Appui technique et investissement en finance de proximité

SYNTHÈSE
AT E L I E R FINANCEMENT AGRICOLE :
ENJEUX ET PERSPECTIVES
Professionnalisation des méthodologies de crédits agricole (PMCA)
Du 14 au 16 mars 2007, BAMAKO (Mali)

Cet atelier a été réalisé avec l’appui financier du gouvernement du Canada dans
le cadre d’une entente avec la Direction générale du partenariat canadien de l’ACDI.
INTRODUCTION
Les 14, 15 et 16 mars 2007 s’est tenu à Bamako, au Mali, un
atelier international sur le financement agricole organisé dans le
cadre du Projet de Professionnalisation des méthodologies de
crédit agricole (PMCA) que coordonne Développement interna-
tional Desjardins (DID) et qui est financé par le gouvernement du
Canada dans le cadre d’une entente avec la Direction générale du
partenariat canadien de l’Agence canadienne de développement
international (ACDI). Intitulé «Le financement agricole: enjeux et
perspectives », cet atelier a réuni plus de 50 participants
provenant de 12 pays. Il proposait à la fois des présentations de
spécialistes et de partenaires de DID ainsi que des ateliers de
réflexion sur divers thèmes liés au financement agricole. Ce docu-
ment constitue une synthèse des présentations et des discussions.
MISE EN CONTEXTE
L’importance de l’agriculture dans les pays en émergence et en
développement est bien connue. Les populations de ces pays sont
majoritairement rurales et puisent principalement leurs revenus et
leur subsistance de l’activité agricole. Celle-ci occupe plus de 80%
de la population active et contribue de façon dominante à
l’économie locale. De façon générale, l’apport de l’agriculture à
l’économie des pays en émergence et en développement se situe
entre 30% et 45% du produit intérieur brut (PIB).
L’aide au développement doit nécessairement consacrer des appuis
conséquents à ce secteur d’activité vital pour l’économie et pour les
populations concernées. Les acteurs de la microfinance, champ
d’action qui est de plus en plus reconnu comme un outil de lutte à
la pauvreté, doivent également porter une attention particulière au
secteur agricole. Pourtant, dans bien des régions rurales, l’offre de
services financiers est encore largement déficiente. Celle-ci se
heurte en effet à des obstacles importants, qui peuvent toutefois
être surmontés par l’application de méthodologies appropriées.
L’un de ces obstacles est la dispersion de la clientèle sur de grands
territoires. Les longs déplacements que doivent faire les clients
(transactions au comptoir) et les agents de crédit (validation, suivi,
recouvrement) sont coûteux en temps et en frais de transport. Le
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maintien de comptoirs et d’effectifs dans de très petites localités
s’avère souvent non rentable et rend difficile la surveillance des
opérations. La mise en place de stratégies novatrices doit favoriser
l’équilibre entre services de proximité et rentabilité.
Les conditions climatiques instables, les infestations et les fluctu-
ations de marché constituent des difficultés additionnelles. L’offre
de crédit agricole doit nécessairement prendre en compte de ces
risques systémiques propres au secteur.
Par ailleurs, le secteur agricole fait l’objet depuis longtemps d’une
attention particulière de la part des gouvernements et des bailleurs.
Toutefois, les interventions dans ce secteur n’ont pas toujours
donné les résultats escomptés. Malheureusement, beaucoup de
programmes, particulièrement ceux qui apportaient des fonds
détachés d’un réel système d’intermédiation financière, se sont sol-
dés par des échecs et ont créé l’effet inverse à celui souhaité en
contribuant à détériorer la «culture du crédit» chez les paysans. Le
problème vient du fait que l’attribution des crédits dans le cadre de
ces programmes s’effectue rarement selon les critères reconnus
en finance et subit trop souvent le jeu de l’interférence politique.
La mondialisation et l’augmentation des échanges commerciaux
amènent le secteur agricole à faire face à de nouveaux enjeux. Une
prise de conscience des tendances observées contribuera à mieux
déterminer le type d’appui à offrir aux institutions financières parte-
naires de DID.
La mondialisation et
l’augmentation des échanges
commerciaux amènent le
secteur agricole à faire face
à de nouveaux enjeux.
S E 2/8
La tenue de cet atelier en Afrique de l’Ouest a donné l’occasion
d’approfondir l’environnement dans lequel opèrent les réseaux de
cette sous-région au regard de la conjoncture de la production du
coton. Cette filière est l’objet d’une profonde restructuration qui
aura certainement des impacts sur l’offre de services financiers aux
producteurs de coton.
C’est dans ce contexte que DID, dans le cadre du projet PMCA, a
décidé de réaliser un atelier portant sur le financement agricole
réunissant ses principaux partenaires d’Afrique de l’Ouest, de
Madagascar et d’Haïti.
DES PRODUITS FINANCIERS ADAPTÉS
PAR LES RÉSEAUX COOPÉRATIFS
La spécificité du secteur agricole amène les institutions de micro-
finance (IMF) à développer des produits financiers adaptés. Le
réseau OTIV Zone Alaotra – Mangoro de Madagascar a mis en
place le crédit intrants rizicoles afin de répondre aux besoins des
riziculteurs. La constitution de groupes, composés de cinq à sept
paysans utilisant l’épargne nantie à titre de caution solidaire, per-
met au réseau de sécuriser cette opération. Ce fonds, appelé fonds
de garantie mutuelle (FGM), limite l’engagement solidaire des
emprunteurs à l’épargne nantie et leur laisse une certaine marge
de manœuvre. Ce type de crédit fait l’objet d’un suivi très serré.
En effet, les agents de crédit effectuent des visites de validation
après chacun des déboursements progressifs qui sont établis
en fonction des grandes étapes culturales de la production rizicole.
On veut ainsi s’assurer du respect de l’objet du prêt.
De son côté, le réseau Nyèsigiso du Mali collabore avec des
organisations paysannes (OP) dans la mise en place de produits
financiers bien adaptés aux céréaliculteurs. Les besoins des
agriculteurs sont d’abord exprimés auprès de leur organisation
paysanne, qui les cumule et les transmet ensuite au réseau. L’Union
des caisses de Nyèsigiso fournit, selon le cas, les liquidités néces-
saires à ses caisses affiliées. Les versements aux producteurs
s’effectuent en deux temps, lors de l’achat des intrants et au
moment de la livraison des récoltes à l’OP qui est chargée de les
commercialiser. En plus de bénéficier d’un fonds de garantie
offert par l’organisation, Nyèsigiso profite de nombreux avantages
associés à cette façon de faire, dont ceux d’obtenir une évaluation
adéquate des besoins par l’organisation de producteurs,
d’effectuer le traitement regroupé des demandes et de sécuriser
le remboursement par la domiciliation des paiements à l’IMF.
Il s’agit d’un bel exemple de partenariat entre, d’une part, une orga-
nisation qui offre un encadrement technique et un appui à la
commercialisation aux producteurs et, d’autre part, un réseau de
caisses d’épargne et de crédit décentralisé en milieu rural et
appuyé d’une faîtière.
Toujours concernant le financement des intrants, plusieurs réseaux
d’Afrique de l’Ouest ont adapté leurs produits afin de s’impliquer
dans le financement de la filière coton. Le réseau Kafo Jiginew a
mis en place une approche s’apparentant à un système d’affac-
turage ou de rachat de créances en collaboration avec la
Compagnie malienne de développement du textile (CMDT). Les
paysans, membres individuels des caisses, se constituent en
groupes de caution solidaire de cinq exploitants et plus. Ils expri-
ment leurs besoins à la CMDT qui, après validation, leur distribue
les intrants de culture. Par la suite, Kafo Jiginew rachète en
quelque sorte les créances à la CMDT et ouvre un crédit à chaque
membre qui compose le groupe de producteurs. Cette façon de
procéder accroît l’efficacité grâce au traitement en lot des
A T E L I E R P M C A | S Y N T H È
dossiers à l’Union. À la récolte, la société cotonnière effectue le
virement des recettes à Kafo Jiginew qui les transfère dans les
comptes des membres et retient le paiement des créances. Les
producteurs peuvent aussi adresser leurs demandes directement à
leur caisse. Cette autre approche offre l’avantage de prendre en
compte l’ensemble des besoins des producteurs, puisque ceux-ci
pratiquent parfois d’autres activités que la seule production de
coton. La domiciliation des recettes de coton est tout de même
privilégiée afin de favoriser le remboursement des crédits.
Au Burkina Faso, le réseau des caisses populaires du Burkina
(RCPB) est également fortement engagé dans le financement de
la filière coton. À l’instar de Kafo Jiginew au Mali, le RCPB colla-
bore avec une société cotonnière (la Société des fibres textiles du
Burkina - SOFITEX) pour l’évaluation des besoins des producteurs
constitués en GPC (groupes de producteurs de coton). Un
processus d’évaluation, de validation et d’autorisation à quatre
paliers faisant intervenir des professionnels de la SOFITEX, de
l’Union des producteurs de coton du Burkina (UNPCB) et des
caisses populaires permet une sélection judicieuse des emprun-
teurs. Ce processus de sélection rigoureux, de même que la domi-
ciliation des recettes, sont les principaux facteurs qui contribuent
au succès de cette opération de crédit. Par ailleurs, même si la pro-
duction de coton est principalement localisée dans l’ouest du pays,
toutes les entités du RCPB participent à cette opération majeure
de financement. En effet, une partie de leurs surplus de liquidité y
est affectée par le biais de leur fédération. À la fin de la campagne,
les revenus d’intérêt sont répartis entre les entités participantes
selon leur participation au «pool» de financement. Cette façon de
faire permet une répartition des risques à travers le réseau et évite
aux caisses situées dans la zone cotonnière une trop grande
concentration de leur portefeuille dans le crédit coton. Par ailleurs,
afin de réduire son exposition et la pression sur ses liquidités, le
Réseau a initié, en collaboration avec le projet PMCA, une syndi-
cation avec une banque commerciale.
Au Bénin, le réseau FECECAM a, au cours des dernières années,
réduit ses interventions dans le financement de la production de
coton. Il faut dire que la filière a des difficultés à s’organiser à la
suite de changements structuraux qu’elle a connus. Ces difficultés
ont entraîné des retards de paiements aux producteurs et, par le
fait même, un désintéressement à cultiver le coton. La FECECAM
souhaite maintenir son engagement dans le financement des pro-
ducteurs de coton dans la mesure où la filière se réorganise
adéquatement.
Face à l’évolution
des marchés, les IMF
doivent être proactives
dans le développement de
nouveaux produits financiers.
S E 3/8
Parmi la gamme de produits de crédit agricole, le crédit stockage
s’avère un produit financier apprécié des producteurs et sécuritaire
pour l’institution financière. Le réseau OTIV ZAM de Madagascar
propose le crédit stockage à ses membres après qu’ils aient récolté
le riz-paddy. Ce crédit n’est plus soumis aux risques de production,
mais est tout de même exposé aux risques de marché et aux
risques liés aux conditions d’entreposage. Certaines balises tels le
pourcentage de financement (avance sur produit / valeur des
stocks), la fixation d’un montant maximum par emprunteur et
l’encouragement à une vente progressive des stocks, doivent être
appliquées afin d’augmenter les chances de succès de cette
opération de financement. La disponibilité d’infrastructures d’entre-
posage adéquates est une condition essentielle à la mise en place
de ce produit de crédit.
Par ailleurs, face à l’évolution des marchés, les IMF doivent être
proactives dans le développement de nouveaux produits financiers.
Le potentiel croissant du commerce équitable pourrait leur offrir
des occasions de financement intéressantes à moyen terme.
Même si ce marché est encore embryonnaire en Afrique de l’Ouest,
il implique déjà des besoins de financement appréciables en
Afrique de l’Est et en Amérique latine, notamment sur le plan du
préfinancement des exportations. Il est donc opportun pour les IMF
d’explorer ce marché de même que de suivre et d’accompagner
son développement, même s’il semble modeste pour l’instant. Le
financement d’une organisation de producteurs engagée dans le
commerce équitable comporte moins de risque dans la mesure où
des acheteurs crédibles s’engagent envers elle, par contrat, à pren-
dre des quantités déterminées à des prix avantageux fixés par les
organismes de certification.
Les IMF ne sont pas les seules à intervenir dans le financement de
l’agriculture et ne peuvent de toute façon couvrir tous les besoins
financiers des producteurs agricoles. Au Mali, la Banque nationale
de développement agricole (BNDA) est un acteur majeur dans le
financement de l’agriculture et possède une longue expérience
dans ce domaine, expérience qui a été partagée lors de l’atelier. Les
moyens dont disposent les banques et la répartition plus étendue
des IMF sont certes des forces complémentaires à mettre en
œuvre pour combler le déficit de services financiers encore obser-
vable en milieu rural.
A T E L I E R P M C A | S Y N T H È
Les avancées technologiques
permettent d’envisager de
nouvelles façons d’atteindre
les endroits isolés.
LA DISTRIBUTION DES SERVICES FINAN-
CIERS À LA CLIENTÈLE AGRICOLE
Les IMF doivent également faire preuve d‘innovation dans la distri-
bution des services financiers à la clientèle agricole. Les comptoirs
mobiles offrant des visites périodiques d’un caissier ou d’un agent
de crédit et le maillage avec d’autres organisations paysannes sont
des moyens que peuvent utiliser les IMF pour étendre leur réseau
de distribution aux régions rurales éloignées tout en minimisant les
coûts. Oscar ARMAS, président de Proxfin, un réseau interna-
tional de réflexion et d’échange formé de 23 institutions finan-
cières partenaires de DID, et directeur général de la coopérative
SERFIR-Chiapas, au Mexique, a présenté le concept de caisse
mobile (appelé SERFIR mobile) que SERFIR avait mis en place. Ce
service a pu se développer grâce à la technologie AMIO (applica-
tion mobile d’information sur les opérations). Ce moyen permet
à l’institution d’atteindre, de façon sécuritaire, des endroits où il
ne serait pas viable d’implanter des caisses tradition-
nelles. Les avancées technologiques permettent ainsi d’envisager
de nouvelles façons d’atteindre les endroits isolés, façon qui n’au-
raient pu être imaginées il y a à peine quelques années.
D’autre part, des structures axées sur la spécialisation des
ressources peuvent aussi contribuer au développement des
affaires lié au secteur agricole. La création de Centres financiers
aux entrepreneurs (CFE) dotés d’une unité d’affaires dédiée spé-
cifiquement au secteur agricole est un moyen envisagé pour mieux
desservir ce marché. Par leur connaissance des activités agricoles,
des professionnels spécialisés en agriculture sont plus en
mesure de faire une bonne évaluation des besoins et des
risques. Un CFE permet aux caisses participantes de déléguer la
gestion d’une partie de leur portefeuille de crédit à une direction
«service crédit» commune. Les principaux avantages d’une struc-
ture dotée de spécialistes du financement agricole sont entre
autres une meilleure validation des informations, une meilleure
évaluation du bilan, des revenus et des dépenses agricoles
ainsi qu’une meilleure évaluation des risques.
S E 4/8
LES INTERVENTIONS DES
«CRÉDITS-PROGRAMMES»
Les récentes réflexions sur les interventions des bailleurs en
financement rural et agricole ont conduit à une revue très critique
des stratégies précédemment utilisées pour « distribuer» des
crédits aux agriculteurs. Plusieurs interventions se sont soldées par
des échecs et ont affecté les clientèles ciblées, mais également
des IMF qui ont participé à ces opérations. Plusieurs études souli-
gnent d’autre part l’importance pour ces dernières d’avoir accès à
des ressources financières à long terme.
Échecs
Les participants à la discussion, qui a porté sur les « crédits-
programmes», ont eu l’occasion d’échanger sur les problèmes qu’ils
ont observés lors de l’application de tels programmes. Ils ont identifié
bon nombre de raisons ayant causé des échecs d’interventions des-
tinées au financement du secteur agricole dans leur pays respectif.
Les principales causes de ces échecs relèvent au départ d’un pro-
blème de communication. Il est fréquent que le lancement de
ces programmes s’effectue de telle sorte que les bénéficiaires Conditions favorisant l’implication des IMF
perçoivent ceux-ci comme une subvention ou un don.
Les participants ont également identifié les conditions de base
De plus, ces programmes sont couramment utilisés à des fins requises pour s’engager dans un «crédit-programme». La présence
politiques. Il est malheureusement très courant que des personnal- d’une bonne stratégie de communication, incluant un message
ités publiques s’en servent pour rehausser leur image et influencent commun de tous les intervenants impliqués dans le programme,
ainsi le bon déroulement des activités courantes des programmes. est ressortie comme une nécessité. L’implication des IMF dès la
conception du programme est également souhaitable.
D’autre part, les partenaires et intervenants présents ont relevé que
ces programmes, la plupart du temps d’une durée limitée, n’ont que Les IMF ont aussi affirmé que le programme devait s’intégrer
très peu de considération en ce qui concerne la pérennisation de dans les politiques du réseau et être conforme à ses règles.
leurs actions. Le vide créé une fois le programme terminé, réduit La conservation du contrôle des opérations du crédit sans
considérablement son impact sur les cibles à atteindre. interférence externe et la gestion des fonds par l’IMF sont
apparues comme des conditions très importantes au succès des
Les participants ont également évoqué la faible rentabilité qui est «crédits-programmes».
parfois associée à ces programmes en plus de leur lourdeur adminis-
trative. En effet, la reddition de comptes exige beaucoup d’efforts, D’autre part, les participants se sont montrés très sensibles au fait
que ce soit en termes de temps ou de ressources humaines. Ces que le programme doive répondre aux besoins des bénéficiaires.
efforts affectent à la baisse la marge bénéficiaire des IMF. Le renforcement des capacités des IMF, mais également des
organisations paysannes (OP), est apparu comme un facteur de
succès important.
L’implication des bénéficiaires dans l’ensemble du processus de
conception a suscité beaucoup de discussions. Pour certains, le fait
que les bénéficiaires connaissent les modalités financières de l’en-
tente est un facteur qui peut contribuer au non-remboursement.
D’autres étaient plutôt d’avis de s’assurer que les producteurs
soient associés au processus d’élaboration des programmes afin
d’augmenter leur implication et accroître ainsi les chances de
succès de ces programmes.

Le président de PROXFIN, M. Oscar Armas (Mexique)

A T E L I E R P M C A | S Y N T H È S E 5/8
LES BESOINS D’APPUI DES IMF
EN MATIÈRE DE CRÉDIT
Les participants à l’atelier ont identifié plusieurs obstacles et enjeux
en ce qui concerne l’offre pérenne de services financiers agricoles.
On peut répartir ces éléments en deux groupes distincts, à savoir
les obstacles extrinsèques d’une part, comme les aléas climatiques,
le manque d’appui de l’État ou l’environnement légal, et ceux qui
sont intrinsèques à l’IMF d’autre part, c’est-à-dire sous leur contrôle.
Les personnes présentes ont traité des besoins d’appui relati-
vement à plusieurs aspects de la gestion d’un réseau d’IMF. Les
gestionnaires sont conscients que l’information est une variable
essentielle à une bonne prise de décision, à commencer par les
statistiques permettant de mieux connaître l’environnement. La
connaissance du secteur agricole est une condition préalable à
l’élaboration d’une offre de financement adaptée aux besoins du
secteur et est essentielle à la sécurisation des portefeuilles de
crédit agricole. Il en va ainsi de la nécessité d’avoir accès au profil
économique des ménages visés afin de mieux connaître, entre
autres, la composition et le niveau de revenu des ménages et, par
la suite, leurs besoins financiers. Une meilleure connaissance
technico-économique des filières agricoles est également
souhaitée. Ces informations sont à la base même d’une bonne
analyse de dossier de crédit. De plus, l’information sur les mauvais
débiteurs par le biais d’une centrale de risque est une avenue qui
suscite beaucoup d’intérêt.
Les réseaux affirment également que le renforcement du proces-
sus d’amélioration des produits financiers est toujours présent
et est un élément important dans l’atténuation des risques de crédit
agricole. Les solutions mises de l’avant et présentées par les
réseaux sont de beaux exemples de produits financiers adaptés à
l’environnement spécifiques à chaque IMF. Une offre de finance-
ment agricole mieux adaptée aura un impact sur la portée des IMF
en leur permettant de joindre plus de producteurs. Elle contribuera
également à améliorer l’efficacité et à sécuriser leurs opérations.
La connaissance du secteur
agricole est une condition
préalable à l’élaboration d’une
offre de financement adaptée
aux besoins du secteur.
Sur un plan davantage macro-économique, les réseaux réaffirment
l’importance de la gestion des risques. La mise en place de Centres
financiers aux entrepreneurs (CFE) dotés de spécialistes en
crédit agricole et le renforcement des capacités sont des avenues
qui intéressent particulièrement les gestionnaires des réseaux. Pour
des raisons de coût ou de disponibilité, il est souvent difficile pour
une caisse de base de trouver des ressources spécialisées en
crédit agricole. À défaut de pouvoir embaucher de telles ressources
dans chaque caisse, un CFE ou une structure faîtière peut recruter
un spécialiste en crédit agricole qui appuiera les caisses qui ont à
traiter des dossiers de crédit agricole.
A T E L I E R P M C A | S Y N T H È
D’autre part, l’exploration de mesures de sécurisation comme les
assurances agricoles suscite également beaucoup d’intérêt des
réseaux. Les assurances indexées à la pluviométrie, quoique tou-
jours en développement, retiennent particulièrement l’attention
des gestionnaires.
Finalement, les réseaux ont mentionné l’importance de soutenir les
aspects non financiers afin de favoriser l’accès au financement agri-
cole. Par exemple, un appui technique au secteur agricole, notam-
ment à la production et à la commercialisation, est souhaité. Il en va
de même pour des projets structurants, notamment en matière de
renforcement des capacités de gestion des OP. Des paysans et OP
davantage professionnels obtiendraient de meilleurs résultats, ce qui
sécuriserait d’autant les opérations de crédit. L’encadrement
juridique nécessiterait par ailleurs des améliorations selon les parti-
cipants, puisque l’impunité en cas de défaut persiste à être un frein
dans l’offre de services financiers agricoles.
LE FINANCEMENT DES PRODUCTEURS
DE COTON: ENJEUX ET PERSPECTIVES
Les participants à cette journée avaient un intérêt particulier pour
les activités de financement de la production du coton. Pour traiter
de cette question, des intervenants externes aux IMF comme les
transformateurs (CMDT-Mali, Sofitex-Burkina) et un représentant
de l’association des producteurs de coton africain (AProCA)
étaient présents.
Les principaux enjeux identifiés
Les participants ont clairement identifié l’importance des facteurs
exogènes qui contribuent à insécuriser la production du coton en
Afrique de l’Ouest. La conjoncture économique mondiale, les sub-
ventions aux producteurs de coton américains et européens et la
dévaluation du dollar américain, unité monétaire à la base de la
fixation du prix du coton, affectent grandement les revenus des
producteurs africains. Dans ce contexte, la rentabilité de la filière et
des compagnies cotonnières inquiète également les différents
partenaires présents.
La conjoncture économique
mondiale, les subventions aux
producteurs de coton américains
et européens et la dévaluation du
dollar américain affectent
grandement les revenus des
producteurs africains du coton.
S E 6/8

D’où l’importance, selon plusieurs, d’avoir une approche «filière»
pour assurer la performance de tous les maillons (par exemple, la
qualité des intrants ou le choix des semences auront des impacts
sur tout le reste de la filière). Les spécialistes questionnent les
stratégies prises dans certains pays qui ont choisi de libéraliser
l’approvisionnement en intrants, la transformation et la commercia-
lisation du coton. Ainsi démantelée, la filière peut-elle vraiment
rester compétitive et viable devant tous les obstacles qu’elle doit
affronter? D’un autre côté, les sociétés cotonnières ne peuvent
supporter déficit après déficit et espérer qu’on comblera ce que les
revenus du marché ne peuvent leur procurer pour couvrir dépenses
et investissements.
L’établissement d’une vision commune entre les pays de la zone
coton d’Afrique de l’Ouest et la mise en œuvre de stratégies con-
certées de tous les intervenants de la filière du coton seraient
souhaitables. Il existe certes des structures sous-régionales qui
visent à favoriser les échanges, développer des synergies ou entre-
prendre des actions, mais ce n’est peut-être pas encore suffisant
pour faire contrepoids aux joueurs plus importants sur la scène
internationale. Malheureusement, au dire des participants, les
dirigeants des pays producteurs de coton de la sous-région se
montrent réticents à céder une partie de l’emprise qu’ils exercent
sur la filière pour ne pas perdre le contrôle de l’un des piliers de leur
économie qui leur sert parfois d’instrument politique.
Les perspectives (plénière)
Les différents réseaux d’IMF ont réaffirmé leur désir de poursuivre
leur implication dans le financement des producteurs de coton.
Dans un contexte de déréglementation, la mise en place de cen-
trales de risque devrait permettre aux IMF de se protéger contre
le financement multiple des mêmes producteurs.
L’introduction de nouvelles variétés de coton plus résistantes aux
infestations est une avenue à favoriser pour augmenter la produc-
tivité des paysans et réduire l’utilisation de pesticides. D’autre part,
l’utilisation de semences de coton génétiquement modifiées
(OGM) n’a pas fait l’objet d’une position claire et définitive par les
producteurs. Par contre, les transformateurs, eux, y sont généra-
lement favorables.
Par ailleurs, le Mali envisage la création d’une bourse du coton
où seront inscrites les compagnies cotonnières qui pourront
ainsi trouver, en toute transparence, un accès au financement.
Un mécanisme de fixation des prix offerts aux producteurs en fonc-
tion des cours mondiaux, complété par un «fonds de lissage»
ayant pour but de stabiliser les revenus des producteurs, se veut une
alternative intéressante et à approfondir. Ce fonds, qui se con-
stituerait lors des bonnes années, indemniserait les producteurs lors
des mauvaises. Évidemment, les parties impliquées souhaitent une
intervention extérieure pour contribuer à la survie à long terme de
ce fonds.
Finalement, l’introduction de cultures complémentaires telles que
celles qui servent à la production de biocarburants se veut une
alternative et une voie de diversification des plus intéressantes pour
les producteurs.
A T E L I E R P M C A | S Y N T H È
CONCLUSION
Les activités de financement agricole occupent et continueront
d’occuper une place importante pour les réseaux d’IMF déployés
dans les régions rurales. Les différentes stratégies mises de l’avant
par les réseaux partenaires de DID et qui visent à répondre aux
besoins de leur clientèle agricole montrent qu’il est possible de
mettre en place des produits financiers adaptés tout en atténuant
une partie des risques liés aux activités agricoles.
La mise en place d’un financement agricole efficace repose égale-
ment sur une structure organisationnelle adaptée. Des ressources
maîtrisant l’ensemble du secteur seront mieux positionnées pour
faire une évaluation des revenus agricoles et une appréciation
adéquate des risques. Elles sont en mesure d’obtenir l’information
nécessaire à une saine gestion dans un environnement agricole de
plus en plus soumis aux règles découlant de la mondialisation et de
la libéralisation des marchés.
La façon de distribuer les services financiers apparaît également
comme un facteur clé. L’objectif de contribuer à la réduction de la
pauvreté amène les IMF à chercher continuellement de nouvelles
façons de faire pour atteindre les populations les plus pauvres tout
en maintenant le fragile équilibre de pérennisation des opérations.
L’appui de différents programmes doit également faire partie de la
stratégie globale d’intervention des IMF, et même des instances
gouvernementales. L’adhésion à de tels programmes ne doit pas
être systématique, mais doit plutôt faire l’objet d’une analyse
confrontant efficacité, rentabilité, atteinte des objectifs visés et
pérennité du service après retrait du programme.
La mondialisation des marchés a aussi un impact sur les diffé-
rentes filières agricoles présentes en Afrique. La production du
coton est particulièrement touchée. Les subventions étrangères,
l’augmentation du coût des intrants, la fluctuation des taux de
change et les négociations des ententes commerciales font en
sorte que les IMF sont exposées aux bouleversements de l’environ-
nement extérieur.
Pour faire face à l’ensemble de ces défis, les réseaux ont établi les
besoins d’appui qu’ils jugent les plus importants. Ces besoins se
catégorisent selon trois grands axes. Le premier, à savoir l’accès à
l’information, sur les marchés, sur les emprunteurs (centrale de
risque) et fait référence aux technologies de l’information. Le second
axe vise plutôt l’amélioration de l’offre de produits adaptés dont
le financement à terme. Le troisième axe, quant à lui, traite de la
gestion des risques, soit par la mise en place de Centres financiers
aux entrepreneurs, par le renforcement des capacités ou encore par
des mesures de sécurisation comme l’assurance-récolte. Ces axes
offrent plusieurs avenues de travail qui seront considérées lors de
l’élaboration du plan de travail de la phase II du PMCA.
S E 7/8
LISTE DES PARTICIPANTS
NOM ORGANISATION COURRIEL PAYS

ABLOH Koffi DID/Mali kabloh@did.qc.ca Mali

AGBEDEVI Kossivi FUCEC-Togo just_orco@yahoo.fr Togo
ALHOU Amomini MCPEC mcpec@intnet.ne Niger
ARIKAMA Mouhamadou FECECAM arikama@yahoo.fr Bénin
fececam@intnet.bj
ARMAS GONZALEZ Oscar Miguel Proxfin/Serfir omag28@hotmail.com Mexique
CISSOUMA Brahima Faso Jigi / PACCEM cisbrahima@yahoo.fr Mali
BA Marième UM-Pamécas bamareme06@yahoo.fr Sénégal
BAGAYOKO Hamidou Faso Jigi / PACCEM h_bagayoko@yahoo.fr Mali
BAGAYOKO Moussa Nyèsigiso mbagayoko@nyesigiso.org Mali
BAH Fode Nyèsigiso nyesigiso@nyesigiso.org Mali
BANDUGA Paul CamCCUL pauloban2000@yahoo.fr Cameroun
BAYOULOU Jonas Sofitex tierkou@yahoo.fr Burkina Faso
BUSSIÈRES François DID/Canada fbussieres@did.qc.ca Canada
COULIBALY Djénébou TRAORE APCAM jenetraore@yahoo.com Mali
COULIBALY Modibo Nyèsigiso mcoulibaly@nyesigiso.org Mali
COULIBALY Oumar Ministère de l'Agriculture Mali oumarmnc@yahoo.fr Mali
DAO David Kafo Jiginew ddao@orangemali.net Mali
DEMBELE Modibo Nyèsigiso mdembele@nyesigiso.org Mali
DIALLO Moussa Alassane BNDA moussaald@yahoo.fr Mali
DIARRA Brehima Kafo Jiginew brediarra2006@yahoo.fr Mali
DIARRA Zan Dossaye CMDT zan@cmdt.ml Mali
EKOLLO Louis CamCCUL louiecollo@yahoo.com Cameroun
EL KEBIR OULD CHBIH Cheikh Procapec kebir1@mauritania.mr Mauritanie
FOURNIER Jean Bernard DID/Canada jbfournier@did.qc.ca Canada
FONFANA Fatoumata CPA/SFD fachefo@yahoo.fr Mali
GADJAGA Oumar Sofitex gadomer@yahoo.fr Burkina Faso
GUAY Jean-François Mali Finance / USAID jguay@malifinance.com Mali
HACHIMOU Issaka MCPEC mcpec@intnet.ne Niger
HIEN B. Hervé RCPB hbeirelar@yahoo.fr Burkina Faso
JULIEN Paul DID/Canada pjulien@did.qc.ca Canada
KAMOU Absadou MECREF mecref@intnet.ne Niger
KEÏTA Ibrahima Kafo Jiginew chrisekou@yahoo.fr Mali
LAGACÉ Vincent DID/Canada vlagace@did.qc.ca Canada
MICHEL Dieuvet DID/Haïti dieuvet@hotmail.com Haïti
OUATTARA Mamadou AProCA ouattmam2004@yahoo.fr Mali
OUEDRAOGO Saïdou RCPB souebi@yahoo.fr Burkina Faso
PISTONE Isabelle FLO e.v. i.pistone@fairtrade.net Mali
PRINVIL Frantz CNC frantzprinvil@yahoo.com Haïti
RABIOU Haoua MECREF mecref@intnet.ne Niger
RAMORANDROSON Solofo OTIV otivalaotra@wanadoo.mg Madagascar
RASOLOFOMANANA Andriatiana OTIV otivalaotra@wanadoo.mg Madagascar
SAWADOGO Aoua RCPB aouasa@yahoo.fr Burkina Faso
SAWADOGO Daouda RCPB fcpb@fasonet.bf Burkina Faso
SIDIBE Alou Kafo Jiginew asidibe@orangemali.net Mali
TERRA Ely Nyèsigiso ely@nyesigiso.org Mali
TOURÉ Fatoumata COULIBALY PDSF fctoure@cgpdsf.org Mali
TOURÉ Mamadou UM-Pamécas mtoure@pamecas.org Sénégal
YADONTA Clément FECECAM nyadonta@yahoo.fr Bénin

A T E L I E R P M C A | S Y N T H È S E 8/8