Sie sind auf Seite 1von 60

Programme Régional de lutte intégrée contre les organismes nuisibles

(Integrated Pest Management)

au Proche Orient

(Projet GTFS/REM/070/ITA)

ETUDE DE BASE SUR LA CULTURE


DE LA MENTHE AU MAROC

JUILLET 2010
ETUDE DE BASE SUR LA CULTURE
DE LA MENTHE AU MAROC

ABDELLATIF EL FADL
ET
NOUREDDINE CHTAINA.

2
Table des matières

Cadre de l’étude
Remerciements
Liste des acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des illustrations

Chapitre 1: Introduction générale ____ ____________ 10

1.1. Pays producteurs de menthe 10


1.2. Importance de la culture de la menthe 11

Chapitre 2: Techniques de production de la menthe et ses huiles essentielles______ 15

2.1. Introduction 15
2.2. Tentatives d’industrialisation de la menthe au Maroc 15
2.3. Usage médicinal de la menthe et de ses huiles essentielles 16
2.4. Quelques us et coutumes culinaires mondiales liées à la menthe 16
2.5. Systématique et caractérisation des espèces 17
a. Principales menthes spontanées 17
b. Principales menthes cultivées 18
2.6. Exigences écologiques de la menthe 19
a. Photopériode 19
b. Température 20
c. Sol 20
d. Altitude 20
2.7. Techniques culturales 20
a. Précédent cultural 20
b. Préparation du champ 20
c. Fertilisation 20
d. Multiplication et mise en place de la culture 22
e. Irrigation 22
f. Entretien de la culture 23
g. Récolte 23
g.1. Période de coupe 23
g.2. Exécution de la coupe 24
g.3. Rendement 24
2.8. Extraction des huiles essentielles 25

Chapitre 3: Analyse des systèmes de production de la menthe au Maroc________________ 27

3.1. Données générales 27


3.2. Travaux du sol et engrais de fond 27
3.3. Installation de la culture 29
3.4. Irrigation 31
3.5. Fertilisation 32
3.6. Valorisation de la menthe 34
3.7. Coût de production et rentabilité 34

3
Chapitre 4 . Protection phytosanitaire de la menthe 36

4.1. Introduction 36
4.2. Problèmes phytosanitaires faisant l’objet d’interventions chimiques 36
4.2.1. Ravageurs
a. Les noctuelles 36
a.1. Importance des dégâts 36
a.2. Méthodes mises en œuvre par les producteurs 37
b. Les pucerons 39
c. Chrysolima menthastri
d. Autres ravageurs à suivre 39
4.2.2. Maladies cryptogamiques 39
a. Rouille 39
b. Oïdium 40
4.3. Méthodes de lutte mises en œuvre 40
4.4. Problèmes des mauvaises herbes 41

Chapitre 5 . Problèmes liés à l’utilisation des pesticides sur la menthe et solutions proposées 42

5.1. Introduction 42
5.2. Nécessité d’homologation des pesticides sur la menthe 42
5.2.1. Cas des insecticides contre les noctuelles et outils de lutte intégrée 42
5.2.2. Cas des fongicides anti-oïdium et anti-rouille 43

5.3. Techniques d’application des pesticides et densité de plantation 43


5.4. Problèmes des résidus de pesticides sur la menthe 44
5.4.1. Résidus de pesticides 44
5.4.2. Limites maximales applicable aux résidus 44
5.4.3. Systèmes de contrôle des résidus de pesticides au Maroc 45
5.4.4. Législation européenne en relation avec les résidus des pesticides 46
5.4.5. Alerte sur les résidus de pesticides dans la menthe en provenance du Maroc 46
5.4.6. Constatations faites par l’OAV 46
5.4.7. Recommandations faites par l’OAV 47
5.5. Conclusion 47

Annexes
Annexe 1. 51
Annexe 2. 59

4
CADRE DE L’ETUDE :
Le programme régional de lutte intégrée contre les organismes nuisibles des cultures, GFTS/
REM/070/ITA, a été initié en 2004 dans Six pays du Moyen-Orient (Egypte, Iran, Liban,
Jordanie, Palestine et Syrie). En Juin 2009, il a été décidé d‟étendre le programme au niveau
des pays du Maghreb (Maroc, Tunisie et Algérie),

L‟objectif de ce programme régional est d‟améliorer la sécurité alimentaire au niveau des pays
ciblés à travers la mise en place de la protection intégrée contre les organismes nuisibles en
réduisant les risques liés aux pesticides sur la santé humaine et l‟environnement et en favorisant
l‟accès aux marches.

Pour atteindre cet objectif visé, le programme concentre ses activités dans les domaines
d‟intervention suivants :

 Renforcement des capacités nationales pour promouvoir la protection intégrée (IPM) et les
Bonnes Pratiques Agricoles en tenant compte des spécificités des pays, notamment les
cultures consommant plus de pesticides.
 Amélioration des compétences des producteurs en matière de gestion phytosanitaire et de
lutte intégrée à travers l‟approche participative « Farmer Field School » ou école au champ
des agriculteurs en culture de menthe.
La présente étude de base s‟inscrit dans le cadre du plan de travail arrêté au titre de l‟année
2010. Elle servira comme document de référence sur la situation actuelle de la culture de menthe
au Maroc, en général, et plus particulièrement dans les régions Chaouia Ouardigha et Meknès
– Tafilalet retenues pour mettre en place « les écoles au Champ » des agriculteurs ;
L‟objectif principal de l‟étude proposée est d‟évaluer la situation actuelle de la culture de la
menthe, notamment les pratiques agricoles et la gestion phytosanitaire contre les organismes
nuisibles de cette culture.

La réussite de cette mission a été tributaire des actions suivantes :

 Collecter des informations générales sur la filière « menthe » au Maroc en général et au


niveau des régions concernées par le programme en particulier, à savoir les régions de
Chaouia-Ouardigha et Meknès-Tafilalet;
 Faire un diagnostic et une analyse de la situation actuelle sur les pratiques agricoles en
culture de menthe ;
 Faire un diagnostic et une analyse de la situation actuelle sur les problèmes
phytosanitaires rencontrés en culture de menthe (Ravageurs, maladies et autres
ennemis) et évaluation de l'état actuel en matière de gestion phytosanitaire et les
méthodes alternatives pratiquées par les agriculteurs et l‟adoption de l‟approche lutte
intégrée.
 Faire des propositions pour promouvoir la lutte intégrée et les bonnes pratiques agricoles
en culture de menthe ;
 Identifier les différents intervenants en matière de conseil et de vulgarisation dans les
régions retenues et qui contribuent à la décision d'achat et d'utilisation des pesticides en
culture de menthe.

5
Remerciements
L‟étude de base concernant la culture de la menthe est une initiative des responsables de l‟Office
National de la de la Sécurité Sanitaire des produits Alimentaires (ONSSA). La réalisation de
cette étude a été confiée à Abdellatif El Fadl et à Noureddine Chtaina, Professeurs de
l‟Enseignement Supérieur, exerçant à l'Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II.

Les auteurs saisissent cette occasion pour remercier tout le personnel de l‟ONSSA ayant mis à leur
disposition les informations disponibles, et contribué dans les investigations de terrain dans les
régions-cibles.

Le financement de cette étude revient à la coopération italienne, dans le cadre du Projet


GTFS/REM/070/ITA, chapoté par l‟Organisation des Nations Unies pour l‟Alimentation et l‟Agriculture
(FAO).

6
Liste des acronymes

FAO Organisation des Nations Unies pour l‟Alimentation et l‟Agriculture


ONSS Office National de la Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires
ORMVA Office Régional de Mise en Valeur Agricole
DPA Direction Provinciale de l‟Agriculture
USA Etats Unis d‟Amérique
MO Matière Organique
ETo Evapotranspiration de référence
ETM Evapotranspiration Maximale
Kc Coefficient cultural
Cf Concentration de la solution-fille
Cm Concentration de la solution-mère
EC Conductivité électrique
r Taux d‟injection
Qinj Débit d‟injection
IRAC Insecticide Resistance Action Committee
DAR Délai Avant Récolte
LMR Limite Maximale de Résidus
EACCE Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations
OMS Organisation Mondiale de la Santé
BPA Bonnes Pratiques Agricoles
OAV Office Alimentaire et Vétérinaire
RASFF Rapid Alert System for Food and Feed
Liste des tableaux

Tableau 1 Zones de production de la menthe, superficies et productions enregistrées en


2005-2006
Tableau 2 Résultats des réalisations de l‟export de la menthe durant l‟année 2009-2010.

Tableau 3 Evolution des superficies des cultures biologiques au Maroc

Tableau 4 Composition des huiles de Mentha piperita en % d‟huiles essentielles

Tableau 5 Recommandations des apports en phosphore à la culture de menthe

Tableau 6 Recommandations des apports en potassium à la culture de menthe

Tableau 7 Rythme d‟apport d‟éléments minéraux en fertilisation de couverture d‟une culture


de menthe destinée à l‟industrie d‟extraction des huiles essentielles

Tableau 8 Huile essentielle distillée de menthe poivrée à différents stades de développement


de la plante

Tableau 9 Composition des essences de Mentha piperita

Tableau 10 Rendement en huiles essentielles de la menthe en fonction de la quantité de


vapeur et de l‟état initiale de la plante

Tableau 11 Distillation de 300 kg de menthe sèche

Tableau 12 Rendement en huiles essentielles pour différentes espèces de menthe

Tableau 13 Composition moyenne de fumier, selon son origine, en éléments majeurs

Tableau 14 Apports procurés par 30 tonnes de fumier en N,P2O5 et K2O

Tableau 15 Quantités d‟engrais à apporter et quantités d‟éléments minéraux

Tableau 16 Mode de calcul du volume minimal à prévoir pour la solution-mère

Tableau 17 Matières actives et spécialités commerciales correspondantes les plus utilisées


contre les noctuelles

Tableau 18 Mode d‟action biologique des insecticides utilisés contre les noctuelles et leur
classification selon l‟IRAC

Tableau 19 Produits antifongiques utilisés sur menthe contre la rouille et l‟oïdium

8
Liste des figures

Figure 1 Evolution, à l‟échelle nationale, des superficies (ha) et des productions (en
tonnes)

Figure 2 Laboratoires d‟analyse de pesticides de l‟EACCE au Maroc

Liste des illustrations


Photo 1 Plantation de menthe en lignes jumelées de part et d‟autre de la rampe d‟irrigation
en goutte-à-goutte

Photo 2 Plantation de la menthe dans des cuvettes en prévision à l‟irrigation gravitaire

Photo 3 Production de boutures enracinées de menthe et sous abri dans la région d‟Agadir

Photo 4 Plantation moderne de menthe sous abri-serre dans la région d‟Agadir

Photo 5 Dégâts de noctuelles sur menthe

Photo 6 Chenilles arpenteuses rencontrées sur menthe à Settat

Photo 7 Chrysolina menthastri sur menthe

Photo 8 Pustules de rouille sur feuilles de menthe

Photo 9 Oïdium sur feuilles de menthe

Photo 10 Envahissement des parcelles de menthe par le liseron

Photo 11 Piège Delta avec capsule de phéromone déposé sur plaque engluée

Photo 12 Remplissage d‟un pulvérisateur à dos par une bouillie de produit phytosanitaire

9
CHAPITRE 1: Introduction générale

1.1.Pays producteurs de menthe_________________________________________

La production mondiale de menthe est modeste, comparativement aux spéculations agricoles alimentaires.
Mais sa valorisation en termes d‟exploitation des huiles essentielles extraites est l‟une des plus importantes
parmi les produits agricoles. Plusieurs industries sont dépendantes des produits extraits à partir de la menthe.
L‟industrie du parfum et la chimie fine en sont une illustration.

Devant l‟importance du marché et la plus-value du produit récolté, nombreux sont les pays qui se sont
orientés vers la production et la valorisation de la menthe. Une certaine "spécialisation" de ces pays est
observée et concerne un nombre limité d‟espèces cultivées. Néanmoins, la répartition des cultures de menthe
dans le monde est soumise avant tout à des impératifs pédoclimatiques parfois assez stricts ; par exemple la
menthe poivrée ne peut pas être cultivée au sud du 40° parallèle (Gilly, 1989) ; d‟autres facteurs, notamment
humains, sociaux et économiques, interviennent pour déterminer la localisation des zones de productions.

La spécialisation de certains pays dans la production de la menthe peut être résumée comme suit :

- Menthe crépue (spearmint) : les U.S.A sont parmi les plus importants producteurs des huiles essentielles de
cette menthe (10000
à 12000 ha), et assurent plus de 90% de la production mondiale (2000T environ) (Gilly, 1989). Le reste de la
production est récolté en Chine, au Japon et en Russie ;

-Menthe poivrée : (Mentha piperita) ou (peppermint) : c‟est une plante septentrionale qui se développe bien
dans des zones situées au nord du 40° parallèle. Les U.S.A dominent la production mondiale ; l‟Europe de
l‟Est fournit certains tonnages, à côté d‟autres pays producteurs tels que l‟Italie, la France et l‟ Afrique du
sud ;

-Menthe du Brésil : (Mentha arvensis) : elle est cultivable sous des climats tropicaux et subtropicaux. Au
Brésil les conditions idéales pour la culture de la menthe assurent une rentabilité d‟exploitation
exceptionnelle ; elle en occupe plus de 30 000 hectares dont 90% dans la région de Panama (Huet, 1972).
Le Paraguay produit également cette menthe. Elle fait l‟objet d‟exploitations relativement importantes en
Chine, Taiwan, et en Corée ;

-Menthe pouliot (Mentha pulegium) : c‟est une plante méridionale et même méditerranéenne ; elle est
produite en Espagne, mais la production marocaine était jadis importante et provenait essentiellement de la
cueillette dans les bords de champ ;

-Menthe verte (Mentha viridis) : le Maroc est considéré comme étant un important producteur, au point qu‟en
France, le label « menthe verte » est souvent associé au Maroc.

10
1.2.Importance de la culture de la menthe_______________________

La menthe cultivée est une plante très consommée au Maroc. Son usage quasi-quotidien dans
l‟aromatisation du thé est associé aux us et coutumes des marocains et symbolise même la culture du pays
et la générosité de son peuple. Sa culture est traditionnellement pratiquée dans les ceintures vertes
entourant les grandes villes du pays. Elle est installée sur de petites superficies, qui, pour la plupart, ne
dépassent pas 1 ha. Les résultats rapportés en 2005-2006 (tableau 1) montrent que la menthe occupe une
superficie globale de l‟ordre de 3300 ha, et fournit une production estimée à 84000 tonnes. Le tableau 2
présente en outre les différentes localités de production, réparties en zones ORMVA et en zones DPA.
L‟analyse de cette répartition montre que la menthe est présente en grande majorité dans les zones DPA,
c‟est-à-dire, en zones hors périmètres irrigués publics.

C‟est la zone de Settat qui abrite la plus forte concentration des parcelles de menthe, avec un total de
superficies qui approche les 800 ha et une production qui dépasse les 40000 tonnes, soit 48% de la
production nationale.

Concernant les superficies et les productions de la menthe, la figure 1 montre que ces deux facteurs ont
connu une croissance continue, entre 1994 et 2003. L‟année 2002-2003 a connu un maximum de superficie
(4000 ha) et un pic de production (110 000 tonnes). A partir de cette date, une régression a été amorcée,
aussi bien en superficie qu‟en production, pour s‟établir, en 2006-2007 à 2550 ha de surface et moins de
80000 tonnes de production.

La culture de proximité par rapport aux centres urbains explique pourquoi la production de menthe est
écoulée principalement dans le marché local, pour la consommation en frais. Les structures de conservation
au froid sont inexistantes ou simplement non utilisées pour la menthe. C‟est pour cette raison que la
production est livrée, souvent sur de petites distances séparant la parcelle de production au lieu de
commercialisation, pour un délai de consommation ne dépassant généralement pas les trois jours. Il existe,
cependant, une certaine activité d‟exportation de la menthe, pour alimenter, en frais, les marchés extérieurs
des pays où vivent de fortes communautés marocaines.

Tableau 1. Zones de production de la menthe, superficies et productions


enregistrées en 2005-2006
Zones Superficies Production
(ha) (tonnes)
ORMVA Tadla 250 10550
Doukkala 185 490
Loukkos 110 2300
Haouz 55 190
Sous Total 600 (18%) 13530 (16%)
DPA Settat 785 40.500
Casa - 620 7.000
Benslimane
Fes Meknes El 530 3.750
Hajeb
Taza 100 1.550
Marrakech 120 2.950
Tiznit 45 800
Sous Total 2200 (67%) 56.550 (67%)
Autres zones 500 13920
Total général 3300 84000

11
Figure 1. Evolution, à l‟échelle nationale, des superficies (ha) et des productions (en
tonnes) de la menthe

Les données présentées au tableau 2 montrent que l‟année 2009-2010 a enregistré un tonnage exporté de
l‟ordre de 5200 tonnes (6,2% de la production nationale en menthe), pour une valeur de 104,5 millions de
dirhams. La menthe fraîche représente 98% du tonnage exporté. D‟autres formes de menthe sont
également concernées par le mouvement d‟exportation (menthe séchée ou menthe biologique) mais à des
tonnages très faibles.

Tableau 2. Résultats des réalisations de l‟export de la menthe durant l‟année 2009-2010.

Tonnes Valeur des


PRODUIT
exportées exportations (en dh)
Menthe biologique 3,70 85 120,00
Menthe séchée 88,15 1 954 413,93
Brisures de menthe 7,21 138 044,00
Menthe pouliot coupée 0,11 2 885,18
Menthe pouliot en poudre 0,25 6 678,65
Menthe fraîche 5 101,39 102 224 603,82
TOTAL 5 200,81 104 411 745,58

La dominance de la production et de la consommation locale en frais de la menthe ainsi que la forte


proportion de l‟exportation à l‟état frais de la menthe, nous amènent à poser le problème de la valorisation de
ce produit. L‟un des créneaux qui se présentent est le mode de production biologique.

L‟expérience pionnière concernant la menthe a été installée en 2006-2007 dans la région d‟El Brouj, Province
de Settat, sur une superficie de 0,14 ha (Tanji, 2009). Cette parcelle a été certifiée « bio » en 2008. Le
développement de la culture biologique de la menthe a été très timide puisque le pays compte, en 2009, à
peine 14 ha de superficie certifiée (tableau 3). Cette évolution est insignifiante devant d‟autres spéculations
qui ont franchi des étapes décisives vers la certification.

C‟est le secteur de l‟arboriculture qui représente la plus forte proportion des superficies « bio » :
400 000 ha pour l‟arganier, 1560 ha pour l‟olivier et 482 ha pour les agrumes. Ce sont probablement les
cultures maraîchères qui ont présenté la plus grande diversité des cultures certifiées. En plus des cultures
qualifiées de conventionnelles telles que la tomate, le poivron et le haricot, d‟autres espèces maraîchères
introduites plus récemment ont également bénéficié du statut « bio », citons le chou Brocoli et le chou de
Bruxelles.

12
Dans le grand ensemble des plantes aromatiques, médicinales et à parfum, ce sont les plantes spontanées
qui sont les mieux représentées. Des plantes cultivées telles que le rosier du Dadès et le safran de Taliouine
ont peu profité de cet avantage.

En résumé, les données relatives aux superficies « bio » sont peu précises au Maroc. De nombreuses
données sont manquantes ou issues de source officieuse. Si l‟on retranche la superficie attribuée à l‟arganier
(400000 ha), et celle attribuée aux plantes aromatiques et médicinales spontanées (15 000 ha), la superficie
revenant aux plantes cultivées en mode biologique est estimée à 3429 ha. Le chemin est encore long vers
l‟exploitation valorisante des espèces végétales présentes dans différents sites et sous différents climats du
pays.

13
Tableau 3. Evolution des superficies des cultures biologiques certifiées au Maroc
(Kenny & Hanafi, 2001; Ecocert, 2008).

Superficie en ha
Catégorie Espèce
2000-01 2006-07 2008-2009
Arganier 5000 10.000 400 000
Olivier 240 1330 1560
Agrumes 250 184 482
Arboriculture
Noyer 20 0 35
Autres 10 0 /
Total arboriculture 5520 11514 402 042
Vigne Vigne 130 0 20
Maïs doux 135 100
Courgette 80 100
Tomate 65 90
Brocoli 45 45
Haricot vert 43 43
Poivron 25 35
Melon 22 /
Carotte 300 20 20
Cultures maraîchères
Concombre 20 20
Petit pois 20 25
Aubergine / 12
Chou de Bruxelles 15 25
Oignon et poireau / 20
Pomme de terre / 50
Autres / 100
Total maraîchage 300 490 685
Plantes spontanées 2030 187 15000
Plantes aromatiques et Rose de parfum 0 30 35
médicinales Safran et verveine 0 21 150
Menthe 0 0,14 14
Autres plantations Bananier 10 0 /
Fraisier 0,50 20 90
Câprier 100 193 193
Autres / / 220
Total général 8.090,50 12.455,14 418 429

14
CHAPITRE 2 : Techniques de production de la
menthe et ses huiles essentielles

2.1. Introduction ________________________

A l‟échelle mondiale, l‟essor de la menthe est dû au développement économique procuré par l‟extraction de
ses huiles essentielles et leur usage dans l‟industrie pharmaceutique et les produits cosmétiques. En Europe,
par exemple, les menthes constituent le 3ème marché de l‟aromatique après la vanille et les citrus. Les
besoins de l‟Union Européenne sont assurés par les importations à raison de 99%, soit, annuellement, 900
tonnes environ d‟huiles essentielles.

Historiquement, la culture systématique d‟une menthe sélectionnée en vue de l‟extraction de l‟huile


essentielle ne débuta que vers 1750 à Mitcham, au sud de Londres. Cette culture se développa rapidement
et constitua jusqu‟au milieu du 19ème siècle un véritable monopole (Peyron et al., 1984) ; en effet, le succès
de la menthe Mitcham ayant provoqué une demande sans cesse accrue, la culture industrielle de ce type de
menthe (menthe poivrée) se répandit dans plusieurs pays, d‟une part aux Etats-Unis à partir de 1825, d‟autre
part et progressivement dès la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle, dans d‟autres pays européens
(Hollande, France, Italie, Hongrie, Bulgarie, etc…) (Roger,1984).

L‟application de la distillation pour séparer les principes odorants des plants ne date que de la Renaissance,
et c‟est à partir de cette époque que l‟on voit apparaître les premiers extraits aromatiques naturels (Peyron et
al., 1984). A la même époque, d‟autres pays multiplièrent des cultures d‟autres espèces de menthe qui
semblaient mieux adaptées à leur climat. C‟est ainsi qu‟en Asie, en général, et au Japon, en particulier, on
cultiva Mentha arvensis qui était originaire de Chine ; elle fût introduite au Brésil par les Japonais vers 1936 ;
elle y a pris une grande extension (Huet, 1972). Aux U.S.A, on développa la menthe crépue d‟origine
méditerranéenne et le Penny royal (une menthe pouliot). En Russie, on préféra une menthe à linalol (Mentha
citrata).

2.2. Tentatives d’industrialisation de la menthe au Maroc________________________

Au Maroc, la menthe est très anciennement utilisée en médecine traditionnelle. Le développement de


l‟industrie de distillation a été initié sous le protectorat français. En effet, la France tenta de développer
l‟industrie de la menthe dans certaines zones qui conviennent éminemment à la culture de la menthe
poivrée ; la plaine du Rharb, avec son sol alluvial fertile, a contribué à une production en huile essentielle
estimée à 5 tonnes en 1946. D‟autres régions sont favorables telles que le sud de Tiflet et Khémisset, avec
Maaziz. Le matériel végétal était importé de la France et de l‟Algérie ; la qualité de l‟huile était très bonne
(Gunther, 1948).

Aujourd‟hui, les unités existantes d‟extraction des huiles essentielles traitent un ensemble de plantes
aromatiques et parfum, dont la menthe. L‟unité moderne installée à Guisser, Province de Settat en est un
exemple.

15
2.3. Usage médicinal de la menthe et de ses huiles essentielles__________________

La menthe a été utilisée depuis fort longtemps en nature et pour son huile essentielle . C‟est ainsi que des
archéologues en ont trouvé des feuilles séchées dans des pyramides d'Égypte datant du premier millénaire
avant notre ère. De leur côté, Hippocrate et Aristote l'employaient comme anaphrodisiaque (calmant,
anesthésiant). La menthe est réputée pour ses propriétés aromatiques (toniques, fortifiantes) et digestives
(utilisée pour combattre les lourdeurs, les ballonnements, les gaz).

Les menthes doivent leur odeur et leur activité à leurs huiles essentielles qui ont une place particulière dans
l‟ensemble des produits aromatiques d‟origine végétale; grâce à certaines propriétés spécifiques, les besoins
en produits de la menthe sont multiples, tant pour leur flaveur (aromatisation) que pour leur odeur
(parfumerie), leur pouvoir rafraîchissant ou leurs propriétés médicinales. Leurs qualités sont strictement
choisies en fonction de ces usages. Mais c‟est en aromatisation que sont consommés les plus gros
tonnages : gommes à mâcher, chewing-gum, tabacs parfumés et cigarettes mentholées, boissons,
confiseries, sirop, chocolats…

En parfumerie et cosmétique, les produits à base de menthe ont connu un développement spectaculaire avec
les pâtes dentifrices, bain de bouche, crèmes, rouges à lèvres, mousses à raser et « after-shave ».

En pharmacie, les propriétés stimulantes, toniques, antiseptiques, anesthésiques, sont valorisées en plus de
l‟action aromatisante. Enfin, certains composants des essences de menthe sont utilisés dans des hémi-
synthèses pour la fabrication de dérivés apparemment plus sophistiqués.

Parmi les composantes majoritaires des huiles essentielles de la menthe, on attribue au menthol des effets
spécifiques : il est antispasmodique du fait l'action du menthol sur la musculature lisse ; la menthe était
considérée autrefois comme une panacée (nom de déesse grecque qui veut dire « remède à tout! ». Le
menthol et l'huile essentielle sont antibactériens et antioxydants. Il induit une sensation de froid par
stimulation des thermorécepteurs : cela explique l'impression subjective de mieux respirer (en cas de nez
bouché ou de rhume, par inhalation), aussi bien que le soulagement d'un prurit (par application locale). En
usage local, les médicaments à base de menthe sont utilisés dans les cas de prurit, comme adoucissant et
comme protecteur (contre les crevasses et les piqûres d'insectes) ; utilisé également pour l'hygiène
buccale et comme antalgique dans les affections buccales ou pharyngées.

L‟effet médicinal de la menthe diffère aussi en fonction des espèces. Ainsi, la menthe poivrée est la menthe
médicinale par excellence ; elle stimule la sécrétion des sucs digestifs, limite les ballonnements et les
diarrhées et stimule la sécrétion biliaire. Quant à la menthe crépue, elle est efficace en cas d‟inappétence et
recommandée en cas de troubles gastriques et de crampes. D‟un autre côté, la menthe pouliot agit en tant
que produit digestif, carminatif, cholagogue et désinfectant.

2.4. Quelques us et coutumes culinaires mondiales liées à la menthe

Les Anglais et les Arabes sont considérés parmi les plus grands consommateurs au monde de la menthe.
Alors que les premiers la transforment en sauces et en gelées pour accompagner le gigot d'agneau, les
seconds boivent, à toute heure de la journée, un verre de thé à la menthe bien chaud et bien sucré pour se
désaltérer. Pour les marocains, le thé à la menthe est pratiquement « une boisson nationale ».

Au Moyen Orient et en Afrique, elle parfume le thé, les salades, les grillades, les yogourts et les
légumineuses, les pâtisseries à base de fromage frais.

16
Dans les Caraïbes, la menthe est utilisée en pâtisserie, pour accompagner le chocolat et la framboise.

En Inde, on l'ajoute aux chutneys et aux plats très épicés pour en équilibrer les saveurs. La menthe utilisée
dans la préparation de légumes farcis (aubergine, tomate, courgettes et poivrons).

Aux Etats-Unis, certaines marques de vin sont dégustées en présence de menthe.

2.5.Systématique et caractérisation des espèces____________________________

Etymologiquement, le mot « mentha » provient de Mintha, nom grec d'une nymphe dont s'éprit Hadès, Dieu
des enfers. Perséphone, sa femme, furieuse de jalousie, jeta Mintha par terre la piétina, l'écrasa et elle se
transforma en plante ; la nymphe Mintha ainsi réduite à l'état de plante, n'eut plus que son parfum pour
séduire !

Dans les différentes langues, la menthe est appelée en arabe ” naanaa ” ou ”Liqama ”, en anglais ”mint ”, en
hébreux ” Na‟na” ou ”menta ”, en perse ”Nanah ” ou ” nane ”, en italien ” menta pepe”, en espagnol
”Hierbabuena” ou “ Menta”.

La menthe est une plante vivace qui fait partie de la famille des labiées et qui comprend environ 3000
espèces, dont certaines sont très connues (thym, lavande, romarin, basilic et autres). La systématique du
genre Mentha est très complexe et l‟identification des espèces, basée uniquement sur les aspects
anatomiques et morphologiques, s‟avère insuffisante.

Dans son livre de médecine édité au 15ème siècle, PLATEARIUS (1486) cite quelques menthes, dans une
grande confusion de description et de dessin. Les botanistes du 18ème et du 19ème siècle, LInné , Lamarck,
Sole, Briquet, Graham, Smith et Baker ont tenté de caractériser les espèces de menthe. Morton introduisait la
caryologie et Lawrence, la chimiotaxonomie (Gilly, 1989 ).

Le genre Mentha comporte plus de 25 espèces, qui se subdivisent en sous-espèces, formes, variétés, sous-
variétés, cultivars et sélections. Les possibilités d‟hybridation sont très nombreuses entre les espèces, ce qui
rend celles-ci particulièrement difficiles à individualiser. La caractérisation chimique des espèces parait la plus
sûre. Elle fait appel à la composition des huiles essentielles extraites à partir de ces plantes et l‟identification
des composants majoritaires. Cette méthode donne lieu à des chimiotypes ou chémotypes. Cette notion fera
la valeur commerciale finale de la plante cueillie ou cultivée.

La menthe est une plante herbacée rustique, ayant un caractère envahissant ; elle étend son territoire par un
système souterrain de stolons. Les principales caractéristiques des espèces de menthe impliquent une tige
quadrangulaire, des feuilles simples et opposées et une odeur caractéristique qui se dégage par simple
attouchement. En effet, la localisation des huiles essentielles est très externe. Elles se forment dans des poils
à essence et se localisent dans les tissus épidermiques (Patrick, 1985).

a. Principales menthes spontanées :

Ces menthes ont un rendement en huile essentielle de 0,1 à 0,01 pour cent de matière fraîche. On rencontre
5 espèces principales : Mentha pulegium L. Mentha arvensis L., Mentha aquatiqua L., Mentha longifolia,
Mentha suaveolens Ehr.

17
-Mentha pulegium L. (Menthe pouliot) répandue au Maroc à l‟état spontané, c‟est une plante fertile et la
descendance semble assez homogène. Elle est connue comme étant une plante qui a la capacité d'éloigner
les insectes. Le nom latin « pulegium » de cette espèce vient du mot Pulex = puce. Elle se distingue des
autres menthes par son port étiré, ses tiges en partie couchées sur le sol, ses fleurs rosées disposées au
long de la tige et des rameaux. Le calice est obstrué par des poils connivents. La plante peut atteindre une
hauteur de 30 cm (Fournier, 1976). Lawrence (1980), a décrit 3 chimiotypes à partir de cette espèce.

- Mentha arvensis L. appelée en France « Menthe des champs » ou « Menthe du Brésil » et en Amérique
« Corn mint ». C‟est une plante à inflorescence verticillée et feuille pétiolée. Le limbe prend un aspect ovale
et atteint 10 cm de long et 4 cm de large. C‟est la seule espèce native des USA. Toutes les autres espèces
de menthe ont été introduites. Elle prospère dans les habitats humides. La tige dressée peut atteindre 80 cm
de haut.

-Mentha aquatica L. (Menthe aquatique) : plante vivace à odeur forte. Cette espèce peut croître dans l‟eau.
Les feuilles ont un pétiole à limbe denté ; les fleurs sont roses ou rarement blanches (Yllera, 1969).

b. Principales menthes cultivées :

Ce sont des produits d‟hybridation naturelle ou issus des laboratoires d‟amélioration génétique. Les
caractères recherchés sont, en priorité, une forte teneur en huile essentielle, une grande proportion en
composants majoritaires spécifiques, une production améliorée en biomasse, un rendement élevé lors de
l‟opération d‟extraction de l‟huile, une grande résistance aux principales maladies.

-Mentha piperita L. menthe poivrée (France), peppermint (U.S.A). C‟est un hybride stérile obtenu par le
croisement de M.aquatica L. et M. viridis L. (Gunther, 1948). C‟est une plante pérenne, fortement
aromatique, sans poils, à feuilles d‟un vert franc allongées et munies d‟un pétiole à nervures saillantes sous
forme de réseau, à inflorescence spicatée. Le rendement en huile essentielle est de 0,6 à 1,2 % de matière
fraîche. Il existe de nombreuses races, dont deux sont spécialement recherchées pour la production des
huiles essentielles :

-Mentha piperita officinalis, forme rubescent: menthe poivrée blanche ou „white mint‟; à tiges rougeâtres, à
feuilles nettement vertes, à fleurs rouge- brunes, cultivée spécialement en Angleterre ;

-Mentha piperita officinalis, forme pallescens: menthe poivrée noire ou „black mint‟ ; à tige verte franche, à
fleurs Blanches, très largement cultivée en Europe et USA (Digue, 1986). SOLE, en avait défini 2 „black
mint‟ : la mitcham et une autre plus vigoureuse appelée la hongroise. Aucune caractéristique morpho-
histologique ne peut distinguer ces 3 menthes poivrées (White, Mitcham, hongroise). Gilly et ses
collaborateurs (1986 ) ont montré que ce sont 3 chimiotypes différents ; la composition de leurs huiles
essentielles est présenté dans le tableau 4. Il s‟agit d‟e la première récolte de Mentha piperita, cutivée dans la
région de Grasse, en France.

18
Tableau 4. Composition des essences de M.piperita en % d‟huiles essentielles
(GILLY , 1989 ).

Chimiotypes de Rendement en
Mentha peperita huile essentielle Pulégone Menthol terpène Carvone
(% de matière
fraîche)
Black mint 1,2 3 38 8 0
„Micham‟
Black mint 0,48 4 21 5 0
„Hongroise‟
White mint 0,92 0 38 10 0

-Mentha viridis L. (Mentha spicata), spearmint (U.S.A), elle a plusieurs noms vernaculaires : menthe
crépue, menthe douce, menthe verte (France). Elle correspond à la principale espèce cultivée au
Maroc. C‟est une plante vivace, à inflorescence spicatée ; ses épis de fleurs plus étroits plus
allongées et aigus ; les feuilles subsessiles opposées légèrement piquantes. Cette espèce est
obtenue par de multiples croisements de plusieurs espèces de menthes (Fournier, 1987). Il existe
des formes stériles et d „autres fertiles dont la descendance est relativement homogène.

Par la morphologie on distingue menthe douce à feuilles lisses et à feuilles crispées ; on peut aussi
distinguer les menthes à inflorescence de couleur lilas de celle d‟un blanc pur. Laurence (1980) a
dénombré 3 chimiotypes correspondant à 3 variétés différentes: Scotch ou highland, Native ou
américain et la variété crispata ;

-Mentha rotundifolia L. : c‟est une plante de 25 à 28 cm qui a une odeur désagréable à feuilles
rugueuses, sans pétioles ; le limbe est couvert de petits poils ; les fleurs se présentent en verticelles
(Yllera, 1969).

-Mentha citrata Ehr : ou menthe bergamote (France), c‟est un hybride stérile de M. piperita x M.
aquatica qui se conduit comme la menthe poivrée. La plante est fortement aromatisée avec un léger
parfum d‟orange. La plante peut atteindre 60 cm de haut et présente une inflorescence capitatée.
Elle est très cultivée en Inde (Gilly, 1989).

2.6. Exigences écologiques de la menthe_____________________________________

Les études ont concerné principalement la menthe poivrée destinée à l‟extraction des huiles
essentielles.

a. Photopériode : A priori, la menthe verte (Mentha viridis) n‟a pas de besoin strict en matière de
photopériode. Mais pour la menthe poivrée (Mentha piperita), les jours longs permettent une
croissance des tiges et des feuilles et favorisent la stimulation des huiles essentielles (Gunther,
1948). Pour fleurir, cette menthe nécessite une longueur de jour de 15 à 16 heures, et qui ne
peut pas être achevé au sud du 40° parallèle (Melvyn et al., 1980 ).

19
b. Température : La menthe craint les basses températures ; elle entre en repos végétatif
pendant l‟hiver. Le seuil de 10 °C est souvent cité en tant que zéro de végétation. La menthe
poivrée est une plante pérenne à feuillage caduc ; il est possible qu‟elle-ait un léger besoin en
froid. En hiver il semble que les stolons soient très résistants au froid, mais, si le sol gèle
profondément et longtemps, il peut y avoir une destruction mécanique des racines (Gilly, 1989).
L‟optimum de croissance semble se situer à 25 °C. Des valeurs de 30 °C sont favorables à la
croissance, pour autant que la fertilisation azotée et l‟irrigation soient suffisantes. L‟odeur et la
flaveur sont plus prononcées en présence de températures élevées.

c. Sol : La menthe peut être cultivée dans tous les sols sauf dans les terres trop argileuses,
humides et froides en hiver. Sa culture réussit particulièrement bien dans les sols profonds non
compacts, riches en humus et bien drainés à pH allant de 5,5 à 8 (Patrick, 1985). La menthe
poivrée cultivée dans les sols légers (sablonneux) produit une huile essentielle avec un
pourcentage en menthol plus élevé que dans les sols lourds.

d. Altitude : La menthe poivrée peut être cultivée en climat montagnard, tempéré, humide jusqu‟à
900-1000m d‟altitude et en climat montagnard méditerranéen, à condition d „arroser pendant la
sécheresse d‟été (Gilly,1989), En Espagne, Munoz (1987) conclut que le meilleur rendement
est obtenu entre 1000 et 1500 m d‟altitude.

2.7. Techniques culturales______________________________________________

a. Précédent cultural : La menthe est une plante vivace ; elle peut durer jusqu‟à dix ans dans le
sol, mais il est plus rentable de faire une rotation après 3 ans, avec des cultures tel que, le blé, le
maïs, la pomme de terre ou l‟oignon.

b. Préparation du champ : On pratique d‟abord un labour profond, avant de reprendre par des
façons aratoires qui ameublissent tout le sol sur une profondeur de 30 cm où l‟on enfouit le fumier et
les engrais de fond (P, K, Ca, Mg, B, selon l‟analyse de sol). Enfin, on prépare le champ selon le
mode d‟arrosage choisi : bassinage, à la raie, aspersion, goutte à goutte. Alors que l‟irrigation
localisée nécessite un sol plat et bien nivelé, la confection de cuvettes de forme carrée ou
rectangulaire est exigée en présence de mode d‟irrigation gravitaire. La surface de la cuvette est
raisonnée de façon à ce que l‟apport d‟eau d‟irrigation soit le plus homogène possible.
Traditionnellement, la menthe destinée à l‟exploitation industrielle est établie dans des vaseaux
(sillons larges de 15 cm et profonds de 10 cm) tracés mécaniquement. L‟installation de brise-vent
est très bénéfique, surtout si la parcelle est entourée de haies de 1 à 2 m de hauteur (plants de maïs
ou autres) et disposées tous les 10 à 15 m autour des carrés de menthe.

c.Fertilisation : comme toute culture, la menthe exige une fertilisation de fond et une autre en
couverture.

- Fumure organique : la menthe exige une richesse suffisante en matière organique dans le sol. Par
l‟apport de fumier, on améliore la texture du sol ainsi que son pouvoir de rétention en eau. Si l‟apport
de celui-ci n‟a pas été utilisé sur la culture précédent la menthe, un apport de 30 tonnes à l‟hectare
s‟impose lors du labour (Patrick, 1985).

-Fumure minérale : La fumure de redressement est normalement définie en fonction des résultats

20
des analyses de sol, juste avant plantation. Le calcul des éléments minéraux à apporter tiennent
compte de la différence à satisfaire, entre la teneur existante en réalité et la teneur souhaitée dans
le sol. Les engrais sont ensuite enfouis au moment du labour. Les recherches effectuées par
Jackson et al. (1983) ont permis de définir les apports en phosphore (tableau 5) et en potassium
(tableau 6) à la culture de menthe, en fonction des résultats d‟analyse du sol.

Tableau 5 : Recommandations des apports en phosphore à la culture de menthe en


fonction des résultats dans le sol (Jackson et al., 1983)
Phosphore dans le sol (ppm) Phosphore recommandé (kg/ha)
0-20 115 à 165
20-40 75 à 115
Plus que 40 0

Tableau 6 : Recommandations des apports en potassium à la culture de menthe en


fonction des résultats dans le sol (Jackson et al., 1983)
K dans le sol (ppm) K recommandé (kg/ha)
0-100 135-215
100-200 75-135
Plus de 200 0

-Fumure d‟entretien : elles sont appréciées en fonction des exportations d‟éléments minéraux par
la plante. Pour estimer ces exportations, Gilly (1989) a analysé les sommités fleuries de la menthe,
à Grasse en France :
N% P% K% Ca% Mg% Fe (ppm) Mn (ppm)
1,60 0,25 2,90 1,70 0,30 655 72

De son côté, Patrick (1985) a réalisé des essais sur la fertilisation de menthe et qui ont permis de
mettre en évidence la quantité des divers éléments extraits du sol par une culture de menthe ; en
effet, la partie aérienne exporte annuellement pour quatre tonnes de matière sèche à l‟hectare : 170
Kg/ha d‟azote ; 25 Kg/ha de phosphore ; 290 Kg/ha de potassium ; 130 Kg/ha de calcium ; 17 Kg/ha
de magnésium.

Un rythme des apports d‟éléments nutritifs (tableau 7) a été défini le long de l‟année par Gilly
(1989). Mais il faut signaler qu‟il s‟agit d‟une culture destinée à l‟extraction des huiles essentielles et
qu‟elle est récoltée une à deux fois par an.

Tableau 7 Rythme d‟apport d‟éléments minéraux (en kg/ha), en fertilisation de couverture,


d‟une culture de menthe destinée à l‟industrie d‟extraction des huiles essentielles (Gilly,
1989) :
N P2O5 K2O
Juste avant la plantation ou avant
la sortie des pousses de la 2ème année 80 0 100
Avec le 1èr arrosage 50 100 100
Après la coupe en 1ère année 50 50
Au labour de fin de 1ère année 0 40 100
Au total 180 140 350

21
Les essais de 1975 menés à Milly (Gilly, 1989) ont fait ressortir des besoins de l‟ordre de 100N-
150P et 100 K2O pour un sol très riche en acide phosphorique et bien pourvu en potasse. Par
ailleurs, la fertilisation affecte la teneur des composantes chimiques des huiles essentielles de la
menthe poivrée. Ainsi, l‟augmentation des doses d‟azote réduit le pourcentage de menthol et
accroît celui de menthone. D‟autre part, le menthol augmente avec des doses croissantes de
potassium. Cependant Ellis et ses collaborateurs (1941) ont montré que la fertilisation n‟a aucun
effet sur la composition chimique de la menthe.

Un apport azoté continu pendant la saison de croissance est important pour maintenir la croissance
et le développement de nouvelles feuilles pour une production optimum d‟huile essentielle. Il est
nécessaire d‟apporter 100 unités d‟azote supplémentaires après la première récolte. Selon Hornox
(1983) le rendement en huile essentielle est directement affecté par la fertilisation azotée,
phosphorique et potassique.

d.Multiplication et mise en place de la culture :La multiplication végétative est une voie de
propagation incontournable lorsque l‟on est en présence d‟une plante stérile (cas de la menthe verte
du Maroc) ou d‟une plante fertile dont la descendance est très hétérogène et que, pour des raisons
agricoles, on réalise un clonage d‟individus présentant des caractéristiques intéressantes (Gilly,
1989b). Les menthes ont une très grande facilité à s‟hybrider ; c‟est à cause de ce phénomène que
la quasi-totalité de ces cultures dans le monde sont constituées à partir de plantes obtenues par
multiplication de stolons qui permet de conserver les qualités primitives de la plante (Roger, 1984).
La plantation se réalise de deux façons : soit on repique des plantes de 10 à 15 cm de haut, soit on
enfuit sous une faible profondeur des boutures de tiges souterraines (rhizomes) appelées aussi
«filets » qui se forment lors de la végétation autour de chaque pied.

Un hectare de menthe fournit suffisamment de stolons pour planter une surface de 7 à 10 ha


(Melvyn et al., 1980). On compte environ 1000 à 1500 kg de rhizomes pour planter une surface d‟un
hectare. Dans les conditions normales, le terrain étant préparé et amendé, on trace un sillon de 8 à
10 cm de profondeur ; les rhizomes seront placés par groupe de 3 à 4 et bout à bout qu‟on recouvre
de terre et on irrigue immédiatement (Huet, 1972). Il est préférable de recommencer cette opération
tous les deux ans afin d‟obtenir des grandes feuilles et d‟éviter la fatigue des sols. Il est possible à
recourir à la division de touffes et de transplanter des plantules de 4 à 5 cm avec un peu de
rhizome. Cette opération doit avoir lieu au début du printemps. Elle est peu pratiquée en grande
culture du fait des soins attentifs nécessaires. Elle permet cependant de multiplier la menthe assez
rapidement.

Gunther (1985) insiste sur la nécessité impérieuse de ne jamais faire une plantation en utilisant les
filets provenant directement de l‟arrachage d‟un champ de 2-3 ans en production, et qui risque d‟être
contaminé. Mais il faut les prendre dans une plantation d‟un an au plus, les trier, les laver et les
planter pour obtenir une pépinière.

En grande culture, la mécanisation de la plantation peut être prévue pour planter à racine nue ou
filet. Les mini-mottes sont plantées à la densité de 4-6 plants/m² sur une ligne avec un interligne de
80 à 150 cm. Les filets à raison de 8000 à 1200 kg/ha sont placés bout à bout dans la raie de
plantation, recouverts de 5 cm de terre légèrement tassée.

e.Irrigation : La menthe s‟enracine peu profondément ; elle nécessite une grande quantité d‟eau
durant la saison de croissance, soit environ 1500 mm/an (Melvyn et al., 1980). La fréquence des

22
arrosages est fonction de la réserve en eau utile du sol. On considère que l‟irrigation devrait avoir
lieu chaque fois que les 10 premiers centimètres de profondeur sont secs. En présence de système
d‟irrigation gravitaire, le bassinage est le plus utilisé pour des plantations dans des carrés. Mais la
menthe peut être irriguée à la raie ou par aspersion. L‟irrigation au goutte-à-goutte est de plus en
plus utilisée dans les plantations modernes.

Pour les plantations destinées à l‟extraction des huiles essentielles, la menthe poivrée irriguée à la
raie produit 23% d‟huile essentielle en plus que celle irriguée par aspersion ; pour la menthe verte,
la différence est de 34%. Or cette dernière méthode augmente le taux d‟évaporation de l‟huile
essentielle ; ce qui est dû à un changement de perméabilité de la membrane des glandes huileuses
des feuilles, lorsqu‟elles sont mouillées (Rodney, 1977).

f. Entretien de la culture : La menthe industrielle est peu exigeante en matière de sarclage,


binage parce que le désherbage chimique est pratiqué de façon systématique. Mais il a été
démontré que les mauvaises herbes affaiblissent la qualité de l‟huile car elles affectent
négativement la couleur, l‟odeur et la composition chimique de l‟huile de la menthe (Parker, 1980).

Pour les cultures vivrières, les mauvaises herbes sont le problème majeur de la production de la
menthe ; elles entrent en compétition avec la plante et réduisent le rendement. Leur impact est
particulièrement négatif durant les premières semaines qui suivent la plantation ou juste après la
récolte.

g.Récolte : La récolte de la menthe consiste à couper la plante à ras. Les échanges gazeux
(transpiration et photosynthèse) sont nécessairement réduits à zéro. Le développement de jeunes
pousses se fait en puisant dans les réserves accumulées dans les stolons, les racines et la base de
la tige. Il est judicieux de choisir la fin de l‟hiver ou le début du printemps pour planter la menthe.
Ainsi, et pour une plantation de février, la 1ère coupe a lieu après 60 à 70 jours ; par la suite, on
effectue une coupe tous les 40 jours en saison chaude. En hiver, la menthe entre en repos
végétatif. Il est économique de supprimer la culture après 3 à 4 ans, et de faire une rotation, de
préférence avec les légumineuses car les sols commencent à s'épuiser et le rendement en huile
essentielle diminue d‟une année à l‟autre (Huet, 1972).

g.1. Période de coupe : Lorsque la culture est destinée à la production de feuilles, la date de
coupe dépend du marché. Quatre à 5 coupes par an sont possibles. La menthe destinée à
l‟extraction doit avoir un pourcentage élevé en huile essentielle. Dans ce cas, la coupe se fait de 1 à
2 fois maximum par an. On considère que le menthol et l‟acétate de menthyl sont responsables de
l‟odeur piquante et rafraichissante de la menthe. Ces substances sont produites au niveau des
vieilles feuilles, en présence de jours longs. D‟un autre côté, le menthone et le pulégone sont
responsables du parfum de la menthe. Ils apparaissent en grandes quantités dans les jeunes
feuilles, en période de jours courts. Donc, la qualité des huiles essentielles de la menthe varient,
d‟une part, en fonction de la saison de croissance de la plante et, d‟autre part, de l‟âge des feuilles
(tableau 8).

Il a été démontré que la teneur en menthol chez la menthe poivrée atteint son niveau maximum aux
alentours du stade de floraison. La période optimale de coupe est possible 20 jours avant ou après
le début de la floraison.

23
Tableau 8 : Huile essentielle distillée de menthe poivrée à différents stades de
développement de la plante (Rutovsky et al., 1929) .

Stade de végétation Menthol en % d‟huiles Menthone en %


essentielles d‟huiles essentielles
Avant la floraison 47,88 13,04
Sans boutons floraux 52,10 -
Avec boutons floraux 54,04 6,38
Début de floraison 59,92 7,22
Pleine floraison 59,73 1,43
Fin de floraison 60,68 2,46

En culture industrielle (extraction d‟huiles essentielles), Gunther (1958) avait rapporté qu‟une deuxième
coupe n‟est pas raisonnable par ce qu‟elle provoque la diminution de la vigueur de la plantation. Cependant,
dans les zones méditerranéennes à hiver tempéré, le temps de la photosynthèse permet à la fois une 1ère
récolte et l‟accumulation des réserves glucidiques dans les filets pour la 2ème coupe (Gilly, 1989) ; mais les
qualités organoleptiques de l‟essence obtenue par distillation sont différentes de celles de la première
récolte (Tableau 9).

Tableau 9 : Composition des essences de Mentha piperita (Gilly, 1989).


Mentha piperita Rendement Pulégone Menthol Menthone Terpènes Carvone
en % en % d‟huiles essentielles
matière
fraîche
ère
1 récolte Mitcham 1,2 3 38 9 6 0
(juillet) Hongrie 0,84 4 21 41 5 0
White mint 0,92 38 22 10 0
ème
2 récolte Mitcham 0,38 61 9 4 0
(novembre) Hongrie 0,56 26 11 3 0
White mint 0,71 - - - 0

Selon SWIFT et al. (1944), il existe une relation directe entre le rendement de l‟huile essentielle et le
menthol. En fait, la période de coupe varie considérablement avec les conditions climatiques, la menthe est
riche en huile essentielle dans un climat chaud et sec, la coupe est préférable en jour ensoleillé (Ellis et al. ,
1944).

g.2. Exécution de la coupe : Il s‟agit de couper toute la matière verte au ras du sol située au-dessus du sol
en ne laissant que les souches. Pour la menthe destinée à la production de l‟huile essentielle, la récolte se
déroule au moyen d‟une faucheuse et d‟une ramasseuse presse (Patrick, 1985). En conditions de
production locale, la récolte se fait à l-aide de petites faucilles. Les tiges sont réunies en bottes.

g.3. Rendement : Concernant la menthe industrielle, on compte 7 à 10 tonnes de matière fraîche pour la
première coupe et 4 à 6 tonnes pour la seconde, soit un total de 11 à 16 tonnes à l‟hectare (Patrick, 1984). Au
Maroc, les rendements sont de l‟ordre de 10 T/ha et par coupe ; on compte 5 à 6 coupes/an, soit environ 40 à
50 T/ha/an. La perte de poids au séchage est de 75% environ, soit 3 à 4 tonnes de matière sèche à l‟hectare.
La matière sèche entière est composée d‟environ 60% de tiges et de 40% de feuilles.
Séchage : En vue de la distillation, la menthe coupée subit un pré fanage de 24 à 48 heures dans le champ
si les conditions météorologiques le permettent. L‟humidité est ramenée à 30% environ, ce qui évite un
transport inutile d‟eau jusqu‟au lieu de distillation. Le séchage accroit le rendement de l‟extraction et réduit
le temps de l‟extraction. D‟un autre côté, l‟huile essentielle de menthe séchée est plus stable que celle

24
extraite de la menthe fraîche. Le séchage se fait en éparpillant les feuilles de menthe en de fines couches
pour permettre la circulation de l‟air et éviter les fermentations.

2.8. Extraction des huiles essentielles

Les huiles essentielles de la menthe sont contenues dans des glandes des tissus épidermiques des feuilles
et des tiges. Elles sont extraites par le procédé de distillation, soit par un mélange direct de la matière
végétale avec l‟eau liquide portée à ébullition (hydro distillation), soit en utilisant uniquement la vapeur d‟eau
qui entraine les huiles essentielles (distillation par entrainement à la vapeur, ou vapo-distillation). L‟huile ne
peut être évaporée que s‟il y a rupture de la membrane des glandes qui les protègent à une haute
température à une haute pression. La quantité de l‟essence produite est inversement proportionnelle à la
quantité de vapeur utilisée (tableau 10).

Tableau 10 : Rendement en huiles essentielles de la menthe, en fonction de la quantité de


vapeur et de l‟état initial de la plante (Gunther, 1950).

Nature de matière à Nombre de kg de % d’huile


traiter vapeur/kg d’huiles extraite
essentielles
Menthe fraîche 250 à 350 kg 0,3 à 0,4%
Menthe semi sèche 60 à 80kg 1,2 à 1,6%

Menthe sèche 30 à 40 kg 2,5 à 3,0%

La distillation de la menthe sèche nécessite en général 45 à 60 mn ; cependant ce temps va être plus long
pour la matière fraîche. Selon Ninomiya (1950), 63% des huiles essentielles de Mentha arvensis sont obtenus
pendant les 40 premières minutes. La qualité de l‟huile diminue lorsque la distillation progresse ; après
2h40mn, toute l‟huile essentielle est extraite (Tableau 11).

Tableau 11 : Distillation de 300kg de menthe sèche (Minomiya, 1950)

Temps de Quantité de l‟huile % de l‟huile totale Contenu du


distillation en kg Menthol en %
1ère 40 mn 3,6 63,36 45
2ème 40 mn 1,0 24,26 63
3ème 40 mn 0,35 6,18 66
4ème 40 mn 0,35 6,18 72
2h et 40 mn 100,00

Le rendement en huiles essentielles dépend des espèces de menthe et du site géographique de production
(tableau 12). Pour Mentha arvensis, le rendement en biomasse fraîche est de 20 à 30T/ha et en matière
sèche 1,5 à 5 tonnes/hectare. Pour Mentha piperita, type „Micham‟, un rendement de 50 à 120 kg/ha/an
d‟huiles essentielles est obtenu avec un pourcentage de 0,8 à 1,2 de matière fraîche (2,2 à 3,2% de matière
sèche) (Gilly, 1989).

25
Tableau 12 : Rendement en huiles essentielles pour différentes espèces de menthe
(Peyron et al. , 1984)

Espèces huiles huiles essentielles


essentielles (en %) (en kg/ha)
M. piperita 0,3 à 1% 11 à 65
M. arvensis au Bresil 0,5 à 0,8% 20 à 150
M. arvensis en Inde jusqu‟à 4% 80 à 100
M. arvensis au Japon - 12 à 20
M. viridis 0,7% 38 à 110

Les composés des huiles essentielles sont les plus souvent analysés par CPG (Chromatographie en
phase gazeuse) couplé à la spectrophotométrie de masse. C‟est un mélange de composés terpéniques
(menthol, carvone, linalol…) et de dérivés oxygénés de terpènes (ester, alcools…). Ce mélange présente
une très grande diversité d‟une espèce à l‟autre, et même à l‟intérieur d‟une même espèce (Lawrence,
1980).

Les principaux constituants sont des monotérpènes. Le composé majoritaire de l‟huile essentielle est
souvent cité avec l‟espèce de menthe pour en définir le chimiotype. On distingue :

 Menthe à menthol :
Le menthol est le plus recherché sur le marché des huiles essentielles de menthes.
- Mentha arvensis : sont huile essentiell est très riche en menthol (70% au moins), 18 à 25% de menthone,
4 à 7% d‟ester de méthyle (Huet, 1972).

-Mentha piperita: son huile essentielle représente la part la plus importante du marché des huiles
essentielles. C‟est un liquide incolore ou légèrement jaune verdâtre non solidifiable. Il varie beaucoup avec
la provenance (Peyron et al. , 1984) ; il est composé de menthol (jusqu‟à 65%), 20% de méthylester,12% de
menthone, des sucs amers et tanins.

 Menthe à carvone :
-Mentha viridis. : son huile essentielle est riche en carvone (60 à 65%), avec une faible quantité de tanins et
principes amers (Fournier, 1976). Mais la composition de l‟essence est variable suivant les races, les
localités, la date de récolte etc.… (Gunther, 1948).

 Menthe à pulégone :
Mentha pulegium : son huile essentielle est un liquide rouge jaunâtre d‟odeur très forte, soluble dans l‟alcool
composé de 75 à 80% de pulégone, menthol et de limonène.

 Menthe à linalol :
Mentha citrata ; son huile essentielle se composé de 30 à 45% de l‟acétate de linalyl (Todd et al.,
1977).

26
CHAPITRE 3 : Analyse des systèmes de
production de menthe au Maroc

3.1. Données générales________________________________________________________________

La région de Settat représente la principale région productrice de menthe à l‟échelle du Maroc. Elle abrite
près de 800 ha. Les travaux de Tanji (2008) ont tenté de faire une typologie des exploitations de menthe,
situées dans 20 Communes Rurales de la Région de Chaouia-Ourdigha. Ces travaux ont concerné un
échantillon composé de 75 exploitations et ont montré que la majorité des exploitations appartiennent à la
classe 0,1 à 0,5 ha. Les exploitations dont la superficie dépasse 1 ha et atteignent même 6 ha sont
nombreuses. Cela démontre qu‟il existe une certaine spécialisation des producteurs à la pratique de cette
culture.

La localisation des grands producteurs de menthe dans des sites favorables est étroitement liée à
l‟abondance relative des moyens de production. Après le capital financier, certes, viennent les facteurs eau et
sol. L‟analyse de Tanji (2008) a montré que la présence quantitative et qualitative de l‟eau d‟irrigation ainsi
que le sol de type „Tirs‟ ont beaucoup favorisé l‟implantation de ces exploitations.

3.2. Travaux du sol et engrais de fond_______________________________________________________

Les travaux de sol, aussi bien en profondeur que superficiellement, sont conventionnels. Ces travaux tiennent
leur importance du caractère pérenne de la culture. En plus des objectifs de l‟ameublissement du sol et de
l‟incorporation des engrais de fond, les travaux concernent également la confection de cuvettes ou les
planches de plantation.

Généralement, l‟apport d‟engrais organique n‟est soumis à aucune règle de redressement de la fertilité initiale
du sol ou à l‟accroissement de sa teneur en matière organique, suite à des résultats d‟analyse préalable du
sol. Le fumier est apporté selon les disponibilités. Il est toutefois recommandé d‟apporter jusqu‟à 30 tonnes à
l‟hectare.

Connaissant la composition moyenne du fumier et de son origine (tableau 13), on peut estimer les quantités
apportées par cette source de fertilisation, en éléments nutritifs. Le tableau 14 présente une estimation des
quantités totales apportées par 30 tonnes de fumier, en éléments minéraux, exprimés en azote total et en
phosphore et en potassium, sous forme d‟oxydes.

Tableau 13. Composition moyenne du fumier, selon son origine, en éléments majeurs N.P.K
Origine du Teneur en N total P2O5 K2O
fumier MO
en kg/tonne de fumier

ovin 28 à 32 % 8,0 à 8,5 2,0 à 2,4 6,5 à 6,8

bovin 12 à 17 % 4à5 2,5 à 3 5à6

27
Tableau 14. Apports procurés par 30 tonnes de fumier, en N, P2O5 et K2O

Origine du N total P2O5 K2O


fumier
en kg/ 30 tonnes de fumier
ovin 240 à 255 60 à 72 195 à 204
bovin 120 à 150 75 à 90 150 à 180

Les données du tableau 14 montrent que ces apports sont suffisants pour entamer un premier cycle de
production de menthe, le fumier ovin étant deux fois plus riche en azote que le fumier bovin et apporte de 10
à 20% de plus en potassium. Mais il faut tenir des pertes potentielles de l‟azote par lessivage (surtout en
présence d‟irrigation gravitaire) et aussi sous forme de gaz ammoniac. La fertilisation raisonnée devrait tenir
compte également des risques de perte de potassium et de phosphore sous différentes formes, dont les plus
connues sont l‟immobilisation et la rétrogradation dans le sol.

Dans la réalité du terrain, les engrais sont apportés d‟une façon très approximative. Tanji (2008) rapporte
qu‟une partie importante des producteurs de menthe dans la région de Settat, et sans aucune base de calcul,
apportent un engrais composé de type 14.28.14 selon des doses variant entre 1 à 3 quintaux à l‟hectare.
Mais, l‟analyse préliminaire du sol est une étape cruciale pour décider du type d‟amendement à faire et du
calcul des quantités à satisfaire. L‟exemple traité ci-dessous concerne le raisonnement de l‟apport de
potasse. La formule utilisée est la suivante :

FF = Z x Da x Cv x (N – TS)

Avec:

 TS= Teneur initiale en K2O = 0,35 ‰ = 350 ppm


 N= Teneur finale souhaitée (norme) = 0,7 ‰ = 700 ppm
D‟où la quantité de K2O à apporter: 700 – 350 = 350 ppm =350 mg/kg= 350 10-3g/kg de terre
 Z= Profondeur du sol à amender : 15 cm
 Superficie unitaire = 1 ha
 Da= Sol de densité apparente = 1,2 103 kg/m3
 Cv= Pourcentage de la superficie exploitée = 40%

Application:
0,15 m x 1,2 103 Kg/m3 x 0,40 x 350 x 10-3 g/kg = 25,2 g/m² = 252 Kg/ha

Le pourcentage d‟immobilisation de potassium K sera apprécié en fonction de la teneur du sol en argile. On


détermine alors le pouvoir fixateur (PF) du sol par la formule:

PF = 1,58 + 0,125 A – 0,0001 A²


Dans laquelle A = teneur en argile en ‰ et PF= % de K2O apporté en majoration. En supposant la teneur en
argile du sol égale à 13%, c‟est-à-dire 130 ‰, le pouvoir fixateur du sol est de :

PF = 1,58 + (0,125 x 130) – (0,0001 x 130²) = 16,1 %

Il faut donc apporter 252 kg/ha de K2O, et qu‟il faut majorer de 16% pour tenir compte du pouvoir fixateur de
l‟argile, soit: 252 x 1,16 = 292 ≈ 300 kg/ha

28
3.3. Installation de la culture_____________________________________________________________

Le matériel végétal le mieux adapté aux conditions de la Province de Settat est le cultivar „El Brouj‟. La
plantation fait appel à des boutures issues d‟une exploitation dont l‟âge ne dépasse pas généralement 2 ans.
Bien que l‟opération de plantation puisse avoir lieu à une date quelconque de l‟année, la période allant de
février à avril est la plus propice, en vue de favoriser la reprise. Les producteurs utilisent des poquets
constitués de 3 à 4 tiges, qu‟ils enfouissent dans le sol, à une profondeur variant entre 20 et 30 cm, selon le
degré d‟ameublement préalable du sol. Les écartements adoptés varient en fonction du mode de préparation
du sol : en présence de système d‟irrigation localisée (photo 1), la plantation se fait à plat ou sur des
banquettes, généralement en lignes jumelées distantes d‟environ 30 cm et les poquets sont écartés de 20 à
30 cm sur la ligne. Dans les cuvettes qui seront irriguées en gravitaire (photo 2) les poquets sont écartés en
tous sens de 20 à 30 cm. Le pourcentage de réussite est lié aux conditions ennvironnementales et aux soins
apportés. Il faut une durée de 50 à 60 jours environ pour obtenir l‟enracinement.

Photo 1. Plantation de la menthe en lignes jumelées, de part et d‟autre de la rampe d‟irrigation au goutte-à-
goutte.

Photo 2. Plantation de la menthe dans des cuvettes, en prévision à l‟irrigation gravitaire (bassinage)

29
Dans les exploitations modernes de menthe conduite sous abri-serre dans la région d‟Agadir, on fait appel à
la pépinière pour le bouturage et l‟élevage des plants (photo 3). Une bouture est une portion de tige, prélevée
dans en zone de tête, médiane ou à la base de la tige, d‟une longueur de 5 à 8 cm, et pourvue de 2 à 3 paire
de feuilles. Cette opération aboutit à des boutures enracinées en une quinzaine de jours, pour autant que la
température soit maintenue autour de 25°C et que l‟humidité relative soit aux environ de 60 à 70%.

Photo 3. Production de boutures enracinées de menthe, en mottes et sous abri-serre dans la région d‟Agadir

La production de la menthe en pépinière offre l‟avantage de traiter les plants juste avant l‟opération de
plantation, à l‟aide d‟un produit fongicide à large spectre, en trempant la plaque alvéolée contenant les plants
dans cette solution, pour prévenir les maladies fongiques, responsables de la fonte de semis. La pépinière
permet en outre de faire un choix entre les plants et de ne mettre en terre que les plants vigoureux. Le
résultat est une plantation homogène (photo 4).

Photo 4. Plantation moderne de menthe sous abri-serre dans la région d‟Agadir

30
3.4. Irrigation de la culture _______________________________________________________________

Il y a une perception générale comme quoi la menthe est très exigeante en eau. Ce qui pousse les
agriculteurs à la sur-irrigation; cette attitude nuit au développement des racines et se trouvent confinées dans
les 20 premiers cm seulement.

Dans la région de Settat, la majorité des producteurs de menthe pratiquent l‟irrigation gravitaire (Tanji, 2008).
Il y a peu d‟informations sur la dose unitaire d‟apport d‟eau. Concernant la fréquence des apports, les
producteurs affirment que l‟irrigation est pratiquée à raison de 1 fois par semaine en période chaude et 1 fois
par quinzaine ou par mois en période froide. L‟irrigation d‟un hectare nécessite environ 15 à 20 heures vu le
faible débit des motopompes. On dénombre environ 10 irrigations en moyenne entre deux coupes en période
chaude et 4 apports en moyenne entre deux coupes en période froide. La hauteur annuelle des apports
hydriques sont estimés à 1500 mm.

Les recherches qui ont été menées à l‟Université de Washington aux USA ont montré que les racines de
menthe peuvent extraire l‟eau même à partir de 1 m de profondeur. La pratique de l‟irrigation devrait favoriser
le développement de système racinaire profond (au moins jusqu‟à 60 cm). Les besoins annuels de la menthe
poivrée sont estimés à 760 à 860 mm.

L‟apport d‟eau raisonné devrait être basé sur la détermination quotidienne de l‟évapotranspiration de
référence (ETo). La dose d‟irrigation sera ensuite calculée en fonction du coefficient cultural (Kc) qui traduit le
degré de couverture du sol par la culture.

Les recommandations émanant des services de vulgarisation de l‟Université de Washington ont défini les
doses d‟irrigation comme suit :

 dose = 0,45 ETo en Avril


 Dose = 0,55 ETo en Mai
 Dose = 0,65 ETo en juin

La dose d‟irrigation sera égale à ETo (Kc = 1) lorsque la plante aura atteint une hauteur d‟environ 15 cm. Le
pic des irrigations coïncide avec des doses quotidiennes de 7,5 à 9 mm.

Les producteurs de la Commune Rurale d‟Ouled Said (Province de Settat) utilisent le système d‟irrigation
localisée mais ne maitrisent pas les paramètres de la dose et de la fréquence des apports. L‟exercice suivant
permet de mieux appréhender cette problématique :

Données :
 Exploitation de menthe de 2 ha;
 Conduite en ligne et goutte-à-goutte;
 Quatre secteurs d‟irrigation, chacun de ¼ ha;
 Débit disponible = 15 m3/heure
 Goutteurs écartés de 20 cm, avec un débit 1,2 l/h, d‟où 6 l/mètre linéaire de rampe ;
 Il y a donc 2500 mètres linéaires par secteur ;
 Rampes d‟irrigation écartées de 1 m;
 Pluviométrie horaire fictive = 15000 l/h ÷ 2500 m² = 6 mm/heure

31
Exécution de l‟irrigation:

 ETM = besoin en eau= dose = Kc x ETo


 Kc = 0,7 (culture ne couvrant pas totalement le sol)
 ETo = 2 mm en journée relativement fraîche
 ETM = 0,7 x 2 = 1,4 mm/jour
 La dose peut être précisée en tenant compte de l‟efficience du système d‟irrigation (0,9)
 On définit la dose nette= 1,4 / 0,9 = 1,5 mm/jour
 Durée d‟irrigation = 1,5/6 = 0,26 heures = 16 minutes
 Puisque l‟exploitation est divisée en 8 secteurs (2 ha), il faut donc environ 130 minutes (2 heures et
10 minutes) pour irriguer l‟ensemble des parcelles.

3 .5. Fertilisation ________________________________________________________________________


Après la plantation et la première coupe (qui n‟est pas toujours de bonne qualité), la fumure de couverture de
la menthe est régie par la périodicité des récoltes. Un cycle peut être considéré comme étant la durée
séparant deux coupes successives. Ce modèle est appliqué à toutes les cultures pérennes soumises à un
rythme de coupes successives, telles que le romarin et le thym.

Si les besoins annuels de la menthe en éléments majeurs sont de l‟ordre de (en kg/ha) : 170 N, 25 P (c‟est-à-
dire 57 P2O5) et 290 K (soit 348 K2O) et que la culture compte, en moyenne, 4 coupes par an, Les apports
annuels seront donc divisés en 4 quantités égales.

En fait, la période séparant deux récoltes est fonction des conditions environnementales (elle peut varier de
50 jours en période chaude, à 90 jours en période froide).

Exercice pratique de calcul :


 Stade considéré : entre 2ème et 3ème coupe
 Période : Mai à Juillet
 Durée : 70 jours, soit 10 semaines
 Besoins calculés en éléments nutritifs pour tout le stade (en kg/ha)):
N P2O5 K2O
42,5 14,25 87
 Quantités à apporter par semaine (en kg/ha):
N P2O5 K2O
4,25 1,425 8,7
 Engrais disponibles:
o Nitrate d‟Ammonium (33,5% N)
o MAP (11% N et 55% P2O5)
o Sulfate de potassium (50% K2O)

 Quantités d‟engrais à apporter (en kg/ha/semaine)

L‟application d‟une simple règle de trois permet de calculer les quantités d‟engrais à apporter,(tableau
15), en fonction des engrais disponibles et en tenant compte des engrais binaires, sources de deux
éléments minéraux majeurs (cas du MAP, apportant à la fois azote et phosphore).

32
Tableau 15. Quantités d‟engrais à apporter (en kg/ha/semaine) et quantités d‟éléments
minéraux, en N, P2O5 et K2O
Engrais N P2O5 K2O
Nitrate d‟ammonium 11,84 3,965
MAP 2,59 kg 0,285 1,425
Sulfate de potassium 17,4 kg 8,7

 Quantités d‟engrais à préparer pour une semaine et pour l‟exploitation de deux hectares (exemple du
paragraphe « irrigation »:

Ammonitrate : 11,84 x 2 = 23,68 kg


MAP : 2,59 x 2 = 5,18 kg
Sulfate de Potassium : 17,4 x 2 = 34,8 kg
Total: 63,66 kg
 Quel volume minimal de la solution-mère faut-il prévoir pour solubiliser les engrais

En se référant au degré de solubilité des différents engrais en fonction de la température, le tableau


16 permet de calculer le volume minimal de la solution-mère à préparer.

Tableau 16. Mode de calcul du volume minimal à prévoir pour la solution-mère, pour solubiliser les quantités
calculées des engrais.

Engrais Solubilité des engrais à Quantité à Volume minimal (en l)


20°C (en kg/l) apporter en kg pour solubiliser
l‟engrais

Nitrate d‟ammonium 1,92 23,68 12,33


MAP 0,37 5,18 14,00
Sulfate de potassium 0,11 34,80 316,36
Total 63,66 342,69

Le volume minimal de solution à préparer sera de 342 litres. Ce volume sera majoré d‟environ
33%, pour devenir 500 litres. D‟un autre côté, il n‟y a pas de problème d‟incompatibilité pour
mélanger les trois types d‟engrais.

Calcul du taux d‟injection (r) : il sera fonction de la concentration finale (Cf) désirée de la
solution-fille : Cf désirée = 1,5 g/l (elle doit être < 2 g/l) ;
 Puisque la concentration de la solution-mère (Cm) est de 63,66 Kg/500 l= 0,127 kg/l = 127
Kg/m3 = 127 g/l (cette concentration devrait être < 150 g/l)
 Le taux d‟injection r sera :

r = Cf/ Cm = 1,5 / 127 = 0,012 = 12 ‰

33
Calcul du débit d‟injection (Qinj) :
 Qinj = Débit disponible x taux d‟injection (12‰)
= 18000 l/heure x 0,012
= 216 l/heure

Il reste à contrôler la conductivité électrique de la solution-fille, c‟est-à-dire au niveau du goutteur.


On utilise la formule liant la concentration (en g/l) à la conductivité électrique (en dS/m) :
Cf (en g/l) = (ECfinale – ECinitiale) x 0,85
Dans laquelle : ECfinale = EC désirée au niveau du goutteur (en dS/m)
ECinitiale = EC naturelle de l‟eau d‟irrigation

Application numérique : EC initiale = 0,65 dS/m et Cf = 1,5 g/l

EC finale = (Cf – 0,65 ECinitiale ) / 0,85 = [1,5 – (0,85 x 0,65) ] /0,85 = 1,12 dS/m
La valeur de 1,12 est la conductivité que l‟on doit mesurer normalement au niveau de la solution
nutritive débitée au niveau du goutteur. Cette valeur pourrait différer légèrement par rapport à
celle prévue. La différence est normale lorsqu‟elle se situe dans un intervalle de ±10%.

En conclusion, la fertigation est une technique qu‟il faut mener avec soin et qui nécessite un
minimum de manipulation de calcul. Les producteurs de menthe ignorent dans leur grande
majorité toute procédure de calcul de solutions nutritives. Ils ne disposent en outre d‟aucun
moyen de vérification de la salinité au niveau du goutteur, et encore moins au niveau de la
solution de drainage.

3.6. Valorisation de la menthe ____________________________________________________________

La prise de conscience des marocains vis-à-vis des effets dangereux des résidus de pesticides
dans la menthe en particulier est telle que la consommation de cette espèce est aujourd‟hui
fortement compromise. Pour redorer le blason de ce produit et encourager la demande, le
recours à des méthodes respectueuses de l‟environnement est sine qua none du développement
de la culture de la menthe.

Le mode de production le plus recommandé est le « biologique ». C‟est un processus qui impose
l‟application de règles strictes contenues dans un cahier de charges. Tanji (2009) a préparé une
note très intéressante qui trace, d‟une façon très simple, les étapes à suivre et les techniques à
apporter pour conduire la menthe en mode biologique. Quelques extraits de cette note sont
résumés à l‟annexe 1 de ce document.

3.7. Coût de production et rentabilité_______________________________________________________

Pour une culture de menthe conduite en mode biologique, Tanji (2009) a dressé un tableau
présentant les postes de dépenses annuelles relatives à cette culture ainsi que la marge
bénéficiaire qui en découle (annexe 2). Les charges sont réparties sur une durée d‟exploitation

34
de trois années et les recettes sont relatives à 4 coupes par an. Les principaux renseignements
tirés de tte analyse sont les suivants :

 Les frais de main d‟œuvre impliquent essentiellement :


- Un ouvrier permanent chargé de la surveillance de la culture, l‟irrigation, la détection des
maladies et ravageurs et l‟entretien régulier de la parcelle. Ce travail est généralement
effectué par le producteur lui-même ou bien confié à un membre de sa famille . Ce poste
nécessite 365 journées de travail ;
- Les techniques culturales exigeant une main d‟œuvre importante, telle que l‟épandage
de fumier avant plantation (5 journées de travail), l‟incorporation au sol de fumier juste
après la coupe (5 journées de travail), les travaux de plantation proprement dite (10
journées de travail), les travaux d‟entretien (10 journées de travail/semaine x 52
semaines/an = 520 journées de travail/an) et les travaux de récolte (10 ouvriers x 20
jours x 4 coupes/an = 800 journées de travail).

 Les dépenses relatives aux frais de main d‟œuvre sont de l‟ordre de 23240 dirhams,
auxquelles il faut ajouter les frais de location de 1000 dirhams du tracteur pour les travaux
du sol et le traçage des lignes de plantation. Le total serait de 24240 dh

 Les dépenses qui sont amorties en trois années d‟exploitation concernent l‟aménagement
d‟un hangar de rangement des outils, les équipements de matériel d‟irrigation (le puits
étant exclu), le matériel de traitement phytosanitaire, l‟achat de plants certifiés de menthe.

 Les frais de certification estimés à 30000 dh sont également amortis en trois années.

 Dans ces conditions, le coût de production est estimé à environ 313000 dh/an.

 Les recettes sont calculées sur la base d‟un rendement de 2 kg/m², soit 20 tonnes /ha,
avec trois récoltes en première année et 4 récoltes en seconde année. Le prix de vente
est estimé à 12 dh/kg. Les recettes globales sont donc de l‟ordre de 720000 dh en
première année et 960000 dh en seconde et en troisième année.

 Dans ces conditions, la marge bénéficiaire est d‟environ 41000 dh en première année et
65000 dh en seconde et en troisième année.

En conclusion, le coût de production de 1 ha de menthe biologique ne diffère par rapport à la


menthe conduite de façon conventionnelle que par quelques postes de dépenses dont les frais
de certification et les frais de lutte phytosanitaire. Le prix de vente est supposé naturellement
supérieur pour le premier cas. La réalité de terrain montre combien le prix de vente varie (du
simple au quintuple) en fonction de la loi de l‟offre et de la demande.

35
CHAPITRE 4 : Protection phytosanitaire de la menthe

4.1. Introduction :

Au Maroc l‟étude de la faune et la flore associée à la menthe a fait l‟objet de plusieurs travaux
scientifiques ; on cite essentiellement les travaux menés par Tanji (2008) à Chaouia Abda (région
de Settat), ceux menés par El Housni et al. ( 2009) dans le Gharb et le Saiss sans parler des
travaux non publiés et qui souvent font l‟objet d‟exposés ou matière de vulgarisation mais dont le
contenu reflète une connaissance approfondie des problèmes auxquels se heurtent la culture
menthe au Maroc. La culture de la menthe gagne de plus en plus de l‟interét depuis que l‟opinion
publique a pris connaissance de la dangérosité de certaines pratiques phytosanitaires effectuées
inconsciemment par certains producteurs de menthe, ce qui menace l‟avenir de tout le secteur .

Les prospections faites dans la région de Chaouia-Abda (El Brouj et ouled Said, Had soualem ,
Berrechid) et au Saiss-Tafilalet (Ain Jemma, douar Riafaa) ont montré que quatre problèmes
phytosanitaires majeurs font l‟objet d‟interventions chimiques, à savoir, les noctuelles avec trois
espèces reportés, les pucerons, l‟oidium et la rouille. Alors que les mauvaises herbes font l‟objet
dans la quasitotalité des exploitations de desherbage chimique.

4.2 Problèmes phytosanitaires faisant l’objet d’interventions chimiques

4.2.1 Ravageurs

a. Les noctuelles

a.1 Importance des dégats

Trois espèces ont été mises en évidence dans la région de settat suite à l‟usage des pièges à
phéromones Helicoverpa ( heliothis) armigera , Spodoptera littoralis et chrysodeixis chalcytes (
Badr et Raki, 2008).D‟ailleurs les mêmes espèces de noctuelles ont été rapportées dans les
régions du Gharb et Saiss avec en plus l‟espèce Spodoptera exigua.
Ces espèces sont toutes polyphages. Les dégâts sont causés surtout par les larves de ces
lépidoptères qui s‟attaquent aux feuilles (photo 5). La période de risque se situe à partir du mois
d‟avril mais la pression du ravageur peut s‟aggraver en été par temps sec et chaud.

Photo 5 : Dégâts de noctuelles sur menthe

36
La chenille d‟ Heliothis armigera, verte à brune, qui passe par 5 stades larvaires, se reconnait
facilement grâce aux bandes claires et longitudinales, disposées sur chacun de ses côtés.

Les chenilles arpenteuses appelé vernaculairement “ lastik” , à espèce indéterminée en


l‟absence d‟adulte, constituent le problème majeur sur menthe aux yeux des agriculteurs dans la
région de Settat (photo 6 ). Ces chenilles ont été aussi rapportés par El housni ( 2009) dans la
Saiss.

Photo 6 : Chenilles arpenteuses (espèce indéterminée) rencontrées sur menthe à Settat

a.2 Méthodes mises en œuvre par les producteurs

La lutte contre les noctuelles est exclusivement chimique. Les interventions se font à titre curatif
à l‟observation des premières morsures de chenilles sur les feuilles ou des larves. En effet, les
producteurs ont acquis la technique de déceler la présence de ces larves pendant la journée en
dessous du feuillage au niveau de la partie inférieure de la plante. En absence de produits
pesticides homologués pour un quelconque usage sur la menthe, les producteurs recourent à
des insecticides qui sont d‟achat libre chez les revendeurs d‟intrants agricoles. D‟après la
déclaration des agriculteurs plusieurs matières actives sont d‟usage et ces matières actives sont
connues par leur performance contre les noctuelles sur d‟autres cultures telle que la tomate
(Tableau 17). Le choix des matières actives la fréquence des interventions et par suite le nombre
de traitements insecticides contre les noctuelles dépend surtout de la destination de la production
(marché local ou exportation) et par suite de la rentabilité de la culture. En effet la culture ne
bénéficie pas que peu de soin entre mai et juin puisque chaque année à cette période de l‟année
on assiste à une chute des Prix (région de Settat), sachant que dans cette même région, certains
agriculteurs s‟adonnent à l‟activité l‟exportation de la menthe à travers des intermédiaires entre
décembre et début mai. Donc l‟attitude en matière de pratiques phytosanitaires diffère selon la
destination de la production et la notion de délai d‟avant récolte revêt une grande importance
aux yeux des producteurs pour la menthe exportée.

Il faut noter que le choix des matières actives ne prend pas en considération leur mode d‟action
biochimique en vu d‟éviter ou surmonter le problème de résistance aux insecticides (Tableau 18).

En moyenne 3 à 4 traitements sont effectués contre les noctuelles pour les coupes coïncidant
avec la période de pression de ces ravageurs.

37
Tableau 17 : Matières actives et spécialités commerciales correspondantes les plus utilisées
contre les noctuelles à Chaouia et au Saiss

Délai d’avant
récolte rapporté sur spectre
matière active Spécialités commerciales utilisées Dose d’autres cultures en d'action
jours
1 à 30 Noctuelles,
Cypermethrine Arrivo 25 EC 300 cc/hl aleurodes
Déltaméthrine Decis Fluxx, Decis expert 100 cc/hl 3à7

Decis Protech 0,15 EW 0,5 L/hl Noctuelles


Lamda cyhalothrine Karate 5 EC 250 cc/hl 3 à 33 Noctuelles
Chlorpyriphos ethyl Chlornox 0,75L/ha 21 à 45 Noctuelles
Dursban 75 WG 80 g/hl

Endosulfan endosulfan 35 75 cc/hl 15 à 21 Noctuelles,


pucerons
Indoxacarb Avaunt 150 SC 25 cc/hl 3 à 10 Noctuelles
Jadarme 25 WP 150 g/hl
Méthomyl 150 à 250 Noctuelles,
Lannate 20 L ,Vitnam 20 cc/hl 7 à 14 pucerons,
180 à 200 mouche
Lannate 25 WP, Salvador 25 WP cc/hl blanche

Tableau 18: Mode d‟action biochimique des insecticides utilisés contre les noctuelles et leur
classification selon l‟IRAC

matière active groupe chimiquemode d'action biochimique IRAC code


3. agit au niveau du système nerveux central des
insectes en perturbant les échanges sodiques
Cypermethrine Pyrethrinoides (modulateurs) 3A
3. agit au niveau du système nerveux central des
insectes en perturbant les échanges sodiques
Déltaméthrine Pyrethrinoides (modulateurs) 3A
3. agit au niveau du système nerveux central des
insectes en perturbant les échanges sodiques
Lamda cyhalothrine Pyrethrinoides (modulateurs) 3A
Chlorpyriphos ethyl organophosphorés 1. inhibiteurs de l'acétylcholinesterase 1B
Endosulfan Organochlorés 2. GABA- cannal sodiul ( antagoniste) 2A
Indoxacarb Indoxacarb 22: Bloqueur au niveau du cannal sodium 22A
Méthomyl carbamates 1. inhibiteurs de l'acetylcholinesterase 1A

38
b. Les pucerons

Ce sont des ravageurs à suivre car fréquemment les agriculteurs assistent à des pullulations
surtout en été. Généralement on utilise un des produits listés dans le tableau, sauf qu‟il faut
prendre en considération la systémie du produit. En effet dans le cas ou des produits non
systémiques tels que le delthamethrine , le cypermethrine et le chlorpyriphos sont appliqués
par un pulvérisateur à dos, les pucerons restent hors atteinte engendrant ainsi un effet aphicide
faible.

c. Chrysolina menthastri (photo 7) : Occasionne de sérieux dégâts sur la menthe, les


adultes laissent des criblures rondes assez caractéristiques et différentes de celles provoquées
par les chenilles défoliatrices.

Photo 7 : Chrysolina menthastri sur menthe

d. Autres ravageurs à suivre

D‟autres ravageurs ont rapportés sur menthe par El housni (2009) cas d‟Agrotis ipsilon, ,
Pyrausta aurata, Ovatus menthastri, Frankiniella occidentalis mais qui sont méconnus jusqu‟ici
par les producteurs du moment qu‟il ne causent pas de dégâts notables

4.2.2 Maladies cryptogamiques

Les deux maladies les plus importantes sur la menthe sont la rouille et l‟oïdium.

a. Rouille

La rouille est une maladie cryptogamique causée par Puccinia menthae. Les symptômes
consistent à des tâches jaunes sur les jeunes tiges et des points bruns rouges sur la face
inférieure des vieilles feuilles. La rouille se développe par temps frais en automne et au
printemps (photo 8).

39
b. Oïdium

L‟oïdium est caractérisé par un feutrage blanc, d'aspect farineux qui couvre la surface des
feuilles. Les feuilles se dessèchent et tombent (photo 9). Il se développe à une humidité qui se
situe entre 50 et 90% et une température allant de 10 à 35 °C.

Photo 8 : pustules de ouille sur feuilles de menthe Photo 9 : oïdium sur feuille de menthe

4.3. Méthodes de lutte mises en œuvre pour lutter contre les maladies de la menthe

La lutte contre l‟oïdium et la rouille sur menthe est essentiellement chimique. Les fongicides
communément utilisés par les agriculteurs sont de deux types. D‟une part on des anti-oïdiums
spécifiques appartenant au groupe chimique des triazoles et qui sont des inhibiteurs de la
synthèse de l‟ergostérol (stérols entrant dans la composition des membranes des champignons).
A l‟exception du difeconazole qui actif contre la rouille. A côté un autre produit d‟usage courant
contre la rouille mais qui peut agir contre l‟oïdium, il s‟agit de l‟azoxystrobine qui appartient au
groupe des strobilurines qui se distingue par leur effet inhibiteur du processus respiratoire.
Comme pour le cas des insecticides, les délais de carence pour ces produits ne sont pas établis
pour le cas de la menthe en l‟absence d‟une limite maximale de résidus nationale. C‟est pourquoi
on va prendre quelques valeurs de DAR rapportées sur d‟autres cultures rien qu‟à titre indicatif
(Tableau 19).

Tableau 19 : Produits antifongiques utilisés sur menthe contre la rouille et l‟oïdium

Matière active Spécialité Spectre d’action Dose d’utilisation Délai de récolte


commerciale rapporté sur
d’autres cultures
Difenoconazole Score 250 C, rouille 500cc/ha 7 à 30
…etc.
Azoxystrobine Ortiva 25 SC… rouille, oïdium 50 cc/hl 3 à 30
penconazole Topas 100EC oïdium 15 à 25 cc/hl 7 à 30

Hexacnazole Hexa 5 SC oïdium 50 cc/hl 3 à 30

triadimenol Bayfidan 250 Oidium 50 cc/hl 3 à 28 jours


EC

40
4.3. Problème des mauvaises herbes

Suite à une étude d‟enquête effectuée par Tanji (2007), quatre espèces monocotylédones ont été
recensées comme espèces compétitives pour la menthe:

 la sétaire verticillée (setaria verticillata)


 le chiendent pied de poule ( cynodon dactylon)
 le souchet rond ( cyperus rotundus)
 L‟ivraie raide ( lolium rigidum)

Alors que pour les adventices dicotylédones, cinq espèces sont considérés comme redoutables
par les agriculteurs à savoir :

 le liseron des champs (Convolvulus arvensis)


 le pourpier ( Portulaca oleracea)
 les chénopodes (Chenopodium sp.)
 les amarantes (Amaranthus sp.)
 la morelle à feuilles d‟Elaeagnus

D‟après les prospections faites aussi bien dans la région de Settat que dans le Saïs, il parait que
le liseron est l‟espèce la plus envahissante des parcelles et même leurs alentours (photo 10)

Photo 10 : Envahissement des parcelles de menthe par le liseron

Comme le montre la photo 10 (à gauche) les adventices apparaissent quelques jours après la
plantation de la menthe. Mais, généralement les agriculteurs attendent à ce que ces plantes
adventices atteignent une hauteur d‟environ 30 cm pour procéder au premier binage à la sape.
Ces mauvaises herbes sont utilisées pour l‟alimentation du cheptel.

41
CHAPITRE 5 : Problèmes liés à l’utilisation des
pesticides sur la menthe et solutions
proposées

5.1 Introduction

Au Maroc les tentatives d‟intensifications de la culture de menthe surtout dans la région de Settat
pour conquérir les marchés extérieurs a amené les producteurs à mieux soigner leurs cultures
pour présenter un produit de qualité ; feuilles vertes, bien étalées et ne présentant pas de
nécroses ou de morsures d‟insectes. Pour ce faire ils ont du recourir à l‟utilisation des pesticides
et ce sans connaitre à priori les conditions d‟application sur cette culture puisque aucun pesticide
n‟a jamais été homologué sur cette spéculation pour un quelconque usage. Donc il y‟a nécessité
d‟examiner les pratiques phytosanitaires et de faire les études qui s‟imposent afin de remédier
aux problèmes qui découlent de l‟utilisation anarchique des pesticides sur cette culture.

5.2 Nécessité d’homologation des pesticides sur la menthe

Parmi les premières actions à entreprendre c‟est l‟incitation des professionnels à procéder à
l‟homologation de certaines matières pesticides, existant déjà sur le marché, ayant un profil
toxicologique, écotoxicologique intéressant et ayant démontré une bonne efficacité sur d‟autres
cultures contre des maladies et des ravageurs similaires à ceux de la menthe. De même il faut
mettre à profit certains essais d‟efficacité conduits par les services de l‟ONSSA (Badr et Raki,
2008). Par-dessus tout, les produits candidats à l‟homologation doivent être homologués dans
les pays vers lesquels se font les exportations de menthe. S‟il s‟agit de Europe, ils doivent être
inscrits à l‟annexe1 (Directive 91/414/CE).

5.2.1. Cas des insecticides contre les noctuelles et outils de lutte intégrée

Par analogie à ce qui se pratique sur d‟autres cultures telle que la tomate, les insecticides
prometteurs seront ceux compatibles avec la lutte intégrée, efficace pour les ravageurs visés,
non néfastes pour les auxiliaires et les organismes non ciblés, et à effet résiduel faible pour avoir
une très grande flexibilité d‟utilisation durant tout le cycle de production.

Dans le cas des noctuelles et particulièrement pour les principaux espèces identifiées,
on propose à ce que la lutte soit basée sur le suivi de la dynamique des populations de
ces ravageurs à travers l‟installation des pièges à phéromones, type Delta ( photo 11) ,
durant la période à risque qui débute en printemps.

42
Photo 11 : piège delta avec capsule de phéromone
déposée sur plaque engluée

Ces pièges permettent de déceler les premiers vols du ravageur ce qui permet de bien
positionner la première intervention chimique. D‟après notre expérience encourue sur tomate
industrielle de plein champ, cette première intervention est mieux positionnée sur la base des
pontes. Par la suite ces pièges, selon le nombre de males capturés, peuvent nous donner une
idée sur le dégrée d‟infestation sans prétendre pouvoir corréler les captures et les dégâts
observés.

Parmi les produits ayant un profil toxicologique et écotoxicologique intéressant et qui peuvent
bien contrôler les jeunes stades larvaires de ces noctuelles, sont les produits à base de Bacillus
thuringiensis qui peut aussi etre utilisé en culture de menthe biologique. D‟autres matières
actives qui présentent en plus d‟autres caractéristiques importantes telles que la systémie c‟est
le cas du methomyl et du flubendiamide, Azadirachtine A (extrait de Neem) qui peut être utilisé
aussi en culture biologique.Spinosad, un biopesticide qui peut éventuellement palier au
problème de résistance aux qui sont largement utilisés sur menthe.

5.2.2 Cas de des fongicides anti-oïdiums et antirouille

Dans le cas de de l‟oïdium, l‟utilisation intensive et presque exclusivement des triazoles laisse
supposer qu‟il y‟a un risque réel de résistance aux fongicides et qu‟il importe de suivre la
performance de ces matières actives dans la pratique. Donc i, à coté de la possibilité
d‟homologuer des triazoles des deux types (IBS type 1 et IBS type 2) tels que le cas du
triadimenol et du spiroxamide, il faut envisager l‟homlogation de strobilurines cas de
l‟azoxystrobine et de produits à base de soufre.

5.3 Techniques d’application des pesticides et densité de plantation

Pour la menthe un autre facteur d‟une importance primordiale et qui conditionne la réussite des
traitements, c‟est la technique d‟application de ces pesticides. En effet la quasi-totalité des
producteurs utilisent des pulvérisateurs à dos ( photo 12) vu la petitesse des parcelles, ce qui ne
permet pas à beaucoup de produits tels que les pyréthrinoides ( produits non systémiques) à
atteindre la cible vu la forte densité des plantes qui ne fait qu‟augmenter du cycle en cycle de
production et d‟année en année ( production généralement sur 5 ans avec 4 coupes par an).
D‟après les déclarations des producteurs, ceux parmi eux qui se sont procuré un pulvérisateur
motorisé à lances ont pu obtenir des résultats meilleurs et même réduire le nombre de
traitements.

43
Photo 12 : remplissage d‟un pulvérisateur à dos par une bouillie de
produit phytosanitaire (mesures de protection absentes)

5.4 Problèmes de résidus de pesticides sur la menthe

5.4.1 Résidus de pesticide


Un résidu de pesticide, selon le Codex Alimentarius, est „‟toute substance déterminée présente
dans les aliments, les denrées agricoles ou les produits pour l'alimentation animale à la suite de
l'utilisation d'un pesticide. Ce terme englobe tous les dérivés d'un pesticide, tels que les produits
de conversion et de réaction, les métabolites et les impuretés que l'on considère comme ayant
une importance sur le plan toxicologique.

5.4.2 Limite maximale applicable aux résidus (LMR)


Selon le règlement CE n° 396/2005, une LMR est une „‟concentration maximale du résidu d'un
pesticide autorisée dans ou sur des denrées alimentaires ou aliments pour animaux, fixée
conformément au règlement, sur la base des bonnes pratiques agricoles (BPA) et de l'exposition
la plus faible possible permettant de protéger tous les consommateurs vulnérables‟‟.

Le Codex adopte presque la même définition avec une expression différente: Les LMR sont
fondées sur des données concernant les BPA, et les aliments obtenus à partir des produits qui
répondent aux LMR applicables sont réputés acceptables sur le plan toxicologique.

Les exportateurs de menthe, savent désormais que l‟usage de toute matière active non autorisée
ou tout dépassement des seuils tolérés de résidus seront sanctionnés par le refoulement du lot
en entier à leur frais. Au Maroc, l‟Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des
Exportations (EACCE) est l‟organisme compétent pour contrôler l‟usage des pesticides
appliqués sur les denrées alimentaires destinées à l‟exportation. Les exploitants désirant exporter
doivent se conformer à la réglementation des pays destinataires et plus particulièrement en
matière d‟autorisation et de Limite maximale de résidus (LMR). Pour ce faire, l‟EACCE a mis à
leur disposition sur son site web (www.eacce.org.ma) une base de données LMR mise à jour
régulièrement. Elle établit la liste des matières actives pour l‟UE, l‟USA, et le Codex.

Bien que l‟on ne dispose pas de LMR nationales, la procédure habituelle veut qu‟en l‟absence de
LMR, les résultats soient tout simplement comparés aux LMR du Codex Alimentarius de la FAO

44
et de l‟OMS (pour les pays du codex cas du Maroc), une sorte de guide des bonnes pratiques et
de normes en matière de sécurité alimentaire.

5.4.3 Système de contrôle des résidus de pesticides au Maroc

l‟EACCE dispose d'un réseau de laboratoires couvrant le Centre, le Sud et l'Oriental (Figure 2).
Ces laboratoires sont outillés de moyens humains et matériels pour pouvoir effectuer entre autres
les analyses de résidus de pesticides afin de garantir le respect des réglementations sanitaires et
phytosanitaires exigées à l'exportation (LMR).

Au niveau national, un nombre limité d‟échantillons sont prélevés sur le marché afin de détecter
la présence de résidus de pesticides. L‟absence de LMR juridiquement contraignantes nuit au
suivi des contrôles positifs.

Pour les denrées alimentaires d‟origine végétale destinées à l‟exportation, on pourra dire que le
système de contrôle des résidus de pesticides est efficace dans la mesure où toute denrée
végétale exportée passe obligatoirement par des établissements de conditionnement
homologués.

Figure 2 : laboratoires d‟analyse de pesticides de l‟EACCE au Maroc

45
5.4.4 Législation Européenne en relation avec les résidus pesticides

Au niveau Européen ou se font la majeur partie des exportations marocaine , un cadre


législatif en vigueur depuis le 1er septembre 2008 le Règlement (CE) n° 396/2005 fixe les
quantités maximales autorisées de résidus de pesticides qui peuvent se trouver dans les produits
d‟origine animale ou végétale destinés à la consommation humaine ou animale. Ces limites
maximales de résidus (LMR) comprennent, d‟une part, des LMR spécifiques à certains aliments
à destination humaine ou animale et, d‟autre part, une limite générale applicable de 0,01 mg/kg
lorsque aucune LMR particulière n‟a été fixée.

L‟Office alimentaire et vétérinaire (OAV) de la commission européenne est chargé de veiller au


respect par les États membres et les pays tiers des législations communautaires vétérinaires,
phytosanitaires et d'hygiène des denrées alimentaires. Cet office contribue ainsi au maintien de
la confiance des consommateurs dans la sécurité des aliments qui leur sont proposés. Pour cela,
l'OAV effectue des audits, des contrôles et inspections sur place afin de vérifier la conformité aux
exigences requises en matière de sécurité et d'hygiène alimentaire tout au long de la chaîne de
production, que ce soient dans les États membres ou dans les pays exportant vers l'Union
européenne

5.4.5 Alertes sur les résidus de pesticides dans la menthe en provenance du Maroc

Les résidus de pesticides ne concernaient pas seulement la menthe exportée mais également la
menthe utilisée localement) puisque des lots de ce produit sont régulièrement signalés par le
Système (Européen) d'Alerte Rapide pour les Denrées Alimentaires et les Aliments pour
Animaux (RASFF selon son acronyme anglais : Rapid Alert System for Food and Feed ) comme
contenant des résidus de diméthoate, d'endosulfan, de chlorpyriphos, de cypermethrine ou
d'autres pesticides

C‟est ainsi que, dans le cadre du règlement 882/2004 du Conseil de l‟UE, relatif aux contrôles
officiels, l‟OAV a effectué une mission en 2006 au Maroc, portant sur le contrôle du système mis
en place par le Maroc pour le contrôle des résidus des pesticides dans les denrées d‟origine
végétale exportées vers l‟Union Européenne.

5.4.6 Constatations faites par l’OAV sur le système de contrôles des résidus de pesticides
dans les végétaux

Suite à la visite effectuée au Maroc en 2006, les experts de l‟OVA ont fait connaitre à la partie
Marocaine les quelques remarques qui suivent :

 Un nombre élevé d‟échantillons de menthe excédaient les LMR des pays de destination.
 Les registres relatifs à l‟utilisation des produits phytosanitaires par les producteurs de
menthe font défaut. Ceci est en contradiction avec les prescriptions du règlement
communautaire 852/2004, qui établit l‟obligation de tenir des registres pour les denrées
alimentaires importées dans l‟UE.
 Au Maroc, il n‟existe en fait qu‟un répertoire de pesticides établit par une ONG
(Association Marocaine de la Protection des Plantes), qui n‟a pas un caractère officielle.
Donc en absence d‟un registre officielle les inspecteurs européens ont jugés difficile le
contrôle de la commercialisation et de l‟utilisation des produits phytosanitaires au Maroc

46
5.4.7 Recommandations faites par l’OAV aux autorités marocaines

Concernant les résidus de pesticides dans les denrées alimentaires d‟origine végétale destinées
à l‟exportation vers l‟Union européenne,

1. Le Maroc devrait envisager d‟améliorer le dispositif de contrôle des résidus de pesticides


dans la menthe, afin de garantir que les produits respectent les critères définis par l‟Union
européenne, ou des conditions équivalentes, conformément aux prescriptions de l‟article
11 du règlement (CE) n° 178/2002;

2. le Maroc devrait envisager d‟élargir l‟éventail des matières actives recherchées et de


poursuivre l‟application des programmes de contrôle de la qualité dans les laboratoires de
l‟EACCE responsables de l‟analyse des résidus de pesticides, afin d‟améliorer l‟efficacité
des contrôles de la présence de résidus de pesticides;

3. le Maroc devrait envisager la mise en œuvre d‟un suivi systématique de toutes les
notifications émises par le système européen d‟alerte rapide pour les denrées
alimentaires et les aliments pour animaux (article 50 du règlement (CE) n° 178/2002), qui
portent sur des produits d‟origine végétale provenant du Maroc.

5.3 Conclusion

Pour améliorer la gestion phytosanitaire de la menthe et pour palier au problème de résidus de


pesticides souvent rapporté ou suspecté, on recommande ce qui suit :

1. Pour palier à l‟utilisation anarchique de matières actives de tout venant, il faut inciter la
profession à homologuer des pesticides sur la menthe. En effet lors de la procédure
d‟homologation on peut cerner un certain nombre de points à savoir : Dose, technique
d‟application, délai d‟avant récolte et LMR …etc ;
2. Organiser des sessions de formation sur le terrain (Field School) pour les agriculteurs
sur :

 L‟identification des maladies et ravageurs


 Les outils de protection intégrée ; Piégeage …etc.
 Préparation des bouillies ; acidification, test de compatibilité de matières actives
 Technique d‟application des pesticides et choix du pulvérisateur
 Sensibiliser les agriculteurs au problème de résidus et aux problèmes
d‟intoxication qui en découlent, notion de DAR …etc.
 Initier les agriculteurs aux bonnes pratiques phytosanitaires ; mesures de
protection des applicateurs, gestion des emballages, traitements des effluents
…etc.

3. Sur le plan législatif :

- Modification de la loi pour prendre des dispositions à caractère obligatoire concernant la


traçabilité et les enregistrements des interventions phytosanitaires au niveau des
exploitations.

47
- Etablir des LMR nationales juridiquement contraignantes ;

4. Mener des études sur l‟impact des pesticides sur l‟environnement (pollution des eaux
souterraines …etc.) ;
5. Suivre la performance des produits, une fois homologués, dans la pratique ;

Mais vu le niveau d‟instruction des producteurs et la petitesse des exploitations, il parait


nécessaire d‟œuvrer dans la création d‟un modèle d‟agrégation afin de pouvoir mener des
actions communes et faire bénéficier les agriculteurs d‟un encadrement technique de proximité.

48
Personnes ressources

Nom et prénom Organisme Téléphone Email

El Maghraoui FAO Rabat


Abdelaziz
Benida OMAR FAO Rabat
Chouibani Mekki ONSSA Rabat
Akel Meryem ONSSA Rabat
Badr FAOUZI Chef de service de l‟ ONSSA chaouia 0672226018 faouzi.badr@gmail.com
Ouardigua et Doukkala Abda - Settat
Moha Directeur régional de l‟ ONSSA chaouia 066068761 bchem@hotmail.com
BOUCHEBCHEB Ouardigua et Doukkala Abda - Settat

Benyaich miloudi ONSSA chaouia Ouardigua et Doukkala 0663607928


Abda - Settat
Morabih said CT ouled said 0674279151
Aissaoui Mostafa CT Berrechid 0663001902
Hicham Saaoud Directeur régional de l‟ONSSA de 0664161494 hichamsaoud@gmail.com
Meknès Tafilalet
Ettouhami tayeb Service de la protection des végétaux de 0666067414 Ett.sbz@hotmail.fr
Meknès
Radouane lahcen CT 2305 Ain Jemaa Mèknes 0667185936
Benaoui nezha DPA/SVP Meknès 0661256339
El HOUS Assya SPV Meknès ONSSA

49
Sources bibliographiques

 EACCE, 2006. Actualités export Campagne 2006-2007/N°21 Revue Trimestrielle


 Badr F. et raki I., 2008. ‫النتائج األولية لتجارب فعالية المبيدات مصلحة وقاية النباتات بسطات‬ ‫الحماية الصحية لزراعة‬
‫النعناع‬. Mars 2008. ONSSA /settat.
 Aidoudi, 2008. Gestion des résidus de pesticides sur les fruits et légumes destinés à
l‟exportation Séminaire sur le Secteur des Pesticides au Maroc organisé par ANIPHOP,
complexe d‟Agadir : 8-9 Mai 2009 à Agadir.
 Anonyme, 2006. Extrait d‟un rapport d‟une mission de l‟Office Alimentaire et Vétérinaire
(OVA) effectuée au Maroc du 15 au 21 novembre 200 DG (SANCO)/8131/2006 – RS FR

50
Annexe 1

Techniques culturales adaptées à la production de la menthe


en mode biologique (Tanji, 2009)

Rappel des étapes de la certification

1) Avant de planter la menthe biologique, l‟intéressé commence d‟abord par solliciter un


organisme de certification accrédité pour vérifier l‟opportunité d‟une certification. Faire une
demande de certification à l‟aide du questionnaire de pré-enquête fourni (QPE) qu‟il faut
envoyer à l‟organisme de certification pour obtenir un devis. L‟organisme de certification
vérifie que le contrôle et la certification sont possibles et prépare le cas échéant un devis
correspondant aux critères fixés. Un contrat de prestation entre l‟organisme de
certification et le demandeur est joint au devis. Il est préférable que des organismes
locaux soient chargés de la certification, et que cette certification soit reconnue en Europe
et aux USA.
2) En signant le contrat, le demandeur s‟engage à a) avoir pris connaissance du référentiel
et du processus de certification, b) accepter les visites de contrôle nécessaires
(annoncées ou imprévues) sur les lieux concernés par le produit à certifier, c) accepter le
prélèvement d‟échantillons pour analyses, et d) accepter l‟accès aux informations
techniques notées régulièrement dans un registre.
3) Avant de planter, une analyse de sol est nécessaire pour chercher les résidus de
pesticides.
4) Le producteur doit planter des plants issus d‟une parcelle certifiée « bio ».
5) Après la plantation, l‟intéressé planifie une conversion. Un projet de conversion à
l‟agriculture biologique doit prévoir également la formation de l‟agriculteur. Le registre
dans lequel sont consignées toutes les informations et opérations culturales réalisées doit
être à jour. Aussi, il est nécessaire d‟être au courant de la législation.
6) L‟organisme de certification procède à une inspection régulière de la culture jusqu‟à la
certification finale. Lors des visites, des prélèvements d‟échantillons sont effectués sur les
produits à certifier. Ces échantillons sont envoyés pour analyse auprès de laboratoires.
Un rapport d‟évaluation est remis au terme de chaque visite. Il comprend une synthèse
des vérifications effectuées et des éventuelles non-conformités observées.
7) Si le rapport final est valable, le producteur reçoit le certificat mentionnant le produit
certifié. Le label « Bio » peut être mentionné sur les emballages.

Travail de sol, fertilisation et plantation


La préparation du lit de plantation se prépare de deux manières.

1) Epandage du fumier suivi du travail du sol et de la plantation

Après l‟épierrage, il faut apporter le fumier à raison de 30 tonnes/ha. Le fumier doit être issu
d‟animaux qui ne consomment que l‟alimentation naturelle (plantes, paille, etc…).

Après épandage du fumier, il faut faire un labour profond au chisel ou à la charrue à socs ou à
disques et ensuite un travail superficiel au cover-crop ou à l‟araire. Les boutures (tiges entières

51
attachées aux fragments de rhizomes) doivent être enfouies au 2/3 dans le sol. Un plan de
plantation en lignes espacées de 1 mètre facilite l‟irrigation goutte-à-goutte et le passage des
ouvriers pour réaliser les différentes opérations culturales : binage, fertilisation, traitements et
récolte. Chaque poquet est composé de 1 à 4 boutures, et les poquets sont espacés de 20 à 30
cm.

La plantation peut avoir lieu pendant toute l‟année, l‟essentiel est d‟irriguer les boutures
immédiatement après la plantation. Il est préférable de planter les boutures de cultures de 1 à 2
ans d'âge. En général, le taux de réussite ou de la reprise des plants avoisine les 100%, et les
plantes sont exubérantes dès 30 jours après la plantation.

2) Confection des buttes sandwich suivies de la plantation

L‟agronome français Robert Morez propose la butte sandwich le long des lignes de plantation.
C‟est une technique qui permet une bonne fertilisation du sol, une forte économie d‟eau et une
production agricole acceptable.

Voici les démarches à suivre :

a. Creuser une tranchée à 35 cm de profondeur. Réserver la terre extraite en tas débarrassés


des pierres, racines et herbes : gardez une terre propre.

b. Garnir le fond avec des branches coupées à 30 cm de long + ronces, lianes et autres plantes.
Ranger et tassez le mieux possible pour stocker le maximum de matières ligneuses sur 25 cm
d‟épaisseur environ. L‟utilisation de broyat forestier facilite le travail. Arroser copieusement. Un
peu d‟argile, de terre ou de cendre de bois entre les couches enrichit l‟ensemble.

c. Etendre des feuilles mortes ou vertes sur une épaisseur d‟environ 20 cm. A défaut, utilisez
paille ou foin. Tassez et arrosez.

d. Par-dessus, ajouter une couche de 10 à 15 cm de compost ou de fumier (bouses, fientes,


etc....). Ne plus tasser.

e. Couvrir avec la terre extraite. Aplanir, établir les passages (passe-pieds) de 30 cm de large,
tous les 120 cm, en étalant de la paille, écorces, branches ou planches pour circuler sans trop
tasser le sol.

f. Planter la menthe.

g. Arroser en utilisant des "entonnoirs" (bouteilles, tuyaux ...).

3) Compostage

Le compostage est un procédé biologique aérobie qui permet la stabilisation par dégradation et
réorganisation de la matière organique. Il conduit à l‟obtention d‟un compost destiné à être utilisé
comme matière fertilisante ou support de culture. Cette fermentation des déchets organiques
(paille, feuilles, herbes, branchages et résidus de culture) en présence de l‟oxygène de l‟air peut
s‟effectuer toute l‟année dans des conditions contrôlées de température et d‟humidité.

52
Pour un compostage de 2 mois, voici les étapes suivies à la ferme pédagogique de Dar Bouazza
par Terre & Humanisme :

1. Entreposer les débris végétaux autorisés pour le compostage bio dans un coin de la
parcelle. L‟emplacement doit être choisi près d‟un point d‟eau, proche d‟un accès facile et
à l‟abri du vent. N‟utiliser que les matériaux autorisés pour le compostage destiné à la
menthe biologique.
2. Préparer une fosse de 20 cm de profondeur, de 3 m de longueur et 1,60 m de largeur
dans un endroit abrité et bien isolé.
3. Procéder au compostage en tas en utilisant par exemple les dimensions suivantes : 3 m
de longueur à la base x 1,60 m de largeur à la base, 2 m de longueur en haut x 0,80 m de
largeur x 1,20 m d‟épaisseur.
4. Déposer les déchets organiques en plusieurs couches superposées ayant chacune 20 à
30 cm d'épaisseur. Une couche est composée de : a) de 2 cm de sol à la base, b) d‟une
couche de fumier de 5 à 10 cm d‟épaisseur, c) d‟une couche de paille trempée de 15 à 20
cm d‟épaisseur, et enfin d) de la cendre (5 poignées par exemple).
5. Construire ainsi plusieurs couches de matériaux selon l‟ordre : terre ou terreau (à la
base), fumier, paille trempée, branches et cendre (en haut) jusqu‟à avoir 1,20 m
d‟épaisseur. Procéder ensuite au mélange des couches avec une fourche ou un bâton.
6. Ne jamais tasser l‟intérieur du tas, mais tasser légèrement les bords pour garder la
stabilité du tas.
7. Ajouter un manteau de protection en paille et branchage tout à fait en haut.
8. Arroser si nécessaire pour compléter le trempage.
9. Contrôler la température à l‟intérieur du tas par un thermomètre ou un simple fer à béton.
C‟est en contrôlant la température à l‟intérieur du tas de compost que l‟on peut savoir si la
fermentation se déroule normalement. De façon pratique, il suffit d‟enfoncer une tige de
fer à béton suffisamment longue pour atteindre le cœur du tas. Après 4 à 5 jours suivant
l‟édification du tas, la température doit atteindre son optimum (60 à 70 C). Il suffit de
retirer la tige et d‟en palper le bout avec la main pour le constater sommairement. A la fin
des 2 mois, la température du compost doit être égale à celle de la main (environ 30 C).
Le compost est fait débarrassé des organismes pathogènes.
10. Faire un retournement tous les 15 jours. Les matériaux sont à chaque fois mélangés,
aérés et suffisamment arrosés, sans les noyer, pour reconstituer l‟équilibre air-eau et
réactiver les micro-organismes qui fabriquent l‟humus.
11. Obtenir un bon compost qui est caractérisé par : a) une bonne odeur de sous bois, b) la
montée en température à l'intérieur, parfois élevées jusqu'à 60°C, c) la couleur brune ou
noire, et d) la présence de vers de terre et autres invertébrés.
12. Utiliser le compost pour a) le paillage pour couvrir le sol d'une couche organique (compost
frais, écorces, paille, plantes sèches, etc...), pour protéger la terre contre le soleil, la pluie
et le vent, pour réguler la température et maintenir l'humidité du sol, b) le mulching pour
répandre le compost sur le sol et l'enfouir dans les 10 premiers centimètres, c)
l‟amendement organique pour améliorer la qualité de sol (rétention d'eau, aération,
libération progressive d'éléments nutritifs) avant de planter les végétaux sur un sol fertile.

53
4) Fertilisation autorisée sur la menthe biologique

 Le fumier d‟animaux qui ne consomment que les plantes est valable. Par exemple, la
quantité apportée par CEFA avant la plantation et une fois par an a été de 50 tonnes/ha
(5 kg/mètre linéaire).
 Riche en K, la cendre de bois à la dose de 2 à 3 kg par mètre linéaire a donné entière
satisfaction chez CEFA. L‟épandage se fait sur les lignes de menthe après la récolte mais
avant le démarrage des repousses.
 Terre & Humanisme emploie le purin d‟ortie qui s'obtient par macération plus ou moins
prolongée de plantes dans une bouteille ou un récipient. Il a deux usages essentiels : a)
c'est un engrais efficace qui stimule la croissance des plantes et un fortifiant que l'on
pulvérise sur les plantes pour les rendre plus résistantes aux maladies et aux ravageurs,
b) c‟est un excellent pesticide de contact contre les maladies et les ravageurs. La
préparation et l‟utilisation du purin d‟ortie se font en plusieurs étapes :
a) Collecter les plantes d‟ortie,

b) Hacher grossièrement 1 kg d'orties fraîches ou 200 g d‟orties sèches et les


mettre dans 10 litres d‟eau de pluie,

c) Laisser macérer : 12 à 24 heures à 18°C pour obtenir un effet insecticide et


fongicide et 10 à 15 jours à 18°C pour servir d'engrais et de stimulateur de
croissance. Le mélange ne doit plus produire de bulles lorsqu'on le remue,
d) Filtrer et répandre la préparation soit avec le pulvérisateur à raison de 5 à 10%
pour les traitements foliaires (5 à 10 litres de purin d‟ortie dans 100 litres
d‟eau), et soit avec l‟arrosoir à raison de 10 à 20% au pied des plantes (10 à
20 litres de purin d‟ortie dans 100 litres d‟eau), et
e) Conserver le purin concentré pendant plusieurs semaines.

 Pour corriger les carences en différents éléments et oligoéléments, plusieurs engrais


foliaires sont permis sur la menthe biologique. L‟essentiel est de respecter les doses
indiquées sur les emballages. A titre indicatif, voici quelques doses utilisées par CEFA sur
la menthe bio : ALTER ORGA (150 g/mètre linéaire), BIOLCAN RIZOACTIV (3-4 L/ha),
CANARY FUNG (2 – 2,5 ml/L), SANTALGUE (300 ml/hl), UFAMER MIXTE (300 ml/hl),
etc…

Protection phytosanitaire
Les principaux ravageurs et maladies de la menthe biologique seraient les mêmes que ceux de
la menthe non biologique. Et il faut garder en tête que l'intention des traitements et autres
interventions n'est pas d'éliminer ces ennemis mais de les contrôler biologiquement et du même
coup, de réduire les dégâts. Pour bien gérer les ennemis de la menthe biologique, il faut :

a) faire le tour de la parcelle une fois par jour et scruter les plantes et le sol. Noter le plus de
données possibles sur un registre.

b) favoriser la résistance naturelle de la menthe aux maladies et ravageurs. Ne pas oublier le sol
(fertilisation, irrigation, entretien) car un sol sain ne peut donner que des plantes saines.

54
c) planter un mélange d‟au moins deux cultures. Etablir un jumelage ou un compagnonnage
approprié de la menthe avec d‟autres cultures.

d) bien identifier le problème et les solutions convenables en ayant recours a) aux laboratoires
publics ou privés spécialisés, b) aux livres et documents techniques, c) à l‟internet, et d) aux
agriculteurs qui ont de l‟expérience avec la menthe biologique.

e) établir un programme de contrôle. Une des premières solutions consiste à chercher des
recettes faites à base de plantes et de produits naturels disponibles ou qui se trouvent dans le
commerce.

Voici quelques recettes pour contrôler les insectes ravageurs de la menthe biologique.

a) Association de cultures ou compagnonnage

On peut réduire la sévérité des infestations des différents insectes et acariens en associant la
menthe avec d‟autres cultures comme l‟absinthe, l‟ail, l‟anis, le basilic, la carotte, le céleri, le
chou, la coriandre, la courgette, le fenouil, l‟oignon, le poivron, le romarin, la salade, la sauge, la
tomate, le tournesol, etc..

Les légumes du jardin ayant des besoins et des modes de végétation différents, peuvent, au
voisinage les uns des autres, exercer des influences néfastes sur les ravageurs.

b) Prédateurs

Le plus efficace des insectes auxiliaires est sans aucun doute la coccinelle, qui de l'état de larve
à l'état adulte arrive à consommer des milliers de pucerons. Ce petit insecte est bien
reconnaissable à son manteau rouge à points noirs. Il ne ressemble en rien à ses larves qui sont
souvent prises pour des insectes ravageurs.

Les larves de coccinelle s'attaquent aux pucerons, et se métamorphosent au cours de mues


successives pour se transformer en nymphe et devenir adulte. Les orties sont des plantes qui
hébergent les pucerons, et peuvent jouer le rôle d‟abri pour les coccinelle.

c) Savon noir

Le savon noir détruit la couche cireuse recouvrant le corps des insectes qui est composé
d'acides gras et obstrue les organes de respiration des insectes. Il ne faut pas hésiter à
l‟employer car il ne représente aucun danger pour l'environnement. Comme c'est un insecticide
de contact, il faut traiter directement sur les insectes à la dose de 2,5 kg/hl d‟eau. On peut ajouter
de l‟alcool à brûler, l‟huile, etc….

d) La bactérie Bacillus thuringiensis

Dans le cas d‟une forte infestation, on peut utiliser un produit contenant Bacillus thuringiensis. Ce
produit donne une maladie à toutes les chenilles qui finissent par crever. C'est un produit naturel
et inoffensif pour les animaux, oiseaux et les humains.

55
Des essais effectués en 2006-07 et 2007-08 dans la province de Settat ont montré la possibilité
de bien contrôler les larves des noctuelles en traitant avec des bio-insecticides à base de Bacillus
thuringiensis (Faouzi & Erraki, 2008).

Les produits contenant Bacillus thuringiensis homologués au Maroc sont : BACTOSPEINE,


BATIK, BT GOR, DIPEL, FORAY, HALT, XENTARI, etc… (Index Phytosanitaire Maroc, 2008).

En cas d‟infestation, il faut bien traiter la menthe avec l‟un des produits cités ci-dessus à la dose
recommandée sur l‟emballage. Répéter les traitements s‟il le faut quelques jours plus tard.
Quelques insecticides biologiques à base d‟Azadirachtin sont actuellement homologués au
Maroc pour le contrôle des pucerons : NEEMIX 4,5 (45 g/l), OIKOS (31,95 g/l), etc… Cette
matière active est extraite des graines de l‟arbre de Neem (Azadirachta indica). La dose de 70 ml
de produit commercial par hl donne un bon résultat sur les pucerons et autres insectes.

e) Collecte et ramassage des insectes

La meilleure façon de prévenir les infestations de ce ravageur consiste à récolter manuellement


ces insectes et les tuer.

f) Purin d‟ortie

Le purin d‟ortie peut être un bio-pesticide obtenu par macération de plantes dans une bouteille ou
un récipient. C‟est un excellent pesticide de contact contre les maladies et les ravageurs. La
préparation et l‟utilisation du purin d‟ortie se font en plusieurs étapes :

* Collecter les plantes d‟ortie,

* Hacher grossièrement 1 kg d'orties fraîches ou 200 g d‟orties sèches et les mettre dans 10 litres
d‟eau de pluie,

* Laisser macérer 12 à 24 heures à 18°C pour obtenir un effet insecticide et fongicide. Le


mélange ne doit plus produire de bulles lorsqu'on le remue, et

* Filtrer et appliquer la préparation avec le pulvérisateur à dos à raison de 5 à 10% pour les
traitements foliaires (5 à 10 litres de purin d‟ortie dans 100 litres d‟eau),

g) Irrigation

Les puces ou altises sont des petits insectes sauteurs dévorant les feuilles en les criblant de
trous et provoquant leur décoloration. Les larves vivent sur les racines.

Pour limiter les infestations, il faut pailler et arroser le sol car ces insectes prolifèrent en période
de sécheresse.

h) Escargots et limaces

Les limaces et les escargots sont plutôt nocturnes et aiment la pluie. Ils prolifèrent par temps
humide dans des sols mal drainés. Ils grignotent les feuilles de la menthe, les souillent

56
d‟excréments, ce qui cause des ravages et des dégâts intolérables. Voici quelques recettes pour
contrôler les escargots et les limaces :

 Le ramassage manuel (en utilisant des gants ou des cuillères) est efficace s'il est poursuivi
avec acharnement. Par ailleurs, on peut mettre des planches de bois dans la parcelle de
menthe, et passer régulièrement pour collecter ces ravageurs, car ils s'y abritent en dessous
à l‟ombre et à l‟humidité. Si on ne veut pas les tuer après le ramassage, il faut aller les
perdre plus loin de la parcelle de menthe dans un terrain vague.

 Le sable et des cendres peuvent être utilisés comme "barrières" en entourant la parcelle de
sable ou de cendre de bois, ce qui est efficace surtout quand il ne pleut pas.

 Certains prédateurs de limaces et d‟escargots peuvent être lâchés dans la parcelle de


menthe : les canards, les crapauds, les grenouilles, les hérissons.

 Les limaces et les escargots fuient l‟odeur de l‟eau de javel. Il suffit donc de mettre de l‟eau
de javel contenant 12 % de chlore dans des récipients ou des morceaux de bouteilles en
plastique et de placer ensuite ces récipients autour de la parcelle de menthe.

 De même, on peut faire fuir les limaces et les escargots en mettant de autour de la parcelle
de menthe.

i) Agents pathogènes

Les deux maladies les plus importantes sur la menthe sont la rouille et l‟oïdium. Ces maladies se
propagent au gré du vent, et leur développement est favorisé par la chaleur et l‟humidité. Voici
quelques recettes pour contrôler les agents pathogènes qui s‟attaquent à la menthe biologique :

 Association de cultures ou compagnonnage

Dans une même parcelle, il faut faire une association de la menthe avec d'autres légumes ou
espèces végétales. Ceci limite la propagation des maladies.

 Huile de Neem

TRIACT 90 EC est un fongicide biologique homologué au Maroc et contenant 900 g/l d‟huile de
Neem. La dose de 1 L/hl est efficace sur les maladies de la menthe.

 Soufre

En cas de fortes attaques d‟agents pathogènes, traiter au soufre de manière préventive ou dès
l‟apparition des premiers symptômes de maladies. Les produits soufrés homologués au Maroc
sont : COSAVET DF (200 g/hl), DREXEL SULFA 80 W (500 g/hl), ELOSAL (500 g/hl),
KUMULUS DF (500 g/hl), MICROPLUS SUPER (500 g/hl), MICROTHIOL (500 g/hl), REDESUL
M (500 g/hl), RESSUL 80 WL (500 g/hl), SOFA 80 (500 g/hl), SUFFRITE 80 WP (500 g/hl),
SULFAMU (500 g/hl), SULFOPRON (500 g/hl), THIOVIT JET (500 g/hl), TIOSOL 800 (120 g/hl),

57
WETASSUL (500 g/hl), etc… (Index phytosanitaire Maroc, 2008). Les doses et les modalités
d‟application sont mentionnées sur les emballages.

 Sulfate de cuivre ou Bouillie Bordelaise

Elle est efficace contre différents agents pathogènes responsables de la rouille, de l‟oïdium et
autres maladies. Les traitements préventifs limitent considérablement le développement des
maladies. Il faut l‟employer raisonnablement et avec précaution pour éviter les brûlures du
feuillage. La coloration bleue du feuillage n‟est pas très discrète, mais il faut traiter surtout au
stade jeune de la culture.

Les produits contenant le sulfate de cuivre homologués au Maroc sont : BORDEAUX CAFFARO
(1,2 kg/hl), BOUILLIE BORDELAISE (1,2 kg/hl), COVAX M (300 g/hl), CUIVROBOR (750 g/hl),
CUPROXAT (400 ml/hl), PARCOS (1,2 kg/hl), SUPER COLOSS (1,2 kg/hl), etc… (Index
phytosanitaire Maroc, 2008). Les doses et les modalités d‟application sont précisées sur les
emballages.

 Purin d‟ortie

Le purin d‟ortie peut être utilisé comme un bio-fongicide après macération de plantes dans une
bouteille ou un récipient. C‟est un excellent fongicide contre les maladies. La préparation et
l‟utilisation du purin d‟ortie se font en plusieurs étapes :

* Collecter les plantes d‟ortie,

* Hacher grossièrement 1 kg d'orties fraîches ou 200 g d‟orties sèches et les mettre dans 10 litres
d‟eau de pluie,

* Laisser macérer 12 à 24 heures à 18°C pour obtenir un effet fongicide (et également
insecticide). Le mélange ne doit plus produire de bulles lorsqu'on le remue, et

* Filtrer et appliquer la préparation avec le pulvérisateur à dos à raison de 5 à 10 % pour les


traitements foliaires (5 à 10 litres de purin d‟ortie dans 100 litres d‟eau).

 Oignon et ail

Mettre 500 g d‟oignon frais dans 10 litres d'eau. Laisser fermenter, filtrer et traiter contre les
maladies. L‟ail est également valable, mais il risque de laisser des odeurs dans la menthe.

58
Annexe 2
Estimation du coût de production et de la marge bénéficiaire de la culture de la menthe
dans la région de Settat

Dépenses totales (en DH/ha) sur 4 ans d’existence de la menthe


Rubrique Explication
1ère année 2ère année 3ère année
Loyer du terrain 1 hectare 10.000 10.000 10.000
Un ouvrier permanent sur place sinon l’agriculteur ou bien quelqu’un de la famille qui surveille la parcelle de menthe et exécute les
Un ouvrier permanent opérations culturales pendant 4 ans 21.900 21.900 21.900
1 an = 365 jours x 60 DH = 21.900 DH/an
* Aménagement d’un hangar (d’environ 5 m x 4 m) pour y mettre les équipements, les produits, le matériel de traitement, etc…,
amortir sur 10 ans, 20.000 DH/10 = 2000 DH/an, aménagement d’une salle (10 m x 5 m) pour emballer les bottes avant de les
Aménagement des locaux 7,000 7,000 7,000
envoyer au marché + tables + chaises + balances + lumière, etc.. , aménagement d’une toilette + lavabo, etc…, amortir sur 10 ans,
50.000 DH/10 = 5000 DH/an
30 tonnes à l’hectare avant les labours et l’installation de la culture = 6000 DH/an + épandage par 5 ouvriers x 60 DH = 300 DH/an,
2.100 2.100 2.100
amortir sur 3 ans, 6300 DH/3 = 2100 DH
Fumier
10 tonnes après chaque coupe (4 coupes/an), 4 x 2000 DH = 8000 DH/an + épandage 4 fois x 300 DH (5 ouvriers x 60 DH) = 9.200
9.200 9.200 9.200
DH/an
Charrue à disques : 400 DH 134 133 133
Labour et préparation du lit de plantation Cover crop x 2 fois : 500 DH 167 167 166
Traçage des lignes de plantation au cover crop, 250 DH/3 = 83 DH 84 83 83
On suppose que le puits existe déjà, moteur à gaz butane (10.000 DH) + pompe à arbre (20.000 DH) + installation des tuyaux
goutte-à-goutte (30.000 DH) 20.000 20.000 20.000
* amortir sur 3 ans, 60.000 DH/3 = 20.000 DH
Equipement en goutte-à-goutte
Irrigation pendant 2 heures/jour, environ 365 irrigations par an x 30 DH pour gaz butane + ouvrier permanent déjà comptabilisé =
10.950 10.950 10.950
10.950 DH
Entretien du matériel et du réseau d’irrigation = 5000 DH/an 5,000 5,000 5,000
Achat de plants certifiés payés à l’avance mais amortis sur 3 ans d’existence de la menthe 10,000 10,000 10,000
Achat des plants de menthe certifiés
Plantation manuelle 10 ouvriers/ha/jour x 60 DH = 600 DH 200 200 200
Binage Achat de 10 sapes x 100 DH = 1000 DH 334 333 333
1 opération par semaine, 10 ouvriers x 60 DH = 600 DH, 600 DH x 52 semaines = 31.200 DH/an 31.200 31.200 31.200
Achat de 2 pulvérisateurs (un pour les traitements insecticides + rampe et un pour les traitements fongicides + rampe) + blouse +
1,000 1.000 1.000
bottes + gants + chapeau (total = 3.000 DH)
Insecticides = huiles, savons, alcools, etc…, 200 DH/traitement x 52 semaines/an = 10.400 DH/an, traitement par l’ouvrier
Protection phytosanitaire 10.400 10.400 10.400
permanent déjà comptabilisé
Fongicides = soufre, etc… , 200 DH/traitement x 10 fois par an = 2000 DH/an 2,000 2,000 2,000
Molluscides = son de blé, cendre, chaux etc…, 50 DH/traitement x 4 fois par an (en hiver) = 200 DH 200 200 200
10 faucillettes x 60 DH = 600 DH 200 200 200
Feuilles de palmier nain ou Doum 100 DH x 4 coupes par an = 400 DH/an 400 400 400
Récolte
10 ouvriers x 20 jours x 4 coupes x 100 DH = 80.000 DH 80,000 80,000 80,000
Transport du champ aux marchés, 20 chargements de camion/coupe x 1000 DH x 4 coupes 80,000 80,000 80,000
Frais de certification Frais de certification 30.000 DH/3 ans = 10.000 DH/an 10,000 10,000 10,000
COUT DE PRODUCTION A L’HECTARE 312.469 312.466 312.465
PRIX DE VENTE 1 kg/mètre linéaire = 2 kg/m²
20 tonnes/coupe x 3 coupes la première année, 60 tonnes x 12 DH 720.000 960.000 960.000
20 tonnes/coupe x 4 coupes 2ème et 3ème année, 80 tonnes x 12 DH
BENEFICES 407.531 647.534 647.535
60

Das könnte Ihnen auch gefallen