ➜ p. 121
1 Deux documents : Missed Tree I et II, œuvre de J.-M. Massaud (➜ p. 121) et schéma concernant les
pluies acides (➜ p. 93).
Intérêts du rapprochement
Sur le même thème de la sauvegarde des forêts, deux documents de genre et de fonction très différents
mais dont le statut rend le rapprochement révélateur de certaines relations entre l’homme et les arbres ;
rapprochement efficace pour l’apprentissage de la synthèse.
La consigne demande de trouver les éléments de
rapprochement. On peut construire la réponse en
deux paragraphes : d’une part il s’agit d’arbres,
d’autre part il est question des relations entre
l’homme et les arbres.
I – UN THÈME COMMUN
Le schéma concernant les pluies acides et l’œuvre
de J.-M. Massaud ont en commun de représenter
des arbres. Sur le premier document, on recon-
naît un conifère représenté de haut en bas, faîte
de l’arbre, tronc avec des branches, racines
souterraines. L’arbre est immédiatement recon-
naissable ; il est placé dans un environnement qui
représente le ciel et la terre. Le second document
donne à voir trois sculptures représentant chacune
un arbre, mais d’apparence tout à fait différente
de celle du dessin. Il s’agit d’une photo montrant
des sculptures de grande taille (1,59 et 2 m) com-
posées d’un tronc blanc et lisse et de feuillage
difficilement identifiable, dont on se demande s’il
appartient ou non à l’arbre. Les deux représenta-
tions montrent une stylisation de l’arbre, mais pas
de la même manière ni pour les mêmes raisons.
Dans le premier cas, il s’agit de faire comprendre
un processus qui touche les conifères (peut-être
prioritairement, ou les pluies acides se produi-
sent dans des régions où poussent de nombreux
conifères) ; dans le second, il s’agit d’une création
artistique qui recrée des arbres artificiels d’une
grande simplicité esthétique.
Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
présence des arbres à ses côtés. C’est sans doute
la raison d’une création aussi importante en taille :
le choix d’une taille humaine fait que l’arbre devient
une sorte de compagnon dans la vie d’un être, ce
qui souligne les analogies entre l’arbre et l’homme :
taille, station debout (analogie tronc / corps). Il y a
quelque chose de rassurant dans la présence d’un
arbre, élément protecteur, inspirateur, familier ; il pro-
voque l’imagination et le rêve, il crée un sentiment de
ressemblance ; il suggère d’être touché, admiré ; il
devient presque un interlocuteur. La référence à une
forêt fantôme insiste sur le caractère à la fois présent
(il occupe de l’espace) et onirique de l’arbre, qui est
là pour symboliser à lui seul la présence familière et
dominée de la nature.
II – LES RELATIONS ENTRE LES HOMMES ET LES
ARBRES
Les deux représentations attirent l’attention du lec-
teur / spectateur sur ce qui peut justifier le schéma
d’une part, les créations artistiques de l’autre, et
mettent en évidence des relations entre les arbres
et les hommes. Dans le premier document, ces rela-
tions touchent à la responsabilité humaine dans la
détérioration de la forêt : les pluies acides viennent
de la présence dans l’atmosphère de sous-produits
industriels nocifs, qui agissent sur les branches des
arbres, tandis que les précipitations acides attaquent
les racines. Il y a donc une forte mise en cause des
actions humaines et de la responsabilité de ceux
qui exploitent la nature. En même temps, la mise en
évidence du processus de détérioration des arbres
est là pour rappeler implicitement l’importance de la
forêt et son rôle dans la biodiversité. Dans le second
document, le créateur des vases / sculptures exprime,
par le titre choisi et par l’expression de la nostalgie,
l’importance des arbres dans la vie des hommes :
familiarité, analogies, rêve, imagination, protection.
Les sculptures de taille humaine, stylisées et esthé-
tiques, avec leur contraste feuillages / couleur et
nature du tronc, sont là pour rappeler que l’homme
peut difficilement se passer des arbres et qu’il peut
trouver, dans ces œuvres, une manière d’en avoir
auprès de lui. Si l’utilité physiologique des arbres est
présente à travers le schéma concernant les pluies
acides, leur importance affective et imaginative se
révèle dans l’œuvre de J.-M. Massaud.
153
 2 Trois documents : consigne ➜ p. 121 (NT). Vers l’écriture personnelle ➜ p. 121
3 Quatre documents : consigne p. 150. Ce
➜
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 200, Sujet 1 ➜ p. 137 (NT).
chapitre 15 (Analyser une photo). Sujet 2 ➜ p. 137. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 181, chapitre 14 (Analyser un extrait
théâtral).

A P P L I C ATION
DOCUMENT 5 Illustration pour le catalogue Manufrancee (1925) ➜ p. 123

THÈME : la condition des femmes

Intérêts du document
La représentatioon populaire (étant donné le support) et imagée d’un bureau dans lequel les
trois secrétaires sont des femmes et le « patron » un homme : mise en relief d’une hiérarchie
qui favorise la position des hommes et dévalorise celle des femmes, même si l’on doit rap-
peler qu’en 1925 les femmes sont plus nombreuses que les hommes, un nombre important
de ces derniers ayant disparu lors de la guerre de 1914-1918.

der. À sa droite (à gauche sur l’image), on remarque

Pour analyser le document
1 Ce que représente l’image
La légende du dessin signale qu’il s’agit d’un bureau
avec un patron et des secrétaires sténodactylo en
train de taper à la machine. On retrouve ces différents
éléments humains sur une image qui peut évoquer
certains graphismes de bande dessinée.
On distingue en effet : un grand bureau derrière
lequel est installé un homme qui téléphone avec un
document à la main. C’est visiblement le patron si
l’on en juge à la taille de son bureau. Il est habillé en
costume de ville, chemise blanche et veste noire. Sur
sa gauche se trouve un cartonnier destiné au range-
ment de dossiers. Assise à une petite table située
à la droite du patron, est installée une secrétaire
qui tape à la machine. On remarque que sa table,
plus petite, n’est pas à la même hauteur que celle
du patron. Sans tiroirs, la table, semblable à celle
de l’autre secrétaire, se limite à un plateau et quatre
pieds. Sur le mur au-dessus de la porte, une image
montre ce qui est sans doute la Manufacture d’armes
et cycles de Saint-Étienne. Au-dessus du patron se
trouve, accrochée au mur, une pendule bien visible.
Le cartonnier – dont une réplique se trouve de l’autre
côté de la fenêtre – supporte un globe terrestre.
Au premier plan on aperçoit une autre secrétaire.
Elle tape à la machine un document dont l’original se
trouve sur un présentoir qu’elle est en train de regar-
154
un radiateur. Une troisième secrétaire est visible sur
la droite de l’image : elle cherche des documents
dans le second cartonnier. Chaque personnage est
occupé à son travail, sans parler. Les trois femmes
ont les cheveux courts (mode des années 1920-
1930). Elles portent des tenues de ville, robes ou
jupes leur arrivant à la cheville. La fenêtre du bureau
est garnie de rideaux croisés et de doubles rideaux
de couleur jaune-orange.
➤ On se trouve dans un bureau : le patron, un
homme, est aidé par trois secrétaires qui sont toutes
des femmes. C’est lui qui donne les consignes et
distribue le travail. Elles sont sous ses ordres.
2 Les informations données sur la situation
Il ressort du document qu’il existe, dans le bureau
représenté, un schéma traditionnel de distribution
du travail et des responsabilités. Celui qui a la
position dominante est le personnage masculin :
installé à son bureau (meuble différent des tables
des secrétaires), il est le seul à disposer du télé-
phone. Il incarne l’autorité dans ce contexte réduit
à une seule pièce. La secrétaire dont la table se
trouve à côté doit être immédiatement sous ses
ordres, la plus proche, peut-être la plus élevée dans
la hiérarchie des secrétaires. Chacun est à son
travail et l’image retrace une réalité professionnelle
qui fait des hommes les patrons et des femmes les
employées.
 Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
Vers la synthèse ➜ p. 123

1 Deux documents : consigne ➜ p. 123 (NT).

2 Trois documents : extrait de La Colonie, de Marivaux (document 1 ➜ p. 139) ; dessin extrait du catalogue
Manufrance (document 2 ➜ p. 123) ; extrait d’un essai intitulé La Famille, de N. Jonas (document 3 ➜ p. 60).

Intérêts du rapprochement
Des images convergentes de la condition des femmes du XVIIIe siècle au XXIe siècle ; la persistance des
préjugés et des schémas traditionnels ; les raisons de cette persistance.

La consigne demande de faire apparaître dans figurent. Ce guidage permet de construire un tableau
les documents les manifestations de l’inégalité à partir duquel on pourra travailler l’écriture de la
hommes / femmes ainsi que les explications qui y synthèse.

1. MARIVAUX, LA COLONIE, 2. IMAGE DU CATALOGUE 3. N. JONAS, LA FAMILLE,

1750, THÉÂTRE
Les manifestations La première réaction des
de l’inégalité hommes est de rejeter
hommes / femmes toute participation des
femmes à l’élaboration
d’une constitution qui les
concerne tous : pour eux,
le rôle des femmes est de
se marier et de s’occuper
de leur famille.
Les professions de
finance, de justice et de
guerre leur sont interdites.
MANUFRANCE, 1925
Homme en situation
de patron entouré de
femmes en situation
subalterne d’employées :
les secrétaires.
2007, ESSAI
Constat du caractère non
égalitaire des études :
les garçons sont dans les
filières valorisées / les
filles s’orientent vers les
lettres, les services, vers
des emplois précaires et
dévalorisés.

Les explications Le refus vient des
données par les hommes parce que
documents les revendications des
femmes sont nouvelles
(d’où l’étonnement
sarcastique des hommes)
et risquent de faire perdre
à ces derniers quelques
prérogatives.
Une autre explication,
donnée par les femmes,
est qu’elles n’ont pas été
éduquées pour remplir
certaines fonctions (mais
avec un apprentissage,
elles y arriveraient).
L’image ne donne pas
d’explications, mais
on peut appliquer à
cette illustration les
explications de N. Jonas.
En 1925, les femmes
qui choisissaient de
travailler dans le tertiaire
devenaient secrétaires.
Croyance traditionnelle
dans l’existence de
compétences sexuées :
les filles sont présentées
comme choisissant leur
voie en relation avec leur
sensibilité, qui diffère de
celle des garçons.
Existence, encore en 2007,
de stéréotypes qui trouvent
des échos à l’intérieur et
à l’extérieur de la famille,
dans la société, dans les
médias.
Les choix des filles en
matière professionnelle sont
guidés par leur éducation.

➤ En un peu plus de deux siècles, le statut des mentés par les médias, la société, la famille, font que
femmes a beaucoup évolué ; il n’en reste pas moins la parité homme / femme dans les études n’est pas
que certains arguments traditionnels n’ont pas tout une réalité, et cela parfois du fait même de celles qui
à fait disparu en 2007 : de nombreux préjugés, ali- sont concernées.

155
 Vers l’écriture personnelle ➜ p. 123

1 Sujet ➜ p. 141 (NT). 2 Sujet ➜ p. 97. Ce sujet est traité dans ce

guide pédagogique, p. 115, chapitre 9 (Analyser un
Sujet ➜ p. 160 : on trouvera des éléments concernant
schéma, un document chiffré).
ce sujet p. 243 du livre de l’étudiant, chapitre 25.

DOCUMENT 6 Gravure sur bois représentant des enfants ➜ p. 124

descendant dans un puits de mine (1844)

THÈME : l’exploitation des enfants

Intérêts du document
Une gravure d’époque montrant la manière de faire descendre des enfants dans un puits de
mine ; un document ayant une valeur de témoignage sur l’exploitation des enfants et sur le
travail qui leur était réservé du fait de leur petite taille.

et qu’il l’ait fait sans tenir compte de la réalité de la

Pour analyser le document
perception visuelle.

1 Ce que représente l’image 2 L’utilité d’une telle représentation et le registre

La gravure présentée se compose de deux élé-
ments essentiels, dont l’un est horizontal et l’autre
vertical. L’élément horizontal représente un treuil
activé par une femme qui semble presque en
haillons. Debout sur une terre herbeuse, elle tient
à deux mains une manivelle qui fait se dérouler
(ou s’enrouler) une corde. Du côté opposé à la
manivelle se trouve une roue avec des rayons qui
peut jouer le même rôle que la manivelle pour agir
sur la corde. Verticalement, on observe un cylindre,
une descente de puits, dans lequel on voit deux
enfants à demi nus, assis sur une barre transver-
sale à laquelle sont accrochées deux chaînes.
On peut observer le caractère assez rudimentaire
et naïf de la représentation : dessin sans finesse,
visages peu représentatifs et peu expressifs, gros-
sièrement dessinés. On se demande où se trouve
ce puits qui n’est pas environné de terre, la gravure
ne comportant rien tout autour. On remarque aussi
que les enfants sont censés être à l’intérieur du
puits, donc invisibles, comme la corde qui les fait
descendre. Avec le cercle qui signale la circonfé-
rence du puits, on croit avoir une image montrant
l’extérieur du puits, mais on a en réalité l’intérieur,
ce qui contribue à l’idée de naïveté. Il semble que
l’auteur de la gravure ait voulu montrer le système
La gravure, réaliste et naïve, témoigne d’une réalité
montrant le sort peu enviable des enfants ouvriers :
on les utilise parce qu’ils sont petits et peuvent se
glisser dans les galeries de mines. Mais on remar-
que qu’ils n’ont aucune protection : pas de casque,
et même pas de vêtements pour se protéger le
dos, la poitrine et les bras. L’image fait état d’une
véritable misère tant du côté des enfants que du
côté de l’adulte qui est là. On peut imaginer – avec
compassion et pitié en même temps que révolte –
la condition des enfants : froid, faim, blessures,
maladies, obligation de descendre par tous les
temps, et les conséquences, handicaps divers
dus aux accidents, anémie, rachitisme, absence
d’éducation, illettrisme… L’auteur de l’image, par
le réalisme de la représentation, utilise le registre
pathétique à des fins dénonciatrices et critiques.
Tout de qu’évoque V. Hugo dans « Melancholia »
correspond à une réalité du monde ouvrier du
XIXe siècle. Les témoignages que l’on possède
sur l’exploitation actuelle des enfants sont plus
probants parce que ce sont des photos. Il est utile
d’avoir, pour le XIXe siècle, des images réalistes pour
comprendre la réalité de l’époque. Les choses ne
sont pas vraiment différentes dans certains pays à
notre époque.

156

Vers la synthèse ➜ p. 124
Deux documents : gravure représentant des enfants que l’on descend dans un puits de mine (➜ p. 124 ) ;
photo représentant des enfants dans une briqueterie en Colombie (➜ p. 152).
Intérêts du rapprochement
Nombreuses similitudes entre les deux images malgré la différence d’époque : mêmes motivations,
même exploitation, mêmes conséquences pour les enfants exploités.
La consigne demande de faire des remarques sur
le rapprochement de deux documents iconographi-
ques. Nous donnons ici quelques grandes lignes :
les enfants, la nature de l’exploitation, les consé-
quences possibles.
Le rapprochement des deux images, celle des
enfants dans les mines en Angleterre au XIXe siècle et
celle des enfants dans une briqueterie en Colombie
en 1993, fait apparaître des éléments communs.
I – DES ENFANTS
Il y en a deux sur une image, trois sur l’autre, approxi-
mativement du même âge, et on les utilise pour faire
un travail qui n’est pas de leur âge et qui les empê-
che de recevoir une instruction et une éducation : ils
ne vont pas à l’école.
II – LA NATURE DE L’EXPLOITATION
Il apparaît que l’on fait travailler ces enfants unique-
ment parce qu’ils sont des enfants. Sur la gravure,
on comprend qu’ils sont utilisés parce qu’ils sont
petits et peuvent ainsi descendre et aller ramasser
le charbon dans les galeries de mines. La présence
de l’adulte – la femme qui actionne le treuil – peut
suggérer qu’ils n’ont pas le choix et qu’ils sont
surveillés. Ils sont présentés dans un contexte de
misère. Les enfants colombiens sont représentés en
plein travail. On les voit en effet penchés en avant
avec une charge de briques sur le dos, l’un en porte
4, l’autre au moins 5. Ces briques pleines sont cer-
tainement très lourdes. L’enfant qui est vu de face
porte sur la tête une sorte de lanière qui doit l’aider
à porter les briques autrement, peut-être à en por-
ter plus. On remarque l’environnement qui évoque
un chantier caillouteux et poussiéreux. Ces enfants
respirent de la poussière toute la journée et s’épui-
sent à transporter des briques qui leur écrasent le
dos, sur un chemin très irrégulier. Dans les deux cas,
les enfants sont exploités : ils ne peuvent protester
ou se révolter, ils n’ont aucune protection d’aucune
sorte et l’argent qu’ils gagnent est souvent destiné
à aider la famille à ne pas être dans la misère. On
Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
peut penser aussi que ce salaire n’est pas élevé par
rapport à leurs efforts et au temps passé.
III – LES CONSÉQUENCES POSSIBLES
Sur les deux images, les enfants sont dans la même
situation : occupés à plein temps, ils n’ont pas le
temps d’aller à l’école : ils risquent donc de rester
dans un état d’analphabétisme empêchant tout
progrès et toute véritable intégration sociale. À
cette probable conséquence s’ajoutent toutes les
conséquences physiologiques : santé détruite par la
respiration des poussières, handicaps liés à des
accidents, maladies du dos et de la colonne verté-
brale du fait d’une position imposée par le charge-
ment de briques, risques de lésions irréversibles,
rachitisme. Il n’est pas possible que des enfants qui
commencent leur croissance ne soient pas « démo-
lis » par les travaux d’adultes qu’on leur impose.
➤ Le travail imposé aux enfants est illégal, car
contraire à la Convention internationale des droits
de l’enfant. Il maintient les enfants dans une forme
d’esclavage explicable par la misère des exploités
et la rapacité des exploitants : ce qui était fréquent
dans les pays industriels au XIXe siècle est aujourd’hui
fréquent dans de nombreux pays émergents.
2 Deux documents : consigne ➜ p. 124 (NT).
3 Trois documents : consigne ➜ p. 128 (NT).
4 Quatre documents : consigne ➜ p. 124 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 124
1 Sujet ➜ p. 69. Ce sujet est traité p. 71 de ce
guide pédagogique, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
Sujet ➜ p. 164 (NT).
2 Sujet ➜ p. 95 (sujet 1). Ce sujet est traité p. 112
de ce guide pédagogique, chapitre 9 (Analyser un
schéma, un document chiffré).
157
 DOCUMENT 7 Nicolaï Alexeievitch Kassatkine, Nouvelle industrie
textile à Orechovo-Zoejevoo (1904)
Intérêts du document
Un tableau représentant une usine textile en Russie avant la révolution d’octobre 1917 ; le
contexte industriel pris comme objet d’inspiration et traité comme un motif esthétique ; une
composition intéressante ouvrant sur les fonctions d’une telle représentation.
Pour analyser le document
1 Thème, représentation et composition
Intitulé Nouvelle industrie textile à Orechovo-Zoe-
jevo, le tableau de N. A. Kassatkine représente
l’intérieur d’une usine de textile avec, au premier
plan, et sur le même plan qu’une grosse machine,
trois femmes dont deux sont vues presque de face
et une autre, vêtue de blanc, vue de dos. Il y a donc
deux éléments fondamentaux dans la représenta-
tion, d’une part un ensemble de machines comple-
xes, qui occupe tout l’arrière-plan, d’autre part les
trois femmes, qui forment un groupe harmonieux et
gracieux, contrastant avec des machines.
On est tenté de regarder le tableau en partant du
bas, parce que le regard est attiré par les trois fem-
mes qui constituent un élément humain, suggèrent
la vie par leur attitude et par les couleurs de leurs
vêtements. Dans le coin gauche en bas, on distingue
le sol de l’usine, de couleur grise, et un alignement
de machines selon une ligne oblique qui commence
dans le coin droit et remonte vers le premier tiers du
tableau à gauche. Cette ligne passe devant toute
une série de machines dont on ne voit qu’une par-
tie. L’une d’entre elles cependant est montrée plus
en détail : on remarque une haute infrastructure où
s’alignent des moteurs, des câbles, des rouleaux,
des fils. Au-delà d’une machine caractérisée par
des cônes de fils ocre et des éléments métalliques
gris et noirs (nombreux rouages posés sur le sol), on
aperçoit tout un ensemble de lignes obliques grises,
allant du sol jusqu’à des tubes gris qui suivent le
plafond, horizontalement et en hauteur : l’ensemble
fait penser à un enchevêtrement de lignes obliques.
On peut imaginer que chaque machine vue à côté
et derrière les trois femmes est l’extrémité d’une
ligne de plusieurs machines placées côte à côte,
dont chacune est en train de fabriquer un rouleau
de tissu que l’on voit sur la ligne oblique du premier
plan. Le fil qui descend des superstructures et les
pièces d’étoffe qui s’enroulent suggèrent une très
intense activité : il reste au spectateur à imaginer
le bruit.
Si les machines sont impressionnantes par leur
nombre, par la complexité des éléments qui les
158
➜ p. 125
THÈME : le devenir des sites industriels
composent et qui créent un enchevêtrement de
lignes, ce qui attire surtout l’attention du spectateur,
par contraste, est la présence des trois ouvrières. Le
groupe n’a rien de figé : les deux femmes que l’on
voit de manière légèrement oblique semblent se
pencher en arrière tandis que celle que l’on voit de
dos se penche aussi vers la gauche. L’harmonie du
groupe vient de la position de celle qui est juste au
centre. À elles trois, elles créent un groupe à la fois
lumineux et gracieux, telles les Trois Grâces ou les
trois déesses attendant le jugement de Pâris, ce qui
est un motif fréquent en peinture. Leurs vêtements,
de couleurs plus vives que le reste du tableau,
constituent des taches lumineuses (orange vif et
blanc). Elles portent toutes les trois un foulard noué
sur la tête. Celle qui est à gauche tient dans sa main
droite quelque chose qu’on ne peut guère identifier,
mais qui ressemble à ce que l’autre, à droite, porte à
sa bouche. Celle qui est vue de dos semble chercher
quelque chose dans le tablier de celle de gauche.
À défaut d’information, on peut imaginer qu’elles se
sont arrêtées de travailler toutes les trois et regrou-
pées pour manger.
2 Le registre du tableau et son interprétation
Le titre Nouvelle industrie textile à Orechovo-Zoejevo
oriente vers l’idée que ce qui est représenté ne fait
pas l’objet d’une critique mais d’un éloge. Ce qui
est mis en valeur, dans des tons gris et ocre, est
l’activité industrielle à travers son intensité, sa com-
plexité mais aussi et surtout sa nouveauté. On peut
mieux comprendre l’impression de célébration qui se
dégage du tableau si l’on sait qu’Orechovo-Zoejevo
a toujours été un centre très actif d’industries tex-
tiles : au XVIIIe siècle, on y tissait la soie et le coton.
Au XIXe siècle, cette ville était un des plus importants
centres industriels de la région de Moscou, et un des
principaux foyers des mouvements de grève de la fin
du XIXe et du début du XXe siècle. Une très importante
grève survenue en 1885 est à l’origine de la mise en
place des premières mesures de législation du travail.
On peut donc imaginer, au vu d’une représentation à
la fois très précise et très esthétique, que le peintre
a souhaité faire ressortir la qualité et l’efficacité des
réalisations humaines, les machines qui ont fait,
d’un centre textile traditionnel, un centre nouveau

plus actif sur le plan de la production. C’est dans
cette perspective que l’on peut percevoir les trois
femmes comme trois ouvrières momentanément
désœuvrées, parce que ce sont les machines qui
font le travail.
➤ La représentation à la fois précise, technique et
Vers la synthèse ➜ p. 125
1 Deux documents : ancienne centrale Montemartini transformée en musée (➜ p. 146) ; Nouvelle industrie
textile à Orechovo-Zoejevo, de N. A. Kassatkine (➜ p. 125).
Intérêts du rapprochement
Concernant la sauvegarde du patrimoine industriel, on peut rapprocher un tableau qui représente une
usine du début du XXe siècle et une machine mise dans un musée et voisinant avec une statue antique : la
question qui se pose est celle de la mise en parallèle des œuvres d’art et des lieux industriels.
La consigne demande d’exprimer des remarques sur
la juxtaposition de l’œuvre de N. A. Kassatkine et de
l’exposition d’une machine à proximité d’une statue
antique dans un musée italien. Nous donnons ici
quelques remarques sur les convergences puis sur
les différences.
I – CONVERGENCES ENTRE LES DEUX IMAGES
Un regard jeté sur les deux illustrations révèle
immédiatement certaines convergences, malgré un
siècle de différence. Le tableau de N. A. Kassatkine
représente un univers de machines, au début du
XXe siècle. Ces machines, qui remplissent un vaste
hangar dans lequel domine le gris, témoignent d’une
activité industrielle : la fabrication des tissus. On y
voit des rouages compliqués. Au premier plan, trois
figures féminines créent un pôle de vie et de rela-
tive fantaisie par leur attitude et par leurs couleurs.
Il s’agit d’un tableau peint en 1904, qui permet de
conserver l’image d’une usine importante dans une
région dominée par l’industrie textile.
L’autre document est une photo qui montre, dans
une disposition qui n’est pas très différente, une
machine qui semble toute neuve, dans une ancienne
centrale électrique italienne devenue musée, à
proximité d’une statue antique considérée comme
une œuvre d’art. On peut ainsi rapprocher le tableau
et la photo ; ils montrent en effet chacun la juxta-
position inattendue de deux éléments importants : la
mécanique et la vie dans le tableau, le modernisme
et l’antique sur la photo. Ces rapprochements voulus
conduisent le spectateur à s’interroger sur le sens
des deux juxtapositions. Dans l’usine Montemar-
tini, on remarque une revalorisation de la création
industrielle, sous la forme de la machine nettoyée,
repeinte et exposée comme une œuvre d’art. Dans le
tableau, l’univers industriel est devenu motif pictural.
Dans les deux cas, on s’efforce de sauvegarder des
Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
esthétique d’un site industriel se révèle comme
la volonté de montrer un lieu de travail important,
productif et nouveau, témoignant de l’inventivité
humaine et susceptible de rappeler ce qui, tôt ou
tard, sera remplacé par encore plus moderne, plus
performant et sans doute plus automatique.
sites industriels, de manière réelle dans le cas de
l’Italie, à travers un tableau élogieux dans le cas de
la Russie.
II – DIVERGENCES
On peut remarquer cependant certaines différences
entre les deux documents. L’image de la centrale
est une photo : la réminiscence se fait à travers une
machine exposée, qui a visiblement été nettoyée et
repeinte. Dans le musée où elle se trouve, elle est
tout à fait réelle. Son voisinage avec la statue anti-
que, elle aussi très réelle, permet un rapprochement
entre deux créations d’époques et de civilisations
différentes, mais dont le rapprochement est instruc-
tif. Le tableau est une œuvre d’art qui représente une
usine et met en scène trois ouvrières. Le site est lui
aussi sauvegardé, mais à travers une perception qui
est celle de l’artiste. Il y a donc un intermédiaire en
plus. La machine de la centrale Montemartini est
authentique, l’image des usines et des machines
dans le tableau de Kassatkine garde leur souvenir
mais d’une manière dont personne ne connaît
l’authenticité. C’est essentiellement ce qui fait la dif-
férence entre les deux documents : dans un cas on a
une restauration, dans l’autre une représentation.
➤ On trouve là le type de différence qui existe entre
les terrils de mine décrits par Zola dans Germinall et
leur transformation en site touristique.
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 125 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 125
Sujet ➜ p. 57. Des éléments de ce sujet sont traités
dans le chapitre 24 du livre de l’étudiant (p. 229 et
suivantes).
Sujet ➜ p. 146. Ce sujet est traité p. 192 de ce guide
pédagogique, chapitre 15 (Analyser une photo).
159
 DOCUMENT 8 Fernand Léger, Les Constructeurss (1950) ➜ p. 126

THÈME : le travail

Intérêts du document
Une image optimiste et joyeuse, très colorée, du monde du travail : un chantier où se trouve
illustrée la solidarité d’un travail collectif effectué avec énergie et dynamisme.

contrastes. L’espace du ciel est rempli de lignes qui

Pour analyser le document
1 Le thème du tableau / relations avec le titre
Le tableau proposé (dont on peut noter les grandes
dimensions, cinq mètres sur deux) a pour titre Les
Constructeurs, ce qui connote le travail des bâtis-
seurs, un chantier de construction, des réalisations
urbaines. Ce que l’on voit sur l’image est un ensem-
ble de poutrelles métalliques qui composent des
lignes géométriques. Celles-ci quadrillent le ciel de
manière dense et constituent visiblement l’armature
d’un immeuble élevé. Le cadrage montre qu’il ne
s’agit là que d’une petite partie (un ou deux étages)
d’un ensemble sans doute beaucoup plus important.
Les quatre ouvriers du premier plan se trouvent sur
un plancher dont le spectateur ne sait pas, du fait
du cadrage, à quel niveau il se trouve par rapport
au sol. L’accumulation des poutrelles métalliques
crée une impression contradictoire d’ordre et de
désordre, et d’activité intense dans le ciel, parmi les
nuages : on peut en déduire qu’il s’agit d’un mode
de construction moderne, dans des étages élevés,
et mettant en jeu une manière de travailler nouvelle.
L’image montre aussi les ouvriers du bâtiment à
l’œuvre : l’un travaille à cheval sur une poutre, un
autre semble en équilibre à côté d’une échelle : on
remarque que seule la casquette évoque son métier
car il est habillé comme s’il se trouvait en ville.
Peut-être est-il le contremaître. Les quatre ouvriers
que l’on voit au premier plan portent une poutre.
L’image montre un travail collectif qui associe ces
quatre hommes dans un effort commun, symbole
d’une sorte de solidarité. Il faut enfin remarquer les
couleurs : un ciel bleu dans lequel flottent de petits
nuages blancs et gris, des poutres de couleurs
gaies et lumineuses, rouge, jaune contrastant avec
du noir. La représentation repose sur de nombreux
représentent la construction, les lignes sont toutes
des droites et des obliques ; il y a peu de courbes.
L’idée qui ressort de la représentation est celle
d’un ordre (les lignes de l’immeuble moderne) qui
émerge, à mesure de la construction, du désordre
des lignes et des niveaux. L’impression d’ensemble
est celle d’une grande activité.
2 Les différents « messages »
Le tableau date de 1950, c’est-à-dire cinq ans après
la fin de la Seconde Guerre mondiale, au moment où
se met en place la reconstruction. On peut retrou-
ver dans le tableau une vision optimiste du travail
du bâtiment et des travaux publics. Elle vient de
plusieurs éléments trouvés dans l’analyse. On peut
citer tout d’abord l’impression de foisonnement née
de la multiplicité des éléments visibles qui sont les
diverses composantes du chantier et qui sont repré-
sentées par les lignes. Celles-ci, nombreuses, se
démultiplient du fait des couleurs, jaune, noir, blanc,
rouge, ce qui accentue le foisonnement, créant une
forte impression d’activité. Ce point est dominant :
les ouvriers représentés ne semblent pas figés. Ils
sont en plein effort, semblent en mouvement. L’im-
pression de mouvement vient de leurs attitudes, mais
aussi des seules courbes de l’image : les nuages qui
paraissent se déplacer et les cordes que l’on voit à
droite de l’image et à gauche juste au-dessus des
ouvriers. Énergie, dynamisme, l’image donnée ici
du chantier est empreinte d’optimisme, d’une sorte
de joie de travailler, de participer à une réalisation
collective. Il y a une forme d’enthousiasme dans
cette représentation, qui vient aussi du caractère
naïf de la représentation : tout semble simple, facile,
euphorique, et le message est accessible à tous :
c’est la sortie d’une période sombre et l’émergence
de l’espoir de « lendemains qui chantent »…

Vers la synthèse ➜ p. 126

1 Deux documents : Les Constructeurs, de F. Léger (➜ p. 126) et l’image du film Les Temps modernes,
de C. Chaplin (➜ p. 148).
Intérêts du rapprochement
Deux images construites sur le même procédé de la répétition et du foisonnement ; deux images évoquant
le monde ouvrier et celui des machines ; deux registres différents et deux significations différentes.

160

Nous donnons ici les grandes lignes d’une réponse
en deux paragraphes rédigés.
La mise en parallèle de l’image du film Les Temps
modernes (1936) et de l’imposant tableau de F. Léger,
Les Constructeurs (1950) fait apparaître deux repré-
sentations différentes du travail. Celles-ci sont mises
en relief par des procédés proches.
I – DEUX REPRÉSENTATIONS DIFFÉRENTES
L’image du film montre un univers de roues et de
rouages sombres au milieu duquel on peut distinguer
une tête, comme si le personnage était prisonnier
d’une machine broyeuse d’où Charlot chercherait
à le faire sortir. L’image a quelque chose de mons-
trueux et d’effrayant, par le nombre de roues den-
telées et la complexité de la machine, dont on ne
voit qu’une partie. On peut donc imaginer qu’elle est
encore beaucoup plus grande et monstrueuse. Il en
ressort l’idée que cet univers industriel est capable
d’engloutir, d’avaler les êtres humains : l’image sug-
gère une opposition forte entre ce qui est mécanique
et sans âme d’un côté, la vie humaine de l’autre,
incarnée par les deux personnages. Le tableau de
Fernand Léger montre au contraire un univers dans
lequel l’homme peut agir en toute liberté : c’est lui
qui domine le chantier, qui le réalise, par un travail
collectif, et qui peut voir le résultat de son travail tan-
dis que, dans le film, il en est la victime dominée par
la machine qui l’écrase. Le fond bleu, les couleurs,
les petits nuages qui semblent en mouvement sug-
gèrent la vie, l’activité, l’énergie, l’enthousiasme de
la réalisation. À une image plutôt tragique (même si
elle est destinée à faire rire) de la condition ouvrière
s’oppose l’optimisme lumineux et actif des Construc-
2 Trois documents : article du Monde Initiatives de M.-C. Betbeder (document 2 ➜ p. 76), extrait du
roman L’Écume des jours, de B. Vian (document 1 ➜ p. 101) et tableau de F. Léger, Les Constructeurs (docu-
ment 3 ➜ p. 126).
Intérêts du rapprochement
Rapprochement de trois documents qui traitent du travail de manière opposée, d’un côté une vision
idéale, de l’autre une image très critique ; présence, dans l’un des documents, des deux représentations
antithétiques ; exploitation d’une image.
Trois documents différents abordent le thème du
travail : un extrait de roman, une œuvre d’art et
un article de presse. À travers ces documents
apparaissent deux représentations antithétiques du
travail, l’une souhaitée et idéalisée, l’autre réelle et
décourageante.
I – UNE IMAGE OPTIMISTE ET DYNAMIQUE DU
TRAVAIL
On la trouve essentiellement dans l’extrait de presse
(document 2) et dans l’œuvre d’art (document 3), qui,
par des moyens différents, insistent sur les caracté-
ristiques positives du travail. Ainsi, le travail est perçu
Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
teurs, actifs, dynamiques, et solidaires. En ce sens,
la place de l’homme dans l’univers industriel est
tout à fait différente dans les deux représentations,
comme l’image du travail : homme esclave et victime
d’un côté, homme dynamique et actif de l’autre ; tra-
vail destructeur et déshumanisant d’un côté, travail
valorisant de l’autre, et sentiment de participer à une
œuvre humaine stimulante et significative.
II – DES PROCÉDÉS SIMILAIRES
On peut signaler que des sens aussi différents sont
produits par des images différentes, mais qui reposent
sur des procédés proches, que l’on peut signaler ici :
– une même technique de cadrage qui laisse une
place importante au hors-champ que le spectateur
peut imaginer sous la forme d’une machine encore
plus grosse ou d’un chantier plus important : les
limites du tableau ou de la photo ne constituent pas
les limites de ce qui est représenté ;
– l’accumulation ou la reprise d’un même motif : les
rouages d’un côté, les poutres de l’autre, l’ensemble
créant dans les deux représentations une impression
dominante de nombre, de multiplicité, de foisonne-
ment ;
– l’intégration d’éléments humains qui donnent une
échelle à la représentation : les hommes ne sont pas
démesurément petits par rapport à l’univers repré-
senté. Mais l’impression finale n’est pas la même.
➤ Avec des procédés similaires, les deux images ne
produisent pas les mêmes effets et ne conduisent
pas à une interprétation semblable. D’un côté, on est
dans le registre de la satire et, de l’autre, dans celui
de la célébration.
par les demandeurs d’emploi étudiés par R. Saïdi
(document 2) comme un accomplissement de soi, le
résultat de l’acquisition d’un savoir, un engagement
conduisant à une réalisation en relation avec d’autres,
engagement qui contribue à faire progresser et dont
on attend qu’il soit reconnu. Le travail est vu comme
un élément non seulement formateur, mais comme
un outil participant à l’épanouissement de la person-
nalité. On trouve des éléments aussi optimistes et
chargés d’espoir dans le tableau de F. Léger, qui met
en valeur, dans Les Constructeurs (document 3), la
solidarité, le partage, le travail en commun pour des
réalisations lumineuses et valorisantes. Le tableau
161
 montre en effet des ouvriers au travail, de manière
solidaire et dynamique. Les gestes insistent sur
l’activité tandis que les couleurs, vives et fraîches,
suggèrent un monde un peu naïf et enfantin où tout
se passe bien et où la lumière est celle de l’espoir et
de la joie de vivre. Dans les deux documents, la vie,
la réalisation, le groupe, la participation à une œuvre
commune sont particulièrement mis en relief.
II – UNE REPRÉSENTATION NÉGATIVE ET DÉPRI-
MANTE DU TRAVAIL
Cette image opposée du travail figure dans l’extrait
de roman (document 1) et, de manière indirecte,
dans l’article de presse (document 2). L’article met en
effet en évidence ce que rejettent les jeunes deman-
deurs d’emploi interrogés : des tâches routinières
et dépourvues de sens, effectuées sans relations
avec un environnement humain, qui ne donnent pas
l’occasion ni la possibilité de prendre des initiatives,
sans perspective de progrès ni d’améliorations
d’aucune sorte. Ce sont là exactement les carac-
téristiques dénoncées par Colin dans le roman de
B. Vian (document 1) : le travail qu’il rejette est celui
qui exploite l’homme, tout en le persuadant que ce
qu’il accomplit, et qui lui prend sa vie, a une valeur
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
La représentation dramatisée d’une noyade : Non à
la voie express, affiche de R. Savignac, p. 120.
Une œuvre décorative de taille humaine : les sculptures
arbres de J.-M. Massaud, Missed tree I et II, p. 121.
L’image brillante du luxe et de la richesse : Une
soirée au Pré Catelan, d’H. A. Gervex, p. 119.
Une mise en scène élogieuse et optimiste des réa-
lisations humaines : Les Constructeurs, de F. Léger,
p. 126.
Expulsions, p. 117 : l’image pitoyable de deux expul-
sés victimes de la démolition de leur immeuble, en
1977.
Catalogue Manufrance, p. 123 : un bureau en 1925
pour montrer que les femmes sont vouées aux tra-
vaux subalternes.
Enfants que l’on descend dans un puits de mine,
1844, p. 124 : une gravure montrant l’exploitation
des enfants au XIXe siècle.
162
en soi, est sacré, et constitue ce qu’il y a de mieux.
Le travail qu’il critique est celui qui met l’homme
dans la situation d’occuper tout son temps, sans
lui en laisser pour lui-même, sans apporter de pers-
pective de progrès, sans lui donner l’occasion de se
consacrer à ce qui le rendrait moins dépendant, à ce
qui le rendrait libre.
➤ À l’image stimulante que des jeunes demandeurs
d’emploi se font du travail répond une réalité que
ceux qui en sont les victimes sont conditionnés à
accepter.
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 148 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 126
1 Sujet ➜ p. 55. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 52, chapitre 6 (Analyser un extrait
d’essai).
Sujet ➜ p. 77 (NT).
2 Sujet ➜ p. 85 (NT).
Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité p. 197 de ce guide
pédagogique, chapitre 15 (Analyser une photo).
➜ p. 127
Nouvelle industrie textile à Orechovo-Zoejevo, 1904,
p. 125 : femmes et machines, une représentation
élogieuse.
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
Expulsions : œuvre d’E. Pignon-Ernest
L’œuvre d’E. Pignon-Ernest est une image illus-
trant, dans une tonalité grisâtre et triste, le titre
Expulsions. Elle montre un mur d’immeuble
démoli sur lequel on voit encore, de l’extérieur,
les papiers peints ; ce mur suggère la destruction
mais laisse imaginer aussi toute une vie. En bas
du mur apparaissent deux personnages portant
avec eux ce qui leur permet de survivre, un mate-
las roulé, des couvertures, des sacs ; ils sont tout
à fait disproportionnés par rapport au mur et aux
trois étages de l’immeuble qui reste. Ce sont des
exclus : ils sont rejetés à l’extérieur ; l’ensemble
évoque d’autres images d’exils.

Non à la voie express : œuvre de R. Savignac
L’affiche de R. Savignac représente un flot de
voitures semblables à des insectes envahissant
les lieux autour de Notre-Dame de Paris. La cathé-
drale est montrée vacillant sur sa base et appelant
au secours, de ses deux mains levées, dans une
situation de noyade. À travers un dessin dans lequel
le noir domine et une stylisation simplificatrice des
éléments représentés, R. Savignac illustre l’idée
que la nouvelle voie va détruire un site religieux
important sous l’accumulation agressive des voi-
tures. Il y a là une illustration de la vieille lutte entre
les traditions, les croyances et le progrès.
Analyser une œuvre d’art CHAPITRE
12
EXERCICE 3
Dans un tableau réalisé en 1904 et intitulé Nou-
velle industrie textile à Orechovo-Zoejevo, le
peintre russe N. A. Kassatkine représente, dans
un registre qui semble être celui de l’éloge, une
usine textile. On y voit d’impressionnantes machi-
nes et trois ouvrières dont l’attitude apporte une
touche d’harmonie et de grâce à un environne-
ment marqué par la productivité.
163
 CHAPITRE
13
Analyser une publicité
A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Campagne de publicité pour Amnesty International
(2007)
Intérêts du document
Une image pour sensibiliser au fait qu’il n’est pas humain de considérer des enfants comme
des adultes et d
de les transformer en êtres indifférents à la mort et dressés à tuer.
Pour analyser le document
1 Ce que représente la photo
L’image de la campagne 2007 d’Amnesty Internatio-
nal montre au premier plan trois enfants – on ne voit
bien que deux d’entre eux et une partie du troisième
– en train de jouer au football, sur un terrain plat et
sableux. Mais une observation plus précise de la
scène fait apparaître des détails inattendus. Le sup-
posé ballon dans lequel ils tapent n’est autre qu’un
crâne, ce qui conduit à penser qu’ils n’ont guère
de considération pour une partie d’être humain
dans laquelle on peut taper comme s’il s’agissait
d’un objet. On remarque ensuite les vêtements des
enfants : celui qui est à gauche porte des vêtements
militaires : chaussures (rangers), bermuda, chemise
sur un T-shirt trop grand. Celui que l’on voit de face,
en plein effort, porte le même type de chemise que
l’on imagine de couleur kaki. À l’arrière-plan, un
autre enfant porte un casque militaire. Les vêtements
relèvent des tenues camouflées de l’armée. Mais il
faut encore remarquer un autre détail : ces enfants
qui jouent au ballon avec un crâne humain semblent
armés : en particulier celui qui est de face porte un
chapelet de balles en bandoulière. Celui que l’on voit
à gauche porte une ceinture avec une cartouchière
et est peut-être armé.
À l’arrière-plan, on peut apercevoir un paysage de
désolation, avec des ruines encore fumantes, à gau-
164
Livre de l’étudiant ➜ p. 128 à 135
➜ p. 128
THÈME : l’exploitation des enfants
che, de maison ou de village qui ont été le lieu de
combats et de tout ce qui accompagne ce genre de
situation, massacres, incendies, tueries. La scène se
passe en Afrique.
La photo met l’accent sur les enfants, pour rappeler
leur statut d’enfant et le besoin qu’ils ont de jouer.
En même temps, le contexte, le crâne et les armes
soulignent que ces enfants sont sortis de l’enfance
pour devenir des tueurs insensibles à la destruction,
à la souffrance et à la mort. Que des enfants puissent
jouer de cette manière montre qu’ils ont été mis par
leurs aînés dans une situation hybride : à l’âge où
l’on joue avec un ballon, eux jouent avec des armes
et avec la mort.
2 Les relations entre la photo et les deux phra-
ses qui servent de slogan et d’argumentaire
En bas de la photo se trouvent trois éléments essen-
tiels. Le premier est un constat qui indique le nombre
des enfants transformés en soldats en Afrique, 300 000,
et qui rappelle qu’il s’agit d’enfants dont on a nié le sta-
tut pour en faire des soldats. L’adverbe juste dans la
phrase rêvent juste d’être des enfants insiste particuliè-
rement sur une demande, un espoir qui se révèle fonda-
mental : redevenir enfant quand on a été transformé en
machine à tuer. Le deuxième élément est une invitation,
une injonction : Agissez avec Amnesty International, qui
incite à aider cette organisation humanitaire dans des
actions pour libérer les enfants soldats, les éduquer, les

faire revenir à une vie normale. Le troisième élément est
le logo de l’organisation.
Le constat explicite et formule ce que l’image dit
autrement : les enfants doivent jouer, c’est un besoin ;
mais ils ne doivent pas jouer de cette façon, qui mon-
tre qu’ils sont toujours sous la coupe de ceux qui les
ont recrutés et formés. Ici, ils sont d’abord soldats
avant d’être enfants alors qu’ils ne devraient être que
des enfants. Les actions pour lesquelles Amnesty
demande de l’aide ont pour objectif de ramener les
enfants soldats à leur statut d’enfant.
CHAPITRE
13
Le texte est important parce qu’il insiste sur ce que
représente la photo, donne un chiffre, utilise le mot
rêvent et humanise en quelque sorte la scène, mais
la force argumentative de la campagne vient surtout
de l’image, qui met l’accent sur le double statut des
enfants et qui conduit le spectateur à imaginer autre
chose que la scène qu’il a sous les yeux. Il y a un
« avant » de la scène, dont celle-ci porte des traces.
La force de l’image vient de ce qu’elle montre au
premier plan et de ce qu’elle laisse imaginer à partir
d’autres éléments que les enfants.

Vers la synthèse ➜ p. 128

1 Deux documents : consigne ➜ p. 128 (NT*).

2 Trois documents : consigne ➜ p. 128 (NT) et p. 152 (NT).
* Non traité.

3 Quatre documents : extrait des Contemplations, de V. Hugo (1856, document 1 ➜ p. 109) ; photo de
Marie Dorigny (1992-93, document 2 ➜ p. 152) ; article de presse du Courrier internationall (2007, document 3
➜ p. 68) ; publicité pour Amnesty International (2007, document 4 ➜ p. 128).

Intérêts du rapprochement
Confrontation de quatre documents dont l’un sert de référence historique pour étudier différentes formes
d’exploitation actuelle des enfants, dans l’industrie, comme à l’époque de V. Hugo, et dans la guerre.

La consigne demande de montrer en quoi le sort de caractéristiques de l’exploitation des enfants dans
certains enfants ne s’est pas amélioré. ce document et à les retrouver dans les autres.
Le regroupement des documents prend pour La manière la plus efficace de procéder consiste
point de départ et référence le texte de V. Hugo. à faire un tableau, pour faire travailler ensuite la
La démarche consiste à faire apparaître certaines rédaction.

1. V. HUGO, EXTRAIT DES 2. PHOTO DE M. DORIGNY, 3. ARTICLE DE COURRIER 4. PUBLICITÉ POUR

CONTEMPLATIONS, 1856 ENFANTS DANS UNE INTERNATIONAL, 2007 AMNESTY INTERNATIONAL,
BRIQUETERIE EN COLOMBIE, PHOTO, 2007
1992-93

Référence constante aux
enfants et à leur âge :
enfants, filles de huit
ans ; insistance sur le
caractère enfantin, sur
l’âge des jeux et des rires,
sur la taille.
Image montrant des Référence constante aux Image montrant des
enfants de 8 à 10 ans enfants, appelés enfants enfants jouant au
environ, travaillant dans soldats. Le mot enfants est football dans un paysage
une fabrique de briques. récurrent dans le texte. désolé par la guerre : ils
ont entre 10 et 14 ans
environ.

Travail industriel dans Enfants employés

les lieux qui permettent
d’exploiter la petite taille
des enfants : ils sont
accroupis des journées
entières dans un lieu qui
évoque le bagne.
à transporter des
briques lourdes : effet
de « ronde », image
créant l’impression d’un
travail ininterrompu
pendant des heures et
des journées, comme au
bagne.

165
 Enfants utilisés pour des
tâches qui ne sont pas
des tâches d’enfant ; les
enfants sont exploités
parce qu’ils ne peuvent
se défendre et qu’ils sont
devenus, pour les adultes
qui les exploitent, une
sorte de marchandise :
ils n’ont aucun droit, leur
faiblesse explique leur
exploitation.
L’exploitation Enfants recrutés par les Enfants confrontés
peut s’expliquer adultes qui les droguent, très tôt à la guerre, à
– implicitement – par les endoctrinent, la violence, à la mort ;
la misère des familles ; les menacent, les enfants armés vivant
du fait de leur âge, les utilisent en comptant parmi des soldats, et
enfants n’ont aucun sur leur faiblesse et familiarisés avec une
pouvoir de se révolter les transforment en horreur déshumanisante :
contre leur sort. machines à tuer ; la les enfants qui jouent au
fragilité d’enfants football sur l’image ont
souvent abandonnés, pour ballon un crâne.
orphelins, contribue à Leur terrain de jeu est
leur enrôlement. un lieu dévasté par des
combats récents : certains
bâtiments fument encore.

Les conséquences du
travail des enfants sont
dénoncées : atteintes
physiques, fatigue,
rachitisme ; atteintes
intellectuelles et morales :
crétinisme, absence
d’éducation, de valeurs,
de repères.
On peut imaginer Aucune éducation (pas Illustration des idées de
l’épuisement physique d’école) ; disparition la colonne précédente :
des enfants, l’absence des valeurs humaines, l’image montre l’absence
d’éducation (ils ne transformation des de respect des morts et
vont pas à l’école), les enfants en machines à le bouleversement de
dégradations physiques tuer. repères et de valeurs
dues à l’environnement et dans lequel vivent les
à la poussière des enfants soldats.
chantiers.

➤ Si l’on reprend le contenu du tableau de manière
horizontale, on observe que tout ce qui est exprimé
dans le texte de V. Hugo se retrouve de manière
proche dans les autres documents : les causes
(et justifications) de l’exploitation sont les mêmes
(enfants petits, faibles, faciles à dominer et à contrô-
ler, à endoctriner, surtout si on les drogue) ; la nature
de l’exploitation, dans l’industrie au XIXe siècle et
encore de nos jours, et dans la guerre (phénomène
récent – fin du XXe siècle – et africain), fait que l’on
retrouve des enfants essentiellement dans des
domaines et des types de travaux qui ne sont pas
de leur âge, même si leur enrôlement est justifié par
leur taille : ils sont soumis aux mêmes conditions
que les adultes : danger, fatigue, maladies liées à
l’environnement. Sur le plan des conséquences,
on retrouve celles qu’envisageait déjà V. Hugo :
détérioration physique du fait de l’inadaptation des
travaux imposés à la morphologie et aux capacités
physiques des enfants, détérioration intellectuelle du
fait de l’absence d’éducation, détérioration morale
du fait de la promiscuité avec les adultes et de la
nature de l’enrôlement, en particulier dans le cas des
enfants soldats, dont la réinsertion sociale pose de
très nombreux problèmes.
Quatre documents : consigne ➜ p. 152 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 128
1 Sujet ➜ p. 69. Ce sujet est traité p. 71 de ce
guide pédagogique, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
Sujet ➜ p. 164 (NT).
2 Sujet 1 ➜ p. 95. Ce sujet est traité p. 112 de ce
guide pédagogique, chapitre 9 (Analyser un schéma,
un document chiffré).
Sujet 2 ➜ p. 95 (NT).

166
 Analyser une publicité CHAPITRE
13
DOCUMENT 2 Publicité pour l’eau de parfum Miss Dior Chérie ➜ p. 129

(2007) THÈME : le luxe

Intérêts du document
Une affiche publicitaire pour une eau de parfum dont l’argumentaire implicite repose sur
des associations entre les composantes d’une vie luxueuse et le parfum ; l’importance des
signes extérieurs de richesse associés à la marque Dior.

parfum Miss Dior Chérie. Le coin droit de l’image est

Pour analyser le document
1 Description de l’image
L’affiche publicitaire est composée d’une manière
équilibrée. Au centre et au premier plan domine la
présence de la jeune femme qui regarde le specta-
teur, un bras levé derrière la tête, l’autre le long du
corps et terminé par la chaussure du soir à haut
talon fin, marquée Dior, qu’elle tient à la main. On
la voit presque en entier. Elle est vêtue d’une robe
bustier de couleur rose, robe de cocktail ou de
soirée, qui évoque une vie mondaine : on pourrait
penser qu’elle rentre chez elle le matin, après une
soirée. Elle se trouve debout sur une pelouse devant
une construction à colonnade, de style classique,
d’architecture raffinée. Le décor comporte aussi de
grands arbres, de part et d’autre de la jeune femme et
de la demeure, et suggère l’existence de tout un parc
boisé. À gauche de l’image, sur une allée de gravier
blanc, est arrêtée, comme en attente, une voiture
de luxe (de type Cadillac, Rolls Royce, Bentley ou
Jaguar…) dont la couleur blanche évoque un souci
de raffinement. L’ensemble de ces éléments : belle
demeure classique, parc aux grands arbres, voiture,
tenue et vie de la jeune femme, connotent le luxe, la
richesse, la vie facile.
Ces connotations se retrouvent dans les différents
éléments textuels qui figurent sur l’affiche de manière
bien visible. Il y a d’abord ce que l’on peut considérer
comme un slogan, exprimé en anglais The luxury of
freedom : le luxe d’être libre. Au-dessous figure, en
italique avec des majuscules, le nom de l’eau de
occupé par la photo du flacon, de la même couleur
que la robe. Enfin, en haut à droite, presque au
niveau de la cime des arbres, figure la marque Dior.
Le flacon se trouve en dehors de l’image : il semble
posé sur une plaque de verre qui le reflète.
Les différentes composantes de la publicité s’organi-
sent autour du personnage central, qui incarne l’eau
de parfum : elle est Miss Dior Chérie.
2 La force d’incitation et de persuasion de
l’affiche
La force de persuasion de l’affiche vient de ce que,
avant même d’avoir lu le slogan The luxury of free-
dom, le spectateur a établi des analogies très fortes
entre le parfum et la notion de luxe : tout laisse
penser que si le parfum se trouve associé à une vie
mondaine facile, à la richesse, à la possession d’une
voiture de luxe, le choisir et l’adopter conduit, en
quelque sorte, à croire que l’on possède tout cela,
ou du moins à le laisser croire. La notion de liberté
est sans doute moins importante que celle de luxe,
associé à la possession de biens qui sont des signes
extérieurs de richesse. C’est sur cette association
que joue le publicitaire, la liberté étant connotée
par le fait que la vie évoquée ne semble soumise à
aucune contrainte.
Il n’est donc pas besoin de formule incitative, elle
est contenue dans l’ensemble des éléments choisis
et dans un principe d’assimilation : choisir Miss Dior
Chérie, c’est ressembler à la jeune femme de l’image,
qui est là pour faire rêver en incarnant le parfum.

Vers la synthèse ➜ p. 129

1 Deux documents : consigne ➜ p. 129 (NT).

2 Trois documents : extrait du texte poétique Le Mondain, de Voltaire (document 1 ➜ p. 113), extrait
de l’essai Le Luxe, de J. Castarède (document 2 ➜ p. 57), publicité pour Dior (document 3 ➜ p. 129).

Intérêts du rapprochement
Trois documents de genres différents et d’époques différentes traitent de la notion de luxe : l’un défend
le luxe au nom de valeurs humaines et économiques, l’autre s’efforce de le définir, le troisième l’illustre et
l’utilise dans une fonction de persuasion. Tous ont des éléments convergents.

167
 La consigne demande de mettre en évidence en
quoi l’image publicitaire regroupe à elle seule diffé-
rents éléments exposés dans les deux documents
textuels. Nous donnons ici les grandes lignes du
regroupement d’idées.
La confrontation des trois documents – extrait
poétique, extrait d’essai et affiche publicitaire – fait
apparaître qu’ils abordent des notions très proches
relatives au luxe, le premier parce qu’il en consti-
tue une défense efficace, le second parce qu’il en
expose les différents sens et les différents emplois,
le troisième parce qu’il en constitue une illustration.
Les points de rapprochement sont les suivants : le
raffinement et le superflu, la richesse et la somptuo-
sité, l’importance économique, le rêve.
I – RAFFINEMENT ET SUPERFLU : terme super-
flu employé dans le document 1 et dans le docu-
ment 2 et notion présentée (comme un jeu de mots)
comme nécessaire par Voltaire, idée reprise en réfé-
rence par J. Castarède ; idée que le luxe représente
ce qui n’est pas nécessaire, don, magnificence dans
le document 2, ornements, arts, abondance dans
le document 1 : il n’est jamais dit que le luxe, sous
la forme de la somptuosité et de l’abondance, est
nécessaire à la vie ; même idée ressortant de la publi-
cité : le luxe est associé à l’esthétique : beauté de la
jeune femme, élégance de la robe, équilibre du pay-
sage, nature des éléments (maison, voiture, eau de
parfum) qui ne sont pas indispensables pour vivre. Le
raffinement de ce que représente l’image est asso-
cié au bon goût : goût classique de l’architecture,
simplicité raffinée de la robe, raffinement du flacon ;
J. Castarède insiste aussi sur ce qui est rare, notion
évoquée par Voltaire lorsqu’il parle des denrées
exotiques.
II – RICHESSE ET SOMPTUOSITÉ : notion présente
dans les trois documents ; Voltaire compare son
époque (siècle de fer) à l’âge d’or, qui connote des
aspects paradisiaques de la vie ; il évoque l’or, les
richesses, les trésors. J. Castarède parle de magni-
ficence ; la publicité met l’accent sur l’argent : tout
ce qui est représenté est cher et signale un univers
dans lequel l’argent ne compte pas, parce qu’il n’est
pas un problème quotidien… : marque de parfum
et de haute couture, sorties et mondanités (robe et
sandales de la jeune femme), voiture de grand luxe
(une Rolls Royce), demeure classique située dans un
parc : ces éléments connotent une vie facile, sans
difficultés matérielles d’aucune sorte et consacrée
aux plaisirs, terme sur lequel insiste Voltaire à plu-
sieurs reprises.
168
III – IMPORTANCE ÉCONOMIQUE : domaine clai-
rement évoqué par les documents 1 et 2, implicite
dans le document 3, qui montre ce que l’on pourrait
considérer comme un patrimoine : biens possédés et
fortune permettant un certain type de vie ; l’omnipré-
sence de l’argent se marque dans le document 2 par
l’utilisation d’un lexique qui regroupe les mots valeur
sûre, marketing, vente, organisation, modes de ges-
tion, valeur d’investissement patrimonial. L’idée de
commerce et d’argent est également présente dans
le document 1 : Voltaire explique clairement que le
luxe est un moteur économique, qu’il facilite le rap-
prochement des contrées, fait connaître dans les
unes les produits (soie
( , or, trésors) des autres ; il par-
ticipe ainsi aux progrès des hommes ; la publicité,
rappelant ses fonctions (faire vendre), signale par les
références à l’argent (même s’il n’est jamais nommé)
que la réunion de tant d’éléments de luxe sur une
même image est là essentiellement pour vanter un
produit associé à un style de vie et significatif d’un
univers qui est aussi représenté pour faire rêver.
IV – LUXE ET RÊVE : évoquée à la fin du docu-
ment 2, la notion de rêve est clairement présente
dans le document 1 et dans le document 3. L’allu-
sion au paradis de l’âge d’or par Voltaire rappelle,
comme référence, le mythe de l’abondance, et donc
le rêve d’une époque heureuse où chacun bénéficie
de toutes les richesses du monde. J. Castarède pré-
sente le luxe comme une part de rêve, ce que l’on
comprend facilement à partir des différents sens du
mot : le luxe, c’est aussi, dans une acception cou-
rante, ce que l’on n’a pas et dont on rêve : l’air pur
dans une atmosphère polluée, le silence dans une
ville bruyante, la richesse montrée sur la publicité.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que cette
publicité « fonctionne » essentiellement à partir de
l’idée de luxe et d’argent : elle illustre un genre de vie
dont beaucoup de gens rêvent. Le luxe constitue un
moteur important de la publicité, précisément parce
qu’il fait rêver.
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 118 bas. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 148,
chapitre 12 (Analyser une œuvre d’art).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 129
1 Sujet ➜ p. 59 (NT).
Sujet ➜ p. 101. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique p. 124, chapitre 10 (Analyser un extrait
de roman).
2 Sujet ➜ p. 129 (NT).

DOCUMENT 3 Les Huit heures, affiche de Félix Alexis Doumenq
(1919)
Intérêts du document
La représentation originale d’une revendication concernant les huit heures sous une forme
destinée à frapper l’imagination par son double caractère figuratif et symbolique.
Pour analyser le document
1 Le monde ouvrier et les huit heures
Très équilibrée dans sa composition, l’affiche de
Doumenq est dominée par un gros cadran de pen-
dule surmonté d’un autre cercle, dont l’ensemble
évoque clairement une montre de gousset. Les deux
cercles placés l’un au-dessus de l’autre représentent
un gigantesque huit, qui renvoie au sujet de la reven-
dication, la journée de travail de huit heures. Sur le
cadran, l’heure indiquée est huit heures et presque
deux minutes. Sur le remontoir de la montre, on peut
lire les mots Confédération générale du travaill repris
par le sigle CGT avec la devise de ce syndicat « Bien-
être et liberté », et le logo, deux mains réunies en une
poignée symbolique de la notion de solidarité. Les
deux cercles qui constituent le 8 sont épais et noirs,
bien visibles. Ils sont surmontés de l’article LES, bien
centré, et suivis, en bas de l’affiche, du mot HEURES
pris entre deux groupes de personnages. Mais on
remarque d’autres éléments inscrits à l’intérieur des
cercles comme si la lecture de l’affiche ne cessait
de révéler des éléments nouveaux. Ainsi, les chiffres
des heures qui figurent normalement sur une montre
ou sur une pendule sont remplacés par les lettres du
verbe appliquerr au futur. On peut ainsi lire, de haut
en bas : CGT appliquera les 8 heures comme on peut
lire seule ton action appliquera les huit heures. Ce
gigantesque huit se détache sur un fond orange qui
montre, à l’arrière-plan, un contexte d’usines. D’une
masse assez indistincte de constructions émergent
des cheminées d’usines, des grues, des structures
métalliques, éléments qui soulignent une grande
activité. Tout à fait en haut de l’affiche est indiquée
sa source : Union des syndicats ouvriers de la Seine
et, sur la gauche, un texte qui s’adresse aux ouvriers
et aux employés, à la deuxième personne du singu-
lier. Le texte rappelle que le principe des huit heures
est acquis mais qu’il faut quand même agir, sans
doute pour que l’application soit effective et totale.
L’image fait en effet surgir la notion de lutte sous la
forme d’une petite mise en scène très illustrative : de
part et d’autre du mot HEURES qui figure en bas de
l’affiche, on aperçoit deux groupes dont chacun tire
sur l’extrémité d’une corde accrochée à la grande
aiguille de la montre. Du côté gauche, les person-
Analyser une publicité CHAPITRE
13
➜ p. 130
THÈME : le travail
nages appartiennent visiblement – on le voit à leurs
vêtements – au monde des ouvriers et à celui des
employés. À droite, comme il se doit, se trouvent des
représentants du patronat, ce qui se voit également
à leur apparence vestimentaire soignée : pardessus,
chapeaux. Ils tirent sur la corde qui marque Huit
heures et presque deux minutes, mais la corde est
presque rompue, ce qui signifie que l’aiguille va reve-
nir, sous la force de ceux qui tirent vers la gauche, du
côté des huit heures.
➤ Émanant de l’Union des syndicats ouvriers de
la Seine, eux-mêmes affiliés à la CGT, l’affiche est
là pour rappeler à ceux qui se sont battus pour les
obtenir que les huit heures journalières sont un acquis
qu’il faut faire appliquer et qu’il faut défendre.
2 L’association texte / image et le message
On peut observer que l’élément fondamental est le
huitt et que l’idée originale est d’avoir associé, de
plusieurs manières, ce huit à l’image de la montre,
qui souligne la question du temps. L’efficacité de
l’affiche vient ainsi de ce qu’elle peut être lue de plu-
sieurs manières, toutes convergentes. Verticalement,
l’expression les huit heures est particulièrement
visible. L’attention de celui qui regarde est attirée
par le 8 et les éléments de sens se mettent en place
grâce au texte ; la composition de l’affiche consti-
tue une sorte de mise en abyme des huit heures à
l’intérieur des huit heures puisqu’on lit huit heures
horizontalement sur le cadran qui lui-même indique
huit heures par ses aiguilles et par sa forme. Il y a
ainsi trois manières différentes d’associer le texte et
l’image autour de la notion de huit heures.
L’image est là pour donner plusieurs informations
et pour sensibiliser au moins une partie de ceux
qui la regardent. Les informations concernent la
participation de la centrale syndicale CGT, celle des
syndicats ouvriers de la Seine. On apprend aussi que
le principe des huit heures journalières est voté, mais
qu’il faut encore en défendre l’application, et ce, par
une action collective du monde ouvrier contre ceux
qui s’opposent à cette application. Un thème de lutte
ouvrière particulièrement important est ainsi illustré
de manière très figurative. Les relations entre le texte
qui se trouve à gauche et l’image apparaissent dans
la représentation du combat ouvrier / patronat pour
169
 faire bouger la grande aiguille et la ramener exac-
tement sur le huit. Le texte est important parce qu’il
engage l’avenir et montre que tout n’est pas gagné.
L’affiche combine de nombreux éléments opposés ;
elle a une grande force qui vient de son côté figuratif
et symbolique à la fois : le problème du temps de
travail est une donnée concrète illustrée de manière
Vers la synthèse ➜ p. 130
1 Deux documents : dessin de presse d’Honoré (➜ p. 85) et affiche publicitaire de Doumenq (➜ p. 130).
Intérêts du rapprochement
Mise en évidence sur les deux images de la notion de temps de travail, sous deux aspects différents, la
durée de la journée de travail en 1919 et la notion de flexibilité ; des similitudes dans la représentation
du temps.
La consigne demande d’énoncer des remarques fai-
tes à partir du rapprochement de deux images. Nous
donnons ici la présentation des deux documents et
quelques observations regroupées en un paragraphe
rédigé.
PRÉSENTATION
Les deux documents proposés sont tous les deux ico-
nographiques. Le plus ancien, qui date de 1919, est
une affiche de F. A. Doumenq qui incite les ouvriers et
les employés à agir pour l’application de la loi sur les
huit heures journalières. La notion de huit heures est
mise en relief sous plusieurs formes très visibles. Le
second document, de 1986, signé du dessinateur de
presse Honoré, évoque le problème de la flexibilité du
travail. Il est intéressant de faire apparaître certaines
similitudes dans le traitement du temps.
ÉTUDE COMPARÉE DES DEUX ILLUSTRATIONS
Les deux illustrations sont relatives au thème du
travail, et plus précisément du temps de travail, ce
qui apparaît immédiatement. L’attention de celui
qui regarde est attirée par la présence, sur chaque
image, d’une grosse pendule ronde et par des ges-
tes humains qui manifestent la volonté évidente d’en
faire bouger la grande aiguille. Ce qui apparaît aussi,
avant même toute interprétation, est la présence
d’un contexte associé au travail. Dans l’affiche
de Doumenq, on distingue un monde d’usines :
silhouette des toits, hautes cheminées qui fument,
grues et structures métalliques diverses. Il s’impose
de manière massive à l’arrière-plan. Dans le dessin
d’Honoré, il s’agit plutôt d’un monde de bureau
(activités tertiaires) représenté par des immeubles
géométriques. On remarque aussi des similitudes
dans les couleurs choisies.
La notion de temps est omniprésente et le thème
abordé est proche : il s’agit dans les deux cas de la
durée du travail. L’affiche interpelle les ouvriers et les
170
frappante par la montre ; le combat est lui aussi
illustré de manière concrète et même amusante (les
petits personnages semblent sortis d’une illustration
de BD ou de livre d’enfant). La construction de
l’ensemble est à la fois simple et complexe, et facile
à comprendre : l’affiche parle à tous, de manière
efficace.
employés pour que leur action commune conduise à
l’application des huit heures : l’injonction qui figure
à gauche sur l’affiche est illustrée par le groupe
d’ouvriers et d’employés qui tirent sur la corde pour
faire revenir l’aiguille sur le huit. Mais il est important
de constater que même si l’opération est patronnée
par la CGT et les syndicats ouvriers de la Seine, le
point d’aboutissement de l’action – faire appliquer
les huit heures – est présenté comme entre les mains
de ceux qui sont concernés et qui doivent se battre
contre l’obstacle du patronat. Le dessin d’Honoré
présente plutôt un employé en fâcheuse posture : il
est accroché à l’aiguille de la pendule, qu’il s’efforce
de faire bouger alors qu’elle semble désespérément
immobile et fixe. Ces efforts visiblement difficiles,
avec un effet de déséquilibre, sont étroitement asso-
ciés au texte exclamatif : Pas trop flexible, quand
même, le temps de travail ! Le personnage fait plus
figure de victime que d’employé actif. C’est là une
grande différence entre les deux illustrations.
On peut encore noter une autre différence dans le
« style » adopté. Le dessin d’Honoré est visiblement
inspiré d’une image de film. Il s’agit de Safety Last
(titre français Monte là-d’ssus) du metteur en scène
F. C. Newmeyer, réalisé en 1923, et de l’acteur
Harold Lloyd essayant d’arrêter le temps dans une
position très inconfortable. L’affiche de Doumenq
emprunte ses personnages (les deux groupes en bas
de l’image, ouvriers d’un côté, patrons de l’autre) à
une bande dessinée ou à un livre pour enfants. La
représentation, un peu naïve dans sa forme, est très
significative.
2 Deux documents : consigne ➜ p. 130 (NT).
3 Trois documents : consigne ➜ p. 148. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 196, chapi-
tre 15 (Analyser une photo).
4 Quatre documents : consignes ➜ p. 148 (NT) et
p. 158 (NT).

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 130
1 Sujet ➜ p. 55. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 52, chapitre 6 (Analyser un extrait
d’essai).
Sujet ➜ p. 77 (NT).
A P P L I C ATION
DOCUMENT 4 Publicité de Victor Vasarely pour Air France
(1946)
Intérêts du document
Image qui regrooupe des éléments connotant la magie du voyage : traversée des océans,
changement de continent et d’hémisphère, dépaysement, sillage lumineux qui évoque ce-
lui d’un bateau, mais accent mis sur l’aviation et rappel, par là, des temps héroïques de
l’aéropostale.
Pour analyser le document
1 Description de l’image
Conçue par le peintre Victor Vasarely, l’affiche Air
France de 1946 est construite sur des lignes et sur
des contrastes de couleurs. Ce qui attire l’attention est
une ligne jaune, très lumineuse, qui suit à peu près la
diagonale coin bas à gauche / coin haut à droite à cette
différence près qu’elle s’arrête à peu près aux 2/3 de
l’image. Tracée de cette manière, cette oblique crée une
ligne de perspective qui dessine un parcours vers un
but lointain, que l’on voit se dessiner en silhouette. On
reconnaît des montagnes et le « pain de sucre » de la
ville de Rio de Janeiro au Brésil. Se trouve ainsi établie
la jonction entre les lieux de destination et les termes
Amérique du Sud qui figurent en bas de l’affiche. La
ligne lumineuse, qui pourrait représenter une piste de
décollage d’un avion ou encore un reflet, est bordée
de deux lignes vertes, puis de deux zones de couleur
violette. On peut penser que l’auteur a rassemblé la
lumière, la terre (recouverte d’herbe, d’où le vert) et la
mer à traverser pour passer d’un continent à l’autre
(France / Amérique du Sud). Cette impression d’eau
est renforcée par la multiplicité de petites courbes qui
évoquent des vagues et la surface de la mer. Au-dessus
Vers la synthèse ➜ p. 132
1 Deux documents : consigne ➜ p. 132 (NT).
2 Trois documents : consignes ➜ p. 132 (NT) et p. 88 haut (NT).
Analyser une publicité CHAPITRE
13
2 Sujet ➜ p. 85 (NT).
Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité p. 197 de ce guide
pédagogique, chapitre 15 (Analyser une photo).
➜ p. 132
THÈME : le voyage
de cette longue traînée lumineuse, figure un avion dont
on aperçoit une partie (une aile et deux moteurs) en
silhouette sur un astre lumineux (comme la traînée sur
la mer) et rond, probablement la lune, qui se dessine
sur un fond rose et violet. Ainsi se trouve dessiné le
parcours aérien (au-dessus de la mer) des avions des
lignes d’Air France vers l’Amérique du Sud.
2 Les connotations
On peut trouver plusieurs associations dans l’affiche.
Si l’on part du bas de l’illustration, les mots Amérique
du Sud et Air France connotent les voyages lointains,
exotiques, des contrées mal connues, un pays gigan-
tesque et fascinant comme le Brésil. Peuvent alors
remonter à la mémoire ou à la sensibilité les grands
voyages de découverte, les conquistadors, des ima-
ges stéréotypées de civilisations anciennes. Tout cela
nourrit le rêve du Brésil, entraperçu dans le lointain
comme la récompense du voyage. Il y a aussi l’océan,
illuminé par le tracé lumineux, piste, parcours, trajec-
toire, qui évoque le mystère de la nuit, les profondeurs
et l’extraordinaire reflet de la lune. Tout est empreint
de mystère, de lointain inconnu, de lumière. Le voyage
est assimilé à la découverte, comme si l’avion avait
pour destination un continent nouveau assimilé à la
sphère lumineuse que l’on aperçoit au loin.
171
 3 Quatre documents : « Les conquérants », sonnet de J. M. de Heredia (document 1 ➜ p. 108) ; affiche
de V. Vasarely (document 2 ➜ p. 132) ; extrait de Tristes tropiques, de C. Lévi-Strauss (document 3 ➜ p. 61) ;
photo de Martin Parr (document 4 ➜ p. 153).
Intérêts du rapprochement
Regroupement de quatre documents autour de deux notions antithétiques : d’une part la magie et la fas-
cination des voyages, d’autre part leur caractère décevant et stéréotypé, et leur révélation de la pollution
et du manque d’originalité.
Nous donnons ici la présentation des documents et
les grandes lignes d’un plan en deux grandes parties,
celles qui sont suggérées par la consigne.
PRÉSENTATION
Les voyages, en particulier ceux qui conduisent vers
des terres inconnues, ont, à toutes les époques,
constitué à la fois un rêve pour beaucoup et une
réalité pour certains, qui se sont aventurés sur des
voies non fréquentées. Quatre documents abordent
le thème des voyages. Deux sont des documents
textuels, le sonnet « Les conquérants » (1893) dans
lequel J. M. de Heredia célèbre les conquistadors,
et un extrait de Tristes tropiques, de l’ethnologue
C. Lévi-Strauss (1955), dont le titre révèle la décep-
tion. Une affiche publicitaire du peintre Vasarely
pour Air France (1946) célèbre le mystère des
voyages tandis qu’une photo de Martin Parr montre
ce que sont devenus les voyages dans la société
de consommation. Le caractère antinomique du
contenu des documents conduit à étudier, dans
une première partie, la notion de rêve rattachée aux
voyages, et dans une seconde partie une certaine
forme de réalité.
I – VOYAGES ET RÊVES
L’idée se trouve dans tous les documents, sous des
formes différentes. Ainsi, dans les deux documents
textuels, la notion de rêve est directement exprimée
à travers le choix du lexique, rêve héroïque dans
le document 1, promesses rêveuses dans le docu-
ment 3. Sous une forme élogieuse, les deux textes
évoquent la magie des voyages, le dépaysement
qu’ils provoquent, les découvertes qui en sont l’ob-
jectif : dans les deux documents, il est question des
tropiques, du fond des mers du Sud ou de l’océan.
Le charme des voyages vient des destinations envi-
sagées, qui doivent faire découvrir des civilisations
différentes. C. Lévi-Strauss énumère des régions et
des pays qui font rêver : ils sont lointains et nous
172
parlent de civilisations disparues. Heredia évoque
Cipango. Les mots sont chargés de connotations
mystérieuses et magiques. On retrouve ces mêmes
connotations dans l’affiche de V. Vasarely : lumière,
destination éloignée et fascinante, vol lointain vers
l’Amérique du Sud, profondeur violette de l’océan,
reflets lumineux. La photographie de M. Parr ne
comporte pas le même mystère, mais elle montre,
par la foule des voyageurs, en particulier des voya-
geurs japonais que l’on peut identifier, le goût du
voyage et de la découverte de civilisations anciennes
et différentes.
II – VOYAGE ET RÉALITÉ
Sur les quatre documents, deux attirent l’atten-
tion sur la fin des voyages associés aux rêves, à
la découverte, à l’inconnu et à la magie et sur la
prise de conscience décevante des méfaits de la
civilisation. Sous une forme très négative et très
critique, C. Lévi-Strauss dénonce la détérioration
des sites et des lieux sous les effets du progrès :
dévastation de la forêt amazonienne, urbanisation
intense et génératrice de bidonvilles, expansion
corruptrice de la civilisation, rejets destructeurs
de sous-produits de la civilisation. Ce qu’il met en
cause est le développement de la mondialisation
dont la photographie de M. Parr peut être une illus-
tration. Le photographe montre en effet un exemple
du tourisme de masse, qui fait que les lieux les plus
connus, ici le Parthénon, sont littéralement envahis
par des foules dont la présence finit toujours par
détériorer les sites. Ce sont aussi ces foules qui
imposent la construction de sites hôteliers dont
certains détruisent les paysages et les environne-
ments. Les critiques de C. Lévi-Strauss englobent
tout ce qui a tendance à uniformiser la culture à
travers la civilisation de masse. L’aventure originale
et fascinante des grands voyageurs est devenue
voyage de masse qui fait découvrir la même chose
à chaque voyageur.

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 132
1 Sujet ➜ p. 132.
Intérêts du sujet
Une réflexion « classique » sur un point de vue très pessimiste non seulement du voyage, mais de la
condition humaine. Le point de vue risque de provoquer des réactions personnelles intéressantes, à ca-
naliser sous une forme personnelle. Sur un thème facile, il peut y avoir là un bon entraînement à l’écriture
personnelle.
À partir d’un quatrain de Baudelaire, le sujet invite
à réfléchir sur une définition négative et pessimiste
qui fait du voyage un déplacement vain n’apportant
jamais au voyageur que l’image de sa déchéance
et de son désespoir. Les documents d’un corpus
consacré au voyage aident à trouver des idées qui,
ajoutées à des expériences personnelles, devraient
permettre aux étudiants d’exprimer un avis person-
nel. Comme il est peu probable que le point de vue
de Baudelaire soit adopté sans restrictions, plusieurs
démarches sont possibles :
– défendre une thèse relative au maigre savoir que
procure le voyage, reprenant les critiques concernant
la détérioration des sites (idées de C. Lévi-Strauss),
ou les ravages du tourisme de masse ;
– soutenir l’idée que le voyage, au contraire, est
formateur, enrichissant par ce qu’il fait découvrir, par
les expériences qu’il fait vivre, par la manière dont il
fait sortir de soi-même… ;
– définir à quelles conditions le voyage peut être
réellement enrichissant et formateur.
Nous donnons ici des idées correspondant à ces trois
orientations. Elles pourraient être trouvées au cours
d’un débat préparatoire, chacun puisant ensuite
dans les idées trouvées pour rédiger une partie du
devoir ou le devoir entier. Les idées données ici ne
sont pas hiérarchisées.
I – ASPECTS NÉGATIFS DU VOYAGE / REPRISE
DE LA THÈSE DE BAUDELAIRE
Les critiques portent d’une part sur les voyages,
d’autre part sur les voyageurs :
– inutilité du voyage qui révèle partout les mêmes
dégâts opérés par l’homme : urbanisation à outrance
selon les mêmes schémas de la modernisation :
villes et ports semblables partout dans le monde,
détérioration de la nature (reprise des idées de
C. Lévi-Strauss, p. 61) ;
– transformation des sites naturels en sites tou-
ristiques stéréotypés : infrastructures touristiques
demandées par les voyageurs, plus soucieux du
confort qu’ils attendent et des possibilités hôtelières
offertes (piscines, terrains de golf…) que de ce qu’ils
sont censés venir découvrir dans un pays étranger ;
Analyser une publicité CHAPITRE
13
– mise en place, dans les pays visités et par les
agences de tourisme, de spectacles folkloriques
divers destinés à répondre aux attentes stéréoty-
pées des voyageurs ; de nombreux spectacles de
ce genre sont inauthentiques et les connaissances
qu’ils apportent de la culture du pays sont inexactes
et conventionnelles ;
– modification du voyage lui-même, qui devient
voyage en groupe, organisé, déplacement de
masse : chaque voyageur est invité à voir ce qu’on
lui dit de voir, là où on le conduit et, souvent, il est
plus important de photographier que de voir (image
de Martin Parr, p. 153) ;
– caractère superficiel du voyage « sur catalogue »,
qui ne fait pas découvrir l’essentiel : contacts
humains avec les habitants des pays visités, expé-
rience authentique avec ses aléas, ses découvertes
inattendues, ses épisodes parfois inquiétants, ses
rencontres ;
– une manière de voyager dans un état d’esprit qui
consiste à emporter avec soi ses soucis et ses pré-
occupations en refusant toute possibilité d’ouverture
au monde : idée a priorii que « voyager n’est pas
guérir son âme », ou, comme le dit Sénèque dans les
Lettres à Lucilius : « si tu ne parviens pas à consoler
ton âme sous des cieux divers, ce n’est pas de ciel
qu’il faut changer, mais d’âme ».
II – ASPECTS POSITIFS DU VOYAGE
Deux éléments entrent en ligne de compte : le voyage
et la manière de voyager :
– il reste encore de nombreuses régions qui ont
échappé à la modernisation et dans lesquelles le
voyage peut être assimilé à une aventure, et ce, sans
aller dans des régions lointaines et exotiques : il y en
a en France ;
– le voyage apporte de nombreux plaisirs et de nom-
breuses connaissances. Dépaysement et découverte,
il enseigne à se débrouiller, il est formateur, il apprend
beaucoup sur soi-même. On a ainsi toujours consi-
déré que le voyage devait faire partie de l’éducation et
qu’il pouvait remplacer les études livresques. Il permet
en effet de se confronter directement, physiquement
et psychologiquement à la difficulté et à soi-même ;
on peut citer des voyageurs célèbres, Ulysse ou
173
 Télémaque, héros mythiques, mais aussi les grands
explorateurs Stanley, Livingstone, Charcot. On peut
penser aussi aux héros de Jules Verne ;
– le voyage permet, par la découverte d’autres
manières de vivre, d’autres cultures, d’autres
croyances, de relativiser son propre jugement et ce,
surtout si l’on voyage avec l’esprit ouvert et sans
préjugés ; le voyage aide à modifier des points de
vue trop catégoriques, les idées toutes faites. Rien
ne vaut une expérience personnelle et les réflexions
qu’elle entraîne.
➤ Le voyage, par l’expérience fondatrice qu’il
entraîne, contribue à une meilleure connaissance de
son environnement, ce qui conduit à une meilleure
connaissance de soi et de soi dans ses relations
avec le monde. C’est le sens de ce que l’on appelle
un voyage initiatique comme celui d’Ulysse ou celui
de Télémaque.
III – LES CONDITIONS D’UN VOYAGE FRUCTUEUX
– Il est important de savoir pourquoi on voyage et ce
que l’on attend du voyage.
DOCUMENT 5 Publicité pour la marque de vêtements de sport
Aigle (2007)
Intérêts du document
Une affiche publicitaire originale qui associe vêtements de sport et écologie, à travers une
image de nature à faire réfléchir sur le rôle des êtres humains par rapport à l’évolution de la
terre. Cette image fait réfléchir sur le pouvoir de la publicité.
Pour analyser le document
1 Description de l’image
L’affiche publicitaire pour la marque de vêtements
Aigle repose sur une structure équilibrée. Le pre-
mier plan, au centre, est dominé par la présence
d’un arbre qui semble très grand, de sorte qu’il est
difficile de déterminer les différentes proportions
de ce qui constitue le contexte à l’arrière-plan : une
vallée vue de haut et de loin dont on ne sait pas à
quelle échelle elle se trouve représentée. Faite de
terre rouge avec une végétation clairsemée mais
bien verte, elle ressemble à un paysage africain.
L’arbre du premier plan semble sec sauf à l’extré-
mité de certaines branches où se trouvent des sor-
tes de boules de végétation d’un vert très foncé. Le
coin en haut à gauche montre encore une branche
sèche et une autre, que l’on voit en partie et qui
comporte aussi une boule de feuillage. Le paysage
ne fait apparaître aucune habitation, aucune trace
humaine : on se trouve en pleine nature, avec une
174
– Si l’on voyage en groupe, il est important de
conserver son autonomie et de ne pas se comporter
comme les éléments d’un troupeau qui se laisse
conduire sans réagir, regardant ce qu’il faut regarder
et restant aveugle au reste.
– Il est essentiel de partir en laissant de côté un
certain nombre d’idées toutes faites et de préjugés,
de manifester de la curiosité et non un mépris
a priori à l’égard de ceux qui ont une manière de
vivre, de penser, de s’habiller… différente de celle
du voyageur.
– Il est important de ne pas transporter ses soucis
avec soi, de partir l’esprit libre.
➤ On pourrait ainsi établir une sorte de « charte » du
bon voyageur et faire à ce sujet quelques emprunts
à Montaigne.
2 Sujet ➜ p. 62 (NT).
Sujet ➜ p. 108. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 133, chapitre 11 (Analyser un extrait
poétique).
➜ p. 133
THÈME : la sauvegarde des forêts
brume qui cache l’arrière-plan de la vallée. La seule
présence humaine est étonnante : on voit en effet,
accrochée à un arbre, une silhouette qui ressemble
à un singe, mais qui se révèle (par ses pieds et par
ses mains, car on ne voit pas son visage) être un
homme. La totalité de l’image (paysage + person-
nage) n’étonnerait pas s’il s’agissait réellement
d’un singe. Le fait qu’il s’agisse d’un être humain
peut paraître incompréhensible… tant que l’on
n’a pas fait attention à la marque dont c’est là la
publicité.
Il faut en effet remarquer la présence, à proximité
du tronc de l’arbre, de trois éléments : le premier
est un logo qui montre un aigle en plein vol blanc
dans un cercle blanc. Le second est le nom d’une
marque de vêtements de sport, Aigle ; le troisième
est un slogan Pour la réintroduction de l’homme
dans la nature, disposé sur un disque de couleur
différente du fond. On remarque que le slogan
explique la nature de l’image : l’homme dans la
nature, à cela près que l’homme ressemble à un
singe, ou que l’image prend le slogan à la lettre

en montrant un homme réintroduit dans la nature,
comme le sont certains animaux en voie de dispa-
rition. Que signifie alors l’ensemble ?
2 La réintroduction de l’homme dans la nature
L’expression couramment utilisée dans le domaine
de l’écologie vise certaines espèces qui ont disparu
ou qui sont en voie de disparition. Par cette formule,
dans le contexte des vêtements de sport, l’atten-
tion de l’acheteur potentiel est attirée vers l’idée
– et c’est là un argument de vente efficace – que
l’achat de vêtements de la marque Aigle facilite le
retour de l’homme à la nature, ce qui est à prendre à
double sens : au sens « dénoté », les vêtements en
question permettent à l’homme de vivre – voire de
survivre – dans la nature, confortablement ; au sens
connoté (et écologique), l’homme ainsi réintroduit
dans la nature (et habillé par la marque Aigle) est
parfaitement adapté à celle-ci, en même temps qu’il
doit être conscient de la nécessité de la sauvegarder.
Vers la synthèse ➜ p. 133
1 Deux documents : consigne ➜ p. 133 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 150. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 199,
chapitre 15 (Analyser une photo).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 133 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 133
1 Sujet ➜ p. 133 (NT).
2 Sujet ➜ p. 133.
Intérêts du sujet
À partir de l’affiche pour la marque Aigle, qui est particulièrement intéressante, faire réfléchir sur les
modes de persuasion de la publicité et sur les thèmes abordés pour faire vendre ; vêtements, nature et
publicité : quels liens et pourquoi.
Comme pour un bon nombre de sujets d’écriture
personnelle, un moyen efficace de procéder est de
provoquer un débat susceptible de faire surgir des
arguments divers à partir desquels chacun peut faire
un choix pour rédiger une partie de devoir ou un devoir
entier. Nous donnons ici quelques arguments.
I – ARGUMENTS POUR UNE RÉPONSE NÉGATIVE
À LA QUESTION POSÉE PAR LE SUJET
Malgré l’exemple Aigle, qui peut s’expliquer par la
nature particulière des vêtements (sport et nature),
on peut être tenté de considérer que la publicité pour
des vêtements n’a rien à voir avec l’écologie.
– Il s’agit de domaines très différents. La publicité pour
les vêtements a plutôt tendance à vanter l’esthétique,
la solidité, le confort, le caractère à la mode, le textile
Analyser une publicité CHAPITRE
13
Dans l’idée de réintroduction, il y a nécessairement
l’idée d’une disparition antérieure : homme chassé
de la nature du fait de ses mauvaises actions, ou
homme devenu inadapté à la nature et incapable d’y
vivre… En combinant l’argument confort / adapta-
tion et l’argument écologique, la publicité a trouvé
deux moyens efficaces de persuader l’acheteur. En
achetant un vêtement Aigle, on peut penser que
l’on contribue à une action écologique et au déve-
loppement durable par l’effet d’une réconciliation,
à laquelle on participe activement, et avec bonne
conscience, entre les humains et la nature. La valeur
« sauvegarde de la nature » est ainsi mise en avant.
La publicité s’adresse presque plus à l’inconscient
de l’acheteur qu’à son raisonnement. On peut
ajouter enfin qu’il est sans doute amusé par l’image
de l’homme-singe grimpant à l’arbre, ce qui peut
d’ailleurs constituer un autre argument : porter des
vêtements Aigle rend aussi agile qu’un singe… Le
mythe de Tarzan n’est pas loin.
utilisé, et, derrière tout cela, une marque particulière.
– La sensibilisation à l’écologie passe par le respect
de l’environnement : il s’agit donc essentiellement de
comportements à adopter (respecter les plantations,
ne pas souiller la nature, ne pas gâcher l’eau, éviter
l’abus de produits détergents et de pesticides, ne pas
gâcher l’énergie, nettoyer les sous-bois pour éviter
les incendies, prendre conscience de l’existence de
la biodiversité et éviter de « casser » les chaînes qui
la constituent).
– Cette sensibilisation « citoyenne » passe par des
campagnes de presse qui utilisent la publicité, par
l’école, par des affichages divers dans les lieux tou-
chés par ces problèmes. Les supports et les moyens
mis en œuvre sont officiels.
– La publicité pour les marques de vêtements a pour
175
 visée première de vendre et pour cela de persuader le
consommateur d’acheter un vêtement. Il est proba-
ble que les marques se sentent peu concernées par
le souci écologique : elles auraient plutôt tendance à
« pousser à la consommation ».
II – ARGUMENTS EN FAVEUR D’UNE RÉPONSE
POSITIVE À LA QUESTION POSÉE PAR LE SUJET
On pourrait imaginer cependant que la publicité
qui touche à l’habillement s’intéresse aux ques-
tions écologiques, au développement durable, en
particulier lorsqu’il s’agit de vêtements relevant de
ce que l’on appelle « l’écologie textile » (vêtements
faits dans des textiles sans risque pour la santé).
– Mise en évidence de l’adaptation des vêtements
considérés à diverses modifications climatiques
observées.
– Mise en évidence des conditions de culture des
fibres textiles utilisées pour la fabrication des vête-
DOCUMENT 6 Publicité pour Perrier (1998)
Intérêts du document
Une publicité originale qui permet d’analyser certains ressorts de la publicité sans slogan
ni argumentaire.
Pour analyser le document
1 Les composantes de l’image
La publicité proposée met en scène une personne
dont on voit seulement le T-shirt de couleur orange
vif, et une partie des mains. On ne voit ni sa tête,
ni le reste de son corps, éléments dont la publicité,
telle qu’elle est conçue, n’a aucun besoin. Le per-
sonnage dont on voit si peu de choses se trouve à
proximité d’une table dont on aperçoit un coin, ce
qui laisse penser qu’il se trouve à la terrasse d’un
café. Trois éléments sont particulièrement mis en
valeur : la bouteille de Perrier, sur laquelle on voit
nettement la marque, un verre qui comporte la
même marque et une tête sur le T-shirt, que l’on
reconnaît comme celle d’Einstein. On remarque
encore que la main droite verse le contenu de la
bouteille dans le verre, sur une rondelle de citron,
et que l’eau atteint le verre exactement au bout de
la langue d’Einstein, qui ouvre la bouche comme
si c’était là qu’il fallait verser le contenu de la bou-
teille. Ces trois éléments sont liés par leur fonction
et par leur sens. Ils sont liés aussi par leur dispo-
sition au centre de l’image et par le fait qu’ils se
rejoignent à un point crucial qui est la rencontre de
176
ments et insistance sur les particularités de ces
fibres (coton, soie, lin).
– Mise en valeur des qualités de certains vêtements
en fonction de leur utilisation dans un contexte
d’activités ou de pratiques sportives écologiques
(c’est le cas des vêtements de sport ou de ceux qui
sont portés par des gens vivant dans des conditions
extrêmes : grand froid par exemple).
➤ Il y a certainement des possibilités d’allier éco-
logie et mode et sans doute certaines marques le
font-elles déjà. On peut cependant s’interroger
sur des alliances certainement plus commerciales
qu’écologiques – qui consistent à vanter les qualités
écologiques d’un vêtement ou d’un textile plus que
les principes écologiques eux-mêmes – et penser
que l’écologie n’est pas (ne serait pas) la finalité de
telles publicités mais seulement une démarche visant
à faire mieux vendre. En ce sens, la publicité Aigle pré-
sente, par sa formule de slogan, une réelle originalité.
➜ p. 134
THÈME : la publicité
la langue, de l’eau venue de la bouteille et du verre
dans lequel elle est versée. On comprend le rôle
du T-shirt : il justifie la présence d’Einstein sous la
forme d’une effigie.
2 Sens et interprétation
Par le biais plausible du personnage qui porte un
T-shirt représentant la tête d’Einstein, se trouvent
réunis sur la publicité une bouteille de Perrier, un verre
et le personnage assoiffé. Toute l’originalité de cette
publicité qui ne comporte ni slogan ni argumentaire
consiste à faire comprendre qu’Einstein aime boire
de l’eau Perrier, qu’il s’en trouve très bien en cas de
grande soif (on remarque l’air réjoui du personnage) et
que l’eau Perrier, ainsi appréciée d’un homme à l’intel-
ligence supérieure et reconnue, ne peut avoir que des
qualités et rendre aussi intelligent que lui. On pourrait
imaginer une formule du genre : « Perrier, l’eau des
intelligences supérieures ». Ces différentes analogies
se mettent en place de manière quasi inconsciente :
il ne s’agit pas réellement d’un raisonnement logique,
mais de rapprochements qui s’associent par analogie,
selon une logique qui n’est pas celle de la pensée. Ce
qui vient à l’esprit immédiatement est quelque chose
comme « Einstein aime Perrier » sous-entendu « donc
Perrier est bon pour l’intelligence ».

➤ Comme certaines autres affiches publicitaires,
celle-ci montre qu’une publicité efficace est celle
qui met en jeu, à l’insu du spectateur, des éléments
d’analogie puisés dans sa culture, dans des référents
Vers la synthèse ➜ p. 134-135
1 Deux documents : consigne ➜ p. 134 (NT).
2 Deux documents : consigne ➜ p. 134. Ce sujet est traité p. 134 du livre de l’étudiant (exemple de
réponse rédigée).
3 Deux documents : dessin de presse de Faujour de 2006 (➜ p. 88) et affiche publicitaire de 1998 pour
Perrier (➜ p. 134).
Intérêts du rapprochement
Utilisation intéressante de deux documents iconographiques pour un exercice d’identification et de mise
en parallèle ainsi que de recherche des effets produits.
Le rapprochement des deux documents vise à faire
observer que, sur le thème de la publicité, ils n’ont
pas le même statut ni la même fonction, ce qui a
pour conséquence qu’ils joueraient un rôle différent
dans un corpus concernant ce thème.
● Le dessin de Faujour : dessin de presse prenant
la forme d’une bande dessinée sur un thème qui
est celui des relations sport / publicité. Deux thèmes
sont mêlés, le sport et les relations entre les joueurs
de football et la publicité.
Dans un corpus sur la publicité, on retiendrait les
idées suivantes :
– la publicité trouve sa place dans les stades ;
– les grands joueurs sont utilisés par la publicité pour
faire connaître et soutenir des marques qui n’ont
rien à voir avec le sport en général et le football en
particulier ; on peut considérer qu’ils appartiennent à
une marque comme ils appartiennent à une équipe,
ce qui est une forme de dévoiement ;
– le monde du sport, et en particulier le football, est
« contaminé » par l’argent de la publicité et l’on peut
juger déontologiquement incorrect que les grands
joueurs se « vendent » de cette manière à des mar-
ques et que les deux parties y trouvent leur compte.
➤ Sur le thème de la publicité, l’image est une
dénonciation de certaines pratiques publicitaires
touchant le sport.
● L’affiche Perrier : affiche publicitaire qui est là
pour illustrer une manière de faire de la publicité.
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 135
1 Sujet ➜ p. 135 (NT).
2 Sujets ➜ p. 76 (NT), p. 157 (NT) et p. 100 (NT).
Sujet ➜ p. 120. Ce sujet est traité p. 151 de ce guide pédagogique, chapitre 12 (Analyser une œuvre d’art).
Analyser une publicité CHAPITRE
13
souvent collectifs, et susceptibles de participer à la
mise en place d’un raisonnement inconscient qui fait
naître une signification qui, elle, conduit à la persua-
sion « clandestine ».
Dans un corpus sur ce thème (la publicité), on retien-
drait :
– l’idée (travail du « créatif ») consistant, par une
mise en scène inventive, à rapprocher l’eau Perrier
du visage d’Einstein représenté sur un T-shirt. Sous
l’apparence d’une situation prise sur le vif à la ter-
rasse d’un café, il s’agit en réalité d’une mise en
scène originale et du rapprochement entre plusieurs
éléments dont le sens est « Buvez Perrier comme le
fait Einstein et vous deviendrez aussi intelligent que
ce savant » ;
– l’importance de la créativité dans une publicité et
les effets de surprise qui sont recherchés et mis en
place ;
– le fait que le « lecteur » fait ici lui-même les déduc-
tions qui s’imposent, si la publicité est efficace et bien
ciblée en l’absence de tout slogan ou argumentaire :
l’image « parle » d’elle-même ;
– une telle publicité, qui provoque le sourire, que l’on
juge « bien trouvée » et originale, ne suscite pas de
remarques sur l’argent, contrairement à ce qui se
passe dans le dessin de Faujour.
➤ Sur le thème de la publicité, l’affiche montre une
publicité et permet de comprendre sur quoi elle
s’appuie et quels sont ses effets.
4 Trois documents : consigne ➜ p. 120. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 150, chapi-
tre 12 (Analyser une œuvre d’art).
177
 P R O L O N G EMENTS
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
L’affiche de la campagne 2007 d’Amnesty Interna-
tional a pour objectif de sensibiliser à la situation
de très nombreux enfants soldats enrôlés de force
en Afrique. La photo montre de jeunes garçons
armés jouant au football avec un crâne, dans
un paysage dévasté dont les ruines sont encore
fumantes. La formule 300 000 enfants soldats
rêvent juste d’être des enfants met en lumière un
statut contradictoire : si l’on est un enfant, on ne
fait pas la guerre.
EXERCICE 3
Document 1 : « Quand on est un enfant soldat, avec
quoi jouer au foot ? » / « Quel ballon de foot pour les
enfants soldats ? »
Document 2 : « Avec Miss Dior Chérie, les attributs
du luxe » / « La vie selon Miss Dior Chérie »
178
➜ p. 135
Document 3 : « Lutter pour l’application des huit
heures » / « Agir pour les huit heures » / « Les huit
heures, tirer jusqu’à ce que la corde casse »
Document 4 : « Vers les continents lointains »
Document 5 : « Réconcilier l’homme et la nature »
« AIGLE : le retour aux origines »
Document 6 : « Einstein et Perrier : une rencontre
intelligente » « Einstein et Perrier, un transfert d’in-
telligence »
EXERCICE 4
Publicité Dior : « Pour une vie de luxe et de
liberté »
Publicité Air France : « Avec Air France, voyagez
vers la lumière » / « Avec Air France, suivez des
pistes lumineuses »
Publicité Perrier : « L’intelligence faite eau » « Avec
Perrier, vous aurez du génie »
CHAPITRE
14
un extrait de théâtre
A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Anton Tchékhov, Oncle Vaniaa (1897)
Intérêts du document
Un dialogue de théâtre très moderne, dont le thème relève – à la fin du XIXe siècle – de l’écolo-
gie ; un texte effi
fficace pour l’apprentissage de l’analyse des idées dans un extrait littéraire.
Pour analyser le document
1 Deux voix convergentes
L’extrait proposé comporte trois répliques de lon-
gueur très différente. La première est celle de Sonia
(12 lignes) ; la troisième est celle d’Astrov (tirade de
24 lignes). Entre les deux se glisse une objection de
trois lignes de Voïnitski. Les trois répliques portent
sur le même thème, la forêt. Mais il faut remarquer
que, dans sa réplique, Sonia ne donne pas exac-
tement son propre point de vue : elle parle d’As-
trov et la formulation qu’elle utilise, Il dit que (l. 4),
montre qu’elle reprend ses paroles. Ainsi, avant
même qu’Astrov ne prenne la parole, le spectateur
sait quel est son point de vue sur les forêts. Il est
intéressant d’observer les propos de Sonia : quand
elle reprend les paroles d’Astrov, elle utilise le dis-
cours indirect (l. 4), mais elle continue en semblant
oublier la formulation initiale « Il dit que… » de sorte
que l’on ne sait pas si, par la suite, ce qu’elle dit lui
appartient en propre ou s’il s’agit toujours (et uni-
quement) de ce que dit Astrov. Il y a là une certaine
ambiguïté dans le texte, lorsque l’on ne connaît pas
le contexte.
Au théâtre, il est toujours intéressant d’avoir le point
de vue d’un personnage (ici celui d’Astrov) énoncé
par un autre (ici Sonia), surtout lorsque le person-
nage dont on a donné le point de vue s’exprime
ensuite directement : le spectateur peut apprécier
la fidélité des propos et la manière dont ils ont été
compris. On remarque, dans le texte de Tchékhov,
que Sonia reprend des propos qui touchent essen-
Analyser
Livre de l’étudiant ➜ p. 136 à 144
➜ p. 136
THÈME : la sauvegarde des forêts
tiellement à l’influence bénéfique des forêts sur les
hommes tandis qu’Astrov insiste plus particulière-
ment sur les conséquences de la déforestation sur
l’environnement et sur ses relations personnelles
avec les arbres.
2 Qualités attribuées aux forêts / conséquen-
ces de leur disparition
La réplique de Sonia reprenant les propos d’Astrov,
puis celle d’Astrov, permettent de récapituler les
aspects positifs qu’ils prêtent l’un et l’autre à la forêt
et aux arbres. Ils insistent sur :
– l’effet esthétique des forêts sur la terre et sur les
hommes : selon Sonia et Astrov, les forêts ont un
effet embellissant sur la terre (l. 5), elles permettent
de comprendre ce qui est beau (l. 5) ; elles sont elles-
mêmes la beauté (l. 24) et elles rendent les êtres plus
beaux (l. 9) ;
– un effet civilisateur : toujours selon les deux person-
nages, les forêts ont un effet adoucissant et humain
sur les êtres, qui perdent de leur rudesse, acquièrent
grâce, élégance (l. 9 et 10), s’adoucissent, s’intéres-
sent aux sciences, aux arts et à la philosophie (l. 10),
avec une certaine joie de vivre. Les forêts rendent les
êtres plus humains et la vie plus heureuse.
À partir de ces effets civilisateurs et esthétiques, on
comprend la gravité des conséquences de la dispa-
rition des arbres en ce qui concerne l’être humain.
En ce qui concerne la nature, les propos d’Astrov font
apparaître le caractère désastreux de la destruction
des forêts. Ces conséquences sont essentiellement
179
 la disparition d’un équilibre écologique : d’un point
de vue moins axé sur l’homme et plus sur la nature,
Astrov dénonce les modifications de ce que l’on
appelle maintenant la biodiversité. De manière très
moderne, il souligne les réactions de destruction en
chaîne : la disparition de certaines espèces anima-
les (l. 19, 20, 27), les modifications de l’hydrographie
(l. 20), les changements climatiques (l. 27-28), les
transformations d’apparence de la terre elle-même
et des paysages (l. 21 et 28).
➤ Les propos de Sonia reprenant ceux d’Astrov
insistent sur le côté bénéfique des forêts, laissant
au spectateur le soin de conclure aux effets négatifs
de leur disparition. Lorsque c’est Astrov qui parle,
il aborde directement les conséquences désastreu-
ses de la disparition des forêts sur l’environnement :
c’est au spectateur de déduire le rôle équilibrant, sur
le plan écologique, de l’existence de la forêt. Le texte
ouvre la voie à toute une réflexion.

Vers la synthèse ➜ p. 137

1 Deux documents : extrait théâtral de Tchékhov (➜ p. 136) et extrait de presse (➜ p. 73).

Intérêts du rapprochement
Dans le cadre de l’apprentissage de la synthèse, un rapprochement très guidé de deux documents tex-
tuels dont il faut faire sortir les idées. L’exercice implique une démarche de sélection, de classification et
de reformulation qui peut conduire à un exercice de rédaction.

Nous donnons la reformulation des idées sous forme de tableau.

DOCUMENTS CONSTAT DE LA UTILITÉ DES FORÊTS CONSÉQUENCES DE LEUR

DÉFORESTATION DESTRUCTION

1. A. Tchékhov, Affirmation de Sonia : Fonction esthétique et Disparition d’éléments

Oncle Vania, 1897 Astrov plante tous les ans
Extrait de théâtre de nouvelles forêts (sous-
Thème : la entendu : pour remplacer
disparition des celles qui sont détruites).
forêts Propos d’Astrov :
affirmation de la
destruction des forêts
russes (l. 18-19) et de la
mort de milliards d’arbres
(l. 19) ; affirmation qu’il
y a de moins en moins de
forêts ; allusion aux forêts
sauvées du déboisement.
2. J. Alia, extrait Évocation d’un exemple
de presse, Le Nouvel particulier de catastrophe
Observateur, 2000 due à un phénomène
Thème : la tempête naturel, la tempête
de 1999 de décembre 1999,
qui a causé de graves
dégâts dans les forêts :
100 millions de
mètres cubes de bois,
250 millions d’arbres
détruits ; chiffres et
pourcentages insistant sur
l’ampleur catastrophique
des dégâts.
culturelle des forêts : elles
donnent le sens de la beauté,
adoucissent le tempérament
des êtres humains, leur
confèrent une certaine
élégance, les rendent plus
sensibles et plus créatifs.
Les forêts participent à
un équilibre des éléments
naturels, flore, faune,
rivières, climat.
Beauté des lieux ; importance
des arbres dans l’histoire des
hommes, dont ils constituent
une mémoire.
Arbres associés à des lieux
familiaux, qui se trouvent
détruits avec leur disparition.
Forêts utiles
économiquement et
financièrement : rentabilité
du bois, rentabilité de ce
qui pousse dans les forêts,
comme les champignons ;
existence des industries
du bois, qui font travailler
550 000 personnes.
pouvant rendre les êtres
plus humains et plus
sensibles.
Détérioration de
certains équilibres
naturels : disparition
de certaines espèces,
transformation des
rivières, enlaidissement
et appauvrissement de
la terre, disparition de
beaux paysages.
Disparition de lieux
marqués par l’histoire,
associés à d’autres lieux
historiques (Versailles
par exemple).
Catastrophe économique
avec un manque à gagner
important : le bois blessé
se vend moins bien et
risque de provoquer une
crise dans l’industrie du
papier ; certaines espèces
repoussent lentement
et le bois risque de
manquer.

180

➤ L’évocation de deux causes de déforestation, ou
de détérioration des forêts, l’action de l’homme et
celle des éléments naturels, est l’occasion de met-
tre en relief l’importance de la forêt, tout ce qu’elle
représente et tout ce qui la rend indispensable.
Analyser un extrait de théâtre CHAPITRE
14
Énumérer ses bienfaits, c’est dire indirectement
ce que l’homme perd en la détruisant ; énumérer
les conséquences désastreuses de sa disparition,
c’est expliquer pourquoi il est essentiel de la sau-
vegarder.

2 Trois documents : consigne ➜ p. 121 (NT*).

Trois documents : consigne 1 ➜ p. 150 (NT).
Trois documents : consigne 3 ➜ p. 150. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 199, chapitre 15
(Analyser une photo).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 93 bas. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 110,
chapitre 9 (Analyser un schéma, un document chiffré).
Quatre documents : consigne ➜ p. 133 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 150. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 200, chapitre 15
(Analyser une photo).

* Non traité.

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 137

1 Sujet ➜ p. 137 (NT).

2 Sujet ➜ p. 137.
Intérêts du sujet
Le sujet proposé doit permettre d’établir la différence entre le travail de synthèse fait uniquement à partir
des documents et de manière objective et le travail d’écriture personnelle, qui induit la subjectivité, les
prises de position et les références à toutes sortes de textes, ouvrages et documents.

Compte tenu du caractère personnel de l’écriture, nous
donnons ici une série d’arguments (non hiérarchisés)
au choix, pour aider à construire et à rédiger le devoir.
I – ARGUMENTS EN FAVEUR DE LA SAUVEGARDE
ET DE LA PROTECTION DES FORÊTS
● La forêt fait partie du patrimoine naturel du pays
et correspond à la fois à une histoire et à une nature :
qui a planté les forêts et quand / comment, quand
et pourquoi sont apparues les forêts / comment
s’explique leur composition / leurs relations avec le
climat et la vie des hommes : comme le dit J. Alia
en parlant d’un arbre, les forêts constituent une
mémoire vivante.
● La forêt est, pour de nombreuses raisons, un lieu
de rencontre privilégié de la nature et des hommes :
pour Ronsard et ceux qui croient à une forme d’ani-
misme héritée d’époques anciennes, la forêt est peu-
plée d’esprits, de nymphes et de divinités diverses,
qui permettent de mieux comprendre le monde ; pour
Baudelaire, elle est le lieu de découverte du sacré
(nature / temple / cathédrale, sonnet des « Correspon-
dances » et « Obsession » dans « Spleen et Idéal ») ;
elle est un important thème d’inspiration des artistes,
poètes, mais aussi peintres (paysages de la forêt de
Fontainebleau pour l’école de Barbizon), qui voient
dans les arbres de nombreuses analogies avec les
hommes (J. Supervielle). La forêt, lieu de découverte
(et parfois d’effroi : dans les contes et dans la réalité
historique, on peut citer la sinistre réputation de
certaines forêts aux alentours de Paris), est associée
aux croyances, à la mythologie, aux peurs ancestra-
les et aux histoires pour les enfants.
● La forêt (« poumon » d’une région) constitue un
milieu qui illustre la notion de biodiversité et d’écosys-
tèmes, avec des relations de vie très précises et très
imbriquées entre les différents éléments qui la com-
posent : nature des sols, flore, faune, circulation de
l’eau. La destruction d’un élément de la chaîne peut
entraîner la détérioration d’un ensemble qui fait partie
lui-même d’un ensemble plus important. Le résultat,
comme c’est le cas dans l’exemple des pluies acides,
est préjudiciable à la pérennité d’équilibres divers et à
la vie sous toutes ses formes. La déforestation a des
effets catastrophiques sur les sols, le ruissellement,
l’action des eaux, la nature des rivières.
● La forêt a une fonction économique importante qui
se voit dans diverses formes d’utilisation du bois :
consommation importante de papier, fabrication
des meubles, bois de chauffage ; son exploitation
dans l’industrie (ce qu’on appelle la filière bois) est
génératrice de nombreux emplois.
● À ces différentes raisons, qui ne sont guère discu-
tables, on peut ajouter des raisons plus personnel-
les : goût des promenades en forêt et explications
de ce goût : solitude, beauté des arbres, sentiments
181
 et émotions divers, calme et repos par rapport à
l’agitation de la ville, impression de « respirer », com-
munion avec la nature… On pourrait aussi envisager
à quelles conditions la forêt peut être sauvegardée.
II – LES CONDITIONS DE SAUVEGARDE DE LA
FORÊT ET DES ARBRES
● Un travail d’observation et de surveillance mené
par les forestiers de l’ONF (Office national des Forêts)
pour tenir à jour un état des lieux dans le cadre des
forêts appartenant à l’État : protection de la faune et
de la flore, lutte contre le braconnage, analyse des
espèces malades, détermination des zones de cou-
pes et des zones de protection des espèces mena-
cées, surveillance du nettoyage des taillis pour lutter
DOCUMENT 2 Jules Romains, Knockk (1923)
Intérêts du document
Une scène de théâtre qui révèle une conception étrange de la médecine ; un exemple du
pouvoir de persuasion de la parole dans un domaine particulièrement sensible, celui de la
santé ; un texte qui permet de comprendre comment un dialogue peut révéler une théorie
et des intentions.
Pour analyser le document
1 Les attentes de Knock et ce qu’il provoque
chez l’instituteur
Récemment installé, le docteur Knock se fait
connaître en convoquant systématiquement des
personnes qui peuvent lui être utiles. Après avoir
reçu le tambour de ville qu’il charge d’une annonce
importante à la population – une consultation gra-
tuite –, il a demandé à voir l’instituteur, M. Bernard,
et il apparaît dès les deux premières répliques qu’il
attend de lui une aide. Ses premières paroles sont
laudatives, il flatte son interlocuteur en faisant valoir
sa modestie, son autorité et son influence (l. 2 et 3).
Puis il précise ce qu’il attend de lui : pour débusquer
la maladie, comme il le dit, il est essentiel, selon lui,
que la population soit au courant des risques venus
des maladies. Il faut donc mener des campagnes de
prévention et d’information, rôle qui incombe tout
à fait à un instituteur, d’après Knock. La demande
d’aide est donc suivie de tout un exposé – qu’il fait
lui-même – destiné à devenir une conférence sur la
typhoïde, sur tout ce qui peut véhiculer la maladie,
totalement à l’insu du malade. La première confé-
rence doit être suivie d’une autre, qui doit persuader
chaque individu qu’il est un porteur potentiel de
germes, et qu’il est certainement dangereux. Le
182
contre les risques de feu de forêts (dans le Sud).
● Un travail de sensibilisation à destination du grand
public : respect des lieux, des plantations, installations
touristiques destinées à faire connaître et apprécier
la forêt : « L’Odyssée Verte » en est un exemple, les
cabanes et habitations dans les arbres sont un autre
exemple d’utilisation respectueuse et « écologique »
des arbres. Comme le montre avec humour la publicité
pour Aigle, on réintroduit ainsi dans un milieu naturel
une espèce « en voie de disparition », l’homme.
➤ Les raisons de sauvegarder la forêt sont nom-
breuses et importantes : cela demande l’action
conjuguée de l’État, des collectivités locales et des
simples particuliers. Cette démarche entre dans
l’idée globale de sauvegarde du patrimoine.
➜ p. 137
THÈME : les dérives de la médecine
discours de Knock a pour première finalité de faire
savoir à l’instituteur ce qu’il devra faire pour l’aider
à triompher de la maladie, grâce à la médecine.
On n’oublie pas que le sous-titre de la pièce est Le
Triomphe de la médecine.
Mais en même temps, il se révèle très clairement
que le docteur expérimente sur l’instituteur ce qu’il
souhaite étendre à l’ensemble d’une population : par
des explications, par les termes utilisés – termes qui
font peur (l. 21-24) –, par les images qu’il évoque, par
les situations dont il fait état, il provoque chez son
interlocuteur un véritable malaise : il le rend malade
et plein d’inquiétude par une mise en cause de plus
en plus personnelle. Ainsi, il fait d’abord appel à son
imagination, comme on le voit à la ligne 23, pour
finir par s’en prendre à lui de manière directe lors-
qu’il l’interpelle ainsi : Vous, par exemple… (l. 42).
L’expression Voilà justement ce qu’il faut (l. 27), qui
est à double sens, montre qu’il sait très bien ce qu’il
veut et que la confiance qu’il affecte à l’égard de
l’instituteur est tout à fait intéressée. Il teste sur lui
ce qu’il envisage de mettre au point à l’échelon de
toute sa clientèle et même de toute la population
environnante.
2 Médecin et médecine selon Knock
Les premiers propos de Knock n’ont rien d’alarmant :
médecin, il affirme vouloir combattre la maladie (l. 8),

ce qui justifie parfaitement une campagne d’informa-
tion (il
( s’agit d’instruire, l. 9) concernant les microbes,
les sources de certaines maladies particulièrement
graves. On pourrait penser que, de cette façon, le
médecin cherche à aider les gens qui l’entourent à
ne pas être malades. Mais il apparaît assez vite que
sa conception de la médecine n’est pas de faire en
sorte que les gens se portent bien. Il ressort du texte,
des propos de Knock et de sa manière d’utiliser l’ins-
tituteur, que son rôle est de guérir ou de soigner des
gens qu’il aura préalablement rendus malades ; car
s’il n’y a pas de malades, si les gens ne se soignent
pas, et n’appellent pas le médecin, à quoi ce dernier
sert-il ? Quelle est son utilité ? Quel est son rôle ? À
travers l’expérience menée sur l’instituteur – choisi
parce qu’il est le plus capable, comme intellectuel
raisonnable et instruit, d’opposer une résistance à de
tels procédés –, Knock cherche à se rendre compte
de l’efficacité de sa stratégie : rendre les gens psy-
chologiquement malades, et même dans certains cas
physiquement malades, pour trouver sa justification
de médecin dans la nécessité d’être là pour les soi-
gner : en cela résidera le « triomphe de la médecine »
obtenu par persuasion. Le fait que l’instituteur sorte
à moitié malade de son entretien avec Knock est de
bon augure pour ce dernier : il va pouvoir procéder
de la même manière avec d’autres, jusqu’à rendre
malade la population entière du canton. Le méde-
cin détient ainsi le redoutable pouvoir de créer des
DOCUMENT 3 Pierre de Marivaux, La Coloniee (1750)
Intérêts du document
Un dialogue de théâtre argumenté exprimant, en 1750, des revendications féministes et le
point de vue traditionnel des hommes ; un texte permettant d’étudier l’expression d’idées à
travers des propos qui mêlent des considérations immédiates et des réflexions plus géné-
rales.
Pour analyser le document
1 et 2 Avis opposés sur la condition des
femmes : thèses et arguments
Dès les deux premières répliques, il apparaît que
les thèses en présence – celle des hommes et celle
des femmes – sont opposées. Elles se précisent, se
justifient et s’approfondissent au cours de l’échange
de répliques. On peut récapituler ici les arguments
des deux camps.
● Thèse et arguments des femmes : la première
question posée par les femmes suggère qu’elles
Analyser un extrait de théâtre CHAPITRE
14
malades là où il n’y en a pas, par persuasion, pour
ensuite apparaître comme le sauveur. C’est là une
conception déviée de la médecine.
Vers la synthèse ➜ p. 139
1 Deux documents : consigne ➜ p. 139. Extrait
de Knock, de Jules Romains (➜ p. 137) et extrait
de presse (➜ p. 71) : sujet traité sous la forme d’un
paragraphe dans le manuel de l’étudiant (exemple
de paragraphe rédigé, p. 139).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 151 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 151. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 203,
chapitre15 (Analyser une photo).
Quatre documents : consigne ➜ p. 162. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 223, chapi-
tre 16 (Analyser un document de référence).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 139
Sujet ➜ p. 72. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 77, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
Sujet ➜ p. 162 (NT).
➜ p. 139
THÈME : la condition des femmes
pourraient participer à l’élaboration de la constitution,
et donc qu’elles se jugent à la fois dignes et capables
de le faire. C’est une première prise de position qui
équivaut à une thèse, celle-ci étant formulée dans les
lignes 14, 15, 16 : il s’agit d’une revendication selon
laquelle les femmes se jugent capables d’exercer
des emplois de finance, de judicature et d’épée.
Le premier argument énoncé en réponse à l’étonne-
ment d’Hermocrate est que les femmes n’exercent
pas de fonctions réservées aux hommes simplement
parce que leur éducation ne les y conduit pas ;
cette idée figure dans la formule nous n’avons été
poltronnes que par éducation (l. 18-19). La réplique
183
 de Madame Sorbin va dans le même sens : l’ap-
prentissage peut conduire à la maîtrise de différents
métiers.
Le second argument, en réponse à la stupéfaction
d’un des hommes présents s’écriant Des femmes
avocates ? (l. 26) et refusant par avance aux femmes
le sérieux nécessaire à la justice, consiste à récuser
une justice uniquement masculine et à souligner les
avantages qu’il y aurait à ce que des femmes siègent
en justice. L’implicite ici est la nature des femmes,
et le fait qu’elles représentent une grande partie de
l’humanité, mais cela ne sera dit clairement que dans
le dernier argument.
Le dernier argument, prononcé par Arthénice, rap-
pelle les défauts reconnus aux différents gouverne-
ments : ils ont le tort de ne considérer qu’une partie
de l’humanité, la plus faible (l. 49), constituée par les
hommes, et d’ignorer l’autre partie, les femmes.
➤ Comme on le voit, les femmes s’insurgent contre
un état de fait qui relève de la tradition et de l’édu-
cation et revendiquent une participation active à
l’élaboration des lois. C’est là un point de vue très
moderne pour 1750.
Vers la synthèse ➜ p. 141
1 Deux documents : extrait théâtral de Marivaux (1750, ➜ p. 139) et dessin de presse de Plantu (1988,
➜ p. 81).
Intérêts du rapprochement
Deux documents de genre et d’époque différents montrant la persistance des préjugés machistes et leur
caractère acrimonieux et mal fondé : les hommes dessinés par Plantu ne sont pas très éloignés de ceux
que met en scène Marivaux.
La réponse est faite en deux paragraphes accompagnés d’une introduction partielle et d’une petite
conclusion.
L’extrait de théâtre et le dessin de Plantu ont en com-
mun de rapporter une brève scène entre des hommes
et des femmes et, dans les deux cas, les femmes sont
mises en valeur soit à travers les signes de la réussite,
soit par leur capacité de répartie et par la qualité de
leur argumentation. Elles démentent ainsi, dans les
faits, les défauts et les faiblesses que leur prêtent les
hommes. On peut mettre en parallèle les comporte-
ments des hommes et ceux des femmes.
I – LES COMPORTEMENTS DES FEMMES
Dans le dessin de Plantu, la jeune femme repré-
sentée est, par la place qu’elle occupe et par ses
succès, l’incarnation symbolique de toutes celles qui
sont capables d’aller jusqu’au bout de leurs études.
Elle a accumulé les signes de la réussite, visibles aux
livres, aux diplômes et à la couronne de laurier, et a
donc fait la preuve des compétences intellectuelles
des femmes. Dans l’extrait de Marivaux, les femmes
184
● Thèse et argument des hommes : la seconde
réplique de l’extrait exprime très nettement la posi-
tion des hommes. En matière de distribution des
rôles, ils suivent la tradition. Le lot des femmes est
donc de ne rien faire d’autre que d’obéir à leur mari
et s’occuper de leur maison (l. 5-7). Mis à part cet
argument, l’argumentaire des hommes ne comporte
rien de vraiment solide : ils s’étonnent des revendi-
cations des femmes, ce que soulignent les expres-
sions exclamatives, D’épée, Madame ? (l. 17), Des
femmes avocates ? (l. 26) et rappellent le caractère
a priori stupéfiant d’un tel projet, puis ils ne trouvent
rien d’autre que de plaisanter sur la question des
coiffures des juges, peu adaptables aux coiffures
féminines. Autant dire qu’ils n’ont pas d’arguments
à opposer à ceux des femmes et se retranchent der-
rière des jeux de mots pour masquer leur faiblesse
argumentative.
➤ Le point de vue des hommes est limité à l’image
traditionnelle de la femme : n’ayant rien à proposer,
ils ne sont pas réceptifs aux arguments des femmes
et y répondent par des plaisanteries.
n’en sont pas là, mais elles affirment qu’elles ont
les capacités leur permettant d’occuper des postes
semblables à ceux des hommes. Un de leurs argu-
ments, selon lequel leur incapacité supposée vient
de leur éducation et qu’il suffirait d’un apprentissage
pour égaler les hommes, est tout à fait moderne, et
se trouve illustré dans le dessin de Plantu. D’ailleurs,
par la force et la pertinence de leur argumentation,
les héroïnes de Marivaux montrent déjà qu’elles
savent se faire les avocates de leur propre cause,
avec sérieux, réflexion, sagesse et humour. Il y a là
de quoi rendre certains hommes jaloux.
II – LES COMPORTEMENTS DES HOMMES
Il est intéressant d’observer des similitudes entre les
hommes de la pièce de Marivaux et ceux du dessin
de Plantu. Dans la pièce de théâtre, ils sont assurés,
arrogants et moqueurs, jouent les étonnés face aux
revendications des femmes et leur proposent des

explications peu pertinentes et nettement dévalo-
risantes (les références au bonnet carré, d’abord,
aux maris trompés ensuite). Tout se passe comme
si elles ne pouvaient être considérées comme des
interlocutrices dignes de ce nom, face à l’importance
et à la position assurée des hommes. L’intervention
des femmes semble être considérée comme une
aimable plaisanterie. Dans le dessin de Plantu, on
trouve un « climat » peu différent : l’incrédulité des
hommes devant la réussite de la jeune femme leur
inspire des propos acerbes qui rappellent que pour
certains hommes, une femme ne peut revendiquer
une réussite totale que si elle est attrayante et
agréable à regarder. Les propos tenus par les deux
hommes ne sont pas fondamentalement différents,
dans l’esprit, des remarques désobligeantes des
hommes de la pièce : dans les deux cas, les hom-
mes semblent attendre des femmes qu’elles restent
à leur place (maison, famille) et qu’elles ne cherchent
pas à entrer dans le domaine professionnel réservé
aux hommes, surtout si elles ne présentent pas les
qualités physiques attendues.
➤ L’émancipation des femmes et certains change-
ments légaux font que de nos jours les femmes peu-
vent accéder aux mêmes emplois que les hommes.
Cela n’empêche pas certains de conserver des façons
de voir proches de celles des personnages masculins
de Marivaux : étonnement devant les ambitions des
femmes, incrédulité devant leur réussite, dévalorisa-
tion de leur statut et importance déplacée attachée à
l’apparence physique. Les deux documents montrent
qu’il y a des mentalités difficiles à modifier.
A P P L I C ATION
DOCUMENT 4 Louis Jouvet et Brigitte Jaques,
Elvire Jouvet 40 (1986)
Intérêts du document
Un dialogue enttre un professeur d’art dramatique lui-même acteur de grand talent et une
élève, à propos d’une scène de Dom Juan particulièrement difficile : les exigences du pro-
élève
fesseur et les explications de l’élève sur la difficulté de jouer du fait des oppositions entre la
personnalité de la comédienne et ce que demande le rôle.
Pour analyser le document
1 Le thème de l’échange de paroles
Le dialogue entre Claudia et Louis Jouvet porte
sur la difficulté rencontrée par la comédienne pour
jouer une scène de Dom Juan, pièce dans laquelle
Analyser un extrait de théâtre CHAPITRE
14
Deux documents : consigne ➜ p. 61. Ce sujet est
traité p. 59 de ce guide pédagogique, chapitre 6
(Analyser un extrait d’essai).
Deux documents : consigne ➜ p. 160 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 81. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 91, chapi-
tre 8 (Analyser un dessin de presse).
Trois documents : consigne ➜ p. 123. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 155, chapitre 12
(Analyser une œuvre d’art).
Trois documents : consigne ➜ p. 160. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 220, chapi-
tre 16 (Analyser un document de référence).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 81 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 97. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 114, chapitre 9
(Analyser un schéma, un document chiffré).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 141
1 Sujet ➜ p. 141 (NT).
2 Sujet ➜ p. 97. Ce sujet est traité dans ce
guide pédagogique, p. 115, chapitre 9 (Analyser un
schéma, un document chiffré).
Sujet ➜ p. 160 : on trouvera des éléments concernant
ce sujet p. 243 du livre de l’étudiant, chapitre 25.
➜ p. 142
THÈME : le comédien en scène
elle incarne Elvire. La difficulté est soulignée par des
expressions comme Jamais je n’arriverai à ça (l. 1),
tu y es presque (l. 4), Tu dois y arriverr (l. 5), mais on
remarque aussi que le professeur analyse la manière
de jouer de la comédienne, en lui faisant un certain
nombre de reproches : tu as mal joué le jeu, tu as
truqué, tu as maquignonné (l. 7, 8) dont certains
185
 peuvent paraître paradoxaux. L. Jouvet mêle en effet
des compliments relatifs à l’intelligence du jeu de
Claudia et des reproches concernant une connais-
sance insuffisante du personnage. Il semblerait ainsi
que le professeur reproche à son élève d’accorder
trop d’importance à la forme de son jeu par rapport
à l’interprétation du caractère et des sentiments du
personnage. Le dialogue aborde aussi certains traits
de caractère de la comédienne, en particulier son
orgueil, qui l’empêche de se mettre vraiment « dans »
le personnage parce qu’elle se considère comme
au-dessus. Le début du dialogue est entièrement
dominé par les paroles de L. Jouvet, Claudia restant
un peu à l’écart, comme si elle n’osait pas répondre.
Mais à partir de la question de la ligne 35, Je peux
répondre ?, elle s’explique, aborde la question du
temps qu’il lui faut pour préparer la scène et s’efforce
de trouver des éléments de réponse susceptibles de
faire changer la position du professeur.
➤ L’ensemble des échanges porte sur la manière de
jouer en combinant nécessairement le personnage
à incarner, le tempérament de la comédienne et les
demandes du professeur concernant la manière de
jouer. Il ressort des propos qu’interpréter un rôle
exige beaucoup de travail et que les résultats sont
très inégaux.
2 Les grandes lignes de la leçon
Comme on peut le voir dès le début de l’échange,
le professeur fait alterner encouragements et repro-
ches. On peut faire sortir de ses propos quelques
grandes lignes de son enseignement.
– L’important, dans une scène, ce n’est pas de jouer
de manière éblouissante comme s’il s’agissait d’une
épreuve de concours (c’est-à-dire être le meilleur),
mais d’être exactement dans la sensibilité, dans
les sentiments du personnage, ce qui implique une
compréhension en profondeur de l’intrigue et du
Vers la synthèse ➜ p. 143
1 Deux documents : extrait de l’essai de Diderot, Paradoxe sur le comédien (➜ p. 55) ; extrait théâtral,
Elvire Jouvet 40 (➜ p. 142).
Intérêts du rapprochement
Dans les deux extraits, de genre différent, mais se ressemblant par la présence de dialogue, il est ques-
tion de sensibilité et de manière de jouer. L’extrait théâtral met en scène un homme de théâtre, dont il est
intéressant de confronter les idées avec celles de Diderot (époque différente, « métier » différent, point
de vue divergent).
Les deux documents abordent l’un et l’autre le jeu
théâtral mais à partir de situations très différentes :
Diderot met face à face, dans un entretien presque
théâtral, deux interlocuteurs qui parlent du jeu du
comédien. On pourrait presque penser que ces deux
186
personnage à interpréter : la formule de L. Jouvet :
la technique qui ne vient pas du sentiment, c’est du
chiqué (l. 12-13) exprime avec clarté la nécessité de
ne pas considérer la seule technique, mais l’intérieur,
ce qu’il y a de profond dans le personnage, ce qui
vient de sa psychologie, de ce qu’il est et de ce qu’il
ressent.
– Un deuxième point important est l’existence, chez
certains comédiens – c’est le cas de Claudia –,
d’une intelligence dramatique qui leur permet de
voir très vite ce qu’il faut faire ; mais cette intelli-
gence dramatique peut aussi être un obstacle à la
force et à la sensibilité du jeu parce qu’elle oriente
vers la technique d’exécution, technique présentée
ici comme « calculée » et sans doute pas assez
spontanée. Il faut aussi que cette intelligence se
concilie avec une forme d’orgueil qui peut avoir
tendance à considérer certaines scènes comme
faciles et à ne pas les jouer avec autant de force
que d’autres, plus difficiles. Il y a là un reproche fait
par L. Jouvet à Claudia.
– Un troisième point est la nécessité, comme le dit
L. Jouvet, de se sortir les tripes (l. 15) en rejetant à la
fois toute forme de timidité et toute forme d’orgueil,
deux extrêmes qui s’opposent à un jeu sensible et
sincère.
➤ Il ressort des recommandations et des reproches
faits par L. Jouvet que le métier de comédien exige
tout un travail préalable de préparation. Ce travail
demande la compréhension du personnage à incar-
ner (intelligence dramatique), de ses motivations
et de sa sensibilité, ainsi que la compréhension du
contexte de la scène. Ce travail prépare le jeu, qui
doit être une extériorisation au cours de laquelle
la technique est dépassée au profit du sentiment.
Les éléments qui entrent en jeu sont multiples et ne
concernent pas uniquement le comédien interprète.
C’est pourquoi jouer la comédie est si difficile.
interlocuteurs sont deux « faces » de lui-même. L’ex-
trait d’Elvire Jouvet 40 met en scène un professeur
d’art dramatique lui-même grand comédien face à
une apprentie comédienne. Dans le premier cas, le
discours reste théorique ; dans le second, l’échange

de paroles se fait en situation, en prise directe sur la
réalité du jeu et la comédienne est confrontée aux
remarques de son professeur. Le rapprochement
des deux documents montre qu’il y a entre eux des
points communs et des différences.
I – LES POINTS COMMUNS
La grande question qui ressort des deux documents
est celle de la manière de jouer et plus précisément
le rôle de la sensibilité du comédien dans l’inter-
prétation de ses personnages, par rapport au rôle
de la réflexion, de l’observation et de la capacité
d’imitation. Dans le premier texte, celui de Diderot,
la sensibilité et la réflexion sont mises en opposition,
la seconde l’emportant sur la première. Dans le dia-
logue entre L. Jouvet et Claudia, il est aussi question
de sensibilité. L’expression sentir une scène, les
références à des sentiments, la tendresse, la colère,
la formule imagée se sortir les tripes, insistent sur une
extériorisation des sentiments, sur un jeu spectacu-
laire, sur une théâtralisation, mais qui ne peuvent être
dissociés du sentiment, de la sensibilité même si,
dans cet échange, il est aussi question d’intelligence,
de réflexion, de compréhension, qui ne se trouvent
pas rejetées. On remarque cependant que si dans les
deux textes il est largement question de la sensibilité,
elle n’est pas envisagée de la même manière, et,
dans le jeu théâtral, elle n’a pas la même utilité.
II – LES DIFFÉRENCES
L’un des deux personnages du premier dialogue jus-
tifie son rejet de la sensibilité dans le jeu théâtral en
expliquant que le comédien ne peut vraiment jouer
régulièrement, et toujours de manière intéressante,
si son jeu repose sur une forme d’improvisation
spontanée, pendant laquelle il se livre à son intuition,
à ses élans, à ses émotions. Une telle manière de
jouer ne peut être, selon le Premier, qu’irrégulière,
et donc parfois médiocre si le comédien n’est pas
très « inspiré ». Car selon celui qui parle, c’est en lui-
même qu’il cherche son inspiration, ce qui impose
des limites. Or, il semble bien que la spontanéité soit
Analyser un extrait de théâtre CHAPITRE
14
ce que L. Jouvet demande à sa comédienne : un élan
soudain, un jaillissement, une émotion authentique
et non un jeu calculé, réfléchi, intelligemment pesé,
maîtrisé, du genre scène de concours éblouissante
parce que longtemps et beaucoup travaillée. Trop de
réflexion, trop d’intelligence, trop d’orgueil, la volonté
de trop bien faire ne remplacent pas, selon L. Jouvet,
la sensibilité.
➤ Ce qui rapproche et ce qui sépare les idées
exprimées dans les deux dialogues portent sur la
part attribuée dans le jeu théâtral à la sensibilité et
à la réflexion. Tandis que le personnage de Diderot
souhaite remplacer la spontanéité par l’imitation
raisonnée et travaillée des personnages à incarner,
imitation prenant pour modèle l’infinie variété de
la nature humaine, L. Jouvet demande à sa comé-
dienne de mêler habilement sensibilité et réflexion,
technique théâtrale et sentiment, affirmant que la
technique sans le sentiment est du chiqué. Le bon
comédien est donc celui qui sait utiliser à la fois son
intelligence et ses émotions, sa passion et sa raison.
On peut aussi ajouter aux deux premiers points de
vue celui de Claudia elle-même, pour qui le travail
de préparation d’un rôle relève de l’incubation, ce
qui fait ainsi intervenir la notion de temps et celle de
préparation et de bain dans un rôle.
Deux documents : consigne ➜ p. 79 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 147 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 143 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 82. Ce sujet
est traité p. 94 de ce guide pédagogique, chapitre 8
(Analyser un dessin de presse).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 143
1 Sujets ➜ p. 56 (NT) et p. 79 (NT).
2 Sujet ➜ p. 147. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 194, chapitre 15 (Analyser une
photo).
187
 P R O L O N G EMENTS
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
Présentation du texte de L. Jouvet et B Jaques
Dans un dialogue de théâtre, intitulé Elvire Jou-
vet 40, B. Jaques reprend, en 1986, certaines
des leçons de l’acteur Louis Jouvet et le met en
scène avec une jeune comédienne, Claudia, qui
répète une scène de Dom Juan. La scène porte
sur l’extrême difficulté de rendre compte des
sentiments du personnage d’Elvire.
EXERCICE 3
L’extrait de tirade de Kean expose les différentes
raisons qui motivent un acteur, les raisons pour
lesquelles lui-même ne peut cesser de jouer.
Sous une forme obsessionnelle, qui s’exprime à
travers la répétition martelée de On joue, celui qui
parle met en évidence toutes les contradictions
du métier d’acteur. Jouer permet d’être un per-
sonnage et son contraire, de mentir et de dire la
vérité, de passer pour un héros quand on n’en est
pas un, et finalement de ne plus savoir si l’on joue
ou si l’on est sincère et d’exprimer toutes sortes
de sentiments par personne interposée. C’est cet
ensemble d’antithèses qui fait la valeur du jeu,
sa difficulté et sa diversité. C’est ce qui permet
188
➜ p. 144
de se réaliser. Ce sont aussi ces contradictions
qui font qu’un acteur n’a pas envie d’abandonner
son métier, parce qu’il préfère l’apparence à la
réalité, comme Kean essaie d’en persuader son
interlocutrice, qu’il interpelle à plusieurs reprises.
Être acteur permet ainsi de compenser ce que
l’on est par ce que l’on n’est pas, de jouer sur les
apparences et d’éviter la folie. L’opposition entre
les sous d’or et les louis de carton exprime la
préférence pour ce qui est faux, mais ressemble
à la réalité ; l’acteur préfère ce qui est fictif à ce
qui est réel.
■ ACTIVITÉS ORALES /
RECHERCHES
Les activités orales et les recherches étant facilitées
par l’utilisation d’Internet (grâce à quoi il est très
facile d’associer la forêt de Gastine à Ronsard, par
exemple), il est important d’insister sur la mise en
place de problématiques dans les exposés et sur
les relations entre des notions renvoyant souvent
à un passé ancien et le monde contemporain : on
guidera les étudiants pour qu’ils s’attachent aux
significations symboliques, pour qu’ils établissent
des analogies, et pour qu’à travers ces démarches
de recherche, de réflexion et de mises en relation, ils
développent progressivement leur culture.
CHAPITRE
15
Analyser une photo
A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Olivier Coulange, sans abri (1992)
Intérêts du document
Une photo qui m
montre, à partir de trois composantes à la fois réelles et symboliques, et d’un
rapprochementt significatif, la solitude et le caractère « invisible » d’un SDF ; la force d’une
photo
h t en noir
i et blanc.
Pour analyser le document
1 Description et effets de contraste
La photo en noir et blanc représente un paysage qui
semble coupé en deux par un chemin oblique de
couleur claire à travers des arbres qui ont perdu leurs
feuilles, ce qui suggère que l’on est en hiver. Sur ce
chemin, on aperçoit un homme qui fait du jogging en
tenue de sport ; il est en pleine action, à peu près au
centre de la photo. Au premier plan se trouvent un
homme et un chariot de supermarché, à peu près sur
la même ligne horizontale. L’homme constitue une
masse sombre ; il est assis sur une souche, et l’on ne
voit pas son visage caché par son manteau et par un
bonnet descendu sur les yeux. Peut-être est-il en train
de dormir. S’il regarde quelque chose, c’est le sol.
Devant lui se trouve un chariot contenant des affaires,
vêtements et / ou objets que l’on ne peut pas identi-
fier, et qui sont protégés par une bâche. Le jogger, le
SDF et le chariot sont disposés selon un triangle et
constituent les trois éléments clés de l’image, qui ne
comporte rien d’autre que des arbres. La photo est
construite sur des contrastes : le mouvement du jog-
ger et l’immobilité du SDF, l’attitude dégagée de celui
qui court et le repli sur lui-même de celui qui est assis,
le double caractère mobile et immobile du chariot, sa
présence incongrue dans un bois.
2 Ce sur quoi la photo attire l’attention
La disposition des éléments qui composent la photo
et leur contexte attirent immédiatement l’attention
Livre de l’étudiant ➜ p. 145 à 155
➜ p. 145
THÈME : l’exclusion
sur l’homme du premier plan, le chariot et le jogger.
Ces trois composantes font naître des réflexions
chez le spectateur à partir de ce qu’il voit et de ce
qu’il peut imaginer : la coexistence de deux mondes,
celui du jogger qui a le temps de faire du sport dans
les bois et celui du SDF, qui ne possède que ce qui
se trouve dans son chariot et qui n’a rien d’autre à
faire que rester assis sur une souche sans rien regar-
der. L’un s’éloigne en tournant le dos, pris par sa vie
et par ses pensées, l’autre est figé dans une attitude
d’attente et de solitude.
Une telle photo insiste sur l’abandon, sur la solitude,
sur une sorte d’attente vide de celui qui n’a rien et
qui est exposé aux intempéries ; elle fait apparaître
les inégalités et la distance qui sépare des êtres
appartenant pourtant à la même société.
Vers la synthèse ➜ p. 145
N.B. Une synthèse sur l’exclusion est envisagée
dans le chapitre 18 du livre de l’étudiant.
1 Deux documents : consigne ➜ p. 145 (NT*).
Deux documents : consigne ➜ p. 118 haut. Ce su-
jet est traité dans ce guide pédagogique, p. 145,
chapitre 12 (Analyser une œuvre d’art).
2 Trois documents : Expulsions d’E. Pignon-
Ernest (document 1 ➜ p. 117), sans abri, photo
d’Olivier Coulange (document 2 ➜ p. 145), dessin de
presse de Soulas (document 3 ➜ p. 80).
* Non traité.
189
 Intérêts du rapprochement
Trois documents iconographiques différents – sérigraphie, photo et dessin de presse – pour un appren-
tissage de l’analyse de l’image et de la confrontation de documents sur un thème commun.
La consigne demande de chercher ce qui rappro-
che et ce qui différencie les trois documents. Nous
donnons ici les grandes lignes de deux parties : élé-
ments semblables / différences.
I – CE QUI RAPPROCHE LES TROIS DOCUMENTS
ICONOGRAPHIQUES
● Leur titre : les trois titres font référence à l’exclu-
sion, en la représentant de manières diverses mais
convergentes. Le document 1 a pour titre Expulsions
et montre deux personnes qui sont obligées de quit-
ter des lieux d’habitation. La photo d’O. Coulange,
avec pour titre sans abri, montre un SDF immobile
au bord d’un chemin avec, à proximité, un chariot
contenant ses affaires. Le dessin de Soulas, « Sortir
de l’exclusion », représente un SDF coincé dans une
sorte de canalisation. Dans les trois cas, les mots
utilisés soulignent le manque, la disparition : man-
que d’abri, manque de murs et de toit, habitat très
rudimentaire d’où il est difficile de sortir. Sur les trois
images, les personnes considérées sont déplacées
et exclues.
● Les personnes représentées et leur situation :
les trois images montrent des personnes « hors de »,
en situation de marginalité. Les expulsés du docu-
ment 1 sont représentés sur le mur d’un immeuble
qui montre d’anciens papiers peints, les conduits de
cheminée et la délimitation des différentes pièces.
Ces restes évoquent à la fois des habitants et des
vies qui n’existent plus que sous la forme de tra-
ces, les habitants étant partis lors de la démolition
de l’immeuble. Ceux qui restent ont avec eux leurs
bagages, matelas et couvertures, qui semblent être
leurs seuls biens. De même, sur la photo d’O. Cou-
lange, le SDF emporte ses affaires dans un chariot
de supermarché. Les uns et les autres sont démunis,
et à la recherche d’un toit. La solitude et le poids
désespérant de l’exclusion sont mis en relief, dans
le document 1, par la disproportion entre le mur de
la maison et les deux personnages, et dans le docu-
ment 2 par l’immobilité du personnage et sa manière
de rester assis, enfermé dans son manteau, comme
s’il refusait de regarder la réalité. Dans le dessin de
Soulas, le personnage qui représente un SDF n’est
pas seul, mais l’expression Je suis coincé fait com-
prendre qu’il ne lui sera pas facile de sortir de la
condition d’exclu où il se trouve, en quelque sorte,
enfermé. La manière dont sont vêtus les différents
personnages insiste sur un élément important : c’est
l’hiver et il fait froid, ce qui aggrave la situation de
dénuement dans laquelle ils se trouvent tous.
190
II – CE QUI DIFFÉRENCIE LES DOCUMENTS
● Leur nature : il est intéressant de comparer la na-
ture des documents. Le premier, d’E. Pignon-Ernest,
est une sérigraphie apposée sur le mur d’un immeu-
ble dont l’immeuble mitoyen détruit a laissé des tra-
ces. L’artiste a donc recréé des personnages qu’il
a placés dans un décor réel. L’immeuble est photo-
graphié et non dessiné, il constitue un support qui
existe réellement. La photo d’O. Coulange saisit, sur
le vif, une scène réelle, dont les personnages sont
réels. En revanche, le dessin de presse appartient
à la catégorie de la fiction, même s’il rapporte une
scène inspirée du réel. Sur les trois documents, l’un
relève totalement de la réalité captée par l’appareil
photo, un autre mêle fiction et réalité, le troisième
appartient à la fiction.
● Les personnages représentés et leur rôle : sur
chacune des images, il y a plusieurs personnages en
cause. Dans le document 1, les deux personnages,
un couple, sont dans la même situation d’expulsés.
Ils partagent le même sort. L’image signale ainsi
qu’ils sont frappés par le même malheur. Les per-
sonnages de la photo sont deux et tout semble les
séparer : l’un fait ressortir, par contraste, la situation
de l’autre. On voit en effet un jogger en pleine action,
qui est passé devant le SDF probablement sans le
voir. Il est mince, élancé, léger, et va droit devant lui.
Le SDF constitue au contraire une masse sombre et
tassée, immobile et comme accablée par le poids du
malheur. À la légèreté mobile s’oppose l’immobilité
figée, en quelque sorte amarrée au sol par le chariot
rempli. Enfin, sur le dessin de Soulas, on aperçoit
trois personnages dont deux ont un rôle particulier :
ils cherchent visiblement à venir en aide au SDF
coincé dans sa canalisation mais leur physionomie
montre qu’ils sont perplexes quant à la manière de
s’y prendre.
➤ Quelques différences séparent les trois repré-
sentations, qui ont en commun de représenter et de
dénoncer la situation de SDF : il s’agit, par les trois
formes de représentation, d’attirer l’attention sur le
caractère inhumain de ces situations qui prennent
des apparences différentes mais qui ont en commun
le manque de ressources, l’absence de toit, la soli-
tude, le sentiment d’abandon et l’absence d’espoir
dans un avenir qu’aucun ne peut envisager.
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 80 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 118 haut. Ce
sujet est traité p. 146 de ce guide pédagogique, cha-
pitre 12 (Analyser une œuvre d’art).

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 145
1 Sujet ➜ p. 65 (NT).
Sujet ➜ p. 80. Ce sujet est traité p. 89 de ce guide
pédagogique, chapitre 8 (Analyser un dessin de
presse).
DOCUMENT 2 Photo de l’ancienne centrale Montemartini transformée
en musée à Rome (2006)
Intérêts du document
La photo montre la transformation en musée d’une ancienne centrale électrique, à Rome.
Y coexistent des œuvres d’art anciennes venues des musées du Capitole et des machines
industrielles ; cette coexistence est de nature à susciter des réflexions sur la conservation
des outils industriels d’une part, sur leur juxtaposition avec des œuvres d’art d’autre part, et
donc sur la notion de beau.
Pour analyser le document
1 La juxtaposition de deux éléments opposés
Le cadrage de l’image permet de réunir sur une
même photo une statue antique, au premier plan, et
à gauche à l’arrière-plan, plutôt à droite, une machi-
ne imposante. Les deux éléments n’appartiennent
pas au même domaine. Visiblement éclairée par le
haut (la lumière met en valeur la tête, le visage et
le buste), la statue est posée sur un double socle
et placée devant un élément vertical qui semble la
séparer d’autre chose. Cet élément vertical est lui-
même éclairé. Faite en marbre, la statue représente
une femme, sans doute une déesse, selon les ca-
nons de la statuaire grecque ou latine. On remarque
un travail particulier – que fait ressortir la lumière
– de sculpture dans la coiffure et dans le drapé du
vêtement. Cette représentation féminine, une koré,
témoigne des talents d’un sculpteur et renvoie à l’art
de Phidias ou de Praxitèle. On retrouve la position
légèrement déhanchée de ce type de représentation,
le souci du détail dans le visage et dans le vêtement.
On est dans le domaine de l’esthétique.
Vue au premier plan, la statue paraît grande, mais
il est impossible de se rendre compte de sa taille
exacte. Elle voisine avec un second élément tout à
fait différent qui se trouve à l’arrière-plan, bien éclai-
ré par une lumière qui vient de la gauche. Il s’agit
d’une machine à deux étages, chacun étant bordé
par un garde-fou. On accède au premier étage par
une échelle posée obliquement à droite et à la plate-
forme supérieure par un escalier latéral. Le corps
de la machine et tout ce qui est visible à l’extérieur,
Analyser une photo CHAPITRE
15
2 Sujet : ➜ p. 118 haut (NT).
➜ p. 146
THÈME : le devenir des sites industriels
tuyaux de tailles différentes, engrenages, sont peints
en bleu avec des éléments en jaune. Il s’agit là d’une
machine complexe, qui a été nettoyée et repeinte et
qui se trouve exposée comme une œuvre d’art.
Réunis volontairement dans un même lieu, les deux
« objets » s’opposent sur bien des points : compte
tenu du nom de l’endroit, une centrale transformée
en musée, l’élément qui se trouve à sa place est la
machine. On peut d’ailleurs remarquer que l’archi-
tecture des lieux évoque plus une usine qu’un mu-
sée. On se trouve donc dans un univers industriel
qui sert doublement de musée : musée montrant des
outils et des machines, musée montrant des œuvres
d’art antiques. La grande différence entre les deux
éléments exposés et réunis sur la photo (ce qui signi-
fie qu’ils sont proches dans le musée et rapprochés
intentionnellement) est qu’ils appartiennent à deux
mondes différents et que leur vocation est différente.
D’un côté la machine : conçue par des ingénieurs,
elle a eu une utilité industrielle et témoigne des re-
cherches, des inventions et du progrès. Pendant
toute une période, elle a fonctionné dans un cadre
de production industrielle. Elle n’a donc pas été faite
pour exprimer quelque chose, mais pour produire.
De l’autre côté, la statue : créée dans une époque
lointaine, elle correspond à une recherche esthéti-
que, ne produit rien et se contente d’être. Peut-être
entre-t-elle dans une démarche de célébration d’une
déesse, mais on peut penser que sa finalité est l’ex-
pression du beau.
2 Différents « messages »
La juxtaposition des deux « œuvres » invite le spec-
tateur à réfléchir. Concernant la sauvegarde des
191
 sites industriels, on peut se rendre compte qu’il
existe de nos jours une véritable politique (ici en Ita-
lie, mais cela se fait aussi ailleurs, comme le signale
E. de Roux, p. 56 du manuel) qui consiste à s’inté-
resser aux usines, aux constructions et aux machi-
nes diverses et à faire en sorte que ce patrimoine
ne tombe pas en ruine et ne disparaisse pas : c’est
le sens de la transformation d’usines ou de lieux in-
dustriels en musée, un exemple probant étant l’an-
cienne gare d’Orsay (à Paris) transformée en musée
du XIXe siècle. Cette volonté de sauvegarde souligne
l’existence d’une dette à l’égard d’un passé indus-
triel (lieux, machines et monde ouvrier) et manifeste
le choix d’une mise en valeur de tout ce qui a permis
à différentes sociétés de progresser. Le regroupe-
ment d’œuvres d’art et de machines attire l’attention,
d’autre part, sur la valeur accordée aux machines :
elles deviennent, en quelque sorte, des œuvres d’art
et leur maintien (ce qui suggère un entretien et une
présentation esthétique) les place en position d’ob-
jets et de réalisations susceptibles d’être admirés.
Ainsi exposées, les machines deviennent les témoins
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 146
1 Sujet ➜ p. 146.
Intérêts du sujet
Sujet qui laisse une grande liberté de réponse et qui peut sembler difficile pour cette raison même ; les
réponses ne sont pas conventionnelles (caractère personnel de l’écriture) mais exigent des points d’ap-
pui qui peuvent être trouvés dans différents documents ; il pourrait être utile de faire précéder la rédac-
tion du devoir par un débat faisant surgir différentes idées et mettant en place une vraie confrontation de
points de vue des étudiants.
Nous proposons ici un ensemble de réflexions et
de jugements classés en réactions positives et en
réactions négatives.
I – RÉACTIONS POSITIVES
Arguments soutenant le point de vue selon lequel
c’est une bonne idée de faire coexister des objets
d’art et des machines.
● Certaines constructions et réalisations indus-
trielles sont elles-mêmes de véritables œuvres
d’art : la gare d’Orsay à Paris (devenue un musée),
la chocolaterie Menier à Noisiel, les salines d’Arc-
et-Senans, les usines Schneider à Montceau-les
Mines et au Creusot… Il n’est donc pas choquant de
rapprocher l’art et la technique puisqu’il arrive qu’ils
se rejoignent. Certains tableaux représentent, sous
une forme esthétique, le monde industriel (le tableau
de N. A. Kassatkine, p. 125, les célèbres Raboteurs
de parquet, de Caillebotte, ou encore Les Construc-
teurs, de F. Léger, p. 126).
● L’art est souvent redevable à la recherche scien-
192
d’une époque, mais aussi des exemples de réalisa-
tions caractéristiques de l’esthétique industrielle.
➤ Mettre ensemble des statues antiques et des ma-
chines modernes fait réfléchir sur la notion de temps,
mais aussi sur la notion de beau.
Vers la synthèse ➜ p. 146
1 Deux documents : consigne ➜ p. 57. Ce sujet
est traité p. 55 de ce guide pédagogique, chapitre 6
(Analyser un extrait d’essai).
Deux documents : consigne ➜ p. 83. Ce sujet est
traité p. 96 de ce guide pédagogique, chapitre 8
(Analyser un dessin de presse).
Deux documents : consigne ➜ p. 125. Ce sujet est
traité p. 159 de ce guide pédagogique, chapitre 12
(Analyser une œuvre d’art).
2 Quatre documents : consignes ➜ p. 146 (NT) et
p. 125 (NT).
tifique et à la technique : par exemple le travail du
bronze, de l’acier, du verre, du bois… De plus en plus
l’art moderne emprunte au domaine de la technique
(fibre optique, informatique, électronique…).
● Il peut être intéressant de rapprocher deux domai-
nes qui sont très différents dans leurs finalités, mais
qui ont pour inventeurs et créateurs les hommes.
La photo de la centrale Montemartini (p. 146) le dit
clairement : les objets mis ensemble témoignent de
l’intelligence et de la sensibilité humaines.
● La juxtaposition d’éléments de vocation et d’époque
différentes est un bon outil pour prendre conscience
du temps, de la transformation des sociétés en même
temps que de la continuité et des ruptures. La conser-
vation des œuvres d’art et des machines et outils
relève d’une même volonté patrimoniale.
II – RÉACTIONS NÉGATIVES
Arguments soutenant le point de vue selon lequel il
est choquant de regrouper des œuvres d’art et des
machines.

● Mettre ensemble des créations artistiques, qui
relèvent de la recherche esthétique, et des machi-
nes, envisager même qu’on puisse les rapprocher,
relève d’une sorte de sacrilège. On assimile de cette
façon les œuvres d’art à des productions utilitaires,
ce qu’elles ne sont pas.
● La photo de la centrale Montemartini a quel-
que chose de choquant : on ne comprend pas du
tout ce que vient faire là cette statue alors que la
machine attire toute l’attention du spectateur ; ce
rapprochement est une source d’incohérence et
d’anachronisme : qu’est-ce qui est de l’art, qu’est-
ce qui est de la technique ? On n’y comprend plus
rien !
● On considère en général que ce qui relève de l’art
est une recherche du beau. La statue est harmo-
nieuse, elle évoque sans doute une déesse ; qu’y a-
DOCUMENT 3 Philippe Adrien dirigeant des comédiens lors des
répétitions du Procès, de F. Kafka (2005)
Intérêts du document
Une répétition théâtrale qui montre la présence du metteur en scène donnant des indica-
tions par geste, les comédiens se trouvant sur scène et dans le décor de la pièce. L’image
saisit un moment dans le travail des comédiens.
Pour analyser le document
1 Une répétition de théâtre
La photo représente l’intérieur d’un théâtre : on le voit
à la présence des sièges en ligne et en gradins, et à
celle d’une scène sur laquelle se trouvent un décor
et des personnages. Telle qu’elle est prise, la photo
montre un univers comme coupé en deux par la ligne
de démarcation entre la scène et la salle, entre le
monde des comédiens et celui des spectateurs. Du
côté des spectateurs domine la couleur rouge des
sièges sur un fond (le sol) gris clair. À gauche, on
aperçoit, de dos, une personne qui fait un geste de
la main droite à destination des comédiens qui sont
sur la scène. Cette personne est le metteur en scène,
Ph. Adrien, qui dirige une répétition. De l’autre côté
de la ligne grise qui marque la limite de la scène, on
aperçoit un plateau tournant délimité à l’avant de la
scène par une barrière qui évoque la barre d’un tri-
bunal. Sur ce plateau se trouvent répartis cinq comé-
diens placés de manière presque symétrique de part
et d’autre d’un personnage central (il est au centre
du plateau tournant). Le plateau est délimité, à l’ar-
rière-plan, par deux éléments de décor comportant
Analyser une photo CHAPITRE
15
t-il de beau dans une machine ? Ce n’est pas parce
qu’elle a été repeinte en bleu et en jaune qu’elle est
belle. Même repeinte, elle reste une machine et il est
difficile de la trouver particulièrement attirante…
● Le lieu d’exposition choisi, une ancienne centrale
électrique, n’est pas approprié : pour des œuvres
d’art antique, on imagine un musée qui évoque le
contexte, qui mette les œuvres en valeur par une
véritable scénographie, comme cela se fait souvent
maintenant (emplacement, lumière, informations,
rapprochements significatifs…). Quand on regarde
la photo, on n’a pas du tout l’impression d’être dans
un musée, et, finalement, on n’a pas envie d’aller voir
les supposées « œuvres » qui s’y trouvent.
Sujet ➜ p. 57. On trouvera des éléments pour traiter
ce sujet dans le chapitre 24 (Trouver des idées) du
livre de l’étudiant, p. 229 et suivantes.
➜ p. 147
THÈME : le comédien en scène
ce qui semble être une porte à droite, et une autre,
avec une sorte de fenêtre, à gauche. Cette dernière
évoque une porte de cellule de prison (en vert à gau-
che à côté du personnage qui porte un chapeau).
Ces deux éléments sont reliés par une structure sur
laquelle on aperçoit deux personnages. Le décor et
les costumes, modernes, sont caractérisés par une
grande austérité. La lumière éclaire le plateau tour-
nant, certains visages et les deux ouvertures laissant
beaucoup d’ombre tout autour.
2 Répétitions et travail du comédien
Le terme « répétitions », surtout au pluriel, désigne,
au théâtre, les séances de travail au cours desquelles
s’effectue la mise au point d’un spectacle. Ces séan-
ces ont lieu sous la direction du metteur en scène qui
indique aux acteurs leur jeu, leurs déplacements, leurs
intonations, leurs gestes, leur physionomie. Répéter
indique que rien n’est acquis d’emblée et qu’il faut
souvent des mois de travail pour que les comédiens
maîtrisent leur texte en situation, ce qui signifie qu’ils
savent adapter leur jeu à leurs répliques, en temps
réel et sans hésitation, oublis, ou erreurs. Ce travail
vise à adapter de manière harmonieuse ce qui relève
du jeu personnel des comédiens incarnant des per-
193
 sonnages et la mise en scène voulue par le metteur
en scène, avec une finalité qui est de rendre compte,
lors des représentations, d’une œuvre dont la pre-
mière existence est écrite. Il s’agit de « transformer »
un texte en représentation, en faisant incarner les
personnages par des acteurs, en inventant un décor
pour, finalement, faire se dérouler sous les yeux des
spectateurs une histoire dont il faut qu’il comprenne
les tenants et les aboutissants, le sens d’une intrigue
et la portée symbolique (philosophique, politique…)
de l’ensemble. Les répétitions rendent compte d’un
travail collectif qui commence par la lecture du texte
pour aboutir à de véritables représentations partielles
(sans public) au cours desquelles se construit la mise
en scène, élément important pour l’orientation de la
pièce et la compréhension qu’en tireront les specta-
teurs. Les répétitions théâtrales constituent les étapes
d’une mise au point du jeu des acteurs et de leurs
évolutions dans un décor lui-même significatif. Au
cinéma, ce travail de mise au point se fait à travers
les différentes prises successives jusqu’à ce que le
metteur en scène juge le plan filmé acceptable.
Vers la synthèse ➜ p. 147
1 Trois documents : consigne ➜ p. 147 (NT).
2 Quatre documents : consigne ➜ p. 82. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 94,
chapitre 8 (Analyser un dessin de presse).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 147
1 Sujet ➜ p. 147.
Nous donnons ici quelques arguments étayant deux
thèses complémentaires après une recherche lexi-
cale concernant les termes imiter et imitation.
– Quelques synonymes du verbe imiterr : copier,
calquer, s’inspirer de, contrefaire, pasticher, parodier,
plagier, mimer, reproduire, simuler, singer, prendre
pour modèle, se conformer à, prendre de la graine
de, ressembler à, rappeler.
– Quelques synonymes du mot imitation : copie,
calque, reproduction, contrefaçon, pastiche, plagiat,
caricature, parodie, singerie, simulation, affectation,
simulacre, mimétisme.
I – L’ART DU COMÉDIEN CONSISTE À IMITER
Si l’on tient compte des différents sens et des dif-
férents synonymes des mots imiterr et imitation, on
ne peut qu’associer ce que fait le comédien à une
imitation.
● Si l’on remonte à l’Antiquité, on sait que les
acteurs antiques portaient des masques reprodui-
sant le sourire, pour la comédie, ou la douleur, pour
194
la tragédie ; cette reproduction indiquait d’emblée
dans quel genre et dans quel registre ils se situaient.
On se trouve bien là dans une situation d’imitation.
On peut rappeler aussi que l’acteur, en grec, se dit
hupocritès, qui a donné le terme hypocrite. Or on
désigne par le mot hypocrite celui qui affecte un
comportement (par exemple la vertu) pour tromper
autrui. Il y a donc à la base du métier d’acteur l’idée
d’une affectation et d’un mimétisme apparent.
● Dans la mesure où le comédien interprète un per-
sonnage qui n’est pas lui-même, il doit faire en sorte
que le spectateur comprenne qui il incarne. Pour cela
il s’inspire de gestes et d’attitudes qui sont ceux et
celles des caractères représentés : pour interpréter
le personnage de l’avare, de Molière, il est important
de trouver les gestes et les jeux de physionomie
qui soulignent l’idée de possession, l’obsession de
l’argent, la méfiance constante à l’égard des autres ;
il est important de mimer la folie quand Harpagon
croit que sa cassette a été dérobée. Les comédiens
disent souvent qu’ils ont observé des attitudes et
des comportements pour mettre au point leur jeu
en s’inspirant de ce qu’ils ont pu remarquer chez les
autres.
● On peut aussi considérer qu’un comédien
est conduit à interpréter des rôles qui sont très
éloignés de sa propre nature et de sa propre sen-
sibilité. Il existe ainsi ce que l’on appelle des rôles
de composition, dans lesquels il s’agit de créer un
personnage très nettement caractérisé et tout à fait
typique : le comédien doit alors se conformerr à une
sorte de modèle dont il va chercher des éléments en
observant des personnages réels qu’il va imiter : un
tyran, un psychopathe, un faible d’esprit, un tueur
en série…
● On pensera aussi à l’imitation lorsqu’un comédien
doit interpréter un personnage historique disparu (le
général de Gaulle, F. Mitterand) ou toujours vivant (la
reine Élisabeth II). La crédibilité historique du person-
nage impose non seulement une ressemblance phy-
sique, mais un véritable mimétisme dans les attitudes.
Ainsi la comédienne H. Mirren, qui a incarné la reine
Elisabeth II, a dû adopter non seulement ses coiffures,
mais aussi ses gestes et sa démarche (➜ p. 77).
II – L’ART DU COMÉDIEN EST-IL SEULEMENT DE
L’IMITATION ?
L’imitation est indispensable, mais on peut se deman-
der si elle suffit pour définir l’art du comédien.
● L’imitation seule peut consister en une sorte de
« placage » d’une apparence : porter un masque tra-
gique indique dans quel genre et dans quel registre on
se trouve, mais on peut penser que cette information
reste superficielle et tout à fait mécanique : le tragique
et le comique ne se situent pas dans cette apparence
informative. De même, faire les gestes de l’avare et se

comporter de manière à ce que chaque spectateur
voie, extérieurement, qu’il s’agit d’un avare, suffit-il
pour faire comprendre ce qui agite un tel être, ce qui
le fait agir et en quoi consiste sa passion ? Un rôle
de théâtre est en quelque sorte un habit que l’on
endosse, mais il ne convient pas de se limiter aux
apparences. La ressemblance ne suffit pas.
● Ainsi, on dit souvent qu’un comédien doit être
habité par son rôle, au point de devenir le personnage,
et non plus seulement de le jouer : on passe ainsi de
l’extérieur à l’intérieur. C’est ce que demande Louis
Jouvet à sa comédienne (p. 142) : devenir Elvire et
être imprégnée des sentiments du personnage. La
différence entre l’apparence (copie et imitation de ce
que l’on a pu déjà voir) et l’interprétation en profon-
deur vient de tout un travail de compréhension des
sentiments du personnage incarné. L. Jouvet recon-
naît chez sa comédienne une authentique intelligence
du texte, mais un double obstacle majeur, d’une part
son utilisation de la « technique », d’autre part son
orgueil. On pourrait considérer ici que la technique
rejetée relève de l’imitation, d’une sorte de savoir-
faire en matière de jeu théâtral, qui facilite les choses
et occulte la profondeur d’un personnage et d’un
rôle. Il faut remplacer, selon L. Jouvet, la technique
par la compréhension du personnage.
● Il faut tenir compte du fait que l’apparence
DOCUMENT 4 Image du film Les Temps moderness (1936)
Intérêts du document
Une image très connue d’un film lui aussi célèbre traitant sur le mode humoristique les diffé-
rents aspects de la mécanisation, du travail morcelé et de la diminution des responsabilités
attribuées à l’ouvrier.
Pour analyser le document
1 Ce que représente l’image
Telle qu’elle est cadrée, l’image du film Les Temps
modernes montre un enchevêtrement de rouages de
tailles différentes. La figure géométrique dominante
est le cercle et l’on observe des successions de
roues dentées formant des engrenages complexes,
dont on ne parvient pas à imaginer la fin. De l’in-
térieur de cette succession d’éléments imbriqués,
surgit la tête d’un ouvrier que l’on a un peu de mal à
distinguer de ce qui l’entoure. Si l’on n’était pas dans
un film de Charlot, on considérerait la situation de cet
ouvrier comme tragique, car il est littéralement broyé
par la machine. Devant lui, à l’extérieur des rouages,
Analyser une photo CHAPITRE
15
(comme chez les hypocrites) suggère une sorte de
mécanique de l’acteur et l’accent mis sur ce que
l’on voit, alors que le texte théâtral met en relief des
éléments internes, réactions, sentiments, qui ne sont
pas toujours extériorisés par les comportements et
par les gestes, mais apparaissent autrement, par
tout un ensemble de petits éléments, comme l’into-
nation, le regard, certains mouvements peu specta-
culaires, une certaine manière d’être en scène, avec
les autres.
➤ On pourrait dire que l’appropriation d’un rôle met en
jeu deux composantes complémentaires : la capacité
d’imitation, mais à condition qu’elle soit enrichie par la
compréhension de ce qui ne peut être imité parce que
cela ne se voit pas, un état d’esprit et de sensibilité,
un caractère. L’extériorisation des traits de caractère
d’un personnage par le jeu théâtral extérieur doit
dépasser l’imitation. Celle-ci, importante, constitue un
indice destiné au public, une manière de le prévenir
de ce qu’est un personnage. Mais ce qu’il est au fond
de lui-même doit être révélé d’une autre manière : il
ne s’agit plus d’imiter, mais d’habiter le personnage et
d’en créer l’incarnation, comme le dit la comédienne
H. Mirren (p. 77) lorsqu’elle parle de devenir la reine
en créant une persona.
2 Sujets ➜ p. 56 (NT) et p. 79 (NT).
➜ p. 148
THÈME : le travail
monté sur une échelle, on distingue Charlot, l’air
étonné, en train de lui parler. L’un des personnages
est prisonnier de la machine ; l’autre, à l’extérieur, ne
sait visiblement pas comment le sortir de là. Le noir
et blanc souligne le caractère réaliste de la situation,
devant laquelle le spectateur ne sait pas trop s’il doit
rire ou être choqué. Le choix des différents éléments
composant la machine, les procédés de répétition,
d’accumulation et d’exagération attirent l’attention
sur une situation très fortement grossie, jusqu’à la
caricature, pour faire prendre conscience de la posi-
tion des deux ouvriers par rapport à l’outil de travail.
2 L’utilité de l’image et le (ou les) registres
Par ce qu’elle représente – une machine et des
ouvriers –, par sa nature – une caricature du monde
195
 du travail –, par les procédés utilisés (répétition,
accumulation), l’image a une finalité satirique : elle
attire l’attention sur les transformations du monde
du travail et en particulier des outils de production.
Le titre Les Temps modernes renvoie au fait que la
modernisation se traduit par un machinisme de plus
en plus développé, par une exploitation des hommes
confrontés à un « travail en miettes », privés de la
connaissance de ce pour quoi ils refont sans cesse
les mêmes gestes (par exemple serrer un boulon
qui passe devant lui, pour Charlot). L’image met en
relief certaines de ces caractéristiques du travail
moderne (dans les années 1930) : l’ignorance d’une
totalité dont on ne perçoit qu’une petite partie, sans
comprendre comment on se situe, l’ouvrier pris dans
l’engrenage (ici l’expression est prise à la lettre) du
travail à la chaîne, la disproportion de l’homme et de
la machine, le caractère inhumain et monstrueux de
cette dernière.
On trouve dans cette image un mélange de plu-
sieurs registres : la machine a un caractère hyper-
bolique, caricatural et épique ; il s’agit d’une satire
du monde du travail, qui en fait apparaître, de
manière à la fois critique et comique, les aspects
déshumanisants.
Vers la synthèse ➜ p. 148
1 Deux documents : consigne ➜ p. 126. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 160,
chapitre 12 (Analyser une œuvre d’art).

2 Trois documents : dessin de presse d’Honoré (document 1 ➜ p. 85), affiche publicitaire de F. A. Dou-
menq (document 2 ➜ p. 130), image du film Les Temps modernes (document 3 ➜ p. 148).

Intérêts du rapprochement
Rapprochement de trois types de documents iconographiques, dessin de presse, publicité et image de
film pour un apprentissage de l’analyse de l’image ; confrontation des idées exprimées et mise en évi-
dence des points communs et des différences.

Les trois documents abordent le thème du travail, sous des formes différentes et avec un « message » diffé-
rent. On peut rendre compte du rapprochement sous forme de tableau.

DOCUMENT TYPE DE DOCUMENT THÈME SIGNIFICATION

1. Dessin d’Honoré Dessin de presse La flexibilité du travail illustrée
par un personnage accroché
à l’aiguille d’une grosse
pendule, et sur laquelle il pèse
désespérément sans la faire
bouger.
La scène se déroule dans
un univers d’immeubles de
bureaux.
Il est difficile pour un homme
seul de modifier la rigidité du
temps de travail et de faire
valoir la flexibilité. On trouve
aussi l’idée d’un univers
austère et rigide, ce qui est
rendu par les lignes et par le
caractère géométrique des
constructions.

2. Affiche de F. A. Affiche publicitaire Les huit heures de travail
Doumenq datant de 1919 quotidien : appel à l’union
et à l’action syndicales pour
l’application des huit heures ;
thème perceptible à la présence,
dans un contexte ouvrier
(usines et chantiers en activité
à l’arrière-plan), d’une grosse
montre dont l’aiguille est
l’objet d’un affrontement entre
le groupe des ouvriers et le
patronat qui tirent chacun de
son côté.
L’affiche est un appel à l’action
lancé auprès d’employés et
d’ouvriers pour défendre
l’application de la journée de
huit heures. La divergence
de position est exprimée
par les deux « équipes » qui
tirent sur la corde. La rupture
pressentie du côté patronal est
perceptible à l’état de la corde,
prête à casser. L’affiche est
un appel à la mobilisation et à
l’action.

196
 Analyser une photo
3. Les Temps Image de film La mécanisation du travail
modernes représentée par un ensemble
très complexe de rouages et
de roues dentées à l’intérieur
duquel se trouve un ouvrier
dont on voit émerger la tête.
On ne voit rien de la machine
elle-même, on ne voit que les
éléments qui la composent
et qui ont quelque chose de
monstrueux.
CHAPITRE
15
L’image met en relief le
caractère monstrueux et
dévorant de la machine, qui
réduit l’ouvrier à n’être qu’un
exécutant déjà à moitié dévoré
ou en passe de l’être. L’attitude
de Charlot montre de la
curiosité et de la perplexité :
que devient l’ouvrier dans le
monde mécanisé qui semble
prêt à l’utiliser comme un
objet ?

➤ La mise en parallèle des trois documents révèle
que l’on se trouve dans un univers proche : bureaux,
chantiers industriels, machine, univers dans lequel
sont représentées des personnes qui illustrent la
condition des travailleurs. Deux documents sont
relatifs au temps, avec la même représentation sym-
bolique du temps de travail par une grosse pendule
sur laquelle un ou des hommes cherchent à agir, visi-
blement avec difficulté. Il est intéressant d’observer
l’utilisation des lignes courbes et des cercles dans
les trois images.
Évoquant toutes les trois le monde du travail, elles
font réfléchir sur la situation de l’homme au travail
et sur ses relations avec le monde de la production
industrielle, le monde des bureaux et le monde des
machines. Quelle est sa place dans les trois cas ?
Comment peut-il améliorer ses conditions de tra-
vail ? Comment faire pour ne pas être réduit à l’état
d’objet ou d’esclave par rapport aux impératifs de la
production et du patronat ?
On remarque que dans les trois représentations,
l’homme au travail est dans une situation de dispro-
portion par rapport à l’univers qui l’entoure, monde
géométrique et inhumain d’immeubles de bureaux,
chantier de construction imposant, machine énorme
et effrayante. Dans le document 2 s’ajoute à la
pesanteur du monde du travail la présence de ceux
qui le représentent et qui l’organisent : le patronat.
N.B. Dans le cadre d’un travail d’analyse de l’image,
on peut aussi envisager de regrouper le dessin de
presse d’Honoré (p. 85), la photo du film Les Temps
modernes (p. 148) et le tableau de F. Léger, Les
Constructeurs (p. 126).
3 Quatre documents : consignes ➜ p. 148 (NT) et
p. 158 (NT).

Vers l’écriture personnelle ➜ p. 148

1 Sujet 1 ➜ p. 148.

Intérêts du rapprochement
Une interrogation sur la nature et les effets du travail en relation avec différents documents montrant
des aspects contradictoires ; une réflexion collective préalable, sous forme de débat, ferait sans doute
apparaître que ce n’est pas tant le travail – objectivement parlant – qui est en cause, que sa nature, les
conditions et l’environnement dans lesquels il est vécu.

N.B. La réflexion pourrait être engagée à partir de la
définition du mot, de son origine et de son évolution.
Étymologie : tripalium ou instrument de torture.
e e
Évolution historique du mot : du XII au XVI siècle
ce mot désigne l’état de celui qui souffre, qui est
tourmenté (sens fort du mot), puis le sens du mot
évolue, lorsqu’il est employé au pluriel, vers l’idée de
fatigue et d’activités pénibles, mais qui conduisent
à la gloire.
Sens actuel : ensemble des activités manuelles ou
intellectuelles coordonnées pour parvenir à un résul-
tat utile.
L’origine du mot et son évolution soulignent qu’il a
été longtemps marqué par des connotations négati-
ves. D’autre part, la notion de travail est associée à la
notion d’argent, qui permet de vivre : travailler c’est
« gagner sa vie ». Il peut être intéressant d’aborder
trois grandes orientations : le travail lui-même, les
conditions du travail et l’environnement humain pour
faire apparaître dans chaque domaine ce qui favorise
l’épanouissement ou la détérioration.

197
 I – LE TRAVAIL LUI-MÊME
● Ce qui favorise l’épanouissement : un travail
que l’on aime ; un travail qui apporte le sentiment de
se réaliser ; un travail qui offre l’occasion de prendre
des responsabilités et de faire la preuve de ses capa-
cités et de ses compétences ; un travail qui donne
la possibilité de progresser, d’approfondir ce que
l’on sait déjà ; un travail dans lequel sont reconnus
et récompensés les efforts accomplis (idées figurant
dans l’extrait de presse p. 76).
● Ce qui est un facteur de détérioration : un tra-
vail répétitif et émietté dans lequel celui qui travaille
ne voit jamais le résultat de ce qu’il fait ; un travail
qui ne propose aucune ouverture, qui n’apporte rien
sur le plan professionnel, qui est fatigant et qui n’est
pas reconnu ; un travail méprisé par l’ensemble de
la société et dont personne ne veut. L’idée que tout
travail doit être considéré comme sacré, quelle qu’en
soit la nature.
II – LES CONDITIONS DU TRAVAIL
● Ce qui favorise l’épanouissement : un lieu de
travail qui n’oblige pas à de longs, coûteux et péni-
bles trajets ; un lieu de travail – superficie, lumière,
calme – qui permette de réaliser sa tâche dans des
conditions acceptables : sans stress, sans bruit infer-
nal, sans cadences inhumaines, sans surveillance et
sans suspicion constantes.
● Ce qui est un facteur de détérioration : le travail
dans le bruit : bureaux dits paysagés dans lesquels
toutes les conversations s’entendent, où chacun
A P P L I C ATION
DOCUMENT 5 Photo extraite du dossier de presse de
« L’Odyssée Verte » (2007)
Intérêts du document
Un parcours fo orestier inventé pour permettre à tous de découvrir – de « l’intérieur » – le
monde des arbres,
arb à quelques mètres au-dessus du sol ; une photo jouant sur l’impression
de fraîcheur et montrant comment on peut faire connaître la forêt sans la détériorer à travers
la notion d’aventure.
Pour analyser le document
1 L’image et ses relations avec l’expression
« Odyssée Verte »
L’image est dominée par la couleur verte, celle des
frondaisons d’une forêt au printemps (le vert est celui
des jeunes feuilles et les deux personnages que l’on
198
travaille au vu et au su de tous les autres, sans
aucune possibilité d’intimité ; le stress permanent
des tâches de plus en plus nombreuses à accomplir
dans le même temps ; la menace permanente du
chômage du fait des politiques de restructuration et
de la tendance générale à la délocalisation, même
lorsque les résultats de l’entreprise sont positifs ;
l’absence de reconnaissance qui se traduit par un
manque d’avancement et un manque d’augmenta-
tion, alors que le coût de la vie augmente.
III – L’ENVIRONNEMENT HUMAIN DU TRAVAIL
● Ce qui favorise l’épanouissement : une atmos-
phère positive de compréhension et d’entente avec
ses pairs ; la reconnaissance de ce que l’on fait par la
hiérarchie ; une certaine disponibilité des uns envers
les autres ; un respect réciproque des individus entre
pairs et de manière hiérarchique.
● Ce qui est un facteur de détérioration : l’attitude
des « petits chefs » et leur volonté de manifester leur
pouvoir en rabaissant et en humiliant les employés,
les différentes formes de harcèlement moral (voir le
texte de M.-F. Hirigoyen, p. 54) ; la compétition et les
jalousies qui conduisent aux coups bas et créent des
atmosphères détestables dans des bureaux, dans
des services ou sur des chantiers, sur tous les lieux
de travail.
2 Sujet ➜ p. 55. Ce sujet est traité p. 52 de ce
guide pédagogique, chapitre 6 (Analyser un extrait
d’essai).
Sujets ➜ p. 77 (NT) et p. 85 (NT).
➜ p. 150
THÈME : la sauvegarde des forêts
aperçoit n’ont ni veste ni manteau). Le cadrage de
la photo fait que celle-ci est entièrement « remplie »
par la verdure et semble découpée dans l’image
d’une vaste forêt foisonnante. On aperçoit de nom-
breuses branches qui semblent enchevêtrées, un
tronc épais avec une double ramification de ses
branches. Comme on ne voit pas le sol (c’est en cela
que l’image a quelque chose d’insolite), on peut se
 Analyser une photo CHAPITRE
15
demander à quelle hauteur on se trouve, à mi-chemin 2 Ce que met en valeur l’image
entre la racine des arbres et leur faîte. Un élément
La première vocation de cette image, qui fait partie
de l’image permet de répondre partiellement à cette
d’un dossier de presse, est de faire connaître les
question : il s’agit des passerelles qui joignent les
parcours de « L’Odyssée Verte » et l’originalité de
arbres et qui se situent au niveau de plates-formes
cette conception touristique. Cette image attire ainsi
autour de ces arbres, plates-formes entourées d’une
l’attention sur la possibilité offerte aux visiteurs de
toile verte et d’une barrière en bois. Grâce aux pas-
découvrir la forêt à un endroit d’où on ne la voit pas
serelles, dont certaines sont doublées de volées de
habituellement. Le balisage permet de se promener
marches elles aussi en bois, on peut accéder aux
au niveau des branches, et d’avoir ainsi avec les
plates-formes, qui sont elles-mêmes à des niveaux
arbres une relation nouvelle qui ne serait possible que
différents, probablement en fonction de la nature des
si l’on grimpait sur les branches. Dans « L’Odyssée
arbres. Sur l’une des plates-formes, on aperçoit un
Verte », des parcours sont offerts à tous et permet-
adulte et de la même plate-forme s’élance un enfant,
tent d’avoir des arbres une autre perception : ils sont
les bras ouverts et levés comme s’il allait prendre
accueillants et suscitent respect et amitié. C’est ainsi
son envol. On remarque que, d’une plate-forme à
une familiarité différente qui se met en place, faisant
l’autre, le chemin est bordé de cordes tendues pour
de la forêt un parcours d’aventure dans les arbres et
éviter les chutes.
non plus au sol. Il y a là, sans doute, une stratégie
Inspiré du goût des enfants pour les cabanes dans les qui permet de modifier les habituelles relations hom-
arbres, le parcours créé dans la forêt de Rambouillet a mes / arbres en donnant le sentiment de l’aventure et
pour nom « L’Odyssée Verte », ce qui renvoie à l’Odys- le plaisir de la découverte.
sée. Apparaissent ainsi non seulement l’idée d’aven-
ture, mais aussi celles de découverte et d’exploration.
Vers la synthèse ➜ p. 150
Ulysse naviguait sur les mers, les visiteurs de « L’Odys-
sée Verte » voyagent dans les arbres à la manière de
1 Deux documents : consigne ➜ p. 133 (NT).
certains animaux et apprennent ainsi à découvrir ce
que l’on ne voit pas lorsque l’on reste au sol. 2 Trois documents : consigne ➜ p. 150 (NT).

3 Trois documents : extrait théâtral d’A. Tchékhov, Oncle Vania (document 1 ➜ p. 136) ; photo de « L’Odys-
sée Verte » (document 2 ➜ p. 150) ; affiche publicitaire pour la marque Aigle (document 3 ➜ p. 133).

Intérêts du rapprochement
Trois documents d’époque et de genre différents abordant la question de l’homme dans la nature dans
des perspectives similaires de prise de conscience d’une sauvegarde nécessaire.

Nous donnons ici des éléments de réponse sous forme de tableau : ils peuvent servir de base à des recherches
plus précises et à des travaux de rédaction dans le cadre de l’apprentissage de la synthèse de documents.

1. EXTRAIT THÉÂTRAL DE TCHÉKHOV, 2. PHOTO DE « L’ODYSSÉE VERTE » 3. AFFICHE PUBLICITAIRE POUR LA

ONCLE VANIA (1897) (2007) MARQUE AIGLE (2007)

Thème des relations entre l’homme
et la nature, dont se trouvent
présentées et vantées les influences
bénéfiques, ce qui justifie que
l’homme ne détruise pas les forêts.
Les propos sont ceux de Sonia
(reprenant le point de vue d’Astrov)
et ceux d’Astrov lui-même,
défenseurs l’un et l’autre des forêts.
Selon eux, la forêt adoucit les
manières et les caractères humains ;
elle joue un rôle civilisateur, embellit
et affine les êtres humains, elle
leur donne une idée de la beauté,
et maintient un équilibre dans la
biodiversité.
Thème des relations entre
l’homme et la nature qu’il peut
découvrir et avec laquelle
(sous son aspect forestier) il
peut se familiariser grâce à des
installations qui placent les
visiteurs en hauteur, dans le
feuillage des arbres. Le visiteur
n’est plus tout à fait en position
de terrien puisqu’il se trouve,
comme certains animaux, dans les
arbres et non plus sous les arbres.
Il y a d’évidentes analogies entre
les réalisations de « L’Odyssée
Verte » et la publicité pour la
marque Aigle.
Thème des relations entre
l’homme et la nature, dans
laquelle il se trouve placé
par l’image, sous une forme
inattendue qui l’assimile à un
animal.
Homme (sous forme d’animal)
présenté dans la nature comme
une espèce réintroduite : idée de
sa disparition antérieure (pour
quelles raisons implicites ?) et de
sa réadaptation sous une forme
nouvelle. La publicité repose sur
une prise de conscience de la
nécessité d’une coexistence non
destructrice.

199
 ➤ Les trois documents insistent sur la nécessaire
coexistence des hommes et de la nature. Elle est
leur cadre de vie mais impose un certain nombre de
contraintes à respecter pour que la coexistence ne
prenne pas la forme d’une destruction irréfléchie :
4 Quatre documents : extrait théâtral de Tchékhov, Oncle Vania (document 1 ➜ p. 136), texte poétique
de J. Supervielle (document 2 ➜ p. 115), œuvre d’art (document 3 ➜ p. 121), photo de « L’Odyssée Verte »
(document 4 ➜ p. 150).
Intérêts du rapprochement
Quatre documents de genre différent et d’époque différente évoquent les nombreuses relations entre
l’homme et les arbres : la réflexion touche à l’écologie, mais aussi à l’animisme et aborde les fonctions
de la nature par rapport à la vie des êtres humains.
La consigne demande de faire émerger des docu-
ments différentes sortes de relation hommes / arbres.
L’adoption d’un plan linéaire permet de travailler ici
les rapprochements d’idées et leur rédaction.
Le rapprochement des quatre documents révèle
l’existence de relations diverses entre les hommes
et les arbres. On peut les répertorier : aux similitu-
des s’ajoute une influence bénéfique qui se révèle à
travers un véritable besoin. Vient enfin la nécessité
d’une connaissance.
I – ANALOGIES ET RESSEMBLANCES
Les analogies hommes / arbres constituent l’idée
essentielle du poème de J. Supervielle, mais
on retrouve cette idée à la fois dans le texte de
Tchékhov et dans l’œuvre d’art. L’auteur du docu-
ment 2 construit trois strophes adressées aux arbres
comme s’ils étaient des personnes vivantes capa-
bles de comprendre le langage humain. En utilisant
un lexique commun, par exemple les mots sève et
sang, force et accent, le poète évoque tout ce qui
rapproche arbres et hommes : leur constitution bio-
logique, leur vie et leur destin, leur regroupement en
familles, leur mort commune. Dans l’extrait théâtral,
le personnage d’Astrov parle des arbres et des forêts
comme s’il s’agissait d’êtres humains : il emploie le
verbe gémir pour les forêts, en les personnifiant. On
peut enfin penser que le rapprochement qui associe
hommes et arbres n’est pas absent de l’œuvre d’art
de Jean-Marie Massaud : ses vases de taille humaine
constituent une sorte de reconstitution de person-
nes, les troncs évoquant des corps et les feuillages
rappelant qu’il s’agit d’arbres. Invités à l’intérieur de
la maison ou sur une terrasse, ces « compagnons »
ont quelque chose d’humain et de familier.
II – UNE INFLUENCE POSITIVE ET UN BESOIN
On trouve l’idée d’une influence positive dans
plusieurs documents ; elle est particulièrement
développée dans le document 1 et illustrée dans
la photo et dans l’œuvre d’art. Dans l’extrait théâ-
200
dans les trois cas, le message est celui du respect et
de la recherche de tout ce qui peut aider à sauvegar-
der un lieu de vie, qui est aussi un lieu de civilisation,
de culture et de pensée.
tral, le personnage de Sonia, reprenant les propos
d’Astrov par la formulation Il dit que…, développe
l’idée d’une influence tout à fait bénéfique des forêts
sur les êtres humains : elles conduisent l’homme à
mieux connaître la beauté, lui inspirent une forme de
sagesse, adoucissent ses mœurs, lui confèrent grâce
et élégance, savoir-vivre. Les forêts jouent ainsi un
rôle culturel et civilisateur. Astrov ajoute que le fait de
planter des arbres inspire le sentiment de participer
au bonheur du monde et des êtres. On retrouve indi-
rectement l’idée d’une influence positive des arbres
dans la photo de « L’Odyssée Verte » : pris comme
terrain d’aventure, les arbres se transforment en
lieu de découverte et d’« osmose » familière entre
l’homme et la nature. Les arbres offrent un refuge, un
lieu de réflexion et de méditation : ils permettent de
comprendre l’importance d’une existence biologique
commune. La manière dont sont aménagés les par-
cours, avec le respect de l’environnement, entraîne
nécessairement un respect plus grand pour ces
êtres vivants que le « voyageur » côtoie sans qu’ils
soient détériorés. « L’Odyssée Verte » insiste sur une
relation de familiarité, de découverte et de respect.
Ce retour à la nature a certainement des effets sem-
blables à ceux que cite Sonia.
L’influence positive est indissociable d’un véritable
besoin qui se manifeste à travers l’œuvre d’art :
la reconstitution d’arbres sous la forme de grands
vases suggère que l’homme ne peut se passer de
la présence des arbres : familiarité, sentiment de
protection, besoin de nature, plaisir esthétique.
III – UNE CONNAISSANCE NÉCESSAIRE
On peut enfin considérer que ce qui lie les hommes
et les arbres est un sentiment de curiosité, le désir
de comprendre, de saisir un mystère qui, peut-être
aidera à comprendre le mystère humain. Cette idée
est présente, directement ou indirectement, dans les
quatre documents. Dans le document 2, J. Super-
vielle explique en quoi l’observation du « fonction-
nement » vital des arbres peut aider à comprendre

celui, si complexe, des êtres humains. Les propos
de Sonia et d’Astrov montrent qu’ils ont observé de
près la forêt, qu’ils développent une réflexion de type
écologique et qu’il leur paraît important de compren-
dre en quoi les arbres et les forêts entrent dans la
biodiversité (même si le mot n’est pas prononcé).
Le parcours de « L’Odyssée Verte » a pour objectif
officiel une sensibilisation à la nécessité de sauve-
garder les arbres, ce qui apparaît aussi lorsque l’on
admire la ligne des arbres de J.-M. Massaud : les
arbres / vases imposent la présence du végétal à l’in-
térieur d’une maison ou d’un appartement et posent
les bases d’une connaissance indispensable.
➤ Les quatre documents insistent, sous des formes
différentes, sur la diversité et sur la richesse des
relations homme / arbre : en soulignant les analogies,
l’influence positive et l’importance de la connais-
DOCUMENT 6 Affiche du film de Michael Moore, Sickoo (2007)
Intérêts du document
Une affiche de film traitant, sur le mode de l’humour noir, de la valeur du système de santé
américain ; la mise en scène de Michael Moore, connu pour ses films contestataires et
présent sur l’image, et l’illustration d’interrogations sur la manière dont sont traités les ma-
lades.
1 Les composantes textuelles de l’image et
les personnages
Si l’on détaille l’image de bas en haut, on trouve
les éléments textuels suivants : une adresse Inter-
net comportant le titre du film Sicko (l’adjectif sick
signifie malade en anglo-américain), trois lignes de
noms correspondant à différentes personnes ayant
participé à des titres divers à la réalisation du film :
production, réalisateur… Ces éléments sont stricte-
ment informatifs. On a ensuite cinq lignes utilisant
des caractères d’imprimerie différents : l’indication
Un film de Michael Moore, le titre du film et le rappel
de titres de films du même réalisateur : Bowling for
Columbine et Fahrenheit 9 / 11. Le rappel des films
précédents est une manière de mettre l’accent indi-
rectement sur le genre de films faits par M. Moore :
ils sont toujours critiques. Le spectateur peut donc
penser que dans son dernier film le système de
santé est passé au crible sans indulgence. On peut
considérer qu’il y a là un début de « message ».
En haut de l’image, le logo du Festival de Cannes
signale la sélection du film hors compétition. Les
Analyser une photo CHAPITRE
15
sance, les quatre auteurs attirent l’attention sur la
nécessité absolue de protéger les forêts comme on
protège un patrimoine qui conserve une mémoire,
apporte des connaissances et aide à vivre.
Quatre documents : consigne ➜ p. 93 bas. Cet
exercice est traité dans ce guide pédagogique,
p. 110, chapitre 9 (Analyser un schéma, un docu-
ment chiffré).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 150
1 Sujet ➜ p. 137 (NT).
2 Sujet ➜ p. 137. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 181, chapitre 14 (Analyser un extrait
théâtral).
➜ p. 151
THÈME : les dérives de la médecine
deux autres inscriptions ont un rôle particulier. La
mention Salle d’attente indique où se situe la scène
représentée sur l’image : on est dans un hôpital. La
phrase injonctive peut servir de moralité au film et
donne le ton, Aux États-Unis, pour rester en bonne
santé… ne tombez pas malade ! Elle constitue une
tautologie attirant l’attention sur les dangers d’être
malade, ce qui signifie que les malades risquent de
voir leur état empirer lorsqu’ils font appel au système
de santé américain. Le message est illustré par les
personnages qui occupent le centre de l’image,
Michael Moore, le réalisateur du film, attendant avec
placidité dans une salle d’attente, entouré de trois
autres patients qui ont la particularité d’être des
squelettes.
2 Le slogan et les personnages de la photo
Il est intéressant d’observer les relations entre
la recommandation exprimée par le slogan (qui
constitue en même temps un argumentaire) et les
personnages. La présence du réalisateur fait de lui
un acteur et souligne, par sa présence – réelle – à
201
 l’hôpital, qu’il se sent particulièrement concerné par
le problème traité. On pourrait dire qu’il représente
le premier état du patient et que les squelettes qui
l’entourent illustrent un second état, après passage
entre les mains des médecins. Leur présence, assise,
dans une salle d’attente, les activités par lesquelles
ils meublent le temps et leur nature (des squelettes)
expriment l’idée qu’ils sont à la fois vivants et morts,
et que leur état de squelette vivant est ce qui attend
tous les malades qui entrent à l’hôpital. Il y a celui qui
a encore forme humaine et qui s’aventure à l’hôpital
et ceux qui y sont déjà venus. L’un lit un journal dont
le titre est Detroit Free Press sur la première page
duquel on peut lire en très gros titre MAN LANDS ON
MOON, ce qui rappelle l’événement de 1969, des
hommes sur la Lune. Ce squelette est celui d’une
femme : on voit un sac à main par terre entre les pieds
de la chaise. De l’autre côté du personnage vivant,
Vers la synthèse ➜ p. 151
1 Deux documents : dessin de presse de Serre (➜ p. 89) et affiche du film Sicko (➜ p. 151).
Intérêts du rapprochement
Les deux représentations permettent un travail sur l’image et sur un registre commun, la dérision et
l’humour noir au service d’une critique sévère dans les deux cas ; on peut envisager à partir de là une
réflexion sur la manière de traiter les questions de santé et de mettre le comique au service de ce qui est
grave et de ce qui fait peur.
La consigne demande d’étudier un registre commun
et les moyens d’une dénonciation efficace. Nous
donnons les grandes lignes de cette étude compa-
rée.
Les deux documents traitent d’un thème commun
qui est la médecine en général et plus particulière-
ment ce que l’on pourrait appeler ses dérives et ses
dangers. Outre le thème, traité de manière satirique,
les deux images ont en commun une critique dont
l’efficacité vient de la nature de ce qui est repré-
senté.
I – UN REGISTRE COMMUN
Il s’agit de ce que l’on appelle l’humour noir, défini
par le dictionnaire Larousse comme ce qui souligne
avec cruauté, amertume et souvent désespoir l’ab-
surdité du monde. Les auteurs du dessin et de la
mise en scène représentée sur la photo parviennent
à faire rire, ou sourire, à partir de situations qui ne
sont pas drôles en elles-mêmes mais qui compor-
tent l’une et l’autre un élément absurde et totalement
invraisemblable, intégré à un contexte tout à fait vrai-
semblable et réaliste. Ce qui n’est pas drôle, dans
les deux images, est ce qui touche à la santé. On
sait que ce domaine, qui concerne la vie et la mort,
est toujours difficile à envisager parce qu’il confronte
202
deux autres squelettes semblent être très proches
puisque l’un appuie sa tête sur l’épaule de l’autre.
Ils forment un couple. Celui qui porte une écharpe
verte a posé un livre, Tropic of Cancer, roman de
l’Américain H. Miller (1891-1980), qui, naturellement,
fait ici jeu de mots.
L’idée qui ressort de la photo, sur le ton de la dérision
et de l’humour noir, est qu’il n’est pas prudent, aux
États-Unis, de se risquer à l’hôpital si l’on ne veut
pas être transformé en « squelette ambulant », ou en
« mort vivant ». La juxtaposition du personnage et
des squelettes a une grande force démonstrative :
le slogan, l’indication du lieu (très significative) et
le changement d’état indiquent que l’on se trouve
entre la vie et la mort, ce qui est de nature à frapper
les imaginations et à inspirer une véritable crainte du
système de santé, dont la finalité et l’éthique sont
exactement contraires à l’image proposée.
l’être humain à sa fragilité et au caractère limité et
menacé de sa vie. Dans le dessin de Serre, ce qui
n’est pas drôle est la situation du patient avec sa
jambe dans le plâtre et ses interrogations lorsqu’il
se trouve devant le chirurgien, dans son cabinet de
consultation. Ces interrogations sont implicites et le
lecteur de l’image peut les imaginer selon qu’il voit,
ou non, ce qui se trouve derrière le chirurgien : les
interrogations doivent certainement porter sur la
guérison d’une fracture du pied et / ou de la jambe.
Mais elles sont certainement différentes et angois-
santes lorsque le lecteur se rend compte que le mal-
heureux patient peut croire que le chirurgien va lui
couper la jambe, comme peuvent le laisser présager
les trophées qui ornent le cabinet médical. Symboli-
quement, des trophées font passer le chirurgien pour
un dangereux chasseur d’hommes. Il est donc facile
d’imaginer ce qu’attend le patient et dans quel état
d’inquiétude et de peur il se trouve. Le registre est
accentué par le dessin en noir et blanc présentant
des personnages caricaturaux, aux traits accentués.
On retrouve un registre très proche sur l’image du
film Sicko par la juxtaposition du personnage vivant
(et identifiable puisqu’il est le réalisateur du film) et
des trois squelettes présentés comme des êtres
animés (l’un lit un journal, l’autre a interrompu sa
lecture pour soutenir le troisième). La présence des

squelettes est tout à fait invraisemblable, mais, sym-
boliquement, elle signifie que le passage du patient à
l’hôpital conduit nécessairement à une détérioration
proche de la mort, ou équivalente à elle. Là encore,
le lecteur anticipe, grâce à l’image, et imagine ce que
deviendra M. Moore une fois qu’il aura été traité par le
service de santé. La physionomie de ce personnage
est ambiguë : ou bien il est un patient qui ne sait rien, et
sa passivité laisse penser qu’il va découvrir une réalité
insoupçonnée (malgré la présence des squelettes) ;
ou bien il sait exactement – comme le montrent les
squelettes – ce qui l’attend et a choisi d’expérimenter
la situation pour la dénoncer avec plus de force.
Dans les images considérées, l’humour noir vient
d’une part de l’évocation d’amputations destinées à
orner un cabinet médical, ce qui n’est pas leur voca-
tion, et d’autre part de la présence de la mort comme
conséquence, non d’une maladie mais de son trai-
tement hospitalier. Il y a dans les deux cas une dis-
torsion qui souligne la gravité de situations tout en la
dédramatisant par l’invraisemblance et l’incohérence.
II – L’EFFICACITÉ DE LA CRITIQUE
La critique est rendue efficace par ce qui attire
immédiatement l’attention du lecteur / spectateur et
fait naître une interprétation. Dans les deux cas, ce
sont les personnages qui sont vus immédiatement.
Dans le dessin de Serre, les deux personnages en
tête à tête semblent se jauger dans un défi dont la
jambe serait l’enjeu ! Leur physionomie accentue la
tension apparente : attitude interrogative et plutôt
craintive chez le patient, expression sardonique chez
3 Quatre documents : extrait de Knock, de J. Romains (document 1 ➜ p. 137), dessin de presse de Serre
(document 2 ➜ p. 89), affiche du film de M. Moore, Sicko (document 3 ➜ p. 151), entretien avec Axel Kahn
(document 4 ➜ p. 71).
Intérêts du rapprochement
Quatre documents, dont deux de nature iconographique particulièrement parlants, pour étudier, à la fois
sur un mode humoristique (grinçant) et sur un mode sérieux (A. Kahn), certaines menaces qui pèsent sur
la médecine. Groupe de quatre documents permettant, par leur nature et leur contenu, un apprentissage
accessible et efficace de la synthèse.
Nous donnons ici l’introduction de la synthèse et le
développement de trois grandes orientations.
INTRODUCTION
Il n’est pas toujours facile d’aborder le domaine de la
santé, tant il met en cause d’éléments symboliques,
parce qu’il rappelle constamment que l’être humain
est mortel et fragile. Les quatre documents proposés
se rattachent à ce thème de manière différente. Les
deux documents iconographiques, un dessin de
presse de Serre datant de 1973 et l’affiche du film
de M. Moore, Sicko (2007), relèvent de ce que l’on
appelle l’humour noir. Ils conduisent à une interroga-
Analyser une photo CHAPITRE
15
le chirurgien qui semble guetter sa proie. L’existence
des trophées – qui ont quelque chose de mons-
trueux – conduit le lecteur à définir rapidement ce
que semble être le sort du patient et le sens se met
en place de manière claire : ce chirurgien est plus
intéressé par la mutilation de ses patients que par
leur guérison. Tout est dit par la position des deux
personnages, leur fonction respective et la présence
des trophées. Le lecteur fait alors le lien et trouve
le sens : la mission médicale du chirurgien n’est
pas remplie ; elle est dévoyée. Au lieu de réparer, il
détruit. À partir de l’exemple mettant en scène deux
personnages, le lecteur peut effectuer une généra-
lisation et considérer la relation patient / chirurgien
sous cette forme unique. Un processus similaire se
met en place à partir de l’affiche. Son efficacité vient
de la présence inattendue des trois personnages et
de la transformation que semble impliquer en eux un
passage à l’hôpital : de l’apparence d’un homme on
passe à l’état de squelette, métamorphose inatten-
due ayant pour cause les soins médicaux reçus à
l’hôpital. Dans les deux cas, c’est l’idée de transfor-
mation / détérioration qui domine et c’est la manière
dont elle est mise en scène, par des juxtapositions,
qui la rend efficace : contrastes, juxtaposition d’un
avant et d’un après, conclusion qui s’impose sur les
effets négatifs et peu éthiques de la médecine. On
peut ajouter que l’efficacité de la première image
vient de son absence de texte, tandis que celle de
la photo est accentuée par le slogan (faussement)
tautologique qui figure en haut de l’image.
2 Trois documents : consigne ➜ p. 151 (NT).
tion sur la réelle capacité de la médecine de guérir et
sur le rôle des médecins. L’extrait de la pièce Knock
(1923) aborde également le thème du pouvoir et des
comportements des médecins, rejoignant par là
l’extrait d’entretien avec A. Kahn (2007) qui aborde
la question des dérives actuelles de la médecine. Le
corpus conduit à étudier certaines inquiétudes quant
aux capacités de la médecine, puis la question du
pouvoir des médecins et enfin celle du pouvoir des
malades.
I – LA MÉDECINE PEUT-ELLE GUÉRIR ?
Sur les quatre documents, trois peuvent laisser pla-
203
 ner des doutes sur les capacités de la médecine de
guérir les malades. L’affiche du film de M. Moore est
explicite à ce sujet : aller à l’hôpital, actuellement,
aux États-Unis, pour se faire soigner, c’est risquer
d’être transformé en squelette, et donc de subir une
détérioration profonde, passage de la vie à la mort,
même si l’un des squelettes représentés lit le journal
et l’autre un livre. Cette détérioration de la santé du
fait du milieu médical est aussi le thème de la scène
de Knock dans laquelle on voit un médecin entre-
prendre, avec succès, de rendre malade un visiteur
bien portant par la simple et terrible évocation de
microbes, de bacilles et d’organes endommagés.
Les doutes suscités par ces deux documents ne sont
pas absents du dessin de Serre. Sous une forme un
peu différente, il fait valoir qu’on ne peut guère faire
confiance à une chirurgie qui coupe et ampute au
lieu de soigner par un plâtre. La conclusion que l’on
peut tirer du rapprochement des trois documents est
qu’il ne faut sans doute pas mettre des espoirs trop
grands dans une médecine qui semble avoir perdu
de vue sa vocation initiale, restaurer la santé et non
la dégrader.
II – LES POUVOIRS DU MÉDECIN
Le domaine de la médecine est par définition celui
des médecins et celui des malades. Parmi les docu-
ments, deux évoquent explicitement des comporte-
ments qui peuvent inspirer quelques inquiétudes et
le troisième les sous-entend. Autant le chirurgien
du dessin de Serre que le personnage théâtral de
Knockk peuvent faire peur. Le dessin montre un
homme installé dans son cabinet, écoutant avec un
sourire intéressé ce que doit être en train de lui dire
le patient. Mais ce qui attire l’attention, plus que
le caractère entendu et narquois du sourire, est le
tableau de chasse qui se trouve derrière le chirur-
gien et qui fait immédiatement comprendre le sens
du sourire : le patient va contribuer à augmenter
d’une jambe le tableau des trophées. Dans l’extrait
de Knock, le médecin mis en scène est tout aussi
pervers : sous couvert de lancer une opération
d’information médicale, il teste sur l’instituteur une
manière de procéder qui consiste à rendre malades
les patients pour « faire triompher » la médecine.
Il développe par là une conception inversée (et
perverse) de la médecine, dont le triomphe ne peut
passer que par la guérison de patients rendus préa-
lablement malades. Cette conception met le méde-
cin en contradiction avec le contenu du serment
qu’il a prêté. Dans les deux cas, ce qui est mis en
relief est un pouvoir inacceptable du médecin sur le
malade, réduit à peu de choses (l’instituteur devient
nauséeux, l’homme à la jambe dans le plâtre ne
semble pas en position de force…). Enfin, l’affiche
de Sicko suggère que les médecins transforment, à
l’hôpital, un homme en squelette.
204
III – LE STATUT DES PATIENTS ET LES POUVOIRS
QU’ILS S’ARROGENT
Le statut des patients est nécessairement abordé
lorsqu’il est question de la médecine. Dans le corpus
envisagé, on peut les voir sous deux aspects : d’une
part ils peuvent être perçus comme des victimes,
d’autre part ils sont montrés comme des « clients »
attendant de leur médecin qu’il se mette à leur ser-
vice dans une relation de type contractuelle. Dans
les deux cas, on peut parler de « dérives » de la
médecine.
● Les patients « victimes » : ils apparaissent
essentiellement dans le texte de J. Romains à tra-
vers l’instituteur, qui se trouve le second (après le
tambour de ville) sur lequel Knock expérimente sa
manière de rendre malades les patients en bonne
santé, et dans le dessin de Serre, qui oppose un
chirurgien réjoui à un malade visiblement anxieux
et qui doit l’être encore plus quand il aperçoit les
trophées chirurgicaux. On trouve aussi ce statut
dans l’affiche de Sicko, à travers le contraste d’un
comique macabre entre la corpulence du supposé
malade (le réalisateur M. Moore) et les trois squelet-
tes qui lui tiennent compagnie : le patient qui attend
la consultation peut penser qu’il va en sortir dans un
état similaire, ce qui n’est pas encourageant.
● Les « nouveaux » patients : le texte de La
Gazette du Palais présente un cas un peu particulier.
C’est le seul des quatre documents du corpus qui
envisage les patients à travers un statut nouveau et
revendicatif. A. Kahn expose en effet les nouveaux
comportements de certains patients, comporte-
ments qui modifient les relations médecin / patient
en les plaçant sur le mode contractuel. Atteints de
« nomadisme médical », ils entendent obtenir d’un
médecin ce qu’ils veulent quitte à en changer s’ils
n’obtiennent pas satisfaction. La relation patient / mé-
decin traditionnelle se transforme alors en relation
médecin / client, avec un contrat implicite ou explicite
portant souvent sur des objectifs qui s’éloignent de
la maladie elle-même : on demande une amélioration
esthétique, des performances sportives, voire un
traitement qui permet de mieux vivre mentalement
et socialement. On peut dans ces conditions s’inter-
roger sur le statut du médecin et sur l’inversion des
rôles. C’est le patient / client qui détient le pouvoir et
le médecin est contraint à la soumission sous peine
de perdre sa clientèle.
➤ Le corpus met en lumière des comportements
médicaux et conduit les lecteurs à s’interroger sur
différentes conceptions de la médecine et sur ses
dérives : modification des relations traditionnelles
médecin / patient avec l’émergence de demandes
précises qui se trouvent à la frontière de la légalité ;
mise en valeur de la performance et de la réussite,
avec l’exigence d’une aide médicale ; pouvoir du

médecin de décider à la place du patient, mais aussi
demande de comptes adressée au médecin par le
patient. Tous ces comportements, toutes ces attitu-
des montrent que si les angoisses nées de la mala-
die sont toujours là, la médecine change, comme
se transforment les relations entre le malade et son
médecin. Signe des temps, ces modifications sont
révélatrices de changements dans la vie sociale.
DOCUMENT 7 Marie Dorigny, enfants travaillant dans une
briqueterie en Colombie (1992-1993)
Intérêts du document
Une image témoignant du travail des enfants et de leur exploitation ; le caractère esthétique
de la photo et ce qu’elle évoque ; des interrogations sur son efficacité et sur le pouvoir de
l’image.
Pour analyser le document
1 Caractéristiques et fonctions de l’image
L’image montre trois enfants, des garçons d’environ
huit à douze ans, dans ce qui semble être une car-
rière dont la paroi est très proche. Elle est de couleur
blanc et orange et constitue un fond rocheux qui
semble propice aux éboulements. Les bords de la
photo sont obscurcis, à droite par de l’ombre, à gau-
che par ce qui semble être du charbon de bois, et
la partie centrale, sur laquelle se détachent les trois
enfants, semble éclairée comme par un projecteur.
Sur ce fond, on aperçoit les trois garçons. Deux sont
au premier plan, dans une attitude exactement simi-
laire : penchés en avant, et le buste oblique (les deux
bustes sont parallèles) et la tête dans l’alignement
de la colonne vertébrale, ils avancent en portant sur
leur dos, retenues par leurs mains, le second cinq
briques et quatre le premier. Le poids des briques,
qui sont pleines, et la nécessité de les maintenir
en équilibre obligent les enfants à se pencher en
avant en regardant le sol. C’est un travail difficile
et épuisant, parce que les briques sont lourdes et
que visiblement, le chemin est semé de roches,
de briques brisées et de déchets de toutes sortes.
Au second plan, on aperçoit le troisième enfant,
peut-être plus âgé, qui marche en sens inverse (il
vient sans doute de déposer ses briques et va en
chercher d’autres). On remarque qu’il a sur la tête
une lanière qui descend dans son dos : elle lui sert
à soutenir les briques (ce que les autres enfants font
avec leurs mains) et peut-être lui permet-elle d’en
porter davantage. Il regarde l’objectif et l’on peut
observer qu’il semble esquisser un sourire.
Analyser une photo CHAPITRE
15
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 151
1 Sujet ➜ p. 72. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 77, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
2 Sujet ➜ p. 162 (NT).
➜ p. 152
THÈME : l’exploitation des enfants
Tout à fait à gauche, l’image montre le coude d’un
autre enfant qui est peut-être en train de décharger
ses briques.
L’image possède plusieurs spécificités. D’abord, on
remarque ce qui en constitue le fond, et la manière
dont les trois enfants semblent en émerger, surtout
celui de l’arrière-plan, dont on ne voit que le buste.
Celui de droite paraît sortir de l’ombre. Le cadrage de
la photo fait que ce fond a ici la limite de l’image et
semble se continuer hors champ, comme un décor.
On remarque ensuite que la disposition en triangle des
enfants, et le parallélisme de ceux qui sont devant,
créent une sorte de rythme dans l’image, comme une
ronde faisant apparaître leur cheminement aller et
retour selon un parcours bien défini et leur émergence
dans la lumière. La photo montre un moment pris sur le
vif, mais avec des effets particuliers dans les couleurs
et dans les lignes, effets mis en relief par l’éclairage
et lui conférant un indéniable caractère esthétique qui
peut interpeller le lecteur / spectateur. La photo met
en évidence les conditions de travail des enfants :
nature des lieux, poids des briques, fatigue, pous-
sière, risques de chute, chemin rocailleux. En même
temps, elle cadre et fixe de manière très organisée les
éléments qui y figurent, avec des effets de similitudes,
une composition très précise. L’image est à la fois
belle et dynamique par les différents équilibres et les
rythmes qu’elle met en place et terrible par ce qu’elle
représente : l’exploitation inhumaine d’enfants dont
l’avenir est déterminé négativement par la manière
dont on les emploie au lieu de les laisser aller à l’école.
Sa fonction est certainement de dénoncer le sort
réservé aux enfants, ce qu’elle fait avec force, mais en
conservant cependant une certaine ambiguïté.
205
 2 Réactions personnelles
Il paraît important de demander aux étudiants de
réagir devant cette photo qui est un témoignage
accablant de l’exploitation des enfants en Colombie,
mais qui, en même temps, semble être construite de
manière si composée et si rigoureuse que l’on peut
s’interroger sur son interprétation, sur ses fonctions
et sur son efficacité dénonciatrice.
– Réalisme d’une photo prise sur le vif.
– Composition d’une photo qui regroupe diverses
qualités esthétiques.
– Portée symbolique d’une photo qui donne l’im-
pression que les enfants sortent de l’ombre pour
y retourner (à rapprocher du poème de V. Hugo,
« Melancholia »).
– Utilisation de la couleur pour créer des effets de
récurrence (bleu, blanc, beige, orange).
Vers la synthèse ➜ p. 152
1 Deux documents : consigne ➜ p. 152 (NT).
DOCUMENT 8 Martin Parr, Athènes, touristes devant l’Acropole
(1991)
Intérêts du document
Une photo qui fait sourire en mettant l’accent sur certaines caractéristiques du tourisme de
masse : voyages organisés, groupes, parcours balisés, importance des photos ; le photo-
graphe a joué sur les oppositions et les similitudes en saisissant une scène dont la disposi-
tion très rigoureuse peut étonner.
Pour analyser le document
1 Thème et contenu de la photo
Le spectateur de la photo, qui pourrait être le pho-
tographe, se trouve hors champ mais il peut avoir
l’impression qu’il se trouve lui aussi sur la colline de
l’Acropole à peu de distance du photographe que
l’on voit de dos et qui apparaît dans le champ de
l’objectif. Ce qui est montré à ce spectateur, outre
une partie du photographe du premier plan, est un
ensemble qui évoque et illustre le thème du voyage.
Le premier groupe photographié de face est un
ensemble de voyageurs japonais, qui viennent donc
de loin pour visiter un site mondialement connu, celui
du Parthénon, devant lequel ils posent. On distingue
un autre groupe, tout aussi compact, à l’arrière-plan
et vu de dos. Il s’agit d’autres touristes. Le thème
traité est celui du tourisme et l’on peut même parler
de tourisme de masse, ou de voyage organisé. On
206
Deux documents : consigne 1 ➜ p. 124. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 157, chapi-
tre 12 (Analyser une œuvre d’art).
2 Trois documents : consignes ➜ p. 152 (NT) et
p. 128 (NT).
3 Quatre documents : consignes ➜ p. 152 (NT),
p. 124 (NT) et p. 164 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 128. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 165, chapi-
tre 13 (Analyser une publicité).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 152
1 Sujet ➜ p. 69. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 71, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
2 Sujet ➜ p. 164 (NT).
Sujet 1➜ p. 95. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 112, chapitre 9 (Analyser un schéma,
un document chiffré).
➜ p. 153
THÈME : le voyage
retrouve sur la photo les éléments qui connotent ce
thème : les groupes, les étrangers, le photographe,
le site archéologique, les guides (le groupe vu de dos
est certainement en train d’en écouter un).
2 Composition de la photo et mise en valeur
du thème
La photo, telle qu’elle est prise par le photographe
Martin Parr, présente un certain nombre de caracté-
ristiques. On remarque d’abord la disposition de ses
composantes, du premier plan à l’arrière-plan, sur
une ligne oblique, ce qui donne l’impression d’une
organisation voulue des éléments et non d’une dis-
position du hasard. En particulier, le Parthénon, vu de
côté, en perspective, est exactement au centre de la
photo. Deux groupes de personnes se distinguent
sur le fond clair à la bigarrure des couleurs de leurs
vêtements, comme deux ensembles d’éléments
agglomérés. Les deux groupes, assez compacts,

se tournent le dos et ont des activités différentes : les
Japonais posent pour une photo de groupe, les autres
semblent rassemblés autour d’un guide. Les similitu-
des des deux groupes, sur le même site, se tournant le
dos, attirent l’attention sur les oppositions : les Japo-
nais portent tous des pantalons (sauf une personne
en jupe au premier rang) ; ils se sont installés sur une
dénivellation du terrain pour poser de manière étagée,
comme pour une photo scolaire. Leur photo fait la part
belle au Parthénon qui dresse ses colonnes derrière
eux, car il faut bien montrer qu’« on y était ». Mais cela
entraîne qu’ils ne regardent pas le monument qu’ils
sont venus visiter. De derrière le photographe qui
prend la photo, Martin Parr, autre photographe, s’est
amusé à souligner la mise en abyme du photographe
photographié. Si l’on passe à l’autre groupe, qu’on
pourrait mettre dos à dos avec le premier, on remar-
que une tenue différente : les touristes sont en tenue
plus légère (des shorts) : le groupe est sans doute plus
diversifié en âge. Regroupés en rond, ils semblent en
train d’écouter un guide, mais on remarque que certains
tournent le dos au monument. Ainsi placé au centre de
la photo, le temple majestueux dresse ses colonnes
claires dans une sorte d’indifférence générale : il est là,
mais on ne le regarde pas. On peut remarquer que le
photographe a joué non seulement sur les contrastes
des groupes, mais aussi sur les lignes, en particulier
Analyser une photo CHAPITRE
15
les lignes verticales, celles des colonnes, celles des
personnes qui composent les deux groupes.
De la disposition des composantes de la photo, on
peut faire émerger un certain nombre de remarques
et de réflexions :
– la pérennité souveraine et majestueuse du Parthé-
non qui « voit » passer les groupes divers, venus du
monde entier ;
– la présence des groupes illustrant le tourisme de
masse ;
– l’importance très grande accordée à la photo (prise
par les touristes) qui prouve à la fois l’existence du
monument, et le fait qu’on l’a vu de près ;
– le mode de fonctionnement du groupe, dans lequel
chacun calque son attitude sur l’attitude des autres :
on pourrait penser que chaque membre du groupe
préfère les explications collectives au regard et à la
lecture personnels.
La photo est si bien composée (les deux groupes,
leurs oppositions, leur place par rapport au Parthé-
non, l’absence d’élément « parasite ») que l’on peut
avoir la même impression que pour la photo des
enfants en Colombie : l’attente par le photographe
de la situation « parfaite » qui permettra une photo
très organisée.

Vers la synthèse ➜ p. 153

1 Deux documents : extrait de la BD Le Photographe, de D. Lefèvre, E. Guibert et F. Lemercier (➜ p. 86),

et photo de Martin Parr, Athènes, touristes devant l’Acropole (➜ p. 153).

Intérêts du rapprochement
Mise en parallèle de deux modes d’expression et de deux témoignages de voyages réels mais différents,
l’un et l’autre étant représentatifs de notre époque : voyage de groupe, voyage (et action) humanitaire.

Le rapprochement des deux images est traité sous forme de tableau pouvant servir de base à un travail
d’écriture dans le cadre de l’apprentissage de la synthèse.

1. PHOTO DE MARTIN PARR 2. DEUX PAGES DE LA BD LE PHOTOGRAPHE

(1991)
– Scène de voyage devant le Parthénon rapportée
sous la forme d’une photo unique saisissant sur le vif
un ensemble représentatif d’une certaine forme de
voyage.
(2003)
– Ensemble de dessins alternant avec des séries de
photos rapportant certains épisodes d’un voyage en
Afghanistan (il y a 12 photos authentiques).

– Voyage d’agrément permettant à des touristes venus
de divers horizons de venir admirer le Parthénon et
les restes archéologiques de la civilisation grecque ;
voyage de découverte de lieux connus et « qu’il faut
absolument voir ».
– Voyage entrepris par des membres d’une équipe
de Médecins sans frontières (MSF) pour apporter
une aide humanitaire à des populations isolées dans
le nord de l’Afghanistan au cours de l’invasion de ce
pays par l’URSS.

207
 – Les sites visités ne présentent aucun risque ; il s’agit
de découvrir des lieux très connus qui constituent des
objectifs touristiques en fonction de parcours balisés
et préalablement organisés.
– Voyage dans un pays en paix offrant toutes les
garanties de sécurité, d’autant plus qu’il s’agit de
voyages organisés au cours desquels les voyageurs
n’ont à s’occuper de rien.
– Les photos jouent un rôle important pour les
voyageurs : c’est un souvenir qui montre où ils sont
allés, qui permettra ensuite d’évoquer le voyage, qui
en constitue une preuve et une illustration.
– Les photos donnent à voir un lieu de grande valeur
architecturale et de grande célébrité : on vient le voir
et l’admirer, volontairement, mais aussi parce que cela
fait partie d’un circuit organisé : on n’imagine pas un
voyage en Grèce sans une visite de l’Acropole et du
Parthénon.
➤ Voyage organisé, balisé et sécurisé, en groupe,
tourisme de masse d’un côté, aventure humanitaire
de l’autre, les deux types de voyage sont tout à fait
différents : il arrive que les premiers, lorsqu’ils se font
dans certains pays du globe, permettent de mieux
comprendre le sens et la nécessité des seconds.
Mais il arrive aussi que les voyages d’agrément trop
balisés ne permettent pas aux voyageurs de voir
autre chose que ce qu’on veut bien leur montrer. Ils
passent ainsi à côté de réalités humaines qui exige-
raient des interventions humanitaires.
2 Deux documents : consigne ➜ p. 153 (NT).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 153 (NT).
DOCUMENT 9 Poste de contrôle de surveillance des réseaux de
transport de la RATP (1999)
Intérêts du document
Une photo montrant un poste de contrôle et de surveillance : les installations centralisées,
les instruments de surveillance utilisés ; une présence humaine et, à partir de là, de nom-
breuses questions sur ce que deviennent les informations recueillies et sur les garanties
données aux citoyens.
208
– Le voyage se fait dans un territoire soumis aux
bombardements ennemis et comportant des mines.
Tout y est dangereux, ce qui explique une surveillance
constante, la circulation par petits groupes, avec un
guide connaissant bien la région et armé. S’égarer
est un véritable danger, comme le montre le regard
du palefrenier qui s’était perdu. Il ne s’agit pas de
tourisme mais d’action humanitaire très risquée.
– Voyage dans un pays en guerre, désertique et
inconnu : les voyageurs doivent déterminer leur route
et sont en constante situation d’être attaqués.
– Les photos, professionnelles, ont une valeur de
témoignage : elles recomposent le voyage et en
donnent les étapes, complétées par des dessins qui en
sont une transposition très précise.
– Les photos permettent au lecteur de la BD
d’admirer des paysages sauvages de montagnes et de
steppes, caractéristiques de cette région du monde.
Difficilement accessibles en raison de la guerre, ces
paysages sont en quelque sorte offerts aux lecteurs,
qui peuvent comprendre, à travers eux, le caractère
aventureux du voyage.
Quatre documents : consigne ➜ p. 132. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 172, chapi-
tre 13 (Analyser une publicité).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 153
Sujet ➜ p. 62 (NT).
Sujet ➜ p. 108. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 133, chapitre 11 (Analyser un extrait
poétique).
Sujet ➜ p. 132. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 173, chapitre 13 (Analyser une
publicité).
➜ p. 154
THÈME : les menaces sur les libertés

Pour analyser le document
Ce que représente l’image
La photo, prise en contre-plongée, montre une
grande table sur laquelle sont placés des écrans d’or-
dinateur – on en voit cinq – dont quatre sont accolés
et forment une sorte de mur d’images. Devant ces
ordinateurs se trouvent des claviers et deux postes
téléphoniques. On aperçoit aussi des souris d’ordi-
nateur et des feuilles de papier, certaines placées
devant la personne que l’on distingue à droite, à
moitié coupée par le cadrage de la photo. La photo
montre surtout l’ensemble du matériel informatique
et les images qui figurent sur les écrans : un plan de
Paris avec sans doute le tracé des lignes de métro
et d’autobus pour le premier écran, un quai de métro
dans toute sa longueur avec une personne bien visi-
ble, qui attend, sur le second. On distingue mal ce
qui se trouve sur les autres écrans, mais on devine
qu’ils sont tous en relation avec la surveillance des
réseaux de transports urbains.
➤ La photo montrant une personne et cinq ordina-
teurs à proximité, lui permettant de voir ce qui se
passe sur des quais de métro, crée l’impression
d’une surveillance à distance, dont on n’a pas
conscience lorsqu’on se trouve, par exemple, dans
les transports en commun.
2 Surveillance et sécurité
Les deux notions sont étroitement liées : il est certain
que le fait de voir ce qui se passe sur les quais du
métro permet une intervention rapide en cas d’in-
cident (ou pis) et surtout permet de conserver des
images de ce qui s’est passé et de ceux et celles
qui sont concernés et / ou qui y ont participé. Les
voyageurs peuvent donc se sentir rassurés de savoir
que se trouvent sur les quais et dans les couloirs du
Analyser une photo CHAPITRE
15
métro des caméras qui enregistrent tout ce qui se
passe. Mais cette sécurité, qui n’est peut-être pas
totalement dissuasive (ce que rappellent indirec-
tement des annonces disant qu’il peut y avoir des
voleurs sur les quais et dans les rames de métro)
pose le problème de l’existence d’informations
concernant de nombreuses personnes, informations
dont ces personnes ignorent l’existence, et dont on
ne sait pas ce qu’elles deviennent. Les questions qui
se posent alors sont les suivantes :
– Comment un voyageur peut savoir qu’il est filmé ?
– Que fait-on des images ? Où sont-elles stoc-
kées ?
– Qui y a accès ?
– Pendant combien de temps sont-elles conser-
vées ?
– Les voyageurs ne devraient-ils pas être informés
qu’ils sont filmés ?
– Qui a le droit – juridiquement parlant – d’utiliser
ces informations ? Dans quels cas ? Avec quelles
garanties pour chaque individu ?
– Quels sont les pouvoirs de ceux qui ont accès à
ces informations ?
Comme on le voit, les questions rejoignent le pro-
blème de la liberté de chacun : cette liberté diminue,
si chacun est constamment surveillé dans ses
actions, ses allées et venues. La surveillance est une
forme de privation de liberté parce que chacun ne
bénéficie plus de la possibilité de faire ce qu’il veut
s’il sent un regard constamment sur lui et s’il sait
que ses moindres faits et gestes sont enregistrés. La
question de fond qui se pose est celle d’un équilibre
à trouver entre la sécurité et la liberté, ce qui semble
bien difficile. On peut ajouter que la surveillance est
le propre des régimes non démocratiques et qu’elle
entre en conflit avec l’idée d’une liberté égale accor-
dée à tous dans le cadre de la démocratie.

Vers la synthèse ➜ p. 154

1 Deux documents : consigne ➜ p. 71. Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique p. 73, chapitre 7
(Analyser un extrait de presse).
2 Quatre documents : extrait du roman 1984, de G. Orwell (document 1 ➜ p. 105), document de réfé-
rence définissant la CNIL (document 2 ➜ p. 164), extrait d’un article du Monde (document 3 ➜ p. 69), photo
représentant un poste de contrôle RATP (document 4 ➜ p. 154).

Intérêts du rapprochement
Confrontation de quatre documents (comme lors de l’examen), dont un document iconographique et un
document de référence important ; problème particulier ici de la difficulté de différencier les caractéristi-
ques de la surveillance, ses justifications et ses dangers ; travail à partir d’un plan classique pour l’étude
d’un phénomène de type sociologique.

Le sujet demande d’étudier comment se manifeste la surveillance électronique, les justifications qui en sont don-
nées et les dangers qu’elle comporte. Nous donnons ici les grandes lignes de la synthèse, sous forme de plan.
209
 I – LES MANIFESTATIONS DE LA SURVEILLANCE
ÉLECTRONIQUE
Elles sont présentes dans tous les documents.
A) Indication des lieux de surveillance : énumé-
ration des lieux, rues, métro, centres commerciaux,
banques, stades et même intérieur des apparte-
ments… (documents 1, 3, 4) ; insistance sur la mul-
tiplicité.
B) Les instruments de la surveillance : caméras
reliées par informatique à des centres (document 3) ;
présence d’écrans qui permettent de voir les lieux
surveillés (document 4) ; télécran qui capte les mou-
vements et les paroles à tout moment, et même héli-
coptère (document 1) ; présence de « Big Brother »
qui symbolise toutes les formes de surveillance
(document 1).
C) L’ampleur du phénomène : insistance, dans
tous les documents, sur l’importance du phénomène
et sur son amplification. La surveillance est partout
et de tous les instants (documents 1, 3, 4), chiffres
révélateurs donnés dans le document 3, demande
forte du ministère de l’Intérieur de développer en
France la surveillance et de la rendre aussi impor-
tante qu’en Angleterre.
II – LES JUSTIFICATIONS DONNÉES
On peut distinguer les justifications officielles et les
raisons moins avouées.
A) Les justifications officielles : données par les
documents 3 et 4. La plus importante est la sécurité :
la surveillance des rues et des lieux publics a pour
finalité de déjouer d’éventuels attentats terroristes : il
s’agit donc de protéger les citoyens ; s’ajoutent des
raisons – pour les transports – de régulation du trafic
des transports publics (RATP, autobus, métro) et des
routes (document 3).
P R O L O N G EMENTS
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
DOCUMENT 2 : le document 2 donne un exem-
ple de réhabilitation d’un site industriel en
faisant coexisterr dans une ancienne centrale
transformée en musée une statue antique et
une machine industrielle moderne. Le fait de
faire passer un lieu de l’industrie à l’art peut
susciter bien des interrogations, notamment
210
B) Certaines raisons non avouées : on les trouve
dans le document 1 directement et indirectement
dans les documents 3 et 4. La surveillance est un
instrument de pouvoir sur les individus, qui perdent
leur individualité et leur autonomie en perdant leur
vie privée. Le régime de 1984 est un régime totalitaire
qui espionne de manière permanente les citoyens et
qui sait tout sur eux grâce à une centralisation des
informations. Ces raisons expliquent les inquiétudes
de certains à notre époque.
III – LES DANGERS DE LA SURVEILLANCE
Ils sont clairement signalés par les quatre docu-
ments : atteintes à la vie privée ; diminution des
libertés.
A) Atteintes à la vie privée : exprimées par les docu-
ments 2 et 3 ; illustrées par les documents 1 et 4, qui
en montrent ou en exposent le fonctionnement. Les
caméras enregistrent les faits et gestes des individus,
dès qu’ils sont dans un certain champ de vision et
même (document 1) chez eux. Que reste-t-il de leur
intimité ? De quelles garanties les personnes filmées
disposent-elles concernant l’utilisation qui peut être
faite de ces données stockées et utilisables ?
B) Diminution des libertés : signalée officiellement
dans le document qui définit la CNIL (document 2) :
dangers que l’informatique peut faire peser sur les
libertés, illustrée par le document 4 : quelle liberté
– d’action, de parole, et même de pensée (docu-
ment 1) – pour un citoyen constamment surveillé ?
Caractère flou du contrôle judiciaire exercé sur les
données informatiques (document 3) ; quelles utili-
sations de ces données ? À quelles fins ?
➤ Il est important de s’interroger sur certaines
similitudes entre la surveillance décrite par G. Orwell
et celle qui se met en place dans les sociétés du
XXIe siècle. La CNIL est une institution essentielle,
mais ses moyens sont limités.
➜ p. 154
sur la nature de l’art et sur l’utilité des machi-
nes : est-il possible de faire réellement entrer
l’un dans le domaine de l’autre ?
DOCUMENT 3 : on retrouve dans la photo qui
constitue le document 3 plusieurs des compo-
santes d’une prise de vue photographique :
les différents plans, le cadrage. Le metteur en
scène vu au premier plan, de dos, assiste à une
répétition, ce qui lui permet de diriger et de gui-
der le travail des acteurs.

DOCUMENT 4 : le film de C. Chaplin, Les Temps
modernes, montre une machine qui présente un
caractère monstrueux. L’ensemble d’engrena-
ges qui la constituent donne l’impression qu’elle
est toujours prête à dévorer les ouvriers, qui, au
service de la machine, constituent un ensemble
de victimes offertes en sacrifice aux temps
modernes et à la technique triomphante.
DOCUMENT 5 : « L’Odyssée Verte » offre un
univers ludique, frais et verdoyant dans lequel
il est possible de s’aventurer à la découverte des
arbres. En voyageant ainsi dans les frondaisons,
à cinq mètres du sol, le voyageur « vert » éprouve
un sentiment d’aventure qui prend la forme
d’une sensibilisation à la nature et d’une prise
de conscience.
DOCUMENT 6 : l’affiche du film Sicko, de
Michael Moore, montre le réalisateur dans la
salle d’attente d’un hôpital américain entouré
de trois squelettes qui attendent comme lui.
Cette mise en scène macabre, accompagnée
d’une formule slogan recommandant de ne pas
être malade, invite les spectateurs à s’interroger
sur la valeur du système de santé américain :
entrer à l’hôpital, se faire soigner semble une
opération dangereuse qui détruit la santé plus
qu’elle ne la restaure. On peut se poser la ques-
tion du respect de l’éthique médicale.
DOCUMENT 7 : une photo montre l’exploitation
d’enfants colombiens au travail, véritables
esclaves modernes. Malgré leur lourdeur, r ils
doivent transporter des briques, quatre ou cinq à
la fois, ce qui est une tâche épuisante. Leur sort
suscite la compassion et l’indignation : il est
important que des photographies dénoncent de
tels traitements et les fassent connaître, seule
manière d’améliorer la situation des enfants.
DOCUMENT 8 : spécialiste de photos inatten-
dues, M. Parr a saisi deux groupes de touristes
à proximité du Parthénon. Sous une forme
humoristique, il attire l’attention sur le tourisme
de masse, qui risque de détériorer les sites, et
invite chacun à s’interroger sur les raisons pour
lesquelles il voyage et sur le sens qu’il accorde
à cette action.
DOCUMENT 9 : le document 9 montre un poste
de surveillance de la RATP. On y voit de nombreux
ordinateurs, instruments de surveillance, mis en
place pour la sécurité des voyageurs. Mais cette
sécurité n’entraîne-t-elle pas une diminution de
Analyser une photo CHAPITRE
15
liberté ? Elle engage aussi la responsabilité et
le rôle de ceux qui surveillent,t qui détiennent
ainsi un grand nombre d’informations.
EXERCICE 3
Présentation du document 1 : la photo en noir
et blanc, sans abri, d’Olivier Coulange, montre,
en 1992, un SDF assis sur une souche, dans un
bois, avec, près de lui, le chariot de supermarché
qui contient ses affaires. Il semble accablé et
immobile, tandis que passe, courant d’une foulée
légère, un sportif qui ne le voit pas.
EXERCICE 4
Version 1 : deux groupes de touristes ont été
saisis par le regard et l’objectif de M. Parr. Le
premier groupe, formé de Japonais, est en train
de se faire photographier : on voit les gens de
face et le photographe de dos. Il est en situation
de « photographe photographié ». Ces voyageurs
sont visiblement heureux de se faire photographier
devant le Parthénon : ils sont venus de loin pour
cela. L’autre groupe, un peu plus haut sur la colline,
semble écouter un guide. En tenue d’été, armés
d’appareils photos et de caméras, ils sont tous
tournés de l’autre côté, attentifs. Ainsi, tous ces
voyageurs bravent la chaleur et le soleil de la Grèce
pour venir y trouver la culture antique : les voyages
de groupe facilitent tous ces déplacements en
les rendant plus accessibles et plus rapides et les
voyageurs peuvent satisfaire leur curiosité.
Version 2 : en été, le Parthénon est envahi et
cela n’a pas échappé à l’œil critique de M. Parr.
En une seule image, il a réuni deux groupes de
touristes et joue sur les oppositions : ceux qui
font face et ceux qui tournent le dos ; ceux qui
sont en pantalon et ceux qui sont en short. Ce
qu’il met en évidence est que personne ne s’oc-
cupe du temple que tous sont venus voir : les
uns parce qu’ils préfèrent la photo souvenir qui
sera la preuve de leur voyage, les autres parce
qu’au lieu de regarder par eux-mêmes, ils préfè-
rent des explications qu’ils auront oubliées cinq
minutes après : ils avalent ainsi des commentai-
res collectifs. Or, dans le voyage, n’est-ce pas la
relation personnelle avec les lieux qui compte le
plus ? Le tourisme de masse déverse ses hordes
de voyageurs ; ils détériorent les sites par leur
nombre envahissant, et remplacent la réalité par
des photos, la découverte personnelle par des
phrases toutes faites.
211
CHAPITRE
16
un document de référence
A P P R O C HES
DOCUMENT 1 Bureau de Vérification de la Publicité (1953)
Intérêts du document
Un document o officiel qui montre que la publicité doit se soumettre à une déontologie et
qu’elle est ainssi susceptible de rencontrer les limites imposées par une censure ; le pou-
voir réel du BVP ; le souci du consommateur ; un document qui peut susciter différentes
réflexions sur la liberté d’expression commerciale et sur le respect des consommateurs.
Pour analyser le document
1 La construction du document, son contenu
et ses destinataires
Sous le titre « Rôle et missions : concilier respect
et créativité », le document est construit en quatre
parties précédées par une introduction. Ces quatre
parties, sans être numérotées, ont chacune un titre :
Élaboration de codes de bonnes pratiques, Mise en
application des règles déontologiques, Médiation
entre professionnels et consommateurs et Dévelop-
pement de l’autodiscipline. Elles suivent l’annonce,
dans l’introduction, de différents types d’actions cor-
respondant aux missions du BVP. Le texte donne la
définition de l’organisme en question, sa finalité, ses
missions et ses actions. À l’intérieur de la seconde
grande action, trois mots mis en gras, conseil, avis,
autosaisie, indiquent trois points importants qui re-
lèvent de la prise en compte des règles déontolo-
giques.
En résumé, on pourrait dire que l’organisme qui por-
te le titre de Bureau de Vérification de la Publicité se
trouve ici défini dans ses fonctions qui sont d’assurer
aux consommateurs un respect, de la part des agen-
ces de publicité, dans la mise en œuvre de publicités
sous des formes très diverses. La phrase qui définit
la fonction de cet organisme est la suivante : parvenir
à concilier liberté d’expression publicitaire et respect
des consommateurs (l. 4-5), ce qui relève d’un équi-
libre difficile entre créativité et responsabilité (l. 5-6).
Analyser
Livre de l’étudiant ➜ p. 156 à 167
➜ p. 156
THÈME : la publicité
On observe dans le document la présence de termes
appartenant au lexique de la morale : autodiscipline
(l. 1), loyale, véridique et saine (l. 2), respect (l. 5),
déontologie (l. 10), règles déontologiques (l. 16). Le
document s’adresse à plusieurs destinataires bien
que ceux-ci ne soient pas nommés : il y a d’abord
les publicitaires, premiers concernés, à la fois ceux
qui sont adhérents au BVP et ceux qui ne le sont pas
mais qui devraient le devenir, montrant par là une vo-
lonté de se soumettre à des règles d’autodiscipline.
Il y a ensuite les consommateurs et le public, c’est-
à-dire ceux à qui s’adresse la publicité. Ils savent
ainsi qu’un tel organisme existe, et qu’ils peuvent lui
faire parvenir des plaintes concernant des publicités
qui les choquent (l. 36-37).
2 Actions et pouvoirs du BVP
Le document se donne clairement pour objectif de
faire connaître le BVP en définissant sa nature, ses
objectifs, ses actions, c’est-à-dire ce qui justifie son
existence. On peut reprendre ici, pour les expliciter,
ces différents points.
● Mise en place de trois procédures
Dans la perspective de « moraliser » le domaine de la
publicité – notamment en éliminant le mensonge et
différentes dérives choquantes, comme le machis-
me, le sexisme, le racisme, la pornographie… – et de
concilier la création publicitaire avec le respect du
consommateur (qui en est la cible), le BVP fixe, en
accord avec des représentants de la profession, un
ensemble de règles déontologiques et s’efforce de
213
 les faire respecter. Pour cela, le BVP a mis en place
trois procédures qui ne sont pas imposées, mais qui
montrent de la part de ceux qui s’y soumettent une
réelle volonté de respecter la déontologie. La pre-
mière de ces règles consiste à soumettre un projet
et à demander conseil. Il est intéressant d’appren-
dre qu’un projet sur deux fait l’objet de demande de
modification. La seconde démarche est, elle, obliga-
toire pour la publicité télévisée. La vérification avant
diffusion entraîne trois avis possibles : favorable, à
modifier, à ne pas diffuser. La troisième, qui apparaît
comme une véritable censure, est la possibilité pour
le BVP de s’autosaisir d’une publicité après sa diffu-
sion et de demander des modifications et même une
cessation de diffusion.
● Création de relations de confiance entre les
professionnels et les consommateurs
Plus généralement, les actions du BVP consistent
à créer et maintenir des relations positives et de
confiance réciproque entre les professionnels de la
publicité et les consommateurs, ce qui n’est pas fa-
cile. En effet, les consommateurs sont l’objet de la
persuasion publicitaire et la publicité est centrée sur
l’objectif de les faire acheter et consommer. Ils peu-
vent donc parfois avoir l’impression d’être pris uni-
quement pour des cibles et de se « faire avoir » par
des annonces publicitaires alléchantes mais men-
songères. Les principes sur lesquels reposent les
actions du BVP sont la loyauté dans les démarches
publicitaires et le respect des consommateurs : ne
pas les choquer systématiquement, ne pas se mo-
quer d’eux, ne pas les prendre pour des imbéciles,
ne pas essayer de les leurrer en leur faisant prendre
« des vessies pour des lanternes ».
➤ Le BVP a ainsi plusieurs actions importantes et
le pouvoir d’intervenir dans le cas de publicités ne
répondant pas aux critères d’acceptabilité : créer
des règles déontologiques, les faire appliquer, sen-
sibiliser à l’importance de la loyauté publicitaire, per-
suader les publicitaires de la nécessité de respecter
le public auquel ils s’adressent, rapprocher ceux qui
font la publicité de ceux à qui elle est destinée, et fai-
re prendre conscience de l’intérêt de telles relations.
N.B. On pourra noter l’objection signalée dans les
lignes 29-32 : le BVP s’occupe de la nature de la pu-
blicité, non de celle du produit qui en est l’objet.

Vers la synthèse ➜ p. 157

1 Deux documents : entretien avec J.-M. Dru (➜ p. 74) et document de référence BVP (➜ p. 156).

Intérêts du rapprochement
Il est intéressant de rapprocher les propos d’un publicitaire et le document qui tend à réglementer la
publicité pour mettre en relief les éléments qu’ils ont en commun sur le plan de la déontologie.

Nous donnons ici une récapitulation sous forme de tableau qui peut servir de base à la rédaction d’un
paragraphe dans le cadre de l’apprentissage de la synthèse.

ENTRETIEN AVEC J.-M. DRU DOCUMENT DÉFINISSANT LE BVP

– Évocation de certains excès de la publicité, qui – L’existence du BVP peut constituer une réponse aux
envahit les ordinateurs, les téléphones portables excès dénoncés par J.-M. Dru lui-même.
sous des formes diverses et non souhaitées par les
utilisateurs.

– Caractère inventif de la publicité présentée – Mise en évidence de l’existence d’une véritable

comme un média artt ; insistance sur la créativité créativité de la publicité ; existence d’une liberté
de la publicité, ce qui exige une certaine liberté d’expression publicitaire.
d’expression.

– Importance de la publicité dans le domaine du – Cette importance justifie le travail du BVP, qui veille
commerce et dans l’économie : promotion de produits, à promouvoir une autodiscipline chez les publicitaires
financement de la presse, du cinéma, du multimédia, et un équilibre entre la liberté d’expression
renouvellement de métiers en voie de disparition. publicitaire et le respect des consommateurs.
– Rôle culturel de la publicité, fonction de
divertissement, témoignage de l’esprit d’une époque,
humour.

214

– Nécessité de réglementer la publicité, de voter des
lois permettant de réprimer ses abus, de contrer les
monopoles.
➤ Les deux documents se rejoignent sur le plan de la
nature inventive de la publicité, sur la nécessité, pour
ce mode d’expression, de bénéficier d’une liberté
de création et donc de certaines limites. Les deux
textes sont aussi d’accord sur l’importance d’une
réglementation dont le BVP est à la fois la preuve
et l’instrument. En rappelant qu’il faut légiférer et
réglementer, J.-M. Dru évoque des procédures
qui figurent dans le texte qui définit le BVP et ses
missions. L’importance économique de la publicité,
signalée avec insistance dans le premier document,
apporte une justification à l’existence et au travail du
BVP, dont l’une des missions est de signaler et de
réprimer certains excès, au nom du respect dû aux
consommateurs, qui participent indirectement au
développement de ce domaine qui mêle art, création
et persuasion commerciale.
DOCUMENT 2 Extraits de l’article 169 du Code du travail sur
le harcèlement (2002)
Intérêts du document
Un type de document auquel les étudiants ne sont pas souvent confrontés et dont l’écriture
peut poser problème par son caractère administratif ; l’importance d’un tel document qui
définit le harcèlement, même si cette définition n’envisage pas, à travers des exemples pré-
cis, la nature exacte des différentes formes de harcèlement.
Pour analyser le document
1 Structure du document et contenu des
paragraphes
Le document est extrait du Code du travail et consti-
tue un article de loi. Il est présenté sous un numéro,
Article 169, article lui-même composé de plusieurs
articles désignés par la numérotation suivante :
Analyser un document de référence CHAPITRE
16
– Existence du BVP qui a pour mission de mettre
en place des règles déontologiques et de les faire
respecter.
– Existence des procédures de conseil, avis et
autosaisie pour vérifier que certaines publicités ne
transgressent pas les règles déontologiques établies à
l’aide de la profession.
– Mission de mise en place d’une publicité loyale,
véridique et saine.
Vers la synthèse ➜ p. 157
2 Trois documents : consigne ➜ p. 157 (NT*).
Trois documents : consigne ➜ p. 76. Ce sujet est
traité dans ce guide pédagogique, p. 81, chapitre 7
(Analyser un extrait de presse).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 157
1 Sujet ➜ p. 157 (NT).
2 Sujets ➜ p. 76 (NT) et p. 100 (NT).
Sujet ➜ p. 120. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 151, chapitre 12 (Analyser une
œuvre d’art).
Sujet ➜ p. 133. Ce sujet est traité dans ce guide péda-
gogique, p. 177, chapitre 13 (Analyser une publicité).
* Non traité.
➜ p. 157
THÈME : le travail
L. 122-49, 50, 51, 52, 53. Ce sont ces cinq articles,
de longueur inégale, qui sont donnés ici. On a donc
une présentation annonçant la position des articles,
un premier article (L. 122-49) comprenant trois para-
graphes, puis quatre articles, chacun composé d’un
paragraphe. D’un article à l’autre se trouve abordé
un aspect différent du même thème, qui est le har-
cèlement au travail. On peut reformuler ce qui est
envisagé dans chacun des articles :
215
 – Art. L.122-49 : en soulignant fortement une inter-
diction par la négation – Aucun salarié ne doit subir
(l. 4) –, le premier paragraphe du premier article
donne, non pas une définition du harcèlement, mais,
à travers l’expression de sens large dégradation des
conditions de travaill (l. 5-6), les conséquences qui en
découlent. Les termes atteintes aux droits, atteinte
à la dignité, altération de la santé physique ou
mentale (l. 6-7) constituent une explicitation de ces
conséquences, sans donner d’exemples précis ou
de cas particuliers qui pourraient faire comprendre
en quoi consiste exactement le harcèlement. Large,
la récapitulation permet d’englober de nombreuses
situations – celles précisément qui sont énumérées
par M.-F. Hirigoyen dans le document de la page 54.
C’est une manière catégorique de dire que tout sala-
rié est légalement protégé contre différentes sortes
d’atteintes dans le monde du travail. Le mot objet
(l. 5) souligne le possible caractère intentionnel des
actes de harcèlement. On remarque aussi les domai-
nes dans lesquels se situent les conséquences du
harcèlement : dignité humaine, santé physique, santé
mentale, avenir professionnel (l. 6-7) : ces différents
domaines orientent vers des cas particuliers et des
exemples et montrent quels sont les points et les
valeurs que la loi s’efforce de préserver.
Toujours dans le même article, qui est le plus long,
se trouvent abordées les conséquences profes-
sionnelles plus éloignées qui pourraient résulter du
harcèlement (et qui, en réalité, en constituent une
autre forme) vécu, refusé, dénoncé. Ce paragraphe
signale que la loi doit protéger la situation profes-
sionnelle de toute victime de harcèlement et doit
protéger tous ceux qui vivent ou dénoncent des cas
de harcèlement. Une énumération cite un nombre
important et très précis de sanctions professionnel-
les qui pourraient atteindre les victimes, les témoins
et ceux qui font connaître des cas de harcèlement,
sanctions absolument interdites par la loi. C’est là
une manière de dire que ceux qui font connaître des
cas de harcèlement sont protégés par la loi. Les
dernières lignes de l’article (l. 14 et 15) envisagent
la forme que pourraient prendre de telles sanctions
– rupture du contrat de travail – pour en déclarer la
nullité.
– Art. 122-50 et 122-51 : ces deux articles, très brefs,
signalent l’un que tout salarié auteur de harcèlement
ou d’actes consécutifs à un harcèlement (ce qui est
défini dans les lignes 8-15) doit être sanctionné,
l’autre que tout chef d’entreprise doit faire en sorte
que de tels agissements ne se produisent pas. C’est
sa responsabilité qui est ainsi mise en cause.
216
– Art. 122-52 : il est question ici de litige et de com-
parution en justice. La loi précise qu’en cas de plainte
pour harcèlement déposée par un salarié, il incombe
à la partie défenderesse de prouver que l’on ne se
trouve pas dans un cas de harcèlement.
– Art. 122-53 : le dernier article de l’extrait fait état des
possibilités d’action des organisations syndicales qui
peuvent, avec son accord écrit, défendre un salarié
victime de harcèlement. L’intervention syndicale est
elle-même régie par certains articles du Code du tra-
vail qui sont précisés par des références.
➤ On peut regrouper les idées essentielles expri-
mées par le document :
– existence d’une protection légale des salariés
victimes de harcèlement ; ce dernier est présenté à
travers certaines de ses conséquences possibles ;
– protection légale de ceux qui dénoncent des faits
de harcèlement ;
– importance du rôle du chef d’entreprise ;
– rôle imparti à chaque partie en présence en cas
de procès ;
– importance du rôle des organisations syndicales.
2 Utilité et force du document
Le document proposé est un extrait du Code du tra-
vail : il s’inscrit dans un ensemble de lois constituant
la loi de modernisation sociale de 2002. En tant que
document officiel, il définit ce qui est interdit et sanc-
tionné, la nature et les conditions des sanctions, par
qui et dans quelles circonstances ces sanctions peu-
vent être appliquées. Ce type de document, qui définit
la loi et ses modalités d’application, constitue une
garantie pour les individus (ici dans l’exercice de leur
profession), leur assure une protection et leur permet
de se défendre contre un certain nombre d’abus dont
ils sont ou pourraient être victimes dans le monde du
travail. Le Code du travail regroupe un ensemble de
définitions, fixe des limites, définit les actions en jus-
tice et fait savoir à chaque salarié quels sont ses droits
et ses devoirs. Il fixe aussi les droits et les devoirs de
l’employeur ainsi que ses responsabilités.
On peut cependant remarquer que les termes utili-
sés dans l’article L. 122-49, en ce qui concerne le
harcèlement, ne constituent pas une définition pré-
cise de ce en quoi consiste le harcèlement « sur le
terrain » : on pourrait attendre des cas précis dont la
liste resterait ouverte : on se rend compte, en effet, à
la lecture du texte de M.-F. Hirigoyen (p. 54), que le
harcèlement peut prendre des formes très diverses
et très perverses.
 Analyser un document de référence CHAPITRE
16
Vers la synthèse ➜ p. 158

1 Deux documents : consignes ➜ p. 158 (NT) et p. 130 (NT).

2 Trois documents : article du Monde Initiatives (document 1 ➜ p. 76) ; extrait de l’essai de M.-F. Hiri-
goyen, Le Harcèlement morall (document 2 ➜ p. 54) ; extrait du Code du travail (document 3 ➜ p. 157).

Intérêts du rapprochement
Trois documents de genre différent relatifs au travail et faisant apparaître des relations différentes entre
les hommes et le travail, ce qui revient à faire apparaître à travers les documents certaines représenta-
tions et certaines réalités.

Nous donnons ici une récapitulation des idées sous forme de tableau. Celui-ci peut être le point de départ
d’un travail de rédaction dans le cadre de l’apprentissage de la synthèse.

1. M.-C. BETBEDER / LE MONDE 2. M.-F. HIRIGOYEN, LE HARCÈLEMENT 3. EXTRAIT DU CODE DU TRAVAIL,

INITIATIVES, 1997 MORAL, 1998 2002

Extrait de presse analysant les
attentes des jeunes demandeurs
d’emploi et leurs représentations
du travail.
Texte donnant des attentes
et des représentations très
positives du travail : travail qu’on
aime, point d’aboutissement
d’études, application de savoirs ;
désir de reconnaissance et de
progression ; perception très
humaine du travail.
Se trouve rejeté le travail qui
manque d’ouverture, qui ne
permet pas de se réaliser, qui ne
comporte aucun avancement,
aucun avenir, qui n’exige ni
initiatives ni responsabilités.
Extrait d’un essai consacré au
harcèlement moral : ses différentes
formes, son caractère destructeur.
Dans le cas du harcèlement au
travail : énumération de faits
et de situations qui montrent le
travail comme un enfer : exigence
de cadences et de production
inhumaines, aucune reconnaissance,
promesses d’avenir et d’avancement
non tenues ; manque de considération
pour ceux qui travaillent de la part
de leur hiérarchie ; humiliation ;
infériorisation, refus d’accorder des
initiatives et des responsabilités ;
destruction systématique des
motivations ; sous-emploi de
personnes compétentes ; robotisation
et chosification des êtres humains ;
mise en place de situations de stress.
Document de référence faisant
partie de la loi de modernisation
sociale et précisant la protection
dont peuvent bénéficier les
victimes de harcèlement moral.
Le document fait état
des manifestations et des
conséquences du harcèlement :
dégradation des conditions de
travail ; atteinte à la dignité des
salariés ; altération de la santé
physique et de la santé morale ;
avenir professionnel compromis.
Risque, pour ceux qui dénoncent
de tels agissements, d’être l’objet
de discriminations diverses dans
leur situation professionnelle.

➤ Le rapprochement des trois documents fait appa-
raître le caractère positif des représentations du travail
chez les jeunes et montre que ces images se trouvent
totalement démenties par certaines pratiques de har-
cèlement. Celles-ci se trouvent en effet correspondre
exactement à ce que ces jeunes refusent et redoutent.
Le document de M.-F. Hirigoyen donne des exemples
précis de comportements inacceptables, à l’égard
des salariés, comportements qui se trouvent définis
et condamnés par la loi comme le montre l’extrait du
Code du travail. Il est important de savoir qu’une loi
existe et qu’elle sanctionne de telles dérives dans le
travail en fixant des limites déontologiques et la possi-
bilité de porter un litige devant la justice, avec l’aide des
organisations syndicales : le salarié n’est plus seul.
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 158 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 158
1 Sujet ➜ p. 55. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 52, chapitre 6 (Analyser un extrait
d’essai).
2 Sujet ➜ p. 148. Ce sujet est traité dans ce
guide pédagogique, p. 197, chapitre 15 (Analyser
une photo).
3 Sujets ➜ p. 77 (NT) et p. 85 (NT).
217
 DOCUMENT 3 Chronologie extraite de La Famille, ➜ p. 158

de Christiane Cordero (1995) THÈME : la condition des femmes

Intérêts du document
Un document qui donne l’évolution du statut de la femme depuis le Code Napoléon jusqu’au
XXe siècle et qui permet un apprentissage du décryptage d’une succession de mesures et de
décisions officielles : leur nature, leur sens, leurs implicites.

Pour analyser le document

1 Classification thématique des lois la femme par rapport à la vie conjugale, par rapport à
On peut classer les différentes lois données dans la la vie professionnelle et par rapport aux enfants. Nous
chronologie selon qu’elles concernent prioritairement donnons cette classification sous forme de tableau.

VIE CONJUGALE VIE PROFESSIONNELLE ENFANTS

1804 Autorité totale du mari sur la C’est le père qui a tout pouvoir sur
femme mariée. les enfants : la mère n’en a aucun.
1810 L’adultère est un délit
mais seule la femme est passible
d’emprisonnement. Le « devoir
conjugal » est une obligation / pas
de viol entre époux.

1892 Interdiction du travail de

nuit pour les femmes.

1907 Les femmes mariées qui

travaillent peuvent disposer
librement de leur salaire.

1909 Congé de maternité de huit

semaines sans rupture de contrat
de travail.

1920 Interdiction de la propagande

anticonceptionnelle.

1938 Suppression de la puissance Maintien de l’autorité du père sur

maritale ; le mari impose le lieu de les enfants.
résidence et autorise ou non son
épouse à exercer une profession.

1942 L’avortement devient un

crime contre la sûreté de l’État et
est puni de mort.

1946 Égalité des droits entre les

femmes et les hommes établie par
le préambule de la Constitution.

218

1966 La femme peut exercer
une activité professionnelle sans
l’autorisation de son mari.
Analyser un document de référence CHAPITRE
16
Interdiction de licencier une
femme enceinte et pendant 12
semaines après l’accouchement.

1967 Autorisation de la
contraception par la loi Neuwirth.

1970 L’autorité parentale remplace

l’autorité paternelle.
Congé de maternité indemnisé à
90 % du salaire brut.

1972 Autorité parentale accordée à

la mère en cas de non-mariage.

1975 Divorce par consentement 1975 (loi définitive en 1980) Loi

mutuel. autorisant l’IVG / remboursement
par la Sécurité sociale en 1982.

1977 Congé parental d’éducation

pour les femmes.
1984 Chacun des parents salariés
peut bénéficier d’un congé parental.

1993 Autorité parentale conjointe

en cas de non-mariage.

➤ Le tableau permet une classification plus claire
que la chronologie, et fait apparaître les avancées
et leurs relations : il se révèle ainsi que d’un statut
initial qui ne lui accordait aucune indépendance,
aucune autorité, aucune responsabilité et aucun
pouvoir, en la soumettant totalement à l’autorité de
son mari, la femme a gagné peu à peu (l’égalité en
droit n’a été acquise qu’en 1946 et le droit de vote
en 1945) sur le terrain de l’autonomie, sur celui de
l’exercice d’un métier et sur celui de la maternité. Le
tableau fait aussi surgir les relations entre les trois
domaines : l’indépendance par rapport à leurs maris
a permis aux femmes d’exercer une profession, ce
que la société a également favorisé par des lois sur
le congé de maternité indemnisé, sur la possibilité
de décider et d’organiser leurs maternités. Un pas
important a également été fait sur le plan du partage
de l’autorité sur les enfants, et dans le cas de non-
mariage. La femme s’est vu accorder, par étapes
successives, des droits qui assurent son égalité
avec les hommes, même si, dans la vie, les tâches
ménagères et l’éducation des enfants ne sont pas
toujours partagées.
2 Les progrès
Du début du XIXe siècle (Napoléon) au début du XXIe
siècle (lois sur la parité hommes / femmes en politique
de 2000), les femmes ont mis un siècle et demi pour
obtenir une égalité de droits avec les hommes. Cette
évolution s’est faite dans trois domaines très proches :
la vie conjugale, la vie professionnelle et les enfants.
Sur le plan conjugal, les femmes ont gagné non
seulement leur autonomie, la possibilité de décider
d’exercer un métier et de disposer de l’argent gagné,
mais aussi de partager, voire de gérer seules l’autorité
sur les enfants. Le statut très favorable des hommes
s’est trouvé de ce fait largement battu en brèche dans
plusieurs domaines essentiels de la vie privée. Autre
avancée très importante, la possibilité de décider
d’avoir – combien et quand – ou non des enfants.
Sur le plan de la vie professionnelle, différentes lois
permettent aux femmes de continuer à travailler
parallèlement à l’éducation de leurs enfants.
Ces différents acquis, qui ont mis les femmes à
égalité (théorique du moins) avec les hommes, ont
entraîné des bouleversements sociaux importants :
sentiment de perte de leurs prérogatives chez les
hommes, crainte devant les nouvelles libertés et
l’indépendance obtenues par les femmes, partage
difficile de l’autorité, abandon douloureux des sché-
mas du patriarcat… Différentes études sociologiques
montrent cependant que concernant les rôles, les
positions et les ambitions des femmes, de nombreux
préjugés subsistent, y compris chez celles qui en
sont les victimes.

219
 Vers la synthèse ➜ p. 160
1 Deux documents : consigne ➜ p. 160 (NT).
2 Trois documents : extrait théâtral de Marivaux (document 1
➜ p. 158) ; extrait d’essai de N. Jonas (document 3 ➜ p. 60).
Intérêts du rapprochement
Trois documents d’époque et de genre différents montrant quelles sont et d’où peuvent venir les iné-
galités de traitement entre les hommes et les femmes ; un rapprochement permettant un apprentissage
assez facile de la synthèse de documents.
Nous donnons ici, sous une forme rédigée, les
grandes lignes des deux orientations de la consigne,
après une présentation des trois documents.
Un corpus de trois documents différents traite des
inégalités entre les hommes et les femmes. Le
premier est un extrait de La Colonie, comédie de
Marivaux (1750), extrait dans lequel des hommes
exercent leurs prérogatives en refusant d’intégrer
les femmes à l’élaboration d’une constitution qui
les concerne tous. Le second est une chronologie
datant de 1995 dans laquelle la sociologue C. Cor-
dero récapitule les lois qui ont permis l’émancipation
des femmes. Le dernier est extrait d’un essai de
N. Jonas sur la famille. Il y analyse les disparités entre
filles et garçons malgré la mixité de l’enseignement.
Le rapprochement des trois documents conduit à
étudier la nature des différences entre les hommes
et les femmes et leurs origines.
I – LA NATURE DES INÉGALITÉS HOMMES /
FEMMES DANS LES TROIS DOCUMENTS
On trouve dans les trois documents des manifesta-
tions des inégalités entre les femmes et les hommes.
Ainsi, les hommes de la pièce de Marivaux refusent
aux femmes de les associer à la mise en place d’une
constitution, ce qui revient à leur refuser tout rôle
politique et toute participation à la gestion des affai-
res publiques. C’est ce dont témoigne la chronologie
en rappelant que depuis l’Ancien Régime, et selon le
Code Napoléon ensuite, les femmes n’avaient aucun
droit, aucune responsabilité, aucune possibilité de
participer à la vie collective. Leur rôle, tel qu’il est
défini par un des hommes du document 1, était de
se marier, d’obéir à leur mari et de s’occuper de leur
maison.
Certes, les choses ont changé sur certains plans et
les femmes ont obtenu une véritable indépendance,
mais ce même document – la chronologie – rappelle
que l’égalité de droit entre les hommes et les femmes
date seulement de 1946, et le document 3 souligne
que malgré la mixité de l’enseignement, les garçons
et les filles ne sont pas à égalité sur le plan des
études. Les filières scientifiques comportent plus de
garçons et tout se passe comme si l’on considérait
220
➜ p 139) ; chronologie (document 2
l’existence de compétences féminines différentes
des compétences masculines. Cette différenciation
des compétences explique, selon N. Jonas, des
choix d’études avec des orientations plus littéraires,
davantage du côté du tertiaire, et de professions qui,
en se féminisant, se trouvent dévalorisées. L’auteur
de ce document fait remarquer que les inégalités
demeurent dans la vie familiale : les garçons y béné-
ficient de plus de liberté que les filles, qui sont moins
facilement autorisées à sortir et plus orientées vers
les tâches ménagères. La chronologie montre le long
parcours à accomplir pour les femmes pour arriver à
une véritable égalité des droits. Cette lenteur à accé-
der à l’égalité montre que les obstacles et les freins
ont été nombreux et que certaines idées restent bien
ancrées dans les esprits.
II – LES SOURCES DES INÉGALITÉS
La première origine des inégalités constatées est
identifiable dans le document 1 : il s’agit de la tradi-
tion, ce qui apparaît dans la formule À rien, comme
à l’ordinaire. Au XVIIIe siècle, il est entendu pour tout
le monde, et en particulier pour les hommes – sauf
pour quelques femmes très contestataires –, que
le rôle des femmes est cantonné à la maison et à
la famille. Elles ne peuvent prétendre à aucune des
activités des hommes simplement parce qu’elles
sont des femmes et que les rôles sont répartis en
relation avec l’éducation. Ce fait est confirmé par les
différents points envisagés dans la chronologie : en
réduisant la femme à un statut infantilisant, le Code
Napoléon lui ôte toute possibilité de prendre des
initiatives et de sortir d’une condition dans laquelle
elle est entièrement soumise à son mari.
Une deuxième source, inséparable de la première,
est un ensemble de préjugés et d’idées toutes faites
qui demeurent à notre époque en dépit d’avancées
très importantes sur le plan de l’égalité. Celle-ci est
de droit, mais dans les faits, on continue à consi-
dérer, comme le rappelle le sociologue N. Jonas,
que les filles et les garçons ne doivent pas suivre les
mêmes voies. Ce sont là des habitudes familiales qui
dominent et qui déterminent des modes de pensée
et des choix des parents de nature à pérenniser

des attitudes et des comportements peu ouverts
à la parité. Ces idées trouvent un écho dans la vie
sociale, professionnelle et dans les médias, comme
le fait remarquer N. Jonas : il y a des domaines qui
ont mis très longtemps à s’ouvrir aux filles, et en
particulier ceux que cite Arthénice dans la pièce de
Marivaux : finance, judicature et épée…
3 Quatre documents : consigne ➜ p 81 (NT).
Quatre documents : consigne ➜ p. 97. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 114, cha-
pitre 9 (Analyser un schéma, un document chiffré).
A P P L I C ATION
DOCUMENT 4 Le Serment médicall (1996)
Intérêts du document
Document repreenant l’esprit du traditionnel Serment d’Hippocrate pour définir les règles
déontologiques de la profession médicale et mettre en relief un certain nombre de valeurs à
prendre en compte et respecter.
Pour analyser le document
1 Définition, thème et caractéristiques du
document
Le Serment médical, version modernisée du Ser-
ment d’Hippocrate, prend la forme d’un ensemble
de promesses et d’engagements – exprimés par les
verbes je promets et je jure (l. 1) – par rapport à
deux vertus qui sont l’honneur et la probité (l. 2). On
se situe dans le cadre de l’éthique professionnelle
EXPRESSION DE LA MÉDECINE
Exercer la médecine (l. 1) ; promouvoir la santé (l. 3) ;
menacées dans leur intégritéé (l. 7) ; les patients (l. 10) ; Je
donnerai mes soins (l. 13) ; souffrances, agonies (l. 18-19).
Analyser un document de référence CHAPITRE
16
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 160
1 Sujet ➜ p. 160. On trouvera des éléments
concernant ce sujet dans le chapitre 25, p. 243 du
manuel de l’étudiant.
2 Sujet ➜ p 141 (NT).
Sujet ➜ p. 97. Ce sujet est traité dans ce guide péda-
gogique, p. 115, chapitre 9 (Analyser un schéma, un
document chiffré).
➜ p. 162
THÈME : les dérives de la médecine
à travers neuf articles précédés par une ouverture
et terminés par une conclusion. Ces neuf articles
écrits à la première personne du singulier – ana-
phore très insistante de Je – et au futur, définissent
les engagements à entreprendre ou à refuser ainsi
que certaines démarches dans l’exercice de la
profession de médecin. Outre l’engagement à la
première personne et au futur, le document est
construit sur un double réseau lexical : d’une part
la médecine, d’autre part la morale. On peut repérer
ce double réseau.
EXPRESSION DE LA MORALE
Lois de l’honneur et de la probitéé (l. 2) ; je respecterai toutes
les personnes (l. 5) ; contre les lois de l’humanité (l. 8-9) ;
Je ne tromperai jamais leur confiance (l. 11) ; soif du gain,
recherche de la gloire (l. 14) ; je respecterai les secrets (l. 16) ;
corrompre les mœurs (l. 17).
221
 Les différents paragraphes exposent des engagements qui concernent à la fois des comportements profes-
sionnels et des attitudes humaines.
COMPORTEMENTS PROFESSIONNELS
Action de préserver et de promouvoir la santé (l. 3).
Respect des individus soignés (l. 5) ; refus de toute
discrimination (l. 6) ; refus d’utiliser le savoir médical
de manière contraire aux lois de l’humanité (l. 8-9)
(par ex. dans le cas de la torture).
Information des patients (l. 10) en ce qui concerne
leur situation ; refus d’utiliser la position de médecin
pour agir sur les consciences.
Attitude similaire de soignant quel que soit le patient
(l. 13) ; refus de la recherche systématique de l’argent
et de la gloire.
Respect de tout ce qui a trait aux patients visités
(l. 15) et secret gardé sur ce qu’ils sont, où ils vivent,
sur tout ce qui les concerne, leur vie privée ; respect
du secret professionnel.
Savoir et savoir-faire médical mis au service de la
santé, de la sauvegarde de la vie (l. 19) et non de la
mort.
Respect de l’indépendance.
Capacité d’évaluer honnêtement et exactement ses
compétences.
Aide apportée aux confrères dans l’adversité (l. 23).
2 Les notions d’honneur et de probité
Le tableau montre de manière récurrente que les pro-
messes (l. 25) et les engagements exprimés sous une
forme très insistante au futur touchent prioritairement
des actions et des gestes qui relèvent du domaine
médical, mais qu’ils correspondent au respect de
principes moraux fondamentaux.
Ces principes, qui peuvent être généralisés et appli-
qués à d’autres professions, sont particulièrement
importants dans le cas de la médecine, parce que le
médecin, admis dans l’intimité des malades et met-
tant son savoir au service de la vie, peut être, plus que
dans d’autres professions, conduit à devoir faire des
choix difficiles. Parce que l’exercice de son métier le
confronte à des situations qui peuvent être très com-
plexes et parfois contraires à l’humanité, le médecin
doit faire preuve de qualités morales qu’on n’exige
pas au même degré dans d’autres professions.
Si l’on reprend les différents articles du serment,
on peut remarquer que la première vertu exigée est
la fidélité absolue au serment lui-même, présenté
222
ATTITUDES HUMAINES
Mise au service des autres.
Tolérance et acceptation d’autrui ; refus de mettre son
savoir et son savoir-faire au service de l’inhumanité ;
courage.
Refus de la désinformation ; refus d’utiliser un
pouvoir professionnel pour exercer une autorité sur
un individu ; respect de l’autre.
Générosité, absence de sectarisme, altruisme, refus de
la vénalité et de la vanité, modestie.
Discrétion et silence ; conduite exemplaire en ce qui
concerne les scènes dont un médecin peut être témoin.
Respect de la vie.
Refus de toute forme de soumission.
Modestie ; conscience de ses limites, perfectionnisme
et désir de progresser.
Esprit de solidarité et d’entraide ; générosité,
altruisme.
comme ce qui conditionne l’entrée dans l’exercice
de la médecine. On peut parler ensuite de probité et
d’honneurr à travers des qualités mises en évidence,
telles que le respect d’autrui, l’altruisme, la tolérance,
le dévouement, l’absence de discrimination sociale.
La probité correspond aussi au fait de connaître ses
propres limites tout en sachant qu’il peut se présen-
ter des cas où il faut se surpasser et prendre des
décisions graves, dans « son âme et conscience ».
Parce que sa profession touche à la vie et à la mort, le
médecin est constamment confronté à des questions
humaines, qui viennent « doubler » les questions
médicales, mettant en cause non seulement ses
qualités personnelles, mais de grandes « vertus »
indissociables de ses compétences médicales : son
métier exige des compétences professionnelles, mais
elles doivent s’accompagner – comme le rappelle un
serment qui se transforme pour s’adapter aux évolu-
tions sociales – de vertus humaines appliquées à ces
compétences professionnelles dans l’objectif d’une
sauvegarde de l’intégrité humaine et de la vie, dans
le respect des individus.
 Analyser un document de référence CHAPITRE
16
Vers la synthèse ➜ p. 162

1 Deux documents : consignes ➜ p. 72 (NT) et p. 89 (NT).

2 Quatre documents : extrait de Knock, de Jules Romains (document 1 ➜ p. 137), dessin de Serre
(document 2 ➜ p. 89), Serment médicall (document 3 ➜ p. 162), extrait d’un entretien avec Axel Kahn, 2007
(document 4 ➜ p. 71).

Intérêts du rapprochement
Rapprochement de documents différents par leur genre pour mettre en relief le rôle du médecin et les
dérives possibles de la médecine ; groupe de documents se prêtant bien à un apprentissage de la
confrontation de quatre documents dans deux orientations non pas contradictoires mais divergentes.

Nous donnons ici un tableau de synthèse à partir duquel il est possible de mettre en place plusieurs types
d’exercices de rédaction.

DOCUMENTS FONCTIONS DU MÉDECIN DÉRIVES POSSIBLES

1. Jules Romains, Knock, extrait
théâtral, 1924.
Thème : un médecin à l’œuvre
dans une démarche peu éthique.
Information médicale dans le
but d’une prévention : les gens
doivent être prévenus des maladies
qui menacent leur organisme :
organisation, dans cet objectif,
de causeries de vulgarisation
accompagnées de schémas.
L’objectif réel de Knock est
visiblement de rendre malades
ceux à qui il s’adresse. Il en fait
une première expérimentation sur
l’instituteur, qui ne résiste pas et se
sent effectivement malade. On a ainsi
une perversion du rôle du médecin :
il doit soigner et guérir et non rendre
malades les bien-portants.

2. Serre, Humour noir et hommes
en blanc, dessin de presse, 1973.
Thème : caricature soulignant
le non-respect de l’éthique
médicale par un chirurgien.
Le patient a une jambe dans
le plâtre, signe qu’il a été
correctement soigné par un
médecin : le rôle du médecin
consiste à remettre en place ce qui
a été cassé.
Le tableau de chasse qui figure
derrière le chirurgien est inquiétant
en ce qui concerne ses goûts et ses
activités : le patient peut penser que
sa jambe va constituer un trophée de
plus. Il y a confusion humoristique
(humour noir) entre action
chirurgicale et chasse aux trophées
et donc inversion des fonctions et
contravention au serment médical : le
chirurgien ne répare pas, il détruit.

3. Serment médical,
l 1996,
document de référence
Thème : énumération des règles
de l’éthique médicale que tout
médecin doit jurer de respecter.
Définition et énumération de
ce à quoi s’engage un médecin
dans l’exercice de sa profession :
préserver et rétablir la santé ;
protéger les individus menacés
et vulnérables, soulager les
souffrances ; rôle d’information ;
action ne contrevenant pas aux lois
de l’humanité ; aide apportée aux
confrères ; appréciation des limites
de ses propres compétences.
Dérives apparaissant comme ce qu’il
ne faut pas faire : discrimination
établie entre les patients ; faire de la
médecine un usage contraire aux lois
humaines ; abuser du pouvoir que
peut avoir le médecin et action sur la
conscience des patients ; refuser de
soigner un indigent ; donner la mort
au lieu de préserver la vie : mettre
la médecine au service d’un pouvoir
et ne pas savoir conserver son
indépendance.

223
 4. Entretien avec A. Kahn,
La Gazette du Palais, 2007,
article de presse.
Thème : les transformations des
relations médecin / patients.
Évocation d’un rôle et de fonctions
traditionnelles du médecin
de famille, conseiller écouté,
entretenant avec les patients une
relation de confiance dans la durée.
– Transformation du médecin en
technicien professionnel comparable à
un ingénieur, à qui on demande, dans
le cadre d’un contrat, une prestation
définie, avec une obligation de
résultat.
Cette transformation s’accompagne
d’un nomadisme médical
(changement fréquent de médecin)
qui modifie la relation médecin /
patient en relation médecin / client.
– Modification des demandes et des
attentes des clients dans le cas de
recherche de performances, dans des
domaines comme l’esthétique et le
sport : risque de demande de dopage
sous couvert d’aide médicale.

➤ Le rapprochement des quatre documents permet
de comprendre quelles sont et d’où viennent les déri-
ves de la médecine : le métier de médecin se modifie
du fait des transformations de la société et des men-
talités. Moins considéré comme un apostolat, moins
tourné vers le service du malade, moins associé à
une certaine forme d’abnégation, il a tendance à
devenir un métier comme un autre, établissant entre
médecin et patient une relation contractuelle ; celle-ci
est la porte ouverte à diverses formes d’exigences,
et à la judiciarisation potentielle de cette relation.
Le Serment médicall impose des vertus difficiles à
appliquer, mais il a le mérite de préciser un cadre et
des contraintes pour l’exercice d’un métier qui, par
sa nature et par ce qu’il met en jeu, ne se situe pas
sur le même plan que beaucoup d’autres.
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 162
1 Sujet ➜ p. 162 (NT).
2 Sujet ➜ p. 72. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 77, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).

DOCUMENT 5 Extrait de la Convention internationale des droits ➜ p. 163

de l’enfantt (1989-1999) THÈME : l’exploitation des enfants

Intérêts du document
Un document officiel concernant les droits des enfants et mis à leur portée ; plusieurs ar-
ticles d’une convention internationale : la manière dont ils sont rédigés et leur contenu ; la
difficulté d’exploiter un tel document dans une synthèse de documents.

à la santé et aux services médicaux, Le droit à un

Pour analyser le document
1 Composition et caractéristiques du document
Sous le titre « Droits de l’enfant » et après une
précision concernant la notion d’enfant confondue
avec le statut de mineur (article 1), l’extrait donne les
articles 24, 27, 28, 31 et 32 de la Convention interna-
tionale des droits de l’enfantt dont la nature évoque la
Déclaration universelle des droits de l’homme.
Chaque article porte un numéro et un titre : Le droit
224
niveau de vie décent, Le droit à l’éducation, Le droit
aux loisirs, Le droit à la protection contre l’exploita-
tion. On remarque que chaque article est rédigé de
la même manière et met en évidence l’existence d’un
droit qui doit protéger les enfants et que chacun
peut officiellement réclamer. Chaque paragraphe
consacré à un droit est lui-même subdivisé en deux,
trois ou quatre éléments numérotés dont chacun
comporte plusieurs alinéas désignés par des lettres
minuscules.

2 Le thème global et le contenu précis des dif-
férents articles / le détail des droits
Le document a pour thème l’existence de droits
reconnus aux enfants. Ces droits sont définis,
détaillés et admis sur le plan international.
Comme on l’a vu en 1 , chaque droit est décomposé
en actions, démarches, procédures qui se mettent au
service du droit énoncé. Cette manière de procéder
décompose de façon utile ce qui doit être fait. On
peut expliciter le contenu des différents articles et
déterminer ainsi ce qui se trouve mis en jeu.
– Le droit à la santé et aux soins médicaux (art. 24) :
le droit d’être soigné implique toute une infrastructure
médicale. Cela concerne la période d’avant la nais-
sance de l’enfant, la présence de médecins et d’hô-
pitaux, la possibilité pour l’enfant de vivre dans un
contexte sain, ainsi que l’information et la formation
des adultes sur le plan médical. C’est ce qu’indiquent
les contenus des différents alinéas. Il est important
de remarquer que le respect de ce droit à la santé
(et on le voit de la même manière pour les autres) ne
concerne pas que les enfants, mais implique la mise
en place de toute une politique de santé. On peut
penser que cette politique se trouve sans doute, dans
certains pays, génératrice de conflits culturels : il est
en effet précisé que les États doivent abolir certaines
pratiques dangereuses pour la santé des enfants.
Rien n’empêche ici de penser à l’excision.
– Le droit à un niveau de vie décent (art. 27) : cet
article comporte quatre points et l’on comprend que
le terme décentt (l. 20) regroupe ce qui concerne
l’alimentation, l’habillement et le logement, auxquels
les États doivent pourvoir en cas de difficulté ou
d’impossibilité du côté des parents. Le lecteur peut
penser que la notion de décence est très relative et
que ce droit est certainement difficile à cerner et à
mettre en œuvre, même s’il est fondamental et en
particulier s’il conditionne le droit suivant.
– Le droit à l’éducation (art. 28) : ce droit fon-
damental, car c’est celui qui permet aux enfants
d’apprendre, de progresser, de penser, d’acquérir un
métier, de former leur vie d’adulte, est ici étroitement
subordonné à la présence d’une part et au caractère
accessible d’autre part, de structures éducatives,
école primaire, école secondaire, universités, et à leur
gratuité. Ce droit repose sur le principe de l’égalité
des chances, mais on peut penser que ce principe
est difficile à appliquer compte tenu de la disparité
des conditions de vie des enfants, selon qu’ils se
trouvent dans les villes, à la campagne, qu’ils aident
leurs parents en travaillant ou qu’ils peuvent aller à
l’école dans des conditions décentes. Dans certains
pays, l’analphabétisme touche une grande partie de
la population rurale. Le respect du droit à l’éducation
implique des structures éducatives nombreuses, et
peut constituer un moteur de développement dans
Analyser un document de référence CHAPITRE
16
différents pays, notamment ceux auxquels le docu-
ment fait allusion (les
( pays en développement, l. 47).
– Le droit aux loisirs (art. 31) : il s’agit d’un droit
exprimé très brièvement en quatre lignes, peut-être
parce qu’il est difficile à définir et qu’il recoupe le
droit suivant. Il met cependant en relief l’importance
du jeu et du repos pour les enfants, ainsi que la
participation à des activités culturelles et artistiques.
C’est un droit qui ménage aux enfants la possibilité
de se distraire, de se divertir, sans être à l’école et
sans être obligés de travailler pour les adultes : ce
droit rappelle l’importance du jeu dans la vie et la
formation d’un enfant.
– Le droit à la protection contre l’exploitation (art.
32) : c’est, avec le droit à l’éducation, un droit dont on
peut dire qu’il est à la fois fondamental, constamment
bafoué et difficile à mettre en place dans un certain
nombre de pays. Le respect de ce droit implique des
mesures strictes prises par les États, concernant la
limite d’âge à partir de laquelle un enfant peut tra-
vailler, ce qui ne dissocie pas travail et enfant, comme
le montre par exemple la photo des enfants travaillant
dans une briqueterie en Colombie (p. 152). La conven-
tion prévoit des limites d’âge, une protection accordée
aux enfants et des sanctions imposées à ceux qui ne
respectent pas les règles. Ce droit implique chez les
États une attitude de réglementation et de sanction,
non de construction et de proposition comme pour
l’éducation : il s’agit de lutter contre un fléau large-
ment répandu dans certains pays et explicable par
une pauvreté endémique.
➤ Les différents articles mettent en évidence l’im-
portance d’un document comme cette convention,
qui pose des droits, impose des règles, envisage
des sanctions et définit ainsi ce qui peut et ce qui
doit être fait, de même que ce qui est interdit. Cette
convention, qui est d’abord une référence et un
outil de réglementation, doit constituer un véritable
moteur : en effet, les actions des États sont mises en
cause et ils sont poussés, pour respecter ces droits,
à diverses formes de développement. On aimerait
pouvoir penser que l’existence de cette convention
permet de réduire des abus ou du moins donne à
ceux qui défendent les enfants maltraités et exploités
des instruments de lutte contre les abus. Il est donc
essentiel que de semblables documents existent et
soient connus, non seulement des défenseurs des
enfants mais des enfants eux-mêmes.
L’ensemble répond donc à une structure organisée :
succession des articles, énumération des droits, puis
indication classée de ce qui relève de la responsabi-
lité des États, des différentes mesures et procédures
qui leur incombent et qui se trouvent détaillées de
manière très précise dans les alinéas. Le contenu
de ces alinéas définit ainsi un ensemble d’actions
qui sont des applications des différents droits. On
indique ainsi ce qui doit être fait pour que les droits
225
 cités soient respectés : le verbe devoir, qui exprime
ici l’obligation et non l’éventualité, est fréquemment
employé. Le document relève d’une structure qui
reprend systématiquement les mêmes éléments, en
cernant tout ce qui peut et doit être fait pour que les
différents droits cités soient respectés. Le caractère
récurrent de la formulation Les États + un verbe au
présent ou au futur : Les États s’engagentt (l. 6-7), Les
États assureront en priorité (l. 8), Les États aboliront
(l. 17), les États devront aider tes parents (l. 25), Les
États doivent veillerr (l. 42), doivent coopérerr (l. 44)…
souligne le caractère universel des droits définis.
La référence aux États en général (aucun n’est cité
en particulier) en tant qu’entité politique confère à
la déclaration un caractère international et rappelle
que cela concerne tous les enfants du monde sans
exception.
On remarque enfin que les auteurs de cette forme
simplifiée ont choisi de s’adresser aux enfants en
les tutoyant, ce qui rend le texte plus proche, plus
familier. Le tutoiement implique aussi que l’on utilise
un langage accessible aux enfants et non la langue
administrative et conventionnelle qui caractérise
habituellement ce genre de document.
DOCUMENT 6 Missions de la CNIL (1978)
Intérêts du document
Structure et organisation d’un document administratif et officiel définissant la composition
et les missions d’un organisme important ; nature de ces missions et pouvoir de cette com-
mission.
Pour analyser le document
1 Thème, structure et caractéristiques
Composé d’une succession de paragraphes marqués
par des alinéas et par des intertitres, le document est
DOMAINE DE L’INFORMATIQUE
Informatique (l. 2, 3, 32), évolution des techniques (l. 39),
traitement automatisé (l. 41), données, traitements (l. 44 et
62), fichiers (l. 45, 48, 52), traitement de données (l. 49,
70), traitements publics (l. 50), applications informatiques
(l. 56-57), recours à l’informatique (l. 59), systèmes
d’information (l. 61).
226
Vers la synthèse ➜ p. 164
1 Deux documents : consigne ➜ p. 69. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 70, chapi-
tre 7 (Analyser un extrait de presse).
Deux documents : consigne ➜ p. 95 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 152 (NT).
3 Quatre documents : consignes ➜ p. 164 (NT),
p. 124 (NT) et p. 152 (NT).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 164
1 Sujet ➜ p. 164 (NT).
2 Sujet ➜ p. 69. Ce sujet est traité dans ce guide
pédagogique, p. 71, chapitre 7 (Analyser un extrait
de presse).
3 Sujet 1 ➜ p. 95. Ce sujet est traité dans ce
guide pédagogique, p. 112, chapitre 9 (Analyser un
schéma, un document chiffré).
Sujet 2 ➜ p. 95 (NT).
➜ p. 164
THÈME : les menaces sur les libertés
consacré à un organisme désigné par les initiales
CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et
des Libertés) dont le titre attire l’attention sur la juxta-
position de deux termes essentiels : informatique et
libertés (au
( pluriel). Ces deux termes sont repris sous
des formes diverses à l’intérieur du document :
DOMAINE DES LIBERTÉS
Libertés (l. 32, 71), vie privée, libertés individuelles ou
publiques (l. 33-34), protection des libertés (l. 39),
n’entravent pas le libre exercice (l. 44), empêcher que les
données ne soient déformées ou communiquées (l. 62-63).

Cette répartition lexicale permet de déterminer ce qui
explique l’existence de la commission définie dans
le texte : le développement des techniques d’infor-
mation nécessite que soient établies, de manière
institutionnelle, les garanties en ce qui concerne
l’utilisation de données informatiques concernant les
citoyens et l’État.
Le document est structuré en deux grandes parties :
la première concerne la définition de la commission,
sa composition, et deux caractéristiques importan-
tes, qui découlent de sa nature et de sa composition :
son indépendance et son caractère administratif.
Ces deux termes figurent dès la ligne 4. La seconde
partie du document s’attache, après quelques lignes
de présentation, à définir les missions de la commis-
sion : elles sont au nombre de cinq.
On peut reprendre ici ses caractéristiques, à partir
de la présentation de ce qu’elle est et de ce qui la
compose.
Les lignes 5-17 précisent le nombre des membres
composant la commission – ils sont 17 –, leur statut
et par qui ils sont nommés : ces membres, leurs fonc-
tions et les institutions auxquelles ils appartiennent
soulignent le caractère à la fois divers et officiel de
la composition. La commission regroupe des repré-
sentants d’institutions et de juridictions diverses. Les
membres de la commission siègent pendant cinq ans
ou pour certains le temps de la durée de leur mandat
électif (quatre ans pour un député). Le choix des mem-
bres se fait au sein de leur assemblée ou juridiction.
C’est la nature de la CNIL et sa composition qui per-
mettent son indépendance : il est d’ailleurs précisé
que le pouvoir politique et les entreprises n’ont aucune
prise sur la commission et ne peuvent lui dicter ses
décisions. Le caractère administratif de la CNIL est
précisé : son recrutement et son fonctionnement font
qu’il ne s’agit pas d’un organisme privé.
2 Les cinq missions de la commission
L’exposé des différentes missions de la commission
occupe la deuxième grande partie du document. Une
brève introduction indique ce qui est à l’origine de
la création de la commission : le développement de
l’informatique qui peut faire craindre diverses dérives
sur le plan des libertés. Se trouve ainsi annoncée la
mission fondamentale de la commission : faire appli-
quer et respecter la loi « Informatique et Libertés ».
On peut reprendre le contenu des cinq missions,
dont chacune est annoncée par un verbe à l’infinitif
et explicitée dans un paragraphe qui indique les
modalités de la mission.
– Information et proposition de lois et règle-
ments : la CNIL est une source d’informations pour
le public ; elle est concernée par toute proposition
de loi relative à l’informatisation de données relatives
aux individus.
Analyser un document de référence CHAPITRE
16
– Garantie du droit d’accès à certaines informa-
tions : la CNIL veille à ce que les citoyens conser-
vent un droit d’accès à des données les concernant
(sûreté de l’État, Renseignements généraux). Elle
joue alors le rôle d’intermédiaire.
– Recensement des fichiers : la CNIL surveille la
manière dont sont établis et dont sont traités les
fichiers qui comportent des informations permettant
d’identifier facilement les individus. Elle veille au res-
pect de formalités légales.
– Contrôle et sanctions : la surveillance exercée sur
l’établissement de fichiers, sur le traitement de l’in-
formation, sur l’utilisation des données, sur la sécu-
rité des systèmes permet à la CNIL d’instruire des
plaintes en justice, de sanctionner les contrevenants
à la loi Informatique et Libertés et d’en dénoncer les
violations au procureur de la République.
– Établissement de règlements : il revient aussi à
la CNIL d’établir des procédures simplifiées dans le
traitement des informations.
➤ L’existence de la CNIL, telle qu’elle est définie
dans le document de référence, souligne son impor-
tance et son absolue nécessité dans les missions
de surveillance, de réglementation, de contrôle et
de sanction. Il est absolument impératif qu’un orga-
nisme officiel et légal puisse contrôler la manière
dont sont traitées des données concernant les
citoyens, données dont certaines sont strictement
confidentielles (identifications bancaires, numéros
de cartes bleues…). C’est vers cet organisme que
convergent les plaintes mais aussi l’expression
d’inquiétudes des citoyens face au développement
de l’informatique et particulièrement de l’Internet et
de tous les réseaux qui se mettent en place, sans
toujours garantir la confidentialité des informations
recueillies.
Vers la synthèse ➜ p. 166
1 Deux documents : consigne ➜ p. 166 (NT).
2 Trois documents : consigne ➜ p. 71. Ce sujet
est traité dans ce guide pédagogique, p. 74, chapi-
tre 7 (Analyser un extrait de presse).
3 Quatre documents : consigne ➜ p. 154. Ce
sujet est traité dans ce guide pédagogique, p. 209,
chapitre 15 (Analyser une photo).
Vers l’écriture personnelle ➜ p. 166
1 Sujet ➜ p. 166 (NT).
2 Sujets ➜ p. 63 (NT) et p. 71 (NT).
227
 P R O L O N G EMENTS
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
Suppression du dernier alinéa / publication du Code
de la famille / assurance par les États du dévelop-
pement prioritaire des soins essentiels / nécessité
d’une aide particulière des pays en développement /
suppression de la puissance maritale / suppression
(disparition) du devoir d’obéissance de l’épouse /
maintien du droit d’imposer le lieu de résidence.
EXERCICE 3
– La préservation des différentes formes de santé ;
– Le refus des discriminations et le respect des lois
humaines ;
– Un devoir d’information et de confiance ;
– Ni soif de gloire, ni soif d’argent ;
– Une obligation de discrétion ;
– Alléger les souffrances et préserver la vie ;
– Le souci de l’indépendance ;
– Modestie et perfectionnisme ;
– Un impératif d’altruisme.
EXERCICE 4
L. 4-15 : ce qu’interdit la loi sur le harcèlement.
L. 18-19 : le rôle du chef d’entreprise / la responsabi-
lité du chef d’entreprise.
L. 27-32 : les conditions d’intervention des organi-
sations syndicales.
228
➜ p. 167
EXERCICE 5
Présentation du document 1
Le premier document est un texte administratif
qui définit les missions du BVP, bureau créé en
1953 et dont la fonction est de veiller à ce que
la publicité respecte les consommateurs et le
public. Ce bureau définit et fait appliquer des
règles déontologiques dans le souci d’un équili-
bre entre créativité et responsabilité.
Présentation du document 2
L’extrait de l’article 169 de la loi de modernisation
sociale est un document de référence qui date de
2002. Ce texte de loi précise quelques aspects
du harcèlement, expose sur quels plans un salarié
victime de harcèlement peut être protégé par la
loi et rappelle le rôle du chef d’entreprise. L’article
définit aussi dans quelles conditions les organisa-
tions syndicales peuvent intervenir.
■ ACTIVITÉS ORALES
EXERCICE 8
On pourra orienter les élèves vers l’article « Torture »
du Dictionnaire philosophique de Voltaire, vers un
extrait de l’Entretien d’un père avec ses enfants (ou
du danger de se mettre au-dessus des lois) de Dide-
rot (éd. Garnier-Flammarion, à partir de la page 192),
et envisager certaines affaires d’euthanasie (cas de
Sabine Sébire, qui figure partout dans la presse, en
mars 2008).
 Analyser un document de référence CHAPITRE
16
■ RECHERCHES
EXERCICE 9

NOM ET DATES RAISON DE LA CÉLÉBRITÉ

Jean Bernard 1907-2006 Recherches sur les leucémies. A présidé le Comité

national d’éthique médicale de 1983 à 1992.

Xavier Bichat 1771-1802 Fondateur de l’anatomie générale.

Albert Calmette 1863-1933 Découverte, avec Guérin, du vaccin contre la

tuberculose, appelé BCG (Bacille de Calmette et
Guérin).

Esculape Dieu de la médecine connu dans la mythologie

grecque sous le nom d’Asclépios.

Alexandre Fleming 1881-1955 Découverte de la pénicilline en 1928 ; prix Nobel de

médecine en 1945.

Hippocrate 460-377 av. J.-C. Plus grand médecin de l’Antiquité ; son éthique est
à l’origine du Serment d’Hippocrate, devenu Serment
médical.

Edward Jenner 1749-1823 Réalisation de la première vaccination, qui permet de

conférer une immunité contre la variole.

Robert Koch 1843-1910 Découverte du bacille de la tuberculose en 1882 et de

celui du choléra. Prix Nobel de médecine en 1905.

René Laennec 1781-1826 Invention du stéthoscope ; vulgarisation de la

méthode d’auscultation.

Paracelse 1493-1541 Invention de la médecine hermétique qui fait se

correspondre le monde extérieur (macrocosme) et les
différentes parties de l’organisme (microcosme).

Ambroise Paré 1509-1590 Considéré comme le père de la chirurgie moderne.

Louis Pasteur 1822-1895 Invention de la pasteurisation et du vaccin contre la

rage. Louis Pasteur n’était pas médecin mais chimiste.

Louis Schweitzer 1875-1965 Engagement pacifiste et humanitaire. Fondation de

l’hôpital de Lambaréné au Gabon. Prix Nobel de la
paix en 1952.

229
3 Maîtriser
l’épreuve
de l’examen
 CHAPITRE
17 La synthèse :
classer les idées
d’un corpus de documents
A P P R O C HES
EXERCICE 1
Regroupement des idées en
n fonction des gran-
des orientations
I. Le développement d’Internet : vidéosurveillance
et commerce électronique
– Idées 1, 2 et 3 du documentt 1 ;
– Idées 1 et 8 du document 3 ;
– Idées 1 et 2 du document 4.
II. Ce qui peut expliquer un tel développement
– Idées 2, 3, 5 et 7 du document 3 ;
– Idée 2 du document 4.
III. Les risques pour les citoyens
– Idées 1, 2 et 3 du document 2 ;
– Idées 4, 6, 7 et 9 du document 3 ;
– Idée 3 du document 4.
La première orientation expose un constat : une vidéo-
surveillance très présente et en voie d’augmentation.
La seconde orientation apporte des explications qui
correspondent à celles qui sont exprimées par les pou-
voirs publics et à celles (convergentes) qui émanent
d’une partie de la population. La vidéosurveillance
est présentée comme une garantie de la sécurité. La
EXERCICE 2
Regroupement des idées selon les deux orienta-
tions données
I. Fonctions positives de la publicité
– Idée 1 du document 1 ;
– Idées 4, 5, 6, 7 et 9 du document 3 ;
– Idées 1, 2 et 3 du document 4.
III. Nécessité d’une réglementation
– Idées 1, 2 et 3 du document 2 ;
– Idées 8 du document 3.
Une fois répertoriées les idées qui correspondent
aux deux grandes orientations proposées, on remar-
que qu’il reste les idées suivantes :
– Idée 2 du document 1 ;
232
Livre de l’étudiant ➜ p. 170 à 179
➜ p. 170
troisième orientation fait état des objections appor-
tées par certains aux explications données. On a ainsi
un plan dont les trois orientations sont l’exposé d’un
phénomène, les explications qui ont pour vocation de
le justifier et les objections nées d’un certain nombre
de risques et de menaces perçus par les citoyens.
La problématique vient de l’existence d’un phéno-
mène qui se révèle générateur d’effets contradictoi-
res : sécurité et inquiétude.
Remarque
La classification des idées, travail important après
celui qui consiste à les faire émerger des documents,
pose parfois le problème d’idées qui peuvent figurer
dans deux orientations ; il en est ainsi de l’idée 7 du
document 3. L’obligation de soumettre les dispositifs
de surveillance à des autorisations et à des contrôles
pourrait rassurer. C’est en effet la preuve que l’on établit
des limites. En même temps, on peut considérer que
les autorisations et les contrôles sont la preuve même
que le système comporte des risques. La même idée
peut figurer dans deux grandes orientations.
– Idées 1, 2 et 3 du document 3.
Ces différentes idées font référence au caractère
envahissant, violent et propre à certaines dérives de
la publicité. La deuxième grande orientation pourrait
être, en opposition avec la première, « les aspects
négatifs de la publicité ». On a donc, dans ce cas,
un plan construit sur une opposition entre deux
aspects antinomiques de la publicité : elle est utile,
efficace, inventive, nécessaire, mais en même temps
elle devient envahissante et refuse certaines limites.
La résolution de cette antinomie suppose l’existence
d’une réglementation signalée par le publicitaire
interrogé et illustrée par l’existence du BVP.

EXERCICE 3
Remarque
Comme dans les deux exercices précédents, on peut
travailler à partir de la liste des idées. On peut aussi
retourner aux documents – ils figurent tous dans la
partie II du manuel – pour un travail d’observation et
d’analyse de la manière de les reformuler.
La lecture des différentes idées des documents doit
permettre de dégager assez rapidement la « situa-
tion » évoquée dans l’intitulé de la deuxième grande
orientation. Cette précision est nécessaire pour
construire le plan. Mais elle peut être découverte dès
la lecture des idées du premier document.
I. La situation envisagée (l’inégalité de statut
entre les femmes et les hommes)
– Idées 1, 2 et 3 du document 1 ;
– Idées 1 et 3 du document 2 ;
– Idée 2 du document 3 ;
– Idées 2, 3 et 4 du document 4.
II. Ce qui peut expliquer une telle situation
– Idées 4 et 5 du document 1 ;
– Idées 3, 4 et 5 du document 3 ;
– Idées 2, 3 et 4 du document 4.
Les deux premières grandes orientations présentent,
l’une, la situation d’inégalité dans laquelle se sont
longtemps trouvées et se trouvent encore les fem-
mes, l’autre, les explications que l’on peut trouver
pour expliquer cette situation. Les idées qui ne sont
pas « entrées » dans ces deux orientations expriment
certaines améliorations obtenues par les femmes, de
manière légale, mais rappellent que certaines sour-
ces de la discrimination sont toujours là, avec leurs
conséquences pour tous. On pourrait donc envisager
une troisième partie sous le titre : « III. Des amélio-
rations et leurs limites ». Les documents montrent
en effet la persistance de certains comportements.
Le devoir de synthèse pourrait faire apparaître, à travers
son plan, une problématique liée aux obstacles rencon-
A P P L I C ATION
EXERCICE 4
1 Recherche des idées dess documents 1 et 3
Idées du document 1, sonnett extrait des Trophées
(1893) de J. M. de Heredia (} p. 108)
1. Caractéristiques des voyage
eurs : ils sont assimilés
à des oiseaux de proie, mai ais également porteurs
d’un certain héroïsme et d’une certaine noblesse.
2. Évocation de la brutalité des voyages de conquête.
CHAPITRE
17
trés par les femmes dans leur marche vers une égalité
avec les hommes reconnue par la Constitution en 1946,
mais qui ne se manifeste pas toujours dans les faits.
III. Des améliorations et leurs limites
– Idées 3 et 6 du document 1 ;
– Idées 2, 4, 5, 6 et 7 du document 2 ;
– Idée 1 du document 3 ;
– Idées 1 et 4 du document 4.
Remarque
Comme on peut l’observer, plusieurs idées pourraient
se trouver, selon la manière dont on les prend et le sens
qu’on met en relief, dans plusieurs parties et non dans
une seule. Cette particularité fréquente et déroutante
pour les étudiants rend difficiles l’organisation des
idées d’une synthèse et leur position dans le devoir.
Par exemple, les deux premières idées du document 1
sont caractérisées par ce que l’on pourrait appeler une
ambivalence. Elles montrent l’inégalité hommes / fem-
mes en situation. En même temps, elles expriment
indirectement que l’inégalité est traditionnelle et qu’elle
relève de ce qui est couramment admis : ce sont les
hommes qui élaborent une Constitution / ce sont les
femmes qui s’occupent de la maison. Dans ce cas de
figure, on observe que s’expriment à la fois un phéno-
mène et ses explications. Dans ce corpus particulier
– mais cela arrive assez fréquemment –, il est difficile
de dissocier ce qui exprime un état de choses de ce
qui constitue ses causes, ses sources, ses origines,
les deux domaines étant très étroitement liés.
L’étude du corpus conduit à l’idée que l’inégalité tradi-
tionnelle hommes / femmes, dont les explications vien-
nent de la tradition, se sont enracinées dans l’éducation
et se retrouvent dans tous les domaines, s’est beaucoup
atténuée sous l’effet des efforts conjugués des femmes
et de la législation. Mais les documents montrent aussi
de fortes résistances à considérer les femmes comme
égales aux hommes, même si elles prouvent leurs com-
pétences : elles doivent toujours faire mieux.
➜ p. 177
3. Leurs voyages sont assimilés à des rêves, au
mystère, à la poésie des pays lointains et inconnus.
4. Les objectifs des grands voyages sont à la fois les
découvertes de nouvelles contrées et l’enrichisse-
ment matériel.
➤ Les voyages sont présentés sous une forme ambi-
valente : brutalité et conquête mais aussi charme de
l’exotisme.
233
 Idées du document 3, extrait du dossier de presse
du festival « Étonnants Voyageurs » de M. Le Bris
(Saint-Malo, 2006) (➜ p. 67)
1. Évocation, à travers une référence à Baudelaire,
du charme des voyages, des pays exotiques ; ima-
ges et parfums venus d’Orient.
2. Voyage assimilé au rêve, associé à la lumière, à
des cultures différentes, à des paysages imaginés,
au mystère, au mysticisme.
3. Voyages remèdes aux morales étriquées et recher-
che de la sagesse.
4. Inquiétudes relatives à un affrontement Orient /
Occident, en raison de différences profondes liées
à l’histoire ; le voyage est l’occasion de considérer
certains états de fait historiques et de se demander
dans quelle mesure il peut aider à en atténuer les
aspects négatifs.
2 Regroupement des idées pour faire apparaî-
tre deux grandes orientations
La lecture des documents et la recherche des idées
mettent en évidence deux grandes orientations qui
correspondent à deux aspects antinomiques et suc-
EXERCICE 5 On peut regrouper les remarques sous la forme d’un tableau permettant de répondre
aux deux questions simultanément.
DOCUMENTS GRANDE
ORIENTATION 1 ORIENTATION
M.-C. Betbeder, Représentations optimistes et
1997, article de idéalisées du travail : amour du
presse métier vu comme un aboutis-
Les représenta- sement, le résultat d’un savoir,
tions que certains l’application des connaissances
jeunes ont du avec une reconnaissance venue
travail. de l’employeur, la possibilité
de progresser, d’avoir une pro-
motion, de pouvoir donner le
meilleur de soi.
M.-F. Hirigoyen,
1998
Le Harcèlement
morall, essai
Exemples de
harcèlement au
travail.
234
cessifs ou simultanés des voyages. On peut en effet
voir dans le corpus une évocation élogieuse, poétique
et fascinante du voyage, parallèlement à des éléments
négatifs qui correspondent à une perception nettement
plus réaliste des voyages et des lieux découverts.
La problématique du corpus repose sur cette
coexistence d’éléments opposés : les voyages font
naître le rêve des pays lointains et exotiques, mais se
révèlent décevants, quand ils montrent la civilisation
destructrice, et dangereux lorsque leur finalité est
humanitaire et utilitaire.
I. Une image positive, poétique et fascinante du
voyage
– Idées 1, 3 et 4 du document 1 ;
– Idée 1 du document 2 ;
– Idées 1, 2 et 3 du document 3 ;
– Idées 3 et 4 du document 4.
II. Une image réaliste des voyages, qui peuvent
être brutaux, dangereux et ne révéler que les
effets de la civilisation
– Idées 1 et 2 du document 1 ;
– Idées 1, 2, 3 et 4 du document 2 ;
– Idée 4 du document 3 ;
– Idées 1, 2, 3 et 5 du document 4.
GRANDE Remarques
2 éventuelles
Inversement se trouve rejeté le On trouve les
travail vécu comme une routine deux jugements
sans intérêt, sans progression, sans opposés dans
initiatives ni responsabilités. le même
document.
Présentation de la manière dont Les aspects
sont traités certains salariés : négatifs contenus
exigences très fortes en matière de par le document
nature et de temps de travail sans font ressortir
aucune compensation ni récom- implicitement ce
pense ; dévalorisation, humiliation que pourrait être
et infériorisation des salariés dans un travail intéres-
leur travail ; rejet des initiatives, sant, valorisant et
refus des responsabilités ; mise en humain.
place d’un stress permanent ; robo-
tisation des individus : traitements
inhumains.
 La synthèse : classer les idées d’un corpus de documents CHAPITRE
17
Charlie Chaplin, Représentation imposante Caractère monstrueux de la Présence de la
image du film Les d’une machine complexe machine qui semble avoir déjà machine pour
Temps modernes, qui occupe tout l’espace de dévoré un ouvrier et devant prendre le relais
1936 l’image ; enchevêtrement de laquelle l’autre (Charlot) semble des hommes et
L’homme et la rouages et de roues dentées qui perplexe. les décharger des
machine. s’emboîtent les unes dans les } Illustration du travail mécanisé tâches les plus
autres. dont chaque ouvrier accomplit difficiles : double
} Idée que la machine peut effec- un fragment sans comprendre image du travail.
tuer un travail dont l’ouvrier est l’ensemble.
ainsi libéré : image possible du
progrès positif.

Fernand Léger, Image lumineuse d’un chantier

Les Constructeurs, de construction ; insistance
huile sur toile, sur l’idée de solidarité entre les
1950 ouvriers, sur le dynamisme et
Une représen- sur une certaine joie de vivre
tation optimiste et de travailler, qui ressort du
du monde de la groupe « attelé » à une même
construction. tâche et des couleurs vives du
tableau (bleu, rouge, jaune
lumineux) ; enchevêtrement de
poutres suggérant l’intensité
de l’activité ; caractère naïf
de la représentation des
personnages accentuant le côté
optimiste.

➤ L’analyse des documents et la classification des idées dans le tableau conduisent à donner comme titres
aux deux grandes orientations :
I. Une perception et des représentations optimistes du travail
II. Souffrances et déceptions dans le travail

PROLONGEMENTS ➜ p. 179

■ EXPRESSION ÉCRITE mée. Trois siècles plus tard, le sociologue N. Jonas

EXERCICE 1
Paragraphe rédigé intégrant les trois idées don-
nées
Les documents donnent plusieurs raisons qui peu-
vent expliquer certaines inégalités entre les hommes
et les femmes. L’extrait de théâtre qui constitue le
document 1 et l’extrait d’essai de N. Jonas, malgré
5 les siècles qui les séparent, font valoir qu’il y a fon-
damentalement une différence d’éducation entre
les filles et les garçons. Au XVIIIIe siècle, un des per-
sonnages de Marivaux fait le constat selon lequel
la non-participation des filles aux affaires publiques,
10 en l’occurrence l’élaboration d’une Constitution
qui les concerne aussi, a pour origine le fait que,
traditionnellement, les femmes s’occupent de leur
foyer et de leur mari. Toute profession leur est fer-
15 constate les freins mis en place par la tradition.
Malgré une volonté d’égalité dans les études, du fait
de la mixité imposée dans les années 1960, tout se
passe comme si les filles étaient reléguées dans des
filières et des métiers considérés comme adaptés
20 à une sensibilité et à des compétences féminines :
métiers du tertiaire, psychologie, spécialités lit-
téraires. À cela on peut ajouter une différence de
traitement entre les garçons et les filles à l’intérieur
de la famille. Selon les observations de N. Jonas, les
25 garçons peuvent davantage s’échapper du milieu
familial pour leurs loisirs tandis que les filles sont
orientées vers les travaux ménagers et conduites à
aider leur mère. Cette différenciation vient de l’idée
qu’il existe des compétences sexuées, ce qui est
30 repris et véhiculé par l’école, les milieux profession-
nels, les médias, la famille.

235
 CHAPITRE
18 La synthèse :
construire le plan
A P P R O C HES
EXERCICE 1
1 La construction du tableeau
Le tableau qui permet la classification des idées et
l’organisation du plan de syntthèse est construit sur
deux entrées. La première, ve erticale, permet d’indi-
quer les caractéristiques de chaque document et de
classer ces derniers en fonction de critères varia-
bles. La seconde entrée, horizontale, est consacrée
à la reformulation des idées. À chaque document
indiqué dans la première colonne correspondent des
idées qui sont regroupées parce qu’elles vont dans
la même direction. Les différentes cases se rem-
plissent avec l’expression des idées correspondant
à chaque document et allant dans le même sens. Il
apparaît que le tableau ne peut être rempli qu’après
lecture et analyse des documents, ou au moment
de la lecture. Il apparaît aussi que la classification
des idées selon leur orientation (et donc la mise en
place des titres de chaque colonne) exige une bonne
compréhension des documents.
2 La première colonne
C’est dans cette colonne que l’on donne les carac-
téristiques des documents. Ces données permettent
ensuite de construire une partie de l’introduction, celle
qui est relative à l’identité des documents. Pour cha-
que document, il est utile de préciser ce qui le définit :
le titre, l’auteur, la date de publication, le genre et le
thème. Ces informations relèvent de l’observation du
paratexte des documents (voir à ce sujet le chapitre
4) et d’une lecture ayant fait ressortir le thème traité.
On sait que le sujet d’examen indique le thème de
l’année sur lequel porte l’épreuve. Mais à l’intérieur
de ce grand thème, l’étudiant peut en définir un plus
limité, associé à la problématique du corpus.
Les documents de la première colonne peuvent être
repris dans l’ordre qui est celui du corpus (ordre en
236
Livre de l’étudiant ➜ p. 180 à 192
➜ p. 180
général chronologique avec le document iconogra-
phique en dernier) ; mais dans le cadre d’un travail
préparatoire, il n’est pas impératif de reprendre
l’ordre donné : on peut choisir de regrouper, dans
le tableau, des documents qui sont proches sur le
plan des idées, parce que cela facilite les rapproche-
ments. Inversement, on peut choisir de rapprocher
des documents antinomiques.
3 La première ligne
La ligne qui regroupe les titres des grandes orien-
tations est la plus difficile à remplir. En effet, au
début du travail de synthèse (quand on se trouve en
situation d’examen), elle ne peut comporter aucun
contenu précis. C’est la lecture des documents, leur
analyse et la classification des idées récurrentes qui
permettent de dégager progressivement les deux
ou trois grands titres qui seront ceux des grandes
parties (ou grandes orientations) de la synthèse.
La manière la plus efficace de procéder est de
commencer à remplir certaines cases de la seconde
colonne – celle qui correspond à la première orien-
tation à trouver – avec des idées importantes d’un
des documents, de chercher des idées concordan-
tes dans un autre document et d’en dégager une
grande orientation. La découverte d’idées allant
dans d’autres directions permet de remplir certaines
cases de la colonne 3 ou de la colonne 4. Dans le
tableau proposé, qui est partiellement rempli pour un
travail d’apprentissage progressif, la première ligne
comporte une indication : « Les fonctions humaines
des forêts et leurs explications ». Cette indication,
qui figure dans trois documents, se retrouve aussi
dans le document 2, dont la case est vide, mais
comporte le signe XXX, ce qui signifie ici qu’elle doit
être remplie.

4 Le contenu des cases
Concernant la récapitulation des idées, le tableau
comporte 12 cases, mais seules 9 cases doivent
être remplies. Celles qui le sont déjà comportent les
idées des documents, classées. Leur position dans
telle ou telle colonne dépend de leur orientation.
Une case reste vide lorsque aucune idée du docu-
ment considéré ne correspond à l’orientation de la
colonne. Comme il peut arriver – on l’a vu dans le
chapitre précédent à propos des idées du corpus
sur la condition des femmes – que la même idée
puisse, pour des raisons différentes, figurer dans
deux colonnes, on peut réserver une colonne sup-
plémentaire destinée à recevoir des remarques ou
des cas particuliers.
CHAPITRE
18
5 La dernière ligne
La dernière ligne contient des éléments qui sont le
résultat d’une nouvelle classification. En effet, chaque
colonne regroupe des idées allant dans la même
orientation, qui appartiennent à plusieurs documents
et peuvent être regroupées et synthétisées. Il est fré-
quent – c’est le principe de la synthèse – que les docu-
ments expriment des points de vue, des constats, des
prises de position qui sont tout à fait, ou partiellement,
convergents. Il est important de reprendre ces idées
et de chercher de quelles manières elles peuvent être
classées : c’est ce qui permet de construire les gran-
des orientations de manière rigoureuse. On détermine
alors les sous-thèmes – ou sous-parties (A/B/C) – des
trois grandes parties (I/II/III).

Nous reprenons ici le tableau donné dans le livre de l’étudiant. Les éléments ajoutés
EXERCICE 2 sont en gris sur fond blanc.

GRANDES LES FONCTIONS HUMAINES LES FONCTIONS LES FONCTIONS

ORIENTATIONS DES FORÊTS ET LEURS ÉCOLOGIQUES DES FORÊTS ÉCONOMIQUES
DOCUMENTS EXPLICATIONS DES FORÊTS

Document 1 Point de vue d’Astrov : Point de vue d’Astrov :

A. Tchékhov, Oncle – les forêts ont un effet adou-
Vania, 1897 cissant et civilisateur sur les
Genre : extrait hommes. Elles développent la
théâtral, dialogue sensibilité, l’élégance, la créati-
Thème : l’importance vité esthétique.
des arbres et de la – Astrov associe les forêts à
forêt des êtres humains par le biais
de personnifications.
Document 2 – Poème qui met en évidence
J. Supervielle, les relations de similitude
« Arbres… », 1939-45 étroites entre les hommes
Genre : extrait et les arbres, leurs affinités,
poétique l’étroitesse de leurs liens :
Thème : les similitudes même forme, même composi-
entre les arbres et les tion, mêmes familles, même
hommes vie, même mort, même destin
tragique.
Document 3 – La forêt qui disparaît, quelles
J. Alia, qu’en soient les causes, est une
« Massacre… », 2000 catastrophe humaine.
Genre : article de – Les arbres sont une mémoire
presse vivante.
Thème : les consé- – Association arbres / humains
quences catastrophi- par le biais du lexique et des
ques d’une tempête personnifications : image de la
qui a détruit de mort des arbres familiers.
nombreuses forêts
de la survie de la forêt
dépendent celle d’autres
plantes (notion de biodi-
versité), la vie d’espèces
animales (bêtes sauvages,
oiseaux), la présence de
rivières, tout un ensem-
ble écologique.
– La disparition de – La forêt rapporte
la forêt entraîne celle beaucoup d’argent : les
de diverses espèces champignons récoltés
végétales : J. Alia cite valent cher ; la filière
des variétés de champi- bois a un important
gnons : cèpes, lactaires, chiffre d’affaires ; elle
morilles. donne du travail à
– Le patrimoine fores- 550 000 personnes.
tier est indissociable
d’un climat et d’une
végétation.

237
 Document 4 – Les arbres offrent des lieux – L’ONF se donne pour – Contribuer à la
Photographie tirée du de loisir, d’aventure et de mission, à travers des connaissance des
dossier de presse de découverte comme en témoi- installations comme arbres et de la forêt,
« L’Odyssée Verte », gne « L’Odyssée Verte » ; « L’Odyssée Verte », c’est rendre sensible à
2007 – Un lien de confiance et de de faire connaître les la valeur économique
Genre : photographie respect est créé entre l’homme fonctions naturelles et des forêts, qui consti-
Thème : sensibiliser et les arbres qui l’accueillent. écologiques des arbres et tuent une véritable
à l’importance des des forêts. richesse et qu’il faut
arbres donc respecter et
protéger.

CLASSIFICATION DES – L’influence civilisatrice et – L’influence de la forêt – L’étendue des forêts

IDÉES EN SOUS-THÈMES formatrice de la forêt sur les
DES GRANDES hommes.
ORIENTATIONS – La diversité, la nature et
l’importance des liens affectifs
tissés entre la forêt et les
hommes (passion, découverte,
respect).
– Les raisons de ces relations :
les nombreuses similitudes
entre les arbres et les hommes.
sur la survie de tout un constitue une richesse
environnement végétal et nationale.
animal. – La filière bois joue
– L’importance de la forêt un rôle important dans
par rapport à l’environ- l’économie : rentabilité
nement climatique et et emplois.
géographique.

EXERCICE 3
Les grandes orientations du tableau
1 À partir des documents et du tableau, on déter-
mine que les deux grandes orientations non indi-
quées peuvent être les suivantes :
II. Les fonctions / le rôle écologiques des forêts
III. Les fonctions / le rôle / l’importance économi-
que des forêts
qui concerne l’ordre adopté, on peut considérer qu’il
s’explique par l’ordre dans lequel sont traités les
documents : l’élément humain apparaît en premier
dans le texte de Tchékhov. L’absence de relation
logique entre les trois orientations (la relation est
thématique) laisse toute liberté pour hiérarchiser les
trois grandes orientations.

2 Les trois grandes orientations ne sont pas en
opposition. Elles se complètent en précisant des
fonctions différentes des forêts, fonctions renvoyant
elles-mêmes à des domaines différents : vie et
caractère des hommes, écologie et économie. En ce
3 La problématique du corpus relève d’un raison-
nement inductif : l’importance des trois fonctions
positives attribuées aux forêts et la mise en valeur de
ces fonctions conduisent à la conclusion suivante : il
est essentiel de sauvegarder les forêts.

EXERCICE 4
La dernière ligne du tableau reprend sous une forme
synthétisée et classée le contenu des colonnes
2, 3 et 4. Comme on peut le voir, ce contenu est
regroupé en trois sous-thèmes dans la colonne 2 et
en deux sous-thèmes dans les colonnes 3 et 4.
Dans la colonne 2, on peut conserver l’organisation
proposée qui relève d’une relation logique entre les
trois sous-thèmes : les documents font apparaître
l’idée que la forêt a une influence bénéfique très
importante sur les êtres humains ; cette influence
238
s’explique par l’importance, la profondeur et la
diversité des liens tissés entre les hommes et les
arbres, liens qui peuvent eux-mêmes s’expliquer
par des similitudes manifestes entre les hommes et
les arbres.
Dans la colonne 3, on pourrait intervertir l’ordre des
deux sous-thèmes et mettre en premier, concernant
l’influence écologique, les relations entre forêt, cli-
mat et géographie, parce que le domaine touché est
large. On mettrait en seconde position l’influence sur

l’environnement animal et sur l’environnement végé-
tal. On peut aussi conserver l’ordre proposé : dans
les deux cas, l’organisation est logique. De la même
manière, on peut conserver l’ordre des deux sous-
EXERCICE 5
On peut à présent construire le plan complet de la
synthèse :
I. Les fonctions humaines des forêts et leurs
explications
A) L’influence civilisatrice de la forêt
B) Diversité, nature et importance des liens affectifs
hommes / arbres
C) Raisons de ces relations : les similitudes hom-
mes / arbres
EXERCICE 6
La cohérence de l’ensemble
Si l’on entreprend de vérifier la cohérence de l’en-
semble à partir des sous-thèmes, on peut observer
que ceux de la première grande orientation corres-
pondent exactement à ce qui est annoncé : des
fonctions et leurs explications. La partie concernant
l’écologie porte sur le climat, les sols, la faune et la
flore : il s’agit bien des équilibres naturels, de l’écolo-
gie, de la biodiversité. Enfin, dans la troisième grande
EXERCICE 7
Cet exercice aborde la question de la pertinence du
plan d’une synthèse. Il peut arriver qu’à partir d’un
même corpus on puisse proposer plusieurs plans,
mais c’est un cas de figure assez rare, chaque corpus
étant composé autour d’une problématique majeure
qui conduit à un type d’organisation des idées. L’étude
des plans suivants conduit à réfléchir sur la nature de
la synthèse par rapport aux documents proposés :
● Plan 1 : on pourrait partir des menaces qui pè-
sent sur les forêts, mais la démarche est discutable
dans la mesure où il ne s’agit pas de menaces mais
du constat d’une déforestation humaine et naturelle
(la tempête). On remarque que la troisième partie ne
repose sur rien : le corpus ne propose pas réelle-
ment de réponses au phénomène de déforestation.
Adopter un tel plan, c’est laisser de côté deux des
documents sur les quatre qui constituent le corpus :
le document concernant « L’Odyssée Verte » et le
texte de Supervielle, qui est très important en ce qui
La synthèse : construire le plan CHAPITRE
18
thèmes dans la colonne 4 : le premier concerne la
richesse des forêts en général et le second un aspect
de leur exploitation.
II. Les fonctions écologiques des forêts
A) L’influence de la forêt sur l’environnement climati-
que et géographique
B) L’influence de la forêt sur l’environnement végétal
et sur l’environnement animal
III. Les fonctions économiques des forêts
A) La richesse que constitue la forêt
B) L’importance de la filière bois sur le plan économi-
que et sur le plan des emplois
orientation, il est question de richesse en matière de
ressources et d’économie. Une autre vérification, à
partir du devoir rédigé, permettrait d’observer que le
contenu des paragraphes de chaque grande orienta-
tion traite bien de ce qui est annoncé dans les titres
des sous-thèmes.
La vérification de la cohérence des trois grandes
orientations se fait à partir du contenu des docu-
ments.
concerne les relations hommes / arbres.
● Plan 2 : la lecture de ce plan en deux parties mon-
tre qu’il n’est pas question ici de tout ce qui est à l’ori-
gine de la déforestation et on ne voit pas comment
pourrait être construite une seconde partie injonctive
alors qu’aucun des documents ne prend une forme
injonctive. Le titre de la seconde grande orientation
de ce plan est en réalité la conclusion de l’ensemble
de la réflexion suggérée par le corpus entier.
● Plan 3 : les parties I et II du plan 3 présentent des
éléments acceptables, mais le plan proposé n’est
pas recevable dans son ensemble. Dans la partie I,
il faudrait remplacer l’idée de menaces par l’idée
de destruction réelle. La partie II peut se concevoir,
mais il manquerait alors une troisième partie, ce qui
est proposé en III étant une conclusion globale. Il faut
remarquer d’autre part que les documents 2 et 4 ne
sont pas utilisés dans un tel plan. On ne peut donc
pas le retenir.
239
 L’orientation qui figure en II du plan 2 et en III du plan ment logique d’une démarche inductive qui regroupe
3 n’est pas cohérente en tant que grande orientation : toutes les fonctions utiles de la forêt, fonctions qui
cette affirmation est le point d’aboutissement de toute constituent les raisons essentielles d’une sauvegarde
la réflexion suggérée par le corpus. C’est l’aboutisse- nécessaire parce que vitale pour l’homme.

EXERCICE 8
Correspondant à un corpus sur le thème de l’exclu-
sion, le tableau se compose de 24 cases réparties en
quatre colonnes et six lignes. La première colonne
donne les caractéristiques des documents repris
dans l’ordre où ils sont donnés dans le corpus :
auteur, titre, date, genre et thème. La toute première
case annonce le contenu de la colonne Documents.
La dernière case de la colonne annonce ce qui figure
sur la dernière ligne : la classification en sous-thè-
mes. Les trois autres colonnes correspondent à trois
grandes orientations dont une seule comporte un
titre. Par le découpage de l’espace du tableau en
cases, on voit apparaître les idées qui y figurent,
après avoir été classées. Venant des documents,
elles remplissent totalement ou de manière incom-
plète les cases. Les cases ou parties de cases vides
qui comportent le signe XXX X doivent être remplies à
l’aide d’idées qui se trouvent dans les documents.
Pour toute réalisation de synthèse, le tableau apporte
une aide efficace. Il oblige à reformuler les idées
sous une forme résumée ; il aide à classer les idées
puisqu’il faut les faire entrer dans une des cases.
À mesure qu’il est rempli, il rend la classification
plus facile (le plus difficile est le démarrage avec un
tableau vide, ou ne comportant que les caractéris-
tiques des documents). Il permet de visualiser une
organisation qui se met progressivement en place et
d’avoir sous les yeux, une fois achevé, l’ensemble
des idées classées : celles qui vont ensemble sont
mises ensemble. La démarche de synthétisation et
de regroupement en sous-thèmes est plus facile
lorsque les idées sont déjà rassemblées.

EXERCICES 9 ET 10 Nous reprenons ici le tableau donné dans le livre de l’étudiant. Les éléments
ajoutés sont en gris sur fond blanc.

GRANDES OOO LES RAISONS OOO

ORIENTATIONS
DOCUMENTS
Document 1 Victor – Un voyageur ayant de
Hugo, Les Misérables, quoi payer son gîte et son
1862 couvert, mais rejeté par un
Genre : extrait de aubergiste qui refuse systé-
roman matiquement de le laisser se
Thème : le rejet chauffer, de lui vendre un
d’un homme par la repas et de le laisser dormir
société dans son auberge.
– Un voyageur traité
comme un pestiféré.
Document 2 – État de faim, de solitude,
Jacques Prévert, de manque d’argent : pas
Paroles, « La grasse de nourriture depuis trois
matinée », 1946 jours. L’homme du poème
Genre : poésie est à l’extérieur, dans la rue,
Thème : image d’un et voit, sans pouvoir se les
homme démuni et procurer, des aliments dans
affamé qui évoque une vitrine.
le bruit de quelque – Situation de marginalité :
chose qui se mange personne ne s’occupe de lui
ni ne lui vient en aide.
DE L’EXCLUSION
– Le lecteur apprend – Solution implicite
indirectement que dans le document :
l’homme rejeté par un changement des
l’aubergiste est un mentalités ; un regard
bagnard qui a purgé différent sur les anciens
sa peine (information bagnards ; mais difficul-
venue de la mairie). À tés implicites.
cette époque, un ancien
bagnard devait signaler
sa présence, ce qui le
faisait immédiatement
reconnaître.
– Les raisons précises de – Ici encore l’idée de
l’exclusion ne sont pas solution ou d’amélio-
données mais on peut ration ressort indirec-
penser que l’homme a tement de la critique
perdu son travail. sociale : nécessité d’une
entraide et changement
des mentalités : mais
difficultés venues de
l’association margina-
lité /crime.

240

Document 3 – Énumération des différents
Jacques Hassin, exclus et chiffres.
Conférence UTLS, – Catégorie de personnes
2007, « Vivre dans exposées à la maladie et à
la rue » l’alcoolisme, à la dégradation
Genre : essai physique.
Thème : la – Personnes sans conscience
condition des SDF du temps, de l’avenir,
présentée par un manquant les rendez-vous
médecin avec ceux qui veulent les
aider.
– Ce sont des « hommes
invisibles » pour les passants.
La synthèse : construire le plan CHAPITRE
18
– Diverses raisons – Existence et action des
envisagées : un accident travailleurs sociaux.
grave dans la vie, qui en – Existence de places
entraîne d’autres : perte dans des centres
du travail et / ou perte d’hébergement, des
du logement, éclatement hôpitaux, des centres
familial, déchéance psychiatriques.
rapide. Mais : actions rendues
– Mais existence d’autres difficiles par les refus, qui
explications lointaines et constituent une défense
profondes qui remontent psychologique.
à l’enfance : violence, – Remise en cause
abandon familial, du rôle du médecin :
inceste… « aider » est différent de
« sauver ».

Document 4 – Présence sur l’image d’un
E. Pignon-Ernest, couple transportant valise,
Expulsions, 1977 sac et matelas roulés :
Genre : œuvre d’art ils semblent sortir de
Thème : l’exclusion l’immeuble photograhié.
et les expulsions – Arrière-plan constitué par
un mur d’immeuble démoli,
qui suggère une situation
d’expulsé n’ayant plus de
logement.
– Ensemble dominé par
le gris et le noir : tristesse,
désolation.
– Les raisons de – Solutions non données
l’expulsion ne sont pas de manière explicite,
données mais on peut mais devinables par
les deviner : démolition celui qui regarde
d’immeuble pour des l’image : une autre
raisons immobilières et politique immobilière ;
grandes difficultés pour une politique sociale
les expulsés de retrouver qui tienne davantage
un logement à proximité compte des individus et
et dans des conditions de leur vie.
équivalentes.

CLASSIFICATION – La vie dans la rue. – Raisons sociales et – Des solutions sociales

DES IDÉES EN SOUS- – La faim la solitude, la historiques. pour remédier au
THÈMES DES GRANDES souffrance. – Raisons familiales. problème.
ORIENTATIONS – La marginalité. – Raisons structurelles, – Des solutions
propres à la situation, humaines et
impossibilité de sortir humanitaires : un autre
d’un enchaînement négatif regard.
et destructeur. – Les obstacles à ces
solutions.

EXERCICES 11ET 12
Les deux grandes orientations manquantes pour-
raient être :
I. Nature et manifestations de l’exclusion
III. La difficulté de trouver des solutions
En relation avec la seconde grande orientation – les
raisons de l’exclusion – la première que l’on peut
proposer, compte tenu des documents, semble tout
à fait cohérente. Les quatre documents permettent
en effet de rassembler des caractéristiques de l’ex-
clusion et de la marginalité. Il est logique de donner
ces caractéristiques en premier, puis de donner les
explications qui en font connaître les causes, les
origines. La troisième orientation est plus difficile
à déterminer car seul le document 3 est explicite
sur le plan des solutions et des efforts pour venir à
bout du phénomène, ce qui est difficile pour toutes
sortes de raisons. Les difficultés qu’il y a à trouver
des solutions sont parfois intrinsèques à l’exclusion
elle-même.
241
 EXERCICES 13 ET14
Classification des sous-thèmes des colonnes 1 Grande orientation III : la difficulté de trouver des
et 3 solutions
Grande orientation I : nature et manifestations de A) Des solutions sociales
l’exclusion B) Des solutions humaines et humanitaires : un autre
A) La vie dans la rue regard
B) La faim, la solitude, la souffrance C) Les obstacles à ces solutions
C) La marginalité

EXERCICE 15
Plan de la synthèse sur l’exclusion B) Raisons familiales
I. Nature et manifestations de l’exclusion C) Raisons liées à la situation
A) La vie dans la rue III. La difficulté de trouver des solutions
B) La faim, la solitude, la souffrance A) Des solutions sociales
C) La marginalité B) Des solutions humaines et humanitaires : un autre
II. Les raisons qui peuvent expliquer l’exclusion regard
A) Raisons sociales C) Les obstacles à ces solutions

EXERCICE 16
Les étapes de la construction d’un plan
Pour aborder la construction du plan de synthèse, il
faut passer successivement par les étapes suivan-
tes : identification, lecture et analyse des documents
pour en déterminer le thème, la problématique et
en faire sortir les différentes idées. Celles-ci sont
surlignées de couleur différente pendant la lecture
ou reformulées et réécrites. À ce moment, certaines
grandes lignes peuvent apparaître à travers la récur-
rence des mêmes idées d’un document à l’autre. On
peut alors envisager de construire un tableau dans
lequel prendront place, d’abord les informations
sûres, c’est-à-dire tout ce qui permet de caractériser
les documents. Le remplissage des cases peut se
faire parallèlement à la lecture des documents, ce
qui, avec l’habitude, permet de gagner du temps.
C’est la classification des idées qui conduit à la
détermination des grandes orientations. Le dernier
travail est celui qui consiste, une fois que le tableau
est rempli, à synthétiser et classer les idées en sous-
thèmes (A, B et éventuellement C) pour avoir le détail
du plan.

A P P L I C ATION ➜ p. 186

EXERCICE 17
Reformulation des idées des
s quatre documents 2. Idée rapportée par l’auteur du texte (qui n’y adhère
● Document 1 pas) que les jeux sont considérés comme un loisir
vide qui distrait les enfants de leurs travaux scolaires.
1. Idée émise par l’adminisstrateur informatique
d’un collège que les jeux vidé éo n’apportent rien sur 3. Le fait que les jeux vidéo sont considérés comme
lle plan
l pédagogique,
éd i qu’ils
’il sont l’occasion d’une inutiles est illustré par l’absence de références de jeux
perte vertigineuse d’attention pour les élèves. vidéo dans un catalogue de CD-Roms éducatifs.
242

4. Les jeux vidéo sont considérés par certains
comme dangereux, éventuellement déclencheurs de
crises d’épilepsie. La peur des jeux vidéo rejoint la
peur de la machine déshumanisante.
5. Les jeux vidéo, assimilés à un divertissement de
masse, sont associés à la médiocrité et à une dété-
rioration de la civilisation.
6. Rappel de la manière dont a été considéré le
cinéma à sa naissance, y compris par de grands
écrivains, d’où la nécessité, pour l’auteur de l’article,
de dépasser des jugements négatifs immédiats.
➤ Ensemble dominant de critiques concernant
les jeux vidéo
N.B. Il est important de remarquer que l’auteur du
document reprend des points de vue couramment
répandus, mais qui, visiblement, ne sont pas les
siens. Les renvois aux « propriétaires » des juge-
ments se font par les références, comme le nom
du responsable informatique, le titre du journal
incriminé, le Sun, et l’utilisation du verbe considérer
à la voix passive (les jeux sont considérés), ce qui
dégage sa propre subjectivité.
● Document 2
1. Remarque sur les réactions négatives des parents
voyant prescrire les jeux vidéo pour aider les enfants
agités et agressifs : une telle idée leur paraît bizarre.
2. Il est également question dans le texte des réac-
tions négatives de confrères de M. Stora.
3. Présentation du travail d’un psychanalyste qui
considère que les jeux vidéo ont un effet thérapeuti-
que ; le jeu vidéo est utilisé comme un instrument de
médiation thérapeutique.
4. Il est important que l’enfant soit accompagné :
le psychanalyste décide de la durée du jeu, de sa
nature (jeu individuel ou collectif).
5. Sous la surveillance du praticien, et avec lui,
l’enfant hyperactif, en échec scolaire ou dépressif
peut s’exprimer, se trouve valorisé, extériorise ses
pulsions agressives. Le jeu apparaît comme un anti-
dépresseur ; il aide l’enfant à faire des progrès en
concentration.
➤ Présentation de certaines vertus thérapeuti-
ques des jeux vidéo
La synthèse : construire le plan CHAPITRE
18
● Document 3
1. Les jeux vidéo donnent aux joueurs adolescents
la possibilité de trouver des valeurs transformées en
modèles de héros. L’auteur de l’article signale que
cette idée est celle de certains, qui considèrent qu’il
y a là une possibilité pour des jeunes de trouver des
compensations à certains aspects négatifs de leur
vie : échec scolaire, déqualification sociale. C’est
une possibilité à laquelle semble adhérer l’auteur de
l’article.
2. Objection importante apportée par celui qui parle :
il voit dans les jeux vidéo un risque d’anesthésie du
peuple par une sorte d’opium. Il y voit aussi une
forme de propagande indirecte pour une idéologie
néo-libérale et militariste dangereuse. Le danger vient
alors du fait qu’en raison d’une culture insuffisante et
d’une incapacité de distanciation, les jeunes joueurs
ne peuvent se situer dans une sorte de second
degré. Le danger vient d’une approche littérale du
contenu et de l’idéologie de certains jeux.
3. Importance, pour celui qui parle, l’auteur de l’ar-
ticle, d’une pédagogie du jeu vidéo, qui permettrait
d’apprendre à les décrypter comme on apprend à
décrypterr un texte, un film ou une émission de radio.
On pourrait alors préparer des corpus de référence.
➤ Ensemble d’éléments positifs et d’éléments
négatifs concernant les jeux vidéo
● Document 4
1. Jugement critique sévère proféré, à l’encontre des
jeux vidéo, par un professeur de mathématiques. On
se situe dans l’univers scolaire : ils sont rendus res-
ponsables de la violence des jeunes dans l’univers
scolaire.
2. L’image montre, à travers le personnage du pro-
fesseur de mathématiques, que la violence ne vient
pas des jeux vidéo : il a un visage sévère, une bou-
che hurlante, des dents innombrables évoquant cel-
les d’un requin tout autant que les munitions (balles)
d’une mitraillette et suggérant violence et cruauté.
S’il y a de la violence à l’école, ce n’est pas le fait
des jeux vidéo…
3. Le jugement proféré et le visage du professeur
mettent en relief l’adoption par celui qui parle d’une
idée toute faite en contradiction avec la réalité qu’il
incarne.
➤ Jugement partial et outré concernant les jeux
vidéo
243
 EXERCICE 18 Pour la présentation des documents, voir la première colonne du tableau. Les
éléments ajoutés sont en gris sur fond blanc.

GRANDES DES RÉACTIONS CRITIQUES AUX UTILITÉ THÉRAPEUTIQUE ET LES CONDITIONS D’UNE
ORIENTATIONS JEUX VIDÉO SOCIOLOGIQUE DES JEUX VIDÉO UTILISATION POSITIVE
DOCUMENTS DES JEUX VIDÉO

Document 1 – Idée (venue du respon- – Nécessité d’éviter

Sébastien Genvo, sable informatique d’un
Introduction aux collège) que le jeu vidéo
enjeux artistiques n’est pas pédagogique et
et culturels des jeux qu’il est « un abîme » pour
vidéo, 2003 l’attention des élèves.
Genre : extrait
– Les jeux vidéo sont
d’essai
considérés comme un loisir
Thème : différentes
vide qui distrait les enfants
critiques adressées
de leur travail scolaire.
aux jeux vidéo
La preuve est qu’aucun
catalogue de CD-Roms
éducatifs n’en mentionne.
– Les jeux vidéo sont
considérés par certains
comme dangereux (ils
déclencheraient des crises
d’épilepsie) et associés à un
loisir de masse, abrutissant.
Document 2 – Exposé de l’idée jugée
Pascale Kremer, « Et saugrenue par les parents
si c’était bon pour de prescrire des jeux vidéo à
les enfants ? », Le des enfants agités.
Monde 2, 2006 – Allusion aux réactions
Genre : extrait de négatives des confrères.
presse
Thème : l’utilisation
thérapeutique des
jeux vidéo
Document 3 – Pour l’auteur de l’article,
Laurent Trémel, L. Trémel, les jeux vidéo
« Les jeux vidéo, comportent un danger,
outil pédagogique ou celui à constituer une sorte
vecteur de l’idéologie « d’opium » destiné à anes-
dominante ? », Les thésier ceux qui y jouent
Cahiers pédagogiques, et à les rendre incapables
2006 de résister à l’idéologie
Genre : article de qu’ils véhiculent : des
revue conceptions néo-libérales
Thème : utilité et et fortement militaristes.
danger des jeux
vidéo ; conditions
d’utilisation
– Exposé des effets théra-
peutiques des jeux sur les
enfants.
– Des enfants agités, en
échec scolaire ou dépressifs
retrouvent un équilibre
grâce au jeu vidéo, qui leur
redonne confiance en eux,
les valorise, les aide à se
concentrer. Le jeu permet
aussi d’extérioriser les
pulsions agressives.
– Effets positifs de valorisa-
tion des adolescents par les
jeux vidéo :
le jeu vidéo donne une
certaine conscience de
« grandeurs » et de héros
auxquels s’assimiler. Il
apporte certaines compen-
sations à des adolescents en
situation de dévalorisation
sociale, ou d’échec scolaire,
leur permettent de se
« réassurer », de reprendre
confiance en eux et de
s’affirmer.
les jugements et
clichés qui déprécient
toute invention
nouvelle (cf. le
cinéma).
– Nécessité d’une
utilisation contrôlée
par un thérapeute,
qui choisit les jeux
et leur durée en
fonction d’objectifs
précis.
– Nécessité d’une
capacité de distancia-
tion pour jouer sans
danger :
cette capacité
de distanciation
devrait permettre de
prendre le contenu
et les idées des jeux
« au second degré »,
mais cela implique
un certain degré de
culture que n’ont
pas nécessairement
les joueurs.

244
 La synthèse : construire le plan CHAPITRE
18
Document 4 – Critique sévère des – Ne pas mettre
Samson, 2000 jeux vidéo émanant d’un systématiquement
Genre : dessin de enseignant qui leur reproche la violence sur le
presse (à tort) de générer de la compte des jeux
Thème : les jeux vidéo violence chez les élèves vidéo.
et le milieu scolaire (mais la violence a une autre
source).

CLASSIFICATION A) Le jeu video distrait, A) Le jeu vidéo permet de A) Présence

DES IDÉES EN SOUS- abrutit et anesthésie les
THÈMES DES GRANDES élèves
ORIENTATIONS B) Le jeu vidéo génère la
violence
C) Le jeu vidéo est au
service d’une idéologie
discutable
remédier à certains troubles
psychologiques
B) Le jeu vidéo apporte
certains modèles
C) Le jeu vidéo permet
à certains adolescents de
trouver une valorisation
personnelle
nécessaire du
psychanalyste
B) Nécessité
d’une capacité de
distanciation et de
« deuxième degré »
par rapport au
contenu des jeux et
aux jugements qui
sont portés sur eux.

EXERCICE 19
Pour le remplissage des cases marquées XXX, voir le tableau. Les éléments ajoutés sont en gris.

EXERCICE 20
On peut proposer comme titres des deux premières
grandes orientations – la troisième, la plus difficile,
ayant été donnée – les formulations suivantes :
I. Divers reproches adressés aux jeux vidéo / Des
jugements critiques portés sur les jeux vidéo / Ce
que certains reprochent aux jeux vidéo
II. Effets positifs des jeux vidéo / l’utilité des jeux
vidéo dans différents domaines
L’ordre proposé dans le tableau est pertinent : criti-
ques des jeux vidéo / mise en relief des effets positifs
de ces jeux / conditions dans lesquelles ils peuvent
être utiles. Mais on peut observer que les deux
premières parties pourraient être inversées : aspect
thérapeutique et social des jeux vidéo / mais exis-
tence de critiques sévères, d’où la nécessité de
déterminer les conditions d’une utilisation positive.

EXERCICE 21
1 On peut proposer la classification en sous-thè- Grande orientation II
mes suivante : A) Le jeu vidéo permet de remédier à certains trou-
Grande orientation I bles psychologiques : agitation, perte de confiance
A) Le jeu vidéo distrait et abrutit les élèves, il les en soi, dépression.
anesthésie. B) Le jeu vidéo apporte certains modèles.
B) Le jeu vidéo génère de la violence. C) Le jeu vidéo valorise certains adolescents et les
C) Le jeu vidéo est au service d’une idéologie libérale aide à affronter leur situation sociale et scolaire
et militariste discutable. dévalorisée.
245
 Grande orientation III
A) Nécessité de la présence du psychanalyste qui
détermine précisément comment se fait l’utilisation
des jeux vidéo.
B) Importance d’une capacité de mise à distance, au
second degré, par rapport au contenu des jeux vidéo
et des jugements qui sont portés sur eux.
2 Le plan est donné ci-dessus. Les réponses aux
exercices 20 et 21 permettent de reconstituer le plan
avec ses grandes orientations et les sous-thèmes
qui leur correspondent.
3 Les articulations logiques apparaissent dans la
présentation suivante :
P RO LO NG EMENTS
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 1
Le corpus proposé porte sur les jeux vidéo et com-
porte quatre documents. Dans un extrait d’essai
de 2003, Introduction aux enjeux artistiques et
culturels des jeux vidéo, S. Genvo rapporte, sur
5 les jeux vidéo, plusieurs points de vue très criti-
ques qu’il ne partage pas. Certains de ses propos
se trouvent illustrés par un dessin de presse de
Samson (2000), qui souligne avec force certains
préjugés fréquents dans le corps enseignant.
10 Deux articles de presse proposent des points de
vue différents. Dans un extrait du Monde 2 (2006),
P. Kremer donne le point de vue d’un psychana-
lyste qui évoque les vertus thérapeutiques des
jeux vidéo. L. Trémel, dans un article des Cahiers
15 pédagogiques (2006), reconnaît certaines de ces
vertus tout en mettant en garde contre d’autres
caractéristiques de ces jeux.
EXERCICE 2
Quatre documents abordent le thème de l’exclu-
sion. Deux d’entre eux sont littéraires. Il s’agit d’un
extrait du roman de V. Hugo, Les Misérables, qui
date de 1862. Il met en scène Jean Valjean, qui,
5 récemment libéré du bagne, ne trouve ni à se loger
ni à se nourrir. C’est le cas du marginal affamé
présenté par J. Prévert dans un poème intitulé
ironiquement « La grasse matinée » (1946). Un
troisième document textuel est une conférence
10 prononcée en 2007 par un médecin qui s’occupe
de SDF, Jacques Hassin. Son témoignage fait
comprendre, de manière concrète, ce qu’est, à
notre époque, la vie des exclus. Le dernier docu-
246
De nombreuses critiques sont adressées aux jeux
vidéo, mais parallèlement, certains médecins,
psychanalystes et pédagogues leur reconnaissent
une efficacité dans le traitement de divers troubles
et une indéniable utilité. Il est donc important de
déterminer les conditions dans lesquelles l’utilisa-
tion des jeux vidéo se révèle utile et profitable.
On a ainsi une thèse et des objections présentées sous
forme d’antithèse, objections qui sont dépassées par
une troisième thèse qui apporte quelques limites et
cherche à concilier les oppositions. Il s’agit d’un plan
dialectique.
➜ p. 192
ment du corpus, un montage d’E. Pignon-Ernest,
15 Expulsions (1977), illustre le sort de ceux dont le
logement a disparu et qui se retrouvent à la rue.
EXERCICE 3
Introduction partielle de la partie I (corpus sur les
jeux vidéo)
À des degrés et sous des formes divers, les qua-
tre documents du corpus font état de plusieurs
critiques formulées contre les jeux vidéo. Il leur
est reproché d’abrutir les élèves en dispersant
leur attention et en les anesthésiant, de générer
de la violence, et de diffuser des idéologies libé-
rales et militaristes.
Introduction partielle de la partie II
Mais les jeux vidéo ne font pas uniquement
l’objet de critiques. Comme le montrent essen-
tiellement le document 2 et partiellement le
document 3, certains, psychanalystes ou péda-
5 gogues, leur trouvent quelques vertus : selon
eux, les jeux vidéo peuvent entrer dans diverses
thérapies. Ils offrent aussi des modèles accep-
tables et apportent à certains adolescents en
difficulté des éléments leur permettant de com-
10 penser diverses formes de déqualification.
EXERCICE 4
– Tout le monde s’accorde donc à dire que les jeux
vidéo… / Nous partageons donc l’avis général selon
lequel les jeux vidéo… / C’est un constat général que
les jeux vidéo… / Il est universellement reconnu que
les jeux vidéo… / Tout le monde est d’accord pour
dire que les jeux vidéo…

– Certains pédagogues pensent donc que les jeux
vidéo… / Pour certains penseurs, les jeux vidéo… / Il
existe des pédagogues pour qui les jeux vidéo…
– Nous ne pensons pas du tout que les jeux vidéo
doivent… / Nous ne partageons pas du tout l’idée
que les jeux vidéo doivent… / Nous récusons tout à
fait l’idée que les jeux vidéo doivent… / Nous som-
mes tout à fait opposé(s) à l’idée que les jeux vidéo
doivent…
– Nous sommes assez d’accord avec l’idée que les
jeux vidéo… / Nous avons tendance à partager l’idée
que les jeux vidéo… / Nous sommes plutôt d’accord
La synthèse : construire le plan CHAPITRE
18
avec l’idée que les jeux vidéo doivent… / Nous ne
sommes pas opposé(s) à l’idée que les jeux vidéo…
– Je ne suis pas du tout d’accord avec l’idée que… / Je
ne partage absolument pas l’idée que… / Je réfute
toute idée que…
– Je ne suis pas complètement opposé(e) à l’idée
que les jeux vidéo… / Je partagerais assez l’idée que
les jeux vidéo…
– J’adhérerais à l’idée que les jeux vidéo […] si… / Je
pourrais accepter l’idée que les jeux vidéo […] à
condition que…
247
 CHAPITRE
19 Entraînement
à la synthèse :
corpus sur les mangas
Tout ce qui a été ajouté pour remplir le tableau, au fur et à mesure des
EXERCICES 1, 2 ET 3 exercices 1, 2 et 3 est écrit en gris sur fond blanc.
GRANDES I. LES MANGAS :
ORIENTATIONS
UN ÉNORME SUCCÈS
DOCUMENTS
Document 1 – Insistance forte sur
Patrick Honnoré, le développement des
« Manga. La BD mangas / véritable « boom » /
au goût de saké », indications chiffrées / lecteurs
Enjeux-Les Échos adolescents.
2007 – Grande vitalité de ce genre,
Genre : article de dont les origines retrouvent
presse celles de la BD occidentale.
Thème : le – Grande vitalité et
phénomène manga, intelligence de ce genre de
ses origines, ses BD.
caractéristiques – Thèmes variés, relevant
de l’anticipation ou de la vie
quotidienne ; mise en scène
d’enfants confrontés à des
difficultés.
– Influence très nette
d’artistes comme Hokusai et
Hiroshige.
Document 2 – Développement très
Jean-Jacques important des dessins animés
Larrochelle, Le et BD japonais, les mangas,
Monde (Supplément depuis 15 ans.
TV et radio), 1998 – Indication de l’origine
Genre : article de des mangas :
presse le peintre Hokusai, et des
Thème : les mangas, caricatures.
nature, origine et – Inspiration venue de
caractéristiques l’heroic fantasy mais
également de la vie
courante ; lectorat constitué
par les adolescents.
– Volumes épais de dessins
qui se lisent très vite.
– Certains mangas ont un
graphisme assez grossier,
d’autres ont une plus
grande richesse stylistique.
248
Livre de l’étudiant ➜ p. 193 à 199
II. LES RAISONS III. EXISTENCE DE
D’UN TEL SUCCÈS JUGEMENTS NÉGATIFS
– Les dessins de mangas ont – Les mangas ne sont
une grande force, certains pas toujours bien vus
sont des chefs-d’œuvre. par les parents, qui
– Le manga a une fonction leur trouvent mauvais
éducative et morale : il genre et se « bouchent
apprend à grandir. le nez ».
On peut rapprocher
certains d’entre eux
de romans d’éducation
occidentaux.
– Les mangas sont
porteurs de valeurs qui
rejoignent le sentiment de
l’honneur et de la dignité.
L’inspiration quotidienne
permet à chacun
de s’assimiler aux
personnages. Ex. : l’enfant
et sa grand-mère.
– Le succès trouve une – Héros présentés
explication dans l’origine comme violents,
esthétique des mangas : les animés d’un esprit de
œuvres d’Hokusai. vengeance.
– Le succès vient aussi
de la facilité de lecture :
beaucoup d’images et peu
de texte.
– Inspiration venue de la
vie quotidienne et adaptée
aux différents âges de
la vie ; mais également
importance de l’inspira-
tion historique (référence
à un manga qui parle
d’Hiroshima).

Document 3 – Triomphe commercial
Michel Temman, d’ouvrages très appréciés par
« Maudits mangas », les Japonais ;
Libération, 2007 chiffres impressionnants
Genre : article de de tout ce qui concerne la
presse publication des mangas.
Thème : succès et – Nombreuses catégories
caractéristiques des spécialisées selon le lectorat
mangas (adultes, jeunes, filles,
garçons…) : au Japon tout
le monde lit des mangas.
– Existence de lieux
particuliers où l’on peut
lire les mangas. Thèmes
d’inspiration : meurtres,
démence, suicides,
apocalypse, persécutions,
fantômes.
Document 4 – Page de manga montrant
Keiji Nakasawa, Gen un épisode qui se déroule
d’Hiroshima, 2003, le jour du bombardement
2004 d’Hiroshima : inspiration
Genre : planche de nationale et historique.
manga – Mise en scène d’un enfant
Thème : confronté à une situation
les réactions d’un tragique : perte d’une par-
enfant à la naissance tie de sa famille, naissance
de sa sœur le jour de sa sœur.
du bombardement – Dessin sans finesse,
d’Hiroshima expressionniste et violent,
texte limité à l’essentiel ;
ensemble facile à compren-
dre.
CLASSIFICATION DES A) L’ampleur du
IDÉES EN SOUS-THÈMES phénomène (des chiffres
impressionnants).
B) Nature, origine et
inspiration des mangas.
C) Les lecteurs des mangas.
– Le succès des mangas
peut s’expliquer par leur
adaptation aux différents
lectorats et à leur dérive
vers la violence, le style
« gore » et la contestation.
– L’explication vient aussi
des thèmes traités et de
leur adaptation au public :
science-fiction, violence,
érotisme, inspiration
« gore ».
– La planche met en scène
un épisode historique et
un enfant confronté au
tragique de la vie et de
l’histoire : assimilation
facile, émotion impor-
tante.
A) Les mangas plaisent
par leurs caractéristiques
graphiques et narratives.
B) Les mangas comportent
d’autres éléments qui
plaisent, leurs thèmes
d’inspiration.
C) Les mangas apprennent
aux enfants à grandir
et leur apportent une
formation morale.
CHAPITRE
19
– Développement
de mangas « gore »
caractérisés par la
violence, la révolte.
– Inspiration de plus
en plus marquée par
la contestation contre
la famille, la société,
l’ordre établi.
– Mangas considérés
comme un danger
familial, social et
nécessitant une
véritable censure.
– Les mangas
répondent aux
fantasmes des lecteurs ;
mangas considérés
comme ayant des effets
nocifs sur les jeunes.
On leur reproche
aussi de favoriser, par
Internet, la pédophilie.
– Scène violente
sur plusieurs plans :
le bombardement
qui transforme
la ville en ruines
et brûle les êtres
humains, l’enfant
privé de son père, la
responsabilité de sa
mère et de sa sœur
dans un contexte de
destruction totale. La
violence est présente
dans le dessin.
A) Les mangas
ont une mauvaise
réputation auprès des
parents (personnages
et graphisme).
B) On les accuse
de développer la
contestation.
C) On leur reproche
de dériver vers
l’horreur, la violence,
et même la pédophilie.
249
 EXERCICE 4
Recomposition du plan avec référence aux docu-
ments :
I. Les mangas constituent un phénomène remar-
quable et de grande ampleur
A) Des chiffres impressionnants : documents 1, 2, 3
B) Nature, origine et inspiration des mangas : docu-
ments 1, 2, 3, 4
C) Qui sont les lecteurs de mangas ? documents 1,
2, 3, 4
II. Les raisons qui peuvent expliquer un tel succès
A) Les caractéristiques graphiques et narratives faci-
litent la lecture : documents 1, 2, 3, 4
B) Excellent passe-temps, les mangas plaisent par
leurs thèmes d’inspiration : documents 1, 2, 3, 4
C) Les mangas apprennent aux enfants à grandir et
inculquent des valeurs morales : documents 1 et 4
III. Mais les mangas suscitent aussi des juge-
ments négatifs
A) Ils ont une mauvaise réputation auprès des
parents, du fait de la nature de leurs dessins : docu-
ments 1 et 2
B) On les accuse de développer différentes sortes
de contestation, esprit de refus de la société et de
l’autorité : document 3
C) On leur reproche de dériver vers l’horreur, la violence
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Suggestion de synonymes
Immémorial : ancestral, lointain, séculaire, antique,
millénaire / esthétique : art, beauté, harmonie / faillir :
manquer, fauter, tomber, négliger / réussir : mener à
bien, achever, gagner, l’emporter, triompher, par-
venir, vaincre / échouer : subir un échec, manquer,
rater / quitter le combat : abandonner, déserter / sur-
naturel : extraordinaire, fabuleux, fantastique, pro-
digieux, magique, miraculeux / vindicatif : rancunier,
revanchard, agressif, haineux / consommés : absor-
bés, utilisés, employés / sature : est rempli, engorgé,
embouteillé, encombré, inondé / revers : envers,
verso, échec, insuccès, disgrâce / polémique :
controverse, contestation, désaccord, différend,
querelle, dispute / frange : bord, limite, fraction,
minorité / frisant la perfection : s’approchant de,
frôlant, avoisinant, proche de.
250
et même vers la pédophilie : documents 1, 2, 3 et 4
On peut remarquer que l’idée de la violence peut
figurer dans deux, voire trois, grandes orientations
de la synthèse. En effet, cette violence est une des
caractéristiques des mangas (orientation 1). En même
temps, on comprend, à la lecture des documents, que
cette spécificité des mangas (violence personnelle,
violence dans les comportements sociaux, violence
historique) est une des explications du succès des
mangas (orientation 2) : les lecteurs « apprécient »
cette très grande violence et en redemandent. C’est
d’ailleurs la raison pour laquelle certains mangas ris-
quent d’être censurés et que certains l’ont déjà été
(orientation 3). Il n’y a là rien de contradictoire.
Le fait que certaines idées puissent figurer dans
plusieurs parties est en général assez déconcertant
pour les étudiants, parce que cela rend le plan plus
difficile à construire. On a déjà abordé ce point dans
le chapitre 17. Il est important de signaler que le
même fait peut jouer plusieurs « rôles » dans des
orientations différentes, sans contradiction.
N.B. On trouvera dans le chapitre 22 de ce guide
pédagogique, p. 271-272, exercice 12, une propo-
sition d’introduction rédigée correspondant à ce
corpus sur les mangas.
➜ p. 199
EXERCICE 2
Synonymes et connotations
Les textes sont simples / ils sont pauvres / ils sont
accessibles à tous
Les paroles sont limitées / elles sont concises / elles
sont simplistes
Les images sont caricaturales / elles sont stylisées /
elles sont réductrices
Les images sont violentes / elles sont réalistes / elles
sont frappantes
Les images sont laides / elles expriment une réalité
cruelle / elles sont inesthétiques
Les images sont stéréotypées / elles manquent
d’originalité / elles sont généralisables / elles ont une
portée symbolique
 Entraînement à la synthèse : corpus sur les mangas
EXERCICE 3
La page est découpée en six vignettes dispo-
sées de manière différente sur chaque « ligne ».
La première ligne est occupée par deux vignettes
de même taille qui représentent l’une et l’autre
5 deux enfants. La première de ces deux vignettes
est uniquement composée de deux visages et de
deux bulles. On voit de profil le jeune Gen et en
face de lui, mais vu de face, le visage d’un enfant
hurlant, la bouche grande ouverte. Le lecteur
10 apprend que cet enfant est la petite sœur de Gen,
qu’il vient d’aider à naître. Ce bébé est montré sur
la seconde vignette, nu et encore dans la position
fœtale. Le visage de Gen exprime la fierté.
La seconde ligne de vignettes occupe une place
15 importante dans la page (plus de deux fois la ligne
1 ou la ligne 3). La première vignette de cette
ligne, de forme carrée et de grande taille, montre
tout un ensemble d’éléments : on y voit la mère
de Gen, assise sur un matelas en pleine rue. L’ar-
20 rière-plan montre Gen, soulevant avec fierté l’en-
fant qui vient de naître et le montrant, sur un fond
de désastre : flammes, personnes aux silhouettes
fantomatiques errant comme des ombres, com-
munications détruites du fait de la destruction des
25 fils et des poteaux télégraphiques. L’image est
celle d’un cataclysme auquel font face le jeune
garçon et le bébé, comme un défi à toutes les
formes de destruction. Une vignette nettement
plus petite complète la ligne : elle représente le
30 visage de Gen hurlant et pleurant, ce qui le fait
ressembler à un masque tragique du théâtre grec.
Il est difficile de déterminer avec certitude le sens
de l’expression de son visage. Ses paroles, qui
signalent que l’enfant va bien, sont optimistes.
35 La dernière ligne commence par une petite
vignette montrant le visage de Gen empreint d’un
très fort chagrin, ce qui s’explique par la vignette
suivante, plus large, montrant les deux enfants.
On comprend que le jeune garçon, après le très
40 court épisode de la grande fierté optimiste, vient
de reprendre conscience d’une partie de la réalité,
la mort de trois membres proches de sa famille,
dans le bombardement d’Hiroshima. La dernière
vignette monte l’immense chagrin de l’enfant.
➤ Comme on peut le remarquer, la page est construite
sur la coexistence de deux éléments opposés, d’une
part la mort, la douleur, la disparition, de l’autre la
naissance et la vie.
CHAPITRE
19
EXERCICE 4
Version 1
Après l’avoir posé sur un morceau de linge, Gen
prit l’enfant dans ses bras, et le regarda avec
fierté : c’était une petite fille et il se sentit sou-
dain investi d’une grande responsabilité. Il l’avait
5 aidée à naître, et désormais il devrait veiller sur
elle. Il se mit à lui parler en évoquant le moment
où ils pourraient jouer ensemble ; l’enfant fai-
sait entendre de petits cris répétés. Pendant ce
temps, la mère s’était agenouillée sur le mate-
10 las : on aurait dit qu’elle ne savait plus où elle
se trouvait. Partout, autour, c’était un spectacle
de désolation : on voyait au loin, au-dessus des
immeubles, les flammes des incendies, des gens
fuyant, et passant, penchés en avant, comme des
15 ombres dans la fumée, partout des débris, des
fils électriques traînant sur le sol. Mais Gen ne
voyait pas tout cela : levant l’enfant vers le ciel,
à bout de bras, il demandait au monde entier, au
ciel et à la terre, de l’admirer et d’écouter son
20 message. Il était heureux. Soudain, pourtant, il
reprit conscience : ni son père, ni Eiko, ni Shinji
ne verraient l’enfant. Cette idée, jaillie en lui avec
violence, transforma sa fierté en découragement
et son bonheur en une douleur profonde.
Version 2
Au milieu du chaos je vis une scène étonnante.
Un jeune garçon tenait dans ses bras un bébé qui,
visiblement, venait de naître. Sa mère se trouvait
sur un matelas, en pleine rue. Le garçon tenait
5 l’enfant avec une grande fierté et lui parlait, puis
brusquement, alors que la mère s’asseyait diffi-
cilement, il éleva le bébé vers le ciel, à bout de
bras, face aux incendies, face à la destruction,
face à tous ceux qui fuyaient, semblables à des
10 fantômes sortis de la fumée. Il aurait voulu que
tous regardent cette merveille : une petite fille née
à Hiroshima dans les décombres de la ville. Mais
soudain, pour une raison que je ne pus compren-
dre, il se mit à crier de désespoir et à pleurer :
15 peut-être avait-il pris conscience de la situation,
et de la disparition de ses proches : il ne restait
plus que sa mère, affaiblie par l’accouchement, la
petite fille et lui.
Version 3
Je me souviens de la manière dont les choses
se sont passées et je crois pouvoir les raconter.
Quand le bébé est né, je l’ai posé sur un morceau
de linge trouvé dans les quelques bagages qui se
5 trouvaient à côté du matelas. C’était une petite
fille et je commençai à lui parler, envahi d’une
grande fierté : je l’avais aidée à venir au monde.
Je nous voyais déjà quelques années plus tard
251
 et je souhaitais qu’elle grandisse pour pouvoir
10 jouer avec elle. Tandis que notre mère se relevait
doucement, je pris l’enfant et l’élevai bien haut
pour la montrer, et faire connaître mon bonheur.
Je ne voyais alors ni les incendies, ni les gens
qui fuyaient, penchés en avant et semblables à
15 des ombres. Je ne voyais pas les ravages de la
bombe. Je ne pensais qu’à cette naissance et à
la famille. Soudain une vérité affreuse me revint à
l’esprit : ils étaient morts, papa, Eiko et Shinji, et
ils ne verraient pas la petite fille qui pleurait dou-
20 cement dans mes bras. Elle vivait et se portait
bien, mais eux, ils avaient disparu et nous étions
seuls, ma mère et moi, pour veiller sur elle.
252
■ ACTIVITÉS ORALES
Pour les exercices 5 et 6, on pourra se référer aux
ouvrages suivants :
– Mille ans de mangas, de Brigitte Koyama-Richard,
éd. Flammarion, 2007
– « Mangamania », de Madeleine Brot, revue Crois-
sance n° 404, 1999
– « Un nouveau succès japonais à l’exportation, les
mangas », de J.-M. Bouissou, dans La Lettre du
Clair, n° 28.
Le Clair est le centre japonais des collectivités loca-
les, situé 2, place du Palais-Royal à Paris 75001, site
http://www.clairparis.org/parisfr.php
– Le site suivant donne une importante bibliographie
concernant les mangas : http://www.ceri-scien-
cespo.com/archive/avril00/bibliojmb.pdf
CHAPITRE
20 La synthèse :
entraînement, corpus
sur la réforme de l’orthographe
Livre de l’étudiant ➜ p. 200 à 205

EXERCICE 1
CORPUS sur le thème de la réforme de l’orthographe
DOCUMENT 1 : Jean-Paul Sartre, Les Mots (1964), partie 2, « Écrire » © éd. Gallimard.
DOCUMENT 2 : Danièle Manesse, « L’orthographe fout le camp, ou comment sortir
de la désolation » dans L’École et les parents (2000), ouvrage dirigé par Philippe Meirieu
© éd. Plon.
DOCUMENT 3 : Françoise Ploquin, « Faire vivre l’esprit de réforme » © Le Français dans
le monde, janvier-février 2001, n° 313.
DOCUMENT 4 : Sans Bescherelle, t’as tout faux, publicité Hatier, 2007, agence Dufresnes
et Corrigan.

Genre et thème des documents que si l’utilisation de la première personne et le

1 On peut tout de suite identifier le document 4 qui
est une publicité pour un ouvrage de conjugaison.
Son thème concerne les difficultés de conjugaison
et d’orthographe de la langue française. Ce qui est
représenté, un message de demande en mariage
accompagnant un solitaire, attire l’attention sur une
faute de conjugaison qui choque par rapport à la
nature du message et à son niveau de langue sup-
posé (voir les prénoms des protagonistes). Le slogan
Sans Bescherelle t’as tout faux, volontairement
familier, et ironique, laisse entendre que le message
n’aura pas l’effet attendu.
Facile à identifier, le document 4 n’est cependant pas
facile à exploiter, comme souvent les documents ico-
nographiques ; il est donc important de faire d’abord
surgir les idées des documents qui en comportent
visiblement le plus (les documents 2 et 3) pour
déterminer comment se situe le dernier document
par rapport aux autres. En même temps qu’il signale
une erreur, il signale une difficulté de la conjugaison,
difficulté dont la non-maîtrise peut avoir une consé-
quence grave. De cela on peut faire émerger trois
idées : il faut connaître la conjugaison, la conjugaison
française est difficile, ce serait une bonne chose de
réformer l’orthographe et la conjugaison.
Le document 1 peut sembler facile à identifier, parce
qu’il est accessible et vite lu. Mais il faut observer
caractère narratif de l’extrait orientent l’identification
vers le roman à la première personne ou l’autobio-
graphie, il n’est pas facile de trancher avec certitude
si l’on ne connaît pas l’œuvre : fiction ou réalité ?
On peut connaître l’ouvrage et savoir que c’est une
autobiographie, ce qui permet de signaler que son
orthographe déficiente n’a pas empêché J.-P. Sartre
d’atteindre la célébrité… Dans le cas contraire, on
désignera celui qui parle par le mot narrateur.
Le document 2 peut être identifié grâce à son para-
texte : écrit par une linguiste, le texte appartient à un
ensemble de réflexions regroupées par Ph. Meirieu.
Le titre de l’ouvrage L’École et les parents et celui de
l’article laissent penser que le thème envisagé est
l’éducation et plus particulièrement les problèmes
liés à l’orthographe. Le texte est assimilable à un
extrait d’essai.
Le document 3 est extrait d’une revue, Le Français
dans le monde, comme on peut le voir dans le para-
texte. Il y est question, le sous-titre le montre, de
réforme de l’orthographe, cette réforme étant vue du
côté de ceux qui la souhaitent.
2 Pour la présentation des documents, voir le
tableau. La présentation rédigée de chaque document
figure dans les PROLONGEMENTS (exercice 4),
p. 257.
253
 Lors de la préparation du tableau, il vaut toujours mieux prévoir trois colonnes correspondant aux grandes
orientations.
GRANDES I. IL EST NÉCESSAIRE DE
ORIENTATIONS RÉFORMER L’ORTHOGRAPHE
DOCUMENTS
Document 1 – Le document montre les
J.-P. Sartre, Les Mots, difficultés pour un enfant de
1964 maîtriser l’orthographe.
Genre : récit – Il donne un exemple
autobiographique d’orthographe phonétique et
Thème : l’utilisation montre l’effet produit par une
par le narrateur phrase écrite de cette façon,
d’une orthographe qui devient bizarre.
phonétique
Document 2 – Arguments pour une
D. Manesse, réforme de l’orthographe :
« L’orthographe la France n’a pas modifié
fout le camp, ou son orthographe depuis
comment sortir de trois siècles contrairement
la désolation », dans à d’autres pays d’Europe :
L’École et les parents, il y a un décalage entre
2000 l’orthographe et l’évolution de
Genre : essai la langue parlée : la lecture des
Thème : la textes anciens, par exemple
simplification les textes classiques du
nécessaire de XVIIe siècle, devient difficile,
l’orthographe voire inaccessible.
– Rappel direct ou indirect des
difficultés orthographiques de
la langue française : présence
d’homophones, marques du
pluriel muettes.
Document 3 – L’orthographe pose des
F. Ploquin, « Faire problèmes aux enfants des
vivre l’esprit de milieux défavorisés.
réforme », Le Français – Plusieurs dictionnaires
dans le monde, 2001 adoptent la réforme, à
Genre : article de commencer par le Dictionnaire
revue de l’Académie, puis les
Thème : le bilan dictionnaires Hachette,
d’une réforme de Larousse, Robert.
l’orthographe – Il faut environ huit à dix
ans à un petit Français pour
maîtriser l’orthographe (contre
deux ans à un petit Italien).
– Les anomalies
orthographiques créent une
distinction sociale.
– L’idée de réforme se répand
peu à peu.
254
II. UNE RÉFORME RENCONTRE DE
NOMBREUX OBSTACLES
– L’orthographe phonétique – Le document 1
utilisée par l’enfant oblige à une souligne avec
véritable adaptation de la part humour que la
de celui qui lit : ce lecteur est non-maîtrise de
déconcerté par les mots qu’il ne l’orthographe
reconnaît pas. d’un enfant ne
l’empêche(ra)
pas d’atteindre la
célébrité !
– Ensemble (rapporté
ironiquement) de réactions
violentes (et parfois
nationalistes) lors de la réforme
de 1990 : on ne pourra plus
lire Corneille dans le texte,
l’orthographe doit être difficile.
– On ne peut pas écrire
« comme ça se prononce »
(point de vue de celle qui
parle) : énoncé d’arguments
linguistiques et d’arguments
sociaux ; l’orthographe
participe au sens du mot
(cf. les homophones) ; cette
nouvelle orthographe serait
déconcertante pour l’œil ; il
y a un véritable attachement
populaire à la langue avec son
orthographe traditionnelle.
– Farouche opposition populaire
à la réforme de 1990 (malgré
son caractère très limité), au
nom du respect du patrimoine
linguistique.
– Réactions de la presse allant
dans le même sens ; ce qui
concerne le tréma et les accents
circonflexes sur les i et les u
n’est pas accepté.
– L’attitude des enseignants,
avec un discours conservateur,
constitue un frein : ils
maintiennent l’idée qu’il
faut conserver l’orthographe
traditionnelle.
– Concernant l’orthographe,
c’est l’usage qui domine.
 La synthèse : entraînement, corpus sur la réforme de l’orthographe CHAPITRE
20
Document 4 – Le document attire l’attention
Publicité pour le sur l’importance de la formule
manuel de conjugaison utilisée dans le contexte où
Bescherelle, 2007 elle est utilisée : une demande
Genre : affiche en mariage ; le slogan affirme
publicitaire que l’erreur conduit à la
Thème : les catastrophe ; le lecteur anticipe
conséquences d’une la suite et imagine la scène : en
mauvaise maîtrise de l’occurrence, pour une faute
la conjugaison basique de conjugaison, il n’y
aura pas de « oui ».
La conclusion est qu’il est
impératif de maîtriser la
conjugaison dans la vie affective
et dans la vie sociale.
– En même temps, le
document attire l’attention sur
une difficulté de la conjugaison
du verbe dire.

CLASSIFICATION DES A) Difficultés diverses et A) Orthographe utile à la

IDÉES EN SOUS-THÈMES nombreuses de l’orthographe.
B) Obstacle à l’intégration des
enfants.
C) Absence d’évolution de
l’orthographe depuis des siècles.
détermination du sens des mots.
B) Caractère déconcertant et
inhabituel d’une orthographe
nouvelle.
C) Toucher à l’orthographe, c’est
toucher au patrimoine national.

N.B. Pour des raisons «techniques», nous donnons ici le tableau rempli, ce qui correspond à l’aboutissement
d’un travail progressif. La manière de le remplir dépend de la méthode adoptée : ordre d’analyse des docu-
ments, informations et aide données ou non (par exemple le titre d’une des deux grandes orientations...).

EXERCICE 2
La lecture des documents fait apparaître quelques
grandes lignes. Si on lit les documents en suivant
leur ordre de classification, on se rend compte que le
premier joue un rôle illustratif et présente une situa-
tion de non-maîtrise de l’orthographe, mais sans
donner d’orientation particulière. En revanche, les
documents 2 et 3 sont les plus importants : il y est
question de réforme, de manière récurrente ; mais
apparaissent aussi de manière nette des obstacles,
des freins, des refus en ce qui concerne la réforme
de l’orthographe. Ainsi se dégagent assez vite de
ces deux documents l’idée d’une réforme nécessaire
et le constat de grandes difficultés venues de ceux
– divers – qui la refusent. On ne voit pas se dessiner
de troisième grande orientation. Le document 4, lui
aussi illustratif, attire l’attention, plus que le premier,
sur les conséquences d’une mauvaise maîtrise de la
conjugaison.

EXERCICE 3
La recherche des idées et leur inscription dans le
tableau révèlent deux grandes orientations : la pre-
mière concerne l’importance et la nécessité d’une
réforme de l’orthographe. On pourrait l’intituler :
l’importance d’une réforme de l’orthographe, ou la
nécessité de réformer l’orthographe, ou les raisons de
réformer l’orthographe. Cette orientation est présente
dans les quatre documents. La seconde orientation
regroupe les difficultés, obstacles et refus qui se mani-
festent lorsque l’on envisage de réformer l’orthogra-
255
 phe et dans le cas réel de la réforme de 1990-1991. La
seconde orientation vient s’inscrire comme une série
d’objections opposées à l’idée d’une réforme. Cette
orientation figure dans trois documents sur quatre.
EXERCICES 4 ET 5
On peut à présent proposer comme plan de la syn-
thèse :
I. La nécessité d’une réforme de l’orthographe
A) L’orthographe française est difficile (anomalies,
homophonie, conjugaison) : elle implique huit années
d’apprentissage pour un enfant français contre deux
seulement pour un enfant italien (documents 1, 2, 3,
4).
B) L’orthographe constitue un obstacle à l’intégra-
tion et à la réussite des enfants des milieux défavo-
risés, du fait des différences entre langue écrite et
langue parlée (documents 2 et 3). Ne pas connaître
l’orthographe et les conjugaisons peut avoir des
conséquences graves (document 4).
C) L’orthographe française n’a pas évolué depuis
trois siècles contrairement à ce qui s’est passé dans
d’autres pays d’Europe (document 2). L’Académie
PROLONGEMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
On peut citer les séries suivantes (en complétant
celles du document 2) :
– Mes, mais, met, mets, maie.
– Vingt, vainc, vins, vin, vain.
– Par, part, je pars, il pare.
– Sans, cent, sang, sent, sens.
– Sot, saut, sceau, seau, Sceaux.
– Lui, luit, luis, l’huis.
– Court, une cour, un cours, un court, je cours, il
court, que je coure, courre.
256
On remarque aussi que le corpus ne comporte pas
d’autre orientation, par exemple les conditions d’une
réforme : il y a très peu d’éléments allant dans ce
sens, et pas de quoi construire une troisième partie.
française était favorable à certaines modifications
(document 3).
II. Les obstacles à une réforme
A) L’orthographe est indispensable à l’établissement
du sens d’un mot (document 2).
B) Une nouvelle façon d’orthographier les mots,
notamment de manière phonétique, obligerait à une
accoutumance (documents 1 et 2) en contrevenant à
l’étymologie des mots.
C) Pour certains, et pas seulement des puristes lettrés,
toucher à l’orthographe, c’est toucher à un patrimoine
et menacer la civilisation occidentale : il faut conserver
l’orthographe historique (documents 2 et 3).
N.B. On trouvera dans le chapitre 22 de ce guide péda-
gogique (p. 273, exercice 16) un exemple d’introduction
et un exemple de conclusion rédigées correspondant
à la synthèse sur la réforme de l’orthographe.
➜ p. 205
EXERCICE 2
Quelques anomalies orthographiques
– On dit cauchemardesque mais le mot cauchemar
de prend pas de d à la fin.
– Il existe des mots qui changent de genre selon
qu’ils sont au singulier ou au pluriel : amour, délice
et orgue, ce qui rend difficiles les accords des ad-
jectifs.
– Différent et différend.
– Fatigant et fatiguant selon qu’il s’agit de l’adjec-
tif qualificatif ou du participe présent : même chose
pour convaincant et convainquant.
 La synthèse : entraînement, corpus sur la réforme de l’orthographe
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 3
On peut signaler trois autres publicités pour le Besche-
relle, dans le même esprit que celle de la page 204 :
– sur la plaque d’un médecin psychiatre, l’inscription
« Frappé avant d’entrer » ;
– sur une petite annonce accompagnée de numéros
de téléphone : « Garde d’enfant ; jeune fille sérieuse ;
bonne expérience ; coups raisonnables » ;
– sur une page de calepin collée sur la porte d’un
réfrigérateur : « Maman, peus-tu me réveiller demain
pour le bac français ? »
EXERCICE 4
Présentation de chacun des documents du cor-
pus
Document 1 : Dans son œuvre autobiographique
Les Mots (1964), J.-P. Sartre rappelle un épisode
CHAPITRE
20
de son enfance qui révèle ses difficultés en ortho-
graphe et sa manière d’écrire en ne tenant compte
que de la phonétique.
Document 2 : La linguiste D. Manesse rapporte,
dans un texte publié dans l’ouvrage collectif
L’École et les parents (2000), certaines réactions
violentes qui ont accompagné une réforme de
l’orthographe en 1990. Elle évoque aussi les dif-
ficultés qu’il y aurait à imposer une orthographe
phonétique.
Document 3 : Dans un article de 2001 de la revue
Le Français dans le monde, F. Ploquin dresse un
bilan de la réforme de 1990 et des raisons qui ont
contribué à une application partielle.
Document 4 : Sur un mode humoristique, le
document 4 est une publicité pour le manuel de
conjugaison Bescherelle : cette publicité attire
l’attention sur l’importance d’écrire correctement
(orthographe et conjugaison) sous peine d’incom-
préhension et de conséquences inattendues.
257
 CHAPITRE
21 rédiger les paragraphes La synthèse :
et les introductions partielles
A P P R O C HES
EXERCICE 1
1 Le titre du sous-thème eest « Nature et origine
des mangas ». Dans la premiè ère phrase du paragra-
phe, on trouve les expressions suivantes : ce que
sont ces mangas (l. 1) et d’oùù ils viennent (l. 2), ce
qui correspond aux deux noti
notions de nature et d’ori-
gine. Les deux expressions sont grammaticalement
les compléments d’objet direct du verbe savoir.
2 Les deux notions se trouvent ensuite dévelop-
pées à travers deux ensembles de termes permet-
tant de comprendre en quoi consistent les mangas
et d’où ils viennent. On peut classer ces termes dans
un tableau (ci-contre).
➤ Concernant la nature, le paragraphe donne cer-
taines caractéristiques des mangas ; concernant
l’origine, deux sources sont données : d’une part
les inspirateurs (deux peintres japonais célèbres au
XIXe siècle), d’autre part les BD européennes. On note
aussi la présence des thèmes d’inspiration qui pour-
raient figurer dans la colonne « nature ».
3 La notion non explicitement annoncée dans la
première phrase concerne les thèmes d’inspiration,
thèmes qui caractérisent la nature et qui se rattachent
EXERCICE 2
1 À la lecture des idées des quatre documents tel-
les qu’elles sont répertoriées p. 206 et du paragraphe
construit à l’aide de ces idées, on remarque :
– que les idées récapitulées le sont sous forme de
phrases nominales énumérées tandis que le para-
graphe est entièrement rédigé, avec des phrases
construites ;
258
Livre de l’étudiant ➜ p. 206 à 214
➜ p. 206
aux origines : caricatures, science-fiction, fantasti-
que, vie quotidienne et histoire contemporaine. Ces
thèmes d’inspiration figurant dans les documents, il
est logique de les reprendre. Ils permettent de mieux
comprendre en quoi consistent les mangas, et pour-
quoi ces ouvrages ont un tel succès, ce qui est le
thème de la première grande orientation.
NATURE
Bandes dessinées japonaises (l. 3) proches des dessins
animés (l. 4)
Gen d’Hiroshima constitue un exemple
Graphisme […] simplicité expressive (l. 8) ; physionomies
caricaturales (l. 9) ; thème historique (l. 10) ; BD […]
indissociables des productions européennes (l. 11-12) ;
Gros volumes (l. 13) ; mauvais goût, horreur, violence
(l. 15-16)
ORIGINE
Estampes et caricatures de Hokusai et Hiroshige (l. 5-6) ;
BD européennes
Science-fiction, fantastique et histoire
contemporaine, vie quotidienne (l. 14-15)
– que les idées qui figurent dans plusieurs documents,
et qui sont donc récurrentes, ne sont exprimées qu’une
fois, avec un regroupement des auteurs, par exemple
la référence aux deux peintres japonais du XIXe siècle ;
– que la reprise des idées ne se fait pas nécessai-
rement dans l’ordre des documents. L’essentiel est
que les idées essentielles soient reprises, qu’elles

soient pertinentes, qu’elles ne viennent que des do-
cuments et que l’on sache à quels documents elles
appartiennent.
On peut citer comme exemples de reprise rédigée la
phrase qui se trouve aux lignes 13-17 : elle intègre
ce qui touche à l’inspiration des mangas avec une
première proposition qui l’annonce (l. 14), puis un
développement qui énumère un ensemble de com-
posantes des mangas, composantes figurant dans
les différents documents.
On remarque aussi que tous les éléments détaillés
dans la reformulation des idées ne sont pas repris :
la synthèse étant un regroupement d’idées, qui a
tendance à simplifier, il est impossible de reprendre
tous les éléments. Certains sont « glissés » de ma-
EXERCICE 3
1 L’auteur du paragraphe est extérieur et se met à
distance. Il n’intervient pas dans la reprise des idées,
n’utilise pas la première personne, ne laisse passer
aucun jugement personnel. Après la reformulation
des idées, son rôle est de les regrouper et de repren-
dre celles qui sont communes aux documents, sans
aucune intervention personnelle.
2 On peut reprendre ici les différentes formulations
qui permettent de signaler l’appartenance des idées
aux différents documents :
Les quatre documents permettent de savoirr (l. 1)
pour mettre en évidence que les idées qui vont être
exprimées viennent de l’ensemble du corpus / que J.-
J. Larrochelle associe (l. 3-4) / le document 4 donne
un exemple p (l. 4) / comme le signalent les articles
de presse 1 et 2 (l. 6) / Ce document montre aussi
(l. 9-10) / P. Honnoré présente ces BD (l. 11) / d’après
le document 1 (l. 13) / Les trois articles de presse
EXERCICE 4
Dans le paragraphe proposé, les différentes phrases
sont reliées les unes aux autres de la manière suivante :
– phrases 1 > 2 : Il s’agit de… / pas de mot de liaison /
développement et explicitation ;
– phrase 2 > 3 : Le document 4 donne un exemple /
pas de mot de liaison / annonce d’une illustration ;
– phrase 3 > 4 : L’extrait de Gen d’Hiroshima… / pas
de mot de liaison / explicitation ;
– phrase 4 > 5 : Ce document montre aussi l’impor-
tance… / présence d’un démonstratif ; reprise d’un
terme + aussi qui ajoute un élément ;
CHAPITRE
21
nière implicite. Ainsi concernant l’exemple de Gen
d’Hiroshima, il n’est pas précisé qu’il vient de perdre
trois membres de sa famille et d’aider sa mère à met-
tre au monde une petite sœur. On parle seulement de
l’enfant confronté à l’horreur.
2 L’articulation du paragraphe 2 au paragraphe 1 se
fait par l’emploi du démonstratif ces (l. 1) qui reprend
le mot mangas qui figure dans le paragraphe précé-
dent. On remarque aussi l’emploi de l’adjectif tell (l. 2)
dans l’expression tel succès. Cette expression renvoie
à l’idée du succès dont l’ampleur est envisagée dans
le premier paragraphe. Le premier paragraphe est en
effet consacré à mettre en évidence les chiffres du
succès des mangas.
signalentt (l. 13-14) / ce qui apparaît surtout dans
l’article de Libération (l. 17) / P. Honnoré et J.-J. Lar-
rochelle insistentt (l. 17-18).
L’échantillonnage utilisé montre que l’on peut varier
les formules. On peut faire alterner les références aux
documents, à leur titre, à leur genre, à leur auteur.
Les documents et leurs idées constituent le contenu
de la synthèse. Il est en effet entendu que c’est par la
reprise de leurs idées que l’on construit le devoir : les
idées créent la synthèse, en constituent le contenu.
Il faut signaler cependant le statut particulier du
document 4 : en tant que planche d’un manga, ce
document apporte, au sens propre du terme, une
illustration à la nature, à l’inspiration et à l’origine des
mangas. Il montre ce qu’est un manga dont les autres
documents donnent la nature, les caractéristiques et
les sources. Il est important que le corpus comporte
cette image, qui donne à voir ce qu’est une page de
manga, avec image et texte.
– phrase 5 > 6 : P. Honnoré présente ces BD… / pas
de mot de liaison / présence d’un démonstratif qui
renvoie à la phrase précédente ;
– phrase 6 > 7 : Au Japon, ce sont de gros
volumes... / pas de mot de liaison / présence d’un
démonstratif qui renvoie à ce qui précède ;
– phrase 7 > 8 : Les trois articles de presse… / pas
de mot de liaison/regroupement de trois documents
pour annoncer une idée ;
– phrase 8 > 9 : P. Honnoré et J.-J. Larrochelle… /
pas de mot de liaison ;
259
 – phrase 9 > 10 : Selon l’auteur de l’article... ces… /
pas de mot de liaison, utilisation d’un démonstratif.
➤ On note la rareté des mots de liaison. Les relations
entre les phrases sont souvent assurées par des
démonstratifs, et par un seul adverbe, aussi. Il n’y a
EXERCICE 5
1 Le titre du sous-thème est « Dérive des mangas
vers l’horreur, le sanglant, le très violent et même
vers la pédophilie ». On peut étudier la manière dont
ces termes et les idées qu’ils expriment se trouvent
repris à l’intérieur du paragraphe, en récapitulant les
expressions qui les reprennent : violence (l. 1) / esprit
de vengeance et brutauxx (l. 2-3) / mauvais genres
(l. 3) / incitation à des délits sexuels (l. 8) / décapita-
tions, sang partout, cauchemar, monstres (l. 11-12) ;
« gore » (l. 12), pédophilie (l. 14) / extrême violence
(l. 17, 18, 20). Comme on peut le remarquer, ces
termes se trouvent disséminés dans le paragraphe,
du début à la fin.
EXERCICE 6
1 On peut remarquer que les idées des documents
1 et 2 sont intégralement reprises, parce qu’elles ne
sont pas nombreuses. Concernant le document 3,
on peut noter que le paragraphe ajoute quelques
détails qui ne sont pas cités dans la récapitulation
des idées, mais, par exemple, ne reprend pas le titre
d’un manga incriminé. Mis à part ce détail, les idées
récapitulées peuvent être retrouvées dans le para-
graphe, mais sous une forme regroupée, organisée
et rédigée.
EXERCICE 7
Voici les caractéristiques du paragraphe en ce qui
concerne sa structure et les articulations des phrases.
On a une phrase d’ouverture rattachant le paragra-
phe à l’orientation de la troisième partie (III) et à ce
qui précède (Enfi
( n) / deux phrases reprenant des
idées des documents 1 et 2 / une reprise des idées
contenues essentiellement dans le document 3 (l. 5
à 16) en cinq phrases dont seule la dernière est re-
liée à la précédente par enfin (l. 14). Les différentes
idées contenues dans le document 3 sont simple-
260
aucune opposition, aucune objection, ce qui est logique
dans un exposé qui exprime des idées qui se complè-
tent les unes les autres sans s’opposer. On se trouve
dans le cas du développement linéaire de deux idées :
ce qui caractérise les mangas et d’où ils viennent.
2 Le paragraphe étudié (III-C) commence par Les
jugements négatifs sur les mangas viennent enfin
[…]. L’adverbe enfin fait clairement comprendre que
l’on arrive à la fin d’une énumération d’idées, ce qui
correspond à la position C (troisième paragraphe)
dans la troisième partie (III). D’autre part, l’expres-
sion jugements négatifs, qui ouvre le paragraphe,
associée à l’adverbe enfin laisse penser que tout
ce qui figure dans cette troisième partie concerne le
caractère négatif des jugements portés sur les man-
gas. Or l’orientation de la troisième partie touche aux
prises de position négatives concernant les mangas.
Le paragraphe C s’inscrit dans cette perspective.
2 Certains termes sont mis entre guillemets dans le
paragraphe rédigé. On trouve ainsi : « mauvais gen-
res », « gore ». Dans le premier cas, il s’agit de la re-
prise d’une expression d’un document, sans aucune
modification. Dans le second cas, le terme « gore » est
en italique dans le document 3. Le mettre entre guille-
mets signale son statut particulier dans le document.
De manière générale, les emprunts (un mot ou une
expression) doivent être signalés, à plus forte raison
si le mot est déjà mis en valeur (italique ou guille-
mets) dans le document.
ment juxtaposées. Ce qui concerne la violence du
document 4 se trouve à la fin parce que le statut
de ce document est différent : en tant que page de
manga, il montre la violence sous la forme du dessin
et des paroles ; il constitue une véritable illustration
et nécessite une analyse différente. C’est la raison
pour laquelle il est mis en dernier : en quelque sorte,
il prouve et justifie certains éléments d’analyse ex-
primés dans les autres documents. Placé à la fin du
paragraphe, il en constitue une conclusion.
 La synthèse : rédiger les paragraphes et les introductions partielles
EXERCICE 8
1 Différentes manières de faire référence aux
documents : les extraits de presse 1 et 2 parlent de…
(l. 2) / P. Honnoré, dans le document 1, évoque…
(l. 3-4) / les jugements négatifs […] viennent du docu-
ment 3 (l. 5) / M. Temman reprend... (l. 9) / dans l’ex-
trait de manga qui constitue le document 4 (l. 16-17).
Ces différentes formulations peuvent être ajoutées à
celles trouvées dans l’exercice 3.
2 Outre les voix des auteurs des articles (on a
en effet trois articles de presse), les documents
retranscrivent des points de vue et des propos qui
n’appartiennent pas aux trois auteurs, mais à des
personnes dont les propos sont repris au discours
direct. Il est fondamental de bien différencier ce qui
relève du jugement des auteurs de ce qui appartient
à d’autres personnes. Il faut donc d’abord être
EXERCICE 9
1 et 2 L’auteur de la synthèse fait état de ce qui
est contenu dans les documents en soulignant à qui
ils appartiennent, en reprenant leur esprit sans porter
de jugement ni sur les mangas et leur contenu, ni sur
ceux qui les jugent très violents et veulent les inter-
dire. En particulier, l’auteur de la synthèse signale la
demande de censure avec objectivité.
L’objectivité se marque par l’absence de termes
connotés ou de modalisateurs exprimant la subjec-
tivité de l’auteur de la synthèse. Ainsi, l’emploi du
conditionnel renvoie à une atténuation qui figure
dans le document 3 et n’exprime pas une atténua-
tion personnelle de l’auteur de la synthèse. Les
hyperboles qui figurent dans la dernière phrase :
EXERCICE 10
La rédaction de la synthèse, une fois les idées
trouvées et reformulées (la reformulation avant le
remplissage du tableau ou au cours de ce remplis-
sage est essentielle) est une étape difficile ; il faut
en effet :
– regrouper les idées qui vont ensemble, mais qui
appartiennent à des documents différents ;
– synthétiser ces idées en quelques phrases repre-
nant le contenu des documents tout en signalant les
sources et disposer ces phrases les unes par rapport
aux autres pour construire des paragraphes ;
CHAPITRE
21
attentif aux modalités des paroles rapportées et à
la ponctuation, dans les documents. Il faut ensuite
faire comprendre clairement à qui appartiennent les
paroles citées dans le devoir de synthèse.
Dans le paragraphe rédigé, on remarque ainsi :
– la référence au point de vue d’une sénatrice (l. 9-
10) ;
– la référence aux propos d’une jeune vendeuse
(l. 13) ;
– l’allusion au reproche venu d’une association de
protection de l’enfance (l. 14-15).
Dans les trois cas, les propos ne sont pas repris
textuellement. C’est leur sens qui est repris, mais
avec l’indication de leur origine. Les points de vue
n’émanent en effet pas des auteurs des documents.
extrême violence (l. 17), insupportable douleurr (l. 18-
19), transposent ce qui figure dans le dessin, dans
les mimiques et dans la situation de la page propo-
sée. Si on parle de violence extrême, c’est parce que
cette violence atteint en effet un paroxysme.
Il faut remarquer que la question de la violence
dans les mangas n’est pas étrangère au corpus, au
contraire ; elle est omniprésente dans les documents
3 et 4 et signalée dans les documents 1 et 2. Il est
donc logique de lui accorder une place prépondé-
rante, d’autant plus qu’elle a un rôle important dans
les trois parties de la synthèse : elle fait partie des
caractéristiques des mangas, explique leur succès
et suscite de vives critiques et des menaces de
censure.
– ne pas oublier de signaler l’appartenance des idées
par l’indication – selon des formulations variées – des
documents auxquelles elles appartiennent.
Les difficultés surgissent à toutes les étapes : synthé-
tisation, construction, rédaction. La dernière étape
n’est pas la plus facile : la rédaction impose en effet
– selon les principes de Boileau – que ce que l’on a
à dire soit clair et précis « dans la tête », quand on le
pense, et que l’on sache utiliser des formulations à
la fois compréhensibles pour le lecteur et correctes
grammaticalement, les deux étant étroitement liés.
261
 EXERCICE 11
1 On peut mettre en parallèle le titre et l’introduc-
tion partielle :
TITRE DE LA PREMIÈRE GRANDE ORIENTATION
« Les mangas, un phénomène remarquable et de
grande ampleur »
INTRODUCTION PARTIELLE
Mangas/phénomène culturel remarquable/de grande ampleur
➤ On retrouve dans l’introduction partielle les trois
éléments clefs du titre établi à l’issue de l’analyse
des documents et de la classification des idées.
On trouve en plus des éléments qui explicitent
cette grande orientation : l’allusion à des chiffres
soulignant l’ampleur du phénomène, l’annonce que
cette partie va traiter de la nature et de l’origine des
mangas ainsi que de leur lectorat.
On remarque aussi une rapide allusion aux docu-
ments.
TITRE DE LA PREMIÈRE GRANDE ORIENTATION
« Mais les mangas suscitent des prises de position
négatives »
INTRODUCTION PARTIELLE
... ne bénéficient pas uniquement de jugements positifs /
certaines critiques
EXERCICE 12
1 Les sous-thèmes des deux introductions partielles
(I et III) sont les suivants :
I. A) Chiffres du phénomène
B) Nature et origine des mangas
C) Les lecteurs des mangas
III. A) Le graphisme des mangas suscite des jugements
sévères
B) On reproche aux mangas de développer différen-
tes formes de contestation
C) On accuse les mangas d’être violents et de dériver
vers l’horreur et la pédophilie
262
➤ L’idée de critiques et de jugements négatifs appa-
raît dans l’introduction partielle. On trouve en plus
l’indication rapide de ce sur quoi portent les criti-
ques ; le graphisme, différentes formes de contesta-
tion, la violence, l’horreur, la pédophilie. L’expression
Il ressort du corpus rappelle que les idées viennent
des documents uniquement.
2 L’adverbe pourtant qui figure dans la deuxième
introduction partielle exprime l’idée d’une objection.
Entre l’orientation II (qui explique le succès des man-
gas) et la partie III qui souligne que tout le monde ne
les apprécie pas, il y a une restriction exprimée par
l’articulation logique.
3 On peut déterminer le contenu de chacune des
introductions partielles :
– annonce du thème général de la grande orientation,
avec une référence aux documents ;
– annonce des sous-thèmes qui constituent le con-
tenu des deux ou trois paragraphes formant la
grande partie ;
– mot de liaison soulignant le lien logique de chaque
paragraphe avec celui qui précède.
➤ La fonction d’une introduction partielle est de faire
savoir quel est le contenu d’une grande orientation
et comment elle est construite. Les grandes orien-
tations d’un devoir en constituent le plan et sont
annoncées dans l’introduction générale.
2 Dans la première classification, on commence
par l’observation chiffrée d’un phénomène (A), puis
on précise de quoi il s’agit (B) et on indique qui est
touché (C). Il est certain que cet ordre n’est pas
impératif. À partir des mêmes idées et de la même
répartition, on aurait pu commencer par la nature et
l’origine (B devenant A) pour envisager ensuite l’am-
pleur (A devenant B), en gardant C à la même place.
Dans la deuxième classification, l’ordre adopté est
celui d’une aggravation de ce qui fait l’objet des juge-
ments négatifs ; on va de ce qui est immédiatement
visible à ce qui se situe à l’intérieur, et qui est le plus
grave : graphisme / contestation / inspiration « gore »
très violente, et même accusation de pédophilie.
 La synthèse : rédiger les paragraphes et les introductions partielles
EXERCICE 13
Les impératifs de l’écriture de la synthèse : ce rap-
pel, à faire reconstituer par les étudiants (en utilisant
le « bilan » qui suit, p. 210-211), peut jouer le rôle de
« pense-bête ».
● L’indication des sources : aucune idée ne peut
venir de l’extérieur ; toute idée figure donc dans les
documents et impose que la source soit indiquée. Il
faut constamment trouver des formules variées pour
indiquer d’où viennent les idées. On peut utiliser des
expressions comme selon, d’après ; comme le dit,
comme l’affirme… ; le document (ou l’article, l’ex-
trait, le poème) montre que, révèle, fait savoir… ; X et
Y (les auteurs) insistent sur, expriment l’idée que… ;
comme on peut le constater dans les documents…
● L’indication des différentes voix : pour ne pas
commettre d’erreur concernant l’énonciation, il est
fondamental d’identifier qui parle dans un docu-
ment, et, en cas de présence de plusieurs voix, de
les différencier pour attribuer à chaque voix (paroles
rapportées directement ou indirectement, citations,
références diverses) ce qui lui appartient. Il faut donc
A P P L I C ATION
EXERCICE 14
La nature et l’origine des mangas (autre pro-
position)
Grâce aux quatre documents du corpus, le lecteur
découvre ce que sont les mangas. Il en a même un
exemple avec le document 4 : ces ouvrages sont
des bandes dessinées japonaises, comme le rap-
5 pellent les documents 1 et 2, associées aux des-
sins animés, mais trouvant aussi leur origine dans
la peinture d’Hokusai et d’Hiroshige et proches
de la caricature. Les quatre documents signalent
quels sont les thèmes d’inspiration, adaptés aux
10 différentes catégories du lectorat : ils regroupent
CHAPITRE
21
savoir que la question « qui parle ? » se pose avec
acuité dans le cas de la synthèse et savoir comment
y répondre : par l’observation de la typographie, des
signes de ponctuation, d’avis divergents, par la pré-
sence d’interlocuteurs… On pourra utiliser la fiche
consacrée à la question « qui parle ? » (p. 285).
● La manière de rédiger : ne pas oublier de classer
les idées en regroupant les documents qui contien-
nent les mêmes idées pour éviter de les répéter ; ne
pas oublier de faire référence aux documents ; ne
pas faire de montage de citations ; éviter la para-
phrase et la remplacer par une reformulation des
idées analysées ; construire des phrases entièrement
rédigées ; ne pas construire un paragraphe sur une
unique énumération d’idées ou sur la succession de
le document 1 dit que, le document 2 dit que…
● L’impératif d’objectivité : garder bien en tête
qu’il ne faut pas laisser passer d’éléments subjectifs
et être attentif aux connotations possibles des mots
envisagés ; éviter les adverbes ; ne pas utiliser la
première personne.
➜ p. 211
la vie quotidienne, mais aussi la science-fiction,
le fantastique et l’histoire sans refuser ce qui est
tragique, l’horreur et la contestation, comme on
le voit dans le document 3 et comme le montre
15 le document 4. Un jeune garçon est confronté,
le jour de la bombe d’Hiroshima, à la mort et à
la vie simultanément. Cette planche permet de
remarquer le graphisme, simplifié et stylisé, mais
d’une grande expressivité. « Images dérisoires »
20 (c’est la traduction du mot manga), ces ouvrages
sont inséparables de la BD occidentale, dans
un mouvement de réciprocité, selon l’auteur du
document 1.
263
 EXERCICE 15
La dérive des mangas vers l’horreur, le san-
glant, le très violent et même la pédophilie
Si les mangas connaissent un grand succès, ils
ne sont pas à l’abri des critiques que concentre
le document 3 et dont on peut trouver certaines
illustrations dans le document 4. On leur reproche
5 leur caractère « gore » et leur penchant pour la vio-
lence, le sang, la mort, les scènes d’horreur. On leur
reproche aussi, selon M. Temman, de favoriser dif-
férentes formes de contestation familiale et sociale,
au point qu’une sénatrice japonaise a demandé
10 que certains ouvrages soient censurés. Selon une
EXERCICE 16
1 Le paragraphe peut être complété de la manière
suivante (ajouts en gris) :
Enfin, la dernière attaque contre les jeux vidéo
consiste à les mettre au nombre des loisirs de masse,
avec toutes les connotations négatives que com-
porte cette expression, et à les considérer comme
des instruments de manipulation idéologique. Cette
idée figure dans les documents 1 et 3. S’attachent
alors à ces jeux des jugements négatifs, que l’auteur
du document 1 emprunte à un essai intitulé Psycho-
logie des foules, mais sans y souscrire lui-même,
et que reprend et précise l’auteur du document 3,
Laurent Trémel. Il est question alors d’une vérita-
ble anesthésie provoquée par les jeux vidéo, que
l’auteur du document 3 désigne par le mot « opium »
en insistant sur le phénomène d’addiction et sur le
danger à long terme que représentent, pour lui, cette
sorte de jeux. Le fait que les deux auteurs ne sous-
crivent pas aux mêmes idées montre à quel point les
jeux vidéo suscitent des réactions passionnelles et
contradictoires.
2 La dernière phrase du paragraphe, en faisant
ressortir des oppositions de points de vue entre
différents auteurs de documents, annonce implicite-
ment, puisqu’il est question de jugements négatifs
dans la première orientation, que la deuxième orien-
264
jeune vendeuse dont les propos sont rapportés
dans le document 3, la lecture de certains man-
gas, par exemple Devil man, mettrait dans un état
proche de la démence. Le reproche le plus grave
15 est celui qui fait état de pédophilie sur certains
sites. Le document 4 montre de quelle nature peut
être la violence : la guerre, le bombardement, la
destruction. L’enfant a perdu trois membres de sa
famille ; la simplicité du dessin, les physionomies
20 font ressortir une violence signalée à la fois par les
documents 1 et 2 qui rappellent la mauvaise répu-
tation des mangas auprès des parents.
tation va proposer des points de vue différents, et
des jugements positifs sur les jeux vidéo.
3 Suggestion d’introduction partielle
Le corpus de documents révèle que les jeux vidéo
sont l’objet de nombreuses critiques notamment
dans l’univers scolaire. On leur reproche de détour-
ner l’attention des élèves, d’être dangereux pour la
santé physique et mentale des enfants, et de parti-
ciper aux effets abrutissants des loisirs de masse.
● Variante 1
Dans le milieu scolaire, les jeux vidéo n’ont pas
bonne presse, si l’on en croit trois des documents
du corpus, qui expriment des critiques sévères.
Instrument de dispersion de l’attention, poten-
tiellement cause d’épilepsie, ils sont également
accusés de présenter les dangers d’abrutissement
des loisirs de masse.
● Variante 2
Les documents du corpus, surtout trois d’entre
eux, expriment des jugements négatifs sur les jeux
vidéo. Ils sont accusés de disperser et de pertur-
ber l’attention des élèves, de nuire à leur santé
mentale et physique, avec la menace de crises
d’épilepsie, et de contribuer à leur abrutissement
par un véritable phénomène d’anesthésie.
 La synthèse : rédiger les paragraphes et les introductions partielles
EXERCICE 17
Proposition de rédaction du paragraphe 1-A
La première critique qui touche les jeux vidéo
vient en effet du milieu scolaire : dans le docu-
ment 1, de S. Genvo, il est question des réactions
négatives d’un responsable de l’informatique
5 d’un collège. L’article de L. Trémel est publié
par les Cahiers pédagogiques et s’interroge sur
l’utilité pédagogique des jeux vidéo tandis que le
dessin de Samson met en scène un professeur de
mathématiques. Ce qui ressort des documents est
EXERCICE 18
Proposition 1 : Faux. On ne reprend pas les idées
en faisant se succéder les documents. Les idées
doivent être synthétisées.
Proposition 2 : Faux. La synthèse n’est pas un
montage de citations.
Proposition 3 : Vrai. Cette reprise doit cependant
être peu fréquente.
Proposition 4 : Vrai. On reformule, on réduit, on
ne garde que le sens d’ensemble des éléments au
discours direct.
Proposition 5 : Vrai. On peut reprendre un point de
vue bref et important sous forme de citation.
Proposition 6 : Faux. On ne transforme pas le contenu
des phrases des documents en discours indirect.
Proposition 7 : Faux. Il arrive souvent que des idées
ne soient présentes que dans deux documents ou
trois, mais pas dans tous. Chaque paragraphe ne
PROLONGEMENTS
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 1
Reformulation des maximes de La Rochefoucauld
– Plus nous voulons paraître naturels et moins
nous le sommes / Vouloir paraître naturel nous
empêche de l’être, comme le dit La Rochefou-
cauld.
CHAPITRE
21
10 une condamnation des jeux vidéo, accusés, dans
le premier document, d’être « un abîme » pour
l’attention des élèves et de ne les conduire qu’à
une sorte de vide, ou, si l’on en croit le dernier
document, à la violence que l’on observe dans
15 les établissements. Une preuve que le jeu vidéo
n’a pas d’utilité éducative est qu’il n’apparaît sur
aucun catalogue de matériels pédagogiques,
comme le souligne l’auteur du document 1, qui
ne partage pas ces jugements négatifs.
peut donc pas toujours comporter des idées venues
des quatre documents du corpus.
Proposition 8 : Vrai. On en a un exemple avec les
mangas. Leur violence constitue à la fois une carac-
téristique (I), une raison de leur succès (II) et une
raison des critiques suscitées (III).
Proposition 9 : Faux. Il arrive qu’un auteur rapporte
des idées qui ne lui appartiennent pas (discours
direct, indirect, citations…) ; il arrive aussi qu’il
énonce des idées générales, mais auxquelles il ne
souscrit pas personnellement.
Proposition 10 : Vrai, surtout si ce n’est pas une
idée fondamentale dans le dossier.
Proposition 11 : Faux. La synthèse se fait avec
les idées des documents, qui ne sont pas celles de
l’auteur de la synthèse, et s’il les partage, il n’a pas à
le faire savoir. C’est là que se situe l’objectivité.
➜ p. 214
– La Rochefoucauld nous enseigne que certaines
belles réalisations doivent leur beauté plus à leurs
imperfections qu’à leur achèvement.
– Une des observations de La Rochefoucauld est
que nos craintes sont celles de mortels et nos
désirs ceux d’immortels.
– Le sage est heureux de peu, le fou jamais satis-
fait : c’est pourquoi les hommes sont toujours mal-
heureux, selon la morale de La Rochefoucauld.
265
 EXERCICE 2
Quelques anomalies orthographiques
– Apprenons avec le fabuliste que si le mot ami
est commun, l’amitié est très rare : c’est folie de
s’y fier.
– Les paroles du Loup rappellent que chacun doit
s’en tenir à ce qu’il sait faire : un boucher ne se
transformera pas en arboriste.
– Le vainqueur d’une bataille ne doit pas tenter le
sort par son insolence : il ne sait pas ce qui l’attend ;
voilà ce que le fabuliste recommande à chacun.
EXERCICE 3
Texte 1 : l’élément subjectif est l’adverbe malheu-
reusement qui exprime le regret de celui qui parle.
➤ À propos des jeux vidéo, J. Perriault regrette
l’ignorance des jeunes : ils ne se doutent pas que
266
ces jeux peuvent être une aide à la pensée scienti-
fique. En effet, rien à l’école ne les y conduit.
Texte 2 : les éléments subjectifs sont le modalisateur
sans doute et l’utilisation de la première personne du
verbe n’oublions pas qui laisse passer une recom-
mandation que celui qui parle s’adresse et adresse à
ses interlocuteurs.
➤ L. Trémel rappelle la probable nécessité de la
micro-informatique à l’ère post-industrielle, mais
il insiste sur le fait que l’utilisation de l’ordinateur,
selon certaines études, est génératrice de stress.
Texte 3 : il y a deux éléments subjectifs dans les
propos de Jean-Marie Bouissou : c’est d’ailleurs fort
bien ainsii et c’est très bien, qui soulignent l’un et
l’autre une forte approbation.
➤ J.-M. Bouissou se réjouit que le succès de Tani-
guchi apporte au manga des lettres de noblesse et
de nouveaux lecteurs : il y a, selon ce spécialiste
du Japon, de la place pour tous les genres.
CHAPITRE
22 La synthèse :
rédiger l’introduction
et la conclusion
A P P R O C HES
EXERCICE 1
1 On peut observer que l’iintroduction proposée
comporte, dans cet ordre, les éléments suivants :
– une phrase d’ouverture qui évoque ce dont il est
question, les jeux vidéo, signa
ale leur développement
ett l’existence
l’ i t de
d jugements
j t contradictoires à leur
sujet (l. 1-3) ;
– la présentation des quatre documents qui compo-
sent le corpus (l. 3-11) ;
– l’annonce du plan (l. 12-14), dont on peut remarquer
qu’il s’inscrit dans la suite logique de la présentation
des documents : ce sont les différentes orientations
des documents qui déterminent la nature du plan.
2 La présentation des documents regroupe des
informations importantes les concernant : auteur,
titre, genre, thème précis, date de publication. Le
contenu du document (thème précis, statut par
rapport aux autres documents) est précisé en une
phrase. On remarque :
EXERCICE 2
1 L’introduction proposée commence par une
phrase d’ouverture qui indique le thème traité, l’ex-
clusion. La phrase suivante annonce la présentation
des documents du corpus en indiquant qu’ils sont au
nombre de 4, et qu’ils vont dans la même direction
(convergents, l. 2-3). La présentation des documents
occupe les lignes 3 à 10. Vient ensuite l’annonce du
plan (l. 10-12). L’introduction comporte donc trois
parties de longueur différente.
2 La présentation des documents regroupe les
informations qui permettent de les identifier : genre,
date, auteur, titre de l’œuvre, contenu spécifique.
Livre de l’étudiant ➜ p. 215 à 220
➜ p. 215
– que les documents ne sont pas impérativement
donnés dans l’ordre qu’ils occupent dans le corpus ;
– que certains sont regroupés parce qu’ils ont la
même orientation ;
– que leurs spécificités thématiques contribuent à
préciser la problématique du corpus, qui peut être
indiquée à des endroits différents de l’introduction
selon la nature du corpus et le thème abordé.
3 Sur le thème des jeux vidéo, la problématique
apparaît dès la fin de la phrase d’accroche dans l’ex-
pression réactions souvent passionnées et contradic-
toires (l. 2-3). Elle se révèle à travers la présentation
des documents, présentation qui fait apparaître des
oppositions nettes : mal considérés dans le domaine
scolaire (l. 5-6), utilisation par des thérapeutes (l. 7),
critiques qui viennent de certains enseignants (l. 9),
outils pédagogiques ou instruments de manipula-
tion ? (l. 11). L’idée de contradictions dans les juge-
ments figure enfin dans l’annonce du plan.
On remarque ici que deux documents mettent en
relief un personnage de fiction. C’est une manière
de rapprocher deux des documents textuels, qui ont
en commun une spécificité, leur caractère littéraire
(texte poétique, extrait de roman). Le dernier docu-
ment, iconographique, est présenté comme une
illustration de l’extrait d’essai. Les formulations uti-
lisées sont les suivantes : deux textes littéraires […]
le premier […] l’autre (l. 4, 5, 6) ; sur un plan plus
sociologique (l. 7), ce qu’illustre (l. 9).
Le regroupement de certains documents dès l’intro-
duction a plusieurs intérêts :
267
 – il évite une énumération des documents qui pour-
raient être, de manière lassante, présentés tous de la
même manière ;
– il confère une certaine diversité à la présentation,
dont la structure est conventionnelle ;
– il anticipe sur certains regroupements d’idées et
montre ainsi, dès l’introduction, que le corpus et sa
problématique ont été compris. Cela favorise la mise
en place d’un a priorii favorable en ce qui concerne la
suite de la lecture par le correcteur.
3 La problématique du corpus est celle des solu-
EXERCICE 3 Comparaison des deux introductions.
SIMILITUDES
– Les deux introductions sont construites de la
même manière : phrase d’accroche / présentation des
documents / annonce du plan.
– Les deux introductions font connaître le thème et la
problématique du corpus.
EXERCICE 4
On peut récapituler ici les composantes et préciser
l’utilité de l’introduction d’une synthèse de docu-
ments. Elle comporte les éléments suivants :
– une phrase d’accroche qui présente le thème
général, et, dans certains cas, le domaine particulier
à l’intérieur du thème, ce qui est une première façon
d’évoquer la problématique.
– la présentation du corpus dont on va synthétiser les
idées : identification des documents avec l’indication
de leur genre, de leur auteur, du titre de l’œuvre d’où
ils sont extraits, de leur date, de leur thème. Il y a là
tout un ensemble d’informations importantes. Signa-
ler la manière dont certains documents se situent les
268
tions proposées, mais apparemment peu fructueu-
ses, au problème de l’exclusion, du fait de ses ori-
gines et de sa nature. À l’intérieur du thème social
de l’exclusion, la question est : comment y remédier
compte tenu de la nature du phénomène et de son
caractère durable ? C’est essentiellement dans la
présentation du plan qu’apparaît la problématique,
mais on peut dire qu’elle est implicitement prépa-
rée par les caractéristiques thématiques de chaque
document présenté et par les dates qui sont don-
nées : la persistance du phénomène fait réfléchir sur
la possibilité d’y remédier.
DIFFÉRENCES
– On peut noter une différence dans la présentation
des documents : dans la seconde introduction, deux
documents sont regroupés par genre et l’accent est
mis, après l’indication du thème, sur les personnages.
– On note une autre différence dans la présentation
de la problématique : elle est plus précisément donnée
dans la première introduction, ce qui s’explique par
les composantes du corpus, des documents dont les
idées sont opposées.
uns par rapport aux autres apporte des éléments
concernant la problématique.
– l’annonce du plan selon lequel on va construire la
synthèse. La nature du plan dépend en effet des idées
des documents et de leur position les uns par rapport
aux autres (ils se complètent, ils s’opposent…).
L’introduction d’une synthèse apporte des réponses
aux questions suivantes :
• de quoi s’agit-il (thème) ?
• de quoi se compose le corpus et quelle est la
spécificité de chaque document ?
• quelle est la problématique ?
• quel est le plan adopté ?
 La synthèse : rédiger l’introduction et la conclusion
EXERCICE 5
1 La conclusion proposée comporte trois pha-
ses. La première phase (l. 1-3) fait référence aux
documents, revient sur leur thème et sur leur pro-
blématique en signalant que ce qui était annoncé
dans l’introduction a trouvé une réponse. Cela crée
un écho entre la conclusion et l’introduction, ce qui
est logique. Dans une deuxième phase (l. 3-7), il est
question d’un approfondissement dans la recherche
des raisons qui justifient les jugements sévères sur
les jeux vidéo, ce qui laisse penser qu’il peut y avoir
d’autres raisons que celles qui apparaissent dans les
documents. Cette phase a pour rôle de faire appa-
raître des éléments nouveaux par rapport à ceux que
EXERCICE 6 Mise en parallèle de l’introduction et de la conclusion du corpus sur les jeux vidéo
(exercices 1 et 5).
INTRODUCTION
– Phrase d’accroche sur le développement des jeux
vidéo et sur les réactions contradictoires provoquées.
Amorce de la problématique.
– Présentation des quatre documents avec leurs
spécificités.
– Annonce du plan.
➤ Entre la conclusion et l’introduction, on observe
un phénomène d’écho. Mais la conclusion ne conduit
pas à un constat définitif. Si elle met fin au devoir, elle
EXERCICE 7
1 La conclusion proposée comporte les éléments
suivants :
– une phase comportant un bilan qui signale la per-
sistance de l’exclusion (l. 1-3) ;
– une deuxième phase, plus longue, comportant un
constat selon lequel les causes, les manifestations
et les conséquences de l’exclusion sont difficiles à
différencier (l. 3-10). Ce constat explique que les re-
mèdes soient si difficiles à trouver, appliquer et faire
aboutir ;
– une dernière étape assimile la vie des exclus – à
partir des conditions particulières dans lesquelles ils
vivent – à celle des gens qui, pour des raisons diver-
CHAPITRE
22
contient l’introduction. La troisième phase (l. 7-10)
constitue un élargissement de la réflexion et intègre
le problème envisagé à une question plus large, celle
de l’utilisation – bonne ou mauvaise – qui peut être
faite d’une innovation.
2 On remarque une première articulation, ainsi
(l. 1), qui annonce la conclusion et la rattache à ce
qui précède. On en trouve une autre sous la forme de
Mais (l. 7). Cette objection coupe court à une démar-
che d’approfondissement précisant dans quelles
orientations on pourrait encore envisager les jeux
vidéo et les réactions qu’ils suggèrent et introduit
l’élargissement final.
CONCLUSION
– Phase de bilan faisant référence aux documents et
faisant écho à la problématique.
– Question d’approfondissement en relation avec la
problématique.
– Ouverture, et intégration de la problématique à une
réflexion plus large sur des manières de réagir.
ne ferme pas la réflexion, au contraire : elle montre
que l’on peut aller plus loin et que la question envisa-
gée n’est qu’un aspect d’une réflexion plus large.
ses, vivent dans des conditions extrêmes, au milieu
même de l’opulence, du luxe et de la richesse.
2 Après une synthèse qui a montré la nature de
l’exclusion, ses origines et la difficulté d’y remédier,
ce qui reste en conclusion est le constat d’échec
des différents remèdes tentés, du fait même de la
difficulté de différencier ce qui est à l’origine de
l’exclusion et ce qui en découle. Inscrire la réflexion
dans une réflexion plus large peut se faire à travers
l’observation de la disproportion qui existe entre les
gens qui vivent « normalement », qui sont intégrés à
la société et ceux qui en sont sortis et dont la réin-
sertion semble si difficile, et si fragile.
269
 EXERCICE 8 Mise en parallèle de l’introduction et de la conclusion (exercices 2 et 7).
INTRODUCTION
– Accroche sur la présence des SDF et sur le phéno-
mène de l’exclusion.
– Présentation des documents regroupés selon leur
genre et leur approche de l’exclusion.
– Annonce du plan : manifestations et sources de
l’exclusion ; éventuelles solutions et difficultés rencon-
trées.
➤ Entre l’introduction qui annonce une étude
de l’exclusion, et la conclusion qui repose sur un
constat très pessimiste, ce qui est apparu est l’en-
semble de raisons qui rendent l’exclusion difficile à
éradiquer, comme si elle était un mal inextirpable.
La fin de la conclusion, en assimilant l’exclusion
EXERCICE 9
1 Composition et utilité d’une conclusion de
synthèse
Toute conclusion sert à signaler que l’on arrive
au bout de l’étude. Dans le cas de la synthèse,
cela signifie que l’on a terminé le regroupement
organisé et problématisé des idées extraites des
documents. Comme l’introduction met en place
une problématique – celle du corpus –, il est logi-
que d’en retrouver des échos dans la conclusion.
Celle-ci a donc pour rôle d’établir une sorte de
bilan final par rapport à la problématique initiale,
à laquelle est proposée une réponse. Mais cette
réponse n’étant pas définitive, on peut considé-
rer que la conclusion a pour rôle d’inscrire le bilan
final dans de nouvelles interrogations. Dans le cas
de la synthèse sur l’exclusion, la conclusion pro-
posée suggère une réflexion sur les disproportions
entre l’exclusion et la vie urbaine.
Il arrive aussi que la conclusion permette de faire
apparaître un paradoxe qui n’apparaissait pas au
début du travail de synthèse.
270
CONCLUSION
– Constat de la pérennité, de la persistance de l’exclu-
sion depuis le XIXe siècle.
– Constat de la difficulté de différencier les causes,
les manifestations et les conséquences de l’exclusion :
cet état de chose fait échouer les tentatives de remé-
diation.
– Caractérisation finale de la situation d’exclusion,
assimilée à une situation de vie dans des « conditions
extrêmes », avec un espoir minime de voir les choses
s’améliorer, pour les exclus, et le sentiment, pour les
travailleurs sociaux, du caractère désespéré de leurs
tentatives.
à une vie dans des conditions extrêmes, en souli-
gne les paradoxes, puisque les exclus se trouvent
essentiellement dans les villes, lieux dits de civili-
sation. La dernière phase de la conclusion insiste
sur le pessimisme qui caractérise l’ensemble de la
réflexion.
2 Les difficultés de la conclusion
La conclusion est un exercice difficile. La première
difficulté vient de ce que cette conclusion ne doit
pas être une redite de l’annonce du plan. Il faut donc
établir un bilan, mais sans reprendre les mêmes
idées et les mêmes mots que ceux de l’introduction.
La seconde difficulté réside dans la nécessité de ne
pas asséner un constat définitif auquel il n’y aurait
plus rien à ajouter. En général, la question abordée
à travers la problématique n’est qu’un aspect limité
d’une question beaucoup plus vaste dont on prend
conscience grâce au corpus. Il faut donc, avec une
certaine modestie, déterminer cette réflexion plus
vaste et indiquer comment la problématique s’y
inscrit. Dans la première conclusion, on peut mon-
trer que, sans doute, les jeux vidéo présentent à la
fois des dangers et une efficacité, mais qu’il faut
avant tout savoir établir un équilibre dans leur utili-
sation. Dans la seconde conclusion, on est conduit
à constater une certaine impuissance à trouver des
solutions à l’exclusion, et à réfléchir à la force des
obstacles sociaux qui bloquent l’éradication, ou du
moins une diminution, du phénomène.
 La synthèse : rédiger l’introduction et la conclusion
A P P L I C ATION
EXERCICE 10
Proposition de deux accroch
hes différentes
● Accroche 1
1. Les jeux vidéo remportent un très grand succès
auprès des jeunes, ce qui n’est pas sans inquiéter
les éducateurs, parents et enseignants.
2. Si l’informatique est considérée comme un outil
efficace pour accéder au savoir, les jeux vidéo, en
revanche, suscitent des inquiétudes chez les édu-
cateurs.
EXERCICE 11
● Variante pour l’introduction 1
Grâce au développement de l’informatique, les
jeux vidéo ont un grand succès, ce qui déclenche,
à leur sujet, de nombreuses polémiques. Le cor-
pus proposé regroupe quatre documents expo-
5 sant des points de vue différents. Ainsi, un extrait
d’essai de S. Genvo, paru en 2003, et un article
du Monde 2, de P. Kremer (2006), expriment des
avis contraires, qui n’appartiennent pas à leurs
auteurs : considérés comme inutiles, voire dange-
10 reux dans le monde scolaire dans le premier docu-
ment, les jeux sont vus comme une thérapeutique
efficace dans le second. La critique des jeux figure
dans le document 4, un dessin humoristique de
Samson, mais le caractère ironique de l’ensemble
15 texte et dessin fait perdre leur crédibilité à certains
propos très critiques des enseignants. Un article
des Cahiers pédagogiques, de L. Trémel (2006),
envisage deux orientations opposées en étudiant
deux aspects des jeux vidéo.
20 La composition du corpus conduit à envisager
successivement les critiques adressées aux jeux
vidéo, leur utilité dans certains domaines et les
conditions qui rendent leur utilisation efficace.
EXERCICE 12
Proposition d’introduction pour la synthèse sur le thème des mangas (chapitre 19, p. 193 à 197)
Les mangas, ces bandes dessinées japonaises
de petit format, qui se lisent de droite à gauche,
connaissent un énorme succès chez les jeunes.
Un corpus de quatre documents, dont trois de
CHAPITRE
22
➜ p. 218
● Accroche 2
1. L’accès au confort qui caractérise la société de
consommation n’empêche pas le développement
d’une extrême pauvreté illustrée par les SDF qui
hantent les rues des grandes villes.
2. Les exclus ont changé de nom, mais ils existent
toujours, et se rappellent à nous dans les lieux
publics.
● Variante pour l’introduction 2
Les vagabonds et trimardeurs du XIXXe siècle sont
devenus les SDF qui vivent dans la rue, et que
nous ne voyons plus, malgré leur nombre. Le
corpus proposé regroupe quatre documents sur
5 le thème de l’exclusion. Trois d’entre eux mettent
en évidence, sous forme textuelle et iconogra-
phique, des situations de rejet social, pour des
raisons différentes. Ainsi les personnages de la
composition d’E. Pignon-Ernest (Expulsions
( ,
10 1978) apparaissent comme les victimes, jetées
à la rue, de la démolition de leur immeuble. Le
héros des Misérables, de V. Hugo (roman de
1862), est un ancien bagnard, que sa condition
expose à tous les refus, comme le personnage
15 du poème de J. Prévert « La grasse matinée »,
un homme affamé devant des vitrines bien rem-
plies. Ces conditions d’exclus sont reprises et
analysées par un médecin, J. Hassin, dans une
conférence de l’Université de Tous Les Savoirs
20 (UTLS) de 2007.
Le rapprochement des documents conduit à
une synthèse étudiant certaines manifestations
de l’exclusion, certaines causes et les obstacles
rencontrés par ceux qui veulent en sortir aussi
25 bien que par ceux qui les aident.
5 presse et un extrait de manga, s’intéresse à ce
phénomène. Les trois articles de presse sont
signés P. Honnoré, pour Enjeux-Les Échos en
2007, J.-J. Larrochelle pour le supplément TV
271
 du Monde (1998) et M. Temman, pour Libération
10 (11 juillet 2007) : tous les trois signalent l’ampleur
du phénomène et donnent les caractéristiques
des mangas, le troisième document insistant
particulièrement sur ce qu’on leur reproche – la
violence – et sur la menace d’une censure. La
15 page de manga, extraite de Gen d’Hiroshima, a aussi ce qui suscite des prises de position très
de K. Nakasawa (2003), montre un aspect du
EXERCICE 13
Proposition d’introduction pour une synthèse sur la sauvegarde des forêts
Plusieurs tempêtes dévastatrices, dont celle de
décembre 1999, ont attiré l’attention sur la des-
truction des forêts. Quatre documents de genre
et d’époque différents abordent cette question.
5 Deux textes littéraires, un extrait de la pièce de
Tchékhov Oncle Vania (1897) et un poème de
J. Supervielle, « Arbres dans la nuit et le jour »
(1946) montrent l’importance des relations entre
les hommes et la forêt, ce qu’elle leur apporte.
10 Dans un article de presse publié par Le Nouvel
EXERCICE 14
Proposition d’introduction pour une synthèse sur la sauvegarde des forêts
Identification et classement des différents élé-
ments donnés
– Thème : risque et progrès
– Les documents :
Document 1 : Émile Zola, Le Docteur Pascal, 1893 :
dans cet extrait de roman, un personnage exprime
sa confiance dans la science et dans le progrès, tout
en reconnaissant qu’il ne s’agit pas d’une révélation
et qu’il faut du temps.
Document 2 : Albert Jacquard, Au péril de la science,
« Introduction », éditions du Seuil, 1982 : cet homme
de science évoque la prise de conscience, par les
scientifiques, de leurs responsabilités.
Document 3 : Bruno Escoubès, L’État des sciences,
Proposition d’introduction rédigée
Il est rare que l’on ne parle pas, à propos de décou-
vertes scientifiques, d’effets secondaires compor-
tant des risques souvent peu évaluables. Quatre
documents d’époque différente, deux du XIXXe et
5 deux du XXXe, évoquent la question des conséquen-
ces du progrès. A. Jacquard et B. Escoubès, dans
272
graphisme et souligne le caractère historique
et tragique de l’inspiration de certains mangas.
L’analyse et le rapprochement des documents
20 conduisent à adopter le plan suivant : l’ampleur
du phénomène des mangas et la nature de ces
ouvrages, ce qui peut expliquer leur succès, mais
négatives à leur sujet.
Observateur en 2000, J. Alia évoque les consé-
quences de la disparition des forêts et leur impor-
tance sur différents plans. Enfin, une photo du
dossier de presse de « L’Odyssée Verte » (2007)
15 montre un parcours destiné à faire découvrir les
arbres de manière originale.
La composition du corpus et le contenu des docu-
ments permettent de classer les différentes fonc-
tions bénéfiques des forêts, sur le plan humain,
20 sur le plan écologique et sur le plan économique.
éditions La Découverte, 1991 : un extrait d’essai
aborde la question des limites qu’il faut imposer à la
science, du fait des risques que les découvertes font
courir à l’homme.
Document 4 : Illustration de L. Benett pour J. Verne,
Les 500 millions de la Begun (1879) ; ce document
montre la place de l’homme face à une gigantesque
machine : pouvoir ou faiblesse ?
– Phrase d’accroche : Il est rare que l’on ne parle
pas, à propos de découvertes scientifiques, d’effets
secondaires comportant des risques souvent peu
évaluables.
– Plan : I. La valeur positive du progrès
II. Les dangers inhérents à la science
III. La nécessité d’une réflexion collective
deux essais, Au péril de la science (1982) et L’État
des sciences (1991) reconnaissent l’importance et
le caractère bénéfique du progrès mais en souli-
10 gnent les dangers et signalent les responsabilités
humaines. Dans un extrait du roman d’É. Zola, un
siècle plus tôt, le Docteur Pascal, le personnage
 La synthèse : rédiger l’introduction et la conclusion
principal, un médecin, exprimait des idées assez
proches, mélange d’optimisme et d’inquiétude.
15 Enfin une illustration pour un roman de J. Verne,
Les 500 millions de la Begun, en 1879, montre des
hommes aux prises avec une gigantesque machine
EXERCICE 15
Les trois orientations de la synthèse sur la sauvegarde
des forêts conduisent, selon un raisonnement induc-
tif, à une conclusion qui est la suivante : l’importance
de leurs différentes fonctions humaines, écologiques
et économiques fait qu’il faut absolument empêcher
les forêts de disparaître.
Proposition de conclusion rédigée
Il ressort ainsi de l’analyse des documents qu’ils
se rejoignent pour montrer à quel point les forêts
jouent un rôle important dans tous les aspects de
la vie des hommes. Si, à l’invitation de Supervielle,
EXERCICE 16
Synthèse sur la réforme de l’orthographe (chapitre 20, p. 200-204).
Proposition d’introduction rédigée
Une mauvaise orthographe constitue un handi-
cap professionnel ; mais si l’orthographe française
était plus simple, son apprentissage et sa maîtrise
le seraient aussi. Le corpus à étudier est consa-
5 cré aux problèmes posés par la réforme de la ma-
nière d’écrire. On trouve ainsi un témoignage de
J.-P. Sartre, évoquant, dans Les Mots (1964), quel-
ques démêlés personnels avec l’orthographe lors-
qu’il était enfant. Deux textes de spécialistes évo-
10 quent les raisons de réformer l’orthographe ainsi
que les obstacles à ce projet. Il s’agit d’un article
Proposition de conclusion rédigée
L’étude des documents qui constituent le corpus
aide à comprendre pourquoi les débats concernant
une réforme de l’orthographe sont si passionnés :
ils touchent aux sources mêmes de la langue, à son
5 histoire et à l’histoire du pays, au patrimoine linguis-
tique, et il apparaît que l’attachement à ces valeurs
est plus fort que les difficultés d’apprentissage que
rencontrent tous les enfants. Ainsi, si certaines
CHAPITRE
22
et pose la question de leurs relations.
Le rapprochement des différents documents
20 conduit à envisager le caractère positif du progrès,
mais aussi les dangers qu’il génère, pour faire
apparaître la nécessité d’une réflexion collective.
5 on envisage la portée symbolique des arbres et
leur rôle dans les différentes croyances, on enri-
chit encore les fonctions déjà envisagées. Ce
qu’apportent les forêts, ce qu’elles représentent,
y compris dans l’esthétique du paysage et dans
10 l’histoire d’un pays, devraient persuader chacun
de l’importance, non seulement de lutter contre la
déforestation, mais aussi de respecter les arbres
et de les remplacer lorsqu’ils disparaissent. Il
appartient à chaque être humain de veiller sur
15 celui que le poète considère comme son frère,
l’arbre.
de D. Manesse figurant dans un ouvrage collectif
L’École et les parents (2000) et d’un bilan fait par
F. Ploquin dans la revue Le Français dans le monde
15 en 2001. Une publicité pour le manuel de conjugai-
son Bescherelle (2007) traite sur un mode humo-
ristique les conséquences d’une mauvaise maîtrise
de la conjugaison.
La nature des documents et leur contenu condui-
20 sent à étudier dans une première partie la nécessi-
té d’une réforme et, dans une deuxième étape, les
obstacles qui la rendent difficile, voire impossible.
réactions peuvent paraître excessives et peu justi-
10 fiées, il est cependant à craindre que l’orthographe
ne change ni facilement, ni vite. On peut regretter
cette forme de conservatisme et s’interroger sur ce
que révèle (ou cache) un refus de modernisation de
la langue à l’heure même où elle se voit largement
15 concurrencée par l’anglo-américain, langue de la
mondialisation.
273
 P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Propositions de formulations pour annoncer le plan
de manière explicite :
– L’ensemble des documents conduit à étudier suc-
cessivement…
– La composition du corpus et la nature des docu-
ments conduisent au plan suivant…
– Compte tenu de l’ensemble des documents, on
peut envisager le plan suivant…
– La question de… peut être envisagée, compte
tenu des documents, selon le plan suivant… selon
l’organisation suivante…
– La synthèse des documents du corpus peut adop-
ter le plan suivant :…
– Compte tenu de la nature et du contenu des docu-
ments, on pourra (on peut) envisager le plan sui-
vant… on peut (on pourra) mettre en évidence…
Remarque
Il est particulièrement important de rattacher le
contenu et l’organisation du plan à la nature des
documents et à la composition du corpus : on n’an-
nonce pas une réflexion qui prendrait appui sur les
documents, comme pourrait le faire une disserta-
tion ; dans la synthèse, c’est le contenu des docu-
ments et la composition du corpus qui déterminent
le plan.
EXERCICE 2
Formulations pour marquer que l’on arrive à une
conclusion : ainsi ; donc ; en conclusion ; pour
conclure ; c’est pourquoi on peut conclure que… ; on
peut donc arriver à la conclusion que… ; à l’issue de
la confrontation des documents… ; il ressort du rap-
prochement des documents ; le rapprochement (la
confrontation) des documents montre que... ; le cor-
pus proposé conduit à penser que… permet de dire
que… il apparaît ainsi que… ; il se révèle ainsi que…
274
➜ p. 220
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 3
Nous proposons une accroche pour chacun des
thèmes cités :
– Bien qu’il existe à présent une convention inter-
nationale, l’exploitation des enfants, dénoncée
avec force au XIXXe siècle, n’a pas disparu.
– Au XXXe siècle encore, le médecin de famille était,
socialement et affectivement parlant, un person-
nage important. Il semblerait que, de nos jours,
cette image se modifie.
– ll n’est pas facile de définir la notion de luxe,
tant elle est subjective. Le mot change de sens
selon les contextes.
– Après un long combat pour faire valoir leurs
droits, les femmes ont obtenu la parité avec les
hommes dans différents domaines, en particulier
le domaine politique. Pourtant, on constate que la
mise en œuvre est difficile.
– Les voyages, jadis véritables aventures, se sont
tellement développés que l’on peut s’interroger
sur leur signification et sur leur portée.
– Le XIXXe siècle, qui a vu la révolution industrielle,
a laissé derrière lui des réalisations témoignant de
la vie ouvrière et de l’image – parfois très esthéti-
que – que l’on se faisait alors de certains lieux de
production.
– Il n’est pas toujours facile de concilier les ima-
ges que l’on peut se faire du travail et la réalité
quotidienne d’une tâche dans un contexte pro-
fessionnel.
– Admiration, mystère, sentiment religieux : les
relations entre les hommes et les arbres sont
diverses.
– Le plaisir que l’on ressent au cinéma ou au théâ-
tre vient pour beaucoup du talent des acteurs.
– Sans que nous nous en rendions compte, nous
sommes, dans l’espace public, constamment
surveillés par des caméras.
CHAPITRE
23
personnelle :
analyser le sujet
A P P R O C HES
EXERCICE 1
La lecture des cinq sujets montre qu’ils sont construits
de la même manière et comportent trois éléments :
– l’indication du thème et de la problématique sous
forme de point de vue affirmé é (sujets 1 et 3), ou de
question (sujets 2
2, 4 et 5) posé
posée directement ou indi-
rectement ;
– une consigne précisant ce qu’il faut faire : don-
EXERCICE 2
Le caractère personnel de l’écriture apparaît dans
les formulations suivantes : donnez votre point de
vue personnel ; vous direz dans quelle mesure… est
pour vous ; vous direz ce que vous pensez person-
nellement ; pensez-vous que… ; vos connaissances
personnelles, vos propres connaissances.
Dans ces différentes formulations, le mot person-
nel, qui est ambigu, peut être mal compris par les
étudiants. Il n’indique pas que le travail demandé
doive se limiter à l’expression d’une réflexion ne
tenant compte que des réactions (goûts, sentiments,
opinions) de celui ou de celle qui parle, sous la forme
« moi, personnellement, je pense que… ». Il est
EXERCICE 3
Il existe plusieurs différences entre le travail de
synthèse et le travail d’écriture personnelle. La
synthèse, qui est faite à partir d’un corpus limité,
doit être objective, ce qui implique que son auteur
ne laisse en aucune façon passer un point de vue,
une opinion, un jugement sur les documents, leur
forme, leur contenu, les idées qu’ils expriment. Le
L’écriture
Livre de l’étudiant ➜ p. 221 à 228
➜ p. 221
nez votre point de vue, vous direz… ; il arrive que
la consigne soit exprimée en même temps que la
question qui définit le thème et la problématique ;
– une recommandation indiquant sur quoi il est
possible de prendre appui : en prenant appui, vous
utiliserez vos connaissances, en appuyant votre
réflexion, vous appuierez votre réponse…
sous-entendu que toute réflexion personnelle doit
se construire à partir de savoirs, de connaissances,
de pensées et de réflexions qui viennent de l’étude
des deux thèmes au programme, des lectures, des
problématiques envisagées, des textes étudiés…
Ce que le travail a de personnel est, dans une large
part, la manière dont les étudiants, sur un sujet
donné, sauront faire la preuve de leur capacité de
traiter des connaissances, leur manière personnelle
de sélectionner parmi les connaissances celles qui
pourront aider à traiter la problématique du sujet,
puis de construire une réflexion nourrie de savoirs
et de références.
devoir d’écriture personnelle donne la possibilité à
l’étudiant de faire état de ses connaissances person-
nelles, de sélectionner parmi ses acquis culturels ce
qui lui permettra de répondre – à sa manière – à une
question portant sur un des deux thèmes au pro-
gramme. Il dispose pour cela de tout un savoir qu’il
s’est approprié et qu’il a, au cours de ses études,
275
 transformé en culture personnelle. C’est là qu’il trou-
vera de quoi composer un devoir original, avec des
idées sélectionnées par lui. On voit ainsi apparaître
une seconde différence importante entre la synthèse
de documents et l’écriture personnelle : dans la
EXERCICE 4
Chaque sujet d’écriture personnelle fait référence à
des points d’appui qui relèvent de deux catégories ;
il y a d’une part les documents du corpus et d’autre
part les connaissances personnelles. Dans l’état ac-
tuel de l’examen, tout sujet de synthèse et d’écriture
personnelle s’inscrit dans un des deux thèmes au
programme, ce qui signifie que les étudiants peuvent
savoir à quoi s’attendre : pendant la deuxième année
de préparation, ils étudient les deux thèmes et leurs
EXERCICE 5 Relations entre le thème indiqué et chaque sujet.
THÈME INDIQUÉ
1. L’éducation
2. Faire voir, quoi, comment, pour quoi ?
3. L’éducation
4. La fête dans ses dimensions collectives
5. Risque et progrès
➤ La relation très visible entre l’orientation des
sujets et l’indication des thèmes montre que les
étudiants qui ont étudié les thèmes au programme
EXERCICE 6
Il est intéressant de revenir ici sur la notion d’écriture
personnelle et de faire réfléchir les étudiants sur la na-
ture de la situation dans laquelle ils sont mis du fait de
l’existence d’un programme. Ils ne disposent pas, en
effet, d’une liberté totale, et pourraient faire observer
l’existence de certains paradoxes apparents.
L’existence de deux thèmes au programme implique
que l’écriture personnelle se situe nécessairement à
l’intérieur d’un des deux thèmes. L’étude des thè-
mes implique un cours organisé, qui comporte la dé-
couverte puis le traitement de chaque thème, ce qui
signifie réflexions, travaux divers et acquisition de
connaissances, qui, elles, ne sont pas uniquement
personnelles puisqu’elles font partie d’un cours.
276
synthèse, tous les étudiants reprennent les mêmes
idées, qui sont celles des documents du corpus ;
dans l’écriture personnelle, chacun peut puiser à dif-
férentes sources pour répondre à la question posée.
Il n’y a pas de limites imposées par le corpus.
connaissances se construisent à partir des textes
étudiés, des œuvres lues et de tout ce qui accom-
pagne ce travail : débats, discussions, recherches,
réflexions, travaux écrits et oraux divers. Ils ont donc
immédiatement à leur disposition les documents du
corpus et, au-delà, tout ce qui a été fait en cours.
Mais à cela on peut ajouter des acquis culturels ve-
nant des années d’études qui ont précédé le bac-
calauréat.
ÉLÉMENTS DU SUJET CRÉANT UNE RELATION VISIBLE AVEC
LE THÈME
Parents / responsables / comportement déviant des enfants
La photo
Scolarisation / enfermement des enfants
Sport / fête collective
Contrôler les risques inhérents au progrès
possèdent des connaissances et des éléments de
réflexion pour traiter un sujet qui s’y rapporte.
Il résulte de cette situation que la notion d’écriture
personnelle peut prêter à confusion surtout si le trai-
tement du thème s’apparente à une sorte de ques-
tion de cours « incontournable ». En d’autres termes,
les étudiants ont à concilier le caractère « officiel »
et conventionnel du cours suivi pendant l’année et
la notion de travail personnel, en éliminant l’idée
que le cours peut apporter une réponse toute faite à
n’importe quel sujet : le caractère personnel de la se-
conde partie de l’épreuve réside précisément dans
la manière dont chaque étudiant peut s’approprier
– personnellement – le cours suivi pour apporter, en
fin de parcours, une réponse qui lui appartienne en
propre (et non une réponse stéréotypée) au sujet
donné à l’examen.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : a n a l y s e r l e s u j e t CHAPITRE
23
EXERCICE 7
SUJET MOTS-CLEFS DOMAINE CONCERNÉ PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET
DEMANDE DE FAIRE

Sujet 1 parents Les relations L’absence de Le sujet demande

Thème : l’éducation enfants éducatives entre responsabilité de réagir person-
responsables les parents et leurs des parents dans nellement à une
déviants enfants dans des certains comporte- prise de position
cas particuliers ments déviants de qui peut surprendre
leurs enfants
Sujet 2 photo Les relations entre Considérer ou non Le sujet demande,
Thème : faire voir, art une technique et que ce qui relève à partir de ce qui
quoi, comment, l’esthétique d’une technique figure dans le
pour quoi ? de reproduction corpus, d’envisager
du réel peut la possibilité de
être assimilé à rapprochement art /
une production photo
esthétique
Sujet 3 scolarisation Le système scolaire, Idée que l’édu- Le sujet demande
Thème : l’éducation enfermement le fonctionnement cation scolaire de prendre position
de l’école prive les enfants par rapport à
de liberté et un point de vue
équivaut à un qui peut paraître
emprisonnement, paradoxal
ce qui constitue
un paradoxe par
rapport à l’idée que
le savoir libère

Sujet 4 sport Domaine du sport Mise en cause de Le sujet demande

Thème : la fête véritable et domaine de la l’authenticité du de prendre position
dans ses dimen- fête collective fête caractère à la fois par rapport au
sions collectives festif et collectif du sport et à la fête
sport et de s’interroger
sur le caractère
de fête collective
des manifestations
sportives
Sujet 5 hommes Le progrès Possibilité ou Le sujet demande
Thème : risque et contrôler scientifique (cette non pour les de chercher dans
progrès risques inhérents au orientation est êtres humains de quelle mesure et
progrès donnée par les maîtriser ce qu’ils par quels moyens
documents du ont inventé les hommes
corpus) peuvent, éven-
tuellement, rester
les maîtres de ce
qu’ils créent dans
le domaine de la
science

277
 EXERCICE 8
SUJET MOTS-CLEFS DOMAINE CONCERNÉ PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET
DEMANDE DE FAIRE

Sujet 6 bon comédien Théâtre, TV et Définir ce qui Le sujet demande

Thème : le travail cinéma ; l’interpré- permet d’accorder de définir les
du comédien tation d’un rôle l’adjectif bon à un caractéristiques
acteur, de porter de l’acteur ou du
sur son jeu un comédien considéré
jugement positif comme bon, c’est-
à-dire méritant
l’appréciation du
public

Sujet 7 propre conception Le voyage et ses Faire apparaître Le sujet demande

Thème : le voyage voyage différentes formes une perception per- de définir le voyage
envisagez, attendez sonnelle du voyage, non de manière
ses caractéristiques générale mais de
manière unique-
ment personnelle

EXERCICE 9
Il est intéressant de rapprocher les sujets 6 et 7 :
en effet, ils ne demandent pas de réagir à un point
de vue, à un constat ou à une citation venant de
quelqu’un d’autre. Interrogeant directement sur une
conception personnelle, ils demandent à l’étudiant
de répondre en donnant un point de vue réelle-
ment individuel. On peut considérer que l’étudiant
est ici mis en cause de manière plus intime, plus
subjective, et qu’il peut répondre en établissant,
par exemple, une sorte de liste personnelle des
caractéristiques du bon comédien et de ce qui fait,
pour lui, le charme et l’utilité du voyage. La réponse
peut donc prendre la forme d’un développement
linéaire, ce qui n’exclut pas des références à diver-
ses conceptions du bon comédien ou à l’utilité des
voyages. On peut ainsi attendre (compte tenu du
caractère officiel des thèmes) que dans un devoir
portant sur le thème de l’interprétation dramaturgi-
que apparaisse une allusion (ou plus) au paradoxe
de Diderot, et que le thème du voyage entraîne
quelques références à de grands voyageurs ou à
des récits de voyage célèbres.

EXERCICE 10
SUJET MOTS-CLEFS DOMAINE CONCERNÉ PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET
DEMANDE DE FAIRE

Sujet 8 luxe Notions de Déterminer s’il Le sujet demande

Thème : le luxe bien richesse, raffine- faut associer la de « trancher »
mal ment, opulence, notion de luxe à entre deux orienta-
rareté. une valeur ou la tions antinomiques
Le domaine rejeter comme
d’application est inacceptable sur
très large divers plans

278
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : a n a l y s e r l e s u j e t CHAPITRE
23
Sujet 9 supprimer Les différentes Envisager ce qui Le sujet demande
Thème : la publicité ou non formes de publicité peut justifier une de faire un choix
publicité défense de la entre deux orienta-
publicité et ce qui tions : conserver /
peut légitimer une supprimer
critique
Sujet 10 table rase, sites Ce que les siècles Sauver une partie Le sujet demande
Thème : la industriels passés ont laissé en du passé industriel de faire un choix
sauvegarde dépassés héritage sur le plan ou le laisser justifié entre
du patrimoine modernisation des sites industriels disparaître deux orientations
industriel récupérer opposées : sauver
le patrimoine
industriel en le
transformant, ou le
laisser disparaître

EXERCICE 11
Les trois sujets ont en commun de conduire l’étu-
diant à faire un choix entre deux possibilités qui lui
sont proposées. Dans les trois cas, déterminer si le
luxe est un bien ou un mal, s’il faut ou non supprimer
la publicité ou encore s’il faut faire disparaître ou
non certaines traces du passé, conduit à une même
démarche, qui est une forme de délibération. Cela
oblige à « peser le pour et le contre » et à construire
une réflexion qui joue sur les antithèses et qui mette
en parallèle des éléments positifs et des éléments
négatifs. Cela impose de ne pas donner une réponse
directement personnelle, qui ne tiendrait pas compte
de toutes les données de la délibération. Dans les
trois cas, on peut envisager un plan construit sur
deux thèses opposées, le choix personnel étant
exprimé dans la conclusion.

EXERCICE 12
L’analyse d’un sujet permet de dégager les éléments
suivants :
– les mots-clefs à partir desquels se définissent le
thème général et, à l’intérieur de ce thème, le domaine
plus précisément concerné, ce qui constitue souvent
une anticipation de la problématique.
– le domaine concerné : c’est un aspect particulier
du thème général (thème au programme) et il est
important d’en déterminer les limites à partir des
mots-clefs.
– la problématique : c’est la question (le problème)
qui ressort de la juxtaposition de certains termes à
l’intérieur du domaine concerné. Par exemple, dans
le thème général de l’éducation apparaît le domaine
de l’école en tant que lieu d’éducation, et dans ce
domaine particulier, la problématique vient du rap-
prochement à la fois logique et inattendu : scolarisa-
tion = enfermement = privation de liberté = manque
d’ouverture = enseignement stéréotypé.
– la consigne : elle est exprimée à l’impératif (Expli-
quez pourquoi, donnez votre point de vue), au futur
de l’indicatif (Vous direz, vous présenterez, vous
répondrez…), sous forme d’injonction ou de ques-
tion (Pensez-vous que… ?) à la seconde personne
du pluriel. Quelles que soient les formulations,
ce qui est demandé est toujours de réagir à une
prise de position, à une idée, à une opinion, à un
paradoxe, et de faire ainsi état – en les utilisant –
de connaissances et d’une capacité d’exposer un
ensemble de réflexions. Le plus souvent c’est la
manière dont est mise en place la problématique
qui détermine la démarche à adopter et donne une
orientation de plan.
– les recommandations : elles rappellent toujours
que les premiers points d’appui sont les docu-
ments du corpus et qu’il faut faire ensuite appel,
plus largement, aux connaissances relatives au
thème traité.
279
 EXERCICE 13
L’analyse des différents sujets des exercices 1, 7 et
10 a fait apparaître trois types différents :
– des sujets (1 à 5) dont le point de départ est une
opinion ou une citation ou un constat par rapport
auxquels on demande à l’étudiant de donner un avis
personnel et justifié ;
– des sujets (6 et 7) dans lesquels il est demandé
à l’étudiant de définir et de caractériser person-
nellement une notion, par exemple le voyage, ou
d’exposer les justifications d’un jugement de valeur,
par exemple définir le « bon » comédien ;
– des sujets (8 à 10) qui proposent les deux termes
d’une alternative – oui ou non – et qui demandent
à l’étudiant de prendre position par rapport à deux
notions antinomiques en choisissant entre les deux
ou en montrant qu’il faut établir un compromis et
pourquoi.
Ces trois types de sujets entraînent des démarches
différentes et peuvent ainsi déterminer des plans
différents.

A P P L I C ATION ➜ p. 225

EXERCICE 14
SUJET MOTS-CLEFS DOMAINE CONCERNÉ PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET
DEMANDE DE FAIRE

Sujet 11 diminutiion des libertés La vie quotidienne En quoi le déve- Le sujet demande
Thème : les mena- sécuritéé des citoyens avec la loppement de la de réfléchir aux
ces sur les libertés vidéosurveillance présence des vidéosurveillance conséquences sur
caméras de vidéo- menace la vie pri- la vie privée des
surveillance dans vée des citoyens et citoyens et sur leurs
les lieux publics diminue leurs liber- libertés, du déve-
tés individuelles loppement de la
vidéosurveillance

Sujet 12 ville Le développement Déterminer en quoi Le sujet demande

Thème : les villes et mal-vie important de l’ur- les villes (lieux de prendre position
l’urbanisation inconfort banisation de civilisation et par rapport à un
nuisances d’art), peuvent en- point de vue qui est
mal-être gendrer des maux entièrement négatif
multiples et rendre
la vie difficile
Sujet 13 diversité des cultures L’existence de nom- Déterminer si le Le sujet demande
Thème : culture et richesse inestimable breuses cultures nombre important de chercher en
cultures différentes des cultures qui quoi la diver-
existent constitue sité des cultures
une richesse pour est une richesse
tous, ou présente et éventuellement
des inconvénients de donner un avis
(qui ne sont pas moins optimiste
abordés)

280
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : a n a l y s e r l e s u j e t
➤ On peut remarquer que, dans les trois cas, le sujet
tend à orienter la réflexion dans deux directions :
justification du point de vue énoncé (la surveillance
électronique sécurise / la ville a bien des aspects
négatifs / la diversité culturelle est une richesse) puis
recherche d’objections permettant de compléter une
EXERCICE 15
Reprise du sujet proposé
Sujet 14 ((thème : risque et progrès) : Partagez-
vous l’opinion de Bertrand Russell, lorsqu’il écrit :
« Actuellement la technique scientifique progresse
à la façon d’une vague de chars d’assaut qui
auraient perdu leur conducteur : aveuglément,
impitoyablement, sans idée ni objectif » ?
Répondez de manière personnelle à cette ques-
tion. Votre réponse sera illustrée d’exemples
précis pris dans le corpus et dans vos lectures.
1. VRAI. Il n’y a pas d’indication chronologique On
peut traiter le sujet sans savoir qui est B. Russell
(1872-1970), mais compte tenu de la citation il est
intéressant de savoir qu’il a fondé le Tribunal Rus-
sell contre les crimes de guerre au Vietnam et contre
l’utilisation de l’arme atomique.
2. FAUX
3. VRAI. On peut traiter le sujet sans savoir qui est
EXERCICE 16
● Analyse du sujet 15
THÈME MOTS-CLEFS
L’art pays
comprend pas
art
esclaves
robots
● Les propositions qui correspondent à une interprétation exacte du sujet sont les suivantes :
– Proposition 2 : elle reformule correctement la consigne.
– Proposition 3 : elle explicite correctement la citation d’Ionesco.
– Proposition 5 : elle explicite (partiellement) la citation d’Ionesco.
– Proposition 10 : elle traduit le contenu de la citation.
➤ Dans l’ensemble des propositions, il faut enlever
celles qui font contresens comme les propositions
4 et 9 et celles qui interprètent le sujet en le défor-
mant et en faussant le sens comme les propositions
1 et 8. Enfin, il faut remarquer que la proposition 6
interprète correctement le sujet mais fait référence
à une question alors que le point de départ est une
affirmation catégorique. Quant à la proposition 7, elle
CHAPITRE
23
réflexion qui ne peut se limiter à un seul aspect des
choses (la surveillance peut faire peur et donne le
sentiment d’une liberté surveillée / la ville est aussi un
lieu de développement et d’enrichissement / la diver-
sité des cultures provoque parfois certaines formes
d’intolérance).
B. Russell, mais (cf. question 1) le situer dans le
temps pour expliciter l’adverbe actuellementt et ses
options idéologiques personnelles, rendues publi-
ques par ses prises de position, est important.
4. VRAI
5. VRAI
6. FAUX
7. 8. 9. 10. VRAI
➤ Les deux seules questions qui posent problème
sont les questions 1 et 3. Elles attirent l’attention sur la
nécessité de savoir situer les auteurs de points de vue
qui sont donnés comme base de réflexion. Connaître
leurs dates, certaines de leurs options idéologiques
et ce qui caractérise leur pensée ou leurs prises de
position peut aider considérablement à comprendre
un sujet et peut orienter la recherche d’idées.
DOMAINE ENVISAGÉ PROBLÉMATIQUE
L’art et ses fonctions dans La situation – esclavage,
un État robotisation, déshumani-
sation des gens qui vivent
dans un pays où l’art
n’existe pas
est incomplète parce qu’elle parle de travail et non
d’esclavage et de robotisation, ce que le travail n’est
pas toujours.
L’exercice permet de travailler la notion de reformu-
lation de sujet et d’observer où et comment se font
les glissements qui faussent le sens et conduisent à
des approximations dans l’argumentation quand les
points de départ ne sont pas assez rigoureux.
281
 EXERCICE 17
Sujet 1 : démarche 2. Le sujet demande de prendre
position sur une prise de position, celle de J. Rich-
Harris, sans en rester uniquement à l’idée de non-
responsabilité des parents.
Sujet 2 : démarche 2. La première réduit le sujet à
néant, la troisième va contre la réalité de la photo.
EXERCICE 18
● Proposition 1 : FAUX. Au contraire, le sujet d’écri-
ture personnelle prend appui sur les documents du
corpus et renvoie au thème au programme. Cette
particularité de l’enseignement de culture et expres-
sion en BTS est expressément indiquée dans le B.O.
qui définit l’épreuve (voir le chapitre 1).
● Proposition 2 : VRAI. Le sujet d’écriture person-
nelle portant sur un des deux thèmes au programme,
il est indispensable de les avoir traités tous les deux
pour avoir des connaissances précises et pertinentes.
● Proposition 3 : FAUX. Le candidat doit donner
un point de vue personnel, mais celui-ci doit être
étayé et nourri de tout ce qu’il a appris, de toutes
PROLONGEMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
● Expression de la certitude
Adverbes (locutions adverbiales) : sans aucun
doute / assurément / à coup sûr / infailliblement /
évidemment / sans conteste / sans contestation…
Adjectifs : évident / certain / sûr / indéniable / indu-
bitable / indiscutable / manifeste…
Verbes : affirmer / assurer / attester / certifier / sou-
tenir / garantir…
● Expression du doute
Adverbes : peut-être / sans doute / éventuellement /
probablement…
Adjectifs : incertain / improbable / douteux / hési-
tant / indécis / irrésolu…
Verbes : douter / ne pas être certain, sûr… / hésiter /
balancer…
282
Sujet 4 : démarche 2. Les propositions 1 et 3 sont
trop catégoriques et exclusives.
Sujet 8 : démarche 1. Les propositions 2 et 3 sont
trop réductrices.
les connaissances acquises, parmi lesquelles il peut
faire un ou plusieurs choix personnels.
● Proposition 4 : VRAI. Le candidat doit utiliser ce
qu’il a fait et appris au cours des deux années de pré-
paration : devoirs, cours, débats, lectures ; exposés,
recherches… Les sujets renvoient toujours aux docu-
ments du corpus et aux connaissances personnelles.
● Proposition 5 : FAUX. Il arrive que certains sujets
orientent vers un certain type de démarche ; mais ce
n’est pas toujours le cas. Il ne faut donc pas essayer
de plaquer un plan sur un sujet. Le plan est associé
à la consigne, mais il dépend aussi de la citation ou
de l’opinion initiale.
➜ p. 228
● Expression du refus catégorique
Adverbes : ne… pas / ne… pas du tout / absolu-
ment pas…
Adjectifs : négatif / opposé / hostile / antagoniste /
incompatible / adverse / antinomique…
Verbes : démentir / refuser / récuser / réfuter /
contester / interdire / empêcher / contrecarrer…
EXERCICE 2
Aléatoire : certain, assuré
Aliéné : libéré, sain d’esprit
Distorsion : harmonie, accord, adaptation, confor-
mité, concordance
Éventualité : certitude, nécessité, réalité
Erroné : exact, juste, correct
Exhaustif : incomplet, partiel
Fallacieux : franc, honnête, loyal, droit, sincère, réel,
sûr
Fortuit : nécessaire, obligatoire, inévitable
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : a n a l y s e r l e s u j e t
Indigent : pourvu, riche, fortuné, productif
Insidieux : franc, honnête, direct
Péricliter : réussir, prospérer
Perpétuel : court, éphémère, momentané, passager,
temporaire, discontinu
Potentiel : sûr, assuré, certain
EXERCICE 3
Termes dont on peut dire qu’ils sont connotés plu-
tôt négativement : prétendre / assertion / approxi-
mation / parodie / allégation / prétexte / sophisme /
argutie. Les autres sont plutôt neutres, mais il faut
rappeler que l’environnement textuel joue un rôle
important dans les connotations.
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 5
– Je partage tout à fait l’idée selon laquelle le bilan
de la science n’est pas que négatif.
– Le bilan de la science n’est pas que négatif :
c’est aussi mon point de vue.
– J’adhère au point de vue selon lequel le bilan de
la science n’est pas que négatif.
– Avec X, je pense que le bilan de la science n’est
pas que négatif.
– On a pu dire que le bilan de la science n’est pas
que négatif : c’est tout à fait mon avis.
EXERCICE 6
– Selon A. Jacquard / d’après A. Jacquard /
comme l’a dit A. Jacquard / comme l’a écrit
A. Jacquard : « La science est une entreprise
collective […] et c’est à nous de l’orienter ».
– De nombreux penseurs considèrent, comme
(avec) A. Jacquard, que… et que…
– Tout le monde devrait adhérer à l’idée d’A. Jac-
quard quand il écrit que « … » et que «… »
– Je suis d’accord avec A. Jacquard lorsqu’il dit
que « la science est une entreprise collective »,
mais je ne partage pas l’idée que « c’est à nous
de l’orienter ».
– Je suis d’accord avec A. Jacquard (je partage le
point de vue d’A. Jacquard) quand il écrit que…
et que…
CHAPITRE
23
– Tous ceux, et ils sont nombreux, qui pensent
avec A. Jacquard que « la science est une entre-
prise collective » ne partagent pas nécessairement
la suite de son idée, à savoir que « c’est à nous de
l’orienter ».
– Je pense que tous ceux qui ne partagent pas
l’idée d’A. Jacquard selon laquelle « la science est
une entreprise collective et […] c’est à nous de
l’orienter » commettent une erreur.
– Il faut absolument que chacun prenne conscience
de l’importance de ce que dit A. Jacquard : « La
science est une entreprise collective […] et c’est à
nous de l’orienter ».
EXERCICE 7
1 Reformulations
L’accès au savoir obligatoire, laïc et gratuit, n’a pas
suffi pour libérer l’homme d’aujourd’hui.
L’homme d’aujourd’hui n’a pas été libéré par le
décret qui a rendu l’accès au savoir obligatoire,
laïc et gratuit.
L’accès au savoir a été décrété obligatoire, laïc
et gratuit, mais cela n’a pas suffi à rendre libre
l’homme d’aujourd’hui.
2 Transformations
– D’après Louis Legrand, l’accès au savoir obli-
gatoire, laïc et gratuit, n’a pas libéré l’homme
d’aujourd’hui : je partage tout à fait son point de
vue.
– Tout le monde ne pense pas, comme Louis
Legrand, que l’accès au savoir obligatoire, laïc et
gratuit, n’a pas libéré l’homme d’aujourd’hui.
– Contrairement à ce que dit Louis Legrand,
certains pensent que l’accès au savoir obligatoire,
laïc et gratuit, a suffi, par un décret, à libérer
l’homme d’aujourd’hui.
– Louis Legrand pense que l’accès – par un décret –
au savoir obligatoire, laïc et gratuit, a suffi pour
libérer l’homme d’aujourd’hui et celui qui pense
comme lui a tout à fait raison.
– Louis Legrand pense que l’accès – par un décret –
au savoir obligatoire, laïc et gratuit, a suffi pour
libérer l’homme d’aujourd’hui mais celui qui pense
comme lui n’a que partiellement raison.
283
 CHAPITRE
24 L’écriture
personnelle :
trouver des idées
Livre de l’étudiant ➜ p. 229 à 235

A P P R O C HES ➜ p. 229

EXERCICE 1
Les sources d’idées pour le tra
avail d’écriture person- – la culture personnelle du candidat : tout ce qu’il a
nelle sont les suivantes : appris au cours de ses études, pendant et avant ses
– les documents du corpus ; études en STS, grâce à ses lectures personnelles,
en allant au cinéma, en observant ce qui se passe
– les connaissances acquises
es lors de l’étude des
autour de lui…
deux thèmes
d hè au programme la deuxième année de
préparation du BTS ;

EXERCICE 2
N.B. Nous ne donnons ici que quelques éléments
de réponse, à titre d’exemples, étant entendu que la
caractéristique de l’exercice est, d’une part, de mon-
trer comment peut se mettre en place une recherche
d’idées et, d’autre part, de révéler les directions dans
lesquelles vont les réactions des étudiants à l’évoca-
tion de certaines notions.

MOTS-CLEFS MOTS OU EXPRESSIONS RÉFÉRENCES

Luxe Argent, richesse, ce que l’on n’a pas, ce
dont on rêve, magasins, bijoux, parfums,
marques, décorations de Noël, centre
commercial, voitures, pauvreté, manque.
Certaines campagnes publicitaires pour des
produits de luxe, Guerlain, Dior, Vuitton…
Affiches et catalogues d’agences de voyages ;
catalogues de décoration ; livres d’art ; revues
mettant en scène des gens célèbres comme les
actrices et les acteurs de cinéma ; descriptions
d’intérieurs luxueux (Zola, La Curée) ; descriptions
de soirées mondaines (Proust) ; tableaux
représentant des scènes de bal ou de réception du
XIXe siècle : Monet, Caillebotte, Tissot.

Sites Usines, monde ouvrier, corons,
industriels terrils, dégradation, ruine, mine,
hauts fourneaux, abandon, recherche
esthétique, journée du patrimoine,
souvenir ; nostalgie, passé, prolétariat,
souffrances, réhabilitation, rénovation,
hommage ; mémoire.
Musée d’Orsay ; usines Menier à Noisiel, terrils
des régions minières transformés en pistes de ski
sur herbe, salines d’Arc-et-Senans.
Romans du XIXe siècle évoquant la vie du
prolétariat : Zola, Germinal,
l Carnets d’enquêtes,
L’Assommoirr ; Hugo, Les Misérables ; textes
poétiques d’É. Verhaeren.
Tableaux représentant le monde ouvrier.
Sauvegarde du patrimoine, d’E. de Roux.

284

Table rase Disparition ; suppression, destruction,
reconstruction, refus du passé, oubli,
esprit nouveau, création, rupture,
renouvellement, évolution, progrès,
révolution, abolition.
Voyages Avion, bateau, pays lointains, découverte,
exotisme, dépaysement, paysages,
cultures, langues, habitudes, aventure,
dangers, nouveauté, récits de voyages,
imagination, réalité, vacances, civilisation
des loisirs, mondialisation, agence de
voyages.
Télévision Images, informations, débats, chaînes,
émissions, séries, films, direct,
différé, réalité, mensonges, reportage,
journalistes, animateurs, passer à la
télévision, notoriété, crédibilité, « on
en parle à la télé », « vu à la télé », télé-
réalité, censure, câble, TNT.
EXERCICE 3
– Je trouve que le luxe est un bien parce qu’il donne
naissance à des produits et à des créations esthé-
tiques.
– Je trouve que le luxe est un mal parce qu’il rend
encore plus criantes les différences sociales.
– Je trouve qu’il faut faire « table rase » des sites
industriels parce que ce sont des vieilleries et des
ruines qui ne servent plus à rien : place à l’avenir !
– Je trouve qu’il faut préserver les sites industriels
EXERCICE 4
1 Thèse : le luxe est un bien.
Texte de Fénelon : idées 3 et 7 ;
Texte de Voltaire : idées 1 et 2 ;
Texte de J. Castarède : idées 1 (partiellement), 2 (pour
certains), 3, 4, 5, 6 ;
Tableau d’A. H. Gervex : idées 1, 2 et 3 (partielle-
ment).
2 Thèse : le luxe est un mal
Texte de Fénelon : idées 1, 2, 4, 5, 6, 8 ;
Texte de Voltaire : aucun point de vue négatif ;
Texte de J. Castarède : idées 1 (partiellement), 2 (pour
certains) ;
Tableau d’A.H. Gervex : idées 1, 2 et 3 si on consi-
dère ces représentations du luxe comme l’illustration
d’une inégalité sociale difficilement acceptable.
CHAPITRE
24
La Révolution française et l’abolition des
privilèges ; « Tabula rasa » d’Aristote, P. Valéry.
Cyrano de Bergerac, États et Empires de la lune
et du soleil,
l B. Cendrars, J. Verne, J. London,
N. Bouvier, Ella Maillard, A. David-Néel, Philéas
Fogg, le commandant Cousteau, H. Tazieff,
B. Chatwin, A. Londres, Stevenson, Conrad
Ushuaia, N. Hulot, Titanic, conquête spatiale,
Théodore Monod.
« Les Guignols de l’info », titres divers
d’émissions ; noms d’animateurs connus, titres de
séries policières, d’émissions récurrentes.
qui sont les témoins restants d’une époque qui a
façonné la nôtre et qui est essentielle dans l’évolu-
tion vers le modernisme.
– Je pense que cela ne vaut plus la peine de voyager
parce que l’uniformisation du monde a rendu sem-
blables tous les paysages.
– Je pense que le voyage a conservé tout son sens et
toute sa valeur : la civilisation ne s’est pas installée par-
tout et beaucoup de pays méritent qu’on s’y arrête.
Remarques : certaines idées peuvent figurer dans
les deux thèses, sans contradiction. Certaines
caractéristiques du luxe peuvent en effet être vues
soit de manière négative, soit de manière positive en
fonction de ceux qui les jugent. Ainsi, le luxe perçu
comme un moteur économique et un facteur de
progrès est jugé négativement par Fénelon, qui voit
en lui un élément de destruction de l’ordre social ;
au contraire Voltaire voit dans le luxe un élément
de progrès, de développement et de créativité qui
lui semble très positif. Il est intéressant d’observer
que les différences de point de vue sont révélatri-
ces d’une époque et de ses valeurs : à l’austérité
morale prônée par Fénelon au XVIIe siècle s’oppose
une forme d’hédonisme que revendique Voltaire au
siècle des Lumières. Dans le texte de Fénelon, il y a
285
 un porte-parole, qui est Mentor, et des points de vue
favorables au luxe qui ne sont ni ceux de Mentor ni
ceux de Fénelon. Dans la détermination des idées,
de leurs connotations et de leurs sources, il convient
donc d’être vigilant et d’attirer l’attention des étu-
diants sur les risques de confusion.
EXERCICE 5
Cet exercice impliquant un choix personnel des
étudiants, nous ne donnons pas de réponse. Il
serait utile de préciser (cela n’a pas été fait dans
la consigne) que la réponse peut, et même doit,
Entre la synthèse de documents et l’écriture personnelle, on peut mettre en évidence
EXERCICE 6 les différences suivantes dans l’utilisation des documents :
SYNTHÈSE DE DOCUMENTS
– On exprime uniquement des idées qui figurent dans
les documents, sans ajouter rien de plus.
– On doit tenir compte de tous les documents et de
toutes les idées importantes qu’ils comportent à partir
du moment où ces idées se regroupent ou s’opposent.
> Les idées des documents constituent à elles seules
la matière de la synthèse, matière avec laquelle on
construit le devoir, indépendamment de tout sujet
imposé.
EXERCICES 7 ET 8
Les consignes des exercices 7 et 8 demandant de
faire un choix personnel parmi les idées qui sont
proposées, nous ne donnons pas de réponse à ces
EXERCICE 9
Récapitulation des démarches pour trouver des
idées pour l’écriture personnelle :
– lecture attentive du sujet ; détermination des mots-
clefs, du domaine concerné, de la problématique et
de la démarche mise en jeu ;
– à partir des mots-clefs : réactions personnelles
immédiates, recherche de mots et associations
d’idées et de notions : synonymes, contraires, mots
proches par connotations…
– remémoration / recherche d’exemples, de situa-
tions, de faits, d’auteurs, d’ouvrages, d’images, de
286
Il n’est pas facile d’exploiter la représentation icono-
graphique : les idées que l’on en tire peuvent figurer
dans les deux orientations : le luxe qui y est repré-
senté conduit en effet à des jugements opposés. À la
réalité esthétique s’oppose l’idée que ce luxe révèle
indirectement le caractère inégalitaire de la société.
comporter des idées qui ne figurent pas dans les
documents du corpus. C’est une différence impor-
tante (entre autres) entre la synthèse et l’écriture
personnelle.
ÉCRITURE PERSONNELLE
– On peut utiliser toutes les idées que l’on veut à
condition qu’elles soient pertinentes.
– On peut faire un choix parmi les idées que l’on
trouve dans les documents et ailleurs.
– On n’est pas tenu de reprendre toutes les idées des
documents du corpus.
> Les idées des documents sont à la disposition du
candidat qui peut les utiliser ou non, en fonction de
l’orientation de son devoir, orientation voulue par un
sujet.
deux exercices : il appartient à chaque étudiant de
faire son propre choix et de classer les idées pour
ébaucher une réponse personnelle.
films, de questions traitées lors de l’étude du thème…
qui ont une relation immédiate ou plus lointaine avec
les mots-clefs ;
– puisqu’on demande toujours un jugement person-
nel, construire une réponse immédiate du genre :
je pense que… parce que / je suis d’accord avec…
parce que ou je ne pense pas que… parce que / je ne
suis pas d’accord avec… parce que.
Ces différentes démarches ne suivent pas un ordre
impératif : on peut inverser les deux dernières. La
première démarche reste toujours l’analyse précise
du sujet.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : t r o u v e r d e s i d é e s
A P P L I C ATION
EXERCICE 10
On peut observer actuellement des modifications dans les relations entre le médecin et ses patients.
– À notre époque, et de plu us en plus, le patient
choisit son médecin alors q que la tradition était
plutôt d’adopter le médecin de famille. On assiste
à une sorte de « nomadisme » médical qui conduit
le patient à chercher le médecin qui répondra à ses
attentes, même et surtout si celles-ci sortent un peu
du cadre déontologique.
EXERCICE 11
Il est très difficile pour un comédien d’incarner une personnalité politique vivante.
– Une première difficulté, lorsqu’un comédien doit
incarner une personnalité politique encore en vie,
vient de ce que le comédien peut se trouver avoir des
opinions politiques personnelles opposées à celles
de la personnalité qu’il doit incarner. La règle est
alors, selon H. Mirren, d’oublier ses opinions provi-
soirement, pour qu’elles n’interfèrent pas dans le jeu.
Pire encore, le comédien peut éprouver un véritable
ressentiment. Il lui faut alors l’oublier (ou refuser le
rôle) pour éviter d’en imprégner son personnage.
– À cette première difficulté s’en ajoute une autre.
Comment distinguer la personne de son rôle politi-
que ? Et comment interpréter les deux simultané-
ment ? D’un côté il y a un être humain et de l’autre une
fonction remplie par cet être humain. Il faut beaucoup
EXERCICE 12
Il est très difficile de sortir de l’exclusion, malgré les efforts conjugués de ceux qui y sont et de ceux qui
les aident de l’extérieur.
– Les exclus semblent prisonniers d’une situation qui
les « coince » et les maintient dans une sorte d’obs-
curité. Leur situation semble sans issue, comme le
montre le dessin de Soulas.
– Il semble que la situation d’exclu entraîne assez
rapidement un état qui empêche le retour dans la
société : alcoolisme, dégradation physique, perte des
repères et du sentiment du temps, accoutumance à
une vie d’errance, de souffrance et de violence. Cela
se voit au fait que, comme le signale J. Hassin, les
CHAPITRE
24
➜ p. 234
– On remarque également que la relation entre
médecin et patient est devenue contractuelle : c’est
en quelque sorte une prestation de service comme
une autre, qui définit le rôle de chacun. Il n’est donc
pas impossible qu’un patient demande à son méde-
cin de l’aider à accomplir certaines performances,
particulièrement dans le domaine du sport.
travailler pour cela et avoir bien conscience de la
nature des difficultés : ce que l’on voit de l’extérieur
est essentiellement la fonction, mais il faut savoir
aussi rendre ce qui fait l’être humain plus secret.
– Enfin, la grande difficulté est de « devenir » le per-
sonnage en dépassant ce qui pourrait n’être qu’une
imitation. Retrouver une manière d’être, de marcher,
de parler qui s’apparente de très près à celle de la
personne qu’on incarne est indispensable mais exige
une longue préparation, notamment pour ce qui est
de parler et il vaut mieux pour cela être aidé par
des spécialistes. La comédienne H. Mirren affirme
qu’elle pensait ne jamais parvenir à incarner la reine
Élisabeth II, rôle qui lui a valu une grande célébrité et
qui a été largement récompensé.
différents rendez-vous de marginaux avec un méde-
cin, une infirmière, une assistante sociale sont pres-
que toujours ratés.
– Il apparaît aussi que les travailleurs sociaux qui s’oc-
cupent des SDF ont une action qui se révèle parfois
limitée : ils peuvent aider les marginaux, mais ils ne
peuvent les accompagner longtemps dans tous les cas.
Et il arrive que le retour à une vie « normale » confronte
ceux qui sortent de la marginalité à de nouvelles difficul-
tés, comme les dettes, ou une situation irrégulière.
287
 – Les médecins et les travailleurs sociaux qui s’oc-
cupent des SDF rapportent que leur aide et leurs
actions sont souvent très mal accueillies, par de
la violence, des insultes et des refus. Au-delà de
la compréhension et de la générosité, cette tâche
EXERCICE 13
Représentations et perceptions opposées du travail humain.
1 – L’image du travail que se font des jeunes
demandeurs d’emploi est tout à fait positive et révèle
ce qu’ils attendent avec impatience et optimisme :
une expérimentation de leurs connaissances et l’uti-
lisation de ce qu’ils ont appris ; l’espoir de progres-
ser mais aussi de se voir confier des responsabilités.
Ils attendent également une reconnaissance de ce
qu’ils font, des appréciations, et pensent que le tra-
vail constitue une valeur humaine enrichissante. Il
ne s’agit pas uniquement, pour eux, de « gagner sa
vie », mais de savoir utiliser intelligemment ses com-
pétences. On perçoit à travers leurs représentations
une envie de travailler mais aussi des images qui ris-
quent d’être écornées par la réalité.
– Le travail peut apparaître sous un jour tout à
fait négatif dans le cas de harcèlement moral : la
personne qui travaille se trouve exploitée, infério-
risée, humiliée, avec le sentiment de n’avoir plus
aucune valeur personnelle. Elle ne voit pas son tra-
vail reconnu ; pire, il est officiellement dévalorisé.
Elle n’est pas récompensée de ses efforts, qui sont
niés : elle tombe dans un état de stress d’autant
EXERCICE 14 Éléments d’un débat contradictoire sur le développement de la vidéosurveillance.
ÉLÉMENTS FAVORABLES À LA VIDÉOSURVEILLANCE
– La surveillance a pour finalité de lutter plus
facilement contre le terrorisme, notamment en
Angleterre : idée que plus il y a de surveillance, plus il
y a de sécurité.
– Il existe des « garde-fous » légaux protégeant les
citoyens contre des abus ; en France, l’installation
de caméras de surveillance est soumise à un avis
préfectoral et à une commission présidée par un
magistrat.
– La vue d’un centre de contrôle de la RATP rassure :
on se dit que si les quais du métro sont surveillés en
permanence, cela doit dissuader ceux qui cherchent à
faire un mauvais coup.
288
exige un grand professionnalisme, pas d’improvisa-
tion : les médecins, en particulier, doivent revoir leur
manière de travailler : ils savent en effet que, sans
doute, ils ne pourront pas guérir ces malades d’un
genre particulier.
plus douloureux que personne n’est là pour l’aider
et que si elle s’absente pour raison de santé, elle
peut craindre d’être encore plus maltraitée ensuite.
On a là une image très négative du travail et une
conception inhumaine, qui est d’ailleurs sanction-
née par la loi.
– Une autre image du travail apparaît dans certains
propos tenus par les jeunes héros du roman de
B. Vian L’Écume des jours. Cette image, à laquelle
n’adhèrent pas les personnages, renvoie à la tradi-
tion. C’est celle d’une sacralisation du travail, ce der-
nier étant considéré a priori comme un bien, comme
ce qui permet à l’être humain de se réaliser, voire
de compléter son éducation morale. Pour les deux
héros du roman, cette idée relèverait plutôt d’un
bourrage de crâne destiné à faire oublier une triste
condition et à exploiter les travailleurs.
2 La seconde partie de l’exercice pourrait faire
l’objet d’une question : « Que représente pour vous,
personnellement, le travail ? » dont les réponses
pourraient compléter les arguments trouvés dans
les textes.
ÉLÉMENTS OPPOSÉS À LA VIDÉOSURVEILLANCE
– Les gens filmés par les caméras de vidéosurveillance
ne savent pas ce que deviennent leurs images, où elles
sont conservées et pourquoi, par qui, et à quoi elles
sont utilisées.
– On peut se demander ce qu’il en est de la protection
de la vie privée et si les enregistrements sont
réellement détruits au bout d’un mois.
– La surveillance fait que ceux qui surveillent gardent
la trace de nos allées et venues et nous ne savons
pas ce qu’ils peuvent en faire : il y a là une forme
d’intrusion dans la vie privée de chacun.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : t r o u v e r d e s i d é e s
Un sondage effectué en 2007 montre que les
personnes interrogées sont nettement favorables au
développement de la vidéosurveillance, qui leur paraît
être un rempart contre l’insécurité.
➤ D’un côté, on insiste beaucoup sur la sécurité
liée à la vidéosurveillance, sans toujours s’interroger
sur les véritables garanties qui l’accompagnent ; de
EXERCICE 15
Sujet : Jadis, les voyages visaient à découvrir des terres inconnues. À l’époque de la mondialisation, ils
ont perdu ce charme et nous montrent surtout les dégradations humaines.
Vous direz si vous partagez, personnellement, ce point de vue. Prenez appui sur les documents du corpus
et sur vos réflexions et connaissances.
Idées venues des différents documents :
– Les récits de voyage maintiennent l’idée qu’il existe
toujours un Orient de rêve, chargé de mystère, de
royaumes fabuleux, de richesses insoupçonnées,
qui nourrissent les rêves d’un ailleurs dépaysant et
magique. J.M. de Heredia présentait ce rêve comme
celui des conquistadors de la Renaissance. Pour
M. Le Bris, il existe toujours.
– Il y eut une époque où le voyage, même en avion,
signifiait l’aventure : l’affiche de Vasarely pour Air
France rappelle les temps héroïques de la traver-
sée de l’Atlantique vers un continent fascinant et un
immense pays en friche, le Brésil ; depuis, les trans-
ports se sont modernisés et développés : on va plus
vite plus loin, avec en tête un rêve d’exotisme, de
civilisations différentes, de découvertes.
– Pour C. Lévi-Strauss, pourtant, ce rêve appartient
au passé et la magie des voyages s’est bien estom-
pée, vaincue par l’uniformisation industrielle des
régions inconnues. On peut partager cette vision très
pessimiste, qui montre, partout, les sous-produits
nocifs de la civilisation et du progrès, les construc-
CHAPITRE
24
– La CNIL dénonce les risques d’utilisation abusive
de toutes les données traitées par l’informatique :
beaucoup de ces données sont confidentielles et on
peut se demander quel est le degré de sécurité dont
bénéficie le citoyen qui confie à l’ordinateur des
précisions importantes sur sa vie privée et sur son
compte en banque, par exemple.
l’autre, on peut s’inquiéter d’être ainsi constamment
surveillé sans savoir ce qu’il en est des enregistre-
ments de nos faits et gestes.
tions qui viennent détériorer les côtes, gâcher les
paysages, la présence humaine qui a pour consé-
quence les déforestations, les exploitations minières,
la pollution des mers.
– La découverte de l’inconnu est parfois gênée par
les voyages organisés et au cours de ces voyages :
leur organisation fait que le voyageur est pris en
charge et libéré de toute organisation, mais n’est-il
pas de ce fait conduit sur des sentiers balisés et des
itinéraires tout faits, qui le font passer au large de
certaines merveilles qu’il aurait vues autrement, et
de manière plus agréable, moins stéréotypée ?
– Le tourisme de masse uniformise les pays que l’on
visite en groupe et transforme le rêve individuel en
réalité conventionnelle et adaptée, partagée par une
foule souvent venue davantage pour pouvoir dire
qu’elle y était, qu’elle a vu ou mieux « fait » tel pays,
tel monument, tel site.
– Mais il est toujours possible de partir à la décou-
verte, hors des parcours conventionnels, et même
parfois simplement de s’écarter un peu pour retrou-
ver le rêve…
289
 PROLONGE M E N T S
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 1
Nous donnons ici des exemples de réponses.
1 Je ne suis pas d’accord : ce n’est pas tant le
voyage – encore moins le pays découvert – qui
provoque la déception que l’état d’esprit dans
lequel on voyage. Comme le disait Sénèque dans
les Lettres à Lucilius, si l’on ne trouve pas la paix
de l’âme au cours des voyages que l’on fait, ce
n’est pas de pays qu’il faut changer, mais d’âme.
2 Je suis d’accord pour dire que dans toute
entreprise, l’objectif est fondamental, mais il ne
faut pas qu’il prenne le dessus au point que l’on
oublie les modalités pour y arriver. Il n’est pas tou-
jours exact que la fin justifie les moyens.
3 Je suis d’accord avec cette déclaration. Tout
enfant doit recevoir une éducation qui lui apprenne
des valeurs et non être mis dans des situations de
guerre et de violence où on le dresse à détruire et
à renier ces valeurs.
4 Je partage cette façon de voir : le sport trans-
cende les différences et donne à chacun la pos-
sibilité de montrer de quoi il est capable, sans
obstacle de langue ni de culture.
5 Il est certain que le luxe est un moteur pour
l’économie, comme le disait déjà Voltaire au
siècle des Lumières ; mais, en même temps, il
fait ressortir des différences tellement criantes
et scandaleuses qu’on aimerait parfois un peu
moins d’étalage de luxe et un peu plus de justice
sociale.
6 Je suis d’accord avec cette affirmation, mais
avec quelques réserves : il est des professions qui
ne sont pas du tout épanouissantes. Le travail par-
ticipe à l’épanouissement d’un être humain lors-
qu’il est intéressant, fait avec plaisir et s’il valorise
celui qui le fait. Ces conditions sont loin d’être tou-
jours réunies.
7 J’hésite entre le oui et le non. Oui, parce
qu’un enfant ne sait rien et qu’il faut lui apprendre,
ce qui n’est pas toujours facile, des choses qu’il
ne comprend pas bien et qu’il n’accepte pas faci-
lement ; non, parce qu’il y a dans le mot « dres-
sage » quelque chose de péjoratif qui connote les
animaux savants à qui on a appris des comporte-
ments humains. Je trouve ce mélange choquant.
290
➜ p. 235
8 Je suis d’accord avec ce point de vue. Le
bonheur est quelque chose de subjectif, qui
prend des formes différentes selon les individus,
les époques, les conditions de vie, les pays.
9 Je suis d’accord avec ce point de vue : les
fêtes sont indispensables. Elles permettent aux
gens de se retrouver autour d’une raison com-
mune d’être heureux, de chanter, de danser, de
bien manger. Elles font naître ou révèlent l’appar-
tenance à une famille, à un groupe, à une com-
munauté : elles rompent un moment la routine
de la vie, la solitude des uns, les préoccupations
des autres. Elles donnent à chacun le sentiment
d’exister.
10 Je suis d’accord avec ce constat : le fait de
se savoir constamment filmé, dans les gares, les
magasins, les banques, les administrations, ne
donne pas nécessairement le sentiment d’être
plus en sécurité, mais celui d’être épié dans cha-
que déplacement. On finit par se demander où
est Big Brother !
EXERCICE 2
● Groupe d’idées 1 : l’auteur prend position contre
le luxe. Ce point de vue pourrait être exprimé sous
forme de thèse. On fait ainsi précéder les trois argu-
ments par les formulations suivantes :
– En ce qui me concerne, j’ai un jugement assez
sévère à l’encontre du luxe / je regrette certaines
caractéristiques du luxe à notre époque / je recon-
nais des qualités au luxe, mais il présente aussi
certaines caractéristiques que l’on peut regret-
ter / on peut considérer comme un luxe ce que
l’on ne possède pas ; cela n’enlève pas à cette
notion certains traits qu’on peut lui reprocher / je
ne suis pas d’accord avec l’éloge du luxe qui
transparaît du texte de J. Castarède.
● Groupe d’idées 2 : l’auteur prend position en
faveur du luxe, tout en reconnaissant certains élé-
ments négatifs.
– Pour ma part, j’aurais un avis partagé. Je trouve
qu’il faut considérer le luxe comme un élément
dynamique / je ne serais pas aussi sévère avec
le luxe / j’ai, à propos du luxe, un point de vue
mitigé / à propos du luxe, mon avis tient compte
de caractéristiques parfois opposées / à propos
du luxe, il est difficile d’avoir un point de vue
tranché…
CHAPITRE
25 L’écriture
personnelle :
construire le plan
Livre de l’étudiant ➜ p. 236 à 246

A P P R O C HES ➜ p. 236

EXERCICE 1 On peuut, pour répondre à cette question, reprendre le type de tableau qui figure dans
le chap
pitre 23 (Analyser le sujet). C’est une manière de rappeler la méthode.

SUJET MOTS-CLEFS PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET DEMANDE

DE FAIRE

Sujet 1 Jeeux vidéo, grand succès, Recherche de ce qui peut Le sujet demande, à
Thème : les jeux vidéo addultes, jeunes, expliquer permettre de comprendre partir d’un constat non
un phénomène de société discutable, de trouver
les explications d’un
phénomène.
Sujet 2 Jeux vidéo, apprentissage Relation paradoxale Le sujet demande de
Thème : les jeux vidéo scolaire entre les jeux vidéo, réagir au paradoxe d’un
qui relèvent du apprentissage des jeux
domaine ludique, et un vidéo à l’école, sous la
apprentissage qui se conduite d’un maître.
ferait à l’école
Sujet 3 Jeux vidéo, traitement, Relation établie entre Le sujet demande de
Thème : les jeux vidéo troubles psychologiques des jeux (rendus donner un avis sur une
parfois responsables situation inattendue
de comportements et qui peut paraître
perturbés) et le paradoxale.
traitement de troubles
psychologiques

EXERCICE 2
Remarque : même si la consigne de l’exercice ne le
demande pas explicitement, on peut suggérer aux
étudiants d’expliquer pourquoi certaines proposi-
tions de plan ne sont pas acceptables.
● Pour le sujet 1
– Suggestion 1 : le plan proposé n’est pas accep-
table car on ne peut pas aller contre le constat du
succès des jeux vidéo. La critique du sujet est non
pertinente – il ne s’agit jamais de discuter un sujet,
mais éventuellement le point de vue qu’il exprime –
et le plan stéréotypé thèse / antithèse / synthèse est
inadapté et incohérent.
– Suggestion 2 : suggestion pertinente. Le sujet
demandant de chercher les causes d’un phénomène,
il n’est pas nécessaire d’aller plus loin et le plan peut
se composer d’une succession de paragraphes
exposant différents types d’explications.
● Pour le sujet 2
– Suggestion 1 : le plan proposé est acceptable
car on peut ne pas partager du tout l’idée d’un
apprentissage des jeux vidéo à l’école. Dans ce
cas, la réponse peut se construire sous la forme de
plusieurs paragraphes exposant les raisons d’un
avis négatif.
291
 – Suggestion 2 : plus longue, la démarche proposée
est peut-être plus satisfaisante sur un plan « tradi-
tionnel » parce qu’elle prend en compte l’avis exposé
dans le sujet. Cela implique un plan en deux parties,
donc un travail plus développé. Il faut tenir compte
du fait que les étudiants disposent de quatre heures
et que la réalisation de la synthèse de documents
exige du temps.
● Pour le sujet 3
– Suggestion 1 : le sujet 1 suppose une attitude
de scepticisme à propos de faits analysés par des
thérapeutes. Dans la mesure où les bienfaits de
certains jeux sur certains enfants et adolescents
sont exposés par des psychanalystes, il est difficile,
quand on n’est pas soi-même spécialiste, d’émettre
des doutes fondés. L’orientation du plan 1 est donc
un peu dangereuse à la fois dans la première et dans
EXERCICE 3
– Rappel du sujet 1 : les jeux vidéo connaissent
un grand succès autant chez les adultes que chez
les plus jeunes. Comment, d’après vous, peut-
on expliquer ce phénomène ? Répondez à cette
question en prenant appui sur les documents du
corpus et sur vos propres connaissances.
– Rappel de la suggestion 2 : la nature du sujet
impose la présentation des causes d’un phéno-
mène. Vous cherchez donc, dans votre propre
expérience, dans vos observations et dans vos
lectures, ce qui peut expliquer ce phénomène.
Ce travail implique un plan en une grande partie
comportant plusieurs paragraphes argumentés
qui vont dans le même sens.
– Idées pertinentes : idées 1, 4, 7, 8, 11
1. Le jeu vidéo permet à des jeunes en situation dif-
ficile (échec scolaire, sentiment de non-reconnais-
sance, perte de certains repères, auto-dévalorisation,
déqualifications diverses), de reprendre confiance en
eux et de modifier une image négative. (L. Trémel)
EXERCICE 4
– Rappel du sujet 2 : pour Laurent Trémel (docu-
ment 3, p. 189) qui s’interroge sur l’utilisation des
jeux vidéo, il est tout à fait souhaitable que ces jeux
fassent l’objet d’un apprentissage, qui pourrait
même être scolaire. Vous donnerez votre point de
vue personnel sur cette question. Aidez-vous des
documents du corpus et de vos connaissances.
N.B. Les deux suggestions de plan étant accepta-
292
la seconde partie, où il est envisagé d’exposer les
raisons du scepticisme. Il faut avoir pour cela des
arguments spécialisés.
– Suggestion 2 : le plan proposé correspond à un
mouvement d’humeur, à une réaction négative du
genre « c’est n’importe quoi ! » qui n’est ni pertinente
ni acceptable à la fois dans son orientation, dans son
contenu et dans son registre.
– Suggestion 3 : on peut remarquer des analogies
entre la suggestion 1 et la suggestion 3 à cela près
que la première partie marque une adhésion aux
points de vue des thérapeutes et que la seconde
prend appui, très clairement, sur des arguments
énoncés dans certains documents, et avec lesquels
on peut être d’accord. C’est la suggestion 3 qui est
la plus pertinente.
4. En revanche, certains thérapeutes pensent que le
défoulement violent sans risque, puisque l’on reste
dans un monde virtuel, est un bon moyen d’extério-
riser ses pulsions violentes et ainsi de s’en libérer.
(P. Kremer)
7. Le jeu vidéo permet de jouer seul ou en réseau.
Il répond donc à deux tendances actuelles de la vie
sociale et tend à les développer : le repli individua-
liste ou les échanges informatisés. Cela explique
sans doute une partie de son succès.
8. Le jeu vidéo impose à celui qui joue de faire des
efforts pour gagner, par rapport à lui-même, à dépasser
ses performances : il met à rude épreuve la patience,
l’habileté manuelle, et peut ainsi contribuer au dévelop-
pement de compétences intellectuelles et manuelles.
11. Le jeu vidéo constitue un véritable passe-temps.
Certains considèrent qu’il offre, s’opposant ainsi
au stress de la vie professionnelle, un délassement
parce que la concentration qu’il impose fait disparaî-
tre toutes les préoccupations et tous les soucis.
bles, nous donnons ici les idées qui peuvent être
adoptées pour les deux plans.
– Rappel de la suggestion 1 : n’étant pas du tout
d’accord avec L. Trémel parce que vous pensez
que les jeux vidéo n’ont rien à voir avec l’école,
vous réfutez son idée d’apprentissage en une
seule grande partie argumentée qui expose, en
plusieurs paragraphes, votre propre thèse.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : c o n s t r u i r e l e p l a n
– Idée pertinente : idée 6
6. On imagine mal, à l’école élémentaire ou au col-
lège, des cours de jeu vidéo : on ne pense pas, en
général, que les enfants aient besoin d’apprendre
à jouer : ils savent le faire tout seuls et le jeu est
une affaire individuelle ou collective, mais sans la
présence des adultes. Que serait un « professeur de
jeu vidéo » ? Il est assez probable que le jeu vidéo
enseigné n’aurait plus aucun intérêt pour l’enfant,
du fait de l’empiétement sur le domaine ludique, de
quelqu’un qui incarne un autre domaine.
Autres idées : les enseignants sont en général oppo-
sés aux jeux vidéo, qu’ils jugent sévèrement, leur repro-
chant de développer la violence, de décorer le temps et
de détourner l’attention des élèves. On voit donc mal
ces jeux faire leur apparition officielle à l’école.
Il est probable que dans certains cas les jeux vidéo
en apprentissage à l’école renverseraient les rôles :
les enfants savent utiliser ces jeux souvent bien
mieux que les adultes.
– Rappel de la suggestion 2 : vous êtes partielle-
ment d’accord avec L. Trémel. Vous commencez
donc par expliquer sur quel(s) point(s) il vous
semble avoir raison (avis favorable à un appren-
tissage scolaire), puis dans une seconde partie
vous exposez sur quoi porte votre désaccord, ce
qui vous permet d’apporter soit des suggestions
nouvelles, soit certaines conditions d’utilisation
des jeux vidéo.
– Idées pertinentes : idées 1, 4, 8, 9, 10
1. Le jeu vidéo permet à des jeunes en situation
difficile (échec scolaire, sentiment de non-reconnais-
sance, perte de certains repères, auto-dévalorisation,
déqualifications diverses) de reprendre confiance en
eux et de modifier une image négative. (L. Trémel)
4. En revanche, certains thérapeutes pensent que le
défoulement violent sans risque, puisque l’on reste
dans un monde virtuel, est un bon moyen d’extério-
riser ses pulsions violentes et ainsi de s’en libérer.
(P. Kremer)
8. Le jeu vidéo impose à celui qui joue de faire
des efforts pour gagner, par rapport à lui-même, à
dépasser ses performances : il met à rude épreuve la
patience, l’habileté manuelle, et peut ainsi contribuer
EXERCICE 5
La réponse porte sur la suggestion 3 du sujet 3.
– Rappel du sujet : que pensez-vous de l’utilisa-
tion des jeux vidéo dans le traitement de certains
troubles psychologiques, utilisation exposée dans
le document 2 du corpus ? Répondez à cette
question en prenant appui sur les documents
CHAPITRE
25
au développement de compétences intellectuelles et
manuelles.
9. Les risques dont sont porteurs les jeux vidéo
peuvent être atténués si les joueurs sont capables
de prendre une certaine distance critique, du fait de
leur éducation ou de leur culture. On peut considérer
que les premières « victimes » des jeux vidéo sont
ceux qui n’ont pas cette capacité.
10. Par l’attention qu’il exige, par les règles qu’il impose,
les contraintes et les stratégies, le jeu vidéo se révèle
formateur. D’après certains psychanalystes, il aide à la
concentration, ce qui, semble-t-il, en fait une aide pour
les thérapeutes qui l’utilisent comme « remède » dans
différentes pathologies du comportement.
Remarque : les idées ci-dessus – 1, 4, 8, 9, 10 –
exposent le caractère bénéfique des jeux vidéo, ce
qui peut justifier qu’ils fassent l’objet d’un apprentis-
sage à l’école. Le point de vue opposé figure dans
l’idée 6 et dans les deux idées complémentaires. On
pourrait aussi considérer que certains risques pré-
sentés par L. Trémel comme inhérents aux jeux vidéo
(anesthésie, conditionnement politique, idées 2, 3 et
5 rappelées ci-dessous) sont de nature à orienter
vers la nécessité d’un apprentissage permettant de
développer l’esprit critique.
2. Un grand nombre de jeux vidéo encourent le
reproche de se faire les « vecteurs » d’une idéologie
libérale, qui suit, d’assez près, les conceptions géo-
politiques des États-Unis. On peut ne pas accepter
cette influence. (L. Trémel)
3. Les jeux vidéo sont souvent extrêmement violents :
ils donnent la possibilité, par personnage (avatar) inter-
posé, d’accomplir des actes violents, en massacrant
des populations entières. On peut craindre que les
enfants ne perdent, à trop jouer à ces jeux de destruc-
tion, à la fois certaines valeurs morales (le respect de la
vie) et la notion des limites entre la vie et la mort.
5. Un reproche fréquemment adressé aux jeux
vidéo, notamment par L. Trémel, est d’anesthésier
les joueurs, qui, à force de jouer en faisant abstrac-
tion de la réalité, finissent par la confondre avec le
monde virtuel. Un jeu comme « Second Life » permet
aux adultes de se créer une seconde vie à côté de
la première et de finir, dans certaines situations, par
substituer l’une à l’autre.
du corpus et sur vos propres connaissances et
réflexions.
– Rappel de la suggestion 3 : à la lecture du
document 2, vous essayez de comprendre et
d’expliquer en quoi les prises de position des thé-
rapeutes sont intéressantes, puis vous signalez
293
 que, selon vous, les jeux vidéo peuvent cependant
présenter certains dangers pour les plus jeunes.
Vous avez vos propres arguments personnels, ou
vous en trouvez dans le texte de L. Trémel et vous
les adoptez. Votre devoir comporte alors deux
parties, dont la seconde constitue une objection à
la première. Vous précisez votre position dans la
conclusion.
– Idées pertinentes : idées 1, 3, 4, 5, 8, 10
1. Le jeu vidéo permet à des jeunes en situation dif-
ficile (échec scolaire, sentiment de non-reconnais-
sance, perte de certains repères, auto-dévalorisation,
déqualifications diverses) de reprendre confiance en
eux et de modifier une image négative. (L. Trémel)
3. Les jeux vidéo sont souvent extrêmement vio-
lents : ils donnent la possibilité, par personnage
(avatar) interposé, d’accomplir des actes violents,
en massacrant des populations entières. On peut
craindre que les enfants ne perdent, à trop jouer à
ces jeux de destruction, à la fois certaines valeurs
morales (le respect de la vie) et la notion des limites
entre la vie et la mort.
4. En revanche, certains thérapeutes pensent que le
défoulement violent sans risque, puisque l’on reste
EXERCICE 6
Récapitulation / bilan
Sujet 1 sur les jeux vidéo
– Rappel du sujet 1 : Les jeux vidéo connaissent un grand succès autant chez les adultes que chez les
plus jeunes. Comment, d’après vous, peut-on expliquer ce phénomène ? Répondez à cette question en
prenant appui sur les documents du corpus et sur vos propres connaissances.
– Tableau d’analyse du sujet
SUJET MOTS-CLEFS
Sujet 1 Jeux vidéo, grand succès,
Thème : les jeux vidéo adultes, jeunes, expliquer
– Suggestion de plan 2 : la nature du sujet im-
pose la présentation des causes d’un phéno-
mène. Vous cherchez donc, dans votre propre
expérience, dans vos observations et dans vos
lectures, ce qui peut expliquer ce phénomène.
Ce travail implique un plan en une grande partie
comportant plusieurs paragraphes argumentés
qui vont dans le même sens.
– Construction du plan 2 comportant une seule
grande partie regroupant les idées suivantes :
Le grand succès rencontré par les jeux vidéo peut
294
dans un monde virtuel, est un bon moyen d’extério-
riser ses pulsions violentes et ainsi de s’en libérer.
(P. Kremer)
5. Un reproche fréquemment adressé aux jeux
vidéo, notamment par L. Trémel, est d’anesthésier
les joueurs, qui, à force de jouer en faisant abstrac-
tion de la réalité, finissent par la confondre avec le
monde virtuel. Un jeu comme « Second Life » permet
aux adultes de se créer une seconde vie à côté de
la première et de finir, dans certaines situations, par
substituer l’une à l’autre.
8. Le jeu vidéo impose à celui qui joue de faire
des efforts pour gagner, par rapport à lui-même, à
dépasser ses performances : il met à rude épreuve la
patience, l’habileté manuelle, et peut ainsi contribuer
au développement de compétences intellectuelles et
manuelles.
10. Par l’attention qu’il exige, par les règles qu’il
impose, les contraintes et les stratégies, le jeu vidéo
se révèle formateur. D’après certains psychanalys-
tes, il aide à la concentration, ce qui, semble-t-il,
en fait une aide pour les thérapeutes qui l’utilisent
comme « remède » dans différentes pathologies du
comportement.
PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET DEMANDE
DE FAIRE
Recherche de ce qui peut Le sujet demande, à partir
permettre de comprendre d’un constat non discutable, de
un phénomène de société trouver les explications d’un
phénomène.
s’expliquer par plusieurs de leurs caractéristiques :
A / Le jeu vidéo permet de jouer seul ou en réseau.
Il répond donc à deux tendances actuelles de la vie
sociale et tend à les développer : le repli individualis-
te ou les échanges informatisés. Cela explique sans
doute une partie de son succès.
B / Le jeu vidéo constitue un véritable passe-temps.
Certains considèrent qu’il offre, s’opposant ainsi au
stress de la vie professionnelle, un délassement par-
ce que la concentration qu’il impose fait disparaître
toutes les préoccupations et tous les soucis.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : c o n s t r u i r e l e p l a n CHAPITRE
25
C / Le jeu vidéo offre une compensation à ceux qui D / Les thèmes sur lesquels sont construits les jeux
souffrent de dévalorisation et d’échec, notamment vidéo peuvent expliquer leur succès : ils relèvent de
sur le plan social et scolaire : il offre la possibilité de la science-fiction, de l’heroic fantasy, du fantastique
faire preuve d’autres qualités et permet à certains de et de l’historique : certains sont en corrélation avec
retrouver confiance en eux. des films célèbres et développent ainsi la notion de
« culte » autour des intrigues et des personnages.

EXERCICE 7
Tableau d’analyse des sujets
SUJETS MOTS-CLEFS PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET DEMANDE DE
FAIRE

Sujet 4 Partisans, réforme, L’existence de raisons Le sujet demande de trouver

orthographe, défendre, cause
justifiant que l’on
envisage une réforme de
l’orthographe
les raisons qu’il y a de réformer
l’orthographe et de dire si l’on
est d’accord avec ces raisons,
qui sont humaines, sociales et
historiques.

Sujet 5 Ne pas écrire comme ça se Existence de règles Le sujet demande de réagir au

prononce imposant une point de vue (justifié dans un
orthographe qui ne des documents) d’une linguiste
soit pas uniquement qui récuse une orthographe
phonétique qui ne serait que phonétique.

Sujet 6 Difficile, réforme, Recherche des raisons Le sujet demande de chercher

orthographe, France
qui rendent difficile une
réforme de l’orthographe
en France
les obstacles qui s’opposent à
une réforme de l’orthographe
en France, et de prendre
position sur l’importance et sur
l’utilité d’une telle réforme.

➤ On remarque que les trois sujets prennent appui
sur les documents du corpus : le premier sujet prend
le corpus comme référence dès la première phrase ;
dans le second sujet, on trouve une citation venue
du document 2 ; le troisième sujet reprend une idée
énoncée dans le document 3. Les trois démarches
mises en jeu sont différentes : dans le premier sujet,
il est demandé d’analyser les justifications d’une
réforme ; dans le second, se trouvent abordées les
limites d’une réforme de l’orthographe et, dans le
troisième, ce sont les obstacles qui doivent être
envisagés.

EXERCICE 8
1 et 2 : On peut remarquer que dans chaque
groupe de suggestions, il y en a une que l’on peut
considérer comme plus acceptable que l’autre parce
qu’elle est plus nuancée, moins radicale et plus dans
la ligne du sujet.
– Sujet 4 : il est difficile d’adopter la suggestion 2,
qui pose que toute réforme de l’orthographe est
inacceptable et inutile, ce qui va à l’encontre des
analyses d’un certain nombre de linguistes. Il est
d’autre part impossible de soutenir que l’orthogra-
phe française ne présente aucune difficulté quand
on sait qu’elle comporte de nombreuses exceptions
à des règles difficiles et qu’il faut à un enfant des
années de travail pour la maîtriser. Pour le sujet 4, il
semble logique d’adopter la suggestion 1.
295
 – Sujet 5 : le sujet demande effectivement de s’inter-
roger sur la possibilité d’utiliser l’écriture phonétique. Il
paraît logique de soutenir dans une première orienta-
tion la position de D. Manesse, en exposant pourquoi,
dans certains cas, on ne peut pas, ou il vaut mieux
ne pas utiliser une orthographe phonétique, mais en
montrant ensuite qu’il est quand même important de
simplifier l’orthographe. La démarche (suggestion 1)
qui consiste à soutenir une thèse puis à la démolir n’est
EXERCICE 9
On peut répartir les idées de la manière suivante.
– Rappel du sujet 4
Les documents du corpus montrent que les par-
tisans d’une réforme de l’orthographe ont toutes
sortes de raisons pour défendre leur cause. Par-
tagez-vous ces raisons ? Répondez de manière
personnelle en prenant appui sur les documents
du corpus et sur vos connaissances.
– Rappel de la suggestion 1
Vous pensez que certains arguments des
défenseurs d’une réforme de l’orthographe sont
valides. Vous envisagez donc une première partie
dans laquelle vous exposez ces arguments (ceux
qui figurent dans les documents, et d’autres,
que vous approuvez) de manière positive. Mais
comme vous pensez que certains arguments sont
discutables, vous exposez vos réticences dans
une seconde partie en donnant des objections.
Vous utilisez des idées venues de vos lectures.
– Idées retenues : 1, 2, 3, 5, 6, 8, 10, 11, 12, 14
1. L’orthographe a besoin d’être réformée et plusieurs
tentatives ont déjà eu lieu, notamment en 1990. Les
raisons justifiant cette nécessité ne manquent pas.
2. L’orthographe française est particulièrement diffi-
cile : elle nécessite un apprentissage plus long que
l’orthographe anglaise ou italienne.
3. Les difficultés viennent pour beaucoup des
exceptions, que rien ne justifie, et qui paraissent
tout à fait aléatoires, ce qui les rend difficiles à
mémoriser.
5. Ce sont les modifications imposées à la langue
et à l’orthographe qui nous évitent d’écrire selon
l’orthographe de Madame de Sévigné, orthographe
qui rend ses textes très difficiles à lire.
6. Les mots ne sont pas intouchables : on peut en
modifier – simplifier – l’orthographe sans commettre
un crime contre la langue.
8. « Écrire comme ça se prononce » est rendu difficile
par les habitudes visuelles (on « voit » les mots écrits
de manière habituelle). Un changement demanderait
des adaptations sans doute difficiles.
296
pas quelque chose de constructif. On gardera donc la
suggestion 2.
– Sujet 6 : le sujet demande de prendre position
sur la difficulté de faire une réforme de l’orthogra-
phe et donc de chercher quels en sont les obsta-
cles, mais il ne demande pas de prendre position
sur la difficulté de faire n’importe quelle réforme,
en généralisant. On adoptera donc ici la sugges-
tion 1.
10. Certains pays d’Europe ont déjà effectué la
modernisation et la simplification de leur langue.
11. La simplification de l’orthographe permettrait
à de nombreux enfants de mieux réussir dans une
langue qui n’est pas toujours celle de leur culture.
12. On a remarqué qu’en France, ce ne sont pas
ceux qui ont le plus à souffrir de la complexité de
l’orthographe qui demandent sa simplification.
14. La tradition et l’attachement à une langue
classique constituent deux écueils importants sur
la voie de la modernisation de la langue et de l’or-
thographe.
– Rappel du sujet 5
On ne peut pas écrire comme ça se prononce, dit
la linguiste D. Manesse (document 2).
Qu’en pensez-vous ? Vous donnerez une réponse
personnelle appuyée sur les documents du cor-
pus et sur vos propres connaissances.
– Rappel de la suggestion 2 : puisqu’on vous
demande votre avis sur l’écriture phonétique, vous
commencez par chercher comment justifier, dans
une première partie, le constat de D. Manesse,
puis vous expliquez que même si on ne peut
écrire phonétiquement, on pourrait cependant
simplifier l’orthographe de certains mots.
– Idées retenues : 1, 2, 3, 4, 5, 7, 8, 11
1. L’orthographe a besoin d’être réformée et
plusieurs tentatives ont déjà eu lieu, notamment
en 1990. Les raisons justifiant cette nécessité ne
manquent pas.
2. L’orthographe française est particulièrement diffi-
cile : elle nécessite un apprentissage plus long que
l’orthographe anglaise ou italienne.
3. Les difficultés viennent pour beaucoup des excep-
tions, que rien ne justifie, et qui paraissent tout à fait
aléatoires, ce qui les rend difficiles à mémoriser.
4. Si on écrit « comme ça se prononce », comme le
fait Sartre enfant dans l’épisode extrait des Mots, on
commet des erreurs importantes et on est immédia-
tement déconsidéré.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : c o n s t r u i r e l e p l a n
5. Ce sont les modifications imposées à la langue
et à l’orthographe qui nous évitent d’écrire selon
l’orthographe de Madame de Sévigné, qui rend ses
textes très difficiles à lire.
7. Dans le cas de mots phonétiquement semblables,
c’est l’orthographe qui permet de distinguer leur
sens. Il ne faut donc pas les unifier. C’est aussi l’or-
thographe qui permet de différencier le singulier du
pluriel dans certains cas.
8. « Écrire comme ça se prononce » est rendu difficile
par les habitudes visuelles (on « voit » les mots écrits
de manière habituelle). Un changement demanderait
des adaptations sans doute difficiles.
11. La simplification de l’orthographe permettrait
à de nombreux enfants de mieux réussir dans une
langue qui n’est pas toujours celle de leur culture.
– Rappel du sujet 6
Il semble bien difficile, d’après ce que dit F. Plo-
quin (document 3), de mener une réforme de
l’orthographe en France. Dites quels en sont les
obstacles et donnez votre point de vue person-
nel sur l’importance, ou non, de faire une telle
réforme. Utilisez les documents du corpus et vos
connaissances.
– Rappel de la suggestion 1
Comme le recommande la consigne du sujet,
vous consacrez une première partie à exposer les
obstacles à une réforme de l’orthographe. Vous
dites ensuite si vous pensez qu’une telle réforme
est importante et vous justifiez vos idées par des
observations personnelles ou par des idées que
vous empruntez à d’autres et que vous adoptez.
EXERCICE 10
Mise en forme des trois plans avec regroupement et
classification des idées.
Sujet 4
I / Première grande partie / Thèse 1
L’orthographe a besoin d’être réformée et plusieurs
tentatives ont déjà eu lieu, notamment en 1990. Les
raisons justifiant cette nécessité ne manquent pas.
A / L’orthographe française est particulièrement dif-
ficile : elle nécessite un apprentissage plus long que
l’orthographe anglaise ou italienne. Les difficultés
viennent pour beaucoup des exceptions, que rien ne
justifie, et qui paraissent tout à fait aléatoires, ce qui
les rend difficiles à mémoriser.
B / Les mots ne sont pas intouchables : on peut
en modifier – simplifier – l’orthographe sans
commettre un crime contre la langue. Ce sont les
modifications imposées à la langue et à l’orthogra-
CHAPITRE
25
– Idées retenues : 2, 3, 5, 9, 10, 11, 12, 13, 14
2. L’orthographe française est particulièrement diffi-
cile : elle nécessite un apprentissage plus long que
l’orthographe anglaise ou italienne.
3. Les difficultés viennent pour beaucoup des excep-
tions, que rien ne justifie, et qui paraissent tout à fait
aléatoires, ce qui les rend difficiles à mémoriser.
5. Ce sont les modifications imposées à la langue
et à l’orthographe qui nous évitent d’écrire selon
l’orthographe de Madame de Sévigné, orthographe
qui rend ses textes très difficiles à lire.
9. Une réforme visant à simplifier l’orthographe est
perçue comme une atteinte à la langue, à son his-
toire, et ainsi à l’histoire du pays.
10. Certains pays d’Europe ont déjà effectué la
modernisation et la simplification de leur langue.
11. La simplification de l’orthographe permettrait
à de nombreux enfants de mieux réussir dans une
langue qui n’est pas toujours celle de leur culture.
12. On a remarqué qu’en France, ce ne sont pas
ceux qui ont le plus à souffrir de la complexité de
l’orthographe qui demandent sa simplification.
13. La réforme voulue en 1990 par le Premier
ministre de l’époque est restée minime et n’a pas
été réellement adoptée. La presse a joué à cette
occasion un rôle négatif. Les dictionnaires n’ont que
partiellement répercuté les modifications acceptées
par l’Académie française.
14. La tradition et l’attachement à une langue clas-
sique constituent deux écueils importants sur la
voie de la modernisation de la langue et de l’ortho-
graphe.
phe qui nous évitent d’écrire selon l’orthographe
de Madame de Sévigné, qui rend ses textes très
difficiles à lire.
C / La simplification de l’orthographe permettrait
à de nombreux enfants de mieux réussir dans une
langue qui n’est pas toujours celle de leur culture.
Certains pays d’Europe ont déjà effectué la moder-
nisation et la simplification de leur langue.
II / Deuxième grande partie / Thèse 2
Néanmoins, s’il est juste de penser à une réforme,
il ne faudrait pas qu’elle soit trop radicale ni qu’elle
bouscule trop les habitudes et les traditions.
A / Il existe en effet un attachement profond à l’his-
toire de la langue et à ce qui touche à son étymologie :
on aime bien pouvoir retrouver les racines grecques
et latines des mots. On a pu observer d’ailleurs que
ce ne sont pas ceux qui ont le plus à souffrir de la
297
 complexité de l’orthographe qui sont partisans d’une
simplification, au contraire.
B / Passer à une orthographe phonétique, comme
le proposent certains, ne serait pas une solution
totalement acceptable : écrire « comme ça se pro-
nonce » obligerait à d’importantes modifications des
pratiques visuelles. Il ne faudrait pas qu’une réforme
suscite des difficultés plus grandes que celles qui
sont actuellement rencontrées dans l’apprentissage
de l’orthographe.
Sujet 5
I / Première grande partie / Thèse 1
Tout en observant qu’il y a de bonnes raisons de
modifier l’orthographe française, la linguiste D. Ma-
nesse explique pourquoi on ne peut pas adopter
systématiquement une orthographe phonétique.
A / Dans le cas de mots phonétiquement sembla-
bles, c’est l’orthographe qui permet de distinguer
leur sens. Il ne faut donc pas les unifier. C’est aussi
l’orthographe qui permet de différencier le singulier
du pluriel. L’orthographe est productrice de sens.
Une unification rendrait toute lecture difficile.
B / « Écrire comme ça se prononce » est rendu
difficile par les habitudes visuelles (on « voit » les
mots écrits de manière habituelle). Un changement
demanderait des adaptations sans doute difficiles.
On peut s’en rendre compte avec l’anecdote rappor-
tée par J.-P. Sartre dans Les Mots : un texte écrit de
manière phonétique devient illisible.
C / Il faut aussi compter avec les réactions de tous
ceux qui sont attachés à une langue classique et qui
verraient dans une simplification phonétique de lan-
gue une offense à nos grands auteurs et un véritable
scandale.
II / Deuxième grande partie / Thèse 2
Il n’en est pas moins utile et pertinent de rendre
l’orthographe française plus facile, plus accessible
à tous.
A / L’orthographe française est particulièrement diffi-
cile : elle nécessite, pour les enfants, un apprentissage
plus long que l’orthographe anglaise ou italienne. Un
enfant italien maîtrise l’orthographe de sa langue en
deux ans alors qu’il faut huit ans à un enfant français
pour dominer l’orthographe française.
B / Il y a déjà eu des modifications de la langue :
ainsi, ce sont les simplifications imposées à la lan-
gue et à l’orthographe qui nous évitent aujourd’hui
d’écrire selon l’orthographe de Madame de Sévigné,
qui rend ses textes très difficiles à lire.
C / Les difficultés viennent pour beaucoup des
exceptions, que rien ne justifie, et qui paraissent tout
298
à fait aléatoires, ce qui les rend difficiles à mémoriser.
La simplification de l’orthographe permettrait à de
nombreux enfants de mieux réussir dans une langue
qui n’est pas toujours celle de leur culture.
Sujet 6
I / Première grande partie / Thèse 1
L’expérience de 1991 a permis de constater qu’une
réforme de l’orthographe rencontre de nombreux
obstacles dont on peut chercher les origines.
A / La réforme voulue en 1990 par le Premier
ministre de l’époque est restée minime et n’a pas
été réellement adoptée. La presse a joué à cette
occasion un rôle négatif. Les dictionnaires n’ont que
partiellement répercuté les modifications acceptées
par l’Académie française.
B / Une réforme visant à simplifier l’orthographe
est perçue comme une atteinte à la langue, à son
histoire, et ainsi à l’histoire du pays. La tradition et
l’attachement à une langue classique constituent
deux écueils importants sur la voie de la modernisa-
tion de la langue et de l’orthographe.
C / On pourrait penser qu’il y aurait une forte pression
en faveur d’une simplification de l’orthographe, mais
force est de constater qu’en France, ce ne sont pas
ceux qui ont le plus à souffrir de la complexité de l’or-
thographe qui demandent sa simplification : l’amour
de la langue, et la volonté de la maintenir en l’état sont
très fréquents dans les classes populaires quand les
linguistes demandent, eux, des modifications.
II / Deuxième grande partie / Thèse 2
La présence de ces obstacles ne doit pas faire
oublier, cependant, l’utilité d’une réforme qui rendrait
l’orthographe plus accessible et dont voici quelques
justifications.
A / L’orthographe française est particulièrement dif-
ficile : elle nécessite un apprentissage plus long que
l’orthographe anglaise ou italienne. Les difficultés
viennent pour beaucoup des exceptions, que rien ne
justifie, et qui paraissent tout à fait aléatoires, ce qui
les rend difficiles à mémoriser.
B / Ce sont les modifications imposées à la langue
et à l’orthographe qui nous évitent d’écrire selon
l’orthographe de Madame de Sévigné, qui rend ses
textes très difficiles à lire.
C / La simplification de l’orthographe permettrait
à de nombreux enfants de mieux réussir dans une
langue qui n’est pas toujours celle de leur culture.
À ce sujet, on peut constater que certains pays
d’Europe ont déjà effectué la modernisation et la
simplification de leur langue, ce qui, en réduisant les
écarts entre langue parlée et langue écrite, facilite les
apprentissages.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : c o n s t r u i r e l e p l a n
A P P L I C ATION
EXERCICE 11
La mise en relation des trois ssujets et des éléments
constitutifs du plan permet de déterminer que le
sujet concerné est le sujet 8. O
On peut réorganiser les
éléments proposés pour obten nir le plan suivant (deux
thèses comportant chacune trrois arguments) :
– Thèse I : le principe de l’égalité hommes / fem-
mes a été une grande conquête du XXe siècle. Il faut
cependant observer que ce principe (inconnu en
1789) n’est pas appliqué et qu’il y a encore beau-
coup à faire sur le plan de la parité.
A / L’inégalité de statut des hommes et des femmes
est illustrée par les disparités entre les salaires des
hommes et ceux des femmes, notamment dans le
secteur privé : à travail égal, à responsabilités égales,
les femmes sont moins payées que les hommes.
B / Des études sociologiques chiffrées montrent
que, malgré une volonté de mettre à égalité de situa-
tion les filles et les garçons dans l’institution scolaire
désormais mixte, des clivages inégalitaires persis-
tent : les filles sont cantonnées dans certains domai-
nes où l’on trouve peu de garçons.
C / Si l’on passe au domaine politique, il aura fallu
attendre la loi sur la parité (en juin 2000) pour que l’on
admette l’idée qu’une femme puisse avoir des respon-
sabilités politiques identiques à celles des hommes.
Pendant longtemps, il a paru impensable qu’une femme
puisse être candidate à des élections présidentielles.
EXERCICE 12
Sujet 10
– Thèse I : devant la prolifération de la publicité sous
toutes ses formes et devant les orientations qu’elle
prend parfois, on peut être tenté de penser qu’il fau-
drait la supprimer.
A / La publicité est envahissante : elle détériore
les paysages par ses panneaux placés de manière
anarchique pour vanter des produits n’ayant rien à
voir avec l’environnement, elle occupe du temps à
la télévision…
B / Certaines publicités sont particulièrement lai-
des et ont pour objectif de heurter la sensibilité de
ceux qui les regardent, sans distinction d’âge.
– Thèse II : néanmoins, on sait que la publicité rem-
plit plusieurs fonctions utiles : elle informe et elle est
un moteur important de l’économie.
A / C’est bien souvent grâce à la publicité que l’on
CHAPITRE
25
➜ p. 243
– Thèse II : on peut envisager les raisons pour les-
quelles la loi sur l’égalité des hommes et des fem-
mes n’est pas fermement appliquée.
A / Le poids des traditions constitue un frein à
l’émancipation des femmes : dans les familles, on
pousse les garçons dans une direction profession-
nelle valorisante, tandis que pour les filles, on sug-
gère plutôt des professions du tertiaire. C’est en par-
ticulier ce que montre N. Jonas.
B / Il arrive que les filles elles-mêmes manquent
d’ambition, par exemple dans le domaine scientifi-
que ou dans le domaine médical, du fait de la lon-
gueur des études, ou encore dans le domaine politi-
que, réputé très dur et très misogyne. Il est difficile,
dans le cas de certaines élections, de constituer des
listes réellement paritaires.
C / On peut expliquer le refus des femmes d’en-
trer en politique par le fait que cela constitue une
charge supplémentaire alors qu’elles doivent déjà
s’occuper des enfants parallèlement à l’exercice
d’un métier.
➤ Le sujet 8 demande de s’intéresser à l’application
du principe d’égalité des hommes et des femmes.
S’il s’avère que ce principe n’est pas respecté, il
peut être intéressant de déterminer les causes de
cette situation. Dans les éléments proposés, on
trouve trois constats et trois causes.
est informé sur l’existence de produits, d’entrepri-
ses, de nouveautés…
B / La publicité donne du travail à différentes bran-
ches professionnelles.
C / La publicité fait connaître les grandes causes
humanitaires. Pour cette raison, elle est utile.
Sujet 11
– Thèse I : il est certain que l’utilisation des images
dans la publicité concourt à son efficacité commer-
ciale.
A / L’image donne à voir immédiatement le produit
dont on fait la publicité : elle attire plus qu’un long
discours.
B / Si l’image ne représente pas le produit lui-même,
elle suggère des analogies qui attirent par leur origi-
nalité, qui créent un effet de surprise.
299
 – Thèse II : la publicité sous forme d’images est
destinée à charmer, à séduire : il est donc difficile de
savoir ce qui est premier, la finalité commerciale ou
la finalité esthétique.
– Thèse III : mais l’image permet aussi d’attirer
l’attention sur des grandes causes : la faim dans
le monde, la lutte contre le racisme, contre le sida,
la recherche médicale. Elle s’adresse en effet avec
efficacité à la sensibilité, en faisant appel aux per-
ceptions visuelles et aux émotions.
Sujet 12
– Thèse unique : la beauté et l’originalité de certaines
publicités en font des œuvres d’art. On peut tenter
de définir d’où viennent leurs aspects esthétiques.
A / On peut d’abord considérer le côté esthétique de
la composition : grandes lignes, couleurs ; certaines
publicités sont de vrais tableaux et empruntent des
éléments à l’art.
B / Le côté esthétique de certaines publicités vient
de leur créativité, de leur inventivité : les publicités
sous forme d’image mobile (cinéma, télévision)
« racontent » des histoires et reposent sur des scé-
narios.
C / Les publicités sont souvent créatives sur le
plan du langage : formules utilisant des figures de
rhétorique, jeux de mots, rapprochements phoné-
tiques…

EXERCICE 13 Seule la réponse concernant le sujet 15 est donnée ici.

Tableau d’analyse du sujet
SUJET MOTS-CLEFS DOMAINE CONCERNÉ PROBLÉMATIQUE CE QUE LE SUJET
DEMANDE DE FAIRE

Sujet 15 Dangers, enfants. La publicité / Les effets que peuvent Le sujet demande
Thème : utilisation, publicité l’exploitation des avoir la participation de préciser quels
l’exploitation enfants des enfants à des peuvent être les
des enfants campagnes de risques, les dangers
publicité d’une « exploitation »
publicitaire des enfants.

➤ Ce sujet est traité dans ce guide pédagogique p. 112, chapitre 9 (Analyser un schéma, un document chiffré).

P R O L O N G EMENTS ➜ p. 246

■ LEXIQUE
EXERCICE 2

TERME PROPOSÉ SYNONYME CONTRAIRE

Ambigu Équivoque, douteux, incertain, Clair, précis, univoque, franc
énigmatique, obscur, sibyllin
Cohérent Homogène, harmonieux, logique, Incohérent, illogique, irrationnel,
rationnel, suivi absurde
Consensus Accord, entente Contestation, mésentente, conflit,
distorsion
Draconien Sévère, drastique, rigoureux, Doux, indulgent, modéré
inexorable, intransigeant, radical
Dénégation Démenti, refus, déni, désaveu Aveu, reconnaissance, accord,
acceptation
Diffamatoire Calomnieux, mensonger, médisant Élogieux
Illicite Interdit, prohibé, frauduleux, illégal Permis, autorisé, légal, licite

300
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : c o n s t r u i r e l e p l a n CHAPITRE
25
Laconique Bref, concis, elliptique, lapidaire, Bavard, prolixe, verbeux, long,
sommaire, succinct développé
Lucratif Avantageux, rémunérateur, fructueux, Gratuit, bénévole, désintéressé
rentable, payant
Obsolète Dépassé, périmé, ancien, démodé, Récent, à la mode, actuel, utilisé,
désuet, vieilli « branché »
Préconiser Recommander, conseiller, indiquer, Déconseiller, dénigrer, interdire,
prôner, vanter critiquer
Prémonitoire Annonciateur, avant-coureur, Rétrospectif
prophétique

■ EXPRESSION ÉCRITE d’un discours explicatif et son aspect figuratif ne

EXERCICE 3
Proposition de paragraphe rédigé
Partout où nous nous trouvons, la publicité nous
accompagne : dans les rues des villes, elle figure
sur des panneaux, des murs d’affichage et sous
forme de « réclame » illicite là où il y a de la place.
5 Elle passe sous nos yeux quand passent les auto-
bus et les taxis et même certaines voitures privées
qui sont à présent bariolées et pleines d’inscrip-
tions. Si nous allons sous terre, nous la trouvons
dans les couloirs et dans les stations du métro,
10 si nous regardons en l’air, apparaissent de gigan-
tesques montgolfières ou de gros dirigeables ins-
tallés au-dessus des zones urbaines. Échapper à
cette omniprésence est impossible, il faudrait être
aveugle et sourd : car elle surgit de tous les côtés,
15 aux abords des sites urbains, sous la forme d’une
forêt de panneaux et jusque dans notre vie pri-
vée. Chaque jour, le facteur déverse prospectus
et offres mirobolantes dans nos boîtes aux lettres,
tandis que la radio et la télévision nous inondent
20 d’images et de slogans. D’autres arrivent plus ou
moins insidieusement par l’ordinateur. Le télé-
phone portable lui-même est la porte ouverte à
des publicités diverses. Que peut faire le malheu-
reux consommateur pour se défendre de cette
25 invasion ? Ce n’est plus un accompagnement,
c’est un harcèlement.
EXERCICE 4
On dit fréquemment qu’« une image vaut mille
mots » en faisant référence à la force de sensibili-
sation de ce qui est graphique et coloré. En effet,
l’image frappe immédiatement parce qu’elle est
5 saisie globalement et ne nécessite pas un déchif-
frement des mots qui relève de la lecture. Elle dit
presque tout, tout de suite : on peut savoir immé-
diatement de quoi il est question, sans avoir besoin
10 nous emmène jamais dans le domaine de l’abstrac-
tion : avec elle, tout est concret et facile à identifier ;
nous saisissons très vite le message. Par exemple,
la photo de la page 128 montrant trois enfants qui
jouent au football avec un crâne dit immédiatement
15 ceci, à travers certains détails immédiatement visi-
bles : il s’agit d’un pays en guerre, d’enfants enrô-
lés pour se battre (ils sont en treillis et armés) à un
âge où ils devraient être en train d’étudier pour
construire leur avenir. Le caractère particulier de
20 leur ballon laisse penser que la mort n’a guère de
sens pour eux. Ce qui est montré a plus de force
que ce qui pourrait être dit.
EXERCICE 5
– Paragraphe 1 : si l’on observe que les hom-
mes sont plus nombreux dans la vie politique,
ce n’est pas uniquement parce que ce domaine
est traditionnellement masculin. Plusieurs raisons
5 peuvent expliquer les hésitations des femmes. Il
faut d’abord signaler que pendant leurs études,
les filles sont souvent peu encouragées par leur
environnement familial, qui fait valoir de nombreux
obstacles, et en premier une incompatibilité avec
10 la vie de famille, les enfants, leur éducation. Ce
sont peut-être de vieilles idées mais elles ont
encore une certaine force dissuasive. Ajoutons
à cela le fait qu’une femme est toujours mise
en demeure de « faire ses preuves », plus qu’un
15 homme, et particulièrement dans les domaines
d’activités dans lesquels les hommes sont les plus
nombreux. On n’y voit pas toujours avec bien-
veillance l’arrivée des femmes parce que les pro-
fessions qui se féminisent ont tendance à se déva-
20 loriser. C’est un fait constaté, qui prouve à quel
point notre société établit encore des différences
entre le travail des hommes et celui des femmes.
Les différentes lois sur la parité (domaine profes-
sionnel, domaine politique) n’ont pas encore été
25 appliquées de manière rigoureuse.

301
 – Paragraphe 2 : en 1750, dans sa comédie La
Colonie, Marivaux donnait la parole à d’intelli-
gentes féministes qui expliquaient leur volonté de
participer, en tant que femmes, à la vie politique.
5 On peut reprendre ici quelques-uns de leurs argu-
ments. Vouloir faire entendre sa voix, lorsqu’on
est une femme, c’est refuser haut et fort le statut
d’infériorité qui a longtemps été réservé au sexe
dit faible et dont on trouve encore de nombreuses
10 preuves, comme la volonté, dans certains pays,
de se débarrasser des filles dès leur naissance.
En maintenant les femmes dans un statut de
■ RECHERCHES
EXERCICE 7
Olympe de Gouges (1748 ou 1755-1793)
Théroigne de Méricourt (1762-1817)
Pauline Roland (1805-1852)
Flora Tristan (1803-1844)
Gisèle Halimi (née en 1927)
Simone Veil (née en 1927)
302
soumission, par l’absence de tout droit (jusqu’au
Xe siècle) et en adaptant leur éducation à ce
XX
15 statut, la tradition les a mises à l’écart de toute
activité qui ressemblerait de près ou de loin à
celle des hommes. Comment accepter en outre
que la moitié de l’humanité soit tenue à l’écart
des décisions concernant l’ensemble ? Certaines
20 femmes pensent à juste titre que le monde se
porterait mieux si les femmes avaient un rôle plus
important dans la marche des affaires publiques :
c’est ce qui les a poussées à revendiquer un sta-
tut égalitaire.
Auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne
Révolutionnaire et féministe
Féministe adepte des théories de Saint-Simon ;
a participé à la révolution de 1848 ; a milité pour
l’émancipation des femmes
Femme de lettres qui fut une des initiatrices du
mouvement féministe en France
Féministe, fondatrice avec S. de Beauvoir de Choisir
la cause des femmes ; a mené une action contre la
dépénalisation de l’avortement en 1971
Plusieurs fois ministre ; est à l’origine de la loi sur
l’IVG en 1975
CHAPITRE
26
rédiger les paragraphes
et les introductions partielles
A P P R O C HES
EXERCICE 1
1 L’argument se trouve refoormulé dans la première
phrase du paragraphe à tra avers certains termes :
on trouve en effet les mots explication,
e succès, jeu
vidéo, seul, autonome dont l’association fait appa-
raître l’idée dominante.
2 Cette idée dominante – le caractère individuel du
jeu – se trouve reprise et développée ensuite dans le
paragraphe à travers des précisions données par les
termes suivants : l’insistance sur la possession indi-
viduelle du matériel – son ordinateur, son téléphone
portable (l. 4-5), en dehors de toute autre présence
(l. 5), qu’il a choisies (l. 6), caractère individuell (l. 7),
disparaître l’environnementt (l. 11), puisque le joueur
est seull (l. 16-17), son autonomie (l. 17), sans que la
présence de partenaires (l. 18). Ces termes mettent
en valeur différentes caractéristiques des situations
de jeu qui soulignent les aspects individuels du jeu.
3 On peut vérifier la cohérence de l’argument par
rapport à la thèse. Celle-ci annonce l’exposé des
raisons d’un indéniable succès des jeux vidéo : les
premiers mots du paragraphe sont explication, suc-
cès, jeu vidéo avec l’expression d’une première ex-
plication. Le paragraphe se situe dans la logique de
la thèse. C’est d’autre part le paragraphe qui vient en
premier dans le développement de la thèse. On peut
le voir à la présence du mot première (l. 1).
4 Le développement de l’argument renvoie à la
fois à des idées et à des situations concrètes qui
EXERCICE 2
1 Le second argument n’est pas simplement
ajouté au premier par juxtaposition. Une phrase
établit la liaison avec l’argument précédent : cette
phrase reprend, sous une forme conditionnelle
(mais affirmative), l’idée exprimée dans le premier
argument : succès, relation particulière, joueur soli-
L’écriture
personnelle :
Livre de l’étudiant ➜ p. 247 à 254
➜ p. 247
sont exposées et qui évoquent le joueur devant son
ordinateur ou devant sa télévision, en action. On est
alors très près de l’exemple. On remarque aussi l’ap-
parition de deux références à la fin du paragraphe.
Ces références donnent le titre de deux jeux pour
illustrer certaines situations. On peut remarquer que
ces références ne font pas partie du corpus de do-
cuments : dans la rédaction du travail d’écriture per-
sonnelle, on utilise toutes les connaissances, sans
se limiter aux documents du corpus.
5 Le caractère personnel de l’exposé vient d’abord
du choix de l’argument et de son positionnement
comme premier argument de la thèse soutenue. La
disposition des arguments ne répond pas, en effet,
à un ordre conventionnel et imposé : il appartient
à chacun de décider dans quel ordre disposer les
arguments, en fonction d’une logique qui s’impose
parfois, mais qui peut aussi relever du choix person-
nel de celui qui écrit. On remarque enfin l’utilisation
de la première personne à la fin du paragraphe :
l’auteur du paragraphe fait état d’une expérience
personnelle.
Comme cela a déjà été signalé dans les chapitres
précédents (chapitre 3, chapitre 23), le caractère
personnel du travail dit d’écriture personnelle ne
vient pas uniquement d’un éventuel emploi de la
première personne, mais du choix des arguments,
de leur utilisation et de la manière dont se place celui
qui parle par rapport à ces arguments.
taire et y « accroche » la seconde idée dominante,
par le verbe expliquerr suivi de l’indication de thè-
mes des jeux vidéo. Le second argument vient ainsi
ajouter une raison supplémentaire : les jeux vidéo
ont du succès par suite des thèmes qu’ils mettent
en œuvre.
303
 2 L’argument des thèmes apporte des éléments
nouveaux. À la manière de jouer (qui plaît parce
qu’elle peut être individuelle) s’ajoute le choix des
thèmes envisagés par les concepteurs des jeux.
Ces thèmes correspondent aux goûts et aux centres
d’intérêts des adolescents : fantastique, heroic fan-
tasy, mythologie, science-fiction, histoire. Ces choix
– ainsi que ceux des personnages – sont de nature à
expliquer le grand succès des jeux vidéo. L’argument
se trouve ainsi dans la logique de la thèse, en même
temps qu’il se différencie du premier.
3 Les exemples figurent à deux endroits dans
le paragraphe parce qu’ils correspondent à deux
étapes différentes dans le développement de l’ar-
gument. Il y a d’abord les exemples qui illustrent
les relations entre certains films ou romans et les
jeux vidéo ; il y a en fin de paragraphe les exemples
illustrant l’inspiration guerrière et historique d’autres
jeux. Dans les deux cas, il est important de citer des
titres pour apporter la preuve que ce dont on parle
existe bien.

La lecture et la mise en parallèle des trois introductions partielles (introduction ouvrant

EXERCICE 3 une grande partie et formulant une thèse) montrent qu’elles comportent des éléments
communs :

INTRODUCTIONS ÉLÉMENT 1 ÉLÉMENT 2 ÉLÉMENT 3

Introduction 1 Trois raisons Succès impressionnant Jouer de manière individuelle / thèmes
des jeux vidéo cinématographiques / possibilité de jouer en réseaux
Introduction 2 Trois Ampleur prise par le Jouer seul / thèmes qui plaisent / mettent en relation
points / raisons phénomène des jeux vidéo des joueurs
Introduction 3 Plusieurs raisons Se multiplier, se Certaine forme d’individualisme / leurs thèmes
perfectionner, succès s’enracinent dans des œuvres cinématographiques / la
possibilité de jouer en réseau

➤ On peut récapituler les éléments communs :

– la notion de raison, d’explication d’un phénomène ;
– la nature du phénomène : le très grand succès des jeux vidéo ;
– la nature des explications et leur nombre (trois) : le jeu individuel / des thèmes attractifs en relation
avec le cinéma / le jeu en réseau.
Il ressort du tableau qu’une introduction partielle doit comporter les éléments suivants :
– l’annonce de la thèse qui va être développée ;
– les relations de sens et de logique entre la thèse et la problématique du sujet ;
– l’indication des deux ou trois arguments qui soutiennent la thèse.

EXERCICE 4
1 Introduction partielle 1 : elle reprend, pour la
justifier et l’illustrer, l’idée qui figure dans le sujet
et qui appartient à l’auteur d’un des documents du
corpus, idée selon laquelle une réforme de l’ortho-
graphe est difficile à envisager en France. Il s’agit de
faire ressortir les raisons, les obstacles qui rendent
une réforme difficile à envisager et à mettre en place.
La thèse 1 s’inscrit dans la logique du sujet. Elle est
reprise dans l’introduction partielle à travers les ter-
mes tentatives sans beaucoup de résultats, réformer
l’orthographe, obstacles difficilement contournables.
L’introduction partielle donne ensuite les deux orien-
tations des paragraphes qui vont développer l’idée
des obstacles : l’atteinte au patrimoine national et la
nécessité d’une adaptation.
Introduction partielle 2 : l’introduction partielle 2 fait
apparaître une objection, sous la forme de l’adverbe
Pourtant. Il s’agit en effet de montrer que même si
une réforme se heurte à des difficultés, il faut envi-
sager une simplification de l’orthographe, qui aurait
une grande utilité. L’orientation exprimée ici situe la
seconde thèse dans la ligne du sujet : expliquer l’uti-
lité d’une réforme de l’orthographe. L’introduction
partielle 2 donne la thèse : les raisons de modifier
l’orthographe, et annonce les trois arguments qui
permettent de la soutenir : simplification de la lan-
gue ; aide aux enfants dont la culture n’est pas fran-
çaise ; décision qui mettrait la France sur le même
plan que d’autres pays européens.

304
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : r é d i g e r l e s p a r a g r a p h e s e t l e s i n t r o d u c t i o n s p a r t i e l l e s CHAPITRE
26
2 et 3 Composition des deux paragraphes :
PARAGRAPHES REPRISE DE L’ARGUMENT DÉVELOPPEMENT DE EXEMPLES
L’ARGUMENT

Paragraphe 1 La reprise se fait dans
les trois premières lignes
à travers les termes :
langue, histoire nationale,
immuable
Paragraphe 2 Simplification, orthographe,
langue maternelle, seraient
déchargés : la reprise se fait
dans la première phrase
du paragraphe
Insistance sur la notion
de risque de falsification,
de manque d’authenticité,
d’oubli de la langue initiale
et de ce à quoi elle se
rattache ; notion de fidélité à
la langue traditionnelle et à
l’étymologie des mots.
Insistance sur des difficultés
de la langue française et
sur la présence de règles et
d’exceptions très difficiles à
mémoriser.
Cas des textes et documents
du Moyen Âge ou de la
Renaissance, qui nécessitent
une modernisation de la langue,
voire une traduction.
Exemple précis de termes écrits
dans une nouvelle orthographe :
filosofie, ipocrite.
Les exemples et les arguments
sont très proches : on remarque
la référence à l’accord des
participes passés des verbes
pronominaux et une allusion à la
question des homophones.

Les exemples sont intégrés à l’aide de phrases rédi-
gées :
– La question se pose lorsque l’on revient à des
textes et documents du Moyen Âge et de la Renais-
sance…
– Il est difficile et, je trouve, bizarre, d’écrire « filoso-
fie » ou « ipocrite »…
– C’est le cas pour l’accord du participe passé des
verbes pronominaux…
– En particulier la question des homophones…
Ils ont pour utilité d’apporter des précisions, d’illus-
trer de manière historique, de faire passer de l’abs-
trait au concret.
4 Les marques de subjectivité : on peut obser-
ver la présence de certaines marques directes,
comme l’emploi de la première personne du sin-
gulier – je pense, je trouve, ce que je pense – ou du
pluriel – ce que nous sommes, nous mettrait. On
peut remarquer aussi l’emploi récurrent de l’indé-
fini on qui peut traduire la pensée de celui qui parle
– on peut donc craindre, lorsque l’on revient, on
peut aussi considérer, on sait, on peut être parti-
san, or on sait. On remarque enfin la présence d’in-
terrogations et de certains modalisateurs, comme
l’expression Il est sûr, il est important et l’emploi
du conditionnel.

EXERCICE 5
● L’introduction partielle constitue l’ouverture de
chaque grande partie. Elle fait comprendre que
l’on se trouve dans la logique et dans le thème du
sujet, mais dans une orientation particulière qui est
une thèse, qu’elle exprime clairement. Elle informe
aussi sur le contenu des arguments et permet ainsi
de déterminer en combien d’étapes la thèse est
soutenue. À chaque argument annoncé correspond
un paragraphe. Enfin, l’introduction partielle établit le
lien avec la thèse précédente lorsqu’il y en a une.
● Le paragraphe commence en général par la
formulation de l’idée dominante de l’argument ;
cette idée est ensuite développée par un ensemble
de prolongements ou de précisions qui sont autant
d’explicitations de certains termes. Par exemple,
pour l’argument 1 du travail sur les jeux vidéo (p. 247),
c’est la notion de « jeu individuel » qui est précisée
et développée, à partir de la manière de jouer, de ce
que recherchent certains joueurs et des possibilités
offertes par la nature même des jeux. Cela offre trois
possibilités de réflexion et permet de « creuser » la
notion de jeu individuel. Développer, préciser, expli-
citer, voilà l’objectif de chaque paragraphe à partir
de l’argument énoncé.
● Les exemples ont pour fonction d’illustrer un pro-
pos et de l’appliquer à un cas concret, plus parlant
que l’idée abstraite. L’exemple apporte une sorte de
preuve, pour montrer que l’idée n’est pas une utopie ;
il montre que ce que l’on avance existe réellement,
se trouve dans la réalité, ou dans la littérature, mais
dans un domaine important pour l’argumentation.
Ainsi, à propos des difficultés de l’orthographe, on
comprend mieux de quoi il s’agit avec une référence
à certains « casse-tête » que chacun a déjà ren-
contrés : les exceptions, les accords des participes
passés, particulièrement dans le cas des verbes
305
 pronominaux… L’exemple relève du cas particulier
et, à ce titre, il touche davantage chaque lecteur.
L’exemple peut être introduit par des formules
« consacrées » : ainsi, par exemple, on peut citer
comme exemple… mais il doit toujours s’intégrer à
une phrase rédigée.
● On a déjà vu précédemment que le caractère
subjectif de l’écriture personnelle se marque dans le
A P P L I C ATION
EXERCICE 6
1 La thèse donnée correspoond au plan 3.
Introduction partielle
Comme on a pu le voir à partir de plusieurs
exemples, l’accusation de simplisme et de vio-
lence portée à l’encontre des mangas se trouve
souvent justifiée. Néanmoins, il n’est pas contra-
5 dictoire de constater que ces ouvrages, de l’avis
Argument 1
Certains mangas destinés aux enfants sont consa-
crés à des histoires tout à fait sérieuses qui ont une
double caractéristique : elles accrochent l’intérêt
parce que les héros, comme Gen d’Hiroshima, sont
5 des enfants dans des situations difficiles, et elles ont
aussi un rôle éducatif, parce qu’elles mettent en jeu
des valeurs qu’il est important de connaître et de
respecter. Ainsi, il n’est pas rare que des enfants
soient confrontés à des situations familiales dou-
10 loureuses (que l’on retrouve parfois dans le cinéma
japonais) : enfants privés de leur mère et devant ac-
cepter la présence d’une belle-mère avec laquelle
ils ne s’entendent pas, conflits avec le père, enfants
Argument 2
Montrer le caractère éducatif des mangas peut se
faire sur un autre terrain, proche. Cette littérature
japonaise est profondément enracinée dans la culture
de ce pays, dans son histoire, dans son idéologie.
5 Elle ne peut donc pas échapper à l’événement mar-
quant du XXXe siècle, les bombardements nucléaires
d’Hiroshima et de Nagasaki. De nombreux ouvrages
se situent dans ce contexte pour faire ressortir l’hor-
reur des scènes qui ont suivi – personnages sembla-
306
choix des thèses et des arguments. Il peut apparaître
aussi dans le choix d’utiliser la première personne
du singulier ou du pluriel et dans la présence de
modalisateurs divers : adverbes, interrogation, for-
mules interro-négatives qui impliquent une réponse
positive, éléments de jugements et de prises de
position perceptibles aux connotations des termes
utilisés. On pourra renvoyer les étudiants à la fiche
« Objectivité / subjectivité », p. 290.
➜ p. 252
même de spécialistes de l’éducation, présentent
certaines qualités. Ils font réfléchir les jeunes lec-
teurs sur des situations sociales et familiales, leur
font connaître une histoire tragique, celle de leur
10 pays, et constituent ainsi une sorte d’apprentis-
sage en images.
mis devant des choix difficiles ou devant prendre
15 des décisions qui seraient difficiles même pour
des adultes. Dans l’un des documents du corpus,
P. Honnoré cite l’exemple d’un manga, Non Non Bâ,
qui constitue un véritable roman d’éducation, avec
le rôle particulier d’une grand-mère et le portrait d’un
20 père attentif à l’affectivité de son fils. Dans l’extrait
de manga qui est proposé, et qui constitue le docu-
ment 4, le jeune Gen est confronté simultanément à
la mort et à la vie, ce qui est un événement difficile,
mais formateur pour un enfant. Dans le même article
25 du corpus, l’auteur signale la présence de tout un
enseignement qui vise à conserver sa dignité, refu-
ser la faiblesse, se dépasser.
10 bles à des ombres errantes dans Gen d’Hiroshima –
mais aussi des répercussions sur la société, sur les
individus, sur les familles : destruction, dissociation,
ruptures, souffrances à long terme… La présence
de l’événement dans de nombreux mangas consti-
15 tue un rappel constant et invite les jeunes lecteurs
à aller chercher de plus amples informations histo-
riques. Les mangas reflètent les interrogations, les
inquiétudes, les réflexions. Les mangas font entrer
la vie réelle et l’histoire dans la littérature.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : r é d i g e r l e s p a r a g r a p h e s e t l e s i n t r o d u c t i o n s p a r t i e l l e s
3 Les trois arguments proposés sont classés dans
un ordre « croissant » : éducation dans le contexte de
la vie courante, éducation en relation avec le contex-
te historique, éducation dans le cadre très général
de « apprendre à grandir ». On peut considérer que
les deux premiers arguments préparent le troisième,
qui les englobe dans la présentation d’une fonction
EXERCICE 7
● Idée 1 : l’introduction de la mixité dans le
système éducatif devait avoir pour conséquence
une exacte égalité entre les filles et les garçons
dans le domaine des études. Ainsi, il n’y aurait
5 plus d’établissements exclusivement masculins
ou féminins. Malgré cette disposition légale, qui
remonte aux années 1960, force est de constater –
et de nombreuses analyses en témoignent – que
différentes formes d’inégalité persistent entre les
10 garçons et les filles. On constate ainsi que les
filles sont nettement moins nombreuses dans
les filières scientifiques, comme si ces dernières
étaient considérées comme plutôt masculines,
tandis que les filières du tertiaire conviendraient
15 mieux aux filles. Il y a là une sorte de ségrégation
implicite.
● Idée 2 : il est indéniable que les mangas pré-
sentent, dans leur graphisme, quelque chose de
simpliste. Chaque dessin est fait de traits réduits,
les visages sont souvent stéréotypés, avec des
5 expressions très limitées (visage neutre, rica-
nant ou tragique) qui font penser à des masques
antiques. Pour ce qui est du décor, il est réduit à
très peu de chose, rue, montagne, maisons, sans
recherche ni précision : tout se passe comme si
10 les planches étaient – ce qui est le cas – desti-
nées à une lecture rapide, ne s’attachant à rien de
particulier ; il suffit que le lecteur voie les grandes
lignes pour comprendre. Les textes étant eux-
mêmes très réduits, on comprend les deux carac-
15 téristiques de ce genre d’expression graphique : il
faut que ce soit facile et frappant.
● Idée 3 : une des caractéristiques de la langue
française est la présence d’incohérences ortho-
graphiques qui rendent son apprentissage diffi-
cile. En effet, le caractère peu logique de cette
5 orthographe fait qu’elle résiste à un apprentissage
raisonné et qu’elle est difficilement mémorisable.
Parmi les anomalies, on peut signaler le fait que
CHAPITRE
26
importante des confrontations évoquées précédem-
ment. Les trois arguments pourraient être reliés par
les articulations suivantes : entre 1 et 2 : de plus, on
peut ajouter, il est également possible de... ; le ca-
ractère éducatif des mangas se révèle aussi dans…
et entre 2 et 3 : ainsi, c’est pourquoi.
« charrette » prend deux « r » tandis que « cha-
riot », qui appartient à la même famille, ne prend
10 qu’un « r ». Dans le même ordre d’idée, comment
expliquer que « inclus » prenne un « s » à la fin
tandis que son contraire « exclu », qui a la même
racine, n’en prend pas ?
● Idée 4 : une des fonctions reconnues à la forêt
est de maintenir un équilibre écologique par sa
présence au cœur d’un écosystème forestier. Elle
est en effet au centre de toute une vie végétale et
5 animale qui tend à disparaître si l’un des éléments
de la chaîne se trouve détérioré. Il est essentiel
de ne pas faire disparaître les arbres : comme le
rappelle Astrov dans Oncle Vania, les couper pour
avoir du bois, ce n’est pas seulement faire dis-
10 paraître une partie de la végétation d’une région,
c’est engager un processus de destruction : ainsi
les rivières s’ensablent, ce qui entraîne la mort des
poissons. Les oiseaux et certaines espèces végé-
tales protégées par les forêts perdent leur envi-
15 ronnement naturel, leurs repères, ce qui les fait
vivre, et périclitent. Ce qui pousse à l’ombre des
arbres, les champignons, deviennent une espèce
menacée.
● Idée 5 : certaines oppositions à une réforme
de l’orthographe qui apporterait des simplifica-
tions viennent de ce que celles-ci sont ressenties
comme autant d’atteintes à l’histoire de la langue.
5 Modifier l’orthographe est vu comme une falsifi-
cation et comme une destruction des repères éty-
mologiques, qui expliquent bien des anomalies, et
qui font découvrir des filiations originales. Ainsi,
l’accent circonflexe du mot « hôpital » s’explique
10 historiquement et phonétiquement : supprimer
l’accent fait disparaître les relations du mot avec
« hospitalité » ; en particulier on perd de vue que,
selon son étymologie, le mot « hôpital » n’a rien
à voir, initialement, avec la santé, mais est lié à la
15 notion d’hôte.
307
 EXERCICE 8
Rappel du sujet : Le Préambule de la Constitu-
tion française pose, depuis 1946, le principe de
l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce
principe vous semble-t-il respecté dans les faits ?
Introduction partielle : le principe de l’égalité
hommes / femmes a été une des grandes conquê-
tes sociales du XXXe siècle et le résultat d’une lutte
dans laquelle les femmes ont joué un rôle impor-
tant. Il faut cependant observer que ce principe
5 (inconnu en 1789) n’est pas appliqué et qu’il y a
Argument 1
L’inégalité de statut des hommes et des femmes est
particulièrement illustrée dans le domaine profes-
sionnel par les disparités entre les salaires masculins
et les salaires féminins, notamment dans le privé :
5 des études précises montrent que de manière récur-
rente, à travail égal, à responsabilités égales, les
femmes sont moins payées que les hommes. Tout se
Argument 2
On peut constater d’autre part, grâce à des
études sociologiques chiffrées, que malgré
une volonté de mettre à égalité de situation les
filles et les garçons dans l’institution scolaire
5 désormais mixte, des clivages inégalitaires per-
sistent : les filles sont cantonnées dans certains
EXERCICE 9
Introduction partielle : le constat d’une appli-
cation déficiente de la loi sur la parité dans
différents domaines conduit à chercher ce qui
peut expliquer une telle situation. Il y a d’abord
Argument 1
Concernant les disparités professionnelles entre
les hommes et les femmes, le sociologue N. Jonas
souligne, dans les idées couramment répandues,
l’existence de croyances dans des orientations
5 sexuées. Ainsi, il existerait des compétences pro-
pres aux garçons et d’autres plus spécifiquement
féminines, caractérisées par l’extérieur pour les
308
Donnez votre point de vue personnel sous forme
d’exposé argumenté prenant appui sur les diffé-
rents documents du corpus et sur vos connais-
sances.
encore beaucoup à faire sur le plan de la parité :
l’égalité des salaires n’est pas acquise, certains
préjugés conduisent les filles à s’orienter dans
des filières « réservées » et, sur le plan politique,
10 on est loin de la parité pourtant légalisée depuis le
début du XXIe siècle.
passe, à travers cette disparité, comme si l’on n’attri-
buait pas la même valeur au travail effectué par une
10 femme et par un homme. Il est d’ailleurs inquiétant
de constater que les professions qui se féminisent
– enseignement, médecine, justice – perdent de leur
valeur, de leur réputation, ce qui semblerait accrédi-
ter l’idée d’un travail différent selon qu’il est accompli
15 par des femmes ou par des hommes.
domaines où l’on trouve peu de garçons. Ainsi,
les filières scientifiques, qui conduisent vers
les métiers de la recherche et vers les écoles
10 d’ingénieur, semblent « boudées » par les filles,
qui s’orientent plutôt vers les études littéraires
(filières dans lesquelles il y a peu de garçons) et
vers le secteur tertiaire.
probablement le poids des traditions, un manque
d’ambition des femmes et une crainte d’entrer
dans un domaine qui ne leur est pas toujours
favorable.
garçons, l’intérieur pour les filles, une permissivité
familiale plus grande du côté des garçons, une
10 orientation « ménagère » du côté des filles. La
persistance de ces idées vient, selon ses recher-
ches, de la famille, mais aussi de l’école et des
milieux professionnels. Ce sont des croyances qui
relèvent de la tradition et qui se perpétuent mal-
15 gré la législation et parfois contre elle.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : r é d i g e r l e s p a r a g r a p h e s e t l e s i n t r o d u c t i o n s p a r t i e l l e s
Argument 2
Il arrive que les filles elles-mêmes manquent
d’ambition, ou qu’elles soient insuffisamment
poussées vers les études par leur environnement
familial. C’est ce que l’on peut observer par
5 exemple dans le domaine scientifique et dans le
domaine des entreprises où l’on voit nettement
moins de femmes que d’hommes à des postes
de hautes responsabilités. Tout se passe comme
si les femmes considéraient a priori que certai-
Argument 3
La non-application de la parité politique peut
enfin s’expliquer par le caractère réputé miso-
gyne du milieu politique et par les charges qui
pèsent sur ceux et celles qui s’y engagent. Il est
5 certainement difficile pour une femme de conci-
lier une vie de famille et des activités politiques,
éventuellement en plus d’une profession. Pour
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Voici quelques contraires correspondant à certains des termes cités.
TERMES PROPOSÉS
Ajourner
Agréer
Clivage
Élucider
Équivoque
Habilité à
Implicite
Résilier
Velléitaire
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 3
● Il est difficile de définir la notion de luxe.
À propos du luxe, aucune définition précise
ne vient à l’esprit. Tout au plus pouvons-nous
l’associer à des termes qui habituellement s’y
rattachent : on peut penser ainsi à la richesse, à
5 la beauté des objets ou des constructions, à des
denrées rares, à des pierres ou à des métaux
précieux. On pense à ce qui est très cher et
CHAPITRE
26
10 nes voies leur sont fermées et qu’elles renoncent
d’elles-mêmes à se battre pour y accéder. L’ori-
gine de ces comportements semble bien, encore
une fois, être liée à des représentations tradition-
nelles qui mettent beaucoup de temps à évoluer.
15 S’il est important que des femmes puissent à
notre époque être chefs d’État – ambition que
ne récusaient pas les féministes de Marivaux –, il
n’est pas certain que cette situation soit toujours
facilement acceptée par les hommes.
réussir en politique – être élu(e) –, il faut mettre
en place tout un parcours qui exige certains
10 sacrifices. L’émancipation des femmes ne les
a pas libérées de l’éducation des enfants. Le
cumul des activités et une certaine forme de vie
publique quand on est militant(e), puis élu(e),
imposent sans doute certains sacrifices dans la
15 vie privée. Il y a là quelques incompatibilités.
➜ p. 254
CONTRAIRES
Accepter, admettre
Refuser, désapprouver
Assemblage, réunion
Obscurcir, embrouiller
Univoque, clair, précis, net
Inapte, non autorisé à
Explicite, clair
Prolonger
Volontaire, décidé, persévérant, constant
inaccessible ; la haute couture, la joaillerie, les
marques célèbres, les décors somptueux des
10 châteaux et des palais, la sophistication extrême
de certains appareils. Le luxe, c’est sans doute
ce dont nous n’avons pas un besoin immédiat. Et
pourtant, n’utiliserions-nous pas ce terme pour
désigner ce qui est particulièrement rare, l’eau
15 et la fraîcheur dans le désert, la chaleur dans
une région arctique… Dans ce cas, il ne s’agit
pas de superflu. C’est pourquoi le mot résiste à
une définition qui englobe tous ses sens : il est
essentiellement subjectif.
309
 ● Les belles histoires qui se terminent bien n’inté-
ressent personne.
Le jugement est peut-être un peu catégorique,
mais il est avéré que ce qui nous intéresse,
c’est plutôt d’assister à des aventures qui nous
confrontent au monde par héros interposé. Ce
5 que nous aimons, en tant que lecteurs ou audi-
teurs, c’est éprouver des émotions, trembler pour
le héros, l’accompagner – mais en toute sécurité –
dans des dangers terrifiants en pensant bien qu’il
va triompher mais en sachant que ce sera très
10 difficile. Les belles histoires qui ne génèrent ni
inquiétude, ni angoisse, ni peur, ni attente et dont
on sait dès le départ qu’elles se finiront bien ne
suscitent pas de curiosité. Ce sont les péripéties
qui nous passionnent : sans danger, pas de péri-
15 péties et pas d’histoire intéressante.
● En montrant des scènes de plus en plus violentes,
la télévision incite à la violence.
Régulièrement, les statistiques d’actes violents
conduisent à des interrogations sur le rôle des
médias. Il est certain que la multiplication des
chaînes télévisées et celle du nombre de séries
5 policières qui y sont montrées contribue à une
présence importante de la violence. Qui dit
série policière dit crime, violence et images de
violence. Le danger est alors que cette violence
soit perçue comme une sorte de norme : elle
10 est là, en permanence, elle est partout, elle peut
surgir n’importe où, et surtout l’idée dangereuse
est que la violence est un moyen de régler les
difficultés de la vie. Il y a ainsi un risque assez net
de banalisation, et de fausse héroïsation de ceux
15 qui utilisent la violence. Régulièrement, des faits
divers signalent l’acte de folie d’un adolescent qui
tire sur d’autres, dans une école, un lycée, une
université. Cette violence vient peut-être du fait
que les armes sont accessibles et que le com-
20 mandement « Tu ne tueras point » a perdu son
sens d’interdit.
EXERCICE 4
– Je partage le point de vue selon lequel on est dans
une société démocratique et qu’il faut donc démo-
cratiser l’école.
– « On est dans une société démocratique ; il faut
donc démocratiser l’école » : c’est tout à fait mon
point de vue.
– Je pense que puisqu’on est dans une société
démocratique, il faut démocratiser l’école.
– Je ne partage pas du tout le point de vue de J.-
J. Rousseau lorsqu’il écrit : « Ainsi, toute l’éducation
des femmes doit être relative aux hommes. »
– Je récuse la conception de J.-J. Rousseau quand
310
il dit : « Ainsi, toute l’éducation des femmes doit être
relative aux hommes. »
– Je pense que J.-J. Rousseau se trompe lorsqu’il
affirme qu’« Ainsi, toute l’éducation des femmes doit
être relative aux hommes. »
– Je partage tout à fait le point de vue d’E. Ionesco
lorsqu’il dit : « Un pays où l’on ne comprend pas l’art
est un pays d’esclaves et de robots. »
EXERCICE 5
– Selon (d’après) La Fontaine, le travail est un trésor.
– Le travail est un trésor : je partage tout à fait cette
idée.
– Je ne suis pas d’accord avec l’idée selon laquelle
le travail est un trésor / l’idée que le travail puisse être
un trésor me paraît tout à fait erronée.
– C’est une idée répandue depuis longtemps que le
travail est un trésor.
– On n’a pas toujours pensé que le travail est (était)
un trésor.
– Selon que l’on a ou non du travail, on le considé-
rera ou non comme un trésor.
– Considérer le travail comme un trésor est une for-
mule excessive / Il est excessif de considérer le tra-
vail comme un trésor.
– Dans certaines conditions seulement considérer le
travail comme un trésor serait acceptable.
– Les personnages de B. Vian, dans L’Écume des jours,
sont loin de considérer le travail comme un trésor.
EXERCICE 6
Proposition de paragraphe rédigé
Il serait tentant de pouvoir dire, de manière défini-
tive, comme le fait La Fontaine, que le travail est un
trésor. Pourtant le monde professionnel et les com-
portements humains apportent sans cesse la preuve
5 du contraire. D’abord, il existe de nombreux exem-
ples de travaux qui ne sont pas gratifiants pour ceux
qui doivent les exécuter : fatigants, sales, bruyants,
dangereux, répétitifs, ils rabaissent l’être humain à
une condition d’exécutant qui accomplit les mêmes
10 gestes sans savoir quel est le sens de ce qu’il fait
ni comment ses gestes s’intègrent à une réalisa-
tion d’ensemble. Charlie Chaplin a mis en scène
cette situation dans le film Les Temps modernes :
on y voit entre autres une énorme machine (voir
15 p. 148) qui engloutit les ouvriers comme une sorte
de monstre dévorant, image qui figurait déjà chez
Zola dans Germinal. Ensuite, il arrive que le travail
mette en contact professionnel des gens qui le per-
vertissent et qui rendent infernale la vie de certains
20 employés : ce que l’on appelle le harcèlement moral
fait du travail non un trésor mais un enfer analysé par
des sociologues (p. 54) et puni par la loi.
 CHAPITRE
27
rédiger l’introduction et la conclusion
A P P R O C HES
1 Unn tableau peut mettre en relief la manière dont l’introduction proposée fait réfé-
EXERCICE 1 rence a
aux éléments du sujet.
SUJET
Constitution française / 1946 / égaalité entre les hommes et les
femmes / principe respecté ? / point de vue personnel
L’introduction proposée est construite de la manière
suivante :
– une phrase d’accroche indiquant le thème : l’éga-
lité entre les hommes et les femmes ;
– un rapide historique développant l’idée d’une éga-
lité établie légalement, de manière institutionnelle ;
– une objection opposant la légalité et la réalité de
certains faits constatés : il s’agit là de la probléma-
tique ;
– l’annonce d’un plan en deux parties : observa-
tion / explication.
La problématique réside dans le constat d’un déca-
lage entre ce qui devrait exister et ce qui existe réel-
lement : c’est ce point qu’il faut élucider.
EXERCICE 2 1 Tableau de comparaison du sujet et de l’introduction.
SUJET
Faire table rase / sites industriels dépassés / récupérer / votre
point de vue
➤ La différence de longueur entre le sujet et l’introduction montre la présence d’un développement dans
l’introduction : elle explicite les données du sujet pour en faire sortir la problématique.
2 La problématique vient du constat de deux faits
opposés : d’un côté l’abandon de sites industriels qui
ne servent plus, mais qui contiennent des éléments de
mémoire et qui constituent un patrimoine, et de l’autre
L’écriture
personnelle :
Livre de l’étudiant ➜ p. 255 à 261
➜ p. 255
INTRODUCTION
L’égalité entre les hommes et les femmes / conquête du
Xe siècle / 1946 / Constitution / égalité dans le principe pas
XX
toujours appliquée dans le monde professionnel / j’exposerai
quelques explications
Le caractère personnel du devoir réside dans la
manière dont se trouve abordé le sujet. Plus directe-
ment, on trouve l’utilisation de la première personne
dans l’annonce de la démarche adoptée.
2 L’introduction apprend quel est le thème traité,
de quelle manière se dégage la problématique et en
quoi elle consiste, puis quelle réponse est apportée
et sous quelle forme. L’introduction apporte des élé-
ments de réponse aux questions :
– quel est le thème général ?
– quel est l’aspect particulier de ce thème (domaine
envisagé et problématique) ?
– selon quelle démarche se trouve abordé le pro-
blème envisagé, c’est-à-dire le plan ?
INTRODUCTION
Abandon de sites industriels
obsolètes / réhabilités / destruction d’autres sites / table rase
du passé / il me semble important / sauvegarde
la volonté de ne pas laisser disparaître, malgré le coût
de la rénovation, des lieux dont certains sont des œu-
vres d’art. L’explicitation de la problématique fait appa-
raître les jeux d’oppositions sur lesquelles elle repose.
311
 3 L’annonce du plan se fait à partir de la ligne 9 :
Il me semble important… Cette annonce indique
l’exposé d’une succession de raisons justifiant
la sauvegarde de sites industriels : le devoir ainsi
conçu répond par la négative à la question Faut-il
faire table rase du passé ? en expliquant pourquoi il
faut sauvegarder le patrimoine industriel.
EXERCICE 3
1 et 2 La conclusion proposée est construite de
la manière suivante :
– phrase reprenant la problématique et proposant
une sorte de résumé / bilan des arguments : s’il existe
encore tant de disparités, cela vient de… L’adverbe
ainsii montre que l’on arrive à la fin de l’exposé, de
même que la reprise résumée des arguments ;
– ouverture sur une autre explication, venue d’un
autre domaine : présentation et proposition d’une
autre raison expliquant pourquoi les lois demandées
sont mal appliquées : elles sont parfois trop en avan-
ce et imposent des obligations auxquelles tous les
citoyens ne sont pas prêts ;
– question finale dans la perspective de l’ouverture.
On montre ainsi que si l’on a trouvé des explications
à un phénomène, il faut constater qu’il s’inscrit dans
INTRODUCTION
– Égalité inscrite dans la Constitution (l. 3) / loi du 6 juin
2000 sur la parité politique (l. 3-4)
– Principe de stricte égalité pas toujours appliqué (l. 7) /
discriminations diverses (l. 8)
– Pourquoi il existe encore bien des obstacles (l. 10)
➤ Le tableau fait apparaître des éléments communs
à l’introduction et à la conclusion, ce qui est logique.
Il montre aussi que ces différents éléments communs
ne sont pas pris dans le même ordre selon que l’on
se trouve dans l’introduction ou dans la conclusion. Il
montre enfin que la conclusion comporte un élément
312
4 Le caractère personnel de la réponse est claire-
ment perceptible dans le choix d’orientation du devoir :
la réponse est négative et l’argumentation consiste à
montrer pourquoi il est important de ne pas faire table
rase du passé. Cette réponse personnelle, soulignée
par la formulation Il me semble (l. 9), peut être partagée
par d’autres. Elle l’est par tous ceux qui défendent la
réhabilitation des sites industriels et qui mettent en
valeur le patrimoine hérité de la révolution industrielle.
une perspective plus large et entraîne de nouvelles
interrogations.
3 Le caractère personnel de la conclusion se ma-
nifeste de plusieurs manières :
– le choix de l’orientation générale de la réflexion et
sa reprise sous une forme résumée et synthétisée
dans la conclusion ;
– la formulation à la première personne qui souligne
le choix personnel de l’orientation générale du de-
voir : il apparaît ainsi et je crois l’avoir montré… ;
– le choix de l’ouverture qui conduit à une nouvelle
question, relative non plus précisément à la dispa-
rité hommes / femmes, mais à l’application des lois
sociales.
4 Les échos entre l’introduction et la conclusion
apparaissent dans le tableau suivant :
CONCLUSION
– La loi (l. 4) / l’ensemble législatif (l. 7)
– Disparités entre les hommes et les femmes (l. 1-2)
– Freins divers liés à la culture, aux traditions, à de
nombreux préjugés (l. 2-3)
– Questions sur l’adaptation et sur l’efficacité des lois
(l. 8-9)
supplémentaire, et nouveau : la réflexion sur les lois
et sur leur adaptation aux questions sociales qu’elles
réglementent. Il s’agit là d’une nouvelle orientation
de la réflexion, qui dépasse la question des relations
hommes / femmes pour aborder celle des lois socia-
les de manière plus générale.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : r é d i g e r l ’ i n t r o d u c t i o n e t l a c o n c l u s i o n CHAPITRE
27
1 On peut répondre à la première question sous forme de tableau en ajoutant la
EXERCICE 4 colonne « conclusion » au tableau de l’exercice 2.

SUJET INTRODUCTION CONCLUSION

Faire table rase / sites industriels Abandon des sites industriels Pas envisageable de sauvegarder
dépassés / récupérer / votre point obsolètes / réhabilités / destruction d’autres tous les sites / justifient qu’on
de vue sites / faire table rase du passé ? / il me les sauve / réintégration à
semble important / sauvegarde l’environnement / caractère durable

➤ – Le sujet définit le thème général et oriente une
démarche par la présence de la problématique.
– L’introduction explicite la problématique et précise
de quelle manière elle va être abordée.
– La conclusion reprend les éléments de réponse
exposés dans le devoir et envisage un point nou-
veau pour dépasser l’existence de prises de position
opposées.
2 La conclusion se compose des éléments suivants :
– une réponse négative concernant la totalité des
sites, complétée par une objection insistant sur la
nécessité d’en sauver certains ;
– l’utilisation d’un exemple célèbre – le musée d’Or-
say – pour mettre en évidence certaines conditions
de sauvegarde active et utile des monuments et des
sites qui conservent la mémoire du passé indus-
triel. Cette mise en évidence constitue un élément
nouveau, consacré au « Comment », plus qu’au
« Pourquoi ».
3 L’élément nouveau de la conclusion est son
ouverture, qui oriente vers la manière d’utiliser active-
ment les sites hérités du passé industriel, de manière
à en conserver à la fois la valeur et la signification.
4 Le caractère personnel de la conclusion se situe
sur plusieurs plans : il y a d’abord la prise de position
en faveur de la sauvegarde de certains sites industriels
et la réponse négative à la question de la table rase.
D’autres auraient pu répondre affirmativement, avec
de bons arguments. Il y a ensuite le choix de l’ouver-
ture finale et l’intérêt pour les conditions de rénovation,
dont beaucoup ont lieu actuellement. Il y a enfin la pré-
sence de la première personne : je pense que (l. 6-7).

EXERCICE 5 1 Mise en parallèle des deux introductions sous forme de tableau.

INTRODUCTION DE SYNTHÈSE INTRODUCTION D’ÉCRITURE PERSONNELLE

– Phrase d’accroche indiquant le thème : la question – Phrase d’accroche portant sur ce qui garantit une
de la réforme de l’orthographe. bonne communication : la clarté et la correction de
l’expression.

– Explicitation du contenu de la phrase d’accroche

en relation avec le sujet : la nécessité de maîtriser la
langue orale et écrite ; ce que cela signifie, ce que cela
implique, notamment la connaissance et le respect des
normes.
– Mise en évidence de l’importance de bien
s’exprimer dans tous les aspects de la vie malgré le
caractère conventionnel d’un tel impératif : c’est là la
problématique.

– Présentation des quatre documents du corpus : pour

chaque document, on trouve l’auteur, l’époque, le
genre, éventuellement le registre et la manière dont le
document se trouve en relation avec le thème.
La présentation des documents fait apparaître des
orientations opposées, des prises de position qui
ne vont pas dans le même sens : ces oppositions
constituent la problématique.

313
 – L’annonce du plan tel qu’il est conditionné à
la fois par le contenu des documents et par leur
confrontation / rapprochement. La composition du
corpus et les idées des documents déterminent le plan.
➤ La mise en parallèle des deux types d’introduction
révèle que les différences tiennent essentiellement à
la nature de la démarche mise en œuvre dans cha-
cun des exercices. Ainsi, dans le cas de la synthèse,
il n’y a pas de sujet à proprement parler donnant
une problématique et une consigne spécifiques.
Il appartient à celui qui doit faire une synthèse de
déterminer lui-même la problématique à partir de la
lecture et de l’analyse des documents (c’est pour-
quoi l’étape de l’analyse est si importante). C’est à
partir des documents, de leur contenu, de leur sens
et de leur confrontation objective que se dégage un
plan. Dans l’écriture personnelle, au contraire, il y a
un sujet et c’est de l’analyse de ce sujet spécifique
que doit émerger une problématique permettant
d’envisager un plan. Ce dernier n’est pas dicté
par les documents du corpus : il vient uniquement
du sujet et laisse à celui qui s’exprime une liberté
subjective que ne donne pas la synthèse. On peut
représenter ces différences de la manière suivante,
EXERCICE 6
Par rapport à l’introduction, qui ouvre un devoir, an-
nonce un thème, fait découvrir une problématique
et donne un plan, la conclusion a un rôle défini par
sa position et par sa nature. Dernier élément d’un
devoir, elle « ferme » la réflexion à l’issue d’une argu-
mentation ayant une visée thématique et probléma-
tique. Le premier rôle de la conclusion est de donner
une réponse à ce qui a été posé comme problème
dans l’introduction. Son deuxième rôle est de faire
comprendre que même si l’on arrive à une réponse,
EXERCICE 7
On peut comparer une conclusion de synthèse et une conclusion d’écriture personnelle sous forme de tableau.
Proposition de conclusion de synthèse figurant
p. 216 (chapitre 22)
Ainsi, malgré des époques et des contextes
différents, l’exclusion est un mal social qui ne
disparaît pas. Si ses causes historiques ne sont
pas toujours les mêmes, le phénomène demeure.
314
– L’annonce du plan n’est pas directe : le plan découle
de la manière dont est indiquée la prise de position
positive – je suis convaincu(e) qu’il est fondamental…
– On attend comme plan l’énoncé des différentes
raisons – dans trois domaines (adaptation aux
situations, aux interlocuteurs et capacité d’analyse) –
qui font qu’il est fondamental de bien s’exprimer.
pour rappeler les grandes différences entre les deux
types d’exercice :
– Synthèse : Corpus de documents > Thème et pro-
blématique > plan. Aucune intrusion d’idées exté-
rieures au corpus / aucune subjectivité.
– Écriture personnelle : Sujet > Thème et problé-
matique > plan. Appel à toutes les idées venues du
corpus, des lectures et savoirs personnels / réactions
personnelles.
2 et 3 Les deux types d’introduction se rejoi-
gnent par leur structure mais pas tout à fait par leur
contenu. Elles font toutes deux connaître le thème
envisagé, une problématique, et annoncent, sous
la forme du plan, la manière dont la problématique
va être traitée. La différence essentielle vient de
ce que le travail de synthèse porte sur des docu-
ments qu’il faut présenter et que c’est à partir de
ce corpus et uniquement de lui que se révèle la
problématique.
celle-ci ne peut être totale, définitive et immuable.
Elle ne constitue jamais qu’une partie de réponse, et
suggère de nouvelles orientations, plus larges et plus
complexes. Rédiger une conclusion comporte deux
grandes difficultés : la première est de ne pas répéter
ce qui est dit dans l’introduction et de montrer qu’il y
a une évolution ; la seconde est d’inscrire dans une
perspective plus large la réponse trouvée. Dans le
cas de la synthèse, s’ajoute l’impératif d’objectivité,
qu’il faut conserver jusque dans la conclusion.
Sa nature montre qu’il n’est pas facile de diffé-
rencier causes, manifestations et conséquences,
qui se mêlent en une sorte de cercle vicieux. Une
chose, cependant, est certaine et les documents
en témoignent. Les efforts déployés par diverses
organisations sur le plan médical et simplement
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : r é d i g e r l ’ i n t r o d u c t i o n e t l a c o n c l u s i o n
humain, l’aide apportée aux exclus, se heurtent
à certaines caractéristiques de l’exclusion. Parmi
celles-ci, on peut citer la difficulté, pour ceux qui
sont sortis ou ont été poussés hors de la société,
de revenir à un mode de communication, à une
conscience du temps et à un sens de l’avenir qu’ils
Proposition de conclusion d’écriture personnel-
le figurant p. 256 (chapitre 27)
Il apparaît ainsi, je crois l’avoir montré, que s’il
existe encore tant de disparités entre les hom-
mes et les femmes, cela vient de freins divers
liés à la culture, aux traditions, à de nombreux
préjugés, et finalement à des idées qui remontent
à des temps immémoriaux et qui sont bien ancrés
dans les esprits. La difficulté d’appliquer la loi
CONCLUSION DE SYNTHÈSE FIGURANT P. 216
(CHAPITRE 22)
– Reprise du constat de la persistance de l’exclusion,
malgré les efforts déployés pour l’éradiquer. Le
point d’appui est toujours constitué par le corpus
uniquement.
– Ouverture constituée par l’observation selon
laquelle les obstacles au traitement de l’exclusion sont
intrinsèques au phénomène lui-même. Cette ouverture
se prolonge dans le constat décourageant (pour les
spécialistes) d’une quasi-impossibilité de venir à bout
des conditions extrêmes de la vie marginale.
Aucun élément de subjectivité dans la conclusion de
la synthèse.
➤ Ces conclusions se ressemblent et sont construites de la même manière ; ce qui les différencie est le
caractère objectif de l’une, qui ne doit aucunement aller au-delà des documents du corpus, et le caractère
subjectif de l’autre.
CHAPITRE
27
ont perdus. Le texte de J. Hassin est à cet égard
révélateur de la notion de « conditions extrêmes »,
qui ne sont pas celles de la vie dans le Grand
Nord, mais celles qui existent et que l’on peut voir
tout près de nous, dans les villes, au cœur de la
richesse et de la civilisation.
ne vient pas de son caractère propre, car elle a
été demandée depuis longtemps et correspond
donc à des attentes, mais des conditions de son
application. Ce constat peut être une occasion
de réfléchir sur l’évolution nécessaire de l’en-
semble législatif, avec la question suivante : les
lois sont-elles mieux acceptées lorsqu’elles anti-
cipent sur l’évolution des mœurs, ou lorsqu’elles
s’y adaptent ?
CONCLUSION D’ÉCRITURE PERSONNELLE FIGURANT P. 256
(CHAPITRE 27)
– Reprise résumée des grandes lignes de
l’argumentation sous la forme de ce qui explique la
persistance des disparités hommes / femmes.
– Réflexion sur la difficulté d’appliquer la loi et
ouverture / question sur l’efficacité des lois sociales
par rapport au moment où elles sont promulguées.
– Présence d’un indice subjectif sous la forme de la
première personne du singulier / caractère personnel
de l’ouverture.
315
 A P P L I C ATION
EXERCICE 8
Proposition d’introduction
Plusieurs décennies avant la célèbre Déclaration
des droits de la femme et de la citoyenne,
e d’O. de
Gouges, Marivaux met en scène, dans La Colo-
nie, un groupe de femmes qui expriment, face à
5 des hommes bien installés dans leurs privilèges,
des revendications féministes. À l’appui de leur
demande de participation à l’élaboration d’une
constitution, elles font valoir que leur supposée
inexpérience dans des domaines professionnels
EXERCICE 9
Proposition de conclusion
L’étude précédente montre ainsi que les filles sont
encore trop souvent conditionnées par une éduca-
tion imprégnée de traditions et de représentations
dépassées, et que les modifications éventuelles
5 de cette situation se heurtent à toutes sortes de
réactions souvent rétrogrades. Ce constat invite
à s’interroger sur la portée des lois sociales : elles
ouvrent la porte à une émancipation par l’accès
EXERCICE 10
1
Proposition d’introduction
Mêler l’ancien et le moderne, l’art et l’indus-
trie dans un même lieu ? Certains pourraient crier
au scandale et à l’anachronisme. D’autres, au
contraire, pensent qu’il y a là une possibilité de
5 sauvegarder des lieux voués à l’oubli du fait de leur
obsolescence : ils étaient utiles à l’ère de la révo-
lution industrielle ; de nos jours ils se détériorent.
L’exemple de la centrale Montemartini, à Rome,
316
➜ p. 259
10 s’explique uniquement par leur éducation. Édu-
quées autrement, elles seraient capables de se
battre, d’être juges ou avocates. Le fait de retrouver
dans des analyses sociologiques du XXIe siècle des
remarques similaires sur les déterminations dues à
15 l’éducation conduit à déterminer l’importance de
cette dernière dans le statut accordé aux femmes,
et dans la manière dont elles sont considérées. On
pourra chercher ensuite par quels moyens il serait
possible de faire évoluer une telle situation.
à la parité mais elles ne sont pas toujours sui-
10 vies d’effet. Sont-elles trop contraignantes, mal
connues, insuffisamment claires, apportent-elles
des réponses dont, finalement, les intéressées ne
veulent pas ? On peut parfois se demander dans
quelle mesure, dépassant les attentes impatientes
15 des un(e) s, ou paraissant trop lentes à d’autres,
elles peuvent s’adapter à des situations diverses
qui sont autant de cas particuliers.
ancienne usine transformée en musée d’œuvres
10 antiques, constitue un exemple intéressant
d’exposition de pièces, machines et sculptures,
appartenant à des domaines et à des époques
très différents. Ce rapprochement, qui n’est pas le
seul de son espèce, nous invite à réfléchir sur les
15 raisons d’une telle juxtaposition. Mais il convient
aussi de prendre en compte les positions de ceux
qui y voient une sorte de contresens historique.
 L’ é c r i t u r e p e r s o n n e l l e : r é d i g e r l ’ i n t r o d u c t i o n e t l a c o n c l u s i o n
2
Proposition de conclusion
Si l’on peut comprendre les réactions de ceux
qui refusent le « mélange des genres », on peut
aussi défendre avec force le point de vue adverse
et prôner le rapprochement des domaines artis-
5 tique et industriel. Il y a là de quoi réfléchir sur
la relativité du beau et de l’utile et mettre fin à
certains préjugés. La réutilisation / réhabilitation
P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Formulations pour introduire une conclusion :
On peut donc conclure / on arrive à la conclusion
que / selon laquelle… • à l’issue de cette étude…
de cette réflexion… de la confrontation des docu-
ments, nous pouvons conclure… • l’analyse précé-
dente nous conduit ainsi à conclure… • en conclu-
sion, nous… • la conclusion de cette étude est
que… • arrivé à la fin de cette étude, nous (on)…
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 2
● On désigne tout le monde.
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.
La Fontaine
● On désigne un groupe restreint.
Ce jour-là, on était partis de bon matin.
● On représente une seule personne (troisième per-
sonne du singulier).
Quoi ? d’un juste courroux je suis émue contre elle.
C’est moi qui me viens plaindre, et c’est moi qu’on
querelle. Molière (Le
( Misanthope) (on = elle)
● On représente une seule personne (deuxième
personne).
Je vois que votre cœur m’applaudit en secret ;
Je vois que l’on m’écoute avec moins de regret. Ra-
cine (Bérénice
( ) (on = vous)
● On représente une seule personne (première per-
sonne du singulier).
CHAPITRE
27
de tout ce qui appartient à l’ère industrielle est un
hommage au travail et à la vie de ceux qui nous
10 ont précédés. Si cet hommage permet de mettre
côte à côte diverses productions, l’art ne souffrira
pas de son voisinage avec l’industrie, et cette der-
nière se trouvera valorisée, ce qui n’étonnera pas
à une époque, la nôtre, qui brouille constamment
15 la définition et les frontières de l’art.
➜ p. 261
Allez, vous êtes fou, dans vos transports jaloux
Et ne méritez pas l’amour qu’on a pour vous.
Molière (Le
( Misanthrope) (on = je)
EXERCICE 5
● Sujet 1
– Dans une de ses fables, La Fontaine fait l’éloge
du travail. Il arrive pourtant qu’il soit vécu comme
un enfer.
– Parce qu’il occupe une grande partie de la vie des
hommes, il est important que le travail soit perçu
comme une donnée positive.
– Des conditions de travail parfois inhumaines ont
conduit le législateur à définir la notion de « harcèle-
ment moral » dans le domaine professionnel.
● Sujet 2
– Dans le poème intitulé « L’invitation au voyage »,
Baudelaire imagine un rêve caractérisé par les trois
mots Luxe, calme et volupté.
– Certains magazines regorgent d’images de luxe :
hôtels somptueux, jardins magnifiques, paysages
merveilleux, vie facile. Ce sont là les composantes
d’un rêve…
– Il est rare que l’on n’associe pas au mot luxe les
mots de richesse, de vie facile et de rêve.
● Sujet 3
– Il y a de nombreux exclus dans les villes ; il y a
aussi un service, le SAMU social, qui sillonne les
rues et s’efforce de leur venir en aide, mais souvent
en vain.
– On s’étonne parfois des refus réitérés de SDF aux
propositions faites par les services d’entraide.
– Les travailleurs sociaux qui s’occupent de venir
en aide aux SDF rapportent tous les difficultés qu’ils
rencontrent à faire accepter leur aide.
317
4
Savoir rédiger des
écrits professionnels
 CHAPITRE
28 Rédiger un CV
A P P R O C HES
EXERCICE 1
1 et 2
● Le CV proposé est constrruit de la manière sui-
vante :
– en haut à gauche, un « pavé » contient tous les élé-
ments concernant l’identité eet les coordonnées de
l’auteur du CV : nom, adresse, numéro de téléphone
fixe et de portable, adresse e-mail, âge et situation
de famille ;
– en haut à droite, juste en face, peut figurer une
photo d’identité lorsqu’elle est demandée, ce qui
n’est pas toujours le cas ;
– au centre de la page, avec un espace équivalent de
part et d’autre, figure le statut de l’auteur du CV, ce
qui donne simultanément son niveau d’études et son
domaine professionnel ;
– le reste de la page est occupé par quatre rubri-
ques : Formation et diplômes, Langues, Expérience
professionnelle, Centres d’intérêt.
● On peut analyser le contenu de chaque rubrique.
– Formation et diplômes : cette rubrique énumère
les diplômes obtenus (ici de 2003 à 2006) en termi-
nant par le plus éloigné : baccalauréat, année de fa-
culté (sans diplôme), années de préparation au BTS
et obtention de ce diplôme. Donner les dates dans
l’ordre inverse de l’ordre chronologique est conven-
tionnel.
– Langues : il s’agit d’une information sur les lan-
gues maîtrisées (ainsi que le niveau), élément impor-
tant dans le contexte professionnel.
– Expérience professionnelle : cette rubrique ap-
porte des éléments complémentaires permettant à
celui qui postule de faire mieux connaître ce qu’il a
déjà fait et à celui qui recrute d’avoir un profil plus
320
Livre de l’étudiant ➜ p. 264 à 271
➜ p. 264
précis du candidat. L’exposé des différents emplois
occupés donne conventionnellement d’abord ce qui
est le plus récent et remonte dans le temps (2007 à
2001). On y trouve l’indication des emplois ou des
stages avec les précisions suivantes : nature de
l’emploi (CDD ou stage) et durée, entreprise, lieu,
responsabilités.
– Centres d’intérêt : très ouverte, cette rubrique
est aussi plus personnelle parce qu’elle touche à
la sphère privée. Elle permet au candidat de faire
connaître de lui des aspects non professionnels,
mais qui découvrent des éléments de sa personna-
lité, de ses goûts, de certains de ses engagements.
● On observe que le déroulement du CV, en partant
de l’identité de son auteur, vise à faire connaître en
premier des informations professionnellement déci-
sives et officielles, pour aborder ensuite un parcours
personnel lié de manière plus ou moins étroite aux
diplômes et arriver enfin à la personnalité. On va
ainsi du plus officiel au plus personnel.
3 Certains détails du CV proposé permettent de
deviner certains éléments de la personnalité du can-
didat :
– du dynamisme et de la curiosité : les stages de
vacances pendant la période d’études au lycée, le
CDD en Angleterre ;
– une capacité de juger ses propres goûts et ses
propres centres d’intérêt : la tentative des études de
droit, année sans suite mais « récupérée » et trans-
formée en études en STS ;
– un engagement actif dans la vie associative dans
le cadre du lycée, ce qui montre le goût des respon-
sabilités et le sens de la solidarité.

EXERCICE 2
1 On trouve dans ce CV, sous une forme un peu
différente, les rubriques figurant dans le premier CV.
– L’identité et les coordonnées ; à la place de la
photo d’identité éventuelle figure ici l’âge. En 2008,
le candidat a 24 ans.
– Au milieu de la page figure le statut professionnel :
Agent administratif, avec une précision, Service
logistique.
– La formation fait état de l’obtention du baccalau-
réat puis du BTS « Transport et logistique », avec
une année universitaire à laquelle il n’a pas été
donné suite.
– La rubrique Langue se double de précisions
concernant le niveau informatique.
– La rubrique concernant l’expérience profession-
nelle prend la forme d’une énumération de com-
pétences listant ce dont le candidat a l’expérience,
mais sans que ces compétences soient clairement
associées à la nature des entreprises et sociétés
dans lesquelles le candidat a travaillé.
CHAPITRE
28
– Les centres d’intérêt ne sont pas vraiment
détaillés : on a juste une énumération « neutre »,
sans précisions.
➤ On peut remarquer que ce CV manque de préci-
sion : oubli, choix ou absence, il n’y a pas d’indication
de mention pour le baccalauréat, pas de niveau non
plus en ce qui concerne l’informatique. Il aurait cer-
tainement été intéressant pour un recruteur de savoir
à quoi précisément tient l’expérience de l’auteur du
CV et ce qu’il a fait dans les trois entreprises où il
a travaillé, mais comme on peut le remarquer, pas
très longtemps. On peut donc s’interroger sur la
nature de l’expérience personnelle (stages ?) et sur
la manière dont a été occupé le temps qui va de
2006 (obtention du BTS) à 2008 par quelqu’un qui
n’a travaillé que trois mois et trois semaines.
On peut aussi remarquer le caractère imprécis des
centres d’intérêt indiqués. Dans le CV précédent, on
pouvait penser que le candidat pratiquait le ski et
le rugby. Avec la simple indication « informatique »,
« football », il est difficile de se faire une idée.

2 Récapitulation des rubriques et de leur utilité

RUBRIQUE UTILITÉ POUR LE CANDIDAT UTILITÉ POUR LE RECRUTEUR
Identité / coordonnées Identification officielle. Identification / moyen de
communication avec le candidat.

Formation et diplômes – Faire connaître les études et leur Connaissance du parcours d’études
point d’aboutissement. du candidat ; de son niveau.
– Faire savoir que l’on a le profil
demandé.

Expérience professionnelle Faire savoir indirectement ce Se faire une idée de l’expérience

que l’on a appris, ce que l’on sait
faire, où on a travaillé, quelle est
la nature de l’expérience acquise.
L’objectif est de prouver que
l’on a le bon profil pour le poste
envisagé.
acquise par le candidat, dans
quelles circonstances et dans quel
contexte : observer son parcours à
la lumière du poste à pourvoir.

Langues Faire connaître un élément Information utile pour cerner le

complémentaire. profil du candidat.

Centres d’intérêt Mise en évidence des Connaissance d’éléments humains

caractéristiques personnelles qui qui peuvent être favorables par les
peuvent jouer un rôle favorable qualités qu’ils révèlent.
par ce qu’elles révèlent : énergie,
curiosité, dynamisme, esprit
d’initiative, persévérance, sens des
responsabilités.

321
 EXERCICE 3
Les grandes orientations du tableau
1 Le CV 3 n’est pas tout à fait construit comme les
deux premiers. Il comporte, dans cet ordre :
– ce qui permet d’identifier son auteur, avec deux
précisions particulières, l’une familiale (Célibataire),
l’autre professionnelle (Permis
( B) ;
– le statut professionnel : Assistante commerciale.
On trouve dans cette rubrique deux types d’informa-
tions qui peuvent paraître inattendues à cet endroit :
la durée de l’expérience (qui est de toute façon
calculable), et les qualités personnelles, Sérieux,
Autonomie, Esprit d’initiative ;
– le domaine de compétences : cette rubrique
comporte deux listes (correspondant au domaine
commercial et au domaine administratif) et énumère
(11 items) ce dont son auteur a l’expérience et la
maîtrise ;
– le parcours professionnel : il fait état de trois postes
occupés (5 ans, 5 ans et 10 ans), ce qui correspond à
l’expérience annoncée ;
– la formation vient en avant-dernière rubrique : elle
fait état de deux stages en informatique et en secré-
tariat à six ans d’intervalle. Rien n’indique par quoi
ces deux stages ont été validés et / ou sanctionnés ;
– les centres d’intérêt indiquent deux thèmes : gym-
nastique douce et cuisines exotiques.
EXERCICE 4
1 , 2 et 3 Les deux CV des exercices 1 et 2 sont
très proches dans leur organisation, mais diffèrent par
leur contenu et par l’esprit dans lequel ils sont rédi-
gés. Une différence vient, dans le CV 1, de la manière
de mettre en évidence l’expérience professionnelle.
Comme les deux postulants sont des « débutants »
en 2007-2008 du fait qu’ils ont obtenu leur diplôme
en 2006, il est important pour eux de mettre en relief
l’expérience toute récente qu’ils ont acquise. C’est ce
que fait avec une certaine rigueur l’auteur du premier
CV : il associe à chaque étape vécue les travaux
effectués (ce qui sous-entend, pour un professionnel
de cette branche, des compétences acquises, mises
en jeu et développées). On peut remarquer, outre la
rigueur, un certain souci de la précision : chaque stage
est identifié, daté et inscrit dans le contexte d’études
(emploi de vacances ou stage obligatoire, CDD). Un
certain nombre de qualités ressortent de la manière
322
➤ Certains choix dans la rédaction de ce CV peuvent
étonner : la position de la rubrique « Formation » qui
arrive assez tard dans la présentation d’ensemble et
l’insistance sur les compétences et sur les qualités
personnelles.
2 On peut comprendre la position de la rubrique
« Formation », en général importante puisqu’elle
indique les diplômes et donc le niveau d’études :
l’auteur du CV n’a visiblement aucun diplôme et a
sans doute obtenu ses différents postes (il y en a eu
trois) grâce à ses compétences et à son expérience
professionnelle (ce que l’on appelle les acquis de
l’expérience). Elle met donc en valeur ce qui lui a
permis d’accéder à des fonctions d’assistante et de
s’y maintenir (mais sans doute sans promotion du
fait de son absence de diplômes). Dans son cas, ce
sont les compétences et le parcours qui constituent
des « atouts », ce qui explique leur mise en relief.
3 On peut s’interroger sur le contenu de la rubri-
que « Centres d’intérêt » : ni la gymnastique douce
ni les cuisines exotiques ne donnent d’informations
précises sur la personnalité de l’auteur du CV. Il ne
s’agit pas de compétences particulières. Mais il vaut
encore mieux indiquer cela (la cuisine peut orienter
vers l’idée de curiosité) que ne rien inscrire dans
cette rubrique.
dont le CV est rédigé, qualités qui sont en rapport
avec les expériences signalées dans le domaine de
l’informatique et dans la vie associative : organisation,
clarté, précision, sens de la décision.
Le CV 2, mis en parallèle, avec un parcours proche
(essai d’études universitaires après le bac, retour
vers le BTS), ne montre pas un tel souci de la pré-
cision. L’expérience professionnelle a été rapide,
comme l’indique la durée du séjour dans chaque en-
treprise, et rien n’est dit du statut qu’avait l’auteur du
CV dans chacune : pas d’information sur les stages
(pourtant obligatoires) pendant les études. De ma-
nière générale, tout se passe comme si l’auteur du
CV ne disait pas tout sur son passé professionnel.
L’ensemble manque de précision et de rigueur jus-
que dans l’indication des centres d’intérêt.
Le plus efficace des deux CV semble bien être le
premier.

EXERCICE 5
Différences révélées par le CV 3 :
– la personne qui rédige son CV (n° 3) a 20 ans d’ex-
périence ; il ne s’agit pas de son premier poste ;
EXERCICE 6
Dans les CV, il importe que les différentes rubriques
soient clairement limitées, ce qui est assez facile
quand il s’agit de débutants ; mais on peut observer
qu’il n’est pas toujours aisé d’établir des limites entre
ce qui relève de la formation et ce qui appartient à
l’expérience. On parle d’ailleurs de formation profes-
sionnelle et d’expérience professionnelle ; la présen-
ce du même adjectif attire l’attention sur la proximité
des deux domaines. L’expérience contribue en effet à
approfondir la formation, à la consolider, à l’enrichir,
EXERCICE 7
Concernant ce qui fait l’importance des CV, on peut
distinguer ce qu’ils donnent directement et ce qu’ils
font apparaître à travers la structure et les mots.
● Ce que les CV donnent de manière directe :
– l’identité d’un candidat ;
– ce qu’a été son parcours d’études ;
– ce qu’il a acquis professionnellement / ce qu’il
maîtrise ;
– ce qui l’intéresse.
Mais on se rend compte que ces éléments, même
précis, sont « déformables » par la manière dont
ils sont exprimés et rattachés les uns aux autres :
par exemple les dates, les lieux, la succession des
expériences, leur nature… Il est toujours facile de
présenter les choses sous une forme plus favorable
que dans la réalité, d’embellir une situation, d’accen-
tuer des responsabilités…
EXERCICE 8
Les difficultés qui résident dans l’élaboration d’un
CV sont les suivantes :
– respect des conventions d’organisation et de
structure du CV : il faut donc les connaître ;
– mise en forme écrite : précision et cohérence des
informations données ;
Rédiger un CV CHAPITRE
28
– cette personne est nettement plus âgée que les
deux auteurs des CV 1 et 2 ;
– c’est quelqu’un qui n’a pas de diplôme professionnel.
parfois à l’infléchir dans de nouvelles voies. Il apparaît
d’autre part que les centres d’intérêt entrent souvent
en relation et en résonance avec l’expérience profes-
sionnelle. Ainsi, dans le cas du CV 1, on peut remar-
quer que l’expérience associative est de nature à utili-
ser les savoirs professionnels, mais aussi à les mettre
en œuvre, à les expérimenter. Ainsi, dans certains cas,
on peut être indécis quant à la classification des com-
posantes d’une expérience qui touche aux loisirs tout
en touchant au domaine professionnel.
● Ce que les CV révèlent indirectement, de manière
implicite :
– des qualités chez le candidat, dans sa manière
d’être et dans sa manière de présenter ce qu’il a à
faire savoir ;
– certains manques (volontaires ou non), certaines
exagérations, certaines déformations de la réalité,
quand elles ne « collent » pas avec le contenu ;
– des éléments à partir desquels le destinataire se
« fait une idée » de l’auteur du CV.
● Le CV « trahit » parfois son auteur et fait com-
prendre, mieux que ne le feraient des mots, ce qui
n’a pas été dit.
Parce qu’il doit être une première présentation,
écrite, de celui qui envisage un poste, le CV doit être
simple, clair, précis, rigoureux et exact : il faut que
l’image donnée par le CV corresponde à celle que se
fait du candidat celui qui lit ce CV.
– respect et exactitude de la chronologie ;
– exactitude des informations concernant l’expé-
rience acquise ;
– franchise dans la présentation des centres d’intérêt ;
– correction de l’expression et de l’orthographe ;
– rigueur et clarté de la mise en page.
323
 A P P L I C ATION
EXERCICE 9
1 , 2 et 3 Les avis surr le CV 2 (➜ p. 265)
peuvent diverger. Il est nettem ment moins percutant
et moins rigoureux que le CV 1 (➜ p. 266), pour des
raisons vues dans les analyse es précédentes. Il n’est
pas certain que son analyse par un recruteur soit
suivie d’un entretien, du fait du caractère très impré-
cis de l’expérience évoquée. Les centres d’intérêt
EXERCICE 10
Dans le CV proposé, on peut remarquer les points
faibles suivants.
● Mise en page : absence de marge significative à
gauche et à droite : il convient de laisser un espace
et de ne pas commencer, ni finir, au bord de la page.
Toujours dans la mise en page, on ne comprend pas
la règle qui préside à la disposition des différents
« pavés » : les éléments des rubriques Langues et
Logiciels ne sont pas alignés, ceux de la rubrique
Divers ne le sont pas non plus. Cela crée une irrégu-
larité qui n’a pas de justification.
● Contenu des rubriques :
– on note l’absence d’indication de statut et de spé-
cialité (que l’on trouve dans les trois autres CV) ;
– il n’est pas nécessaire d’indiquer le BEP, ce
diplôme étant suivi de l’obtention du baccalauréat
puis du BTS ;
– on ne comprend pas la distinction faite entre
Stages et Expériences professionnelles, ces deux
rubriques ayant des contenus similaires. Les sta-
ges et les périodes présentées comme des expé-
riences professionnelles se mêlent de manière
chronologique (par exemple en été 2004). On peut
EXERCICE 11
Sélection des éléments utiles pour la rédaction du
CV :
– diplôme : BTS « Force de vente » ;
– Daniel Dumont, 24 ans, célibataire ;
– Tél. 02 45 76 29 00 ;
– Portable : 06 87 52 90 00 ;
– E-mail : ddumont@yahoo.fr ;
– Juillet 2001 : baccalauréat STT « Force de vente » ;
– Emploi de vendeur à La Grande Récré ;
324
➜ p. 268
indiqués ne sont pas ciblés, mais leur éclectisme
((littérature contemporaine – encore que ce soit bien
vague – et football)l peut étonner et jouer en faveur
du candidat. Le sort réservé à ce CV peut dépendre
pour beaucoup de la nature des CV reçus pour le
même poste et de leur mise en parallèle.
penser que l’absence de distinction correspond à
une confusion entre des situations professionnel-
les qu’on ne peut guère identifier. Cette confusion
ne permet pas de bien cerner en quoi consistent
les compétences professionnelles acquises par
l’auteure du CV ;
– les centres d’intérêt indiqués n’apportent pas, par
leur manque de précision, d’informations complé-
mentaires sur la personnalité de l’auteure du CV.
Celle-ci ne semble pas avoir compris que cette der-
nière rubrique est là pour compléter une présentation
grâce à des éléments personnels à la fois précis et
valorisants. Le mot Divers suggère que cette rubrique
a été considérée comme une sorte de « fourre-tout ».
● Pour améliorer ce CV, il faudrait :
– revoir la mise en page et les alignements de rubri-
ques ;
– indiquer en milieu de ligne, au-dessus de la rubri-
que Formation, le statut de l’auteure du CV ;
– revoir l’organisation et la classification du contenu
des rubriques Stages et Expériences professionnelles ;
– remplacer Divers par « Centres d’intérêt » et y ins-
crire des choix plus précis et plus pertinents.
– 2001 : inscription en Droit ;
– « Petits boulots » :
Avril 2002 (trois semaines livreur chez Conforama)
Mai 2002 (deux semaines caissier de magasin U
à Pont-Aven)
Juillet / août 2002 (manutentionnaire chez Darty) ;
– 2002-2004 : préparation du BTS ;
– Pâques 2003 et Pâques 2004 : stage de vacances
dans un office du tourisme.
 Rédiger un CV CHAPITRE
28
Daniel Dumont Célibataire, 24 ans
Tel. 02 45 76 29 00
Portable 06 87 52 90 00
Email : ddumont@yahoo.fr

TECHNICIEN SUPÉRIEUR EN FORCE DE VENTE

Formation et diplômes
2004 : BTS Force de vente
Rentrée 2001-2002 : inscription à la faculté de Droit de Brest
2001 : baccalauréat STT Force de vente

Langues
Anglais parlé courant (stages à l’Office du Tourisme de N.)

Logiciels
Word, Excel, PowerPoint : bon niveau

Expérience professionnelle
2004 : stage de deux semaines à l’Office du Tourisme de N., relations
avec la clientèle, en anglais, réservations de chambres d’hôtel et
de places de spectacle, proposition d’itinéraires de randonnées
pédestres et à vélo.
2003 : même stage à l’Office du Tourisme pendant les vacances de
Pâques.
2002 : (avril, mai, juillet et août) : différents emplois : livreur chez
Carrefour, caissier dans un magasin U, manutentionnaire chez Darty.
Relations avec la clientèle, observation des techniques de vente.
2001 : (3 semaines en juillet) : vendeur à La Grande Récré. Relation avec
la clientèle enfants.

Centres d’intérêt
– Vente sur Internet.
– Contacts avec les jeunes : titulaire du BAFA.
– Contacts avec la clientèle, notamment dans le tourisme : information
mais aussi organisation de loisirs et aide à la découverte des curiosités
de la région.

EXERCICE 12
Recomposition des phrases complètes.
Mettez en valeur tout ce qui montre vos compétences pour cet emploi
Supprimez tout ce qui vous dessert ou n’est pas utile dans l’emploi recherché
Le CV gagnant est concis, précis, attractif, impeccable dans sa présentation
Faites une mise en page équilibrée et aérée
Utilisez du papier de qualité (non quadrillé)
Ne dépassez pas deux pages (évitez les recto verso)
Pensez à ne pas ennuyer le lecteur par des redites ou des longueurs
Commencez par définir votre objectif professionnel
Veillez à la bonne qualité des photocopies
Une seule page, claire et synthétique vaut mieux que deux pages confuses ou répétitives
Veillez à utiliser des phrases courtes ou un style télégraphique
Faites votre CV sur un traitement de texte pour le modifier facilement

325
 CHAPITRE
29 Rédiger une lettre
de candidature
Livre de l’étudiant ➜ p. 272 à 281

A P P R O C HES ➜ p. 272

EXERCICE 1
1 On retrouve dans la lettre 1 les éléments suivants : – la formule de politesse finale ;
– l’indication de l’émetteur ett de ses coordonnées – la signature.
(adresse, numéros de téléph hone fixe et portable, On remarque la présence d’une Référence. Dans
adresse e-mail) ; une lettre non administrative et moins convention-
– la date et le lieu d’envoi de la lettre ; nelle, cette référence se trouve intégrée au contenu
– l’indication du destinataire ; de la lettre. On trouve aussi l’indication PJ qui indi-
– la formule désignant le destinataire ; que qu’un document est joint à la lettre.

2 Les éléments qui composent la lettre sont conventionnellement placés de la manière suivante :

Identité
et coordonnées
de l’émetteur
Lieu, date

Identité et coordonnées
du destinataire
Référence (ou Objet) : ……

Formule désignant le destinataire,

__________________________________________________________
__________________________________________________________________
_________________________

__________________________________________________________
__________________________________________________________________
___________________________________

_________________________________________________________
__________________________________________________________________
______________________________________
Formule de politesse finale,

PJ : Signature

326

3 Contenu des trois paragraphes rédigés :
– paragraphe 1 : rappel de l’annonce, présentation
par le candidat de sa formation en relation avec le
contenu de l’annonce ;
– paragraphe 2 : exposé par le candidat de ses
compétences professionnelles dans le cadre de
l’annonce, et de certaines spécificités qui justifient
sa démarche et apparaissent comme des arguments
supplémentaires ;
– paragraphe 3 : demande indirecte de rencontre et
formule de politesse finale.
➤ Le contenu de la lettre a pour fonction de faire
ressortir tout ce qui peut conduire le destinataire à
conclure que le candidat est celui dont le profil pro-
fessionnel est le mieux adapté au poste à pourvoir.
4 La lettre fait référence à deux documents : il
est question de l’annonce parue dans L’Éclaireur
des Pyrénées d’une part, du CV de l’autre, en fin
de lettre, après la mention PJ (« pièce jointe »). La
première référence constitue en quelque sorte une
justification de la lettre : celle-ci a été écrite en rela-
tion avec l’annonce et pour y répondre. La lettre est
ainsi « située » par rapport au contenu de l’annonce.
L’indication du CV constitue une autre justification
de la lettre et de la démarche : celui qui écrit pense
avoir des diplômes et un parcours adaptés à ce qui
est proposé (le poste) et à ce qui est demandé (les
1 On peut comparer les deux documents à l’aide d’un tableau mettant en évidence
EXERCICE 2 leurs éléments communs et leurs relations.
ANNONCE
Sté en pleine expansion / matériel électrique
recherche
Pyrénées orientales
Visiter une clientèle de magasins d’électricité
Expérience d’au moins cinq ans
Niveau BAC + 2
Aptitude à la négociation / ouverture aux autres
2 Le tableau fait apparaître des coïncidences récur-
rentes entre le contenu de l’annonce et le contenu de
la lettre de candidature : on peut en déduire que la
seconde correspond de manière précise au ciblage
défini par la première et que le profil du candidat
CHAPITRE
29
compétences). Ces références rappellent que la
lettre n’a pas été écrite au hasard et qu’elle s’inscrit
dans une démarche cohérente.
5 Information et argumentation
● Appartiennent à l’information :
– tout ce qui concerne l’identité ;
– l’indication du diplôme et de la formation ;
– la précision concernant la tendance naturelle aux
contacts humains ;
– l’indication de la connaissance de la région et des
réactions de ses habitants.
● Relèvent de l’argumentation :
– l’indication d’une formation particulière récente ;
– l’indication concernant la tendance aux contacts
humains ;
– l’affirmation de la pertinence de la candidature ;
– l’indication de la connaissance de la région et des
réactions des habitants.
➤ Comme on peut l’observer, on trouve des élé-
ments semblables dans les deux catégories. Ce
qui relève de l’information peut se transformer en
argument, parce que ces éléments révèlent des
« atouts » et sont de nature à différencier deux
candidatures. Connaître la région est certainement
un atout, comme avoir bénéficié d’une formation
spécifique.
LETTRE DE CANDIDATURE
Votre entreprise / vente de matériel électrique /
développement récent
recherche
Géographie de la région
Originaire de Perpignan
Formation de technico-commercial
DUT obtenu il y a quatre ans
DUT
Dynamisme, ouverture aux autres / ce qui aide dans
les relations avec la clientèle
auteur de la lettre semble bien correspondre aux
attentes des recruteurs. Un seul point ne correspond
pas exactement : la longueur de l’expérience (au
moins cinq ans exigés dans l’annonce).
327
 EXERCICE 3
1 La lettre proposée comporte toutes les compo-
santes conventionnelles : identification de l’émetteur,
coordonnées, date, lieu, destinataire, indication d’un
CV joint, signature. Les paragraphes comportent les
éléments suivants :
– paragraphe 1 : rappel d’une première expérience
utile et intéressante dans l’entreprise ; indication
de la formation suivie, en relation avec la première
expérience ;
– paragraphe 2 : justification d’une candidature spon-
tanée ;
– paragraphe 3 : exposé d’atouts particuliers relatifs
aux langues parlées par le candidat ;
– paragraphe 4 : suggestion d’une rencontre et for-
mule de politesse finale.
EXERCICE 4
● On peut récapituler les éléments communs sui-
vants :
– toutes les informations concernant l’identité de
l’auteur des deux documents ;
– des informations concernant les diplômes obtenus
par le candidat : baccalauréat STT comptabilité, puis
BTS Comptabilité-Gestion ; ces informations sont
complétées par d’autres précisant certaines compé-
tences particulières (la connaissance de l’anglais, de
l’espagnol et celle, géographique, de la région) ;
– des informations concernant le parcours personnel
du candidat : stages, CDD, en particulier le stage
effectué dans le cabinet comptable destinataire de
la lettre.
● On peut également signaler les particularités
des deux documents : le CV est « administratif » et
1 et 2 On peut comparer les deux lettres à l’aide d’un tableau ; les différences
EXERCICE 5 sont en gras.
LETTRE DE CANDIDATURE (EX. 1, P. 272)
Identité de l’émetteur / coordonnées en haut à
gauche / date, lieu d’envoi et destinataire en haut à
droite
Référence à une annonce
Formule d’appel : Monsieur
328
➤ On peut remarquer que les éléments qui com-
posent la lettre sont tous argumentatifs : le rappel
d’un stage réussi, les qualités personnelles, les lan-
gues parlées sont de nature à rendre la candidature
intéressante et à retenir l’attention d’un recruteur. Il
est particulièrement efficace de rappeler l’influence
positive qu’a pu avoir une personne de l’entreprise
sur les choix professionnels du candidat.
2 La lettre proposée dans l’exercice 3 présente
une particularité qui apparaît dans les éléments
conventionnels et dans le contenu des paragraphes.
Son auteur ne répond pas à une annonce profes-
sionnelle. Sa candidature est spontanée. Cela est
perceptible dans la rubrique Objett (et non Référence)
et dans le tour que prennent les deux premiers para-
graphes : rappel du stage déjà effectué et exposé de
compétences appropriées.
conventionnel dans sa forme : il expose des informa-
tions classées, sans les mettre en contexte. Ce qui
compte essentiellement est son aspect informatif,
même si celui-ci se double – implicitement – d’un
aspect argumentatif. La lettre de candidature a un
caractère plus personnel en ce qu’elle explicite et
précise le contenu du CV, sous une forme rédigée,
qui mêle information, narration et argumentation. Elle
le met en situation, à travers ce qui est un exposé
doublé d’une demande. Elle apporte ainsi un com-
plément personnel dans lequel celui qui écrit dévoile
sur lui-même des éléments de connaissance qu’il
juge importants, nécessaires, déterminants.
Le CV donne des informations brutes, la lettre de
candidature les explicite et les rend plus humains :
elle établit un contact qui n’existe pas dans le CV :
elle l’individualise et l’humanise.
LETTRE DE CANDIDATURE (EX. 3, P. 274)
Identité de l’émetteur et coordonnées en haut à
gauche / date, lieu d’envoi et destinataire en haut à
droite
Candidature personnelle
Formule d’appel : Monsieur

Développement de la lettre en trois paragraphes :
– paragraphe 1 : rappel de l’annonce, présentation
par le candidat de sa formation en relation avec le
contenu de l’annonce ;
– paragraphe 2 : exposé par le candidat de ses
compétences professionnelles dans le cadre de
l’annonce et de certaines spécificités qui justifient
sa démarche et apparaissent comme des arguments
supplémentaires ;
– paragraphe 3 : demande indirecte de rencontre et
formule de politesse finale.
Signature en bas à droite.
Indication de la présence d’un CV.
➤ Deux éléments corollaires peuvent justifier les
différences que l’on perçoit entre les deux lettres, à
l’intérieur d’un ensemble de conventions formelles qui
sont toutes respectées : d’abord il s’agit d’une candi-
dature spontanée : cela implique que le candidat fasse
valoir une formation, des qualités et des compétences
qui ne sont demandées nulle part puisqu’il n’y a pas
d’annonce. Comme il se propose de lui-même, il est
important qu’il ait de bons arguments pour rendre,
en quelque sorte, sa candidature indispensable et
EXERCICE 6
1 La lettre de candidature proposée comporte tous
les éléments conventionnels indispensables, mais
elle indique une particularité : il s’agit d’une demande
de stage (rubrique Objet) t obligatoire en STS. Cette
spécificité figure à l’intérieur de la lettre, son auteur
expliquant la nécessité du stage en deuxième année
de préparation au BTS. Celui qui écrit cette lettre
n’est pas en situation de demande d’emploi. Il est
étudiant et se situe dans une perspective de démar-
che obligatoire. Cette caractéristique facilite toujours
l’obtention du stage.
2 La situation particulière de l’étudiant auteur
de la lettre a nécessairement des incidences sur le
contenu de celle-ci :
– celui qui l’écrit n’a pas à faire état de ses diplômes
Rédiger une lettre de candidature CHAPITRE
29
Développement de la lettre en quatre paragraphes :
– paragraphe 1 : rappel d’une première expérience
utile et intéressante dans l’entreprise ; indication
de la formation suivie, en relation avec la première
expérience ;
– paragraphe 2 : justification d’une candidature
spontanée avec insistance sur les qualités et les
compétences du candidat ;
– paragraphe 3 : exposé d’atouts particuliers relatifs
aux langues parlées par le candidat ;
– paragraphe 4 : suggestion d’une rencontre et
formule de politesse finale.
Signature en bas à droite.
Indication de la présence d’un CV.
convaincre ses interlocuteurs qu’il est « le candidat
qu’il leur faut » en l’absence de toute définition
officielle de poste. Le second élément – favorable
– est que le candidat a déjà effectué un stage dans
l’entreprise considérée (le cabinet comptable Verdier).
Il n’a pas à se faire connaître comme ce serait le cas
pour un inconnu. Il s’adresse à des personnes qu’il
connaît. On peut dire que les deux caractéristiques de
cette candidature déterminent de manière précise et
la forme et le contenu de la lettre.
(à ce stade il est détenteur du baccalauréat) ni d’une
formation professionnelle acquise ;
– il n’a pas non plus à faire état de ses qualités ni
de ses compétences. En revanche, comme il devra,
pendant son stage, être utile à l’entreprise, il est
important qu’il fasse connaître certains centres
d’intérêt, comme le fait l’auteur de la lettre citée,
en parlant des relations humaines dans l’entreprise.
Le fait de lier le travail et les réflexions scolaires au
monde de l’entreprise est le signe d’un intérêt pour
la branche professionnelle choisie et cela constitue
un atout dans une lettre de candidature. Dans une
lettre de demande de stage, il est fréquent que les
étudiants soulignent l’importance de l’application,
sur le terrain, par rapport au caractère théorique de
l’enseignement reçu en classe.
329
 EXERCICE 7
La lettre proposée correspond à une démarche
différente de celle des exercices précédents. Il
s’agit en effet d’une lettre de demande de travail
d’été. Nous ne sommes pas ici dans un contexte
de demande d’emploi, ni de candidature sponta-
née pour un poste professionnel, ni de recherche
de stage obligatoire. La personne qui écrit la lettre
est à la recherche d’un « job d’été » dont la finalité
est peut-être de financer des études. On remarque
cependant que cette lettre est une réponse à une
annonce affichée au lycée. On détermine cette
caractéristique à partir de la rubrique Objet et à
partir du contenu de la lettre. Elle est en effet com-
posée de la manière suivante :
– paragraphe 1 : rappel de l’annonce qui justifie la
demande ; indication du profil de la candidate pour
faire apparaître une pertinence ;
– paragraphe 2 : mise en relief d’une expérience
précédente et des intérêts qui déterminent des
EXERCICE 8
● Composantes de la lettre de candidature : voir les
exercices précédents.
● Fonctions : les lettres de candidature – qui
sont complétées par les CV – ont pour visée de
convaincre un recruteur que l’on est la personne qui
convient le mieux au poste défini par une annonce.
Il est donc important de mettre en valeur tout ce qui
fait cette pertinence, sur trois plans : les diplômes
et la formation, l’expérience professionnelle acquise
et les qualités et compétences personnelles. Les
informations étant données par le CV, c’est dans la
lettre de candidature que le candidat peut se présen-
ter avec précision (pour mieux faire comprendre sa
personnalité), exposer de manière parfois narrative
(mais brève) ce qu’a été son parcours et expliquer
(démarche argumentative) en quoi il est, plus que
n’importe qui d’autre, « celui qui convient » : par
intérêt personnel, par savoir-faire, par expérience.
Il doit, dans cette lettre, mettre en valeur ce qui
constitue des atouts, par exemple la connaissance
de plusieurs langues, la participation à des démar-
ches innovantes, des expériences ou des missions
330
compétences ; mise en valeur de ces compéten-
ces ;
– expression de l’espoir d’un avis favorable et for-
mule de politesse finale.
On remarque ici la nécessité ressentie par la
candidate de mettre en valeur une expérience et
des compétences, comme s’il s’agissait d’une
recherche d’emploi : les étudiants à la recherche
de travaux d’été payés (les stages obligatoires
en cours d’étude ne le sont pas) sont très nom-
breux, parfois surdiplômés et la concurrence est
très dure. Il faut donc ne pas hésiter à mettre en
évidence – comme argument – le fait d’avoir déjà
travaillé dans le domaine considéré et d’avoir ainsi
une expérience permettant d’être immédiatement
« opérationnelle ».
L’auteur de la lettre considérée aurait sans doute pu
détailler son expérience précédente en précisant en
quoi consistait son travail en librairie et à la FNAC.
qui peuvent faire la preuve d’un esprit d’initiative et
du sens des responsabilités…
La lettre de candidature ne doit pas faire une apologie
exagérée du candidat, mais trouver les arguments
efficaces. Il est utile que ces arguments montrent :
– un intérêt pour l’entreprise dans laquelle on sou-
haite entrer et une connaissance de cette dernière :
ses réalisations, ses perspectives, son histoire, ses
traditions, sa notoriété ;
– une curiosité et un intérêt pour le poste visé ;
– les qualités et les compétences (formation et
acquis de l’expérience) permettant au candidat de
penser que son profil correspond au poste.
L’argumentation doit signaler avec précision tous
les points d’adéquation entre le candidat et le poste
visé. Elle met ainsi en jeu l’entreprise, le poste, et
tout ce que le candidat pense pouvoir apporter sur le
plan professionnel, du fait de sa personnalité, de ses
compétences et de son expérience professionnelle à
partir d’une formation initiale.

A P P L I C ATION
EXERCICE 9
1 L’objet de la lettre précisse d’emblée de quoi il
est question : la lettre se trou
uve ainsi classée avec
d’autres lettres de candidaturre (et non par exemple
avec des lettres de réclamatio on).
2 C’est une question de précision, de cohérence
et de rigueur. Sans référence à l’annonce, une lettre
n’a plus de sens : il faut faire des recherches pour
trouver à quoi elle correspond. Elle risque de finir à
la poubelle.
3 Il faut signaler le CV joint à la lettre, ce qui relève
de l’information. Le contenu de la lettre est en relation
logique avec le CV et si l’on met les deux en vis-à-
vis, les informations doivent coïncider : il n’est donc
pas utile de faire référence au CV dans la lettre.
4 La lettre de candidature ne double pas le CV, elle
l’explicite et le rend plus humain. Elle transforme des
dates et des titres en un rapide exposé historique
d’une vie professionnelle, même si celle-ci n’en est
qu’à ses débuts.
5 Oui. La lettre de candidature est précisément
faite pour exposer en quoi on pense être celui ou
celle qui convient au poste proposé ou demandé.
Sans faire un éloge personnel appuyé, il est impor-
tant de signaler ce que l’on sait faire, quelles qualités
et quelles compétences on pense posséder.
6 Même si elle peut comporter quelques éléments
narratifs, la lettre de candidature n’est pas un récit
de vie. Elle a pour visée de convaincre. Pour ce qui
est du parcours, il est synthétisé et résumé dans le
CV sous la forme d’une liste d’entreprises, ou de
postes.
7 La moindre des choses est de montrer que l’on
porte de l’intérêt à l’entreprise dans laquelle on sou-
haite entrer. Il est donc important de faire compren-
dre qu’on la connaît et qu’on s’est renseigné sur elle.
Mais un éloge très appuyé serait déplacé. Dans une
lettre de candidature, tout ce qui est hyperbolique et
excessif est à proscrire.
EXERCICE 10
1 FAUX. Il faut adjoindre au CV une lettre de can-
didature.
2 FAUX. La lettre de candidature n’est pas un
Rédiger une lettre de candidature CHAPITRE
29
➜ p. 278
8 Le caractère manuscrit de la lettre de candi-
dature n’est plus une obligation. Il est cependant
souhaitable d’écrire à la main parce que cela rend
la démarche plus personnelle. Certaines annonces
le demandent.
9 La lettre de candidature exige que l’on réfléchisse
à ce que l’on va écrire, à la manière d’organiser le
contenu, aux arguments que l’on va utiliser. C’est
un document officiel, important et difficile à rédiger.
Sa difficulté et ses enjeux imposent de faire un (ou
plusieurs) brouillons préalables.
10 Quand on rédige une demande de stage ou
de job d’été, on ne se trouve pas en situation de
recherche d’emploi. Le stage est en général imposé
par les études ; le job d’été relève d’un choix per-
sonnel. Ces différences déterminent des relations
spécifiques avec le destinataire de la demande et
des contenus de lettre différents : dans le cas du
stage, il faut faire savoir pourquoi on fait un stage
(en STS, le rapport de stage entre dans l’évaluation
finale qui donne ou non accès au diplôme) et se
montrer un futur stagiaire intéressant. Dans le cas
du job d’été, il est important de préciser le domaine
envisagé, de répondre à des demandes et de faire
savoir ce que l’on sait faire.
11 Précision, clarté, sincérité et rigueur, correction
absolue de la langue et de l’orthographe, présenta-
tion parfaite, sont les qualités d’une lettre efficace :
des qualités personnelles importantes perdront leur
efficacité si la lettre révèle une maîtrise insuffisante
de la langue et de l’orthographe.
12 Les éléments de nature à gâcher une lettre de
candidature sont les suivants : une mise en page
déficiente, une orthographe fantaisiste, une écriture
désordonnée ; une autosatisfaction et une autocé-
lébration excessives ou au contraire l’insistance
sur des manques et sur des aspects négatifs de la
formation ou de l’expérience, un manque de lucidité
sur soi-même.
récit de vie. Elle peut comporter quelques éléments
narratifs, mais elle ne reprend pas tout ce que le
CV indique de manière chronologique. La lettre de
candidature est surtout argumentative.
331
 3 FAUX. Le rôle de la lettre de candidature est
beaucoup plus important qu’un simple accompagne-
ment. Elle précise certains points et surtout met en
valeur la personnalité du candidat, ses qualités, ses
compétences, qui ne constituent pas l’essentiel du
CV. Elle constitue un document rédigé et construit.
4 VRAI.
5 VRAI.
6 VRAI. On peut cependant trouver des lettres qui
comportent quatre paragraphes, dans des condi-
tions particulières (cf. l’exercice 3, p. 274).
7 VRAI. Les deux se complètent. Il ne doit pas y
avoir de décalage entre les deux.
EXERCICE 11
– Le CV et la lettre de candidature comportent des
éléments communs présentés autrement : on ne
peut pas composer la lettre sans avoir sous les yeux
les données chronologiques et les informations sur
l’expérience acquise.
– Il est essentiel d’avoir sous les yeux l’annonce à
laquelle on répond : la réponse, sous la forme de la
lettre de candidature et du CV, doit nécessairement
tenir compte du contenu de l’annonce.
– On ne peut pas faire valoir que l’on a un profil pro-
fessionnel pertinent si l’on n’a pas analysé la nature
du poste que l’on souhaite obtenir.
– Il est essentiel d’avoir une relation personnalisée
avec le recruteur ; il faut donc savoir à qui l’on
s’adresse et quelle est sa fonction.
332
8 VRAI.
9 VRAI. Nécessairement, puisqu’elle met l’accent
sur des qualités et sur le contenu d’une expérience.
10 VRAI. C’est tout simplement logique.
11 VRAI. Sans cette réflexion, on ne peut pas
composer une lettre de candidature remplissant sa
fonction.
12 FAUX. Tout ce qui précède dans le chapitre
montre que la lettre de candidature ne peut pas être
« passe-partout ». Sa qualité première est d’être
adaptée et pertinente. Sont en cause celui qui l’écrit,
l’annonce à laquelle il répond, celui à qui elle est
destinée et le poste envisagé.
– Il est important de savoir que la lettre de candida-
ture apporte des précisions qui n’apparaissent pas
dans le CV. Avant de la rédiger, il convient de définir
ces éléments complémentaires.
– Il est logique de pouvoir préciser ce que l’on attend
du poste que l’on vise.
– Les conditions de rédaction de la lettre sont
essentielles : une bonne installation, du temps, de
la réflexion, du calme, des feuilles de brouillon, des
documents personnels, un document rappelant la
structure conventionnelle d’une telle lettre, un dic-
tionnaire.
– La relecture par une autre personne est un garde-
fou : quand on a beaucoup travaillé un texte, on n’en
voit pas nécessairement les fautes.
 Rédiger une lettre de candidature CHAPITRE
29
EXERCICE 12 Proposition de lettre de candidature libre.
N.B. On pourra s’inspirer du CV qui figure dans le chapitre 28 de ce guide pédago-
gique, p. 264.

Daniel Dumont Brest, le 7 avril 2006

6, rue de Siam
29200 Brest
Tél. : 02 45 76 29 00
Portable : 06 87 52 90 00
E-mail : ddumont@yahoo.fr
Célibataire, 24 ans
Société BARTY
À l’attention de Monsieur Martin
Directeur des Ressources Humaines
45, boulevard Foch
29000 Quimper
Objet : candidature spontanée

Monsieur,

Ayant appris par la presse le déplacement et l’extension de votre usine de

jouets ainsi que la création d’un magasin dans le centre commercial régional qui se
crée à L., j’ai pensé que vous pouviez être intéressé par ma candidature et par mon
profil.

Je suis titulaire d’un BTS Force de vente obtenu en 2004 et j’ai à mon actif
plusieurs mois d’expérience dans la vente, notamment en ce qui concerne les jouets.
Ayant travaillé pendant l’été 2001 dans un magasin à l’enseigne de La Grande
Récré, je me suis familiarisé avec la clientèle enfantine et avec les jouets. C’est à
cette occasion que j’ai découvert ceux que fabrique votre usine, des jouets en bois
que les enfants apprécient, et qui connaissent un véritable renouveau.

Je crois avoir les qualités indispensables à un bon vendeur : le sens des

relations avec la clientèle, de la patience : mon expérience à l’Office du Tourisme
de N. m’a montré que la disponibilité et l’écoute constituent les qualités de base
des métiers de la vente, qualités auxquelles s’ajoutent des compétences comme
la persuasion, qui porte ses fruits lorsqu’elle est accompagnée de politesse. Il me
semble que je peux prétendre à divers postes, mais de préférence à ceux qui mettent
en jeu les compétences relationnelles. Mes connaissances en anglais parlé peuvent
être un atout dans cette région.

Je reste à votre disposition pour tout entretien qui donnerait suite à ce

courrier et dans l’attente d’une réponse que j’espère favorable, je vous prie de croire,
Monsieur le Directeur, à l’expression de mes sentiments respectueux.

PJ : un CV.
Daniel Dumont

333
 EXERCICE 13
ERREURS IDENTIFIÉES CORRECTIONS PROPOSÉES
Aucune indication de portable / pas d’adresse e-mail. Si c’est un oubli, il faut le corriger en donnant ces
précisions ; mais peut-être le candidat n’a-t-il ni
portable, ni adresse e-mail.

Annonce peu précise dans Le Républicain. Indiquer la date de publication du numéro du journal
dans lequel figure l’annonce et rappeler le poste
proposé.

Présentation personnelle excessive dans le premier Supprimer les superlatifs et les exagérations, réserver
paragraphe, qui devrait plutôt être consacré à à un second paragraphe l’accent mis sur les qualités
l’entreprise et au poste. personnelles.

Niveau de langue familier (proche de la langue parlée) Ne pas parler d’une campagne publicitaire
dans les trois dernières lignes du premier paragraphe astucieuse, ne pas ponctuer une phrase par Vraiment.
et dans le second paragraphe : Éventuellement, supprimer les trois dernières lignes
du paragraphe.

– J’ai d’ailleurs beaucoup admiré votre dernière campagne : – Remplacer par : J’aurais aimé participer à votre dernière
propos déplacés dans une lettre de candidature ; campagne.

– J’espère que ma lettre vous plaira ; comme je ne fais rien – Remplacer la phrase par : J’espère que ma lettre
actuellement : excès de confiance et mise en valeur trouvera un accueil favorable.
d’une inactivité déplacés. Ne pas faire allusion à l’inaction et signaler
simplement la disponibilité.

Accent mis non sur la formation, mais sur des qualités Il vaudrait mieux ne pas parler du manque
personnelles – débrouillardise, sociabilité – qui ne d’expérience.
sont pas nécessairement en accord avec le poste (dont
il n’est pas question).

– J’espère que vous me fixerez, j’attends donc : formulations – Remplacer par : J’espère pouvoir vous rencontrer…
trop assurées.
– La formulation Cordiales salutations est inadaptée – Remplacer par : Je vous prie de croire, Monsieur, à
parce qu’elle est trop familière. l’expression de mes sentiments respectueux.

334
 Rédiger une lettre de candidature CHAPITRE
29
EXERCICE 14 Proposition de lettre de candidature (CV p. 266 dans le chapitre 28)

Virginie Maréchal Caen, le 10 avril 2008

15 boulevard Émile Zola
14000 Caen
Tél. : 02 34 78 59 86
Portable : 06 43 67 05 17
e-mail : vi.marechal@wanadoo.fr

Entreprise Transvosges
A l’attention de Monsieur le Directeur du personnel
67, boulevard Lanne
67000 Strasbourg
Objet : candidature spontanée

Monsieur,

Je suis actuellement assistante commerciale dans la société de transport routier

P. basée à Lisieux. J’occupe ce poste depuis 1996 et je n’avais pas l’intention de le
quitter. Mais des circonstances familiales – la santé de mon père – me contraignent à aller
m’installer en Alsace. J’ai répertorié un certain nombre d’entreprises de transport routier
installées dans cette région et mon choix s’est porté sur l’entreprise Transvosges suite aux
informations très positives qui m’ont été transmises par des cadres de la société P.

J’ai une vingtaine d’années d’ancienneté professionnelle et mon parcours s’est fait
en trois étapes, à partir de 1986, dont deux dans des entreprises de transports. J’ai ainsi
acquis une expérience dans le domaine commercial et dans le domaine administratif.
J’étais en particulier chargée du suivi des clients et des commerciaux du secteur de la
Normandie. Je suis à l’origine d’un système permettant d’assainir les dossiers litigieux,
système qui peut être transféré à d’autres entreprises et que je peux mettre en œuvre à la
demande. Je crois avoir fait la preuve de compétences acquises particulièrement dans les
entreprises N. à Caen et P. à Lisieux, compétences qui m’ont valu plusieurs promotions
successives et des responsabilités accrues au sein de l’entreprise. Je pense qu’un
changement de société peut être bénéfique par le dynamisme qu’il implique, dynamisme
que je souhaite mettre au service de votre entreprise.

Je souhaite que ma candidature vous intéresse, et, dans l’attente d’une réponse
que j’espère favorable, je vous prie de croire, Monsieur, à l’expression de mes sentiments
distingués.

Virginie Maréchal
PJ : un CV

335
 P R O L O N G EMENTS
■ LEXIQUE
EXERCICE 1
Attente de réponse :
– J’espère que ma candidature retiendra votre atten-
tion.
– Dans l’attente d’une réponse à ma lettre de can-
didature.
– Je souhaite vivement que ma lettre soit suivie
d’une réponse.
– J’espère que vous répondrez à ma lettre.
– J’espère une réponse rapide à ma lettre de can-
didature.
Attente d’un entretien :
– J’espère pouvoir vous rencontrer.
– Je souhaite que vous m’accordiez un entretien.
– Dans l’attente d’une rencontre que j’espère proche.
– En espérant que vous m’accorderez un entretien.
– J’espère que mon courrier sera suivi d’un entretien.
■ EXPRESSION ÉCRITE
EXERCICE 3
On peut faire les regroupements suivants.
– Je vous prie d’agréer, Monsieur, Madame,
l’expression de mes salutations distinguées ;
l’expression de mes sentiments respectueux.
– Je vous prie de croire, Madame, Monsieur,
à l’assurance de ma considération ;
à l’assurance de ma très haute considération.
– Je vous prie d’accepter, Madame, Monsieur,
mes respectueux hommages ;
l’expression de mon très profond respect.
336
➜ p. 281
– Je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur,
l’expression de ma considération très distin-
guée.
Les formulations comme « l’expression de mon plus
profond respect », « l’assurance de ma très haute
considération », « l’expression de ma considération
très distinguée » peuvent paraître hyperboliques et
manquant de simplicité. Elles sont cependant de
mise lorsque l’on s’adresse à des personnes qui
ne sont plus, alors, simplement « Monsieur » ou
« Madame » mais des personnages d’un rang diplo-
matique et / ou social élevé.
EXERCICE 4
On pourrait adopter les propositions suivantes.
1. Ma lettre respecte toutes les conventions de
présentation.
2. Ma lettre permet de savoir qui je suis.
3. Ma lettre fait référence à mes diplômes.
4. Ma lettre met en valeur mes acquis profession-
nels.
5. Ma lettre complète mon CV sans le doubler.
6. En cas de demande de stage, ma lettre indique
clairement les études que je fais et précise que le
stage est obligatoire.
7. Ma lettre dit sans vantardise quelles sont mes
qualités.
8. Dans ma lettre, j’utilise un niveau de langue
adapté, ni familier, ni trop recherché.
9. J’ai vérifié l’orthographe des mots posant pro-
blème.
10. Pour un job d’été, j’ai indiqué les stages précé-
dents et la nature de mes études.