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Agrégation de Mathématiques

Problèmes corrigés

J. E. Rombaldi

3 janvier 2006
ii
Table des matières

1 Agrégation externe 1975, épreuve 1 1


1.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2 Agrégation externe 1978, épreuve 1 19


2.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

3 Agrégation externe 1979, épreuve 1 37


3.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

4 Agrégation externe 1989, épreuve 1 53


4.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

5 Agrégation externe 1990, épreuve 1 71


5.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

6 Agrégation externe 1991, épreuve 1 89


6.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
6.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

7 Agrégation externe 1995, épreuve 1 107


7.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
7.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

8 Agrégation externe 1998. Épreuve 1 131


8.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
8.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

9 Agrégation externe 1999. Épreuve 1 147


9.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
9.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152

10 Agrégation externe 2000. Épreuve 1 167


10.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
10.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172

iii
iv

11 Agrégation externe 2001. Épreuve 1 187


11.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
11.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

12 Agrégation externe 2002. Épreuve 1 201


12.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
12.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207

13 Agrégation externe 2003. Épreuve 1 227


13.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
13.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231

14 Agrégation externe 2004. Épreuve 1 243


14.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
14.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246

15 Agrégation externe 2005. Épreuve 1 257


15.1 Énoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
15.2 Corrigé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261

Bibliographie 275
1
Agrégation externe 1975, épreuve 1

Ce problème a pour objet l’étude des formes quadratiques non dégénérées positives sur Qn , des
matrices symétriques d’ordre 2 et 3 à coefficients entiers et des réseaux de Qn , c’est-à-dire
des sous groupes de Qn engendrés par une base de Qn .
Il ne nécessite pas beaucoup de connaissances préalables. Toutefois, les points qu’il peut être
utile de réviser sont les suivants :
— formes quadratiques sur un corps commutatif de caractéristique différente de 2, représen-
tation matricielle, changement de bases ;
— réseaux de Rn .

1.1 Énoncé
La partie I est indépendante des deux suivantes.

–I–

n étant un élément de N∗ (entier naturel non nul), on note (π1 , π2 , · · · , πn ) la base canonique
de Qn . La matrice d’une forme quadratique q relative à cette base est appelée matrice canonique
de q ; q est dite définie positive si q (x) ≥ 0 pour tout x.
Mn (Q) (resp. Mn (Z)) est l’algèbre des matrices carrées d’ordre n à coefficients dans Q (resp.
Z). GLn (Q) (resp. GLn (Z)) est le groupe multiplicatif des matrices inversibles de Mn (Q) (resp.
inversibles de Mn (Z)). I est la matrice unité de Mn (Q) . t M (resp. det (M)) est la transposée
(resp. le déterminant) de la matrice M. Dans cette première partie, n ne prend que les valeurs
2 et 3.
µ ¶
2 u v
1. Soit q une forme quadratique de Q , de matrice canonique M = ∈ GL2 (Z) .
v w
On pose δ = det (M) . Montrer que, si q est non dégénérée, positive, alors δ = 1.
2. On suppose toujours M ∈ GL2 (Z) et, pour cette question et la suivante : δ = 1. Montrer
que l’une des deux formes q ou −q est non dégénérée, positive.
3. (a) Admettant ici que qµest non dégénérée,
¶ positive, démontrer, pour u 6= 1,
µ l’existence

−s 1 0 t u0 v0
d’une matrice P = ∈ GL2 (Z) telle que, si M = P MP = ,
1 0 v 0 w0
u
alors 0 < u0 ≤ .
2

1
2 Agrégation externe 1975, épreuve 1

(b) En déduire l’existence de N ∈ GL2 (Z) telle que M = t NN. Énoncer une propriété
relative à la décomposition de q en somme de deux carrés.
4. Jusqu’à la fin de cette première partie, q désigne une forme quadratique de Q3 , non
dégénérée, positive, dont la matrice canonique :
 
m p q
M =  p m0 r 
q r m00
est un élément de GL3 (Z) .
(a) Que peut-on dire des signes de m, m0 , m00 et det (M) ?
(b) Montrer que, si M n’est pas égale à I, l’une des six inégalités suivantes est vérifiée :
m m0 m m00 m0 m00
|p| > , |p| > , |q| > , |q| > , |r| > , |r| >
2 2 2 2 2 2
(on pourra séparer le cas m = m0 = m00 , puis le cas m ≥ m0 ≥ m00 , m > m0 ).
5.
(a) Déterminer une matrice triangulaire P ∈ GL3 (Z) telle que M1 = t P MP soit de
même type que M, avec l’une des trois conditions suivantes réalisée :

 m1 = m, m01 ≤ m0 − 1, m001 = m00 ,
m1 ≤ m − 1, m01 = m0 , m001 = m00 ,

m1 = m, m01 = m0 , m001 ≤ m00 − 1.

(b) En déduire l’existence de N ∈ GL3 (Z) telle que M = t NN. Énoncer une propriété
relative à la décomposition de q en somme de trois carrés.
 
5 0 3
(c) Application numérique : M =  0 1 1  (on se limitera à exhiber une matrice
3 1 3
N).
6. Donner un exemple de matrice M ∈ GL3 (Z) , telle que t M = M, que det (M) = 1 et
qu’il n’existe aucune matrice N ∈ GL3 (Z) vérifiant M = t NN (un exemple à coefficients
dans N∗ serait apprécié).
7. Retrouver les résultats de la question 3. à partir de ceux de 5. Comparer les deux mé-
thodes.

– II –

V est un espace vectoriel de dimension n sur Q ; H, H 0 , · · · , sont, par convention, des


sous-groupes additifs de V (confondus, selon l’usage, avec les ensembles sous-jacents). H0 =
Hom (H, Z) est l’ensemble des morphismes de groupes de H vers Z. H b est le sous-espace vec-
toriel de V engendré par H. La somme H + H est le sous-groupe de V engendré par H ∪ H 0 .
0

Pour λ ∈ Q, λH est l’image de H par l’homothétie de rapport λ.


Une Z-base de H est une famille libre de vecteurs de V telle qu’un vecteur de V appartient
à H si, et seulement s’il est combinaison linéaire à coefficients entiers relatifs des vecteurs de
la famille. Un réseau est un sous-groupe de V admettant au moins une Z-base de cardinal n.
L, L0 , · · · , sont, par convention, des réseaux de V. Un sous-réseau est un réseau d’un sous-espace
vectoriel de V.
Énoncé 3

1. Démontrer que L b = V.
2. B = (ei )1≤i≤p étant une famille finie de vecteurs de V, on note B la matrice des coordonnées
des vecteurs ei , (1 ≤ i ≤ p), dans une base (ωj ) , (1 ≤ j ≤ n), de V considérée comme
fixe dans tout le problème : B est appelée matrice canonique de B. Montrer que B et B 0
étant les matrices canoniques d’une Z-base B de L et d’une famille finie B0 de vecteurs
de L, B0 est une Z-base de L si, et seulement s’il existe P ∈ GLn (Z) telle que B 0 = BP.
Montrer que le rationnel vol (L) = |det (B)| est indépendant du choix d’une Z-base de L.
µ ¶
0 ∗ 0 n vol (L0 )
3. L étant un réseau de V, montrer qu’il existe d ∈ N tel que dL ⊂ L et que d
vol (L)
est un entier.
4. H étant un sous-groupe de L non réduit à {0} , montrer que H est un sous-réseau de V
(on pourra, par exemple, considérer une Z-base (ei ) de L, rechercher un élément a de N∗ ,
une application coordonnée ψ, un vecteur b tel que ψ (b) = a et utiliser l’endomorphisme
θ de H défini par :
ψ (x)
θ (x) = x − b).
a
5. Montrer que l’intersection et la somme de deux réseaux de V sont des réseaux.
6. X et Y étant les matrices canoniques de deux vecteurs x et y de V, on note (x | y) = t XY
(produit de x et y), et kxk2 = t XX (carré de x). Une partie A de V est dite bornée s’il
existe un rationnel A tel que kxk2 ≤ A pour tout x ∈ A.
(a) Montrer que tout sous-groupe H de V dont l’intersection avec toute partie bornée de
V est finie est un sous-réseau de V (on pourra considérer une famille libre maximale
P
r
(h1 , · · · , hr ) de vecteurs de H, la partie Ω de V formée des vecteurs µi hi , µi ∈
i=1
P
r P
r
Q ∩ [0, 1] , et associer au vecteur λi hi , λi ∈ Q, le vecteur (λi − [λi ]) hi , où le
i=1 i=1
symbole [·] représente la partie entière).
(b) Démontrer la réciproque.

– III –

H étant un sous-groupe de V, on note H0 l’ensemble des x ∈ V tels que pour tout y ∈ H, on


ait (x | y) ∈ Z. Un réseau L est dit r-modulaire (resp. unimodulaire) si L0 = rL (resp.L0 = L) ;
il est dit r-modulaire trivial s’il existe une Z-base (ei ) de L orthogonale (c’est-à-dire vérifiant
1 1
(ei | ej ) = 0 pour i 6= j) et telle que kei k2 = pour tout i ( s’appelle alors le carré de la
r r
Z-base ; cette dernière est dite orthonormale si r = 1). F2 est le corps à deux éléments.
1. (a) Montrer que, si L est un réseau de V, L0 = Hom (L, Z) est un réseau d’un certain
espace vectoriel W de dimension n sur Q (on pourra utiliser la famille (e0i ) de L0
définie par e0i (ej ) = δij ).
(b) Définir un isomorphisme α du groupe L0 sur L0 , indépendant de tout choix de Z-
base de L. En déduire que L0 est un réseau de V, dont on explicitera une Z-base à
partir d’une Z-base de L.
2. L et L0 étant deux réseau de V, démontrer les égalités :
L00 = L, (L + L0 )0 = L0 ∩ L00 , (L ∩ L0 )0 = L0 + L00 , vol (L) vol (L0 ) = 1.
Calculer vol (L) dans le cas où L est r-modulaire.
4 Agrégation externe 1975, épreuve 1

3. On suppose jusqu’à la fin de cette partie que L est un réseau r-modulaire trivial. Montrer
que L est r-modulaire, et qu’il existe une « similitude directe » (notion que l’on définira
par analogie avec la structure euclidienne de Rn ) transformant le réseau fondamental Λ,
sous-groupe engendré par la base canonique (ωi ) de V, en L.
4. (a) On note Aut (L) l’ensemble des morphismes de groupe s de L dans lui-même tels que
(s (x) | s (y)) = (x | y) pour tout couple (x, y) de L2 . On considère une Z-base (ei )
1
de L, orthogonale et de carré . À tout élément s de Aut (L) , on associe la matrice
r
S des coordonnées des vecteurs e0i = s (ei ) dans la Z-base (ei ) . Montrer qu’il existe
un élément k de Sn (groupe des permutations de [1, n]) et une application ε de [1, n]
dans {−1, 1} tels que l’élément (i, j) de S s’écrive sous la forme sij = ε (j) δi,k(j) .
Calculer le cardinal de Aut (L) .
(b) Étudier l’ensemble U des s ∈ Aut (L) auxquels on peut associer une application f
de [1, n] dans {−1, 1} telle que l’élément (i, j) de S s’écrive sij = f (j) δi,j ; un tel s
sera noté sf . Comparer U et le groupe (Fn2 , +) .
(c) Étudier l’ensemble T des s ∈ Aut (L) tels que, k ∈ Sn étant défini comme en a.
l’élément (i, j) de S s’écrive sij = δi,k(j) ; un tel s sera noté sk . Comparer T et le
groupe (Sn , ◦) .
5. (a) Montrer que tout s ∈ Aut (L) se décompose, de manière unique, sous la forme
s = sf ◦ sk , (sf , sk ) ∈ U × T.
(b) Déterminer un morphisme ϕ de T dans le groupe Aut (U) des automorphismes du
groupe U tel que U × T, muni de la loi :

(sf , sk ) ⊥ (sf 0 , sk0 ) = (sf ◦ ϕ (sk ) (sf 0 ) , sk ◦ sk0 )

soit isomorphe à Aut (L) , muni de la loi ◦.


6. Déterminer un loi sur le produit cartésien Fn2 × Sn telle qu’il existe un isomorphisme
θ de ce produit sur Aut (L) . Caractériser, par analogie avec ϕ, un morphisme F de Sn
dans le groupe linéaire de dimension n sur F2 , en calculant la matrice F (k) relative à la
base canonique de Fn2 .

– IV –

On définit dans V les isométries (resp. les rotations), et les groupes matriciels correspondants
On (Q) (resp. On+ (Q)) par analogie avec les notions similaires des espaces euclidiens réels. Σn
est l’ensemble des entiers m de la forme m = α12 + · · · + αn2 , αi ∈ Z.
1. Dans toute cette partie, L est un réseau unimodulaire de V. (ei ) étant une Z-base quel-
conque de L, de matrice canonique B, on considère l’automorphisme λ de V de matrice
canonique B, et la forme quadratique q définie par q (x) = kλ (x)k2 . Que peut-on dire de
la matrice canonique M de q ? de l’image q (Λ) du réseau fondamental Λ par q.
2. Dans les questions suivantes (jusqu’à IV. 5. incluse), on suppose n = 3. Montrer que
q (Λ) = Σ3 .
3. (a) Démonter que L est unimodulaire trivial.
(b) Caractériser, à l’aide des ensembles O3+ (Q) et GL3 (Z) , les matrices canoniques des
Z-bases des réseaux unimodulaires de V.
Corrigé 5

(c) Comment obtient-on ces réseaux à partir de Λ ?


4. Résoudre l’équation matricielle t KK = t BB, où K ∈ GL3 (Z) et B est définie au IV. 1.
Dénombrer les solutions.
5. Si L0 est un réseau de V tel que L0 ⊂ L00 , démontrer l’existence d’un réseau unimodulaire
trivial L tel que L0 ⊂ L ⊂ L00 (on pourra considérer (Λ + L0 ) ∩ L00 ).
6. Indiquer brièvement ce que deviennent les questions précédentes pour n = 2.

1.2 Corrigé
–I–

1. Une matrice M à coefficients entiers est inversible dans Mn (Z) si, et seulement si son
déterminant est inversible dans Z, ce qui revient à dire qu’il est égal à 1 ou −1. Si de plus
cette matrice est la matrice canonique d’une forme quadratique de Qn , elle peut également
être vue comme la matrice dans la base canonique de Rn d’une forme quadratique q dont
la restriction à Qn est q. De la densité de Qn dans Rn et de la continuité de l’application
polynomiale q, on déduit que si q (x) ≥ 0 pour tout x ∈ Qn , alors q (x) ≥ 0 pour tout
x ∈ Rn , c’est-à-dire que q est positive, ce qui entraîne det (M) ≥ 0 et δ = det (M) = 1.
2. Dans le cas n = 2, l’égalité det (M) = uw − v 2 = 1 entraîne u 6= 0 et on peut écrire pour
tout x = x1 π1 + x2 π2 dans Q2 :
µ³ ¶ µ³ ¶
v ´2 uw − v 2 2 v ´2 1 2
q (x) = u x1 + x2 + x2 = u x1 + x2 + 2 x2 ,
u u2 u u
1 1
ce qui entraîne que la forme quadratique q est définie positive ( q (x) > 0 pour x 6= 0)
u u
et q ou −q est définie positive.
µ ¶
−s 1
3. (a) Pour toute matrice P = , avec s ∈ Z, on a :
1 0
µ ¶
t q (−sπ1 + π2 ) ϕ (−sπ1 + π2 , π1 )
P MP =
ϕ (−sπ1 + π2 , π1 ) q (π1 )
µ 2 ¶ µ 0 0 ¶
s u − 2sv + w −su + v u v
= = ,
−su + v u v 0 w0

en désignant par ϕ la forme polaire de q.


Pour u = 1, il n’est pas possible de trouver un entier s tel que u0 soit un entier non
u 1
nul compris entre 0 et = . On suppose donc que u 6= 1, ce qui revient à dire
2 2
u ≥ 2 puisque u = q (π1 ) et q est définie positive. En écrivant que :
µ³ ¶
0 v ´2 1
u =u s− + 2 ,
u u
u
l’encadrement 0 < u0 ≤ équivaut à :
2
³ v ´2 1 u
0<u s− + ≤ ,
u u 2
6 Agrégation externe 1975, épreuve 1
³ v ´2 1 1
encore équivalent à s − ≤ − 2 . En prenant pour s l’entier le plus proche
³v ´ u³ ´ 2 u
v v
de (s = E ou s = E + 1), on a :
u u u
³ v ´2 1 1 1
s− ≤ ≤ − 2
u 4 2 u
puisque u ≥ 2.
(b) Si u = 1, alors : µ ¶ µ ¶
1 v 1 v
M= = ,
v w v 1 + v2
du fait que det (M) = w − v 2 = 1, ce qui s’écrit :
µ ¶ µ ¶µ ¶
1 v 1 0 1 v
M= = = t NN,
v 1 + v2 v 1 0 1
µ ¶
1 v
avec N = dans GL2 (Z) .
0 1
Pour u ≥ 2 (q est non dégénérée positive), une première application du µ a. nous per-

t u1 v1
met de trouver une matrice P1 dans GL2 (Z) telle que M1 = P1 MP1 =
v1 w1
u
soit dans GL2 (Z) , avec 0 < u1 ≤ . En itérant ce procédé, on construit une suite,
2
nécessairement finie, de matrices P1 , · · · , Pr dans GL2 (Z) telles que :
µ ¶
t uk+1 vk+1
Mk+1 = Pk+1 Mk Pk+1 = ∈ GL2 (Z) ,
vk+1 wk+1
uk
avec 0 < uk+1 ≤ pour k = 0, · · · , r − 1 (M0 = M) et ur = 1 ((uk ) est une suite
2
strictement décroissante d’entiers naturels non nuls, elle est donc finie et stationnaire
sur 1). On a donc : µ ¶
1 vr
Mr = = t P MP,
vr wr
avec P = P1 · · · Pr dans GL2 (Z) .
Enfin en écrivant Mr sous la forme Mr = t Nr Nr , avec Nr ∈ GL2 (Z) (cas u = 1), on
obtient :
M = t P −1 t Nr Nr P −1 = t NN,
avec N = Nr P −1 dans GL2 (Z) .
µ ¶
a1 b1
En notant N = , l’égalité M = t NN se traduit par :
a2 b2

∀x = x1 π1 + x2 π2 ∈ Q2 , q (x) = (a1 x1 + b1 x2 )2 + (a2 x1 + b2 x2 )2 ,

les formes linéaires à coefficients entiers relatifs j définies pour j = 1, 2, par j (x) =
aj x1 + bj x2 étant linéairement indépendantes (det (N) = a1 b2 − a2 b1 = ±1).
4. (a) Avec la densité de Q3 dans R3 , on déduit que M est la matrice dans la base canonique
de R3 d’une forme quadratique q positive, dont la restriction à Q3 est q. On a donc
δ = det (M) ≥ 0 et δ = 1 puisque M ∈ GL3 (Z) . D’autre part, le théorème de
Corrigé 7

3
réduction de Gauss nous dit  qu’il existe une
 base (e1 , e2 , e3 ) de R dans laquelle la
λ1 0 0
t
matrice de q est P MP =  0 λ2 0  , avec λj = q (ej ) ≥ 0 pour j = 1, 2, 3 et
0 0 λ3
λ1 λ2 λ3 = δ = 1, ce qui entraîne λj > 0 pour j = 1, 2, 3. Il en résulte que la forme
quadratique q, et donc q, est définie positive. On déduit donc que m = q (π1 ) > 0,
m0 = q (π2 ) > 0 et m00 = q (π3 ) > 0.
(b) Supposons tout d’abord que m = m0 = m00 . Avec :
¡ ¢
1 = det (M) = 2pqr + m m2 − p2 − q2 − r2 , (1.1)

on déduit que l’entier naturel m est nécessairement impair, soit m = 2s + 1 avec


s ∈ N. En raisonnant par l’absurde, on suppose que :
m m m
|p| ≤ , |q| ≤ , |r| ≤ ,
2 2 2
soit |p| ≤ s, |q| ≤ s et |r| ≤ s. Avec (1.1) , on déduit alors que :

1 ≥ m3 − 2s3 − 3ms2 = 5s2 + 4s + 1

et nécessairement s = 0, ¸donc m· = m0 = m00 = 1 et p = q = r = s = 0 (ils sont


i m mh 1 1
entiers dans − , = − , ), c’est-à-dire que M est la matrice identité.
2 2 2 2
Si les coefficients m, m0 , m00 ne sont pas tous égaux, en permutant éventuellement les
vecteurs de base π1 , π2 , π3 , on peut supposer que m ≥ m0 ≥ m00 avec m > m00 . On
raisonne encore par l’absurde en supposant que :
m m0 m m00 m0 m00
|p| ≤ , |p| ≤ , |q| ≤ , |q| ≤ , |r| ≤ , |r| ≤ .
2 2 2 2 2 2
En écrivant que :
µ ¶
2pqr0 p2
00 q2 r2
1 = det (M) = mm m 1 + − − − ,
mm0 m00 mm0 mm00 m0 m00
avec :
 µ 0 ¶2

 m p2 m0 1

 p2
≤ ⇒ ≤ ≤ (m0 ≤ m)

 0

 µ 2 00 ¶2 mm 4m 4
m q2 m00 1 1
q2 ≤ ⇒ ≤ ≤ − (m00 ≤ m − 1)
 00


 µ 200 ¶2 mm 4m 4 4m

 m r2 m00 1

 r2 ≤ ⇒ ≤ ≤ (m00 ≤ m0 )
2 mm0 00 4m 0 4

on aboutit à : µ ¶
2pqr
0 3
00 1
1 ≥ mm m 1 + − +
mm0 m00 4 4m
m0 m002
et avec |pqr| ≤ , on obtient :
8
mm0 m00 m0 m002 m0 m00 m0 m00
1≥ − + = (m − m00 + 1) .
4 4 4 4
8 Agrégation externe 1975, épreuve 1

m0 m00
Enfin avec m − m00 ≥ 1, cela donne 1 ≥ , soit m0 m00 ≤ 2 et m002 ≤ m0 m00 ≤ 2,
2
1 1
ce qui entraîne m00 = 1, puis q = r = 0 (ils sont entiers compris entre − et ).
2 2
0 2 m m0 3 0
Il reste alors δ = 1 = mm − p , qui avec |p| ≤ , |p| ≤ , donne 1 ≥ mm et
2 2 4
4
mm0 ≤ qui entraîne m = m0 = 1, puis p = 0. On a donc m = m0 = m00 = 1 et
3
p = q = r = 0, c’est-à-dire que M est la matrice identité.
 
1 −s 0
5. (a) Si s ∈ Z et P =  0 1 0  , alors t P MP est de la même forme que M avec :
0 0 1

 m1 = q (π1 ) = m
m0 = q (−sπ1 + π2 ) = ms2 − 2ps + m0
 100
m1 = q (π3 ) = m00
m
et, si c’est l’inégalité |p| > qui est réalisée, alors en prenant pour s le signe de p,
0 0
2 0
on a m1 = m − 2 |p| + m < m .  
0 1 0 0
m
Si c’est l’inégalité |p| > qui est réalisée, on prend alors P =  −s 1 0  et
2
0 0 1
on a : 
 m1 = q (π1 − sπ2 ) = m0 s2 − 2ps + m
m0 = m0
 100
m1 = m00
qui pour s égal au signe de p donne m1 = m0 − 2 |p| + m < m.
On traite de manière analogue les quatre autres cas.
(b) En itérant le procédé précédant un nombre fini de fois, on construit une suite de
matrices triangulaires P1 , · · · , Ps dans GL3 (Z) telles que M1 = t Ps · · · t P1 MP1 · · · Ps
soit de la même forme que M avec m1 = m01 = m001 = 1. Cette matrice M1 est la
matrice dans une base (e1 , e2 , e3 ) de Q3 de la forme quadratique q qui est définie
positive. En notant ϕ lap forme polaire
p de q, l’inégalité de Cauchy-Schwarz nous dit
que |p1 | = |ϕ (e1 , e2 )| < q (e1 ) q (e2 ) = 1 (l’égalité est réalisée si, et seulement si
les vecteurs sont liés, ce qui n’est pas le cas pour e1 , e2 ) et p1 = 0. De même, on a
q1 = r1 = 0. On adonc M1 = Iet posant N = (P1 · · · Ps )−1 , on a M = t NN.
a1 b1 c1
En notant N =  a2 b2 c2  dans GL3 (Z) , on a alors, pour tout x = x1 π1 +
a3 b3 c3
x2 π2 + x3 π3 dans Q2 :
q (x) = 21 (x) + 22 (x) + 23 (x)
où les formes linéaires à coefficients entiers relatifs 1 , 2 , 3 définies par j (x) =
aj x1 + bj x2 + cj x3 pour j = 1, 2, 3, sont linéairement indépendantes (det (N) = ±1).
 
5 0 3
(c) Si M =  0 1 1  , alors :
3 1 3

q (x) = 5x21 + x22 + 3x23 + 6x1 x3 + 2x2 x3


= (2x1 + x3 )2 + (x1 + x3 )2 + (x2 + x3 )2 ,
Corrigé 9
 
2 0 1
t
ce qui se traduit matriciellement par M = NN, avec N =  1 0 1 .
0 1 1
6. En prenant une forme quadratique q non dégénérée, mais ni positive ni négative, de
matrice canonique M dans GL3 (Z) , par exemple :
2 2 2
q (x) = 1 (x) − 2 (x) − 3 (x) ,

où les formes linéaires à coefficients entiers relatifs 1 , 2 , 3 définies par j (x) = aj x1 +


bj x2 + cj x3 pour j = 1, 2, 3, sont linéairement indépendantes, on ne peut avoir M = t NN
avec N dans GL3 (Z) . Par exemple :

q (x) = (x1 + 3x2 + 2x3 )2 − (x2 + x3 )2 − x23


= x21 + 8x22 + 2x23 + 6x1 x2 + 4x1 x3 + 10x2 x3 ,
 
1 3 2
qui a pour matrice M =  3 8 5  convient.
2 5 2
 
µ ¶ u v 0
u v
7. Si M = ∈ GL2 (Z) , alors M 0 =  v w 0  ∈ GL3 (Z) . On suppose tou-
v w
0 0 1
jours que M est non dégénérée positive avec δ = uw − v 2 = 1. Comme q = r = 0, des
u w
6 conditions de la question 4. b. il ne reste que deux conditions |v| > ou |v| > si
2 2
M 6= I. On a déjà m00 = 1 et le procédé du  5. a. nous conduit à m = m0 = 1 avec des
a b 0 µ ¶
0   a b
matrices P dans GL3 (Z) de la forme P = c d 0 , où ∈ GL2 (Z) , ce
c d
µ 0 0 ¶1
N 0
qui permet d’écrire M 0 = t N 0 N 0 , avec N 0 = et t NN = M.
0 1
Le procédé du 3. est quand même plus rapide car on ne manipule que les 3 entiers u, v, w
au lieu des 6 entiers m, m0 , m00 , p, q, r.

– II –

1. Si L est un réseau dans V, une Z-base B de L de cardinal n est une famille libre formé
de n = dim (V ) vecteurs, c’est donc une base de V et L b = Bb = V.
2. Si B = {e1 , · · · , ep } est une Z-base de L, alors B est une base du Q-espace vectoriel L.b
b il s’écrit x = P λi xi , avec les λi dans Q et les xi dans L. Chaque xi
q
En effet, si x ∈ L,
i=1
P
p
étant combinaison linéaire à coefficients entiers des ej , on déduit que x = µi ei , avec
i=1
les µi dans Q. Le système B est donc générateur de L b et étant libre il en constitue une
base. Les résultats sur les bases des espaces vectoriels nous permettent alors de conclure
que toutes les Z-bases de L ont le même nombre d’éléments et ce nombre est n. Une telle
Z-base étant aussi une base de V.
Si B, B0 sont deux Z-bases de L, ce sont deux bases de V et si P est la matrice de passage de
B à B0 , alors P ∈ GLn (Q) et B 0 = BP (relation de Chasles pour les matrices de passage :
10 Agrégation externe 1975, épreuve 1

PΩ,B0 = PΩ,B PB,B0 ). En réalité la matrice P est à coefficients dans Z puisque c’est la matrice
de passage d’une Z-base de L à une Z-base de L. De même avec B = B 0 P −1 , on déduit
que P −1 ∈ Mn (Z) . On a donc P ∈ GLn (Z) et det (B 0 ) = det (B) det (P ) = ± det (B) .
On peut donc déduire que |det (B)| ne dépend que de L et pas de la Z-base choisie.
Réciproquement, si B 0 = BP avec P ∈ GLn (Z) , alors B 0 est nécessairement d’ordre n
et det (B 0 ) 6= 0. Le système B0 est donc libre de cardinal n et avec B = B 0 P −1 , on déduit
que tout vecteur x ∈ L qui est combinaison linéaire entière des ei est aussi combinaison
linéaire des e0i , ce qui signifie que B0 est une Z-base de L.
3. Si L0 est un réseau dans V, alors toute Z-base B0 de L0 est une base de V et en désignant
par B 0 la matrice canonique de B0 , par B la matrice canonique d’une Z-base B de L, on
a B 0 = BP avec P dans GLn (Q) . En notant P = ((pij ))1≤i,j≤n et d ∈ N∗ le ppcm des
dénominateurs des pij , on a dP ∈ Mn (Z) , et avec :

X
n
de0j = dpij ei ∈ L (1 ≤ j ≤ n) ,
i=1

on déduit que dL0 ⊂ L. De plus, on a :

vol (L0 ) |det (B 0 )|


dn = dn = dn |det (P )| = |det (dP )| ∈ N∗ .
vol (L) |det (B)|

4. Soit B = {e1 , · · · , en } une Z-base de L. Si H est un sous-groupe de L non réduit à {0} ,


Pn
il existe un vecteur non nul v = vi ei dans H avec vi ∈ Z pour tout i. Si i est un indice
i=1
compris entre 1 et n tel que vi 6= 0, on désigne par ψ la i-ème projection :
X
n
ψ:x= xj ej ∈ L 7→ xi .
j=1

Elle définit un morphisme de groupes de L dans Z et avec ψ (v) = vi 6= 0, on déduit que


ψ (H) est un sous-groupe de Z non réduit à {0} , il s’écrit donc ψ (H) = aZ avec a ∈ N∗
et il existe b ∈ H \ {0} tel que ψ (b) = a.
ψ (x)
Pour tout x ∈ H, on a ψ (x) ∈ aZ, donc ∈ Z. L’application θ définie sur H par :
a
ψ (x)
∀x ∈ H, θ (x) = x − b
a
définit alors un endomorphisme de H et θ (H) est un sous-groupe de H.
En remarquant que pour tout x ∈ H, on a :

ψ (x)
ψ (θ (x)) = ψ (x) − ψ (b) = 0,
a
on déduit que θ (H) ⊂ ker (ψ) .
En désignant par W le sous-espace vectoriel de V engendré par {e1 , · · · , ei−1 , ei+1 , · · · en } ,
on constate que ker (ψ) est un réseau de W. En effet un vecteur x ∈ V est dans ker (ψ)
P
n
si, et seulement si il s’écrit x = xj ej , avec xi ∈ Z.
j=1, j6=i
La démonstration se termine alors par récurrence sur n ≥ 1. Pour n = 1, le résultat est
trivial. En le supposant acquis pour n − 1 ≥ 1, du fait que θ (H) est un sous-groupe de
Corrigé 11
³ ´
K = ker (ψ) qui est un réseau de dimension n − 1 (i. e. dim K b = n − 1), on déduit que
θ (H) est un sous-réseau de W, il admet donc une Z-base B0 = {f1 , · · · , fp } . On montre
alors que la famille B00 = {f1 , · · · , fp , b} est une Z-base de H. On a b ∈ H et les fj sont
dans θ (H) qui est contenu dans H, donc B00 ⊂ H. En écrivant tout x ∈ H sous la forme :

X p
ψ (x)
x = θ (x) + b= λj fj + λp+1 b,
a j=1

avec les λi entiers, on déduit que B00 engendre H. Enfin cette famille est libre du fait
P
p P
p
que l’égalité λj fj + λp+1 b = 0 entraîne λj ψ (fj ) + λp+1 ψ (b) = λp+1 a = 0 (fj ∈
j=1 j=1
P
p
θ (H) ⊂ ker (ψ)) donc λp+1 = 0 et λj fj = 0 qui équivaut à la nullité de tous les λj .
j=1
En conclusion B00 est une Z-base de H et H est un sous-réseau de L, l’espace vectoriel
b = Vect (B00 ) de dimension p + 1 ≤ n.
associé étant H
5. Soient L, L0 deux réseaux dans V et H = L ∩ L0 . C’est un sous-groupe de L. En II. 3.
on a vu qu’il existe un entier naturel non nul d tel que dL0 ⊂ L et comme dL0 ⊂ L0 , on
a dL0 ⊂ H et H n’est pas réduit à {0} . D’après II. 4. H est un sous-réseau de V de
dimension p ≤ n. Il reste à montrer que p = n pour déduire que H est un réseau, ce qui
résulte de :
c0 ⊂ H
V = Lb0 = dL b ⊂L b=V
qui donne V = H b et p = n.
1 1
Soit K = L + L0 . Avec L0 ⊂ L, L ⊂ L, on déduit que K est un sous-groupe du
d d
1
réseau L. Comme K n’est pas réduit à {0} , on déduit que c’est un sous-réseau de V de
d
dimension p et avec :
V =L b⊂K b ⊂ V,
on déduit que Kb = V et p = n, c’est-à-dire que K est un réseau de V.
6. (a) Soit H un sous-groupe de V, non réduit à {0} , tel que pour toute partie bornée K
de V, l’intersection H ∩ K soit finie. On désigne par {h1 , · · · , hr } une partie libre
maximale dans H, par W le sous-espace vectoriel de V engendré par cette famille et
par : ( )
X r
Ω= x= µi hi | µi ∈ Q ∩ [0, 1] .
i=1

Pour tout x dans H, on a :


X
r X
r
kxk ≤ |µi | khi k ≤ M = khi k
i=1 i=1

(k·k est la restriction à Qn de la norme euclidienne canonique de Rn ), c’est-à-dire


que l’ensemble Ω est borné dans V et en conséquence H ∩ Ω est fini, ce qui peut
s’écrire en tenant compte du fait que les hi , pour 1 ≤ i ≤ r, sont dans H ∩ Ω :

H ∩ Ω = {h1 , · · · , hr , hr+1 , · · · , hs } .
12 Agrégation externe 1975, épreuve 1

P
r
D’autre part, pour tout x dans H, le système {h1 , · · · , hr , x} est lié et x = λi hi
i=1
avec les λi ∈ Q. En notant [λi ] la partie entière de λi , on peut écrire :
X
r X
r
x= [λi ] hi + ([λi ] − λi ) hi ,
i=1 i=1

P
r P
r
avec y = [λi ] hi ∈ H et z = x − y = ([λi ] − λi ) hi ∈ H ∩ Ω, il existe donc un
i=1 i=1
indice j compris entre 1 et s tel que z = hj . On déduit donc que tout x ∈ H s’écrit :
X
r
x= µi hi + hj
i=1

avec 1 ≤ j ≤ s et µi ∈ Z pour i compris entre 1 et r.


Nous allons déduire de ce résultat qu’il existe un entier naturel non nul d tel que dH
soit contenu dans le réseau L de W engendré par {h1 , · · · , hr } .
Pour tout entier k compris entre r + 1 et s, hk est combinaison linéaire à coefficients
rationnels des h1 , · · · , hr , il existe donc un entier d ∈ N∗ tel que chaque dhk soit
combinaison linéaire à coefficients entiers des h1 , · · · , hr . On a donc pour tout x ∈ H :
( r )
Xr X
dx = dµi hi + dhj ∈ L = νi hi | νi ∈ Z ,
i=1 i=1

c’est-à-dire que dH est un sous-groupe, non réduit à {0} , du réseau L, c’est donc
un sous-réseau de W (question II. 4.), donc µ de V. ¶
1 1
Si (e1 , · · · , ep ) est une Z-base de dH, alors e1 , · · · , ep est une Z-base de H
³ ´ ³ ´ d d
(p = dim dH c = dim H b = dim (W ) = r) et H est un sous-réseau de V.
(b) Soient H un sous-réseau de V et (e1 , · · · , er ) est une Z-base de H. Cette Z-base se
complète en une base B = (e1 , · · · , en ) de V. En notant B la matrice canonique de B
et, pour tout vecteur x de V, X la matrice canonique de x, X 0 la matrice de x dans
B, on a X = BX 0 .
Si K est une partie bornée de V, en notant kXk∞ = sup |xi | , on a :
1≤i≤n
v
u r
uX
∀x ∈ K, kXk∞ ≤ kXk2 = kxk = t x2i ≤ M,
i=1

où M est une constante réelle, ce qui entraîne :


° ° ° ° ° °
∀x ∈ K, kX 0 k∞ = °B −1 X °∞ ≤ °B −1 °∞ kXk∞ ≤ M °B −1 °∞ ,
où pour toute matrice A ∈ Mn (R) , on note kAk∞ = sup kAXk∞ (norme induite
kXk∞ =1
P
r
par une norme vectorielle). Si maintenant x est dans H ∩ K, alors x = µi ei , où
i=1
les µi sont des entiers relatifs, de sorte que X 0 = t (µ1 , · · · , µr , 0, · · · , 0) et :
° °
|µi | ≤ kX 0 k∞ ≤ M °B −1 °∞ ,
ce qui ne laisse qu’un nombre fini de possibilité pour les µi . En définitive H ∩ K est
fini.
Corrigé 13

– III –

1. (a) Soient L un réseau et B = (e1 , · · · , en ) une Z-base de L. Cette Z-base est alors une
base de V et on désigne par B∗ = (e∗1 , · · · , e∗n ) sa base duale. Pour tout i compris
entre 1 et n, on note e0i la restriction de e∗i à L, c’est un morphisme de groupes
additifs de L dans Z.
Pn
Si u ∈ L0 = Hom (L, Z) , on a alors pour tout x = µi ei dans L (les µi étant
i=1
entiers) : Ã n !
X
n X
u (x) = µi u (ei ) = λi e0i (x) ,
i=1 i=1

avec λi = u (ei ) ∈ Z. Tout morphisme de groupes additifs u ∈ L0 s’écrit donc


Pn
u= λi e0i avec les λi entiers. Tout morphisme de groupes u ∈ L0 étant uniquement
i=1
déterminé par les u (ei ) , pour 1 ≤ i ≤ n, il se prolonge en un élément du dual V ∗ de
V. On peut donc voir L0 comme sous-groupe additif de W = V ∗ et ce qui précède
nous dit que L0 est un réseau de W de Z-base (e01 , · · · , e0n ) .
(b) L’application ϕ qui à tout x ∈ V associe la forme linéaire :

ϕ (x) : y 7→ (x | y)

réalise un isomorphisme de Q-espaces vectoriels de V sur V ∗ et sa restriction à L0


induit un isomorphisme de groupes additifs de L0 sur L0 . En effet, si x ∈ L0 , alors
pour tout y ∈ L, ϕ (x) (y) = (x | y) ∈ Z et la restriction de ϕ (x) à L, que l’on
note encore ϕ (x) , est bien un morphisme de groupes de L dans Z. Il est clair que
cette restriction de ϕ à L0 est un morphisme de groupes. Si ϕ (x) = 0 dans L0 , avec
x ∈ L0 , alors ϕ (x) (ei ) = 0 pour tout i compris entre 1 et n et ϕ (x) = 0 dans V, ce
qui équivaut à x = 0. Enfin tout u ∈ L0 se prolonge en u ∈ V ∗ qui s’écrit u = ϕ (x)
avec x ∈ V et tenant compte du fait que u (y) ∈ Z pour tout y ∈ L, soit (x | y) ∈ Z,
on déduit que x est dans L0 et ϕ est surjective.
L’application ϕ réalise donc un isomorphisme de groupes de L0 sur L0 et on en
déduit que L0 = ϕ−1 (L0 ) est un réseau de V de Z-base :
¡ ¡ ¢ ¡ ¢¢
B0 = ϕ−1 e01 , · · · , ϕ−1 e0n = (f1 , · · · , fn ) ,

les fi ∈ L0 étant définis par :


X
n
∀x = µi ei ∈ L, e0i (x) = µi = (fi | x) ,
i=1

où B = (e1 , · · · , en ) est une Z-base de L.


2. Pour x ∈ L et y ∈ L0 , on a (x | y) ∈ Z, donc L ⊂ L00 .
Comme L00 est un réseau de V, il existe un entier naturel non nul d tel que dL00 ⊂ L et
Pn
pour tout x ∈ L00 , on a dx = µi ei , les µi étant entiers, donc :
i=1

µi = e0i (dx) = (fi | dx) = d (fi | x) ,


14 Agrégation externe 1975, épreuve 1

P
n
avec (fi | x) ∈ Z pour tout i compris ente 1 et n, ce qui donne dx = d (fi | x) ei et
i=1
P
n
x= (fi | x) ei ∈ L. D’où l’égalité L = L00 .
i=1
Pour x ∈ L0 ∩ L00 , y ∈ L et y 0 ∈ L0 , on a :

(x | y + y 0 ) = (x | y) + (x | y 0 ) ∈ Z

et donc x ∈ (L + L0 )0 . On a donc L0 ∩ L00 ⊂ (L + L0 )0 . Puis avec L ⊂ L + L0 , L0 ⊂ L + L0 ,


on déduit que (L + L0 )0 ⊂ L0 , (L + L0 )0 ⊂ L00 et (L + L0 )0 ⊂ L0 ∩ L00 , ce qui donne
l’égalité (L + L0 )0 = L0 ∩ L00 .
De cette égalité, on déduit que :

(L0 + L00 )0 = L00 ∩ L000 = L ∩ L0

et (L ∩ L0 )0 = (L0 + L00 )00 = L0 + L00 .


Si B0 = (f1 , · · · , fn ) est la Z-base de L0 associée à la Z-base B = (e1 , · · · , en ) de L par
fi = ϕ−1 (e0i ) , en notant respectivement B0 et B les matrices canoniques de B0 et B, les
relations :
(fi | ej ) = e0i (ej ) = δij (1 ≤ i, j ≤ n)
se traduisent par t B0 B = Id , ce qui entraîne :
¯ ¡ ¢¯
vol (L0 ) vol (L) = |det (B0 )| |det (B)| = ¯det t B0 B ¯ = 1

et dans le cas où L est r-modulaire, on a :

1 = vol (L0 ) vol (L) = vol (rL) vol (L) = rn vol (L)2 ,
1
soit vol (L) = √ n .
r
3. Soient L un réseau r-modulaire trivial, B = (e1 , · · · , en ) , une Z-base de L orthogonale et
B0 = (f1 , · · · , fn ) la Z-base de L0 associée à B. On rappelle que, pour i compris entre 1
et n, fi est défini par e0i (x) = (fi | x) pour tout x ∈ L.
δij
Les relations d’orthogonalité (ei | ej ) = , pour i, j compris entre 1 et n, s’écrivent aussi
r
δij = e0i (ej ) = (rei | ej ) , encore équivalent à e0i (x) = (rei | x) pour tout x ∈ L. On a donc
fi = rei pour tout i compris entre 1 et n et L0 = rL, c’est-à-dire que L est r-modulaire.
D’autre part, en désignant par B la matrice canonique de B, les relations d’orthogonalité
δij √
(ei | ej ) = se traduisent matriciellement par r t BB = Id et la matrice C = rB
r
1
est telle que t CC = Id , elle définie donc une isométrie de V et B = √ C définit une
r
similitude de V, que l’on peut supposer directe quitte à permuter les vecteurs e1 et e2 (si
n ≥ 2).
Enfin avec ej = Bωj pour tout j compris entre 1 et n, on déduit que L = BΛ, où Λ est
le réseau fondamental.
4. (a) Soit s ∈ Aut (L) . Les relation (s (x) | s (y)) = (x | y) pour tous x, y dans L, sont
équivalentes à (s (ei ) | s (ei )) = (ei | ei ) pour tous i, j compris entre 1 et n, ce qui
s’écrit aussi :
à n !
δij X Xn
1X
n
= (ei | ej ) = (s (ei ) | s (ej )) = ski ek | skj ek = ski skj .
r k=1 k=1
r k=1
Corrigé 15

P
n
Pour i = j, on a alors s2ki = 1, les coefficients ski étant entiers. Il existe donc, pour
k=1 ¯ ¯
j fixé entre 1 et n, un unique indice k (j) compris entre 1 et n tel que ¯sk(j),j ¯ = 1 et
|sp,j | = 0 pour p 6= k (j) , ce qui peut s’écrire |sp,j | = δp,k(j) .
Pn
Pour i 6= j, on a ski skj = 0, ce qui entraîne k (i) 6= k (j) . L’application k définit
k=1
donc une permutation de {1, · · · , n} .
Enfin en notant ε (j) le signe de sk(j),j , on a :

sij = ε (j) δi,k(j) (1 ≤ i, j ≤ n) .

Réciproquement une telle matrice S définit bien un élément de Aut (L) .


(b) Les conditions sij = f (j) δi,j , pour tous i, j compris entre 1 et n, se traduisent avec
les notations du a. par ε = f et k = Id . L’ensemble U de ces applications est donc
en bijection avec l’ensemble des applications de {1, · · · , n} dans {−1, 1} et il forme
un sous-groupe de Aut (L) de cardinal 2n (on a sf ◦ sg = sf ·g ) isomorphe au groupe
(Fn2 , +) par l’application :
à !
1 − f (1) 1 − f (n)
χ : sf 7→ t ,··· , .
2 2
à !
t 1 − f (1) g (1) 1 − f (n) g (n)
En effet, pour sf , sg dans U, on a χ (sf ◦ sg ) = ,··· , ,
2 2
avec :
1 − f (i) g (i) 1 − f (i) 1 − g (i)
= +
2 2 2
n
dans F2 et χ (sf ) = 0 dans F2 équivaut à f (i) = 1 pour tout i compris entre 1 et n,
soit à sij = δi,j pour tous i, j et s = Is .
(c) Les conditions sij = δi,k(j) , pour tous i, j compris entre 1 et n, se traduisent, toujours
avec les notations du a. par ε = 1. L’ensemble T de ces applications est donc en
bijection avec l’ensemble Sn des permutations de {1, · · · , n} et il forme un sous-
groupe de Aut (L) de cardinal n! (sk ◦ sh = kk◦h ) isomorphe au groupe (Sn , ◦) par
l’application sk 7→ k.
En fait T est l’ensemble des matrices de permutation (sk (ej ) = ek(j) ).
5. (a) Soit s ∈ Aut (L) défini par sij = ε (j) δi,k(j) , pour tous i, j compris entre 1 et n. En
écrivant que : ¡ ¢
sij = ε ◦ k−1 (k (j)) δi,k(j) = f (k (j)) δi,k(j) ,
avec f = ε ◦ k−1 : {1, · · · , n} → {−1, 1} , on déduit que s = sf ◦ sk , avec sf ∈ U et
sk ∈ T. En effet, pour tout j compris entre 1 et n, on a :
¡ ¢
sf ◦ sk (ej ) = sf ek(j) = f (k (j)) ek(j) = s (ej ) .

Une telle décomposition est unique. En effet, pour tout j compris entre 1 et n, la
colonne j de la matrice S a tous ses coefficients nuls excepté celui de la ligne k (j)
qui vaut ±1, ce qui définit k (j) de manière unique et f = ε ◦ k−1 (i. e. f (i) =
ε (k−1 (i)) = si,k−1 (i) = ±1).
(b) On définit donc une application ϕ de T dans Aut (U) en posant :

∀sk ∈ T, ∀sf ∈ U, ϕ (sk ) (sf ) = sf ◦k−1


16 Agrégation externe 1975, épreuve 1

(pour sf ∈ U, on a sf ◦k−1 ∈ U, donc ϕ (sk ) est une application de U dans U ; cette


application est surjective car sg = ϕ (sk ) (sg◦k ) ; elle est donc bijective puisque U est
fini ; enfin c’est un morphisme de groupe puisque ϕ (sk ) (sf ◦ sg ) = ϕ (sk ) (sf ·g ) =
sf ·g◦k−1 = s(f ◦k−1 )·(g◦k−1 ) ; on a donc bien ϕ (sk ) ∈ Aut (U)).
Cette application ϕ réalise un morphisme de groupes de T dans Aut (U) puisque :
ϕ (sk ◦ sh ) (sf ) = ϕ (sk◦h ) (sf ) = sf ◦h−1 ◦k−1 = ϕ (sk ) ◦ ϕ (sh ) (sf ) .
Avec cette application ϕ, on définit sur U × T la loi :
¡ ¢
(sf , sk ) ⊥ (sf 0 , sk0 ) = (sf ◦ ϕ (sk ) (sf 0 ) , sk ◦ sk0 ) = sf ·(f 0 ◦k−1 ) , sk◦k0 ,
ce qui confère à U × T une structure de groupe (un produit semi-direct), avec :
– (s1 , sId ) comme élément neutre ;
– (sf ◦k , sk−1 ) pour inverse de (sf , sk ) ;
– l’associativité se vérifiant facilement.
Du a. on déduit alors que ce groupe est isomorphe à Aut (L) , un isomorphisme étant
défini par (sf , sk ) 7→ s = sf ◦ sk . En effet, le a. nous dit que cette application est
bien définie et surjective, elle est donc bijective puisque les deux ensembles ont même
cardinal et on vérifie facilement que c’est un morphisme de groupes.
6. Les isomorphismes de U sur Fn2 et de T sur Sn permettent de transporter la structure de
groupe de U × T sur Fn2 × Sn et avec b. on déduit que Aut (L) est isomorphe à ce groupe.
À l’application ϕ : T → Aut (L) , on associe l’application F : Sn → GL qui a toute
¡¡n (F2 )¢¢
permutation k associe la matrice de permutation définie par F (k) = δi,k(j) 1≤i,j≤n .

– IV –

1. À la Z-base B = (e1 , · · · , en ) de L, on associe la Z-base B0 = (f1 , · · · , fn ) de L0 comme


en III. 1. b. et on note B0 la matrice canonique de B0 .
Si L = L0 , alors B et B0 sont deux Z-bases de L et on a vu en II. 2. qu’il existe une
matrice P ∈ GLn (Z) telle que B0 = BP.
D’autre part, on a vu en III. 2. que t B0 B = Id et vol (L) = |det (B)| = 1 (L est
unimodulaire).
En écrivant que pour tout x ∈ V, on a :
q (x) = kλ (x)k2 = kBXk2 = t X t BBX,
on déduit que la matrice canonique de q est :
M = t BB = B0−1 B = P −1 B −1 B = P −1 ∈ GLn (Z) ,
et det (M) = det (B)2 = 1.
Pour tout x ∈ Λ, on a q (x) = t XMX ∈ N du fait que X, M sont à coefficients entiers et
q (x) ≥ 0. On a donc q (Λ) ⊂ N.
2. Pour n = 3, en utilisant le résultat de I. 5. b. on déduit qu’il existe une matrice N dans
GLn (Z) telle que M = t NN et pour tout x ∈ Λ, on a :
q (x) = t XMX = t (NX) (NX) = 2
1 (x) + 2
2 (x) + 2
3 (x)
où 1 , 2 , 3 sont des formes linéaires à coefficients entiers relatifs. On a donc q (Λ) ⊂ Σ3 .
Réciproquement si m = α12 + α22 + α32 est dans Σ3 , pour x dans Λ de matrice canonique
X = N −1 t (α1 , α2 , α3 ) , on a q (x) = m. On a donc q (Λ) = Σ3 .
Corrigé 17

3. (a) La matrice B 0 = BN −1 est la matrice canonique d’une Z-base de L. En effet, pour


tout j compris entre 1 et 3, la colonne j de B 0 est :

X
3 X
3 X
3
0 −1
B ωj = BN ωj = B n0ij ωi = n0ij Bωi = n0ij ei ∈ L
i=1 i=1 i=1

(N −1 est à coefficients entiers) et N −1 ∈ GL3 (Z) (on utilise le résultat de II. 2.).
Notons B0 = {e01 , e02 , e03 } cette Z-base. En remarquant que :
¡ ¢−1 t ¡ ¢−1 t
B 0 t B 0 = BN −1 t N −1 t B = B t NN B = BM −1 t B = B t BB B = I3 ,
¡ ¢
ce qui se traduit par e0i | e0j = δij pour i, j compris entre 1 et 3, on déduit que B0
est une base orthogonale de L et ce réseau est unimodulaire trivial.
(b) On a montré, pour n = 3, que si B est une Z-base d’un réseau unimodulaire L, il
existe alors une matrice B 0 dans O3 (Q) et une matrice N dans GL3 (Z) telles que
B = B 0 N. En permutant au besoin deux vecteurs de base, on peut supposer que B 0
est dans O3+ (Q) .
Réciproquement toute matrice B = B 0 N avec B 0 ∈ O3+ (Q) et N ∈ GL3 (Z) est la
matrice canonique d’une Z-base d’un réseau unimodulaire.
(c) En écrivant que L = B 0 (Λ) avec B 0 ∈ O3+ (Q) , on déduit que tout réseau unimo-
dulaire de l’espace vectoriel V de dimension 3 se déduit du réseau fondamental par
une rotation.
4. On déjà la matrice N ∈ GL3 (Z) comme solution de l’équation t KK = t BB = M. En
posant K = Y N, l’équation t KK = M équivaut à t N t Y Y N = t NN, soit à t Y Y = I3 ,
ce qui équivaut à Y ∈ O3 (Z) . En III. 4. a. on vu que O3 (Z) est de cardinal 23 3! = 48.
On a donc pour solutions de l’équation t KK = t BB = M la matrice N et les 47 autres
solutions K = Y N, avec Y ∈ O3 (Z) , déduites de N par permutations et changements de
signe des lignes de N.
5. Soit L0 un réseau de V w Q3 tel que L0 ⊂ L00 . En posant L = (Λ + L0 ) ∩ L00 , on définit un
réseau de V (question II. 5.). On a L ⊂ L00 , L0 ⊂ L0 + Λ et L0 ⊂ L00 , donc L0 ⊂ L ⊂ L00 .
En utilisant les résultats de III. 2. on a :

L0 = (Λ + L0 )0 + L0 = (Λ0 ∩ L00 ) + L0 = (Λ ∩ L00 ) + L0

(Λ est unimodulaire). Avec Λ ∩ L00 ⊂ L00 et L0 ⊂ L00 , on déduit que L0 ⊂ L00 , puis avec
Λ ∩ L00 ⊂ Λ que L0 ⊂ Λ + L0 et L0 ⊂ (Λ + L0 ) ∩ L00 = L.
Réciproquement tout x ∈ L est dans L00 et s’écrit x = y + z avec y ∈ Λ et z ∈ L0 ⊂ L00 , ce
qui entraîne y = x − z ∈ L00 , donc y ∈ Λ ∩ L00 et z ∈ L0 , c’est-à-dire que x = y + z ∈ L0 .
On a donc L = L0 et L est unimodulaire trivial (question IV. 3.).
6. Les résultats obtenus pour n = 3 sont encore valables pour n = 2.
18 Agrégation externe 1975, épreuve 1
2
Agrégation externe 1978, épreuve 1

2.1 Énoncé
Dans tout le problème, on désigne par ω un entier strictement positif pair et par Ω un
ensemble de cardinal ω.
Pour tout ensemble finie E, on note |E| son cardinal.
Pour tout entier n, on désigne par n son image modulo 2Z et on note F2 le corps à deux
Z
éléments .
2Z
On note Z [X, Y ] l’ensemble des polynômes à deux indéterminées à coefficients dans Z.

— I.A — Généralités

1. Vérifier que l’ensemble P (Ω) des parties de Ω, muni de l’opération différence symétrique
définie par :
(x, y) 7→ x + y = {t ∈ Ω | (t ∈ x ∪ y) et (t ∈
/ x ∩ y)}
est un groupe abélien.
2. Montrer que l’ensemble P (Ω) peut être muni d’une structure d’espace vectoriel sur le
corps F2 dont la loi de groupe additif est celle définie en I.A.1.
3. Quelle est la dimension de P (Ω) ? Fournir une base de cet espace vectoriel.
4. Vérifier que l’application α de P (Ω) × P (Ω) dans F2 définie par :

α (x, y) = |x ∩ y|

est une forme bilinéaire symétrique non dégénérée sur P (Ω) .


Dans ce qui suit, P (Ω) est muni de cette forme bilinéaire.
5. On désigne par D (Ω) le sous-espace vectoriel de P (Ω) engendré par Ω. Décrire l’ortho-
gonal H (Ω) de D (Ω) et retrouver la formule :
ω
X
2

Cω2k = 2ω−1 .
k=0

Quelle le noyau de la restriction de α à H (Ω) ?

— I.B — Codes et polynômes des poids

19
20 Agrégation externe 1978, épreuve 1

Les sous-espaces vectoriels de P (Ω) sont appelés les codes de P (Ω) . Si C est un code de
P (Ω) , on désigne par C 0 son orthogonal. Pour toute permutation s de Ω, on désigne par s
l’application linéaire de P (Ω) dans P (Ω) définie par :

x 7→ s (x) = {s (t) | t ∈ x} .

On dit que deux codes C et C 0 sont isomorphes s’il existe une permutation s de Ω telle que
s (C) = C 0 .
Un code C de P (Ω) est dit auto-orthogonal si C = C 0 .
Si C est un code de P (Ω) , on appelle polynôme des poids de C et on note PC (X, Y ) l’élément
de Z [X, Y ] défini par : X
PC (X, Y ) = X |x| Y ω−|x| .
x∈C

1. Quelle est la dimension d’un code auto-orthogonal ? Démontrer que si C est auto-orthogonal
on a D (Ω) ⊂ C ⊂ H (Ω) .
2. On pose ω = 2m et Ω = {t1 , t2 , · · · , tm , u1 , u2 , · · · , um } . Construire un code auto-
orthogonal dont le polynôme des poids est :
¡ ¢m
Pω (X, Y ) = X 2 + Y 2 .

3. Soit Γ (Ω) l’ensemble des codes auto-orthogonaux de P (Ω) dont le polynôme des poids
est Pω (X, Y ) . Démontrer que deux éléments quelconques de Γ (Ω) sont isomorphes.
4. Pour ω = 2m multiple de 4 et Ω = {t1 , t2 , · · · , tm , u1 , u2 , · · · , um } , vérifier que le code Bω
engendré par {t1 , t2 , · · · , tm } , {u1 , u2 , · · · , um } et {th , tj , uh , uj } pour h 6= j et 1 ≤ h ≤ m,
1 ≤ j ≤ m, est un code auto-orthogonal dont le polynôme des poids est :
1 ¡¡ 2 ¢m ¡ ¢m ¢
Qω (X, Y ) = X + Y 2 + X 2 − Y 2 + (2XY )m .
2
5. On dit qu’un code auto-orthogonal est pair si les cardinaux de tous ses éléments sont
multiples de 4. Vérifier que si ω est multiple de 8, le code Bω défini en I.B.4. est pair.
6. Soit C un code de P (Ω) .
(a) Soit f : P (Ω) 7→ M une application à valeurs dans un groupe abélien M dont la loi
est notée additivement. On pose (−1)0 = 1 et (−1)1 = −1 et on note fb : P (Ω) 7→ M
la fonction définie par :
X
fb(x) = (−1)α(x,y) f (y) .
y∈P(Ω)

Démontrer que pour tout code C de P (Ω) , on a :


X X
fb(x) = 2dim(C) f (y) .
x∈C y∈C 0

(b) En prenant pour M le groupe additif Z [X, Y ] et en choisissant judicieusement la


fonction f, démontrer la formule de Mac-Williams :

2dim(C) PC0 (X, Y ) = PC (Y − X, X + Y ) .


Énoncé 21

— II.A — Invariants d’un groupe fini

On désigne par V un espace vectoriel complexe de dimension finie, par E = (e1 , e2 , · · · , en )


une base de V et par Aut (V ) le groupe des automorphismes de V.
On note I l’endomorphisme identité de V.
Si g est un endomorphisme de V, on note Tr (g) sa trace.
On note A l’algèbre C [X1 , X2 , · · · , Xn ] .
Pour tout entier naturel k, on note Ak l’espace vectoriel complexe des polynômes homogènes
de degré k en n variables et ak sa dimension.
À tout élément g ∈ Aut (V ) on associe l’application σg : A → A définie de la manière
suivante :
si pour tout h compris entre 1 et m on a :
X
n
g (eh ) = γj,h ej ,
j=1

alors pour tout P ∈ A :


à n !
X X
n
σg (P ) (X1 , · · · , Xn ) = P γj,1 Xj , · · · , γj,n Xj .
j=1 j=1

On désigne par G un sous-groupe fini de Aut (V ) .


On note V G le sous-espace vectoriel de V formé des vecteurs v tels que g (v) = v pour tout
g ∈ G.
On note AG G
k l’ensemble des P ∈ Ak tels que σg (P ) = P pour tout g ∈ G, et ak sa dimension.

1. Montrer que :
¡ ¢ 1 X
dim V G = Tr (g)
|G| g∈G
1 P
(on pourra utiliser l’endomorphisme ρG = g et démontrer en particulier que V G =
|G| g∈G
ρG (V )).
2.
(a) Vérifier que l’application σ : g 7→ σg est un morphisme de groupes de Aut (V ) dans
le groupe Aut (A) des automorphismes de l’algèbre A.
(b) Vérifier que pour tout g ∈ Aut (V ) l’application σg induit, pour tout entier naturel
k, un automorphisme de l’espace vectoriel Ak .
P
+∞ P
+∞
3. Montrer que les séries entières ak z k et aG k
k z ont des rayons de convergence stricte-
k=0 k=0
ment positifs.
On pose :
X
+∞
ΦG (z) = aG k
kz .
k=0

4. Pour tout g ∈ G, on désigne par gk l’automorphisme de Ak défini par g.


(a) Comparer la trace de gk au coefficient de z k dans le développement en série entière
1
de .
det (I − zg)
22 Agrégation externe 1978, épreuve 1

(b) En déduire que pour |z| < 1, on a :


1 X 1
ΦG (z) = .
|G| g∈G det (I − zg)

— II.B — Algèbre associée aux polynômes des poids

On pose A = C [X, Y ] et on utilise les notations de II. A. pour n = 2. On note G le groupe


des matrices engendré par :
µ ¶ µ ¶
1 −1 1 −1 0
µ= √ et ρ = .
2 1 1 0 1
µ ¶
a b
Si P ∈ A et g = ∈ G, on pose alors :
c d
σg (P ) (X, Y ) = P (aX + cY, bX + dY ) .
Si r est un réel, on note [r] sa partie entière.
1. Soit C un code auto-orthogonal de P (Ω) . Montrer que PC (X, Y ) est invariant par les
transformations σg pour g ∈ G.
2.
(a) Quel est le cardinal de H ?
(b) Montrer que le groupe monogène H engendré par ρµ est distingué dans G.
(c) Étudier le groupe quotient G/H, et en déduire que G est de cardinal 16.
3.
1
(a) Décomposer en éléments simples dans R (X) .
(1 − X 2 ) (1 − X 8 )
(b) Montrer que pour |z| < 1 on a :
1
ΦG (z) = .
(1 − z 2 ) (1 − z8)

4. Montrer que la dimension de AGk est :


 · ¸
 k
G + 1 si k est pair,
ak = 8

0 si k est impair.

5. On désigne par AG l’algèbre des polynômes à deux variables invariants par G.


Montrer que :
AG = C [P2 (X, Y ) , Q8 (X, Y )] = {P (P2 (X, Y ) , Q8 (X, Y )) | P ∈ A}
où les polynômes Pω et Qω ont été définis en I. B.
2
6. On pose ∆ (X, Y ) = X 2 Y 2 (X 2 − Y 2 ) .
Montrer que si C est un code auto-orthogonal de P (Ω) , alors le polynôme PC (X, Y )
appartient à l’algèbre :
Z [P2 (X, Y ) , ∆ (X, Y )] = {P (P2 (X, Y ) , ∆ (X, Y )) | P ∈ Z [X, Y ]} .
Corrigé 23

2.2 Corrigé
— I.A — Généralités

Pour toute partie x de Ω on note x = Ω \ x son complémentaire dans Ω.


La différence symétrique peut s’écrire :

x + y = (x ∪ y) \ (x ∩ y) = (x ∩ y) ∪ (x ∩ y) .

1. Il est clair que + est une loi de composition interne commutative sur P (Ω) . L’ensemble
vide est l’élément neutre pour cette loi et tout x ∈ P (Ω) est son propre symétrique. Enfin
l’associativité se vérifie directement comme suit :

(x + y) + z = (x + y ∩ z) ∪ ((x + y) ∩ z)
³ ´
= (x ∩ y) ∪ (x ∩ y) ∩ z ∪ (((x ∩ y) ∪ (x ∩ y)) ∩ z)
= (((x ∪ y) ∩ (x ∪ y)) ∩ z) ∪ ((x ∩ y ∩ z) ∪ (x ∩ y ∩ z))
= (((x ∩ y) ∪ (x ∩ y)) ∩ z) ∪ ((x ∩ y ∩ z) ∪ (x ∩ y ∩ z))
= (x ∩ y ∩ z) ∪ (x ∩ y ∩ z) ∪ (x ∩ y ∩ z) ∪ (x ∩ y ∩ z) ,

le dernier terme de cette égalité étant invariant par permutation circulaire, ce qui permet
de déduire avec la commutativité de + que :

(x + y) + z = (y + z) + x = x + (y + z) .

2. On définit une loi externe sur P (Ω) en posant 0 · x = ∅ et 1 · x = x pour tout x ∈ P (Ω)
et on vérifie facilement que (P (Ω) , +, ·) est un F2 -espace vectoriel.
Une autre façon de procéder est de considérer la bijection χ qui associe à toute partie x
de Ω sa fonction caractéristique χx dans l’ensemble FΩ 2 des applications de Ω dans F2 . La
bijection réciproque χ transforme la structure de F2 -algèbre commutative de FΩ
−1
2 en une
structure F2 -algèbre commutative sur P (Ω) , l’addition devient la différence symétrique,
la multiplication interne devient l’intersection et la multiplication externe est celle qu’on
a défini.
3. On a : ¡ ¢
dimF2 (P (Ω)) = dimF2 FΩ
2 = |Ω| = ω.

Une base de P (Ω) s’obtient en prenant l’image de la base canonique de FΩ 2 par la bijection
−1
χ , c’est-à-dire la famille des singletons ({x1 } , {x2 } , · · · , {xω }) si Ω = {x1 , x2 , · · · , xω } ,
ce qui peut se voir directement en remarquant que toute partie x de Ω s’écrit de manière
unique : X
x= 1 · {xi } .
xi ∈x

4. Avec la commutativité de l’intersection, on déduit que l’application α est symétrique.


Avec la distributivité de l’intersection par rapport à la différence symétrique et l’égalité
|x ∪ y| = |x| + |y| − |x ∩ y| pour toutes parties x, y de Ω (qui entraîne |x + y| = |x| + |y| −
2 |x ∩ y|), on peut écrire que :

|(x + y) ∩ z| = |(x ∩ z) + (y ∩ z)|


= |x ∩ z| + |y ∩ z| − 2 |x ∩ y ∩ z|
24 Agrégation externe 1978, épreuve 1

et :
α (x + y, z) = |x ∩ z| + |y ∩ z| = α (x, z) + α (y, z) .
L’égalité α (λx, y) = λα (x, y) se vérifie facilement pour λ = 0 et λ = 1.
L’application α est donc bien bilinéaire symétrique sur P (Ω) .
Si x est une partie non vide de Ω, x1 un élément de x et y = {x1 } , on a :

α (x, y) = |x ∩ y| = {x1 } = 1 6= 0,

ce qui prouve que la forme bilinéaire α est non dégénérée sur P (Ω) .
Une autre façon de procéder est de remarquer que la matrice de α dans la base canonique
de P (Ω) est la matrice identité.
5. Le sous-espace vectoriel D (Ω) est la droite engendrée par Ω (qui est bien différent de ∅),
soit D (Ω) = F2 · Ω = {∅, Ω} . L’orthogonal de D (Ω) dans P (Ω) est alors :
© ª
H (Ω) = D (Ω)0 = x ∈ P (Ω) | α (x, Ω) = 0
© ª
= x ∈ P (Ω) | |x| = 0 = {x ∈ P (Ω) | |x| est pair} .

La forme α étant non dégénérée, on a :

dim (H (Ω)) = dim (P (Ω)) − dim (D (Ω)) = ω − 1

et comme il s’agit d’espaces vectoriels sur F2 , il en résulte que |H (Ω)| = 2ω−1 . D’autre
ω
part, pour tout k compris entre 0 et il y a Cω2k parties à 2k éléments dans P (Ω) et
ω
2
P2
donc un total de Cω2k parties de Ω ayant un nombre pair d’éléments, ce qui permet de
k=0
conclure à l’égalité :
ω
X
2

Cω2k = 2ω−1 .
k=0

La forme bilinéaire α étant non dégénérée, on a H (Ω)0 = D (Ω)00 = D (Ω) et avec


D (Ω) = {∅, Ω} ⊂ H (Ω) , on déduit que le noyau de la restriction de α à H (Ω) est :

H (Ω) ∩ H (Ω)0 = H (Ω) ∩ D (Ω) = D (Ω) .

— I.B — Codes et polynômes des poids

ω
1. Si le code C est auto-orthogonal, on a alors dim (C) = dim (C 0 ) =
(α est non dégénérée).
2
Pour tout x ∈ C on a |x| = α (x, x) = 0 puisque C est auto-orthogonal, ce qui signifie
que tous les éléments de C sont de cardinal pair et donc dans H (Ω) . On a donc bien
C ⊂ H (Ω) et il en résulte que D (Ω) = H (Ω)0 ⊂ C 0 = C.
2. Pour tout code C on a :
X X
ω
|x| ω−|x|
PC (X, Y ) = X Y = nk X k Y ω−k ,
x∈C k=0

où, pour tout entier k compris entre 0 et ω, on a noté nk le nombre d’éléments de C de


cardinal égal à k.
Corrigé 25

Si de plus le code C est auto-orthogonal, on a vu qu’il est contenu dans H (Ω) et tous ses
éléments sont en fait de cardinal pair, de sorte que :
X
m
PC (X, Y ) = n2k X 2k Y 2(m−k)
k=0

m P
m
et trouver un code auto-orthogonal C tel que Pω (X, Y ) = (X 2 + Y 2 ) = k
Cm X 2k Y 2(m−k)
k=0
k
revient à trouver C tel que n2k = Cm pour tout k compris entre 0 et m.
Pour ce faire on désigne par C le sous-espace vectoriel
P de P (Ω) S engendré par la famille
({tj , uj })1≤j≤m . Un élément de ce code s’écrit x = {tj , uj } = {tj , uj } où J est une
j∈J j∈J
partie de {1, · · · , m} , il est donc de cardinal pair et pour tout entier k compris entre 0
et m il y a autant d’éléments de C de cardinal égal à 2k que de parties à k éléments de
k
{1, · · · , m} , c’est-à-dire que n2k = Cm .
Il reste à montrer que ce code est auto-orthogonal. Pour x, y dans C, l’intersection x ∩ y
est de cardinal pair et donc α (x, y) = |x ∩ y| = 0, ce qui signifie que C ⊂ C 0 . Enfin
avec dim (C) = m (il est facile de vérifier que le système ({tj , uj })1≤j≤m est libre, en effet
Pm
x= λj {tj , uj } = 0 entraîneλj = α ({tj } , x) = 0), on déduit que dim (C 0 ) = ω −m = m
j=1
et C = C 0 .
3. On désigne par C l’élément de Γ (Ω) construit à la question précédente. Si C 0 est un autre
k
code dans Γ (Ω) , tous ses éléments sont de cardinal pair et il y en a n2k = Cm ayant 2k
éléments où k est compris entre 0 et
¡© 0 0 ª¢ m. En particulier il y a exactement n 2 = m éléments
de C a 2 éléments. On note tj , uj 1≤j≤m ces éléments et on a tj 6= th , uj 6= u0h pour
0 0 0 0

h 6= j. En effet si t0j = t0h avec h 6= j, alors u0j 6= u0h et :


¡© ª ¢ ¯© ª ¯
α t0j , u0j , {t0h , u0h } = ¯ t0j , u0j ∩ {t0h , u0h }¯ = 1 6= 0
0 0 0 0 0
en contradiction
¡© 0 0 ª¢avec C auto-orthogonal. On a donc Ω =0 {t1 , · · · , tm , u1 , · · · , um } et la
famille tj , uj 1≤j≤m est libre, c’est donc une base de C . On définit alors une permu-
tation de Ω en posant s (tj ) = t0j , s (uj ) = u0j pour tout j compris entre ©1 et m ª et on a
0 0 0
s (C) = C . En effet, pour tout j compris entre 1 et m, on a s ({tj , uj }) = tj , uj et s est
linéaire transformant une base de C en base de C 0 ce qui implique s (C) = C 0 .
On a donc ainsi montré que tout code dans Γ (Ω) est isomorphe à C et donc deux éléments
quelconques de Γ (Ω) sont isomorphes.
4.
(a) Le code Bω est auto-orthogonal.
Si m est pair alors tous les éléments du système de générateur choisi de Bω ont un
cardinal pair et l’intersection de deux de ces éléments x et y a également un cardinal
pair, ce qui entraîne que α (x, y) = 0 et par linéarité de α cette relation est vraie
pour tous x, y dans Bω . Le code Bω est donc bien auto-orthogonal.
(b) En notant x1 = {t1 , t2 , · · · , tm } et xj = {t1 , tj , u1 , uj } pour j compris entre 2 et m,
le système (x1 , x2 , · · · , xm ) est une base de Bω .
Le code Bω étant auto-orthogonal est de dimension m et il nous suffit de vérifier que
ce système de m éléments est générateur, ce qui résulte des égalités :

 {u , · · · , u } = P x
m
1 m j
j=1

{th , tj , uh , uj } = xj + xh (1 ≤ h 6= j ≤ m)
26 Agrégation externe 1978, épreuve 1

(tenir compte du fait que m est pair). On peut aussi vérifier que ce système est libre
P
m
avec x = λj xj = 0 entraîneλj = α ({uj } , x) = 0 pour j compris entre 2 et m et
j=1
nécessairement λ1 = 0.
(c) Les éléments de Bω sont de la forme :
X X X
xJ = {tj , uj } ou yJ = {tj } + {uj } ,
j∈J j∈J j∈J

avec J dans {1, · · · , m} de cardinal pair et J égal au complémentaire de J dans


{1, · · · , m} (pour m pair, J est également de cardinal pair).
Pm
En effet si x = λj xj est dans Bω , on distingue deux cas de figure :
j=2
soit il y a un nombre pair d’indices j compris entre 2 et m tels que λj = 1, et dans
ce cas en notant J l’ensemble de ces indices, on a :
X X
x= {t1 , tj , u1 , uj } = {tj , uj }
j∈J j∈J

soit il y a un nombre impair d’indices j compris entre 2 et m tels que λj = 1, et dans


ce cas en notant K l’ensemble de ces indices et j0 le plus petit élément de K, on a :
X
x = {t1 , tj0 , u1 , uj0 } + {t1 , tj , u1 , uj }
j∈K\{j0 }
X X
= {t1 , tj0 , u1 , uj0 } + {tj , uj } = {t1 , u1 } + {tj , uj }
j∈K\{j0 } j∈K
X
= {tj , uj }
j∈J

en notant J = {1} ∪ K.
Pm
Et pour x = x1 + λj xj dans Bω , on a :
j=2

X X X
x = {t1 , t2 , · · · , tm } + {tj , uj } = {tj } + {uj }
j∈J j∈J j∈J

avec J dans {1, · · · , m} de cardinal pair.


(d) Le polynôme des poids de Bω est alors donné par :
X X
P (X, Y ) = X |xJ | Y ω−|xJ | + X |yJ | Y ω−|yJ | .
|J| pair |J| pair

Pour toute partie de {1, · · · , m} de cardinal pair, on a |xJ | = 2 |J| et, pour k compris
m 2k
entre 0 et , il y a Cm parties à 2k éléments dans {1, · · · , m} . Pour ce qui est des
2
yJ , on a |yJ | = m et il y a 2m−1 parties de cardinal pair dans {1, · · · , m} . On a donc
Corrigé 27

au total :
m
X
2
2k 4k 2(m−2k)
P (X, Y ) = Cm X Y + 2m−1 X m Y m
k=0
Ãm !
1 X X
m
= k
Cm X 2k Y 2(m−k) + k
Cm (−1)k X Y 2k 2(m−k)
+ (2XY ) m
2 k=0 k=0
1 ¡¡ 2 ¢m ¡ ¢m ¢
= X + Y 2 + X 2 − Y 2 + (2XY )m .
2
5. On a vu que les éléments de Bω sont de la forme xJ avec |xJ | = 2 |J| et |J| pair ou de la
forme ou yK avec |yK | = m, donc pour ω multiple de 8, l’entier m est multiple de 4 et
tous les éléments de Bω ont un cardinal multiple de 4. Le code Bω est donc pair.
6.
(a) Les sommes considérées étant finies, on a :
à !
X X X X X
fb(x) = (−1)α(x,y) f (y) = (−1)α(x,y) f (y)
x∈C x∈C y∈P(Ω) y∈P(Ω) x∈C
à ! à !
X X α(x,y)
X X α(x,y)
= (−1) f (y) + (−1) f (y) .
y∈C 0 x∈C / 0
y ∈C x∈C

Pour y ∈ C 0 , on a (−1)α(x,y) = (−1)0 = 1 pour tout x ∈ C et :


X
(−1)α(x,y) = |C| = 2dim(C) .
x∈C

Pour y ∈ / C 0 , il existe x0 ∈ C tel que α (x0 , y) = 1 et l’ensemble H0 des x ∈ C tels que


α (x, y) = 1 est un hyperplan affine de C de direction le noyau H de la restriction à C
de la forme linéaire x 7→ α (x, y) . L’hyperplan affine H0 est en bijection avec H (par
l’application x 7→ x − x0 ), donc ces deux ensembles ont même cardinal, et comme ils
P
forment une partition de C, on a (−1)α(x,y) = 0. On a donc en définitive :
x∈C
X X
fb(x) = 2dim(C) f (y) . (2.1)
x∈C y∈C 0

(b) En prenant M = Z [X, Y ] avec l’application f : x 7→ X |x| Y ω−|x| , la formule (2.1)


s’écrit : X X
fb(x) = 2dim(C) X |y| Y ω−|y| = 2dim(C) PC 0 (X, Y )
x∈C y∈C 0

et il s’agit de montrer que :


X X
fb(x) = PC (Y − X, X + Y ) = (Y − X)|x| (X + Y )ω−|x| .
x∈C x∈C

Pour x fixé dans C, toute partie y de Ω peut s’écrire de manière unique sous la forme
y = y1 + y2 où y1 est une partie de x et y2 une partie de x = Ω \ x (y1 = y ∩ x et
28 Agrégation externe 1978, épreuve 1

y2 = y ∩ x), ce qui permet d’écrire :


X
fb(x) = (−1)α(x,y1 +y2 ) X |y1 |+|y2 | Y ω−|y1 |−|y2 |
y1 ⊂x, y2 ⊂x
X
= (−1)α(x,y1 ) X |y1 | Y |x|−|y1 | (−1)α(x,y2 ) X |y2 | Y |x|−|y2 |
y1 ⊂x, y2 ⊂x
X X
= (−1)α(x,y1 ) X |y1 | Y |x|−|y1 | (−1)α(x,y2 ) X |y2 | Y |x|−|y2 | .
y1 ⊂x y2 ⊂x

k
Pour k compris entre 0 et |x| il y a C|x| parties y1 de x à k éléments et pour chacune
de ces parties on a α (x, y1 ) = |x ∩ y1 | = |y1 | = k, de sorte que :
|x|
X α(x,y1 )
X
(−1) X |y1 |
Y |x|−|y1 |
= k
C|x| (−1)k X k Y |x|−k = (Y − X)|x| .
y1 ⊂x k=0

Pour y2 ⊂ x, on a α (x, y2 ) = |x ∩ y2 | = |∅| = 0 et :


|x|
X α(x,y2 )
X
(−1) X |y2 |
Y |x|−|y2 |
= k
C|x| X k Y |x|−k = (X + Y )|x| = (X + Y )ω−|x| .
y2 ⊂x k=0

On a donc en définitive fb(x) = (Y − X)|x| (X + Y )ω−|x| pour tout x ∈ C, ce qui


permet de déduire la formule de Mac-Williams.

— II.A — Invariants d’un groupe fini

1.
(a) On montre tout d’abord que V G = ρG (V ) .
Pour tout v ∈ V G , on a :
1 X 1 X
ρG (v) = g (v) = v=v
|G| g∈G |G| g∈G

et donc v = ρG (v) ∈ ρG (V ) .
Réciproquement tout v ∈ ρG (V ) s’écrit v = ρG (u) et pour tout g ∈ G, on a :
1 X 1 X
g (v) = g ◦ h (u) = k (u) = v
|G| h∈G |G| k∈G

(l’application h 7→ g ◦ h est une permutation de G), c’est-à-dire que v ∈ V G .


D’où l’égalité V G = ρG (V ) .
(b) On montre ensuite que ρG est un projecteur.
Pour tout v ∈ V, on a ρG (v) ∈ V G et :
1 X 1 X
ρG (ρG (v)) = g (ρG (v)) = ρG (v) = ρG (v) ,
|G| g∈G |G| g∈G

c’est à dire que ρG ◦ ρG = ρG et ρG est un projecteur.


Corrigé 29

(c) On a donc : ¡ ¢
Tr (ρG ) = dim (ρG (V ))) = dim V G ,
soit :
1 X ¡ ¢
Tr (g) = dim V G .
|G| g∈G

2.
(a) Pour tout g ∈ Aut (V ) il est facile de vérifier que l’application σg est un morphisme
d’algèbres de A dans A.
En notant M = ((γj,h ))1≤j,h≤n ∈ GLn (C) la matrice de g dans la base E, on a pour
tout polynôme P ∈ A :

σg (P ) (X1 , · · · , Xn ) = P ((X1 , · · · , Xn ) M) .

Pour g, g 0 dans Aut (V ) de matrices respectives M, M 0 dans la base E, on a pour


tout polynôme P ∈ A :

σg◦g0 (P ) (X1 , · · · , Xn ) = P ((X1 , · · · , Xn ) MM 0 )


= σg0 (P ) ((X1 , · · · , Xn ) M)
= σg (σg0 (P )) (X1 , · · · , Xn ) ,

c’est-à-dire que σg◦g0 = σg ◦σg0 . En prenant en particulier g0 = g −1 pour g ∈ Aut (V ) ,


on obtient σg ◦ σg−1 = σI = IdA , c’est-à-dire que σg est un automorphisme de A
d’inverse σg−1 . Et la relation σg◦g0 = σg ◦ σg0 pour tous g, g0 dans Aut (V ) nous dit
que σ est un morphisme de groupes de Aut (V ) dans Aut (A) .
(b) Une base de Ak est donnée par la famille :
( )
X
n
X1k1 · · · Xnkn | (k1 , · · · , kn ) ∈ Nn et ki = k .
i=1

P
n
Pour g ∈ Aut (V ) et (k1 , · · · , kn ) ∈ Nn tel que ki = k, on a :
i=1

à n !k1 à n !kn
¡ ¢ X X
σg X1k1 · · · Xnkn = γj,1 Xj ··· γj,n Xj .
j=1 j=1

à !ki
P
n ¡ ¢
Chaque polynôme γj,i Xj étant homogène de degré ki , le polynôme σg X1k1 · · · Xnkn
j=1
P
n
est homogène de degré ki = k, on a donc σg (Ak ) ⊂ Ak et l’égalité de ces deux
i=1
espaces vectoriels puisque σg est injective et Ak de dimension finie.
En définitive la restriction de σg à Ak est un automorphisme de l’espace vectoriel
Ak .
3. La dimension de l’espace Ak est :
¯( )¯
¯ Xn ¯ (n + k − 1)!
¯ ¯
ak = ¯ (k1 , · · · , kn ) ∈ Nn | k
ki = k ¯ = Cn+k−1 = .
¯ ¯ k! (n − 1)!
i=1
30 Agrégation externe 1978, épreuve 1

Avec ak > 0 et :
ak+1 n+k
lim = lim = 1,
n→+∞ ak n→+∞ k + 1

P
+∞
on déduit que la série entière G (z) = ak z k a un rayon de convergence égal à 1, puis
k=0
P
+∞
avec 0 < aG
k ≤ ak que la série entière aG k
k z a un rayon de convergence supérieur ou
k=0
égal à 1.
On peut aussi remarquer que :
à +∞ !(n−1)
1 X
+∞
(n + k − 1)! k 1 X
G (z) = z = z k+n−1
(n − 1)! k=0 k! (n − 1)! k=0
à +∞ !(n−1) à +∞ !(n−1)
1 X 1 X
= zp = zp
(n − 1)! p=n−1 (n − 1)! p=0
µ ¶(n−1)
1 1 1
= = .
(n − 1)! 1 − z (1 − z)n

Ou encore en utilisant le produit des séries entières :


à +∞ ! à +∞ !
1 X X
= z k1 · · · z kn
(1 − z)n k1 =0 kn =0
à !
X
+∞ X X
+∞
= 1 zk = ak z k .
k=0 k1 +···+kn =k k=0

4.
(a) Le groupe G ⊂ Aut (V ) étant fini, tout g ∈ G a un ordre qui divise l’ordre de G et
donc g |G| = I, ce qui entraîne que toutes les valeurs propres complexes de g sont de
module égal à 1. En notant λ1 , · · · , λn ces valeurs propres, on peut alors écrire pour
tout nombre complexe z tel que |z| < 1 :
à +∞ ! +∞
1 1 Yn X X
k k
ϕ (z) = = Q n = λ i z = αk z k
det (I − zg)
(1 − zλi ) i=1 k=0 k=0
i=1

avec : X
αk = λk1 · · · λkn .
k1 +···+kn =k

D’autre part, g étant annulé par le polynôme scindé à racines simples X |G| − 1 est
diagonalisable, c’est-à-dire qu’il existe p, δ dans Aut (V ) , avec δ de matrice diagonale
diag (λ1 , · · · , λn ) dans la base E, tels que g = p◦δ◦p−1 . On a alors σ (g) = σ (p)◦σ (δ)◦
σ (p)−1 et gk = pk ◦δk ◦p−1 k , où gk , δk , pk sont les restrictions à Ak de σ (g) , σ (δ) , σ (p) ,
de sorte que Tr (gk ) = Tr (δk ) , la trace de δk se calculant facilement avec :
¡ ¢ ¡ ¢
δk X1k1 · · · Xnkn = σ (δ) X1k1 · · · Xnkn = (λ1 X1 )k1 · · · (λn Xn )kn
¡ ¢
= λk1 · · · λkn X1k1 · · · Xnkn
Corrigé 31

et : X
Tr (gk ) = Tr (δk ) = λk1 · · · λkn = αk ,
k1 +···+kn =k

soit :
1 X +∞
= Tr (gk ) z k (|z| < 1) .
det (I − zg) k=0
(b) En désignant par σk le morphisme de groupes de G dans Aut (Ak ) qui associe à tout
g ∈ G l’automorphisme gk de Ak , l’image Gk du groupe G par ce morphisme est un
sous-groupe fini de Aut (Ak ) et le résultat de la question II. A. 1. appliqué à cette
situation nous permet d’écrire :
³ ´ 1 X
dim AG k
k
= Tr (h)
|Gk | h∈G
k

avec :
AG
k = {P ∈ Ak | ∀h ∈ Gk , h (P ) = P }
k

= {P ∈ Ak | ∀g ∈ G, σg (P ) = P } = AG
k.

G |G|
Le groupe Gk étant isomorphe au groupe quotient , on a |Gk | =
ker (σk ) |ker (σk )|
et :
¡ ¢ 1 X
dim AG
k = |ker (σk )| Tr (h) .
|G| h∈G
k

D’autre part, en utilisant la partition de G :


[
G= σk−1 {h}
h∈Gk

avec, pour h = σk (gh ) ∈ Gk où gh ∈ G :


© ¡ ¢ ª
σk−1 {h} = {g ∈ G | σk (g) = h} = g ∈ G | σk ggh−1 = I
© ª
= g ∈ G | ggh−1 ∈ ker (σk ) = ker (σk ) · gh ,
on obtient :
 
X X X X
Tr (σk (g)) =  Tr (σk (g)) = |ker (σk )| Tr (h)
g∈G h∈Gk g∈σk−1 {h} h∈Gk

et donc :
¡ G¢ 1 X 1 X
aG
k = dim Ak = Tr (σk (g)) = Tr (gk ) .
|G| g∈G |G| g∈G
En conclusion, pour |z| < 1, on a :
à !
X
+∞ X
+∞
1 X
ΦG (z) = aG k
kz = Tr (gk ) z k
k=0 k=0
|G| g∈G
à +∞ !
1 X X k 1 X 1
= Tr (gk ) z = .
|G| g∈G k=0 |G| g∈G det (I − zg)
32 Agrégation externe 1978, épreuve 1

— II.B — Algèbre associée aux polynômes des poids

1. Il s’agit de montrer que σg (PC ) = PC pour tout g ∈ G, encore équivalent à montrer que
σg (PC ) = PC pour tout g ∈ {µ, ρ} (σ est un morphisme de groupes).
Pour g = µ, on a :
µ ¶
1 1
σµ (PC ) (X, Y ) = PC √ (Y − X) , √ (X + Y ) ,
2 2
P |x| ω−|x|
avec PC (X, Y ) = X Y homogène de degré ω = 2m, ce qui donne :
x∈C

1
σµ (PC ) (X, Y ) = PC (Y − X, X + Y ) .
2m
ω
Le code C étant auto-orthogonal, on a dim (C) = = m et la formule de Mac-Williams
2
nous donne :
1
σµ (PC ) (X, Y ) = m 2m PC (X, Y ) = PC (X, Y ) ,
2
soit σµ (PC ) = PC .
Pour g = ρ, on a :
X
σρ (PC ) (X, Y ) = PC (−X, Y ) = (−X)|x| Y ω−|x| = PC (X, Y )
x∈C

puisque tous les éléments du code auto-orthogonal C sont de cardinal pair. On a donc
bien σρ (PC ) = PC .
2.
(a) On a : µ ¡ ¢ ¡ ¢ ¶ µ ¶
cos ¡ 3π

sin ¡3π
4 ¢
cos (π) sin (π)
µ= , ρ= ,
sin 3π4
− cos 3π
4
sin (π) − cos (π)
c’est-à-dire que µ [resp. ρ] est la matrice, dans la base canonique du plan euclidien

orienté R2 , de la symétrie orthogonale par rapport à la droite d’angle polaire
8
π
[resp ] et :
2 µ ¡ ¢ ¡ ¢ ¶
cos ¡π4 ¢ sin ¡ π4 ¢
ρµ =
− sin π4 cos π4
π
est la matrice de la rotation d’angle et le groupe H = hρµi est d’ordre 8.
4
Qp
(b) Tout élément de G = hµ, ρi est de la forme g = gkαk où les gk sont dans {µ, ρ} et
k=1
les αk dans {−1, 1} . En remarquant que µ2 = ρ2 = I, soit que µ = µ−1 et ρ = ρ−1 ,
Q
p
on a en fait g = gk où les gk sont dans {µ, ρ} . Il s’agit alors de montrer que :
k=1
¡ ¢
(g1 · · · gp ) (ρµ)k gp−1 · · · g1−1 ∈ H
pour tous p ∈ N∗ , gk ∈ {µ, ρ} et k ∈ {0, 1, · · · , 7} et pour ce faire il suffit de montrer
que µ (ρµ)k µ−1 ∈ H et ρ (ρµ)k ρ−1 ∈ H pour tout k compris entre 0 et 7. Pour k = 0,
le résultat est trivial et pour k 6= 0, on a :
½
µ (ρµ)k µ−1 = µ (ρµ)k µ = µ (ρµ)k−1 ρ = (µρ)k = (ρµ)−k ∈ H,
ρ (ρµ)k ρ−1 = ρ (ρµ)k ρ = µ (ρµ)k−1 ρ = (µρ)k = (ρµ)−k ∈ H.
Le sous-groupe H est donc distingué dans G.
Corrigé 33

3.
(a) On a :
¡ ¢¡ ¢
Q (X) = 1 − X 2 1 − X 8
3 ³
Y ´³ ´
2 2 kπ kπ
= (X − 1) (X + 1) X − ei 4 X − e−i 4
k=1

et dans C (X) on a la décomposition en éléments simples :


X3 µ ¶
1 a0 b0 a4 b4 ak bk
= + + + + +
Q (X) X − 1 (X − 1)2 X + 1 (X + 1)2 k=1 X − ei kπ4 kπ
X − e−i 4
avec bk = ak (le polynôme Q est à coefficients réels et la décomposition en éléments
simples est unique), a4 = −a0 , b4 = b0 (par parité). Les valeurs de ces coefficients
s’obtiennent avec :
¯
1 1 ¯ 1
ak = ³ kπ ´ , b0 = b4 = ¯ =
7 ¯
(X + 1) (1 + X + · · · + X ) X=0 16
Q0 ei 4

où Q0 (X) = 2X (X 8 − 1) + 8X 7 (X 2 − 1) et :
³ kπ ´ ³ kπ ´ ½ √
0 i 4 i 7kπ i 8i 2 si k = 1, 3,
Q e = 8e 4 e 2 − 1 =
16i si k = 2.
1
La valeur X = 0 donne a0 = −a4 = − . En définitive, on a la décomposition en
4
éléments simples complexes :
µ ¶ µ ¶
1 1 1 1 1 1 1
= − + +
Q (X) 4 X +1 X −1 16 (X − 1)2 (X + 1)2
µ ¶
1 1 1 1 1
+ √ π − π + 3π − 3π
8i 2 X − ei 4 X − e−i 4 X −µei 4 X − e−i 4¶
1 1 1
+ − ,
16i X − i X + i
qui donne la décomposition réelle :
µ ¶
1 1 4 4 1 1
= − + +
Q (X) 16 X + 1 X − 1 (X − 1)2 (X + 1)2
µ ¶
1 1 1 1
+ √ + + √ .
8 X 2 − 2X + 1 X 2 + 1 X 2 + 2X + 1
G
(b) Le groupe étant de cardinal 2, on a :
H
n o n o
k k
G = I + µ = H + µH = (ρµ) | 0 ≤ k ≤ 7 ∪ µ (ρµ) | 0 ≤ k ≤ 7 ,


c’est-à-dire que G est formé des 8 rotations d’angles :
4
µ ¡ ¢ ¡ kπ ¢ ¶
k cos ¡kπ
4 ¢ sin ¡ kπ
4 ¢
(ρµ) =
− sin kπ 4
cos 4
34 Agrégation externe 1978, épreuve 1

et des 8 réflexions :
µ ¡ ¢ ¡ ¢ ¶ µ ¡ ¢ ¡ ¢ ¶
k − cos ¡ kπ
4 ¢ − sin¡ kπ4¢ cos ¡ π + kπ
4 ¢ sin π¡ + kπ
4 ¢
µ (ρµ) = =
− sin kπ4
cos kπ
4
sin π + kπ
4
− cos π + kπ
4

avec k compris entre 0 et 7. µ ¶


1 0
Si g ∈ G est une réflexion, elle est semblable à la matrice et :
0 −1

det (I − zg) = 1 − z 2


et si c’est une rotation d’angle θk = , alors :
4
det (I − zg) = z 2 − 2 cos (θk ) z + 1.

En utilisant le résultat de la question II. A. 4. (b) on déduit alors que, pour |z| < 1,
on a : :
1 X 1
ΦG (z) =
|G| g∈G det (I − zg)
à !
1 8 X7
1
= +
16 1 − z 2 k=0 z 2 − 2 cos (θk ) z + 1
à !
1 1 1 1 X 3
1 1
= + +2 +
2 1 − z 2 16 (z − 1)2 k=1
z 2 − 2 cos (θ ) z + 1
k (z + 1)2
1 1 1 1 1 1 1 1
= + + 2 +
4 1 − z 4 1 + z 16 (z − 1) 16 (z + 1)2
µ ¶
1 1 1 1
+ √ + + √
8 z 2 − 2z + 1 z 2 + 1 z 2 + 2z + 1
1
soit ΦG (z) = .
(1 − z 2 ) (1 − z8)
4. On a :
X
+∞
1 X
+∞ X
+∞
ΦG (z) = aG
kz
k
= = z 2k1
z 8k2
k=0
(1 − z 2 ) (1 − z 8 ) k =0 k =0
1 2

et donc : ¯© ª¯
∀k ∈ N, aG
k =
¯ (k1 , k2 ) ∈ N2 | 2k1 + 8k2 = k ¯ .
Pour k impair, on a aG
k = 0 et pour k = 2p, on a :
¯© ª¯
aG
2p =
¯ (k1 , k2 ) ∈ N2 | k1 + 4k2 = p ¯ .

Pour p ∈ N et k2 ∈ N tel que 4k2 ≤ p, il existe un unique entier naturel k1 tel que
k1 + 4k2 = p, ce qui donne :
¯n · ¸
G ¯ p o¯¯ h p i k
a2p = ¯ k2 ∈ N | k2 ≤ ¯= +1= + 1.
4 4 8
Corrigé 35

5. On a vu en I.B.2. et I.B.4. que P2 et Q8 sont les polynômes des poids de deux codes
auto-orthogonaux et en utilisant le résultat de II.B.1. on déduit que P2 et Q8 sont dans
l’algèbre AG et donc que C [P2 , Q8 ] ⊂ AG . On a alors :

∀k ∈ N, Ck [P2 , Q8 ] = C [P2 , Q8 ] ∩ Ak ⊂ AG
k

et donc : ¡ ¢
dim (Ck [P2 , Q8 ]) ≤ dim AG G
k = ak .

D’autre part, les polynômes P2 et Q8 étant homogènes de degrés respectifs 2 et 8, pour


tout (k1 , k2 ) ∈ N2 tel que 2k1 + 8k2 = k, le polynôme P2k1 Qk82 est homogène de degré k et
donc : © ª
L = P2k1 Qk82 | (k1 , k2 ) ∈ N2 , 2k1 + 8k2 = k ⊂ Ck [P2 , Q8 ]
avec |L| = aG G
k (question II.B.4.). On aura donc montré que ak ≤ dim (Ck [P2 , Q8 ]) si on
montre que le système L est libre. En supposant ce système lié, il existe des coefficients
λk1 ,k2 non tous nuls tels que :
X
λk1 ,k2 P2k1 Qk82 = 0
(k1 ,k2 )∈N2
2k1 +8k2 =k

et en désignant par h1 le plus petit des indices k1 tels que λk1 ,k2 6= 0 pour un indice k2 et
h2 le plus petit de ces indices k2 , on a :
¡ ¢
P2h1 λh1 ,h2 Qh8 2 + P2 Q = 0,

ce qui équivaut à λh1 ,h2 Qh8 2 + P2 Q puisque C [X, Y ] est intègre, qui appliqué à (X, Y ) =
(1, i) donne λh1 ,h2 Qh8 2 (1, i) = 0 avec Qh8 2 (1, i) = 16h2 6= 0 et donc λh1 ,h2 = 0 en contra-
diction avec la définition du couple (h1 , h2 ) . En définitive le système L est libre et
aG G G
k ≤ dim (Ck [P2 , Q8 ]) ≤ ak , c’est-à-dire que dim (Ck [P2 , Q8 ]) = ak et Ck [P2 , Q8 ] = Ak
G

pour tout k ∈ N. On en déduit alors que :


M M
AG = AG
k = Ck [P2 , Q8 ] ⊂ C [P2 , Q8 ]
k∈N k∈N

et l’égalité AG = C [P2 , Q8 ] .
6. Si le code C est auto-orthogonal, on alors PC ∈ AG = C [P2 , Q8 ] et en remarquant que
Q8 = P24 − 4∆, on a PC ∈ C [P2 , ∆] . Le polynôme PC étant homogène de degré ω et P2 , ∆
homogènes de degrés respectifs 2 et 8, on a :
X
PC = λk1 ,k2 P2k1 ∆k2 .
(k1 ,k2 )∈N2
2k1 +8k2 =ω

En supposant que les coefficients λk1 ,k2 ne sont pas tous entiers, si h2 est le plus petit
indice tel que λh1 ,h2 ∈
/ Z (l’indice h1 est automatiquement déterminé par 2h1 + 8h2 = ω),
on a :
X X
∆h2 λk1 ,k2 P2k1 ∆k2 −h2 = PC − λk1 ,k2 P2k1 ∆k2 = Q ∈ Z [X, Y ]
2k1 +8k2 =ω 2k1 +8k2 =ω
k2 ≥h2 k2 <h2
36 Agrégation externe 1978, épreuve 1

puisque PC ∈ Z [X, Y ] et par définition de h2 . Comme X 2 divise ∆, X 2h2 va diviser Q,


c’est-à-dire que : X
∆h2 λk1 ,k2 P2k1 ∆k2 −h2 = Q = X 2h2 P
2k1 +8k2 =ω
k2 ≥h2

avec P ∈ Z [X, Y ] , ou encore :


¡ ¢2h X
Y 2h2 X 2 − Y 2 2 λk1 ,k2 P2k1 ∆k2 −h2 = P ∈ Z [X, Y ] .
2k1 +8k2 =ω
k2 ≥h2

Pour (X, Y ) = (0, 1) , en tenant compte de ∆ (0, 1) = 0 et P2 (0, 1) = 1, on aboutit à :

λh1 ,h2 = P (0, 1) ∈ Z

en contradiction avec l’hypothèse de départ. On a donc bien PC ∈ Z [P2 , ∆] .


3
Agrégation externe 1979, épreuve 1

3.1 Énoncé
Notations et définitions

Dans tout le problème, on considère un espace vectoriel euclidien E de dimension n ≥ 2, un


entier k ≥ 2 et un réel γ ∈ ]0, 1[ . Les entiers n et k et le réel γ pourront être assujettis à des
conditions supplémentaires qui dépendront de la question traitée.
On se propose d’étudier certaines familles finies de vecteurs de E et certains ensembles de
droites vectorielles de E, appelés épis. p
Si v, v 0 appartiennent à E, leur produit scalaire est noté (v | v 0 ) et on pose kvk = (v | v).
On note L (E) l’algèbre des endomorphismes de E, Ls (E) l’espace des endomorphismes
symétriques de E et O (E) le groupe orthogonal de E.
Pour tout v ∈ E on désigne par pv l’endomorphisme de E défini par :

∀v0 ∈ E, pv (v0 ) = (v | v 0 ) v.

On définit une opération de O (E) sur l’ensemble E k en posant, si f ∈ O (E) et si x =


(x1 , x2 , · · · , xk ) ∈ E k :
f · x = (f (x1 ) , f (x2 ) , · · · , f (xk )) .
Si Y est un ensemble, on note Card (Y ) le cardinal de Y et IdY l’application identique de Y.
Si P est un polynôme non nul de C [x] et si λ ∈ C, on note m (λ, P ) le plus grand entier
naturel m tel que (X − λ)m divise P dans C [x] .
On désigne par Mk l’espace des matrices à k lignes et k colonnes à termes réels.
Si A ∈ Mk , on note PA le polynôme caractéristique de A.
L’espace des matrices symétriques de Mk est noté Msk .
Si B ∈ Msk , λ (B) désigne la plus petite valeur propre de B.
On note Ik la matrice identité de Mk et Jk la matrice de Mk dont tous les termes sont
égaux à 1.

— I — Résultats préliminaires

1.
(a) Déterminer le rang et la trace de Jk . En déduire PJk .
(b) Si α et β sont des réels quelconques, former le polynôme caractéristique et calculer
les valeurs propres de la matrice Ak = αIk + βJk .

37
38 Agrégation externe 1979, épreuve 1

2.
(a) Soit Q un polynôme irréductible dans Q [x] . Montrer que toute racine complexe de
Q est simple.
(b) Soit P un polynôme non nul de Q [x] . Soit λ une racine complexe de P telle que
deg (P ) < 2m (λ, P ) . Montrer que λ appartient à Q.
3. Si f ∈ L (E) , Tr (f ) désigne la trace de f. Montrer que Ls (E) muni de la forme bilinéaire
symétrique (f, f 0 ) 7→ hf, f 0 i = Tr (f ◦ f 0 ) est un espace vectoriel euclidien.
4. À tout x = (x1 , x2 , · · · , xk ) ∈ E k , on associe la matrice Bx = ((xi | xj ))1≤i,j≤k dans Msk .
L’espace Rk étant muni du produit scalaire usuel, noté (· | ·)Rk , pour lequel la base cano-
nique ε = (ε1 , ε2 , · · · , εk ) est orthonormée, ϕx désigne l’application linéaire de Rk dans E
définie par :
∀i ∈ {1, 2, · · · , k} , ϕx (εi ) = xi .
On désigne par ϕ∗x l’unique application linéaire de E dans Rk telle que :
∀v ∈ E, ∀w ∈ Rk , (w | ϕ∗x (v))Rk = (ϕx (w) | v)
(a) Montrer que Bx est la matrice dans la base ε de ϕ∗x ◦ ϕx .
(b) En déduire les égalités :
rang (x) = rang (Bx ) = k − m (0, PBx ) .

(c) Montrer que λ (Bx ) ≥ 0 et que l’égalité a lieu si, et seulement si, la famille x est liée.
(d) Pour i compris entre 1 et k on note pi = pxi . Montrer que :
X
k
ϕx ◦ ϕ∗x = pi .
i=1

P
k
(e) En déduire que Bx et pi ont les mêmes valeurs propres non nulles.
i=1
5.
(a) Soit B ∈ Msk . Montrer qu’il existe x ∈ E k tel que B = Bx si, et seulement si,
λ (Bx ) ≥ 0 et rang (B) ≤ n.
(b) Soient x et y des éléments de E k . Montrer que Bx = By si, et seulement si, x et y
ont même orbite sous l’action de O (E) .

— II — Familles équiangulaires de vecteurs de E

On note U l’ensemble des vecteurs unitaires de E.


Une famille u = (u1 , u2 , · · · , uk ) ∈ U k est dite équiangulaire d’angle arccos (γ) si :
|(ui | uj )| = γ (1 ≤ i < j ≤ k)
L’ensemble des familles équiangulaires u ∈ U k d’angle arccos (γ) est noté Uγk .
On désigne par Ak l’ensemble des matrices A = (aij )1≤i,j≤k de Msk telles que aii = 0 pour
1 ≤ i ≤ k et aij ∈ {−1, 1} pour 1 ≤ i < j ≤ k.
1
À tout u ∈ Uγk , on associe la matrice Au = (Bu − Ik ) , de sorte que Au ∈ Ak .
γ
On dit qu’une famille équiangulaire u = (u1 , u2 , · · · , uk ) est aiguë [resp. obtuse] si (ui | uj ) >
0 [resp. (ui | uj ) < 0] pour 1 ≤ i < j ≤ k.
Énoncé 39

1.
(a) Montrer que toute famille équiangulaire aiguë est libre.
(b) Montrer l’existence d’une famille équiangulaire aiguë u ∈ Uγn .
2.
(a) Soit u = (u1 , u2 , · · · , uk ) ∈ Uγk . Montrer que si la famille u est liée alors :
µ ¶
1 1
λ (Au ) = − , m − , PAu = k − rang (u) .
γ γ

(b) Montrer l’existence d’une famille équiangulaire obtuse u ∈ U n+1


1 .
n

3. Jusqu’à la fin de cette partie, on suppose que Uγk n’est pas vide et on désigne par u =
(u1 , u2 , · · · , uk ) un élément de Uγk .
Pour 1 ≤ i ≤ k, on pose pi = pui .
(a) Montrer que, pour 1 ≤ i ≤ k, pi appartient à Ls (E) .
(b) Calculer hpi , pj i pour 1 ≤ i ≤ j ≤ k.
n (n + 1)
(c) Montrer que k ≤ .
2
4. On désigne par Π le sous-espace vectoriel de Ls (E) engendré par (p1 , p2 , · · · , pk ) .
k
(a) Montrer que n ≥ et que l’égalité a lieu si, et seulement si, IdE appar-
1 + (k − 1) γ 2
tient à Π (on pourra considérer la projection orthogonale de IdE sur Π).
Pk
(b) Montrer que si IdE appartient à Π, alors kIdE = n pi .
i=1

5. Pour 1 ≤ i < j ≤ k, on note dij le nombre d’entiers t tels que 1 ≤ t ≤ k, t 6= i, t 6= j et


(ui | uj ) (ui | ut ) (uj | ut ) > 0. On dit que la famille équiangulaire u est régulière si dij est
indépendant du couple (i, j) . ¡ 0 ¢
Si Au = (αij )1≤i,j≤k , on pose A2u = αij 1≤i,j≤k
.
0
(a) Pour 1 ≤ i < j ≤ k, calculer αij en fonction de k, αij et dij .
(b) Montrer que la famille u est régulière si, et seulement si, il existe des réels ρ1 , ρ2 tels
que (Au − ρ1 Ik ) (Au − ρ2 Ik ) = 0.
(c) Montrer que IdE appartient à Π si, et seulement si, la famille u est liée, de µ
rang n et

1 1 k
régulière. Montrer que, dans ce cas, les valeurs propres de Au sont − et −1
γ γ n
avec des multiplicités respectives k − n et n.
6. On suppose que la famille u = (u1 , u2 , · · · , uk ) est liée et que k est pair ou k−rang (u) ≥ 2.
1
Montrer que si 2 est entier, cet entier est impair (on pourra considérer les matrices
γ
déduites de Au et A2u par réduction modulo 2 dans Z).
1
7. Montrer que si IdE appartient à Π et si k est distinct de n + 1 et 2n, alors est un entier
γ
impair.
8.
40 Agrégation externe 1979, épreuve 1

1
(a) Montrer que si k > 2n alors est un entier impair.
γ
(b) Montrer que si n = 6 alors k ≤ 16.
n (n + 1) 1
9. On suppose que k = . Montrer que n + 2 = 2 . En déduire que si n > 3 alors
2 γ
n + 2 est le carré d’un entier impair.

— III — Épis dans E

Si D est un ensemble fini de droites vectorielles de E (Card (D) ≥ 2), on appelle repère de
D toute famille (uD )D∈D telle que pour toute droite D ∈ D, uD soit un vecteur unitaire de
D. Un tel repère est dit aigu si (uD | uD0 ) > 0 pour toute couple (D, D0 ) de droites distinctes
appartenant à D.
On dit que D est un épi d’angle arccos (γ) s’il possède un repère (uD )D∈D tel que |(uD | uD0 )| =
γ pour toute couple (D, D0 ) de droites distinctes appartenant à D.
On appelle base aiguë de E tout épi de cardinal n possédant un repère aigu.
On considère dans toute cette partie une base aiguë B de E d’angle arccos (γ) et un repère
aigu (uD )D∈B de B. P
Pour toute partie S de B, on pose eS = uD et on note vS l’unique élément de E tel que
D∈S
pour toute droite D ∈ B on ait :
½
−γ si D ∈ S
(vS | uD ) =
γ si D ∈
/S

1−γ
On pose r = et Φ (X) = X 2 − nX + r2 (n + 2r + 1) .

Soient S, T des parties de B.
1. Calculer (eS | eT ) , keS k2 , (eB | eS ) , keB k2 en fonction de n, r, Card (S) , Card (T ) et Card (S ∩ T ) .
1
2. Montrer que vS = ωS eB − eS , où ωS est un nombre réel que l’on calculera en fonction
r
de n, r et Card (S) .
3. Calculer kvS k2 en fonction de n, r et Card (S) .
4. Montrer que kvS k = 1 si, et seulement si, Card (S) est racine de Φ.
5. On suppose que Card (S) = Card (T ) et que kvS k = 1.
(a) Calculer (vS | vT − vS ) puis (vS | vT ) en fonction de r, Card (S) et Card (S ∩ T ) .
(b) En déduire que :
½
(vS | vT ) = γ ⇔ Card (S ∩ T ) = Card (S) − r2
(vS | vT ) = −γ ⇔ Card (S ∩ T ) = Card (S) − r (r + 1)

3.2 Corrigé
— I — Résultats préliminaires

1.
Corrigé 41

(a) Les colonnes de la matrice :


 
1 ··· 1
 
Jk =  ... . . . ... 
1 ··· 1
 
1
 
étant toutes égales au vecteur non nul ek =  ...  ∈ Rk , son rang vaut 1. Le
1
théorème du rang nous dit alors que le noyau de Jk est de dimension k − 1. La trace
de Jk étant égale à k, on déduit que Jk a pour valeurs propres 0 et k de multiplicité
respectives k − 1 et 1. Le polynôme caractéristique de Jk est donc :

PJk (x) = (−1)k xk−1 (x − k) .

(b) Pour β = 0, on a Ak = αIk qui a pour seule valeur propre α et pour polynôme
caractéristique PAk (x) = (−1)k (x − α)k .
Pour β 6= 0, on a :
µ ¶ µ ¶
k x−α k x−α
PAk (x) = β det Jk − Ik = β PJk
β β
= (−1)k (x − α)k−1 (x − α − βk)

et Ak a pour valeurs propres α et α + βk de multiplicité respectives k − 1 et 1.


On peut aussi calculer directement le polynôme caractéristique de Ak :
¯ ¯
¯ α+β−x β ··· β ¯
¯ .. ¯
¯ ... ¯
¯ β α+β−x . ¯
PAk (x) = ¯ . . . ¯
¯ .. .. .. β ¯
¯ ¯
¯ β ··· β α+β−x ¯

en ajoutant à la première colonne toutes les autres, ce qui donne :


¯ ¯
¯ 1 β ··· β ¯
¯ .. ¯
¯ ... ¯
¯ 1 α+β−x . ¯
PAk (x) = (α + kβ − x) ¯ . ... ... ¯
¯ .. β ¯
¯ ¯
¯ 1 ··· β α+β−x ¯

puis en retranchant aux lignes 2 à n la ligne 1, on obtient :


¯ ¯
¯ 1 β ··· ··· β ¯
¯ ¯
¯ 0 α−x 0 ··· 0 ¯
¯ . .. ¯
¯ ... ... ¯
PAk (x) = (α + kβ − x) ¯ .. 0 . ¯
¯ . .. ... ... ¯
¯ .. . 0 ¯
¯ ¯
¯ 0 0 ··· 0 α − x ¯

= (α + kβ − x) (α − x)k−1 .

2.
42 Agrégation externe 1979, épreuve 1

(a) Un polynôme Q irréductible dans Q [x] étant premier avec son polynôme dérivé Q0 ,
le théorème de Bézout nous dit qu’il existe deux polynômes U, V dans Q [x] tels que
U Q + V Q0 = 1 et un nombre complexe ne peut annuler simultanément Q et Q0 . Le
polynôme Q n’a donc que des racines simples dans C.
Q
m
(b) Dans Q [x] on a une décomposition en facteurs irréductibles Q = Pk où les Pk sont
k=1
irréductibles (non nécessairement distincts) dans Q [x] . Si λ est une racine complexe
de Q, on ordonne les Pk de sorte que λ annule les Pk pour k compris entre 1 et r
et n’annule pas les autres avec r compris entre 1 et m. Le (a) nous dit alors que
λ est racine simple des Pk pour k compris entre 1 et r et r = m (λ, P ) . Si tous
les Pk , pour k compris entre 1 et r, sont de degré supérieur ou égal à 2, on a alors
deg (P ) ≥ 2r = 2m (λ, P ) . On en déduit donc que si deg (P ) < 2m (λ, P ) , il existe
alors un indice k compris entre 1 et r tel que Pk soit de degré 1, ce qui entraîne que
λ (qui est racine de Pk ∈ Q [x]) est rationnel.
3. On sait que pour tout couple (f, f 0 ) d’endomorphismes de E, on a Tr (f ◦ f 0 ) = Tr (f 0 ◦ f ) .
Avec la linéarité de la trace on déduit donc que l’application (f, f 0 ) 7→ Tr (f ◦ f 0 ) défini
une forme bilinéaire symétrique sur L (E) .
D’autre part, on sait que tout endomorphisme symétrique de E a toutes ses valeurs propres
réelles et se diagonalise dans une base orthonormée. On a donc pour tout f ∈ Ls (E) :
X
n
Tr (f ◦ f ) = λ2k
k=1

où les λk ∈ R sont les valeurs propres de f. Il en résulte que h·, ·i est définie positive sur
Ls (E) , elle défini donc un produit scalaire sur cet espace.
On peut aussi dire que la matrice A = (aij )1≤i,≤n de f ∈ Ls (E) , dans une base orthonor-
mée de E, est symétrique et :
X
n X
n
Tr (f ◦ f ) = a2ik .
i=1 k=1

4.
¡ ¢
(a) L’application ψx = ϕ∗x ◦ ϕx est dans L Rk et pour i, j compris entre 1 et k, le
coefficient d’indice (i, j) de sa matrice dans la base orthonormée ε est donné par :
bij = (εi | (ϕ∗x ◦ ϕx ) (εj ))Rk = (ϕx (εi ) | ϕx (εj )) = (xi | xj ) .
Cette matrice est donc la matrice de Gram Bx .
(b) On a ker (ϕx ) ⊂ ker (ϕ∗x ◦ ϕx ) et pour tout vecteur u ∈ E, on a :
kϕx (u)k2 = (ϕx (u) | ϕx (u)) = (u | (ϕ∗x ◦ ϕx ) (u))Rk
ce qui entraîne que ker (ϕ∗x ◦ ϕx ) ⊂ ker (ϕx ) et donc que ker (ϕ∗x ◦ ϕx ) = ker (ϕx ) . Le
théorème du rang nous dit alors que :
rang (Bx ) = rang (ϕ∗x ◦ ϕx ) = rang (ϕx ) = rang (x) .
D’autre part, la matrice Bx qui est symétrique réelle se diagonalise dans une base
orthonormée, ce qui entraîne que :
rang (Bx ) = k − m (0, PBx ) .
Corrigé 43

(c) Si λ ∈ R est une valeur propre de ϕ∗x ◦ ϕx et u ∈ Rk un vecteur propre associé, on a :

0 ≤ kϕx (u)k2 = (ϕx (u) | ϕx (u)) = (u | (ϕ∗x ◦ ϕx ) (u))Rk = λ kuk2Rk

avec kuk2Rk > 0, ce qui entraîne que λ ≥ 0.


On a donc λ (Bx ) ≥ 0.
Dire que λ (Bx ) est nul équivaut à dire que m (0, PBx ) ≥ 1, ce qui est encore équi-
valent à rang (x) ≤ k − 1, qui revient à dire que la famille de vecteurs x est liée dans
E.
(d) Pour tout vecteur u ∈ E, on a :

X
k X
k
ϕ∗x (u) = (εi | ϕ∗x (u))Rk εi = (ϕx (εi ) | u) εi
i=1 i=1
X
k
= (xi | u) εi
i=1

et :
X
k X
k
(ϕx ◦ ϕ∗x ) (u) = (xi | u) ϕx (εi ) = (xi | u) xi
i=1 i=1
X
k
= pi (u) .
i=1

P
k
On a donc ϕx ◦ ϕ∗x = pi .
i=1
(e) Si λ ∈ R est une valeur propre non nulle de ϕx ◦ ϕ∗x et u ∈ Rk un vecteur propre
associé, on a :

(ϕ∗x ◦ ϕx ) (ϕ∗x (u)) = ϕ∗x ((ϕx ◦ ϕ∗x ) (u)) = λϕ∗x (u)

avec ϕ∗x (u) 6= 0 (ϕ∗x (u) = 0 entraîne λu = (ϕx ◦ ϕ∗x ) (u) = 0 et v = 0 puisque λ 6= 0),
ce qui signifie que λ est valeur propre de ϕ∗x ◦ ϕx et donc de Bx .
On vérifie de manière analogue que toute valeur propre non nulle de Bx est valeur
propre de ϕx ◦ ϕ∗x .
Pk
En définitive Bx et pi = ϕx ◦ ϕ∗x ont les mêmes valeurs propres non nulles.
i=1

5.
(a) Si B = Bx , on a vu en I.4 que λ (Bx ) ≥ 0 et rang (Bx ) = rang (x) ≤ n.
Réciproquement, soit B ∈ Msk telle que λ (B) ≥ 0 et r = rang (B) ≤ n.
Si B = 0, on a trivialement B = B0 . On suppose donc que B est non nulle.
La matrice B étant symétrique réelle il existe une matrice orthogonale P telle B =
t
P DP où D est une matrice diagonale de termes diagonaux λ1 , · · · , λn tous positifs
ou nuls puisque λ (B) ≥ 0. On peut supposer que λi > 0 pour i compris entre 1 et
r et λi = 0 pour i > r. On désigne par ∆ = (δij )1≤i≤n la matrice à n lignes et k
1≤j≤k
colonnes définie par :
½
0 si i 6= j
δij = √
δii = λi si 1 ≤ i ≤ min (n, k)
44 Agrégation externe 1979, épreuve 1

On a t ∆∆ = D et en posant C = ∆P on définit une matrice à n lignes et k colonnes


telle que B = t CC. En notant C = (cij )1≤i≤n et en désignant par e = (e1 , · · · , en )
1≤j≤k
une base orthonormée de E, on définit la famille de vecteurs x ∈ E k par :
X
n
xj = cij ei (1 ≤ j ≤ k)
i=1

La matrice de ϕx dans les bases ε de Rk et e de E est la matrice C, celle de ϕ∗x dans


les bases e et ε est t C (en effet (εi | ϕ∗x (ej ))Rk = (ϕx (εi ) | ej ) = (xi | ej ) = cji ) et
celle de ϕ∗x ◦ ϕx est t CC = B, ce qui entraîne que B = Bx d’après I.4.
(b) Si y = f · x avec f ∈ O (E) , on a alors pour tous i, j compris entre 1 et k :
(yi | yj ) = (f (xi ) | f (xj )) = (xi | xj )
et Bx = By .
Réciproquement supposons que Bx = By .
Si ces deux matrices sont nulles, on a x = y = 0 (kxi k2 = (xi | xi ) = 0) et y = f · x
avec f = 0 ∈ O (E) . On suppose que Bx 6= 0. On a alors :
r = rang (x) = rang (Bx ) = rang (By ) = rang (y) ≥ 1
et, quitte à réordonner, on peut supposer que rang (x1 , · · · , xr ) = r. Comme (yi | yj ) =
(xi | xj ) pour tous i, j, on a également rang (y1 , · · · , yr ) = r. Si on désigne par F et G
les sous-espaces vectoriels de E engendrés¡respectivement
¢ ¡ par
¢ x1 , · · · , xr et y1 , · · · , yr ,
⊥ ⊥
on a dim (F ) = dim (G) = r, donc dim F = dim G et on peut trouver une
isométrie g de F ⊥ sur G⊥ . On définit alors une isométrie de E dans E en posant :
½
∀i ∈ {1, · · · , r} , f (xi ) = yi
∀u ∈ F ⊥ , f (u) = g (u)
Il nous reste à montrer que f (xi ) = yi pour i compris entre r + 1 et n (si de tels
indices existent). Pour i > r, on a xi ∈ Vect (x) = F, donc f (xi )−yi ∈ G = Vect (y) .
D’autre part, pour j compris entre 1 et r, on a :
(f (xi ) − yi | yj ) = (f (xi ) | f (xj )) − (yi | yj )
= (xi | xj ) − (yi | yj ) = 0
c’est-à-dire que f (xi ) − yi ∈ G⊥ . On a donc f (xi ) − yi ∈ G ∩ G⊥ , c’est-à-dire que
f (xi ) − yi = 0. En définitive x et y sont bien dans la même orbite sous l’action de
O (E) .

— II — Familles équiangulaires de vecteurs de E

1.
(a) Soit u = (u1 , u2 , · · · , uk ) ∈ Uγk une famille équiangulaire aiguë. On a :
 
1 γ ··· γ
 . . . .. 
 γ 1 . 
Bu = ((ui | uj ))1≤i,j≤k =  . . 
 .. . . . . . γ 
γ ··· γ 1
= (1 − γ) Ik + γJk
Corrigé 45

et on a vu en I.1 que ses valeurs propres sont 1−γ > 0 et (1 − γ)+γk = 1+(k − 1) γ >
0. Il en résulte que λ (Bu ) > 0 et on a vu en I.4 que cela équivaut à dire que la famille
de vecteurs u est libre dans E.
(b) La matrice B = (1 − γ) In + γJn est dans Msn avec rang (B) ≤ n et λ (B) > 0, il
existe donc u ∈ E n tel que B = Bu (question I.5). Avec (ui | ui ) = 1 et (ui | uj ) = γ
pour i 6= j, on déduit que u est équiangulaire aiguë dans Uγn .
2.
1
(a) On a Au = (Bu − Ik ) avec 0 < γ < 1, donc :
γ

 1
λ (Au ) = (λ (Bu ) − 1)
γ
 m (λ (A ) , P ) = m (λ (B ) , P )
u Au u Bu

1
Si u est liée, on a alors λ (Bu ) = 0 (question I.4), donc λ (Au ) = − et :
γ
µ ¶
1
m − , PAu = m (0, PBu ) = k − rang (Bu ) = k − rang (u)
γ
(Bu est symétrique réelle, donc diagonalisable et dim (ker (Bu )) = m (0, PBu )).
(b) La matrice : µ ¶
1 1
B = 1+ In+1 − Jn+1
n n
µ ¶
s 1 1 n+1
est dans Mn+1 de valeurs propres 1 + et 1 + − = 0 de multiplicités
n n n
respectives n et 1, donc λ (B) = 0 et rang (B) = n. Il existe donc u ∈ E n+1 tel
1
que B = Bu . Avec (ui | ui ) = 1 et (ui | uj ) = − pour i 6= j, on déduit que u est
n
équiangulaire obtuse dans U n+1
1 .
n

3. (a) Pour tous u, v dans E et 1 ≤ i ≤ k, on a :


(u | pi (v)) = (u | (ui | v) ui ) = (ui | v) (u | ui )
= ((u | ui ) ui | v) = (pi (u) | v)
ce qui signifie que pi est symétrique.
(b) Pour 1 ≤ i ≤ j ≤ k, on a :
Im (pi ◦ pj ) ⊂ Im (pi ) = Rui ,
donc Im (pi ◦ pj ) est de dimension 0 ou 1. Avec :
(pi ◦ pj ) (ui ) = pi ((uj | ui ) uj ) = (uj | ui ) (ui | uj ) ui
½
2 ui si i = j
= (ui | uj ) ui = 6= 0
γ 2 ui si i 6= j
on déduit que Im (pi ◦ pj ) = Rui . Les valeurs propres de pi ◦ pj sont donc 0 d’ordre
n − 1 et 1 (pour i = j) ou γ 2 (pour i 6= j) qui est simple. On a donc :
½
1 si i = j
hpi , pj i = Tr (pi ◦ pj ) =
γ 2 si i 6= j
46 Agrégation externe 1979, épreuve 1

(c) Le résultat qui précède nous dit que dans l’espace euclidien Ls (E) la famille (pi )1≤i≤k
est équiangulaire aiguë, elle est donc libre et :
n (n + 1)
k ≤ dim (Ls (E)) = .
2
4. On désigne par π la projection orthogonale de (Ls (E) , h·, ·i) sur Π. On rappelle que pour
tout f ∈ Ls (E) , π (f ) est l’unique élément de Π tel que f − π (f ) ∈ Π⊥ .
(a) La projection de IdE sur Π est définie par :

 Pk
π (IdE ) = αj pj
j=1

hIdE − π (IdE ) , pi i = 0 (1 ≤ i ≤ k)
Les coefficients αj sont donc solutions du système linéaire :
X
k
αj hpi , pj i = hπ (IdE ) , pi i = hIdE , pi i = Tr (pi ) = 1 (1 ≤ i ≤ k)
j=1

ce qui s’écrit aussi, compte tenu de hpi , pi i = 1 et hpi , pj i = γ 2 pour i 6= j :




 α1 + γ 2 α2 + · · · + γ 2 αk = 1

 γ 2 α1 + α2 + · · · + γ 2 αk = 1
..

 .

 γ2α + γ2α + · · · + α = 1
1 2 k

En retranchant la ligne 1 à la ligne i ≥ 2, on obtient :


¡ ¢
1 − γ 2 (αi − α1 ) = 0
ce qui donne αi = α1 pour tout i compris entre 2 et k (γ 2 est différent de 1). La
première équation nous donne alors :
1
α1 =
1 + (k − 1) γ 2
et donc :
1 Xk
π (IdE ) = pj .
1 + (k − 1) γ 2 j=1
Par définition de π (IdE ) , on a :
kIdE k2 = k(IdE − π (IdE )) + π (IdE )k2
= kIdE − π (IdE )k2 + kπ (IdE )k2 ≥ kπ (IdE )k2
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, IdE = π (IdE ) encore équivalent à dire que
IdE ∈ Π. En tenant compte de :
 2
 kIdE k = Tr (IdE ) = n
2 1 P
k P k k
 kπ (IdE )k = 2 hpi , pj i =
(1 + (k − 1) γ 2 ) j=1 i=1 1 + (k − 1) γ 2
on déduit que :
k
n≥
1 + (k − 1) γ 2
l’égalité étant réalisée si, et seulement si, IdE ∈ Π.
Corrigé 47

(b) Si IdE ∈ Π, on a :


 1 Pk
 IdE = π (IdE ) = pj
1 + (k − 1) γ 2 j=1

 k
 n=
1 + (k − 1) γ 2
P
k
ce qui donne kIdE = n pi .
i=1

5.
(a) La matrice Au étant symétrique, il en de même de A2u et pour 1 ≤ i ≤ j ≤ k, on a :

X
k X
k
0
αij = αit αtj = αit αjt .
t=1 t=1
t6=i,t6=j

Pour i = j, on a αit αit = (±1)2 = 1 pour t 6= i et :

αii0 = k − 1.

Pour i < j, t 6= i, t 6= j, on a :
½
αij si (ui | uj ) (ui | ut ) (uj | ut ) > 0
αit αjt =
−αij si (ui | uj ) (ui | ut ) (uj | ut ) < 0
ce qui donne :
0
αij = (dij − (k − 2 − dij )) αij = (2dij + 2 − k) αij .

(b) Si la famille u est régulière, on a dij = d pour 1 ≤ i < j ≤ k et :


½ 0
αii = k − 1
0
αij = (2d + 2 − k) αij (1 ≤ i < j ≤ k)

c’est-à-dire que :
A2u = (2d + 2 − k) Au + (k−) Ik .
Le polynôme X 2 − (2d + 2 − k) X −(k − 1) de discriminant (2d − k)2 +8d > 0 ayant
deux racines réelles ρ1 et ρ2 , l’égalité précédente s’écrit :

(Au − ρ1 Ik ) (Au − ρ2 Ik ) = 0

Réciproquement supposons cette condition vérifiée. On a alors :

A2u = (ρ1 + ρ2 ) Au − ρ1 ρ2 Ik

c’est-à-dire :
½
αii0 = k − 1 = −ρ1 ρ2
0
αij = (2dij + 2 − k) αij = (ρ1 + ρ2 ) αij (1 ≤ i < j ≤ k)

ρ1 + ρ2 + k − 2
ce qui entraîne que dij est constant égal à et donc que la famille u
2
est régulière.
48 Agrégation externe 1979, épreuve 1

k
(c) Si IdE ∈ Π alors n = < k (question II.4b) et la famille u est liée. De
1 + (k − 1) γ 2
nP k
plus IdE ∈ Π entraîne IdE = pj (question II.4b) et donc tout u ∈ E s’écrit :
k j=1

nX nX
k k
u= pj (u) = (ui | u) ui
k j=1 k j=1

et u est générateur de E, cette famille est donc de rang n.


P
k
En I.4e on a vu que les valeurs propres non nulles de Bu sont celles de pj qui est
j=1
k k
égal à IdE , il en résulte que est la seule valeur propre non nulle de Bu . De plus,
n n
on a :
m (0, PBu ) = k − rang (u) = k − n > 0,
k
donc les valeurs propres de Bu sont 0 et de multiplicités respectives k − n et
n µ ¶
1 1 k
n. Les valeurs propres de Au sont donc − et − 1 de multiplicités respec-
γ γ n
tives k − n et n. Cette matrice étant diagonalisable,
µ ¶ son polynôme minimal est
1 1 k
(X − ρ1 ) (X − ρ2 ) avec ρ1 = − , ρ2 = − 1 ce qui entraîne d’après la ques-
γ γ n
tion précédente que u est régulière.
Réciproquement supposons la famille u liée, de rang n et régulière. On a alors (ques-
tion II.2a) :
 1

 λ (Au ) = −
µ γ¶
 1
 m − , PAu = k − rang (u) = k − n < k
γ
De plus Au est annulée par un polynôme de degré 2 de la forme (X − ρ1 ) (X − ρ2 ) ,
1
ces valeurs propres sont donc ρ1 = − de multiplicité k − n et ρ2 de multiplicité n
γ
(Au est symétrique réelle
µ donc¶diagonalisable). Avec (k − n) ρ1 + nρ2 = Tr (Au ) = 0,
1 k
on déduit que ρ2 = − 1 . Enfin avec A2u = (ρ1 + ρ2 ) Au − ρ1 ρ2 Ik , on déduit
γ n
que : µ ¶
0 1 k
αii = k − 1 = −ρ1 ρ2 = 2 −1
γ n
k
soit n = , ce qui équivaut à IdE ∈ Π (question II.4a).
1 + (k − 1) γ 2
6. Pour toute matrice A = (aij )1≤i,j≤k à coefficients entiers, on note A = (aij )1≤i,j≤k la
matrice déduite de A par réduction modulo 2 dans Z en notant, pour tout entier relatif a,
Z ¡ 0 ¢
a sa classe dans . Avec ces notations, on a Au = (αij )1≤i,j≤k , A2u = αij 1≤i,j≤k
avec :
2Z
½
αii = 0, αii0 = k − 1 (1 ≤ i ≤ k)
0
αij = 1, αij = k (1 ≤ i < j ≤ k)
Corrigé 49

(question II.5a). Le polynôme caractéristique de A2u est donc :


¡ ¢k−1 ³ ´
PA2u (x) = (−1)k x + 1 x + 1 − k2
¡ ¢k−1 ¡ ¢ Z
= (−1)k x − 1 x−1+k ∈ [x] .
2Z
1 1
Si u est lié, alors − est valeur propre de Au de multiplicité k − rang (u) et 2 est valeur
γ γ
propre de A2u de multiplicité
µ µ m 0
≥ k − rang
¶¶ (u) (lesµmatrices¶considérées
µ étant diagona-

1 1 1
lisables, on a m0 = dim ker A2u − 2 avec ker Au + ⊂ ker A2u − 2 ). Si de
γ γ γ
1 1
plus 2 est entier, alors 2 est racine de PA2u . Pour k pair, on PA2u (x) = (−1)k (x − 1)k
γ γ
1 1
et donc 2 = 1, c’est-à-dire que 2 est impair. Pour k − rang (u) ≥ 2, on a m0 ≥ 2, donc
γ γ
µ ¶2
1 ¡ ¢k−1 ¡ ¢ 1
x− 2 divise PA2u (x) = (−1)k x − 1 x − 1 + k , ce qui entraîne encore 2 = 1.
γ γ
µ ¶
1 1 k
7. Si IdE appartient à Π les valeurs propres de Au sont alors ρ1 = − et ρ2 = −1
γ γ n
avec des multiplicités respectives k − n et n. De plus la famille u est liée de rang n et
régulière. Le polynôme minimal de Au est donc πAu (x) = (x − ρ1 ) (x − ρ2 ) et l’égalité
πAu (Au ) = 0 donne A2u = (ρ1 + ρ2 ) Au − ρ1 ρ2 Ik , ce qui entraîne pour 1 ≤ i < j ≤ n :
0
αij = (2d + 2 − k) αij = (ρ1 + ρ2 ) αij

soit : µ ¶
1 k
ρ1 + ρ2 = − 2 = 2d + 2 − k
γ n
1 2d + 2 − k 1
et = n ∈ Q si k 6= 2n. En remarquant que − est un nombre rationnel
γ k − 2n γ
racine du polynôme PAu qui est à coefficients entiers et de coefficient dominant égal à
(−1)k , on déduit que ce rationnel est nécessairement un entier.
Si on suppose de plus que k 6= n + 1, comme la famille u est liée de rang n, on a k ≥ n + 2
1
et k − rang (u) = k − n ≥ 2, ce qui entraîne que l’entier 2 est impair et il en est de même
γ
1
de .
γ
8.
1
(a) Si k > 2n la famille u est liée, − est valeur propre de Au et on a :
γ
µ ¶
1 k deg (Au )
m − , PAu = k − rang (u) ≥ k − n > =
γ 2 2
1
ce qui entraîne que − est rationnel (question I.2b). On montre comme à la question
γ
1
précédente que − est un entier impair.
γ
50 Agrégation externe 1979, épreuve 1

n (n + 1)
(b) On suppose que n = 6. On sait déjà que k ≤ = 21. Si k > 16, la ques-
2
1 k
tion précédente nous dit que est un entier impair. L’inégalité n ≥
γ 1 + (k − 1) γ 2
entraîne alors :
1 6 (k − 1) 15
2
≤ <6 =9
γ k−6 10
t−1 1
(la fonction t 7→ est strictement décroissante sur ]6, +∞[), soit < 3 et
t−6 γ
1
nécessairement = 1 puisque c’est un entier impair, ce qui contredit γ ∈ ]0, 1[ . On
γ
a donc k ≤ 16.
n (n + 1)
9. Si k = = dim (Ls (E)) , alors le système libre (pi )1≤i≤k est une base de Ls (E)
2
k
et IdE ∈ Π, ce qui entraîne que n = et donc :
1 + (k − 1) γ 2

1 n (k − 1) n2 + n − 2
= = = n + 2.
γ2 k−n n−1
1
Pour n > 3, on a k > 2n, donc est un entier impair, c’est-à-dire que n + 2 est le carré
γ
d’un entier impair.

— III — Épis dans E

1. Pour toute droite D ∈ B, on a :


 P
 (uD | uD0 ) + (uD | uD ) = (Card (T ) − 1) γ + 1 si D ∈ T
D0 ∈T \{D}
(uD | eT ) = P
 (uD | uD0 ) = Card (T ) γ si D ∈/T
D0 ∈T

et donc :
X X
(eS | eT ) = (uD | eT ) + (uD | eT )
D∈S\S∩T D∈S∩T

= Card (S \ S ∩ T ) Card (T ) γ + Card (S ∩ T ) ((Card (T ) − 1) γ + 1)


µ µ ¶ ¶
1
= γ Card (S) Card (T ) + − 1 Card (S ∩ T )
γ
1
ce qui peut aussi s’écrire en tenant compte de γ = :
2r + 1
Card (S) Card (T ) + 2r Card (S ∩ T )
(eS | eT ) = .
2r + 1
Pour T = S, on obtient :

Card (S) (Card (S) + 2r)


keS k2 = ,
2r + 1
Corrigé 51

pour T = B on obtient :
Card (S) (n + 2r)
(eB | eS ) =
2r + 1
et pour T = S = B on obtient :
n (n + 2r)
keB k2 = .
2r + 1
2. La famille (uD )D∈B étant une base de E, on a :
X
vS = αD0 uD0
D0 ∈B

et pour toute droite D ∈ B, on a :


X ½
−γ si D ∈ S
(uD | vS ) = γ αD0 + αD =
γ si D ∈
/S
D0 ∈B\{D}

Pour D1 6= D2 dans S, en soustrayant les équations :


 P

 γ 0 αD0 + αD1 = −γ
D ∈B\{D1 }
P

 γ 0 αD0 + αD2 = −γ
D ∈B\{D2 }

on obtient :
(1 − γ) (αD1 − αD2 ) = 0,
ce qui entraîne αD1 = αD2 puisque γ 6= 1. On a donc αD = α pour tout D ∈ S et on voit
de même que αD = β pour tout D ∈ / S.
Pour D1 ∈ S et D2 ∈ / S, en soustrayant les équations :
 P

 γ 0 αD0 + αD1 = −γ
D ∈B\{D1 }
P

 γ 0 αD0 + αD2 = γ
D ∈B\{D2 }

on obtient :
(1 − γ) (αD2 − αD1 ) = 2γ,
soit (1 − γ) (β − α) = 2γ et :
2γ 1
β= + α = + α.
1−γ r
On a donc :
X µ ¶ X µ ¶
1 1
vS = α uD0 + +α uD0 = αeS + + α (eB − eS )
D0 ∈S
r 0
r
D ∈B\S
µ ¶
1 1 1
= + α eB − eS = ωS eB − eS .
r r r
Pour D ∈ S, on a : 
 (eB | uD ) = (n − 1) γ + 1
(eS | uD ) = (Card (S) − 1) γ + 1

(vS | uD ) = −γ
52 Agrégation externe 1979, épreuve 1

ce qui donne :
1
ωS ((n − 1) γ + 1) − ((Card (S) − 1) γ + 1) = −γ,
r
1
soit en tenant compte de γ = :
2r + 1
n + 2r 1 Card (S) + 2r 1
ωS − =−
2r + 1 r 2r + 1 2r + 1
et donc :
Card (S) + r
ωS = .
r (2r + 1)
3. On a :
ωS 1
kvS k2 = ωS2 keB k2 − 2 (eB | eS ) + 2 keS k2
r r
2 Card (S) (n − Card (S)) + nr
= .
r (2r + 1) (n + 2r)

4. On a kvS k = 1 si, et seulement si, 2 Card (S) (n − Card (S)) + nr = r (2r + 1) (n + 2r) ,
ce qui équivaut à Φ (Card (S)) = 0.
1
5. (a) Si Card (S) = Card (T ) , on a ωS = ωT , ce qui entraîne vT − vS = − (eT − eS ) et
r
avec (eB | eS ) = (eB | eT ) , on déduit que :
µ ¶
1 1 1
(vS | vT − vS ) = − (vS | eT − eS ) = − ωS eB − eS | eT − eS
r r r
1 1 ¡ ¢
= 2 (eS | eT − eS ) = 2 (eS | eT ) − keS k2
r r
2 (Card (S ∩ T ) − Card (S))
=
r (2r + 1)
et :
2 (Card (S ∩ T ) − Card (S))
(vS | vT ) = kvS k2 + .
r (2r + 1)
En supposant que kvS k = 1, on a :

2 (Card (S ∩ T ) − Card (S))


(vS | vT ) = 1 + .
r (2r + 1)

1
(b) La condition (vS | vT ) = γ = équivaut à :
2r + 1
r (2r + 1) + 2 (Card (S ∩ T ) − Card (S)) = r

encore équivalent à Card (S ∩ T ) = Card (S) − r2 .


Et la condition (vS | vT ) = −γ équivaut à :

r (2r + 1) + 2 (Card (S ∩ T ) − Card (S)) = −r

encore équivalent à Card (S ∩ T ) = Card (S) − r (r + 1) .


4
Agrégation externe 1989, épreuve 1

4.1 Énoncé
Z
Pour tout nombre premier p, on note Fp le corps des classes résiduelles modulo p.
pZ
Si S est un sous-anneau de C, on note Mn (S) l’anneau des matrices carrées d’ordre n à
coefficients dans S et GL (n, S) le groupe des éléments inversibles de Mn (S) . Si M est un
élément de Mn (S) , M ∗ (resp. t M) désigne la matrice adjointe (resp. transposée) de M.
On dit qu’une matrice hermitienne (resp. symétrique réelle) A est définie positive si la forme
hermitienne (resp. la forme bilinéaire symétrique) associée à A est définie positive.
On dit que S est un anneau principal, si tout idéal de S peut être engendré par un seul
élément, euclidien s’il existe une application N de S − {0} dans N telle que si a, b sont deux
éléments non nuls de S, il existe q, r appartenant à S vérifiant a = bq + r et r = 0 ou N (r) <
N (b) .

— I — Préliminaires

A. Dans cette partie, p désigne un nombre premier impair.


1.
(a) Montrer que si u, v, w sont trois éléments non nuls de Fp , l’équation ux2 + vy 2 = w
a une solution dans Fp (on pourra considérer le cardinal de l’ensemble des éléments
de la forme ux2 (resp. de la forme w − vy 2 )).
(b) Soit n > 1 un entier tel que p ne divise pas 4n − 1. Montrer qu’il existe des entiers
relatifs a, b et un entier m ≥ 1 tels que :
a2 + ab + nb2 + 1 = mp.

2. On suppose p de la forme 8k + 1 ou 8k + 3, et soit K une extension de Fp , corps de rupture


du polynôme t4 + 1. Soit b une racine dans K de ce polynôme, on pose x = b − b−1 .
(a) Montrer les relations suivantes : x2 = −2 et xp = x. En déduire que x appartient à
Fp .
(b) Montrer qu’il existe des entiers a, m tels que 2a2 + 1 = (2m − 1) p et prouver que la
matrice :  
p a 0
 a m 1 
0 1 2

53
54 Agrégation externe 1989, épreuve 1

est une matrice symétrique définie positive et de déterminant égal à 1.


Déterminer tous les couples (a, m) lorsque p = 17.
B. Soit D ≥ 1 un entier qui n’est pas divisible par le carré d’un nombre premier. On pose :
 √
 i D√ si D ≡ 1 ou 2 (mod 4)
ωD = 1+i D
 si D ≡ 3 (mod 4)
2
Z [ωD ] désigne le sous-anneau de C, ensemble des éléments de la forme α + βωD , α et β
éléments de Z.
1. Montrer que pour tout λ ∈ Z [ωD ] , |λ|2 est un entier.
2. Montrer que λ est inversible dans Z [ωD ] si, et seulement si, |λ| = 1.
3. Soit p un nombre premier impair qui ne divise pas D. Montrer qu’il existe des entiers
relatifs a, b, m tels que la matrice :
µ ¶
p a + bωD
a + bωD m

soit une matrice hermitienne définie positive et de déterminant égal à 1.


4. Dans le plan euclidien rapporté à un repère orthonormé, on désigne par A, B, C les images
respectives des nombres 0, 1, ωD et par T le triangle, enveloppe convexe des points A, B, C.
Le rayon du cercle circonscrit à T est noté R.
(a) Montrer que pour tout point M de T, on a :

inf (MA, MB, MC) ≤ R.

(b) On pose : µ ¶
2
k = sup inf |z − u| .
z∈C u∈Z[ωD ]

Prouver l’égalité : ¡ ¡ ¢¢
k = sup inf MA2 , MB 2 , MC 2 .
M∈T

(c) En déduire que l’on a :



 D+1
 k= si D ≡ 1 ou 2 (mod 4)
4 2
 k = (D + 1) si D ≡ 3 (mod 4) .

16D
(d) Soient α, β deux éléments de Z [ωD ] , β étant supposé non nul. Montrer qu’il existe
γ, élément de Z [ωD ] , tel que :

|α − βγ|2 ≤ k |β|2 .

En déduire que Z [ωD ] est un anneau euclidien lorsque D est égal à l’une des valeurs
suivantes : 1, 2, 3, 7, 11.
Application : déterminer γ lorsque D = 2, α = 5 + 3ω2 , β = −1 + 3ω2 .
Énoncé 55

— II — Matrices hermitiennes de la forme B ∗ B

Dans cette partie, S désigne l’anneau Z ou l’un des anneaux Z [ωD ] pour D = 1, 2, 3, 7 ou
1
11. Si S = Z, on pose k = , et si S = Z [ωD ] , k est la constante définie en I.B.4.b.
4
Deux matrices hermitiennes A, B de Mn (S) sont dites congruentes s’il existe U ∈ GL (n, S)
telle que A = UBU ∗ . Les classes d’équivalence pour cette relation sont appelées classes de
congruence.
À un élément x = (x1 , · · · , xn ) de S n est associé une matrice à une ligne dont les coeffi-
cients sont les composantes de x ; on notera également x cette matrice. t x désignera la matrice
transposée et x∗ la matrice t x.
1. Montrer que si A, B sont deux matrices congruentes, alors det (A) = det (B) .
2.
(a) Soit A une matrice hermitienne définie positive appartenant à Mn (S) . Montrer qu’il
existe un entier m (A) > 0 et un élément z appartenant à S n dont les composantes
sont premières entre elles tels que l’on ait :

m (A) = inf xAx∗ = zAz ∗ .


x∈S n \{0}

(b) A-on toujours m (A) = m (B) lorsque A et B sont congruentes ?


(c) Déterminer m (A) lorsque S = Z et :
µ ¶
2 7
A= .
7 25

A. Le cas n = 2
Soit A une matrice hermitienne définie positive appartenant à M2 (S) et soit z un élément
de S 2 tel que m (A) = zAz ∗ .
1.
(a) Montrer que t z est vecteur colonne d’une matrice inversible U0 de GL (2, S) et en
déduire l’existence d’une matrice hermitienne B = (bij ) , 1 ≤ i, j ≤ 2, où b11 =
m (A) , telle que A et B soient congruentes.
(b) Montrer qu’il existe s ∈ S tel que :
1
|b11 s + b12 | ≤ k 2 b11

et en déduire l’existence d’une matrice


µ ¶
a b
C=
b c

congruente à A, qui vérifie les deux conditions :


i. a = m (A) = m (C) ;
1
ii. k− 2 |b| ≤ a ≤ c.
56 Agrégation externe 1989, épreuve 1

(c) Montrer que si A ∈ M2 (S) est une matrice hermitienne définie positive de détermi-
nant égal à d, alors on a :
1 1
m (A) ≤ (1 − k)− 2 d 2 .
(d) En déduire la finitude de l’ensemble des classes de congruence de matrices hermi-
tiennes d’ordre 2 à coefficients dans S, définies positives, de déterminant donné.
2.
(a) On suppose que d = 1 et que S est l’un des anneaux suivants :

S = Z, S = Z [ωD ] pour D = 1, 3, 7.

Montrer alors que m (A) = 1 et qu’il existe B ∈ GL (2, S) telle que A = B ∗ B.


(b) En déduire les propriétés suivantes :
i. Tout nombre premier est somme de quatre carrés (théorème de Lagrange).
ii. Quel que soit le nombre premier p, il existe des entiers relatifs a, b, c, d tels que :

p = a2 + ab + b2 + c2 + cd + d2 .

iii. Quel que soit le nombre premier p, il existe des entiers relatifs a, b, c, d tels que :

p = a2 + ab + 2b2 + c2 + cd + 2d2 .

B. Matrices symétriques à coefficients entiers


1.
(a) soit f : Zn → Z un homomorphisme surjectif de groupes abéliens, et soit x ∈ Zn tel
que f (x) = 1. Montrer que Zn est la somme directe du sous-groupe engendré par x
et du noyau de f.
(b) Soit x = (x1 , · · · , xn ) un élément de Zn . Montrer que les conditions suivantes sont
équivalentes :
i. x appartient à une base de Zn .
ii. Il existe M ∈ GL (n, Z) admettant t x comme vecteur colonne.
P
n
iii. Il existe des entiers relatifs ai , 1 ≤ i ≤ n, tels que ai xi = 1.
i=1
n
iv. Il existe f : Z → Z homomorphisme surjectif de groupes abéliens tel que
f (x) = 1.
2. Soit A une matrice symétrique d’ordre n > 1 définie positive à coefficients dans Z. Montrer
l’existence d’une matrice B = (bij ) , 1 ≤ i, j ≤ n, congruente à A et telle que b11 = m (A) .
3. Soit A = (aij ) , 1 ≤ i, j ≤ n une matrice symétrique définie positive à coefficients dans
Z telle que m (A) = a11 . Si x = (x1 , · · · , xn ) est un élément de Zn , on définit l’élément
y = (y1 , · · · , yn ) par les relations suivantes :

 y =x +P n
a1i a−1
1 1 11 xi ,
i=2
 y = x pour 2 ≤ i ≤ n.
i i

On pose :
z = (x2 , · · · , xn ) , t y = U t x.
Énoncé 57

(a) Montrer que l’on a :


xA t x = a11 y12 + a−1 t
11 zB z,

où B est une matrice symétrique définie positive appartenant à Mn−1 (Z) et qui
vérifie les deux relations :
 µ ¶
 t a11 0
A= U U,
0 a−1 11 B

det (B) = (a11 )n−2 det (A) .

(b) Montrer que l’on a :


µ ¶ n−1
4 2 1
m (A) ≤ (det (A)) n .
3
On choisira x de telle sorte que l’on ait :
1
|y1 | ≤ , zB t z = m (B) .
2
4.
(a) On suppose n ≤ 5 et soit A ∈ Mn (Z) une matrice symétrique définie positive
dont le déterminant est égal à 1. Montrer que m (A) = 1 et en déduire qu’il existe
B ∈ Mn (Z) telle que A = t BB.
(b) Montrer que tout nombre premier de la forme 8n + 1 ou 8n + 3 est somme de trois
carrés.

— III — Classes d’idéaux et anneaux principaux

On rappelle que deux éléments A et B de Mn (Z) sont semblables s’il existe Q ∈ GL (n, Z)
telle que A = QBQ−1 ; les classes d’équivalence pour cette relation sont appelées classes de
similitude.
Soit P (X) un polynôme unitaire de degré n > 1, à coefficients dans Z et irréductible sur
Q [X] . Si θ est une racine complexe de P, on note Z [θ] le sous-anneau de C, ensemble des
éléments de la forme :
X
n−1
ai θi où ai ∈ Z pour i = 0, 1, · · · , n − 1.
i=0

On dit que deux idéaux I et J de Z [θ] appartiennent à la même classe s’il existe deux éléments
non nuls a et b de Z [θ] tels que aI = bJ. A désigne un élément de Mn (Z) tel que P (A) = 0.
1. Montrer que tout idéal non nul de Z [θ] est un groupe abélien libre de rang n.
2.
(a) Montrer qu’il existe x = (x1 , · · · , xn ) élément de Z [θ]n \ {0} tel A t x = θ t x.
(b) Montrer que Zx1 + · · · + Zxn est un idéal de Z [θ] dont la classe est indépendante du
vecteur propre t x choisi.
On notera IA la classe de l’idéal Zx1 + · · · + Zxn .
(c) Soit Q un élément de GL (n, Z) . Montrer que IA = IQAQ−1 .
58 Agrégation externe 1989, épreuve 1

3. Soit J = Zy1 + · · · + Zyn un idéal non nul de Z [θ] . On pose y = (y1 , · · · , yn ) . Montrer
qu’il existe une matrice B à coefficients entiers telle que B t y = θ t y, P (B) = 0.
4. Montrer qu’il existe une bijection entre l’ensemble des classes de similitude des matrices
A, éléments de Mn (Z) telles que P (A) = 0, et l’ensemble des classes d’idéaux non nuls
de Z [θ] .
5. Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes :
(a) Z [θ] est un anneau principal.
(b) Il existe une seule classe de similitude dans Mn (Z) de matrices A d’ordre n à
coefficients entiers telles que P (A) = 0.

4.2 Corrigé
— I — Préliminaires

A.
1.
2
(a) En utilisant le fait que l’application
© ª x 7→ x est un morphisme du groupe multiplicatif

Fp sur lui même de noyau −1, 1 à deux éléments (−1 6= 1 dans à Fp puisque! p ≥ 3)

Fp p−1
et d’image l’ensemble des carrés de F∗p , on déduit qu’il y a card © ª =
−1, 1 2
p+1
carrés dans F∗p et carrés dans Fp . Il en résulte que, pour u, v dans F∗p et w dans
2
Fp , les ensembles A = {ux2 | x ∈ Fp } et B = {w − vy 2 | y ∈ Fp } sont également
p+1
formés de éléments. En conséquence ces ensembles ne peuvent être disjoints,
2
c’est-à-dire qu’il existe x, y dans Fp tels que ux2 = w − vy 2 .
(b) Comme p ne divise pas 4n − 1, on a v = 4n − 1 6= 0 dans Fp et en prenant u = 1,
w = −4 dans Fp , on déduit de la question précédente qu’il existe j, k dans Fp tels
2 2
que j + 4n − 1 · k + 4 = 0, ce qui revient à dire qu’il existe j, k, r dans Z tels que
j 2 + (4n − 1) k2 + 4 = rp. Le terme de gauche dans cette égalité étant strictement
positif (puisque n > 1), on a r ∈ N∗ . En écrivant cette égalité sous la forme :

(j − k) (j + k) + 4nk 2 + 4 = rp

et en remarquant que les entiers j − k et j + k sont toujours pairs, on déduit que rp


est divisible par 4 et donc que r est divisible par 4 puisque p est premier impair. En
notant r = 4m avec m ∈ N∗ , on a donc :
j−kj+k
+ nk 2 + 1 = mp,
2 2
j−k
ce qui s’écrit, en notant a = ,b=k :
2
a (a + b) + nb2 + 1 = mp.
Corrigé 59

2.
(a) Si b ∈ K est tel que b4 + 1 = 0, on a alors b 6= 0 et pour x = b − b−1 on a :
¡ ¢
x2 = b2 − 2 + b−2 = b−2 b4 + 1 − 2 = −2.

De plus le corps K étant de caractéristique p = 8k + q avec q = 1 ou 3 et p divisant


Cpk pour tout k compris entre 1 et n − 1, il en résulte que :

xp = bp − b−p = bq − b−q
½
b − b−1 = x si q = 1,
=
b3 − b−3 = b−1 b4 − bb−4 = b − b−1 = x si q = 3.
Donc dans tous les cas, on xp = x. Mais on sait que dans K les solutions de l’équation
tp − t = 0 sont exactement les éléments de Fp , on a donc x2 = −2 avec x ∈ Fp , c’est-
à-dire que −2 est un carré dans Fp .
(b) Si x ∈ Fp est tel que x2 + 2 = 0, en multipliant par y = x−1 ∈ Fp , on a 2y 2 + 1 = 0
dans Fp . Si y = a avec a ∈ Z non multiple de p, l’égalité précédente se traduit par
2a2 + 1 = kp avec k entier strictement positif et impair, il s’écrit donc k = 2m − 1
avec m ∈ N∗ . On a donc 2a2 + 1 = (2m − 1) p.
La matrice  
p a 0
A= a m 1 
0 1 2
est symétrique réelle de déterminant :

det (A) = p (2m − 1) − 2a2 = 1.

De plus les déterminants principaux de A étant donnés par p > 0, mp − a2 =


p+1
> 0 et det (A) > 0, on en déduit que cette matrice est définie positive (une
2
matrice symétrique réelle est définie positive si, et seulement si, tous ses déterminants
principaux sont strictement positifs — voir [2] , page 111 —).
Pour p = 17, les solutions de 2y 2 + 1 = 0 dans F17 sont 5 et 12, ce qui donne les
couples (a, m) suivants :
a = 5 + 17k, m = 2 + 10k + 17k 2
a = 12 + 17k, m = 9 + 24k + 17k2
où k est un entier relatif.
B.
1. Si λ = α + βωD est dans Z [ωD ] avec α, β dans Z, alors :
( 2
α + Dβ 2 ∈ N si D ≡ 1 ou 2 (mod 4) ,
2
|λ| = D+1 2
α2 + αβ + β ∈ N si D ≡ 3 (mod 4) .
4
2. Si λ est inversible dans Z [ωD ] , il existe alors µ ∈ Z [ωD ] tel que λµ = 1 et |λ|2 |µ|2 = 1
dans N, ce qui équivaut à |λ|2 = |µ|2 = 1 et |λ| = 1.
Réciproquement si |λ| = 1, alors λλ = 1 avec λ ∈ Z [ωD ] (avec ωD = −ωD pour D ≡ 1
ou 2 (mod 4) et ωD = 1 − ωD pour D ≡ 3 (mod 4) on déduit que Z [ωD ] est stable par
conjugaison), ce qui signifie que λ est inversible dans Z [ωD ] d’inverse λ.
60 Agrégation externe 1989, épreuve 1

3. Pour tous a, b, m, p dans Z la matrice


µ ¶
p a + bωD
A=
a + bωD m

est hermitienne de déterminant :

det (A) = pm − |a + bωD |2


 2 2
 pm − (a
µ + Db ) si D ≡ 1¶ou 2 (mod 4)
= D+1 2
 pm − a2 + ab + b si D ≡ 3 (mod 4)
4

Si p est un nombre premier impair ne divisant pas D, alors D est non nul dans Fp et en
utilisant le résultat de A.1.(a) on déduit que l’équation x2 +Dy 2 = −1 a des solutions dans
Fp , ce qui revient à dire qu’il existe des entiers relatifs a, b, m tels que a2 +Db2 = −1+mp,
l’entier m étant nécessairement strictement positif. Pour ces choix de a, b, m dans le cas
où D est congru à 1 ou 2 modulo 4, on a alors det (A) = 1.
D+1
Dans le cas où D = 4k + 3 avec k ∈ N, on a n = = k + 1 > 1, 4n − 1 = D n’est
4
pas divisible par p et avec A.1.(b) on déduit qu’il existe des entiers relatifs a, b, m, avec
D+1 2
m > 0, tels que a2 + ab + b + 1 = mp, ce qui revient encore à dire que, pour de
4
tels choix de a, b, m, on a det (A) = 1.
Dans les deux cas, avec Tr (A) = p + m > 0 et det (A) > 0, on déduit que les valeurs
propres de A (qui sont réelles puisque A est hermitienne) sont strictement positives, ce
qui signifie que A est définie positive.
4.
(a) Les deux cas de figure sont illustrés par
√ la figure 4a.
Dans le premier cas de figure (ωD = i D), le centre du cercle circonscrit au triangle
T est le milieu J du segment [BC] . Un point M du triangle T est l’un des quatre
triangles AIJ, IBJ, AJK ou KJC. Si M est dans le triangle AIJ [resp. IBJ, AJK
ou KJC] qui est contenu dans le cercle de centre A et de rayon R = AJ [resp. de
centre B, A ou C et de rayon R = BJ, R = AJ ou R = CJ] on a alors ϕ (M) =
inf (MA, MB, MC) ≤ MA ≤ R [resp. ϕ (M) ≤ MB ≤ R, ϕ (M) ≤ MA ≤ R ou
ϕ (M) ≤ MC ≤ R]. √
1+i D
Dans le deuxième cas de figure (ωD = ), le centre O du cercle circonscrit au
2
triangle T est à l’intérieur de T. Un point M du triangle T est l’un des trois domaines
AIOK, IBJO, ou KOJC. Si M est dans AIOK [resp. IBJO, ou KOJC] qui est
contenu dans le cercle de centre A et de rayon R = AO [resp. de centre B ou C et de
rayon R = BO ou R = CO] on a alors ϕ (M) ≤ MA ≤ R [resp. ϕ (M) ≤ MB ≤ R
ou ϕ (M) ≤ MC ≤ R].
(b) On désigne par ψ la fonction définie sur C par :

∀z ∈ C, ψ (z) = inf |z − u|2 .


u∈Z[ωD ]

Du fait que (1, ωD ) forme une base du R-espace vectoriel C, tout nombre complexe
z s’écrit de manière unique z = x + yωD . En notant n [resp. m] la partie entière de x
Corrigé 61

[resp. y], on a v = n + mωD ∈ Z [ωD ] et en considérant que l’application w 7→ v + w


réalise une bijection de Z [ωD ] sur lui même, on déduit que :

ψ (z) = inf |z − v − w|2 = ψ (z − v)


w∈Z[ωD ]

avec z − v = x0 + y 0 ωD , où 0 ≤ x0 < 1 et 0 ≤ y 0 < 1. On a donc :

k = sup ψ (z) = sup ψ (x0 + y 0 ωD )


z∈C 0≤x0 ,y0 <1

Si z = x + yωD avec 0 ≤ x, y < 1 et x + y > 1, alors z 0 = 1 + ωD − z = x0 + y 0 ωD


avec 0 < x0 , y 0 ≤ 1 et x0 + y 0 < 1 (z 0 est l’image de z par la symétrie par rapport au
1 + ωD
point d’affixe ). Et considérant que l’application w 7→ 1 + ωD − w réalise une
2
bijection de Z [ωD ] sur lui même, on déduit que :

ψ (z) = inf |z − (1 + ωD ) + w|2 = ψ (z 0 ) .


w∈Z[ωD ]

On a donc :
k = sup ψ (z) = sup ψ (x + yωD ) = sup ψ (z) .
z∈C 0≤x,y<1 z∈T
x+y≤1

Enfin pour z = x + yωD ∈ T avec 0 ≤ x, y < 1 et x + y ≤ 1, on a :


¡ ¢
ψ (z) = inf |z − u|2 = inf |z|2 , |z − 1|2 , |z − ωD |2
u∈Z[ωD ]

et donc : ¡ ¡ ¢¢
k = sup inf MA2 , MB 2 , MC 2 .
M∈T

(c) On a vu en I.B.4(a) que inf (MA2 , MB 2 , MC 2 ) ≤ R2 , l’égalité étant réalisée pour


M = O le centre du cercle circonscrit à T (qui est bien dans On ¯a donc k = R2 .
¯ T ). √
¯ ¯
√ BC ¯1 − i D ¯
Dans le premier cas de figure (ωD = i D) on a = et k = R2 =
2 2
D+1
.
4
62 Agrégation externe 1989, épreuve 1

1+i D BC
Dans le deuxième cas de figure (ωD = ) on a R = ³ ´ (ou R =
2 2 sin Ab
AB · AC · BC
, voir [1] page 104) et :
4 aire (T )

2 BC 2 |ωD − 1|2 |ωD |2 (D + 1)2


k=R = ³ ´= ¯ ¯2 = .
4 sin2 A b 4 ¯ωD − 12 ¯ 16D

¯ ¯2
α ¯α ¯
(d) Pour z = ¯
dans C, on a ψ (z) = inf ¯ − u¯¯ ≤ k, cette borne inférieure
β u∈Z[ωD ] β
étant atteinte puisque le réseau Z [ωD ] est fermé et discret, c’est-à-dire qu’il existe
γ ∈ Z [ωD ] tel que |α − βγ|2 ≤ k |β|2 .
1 3 1 4 9
Pour D = 1, 2, 3, 7, 11, on a k = , , , , (question précédente). Dans tous les
2 4 3 7 11
cas on a k < 1 et l’inégalité précédente nous dit que l’application u 7→ |u|2 définie
sur Z [ωD ] et à valeurs dans N est un stathme euclidien. En conséquence Z [ωD ] est
un anneau euclidien pour ces valeurs de D.
Pour√D = 2, α = 5 + 3ω2 , β = −1 + 3ω2 , le minimum est atteint en γ = 1 − ω2 =
1 − i 2.

— II — Matrices hermitiennes de la forme B ∗ B

1. Si A, B dans Mn (S) sont congruentes, il existe alors U ∈ GL (n, S) telle que A =


UBU ∗ et det (A) = |det (U)|2 det (B) (on a det (U ∗ ) = det (U)). Mais dire que U est
inversible dans Mn (S) équivaut à dire que det (U ) est inversible dans S (si U U 0 = Id alors
det (U) det (U 0 ) = 1 et si det (U ) est inversible dans S, il est dans C, donc U est inversible
dans Mn (C) d’inverse (det (U))−1 t C, où C est la comatrice de U, et U −1 est bien dans
Mn (S)), ce qui revient à dire que |det (U)| = 1 et en conséquence det (A) = det (B) .
2.
(a) Pour tout x = (x1 , · · · , xn ) ∈ S n \ {0} , on a :
X
xAx∗ = aij xi xj ∈ S ∩ R+,∗ = N \ {0}
1≤i,j≤n

(S est un anneau stable par conjugaison complexe), ce qui assure l’existence de


m (A) = infn
xAx∗ et cette borne inférieure est atteinte en un point z = (z1 , · · · , zn )
x∈S \{0}
n
de S \ {0} . Si d est un pgcd des zi , pour i compris entre 1 et n, alors z = dz 0 avec
z 0 ∈ S et :
1 ≤ m (A) = zAz ∗ = |d|2 z 0 Az 0∗ ≤ z 0 Az 0∗
dans N \ {0} , il en résulte que |d|2 = 1, ce qui équivaut à dire que d est inversible
dans S et donc les zi , pour i compris entre 1 et n, sont premiers entre eux.
(b) Si A, B dans Mn (S) sont congruentes, il existe alors U ∈ GL (n, S) telle que A =
U BU ∗ et si m (A) = zAz ∗ , en posant z 0 = zU, on a z 0 ∈ S n \ {0} avec :

m (A) = zAz ∗ = zU B (zU)∗ = z 0 Bz 0∗ ≥ m (B) .

En permutant les rôles de A et B on a aussi m (B) ≥ m (A) et donc m (A) = m (B) .


Corrigé 63
µ ¶
2 7
(c) La matrice A = ∈ M2 (Z) est hermitienne définie positive ( t A = A,
7 25
det (A) = 1 et trace (A) > 0) avec pour tout x = (x1 , x2 ) ∈ Z2 \ {0} :

1 ≤ m (A) ≤ xAx∗ = 2x21 + 14x1 x2 + 25x22 .

Pour z = (−3, 1) , on a zAz ∗ = 1 et donc m (A) = 1.


A.
1.
(a) Si m (A) = zAz ∗ alors z = (z1 , z2 ) ∈ S 2 \ {0} avec z1 , z2 premiers entre eux dans
S. L’anneau S étant euclidien est principal et le théorème de Bézout µnous assure ¶
z1 −v
de l’existence de u, v dans S tels que uz1 + vz2 = 1. La matrice U0 =
z2 u
t t ∗
est alors dans GL (2, S) et la matrice B = ( U0 ) A ( U0 ) est alors hermitienne dans
M2 (S) , congruente à la matrice A avec :
µ ¶
z1
b11 = (z1 , z2 ) A = zAz ∗ = m (A) ≥ 1.
z2

(b) Considérons tout d’abord le cas où S = Z. Si s est l’entier le plus proche du nombre
b12 1 √ 1
rationnel r = − , alors |s − r| ≤ = k, soit |b11 s + b12 | ≤ k 2 b11 .
b11 2
Pour S = Z [ωD ] , en utilisant le résultat de la question I.B.4(d) avec α = b12, β = b11
1
on déduit qu’il existe γ ∈ S tel que |b12 − γb11 |2 ≤ kb211 , soit |b11 s + b12 | ≤ k 2 b11 en
posant s = −γ. µ ¶
1 0
Pour un tel choix de S, la matrice U = est dans GL (2, S) et si B est la
s 1
matrice introduite à la question précédente, la matrice C µ = U BU¶∗ est hermitienne
a b
dans M2 (S) , congruente à la matrice A. En notant C = , on a :
b c
 µ ¶

 1

 a = (1, 0) B = b11 = m (A) = m (C)

 0

 ¯ µ ¶¯
 ¯ ¯
 ¯(1, 0) B s ¯
|b| ¯ 1 ¯ |b11 s + b12 |

 √ = √ = √ ≤ b11 = a

 k k¶ k

 µ

 0

 c = (0, 1) B ≥ m (B) = m (A) = a
1

(c) La matrice C introduite à la question précédente étant congruente à la matrice A,


on a :
d = det (A) = det (C) = ac − |b|2
1
et avec 1 ≤ a ≤ c, k − 2 |b| ≤ a, on déduit que :

a2 ≤ ac = d + |b|2 ≤ d + ka2 ,
1 1
soit (1 − k) a2 ≤ d ou encore m (A) = a ≤ (1 − k)− 2 d 2 (en I.B.4(d) on a vu que
k < 1).
64 Agrégation externe 1989, épreuve 1

(d) Pour d > 0 fixé, une matrice hermitienne définieµpositive


¶ dans M2 (S) de détermi-
a b
nant égal à d est congruente à une matrice C = avec a, n entiers naturels
b c
1 1
non nuls et b dans S. L’inégalité a = m (A) ≤ (1 − k)− 2 d 2 nous dit qu’il n’y
√a qu’un
nombre fini de valeurs possibles pour l’entier naturel a. La condition |b| ≤ ka avec
b ∈ S entraîne alors qu’il n’y a qu’un nombre fini de possibilités pour b. Enfin l’éga-
lité d = ac − |b|2 entraîne qu’il n’y a qu’un nombre fini de possibilités pour l’entier
naturel c. En résumé il n’y a qu’un nombre fini de classes de congruence de matrices
hermitiennes d’ordre 2 à coefficients dans S, définies positives et de déterminant
donné.
2.
" √ # " √ #
1+i 3 1+i 7 1 1 1 4
(a) Pour S = Z, Z [i] , Z ou Z , on a k = , , ou (question
2 2 4 2 3 7
√ √
1 1 1 2 √ 3 7
I.B.4(d)), donc (1 − k)− 2 d 2 = (1 − k)− 2 est égal à √ , 2, √ ou √ et dans
3 2 3
− 12
tous les cas l’encadrement 1 √≤ m (A) ≤ (1 − k) avec m (A) entier entraîne a =
m (A) = 1. L’inégalité |b| ≤ k avec |b|2 entier naturel entraîne b = 0 et l’égalité
1 = d = ac − |b|2 donne c = 1. La matrice C est donc la matrice identité et A étant
congruente à C va s’écrire A = B ∗ B avec B dans GL (2, S) .
(b)
i. Pour p = 2, le résultat est clair.
Si p est un nombre premier impair, en utilisant le résultat de la question I.B.3
avec D = µ 1, on déduit qu’il¶ existe des entiers relatifs a, b, m tels que la ma-
p a + ib
trice A = soit hermitienne définie positive de déterminant
a − ib m µ ¶
b11 b12
égal à 1 et la question précédente nous dit qu’il existe B = dans
b21 b22
GL (2, Z [i]) telle que A = B ∗ B. On a alors :
p = |b11 |2 + |b12 |2 = a2 + b2 + c2 + d2
si b11 = a + ib, b12 = c + id avec a, b, c, d entiers relatifs (théorème de Lagrange
de décomposition d’un nombre premier en somme de quatre carrés).
ii. Pour p = 2, (a, b, c, d) = (1, 0, 1, 0) est une solution.
Pour p = 3, (a, b, c, d) = (1, 1, 0, 0) est une solution.
Si p est un nombre premier supérieur ou égal à 5, en utilisant le résultat de
la question I.B.3 avec Dµ = 3, on déduit qu’il ¶ existe des entiers relatifs a, b, m
p a + bω3
tels que la matrice A = soit hermitienne définie positive
a + bω3 m
de déterminant µ égal à 1¶et la question précédente nous dit qu’il existe une
b11 b12
matrice B = dans GL (2, Z [ω3 ]) telle que A = B ∗ B. En notant
b21 b22
√ √
1+i 3 1+i 3
b11 = a + b , b12 = c + d avec a, b, c, d dans Z, on a alors :
2 2
µ ¶2 µ ¶2
2 2 b 3 2 d 3
p = |b11 | + |b12 | = a + + b + c+ + d2
2 4 2 4
= a + ab + b + c + cd + d2 .
2 2 2
Corrigé 65

iii. Pour p = 2, (a, b, c, d) = (1, 0, 1, 0) est une solution.


Pour p = 3, (a, b, c, d) = (0, 1, 1, 0) est une solution.
Pour p = 5, (a, b, c, d) = (1, 1, 1, 0) est une solution.
Pour p = 7, (a, b, c, d) = (−1, 2, 0, 0) est une solution.
Si p est un nombre premier supérieur ou égal à 11, on procède comme en (ii)
avec D = 7.
B.
1.
(a) Si y ∈ ker (f ) ∩ Zx, il existe α ∈ Z tel que y = αx et f (y) = αf (x) = α = 0
puisque f (x) = 1. On a donc ker (f ) ∩ Zx = {0} . D’autre part, pour tout y ∈ Zn ,
on a α = f (y) ∈ Z, u = αx ∈ Zx et f (y − αx) = f (y) − α = 0, c’est-à-dire que
v = y − αx ∈ ker (f ) , il en résulte que y = u + v est dans ker (f ) ⊕ Zx. On a donc
Zn = ker (f ) ⊕ Zx.
(b) (i) ⇒ (ii) Si B = (x, u2 , · · · , un ) est une Z-base de Zn , alors la matrice M =
(t x,t u2 , · · · ,t un ) est inversible dans Mn (Z) , c’est-à-dire que t x est vecteur colonne
de la matrice M ∈ GL (n, Z) .
(ii) ⇒¢¢(iii) Si M = (t x,t u2 , · · · ,t un ) ∈ GL (n, Z) , il existe alors une matrice M 0 =
¡¡
m0ij dans GL (n, Z) telle que M 0 M = In et en particulier, on a :
 
x1
 ..  X
n
0 0
1 = (m11 , · · · , m1n )  .  = ai xi ,
xn i=1

les coefficients ai = m01i étant entiers relatifs.


P
n
(iii) ⇒ (iv) Supposons qu’il existe des entiers relatifs ai tels que ai xi = 1. L’ap-
i=1
P
n
plication f définie sur Zn par f (y) = ai yi , pour tout y ∈ Zn , est un morphisme de
i=1
groupes de Zn dans Z tel que f (x) = 1. Pour tout α ∈ Z on a f (αx) = αf (x) = α,
ce qui signifie que f est surjective.
(iv) ⇒ (i) Supposons qu’il existe un morphisme de groupes f : Zn → Z tel
que f (x) = 1. En utilisant le résultat de la question II.B.1.(a), on déduit que
Zn = ker (f ) ⊕ Zx. Le noyau ker (f ) du morphisme de groupes f étant un sous-
groupe du groupe abélien libre de type fini Zn est également libre de type fini, il
admet donc une Z-base B0 et B = B0 ∪ {x} est une Z-base de Zn qui contient x
(comme card (B) = n, on déduit que card (B0 ) = n − 1).
On a donc ainsi montré l’équivalence des propriétés (i) à (iv) .
2. Le résultat de la question II.2.(a) appliqué à S = Z nous dit qu’il existe z ∈ Zn dont
les composantes sont premières entre elles dans Z tel que m (A) = zAz ∗ = zA t z ∈ N∗ .
En utilisant le théorème de Bézout on déduit qu’il existe des coefficients entiers relatifs ai
Pn
tels que ai xi = 1 (les xi sont premiers entre eux), ce qui équivaut à dire que t z est le
i=1
premier vecteur colonne d’une matrice M ∈ GL (n, Z) . La matrice B = t MAM est alors
congruente à la matrice A dans Mn (Z) avec :

b11 = zA t z = m (A) .
66 Agrégation externe 1989, épreuve 1

3. Le système linéaire : 
 y = x + P a1i x ,
n
1 1 i
i=2 a11

yi = xi (2 ≤ i ≤ n) ,
se traduit matriciellement par :
 a12 a1n 
  1 ··· ···  
y1  a11 a11  x1
 y2   0 1 0 ··· 0  
    x2 
 ..  =  ... ..  .. ,
 .   
0 0 1 . 
 . 
.. . .
yn  . . ... ... 0  xn
0 ··· 0 0 1

ce qui définit la matrice U dans GL (n, Q) (on a det (U ) = 1) telle que t y = U t x.


De plus avec : 
 x = y − P a1i y ,
n
1 1 i
i=2 a11

xi = yi (2 ≤ i ≤ n) ,
on déduit que l’inverse de U est donné par :
 a12 a1n 
1 − ··· ··· −
 a11 a11 
 0 1 0 · · · 0 
 
U =
−1
 0 0 1
... ..
.
.

 . . . . 
 .. .. .. .. 0 
0 ··· 0 0 1

(a) On a : µ ¶
t
¡ −1 ¢ a11 0
U AU −1 = 1
0 a11
B
où B est dans GL (n − 1, Z) et avec det (U ) = 1 on déduit que :
µ ¶
1 1
det (A) = a11 det B = n−2 det (B) ,
a11 a11

soit det (B) = (a11 )n−2 det (A) . On peut écrire A = t UB 0 U avec :
µ ¶
0 a11 0
B = ,
0 a111 B

de sorte que pour tout x ∈ Zn on a :


¡ ¢ ¡ ¢ 1
xA t x = x t U B 0 U t x = yB 0 t y = a11 y12 + zB t z.
a11
La matrice B 0 congruente à A dans Mn (Q) est symétrique définie positive et il en
est de même de la matrice B est dans GL (n − 1, Z) puisque tous ses déterminants
principaux sont strictement positifs.
On peut aussi remarquer que cette écriture xA t x correspond à la première étape
dans la réduction de Gauss de la forme quadratique définie par la matrice A.
Corrigé 67

(b) On procède par récurrence sur n ≥ 2.


1
Pour n = 2, le résultat se déduit de II.1.1.(c) avec S = Z et k = , soit :
4
µ ¶ 12
− 12 12 4 1
m (A) ≤ (1 − k) d = (det (A)) 2 .
3

Supposons le résultat acquis au rang n−1 ≥ 2 et soit A ∈ Mn (Z) symétrique définie


positive. On a vu en II.B.2. que l’on peut supposer que a11 = m (A) . On désigne
par B ∈ Mn−1 (Z) la matrice associée à la matrice A par le procédé du (a) (elle ne
dépend que de A), par z = (x2 , · · · , xn ) un élément de Zn−1 tel que zB t z = m (B)
Pn a
1i
(question II.2.(a)) et par x1 l’entier relatif le plus proche du rationnel − xi ,
i=2 a11
soit : ¯ ¯
¯ X n
a ¯ 1
¯ 1i ¯
¯ 1
x + xi¯ ≤ .
¯ a ¯ 2
i=2 11

On pose alors x = (x1 , · · · , xn ) et avec les notations de la question précédente, on


a:
1 m (A) 1
m (A) ≤ xA t x = a11 y12 + zB t z ≤ + m (B) .
a11 4 m (A)
L’hypothèse de récurrence appliquée à la matrice B donne alors :
µ ¶ n−2
3 4 2 1
m (A)2 ≤ m (B) ≤ (det (B)) n−1
4 3

et tenant compte de det (B) = (a11 )n−2 det (A) = (m (A))n−2 det (A) , on aboutit à :
µ ¶ n−2
3 4 2 n−2 1
m (A)2 ≤ (m (A)) n−1 (det (A)) n−1
4 3
ou encore : µ ¶ n−2 +1
2− n−2 4 2 1
m (A) n−1 ≤ (det (A)) n−1
3
µ ¶ n−1
4 2 1
équivalent à m (A) ≤ (det (A)) n .
3
4.
n−1
(a) Pour n ≤ 5, on a ≤ 2 et pour det (A) = 1, l’inégalité précédente donne
2
16
m (A) ≤ < 2 avec m (A) entier naturel non nul, ce qui équivaut à m (A) = 1.
9
L’égalité A = t BB avec B ∈ Mn (Z) se montre par récurrence sur n compris entre
2 et 5. Pour n = 2, le résultat a été établit en II.A.2(a). Supposons le acquis au
rang n − 1, pour n compris entre 3 et 5 et soit A ∈ Mn (Z) symétrique définie
positive de déterminant égal à 1. Toujours d’après II.B.2. on peut supposer que
a11 = m (A) . En utilisant le résultat de II.B.3.(a), on sait qu’il existe U ∈ GL (2, Z)
et C ∈ Mn−1 (Z) symétrique définie positive telles que :
µ ¶
t 1 0
A= U U
0 C
68 Agrégation externe 1989, épreuve 1

(a11 = m (A) = 1). L’hypothèse de récurrence appliquée à la matrice C (on a 1 =


t
µ = det¶(C)) permet d’écrire C = DD avec D ∈ Mn−1 (Z) et en posant
det (A)
1 0
B= U dans Mn (Z) , on a t BB = A.
0 D
(b) Si p est premier de la forme 8n + 1 ou 8n + 3, on a vu en I.2., qu’il existe des entiers
a, m tels que la matrice :  
p a 0
A= a m 1 
0 1 2
soit symétrique définie positive de déterminant égal à 1, elle s’écrit donc A = t BB
avec B = ((bij ))1≤i,j≤3 ∈ M3 (Z) . On a alors :
 
¡ ¢ b11
p= b11 b21 b31  b21  = b211 + b221 + b231
b31

les coefficients bi1 étant entiers.

— III — Classes d’idéaux et anneaux principaux

1. Z [θ] sous-anneau de C est bien un groupe additif abélien. De plus, P étant un polynôme de
degré n irréductible dans Q [X] et annulateur de θ, il s’en suit que la famille (1, θ, · · · , θn−1 )
est libre sur Q et Z [θ] est libre de rang n.
Si I est un idéal non réduit à {0} de Z [θ] , c’est en particulier un sous-groupe additif de
Z [θ] et il est libre de rang m ≤ n. Comme I est un idéal pour tout a ∈ I \ {0} , a · Z [θ]
est un sous groupe de I libre de rang n (il est isomorphe à Z [θ]) et donc n ≤ m.
En définitive I est un groupe abélien libre de rang n.
2. De la condition P (θ) = 0 avec P irréductible dans Q [X] , on déduit que Q [θ] est un
Q [X]
corps isomorphe au corps . On a donc Q [θ] = Q (θ) (corps des fractions de Q [θ]).
(P )
(a) Le polynôme P est unitaire irréductible dans Q [X] et annule A, il est donc égal au
polynôme minimal πA de A. Comme P est de degré n, il en est de même de πA et
P = πA = (−1)n PA , où PA est le polynôme caractéristique de A.
La condition P (θ) = 0 nous dit alors que θ est une valeur propre de la matrice A ∈
Mn (Z) ⊂ Mn (Q [θ]) dans le corps Q [θ] , il existe donc un vecteur y = (y1 , · · · , yn )
dans Q [θ]n \ {0} tel que A t y = θ t y. En désignant par m un entier non nul tel que
x = my ∈ Z [θ]n \ {0} on a encore A t x = θ t x.
(b) La condition A t x = θ t x avec A ∈ Mn (Z) se traduit par le système linéaire :

X
n
aij xj = θxi (1 ≤ i ≤ n)
j=1

P
n
les coefficients aij étant entiers. On a donc θxi ∈ I = Zxj pour tout i compris
j=1
entre 1 et n. Il en résulte que θI ⊂ I et par récurrence θk I ⊂ I pour tout entier
naturel k. On en déduit alors que le groupe additif I est un idéal de Z [θ] .
Corrigé 69

D’autre part, le polynôme P étant irréductible dans Q [X] a toutes ses racines com-
plexes simples. En effet, P est nécessairement premier avec P 0 , il existe donc U, V
dans Q [X] tels que UP + V P 0 = 1 et P (λ) = 0 entraîne P 0 (λ) 6= 0. En particulier
θ est racine simple du polynôme caractéristique de A et l’espace propre associé est
de dimension 1 dans Q [θ]n . En conséquence tout vecteur propre y ∈ Z [θ]n \ {0} de
a Pn Pn
A associé à θ va s’écrire y = x avec a, b dans Z [θ] \ {0} et a Zxj = b Zyj .
b j=1 j=1
La classe de I est donc indépendante du vecteur propre de A associé à θ choisi dans
Z [θ]n \ {0} .
(c) Si x ∈ Z [θ]n \ {0} est tel que A t x = θ t x alors pour tout Q ∈ GL (n, Z) , on a
QA t x = θQ t x et en notant t y = Q t x, on a y ∈ Z [θ]n \ {0} et (QAQ−1 ) t y = θ t y,
c’est-à-dire que t y est un vecteur propre dans Z [θ]n \ {0} de QAQ−1 et IQAQ−1 est la
P
n
classe de Zyj .
j=1
P
n
Avec y = Q t x et Q dans Mn (Z) , on déduit que chaque yi est dans
t
Zxj et
j=1
P
n P
n
Zyj ⊂ Zxj . De même avec t x = Q−1 t y et Q−1 dans Mn (Z) , on déduit que
j=1 j=1
Pn Pn P
n P
n
Zxj ⊂ Zyj . On a donc Zxj = Zyj et IA = IQAQ−1 .
j=1 j=1 j=1 j=1

P
n P
n
3. J = Zyj étant un idéal de Z [θ] , on a θJ ⊂ J et en conséquence θyi = bij yj pour
j=1 j=1
tout i compris entre 1 et n, les coefficients bij étant dans Z. Il existe donc une matrice
B ∈ Mn (Z) telle que B t y = θ t y.
On a alors P (B) t y = P (θ) t y = 0. Mais on a vu en III.1. que J est libre de rang n, les
yi étant une Z-base de J, ce qui permet de déduire P (B) = 0 de l’égalité P (B) t y = 0
avec P (B) ∈ Mn (Z) .
4. De III.2.(c) on déduit que l’application ϕ qui associe à la classe de similitude d’une
matrice A ∈ Mn (Z) telle que P (A) = 0 la classe d’idéaux IA est bien définie (si A, B
sont semblables dans Mn (Z) , alors IA = IB ).
P
n
Si J est un idéal non nul de Z [θ] , il s’écrit J = Zyj (question III.1.) et en III.3. on
j=1
t t
a vu qu’il existe B ∈ Mn (Z) telle que B y = θ y et P (B) = 0, ce qui signifie que J est
dans la classe IB et l’application ϕ est surjective.
Il reste à montrer que ϕ est injective. Soient donc A, B dans Mn (Z) telles que P (A) =
P (B) = 0 et IA = IB . En désignant par x, y des éléments de Z [θ]n \ {0} tels que
A t x = θ t x et B t y = θ t y, du fait que IA = IB , on déduit qu’il existe a, b dans Z [θ] \ {0}
Pn Pn Pn
tels que a Zxj = b Zyj . On a donc axi = b cij yj pour tout i compris entre 1 et
j=1 j=1 j=1
n, les coefficients cij étant dans Z. Il existe donc une matrice C ∈ GL (n, Z) telle que
a t x = bC t y. De A t x = θ t x et B t y = θ t y, on déduit alors que
¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢
C −1 AC b t y = C −1 A a t x = θaC −1 t x = bθ t y = B b t y ,

soit C −1 AC t y = B t y, ce qui entraîne C −1 AC = B puisque les yi sont Z-libres. En


définitive, les matrices A et B sont semblables et ϕ est injective.
En définitive, ϕ est une bijection entre l’ensemble des classes de similitude des matrices
A ∈ Mn (Z) annulant P et l’ensemble des classes d’idéaux non nuls de Z [θ] .
70 Agrégation externe 1989, épreuve 1

5. Soit I un idéal dans la classe de Z [θ] . Il existe a, b dans Z [θ] \ {0} tels que aI = bZ [θ] et
b s’écrit b = ac avec c dans I \ {0} , ce qui entraîne que I = cZ [θ] , c’est-à-dire que I est
un idéal principal non nul de Z [θ] .
Dire que Z [θ] est principal équivaut à dire que tout idéal non nul de Z [θ] est principal, ce
qui équivaut à dire qu’il existe une seule classe d’idéaux non nuls, celle de Z [θ] , et III.4.
nous dit que c’est équivalent à dire qu’il existe une seule classe de similitude de matrices
A ∈ Mn (Z) annulant P.
5
Agrégation externe 1990, épreuve 1

5.1 Énoncé
Notations et définitions

Tout espace vectoriel de dimension finie sur R est muni de la topologie associée à l’une
quelconque de ses normes.
Si V est un espace vectoriel réel euclidien p de dimension finie, on note (x | y) le produit
scalaire de deux vecteurs c et y de V et kxk = (x | x) la norme euclidienne de x.
On associe à toute famille (x1 , x2 , · · · , xk ) de V sa matrice de Gram, G (x1 , x2 , · · · , xk ) définie
par :
G (x1 , x2 , · · · , xk ) = ((xi | xj )) .
On note Id l’application linéaire identité de V.
f g désigne la composée f ◦ g de deux éléments de L (V) , et on définit f k , pour tout k de N,
par :
f 0 = Id et ∀k ∈ N, f k+1 = f k ◦ f.
On munit L (V) de la norme usuelle d’opérateurs déduite de celle de V.
Si f appartient à L (V) , χf désigne le polynôme caractéristique de f (χf (T ) = det (T Id − f )).
On note ρ (f ) le rayon spectral de f.
On note f ∗ l’opérateur adjoint de f.
On définit les sous-ensembles suivants de L (V) :
— B (V) = {f ∈ L (V) | kf k ≤ 1}
— B0 (V) = {f ∈ B (V) | ρ (f ) < 1}
— C (V) = {f ∈ B (V) | rg (Id − f ∗ f ) ≤ 1}
— C0 (V) = {f ∈ C (V) | ρ (f ) < 1} .
On note O (V) le groupe orthogonal de V.
On note S (V) l’espace vectoriel des endomorphismes symétriques de V. On note S + (V) la
partie de S (V) constituée des endomorphismes symétriques positifs.
Mk (R) désigne l’ensemble des matrices carrées d’ordre k à coefficients réels. On note Ik la
matrice identité d’ordre k. ¡ ¢
On identifie Rk avec l’ensemble des matrices colonnes à k lignes, et les éléments de L Rk
avec leur matrice dans la base canonique de Rk notée (E1 , E2 , · · · , Ek ) . Rk est muni du produit
scalaire canonique, de telle sorte que si A appartient à Mk (R) , A∗ s’identifie avec la matrice
transposée de A.
On notera également X ∗ la matrice ligne transposée de la matrice colonne X de Rk .
R [T ] désigne l’algèbre des polynômes à une indéterminée T sur R.

71
72 Agrégation externe 1990, épreuve 1

Si P (T ) = T k − ak−1 T k−1 − · · · − a1 T − a0 est un polynôme unitaire de R [T ] , on appelle


matrice compagnon de P la matrice C définie par :
 
0 0 ··· 0 a0
 1 0 ··· 0 a1 
 .. 
 ... ... ... 
C= 0 . .
 . . 
 .. . . 1 0 ak−2 
0 ··· 0 1 ak−1

Dans tout le problème, E désigne un espace euclidien de dimension n ≥ 1.

— I — Préliminaires

A. Décomposition d’un élément de S (E)


1. Soit fu appartenant à S (E) défini par fu (x) = (u | x) u où u est un vecteur donné de E.
(a) Vérifier que fu appartient à S + (E) .
(b) Préciser le rang de fu .
(c) Reconnaître fu lorsque kuk = 1.
(d) Si B est une base orthonormale de E, et si U est la matrice de u dans la base B,
vérifier que la matrice de fu dans la base B est UU ∗ .
Dans toute la suite du problème, on notera uu∗ l’application fu .
2. Soient u et v deux vecteurs de E ; à quelle condition a-t-on uu∗ = vv∗ ?
3. Soit f appartenant à S (E) . Montrer l’existence d’une base orthonormale (e1 , e2 , · · · , en )
P
n
et d’un n-uplet (λ1 , λ2 , · · · , λn ) de réels tels que f = λi ei e∗i . Que représentent pour f
i=1
les λi et les ei ? À quelle condition f est-elle dans S + (E) ?
4. Soit f appartenant à S (E) . Montrer que f = 0 si, et seulement si, ∀x ∈ E, (x | f (x)) = 0.
5. Soit f appartenant à S + (E) et x un vecteur de E. Montrer que f (x) = 0 si, et seulement
si, (x | f (x)) = 0.
6. Soit f appartenant à L (E) . Montrer que f appartient à S + (E) si, et seulement si, il
P
n
existe n vecteurs (u1 , u2 , · · · , un ) de E tels que f = ui u∗i .
i=1

B. Caractérisation des éléments de B (E) et de C (E)


1. Soit f appartenant à L (E) .
(a) Montrer que :
∀x ∈ E, kf (x)k2 ≤ kxk kf ∗ f (x)k .
En déduire que :
∀x ∈ E, kf (x)k ≤ kf ∗ k kxk .
(b) Établir que kf k = kf ∗ k .
2. Soit f appartenant à L (E) .
(a) Vérifier que f ∗ f appartient à S + (E) .
(b) Montrer que f appartient à B (E) si, et seulement si, Id − f ∗ f appartient à S + (E) .
Énoncé 73

3. Soit f appartenant à B (E) . Notons :

Ef = {x ∈ E | kf (x)k = kxk} ,
Ef∗ = {x ∈ E | kf ∗ (x)k = kxk} .

(a) Montrer que kf k = 1 si, et seulement si, Ef 6= {0} .


(b) Montrer que Ef = ker (Id − f ∗ f ) , Ef∗ = ker (Id − ff ∗ ) .
(c) Établir les égalités suivantes :
¡ ¢ ¡ ¢
f (Ef ) = Ef∗ , f ∗ Ef∗ = Ef et dim Ef∗ = dim (Ef ) .

4. Soit f appartenant à L (E) . Vérifier que f appartient à C (E) si, et seulement si, f ∗
appartient à C (E) , et que f appartient à C0 (E) si, et seulement si, f ∗ appartient à
C0 (E) .
5. Soit f appartenant à L (E) . Montrer que les propriétés suivantes sont équivalentes :
i. f appartient à C (E) ;
ii. il existe u appartenant à E tel que Id − f ∗ f = uu∗ ;
iii. il existe u appartenant à E tel que ∀x ∈ E, kxk2 − kf (x)k2 = (u | x)2 .
C. Propriétés des matrices compagnons
Calculer en fonction de P, polynôme unitaire de R [T ] , le polynôme caractéristique et le
polynôme minimal de C, matrice compagnon de P.

— II —

Le but de cette partie est de déterminer les matrices triangulaires inférieures qui sont dans
C (Rn ) et, si A est l’une de ces matrices, de trouver U appartenant à Rn tel que In −A∗ A = UU ∗ .
µ ¶
λ 0
1. Soit A = appartenant à C (R2 ) . Vérifier que ν 2 = (1 − λ2 ) (1 − µ2 ) . En déduire
ν µ
que les matrices triangulaires inférieures de C (R2 ) s’écrivent :
µ ¶
cos (α) 0
A= ,
− sin (α) sin (β) cos (β)

avec α et β réels quelconques ; trouver alors U de R2 tel que I2 − A∗ A = UU ∗ .


2. On suppose n ≥ 2. Soit  A = (aij ) de Mn (R) telle que ain = 0 pour tout i vérifiant
b1 µ ¶ µ ¶
 ..  n B 0 W
1 ≤ i ≤ n − 1, et U =  .  de R . On écrit A = et U = , avec
C ∗ ann bn
bn
B appartenant à Mn−1 (R) , C et W matrices colonnes de Rn−1 .
Montrer que In − A∗ A = UU ∗ si, et seulement si, il existe θn de R et V de Rn−1 vérifiant
les égalités suivantes :

ann = cos (θn ) , bn = sin (θn ) , C = − sin (θn ) V, W = cos (θn ) V, In−1 − B ∗ B = V V ∗ .

3. En déduire la forme générale des matrice triangulaires inférieures de C (Rn ) et préciser


pour chacune d’entre elles un élément U de Rn tel que In − A∗ A = UU ∗ .
74 Agrégation externe 1990, épreuve 1

— III — Étude de B (E) et de C0 (E)

Dans toute cette partie III, f appartient à B (E) , Ef et F sont définis par :
½
Ef =©{x ∈ E | kf (x)k = kxk} , ª
F = x ∈ E | ∀k ∈ N, f k (x) ∈ Ef ,

et on note G l’orthogonal de F dans E.


A. Décomposition d’un élément de B (E)
1. Établir les propriétés suivantes :
(a) F est un sous-espace vectoriel de E ;
(b) f (F ) = F et f ∗ (F ) = F ;
(c) f (G) ⊂ G.
2. On note ϕ = f|F et ψ = f|G , les endomorphismes de F et G induits par f.
(a) Montrer que ψ appartient à B (G) .
(b) Montrer que ϕ appartient à O (F ) .
(c) Soit x appartenant à E. On suppose que x n’appartient pas à F et on appelle k le
k
¢ tel que f (x) n’appartient pas à Ef . Montrer
¡plus petit entierk naturel n
que la famille
x, f (x) , · · · , f (x) est une famille libre de E. En déduire que kf (x)k < kxk .
(d) Montrer que ψ appartient à B0 (G) .
3. Établir l’équivalence des trois propriétés suivantes :
i. F = {0} ;
ii. kf n k < 1 ;
iii. f appartient à B0 (E) .
B. Caractérisation des éléments de C0 (E)
1. On suppose dans cette question que f appartient à C (E) et que u est un vecteur de E
tel que Id − f ∗ f = uu∗ .
(a) Montrer que x appartient à F si, et seulement si :
¡ ¢
(x | u) = (f (x) | u) = · · · = f n−1 (x) | u = 0.
¡ ¢
(b) En déduire que f appartient à C0 (E) si, et seulement si, u, f ∗ (u) , · · · , (f ∗ )n−1 (u)
est une base de E.
2. On suppose dans cette question que f appartient à C0 (E) . Montrer qu’il existe°x appar- °
tenant à E \ {0} tel que kxk = kf (x)k = · · · = kf n−1 (x)k . En déduire que °f k ° = 1
pour tout k de {0, 1, · · · , n − 1} et kf n k < 1.
° °
3. Réciproquement, on suppose que f vérifie °f k ° = 1 pour tout k de {0, 1, · · · , n − 1} et
kf n k < 1. Soit x non nul tel que kxk = kf n−1 (x)k , montrer que (x, f (x) , · · · , f n−1 (x))
est une base de E et que f appartient à C0 (E) .
C. Étude d’une base adaptée de C0 (E) et de sa matrice de Gram
On suppose dans toute la fin de cette partie III que f est un élément de C0 (E) et on note
C la matrice compagnon de son polynôme caractéristique.
Énoncé 75

1. Montrer que l’on peut trouver v1 appartenant à E tel que :


° n−1 °
°f (v1 )° = kv1 k et kv1 k2 − kf n (v1 )k2 = 1.

On pose alors v2 = f (v1 ) , v3 = f 2 (v1 ) , · · · , vn = f n−1 (v1 ) . Vérifier que (v1 , v2 , · · · , vn )


est une base de E. Donner la matrice de f dans cette base.
2. On appelle Ω la matrice de Gram G (v1 , v2 , · · · , vn ) .
(a) Montrer que C ∗ ΩC = G (f (v1 ) , f (v2 ) , · · · , f (vn)) .
(b) En déduire que Ω − C ∗ ΩC = En En∗ .
Dans toute la fin du problème, P désigne un polynôme unitaire de R [T ] , de degré n dont
toutes les racines réelles ou complexes sont de module strictement inférieur à 1, et C est sa
matrice compagnon.

— IV — Résolution dans Mn (R) de l’équation à l’inconnue G : G − C ∗ GC = H

1. Soit A appartenant à Mn (R) telle que A = C ∗ AC. Montrer que A = 0.


2. Soit B appartenant à Mn (R) .
(a) Montrer qu’il existe une unique matrice A dans Mn (R) telle que A − C ∗ AC = B.
P ∗ p
+∞
(b) Établir que A = (C ) BC p .
p=0

3. Soit H appartenant à S + (Rn ) , et G de Mn (R) vérifiant G − C ∗ GC = H.


(a) Montrer que G appartient à S + (Rn ) .
(b) Établir que les propriétés suivantes sont équivalentes :
i. X appartient à ker (G) ;
ii. ∀k ∈ N, C k X ∈ ker (H) ;
iii. HX = HCX = · · · = HC n−1 X = 0.
4. Soit U appartenant à Rn et G de Mn (R) tels que G − C ∗ GC = U U ∗ . Montrer que G est
définie positive si, et seulement si, l’une des deux conditions suivantes est réalisée :
i. ∀X ∈ Rn , (X | U) = (CX | U) = · · · = (C n−1 X | U) = 0 ⇒ X = 0;
¡ ¢
ii. U, C ∗ U, · · · , (C ∗ )n−1 U est une base de Rn .
5. Soit Ω appartenant à Mn (R) telle que Ω − C ∗ ΩC = En En∗ .
(a) Établir que Ω est définie positive.
(b) U étant un élément quelconque de Rn , et G la matrice de Mn (R) telle que :

G − C ∗ GC = UU ∗ ,

montrer qu’il existe un unique polynôme Q de R [T ] vérifiant deg (Q) ≤ n − 1 et


U = (Q (C))∗ En . En déduire que G = (Q (C))∗ ΩQ (C) .
(c) G étant un élément de Mn (R) , prouver que G − C ∗ GC appartient à S + (Rn ) si,
et seulement si, il existe n polynômes Q1 , · · · , Qn appartenant à R [T ] , tels que
Pn
G= (Qi (C))∗ ΩQi (C) .
i=1
76 Agrégation externe 1990, épreuve 1

5.2 Corrigé
— I — Préliminaires

A. Décomposition d’un élément de S (E)


1.
(a) Pour x, y dans E, on a :

(fu (x) | y) = ((u | x) u | y) = (u | x) (u | y)


= ((u | y) u | x) = (fu (y) | x) = (x | fu (y)) ,

ce qui signifie que fu est symétrique.


Pour y = x, on a :
(fu (x) | x) = (u | x)2 ≥ 0,
ce qui signifie que fu est positive.
(b) Il est clair que Im (fu ) = Ru = {λu | λ ∈ R} et donc :
½
1 si u 6= 0,
rang (fu ) =
0 si u = 0.

(c) Si kuk = 1, alors fu est la projection orthogonale sur la droite Ru.


(d) Soit B = (e1 , · · · , en ) une base orthonormée de E. Dans cette base le vecteur u s’écrit
Pn
u= uj ej avec uj = (u | ej ) pour tout j compris entre 1 et n et on a, pour tout i
j=1
compris entre 1 et n :
X
n
fu (ei ) = (u | ei ) u = ui uj ej ,
j=1

ce qui signifie que la matrice de fu dans B est :


 
u1
 
M = ((ui uj ))1≤i,j≤n =  ...  (u1 , · · · , un ) = U U ∗ .
un

2. L’égalité uu∗ = vv ∗ est équivalente à U U ∗ = V V ∗ qui implique UU ∗ U = V V ∗ U équivalent


à kuk2 U = (u | v) V ou encore à kuk2 u = (u | v) v.
Si u = 0, alors V V ∗ = 0 qui entraîne kvk2 v = 0 et v = 0.
(u | v)
Si u 6= 0, alors v 6= 0, u = v = λv et l’égalité UU ∗ = V V ∗ entraîne λ2 V V ∗ = V V ∗
kuk2
et donc en multipliant à gauche par V, λ2 kvk2 v = kvk2 v avec v 6= 0, ce qui donne λ = ±1.
Réciproquement si u = ±v on a uu∗ = vv∗ .
En définitive l’égalité uu∗ = vv ∗ équivaut à u = ±v.
3. L’endomorphisme f étant symétrique se diagonalise dans une base orthonormée, c’est-à-
dire qu’il existe une base orthonormée B = (e1 , · · · , en ) de E et des réels λ1 , · · · , λn tels
Corrigé 77

P
n
que f (ei ) = λi ei pour tout i compris entre 1 et n. Et pour tout x = xj ej dans E, on
j=1
a:
X
n X
n X
n
f (x) = xj λj ej = (x | ej ) λj ej = λj fej (x)
j=1 j=1 j=1
à n !
X
= λj fej (x) .
j=1

P
n P
n
On a donc f = λj fej = λi ei e∗i , où les λj sont les valeurs propres de f et (e1 , · · · , en )
j=1 i=1
une base de vecteur propres associés.
P
n
En écrivant que (x | f (x)) = λj x2j , on déduit que l’endomorphisme symétrique f est
j=1
positif si, et seulement si, tous les λj sont positifs ou nuls.
4. Il est clair que si f = 0 alors (x | f (x)) = 0 pour tout x ∈ E. Réciproquement si
(x | f (x)) = 0 pour tout x ∈ E, on a alors λj = (f (ej ) | ej ) = 0 pour tout j compris
entre 1 et n, et f = 0.
5. Il est clair que si f (x) = 0 alors (x | f (x)) = 0.
Pn
Avec (x | f (x)) = λj x2j et les λj positifs ou nuls si f est symétrique positif, on déduit
j=1
que si (x | f (x)) = 0 alors λj x2j = 0 pour tout j compris entre 1 et n, et donc xj = 0 pour
tout j tel que λj > 0, ce qui implique :
X
n
f (x) = xj λj ej = 0.
j=1
λj 6=0

On a donc f (x) = 0 si, et seulement si, (x | f (x)) = 0 pour f ∈ S + (E) .


6. Si f ∈ S + (E) alors tous les λj sont positifs ou nuls et on peut écrire λj = µ2j avec µj ∈ R,
de sorte que :
Xn X
n X
n
∗ ∗
f= λi ei ei = (µi ei ) (µj ei ) = ui u∗i
i=1 i=1 i=1
en notant ui = µi ei pour tout i compris entre 1 et n.
Pn
Réciproquement si f = ui u∗i , alors f est dans S (E) comme somme d’éléments de S (E)
i=1
(c’est un espace vectoriel) et avec :
X
n X
n
(x | f (x)) = (x | (ui u∗i ) (x)) = (x | ui )2 ≥ 0
i=1 i=1

pour tout x ∈ E, on déduit que f est positif.


B. Caractérisation des éléments de B (E) et de C (E)
1.
(a) En utilisant l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a, pour tout x dans E :
kf (x)k2 = (x | f ∗ f (x)) ≤ kxk kf ∗ f (x)k ≤ kxk kf ∗ k kf (x)k
et pour f (x) 6= 0, on en déduit que kf (x)k ≤ kf ∗ k kxk . Cette inégalité étant encore
vraie pour f (x) = 0.
78 Agrégation externe 1990, épreuve 1

(b) De l’inégalité précédente, on déduit que kf k ≤ kf ∗ k et avec f ∗∗ = f, on a aussi


kf ∗ k ≤ kf k et l’égalité kf k = kf ∗ k .
2.
(a) Avec (f ∗ f )∗ = f ∗ f ∗∗ = f ∗ f, on déduit que f ∗ f ∈ S (E) et avec : :

(x | f ∗ f (x)) = kf (x)k2 ≥ 0

pour tout x ∈ E, que f ∗ f ∈ S + (E) .


(b) Pour tout f ∈ L (E) on a Id − f ∗ f ∈ S (E) et pour tout x ∈ E :

kxk2 − kf (x)k2 = (x | x − f ∗ f (x)) ,

de sorte que Id − f ∗ f ∈ S + (E) si, et seulement si, kxk2 − kf (x)k2 ≥ 0, ce qui


équivaut à kf k ≤ 1 ou encore à f ∈ B (E) .
3. Sur E de dimension finie la sphère unité est compacte et tout endomorphisme f ∈ L (E)
est continu, en conséquence la borne supérieure kf k = sup kf (x)k est atteinte, c’est-à-
kxk=1
dire qu’il existe x ∈ E tel que kxk = 1 et kf k = kf (x)k .
(a) Si kf k = 1, il existe alors x ∈ E tel que kxk = kf (x)k = 1 et un tel x est dans Ef .
On a donc Ef 6= {0} .
Réciproquement si Ef 6= {0} , il existe x ∈ E \{0} tel que kxk = kf (x)k et le vecteur
1
y= x est dans Ef de norme 1, ce qui entraîne kf k ≥ kf (y)k = 1 et kf k = 1 si
kxk
on suppose de plus que f ∈ B (E) (équivalent à kf k ≤ 1).
On a donc kf k = 1 si, et seulement si, Ef 6= {0} .
(b) Dire que x est dans Ef équivaut à dire que kxk2 − kf (x)k2 = 0 encore équivalent
à (x | x − f ∗ f (x)) = 0. Mais on sait que pour f ∈ B (E) on a Id − f ∗ f ∈ S + (E)
(question I.B.2.(b)) et en I.A.5. on a vu que la condition (x | x − f ∗ f (x)) = 0 est
alors équivalente à x − f ∗ f (x) = 0 encore équivalent à x ∈ ker (Id − f ∗ f ) . On a
donc Ef = ker (Id − f ∗ f ) pour tout f ∈ B (E) .
En remarquant que f est dans B (E) si, et seulement si, f ∗ est dans B (E) (on a vu
en I.B.1.(b) que kf k = kf ∗ k), on déduit que le résultat est encore valable pour f ∗ ,
soit Ef∗ = Ef ∗ = ker (Id − ff ∗ ) .
(c) De la question précédente, on déduit que pour tout x ∈ Ef , on a f ∗ f (x) = x et
(f f ∗ ) (f (x)) = f (x) , soit f (x) ∈ Ef∗ . On a donc f (Ef ) ⊂ Ef∗ . De manière analogue,
¡ ¢
on vérifie que f ∗ Ef∗ ⊂ Ef .
D’autre part, en remarquant que pour x ∈ Ef l’égalité f (x) = 0 entraîne x =
f ∗ (f (x)) = 0, on déduit que la restriction de f à Ef est une ¡ ∗application
¢ linéaire
injective de Ef dans Ef et en conséquence, dim (Ef ) ≤ dim Ef . De même f ∗ est

¡ ¢ ¡ ¢
linéaire injective de Ef∗ dans Ef et dim Ef∗ ≤ dim (Ef ) . On a donc dim Ef∗ =
dim (Ef ) et f est un isomorphisme de Ef dans Ef∗ , f ∗ un isomorphisme de Ef∗ dans
¡ ¢
Ef , ce qui implique f (Ef ) = Ef∗ et f ∗ Ef∗ .

4. On a déjà vu que f est dans ¡ ∗B¢ (E) si, et seulement si, f est dans B (E) (question
I.B.3.(b)). De plus avec dim Ef = dim (Ef ) pour f ∈ B (E) , on déduit que rg (Id − f ∗ f ) =
rg (Id − ff ∗ ) et donc f est dans C (E) si, et seulement si, f ∗ est dans C (E) .
Enfin du fait que f et f ∗ ont même polynôme caractéristique, on déduit qu’ils ont même
rayon spectral et f est dans C0 (E) si, et seulement si, f ∗ est dans C0 (E) .
Corrigé 79

5.
i. ⇒ ii. Si f ∈ C (E) alors f ∈ B (E) , ce qui implique que Id − f ∗ f est symétrique po-
sitif (question I.B.2.(b)) et en conséquence, il existe une base orthonormée B =
P
n
(e1 , · · · , en ) et des réels positifs ou nuls λ1 , · · · , λn tels que Id − f ∗ f = λi ei e∗i , les
i=1
λi étant les valeurs propres de Id − f ∗ f. Mais pour f ∈ C (E) on a rg (Id − f ∗ f ) ≤ 1,
ce qui équivaut à dim (ker (Id − f ∗ f )) ≥ n − 1 et signifie que 0 est valeur propre
de Id − f ∗ f de multiplicité n − 1 ou n. En conséquence tous les λi sauf un éven-
tuellement,
√ disons λ1 , sont nuls. On a donc Id − f ∗ f = λ1 e1 e∗1 = uu∗ en notant
u = λ1 e1 .
ii. ⇒ iii. Si Id − f ∗ f = uu∗ , on a alors pour tout x ∈ E :

kxk2 − kf (x)k2 = (x | (Id − f ∗ f ) (x)) = (x | uu∗ (x))


= (x | fu (x)) = (x | (x | u) u) = (x | u)2 .

iii. ⇒ i. Si kxk2 − kf (x)k2 = (u | x)2 pour tout x ∈ E, on a alors kf (x)k ≤ kxk et kf k ≤ 1,


c’est-à-dire que f est dans B (E) . De plus l’égalité kxk2 − kf (x)k2 = (u | x)2 , pour
tout x ∈ E, équivalente à (x | (Id − f ∗ f ) (x)) = (x | uu∗ (x)) peut se traduire en
disant que l’endomorphisme symétrique g = Id−f ∗ f −uu∗ est tel que (x | g (x)) pour
tout x ∈ E, ce qui équivaut à dire qu’il est nul (question I.A.4.), soit Id−f ∗ f = uu∗
et rg (Id − f ∗ f ) = rg (uu∗ ) ≤ 1 (question I.A.1.(b)) et donc f ∈ C (E) .
C. Propriétés des matrices compagnons
P
n−1
Soient P (T ) = T n − ak T k dans Rn [T ] et C sa matrice compagnon.
k=0
On désigne par f ∈ L (Rn ) l’endomorphisme défini par la matrice C dans la base canonique
(e1 , · · · , en ) de Rn . On a :

 f (ek ) = ek+1 (1 ≤ k ≤ n − 1) ,
P
n−1
 f (en ) = ak ek+1 ,
k=0

et f k (e1 ) = ek+1 pour k compris entre 1 et n−1, de sorte que le système (e1 , f (e1 ) , · · · , f n−1 (e1 ))
est libre dans Rn et le polynôme minimal de f est nécessairement de degré supérieur ou égal
à n. Ce polynôme étant de degré au plus n (théorème de Cayley-Hamilton), il en résulte que
deg (πC ) = n et πC = χC où πC désigne le polynôme minimal de C et χC son polynôme
caractéristique défini par χC (T ) = det (T Id − C) .
En notant χC = χ(a0 ,··· ,an−1 ) et en développant ce déterminant par rapport à la première
ligne, on a :
χ(a0 ,··· ,an−1 ) (T ) = T · χ(a1 ,··· ,an−1 ) (T ) − a0
P
n−1
et par récurrence χC (T ) = T n − ak T k .
k=0
En définitive πC = χC = P.

— II —
80 Agrégation externe 1990, épreuve 1
µ ¶
2 u1
1. Dire que la matrice A est dans C (R ) équivaut à dire qu’il existe un vecteur U =
µ ¶ u2
2 ∗ ∗ λ 0
dans R tel que I2 −A A = U U (question I.B.5.) et pour A = , cela se traduit
ν µ
par : µ ¶ µ 2 ¶
1 − λ2 − ν 2 −µν u1 u1 u2
=
−µν 1 − µ2 u1 u2 u22
encore équivalent : 
 1 − λ2 − ν 2 = u21
−µν = u1 u2

1 − µ2 = u22
ce qui entraîne : ¡ ¢¡ ¢
1 − µ2 1 − λ2 − ν 2 = u21 u22 = µ2 ν 2
équivalent à ν 2 = (1 − λ2 ) (1 − µ2 ) .
De l’égalité µ2 + u22 = 1, on déduit qu’il existe un réel β ∈ [0, 2π] tel que µ = cos (β) ,
u2 = sin¯ (β) et l’égalité
¯ µν + u1 u2 = 0 se traduit par cos (β) ν + sin (β) u1 = 0 ou
¯ cos (β) u1 ¯
encore ¯¯ ¯ = 0 qui entraîne l’existence d’un réel ρ tel que u1 = ρ cos (β) et
− sin (β) ν ¯
ν = −ρ sin (β) . L’égalité 1 − λ2 − ν 2 = u21 se traduit alors par u21 + ν 2 = ρ2 = 1 − λ2 ,
soit ρ2 + λ2 = 1 et il existe α ∈ [0, 2π] tel que λ = cos (α) , ρ = sin (α) . On a donc en
définitive :
µ ¶ µ ¶
cos (α) 0 sin (α) cos (β)
A= , U= .
− sin (α) sin (β) cos (β) sin (β)

La réciproque étant évidente.


2. L’égalité In − A∗ A = UU ∗ est équivalente à :
µ ¶ µ ¶
In−1 − B ∗ B − CC ∗ −ann C W W ∗ bn W
=
−ann C ∗ 1 − a2nn bn W ∗ b2n

ou encore à : 
 In−1 − B ∗ B − CC ∗ = W W ∗ ,
−ann C = bn W, (5.1)

1 − a2nn = b2n .
De l’égalité a2nn + b2n = 1, on déduit qu’il existe un réel θn¯ ∈ [0, 2π] tel que¯ann = cos (θn ) ,
¯ cos (θn ) wk ¯
bn = sin (θn ) et l’égalité ann C + bn W = 0 se traduit par ¯¯ ¯ = 0 pour tout
− sin (θn ) ck ¯
k compris entre 1 et n − 1, qui entraîne l’existence de réels vk tels que wk  (θn ) et
= vk cos
v1
 .. 
ck = −vk sin (θn ) , ce qui s’écrit W = cos (θn ) V, C = − sin (θn ) V où v =  .  . On
vn−1
∗ ∗ ∗ ∗ ∗ ∗
a alors CC + W W = V V et l’égalité In−1 − B B − CC = W W se traduit alors par
In−1 − B ∗ B = V V ∗ .
Réciproquement les conditions :

ann = cos (θn ) , bn = sin (θn ) , C = − sin (θn ) V, W = cos (θn ) V, In−1 − B ∗ B = V V ∗

entraînent (5.1) qui se traduit par In − A∗ A = U U ∗ .


Corrigé 81

3. En partant du résultat de II.1. on déduit de la question précédente, par récurrence sur


n ≥ 2, qu’une matrice triangulaire inférieure qui est dans C (Rn ) s’écrit :
 
c1 0 ··· 0 0
 . .. 
 −s1 s2 c2 · · · .. . 
 ... . 
A=  −s c s
1 2 3 −s s
2 3 0 .
. 

 . .. ... 
 .. . cn−1 0 
−s1 c2 · · · cn−1 sn −s2 c3 · · · cn−1 sn · · · −sn−1 sn cn
avec :
ck = cos (θk ) , sk = sin (θk ) (1 ≤ k ≤ n) ,
les θk étant des réels, et on a In − A∗ A = UU ∗ avec :
 
s1 c2 · · · cn
 s2 c3 · · · cn 
 
 .. 
U = . .
 
 sn−1 cn 
sn

— III — Étude de B (E) et de C0 (E)

A. Décomposition d’un élément de B (E)


1.
¡ ¢−1
(a) Pour tout k ∈ N, f k (F ) est un sous-espace vectoriel de E et il en est de même
T ¡ k ¢−1
de F = f (F ) .
k∈N

(b) Si x ∈ F, pour tout k ∈ N on a f k (f (x)) = f k+1 (x) ∈ Ef et en conséquence


f (x) ∈ F. On a donc f (F ) ⊂ F. Si x ∈ F est tel que f (x) = 0 on a alors
kxk = kf (x)k = 0 (F ⊂ Ef ), c’est-à-dire que la restriction de f à F est linéaire
injective de F dans F, c’est donc un isomorphisme (F est de dimension finie) et
f (F ) = F.
D’autre part sur F ⊂ Ef on a f ∗ f (x) = x (question I.B.3.(b)) et en conséquence
f ∗ (F ) = f ∗ f (F ) = F.
(c) Pour x dans G = F ⊥ et y dans F, on a (f (x) | y) = (x | f ∗ (y)) = 0 puisque
f ∗ (y) ∈ F et donc f (x) ∈ G.
2.
(a) On a kψk = sup kf (x)k ≤ kf k ≤ 1 pour f ∈ B (E) et donc ψ ∈ B (G) .
x∈G
kxk=1

(b) Pour tout x ∈ F on a kϕ (x)k = kf (x)k = kxk puisque F ⊂ Ef et donc ϕ ∈ O (F ) .


(c) Si x ∈ E \ F, en désignant par k le plus petit entier naturel tel que f k (x) ∈
/ Ef , on
a: ° ° ° °
kxk = kf (x)k = · · · = °f k (x)° 6= °f k+1 (x)° .
82 Agrégation externe 1990, épreuve 1
¡ ¢
Si le système x, f (x) , · · · , f k (x) est lié dans E, il existe un entier p compris entre
Pp
1 et k tel que aj f j (x) = 0 avec ap 6= 0 (on a p > 0 puisque x est non nul). On a
j=0
P
p−1 aj j
alors f p (x) = − f (x) et :
j=0 ap

p−1
X aj
k k−p p
f (x) = f (f (x)) = − f k−(p−j) (x)
j=0
ap

avec f k−(p−j) (x) ∈ Ef pour tout j compris entre 0 et p − 1 (on a 0 ≤ k − (p − j) ≤


k−1),
¡ ce qui entraîne¢ f k (x) ∈ Ef en contradiction avec la définition de k. Le système
x, f (x) , · · · , f k (x) est donc libre. ° ° ° °
On a alors nécessairement k + 1 ≤ n et avec °f k+1 (x)° 6= °f k (x)° , kf k ≤ 1
(f ∈ B (E)) on déduit que :
° ° ° °
kf n (x)k ≤ °f k+1 (x)° < °f k (x)° ≤ kxk
et kf n (x)k < kxk .
(d) On a déjà ψ ∈ B (G) (question III.A.2.(a)), donc kψn k ≤ kψkn ≤ 1 et ψn ∈ B (G) .
Si kψn k = 1, on a alors Eψn 6= {0} (question I.B.3.(a)), c’est-à-dire qu’il existe
x ∈ G \ {0} tel que kψn (x)k = kf n (x)k = kxk . Mais un tel x n’est pas dans F
(F ∩ G = F ∩ F ⊥ = {0}), donc kf n (x)k < kxk (question précédente). Ces résultats
étant contradictoires, on en déduit que kψn k < 1, ce qui implique ρ (ψ) < 1 et
ψ ∈ B0 (G) .
3.
i. ⇒ ii. Si F = {0} alors G = F ⊥ = E, donc ψ = f et on a vu à la question précédente que
kf n k < 1.
ii. ⇒ iii. Si kf n k < 1 alors ρ (f ) < 1 et avec f ∈ B (E) on déduit que f ∈ B0 (E) .
° ° ° °1
iii. ⇒ i. Si °f k ° = 1 pour tout entier naturel k, alors ρ (f ) = lim °f k ° k = 1 et f ∈/ B0 (E) .
k→+∞ ° k°
On en déduit donc que si f ∈ B0 (E) ° ilk existe
° un° entier
° naturel k tel que °f ° < 1 et
° ° ° k°
pour tout x non nul dans E on a f (x) < f kxk < kxk , de sorte que x ∈ / F.
On a donc F = {0} . Ce qui achève de prouver l’équivalence des trois propositions.
B. Caractérisation des éléments de C0 (E)
1. Si f ∈ C (E) alors f ∈ B (E) et (question I.B.3.(b)) :
Ef = ker (Id − f ∗ f ) = ker (uu∗ )
= {x ∈ E | (x | u) u = 0} = (Ru)⊥ .
(a) On a :
x ∈ F ⇔ ∀k ∈ N, f k (x) ∈ Ef = (Ru)⊥
¡ ¢ ¡ ¢
⇔ ∀k ∈ N, f k (x) | u = 0 ⇒ ∀k ∈ {0, · · · , n − 1} , f k (x) | u = 0.
Si x ∈ / F, on a vu en III.A.2.(c) que le plus petit entier naturel k tel que f k (x) ∈
/ Ef
k ⊥
est au plus égal¡ à n − 1, ¢on a donc f (x) ∈ / Ef = (Ru) avec 0 ≤ k ≤ n − 1, ce
k
¡quik équivaut
¢ à f (x) | u 6= 0. On a donc l’équivalence : x ∈ F si, et seulement si
f (x) | u = 0 pour tout k compris entre 0 et n − 1.
Corrigé 83

(b) La démonstration faite en III.A.3. nous montre que, pour f ∈ C (E) , on a f ∈ C0 (E)
si, et seulement si, F = {0} et la question précédente nous dit que F = {0} est
équivalent à :
¡ ¡ ¢ ¢
∀k ∈ {0, · · · , n − 1} , f k (x) | u = 0 ⇔ x = 0

ce qui peut aussi s’écrire :


³ ³ ´ ´
∀k ∈ {0, · · · , n − 1} , x | (f ∗ )k (u) = 0 ⇔ x = 0

encore équivalent à dire que l’orthogonal de l’espace vectoriel engendré par les
(f ∗ )k (u) , pour 0 ≤ k ≤ n − 1, est réduit à {0} , ce qui équivaut à dire que cet
espace vectoriel est¡égal à E. On a donc pour ¢ f ∈ C (E) l’équivalence : f ∈ C0 (E)
si, et seulement si, u, f ∗ (u) , · · · , (f ∗ )n−1 (u) est une base de E.
2. Avec C0 (E) ⊂ B0 (E) , on déduit de III.A.3. que kf n k < 1 pour tout f ∈ C0 (E) .
Avec les notations de la question précédente, en choisissant x non nul orthogonal à tous
les (f ∗ )k (u) pour k compris´ entre 0 et n − 2 (cet orthogonal est de dimension 1), on a
¡ k ¢ ³
f (x) | u = x | (f ∗ )k (u) = 0 pour tout k compris entre 0 et n − 2 et donc f k (x) ∈
(Ru)°⊥ = Ef , ce qui entraîne kxk = kf (x)k = · · · = kf n−1 (x)k et en conséquence
°
°f k ° = 1 pour tout k compris entre 0 et n − 1.
° °
3. Si f ∈ L (E) est tel que °f k ° = 1 pour tout k compris entre 0 et n − 1, alors kf k = 1 et
f ∈ B (E) . Si de plus kf n k < 1 alors f ∈ B0 (E) (question III.A.3.).
De kf n−1 k = 1 on déduit qu’il existe x non nul dans E tel que kxk = kf n−1 (x)k avec
kf n−1 (x)k > kf n (x)k puisque kf n k < 1. On a donc f k (x) ∈ Ef pour tout k com-
pris entre 0 et n − 2 et f n−1 (x) ∈ Ef . On déduit alors de III.A.2.(c) que le système
(x, f (x) , · · · , f n−1 (x)) est libre dans E, c’est donc une base. De plus dim (Ef ) ≥ n − 1
puisque le système (x, f (x) , · · · , f n−2 (x)) est libre dans Ef et avec Ef = ker (Id − f ∗ f )
pour f ∈ B (E) (question I.B.3.(c)) on a rg (Id − f ∗ f ) ≤ 1 et f ∈ C0 (E) .
C. Étude d’une base adaptée de C0 (E) et de sa matrice de Gram
1. En gardant les notations de la question précédente, on dispose d’un vecteur non nul x tel
que kxk = kf n−1 (x)k > kf n (x)k et pour tout réel λ > 0, en posant v1 = λx, on a :

 kv1 k = λ kxk
kf n−1 (v1 )k = λ kf n−1 (x)k
¡ = λ kxk = kv1 k¢

kv1 k2 − kf n (v1 )k2 = λ2 kxk2 − kf n (x)k2
1
de sorte que pour λ = q , on a :
2 n 2
kxk − kf (x)k
° n−1 °
°f (v1 )° = kv1 k , kv1 k2 − kf n (v1 )k2 = 1.

De plus comme (x, f (x) , · · · , f n−1 (x)) est une base de E, il en est de même du système
B = (v1 , f (v1 ) , · · · , f n−1 (v1 )) (λ > 0).
En posant vi = f i−1 (v1 ) pour i compris entre 1 et n, on a :

 f (vi ) = vi+1 (1 ≤ i ≤ n − 1)
P
n−1
 f (vn ) = f n (v1 ) = aj vj+1
j=0
84 Agrégation externe 1990, épreuve 1

(écriture de f n (v1 ) dans la base B = (v1 , · · · , vn )). On déduit donc que la matrice de f
P
n−1
dans B est la matrice compagnon du polynôme P (T ) = T n − aj T j , ce polynôme étant
j=0
le polynôme caractéristique et le polynôme minimal de la matrice C (question I.C.). La
matrice de f dans la base B est donc la matrice C.
2.
(a) La matrice de Gram Ω = G (v1 , · · · , vn ) = (((vi | vj )))1≤i,j≤n est tout simplement
la matrice du produit scalaire (· | ·) dans la base B = (v1 , · · · , vn ) . En notant
(E1 , · · · , En ) la base canonique de Rn , pour tout i compris entre 1 et n la matrice
de f (vi ) dans la base B est C · Ei et pour i, j compris entre 1 et n, on a :

(f (vi ) | f (vj )) = (C · Ei )∗ Ω (C · Ej ) ,

ce dernier terme étant le coefficient d’indice (i, j) de la matrice C ∗ ΩC. On a donc :

G (f (v1 ) , f (v2 ) , · · · , f (vn)) = C ∗ ΩC.

(b) Pour i, j compris entre 1 et n, le coefficient d’indice (i, j) de la matrice Λ = Ω−C ∗ ΩC


est donné par :

λij = (vi | vj ) − (f (vi ) | f (vj ))


= (vi | vj − (f ∗ f ) (vj )) = (vi | (Id − f ∗ f ) (vj )) .

Mais pour tout j compris entre 1 et n − 1 le vecteur vj = f j−1 (v1 ) est dans Ef =
ker (Id − f ∗ f ) (question III.B.2.), on a donc λij = 0 pour i compris entre 1 et n et
j compris entre 1 et n − 1. Avec la symétrie de la matrice Λ on déduit qu’on a aussi
λij = 0 pour j compris entre 1 et n et i compris entre 1 et n − 1. En définitive, on a
λij = 0 pour tous i, j tels que (i, j) 6= (n, n) . Pour (i, j) = (n, n) , on a :
° °2
λnn = kvn k2 − kf (vn )k2 = °f n−1 (v1 )° − kf n (v1 )k2
= kv1 k2 − kf n (v1 )k2 = 1

et donc Ω − C ∗ ΩC = En En∗ .

— IV — Résolution dans Mn (R) de l’équation à l’inconnue G : G − C ∗ GC = H

1. Si A = C ∗ AC, on déduit facilement par récurrence sur k ≥ 1 que A = (C ∗ )k AC k pour


tout entier naturel non nul k. La matrice C étant la matrice compagnon du polynôme P
ayant toutes ses racines de module strictement inférieur à 1, on en déduit que ρ (C) < 1
(P est le polynôme caractéristique de C) et en conséquence lim C k = lim (C ∗ )k = 0
k→+∞ k→+∞
(continuité de la transposition) et A = 0 (continuité du produit matriciel).
2.
(a) La résultat précédent nous dit que l’application linéaire A 7→ A − C ∗ AC est injective
de Mn (R) dans lui même, c’est donc un automorphisme et pour toute matrice
B ∈ Mn (R) il existe une unique matrice A ∈ Mn (R) telle que A − C ∗ AC = B.
Corrigé 85

(b) De A − C ∗ AC = B on déduit que C ∗ AC − (C ∗ )2 AC 2 = C ∗ BC, soit B + C ∗ BC =


A − (C ∗ )2 AC 2 et par récurrence, pour tout entier r ≥ 1 :
X
r
(C ∗ )p BC p = A − (C ∗ )r+1 AC r+1 .
p=0

Avec lim (C ∗ )r+1 AC r+1 = 0, on en déduit que la série de terme général (C ∗ )p BC p


r→+∞
est convergente avec :
X
+∞
(C ∗ )p BC p = A.
p=0

3.
P
+∞
(a) De G − C ∗ GC = H on déduit que G = (C ∗ )p HC p et de la continuité de la
p=0
P
+∞
transposition, on déduit que G∗ = (C ∗ )p H ∗ C p . Donc G est symétrique si H
p=0
l’est. D’autre part, avec la continuité du produit matriciel on peut écrire pour tout
X ∈ Rn :
X
+∞

X GX = (C p X)∗ H (C p X) ≥ 0
p=0

si H est symétrique positive. On a donc G ∈ S + (Rn ) si H ∈ S + (Rn ) .


P p ∗
+∞
(b) i. ⇒ ii. Si X ∈ ker (G) , on a alors (C X) H (C p X) = X ∗ GX = 0, ce qui
p=0
entraîne (C p X)∗ H (C p X) = 0 pour tout p ∈ N puisque cette série est à terme
positifs, ce qui équivaut à H (C p X) = 0 pour tout p ∈ N puisque H est symétrique
positive (question I.A.5.), encore équivalent à dire que C p X est dans ker (H) pour
tout p ∈ N.
L’implication ii. ⇒ iii. est évidente.
iii. ⇒ i. Si iii. est vérifié, on a HR (C) X = 0 pour tout polynôme R de degré au plus
égal à n − 1. Si S est un polynôme quelconque, en effectuant la division euclidienne
de S par P, on a S = QP + R avec R = 0 ou de degré au plus égal à n − 1, de sorte
que HS (C) X = HQ (C) P (C) X = 0 puisque P est le polynôme caractéristique de
C (théorème de Cayley-Hamilton). On a donc HS (C) X = 0 pour tout polynôme
P ∗ p
+∞
S, donc HC p X = 0 pour tout entier naturel p et GX = (C ) HC p X = 0,
p=0
c’est-à-dire que X est dans ker (G) .
4. Si U = 0, alors la condition G − C ∗ GC = 0 équivaut à G = 0 (question IV.1.) et G n’est
pas définie positive. On suppose donc U non nul.
La matrice H = U U ∗ est symétrique positive, donc la matrice G définie par G − C ∗ GC =
UU ∗ (question IV.2.(a)) l’est également (question IV.3.(a)) et cette matrice est définie
positive si, et seulement si, son noyau est réduit à {0} et d’après la question IV.3.(b)
cela revient à dire que les conditions UU ∗ C k X = 0 pour tout k compris entre 0 et n − 1
sont équivalentes à X = 0. Tenant compte de UU ∗ Y = (Y | U) U (UU ∗ est la matrice de
n
fu dans la base canonique
¡ k ¢de R ), on déduit que G est définie positive si, et seulement
si, les conditions C X | U = 0 pour tout k compris entre 0 et n − 1 sont équivalentes à
X = 0.
On rappelle que les conditions i. et ii. sont équivalentes. En effet i. signifie que l’orthogonal
de l’espace vectoriel engendré par les (C ∗ )k U est réduit à {0} , ce qui équivaut à ii.
86 Agrégation externe 1990, épreuve 1

5. La condition Ω − C ∗ ΩC = En En∗ entraîne Ω ∈ S + (Rn ) .


 
x1
  ¡ ¢
(a) Soit X =  ...  ∈ Rn tel que C k X | En = 0 pour tout k compris entre 0 et
xn
n − 1. Pour k = 0, la condition (X | En ) = 0 équivaut à xn = 0 et pour k = 1, on a :
    
0 0 ··· 0 a0 x1 0
 1 0 ··· 0 a1   .   
 .   ..   x.1 
 . . . ..     
CX =  0 . . . . . .   ...  =  .. 
 . .    . 
 .. . . 1 0 ak−2   xn−1   .. 
0 ··· 0 1 ak−1 0 xn−1

de sorte que la¡ condition¢(CX | En ) = 0 équivaut à xn−1 = 0. Par récurrence, avec


les conditions C k X | En = 0 pour tout k compris entre 0 et n − 1, on déduit que
toutes les composantes de X sont nulles. De la question précédente on déduit alors
que Ω est définie positive.
¡ ¢
(b) Ω étant définie positive, on en déduit que le système En , C ∗ En , · · · , (C ∗ )n−1 En est
une base de Rn et en conséquence le vecteur U s’écrit, de manière unique, sous la
P
n−1
forme U = uk (C ∗ )k En et en désignant par Q le polynôme de Rn−1 [T ] défini par
k=0
P
n−1
Q= uk T k on a U = (Q (C))∗ En .
k=0
Avec Q (A) Ap = Ap Q (A) pour tout matrice A et tout entier naturel p et avec la
continuité du produit matriciel, on déduit alors que :
X
+∞ X
+∞
∗ p
G= ∗
(C ) U U C = p
(C ∗ )p (Q (C))∗ En En∗ Q (C) C p
p=0 p=0
à +∞ !
X
= (Q (C))∗ (C ∗ )p En En∗ C p Q (C) = (Q (C))∗ ΩQ (C) .
p=0

(c) En I.A.6. on a vu que la matrice G − C ∗ GC est dans S + (Rn ) si, et seulement


P
n
si, il existe n vecteurs U1 , · · · , Un dans Rn tels que G − C ∗ GC = Ui Ui∗ . En
i=1
désignant pour tout i compris entre 1 et n par Gi l’unique matrice définie par Gi −
C ∗ Gi C = Ui Ui∗ (question IV.2.(a)), la question précédente nous dit qu’il existe un
unique polynôme Qi de degré au plus égal à n − 1 tel que Ui = (Qi (C))∗ En et
Gi = (Qi (C))∗ ΩQi (C) . On peut donc dire que G − C ∗ GC est dans S + (Rn ) si, et
seulement si, il existe n polynôme Q1 , · · · , Qn de degré au plus égal à n − 1 tels que :
X
n

G − C GC = (Qi (C))∗ En En∗ Qi (C)
i=1
X
n
= (Qi (C))∗ (Ω − C ∗ ΩC) Qi (C)
i=1
à n !
X
n X
n X
= (Gi − C ∗ Gi C) = Gi − C ∗ Gi C
i=1 i=1 i=1
Corrigé 87

P
n
ce qui équivaut à G = Gi (on a vu en IV.2.(a) que l’application A 7→ A −
i=1
P
n
C ∗ AC est bijective), encore équivalent à G = (Qi (C))∗ ΩQi (C) avec les Qi dans
i=1
Rn−1 [T ] .
88 Agrégation externe 1990, épreuve 1
6
Agrégation externe 1991, épreuve 1

6.1 Énoncé
Pour tout a élément de C et pour tout r élément de [0, +∞[ , on note D (a, r) le disque fermé
de centre a et de rayon r :
D (a, r) = {z ∈ C | |z − a| ≤ r} .

A. Théorème de Gauss-Lucas, séries lacunaires


— I — Le théorème de Gauss-Lucas

1. Enveloppe convexe d’une partie d’un espace affine réel E


(a) Montrer qu’une intersection de parties convexes de E est convexe, éventuellement
vide.
(b) Si A est une partie de E, montrer l’existence et l’unicité de C (A) , partie convexe
de E, telle que, pour tout convexe K de E, A ⊂ K équivaut à C (A) ⊂ K.
C (A) est appelée l’enveloppe convexe de A.
(c) Si A = {M1 , M2 , · · · , Mn } , où les Mi sont des points de E, montrer que C (A) est
P
n
le barycentre des systèmes (λi , Mi ) tels que λi 6= 0 et, λi ≥ 0.
i=1

2. Le théorème de Gauss-Lucas
Q
n
Soit P (X) = c (X − αi )ni un polynôme complexe non constant où les nombres com-
i=1
plexes αi sont deux à deux distincts et c est dans C.
P0
(a) Décomposer en éléments simples la fraction rationnelle .
P
Pn z − αi
(b) Soit z un zéro de P 0 tel que P (z) 6= 0. Prouver l’égalité ni = 0.
i=1 |z − αi |2
(c) Montrer que l’ensemble des zéros de P 0 est inclus dans l’enveloppe convexe de l’en-
semble des zéros de P. Ce résultat constitue le théorème de Lucas.
3. Application à la localisation des zéros dans un disque
Montrer que si tous les zéros d’un polynôme P sont de module inférieur ou égal au réel
strictement positif R, il en est de même pour les zéros de P 0 .

89
90 Agrégation externe 1991, épreuve 1

— II — Surjectivité des fonctions définies par une série lacunaire

Dans tout le problème si (nk )k∈N est une suite strictement croissante de N telle que la série
P
+∞ 1
converge et (ak )k∈N une suite de nombres complexes non nuls, on dira que la série entière
k=1 nk
P
+∞
ak z nk est lacunaire.
k=0
On suppose dans les question 1. et 2. de cette partie A. II. que n0 = 0, n1 = 1, a0 = 1,
P
+∞
a1 = −1, et que la série entière lacunaire 1 − z + ak z nk converge pour tout z élément de C.
k=2
On note f (z) la somme de cette série. Pour tout d entier supérieur ou égal à 1, on note Pd ,
Qd , Rd les trois polynômes suivants :
X d µ ¶ µ ¶
nk nd 1 nd −1 0 1
Pd (X) = ak X , Qd (X) = X Pd , Rd (X) = X Qd .
k=0
X X

1. Borne du module d’un zéro du polynôme P


(a) Calculer les coefficients du polynôme Rd .
(b) Soit ρ un réel strictement positif, montrer que si Pd n’a pas de zéros dans D (0, ρ) ,
Rd n’en a pas non plus.
(c) Montrer, par récurrence sur d, que Pd a au moins un zéro de module inférieur ou
Qd nk
égal à ρd où ρ1 = 1 et ρd = si d ≥ 2.
k=2 nk − 1 µ ¶
nd − 1
Indication — On pourra considérer le polynôme S tel que Rd (X) = nd S X .
nd
2. Existence d’un zéro de f
(a) Montrer l’existence d’un réel M vérifiant :
∀d ∈ N∗ , ∃z ∈ C, (Pd (z) = 0 et |z| ≤ M) .

(b) Montrer que l’application f s’annule au moins une fois dans C.


3. Surjectivité de certaines sommes de séries lacunaires
Montrer que si g est la somme d’une série entière lacunaire de rayon de convergence infini
et si g0 (0) 6= 0 alors l’application g : C → C est surjective.

B. Localisation des zéros d’un polynôme

Dans cette partie B, on considère n un entier supérieur ou égal à 1.


Pour A élément de l’algèbre Mn (C) des matrices carrées complexes d’ordre n, dont le
coefficient de ligne i et colonne j est noté Aij , on pose :
X
n
Li = |Aii | − |Aij | , α = min {Li | i = 1, · · · , n} .
j6=i
j=1

Mn,1 (C) l’espace des matrices colonnes à n éléments, est muni de la norme k·k définie par :
kXk = max {|xi | | i = 1, · · · , n} ,
les nombres xi étant les éléments de la matrice colonne X.
Énoncé 91

1. Localisation des valeurs propres d’une matrice


(a) Dans cette question (a) uniquement, on suppose que α est strictement positif.
Montrer que :
∀X ∈ Mn,1 (C) , kAXk ≥ α kXk .
En déduire que A est inversible.
(b) On ne fait plus d’hypothèse sur α. Montrer que toute valeur propre de A est incluse
dans :  
[
n
 X
n


D Aii , |Aij |
.
i=1 j6=i
j=1

2. Application aux polynômes


Soit P (X) = a0 + a1 X + · · · + an−1 X n−1 + X n . En étudiant la matrice :
 
0 1 0 ··· ··· 0
 0 0 1 0 ... 0 
 . .. 
 . ... ... ... ... 
 . . 
A= . . . . ,
 .. .. .. .. 0 
 
 0 ··· ··· 0 0 1 
−a0 −a1 · · · · · · −an−2 −an−1

montrer que tout zéro de P est dans l’ensemble :


à !
X
n−2
D (0, 1) ∪ D −an−1 , |aj | .
j=0

3. Nombre de zéros d’un polynôme situés dans un disque donné


Soit D un disque de rayon non nul et de frontière le cercle Γ, orienté dans le sens direct,
et P un polynôme ne s’annulant pas sur Γ.
Montrer que le nombre de zéros de P, comptés avec leur multiplicité, qui sont situés dans
D est égal à l’intégrale : Z 0
1 P (z)
dz.
2iπ Γ P (z)

C. Le théorème de Grace

Dans cette partie C, p étant un élément de N∗ , on note Cp [X] l’espace des polynômes à
coefficients complexes de degré au plus p, et on définit la forme bilinéaire d’apolarité, Gp , sur
Cp [X] par :
p
2
X
∀ (P, Q) ∈ (Cp [X]) , Gp (P, Q) = (−1)k P (k) (0) Q(p−k) (0) .
k=0

GL2 (C) désigne le groupe multiplicatif des matrices inversibles d’ordre 2 à coefficients com-
plexes.
Dans cette partie C, n est un élément fixe de N∗ .
92 Agrégation externe 1991, épreuve 1

On appelle sphère de Riemann l’ensemble, noté S, obtenu en adjoignant au plan complexe


C un point noté ∞.
S est donc l’ensemble C ∪ {∞} .
Les opérations de C sont, en partie, prolongées à S par :
a
— pour a ∈ C, a + ∞ = ∞ + a = ∞ et = 0; ∞ × ∞ = ∞;

a
— pour a ∈ C∗ , a × ∞ = ∞ × a = ∞ et = ∞.
0
∞ 0
N. B. ∞ + ∞, 0 × ∞, , n’ont pas de sens dans S.
∞ 0
1. Action de µGL2 (C)¶sur la sphère de Riemann
a b
Pour A = , matrice complexe inversible, on définit l’homographie associée :
c d
az + b a
HA : S → S, par HA (z) = pour z dans C et HA (∞) = .
cz + d c
On rappelle que l’ensemble H des homographies de S est un sous-groupe du groupe des
bijections de S sur elle-même et que l’application A 7→ HA est un morphisme surjectif du
groupe GL2 (C) sur le groupe H.
(a) Déterminer le noyau de ce morphisme.
(b) Montrer que GL2 (C) est engendré par l’ensemble des matrices :
µ ¶ µ ¶ µ ¶
0 1 1 1 k 0
, , où k décrit C∗ .
1 0 0 1 0 1
Indication — On pourra utiliser des opérations élémentaires sur les lignes ou les
colonnes.
(c) En déduire une partie génératrice de H.
2. Géométrie de la sphère de Riemann
C est muni de sa structure affine euclidienne usuelle. On appellera :
— S-droite toute droite de C complétée par ∞ ;
— S-cercle tout cercle de C et toute droite de S ;
— S-disque fermé :
— tout disque fermé de C (de rayon strictement positif),
— tout complémentaire d’un disque ouvert non vide de C complété par ∞,
— tout demi-plan fermé de C complété par ∞.
(a) Montrer que l’image d’un S-cercle (respectivement d’un S-disque fermé) par une
homographie est un S-cercle (respectivement un S-disque fermé).
(b) Montrer que tout S-cercle est l’image du cercle unité de C, Γ0 = {z ∈ C | |z| = 1} ,
par au moins une homographie et que tout S-disque fermé est l’image du disque
unité de C, D0 = {z ∈ C | |z| ≤ 1} , par au moins une homographie.
3. Action de GL2 (C) sur les polynômesµet sur ¶
la forme d’apolarité
a b
Pour P élément de Cn [X] et A = élément de GL2 (C) , on définit l’élément
c d
A (P ) de Cn [X] par :
µ ¶
n dX − b
A (P ) (X) = (−cX + a) P .
−cX + a
Énoncé 93

(a) Pour A et B dans GL2 (C) et P dans Cn [X] , montrer que (AB) (P ) = A (B (P )) .
µ ¶
1 −t
(b) Pour t nombre complexe, on considère la matrice At = . Montrer que
0 1
pour P et Q dans Cn [X] et t dans C, on a :
Gn (P, Q) = Gn (At (P ) , At (Q)) .
(c) Montrer que pour tous P et Q dans Cn [X] et tout A dans GL2 (C) , Gn (P, Q) = 0
si, et seulement si, Gn (A (P ) , A (Q)) = 0.
Si P et Q appartiennent à Cn [X] , on dira que P et Q sont apolaires lorsque
Gn (P, Q) = 0.
4. Effet de l’action de GL2 (C) sur les zéros des polynômes
Rappel — Les fonctions symétriques élémentaires sont définies par :
P Q
σp : Cn → C, σp (x1 , x2 , · · · , xn ) = xi , pour 1 ≤ p ≤ n,
I⊂{1,2,··· ,n} i∈I
card(I)=p
σ0 (x1 , x2 , · · · , xn ) = 1.
Elles sont invariantes par permutations des xi .
Notations — Si le degré de P, polynôme non nul, est m ≤ n, on dira que ∞ est zéro de
multiplicité n − m de P.
Pour P élément de Cn [X] on appellera zéro dans S de P les nombres complexes z, tels
que P (z) = 0 et ∞ si P est de degré strictement inférieur à n.
On prolonge à S les fonctions symétriques élémentaires en gardant l’invariance par per-
mutation et en posant, pour (x1 , x2 , · · · , xn−k ) élément de Cn−k :
½
0 si p ≤ k − 1,
σp (x1 , x2 , · · · , xn−k , ∞, · · · , ∞) =
σp−k (x1 , x2 , · · · , xn−k ) si n ≥ p ≥ k.
(a) Montrer que pour P élément non nul de Cn [X] , (x1 , x2 , · · · , xn ) est la famille des
zéros dans S de P, comptés avec leur multiplicité si, et seulement si, il existe un
nombre complexe K non nul tel que :
Xn
P (X) = K (−1)j σj (x1 , x2 , · · · , xn ) X n−j .
j=0

(b) Soit P élément non nul de Cn [X] et A élément de GL2 (C) , montrer que la famille
des zéros dans S de A (P ) est l’image par l’homographie HA de celle des zéros dans
S de P.
5. Le théorème de Grace
On considère P et Q, deux éléments apolaires de Cn [X] , et on veut prouver que tout
S-disque fermé contenant tous les zéros dans S de P contient au moins un zéro dans S
de Q : ceci constitue le théorème de Grace. Pour cela, nous raisonnerons par l’absurde en
supposant que Gn (P, Q) = 0 et qu’il existe un S-disque fermé contenant tous les zéros
dans S de P et aucun des zéros dans S de Q.
(a) Montrer que, quitte à modifier P et Q, on peut supposer que :
— Q est de degré strictement inférieur à n ;
— il existe un disque fermé D, de C, contenant tous les zéros dans S de P ;
— aucun des zéros dans S de Q n’appartient à D.
(b) Sous les hypothèses du (a), montrer que Gn−1 (P 0 , Q) = 0.
(c) Prouver la propriété annoncée pour tout n ≥ 1 et tout couple (P, Q) de polynômes
non nuls de Cn [X] .
94 Agrégation externe 1991, épreuve 1

6.2 Corrigé
A. Théorème de Gauss-Lucas, séries lacunaires
— I — Le théorème de Gauss-Lucas

1.
T
(a) Soit (Ci )i∈I une famille de parties convexes de E et C = Ci . Si C est non vide,
i∈I
alors pour tous x, y dans C, le segment [x, y] est contenu dans tous les Ci et donc
dans C, ce qui prouve que C est convexe.
(b) La famille C des parties convexes
T de E contenant A est non vide puisqu’elle contient
E, on peut donc poser C = K. Cet ensemble C est une partie convexe de E
K∈C
(d’après (a)) qui contient A et pour tout convexe K de E, A ⊂ K équivaut à
C ⊂ K.
Réciproquement si C 0 est une partie convexe de E, telle que, pour tout convexe K
de E, A ⊂ K équivaut à C 0 ⊂ K, alors C 0 est contenu dans C (c’est un convexe de
E contenant A) et comme C 0 est un convexe de E qui contient A (C 0 ⊂ K = C 0
entraîne A ⊂ C 0 ), on a C 0 ∈ C qui implique que C est contenu dans C 0 . On a donc
C 0 = C. T
En définitive C (A) = K est l’enveloppe convexe de A.
K∈C
(c) Soit : ( )
X
n
C= bar (λi , Mi )1≤i≤n | λi ≥ 0, λi 6= 0 .
i=1
L’ensemble C contient A et est convexe par associativité du barycentre, on a donc
C (A) ⊂ C. D’autre part, C (A) est convexe et contient A, il contient donc C par
définition de la convexité et donc C (A) = C.
2.
(a) On a :
P 0 (X) X ni
n
= .
P (X) i=1
X − αi
(b) Si z est une racine de P 0 n’annulant pas P, alors :

P 0 (z) X ni X
n n
z − αi
0= = = ni
P (z) i=1
z − αi i=1
|z − αi |2

équivalent par conjugaison complexe à :


X
n
z − αi
ni = 0.
i=1
|z − αi |2

(c) Soient :
A = {z ∈ C | P 0 (z) = 0} et B = {z ∈ C | P (z) = 0} .
Si z ∈ A ∩ B, alors z ∈ C (B) enveloppe convexe de B). µ ¶
ni
Si z ∈ A\B, le (b) nous dit alors que z est le barycentre du système , αi
|z − αi |2 1≤i≤n
Corrigé 95

et donc z ∈ C (B) .
On a donc bien A ⊂ C (B) , c’est-à-dire que l’ensemble des zéros de P 0 est inclus
dans l’enveloppe convexe de l’ensemble des zéros de P.
3. Le disque D (0, R) étant convexe contient l’enveloppe convexe de l’ensemble des racines
de P et donc l’ensemble des racines de P 0 d’après ce qui précède.

— II — Surjectivité des fonctions définies par une série lacunaire

1.
(a) Le polynôme :
X
d
Qd (X) = ak X nd −nk
k=0

est de degré nd − n0 = nd ≥ 1 (la suite (nk )k∈N est strictement croissante) et :

X
d−1 X
d−1
Q0d (X) = (nd − nk ) ak X nd −nk −1 , Rd (X) = (nd − nk ) ak X nk .
k=0 k=0

Le polynôme Rd est donc de degré nd−1 ≥ 0.


(b) On a Pd (0) = a0 = 1 6= 0 et donc il existe un réel ρ > 0 tel que P (z) 6= 0 pour tout
z ∈ D (0, ρ) . µ ¶
0 1
On a Rd (0) = nd − n0 6= 0 et pour z 6= 0, Rd (z) = 0 équivaut à Qd = 0.
z
De même, Qd µ (0) ¶ = ad 6= 0 (les¯ a¯k sont tous non nuls) et pour z 6= 0, Qd (z) = 0
1 ¯1¯ 1
équivaut à Pd = 0, donc ¯¯ ¯¯ > ρ et |z| < . Les zéros de Qd sont donc dans
z ½ z ¾ ρ
◦ 1
l’ouvert convexe D (0, ρ) = z ∈ C | |z| < et il en est de même des zéros de Q0d
ρ
(théorème de Gauss-Lucas).
1
En conclusion, si z est un zéros de Rd alors z 6= 0 et est un zéros de Q0d , donc
z
1 ◦
∈ D (0, ρ) , c’est-à-dire que |z| > ρ et z ∈ / D (0, ρ) .
z
(c) Pour d = 1, on a P1 (X) = 1 − X qui a pour unique racine z1 = 1 dans le disque
D (0, ρ1 ) avec ρ1 = 1.
Supposons le résultat acquis au rang d − 1 ≥ 1, c’est-à-dire que tout polynôme
P
d−1
P (X) = αk X nk tel que n0 = 0, α0 = 1, n1 = 1, α1 = −1, αk 6= 0 pour k ≥ 2, a
k=0
une racine dans D (0, ρd−1 ) .
P
d
Si, pour d ≥ 2, il existe un polynôme Pd (X) = ak X nk tel que n0 = 0, a0 = 1,
k=0
n1 = 1, a1 = −1, ak 6= 0 pour k ≥ 2, n’ayant aucune racine dans le disque fermé
D (0, ρd ) , en utilisant le résultat de la question précédente, on déduit que le polynôme
Rd associé à Pd n’a pas de racines dans D (0, ρd ) . Ce polynôme est de la forme :

X
d−1 X
d−1
nk
Rd (X) = (nd − nk ) ak X = nd − (nd − 1) X + (nd − nk ) ak X nk .
k=0 k=2
96 Agrégation externe 1991, épreuve 1

On définit alors le polynôme S par :


µ ¶ X
d−1 µ ¶nk
1 nd ak nd
S (Y ) = Rd Y =1−Y + (nd − nk ) Y nk .
nd nd − 1 k=2
nd nd−1

P
d−1
Ce polynôme est de la forme S (Y ) = αk Y nk avec n0 = 0, α0 = 1, n1 = 1,
k=0 µ ¶
nd − 1
α1 = −1, αk 6= 0 pour k ≥ 2, et sans racines dans D 0, ρd = D (0, ρd−1 ) ,
nd
ce qui contredit l’hypothèse de récurrence.
En conclusion le résultat est vrai au rang d.
2.
(a) Pour d ≥ 2, on a :
X
d µ ¶
1
ln (ρd ) = − ln 1 − ,
k=2
nk
µ ¶
1 1 P 1
+∞
avec ln 1 − v − et < +∞, ce qui entraîne la convergence de la suite
nk +∞ nk k=1 nk
(ln (ρd ))d≥2 et par continuité de la fonction exponentielle celle de la suite (ρd )d≥2 .
Cette suite est donc majoré par un réel M > 0, c’est-à-dire que tous les disques
D (0, ρd ) , pour d ≥ 1, sont contenus dans le disque fermé D (0, M) et ce disque
contient les racines de tous les polynômes Pd pour d ≥ 1.
(b) Il existe une suite (zd )d≥1 dans D (0, M) telle que Pd (zd ) = 0 pour tout d ≥ 1 et de
¡ ¢
cette suite dans le compact D (0, M) on peut extraire une sous-suite zϕ(d) d≥1 qui
converge vers α ∈ D (0, M) . Avec la continuité de la fonction f, on a :
¡ ¢ ¡ ¡ ¢ ¡ ¢¢
f (α) = lim f zϕ(d) = lim f zϕ(d) − Pϕ(d) zϕ(d)
n→+∞ n→+∞
avec :
|f (zd ) − Pd (zd )| ≤ sup |f (z) − Pd (z)| → 0
z∈D(0,M ) d→+∞

P
+∞
du fait de la convergence uniforme de la série ak z nk sur le compact D (0, M) (le
k=0
rayon de convergence de cette série est infini). Il en résulte que f (α) = 0. La fonction
f s’annule donc au moins une fois dans C.
P
+∞
3. Soit g (z) = αk z nk avec n0 = 0, n1 = 1, α1 = g0 (0) 6= 0 et αk 6= 0 pour k ≥ 2 (α0 peut
k=0
être nul).
Il s’agit de montrer que pour tout λ ∈ C l’équation g (z) = λ a au moins une racine dans
C.
Pour λ = α0 , µ = 0 est racine de g (z) = λ.
Pour λ 6= α0 , l’équation g (z) = λ est équivalente à :
X
+∞
α0 − λ + αk z nk = 0
k=1

ou encore à :
α1 X
+∞
αk
1+ z+ z nk = 0.
α0 − λ k=2
α0 − λ
Corrigé 97

α1
En posant ζ = − z, cette équation équivaut à f (ζ) = 0 où on a posé :
α0 − λ

X
+∞
f (ζ) = 1 − ζ + ak z nk
k=2
µ ¶n
αk λ − α0 k
avec ak = 6= 0 pour k ≥ 2 et on sait (question précédente) que
α0 − λ α1
l’équation f (ζ) = 0 a au moins une racine dans C.
La fonction g est donc surjective de C sur C.

B. Localisation des zéros d’un polynôme

1.
(a) Soit X ∈ Mn,1 (C) de norme égale à 1 et i un indice compris entre 1 et n tel que
|Xi | = 1. On a :
¯ n ¯
¯X ¯ X
n
¯ ¯
|(AX)i | = ¯ Aij Xj ¯ ≥ |Aii | |Xi | − |Aij | |Xj |
¯ ¯
j=1 j=1
j6=i

et tenant compte de kAXk ≥ |(AX)i | , |Xj | ≤ |Xi | = 1 pour tout j compris entre 1
et n, on déduit que :
X
n
kAXk ≥ |Aii | − |Aij | = Li ≥ α.
j=1
j6=i

Et pour X non nul dans Mn,1 (C) , on a :


° µ ¶°
° 1 °
kAXk = kXk ° °
°A kXk X ° ≥ α kXk ,

inégalité encore valable pour X = 0.


Si de plus α > 0, alors la condition kXk > 0 entraîne kAXk > 0. Il en résulte que
ker (A) = {0} et la matrice A est inversible.
(b) Soit λ ∈ C une valeur propre de A et X un vecteur propre associé dans Mn,1 (C)
avec kXk = 1. Pour i ∈ {1, 2, · · · , n} tel que |Xi | = kXk , on a :

X
n
Aij Xj = (λ − Aii ) Xi
j=1
j6=i

 
P
n
 P
n

et |λ − Aii | ≤ |Aij | , c’est-à-dire que λ est dans le disque fermé D Aii , |Aij | .
j=1 j6=i
j6=i j=1
Ce résultat est le théorème de Gerschgörin-Hadamard.
98 Agrégation externe 1991, épreuve 1

2. La matrice A est la matrice compagnon du polynôme P, au signe près, son polynôme


caractéristique est égal à P.
En effet, en notant P(a0 ,··· ,an−1 ) le polynôme caractéristique de la matrice A et en dévelop-
pant ce déterminant par rapport à la première colonne, on a :

P(a0 ,··· ,an−1 ) (X) = −X P(a1 ,··· ,an−1 ) (X) + (−1)n a0

et, par récurrence :


à !
X
n
P(a0 ,··· ,an−1 ) (X) = (−1)n X n + ak X k = (−1)n P (X) .
k=0

Le polynôme P est également le polynôme minimal de la matrice A.


On peut aussi vérifier directement que toute racine de P est valeur propre de A. Si λ est
une racine de P, en notant X = t (1, λ, λ2 , · · · , λn−1 ) , on a AX = t (λ, λ2 , λ3 , · · · , λn ) =
λX, c’est-à-dire que λ est valeur propre de A et X un vecteur propre associé.
En utilisant le théorème de Gerschgörin-Hadamard, on déduit alors que les racines de P
sont dans l’ensemble :
 
à !
[n
 X n
 X
n−2
Daii , |aij |
 = D (0, 1) ∪ D −an−1 , |aj |
i=1 j6=i j=0
j=1

Z 0
1 0P (z)
3. Si P est un polynôme constant non nul, alors P = 0 et dz = 0 est bien égal
2iπ Γ P (z)
au nombre de racines de P dans le disque D.
Qp
On suppose donc P non constant et on note P (X) = an (X − zk )mk , où les zk sont
k=1
les racines complexes deux à deux distinctes de P avec les multiplicités mk . Le théorème
des résidus nous donne alors :
Z 0 Xp µ 0 ¶
1 P (z) P
dz = res , zk ,
2iπ Γ P (z) k=1
P

le cercle Γ étant parcouru une fois dans le sens direct. Et avec :


 m
 P (z) = (z − zk ) k Q (z)
P 0 (z) mk Q0 (z)
 = +
P (z) z − zk Q (z)

Q0
la fonction étant holomorphe au voisinage de zk (puisque Q (zk ) 6= 0), on déduit que
µ 0 ¶Q
P
res , zk = mk et :
P
Z 0 Xp
1 P (z)
dz = mk = n
2iπ Γ P (z) k=1

est bien égal au nombre de zéros de P, comptés avec leur multiplicité, qui sont situés dans
D.
Corrigé 99

C. Le théorème de Grace

1.
(a) Une matrice A ∈ GL2 (C) est dans le noyau de H : A 7→ HA si, et seulement si,
HA = IdS , ce qui équivaut à :
az + b
∀z ∈ S, = z.
cz + d
a
Pour z = ∞, on obtient = ∞ dans S et nécessairement c = 0 (c 6= 0 entraîne
c
a
∈ C et donc ne peut être égal à ∞), a 6= 0 et d 6= 0 (puisque ad − bc 6= 0).
c
b
Pour z = 0, on obtient = 0 dans S et b = 0.
d
a
Enfin z = 1 donne = 1 avec a, d non nul, ce qui donne a = d dans C∗ .
d
On a donc A = aI2 avec a ∈ C∗ . Et réciproquement une telle matrice est bien dans
le noyau de H.
(b) En effectuant des opérations élémentaires sur les lignes ou les colonnes d’une matrice
A ∈ GL2 (C) , on peut l’écrire comme produit de matrices de transvections et d’une
matrice de dilatation et avec :
µ ¶ µ ¶µ ¶µ ¶
1 0 0 1 λ 0 0 1
D (λ) = =
0 λ 1 0 0 1 1 0
µ ¶ µ ¶µ ¶µ ¶
1 0 0 1 1 λ 0 1
T21 (λ) = =
λ 1 1 0 0 1 1 0
µ ¶ µ ¶µ ¶µ 1 ¶
1 λ λ 0 1 1 λ
0
T12 (λ) = =
0 1 0 1 0 1 0 1

pour tout λ ∈ C∗ , on déduit que le groupe GL2 (C) est engendré par :
½ µ ¶ µ ¶ µ ¶ ¾
0 1 1 1 λ 0 ∗
A1 = , A2 = , A3 (λ) |λ∈C .
1 0 0 1 0 1

(c) L’application H étant un morphisme de groupes surjectif de GL2 (C) sur H, on déduit
de la question précédente que le groupe H des homographies de S est engendré par
les applications suivantes :

 1
 H1 = HA1 : z 7→
z
 H2 = HA2 : z 7→ z + 1

H3 (λ) = HA3 (λ) : z 7→ λz (λ ∈ C∗ )

2. On rappelle que dans le plan complexe, une droite, un cercle, un disque fermé, le complé-
mentaire d’un disque ouvert et un demi plan fermé ont pour équations respectives :


 αz + αz + β = 0 (α ∈ ¡C∗ , β ∈ R) ¢

 2
 zz + αz + αz + β = 0 ¡α ∈ C, β ∈ R, |α| − β ≥ 0¢
zz + αz + αz + β ≤ 0 ¡α ∈ C, β ∈ R, |α|2 − β ≥ 0¢



 zz + αz + αz + β ≥ 0 α ∈ C, β ∈ R, |α|2 − β ≥ 0

αz + αz + β ≤ 0 (α ∈ C∗ , β ∈ R)
100 Agrégation externe 1991, épreuve 1

(a) Pour montrer que l’image d’un S-cercle [resp. d’un S-disque fermé] par une ho-
mographie est un S-cercle [resp. un S-disque fermé], il nous suffit de montrer que
cette propriété est vérifiée par le système de générateurs {H1 , H2 , H3 (λ)} défini à la
question précédente.
i. Si H : z 7→ az + b, avec (a, b) ∈ C∗ × C est une similitude du plan complexe,
elle transforme alors toute droite [resp. cercle, disque fermé, complémentaire
d’un disque ouvert, demi plan fermé] de C en une droite [resp. un cercle, un
disque fermé, complémentaire d’un disque ouvert, un demi plan fermé] de C
avec H (∞) = ∞, elle transforme donc tout S-cercle [resp. S-disque fermé] de
S en S-cercle [resp. S-disque fermé] de S. Il en est de même en particulier pour
les similitudes H2 et H3 (λ) définies à la question précédente.
Il reste à traiter le cas de l’inversion H1 .
ii. Soit :
D = {z ∈ C | αz + αz + β = 0} ∪ {∞}
une S-droite (α ∈ C∗ , β ∈ R).
Si β = 0, alors 0 ∈ D et l’image de D par H1 est la S-droite :
© ª
H1 (D) = t ∈ C | αt + αt = 0 ∪ {∞} .

Si β 6= 0 (0 ∈
/ D) alors l’image de D par H1 est le cercle :
© ª
H1 (D) = t ∈ C | αt + αt + βtt = 0

(0 = H1 (∞) ∈ H1 (D)).
iii. Soit :
C = {z ∈ C | zz + αz + αz + β = 0}
un cercle (α ∈ C, β ∈ R, |α|2 − β ≥ 0).
Si β = 0, alors 0 ∈ C et l’image de C par H1 est la S-droite :
© ª
H1 (C) = t ∈ C | 1 + αt + αt = 0 ∪ {∞} .

/ C) alors l’image de C par H1 est le cercle :


Si β 6= 0 (0 ∈
© ª
H1 (D) = t ∈ C | 1 + αt + αt + βtt = 0 .

On peut donc conclure que l’inversion H1 transforme tout S-cercle en S-cercle.


iv. Soit :
D = {z ∈ C | zz + αz + αz + β ≤ 0}
un disque fermé de rayon strictement positif (α ∈ C, β ∈ R, |α|2 − β > 0).
Si β = 0, alors 0 ∈ D et l’image de D par H1 est le demi-plan fermé complété
par ∞ : © ª
H1 (D) = t ∈ C | 1 + αt + αt ≤ 0 ∪ {∞} .
Si β < 0 (0 ∈ D) alors l’image de D par H1 est le complémentaire de disque
ouvert complété par ∞ :
© ª
H1 (D) = t ∈ C | 1 + αt + αt + βtt ≤ 0 ∪ {∞}
½ ¾
1 α α
= t ∈ C | + t + t + tt ≥ 0 ∪ {∞} .
β β β
Corrigé 101

Si β > 0 (0 ∈
/ D) alors l’image de D par H1 est le disque fermé :
© ª
H1 (D) = t ∈ C | 1 + αt + αt + βtt ≤ 0
½ ¾
1 α α
= t ∈ C | + t + t + tt ≤ 0 .
β β β

v. Le cas du complémentaire d’un disque ouvert complété par ∞ se traite de ma-


nière analogue.
vi. Soit :
P = {z ∈ C | αz + αz + β ≤ 0} ∪ {∞}
un demi-plan fermé complété par ∞ (α ∈ C∗ , β ∈ R).
Si β = 0, alors 0 ∈ P et l’image de P par H1 est le demi-plan fermé complété
par ∞ : © ª
H1 (P ) = t ∈ C | αt + αt ≤ 0 ∪ {∞} .
Si β < 0 (0 ∈ P ) alors l’image de P par H1 est le complémentaire de disque
ouvert complété par ∞ :
© ª
H1 (D) = t ∈ C | αt + αt + βtt ≤ 0 ∪ {∞}
½ ¾
α α
= t ∈ C | t + t + tt ≥ 0 ∪ {∞} .
β β
/ P ) alors l’image de P par H1 est le disque fermé :
Si β > 0 (0 ∈
© ª
H1 (D) = t ∈ C | αt + αt + βtt ≤ 0
½ ¾
α α
= t ∈ C | t + t + tt ≤ 0 .
β β
On peut donc conclure que l’inversion H1 transforme tout S-disque fermé en
S-disque fermé.
(b)
i. Tout cercle [resp. disque fermé] du plan complexe est l’image du cercle unité Γ0
[resp. disque unité D0 ] par une similitude.
Une S-droite ne contenant pas 0 est transformée en cercle par H1 qui peut être
transformé en Γ0 .
Une S-droite contenant 0 est transformé en S-droite ne contenant pas 0 par la
translation H2 et cette dernière est transformé en Γ0 .
On peut donc conclure que tout S-cercle est l’image de Γ0 par une homographie.
ii. Le complémentaire d’un disque ouvert complété par ∞ peut-être transformé en
disque fermé par H1 et ce dernier peut être transformé en D0 .
Un demi-plan fermé complété par ∞ et ne contenant pas 0 est transformé en
disque fermé par H1 et ce dernier peut être transformé en D0 .
Enfin demi-plan fermé complété par ∞ et contenant pas 0 peut être transformé
en demi-plan fermé complété par ∞ et ne contenant pas 0 par une translation
et ce dernier peut être transformé en D0 .
On peut donc conclure que tout S-disque fermé est l’image de D0 par une ho-
mographie.
3.
102 Agrégation externe 1991, épreuve 1

P
n
(a) Si P (X) = pk X k ∈ Cn [X] , alors :
k=0

X
n µ ¶k X
n
n dX − b
A (P ) (X) = (−cX + a) pk = pk (dX − b)k (−cX + a)n−k
k=0
−cX + a k=0
X
n
¡ ¢
= pk A X k (X) ,
k=0

c’est-à-dire que :
X
n
¡ ¢
A (P ) = pk A X k .
k=0
µ ¶ µ 0 0

a b a b
Pour A = ,B= dans GL2 (C) et k compris entre 0 et n, on a :
c d c0 d0
¡ ¢ k n−k
(AB) X k (X) = ((cb0 + dd0 ) X − (ab0 + bd0 )) (− (a0 c + c0 d) X + (aa0 + bc0 ))
et :
¶ µ
¡ ¡ ¢¢ ¡ ¢
dX − b
A B X k (X) = (−cX + a)n B X k
−cX + a
µ µ ¶ ¶k µ µ ¶ ¶n−k
n 0 dX − b 0 0 dX − b 0
= (−cX + a) d −b −c +a
−cX + a −cX + a
¡ ¢
= (AB) X k (X) .
On en déduit donc que (AB) (P ) = A (B (P )) pour tout P ∈ Cn [X] .
(b) Pour tout t ∈ C et P ∈ Cn [X] , on a :
At (P ) (X) = P (X + t)
P
n P
n
et, pour P (X) = pk X k , Q (X) = qk X k dans Cn [X] , on a :
k=0 k=0

X
n
Gn (At (P ) , At (Q)) = (−1)k P (k) (t) Q(n−k) (t) .
k=0

L’égalité
Gn (At (P ) , At (Q)) = Gn (P, Q) = Gn (A0 (P ) , A0 (Q))
pour tout t ∈ C revient donc à montrer que la fonction :
X
n
ϕ : t 7→ (−1)k P (k) (t) Q(n−k) (t)
k=0

est constante sur C, ce qui résulte de :


X
n−1
k
X
n
0
ϕ (t) = (−1) P (k+1)
(t) Q (n−k)
(t) + (−1)k P (k) (t) Q(n−k+1) (t)
k=0 k=1
X
n X
n
= (−1)j−1 P (j) (t) Q(n−j+1) (t) + (−1)k P (k) (t) Q(n−k+1) (t) = 0
j=1 k=1

(P (n+1) = Q(n+1) = 0).


Corrigé 103

(c) En utilisant le résultat de C. 3. (a) il nous suffit de montrer le résultat pour toute
matrice appartenant au système générateur {A1 , A2 , A3 (λ)} de GL2 (C) défini en C.
1. (b).
i. Le résultat de la question précédente appliqué à t = −1 nous donne Gn (A2 (P ) , A2 (Q)) =
Gn (P, Q) pour tous P, Q dans Cn [X] .
ii. Pour tout k compris entre 0 et n et λ ∈ C∗ , on a :
½ ¡ ¢
A1 X k¡ =¢(−1)k (−X)n−k = (−1)n X n−k
A3 (λ) X k = λn−k X k
P
n
et donc pour P (X) = pk X k dans Cn [X] , on a :
k=0

 Pn ¡ ¢ P
n Pn

 A1 (P ) = pk A1 X k = (−1)n pk X n−k = (−1)n pn−j X j
k=0 k=0 j=0
 A (λ) (P ) = P n ¡ ¢ P n

 3 pk A3 (λ) X k = pk λn−k X k
k=0 k=0

P
n
et des formules analogues pour Q (X) = qk X k , de sorte que :
k=0

X
n
Gn (A1 (P ) , A1 (Q)) = (−1)k k!pn−k (n − k)!qk
k=0
X
n
= (−1)n−j (n − j)!pj j!qn−j = (−1)n Gn (P, Q)
j=0

et
X
n
Gn (A3 (λ) (P ) , A3 (λ) (Q)) = (−1)k k!λn−k pn (n − k)!λk qn−k
k=0
= λn Gn (P, Q)

iii. De ces résultats, on déduit donc que pour tous P et Q dans Cn [X] et tout A
dans GL2 (C) , Gn (P, Q) = 0 si, et seulement si, Gn (A (P ) , A (Q)) = 0.
4.
(a) Si P est de degré n, les résultats classiques sur les fonctions symétriques des racines
nous disent que x1 , x2 , · · · , xn sont les zéros complexes de P, comptés avec leur
multiplicité si, et seulement si :
Y
n X
n
P (X) = an (X − xk ) = an (−1)j σj (x1 , x2 , · · · , xn ) X n−j ,
k=1 j=0

avec an 6= 0.
Si P est non nul de degré n − k < n, alors x1 , x2 , · · · , xn−k sont les zéros complexes
de P, comptés avec leur multiplicité si, et seulement si :
X
n−k
P (X) = an−k (−1)j σj (x1 , x2 , · · · , xn−k ) X n−k−j ,
j=0
104 Agrégation externe 1991, épreuve 1

avec an−k 6= 0.
En notant xn−k+1 = · · · = xn = ∞, on a :


 σ0 (x1 , · · · , xn ) = · · · = σk−1 (x1 , · · · , xn ) = 0



 σk (x1 , · · · , xn ) = σ0 (x1 , · · · , xn−k )
σk+1 (x1 , · · · , xn ) = σ1 (x1 , · · · , xn−k )

 ..

 .

 σ (x , · · · , x ) = σ
n 1 n (x , · · · , x )
n−k 1 n−k

et x1 , x2 , · · · , xn sont les zéros dans S de P comptés avec leur multiplicité si, et


seulement si :
X
n−k
P (X) = an−k (−1)j σk+j (x1 , x2 , · · · , xn ) X n−k−j
j=0
X
n
= an−k (−1)p−k σp (x1 , x2 , · · · , xn ) X n−p
p=k
X n
= (−1)k an−k (−1)p σp (x1 , x2 , · · · , xn ) X n−p .
p=0

(b) En utilisant le résultat de C. 3. (a) et le fait que H est un morphisme de groupes,


il nous suffit de montrer le résultat pour toute matrice appartenant au système
générateur {A1 , A2 , A3 (λ)} de GL2 (C) défini en C. 1. (b).
On désigne par λ0 = 0, λ1 , · · · , λr , λr+1 = ∞ les racines deux à deux distinctes
dans S de P avec les multiplicités respectives m0 ≥ 0, m1 ≥ 1, · · · , mr ≥ 1, mr+1 =
P
r
n− mj ≤ n (mr+1 ≥ 0). On a donc :
j=0

Y
r
P (X) = αX m0
(X − λj )mj
j=1

µ ¶
a b
avec α 6= 0 et pour A = dans GL2 (C) , on a :
c d

mr+1 m0
Y
r
A (P ) (X) = α (−cX + a) (dX − b) ((d + cλj ) X − (b + aλj ))mj .
j=1

Et en particulier :

 m0 +mr Qr


 A 1 (P ) (X) = α (−1) X mr+1
(λj X − 1)mj

 j=1

m0 Q
r
A2 (P ) (X) = α (X − 1) (X − (1 + λj ))mj

 j=1

 Qr

 m m
(X − λλj )mj (λ 6= 0)
 A3 (λ) (P ) (X) = αλ r+1 X 0
j=1

et donc :
Corrigé 105

1 1
— les racines deux à deux distinctes dans S de A1 (P ) sont 0, , · · · , , ∞ avec
λ1 λr
P
r+1
les multiplicités respectives mr+1 , m1 , · · · , mr , m0 = n − mj et ces racines sont
j=1
1
les images de celles de P par l’homographie H1 = HA1 : z 7→ ;
z
— les racines deux à deux distinctes dans S de A2 (P ) sont 1, 1 + λ1 , · · · , 1 + λr ,
∞ avec les multiplicités respectives m0 , m1 , · · · , mr , mr+1 et ces racines sont les
images de celles de P par l’homographie H2 = HA2 : z 7→ z + 1 ;
— les racines deux à deux distinctes dans S de A3 (λ) (P ) sont 0, λλ1 , · · · , λλr , ∞
avec les multiplicités respectives m0 , m1 , · · · , mr , mr+1 et ces racines sont les
images de celles de P par l’homographie H3 (λ) = HA3 (λ) : z 7→ λz (λ 6= 0).
5.
(a) On suppose que Gn (P, Q) = 0 et qu’il existe un S-disque fermé contenant tous les
zéros dans S de P et aucun de Q. En supposant µ Q de degré
¶ au moins égal à 1,
0 1
on désigne par λ une racine de Q et par A = la matrice de GL2 (C)
1 −λ
1
d’homographie associée HA : z 7→ . En utilisant le résultat de la question C.
z−λ
4. (b) on déduit que ∞ = HA (λ) est une racine du polynôme HA (Q) et donc ce
polynôme est dans Cn−1 [X] . De plus comme λ ∈ / D, l’image HA (D) du S-disque D
ne contient pas ∞ = HA (λ) (toujours d’après C. 4. (b)) et cette image est un S-
disque fermé (question C. 2. (a)), c’est donc un disque fermé de C qui contient tous
les zéros dans S de A (P ) et aucun de A (Q) . Les polynômes A (P ) et A (Q) vérifient
bien les hypothèses voulues et Gn (A (P ) , A (Q)) = 0 si Gn (P, Q) = 0 (question C.
3. (c)).
(b) Les polynômes P et Q étant apolaires avec Q dans Cn−1 [X] , on a Q(n) = 0 et :

X
n
Gn (P, Q) = (−1)k P (k) (0) Q(n−k) (0) = 0.
k=1

On en déduit alors que :

X
n−1
0
Gn−1 (P , Q) = (−1)k P (k+1) (0) Q(n−1−k) (0)
k=0
X
n
=− (−1)j P (j) (0) Q(n−j) (0) = −Gn (P, Q) = 0.
j=1

(c) On procède par récurrence sur n ≥ 1.


Pour n = 1, on a : 
 P = p0 + p1 X
Q = q0 + q1 X

G1 (P, Q) = p0 q1 − p1 q0 = 0
c’est-à-dire que les polynômes P et Q sont proportionnels et tout S-disque fermé
contenant les zéros dans S de P va contenir ceux de Q.
Supposons le résultat acquis au rang n − 1 et soient P, Q apolaires vérifiant les
hypothèses du (a). Si D est un disque fermé de C contenant tous les zéros dans S de
106 Agrégation externe 1991, épreuve 1

P, alors P est de degré n et D contient tous les zéros de P 0 d’après le théorème de


Gauss-Lucas. En utilisant le fait que Gn−1 (P 0 , Q) = 0, on peut appliquer l’hypothèse
de récurrence au couple (P 0 , Q) (ces deux polynômes sont dans Cn−1 [X] , D contient
tous les zéros dans S de P 0 et aucun de Q et P 0 , Q sont apolaires) qui entraîne que
D contient au moins un zéro de Q, ce qui est contradictoire.
En conclusion, tout S-disque fermé qui contient tous les zéros dans S de P contient
au moins un zéro dans S de Q.
7
Agrégation externe 1995, épreuve 1

Ce problème est extrait de l’épreuve de Mathématiques générales du concours externe 1995.


L’épreuve complète est beaucoup trop longue pour être traitée en un temps raisonnable, j’ai
donc supprimé la partie IV sans intérêt pour des révisions. Il a bout but de revoir quelques
notions d’algèbre linéaire et d’analyse matricielle. Il porte sur le théorème de Perron-Frobénius,
le théorème du bicommutant et un théorème de Knonecker.
Les notions qu’il peut être utile de réviser sont les suivantes :
— propriétés des fonctions continues sur un compact ;
— sommes directes d’espaces vectoriels ;
— valeurs, vecteurs et espaces propres ;
— diagonalisation des matrices symétriques réelles ;
— algèbres, idéaux, algèbres de matrices ;
— fonctions symétriques des racines d’un polynôme, relations entre les coefficients et les
racines d’un polynôme ;
— polynômes cyclotomiques ;
— extensions algébriques de corps.

7.1 Énoncé
Notations et définitions On désigne respectivement par N, Z, Q, R et C, l’ensemble des en-
tiers naturels, l’anneau des entiers relatifs, le corps des nombres rationnels, le corps des
nombres réels et le corps des nombres complexes.
On désigne par |z| le module du nombre
µ ¶ complexe z. Si k et sont des entiers positifs ou
!
nuls, avec k ≤ , on désigne par le coefficient binomial . Par convention
k k! ( − k)!
0! = 1.
Soit A un anneau. Si p et q sont des entiers strictement positifs, Mp,q (A) désigne l’en-
semble des matrices à p lignes et à q colonnes à coefficients dans A. Lorsque p = q, on
allège la notation en Mp (A) .
Soit B ∈ Mp,q (A) . On désigne par t B la matrice transposée de B.
Pour p ≥ 1, on munit Rp de sa structure euclidienne canonique, et on désigne par k·k la
norme euclidienne :  
x1 Ã p ! 12
  X
∀x =  ...  ∈ Rp , kxk = x2i .
xp i=1

107
108 Agrégation externe 1995, épreuve 1

Soit B ∈ Mp,q (R) . On munit Rp et Rq de leurs bases canoniques ; B détermine alors une
application linéaire de Rp vers Rq , et on désigne par kBk la norme de cette application
linéaire pour la norme euclidienne sur Rp et Rq . Autrement dit :

kBk = max kBxk .


kxk=1

— I — Spectre des matrices positives


Définitions Soient m et n des entiers strictement positifs.
(1) On dit qu’une matrice rectangulaire A ∈ Mm,n (C) est positive (resp. strictement
positive) si tous ses coefficients sont des réels positifs ou nuls (resp. strictement
positifs). En particulier, pour n = 1, on dit qu’un vecteur de Cm est positif (resp.
strictement positif) si toutes ses coordonnées sont des réels positifs ou nuls (resp.
strictement positifs).
Mise en garde. On prendra garde à ne pas confondre cette notion avec celle de
matrice d’un endomorphisme symétrique réel à valeurs propres positives.
(2) On dit qu’une matrice carrée A ∈ Mn (C) est réductible s’il existe une matrice
de permutation (c’est-à-dire une matrice possédant un seul coefficient non nul dans
chaque ligne et chaque colonne, ce coefficient valant 1) P ∈ Mn (C) telle que P −1 AP
soit de la forme : µ ¶
B 0
C D
où B et D sont des matrices carrées, et 0 la matrice nulle de format correspondant.
Autrement dit, A peut être mise sous cette forme en effectuant une permutation sur
ses lignes et la même permutation sur ses colonnes.
(3) On dit qu’une matrice carrée est irréductible si elle n’est pas réductible.
1. Soit A ∈ Mn (C) une matrice carrée positive irréductible et soit y ∈ Cn un vecteur positif
non nul.
(a) Soit z = (I + A) y. Montrer que z est un vecteur positif et que le nombre de coor-
données nulles de z, est strictement inférieur au nombre de coordonnées nulles de
y.
(b) Montrer que toutes les coordonnées de (I + A)n−1 y sont strictement positives.
(c) Montrer que la matrice (I + A)n−1 est strictement positive.
2. Soit A ∈ Mn (C) une matrice carrée positive irréductible. On appelle ai,j , 1 ≤ i, j ≤ n
ses coefficients. Pour :  
x1
 
x =  ...  ∈ Cn
xn
on appelle (Ax)1 , · · · , (Ax)n les composantes du vecteur Ax.
(a) Soit :  
x1
 
x =  ... 
xn
Énoncé 109

un vecteur positif non nul. Soit I ⊂ {1, · · · , n} l’ensemble des indices i tels que
xi 6= 0. On pose :
(Ax)i
r (x) = min .
i∈I xi
Montrer que r (x) est le plus grand réel ρ tel que :
∀i = 1, · · · , n, ρxi ≤ (Ax)i .

(b) Montrer que la restriction de la fonction r à l’ensemble Q+ des vecteurs dont toutes
les coordonnées sont strictement positives est continue.
(c) Soit :    

 x1 Xn 

 ..  n 2
E = x =  .  ∈ C | ∀i = 1, · · · , n, xi ≥ 0, xi = 1 .

 

xn i=1

i. Montrer que l’image de E par (I + A)n−1 est une partie compacte non vide de
Q+ . On note F cette image.
ii. Soit x ∈ E et y = (I + A)n−1 x. Montrer que r (x) ≤ r (y) .
iii. Montrer que la fonction x 7→ r (x) définie sur E (resp. sur F ) y atteint sa borne
supérieure et que :
max r (x) = max r (y) .
x∈E y∈F

iv. On appelle r la borne supérieure introduite en iii. Montrer que r est strictement
positif.
On garde la notation introduite dans (c) iv. dans les questions (d) , (e) , (f ) et
(g) .
(d) Soit z ∈ E tel que r (z) = r. Montrer que z est un vecteur propre de A, de valeur
propre r.
Indication : On pourra considérer le vecteur t = (I + A)n−1 z et montrer que si
Az − rz n’est pas nul, alors At − rt est un vecteur strictement positif.
(e) Montrer que si z ∈ E satisfait à r (z) = r, alors toutes ses coordonnées sont stricte-
ment positives.
(f) Soit α une valeur propre de A et :
 
y1
 
y =  ...  ∈ Cn
yn
un vecteur propre de valeur propre α. Soit :
 
|y1 |
 
y+ =  ...  .
|yn |
Montrer que le vecteur Ay+ − |α| y+ est positif, puis que |α| ≤ r.
(g) Montrer que la dimension du sous-espace propre associé à la valeur propre r est 1.
Indication. On pourra commencer par montrer que pour tout vecteur propre y de
valeur propre r, le vecteur y+ défini comme ci-dessus est encore un vecteur propre
de valeur propre r.
110 Agrégation externe 1995, épreuve 1

3. Soit A ∈ Mn (C) une matrice carrée positive irréductible. Montrer que A ne peut pas
posséder deux vecteurs propres positifs linéairement indépendants.
4. Soit A = (ai,j ) ∈ Mn (C) une matrice carrée irréductible et B = (bi,j ) ∈ Mn (C) telle
que :
∀i, j ∈ {1, · · · , n} |bi,j | ≤ ai,j .
On appelle r la valeur propre positive de module maximal de A (cf. 2.).
(a) Montrer que si γ est une valeur propre de B, alors |γ| ≤ r.
(b) On suppose de plus que B est positive et que B 6= A. Montrer que si γ est une valeur
propre de B, alors |γ| < r.
5. Soit A ∈ Mn (C) une matrice carrée strictement positive (on notera que A est irréduc-
tible), et soit r la valeur propre positive de module maximal de A. Montrer que si α une
autre valeur propre de A, on a alors |α| < r.
6. Soit A ∈ Mn (C) une matrice positive telle qu’il existe un entier p ≥ 1 tel que Ap soit
strictement positive.
(a) Montrer que A est irréductible.
Soit r sa valeur propre de module maximal.
(b) Montrer que pour toute autre valeur propre α de A, on a |α| < r.
7. On dit qu’une matrice rectangulaire B ∈ Mm,n (C) est non redondante si aucune de ses
lignes ni aucune de ses colonnes n’est nulle.
Une matrice non redondante B ∈ Mm,n (C) est dite décomposable s’il existe des matrices
de permutation P ∈ Mn (C) et Q ∈ Mm (C) telles que P · B · Q soit de la forme :
µ 0 ¶
B 0
0 B 00

où B 0 et B 00 sont des matrices rectangulaires.


Une matrice rectangulaire B est dite indécomposable si elle est non redondante et n’est
pas décomposable.
(a) Soit B ∈ Mm,n (C) et posons :
µ ¶
0 B
C= t ∈ M (C) , avec = m + n.
B 0

Montrer que B est indécomposable si et seulement si C est irréductible.


(b) Soit B ∈ Mm,n (R) une matrice à coefficients réels positifs ou nuls. Montrer que si B
est indécomposable, alors B t B et t BB sont irréductibles et satisfont à la conclusion
de 6. (b) .
— II — Algèbre des matrices
Définitions, notations, rappels Soit K un corps. On rappelle qu’une K-algèbre associa-
tive avec unité est un K-espace vectoriel (A, +, ·) muni d’une structure d’anneau avec
unité (A, +, ×) , tel que les lois de groupe abélien (A, +) soient les mêmes pour les deux
structures et que la loi de multiplication × de la structure d’anneau soit une application
K-bilinéaire de A × A vers A. Soient A et B des algèbres associatives avec unité. Un
morphisme d’algèbres de A vers B est une application K-linéaire de A vers B qui est
de plus un homomorphisme d’anneaux avec unité. Soit A une algèbre associative avec
Énoncé 111

unité ; une sous-algèbre de A est un sous-espace-vectoriel qui est aussi un sous-anneau


qui possède le même élément unité que A. Dans la suite du problème, K est R ou C,
et, lorsque le contexte est clair, on parle simplement d’algèbre associative avec unité, ou
même d’algèbre associative.
Soit A une algèbre associative, N une partie de A, a et b des éléments de A. On désigne
par aNb l’ensemble des éléments de A de la forme anb, où n décrit N.
Soit A une algèbre associative. On dit qu’un élément p de A est idempotent s’il satis-
fait p2 = p. Un idempotent central est un idempotent qui appartient au centre de A,
c’est-à-dire qui commute avec tout élément de A. Soit n un entier supérieur ou égal à
2 ; on dit que les idempotents p1 , · · · , pn sont orthogonaux s’ils vérifient : pour i 6= j,
pi pj = pj pi = 0.
Soit M une algèbre de matrices (i.e. M = Mn (K) , où K est un corps) et S une
partie de M. On appelle commutant de S dans M, et on note S 0 ou C (S) l’ensemble
{m ∈ M | ms = sm ∀s ∈ S} .
On désigne par M l’algèbre Mn (C) . Pour 1 ≤ i, j ≤ n, on désigne par Ei,j la matrice
dont le seul coefficient non nul est celui situé à l’intersection de la i-ème ligne et de la
j-ème colonne et vaut 1.
1. (a) Soit J un idéal bilatère non nul de M. Montrer que J = M.
Indication. Si x 6= 0 est dans J, on pourra considérer les éléments E ,i xEj, ,
1 ≤ i, j, ≤ n.
(b) Quel est le centre de M ?
2. Soit V un espace vectoriel complexe de dimension finie m. On désigne par End (V ) l’al-
gèbre des endomorphismes de V. Soit ρ : M → End (V ) un morphisme d’algèbres avec
unité.
L
n
(a) Soit, pour i = 1, · · · , n, Vi l’image de ρ (Ei,i ) . Montrer que V = Vi .
i=1
(b) Montrer que si k 6= j, la restriction de ρ (Ei,j ) à Vk est nulle, et que la restriction de
ρ (Ei,j ) à Vj définit un isomorphisme de Vj sur Vi .
(c) On pose d = dim (V1 ) , et on fixe une base (e1 , · · · , ed ) de V1 . Pour tout k = 1, · · · , d,
soit Wk le sous-espace vectoriel de V engendré par les éléments :
ρ (E1,1 ) ek , ρ (E2,1 ) ek , · · · , ρ (En,1 ) ek .
i. Montrer que pour tout k = 1, · · · , n, Wk est un sous-espace vectoriel de dimen-
sion n, dont les éléments ci-dessus forment une base.
ii. Montrer que ∀x ∈ M, ρ (x) envoie Wk dans Wk . On notera alors ρk (x) l’endo-
morphisme de Wk donné par la restriction de ρ (x) à Wk .
iii. Montrer que dans la base décrite au i. la matrice de ρk (x) est x.
L
d
iv. Montrer que V = Wk .
k=1
v. Montrer que dans la base de V obtenue en écrivant à la suite les unes des autres
les bases respectives de W1 , · · · , Wd évoquées au i. la matrice de ρ (x) est la
matrice diagonale par blocs :
 
x 0 ··· 0
 . . . .. 
 0 x . 
 . . . .
 .. . . . . 0 
0 ··· 0 x
112 Agrégation externe 1995, épreuve 1

(d) Soit ρ : Mn (C) → Mm (C) un morphisme d’algèbres avec unité. Montrer que ρ est
injectif et que m est un multiple de n.
3. On conserve les notations du 2.
(a) Soit A un endomorphisme de V qui commute avec tous les ρ (x) , x ∈ M. On considère
sa matrice dans la base du 2. (c) v. que l’on décrit comme une matrice par blocs :
 
A11 · · · A1d
 .. ... .. 
 . . 
Ad1 · · · Add

où les Ai,j sont des matrices carrées dans Mn (C) . Montrer que chaque matrice Ai,j
est une matrice scalaire.
(b) Montrer que l’ensemble des endomorphismes de V qui commutent avec tous les ρ (x) ,
x ∈ M, que l’on note ρ (M)0 , est une sous-algèbre de End (V ) isomorphe à l’algèbre
des matrices Md (C) , et que l’ensemble des endomorphismes de V qui commutent
avec tous les éléments de ρ (M)0 est exactement ρ (M) .
4. Soient A1 , A2 , · · · , Am des algèbres de matrices (i.e. chaque Aj = Mnj (C) pour un entier
nj ≥ 1). On rappelle que la formule suivante permet de munir le produit
N = A1 × A2 × · · · × Am d’une structure d’algèbre associative avec unité :

(a1 , · · · , am ) (b1 , · · · , bm ) = (a1 b1 , · · · , am bm ) .

Pour j = 1, · · · , m, on note ij : Aj → N, πj : Aj → N les applications données par :

ij (a) = (0, · · · , 0, a, 0, · · · , 0) (a figure en position j)


πj (a1 , · · · , am ) = aj .
Ce sont des morphismes d’algèbres avec unité, respectivement injectif et surjectif. On
L
m
identifiera Aj avec son image ij (Aj ) dans N, si bien que N = Aj et que πj s’identifie
j=1
à la j-ème projection de cette décomposition en somme directe. On dit que N est une
somme directe d’algèbres de matrices.
L
m
Dans la suite, lorsque l’on considérera une somme directe d’algèbres de matrices Aj , on
j=1
la considérera toujours munie de la structure d’algèbre associative avec unité provenant
L
m
de l’identification de Aj avec A1 × A2 × · · · × Am .
j=1
On note Ij l’élément unité de Aj , et pj son image dans N par ij .
(a) Montrer que p1 , · · · , pm sont des idempotents deux à deux orthogonaux, de somme
égale à l’élément identité de N.
(b) Déterminer le centre de N.
(c) Déterminer les idempotents centraux de N.
(d) On dit qu’un idempotent central p de N est minimal si pour tout autre idempotent
central q de N tel que pq 6= 0, on a : pq = qp = p. Déterminer les idempotents
centraux minimaux de N.
Lm
5. Soit N = Aj comme au 4. et W un espace vectoriel complexe de dimension finie. Soit
j=1
ρ : N → End (W ) un morphisme d’algèbres avec unité supposé injectif.
Énoncé 113

L
m
(a) Pour tout j = 1, · · · , m, on appelle Wj l’image de ρ (pj ) . Montrer que W = Wj .
j=1

(b) Soit y un élément de ρ (Aj ) . Montrer que pour k 6= j, y agit par 0 dans Wk , et que
y envoie Wj dans lui-même.
Ceci permet, pour chaque j = 1, · · · , m, de considérer la restriction de ρ à Aj comme
un morphisme de Aj dans End (Wj ) , encore noté ρ.
(c) Montrer que ce morphisme Aj → End (Wj ) est injectif, et qu’il existe une base de
Wj telle que, pour tout x dans Aj , la matrice de ρ (x) dans cette base est une matrice
diagonale par blocs :  
x 0 ··· 0
 . . . .. 
 0 x . 
 . . . .
 .. . . . . 0 
0 ··· 0 x
On appelle dj le nombre de blocs.
(d) On note C (N) l’ensemble des endomorphismes de W qui commutent à tous les ρ (x) ,
Lm
x ∈ N. Montrer que C (N) = ρ (pj ) C (N) ρ (pj ) .
j=1

(e) Montrer que C (N) est isomorphe à la somme directe d’algèbres de matrices
L
m
Mdj (C) .
j=1

(f) Montrer que l’ensemble des endomorphismes de W qui commutent à tout élément
de C (N) est ρ (N) .
6. Soit A = Mn (C) , B = Mm (C) et ρ : A → B un morphisme d’algèbres avec unité ; ρ est
donc injectif (cf. 2. (d)). Pour tout élément x de A, on note encore x son image ρ (x) dans
B.
(a) Soit q un idempotent non nul de A.
i. Montrer que qAq et qBq sont isomorphes à des algèbres de matrices.
ii. Soit C (A) le commutant de A dans B. Montrer que le commutant de qAq dans
qBq est qC (A) q.
(b) Soit q un idempotent non nul de A.
i. Montrer que l’application de A dans qAq envoyant x sur qxq est un isomorphisme
d’algèbres avec unité.
ii. Montrer que le commutant de qAq dans qBq est qC (A) q.
— III — Normes des matrices à coefficients entiers Dans l’anneau Z [X1 , · · · , Xn ] des po-
lynômes à n indéterminées et à coefficients entiers, on désigne par σ1 , · · · , σn les polynômes
symétriques élémentaires, c’est-à-dire :
X
n X
σ1 = Xi , σ2 = Xi Xj , · · · , σn = X1 X2 · · · Xn .
i=1 1≤i<j≤n

On rappelle que si P ∈ Z [X1 , · · · , Xn ] est un polynôme symétrique à coefficients entiers,


alors il existe un polynôme Q à coefficients entiers tel que :

P (X1 , · · · , Xn ) = Q (σ1 , · · · , σn ) .
114 Agrégation externe 1995, épreuve 1

Soit n un entier strictement supérieur à 1, et soient ω1 , · · · , ω ∈ C les racines primitives


n-ème de l’unité. On pose :
Y
Qn (X) = (X − ωi ) .
i=1
On rappelle que Qn est un polynôme à coefficients entiers, qui est irréductible sur Z.
On désigne par U l’ensemble des polynômes à coefficients entiers et de coefficient dominant
égal à 1, c’est-à-dire l’ensemble des polynômes de la forme :
−1
P (X) = X − a1 X + · · · + (−1) a , avec ∀i = 1, · · · , , ai ∈ Z.
1. (a) Soit P ∈ U. On suppose que toutes les racines complexes de P sont dans le disque
fermé unité centré en 0. On pose P (X) = X − a1 X −1 + · · · + (−1) a . Montrer
que : µ ¶
∀k = 1, · · · , |ak | ≤ .
k
(b) Soit un entier positif ou nul fixé. Montrer que l’ensemble des polynômes appartenant
à U, de degré et dont toutes les racines complexes sont dans le disque fermé unité
centré en 0 est un ensemble fini.
(c) Soit P dans l’ensemble fini décrit au (b) . On appelle µ1 , · · · , µ ses racines complexes.
Pour tout entier positif ou nul k, on définit un polynôme Pk par :
Y¡ ¢
Pk (X) = X − µki .
i=1

i. Montrer que ∀k ∈ N, Pk est un polynôme à coefficients entiers.


ii. Montrer qu’il existe deux entiers strictement positifs distincts j et k tels que
Pj = Pk .
iii. En déduire que toutes les racines de P sont des racines de l’unité.
(d) Soit P un élément de U. On suppose que toutes les racines complexes de P sont en
fait réelles et contenues dans l’intervalle [−2, 2] . Montrer que ces racines sont de la
forme 2 cos (2πr) , où r est rationnel. µ ¶
1
Indication. On pourra considérer Q (X) = X P X + (où est le degré de P ),
X
montrer que Q est un élément de U et qu’on peut appliquer (c) .
(e) i. Soit n un entier strictement positif et ω ∈ C une racine primitive n-ième de
l’unité. Soit L ⊂ C l’extension de Q engendrée par ω. Soit ρ ∈ C une autre
racine primitive n-ième de l’unité. Rappeler pourquoi il existe un automorphisme
Q-linéaire du corps L qui envoie ω sur ρ.
ii. Soit P un polynôme à µ coefficients
¶ entiers. On suppose que P possède une racine
p
de la forme λ = 2 cos 2π , où p et q sont deux entiers premiers entre eux.
µ ¶ q

Montrer que 2 cos est aussi une racine de P.
q
iii. Soit P un élément de U, de degré , et différent de X . On suppose que toutes ses
racines λ1 , · · · , λ sont réelles et dans l’intervalle ouvert ]−2, 2[ . Montrer qu’il
existe un entier q ≥ 3 tel que :
µ ¶
π
max {|λj | , j = 1, · · · , } = 2 cos .
q
Corrigé 115

2. (a) Soient m et n des entiers strictement positifs. On pose = m+n. Soit B ∈ Mm,n (R) .
On pose : µ ¶
0 B
C= t ∈ M (R) .
B 0
Montrer que :
° ° ° °1 ° °1
kBk = ° t B ° = kCk = °B t B ° 2 = ° t BB ° 2
µ ¶
π
(b) Soit B ∈ Mm,n (Z) . Montrer que soit kBk est de la forme 2 cos , où q est un
q
entier supérieur ou égal à 2, soit kBk ≥ 2.

7.2 Corrigé
— I — Spectre des matrices positives
1. (a) Soit A = (aij ) ∈ Mn (C) . Pour tout vecteur y ∈ Cn , les composantes du vecteur
z = (I + A) y sont données par :
X
n
zi = aij yj + yi (1 ≤ i ≤ n) .
j=1

Si la matrice A et le vecteur y sont positifs, on a alors zi ≥ yi ≥ 0 et z est positif.


De 0 ≤ yi ≤ zi , on déduit que zi = 0 entraîne yi = 0. Le nombre de coordonnées
nulles du vecteur z est donc inférieur ou égal à celui de y.
Supposons que z et y ont le même nombre de composantes nulles. En notant Iy
l’ensembles des indices compris entre 1 et n tels que yi = 0, on aP zi ≥ yi > 0 pour
i∈ / Iy et en conséquence zi = yi = 0 pour tout i ∈ Iy , avec zi = aij yj et yj > 0
j ∈I
/ y
pour j ∈
/ Iy . On a donc en tenant compte du fait que les coefficients aij sont positifs
ou nuls, aij = 0 pour i ∈ Iy et j ∈/ Iy . Ce qui équivaut à dire que :
X
∀j ∈/ Iy , Aej = aij ei .
i∈I
/ y

Si on désigne par σ une permutation de l’ensemble {1, · · · , n} telle que


Iy = {σ (1) , · · · , σ (p)} et par {ε1 , · · · , εn } la base de Cn définie par εi = eσ(i) pour
i compris entre 1 et n, où {e1 , · · · , en } est la base canonique de Cn , on a alors :
X
n X
n
Aεk = Aeσ(k) = aσ(i),σ(k) eσ(i) = aσ(i),σ(k) εi (p + 1 ≤ k ≤ n)
i=p+1 i=p+1

(le vecteur y étant non nul, on a p < n), c’est-à-dire que µ la matrice¶de l’application
B 0
linéaire x 7→ Ax dans la base {ε1 , · · · , εn } est de la forme et la matrice A
C D
est réductible. En conclusion le nombre de composantes nulles de z est strictement
inférieur à celui de y si la matrice positive A est irréductible.
(b) Si le vecteur y est positif non nul, il a alors au moins une coordonnée strictement
positive et la question précédente nous dit que le vecteur (I + A) y a au moins deux
coordonnées strictement positives. Par récurrence on déduit alors que le vecteur
(I + A)n−1 y a au moins n coordonnées strictement positives, ce qui revient à dire
que toutes ses coordonnées sont strictement positives.
116 Agrégation externe 1995, épreuve 1

(c) La matrice An−1 = (I + A)n−1 est telle que An−1 y soit à coordonnées toutes stric-
tement positives si y est un vecteur positif non nul. En remarquant que la colonne
numéro j de cette matrice est An−1 ej , on déduit qu’elle est strictement positive.
2. (a) Par définition de r (x) , on a r (x) xi ≤ (Ax)i pour tout i ∈ I. Pour i ∈ / I on a
xi = 0 et 0 = r (x) xi ≤ (Ax)i si la matrice A et le vecteur x sont positifs. On a donc
r (x) xi ≤ (Ax)i pour tout i compris entre 1 et n, avec r (x) ≥ 0.
Si ρ est un réel tel que ρxi ≤ (Ax)i pour tout i compris entre 1 et n, on a alors
(Ax)i
ρ≤ pour tout i ∈ I et ρ ≤ r (x) . On a donc :
xi
r (x) = sup {ρ ∈ R | ρx ≤ Ax} . (7.1)

P
n
aij xj
(Ax)i j=1
(b) Pour tout i ∈ I, la fonction ri : x 7→ = est continue sur Q+ , donc
xi xi
la fonction r = min ri est également continue sur Q+ (si f et g sont deux fonctions
i∈I
1
continues, alors min (f, g) = (f + g − |f − g|) est continue et par récurrence le
2
minimum d’un nombre fini de fonctions continues est continue).
(c) i. Tout vecteur x de E est positif non nul et le vecteur (I + A)n−1 x est alors
strictement positif si la matrice A est positive et irréductible. L’ensemble F =
(I + A)n−1 (E) est donc une partie non vide de Q+ . L’ensemble E étant fermé
borné dans un espace normé de dimension finie est compact et il en est de même
de son image F par l’application continue (I + A)n−1 .
ii. On a (I + A)n−1 = I + B où B est une matrice positive. Pour x ∈ E on a
r (x) x ≤ Ax, x ≤ y = (I + A)n−1 x = x + Bx et :

r (x) y = r (x) x + r (x) Bx ≤ Ax + BAx = A (x + Bx) = Ay,

ce qui entraîne r (x) ≤ r (y) avec (7.1) .


iii. La fonction r est continue sur le compact F, elle est donc bornée et atteint sa
borne supérieure, c’est-à-dire qu’il existe v ∈ F tel que r (v) = sup r (y) .
y∈F
Pour tout x ∈ E on a, en posant y = (I + A)n−1 x, r (x) ≤ r (y) ≤ r (v) . La
fonction r est donc majorée sur E. Le vecteur v ∈ F = (I + A)n−1 (E) est positif
1
non nul, u = v est dans E et on a :
kvk
µ ¶
1
r (u) = r v = r (v) .
kvk

On a donc
r (u) = sup r (x) = r (v) = sup r (y) = r.
x∈E y∈F

iv. Tout vecteur y = (I + A)n−1 x de F est strictement positif et pour i compris


P
n
entre 1 et n, (Ay)i = aij yj est nul si, et seulement si, tous les coefficients
j=1
aij sont nuls, ce qui revient à dire que la matrice A a une ligne nulle, ce qui
est impossible si A est irréductible. En effet si une ligne est nulle alors une
Corrigé 117

permutation de lignes ramène la ligne 1 à 0 et la même permutation de colonnes


ne modifiant pas la ligne 1, la matrice A est alors réductible. On a donc, pour
tout y ∈ F, yi > 0, (Ay)i > 0 pour tout i compris entre 1 et n, ce qui entraîne
r = r (v) > 0 avec v ∈ F.
(d) Si z ∈ E est tel que r (z) = r, alors t = (I + A)n−1 z est strictement positif dans F
(d’après 1. (c)). On a alors :
At − rt = (I + A)n−1 (Az − rz) ,
avec rz = r (z) z ≤ Az, donc Az − rz est positif et Az 6= rz entraîne Az − rz positif
(At)i
non nul donc At − rt strictement positif, soit r < pour tout i et r < r (t) avec
ti
t ∈ F, ce qui est impossible. On a donc Az = rz avec z 6= 0, c’est-à-dire que r est
un valeur propre de A et z un vecteur propre associé positif.
(e) Si z ∈ E est tel que r (z) = r alors Az = rz et t = (I + A)n−1 z = (1 + r)n−1 z est
strictement positif, ce qui entraîne z strictement positif.
(f) Si α est une valeur propre de A et y ∈ Cn est un vecteur propre non nul associé,
alors Ay = αy et pour tout i compris entre 1 et n, on a :
¯ n ¯
¯X ¯ X n
¯ ¯
|α| |yi | = ¯ aij yj ¯ ≤ aij |yj | ,
¯ ¯
j=1 j=1

soit |α| y+ ≤ Ay+ , c’est-à-dire que Ay+ − |α| y+ est positif. Le vecteur y étant non
1
nul, il en est de même de y+ et x = y+ ∈ E. On a alors |α| ≤ r (y+ ) = r (x) ≤ r.
ky+ k
En conclusion r est le rayon spectral de A.
1
(g) Si y est un vecteur propre non nul associé à r, alors Ay+ ≥ ry+ et x = y+ ∈ E
ky+ k
avec Ax ≥ x, ce qui entraîne r (x) ≥ r d’après (??) . Mais on a également r (x) ≤ r,
donc r (x) = r. On a vu que x est alors vecteur propre associé à r avec x strictement
positif (d’après (d) et (e)). On a donc montré que tout vecteur propre non nul associé
à la valeur propre r a toutes ses coordonnées non nulles.
Si y et z sont deux vecteurs propres non nuls associés à la valeur propre r, alors le
vecteur v = y1 z − z1 y est également un vecteur propre associé à r avec v1 = 0, ce
qui entraîne v = 0 et les vecteurs y, z sont liés. En définitive l’espace propre associé
à r est de dimension 1.
3. Si A ∈ Mn (C) est positive et irréductible, alors son rayon spectral r est valeur propre de A
et l’espace propre associé est une droite vectorielle engendré par un vecteur y strictement
positif (question précédente).
Si z est un vecteur propre positif non nul associé à une valeur propre λ de A, il existe
alors un indice i compris entre 1 et n tel que (Az)i = λzi avec zi > 0 et (Az)i ≥ 0,
ce qui entraîne que λ est positif ou nul. On a également λ ≤ r et si z est linéairement
indépendant de y alors λ < r (l’espace propre associé à r est de dimension 1). Le vecteur
z étant positif non nul, on peut appliquer le résultat de 1. (b) pour déduire que le vecteur
(1 + λ)n−1 z = (I + A)n−1 z est strictement positif, ce qui entraîne que le vecteur z est
strictement positif. Pour tout réel α > 0 le vecteur αz vérifie les mêmes propriétés que z
et en prenant α assez grand on aura t = αz > y. On peut alors appliquer à nouveau le
résultat de 1. (b) pour déduire que le vecteur :
(I + A)n−1 (t − y) = (1 + λ)n−1 t − (1 + r)n−1 y
118 Agrégation externe 1995, épreuve 1
µ¶n−1
1+r
est strictement positif, ce qui entraîne t > y. Par récurrence on déduit alors
1+λ
que :
µ ¶p(n−1)
1+r
∀p ≥ 1, t > y
1+λ
µ ¶p(n−1)
1+r
avec lim = +∞ puisque 0 ≤ λ < r, ce qui est impossible. En conclu-
p→+∞ 1 + λ
sion la matrice positive irréductible A ne peut posséder deux vecteurs propres positifs
linéairement indépendants.
4. (a) Si γ est une valeur propre de B (telle que |B| ≤ A) et z un vecteur propre non nul
associé, on a alors pour tout i compris entre 1 et n :
¯ n ¯
¯X ¯ X n X
n
¯ ¯
|γzi | = ¯ bij zj ¯ ≤ |bij | |zj | ≤ aij |zj | , (7.2)
¯ ¯
j=1 j=1 j=1

soit en notant y = z+ = (|zi |)1≤i≤n , |γ| yi ≤ (Ay)i , ce qui entraîne :


µ ¶
1
|γ| ≤ r (y) = r y ≤ r = sup r (x) (7.3)
kyk x∈E

(question 2.).
(b) On garde les notations du (a) en supposant y dans E (en divisant z par kz+ k). Si
|γ| = r, alors (7.3) donne r ≤ r (y) ≤ r et r (y) = r, ce qui d’après 2. (d) entraîne
que y est un vecteur propre de A associé à la valeur propre r. Si de plus la matrice
B est positive, l’encadrement (7.2) donne pour tout i compris entre 1 et n :

X
n X
n
(Ay)i = ryi ≤ bij yi = (By)i ≤ aij yi = (Ay)i ,
j=1 j=1

soit (Ay)i = (By)i . Mais si, de plus on a B 6= A, alors il existe un indice i tel
que bij < aij et le vecteur y étant strictement positif (d’après 2. (e)), il en résulte
que (By)i < (Ay)i . On aboutit donc à une contradiction et la seule possibilité est
|γ| < r.
5. Si r est la valeur propre de A de module maximal, alors |α| ≤ r pour toute valeur propre
de A.
Soit α une valeur propre de A distincte de r et z un vecteur propre associé avec y = z+
dans E. Pour tout entier i compris entre 1 et n, on a :
¯ n ¯
¯X ¯ X n X
n
¯ ¯
|αzi | = |α| yi = ¯ aij zj ¯ ≤ aij |zj | = aij yi = (Ay)i
¯ ¯
j=1 j=1 j=1

et |α| ≤ r (y) ≤ r. L’égalité |α| = r donne alors r (y) = r et y est un vecteur propre
strictement positif associé à la valeur propre r (2. (d) et 2. (e)). On a donc Ay = ry = |α| y,
soit : ¯ n ¯
¯X ¯ Xn X
n
¯ ¯
|α| yi = |αzi | = ¯ aij zj ¯ = (Ay)i = aij |zj | = |aij zj | ,
¯ ¯
j=1 j=1 j=1
Corrigé 119
¯ ¯
¯Pn ¯ Pn
¯ ¯
c’est-à-dire ¯ aij zj ¯ = |aij zj | pour tout i compris entre 1 et n, ce qui équivaut
¯j=1 ¯ j=1
à aij zj = eiθ aij |zj | (exercice classique) ou encore à zj = eiθ yj et ce pour tout j (les
coefficients aij sont strictement positifs). On a donc en définitive z = eiθ y et z est un
vecteur propre associé à la valeur propre r, ce qui contredit l’hypothèse α 6= r. La seule
possibilité est donc |α| < r.
6. (a) Si la matrice Aµ est réductible,
¶ il existe alors une matrice de permutation
µ p P telle ¶
−1 B 0 −1 p B 0
que P AP = et pour tout entier p ≥ 1 on a P A P = ,
C D Cp Dp
ce qui signifie que la matrice Ap est également réductible et en conséquence elle ne
peut être strictement positive (des permutations de lignes et de colonnes ne peuvent
faire apparaître des termes nuls si tous les coefficients sont strictement positifs). En
conséquence si A est positive avec Ap strictement positive alors elle est irréductible.
(b) Du théorème de trigonalisation des matrices complexes, on déduit que si r est le
rayon spectral de a alors rp est celui de Ap . Pour toute valeur propre α de A, on
a |α| ≤ r. Supposons que α soit une valeur propre de A avec |α| = r, alors αp
est valeur propre de Ap avec |αp | = rp , ce qui entraîne αp = rp si la matrice Ap
est strictement positive (d’après 5.). Si α 6= r, il existe alors deux vecteurs y et z
linéairement indépendants tels que Ay = ry et Az = αz, ce qui entraîne Ap y = rp y
et Ap z = αp z = rp z, c’est-à-dire que y et z sont dans l’espace propre de Ap associé
à la valeur propre rp , mais on sait que cet espace propre est une droite vectorielle,
les vecteurs y et z sont donc liés. On aboutit donc à une contradiction et la seule
possibilité est |α| < r.
7. (a) Soit B ∈ Mm,n (C) non redondante et décomposable. Il existe alors une partition
(I, J) de {1, · · · , m} (les numéros de lignes) et une partition (K, L) de {1, · · · , n}
(les numéros de colonnes) telles que :

∀ (i, j) ∈ I × K ∪ J × L, bij = 0.

On définit alors la partition (U, V ) de {1, · · · , m + n} par :


½
U = I ∪ (m + L) ,
V = J ∪ (m + K) ,

où on a posé m + L = {m + j | j ∈ L} et pour (i, j) ∈ U × V, on a les quatre


possibilités suivantes :
soit iµ≥ m + 1 ¶et j ≥ m + 1, dans ce cas on a cij = 0 par définition de la matrice
0 B
C= t avec B ∈ Mm,n (C) et t B ∈ Mn,m (C) ;
B 0
soit i ≥ m + 1 et j ≤ m, dans ce cas en écrivant i = m + i0 , cij est le coefficient de
la ligne i0 et de la colonne j de t B, soit cij = bji0 avec (j, i0 ) ∈ J × L, ce qui donne
cij = bji0 = 0 ;
soit i ≤ m et j ≤ m, dans ce cas on a cij = 0 par définition de la matrice C ;
soit i ≤ m et j ≥ m + 1, dans ce cas en écrivant j = m + j 0 , cij est le coefficient de
la ligne i et de la colonne j 0 de B, soit cij = bij 0 avec (i, j 0 ) ∈ I × K, ce qui donne
cij = bij 0 = 0.
On a donc cij = 0 pour tout (i, j) ∈ U × V et avec la symétrie de la matrice C on a
également cij = 0 pour tout (i, j) ∈ V × U. Cette partition (U, V ) de {1, · · · , m + n}
120 Agrégation externe 1995, épreuve 1
µ ¶
−1 B1 0
définit donc une matrice de permutation P telle que P CP = , ce qui
0 B2
signifie que la matrice C est réductible.
Réciproquement supposons la matrice C réductible, il existe alors une partition
(U, V ) de {1, · · · , m + n} telle que cij = 0 pour tout (i, j) ∈ U × V ∪ V × U.
On définit alors les partitions (I, J) de {1, · · · , m} et (K, L) de {1, · · · , n} par :
½
I = {1, · · · , m} ∩ U, J = {1, · · · , m} ∩ V,
K = {j ∈ {1, · · · , n} | m + j ∈ V } , L = {j ∈ {1, · · · , n} | m + j ∈ U} .
Pour (i, j) ∈ I × K, on a (i, m + j) ∈ U × V et cij = 0 (coefficient de la ligne i ≤ m
et de la colonne m + j de C), c’est-à-dire bij = 0. De même si (i, j) ∈ J × L, on a
(i, m + j) ∈ V × U et cij = 0, soit bij = 0. En conclusion B est décomposable.
On a donc ainsi montré que B est indécomposable si et seulement si C est irréduc-
tible.
(b) Si D = B t B est réductible, étant symétrique cela équivaut à l’existence d’une par-
tition (I, J) de {1, · · · , m} telle que dij = 0 pour tout (i, j) ∈ I × J, soit :
X
n
∀ (i, j) ∈ I × J, bik bjk = 0.
k=1

La matrice B étant positive, cela équivaut à :


∀ (i, j) ∈ I × J, ∀k ∈ {1, · · · , n} , bik bjk = 0.
On définit alors une partition (K, L) de {1, · · · , n} en posant :
½
K = {k ∈ {1, · · · , n} | ∃j ∈ J | bjk 6= 0} ,
L = {k ∈ {1, · · · , n} | ∃i ∈ I | bik 6= 0} .
En effet, pour tout k ∈ {1, · · · , n} il existe i ∈ {1, · · · , m} = I ∪ J tel que bik 6= 0
puisque B est supposée non redondante, on a donc k ∈ K ∪ L. Si k ∈ K il existe
alors j ∈ J tel que bjk 6= 0 et bik bjk = 0 pour tout i ∈ I entraîne k ∈ / L. On a
donc K ∩ L = ∅, c’est-à-dire que (K, L) est bien une partition de {1, · · · , n} . Pour
(i, k) ∈ I × K, il existe j ∈ J tel que bjk 6= 0 et bik bjk = 0 donne bik = 0. De même
(i, k) ∈ J × L donne bik = 0. La matrice B est donc décomposable.
On a donc ainsi montré que si B est indécomposable alors B t B est irréductible. De
manière analogue on montre que t BB est irréductible.
La matrice B t B étant symétrique réelle positive (au sens euclidien) est diagonalisable
à valeurs propres réelles positives. Cette matrice étant positive et irréductible, son
rayon spectral r est valeur propre avec un espace propre de dimension 1, cette valeur
propre est donc simple (puisque B t B est diagonalisable) et |α| < r pour toute
autre valeur propre de B t B. Il en de même de t BB puisque cette matrice a même
polynôme caractéristique que B t B (de manière générale si A, B sont dans Mn (C) ,
alors AB et BA ont même polynôme caractéristique).
— II — Algèbre des matrices
1. On peut remarquer que B = {Eij | 1 ≤ i, j ≤ n} est une base de Mn (C) et qu’on a les
propriétés suivantes.
Si {ei | 1 ≤ i ≤ n} est la base canonique de Cn , alors pour i, j, k compris entre 1 et n, on
a: ½
0 si k 6= j,
Eij ek =
ei si k = j.
Corrigé 121

On en déduit alors que :


 2

 E = Eii ,
 ii
Eii Ejj = Ejj Eii = 0 si i 6= j,

 Eij Ejk = Eik ,

Eij Epk = 0 si j 6= p.
En particulier les Eii , pour i compris entre 1 et n, sont idempotents et orthogonaux.
(a) Si J est un idéal bilatère de M = Mn (C) non réduit à {0}P
, il contient au moins
un élément non nul. Dans la base B de Mn (C) on a x = xpq Epq et il existe
1≤p,q≤n
des indices i et j compris entre 1 et n tels que xij 6= 0. Pour (i, j) ainsi choisi et
compris entre 1 et n, la matrice E i xEj est dans J avec :
X X
n X
n
E i xEj = E i xpq Epq Ej = E i xpj Ep = xpj E i Ep = xij E
1≤p,q≤n p=1 p=1
µ ¶
1
et avec xij 6= 0, on déduit que E = In xij E ∈ J, où on a noté In la matrice
xij
P
n
identité. On déduit que In = E ∈ J et pour tout x ∈ M, x = xIn ∈ J. On a
=1
donc J = M. En conclusion Mn (C) est le seul idéal bilatère de Mn (C) non réduit
à {0} .
(b) Soit A = ((aij ))1≤i,j≤n dans le centre de M = Mn (C) . On a AEij = Eij A, pour
tous i, j et :
à n !
Xn X
AEij ej = Aei = aki ek = Eij Aej = Eij akj ek = ajj ei .
k=1 k=1

Donc aki = 0 pour k ∈ {1, · · · , n} − {i} et aii = ajj . C’est-à-dire que A = λIn .
On peut aussi remarquer que si A est dans le centre de Mn (C) , alors A commute
à tout projecteur px sur la droite Kx. On en déduit alors que toutes les droites sont
stables par A et A est une homothétie.
P
n
2. (a) On note Vi = Im (ρ (Eii )) ⊂ V. En écrivant que In = Eii , on a
i=1
P
n
Id = ρ (In ) = ρ (Eii ) et pour tout x ∈ V :
i=1

X
n X
n
x = Id (x) = ρ (Eii ) (x) ∈ Vi .
i=1 i=1

P
n
D’autre part si, pour i compris entre 1 et n, yi = ρ (Eii ) (xi ) ∈ Vi et si yi = 0,
i=1
alors pour tout j compris entre 1 et n on a :
à n !
X Xn
0 = ρ (Ejj ) yi = ρ (Ejj Eii ) (xi ) = ρ (Ejj ) (xj ) = yj .
i=1 i=1

P
n L
n
En conclusion la somme Vi est directe et V = Vi .
i=1 i=1
122 Agrégation externe 1995, épreuve 1

(b) Tout vecteur y ∈ Vk = Im (ρ (Ekk )) s’écrit y = ρ (Ekk ) (x) et :


ρ (Eij ) (y) = ρ (Eij Ekk ) (x) = 0
si j 6= k. Donc la restriction de ρ (Eij ) à Vk est nulle si j 6= k.
Si j = k, on a :
ρ (Eik ) (y) = ρ (Eik Ekk ) (x) = ρ (Eik ) (x) = ρ (Eii ) (ρ (Eik ) (x)) ∈ Vi ,
c’est-à-dire que ρ (Eik ) envoie Vk dans Vi . De manière analogue, on voit que ρ (Eki )
envoie Vi dans Vk . Pour tout y = ρ (Ekk ) (x) ∈ Vk on a alors :
ρ (Eki ) ρ (Eik ) y = ρ (Ekk ) y = ρ (Ekk ) (ρ (Ekk ) (x)) = ρ (Ekk ) (x) = y,
c’est-à-dire que ρ (Eki ) ρ (Eik ) = Id (identité de Vk ). De même ρ (Eik ) ρ (Eki ) = Id
(identité de Vi ). Donc ρ (Eik ) est un isomorphisme de Vk sur Vi d’inverse ρ (Eki ) .
(c) On note fi = ρ (Ei1 ) ek pour i compris entre 1 et n, k compris entre 1 et d, et
Bk = {f1 , · · · , fn } .
i. Si v est un vecteur non nul de V1 , comme pour tout i, ρ (Ei1 ) est un isomorphisme
Pn
de V1 sur Vi , on a ρ (Ei1 ) v 6= 0 dans Vi . La somme Vi étant directe, toute
i=1
P
n
combinaison linéaire αi ρ (Ei1 ) v = 0 donne αi = 0 pour tout i, c’est-à-dire
i=1
que le système {ρ (E11 ) v, · · · , ρ (En1 ) v} est libre dans V. Ce résultat étant vrai
en particulier pour v = ek , on déduit que Bk est une base de Wk et cet espace
est de dimension n.
ii. Pour x ∈ M et i compris entre 1 et n, on a ρ (x) fi = ρ (xEi1 ) ek , avec :
X X
n
xEi1 = xpq Epq Ei1 = xpi Ep1 ,
1≤p,q≤n p=1

ce qui donne :
X
n X
n
ρ (x) fi = xpi ρ (Ep1 ) ek = xpi fp ∈ Wk .
p=1 p=1

Donc ρ (x) envoie Wk dans Wk .


iii. Les égalités :
X
n
∀i ∈ {1, · · · , n} , ρk (x) fi = xpi fp
p=1

signifie que la matrice de ρk (x) dans la base Bk = {f1 , · · · , fn } est (xpi ) , c’est-
à-dire la matrice x.
Ln Ln
iv. On a V = Vi = ρ (Ei1 ) (V1 ) , donc tout vecteur v ∈ V s’écrit sous la forme
i=1 i=1
P
n
v = ρ (Ei1 ) (vi ) , avec vi ∈ V1 . Dans la base {e1 , · · · , ed } chaque vecteur vi
i=1
P
d
s’écrit vi = αik ek et :
k=1
à n !
X
n X
d X
d X X
d
v= αik ρ (Ei1 ) (ek ) = αik ρ (Ei1 ) (ek ) ∈ Wk .
i=1 k=1 k=1 i=1 k=1
Corrigé 123

P
d
On a donc V = Wk .
k=1
L
n P
n
De plus V = Vi donne dim (V ) = dim (Vi ) avec dim (Vi ) = dim (V1 ) = d
i=1 i=1
(Vi est isomorphe à V1 ), soit :
X
d
m = dim (V ) = nd = dim (Wk )
k=1

L
d
(chaque Wk est de dimension n) et en conséquence V = Wk .
k=1
v. Pour tout k compris entre 1 et d, ρ (x) envoie Wk dans Wk avec x comme matrice
Ld
dans la base Bk . Avec V = Wk , on déduit alors que la matrice de ρ (x) dans
k=1
 
x 0 ··· 0
S
d  . . . .. 
 0 x . 
la base Bk de V est la matrice diagonale par blocs  . . . .
k=1  .. . . . . 0 
0 ··· 0 x
(d) ker (ρ) est un idéal bilatère de M = Mn (C) distinct de M (ρ (In ) = Im ), il est donc
réduit à {0} (question 1. (a)), c’est-à-dire que ρ est injectif.
Avec l’isomorphisme naturel de Mm (C) sur End (V ) où V = Cm , ρ induit un mor-
phisme d’algèbre avec unité de M dans End (V ) et dans les questions précédentes
on a vu que m = nd.
3. (a) Si A ∈ End (V ) commute à tous les ρ (x) , où x ∈ M, alors sa matrice (Aij ) dans
S
d
la base Bk commute à celle de ρ (x) dans la même base. On a donc, pour tout
k=1
x∈M :
     
A11 · · · A1d x ··· 0 x ··· 0 A11 · · · A1d
 .. ... ..   .. . . ..  =  .. . . ..   .. ... ..  ,
 . .  . . .   . . .  . . 
Ad1 · · · Add 0 ··· x 0 ··· x Ad1 · · · Add
ou encore, pour tous i, j compris entre 1 et d :
∀x ∈ M, Aij x = xAij
et la matrice Aij est dans le centre de M, c’est-à-dire une matrice scalaire (question
1. (b)).
(b) Il est clair que le commutant ρ (M)0 est une sous-algèbre de End (V ) et la question
précédente nous dit que cette algèbre est isomorphe à Md (C) , un isomorphisme
étant réalisé en associant à tout endomorphisme A ∈ ρ (M)0 la matrice ((aij ))1≤i,j≤d ,
où Aij = aij In avec les notations du (a) .
Si B ∈ End (V ) commute à tout élément de ρ (M)0 , alors sa matrice (Bij ) dans la
Sd
base Bk commute à toute matrice (Aij ) = (aij In ) , ce qui donne en effectuant le
k=1
produit des matrices par blocs :
X
d X
d
∀ (i, j) ∈ {1, · · · , d}2 , aik Bkj = akj Bik .
k=1 k=1
124 Agrégation externe 1995, épreuve 1

En choisissant (aij ) = Epq dans Md (C) avec p et q compris entre 1 et d, on obtient


en prenant (i, j) = (p, q) ci-dessus Bqq = Bpp et avec (aij ) = Epp , (i, j) = (p, q) où
p 6= q, on obtient Bpq = 0. On a donc :
 
x 0 ··· 0
 . . . .. 
 0 x . 
(Bij ) =  . . .  = diag (x)
 .. . . . . 0 
0 ··· 0 x
S
d
avec x ∈ Md (C) et cette matrice étant la matrice de ρ (x) dans Bk , on déduit
k=1
que B = ρ (x) ∈ ρ (M) . On a donc ainsi montré que le commutant de ρ (M)0 dans
End (V ) est contenu dans ρ (M) et comme par définition de ρ (M)0 tout élément de
ρ (x) ∈ ρ (M) commute à ρ (M)0 , on déduit que ρ (M) est le commutant de ρ (M)0
dans End (V ) . On a donc montré que c (c (ρ (M))) = ρ (M) .
4. (a) On a pj = ij (Ij ) = (0, · · · , 0, Ij , 0, · · · , 0) et donc pj pk = pk pj = 0 pour j 6= k et
p2j = pj , c’est-à-dire que les pj sont idempotents et deux à deux orthogonaux. De
Lm Pm
plus l’unité de N = Aj est I = (I1 , · · · , Im ) = pj .
j=1 j=1
(b) Si a = (a1 , · · · , am ) est dans le centre de N, alors il commute à tout élément x =
(x1 , · · · , xm ) de N, c’est-à-dire que :
∀j ∈ {1, · · · , m} , ∀xj ∈ Aj , aj xj = xj aj ,
ce qui signifie que pour tout j compris entre 1 et m, aj est dans le centre de l’algèbre
de matrices Aj = Mnj (C) , c’est donc une homothétie. Le centre de N est donc
l’ensemble des éléments de N de la forme :
X
m
a = (λ1 I1 , · · · , λm Im ) = λj pj .
j=1

P
m
(c) Si a ∈ N est un idempotent central alors il s’écrit a = λj pj et on a :
j=1

X
m X
m
2
λj pj = a = a = λ2j pj
j=1 j=1

(les pj sont idempotents et deux à deux orthogonaux), ce qui donne λ2j = λj pour
tout j compris entre 1 et m, soit λj = 0 ou λj = 1. Les idempotents centraux de N
P
m
sont donc les éléments de la forme εj pj avec εj ∈ {0, 1} .
j=1
(d) Si p est un idempotent central minimal de N, il s’écrit alors p = pj1 + · · · + pjr avec
1 ≤ j1 < · · · < jr ≤ m et l’égalité p = ppjk avec ppjk = pjk équivaut à p = pjk .
On a donc nécessairement r = 1 et p est l’un des pj . Réciproquement il est facile
de vérifier que chaque pj est un idempotent central minimal de N. En effet si q est
Pm
un idempotent central tel que pi q 6= 0, alors q = pi + εj pj avec εj ∈ {0, 1} et
j=1
j6=i
pi q = qpi = pi . En conclusion {p1 , · · · , pm } est l’ensemble des idempotents centraux
minimaux de N.
Corrigé 125

P
m P
m
5. (a) L’égalité I = pj , où I est l’identité de N, entraîne Id = ρ (I) = ρ (pj ) , où Id
j=1 j=1
est l’identité de End (W ) . On peut donc écrire tout élément de W sous la forme :
X
m
x = Id (x) = ρ (pj ) (x) ,
j=1

P
m
avec ρ (pj ) (x) ∈ Im (ρ (pj )) = Wj . On a donc W = Wj .
j=1
P
m
Si y = yj = 0 avec yj = ρ (pj ) (xj ) ∈ Wj , alors pour tout i compris entre 1 et m,
j=1
on a :
X
m
0 = ρ (pi ) (y) = ρ (pi pj ) (xj ) = ρ (pi ) (xi ) = yi
j=1

(les ρ (pi ) sont idempotents et deux à deux orthogonaux). En conclusion la somme


Pm Lm
Wj est directe et W = Wj .
j=1 j=1

(b) Si y = ρ (x) ∈ ρ (Aj ) , alors pour k 6= j on a yρ (pk ) = ρ (xpk ) avec :

xpk = (0, · · · , 0, x, 0, · · · , 0) (0, · · · , 0, pk , 0, · · · , 0) = 0

(x est en position j et pk en position k 6= j). On a donc yWk = 0, c’est-à-dire que y


agit par 0 sur Wk .
Si k = j, on a alors xpj = x = pj x, soit yρ (pj ) = y = ρ (pj ) y et y envoie Wj dans
lui même.
(c) Le morphisme ρ est injectif de N dans End (W ) , donc sa restriction à Aj est égale-
ment injective de Aj dans End (Wj ) . On est donc dans la situation de la question
2, il existe donc une base de V = Wj telle pour tout x dans Aj , la matrice de ρ (x)
dans cette base est une matrice diagonale par blocs :
 
x 0 ··· 0
 . . . .. 
 0 x . 
 . . . .
 .. . . . . 0 
0 ··· 0 x

L
m P
m
(d) Tout élément x de W = Wj s’écrit x = ρ (pj ) (x) (voir 5. (a)) et pour tout
j=1 j=1
f ∈ End (W ) , on a :
X
m
∀x ∈ W, f (x) = (f ◦ ρ (pj )) (x) .
j=1

P
m
On a donc f = f ρ (pj ) . En écrivant que ρ (pj ) = ρ (pj )2 (les ρ (pj ) sont idempo-
j=1
tents), on déduit que si f commute à tous les ρ (x) pour x ∈ N, alors :
X
m
2
X
m
f= f ρ (pj ) = ρ (pj ) f ρ (pj ) .
j=1 j=1
126 Agrégation externe 1995, épreuve 1

P
m
On a donc C (N) = ρ (pj ) C (N) ρ (pj ) .
j=1
P
m
Si f = ρ (pj ) fj ρ (pj ) = 0 avec fj ∈ C (N) , alors pour tout i compris entre 1 et
j=1
n, on a :
X
m
0 = ρ (pi ) f = ρ (pi ) ρ (pj ) fj ρ (pj ) = ρ (pi ) fi ρ (pi )
j=1

(les ρ (pi ) sont idempotents et deux à deux orthogonaux). En conclusion la somme


Pm L
m
ρ (pj ) C (N) ρ (pj ) est directe et C (N) = ρ (pj ) C (N) ρ (pj ) .
j=1 j=1

(e) Pour f ∈ C (N) et j compris entre 1 et m, on note fj = ρ (pj ) fρ (pj ) et on a


P
m
f= fj .
j=1
L
m
Comme W = Wj , ρ (pj ) envoie Wk dans {0} pour k 6= j et Wj dans lui même,
j=1
on déduit que fj définit un endomorphisme de Wj et cet endomorphisme commute
à tous les ρ (x) où x ∈ Aj puisque f commute à tous les ρ (x) pour x ∈ N. On
a donc fj ∈ ρ (Aj )0 (précisément c’est la restriction de fj à Wj qui est dans le
commutant de ρ (Aj )). Réciproquement tout endomorphisme fj dans le commutant
de ρ (Aj ) définit un endomorphisme dans C (N) en le complétant par 0. On a donc
Lm
un isomorphisme entre C (N) et ρ (Aj )0 . En 3. (b) on vu que chaque ρ (Aj )0 est
j=1
L
m
isomorphe à Mdj (C) , donc C (N) est isomorphe à Mdj (C) .
j=1
L
m
(f) Si f ∈ C (N) commute à tout C (N) w ρ (Aj )0 , alors pour tout j compris entre
j=1
1 et m, fj = ρ (pj ) f ρ (pj ) commute à ρ (Aj )0 et réciproquement. Le commutant de
L
m ¡ ¢ Lm
C (N) est donc C ρ (Aj )0 = ρ (Aj ) = ρ (N) (d’après 3. (b)).
j=1 j=1

6. (a) i. Si q est un idempotent de A = Mn (C) , il définit un projecteur de Cn sur


V = Im (q) sous-espace vectoriel de Cn . Il en résulte que qAq est isomorphe
à End (V ) lui même isomorphe à Mr (C) où r = dim (V ) . On a un résultat
analogue pour qBq puisque ρ est injectif.
ii. Soit C (qAq) le commutant de qAq dans qBq.
Pour tout x ∈ C (A) (commutant de A dans B) et tout y dans A, on a en
utilisant q 2 = q, xq = qx et xy = yx :

(qxq) (qyq) = qxqyq = q2 xyq = qyxq


= qyxq 2 = qyqxq = (qyq) (qxq) ,

c’est-à-dire que qxq est dans C (qAq) . On a donc qC (A) q ⊂ C (qAq) .


On montre ensuite que ces deux espaces vectoriels ont même dimension.
L
d
En appliquant le résultat de la question 2. on déduit que Cm = Wk où chaque
k=1
S
d
Wk est de dimension n. De plus il existe une base Bk , où Bk est une base de
k=1
Wk , dans laquelle, pour tout x ∈ A, ρ (x) est semblable à la matrice diagonale
Corrigé 127
 
x 0 ··· 0
 . . . .. 
 0 x . 
par blocs  . . .  = diag (x) . La matrice de ρ (q) ∈ B est alors
 .. . . . . 0 
0 ··· 0 x
Ld
semblable à diag (q) et son image est isomorphe à W = V. Le commutant de
k=1
qAq, isomorphe à End (V ) , dans qBq, isomorphe à End (W ) , est alors d’après
la question 2. isomorphe à Md (C) . On a donc dim (C (qAq)) = d2 .
On sait également, d’après 3., que C (A) est isomorphe à Md (C) et en considé-
rant que l’application x 7→ qxq réalise un isomorphisme d’algèbres avec unité de
C (A) sur qC (A) q (l’unité de qC (A) q est qId q = q 2 = q, cette application est
visiblement surjective et son noyau est un idéal bilatère de C (A) w Md (C) ,
il est donc réduit à {0}), on déduit que dim (qC (A) q) = d2 et l’inclusion
qC (A) q ⊂ C (qAq) donne C (qAq) = qC (A) q.
(b) Je ne vois pas de différence avec la question (a) , la démonstration suggérée étant
analogue. Il s’agit peut être de calculer le commutant de qC (A) q dans qBq. Comme
C (A) est isomorphe à une algèbre de matrices, on peut utiliser le (a) pour dire que
C (qC (A) q) = qC (C (A)) q et avec 3. (b) on a C (C (A)) = A, donc :

C (qC (A) q) = qAq.

— III — Normes des matrices à coefficients entiers


1. (a) On note λ1 , · · · , λ les racines distinctes ou confondues de P et on suppose que
P
|λk | ≤ 1 pour tout k compris entre 1 et . Si P (X) = (−1)k ak X −k avec a0 = 1,
k=0
on a alors pour tout k compris entre 1 et :
X
ak = σk (λ1 , · · · , λ ) = λi1 · · · λik .
1≤i1 <···<ik ≤

En remarquant que :
n o µ ¶
k
card (i1 , · · · , ik ) ∈ {1, · · · , } | 1 ≤ i1 < · · · < ik ≤ =
k

et en utilisant le fait que |λi1 · · · λik | ≤ 1, on déduit que pour tout k compris entre 1
et , on a : µ ¶
X
|ak | ≤ 1= .
1≤i <···<i ≤
k
1 k

On note P l’ensemble des polynômes de degré dans U ayant toutes leurs racines
dans le disque unité fermé.
(b) Si = 0, alors P = 1 n’a pas de racines et l’ensemble P est vide. Si ≥ 1 et
P
P = (−1)k ak X −k ∈ P , alors chaque coefficient ak est entier dans l’intervalle
k=0 µ ¶
[−m, m] avec m = max , ces coefficients ne prennent donc qu’un nombre fini
1≤k≤ k
de valeurs. Il en résulte que l’ensemble P est fini.
128 Agrégation externe 1995, épreuve 1

(c) i. On a :
X ¡ ¢
Pk (X) = (−1)i σi µk1 , · · · , µk X −i
,
i=0

avec σ0 = 1. Le polynôme ϕ ∈ Z [X1 , · · · , X ] défini par :


¡ ¢
ϕ (X1 , · · · , X ) = σi X1k , · · · , X k

étant symétrique, il existe ψ ∈ Z [X1 , · · · , X ] tel que :

ϕ (X1 , · · · , X ) = ψ (σ1 , · · · , σ ) ,

où σp = σp (X1 , · · · , X ) . On a alors pour les coefficients de Pk :


¡ ¢
σi µk1 , · · · , µk = ϕ (µ1 , · · · , µ ) = ψ (σ1 , · · · , σ ) ,

avec σp = σp (µ1 , · ·¡· , µ ) = ap¢∈ Z (le polynôme P est à coefficients entiers), ce


qui donne (−1)i σi µk1 , · · · , µk ∈ Z pour tout i compris entre 1 et , c’est-à-dire
que Pk ∈ Z [X] .
ii. Pour tout entier naturel k, le polynôme Pk est dans P et cet ensemble est fini,
il existe donc deux entiers k 6= j tels que Pk = Pj .
iii. Si Pk = Pj avec k > j, alors ces deux polynômes ont les mêmes racines, il existe
donc une permutation σ de {1, · · · , } telle que :

∀i ∈ {1, · · · , } , µki = µjσ(i) .

On a alors :
2 ¡ ¢k ³ ´k ¡ ¢j ³ ´j 2
µki = µki = µjσ(i) = µkσ(i) = µjσ2 (i) = µjσ2 (i)

et par récurrence :
p p
∀i ∈ {1, · · · , } , ∀p ≥ 1, µki = µjσp (i)
p p
et en prenant pour entier p ≥ 1 l’ordre de la permutation σ, on obtient µki = µji
pour tout i compris entre 1 et , soit µm p p
i = 1 avec m = k −j > 0, ce qui signifie
que les µi sont des racines de l’unité.
P
(d) Soit P (X) = (−1)k ak X −k dans U, avec a0 = 1. On a :
k=0

µ ¶ X µ ¶ −k
1 k 1
Q (X) = X P X + = (−1) ak X X + ,
X k=0
X

avec : µ ¶ −k X −k µ ¶
1 −k
X X+ = X 2i+k
X i=0
i
polynôme unitaire de valuation k et de degré 2 − k, il en résulte que Q ∈ U est de
degré 2 , avec Q (0) = 1. µ ¶
1
Si λ est une racine complexe de Q, alors λ 6= 0 et P λ + = 0, ce qui par
λ
Corrigé 129

1 1
hypothèse sur P entraîne λ + ∈ [−2, 2] . On peut donc écrire λ + = 2 cos (θ)
λ λ
avec θ ∈ [0, π] , soit :
¡ ¢¡ ¢
0 = λ2 − 2λ cos (θ) + 1 = λ − eiθ λ − e−iθ

et λ = e±iθ est dans le disque unité fermé.


Le polynôme Q est donc à coefficients entiers dans U à racines toutes dans le disque
unité fermé, avec 1. (c) on déduit alors que ses racines sont des racines de l’unité,
c’est-à-dire de la forme λ = e2iπr avec r ∈ Q.
1
En conséquence si µ est une racine complexe de P, en posant λ + = µ (λ est
λ
solution de λ2 − µλ + 1 = 0), λ est racine de Q, donc λ = e2iπr avec r ∈ Q et
µ = λ = e2iπr + e−2iπr = 2 cos (2πr) .
(e) i. On rappelle le résultat suivant (voir [5] , chapitre 4) : Si Qn ∈ Q [X] est irréduc-
tible, il existe une extension L de Q unique à un isomorphisme près telle que Qn
ait au moins une racine α dans L et L est le plus petit sous-corps de L contenant
Q et α. Ce corps L est le corps de rupture du polynôme irréductible Qn .
Le polynôme cyclotomique Qn étant irréductible sur Z, donc sur Q, est égal au
2ikπ
polynôme minimal de toute racine primitive n-ème de l’unité ω = e n (k et n
premiers entre eux) et L = Q (ω) est le corps de rupture de Qn . L’unicité de ce
corps à isomorphisme de corps Q-linéaire près permet de définir un automor-
phisme de corps Q-linéaire de L qui envoie ω sur ρ, où ρ est une autre racine
primitive n-ème de l’unité.
P
ii. Soit P (X) = (−1)k ak X −k dans U, avec a0 6= 0 admettant une racine de
k=0 µ ¶
p
la forme λ = 2 cos 2π avec p, q entiers premiers entre eux. Le polynôme
µ ¶q
1 p
Q (X) = X P X + de degré 2 a donc ω = e2iπ q comme racine. Comme
X
p et q sont premier entre eux, cette racine ω est une racine primitive q-ème de
l’unité. En désignant par L ⊂ C l’extension de Q engendré par ω, le nombre
2iπ
complexe ρ = e q est également une racine primitive q-ème de l’unité, il existe
donc un automorphisme de corps Q-linéaire de L qui envoie ω sur ρ, notant χ
cet automorphisme, on déduit alors de Q (ω) = 0 avec Q ∈ Z [X] que :

0 = χ (Q (ω)) = Q (χ (ω)) = Q (ρ) ,


µ ¶
1 2π
c’est-à-dire que ρ est racine de Q et ρ + = 2 cos est racine de P.
ρ q
iii. Si P ∈ U de degré µ a toutes ¶ ses racines dans ]−2, 2[ , ces dernières sont de
pk pk 1
la forme λk = 2 cos 2π avec pk , qk premiers entre eux et 0 < < .
qk µ ¶ qk 2

Avec (ii) , on déduit que les µk = 2 cos sont racines de P avec qk ≥ 3. La
qk µ ¶ µ ¶
2 2 pk 2 2π
fonction cos étant décroissante sur ]0, π[ , on a cos 2π ≤ cos , donc
qk ¯ qk µ ¶¯
¯ 2π ¯¯
max |λk | = max |µk | et il existe un entier q 0 ≥ 3 tel que max |λk | = 2 ¯¯cos .
q0 ¯
130 Agrégation externe 1995, épreuve 1
µ ¶
0 π
Si q = 2q est pair, alors max |λk | = 2 cos avec q ≥ 2. Si q = 2, alors
q
max |λk | = 0 et P (X) = X ce qui est exclu, on a donc q ≥ 3.
2iπ
Si q 0 = 2q + 1 est impair, en reprenant les notations du (ii) , ω = e q0 est racine
2iqπ
de Q et racine primitive q 0 -ème de l’unité, comme q est premier avec q, ρ = e q0
est également racine primitive q 0 -ème de l’unité et avec (i) c’est aussi une racine
de Q, ce qui entraîne que :
µ ¶ µ ¶ µ ¶
1 2qπ π π
ρ + = 2 cos 0
= 2 cos π − 0 = −2 cos 0
ρ q q q
µ ¶ µ ¶ µ ¶
2 2π 2 π π
est racine de P, avec cos 0
≤ cos 0
. On a donc max |λk | = 2 cos 0
q q q
0
avec q ≥ 3.
2. (a) Pour tout x ∈ Rn tel que kxk = 1, on a :
­ ® ° ° ° °
kBxk2 = hBx | Bxi = x | t BBx ≤ kxk2 ° t BB ° = ° t BB ° ,
1
donc kBk2 ≤ k t BBk ≤ k t Bk kBk et kBk ≤ k t BBk 2 ≤ k t Bk . De même on a
1 1 1
k t Bk ≤ kB t Bk 2 ≤ kBk et en définitive kBk = k t BBk 2 = kB t Bk 2 = k t Bk .
1
La matrice C étant symétrique, on en déduit que kCk = kC 2 k 2 avec :
µ t ¶
2 B B 0
C = t .
0 BB
µ ¶
x
Pour z = ∈ R avec x ∈ Rm et y ∈ Rn , on a, en tenant compte de k t BBk =
y
kB t Bk :
° 2 °2 ° t °2 ° t ° ° ° ¡ ¢ ° °
°C z ° = °B Bx° + ° BBy °2 ≤ °B t B °2 kxk2 + kyk2 = °B t B °2 kzk2 ,

ce qui entraîne kC 2 k ≤ kB t Bk . En prenant x, y de norme 1 tels que kB t Bxk =


kB t Bk et k t BByk = k t BBk , on a :
° 2 °2 ° ° ° °
°C z ° = 2 °B t B °2 = °B t B °2 kzk2 ,

ce qui permet de conclure à l’égalité kC 2 k = kB t Bk . En conclusion :


° °1 ° °1 ° °
kCk = °B t B ° 2 = ° t BB ° 2 = kBk = ° t B ° .

(b) Avec les notations du (a) la matrice C étant symétrique réelle est diagonalisable dans
une base orthonormée et kCk = ρ (C) est le rayon spectral de C. Si kBk < 2, alors
ρ (C) = kBk < 2 et toutes les valeurs propres de C sont dans ]−2, 2[ . Le polynôme
caractéristique PC de C est donc dans U de degré , à coefficients entiers et à racines
dans ]−2, 2[ . Si PC (X) = X alors C = 0 (théorème de Cayley-Hamilton) ³ π ´et C
étant diagonalisable cela entraîne C = 0, donc B = 0 et kBk = 0 = 2 cos . Si
2
PC (X) 6= X , on est µalors
¶ dans la situation de 1. (e) iii. et il existe un entier q ≥ 3
π
tel que ρ (C) = 2 cos .
q
8

Agrégation externe 1998. Épreuve 1

Les deux premières parties de ce problème étudient la possibilité de recouvrir le plan (resp.
l’espace) affine euclidien par des cercles disjoints. Il est bon, au préalable, d’avoir étudié la
position relative de deux cercles dans le plan. Ces parties ne nécessitent pas beaucoup de
connaissances, une bonne intuition géométrique est suffisante.
Dans les parties suivantes, on étudie la réduction de Minkowski des matrices de GLn (R) et
quelques propriétés de certaines applications définies sur l’ensemble des réseaux de Rn .
Les notions qu’il peut être utile de réviser sont les suivantes :
— théorème des boules emboîtées sur un espace de Banach ;
— théorème d’orthonormalisation de Gram-Schmidt ;
— groupe GLn (Z) ;
— sous-groupes distingués et groupes quotients ;
— réseaux de Rn ;
— interprétation algébrique de la méthode des pivots de Gauss (utilisation des matrices de
transvection) ;
— notions de base en topologie (espaces séparés, compacité).

8.1 Énoncé
Avertissement.
Les parties I et II sont indépendantes du reste du problème. Le candidat est libre de traiter
le problème dans l’ordre qu’il souhaite en admettant clairement des résultats énoncés dans
les questions précédentes du problème. Il sera tenu le plus grand compte de la clarté et de la
précision de la rédaction.
Notations.
Si A est une partie d’un ensemble B, on notera B −A le complémentaire de A dans B. Soit E
un espace affine euclidien. On note k·k la norme de l’espace vectoriel euclidien dirigeant E. Par
sous-espace de E, on entend sous-espace affine de E muni de la structure euclidienne induite.
Pour tout point c de E et tout réel r > 0, on note B (c, r) (resp. S (c, r)) la boule ouverte (resp.
sphère) de centre c et de rayon r, c’est-à-dire :
B (c, r) = {p ∈ E | kp − ck < r} et S (c, r) = {p ∈ E | kp − ck = r} .
Toutes les boules ou sphères considérées dans le problème sont de rayon strictement positif.
On appelle cercle une partie C de E telle qu’il existe un sous-espace P de E de dimension 2,
un point c de P et un réel r > 0 tel que C = P ∩ S (c, r) . On appelle alors disque de bord C
l’ensemble D = {p ∈ P | kp − ck ≤ r} .

131
132 Agrégation externe 1998. Épreuve 1

Partie I

Soit E un espace affine euclidien de dimension 2. On veut montrer que l’on ne peut pas
recouvrir E par une famille de cercles disjoints. Soit (Ci )i∈I une partition de E en cercles Ci de
rayon ri > 0 ; on note Di le disque de bord Ci .
1. Construire une suite (in )n∈N d’éléments de I telle que :
1
Din +1 ⊂ Din et rin +1 ≤ rin
2
pour tout n.
T
2. Que dire de Din ?
n∈N
3. Conclure.

Partie II

Soit E un espace affine euclidien de dimension 3.


1. Soient p et q des points distincts d’un cercle C et soit D le disque de bord C. Montrer que
D −{p, q} est réunion disjointe de segments de droites de longueur non nulle (on dessinera
d’abord soigneusement la famille choisie et on démontrera ensuite qu’elle convient).
2. Soient p et q des points distincts d’une sphère S. Montrer que l’on peut recouvrir S −{p, q}
par une famille de cercles disjoints (on pourra utiliser la question précédente).
Soient ∆ une droite de E et O un point de ∆.
3. Montrer que l’on peut trouver une famille de cercles (Cm )m∈Z telle que :
— les centres des cercles Cm soient sur ∆S
;
— toute sphère de E de centre O coupe Cm en exactement deux points (on dessinera
m∈Z
d’abord soigneusement la famille choisie et on démontrera ensuite qu’elle convient).
4. Montrer que E est réunion disjointe de cercles.

Partie III

Dans toute la suite du problème, on munit l’espace vectoriel Rn , n ≥ 1, du produit scalaire


usuel, noté h·, ·i . On identifiera souvent une matrice réelle M carrée d’ordre n et l’endomor-
phisme de Rn de matrice M dans la base canonique. En particulier, si P est une partie de
Rn , on note M (P ) l’ensemble des M (x) , pour x parcourant P. On notera kMk la norme
d’endomorphisme de M, c’est-à-dire :

kMk = sup kM (x)k .


x∈Rn , kxk=1

On rappelle le théorème d’orthonormalisation : étant donné une base (x1 , · · · , xn ) de Rn , il


existe une unique base orthonormée (y1 , · · · , yn ) de Rn telle que yi soit dans l’espace vectoriel
engendré par x1 , · · · , xi et que hxi , yi i soit strictement positif pour tout i ∈ {1, · · · , n} . On
note GLn (Z) le sous-groupe de GLn (R) formé des matrices M telles que M et M −1 soient à
coefficients entiers.
Énoncé 133

1. Montrer que toute matrice M de GLn (R) s’écrit de manière unique sous la forme M =
KDT, où K est une matrice orthogonale, D une matrice diagonale à coefficients diago-
naux strictement positifs, et T une matrice triangulaire supérieure à coefficients diagonaux
égaux à 1 (on pourra appliquer le théorème d’orthonormalisation aux colonnes de M).
On dira que (K, D, T ) est la décomposition d’Iwasawa de M ; on notera tij (M) les coef-
ficients de T, et di (M) les coefficients diagonaux de D.
2. Montrer que GLn (Z) est l’ensemble des matrices à coefficients entiers de déterminant ±1.
On note Hn l’ensemble GLn (R) /GLn (Z) et πn la surjection canonique GLn (R) → Hn .
Pour tout élément M de GLn (R) , on notera [M] sa classe πn (M) , c’est-à-dire le sous-
ensemble M · GLn (Z) de GLn (R) .
3. Existe-t-il une structure de groupe sur Hn telle que πn soit un morphisme de groupes ?
On rappelle qu’un sous-groupe Γ de Rn est un réseau s’il existe une base C = (f1 , · · · , fn )
de Rn telle que :
Γ = {a1 f1 + · · · + an fn | a1 , · · · , an ∈ Z} .
On dit que C est une base du réseau Γ. On note Rn l’ensemble des réseaux de Rn .
4. Montrer que l’application :
GLn (R) → Rn
M 7→ M (Zn )
se factorise à travers πn pour définir une bijection Hn → Rn .
5. Montrer que l’application M 7→ |det (M)| définit par passage au quotient une application
ν : Rn → R.
Donner une interprétation géométrique de ν (Γ) pour un réseau Γ.
On pose e = (1, 0, · · · , 0) . Soit ϕ : GLn (R) → R l’application M 7→ kM (e)k , et soit M
une classe dans Hn .
6. Montrer que toute boule de Rn ne contient qu’un nombre fini d’éléments de Γ.
7. Montrer que ϕ atteint son minimum sur M.
Une matrice M dans GLn (R) telle que ϕ (M) = min ϕ ([M]) , c’est-à-dire telle que
ϕ (M) ≤ ϕ (MA) pour tout A dans GLn (Z) , sera dite minimale.
8. Soient M une matrice dans GLn (R) et (K, D, T ) sa décomposition d’Iwasawa. Exprimer
ϕ (M) en fonction des coefficients de D.
2
9. Si M est minimale, montrer l’inégalité d1 (M) ≤ √ d2 (M) .
3
On note Fn l’ensemble des matrices M ∈ GLn (R) qui satisfont aux inégalités :
2
di (M) ≤ √ di+1 (M) pour 1 ≤ i ≤ n.
3
Le but des deux questions suivantes est de montrer par récurrence sur n l’égalité πn (Fn ) =
Hn .
10. On suppose dans cette question πn−1 (Fn−1 ) = Hn−1 . Soient M une matrice dans GLn (R)
et (K, D, T ) sa décomposition d’Iwasawa.
(a) Montrer qu’il existe une matrice A dans GLn (Z) telle que :
 
d1 b2 · · · bn
 0 
 
DT A =  .. ,
 . M 0 
0
où b2 , · · · , bn sont des réels, et où M 0 est dans Fn−1 .
134 Agrégation externe 1998. Épreuve 1

(b) Exprimer la décomposition d’Iwasawa de MA à l’aide de celle de M 0 .


11. Monter l’égalité πn (Fn ) = Hn .
12. On définit des applications m : Rn → R et γ : Rn → R en posant, pour tout réseau Γ
dans Rn ,
m (Γ)2
m (Γ) = inf kak et γ (Γ) = .
a∈Γ, a6=0 ν (Γ)2/n
Montrer les inégalités : µ ¶n−1
2
0 < γ (Γ) ≤ √ .
3
13. Calculer m (Γ) et γ (Γ) pour les réseaux suivants :
à √ !
1 3
Zn dans Rn ; Z (1, 0) ⊕ Z , dans R2 .
2 2

1
14. On note Sn l’ensemble des matrices M de Fn qui satisfont aux inégalités |tij (M)| ≤
2
pour 1 ≤ i < j ≤ n. Montrer l’égalité πn (Sn ) = Hn .

Partie IV

On identifie Rn et Hn à l’aide de la bijection construite en III. 4. On munit Rn de la


topologie dont les ouverts sont les πn (U ) où U est un ouvert de GLn (R) .
1. Montrer que l’application πn est continue et que Rn est séparé.
2. Montrer que l’application ν définie en III. 5. est continue.
3. Soit U une partie compacte de GLn (R) . Montrer qu’il existe une constante c > 0 telle
que :
kM (x)k ≥ c kxk ,
pour tout M dans U et tout x dans Rn .
4. Montrer que les applications m et γ définies en III. 12. sont continues.
5. Soit Y une partie fermée de l’ensemble Sn défini en III. 14. Montrer que Y est compacte
si et seulement s’il existe des réels strictement positifs α et β tels que d1 (M) ≥ α et
dn (M) ≤ β, pour tout élément M de Y.
6. Soit P une partie fermée de Rn . Montrer que P est compacte si et seulement si les deux
conditions suivantes sont réalisées :
(i) ν (P) est une partie majorée de R ;
(ii) il existe un voisinage U de 0 dans Rn tel que pour tout réseau Γ de P, on ait
Γ ∩ U = {0} .
On note R0n la partie fermée de Rn formée des réseaux Γ tels que ν (Γ) = 1, et on
note γ 0 : R0n → ]0, +∞[ l’application induite par γ par restriction.
7. Montrer que γ et γ 0 ont même image.
8. Montrer que l’image réciproque par γ 0 d’un compact de ]0, +∞[ est compacte.
9. Montrer qu’il existe un réseau Γ dans Rn tel que γ (Γ) = sup γ (Γ0 ) .
Γ0 ∈Rn
Corrigé 135

8.2 Corrigé
Partie I
1. On rappelle le résultat suivant sur la position relative de deux cercles dans un plan affine
euclidien E : si C, C 0 sont deux cercles disjoints dans E, alors soit ces deux cercles sont
extérieurs l’un de l’autre, soit l’un de ces cercles est intérieur à l’autre.
Si Ci est un cercle de la famille recouvrant le plan affine E, alors par tout point x dans
◦ ◦
l’intérieur Di de Di passe un unique cercle Cj et le disque Dj est contenu dans Di . De

même par tout point y dans Di − Dj passe un unique cercle Ck et le disque Dk est

également contenu dans Di . On a alors rj + rk < ri et l’un des deux rayons rj ou rk est
ri
inférieur ou égal à (figure 1).
2
On peut également prendre le cercle Cj qui passe par le centre de Ci . Ce cercle est dans

Di et son diamètre est nécessairement inférieur à ri (figure 1).

On a donc montré que pour tout i ∈ I il existe un indice j ∈ J tel que Dj ⊂ Di et

x C
i C
i
C
j

O
j
C
j
O
O j
i
O
i

O
k C
k

ri
rj ≤ .
2
ri
En partant d’un cercle arbitraire Ci0 , on construit donc Ci1 tel que Di1 ⊂ Di0 et ri1 ≤ 0 .
2
Par récurrence, on construit alors par ce procédé une suite (in )n∈N d’éléments de I telle
que :
ri
∀n ∈ N, Din+1 ⊂ Din , rin+1 ≤ n .
2
2. La suite (Din )n∈N est une suite de fermés
T emboîtés dans l’espace de Banach R2 dont le
diamètre tend vers 0. L’intersection Din est donc réduite à un point.
n∈N
T
3. Notons Din = {x} . Il existe un unique indice i ∈ I tel que x ∈ Ci . Les cercles Ci et
n∈N
Cin étant disjoints, quel que soit l’entier n, on a nécessairement Di ⊂ Din et ri ≤ rin pour
tout n ∈ N, ce qui est impossible du fait que lim rin = 0 et ri > 0.
n→+∞
En conclusion, il n’est pas possible de recouvrir le plan affine euclidien par des cercles
disjoints.
136 Agrégation externe 1998. Épreuve 1

Partie II
1. Si les points p et q sont diamétralement opposés, alors C − {p, q} est la réunion disjointe
des cordes de C qui sont perpendiculaires au diamètre [p, q] (figure 1).
Dans le cas contraire, les tangentes à C en p et q respectivement se coupent en un point
r à l’extérieur de D et C − {p, q} est la réunion disjointe des cordes de C qui sont issues
de r (figure 1).
r

q
p
p q

2. Si les points p et q sont diamétralement opposés, alors S − {p, q} est la réunion disjointe
des cercles P ∩ S où P décrit l’ensemble des plans perpendiculaires au segment [p, q] et
rencontrant S − {p, q} .
Dans le cas contraire, les plans tangents à S en p et q respectivement se coupent en une
droite ∆ à l’extérieur de S et S − {p, q} est la réunion disjointe des cercles P ∩ S où P
décrit l’ensemble des plans contenant ∆ et rencontrant S − {p, q} .
³ ´
3. Soit O, − →ı ,−

 , k un repère orthonormé de E tel que − →ı dirige ∆ et O ∈ ∆. Pour tout
entier relatif m, on désigne par Cm le cercle de centre Om = (4m + 1, 0, 0) et de rayon
1 contenu dans le plan (O, −→ı ,−

 ) . ToutScercle C de centre O et de rayon r > 0 dans le

− →

plan (O, ı ,  ) coupe alors la réunion Cm en exactement deux points. En effet si le
m∈Z
rayon r du cercle C n’est pas un entier pair, alors C coupe l’un des Cm en deux points
symétriques par rapport à ∆ et si r est un entier pair le cercle C est tangent à 2 cercles
de la famille (figure 3).
On en déduit
S que toute sphère centrée en O dans l’espace affine euclidien E rencontre la
réunion Cm en exactement deux points.
m∈Z

S sphères Sr de centre O et de
4. L’espace affine euclidien E privé de O est réunion disjointe des
rayon r > 0. Pour tout réel r > 0, Sr rencontre la réunion Cm en deux points pr , qr et
µ m∈Z ¶ µ ¶
S S
considérant que O ∈ C0 , on en déduit la partition E = Cm ∪ (Sr − {pr , qr }) .
m∈Z r>0
Chaque Sr − {pr , qr } étant réunion disjointe de cercles, on en déduit que l’espace affine
euclidien E est réunion disjointe de cercles.
Corrigé 137

C'

C C
0 1
C
-1

Partie III
1. On désigne par B = (e1 , · · · , en ) la base canonique de Rn et par C1 , · · · , Cn les colonnes
de la matrice M (ce sont des vecteurs de Rn ). Si M ∈ GLn (R) alors le système C =
(C1 , · · · , Cn ) est une base de Rn et on peut lui appliquer le procédé de Gram-Schmidt. Il
existe donc une base orthonormée B0 = (f1 , · · · , fn ) de Rn telle que Vect {f1 , · · · , fk } =
Vect {C1 , · · · , Ck } pour tout k ∈ {1, · · · , n} ce qui entraîne que la matrice de passage
T1 de la base C à la base B0 est triangulaire supérieure et la matrice de passage Ω de la
base canonique B à la base B0 est orthogonale. En considérant que M est la matrice de
passage de la base canonique B à la base C, on a (relation de Chasles pour les matrices
de passage) :
M = PB,C = PB,B0 PB0 ,C = ΩT1−1 = ΩT2 ,
avec Ω orthogonale et T2 triangulaire supérieure. En considérant que les termes diagonaux
de T2 sont les :
tjj = hCj | fj i (1 ≤ j ≤ n),
on déduit que T2 est à termes diagonaux strictement positifs, si on a de plus les conditions
hCj | fj i > 0 pour tout j compris entre 1 et n.
S’il existe deux décompositions M = ΩT2 et M = Ω0 T20 avec Ω, Ω0 orthogonales et T2 , T20
triangulaires supérieures alors la matrice ∆ = T20 T2−1 = t Ω0 Ω est triangulaire supérieure
orthogonale et ∆−1 = t ∆ est à la fois triangulaire supérieure et inférieure, elle est donc
diagonale, et orthogonale. Les termes diagonaux de ∆ sont donc égaux à ±1. Si on suppose
de plus que T2 et T20 sont à termes diagonaux strictement positifs il en est de même de
∆ et nécessairement ∆ = In ce qui donne T2 = T20 et Ω = Ω0 . D’où l’unicité de la
décomposition.
Enfin, en désignant par D la matrice diagonale de termes diagonaux tii , pour 1 ≤ i ≤ n,
(les termes diagonaux de T2 ) et en notant T = D−1 T2 , K = Ω, on a la décomposition
d’Iwasawa M = KDT.
2. Une matrice M ∈ Mn (Z) est inversible dans Mn (Z) si et seulement si son déterminant
est inversible dans Z (M −1 = (det (M))−1 t C, où C ∈ Mn (Z) est la comatrice de M), ce
qui équivaut à det (M) ∈ {−1, 1} .
138 Agrégation externe 1998. Épreuve 1

3. On rappelle le résultat suivant : si H est un sous-groupe d’un groupe G, alors H est


distingué si et seulement si il existe une structure de groupe sur l’ensemble quotient G/H
des classes à gauche modulo H telle que la surjection canonique π : G → G/H soit un
morphisme de groupes.
Si n = 1, alors GL1 (R) = R∗ et GL1 (Z) = {−1, 1} est un sous-groupe distingué de R∗ , on
peut alors munir l’ensemble quotient H1 = GL1 (R) /GL1 (Z) d’une structure de groupe
et π1 est un morphisme de groupes de GL1 (R) sur H1 .
Si n ≥ 2 et si Hn est muni d’une structure de groupe telle que πn soit un morphisme de
groupes de GLn (R) sur Hn , alors GLn (Z) = ker (πn ) est distingué dans GLn (R) , ce qui
est faux comme le montre l’exemple de :
   
1 1 0 a b 0
A =  1 1 0  ∈ GLn (Z) , M =  c d 0  ∈ GLn (R)
0 0 In−2 0 0 In−2

avec ad − bc = 1, qui donne :


 
1 + cd d2 0
A−1 MA =  −c2 1 − dc 0  ∈ / GLn (Z)
0 0 In−2
µ ¶ µ ¶
a b 2 π
pour une infinité de valeurs de a, b, c, d (par exemple = ).
c d 0 0.5
4. On note αn l’application qui à M ∈ GLn (R) associe le réseau Γ = M (Zn ) .
Si M, N dans GLn (R) ont même classe modulo GLn (Z) , il existe alors une matrice
P dans GLn (Z) telle que M = NP et avec P (Zn ) ⊂ Zn , on déduit que M (Zn ) =
N (P (Zn )) ⊂ N (Zn ) , puis avec P −1 (Zn ) ⊂ Zn , que N (Zn ) = M (P −1 (Zn )) ⊂ M (Zn ) .
On a donc M (Zn ) = N (Zn ) . On peut donc définir l’application βn de Hn dans Rn par
βn ([M]) = M (Zn ) pour tout M ∈ GLn (R) et on a αn = βn ◦ πn , c’est-à-dire que le
diagramme :
α
GLn (R) →n Rn
βn
πn ↓ %
Hn
est commutatif.
Montrons que cette application βn est injective. Si [M] , [N] dans Hn sont telles que
βn ([M]) = βn ([N]) , on a alors M (Zn ) = N (Zn ) , soit N −1 M (Zn ) = Zn . En posant P =
N −1 M et en désignant par B = (e1 , · · · , en ) la base canonique de Rn , on a fi = P (ei ) ∈ Zn
pour tout i compris entre 1 et n, ce qui signifie que la matrice P est à coefficients entiers
(les fi sont les colonnes de P ). De manière analogue, on voit que P −1 = M −1 N est à
coefficients entiers. On a donc P ∈ GLn (Z) et [M] = [N] . D’où l’injectivité de βn .
Montrons enfin que βn est surjective. Soient Γ ∈ Rn un réseau de Rn et B0 = (f1 , · · · , fn )
une Z-base de ce réseau. En notant M la matrice de passage de la base canonique B de
Rn à B0 , on a βn ([M]) = M (Zn ) = Γ. D’où la surjectivité de βn .
L’application βn réalise donc une bijection de Hn sur Rn .
5. On note δn l’application qui à M ∈ GLn (R) associe |det (M)| .
Si M, N dans GLn (R) ont même classe modulo GLn (Z) , il existe alors une matrice
P ∈ GLn (Z) telle que M = NP et δn = |det (M)| = |det (N)| . On peut donc définir
l’application µn de Hn dans R∗+ par µn ([M]) = |det (M)| pour tout M ∈ GLn (R) et
Corrigé 139

on a δn = µn ◦ πn . Ce qui permet de définir l’application ν de Rn dans R∗+ par ν (Γ) =


µn (βn−1 (Γ)) , ce qui donne le diagramme commutatif :
n δ
GLn (R) → R∗+
µn
πn ↓ % ↑ν
βn
Hn → Rn

Pour tout réseau Γ ∈ Rn de Z-base B0 = (f1 , · · · , fn ) , on a :


¡ ¢
ν (Γ) = µn βn−1 (Γ) = µn ([M]) = |det (M)| ,

où M est la matrice de passage de la base canonique B de Rn à B0 et ν (Γ) est le volume


du parallélotope : ( n )
X
Λ= λi fi | 0 ≤ λi ≤ n .
i=1

En effet, on a : Z Z
vol (Λ) = dy = |det (M)| dx = |det (M)| ,
Λ Π
½ ¾
P
n
par le changement de variable y = M (x) , où x ∈ Π = λi ei | 0 ≤ λi ≤ n .
i=1
6. Soient Γ ∈ Rn et B = (f1 , · · · , fn ) une Z-base de ce réseau. On note (f1∗ , · · · , fn∗ ) la base
0

duale de la base B0 de Rn . Chaque application fi∗ est continue de Rn dans R, donc pour
tout compact K de Rn , fi∗ (K) est un compact de R et fi∗ (K) ∩ Z est fini de cardinal ni .
Qn
Il en résulte que K ∩ Γ est fini de cardinal au plus égal à ni . En effet si x ∈ K ∩ Γ,
i=1
alors pour tout i compris entre 1 et n, fi∗ (x) ∈ fi∗ (K) ∩ Z ne prend que ni valeurs. Il en
résulte qu’une boule de Rn ne contient qu’un nombre fini d’éléments de Γ.
7. Soit Γ = βn ([M]) = M (Zn ) le réseau associé à [M] par la bijection βn : Hn → Rn
(question III. 4.) Pour tout N ∈ M = [M] , on a N = MP avec P ∈ GLn (Z) et :

ϕ (N) = kN (e)k = kMP (e)k .

L’ensemble ϕ (M) = {kMP (e)k | P ∈ GLn (Z)} étant minoré non vide dans R+ admet
une borne inférieure m = inf kMP (e)k et il s’agit de montrer que cette borne est
P ∈GLn (Z)
atteinte. Pour tout P ∈ GLn (Z) , on a P (e) = P (e1 ) ∈ Zn et MP (e) ∈ M (Zn ) = Γ. On
a donc Γ0 = {MP (e) | P ∈ GLn (Z)} ⊂ Γ.
D’autre part, par définition de la borne inférieure il existe des matrices P ∈ GLn (Z) telles
que m ≤ kMP (e)k < m + 1, c’est-à-dire que l’intersection Γ0 ∩ B (0, m + 1) est non vide.
Mais cette intersection est contenue dans Γ∩B (0, m + 1) qui est finie (question III. 6.), il
n’y a donc qu’un nombre fini de matrices P ∈ GLn (Z) telles que m ≤ kMP (e)k < m + 1
et il en existe nécessairement une telle que kMP (e)k = m, ce qui signifie que ϕ atteint
sa borne inférieure sur M.
8. Pour M = KDT dans GLn (R) , on a :

ϕ (M) = kKDT (e)k = kD (T (e))k = kD (e)k = d1 (M)

(K est orthogonale).
140 Agrégation externe 1998. Épreuve 1

9. Si M = KDT dans GLn (R) est minimale, alors :


ϕ (M) = d1 (M) ≤ ϕ (MA) = ϕ (KDT A) = ϕ (DT A)
pour tout A ∈ GLn (Z) . En prenant, pour n ≥ 2 :
 
a b 0
A= c d 0 
0 0 In−2
dans GLn (Z) , on a :
ϕ (DT A) = kDT (A (e))k = kDT (ae1 + be2 )k
= k(a + c t12 (M)) d1 (M) e1 + c d2 (M) e2 k
et :
d1 (M)2 ≤ (a + c t12 (M))2 d1 (M)2 + c2 d2 (M)2 .
µ ¶ µ ¶
a b a 1
Prenant = ∈ GL2 (Z) , on obtient :
c d 1 0
d1 (M)2 ≤ (a + t12 (M))2 d1 (M)2 + d2 (M)2
pour tout a ∈ Z. Et avec a = −p, où p est l’entier le plus proche de t12 (M) , on a
1
|a + t12 (M)| ≤ , de sorte que :
2
1
d1 (M)2 ≤ d1 (M)2 + d2 (M)2
4
2
et d1 (M) ≤ √ d2 (M) .
3
10. (a) On a : µ ¶
d1 (M) 1
DT =
0 T1
avec 1 ∈ M1,n−1 (R) et T1 ∈ GLn−1 (R) triangulaire supérieure de termes diagonaux
d2 (M) , · · · , dn (M) . L’hypothèse de récurrence πn−1 (Tn−1 ) = Hn−1 nous dit qu’il
existe une matrice M 0 ∈ Tn−1 telle µ que ¶ [T1 ] = [M 0 ] , c’est-à-dire M 0 = T1 B avec
1 0
B ∈ GLn−1 (Z) . En posant A = , on a :
0 B
µ ¶
d1 (M) 2
DT A = ,
0 M0
avec M 0 ∈ Tn−1 et 2 = (b2 , · · · , bn ) ∈ M1,n−1 (R) .
(b) En notant M 0 = K 0 D0 T 0 la décomposition d’Iwasawa de M 0 , on a :
µ ¶
d1 (M) 2
MA = KDT A = K
0 K 0 D0 T 0
µ ¶µ ¶µ 1 ¶
1 0 d1 (M) 0 1 d1 (M) 2
=K
0 K0 0 D0 0 T0
et la décomposition d’Iwasawa de MA est MA = K 00 D00 T 00 , avec :
µ ¶ µ ¶ µ ¶
00 1 0 00 d1 (M) 0 00 1 d1b(M)
2
, · · · , d1b(M)
n
K =K , D = , T = .
0 K0 0 D0 0 T0
Corrigé 141

11. On procède par récurrence sur n ≥ 2.


Pour n = 2, soit M ∈ H2 et M un représentant minimal de M (question III. 7.). D’après
III. 9. on a M ∈ T2 , donc M = [M] = π2 (M) ∈ π2 (T2 ) . On a donc H2 = π2 (T2 ) .
Supposons le résultat acquis au rang n − 1 ≥ 2. Soit M ∈ Hn et M un représentant
minimal de M (question III. 7.). On associe à cette matrice M une matrice A ∈ GLn (Z)
comme en III. 10. a. On a ϕ (M) = d1 (M) = d1 (MA) = ϕ (MA) , donc MA est
2
un représentant minimal de M et d1 (MA) ≤ √ d2 (MA) d’après III. 9. di (MA) ≤
3
2
√ di+1 (MA) pour i compris entre 2 et n par hypothèse de récurrence (d’après III. 10.
3
b. on a di (MA) = di−1 (M 0 ) pour i = 2, · · · , n avec M 0 ∈ Tn−1 ), c’est-à-dire que MA ∈ Tn
et M = [MA] = πn (MA) ∈ πn (Tn ) . On a donc Hn = πn (Tn ) .
12. De III. 6. on déduit que le minimum m (Γ) est atteint sur Γ − {0} et m (Γ) > 0, donc
γ (Γ) > 0. Le réseau Γ peut s’écrire Γ = βn (M) = M (Zn ) (question III. 4.) où M est
un représentant minimal de M dans Tn (question III. 11.) et :

m (Γ) = inf kMxk ≤ kMek = ϕ (M) = d1 (M) .


x∈Zn −{0}

2
D’autre part, avec 0 < di (M) ≤ √ di+1 (M) et :
3
Y
n
ν (Γ) = |det (M)| = |det (KDT )| = |det (D)| = di (M) ,
i=1

on déduit que :
µ ¶i−1
2 2
m (Γ) ≤ d1 (M) ≤ √ d2 (M) ≤ · · · ≤ √ di (M)
3 3
pour tout i compris entre 1 et n et en faisant le produit de ces inégalités :
µ ¶1+···+(n−1) Y
n µ ¶ n(n−1)
2 2 2
m (Γ)n ≤ √ di (M) = √ ν (Γ) ,
3 i=1
3
µ ¶n−1
2
ce qui donne 0 < γ (Γ) ≤ √ .
3
13. Pour Γ = Zn , on a : mÃ(Γ) = 1,!ν (Γ) = vol (Π) = 1 et γ (Γ) = 1.
√ ¯ ¯ √
1 3 ¯ 1 12 ¯
Pour Γ = Z (1, 0) ⊕ Z , , on a ν (Γ) = vol (Π) = ¯¯ √ ¯ = 3 et γ (Γ) = √2
2 2 0 23 ¯ 2 3
(figure 13).
14. Soit M ∈ Hn et M = KDT (décomposition d’Iwasawa) un représentant de M dans Tn
(question 11.).
On rappelle que si Tij (λ) = In − λEij (où (Eij )1≤i,j≤n est la base canonique de Mn (R))
est une matrice de transvection avec 1 ≤ i < j ≤ n, alors la matrice Mij (λ) = MTij (λ) se
déduit de M en retranchant à la colonne j la colonne i multipliée par λ. Si de plus λ ∈ Z
alors Tij (λ) ∈ GLn (Z) et Mij (λ) est encore un représentant de M de décomposition
d’Iwasawa (K, D, T Tij (λ)) , donc Mij (λ) ∈ Tn .
142 Agrégation externe 1998. Épreuve 1

1 1

Π Π
1 1

En prenant pour λ l’entier le plus proche de tn−1,n (M) , on a N = Mn−1,n (λ) = M Tn−1,n (λ) ∈
M ∩ Tn , avec :
1
|tn−1,n (N)| = |tn−1,n (M) − λ| ≤ .
2
En prenant pour λ l’entier le plus proche de tn−2,n (N) , on a N 0 = N Tn−2,n (λ) ∈ M ∩ Tn ,
avec : 
 |tn−2,n (N 0 )| = |tn−2,n (N) − λ| ≤ 1 ,

2
 1
 |tn−1,n (N )| = |tn−1,n (N) − 0| = |tn−1,n (N)| ≤ .
0
2
0 00 0
Avec λ l’entier le plus proche de tn−2,n−1 (N ) , on a N = N Tn−2,n−1 (λ) ∈ M∩Tn , avec :

 |tn−2,n−1 (N 00 )| = |tn−2,n−1 (N 0 ) − λ| ≤ 1 ,

2
 1 1
 |tn−2,n (N 00 )| = |tn−2,n (N 0 )| ≤ , |tn−1,n (N 00 )| = |tn−1,n (N 0 )| ≤ .
2 2
En remontant ainsi de suite les lignes, on construit une matrice M 0 ∈ M ∩ Tn qui est telle
1
que |tij (M 0 )| ≤ pour 1 ≤ i < j ≤ n.
2
On a donc Hn = πn (Sn ) .

Partie IV

1. Un ouvert V de Rn s’écrit V = πn (U) , où U est un ouvert de GLn (R) et son image


réciproque dans GLn (R) par πn est :
[
πn−1 (V) = U · P,
P ∈GLn (Z)

avec, pour tout P ∈ GLn (Z) , U · P = {M · P | M ∈ U} ouvert dans GLn (R) (il est
homéomorphe à U). Il en résulte que πn−1 (V) est un ouvert de GLn (R) . On a donc ainsi
montré que l’application πn est continue de GLn (R) dans Rn .
Corrigé 143

Si Γ = M (Zn ) et Γ0 = M 0 (Zn ) sont deux réseaux distincts, alors [M] 6= [M 0 ] et MM 0 −1 ∈


/
−1 2
GLn (Z) . L’application (A, B) 7→ AB étant continue de GLn (R) dans GLn (R) et
l’ensemble GLn (Z) fermé dans GLn (R) , on déduit qu’il existe un voisinage U (resp. U 0 )
de M (resp. M 0 ) dans GLn (R) tel que :

∀(A, B) ∈ U × U 0 , AB −1 ∈
/ GLn (Z) ,

ce qui s’écrit aussi :


∀(A, B) ∈ U × U 0 , [A] 6= [B] .
C’est-à-dire que V = πn (U) et V 0 = πn (U 0 ) sont des ouverts de Rn qui séparent Γ et Γ0 .
L’espace Rn est donc séparé.
2. En notant δn l’application M 7→ |det (M)| , on a δn = ν ◦ πn . Cette application δn est
continue et donc, pour tout ouvert I de R, l’ensemble δn−1 (I) = πn−1 (ν −1 (I)) est ouvert
dans GLn (R) . On en déduit alors que l’ensemble ν −1 (I) = πn (δn−1 (I)) (πn est surjective)
est ouvert dans Rn . On a donc ainsi montré que l’application ν est continue de Rn dans
R.
3. Montrons tout d’abord que l’application ϕ définie sur GLn (R) par :

∀M ∈ R, ϕ (M) = inf kM (x)k


kxk=1

est continue. En effet, pour tous M, M 0 dans GLn (R) et x dans Rn de norme 1, on a :

kM (x)k ≤ k(M − M 0 ) (x)k + kM 0 (x)k ≤ kM − M 0 k + kM 0 (x)k ,

et donc :
ϕ (M) ≤ kM − M 0 k + kM 0 (x)k
qui entraîne :
ϕ (M) ≤ kM − M 0 k + ϕ (M 0 ) .
En permutant les rôles de M et M 0 , on aboutit à :

|ϕ (M) − ϕ (M 0 )| ≤ kM − M 0 k ,

ce qui entraîne la continuité de l’application ϕ.


Sur le compact U de GLn (R) l’application continue ϕ atteint donc sa borne inférieure c.
On a alors :
c = ϕ (M0 ) = inf kM (x)k = kM (x0 )k > 0
kxk=1

puisque M0 ∈ GLn (R) et kx0 k = 1.


On a donc kM (x)k ≥ ϕ (M) ≥ c pour tout M dans U et x dans Rn de norme 1, ce qui
entraîne :
kM (x)k ≥ c kxk ,
pour tout M ∈ U et x ∈ Rn .
4. Comme en IV.2. pour montrer la continuité de m, il suffit de montrer la continuité de
m ◦ πn de GLn (R) dans R. Cette application est définie par :

∀M ∈ GLn (R) , (m ◦ πn ) (M) = m (M (Zn )) = inf kM (x)k .


x∈Zn \{0}

L’intersection d’un réseau avec une boule fermée étant finie, on déduit que pour tout
M ∈ GLn (R) il existe x ∈ Zn \ {0} tel que (m ◦ πn ) (M) = kM (x)k .
144 Agrégation externe 1998. Épreuve 1

Soient M0 ∈ GLn (R) et x0 ∈ Zn \ {0} tel que (m ◦ πn ) (M0 ) = kM (x0 )k . Si pour ε > 0
donné, on désigne par Uε la boule fermée de centre M0 et de rayon ε dans GLn (R) , on a
alors pour tout M ∈ Uε :
kM (x0 )k ≤ k(M − M0 ) (x0 )k + kM0 (x0 )k
≤ kM − M0 k kx0 k + kM0 (x0 )k ≤ ε kx0 k + (m ◦ πn ) (M0 )
et donc :
(m ◦ πn ) (M) ≤ (m ◦ πn ) (M0 ) + ε kx0 k .
Pour M ∈ Uε et x ∈ Zn \ {0} tel que (m ◦ πn ) (M) = kM (x)k , on a :
kM0 (x)k ≤ k(M0 − M) (x)k + kM (x)k ≤ ε kxk + (m ◦ πn ) (M)
et :
(m ◦ πn ) (M) ≥ kM0 (x)k − ε kxk ≥ (m ◦ πn ) (M0 ) − ε kxk .
D’autre part, en notant c une constante telle que kM (y)k ≥ c kyk pour tout M ∈ Uε et
y ∈ Rn , on déduit que :
kM (x)k (m ◦ πn ) (M) (m ◦ πn ) (M0 ) + ε kx0 k
kxk ≤ = ≤ = α,
c c c
où α est une constante. Ce qui donne en définitive les inégalités, valables pour tout
M ∈ Uε : ½
(m ◦ πn ) (M) ≤ (m ◦ πn ) (M0 ) + ε kx0 k ,
(m ◦ πn ) (M) ≥ (m ◦ πn ) (M0 ) − εα.
Faisant tendre ε vers 0, on en déduit la continuité de m ◦ πn en M0 .
Enfin avec la continuité de l’application ν (à valeurs dans R+,∗ ), on déduit la continuité
de l’application γ de Rn dans R.
5. Soit Y une partie compacte de Sn . L’application :
d1 : M 7→ d1 (M) = ϕ (M) = kM (e)k
étant continue sur GLn (R) est minorée sur le compact Y et y atteint sa borne inférieure
α > 0 (d1 (M) > 0 pour tout M ∈ GLn (R)). D’autre part, si M ∈ Y a pour décomposition
d’Iwasawa M = KDT, alors kMk = kDT k du fait que la matrice K est orthogonale. On
a donc, en notant ρ (DT ) le rayon spectral de DT :
0 < dn (M) ≤ ρ (DT ) ≤ kDT k = kMk ≤ β
puisque Y est bornée.
Réciproquement supposons qu’il existe deux constantes strictement positives α, β telles
que d1 (M) ≥ α, dn (M) ≤ β pour tout M ∈ Y. On a alors pour tout entier i compris
entre 1 et n :
µ ¶n−i µ ¶n−1
2 2
di (M) ≤ √ β≤ √ β,
3 3
à √ !i−1 à √ !n−1
3 3
di (M) ≥ α≥ α.
2 2
1
Les éléments de Sn vérifiant |tij (M)| ≤ , on en déduit que Y est bornée dans Mn (R)
2
(on utilise kMk = kDT k). De plus Y est fermé dans GLn (R) avec di (M) > 0 pour tout
i compris entre 1 et n et tout M ∈ Y, il est donc également fermé dans Mn (R) . En
définitive Y est fermé borné dans Mn (R) , donc compact.
Corrigé 145

6. Soit P une partie compacte de Rn . L’image ν (P) est compacte dans R comme image
d’un compact par une application continue (question IV. 2.), elle est donc en particulier
majorée.
Avec la continuité de m de Rn dans R+,∗ , on déduit que m (P) est compacte dans R+,∗ et
en particulier, il existe un réel r > 0 tel que m (Γ) ≥ r pour tout Γ ∈ P, ce qui entraîne
Γ ∩ B (0, r) = {0} , où B (0, r) désigne la boule ouverte de centre 0 et de rayon r dans Rn .
Les condition (i) et (ii) sont donc vérifiées.
Réciproquement soit P une partie fermée de Rn vérifiant (i) et (ii) . Avec la continuité
de πn de GLn (R) dans Rn (identifié à Hn ), on déduit que l’ensemble Y = Sn ∩ πn−1 (P)
est fermé dans Sn avec πn (Y) = P (on a vu en III. 14. que πn (Sn ) = Hn w Rn ). Si
U est un voisinage ouvert de 0 dans Rn vérifiant (ii) , alors pour tout réel α > 0 tel que
B (0, α) ⊂ U, on a pour tout M dans Y.

∀M ∈ Y, d1 (M) = kM (e)k ≥ m (πn (M)) ≥ α,

(Γ = πn (M) ∈ P, donc Γ ∩ B (0, α) = {0} et m (Γ) = kM (x)k ≥ α). On a alors


à √ !i−1
3
di (M) ≥ α pour tout i compris entre 1 et n, et :
2
à √ ! (n−1)(n−2)
Y
n
3
2

ν (Γ) = ν (πn (M)) = di (M) ≥ αn−1 dn (M) ,


i=1
2

puis avec ν (P) majorée, on déduit qu’il existe une constante β > 0 telle que dn (M) ≤ β
pour tout M ∈ Y.
Enfin le résultat de IV. 5. nous permet de conclure à la compacité de Y et à celle de
P = πn (Y) comme image d’un compact par une application continue.
7. Il est clair que Im (γ 0 ) ⊂ Im (γ) .
1
Si Γ ∈ Rn , en notant Γ0 l’image de Γ par l’homothétie de rapport λ = p n
, on a
ν (Γ)
γ (Γ0 ) = λn γ (Γ) = 1, donc Γ0 ∈ R0n et :

m (Γ0 )2 2 m (Γ)2
γ (Γ0 ) = = m (Γ0 ) = λ2 m (Γ)2 = = γ (Γ) .
γ (Γ0 )2/n ν (Γ)n/2
On a donc bien l’égalité Im (γ 0 ) = Im (γ) .
8. La restriction γ 0 de l’application continue γ au fermé R0n = ν −1 {1} est continue sur R0n .
Si K est un compact de R+,∗ , alors P = γ 0 −1 (K) est fermé dans R0n , donc dans Rn , avec
ν (P) majoré (ν vaut 1 sur P). De plus, pour tout Γ ∈ P, γ 0 (Γ) = m (Γ)2 ∈ K est borné
dans R+,∗ , donc m (P) est minoré par une constante α > 0 et la condition (ii) de IV. 6.
est vérifiée. On peut donc conclure à la compacité de P dans R0n .
9. Les applications γ et γ 0 ayant la même image, on a :
2
γn = sup γ (Γ0 ) = sup γ 0 (Γ0 ) = sup m (Γ0 ) .
Γ0 ∈Rn Γ0 ∈R0n Γ0 ∈R0n

Cette borne supérieure existe et est strictement positive d’après les inégalités établies en
III. 12. ³h γ i´
n
L’ensemble P = γ 0 −1 , γn étant compact dans R0n (question IV. 8.), on en déduit
2
que l’application continue γ 0 atteint sa borne supérieure sur P en un réseau Γ ∈ R0n .
146 Agrégation externe 1998. Épreuve 1
9

Agrégation externe 1999. Épreuve 1

Ce problème est extrait de l’épreuve de Mathématiques générales du concours externe 1999.


L’épreuve complète est beaucoup trop longue pour être traitée en un temps raisonnable, j’ai
donc supprimé la partie IV (la majorité des candidats n’a travaillé que sur le préliminaire et
les deux premières parties).
Le thème de ce problème est l’étude de la géométrie des quadriques projectives complexes
ou réelles d’ordre maximale.
Ce problème ne nécessite pas vraiment de connaissances approfondies en géométrie projec-
tive, les définitions de base étant rappelées en introduction.
Une bonne assimilation du programme d’algèbre linéaire et bilinéaire est indispensable.
Les notions qu’il peut être utile de réviser sont les suivantes :
— dimension des espaces vectoriels ;
— formes quadratiques sur R ou C, vecteurs isotropes, réduction de Gauss, signature et rang ;
— formes bilinéaires alternées ;
— dualité ;
— actions de groupes ;
— bases de topologie générale.

9.1 Énoncé
Notations et définitions Si A et B sont deux ensembles, on note A − B l’ensemble des
éléments de A qui ne sont pas dans B.
Dans tout le problème, K désigne le corps R ou C. On fixe un entier n strictement positif
et un K-espace vectoriel V de dimension n + 1. On munit V de sa topologie d’espace
vectoriel normé. On note PV l’espace projectif associé à V, c’est à dire l’ensemble des
droites vectorielles de V, ou encore le quotient de V − {0} par la relation d’équivalence de
colinéarité. On note π : V − {0} → PV l’application quotient, qui à un vecteur non nul
x associe la droite engendrée par x. Soit d un entier ; on appelle sous-espace projectif de
PV de dimension d un sous-ensemble P de PV tel que π −1 (P ) ∪ {0} soit un sous-espace
vectoriel de V de dimension d + 1, que l’on notera alors toujours Pb. Les sous-espaces
projectifs de PV de dimension 0 sont donc les points de PV, ceux de dimension 1 sont
appelés droites projectives ou simplement droites, et ceux de dimension 2 plans projectifs
ou simplement plans.
Si q est une forme quadratique sur V, on appelle quadrique projective associée à q le sous-
ensemble Q = π ({x ∈ V − {0} | q (x) = 0}) de PV.
Soit m un entier vérifiant 0 ≤ 2m ≤ n + 1 ; on dit que q est de type m s’il existe une base

147
148 Agrégation externe 1999. Épreuve 1

B de V telle que, pour tout vecteur x de V de coordonnées (x0 , · · · , xn ) dans B, on ait :

q (x) = x0 xm + x1 xm+1 + · · · + xm−1 x2m−1 .

On dit qu’une telle base est adaptée à q. Si q est de type m, on dira aussi que Q est une
quadrique de type m.

Préliminaire

Dans toute cette partie, q désigne une forme quadratique sur V et Q la quadrique projective
associée.
1. Soient P un sous-espace projectif de PV de dimension d et P 0 un sous-espace projectif de
PV de dimension d0 .
(a) Si d + d0 ≥ n, montrer que P rencontre P 0 .
(b) Si P est disjoint de P 0 , montrer qu’il existe un unique sous-espace projectif de di-
mension d + d0 + 1 de PV qui contient P et P 0 .

2. (a) On suppose n = 1 ; si Q contient trois points distincts, montrer que Q = PV.


(b) On suppose n = 2 ; si Q contient une droite projective D, montrer que soit Q = PV,
soit il existe une droite projective D0 telle que Q = D ∪ D0 .
3. Soit D une droite de PV.
(a) Si D rencontre Q en au moins trois points, montrer que D est contenue dans Q.
(b) Si K = C, montrer que D rencontre Q.
4. Soit m un entier positif.
(a) Lorsque K = R, caractériser les formes quadratiques de type m à l’aide de leur
signature.
(b) Lorsque K = C, caractériser les formes quadratiques de type m à l’aide de leur rang.
5. On suppose n + 1 = 2m et q de type m.
(a) Déterminer la dimension maximale d’un sous-espace projectif de PV contenu dans
Q.
(b) Soit q 0 une forme quadratique sur V dont la quadrique associée contient Q. Montrer
que q0 est proportionnelle 0
µ à q (on¶pourra montrer que la matrice de q dans une base
0 A
de V adaptée à q est t , où A est une matrice carrée d’ordre m, puis que
A 0
A est diagonale, puis que A est multiple de l’identité).

Première Partie
Droites projectives contenues dans une quadrique de type 2

On suppose dans cette partie n = 3. Soient D1 , D2 et D3 des droites de PV deux à deux


disjointes.
Énoncé 149

1. Montrer que par chaque point x de D1 , il passe une unique droite qui rencontre D2 et D3 .
On la notera Dx .
2. Soient x et y des points distincts sur D1 . Montrer que Dx ne rencontre pas Dy .
3. (a) Montrer qu’il existe une base B = (e0 , e1 , e2 , e3 ) de V telle que D c2 soit le sous-
espace vectoriel de V engendré par e0 et e1 , que D c3 soit le sous-espace vectoriel de
c1 soit le sous-espace vectoriel de V engendré par
V engendré par e2 et e3 , et que D
e0 − e3 et e1 + e2 .
(b) On définit une forme quadratique q sur V en posant q(x) = x0 x2 + x1 x3 pour
tout vecteur x de coordonnées (x0 , · · · , x3 ) dans la base B. On note Q la quadrique
projective associée. Montrer que pour tout x dans D1 , la droite Dx est contenue dans
Q.
S
(c) Montrer l’égalité Q = Dx (si y ∈ Q − D1 , on pourra considérer l’intersection de
x∈D1
Q avec le plan contenant y et D1 )
b⊥ l’orthogonal
b la droite vectorielle de V associée. On note x
4. Soient x un point de Q et x
⊥ ⊥
b pour q, et x le plan projectif associé π(b
de x x − {0}).
(a) Montrer que toute droite projective passant par x et contenue dans Q est contenue
dans x⊥ .
b⊥ ?
(b) Quel est le rang de la restriction de q à x
(c) Montrer qu’exactement deux droites contenues dans Q passent par x.
5. On note P + l’ensemble des droites contenues dans Q qui sont du type Dx , pour x ∈ D1 ,
et P − l’ensemble des droites contenues dans Q qui ne sont pas de ce type.
(a) Montrer que par chaque point de Q, il passe exactement une droite de P + et une
droite de P − . En déduire que deux droites distinctes de P + (respectivement de P − )
sont disjointes.
(b) Montrer que chaque droite de P + rencontre chaque droite de P − .
6. Soient D1 , D2 , D3 et D4 des droites de PV deux à deux disjointes. Montrer que l’on est
dans l’un des quatre cas suivants, et que chacun de ces cas peut se produire, à l’exception
du premier lorsque K = C :
— aucune droite ne rencontre D1 , D2 , D3 et D4 ;
— exactement une droite rencontre D1 , D2 , D3 et D4 ;
— exactement deux droites rencontrent D1 , D2 , D3 et D4 ;
— une infinité de droites rencontrent D1 , D2 , D3 et D4 .

Deuxième Partie
Plans projectifs contenus dans une quadrique de type 3

Soit d un entier vérifiant 0 ≤ d ≤ n. On note Gd l’ensemble des sous-espaces projectifs de


PV de dimension d (c’est-dire aussi l’ensemble des sous-espaces vectoriels de V de dimension
d + 1). En particulier, G0 = PV. On note GL(V ) le groupe des automorphismes linéaires de
V ; c’est un sous-ensemble de l’espace vectoriel des endomorphismes de V, que l’on munit de la
topologie induite
1. Soit W un sous-espace vectoriel de V de dimension d + 1.
150 Agrégation externe 1999. Épreuve 1

(a) On définit une application ρW : GL(V ) 7→ Gd en associant à un élément g de GL(V )


le sous-espace projectif de PV associé au sous-espace vectoriel g(W ) de V. Montrer
que ρW est surjective.
(b) On munit Gd de la topologie dont les ouverts sont les sous-ensembles U de Gg tels
que ρ−1
W (U) soit ouvert dans GL(V ). Montrer que cette topologie est indépendante
du choix de W et que ρW est continue pour cette topologie.
2. Soit M un sous-espace vectoriel de V de dimension n − d. Montrer que

UM = {P ∈ Gd | Pb ∩ M = {0}}

est un ouvert de Gd homéomorphe à K(d+1)(n−d) (on pourra introduire un supplémentaire


W de M dans V, et considérer l’application ρW associée).
3. On fixe une base (e0 , ..., en ) de V. Notons I l’ensemble des parties à n − d éléments de
{0, · · · , n} . Pour tout I dans I, onSnote MI le sous-espace vectoriel de V engendré par
{ei | i ∈ I}. Montrer l’égalité Gd = UMI .
I∈I
4. Montrer qu’une partie A de Gd est ouverte (respectivement fermée) si et seulement si,
pour tout I dans I, l’ensemble A ∩ UMI est ouvert (respectivement fermé) dans UMI .
5. On note V ∗ l’espace vectoriel dual de l’espace vectoriel V et A (V ∗ ) l’espace vectoriel
des formes bilinéaires alternées sur V ∗ . On note enfin PA (V ∗ ) l’espace projectif associé à
A (V ∗ ) .
(a) Quelle est la dimension de A (V ∗ ) ?
(b) Montrer que le déterminant d’une matrice carrée antisymétrique d’ordre impair est
nul.
(c) Montrer que toute forme bilinéaire alternée sur V ∗ est de rang pair.
(d) Soient D un élément de G1 et (d1 , d2 ) une base de D. b On associe à D la forme
bilinéaire
V∗×V∗ → K
(l1 , l2 ) 7→ l1 (d1 ) l2 (d2 ) − l1 (d2 ) l2 (d1 )
Montrer que l’on définit ainsi une application κ : G1 7→ PA (V ∗ ) , puis que κ est
injective.
(e) Caractériser les points de l’image de κ. Décrire l’application réciproque :

κ−1 : κ (G1 ) 7→ G1 .

Dans toute la suite de cette partie, on suppose n = 3.


6. Soit A = (aij )1≤i,j≤4 une matrice antisymétrique à coefficients dans K. Déterminer un
polynôme homogène en les coefficients a12 , a13 , a14 , a23 , a24 , a34 dont le carré soit le déter-
minant de A. En déduire que l’image de κ, est une quadrique Q de type 3 dans PA (V ∗ ) .
7. Soient x un point de PV et P un plan dans PV. On note Πx = κ({D ∈ G1 | x ∈ D}) et
ΠP = κ({D ∈ G1 / D ⊂ P }).
(a) Montrer que Πx est un plan dans PA (V ∗ ) .
(b) Montrer que ΠP est un plan dans PA (V ∗ ) .
(c) Montrer que Πx ∩ ΠP est vide si x ∈
/ P, et que c’est une droite projective sinon.
Énoncé 151

8. Soient ω1 et ω2 des formes bilinéaires alternées dégénérées sur V ∗ . Montrer que les pro-
priétés suivantes sont équivalentes :
(i) la forme bilinéaire alternée ω1 + ω2 est non dégénérée ;
(ii) V ∗ = ker (ω1 ) ⊕ ker (ω2 ) .
9. En déduire que toute droite contenue dans Q est une intersection Πx ∩ ΠP , où P est un
plan dans PV et x un point de P .
10. Montrer que tout plan contenu dans Q est soit du type Πx , avec x ∈ PV, soit du type ΠP ,
où P est un plan dans PV.
11. On obtient ainsi une partition de l’ensemble des plans contenus dans Q en deux sous-
ensembles. Montrer que l’intersection de deux de ces plans est de dimension paire si et
seulement s’ils sont dans le même sous-ensemble (on rappelle que conformément à nos
conventions, l’ensemble vide est un sous-espace projectif de PV de dimension −1).

Troisième Partie
Espaces projectifs contenus dans une quadrique de type m

Dans toute cette partie, on suppose qu’il existe un entier m tel que n = 2m − 1 et l’on fixe
une forme quadratique q de type m sur V ainsi qu’une base B = (e0 , · · · , e2m−1 ) de V adaptée à
q (cf. Notations et définitions). On note Q la quadrique projective associée à q et P l’ensemble
des sous-espaces projectifs de PV de dimension m − 1 contenus dans Q ; c’est un sous-ensemble
de l’espace topologique Gm−1 défini dans la première question de la partie précédente.
1. Montrer que P est fermé dans Gm−1 .
2. Soit I une partie de {0, · · · , m − 1} . On pose I C = {0, · · · , m − 1} − I. Soit NI le
sous-espace vectoriel de V engendré par les vecteurs (ei )i∈I et (em+i )i∈I C . On note uI
l’automorphisme de V défini par uI (ei ) = em+i et uI (em+i ) = ei si i ∈ I, et uI (ei ) = ei et
uI (em+i ) = em+i si i ∈ I C de sorte que NI = uI (N∅ ). En particulier, u∅ est l’identité de V.
(a) Montrer que P ∩ UN∅ est homéomorphe à Km(m−1)/2 .
(b) Montrer que l’application vI : Gm−1 7→ Gm−1 qui à un sous-espace projectif P de
PV de dimension m − 1 associe le sous-espace projectif uI (P ), est un homéomor-
phisme. Déterminer vI (P ∩ UN∅ ).
(c) Montrer que P est contenu dans la réunion des UNI , lorsque I parcourt l’ensemble
des parties de {0, · · · , m − 1} .
(d) Montrer que P ∩ UN∅ ∩ UNI est vide si et seulement si le cardinal de I est impair.
(e) Soient I et J des parties de {0, · · · , m − 1} ; déterminer uI (NJ ). En déduire une
condition nécessaire et suffisante sur I et J pour que P ∩ UNI ∩ UNJ soit vide.
3. En déduire que P est réunion disjointe de deux sous-ensembles fermés connexes homéo-
morphes notés P + et P − , et que deux sous-espaces projectifs de dimension m−1 contenus
dans Q sont dans le même sous-ensemble P + ou P − si et seulement si la dimension de
leur intersection a même parité que m − 1.
4. Soit P1 un sous-espace projectif de PV de dimension m − 2 contenu dans Q. Montrer qu’il
existe un unique élément de P + contenant P1 et un unique élément de P − contenant P1 .
152 Agrégation externe 1999. Épreuve 1

9.2 Corrigé
Préliminaire

On note ϕ la forme polaire de la forme quadratique q.


1.
(a) Si P est un sous-espace projectif de PV de dimension d et P 0 un sous-espace projectif
de PV de dimension d0 , alors Pb = π −1 (P ) ∪ {0} est un sous-espace vectoriel de V
de dimension d + 1 et cP 0 = π −1 (P 0 ) ∪ {0} est de dimension d0 + 1 et :
³ ´ ³ ´ ³ ´ ³ ´
dim Pb ∩ cP 0 = dim Pb + dim c P 0 − dim Pb + cP0
≥ d + 1 + d0 + 1 − (n + 1) ≥ 1.

En conséquence P rencontre P 0 .
(b) Si P ∩ P 0 = ∅, alors Pb ∩ c c00 = Pb ⊕ c
P 0 = {0} , donc P P 0 est un sous espace vectoriel de
V de dimension d + d0 + 2 et l’espace projectif associé P 00 est un sous-espace projectif
de PV de dimension d + d0 + 1 qui contient P et P 0 . Réciproquement, si P 00 est un
sous-espace projectif de PV de dimension d+d0 +1 0
³ qui´ contient P et P , alors
³ l’espace
´
c
vectoriel associé P contient P ⊕ P et avec dim P = d + d + 2 = dim Pb ⊕ c
00 b c 0 c00 0
P0 ,
c00 = Pb ⊕ P
on a l’égalité P c0 .

2. (a) Si Q contient trois points distincts D1 , D2 , D3 avec D cj = Kej−1 pour j = 0, 1, 2 alors


e0 et e1 sont linéairement indépendants, ils forment donc une base de V qui est de
dimension 2 et e2 = λ0 e0 + λ1 e1 avec λ0 6= 0, λ1 6= 0. De plus avec Dj ∈ Q, on
déduit que q (e0 ) = q (e1 ) = 0 et q (e2 ) = 2λ0 λ1 ϕ (e0 , e1 ) = 0, donc ϕ (e0 , e1 ) = 0 et
la matrice de q dans la base {e0 , e1 } est nulle. On a donc q = 0 et Q = PV.
(b) Si Q contient une droite projective D avec D b = Ke0 ⊕ Ke1 , on peut alors prolonger
le système libre {e0 , e1 } en une base {e0 , e1 , e2 } de V et la matrice de q dans cette
base est de la forme :  
0 0 a
A =  0 0 b ,
a b c
1
(on a q (e0 ) = q (e1 ) = 0 et ϕ (e0 , e1 ) = (q (e0 + e1 ) − q (e0 ) − q (e1))). On a donc
2
P2
pour tout x = xi ei ∈ V :
i=0
  
¡ ¢ 0 0 a x0
q(x) = x0 x1 x2  0 0 b   x1  = x2 (2ax0 + 2bx1 + cx2 )
a b c x2
¡ ¢
Si a b c = 0, alors q est nulle et Q = PV, sinon Q est l’union de la droite
projective D associée au plan vectoriel d’équation x2 = 0 et de la droite projective
D0 associée au plan vectoriel d’équation 2ax0 + 2bx1 + cx2 = 0.
3. (a) Si D rencontre Q en au moins trois points distincts, en notant q0 la restriction de q
àDb et Q0 la quadrique projective correspondante, alors Q0 = D ∩ Q a au moins trois
points distincts et avec 2. (a) on déduit que Q0 = PDb = D et D ⊂ Q.
Corrigé 153

(b) Il s’agit de montrer que tout plan P de l’espace vectoriel complexe V contient un
vecteur non nul isotrope pour q. En notant q 0 la restriction de q au plan P, le
théorème de réduction des formes quadratiques complexes en dimension finie nous
dit qu’il existe une base de P dans laquelle q0 s’écrit :
q 0 (x) = ax20 + bx21 ,
avec (a, b) ∈ C2 . Si q 0 = 0 tout vecteur est isotrope, sinon en écrivant a = α2 et
b = β 2 , avec (α, β) ∈ C2 , on a q 0 (β, iα) = 0 et x = (β, iα) est un vecteur non nul
isotrope pour q 0 .
On a donc ainsi montré que sur C toute droite projective rencontre la quadrique
projective Q.
4. (a) Si q est une forme quadratique réelle de type m, alors son expression dans une base
{e0 , · · · , en } de V est :
X
m−1
1 X¡
m−1
¢
q (x) = xi xm+i = (xi + xm+i )2 − (xi − xm+i )2 ,
i=0
4 i=0

les formes linéaires xi ± xm+i étant linéairement indépendantes dans V ∗ . La forme


quadratique q est donc de signature (m, m) .
Réciproquement, si q est de signature (m, m) , alors son expression dans une base
{ε0 , · · · , εn } de V est :
X
m−1 X
m−1 X
m−1
q (x) = x2i − x2m+i = (xi + xm+i ) (xi − xm+i )
i=0 i=0 i=0

et dans la base {e0 , · · · , en } de V définie par



 ei = 12 (εi + εm+i ) (0 ≤ i ≤ m − 1)
em+i = 12 (εi − εm+i ) (0 ≤ i ≤ m − 1) ,

e2m+i = ε2m+i (0 ≤ i ≤ n − 2m)
P
m−1
son expression est q (x) = yi ym+i , ce qui signifie que q est de type m.
i=0
En définitive les formes quadratiques réelles de type m, sont celles de signature
(m, m) .
(b) De manière analogue au (a) on voit que les formes quadratiques complexes de type
m, sont celles de rang 2m.
5. Si 2m = n + 1, alors la forme quadratique q est de rang n + 1 = dim (V ) et donc non
dégénérée.
(a) Si W est un sous-espace projectif de PV contenu dans Q, alors q est nulle sur le
c et W
sous-espace vectoriel associé W c⊂W c⊥ , ce qui entraîne :
³ ´ ³ ´ ³ ´
dim W c ≤ dim W c⊥ = n + 1 − dim W c
³ ´ n+1
c ≤
(puisque q est non dégénérée), soit dim W = m.
2
c = L Kei est totalement isotrope si {e0 , · · · , en } est une base
m−1
En remarquant que W
i=0
c et m − 1 est la
de V adaptée à q, on déduit que m est la dimension maximale de W
dimension maximale d’un sous-espace projectif de PV contenu dans Q.
154 Agrégation externe 1999. Épreuve 1

(b) Soit B = {e0 , · · · , en } une base de V adaptée à q.


L
m−1 L
m−1
Les sous-espaces vectoriels Kei et Kem+i sont totalement isotropes pour q,
i=0 i=0
donc pour q 0µpuisque Q¶⊂ Q0 , et en conséquence la matrice de q 0 dans cette base est
0 A
de la forme t , où A ∈ Mm (K) . Pour j − i 6= m, avec 0 ≤ i, j ≤ m − 1,
A 0
on a :
1
aij = (q 0 (ei + em+j ) − q 0 (ei − em+j )) = 0
4
puisque q (ei ± em+j ) = 0 et Q ⊂ Q0 . La matrice A est donc diagonale. Enfin pour
0 ≤ i < j ≤ m − 1, le vecteur ei + em+i + ej − em+j est q-isotrope, donc q 0 -isotrope
et en notant ϕ0 la forme polaire de q 0 on a :

aii = ϕ0 (ei , em+i ) = ϕ0 (ej , em+j ) = ajj .


µ ¶
0 Im
On a donc A = λJm , où Jm = est la matrice de q dans B, ce qui donne
Im 0
q 0 = λq.

Première Partie
Droites projectives contenues dans une quadrique de type 2

1. Soit x ∈ D1 avec xb = Ke. Supposons que D soit une droite projective dans PV contenant x
et telle que D ∩Dj 6= ∅ pour j = 1, 2. Il existe alors deux points x2 ∈ D ∩D2 , x3 ∈ D ∩D3 ,
avec xb2 = Ke2 , xb3 = Ke3 , le système {e2 , e3 } étant libre puisque D2 ∩ D3 = ∅ et donc
c2 ∩ D
D c3 = {0} . Le système {e2 , e3 } étant libre dans D b qui est de dimension 2, il en
constitue une base et le vecteur e ∈ x b⊂ D b s’écrit e = λ2 e2 + λ3 e3 avec λ2 et λ3 non
nuls puisque D1 ∩ D2 = ∅ et D1 ∩ D3 = ∅. Avec D2 ∩ D3 = ∅, on déduit également que
V =D c2 ⊕ Dc3 (V est de dimension 4 et les D cj de dimension 2), on a donc l’écriture unique
e = ε2 + ε3 avec ε2 = λ2 e2 ∈ Dc2 , ε3 = λ3 e3 ∈ D
c3 . La droite projective D est donc associée
b
au plan D = Ke2 + Ke3 = Kε2 + Kε3 . Elle est donc uniquement déterminée.
Réciproquement si D est la droite projective associée au plan D b = Kε2 +Kε3 , où e = ε2 +ε3
est la décomposition d’un générateur e de la droite x b dans la somme directe V = D c2 ⊕ D
c3 ,
alors x b b c b c
b ⊂ D, ε2 ∈ D ∩ D2 et ε3 ∈ D ∩ D3 , ce qui signifie que la droite projective D contient
x et rencontre D1 et D2 .
2. Soient x 6= y dans D1 , avec x b = Ke, yb = Kf, le système {e, f } étant libre.
Du fait que D1 ∩ D2 = ∅ et D1 ∩ D3 = ∅, on déduit que la restriction à D c1 de la projection
p2 [resp. p3 ] de V = Dc2 ⊕ D c3 sur D c2 [resp. D
c3 ] est un isomorphisme. En effet si u ∈ D c1
est tel que p2 (u) = 0, alors u ∈ D c1 ∩ D
c3 et u = 0, cette restriction p2 est donc injective,
ce qui entraîne qu’elle est bijective avec les dimensions.
Il en résulte que si e = ε2 + ε3 , f = δ2 + δ3 sont les décompositions de e, f dans la somme
directe V = D c2 ⊕ Dc3 , alors les systèmes {ε2 , δ2 } et {ε3 , δ3 } sont libres. En effet l’égalité
λε2 + µδ2 = 0 s’écrit p2 (λe + µf ) = 0 avec λe + µf ∈ D c1 , ce qui entraîne λe + µf = 0 et
λ = µ = 0.
On en déduit alors que Dx ∩ Dy = {0} . En effet si z ∈ Dx ∩ Dy avec Dx = Kε2 + Kε3 ,
Dy = Kδ2 + Kδ3 , alors z = λ2 ε2 + λ3 ε3 = µ2 δ2 + µ3 δ3 , donc λ2 ε2 = µ2 δ2 , λ3 ε3 = µ3 δ3 et
λ2 = µ2 = 0, λ3 = µ3 = 0.
On a donc Dx ∩ Dy = ∅ si x 6= y dans D1 .
Corrigé 155

3. On conserve les notations de la question précédente.


(a) En posant :
e0 = ε2 , e1 = δ2 , e2 = δ3 , e3 = −ε3 ,
on a : {e0 , e1 } base de D c2 , {e2 , e3 } base de D
c3 , {e0 − e3 , e1 + e2 } = {e, f } base de
c1 et B = {e0 , e1 , e2 , e3 } base de V.
D
(b) Dans la base B construite en (a) le plan D c1 = K (e0 − e3 ) ⊕ K (e1 + e2 ) a pour
équations x0 = −x3 , x1 = x2 , le plan D c2 a pour équations x2 = x3 = 0 et le plan D c3
a pour équations x0 = x1 = 0. Il en résulte que ces plans sont totalement q-isotropes,
ce qui signifie que les droites projectives D1 , D2 et D3 sont contenues dans Q. Donc
pour tout x ∈ D1 , la droite Dx rencontre Q en au moins trois points distincts, ce
qui entraîne l’inclusion Dx ⊂ Q d’après le 3. (a) du préliminaire.
S
(c) De la question précédente, on déduit que Dx ⊂ Q. Si y ∈ Q est dans D1 , alors
x∈D1
y ∈ Dy . Si y ∈ Q − D1 , en désignant par P le plan contenant y et D1 (question
1. (b) du préliminaire avec d = 0, d0 = 1), Q0 = Q ∩ P est une quadrique de P
distincte de P. En effet le résultat de la question 5. (a) du préliminaire nous dit que
la dimension maximale d’un sous-espace projectif de PV contenu dans la quadrique
Q de type 2 est égale à 1 (on a n + 1 = 4 = 2m). De plus cette quadrique contient la
droite projective D1 , donc il existe une droite projective D0 telle que Q0 = D1 ∪ D0
(question 2. (b) du préliminaire). Comme y ∈ Q0 − D1 , on a y ∈ D0 et les droites
D1 et D0 sont distinctes, elles se coupent donc en un point x (question 1. (a) du
préliminaire).
Toujours avec la question 2. (b) du préliminaire, on voit que P rencontre D2 et D3
en des points y2 ∈
/ D1 et y3 ∈/ D1 . On a donc yj ∈ Q0 − D1 et donc yj ∈ Dj ∩ D0 pour
j = 2, 3.
En définitive D0 est une droite projective qui contient x ∈ D1 et rencontre D2 et D3 ,
ce qui entraîne D0 = D Sx (question I. 1.) et y ∈ Dx .
En conclusion, Q = Dx .
x∈D1

4. (a) Soit D ⊂ Q une droite projective passant par x ∈ Q. Si x b = Ke, alors D b = Ke ⊕ Kf,
avec q (u) = 0 pour tous u ∈ D. b On a donc D b ⊂Db⊥ ⊂ x b⊥ , soit D ⊂ x⊥ .
(b) On note q 0 la restriction de la forme quadratique q à x b⊥ . On a xb ⊂ ker (q 0 ) et
¡ ¢⊥
ker (q 0 ) ⊂ xb⊥ = xb (q est
¡ non
¢ dégénérée), donc ker (q 0 ) = xb est de dimension 1 et
0 ⊥
q est de rang égal à dim x b − 1 = 2.
(c) En I. 4. (a), on a vu que toute droite projective
S passant par x ∈ Q et contenue
dans Q est dans x⊥ . D’autre part, avec Q = Dy , on déduit que tout point x de
y∈D1
Q est contenu dans une droite Dy avec y ∈ D1 . On est donc dans la situation du 2.
(b) du préliminaire avec Q0 = Q ∩ x⊥ quadrique de x⊥ qui contient la droite Dy et
Q0 6= x⊥ (préliminaire 5. (a)), on a donc Q0 = Dy ∪ D0 (préliminaire 2. (b)) avec
Dy 6= D0 d’après I. 4. (b). Il y a donc exactement deux droites contenues dans Q
qui passent par x.
5. (a) On sait déjà que par chaque point de Q passent exactement deux droites Dy et D0 ,
la droite Dy étant dans P + . En I. 2. on a vu que deux droites distinctes de P + sont
disjointes, donc D0 ∈
/ P + , c’est-à-dire que D0 ∈ P − . En conclusion par tout point de
Q passent exactement une droite de P + et une droite de P − . Il en résulte que deux
droites distinctes de P − sont disjointes.
156 Agrégation externe 1999. Épreuve 1

(b) La droite D1 est dans P − (elle ne rencontre ni D2 , ni D3 ) et elle rencontre toutes


les droites de P + . Pour x ∈ D1 , en notant P le plan projectif engendré par Dx et
D1 , on a Q0 = Q ∩ P = Dx ∪ D1 (préliminaire 2. (b) et préliminaire 5. (a)). Une
droite D 6= D1 de P − coupe Q (d’après I. 5. (a)) et P (d’après préliminaire 1. (a)),
elle coupe donc Q0 et pas D1 (deux droites distinctes de P − sont disjointes), ce qui
entraîne qu’elle coupe Dx .
6. On désigne toujours par Q la quadrique associée aux droites D1 , D2 , D3 . L’ensemble P +
est alors l’ensemble de toutes les droites qui coupent D1 , D2 , D3 et toutes ces droites sont
contenues dans Q.
Pour K = C, on a vu en 3. (b) du préliminaire que Q rencontre la droite D4 .
Pour K = R, la droite projective D4 associée au plan vectoriel d’équation cartésienne
dans B : ½
x0 = x2
x1 = x3
ne rencontre pas Q et donc aucune droite ne rencontre D1 , D2 , D3 et D4 .
Au 3. (a) du préliminaire, on a vu que si D4 rencontre Q en au moins trois points, alors
D4 ⊂ Q et D4 ∈ P − puisque cette droite ne coupe pas D1 , D2 , D3 . On distingue donc les
trois cas suivants.
— Si Q ∩ D4 a plus de trois points, alors D4 ∈ P − et toutes les droites de P + rencontre
D4 (question I. 5. (b)), il y a donc dans ce cas une infinité de droites qui rencontrent
D1 , D2 , D3 et D4 .
— Si Q ∩ D4 = {x} , il existe alors un unique élément D de P + tel que x ∈ D et c’est
l’unique droite qui rencontre D1 , D2 , D3 et D4 . Ce cas est réalisé pour la droite projective
D4 associée au plan ayant pour équation dans B :
½
x0 = x2 ,
.
x1 = 0.

— Si Q ∩ D4 = {x, y} , il existe alors deux uniques éléments D et D0 de P + tels que x ∈ D


et y ∈ D0 , ces droites étant disjointes (sinon elles seraient confondues égales à l’unique
droite qui contient x et y c’est à dire D4 , en contradiction avec D4 non contenue dans
Q). On a donc dans ce cas exactement deux droites qui rencontrent D1 , D2 , D3 et D4 .
Ce cas est réalisé pour la droite projective D4 associée au plan ayant pour équation
dans B : ½
x0 = x2 ,
.
x1 = −x3 .

Deuxième Partie
Plans projectifs contenus dans une quadrique de type 3

1. (a) Si P ∈ Gd , il existe alors un automorphisme g ∈ GL (V ) tel que g (W ) = Pb (il


suffit de prendre g ∈ GL (V ) qui envoie une base de W sur une base de Pb) et on a
ρW (g) = P. L’application ρW est donc surjective.
(b) Soient W, W 0 deux sous-espace vectoriel de V de dimension d+1. Il existe g ∈ GL (V )
tel que g (W ) = W 0 et pour tout h ∈ GL (V ) , on a ρW 0 (h) = P avec Pb = h (W 0 ) =
h ◦ g (W ) , c’est-à-dire que ρW 0 (h) = ρW (h ◦ g) ou encore ρW 0 = ρW ◦ τg , où τg est
Corrigé 157

l’application h 7→ h ◦ g de GL (V ) dans GL (V ) , cette application étant continue.


En ¡conséquence,
¢ pour U ∈ Gd , ρ−1 −1
W (U) ouvert dans GL (V ) entraîne ρW 0 (U ) =
−1
τg−1 ρW (U) ouvert dans GL (V ) . Ce qui montrer que la topologie définie sur Gd
ne dépend pas du choix de W.
L’application ρW est continue par définition.
2. Soit W un supplémentaire de M dans V. On a :

g ∈ ρ−1
W (UM ) ⇔ ρW (g) ∈ UM ⇔ V = g (W ) ⊕ M.

En notant {e0 , · · · , ed } une base de W et {ed+1 , · · · , en } une base de M, on obtient une


base B = {e0 , · · · , ed , ed+1 , · · · , en } de V et dire que g est dans ρ−1
W (UM ) équivaut à dire
0
que B = {g (e0 ) , · · · , g (ed ) , ed+1 , · · · , en } est une base de V, ce qui équivaut encore à
dire que le déterminant de B0 dans B est non nul. Donc en notant ϕ l’application qui à
tout g ∈ GL (V ) associe le scalaire :

ϕ (g) = det (g (e0 ) , · · · , g (ed ) , ed+1 , · · · , en ) ,

on a ρ−1
W (UM ) = ϕ
−1
(K∗ ) et la continuité de ϕ nous assure que ρ−1
W (UM ) est un ouvert
de GL (V ) , ce qui signifie que UM est un ouvert de Gd .
La projection p1 de V = W ⊕ M sur W induit, pour tout P ∈ UM , un isomorphisme de
Pb sur W qu’on note encore p1 (Pb et W ont même© −1 dimension et pª1 (u) = 0 avec u ∈ P
b
donne u¡ ∈ Pb ∩ M¢ et u = 0). Il en résulte que p1 (ej ) | 0 ≤ j ≤ d est une base de Pb et
avec p1 p−1
1 (ej ) = ej , on déduit que :

p−1
1 (ej ) = ej + mj , (9.1)
P
n
avec mj = λij ei ∈ M uniquement déterminé.
i=d+1
On désigne alors par ψ l’application qui à tout espace projective P ∈ UM associe la
matrice λ = ((λij ))d+1≤i≤n ∈ Mn−d,d+1 (K) définie par (9.1) .
0≤j≤d
Cette application réalise une bijection de UM sur Mn−d,d+1 (K) d’application réciproque
ψ−1 : λ 7→ Pλ , où Pλ est l’espace projectif associé à l’espace vectoriel :
( )
Xn
cλ = Vect ej +
P λij ei | 0 ≤ j ≤ d .
i=d+1

Nous allons tout d’abord montrer que ψ est continue, c’est-à-dire que pour tout ouvert
O de Mn−d,d+1 (K) , ψ −1 (O) est un ouvert de UM , c’est-à-dire que ρ−1 W (ψ
−1
(O)) est un
ouvert de GL (V ) . Pour ce faire, on pose χ = ψ ◦ ρW 0 qui est définie sur l’ouvert ρ−1
W (UM )
de GL (V ) . Cette application est définie par :

∀g ∈ ρ−1
W (UM ) , χ (g) = λ = ((λij ))d+1≤i≤n ,
0≤j≤d

avec :
λij = e∗i ◦ g ◦ (p1 ◦ g)−1
|W (ej ) ,

en notant {e∗i | 0 ≤ i ≤ n} la base duale de B. Cette expression nous montre que χ est
continue. Il en résulte que ρ−1
W (ψ
−1
(O)) = χ−1 (O) est un ouvert de GL (V ) . On a donc
ainsi montré que ψ est continue.
Il reste à montrer que ψ−1 est continue, c’est-à-dire que pour tout ouvert O de UM , ψ (O)
158 Agrégation externe 1999. Épreuve 1

est ouvert dans Mn−d,d+1 (K) .


Si λ ∈ ψ (O) , on désigne par g l’automorphisme de V défini par :

 e + P λ e si 0 ≤ j ≤ d,
n
j ij i
g (ej ) = i=d+1

ej si d + 1 ≤ j ≤ n

et on a ρW (g) = Pλ = ψ−1 (λ) ∈ O. En conséquence g est dans l’ouvert ρ−1 W (O) et il existe
donc un voisinage ouvert O0 de g dans ρ−1W (UM ) tel que O 0
⊂ ρ−1
W (O) , soit ρW (O0 ) ⊂ O
et ψ ◦ ρW (O0 ) ⊂ ψ (O) , soit χ (O0 ) ⊂ ψ (O) . Comme χ (O0 ) est un voisinage de λ, il
en résulte que ψ (O) est un voisinage de λ. Donc ψ (O) est ouvert dans Mn−d,d+1 (K) .
L’application ψ−1 est donc continue.
On a donc un homéomorphisme de UM sur Mn−d,d+1 (K) lui même homéomorphe à
K(d+1)(n−d) .
S
3. Pour tout I ∈ I on a UMI ⊂ Gd et donc UMI ⊂ Gd .
I∈I
Si P ∈ Gd , il existe alors g ∈ GL (V ) tel que P = ρW (g) (surjectivité de ρW ) où W
est l’espace vectoriel engendré par e0 , · · · , ed . En écrivant, pour tout j compris entre 0
P
n
et d, g (ej ) = aij ei et en considérant que le système {g (e0 ) , · · · , g (ed )} est libre , on
i=0
déduit qu’il existe une matrice extraite ((aij )) i∈J inversible, où J est une partie à d + 1
0≤j≤d
éléments de {0, · · · , n} et si MI = Vect {ei | i ∈ I} avec I = {0, · · · , n} − J ∈ I, alors
Pb ∩ MI = g (W ) ∩ MI S = {0} , ce qui signifie que P ∈ UMI .
On a donc bien Gd = UMI .
I∈I
4. Si A est une partie ouverte de Gd , alors pour tout I ∈ I, A ∩ UMI est un ouvert de UMI
par définition de la topologie induite.
Réciproquement si A ⊂ Gd est telle que pour tout I ∈ I, A∩UMI est ouvert dans
S UMI alors
A ∩ UMI est ouvert dans Gd puisque UMI est ouvert dans Gd et A = A ∩ Gd = (A ∩ UMI )
I∈I
est ouvert dans Gd .
Une partie A de Gd est fermée si et seulement si Gd − A est ouvert ce qui équivaut à
(Gd − A) ∩ UMI ouvert dans UMI pour tout I ∈ I, encore équivalent à A ∩ UMI fermé dans
UMI pour tout I ∈ I.
5. (a) L’espace vectoriel de A (V ∗ ) est isomorphe à l’espace des matrices antisymétriques
n (n + 1)
de Mn+1 (K) qui est de dimension .
2
(b) Si A est une matrice antisymétrique d’ordre impair, alors :
¡ ¢
det (A) = det t A = det (−A) = − det (A)

et det (A) = 0.
(c) Si ϕ ∈ A (V ∗ ) , alors la restriction de ϕ à un supplémentaire H du noyau de ϕ est non
dégénérée et H est nécessairement de dimension paire d’après le résultat précédent,
ce qui signifie que ϕ est de rang pair (dim (H) = rang (ϕ)).
(d) Soit D ∈ G1 et {d1 , d2 } une base de D. b On note ϕd1 ,d2 l’application :

ϕd1 ,d2 : V ∗ × V ∗ → K
(l1 , l2 ) 7→ l1 (d1 ) l2 (d2 ) − l1 (d2 ) l2 (d1 )
Corrigé 159

Cette application est une forme bilinéaire alternée sur V ∗ non identiquement nulle.
En effet en complétant
© ª {d1 , d2 } en une base {d1 , · · · , dn+1 } de V et en notant
d1 , · · · , dn+1 la base duale, on a ϕd1 ,d2 (d∗1 , d∗2 ) = 1.
∗ ∗

L’application ϕd1 ,d2 ∈ A (V ∗ ) − {0} définit donc un élément δ de l’espace projectif


PA (V ∗ ) .
Montrons que cet élément δ ne dépend que de la droite projective D et pas du choix
d’une base du plan associé D. b Soit donc {d01 , d02 } une autre base de D b et Q ∈ GL2 (K)
la matrice de passage de {d1 , d2 } à {d01 , d02 } . On a alors pour tous (l1 , l2 ) dans V ∗ ×V ∗ :

ϕd01 ,d02 (l1 , l2 ) = det (Q) ϕd1 ,d2 (l1 , l2 ) ,

soit ϕd01 ,d02 = det (Q) ϕd1 ,d2 avec det (Q) 6= 0 et ϕd01 ,d02 définit la même droite projective
que ϕd1 ,d2 . On note δD cette droite projective. L’application κ : D 7→ δD est donc
bien définie de G1 dans PA (V ∗ ) .
Montrons que κ est injective. Soient D, D0 deux droites projectives distinctes avec
Db = Kd1 ⊕ Kd2 , D c0 = Kd01 ⊕ Kd02 et d01 ∈ D c0 − D.
b Le système {d1 , d2 , d01 } est
alors libre et il se prolonge en une base de V. En notant {d∗1 , d∗2 , d0∗ 1 , · · · } la base
∗ 0 ∗ 0 ∗ ∗
duale correspondante, on a d1 (d1 ) = d2 (d1 ) = 0 et ϕd1 ,d2 (d1 , d2 ) = 0, alors que
0 0

ϕd1 ,d2 (d∗1 , d∗2 ) = 1. Les formes ϕd01 ,d02 et ϕd1 ,d2 ne sont donc pas proportionnelles et les
droites projectives associées, à savoir κ (D) et κ (D0 ) , sont distinctes. L’application
κ est donc injective.
(e) Si D ∈ G1 est telle que D b = Kd1 ⊕ Kd2 , alors κ (D) est associé à la droite Kϕd1 ,d2 ,
la forme bilinéaire alternée ϕd1 ,d2 étant de rang 2.
Réciproquement soit δ ∈ PA (V ∗ ) telle que δb = Kϕ, où ϕ est une forme bilinéaire
alternée de rang 2. L’orthogonal (pour la dualité) de ker (ϕ) dans V, qu’on note
Db = (ker (ϕ))◦ , est alors un sous-espace vectoriel de dimension 2 de V et en notant
{d1 , d2 } une base de D, b la forme ϕd1 ,d2 est proportionnelle à ϕ. En effet ces deux
formes ont même noyau et dans une base de V obtenue en complétant une base de
ker (ϕ) , on est ramené aux formes bilinéaires alternées sur K2 qui forment un espace
de dimension 1. On a donc δb = Kϕ = Kϕd1 ,d2 et δ = κ (D) .
En conclusion l’image de κ est l’ensemble des éléments δ de PA (V ∗ ) tels que δb = Kϕ,
où ϕ est une forme bilinéaire alternée sur V ∗ de rang 2.
L’application réciproque κ−1 : κ (G1 ) 7→ G1 est alors définie en associant à δ ∈ κ (G1 )
tel que δb = Kϕ, où ϕ est une forme bilinéaire alternée sur V ∗ de rang 2, la droite
projective D associée à D b = (ker (ϕ))◦ .
6. Le polynôme P cherché est le Pfaffien de A. Le déterminant étant homogène de degré 4,
P sera homogène de degré 2. Pour a14 = 0, on a :
¯ ¯
¯ 0 a a 0 ¯
¯ 12 13 ¯
¯ −a12 0 a23 a24 ¯¯
¯ 2
det (A) = ¯
−a −a 0 a ¯ = (a12 a34 − a13 a24 ) .
¯ 13 23 34 ¯
¯ 0 −a24 −a34 0 ¯

Pour a23 = 0 on a le même résultat, donc P = a12 a34 − a13 a24 + λa14 a23 . Et du fait que
pour a12 = 0 ou a34 = 0, on a P = −a13 a24 + a14 a23 , on déduit que λ = 1. En conclusion,
une solution est donnée par :

P = a12 a34 − a13 a24 + a14 a23 .


160 Agrégation externe 1999. Épreuve 1
© ª
On a dim (A (V ∗ )) = 6 et ϕei ,ej | 0 ≤ i < j ≤ 3 est une base de A (V ∗ ) . La forme
quadratique définie sur A (V ∗ ) par :
X
∀ϕ = xij ϕei ,ej ∈ A (V ∗ ) , q (ϕ) = x01 x23 − x02 x13 + x03 x12
0≤i<j≤3

est alors de rang 6, donc de type 3 (préliminaire, 4.) et on a q (ϕ)2 = det (ϕ) . Donc pour
ϕ ∈ A (V ∗ ) − {0} , on a q (ϕ) = 0 si et seulement si ϕ est une forme bilinéaire alternée
dégénérée de rang 2 (d’après II. 5. (c)). En conclusion l’image de κ est la quadrique
projective Q de type 3 associée à q.
7. (a) Soit x ∈ PV avec x b = Kd1 . Si D ∈ G1 contient x, alors κ (D) est associé à la droite
Kϕd1 ,d2 , où d2 ∈ V est linéairement indépendant de d1 . On a donc :
n o
Πx = δ ∈ PA (V ∗ ) | δb = Kϕd1 ,d2 , x
b = Kd1 , {d1 , d2 } libre dans V .

En prolongeant {d1 } en une base B = {e0 , e1 , e2 , e3 } de V avec e0 = d1 , pour toute


droite projective D contenant x, on peut prendre pour base de D b le système {d1 , d2 }
P
3
avec d2 = λi ei et on a κ (D) = δ, avec δb = Kϕ, où ϕ a pour matrice dans B∗ :
i=1
 
0 λ1 λ2 λ3
¡¡ ¡ ¢¢¢  −λ1 0 0 0 
A = ϕ e∗i , e∗j = 
 −λ2 0 0 0  ,
−λ3 0 0 0

les coefficients λ1 , λ2 , λ3 décrivant tout K3 . On déduit donc que Πx est un plan de


PA (V ∗ ) .
L2
(b) Soit P un plan projectif dans PV avec Pb = Kei et e3 tel que B = {e0 , e1 , e2 , e3 }
i=0
soit une base de V. Si D est un droite projective contenue dans P, on a une base
b avec d1 = P λi ei , d2 = P µi ei et κ (D) = δ, avec δb = Kϕ, où ϕ a pour
2 2
{d1 , d2 } de D
i=0 i=0
matrice dans B∗ :  
0 α1 α2 0
 −α1 0 α3 0 
A=
 −α2 −α3 0 0  ,

0 0 0 0
avec : 
 α1 = a1 b2 − a2 b1
α2 = a1 c2 − a2 c1

α3 = b1 c2 − b2 c1
Les coefficients α1 , α2 , α3 décrivant tout K3 , on déduit que ΠP est un plan de
PA (V ∗ ) .
(c) L’application κ étant injective on a :

Πx ∩ ΠP = κ ({D ∈ G1 | x ∈ D, D ⊂ P })

/ P, Πx ∩ ΠP = ∅.
et pour x ∈
L
2
b = Ke0 , Pb =
Si x ∈ P, on se donne une base B = {e0 , e1 , e2 , e3 } de V, avec x Kei
i=0
Corrigé 161

et pour toute droite projective D contenant x et contenue dans P, on peut prendre


b le système {d1 , d2 } avec d1 = e0 , d2 = P λi ei et on a κ (D) = δ,
2
pour base de D
i=1
avec δb = Kϕ, où ϕ a pour matrice dans B∗ :
 
0 λ1 λ2 0
 −λ1 0 0 0 
A=  −λ2 0 0
,
0 
0 0 0 0

les coefficients λ1 , λ2 décrivant tout K2 . En conclusion Πx ∩ ΠP est une droite de


PA (V ∗ ) .
8. Si ω1 + ω2 est non dégénérée sur V ∗ , avec ker (ω1 ) ∩ ker (ω2 ) ⊂ ker (ω1 + ω2 ) = {0} , on
déduit que ker (ω1 ) ∩ ker (ω2 ) = {0} et comme ω1 , ω2 sont de rang pair (question II. 5.
(c)), on déduit que V ∗ = ker (ω1 ) ⊕ ker (ω2 ) .
Réciproquement supposons que V ∗ = ker (ω1 )⊕ker (ω2 ) et soit ϕ = ϕ1 +ϕ2 ∈ ker (ω1 + ω2 ) ,
avec ϕ1 ∈ ker (ω1 ) , ϕ2 ∈ ker (ω2 ) . Pour tout ψ ∈ V ∗ , on a (ω1 + ω2 ) (ϕ, ψ) = 0, soit
ω1 (ϕ, ψ) = −ω2 (ϕ, ψ) avec ω1 (ϕ, ψ) = ω1 (ϕ2 , ψ) et ω2 (ϕ, ψ) = ω2 (ϕ1 , ψ) . On a donc :

∀ψ ∈ V ∗ , ω1 (ϕ2 , ψ) = −ω2 (ϕ1 , ψ) ,

ce qui entraîne ω1 (ϕ2 , ψ) = 0 si ψ ∈ ker (ω1 ) ∪ ker (ω2 ) et donc ω1 (ϕ2 , ψ) = 0 pour tout
ψ ∈ ker (ω1 ) ⊕ ker (ω2 ) = V ∗ . On a donc ϕ2 ∈ ker (ω1 ) ∩ ker (ω2 ) = {0} , soit ϕ2 = 0. On
a de même ϕ1 = 0 et donc ϕ = 0, ce qui prouve que ω1 + ω2 est non dégénérée.
9. Soit ∆ ⊂ PA (V ∗ ) une droite projective contenue dans la quadrique Q = κ (G1 ) , avec
b = Kω1 ⊕ Kω2 , les formes bilinéaires alternées sur V ∗ , ω1 , ω2 et ω1 + ω2 étant de rang

2. Avec le résultat précédent et II. 5. (e) on a :

(ker (ω1 ) + ker (ω2 ))◦ = (ker (ω1 ))◦ ∩ (ker (ω2 ))◦ 6= {0} .

D’après II. 5. (e) on a, ω1 = ϕd1 ,d2 , ω2 = ϕd1 ,d3 , où d1 ∈ (ker (ω1 ))◦ ∩ (ker (ω2 ))◦ et d2 , d3
sont tels que le système {d1 , d2 , d3 } soit libre dans V. Si x ∈ PV est associé à x b = Kd1
L3
et P ⊂ PV est associé à Pb = Kdi , alors ∆ ⊂ Πx ∩ ΠP avec Πx ∩ ΠP 6= ∅, donc
i=1
∆ = Πx ∩ ΠP d’après II. 7. (c).
b = L Kωi . On distingue alors deux cas.
3
10. Soit Π ⊂ PA (V ∗ ) un plan contenu dans Q avec Π
i=1
T
3 T
3
— Soit (ker (ωi ))◦ 6= {0} , et en prenant x ∈ PV associé à x
b = Kd1 , où d1 ∈ (ker (ωi ))◦ ,
i=1 i=1
on a Π = Πx .
T
3
— Soit (ker (ωi ))◦ = {0} et on peut alors trouver un système libre {d1 , d2 , d3 } dans
i=1
V avec d1 ∈ (ker (ω2 ))◦ ∩ (ker (ω3 ))◦ , d2 ∈ (ker (ω1 ))◦ ∩ (ker (ω3 ))◦ , d3 ∈ (ker (ω1 ))◦ ∩
(ker (ω2 ))◦ (d’après II. 8.), les ωi et ωi + ωj étant dégénérés, et on a Π = ΠP , où P est
L
3
associé à Pb = Kdi .
i=1
En conclusion, tout plan contenu dans Q est soit du type Πx , avec x ∈ PV, soit du type
ΠP , où P est un plan dans PV.
162 Agrégation externe 1999. Épreuve 1

11. En II.7. (c) on a vu que Πx ∩ ΠP est soit vide, soit une droite, donc de dimension impaire
(∅ est de dimension −1).
Si x1 6= x2 dans PV, on a δ ∈ Πx1 ∩ Πx2 si et seulement si δb = Kϕd1 ,d2 , où xb1 = Kd1 ,
xb2 = Kd2 , avec {d1 , d2 } libre dans V et donc Πx1 ∩ Πx2 = {δ} .
Si P1 , P2 sont deux plans distincts dans PV, alors δ ∈ ΠP1 ∩ ΠP2 si et seulement si δb = Kϕ
avec ϕ ∈ A (V ∗ ) tel que (ker (ϕ))◦ soit de dimension 2 dans Pc1 ∩ P
c2 lui même de dimension

2, ce qui donne (ker (ϕ)) = P c2 et donc ΠP1 ∩ ΠP2 = {δ} avec δb = Kϕ où ϕ ∈ A (V ∗ )
c1 ∩ P
est telle que (ker (ϕ))◦ = P c1 ∩ P
c2 (toutes ces formes sont proportionnelles).
En conclusion l’intersection de deux plans de Q est de dimension paire si et seulement si
ces plans sont de même type.

Troisième Partie
Espaces projectifs contenus dans une quadrique de type m

L
m−1
1. Soit W = M{m,··· ,2m−1} = Kem+i et ρW : GL (V ) → Gm−1 l’application définie en
i=0
II. 1. (a). Dire que P est fermé dans Gm−1 équivaut à dire que ρ−1 W (P) est fermé dans
GL (V ) . Un élément g de GL (V ) est dans ρ−1 W (P) si et seulement si ρW (g) ∈ P ce
qui équivaut à dire que le sous-espace projectif P associé à g (W ) est dans P, encore
équivalent à q (g (u)) = 0 pour tout u ∈ W, ce qui équivaut à q (g (em+i + em+j )) = 0
pour 0 ≤ i ≤ j ≤ m − 1. L’application g 7→ (q (g (em+i + em+j )))0≤i≤j≤m−1 étant continue
(fonctions polynomiales des coefficients d’une matrice de g), on déduit que ρ−1 W (P) est
fermé dans GL (V ) .
L
m−1 L
m−1
2. (a) Soit M = N∅ = Kem+i , W = Kei = ∅C et ψ l’homéomorphisme de UM sur
i=0 i=0
Mm,m (K) défini en II. 2.
Un sous-espace projectif P est dans P ∩UN∅ si et seulement si P ∈ Gm−1 , Pb ∩M = {0}
et P ⊂ Q. En reprenant les notations de II. 2. le système :
( )
X
2m−1
ej + λij ei | 0 ≤ j ≤ m − 1
i=m

est une base de Pb et pour P ∈ P ∩ UN∅ , on a :


à !
X
2m−1
q ej + λij ei = 0, (0 ≤ j ≤ m − 1) ,
i=m

avec q (x) = x0 xm + x1 xm+1 + · · · + xm−1 x2m−1 , ce qui donne λm+j,j = 0 pour tout j
compris entre 0 et m − 1. Puis avec :
à !
X
2m−1 X
2m−1
q ei + λki ek + ej + λkj ek = 0, (0 ≤ i, j ≤ m − 1) ,
k=m k=m

on déduit que λm+i,j + λm+j,i = 0, c’est-à-dire que la matrice λ = ψ (P ) est alternée.


Réciproquement si cette matrice est alternée, on déduit que Pb est totalement isotrope
pour q et donc P ⊂ Q.
L’homéomorphisme ψ induit donc un homéomorphisme P ∩ UN∅ sur l’espace des
matrices alternées d’ordre m, lui même homéomorphe à Km(m−1)/2 .
Corrigé 163

(b) L’application vI est involutive de Gm−1 dans Gm−1 , elle est donc bijective.
Avec vI ◦ρW = ρW ◦τuI , où τuI est la translation de GL(V¡ ), g → u¢I ◦g, on déduit que
−1
vI ◦ ρW est continue et pour tout ouvert O de Gm−1 , ρ−1 −1
W vI (O) = (vI ◦ ρW ) (O)
est ouvert dans GL (V ) . L’application vI est donc continue ainsi que vI−1 = vI , c’est
donc un homéomorphisme de Gm−1 sur Gm−1 .
Du fait que pour tout x ∈ ¡V on a q¢(x) = 0 si et seulement
¡ ¢ si q (uI (x)) = 0, on
déduit que vI (P) = P et vI P ∩ U N∅ = vI (P) ∩ vI UN∅ = P ∩ U NI .
(c) Il s’agit de montrer que pour tout P ∈ P, il existe une partie I de {0, · · · , m − 1}
telle que P ∈ UNI .
On raisonne par l’absurde en supposant qu’il existe P ∈ P tel que P ne soit dans
aucun des UNI , c’est-à-dire que Pb ∩ NI 6= {0} , où I parcourt l’ensemble des parties
de {0,
¡ (k) ¢ · · · , m − 1} . On va alors montrer que dans ce cas on peut construire un suite
x de vecteurs dans Pb ∩ N∅ et une suite d’entiers naturels distincts (ik ) tels que :
(
(k)
xm+ij = 0 (0 ≤ j < k) ,
(k)
xm+ik 6= 0,

ce qui est contradictoire avec {0, · · · , m − 1} fini.


Avec Pb ∩ N∅ 6= {0} on peut trouver x(0) ∈ Pb ∩ N∅ − {0} , il existe donc i0 ∈
(0)
{0, · · · , m − 1} tel que xm+i0 6= 0.
Supposons construits x(0) , · · · , x(k) et i0 , · · · , ik . En notant I = {i0 , · · · , ik } , avec
Pb ∩ NI 6= {0} , on ¡ peut trouver
¢ x(k+1) ∈ Pb ∩ NI − {0} . L’espace Pb étant totalement
isotrope, on a ϕ x(j) , x(k+1) = 0 pour tout j compris entre 0 et k. Tenant compte
P
m−1
(j)
de 2ϕ (x, y) = (xi ym+i + xm+i yi ) , de x(j) ∈ N∅ (donc xi = 0 pour tout i) et
i=0
(k+1) (k+1) (k+1) P (j) (k+1)
x ∈ NI (donc xi = 0 si i ∈
/ I et xm+i = 0 si i ∈ / I C ), il reste xm+i xi =
i∈I
(k) (k) (k) (k+1)
0. Pour j = k, tenant compte de xm+i0 = · · · = xm+ik−1 = 0, il reste xm+ik xik =0
(k) (k+1)
et avec xm+ik6= 0 on obtient = 0. Puis pour j = k − 1, · · · , 0, on aboutit à
xik
= 0 pour j = k, k − 1, · · · , 0. C’est-à-dire que x(k+1) ∈ Pb ∩ N∅ − {0} , il existe
(k+1)
xij
(k+1)
donc ik+1 ∈
/ I tel que xm+ik+1 6= 0. S
Un tel procédé étant impossible, on déduit que P ⊂ UNI .
(d) Soit I = {i1 , · · · , i2p } de cardinal pair. En III. 2. (a) on a établi un homéomorphisme
entre P ∩ UN∅ et l’ensemble des matrices antisymétriques d’ordre m, il existe donc
P ∈ ¡¡P ∩ UN∅ tel ¢¢ que λ = ψ (P ) (notation de II. 2) admette une matrice extraite
A = λm+iα ,iβ 1≤α,β≤2p antisymétrique d’ordre 2p et inversible.
Soit {ε0 , · · · , εm−1 } la base de Pb définie par :

X
2m−1
εj = ej + λij ei (0 ≤ j ≤ m − 1) .
i=m

P P
Un vecteur x = xi ei + xm+i em+i ∈ NI est dans Pb s’il s’écrit aussi :
i∈I i∈I C
Ãm−1 !
X
m−1 X
m−1 X
m−1 X
x= yj εj = yj ej + yj λm+i,j ei ,
j=0 j=0 i=0 j=0
164 Agrégation externe 1999. Épreuve 1
P
ce qui donne yj = 0 si j ∈ I C et yj λm+i,j = 0 si i ∈ I, c’est-à-dire que (yj )j∈J est
j∈J
solution d’un système de Cramer (de matrice A), donc tous les yj sont nuls et y = 0.
On a donc Pb ∩ NI = {0} , c’est-à-dire que P ∈ UNI et P ∩ UN∅ ∩ UNI 6= ∅ si I est de
cardinal pair.
Soit I = {i1 , · ·¡¡
· , i2p+1 } ¢¢
de cardinal impair. Si P ∈ P ∩ UN∅ , alors λ = ψ (P ) est
telle que A = λm+iα ,iβ 1≤α,β≤2p+1 soit antisymétrique d’ordre 2p + 1, donc non
inversible. Le système AX = 0 a donc une solution X = (xi )i∈I non nulle et le
P
vecteur x = xi εi est dans Pb ∩ NI − {0} , ce qui signifie que P ∩ UN∅ ∩ UNI = ∅ si
i∈I
I est de cardinal impair.
(e) On note I∆J = I ∪ J − I ∩ J (différence symétrique). On a uI ◦ uJ = uI∆J , donc :

uI (NJ ) = uI ◦ uJ (N∅ ) = uI∆J (N∅ ) = NI∆J

et P ∩ UNI ∩ UNJ = ∅ si et seulement si :

vI (P ∩ UNI ∩ UNJ ) = P ∩ UN∅ ∩ UNI∆J = ∅

encore équivalent à I∆J de cardinal impair, soit à Card (I) + Card (J) impair.
3. On note : [ [
P+ = P ∩ UNI , P− = P ∩ UNI .
Card(I) pair Card(I) impair

D’après III. 2. (e) et III. 2. (c), P est réunion disjointe de P + et P − .


D’après III. 2. (a) et III. 2. (b), tous les P ∩ UNI sont connexes (car homéomorphes
m(m−1)
à K 2 ), il en résulte que P + et P − sont connexes comme réunions finies de parties
connexes ayant deux à deux des points communs.
Pour tout I, UNI est un ouvert de Gm−1 (question II. 2.), donc P + et P − sont ouverts
dans P. Ces ensembles étant complémentaires dans P ils sont également fermés dans P
et donc dans Gm−1 , puisque P est fermé.
PourStout I de cardinal impair, vI réalise un homéomorphisme de P + sur P − (vJ (P + ) =
P ∩ UNI∆J = P − ).
Card(J) pair
Il s’agit ensuite d’étudier l’intersection de deux sous-espaces projectifs P et P 0 dans P.
Si P ∈ P ∩UNJ , en utilisant l’homéomorphisme vJ , on se ramène au cas où P ∈ P ∩UN∅ et
P 0 ∈ P ∩UNI et il s’agit de montrer que dim (P ∩ P 0 ) a même parité que m−1−Card (I) .
En renumérotant les vecteurs de base, on peut supposer que I = {0, · · · , d − 1} .
En posant λ = ψ (P ) , λ0 = ψ (vI (P 0 )) , on définit une base {ε0 , · · · , εm−1 } de Pb et une
© ª
base ε00 , · · · , ε0m−1 de cP 0 avec :

 P
2m−1

 εj = ej + λij ei ,
µ i=m ¶ (0 ≤ j ≤ m − 1) .

 0
P 0
2m−1
 εj = uI ej + λij ei ,
i=m


³ ´⊥
On a alors x ∈ Pb ∩ P
c0 = Pb⊥ ∩ c P 0 = Pb + c P0 si et seulement si x est solution du
système : ½
ϕ ¡(x, εj )¢ = 0,
(0 ≤ j ≤ m − 1) ,
ϕ x, ε0j = 0,
Corrigé 165

ce qui s’exprime matriciellement en disant que les composantes de x dans la base B sont
solutions du système MX = 0, où M est une matrice antisymétrique de la forme :
 
Λ Im
M =  Id Λ01 Λ02 0 ,
0 Λ03 Λ04 Im−d
¡¡ ¢¢ ¡¡ ¢¢
où Λ = ((λj+m,i )) 0≤i≤m−1 , Λ01 = λ0j+m,i 0≤i≤d−1 , Λ02 = λ0j+m,i 0≤i≤d−1 , Λ03 =
0≤j≤m−1 0≤j≤m−1 µ
0≤j≤d−1 ¶
¡¡ 0 ¢¢ 0
¡¡ 0
¢¢ Λ1 Λ2
λj+m,i d≤i≤m−1 , Λ4 = λj+m,i d≤i≤m−1 . En découpant Λ par blocs, Λ = ,
d≤j≤m−1 0≤j≤d−1 Λ3 Λ4
avec Λ1 carrée d’ordre d, Λ4 carrée d’ordre m−d et Λ3 = − t Λ2 (Λ est antisymétrique),
µ ¶ on
∆ 0
vérifie à l’aide d’opérations élémentaires que M est équivalente à M 0 = , où ∆
0 Imd
est antisymétrique donc de rang pair. Il en résulte que dim (P ∩ P 0 ) = m−1+d−rang (∆)
est de même parité que m − 1 − d.
4. Il s’agit de déterminer les sous-espaces vectoriel W de V de dimension m − 1 tels que
c1 ⊂ W ⊂ W ⊥ , ce qui donne P
P c1 ⊂ W ⊂ W ⊥ ⊂ P c1 ⊥ , ce qui revient à déterminer les
vecteurs isotropes pour la forme quadratique q1 non dégénérée induite par q sur l’espace
quotient Pc1 ⊥ /P
c1 . Cet espace est de dimension 2 et q1 de type 1, il y a donc deux tels
vecteurs isotropes.
En conclusion, il y a deux sous-espaces projectifs dans P qui contiennent P1 . Leur in-
tersection étant égale à P1 , l’un de ces espaces est dans P + et l’autre dans P − par III.
3.
166 Agrégation externe 1999. Épreuve 1
10

Agrégation externe 2000. Épreuve 1

Dans ce problème, on étudie l’action du groupe de matrices


½µ ¶ ¾
A 0
M= | A ∈ GL (n, C)
0 tA
sur l’ensemble S [resp. A] des matrices symétriques [resp. alternées] complexes, ainsi que les
ensembles
½ µ ¶ ¾
A B 2 2
Z= | A ∈ Mn (C) , (B, C) ∈ A , z = 0, rang (z) = 2k ,
C − tA
½ µ ¶ ¾
A B 2 2
Z= | A ∈ Mn (C) , (B, C) ∈ S , z = 0, rang (z) = k .
C − tA
Les notions qu’il peut être utile de réviser sont les suivantes :
— groupes opérant sur un ensemble ;
— classification des formes quadratiques sur C ;
— réduction des formes bilinéaires symétriques (resp. alternées) sur C ;
— rang d’une matrice.

10.1 Énoncé
Pour deux entiers t, u ≥ 1, on notera Mt,u (C) (resp. Mt (C)) l’espace des matrices à t
lignes et u colonnes (resp. carrées à t lignes) à coefficients dans C, munis de leurs topologies
habituelles. Pour q entier, on notera Iq la matrice identité q × q. Pour un entier n ≥ 1 et un
sous-groupe S de GL (2n, C), on notera Adg (X) le conjugué gXg −1 de X ∈ M2n (C) par g ∈ S,
et Ad (S) X = {Ad g(X), g ∈ S}.
· Dans tout ¸ le problème on notera M le sous-groupe de GL (2n, C) formé des matrices blocs
A 0
où A ∈ GL(n, C) ; on remarquera qu’il est isomorphe à GL (n, C) . On désigne
0 t A−1
par S l’espace vectoriel des matrices n × n symétriques complexes et A l’espace vectoriel des
matrices n × n alternées (ou antisymétriques) complexes.

1. Montrez
· que le ¸groupe M opère sur S (resp. A) par l’action (g, X) 7→ t A−1 XA−1 où
A 0
g= ∈ M et X ∈ S (resp. A).
0 t A−1
Deux matrices, dans la même orbite pour l’action précédente, sont dites congrues.

167
168 Agrégation externe 2000. Épreuve 1

2. Déterminez les orbites Xi pour cette action.


3. Si Ω est l’une de ces orbites, déterminez l’adhérence Ω de Ω dans S au moyen des orbites
Xi .
On n’utilisera pas dans la suite du problème les propriétés topologiques de cette adhérence
ni de celle définie en II 3.

II
· ¸
0 Ir
On posera Jr = , r entier positif, avec la convention, si r = 0, que I0 = 0 et
−Ir 0
donc J0 = 0.
1. Montrez
· que toute
¸ matrice alternée complexe n × n de rang 2r est congrue à une matrice
Jr 0
bloc .
0 0
On pourra montrer d’abord que la matrice d’une forme bilinéaire
· alternée
¸ non dégénérée
0 1
est, dans une certaine base, une diagonale de blocs 2 × 2 : .
−1 0
2. Déterminez les orbites Yj de M dans l’action sur A pour la congruence.
3. Si Ω est l’une des orbites précédentes, déterminez l’adhérence Ω de Ω dans A.

III

Soient E un C-espace vectoriel de dimension 2n et L, L0 deux sous-espaces supplémentaires


de dimension n, E = L ⊕ L0 . On choisit des bases (e1 , e2 , · · · , en ) de L et (e−1 , e−2 , · · · , e−n )
de L0 et l’on définit sur E une forme bilinéaire symétrique, notée ( , ), pour laquelle L et
L0 sont des sous-espaces totalement isotropes tels que (ei , ej ) = δ−i,j pour i = 1, 2, · · · , n,
j = −1, −2, · · · , −n où δ est le symbole de Kronecker.
1. Ecrire la matrice P de la forme bilinéaire ( , ) dans la base (e1 , · · · , e−n ) de E.
On note Gs le groupe des matrices q complexes 2n × 2n, telles que t qP q = P, et G σ
l’espace des matrices z complexes 2n × 2n, qui vérifient P t z + zP = 0.
2. Montrez que G σ est stable pour la conjugaison par les matrices de Gs .
3. Décrire la forme des matrices blocs 2 × 2 qui appartiennent à l’espace G σ .

IV

Soient F un C-espace vectoriel de dimension 2n et U, U 0 deux sous-espaces supplémentaires


de dimension n, F = U ⊕ U 0 . On choisit des bases (e1 , e2 , · · · , en ) de U et (e−1 , e−2 , · · · , e−n )
de U 0 et l’on définit sur F une forme bilinéaire alternée, notée h | i, dont la matrice dans la base
(e1 , · · · , en , e−1 , · · · , e−n ) est Jn .
On notera Ga le groupe des matrices q inversibles 2n × 2n telles que t qJn q = Jn .
1. Quelles relations nécessaires et suffisantes doivent vérifier A, B, C, D ∈ Mn (C) pour que
la matrice bloc · ¸
A B
C D
appartienne à Ga ?
Énoncé 169

2. Montrez que Ga laisse stable pour la conjugaison l’espace G A des matrices blocs
· ¸
A B
C − tA

où A, B, C ∈ Mn (C) et B, C ∈ S.

On définit les sous-espaces suivants de M2n (C) :


½· ¸ ¾
A 0
M= , A ∈ Mn (C)
0 − tA

½· ¸ ¾ ½· ¸ ¾
0 0 0 0
r+
a = , t
C = − C ∈ Mn (C) r+
s = , t
C = C ∈ Mn (C)
C 0 C 0

½· ¸ ¾ ½· ¸ ¾
0 B 0 B
r−
a = , t
B = − B ∈ Mn (C) r−
s = , t
B = B ∈ Mn (C)
0 0 0 0

p+
λ
= M ⊕ r+
λ où λ = s ou a,

p−
λ
= M ⊕ r−
λ où λ = s ou a.

On notera π+,a la projection de G σ sur r+ − A


a parallèlement à pa et π+,s la projection de G sur
r+
s

parallèlement à ps .
1. (a) Montrez que le groupe M opère par la conjugaison sur chacun des espaces r+ λ, λ = s
ou a. · ¸
0 0
(b) Déduire de (a) que l’application ηa (resp. ηs ) 7→ C est une bijection linéaire
C 0
de r+ +
a (resp. r s ) sur A (resp. S) qui transforme l’opération de conjugaison de M en
l’action de M définie en I 1.
On identifiera les orbites Xi (resp. Yj ) aux sous-ensembles correspondant par ηa−1
(resp. ηs−1 ) de r+ +
a (resp. r s ).
2. On note Oak (resp. Osk ) l’ensemble des éléments z de G σ (resp. G A ) de rang 2k (resp. de
rang k) tels que z 2 = 0. Vérifiez que Oak (resp. Osk ) est stable sous l’action de conjugaison
de Gs (resp. Ga ). · ¸
a s A B
On note, pour k entier ≥ 1, Vk (resp. Vk ) l’ensemble des z = ∈ Oak (resp.
C − tA
Osk ) vérifiant l’inégalité rangC ≤ 2(k − 1) (resp. ≤ k − 1).
½· ¸ ¾ ½· ¸ ¾
−,s In T −,a In T
3. On pose R = , T ∈S ,R = , T ∈A .
0 In 0 In
(a) Vérifiez que R−,s (resp. R−,a ) est un sous-groupe de Ga (resp. Gs ) et qu’il en est
ainsi de
P s = MR−,s = {ZY, où Z ∈ M et Y ∈ R−,s }
(resp. P a = MR−,a ).
170 Agrégation externe 2000. Épreuve 1

(b) Démontrez que Vka est stable par l’action de P a et que Vks est stable par l’action de
P s.

VI

· ¸
A B
1. (a) Soit z = ∈ G A , 1 ≤ r = rang B, 1 ≤ u = rang C. Montrez qu’il existe
C − tA · 0 ¸ · ¸
A B0 0 Ir 0
γ1 , γ2 ∈ M tels que Ad γ1 (z) = avec B = ,
· 00 ¸ C 0 −·t A0 ¸ 0 0
A B 00 Iu 0
Ad γ2 (z) = 00 t 00 avec C 00 = .
C − A 0 0

(b) On introduit pour un entier r ≥ 1, la matrice Kr = −1Jr ; vérifiez que Kr−1 = Kr .
Démontrez un résultat parallèle à celui de VI 1.(a) faisant intervenir Kr , où z ∈ G σ
et 2r = rang B, 2u = rang C.
· 0 ¸
A B0
2. (a) Soit w = ∈ Vks où D0 = − t A0 . On suppose dans cette question que B 0
C 0 ·D0 ¸
Ic 0
est de la forme où c ≥ 0. Montrez que A0 , C 0 et D0 sont des matrices blocs
0 0
de la forme suivante :
· ¸
0 A1 A2
A = , où A1 est une matrice c × c, t A1 = A1 et A24 = 0 ;
0 A4
· ¸
0 C1 C2
C = , où C1 = −A21 , C2 = − (A1 A2 + A2 A4 ) , C3 = D3 A1 − D4 D3 ;
C3 C4
· ¸
0 t 0 −A1 0
D =− A = .
D3 D4
· ¸
a 0 Kc 0
(b) Démontrez le résultat parallèle à VI 2. (a) pour w ∈ Vk et B = , où A1
0 0
est une matrice 2c × 2c, t A1 = −Jc A1 Jc , A24 = 0 ;
· ¸
0 C1 C2
C = , où C1 = −Kc A21 , C2 = −Kc (A1 A2 + A2 A4 ),
C3 C4
· ¸
0 −Kc A1 Kc 0
C3 = D3 Kc A1 − D4 D3 Kc ; D = .
D3 D4
· ¸ · 0 ¸
A B s A B0
3. (a) Soient z = ∈ Vk et γ ∈ M ; on pose Ad γ (z) = w = et l’on
C D· ¸ C 0 D0
Ic 0
suppose que B 0 = où c = rang B ≥ 1.
0 0
En écrivant w comme dans la question VI 2. (a) sous la forme de blocs 4 × 4 on a
 
A1 A2 Ic 0
 0 A4 0 0 
 
 C1 C2 −A1 0  .
C3 C4 D3 D4
Démontrez que c = k si et seulement si A4 = D4 = C4 − D3 A2 = 0.
Énoncé 171
· ¸
A B
(b) Démontrez le résultat parallèle à celui de VI 3. (a) pour z = ∈ Vka ,
· ¸ C D
0 Kc 0
B = où 2c = rang B.
0 0

VII

On pose, pour k ≥ 1
½ · ¸ ¾
A B
Wks = z ∈ Vks , z= où rang B = k ,
C D
½ · ¸ ¾
A B
Wka = z ∈ Vka , z= où rang B = 2k .
C D
On se propose, dans cette question, de démontrer que pour tout z ∈ Vks , il existe γ ∈ P s tel
que w = Ad γ·(z) appartient
¸ à Wks . Pour cela, l’on choisit parmi les éléments de Ad (P s ) z un
A B
élément z = de G A tel que le rang c de B soit maximum ; on va raisonner ensuite
C D
par l’absurde en supposant c < k et aboutir à une contradiction.
1. Montrez que l’on peut supposer que
· ¸
Ic 0
B= , c ≥ 0.
0 0
· ¸
−,s In T
On va utiliser dans la suite des matrices γ ∈ R de la forme γ = ,
· ¸ 0 In
0 0
T = où T 0 est une matrice symétrique (n − c) × (n − c) telle que n − c soit
0 T0
supérieur ou égal à 1.
2. En conjuguant z par une telle matrice γ et utilisant les notations de VI 3. (a) montrez
que
· ¸ · ¸
A + TC E Ic −A2 T 0
Ad (γ) z = , où E =
C D − CT T 0 D3 T 0 D4 − A4 T 0 − T 0 C4 T 0

et montrez que la maximalité du rang de B implique que

F = T 0 D4 − A4 T 0 − T 0 (C4 − D3 A2 )T 0

est nulle.
3. (a) En supposant que A4 6= 0, montrez l’existence d’une matrice inversible g et d’une
matrice (éventuellemnt vide) H telles que
· ¸ · ¸
−1 E12 0 0 1
gA4 g = , où E12 =
0 H 0 0

et vérifiez que n − c ≥ 2.
172 Agrégation externe 2000. Épreuve 1
· ¸ · ¸
0 E22 0 t −1
−1 E11 0
(b) En déduire, en prenant T = g g et en posant Y = g où
· ¸ · ¸ 0 0 0 0
0 0 1 0
E22 = et E11 = , que Y T 0 = 0, Y F = −Y A4 T 0 .
0 1 0 0
(c) En déduire une contradiction avec le fait que A4 6= 0.
(d) Montrez qu’il en résulte que A4 = 0 et D4 = 0.
4. En choisissant convenablement la matrice T 0 montrez que X = C4 − D3 A2 est nulle et
conclure.

VIII

Si 2 ≤ 2k ≤ n − 1, adaptez la preuve de VII de façon à prouver que pour tout z ∈ Vka il


existe γ ∈ P a tel que w = Ad γ (z) appartient à Wka .

IX

Soit k ≥ 1. On notera Vk pour Vka ou Vks et l’on désignera par k̃ le nombre k si Vk = Vks et
le nombre 2k si Vk = Vka . Démontrez que si
· ¸
A B
z=
C D

appartient à Vk , alors rang A < k̃.


Les résultats des parties VII, VIII, IX interviennent dans la classification de certaines
représentations d’algèbres de Lie.

10.2 Corrigé
I
µ ¶
A 0
1. Pour g = ∈ M et X ∈ S [resp. X ∈ A], on note :
0 t A−1
−1
g.X = t A XA−1 .
−1
Du fait que g.X ∈ Mn (C) et t (g.X) = t A t XA−1 , on déduit que g.X ∈ S [resp. A],
si X ∈ S (i.e. t X = X) [resp. X ∈ A (i.e. t X = −X)], c’est-à-dire que l’application
(g, X) 7→ g.X est une loi externe sur S [resp. A].
Il est clair que I2n X = X pour tout X ∈ S [resp. X ∈ A].
Enfin, pour g, g0 dans M, on a :
µ ¶
0 AA0 0
gg = t
0 (AA0 )−1
et pour X ∈ S [resp. X ∈ A] :
−1 −1
(gg 0 ).X = t (AA0 )−1 X(AA0 )−1 = t A−1 ( t A0 XA0 )A−1 = g.(g 0 .X),
ce qui permet de conclure que (g, X) 7→ g.X est une action du groupe M sur l’ensemble
S [resp. A].
Corrigé 173

2. L’orbite d’un élément X ∈ S sous l’action de M est l’ensemble :


−1
M.X = {Y ∈ S | ∃g ∈ M ; Y = g.X = t A XA−1 }
= {Y ∈ S | ∃P ∈ GL (n, C) ; Y = t P XP }
= {Y ∈ S | rang (Y ) = rang (X)}

(classification des formes quadratiques sur C). On a donc n + 1 orbites, pour l’action de
M sur S données par :

Xi = {X ∈ S | rang (X) = i} , (0 ≤ i ≤ n) .

Dans le cas des matrices alternées, on verra en II. 2. que ces orbites sont données par :

Yj = {Y ∈ A | rang (Y ) = 2j}, 0 ≤ 2j ≤ n.

3. Nous allons montrer que, pour tout entier i compris entre 0 et n, on a :

[
i
Xi = Xj = {X ∈ S | rang (X) ≤ i} ,
j=0

le résultat étant évident pour i = 0.


L’ensemble Ri des matrices de rang au plus égal à i étant fermé dans Mn (C) (une matrice
X ∈ Mn (C) est de rang inférieur ou égal à i si et seulement si tous ses déterminants
extraits d’ordre i + 1 sont nuls, c’est-à-dire que Ri = ϕ−1 {0} , en notant ϕ : X ∈
Mn (C) 7−→ (ϕ1 (X) , · · · , ϕr (X)) où {ϕ1 , · · · , ϕr } tous les déterminants extraits d’ordre
i + 1, les fonctions ϕk étant des fonctions polynomiales de n2 variables sont continues et
Ri est fermé dans Mn (C)), il en résulte que l’ensemble {X ∈ S | rang (X) ≤ i} = Ri ∩ S
est fermé dans S (lui même fermé dans Mn (C)). On a donc :

Xi ⊂ Ri ∩ S.

D’autre part, le théorème de réduction des formes quadratiques complexes nousµ dit que

Ij 0
toute matrice X ∈ Xj , pour j compris entre 0 et i, est congrue à la matrice ,
0 0
c’est-à-dire qu’il existe une matrice P ∈ GL (n, C) telle que :
µ ¶
t Ij 0
X= P P
0 0

et en écrivant que :  
Ij 0 0
t 
X = lim P 0 1
I
p i−j
0  P,
p→+∞
0 0 0
on déduit que X ∈ Xi .
On a donc bien l’égalité Xi = Ri ∩ S.
Le cas des matrices alternées est étudie en II.3.

II
174 Agrégation externe 2000. Épreuve 1

1. Il s’agit de montrer un théorème de réduction des formes bilinéaires alternées.


Comme suggéré par l’énoncé, on montre tout d’abord par récurrence que si ϕ est une
n
forme bilinéaire alternée non dégénérée sur Cµ , alors il¶existe une base dans laquelle la
0 1
matrice de ϕ est une diagonale de blocs J1 = .
−1 0
On remarque tout d’abord que si ϕ est une forme bilinéaire alternée non dégénérée sur Cn ,
alors n est nécessairement pair. En effet si X est la matrice de ϕ dans la base canonique
de Cn , alors det (X) 6= 0 et avec t X = −X on a det (X) = det ( t X) = (−)n det (X) qui
donne det (X) = 0 si n est impair. On a donc n = 2r avec r entier naturel non nul.
Pour r = 1, si ϕ est une forme bilinéaire alternée non dégénérée sur C2 , alors son noyau est
réduit à {0} et pour tout vecteur e1 non nul dans C2 il existe un vecteur non nul x tel que
1
ϕ (e1 , x) 6= 0 et en posant e2 = x, on a ϕ (e1 , e2 ) = 1 avec {e1 , e2 } libre puisque
ϕ (e1 , x)
ϕ est alternée (si x = x1 e1 + x2 e2 = 0, alors x1 = ϕµ(x, e2 ) = ¶0 et x2 = −ϕ (x, e1 ) = 0).
0 1
Dans la base {e1 , e2 } la matrice de ϕ est alors J1 = .
−1 0
Supposons la résultat acquis au rang r − 1 ≥ 1 et soit ϕ une forme bilinéaire alternée
non dégénérée sur C2r . Comme dans le cas r = 1, on voit qu’il existe deux vecteurs e1 , e2
linéairement indépendants tels que ϕ (e1 , e2 ) = 1. Le plan P engendré par ces vecteurs
est alors non isotrope, c’est-à-dire que P ∩ P ⊥ = {0} , où P ⊥ désigne l’orthogonal de
P relativement à ϕ (en effet si x = x1 e1 +¡x2 e2¢ ∈ P ∩ P ⊥ , alors x1 = ϕ (x, e2 ) = 0 et
x2 = −ϕ (x, e1 ) = 0) et C2r = P ⊕ P ⊥ (dim P ⊥ = 2r − 2 puisque ϕ est non dégénérée).
La restriction de ϕ à P ⊥ est alors bilinéaire alternée non dégénérée (un vecteur de P ⊥
dans le noyau de cette restriction est dans le noyau de ϕ, donc nul) et avec l’hypothèse de
récurrence, on déduit qu’il existe une base {e3 , · · · , e2r } de P ⊥ dans laquelle la matrice
de la restriction de ϕ à P ⊥ est une diagonale de blocs J1 . Dans la base {e1 , e2 , e3 , · · · , e2r }
de C2r la matrice de ϕ a alors la même forme. µ ¶
0 Ir
Dans la base {e1 , e3 , · · · , e2r−1 , e2 , e4 , · · · , e2r } , la matrice de ϕ est alors Jr = .
−Ir 0
Dans le cas d’une forme bilinéaire alternée ϕ dégénérée sur Cn , en désignant par H un
supplémentaire de ker (ϕ) , la restriction de ϕ au sous-espace H est bilinéaire alternée non
dégénérée (un élément de H dans le noyau de cette restriction est dans le noyau de ϕ,
donc dans ker (ϕ) ∩ H, c’est-à-dire nul) et ce qui précède nous dit que H est nécessaire-
ment de dimension paire (le rang de ϕ est pair) et il existe une base deµH dans laquelle ¶
0 Ir
la matrice de la restriction de ϕ au sous-espace H est de la forme Jr = . En
−Ir 0
n
complétant cette base par µ une base ¶ de ker (ϕ) , on obtient une base de C dans laquelle
Jr 0
la matrice de ϕ est Y = . Une telle base est dite symplectique relativement à
0 0
ϕ.
L’expression matricielle de ce résultat µ est¶que toute matrice complexe alternée de rang 2r
Jr 0
est congrue à une matrice bloc .
0 0
2. En utilisant le résultat de la question précédente et en raisonnant comme dans la partie
I, on voit que les orbites dans l’action de M sur A, sont données par :

Yj = {Y ∈ A | rang (Y ) = 2j}, 0 ≤ 2j ≤ n.
Corrigé 175

3. En raisonnant comme dans la partie I, on voit que l’adhérence de chaque orbite dans
l’action de M sur A, est donnée par :
j
[
Yj = Yi = {Y ∈ A | rang (Y ) = 2i ≤ 2j} , 0 ≤ 2j ≤ n.
i=0

III

1. La matrice P de la forme bilinéaire ( , ) dans la base (e1 , · · · , e−n ) de E est donnée par :
µ ¶
0 In
P = .
In 0

2. Soit q ∈ Gs . De t qP q = P, on déduit que det ( t qP q) = det (q 2 ) det (P ) = det (P ) 6= 0, ce


qui entraîne det (q2 ) = 1 et q est inversible.
Soient z ∈ G σ et q ∈ Gs . En posant z 0 = qzq−1 , on a :

P t z 0 + z 0 P = P t q −1 t z t q + qzq −1 P,

puis en tenant compte de t P = P, P 2 = I2n et t qP q = P, on obtient P t qP q = I2n , soit


q −1 = P t qP, ce qui donne q −1 P = P t q et P t q −1 = qP. On a donc :
¡ ¢t
P t z 0 + z 0 P = q P t z + zP q = 0

du fait que P t z + zP = 0 pour z ∈ G σ . On a donc ainsi montré que G σ est stable pour la
conjugaison par les matrices de Gs .
µ ¶
A B
3. Dire que z = est dans G σ équivaut à dire que :
C D
µ ¶µ t ¶ µ ¶µ ¶
0 In A tC A B 0 In
t =− ,
In 0 B tD C D In 0

encore équivalent à : µ ¶ µ ¶
t t
B D B A
t t =− .
A C D C
En conséquence les matrices appartenant à G σ sont de la forme :
µ ¶
A B
z=
C − tA

où A est une matrice complexe d’ordre n et B, C sont deux matrices complexes d’ordre
n alternées.

IV
176 Agrégation externe 2000. Épreuve 1

1. Une matrice q d’ordre 2n vérifiant t qJn q = Jn étant nécessairement inversible (det ( t qJn q) =
det (q 2 ) det (Jn ) = det (Jn ) 6= 0, donc det (q 2 ) = 1), on en déduit que Ga est l’ensemble
t
des matrices d’ordre µ 2n vérifiant
¶ qJn q = Jn .
A B
Une matrice q = est dans Ga si et seulement si :
C D
µ t ¶µ ¶µ ¶ µ t ¶
A tC 0 In A B AC − t CA t AD − t CB
t =
B tD −In 0 C D t
BC − t DA t BD − t DB
µ ¶
0 In
= ,
−In 0
ce qui équivaut à :  t
 AC − t CA = 0,
t
AD − t CB = In , .
 t
BD − t DB = 0,
encore équivalent à dire que les matrices t AC et t BD sont symétriques avec t AD− t CB =
In .
µ ¶
A B
2. Pour toute matrice d’ordre 2n, z = , on a :
C D
µ t t

t B−B D+A
Jn z + zJn =
− ( t A + D) C − t C
et dire que z ∈ G A équivaut à dire que Jn t z + zJn = 0.
Pour z ∈ G A et q ∈ Ga , en posant z 0 = qzq −1 , on a :
Jn t z 0 + z 0 Jn = Jn t q−1 t z t q + qzq −1 Jn
et en tenant compte de t Jn = −Jn , Jn2 = −I2n et t qJn q = Jn , on obtient Jn t qJn q = −I2n ,
soit q−1 = −Jn t qJn , q −1 Jn = Jn t q et Jn t q −1 = qJn , puis :
¡ ¢t
Jn t z 0 + z 0 Jn = q Jn t z + zJn q = 0
du fait que Jn t z + zJn = 0 pour z ∈ G A . On a donc ainsi montré que G A est stable pour
la conjugaison par les matrices de Ga .
V
µ ¶ ¶ µ
A 0 0 0
1. (a) Pour tout g = t −1 dans M et X = dans r+λ (λ = s ou a), on a
0 A C 0
µ ¶µ ¶ µ −1 ¶
A 0 0 0 A 0
gXg −1 =
0 t A−1 C 0 0 t
A
µ ¶
0 0
= t −1 −1 ∈ r+
λ
A CA 0
(on a vu en I. 1. que M opère sur S et sur A). L’application (g, X) 7→ g∗X = gXg−1
est donc une loi externe sur r+ λ.
Il est facile de vérifier que I2n ∗X = X pour tout X ∈ r+ 0 0
λ et que (gg )∗X = g∗(g ∗X)
0
pour tous g, g dans M (la conjugaison est une opération sur M2n (C)), ce qui permet
de conclure que (g, X) 7→ g ∗ X est une action du groupe M sur l’ensemble r+ λ , pour
λ = s ou λ = a.
Corrigé 177
µ ¶
0 0
(b) L’application ηa : X = 7→ C est de manière évidente un isomorphisme
C 0
d’espaces vectoriels de r+
a sur A.
Avec :
ηa (g ∗ X) = t A−1 CA−1 = g.C = g.ηa (X) ,
on déduit que cet isomorphisme transforme l’opération de conjugaison de M en
l’action de M définie en I.1.
On procède de même pour ηs .
2. On a :
½ µ ¶ ½ ¾
A B A ∈ Mn (C) , (B, C) ∈ A2
Oak= z= σ
∈G | ,
C − tA z 2 = 0, rang (z) = 2k
½ µ ¶ ½ ¾
s A B A A ∈ Mn (C) , (B, C) ∈ S 2
Ok = z = ∈G | .
C − tA z 2 = 0, rang (z) = k

Soient z ∈ Oak et q ∈ Gs . D’après III. 2. on a qzq−1 ∈ G σ . De plus avec rang (qzq −1 ) =


2
rang (z) = 2k et (qzq −1 ) = qz 2 q −1 = 0, on déduit que qzq−1 ∈ Oak . En conclusion Oak est
stable sous l’action de conjugaison de Gs .
On montre de même que Osk est stable sous l’action de conjugaison de Ga .
3.
µ ¶ µ ¶
A B In T
(a) Pour tout q = = ∈ R−,s , on a :
C D 0 In
 t
 AC − t CA = 0,
t
AD − t CB = In ,
 t
BD − t DB = T − T = 0

et donc q ∈ Ga d’après le résultat de IV. 1. On a donc −,s


µ bien R¶ ⊂ G .µ
a

−,s In T 0 In T 0
Il est clair que R est non vide et pour tous q = , q =
0 In 0 In
dans R−,s , on a :
µ ¶µ ¶ µ ¶
0 −1 In T In −T 0 In T − T 0
qq = = ∈ R−,s .
0 In 0 In 0 In

En conclusion R−,s est un sous-groupe de Ga .


On montre de même
µ que¶R−,aµest un sous-groupe
¶ de Gs .
A B A 0
Pour tout Z = = ∈ M, on a :
C D 0 t A−1
 t
 AC − t CA = 0,
t
AD − t CB = t A t A−1 = In ,
 t
BD − t DB = 0

et donc Z ∈ Ga d’après le résultat de IV. 1. On a donc M ⊂ Ga et avec R−,s ⊂ Ga ,


on déduit que P s = MR−,s est contenu dansµ le groupe¶multiplicatif
µ 0G .
a

s A 0 0 A 0
Il est clair que P est non vide. Pour Z = , Z = dans
0 t A−1 0 t A0 −1
178 Agrégation externe 2000. Épreuve 1
µ ¶ µ ¶
In T 0 In T 0
M et Y = , Y = dans R−,s on a :
0 In 0 In
−1 −1
ZY (Z 0 Y 0 )−1 = ZY Y 0 Z 0
µ ¶
AA0 −1 A(T − T 0 ) t A0
=
0 t
(AA0 −1 )−1
= Z 00 Y 00

avec :
µ ¶ µ ¶
00 AA0 −1 0 00 In A0 (T − T 0 ) t A0
Z = ∈ M, Y = ∈ R−,s .
0 t
(AA0 −1 )−1 0 In

En conséquence P s est un sous-groupe de Ga .


On peut aussi utiliser le résultat suivant : si H, K sont deux sous-groupes d’un groupe
G, alors l’ensemble HK est un sous-groupe de G si et seulement si HK = KH.
En supposant que HK = KH, pour hk et h0 k0 dans HK (qui est non vide) on a :
−1
g = (hk) (h0 k0 ) = hkk 0−1 h0−1

avec g 0 = kk 0−1 h0−1 dans KH = HK qui s’écrit aussi g0 = h00 k00 , ce qui donne
g = hh00 k00 ∈ HK. On a donc ainsi montré que HK est un sous-groupe de G.
Réciproquement si HK est un sous-groupe de G, pour (h, k) dans H × K, on a
−1
h−1 k−1 ∈ HK et (h−1 k−1 ) = kh ∈ HK. On a donc KH ⊂ HK. Pour kh dans
HK, on a (kh)−1 = h−1 k−1 = h0 k 0 ∈ HK et hk = (h0 k0 )−1 = k0−1 h0−1 ∈ KH. On a
donc HK ⊂ KH et HK = KH.
Sachant que M et R−,s sont des sous-groupes de Ga , il s’agit alors de montrer que
MR−,s = R−,s M, ce qui résulte de :
µ ¶µ ¶ µ ¶
A 0 In T A AT
ZY = =
0 t A−1 0 In 0 t A−1
µ ¶ µ ¶
0 In AT t A A 0
=Y Z=
0 In 0 t A−1

avec T 0 = AT t A symétrique puisque T l’est.


On montre de même que P a est un sous-groupe de Gs .
a
(b) On sait déjà (question V.µ 2.) que O ¶k est stable sous l’action de conjugaison de
A B
Gs , donc pour tout z = dans Vka (qui est contenu dans Oak ) et pour
C − tA µ ¶
a s D 0
tout y = gq dans P (qui est contenu dans G ), où g = t −1 ∈ M, q =
µ ¶ 0 D
In T
∈ R−,a , on a yzy −1 ∈ Oak avec :
0 In
µ 0 ¶
−1 A B0
yzy =
C 0 − tA

et C 0 = t D−1 CD−1 est de même rang que C, donc rang (C 0 ) ≤ 2(k − 1) et yzy −1 est
bien dans Vka .
On montre de même que Vks est stable par l’action de P s .
Corrigé 179

VI

1. (a) Les matrices complexes B et C étant symétriques de rang r et u respectifs, le théo-


rème de réduction des formes bilinéaires complexes symétriques nous dit qu’il existe
des matrices inversibles d’ordre n P1 et P2 telles que :
µ ¶ µ ¶
t Ir 0 t Iu 0
P1 B P1 = , P2 C P2 =
0 0 0 0

et en posant : µ ¶ µ ¶
P1 0 P2−1 0
t
γ1 = t −1 , γ2 = ,
0 P1 0 P2
on a γ1 , γ2 dans M et :
µ ¶ µ ¶
P1 AP1−1 P¡1 B t P1 ¢ A0 B 0
Ad (γ1 ) (z) = γ1 zγ1−1 = t −1 =
P1 CP1−1 − t P1 AP1−1 C 0 − t A0
t −1 t
µ t −1 t t −1
¶ µ 00 ¶
−1 P2 A P2 P¡2 B P2 ¢ A B 00
Ad (γ2 ) (z) = γ2 zγ2 = =
P2 C t P2 − t t P2−1 A t P2 C 00 − t A00
µ ¶ µ ¶
0 t Ir 0 00 t Iu 0
avec B = P1 B P1 = et C = P2 C P2 = .
0 0 0 0
(b) On a : µ ¶µ ¶ µ ¶
0 −Ir 0 Ir Ir 0
Kr2 = −Jr2 = = = I2r
Ir 0 −Ir 0 0 Ir
donc Kr−1 = Kr . µ¶
σ A B
Un élément z de G s’écrit z = avec B, C alternées de rang respectif 2r
C − tA
et 2u. Le théorème de réduction des formes bilinéaires complexes alternées (question
II.1.) nous dit qu’il existe des matrices inversibles d’ordre n P1 et P2 telles que :
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶
1 t Jr 0 1 t Ju 0
P1 √ B P1 = , P2 √ C P2 = ,
−1 0 0 −1 0 0

soit : µ ¶ µ ¶
t Kr 0 t Ku 0
P1 B P1 = , P2 C P2 =
0 0 0 0
et en posant : µ ¶ µ ¶
P1 0 P2−1 0
t
γ1 = t −1 , γ2 = ,
0 P1 0 P2
on a γ1 , γ2 dans M et :
µ ¶
A0 B 0
Ad (γ1 ) (z) =
= γ1 zγ1−1
C 0 − t A0
µ 00 ¶
−1 A B 00
Ad (γ2 ) (z) = γ2 zγ2 =
C 00 − t A00
µ ¶ µ ¶
0 t Kr 0 00 t Ku 0
avec B = P1 B P1 = et C = P2 C P2 = .
0 0 0 0
180 Agrégation externe 2000. Épreuve 1
µ ¶ µ ¶
A0 B 0 Ic 0
2. (a) Si w = ∈ Vks avec B = 0
et D0 = − t A0 , alors la condition
C 0 D0 0 0
w2 = 0 s’écrit : µ ¶
A0 2 + B 0 C 0 A0 B 0 + B 0 D0
= 0.
A0 C 0 + C 0 D0 B 0 C 0 + D0 2
µ ¶
0 0 0 X1 X2
En écrivant chaque matrice A , C , D sous la forme X = , avec X1
X3 X4
d’ordre c, de l’égalité :
¶ µ µ ¶
0 0 A1 + D1 D2
0 0 A1 − t A1 − t A3
AB +BD = = =0
A3 0 A3 0
µ t ¶
0 t 0 A1 t A3
(D = − A = − t ), on déduit que t A1 = A1 et A3 = 0. Puis avec :
A2 t A4
µ 2 ¶
02 0 0 A1 + C1 A1 A2 + A2 A4 + C2
A +BC = =0
0 A24

on déduit que C1 = −A21 , A24 = 0 et C2 = −(A1 A2 + A2 A4 ).


La matrice w étant dans Vks qui est contenu dans Osk , la matrice C est symétrique
et donc : ¡ ¢
C3 = t C2 = − t A2 A1 + t A4 tA2 = D3 A1 − D4 D3
0 0 02
(ce qui peut aussi
µ se montrer¶avec B C + D = 0).
−A1 0
On a bien D0 = .
D3 D4
µ 0 ¶ µ ¶
A B0 a 0 Kc 0
(b) Si w = ∈ Vk avec B = et D0 = − t A0 , alors la condition
C 0 D0 0 0
w2 = 0 donne en gardant les notations qui précèdent :
µ ¶
0 0 0 0 A1 Kc − Kc t A1 −Kc t A3
AB +BD = =0
A3 Kc 0

ce qui entraîne A3 = 0 (la matrice Kc est inversible) et A1 Kc = Kc t A1 , soit :


t
A1 = Kc−1 A1 Kc = Kc A1 Kc = −Jc A1 Jc .

Puis avec :
µ ¶
02 0 0 A21 + Kc C1 A1 A2 + A2 A4 + Kc C2
A +BC = =0
0 A24
on déduit que :
 2
 A4 = 0,
C1 = −Kc−1 A21 = −Kc A21 ,

C2 = −Kc−1 (A1 A2 + A2 A4 ) = −Kc (A1 A2 + A2 A4 ).
La matrice w étant dans Vka qui est contenu dans Oak , la matrice C est alternée et
donc :
¡ ¢
C3 = − t C2 = t A2 A1 + t A4 tA2 t Kc = − (D3 D1 − D4 D3 ) Kc
= −D3 D1 Kc − D4 D3 Kc
Corrigé 181

et avec D1 Kc = t A1 t Kc = Kc A1 Kc t Kc = −Kc A1 Kc2 = −Kc A1 , on a bien :

C3 = D3 Kc A1 − D4 D3 Kc

(ce qui peut aussi B 0 C 0 + D0 2 = 0).


µ se montrer avec ¶
−Kc A1 Kc 0
On a bien D0 = .
D3 D4
3. (a) Si z ∈ Vks et γ ∈ M, alors w = Ad γ (z) ∈ Vks (V s
µ k est stable
¶ par l’action de P s qui
Ic 0
contient M) et si on suppose de plus que B 0 = , alors d’après VI. 2. (a),
0 0
on a :
   
A1 A2 Ic 0 A1 A2 Ic 0
 0 A4 0 0   0 A4 0 0 
w=  C1 C2 −A1 0  = 
  ,
−A1 2
−A1 A2 − A2 A4 −A1 0 
C3 C4 D3 D4 D3 A1 − D4 D3 C4 D3 D4

avec t A1 = A1 et A24 = 0.
Cette matrice a même rang que la matrice w1 déduite de w en effectuant les opéra-
tions élémentaires C1 7→ C1 − C3 A1 + C4 D3 et C2 7→ C2 − C3 A2 (on note Cj la colonne
bloc numéro j de w pour j = 1, 2, 3, 4), soit :
 
0 0 Ic 0
 0 A4 0 0 
w1 = 
 0

−A2 A4 −A1 0 
0 C4 − D3 A2 D3 D4

qui a même rang que la matrice w2 déduite de w1 par les opérations élémentaires
L3 7→ L3 + A1 L1 et L4 7→ L4 − D3 L1 (on note Li la ligne bloc numéro i de w pour
i = 1, 2, 3, 4), soit :  
0 0 Ic 0
 0 A4 0 0 
w2 = 
 0

−A2 A4 0 0 
0 C4 − D3 A2 0 D4
Sachant que rang (w2 ) = rang (w) = k (w ∈ Vks ⊂ Osk ), on déduit que c = k si et
seulement si :
A4 = D4 = C4 − D3 A2 = 0.
(b) Si z ∈ Vka et γ ∈ M, alors w = Ad γ (z) ∈ Vka µ (Vka est stable
¶ par l’action de P a qui
Kc 0
contient M) et si on suppose de plus que B 0 = , alors d’après VI. 2. (b),
0 0
on a :
 
A1 A2 Kc 0
 0 A4 0 0 
w=  C1 C2 D1 0 

C3 C4 D3 D4
 
A1 A2 Kc 0
 0 A4 0 0 
= 
,
−Kc A12
−Kc (A1 A2 + A2 A4 ) −Kc A1 Kc 0 
D3 Kc A1 − D4 D3 Kc C4 D3 D4
182 Agrégation externe 2000. Épreuve 1

avec t A1 = −Jc A1 Jc et A24 = 0.


Cette matrice a même rang que la matrice w1 déduite de w en effectuant les opé-
rations élémentaires C1 7→ C1 − C3 Kc A1 + C4 D3 Kc et C2 7→ C2 − C3 Kc A2 (Kc2 = I2c )
soit :  
0 0 Kc 0
 0 A4 0 0 
w1 =  0

−Kc A2 A4 −Kc A1 Kc 0 
0 C4 − D3 Kc A2 D3 D4
qui a même rang que la matrice w2 déduite de w1 par les opérations élémentaires
L3 7→ L3 + Kc A1 L1 et L4 7→ L4 − D3 Kc L1 soit :
 
0 0 Kc 0
 0 A4 0 0 
w2 = 
 0

−Kc A2 A4 0 0 
0 C4 − D3 Kc A2 0 D4

Sachant que rang (w2 ) = rang (w) = 2k (w ∈ Vka ⊂ Oak ), on déduit que c = k si et
seulement si :
A4 = D4 = C4 − D3 Kc A2 = 0.

VII

µ ¶
A B
1. Il s’agit de montrer que pour tout z = ∈ Vks , l’orbite de z sous l’action de
C − tA
conjugaison par les éléments de P s , à savoir :
© ª
Ad (P s ) z = γzγ −1 | γ ∈ P s

a une intersection non vide avec Wks .


En VI. 1. (a) on a vu µ que si c = ¶
rang (B) , il existe alors
µ un élément
¶ γ1 ∈ M ⊂ P s tel
A0 B 0 Ic 0
que z1 = Adγ1 (z) = ∈ Vks avec B 0 = , et en considérant que
C 0 − t A0 0 0 µ ¶
s s A B
Ad (P ) z = Ad (P ) z1 , on déduit qu’il suffit de s’intéresser au cas où z =
µ ¶ C − tA
Ic 0
dans Vks est tel que B = .
0 0
µ ¶
In T
2. Si γ = , alors :
0 In
µ ¶µ ¶µ ¶ µ ¶
−1 In T A B In −T A + TC E
Adγ(z) = γzγ = = ,
0 In C D 0 In C D − CT
µ ¶ µ ¶
Ic 0 0 0
où E = B + T D − AT − T CT. Avec B = ,T = , on obtient :
0 0 0 T0
µ ¶
Ic −A2 T 0
E= ,
T 0 D3 F0
Corrigé 183

où F 0 = T 0 D4 − A4 T 0 − T 0 C4 T 0 .
Du fait que c = rang (B) est maximal, on déduit que rang (E) ≤ c. Mais la présence du
bloc Ic en première colonne nous dit que rang (E) ≥ c. On a donc rang (E) = c.
D’autre part, la matrice E a même rang que la matrice E1 déduite de E par les opérations
élémentaires C2 7→ C2 + C1 A2 T 0 puis L2 7→ L2 − T 0 D3 L1 soit :
µ ¶
Ic 0
E1 = ,
0 F

avec F = T 0 D4 −A4 T 0 −T 0 (C4 −D3 A2 )T 0 et la condition rang (E1 ) = rang (E) = c impose
F = 0.
µ ¶ µ ¶
A B s Ic 0
3. (a) La condition z = ∈ Vk avec B = entraîne A24 = 0 (question
C − tA 0 0
VI. 2. (a)) et si de plus cette matrice A4 est non nulle, elle est alors nilpotente
d’ordre 2. En notant u l’endomorphisme de Cn−c ayant A4 pour matrice dans la
base canonique, on a Im (u) ⊂ ker (u) et une base © B1 = {u (e1 ) , · · · , u (er )}ª de
Im (u) , avec r ≥ 1, se complète en une base B2 = u (e1 ) , · · · , u (er ) , e01 , · · · , e0p de
ker (u) , avec r + p = dim (ker
© (u)) = (n − c) − r (théorème du rang). Onªvérifie alors
facilement que le système u (e1 ) , e1 , u (e2 ) , e2 , · · · , u (er ) , er , e1 , · · · , e0p est libre et
0

étant formé de 2r + p = n − c vecteurs c’est une base de Cn−c . La matrice de u dans


cette base est alors : µ ¶
0 E12 0
A4 = ,
0 H
ce qui signifie qu’il existe une matrice g d’ordre n−c inversible telle que gA4 g−1 = A04 .
On a donc n − c ≥ 2.
On peut aussi utiliser le théorème de réduction de Jordan.
µ ¶ µ ¶
0 −1 E22 0 t −1 E11 0
(b) Si T = g g ,Y = g, alors :
0 0 0 0
µ ¶µ ¶ µ ¶
0 E11 0 E22 0 t −1 E11 E22 0 t −1
YT = g = g =0
0 0 0 0 0 0

et Y F = Y T 0 (D4 − (C4 − D3 A2 )T 0 ) − Y A4 T 0 = −Y A4 T 0 .
(c) On a vu que la maximalité du rang de B entraîne la nullité de la matrice F, et avec
la question qui précède, on déduit que si A4 6= 0 alors Y A4 T 0 = 0. Mais :
µ ¶ µ ¶
0 E11 0 −1 E22 0 t −1
Y A4 T = gA4 g g
0 0 0 0
µ ¶µ ¶µ ¶
E11 0 E12 0 E22 0 t −1
= g
0 0 0 H 0 0
µ ¶µ ¶ µ ¶
E11 E12 0 E22 0 t −1 E11 E12 E22 0 t −1
= g = g ,
0 0 0 0 0 0
avec :
E11 E12 E22 = E12 6= 0.
On aboutit donc à Y A4 T 0 6= 0 en contradiction avec ce qui précède.
(d) En conclusion, A4 = 0 et avec D = − t A, on a D4 = − t A4 = 0.
184 Agrégation externe 2000. Épreuve 1

4. De A4 = D4 = 0 et F = 0, on déduit que T 0 XT 0 = 0 pour toute matrice symétrique T 0 et


en choisissant T 0 inversible, il en résulte que X = 0. En définitive, on a A4 = D4 = 0 et
C4 − D3 A2 = 0, ce qui équivaut à c = k d’après VI. 3. (a). On a donc c = rang (B) = k
et z est dans Wks .

VIII
µ ¶
A B
1. Il s’agit ici de montrer que pour tout z = ∈ Vka , l’orbite de z sous l’action
C − tA
de conjugaison par les éléments de P a , à savoir :
© ª
Ad (P a ) z = γzγ −1 | γ ∈ P a
a une intersection non vide avec Wka .
En VI. 1. (b) on a vu µ que si 2c =¶rang (B) , il existe µalors un élément
¶ γ1 ∈ M ⊂ P a tel
0 0
A B Kc 0
que z1 = Ad γ1 (z) = 0 t 0 ∈ Vka avec B 0 = , et en considérant que
C − A 0 0 µ ¶
a a A B
Ad (P ) z = Ad (P ) z1 , on déduit qu’il suffit de s’intéresser au cas où z =
µ ¶ C − tA
Kc 0
dans Vka est tel que B = .
0 0
µ ¶ µ ¶
In T 0 0
2. Si γ = avec T = où T 0 est alternée d’ordre n − 2c, alors :
0 In 0 T0
µ ¶
A + TC E
Adγ(z) = ,
C D − CT
avec : µ ¶
Kc −A2 T 0
E= ,
T 0 D3 F0
où F 0 = T 0 D4 − A4 T 0 − T 0 C4 T 0 .
Du fait que 2c = rang (B) est maximal, on déduit que rang (E) ≤ 2c et la présence du
bloc Kc nous dit que rang (E) = 2c.
Par opérations élémentaires, on vérrifie que E a même rang que :
µ ¶
I2c 0
E1 = ,
0 F
avec F = T 0 D4 − A4 T 0 − T 0 (C4 − D3 Kc A2 )T 0 et la condition rang (E1 ) = rang (E) = 2c
impose F = 0.
µ ¶ µ ¶
A B a Kc 0
3. (a) La condition z = ∈ Vk avec B = entraîne A24 = 0 (ques-
C − tA 0 0
tion VI. 2. (b)) et si de plus cette matrice A4 est non nulle, elle est alors nilpotente
d’ordre 2 et il existe une matrice g d’ordre n − 2c et inversible telle que :
   
0 1 0 0 µ ¶
  0 0 0  0  E12 0
−1
gA4 g =    = ,
0 0 0 0  0 H
0 0 0 H
en notant Eij la matrice d’ordre 3 dont tous les coefficients sont nuls sauf celui
d’indice (i, j) qui vaut 1.
Corrigé 185

(b) Si :
   
0 0 0 0 µ ¶
  0 0 1  0  t −1 E23 − E32 0
T 0 = g−1 

 g = g −1

t −1
g
0 −1 0 0 0 0
0 0 0 0
µ ¶
E11 0
et Y = g, alors Y T 0 = 0 et Y F = −Y A4 T 0 .
0 0
(c) On a vu que la maximalité du rang de B entraîne la nullité de la matrice F, et avec
la question qui précède, on déduit que si A4 6= 0 alors Y A4 T 0 = Y F = 0. Mais :
µ ¶ µ ¶
0 E11 0 −1 E23 − E32 0 t −1
Y A4 T = gA4 g g
0 0 0 0
µ ¶µ ¶µ ¶
E11 0 E12 0 E23 − E32 0 t −1
= g
0 0 0 H 0 0
µ ¶µ ¶ µ ¶
E11 E12 0 E23 − E32 0 t −1 E13 0 t −1
= g = g 6= 0.
0 0 0 0 0 0

On aboutit donc à Y A4 T 0 6= 0 en contradiction avec ce qui précède.


(d) En conclusion, on a A4 = D4 = 0.
4. De A4 = D4 = 0 et F = 0, on déduit que T 0 XT 0 = 0 pour toute matrice alternée T 0 . Si
n est pair, alors n − 2c = 2d et on peut choisir T 0 inversible (par exemple T 0 µ
= Jd ) ce qui

00
T 0
entraîne X = 0. Pour n impair, on a n − 2c = 2d + 1 et en choisissant T 0 = ,
µ ¶ 0 0
0 0
puis T 0 = avec T 00 alternée d’ordre 2d et inversible, on déduit que la matrice
0 T 00
X est de la forme :  
0 ··· 0 α
 0 ··· 0 0 
 
 ..  ,
X =  ... . . . ... . 
 
 0 ··· 0 0 
β 0 ··· 0
 
0 ··· 0 1
 0 ··· 0 0 
 
0  .. . . .
. .
. 
et le choix de T =  . . . .  donne α = β = 0. On a donc X = 0 dans tous
 
 0 ··· 0 0 
−1 0 · · · 0
les cas.
En définitive, on a A4 = D4 = 0 et C4 − D3 A2 = 0, ce qui équivaut à c = k d’après VI.
3. (b). On a donc 2c = rang (B) = 2k et z est dans Wka .

IX
186 Agrégation externe 2000. Épreuve 1
µ ¶
A B
Supposons qu’il existe une matrice z = ∈ Vks telle que rang (A) = k, il existe
C D µ ¶
0 Ik 0
alors deux matrices P, Q d’ordre n et inversibles telles que P AQ = A = . En notant :
0 0
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ 0 ¶
0 P 0 Q 0 P AQ P B t P A B0
z = z = =
0 tQ 0 tP t
QCQ t QD t P C 0 −A0

(D = − t A), on a rang (z 0 ) = rang (z) = k, rang (A0 ) = rang (A) = k et rang (C 0 ) = rang (C) ≤
k − 1.
En notant : µ ¶ µ ¶
00 In 0 00 In −B 0
P = , Q = ,
−C 0 In 0 In
on a : µ ¶
00 00 0 00 A0 B 0 − A0 B 0
z =P zQ = ,
C 0 − C 0 A0 (C 0 A0 − C 0 )B 0 − C 0 B 0 − A0
µ ¶
X 1 X 2
soit en écrivant chacune des matrices A0 , B 0 , C 0 sous la forme X = avec X1 d’ordre
X3 X4
k: µ ¶
00 Ik 0
z = .
0 E0
De rang (z 00 ) = rang (z 0 ) = µ
k, on déduit 0
¶ alors que E est la matrice nulle et en écrivant cette
E1 E2
matrice sous la forme E 0 = , avec E4 = (C 0 A0 − C 0 )B 0 − C 0 B 0 − A0 , on déduit que
E3 E4
E4 = 0, ce qui s’écrit :
A0 = C 0 (A0 B 0 − 2B 0 )
et entraîne rang (A0 ) ≤ rang (C 0 ) ≤ k − 1, en contradiction avec rang (A0 ) = k. On a donc
rang (A) ≤ k − 1.
Le cas des matrices de Vka se traite de manière analogue.
11

Agrégation externe 2001. Épreuve 1

11.1 Énoncé
Dans tout le problème n désigne un entier naturel strictement positif, R le corps des nombres
réels et Rn l’espace vectoriel euclidien canonique de dimension n. Rn est également canonique-
ment muni d’une structure d’espace affine. On choisit pour origine, notée O, le vecteur nul de
l’espace vectoriel.
On note hx, yi le produit scalaire de deux vecteurs x et y de Rn et kxk la norme euclidienne
de x.
On note GLn (R) le groupe des matrices carrées de dimension n inversibles et on note det (A)
le déterminant de la matrice carrée A. Si E est une partie de Rn et A une matrice dans GLn (R) ,
on note A (E) l’image de E par l’endomorphisme de Rn canoniquement associé à A.
Si E est une partie de Rn , on appelle figure polaire de E, notée E , la partie de Rn formée
des points y tels que hx, yi est inférieur à 1 pour tout x dans E :

E = {y ∈ Rn | ∀x ∈ E, hx, yi ≤ 1} .

On rappelle qu’une partie de Rn est convexe si, pour tout couple (A, B) de ses points, elle
contient le segment [A, B] . Une fonction f d’une partie E de Rn à valeurs dans R est dite
convexe si E est convexe et si

∀ (x, y) ∈ E 2 , ∀λ ∈ [0, 1] , f (λx + (1 − λ) y) ≤ λf (x) + (1 − λ) f (y)

(i.e. le graphe est sous ses cordes). On dit que f est strictement convexe si elle est convexe et si
l’inégalité précédente n’est une égalité que si x = y ou λ ∈ {0, 1} . Enfin f est dite (strictement)
concave si −f est (strictement) convexe.
Une partie E de Rn est dite O-symétrique si elle est globalement invariante par la symétrie
centrale (affine) de centre O. Si λ est un scalaire, on note λE l’image de E par l’homothétie de
centre O et de rapport λ.
On dit qu’une partie E de Rn est un corps convexe si elle convexe et d’intérieur non vide.
On remarquera qu’un corps convexe O-symétrique contient toujours O dans son intérieur (car
x + (−x)
si x est intérieur, il en est de même de −x par symétrie et aussi de par convexité).
2
Enfin si E est une partie Lebesgue-mesurable de Rn on note vol (E) son volume.
Les deuxième et troisième parties sont indépendantes l’une de l’autre. Il est rappelé que
la présentation, la rédaction et la précision sont des éléments importants d’appréciation des
copies.

187
188 Agrégation externe 2001. Épreuve 1

Partie I — Généralités

Soit K un corps convexe et compact de Rn contenant O dans son intérieur.


1. Soient K0 et K1 des parties convexes de Rn et θ un réel dans [0, 1] ; montrer que Kθ est
convexe, où on a noté :
Kθ = (1 − θ) K0 + θK1 = {x ∈ Rn | ∃ (x0 , x1 ) ∈ K0 × K1 , x = (1 − θ) x0 + θx1 } .
2. Soit A une matrice dans GLn (R) . Montrer (A (K)) = t A−1 (K ) .
3. Soit x dans Rn , on pose Ix = {λ ∈ R+ | x ∈ λK} .
(a) Montrer que Ix est un intervalle fermé non majoré de R+ .
(b) On peut donc poser jK (x) = inf (Ix ) ; c’est un réel positif. Soit ∂K la frontière de
K. Montrer que :
x ∈ K ⇔ jK (x) ≤ 1 et x ∈ ∂K ⇔ jK (x) = 1.
4. Étude d’exemples
(a) Expliciter K , jK et jK dans les trois cas suivants :
i. K est le disque unité (euclidien) de R2 .
ii. K est le carré K = {(x1 , x2 ) ∈ R2 | −1 ≤ x1 , x2 ≤ 1} .
iii. K est un parallélogramme, dans R2 , de centre O.
(b) Montrer que K est un corps convexe, compact, contenant O dans son intérieur et :
∀y ∈ Rn , jK (y) = max {hx, yi | x ∈ K} .
(c) On suppose que K est O-symétrique. Montrer que jK et jK sont des normes. Que
dire de (Rn , jK ) et (Rn , jK ) ?
5. Un résultat de dualité
On note pK la projection sur le convexe compact K.
(a) Soit a n’appartenant pas à K et H l’hyperplan passant par pK (a) et orthogonal à
la droite passant par a et pK (a) . Montrer qu’il existe une équation de la forme :
H = {x ∈ Rn | hx, ui = 1}}
pour un certain vecteur u de Rn , telle que ha, ui > 1 et, pour tout point x de K,
hx, ui ≤ 1.
(b) Montrer que (K ) = K.
6. Projection d’un convexe
Soit prH une projection (affine) de Rn d’image un hyperplan affine H et de direction
quelconque D (une droite affine) non parallèle à H. On munit l’espace affine d’un repère
(non nécessairement orthogonal) tel que H soit l’hyperplan d’équation xn = 0 et D la
droite d’équation x1 = · · · = xn−1 = 0.
Montrer qu’il existe φK et φK des applications de prH (K) dans R respectivement convexe
et concave telles que K soit l’ensemble des x = (x1 , · · · , xn ) tels que (x1 , · · · , xn−1 )
appartient à prH (K) et
φK (x1 , · · · , xn−1 ) ≤ xn ≤ φK (x1 , · · · , xn−1 ) .
Énoncé 189

Partie II — Géométrie des formes quadratiques

On appelle ellipsoïde (sous-entendu centré en O) la boule unité pour une forme quadratique
définie positive sur Rn . Il revient au même de se donner une matrice symétrique définie positive
A et de considérer le sous-ensemble E (A) de Rn des x tels que hx, Axi ≤ 1. On note E l’ensemble
des ellipsoïdes. En identifiant l’ellipsoïde E (A) aux coefficients ai,j de A avec i ≤ j, on considère
E comme une partie de Rn(n+1)/2 et on le munit de la topologie induite.
1. Ellipsoïdes et boules unités
Soit A une matrice symétrique définie positive. Montrer qu’il existe une matrice symé-
trique définie positive telle que B 2 = A−1 . En déduire qu’un ellipsoïde est l’image de la
boule unité (euclidienne) par une application linéaire.
2. Ellipsoïdes et convexité
Montrer que l’application A 7→ (det A)−1/2 de l’ensemble des matrices n × n symétriques
définies positives dans R+ est strictement convexe. (On pourra songer à considérer le
logarithme.)
3. Ellipsoïde maximal
Soit K un corps convexe compact O-symétrique de Rn .
(a) Soit v un réel strictement positif. Montrer que l’ensemble EK,v des ellipsoïdes de Rn
ayant un volume supérieur à v et inclus dans K est une partie compacte de E.
(b) En déduire qu’il existe un unique ellipsoïde EK de Rn inclus dans K et de volume
maximal pour cette propriété.
4. Formes quadratiques et corps convexes
(a) Soit K un corps convexe compact O-symétrique de Rn . On note IsK le groupe des
automorphismes linéaires u de Rn tels que u (K) = K. Montrer qu’il existe une forme
quadratique qK définie positive invariante par IsK , i.e. :

∀u ∈ IsK , ∀x ∈ Rn , qK (u (x)) = qK (x) .

(b) Donner EK et une forme qK possible dans chacun des exemples de I.4.a .

Partie III — Théorème de Brunn-Minkowski

Soient K0 et K1 deux parties compactes de Rn non nécessairement convexes. On note :

K0 + K1 = {x ∈ Rn | ∃ (k0 , k1 ) ∈ K0 × K1 , x = k0 + k1 } .

Le but de cette partie est de démontrer l’inégalité suivante (théorème de Brunn-Minkowski) :

vol (K0 )1/n + vol (K1 )1/n ≤ vol (K0 + K1 )1/n . (11.1)

On admettra pour la suite la précision suivante. L’égalité ne se produit que dans les cas
suivants : soit vol (K0 ) = vol (K1 ) = 0, soit l’un des compacts est réduit à un point, soit K0 et
K1 sont images l’un de l’autre par une homothétie affine ou une translation.
190 Agrégation externe 2001. Épreuve 1

1. Si (a1 , · · · , an ) et (b1 , · · · , bn ) sont deux n-uplets de réels, on note P (a, b) le parallélépipède


rectangle donné par :

P (a, b) = {(x1 , · · · , xn ) ∈ Rn | ∀i ∈ [1, n] , ai ≤ xi ≤ bi } .

On appelle standard un parallélépipède qui est de cette forme et d’intérieur non vide.
On suppose que K0 et K1 sont chacun réunions finies de parallélépipèdes standard d’in-
térieurs disjoints :
[
n0
¡ ¢ [
n1
¡ ¢
K0 = P a(i) , b(i) , K1 = P c(i) , d(i) .
i=1 i=1

On va montrer par récurrence sur n0 + n1 que l’inégalité (11.1) est valable pour K0 et K1 .
(a) Etablir l’inégalité (11.1) dans le cas où K0 et K1 sont des parallélépipèdes standard
(i.e. n0 = n1 = 1) en précisant le cas d’égalité (on pourra commencer par diviser par
vol (K0 + K1 )1/n ).
(b) Pour n0 et n1 quelconques avec n0 supérieur ou égal à 2, trouver un entier k entre
1 et n ainsi que deux réels t et u de sorte que chacun des demi-espaces xk ≥ t et
xk ≤ t contienne l’un des parallélépipèdes constituant K0 et que l’hyperplan xk = u
partage K1 suivant les mêmes proportions que ne le fait xk = t avec K0 :

vol (K0 ∩ {xk ≤ t}) vol (K1 ∩ {xk ≤ u})


= .
vol (K0 ∩ {xk ≥ t}) vol (K1 ∩ {xk ≥ u})

(c) Etablir l’inégalité (11.1) dans le cas où K0 et K1 sont des réunions finies de parallé-
lépipèdes standard d’intérieurs disjoints.
2. En déduire le théorème de Brunn-Minkowski.

11.2 Corrigé
— I — Généralités

1. Soit x = (1 − θ) x0 + θx1 et y = (1 − θ) y0 + θy1 dans Kθ avec x0 , y0 dans K0 , x1 , y1 dans


K1 et λ dans [0, 1] . En écrivant que :

z = λx + (1 − λ) y = (1 − θ) z0 + θz1 ,

avec z0 = λx0 + (1 − λ) y0 dans K0 (qui est convexe) et z1 = λx1 + (1 − λ) y1 dans K1


(qui est convexe), on déduit que z est dans Kθ . L’ensemble Kθ est donc convexe.
2. Un vecteur y ∈ Rn est dans (A (K)) si et seulement si :
­ ®
hAx, yi = x, t Ay ≤ 1

pour tout x ∈ K, ce qui équivaut à dire que t Ay est dans K ∗ , encore équivalent à
−1 −1
y ∈ (t A) (K ) . On a donc (A (K)) = (t A) (K ) .
3.
Corrigé 191

(a) Si x = O, alors Ix = R+ (O ∈ K) qui est bien un intervalle fermé non majoré de R+ .



On suppose que x 6= O. Le vecteur nul O étant dans l’intérieur K de K, il existe un
réel ε > 0 tel que la boule fermée B (O, ε) de centre O et de rayon ε soit contenue
ε ε
dans K. Le vecteur x est alors dans B (O, ε) ⊂ K et λ = ∈ Ix , ce qui
kxk kxk
montre que Ix est non vide.
De plus, comme x 6= O, on a Ix ⊂ R∗+ . En effet, si O ∈ Ix , alors x ∈ 0 · K = {O} et
x = O.
λ
Soit λ ∈ Ix . Il existe y ∈ K tel que x = λy. Pour µ > λ, le vecteur z = y +
µ ¶ µ
λ
1− O est dans K (qui est convexe) et x = µz ∈ µK, ce qui signifie que µ ∈ Ix .
µ
L’ensemble Ix est donc un intervalle non majoré de R+ . Il admet donc une borne
inférieure jK (x) . Pour tout entier naturel non nul n, il existe alors un réel λn ∈ Ix
1
tel que jK (x) ≤ λn < jK (x) + , ce qui donne une suite (yn )n≥1 de points de
n
K telle que x = λn yn pour tout n ≥ 1. De la suite (yn )n≥1 dans le compact K
¡ ¢
on peut alors extraire une sous-suite yϕ(n) n≥1 qui converge vers un élément y de
K et avec x = lim λϕ(n) yϕ(n) = jK (x) y, on déduit que jK (x) ∈ Ix . On a donc
n→+∞
Ix = [jK (x) , +∞[ , avec jK (x) = 0 si et seulement si x = O.
(b) On a x ∈ K si et seulement si 1 ∈ Ix , ce qui équivaut à jK (x) ≤ 1.
Supposons que jK (x) = 1. On a alors x 6= O. Pour tout réel ε ∈ ]0, 1[ , le vecteur
ε
y = x+ x est dans la boule fermée B (x, ε) et n’est pas dans K. En effet, si
kxk
y ∈ K, en posant λ = 1+1 ε , on a x = λy ∈ λK avec 0 < λ < 1 et jK (x) ≤ λ < 1 en
kxk
contradiction avec jK (x) = 1. On a donc B (x, ε) " K pour tout ε ∈ ]0, 1[ , ce qui
◦ ◦
/ K et donc x ∈ ∂K = K \ K.
signifie que x ∈
Supposons que jK (x) < 1. Avec jK (x) ∈ I, on déduit qu’il existe y ∈ K tel que x =

jK (x) y et avec O ∈ K qu’il existe ε ∈ ]0, 1[ tel que B (O, ε) ⊂ K. En écrivant tout
vecteur v ∈ B (x, (1 − jK (x)) ε) sous la forme :
v = x + (1 − jK (x)) z = jK (x) y + (1 − jK (x)) z,

où y ∈ K et z ∈ B (O, ε) ⊂ K, on déduit que v ∈ K. Il en résulte que x ∈ K.

On a donc ainsi montré que x ∈ ∂K = K \ K si et seulement si jK (x) = 1.

4. (a) i. La boule unité euclidienne K = {x ∈ R2 | kxk ≤ 1} est bien convexe compacte


avec O à l’intérieur.
Pour x, y dans K, on a hx, yi ≤ kxk kyk ≤ 1, ce qui entraîne x ∈ K ∗ . Récipro-
quement si x ∈ K ∗ , alors¿hx, yi ≤À1 pour tout y ∈ K et en particulier pour
1 1
x 6= O, x ∈ K donne x, x ≤ 1 équivalent à kxk ≤ 1, soit x ∈ K. On
kxk kxk
a donc K = K ∗ .
Pour x = O, on a Ix = R+ et jK (x) = 0.
Pour x 6= O et tout λ > 0 dans Ix , on a x ∈ λK = B (O,µλ) , donc
¶ λ ≥ kxk . Il
1
en résulte que jK (x) ≥ kxk . Tenant compte de x = kxk x ∈ kxk K, on
kxk
déduit que kxk ≤ jK (x) et jK (x) = kxk .
On a donc K = K ∗ et jK = jK ∗ = k·k .
192 Agrégation externe 2001. Épreuve 1

ii. En notant kxk∞ = max {|x1 | , |x2 |} , on a :


© ª © ª
K = x ∈ R2 | −1 ≤ x1 , x2 ≤ 1 = x ∈ R2 | kxk∞ ≤ 1 = B∞
(boule unité pour la norme infini) et c’est bien un convexe compact contenant
O dans son l’intérieur.
Si x ∈ K ∗ , en prenant y = (signe (x1 ) , signe (x2 )) , on a y ∈ K et :
hx, yi = |x1 | + |x2 | = kxk1 ≤ 1.
On a donc K ∗ ⊂ B1 = {x ∈ R2 | kxk1 ≤ 1} (boule unité pour la norme k·k1 ).
Réciproquement si x ∈ B1 , alors pour tout y ∈ K, on a :
hx, yi = x1 y1 + x2 y2 ≤ kxk∞ kxk1 ≤ 1
et x ∈ K ∗ . On a donc K ∗ = B1 .
Pour x 6= O, λ > 0 dans Ix , on a x ∈ λK = B∞ (O, λ) , donc
µ λ ≥¶kxk∞ . Il en
1
résulte que jK (x) ≥ kxk∞ . Tenant compte de x = kxk∞ x ∈ kxk∞ K,
kxk∞
on déduit que kxk∞ ≥ jK (x) et jK (x) = kxk∞ . On a donc jK = k·k∞ .
De manière analogue, on voit que jK ∗ = k·k1 .
iii. µ
Soit K
¶ = ABCD un parallélogramme
µ ¶ centré en O de sommets A = −C =
α γ
et B = −D = . Il existe une unique matrice inversible M ∈
β δ
GL ¶ telle K = M (C)
µ 2 (R) µ , où¶C = P QRS est le carréµde sommets¶ P = −R =
1 1 a b
et Q = −S = . Cette matrice M = est définie par
1 −1 c d
MP = A, MQ = B (par conservation des barycentres le carré C est bien
transformé en K si et seulement si ces deux conditions sont réalisées), ce qui
donne : µ ¶
1 α+γ α−γ
M= .
2 β+δ β−δ
−1
En utilisant le résultat de la question I.2 on a alors K ∗ = (M (C))∗ = (t M) (C ∗ ) ,
c’est-à-dire, compte tenu de (ii) que :
° °
x ∈ K ∗ ⇔ t Mx ∈ C ∗ ⇔ ° t Mx°1 ≤ 1.
Pour x 6= O,°λ > 0 dans° Ix , on a x ∈ λK, ce qui équivaut à x ∈ λM (C) encore
° 1 −1 °
équivalent à ° ° −1
° λ M x° ≤ 1 et en conséquence λ ≥ kM xk∞ . Il en résulte que
∞ µ ¶
−1 1
jK (x) ≥ kM xk∞ . Puis en écrivant x = My, y = kyk∞ y ∈ kyk∞ C,
kyk∞
on déduit que x ∈ kyk∞ M (C) = kyk∞ K et kyk∞ = kM −1 xk∞ ≥ jK (x) . On a
donc jK (x) = kM −1 xk∞ pour tout x ∈ R2 .
De manière analogue, on voit que jK ∗ (x) = kt Mxk1 pour tout x ∈ R2 .
(b) Pour x, y dans K ∗ et λ dans [0, 1] , on a pour tout z ∈ K :
hz, λx + (1 − λ) yi = λ hz, xi + (1 − λ) hz, yi ≤ λ + (1 − λ) = 1,
ce qui signifie que λx + (1 − λ) y ∈ K ∗ . L’ensemble K ∗ est donc convexe.
Pour tout x ∈ K, l’application ϕx : y 7→ hx, yi est linéaire continue (conséquence de
l’inégalité de Cauchy-Schwarz), donc l’ensemble :
{y ∈ Rn | hx, yi ≤ 1} = ϕ−1
x (]−∞, 1])
Corrigé 193
T
est fermé et K ∗ = ϕ−1
x (]−∞, 1]) est fermé comme intersection de fermés.
x∈K
L’ensemble K contenant O en son intérieur, il existe un réel ε > 0 tel que la boule
fermée B (0, ε) de centre O et de rayon ε est contenue dans K. Pour tout x ∈
ε
K ∗ \ {O} , le vecteur y = x est dans B (O, ε) , donc dans K et ε kxk = hx, yi ≤ 1,
kxk
1
c’est-à-dire que kxk ≤ . L’ensemble K ∗ est donc borné contenu dans la boule
µ ¶ ε
1
B O, .
ε
En définitive, K ∗ est compact car fermé borné dans Rn qui est de dimension finie.
Enfin, K étant µ compact
¶ est contenu dans une boule fermée B (O, R) avec R > 0 et
1 1
pour x ∈ B O, , y ∈ K, on a hx, yi ≤ kxk kyk ≤ kyk ≤ 1, ce qui signifie
R µ ¶ R
∗ 1
que x ∈ K . On a donc B O, ⊂ K ∗ , c’est-à-dire que K ∗ contient O en son
R
intérieur.
Pour tout y ∈ Rn l’application ϕy : x 7→ hx, yi est continue, elle est donc bornée et
atteint ses bornes sur le compact K. On peut donc poser :
M (y) = max {hx, yi | x ∈ K} .
Pour y = O, on a ϕy = 0, donc M (y) = 0 = jK (y) .
Pour y 6= O, on a jK (y) > 0, M (y) > 0 et pour 0 < λ < M (y) , par définition
¿ Àde la
1
borne supérieure, il existe x ∈ K tel que λ < hx, yi ≤ M (y) , on a donc x, y > 1
λ
1
et y ∈ / K ∗ , c’est-à-dire que y ∈/ λK ∗ et λ ∈
/ Iy∗ = {µ ∈ R+ | y ∈ µK ∗ } . Il en résulte
λ
que M (y) ≤ jK (y) . ¿ À
1
D’autre part, pour tout x ∈ K, on a hx, yi ≤ M (y) , soit x, y ≤ 1 et
M (y)
1
y ∈ K ∗ , c’est-à-dire que y ∈ M (y) K ∗ et donc M (y) ≥ jK (y) . En définitive
M (y)
M (y) = jK (y) .
(c) On a vu en I. 3. (a) que jK (x) = 0 si et seulement si x = O.
Pour λ > 0, x ∈ Rn , on a :
µ µ
µ ∈ Iλx ⇔ λx ∈ µK ⇔ x ∈ K ⇔ ∈ Ix ⇔ µ ∈ λIx ,
λ λ
c’est-à-dire que Iλx = λIx , soit [jK (λx) , +∞[ = λ [jK (x) , +∞[ et jK (λx) = λjK (x) .
De plus avec K supposé O-symétrique, on a :
λ ∈ I−x ⇔ −x ∈ λK ⇔ x ∈ −λK = λK ⇔ λ ∈ Ix ,
donc I−x = Ix et jK (−x) = jK (x) . On déduit alors de ce qui précède que pour tout
réel λ on a jK (λx) = jK (|λ| x) = |λ| jK (x) .
Pour x, y dans Rn , on a jK (x) ∈ Ix , jK (y) ∈ Iy , donc x ∈ jK (x) K, y ∈ jK (y) K
et il existe z, t dans K tels que x = jK (x) z, y = jK (y) t. Si (x, y) 6= (O, O) ,
jK (x)
alors jK (x) + jK (y) > 0 et avec la convexité de K, on a u = z+
jK (x) + jK (y)
jK (y)
t ∈ K, donc x + y = (jK (x) + jK (y)) u ∈ (jK (x) + jK (y)) K,ce ré-
jK (x) + jK (y)
sultat étant encore valable pour (x, y) = (O, O) . On a donc jK (x) + jK (y) ∈ Ix+y
194 Agrégation externe 2001. Épreuve 1

et jK (x + y) ≤ jK (x) + jK (y) .
On a donc ainsi montré que jK est une norme sur Rn .
Si K est O-symétrique, il en est de même de K ∗ , donc K ∗ a les mêmes propriétés
que K et jK ∗ est une norme sur Rn .

Si ϕ est une forme linéaire sur Rn , il existe un vecteur u tel que ϕ (x) = hx, ui
pour tout x ∈ Rn et la norme induite par jk sur (Rn )∗ (le dual de Rn ) est définie
par :
N (ϕ) = sup |ϕ (x)| = sup |hx, ui| = sup hx, ui = jK ∗ (u)
jk (x)≤1 x∈K x∈K

d’après I. 3. (b) et le fait que K est O-symétrique. En conclusion jK ∗ est la norme


induite par jk sur (Rn )∗ .
5. (a) On a :

H = pK (a) + (R (a − pK (a)))⊥
= {x ∈ Rn | hx − pK (a) , a − pK (a)i = 0}
= {x ∈ Rn | hx, a − pK (a)i = α} ,

où on a posé α = hpK (a) , a − pK (a)i .


Du fait que K est convexe et contient O en son intérieur, on va déduire que α 6= 0.
On sait que la projection pK (a) sur le convexe K est caractérisée par :

∀x ∈ K, hx − pK (a) , a − pK (a)i ≤ 0.

Si de plus x est intérieur à K, alors x n’appartient pas à H. En effet si x ∈ H, on


1
peut écrire x = lim xp avec xp = x + (a − pK (a)) et :
p→+∞ p
1
hxp − pK (a) , a − pK (a)i = hxp − x, a − pK (a)i = ka − pK (a)k2 > 0
p

en contradiction avec xp ∈ K pour p assez grand si x ∈ K. On a donc :

∀x ∈ K, hx − pK (a) , a − pK (a)i < 0.

Pour x = O ∈ K, on a alors α = hpK (a) , a − pK (a)i > 0.
1
On peut donc poser u = (a − pK (a)) et on a H = {x ∈ Rn | hx, ui = 1} . Pour
α
tout x ∈ K, la condition hx − pK (a) , a − pK (a)i ≤ 0 se traduit alors par hx, ui ≤ 1.
ha, a − pK (a)i
Enfin ha, ui = > 1 du fait que a 6= pK (a) .
hpK (a) , a − pK (a)i
(b) Soit x ∈ K. Pour tout y ∈ K ∗ on a hx, yi ≤ 1, donc x ∈ (K ∗ )∗ .
Si a ∈/ K, il existe u ∈ Rn tel que hx, ui ≤ 1 pour tout x ∈ K, donc u ∈ K ∗ , avec
ha, ui > 1, donc a ∈/ (K ∗ )∗ . On a donc bien (K ∗ )∗ = K.
6. Soit C = prH (K) . L’application affine prH conservant les barycentres, on en déduit que C
est convexe et par continuité de prH que c’est un compact. Pour x0 = (x1 , · · · , xn−1 ) ∈ C,
on note :
Jx0 = {xn ∈ R | (x1 , · · · , xn−1 , xn ) ∈ K} .
Corrigé 195

Comme x0 = prH (x) avec x ∈ K, l’ensemble Jx0 est non vide. Du fait que K est convexe,
on déduit que Jx0 est convexe dans R. En effet, si xn , yn sont dans Jx0 et λ dans [0, 1] ,
alors :
(x0 , λxn + (1 − λ) yn ) = λ (x0 , xn ) + (1 − λ) (x0 , yn ) ∈ K.
L’ensemble Jx0 est³ donc ´ un intervalle réel. L’ensemble K étant borné, il en est de même
(p)
de Jx0 . Enfin si xn est une suite de points de Jx0 qui converge vers xn ∈ R,
³p∈N ´
0 0 (p)
alors (x , xn ) = lim x , xn ∈ K puisque K est fermé et x ∈ Jx0 . En définitive
p→+∞
Jx0 est£ convexe compact
¤ dans R, c’est donc un intervalle fermé borné, il s’écrit donc
0 K 0
Jx0 = ϕK (x ) , ϕ (x ) et par construction, on a :
½ 0
0 x ∈ prH (H) ,
x = (x , xn ) ∈ K ⇔
ϕK (x0 ) ≤ xn ≤ ϕK (x0 ) .
Soient x0 , y 0 dans C et λ dans [0, 1] . On a (x0 , ϕK (x0 )) ∈ K, (y 0 , ϕK (y 0 )) ∈ K, donc :
λ (x0 , ϕK (x0 )) + (1 − λ) (y 0 , ϕK (y 0 )) = (λx0 + (1 − λ) y 0 , λϕK (x0 ) + (1 − λ) ϕK (y 0 )) ∈ K
et ϕK (λx0 + (1 − λ) y 0 ) ≤ λϕK (x0 ) + (1 − λ) ϕK (y 0 ) . On a donc ainsi montré que la
fonction ϕK est convexe sur C.
De manière analogue on vérifie que la fonction ϕK est concave sur C.

Partie II — Géométrie des formes quadratiques

1. Une matrice réelle symétrique définie positive a toutes ses valeurs propres strictement
positives et se diagonalise dans une base orthonormée, c’est-à-dire qu’il existe une matrice
orthogonale P et une matrice diagonale D de termes diagonaux tous strictement positifs
telles que A = P D t P. La matrice D peut s’écrire D = ∆2 avec ∆ diagonale de termes
diagonaux tous strictement positifs et en posant C = P ∆ t P, on a A = C 2 avec C
symétrique définie positive. En notant B = C −1 , on a A = B 2 avec B symétrique définie
positive.
Si E (A) est un ellipsoïde, en écrivant pour tout x ∈ Rn que hx, Axi = hx, C 2 xi = kCxk2 ,
on déduit que x ∈ E (A) si et seulement si Cx est dans la boule unité euclidienne Bn , ce
qui équivaut à x ∈ C −1 (Bn ) = B (Bn ) . On a donc ainsi montré que E (A) est l’image de
Bn par l’application linéaire B.
2. Montrons tout d’abord que l’ensemble Sn+ (R) des matrices symétriques définies positives
est convexe.
Il est clair que toute combinaison linéaire convexe de matrices symétriques est symétrique.
Si A, B sont dans Sn+ (R) et λ dans [0, 1] , en notant C = λA + (1 − λ) B, on a pour tout
x ∈ Rn :
hx, Cxi = λ hx, Axi + (1 − λ) hx, Bxi > 0,
c’est-à-dire que C est symétrique définie positive. L’ensemble Sn+ (R) est donc bien convexe.
Si A, B sont dans Sn+ (R) , la matrice A définit un produit scalaire euclidien et il existe une
matrice orthogonale P telle que A = P t P, B = P D t P, où D est une matrice diagonale
de termes diagonaux tous strictement positifs. En notant ϕ (M) = ln (det (M)) pour tout
M ∈ Sn+ (R) , on a pour tout réel λ ∈ [0, 1] :
α = ϕ (λA + (1 − λ) B) − λϕ (A) − (1 − λ) ϕ (B)
= ln (det (λIn + (1 − λ) D)) − (1 − λ) ln (det (D)) ,
196 Agrégation externe 2001. Épreuve 1

soit en notant d1 , · · · , dn les éléments diagonaux de D dans R∗+ :


X
n
α= (ln (λ + (1 − λ) di ) − (1 − λ) ln (di )) .
i=1

Avec la stricte concavité de la fonction logarithme, on a :

ln (λ · 1 + (1 − λ) d) ≥ λ ln (1) + (1 − λ) ln (d) = (1 − λ) ln (d)

pour tout d > 0 et tout λ ∈ [0, 1] , l’inégalité étant stricte pour d > 0, d 6= 1 et λ ∈ ]0, 1[ .
On déduit donc que :

ϕ (λA + (1 − λ) B) ≥ λϕ (A) + (1 − λ) ϕ (B) ,

l’inégalité étant stricte pour A 6= B et λ ∈ ]0, 1[ . La fonction A 7→


³ ln (det (A)) ´est donc
strictement concave, ce qui entraîne la stricte convexité de A 7→ ln (det (A))−1/2 et celle
de A 7→ (det (A))−1/2 (la log-convexité entraîne la convexité).
3. (a) Notons Ev l’ensemble des ellipsoïdes de Rn de volume supérieur ou égal à v et EK
l’ensemble des ellipsoïdes de Rn contenant K.
Soit E (A) ∈ Ev et B ∈ Sn+ (R) telle que B 2 = A−1 . En II. 1. on a vu que E (A) =
B (Bn ) et le volume de E (A) est :
Z Z
vol (Bn )
vol (E (A)) = dx = det (B) dy = det (B) vol (Bn ) = p .
B(Bn ) Bn det (A)
µ ¶2
vol (Bn )
La condition vol (E (A)) ≥ v est donc équivalente à det (A) ≤ M = .
v
On a donc :
Ev = {E (A) ∈ E | det (A) ≤ M} ,
ce qui définit un fermé de E du fait la continuité de la fonction déterminant.
Soit E (A) ∈ EK . En utilisant le résultat de I. 3. (b) la condition E (A) ⊂ K se
traduit par :
hx, Axi ≤ 1 ⇒ jK (x) ≤ 1.
Nous allons en déduire que :
n p o
EK = E (A) ∈ E | ∀x ∈ Rn , jK (x) ≤ hx, Axi .

En effet,
¿ si E (A)
µ ∈ E¶À K alors pour tout x ∈ µ Rn \ {O}
¶ on a α = hx, Axi > 0,
1 1 1 √
donc √ x, A √ x = 1 qui entraîne jK √ x ≤ 1, soit jK (x) ≤ α =
p α α α
hx, Axi, cepdernier résultat étant encore valable pour x = O. Réciproquement
si jK (x) ≤ hx, Axi pour tout x ∈ Rn alors la condition hx, Axi ≤ 1 entraîne
jK (x) ≤ 1 soit x ∈ K.
On a donc :
\ n p o \
x
EK = E (A) ∈ E | jK (x) ≤ hx, Axi = EK ,
x∈Rn x∈Rn

x
chaque ensemble EK étant fermé dans E du fait de la continuité de l’application
A 7→ hx, Axi . Il en résulte que l’ensemble EK est fermé dans E.
Corrigé 197

On peut donc déduire que EK,v = EK ∩ Ev est fermé dans E.


Pour montrer la compacité de EK,v , nous allons montrer que cet ensemble est contenu
dans un compact de E (une partie d’un compact est compacte si et seulement si elle
est fermée).
Le convexe K étant compact est contenu dans une boule fermée B = B (O, R) p qui est
également convexe compacte. Si E (A) ⊂ K alors E (A) ⊂ B et jB (x) ≤ hx, Axi
kxk p
pour tout x ∈ Rn avec jB (x) = (question I. 4. (a) (i)). On a donc hx, Axi ≥
R
kxk n
pour tout x ∈ R . En prenant pour vecteurs x successifs les éléments d’une base
R
orthonormé de vecteurs propres de A, on déduit que toutes les valeurs
µ propres
¶2 de A
1 vol (Bn )
vérifient λ ≥ . D’autre part si E (A) ∈ Ev alors det (A) ≤ M = , soit
R v
1 Qn
en notant ≤ d1 ≤ · · · ≤ dn les valeurs propres de A, di ≤ M, ce qui entraîne
R i=1
pour toute valeur propre di :
M
di ≤ Q
n ≤ MRn−1 .
dj
j=1,j6=i

En définitive pour tout ellipsoïde ·E (A) ∈ EK,v¸ , les valeurs propres de la matrice
1
A sont dans l’intervalle compact , MRn−1 (R est pris assez grand pour que
R
1 n−1
< MR ).
R
L’ensemble EK,v est donc contenu dans l’ensemble CK,v des ellipsoïdes E (A) telles
que A = P ¸D t P, où P est orthogonale et D diagonale à termes diagonaux dans
·
1
, MRn−1 . De la compacité du groupe des matrices orthogonales on déduit alors
R
la compacité de CK,v et celle de EK,v .
(b) Le convexe K étant O-symétrique contient O en son intérieur, il existe donc un
ellipsoïde contenu dans K. On note v le volume de cet ellipsoïde. L’ensemble EK,v
est donc non vide et compact. Avec la continuité de l’application volume A 7→
vol (Bn )
vol (E (A)) = p , on déduit alors qu’il existe dans EK,v un ellipsoïde de
det (A)
volume maximal et ce volume (qui est plus grand que v) est maximal parmi tous
les ellipsoïdes contenus dans K. Enfin avec la stricte convexité de l’application A 7→
(det (A))−1/2 , on déduit que cet ellipsoïde est unique.
4. (a) On remarque d’abord que si E (A) est un ellipsoïde et u un automorphisme de Rn ,
alors u (E (A)) est un ellipsoïde associé à t U −1 AU −1 ∈ Sn+ (R) . En effet tout vecteur
y ∈ u (E (A)) s’écrit de manière unique y = u (x) avec x ∈ E (A) ce qui équivaut à
hx, Axi ≤ 1, soit à hU −1 y, AU −1 yi ≤ 1 encore équivalent à hy, t U −1 AU −1 yi ≤ 1, ce
qui revient à dire que y ∈ E ( t U −1 AU −1 ) .
D’autre part pour u ∈ GL (Rn ) et E (A) ∈ E, on a :

E (A) ⊂ K ⇔ u (E (A)) ⊂ u (K) ,

donc Eu(K) = u (EK ) , où on a noté EK l’ensemble des ellipsoïdes de Rn contenant


K (u (K) est également un convexe compact O-symétrique). On en déduit alors que
198 Agrégation externe 2001. Épreuve 1

l’ellipsoïde contenant u (K) de volume maximal est Eu(K) = u (EK ) . En effet, pour
tout F = u (E) ∈ Eu(K) = u (EK ) avec E ∈ EK , on a :
vol (F ) = |det (u)| vol (E) ≤ |det (u)| vol (EK ) = vol (u (EK )) ,
donc u (EK ) est de volume maximal dans Eu(K) et par unicité on déduit que Eu(K) =
u (EK ) .
En particulier, pour tout u ∈ IsK , on a u (EK ) = EK et en notant qK la forme
quadratique associée à EK cela se traduit par qK (u (x)) = qK (x) pour tout x ∈ Rn .
En effet, pour x = O le résultat est trivial et, pour x 6= O on a qK (x) > 0, donc
1
x0 = p x ∈ EK (qK (x0 ) = 1), u (x0 ) ∈ u (EK ) = EK , soit qK (u (x0 )) ≤ 1, ce qui
qK (x)
1
entraîne qK (u (x)) ≤ qK (x) . Avec qK (u (x)) > 0, on a x00 = p u (x) ∈ EK ,
qK (u (x))
donc u−1 (x00 ) ∈ u−1 (EK ) = EK , ce qui se traduit par qK (x) ≤ qK (u (x)) . On a donc
qK (u (x)) = qK (x) pour tout x ∈ Rn .
(b) i. Si K = B (O, 1) , alors EK = K et qK = k·k2 .
ii. Si K = [−1, 1]2 , alors EK = B (O, 1) et qK = k·k2 .
iii. Si K est un parallélogramme, alors K = u (B (O, 1)) , où u est un automorphisme
2
de R2 , donc EK = u (B (O, 1)) et qK (x) = ku−1 (x)k pour tout x ∈ R2 .

Partie III — Théorème de Brunn-Minkowski

Q
n Q
n
1. (a) Si K0 = [ai , bi ] et K1 = [ci , di ] sont deux parallélépipèdes standards, on a alors
i=1 i=1
Q
n
K0 + K1 = [ai + ci , bi + di ] . En effet si x = y + z avec y ∈ [a, b] , z ∈ [c, d] alors
i=1
x ∈ [a + c, b + d] et réciproquement tout x ∈ [a + c, b + d] s’écrit :
x = λ (a + c) + (1 − λ) (b + d)
= (λa + (1 − λ) b) + (λc + (1 − λ) d) = y + z
avec y ∈ [a, b] , z ∈ [c, d] . En posant αi = bi − ai , βi = di − ci pour tout i compris
entre 1 et n, on a :
µ ¶1/n µ ¶1/n
vol (K0 ) vol (K1 )
γ= +
vol (K0 + K1 ) vol (K0 + K1 )
à n !1/n à n !1/n
Y αi Y βi
= +
α + βi
i=1 i i=1 i
α + βi
µ ¶1/n
Q
n 1P n
et en utilisant l’inégalité γi ≤ γi (la moyenne arithmétique majore la
i=1 n i=1
moyenne géométrique), on a :

1 X αi 1 X βi
n n
γ≤ + = 1,
n i=1 αi + βi n i=1 αi + βi

soit l’inégalité de Brunn-Minkowski. L’égalité est réalisée si et seulement si K0 et K1


αi
sont homothétiques ou translatés, ce qui correspond à = Cste et γ = 1.
βi
Corrigé 199

S
n0 n h
Q i
(i) (i)
(b) Soit K0 = Pi avec n0 ≥ 2, où les Pi = aj , bj sont des parallélépipèdes stan-
i=1 i=1
◦ ◦
dards d’intérieurs disjoints.
i Deh Pi1 ∩ P2 = h∅, on déduit qu’il existe un indice k compris
(1) (1) (2) (2)
entre 1 et n tel que ak , bk ∩ ak , bk = ∅ et un réel t tel que chacune des demi-
h i h i
(1) (1) (2) (2)
droites ]−∞, t] et [t, +∞[ contienne l’un des intervalles ak , bk ou ak , bk .
Chacun des demi-espaces définis par xk ≥ t et xk ≤ t contient alors l’un des parallé-
vol (K1 ∩ {xk ≤ u})
lépipèdes P1 ou P2 . Avec la continuité de l’application u 7→ de
vol (K1 ∩ {xk ≥ u})
R sur R+ et le théorème des accroissements finis, on déduit alors qu’il existe un réel
vol (K0 ∩ {xk ≤ t}) vol (K1 ∩ {xk ≤ u})
u tel que = .
vol (K0 ∩ {xk ≥ t}) vol (K1 ∩ {xk ≥ u})
(c) Soit à montrer par récurrence sur l’entier p ≥ 2 la propriété Hp suivante : si
K0 , K1 sont deux compacts réunions respectivement de n0 et n1 parallélépipèdes
standards d’intérieurs disjoints avec n0 + n1 ≤ p, alors vol (K0 )1/n + vol (K1 )1/n ≤
vol (K0 + K1 )1/n .
En III. 1. (a) on a vu que H2 est vraie. Supposons le résultat acquis pour p − 1 ≥ 2
S
n0 Sn1
et soient K0 = Pi , K1 = Qi avec n0 ≥ 2, n0 + n1 ≤ p,où les Pi {resp. Qi ]
i=1 i=1
sont des parallélépipèdes standards d’intérieurs disjoints. En utilisant les notations
de III. 1. (b) on pose :
½ −
K0 = K0 ∩ {xk ≤ t} , K0+ = K0 ∩ {xk ≥ t} ,
K1− = K1 ∩ {xk ≤ u} , K1+ = K1 ∩ {xk ≥ u}

et on a Kj = Kj− ∪ Kj+ avec Kj− , Kj+ d’intérieurs disjoints. les compacts K0− et
K0+ sont réunions respectivement de n− +
0 < n0 et n0 < n0 parallélépipèdes standards
d’intérieurs disjoints et K1− et K1+ réunions respectivement de n− +
1 ≤ n0 et n1 ≤ n0
parallélépipèdes standards d’intérieurs disjoints avec :
¡ ¢ ¡ ¢
vol K0− vol K1−
¡ ¢= ¡ ¢.
vol K0+ vol K1+

¡ ¢ vj−
On note vj = vol (Kj ) , vj± = vol Kj± et α = + pour j = 0, 1. En écrivant que :
vj
µ ¶
− + + − 1
vj = vj + vj = vj (1 + α) = vj 1 + (j = 0, 1)
α
on a :
³¡ ¢ ¡ ¢1/n ´
1/n 1/n 1/n
v0 + v1 = (1 + α)1/n v0+ + v1+
µ ¶1/n ³
1+α ¡ − ¢1/n ¡ − ¢1/n ´
= v0 + v1 ,
α
soit :
1 ³ 1/n 1/n
´n ³¡ ¢
+ 1/n
¡ + ¢1/n ´n
v + v1 = v0 + v1
1+α³ 0 ´ ³
α 1/n 1/n
n ¡ ¢1/n ¡ − ¢1/n ´n
v0 + v1 = v0− + v1
1+α
200 Agrégation externe 2001. Épreuve 1

et en additionnant :
³ ´n ³¡ ¢ ¡ ¢1/n ´n ³¡ − ¢1/n ¡ − ¢1/n ´n
1/n 1/n 1/n
v0 + v1 = v0+ + v1+ + v0 + v1 .

En utilisant l’hypothèse de récurrence, on obtient :


³ ´n ¡ ¢ ¡ ¢
1/n 1/n
v0 + v1 ≤ vol K0+ + K1+ + vol K0− + K1− .
¡ ¢ ¡ ¢
Enfin avec K0+ + K1+ , K0− + −
¡ K+1 d’intérieurs
¢ ¡ −disjoints
¢ (ils sont de part et d’autre
+ −
de l’hyperplan xk = t + u) et K0 + K1 ∪ K0 + K1 ⊂ K0 + K1 , on déduit que
¡ ¢ ¡ ¢
vol K0+ + K1+ + vol K0− + K1− ≤ vol (K0 + K1 ) et vol (K0 )1/n + vol (K1 )1/n ≤
vol (K0 + K1 )1/n .
2. Si K est un compact de Rn , pour tout entier p ≥ 1 on peut recouvrir K par un nombre
fini de parallélépipèdes standards d’intérieurs disjoints dont les cotés sont de longueur
1
au plus égale à . En notant Kp la réunion de ces parallélépipèdes, on a K ⊂ Kp ⊂
p
1
K + B∞ (O, 1) , où B∞ (O, 1) = [−1, 1]n . Si K0 et K1 sont deux compacts de Rn , on
³p ´ ³ ´
(p) (p)
note K0 et K1 deux telles suites. On a alors, d’après III. 1. (c) pour tout
p≥1 p≥1
p≥1:
³ ´1/n ³ ´1/n ³ ´1/n
(p) (p) (p) (p)
vol (K0 )1/n + vol (K1 )1/n ≤ vol K0 + vol K1 ≤ vol K0 + K1 .

Puis avec :
(p) (p) 2
K0 + K1 ⊂ K0 + K1 ⊂ K0 + K1 + B∞ (O, 1) ,
p
on déduit que :
³ ´ µ ¶
(p) (p) 2
vol (K0 + K1 ) ≤ vol K0 + K1 ≤ vol K0 + K1 + B∞ (O, 1)
p
µ ¶
2
et avec lim vol K0 + K1 + B∞ (O, 1) = vol (K0 + K1 ) (théorème de convergence
p→+∞ p
dominée), on déduit que :
³ ´
(p) (p)
lim vol K0 + K1 = vol (K0 + K1 )
p→+∞

et l’inégalité de Brunn-Minkowski s’en suit.


12

Agrégation externe 2002. Épreuve 1

12.1 Énoncé
Notations et définitions

Soient A, B et C trois groupes abéliens. On appelle forme biadditive de A × B dans C une


application f de A × B dans C qui vérifie les conditions suivantes :
½
∀ (a, a0 ) ∈ A2 , ∀b ∈ B, f (a + a0 , b) = f (a, b) + f (a0 , b)
∀a ∈ A, ∀ (b, b0 ) ∈ B 2 , f (a, b + b0 ) = f (a, b) + f (a, b0 )

— I — Formes sesquilinéaires symétriques

Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur C. On appelle forme sesquilinéaire sur E
une forme biadditive b de E × E dans C qui vérifie les conditions suivantes :
½
2 b (λx, y) = λb (x, y)
∀λ ∈ C, ∀ (x, y) ∈ E ,
b (x, λy) = λb (x, y)

Une telle forme est dite symétrique si l’on a :

∀ (x, y) ∈ E 2 , b (x, y) = b (y, x).

Une forme b sesquilinéaire symétrique sur E est dite définie positive [resp. définie négative]
sur un sous-espace vectoriel F de E si pour tout vecteur non nul x de F, b (x, x) est un réel
strictement positif [resp. strictement positif].
On appelle espace sesquilinéaire un couple (E, b) où b est une forme sesquilinéaire sur un
espace vectoriel E de dimension finie sur C. Un espace sesquilinéaire (E, b) est dit symétrique
si la forme b est symétrique.
Si (E, b) est un espace sesquilinéaire symétrique, l’orthogonal d’un sous-espace vectoriel F
de E est noté T ⊥ . C’est l’ensemble des vecteurs x de E tels que b (x, y) = 0 pour tout y dans
F.
Une base B = (e1 , e2 , · · · , en ) d’un espace sesquilinéaire symétrique (E, b) est dite ortho-
gonale si b (ei , ej ) est nul pour tous i 6= j. On dira qu’elle est semi-orthonormée si elle est
orthogonale et si de plus b (ei , ei ) est, pour tout i, égal à −1, 0 ou 1.
1. Soit (E, b) un espace sesquilinéaire symétrique. On suppose b non nulle.

201
202 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

(a) Monter qu’il existe un vecteur x ∈ E tel que b (x, x) soit non nul.
(b) Monter qu’il existe un vecteur y ∈ E tel que b (y, y) soit égal à 1 ou à −1.
2. Soit (E, b) un espace sesquilinéaire symétrique. Montrer qu’il existe une base semi-orthonormée
de (E, b) .
2
3. On suppose
µ que
¶ E est l’espace vectoriel C et que la forme b est définie par la matrice
0 1
A= . Construire une base semi-orthonormée de (E, b) .
1 0
4. Soient (E, b) un espace sesquilinéaire symétrique et B = (e1 , e2 , · · · , en ) une base semi-
orthonormée de (E, b) . On désigne par E+ [resp. E− , E0 ] le sous-espace-vectoriel de E
engendré par les vecteurs ei vérifiant b (ei , ei ) = 1 [resp. b (ei , ei ) = −1, b (ei , ei ) = 0]. Soit
F un sous-espace-vectoriel de E.
(a) Montrer que F ∩(E− ⊕ E0 ) est nul si b est définie positive sur F et que F ∩(E+ ⊕ E0 )
est nul si b est définie négative sur F.
Pn
(b) En déduire que le nombre b (ei , ei ) est indépendant de B. Ce nombre est noté
i=1
σ (E, b) ou simplement σ (E) s’il n’y a pas d’ambiguïté.
5. On suppose que E est l’espace vectoriel Cn , avec n ≥ 1, muni de sa base canonique
B = (e1 , e2 , · · · , en ) , et que la forme b est définie par :
½
1 si i + j = n + 1,
b (ei , ej ) =
0 sinon.

Calculer le nombre σ (E) .


6. Soient (E, b) un espace sesquilinéaire symétrique et x un vecteur non nul de E.
(a) On suppose que x appartient à E ⊥ . Montrer qu’il existe une base semi-orthonormée
B = (e1 , e2 , · · · , en ) telle que x = e1 .
(b) On suppose que b (x, x) est non nul. Montrer qu’il existe une base semi-orthonormée
B = (e1 , e2 , · · · , en ) et un réel λ > 0 tels que x = λe1 .
(c) On suppose que b (x, x) est nul et que x n’appartient pas à E ⊥ . Montrer qu’il existe
une base semi-orthonormée B = (e1 , e2 , · · · , en ) telle que x = e1 + e2 .
7. Soit (E, b) un espace sesquilinéaire symétrique. Soit F = Cx le sous-espace vectoriel de E
engendré par un vecteur non nul x ∈ E et G = F ⊥ son orthogonal. Déterminer l’espace
G suivant les cas examinés dans la question I.6. Montrer que l’on a dans tous les cas
σ (E) = σ (F ) + σ (G) .
8. Soit (E, b) un espace sesquilinéaire symétrique. Soit F un sous-espace vectoriel de E
engendré par un vecteur non nul x ∈ E et G = F ⊥ son orthogonal. Soit (u1 , u2 , · · · , up )
une base semi-orthonormée de (F, b) . Pour tout i compris entre 1 et p on note Fi le
sous-espace vectoriel engendré par les vecteurs uj où j est compris entre 1 et i et Gi
l’orthogonal Fi⊥ de Fi . Déterminer, en fonction de σ (E) , les nombres σ (Fi ) + σ (Gi ) . En
déduire la formule : ¡ ¢
σ (E) = σ (F ) + σ F ⊥ .

— II — Espaces sesquilinéaires
Énoncé 203

Soit (E, b) un espace sesquilinéaire. Si F est un sous-espace vectoriel de E, on appelle or-


thogonal à droite [resp. orthogonal à gauche] de F l’ensemble note F ⊥ [resp. ⊥ F ] des vecteurs
x de E tels que :
∀y ∈ F, b (y, x) = 0 [resp. b (x, y) = 0]
On dit que la forme b est non dégénérée si E ⊥ et ⊥ E sont nuls.
Si F est un sous-espace vectoriel de E, on dit que b est non dégénérée sur F si la restriction
de b à F est non dégénérée.
1. Soient (E, b) un espace sesquilinéaire, B = (e1 , e2 , · · · , en ) une base de E et M la matrice
de b dans cette base.
(a) Soient x, y deux vecteurs de E et X, Y les matrices colonnes ayant comme coefficients
les coordonnées de x et y dans la base B. Montrer que :

∀ (x, y) ∈ E 2 , b (x, y) = t XMY .

(b) Montrer que les conditions suivantes sont équivalentes :


i. b est non dégénérée ;
ii. M est inversible ;
iii. E ⊥ = {0} ;

iv. E = {0} .
2. Montrer que si (E, b) est un espace sesquilinéaire symétrique, alors :
¡ ¢
σ (E, b) ≡ dim (E) − dim E ⊥ (mod 2) .

3. Soient (E, b) un espace sesquilinéaire et F un sous-espace vectoriel de E.


(a) Montrer que F ⊥ et ⊥
F sont des sous-espaces vectoriels de E.
(b) Montrer les inégalités :
½ ¡ ¢
dim (F ) + dim ¡ F ⊥ ¢ ≥ dim (E)
dim (F ) + dim ⊥ F ≥ dim (E)

Montrer que ces inégalités sont des égalités si b est non dégénérée (sur E).
(c) On suppose que b est non dégénérée sur F. Montrer que :

E = F ⊕ F ⊥ = F ⊕ ⊥ F.

(d) On suppose que b est non dégénérée sur F. Montrer que :



¡ ⊥ ¢ ¡ ⊥ ¢⊥
F = F = F.

4. Soient E l’espace vectoriel C2 muni de sa base canonique (e1 , e2 ) et b la forme sesquilinéaire


sur E vérifiant :
b (ei , e1 ) = 0, b (ei , e2 ) = 1 (i = 1, 2)
Déterminer un sous-espace vectoriel F de E tel que F ⊥ et ⊥
F n’aient pas la même
dimension.
204 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

5. Montrerµqu’une matrice
¶ A ∈ Mn (C) est de rang r si et seulement si elle est équivalente
Ir 0
à Ar = où Ir désigne la matrice identité d’ordre r.
0 0n−r
6. Soit (E, b) un espace sesquilinéaire. Montrer qu’il existe un endomorphisme bijectif f de
E tel que la forme (x, y) 7→ b (f (x) , y) soit une forme sesquilinéaire symétrique.
7. Soit (E, b) un espace sesquilinéaire. Soit ε un nombre complexe. On dit que b est ε-
symétrique si l’on a :
∀ (x, y) ∈ E 2 , b (x, y) = εb (y, x)
On dira dans ce cas que (E, b) est ε-symétrique.
(a) Montrer que si la forme b est ε-symétrique et non nulle, alors εε = 1.
(b) Soit ε un nombre complexe tel que εε = 1. Donner un exemple d’espace sesquilinéaire
(E, b) où b est ε-symétrique et non nulle.
8. Soit ε un nombre complexe tel que εε = 1. Soit (E, b) un espace sesquilinéaire ε-
symétrique.
(a) Montrer qu’il existe un nombre complexe α non nul tel que αb soit une forme ses-
quilinéaire symétrique.
(b) Soit β un nombre complexe non nul. Déterminer à quelle condition (portant sur α
et β) la forme βb est symétrique. Déterminer (en fonction de σ (E, αb) , α et β) le
nombre σ (E, βb) .

— III — Espaces semi-quadratiques


α
Soit α un nombre complexe non nul. On pose ε = − . On appelle espace α-semi-quadratique
α
un triplet (E, b, f ) où E est un espace vectoriel de dimension finie sur C, b une forme sesquili-
néaire sur E non dégénérée et f une forme linéaire sur E et tel que :
∀ (x, y) ∈ E 2 , b (x, y) − εb (y, x) = αf (x) f (y).
Un espace α-semi-quadratique (E, b, f ) sera dit de type T 0 si f est nulle et de type T 1 sinon.
Soient E = (E, b, f ) et E 0 = (E 0 , b0 , f 0 ) deux espaces α-semi-quadratiques. On appelle iso-
morphisme de E sur E 0 une application linéaire bijective ϕ de E sur E 0 ayant les propriétés
suivantes : ½
∀x ∈ E, f 0 (ϕ (x)) = f (x) ,
∀ (x, y) ∈ E 2 , b0 (ϕ (x) , ϕ (y)) = b (x, y) .
On dit que E et E 0 sont isomorphes s’il existe un isomorphisme de E sur E 0 .
1. Soient (E, b) un espace sesquilinéaire, f une forme linéaire non nulle sur E et u un
complexe tel que uu = 1. On suppose que l’on a :
∀ (x, y) ∈ E 2 , b (x, y) − ub (y, x) = αf (x) f (y).
Montrer que u est égal à ε.
2. Soit E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique.
(a) Montrer qu’il existe un unique vecteur e ∈ E vérifiant la condition suivante :
∀x ∈ E, b (x, e) = f (x) .
Ce vecteur sera appelé vecteur centre de E.
Énoncé 205

(b) Soit λ le complexe défini par :

1−λ
f (e) = .
α
Montrer que λλ = 1.
Cet élément λ sera appelé le poids de E.
3. Déterminer le vecteur centre et le poids d’un espace α-semi-quadratique de type T 0.
4. Soient E = (E, b, f ) et E 0 = (E 0 , b0 , f 0 ) deux espaces α-semi-quadratiques isomorphes.
Montrer qu’ils ont même poids.
5. Soient E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique de type T 1, e le vecteur centre de
E, x un vecteur non nul de E et F l’orthogonal à gauche du sous-espace vectoriel de E
engendré par x.
(a) Montrer que ker (f ) est égal à F si, et seulement si, x est colinéaire à e.
(b) Déterminer l’orthogonal à droite de ker (f ) .
6. Soit λ un complexe différent de 1 tel que λλ = 1. Montrer qu’il existe une unique forme
sesquilinéaire b sur C telle que (C, b, Id) soit un espace α-semi-quadratique de poids λ.
7. Montrer que deux espaces α-semi-quadratiques de dimension 1 et de type T 1 sont iso-
morphes si, et seulement si, ils ont même poids.
8. Soit E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique de type T 1 de dimension 2, de poids
λ = 1 et de vecteur centre e.
b (x, x)
(a) Soit x un vecteur de E tel que f (x) = 1. Montrer que la partie réelle de est
α
1
égale à .
2
α
(b) Montrer qu’il existe un vecteur x de E tel que f (x) = 1 et b (x, x) = .
2
(c) En déduire que deux espaces α-semi-quadratiques de type T 1 de dimension 2 et de
poids λ = 1 sont isomorphes.
9. Soient E = (E, b, f ) et E 0 = (E 0 , b0 , f 0 ) deux espaces α-semi-quadratiques. Montrer qu’il
existe une unique forme sesquilinéaire b00 sur E 00 = E × E 0 et une unique forme linéaire
f 00 sur E 00 vérifiant les conditions suivantes :
(a) ∀ (x, x0 ) ∈ E × E 0 , f 00 (x, x0 ) = f (x) + f 0 (x0 ) ;
(b) ∀ (x, y) ∈ E 2 , b00 ((x, 0) , (y, 0)) = b (x, y) ;
(c) ∀ (x0 , y 0 ) ∈ E 2 , b00 ((0, x0 ) , (0, y 0 )) = b0 (x0 , y 0 ) ;
(d) ∀ (x, y 0 ) ∈ E × E 0 , b00 ((x, 0) , (0, y 0 )) = 0 ;
(e) E 00 = (E 00 , b00 , f 00 ) est un espace α-semi-quadratique.
Calculer b00 ((x, x0 ) , (y, y 0 )) pour tous (x, x0 ) et (y, y 0 ) dans E 00 .
L’espace α-semi-quadratique E 00 sera appelé produit orthogonal de E et de E 0 et noté
E × E 0.
10. Soient E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique et F un sous-espace vectoriel de E.
On suppose que b est non dégénérée sur F. On note b0 et f0 les restrictions de b et f à F,
b1 et f1 les restrictions de b et f à F ⊥ , b2 et f2 les restrictions de b et f à ⊥ F.
206 Agrégation externe 2002. Épreuve 1
¡ ¢ ¡⊥ ¢
(a) Montrer que F = (F, b0 , f0 ) , F ⊥ = F ⊥ , b1 , f1 et ⊥
F = F, b2 , f2 sont des
espaces α-semi-quadratiques.
(b) Montrer que E est isomorphe au produit orthogonal de F et de F ⊥ , ainsi qu’au
produit orthogonal de ⊥ F et de F.
11. Soient E = (E, b, f ) et E 0 = (E 0 , b0 , f 0 ) deux espaces α-semi-quadratiques, e et e0 leurs
vecteurs centres, λ et λ0 leurs poids.
(a) Déterminer le vecteur centre du produit orthogonal E 00 de E et de E 0 .
(b) Montrer que le poids de E 00 est égal à λλ0 .
12. Soient E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique et F le noyau de f.
(a) Montrer que b est non dégénérée sur F si, et seulement si, le poids de E est différent
de 1 ou si E est de type T 0.
(b) Montrer que iαb est une forme symétrique sur F.
Si E = (E, b, f ) est un espace α-semi-quadratique, on appelle pseudo-signature de E le
nombre ps (E) = σ (ker (f ) , iαb) .
13. Soient E = (E, b, f ) et E 0 = (E 0 , b0 , f 0 ) deux espaces α-semi-quadratiques. On suppose
que E ou E 0 est de type T 0. Déterminer la pseudo-signature de E × E 0 en fonction des
pseudo-signatures de E et de E 0 .
14. Soient E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique de type T 1 et E1 , E2 deux sous-espaces
vectoriels de E tels que E = E1 ⊕ E2 . On suppose que E2 est l’orthogonal à droite de E1
et que f n’est nulle ni sur E1 ni sur E2 .
(a) Montrer que les restrictions de b et f induisent sur E1 et E2 deux structures d’espaces
α-semi-quadratiques de type T 1, que l’on notera E1 et E2 .
(b) Soient e1 et e2 les vecteurs centres de E1 et E2 , F le noyau de f, F1 et F2 les inter-
sections de F avec E1 et E2 .
i. Montrer l’inclusion :
F ∩ (F1 ⊕ F2 )⊥ ⊂ Ce1 ⊕ Ce2 .
ii. En déduire que l’intersection de F et de (F1 ⊕ F2 )⊥ est engendrée par e1 et e2
si les poids de E1 et E2 sont égaux à 1, et par f (e2 ) e1 − f (e1 ) e2 sinon.
(c) Soient λ, λ1 et λ2 les poids de E, E1 et E2 . Montrer que le nombre ps (E) − ps (E1 ) −
ps (E2 ) est égal à 1, 0 ou −1 suivant que = (λ1 )+= (λ2 )−= (λ) est strictement positif,
nul ou strictement négatif (on peut utiliser les résultats de la première partie).
Soient E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique et λ son poids. On pose
(
ps (E) si λ = 1
σ (E) = arg (λ)
ps (E) + 1 − si λ 6= 1
π
Le nombre σ (E) est appelé signature de E.
15. Soit E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique de dimension n, de signature σ, de poids
λ et de pseudo-signature s.
(a) Montrer que λ = 1 si, et seulement si, σ − n est un entier pair.
Corrigé 207

(b) En déduire les formules :




 eiπ(n−σ)
λ =

 σ si σ − n·∈ 2Z ¸

 s= σ−n
  n+1+2 sinon
2

16. On reprend les notations et hypothèses de la question 14. On pose λ1 = eiβ , λ2 = eiγ avec
0 ≤ β < 2π, 0 ≤ γ < 2π et k = 1, 2 ou 3 suivant que β + γ − 2π est strictement négatif,
nul ou strictement positif.
(a) Calculer σ (E) − σ (E1 ) − σ (E2 ) − (ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 )) en fonction de β, γ et
k.
(b) En déduire que σ (E) = σ (E1 ) + σ (E2 ) .
(c) Montrer que la signature d’un produit orthogonal de deux espaces α-semi-quadratiques
est la somme de leurs signatures.
17. Soit σ un réel dans [−1, 1] . Montrer qu’il existe un espace α-semi-quadratique E de
dimension 1 et de signature σ.
18. Soient σ un réel et n un entier. Montrer qu’il existe un espace α-semi-quadratique E de
dimension n et de signature σ si, et seulement si, |σ| ≤ n.
19. Montrer que deux espaces α-semi-quadratiques E et E 0 sont isomorphes si, et seulement
si, ils ont même dimension, même type et même signature.

12.2 Corrigé
— I — Formes sesquilinéaires symétriques

1.
(a) Si b est une forme sesquilinéaire symétrique sur E, on a pour tous vecteurs u, v dans
E: ½
b (u + v, u + v) = b (u, u) + 2< (b (u, v)) + b (v, v)
b (iu + v, iu + v) = b (u, u) − 2= (b (u, v)) + b (v, v)
On en déduit que si b (x, x) = 0 pour tout x dans E, alors < (b (u, v)) et = (b (u, v))
sont nuls pour tous u, v dans E, ce qui équivaut à dire que b est nulle.
On peut aussi utiliser l’identité de polarisation :

4 · b (u, v) = b (u + v, u + v) − b (u − v, u − v)
+i (b (u + iv, u + iv) − b (u − iv, u − iv))

On a donc montré que si b est non nulle, il existe alors x ∈ E tel que b (x, x) soit
non nul. De plus, comme b est symétrique b (x, x) est réel.
(b) Si x ∈ E est tel que b (x, x) 6= 0, en posant :
1
y=p x
|b (x, x)|

on définit un vecteur tel que |b (y, y)| = 1 avec b (y, y) réel, ce qui donne b (y, y) = ±1.
208 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

2. On procède par récurrence sur la dimension n ≥ 1 de E.


Pour n = 1, on a E = Cx avec x 6= 0. Si b est nulle on a b (x, x) = 0 et B = (x) est une
base semi-orthonormée de (E, b) . Si b est non nulle on peut trouver un vecteur e1 non
nul dans E tel que b (e1 , e1 ) = ±1 et B = (e1 ) est une base semi-orthonormée de (E, b) .
Supposons le résultat acquis pour les espaces vectoriels de dimension p comprise entre 1
et n − 1 et soit (E, b) un espace sesquilinéaire symétrique de dimension n ≥ 2.
Si b est nulle alors toute base de E est semi-orthonormée.
Si b est non nulle on peut trouver un vecteur e1 non nul dans E tel que b (e1 , e1 ) = ±1.
L’orthogonal F = (Ce1 )⊥ est alors un hyperplan de E puisque c’est le noyau de la forme
linéaire non nulle x 7→ b (x, e1 ) et F ∩ Ce1 = {0} (λe1 ∈ F entraîne b (λe1 , e1 ) = ±λ = 0).
On a donc E = Ce1 ⊕ F. L’hypothèse de récurrence nous dit qu’il existe une base B0 =
(e2 , · · · , en ) qui est semi-orthonormée pour la restriction de b à F et B = (e1 , e2 , · · · , en )
est une base semi-orthonormée de (E, b) .
3. La forme sesquilinéaire b est définie sur C2 par :

b (u, v) = xy 0 + x0 y,
µ ¶ µ ¶
x x0
où u = et v = . Une base semi-orthonormée de (E, b) est donnée par :
y y0
µ 1
¶ µ 1

e1 = 2 , e2 = 2
1 −1

avec b (e1 , e1 ) = 1 et b (e2 , e2 ) = −1.


4. Si B = (e1 , e2 , · · · , en ) est une base semi-orthonormée de (E, b) , on a alors pour tout
Pn
vecteur x = xi ei dans E :
i=1

X
n
b (x, x) = b (ei , ei ) |xi |2 .
i=1

En particulier, on a : 
 ∀x ∈ E0 , b (x, x) = 0
∀x ∈ E+ \ {0} , b (x, x) > 0

∀x ∈ E− \ {0} , b (x, x) < 0
c’est-à-dire que b est nulle sur E0 , définie positive sur E+ [resp. définie négative sur E− ]
si cet espace n’est pas réduit à {0} et positive sur E+ ⊕ E0 [resp. négative sur E− ⊕ E0 ].
(a) Si b est définie positive sur F avec F ∩ (E− ⊕ E0 ) 6= {0} , elle est à la fois définie
positive et négative sur cet espace, ce qui est impossible. On a donc F ∩(E− ⊕ E0 ) =
{0} si b est définie positive sur F.
De même, F ∩ (E+ ⊕ E0 ) = {0} si b est définie négative sur F.
(b) On a :
X
n
b (ei , ei ) = dim (E+ ) − dim (E− ) .
i=1

Il nous suffit donc de monter que le couple d’entiers (dim (E+ ) , dim (E− )) ne dépend
que de (E, b) et pas du choix d’une base semi-orthonormée de (E, b) .
Si B0 = (e01 , · · · , e0n ) une autre base semi-orthonormée de (E, b) , on note E+0 , E−0 et
E00 les sous-espaces définis comme E+ , E− et E0 .
Corrigé 209

Comme b est définie positive sur E+0 , la question précédente nous dit que E+0 ∩
(E− ⊕ E0 ) = {0} ce qui entraîne que :
E = E+0 ⊕ E− ⊕ E0 ⊕ H
et : ¡ ¢
dim E+0 ≤ dim (E) − dim (E− ⊕ E0 ) = dim (E+ ) .
¡ 0¢
Les bases B et B¡0 jouant
¢ des rôles symétriques, on a aussi dim (E+ ) ≤ dim ¡E+0 ¢ et
0
dim (E+ ) = dim E+ . De manière¡analogue, ¡ 0 ¢ on vérifie
¡ 0 ¢¢que dim (E− ) = dim E− .
On a donc (dim (E+ ) , dim (E− )) = dim E+ , dim E− et en conséquence dim (E0 ) =
dim (E00 ) .
Le couple (dim (E+ ) , dim (E− )) est la signature de b.
5. La matrice de b dans la base canonique de E = Cn est :
 
0 0 ··· ··· 0 1
 0 0 ··· 0 1 0 
 . . . 
 . . 
 . . · · · .. 
A= . .. .. 
 .. · · · . . 
 
 0 1 · ··· 0 0 
1 0 ··· ··· 0 0
et son expression dans cette base est :
X
n
t
b (x, y) = xAy = xi yn+1−i .
i=1

n
En notant Fi = Cei ⊕ Cen+1−i pour tout i compris entre 1 et , on a :
2
½
F1 ⊕ · · · ⊕ F n2 si n est pair
E=
F1 ⊕ · · · ⊕ F n−1 ⊕ Ce n+1 si n est impair
2 2

les sommes directes étant orthogonales


En remarquant que si E = F ⊕ G, la somme directe étant orthogonale, alors σ (E) =
σ (F ) + σ (G) , on déduit que :
 n

 P
2

 σ (Fi ) si n est pair
i=1
σ (E) = n
³ ´

 P
2

 σ (Fi ) + σ Ce n+1 si n est impair
2
i=1

n
Pour tout i compris entre 1 et la matrice de la restriction de b à Fi est la matrice :
2
µ ¶
0 1
Ai =
1 0
de la question I.3. Une base semi-orthonormée de (Fi , b) est alors donnée par :

 ui = 1 ei + en+1−i

2
 1
 un+1−i = ei − en+1−i
2
210 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

avec b (ui , ui ) = 1, b (u³n+1−i , un+1−i


´ ) = −1 et³il en résulte
´ que σ (Fi ) = 0.
Pour n impair, on a b e n+1 , e n+1 = 1 et σ Ce n+1 = 1.
2 2 2
On a donc en définitive :
½
0 si n est pair 1 − (−1)n
σ (E) = = .
1 si n est impair 2
On peut aussi vérifier directement que pour n = 2p, la famille de vecteurs :
½ ¾ ½ ¾
1 1
ei + en+1−i | 1 ≤ i ≤ p ∪ ei − en+1−i | 1 ≤ i ≤ p
2 2
est une base semi-orthonormée de (E, b) et que pour n = 2p + 1, la famille de vecteurs :
½ ¾ ½ ¾
1 1
ei + en+1−i | 1 ≤ i ≤ p ∪ ei − en+1−i | 1 ≤ i ≤ p ∪ {ep+1 }
2 2

est une base semi-orthonormée de (E, b) .


6.
(a) Si n = 1 alors E = Cx et x ∈ E ⊥ signifie que b (x, x) = 0 et donc que b est nulle.
Dans ce cas (x) est bien une base de E.
Si n ≥ 2, on peut écrire E = Cx ⊕ H où H est un hyperplan de E. Pour toute base
semi-orthonormée (e2 , · · · , en ) de (F, b) , (x, e2 , · · · , en ) est une base semi-orthonormée
de (E, b) puisque b (x, y) = 0 pour tout y ∈ E.
(b) Ce résultat a été prouvé en I.2.
(c) Si b (x, x) = 0 et x n’est pas dans E ⊥ , alors n ≥ 2 et la forme linéaire y 7→ b (y, x)
n’est pas nulle et il existe y non nul dans E tel que b (y, x) = 1. Pour tout réel λ, on
a: ½
b (y + λx, x) = b (y, x) + λb (x, x) = 1
b (y + λx, y + λx) = b (y, y) + 2λ
1
et prenant λ = − b (y, y) , le vecteur z = y + λx est tel que :
2
½
b (z, x) = 1
b (z, z) = 0

De plus les vecteurs x et z sont linéairement indépendants. En effet l’égalité αx+βz =


0 entraîne β = b (αx + βz, x) = 0 et α = 0 puisque x 6= 0.
On désigne par P = Cx ⊕ Cz le plan de E engendré µ par
¶ x et y. La matrice dans
0 1
la base (x, z) de la restriction de b à P est A = et en I.3. on a vu qu’on
1 0
définit une base semi-orthonormée de (P, b) en posant :

 1
 e1 = x + z
2
 e2 = 1 x − z

2
avec b (e1 , e1 ) = 1 et b (e2 , e2 ) = −1.
Pour n = 2, (e1 , e2 ) est une base de E qui répond à la question.
Pour n ≥ 3, si on montre que E = P ⊕ P ⊥ , en désignant par (e3 , · · · , en ) une
Corrigé 211
¡ ¢
base semi-orthonormée de P ⊥ , b , B = (e1 , e2 , · · · , en ) est une base qui répond à la
question.
Si x est dans P ∩P ⊥ , il s’écrit x = αe1 +βe2 avec α = b (x, e1 ) = 0 et β = −b (x, e2 ) =
0. On a donc P ∩ P ⊥ = {0} .
Comme P ⊥ = (Ce1 )⊥ ∩ (Ce2 )⊥ avec (Ce1 )⊥ et¡ (Ce¢2 )⊥ de dimension n − 1 (les formes
linéaires b (·, ej ) sont non nulles), on a dim P ⊥ ≥ n − 2 et avec P ⊕ P ⊥ ⊂ E,
dim (P ) = 2, on déduit que P ⊥ est de dimension n − 2 et que E = P ⊕ P ⊥ .
On peut aussi écrire tout vecteur x ∈ E sous la forme x = u+v avec u = b (x, e1 ) e1 −
b (x, e2 ) e2 dans P et v = x − u dans P ⊥ , une telle écriture étant unique puisque tout
x ∈ P s’écrivant x = b (x, e1 ) e1 − b (x, e2 ) e2 , il est dans P ⊥ si, et seulement si, il est
nul.
7.
(a) Si x est dans E ⊥ , on ¡a alors
¢ σ (F ) = σ (Cx) = 0, G = F ⊥ = E, donc σ (G) = σ (E)
et σ (E) = σ (F ) + σ F ⊥ .
6 0, le résultat de I.6.b. nous dit que E = F ⊕ F ⊥ et :
(b) Si b (x, x) =
¡ ¢ ¡ ¢
σ (E) = σ (F ) + σ F ⊥ = σ (E) = b (e1 , e1 ) + σ F ⊥ .
(c) Si b (x, x) = 0 et x n’est pas dans E ⊥ , en utilisant la base trouvée en I.6.c. on a :

Xn  0 si n = 2
σ (E) = b (ei , ei ) = Pn
 b (ei , ei ) si n ≥ 3
i=1 i=3

On a également σ (F ) = b (x, x) = 0 et :
X
n X
n
σ (G) = b (x, x) + b (ei , ei ) = b (ei , ei )
i=3 i=3

puisque (x, e3 , · · · , en ) est une base de G (ce système est libre dans G qui
¡ ⊥est
¢ de

dimension n − 1 puisque x ∈ E ). On a donc là encore σ (E) = σ (F ) + σ F .
8. On montre par récurrence finie que pour tout i compris entre 1 et p, on a :
¡ ¢
σ (E) = σ (Fi ) + σ Fi⊥ .
Pour i = 1, le résultat a été montré en I.7.
En le supposant acquis jusqu’au rang i < p, on a Fi+1 = Fi ⊕ Cui+1 , la somme directe
étant orthogonale, et donc :
σ (Fi+1 ) = σ (Fi ) + σ (Cui+1 ) .

De plus Fi+1 = Fi⊥ ∩ (Cui+1 )⊥ est l’orthogonal de Cui+1 dans Fi⊥ (ui+1 est dans Fi⊥
puisque la base est semi-orthonormée), ce qui entraîne d’après I.7. que :
¡ ¢ ¡ ⊥ ¢
σ Fi⊥ = σ Fi+1 + σ (Cui+1 ) .
De ces deux dernières égalités et de l’hypothèse de récurrence, on déduit donc que :
¡ ⊥ ¢ ¡ ¢
σ (Fi+1 ) + σ Fi+1 = σ (Fi ) + σ Fi⊥ = σ (E) .
En particulier, pour i = p, on a :
¡ ¢
σ (E) = σ (F ) + σ F ⊥ .
212 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

— II — Espaces sesquilinéaires

1.
P
n P
n
(a) Pour x = xi ei et y = yj ej dans E, en utilisant la sesquilinéarité de b, on a :
i=1 j=1
à n !
X X
n X
b (x, y) = b (ei , ej ) xi yj = xi b (ei , ej ) yj = t XMY
1≤i,j≤n i=1 j=1

avec M = ((b (ei , ej )))1≤i,j≤n .


(b) On a les équivalences :
x ∈ E ⊥ ⇔ ∀Y ∈ Cn , t Y MX = 0 ⇔ MX = 0
(prendre pour vecteurs Y successifs les vecteurs de base canonique de Cn ).
Sachant que la matrice M est non inversible si, et seulement si, il existe Y non nul
dans Cn tel que MY 6= 0, ce qui équivaut à dire qu’il existe X non nul dans Cn tel
que MX 6= 0 (X = Y ), on en déduit que :
M est non inversible ⇔ E ⊥ 6= {0} .
De manière analogue, on a :

x∈ E ⇔ ∀Y ∈ Cn , t XMY = 0 ⇔ t XM = 0 ⇔ t MX = 0
et en conséquence :
t ⊥
M est non inversible ⇔ M est non inversible ⇔ E 6= {0}
(les matrices M et t M ont même déterminant).
On a donc les équivalences :
b non dégénérée ⇔ M est inversible ⇔ E ⊥ = {0} ⇔ ⊥
E = {0} .

2. Soient B = (e1 , · · · , en ) une base semi-orthonormée de (E, b) et M la matrice de b dans


cette base. On a vu que x est dans E ⊥ si, et seulement si, MX = 0, ce qui entraîne que :
¡ ¢
dim E ⊥ = dim (E) − rang (M) .
Comme M est diagonale à coefficients égaux à −1, 0 ou 1, son rang est congru modulo 2
à la somme de ses termes diagonaux qui est précisément σ (E, b) .
3.
(a) Si pour tout vecteur y ∈ E, on note by et cy les formes linéaires définies par :
by : x 7→ b (x, y) , cy : x 7→ b (y, x),
on a :
n o \

F = x ∈ E | ∀y ∈ F, cy (x) = b (y, x) = 0 = ker (cy )
y∈F
\

F = {x ∈ E | ∀y ∈ F, by (x) = b (x, y) = 0} = ker (by )
y∈F

Il en résulte que F ⊥ et ⊥ F sont des sous-espaces vectoriels de E comme intersections


de sous-espaces vectoriels.
Corrigé 213

(b) On désigne par E ∗ le dual de E, par F ∗ celui de F et par ρ l’application linéaire qui
associe à toute forme linéaire f ∈ E ∗ sa restriction à F ∗ .
En notant ϕ l’application R-linéaire qui associe à tout vecteur x de E la forme
linéaire bx : y 7→ b (y, x) , on a :
x ∈ F ⊥ ⇔ ∀y ∈ F, bx (y) = 0 ⇔ ρ (bx ) = 0 ⇔ ρ (ϕ (x)) = 0,
c’est-à-dire que :
F ⊥ = ker (ρ ◦ ϕ)
en considérant les C-espaces vectoriels E, E ∗ et F ∗ comme des R-espaces vectoriels
et les applications ρ et ϕ comme des applications R-linéaires. Le théorème du rang
nous dit alors que :
¡ ¢
dimR (E) = dimR F ⊥ + dimR (Im (ρ ◦ ϕ)) (12.1)
avec Im (ρ ◦ ϕ) ⊂ F ∗ , ce qui entraîne que :
¡ ¢
dimR (E) ≤ dimR F ⊥ + dimR (F ∗ ) .
En considérant que tout C-espace vectoriel de dimension p est un R-espace vectoriel
de dimension 2p, on déduit que :
¡ ¢ ¡ ¢
dim (E) ≤ dim F ⊥ + dim (F ∗ ) = dim F ⊥ + dim (F ) .
En raisonnant de manière analogue avec l’orthogonal à gauche, on déduit que :
¡ ¢
dim (E) ≤ dim ⊥ F + dim (F ) .
Si on suppose que b est non dégénérée, alors l’application ϕ est injective, donc bi-
jective de E sur E ∗ (ces deux R-espaces vectoriels sont de même dimension) et
considérant que l’application ρ est surjective (une forme linéaire sur F peut se pro-
longer par 0 en une forme linéaire sur E), on déduit que ρ ◦ ϕ est une application
R-linéaire de E ∗ sur F ∗ et :
dimR (Im (ρ ◦ ϕ)) = dimR (F ∗ ) .
L’égalité (12.1) s’écrit donc, pour b non dégénérée :
¡ ¢
dimR (E) = dimR F ⊥ + dimR (F ∗ )
ce qui entraîne : ¡ ¢
dim (E) = dim F ⊥ + dim (F ) .
On procède de même pour l’orthogonal à gauche.
(c) Comme F ∩ F ⊥ est l’orthogonal à droite de la restriction de b à F, on déduit de

II.1.b. que b est non dégénérée sur¡ F ¢si, et seulement si, F ∩ F = {0} . On a alors
⊥ ⊥
dans ce cas F ⊕ F ⊂ E et dim F + dim (F ) ≤ dim (E) , ce qui donne l’égalité
d’après II.3.b. Il en résulte que E = F ⊕F ⊥ pour b non dégénérée sur F. On procède
de même pour l’orthogonal à gauche.
¡ ¢
(d) Il est clair que F ⊂ ⊥ F ⊥ (que b soit dégénérée ou non) et avec :
¡ ¡ ¢¢ ¡ ¢
dim ⊥ F ⊥ = dim (E) − dim F ⊥ = dim (F )
¡ ¢
pour b non dégénérée, on déduit l’égalité des espaces vectoriels F et ⊥ F ⊥ . La
deuxième égalité se montre de manière analogue.
214 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

4. La matrice de la forme b dans la base canonique de C2 est :


µ ¶
0 1
A=
0 1
et son expression dans la base canonique est :
b (x, y) = x1 y2 + x2 y2 .
En prenant F = Ce1 , on a :
© ª
F ⊥ = x ∈ C2 | y2 = b (e1 , x) = 0 = F

© ª
F = x ∈ C2 | b (x, e1 ) = 0 = E

5. Soient u ∈ L (Cn ) de rang r, A la matrice de u dans la base canonique de Cn , H un


supplémentaire de ker (u) dans Cn , donc de dimension r, B1 = (e1 , · · · , er ) une base de
H et B2 une base de ker (u) . Le système u (B1 ) = (u (e1 ) , · · · , u (er )) est alors libre dans
Pr P
r
Cn (si λk u (ek ) = 0, alors λk ek ∈ H ∩ ker (u) = {0} et tous les λk sont nuls du fait
k=1 k=1
que B1 est libre) et il se complète en une base de Cn :
B = (u (e1 ) , · · · , u (er ) , fr+1 , · · · , fn ) .
La matrice de u dans les bases B1 ∪ B2 et B a alors la forme indiquée. La réciproque est
évidente.
6. Soient B = (e1 , · · · , en ) une base de E et M la matrice de b dans cette base. Pour toute
application linéaire f : E → E de matrice A dans B, l’application :
¡ ¢
(x, y) 7→ b (f (x) , y) = t (AX) MY = t X t AM Y
est une forme sesquilinéaire de matrice M 0 = t AM. Cette forme est symétrique si, et
seulement si, :

∀ (x, y) ∈ E 2 , b (x, y) = t XM 0 Y = b (y, x) = t Y M 0 X = t Y M 0 X.


Comme t Y M 0 X est un nombre complexe, il est égal à son conjugué t X t M 0 Y et donc b
est symétrique si, et seulement si, t XM 0 Y = t X t M 0 Y pour tous X, Y dans Cn , ce qui
équivaut à dire que M 0 = t M 0 , c’est-à-dire que M 0 est une matrice hermitienne.
Pour répondre à la question posée il s’agit donc de trouver une matrice complexe A d’ordre
n inversible telle que la matrice t AM soit hermitienne.
La question précédente nous dit que si la matrice M est de rang r, il existe alors deux
matrices inversibles P et Q dansMn (C) , telles que :
µ ¶
−1 Ir 0
P MQ = =∆
0 0n−r

et on a P M = ∆Q, ce qui entraîne que la matrice t QP M = t Q∆Q est hermitienne


puisque ∆ est réelle. Il suffit donc de poser A = t P Q.
7.
(a) Si b est non nulle ε-symétrique, il existe alors (x, y) dans E 2 tel que b (x, y) 6= 0 et
avec :
b (x, y) = εb (y, x) = εεb (x, y) = εεb (x, y) ,
on déduit que εε = 1.
Corrigé 215

(b) Pour E = C l’expression d’une forme sesquilinéaire non nulle est :

b (x, y) = αxy

avec α ∈ C∗ et pour ε ∈ C, on a :

εb (y, x) = εαxy = b (x, y)

pour tous x, y dans E, si on peut choisir α tel que εα = α. Pour ε de module égal à
1, un tel choix est possible en prenant α ∈ C tel que α2 = ε. On a alors |α| = 1 et
1
εα = ε = α.
α
On peut aussi définir b sur E = C2 par sa matrice dans la base canonique :
µ ¶
0 1
A= ,
ε 0

c’est-à-dire que :
b (x, y) = x1 y2 + εx2 y1
et on a pour tous x, y dans E :

εb (y, x) = b (x, y) .

Pour n ≥ 3, on peut définir b sur E = Cn par sa matrice dans la base canonique :


 
0 1 0
A= ε 0 0 ,
0 0 αIn−3

où α ∈ C est tel que α2 = ε, c’est-à-dire que :


X
n
b (x, y) = x1 y2 + εx2 y1 + α xk yk
k=3

et on a pour tous x, y dans E :


X
n
εb (y, x) = x1 y2 + εx2 y1 + εα xk yk = b (x, y)
k=3

1
puisque εα = ε = α.
α
8.
(a) Pour tout nombre complexe α, on a :

αb (x, y) = αεb (y, x) = αb (y, x)

pour tous x, y dans E, si on peut choisir α tel que αε = α. Pour ε de module égal à
1, un tel choix est possible en prenant α ∈ C tel que α2 = ε. On a alors |α| = 1 et
1
αε = ε = α.
α
216 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

(b) Si la forme b est nulle, il en est alors de même de βb pour tout nombre complexe β
et cette forme est symétrique. Dans ce cas, on a σ (E, βb) = 0.
On suppose que b est non nulle.
Dire que βb est symétrique équivaut à dire que pour tous x, y dans E, on a :
βb (x, y) = βb (y, x) = β · b (y, x).
Si α ∈ C∗ est tel que αb soit symétrique, la condition précédente est équivalente à :
∀ (x, y) ∈ E 2 , βα · b (y, x) = βαb (x, y) = β · α · b (y, x).
En prenant (x, y) dans E 2 tel que b (x, y) 6= 0, on a nécessairement βα = β · α, ce
µ ¶
α α α
qui équivaut à = (β est non nul), encore équivalent à dire que est réel.
β β β
α 2
Réciproquement si est réel, on a pour tout (x, y) dans E :
β
µ ¶
β β
b (y, x) = b (y, x)
α α
α
avec b (y, x) = b (x, y) (αb est symétrique), ce qui donne :
α
βα β
b (x, y) = b (y, x),
αα α
soit βb (x, y) = βb (y, x), ce qui signifie que la forme βb est symétrique.
α
En conclusion la forme βb est symétrique si, et seulement si, est réel.
β
On suppose que cette condition est remplie et on désigne par B = (e1 , · · · , en ) une
base semi-orthonormée de l’espace sesquilinéaire symétrique (E, αb) (question I.2.).
La base de E, B0 = (e01 , · · · , e0n ) définie par :
s¯ ¯
¯α¯
e0k = ¯¯ ¯¯ek (1 ≤ k ≤ n)
β
est semi-orthonormée pour l’espace sesquilinéaire symétrique (E, βb) et on a :
Xn ¯ ¯X
¯α¯ n
σ (E, βb) = βb (ek , ek ) = β ¯¯ ¯¯
0 0
b (ek , ek )
k=1
β k=1
µ ¶X n µ ¶
α α
= signe αb (ek , ek ) = signe σ (E, αb) .
β k=1 β

— III — Espaces semi-quadratiques

1. Comme f est une forme linéaire non nulle, elle définit une surjection de E sur C et il
existe x ∈ E tel que f (x) = 1. Pour un tel x on a :
½
b (x, x) − ub (x, x) = α
b (x, x) − ub (x, x) = α
ce qui entraîne :
α + uα = (1 − uu) b (x, x) = 0
α
puisque uu = 1. Comme α est non nul, on a nécessairement u = − = ε.
α
Corrigé 217

2.
(a) La forme sesquilinéaire b étant non dégénérée, l’application linéaire :
E → E∗
y 7→ by : x 7→ b (x, y)
est un isomorphisme, ce qui assure l’existence et l’unicité d’un vecteur e ∈ E tel que
f = be . Il existe donc un unique vecteur e ∈ E tel que :
∀x ∈ E, b (x, e) = f (x) .
(b) On a : 
 1−λ
= f (e) = b (e, e)
α
 b (e, e) − εb (e, e) = αf (e) f (e)
α
avec ε = − , ce qui entraîne :
α
1−λ α1−λ 1−λ1−λ
+ =α ,
α α α α α
ce qui équivaut à : ¡ ¢ ¡ ¢
(1 − λ) + 1 − λ = (1 − λ) 1 − λ
ou encore à λλ = 1.
1−λ
3. Si E est de type T 0, on a alors f = 0, ce qui donne e = 0 et avec = f (e) = 0, on
α
obtient λ = 1.
4. Si ϕ est un isomorphisme de E sur E 0 , en notant e le vecteur centre de E, on a pour tout
vecteur x0 = ϕ (x) de E 0 (ϕ est bijective) :
b0 (ϕ (x) , ϕ (e)) = b (x, e) = f (e) = f 0 (ϕ (e)) ,
ce qui prouve que e0 = ϕ (e) est le vecteur centre de E 0 . On a alors en notant λ et λ0 les
poids de E et E 0 :
1 − λ0 1−λ
= f 0 (ϕ (e)) = f (e) =
α α
0
et λ = λ .
5.
(a) Si x ∈ E \{0} est colinéaire au vecteur centre e (qui est non nul puisque f = b (·, e) 6=
0), on a alors Ce = Cx et :

F = (Ce) = {y ∈ E | b (y, e) = 0} = ker (f ) .
Réciproquement si F = ker (f ) alors les formes linéaires f et b (·, x) sont colinéaires
(elles sont non nulles de même noyau), c’est-à-dire qu’il existe un scalaire µ ∈ C∗ tel
que f = µb (·, x) , ce qui signifie que :
∀y ∈ E, f (y) = µb (y, x)
et avec f (y) = b (y, e) pour tout y dans E (définition du vecteur centre), on déduit
que :
∀y ∈ E, b (y, e − µx) = 0,
ce qui signifie que e−µx est dans E ⊥ = {0} (b est non dégénérée). On a donc e = µx.
218 Agrégation externe 2002. Épreuve 1


(b) L’orthogonal à droite de ker (f ) = (Ce) est :
¡⊥ ¢⊥
(ker (f ))⊥ = (Ce) = Ce

puisque b est non dégénérée (question II.3.d.).


6. Une forme sesquilinéaire non dégénérée sur E = C est de la forme :

b (x, y) = µxy

avec µ ∈ C∗ .
Dire que (C, b, Id) est un espace α-semi-quadratique équivaut à dire que :

∀ (x, y) ∈ C2 , µxy − εµxy = αxy,


α
encore équivalent à µ − εµ = α. En considérant que ε = − , on déduit que (C, b, Id) est
α
un espace α-semi-quadratique si, et seulement si :
αµ + αµ αα
< (αµ) = = .
2 2
Le vecteur centre de (C, b, Id) est alors défini par :

∀x ∈ C, x = µxe,
1 0 1 − λ0 1 α
ce qui donne e = et le poids λ est défini par = e = , ce qui donne λ0 = 1 − .
µ α µ µ
α
Ce poids est égal à λ si, et seulement si, µ = (λ est différent de 1).
1−λ
α
Réciproquement, vérifions qu’une telle forme convient. Si µ = , alors µ est non nul et
1−λ
la forme b définie sur C2 par b (x, y) = µxy est non dégénérée. Pour montrer que (C, b, Id)
αα
est un espace α-semi-quadratique il suffit de montrer que < (αµ) = , soit que :
2
µ ¶ µ ¶
αα 1 αα
< = αα< = ,
1−λ 1−λ 2

ce qui résulte de : µ ¶ µ ¶
1 1 1 1 1
< = + =
1−λ 2 1−λ 1−λ 2
(λλ = 1).
On a donc ainsi montré que pour λ ∈ C \ {1} tel que λλ = 1, l’unique forme sesquilinéaire
b sur C telle que (C, b, Id) soit un espace α-semi-quadratique de poids λ est définie par :
α
b (x, y) = xy.
1−λ
7. On a déjà vu en III.4. que deux espaces α-semi-quadratiques isomorphes ont même poids.
Si E est un espace α-semi-quadratique de type T 1 et de dimension 1, on a alors e 6= 0
et λ 6= 1. En effet si e = 0 alors f = b (·, e) = et E est de type T 0. En dimension 1, la
condition f 6= 0 équivaut à dire que f (e) 6= 0 pour e 6= 0, ce qui équivaut à λ 6= 1.
Pour montrer que deux espaces α-semi-quadratiques de dimension 1 de type T 1 et de
Corrigé 219

même poids λ 6= 1 sont isomorphes, il nous suffit de montrer qu’un tel espace α-semi-
quadratique est isomorphe à l’espace α-semi-quadratique (C, b0 , Id) , où la forme b0 est
α
définie par b0 (x, y) = xy (l’isomorphie est une relation d’équivalence).
1−λ
Soit donc E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique de type T 1 de dimension 1 et de
poids λ 6= 1. La forme linéaire f qui est non nulle réalise un isomorphisme de E sur C
qui permet de définir sur C une structure d’espace α-semi-quadratique en posant :
½ 0
f = Id
∀ (z, z 0 ) ∈ C2 , b0 (z, z 0 ) = b0 (f (x) , f (x0 )) = b (x, x0 )

et f est un isomorphisme espaces α-semi-quadratiques de E sur E 0 = (C, b0 , Id) . On vérifie


facilement que le centre de E 0 est f (e) et que son poids est λ.
8. (a) Si f (x) = 1, on a alors :

b (x, x) − εb (x, x) = αf (x) f (x) = α


α
et avec ε = − , on obtient :
α
b (x, x) b (x, x)
− = 1,
α α
µ ¶
b (x, x) 1
ce qui revient à dire que < = .
α 2
(b) Comme f est une forme linéaire non nulle, il existe un vecteur x0 dans E tel que
f (x0 ) = 1 et la question précédente nous dit qu’il existe un réel β tel que :
µ ¶
1
b (x0 , x0 ) = α + iβ .
2
D’autre part, la condition λ = 1 équivaut à f (e) = 0 et avec :
½
b (e, x0 ) − εb (x0 , e) = αf (e) f (e) = 0,
b (x0 , e) = f (x0 ) = 1,

on déduit que b (e, x0 ) = ε.


En posant x = x0 + µe, avec µ ∈ C, on a alors :

f (x) = f (x0 ) + µf (e) = f (x0 ) = 1

et :

b (x, x) = b (x0 , x0 ) + µb (e, x0 ) + µb (x0 , e) + µµb (e, e)


µ ¶
1
=α + iβ + µε + µ
2
α α
(b (e, e) = f (e) = 0). On aura b (x, x) = si on peut choisir µ tel que iαβ −µ +µ =
2 α
0, ce qui équivaut à : ³µ´
µ µ
iβ = − = 2i= ,
α α α
³µ´ β βα
soit à = = . On peut prendre µ = i .
α 2 2
220 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

(c) Avec les notations de la question précédente, on a f (x) = 1 et f (e) = 0 avec e 6= 0,


ce qui entraîne que le système (e, x) forme une base de E. Cet espace étant de
dimension 2, le système (e, x) en est une base. Avec :

 b (e, e) = f (e) = 0,


 b (x, e) = f (x) = 1,
α
 b (x, x) = ,

 2

b (e, x) − εb (x, e) = αf (e) f (e) = 0,

on déduit la matrice de b dans la base (e, x) est :


µ ¶
0 ε
A= .
1 α2

On vérifie alors que l’application ϕ : C2 → E définie par :

ϕ (z, z 0 ) = ze + z 0 x

réalise un isomorphisme d’espaces α-semi-quadratiques de (C2 , b0 , f 0 ) sur (E, b, f ) où


b0 est la forme sesquilinéaire sur C2 de matrice A et f 0 la forme linéaire définie sur
C2 par f (z, z 0 ) = z 0 . Il en résulte que deux espaces α-semi-quadratiques de type T 1
de dimension 2 et de poids λ = 1 sont isomorphes.
Une autre façon de procéder est d’associer aux espaces α-semi-quadratiques E et E 0 de
type T 1 de dimension 2 et de même poids λ = 1 les bases (e, x) et (e0 , x0 ) construites
à la question précédente et de vérifier que l’application linéaire qui transforme la
base (e, x) en (e0 , x0 ) réalise un isomorphisme d’espaces α-semi-quadratiques de E
sur E 0 .
9. La forme linéaire f 00 définie sur E 00 par :

∀ (x, x0 ) ∈ E 00 , f 00 (x, x0 ) = f (x) + f 0 (x0 )

vérifie bien la condition (a) et une telle forme est uniquement déterminée.
Si b00 est une forme sesquilinéaire sur E 00 vérifiant les conditions (b) à (e) , avec la condition
(e) , on déduit que :

b00 ((0, x0 ) , (y, 0)) = εb00 ((y, 0) , (0, x0 )) + αf 00 (0, x0 ) f 00 (y, 0)


= αf 0 (x0 ) f (y)

ce qui permet de déduire l’expression de b00 en écrivant tout vecteur de E 00 sous la forme :

(x, x0 ) = (x, 0) + (0, x0 )

et en utilisant les propriétés (b) à (d) , soit :

b00 ((x, x0 ) , (y, y 0 )) = b (x, y) + b0 (x0 , y 0 ) + αf 0 (x0 ) f (y).

L’unicité de f 00 et b00 vérifiant les conditions (a) à (e) est donc prouvée.
Réciproquement on vérifie que f 00 et b00 ainsi définies vérifient bien les conditions voulues.
Corrigé 221

10. (a) Vérifions tout d’abord que b0 , b1 et b2 sont non dégénérées sur F, F ⊥ et ⊥
F respec-
tivement.
Pour b0 ¡c’est¢ l’hypothèse de départ.
Avec ⊥ F ⊥ = F, on déduit que :

¡ ⊥¢
F ∩ F ⊥ = F ∩ F ⊥ = {0} ,
ce qui signifie que b1 est non dégénérée. On procède de même pour b2 .
Il est alors facile de vérifier que F, F ⊥ et ⊥ F sont des espaces α-semi-quadratiques.
(b) Comme b est non dégénérée sur F, on a E = F ⊕ F ⊥ (question II.3.c.), ce qui
équivaut à dire que l’application linéaire ϕ définie de F × F ⊥ dans E par ϕ (x, x0 ) =
x + x0 est un isomorphisme. On vérifie facilement que ϕ réalise un isomorphisme
d’espaces α-semi-quadratiques de F × F ⊥ sur E.
On vérifie de manière analogue que E est isomorphe à ⊥ F × F.
11. (a) Avec :
b00 ((x, x0 ) , (e, λe0 )) = b (x, e) + λb0 (x0 , e0 ) + αf 0 (x0 ) f (e)
1−λ 0 0
= f (x) + λf 0 (e0 ) + α f (x )
α
= f (x) + f 0 (x0 ) = f 00 (x, x0 )
on déduit que le centre de E 00 est e00 = (e, λe0 ) .
(b) Avec :
1 − λ00 1−λ 1 − λ0 1 − λλ0
= f 00 (e00 ) = f (e) + λf 0 (e0 ) = +λ = ,
α α α α
on déduit que le poids de E 00 est λ00 = λλ0 .
12. Le noyau de f est :
F = ker (f ) = ⊥ (Ce) .
(a) Dire que b est non dégénérée sur F équivaut à dire que :
F ∩ F⊥ = ⊥
(Ce) ∩ Ce = {0} .
Si e = 0, alors f = 0 et E est de type T 0.
Si e 6= 0 la condition F ∩ F ⊥ = {0} équivaut à dire que e n’est pas dans le noyau de
f, ce qui équivaut à f (e) 6= 0, encore équivalent à λ 6= 1.
(b) Comme f est nulle sur F, avec la relation b (x, y) − εb (y, x) = αf (x) f (y), on déduit
que b (x, y) = εb (y, x) pour tous x, y dans F, ce qui peut aussi s’écrire, en tenant
α
compte de ε = − :
α
∀y ∈ F, iαb (x, y) = iαb (y, x).
Ce qui signifie que iαb est symétrique sur F.
13. Si E est de type T 0, alors f 00 (x, x0 ) = f 0 (x0 ) et F 00 = ker (f 00 ) = E × F 0 = F × F 0 . De
manière analogue, on voit que E 0 est de type T 0, alors F 00 = F × F 0 . On en déduit alors
que pour tous (x, x0 ) et (y, y 0 ) dans F 00 , on a :
iαb00 ((x, x0 ) , (y, y 0 )) = iαb (x, y) + iαb0 (x0 , y 0 )
et (F 00 , iαb00 ) est isomorphe à la somme directe orthogonale de (F, iαb) et (F 0 , iαb0 ) . Avec
la propriété d’additivité de σ (question I.8.), on en déduit alors que :
ps (E × E 0 ) = ps (E) + ps (E 0 ) .
222 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

14. (a) Avec :


E1 ∩ E1⊥ = ⊥
E2 ∩ E2 = E1 ∩ E2 = {0} ,
on déduit que b est non dégénérée sur E1 et sur E2 .
En appliquant le résultat de la question III.10.a. on déduit que les restrictions de
b et f induisent sur E1 et E2 deux structures d’espaces α-semi-quadratiques. Et
comme f n’est nulle ni sur E1 , ni sur E2 , ces deux espaces sont de type T 1.
Avec III.10.b. on déduit que E est isomorphe à E1 × E2 .
(b) i. Les espaces E1 et E2 étant de type T 1, F1 et F2 sont des hyperplans de E1 et E2
respectivement et F1 ⊕ F2 est de dimension égale à n − 2, ce qui implique que
(F1 ⊕ F2 )⊥ est de dimension 2 puisque b est non dégénérée.
Comme (F1 ⊕ F2 )⊥ = F1⊥ ∩F2⊥ (les orthogonaux étant pris dans E), l’orthogonal
à droite de F1 dans E1 [resp. F2 dans E2 ] étant égal à Ce1 [resp. Ce2 ], on déduit
que e1 ∈ F1⊥ (orthogonal dans E) et e2 ∈ F2⊥ .
D’autre part le vecteur e2 est dans E2 = E1⊥ ⊂ F1⊥ et avec :

∀x ∈ F2 , b (x, e1 ) = εb (e1 , x) = αf (x) f (e1 ) = 0


¡ ¢
(qui résulte de (e1 , x) ∈ E1 × E2 = E1 × E1⊥ et x ∈ F2 = ker f|E2 ), on déduit
que e1 ∈ F2⊥ .
En définitive, on a e1 et e2 libres dans (F1 ⊕ F2 )⊥ qui est de dimension 2, ce
qui implique que (F1 ⊕ F2 )⊥ = Ce1 ⊕ Ce2 et F ∩ (F1 ⊕ F2 )⊥ est inclus dans
Ce1 ⊕ Ce2 .
ii. Si E1 et E2 son de poids égal à 1, on a alors f (e1 ) = f (e2 ) = 0 et Ce1 ⊕ Ce2 est
contenu dans F, ce qui donne l’égalité F ∩ (F1 ⊕ F2 )⊥ = Ce1 ⊕ Ce2 .
Dans le cas général, on a :
¡ ¢
F ∩ (F1 ⊕ F2 )⊥ = F ∩ (Ce1 ⊕ Ce2 ) = ker f|Ce1 ⊕Ce2 .

Si (f (e1 ) , f (e2 )) 6= (0, 0) , pour z1 , z2 dans C, on aura :

f (z1 e1 + z2 e2 ) = z1 f (e1 ) + z2 f (e2 ) = 0

si, et seulement si, le vecteur (z1 , z2 ) est colinéaire au vecteur(f (e2 ) , −f (e1 )) ,
ce qui prouve que le noyau de f|Ce1 ⊕Ce2 est la droite engendrée par le vecteur
f (e2 ) e1 − f (e1 ) e2 .
(c) Comme E est isomorphe à E1 × E2 , on a λ = λ1 λ2 .
F1 ⊕ F2 étant un sous-espace vectoriel de F, on a, en notant F3 = F ∩ (F1 ⊕ F2 )⊥ :

ps (E) = σ (F, iαb) = σ (F1 ⊕ F2 , iαb) + σ (F3 , iαb)

et considérant que F1 et F2 sont orthogonaux dans (F, iαb) , on déduit que :

ps (E) = σ (F1 , iαb) + σ (F2 , iαb) + σ (F3 , iαb)


= ps (E1 ) + ps (E2 ) + σ (F3 , iαb) .

Si λ1 = λ2 = 1, on a alors λ = 1 et F3 = Ce1 ⊕Ce2 , ce qui, compte tenu de b (e1 , e1 ) =


b (e2 , e2 ) = 0 (les poids valent 1) et b (e1 , e2 ) = 0 (e1 et e2 sont orthogonaux), donne
σ (F3 , iαb) = 0 et :

ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 ) = 0 = = (λ1 ) + = (λ2 ) − = (λ) .


Corrigé 223

Si (λ1 , λ2 ) 6= (1, 1) , on a alors F3 = Ce3 avec e3 = f (e2 ) e1 − f (e1 ) e2 et :

σ (F3 , iαb) = signe (iαb (e3 , e3 )) .

Avec l’orthogonalité de e1 et e2 , on a :

b (e3 , e3 ) = |f (e2 )|2 b (e1 , e1 ) + |f (e1)|2 b (e2 , e2 )


¯ ¯ ¯ ¯
¯ 1 − λ2 ¯2 1 − λ1 ¯ 1 − λ1 ¯2 1 − λ2
= ¯¯ ¯ + ¯¯ ¯ ,
α ¯ α α ¯ α
ce qui donne :
i ¡ ¢
iαb (e3 , e3 ) = (1 − λ1 ) (1 − λ2 ) 2 − λ1 − λ2
|α|2
et :
¡ ¡ ¡ ¢¢¢
σ (F3 , iαb) = − signe = (1 − λ1 ) (1 − λ2 ) 2 − λ1 − λ2
= signe (= (λ1 ) + = (λ2 ) − = (λ)) .

On a donc bien :

ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 ) = signe (= (λ1 ) + = (λ2 ) − = (λ))

dans tous les cas.


15. (a) On a vu que l’orthogonal de F = ker (f ) est F ⊥ = Ce.
Si E est de type T 0, alors λ = 1, F = E et :

σ = s = σ (F, iαb) = σ (E, iαb) ∈ N

La forme b étant non dégénérée, il en est de même de iαb et en utilisant le résultat


de la question II.2. on obtient :

σ = σ (E, iαb) ≡ n (mod 2)

c’est-à-dire que σ − n est un entier pair.


Si E est de type T 1 avec λ = 1, on a :

σ = s = σ (F, iαb)

avec dim (F ) = n − 1, e ∈ F et F ⊥ = Ce ⊂ F, ce qui entraîne que l’orthogonal de F


dans (F, iαb) est F ∩ F ⊥ = Ce de dimension 1. On en déduit alors que :

σ ≡ (n − 1) − 1 ≡ n (mod 2)

Si E est de type T 1 avec λ 6= 1, alors (F, iαb) est non dégénérée sur F et s est congru
arg (λ)
à n − 1 modulo 2. Avec σ = s + 1 − , on déduit qu’il existe un entier relatif
π
k tel que :
arg (λ)
σ = n + 2k −
π
et σ − n n’est pas dans 2Z puisque arg (λ) est dans ]0, 2π[ .
En définitive, λ = 1 si, et seulement si, σ − n est un entier pair.
224 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

arg (λ)
(b) La relation σ = n + 2k − avec k ∈ Z est encore valable pour λ = 1 puisque
π
dans ce cas l’argument est nul. On a donc dans tous les cas :

eiπ(n−σ) = ei arg(λ) = λ.

Si σ − n ∈ 2Z, on a alors λ = 1 et s = σ.
Sinon on a λ 6= 1 et s − n·+ 1 est¸dans 2Z, ce qui entraîne que s − n − 1 est dans 2Z
σ−n
et l’égalité s = n + 1 + 2 est équivalente à :
2
s−1≤σ <s+1

ce qui résulte de la définition de σ et de arg (λ) ∈ ]0, 2π[ .


16. (a) Supposons que k = 1.
Si βγ 6= 0, on a alors 0 < β + γ < 2π et :


 β+γ
 σ (E) = ps (E) + 1 −

 π
β
 σ (E1 ) = ps (E1 ) + 1 −

 π
γ

 σ (E2 ) = ps (E2 ) + 1 −
π
avec : µ ¶ ³γ ´ µ ¶
β β+γ
= (λ1 ) + = (λ2 ) − = (λ) = 4 sin sin sin >0
2 2 2
ce qui entraîne :
ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 ) = 1
et :
σ (E) − σ (E1 ) − σ (E2 ) = 0.
Si βγ = 0, on a :

σ (E) − σ (E1 ) − σ (E2 ) = ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 ) = 0.

Les autres cas se traitent de manière analogue.


En notant :

δ = σ (E) − σ (E1 ) − σ (E2 ) − (ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 )) ,

on a : ½
0 si βγ = 0,
δ=
k − 2 si βγ 6= 0.
(b) Si βγ = 0, on a alors λ1 = 1 ou λ2 = 1 et λ = λ2 ou λ = λ1 , ce qui entraîne :

= (λ1 ) + = (λ2 ) − = (λ) = 0,

donc ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 ) et δ = 0 donne σ (E) = σ (E1 ) + σ (E2 ) .


Si βγ 6= 0, on a alors  µ ¶
 λ1 − 1 = 2 sin β ei β+π
 2 ,
2
³ ´
 λ2 − 1 = 2 sin γ ei γ+π
 2 ,
2
Corrigé 225
µ ¶ ³γ ´
β
avec sin > 0 et sin > 0, ce qui donne :
2 2
µ µ ¶¶
β+γ
signe (= ((λ1 − 1) (λ2 − 1))) = − signe sin
2
µ ¶
β+γ
= signe − π = signe (β + γ − 2π) ,
2
ce qui équivaut à :

signe (= (λ − λ1 − λ2 )) = signe (β + γ − 2π)

(λ = λ1 λ2 ) qui par définition de k équivaut à :

signe (= (λ − λ1 − λ2 )) = k − 2

encore équivalent à :

− (ps (E) − ps (E1 ) − ps (E2 )) = k − 2

qui donne σ (E) = σ (E1 ) + σ (E2 ) .


(c) Si E est de type T 0, on a alors ps (E 00 ) = ps (E) + ps (E 0 ) , λ = 1, λ00 = λ0 et
σ (E) = ps (E) . Pour λ0 = 1, on a :

σ (E 00 ) = ps (E 00 ) = ps (E) + ps (E 0 ) = σ (E) + σ (E 0 )

et pour λ 6= 1, on a :
arg (λ00 )
σ (E 00 ) = ps (E 00 ) + 1 −
π
arg (λ00 )
= ps (E) + ps (E 0 ) + 1 −
π
= σ (E) + σ (E 0 ) .

On procède de manière analogue si E 0 est de type T 0.


Si E et E 0 sont de type T 1, alors E 00 = E1 ⊕ E2 avec E1 = E × {0} , E2 = {0} × E 0
et on est dans la situation de III.16.b. avec E1 isomorphe à E et E2 isomorphe à E 0 ,
ce qui donne σ (E 00 ) = σ (E) + σ (E 0 ) .
17. Si σ = ±1, en désignant par b la forme définie sur C2 par b (z1 , z2 ) = −iαz1 z2 , E =
(C, σb, 0) est un espace α-semi-quadratique de dimension 1 et de signature σ.
Si σ ∈ ]−1, 1[ , λ = −e−iπσ = eiπ(1−σ) est différent de 1 de module égal à 1 et E =
(C, b, Id) est un espace α-semi-quadratique de poids λ (question III.6.) et de signature
arg (λ)
1− = σ.
π
18. Soit E = (E, b, f ) un espace α-semi-quadratique E de dimension n et de signature σ.
Si son poids λ est égal à 1, on a alors :

|σ| = |s| ≤ dim (ker (f )) ≤ n.

Si λ est différent de 1, alors E est de type T 1, donc ker (f ) est de dimension n − 1 et avec
arg (λ)
0≤ < 2 et la définition de σ, on déduit que s − 1 ≤ σ ≤ s + 1, ce qui donne
π
226 Agrégation externe 2002. Épreuve 1

|σ| ≤ n, compte tenu de |s| ≤ dim (ker (f )) = n − 1.


Réciproquement, soit σ ∈ [−n, n] avec n ≥ 1 (si n = 0 alors σ = 0 et l’espace nul
σ
convient). Le réel étant dans [−1, 1] le résultat de la question précédente nous dit qu’il
n
existe un espace α-semi-quadratique E1 de dimension 1 et de signature σ. Le produit
Qn
orthogonal E = E1 répond alors à la question (d’après III.16.c.).
k=1
19. On a déjà vu que deux espaces α-semi-quadratiques isomorphes ont même dimension,
même type et même signature.
Pour la réciproque on procède par récurrence sur la dimension n ≥ 1.
Pour n = 1, on sait déjà que deux espaces α-semi-quadratiques isomorphes ont même
poids (question III.15.b.). S’ils sont de type T 1, on conclut avec III.7. S’ils sont de type
T 0, leurs formes associées sont du type (z1 , z2 ) 7→ −iαµz1 z2 (on peut se limiter à E = C)
où µ est un réel de même signe que la signature. On a alors b = ν 2 b0 avec ν réel non nul
et l’homothétie de rapport ν réalise l’isomorphisme cherché.
En supposant le résultat acquis pour les espaces de dimension n−1, soient E et E 0 deux es-
paces α-semi-quadratiques ayant même dimension, même type et même signature. Ils ont
alors même poids λ. Si λ est différent de 1, alors les espaces E1 = (Ce, b, f ) E10 = (Ce0 , b0 , f 0 )
sont de dimension 1, type T 1 et de même poids, donc isomorphes. En appliquant l’hypo-
thèse de récurrence aux espaces ⊥ E1 et ⊥ E10 , on construit un isomorphisme de E sur E 0 .
Si λ est égal à 1 et E, E 0 sont de type T 1, en utilisant III.8. on construit deux espaces
α-semi-quadratiques de dimension 2 isomorphes et on conclut comme dans le cas λ 6= 1.
Si λ est égal à 1 et E, E 0 sont de type T 0, on a alors σ (E, iαb) = σ (E 0 , iαb0 ) , les formes
iαb ayant même signature au sens classique, ce qui permet de construire un isomorphisme
de E sur E 0 .
13

Agrégation externe 2003. Épreuve 1

13.1 Énoncé
Pour tout entier n ≥ 1, on note GLn (C) le groupe des matrices carrées inversibles de taille
n à coefficients dans le corps C des nombres complexes.
On note Un le sous-groupe de GLn (C) formé des matrices unitaires.
Si V est un espace vectoriel complexe, on peut restreindre à R × V la loi de multiplication
par les complexes C × V → V et on obtient alors sur le groupe additif de V une structure
d’espace vectoriel réel qu’on appelle espace vectoriel réel sous-jacent à V.
Pour tout espace vectoriel complexe V de dimension n ≥ 1, on note End (V ) l’algèbre des
endomorphismes de V et GL (V ) le groupe des automorphismes de V.
On note IdV l’automorphisme identité de V.
On dit qu’une partie non vide X de End (V ) est diagonalisable s’il existe une base de V
telle que la matrice dans cette base de tout élément de X soit diagonale.
Une forme hermitienne sur V est une application Φ : V × V → C qui est sesquilinéaire (i. e.
linéaire à droite et antilinéaire à gauche) et telle que Φ (y, x) = Φ (x, y) pour tous x, y dans V.
Une telle forme est dite définie positive si le réel Φ (x, x) est strictement positif pour tout
vecteur non nul x de V.
On appelle espace hermitien un espace vectoriel complexe de dimension finie muni d’une
forme hermitienne définie positive.
Si Φ est une forme hermitienne définie positive sur V, on rappelle que pour tout u ∈ End (V ) ,
l’adjoint (pour Φ) de u, noté u∗ est l’endomorphisme de V défini par :

∀ (x, y) ∈ V 2 , Φ (u (x) , y) = Φ (x, u∗ (y)) .

On dit que u est hermitien (pour Φ) si u∗ = u et qu’il est unitaire (pour Φ) si u∗ ◦ u = IdV .
On note U (V ) le sous-groupe de GL (V ) formé des endomorphismes de V unitaires pour Φ
et SU (V ) le sous-groupe de U (V ) formé des endomorphismes unitaires de déterminant égal à
1.
Si E est un espace vectoriel réel et q une forme quadratique définie positive sur E, on rappelle
qu’une isométrie de q est un endomorphisme de E tel que q (u (x)) = q (x) pour tout x dans E.
On note O (q) le sous-groupe du groupe des automorphismes de E constitué des isométries de
q et SO (q) le sous-groupe de O (q) formé des isométries de déterminant égal à 1.

— I — Généralités

227
228 Agrégation externe 2003. Épreuve 1

Pour cette partie, V désigne un espace vectoriel complexe de dimension n ≥ 1.


1. Soient u, v dans GL (V ) . Pour tout λ ∈ C, on note :

 t = v ◦ u ◦ v −1
Uλ = ker (u − λIdV )

Tλ = ker (t − λIdV )

(a) Calculer, pour tout λ ∈ C, Tλ en fonction de Uλ et de v.


(b) Montrer que si u et v commutent, on a alors v (Uλ ) = Uλ pour tout λ ∈ C.
(c) On suppose que u et v commutent et que v est diagonalisable. Montrer que pour
toute valeur propre λ de u, v induit un endomorphisme diagonalisable de Uλ .
2. Montrer que tout élément d’ordre fini de GL (V ) est diagonalisable.
3. Soit X une partie de End (V ) formée d’endomorphismes diagonalisables qui commutent
deux à deux. Montrer que X est diagonalisable.
4. Donner un exemple de sous-groupe abélien de GL (C2 ) qui ne soit pas diagonalisable.
5. Soit Ψ une forme hermitienne définie positive sur V et G un sous-groupe fini de GL (V ) .
Construire, à partir de Ψ, une forme hermitienne définie positive Φ sur V telle que tous
les éléments de G soient unitaires pour Φ.
6. En déduire qu’un sous-groupe fini de GLn (C) est conjugué à un sous-groupe de Un .

— II — Le cas où n vaut 2

Pour cette partie, V désigne un espace vectoriel complexe de dimension n = 2 muni d’une
forme hermitienne définie positive Φ.
On note E l’ensemble des endomorphismes hermitiens de V de trace nulle.
Cet ensemble E est un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel réel sous-jacent à End (V ) .
On définit l’application q sur E par :

∀x ∈ E, q (x) = − det (x) .

1. Calculer la dimension sur R de E.


2. Montrer que q est une forme quadratique définie positive sur E et déterminer sa forme
polaire (i. e. la forme bilinéaire symétrique B : E × E → R telle que q (x) = B (x, x) pour
tout x dans E).
3. Montrer que pour tout a dans U (V ) et tout x dans E, axa−1 est dans E.
Pour tout a dans U (V ) , on note ϕ (a) l’application x 7→ axa−1 . C’est un endomorphisme
de E.
4. Montrer que pour tout a dans U (V ) , ϕ (a) est une isométrie de q.
L’application ϕ : a 7→ ϕ (a) est un morphisme de groupes de U (V ) vers O (q) (on ne
demande pas de le vérifier).
5. Déterminer le noyau de ϕ.
6. Soit a dans U (V ) qui n’est pas dans le noyau de ϕ. Montrer que ϕ (a) est une rotation
de E en précisant, après le choix d’une orientation de E, un couple (axe, angle) de cette
rotation en termes de vecteurs propres et valeurs propres de a.
Énoncé 229

7. Déterminer l’image de ϕ.
8. Montrer que SU (V ) contient un sous-groupe fini G dont tout sous-groupe abélien distin-
gué est d’indice au moins 60 (on pourra utiliser le groupe des isométries positives d’un
icosaèdre régulier, en admettant qu’un espace affine euclidien de dimension 3 contient un
tel icosaèdre).
9. On désigne par G un sous-groupe de U (V ) et par Z le sous-groupe de G formé des
homothéties qui appartiennent à G.
On suppose que Z est distinct de G.
G
On note H = le groupe quotient de G par son sous-groupe distingué H et m est le
Z
cardinal de H.
Les éléments de G qui ne sont pas dans Z ont exactement deux droites propres (qui sont
orthogonales). On note D l’ensemble des droites de V ainsi obtenues.
(a)
i. Montrer que pour tous g dans G et D dans D, la droite g (D) est dans D.
ii. Montrer que l’application (g, D) de G × D dans D induit une action du groupe
H sur l’ensemble D.
On note (h, D) 7→ h · D cette action et pour tout D ∈ D, eD désigne le cardinal du
stabilisateur de D dans H.
(b) Montrer que :
i. eD ≥ 2 pour tout D ∈ D ;
P
ii. 2 (m − 1) = (eD − 1) ;
D∈D
0
iii. si D, D sont dans la même orbite sous l’action de H alors eD = eD0 .
(c) On note Ω1 , · · · , Ωr les orbites de D sous l’action de H et pour tout i compris entre
1 et r, ei désigne la valeur commune des eD pour D ∈ Ωi . On range ces orbites de
manière à avoir e1 ≤ e2 ≤ · · · ≤ er .
µ ¶
Pr 1
i. Calculer 1− en fonction de m.
i=1 ei
ii. Montrer que r vaut 2 ou 3.
(d) Montrer que si r vaut 2, alors G est abélien.
(e) Montrer que si r vaut 3 et e1 = e2 = 2, e3 ≥ 2, alors G possède un sous-groupe
abélien distingué d’indice 2.
10. En examinant les possibilités autres que celles envisagées en II.9d et II.9e, montrer que
tous sous-groupe fini G de GL2 (C) possède un sous-groupe abélien distingué d’indice au
plus 60 dans G.

— III — La méthode de Frobenius

Pour cette partie, n est un entier au moins égal à 2 et V désigne un espace vectoriel hermitien
de dimension n. On note Φ la forme hermitienne définie positive donnée sur V.
230 Agrégation externe 2003. Épreuve 1
h πh
1. Pour cette question, on fixe un réel τ ∈ 0, et un élément v de U (V ) . On suppose que
2
pour chaque valeur propre γ de v, il existe θ ∈ [−τ, τ ] tel que γ = eiθ .
(a) Montrer que pour tout vecteur non nul x de V, il existe un réel r > 0 et un réel
α ∈ [−τ, τ ] tels que Φ (v (x) , x) = reiα .
(b) Soit u dans U (V ) et t = v ◦ u ◦ v−1 . Pour tout λ ∈ C, on note Uλ = ker (u − λIdV ) ,
Tλ = ker (t − λIdV ) et on note Uλ⊥ l’orthogonal de Uλ dans V.
i. Montrer que Tλ ∩ Uλ⊥ = {0} .
ii. On suppose de plus que u et t commutent. Montrer que pour tout λ ∈ C on a
Tλ = Uλ , de sorte que t = u et que u et v commutent.
(c) Soit s dans U (V ) . On suppose que pour chaque valeur propre σ de s, il existe
α ∈ [−τ, τ ] tel que σ = eiα .
Montrer que pour toute valeur propre µ de v ◦ s−1 , il existe β ∈ [−2τ, 2τ ] tel que
µ = eiβ (on pourra considérer un vecteur x de V tel que (v − µs) (x) = 0).
Pour g ∈ End (V ) , on note N (g) la trace de g∗ ◦ g. Si A = ((ai,j ))1≤i,j≤n est la
P
matrice de g dans une base orthonormée de V, on a N (g) = |aij |2 , de sorte
1≤i,j≤n
que N est une forme quadratique définie
p positive sur l’espace vectoriel réel E sous-
jacent à End (V ) . On note g 7→ kgk = N (g) la norme euclidienne correspondante
sur E.
(d) Montrer que pour tout u dans U (V ) , on a :
¡ ¢
N vuv−1 u−1 − IdV ≤ 4 sin2 (τ ) N (u − IdV )
(on pourra, en prenant une base de vecteurs propres de v, estimer la quantité
N (v (u − IdV ) − (u − IdV ) v)).
2. Pour cette question G désigne un sous-groupe fini de U (V ) . On note Si l’ensemble des
π πh
éléments s de G tels que pour toute valeur propre σ de s, il existe α ∈ − , tel que
6 6
σ = eiα . On note A le sous-groupe de G engendré par S.
(a) Soient v dans S et u dans G. On définit par récurrence sur l’entier naturel k, un
élément uk de U (V ) en posant :
u0 = u et uk+1 = vuk v −1 u−1
k pour tout k ∈ N.

i. Montrer que pour k assez grand on a uk = IdV .


i π πh
ii. On suppose en outre que pour toute valeur propre λ de u, il existe θ ∈ − ,
2 2
tel que λ = eiθ . Montrer que u et v commutent (on pourra remarquer que, pour
k ≥ 1, dire que uk+1 = IdV signifie que v commute à uk−1 vu−1
k−1 ).
(b) Montrer qu’il existe un réel η > 0 indépendant de n tel que deux éléments g et h de
G vérifiant N (g − h) < η vérifient aussi h−1 g ∈ S.
(c) Prouver que l’indice de A dans G vaut au plus :
µ r ¶2n2 µ r ¶2n2
n n
a (n) = 2 +1 − 2 −1
η η
(prendre un système de représentants de G/A dans G ; il sera commode de noter m
la mesure de la boule unité de l’espace vectoriel euclidien E).
3. Conclure en prouvant le théorème de Jordan : tout sous-groupe fini G de GLn (C) possède
un sous-groupe abélien distingué d’indice au plus a (n) dans G.
Corrigé 231

13.2 Corrigé
— I — Généralités

1.
(a) Pour tout λ ∈ C, on a :
¡ ¢
x ∈ Tλ ⇔ t (x) = λx ⇔ v ◦ u ◦ v−1 (x) = λx ⇔ u v −1 (x) = λv −1 (x) ,

c’est-à-dire que :

x ∈ Tλ ⇔ v −1 (x) ∈ Uλ ⇔ ∃y ∈ Uλ | x = v (y) ⇔ x ∈ v (Uλ ) .

On a donc Tλ = v (Uλ ) .
(b) Dans le cas où u et v commutent, on a t = v ◦ u ◦ v−1 = u ◦ v ◦ v−1 = u et Tλ = Uλ .
(c) Dans le cas où u et v commutent, on a Tλ = v (Uλ ) = Uλ pour tout nombre complexe
λ, c’est-à-dire que les sous-espaces vectoriels Uλ de V sont stables par v. Si de plus
λ est une valeur propre de u, alors l’espace Uλ n’est pas réduit à {0} .
Si v est diagonalisable, son polynôme minimal πv qui annule v est un polynôme
scindé sur C à racines simples qui annule aussi la restriction de v à Uλ , il en résulte
que cette restriction est diagonalisable.
Si λ n’est pas valeur propre de u, on a Uλ = {0} et le résultat est encore valable.
2. Si v est d’ordre p ≥ 1 dans GL (V ) , il est annulé par X p − 1 qui est un polynôme scindé
sur C à racines simples, ce qui implique que v est diagonalisable.
3. On procède par récurrence sur la dimension n ≥ 1 de V.
Pour n = 1 le résultat est évident puisque dans ce cas les endomorphismes de V sont les
homothéties.
On suppose que V est de dimension n + 1 et que le résultat est acquis pour les espaces
vectoriels de dimension inférieure ou égale à n. Si tous les éléments de X sont des homo-
théties alors le résultat est clair. Sinon soit u dans X tel que u ne soit pas une homothétie.
Comme u est diagonalisable, on a la décomposition en sous espaces propres :
p p
M M
V = ker (u − λk IdV ) = Uλk .
k=1 k=1

L’endomorphisme u n’étant pas une homothétie chaque sous espace propre Uλk est de
dimension inférieure ou égale à n. De plus comme tous les éléments v de X sont diagona-
lisables et commutent à u, chaque sous espace propre Uλk est stable par v et la restriction
de tout élément v de X à chacun des Uλk est diagonalisable. On peut donc appliquer,
pour tout entier k compris entre 1 et p, l’hypothèse de récurrence à la famille des restric-
tions des éléments de X à Uλk , ce qui permet de construire une base de diagonalisation
de chacun des Uλk commune à toutes les restrictions des éléments de X à cet espace. La
réunion de ces bases donne alors une base de diagonalisation commune à tous les v ∈ X.
4. On se place sur V = C2 muni de sa base canonique B = (e1 , e2 ) . Pour tout nombre
complexe λ, on note vλ l’endomorphisme de V ayant pour matrice dans la base B :
µ ¶
1 λ
Aλ =
0 1
232 Agrégation externe 2003. Épreuve 1

et G est la famille de tous ces endomorphismes vλ . On a G ⊂ GL (V ) et pour tous λ, µ


dans C, l’égalité Aλ Aµ = Aλ+µ entraîne vλ ◦ vµ = vλ+µ = vµ ◦ vλ , ce qui implique que G
est un sous-groupe abélien de GL (V ) (isomorphe au groupe additif (C, +)). Ce groupe
est infini et seul v0 = IdV est diagonalisable (un endomorphisme ayant une valeur propre
d’ordre n dans un espace de dimension n est diagonalisable si, et seulement si, c’est une
homothétie).
Si par contre G est un sous groupe abélien fini de GL (V ) , les questions précédentes nous
disent que G est diagonalisable.
5. Soit G = {g1 , · · · , gp } un sous-groupe fini de GL (V ) . Si Ψ est une forme hermitienne
définie positive sur V, pour tout k compris entre 1 et p l’application :

Ψk : (x, y) 7→ Ψ (gk (x) , gk (y))

est également une forme hermitienne définie positive sur V. En effet avec la linéarité de
gk , on vérifie facilement que Ψk est hermitienne, avec la positivité de Ψ on a Ψk (x, x) ≥ 0
pour tout x dans V et l’égalité Ψk (x, x) = 0 équivaut à gk (x) = 0 puisque Ψ est définie,
ce qui implique x = 0 puisque gk est un automorphisme de V.
L’application :
p
X
Φ : (x, y) 7→ Ψ (gk (x) , gk (y))
k=1
définit également une forme hermitienne définie positive sur V.
En remarquant que pour tout j compris entre 1 et p l’application g 7→ g ◦ gj−1 réalise une
bijection de G (elle est injective et G est fini), on déduit que pour tout (x, y) dans V 2 on
a:
¡ ¢ X ¡ ¢ X ¡ ¢
Φ x, gj−1 (y) = Ψ g (x) , g ◦ gj−1 (y) = Ψ g ◦ gj−1 (gj (x)) , g ◦ gj−1 (y)
g∈G g∈G
X
= Ψ (h (gj (x)) , h (y)) = Φ (gj (x) , y) ,
h∈G

ce qui équivaut à dire que gj∗ = gj−1 ou encore que gj est unitaire relativement à Φ.
6. Soit H = {A1 , · · · , Ap } un sous-groupe fini de GLn (C) .
En notant B0 la base canonique de Cn , chaque matrice Ak est la matrice dans B0 d’un
automorphisme gk de Cn et G = {g1 , · · · , gp } un sous-groupe fini de GL (Cn ) .
Pn
À partir du produit scalaire hermitien canonique de Cn , (x, y) 7→ hx | yi = xi yi (les xi
i=1
et yi étant les composantes de x et y dans B0 ), on peut construire une forme hermitienne
définie positive Φ sur Cn telle que tous les gk soient unitaires pour Φ.
En désignant par B une base orthonormée pour Φ et pour tout k compris entre 1 et p par
Bk la matrice de gk dans cette base, la condition gk∗ ◦ gk = IdCn où gk∗ désigne l’adjoint
de gk relativement à Φ, se traduit par Bk∗ Bk = In (on rappelle que si (V, Φ) est un espace
hermitien, il existe des bases orthonormées pour Φ et un endomorphisme de V est unitaire
pour Φ si, et seulement si, sa matrice dans une base orthonormée pour Φ est unitaire).
Les matrices Bk sont donc unitaires et K = {B1 , · · · , Bp } est un sous-groupe fini de Un .
En notant P la matrice de passage de B0 à B, on a Ak = P Bk P −1 pour tout k compris
entre 1 et p et H = P KP −1 est conjugué à K.

— II — Le cas où n vaut 2
Corrigé 233

On rappelle que si (V, Φ) est un espace hermitien, un endomorphisme de V est hermitien


pour Φ si, et seulement si, sa matrice A dans une base orthonormée pour Φ est hermitienne,
c’est-à-dire que A∗ = A où A∗ = t A est la matrice adjointe de A.
On rappelle également qu’un endomorphisme unitaire pour Φ a toutes ses valeurs propres
de module égal à 1 et qu’il se diagonalise dans une base orthonormée (pour Φ).
1. On se fixe une base B = (e1 , e2 ) de V qui est orthonormée (pour Φ) et on se donne u
dans End (V ) de matrice A dans B. Dire que u est dans E équivaut à direµque A est ¶
a b
hermitienne de trace nulle, ce qui équivaut à dire qu’elle est de la forme A =
b −a
avec (a, b) ∈ R × C. En écrivant tout nombre complexe b sous la forme b = α + iβ avec
(α, β) ∈ R2 , on déduit que u est dans E si, et seulement si, sa matrice A dans B s’écrit
A = aE1 + αE2 + βE3 avec (a, α, β) ∈ R3 et :
µ ¶ µ ¶ µ ¶
1 0 0 1 0 1
E1 = , E2 = , E3 = i .
0 −1 1 0 −1 0
Le système (E1 , E2 , E3 ) étant visiblement libre, on en déduit que E est de dimension 3
sur R engendré par (u1 , u2 , u3 ) où uk est l’endomorphisme de matrice Ak dans B pour
k = 1, 2, 3.
2. En gardant
µ les notations¶qui précèdent, pour tout x = au1 + αu2 + βu3 dans E de matrice
a α + iβ
A= dans B, on a :
α − iβ −a

q (x) = − det (x) = a2 + α2 + β 2 .


L’application q est donc une forme quadratique définie positive sur E de forme polaire B
définie par :
B (x, x0 ) = aa0 + αα0 + ββ 0
pour tous x = au1 + αu2 + βu3 et x0 = a0 u1 + α0 u2 + β 0 u3 dans E.
La base (u1 , u2 , u3 ) est orthogonale pour q.
On peut aussi remarquer que :
µ 2 ¶
2 a + α2 + β 2 0
A = = q (x) I2
0 a2 + α2 + β 2
et Tr (A2 ) = 2q (x) . On peut alors retrouver la forme polaire :
1 1
B (x, x0 ) = (q (x + x0 ) − q (x) − q (x0 )) = Tr (xx0 )
2 2
(on rappelle que Tr (xx0 ) = Tr (x0 x)).
3. Pour tout a dans GLV (V ) et x dans E, on a Tr (axa−1 ) = Tr (x) = 0 et pour a dans

U (V ) , on a a−1 = a∗ de sorte que (axa−1 ) = axa−1 , c’est-à-dire que axa−1 est hermitien.
On a donc :
∀ (a, x) ∈ U (V ) × E, axa−1 = axa∗ ∈ E.
Il est facile de vérifier que l’application ϕ (a) : x 7→ axa−1 est R-linéaire.
4. Comme deux matrices semblables ont même déterminant, on a pour tout a dans U (V )
et tout x dans E :
¡ ¢
q (ϕ (a) (x)) = − det axa−1 = − det (x) = q (x) ,
c’est-à-dire que q est une isométrie de q.
234 Agrégation externe 2003. Épreuve 1

5. Pour tout a dans U (Vµ) il existe¶ une base orthonormée Ba = (e1 , e2 ) de V dans laquelle la
λ 0
matrice de a est A = avec λ = eiα et µ = eiβ . On désigne alors par (u1 , u2 , u2 )
0 µ
la base de E construite relativement à cette base en II.1. En notant Fk la matrice de
ϕ (a) (uk ) dans cette base pour k = 1, 2, 3, on a :
µ iα ¶µ ¶ µ −iα ¶ µ ¶
e 0 1 0 e 0 1 0
F1 = = = E1
0 eiβ 0 −1 0 e−iβ 0 −1
µ iα ¶µ ¶ µ −iα ¶ µ ¶
e 0 0 1 e 0 0 ei(α−β)
F2 = =
0 eiβ 1 0 0 e−iβ e−i(α−β) 0
µ iα ¶µ ¶ µ −iα ¶ µ ¶
e 0 0 i e 0 0 iei(α−β)
F3 = =
0 eiβ −i 0 0 e−iβ −ie−i(α−β) 0
En posant θ = α − β, on a donc :

 F1 = E1
F2 = cos (θ) E2 + sin (θ) E3

F3 = − sin (θ) E2 + cos (θ) E3

soit : 
 ϕ (a) (u1 ) = u1
ϕ (a) (u2 ) = cos (θ) u2 + sin (θ) u3

ϕ (a) (u3 ) = − sin (θ) u2 + cos (θ) u3
et la matrice de ϕ (a) dans la base (u1 , u2 , u3 ) est :
 
1 0 0
M (a) =  0 cos (θ) − sin (θ)  .
0 sin (θ) cos (θ)

Il est facile de vérifier que ϕ est un morphisme de groupes de U (V ) vers O (q) et un élément
a de U (V ) est dans le noyau de ϕ si, et seulement si, ϕ (a) = IdE , ce qui équivaut à dire
que M (A) = I3 encore équivalent à eiθ = 1 soit à λ = µ, ce qui revient à dire que a est une
homothétie (dans un espace vectoriel de dimension n un endomorphisme diagonalisable a
une seule valeur propre d’ordre n si, et seulement si, c’est une homothétie). On a donc :
© ª
ker (ϕ) = eiα IdV | α ∈ R .

6. Si a ∈ U (V ) n’est pas une homothétie, avec les notations précédentes, on munit E de


l’orientation définie par la base (u1 , u2 , u3 ) et l’expression matricielle de ϕ (a) nous dit
que ϕ (a) est une rotation d’axe Ru1 et d’angle θ = α − β où λ = eiα et µ = eiβ sont les
valeurs propres de a. Si (e1 , e2 ) est une base orthonormée de V formée de vecteursµ propres¶
1 0
de a (associés respectivement à λ et µ), on a vu que u1 a pour matrice E1 =
0 −1
dans cette base, c’est donc la symétrie orthogonale d’axe Re1 , elle est donc déterminée
par les deux directions propres de a qui sont orthogonales et distinctes si a n’est pas une
homothétie.
7. Pour tout a dans U (V ) , on a det (ϕ (a)) = det (M (a)) = 1, donc ϕ (a) est dans SO (q) .
L’image de ϕ est donc contenue dans SO (q) .
Si v est dans SO (q) c’est une rotation de l’espace E d’axe Ru1 et d’angle θ, le vecteur u1
étant choisi unitaire, c’est-à-dire tel que q (u1 ) = 1. Comme u1 dans E est hermitien, ses
Corrigé 235

valeurs propres sont réelles et il se diagonalise dans une base orthonormée. La trace de u1
étant nulle et son déterminant égal à −1 (det (u1 ) = −q (u1 )), on en déduitµqu’il existe ¶
1 0
une base orthonormée (e1 , e2 ) de V dans laquelle la matrice de u1 est E1 = .
µ ¶0 −1
0 1
En désignant par u2 et u3 les endomorphismes de V de matrices E2 = et E3 =
µ ¶ 1 0
0 1
i dans (e1 , e2 ) , on vérifie facilement que (u1 , u2 , u3 ) est une base orthonormée
−1 0 µ iθ ¶
e 0
de l’espace euclidien (E, q) . En prenant a dans U (V ) de matrice dans (e1 , e2 ) ,
0 1
ϕ (a) est la rotation d’axe Ru1 et d’angle θ, c’est-à-dire que ϕ (a) = v.
En définitive ϕ est surjective de U (V ) sur SO (q) .
8. La surjection ϕ : U (V ) → SO (q) induit une surjection ψ : SU (V ) → SO (q) . En effet, en
gardant les notations de la question précédente, si v ∈ SO (q) a pour antécédent à θa ∈ U (V!)
µ iθ ¶
e 0 θ ei 2 0
de matrice dans (e1 , e2 ) , alors a0 = e−i 2 a qui a pour matrice θ
0 1 0 e 2 −i
µ ¶
θ θ
a pour image par ϕ la rotation d’axe Ru1 et d’angle − − = θ, c’est-à-dire que
2 2
ϕ (a0 ) = v avec a0 dans SU (V ) .
Le noyau de ψ est SU (V ) ∩ ker (ϕ) = {IdV , −IdV } .
On désigne par H le groupe des rotations de E qui conservent l’icosaèdre régulier (centré
en 0). On rappelle que ce groupe est isomorphe au groupe alterné A5 . C’est un groupe
simple (ses seuls sous-groupes distingués sont {IdE } et H), non abélien et de cardinal 60.
Son image réciproque G = ψ−1 (H) est alors un sous-groupe de cardinal 120 de SU (V ) .
Si K est un sous-groupe abélien distingué de G, alors ψ (K) est un sous-groupe abélien
distingué de H et nécessairement ψ (K) = {IdE } (H est simple et non abélien). On a donc
card (G)
K = {IdV } ou K = {IdV , −IdV } . L’indice de K dans G est donc [G : K] = =
card (K)
120 ou 60.
9.
(a)
i. Soit D = Ce1 dans D, où e1 est un vecteur propre d’un élément h de G \ Z
associé à l’une de ses valeurs propres λ = eiα (h qui est unitaire a deux valeurs
propres complexes de module égal à 1 et ces valeurs propres sont distinctes si h
n’est pas une homothétie). Pour tout g dans G, on a :
¡ ¢
g ◦ h ◦ g−1 (g (e1 )) = λg (e1 )

avec g (e1 ) 6= 0, c’est-à-dire que g (e1 ) est vecteur propre de k = g◦h◦g−1 ∈ G\Z
(si k est une homothétie, il commute alors à g et h = g −1 ◦ k ◦ g = k est aussi une
homothétie, ce qui n’est pas le cas). La droite g (D) est donc une droite propre
de k ∈ G \ Z, ce qui signifie que g (D) est dans D.
ii. On vérifie facilement que l’application ϕ : (g, D) 7→ g (D) définit une action du
groupe G sur l’ensemble D. En effet :
— ∀ (g, D) ∈ G × D, ϕ (g, D) = g (D) ∈ D ;
— ∀D ∈ D, ϕ (IdV , D) = IdV (D) = D ;
— ∀ (g, h, D) ∈ G2 × D, ϕ (g ◦ h, D) = g (h (D)) = ϕ (g, ϕ (h, D)) .
236 Agrégation externe 2003. Épreuve 1

Si g est dans Z, c’est une homothétie et g (D) = D pour tout D ∈ D. L’action


ϕ va donc induire, par passage au quotient, une action de H sur D avec :

(g, D) 7→ g (D)

où on a noté g la classe de g ∈ G modulo Z. Cette application est bien définie


puisque g = h équivaut à g = eiα h ce qui entraîne g (D) = h (D) pour tout
D ∈ D. On vérifie facilement qu’on a une action.
(b) On rappelle que le stabilisateur de D ∈ D est le sous-groupe de H défini par :

HD = {h ∈ H | h · D = D} .

i. Pour tout D ∈ D il existe g dans G \ Z tel que g (D) = D. On a donc g · D = D,


soit g ∈ HD avec g dans H différent de l’élément neutre IdV et g2 6= g est
aussi dans HD (c’est un groupe). Il en résulte que HD qui contient {g, g2 } est
de cardinal au moins égal à 2. On a donc :

2 ≤ eD = card (HD ) ≤ m = card (H) .

ii. On note :
E = {(h, D) ∈ H × D | h · D = D} .
Si h = IdV , il stabilise toutes les droites de D et dans le cas contraire on a h = g
avec g différent d’une homothétie et il stabilise exactement deux droites de D
qui sont orthogonales (les deux droites propres des eiα g pour tout réel α). On a
donc :
card (E) = card (D) + 2 (m − 1) .
En considérant d’autre part que toute droite D ∈ D est stabilisée par eD élé-
ments de H, on a aussi : X
card (E) = eD .
D∈D

Il en résulte que :
X X
2 (m − 1) = eD − card (D) = (eD − 1) .
D∈D D∈D

iii. On rappelle que l’orbite de D ∈ D sous l’action de H est :

H · D = {h · D | h ∈ H} ,

que toutes ces orbites forment une partition de D et que :

card (H) = card (HD ) card (H · D) ,


m m m
soit card (H · D) = . Pour D, D0 dans la même orbite, on a donc =
eD eD eD0
et eD = eD0 .
(c)
Corrigé 237

i. Les orbites formant une partition de D, on peut écrire que :


X X
r X X
r
m
2 (m − 1) = (eD − 1) = (ei − 1) = (ei − 1)
D∈D i=1 D∈Ωi i=1
ei
ou encore : r µ ¶ µ ¶
X 1 1
1− =2 1− .
i=1
ei m
ii. Tenant compte de ei ≥ 2 pour tout i compris entre 1 et r, on a :
µ ¶ X r µ ¶
1 1 r
2 1− = 1− ≥
m i=1
ei 2
µ ¶
1
avec 2 1 − < 2, ce qui donne r < 4, soit r ≤ 3.
m
D’autre part, comme Z est différent de G, on a m ≥ 2 et :
µ ¶ X r µ ¶
1 1
1≤2 1− = 1− < r,
m i=1
ei

soit r ≥ 2. On a donc r = 2 ou 3.
(d) Si r = 2, on a : µ ¶
1 1 1
2 1− =2− −
m e1 e2
2 1 1 2e1 e2
soit = + , ou encore m = avec 2 ≤ e1 ≤ e2 ≤ m. De e2 ≤ m,
m e1 e2 e1 + e2
on en déduit que e2 ≤ e1 et nécessairement e1 = e2 = m. On a donc deux orbites
m
de cardinal = 1, c’est-à-dire que chacune de ces orbites est réduite à une droite
ei
et D = Ω1 ∪ Ω2 est réduit à deux droites. Tous les éléments de G admettent ces
deux droites comme droites propres, ce qui implique que G est diagonalisable et en
conséquence abélien.
(e) Si r = 3, e1 = e2 = 2, e3 ≥ e2 = 2, on a :
µ ¶
1 1
2 1− =2−
m e2
card (H) m
et m = 2e3 . Pour toute droite D dans Ω3 , on a = = 2, c’est-à-dire que
card (HD ) e3
HD est un sous-groupe d’indice 2 dans H. Son image réciproque par la surjection
canonique π : G → H = G/Z :
K = π −1 (HD ) = {g ∈ G | g (D) = D}
est alors aussi un sous-groupe d’indice 2 de G. En effet on a :
card (G) card (G) card (H)
[G : K] = = = = 2.
card (K) card (HD ) card (Z) card (HD )
Ce sous-groupe K qui est d’indice 2 dans G est nécessairement distingué. De plus
tout élément de K admet D et donc sa droite orthogonale comme droite propre, il
en résulte que K est diagonalisable et en conséquence abélien.
238 Agrégation externe 2003. Épreuve 1

10. Avec les notations des questions précédentes, si G est un sous-groupe fini de U (V ) , pour
r = 3, on a :
2 1 1 1
= + + −1
m e1 e2 e3
et nécessairement e1 ≤ 2. En effet si e1 ≥ 3, comme e3 ≥ e2 ≥ e1 , on aboutit à :
2 1 1 1
= + + − 1 ≤ 0,
m e1 e2 e3
ce qui est impossible. On a donc e1 = 2 et :
2 1 1 1
= + − ,
m e2 e3 2
2
ce qui entraîne e2 ≤ 3. En effet e3 ≥ e2 ≥ 4 donne ≤ 0, ce qui est impossible.
m
2 1 1
Le cas e2 = 2 étant déjà traité, on a e2 = 3 et = − impose e3 ≤ 5. On a donc :
m e3 6
card (G)
e1 = 2, e2 = 3, e3 = 3, 4 ou 5, m = = 12, 24 ou 60
card (K)

et Z est un sous-groupe abélien distingué de G d’indice au plus 60.


Si maintenant G est un sous-groupe fini de GL2 (C) la question I.6 nous dit que G est
conjugué à un sous-groupe de U2 , il possède donc un sous-groupe abélien distingué d’indice
au plus 60.

— III — La méthode de Frobenius

1.
(a) L’endomorphisme unitaire v se diagonalise dans une base orthonormée B = (ek )1≤k≤n
Pn
avec v (ek ) = λk ek = eiαk ek où αk ∈ [−τ, τ ] . Pour tout x = xk ek non nul
k=1
P
n
2 1
dans V, on a alors Φ (v (x) , x) = |xk | λk et z = P
n Φ (v (x) , x) est dans
k=1 2
|xk |
k=1
l’enveloppe convexe
© des λk (1 ≤ k ≤ n).ªComme chaque λk = e−iαk est dans le
convexe C h= zh= reiθ | r > 0, θ ∈ [−τ, τ ] (cette partie de C est convexe puisque
π
τ est dans 0, ), on a z ∈ C et il en est de même de Φ (v (x) , x) , c’est-à-dire qu’il
2
existe un réel r > 0 et un réel α ∈ [−τ, τ ] tels que Φ (v (x) , x) = reiα .
(b)
i. On a vu en I.1a que Tλ = v (Uλ ) , tout vecteur de Tλ s’écrit y = v (x) avec
x ∈ Uλ et dire que y est aussi dans Uλ⊥ implique que Φ (v (x) , x) = Φ (y, x) = 0
et x est nécessairement nul d’après III.1a.
OnL a donc Tλ ∩ Uλ⊥ = {0} et avec dim (Tλ ) = dim (Uλ ) , on déduit que V =
Tλ Uλ⊥ .
Corrigé 239

ii. En notant λ1 , · · · , λp les valeurs propres complexes de u ∈ U (V ) , on a V =


Lp
Uλk (somme directe orthogonale). Pour k compris entre 1 et p, tout vecteur
k=1
z dans Uλk s’écrit z = x + y avec (x, y) ∈ Tλk × Uλ⊥k (question précédente) et
en considérant que Uλ⊥k est stable par u ainsi que Tλk dans le cas où u et t
commutent (question I.1b), l’égalité :

λk x + λk y = λk z = u (z) = u (x) + u (y)

implique u (x) = λk x et u (y) = λk y et en particulier y est dans Uλk ∩Uλ⊥k = {0} ,


ce qui signifie que z = x ∈ Tλk . On a donc ainsi prouvé que Uλk ⊂ Tλk ce
qui équivaut à Uλk = Tλk puisque ces espaces sont de même dimension (on a
Tλk = v (Uλk ) et v est un isomorphisme).
Lp L p
En définitive, on a V = Uλk = Tλk et u = t, ce qui équivaut à v ◦u = u◦v.
k=1 k=1

(c) Soit µ une valeur propre de v ◦ s−1 et y 6= 0 un vecteur propre associé. En notant
x = s−1 (y) , on a :
¡ ¢
(v − µs) (x) = v (x) − µs (x) = v ◦ s−1 (y) − µy = 0.

D’après III.1a, il existe deux réels r, r0 strictement positifs et deux réels α, α0 dans
0
[−τ, τ ] tels que Φ (v (x) , x) = reiα et Φ (s (x) , x) = r0 eiα . Avec :

Φ (v (x) , x) = Φ (µs (x) , x) = µΦ (s (x) , x) ,


0
on a alors reiα = µr0 eiα où |µ| = 1 puisque v ◦ s−1 est unitaire, ce qui donne r = r0
0
et µ = ei(α −α) avec β = α0 − α dans [−2τ, 2τ ] .
(d) Pour tout g dans End (V ) et tout u dans U (V ) , on a :
¡ ¢
N (g ◦ u) = Trace ((g ◦ u)∗ ◦ g ◦ u) = Trace u−1 ◦ g∗ ◦ g ◦ u
= Trace (g ∗ ◦ g) = N (g) .

En particulier pour u, v dans U (V ) , on a :


¡ ¢ ¡ ¢
N vuv −1 u−1 − IdV = N (vu − uv) (uv)−1 = N (vu − uv)
= N (v (u − IdV ) − (u − IdV ) v) = N (w) .

En travaillant dans une base orthonormée B de V formée de vecteurs propres de v,


la matrice de v dans cette base est diagonale de termes diagonaux λk = eiθk avec
θk ∈ [−τ, τ ] pour tout k compris entre 1 et n et en notant A = ((ai,j ))1≤i,j≤n la
matrice de u − IdV dans B, celle de w est B = ((bi,j ))1≤i,j≤n avec :

bij = aij (λi − λj ) ,

ce qui donne : X
N (w) = |aij |2 |λi − λj |2
1≤i,j≤n
avec :
µ ¶
¯ ¯2 θj − θi
|λi − λj | = ¯1 − ei(θj −θi ) ¯ = 2 − 2 cos (θj − θi ) = 4 sin2
2
2
240 Agrégation externe 2003. Épreuve 1

et donc : µ ¶
X 2 θj − θi
2
N (w) = 4 |aij | sin .
1≤i,j≤n
2
i π πh ¯ µ ¶¯
θj − θi ¯ θ − θ ¯
, on a ¯¯sin ¯ ≤ |sin (τ )| et :
j i
Les réels étant dans [−τ, τ ] ⊂ − , ¯
2 2 2 2
¡ ¢ X
N vuv−1 u−1 − IdV ≤ 4 sin2 (τ ) |aij |2 = 4 sin2 (τ ) N (u − IdV ) .
1≤i,j≤n

2. Comme S est fini et toutes leshvaleurs propres des éléments de S sont de la forme eiα avec
π πh
|α| < , il existe un réel τ ∈ 0, tel que tous ces α soient dans [−τ, τ ] .
6 6
(a)
i. En utilisant le résultat de III.1d, on déduit que pour tout v ∈ S, on a :

∀k ∈ N, 0 ≤ N (uk+1 − IdV ) ≤ γN (uk − IdV ) (13.1)


h πh
avec γ = 4 sin2 (τ ) ∈ [0, 1[ puisque τ ∈ 0, . Par récurrence, on obtient :
6
∀k ∈ N, N (uk − IdV ) ≤ γ n N (u − IdV )

et lim N (uk − IdV ) = 0. Si tous les uk , pour k ∈ N, sont différents de IdV , on a


n→+∞
N (uk+1 − IdV ) < N (uk − IdV ) pour tout entier naturel k et (N (uk − IdV ))k∈N
est une suite strictement décroissante, les uk étant dans G qui est fini, ce qui est
impossible.
Il existe donc un entier k tel que uk = Idv et avec (13.1) on déduit que uk+p =
IdV pour tout p ∈ N.
ii. Pour k ≥ 1 l’égalité uk+1 = vuk v−1 u−1 k = IdV équivaut à vuk = uk v. En
écrivant que uk = vuk−1 v uk−1 , on a alors v 2 uk−1 v −1 u−1
−1 −1 −1 −1
k−1 = vuk−1 v uk−1 v et
−1
en multipliant à gauche par (v2 ) puis à droite par v −1 , on obtient :
¡ ¢ −1 ¡ ¢
uk−1 v−1 u−1
k−1 v = v −1 uk−1 v−1 u−1k−1 .
¡ ¢ ¡ ¢
En passant aux inverses on aboutit à v uk−1 vu−1 −1
k−1 = uk−1 vuk−1 v.
Si on suppose maintenant que toutes les valeurs propres de u sont de la forme
π
eiθ avec |θ| < , on vérifie par récurrence que celles de tous les uk sont de la
2
même forme. En effet, pour k = 0 c’est vérifié et en supposant le résultat acquis
pour k ≥ 0, en écrivant que uk+1 = vs−1 avec s = uk−1 vu−1 k−1 de mêmes valeurs
iα π
propres que v, donc de la forme e avec |α| ≤ τ < , on déduit de III.1c que
6
iβ π π
les valeurs propres de uk+1 sont de la forme e avec |β| ≤ 2τ < < .
3 2
En définitive, v est un élément de U (V ) qui commute à tk−1 = uk−1 vu−1 k−1 , les
iθ π
valeurs propres de uk−1 étant de la forme e avec |θ| ≤ τ < . On déduit alors
2
de III.1b que v commute à uk−1 , ce qui implique uk = IdV .
On a donc ainsi montré que si uk+1 = IdV avec k ≥ 1, alors uk = IdV . Par
récurrence finie on aboutit alors à u1 = IdV , ce qui revient à dire que u et v
commutent.
Corrigé 241

(b) Pour g, h dans G ⊂ U (V ) , on a :


¡ ¡ ¢¢ ¡ ¢
N (g − h) = N h h−1 g − IdV = N h−1 g − IdV .

En désignant par B une base orthonormée de V formée de vecteurs propres de h−1 g,


la matrice de h−1 g dans cette base est diagonale de termes diagonaux λk = eiθk , les
θk étant dans [−π, π] , et on a :
µ ¶
¡ ¢ Xn X
n
θk
N h−1 g − IdV = |λk − 1|2 = 4 sin2 ,
k=1 k=1
2
µ ¶
θk
de sorte que 4 sin2 ≤ N (g − h) pour tout k compris entre 1 et n.
2
En notant : ³π´
³ ³ π ´´ √
η = 4 sin2 = 2 1 − cos = 2 − 3,
12 6
¯ µ ¶¯ ¯ ³ π ´¯ ¯ ¯ ¯π ¯
¯ θ ¯ ¯ ¯ ¯ θk ¯ ¯ ¯
¯
l’inégalité N (g − h) < η entraîne ¯sin
k ¯ < ¯sin ¯ ¯
¯ avec ¯ ¯ ≤ ¯ ¯ pour
2 ¯
¯ π ¯12 2 2
¯ ¯
tout k compris entre 1 et n et nécessairement |θk | < ¯ ¯ pour tout k, ce qui signifie
6
que h−1 g est dans S.
(c) Soit p = [G : A] = card (G/A) l’indice de A dans G et g1 , · · · , gp un système de
représentants de G/A dans G (on a donc gi = gi A 6= gj , c’est-à-dire que gi−1 gj ∈
/A
pour 1 ≤ i 6= j ≤ p).
Si pour 1 ≤ i, j ≤ p, on a N (gi − gj ) < η où η est le réel introduit à la question
précédente, on a alors gi−1
pgj ∈ S ⊂ A et √nécessairement i = j.
On a donc kgi − gj k = Nµ(gi − g¶ ) ≥ η pour 1 ≤ i 6= j ≤ p et en conséquence
√ j √
η η
les boules ouvertes Bi = B gi , de centre gi et de rayon sont deux à deux
2 2√
disjointes. Comme pour tout i compris entre 1 et p on a kgi k = n (gi est unitaire),
on déduit que les boules Bi sont toutes contenues dans la couronne :
½ √ √ ¾
√ η √ η
C = g ∈ E = End (V ) | n − ≤ kgk ≤ n +
2 2

(faire un dessin).
En désignant par m la mesure de la boule unité de E, la mesure d’une boule de
2
rayon R est R2n m puisque E est un R-espace vectoriel de dimension 2n2 (n2 est la
dimension de End (V ) sur C). On a donc :
Ãp ! p p µ √ ¶2n2 µ √ ¶2n2
[ X X η η
m Bi = m (Bi ) = m = pm
i=1 i=1
2 2
õ i=1 √ ¶ 2 µ √ ¶2n2 !
√ η 2n √ η
≤ m (C) = m n+ − n−
2 2

et donc : µ r ¶2n2 µ r ¶2n2


n n
p ≤ a (n) = 2 +1 − 2 −1
η η

avec η = 2 − 3.
242 Agrégation externe 2003. Épreuve 1

3. Soient G un sous-groupe fini de Un (C) , S et A construits comme à la question précédente.


Le résultat de III.2(a)ii nous dit que tout élément v de S commute à tout élément u de
G, il en résulte que le sous-groupe A est commutatif.
D’autre part, pour tout v dans S et u dans G la matrice uvu−1 qui a la mêmes valeurs
propres que v est aussi dans S, il en résulte que A est distingué dans G.
Ce sous-groupe A de G est donc abélien distingué et d’indice au égal à a (n) .
Le théorème de Jordan est donc montré pour Un (C) .
En utilisant le résultat de la question I.6, on déduit que ce résultat est encore valable
pour tout sous-groupe fini de GLn (C) .
14

Agrégation externe 2004. Épreuve 1

14.1 Énoncé
Si R est un anneau commutatif unitaire, on note 1 son élément unité et R× le groupe des
éléments inversibles de R.
Si m, n sont deux entiers naturels non nuls, on note Mm,n (R) l’ensemble des matrices à m
lignes et n colonnes à coefficients dans R. Pour simplifier on note Mn (R) l’anneau des matrices
carrées Mn,n (R) .
On note GLn (R) le groupe des éléments de Mn (R) de déterminant dans R× .
On note In la matrice identité de Mn (R) .
Le sous-ensemble de Mn (R) formé des matrices symétriques est noté Sn (R) .
Z
Pour tout nombre premier p, on note Fp le corps des classes résiduelles modulo p.
pZ
Pour ce problème, on se fixe un nombre premier impair p et on considère deux matrices
symétriques S ∈ Sm (Fp ) et T ∈ Sn (Fp ) de déterminants respectifs s et t non nuls.
On note : © ª
Ap (S, T ) = X ∈ Mm,n (Fp ) | t XSX = T
et Ap (S, T ) est le cardinal de Ap (S, T ) .
Pour tout entier naturel non nul n, on note [1, n] l’ensemble des entiers compris entre 1 et
n.

— I — Un cas particulier
µ ¶
1 0
Pour cette partie, m = 2, n = 1, s et t sont deux éléments non nuls de Fp , S =
0 s
et T = (t) est identifié à t. Ainsi Ap (S, T ) est le nombre de couples (x, y) de F2p tels que
x2 + sy 2 = t.
1. On suppose que −s est un carré dans Fp . Calculer Ap (S, T ) .
2. Pour la suite de cette partie, on suppose que −s n’est pas un carré dans Fp .
(a) Montrer que le polynôme X 2 + s est irréductible sur Fp . Soit K un corps de rupture.
Quel le cardinal de K ?
(b) Soit F : K → K, z 7→ z p . Montrer que F est un automorphisme involutif de corps et
déterminer ses points fixes.
(c) Soit α une racine de X 2 + s dans K. Montrer que F (α) = −α.

243
244 Agrégation externe 2004. Épreuve 1

3. Soit N : K× → K× , z 7→ z p+1 .
(a) Montrer que N est un morphisme de groupes d’image contenue dans F×
p.
(b) Déterminer le cardinal du noyau et de l’image de N.
(c) Calculer N (x + αy) pour x, y dans Fp non tous deux nuls.
4. Calculer Ap (S, T ) .

— II — Préliminaires

Pour cette partie, m est un entier naturel non nul et V un Fp -espace vectoriel de dimension
m.
1. Soit b : V × V → Fp une forme bilinéaire symétrique sur V.
(a) Montrer que si b (x, x) est nul pour tout x dans V, alors la forme bilinéaire b est
nulle.
(b) Montrer que V possède une base (ei )1≤i≤m orthogonale pour b.
(c) En déduire qu’il existe une matrice diagonale D ∈ Mm (Fp ) et une matrice inversible
P ∈ GLm (Fp ) telles que S = t P DP.
2. Pour cette question, V = Mm,1 (Fp ) et b est définie par b (X, Y ) = t XSY.
Montrer que pour tout entier naturel non nul n et toute matrice T = ((ti,j ))1≤i,j≤n
dans Sn (Fp ) , Ap (S, T ) est le nombre de n-uplets (v1 , · · · , vn ) d’éléments de V vérifiant
b (vi , vj ) = ti,j pour tous i, j dans [1, n] .
3. Vérifier que pour toutes matrices P ∈ GLm (Fp ) et Q ∈ GLn (Fp ) , on a :
¡ ¢
Ap (S, T ) = Ap t P SP, t QT Q .

4. Soit Φ la fonction indicatrice d’Euler qui à un entier naturel non nul r associe le nombre
d’entiers de [1, r] premiers à r.
X
(a) Montrer que pour tout entier naturel non nul r, on a Φ (d) = r, la somme étant
d/r
étendue à tous les entiers strictement positifs d diviseurs de r.
(b) Soit K un corps fini commutatif à q éléments. Démontrer que pour tout entier stric-
tement positif d diviseur de q − 1, l’ensemble des éléments de K× d’ordre divisant d
est de cardinal au plus d.
(c) En déduire que pour tout entier strictement positif d diviseur de q − 1, K× possède
0 ou Φ (d) éléments d’ordre exactement d.
(d) En déduire que K× est cyclique.

— III — Le cas n = 1

Soit n = 1 ; on
µ a alors
¶ T = t ∈ Fp et 2st 6= 0 où l’on rappelle que s = det (S) .
2iπ
Soit ω = exp une racine primitive p-ème de l’unité.
p
Pour α ∈ Z le nombre complexe ω α ne dépend que de la classe a de α modulo p ; on le note
ω : on admettra que l’on définit ainsi un morphisme a 7→ ω a du groupe additif Fp dans le
a

groupe multiplicatif C× . µ ¶ µ ¶
× a × 2 a
Pour a ∈ Fp , on pose = 1 s’il existe b ∈ Fp tel que a = b et = −1 sinon.
p p
Énoncé 245

1.
×
(a) Montrer
µ ¶qu’il y a dans Fp autant de carrés que de non carrés et que l’application
a
a 7→ est un morphisme de groupes multiplicatifs de F× ×
p dans C .
p
X
(b) Pour b ∈ Fp calculer ωab .
a∈Fp
X X µa¶
ca2
(c) Pour c ∈ F×
p, on pose Gc = ω et Hc = ω ca .
a∈Fp ×
p
a∈Fp
Démontrer qu’on a : µ ¶
c
Gc = Hc = G1 .
p
Dans ce qui suit, G1 sera noté G.
2.
(a) Montrer que : X t
pAp (S, T ) = ωa( XSX−t)
a,X

où a parcourt Fp et X parcourt Mm,1 (Fp ) .


(b) Soit D une matrice diagonale inversible élément de Mm (Fp ) , de termes diagonaux
s1 , · · · , sm . Montrer que :
µ ¶ X µ a ¶m
m det (D) m
pAp (D, T ) = p + G ω−at .
p ×
p
a∈Fp

µ ¶
2 −1
(c) Montrer que G = p (on pourra appliquer à un cas particulier le résultat
p
démontré dans la question précédente).
à k
!
(p) (−1) 2 a
(p)
3. Pour a ∈ F×
p et k entier naturel, on pose εk (a) = si k est pair et εk (a) = 0
p
sinon.
(a) Montrer que :
 ³ ´
 pm−1 1 − ε(p) −m
m (s) p 2 si m est pair
Ap (S, T ) = ³ ´
 pm−1 1 + ε(p)
m−1 (st) p
1−m
2 si m est impair

(b) Préciser pour quelles valeurs de m, s et t la quantité Ap (S, T ) s’annule.

— IV — Le cas n quelconque

On suppose que m ≥ n. µ ¶
δ 0
Soient n ≥ 2 et T ∈ Sn (Fp ) de déterminant t ∈ F×
p. On suppose que T = avec
0 T1
δ ∈ F×
p et T1 ∈ Sn−1 (Fp ) inversible de déterminant t1 .
246 Agrégation externe 2004. Épreuve 1

1.
(a) Montrer que l’application qui à X ∈ Ap (S, T ) fait correspondre sa première colonne
induit une application γ de Ap (S, T ) dans Ap (S, δ) .
(b) Soit C1 ∈ Ap (S, δ) . Montrer qu’il existe µ une matrice
¶ µ symétrique
¶ inversible S1 dans
δs1 s
Mm−1 (Fp ) dont le déterminant s1 vérifie = et telle que γ −1 (C1 ) soit de
p p
cardinal Ap (S1 , T1 ) (on pourra utiliser l’interprétation de question 2 des Préliminaire
(partie II) en introduisant l’orthogonal W du vecteur C1 pour la forme b de matrice
S dans la base canonique de V = Mm,1 (Fp )).
2.
(a) En procédant par récurrence sur n, montrer que :
Y µ ¶
mn− n(n+1) 1
Ap (S, T ) = p 2 ψp,m,n (s, t) 1 − 2k ,
m−n<2k<m
p

où : ¡ ¢³ ´
n−m
−m (p)
ψp,m,n (s, t) = 1 − ε(p)
m (s) p 2 1 + εm−n (st) p 2 .

3. À quelles conditions Ap (S, T ) est-il nul ?

14.2 Corrigé
— I — Un cas particulier

1. On suppose que s = −α2 avec α ∈ F×p = Fp \ {0} .


µ ¶
x
Un élément X = de M2,1 (Fp ) = F2p est dans Ap (S, T ) si, et seulement si :
y

x2 − α2 y 2 = (x − αy) (x + αy) = t.
Du fait que α ∈ F×
p , on déduit que l’application linéaire :
µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶µ ¶
x u x − αy 1 −α x
7→ = =
y v x + αy 1 α y

réalise un automorphisme de F2p (le déterminant de cette application est 2α 6= 0 dans Fp


puisque p 6= 2 et α 6= 0) qui induit une bijection de Ap (S, T ) sur l’ensemble :
½µ ¶ ¾
0 u 2
Ap (S, T ) = ∈ Fp | uv = t .
v
Pour t non nul le cardinal de A0p (S, T ) vaut p − 1 et donc Ap (S, T ) = p − 1.
2.
(a) Si s n’est pas un carré de Fp , le polynôme X 2 + s est de degré 2 et sans racines dans
Fp , il est donc irréductible sur Fp .
Fp [X]
On rappelle que tout corps de rupture de X 2 + s est isomorphe à 2 , ce dernier
X +s
corps étant aussi un Fp -espace vectoriel de dimension 2 de base (1, α) . Il en résulte
que K est de cardinal égal à p2 .
Corrigé 247

(b) On a F (0) = 0, F (1) = 1 et F (uv) = F (u) F (v) pour tous u, v dans Fp . De


plus pour p premier et k compris entre 1 et p − 1, Cpk est divisible par p, c’est-
à-dire que Cpk = 0 dans Fp ⊂ K et la formule du binôme de Newton nous donne
(u + v)p = up + vp pour tous u, v dans Fp . En définitive F est un morphisme corps.
Comme tout morphisme de corps, il est injectif et donc bijectif puisque K est fini.
2
Le groupe multiplicatif K× étant de cardinal p2 − 1, on a z p −1 = 1 pour tout z dans
2
K× , et donc z p = z pour tout z dans K, ce qui s’écrit aussi F ◦ F (z) = z pour tout
z dans K. L’application F est donc involutive.
Les points fixes de F sont les racines dans K du polynôme X p − X, il y en a donc
au plus p. Par ailleurs le petit théorème de Fermat nous dit que tous les éléments de
Fp sont racines de ce polynôme, ce qui donne p solutions distinctes. En définitive Fp
est l’ensemble des points fixes de F.
(c) On a (F (α))2 = F (α2 ) = F (−s) = −s = α2 (s ∈ Fp est point fixe de F ), soit
(F (α))2 − α2 = 0 ou encore (F (α) − α) (F (α) + α) = 0 avec F (α) 6= α (α ∈ / Fp ) et
donc F (α) = −α.
3.
(a) Il est clair que N est un morphisme de groupes. On peut aussi remarquer que N (z) =
zF (z) .
2
Le groupe multiplicatif K× étant d’ordre p2 − 1, on a z p −1 = 1 pour tout z ∈ K×
et :
2
F (N (z)) = z p −1 z p+1 = N (z) ,
c’est-à-dire que N (z) est point fixe non nul de F, il est donc dans F×
p.
(b) Les élements du noyau de N étant racines dans le corps K du polynôme X p+1 − 1,
×

on a card (ker (N)) ≤ p + 1. D’autre part, l’image de N étant isomorphe au groupe



quotient avec Im (N) ⊂ F× p , on a :
ker (N)
µ ¶
¡ ×¢ K× p2 − 1
p − 1 = card Fp ≥ card (Im (N)) = card =
ker (N) card (ker (N))
p2 − 1
et card (ker (N)) ≥ = p + 1. On a donc en définitive card (ker (N)) = p + 1,
p−1
card (Im (N)) = p − 1, ker (N) = {z ∈ K× | z p+1 − 1 = 0} et Im (N) = F× p.
(c) Pour x, y dans Fp non tous deux nuls, on a x + yα 6= 0 (puisque α n’est pas dans
Fp ) et :
N (x + yα) = (x + yα) F (x + yα) = (x + yα) (x − yα)
= x2 − α2 y 2 = x2 + sy 2 .
µ ¶
x
4. Un élément X = de F2p est dans Ap (S, T ) si, et seulement si, N (x + αy) =
y
x2 + sy 2 = t. Avec Im (N) = µ F×
p , on peut
×
¶ écrire que t = N (u) avec u ∈ K et l’égalité
x + αy x + αy
N (x + αy) = t équivaut à N = 1, ce qui revient à dire que est dans
µ ¶ u u
x x + αy
ker (N) . L’application ϕ : 7→ envoie donc Ap (S, T ) dans ker (N) . Cette
y u µ ¶
x
application est injective puisque α ∈ / Fp . Pour tout z dans ker (N) on peut trouver
y
248 Agrégation externe 2004. Épreuve 1

dans F2p tel que uz = x + αy puisque K est un Fp -espace vectoriel de base (1, α) et on
µ ¶
x
aϕ = z, c’est-à-dire que ϕ est surjective. En définitive Ap (S, T ) est en bijection
y
avec ker (N) , il est donc de cardinal p + 1.

— II — Préliminaires

1.
(a) En utilisant l’identité de polarisation :
1
b (x, y) = (b (x + y, x + y) − b (x, x) − b (y, y))
2
on déduit que b est nulle si, et seulement si, b (x, x) = 0 pour tout x ∈ V.
(b) On procède par récurrence sur la dimension m ≥ 1 de V.
Pour m = 1, toute base convient
Supposons le résultat acquis pour les espaces vectoriels de dimension p comprise
entre 1 et m − 1 et soit b une forme bilinéaire symétrique sur V de dimension m ≥ 2.
Si b est nulle alors toute base de V convient.
Si b est non nulle on peut trouver un vecteur e1 non nul dans V tel que d1 =
b (e1 , e1 ) 6= 0. L’orthogonal H = (Fp e1 )⊥ est alors un hyperplan de V puisque c’est
le noyau de la forme linéaire non nulle x 7→ b (x, e1 ) et H ∩ Fp e1 = {0} (λe1 ∈ F
entraîne b (λe1 , e1 ) = λd1 = 0 et λ = 0). On a donc V = Fp e1 ⊕ H. L’hypothèse de
récurrence nous dit qu’il existe une base B0 = (e2 , · · · , em ) qui est orthogonale pour
la restriction de b à H et B = (e1 , e2 , · · · , em ) est une base orthogonale pour b de V.
(c) On se place sur V = Mm,1 (Fp ) = Fm t
p avec la forme b définie par b (X, Y ) = XSY.
Si B = (E1 , · · · , Em ) est une base orthogonale de V pour la forme b, alors la matrice
Q = (E1 , · · · , Em ) est dans GLm (Fp ) . On a alors :
 
t
E1
  ¡¡ ¢¢
t
QSQ =  ...  (SE1 , · · · , SEm ) = t Ei SEj 1≤i,j≤m
t
Em
avec : ½
t di si i = j
Ei SEj = b (Ei , Ej ) =
0 si i 6= i
ce qui se traduit par t QSQ = D où D ∈ Mm (Fp ) est diagonale. En posant P = Q−1 ,
on a P ∈ GLm (Fp ) et S = t P DP.
2. Un élément X = (v1 , · · · , vn ) de Mm,n (Fp ) = V n est dans Ap (S, T ) si, et seulement si :
 
t
v1
  ¡¡ t ¢¢
t
XSX =  ...  (Sv1 , · · · , Svn ) = vi Svj 1≤i,j≤n = T,
t
vn

ce qui se traduit par b (vi , vj ) = ti,j pour tous i, j dans [1, n] . Il en résulte que Ap (S, T )
est le nombre de n-uplets (v1 , · · · , vn ) d’éléments de V vérifiant b (vi , vj ) = ti,j pour tous
i, j dans [1, n] .
Corrigé 249

3. L’application X 7→ P −1 XQ réalisant une bijection de Ap (S, T ) sur Ap ( t P SP, t QT Q) ,


on en déduit que Ap (S, T ) = Ap ( t P SP, t QT Q) .
4.
(a) On note Dr l’ensemble des diviseurs strictement positifs de r et pour tout d ∈ Dr ,
on note : n ro
Sd = k ∈ {1, · · · , r} | k ∧ r = ,
d
où k ∧ r désigne le pgcd de k et r.
On vérifie tout d’abord que les Sd , pour d décrivant Dr , forment une partition de
[1, r] . En effet, il est clair que Sd ∩Sd0 = ∅ pour d 6= d0 dans Dr et pour tout k ∈ [1, r] ,
en notant δ le pgcd de k et r, k = δk0 et r = δd avec k0 et d premiers entre eux, on
r
a k ∧ r = δ = et k ∈ Sd avec d ∈ Dr .
d
On vérifie ensuite que pour tout d ∈ Dr on a card (Sd ) = Φ (d) . En effet, un entier k
r
compris entre 1 et r est dans Sd si, et seulement si, il s’écrit k = k0 avec k0 compris
d
entre 1 et d premier avec d, et donc :

card (Sd ) = card {k 0 ∈ {1, · · · , d} | k0 ∧ d = 1} = Φ (d) .


P
De ces deux points on déduit alors que r = Φ (d) (formule de Möbius).
d∈Dr
(b) Si z ∈ K est d’ordre δ qui divise d (un diviseur de card (K× ) = q − 1), il est alors
×

racine dans K du polynôme X d − 1 et il y a au plus d racines de ce polynôme dans


le corps commutatif K.
(c) Pour tout diviseur d de q − 1, on note Od l’ensemble des éléments de K× d’ordre d.
Si Od est non vide, il existe z dans K× d’ordre d et tout générateur du groupe hzi
engendré par z est également d’ordre d. Comme il y a exactement Φ (d) générateurs
Z
de hzi w , il en résulte que card (Od ) ≥ Φ (d) . Comme les d éléments de hzi sont
dZ
racines dans K de X d −1 qui a au plus d racines, on déduit que hzi est l’ensemble des
racines dans K de X d − 1. Les éléments de Od étant tous racines de ce polynôme, on
déduit que Od ⊂ hzi et card (Od ) ≤ Φ (d) (les éléments de Od sont dans hzi d’ordre
d donc générateurs). On a donc en définitive card (Od ) = Φ (d) si Od 6= ∅.
(d) En utilisant le fait que les Od pour d diviseur de q − 1 forment une partition de K×
et la formule de Möbius, on a :
X X
q−1= card (Od ) = Φ (d)
d∈Dq−1 d∈Dq−1

avec card (Od ) ∈ {0, Φ (d)} et Φ (d) ≥ 1, ce qui impose card (Od ) = Φ (d) pour tout
diviseur d de q − 1. En particulier il existe des éléments d’ordre q − 1 dans K× , ce
qui signifie que K× est cyclique.
De manière un peu plus générale, on peut montrer que tout sous groupe fini du
groupe multiplicatif K× d’un corps commutatif K est cyclique.

— III — Le cas n = 1
µ ¶
a
1. La notation est le symbole de Legendre.
p
On note Cp l’ensemble des carrés de F×
p et Cp l’ensemble des non carrés.
250 Agrégation externe 2004. Épreuve 1

(a) En notant, pour tout entier relatif k, k la classe de k modulo p, on a pour tout entier
p−1
k compris entre 1 et :
2
p−1 p−1
+k =− − (k − 1)
2 2
(c’est équivalent à p − 1 = −1) et :
( )
n o p−1
2
2 2 2 2 2
Cp = 1 , 2 , · · · , p − 1 = 1 ,2 ,··· ,
2

2 2 p−1 2 2
avec k 6= j pour 1 ≤ j 6= k ≤ puisque k = j équivaut à k = j ou k = −j,
2
cette dernière égalité étant équivalente à k + j ≡ 0 modulo p qui est impossible pour
¡ ¢ p−1
2 ≤ j + k ≤ p − 1. On a donc card (Cp ) = card Cp = , c’est-à-dire qu’il y a
2
dans F× p autant de carrés que de non carrés.
On peut aussi dire que l’application
© ª a 7→ a2 est un morphisme de groupes de F× p
dans lui même de noyau −1, 1 a deux éléments (p 6= 2), ce qui implique que son

p p−1
image Cp qui est en bijection avec le quotient © ª a éléments.
−1, 1 2
En remarquant que pour a non carré dans F× p l’application b 7→ ab réalise une
bijection de Cp sur Cp (en effet si b est carré ab ne peut être un carré puisque a ∈ Cp
et cette application est une injection entre deux ensembles de même cardinal, c’est
donc une bijection), on déduit que le produit de deux non carrés c1 , c2 dans F× p est
un carré (ces deux non carrés s’écrivent c1 = ab1 , c2 = ab2 et le produit est (ab1 b2 )2 ),
2 2

de sorte que : µ ¶ µ ¶µ ¶
c1 c2 2 c1 c2
= 1 = (−1) = .
p p p
Pour c1 carré et c2 non carré [resp. c2 carré et c1 non carré], c1 c2 est non carré et :
µ ¶ µ ¶µ ¶
c1 c2 c1 c2
= −1 =
p p p
et pour c1 , c2 carrés, c1 c2 est carré de sorte que :
µ ¶ µ ¶µ ¶
c1 c2 c1 c2
=1= .
p p p
µ ¶
a
On a donc ainsi montré que l’application a 7→ est un morphisme de groupes
p
multiplicatifs de F× p dans C .
×

(b) Pour b = 0, on a : X
ω ab = card (Fp ) = p.
a∈Fp

Pour b 6= 0 l’application a 7→ ab réalise une bijection de F×


p sur lui même et :

p−1
X X X 1 − ωp
ab c
ω =1+ ω = ωk = = 0.
a∈Fp × k=0
1−ω
c∈Fp
Corrigé 251

(c) Pour c ∈ F×
p , on a :
X X X
0= ω ac = 1 + ω ac + ω ac ,
a∈Fp a∈Cp a∈Cp

ce qui implique :  
X X
ω ac = − 1 + ωac 
a∈Cp a∈Cp

et :
X µa¶ X X X
Hc = ωca = ω ac − ω ac = 1 + 2 ω ac .
×
p a∈C a∈C
a∈Fp p a∈Cp p

Pour ce qui est de Gc , on a :


p−1 p−1
X X
2
p−1 2 X
2
p−1 2
Gc = ω ca2
=1+ ω c( 2
−(k−1) ) + ω c( 2
+(k−1) )
a∈Fp k=1 k=1

µ ¶
p−1 p−1
avec + (k − 1) ≡ − − (k − 1) modulo p, ce qui donne :
2 2
p−1
X
2
p−1 2 X
Gc = 1 + 2 ωc( 2
−(k−1) ) =1+2 ω ac = Hc .
k=1 a∈Cp

Si c = b2 est un carré dans F× ×


p , alors l’application a 7→ ab réalise une bijection de Fp
sur lui même et : X 2 X 2
Gc = ω(ab) = ωd = G1 .
a∈Fp d∈Fp

Si c n’est pas un carré dans F× p , alors l’application a 7→ ca réalise une bijection de


Cp sur Cp et de Cp sur Cp (vu en III.1a) et :
X X X X
Gc = Hc = ω ac − ωac = ωd − ω d = −H1 = −G1 .
a∈Cp a∈Cp d∈Cp d∈Cp

µ ¶
c
En résumé on a Gc = Hc = G1 .
p
2.
(a) Pour a ∈ Fp , on a :
X X X
ωa( XSX−t) = ω a( XSX−t) + ωa( XSX−t)
t t t

X∈Mm,1 (Fp ) X∈Ap (S,T ) X ∈A


/ p (S,T )

avec t XSX − t = 0 si X ∈ Ap (S, T ) et t XSX − t 6= 0 si X ∈/ Ap (S, T ) , ce qui


donne : X X
ωa( XSX−t) = Ap (S, T ) + ωa( XSX−t)
t t

X∈Mm,1 (Fp ) X ∈A
/ p (S,T )
252 Agrégation externe 2004. Épreuve 1

et :
X X X X
ωa( XSX−t) = pAp (S, T ) + ω a( XSX−t)
t t

a∈Fp X∈Mm,1 (Fp ) a∈Fp X ∈A


/ p (S,T )
X X
ω a( XSX−t)
t
= pAp (S, T ) +
/ p (S,T ) a∈Fp
X ∈A

P
ω a( XSX−t) = 0 pour t XSX − t 6= 0 (question III.1b), soit :
t
avec
a∈Fp

X t
ω a( XSX−t) = pAp (S, T ) .
a,X

(b) Pour D diagonale, on a :


X X t XSX
pAp (D, T ) = ω −at ωa
a∈Fp X∈Mm,1 (Fp )

X
m
t
avec XSX = si x2i , ce qui donne :
i=1

X X Y
m
2
−at
pAp (D, T ) = ω ωasi xi
a∈Fp x1 ,··· ,xm ∈Fp i=1
X Ym X
−at asi x2i
= ω ω .
a∈Fp i=1 xi ∈Fp

En écrivant que pour a = 0 on a :


Y
m X
2
Y
m
ω asi xi = p = pm
i=1 xi ∈Fp i=1

et que pour a ∈ F×
p on a :

X µ ¶ µ ¶µ ¶
asi x2i asi a si
ω = Gasi = G= G
xi ∈Fp
p p p

(le symbole de Legendre est un morphisme de groupes), on obtient :


X Ym µ ¶µ ¶
m −at a si
pAp (D, T ) = p + ω G
p p
a∈F×
p
i=1

X µ ¶m Y m µ ¶
m m −at a si
=p +G ω
×
p i=1
p
a∈Fp

avec : m 
Q
µ ¶ µ ¶
Y si
m
 i=1 si  det (D)
=
 p =
 ,
i=1
p p
Corrigé 253

ce qui donne :
µ ¶X µ ¶m
m m det (D) −at a
pAp (D, T ) = p + G ω .
p p
a∈F×
p

(c) Prenant m = n = 1, s1 = t = 1, on a :
© ª © ª
Ap (D, T ) = x ∈ Fp | x2 = 1 = −1, 1 ,

donc Ap (D, T ) = 2 et la formule précédente donne :


µ ¶X µ ¶
1 −a a
2p = p + G ω
p ×
p
a∈Fp

µ ¶
1
avec = 1 et :
p µ ¶ µ ¶
X a −1
−a
ω = H−1 = G,
p p
a∈F×
p

soit : ¶ µ
−1
2p = p + G2 ,
p
µ ¶ µ ¶ µ ¶2
−1 2 2 −1 −1
ce qui donne p = G ou encore G = p (on a = 1).
p p p
3.
(a) On a vu en II.1c que la matrice symétrique inversible S peut s’écrire S = t P DP
avec D ∈ Mm (Fp ) diagonale et P ∈ GLm (Fp ) et en utilisant le résultat de II.3 on
a Ap (S, T ) = Ap ( t P −1 SP −1 , T ) = Ap (D, T ) et :
µ ¶ X µ a ¶m
m det (D) m
pAp (S, T ) = pAp (D, T ) = p + G ω −at
p p
a∈F×
p
µ ¶ X µ ¶m
m s m a
=p + G ω−at .
p ×
p
a∈Fp

µ ¶r
m 2 r −1
Pour m = 2r pair, on a G = (G ) = pr (d’après III.2c) et :
p
X µ a ¶m X
ω−at = ω −at = −1
×
p ×
a∈Fp a∈Fp

(d’après III.1b) et :
µ ¶ µ ¶r µ µ ¶ ¶
m−1 s −1 r−1 m−1 (−1)r s −r
Ap (S, T ) = p − p =p 1− p
p p p
¡ −m
¢
= pm−1 1 − ε(p)
m (s) p
2 .
254 Agrégation externe 2004. Épreuve 1

Pour m = 2r + 1 impair, on a :
X µ a ¶m X µa¶ µ ¶
−t
−at −at
ω = ω = H−t = G
×
p ×
p p
a∈Fp a∈Fp

(d’après III.1c) et :
µ ¶µ ¶ µ ¶ µ ¶ µ ¶r+1
m s −t 2(r+1) m s −t −1
pAp (S, T ) = p + G =p + pr+1 ,
p p p p p
ce qui donne :
µ ¶ ³ ´
m−1 (−1)r st r (p) 1−m
Ap (S, T ) = p + p = pm−1 1 + εm−1 (st) p 2 .
p

(b) On en déduit que Ap (S, T ) = 0 si, et seulement si, m = 1 et st n’est pas un carré.

— IV — Le cas n quelconque

1. On écrit les matrices de Mm,n (Fp ) sous la forme X = (C1 , Y ) où C1 ∈ Mm,1 (Fp ) = Fm
p
est la première colonne de X et Y ∈ Mm,n−1 (Fp ) est la matrice formée des n−1 dernières
colonnes.
(a) Dire que X = (C1 , Y ) ∈ Mm,n (Fp ) est dans Ap (S, T ) équivaut à dire que :
µ t ¶ µ t ¶
t C1 C1 SC1 t C1 SY
(C1 , Y ) S (C1 , Y ) = t (SC1 , SY ) = t
Y Y SC1 t Y SY
µ ¶
δ 0
=T =
0 T1
ce qui revient à dire que :  t
 C1 SC1 = δ
t
C1 SY = 0
 t
Y SY = T1
et en particulier C1 est dans Ap (S, δ) . Il en résulte que la projection X 7→ C1 de
Mm,n (Fp ) sur Mm,1 (Fp ) induit une application γ de Ap (S, T ) dans Ap (S, δ) .
(b) On note b la forme bilinéaire symétrique de matrice S dans la base canonique de
V = Mm,1 (Fp ) . Cette forme est définie par :
∀ (U, V ) ∈ V 2 , b (U, V ) = t USV.
Un élément C1 de Ap (S, δ) est non nul dans V et son orthogonal W relativement
à b est un hyperplan de V (c’est le noyau de la forme linéaire b (C1 , ·) qui est non
nulle puisque S est inversible et C1 non nul). On note (C2 , · · · , Cm ) une base de W.
La matrice P = (C1 , C2 , · · · , Cm ) est alors inversible dans Mm (Fp ) et :
 
t
C1
  ¡¡ ¢¢
t
P SP =  ...  (SC1 , · · · , SCm ) = t Ci SCj 1≤i,j≤m
t
Cm
µ t ¶ µ ¶
C1 SC1 0 δ 0
= =
0 S1 0 S1
Corrigé 255

avec S1 = ((t Ci SCj ))2≤i,j≤m dans Sm−1 (Fp ) (on a t C1 SC1 = δ puisque C1 ∈ Ap (S, δ)
et t C1 SCj = b (C1 , Cj ) = 0 pour j = 2, · · · , m puis W est orthogonal à C1 ). Il en
résulte que (det (P ))2 det (S) = δ det (S1 ) , donc s1 = det (S1 ) 6= 0, ce qui signifie que
S1 est inversible, et d2 s = δs1 avec d = det (P ) 6= 0. Il en résulte que :
µ ¶ µ 2 ¶ µ 2¶µ ¶ µ ¶
δs1 ds d s s
= = = .
p p p p p
En IV.1a on a vu que :
© ª
γ −1 (C1 ) = (C1 , Y ) ∈ Mm,n (Fp ) | t C1 SY = 0, t Y SY = T1
En écrivant Y = (Y2 , · · · , Ym ) , la condition t C1 SY = 0 se traduit par b (C1 , Yj ) =
t
C1 SYj = 0 pour tout j compris entre 2 et m, ce qui signifie que les Yj sont dans W
et la condition t Y SY = T1 se traduit par b (Yi , Yj ) = t Yi SYj = ti,j pour i, j compris
entre 2 et m. Le cardinal de γ −1 (C1 ) est donc celui de l’ensemble des (m − 1)-uplets
(Y2 , · · · , Ym ) d’éléments de W vérifiant b (Yi , Yj ) = ti,j pour tous i, j dans [1, m − 1] ,
il est donc égal à Ap (S1 , T1 ) d’après II.1b puisque S1 est la matrice de la restriction
de b à W dans la base (C2 , · · · , Cm ) .
2.
(a) Pour n = 1, on a :
¡ (p) −m
¢³ (p) 1−m
´
ψp,m,1 (s, t) = 1 − εm (s) p 2 1 + εm−1 (st) p 2

avec : (
(p)
εm (s) = 0 si m est impair
(p)
εm−1 (st) = 0 si m est pair
et la formule qui donne Ap (S, T ) est celle établie en III.3a (la condition m − 1 <
2k < m donne l’ensemble vide et le produit vaut alors 1).
Supposons le résultat acquis au rang n − 1 ≥ 1.
En utilisant
µ ¶ II.1c et II.3 on peut supposer que T est diagonale donc de la forme
δ 0
. D’après IV.1b on a :
0 T1
Ap (S, T ) = Ap (S, δ) Ap (S1 , T1 )
et par hypothèse de récurrence :

 Ap (S, δ) = pm−1 ψp,m,1 (s, δ) µ ¶
(m−1)(n−1)− n(n−1)
Q 1
 Ap (S1 , T1 ) = p 2 ψp,m−1,n−1 (s1 , t1 ) 1 − 2k
m−n+1<2k<m p
avec : n(n−1) n(n+1)
pm−1 p(m−1)(n−1)− 2 = pmn− 2 .
Il faut ensuite discuter suivant la parité de n et de m.
Pour n et m pairs, on a :
 Ã m
!

 (−1) 2 s

 ψp,m,1 (s, δ) = 1 −
m
p− 2

 p

 Ã !

 m−n
(−1) 2 s1 t1 n−m
ψp,m−1,n−1 (s1 , t1 ) = 1 + p 2

 p

 Ã Ã ! !Ã Ã ! !

 (−1)
m
2 s (−1)
m−n
st

 m
2 n−m

 ψp,m,n (s, t) = 1 − p− 2 1+ p 2
p p
256 Agrégation externe 2004. Épreuve 1

avec d2 s = δs1 (question IV.1b) et t = δt1 , ce qui donne d2 st = δ 2 s1 t1 et :


à m−n
! Ã m−n
!µ ¶ Ã m−n
!µ ¶
(−1) 2 st (−1) 2 st (−1) 2 d2 st
= =
p p p p p
à m−n
!µ ¶ Ã m−n
!µ ¶
(−1) 2 δ 2 s1 t1 (−1) 2 s1 t1
= =
p p p p
à m−n
!
(−1) 2 s1 t1
=
p

d’où l’égalité :
ψp,m,n (s, t) = ψp,m,1 (s, δ) ψp,m−1,n−1 (s1 , t1 ) .
Enfin avec {m − n < 2k < m} = {m − n + 1 < 2k < m} , on a l’égalité des produits
et la formule souhaitée.
Les autres cas se traitent de manière analogue.
(b) On en déduit que Ap (S, T ) = 0 si, et seulement si, m = n et st n’est pas un carré.
15

Agrégation externe 2005. Épreuve 1

15.1 Énoncé
Les corps considérés dans le problème sont supposés commutatifs. Pour tout entier n ≥ 1,
on note Mn (C) l’anneau des matrices carrées à n lignes et n colonnes à coefficients dans C,
Mn (Z) le sous-anneau de Mn (C) formé des matrices à coefficients dans Z, et Cn (Z) l’ensemble
des vecteurs colonnes à n lignes à coefficients dans Z.
Pour tout ensemble Z, on note S (Z) le groupe des bijections de Z sur lui-même. Si X et Y
sont deux ensembles, on note Y X l’ensemble des applications de X dans Y.

—I—

1. Soit A une matrice de Mn (C) .


(a) Montrer que A ∈ Mn (Z) si, et seulement si, pour tout X dans Cn (Z), on a AX ∈
Cn (Z) .
(b) Soit A une matrice de Mn (Z) dont le déterminant, noté det (A) , est non nul et
soit A−1 son inverse dans Mn (C) . Montrer que A−1 ∈ Mn (Z) si, et seulement si,
|det (A)| = 1.
2. On munit Rn d’un produit scalaire noté h·, ·i . Pour toute partie Y de Rn , on note

Y ∗ = {x ∈ Rn | ∀y ∈ Rn , hx, yi ∈ Z} .

Si B = (vi )1≤i≤n est une base de Rn , on note


( n )
X
LB = mi vi | (m1 , · · · , mn ) ∈ Zn
i=1

le sous-groupe additif de (Rn , +) engendré par B ; de plus, on note GB la matrice de


h·, ·i dans la base B, c’est-à-dire la matrice symétrique définie positive dont le (i, j)-ième
coefficient vaut hvi , vj i .
(a) Soit x ∈ Rn . Montrer que x ∈ L∗B si, et seulement s’il existe X ∈ Cn (Z) tel que
G−1
B X est le vecteur colonne formé des composantes de x dans la base B.
(b) On suppose que LB ⊂ L∗B . Montrer que GB ∈ Mn (Z) , et que det (GB ) = 1 si, et
seulement si, L∗B = LB .

257
258 Agrégation externe 2005. Épreuve 1

3. On note (ei )1≤i≤n la base canonique de Rn et (e∗i )1≤i≤n sa base duale. Soit L un sous-
groupe du groupe additif (Rn , +), tel que 2Zn ⊂ L ⊂ Zn . Pour 1 ≤ i ≤ n, on pose
Li = L ∩ Fi , où Fi est le sous-espace vectoriel de Rn engendré par {ei , · · · , en } .
(a) Montrer que, pour tout i, 1 ≤ i ≤ n, il existe ai ∈ {1, 2} , tel que e∗i (Li ) = ai Z.
(b) Pour 1 ≤ i ≤ n, soit ui ∈ Li tel que e∗i (ui ) = ai . Montrer que (ui )1≤i≤n engendre L
et est une base de Rn .
µ ¶n
Z Z
4. Soit C un -sous-espace vectoriel de , et L = ρ−1 (C) où ρ est l’application
2Z
µ ¶n 2Z
n Z
de Z sur définie par ρ (m1 , · · · , mn ) = (m f1 , · · · , m
fn ) , m
e étant la classe de m
2Z
modulo 2.
1P n
Dans cette question, le produit scalaire h·, ·i est défini par hx, yi = xi yi , pour tout
2 i=1 µ ¶n
n Z
couple de vecteurs x = (x1 , · · · , xn ) et y = (y1 , · · · , yn ) de R . De plus, on munit
2Z
de la forme bilinéaire non µ dégénérée,
¶n définie, pour tout couple de vecteurs x = (x1 , · · · , xn )
Z Pn
et y = (y1 , · · · , yn ) de , par x · y = xi yi .
2Z i=1
¡ ¢
(a) Montrer qu’il existe une base B de Rn engendrant L, et que L∗ = ρ−1 C ⊥ où C ⊥
est l’orthogonal de C relativement à la forme bilinéaire définie ci-dessus.
(b) On suppose que C ⊂ C ⊥ . Montrer que GB est à coefficients entiers, et que det (GB ) =
1 si, et seulement si, C = C ⊥ .

— II —

1. Soit K un corps, A un K-espace affine de dimension finie r ≥ 3, et F le sous-espace


vectoriel de KA formé des fonctions affines f : A → K.
(a) Montrer que F est de dimension r + 1.
(b) Soit Gaf f (A) le groupe affine de A, c’est-à-dire le groupe des applications affines
bijectives de A dans lui-même. Montrer que :

Gaf f (A) = {σ ∈ S (A) | ∀f ∈ F, f ◦ σ ∈ F } .

2. On suppose ici que K est un corps fini et on note q son nombre d’éléments.
P Soit · la forme
A A
bilinéaire non dégénérée sur K définie, pour f, g ∈ K par f · g = f (x) g (x) . On
x∈A
note F ⊥ l’orthogonal de F relativement à cette forme bilinéaire.
(a) Soit f ∈ F non constante. Montrer que, pour tout a ∈ K, l’ensemble f −1 ({a}) a
q r−1 éléments.
(b) Montrer que F ⊂ F ⊥ , et que F = F ⊥ si, et seulement si, q = 2 et r = 3.
Z
3. Dans cette question, on suppose que K = et que A est l’espace affine K3 , dont on
2Z
numérote les points par P0 = (0, 0, 0) , P1 = (1, 0, 0) , P2 = (1, 1, 0) , P3 = (0, 1, 1) ,
P4 = (1, 0, 1) , P5 = (0, 1, 0) , P6 = (0, 0, 1) et P7 = (1, 1, 1) .
Soit ϕ : KA → K8 l’application linéaire bijective définie par f 7→ (f (P0 ) , · · · , f (P7 )) . et
H le sous-espace vectoriel de K8 égal à ϕ (F ) .
Énoncé 259

(a) Combien H possède-t-il d’éléments ayant exactement 4 composantes non nulles ?


(b) Montrer qu’une base de H est

{(1, 1, 1, 1, 1, 1, 1, 1) , (0, 1, 1, 0, 1, 0, 0, 1) , (0, 0, 1, 1, 0, 1, 0, 1) , (0, 0, 0, 1, 1, 0, 1, 1)}

4. On utilise dans cette question les notations de la question I.4. On suppose que n = 8 et
C = H.
(a) Montrer que : inf {hx, xi | x ∈ L − {0}} = 2.
(b) Combien L possède-t-il d’éléments x tels que hx, xi = 2 ?
(c) Déduire de ce qui précède :
i. L’existence d’une matrice symétrique définie positive dans M8 (Z) , de détermi-
nant 1 et dont les termes diagonaux sont pairs.
ii. L’existence d’une base B de l’espace euclidien usuel R8 , possédant la propriété
suivante : soit S l’ensemble des boules fermées de rayon 1 (pour la norme eu-
clidienne) centrées en les points de LB . Les éléments de S sont deux à deux
d’intérieurs disjoints, et chaque élément de S est tangent1 à 240 autres.
Dans la suite du problème, k désigne un corps de caractéristique différente de 2, Q =
{x ∈ k | ∃y ∈ k − {0} , x = y 2 } l’ensemble de ses carrés non nuls, et X = P1 (k) = k µ
∪ {∞} la

a b
droite projective sur k. On rappelle que l’application α : GL2 (k) → S (X) qui à M =
c d
ax + b
associe l’homographie α (M) : x 7→ est un morphisme de groupes. On note ker (α) son
cx + d
noyau, c’est-à-dire α−1 ({IdX }) .
a
On rappelle également que, si c = 0, on a α (M) (∞) = ∞, et que, si c 6= 0, α (M) (∞) =
µ ¶ c
d
et α (M) − = ∞.
c
On note SL2 (k) le sous-groupe de GL2 (k) formé des matrices de déterminant 1 et N =
P SL2 (k) l’image de SL2 (k) par α.

— III —

1.
µ ¶
1 0
(a) Montrer que SL2 (k) ∩ ker (α) = {−I2 , I2 } , où I2 = .
0 1
(b) Soit M ∈ GL2 (k) ; montrer que α (M) ∈ N si, et seulement si, det (M) ∈ Q.
2. Si k est un corps fini à q éléments, calculer le nombre d’éléments de N en fonction de q.
3. Montrer que les homographies x 7→ hi (x) = ix (pour i ∈ Q), x 7→ tj (x) = x + j (pour
1
j ∈ k) et x 7→ w (x) = − appartiennent à N et l’engendrent.
x
4. Soit f un élément d’ordre 2 de N.
i
(a) Montrer que f est conjugué dans N à une homographie de la forme x 7→ wi (x) = −
x
avec i ∈ Q.
1
deux boules fermées sont dites tangentes si la distance de leurs centres est égale à la somme de leurs rayons.
260 Agrégation externe 2005. Épreuve 1

(b) Montrer que si k a au moins cinq éléments, il existe un conjugué g de f dans N ne


commutant pas avec f (on pourra calculer ta ◦ wi ◦ t−1
a ).

Z −

5. Soit A un -espace affine de direction A et Gaf f (A) son groupe affine.
2Z
(a) Montrer que, si P est un sous-groupe de Gaf f (A) ne contenant pas de translation
différente
³− de l’application identique, alors P est isomorphe à un sous-groupe de
→´
GL A .
(b) On suppose que k a au moins cinq éléments. Montrer que, si N est³isomorphe à un
→´

sous-groupe de Gaf f (A) , il est isomorphe à un sous-groupe de GL A .

— IV —

Z Z
On note 1 : X → la fonction constante égale à 1, 0 : X → la fonction nulle, on note
2Z 2Z
−Q = {−x | x ∈ Q} et on suppose que k vérifie la propriété (∗) suivante :
(∗) k − {0} est l’union disjointe de Q et −Q.
1. Montrer que, si k a q éléments, l’hypothèse (∗) est équivalente à q ≡ −1 mod 4.
Z
2. On note u : X → l’application qui vaut 1 si x ∈ Q ∪ {∞} et 0 sinon. Pour tout
2Z
élément r ∈ k, on pose ur = u ◦ tr .
(a) Montrer que, pour tout i ∈ Q et r ∈ k, on a ur ◦ hi = u ri .
½
1 si r ∈ Q
(b) Montrer que u + u ◦ w = 1, puis que u + uw(r) + ur ◦ w =
0 si r ∈ −Q
P
(c) On suppose que k est un corps fini. Montrer que ur = 1.
r∈k
µ ¶X
Z
(d) Soit R le sous-espace vectoriel de engendré par les fonctions ur , r ∈ k.
2Z
Montrer que
P SL2 (k) ⊂ {σ ∈ S (X) | ∀f ∈ R, f ◦ σ ∈ R} .
µ ¶X µ ¶8
Z Z Z
3. On suppose ici que k = . Soit ψ : → l’application linéaire bijective
7Z 2Z 2Z
définie par
¡ ¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢ ¢
f 7→ f 0 , f 1 , f 2 , f 3 , f 4 , f 5 , f 6 , f (∞)

où, pour tout entier x ∈ Z, x est la classe de x modulo 7.


µ ¶8
Z
(a) Montrer que ψ (R) = H, où H est le sous-espace vectoriel de défini en II.3.
2Z
µ ¶ µ ¶
Z Z
(b) En déduire que P SL2 est isomorphe à GL3 .
7Z 2Z
Corrigé 261

15.2 Corrigé
—I—

1. On note (Ei )1≤i≤n la base canonique de Cn (C) = Cn .


On rappelle que pour toute matrice A = ((aij ))1≤i,j≤n dans Mn (C) et tout entier j com-
pris entre 1 et n, la colonne numéro j de A est AEj .

(a) Pour toute matrice A ∈ Mn (Z) et tout vecteur X ∈ Cn (C) , les composantes du
Pn
vecteur Y = AX sont données par yi = aij xj pour tout i compris entre 1 et n.
j=1
Dans le cas particulier où A et X sont à coefficients entiers, tous les yi sont entiers
puisque Z est un anneau, ce qui signifie que Y = AX ∈ Cn (Z) .
Réciproquement si A ∈ Mn (C) est telle que AX ∈ Cn (Z) pour tout X ∈ Cn (Z) ,
on en particulier AEj ∈ Cn (Z) pour tout j compris entre 1 et n, ce qui signifie que
A est à coefficients entiers puisque les AEj sont les colonnes de A.
De manière plus générale, si K est un corps commutatif et R un sous-anneau de K,
alors une matrice A ∈ Mn (K) est dans Mn (R) si, et seulement si, pour tout X
dans Cn (R) = Rn , on a AX ∈ Cn (R) .
(b) Si A ∈ Mn (Z) est telle que det (A) 6= 0, elle est alors inversible dans Mn (R) . Si de
plus A−1 ∈ Mn (Z) , on a alors 1 = det (In ) = det (AA−1 ) = det (A) det (A−1 ) avec
det (A) et det (A−1 ) entiers relatifs et nécessairement det (A) = ±1.
Réciproquement si A ∈ Mn (Z) est telle que det (A) = ±1, en désignant par C ∈
1
Mn (Z) la matrice des cofacteurs de A, on a alors A−1 = t
C = ± tC ∈
det (A)
Mn (Z) .
De manière plus générale, si K est un corps commutatif et R un sous-anneau de
K, alors pour A dans Mn (R) de déterminant non nul, on a A−1 ∈ Mn (R) si, et
seulement si, det (A) est inversible dans R.
2. Comme le groupe LB est engendré par B, on a :

L∗B = {x ∈ Rn | ∀i ∈ {1, · · · , n} , hx, vi i ∈ Z} .

On note, pour tout vecteur x ∈ Rn , Λ = (λj )1≤j≤n ∈ Cn (R) = Rn le vecteur colonne


formé de ses composantes dans la base B.
Pn
On remarque que x = λj vj ∈ LB si, et seulement si, Λ ∈ Cn (Z) .
j=1

(a) On a :
X
n X
n
x= λj vj ∈ L∗B ⇔ ∀i ∈ {1, · · · , n} , hx, vi i = hvj , vi i λj ∈ Z
j=1 j=1

et dire que x est dans L∗B équivaut à dire que le vecteur X = (hx, vi i)1≤i≤n = GB Λ
est dans Cn (Z) . Et donc x est dans L∗B si, et seulement s’il existe X dans Cn (Z) tel
que Λ = G−1B X.
(b) Dire que LB ⊂ L∗B équivaut à dire que les vecteurs vj sont dans L∗B encore équivalent
à dire que tous les hvj , vi i sont entiers. On a donc LB ⊂ L∗B si, et seulement si,
GB = ((hvj , vi i))1≤i,j≤n ∈ Mn (Z) .
262 Agrégation externe 2005. Épreuve 1

P
n
Dire que L∗B ⊂ LB équivaut à dire que tout x de L∗B s’écrit x = λj vj avec
j=1
Λ = (λj )1≤j≤n ∈ Cn (Z) et comme Λ = G−1 B X avec X quelconque dans Cn (Z) , on
déduit que LB ⊂ LB si, et seulement si, G−1

B X ∈ Cn (Z) pour tout X ∈ Cn (Z) , ce
qui équivaut à dire que G−1
B ∈ M n (Z) .
Dans le cas où LB ⊂ L∗B , on a donc L∗B = LB si, et seulement si, L∗B ⊂ LB ,
ce qui équivaut à G−1B ∈ Mn (Z) avec GB ∈ Mn (Z) encore équivalent à GB ∈
Mn (Z) et det (GB ) = ±1. Considérant que GB est définie positive, on déduit que
son déterminant est strictement et L∗B = LB si, et seulement si, det (GB ) = 1.
3. On rappelle que les sous groupes de Z sont de la forme aZ avec a ∈ Z (conséquence du
théorème de division euclidienne).
On rappelle également que la base duale d’une base (ei )1≤i≤n de Rn est la famille (e∗i )1≤i≤n
de formes linéaires définies sur Rn par e∗i (x) = xi pour tout i compris entre 1 et n et tout
Pn
x= xj ej ∈ Rn .
j=1
On peut remarquer que F1 = Rn , donc L1 = L et pour i compris entre 2 et n, Fi =
T
i−1 ¡ ¢
ker e∗j .
j=1

(a) Comme Li est un sous-groupe de Zn (Li ⊂ L ⊂ Zn ) et e∗i un morphisme de groupes


de Zn sur Z, on déduit que e∗i (Li ) est un sous-groupe de Z, il est donc de la forme
ai Z avec ai ∈ N. Si de plus 2Zn ⊂ L, on a 2ei ∈ Li et 2 = e∗i (2ei ) = kai avec k ∈ Z∗ ,
et ai vaut nécessairement 1 ou 2.
(b) Comme e∗i (Li ) = ai Z, il existe ui ∈ Li tel que e∗i (ui ) = ai .
Pour tout x ∈ L = L1 (F1 = Rn ), on a e∗1 (x) ∈ e∗1 (L1 ) = a1 Z et il existe un entier
relatif m1 tel que e∗1 (x) = m1 a1 . On a alors e∗1 (x − m1 u1 ) = 0, ce qui signifie que
v2 = x − m1 u1 ∈ L2 . Il existe donc un entier relatif m2 tel que e∗2 (v2 ) = m2 a2 , soit
e∗2 (v2 − m2 u2 ) = 0, et de plus on a e∗1 (v2 − m2 u2 ) = 0 puisque v2 et u2 sont dans
L2 . On a donc v3 = v2 − m2 u2 ∈ L2 . On construit ainsi par récurrence finie une
suite (vk )1≤k≤n telle que v1 = x, vk ∈ Lk pour tout k compris entre 2 et n avec
P
k−1
vk = vk−1 − mk−1 uk−1 . On a donc, pour k compris entre 2 et n, vk = x − mj uj , les
j=1
mj étant entiers. Pour k = n, on a vn ∈ Fn = Vect {en } = Vect {un } (un ∈ Ln ⊂ Fn )
donc vn = mn un avec mn an = e∗n (vn ) ∈ e∗n (Ln ) = an Z, ce qui implique que mn est
P
n
entier. On a donc en définitive x = mk uk , les mk étant entiers. Le groupe L est
k=1
donc bien engendré par (ui )1≤i≤n .
De plus avec 2Zn ⊂ L, on déduit que tous les 2ei sont dans L et

Rn = Vect {2e1 , · · · , 2en } ⊂ Vect (L) = Vect {u1 , · · · , un }

ce qui implique que (ui )1≤i≤n est une base de Rn (c’est un système générateur à n
éléments).
4. Comme ρ est un morphisme de groupes, L = ρ−1 (C) est un sous-groupe
µ ¶n de Zn .
Z
De plus, pour x = (mi )1≤i≤n dans Zn , on a ρ (m) = 0 dans si, et seulement si,
2Z
tous les mi sont pairs, ce qui revient à dire que x ∈ 2Zn . On a donc :

2Zn = ρ−1 {0} ⊂ L = ρ−1 (C) .


Corrigé 263

Pour tout x = (xi )1≤i≤n ∈ L∗ et tout entier i compris entre 1 et n, on a hx, 2ei i = xi ∈ Z
puisque 2ei ∈ L, c’est-à-dire que L∗ est aussi un sous-groupe de Zn (le fait que L∗ est un
groupe est évident).
(a) Les hypothèses de la question précédente étant vérifiées, on déduit qu’il existe une
base B = (ui )1≤i≤n de Rn qui engendre L. On a donc L = LB .
Un vecteur x ∈ Zn est dans L∗ si, et seulement si, hx, yi ∈ Z pour tout y = (yi )1≤i≤n ∈
Pn
L, ce qui équivaut à dire que xi yi ∈ 2Z pour tout y = (yi )1≤i≤n ∈ L = ρ−1 (C) ,
i=1
P
n
encore équivalent à dire que ρ (x) · ρ (y) = xei yei = e
0 pour tout y ∈ Zn tel que
i=1
ρ (y) ∈ C. On a donc x ∈ L∗ si, et seulement si, ρ (x) · z = e
0 pour tout z ∈
¡ C⊥ ¢puisque
⊥ −1
ρ est surjective, ce qui
¡ revient
¢ à dire que ρ (x) ∈ C ou encore x ∈ ρ C . On a
donc bien L∗ = ρ−1 C ⊥ .
¡ ¢
(b) Comme L = ρ−1 (C) , L∗ = ρ−1 C ⊥ et ρ est surjective, on a C ⊂ C ⊥ [resp. C = C ⊥ ]
si, et seulement si, L ⊂ L∗ [resp. L = L∗ ].
Comme L = LB , le I.2.b. nous dit que la condition C ⊂ C ⊥ équivaut à GB ∈ Mn (Z)
et avec cette hypothèse l’égalité C = C ⊥ équivaut à det (GB ) = 1.

— II —

1. On se donne un repère affine R = (Ω, E1 , · · · , Er ) de A et pour tout point M de A, on


note (xi (M))1≤i≤n les coordonnées de M dans R. On a donc :

−−→ X
r
−−→
ΩM = xi (M) ΩEi .
i=1



Pour toute application affine f ∈ F on note f l’application linéaire associée, c’est un

− −

élément du dual A ∗ de A .
(a) Une application affine de A dans K est une application de la forme :

X
r
f : M 7→ f (M) = αi xi (M) + c
i=1

où les αi et c sont des scalaires uniquement déterminés par f (c = f (Ω) et αi =


f (Ei ) − f (Ω)). L’application f 7→ (α1 , · · · , αr , c) réalisant un isomorphisme de F
sur Kr+1 , on déduit que F est de dimension r + 1, une base de F étant formée des
application xi (1 ≤ i ≤ r) et de la fonction constante égale à 1.


On peut aussi dire que l’application ϕ : f 7→ f réalise une application linéaire


surjective de F sur le dual de A de noyau formé des applications constantes et le
théorème du rang nous dit que alors que :
³−→´
dim (F ) = dim (ker (ϕ)) + dim A ∗ = 1 + r.

(b) Si σ ∈ Gaf f (A) , c’est une bijection de A sur A et pour tout f ∈ F, f ◦ σ est dans
F comme composée de deux applications affines.
Réciproquement soit σ ∈ S (A) telle que pour tout f dans F, f ◦ σ est aussi dans F.
264 Agrégation externe 2005. Épreuve 1

Pour tout i compris entre 1 et r, l’application xi ◦ σ est affine et il en est de même


de :
−−−−−→ Xr
−−→
σ : M 7→ σ (M) = Ω + Ωσ (M) = Ω + xi ◦ σ (M) ΩEi .
i=1

On peut aussi dire que pour tout f dans F l’application :


−−→ −−−→ ³−−→´ −−−−−−−−−−−−−→ − → ³−−−−−−−−→´
MN 7→ f ◦ σ MN = f ◦ σ (M) f ◦ σ (N) = f σ (M) σ (N)
−−→
est linéaire et en prenant pour f une translation, on déduit que l’application MN 7→
−−−−−−−−→
σ (M) σ (N) est linéaire, ce qui signifie que σ est affine.
2.


(a) Si f ∈ F est non constante, elle est alors surjective puisque f est non nulle dans


le dual A ∗ et en conséquence surjective. On ³a donc H = f −1 ({a}) 6= ∅ et c’est un
→´

sous-espace affine de A de direction H = ker f , ce dernier espace vectoriel étant
−−→
de dimension r − 1. L’application M 7→ ΩM réalisant, pour Ω ∈ H, une bijection de
H sur H, on en déduit que :
¡ ¢
card (H) = card (H) = card Kr−1 = q r−1 .

Si f est constante, on a soit f −1 ({a}) = ∅, soit f −1 ({a}) = A, c’est-à-dire que


f −1 ({a}) est de cardinal nul ou égal à q r .
Dans tous les cas le cardinal de f −1 ({a}) divisible par q, donc nul dans K.
(b) Pour f, g dans F, on a :
X X X
f ·g = f (x) g (x) = ab
x∈A (a,b)∈K x∈f −1 {a}∩f −1 {b}

avec f −1 {a} ∩ f −1 {b} vide ou de dimension au moins égale à r − 2 ≥ 1, donc de


cardinal nul ou égal à q k avec k ≥ 1. Ce cardinal est donc nul dans K et :
X ¡ ¢
f ·g = card f −1 {a} ∩ f −1 {b} ab = 0.
(a,b)∈K

On a donc bien F ⊂ F ⊥ .
Comme la forme bilinéaire · est non dégénérée sur KA , on a :
¡ ¢ ¡ ¢
dim F ⊥ = dim KA − dim (F ) = card (A) − dim (F )
³−→´
= card A − dim (F ) = card (Kr ) − dim (F )
= q r − r − 1.

Avec l’inclusion F ¡⊂ F¢⊥ , on déduit que l’égalité F = F ⊥ est réalisée si, et seulement
si, dim (F ) = dim F ⊥ , ce qui équivaut à r+1 = q r −r−1 ou encore à q r = 2 (r + 1)
avec q, r entiers tels que q ≥ 2 (0 6= 1 dans K) et r ≥ 3.
Pour q = 2, l’équation 2r = 2 (r + 1) équivaut à 2r−1 −1 = r qui admet r = 3 comme
seule solution entière (tracer les graphes de 2r−1 − 1 et r).
Pour q ≥ 3, on a q r ≥ 3r > 2r ≥ 2 (r + 1) pour r ≥ 3.
En définitive, l’égalité F = F ⊥ est réalisée si, et seulement si, q = 2 et r = 3.
Corrigé 265

3. On a : ( µ ¶3 )
Z Z
H = ϕ (F ) = ϕ (f ) | f : A = → affine .
2Z 2Z
µ¶3
Z Z © ª © ª
(a) Si f est affine non constante de dans , alors f −1 0 et f −1 1 sont de
2Z 2Z
cardinal 23−1 = 4 (d’après II.2.a.) et ϕ (f ) a exactement 4 composantes non nulles.
Le nombre d’éléments ayant exactement 4 composantesµ ¶3 non nulles est donc égal au
Z Z
nombre d’applications affines non constantes de dans . Comme il n’y en
2Z 2Z
a que deux constantes et dim (F ) = r + 1 = 4, on a card (F ) = 24 = 16 et le nombre
d’éléments cherché est 14.
(b) On a H = ϕ (F ) avec ϕ qui est un isomorphisme de KA sur K8 et F de dimension 4
sur K. En utilisant le repère affine (Ω, E1 , E2 , E3 ) = (P0 , P1 , P5 , P6 ) introduit en II.1.
une base de F est donnée par (1, x1 , x2 , x3 ) , où les xi sont les fonctions coordonnées
dans ce repère et une base de H est (ϕ (1) , ϕ (x1 ) , ϕ (x2 ) , ϕ (x3 )) avec :


 ϕ (1) = (1, 1, 1, 1, 1, 1, 1, 1)

ϕ (x1 ) = (0, 1, 1, 0, 1, 0, 0, 1)

 ϕ (x2 ) = (0, 0, 1, 1, 0, 1, 0, 1)

ϕ (x3 ) = (0, 0, 0, 1, 1, 0, 1, 1)

ce qui est le résultat attendu.


4.
(a) On a vu que H a exactement 14 éléments ayant 4 composantes non nulles (donc
Z
égales à 1), les autres étant nulles. Comme H est de dimension 4 sur , il a 16
2Z
éléments, les deux éléments restant étant (0, 0, 0, 0, 0, 0, 0, 0) et (1, 1, 1, 1, 1, 1, 1, 1) .
Si x ∈ L = ρ−1 (H) , alors ρ (x) ∈ H a soit toutes ses composantes nulles, soit
toutes ses composantes égales à 1, soit 4 composantes égales à 1 et 4 égales à 0, ce
qui signifie que x a soit toutes ses composantes paires, soit toutes ses composantes
1P 8
impaires, soit 4 composantes paires et 4 impaires. Il en résulte que hx, xi = x2
2 i=1 i
P8 1P 8 P4
est soit de la forme 2p2i , soit de la forme (2pi + 1)2 , soit de la forme 2p2i +
i=1 2 i=1 i=1
1P 4
2 2
(2qi + 1) . En remarquant que, pour n ∈ N, on a 2p2 ≡ 0 et (2p + 1) ≡ 1 dans
2 i=1
Z
, on déduit que pour x 6= 0, hx, xi est un entier strictement positif et pair, donc
2Z
hx, xi ≥ 2. Comme la valeur 2 est atteinte pour x = (0, 1, 1, 0, 1, 0, 0, 1) , on déduit
que inf {hx, xi | x ∈ L − {0}} = 2.
P8
(b) Soit x ∈ L = ρ−1 (H) tel que hx, xi = 2. On a donc x2i = 4, ce qui implique que
i=1
x est non nul et on a les trois possibilités suivantes :
— soit ρ (x) a toutes ses composantes nulles, ce qui signifie que tous les xi sont pairs
P8
et l’égalité x2i = 4 est réalisée si, et seulement si, l’un des xi vaut ±2 et les
i=1
autres sont nuls, ce qui donne 2 × 8 = 16 possibilités ;
266 Agrégation externe 2005. Épreuve 1

— soit ρ (x) a toutes ses composantes égales à 1, ce qui signifie que toutes les com-
P8
posantes de x sont impaires et x2i ≥ 8 ;
i=1
— soit ρ (x) est l’un des 14 éléments de H ayant 4 composantes égales à 1 et 4 nulles,
P8
ce qui signifie que x a 4 composantes paires et 4 impaires et l’égalité x2i =
i=1
P
4 P
4
4 p2i + (2qi + 1)2 = 4 est réalisée si, et seulement si, tous les pi sont nuls (i.
i=1 i=1
e. les 4 composantes paires de x sont nulles) et tous les qi valent ±1, ce qui donne
14 × 24 = 224 possibilités.
Il y a donc au total 16 + 224 = 240 éléments de L tels que hx, xi = 2.
Z
(c) On est ici dans la situation de I.4. avec C = H = ϕ (F ) qui est un -sous-espace
µ ¶8 2Z
Z
vectoriel de , et L = ρ−1 (C) est un sous-groupe additif de R8 .
2Z
i. D’après I.4.a. il existe une base B = (ui )1≤i≤8 de R8 qui engendre L et on a
L = LB .
Z
Comme q = 2 (K = ) et r = 3 (A = K3 ), on a F = F ⊥ dans KA d’après
2Z
II.2.b. ce qui implique que C = C ⊥ dans K8 . En effet comme ϕ est un isomor-
phisme de KA sur K8 , tous les x, y de K8 s’écrivent de manière unique x = ϕ (f ) ,
y = ϕ (g) et :

X
8 X
7 X
x·y = xi yi = f (Pi ) g (Pi ) = f (P ) g (P ) = f · g
i=1 i=0 P ∈A

et x · y = 0 dans C équivaut à f · g dans F.


On déduit alors de I.4.b. que M = GB est symétrique définie positives à coeffi-
cients entiers relatifs et de déterminant égal à 1.
De plus, on a vu en II.4.a. que pour x ∈ L, hx, xi est de l’une forme suivantes :
P8 1P 8 P4 1P 4
2 p2i , (2pi + 1)2 ou 2 p2i + (2qi + 1)2 , les pi et qi étant entiers, et
i=1 2 i=1 i=1 2 i=1
tous les cas hx, xi est un entier pair strictement positif pour tout x ∈ L − {0}
et c’est le cas en particulier pour les termes diagonaux hui , ui i de GB .
ii. En notant k·k la norme euclidienne usuelle de R8 , on a kxk2 = 2 hx, xi pour tout
x ∈ R8 où h·, ·i est défini en I.4.
Avec inf hx, xi = 2, on déduit que inf kxk2 = 4 et pour tous points P, Q
x∈L−{0} x∈L−{0}
distincts dans le groupe L = LB , on a kP − Qk ≥ 2. Pour P fixé dans L, il y
a 240 points Q 6= P tels que kP − Qk = 2. On en déduit donc que les boules
fermées de rayon 1 centrées en les points de LB sont deux à deux d’intérieurs
disjoints, et chacune de ces boules tangente à 240 autres.

— III —

1.
Corrigé 267
µ ¶
a b
(a) Une matrice M = de GL2 (k) est dans ker (α) si, et seulement si :
c d
ax + b
∀x ∈ X = k ∪ {∞} , α (M) (x) = = x.
cx + d
d
La valeur x = 0, donne d = 6 0 (si d = 0, alors 0 = − et 0 = α (M) (0) =
µ ¶ c
d
α (M) − = ∞ est impossible) et b = 0. La valeur x = ∞ donne c = 0 et la valeur
c
x = 1 donne a = d. On a donc en définitive M = aI2 avec a ∈ k∗ . Réciproquement,
il est clair que les homothéties de rapport non nul sont dans k = ker (α) . On a donc
ker (α) = k∗ I2 et :
© ª
SL2 (k) ∩ ker (α) = aI2 | det (aI2 ) = a2 = 1 = {−I2 , I2 }
(on a −I2 6= I2 puisque k est de caractéristique différente de 2).
(b) Pour M ∈ GL2 (k) , on a α (M) ∈ N = α (SL2 (k)) si, et seulement si, il existe P
dans SL2 (k) telle que α (M) = α (P ) , ce qui revient à dire que MP −1 est dans
ker (α) puisque α est un morphisme de groupes de GL2 (k) dans S (X) , encore
équivalent à dire que M = aP avec a ∈ k∗ et P ∈ SL2 (k) . On a donc nécessairement
det (M) = a2 det (P ) = a2 ∈ Q.
2 ∗
Réciproquement si M ∈ GL2 (k) est telle µ que ¶ det (M) = a avec a ∈ k , alors
1 1
P = M est dans SL2 (k) et α (P ) = α I2 α (M) = α (M) (α est un morphisme
a a
1
de groupes et I2 ∈ ker (α)), ce qui signifie que α (M) ∈ N.
a
2. L’application α réalise un morphisme de groupes surjectif de SL2 (k) sur N de noyau
SL2 (k)
SL2 (k) ∩ ker (α) = {−I2 , I2 } qui induit un isomorphisme de et dans le cas où
{−I2 , I2 }
card (SL2 (k))
k est fini, il en résulte que card (N ) = avec :
2
½ µ ¶ ¾
a b
card (SL2 (k)) = card M = ∈ GL2 (k) | ad − bc = 1 .
c d
µ ¶
0 b
Pour a = 0, une matrice inversible est dans SL2 (k) si, et seulement si, d est
c d
l’un des q éléments de k et bc = −1, ce qui donne, pour d fixé, q − 1 possibilités pour le
couple (b, c) . On a donc un total de q (q − 1) possibilités.
Pour a 6= 0, (b, c) est l’un des q 2 éléments de k 2 et, pour (b, c) fixé, il y a q − 1 couples
(a, d) possibles tels que ad = bc + 1. Ce qui donne un total de q2 (q − 1) possibilités.
On a donc en définitive :
¡ ¢
card (SL2 (k)) = q (q − 1) + q 2 (q − 1) = q q2 − 1
q (q 2 − 1)
et card (N) = .
2
Remarque. On peut montrer, de manière plus générale que pour n ≥ 2, on a :


 card (GLn (k)) = (q n − 1) (q n − q) · · · (q n − q n−1 )

card (SLn (k)) = (qn − 1) (q n − q) · · · (qn − qn−2 ) qn−1

 card (SLn (k))
 card (P SLn (k)) =
pgcd (n, q − 1)
(voir Perrin, chapitre 4).
268 Agrégation externe 2005. Épreuve 1
µ ¶
2 ∗ 2 a 0
3. Pour i = a avec a ∈ k , l’homothétie hi : x 7→ a x est l’image de M = ∈
0 a−1 ¶
µ
1 j
SL2 (k) par α, pour j ∈ k, la translation tj : x 7→ x + j est l’image de M = ∈
µ ¶ 0 1
1 0 −1
SL2 (k) par α et l’homographie w : x 7→ − est l’image de M = ∈ SL2 (k)
x 1 0
par α. Toutes ces homographies sont donc dans N.
ax + b
Soit f : x 7→ une homographie dans N. On a donc ad − bc = 1.
cx + d
Si c = 0, alors a 6= 0, d 6= 0 (puisque ad = 1) et :
µ ¶
b a b
f : x 7→ x + 7→ x+ = h ad ◦ t b (x)
a d a a

µ ¶2
a ad 1
avec = 2 = ∈ Q, c’est-à-dire que f = h ad ◦ t b est dans le groupe engendré par
d d d a

les hi et tj où (i, j) décrivent Q × k.


Pour c 6= 0, en utilisant ad − bc = 1, on peut écrire que :
a ad
(cx + d) + b −
f (x) = c c = a − ad − bc = a − 1
cx + d c c (cx + d) c c (cx + d)

c’est-à-dire que :
1 a 1
f : x 7→ c2 x 7→ c2 x + cd 7→ − 7→ − ,
c (cx + d) c c (cx + d)

soit f = t ac ◦ w ◦ tcd ◦ hc2 qui est bien dans le groupe engendré par w et les hi et tj , où
(i, j) décrivent Q × k.
On peut aussi utiliser le fait que SL2 (k) est engendré par les transvections (voir Perrin,
chapitre 4).
4.
(a) Si f ∈ N est d’ordre 2, on a f 6= IdX et f 2 = IdX , il existe donc a dans X tel que
b = f (a) 6= a et f (b) = f 2 (a) = a. On peut alors lui associer une homographie h
dans N telle que h (a) = 0 et h (b) = ∞. En effet :
1
— pour a = ∞, on a b ∈ k et on définit l’homographie h par h (x) = ; on a
µµ ¶¶ b−x
0 1
bien h = α ∈ N et h (a) = h (∞) = 0, h (b) = ∞ ;
−1 b
— pour a ∈ k et b = ∞, on définit l’homographie h par h (x) = x − a ; on a bien
h = t−a ∈ N et h (a) = 0, h (b) = ∞ ;
1 x−a
— pour a 6= b dans k, on définit l’homographie h par h (x) = ; on a bien
µ µ ¶¶ a−bx−b
1 1 −a
h=α ∈ N et h (a) = 0, h (b) = ∞.
a − b 1 −b
L’homographie g = h ◦ f ◦ h−1 est alors conjuguée de f dans le groupe N avec :
½
g (0) = h ◦ f (a) = h (b) = ∞
g (∞) = h ◦ f (b) = h (a) = 0
Corrigé 269
µµ ¶¶
λ ∗ 0 λ
elle est donc de la forme g : x 7→ avec λ ∈ k et comme g = α ∈ N,
x µ ¶ 1 0
0 λ
d’après III.2.b. on a nécessairement −λ = det ∈ Q, soit λ = −i avec
1 0
i ∈ Q.
(b) Soit wi = h ◦ f ◦ h−1 avec h ∈ N conjugué à f dans N.
Étant donné a ∈ k, on note ga = ta ◦ wi ◦ t−1 a . C’est un conjugué de wi dans N et on
a:
i
ga (0) = + a, wi (0) = ∞, ga (∞) = a
a
et :
ia
(wi ◦ ga ) (0) = − , (ga ◦ wi ) (0) = a,
i + a2
ia
de sorte que si wi et ga commutent on a alors nécessairement a = − , ce qui
i + a2
2
équivaut à a (2i + a ) = 0. Comme k a au moins 5 éléments, on peut choisir a dans
k∗ tel que a2 6= −2i (un polynôme de degré 2 dans k a au plus 2 racines) et pour un
tel choix, wi ne commute pas à ga , ce qui implique f ne commute pas au conjugué
g = h−1 ◦ ga ◦ h puisque :
½
f ◦ g = h−1 ◦ wi ◦ h ◦ h−1 ◦ ga ◦ h = h−1 ◦ wi ◦ ga ◦ h
g ◦ f = h−1 ◦ ga ◦ h ◦ h−1 ◦ wi ◦ h = h−1 ◦ ga ◦ wi ◦ h

et f ◦ g = g ◦ f équivaut à wi ◦ ga = ga ◦ wi .
5.
(a) Le noyau du morphisme de groupe³ ϕ qui associe à toute bijection affine f ∈ Gaf f (A)

− →´

son application linéaire f ∈ GL A est formé des translations. Dans le cas où P
est un sous-groupe de Gaf f (A) tel que ker (ϕ) ∩ P = {Id³A } ,´l’application ϕ est


injective sur P et P est isomorphe à un sous-groupe de GL A .
(b) On suppose qu’il existe un isomorphisme de groupes ψ d’un sous-groupe P de
Gaf f (A) sur N = α (SL2 (k)) . Si ker (ϕ) ∩ P 6= {IdA } , il existe alors une translation
t dans P \{IdA } et cette translation est d’ordre 2 (t (x) = x+a et t2 (x) = x+2a = x
Z
puisque A est un k = -espace affine). Comme f = ψ (t) est d’ordre 2 dans N et k
2Z
a au moins 5 éléments, il existe un conjugué g = ψ (σ) de f dans N qui ne commute
pas à f avec σ ∈ P. Cet élément σ est donc conjugué à t dans P et ne commute
pas à t. Mais comme par ailleurs t est dans ker (ϕ) qui est distingué dans Gaf f (A)
puisque commutatif, σ est aussi une translation et doit commuter à t, ce qui est
contradictoire. On a donc³ker´(ϕ) ∩ P = {IdA } , ce qui implique que P est isomorphe


à un sous-groupe de GL A et il en est de même de N et de SL2 (k) .

— IV —

On rappelle que tout sous groupe fini du groupe multiplicatif k∗ = k \ {0} d’un corps
commutatif k est cyclique. Et donc, en particulier, k∗ est cyclique d’ordre q − 1 si k est fini
d’ordre q.
270 Agrégation externe 2005. Épreuve 1

On rappelle également que si G est un groupe cyclique d’ordre n, alors pour tout diviseur q
de n, il existe un unique sous groupe de G d’ordre q.
Si k est un corps fini de caractéristique différente de 2, alors son cardinal q est impair et le
q−1
groupe des carrés Q est de cardinal . En effet, l’application x 7→ x2 est un morphisme de
2
groupes de k∗ dans k∗ d’image Q et de noyau {−1, 1} (pour k de caractéristique différente de
k∗
2, on a bien −1 6= 1 dans k∗ ), le groupe Q est donc isomorphe au groupe quotient et
{−1, 1}
q−1
son cardinal est égal à .
2
1. L’hypothèse (∗) revient à dire que −1 n’est pas un carré dans k. En effet si Q ∩ (−Q) = ∅,
alors −1 qui est dans −Q n’est pas dans Q et réciproquement −1 ∈ / Q entraîne Q∩(−Q) =
³ y ´2
∅ (x = y 2 = −z 2 avec y, z non nuls entraîne = −1 ∈ Q) et avec card (Q) =
z
q−1
card (−Q) = , on a k∗ = Q ∪ (−Q) .
2
Mais dire que −1 ∈ Q équivaut à dire qu’il existe dans k∗ un élément d’ordre 4, ce qui
implique que 4 divise q − 1. Réciproquement si 4 divise q − 1, il existe dans k∗ un élément
a d’ordre 4 (k∗ est cyclique d’ordre q − 1) et −1 = a2 ∈ Q (a4 = 1 entraîne a2 = ±1, donc
a2 = −1 si a est d’ordre 4). On a donc −1 ∈ Q si, et seulement si q ≡ 1 mod 4 et comme
q est impair on déduit que −1 ∈ / Q si, et seulement si q ≡ 3 ≡ −1 mod 4.
2.
(a) Pour i ∈ Q et x ∈ X = k ∪ {∞} , on a :
hi (x) = ix ∈ Q ∪ {∞} ⇔ x ∈ Q ∪ {∞}
ce qui implique que u (hi (x)) = u (x) , soit u ◦ hi = u.
D’autre part, pour r ∈ K et x ∈ X, on a :
³ r´
tr ◦ hi (x) = ix + r = i x + = hi ◦ t ri (x) ,
i
soit tr ◦ hi = hi ◦ t ri .
Ce qui donne en définitive :
ur ◦ hi = u ◦ tr ◦ hi = u ◦ hi ◦ t ri = u ◦ t ri = u ri .
(b) On remarque que pour x, y dans k∗ = k − {0} = Q ∪ (−Q) , on a :
µ ¶ ½
x 1 si (x, y) ∈ Q × Q ∪ (−Q) × (−Q)
u =
y 0 si (x, y) ∈ Q × (−Q) ∪ (−Q) × Q
ce qui peut s’écrire : µ ¶
x
u = 1 + u (x) + u (y)
y
Z
puisque u est à valeurs dans .
2Z
i. Comme Q ∩ (−Q) = ∅, pour tout x ∈ k∗ , on a :
1
soit x ∈ Q et w (x) = − ∈ −Q, donc w (x) ∈ / Q et u (w (x)) = 0 = 1 − u (x) ;
x
soit x ∈ −Q et w (x) ∈ Q, donc u (w (x)) = 1 = 1 − u (x) .
Pour x = 0 [resp. x = ∞], on a w (x) = ∞ [resp. w (x) = 0] et u (w (x)) =
1 − u (x) .
Z
On a donc u ◦ w = 1 − u = 1 + u (u est à valeurs dans ).
2Z
Corrigé 271

ii. On suppose ici que r ∈ k∗ (pour r = 0, w (r) = ∞ et uw(r) n’est pas défini) et
on note vr = u + uw(r) + ur ◦ w.
Pour x ∈ k∗ , on a :
µ ¶ µ ¶
1 1
vr (x) = u (x) + u x − +u r−
r x
µ ¶ µ ¶
rx − 1 rx − 1
= u (x) + u +u
r x
ceµqui¶donne vr (x) = u (x) pour rx − 1 = 0, soit vr (x) = u (r) puisque u (x) =
1
u = u (r) , et :
r
vr (x) = 2u (x) + 2u (rx − 1) + u (r) = u (r)
pour rx − 1 6= 0.
Pour x = 0, on a :

vr (x) = u (0) + u (w (r)) + u (∞)


= 1 + u (w (r)) = 1 + 1 + u (r) = u (r) .
Pour x = ∞, on a :
vr (x) = u (∞) + u (∞) + u (r) = u (r) .
½
1 si r ∈ Q
Soit, pour tout x ∈ X, vr (x) = u (r) , on encore vr = .
0 si r ∈ −Q
(c)
i. Pour x ∈ k, l’application r 7→ x + r réalise une bijection de k sur k, ce qui
implique que :
X X X
ur (x) = u (x + r) = u (s) = card (Q) 1
r∈k r∈k s∈k

Z q−1
dans avec card (Q) = qui est impair puisque q ≡ 3 mod 4. Il en résulte
P2Z 2
que ur (x) = 1.
r∈k
Pour x = ∞, on a :
X X
ur (x) = u (∞) = card (k) 1 = q1 = 1
r∈k r∈k

puisque q est impair.


P
On a donc bien ur = 1.
r∈k
ii. Si : µ ¶X
Z
R = Vect {ur | r ∈ k} ⊂ ,
2Z
l’égalité précédente nous dit alors que 1 ∈ R.
Il s’agit ici de montrer que pour toute homographie σ ∈ P SL2 (k) = α (SL2 (k)) ,
on a :
∀f ∈ R, f ◦ σ ∈ R,
272 Agrégation externe 2005. Épreuve 1

ce qui équivaut à montrer que :

∀r ∈ k, ur ◦ σ ∈ R.

En utilisant le fait que N = P SL2 (k) est engendré par les homographies w, hi
pour i ∈ Q et tj pour j ∈ k (question III.3), il est équivalent de montrer que
les ur ◦ w, ur ◦ hi pour i ∈ Q et ur ◦ tj pour j ∈ k, sont tous dans R pour tout
r ∈ k. Ce qui
 résulte de :
 u ◦ w = 1 − u si r = 0,
— ur ◦ w = 1 − u − uw(r) si r ∈ Q, ∈ R (u = u0 ∈ R) d’après IV.2b ;

−u − uw(r) si r = ∞
— ur ◦ hi = u ri ∈ R d’après IV.3b ;
— ur ◦ tj = ur+j ∈ R.
3.
(a) On a :
½ ¾
Z
R = Vect ur | r ∈ k =
7Z
= Vect {1, u = u0 , u1 , u2 , u3 , u4 , u5 }

et :
ψ (R) = Vect {ψ (1) , ψ (u) , ψ (u1 ) , ψ (u2 ) , ψ (u3 ) , ψ (u4 ) , ψ (u5 )}
avec : 

 ψ (1) = (1, 1, 1, 1, 1, 1, 1, 1) = ϕ (1)

ψ (u) = (0, 1, 1, 0, 1, 0, 0, 1) = ϕ (x1 )

 ψ (u1 ) = (0, 0, 1, 1, 0, 1, 0, 1) = ϕ (x2 )

ψ (u2 ) = (0, 0, 0, 1, 1, 0, 1, 1) = ϕ (x3 )
qui est une base H (notations et résultat de II.3b) et :

 ψ (u3 ) = (1, 0, 0, 0, 1, 1, 0, 1) = ϕ (1) + ϕ (x1 ) + ϕ (x3 )
ψ (u4 ) = (0, 1, 0, 0, 0, 1, 1, 1) = ϕ (x1 ) + ϕ (x2 ) + ϕ (x3 )

ψ (u5 ) = (1, 0, 1, 0, 0, 0, 1, 1) = ϕ (1) + ϕ (x1 ) + ϕ (x2 )

ce qui implique que ψ (R) = H.


µ ¶3
Z
(b) Soit A = = {P0 , P1 , · · · , P7 } (question II.3) et ρ la bijection de A sur
2Z
Z
X= ∪ {∞} définie par ρ (Pi ) = i pour i compris entre 0 et 6 et ρ (P7 ) = ∞.
7Z
On note τ l’isomorphisme du groupe S (X) sur S (A) défini par τ (f ) = ρ−1 fρ pour
tout f ∈ S (X) . µ µ ¶¶
Z
D’après II.1b et IV.2c τ P SL2 est un sous groupe de Gaf f (A) , il est
7Z µ ¶
Z
donc isomorphe à un sous-groupe de GL3 d’après II.5b.
µ µ ¶¶ 2Z 2 µ ¶
Z 7 (7 − 1) Z
En III.2 on a vu que card P SL2 = = 168 et comme GL3
7Z µ 2¶ µ ¶2Z
Z Z
a aussi 168 éléments, il en résulte que P SL2 est isomorphe à GL3 .
7Z 2Z
Corrigé 273
µ µ ¶¶
Z
Le fait que card GL3 = 168 peut se montrer comme suit : ce cardinal
2Z
µ ¶3
Z
est au égal au nombre de bases (e1 , e2 , e3 ) de ; pour e1 il y a 7 possibilités,
2Z
pour e2 non colinéaire à e1 il yen a 8 − 2 = 6 et pour e3 n’appartenant pas au plan
engendré par e1 et e2 , il y en 8 − 4 = 4, ce qui donne un total de 7 × 6 × 4 = 168.
Bibliographie

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275

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