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Résumé : L’anatomie des poumons humains semble bien connue et peut être schématisée simplement.
Chaque poumon est constitué de dix segments. Le segment, dont le volume et la situation sont rela-
tivement fixes et invariables, est l’unité anatomique de base du poumon. Cette unité anatomique est
centrée par une bronche qui va se subdiviser 19 fois avant d’arriver à l’unité physiologique de base : le
lobule pulmonaire. Chacune de ces bronches est accompagnée par une branche de l’artère pulmonaire
qui véhicule le sang veineux aux alvéoles du lobule. Oxygéné, le sang est repris en charge par des veinules
puis des veines qui restent à la périphérie de ces sous-ensembles et dont la réunion en troncs et racines va
former les veines pulmonaires. Cet ensemble assure la respiration et l’hématose, fonction nécessaire à la
vie. En tant qu’organe, chaque poumon est vascularisé par des artères bronchiques d’origine systémique.
L’épuration des liquides et des molécules qui encombrent en permanence l’interstitium de son paren-
chyme est assurée par le système lymphatique. Ces deux systèmes vasculaires ont un rôle essentiel dans
les pathologies touchant cet organe. En dehors de ce cadre qui paraît simple, l’anatomie des poumons est
l’objet d’un regain d’intérêt en pratique médicochirurgicale. En effet, il existe de nombreuses variations
dans la disposition anatomique des éléments le constituant et leur connaissance de plus en plus précise
est rendue possible par les techniques modernes d’imagerie.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Pneumologie 1
Volume 31 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-195X(19)92192-X
6-000-A-04 Anatomie du poumon humain
Tableau 1.
Nom des segments (et de leurs bronches).
Poumon droit Nom Numéro Nom Poumon gauche
Lobe supérieur Apical 1 Apical Culmen
Antérieur ou ventral 2 Antérieur ou ventral
Postérieur ou dorsal 3 Postérieur ou dorsal
Lobe moyen Latéral ou externe 4 Supérieur Lingula
Médial ou interne 5 Inférieur
Lobe inférieur Apical ou supérieur (Nelson) 6 Apical ou supérieur (Nelson) Lobe inférieur
Médial ou paracardiaque 7 Médial ou paracardiaque
Antérieur ou ventrobasal 8 Antérieur ou ventrobasal
Latéral ou latérobasal 9 Latéral ou latérobasal
Postérieur ou terminobasal 10 Postérieur ou terminobasal
1 1
1 1
3
3 2
3 2
2 2
6
6 4
4
4
5 4
8 5 5 8 9
9 5
9 8 8
10
A B C
Figure 1. Situation des segments à la surface des poumons (cf. Tableau 1). Représentation de face (B) et de profil : profil droit (A), profil gauche (C).
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Anatomie du poumon humain 6-000-A-04
1 2
A B
lobe inférieur [17] . Il faut individualiser la fausse scissure azygos. Poumon gauche (Fig. 2B)
Elle est due au trajet anormal de la veine azygos qui se creuse une Il est divisé en deux lobes par une scissure très oblique, presque
gouttière dans l’apex pulmonaire, isolant ainsi, entre le médiastin verticale, si bien que le lobe supérieur apparaît antérieur et le lobe
et elle, le lobe azygos qui est un aspect morphologique sans base inférieur postérieur. Il présente trois faces et trois bords :
anatomique. • la face externe répond à la paroi thoracique et donc aux côtes et
aux espaces intercostaux par l’intermédiaire de la plèvre parié-
tale ;
Lobe supérieur
• la face médiastinale présente le hile qui se dirige vers le bas. Il
Limité par trois bords, il présente trois faces triangulaires : une est moins oblique en arrière qu’à droite, et refoulé en avant par
interne, médiastinale, concave d’avant en arrière, présentant dans l’aorte qui le contourne. En avant du hile existe une dépression
son tiers postérieur une gouttière répondant à la veine cave supé- plus marquée répondant spécialement au ventricule gauche. Le
rieure ; une inférieure scissurale triangulaire avec deux parties, hile est longé en avant par le nerf phrénique gauche et en arrière
postérieure, fortement oblique en bas et en avant répondant à la par le nerf pneumogastrique gauche qui vient de donner sa
partie haute scissurale du lobe inférieur, et antérieure, horizon- branche récurrentielle. Les rapports vasculaires essentiels de la
tale la séparant du lobe moyen ; une externe ou costale (en réalité face médiastinale du poumon par rapport au hile sont la crosse
costovertébrale) très convexe d’avant en arrière. de l’aorte et les troncs artériels supra-aortiques gauches vers le
Le lobe supérieur se subdivise en trois segments (Fig. 1) : apical, haut et vers le bas, le cœur par l’intermédiaire du péricarde en
dorsal et ventral, chacun divisé en deux sous-segments. avant et l’aorte thoracique descendante en arrière ;
• la base est un peu moins étendue qu’à droite mais descend plus
bas. Elle répond à la coupole diaphragmatique gauche qui la
Lobe moyen
sépare du lobe gauche du foie, de la grosse tubérosité gastrique,
Il présente quatre faces : une supérieure scissurale en rapport de la rate et de l’angle colique gauche.
avec la face inférieure du segment ventral du lobe supérieur Le sommet gauche est un peu moins élevé que le droit. Il
(petite scissure) ; une externe costale convexe ; une inférieure entre en rapport avec les organes de la base du cou, vaisseaux
oblique selon le plan de la grande scissure mais son extrémité sous-claviers en avant, racine inférieure du plexus brachial en
antérieure repose sur le diaphragme ; une interne ou médiasti- arrière, et crosse du canal thoracique.
nale concave d’avant en arrière. Le sommet correspond à l’angle La scissure du poumon gauche atteint le bord postérieur du
de réunion des faces du lobe moyen. Le lobe moyen est subdi- poumon en un point plus élevé qu’à droite de 3 cm, soit le bord
visé en deux segments : interne ou médial et externe ou latéral inférieur de l’arc postérieur de la troisième côte.
(Fig. 1). Le plan scissural est oblique de haut en bas et d’arrière en avant,
croise le cinquième espace intercostal au niveau de la ligne axil-
laire moyenne pour aboutir au niveau de la sixième jonction
Lobe inférieur
chondrocostale gauche. Parfois, cette scissure est incomplète en
Il présente quatre faces : une face externe costale ; une face bas et en avant. Contrairement au côté droit, elle est presque
interne médiastinale en rapport avec le rachis et la veine cave infé- toujours libre dans la partie haute. Il existe parfois une ébauche
rieure ; une face antérieure scissurale oblique en bas et en avant ; de petite scissure à gauche tendant à isoler un lobe supérieur
une face inférieure concave dans les deux sens qui répond à la (culmen) et un lobe moyen (lingula) ; elle s’observe dans 10 %
coupole diaphragmatique. Le lobe inférieur est divisé en cinq seg- des cas ; elle est exceptionnellement complète.
ments (Fig. 1) : le segment de Nelson ou segment apical, le seul
à être subdivisé en trois sous-segments ; le segment terminoba-
sal postérieur ; le segment latérobasal ; le segment ventrobasal ou Lobe supérieur gauche
antérieur ; le segment paracardiaque ou interne. Il présente trois faces : une face externe costovertébrale ; une
L’ensemble de ces quatre derniers segments est connu sous le postéro-inférieure scissurale ; une interne médiastinale.
nom de « pyramide basale ». Chacun d’entre eux se divise en deux Il peut être subdivisé pour des raisons de topographie bron-
sous-segments. chique et de drainage veineux en deux régions. Le culmen,
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Anatomie du poumon humain 6-000-A-04
A B
Figure 4. Reconstruction tomodensitométrique de l’arbre bronchique. Ces
images sont destinées à montrer l’arbre bronchique en trois dimensions. Les
bronches lobaire moyenne, segmentaire apicale droite du lobe inférieur, ventrale
du lobe supérieur gauche et de la segmentaire lingulaire ne sont bien visibles que
sur le trois quarts droit (flèches).
A. Face.
B. Trois quarts droit.
C. Profil gauche.
« parabronches externes du lobe inférieur droit » ou « bronches Bronche lobaire supérieure gauche
axillaires du lobe inférieur droit » ; Elle est courte (1 à 1,5 cm) mais elle est volumineuse, se bifur-
• modification dans la disposition et le groupement des rameaux quant en deux troncs : le supérieur se distribue au culmen, c’est
sous-segmentaires de certaines bronches, en particulier scis- l’équivalent de la bronche lobaire supérieure droite ; l’inférieur se
sion de la bronche apicale du lobe inférieur (à l’origine de distribue à la lingula, équivalent de la bronche lobaire moyenne
trifurcation ou d’un pseudosystème subapical) et de la bronche droite. Le tronc culminal mesure en moyenne 1,1 cm [24] et se
latérobasale. termine en une bronche ventrale longue elle-même de 1 cm (B2)
et en un tronc apicodorsal qui se bifurque au bout de 1/2 cm. Le
tronc lingulaire se bifurque au bout de 1 cm en deux segmentaires
Bronche souche gauche supérieure (B4) et inférieure (B5). Le tronc apicodorsal (B1 et B3)
Elle répond au bord inférieur de T5 en arrière et au bord supé- est assimilé à un seul segment par les Anglo-Saxons qui utilisent
rieur du troisième cartilage costal (angle sternal, angle de Louis) en la terminologie proposée par Jackson et Huber [11, 18] .
avant [11] . Elle est le point de départ de l’arbre bronchique gauche Les principales variations de l’arbre bronchique lobaire supé-
qui est dans l’ensemble légèrement plus petit que le droit. Elle est rieur gauche se ramènent aux cinq dispositions suivantes [24] :
pour sa part beaucoup plus longue (40 à 60 mm) [11] et plus étroite • trifurcation de la bronche lobaire supérieure (10 %) avec des-
(12 mm) qu’à droite. Elle fait un angle de 50◦ avec la verticale, cente de la bronche ventrale entre apicodorsale et lingulaire
se détache de la bronche droite en formant un angle de 70◦ au (4 %) ou apparition d’une néobronche apicoventrale par des-
niveau de la carène. cente de l’apicale (6 %) ;
EMC - Pneumologie 5
6-000-A-04 Anatomie du poumon humain
• trifurcation du tronc culminal par migration inférieure de la passe en arrière de la veine cave supérieure). Elle rejoint l’arbre
bronche dorsale (11 %) ou scission de la bronche dorsale (4 %) ; bronchique droit au niveau du bord interne de la bronche inter-
• scission pure de la bronche apicale (4 %) ; médiaire, au-dessous de la bronche lobaire supérieure, et surcroise
• scission de la bronche ventrale, dont le rameau inférieur ou l’origine de la bronche lobaire moyenne.
externe émigre seul sur le tronc lingulaire (9 %) ; Lobe supérieur droit. Il est suppléé par plusieurs artères :
• atypie de la lingula par existence d’une collatérale externe (para- • l’artère médiastinale : constante [23] , longue de 0,5 à 2 cm, elle
bronche ou bronche axillaire : 22 %) ou ordonnance type naît de la face supérieure de l’artère pulmonaire droite juste à
interne-externe, comme pour le lobe moyen. son émergence du médiastin. Elle est volumineuse et se divise
en deux branches, l’artère ventrale médiastinale et le tronc api-
Bronche lobaire inférieure gauche
codorsal, longues chacune de 1 cm en moyenne. Elle fournit
Elle poursuit la bronche souche gauche. C’est la portion com- tout le sang du lobe supérieur droit dans 10 % des cas ;
prise entre l’origine de la lobaire supérieure et l’origine de la • l’artère dorsale scissurale (88 % des cas) naît de la face supé-
bronche de Nelson. Souvent court (13 % 0,5 cm ; 19 % 0,5 à roexterne du tronc artériel, passe sous la bronche ventrale pour
0,9 cm ; 57 % 1 à 1,3 cm) [10, 24] , ce tronc est constant. La bronche rejoindre sa bronche homologue ; elle naît de l’artère nelso-
de Nelson (B6) se bifurque après 0,6 cm en deux bronches. La nienne dans 12 % des cas [11] ;
bronche basale est relativement longue (0,8 à 2,5 cm). Le tronc • l’artère ventrale scissurale (25 % des cas) ; elle naît directement
ventroparacardiaque, long de 12 mm en moyenne et première col- de l’artère pulmonaire droite ou par un tronc commun avec
latérale, se divise en une bronche paracardiaque longue de 1 cm l’artère dorsale scissurale [23, 31] .
(B7) et une ventrobasale longue de 9 mm (B8) : ce tronc est aussi L’artère pulmonaire se poursuit alors par le tronc artériel inter-
assimilé à un seul segment dans la terminologie proposée par Jack- médiaire : sa longueur varie de 0,1 à 1,8 cm (moyenne 0,5 cm)
son et Huber [11, 18] , ce qui fait que pour certains, notamment pour selon l’existence ou non de branches scissurales [23, 31] et le niveau
les Anglo-Saxons, le poumon gauche n’aurait que huit bronches de la naissance des branches lobaires moyennes.
segmentaires. La bronche latérobasale longue de 1 cm (B9) naît Artère du lobe moyen. Elle est unique (46,5 % des cas) ou
de la face antéroexterne de la bronche basale au-dessous du tronc double (51 %), rarement triple. Sa disposition peut être complexe,
ventroparacardiaque et la bronche terminobasale longue 2 cm non pas tant lorsque la disposition artérielle accompagne une
(B10) fait suite à la lobaire inférieure (Fig. 3). disposition bronchique strictement normale, que lorsque la dispo-
Les nombreuses variations se ramènent à trois types princi- sition artérielle accompagne les différentes variations bronchiques
paux [24] : déjà décrites.
• apparition sur le tronc basal de bronches supplémentaires : pos- Artère lobaire inférieure droite. Elle n’existe individualisée
térieures subapicales, néobronches ventrolatérales supérieures que dans 36 % des cas [23] : c’est le nom de l’artère pulmonaire
et bronches « axillaires » les plus inférieures ; après la naissance des artères du lobe moyen.
• trifurcation du tronc ventroparacardiaque ; L’artère du Nelson ou artère apicale du lobe inférieur est la pre-
• scission pure de la bronche paracardiaque. mière collatérale pour le lobe inférieur. Elle est unique huit fois sur
[11, 27]
dix et se trifurque. Rarement, il existe une artère nelsonienne infé-
Artères pulmonaires (Fig. 5) rieure. Les variations de l’artère nelsonienne sont nombreuses :
Généralités certaines ne concernent que la disposition des bronches termi-
Les artères pulmonaires naissent du tronc de l’artère pulmonaire nales de l’artère, certaines concernent la disposition du système :
à sa terminaison. existence d’une deuxième ou troisième artère apicale (9 % des cas).
Ce tronc est issu de la base du ventricule droit ; il est entièrement Le tronc artériel de la pyramide basale est le nom que prend
intrapéricardique. À sa terminaison, il répond par l’intermédiaire l’artère pulmonaire au-dessous de la naissance de l’artère du Nel-
du toit du péricarde à la bronche souche gauche et aux lympho- son. Sa longueur varie de 0,6 à 2 cm.
nœuds intertrachéobronchiques. L’artère paracardiaque, première collatérale de la pyramide
Depuis le hile jusqu’à la périphérie, les artères cheminent en basale, est facilement accessible au fond de la scissure (trois types
association étroite avec le système bronchique et, comme les de variation) [23] .
bronches, se subdivisent sur le mode dichotomique. Néanmoins, L’artère ventrobasale naît de la face antéroexterne de l’artère
il existe des branches supplémentaires naissant à angle presque basale au-dessous de la paracardiaque. Il existe parfois une
droit d’artères pulmonaires aussi bien élastiques que muscu- deuxième artère ventrobasale (19 %) au-dessous de la précédente.
laires [21] . L’artère latérobasale naît au-dessous de l’artère ventrobasale à
Les divisions des artères pulmonaires sont donc plus variables 1,5 cm ; elle est double dans 26 % des cas.
que celles des bronches qu’elles épousent toutefois [23, 24] . Des L’artère terminobasale, longue de 1 à 3 cm, se termine à la face
artères lobaires sont rarement individualisables et sont volontiers postérieure de la bronche terminobasale en deux branches sous-
remplacées par des artères segmentaires. Ces artères segmen- segmentaires internes continuant sa direction et externe.
taires ne se ramifient pas forcément au niveau bronchique Les variations anatomiques sont fréquentes et nom-
correspondant mais soit après lui, soit le plus souvent avant breuses [23, 27] .
lui ; elles peuvent à certains endroits être absentes, les artères
sous-segmentaires d’un segment naissant d’artères segmentaires
Artère pulmonaire gauche
voisines. Quand il y a deux artères pour une même bronche, leurs
territoires ne se superposent pas mais restent indépendants les Elle est longue d’environ 3 cm. Son diamètre diastolique moyen
uns des autres. Le lobule limité par les cloisons interlobulaires (17,2 mm chez l’homme et 15,9 mm chez la femme de 50 à 59 ans)
est ainsi ventilé par une bronche accompagnée par une artère. augmente avec l’âge [28, 29] , alors que ses caractéristiques élastiques
L’artère se ramifie comme la bronche pour former finalement le diminuent [30] .
réseau périalvéolaire. Elle poursuit la direction du tronc de l’artère pulmonaire,
d’avant en arrière, recouverte à ce niveau par le péricarde sur
Artère pulmonaire droite la moitié de sa circonférence antérieure. Le ligament artériel se
Elle mesure environ 50 mm, et naît à 1 cm à gauche de la ligne fixe sur son flanc droit peu après son origine, rarement au niveau
médiane en regard du bord inférieur de la bronche souche gauche de la bifurcation elle-même. Après avoir « enjambé » la bronche
répondant au bord supérieur de D6. Son diamètre diastolique souche gauche, elle passe derrière la bronche lobaire supérieure
moyen (16,6 mm chez l’homme et 14,1 mm chez la femme de 50 pour rejoindre la face externe de la bronche lobaire inférieure.
à 59 ans) augmente avec l’âge [28, 29] , alors que ses caractéristiques Artères du lobe supérieur gauche [24, 32, 33] . Elles se dis-
élastiques diminuent [30] . Elle chemine horizontale à l’intérieur tinguent en artères médiastinales et en artères scissurales. Leur
du péricarde, presque entièrement intrapéricardique à son début nombre peut varier de deux à sept [11] (trois branches dans 46 % des
(plus des trois quarts de sa circonférence quand elle passe derrière cas, quatre branches dans 36 % des cas). Cette variabilité est la plus
l’aorte), et en émerge progressivement (seul un cinquième de sa importante que pour aucun autre lobe. La disposition standard
partie antérieure n’étant plus recouvert par le péricarde lorsqu’elle (25 % des cas) [24] consiste en :
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• l’artère médiastinale antérieure qui naît avant que l’artère pul- • l’artère lingulaire scissurale qui naît en dessous de l’artère du
monaire gauche n’ait croisé le bord supérieur de la bronche segment de Nelson (il n’existe donc jamais à gauche d’artère
lobaire supérieure gauche. Cette artère, longue en moyenne lobaire inférieure gauche).
de 0,7 cm, se termine en se bifurquant en une artère apicale Des variations existent qui peuvent consister en des modi-
antérieure pour le sous-segment apical antérieur et une artère fications des artères précédentes ou en l’apparition d’artères
ventrale médiastinale segmentaire et souvent un rameau lingu- surnuméraires :
laire médiastinal ; • une artère médiastinale supérieure existe dans plus de la moitié
• l’artère médiastinale postérieure naît à 1 cm de la précédente, des cas, à égale distance de la médiastinale antérieure et de la
juste après le sommet de la courbe artérielle, et se porte vers la médiastinale postérieure ;
bronche apicale : elle donne une artère apicale postérieure et • deux artères lingulaires scissurales peuvent exister (16 % des
une artère dorsale médiastinale postérieure ; cas). L’artère lingulaire la plus inférieure dans ces cas peut aussi
3
4 9 2
10
5 8
6 11 1
1
7 13
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A B
3
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1
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8 5
11
1 5
12 13
7
7 14
C D
Figure 5. Artères pulmonaires et veines pulmonaires : reconstruction scanographique.
A, B. Vue de face avant (A) et après (B) ablation de l’aorte ascendante. 1. Tronc de l’artère pulmonaire ; 2. artère pulmonaire droite ; 3. artère médiastinale ;
4. artère sous-segmentaire du Nelson ; 5. tronc artériel intermédiaire ; 6. artère du lobe moyen ; 7. tronc basal postérolatéral ; 8. veine pulmonaire supérieure
droite ; 9. tronc médiastinal ; 10. tronc scissural supérieur ; 11. tronc scissural inférieur ; 12. veine pulmonaire inférieure droite ; 13. racine supérieure ; 14.
racine inférieure.
C, D. Vue de trois quarts avant (C) et après (D) ablation de l’aorte ascendante, visant à « dérouler » l’artère pulmonaire gauche. 1. Artère pulmonaire gauche
(noter la présence de variations anatomiques de l’origine des vaisseaux destinés au lobe supérieur) ; 2. artère médiastinale antérieure ; 3. artère médiastinale
supérieure ; 4. artère médiastinale postérieure ; 5. artère lingulaire ; 6. artère du Nelson ; 7. artère ventroparacardiaque ; 8. veine pulmonaire supérieure
gauche ; 9. tronc préhilaire ; 10. veine interculminolingulaire ; 11. racine inférieure ; 12. veine pulmonaire inférieure gauche ; 13. racine supérieure ; 14.
racine inférieure.
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1
6 66 1
1 1 6
1 1
2
1 1
1
7
Figure 8. Artère bronchique droite (flèches) : anastomose avec les coro- 7
naires. 1. Toit de l’oreillette gauche ; 2. coronaire gauche.
1
Organe 8
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12 EMC - Pneumologie
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Le Pimpec Barthes F, Riquet M. Anatomie du poumon humain. EMC - Pneumologie 2020;31(1):1-13
[Article 6-000-A-04].
EMC - Pneumologie 13
6-000-P-30
Bronchodilatateurs
A. Jossien, R. Jean, A.-S. Gamez, I. Vachier, P. Chanez, A. Bourdin
Résumé : Les bronchodilatateurs sont des médicaments connus depuis extrêmement longtemps et parmi
les plus prescrits. Pourtant, leur évolution pharmacologique et galénique continue à être parmi les plus
actives. Une revue des mécanismes d’action détaillée, des connaissances pharmacogénétiques et des
principales données pharmacologiques des agonistes bêta-2-adrénergiques et des anticholinergiques est
proposée. Des nouveaux agonistes bêta-2-adrénergiques, de court délai d’action et de très longue durée
d’action, sont maintenant disponibles. Les effets secondaires déjà connus de ce type de traitement sont
potentiellement importants. Le respect strict de l’autorisation de mise sur le marché dans la broncho-
pneumonie chronique obstructive (BPCO) est indispensable, notamment lorsqu’ils sont associés à des
corticoïdes inhalés. La mesure de l’utilisation des bêta-agonistes de court délai d’action est un item indis-
pensable de l’appréciation du contrôle de l’asthme et doit donc continuer à être considéré comme un
baromètre de la maladie. Des hétérogénéités génétiques peuvent rendre compte d’efficacités différentes
et seront peut-être étudiées en routine à l’avenir. Les anticholinergiques de longue durée d’action ont
apporté un bénéfice dans la prise en charge de la BPCO. S’ils n’améliorent pas la survie dans la BPCO,
ils ont tout de même montré leur efficacité sur de nombreux critères reflétant l’histoire naturelle de la
maladie. Les associations bêta-2-agonistes et anticholinergiques ont fait leurs preuves dans la BPCO.
Les bronchodilatateurs ont un cadre de connaissance strict et un profil pharmacologique favorable et
évolutif ; cependant, leur utilisation à travers les derniers développements pharmaceutiques suggère une
bonne connaissance des cadres nosologiques et cliniques de l’asthme et de la BPCO.
© 2019 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
EMC - Pneumologie 1
Volume 31 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-195X(19)89844-4
6-000-P-30 Bronchodilatateurs
Bêta-2-AR M2 M3
K+ Ca2+
Gs AC
Gi + + ATPase Gq PLC
ATP
CaM -Ca2+
PKC
AMPc MLCK
active [Ca2+] IP3
PKA ou PKG P P
[Ca2+]
Myosine + IP3R
+ Ca2+
ATPase
Actine
Relaxation Contraction RE
Figure 1. Activation des récepteurs bêta-2-adrénergique et muscariniques, schéma simplifié. Récepteur bêta2A, la liaison avec l’agoniste entraîne :
l’activation de l’adénylate cyclase et la synthèse d’adénosine monophosphate (AMP) cyclique, second messager qui active la protéine kinase A respon-
sable de la relaxation musculaire ; l’activation des canaux potassiques et l’hyperpolarisation membranaire provoquant la fermeture des canaux calciques ;
l’efflux du calcium hors du cytosol par activation des pompes calciques. Récepteur muscarinique M3 : la liaison avec l’agoniste active la voie PLC/IP3 respon-
sable d’un transport de calcium du réticulum endoplasmique vers le cytosol, de l’activation de la kinase de la chaîne légère de la myosine par le complexe
calmoduline-(Ca2+ )4 activé et la phosphorylation des chaînes légères des têtes de myosine ; grâce à leur activité ATPase, les ponts de myosine actifs glissent
le long de l’actine et développent une tension musculaire ; la voie PLC/DAG/PKC inhibe le récepteur bêta-2-adrénergique en le phosphorylant. Le récepteur
muscarinique M2 inhibe le récepteur bêta-2-adrénergique via sa protéine Gi. R : récepteur ; P : phosphorylé ; G : protéine G ; PKA : protéine kinase A ; CAM :
calmoduline ; Ca2+ : calcium ; MLCK : kinase de la chaîne légère de la myosine ; RE : réticulum endoplasmique ; CA2+ -ATPase : pompes calciques ; PLC :
phospholipase C ; IP3 : inositol triphosphate ; PKC : protéine kinase C.
permis d’améliorer la prise en charge de l’asthme et des BPCO, et à diminuer la sensibilité des fibres contractiles (la chaîne légère
mais aussi d’améliorer la compréhension des mécanismes physio- de la myosine) au calcium en inhibant la forme active de la myo-
pathologiques de ces affections. sine light chain kinase. Ceci conduit à une relaxation de la cellule
Le clonage du bêta2AR a ouvert le champ à de nouveaux musculaire lisse et à une bronchodilatation qui est l’effet principal
domaines de recherche. recherché en pratique clinique (Fig. 1).
2 EMC - Pneumologie
Bronchodilatateurs 6-000-P-30
Tableau 1.
Molécules disponibles.
Bêta-2-mimétiques Anticholinergiques Associations fixes disponibles
BDCA Salbutamol, Ventoline (SPI) 100 g
® ®
Ipratropium, Atrovent (SPI) Fenotérol/ipratropium, Bronchodual® (SPI) 50/20 g
3–6 h Terbutaline, Bricanyl® (PPI 20 g
« Turbuhaler ») 500 g
BDLA Salmétérol, Serevent® (SPI à 25 g ; Aclidinium Association fixe avec un CSI :
12 h PPI « Diskus » 50 g) Budésonide/Formotérol, Symbicort® (PPI) de 100/6 g à
Formétérol, Foradil® (PPI) 400/12 g, Duoresp® (PPI « Spiromax ») de 160/4,5 g à
12 g/Formoair® (SPI) 12 g 320/9 g
Fluticasone/Formotérol, Flutiform® (SPI) de 50 g/5 g à
150/5 g
Béclométasone/Formotérol, Innovair® (SPI, PPI « Nexthaler »)
de 100/6 g à 200/6 g
Fluticasone/salmétérol, Sérétide® (SPI, PPI « Diskus ») de
50/25 g à 500/50 g
®
BDTLA Indacatérol, Onbrez (PPI Tiotropium, Spiriva® (brumisat Double bronchodilatation :
24 h « Breezhaler ») de 150 à 300 g « Respimat » 2,5 g, PPI 18 g) Tiotropium/olodatérol, Spiolto® (brumisat) 2,5/2,5 g
Olodatérol, Striverdi® (brumisat Glycopyrronium, Seebri® (PPI Glycopyrronium/indacatérol, Ultibro® (PPI « Breezhaler »)
« Respimat ») 2,5 g « Breezhaler ») 44 g 43/85 g
Uméclidinium, Incruse® (PPI Uméclidinium/Vilantérol, Anoro® (PPI) 62,5/25 g
« Ellipta ») 62,5 g Association fixe avec un CSI :
Fluticasone/vilantérol, Relvar Ellipta® (PPI) 100/25 g
Trithérapies :
Vilantérol/Uméclidinium/Fluticasone, Trelegy Ellipta (PPI)
25/62,5/100 g
Béclométhasone/formotrol/glycopyrronium, Trimbow® (SPI)
87/5/9 g
BDCA : bronchodilatateurs de courte action ; BDLA : bronchodilatateurs de longue action ; BDTLA : bronchodilatateurs de très longue action ; SPI : suspension pour
inhalation ; PPI : poudre pour inhalation ; CSI : corticostéroïde inhalé.
l’établissement du risque futur intégrant la fonction respiratoire lipidique. Ils diffusent latéralement jusqu’à se lier à la portion
et la présence d’exacerbation récente entre autres), et la stratégie hydrophobe du récepteur, empêchant leur dissociation et leur per-
ne comporte à aucun endroit l’utilisation d’un B2CDA en traite- mettant d’engendrer un effet prolongé indépendamment de leur
ment régulier. Mieux, une utilisation importante de B2CDA révèle concentration. Le formotérol qui est moins lipophile est intégré
un manque de contrôle de la maladie, sorte de baromètre. dans la membrane cellulaire sous forme de dépôt, puis relargué
Dans la BPCO, ils sont proposés également à la demande progressivement afin d’activer le récepteur de façon prolongée et
dès les stades précoces de la maladie. La présence fréquente de dépendante de sa concentration.
comorbidités cardiovasculaires doit faire utiliser ces traitements
en respectant cette indication, bien que les dernières études soient Molécules disponibles (Tableau 1)
rassurantes quant au risque cardiaque lié à leur utilisation.
Le salmétérol et le formotérol sont les plus prescrits. Ils sont
essentiellement utilisés en pratique en association fixe avec un
Effets secondaires corticostéroïde inhalé (CSI). Le formotérol étant à la fois de court
Ceux le plus fréquemment rapportés sont bénins et en général délai d’action peut être prescrit en tant que traitement de fond
diminuent avec le temps : tremblement des extrémités ; tachy- et de la crise en association avec un CSI. Cette stratégie appelée
cardie. Une épidémie de mortalité observée chez les asthmatiques SMART est recommandée dans la prise en charge de l’asthme par la
dans les années 1980 en Nouvelle Zélande a été a posteriori attri- GINA depuis 2017 à partir du stade persistant modéré de sévérité.
buée au traitement par fénotérol [4] . Depuis, les données d’études Elle a pour objectif, au-delà de simplifier le schéma thérapeutique
de très large ampleur sont rassurantes, mais il faut indiscutable- du patient, de réaliser un surdosage en anti-inflammatoires sté-
ment considérer qu’une surconsommation de B2CDA révèle d’une roïdiens dans la fenêtre précédant une exacerbation, lorsque le
part et avant toute chose un contrôle insuffisant de la pathologie patient a recours plus souvent au traitement aigu. Des études ont
pour laquelle ils sont prescrits (et des ajustements thérapeutiques montré son efficacité à retarder les exacerbations par rapport au
sont donc indiqués) et, d’autre part, une augmentation du risque schéma classique et sa tolérance, mais cependant la qualité de vie
d’effet secondaire et de tachyphylaxie, bien que peu évidente en ne serait pas améliorée par cette stratégie [5] .
routine clinique. Ce phénomène aboutit à un phénomène de tolé- L’olodatérol, le vilantérol et l’indacatérol sont appelés broncho-
rance de l’organisme vis-à-vis du médicament et, par conséquent, dilatateurs de très longue durée d’action puisqu’ils durent jusqu’à
décroît son efficacité au fur et à mesure des prises, nécessitant une 24 heures. Ils existent sous forme seule et en association aux anti-
augmentation des doses. Le patient va progressivement augmen- cholinergiques de longue durée d’action indiqués dans la BPCO.
ter ses prises sans bénéfice thérapeutique, pouvant mener à des Ils n’ont pas d’AMM dans l’asthme. L’abéditérol, le dernier né, est
situations dramatiques. attendu prochainement.
Dans l’asthme aigu grave où des posologies très élevées de
B2CDA peuvent être utilisées (y compris par voie intraveineuse Effets secondaires
continue), des troubles métaboliques (hypokaliémie, hyperglycé- Ce sont les mêmes que ceux des B2CDA, mais en général moins
mie, majoration d’une acidose lactique) sont à surveiller. aigus et soutenus : céphalées ; tremblements ; tachycardie. Plus
rarement, des effets d’hypersensibilité sont apparus avec les pro-
Bêta-2-agonistes de longue durée d’action duits actifs ou plus fréquemment leurs excipients. Hyperglycémie
et hypokaliémie sont des complications métaboliques très rares,
Les B2LDA ou LABA ont un effet persistant sur 12 heures mais à surveiller potentiellement.
pour la première génération (salmétérol, formotérol) et même À la fin des années 2000, la Food and Drug Administration tirait
sur 24 heures pour les ultra-LABA (indacatérol, vilantérol et la sonnette d’alarme à cause de résultats de l’étude SMART mon-
olodatérol). Cet effet est lié à des propriétés physicochimiques dif- trant un surrisque de mortalité lié à l’utilisation des B2LDA chez
férentes. Le salmétérol ou l’indacatérol s’insèrent dans la bicouche les asthmatiques. Loin des recommandations actuelles, moins de
EMC - Pneumologie 3
6-000-P-30 Bronchodilatateurs
50 % des patients inclus recevaient un CSI. Depuis, de nom- retrouvant une augmentation du risque d’exacerbation d’asthme
breuses études rigoureuses ont démontré l’efficacité des B2LDA sous LABA pour chaque copie de l’allèle arginine en position 16
en association avec les CSI pour réduire les exacerbations sans présente, même sous CSI associé [17, 18] . Ce risque existait aussi
risque d’évènement grave lié à l’asthme ajouté. Ils n’ont cepen- indépendamment du traitement, mais était significativement plus
dant aucune place été utilisés seuls en traitement de fond d’un important sous LABA.
asthme, et sont même dangereux en masquant les symptômes Les travaux de Ortega et al. sur les variations rares du récepteur
d’une exacerbation et en retardant sa prise en charge. chez des asthmatiques de différentes origines ethniques ont sou-
Parce que les patients BPCO sont reconnus comme plus à ligné une augmentation de la fréquence des hospitalisations pour
risque de souffrir de maladies cardiovasculaires, le recours à un exacerbation d’asthme et un moindre contrôle des symptômes liés
traitement inotrope positif et proarythmique comme les LABA à la présence de la mutation Ile164 uniquement chez les patients
peut potentiellement être dangereux. Cependant, plusieurs ana- blancs non hispaniques traités par LABA [19] . Cette mutation inté-
lyses post hoc d’études prospectives à grande échelle se sont resse le quatrième domaine transmembranaire du récepteur et a
avérées rassurantes : dans l’étude TORCH chez des patients pour effet in vitro de diminuer l’affinité du récepteur à son ligand,
BPCO sévères, l’association CSI/LABA réduirait significativement notamment une mauvaise liaison du salmétérol à son exosite a
l’incidence d’évènements cardiovasculaires à 96 semaines compa- été retrouvée, ainsi qu’un découplage de la protéine Gs et qu’une
rativement aux autres groupes (placebo, LABA et CSI seuls). Plus diminution de la séquestration du récepteur.
récemment, chez des patient BPCO à fort risque cardiovasculaire, Dans la BPCO, l’impact du polymorphisme de ce récepteur
l’étude SUMMIT n’a pas montré d’augmentation du risque car- est étudié depuis moins longtemps. Rabe et al. montraient un
diovasculaire sous ces traitements versus placebo, mais ne mettait bénéfice plus important sur la prévention des exacerbations
pas en évidence d’effet protecteur [6, 7] . par formotérol chez les patients Arg16Arg comparativement aux
autres polymorphismes, alors que l’efficacité du tiotropium n’était
Associations avec des corticostéroïdes inhalés pas influencée [20] . Une autre étude rétrospective ne mettait pas
en évidence de lien entre le polymorphisme et la fonction respira-
Au total, depuis le milieu des années 1990, la stratégie optimale toire, mais il existait une tendance non significative à la réduction
semble reposer, lorsque l’asthme est insuffisamment contrôlé, du nombre d’exacerbations sous formotérol en faveur du variant
sur l’utilisation d’une association fixe de CSI et de B2LDA. Par Arg16Arg [21] .
une amélioration de l’observance des CSI supposée, les progrès Les études in vitro apprécient les différences de comportement
réalisés en matière de dispositif et par une synergie biologique du récepteur exposé à son agonistes selon son polymorphisme.
anti-inflammatoire maintenant bien acquise, ce choix est sou- De façon physiologique, l’exposition chronique du récepteur à
ligné comme « préféré » en première intention par les grands son agoniste entraîne une diminution du nombre de récepteurs
consortiums. Cette stratégie a montré sa supériorité par rapport à par augmentation de sa dégradation et diminution de sa trans-
l’augmentation de la posologie de CSI, en particulier sur le nombre cription à plus long terme (appelée downregulation), ainsi qu’un
d’exacerbations. dysfonctionnement du récepteur par un phénomène appelé
Bien que dans l’asthme une réduction de la mortalité ait pu découplage (uncoupling) conséquence de sa phosphorylation ou
être attribuée au traitement par CSI [8] , aucun traitement bron- d’un changement pour une conformation inactive. Ces méca-
chodilatateur ni même en association avec un CSI n’a eu de tel nismes aboutissent à une désensibilisation du récepteur à son
impact dans la BPCO. Du moins, dans cette maladie ces asso- agoniste et à une diminution des effets cliniques appelée tolé-
ciations améliorent la fonction respiratoire, la qualité de vie, et rance ou tachyphylaxie. Koryakina et al. ont étudié in vitro le
réduisent le nombre d’exacerbations [3] . De plus, un potentiel sur- lien entre haplotype et downregulation du récepteur exposé à
risque d’infections respiratoires basses doit être pris en compte l’isoprotérénol [22] . Ils retrouvent une diminution du nombre de
chez ces patients. récepteurs plus marquée lorsque l’arginine est exprimée en posi-
tion 16 par rapport aux autres haplotypes et une altération de la
Pharmacogénétique et modifications structurelles réponse fonctionnelle AMPc. Une augmentation de la dégrada-
tion lysosomale du récepteur serait en cause.
des récepteurs bêta-2-adrénergiques
De nombreuses questions restent sans réponses : Quelle place
Données génétiques doit prendre la pharmacogénétique dans la prise en charge en
L’étude du gène du bêta2AR a permis de mettre en évidence routine des patients ? Doit-elle faire changer d’agoniste ou bien
l’existence de variations polymorphiques à l’échelle du nucléo- de classe thérapeutique ?
tide, aboutissant par conséquent à des variations de la séquence
d’acides aminés au niveau protéique. Les polymorphismes le plus
fréquemment étudiés concernent les acides aminés 16 et 27 de
la région N-terminale du récepteur, et ont pour conséquence
Anticholinergiques
une substitution de l’arginine par la glycine et de la glutamine Introduction
par le glutamate respectivement. Ces polymorphismes peuvent
s’associer les uns avec les autres et modifient le fonctionnement, Longtemps dans l’ombre des bêta-2-agonistes, les anticholiner-
la régulation et l’expression du récepteur, et par conséquent sa giques occupent désormais une place centrale dans la prise en
réponse aux catécholamines endogènes et aux traitements. charge de la BPCO. Des études ont montré leur efficacité à pré-
La fréquence des différents allèles n’est pas la même dans venir les exacerbations, et à améliorer la fonction respiratoire
toutes les populations. Les études cliniques dans l’asthme sont et la qualité de vie comparativement aux bêta-2-agonistes. Dans
parfois discordantes, mais la plupart font le lien entre le polymor- l’asthme, le tiotropium est recommandé depuis 2016 par la GINA
phisme Arg16Arg et une dégradation de la fonction respiratoire comme traitement additionnel à partir des grades 4 et 5 de sévérité
(mesurée sur le débit expiratoire de pointe matinal) ou une (chez les patients traités par association CSI et bêta-2-mimétiques
perte de bronchoprotection (aux tests de bronchoprovocation) insuffisamment contrôlés) [23] .
sous traitement par bêta-2-mimétiques de courte ou longue
durée d’action régulier [9–11] , quand d’autres ne retrouvent pas Fonction différentielle M2/M3 (Fig. 2)
d’influence du polymorphisme sur la réponse thérapeutique [12–14] .
Les études chez l’adulte ne sont pas en faveur d’un lien entre L’innervation parasympathique est médiée au niveau pulmo-
le polymorphisme du récepteur et le risque d’exacerbation sous naire par le nerf vague. Les récepteurs muscariniques appartien-
bronchodilatateurs de longue durée d’action, indépendamment nent au groupe des récepteurs associés aux protéines G. Il en
du traitement par CSI associé [15] . Taylor et al. montraient existe trois principaux types pulmonaires, M1, M2 et M3. Les
cependant une majoration du nombre d’exacerbations sous bron- M1 sont situés dans les ganglions parasympathiques, ils poten-
chodilatateurs de courte durée d’action en prise régulière chez les tialisent la transmission de l’influx nerveux. Les récepteurs M2
patients présentant le polymorphisme Arg16Arg [16] . Au contraire, sont présents dans les synapses ganglionnaires et postganglion-
dans la population pédiatrique, plusieurs études s’accordent en naires sur le versant présynaptique où leur activation génère un
4 EMC - Pneumologie
Bronchodilatateurs 6-000-P-30
EMC - Pneumologie 5
6-000-P-30 Bronchodilatateurs
Tableau 2.
Recommandations de la Global Initiative for Asthma (GINA) 2018.
Palier 1 Palier 2 Palier 3 Palier 4 Palier 5
Choix du traitement CSI à faible dose CSI/BAAP à faible dose CSI/BAAP à dose Adresser au spécialiste pour
de contrôle préféré moyenne/élevée un traitement d’appoint :
tiotropium, omalizumab,
mépolizumab
Autre option de Envisager une dose LTRA CSI à dose Addition de tiotropium, Ajouter une faible dose de
traitement de faible de CSI Théophylline à moyenne/élevée, CSI/LTRA à dose corticostéroïdes oraux
contrôle faible dose CSI/LTRA à faible dose moyenne/élevée
(ou + théophyline) (ou + théophyline)
Traitement aigu BAAC à la demande BAAC à la demande ou CSI/formotérol à faible dose
CSI : corticostéroïde inhalé ; BAAP : bêta-2-agoniste à action prolongée ; LTRA : antagonistes des leucotriènes ; BAAC : bêta2-agonistes à action courte.
6 EMC - Pneumologie
Bronchodilatateurs 6-000-P-30
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A. Jossien.
Service des maladies respiratoires, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU de Montpellier, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5,
France.
Inserm U1046, Université Montpellier 1 et 2, 34000 Montpellier, France.
R. Jean.
Service des maladies respiratoires, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU de Montpellier, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5,
France.
A.-S. Gamez.
I. Vachier.
Inserm U1046, Université Montpellier 1 et 2, 34000 Montpellier, France.
P. Chanez, Professeur.
Département des maladies respiratoires, Hôpital nord, AP–HM, chemin des Bourrely, 13915 Marseille cedex 20, France.
Laboratoire d’immunologie Inserm CNRS U 600, UMR6212, Université de la Méditerranée, 13000 Marseille, France.
A. Bourdin, Professeur (a-bourdin@chu-montpellier.fr).
Service des maladies respiratoires, Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU de Montpellier, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5,
France.
Inserm U1046, Université Montpellier 1 et 2, 34000 Montpellier, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Jossien A, Jean R, Gamez AS, Vachier I, Chanez P, Bourdin A. Bronchodilatateurs. EMC - Pneumologie
2020;31(1):1-7 [Article 6-000-P-30].
EMC - Pneumologie 7
6-031-A-25
Plan Introduction
■ Introduction 1 Après avoir été pendant de nombreuses années considérée
■ Données cliniques 2
comme la plus grave des maladies génétiques de l’enfant, la
Maladie pulmonaire 2
mucoviscidose est progressivement devenue une maladie de
Maladie digestive 2
l’adulte [1–3] . En France, 6900 patients sont atteints de mucovisci-
Diagnostic de la mucoviscidose 2
dose et plus de 50 % d’entre eux ont plus de 18 ans [4] . La maladie
est prise en charge d’abord par des pédiatres puis par des pneu-
■ Nouvelles données épidémiologiques 2 mologues au sein des Centres de ressources et de compétences de
Incidence de la mucoviscidose 2 la mucoviscidose (CRCM). La mucoviscidose ou fibrose kystique
Survie des patients atteints de mucoviscidose 3 du pancréas de nos collègues canadiens a été décrite pour la pre-
■ La découverte du gène 4 mière fois en 1936 par Guido Fanconi [5] en Europe et en 1938 par
■ Le gène et ses mutations 4 Dorothy Andersen [6] aux États-Unis. Cette bronchopathie chro-
■
nique obstructive évolue inéluctablement vers une insuffisance
Relations génotype/phénotype 5
respiratoire terminale en quelques décennies. À côté de l’atteinte
■ Pathologies associées à des dysfonctionnements pulmonaire, le tableau clinique est marqué par une insuffisance
de la protéine CFTR 5 pancréatique exocrine présente chez 85 % des patients et, chez
■ Applications diagnostiques issues de la découverte du gène 5 les hommes, par une stérilité par absence de canaux déférents [1] .
Dépistage néonatal 5 Cette maladie génétique de transmission autosomique récessive
Apport de la connaissance du gène dans la prise en charge est fréquente dans les populations européennes et chez nos des-
du conseil génétique 5 cendants aux États-Unis, au Canada et en Australie [7] . En France, la
Prise en charge des pathologies associées : CFTR-RD 6 mucoviscidose affecte aujourd’hui une naissance sur 5000 [8, 9] et il
■ Espoirs thérapeutiques 6 y a deux millions de porteurs asymptomatiques, ce qui correspond
Traitement 6 à un sujet porteur sain sur 35 dans notre population.
Nouvelles thérapies 6 Le gène responsable de la maladie, le gène cystic fibrosis trans-
■ Conclusion 7 membrane conductance regulator (CFTR), a été cloné en 1989 [10–12] ;
sa découverte est une date à marquer d’une pierre blanche dans
EMC - Pneumologie 1
Volume 31 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-195X(19)89874-2
6-031-A-25 Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision
2 EMC - Pneumologie
Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision 6-031-A-25
Nord-
Pas-de-
Calais
1/4068
Picardie
1/4489
Normandie
1/4161 Lorraine
Île-de-France 1/3848
1/7133 Champagne- Alsace
Bretagne Ardenne 1/3757
1/3120 1/4941
Poitou-
Charentes
1/5641
Limousin
1/4381 Auvergne Rhône-Alpes
1/4438 1/4218
Aquitaine
1/6700
Languedoc- Provence-
Midi-Pyrénées Roussillon Alpes-Côte d’Azur
1/3000 – 1/4000 1/6261 1/5658 + Corse
1/4000 – 1/5000 1/5634
1/5000 – 1/6000
< 1/6000
Figure 1. Incidence cumulée de la mucoviscidose en France sur la période 2002-2016 (d’après le rapport 2016 de l’Association française pour le dépistage
et la prévention des handicaps de l’enfant [8] ).
découle de changements démographiques (comme des brassages Dans les années 1960, les enfants atteints de mucoviscidose
de populations plus importants, une consanguinité plus faible, survivaient rarement au-delà de l’âge de 5 ans. De nos jours, les
la diminution du nombre d’enfants par famille, etc.), mais éga- données des registres montrent que la médiane de survie prédite
lement de l’introduction de politiques de santé publique qui ont (âge jusqu’auquel 50 % des patients naissant actuellement devrait
permis de faire de la prévention dans les familles (comme le diag- survivre si les conditions de mortalité restent similaires) est esti-
nostic prénatal, la détection de signes d’appel échographiques mée à 46,2 ans aux États-Unis [24] et à 52,3 ans au Canada [20] . Cet
évocateurs de mucoviscidose durant la grossesse, le dépistage des indicateur a augmenté de plus de 15 années en l’espace de 30 ans
porteurs sains dans les familles, etc.) [17, 18] . aux États-Unis [24] .
Les patients souhaiteraient connaître avec précision leur espé-
rance de vie, mais la réponse à cette question n’est pas simple
Survie des patients atteints de mucoviscidose car cela dépend de plusieurs facteurs. Au-delà du facteur pro-
Un autre changement majeur qu’a connu la population atteinte nostique majeur qu’est la fonction pulmonaire, d’autres facteurs
de mucoviscidose est l’amélioration très significative de son espé- ont été associés à la survie comme le génotype CFTR, le
rance de vie. Un des témoins les plus marquants de cette évolution statut socio-économique, l’état nutritionnel, le statut pancréa-
est l’augmentation de la proportion de patients adultes, qui tique, la présence d’un diabète, les colonisations bactériennes,
dépasse actuellement 50 % dans la plupart des pays, et même etc. [25] . Une équipe française a récemment proposé un score
60 % au Canada [4, 19, 20] . Une étude menée récemment par le pronostique permettant de prédire le risque de décès ou de
Registre européen de mucoviscidose impliquant 16 pays a prédit transplantation pulmonaire dans les trois ans chez les patients
que le nombre de patients adultes vivant avec la mucoviscidose en adultes [26] .
Europe devrait encore augmenter (de 75 % entre 2010 et 2025) [21] . Les progrès constatés dans la survie des patients sont liés à de
Considérée initialement comme une maladie exclusivement nombreux facteurs : l’organisation des filières de soin avec une
pédiatrique, la mucoviscidose est donc progressivement devenue prise en charge des patients par des équipes pluridisciplinaires
une maladie de l’adulte, avec de nouvelles pathologies associées à dans des centres spécialisés, un meilleur contrôle de l’infection
prendre en charge. Un nombre croissant d’études a d’ailleurs été bronchique avec le développement de thérapies anti-infectieuses,
consacré ces dernières années aux patients ayant atteint l’âge de la supplémentation nutritionnelle avec des extraits pancréatiques,
40 ans [22, 23] . le diagnostic plus précoce via le dépistage néonatal, la lutte
EMC - Pneumologie 3
6-031-A-25 Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision
La découverte du gène
Jusqu’à la fin des années 1980, le diagnostic de mucoviscidose
était uniquement un diagnostic clinique porté souvent vers l’âge
de 3 à 5 ans et reposant sur des signes d’appel de bronchopa-
thie, d’insuffisance pancréatique et de cassure de la courbe de
croissance. Le diagnostic clinique était conforté par le test de
la sueur, test biologique sensible et spécifique proposé par Di
Sant’Agnese [14] , qui découvrit en 1953 que la sueur de ces enfants
était anormale et riche en sel. Une mesure du chlorure sudoral
supérieure à 60 mEq/l conforte avec une quasi-certitude le diag-
nostic de mucoviscidose.
Les années 1980, marquées par le développement des tech-
niques de l’acide désoxyribonucléique (ADN) recombinant,
permirent aux équipes de chercheurs de se lancer dans
l’identification des gènes responsables de maladies mendéliennes.
La course au clonage du gène responsable de la mucoviscidose
était alors lancée. La protéine anormale dans cette maladie était
inconnue et il fallut d’abord localiser le gène sur le chromosome
7 [27] , ce qui fut fait en 1985, puis mettre en place une stratégie de
clonage positionnel qui aboutit en 1989 à la publication du gène
responsable, appelé le gène CFTR, codant une protéine transmem-
branaire de la famille des protéines adénosine triphosphate (ATP)
binding cassette (ABC) [10–12] .
4 EMC - Pneumologie
Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision 6-031-A-25
est un des exemples les plus marquants de ces mutations de classe considérer prudemment à l’échelle individuelle. Il faut garder en
2 qui affectent le trafic intracellulaire normal de la protéine. mémoire qu’il peut y avoir de larges variations individuelles chez
Les mutations de classe 3 impactent la régulation de la protéine des patients porteurs du même génotype.
CFTR. Il s’agit le plus souvent de mutations faux-sens situées au
niveau des nucleotide binding fold (NBF) qui sont les sites de liaison
à l’ATP permettant l’ouverture du canal chlorure. La mutation Pathologies associées
p.Gly551Asp est l’exemple le plus représentatif des mutations de
classe 3. à des dysfonctionnements
Les mutations de classe 4 sont des mutations faux-sens sou-
vent localisées dans les régions transmembranaires de la protéine
de la protéine CFTR
et qui modifient la conductance du canal CFTR. On note à titre Il existe une très grande variabilité allélique au sein du gène
d’exemple la mutation p.Arg334Trp (R334W). CFTR puisque aujourd’hui, plus de 2000 variations ont été rap-
Les mutations de classe 5 sont des mutations qui vont affecter la portées. L’une des découvertes inattendues de l’identification du
transcription du gène ; elles vont modifier la quantité de protéine gène a été la mise en évidence de phénotypes particuliers associés
CFTR exprimée à la membrane de la cellule épithéliale. Ce sont à un dysfonctionnement de la protéine CFTR. Ainsi la stérilité
soit des mutations faux-sens, soit des mutations conduisant à un masculine par absence de canaux déférents chez l’homme, qui est
épissage alternatif comme par exemple la mutation intronique la plus fréquente des formes de stérilité masculine, a été associée
c.3717+12191C>T (3849+10kbC>T). à des génotypes particuliers du gène CFTR, associant en général
Les mutations de classe 6, plus rares, sont situées à l’extrémité une mutation causale (le plus souvent la mutation p.Phe508del
de la protéine et elles impactent sa stabilité. et une variation à effet modéré comme la variation p.Arg117His
Cette classification théorique doit cependant être modulée car [R117H] par exemple ou le variant 5 T de l’intron 8) [47–50] .
certaines mutations peuvent appartenir à plusieurs classes. C’est Ces dysfonctionnements de la protéine CFTR sont retrouvés
le cas notamment de la mutation p.Phe508del. également associés à certaines pathologies comme la dilatation
La recherche des mutations du gène CFTR a été longue et des bronches de l’adulte, la pancréatite chronique, la polypose
laborieuse. Elle a bénéficié d’un travail collaboratif international nasale ou encore la cholangite sclérosante primitive [51–53] .
remarquable réalisé au sein du Consortium international d’étude On regroupe aujourd’hui ces pathologies sous le terme de CFTR-
des mutations du gène [30] . Cette analyse est aujourd’hui bien codi- related disorder (RD). Ce sont des pathologies du gène CFTR qui
fiée. En première intention, une recherche des 30 ou 50 mutations ne remplissent pas les critères de diagnostic de mucoviscidose,
les plus fréquentes du gène dans la population considérée per- mais qui sont dues à un discret dysfonctionnement de la protéine
met d’identifier 85 % des anomalies du gène. Si l’une des deux CFTR [54] .
mutations n’est pas identifiée, une analyse complète du gène Ces nouvelles entités cliniques illustrent les relations et les
par un séquençage dit « de nouvelle génération » (NGS) permet allers-retours que l’on peut faire aujourd’hui entre le phénotype
d’identifier 99 % des mutations du gène CFTR et de mettre en et le génotype, mais aussi à l’inverse entre le génotype et le phé-
évidence éventuellement une mutation nouvelle. notype, et nous aident à mieux comprendre les bases génétiques
Il faut toutefois noter qu’il est difficile de conclure sur le carac- et la nosologie de ces pathologies frontières [54] .
tère pathogène de certains variants rares. Dans ce cas, les tests
fonctionnels d’étude de la protéine CFTR prennent toute leur
importance. Applications diagnostiques
issues de la découverte du gène
Relations génotype/phénotype Dépistage néonatal
La mise en place d’un dépistage néonatal de la mucoviscidose
La variabilité de l’expression clinique de la mucoviscidose
dans les années 1980 reposait sur la mise en évidence dans le sang
était une donnée connue avant la découverte du gène mais
des nouveau-nés d’un taux élevé de trypsine immunoréactive. Ce
l’identification des mutations a permis d’étudier les relations
test, bien que sensible, est peu spécifique, mais il a permis la mise
entre le génotype et les traits phénotypiques présents chez les
en place d’expériences pionnières en France (en Normandie [55] et
malades [44–46] . Ainsi, 15 % des patients présentent une fonction
en Bretagne [56, 57] ) ainsi qu’aux États-Unis dans le Wisconsin [58, 59] .
pancréatique exocrine conservée (une suffisance pancréatique) et
La découverte du gène en 1989 et de ses mutations fréquentes a
ce trait particulier est lié à la présence d’une ou de deux mutations
permis de proposer une stratégie originale associant la sensibilité
de classe 4 ou 5. A contrario, les malades porteurs de la mutation
de l’hypertrypsinémie néonatale et la spécificité des mutations du
p.Phe508del à l’état homozygote ont le plus souvent, dès les pre-
gène. Ce test, mis en place en Bretagne dès 1989 [56] , a été étendu
miers mois de vie, un pancréas exocrine non fonctionnel et sont
à tout le territoire national en 2002 [15] . Une expérience de plus
donc insuffisants pancréatiques. Ainsi, dès les années 1990, il a
de 15 ans maintenant a pu montrer l’excellente performance de
été montré que la suffisance pancréatique était génétiquement
ce test, bien qu’il demeure 2 à 3 % de faux négatifs.
déterminée [44] .
Le dépistage néonatal a permis une prise en charge précoce des
Aujourd’hui, fort d’une connaissance approfondie des anoma-
enfants atteints dans les filières de soins cliniques que sont les
lies moléculaires du gène et du partage des connaissances au
CRCM, ce qui contribue largement à l’augmentation très signifi-
niveau international, on peut classer les mutations en mutations
cative de l’espérance de vie des patients atteints de mucoviscidose.
dites « sévères » (ce sont les mutations de classes 1, 2 et 3) et les
Ce dépistage est maintenant en place dans presque tous les états
mutations moins sévères (de classes 4, 5 et 6) [46] . Les premières
européens et dans l’ensemble des états en Amérique du Nord [60] .
sont associées, lorsqu’elles sont présentes à l’état homozygote
chez un patient, à une insuffisance pancréatique externe et à
une atteinte pulmonaire marquée par une colonisation précoce Apport de la connaissance du gène
par Pseudomonas aeruginosa caractérisant la forme classique de la
maladie. À l’inverse, l’association chez un patient d’une mutation
dans la prise en charge du conseil génétique
qualifiée de « peu sévère », voire l’association de deux mutations Dans le cadre de cette maladie de transmission autosomique
peu sévères, se traduit par une forme d’expression clinique plus récessive, le risque de récurrence à chaque grossesse est de 1/4.
modérée, en général une suffisance pancréatique et une atteinte Pour ces couples à risque de 1/4, la connaissance des mutations
pulmonaire moins sévère conduisant à une médiane de survie pré- du gène permet de proposer un diagnostic anténatal sur ponction
dite pour ces patients de 60 ans (versus 40 ans pour les formes de villosité choriale dès la 11e semaine d’aménorrhée, voire à par-
sévères). tir d’une ponction de liquide amniotique à partir de 16 semaines
Ces données sont établies à partir de larges cohortes de patients ; si la ponction de trophoblaste n’a pu être réalisée plus précoce-
si elles sont parfaitement justifiées statistiquement, elles sont à ment [61] .
EMC - Pneumologie 5
6-031-A-25 Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision
Le diagnostic préimplantatoire (DPI) est également possible mais également de vecteurs de synthèse [70] . De nombreux vecteurs
aujourd’hui pour les couples qui ne souhaitent pas avoir recours ont été construits et de très nombreux essais cliniques essen-
à une interruption médicale de grossesse (IMG) lorsque le fœtus tiellement de phase 1 ont été réalisés. Il fallut dans les années
est atteint [62] . 2000 se rendre à l’évidence ; les essais de phases 1 et 2 n’étaient
Lorsque le diagnostic de mucoviscidose est posé chez un enfant pas concluants, l’expression du transgène était transitoire et les
et que les mutations sont identifiées, un dépistage familial en vecteurs viraux immunogènes. Avec, dans cette maladie, un épi-
« cascade » des porteurs asymptomatiques peut être proposé thélium pulmonaire remanié, inflammatoire et recouvert par un
aux frères et sœurs des parents ainsi qu’aux frères et sœurs du mucus abondant, les conditions pour une application clinique
patient [63, 64] . Ce dépistage de proche en proche dans les familles de thérapie génique n’étaient pas réunies. La thérapie génique
permet de repérer des couples à risque de 1/4 avant que les futurs de la mucoviscidose reste une option thérapeutique mais des tra-
parents ne donnent naissance à un enfant atteint. Il permet éga- vaux fondamentaux vont devoir être poursuivis pour trouver un
lement de repérer les couples à risque de 1/120, c’est-à-dire les vecteur idéal et pour cibler efficacement les cellules souches pul-
couples où l’un des deux est hétérozygote, porteur asymptoma- monaires.
tique d’une mutation dans le gène CFTR. Ici la connaissance du À partir des années 2000, la connaissance des anomalies molé-
gène et de ses mutations et la capacité du laboratoire à analyser la culaires du gène CFTR permit de classer les mutations en fonction
totalité de la séquence codante du gène prennent toute leur valeur. de leur impact sur la fonction de la protéine. Il devint clair
Elles permettent soit d’identifier un couple à risque de 1/4, soit en qu’entre une absence de protéine CFTR à la membrane (muta-
écartant 99 % des mutations du gène chez l’homme ou la femme tions de classe 1) et une protéine présente mais non fonctionnelle
non porteur, de faire passer pour ce couple le risque de 1/120 à un (mutations de classe 3), les stratégies thérapeutiques de correction
risque inférieur à 1/5000. Ce risque d’avoir un enfant atteint de allaient être différentes, et qu’une médecine dite « de précision »
mucoviscidose est donc inférieur au risque pour un couple pris au devait être mise en place.
hasard dans la population. Nous sommes aujourd’hui entrés de plein pied dans cette
Le diagnostic de mucoviscidose peut également être porté au médecine dite « des 4P » (prédictive, préventive, participative,
décours du suivi de grossesse lorsqu’un intestin hyperéchogène personnalisée). La prise en charge, non plus symptomatique de la
est mis en évidence lors des examens échographiques réalisés pen- maladie mais spécifique des anomalies de la protéine CFTR, repré-
dant la grossesse, le plus souvent autour de la 20e semaine [65, 66] . sente un paradigme pour le traitement des maladies génétiques.
Cette image d’intestin hyperéchogène n’est pas spécifique du Les avancées dans ce domaine reposent sur le développement de
diagnostic de mucoviscidose (une anomalie du caryotype et/ou petites molécules, appelées modulateurs, qui visent à corriger la
une infection virale doivent être écartées), mais dans 3 à 5 % des protéine CFTR défectueuse.
cas d’intestin hyperéchogène, le diagnostic de mucoviscidose est
porté in utero [67, 68] .
6 EMC - Pneumologie
Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision 6-031-A-25
Une seconde famille de molécules appelée « correcteur » a fait génétiques graves de l’adulte qui est et qui sera de plus en plus
preuve de son efficacité en corrigeant partiellement la protéine prise en charge par les médecins d’adultes.
CFTR mal repliée. C’est ce que l’on observe pour les mutations La découverte du gène CFTR, réussie grâce à un clonage
de classe 2, où le mauvais repliement de la molécule entraîne un positionnel mené avec succès il y a 30 ans, a bouleversé nos
dysfonctionnement du trafic intracellulaire de la protéine mutée. connaissances sur la physiopathologie de la maladie. Elle a ouvert
La mutation p.Phe508del est l’exemple le plus marquant de ces de nouveaux champs de recherche et a déjà permis des avancées
mutations de classe 2. C’est également la société Vertex qui a déve- remarquables en matière de conseil génétique et de prise en charge
loppé les premiers correcteurs, comme le lumacaftor (VX-809). Les des couples concernés par la maladie.
résultats d’une phase 3 associant l’ivacaftor et le lumacaftor (com- Les données épidémiologiques permettent aujourd’hui
®
mercialisé sous le nom d’Orkambi ) ont montré une amélioration d’affirmer que la médiane de survie prédite dépasse les 40 ans,
significative mais modeste (2 à 4 %) de la fonction respiratoire et ce qui à l’évidence conduit à une réflexion éthique vis-à-vis des
une diminution de 30 à 40 % des exacerbations pulmonaires [74, 75] . décisions à prendre pour les couples lors d’un diagnostic posé en
Plus récemment, l’association d’un nouveau correcteur, le tezacaf- période anténatale.
tor (VX-661), avec l’ivacaftor a montré une meilleure tolérance La mucoviscidose et la connaissance du gène CFTR responsable
dans un essai de phase 3 chez des patients de plus de 12 ans et de la maladie sont des exemples remarquables des progrès accom-
homozygotes pour la mutation p.Phe508del [76, 77] . L’association plis depuis les années 1990, mais ces avancées nous éclairent
tezacaftor/ivacaftor a tout récemment été approuvée par la FDA aussi sur le chemin qui reste à parcourir pour que cette maladie
®
et commercialisée sous le nom de Symdeko . Très récemment, devienne à l’avenir une maladie chronique et maîtrisée de l’adulte.
en octobre 2018, la même société Vertex a publié des résultats
importants obtenus à l’aide d’une trithérapie (deux correcteurs
différents associés à tezacaftor et ivacaftor) dont pourrait bénéfi- Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
cier 90 % des patients [78, 79] . d’intérêts en relation avec cet article.
Il faut souligner le coût très important de ces thérapies ciblées,
que l’on évalue à 250 000 D par an et par patient, ce qui reste un
verrou important à lever pour l’utilisation large de ces thérapies. Références
D’autres approches visant en particulier à corriger les codons
stop par un mécanisme de translecture sont porteurs d’espoirs. [1] Welsh M, Ramsey BW, Accurso FJ, Cutting GR. Cystic fibrosis. In:
Une première molécule, l’ataluren (PTC-124), a été utilisée en essai Scriver CR, Beaudet AL, Sly WS, Valle D, Childs B, Vogelstein B,
de phase 3 [80] . Les résultats n’ont pas été concluants, mais d’autres editors. The metabolic and molecular bases of inherited disease. New
molécules de cette famille sont actuellement en développement. York: McGraw Hill; 2001. p. 5121–88.
À côté de ces progrès très significatifs apportés par ces modu- [2] Dodge JA, Lewis PA. Cystic fibrosis is no longer an important cause
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Férec C, Scotet V. Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de
précision. EMC - Pneumologie 2020;31(1):1-9 [Article 6-031-A-25].
EMC - Pneumologie 9
6-031-A-25
Plan Introduction
■ Introduction 1 Après avoir été pendant de nombreuses années considérée
■ Données cliniques 2
comme la plus grave des maladies génétiques de l’enfant, la
Maladie pulmonaire 2
mucoviscidose est progressivement devenue une maladie de
Maladie digestive 2
l’adulte [1–3] . En France, 6900 patients sont atteints de mucovisci-
Diagnostic de la mucoviscidose 2
dose et plus de 50 % d’entre eux ont plus de 18 ans [4] . La maladie
est prise en charge d’abord par des pédiatres puis par des pneu-
■ Nouvelles données épidémiologiques 2 mologues au sein des Centres de ressources et de compétences de
Incidence de la mucoviscidose 2 la mucoviscidose (CRCM). La mucoviscidose ou fibrose kystique
Survie des patients atteints de mucoviscidose 3 du pancréas de nos collègues canadiens a été décrite pour la pre-
■ La découverte du gène 4 mière fois en 1936 par Guido Fanconi [5] en Europe et en 1938 par
■ Le gène et ses mutations 4 Dorothy Andersen [6] aux États-Unis. Cette bronchopathie chro-
■
nique obstructive évolue inéluctablement vers une insuffisance
Relations génotype/phénotype 5
respiratoire terminale en quelques décennies. À côté de l’atteinte
■ Pathologies associées à des dysfonctionnements pulmonaire, le tableau clinique est marqué par une insuffisance
de la protéine CFTR 5 pancréatique exocrine présente chez 85 % des patients et, chez
■ Applications diagnostiques issues de la découverte du gène 5 les hommes, par une stérilité par absence de canaux déférents [1] .
Dépistage néonatal 5 Cette maladie génétique de transmission autosomique récessive
Apport de la connaissance du gène dans la prise en charge est fréquente dans les populations européennes et chez nos des-
du conseil génétique 5 cendants aux États-Unis, au Canada et en Australie [7] . En France, la
Prise en charge des pathologies associées : CFTR-RD 6 mucoviscidose affecte aujourd’hui une naissance sur 5000 [8, 9] et il
■ Espoirs thérapeutiques 6 y a deux millions de porteurs asymptomatiques, ce qui correspond
Traitement 6 à un sujet porteur sain sur 35 dans notre population.
Nouvelles thérapies 6 Le gène responsable de la maladie, le gène cystic fibrosis trans-
■ Conclusion 7 membrane conductance regulator (CFTR), a été cloné en 1989 [10–12] ;
sa découverte est une date à marquer d’une pierre blanche dans
EMC - Pneumologie 1
Volume 31 > n◦ 1 > janvier 2020
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-195X(19)89874-2
6-031-A-25 Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision
2 EMC - Pneumologie
Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision 6-031-A-25
Nord-
Pas-de-
Calais
1/4068
Picardie
1/4489
Normandie
1/4161 Lorraine
Île-de-France 1/3848
1/7133 Champagne- Alsace
Bretagne Ardenne 1/3757
1/3120 1/4941
Poitou-
Charentes
1/5641
Limousin
1/4381 Auvergne Rhône-Alpes
1/4438 1/4218
Aquitaine
1/6700
Languedoc- Provence-
Midi-Pyrénées Roussillon Alpes-Côte d’Azur
1/3000 – 1/4000 1/6261 1/5658 + Corse
1/4000 – 1/5000 1/5634
1/5000 – 1/6000
< 1/6000
Figure 1. Incidence cumulée de la mucoviscidose en France sur la période 2002-2016 (d’après le rapport 2016 de l’Association française pour le dépistage
et la prévention des handicaps de l’enfant [8] ).
découle de changements démographiques (comme des brassages Dans les années 1960, les enfants atteints de mucoviscidose
de populations plus importants, une consanguinité plus faible, survivaient rarement au-delà de l’âge de 5 ans. De nos jours, les
la diminution du nombre d’enfants par famille, etc.), mais éga- données des registres montrent que la médiane de survie prédite
lement de l’introduction de politiques de santé publique qui ont (âge jusqu’auquel 50 % des patients naissant actuellement devrait
permis de faire de la prévention dans les familles (comme le diag- survivre si les conditions de mortalité restent similaires) est esti-
nostic prénatal, la détection de signes d’appel échographiques mée à 46,2 ans aux États-Unis [24] et à 52,3 ans au Canada [20] . Cet
évocateurs de mucoviscidose durant la grossesse, le dépistage des indicateur a augmenté de plus de 15 années en l’espace de 30 ans
porteurs sains dans les familles, etc.) [17, 18] . aux États-Unis [24] .
Les patients souhaiteraient connaître avec précision leur espé-
rance de vie, mais la réponse à cette question n’est pas simple
Survie des patients atteints de mucoviscidose car cela dépend de plusieurs facteurs. Au-delà du facteur pro-
Un autre changement majeur qu’a connu la population atteinte nostique majeur qu’est la fonction pulmonaire, d’autres facteurs
de mucoviscidose est l’amélioration très significative de son espé- ont été associés à la survie comme le génotype CFTR, le
rance de vie. Un des témoins les plus marquants de cette évolution statut socio-économique, l’état nutritionnel, le statut pancréa-
est l’augmentation de la proportion de patients adultes, qui tique, la présence d’un diabète, les colonisations bactériennes,
dépasse actuellement 50 % dans la plupart des pays, et même etc. [25] . Une équipe française a récemment proposé un score
60 % au Canada [4, 19, 20] . Une étude menée récemment par le pronostique permettant de prédire le risque de décès ou de
Registre européen de mucoviscidose impliquant 16 pays a prédit transplantation pulmonaire dans les trois ans chez les patients
que le nombre de patients adultes vivant avec la mucoviscidose en adultes [26] .
Europe devrait encore augmenter (de 75 % entre 2010 et 2025) [21] . Les progrès constatés dans la survie des patients sont liés à de
Considérée initialement comme une maladie exclusivement nombreux facteurs : l’organisation des filières de soin avec une
pédiatrique, la mucoviscidose est donc progressivement devenue prise en charge des patients par des équipes pluridisciplinaires
une maladie de l’adulte, avec de nouvelles pathologies associées à dans des centres spécialisés, un meilleur contrôle de l’infection
prendre en charge. Un nombre croissant d’études a d’ailleurs été bronchique avec le développement de thérapies anti-infectieuses,
consacré ces dernières années aux patients ayant atteint l’âge de la supplémentation nutritionnelle avec des extraits pancréatiques,
40 ans [22, 23] . le diagnostic plus précoce via le dépistage néonatal, la lutte
EMC - Pneumologie 3
6-031-A-25 Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision
La découverte du gène
Jusqu’à la fin des années 1980, le diagnostic de mucoviscidose
était uniquement un diagnostic clinique porté souvent vers l’âge
de 3 à 5 ans et reposant sur des signes d’appel de bronchopa-
thie, d’insuffisance pancréatique et de cassure de la courbe de
croissance. Le diagnostic clinique était conforté par le test de
la sueur, test biologique sensible et spécifique proposé par Di
Sant’Agnese [14] , qui découvrit en 1953 que la sueur de ces enfants
était anormale et riche en sel. Une mesure du chlorure sudoral
supérieure à 60 mEq/l conforte avec une quasi-certitude le diag-
nostic de mucoviscidose.
Les années 1980, marquées par le développement des tech-
niques de l’acide désoxyribonucléique (ADN) recombinant,
permirent aux équipes de chercheurs de se lancer dans
l’identification des gènes responsables de maladies mendéliennes.
La course au clonage du gène responsable de la mucoviscidose
était alors lancée. La protéine anormale dans cette maladie était
inconnue et il fallut d’abord localiser le gène sur le chromosome
7 [27] , ce qui fut fait en 1985, puis mettre en place une stratégie de
clonage positionnel qui aboutit en 1989 à la publication du gène
responsable, appelé le gène CFTR, codant une protéine transmem-
branaire de la famille des protéines adénosine triphosphate (ATP)
binding cassette (ABC) [10–12] .
4 EMC - Pneumologie
Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision 6-031-A-25
est un des exemples les plus marquants de ces mutations de classe considérer prudemment à l’échelle individuelle. Il faut garder en
2 qui affectent le trafic intracellulaire normal de la protéine. mémoire qu’il peut y avoir de larges variations individuelles chez
Les mutations de classe 3 impactent la régulation de la protéine des patients porteurs du même génotype.
CFTR. Il s’agit le plus souvent de mutations faux-sens situées au
niveau des nucleotide binding fold (NBF) qui sont les sites de liaison
à l’ATP permettant l’ouverture du canal chlorure. La mutation Pathologies associées
p.Gly551Asp est l’exemple le plus représentatif des mutations de
classe 3. à des dysfonctionnements
Les mutations de classe 4 sont des mutations faux-sens sou-
vent localisées dans les régions transmembranaires de la protéine
de la protéine CFTR
et qui modifient la conductance du canal CFTR. On note à titre Il existe une très grande variabilité allélique au sein du gène
d’exemple la mutation p.Arg334Trp (R334W). CFTR puisque aujourd’hui, plus de 2000 variations ont été rap-
Les mutations de classe 5 sont des mutations qui vont affecter la portées. L’une des découvertes inattendues de l’identification du
transcription du gène ; elles vont modifier la quantité de protéine gène a été la mise en évidence de phénotypes particuliers associés
CFTR exprimée à la membrane de la cellule épithéliale. Ce sont à un dysfonctionnement de la protéine CFTR. Ainsi la stérilité
soit des mutations faux-sens, soit des mutations conduisant à un masculine par absence de canaux déférents chez l’homme, qui est
épissage alternatif comme par exemple la mutation intronique la plus fréquente des formes de stérilité masculine, a été associée
c.3717+12191C>T (3849+10kbC>T). à des génotypes particuliers du gène CFTR, associant en général
Les mutations de classe 6, plus rares, sont situées à l’extrémité une mutation causale (le plus souvent la mutation p.Phe508del
de la protéine et elles impactent sa stabilité. et une variation à effet modéré comme la variation p.Arg117His
Cette classification théorique doit cependant être modulée car [R117H] par exemple ou le variant 5 T de l’intron 8) [47–50] .
certaines mutations peuvent appartenir à plusieurs classes. C’est Ces dysfonctionnements de la protéine CFTR sont retrouvés
le cas notamment de la mutation p.Phe508del. également associés à certaines pathologies comme la dilatation
La recherche des mutations du gène CFTR a été longue et des bronches de l’adulte, la pancréatite chronique, la polypose
laborieuse. Elle a bénéficié d’un travail collaboratif international nasale ou encore la cholangite sclérosante primitive [51–53] .
remarquable réalisé au sein du Consortium international d’étude On regroupe aujourd’hui ces pathologies sous le terme de CFTR-
des mutations du gène [30] . Cette analyse est aujourd’hui bien codi- related disorder (RD). Ce sont des pathologies du gène CFTR qui
fiée. En première intention, une recherche des 30 ou 50 mutations ne remplissent pas les critères de diagnostic de mucoviscidose,
les plus fréquentes du gène dans la population considérée per- mais qui sont dues à un discret dysfonctionnement de la protéine
met d’identifier 85 % des anomalies du gène. Si l’une des deux CFTR [54] .
mutations n’est pas identifiée, une analyse complète du gène Ces nouvelles entités cliniques illustrent les relations et les
par un séquençage dit « de nouvelle génération » (NGS) permet allers-retours que l’on peut faire aujourd’hui entre le phénotype
d’identifier 99 % des mutations du gène CFTR et de mettre en et le génotype, mais aussi à l’inverse entre le génotype et le phé-
évidence éventuellement une mutation nouvelle. notype, et nous aident à mieux comprendre les bases génétiques
Il faut toutefois noter qu’il est difficile de conclure sur le carac- et la nosologie de ces pathologies frontières [54] .
tère pathogène de certains variants rares. Dans ce cas, les tests
fonctionnels d’étude de la protéine CFTR prennent toute leur
importance. Applications diagnostiques
issues de la découverte du gène
Relations génotype/phénotype Dépistage néonatal
La mise en place d’un dépistage néonatal de la mucoviscidose
La variabilité de l’expression clinique de la mucoviscidose
dans les années 1980 reposait sur la mise en évidence dans le sang
était une donnée connue avant la découverte du gène mais
des nouveau-nés d’un taux élevé de trypsine immunoréactive. Ce
l’identification des mutations a permis d’étudier les relations
test, bien que sensible, est peu spécifique, mais il a permis la mise
entre le génotype et les traits phénotypiques présents chez les
en place d’expériences pionnières en France (en Normandie [55] et
malades [44–46] . Ainsi, 15 % des patients présentent une fonction
en Bretagne [56, 57] ) ainsi qu’aux États-Unis dans le Wisconsin [58, 59] .
pancréatique exocrine conservée (une suffisance pancréatique) et
La découverte du gène en 1989 et de ses mutations fréquentes a
ce trait particulier est lié à la présence d’une ou de deux mutations
permis de proposer une stratégie originale associant la sensibilité
de classe 4 ou 5. A contrario, les malades porteurs de la mutation
de l’hypertrypsinémie néonatale et la spécificité des mutations du
p.Phe508del à l’état homozygote ont le plus souvent, dès les pre-
gène. Ce test, mis en place en Bretagne dès 1989 [56] , a été étendu
miers mois de vie, un pancréas exocrine non fonctionnel et sont
à tout le territoire national en 2002 [15] . Une expérience de plus
donc insuffisants pancréatiques. Ainsi, dès les années 1990, il a
de 15 ans maintenant a pu montrer l’excellente performance de
été montré que la suffisance pancréatique était génétiquement
ce test, bien qu’il demeure 2 à 3 % de faux négatifs.
déterminée [44] .
Le dépistage néonatal a permis une prise en charge précoce des
Aujourd’hui, fort d’une connaissance approfondie des anoma-
enfants atteints dans les filières de soins cliniques que sont les
lies moléculaires du gène et du partage des connaissances au
CRCM, ce qui contribue largement à l’augmentation très signifi-
niveau international, on peut classer les mutations en mutations
cative de l’espérance de vie des patients atteints de mucoviscidose.
dites « sévères » (ce sont les mutations de classes 1, 2 et 3) et les
Ce dépistage est maintenant en place dans presque tous les états
mutations moins sévères (de classes 4, 5 et 6) [46] . Les premières
européens et dans l’ensemble des états en Amérique du Nord [60] .
sont associées, lorsqu’elles sont présentes à l’état homozygote
chez un patient, à une insuffisance pancréatique externe et à
une atteinte pulmonaire marquée par une colonisation précoce Apport de la connaissance du gène
par Pseudomonas aeruginosa caractérisant la forme classique de la
maladie. À l’inverse, l’association chez un patient d’une mutation
dans la prise en charge du conseil génétique
qualifiée de « peu sévère », voire l’association de deux mutations Dans le cadre de cette maladie de transmission autosomique
peu sévères, se traduit par une forme d’expression clinique plus récessive, le risque de récurrence à chaque grossesse est de 1/4.
modérée, en général une suffisance pancréatique et une atteinte Pour ces couples à risque de 1/4, la connaissance des mutations
pulmonaire moins sévère conduisant à une médiane de survie pré- du gène permet de proposer un diagnostic anténatal sur ponction
dite pour ces patients de 60 ans (versus 40 ans pour les formes de villosité choriale dès la 11e semaine d’aménorrhée, voire à par-
sévères). tir d’une ponction de liquide amniotique à partir de 16 semaines
Ces données sont établies à partir de larges cohortes de patients ; si la ponction de trophoblaste n’a pu être réalisée plus précoce-
si elles sont parfaitement justifiées statistiquement, elles sont à ment [61] .
EMC - Pneumologie 5
6-031-A-25 Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision
Le diagnostic préimplantatoire (DPI) est également possible mais également de vecteurs de synthèse [70] . De nombreux vecteurs
aujourd’hui pour les couples qui ne souhaitent pas avoir recours ont été construits et de très nombreux essais cliniques essen-
à une interruption médicale de grossesse (IMG) lorsque le fœtus tiellement de phase 1 ont été réalisés. Il fallut dans les années
est atteint [62] . 2000 se rendre à l’évidence ; les essais de phases 1 et 2 n’étaient
Lorsque le diagnostic de mucoviscidose est posé chez un enfant pas concluants, l’expression du transgène était transitoire et les
et que les mutations sont identifiées, un dépistage familial en vecteurs viraux immunogènes. Avec, dans cette maladie, un épi-
« cascade » des porteurs asymptomatiques peut être proposé thélium pulmonaire remanié, inflammatoire et recouvert par un
aux frères et sœurs des parents ainsi qu’aux frères et sœurs du mucus abondant, les conditions pour une application clinique
patient [63, 64] . Ce dépistage de proche en proche dans les familles de thérapie génique n’étaient pas réunies. La thérapie génique
permet de repérer des couples à risque de 1/4 avant que les futurs de la mucoviscidose reste une option thérapeutique mais des tra-
parents ne donnent naissance à un enfant atteint. Il permet éga- vaux fondamentaux vont devoir être poursuivis pour trouver un
lement de repérer les couples à risque de 1/120, c’est-à-dire les vecteur idéal et pour cibler efficacement les cellules souches pul-
couples où l’un des deux est hétérozygote, porteur asymptoma- monaires.
tique d’une mutation dans le gène CFTR. Ici la connaissance du À partir des années 2000, la connaissance des anomalies molé-
gène et de ses mutations et la capacité du laboratoire à analyser la culaires du gène CFTR permit de classer les mutations en fonction
totalité de la séquence codante du gène prennent toute leur valeur. de leur impact sur la fonction de la protéine. Il devint clair
Elles permettent soit d’identifier un couple à risque de 1/4, soit en qu’entre une absence de protéine CFTR à la membrane (muta-
écartant 99 % des mutations du gène chez l’homme ou la femme tions de classe 1) et une protéine présente mais non fonctionnelle
non porteur, de faire passer pour ce couple le risque de 1/120 à un (mutations de classe 3), les stratégies thérapeutiques de correction
risque inférieur à 1/5000. Ce risque d’avoir un enfant atteint de allaient être différentes, et qu’une médecine dite « de précision »
mucoviscidose est donc inférieur au risque pour un couple pris au devait être mise en place.
hasard dans la population. Nous sommes aujourd’hui entrés de plein pied dans cette
Le diagnostic de mucoviscidose peut également être porté au médecine dite « des 4P » (prédictive, préventive, participative,
décours du suivi de grossesse lorsqu’un intestin hyperéchogène personnalisée). La prise en charge, non plus symptomatique de la
est mis en évidence lors des examens échographiques réalisés pen- maladie mais spécifique des anomalies de la protéine CFTR, repré-
dant la grossesse, le plus souvent autour de la 20e semaine [65, 66] . sente un paradigme pour le traitement des maladies génétiques.
Cette image d’intestin hyperéchogène n’est pas spécifique du Les avancées dans ce domaine reposent sur le développement de
diagnostic de mucoviscidose (une anomalie du caryotype et/ou petites molécules, appelées modulateurs, qui visent à corriger la
une infection virale doivent être écartées), mais dans 3 à 5 % des protéine CFTR défectueuse.
cas d’intestin hyperéchogène, le diagnostic de mucoviscidose est
porté in utero [67, 68] .
6 EMC - Pneumologie
Mucoviscidose : du gène à la thérapie. Une maladie modèle pour la médecine de précision 6-031-A-25
Une seconde famille de molécules appelée « correcteur » a fait génétiques graves de l’adulte qui est et qui sera de plus en plus
preuve de son efficacité en corrigeant partiellement la protéine prise en charge par les médecins d’adultes.
CFTR mal repliée. C’est ce que l’on observe pour les mutations La découverte du gène CFTR, réussie grâce à un clonage
de classe 2, où le mauvais repliement de la molécule entraîne un positionnel mené avec succès il y a 30 ans, a bouleversé nos
dysfonctionnement du trafic intracellulaire de la protéine mutée. connaissances sur la physiopathologie de la maladie. Elle a ouvert
La mutation p.Phe508del est l’exemple le plus marquant de ces de nouveaux champs de recherche et a déjà permis des avancées
mutations de classe 2. C’est également la société Vertex qui a déve- remarquables en matière de conseil génétique et de prise en charge
loppé les premiers correcteurs, comme le lumacaftor (VX-809). Les des couples concernés par la maladie.
résultats d’une phase 3 associant l’ivacaftor et le lumacaftor (com- Les données épidémiologiques permettent aujourd’hui
®
mercialisé sous le nom d’Orkambi ) ont montré une amélioration d’affirmer que la médiane de survie prédite dépasse les 40 ans,
significative mais modeste (2 à 4 %) de la fonction respiratoire et ce qui à l’évidence conduit à une réflexion éthique vis-à-vis des
une diminution de 30 à 40 % des exacerbations pulmonaires [74, 75] . décisions à prendre pour les couples lors d’un diagnostic posé en
Plus récemment, l’association d’un nouveau correcteur, le tezacaf- période anténatale.
tor (VX-661), avec l’ivacaftor a montré une meilleure tolérance La mucoviscidose et la connaissance du gène CFTR responsable
dans un essai de phase 3 chez des patients de plus de 12 ans et de la maladie sont des exemples remarquables des progrès accom-
homozygotes pour la mutation p.Phe508del [76, 77] . L’association plis depuis les années 1990, mais ces avancées nous éclairent
tezacaftor/ivacaftor a tout récemment été approuvée par la FDA aussi sur le chemin qui reste à parcourir pour que cette maladie
®
et commercialisée sous le nom de Symdeko . Très récemment, devienne à l’avenir une maladie chronique et maîtrisée de l’adulte.
en octobre 2018, la même société Vertex a publié des résultats
importants obtenus à l’aide d’une trithérapie (deux correcteurs
différents associés à tezacaftor et ivacaftor) dont pourrait bénéfi- Déclaration de liens d’intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de liens
cier 90 % des patients [78, 79] . d’intérêts en relation avec cet article.
Il faut souligner le coût très important de ces thérapies ciblées,
que l’on évalue à 250 000 D par an et par patient, ce qui reste un
verrou important à lever pour l’utilisation large de ces thérapies. Références
D’autres approches visant en particulier à corriger les codons
stop par un mécanisme de translecture sont porteurs d’espoirs. [1] Welsh M, Ramsey BW, Accurso FJ, Cutting GR. Cystic fibrosis. In:
Une première molécule, l’ataluren (PTC-124), a été utilisée en essai Scriver CR, Beaudet AL, Sly WS, Valle D, Childs B, Vogelstein B,
de phase 3 [80] . Les résultats n’ont pas été concluants, mais d’autres editors. The metabolic and molecular bases of inherited disease. New
molécules de cette famille sont actuellement en développement. York: McGraw Hill; 2001. p. 5121–88.
À côté de ces progrès très significatifs apportés par ces modu- [2] Dodge JA, Lewis PA. Cystic fibrosis is no longer an important cause
lateurs, des approches alternatives sont également en cours of childhood death in the UK. Arch Dis Child 2005;90:547.
d’exploration en agissant en particulier sur les autres canaux, [3] Schnapf B, Farrell P. Cystic fibrosis. In: Gilbert-Barness E, Barness L,
comme l’epithelial Na channel (ENaC), qui participe avec le Farrell P, editors. Metabolic diseases: foundations of clinical mana-
CFTR à l’homéostasie ionique au niveau de l’épithélium bron- gement, genetics, and pathology. New York: McGraw Hill; 2017. p.
511–41.
chique [81, 82] .
[4] Registre français de la mucoviscidose. Bilan des données 2017. Site :
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mucoviscidose - bilan des donnees 2017.pdf.
Conclusion [5] Fanconi G, Uehlinger E, Knauer C. Das coeliakiesyndrom bei Ange-
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La mucoviscidose n’est plus aujourd’hui exclusivement une Wochenschr 1936;86:753.
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EMC - Pneumologie 7
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EMC - Pneumologie 9