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DU TEMPS Edition
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Collection : Mutation
Philippe Guillemant
LA ROUTE DU TEMPS
Théorie de la double causalité
Aux véritables puissances intelligentes
qui savent que l ’A mour est la Clé
Le territoire de la pensée
Pic de l'Esprit
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Gouffre de
l'illusion
Le renversement du temps
I.
L’Arbre de Vie
Où l ’on montre que notre parcours de vie peut se schématiser
sous la forme d ’un Arbre de Vie personnel, dont l ’ensemble
des branches représente notre potentiel de choix par libre arbitre.
Patrick pensait comme la plupart des gens dotés d’un assez bon niveau
de culture scientifique. Nous serions le plus souvent conditionnés et ne
ferions que des choix illusoires, imposés par la nécessité d’évoluer.
L’Arbre de Vie que j ’avais tenté de lui expliquer la veille au soir le
gênait par ses postulats: d’une part l’authenticité de notre libre arbitre,
d’autre part l’hypothèse que notre futur existait déjà.
Paradoxalement, c’était cette dernière hypothèse qui avait fini par
recevoir un assentiment de sa part. Elle était une conséquence du fait
que le temps est traité exactement comme une dimension d’espace.
Les physiciens et les mathématiciens n’ont en effet aucune réticence à
concevoir ce traitement inhabituel du temps, car la Théorie de la Rela
tivité les a habitués à cette idée.
Albert Einstein lui-même, le père de la relativité générale, fut le pre
mier à remettre en question la notion de temps et notamment celle du
temps présent. La définition d’un tel présent est tout à fait relative et
subjective, car la notion même d ’« état de l’univers » à un instant
donné est complètement fausse.
Observez par exemple une étoile dans le ciel, à de nombreuses années
lumière de la terre. Nous avons du mal à imaginer que cette étoile fait
partie du passé. Il est cependant possible qu’elle ait déjà explosé et dis
paru, s’il s’agit par exemple d’une supemova. Pour nous cet événe
ment fait partie de l’avenir et n’existe donc pas encore, alors que pour
ce qui est de l’étoile, il est déjà passé. Mais le pire, c’est qu’Einstein
nous a montré qu’il n’est même pas nécessaire que des objets soient
éloignés pour ne pas avoir le même présent, car il leur suffit de se
déplacer à des vitesses différentes. Et c ’est ainsi que quelle que soit la
zone de l’espace, le présent ne peut pas y exister !
Face à l’irréalité du présent, le temps est traité par l’Arbre de Vie
comme une dimension d’espace. Cela implique que nous nous dépla
çons dans le temps exactement comme nous nous déplacerions dans
un véhicule qui traverse l’espace. Ce véhicule nous conduit dans le
temps vers une destination inconnue, mais elle est déjà présente selon
une multitude de possibilités, sauf si le véhicule est en pilotage auto
matique, auquel cas nous n’aurions aucun libre arbitre: nous serions
conditionnés.
Sur cette question du temps assimilé à de l’espace, j ’avais presque
réussi à convaincre Patrick. Il voulait bien croire que le futur existait
déjà, mais dans une version unique imposée par notre conditionne
ment, alors que j ’étais partisan de versions multiples. C ’était donc la
question du libre arbitre qui avait suscité le plus de débats entre nous.
Elle était autrement plus discutable que l’omniprésence du futur.
Le « postulat » du libre arbitre repose sur l’idée que devant chaque
nouvel embranchement de notre Arbre de Vie, nous serions libres de
choisir une branche plutôt qu’une autre. Nous serions alors vraiment
libres et responsables de nos actes. Nous ne pourrions avoir un destin
tout tracé, un seul et unique scénario de vie, que dans le cas où nos
intentions resteraient inchangées.
Malgré un tel destin « choisi », notre Arbre de Vie resterait pertinent,
car à la moindre modification « authentiquement libre » de nos inten
tions ce destin changerait et nous emprunterions une autre branche.
Notre futur serait sous le contrôle de nos intentions : les probabilités de
remonter une branche plutôt qu’une autre varieraient en permanence
en fonction de nos intentions.
Notre futur serait donc « indéterministe* », c ’est-à-dire indéterminé
par nature et donc potentiellement multiple. Précisons la différence
entre « indéterministe » et « indéterminé » : un avenir indéterminé reste
unique car il n’est indéterminé que par méconnaissance de ce qui le
rend unique, contrairement à un avenir indéterministe qui est multiple
par essence.
En l’absence de libre arbitre authentique, nous aurions un chemine
ment conditionné, c’est-à-dire « automatique », déjà tracé sur notre
Arbre de Vie, celui qui consiste par exemple à ne pas quitter la Route
du Temps. Si notre conditionnement était tel que toute notre vie était
ainsi déjà programmée, on peut alors se poser la question de savoir si
notre arbre de vie existerait encore.
Mais ne serait-ce pas oublier l’existence du hasard* ?
Car le hasard pourrait lui-même actualiser* un nouveau cheminement
sur notre Arbre de Vie, en faisant le choix à notre place. Par exemple si
nous heurtions un sanglier qui traverse la route, cet accident pourrait
modifier notre parcours ! Et d’une façon générale, le hasard des ren
contres se substituerait à un libre arbitre illusoire. C ’est lui qui nous
ferait bifurquer sur notre Arbre de Vie dans telle direction plutôt que
dans telle autre, choisir telle profession, tel conjoint, telle maison, plu
tôt que d’autres.
Et si, vraiment, tous nos « choix » n’étaient qu’imaginaires et détermi
nés par le hasard ou par nos conditionnements comportementaux
inconscients, alors notre Arbre de Vie ne servirait plus qu’à décrire un
ensemble de potentiels régi par le seul hasard.
Encore faut-il que le hasard lui-même résulte d’un véritable processus
indéterministe. Or, bien que l’existence de ce type de hasard soit
revendiquée par les physiciens de la mécanique quantique, l’interpréta
tion des résultats de cette discipline fait encore débat. C ’est pourquoi
dans la communauté beaucoup plus large de tous les scientifiques, on
trouve encore l’opinion dominante que le hasard est déterministe mais
que ses causes sont cachées : il ne reste alors plus aucune place pour
notre Arbre de Vie.
C’est en tout cas l’opinion matérialiste du déterminisme* qui a dominé
nos derniers siècles depuis celui des lumières, et qui semble dominer
encore aujourd’hui la science. Le déterminisme empêche nombre de
scientifiques tout à fait respectables de croire non seulement dans le
hasard indéterministe, mais dans l’authenticité de notre libre arbitre.
C’est le cas en particulier de la plupart des spécialistes des neuros
ciences qui ont l’habitude de soumettre à des expériences quotidiennes
cette fabuleuse machinerie constituée par notre cerveau, avec toutes
ses interconnexions neuronales: voyant que la conscience n’est qu’un
produit de notre cerveau, ils en déduisent que notre liberté est illusoire.
Selon la majorité des chercheurs en sciences de l’évolution, de la cog-
nition, du comportement, nos actes individuels seraient déterminés par
nos penchants et par des mécanismes qui n’accèdent même pas à notre
conscience elle-même [4], quelle que soit leur cause. Et le hasard lui-
même résulterait de notre ignorance des causes ! En un mot, nous
serions des machines, comme le seraient sans aucun doute des huma
noïdes fabriqués artificiellement et dotés d’une intelligence humaine
ou supérieure. Nous n’y sommes pas encore, mais les progrès de la
technologie permettent de supposer très raisonnablement que nous
saurons à l’avenir créer ces machines.
Prenons l’exemple du premier robot humanoïde français Nao. L’objec
tif très sérieux d’une association d’experts de différents laboratoires de
recherche dans le monde, à laquelle j ’ai participé afin de concevoir
l’œil artificiel de Nao, était de faire progresser ce robot afin qu’une
équipe d’humanoïdes réussisse à gagner un match de football contre
une équipe d’humains avant 2050 ! Il va de soi que ce genre d’objectif
ignorant totalement l’utilité d’une « fonction conscience » ne fait que
renforcer l’idée que cette conscience ne peut être qu’un sous-produit
du cerveau.
J’ai des collègues chercheurs qui pensent qu’un humanoïde suffisam
ment complexe pourrait acquérir comme par enchantement un libre
arbitre ou même une conscience. S’ils avaient raison il faudrait accor
der du crédit à l’idée que nous pourrions éventuellement nous-mêmes
n’être que des machines, conformément au déterminisme.
Les partisans de ce paradigme* mécaniste puissant qui imprègne la
science depuis Newton, ultra majoritaires en sciences jusqu’à une
époque récente, considèrent donc que le hasard indéterministe n’existe
pas car ses causes comporteraient des « variables cachées »* agissant
exactement comme un conditionnement: hasard, déterminisme ou
conditionnement, même combat ! En un mot, notre avenir serait unique
et déjà tracé car théoriquement calculable, et il faudrait simplement
attendre que le temps s’écoule pour le connaître.
Ces idées ont pourtant été remises en question au cours du XXe siècle
[23], une première fois par la mécanique quantique avec le principe
d ’incertitude de Heisenberg, et une seconde fois, beaucoup plus
récemment, par la Théorie du Chaos [33]. Il n’en reste pas moins que
la Théorie des Variables Cachées demeure puissante et contribue à
maintenir solidement les fondations du déterminisme qui, avec la cau
salité, sont même les fondations de toute la science :
Le déterminisme: le futur est mécaniquement déterminé, et ceci de
façon unique.
La causalité: le futur est exclusivement la conséquence du passé, et
non l’inverse.
Et pour bien assoir ce dernier fondement, la physique n’a rien trouvé
de mieux que d’ériger le principe de l’irréversibilité - ou flèche du
temps - qui nous dit qu’il est impossible de recalculer le passé à partir
du présent, car toute évolution s’accompagne d’une augmentation du
désordre (ou entropie) et ne peut donc avoir lieu en sens inverse. Et
pourtant, toutes les lois de la physique sont réversibles par rapport au
temps, ce qui soulève l’un des plus grands mystères de la physique
moderne, non encore résolu à ce jour.
Autrement dit, certains chemins que nous empruntons seraient irréver
sibles, et pour revenir sur nos pas, il nous serait impossible de repren
dre le même chemin qu’à l’aller, en repassant exactement par les
mêmes positions...
Pour nous faciliter la descente nous avions emprunté une autre voie
qu’à la montée, et une agréable surprise nous attendait au terme de
cette désescalade : une magnifique dalle à ammonite juchée sur un
replat de la falaise formait une superbe table naturelle, juste assez hori
zontale pour accueillir notre pique-nique. Le temps de ce déjeuner, la
brume s’était dégagée et avait même disparu du sommet des Monges.
- Tu as eu une superbe intuition en décidant de descendre et de nous
faire passer par là !
- Mais non, sans ton aide on ne serait pas ici. J’étais à deux doigts de
te suivre, il aurait suffi que tu me tendes la main.
- Alors j ’ai peut-être eu une bonne intuition, moi aussi... hum... je
crois bien que si on avait grimpé, on serait restés coincés.
- Regarde la forme de celui-là ! On dirait un hippocampe !
- Dire que ce truc a des centaines de millions d’années !
- Regarde là, à côté, on dirait qu’ils se sont fossilisés en même temps.
Cette dalle est petite mais elle est bien plus jolie que celle de Fontbelle
et pourtant, personne ne doit la connaître.
-T u as vu où on est? Ce n’est pas étonnant. D ’ailleurs, je me demande
si elle n’est pas de formation très récente. Regarde cet énorme rocher,
on dirait qu’il vient de tomber.
- Ouf, en effet! Et il n’est pas le seul, on dirait que tous les autres
autour viennent aussi de là-haut. Mieux vaut ne pas rester trop long
temps plantés là !
- Ce sont sûrement les intempéries récentes qui les ont détachés. A
mon avis celui-là s’est cassé il y a une dizaine de jours durant le fort
gel. D’ailleurs regarde, ce morceau est tombé sur les traces d’un mou
flon.
- Oh mais alors c’est beaucoup plus récent !
- Non il n’a pas plu depuis et ça a séché. Tiens regarde, il y a de la
boue séchée sur celle-là, pourtant elle semble bien être aussi tombée de
là-haut. Le mouflon a dû arriver là et l’éclabousser en galopant, avant
que l’effondrement ne se soit stabilisé.
- Mais dis donc, c ’est que tu nous ferais un bon Sherlock Holmes !
- Oh non, tu sais, il n’y a rien de certain là-dedans. Tiens d’ailleurs,
toutes ces traces du passé sont sûrement plus incertaines que cette trace
du futur qu’on a suivi avant de trouver la faille !
- Qu’est-ce que tu racontes ? Laquelle ?
- Tu ne te souviens pas ?
Bien avant que Patrick ait décidé de faire une pause au pied de la
falaise pour attendre que la brume se désépaississe un peu, nous étions
parvenus à un endroit où nous n’arrivions même plus à distinguer le
sentier. Même en rebroussant chemin nous n’étions pas certains de ne
pas nous tromper de direction. Il semblait plus raisonnable de rentrer.
Mais en voyant tout à coup, en pleine hésitation, un rayon de soleil fil
trer l’espace de quelques secondes, comme une promesse de clarifier
notre avancée, nous nous étions regardés et Patrick avait dit, d’un air
entendu :
- Allez, on continue !
Et effectivement, une heure plus tard, à l’issue de notre escalade aven
tureuse, tout s’était dégagé.
Résumé du chapitre IV
Une première recherche des traces du futur nous a conduits à les carac
tériser par l’observation d’un ordre synchrone non causal, comme
celui qui caractérise une coïncidence survenant tout à fait par hasard.
Une seconde recherche des traces du futur, consistant à éliminer toute
explication causale qui les confondrait à des traces du passé, nous a
suggéré un comportement du libre arbitre consistant à :
éviter tout projet visant à réaliser ses intentions,
faire reposer ses choix sur le hasard, par exemple en jouant aux dés.
Nous en avons conclu que bien qu’il s’agisse d’un comportement le
plus souvent absurde, il est susceptible de générer de véritables traces
du futur.
V.
La logique non causale
Où l ’on constate avec étonnement que pour générer des hasards
favorables, la Loi de Convergence des Parties n ’a que faire
de leurs infimes probabilités.
Résumé du chapitre V
La Double Causalité
VI.
Les traces du futur
Où l ’on découvre que nos intentions sont susceptibles de causer
des effets dans le futur qui deviennent à leur tour des causes futures
d ’effets présents.
Résumé du chapitre VI
Résumé du chapitre V in
Irène ne sort pas souvent de chez elle, mais elle est très heureuse dans
sa maison isolée en pleine nature, entourée d’animaux sauvages et
familiers avec lesquels elle se plaît à communiquer. Elle nourrit même
un renard qui lui donne du fil à retordre, au sens propre, toujours en
train d’essayer de se frayer un chemin dans son poulailler. Étant donné
cette relation particulière qu’elle entretient avec les animaux, je lui
avais demandé si elle n’aurait pas une anecdote pour mon livre, révé
lant leurs instincts et notamment leur capacité à détecter nos intentions.
- Tu sais il est très malin mon renard, il sent quand je suis occupée et il
vient parfois en pleine journée trifouiller les fils de mon poulailler.
Tiens d’ailleurs c’est souvent à midi, quand je déjeune ! Mais l’autre
jour j ’ai réussi à le prendre en photo sur le muret.
- Oui mais tu n’aurais pas un fait flagrant, quelque chose d’étonnant,
où l’on se demande comment il fait pour deviner, je ne sais pas, ton
absence de surveillance par exemple ?
- Non... mais par contre, il sent à chaque fois que je le regarde par ma
fenêtre. D ’ailleurs c ’est pour ça que j ’étais tellement contente de le
prendre en photo l’autre jour ! À chaque fois que je le vois il s’enfuit !
- C’est pas mal ça mais... Est-ce qu’il n’y aurait pas des fois où ce
n’est pas immédiat... Où il y a un certain délai entre ton absence... Ah
mais non, comme tu vis seule tu ne peux pas l’observer.
- Ah, je vois ce que tu veux dire, tu sais, c’est pareil avec mes chats
lorsque mon amie Pauline qui les adore vient me rendre visite. Ils le
savent juste avant qu’elle n’arrive. Même lorsqu’ils ne peuvent pas
entendre sa voiture, tu sais, à cause du virage...
- Le virage de Sorine? Ah bon, tu veux dire qu’ils te donnent des
signes alors qu’elle est encore loin et qu’on ne peut pas entendre sa
voiture ?
- Mais oui, bien sûr, et elle est sûrement à plus d’un kilomètre ! C ’est
surtout Lili, elle vient se coller à cette fenêtre, là, tu vois, et elle se met
à miauler en roucoulant, uniquement lorsque Pauline arrive. Pourquoi
tu veux parler de ça? Mais tu sais c ’est l’instinct des animaux, rien
d’autre ! »
- Oui, mais ce n’est pas une explication l’instinct, ça ne veut rien dire,
c ’est ce qu’on dit quand on ne comprend pas, justement ! Ah mais c’est
pas mal ça, et en plus j ’ai déjà lu ce genre de trucs, tu sais dans le bou
quin que je t’ai prêté.
- Tu veux dire qu’avec ta théorie tu aurais une autre explication que
l’instinct?
- Ben oui, à cause de l’observation. L’instinct s’explique par l’obser
vation. C ’est très important la capacité d’observation. Les animaux ne
pensent pas, ne raisonnent pas, et du coup ils ont une bien meilleure
capacité d’observation que nous. Pas seulement par les yeux, ils bou
gent leurs oreilles, ils sentent les odeurs... en fait, ils détectent un tas
de choses et savent reconnaître des signes bien plus facilement que
nous. »
- Des signes? Mais comment veux-tu qu’il y ait des signes que Pau
line arrive dans tout ce qu’observe Lili?
- Alors ça, je ne suis pas dans le cerveau de ta chatte. C’est elle qui se
fabrique ses codes. Je te parle de l’observation par Lili de choses inha
bituelles qui ne sont pas du tout produites par l’arrivée de ton amie
mais qui pour Lili signifient qu’elle va arriver. Parce que ça vient du
futur, tu comprends ? »
- Heu, je ne suis pas bien sûre de te suivre...
- Je ne sais pas, si par exemple Lili entend un son au loin, ça peut être
un oiseau, n’importe quoi, en même temps qu’elle te voit en train de te
lever de ta chaise, ou qu’une feuille tombe, peut-être que pour elle ça
signifie que Pauline arrive...
- Mais ça n’a rien à voir, je ne comprends pas, c ’est bizarre ton his
toire.
- Mais non, au contraire c’est très simple, ta Lili s’est peut-être fabri
quée toute seule des codes inconscients qui se mettent en branle
lorsque Pauline dans sa voiture est enchantée par le paysage
lorsqu’elle s’approche de chez toi, lorsqu’elle s’imagine déjà en train
de partager son plaisir avec toi, quelques minutes après !
- Où là, mais c’est magique ton histoire ! Tu es sûr que tes lecteurs ne
vont pas penser que tu fumes un peu la moquette ?
- Ne t’inquiète pas, dans mon livre je passe au contraire mon temps à
les ennuyer avec des explications rationnelles qui sont loin d’être aussi
légères...
Et parmi ces explications peu légères, il y a celles de la physique
moderne, qui nous ont aidés à comprendre les deux aspects fondamen
taux du mécanisme de la seconde causalité :
Nos intentions agissent dans le futur pour préparer nos futurs poten
tiels,
Nos observations agissent dans le présent pour accueillir l’un d’entre
eux.
Lorsque nos observations parlent directement à notre inconscient en
faisant surgir une intuition, nous percevons une information qui nous
oriente vers le choix qui convient, ne sachant même pas d’où elle pro
vient. Mais lorsque ces observations parviennent directement à notre
conscience comme dans le cas des coïncidences, un temps de réflexion
nous est imposé, car nous ne savons pas les interpréter. Nous ne savons
pas si elles transportent un sens qui nous concerne, et même dans le
cas où nous en serions persuadés, nous ne savons pas décoder ce sens
pour autant, afin d’en déduire une information, un choix ou une action
éventuelle. C ’est du moins le cas pour une grande majorité d’entre
nous.
C ’est bien là tout le problème des événements improbables qui sur
viennent par hasard. Leur improbabilité nous interpelle mais faute de
mode d’emploi, nous ne savons qu’en faire. Elles représentent un défi
à notre libre arbitre, car elles nous suggèrent d’en tenir compte. Cer
tains y voient des signes, oui mais des signes de quoi? Nous avons
déjà examiné le caractère très aventureux de penser ainsi.
Faisons une incartade sur la Route du Temps pour mieux comprendre
les rapports ténus entre hasard et libre arbitre.
On rappellera tout d’abord qu’il est impossible de réaliser un objectif
tirant profit du hasard si nous poursuivons notre parcours sur cette
route sans jamais bifurquer de façon non conventionnelle, car ce serait
agir avec le même conditionnement que le commun des mortels. Et
l’on notera que la rencontre d’une bifurcation pouvant suggérer le bon
chemin à prendre devrait respecter deux conditions, si l’on veut qu’elle
soit productive :
- la programmation mentale d ’un projet a eu lieu (intention),
- la découverte du chemin doit se faire par hasard (observation).
Et de plus, l’intention devrait être à ce moment-là oubliée, ou tout au
moins ne pas parasiter notre conscience.
Sur la Route du Temps, nous n’avons généralement pas d’autre choix
raisonnable que de suivre la route. Et en général, même si nous voyons
que de temps à autre se présente une voie secondaire, un sentier ou un
cours d’eau qui croise notre route, nous ne nous sentons pas concernés
par l’idée de bifurquer.
Car la route principale est infiniment plus sécurisante, et il faudrait
avoir une très bonne raison de la quitter pour un sentier dont on ne sait
pas où il pourrait nous mener.
Par contre, si nous nous sommes programmés mentalement à changer
d’orientation pour trouver quelque chose, si nous sommes prêts à
abandonner la sécurité offerte par la voie principale, si nous sommes
ouverts à l’idée de cheminer seul, là où personne ne va ou si peu, le
long d’un chemin qui pourrait nous réserver bien des surprises, alors la
situation est différente. Tout devient possible et nous devenons récep
tifs aux indices.
Mais il nous faut attendre. Car le moment où nous nous sommes inves
tis de ce projet aventureux n’est pas le bon moment pour réaliser notre
objectif. Et même lorsqu’on s’est laissé distraire de cette intention, le
fait de rencontrer un sentier qui nous suggère une bifurcation n’est pas
une raison suffisante pour le suivre. À ce compte, tous les aléas de la
route parasiteraient notre libre arbitre.
Contrairement à ce que la seconde causalité aurait tendance à nous
faire penser, la bonne façon d’exercer notre libre arbitre est donc plutôt
de le rendre le plus indépendant possible de ces aléas, comme dans le
cadre causal où nous nous donnons les moyens de réaliser nos objec
tifs ! Rien n’est changé ici ! Car il importe que nous ne passions pas
notre temps à surveiller des opportunités. Non seulement ce serait
épuisant, mais cela reviendrait à tomber dans le piège du tireur à l’arc
qui raisonne son acte.
Supposons maintenant que durant notre avancée sur la Route du
Temps, un animal traverse la route sous nos yeux pour s’engouffrer
dans un sentier non suspecté. On pourrait trouver bien d’autres exem
ples, comme le fait d’entendre un animal émettre un cri inconnu. Car
l’important ici est la simultanéité entre un événement déjà rare par
essence et sa survenue à l’endroit précis d’une bifurcation potentielle.
Vous me direz que ceci n’a rien à voir avec notre objectif et que par
conséquent empmnter à notre tour ce sentier serait insensé. Mieux vaut
attendre un autre indice, ayant un lien avec ce que l’on cherche.
C’est exact, si effectivement on attend un tel indice. Par contre, si le
fait de voir cet animal traverser à cet endroit a réveillé notre intention
dormante en nous faisant sourire intérieurement à l’idée d’emprunter
ce sentier, alors il n’y a guère d’hésitation à avoir.
Mais encore faut-il être sensible à ce genre de « signes ». La seconde
causalité ne peut en effet créer un « pont temporel » que si nous
sommes prêts à faire usage de tels indices, sans quoi aucun pont ne
pourrait se former.
Car c’est bien notre réceptivité à ce genre d’indices qui valide leur
usage, en vertu d’une sorte de rétroaction, une boucle temporelle mise
en place entre notre présent et notre futur déjà présent. On pourrait dire
que la Loi de Convergence nous sachant réceptifs, elle dispose de
moyens accrus pour nous envoyer des ponts temporels, notre ouverture
à de tels indices pouvant même être précisée au moment de « program
mer » notre intention. Nous pourrions ainsi « codifier » l’interprétation
à donner à nos observations, comme le fait l’instinct animal ! Sauf que
dans le cas présent, cela se ferait consciemment.
N ’est-ce pas déjà un peu magique?
Nous commençons à entrevoir comment le hasard et le libre arbitre
peuvent ainsi s’associer, en l’occurrence lorsqu’une clé nous est four
nie précisément par le hasard.
Ce genre de clé, couramment appelée « signe », n’est indécodable que
parce que nous n’avons jamais appris à en faire usage, et encore moins
à en programmer les codes nous-mêmes. La preuve, c’est que nous ne
faisons même pas la différence entre le « signe » et son « code » :
Le code est l’ensemble d’indices qui contient l’information attendue,
ici l’indication du sentier.
Le signe est la « signature », le « coup de tampon » de la Loi de
Convergence des Parties, qui valide l’authenticité du pont temporel :
son improbabilité.
La clé est l’ensemble des deux, le code accompagné du signe.
Ce qui caractérise une clé est donc avant tout sa signature : la très fai
ble probabilité du hasard qui lui est associé. Si cette probabilité est très
faible parce qu’il y a coïncidence entre plusieurs éléments eux-mêmes
improbables, alors le code proviendra de l’association entre ces élé
ments. Ici, le fait de voir un animal traverser est improbable, mais c’est
encore insuffisant. C’est le fait que ce hasard nous dévoile une bifurca
tion qui le rend très improbable car les animaux traversent n’importe
où. Lorsque cela réveille de plus une intention, nous avons là toutes les
caractéristiques d’une signature.
Dans la réalité, la Route du Temps peut être remplacée par un train, un
aéroport, une plage, le métro, un cirque, etc. Le sentier peut être rem
placé par un incident quelconque, même infime, détecté sur l’une de
ces scènes : il nous suggère une opportunité, susceptible de nous faire
bifurquer, de changer quelque chose à notre vie, si bien sûr nous nous
sentons concernés.
Ayant maintenant compris l’alliance possible entre le hasard et le libre
arbitre, il reste néanmoins à bien définir ce qu’est un événement dû au
hasard, à savoir de quel hasard nous parlons. Car nous ne sommes évi
demment pas à la source de tous les hasards, et d’autre part certains
hasards peuvent n’être qu’apparents. De plus, pourquoi invoque-t-on
aussi souvent le hasard lorsqu’on est confronté à des situations où bien
au contraire, notre libre arbitre n’entre pas en jeu ?
On invoque en effet généralement le hasard à propos d’un événement
dont personne n’est responsable. Il s’agit alors d ’un événement qui
aurait pu ne pas se produire, ou survenir d’une autre manière. Il y a
toujours, dans l’invocation du hasard, un sous-entendu indéterministe.
Par exemple, une tornade qui détruit une habitation aurait pu passer à
côté. Un perdant du loto aurait pu gagner. Un blessé aurait pu ne pas se
trouver sur la trajectoire d’une balle perdue. Un promeneur aurait pu
ne pas ramasser un billet de banque. Bien que tout ceci semble surve
nir indépendamment de la volonté des personnes impliquées, le hasard
a apparemment le pouvoir de complexifier l’Arbre de Vie de ces per
sonnes.
Dans tous les cas, chaque événement était imprévisible et indétermi
niste: il y a donc en même temps que cette absence de sens, une très
nette présence de bifurcations.
Cela signifierait-il que la richesse de notre Arbre de Vie n’est pas seu
lement due à notre libre arbitre mais également au hasard ? Le hasard
concurrencerait-il à nouveau notre libre arbitre dans le déploiement de
notre Arbre de Vie?
La réponse « oui » semble évidente à première vue, mais cela suppose
rait pourtant deux choses :
que l’événement qui nous a fait bifurquer (subir ou gagner) soit indé
pendant de nos intentions,
que cet événement ne soit pas non plus le résultat d’un hasard détermi
niste.
Il nous faut en effet prendre en compte l’existence du hasard détermi
niste, celui dont nous avons déjà vu qu’il n’a pas d’incidence sur notre
Arbre de Vie car il n’intervient que dans des circonstances où nous
ignorons les véritables causes des événements, lesquels sont inélucta
bles en quelque sorte.
Le hasard déterministe n’est pas un vrai hasard mais seulement un
hasard apparent : il est le produit de notre ignorance des conditions qui
président à la loi de cause à effet, ou comme disent les physiciens, de
notre ignorance des « variables cachées » qui président au déroulement
des événements. Il correspond à un événement prévisible mais non
calculable parce que nous n’avons pas les éléments pour le faire.
Nous laissons de côté ce type de hasard déterministe dans la mesure il
ne modifie pas notre Arbre de Vie, mais il est important de savoir que
les deux hasards sont indiscernables et que ceci peut être une source
d’erreurs et de confusions lorsqu’on est en quête d ’indices ou de
signes. Nous aborderons plus loin la stratégie du « joker » à adopter
face à ce risque.
Pour l’instant, nous allons dégager une subtilité du hasard: il peut pas
ser subitement de l’état de vrai hasard indéterministe à un état de faux
hasard parfaitement déterministe, au moment d’une observation.
Supposez par exemple que vous ayez un billet de loterie en poche et
que théoriquement, tant que vous ne connaissez pas le tirage, vous êtes
potentiellement gagnant. Est-ce un vrai hasard lorsque vous découvrez
longtemps après le tirage que vous avez gagné, ou encore perdu ?
La réponse est oui, mais à condition de ne pas savoir ce que vous aviez
joué, ni personne d’autre. Car dans ce cas il est clair qu’il est impossi
ble de changer votre mise. Donc, à partir du moment où le résultat et
votre mise ont tous deux été observés, ce que vous découvrez ne res
sort plus du hasard, en tout cas pas du vrai.
Dans l’intervalle, si quelqu’un découvre votre mise vous devenez obli
gatoirement perdant ou gagnant sans même que vous le sachiez, alors
que vous croyez encore pouvoir gagner; votre avenir a été actualisé
par une autre observation que la vôtre !
A cause de cela, certaines personnes qui se croient malchanceuses
demandent souvent à d’autres de regarder leur billet avant de les infor
mer, comme si elles voulaient leur déléguer leur chance. Elles ont ainsi
l’intuition d’un lien entre la notion de hasard et la notion d’observa
tion: c ’est le premier observateur d ’un événement qui « fige » son
contenu et empêche qu’il soit modifiable. Mais attention : je n’ai pas
dit que l’observateur décidait lui-même du contenu de l’événement.
Car nous n’avons aucune raison de penser que ce qui est vu et ce qui
est attendu par l’observateur puissent être corrélés, et nous avons
même de bonnes raisons de penser le contraire.
En physique, à l’échelle des particules, c’est la « réduction de la fonc
tion d’onde » qui fige l’état d’un système lors de son observation. Se
pourrait-il que le même phénomène ait lieu à l’échelle macrosco
pique? Cela reste un mystère, car à l’échelle macroscopique on ne sait
pas mettre en évidence l’équivalent de Y intrication, et il est fort proba
ble que les potentiels soient non pas intriqués, mais séparés dans des
univers parallèles, ce qui expliquerait pourquoi l’indéterminisme
macroscopique soit si difficile à mettre en évidence.
Admettons-le cependant, et revenons maintenant à cette bizarrerie du
hasard indéterministe qui disparaît subitement, lors d’une observation
par quelqu’un qui le transforme en un hasard déterministe.
Est-ce que cela voudrait dire que quoi qu’il arrive, lorsque ce n’est pas
nous qui influons sur l’événement, c’est forcément quelqu’un d’autre,
et que d’une certaine manière le hasard n’existerait pas au sens où il
n’interviendrait dans aucun choix?
Voyons ce que nous apprend la physique sur la question du hasard: on
peut déduire de nos connaissances scientifiques actuelles qu’il existe
deux sortes de hasard : d’une part un hasard macroscopique engendré
par l’effet « papillon » de la Théorie du Chaos et plus généralement
par l’effet dispersif du verre éclaté et de bien d’autres phénomènes
(indéterminisme macroscopique: voir chapitre XXII), lequel hasard
préside aux phénomènes imprévisibles à l’échelle macroscopique;
d’autre part un hasard microscopique à l’œuvre à l’échelon quantique,
dénommé « réduction de la fonction d’onde » car il préside au com
portement indéterministe des particules.
C’est ce dernier hasard auquel on associe la notion d’« actualisation »
dès que l’événement auquel il fait référence est observé, « réduction de
l’onde » ou « actualisation » étant des notions équivalentes. Mais il n’y
a aucune raison de penser que le hasard macroscopique, chaotique ou
dispersif, ne puisse pas faire l ’objet lui aussi d ’une actualisation,
puisqu’il s’agit là tout autant d’un hasard indéterministe et c’est bien là
notre argument de base.
Or ce dernier hasard semble à l’œuvre dans des situations diverses où
nos intentions semblent parfois passives, parfois actives.
Par exemple, le fait qu’un passant reçoive une tuile sur la tête ou
trouve par terre un billet de banque relève plutôt de hasards où il est
passif, alors qu’un tirage au sort relève plutôt d ’un hasard où nous
sommes actifs, celui dont notre « intuition » nous laisse à penser qu’on
pourrait par chance l’activer, sinon beaucoup moins de personnes joue
raient au loto.
Pourtant, d’un point de vue physique il n’y a pas de raison de penser
qu’on pourrait activer le tirage d’un bon numéro plus facilement que la
chute d ’une tuile, à probabilités égales. C ’est-à-dire que ce fameux
hasard qui laisse à penser que nous sommes passifs devant lui n’est ni
plus ni moins actualisable que l’autre, celui qui fait l’objet des jeux de
hasard. C ’est la probabilité qui gouverne. Les deux types étant aussi
indéterministes l’un que l’autre, il n’y aucune autre différence.
Dans tous les cas, et d ’après la Théorie du Chaos et la mécanique
quantique qui excluent toutes deux l’interprétation déterministe pour
laquelle une seule issue est possible, le hasard indéterministe serait
extraordinaire, car contrairement à nos habitudes de penser, il engen
drerait la coexistence d’une infinie richesse de futurs potentiels, parmi
lesquels un seul d’entre eux sera actualisé en devenant celui que nous
allons réellement vivre. Or ne serait-ce pas ignorer la présence du futur
et oublier une influence incontournable de notre libre arbitre sur le
futur?
On pourrait ainsi répondre à notre interrogation sur le hasard en
concluant que finalement il n’existe pas, puisque tout ce qui n’est pas
déterminé par le passé le serait par le futur et même souvent bien avant
qu’il n’entre dans le présent, mais ce serait faire peu de cas de la possi
bilité de coexistence de multiples futurs potentiels jusqu’au dernier
moment, celui du présent.
Avant d’étudier cette possibilité, remarquons que la coexistence de
multiples futurs potentiels due à l’indéterminisme macroscopique nous
commande de différencier pour un même système, qu’il soit vivant ou
artificiel, deux formes d’existences, toutes deux compatibles avec les
lois de la physique :
de multiples formes d’existences possibles mais non observées,
une seule forme d’existence vécue, observée seulement dans l’étendue
de notre passé.
Ces deux formes d ’existences n’en sont pas moins réelles, dans la
mesure où l’espace est assez grand pour les contenir.
Et je précise que du point de vue scientifique, rien ne permet de décla
rer que l’une de ces formes d’existence soit plus réelle que l’autre, en
dehors de notre simple vécu. J’insiste sur cette différence entre vécu et
réalité. Car si nous prétendions l’inverse, ce serait exactement comme
si nous prétendions qu’il n’existe pas d’autres planètes habitables que
la nôtre, sous prétexte que nous n’en avons jamais observé une seule.
Ou encore, comme si nous prétendions que Theopolis n’existe pas,
sous prétexte que nous ne l’avons pas trouvée.
L’introduction abusive du hasard pour élucider le paradoxe de l’obser
vateur en physique quantique se voit ainsi éclaircie par la nature spa
tiale du temps : toutes nos existences possibles existent déjà réelle
ment, mais une seule sera vécue. Il fallait juste faire cette différence
entre « vécu » et « existence ». Il n ’en reste pas moins que la « réalité »
de ces deux formes d’existence ne fait aucun doute. L’abus provient
alors de l’attribution au hasard de la fonction qui fait passer de l’exis
tence au vécu. Car ne serait-ce pas plutôt la fonction de la conscience,
ou tout au moins de l’observation, que de réaliser ce passage?
Cette distinction entre existence et vécu est également la raison pour
laquelle il n’est pas obligatoire pour nous, avec notre modèle de l’Ar-
bre de Vie aux multiples existences, de faire appel à la notion de réin
carnation, même si je dois rester honnête en précisant qu’on ne peut
pas non plus l’exclure.
Car ce que je vais maintenant énoncer peut laisser penser que l’incar
nation, ou encore la réincarnation, peut avoir une certaine utilité. Je
veux dire par là que si cette notion reste tout à fait inutile à notre théo
rie, elle pourrait bien ne pas être inutile à notre univers.
En effet, l’univers n’attend pas que notre futur devienne notre présent
pour en déterminer la structure. Il est déjà remarquable qu’il accepte la
possibilité que nous puissions modifier cette structure future par nos
changements d’intentions. Mais il est indispensable que ces modifica
tions soient préparées sans attendre qu’elles soient actualisées par le
temps présent, afin de garantir leur stabilité. Il serait en effet insensé
que l’univers attende par exemple que ma vie se termine, pour modi
fier d’un seul coup sa structure, par mise à jour de toutes les incidences
engendrées par ma vie. Ce serait d’autant plus insensé que ces inci
dences sont intriquées avec celles de toutes les autres personnes qui ne
meurent pas en même temps que moi, sur lesquelles mon existence a
eu également une incidence, et ainsi de suite...
Il est donc plus logique qu’à chaque instant du temps présent l’univers
mette à jour instantanément l’ensemble de sa structure future (et pas
sée !), le présent ne signifiant pour lui rien d’autre qu’un processus
d’actualisation de changements qui sont déjà préparés, c’est-à-dire réa
lisés au sens de leur existence, mais pas encore au sens de leur vécu.
Il faut donc, en logique non causale, c’est-à-dire en seconde causalité,
raisonner avec cette idée que nos changements d’intention réels créent
instantanément une modification de nos existences futures - remplace
ment d’une ancienne par une nouvelle dont le scénario est devenu plus
probable. Nous sommes en effet obligés de travailler avec des probabi
lités dans la mesure où ce nouveau scénario est toujours susceptible de
changer aussi longtemps qu’il n’est pas actualisé.
On pourrait alors faire l’hypothèse que le basculement de scénario, de
l’ancien vers le nouveau, se produit lorsque la probabilité du nouveau
scénario dépasse celle de l’ancien, au dernier moment !
Or que se passe-t-il en dernière instance, juste avant qu’un potentiel
entre dans la réalité ?
C’est le moment où l’observation entre en scène ! Or on peut très bien
imaginer qu’une faculté d’observation d’un seul coup « aiguisée » par
un avertissement ou une vigilance accrue sera au dernier moment
capable de privilégier l’entrée dans la réalité d’un nouveau scénario,
d ’une nouvelle branche de notre vie dont la probabilité était, avant
l’avertissement, beaucoup plus faible.
Nous voyons ainsi que les facteurs influençant les probabilités d’entrée
dans la réalité d’une nouvelle branche de vie sont complexes, car ils
dépendent au dernier moment de nos facultés d’observation. Ces pro
babilités oscillent !
La probabilité d’actualisation d’un nouveau scénario de vie varie donc
en permanence en fonction de nos actions et de nos états mentaux. Il
est évident que si, pour une raison ou pour une autre, alors que nous
sommes déjà « engagés » à saisir une opportunité non causale, nous
nous laissons distraire au dernier moment, alors la probabilité de ce
scénario va se mettre à fondre rapidement comme neige au soleil, ou
comme les cours de la bourse durant un Krach.
Cette probabilité pourra alors être au dernier moment dépassée à nou
veau par celle de l’ancien scénario qui serait alors maintenu.
Mais si cet ancien scénario, ainsi que tous les autres concurrents, ont
également vu dans le même temps leur probabilité chuter parce que
notre nouveau comportement est devenu incompatible avec leur réali
sation, alors le nouveau scénario pourra voir ses chances de réalisation
maintenues malgré tout, c’est-à-dire malgré une probabilité devenant
ridiculement faible ! Même si nous sommes distraits !
C ’est alors que se manifestera comme par enchantement dans notre
environnement, si bien entendu nous y sommes préparés, un phéno
mène de très faible probabilité qui aura en quelque sorte pour effet de
nous réveiller de notre distraction !
Afin de maintenir, ne serait-ce que pour préserver la stabilité de l’uni
vers, ce qu’il avait déjà programmé pour nous et qui redevient au der
nier moment la version la plus probable.
Et c ’est ainsi que, par un mécanisme aussi rationnel que la logique
causale, parvient ainsi à se produire le miracle non causal des hasards
extraordinaires !
Allons encore plus loin et considérons maintenant quelle peut bien être
la signification d’un tel mécanisme, voyant émerger un événement
improbable parce que la voie causale, la voie « raisonnable » est deve
nue encore plus improbable. Dans quelles circonstances de la vie
observe-t-on justement ce genre d’événements ?
Tout simplement lorsque nous prenons des risques, ou encore, lorsque
nous nous sommes perdus !
Ou, si l’on préfère, lorsque nous nous mettons dans des situations
complexes, souvent imprévues et parfois critiques, nous obligeant à
« nous mouiller », à nous mettre en danger, à nous impliquer d’une
manière radicale, interdisant tout retour à un scénario de vie devenu
caduque du fait même de cette prise de risque. Les exemples abon
dent : prendre le risque de se retrouver dans une très mauvaise situation
afin d’aider quelqu’un dans l’épreuve, prendre le risque de modifier
son image de marque par un discours osé auprès de ses collaborateurs,
prendre le risque de faire face à une situation de crise, etc.
Voila pourquoi il est un peu rapide de conclure que le hasard n’existe
pas, car dans les situations de crises où tout peut arriver, personne ne
sait quel est l’élément qui en fin de compte déterminera l’issue, ou
disons qu’il est encore trop tôt pour le dire: nous n’avons pas encore
récupéré toutes les clés, il nous manque la plus importante. Mais avant
de commencer à la dévoiler, j ’aimerais insister sur la fonction princi
pale et absolument essentielle du hasard : celle du hasard bon pour la
santé.
Il faut en effet user des processus de non-causalité avec une grande
modération, car nous avons ici une drogue potentielle.
Afin de garantir notre équilibre, nous devons opter pour une autre utili
sation du hasard que celle qui consiste à toujours en attendre (sans
attendre) des signes qui se présentent à nous. Car on imagine bien que
pour développer une telle réceptivité, il va nous falloir « vibrer » à un
niveau d ’énergie plutôt incompatible avec la tranquillité dont nous
avons tous besoin dans notre vie quotidienne.
Quelle que soit la manière dont il se manifeste, le hasard reste compa
tible à notre Arbre de Vie en nous laissant la possibilité de le laisser
jouer à notre place comme si on abattait une carte joker, comme un
« je ne sais pas » nous permettant de réserver notre interprétation ou de
n’en faire aucune. Lorsque l’on n’a pas envie de « laisser agir », d’ob
server passivement, de ressentir, de décoder, puis de comprendre, on a
cette possibilité très saine de servir la carte « joker ».
Cette carte devrait être jouée aussi longtemps qu’une nouvelle voie ne
s’impose pas à nous de façon indiscutable, que nous l’ayons actualisée
ou que nous soyons emportés dans son courant de conditionnement.
Car la vie n’est pas un long fleuve tranquille et nos arbres de vie sont
intriqués les uns dans les autres: lorsque nous n’actualisons rien, nous
pouvons subir des changements actualisés par les autres.
Cette carte « joker » du hasard nous permet aussi de conserver notre
liberté de choix pour la reporter dans le temps. Si nous n’avions jamais
besoin de reporter nos décisions dans l’attente de plus d’informations,
d’un meilleur jeu, le hasard n’aurait pas besoin d’exister et donc de
s’exprimer par cette carte. Dans le cas où nous n’exploitons pas notre
jeu, le hasard est tenu pour responsable de notre impuissance, de notre
irresponsabilité, de notre absence de chance ou encore de la fatalité :
dans ce dernier cas, le joker est mal joué, ou trop souvent. Lorsqu’il est
bien joué, il nous permet au contraire de reporter une exploitation plus
efficace de notre libre arbitre au moment opportun. Tout se passe alors
comme si en échange du joker nous étions sollicités à nous préparer, à
nous « éveiller » : tel est le véritable bienfait du hasard improbable.
Rien ne nous empêche d’accumuler sans agir les intuitions ou les coïn
cidences, jusqu’au moment où nous déciderons que nous en avons
assez pour agir en conséquence.
Car attention: un dicton résume bien la nécessité d’être prêt à assumer
les conséquences des changements que nous risquons de provoquer :
« Fais attention à ce que tu demandes, car tu risques de l’obtenir ! »
Comment nous protéger contre de tels aléas, qui proviennent du fait
que les voies de la seconde causalité sont impénétrables ?
Nous n’avons effectivement pas encore abordé la question qualitative,
celle du bien et du mal. Nous avons toujours implicitement supposé
que la seconde causalité ne pouvait ne nous apporter que du bien, dans
la mesure où elle est censée réaliser nos intentions ! Mais est-ce bien
certain ?
Il est temps de s’intéresser à la dernière clé, à la propriété la plus fon
damentale de l’essence même du hasard, en reconsidérant notre Arbre
de Vie.
Comment un nouveau branchement devient-il évident à chaque fois
que se présente une nouvelle bifurcation? Pourquoi, si nous étions
orientés vers une branche, changeons-nous d ’orientation avec
confiance? Comment s’opère un changement serein, sans la moindre
incertitude? Comment savoir si en « débranchant » notre ancienne vie,
nous allons réellement vers la vie que nous avons choisie? Comment
trouver en plus de l’exercice de notre libre arbitre, le bonheur de
l’exercer?
Car si nous savons maintenant que le hasard peut nous fournir l’oppor
tunité de nous orienter selon nos choix, nous n’avons encore aucune
idée du facteur qui intervient dans la qualité du hasard, dans l’intérêt
réel qu’il représente pour nous, dans la pertinence de ses codes, dans
ce qui fait son infime probabilité, dans la facilité avec laquelle il peut
être interprété, et finalement dans tout ce qui fait sa magie !
Ne faudrait-il pas tout simplement arroser notre Arbre de Vie ?
Ce facteur serait ainsi fluide : pour faire pousser de nouvelles branches
nous devons arroser notre Arbre, sinon les branches ne peuvent pas
pousser et les bifurcations ne peuvent pas naître. Sans eau, aucune
branche ne peut en créer ou en rencontrer une autre et nous risquons
d’emprunter des branches fragiles. Aucune fleur ne peut apparaître.
Sans eau, non seulement l’Arbre ne peut pas pousser, mais lorsque
nous suivons ses branches nous ne pouvons pas trouver de traces, car
c’est l’eau qui les transporte.
Quelle peut donc bien être la signification réelle de toute cette eau ?
Quel est ce fluide vital qui peut arroser la Route du Temps et nos
Arbres de Vies ?
Quelle est l’essence intime de tous ces fluides, dont l’amplitude aug
mente avec notre capacité à créer de la magie dans notre existence ?
Nous découvrirons en partie IV les réponses à ces questions.
Mais avant cela, il nous faut soumettre cette théorie à l’expérimenta
tion réelle, à l’épreuve des faits, afin que ces réponses si importantes,
que nous aborderons ensuite, soient authentifiées !
Résumé du chapitre X
COÏNCIDENCES
XI.
Le dépôt de l’intention
Où Ton découvre une approche expérimentale de la synchronicité qui
consiste à dialoguer avec soi-même en se prenant
pour quelqu’un d ’autre.
1 64
nomènes incompréhensibles par toute une série de coïncidences
vécues durant dix ans et qui étaient relatives au double 22
(chapitre XV), mais je n’avais jamais vraiment vécu ces coïncidences
numériques comme chargées de sens. Elles n’étaient donc pas pour
moi des synchronicités. Je n’ai jamais bien compris ce qu’elles pou
vaient signifier en dehors du fait qu’elles se produisaient les jours les
plus importants de ma vie. Elles s’imposaient à moi sans que je le
demande.
Avant de leur consacrer l’essentiel de cette partie III, en voici une que
j ’ai vécue tout à fait indépendamment des autres: à la veille d’un
week-end passé en maison d’hôtes toujours sur cette fameuse route, je
rencontrai un géobiophysicien ou si l’on préfère un sourcier, spécia
liste de la recherche de zones pathogènes dans les habitations, essen
tiellement dues à la circulation d’eaux souterraines. Ayant moi-même
étudié la géobiologie dix ans auparavant, je discutai avec lui de sa dis
cipline en bon sceptique, soulevant le caractère irrationnel de certaines
pratiques effectuées avec la baguette de sourcier. Je ne mettais pas en
doute la crédibilité de sa méthode de détection d’eau souterraine mais
plutôt la soi-disant correction des effets pathogènes avec des disposi
tifs censés émettre des « ondes de forme » ! Ce très sympathique sour
cier finissait par me proposer d’analyser ma propre habitation, mais
comme j ’avais l’intention de déménager je déclinai son offre et je lui
demandai plutôt s’il n’accepterait pas d’analyser un lieu dont j ’envisa
geais l’acquisition. J’avais alors l’idée de restaurer une ruine sur un
terrain situé quelque part près de la Route du Temps. Le lendemain,
ébloui par le soleil sur cette route, j ’eus un accident sans gravité qui
me fit percuter un rocher, ce qui immobilisa ma voiture au garage pen
dant quelques jours et m’obligea à rentrer chez moi en taxi. C’est alors
que durant ma conversation avec le chauffeur qui connaissait très bien
la zone et ses habitants - une femme d’ailleurs charmante - j ’appris que
de nombreuses personnes avaient eu l’intention d’acheter la ruine qui
m ’intéressait, mais que personne n’était allé jusqu’au bout de ce projet
parce qu’il y avait soi-disant des infiltrations d ’eau sous cette ruine.
En résumé, j ’appris par hasard le même week-end ce problème d’infil
tration d’eau, juste après avoir rencontré un spécialiste de la détection
d’eaux souterraines. Ce qu’il y a de surprenant, c’est que cette rencon
tre avait précédé l’énoncé du problème, pourtant survenu tout à fait
indépendamment ! Je n’ai compris cette bizarrerie que bien plus tard
lorsque, après avoir échafaudé toute cette théorie, il m’est apparu évi
dent que cette information sur ma mine m ’était arrivée tout naturelle
ment, de façon non causale, suite à mon intention de recruter ce sour
cier pour faire cette recherche d’eau.
Revenons à notre projet d’invocation d’entité en tant que dépositaire
de notre intention. Cette stratégie m’est venue à l’esprit lorsque, réflé
chissant sur les conditions dans lesquelles se produisent généralement
les synchronicités et après m ’être documenté sur la question dans plu
sieurs ouvrages, j ’ai constaté que le dénominateur commun à ces
conditions était la préoccupation mentale. Plus cette préoccupation
était vitale et par voie de conséquence, chargée d’« énergie » émotion
nelle, et plus il semblait qu’elle pouvait activer le phénomène. Et pour
tant, il semblait aussi, dans d’autres exemples, que le fait d’avoir une
attitude complètement détendue et libérée de toute préoccupation avait
également le pouvoir d’activer les mêmes effets.
J ’en ai donc déduit, en faisant le rapport avec le laisser agir dans l’art
secret du tir à l’arc, qu’un « dépôt » inconscient ou une décharge émo
tionnelle issue d ’une préoccupation, par la suite relâchée, avait dû
avoir lieu. La contradiction apparente s’expliquait ainsi: dans le pre
mier cas on considère le sujet avant ce « dépôt », alors que dans le
second cas on le considère une fois qu’il en est libéré.
Dans le processus de « dépôt d’une préoccupation » quel qu’il soit,
que l’on se confie à un ami, à un animal, à une plante ou à l’univers,
l’état de relâchement du mental qui suit semble donc en améliorer l’ef
ficacité. Et préoccupation rime ici clairement avec intention. Il semble
rait même que c’est en quelque sorte cette « énergie préoccupante » de
l’intention qui est ainsi déposée, et qu’une confiance s’installe ensuite
dans l’esprit du sujet.
Dans son livre « Les hasards nécessaires », Jean-François Vézina [31]
justifie pleinement cette interprétation selon laquelle les synchronicités
se produiraient dans des situations où nous sommes préoccupés par le
besoin de trouver des réponses à certains moments de notre vie, spé
cialement lorsque nous avons l’esprit ouvert pour les recevoir. Sans
pour autant aller jusqu’à décrire la possibilité que nous puissions les
provoquer systématiquement, cet auteur explique cependant parfaite
ment leur fonction de message et ses conditions d’obtention, je cite:
« la psyché doit être perturbée... Par surcroît, le message doit être très
important pour notre développement. »
Et c’est ainsi que j ’ai été conduit à me servir de l’« Ange gardien »,
pour jouer le rôle de dépositaire. À défaut d’existence réelle, la simple
foi en cette entité conduit à installer une confiance salutaire et un état
de lâcher prise indispensable. L’Ange représente ici une entité abstraite
qui joue le rôle d’un double de soi-même, à qui nous exprimons nos
intentions, nos problèmes, nos demandes en tout genre. Il s’agit donc
d’un dialogue intérieur visant à obtenir des réponses, mais le fait de se
prendre réellement au jeu de l’Ange nous permet de recevoir ces
réponses de manière acausale* en réalisant la fonction de dépôt suivie
du lâcher prise salutaire instaurant la confiance.
Cela revient un peu à se donner rendez-vous avec soi-même dans son
propre futur, en usant de la possibilité de dialoguer avec ce « double »
qui y habite déjà ! Lorsqu’au contraire, nous persistons dans notre soli
tude à entretenir des intentions que nous ne savons pas exprimer en
dehors de nous-mêmes, que cela soit en actes ou en paroles, nous ne
faisons que fermer notre mental à tout dialogue permettant de préparer
notre futur, lequel aurait simplement besoin d ’être informé de nos
préoccupations !
Par exemple, avez-vous remarqué que très souvent, lorsque l’on désire
quelque chose, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit d ’un désir
obsessionnel, cette chose a tendance à arriver une fois qu’on l’a
oubliée, ou même lorsque l’on a cessé de la désirer !
Cette observation montre que le désir n’est pas un bon moyen pour
créer les bonnes opportunités, et c ’est probablement parce qu’il empri
sonne l’objet du désir en l’empêchant de se transformer en « énergie
de programmation » du futur. Elle montre aussi qu’intuitivement nous
savons que notre désir joue un rôle : pourquoi pas celui de contenir
l’énergie, de la maintenir dans le présent en attendant le processus qui
la mémorisera dans nos potentiels futurs ? On voit que ce rôle est ini
tiateur et qu’il importe de ne pas rester à ce stade initial du désir pour
ne pas bloquer les stades suivants qui permettent sa réalisation: l’inten
tion de rencontre réelle de l’objet du désir, la confiance dans la bonne
mémorisation de cette intention, puis le relâchement, le vide mental.
D ’où l’expression : il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités !
Parmi les stades suivants, le relâchement ou retrait du mental est fon
damental. Ce mental est un parasite qui a tendance à tout calculer, ne
faisant ainsi que « projeter » selon la loi de cause à effet, loi qu’il
importe justement de rejeter si l’on veut user plus efficacement de
notre libre arbitre par la logique non causale.
En tirant judicieusement parti de la double causalité, nous agissons sur
l’avenir tout en sachant que le présent découle aussi de l’avenir et pas
seulement du passé. Cela correspond à un mécanisme de boucle de
rétroaction. Mais ce concept est un peu abstrait et le mieux est de le
vivre sous la forme d’un dialogue intérieur avec son futur. Néanmoins,
il s’agit bien de la véritable mise en œuvre d’une boucle de rétroac
tion du mental destinée à faire apparaître les réponses attendues sous
forme de « signes » à décoder, sachant que nous fixons nous-même la
règle de codage !
On pourrait réduire le phénomène à un simple « écho du mental »,
l’écho étant en quelque sorte réfléchi par une zone de notre futur. Mais
s’agirait-il d’un simple écho, où cet écho pourrait-il nous rapporter des
informations en sus ?
Quoi qu’il en soit, il nous faut maintenant décrire les règles de codage.
Résumé du chapitre XI
Résumé du chapitre XV
Révélations
XVI.
L’espace intérieur
Où l ’on découvre comment une théorie physique nous invite
tout naturellement à devenir des hommes libres.
Dans les deux premières parties nous avons traité de la double causa
lité en la présentant comme une Théorie du Temps à l’aide des méta
phores de l’Arbre de Vie, du réseau fluvial et de la Route du Temps.
Ces métaphores sont pourtant essentiellement spatiales. Il importe
donc de les justifier en introduisant maintenant l’espace multidimen
sionnel réel.
La raison d’être de ces métaphores tenait à la difficulté de représenta
tion de cet espace, dont notre théorie a besoin pour décrire toute l’éten
due de nos vies potentielles. Car nous avons supposé que toutes ces
vies étaient non seulement possibles, mais déjà existantes au temps
présent, et à ce titre déjà inter agissantes avec notre conscience
actuelle, susceptible de modifier leurs probabilités d’actualisation.
Faute de faire intervenir plus rigoureusement l’espace, notre descrip
tion du mécanisme de l’influence de l’intention sur le hasard des
opportunités non causales s’est jusqu’à présent limitée à un schéma de
bifurcation temporelle.
On peut résumer ce schéma de la façon suivante, en faisant intervenir
deux facteurs de bifurcation:
- l’activation d’un nouveau futur par une augmentation suffisante de sa
probabilité d’actualisation,
- la désactivation d’un ancien futur par diminution de sa probabilité
d’actualisation, voire annulation (point de non retour).
Lorsque la probabilité d’un nouveau futur potentiel concurrence celle
de celui qui est déjà activé, il peut se produire sous l’influence de notre
libre arbitre et de nos observations un basculement qui a pour effet de
nous aiguiller sur une nouvelle trajectoire ou ligne temporelle de notre
Arbre de Vie.
Cette nouvelle présentation des choses sous-entend que la plupart du
temps nous sommes positionnés sur des rails, comme endormis [20],
et qu’il n’est pas si facile d’exercer notre libre arbitre en actionnant
intentionnellement un nouvel aiguillage.
Mais ce mécanisme reste encore simpliste et insuffisant parce que nous
avons omis de décrire la partie spatiale des processus entrant enjeu, ce
à quoi nous allons nous atteler maintenant.
Pour parvenir à une théorie unifiée de l’espace-temps, la physique a
produit plusieurs théories multidimensionnelles remarquables, parmi
lesquelles celle de Kaluza-Klein à 5 dimensions et la Théorie des
Cordes M à 11 dimensions. A l’origine du besoin des physiciens d’in
troduire des dimensions supplémentaires à notre espace-temps à 4
dimensions, on retrouve le fameux indéterminisme de la mécanique
quantique.
La conséquence la plus importante de ce genre de théorie sur notre
conception de l’espace est qu’elle amène à envisager, pour interpréter
ces dimensions supplémentaires invisibles, l’existence d’« univers
parallèles ». Ces univers vont contenir en quelque sorte toutes les
autres possibilités d’évolution qu’aurait pu avoir notre propre univers,
compte tenu de son indéterminisme.
Pour représenter tous ces univers à l’intérieur d’un même espace, la
Théorie des Cordes fait appel à six dimensions spatiales supplémen
taires, repliées sur elles-mêmes et invisibles car extrêmement petites.
Tout se passe comme si chaque ligne de l’espace se comportait comme
un câble excessivement fin : on peut alors tourner autour de ce câble à
l’infini sans pour autant changer d’emplacement sur la ligne. Si main
tenant on enroule en chaque point le câble sur lui-même en le décom
posant en une infinité de petites cordes fermées, on obtient deux
dimensions supplémentaires par ligne. Comme notre espace est déjà
composé de trois dimensions ou lignes, cela porte à neuf le nombre de
ses dimensions spatiales.
Du point de vue mathématique, il est ainsi possible d ’attribuer à
chaque point de l’espace physique un certain nombre de dimensions
supplémentaires invisibles, qui représentent autant de versions possi
bles de ce qui se passe en ce point, raison pour laquelle ces dimensions
supplémentaires nous amènent à concevoir des univers parallèles.
Ceci apparaît plus clairement dans une autre représentation imagée de
la théorie, consistant à faire comme si nous vivions dans deux dimen
sions au lieu de trois, c ’est-à-dire sur une surface plane, qualifiée de
membrane. Nos univers parallèles seraient alors toutes les autres mem
branes parallèles à la nôtre, et par nous invisibles, que l’on peut loger
dans un espace à trois dimensions.
Nous allons maintenant proposer une représentation plus concrète et
surtout plus réaliste de ces univers parallèles.
Revenons à la multitude de vies potentielles que notre Arbre de Vie
déploie. Si à chaque bifurcation potentielle le long de cet arbre nous
avons le choix entre deux vies, on peut calculer qu’avec seulement une
dizaine de bifurcations dans une vie, nous allons nous retrouver avec
un millier de vies potentielles dès notre naissance.
Or si l’on veut mémoriser toutes ces vies dans un espace cartésien, il
nous faut obligatoirement faire appel à des univers parallèles : un uni
vers pour chaque vie.
De ce point de vue, un univers contient donc une version possible de
l’ensemble de toutes nos vies. On comprend ainsi, compte tenu du
nombre inimaginable de toutes les versions possibles, pourquoi il est
nécessaire de rajouter des dimensions à l’espace.
Pour en revenir à notre libre arbitre et au lien qu’il peut avoir avec cet
espace, nous allons maintenant montrer que l’opération de l’intention
qui génère le basculement entre deux trajectoires de vie n’a pas d’autre
effet que de nous faire tout simplement « changer d’univers » !
Cela peut sembler incroyable à qui imaginerait qu’il faut prendre un
vaisseau spatial et visiter les confins de l’univers pour changer d’es
pace. Mais pas du tout, c’est beaucoup plus facile.
Tout d’abord, il existe une manière très simple et rationnelle d’accepter
dans un premier temps ce changement d’univers: celle qui consiste à
considérer que tous ces univers lui sont tellement parallèles qu’ils sont
quasiment identiques au nôtre !
Dans ce cas, le basculement d’univers nous fait évidemment le même
effet que de rester dans le même : aucun changement.
Mais pour que cette possibilité de changer réellement d’univers corres
ponde à une bifurcation sur notre Arbre de Vie, il faut considérer
l’existence d’au moins deux univers parallèles distincts, associés à
cette bifurcation: le premier où je réalise mon ancien destin, le second
où je réalise mon nouveau destin.
On comprend donc maintenant que notre Arbre de Vie, avec toutes les
possibilités d’existences différentes qu’il potentialise, ne fait que
décrire toutes les possibilités d’univers parallèles que nous pouvons
visiter durant notre vie.
Cette interprétation des univers parallèles sous la forme d’un ensemble
d’arbres de vies a le grand intérêt de donner un sens enfin intéressant
pour nous, êtres humains, à cette théorie. Car son principal inconvé
nient était de ne pas nous fournir la bonne raison de tout ce gâchis
d’espace. Nous comprenons maintenant que cette bonne raison, c ’est
notre libre arbitre.
Maintenant que nous savons que, parmi tous ces univers, il en est un
privilégié qui abrite nos vies actuelles, nous comprenons mieux l’inté
rêt que tous les autres continuent d ’exister, dans la mesure où nous
sommes susceptibles d’en changer à tout moment, tous ensemble. Et je
dis bien tous ensemble, car en changeant seul votre vie à un instant
donné vous entraînez tout le monde avec vous dans un autre univers.
Faisons juste une parenthèse sur une conséquence de cette vision des
choses, qui serait trop longue à creuser: le fait de changer d’univers va
aussi modifier tous les potentiels qui lui étaient associés, car la réfé
rence dont ces potentiels dérivent va devenir notre nouvel univers. Il
ne s’agit donc pas d’un simple déplacement, car nous ne sommes pas
certains de pouvoir revenir en arrière, ce qui supposerait que l’ancien
univers fasse partie des potentiels du nouveau. Le fait de changer
d’univers n’est donc pas anodin, car de nouveaux univers qui n’exis
taient pas auparavant vont apparaître, co-créés par nos nouvelles possi
bilités, et tous les univers dont l’existence dépendait exclusivement de
l’ancien vont disparaître: on assiste là à un processus authentiquement
irréversible !
Voila où se niche la véritable irréversibilité de l’univers : notre
simple position d’observateur décidant de prendre une bifurcation
plutôt qu’une autre engendre un processus de co-création, expli
quant finalement comment nos pensées créent le monde [35], alors
que nous ne faisons rien d’autre qu’observer!
En supposant que cet immense espace multiplié à l’infini, dégagé par
cette infinité d’univers parallèles en co-création permanente, ne soit
finalement qu’un espace dédié à nos arbres de vie, nous comprenons
maintenant pourquoi il n’y a plus aucun gâchis d’espace, mais seule
ment une immense variété dynamique de vies potentielles. Or il faut
bien mémoriser quelque part toutes ces vies. Ce n’est pas nous qui en
avons besoin, mais l’univers lui-même, car il me semble invraisembla
ble de lui interdire d’exister après ce moment si arbitraire qu’est le pré
sent.
En effet, qu’avons-nous comme autre alternative à ces univers paral
lèles? N ’est-il pas préférable de s’accoutumer à l’existence, somme
toute acceptable, de ces univers multiples, plutôt que de supposer que
non seulement notre univers entier, mais encore une infinité d’univers
doivent être recréés à chaque seconde par le passage du temps ? Heu
reusement, nous avons déjà vu que ce n’est pas ainsi que les choses se
passent, et c’était d’ailleurs la grande préoccupation d’Einstein.
Car rappelons qu’Einstein disait lui-même: « La distinction entre
passé, présent et futur n ’est qu’une illusion, aussi tenace soit-elle. Le
temps n ’est pas du tout ce qu’il semble être. Il ne s ’écoule pas dans
une seule direction, et le passé et le futur sont simultanés. »
Avec cette nouvelle vision des choses, qui ne fait que reprendre les
conclusions d’Einstein, mais dans un espace multiplié autant de fois
qu’il est nécessaire pour permettre à notre libre arbitre de s’exprimer,
nous allons maintenant pouvoir dégager une bien meilleure idée du
mécanisme de 1’intention qui nous fait basculer vers une nouvelle vie,
c’est-à-dire transiter d’un univers à un autre.
Rappelons le postulat fondamental de notre Théorie du Temps: la réa
lité de notre libre arbitre. C ’est bien ce libre arbitre qui, mis en pré
sence de bifurcations potentielles dans notre futur, nous oblige à consi
dérer que nous avons non pas une vie, mais une infinité de vies poten
tielles, dont l’une est déjà « matérialisée » dans notre univers actuel:
cette référence dont toutes les autres vies dérivent.
Nous avons donc reformulé ce postulat en une faculté que nous
aurions de nous déplacer, en même temps que dans les dimensions de
notre univers physique, dans les dimensions supplémentaires cachées
de tous nos univers parallèles.
Faisons le bilan de ce que nous savons au stade actuel :
Nous savons déjà que notre corps nous permet de nous déplacer dans
les trois dimensions physiques.
Nous savons aussi que les autres dimensions de l’espace sont invisi
bles, car repliées sur elles-mêmes ou excessivement petites.
Nous savons que notre libre arbitre nous permet de nous déplacer dans
ces dimensions supplémentaires.
Nous savons que nous nous déplaçons ainsi par le biais de nos inten
tions et observations, contrôlées par notre libre arbitre.
Nous savons que nos intentions et observations font partie de notre
conscience, c’est-à-dire de notre espace intérieur*.
Nous en déduisons que les dimensions supplémentaires de l’espace
ne sont rien d’autre que des dimensions intérieures* !
Ce qui veut dire qu’il y aurait une partie de nous-mêmes qui pourrait
s’étendre dans ces dimensions, et qui serait nécessairement intempo
relle, car pour pouvoir déposer une intention dans le futur sans interac
tion avec le présent - ce qui nécessiterait un échange interdit de parti
cules - il faut bien qu’une partie de nous-mêmes y soit déjà, en l’occur
rence celle qui incarne toutes ces probabilités que nos intentions peu
vent modifier.
Or nous avons déjà qualifié cette partie de nous-mêmes dans notre
modèle de l’Esprit: il s’agit de l’Ange lui-même.
Ainsi la version minimaliste de notre théorie convient bien pour
décrire cet Esprit à qui nous parlons dans le « Dialogue avec l’Ange »,
et qui ne serait autre qu’une partie supradimensionnelle de nous-
mêmes. Nul besoin de notions d ’incarnation !
Nous allons maintenant franchir un nouveau cap pour en venir à une
deuxième conséquence fondamentale de notre postulat du libre arbitre.
Rappelons que la première conséquence de ce postulat s’est traduite
par une modification de notre conception du temps qui nous a conduits
à la double causalité.
La deuxième conséquence de ce postulat va maintenant porter sur
notre conception de l’espace, qui va nous conduire à la notion d’es
pace intérieur.
Il est grand temps d’introduire un tel espace intérieur en physique !
S’agissant cependant d ’une tentative dont les détails formels et les
conséquences me dépassent largement, je me contenterai ici d’en jeter
quelques principes élémentaires.
Un premier principe consiste à représenter nos intentions dans l’espace
de nos dimensions intérieures, par une information localisée dans cet
espace, une sorte de fluide, énergie ou matière, peu importe, s’agissant
avant tout de les mémoriser.
Nos intentions contenant « par définition » ces choses de la vie que
nous voulons voir réalisées, il existe nécessairement, « par définition »
de notre Arbre de Vie lui-même, une représentation adaptée à la
« matérialisation » de ces intentions : elle se traduit par un ou plusieurs
endroits, emplacements ou encore zones de l’espace de cet Arbre, cor
respondant à ces choses de notre vie que nous y « projetons ».
Cette notion de matérialisation ne devrait pas nous choquer car la phy
sique moderne nous a déjà familiarisés avec l’idée que la matière de
notre univers n’existe pas « en dur ». En effet, on s’aperçoit de plus en
plus que la matière n’est finalement que de l’information et que cet
aspect « en dur » ne vient que de ses interactions.
En matérialisant nos intentions dans des zones de nos espaces futurs
potentiels nous exprimons simplement le fait que nous sommes capa
bles d’arroser notre Arbre de Vie dans ces zones, en y déplaçant en
quelque sorte notre « arrosoir ». La localisation de nos intentions dans
ces zones « arrosées » de l’espace de nos univers parallèles ne pose
pas de problème tant qu’il ne s’agit que de probabilités de potentiels,
de même que la localisation d’une particule dans notre univers phy
sique ne pose pas de problème tant qu’elle n’existe que sous la forme
d ’une distribution de probabilités de présence, quel qu’en soit le
moment. Nous exprimons par là le fait que tant que nous travaillons
avec des probabilités, rien n’oblige à ce que les choses que nous décri
vons se passent dans le présent. Si j ’ai l’intention d’acheter un livre, la
probabilité que je l’achète n’augmente pas au moment où je réalise
l’achat. Elle augmente bien au moment où j ’en forge l’intention.
Lorsque nous avons décrit le mécanisme qui nous permet de mémori
ser ces intentions dans le futur, nous avons effectivement employé la
notion de probabilité, la programmation de nos intentions consistant en
effet à augmenter la probabilité d ’occurrences des potentiels d ’une
zone de notre Arbre de Vie.
Il est tout à fait rationnel d’admettre maintenant que, notre libre arbitre
étant supposé réel, nous disposons des moyens de « matérialiser » ce
libre arbitre par une augmentation instantanée des probabilités asso
ciées à une ou plusieurs zones de notre espace intérieur. Et ceci d ’au
tant plus que notre cerveau est capable de réimprimer à tout moment
une telle mémorisation qu’il garde lui-même en mémoire. Mais dans
ce processus elle n’est pas seulement réimprimée dans notre cerveau,
elle est également réimprimée dans cette zone de notre espace intérieur
qui appartient à notre futur.
C’est à partir de là que de nouvelles possibilités méconnues de notre
« cerveau » vont pouvoir être dégagées ! Ce ne sont que des propriétés
« apparentes », car elles appartiennent à notre espace intérieur.
Si vous demandez à un physicien ou à un mathématicien de modéliser
ce processus, il va faire appel à une simulation numérique qui va
consister à peupler une région de notre espace intérieur par une série
ou un tableau de nombres, et si vous lui demandez maintenant de
visualiser cette série, il va la faire apparaître par une forme plus ou
moins colorée, la couleur correspondant à la densité de probabilités.
Exactement comme on ferait apparaître une forme d’énergie fluide
dans notre espace physique, un nuage dans le ciel, une nappe d’eau sur
la terre, ou de pétrole sous la terre.
Or, à quoi nous serviraient ces dimensions supplémentaires de l’es
pace, si ce n’est à mémoriser ces informations intérieures, tout comme
notre espace physique mémorise de la matière? Toute dimension n’est
utile qu’à une seule chose, à stocker des informations sous forme de
matière, matière qui comme nous l’avons vu, peut être entièrement
réduite à de l’information.
Et nos probabilités ne sont justement, elles aussi, que des informations.
Si l’on se résume, il est parfaitement légitime d’un point de vue phy
sico-mathématique d ’énoncer le principe suivant:
Nos intentions librement choisies et clarifiées, en augmentant les pro
babilités d’occurrence des futurs auxquels elles sont associées, se tra
duisent par le déplacement ou l’apparition de nappes fluides dans cer
taines zones de notre espace intérieur. Je rappelle que ces zones ne sont
pas « logées » dans notre cerveau, mais quelque part dans certains
espaces-temps invisibles et parallèles à notre espace-temps actuel.
Nous sommes donc littéralement capables de faire pleuvoir dans notre
futur! Il ne s’agit même plus d’une métaphore, car notre intention a
réellement déposé, déplacé ou modelé de l’information dans une ou
plusieurs zones de notre espace intérieur !
Prenons maintenant un exemple pour entrevoir les conséquences for
midables de cette nouvelle constatation.
Si j ’ai l’intention d’acheter un livre, toutes les possibilités futures exis
tant pour moi de l’acheter vont subitement recevoir de ma part un tel
fluide - à condition qu’elles restent crédibles, c ’est-à-dire intègres
devant un scénario qui me donne quelque probabilité, même infime, de
tomber sur ce livre. Cela signifie qu’un libraire se trouvant quelque
part où je suis susceptible d’aller, va également recevoir un fluide sur
son Arbre de Vie, c’est-à-dire une probabilité accrue de me rencontrer
dans son futur, à supposer que ceci ait le moindre intérêt pour lui.
Il s’agit bien sûr d’une expression: le libraire ne reçoit aucun fluide,
seul le moment et l’endroit de son espace futur où nous sommes sus
ceptibles de nous croiser reçoit cette information, ce « fluide ».
Mais cela permet de constater que le fluide commence déjà à s’étendre
à un autre Arbre que le mien.
Ce n’est pas tout. S’il existe de réelles possibilités que nos chemins se
croisent, alors les scénarios nécessaires pour que ces possibilités se
réalisent, comme le fait d ’aller tout simplement en ville, vont voir
aussi leurs probabilités d’actualisation augmenter:
Le fluide va commencer à s’écouler vers le passé !
Et il est même possible qu’à cause de cela, la probabilité pour qu’à
l’occasion d’une balade en ville, l’envie d’acheter ce livre me revienne
à l’esprit augmente ! Je veux dire par là qu’on peut se demander s’il y
avait besoin que mon intention soit mémorisée par mon cerveau pour
que cette envie me revienne !
Parmi tant d’autres, vont également augmenter toutes les probabilités
que je passe à certains endroits précis où il est plus facile de trouver
une librairie : le fluide s’étend encore, jusque dans les petites rues !
Mais ce n’était pas du tout mon intention, qui était juste d’acheter un
livre, un point c’est tout ! J’étais loin de m’imaginer lorsque je l’ai for
gée, que j ’allais sortir en ville, passer par telle petite rue ou telle autre
pour la réaliser. S’il fallait imaginer à chaque intention une date et un
scénario précis et complet de réalisation on deviendrait vite fou ! On ne
travaillerait plus, car on ne vivrait que pour imaginer les scénarios de
toutes nos intentions.
Or c’est inutile, car l’univers le fait à notre place, du moins tant que
nos intentions sont fiables !
Il faut donc bien admettre que le fluide que nous avons créé dans le
futur s’est mis à couler tout seul vers le passé, aux endroits où nous
sommes susceptibles de passer nous-mêmes ! Donc, inutile d’y penser,
si ce n’est pour renforcer la même intention.
Mais quelle est donc cette nouvelle information qui circule toute seule,
sans nous demander notre avis? Il ne s’agit plus d’acheter un livre, il
s’agit de passer à des endroits précis que je ne connais même pas
encore, pour que l’action d’acheter un livre puisse être actualisée. On
dirait que mon espace intérieur travaille pour moi !
En s’écoulant, le fluide peut même favoriser une autre rencontre, une
rencontre imprévue par exemple, comme celle d’une amie qui habitait
dans le quartier où je devais passer et que j ’avais perdu de vue.
Pour faire émerger une Théorie du Tout, les physiciens ont été amenés
à attribuer des dimensions supplémentaires invisibles à notre espace-
temps à 4 dimensions, et à envisager l’existence d ’univers parallèles.
Or nos hypothèses du libre arbitre et de l’omniprésence du futur exi
gent elles aussi l’existence d’univers parallèles, qui serviraient à héber
ger tous nos Arbres de Vie. L’exercice réel de notre libre arbitre entraî
nerait alors à chaque fois un changement d’espace.
Pour asseoir cette nouvelle conception dans laquelle l’homme joue un
rôle fondamental dans la co-création de l’univers, nous sommes ame
nés à considérer que les dimensions supplémentaires de l’espace ne
sont rien d’autre que celles de notre Espace Intérieur.
Le processus de changement d’espace-temps par l’exercice de notre
libre arbitre pourrait être irréversible.
Ainsi considéré, notre Espace Intérieur serait le siège de la circulation
de « fluides » qui localiseraient géographiquement nos intentions. A
chaque instant, nos actes seraient susceptibles d’influer sur cette circu
lation de fluides, changeant ainsi en permanence les potentiels « obser
vables » le long de notre parcours.
XVII.
La loi d’attraction universelle
Où l ’on revisite la plus belle des lois de la physique en élargissant
son champ d ’application à notre espace intérieur.
Emergence de l’esprit
Où l ’on réconcilie l ’âme et la science.
Résumé du chapitre XX
Conférence
XXI.
Conférence
Où après nous avoir conduits jusqu’au col de l ’Ange
pour en contempler le panorama toujours mobile, on nous enseigne
à jouer avec une télécommande de l'espace-temps...
Le parc de la pensée
Bonjour à tous et merci pour votre présence. Mon objectif dans cette
conférence est de vous montrer qu’il existe un chemin de randonnée
qui relie la science et la spiritualité. Ce chemin, je passe mon temps à
le débroussailler, mais le plus difficile n’est pas là, c’est plutôt d’arri
ver à sortir du parc de la pensée. De quoi s’agit-il?
La science actuelle est fondée sur quatre piliers que sont le détermi-
nisme, le hasard, le matérialisme et la causalité. On peut les voir
comme quatre frontières qui délimitent un parc, celui de la pensée soi-
disant rationnelle.
Le déterminisme est un postulat qui exprime l’idée que tout ce qui
constitue la réalité dans l’univers est créé exclusivement de façon
mécanique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de place pour l’esprit ni pour
Dieu. Stephen Hawking l’a bien montré dans son dernier livre [1].
Selon lui, nous n’avons pas besoin de Dieu dans un univers régi par le
déterminisme puisque c ’est la mécanique qui gouverne toute seule. Il
n’y a pas non plus de place pour notre libre arbitre. Or il faut savoir
que ce postulat a été remis en question en physique dans les années 80
et aujourd’hui ce pilier s’est effondré. Il a commencé à s’effondrer au
moment où j ’ai démarré ma carrière de physicien et c’est pourquoi j ’y
ai été très sensible. Il est maintenant tout à fait admis dans différentes
branches de la physique que le déterminisme est une erreur, sinon une
simple hypothèse largement discutable, car la nature décrite par les
physiciens est indéterministe. J’ai bien dit indéterministe et non pas
seulement imprévisible.
Malgré cela, les physiciens tiennent quand même à leur déterminisme
car toutes leurs équations sont fondées dessus. Heureusement, le
hasard les sauve de cette situation contradictoire car on peut le mettre
en équations via les probabilités. En fait, dans l’idée des physiciens qui
croient à ce postulat, plus ou moins consciemment d’ailleurs, le monde
reste déterministe mais à leurs yeux, il est légitime d ’introduire le
hasard en physique lorsqu’on ne comprend pas encore les causes. Pire
encore, beaucoup d’entre eux n’hésitent pas à dire qu’il existe même
un vrai hasard sans causes, comme si nous avions un Dieu qui joue
aux dés. Donc on utilise le hasard en physique à toutes les sauces, pro
visoirement ou en invoquant le Dieu Hasard, à chaque fois que la phy
sique n’arrive pas à trouver des causes. En fait les scientifiques parient
sur le fait qu’ils arriveront un jour à trouver les causes, voilà tout,
parce qu’ils veulent que tout soit mécanique. Et donc ils font un usage
démesuré du hasard pour combler les insuffisances de la mécanique,
par exemple en physique statistique et en mécanique quantique... mais
aussi en biologie, car le darwinisme est également un usage démesuré
du hasard. Tout cela sert à préserver le socle du déterminisme. Le
hasard est comme une sorte de plâtre qui sert à masquer les fissures,
que dis-je, les grosses failles de la science.
Eh bien, à la fin des années 90, ce deuxième pilier du hasard est
tombé. Donc j ’ai été témoin de cela aussi. Seuls les physiciens en sont
témoins, les autres ne le savent pas encore parce que les physiciens
attendent pour l'affirmer haut et fort, ils n’arrêtent pas d’attendre car il
faut que ce soit confirmé étant donné que c’est tout de même impor
tant, car cela reviendrait à dire aux gens que la physique est mal fon
dée, ce qui n’est pas sérieux, d’autant plus que ça n’empêche pas la
mécanique de fonctionner.
Comment le hasard s’est-il donc effondré? On a découvert qu’il était
faux d’attribuer le hasard de certains événements quantiques, voire
même macroscopiques, à notre ignorance des causes. Il y a eu des
expériences qui ont montré que le hasard est forcément quelque chose
qui met enjeu des informations extérieures à notre espace-temps, donc
par définition sans causes. Mieux que ça encore, on a montré que ce
hasard sans causes s’introduit dans l’espace-temps sous forme d’infor
mations non locales. Il n’est alors plus possible que ce hasard rede
vienne un jour déterministe parce qu’on a une entrée d’informations
depuis l’extérieur de l’espace-temps, donc hors du champ de la phy
sique, depuis le monde non manifesté si vous préférez, qui se fait
simultanément à plusieurs endroits de l’univers où on observe les
mêmes informations, sans qu’il puisse y avoir une relation de causalité
qui l’explique. Ces endroits peuvent être distants de plusieurs années
lumière par exemple. Il est en effet prouvé par l’équipe d’Antoine Sua
rez [391 et Nicolas Gisin [40], dont les expériences ont été renouvelées
dans les années 2000, que le hasard dû à notre ignorance des causes
n’existe pas, ce qui fait définitivement sombrer les deux piliers du
déterminisme et du hasard.
Troisième pilier, le m atérialism e, c ’est-à-dire l ’idée que notre
conscience est un produit du cerveau. Cette idée était à la mode
lorsque j ’ai commencé ma carrière de physicien dans un laboratoire on
l’on fait beaucoup de mécanique des fluides. On espérait comprendre
l’émergence des systèmes vivants, essentiellement après les travaux
d’Ilya Prigogine [41]. Il y a eu toute une mode, à travers les automates
cellulaires notamment, qui a fait penser aux physiciens qu’on allait
peut-être découvrir la manière dont la vie, et ensuite la conscience,
émergent des systèmes complexes. Eh bien tout cela est retombé
comme un soufflet vers le début des années 2000, et aujourd’hui les
physiciens qui sont dans le mainstream - plutôt francophone on va dire
- ne croient plus à cela, et personnellement je n’y crois plus pour une
autre raison. J’y croyais au début de ma carrière mais j ’ai passé ma vie
à développer des robots industriels et j ’ai même travaillé sur des robots
humanoïdes. J’ai été spécialisé dans le développement de leur système
de vision, je sais réaliser un robot qui reconnaît des formes très com
plexes avec des algorithmes intelligents et finalement, je ne vois vrai
ment pas l’émergence de la conscience là-dedans. On ne peut toutefois
pas dire que ce troisième pilier tombe de cette manière, c’est plutôt
parce qu’il n ’avait déjà pas de raison d ’être, car l ’idée que la
conscience est un produit du cerveau est une hypothèse qui dès le
départ ne tient pas la route. On ne sait pas expliquer les qualias par
exemple (les perceptions propres à la conscience) et on ne va en débat
tre ici car cela mérite une conférence entière. Donc on va dire que cette
idée matérialiste est un troisième pilier illusoire qui s’est effondré faute
de raison d’être.
Quatrième pilier, c’est le seul qui tient encore, enfin à peu près, c’est
celui de la causalité, mais depuis l’année 2010 environ les physiciens
ont fait des expériences et des publications frappantes qui ont montré
la possibilité inverse de la rétrocausalité, c’est-à-dire que les effets qui
normalement suivent les causes pourraient les précéder dans certains
cas, spécialement en mécanique quantique. Pour vous faire compren
dre cela, il faut savoir que la mécanique quantique travaille sur des
possibilités simultanées. Supposez par exemple que vous ayez besoin
de descendre à la ville pour aller chercher du pain. Vous avez donc
l’intention d ’aller chercher du pain mais vous ne savez pas encore
comment vous allez faire, si quelqu’un va vous emmener ou si vous
allez y aller seul, à pied, en voiture, etc. Il y a différentes possibilités
simultanées et finalement, vous les réduisez en une seule en décidant
d’y aller seul et en voiture, alors que s’est-il passé? Le physicien nor
mal dira que vous avez pu aller chercher du pain parce que vous avez
une voiture, donc il vous dira que la cause c ’est la voiture, alors
qu’évidemment la cause c ’est votre intention, suivie de votre choix
entre les possibles. Or comme nous allons le voir, dans notre espace-
temps où tout est simultané, le passé, le présent et le futur, l’univers
n’attend pas le passage du temps pour mettre en place la réalisation de
votre choix, puisqu’elle est certaine. Il faut vous habituer à cette idée
fondamentale, c’est pourquoi je vous en parle d’avance, car c’est l’idée
maîtresse. C ’est le concept que votre intention se réalise avant ses
moyens. L’effet de l’intention s’est donc réalisé dans le futur - sous
forme de potentiels accrus - avant que la cause mécanique, la voiture,
n’entre en jeu, car l’effet était certain avant que le moyen n’existe.
Nous verrons ainsi que ce qui se produit dans le futur se produit déjà
maintenant et que ce qui s’est produit dans le passé se produit encore
maintenant, car la théorie de la relativité décrit un univers où tout est
simultané. Ceci est d’ailleurs compatible avec la vision bouddhiste où
tout est contenu dans le présent. L’idée d’une épaisseur temporelle
entre le futur et le présent est une idée fausse, il n’y a qu’une épaisseur
d’événements reliés par des causes, il n’y a pas d’épaisseur de temps
car ce temps-là n’existe pas, mais nous allons y revenir.
Le col de l’Ange
Ce que je vous propose maintenant, c’est de vous montrer le chemin
que prennent les physiciens pour s’éveiller à la spiritualité automati
quement. Je veux dire par là que les progrès de la science amènent
automatiquement les physiciens à découvrir la spiritualité, et c ’est ce
que je crois important de dire. Je vais utiliser pour cela des métaphores
en vous parlant de randonnées, de territoires, de montagnes, etc.
Le déterminisme est une barrière que je matérialise par une falaise qui
comporte deux failles, celle de la mesure quantique et celle du chaos
macroscopique, par lesquelles on peut descendre dans la vallée de l’in
certitude, qui n’est pour l’instant explorée que par des gens qui se font
cataloguer dans l’ésotérisme parce ça descend très fort et hors de vue
du parc de la pensée. Au sud de cette vallée il y a la montagne noire
surplombée par un nuage noir, qui représente tout ce qu’on n’a pas
encore compris en physique et qui pose un gros problème. Au nord du
territoire de la pensée il y a la chaîne des Dieux, quelque chose qu’on
voit au loin et qui est en fait souvent considéré comme une illusion
d’optique, une croyance, par ceux qui sont les plus prisonniers des
croyances. Nombreux parmi eux veulent ériger là aussi une barrière
pour nous empêcher d’y aller. A l’est il y a la colline des paradoxes, car
on sent l’avènement prochain des technologies de la conscience, et de
cette colline décollent les gens qui cherchent à faire une sorte de magie
avec le nouveau paradigme, quelque chose entre la kabbale et la parap
sychologie. Mais pour y aller ils doivent passer outre les barbelés de la
causalité installés par le modèle standard de la physique. Et puis nous
avons à l’ouest le ravin de la création avec la décharge du hasard et le
gouffre de l’illusion, car nous avons l’habitude de mettre sur le compte
du hasard tout ce qu’on ne comprend pas. On dit « c’est du hasard »,
donc on le met à la poubelle, car si on ne le fait pas on prend le risque
de tomber dans le gouffre de l’illusion.
Nous avons donc au centre du territoire de la pensée, de notre imagina
tion et surtout de nos croyances, ce que j ’appelle le parc de la pensée,
délimité par ces quatre frontières qui veulent nous interdire d’en sortir:
(1) la falaise du déterminisme, (2) le ravin du hasard ou encore de la
création, (3) le mur du matérialisme et enfin (4) les barbelés de la cau
salité. Donc je vous propose de vous accompagner sur le chemin qui
permet d’en sortir dans les meilleures conditions pour aller vers la spi
ritualité, et pour cela nous allons descendre dans le ravin de la création
pour remonter de l’autre coté, c’est-à-dire du côté où il n’y a pas de
hasard. Car toute la science et tout le parc de la pensée se maintiennent
encore aujourd’hui grâce au hasard, ce hasard qui a le grand intérêt de
masquer toutes les failles apparues aujourd’hui en physique. Eh bien
nous allons voir qu’il n’y plus de hasard quand nous allons au col de
l’Ange, en prenant soin d’éviter le gouffre de l’illusion qui représente
un danger lorsqu’on s’aventure de l’autre coté. C’est pourquoi il faut
se faire accompagner par un guide, or je me suis improvisé un tel
guide.
Qu’est-ce donc que le col de l’Ange? Que découvre-t-on en y arri
vant? Pour vous convaincre de me suivre, je vais vous dire d’avance
ce qu’on y découvre. Il s’agit de trois renversements de la pensée :
Le premier renversement, c ’est qu’auparavant nous pensions que la
réalité se créait dans le présent et automatiquement. Or au col de
l’Ange on constate que la réalité est déjà créée dans le futur et qu’elle
peut encore évoluer. Je ne suis pas le seul à le dire, je suis même
accompagné par Étienne Klein qui fait partie des quelques physiciens
qui sont allés visiter le col de l’Ange.
Le second renversement concerne non plus le temps mais l’espace ou
plutôt ce qu’il contient. Avant nous pensions que la réalité était indé
pendante de l’observateur, or au col de l’Ange on s’aperçoit que la réa
lité créée par l’univers dépend de nos observations, et que par-dessus
le marché elle pourrait même dépendre de nos intentions. Je parle ici
bel et bien de notre futur.
Le troisième renversement concerne l’information, la révolution de
l’information physique. Avant nous pensions que la création se faisait
mécaniquement, sinon par hasard auquel cas nous aurions un Dieu qui
joue aux dés, or aujourd’hui on pense de plus en plus, et c’est même de
plus en plus clair, que la création de la réalité a besoin d’informations
extérieures à l’espace-temps. Alors ça, je vous le dis mais c ’est du
lourd, car c’est à la fois extraordinaire et démontré. Il va vous falloir
du temps pour assimiler cela aussi.
Pour vous y aider, je vais commencer par vous parler des premiers ran
donneurs qui au siècle dernier ont tenté l’ascension du col de l’Ange,
mais qui n’y sont pas arrivés. En fait, pour y arriver ils auraient dû se
mettre en cordée. Il s’agit d’Einstein, de Nietzsche et de Bergson.
Einstein a déclaré dans une lettre à son ami Besso : « Pour nous, physi
ciens dans l’âme, la séparation entre passé, présent et futur ne garde
que la valeur d ’une illusion, si tenace soit-elle ». C’est ce que je vous
disais tout à l’heure, il n’existe pas d’écart temporel entre un événe
ment présent et un événement futur, simplement on ne sait pas com
ment concevoir l’événement futur bien qu’il soit déjà là.
Nietzsche a écrit dans « Humain, trop humain » [42] quelque chose de
très méconnu, probablement parce que ses lecteurs n’ont pas dû le
prendre au sérieux : « Notre destin exerce son influence sur nous,
même lorsque nous ne le connaissons pas encore: c ’est notre avenir
qui détermine notre présent. » Heureusement il a aussi écrit ailleurs
quelque chose qui confirme sa pensée: « le futur influence le présent
autant que le passé » Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire?
Le problème, c’est que si notre futur est déjà réalisé, conformément à
la vision déterministe d’Einstein, et si par-dessus le marché notre pré
sent est déterminé à la fois par le passé et par le futur, alors nous
sommes ultra-déterminés et par conséquent totalement prisonniers. On
a donc perdu toute possibilité de libre arbitre.
Heureusement, nous avons Bergson qui écrit dans « Le possible et le
réel » [43]: « A quoi sert le temps?... Ne serait-il pas le véhicule de
création et de choix? L ’existence du temps ne prouverait-elle pas qu’il
y a de l’indétermination dans les choses? ». On aimerait bien qu’il ait
raison, mais comment voulez-vous qu’il y ait de l’indétermination
dans les choses si notre présent fait l’objet d’une double détermination,
à la fois par le passé et par le futur? C’est la question à laquelle nous
allons répondre en montrant que lorsqu’on est au col de l’Ange, il est
tout à fait possible de concilier ces trois points de vue, c’est-à-dire
qu’ils auraient tous les trois raisons.
Toujours pour vous encourager dans l’ascension du col de l’Ange, je
vais maintenant citer les nouveaux randonneurs, c ’est-à-dire ceux du
nouveau millénaire, qui durant ces trois dernières années ont fait des
déclarations fracassantes en revenant du col, et on peut dire qu’il y a
une véritable révolution en physique actuellement.
Thibault Damour, un illustre physicien de l’Institut des Hautes Études
Scientifiques, spécialiste de la relativité [44] et de la cosmologie des
trous noirs, a déclaré: « Le futur est déjà là ...» . Ah bon, mais si le
futur est déjà là, pourquoi doit-on l’attendre alors? Tout simplement
parce qu’il y a trop d’informations à absorber, trop d’enchaînements de
causes à effets. C ’est la causalité qui nous sépare du futur, pas le
temps. Et il a dit aussi : « Le temps est fondamentalement réversible ».
Ceci peut se comprendre si l’on remplace le temps par la causalité, car
c’est la causalité qui est réversible, pas le temps, étant donné que les
équations de la physique sont réversibles. Mais vous allez mieux com
prendre en écoutant un autre randonneur :
Carlo Rovelli, un autre grand physicien, père de la gravité quantique à
boucles, a écrit [45]: « Le temps n ’existe pas... ». Donc vous voyez,
cela ne peut pas être le temps qui nous sépare du futur, seulement la
causalité, et il a écrit aussi: « Nous devons apprendre à penser le
monde non comme quelque chose qui évolue dans le temps, mais
d ’une autre façon »
Mais comment est-ce possible? De quelle autre façon? Est-ce que cela
voudrait dire qu’il y aurait un deuxième temps? Les choses n’évolue
raient pas dans le présent qui n’existe pas, et il y aurait un deuxième
temps dans lequel évolueraient quand même les choses? Comment
cela? Carlo Rovelli est pourtant un physicien très respectable à la
réputation internationale.
Étienne Klein, dont j ’apprécie beaucoup les écrits [12] [13] [14] et qui
a une crédibilité médiatique en représentant souvent la science phy
sique en France, quelqu’un qui se doit donc normalement d’être rai
sonnable dans ses déclarations, car il informe un large public tout de
même, suggère dans l’une d’elles la chose suivante: « l ’idée que le
futur existe déjà, que c ’est une authentique réalité, mais pas complète
ment configurée, pas intégralement définie, q u ’il y a encore des
espaces pour la volonté, le désir, l ’invention... » et il en déduit en toute
logique : « ..n e serait-il pas temps de commencer à coloniser intellec
tuellement l’année 2050? »
Comprenez-vous ce que dit là Étienne Klein? Il se questionne sur la
possibilité de commencer à coloniser intellectuellement - c’est-à-dire
d’influencer par la pensée - l’année 2050. Il n’a pas osé nous dire plus
clairement que nous pourrions influencer par la pensée une authen
tique réalité déjà présente dans le futur afin de mieux la configurer,
parce qu’il fallait noyer ce poisson après l’avoir sorti de l’eau : juste le
montrer brièvement. Il s’agit en effet d’une proposition vertigineuse et
donc courageuse de la part d’un orateur public comme Étienne Klein.
Eh bien figurez-vous qu’il est allé encore plus loin récemment, en
mai 2013 je crois, en prenant un exemple comme celui dont je vous ai
parlé tout à l’heure: la personne qui a l’intention d’aller chercher du
pain sans savoir encore par quel moyen, pour montrer la possibilité
d’une rétrocausalité entre la réalisation de l’intention et la réalisation
du moyen: vous êtes allé chercher votre pain avant d’avoir trouvé le
moyen de le faire, car dans l’espace-temps, il se pourrait bien que les
choses certaines se mettent en place avant les choses incertaines, c’est
tout, c ’est de la logique rationnelle pure. Bon, je me répète, mais j ’in
siste là-dessus car vous allez mettre des années avant de vous habituer
à cette idée-là.
Et enfin, Antoine Suarez [39], un physicien quantique qui collabore
avec Nicolas Gisin [40] à Genève, tous deux célèbres pour leurs expé
riences, nous dit que: « Pour avoir une matière qui fonctionne de
façon sensée, nous avons besoin d ’une coordination qui n ’est pas
matérielle... et qui est insensible à l ’espace et au temps ». Donc là, on
retrouve l’idée que l’espace-temps est immergé à l ’intérieur d ’un
monde non manifesté qui informe notre monde manifesté avec des
informations qui viennent de l’extérieur de l’espace-temps. Or ceci
l’oblige à évoluer, à ne pas rester figé, donc on retrouve ici l’idée que
notre espace-temps évolue hors du temps et cela répond à l’interroga
tion de Carlo Rovelli. C ’est aussi la porte ouverte à l’Esprit, et il faut
effectivement grimper au col de l’Ange pour commencer à voir le pic
de l’Esprit. Et effectivement, Antoine Suarez l’a bien vu, car il a fait
une conférence en mai dernier dans un colloque, organisé par Jean
Staune [46] [47] à Paris, où sont intervenus des physiciens qui s’inté
ressent au phénomène de la conscience et qui adhèrent à la notion
transcendantale de l’Esprit, en faveur de la spiritualité, et j ’en faisais
partie.
L’Espace-temps flexible
Jusque-là, je n’ai fait que reprendre des déclarations de physiciens ou
philosophes très connus. Maintenant, moi qui suis un grand randon
neur, je me suis permis de débroussailler moi-même un chemin vers le
col de l’Ange. Il peut y avoir d’autres chemins, mais je vais vous par
ler maintenant du chemin que j ’ai tracé pour y aller. Ce chemin
consiste à réconcilier Einstein, Nietzsche et Bergson en disant que le
futur est déjà réalisé, que la réalité ne se crée pas dans le présent et que
le futur peut changer ici et maintenant, sous l’influence de nos inten
tions. J ’introduis donc le libre arbitre et j ’en tire toutes les consé
quences. Pour cela j ’utilise une représentation de l’espace-temps sous
la forme d’un cylindre flexible. Une tranche circulaire de ce cylindre
représente un point du temps, le présent par exemple. Elle a la forme
d’un disque qui remplace une sphère qui contient tout l’espace-temps.
On enlève ainsi une dimension d’espace pour pouvoir représenter l’es-
pace-temps en trois dimensions, donc la longueur du cylindre repré
sente le temps. Maintenant, supposez que nous ayons un libre arbitre
authentique. Dans ce cas la forme de ce cylindre, ou en tout cas ce
qu’il contient, est obligée de changer sous l’influence de nos inten
tions : il faut donc que ce cylindre soit flexible.
Or nous avons là un problème car ni la théorie de la relativité ni la gra
vité quantique à boucles ne décrivent un cylindre d’espace-temps
flexible. Elles décrivent un cylindre d’espace-temps figé, et pour qu’il
en soit autrement il faudrait rajouter des dimensions. Or en quatre
dimensions, il est impossible de faire bouger ce cylindre. Heureuse
ment, il y a une porte de sortie, car la théorie de la gravité quantique
fait vibrer l’espace-temps, elle le fait donc bouger, mais c’est à une
échelle infiniment petite de dix à la puissance moins trente-cinq
mètres. C’est là que mon apport personnel intervient. Ma proposition,
que j ’ai publiée [48] [49], est de dire que des vibrations de l’espace-
temps, même si elles sont infinitésimales, sont susceptibles de modi
fier considérablement, à l ’échelle macroscopique, les trajectoires
d’événements et donc la structure matérielle de l’espace-temps. Cela
se produit suite aux bifurcations qui apparaissent inévitablement à
toutes les échelles, à cause d’une amplification des différences dans les
conditions initiales qui est due au chaos incontournable dans les inter
actions ou les chocs entre particules.
Le résultat, c’est que l’intérieur de l’espace-temps change à toutes les
échelles sous l’effet de ces vibrations, il change dans toute l’étendue
du temps simultanément, ce qui se représente par un cylindre flexible
qui change de forme. Ou encore, on peut représenter la structure de
l’espace-temps comme un ensemble de cylindres fixes qui se rejoi
gnent dans le présent pour former un tronc d’arbre, et vous avez un
espace-temps qui devient un arbre avec des branches cylindriques, ce
que j ’appelle l’arbre de vie lorsqu’on le limite à la description de notre
vie personnelle. À partir de l’instant présent, nous allons emprunter
une seule de ces branches si rien ne change dans l’information appor
tée depuis l’extérieur de l’espace-temps, mais toute nouvelle informa
tion externe est susceptible de changer cette situation et donc de nous
faire empmnter une nouvelle trajectoire, une nouvelle branche.
Cet arbre de vie est le point de départ de la théorie de la double causa
lité. Personnellement par exemple, j ’ai peut-être aujourd’hui dix poten
tiels pour mon avenir, c’est-à-dire une dizaine de branches, et si on
cherche dans le détail j ’en ai peut-être mille. Mais si on reste dans les
grandes lignes peut-être qu’aujourd’hui je vais mourir à tel âge et de
telle façon, mais tout cela peut encore changer et demain mon avenir
sera différent. Peut-être que dans un mois je n’aurais plus que quatre
vies potentielles au lieu de dix, ou alors une vingtaine, donc mon arbre
de vie aura changé. Donc notre avenir peut se décrire à tout instant
comme un arbre de vie qui évolue dynamiquement.
Le problème est que mathématiquement, tout cela est très difficile à
représenter, c ’est pourquoi je propose un équipement de randonnée qui
consiste à emmener dans son sac à dos une dimension supplémentaire
au moins. Parce que pour arriver à concevoir un tel arbre, c’est-à-dire à
comprendre le panorama que l’on voit depuis le col de l’Ange, on a
absolument besoin d’au moins une dimension d’espace supplémen
taire. Cette dimension est une dimension de torsion, c’est-à-dire que si
vous considérez votre ligne de vie actuelle comme un cylindre qui va
parcourir votre futur, alors sans changer la position de votre cylindre
dans le présent vous pouvez changer sa position dans le futur, par le
simple fait de le tordre en le faisant tourner sur lui-même. Cette torsion
est une torsion invisible et non physique, dans le sens où l’information
qu’elle met en jeu n’appartient pas à notre espace-temps quadridimen-
sionnel. Elle lui est extérieure, elle est évidemment le vecteur de ce
fameux hasard auquel la physique n’arrive pas à donner du sens. On
peut donc mathématiquement rendre compte de ce fameux hasard
externe à l’espace-temps par des dimensions supplémentaires. Voilà.
C ’est ce que fait aussi la théorie des cordes qui aboutit à la notion
d’univers parallèles... mais je ne vais pas aborder cette théorie ici,
nous pourrons voir cela dans les questions.
J ’en arrive maintenant au modèle que j ’ai présenté à l’Institut de
France l’année dernière (2012), où j ’étais invité à m ’exprimer dans un
colloque sur la conscience dans le cadre de l’association « Être
humain » qui réunit des académiciens. Ce n’était pas une invitation de
l’académie, je précise, mais d’une association indépendante qui m’a
demandé de donner le point de vue d’un physicien sur la conscience
dans ce colloque où s’exprimaient des académiciens. Difficile pour
eux de trouver un physicien qui donne son point de vue sur ce sujet, et
donc ça m’est tombé dessus. Enfin bref, j ’y ai présenté un modèle du
mental, de l’esprit et de la conscience où j ’ai précisé le rôle de la
conscience sur la base du cylindre flexible appliqué à la description de
chacune de nos vies. Alors j ’ai représenté notre vie comme se dérou
lant à l’intérieur d’un tunnel flexible invisible dans lequel chacun de
nous se déplace sans savoir qu’il est automatiquement guidé, et je
représente notre conscience par une lampe de poche qui nous permet
de voir notre parcours, sur quelques secondes par exemple, ou plus si
nous sommes très éveillés.
J’y ai dit aussi que notre conscience a deux fonctions, la première liée
à l’attention - la présence - qui consiste à enregistrer des informations
dans l’univers et dans le temps présent, c’est aussi le rôle de l’observa
teur en mécanique quantique, et la seconde liée à l’intention qui
consiste à configurer le futur de l’univers, dans ce qui reste évidem
ment configurable, c’est-à-dire qui ne dépend pas strictement de la
causalité et qui fait donc intervenir ces fameuses informations exté
rieures à l’espace-temps. Ces deux fonctions de la conscience suppo
sent que nous vivions dans un univers d’informations: informations
qu’il a tendance à perdre mais qui sont renouvelées par toutes les
consciences dans l’univers. Je vous fais grâce des arguments physiques
qui m’ont amené à concevoir un tel modèle pour notre réalité, parce
que la physique de l’information est encore très jeune et ardue, mais
notez que c’est un modèle plus optimiste que celui de la caverne de
Platon ou de sa version modernisée par le film Matrix, car dans cette
matrice dont je vous parle nous sommes tous câblés pour devenir des
héros comme Néo.
Supposons maintenant que notre cerveau ne reçoive aucune informa
tion externe à l’espace-temps, et que notre tunnel invisible ne peut être
bougé par personne d’autre. Dans ce cas notre conscience n’aurait
qu’un rôle passif à jouer, car notre tunnel ne pourrait pas bouger. C ’est
en fait l’ego qui pourrait mettre la conscience dans un tel état, car tout
le monde voit bien que les personnes qui sont sous l’emprise de leur
ego ont un fonctionnement prévisible, comme un automate. L’ego
transforme le mental en un automate et dans ce cas nous devenons des
machines. Je représente cela par un miroir qui s’interpose entre le
mental et la source d’informations externes que je définis ici comme
étant l’esprit, notre esprit. Le miroir renvoie les informations de l’ego
au lieu de laisser passer celles de l’esprit. Les personnes qui renient
l’existence de l’esprit, qui n’ont donc pas d’intuitions ou qui les blo
quent, sont dans la confusion entre le mental et l’esprit et risquent de
fonctionner comme des machines. Les techniques de méditation, entre
autres, sont là pour éviter cette confusion et pour nous faire découvrir
la lumière intérieure de l’esprit, celle qui se traduit dans le sourire, si
vous préférez. La différence entre l’esprit et le mental est que l’esprit,
cette lumière intérieure qui s’accompagne aussi de joie, est une source
d’informations externe à l’espace-temps, alors que le mental est un
processus interne de traitement de l’information: au contraire de l’es
prit il est sujet à la causalité. Je ne me pose pas la question de savoir ce
qu’est l’esprit en dehors de cette définition. Peut-être que nous avons
tous le même esprit, peut-être que non et que nous sommes malgré
tout reliés à un niveau hiérarchique supérieur par ce qu’on appelle
Dieu. Oublions cela et considérons l’esprit comme la source d’infor
mations qui bouge tout simplement notre tunnel, comme si nous étions
télécommandés depuis l’extérieur de l’espace-temps.
Figurez-vous maintenant que l’existence de cette télécommande pour
rait fort bien trouver une légitimité non seulement physique mais aussi
mathématique, à travers le théorème de Gôdel. Ce théorème nous
apprend en effet que tout système formel, c’est-à-dire logique comme
le serait un univers d’informations reliées par des lois comme la causa
lité, contient forcément des propositions indécidables. Entendez par là
qu’un tel système ou univers ne peut rester cohérent que s’il est incom
plet, c’est-à-dire s’il manque d’informations pour décider de son état,
auquel cas il aurait évidemment besoin d’informations extérieures, et
l’on retrouve ainsi notre télécommande.
Mais ce qu’il faut retenir ici, c’est que lorsque la connexion est ouverte
entre esprit et mental, nous avons un libre arbitre et la télécommande
fonctionne, alors que dans le cas contraire notre liberté est illusoire et
nous ne pouvons fonctionner qu’en pilote automatique.
La télécommande de Vespace-temps
Je passe maintenant à la partie expérimentale de mon exposé et nous
allons commencer à sortir de la science pour nous rapprocher de la spi
ritualité, en abordant le sujet des synchronicités, c’est-à-dire des coïn
cidences porteuses de sens pour les personnes qui les vivent. Il faut les
différencier de ce qu’on appelle les signes du destin, qui ne sont de
vraies synchronicités que lorsqu’ils sont très improbables et exigent
donc une explication. Mais à ce stade, il est important de distinguer
deux sortes de personnes qui détectent ou ressentent des indications du
destin dans leur vie. Il y a les personnes qui sont dans la confusion, qui
pensent avoir vécu quelque chose de significatif mais qui ne se rendent
pas compte qu’il ne s’agit que de projections, parce qu’il est normal
que de temps en temps il se produise des coïncidences improbables. Or
il faut que ce genre de chose soit répétitif pour lui donner du sens sans
sombrer dans le gouffre de l’illusion. Il est très important de douter et
d’essayer d’évaluer l’improbabilité réelle de ce qu’on vit. Ce n’est pas
évident et c’est pourquoi la confusion a souvent lieu. Il est possible
que dans 80 % des cas on ait affaire à des projections. Beaucoup de
lecteurs m’ont confié leurs témoignages et seuls quelques-uns m ’ont
paru dignes d’être classés comme de véritables synchronicités. Bien
sûr j ’ai pu me tromper car on est là dans quelque chose de très subjec
tif, difficile à décrire, mais finalement c’est le sens que l’on donne soi-
même à ce qu’on vit qui compte, à condition de ne pas être parasité par
un mental qui calcule et qui projette. On a moins de chance de se trom
per lorsqu’on tient compte de sa première impression, mais il faut bien
dire que beaucoup de hasards que l’on aurait tendance à attribuer à des
signes, à l’esprit, à l’ange ou à je-ne-sais-quoi ne sont que des illu
sions.
Il n’empêche, et j ’ai fait un effort considérable pour essayer de défri
cher tout cela, que dans mon expérience personnelle ainsi que dans la
littérature, il subsiste un nombre très important de cas qu’il est impos
sible de réduire en projections en les jetant dans la poubelle du hasard.
Je suis là-dessus dans la même ligne que de nombreux scientifiques
très respectables, y compris des prix Nobel, et je vais citer ici quelques
scientifiques qui se sont réellement investis dans la recherche sur ces
phénomènes. Alors tout d’abord, il faut savoir que ces phénomènes
peuvent aussi avoir un aspect banal, car il existe des coïncidences
étranges et très courantes, mais qui ne valent pas vraiment la peine
qu’on les étudie parce qu’il est plus facile, voire même justifié en ce
qui les concerne, de les mettre à la poubelle. Il s’agit de tout ce qu’on
appelle par les expressions : « le monde est petit », « la loi des séries »,
« l’effet Pauli ou l’effet démo », « les cascades numériques », « la
chance ». Allez savoir dans ces cas s’il faut chercher un sens, le mieux
est sûrement de s’abstenir et donc de tendre la carte Joker. Par contre,
il existe des synchronicités beaucoup plus improbables qui intervien
nent généralement lors des grands changements dans une vie. Elles
sont souvent liées à des rencontres déterminantes et là, vous êtes cer
tains qu’il n’y a pas de hasard. Sauf si vous êtes paumé et que vous
vous retrouvez en situation d’errance. Mais lorsque vous êtes bien cen
tré et qu’il vous reste encore un peu de connexion avec l’esprit, donc
un peu de réseau pour votre télécommande, même dans les situations
de chaos vous pouvez être certain que cette télécommande a déjà pré
paré des plans pour votre vie future longtemps, longtemps à l’avance
et que par conséquent, si jamais vous n’avez pas de plans, plusieurs
plans concernant votre vie sont déjà là dans votre futur et l’un d’eux
saura s’imposer à vous, même s’il faut que l’univers vous bluffe ou
vous épate pour cela.
C ’est pourquoi il est important de maîtriser ses pensées, son comporte
ment, ses intentions, d’être authentique et d’avoir un état d’esprit posi
tif et ouvert sur le long terme, car c’est à partir de cette ouverture que
votre télécommande construit progressivement votre futur, là où il
n’est pas encore configuré. Si par contre votre connexion entre l’esprit
et le mental est coupée, alors il faut vous attendre à traverser des
périodes avec des souffrances à la clé. C ’est d’ailleurs souvent à la
suite de telles souffrances que la connexion finit par s’ouvrir et lorsque
le réseau revient, alors votre futur enfin informé par votre télécom
mande se réorganise et là tout s’arrange pour vous, car vous arrivez à
contrebalancer la loi de l’entropie croissante qui veut que tout système
mécanique, à moins d‘être contrôlé extérieurement, est invariablement
conduit vers le désordre.
Attention, je vous parle d’une télécommande mais elle ne fonctionne
pas en temps réel, elle est obligée de passer par une reprogrammation
du mental : c ’est lui qui crée le futur parce que le mental est physique,
pas l’esprit. Il n’y a rien de magique là-dedans. Ce n’est pas l’esprit
qui crée directement votre futur, c’est le mental, qu’il soit informé ou
non par la télécommande. Sans cette information, le mental réagit
automatiquement avec ses réflexes du passé, son pilote automatique en
face de nouvelles situations, et c ’est cela qui conduit au désordre,
c’est-à-dire au renouvellement des échecs par exemple et il faut bien
comprendre que dans ce cas précis, aucune nouveauté positive ne peut
s’installer dans votre futur, car tout comportement mécanique vous
emmène sur une voie où le désordre finit par s’installer.
Maintenant, l’explication que je donne aux coïncidences et aux syn-
chronicités se résume par la phrase suivante : « Nos intentions causent
des effets dans le futur qui deviennent les futures causes d ’effets dans
le présent. » Après ce que je viens de dire, vous comprenez bien que
cela ne peut s’appliquer que si les effets causés par vos intentions sont
nouveaux, et non pas installés depuis longtemps par votre conditionne
ment. D’où la nécessité que votre télécommande soit en marche et en
bon état, c ’est-à-dire que vos intentions soient à la fois nouvelles et
authentiques. Cette explication par une double causalité a été reprise
avec force par Jacques Vallée [50] dans une conférence qu’il a donné à
TEDx Bruxelles en 2011 [51], où il a cité cette phrase et dit que cela
serait la base de la future physique de l’information qui s’imposera peu
à peu dans les années à venir. C ’est donc un joli soutien à ma théorie et
je dois le remercier de m ’avoir ensuite ouvert les yeux sur sa portée
technologique. Car Jacques Vallée n’est pas seulement un écrivain et
astronome, c ’est surtout un spécialiste de tous les artefacts lumineux et
physiques comme les ovnis et un tas d’autres phénomènes incompré
hensibles bien qu’avérés. Il a eu en main des dossiers classés de la
NASA et a été recruté par Spielberg pour conseiller le rôle de François
Truffaut dans « Rencontres du 3e type ». Il a assisté à des expériences
de parapsychologie avec des sujets doués. Son expérience lui a permis
de se forger une conviction et ce n’est pas pour rien qu’il a soutenu ma
théorie. Je ne l’ai vraiment compris que six mois après, lorsque j ’ai
commencé à entrevoir les applications technologiques possibles de la
double causalité, et ceci constitue l ’essentiel de mon travail de
recherche à ce jour, en collaboration avec des industriels de l’innova
tion qui sont convaincus que j ’ai ouvert une voie d’avenir extrême
ment prometteuse et passionnante. Ce n’est d ’ailleurs pas de mes
publications mais de l’impact technologique de cette théorie que vien
dra sa validation par le biais expérimental, si elle vient, et tout ce que
je peux vous dire c’est que ça chauffe.
Une façon plus sobre de résumer le mécanisme des coïncidences est de
dire tout simplement que « Ce qui n ’est pas déterminé par le passé est
déterminé par le futur ». Bien entendu cela implique une rétrocausa-
lité, or ceci est une hypothèse avancée il y a plus de trente ans par le
très respectable physicien O livier C osta de Beauregard [52],
aujourd’hui décédé mais dont je suis certain que l’apport restera dans
l’histoire, car c’est bien lui le père de la rétrocausalité. Il en a payé le
prix lorsqu’il a proposé cette hypothèse pour expliquer la fameuse
expérience d’Alain Aspect de 1982. À cette époque il avait osé relier la
rétrocausalité à la parapsychologie, ceci a généré de l’indignation et
une marginalisation s’en est suivie. Je pense que c’est même la raison
pour laquelle Alain Aspect n’a toujours pas reçu le prix Nobel. Mais
aujourd’hui les choses ont changé et si vous prenez Thibault Damour
par exemple, même s’il n’en fait pas un cheval de bataille, il n’est pas
déconsidéré pour avoir déclaré ne pas avoir de soucis avec la rétrocau
salité. Même Étienne Klein s’y met. Aujourd’hui tout bascule, et c ’est
facile à comprendre car c’est à cause de cette nouvelle conception de
l’espace-temps qui s’impose car elle se voit du col de l’Ange. Pour
bien le comprendre, il vous suffit d’imaginer que vous changez avec
votre télécommande la position de votre tunnel de vie dans le futur.
Alors il faut bien que cette nouvelle position soit reliée au présent et
que des changements aient donc lieu avant ce futur, sinon vous casse
riez votre tunnel de vie, vous casseriez l’espace-temps. Donc il y a
bien une rétrocausalité, c’est aussi simple que cela, elle provient de ce
que la fin crée mécaniquement les moyens. Et si cette finalité vous
choque, alors vous devez refuser que l’espace-temps soit flexible, mais
dans ce cas vous tombez dans un piège créationniste qui vous oblige à
croire que l’univers, du big-bang jusqu’à la fin des temps, s’est créé
d’un seul coup et que depuis tout est figé, plus rien ne change, nous ne
faisons que visiter un espace-temps figé à tout jamais. Personnelle
ment, je trouve ça impensable, c ’est comme une pensée primitive, et
pourtant c’est ce à quoi mène le déterminisme.
Je ne suis pas le seul chercheur du CNRS à vouloir expliquer les syn-
chronicités. Bien avant moi, le physicien quantique François Martin
[53], aujourd’hui à la retraite mais très actif, a publié un modèle qu’il
appelle la Théorie de la Psyché Quantique. Nous nous sommes ren
contrés et avons échangé sur cette question, puis nous sommes tombés
d’accord sur un certain nombre de points communs essentiels. J’en ai
fait une page web de mon site :
http://ww w .philippeguillem ant.com /les-synchronicites/les-syn-
chronicites-en-theorie
Nos différences de points de vue sont très relatives et proviennent du
fait que je suis un physicien classique, donc de l’échelle macrosco
pique et du chaos. Là où François parle d’intrication atemporelle je
parle de dimensions supplémentaires, mais il existe un point de vue
selon lequel cela revient au même, que l’on peut résumer en disant
qu’il s’agit de deux façons d’introduire des informations atemporelles
dans l’espace-temps. La théorie des cordes nous apporte aussi un cer
tain nombre d’enseignements là-dessus (voir dans les questions).
Il est enfin incontournable de citer Jung et Pauli qui sont les pères du
concept de synchronicité et en ce qui concerne Jung, de la théorie de
l’inconscient collectif. La grande majorité des travaux sur la synchro
nicité ont été inspirés par Jung et Pauli et notamment par leur corres
pondance [54], donc si vous vous intéressez aux synchronicités il faut
commencer par étudier Jung. Pauli était un physicien qui a reçu le prix
Nobel et qui a vécu lui-même de nombreuses synchronicités que l’on a
ensuite appelé l’effet Pauli. Lorsqu’il pénétrait dans une pièce où se
déroulait une expérience il avait la réputation de tout détraquer par sa
présence, comme une espèce de micro-poltergeist. Personnellement
j ’ai plutôt été un spécialiste de l’effet « démo », mais j ’ai réussi à le
contrer en maîtrisant mon état d ’esprit. J ’ai fait de nombreuses
démonstrations expérimentales durant ma carrière et j ’ai compris com
ment il fallait faire pour éviter cet effet. En quoi cela consiste ? Eh bien
l’effet démo a lieu lorsque vous avez besoin qu’une expérience ou
qu’une démo fonctionne, devant des industriels par exemple. C’est à
ces rares moments qu’elle se met bizarrement à planter, malgré toutes
vos précautions et comme par hasard. C’est très connu dans le milieu
de l’innovation vous savez. Comme j ’ai beaucoup innové dans ma vie
il a bien fallu que je parvienne à maîtriser cette affaire et j ’ai compris
le truc. J ’ai compris quelle était l’attitude mentale qu’il fallait avoir
pour éviter cet effet et c’est une sorte de présence d’esprit. Je ne parle
pas d’un réflexe mais plutôt d’une présence d’amour, une sorte de par
tage dans l’émerveillement si vous préférez, le mot amour étant très
dénaturé, mais on finira bien par découvrir qu’il s’agit d’une sorte de
lumière intérieure aussi physique que la lumière extérieure.
Le fonctionnement de la télécommande
Je vais maintenant vous parler des facteurs qui favorisent les synchro-
nicités et vous verrez qu’il y a une grande logique là-dedans, comme si
nous étions câblés par l’intermédiaire de notre télécommande pour ser
vir d’interface cybernétique de création du monde, depuis l’extérieur
de l’espace-temps. J ’ai fait mon propre recensement de ces facteurs
dans mon livre puis j ’ai recoupé cela avec le recensement effectué par
d’autres chercheurs et notamment les psychologues canadiens Jean-
François Vezina [31] et Joachim Soulières [55], Je vous invite à lire
leurs livres, vous constaterez que l’on se rejoint. J’ai parlé de neuf dis
positions qu’il importe de cultiver pour obtenir l’état d’esprit qu’il
convient afin de vivre des synchronicités, que dis-je, afin d’en créer à
volonté. Oui, parce que j ’ai oublié de vous dire que l’on peut provo
quer des synchronicités. Personnellement j ’en ai provoqué pour arran
ger ma vie et je l’ai effectivement arrangé au-delà de mes espérances.
Mon livre en témoigne en partie. Aujourd’hui je n’en provoque plus
car je ne veux plus rien changer, dans mes bases en tout cas, mais il
m’en arrive encore et je les accueille par un sourire, ayant fini par trou
ver cela normal, voire ayant même appris à décoder leur signal. Disons
qu’elles signifient pour moi, lorsqu’elles arrivent comme par hasard le
jour où j ’ai fait un choix: « Félicitations, tu es sur la bonne voie ».
Mais il faut rester léger avec tout ça et ne pas le prendre au sérieux,
évidemment.
Alors voilà, maintenant je vais vous expliquer comment on peut intro
duire soi-même de la magie dans sa vie, et cela se résume en neuf dis
positions que l’on peut activer à l’aide de sa télécommande. Il y a neuf
inscriptions sur cette télécommande, organisées en trois rangées de
trois inscriptions chacune, qui correspondent en fait à six boutons sui
vis de trois voyants lumineux :
(5) LÂCHER PRISE : vous allez devoir lâcher prise afin de laisser agir
les choses qui s’installent dans votre futur, pour ne pas les contrecarrer
par un mental qui veut tout prévoir, tout calculer.
(7) FOI: elle s’allume lorsque vous avez correctement appuyé sur (4)
c ’est-à-dire cultivé la confiance, et la foi va vous permettre de prendre
des risques, comme par exemple monter une entreprise. Il importe de
préciser que la foi est le contraire de la croyance car elle n’a pas besoin
de raisons pour s’installer, elle n ’a besoin que d’une confiance pro
fonde et irraisonnée.
(9) JOIE: elle pourrait aussi s’appeler l’amour et elle s’allume lorsque
vous avez correctement appuyé sur (6), c’est-à-dire réussi à vous déta
cher de tout ce qui emprisonnait votre vie, et vous découvrez alors que
vous aimez la vie sans aucune raison, ce qui vous amène naturellement
au don de soi, tout à fait désintéressé. Cela se traduit par de la joie inté
rieure, sans aucune cause extérieure. Dans cet état on a naturellement
envie de partager avec les autres, donc de donner, donc ça n’a rien à
voir avec l’amour causé par le désir ou l’attachement, c ’est tout le
contraire. C ’est le détachement qui installe cet amour ou cette joie, et
ensuite ce qu’on aime se produit naturellement, car l’amour est le
meilleur coup de tampon donné à l’univers pour garantir que vous
allez aller dans la direction aimée, quoi qu’il arrive.
Donc vous voyez, le fonctionnement de la télécommande est somme
toute plutôt simple. La première rangée active une demande authen
tique qui commence déjà à programmer votre futur, et la deuxième
rangée c’est juste pour faire de la magie, alors là ça mérite un peu plus
d’explications.
Les trois efforts du mental « confiance », « lâcher prise » et « détache
ment » vont permettre de diminuer votre conditionnement et donc de
diminuer les voies causales qui réduisent votre champ des possibles.
Ces trois efforts ne vont pas seulement ouvrir ce champ des possibles,
ils vont aussi vous permettre de vous connecter aux informations de
l’esprit au moyen de l’une des connexions qui suivent: « foi », « intui
tion » et « joie ». Or ce sont ces connexions qui favorisent les voies
non causales c ’est-à-dire rétrocausales, ou encore non planifiées si
vous préférez. Il n’y a pas de planification ni de raison suffisante dans
la prise de risque, l’écoute de son intuition ou le don de soi. Cela va
pourtant informer l’univers que vous allez faire des choses alors même
que ni les raisons pour les faire ni les chemins pour y parvenir n’exis
tent. Donc vous allez grossir les probabilités de vos finalités en l’ab
sence même de ces chemins. C’est cela qui creuse les voies non cau
sales, qui crée les ponts envoyés par votre futur. Car il est bien évident
que si vous diminuez les voies causales en même temps que vous aug
mentez les voies non causales, alors ces dernières vont s’imposer et il
va se produire des coïncidences très improbables, significatives, par
l’augmentation de la probabilité des hasards qui vous mènent à desti
nation. C’est aussi parce que l’espace-temps met un certain temps à se
reconfigurer et lorsque vous le prenez par surprise, il se réadapte en
choisissant les solutions à disposition, mais là on entre dans des subtili
tés que j ’évite pour ne pas trahir un secret technologique. Pour faire
bref, on va dire que l’univers concourt à la réalisation de vos intentions
grâce au développement des valeurs de l’esprit que sont la foi, l’intui
tion et le détachement, des valeurs qui, il faut bien le reconnaître, sont
plutôt féminines...
Conclusion
En conclusion, le chemin que je vous propose pour aller vers la spiri
tualité est celui qui consiste à tenter l’expérience de vivre par vous-
mêmes la synchronicité. Si vous le faites vous allez vous retrouver
face à vous-mêmes. Vous allez tenter de demander des choses à l’uni
vers, vous allez lui donner 24 heures par exemple, si c’est pour avoir la
réponse à une question, à moins que vous ne consultiez un oracle
comme le yi-king. Ca revient au même, car c ’est toujours le même
principe qui consiste à augmenter les probabilités d’un hasard signifi
catif en ouvrant votre futur à une possibilité qui intéresse l’esprit. Ou
alors si c’est pour acheter une maison vous allez lui donner quelques
semaines ou mois, et je vous conseille d’être assez précis et de ne rien
oublier. Ne soyez pas trop précis non plus, pour laisser des chances.
N ’oubliez pas que le problème n’est pas de ne rien obtenir mais bien
au contraire d’obtenir ce qu’on a demandé, car ensuite il faut suivre.
Vous pouvez faire l’expérience de la double causalité n’importe où,
dans la nature, dans une ville et de toutes les façons que vous voulez,
vous pouvez poser votre question au soleil ou commander votre mai
son en vous envoyant un email à vous-mêmes. Ce qui compte c’est
l’authenticité et donc la durabilité de votre intention, et qu’il soit bien
certain que vous allez la suivre, après une introspection personnelle sur
qui vous êtes et ce que vous êtes venu faire sur cette planète.
Si vous prenez ce chemin, vous allez vous rendre compte que nous
sommes réellement câblés pour la création, j ’oserais dire pour la
magie, et vous n’allez pas en revenir. Ensuite ça va sûrement cesser de
marcher car vous allez trop analyser. Mais même si vous arrivez à le
reproduire, il vous faudra des années pour assimiler l’idée que tout
cela est normal, qu’il est normal que l ’univers concoure à vos
demandes. À condition d’avoir développé la dissociation esprit-ego. Il
y a de nombreuses techniques, comme la méditation par exemple. Je
vous conseille de lire ou d’écouter les livres d’Eckart Toile [56], Il faut
ensuite développer les valeurs spirituelles que j ’ai citées - confiance et
foi, lâcher prise et intuition, détachement et don de soi, en sachant bien
qu’il s’agit là non pas de morale mais du résultat d’une bonne compré
hension du fonctionnement physique de la réalité, c ’est-à-dire du
câblage de notre cerveau avec un champ des possibles qui n’attend pas
qu’on agisse pour se structurer. Cela n ’est pas possible aussi long
temps que vous êtes piégés à l’intérieur du parc de la pensée. Si vous
avez une profession qui nécessite de longues études ou qui relève de
connaissances intellectuelles, il vous sera difficile d’en sortir. Même
chose si votre profession vous amène à devoir convaincre les autres, à
leur expliquer des choses. Et c’est ainsi que les médecins, les neuros
cientifiques, toutes les personnes qui ont des professions au savoir très
empirique, donc en manque d’explications mécanistes valables, mais
aussi les politiciens, les journalistes, les professeurs, etc. ont bien plus
de chance d’être prisonniers du parc de la pensée que les autres. Nous
sommes tous plus ou moins prisonniers de ce parc à cause de notre
éducation. Seuls les gens très simples peuvent ne pas l’être, s’ils ne
sont pas trop conditionnés. Ah, j ’oubliais les intellectuels ! Les intellec
tuels sont plus que n’importe qui prisonniers du parc de la pensée.
C ’est la raison pour laquelle il n ’y a plus de vrais philosophes, car
même les philosophes ont tendance à tomber dans ce piège de la pen
sée. Seuls les poètes, les artistes et peut-être certains chefs d’entreprise
peuvent en sortir, mais bien évidemment j ’en oublie.
Donc, en conclusion, je dirais que l’avenir de la physique, et notam
ment via la physique de l’information - dont je n’ai pas parlé ici pour
alléger cette conférence - c ’est de parvenir à intégrer notre vraie
dimension humaine, externe à l’espace-temps, au fonctionnement de
notre réalité. La raison pour laquelle notre monde va si mal
aujourd’hui est que nous n’avons pas encore compris cette réalité.
Nous n ’avons pas encore compris que nous sommes câblés pour la
création, que notre conscience est un instrument au service de l’évolu
tion de l’univers, que sans elle son entropie augmenterait sans cesse et
le désordre s’installerait partout. C ’est la leçon que nous devons
extraire de l’évolution actuelle de la planète où tout s’accélère et nous
devons comprendre cela - notre dimension spirituelle et créative, je le
répète - si nous voulons éviter l’autodestruction. Mais je suis persuadé
que nous l’avons déjà évité et que dans notre futur, le potentiel le plus
probable est que l’humanité va basculer dans un nouveau paradigme
qui va provoquer une révolution positive et extraordinaire.
Je vous remercie pour votre écoute.
XXII.
Questions
Où l ’on découvre que la théorie de la double causalité apporte
une explication simple et élégante à de nombreux mystères,
parmi lesquels la matière noire, l ’évolution de l ’espace-temps
et celle des systèmes vivants.
U indéterminisme macroscopique
Votre raisonnement repose sur Vindéterminisme macroscopique, mais
ceci n ’est pas prouvé. Seul Vindéterminisme quantique semble réelle
ment prouvé. Pourriez-vous nous dire ce qui à vos yeux prouve Vindé
terminisme macroscopique ?
L’indéterminisme macroscopique n’est pas prouvé d’un point de vue
formel, purement mathématique. C ’est normal puisque toutes les équa
tions de la physique sont déterministes, même celles de la mécanique
quantique, donc c’est logiquement impossible à prouver par les équa
tions actuelles. Mais le déterminisme n’est pas prouvé lui non plus,
bien au contraire, puisqu’il aboutit à l’introduction d ’informations
externes à l’espace-temps, ce fameux hasard qu’on retrouve d’ailleurs
aussi en mécanique statistique, via les probabilités. Si on fouille un
peu, on s’aperçoit qu’on aurait aussi besoin d’informations externes à
l’espace-temps en mécanique classique, donc à l’échelon macrosco
pique. On s’aperçoit en effet là aussi que la mécanique est indétermi
niste.
Pour bien comprendre l’indéterminisme macroscopique, il faut partir
du point de vue où l’information aurait un vrai sens physique, ce qu’on
découvre en physique actuellement. Cela implique que tout l’univers
soit quantifié, ce serait donc un univers d’informations. On retrouve
cette quantification dans la gravité quantique à boucles qui a besoin
que l’univers soit discret, c’est-à-dire à structure granulaire: il existe
rait des grains d’espace indivisibles mais aussi des grains d’énergie,
d ’impulsion, de temps, etc., et finalement l’univers serait comme
l’image d’une télévision qui en réalité n’est pas continue mais faite de
pixels. L’univers contiendrait donc une quantité énorme mais limitée
de giga-octets, si vous préférez, comme un immense ordinateur.
Tout ceci a des conséquences à l’échelle macroscopique, car l’indéter-
minisme dû à la quantification peut alors se propager rapidement à
l’échelle macroscopique, et c ’est là dessus que je travaille.
La première conséquence de la structure granulaire de l’espace, c’est
que la mécanique classique devient indéterministe en trois dimensions.
C’est ce que j ’ai pu mettre en évidence en faisant des calculs de bil
lards. J’ai pu montrer que dans trois dimensions, la mécanique s’arrête
de fonctionner au bout d’un certain temps. Je prends deux billards
superposés avec les mêmes conditions initiales, exceptée une diffé
rence infinitésimale entre les deux, par exemple 10 à la puissance -15,
et ce qui arrive est que les deux billards divergent rapidement, après
quelques dizaines de chocs. La mécanique ne sait plus où aller. C’est
parce qu’elle a perdu presque toutes ses informations sur les boules.
J’ai pu montrer que ceci arrive même si les conditions initiales diffè
rent d’une valeur inférieure au grain de l’espace, une valeur qui n’a
donc plus de sens, qui n’existe pas. Dans ce cas il faut seulement une
trentaine de chocs par boule pour que la mécanique s’arrête avec 500
boules, et quand vous augmentez le nombre de boules c ’est encore
moins.
Mais ce n’est pas tout, car j ’ai aussi vérifié que même si l’espace n’a
pas de structure granulaire et peut être aussi précis que l’on veut, on a
quand même un énorme problème avec l’information physique. Ce
problème est le suivant: lorsque vous calculez toutes les trajectoires de
toutes les boules aussi longtemps que la mécanique marche, vous utili
sez une certaine quantité de mémoire pour stocker l’évolution calculée.
Or à partir d’un certain nombre de boules cette quantité de mémoire
devient inférieure à la mémoire dont vous avez besoin pour les condi
tions initiales. Ceci est totalement aberrant pour un mécanicien: le fait
que son modèle consomme plus d’informations qu’il n’en calcule. J’ai
appelé ça le démon du déterminisme. Ca veut dire que la mécanique
ne fonctionne pas dans un espace à trois dimensions, en tout cas pas
longtemps et même s’il est continu, à partir du moment où l’on admet
que l’information a un sens physique.
C ’est très gênant, alors pour restaurer le déterminisme, ce qu’il faut
bien puisque nous vivons une seule réalité après tout, j ’essaie de rajou
ter des informations externes qui permettent de choisir la direction des
événements. Mais il y a autre chose que j ’ai remarqué, c ’est que plus
petites sont les boules et plus l’indéterminisme s’installe tôt dans mon
billard, et c ’est vrai pour n’importe quel système où il y a des interac
tions, même si ce ne sont pas des chocs élastiques. Or ceci pourrait
expliquer le comportement quantique des particules à petite échelle.
Personnellement, à force d’étudier la mécanique je ne vois même plus
de différence entre le monde classique et le monde quantique,
puisqu’aussi bien l’indéterminisme que le rôle de l’observateur qui
introduit des informations externes, et même l’intrication, sont à mon
avis imposés par les deux physiques, classique et quantique. J’ai de
bonnes raisons de penser qu’il n’y a aucune frontière entre les deux, or
il se trouve que c’est ce que découvrent les physiciens en ce moment.
Serge Haroche [58] a même reçu le prix Nobel pour ça. Donc l’indé-
terminisme, qu’il soit classique ou quantique, je suis certain que c’est
le même, mais c’est une chose très difficile à formaliser, je suis bien
placé pour le savoir.
Ce qu’il faut retenir de cette question, c’est qu’on constate partout en
physique que pour calculer le futur il est indispensable d’introduire de
l’information exotique, sauf si on laisse faire le hasard le plus proba
ble. Le problème c’est que la mécanique classique est peu suspecte de
ce genre d’étrangeté, et elle va pourtant être obligée de s’y faire. La
seule façon à ma connaissance d’introduire cette information, c ’est de
rajouter au moins une dimension à l’espace, une 5e dimension donc.
Ce n’est pas nouveau, on commence à en avoir l’habitude, et il y a
quelque chose d ’intéressant à chaque fois qu’une tentative est faite de
rajouter des dimensions, c’est qu’il s’agit toujours de dimensions rota
toires. Dans le cas du billard il s’agit de courber les trajectoires de
manière à leur faire visiter toutes les possibilités que sans cela, elles
ignoreraient, alors qu’elles existent. C’est comme si l’on avait besoin
de tordre l’espace de différentes façons, or cette torsion peut très bien
être formalisée par un vecteur qui s’enroule autour d’un point ou d’une
ligne. Et voilà qu’on retrouve tout ce que je vous ai dit sur mon
modèle cylindrique flexible de l’espace-temps.
La matière noire
À la fin de votre conférence à l ’Institut de France vous avez prétendu
que votre théorie de la double causalité pourrait expliquer la matière
noire, mais votre explication était très brève. Pourriez-vous en dire un
peu plus là-dessus ?
Oui, j ’ai divulgué à cette occasion l’idée que la matière noire pourrait
être expliquée par ma théorie, bien que je sois bien incapable de vali
der quantitativement cette explication, n’étant pas astrophysicien. Mais
une explication qualitative de la détection de ce type de matière invisi
ble s’impose d’elle-même si l’on admet que le passé peut changer, ne
serait-ce que légèrement, dans des passés plus ou moins lointains. Ce
changement serait dû à l’indéterminisme macroscopique qui, à cause
d’un chaos très élevé, ne permettrait pas de recréer rétrocausalement
un nouveau passé identique à l’ancien passé, faute d’informations suf
fisantes, le passé étant - de la façon la plus objective qui soit - une
construction qui ne peut être réalisée qu’à partir d’informations conte
nues dans le présent. On peut le voir aussi de façon complémentaire
dans le cadre de l’univers-bloc d’Einstein où le présent n’existe pas,
non plus comme une perte d ’informations mais ce qui revient au
même, comme une conséquence de la flexibilité de l’espace-temps: le
passé d’un espace-temps flexible doit pouvoir changer même si c’est
infiniment moins que son futur. C ’est quasiment obligatoire si l’es-
pace-temps évolue, puisque le présent n’existe pas pour la physique.
Pour bien comprendre alors comment une modification du passé aurait
pour conséquence inévitable la détection de matière noire, imaginez un
photon - ou rayon de lumière - qui met des milliards d’années pour
parvenir sur la terre depuis la galaxie d’où il a été émis ou réfléchi.
Avant même de nous parvenir, il est possible que l’objet de la galaxie
d’où il provient ait changé légèrement d’orientation A L’INSTANT
MEME DU PASSE où il a été émis - vous aurez du mal à l’imaginer,
c’est normal - auquel cas la trajectoire du photon change alors entière
ment tout en restant une ligne droite, mais qui n’est plus dirigée vers la
terre. Dans ce cas le photon initialement dirigé vers la terre n’y par
vient pas, se retrouvant absorbé ailleurs. Ceci permet d’expliquer de
façon très simple pourquoi une galaxie ou une étoile semble ne pas
rayonner suffisamment de lumière par rapport à sa masse. J’ai d’autres
variantes d’explication, sur la même base d’un passé changeant, mais
je préfère m ’abstenir d’en parler pour ne pas compliquer, la difficulté
première étant déjà d’accepter l’idée folle que la trajectoire d’un pho
ton puisse changer simultanément dans toute sa ligne de temps.
U énergie noire
Admettons que votre théorie explique la matière noire, auquel cas vous
ne trouvez pas qu’elle aurait un goût d ’inachevé si elle n ’expliquait
pas du même coup l ’énergie noire ? Avez-vous des idées sur cette ques
tion ?
Ben voyons, et puis après tout vous avez raison, puisque je pousse déjà
très loin le bouchon autant le pousser à fond. Effectivement, j ’ai des
idées sur l’énergie noire mais elles sont encore plus spéculatives que
pour la matière noire. Néanmoins elles restent simples et d’après ces
idées, vous avez raison, il y aurait bien un lien avec l’énergie noire, car
là aussi nous aurions une conséquence du fait que le passé peut chan
ger. Je m ’explique. Dans mon livre j ’ai parlé d’une loi de convergence
des parties qui décrirait la manière dont le déterminisme inversé pour
rait opérer. Il faut pour cela partir de l’idée que le passé se recrée sans
cesse là où il n’est plus assez configuré et à partir du présent, parce
qu’il perd de l’information. Cette perte d’information est une consé
quence de l’indéterminisme macroscopique, elle est purement méca
nique et elle est due à l’irréversibilité, mais ce n’est là qu’une irréversi
bilité apparente qui signifie simplement que plusieurs passés devien
nent possibles au lieu d’un seul, localement dans le temps, et d’après
moi la mécanique rétrocausale choisit le plus simple, c’est-à-dire celui
qui ordonne le plus le passé à partir de toutes les traces physiques.
Je prends un exemple. Supposez que je me sois blessé légèrement lors
d’une balade il y a un an. Entre-temps cette égratignure n’existe plus,
toutes les cellules de ma peau ont été renouvelées, toute trace de sang a
disparu en dehors de moi, je pourrais même l’avoir totalement oublié
et personne ne m’a vu me blesser. Comment faites-vous pour retrouver
mon passé dans ces conditions? Pourtant s’il existe encore, il faut bien
qu’il conserve une structure compatible avec mon présent, donc la plus
probable. Et s’il peut changer, que pensez-vous qu’il fasse? Mon idée
est donc que lorsque le présent a perdu toute trace d’un certain passé,
ce passé se recrée de la façon la plus simple qui soit, en suivant la ligne
de moindre entropie. Cela veut dire que dans ce nouveau passé, je ne
me suis pas blessé. Remarquez qu’il ne suffit pas que mes cellules
aient perdu toute trace, il faut aussi que toute trace ait disparu de mon
cerveau, or ceci pourrait aider à comprendre certaines guérisons spon
tanées : on pourrait peut-être en garder le souvenir, vu qu’on ne sait pas
où se loge la mémoire, mais celui du traumatisme dans le cerveau
devrait être effacé. Éliminez le traumatisme du cerveau et toute trace
matérielle disparaît. Ne serait-ce pas ce que font les guérisseurs ? Je me
demande même si cela n’expliquerait pas l’effet placebo.
Maintenant, revenons à l’énergie noire. Elle agit sur l’univers en
contribuant de façon inexplicable à son expansion, ce qui veut dire
qu’elle a tendance à contracter plus que prévu l’univers dans le sens
inverse, en le faisant donc retourner plus facilement vers le big-bang.
Or il se trouve que le big-bang est justement extrêmement ordonné car
son rayonnement est trop homogène, ce que les physiciens ont du mal
à expliquer. D ’où mon idée: le big-bang n’est pas un début mais une
fin. L’univers range ses jouets, permettez-moi l’expression. Il réduit à
la plus simple expression tout ce dont nous sommes issus en garantis
sant simplement la causalité. Or ce processus de simplification qui
nous fait retourner vers le big-bang pourrait fort bien agir sur l’espace-
temps en facilitant sa contraction vers le big-bang, ce qui expliquerait
l’expansion anormale dans le sens inverse. Bien sûr, il ne s’agit là que
d’une idée, que je serais bien en peine de valider quantitativement.
http://www.philippeguillemant.com
http://www.doublecause.net
Aux éditions Le Temps Présent
Extrait du catalogue :
Le Christ autrement
Les morts nous aiment
Mes entretiens avec les morts
Père François Brune
Sciences interdites
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