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Assane CISSE

Professeur d’Histoire et de Géographie


GEOGRAPHIE

 L1 : Le Système-monde mondialisé

1ère partie : L’espace Nord Américain

Chapitre 1 : Présentation générale


 L2 : Atouts handicaps de la nature
 L3 : Population, villes et sociétés
 L4 : La construction de l’espace économique : les Etats-Unis, le Canada et le Mexique
(ALENA)
Chapitre 2 : Les Etats-Unis d’Amérique
 L5 : Le modèle économique américain : caractéristiques et problèmes

2ème partie : L’espace européen

Chapitre1 : Présentation générale


 L6 : Milieux naturels et population
 L7 : La construction européenne : réalités et perspectives
Chapitre2 : Etude monographique
 L8 : Etude alternée France / Allemagne

3ème partie : L’Asie-Pacifique

Chapitre 1 : Présentation générale


 L9 : Les facteurs d’émergence et leurs limites
Chapitre 2 : Le Japon
 L10 : Le modèle économique Japonais : caractéristiques et problèmes
Chapitre 3 : La Chine
 L11 : Les problèmes démographiques
 L12 : La voie chinoise de développement économique et social

4ème partie : L’Amérique Latine

Chapitre 1 : Présentation générale


 L13 : Milieux naturels et population
Chapitre 2 : Etude monographique
 L14 : Le Brésil : une puissance du Tiers-monde

5ème partie : L’Afrique

Chapitre 1 : Présentation générale


 L15 : Les problèmes de développement du continent africain
Chapitre 2 : Le Sénégal
 L16 : Milieux naturels et population
 L17 : La question de l’eau
 L18 : Les problèmes économiques et les politiques de développement

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G2
L’ESPACE NORD-AMERICAIN
ATOUTS ET HANDICAPS DE LA NATURE

L’espace Nord-américain correspond à la partie septentrionale de l’Amérique. Cet espace


triangulaire qui intègre également une partie de l’Amérique centrale couvre environ 23,5
millions de km2. Il s’étend de l’Arctique à l’isthme de Tehuantepec et est ceinturé par le
Pacifique à l’Ouest et l’Atlantique à l’Est. Géographiquement, il comprend trois Etats
fédéraux : le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.
Il renferme une grande variété d’ensembles naturels.
Ces traits physiques majeurs, nous allons les apprécier en termes d’atouts et d’handicaps.

I – Les atouts de la nature

Par atouts, on sous-entend les potentialités offertes par le milieu naturel. Il s’agi surtout de
l’immensité de l’espace qui est ici synonyme de diversité climatique et végétale. On note
aussi les ressources du sous-sol.

A – L’immensité de l’espace et la diversité climatique et végétale

Tout semble frappé de démesure dans l’espace Nord-américain. Ce sont les vastes plaines
centrales et les gigantesques montagnes de l’Est et de l’Ouest. Les côtes très étendues
favorisent les activités de pêche. Le réseau hydrographique renforce ce potentiel. Le système
fluvial des Grands Lacs-Saint Laurent et celui du Mississipi-Missouri dominent
l’hydrographie de l’Est et du Centre.

L’étalement en latitude, 14° Nord (Sud du Mexique) et 83° Nord (Cap Morris Jesup au
Groenland), expose l’espace Nord-américain aux influences tropicales et polaires. Les climats
sont donc très variés. On retient surtout :

 Le climat polaire : il couvre les deux tiers septentrionaux du Canada et de l’Alaska


ainsi que le Groenland. Les hivers sont très longs et on a une importante couverture
nuageuse et de la glace toute l’année.

 Du climat continental très froid au climat tempéré continental : on les retrouve au


Sud de cette zone. Ils s’étendent sur les deux tiers Est des Etats-Unis et au Sud du
Canada. Les changements climatiques sont très fréquents. Les températures sont plus
chaudes dans la partie méridionale.

 Le climat aride (ou subdésertique) : il englobe l’intérieur occidental des Etats-Unis


et une grande partie du Nord du Mexique. Dans cette région montagneuse, les pluies
sont rares. Les variations locales enregistrées sont fonction de l’altitude.

 Les climats tempérés océanique et méditerranéen : ils dominent sur une étroite
zone longeant le Pacifique, du Sud de l’Alaska au Sud de la Californie. Les hivers sont
relativement doux et les pluies rares en été.

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 Le climat tropical : il est humide sur la façade Sud-est des Etats-Unis et sec à saisons
contrastées sur la partie méridionale du Mexique. Il fait chaud toute l’année et les
précipitations sont fortes notamment en été.

B – Une nature généreuse

La nature est ici généreuse. Le sous-sol recèle des ressources minières et énergétiques. Ces
avantages sont complétés par les immenses possibilités agricoles.

 A l’Est, les Appalaches étirés sur 2 000 km regorgent de charbon et d’hydrocarbures.


Ils fournissent aussi de l’énergie hydro-électrique. Quant au bouclier canadien
présente un large éventail de minerais (cuivre, zinc, nickel, or, uranium…) et du bois
(industrie du bois et de patte à papier).

 A l’Ouest, les hautes chaînes de montagnes qui longent le Pacifique (les Rocheuses,
les chaînes côtières de la Sierra Nevada et de la Sierra Madre…) constituent un
« eldorado ». Les richesses minérales et énergétiques y sont aussi colossales.

 On a, entre ces deux systèmes montagneux, un couloir très étendu de plaines. Elles
couvrent le Centre et le Sud-est de l’espace Nord-américain. Etroites au Nord
(Canada), elles s’élargissent vers le Sud. Aux sols peu fertiles du Nord s’opposent les
terres noires (loess) du Sud aptes à l’agriculture (blé, maïs, soja …). En outre, elles
sont drainées par de puissants fleuves.

La beauté des paysages (canyon, chutes d’eau, parcs…) s’ajoute à l’ensoleillement du Sud et
de l’Ouest pour faire de certains endroits des milieux paradisiaques.

Toutefois, à côté de ces avantages du milieu naturel, on a des contraintes.

II – Les handicaps de la nature

Ces handicaps sont : un relief très accidenté, une instabilité du sol et des brutalités
climatiques.

A – Un relief très accidenté et une forte activité sismique

Dans un espace aussi immense et accidenté, le premier handicap à résoudre est l’obstacle des
distances. L’appropriation de l’espace par la mise en place de moyens de transport adéquats
est une nécessité pour faciliter les échanges et les contacts d’un bout à l’autre (conquête du
far west).
A l’Ouest, l’instabilité du milieu entraîne des phénomènes de volcanisme et de fortes activités
sismiques. Leur fréquence est liée à une orogénèse non achevée. La faille active de San
Andreas en Californie est un exemple de ces mouvements internes de la terre. Elle résulte du
contact de deux plaques : celle du Pacifique et celle du Nord-Amérique.

B – Les brutalités du climat

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Ces brutalités du climat se produisent aussi bien en hiver qu’en été. Elles témoignent d’un
milieu capricieux. Les températures et les précipitations connaissent de grands écarts et les
vents sont très violents.

 En hiver, le blizzard (vent glacial chargé de neige et de glace soufflant des régions
polaires) provoque des tempêtes de neige. Les températures chutent et les deux tiers
de l’espace nord-américain enregistrent plus de 180 jours de gel par an. Ces gelées
d’hiver paralysent les villes et les transports. Elles détruisent les cultures dans les
Plaines centrales. A la fin de l’hiver, le dégel des fleuves et la fonte des neiges
provoqués par le Chinook (vent d’Ouest fort, chaud et sec des montagnes Rocheuses)
entraînent des inondations.
 En été, la chaleur est accablante. Cette canicule est accompagnée d’orages violents
dans le Sud-est. Les côtes du Golfe du Mexique et de la Floride sont les plus touchées
par ces cyclones (Katerina et Rita respectivement en août et septembre 2005).
Pendant ce temps, à l’Ouest du 100 ème méridien Ouest (Nevada, Arizona et Nouveau
Mexique), les précipitations sont inférieures à 250 mm. C’est l’aridité et la
sécheresse. La disposition méridienne des montagnes Rocheuses est une barrière à la
pénétration des influences maritimes de l’Ouest. Les plaines côtières du Pacifique
font exception.
Ces excès climatiques affectent aussi le bétail.

L’espace Nord-américain bénéficie d’atouts fondamentaux. Ces forces ou potentialités


l’emportent largement sur les handicaps naturels.
Elles expliquent, en partie, la mobilité des hommes et leur implantation spatiale.

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Amérique du Nord : les grands domaines climatiques

G3
L’ESPACE NORD-AMERICAIN
POPULATION, VILLES ET SOCIETE

L’espace nord-américain compte environ 450 millions d’habitants. C’est une population
multiraciale et multiculturelle. Elle est aussi marquée par de grandes disparités. Ces inégalités
sont à la fois démographiques et urbaines. Elles opposent également les grands groupes
ethniques.
Nous verrons d’abord les grands traits de la population de l’espace nord-américain puis le fait
urbain et enfin nous étudierons les problèmes que traverse la société.

I – La population nord-américaine

A – Le peuplement
Le peuplement de l’espace nord-américain est inséparable des bouleversements mondiaux de
la fin du XVème siècle (les voyages de découvertes). Ainsi, les rangs des Amérindiens vont être
grossis par les flots de populations d’origines diverses. Aux Noirs venus d’Afrique par le biais
de la traite atlantique s’ajoutent des émigrants essentiellement européens : des Anglais, des
Irlandais, des Scandinaves, des Italiens… Pour des raisons politico-religieuses (persécutions)
ou économiques (faire fortune), ils se lancent à la conquête du Nouveau monde.

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Aujourd’hui, malgré les restrictions, les flux gagnent en intensité. Mais, le mouvement est
plus sélectif surtout au Canada et aux Etats-Unis. C’est la politique du « brain drain ». Elle
intéresse, entre autres, les savants, les chercheurs, les techniciens supérieurs, etc.
C’est ce qui explique l’immigration clandestine notamment avec les Latino-américains (les
wet backs ).
L’espace nord-américain est donc une terre carrefour où tous les groupes humains sont
représentés.

B – La composition ethnique
Tous les groupes humains sont retrouvés dans l’espace nord-américain.

 Les Amérindiens : ils constituent la population autochtone. Peu nombreux au Canada


et aux Etats-Unis (moins de 3 %), on les retrouve surtout au Mexique (plus de 10 %)
où ils forment une force sociale et politique avec le mouvement zapatiste.
 Les Blancs : ils représentent l’écrasante majorité de la population avec 80 % de
l’effectif. Ce sont les descendants des White Anglo-Saxons Protestants (W.A.S.P.), des
français plus nombreux au Canada et des Espagnols et Portugais retrouvés au
Mexique.
 Les Noirs : ils sont les descendants d’anciens esclaves et sont surtout implantés aux
Etats-Unis et au Mexique. Estimés à 13 % de la population, ils s’affirment de plus en
plus dans les domaines de la politique et des sports. Ils revendiquent leur racine
africaine.
 Le reste est composé de minorités : ce sont les Asiatiques (immigration récente), les
Inuits retrouvés dans le Nord du Canada et au Groenland.

Les comportements démographiques varient d’un groupe ethnique à un autre et d’un pays à
un autre.

C – Les contrastes démographiques


L’accroissement naturel est modéré dans l’espace nord-américain. Il est d’environ 1,23 %.
Toutefois, il ne révèle pas les dynamiques et les politiques de population.
En effet, le Canada et les Etats-Unis ont une croissance démographique faible (0,8 %). Leurs
caractéristiques démographiques sont typiques de celles des pays développés. La «crise des
berceaux » résulte dans ces deux pays des exigences d’une vie moderne : le coût d’un enfant,
le développement du travail féminin, l’acceptation de la contraception, la légalisation de
l’avortement, l’instabilité des ménages, le chômage, etc. De manière générale, leur population
vieillit. L’espérance de vie est supérieure ou égale à 75 ans. Le renouvellement des
générations est hypothéqué avec un I.S.F. de 1,52 au Canada et 2,0 aux Etats-Unis.
Dans ce domaine, le Mexique fait figure de pays en développement. Sa démographie est dite
galopante en raison de la jeunesse de la population. Les personnes âgées de moins de 15 ans
font 32,33 % contre 18,15 % et 20,98 % respectivement pour le Canada et les Etats-Unis.
Toutefois, les charges inhérentes à cette structure par âge poussent les autorités à adopter une
politique anti-nataliste. Par ces mesures, l’I.S.F. chute en passant de 3,2 à 2,21 entre 2001 et
2006.

II – Les villes nord-américaines

A – La mobilité de la population

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La population est très mobile. Elle se dirige de plus en plus vers l’Ouest et le Sud.
Contrairement au Nord-Est et à l’Est, ces régions enregistrent des soldes migratoires positifs.
Hier, c’était la ruée vers l’or et la conquête du Far west. Aujourd’hui, c’est l’appât du gain, le
tropisme solaire (la Sun Belt ou la ceinture du soleil très attractive) et les sites balnéaires du
Mexique.
Ces mouvements de la population sont facilités par un réseau dense de transports. Ils
favorisent les flux internes et redessinent sans cesse la carte de la distribution spatiale.

B – La distribution spatiale de la population


La répartition spatiale de la population est à la fois le fruit de l’histoire, de l’activité
économique et des contraintes naturelles.
En dehors des disparités entre les Etats, on note de grands déséquilibres entre l’Est et l’Ouest
de l’espace nord-américain. La partie orientale est la terre d’accueil des premiers immigrants.
Elle reste le grand centre de décisions et concentre une bonne partie de la population. L’Est du
Canada où sont massés les 9/10ème de la population est une parfaite illustration de cette inégale
distribution spatiale.
Dans la partie occidentale, les densités peuvent être inférieures à 10 habitants au km 2. Les
façades du Pacifique et les oasis des Montagnes Rocheuses font exceptions. La création de
villes pionnières comme Edmonton ou Uranium City peut corriger ces déséquilibres spatiaux.

C – L’urbanisation
Le fait urbain révèle un grand déséquilibre entre une population citadine et une population
rurale. En effet, les ¾ de la population sont des citadins. Partout le taux d’urbanisation est
supérieur ou égale à 75 % (79,34 % au Canada, 77,92 % aux Etats-Unis et 75,01 % au
Mexique. Ils vivent le plus souvent dans des villes millionnaires (Los Angeles, New York,
Montréal, Toronto, Vancouver, Mexico, Guadalajara, Monterrey…).
Toutefois, les Etats-Unis offrent le tissu urbain le plus dense avec une structuration autour
d’un centre-ville ou de quartiers d’affaires appelé le Central Business of District. Les notions
de mégalopolis et de conurbation traduisent le gigantisme des villes.
Dans ces villes multifonctionnelles, l’opulence côtoie la misère. Les autorités municipales
doivent sans cesse faire face aux problèmes sociaux.

III – La société nord-américaine


Nous choisissons d’étudier la société nord-américaine à travers celle des Etats-Unis. Elle
présente des traits de ressemblances avec celle du Mexique et dans une moindre mesure avec
celle du Canada. Les contrastes sociaux y sont plus prononcés.

A – Une société inégalitaire


Aux Etats-Unis, on a une société stratifiée. Les White Anglo-saxons Protestants (W.A.S.P.)
sont au sommet de la pyramide. Ils constituent l’establishment politique et économique. Les
exclus de la société d’abondance se retrouvent à la base. Même si des Blancs sont aussi
retrouvés dans ce lot, ce sont surtout les Noirs, les Asiatiques et les Latinos qui sont les plus
touchés (les under-class : homeless, chômeurs…).
Les clivages économiques se superposent sur les disparités inter-ethniques. Les inégalités de
revenus se lisent selon les sexes, les ethnies, les régions, les Etats et les secteurs ou branches
d’activités. On note aussi une ségrégation raciale et urbaine et l’absence de couverture
sanitaire. Ainsi, la pauvreté affecte quelques 36 millions de personnes.

B – La difficile intégration des minorités

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Le « salad bowl » s’est substitué au vieux rêve américain par le « melting pot » (fusion des
peuples immigrés dans la société anglo-saxonne ; aspiration à une homogénéité ethnique et
culturelle). Chaque groupe ethnique entend conserver ses spécificités et réclame le droit à la
différence ou l’exception culturelle. Même chaque groupe reste attaché à l’ « American way
of life » il conserve ou développe sa propre culture. Le « salad bowl » révèle donc une
intégration difficile et incomplète des minorités. Celles-ci forment des groupes de pression
ayant leur radio, leur télé et leur presse.

C- Les autres tares sociales


La pauvreté est le dénominateur commun de toutes ces tares sociales. Elle est à l’origine des
fléaux que sont : la toxicomanie, la délinquance, l’organisation de gangs ou de groupes armés
rivaux dans les quartiers, la criminalité etc.
Cette difficile intégration des minorités est source de conflits. Les émeutes survenues en 1992
à Los Angeles, dans le quartier de Watts (plus de 50 morts, 3 000 blessés et environ 2
milliards de $ de dégâts matériels), illustrent les violences qui gangrènent la société
américaine.

La société nord-américaine est, à l’image de la société américaine, multiethnique. Elle est


également très mobile et vit dans de grandes agglomérations. Mais, le développement
d’attitudes « malthusiennes » fait que, malgré le dynamisme démographique des minorités, le
renouvellement des générations est remis en cause.
Du fait des contrastes socio-économiques et des replis identitaires, on peut dire que c’est
société très fragmentée et ségréguée.
Toutefois, cet immense marché est un atout pour les trois partenaires de l’Accord de libre-
échange nord-américain : l’A.L.E.N.A.

G4
L’ESPACE NORD-AMERICAIN L’ALENA

La libéralisation de l’économie mondiale et l’interdépendance expliquent la construction


d’ensembles régionaux. L’Accord de libre échange nord-américain (A.L.E.N.A.) est un de ces
instruments pour faire face à la mondialisation. Il stimule les échanges des pays qu’il lie.
Mais ce vaste marché de 424 731 000 consommateurs est-il mutuellement avantageux aux
membres que sont les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ?
Après avoir retracé les étapes de sa mise en place, nous dresserons son bilan d’activités.

I – La construction de l’espace socio-économique nord-américain

A – Historique
Les Etats-Unis sont la première puissance économique mondiale. Leur économie est tournée
vers la conquête de débouchés extérieurs. Pour conserver leur hégémonie et faire face à la
résurgence des mesures protectionnistes des années 80 et 90, ils se rapprochent du Canada et
du Mexique.

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Dès 1989, le Canada et les Etats-Unis signent un accord de libre-échange : c’est l’A.L.E. En
août 1992, le Mexique les rejoint. Le 18 décembre de la même année, les dirigeants des trois
pays (George Bush, Carlos Salinas de Gortari et Brian Mulroney) institutionnalisent leurs
rapports privilégiés. Le traité entre en vigueur le 1er janvier 1994.
L’A.L.E.N.A. ambitionne de renforcer les liens économiques et commerciaux dans la sous-
région (cf. document 1, carte de l’intégration de l’espace nord-américain).

B – Objectifs
L’A.L.E.N.A. est un accord économique multilatéral de libre-échange. Il lie les destinées
économiques des Etats-Unis, du Canada et du Mexique. Il vise ces objectifs :
 Renforcer les liens d’amitié et de coopération entre les nations ;
 Eliminer les obstacles au commerce des produits et des services c’est-à-dire les
barrières tarifaires (taxes et droits de douane) et non-tarifaires (quotas et licences
d’exportation) dans un délai de quinze ans à compter de son entrée en vigueur. En
d’autres termes, il s’agit de libéraliser la circulation des biens, des services et des
capitaux ;
 Favoriser une concurrence loyale et mutuellement avantageuse;
 Réduire les distorsions du commerce;
 Augmenter les possibilités d’investissement ;
 Protéger, accroître et faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs ;
 Objectifs inavoués : endiguer le flux migratoire en provenance du Mexique d’une part,
et d’autre part mettre en place un réseau d’accords pour contourner le Japon et l’Union
européenne.

II – Bilan d’activités et perspectives

A – Bilan d’activités

A – 1 – Les réussites
L’A.L.E.N.A. a fait, en quelques années, des résultats assez spectaculaires en matière
commerciale. En effet, les échanges des trois pays ont connu, de 1994 à 2001 par
exemple, une croissance de 115 %. Les flux transnationaux de marchandises et
d’investissement s’élevaient pour la même fourchette de temps à 500 milliards de $ par
an. Mieux, le Mexique tire un grand profit du marché américain. Il y écoule plus de 80 %
de ses exportations.
Le P.N.B. global cumulé des trois partenaires ne cesse d’augmenter. Il passe de 6 000
milliards de $ à 12 340,1 milliards de $ entre 1994 et 2004 soit une hausse de 105,66 %.
En 2006, il est de 13 159,96 milliards de $. Toutefois, les Etats-Unis font 88,58 % de ce
total.
L’attractivité du marché et les potentialités économiques rendent possible ce dynamisme.
En raison des fortes disparités économiques, le Mexique bénéficie de ses partenaires d’un
« droit zéro » sur 70 % de ses exportations. Il bénéficie aussi au Sud du Rio Grande, dans
la région transfrontalière appelée « la Mexamerica », du développement des
« maquiladoras » ou « usines tourne-vis » et de villes jumelles (cf. document 2, carte de
la frontière américano-mexicaine et documents 2, 4 et 5). Dans cette interface
continentale de la Sun Belt, le niveau de vie des populations ne cesse d’augmenter.

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Toutefois, ce tableau cache des problèmes.

A – 2 – Les problèmes
Certains indicateurs sociaux montrent qu’il y a des défis à relever. Ils révèlent des
difficultés liées surtout au niveau de vie et de développement des pays.
L’A.L.E.N.A. n’a pas encore tenu sa promesse de faire accéder le Mexique au monde
développé. Le bien-être n’a pas connu la même évolution. Si le P.N.B./ habitant augmente
au Canada (de 22 610 $ en 2002 on passe à 26 870 $ en 2004) il a tendance à chuter au
Mexique (de 5 950 $ en 2002 on passe à 6 230 $ en 2003 puis à 6 210 $ en 2004).
Les inégalités sociales se creusent davantage alors que la précarisation du travail fait
grimper le taux de chômage. En outre, la dégradation de l’environnement est dénoncée par
les écologistes et le mouvement alter-mondialiste. Enfin, une partie de l’opinion
mexicaine et canadienne voit dans l’A.L.E.N.A. un instrument de dilatation de l’économie
américaine. Il accentue la subordination des économies voisines à celle des Etats-Unis.

B – Les perspectives
L’A.L.E.N.A. est un terrain d’essai ou une base de départ de l’intégration panaméricaine.
D’ici 2010, les trois Etats fédéraux comptent faire disparaître les barrières douanières à
leurs frontières. C’est donc à terme, la mise en place d’un marché unique nord-américain.
Cet accord devait constituer avec le MERCOSUR la charpente pour la création, en 2005,
d’une zone de libre-échange allant de l’Alaska à la Terre de Feu : la Zone de libre-échange
des Amériques (Z.L.E.A.) ou Accord de libre commerce des Amériques (A.L.C.A.). Mais
les Sud-américains voient dans ce projet une recolonisation américaine.
La volonté d’intégration s’étend au-delà du continent. Par le biais du Forum de
coopération économique Asie-Pacifique (l’A.P.E.C.), les Etats-Unis entendent profiter de
l’émergence de cette zone.

L’A.L.E.N.A. est un instrument régional qui accompagne la mondialisation. Pour la


première fois, des pays industrialisés s’associent avec un pays en développement. Au
regard de l’évolution en cours, il représente une expérience intéressante d’intégration
économique Nord-Sud. Malgré son jeune âge, il connaît d’importants succès.
Mais, l’A.L.E.N.A. n’apparaît-elle pas comme une réaffirmation de la volonté de
puissance des Etats-Unis ?

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G6
L’ESPACE EUROPEEN : MILIEUX NATURELS ET
POPULATION

L’Europe correspond au Finisterre occidental du continent eurasiatique. Ses limites englobent


la Turquie et une partie de la Russie (Monts Oural). Comparée à l’Asie, l’Amérique ou
l’Afrique, elle a une taille modeste. Elle fait 10 millions de km2.
Le « vieux continent » est constitué d’un ensemble au relief varié, de milieux
biogéographiques contrastés. Sa population est nombreuse et diversifiée.

I – Les milieux naturels

A – Le relief (cf. carte 1)


On peut distinguer les unités suivantes :

 Les plaines et les plateaux

Les plaines correspondent à des bassins sédimentaires formés depuis le Quaternaire par
des dépôts de moraines et de loess. Parmi celles-ci on a la grande plaine germano-

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polonaise, les plaines intérieures comme la plaine hongroise et celle ukrainienne. On a
aussi des plaines fluviales comme celle de l’Ebre et celle du Pô. Ces unités de relief sont
entrecoupées de plateaux dont : le plateau finlandais, le plateau de la Volga et le plateau
central russe.

 Les massifs anciens et les montagnes jeunes

Les massifs anciens datent du Primaire. Ces montagnes très anciennes (socles ou
boucliers) ont des sommets arrondis par l’érosion. Leurs altitudes sont assez réduites. Le
massif central français, les Ardennes, les Vosges et le massif Rhénan sont retrouvés au
centre. Au Nord, on a les massifs anciens en Scandinavie. Les hautes chaînes de
montagnes occupent la moitié Sud du continent. De l’Ouest vers l’Est se succèdent les
Pyrénées, les Alpes, les Apennins, les Alpes Dinariques

B – Les climats et la végétation (cf. cartes 2 et 3)

L’Europe est comprise entre les latitudes 35° et 71° Nord. Elle est presque entièrement située
dans la zone tempérée. Le rayonnement solaire (deux fois plus important au Sud qu’au Nord),
et l’influence de quatre grandes masses d’air (air polaire maritime humide de l’Atlantique
Nord, air polaire continental sec et froid de Sibérie, air tropical chaud et humide des Açores
et, enfin, air tropical chaud et sec du Sahara) font que les contrastes climatiques ne sont pas
aussi brutaux.
Quatre milieux peuvent être retenus :

 Le milieu océanique

Il s’étend de la Norvège au Portugal et de l’Irlande à l’Allemagne occidentale. De manière


générale, il présente les caractéristiques suivantes : des pluies abondantes (600 à 700 mm,
jusqu’à 1500 mm sur les hauteurs), des vents forts, de faibles amplitudes thermiques
(moins de 16°C), l’influence constante des masses d’air océaniques et la rareté du froid (la
neige et le gel sont exceptionnels). C’est un milieu propice à l’élevage bovin et à
l’agriculture céréalière et maraîchère.
Le paysage végétal type est la lande (végétation basse de buissons, prairie).

 Le milieu continental

Il couvre le Centre et l’Est. Ses traits dominants sont : des hivers froids et assez secs avec
une couverture neigeuse assez épaisse et durable, des cours d’eau paralysés par le gel
durant l’hiver, des crues de printemps, des étés chauds et pluvieux sous forme d’orages
violents, des amplitudes thermiques fortes (plus de 20°C). Par exemple, en Finlande, la
neige se maintient 80 à 140 jours par an dans le Sud et 220 à 250 jours par an dans le
Nord.
La disposition Nord-Sud de la végétation permet d’observer : la toundra, la taïga
(immense forêt de sapins), la forêt de feuillus (arbres à feuilles caduques), la prairie.

 Le milieu méditerranéen

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Ce milieu s’étend sur l’ensemble des régions voisines de la mer Méditerranée : la majeure
partie de la péninsule ibérique, l’Italie et la Grèce. Il est marqué par un fort
ensoleillement, des étés très chauds (25 à 27°C) et très secs (3 à 10 mois) et des hivers
doux (6 à 8°C). On note aussi de fortes inégalités dans la répartition des précipitations
(plus de 750 mm au nord et sur les côtes occidentales contre 400 mm dans les régions
méridionales), des vents régionaux ou locaux souvent violents (Mistral ou Tramontane en
France, Bora en Dalmatie).
La forêt est de plus en plus ravagée par les incendies et l’action anthropique. Elle cède la
place à la garrigue et le maquis (des formations végétales buissonnantes sur sols calcaires
ou sur sols siliceux).
D’autres contraintes affectent aussi ce milieu. Ce sont les séismes qui touchent surtout la
péninsule balkanique et le Sud de l’Italie, le ravinement des sols dû aux pluies
torrentielles et l’aridité.
Toutefois, cet espace est valorisé par l’agriculture irriguée (huertas espagnoles), la culture
du blé, de la vigne et de l’olivier. L’activité touristique se développe également
(héliotropisme et balnéotropisme).

 Le milieu montagnard

Ce milieu correspond aux montagnes moyennes et aux hautes chaînes de montagnes du


Nord, du Centre et du Sud. Il connaît des hivers très froids (moins de 0,6°C par 100 m
d’altitude) et est bien arrosé (plus de 4 000 mm dans les Alpes occidentales). Il est aussi
marqué par le gel et la neige (au-dessus de 3 000 m). C’est, entre autres, ce qui en fait un
milieu émetteur de flux migratoires temporaires ou définitifs.
C’est le domaine de la prairie et de la forêt.
Depuis quelques années, le milieu montagnard connaît un renouveau malgré ses
contraintes naturelles. La fréquentation hivernale engendre une spécialisation touristique
avec le ski et l’alpinisme.

II – La population

L’Europe est un grand foyer de peuplement. L’espace qui nous intéresse rassemble
environ 500 millions d’hommes, soit la 3 ème population du monde après la Chine et l’Inde.
Cette population diverse et à niveau de vie croissant est inégalement répartie. Elle est
également marquée par des dynamiques variées.

A – Unité et diversité des Européens

Les Européens sont à la fois unis et divers. Leur unité repose sur des valeurs comme la
démocratie, la liberté et les droits de l’homme. Leur diversité résulte quant à elle des
vagues migratoires successives. Malgré cette diversité, ils ont une caractéristique
commune : c’est la couleur blanche de leur peau.
Ainsi, trois grands groupes peuvent être distingués :

 Les Nordiques (Europe du Nord)


 Les Méditerranéens (Europe méridionale)
 Les Slaves (Europe centrale et orientale)

14
A ces groupes s’ajoutent les Arabes, les Asiatiques et les Noirs originaires d’Afrique
subsaharienne.
Les langues, les religions et les modes de vie révèlent aussi la diversité des Européens (cf.
cartes 4 et 5).

B – Une population inégalement répartie et fortement urbanisée

La population est inégalement répartie sur l’espace européen. Les marges septentrionales
marquées par le froid et les milieux de montagnes sont faiblement occupés. C’est le cas des
pays scandinaves où les densités de population dépassent rarement 50 habitants au km 2. Les
plus fortes concentrations humaines sont retrouvées dans les régions côtières, les régions
hautement industrialisées, le long des fleuves et des plaines riches. Les densités dépassent la
moyenne européenne qui est de 114 habitants au km2. Elles sont supérieures à 200 habitants
au km2.
Ces fortes concentrations humaines font sans cesse grossir les effectifs des villes.
Aujourd’hui, 3 Européens sur 4 vivent dans des villes ou de grandes agglomérations. Environ
80 % de la population sont des citadins.

C – Les problèmes démographiques

C – 1 – Une croissance démographique faible et lente

Le rythme de croissance démographique de l’Europe est un des plus faibles et des plus lents
du monde. Pourtant, de la fin de la deuxième guerre mondiale aux années 60, on avait assisté
à une reprise vigoureuse de la natalité. Celle-ci avait permis une augmentation de la
population. Mais, actuellement, le nombre de naissances s’est presque partout effondré. Cette
situation s’explique par le fait que les pays ont achevé la dernière phase de la transition
démographique. Ils sont aujourd’hui entrés dans le régime démographique dit moderne
caractérisé par une double chute de la natalité et de la mortalité. Elles varient respectivement
entre 10 %o et 15 %o et 8 %o et 10 %o. Dans certains pays, la mortalité est même supérieure
à la natalité.
Le coût d’un enfant, la liberté individuelle, le divorce et les progrès scientifiques et techniques
sont, entre autres, les principaux facteurs de la dénatalité. Il en résulte un problème de
renouvellement des générations. La situation démographique de l’Allemagne illustre cette
tendance et le vieillissement de la population : l’I.S.F. est de 1,3 et l’espérance de vie 78 ans.

C – 2 – Les répercussions sociales et économiques

Les problèmes de vieillissement de la population et de renouvellement des générations sont


des sources d’inquiétudes pour l’Europe. En effet, la prise en charge sociale des personnes
âgées risque de grever davantage les budgets des Etats (maison de retraite pour les personnes
du troisième âge). De même le financement des pensions de retraite est un risque de tensions
avec la hausse des impôts consécutive au manque de bras. La baisse du taux d’activité est
donc une autre source d’inquiétudes. Elle est à l’origine du recours, par certains pays comme
l’Italie et l’Espagne, à l’immigration.
Toutefois, ces étrangers sont victimes de comportements xénophobes. Dans un contexte de
mondialisation et de compétitivité, on voit en eux une cause de la hausse du chômage, un
autre problème que traverse l’Europe.

15
L’espace européen dispose de milieux naturels riches et variés. Ces atouts physiques
combinés au capital humain en font un des plus dynamiques pôles de développement
économique du monde.
L’harmonisation en cours des choix politiques, sociaux et économiques ne peut que renforcer
son poids et sa présence sur la scène internationale.

G7
LA CONSTRUCTION EUROPEENNE : REALITES ET
PERSPECTIVES

La première moitié du XIX ème siècle a été meurtrière et destructrice pour l’Europe. Les deux
conflits mondiaux ont accentué ses difficultés économiques et son émiettement politique.
Mais les antagonismes idéologiques n’ont pas empêché l’idée d’une Europe unie, intégrée et
sans frontières. Cet objectif a posé, dès les années 50, les bases de l’actuelle Union
Européenne.
Pourquoi et comment est-elle née ? Comment fonctionne-t-elle ? Qu’a-t-elle réalisé ? Après
avoir vécu six élargissements, quelles mutations doit opérer la première puissance
commerciale de la planète ?
Des réponses seront apportées à ces questions à travers l’historique de la construction
européenne, les organes de fonctionnement, le bilan et les perspectives.
I – Historique de la construction européenne
L’idée d’une Europe unie prend corps dans les années 20 avec le diplomate autrichien, le
Comte Richard Coudenhove-Kalergi. Elle est reprise après la deuxième guerre mondiale par

16
une poignée d’hommes politiques dont Jean Monnet, Robert Schuman, Konrad Adenauer,
Winston Churchill, Paul Henri Spaak…
A – La naissance de la Petite Europe

C’est sous l’impulsion des Etats-Unis d’Amérique (Plan Marshall et Pacte de l’Atlantique
Nord) que l’Europe tente de s’organiser. Mais ce sont les rapports franco-allemands qui vont
poser les bases de l’unité du « vieux continent ». En effet, le 9 mai 1950, R. Schuman propose
de « placer l’ensemble de la production française et allemande de charbon et d’acier sous une
Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays
d’Europe ». Le 18 avril 1951, les pays du Bénélux et l’Italie se joignent aux deux pays. Ils
signent le traité Paris qui donne naissance à la Communauté Européenne du Charbon et de
l’Acier (C.E.C.A.)
Cette première étape est suivie de la signature par les mêmes Etats, le 25 mars 1957 à Rome,
de deux traités : la Communauté économique européenne (C.E.E.) et la Communauté
européenne pour l’énergie atomique (C.E.E.A.) ou Euratom.
Le 1er juillet 1967, les exécutifs des trois communautés fusionnent pour donner la
Communauté européenne.

B – Les élargissements : de la C.E. à l’U.E.

En raison des succès économiques de la C.E., 21 pays ont rejoint entre 1973 et 2007, les 6
pays fondateurs. Ils ont porté le nombre de membres à 27. Ils ont rempli les conditions
suivantes : les principes de liberté, de démocratie, de l’état de droit, le respect des droits de
l’homme et des droits fondamentaux, l’établissement de l’économie de marché et
l’application des règles et politiques communes.
Par 6 élargissements, on passe de 6 à 27 membres. Le tableau ci-dessous retrace les dates de
ce processus et les évènements majeurs qui l’ont accompagné.

Dates Membres et évènements importants


25 mars 1957 Signature du Traité de Rome instituant la CEE par la France, la RFA, la
Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Italie
er
1 janvier 1973 Adhésion du Danemark, de l’Irlande et du Royaume-Uni : c’est l’Europe
des 9
er
1 janvier 1981 Entrée de la Grèce dans les Communautés européennes
1er janvier 1986 Adhésion de l’Espagne et du Portugal : c’est l’Europe des 12
19 juin 1990 Signature de l’accord Schengen
7 février 1992 Signature du Traité sur l’UE à Maastricht (entrée en vigueur le 1 er
novembre 1993)
1er janvier 1995 Entrée de l’Autriche, de la Finlande et de la Suède : l’Europe est à 15
1er mai 2004 Adhésion de 10 pays de l’Europe de l’Est : la Tchéquie, l’Estonie, Chypre,
la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, Malte, la Pologne, la Slovénie et la
Slovaquie : c’est l’Europe des 25
1er janvier 2007 Entrée de la Bulgarie et de la Roumanie : l’Europe compte 27 membres
Source : Pascal FONTAINE, 12 leçons sur l’Europe, la Documentation européenne,
Bruxelles, novembre 2003, pp 58-62.

II – Les objectifs et les organes de fonctionnement


A – Les objectifs

17
Les principaux buts poursuivis par l’U.E. sont :
 L’instauration d’une citoyenneté européenne : il s’agit des droits fondamentaux,
des droits liés à la libre-circulation, des droits civiques et politiques ;
 Le développement d’un espace de liberté, de sécurité et de justice : c’est la
volonté de coopérer dans les domaines de la justice et des affaires intérieures ;
 La promotion du progrès économique et social : c’est l’établissement d’un marché
intérieur, de l’Euro, la création d’emploi, la politique régionale, la protection de
l’environnement ;
 L’affirmation de son rôle sur la scène internationale.
B – Les organes de fonctionnement
Le fonctionnement de l’U.E. est assuré par des organes jouant chacun un rôle spécifique.
L’accent sera mis sur le Parlement européen, le Conseil de l’U.E. et sur la Commission
européenne.
 Le Parlement européen
On l’appelle aussi la voix des citoyens ou le bras législatif de l’U.E. C’est l’organe
démocratique et de contrôle politique. Il siège à Strasbourg. Le Parlement exprime ainsi la
volonté démocratique des citoyens de l'Union et représente leurs intérêts dans les
discussions avec les autres institutions européennes. Le Parlement compte actuellement
785 membres élus pour 5 ans et répartis proportionnellement à la taille de la population
des pays de l'Union. En principe, à partir de la prochaine législature (2009 – 2014), le
nombre de parlementaires européens ne devra pas excéder 736.
Ses principaux attributs sont :
1. l’examen et l’adoption de la législation européenne,
2. l’approbation du budget et des accords internationaux.

 Le Conseil de l’U.E. (ex-Conseil des Ministres)

C’est la voix des Etats membres. Chaque pays exerce la Présidence, par rotation, pour une
durée de 6 mois. Il se réunit 4 fois par an et son siège se trouve à Bruxelles. Javier Solana est
le visage de la diplomatie européenne.
Le Conseil a six responsabilités fondamentales :
1. il adopte la législation européenne. Dans de nombreux domaines, il légifère
conjointement avec le Parlement européen;
2. il coordonne les grandes orientations des politiques économiques et sociales
des États membres;
3. il conclut des accords internationaux entre l’UE et un ou plusieurs pays tiers ou
organisations internationales;
4. il approuve le budget de l’UE, de concert avec le Parlement européen;
5. il définit la politique étrangère et de sécurité commune de l'UE (PESC);
6. il coordonne la coopération entre les instances judiciaires et les forces de
police nationales en matière pénale.

 La Commission européenne

18
C’est le bras exécutif de l’U.E. Elle veille à la défense de l’intérêt commun. Elle constitue,
avec le Parlement, des institutions politiques indépendantes des contraintes étatiques.
La Commission européenne remplit quatre fonctions essentielles :
1. elle soumet des propositions au Parlement et au Conseil,
2. elle gère et applique les politiques et le budget de l’UE,
3. elle applique le droit européen (de concert avec la Cour de justice),
4. elle représente l’Union européenne sur la scène internationale, par exemple en
négociant des accords entre l’UE et d’autres pays.
Son Président est José Manuel Barroso.

Pour ces autres organes et celles ci-dessous, nous invitons les élèves à collecter plus
d’informations sur le site http://www.europa.eu.int
 Le Conseil européen
 La Cour de Justice
 La Cour des Comptes
 Deux Banques (la Banque centrale européenne et la Banque européenne
d’investissement)
 Le Comité Economique et Social Européen (C.E.S.E.)
 Le Comité des régions

III – Bilan et perspectives

De sa naissance à ce jour, l’U.E. a fait beaucoup de réalisations. Elle est donc devenue une
réalité à la fois politique, économique et sociale. Elle est, en permanence, en chantier.
A – Les réalisations
1 – Sur le plan politique
En rapprochant les vainqueurs et les vaincus de la 2 ème guerre mondiale, l’Europe brise le
cycle de conflits qui l’affectaient. Le « rideau de fer » qui la coupait en deux est effacé avec la
chute du mur de Berlin. L’Est et l’Ouest se réunifient à nouveau.
En matière de sécurité, en plus de l’OTAN, l’U.E. s’est dotée d’un outil politico-militaire
appelé EUROFOR. Cet instrument coordonne ses actions avec EUROPOL et EUROJUST
pour lutter contre le terrorisme et la criminalité.

2 – Sur le plan économique et social

La P.A.C., le marché unique et l’U.E.M. illustrent les réussites économiques et sociales de


l’U.E.

a) La P.A.C.

19
La P.A.C. est née en 1962, a fait de l’U.E. une grande puissance agricole. C’est le Fonds
européen d’orientation et de garantie agricole (F.E.O.G.A.) qui a permis d’atteindre les
objectifs dont la stabilisation des marchés, la modernisation des outils agricoles,
l’accroissement de la production agricole et l’amélioration du niveau de vie de la population
agricole.

b) Le marché unique

C’est le véritable moteur de l’intégration économique et sociale. Les personnes (les accords
Schengen), les biens, les services et les capitaux peuvent circuler librement à l’intérieur de
l’espace. Il renforce les échanges intra-communautaires avec ce qu’on appelle « la préférence
communautaire ». Pour une cohésion économique et sociale et pour corriger les inégalités de
développement entre les Etats et les régions, l’U.E. a mis en place le Fonds social européen
(F.S.E.) et le Fonds européen de développement régional (FEDER). Ces fonds ont permis de
promouvoir l’emploi et la mobilité professionnelle et géographique des travailleurs. On peut
citer l’Espagne et le Portugal qui ont bénéficié, lors de leur adhésion, du Programme intégré
méditerranéen (P.I.M.) ou encore les pays d’Europe centrale et orientale qui ont eu droit au
programme Phare.

c) L’établissement de l’U.E.M. et l’Euro


C’est un processus qui s’est déroulé en 3 étapes :

c -1- 1979 : l’ECU (European Currency Unit) est introduit par le système monétaire
européen. Cette monnaie de compte de l’espace économique réduit de 2,25 % à 6 %
les variations de change des monnaies européennes. Elle permet aussi de faire face aux
fluctuations du dollar.
c -2- 1992 : le traité de Maastricht pose les critères pour parvenir à l’U.E.M. : la
réduction du taux d’inflation, des taux d’intérêt, du déficit budgétaire (3 % du PIB) et
de la dette publique (60 % du PIB).
c -3- 1999 et 2002 : l’adoption et la mise en circulation de l’Euro comme monnaie commune
des 27 membres et comme monnaie unique de 13 d’entre eux. Au 1er janvier 2008, Malte et
Chypre rejoignent l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, la
Grèce, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Portugal et la Slovénie. Ce sont ces
15 sui forment la « zone euro ».
Malgré ces réalisations, l’U.E. a encore du chemin à faire.
B – Les perspectives
1 – Les défis politiques
Le 29 octobre 2004, les chefs d’Etat et de gouvernement ont signé à Rome l’accord instituant
une Constitution européenne. Toutefois, ce projet n’est pas encore entré en vigueur. En effet,
les Pays-Bas l’ont rejeté le 1er juin 2005. Ils ont rejoint la France qui avait refusé, le 29 mai de
la même année, par voie référendaire, de la ratifier.
Depuis 1987, la Turquie frappe avec insistance à la porte de l’U.E. Elle a bénéficié, le 3
octobre 2005, de l’ouverture des négociations de pré-adhésion. Cette intégration, de même
que celle d’autres pays candidats (la Croatie et la République yougoslave de Macédoine) ne
peut se produire qu’après 2012 ou 2015.
Pour l’heure, l’U.E. cherche un second souffle pour relancer le projet de Constitution.

20
2 – Les défis sociaux et économiques
Les problèmes sociaux et économiques sont également des dossiers brûlants.
De manière générale, l’Europe est confrontée à un vieillissement de sa population et aux
inquiétudes liées à ce phénomène (manque de bras et ralentissement du dynamisme
économique des Etats et de l’U.E.).
Il y a quarante ans, les femmes de l’EU-25 mettaient en moyenne plus de 2,5 enfants au
monde au cours de leur vie, mais depuis le taux de natalité diminue en Europe. Aujourd’hui,
les femmes donnent en moyenne naissance à moins de 1,5 enfant. La proportion des jeunes
régresse donc dans l’Union et la population active diminue. Or ce nombre toujours réduit de
travailleurs doit subvenir aux besoins et pourvoir au paiement des pensions d’un nombre
toujours accru de retraités. Pour préserver, voire augmenter la taille de sa population active,
l’Europe a besoin d’un dosage entre main-d’œuvre immigrée qualifiée, apprentissage tout au
long de la vie et formation permanente, femmes travaillant à l’extérieur plus nombreuses ainsi
que de retraités travaillant à temps partiel. Faire plus de bébés serait aussi une bonne solution!
En 2005, 63,8 % des personnes en âge de travailler avaient un emploi. La lutte contre le
chômage est vitale pour l’Union européenne. Les taux de chômage. Dans l’ensemble, 8,7 %
de la main-d’œuvre totale de l’Union étaient sans emploi au cours de l’été 2005, chiffre à
comparer avec celui des États-Unis où, à la même époque, il y avait seulement 5,1 % de
chômeurs. L’Union vise à assurer un taux d’emploi de 70 % en 2010.

L’idée d’intégrer les économies d’Europe et d’unir les hommes est ancienne. En l’espace de
cinquante ans, par le processus d’intégration toujours en cours, l’U.E. a assuré la stabilité du
vieux continent. Elle a aussi permis une amélioration du niveau de vie de ses citoyens et un
renforcement de sa présence sur la scène mondiale.
Elle est devenue, après la Chine et l’Inde, le 3 ème marché de consommateurs. Elle est aussi
l’un des plus dynamiques pôles d’impulsion de l’économie mondiale.
Aujourd’hui, la championne de l’aide au développement se positionne davantage pour
contrebalancer l’hégémonie américaine.

G 8 L’ECONOMIE DE LA FRANCE
La France est un pays d’Europe occidentale. Elle est ouverte sur trois façades maritimes
(l’Atlantique, la Mer du Nord et la Méditerranée), soit 5 500 km de côtes. Elle partage 3 000
km de frontières terrestres avec six pays (la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse,
l’Italie et l’Espagne).
Avec sa forme hexagonale, elle couvre 551 500 km2 et compte 61,7 millions d’habitants. En
plus de l’espace métropolitain, on a aussi la France d’outre-mer1. Elle est, après les Etats-
Unis, le Japon, l’Allemagne et la Chine, la 5 ème puissance économique mondiale. Elle
appartient au groupe restreint de pays développés, le G7. Avec l’Allemagne, elle constitue le
couple locomotive de l’UE.
Sur quelles bases repose la puissance économique de la France ? Quel rôle joue l’Etat ?
Quelles sont les contributions des secteurs d’activités ?
1
D.O.M. : Réunion, Guadeloupe, Martinique et Guyane ;
T.O.M. : Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna
Trois collectivités territoriales : Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon, les terres australes et antarctiques (Adélie,
Saint-Paul, Nouvelle-Amsterdam, Crozet, Kerguelen)

21
I – Les bases de la puissance économique de la France
La puissance économique de la France repose sur de solides piliers qui la classent parmi les
grands décideurs mondiaux.

A – Le capital naturel et humain

A – 1 – Un cadre naturel ouvert et généreux (cf. cartes 1, 2 et 3))


Par sa position en latitudes (entre 42° et 51° Nord), la France est un pays à climat tempéré où
convergent les influences océaniques, continentales et méditerranéennes. Dans cet espace
ouvert, l’altitude moyenne est d’environ 342 m. C’est ce qui explique la prédominance des
plaines (les bassins parisien, aquitain, l’Alsace et la Lorraine) et des bas-plateaux (massifs
armoricain et central) au Nord et à l’Ouest du pays. Ces terres sont aptes aux activités
agricoles. Elles profitent aussi des apports de limons fertiles des cours d’eau. En effet, dans la
partie montagneuse de l’Est et du Sud-Est (les Vosges, le Jura, les Alpes, les Pyrénées) on a
des châteaux d’eau avec des fleuves comme la Loire (1 012 km), la Seine (776 km), la
Garonne (524 km) et le Rhône (522 km). Ils permettent la production d’électricité, la
navigation et l’irrigation.
Ces facteurs font que l’espace est assez généreux.

A – 2 – Un potentiel humain élevé et un marché porteur (cf. pyramide des âges)


La taille du marché national (61,7 millions de consommateurs) et européen (environ 500
millions de consommateurs) constitue, malgré le vieillissement accéléré de la population 2, un
atout pour le développement économique de l’Hexagone. En effet, cette société post-
industrielle a un niveau de vie très élevé. Son PNB/habitant est de 28 220 $. L’efficacité du
système éducation-formation dote les Français d’un grand savoir-faire. Elle renforce la
compétitivité du pays. Ainsi, elle peut pallier à l’état modeste des ressources naturelles
importantes dont les hydrocarbures.

B – L’Etat et la vie économique


L’Etat détient un rôle majeur dans la vie économique. Son champ d’action touche à plusieurs
domaines.

B – 1 – Planification et intervention de l’Etat


En France, l’organisation économique porte l’emprunte du libéralisme mais aussi celle de
l’intervention de l’Etat. On le retrouve dans la haute sphère des finances et dans la politique
des prix aux consommateurs. Il élabore et mène les politiques d’aménagement pour répondre
au souci de développer toutes les régions françaises et d’équilibrer les activités sur le plan
spatial. En outre, il alloue des crédits et des subventions (agriculteurs et industriels). De
concert avec les institutions financières, il s’implique dans la Recherche-développement (2,3
% du PIB).

B – 2 – L’Etat employeur et client


L’Etat est employeur et client. Il favorise une expansion du secteur public. Il est de loin le
plus puissant des agents économiques. Il contrôle totalement ou en grande partie les services
publics (éducation, santé, transports et énergie). Par les programmes de grands travaux, il
2
Les personnes âgées de 65 ans et plus font 16,4 % en 2006 contre 11,1 % en 1946. Cela est
dû à la baisse de la fécondité (1,84), à l’allongement de la vie (79,7 ans) et à la chute du taux
d’accroissement naturel (natalité = 11,99 %o et mortalité = 9,14 %o en 2006)

22
soutient les secteurs du bâtiment et des travaux publics et passe des commandes aux industries
d’armements.

II – Les contributions des secteurs d’activités

L’économie française est la 5ème du monde. Elle est européanisée et mondialisée. Elle évolue
depuis la mise en place du marché commun dans le cadre des politiques communes.

A – L’agriculture (cf. carte 4)


La France est une puissance agricole : la 1ère de l’UE et la 2ème exportatrice de produits
alimentaires dans le monde. Le secteur emploie environ 3 % de la population active et sa part
dans le PIB est de 2,5 %. Elle assure, à elle seule, plus de 20 % de la production de l’UE. Ses
atouts sont naturels (S.A.U. des plus importantes de l’UE soit environ 35,6 % de la superficie
du pays, diversité des sols et des climats et humains (4 % de la population active ayant reçu
une formation). Le dynamisme résulte aussi d’une évolution des exploitations (diminution du
nombre d’exploitations et forte progression de leur taille) et des efforts constants de
modernisation (mécanisation, recherche agronomique, agriculture biologique utilisant des
espèces génétiquement modifiées). Les effets de cette assistance de l’Etat, des banques et de
l’UE (PAC, FEOGA) expliquent la forte augmentation de la productivité et des rendements.
C’est la raison pour laquelle on parle de « pétrole vert » de l’Hexagone.

B – Les mines et les industries (carte 5)


La France est la 2ème puissance industrielle de l’Europe. Le secteur occupe près de 25 % des
actifs et contribue à hauteur de 21,7 % au PIB.

B – 1 – L’exploitation minière
Le rôle du sous-secteur du charbon décroît. Les derniers gisements ont cessé leurs activités. Il
ne reste que, entre autres, les minerais de fer, de bauxite et de nickel.
Le gaz naturel (1,52 milliards de m3 en 2003) extrait de Lacq dans le Sud-Ouest et le pétrole
(1,35 millions de tonnes en 2003) dans le Sud-Est du Bassin parisien et en Aquitaine
demeurent marginales. Ces hydrocarbures couvrent respectivement un peu moins de 15 % et
1,5 % des besoins de consommation du pays. La France doit donc importer (Moyen-Orient,
Afrique, Europe, Etats-Unis, Russie…) pour faire face à la demande d’une société de
consommation. Toutefois, elle s’est dotée d’industries pétrolières fédérées autour du groupe
Total-Fina-Elf.
Dans le souci de réduire la facture énergétique et son taux de dépendance, la France mise
beaucoup sur l’électricité (554,791 milliards de Kwh) et le nucléaire (plus 3/4 de la
production électrique soit 78,73 %). Elle fait aussi la promotion des énergies dites
renouvelables (énergie solaire, énergie marémotrice…).

B – 2 – Les principales branches industrielles


 Les industries dites ‘traditionnelles’ : il s’agit de la sidérurgie et du textile qui ont
été affectés par des crises de restructuration, de modernisation et surtout par la
concurrence extérieure (NPIA pour le textile).
 Les industries de biens d’équipement et de consommation durable : dans cette
branche, on peut ranger la construction automobile, les machines-outils, le BTP
(Bouygues, Fougerolles), l’électroménager. L’industrie automobile française occupait
en 2001 le 3ème rang mondial avec une production de 3,4 millions d’unités. Les
principaux constructeurs sont Renault et PSA Peugeot-Citroën.

23
 Les industries de pointe : on peut retenir l’armement (3ème mondial), de l’industrie
aéronautique (Airbus Industrie) et spatiale (Ariane) et de l’industrie de luxe (parfums,
champagnes et vins, haute couture, prêt-à-porter, cosmétique…). L’IAA est l’une de
ses branches les plus dynamiques. Elle est dominée par des grandes firmes comme
Danone qui a réalisé en 2001 un chiffre d’affaires de 130 milliards d’euros. On a aussi
les techniques de communication (France Telecom, Alcatel), le matériel ferroviaire
avec le TGV (Alstom), l’équipement électrique (Altstom-Alcatel) ou encore la
pharmacie (Sanofi-Aventis, leader européen et n°3 mondial).

C – Le tertiaire
La « tertiairisation » de l’économie française a commencé à la fin des années 70. Aujourd’hui,
on parle même de tertiaire supérieur. Avec 74 % de la population active, il contribue pour 75,8
% à la formation PIB.
Les performances de la vie des relations tiennent à plusieurs facteurs : un réseau de transports
très développés (terrestre avec les routes, les autoroutes, le chemin de fer ; fluvial ; aérien et
sous-terrain avec les tunnels), aux télécommunications liant la France au reste de la planète, à
la préférence communautaire (en matière d’échanges) et au tourisme (1 er pays touristique du
monde avec plus de 70 millions de visiteurs par an).
L’état et la géographie du commerce de l’Hexagone, la 4 ème puissance commerciale du monde,
peuvent être appréciés à travers les tableaux 1 et 2.

Tableau 1 : Commerce extérieur de la France de 1997 à 2004 (en milliards de $)

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004


Exp. Marchandises 303,030 298,220 291,210 294,621 307,196 361,913 421,165
Imp. Marchandises 278,080 278,830 287,470 291,785 299,557 358,487 429,067
Exp. Services 84,960 83,790 78,270 82,298 86,130 98,759 110,313
Imp. Services 67,730 64,670 58,220 56,860 68,907 82,863 97,523
Balance paiements 37,700 36,580 24,500 28,760 10,997 11,803 4,833
Sources : Atlaséco 2002 et 2006.
Tableau 2 : Partenaires commerciaux de la France en 1999 (en milliards de francs)

Pays fournisseurs Pays clients


Allemagne 306 Allemagne 290
Italie 172 Royaume-Uni 190
Etats-Unis 156 Espagne 173
Royaume-Uni 152 Italie 168
Espagne 127 Etats-Unis 142
Belgique 122 Belgique 132
Pays-Bas 91 Pays-Bas 86
Japon 64 Suisse 68
Chine 50 Portugal 29
Suisse 43 Japon 28
Source : INSEE (Bac 2003, épreuve du 2ème groupe)

La bonne santé économique de la France est donc traduite par ces données statistiques. En
effet, pour la période qui va de 1998 à 2004, la balance commerciale a enregistré 6 soldes
excédentaires et 1 solde déficitaire. Pour le solde des services, il est excédentaire pour toute la
période retenue.

24
Toutefois, cette vitalité économique n’a pas freiné, malgré la croissance, le chômage. En
janvier 2005, il a atteint 10,2 % contre une moyenne européenne de 8 à 9 %. Selon les
dernières statistiques de l’INSEE, la France compterait près de 7 millions de personnes
pauvres. Cela signifie que 11 à 12 % de la population vivent avec moins de 650 euros. En
outre, 8 à 12 millions de personnes vivent dans la précarité.
La situation est d’autant plus préoccupante économiquement et socialement quand on sait que
la France ne répond plus aux critères de Maastricht. Le déficit public est de 4,1 % et la dette
publique représente 1 607 milliards d’euros, soit 64, 7 % du PIB.

Il ressort de ce qui précède que la France profite d’atouts favorables tant sur les plans
physique et humain que dans les domaines de la recherche scientifique et technique.
Aujourd’hui, elle figure dans le peloton des plus grandes économies de la planète. Par son
PNB global (1 674,7 milliards de $) et son PNB par habitant elle est classée respectivement à
la 5ème et à la 28ème place.
Cependant, le pays doit trouver un souffle nouveau pour faire face au chômage et aux
répercussions du vieillissement de la population sur l’économie.

G9
L’ASIE-PACIFIQUE
LES FACTEURS D’EMERGENCE ET LEURS
LIMITES

L’aire Asie-Pacifique est structurée autour du « Grand Océan » (180 millions de km2). Elle
comprend l’Asie orientale (avec entre autres pays le Japon, la Chine et les pays connus sous
l’acronyme NPIA), la façade maritime Ouest de l’Amérique, l’Australie et la Nouvelle
Zélande.
Aujourd’hui, elle constitue une aire de puissance en expansion. C’est un des principaux foyers
de l’économie mondiale.
Quels sont les facteurs de son dynamisme économique et ses limites ?

I – Les facteurs d’émergence de l’aire Asie-Pacifique

25
Les atouts qui fondent la vitalité de cet espace géographique sont d’ordre naturel, humain et
économique.

A – Les atouts naturels


L’omniprésence des mers chaudes et des littoraux est un facteur adoucissant d’où la
prédominance d’un climat chaud et humide (pluies de mousson abondantes). Les mers offrent
un espace nourricier (pêche et aquaculture) et les littoraux abritent des cités portuaires et
marchandes de rayonnement international.
Enfin, l’agriculture intensive (sous pluie ou irriguée) se développe aussi bien sur les plaines
que sur les versants des montagnes aménagés (cultures en terrasses). Elle nourrit beaucoup de
personnes.

B – Les atouts socio-économiques


L’aire Asie-Pacifique dépasse les 2 milliards d’individus. Par exemple, la Chine fait à elle
seule 1,3 milliard d’habitants. C’est donc un immense marché de consommateurs. En plus du
nombre, on a des valeurs et des vertus qui leur sont reconnues. C’est une population
laborieuse, énergique, volontaire, confiante, entreprenante et dotée d’un sens élevé du
patriotisme.
Sur le plan économique les acteurs ou moteurs de cette émergence sont les Etats-Unis (la
Californie, le Golden State) et le Japon qui constituent un condominium. Ils forment avec les
NPIA (les 4 Dragons : Corée du Sud, Hong Kong, Singapour et Taiwan et les Tigres 2ème et
3ème génération : Indonésie, Malaisie, Philippines et Thaïlande et, Vietnam, Laos et Birmanie)
le tripode auquel on ajoute la 4ème économie mondiale, la Chine.
Cette région profite des infrastructures aéroportuaires à fort trafic comme Singapour,
Shanghai, Tokyo… On parle même d’une littoralisation de l’économie avec les ZES ou ZFIE.
Elle bénéficie également de ses places financières (Tokyo par exemple), des paradis fiscaux
(blanchiment d’argent) et attire, par ses faibles coûts de production (faible fiscalité, main
d’œuvre abondante et à bon marché), les usines délocalisées des pays riches, les hommes et
les capitaux étrangers (IDE). Le phénomène de sous-traitance gagne aussi du terrain.
Ces facteurs favorisent un transfert de technologies et une industrialisation de la région
(production et exportation de biens sophistiqués à HVA). Ils expliquent les records de
croissance économique enregistrés par les pays riverains (plus de 5 %).
Par ailleurs, l’ASEAN et l’APEC devraient renforcer davantage la puissance économique de
la région.
II – Les limites de cette émergence
Les limites de l’aire Asie-Pacifique sont liées au cadre physique et à la fragilité de certaines
économies.

A – Les contraintes physiques


Le milieu physique est instable. Cette instabilité résulte de plusieurs phénomènes. En effet, la
région est marquée par l’existence de nombreuses fosses océaniques (fosse des Mariannes,
fosse des Aléoutiennes…) et par les contacts des plaques (plaque eurasienne, plaque
Amérique du Nord-plaque Pacifique…). C’est ce qui explique la fréquence des séismes, des
éruptions volcaniques ou encore des tsunami comme celui qui a fait en décembre 2004 plus de
145 000 victimes et réduit à néant des années de dur labeur.
Les crues dévastatrices des fleuves de même que les typhons ou les pluies de mousson avec
leur cortège de dégâts (sans-abris, destruction des récoltes…) accentuent aussi la fragilité de
l’aire Asie-Pacifique.

B – Des économies encore fragiles

26
L’économie de l’aire Asie-Pacifique est dite extravertie c’est-à-dire tournée vers l’extérieur.
Celle-ci est à l’origine de difficultés. On peut, entre autres, retenir :

 Les inégalités régionales et intra-régionales


L’extraversion économique avec une littoralisation des activités a comme corollaire une
opposition nette entre les régions modernisées et les régions délaissées (intérieur). Ce
dualisme se lit aussi entre la campagne pourvoyeuse de main d’oeuvre et la ville. Cette
dernière attire des populations à la recherche d’un emploi et de la fortune. En Chine, on
les appelle les travailleurs flottants (vie de débrouille, clandestinité…).

 Les difficultés socio-économiques


La pauvreté, le chômage et la marginalisation ethnique ou frontalière sont aussi des
conséquences de cette orientation économique. Elles sont des sources de fragmentation
avec les contestations sociales notamment au Tibet. La vulnérabilité financière de la
région (Asie du Sud-Est) n’est plus à démontrer. La crise boursière et financière de 1997-
1998 et son lot de faillites d’entreprises et de fuite des capitaux étrangers rappellent les
méfaits d’une économie tournée vers l’extérieur.
D’autres problèmes sont aussi à soulever comme l’épizootie de la volaille (H5N1) et la
dépendance énergétique.

 Les difficultés politiques


Malgré la volonté d’unité politique des pays asiatiques traduite à travers le concept
« asiatisme », il n’est pas exagéré de parler de « paix armée ». En effet, les points chauds
sont encore nombreux notamment avec les différends frontaliers, les mers disputées, les
pirateries ou encore l’essor du fondamentalisme religieux en Asie du Sud-Est. Le chantage
nucléaire nord-coréen et la course aux armements entre la Chine et Taiwan pourraient
déstabiliser la sous-région.

L’aire Asie-Pacifique est un des pôles les plus dynamiques de l’espace-monde. Par sa
prospérité, elle est en voie de ravir à l’Atlantique le centre de gravité de l’économie
mondiale.
Le rôle moteur du Japon, la 2 ème économie du monde, y est considérable. Son modèle de
développement sert de référence dans la sous-région.

27
G 10
LE MODELE ECONOMIQUE JAPONAIS
CARACTERISTIQUES ET PROBLEMES

Le Japon est un archipel dont les 4 grandes îles (Hokkaido, Honshu, Shukoku et Kyushu)
représentent l’essentiel des 378 000 km2.
Après avoir été vaincu et ruiné en 1945, il s’est hissé au 2 ème rang de l’économie mondiale.
Cette spectaculaire montée en puissance qualifiée d’ « économie miracle » fait du pays du
Soleil levant un moteur de développement de l’Asie orientale et un des pôles de la Triade.
Quelles sont les caractéristiques du modèle économique japonais ? Celles-ci expliquent-elles
la puissance économique du Japon ? Cette puissance est-elle sans limites ?

I – Les principales caractéristiques du modèle économique japonais

A – Le rôle de l’Etat dans la vie économique


Au Japon, l’Etat s’implique dans les affaires. La pièce centrale de cette complicité le
gouvernement et les grandes firmes (les Keiretsu) est le M.I.T.I. (Ministry of International

28
Trade and Industry) mis en place en 1949. En 2001, il est rebaptisé pour donner le M.E.T.I.
(Ministry of Economic Trade and Industry). Ce super ministère élabore les plans, intervient
dans les politiques de restructurations, oriente les investissements et les stratégies de
développement. Il s’appuie sur deux organes :
 Le JETRO (Japan External Trade Organization)
 Le JICST (Japan Information Center of Science and Technology)
Le 1er se charge de recueillir sur le marché mondial l’information économique et commerciale
et, le second collecte l’information scientifique et technique pour les entreprises.

B – La complémentarité industrielle
L’industrie japonaise est puissante et dynamique. Elle va de l’industrie de base à l’industrie de
pointe. Elle est marquée par le dualisme entre les conglomérats et les PME/PMI.
Les FMN (Toyota, Sony, Mitsubishi…) embrassent plusieurs activités autour de 3 pôles :
 Les finances (banques, assurances…)
 La production
 Le commerce (les « Sogososha »).
Elles s’associent aux PME/PMI par la sous-traitance. Grâce à leur capacité financière, elles
s’investissent dans la Recherche-Développement.

C – Les ressources humaines


La richesse du Japon réside aussi dans ses hommes. Les 127 573 000 habitants bénéficient
grâce au système éducation-formation d’un haut niveau de qualification à tous les stades de la
vie active. C’est ce qui permet d’atteindre l’objectif « zéro défaut » dans la production.
Les 26 technopoles et les cités scientifiques du Kansai et de Tsukuba sont des sites
d’invention et d’innovation de renommée mondiale.
Cette population est aussi marquée par une très forte cohésion, tant au sein de la famille, de la
société qu’à l’usine. Elle fait preuve d’un véritable patriotisme.

II – Les réussites économiques du Japon


Le Japon joue un rôle prépondérant dans la région Asie-Pacifique tout comme sur la scène
internationale. Sa puissance industrielle n’est plus à démontrer et, sa force commerciale et
financière en fait un des premiers acteurs du Système-monde.

A – Un commerce extérieur dynamique


Le Japon est un pays marchand. Il assure 8 % du commerce mondial. Son commerce extérieur
arrive à la 3ème place après l’UE et les Etats-Unis. Les excédents de sa balance commerciale
avec ses partenaires du monde industrialisé et ses voisins d’Asie (cf. tableau 2B) s’expliquent
par la présence planétaire de ses FMN. Celles-ci exportent des produits « high-tech ». Le
commerce extérieur est donc un fidèle miroir du développement du Japon. Depuis plus de dix
ans, il enregistre un solde positif. En 2004, il s’élevait à plus de 180 milliards de $.

B – Une puissance financière


Le Japon est aussi une puissance financière. Le yen et la bourse de Tokyo (le Kabutcho)
symbolisent son rayonnement et son influence au plan international.
Depuis les années 80, les IDE (30-50 milliards de $) et les relocalisations industrielles
(automobile, électronique, chimie…) intéressent de plus en plus la piste asiatique.
Ainsi, il est, avec la Chine, l’un des principaux catalyseurs de la prospérité économique de
l’Asie orientale.
Toutefois, l’économie nippone cache des points faibles.

29
III - Les problèmes du modèle économique japonais

A – Les défis naturels


Le territoire est étiré sur 2 000 km entre les latitudes 24° et 46° Nord. Il présente des
handicaps qui affectent l’économie. En effet, la place des montagnes (61 % de l’espace)
limites les possibilités agricoles. De même, certains risques majeurs liés à l’instabilité du
relief constituent des défis permanents. Il s’agit du volcanisme (Monts Fuji par exemple), des
inondations liées aux pluies de typhons en été, des séismes et des tsunamis.
De 1996 à 2001, ces phénomènes ont touché 16 387 foyers et provoqué l’inondation de
77 850 ha de surfaces agricoles.

B – Les défis socio-économiques


Ils traduisent une remise en cause du modèle et un essoufflement de l’économie notamment
vers la fin des années 90 (faillite de beaucoup d’entreprises, d’organismes financiers,
licenciement massif…). Malgré la réduction du chômage qui est passé de 5,3 % à 4,7 % entre
2002 et 2004, l’emploi est toujours précaire pour une frange importante de la population
active. Cette précarité touche 30 % des emplois contre 15 % en 1996. Le nombre de suicides
(40 000 en 2004 contre 20 000 en 1997) révèle le profond malaise socio-économique et la fin
du compromis toyotiste (emploi à vie, salaire garanti…).
Sur le plan démographique, la population vieillit. Les plus de 65 ans et plus (18,55 % de la
population) voient leur rang grossir sans cesse.
Enfin, le Japon connaît une double dépendance énergétique et alimentaire.

C – Les ambitions politiques nippones


Le Japon veut rompre avec l’étiquette qu’on lui colle, « géant économique, nain politique ». Il
veut jouer un rôle politique majeur sur la scène mondiale. On le retrouve à la tête de beaucoup
d’organismes internationaux. Le pays figure parmi les premiers donateurs du monde et depuis
le début des années 90, il prétend ou réclame un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU.

30
LE JAPON EN QUELQUES
CHIFFRES
Tableau 3 : Partenaires du Japon
Tableau 1 : Données physiques
Exportations
Superficie 378 000 km2
Surface habitable 18 % du territoire
Pourtour côtier 33 889 km Valeur en En % du total
Nombre d’îles 6 852 milliards de des exportations
Nombre d’îles 430 $ (2002)
1995 2002
habitées
USA 120,39 27,5 28,9
Montagnes : 61 %
UE 61,43 15,9 14,7
Composition du Collines : 11,8
territoire % Chine 52,50 7,5 12,6
Terrasses : 11 % Corée du sud 28,57 7,0 6,9
Plaines : 13,8 Taiwan 26,24 6,5 6,3
%

Importations
Tableau 2 : Données socio-économiques
Valeur en En % du total
Population 127 600 000 milliards de des importations
Natalité 9,2 %o $ (2002)
Mortalité 7,8 %o 1995 2002
ISF 1,3 Chine 61,78 10,7 18,3
Espérance de vie 82 ans USA 58,81 22,6 17,4
- 15 ans : 14,2 % UE 43,85 14,5 13,0
Composition /âge 15 – 64 ans : 67,3 % Corée du sud 15,49 5,1 4,6
65 ans et+ : 18,5 % Indonésie 14,18 4,2 4,2
Primaire : 1,7 %
Source : Géo. Tles, L’espace mondial, sous
Population active* Secondaire : 34,9 %
la direction de R. KNAFOU, Belin, 2004,
Tertiaire : 69,6 %
pp. 256259
Chômage (en 5,3 %
2002)
PNB global** 4 389,8 milliards de $
PNB/hbt** 34 510 $

* données tirées de Atlaséco 2006


** données tirées du Bilan du monde 2005

31
G 11
LA CHINE : LES PROBLEMES DEMOGRAPHIQUES

La Chine appartient par sa superficie, 9 597 000 km2, au groupe des Etats-continents. Elle est
avec ses 1,3 milliard d’habitants le pays le plus peuplé de la planète. Sa population représente
le 1/5ème de l’humanité.
Toutefois, les autorités confrontées à l’énigme du nombre veulent maîtriser la croissance
démographique.
Nous montrerons d’abord l’évolution de la population chinoise puis les politiques de contrôle
des naissances adoptées et leurs résultats et enfin les problèmes démographiques.

I – La Chine, un géant démographique

La population chinoise est sur le plan ethnique très déséquilibrée. En effet, les Hans forment
avec 91,9 % de la population totale le groupe dominant. Les « Non-Hans » (Tibétains, Huis,
Metchous, Miaos, Mongols, Uygurs…) ne représentent qu’environ 8 %.

Evolution de la population de la Chine de 1953 à 2000

1953 1960 1964 1980 1982 1988 1990 1995 1998 2000
Pop totale en millions 582 657 695 981 1008 1072 1100 1211 1246 1270
Pop rurale en % 86 85 85 80 79 77 74 67 64 60
Source : Atlaséco et rapports PNUD 1992

La Chine est un géant démographique. L’Empire du Milieu est devenu « l’Empire du


Milliard ». La population a plus que doublé en moins d’un demi siècle. Elle est passée comme
l’indique le tableau ci-dessus de 582 millions à 1 211 millions d’habitants.
La croissance reste rapide malgré transition démographique entamée dans les années 50.
Chaque année, 10 à 15 millions d’individus supplémentaires s’ajoutent à la population totale.
Cependant, le taux d’accroissement naturel décélère. Il est aujourd’hui de 0,62 %. Il résulte
d’une double baisse de la natalité et de la mortalité mais aussi de la chute de l’ISF. Le nombre
d’enfants par femme est de 1,88 contre 6 en 1970 (2,6 en 1987).

II – Les politiques démographiques en Chine et leurs résultats

La maîtrise des effectifs a toujours préoccupé les autorités chinoises. Pour désamorcer la
« bombe démographique » l’Etat a dû intervenir.

A – Les politiques de limitation des naissances

Avant les années 70, la Révolution victorieuse de 1949 avait poussé à l’optimisme
démographique. Les premières années (Grand bond en avant) exigeaient une main-d’œuvre
plus nombreuse d’où le slogan « un homme, c’est une bouche, mais c’est surtout deux bras ».
C’est une politique pro-nataliste. Toutefois, dès le début des années 60, face à l’ampleur de la
croissance démographique on commence à adopter de manière relativement timide des
mesures de contrôle des naissances.
La gestion autoritaire de la démographie commence à partir de 1970. Elle se traduit par la
campagne « Wan si schao », c’est-à-dire se marier et procréer tard (23 ans pour les filles et 25
ans pour les garçons), espacer les naissances d’environ 4 ans, avoir peu d’enfants, favoriser

32
l’avortement et le recours aux méthodes contraceptives, encourager à la stérilisation
volontaire, appliquer le principe « un couple, un enfant ».
Des sanctions financières et professionnelles voire pénales accompagnaient la lutte contre
l’emballement démographique.

B – Quel bilan ?

Le bilan est très mitigé. Si elle a permis de réduire la fécondité et la natalité, elle n’a pas
atteint cet objectif : limiter la population à 1,2 milliard de personnes en 2000.
Les raisons de cet échec sont multiples. Parmi elles, on peut retenir :
 L’inégale application des mesures ;
 Le recul de l’Etat face au mécontentement et à la résistance des campagnes ;
 L’autorisation d’avoir, à partir de 1987, un deuxième enfant si le premier est une fille
pour éviter l’infanticide des filles ;
 La jeunesse de la population d’où le maintien d’une croissance quantitativement
importante.

III – Les problèmes démographiques en Chine

La Chine fait face à des défis démographiques. On peut citer : une inégale répartition spatiale
de la population, une faible urbanisation et des problèmes d’emploi et de logement

A – L’inégale répartition spatiale de la population et l’urbanisation

L’immensité du territoire se conjugue avec les conditions climatiques pour expliquer la


distribution géographique de la population. Celle-ci est très déséquilibrée. Les espaces sont
inégalement accueillants.
La densité de 138 habitants au km2 n’a pas une grande signification. Une ligne Nord-Est/Sud-
Ouest joignant la province de Heilongjiang à celle de Yunan divise la Chine en deux parties.
A l’Ouest de cette ligne (Tibet, Xinjiang, déserts du Taklan-Makan et de Gobi), l’aridité et les
barrières montagneuses expliquent le « vide démographique ».
A l’Est, on retrouve sur 43 % du territoire environ 95 % de la population. Cette partie
correspond aux plaines et aux régions littorales (des « fourmilières humaines ».
Le contraste est aussi marqué entre les villes et les campagnes (Cf. tableau statistique au-
dessus). La population reste essentiellement rurale. C’est ce qui explique le faible taux
d’urbanisation (38,65 %). Mais c’est la population urbaine la plus importante de la planète.
Parmi les plus grandes villes on a Pékin (Beijing), Shanghai, Canton (Guangzhou).

B – Quelques problèmes en Chine : l’emploi et le logement

Les problèmes ayant trait à l’emploi et au logement sont traités dans la leçon intitulée La voie
chinoise de développement économique et social.
La Chine fait aussi face à des problèmes de pollution et de santé. Elle compte 852 000
personnes séropositives.

La maîtrise de la croissance démographique est plus que jamais un impératif pour le


développement économique et social de la Chine. Aujourd’hui, les perspectives sont moins
alarmantes du fait de la croissance économique soutenue.
La Chine vient de s’éveiller après deux siècles d’éclipse. Elle effectue, en ce début de
millénaire, un grand retour sur la scène internationale.

33
34
G 12
LA CHINE
LA VOIE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET
SOCIAL

Le problème du développement économique et l’énorme défi démographique ont toujours


préoccupé les autorités chinoises. Celles issues de la Révolution de 1949, les révolutionnaires
et les pragmatiques, vont proposer aussi bien dans la rupture que dans la continuité des
réponses à ces préoccupations. Ces voies successives ont fait de la Chine un acteur majeur de
l’économie mondiale.
Quels sont les ressorts de ce retour de l’Empire du Milieu sur la scène internationale ?
Comment se traduit, sur les plans économique et social, ce dynamisme de la Chine ? Quels
sont les défis à relever ?

I – Les politiques chinoises de développement

La Chine adopte successivement le communisme et « l’économie socialiste de marché » pour


répondre aux aspirations de la population. Deux personnages, Mao Zedong et Deng Xiaoping,
ont incarné la voie révolutionnaire et celle pragmatique. Depuis son admission à l’OMC, en
2001, elle effectue une transition vers l’économie de marché.

A – L’ère Mao Zedong

La RPC conduite par Mao sinise le marxisme-léninisme pour refaire l’unité du pays. On parle
de « voie chinoise » de développement qui tout en copiant le modèle soviétique s’en
démarque. Elle se traduit par une centralisation étatique et bureaucratique, une pensée unique,
des moyens de productions socialisées. En d’autres termes, c’est l’ère du développement
autocentré (« compter sur ses propres forces ») avec l’Etat qui possède toute la grande
industrie, les 9/10ème du commerce et 10 % du sol cultivé.
Mais ce développement endogène ne réussit pas à sortir la pauvreté (manque de techniciens,
insuffisances des capitaux…). La Chine se cherche. La nouvelle orientation du Grand bond en
avant connaît le même sort que la précédente.
Ces échecs répétés accentuent les divergences d’opinion au sein du Parti, de l’Etat et de la
société. Elles opposent même après la mort de Mao le camp des révolutionnaires à celui des
pragmatiques.

B – L’ère Deng Xiaoping et l’ouverture progressive à l’économie de marché

Après la mort de Mao, le camp des réalistes prend les rennes du pouvoir. Il rompt avec le
dirigisme des trente premières années et s’oriente vers une nouvelle stratégie : l’ouverture.
Celle-ci est externe et interne (abandon du dogmatisme idéologique, libéralisation des forces
productives, « à chacun selon son travail », freiner l’accroissement démographique, favoriser
les flux de main d’œuvre, de biens, de capitaux, d’informations sans aggraver les
déséquilibres territoriaux chinois).
Les priorités portent sur l’agriculture, l’industrie, les sciences et techniques et sur la défense
nationale. Les années des Quatre Modernisations permettent une libéralisation des prix,

35
l’apparition de sociétés privées, de zones économiques spéciales (les ZES : Xiamen, Zhutai,
Shantou et Shenzen)…
Cette nouvelle politique privilégie les régions côtières. Elle attire les investissements
extérieurs. Ils sont de 34 milliards de $ entre 1979 et 1992. A cette date, on parle en Chine
d’ « économie socialiste de marché ». Ces jalons permettent à la Chine de rompre avec son
rêve autarcique et de s’insérer dans l’économie mondiale. Depuis 2001, date de son admission
à l’OMC, les successeurs de Deng Xiaoping appliquent des méthodes capitalistes.
En récapitulant, on peut dire que les racines du succès économique de la Chine se trouvent
dans les différentes transformations survenues après 1949.

II – L’affirmation économique de la Chine

La Chine a davantage intégré l’économie mondiale. Son éveil économique en fait une grande
puissance. Et cela ne manque pas d’avoir des conséquences sur la scène internationale.

A – Des résultats spectaculaires

La Chine signe son retour sur la scène internationale par des résultats aussi spectaculaires les
uns que les autres. En effet, elle ne cesse de gravir les échelons. Elle passe du 10 ème au 6ème
rang mondial entre 1991 et 2004. Elle est aujourd’hui la 4 ème économie derrière les Etats-
Unis ; le Japon et l’Allemagne. Son taux de croissance est de 9,5 %/an.
Ce palmarès peut être étayé par d’autres chiffres. Le PNB global progresse considérablement.
Il passe à 1 576, 59 milliards de $ en 2004 contre 1 138,49 milliards de $ en 2001. Le
PNB/hbt évolue également. Il s’établit à 1 215 $ en 2004 contre 900 $ en 2001.
Les productions agricoles et minières sont aussi un autre baromètre de la puissance
économique de la Chine. Les tableaux 1 et 2 font état de ces productions pour lesquelles elle
vient le plus souvent en tête (cf. documents).
Sur la base de ses potentialités et de son savoir-faire, elle est devenue une puissance
exportatrice envahissante.

B – Un commerce extérieur dynamique

La part de la Chine dans le commerce mondial approche les 6 %. Par ses exportations, elle
arrive à la 4ème place. Ses produits envahissent le monde. Il s’agit surtout du textile-
habillement, des jouets, du matériel électronique et électroménager, de biens d’équipement…
La 4ème économie mondiale est devenue la destination numéro 1 des IDE dans le monde avec
60 milliards de $. Elle attire les industries délocalisées de pays du Nord.
Ses échanges enregistrent une croissance régulière et les excédents commerciaux révèlent la
vitalité du secteur. Le solde de la balance commerciale est de 40,751 milliards de $ en 2003
contre 34,017 milliards de $ en 2000.
Ses principaux partenaires sont le Japon, les Etats-Unis, l’UE et les NPIA. Pour ses besoins
énergétiques qu’elle peine à satisfaire (tableau 3) elle se tourne vers les pays pétroliers du
Proche et du Moyen Orient et d’Afrique.
Enfin, on peut noter le rôle des bourses de Hong Kong, Shanghai et Shenzhen et des Chinois
d’outre-mer (les Huaqiaos) dans la production de la richesse.
Toutefois, l’éveil économique ne profite pas à toute la société encore moins aux différentes
régions.

36
III – Les problèmes de la voie chinoise de développement économique et social

La Chine doit relever quelques défis dont certains permanents et corriger les disparités de
développement nées des choix politique.

A – Des défis permanents : la sécurité alimentaire et l’emploi

Nourrir le 1/5ème de l’humanité et satisfaire les demandes d’emploi sont des défis permanents
en Chine.
Grâce aux réformes de structures (décollectivatisation et responsabilisation des paysans…) et
à la « Révolution verte » (nouvelles semences à hauts rendements, apport de la génétique,
intrants, mécanisation…), la Chine est arrivée à relever le défi alimentaire. Mais du fait de
l’augmentation de la population, de l’urbanisation et de phénomènes naturels (désertification,
érosion des sols…) le pays a enregistré en 2004un déficit céréalier.
Le marché de l’emploi ne suit pas le rythme de croissance de l’économie. Le chômage est
toujours à la hausse (3,6 % à 8 %). Il touche plus les campagnes que les villes où les salaires
sont multipliés respectivement par 2 et par 8. La pauvreté gagne du terrain. La Chine se
classe au 104ème rang mondial avec IDH de 0,718. Chaque année, plus de 100 millions de
travailleurs migrants et environ 210 millions quittent les campagnes de l’intérieur pour les
villes notamment celles du Sud-Est où se posent de multiples problèmes (logement,
pollution…)

B – les disparités spatiales de développement

Il existe trois Chines : une Chine des provinces côtières (ou maritime), une Chine des plaines
et des montagnes humides du Centre et du Sud et une Chine de l’Ouest. (cf. carte)

 La Chine des provinces côtières (à laquelle on peut joindre à Mandchourie) : elle


profite des politiques de développement, des contacts avec l’extérieur et accueille
l’essentiel des IDE. Elle abrite sur 1 million de km2 le 1/3 de la population. Cette partie
du pays assure 53 % de la production industrielle et agricole. C’est le poumon
économique du pays. Trois pôles majeurs la dominent : la région de Shanghai, la
province de Guangdong et l’axe Pékin-Tianjin.
 La Chine des plaines et des montagnes humides du Centre et du Sud : elle couvre
2,7 millions de km2. Elle comprend des régions encore isolées avec notamment des
minorités importantes. Cependant, des masses de paysans se concentrent le long des
grands fleuves (Xijiang, Chang Jiang…). Des perspectives de développement sont
possibles avec les villes industrielles comme Wuhan et Chongqing.
 La Chine de l’Ouest : elle est la moins prospère et la plus étendue avec 5,7 millions
de km2. Elle ne fournit que 17 % de la production économique. Un habitant de cette
partie occidentale gagne dix fois moins qu’un résident de Shanghai. Cette région
pourrait être entraînée par le littoral.

La Chine a suivi non pas une voie mais des voies de développement économique et social.
Celles-ci lui ont permis de rompre avec l’autarcie pour s’ouvrir au monde. Aujourd’hui, elle
est un acteur majeur de l’économie mondiale.
Mais, même si les perspectives de développement sont assez rassurantes elles sont teintées de
certaines préoccupations. Son insatiable boulimie en matières premières provoque une
explosion des prix sur les marchés. Elle reste tributaire de la bonne santé économique
mondiale.

37
G 14
LE BRESIL
UNE PUISSANCE DU TIERS MONDE

Le Brésil est une République fédérale de vingt six Etats. Par sa superficie (8 547 400 km2) et
par sa population (179,1 millions d’habitants), le Brésil st l pays le plus étendu et le plus
peuplé d’Amérique du Sud.
Ce moteur du MERCOSUR affiche de bonnes performances économiques et figure au tableau
des puissances économiques du monde. C’est une puissance émergente.
Mais, put-on parler de développement quand le pays st écrasé par un lourd endettement et des
inégalités sociales et régionales aigues ?
Après un analyse du modèle de développement et des principaux traits de l’économie
brésilienne nous mettrons l’accent sur les limites de son développement.

I – Le modèle de développement et les performances économiques du Brésil

Le Brésil est cité comme un exemple de réussite au sin du Tiers monde. Son décollage
économique résulte de choix de développement soutenus surtout par l’Etat. Il s’appuie sur des
produits très compétitifs sur le marché mondial.

A – La stratégie de développement du Brésil

Le Brésil était un pays à vocation essentiellement agricole (héritage colonial). Il a connu une
forte croissance industrielle dans les décennies 60 et 70. C’est ce qui lu a permis de présenter,
à partir des années 80, une économie moderne. Celle-ci est à la fois diversifiée t exportatrice
d’où l’acronyme NPI. Les signes d’un décollage économique surviennent avec l’adoption de
la stratégie dite de « substitution des importations » entre 1930 et 1964. Il s’agit de fabriquer
sur place ce que l’on importait de l’extérieur (biens de consommation et d’équipement
surtout). Cette voie est soutenue par l’Etat et le capital national. Elle repose sur l’ouverture du
pays aux capitaux étrangers. Le miracle se produit entre 1968 et 1974 avec une croissance
économique spectaculaire qui atteint 10% par an. Avec cet essor le Brésil développe
davantage les secteurs industriel et tertiaire.
La croissance s’essouffle après la crise pétrolière de 1973. Elle chute à – 3 % dans les années
80. Pendant ce temps, l’envolée de la dette extérieure et l’inflation galopante plongent le pays
dans une crise sans précédent (fuite des capitaux, chômage, dévaluation du real…).
Aujourd’hui, le Brésil renoue avec la croissance : 5,3 % en 2004. Pays émergent, il confirme
sa présence sur la scène internationale.

B – Le dynamisme des secteurs d’activités

B – 1 – Le secteur primaire

Le Brésil est une puissance agricole grâce à ses vastes espaces disponibles (45millions d’ha),
aux variétés climatiques favorisant des cultures tropicales au Nord et des cultures tempérées
au Sud, à la modernisation aux subventions à la recherche. Mais cette agriculture souffre d’un
grand déséquilibre entre les grandes (latifundia) et les petites exploitations (minifundia). Il est
à l’origine de la lutte du Mouvement des Sans Terre (doc. 3). En effet, -1% des propriétaires

38
fonciers gèrent 43 % des terres à côté de 23 millions de paysans et d’ouvriers agricoles
pauvres.
Malgré ces contrastes, l’agriculture brésilienne s’affirme sur la scène mondiale : 1er
producteur et exportateur de café (2,454 millions de tonnes en 2004), 1 er aussi pour les
agrumes (22,692 millions de tonnes) et 2ème ou 3ème pour la canne à sucre (411,010 millions de
tonnes), le maïs (41,947 millions de tonnes)…
Son potentiel agricole reste énorme puisqu’il possède 60 % des 250millions d’ha de terres
disponibles dans le monde.

B – 2 - L’industrie et les mines

Le Brésil fait partie des dix premières industries du monde. Ses immenses ressources en
minerais (1/3 des réserves mondiales) ont beaucoup contribué à la création d’industries de
base. Il vient en tête pour le fer (212 millions de tonnes). Le sous-sol recèle aussi d’autres
gisements (manganèse, chrome, or, zinc, cuivre…)
Toutefois, dans le domaine énergétique, ses ressources en pétrole et en charbon sont
insuffisantes. C’est pourquoi le Brésil produit du gazohol à partir de la canne à sucre et
exploite son potentiel hydroélectrique (exemple barrage d’Itaipu sur le Parana). Ainsi, le pays
a diversifié son tissu industriel avec comme principales unités : l’industrie automobile
(présence de filiales de General Motors, Fiat, Volkswagen, Ford), l’industrie de pointe
(informatique, aéronautique, armement et aérospatiale…)...

B – 3 – Les services

L’économie brésilienne est très vulnérable. En plus des difficultés de transports elle reste
tributaire des capitaux étrangers. Elle peut être durement touchée par une conjoncture
mondiale. En 1997 et en 2001, elle a été affectée par les crises argentine et américaine. Cela a
fait fuir les investissements extérieurs privant l’Etat de recettes.
A cela il faut ajouter le déficit des échanges commerciaux pour la même fourchette de temps.
Il s’élevait à – 6,652 milliards de $. La reprise vigoureuse des exportations a permis de le
réduire à 676 millions de $ en 2001. Les balances des services et de paiement ne se portent
pas mieux.
Toutefois, le Brésil commence à sortir la tête de l’eau avec un taux de croissance du PIB de
5,3 % en 2004 contre 0,2 % en 1998.

II – Les limites du développement du Brésil

Malgré l’essor économique le Brésil connaît un mal-développement. Il se lit à travers son


endettement, sa dépendance extérieure et les inégalités sociales et régionales.

A – L’endettement et la dépendance extérieure

A l’image des PED, le Brésil est fréquemment sous perfusion financière du FMI et de la
Banque mondiale. Il est très endetté. Sa dette extérieure brute est, en 2004, de 223,6 milliards
de $ soit 41,66 % de son PNB qui s’élève à 536,6 milliards de $.
Les grandes orientations économiques (politique d’ajustement structurel, rigueur budgétaire)
sont donc impulsées par les organismes financiers internationaux. Toutefois, en mars 2005 le
pays a affiché sa volonté d’indépendance vis-à-vis du FMI en déclinant la mise à sa
disposition de 42,1 milliards de $.

39
En plus de cette dépendance, on note que le Brésil n’est pas à l’abri d’une pénurie
énergétique. Celle-ci se produit en cas de déficit pluviométrique. Enfin, son industrie est
tournée vers l’extérieur avec les firmes étrangères (européennes et américaines) qui assurent
30 % du chiffre d’affaires des entreprises.

B – Les inégalités sociales et régionales

Certains indicateurs montrent qu’au Brésil on peut dire que le développement économique
n’entraîne pas le développement humain. Il y a de fortes disparités sociales et malgré le recul
du taux de chômage (9,7 % en 2003) la création d’emploi reste très faible pour satisfaire la
demande de 10 millions de chômeurs.
Le dénuement affecte 50 millions de personnes et 10 % de la population vivent avec moins de
1$/jour. C’est ce qui explique que le Brésil se classe par son IDH (0,777) au 65 ème rang
mondial et au 111ème rang mondial pour son PNB/hbt (3 000 $).
Pour corriger et apaiser les tensions sociales, l’Etat mise beaucoup sur le programme « bourse
famille » et la politique de « discrimination positive » pour la promotion des groupes
vulnérables.
A l’intérieur des régions et entre celles-ci, on note de grands écarts de développement. Ces
clivages régionaux permettent d’observer un « centre » et des « périphéries » au Brésil. Les
Etats de Sao Paulo, Rio de Janeiro, Minas Gerais et Espirito Santo constituent le Sudeste ou le
poumon économique du pays. Ils représentent 42 % de la population, ¾ des activités
financières et 80 % de la production industrielle. Quant aux autres régions du Nord, du
Nordeste (sécheresse, pauvreté…), elles sont exclues du développement. Seule la région du
Centre-Ouest (Etats d’Amazonas et du Mata Grosso) profite de ce progrès.

La stratégie de développement adoptée au Brésil a entraîné un progrès économique


considérable. L’importante production de richesses a fait du pays une « puissance
émergente ».
Mais le processus de développement est freiné par les inégalités sociales et régionales. Le
Brésil se trouve dans une situation intermédiaire entre les pays développés et les PED. Au sein
du G22, le Brésil se fait un des porte-étendards de la lutte contre la faim et la pauvreté dans le
monde.

40
G 16
LE SENEGAL
MILIEUX NATURELS ET POPULATION

Le Sénégal est situé à l’extrême ouest du continent africain entre les latitudes 12°30 et 16°30
Nord et les longitudes 11°30 et 17°30 Ouest. Il couvre 196 722 km2 et compte plus de
11 millions d’habitants. Il est encadré au Nord par la Mauritanie, au Sud par les deux Guinée,
à l’Ouest par l’Atlantique et à l’Est par le Mali.
Le relief est de manière générale plat. Cette platitude du relief expose le pays aux influences
maritimes et continentales. C’est ce qui explique la variété des milieux climatiques et
biogéographiques.
A l’instar de la plupart des PED, il a une population jeune. Sa configuration démo-spatiale est
étroitement liée aux aspects physiques.
Quelle est la part des éléments naturel dans les déséquilibres démo-spatiaux que traverse le
Sénégal ? Comment, par une volonté politique et économique les autorités ont-elles exacerbé
les disparités régionales ?

I – Le cadre physique

A – Le relief

De manière générale, le relief oppose le Sud-est où affleure le socle du reste couvert par les
sédiments du Quaternaire.

 Le Sud-est a un modelé caillouteux composé de roches métamorphiques. Il est formé


de collines et de plateaux dont les altitudes dépassent localement 300 mètres (Monts
Bassari). Le point culminant du Sénégal (581mètres) se trouve dans cette région

 La presque totalité du pays est constituée d’un ensemble de bas plateaux sableux et de
plaines.

a) Au Nord, ces unités de relief correspondent à un erg de dunes fixées qui correspondent
au Diéri (hautes terres) et au Walo (basses terres).
b) Au Centre et au Sud (le Ferlo méridional, le Sine Saloum et la Basse Casamance), on a
de vastes bas plateaux où dominent les sols ferralitiques peu lessivés.
c) A l’Ouest, dans les régions littorales (Presqu’île du Cap Vert, région de Thiès), le
plateau se relève par les falaises de Thiès, le massif de N’Diass (130 mètres) et par les
édifices volcaniques de la région de Dakar (les Mamelles, le Cap Manuel). On note
des plaines dans les estuaires du Sine Saloum et de la Casamance.

Cette platitude du relief donne au Sénégal une remarquable originalité climatique.

41
B – Les milieux bioclimatiques et biogéographiques

Le Sénégal se trouve entièrement dans la zone intertropicale Nord avec une alternance de
deux saisons : une saison sèche très longue (8 à 9 mois) et une courte saison des pluies (3 à 4
mois). Trois masses d’air balayent le territoire : l’alizé maritime, l’harmattan et la mousson.
Son ouverture sur l’Océan Atlantique introduit des nuances de températures entre les régions
côtières plus fraîches et celles de l’intérieur plus chaudes. Quant aux précipitations, elles
diminuent du Sud au Nord.
Ces caractères généraux permettent d’identifier 5 grands domaines climatiques, des sols et des
paysages végétaux répartis en fonction de l’abondance ou de la faiblesse des pluies.

 Le domaine sahélien (Nord du Ferlo, une partie de la Moyenne Vallée du fleuve


Sénégal)
Il est caractérisé par une longue saison sèche à cause de l’alizé continental (harmattan) qui y
souffle pendant 9 mois, une pluviométrie faible et irrégulière (300 à 400 mm/an). On y trouve
des sols arides et des sols hydromorphes le long de la Vallée.

 Le domaine soudanien (Boundou, Petite Côte et Saloum)


Il reçoit environ 6 mois de pluies (700 à 1200 mm/an). Exceptée la période de l’hivernage, la
chaleur règne le reste de l’année. La végétation rencontrée est la savane arborée. Les sols sont
ferrugineux non lessivés (sols joor). Grâce à leur composition chimique, ils sont aptes à la
culture de l’arachide et au maraîchage. Sur les estuaires du Saloum pousse la mangrove (sols
argileux et salés).

 Le domaine soudano – guinéen (Fouladou et Haute Gambie)


Les précipitations sont abondantes et bien réparties (1000 à 1300 mm/an). On a des sols
ferrugineux lessivés et des sols caillouteux. Au Sud de Kédougou, on trouve une forêt dense.

 L domaine sub - guinéen


Il correspond à la Basse Casamance, région la plus arrosée du pays (1300 à 1800 mm/an). On
a des sols ferralitiques rouges et le paysage végétal type est la forêt dense.

 Le domaine de la Grande Côte (appelé aussi domaine sub-canarien)


Il va de Saint-Louis à Dakar. Ce domaine est soumis à l’alizé maritime, un vent frais et
humide qui adoucit les températures. Les précipitations sont faibles et tardives. Toutefois, on
note une nuance entre Saint-Louis (300 mm/an) et Dakar (500 mm/an). Sur des sols minéraux
bruts pousse une végétation de palétuviers (les Niayes).

Les possibilités offertes par le milieu physique sont diversement appréciées soit en termes
d’atouts soit en termes d’handicaps. Dans tous les cas elles affectent la répartition des
hommes sur l’espace et leur mobilité.

II – La population du Sénégal

La population du Sénégal ne cesse d’augmenter. Elle est passée de 3 millions à plus de 11


millions entre les indépendances et 2006. En plus de sa rapide croissance démographique, le
Sénégal est aussi caractérisé par les traits généraux suivants: la jeunesse de sa population, sa
mosaïque ethnique et religieuse, sa mobilité et son inégale répartition spatiale.

42
A – Evolution de la population du Sénégal (cf. document 1)

Depuis 1960, on assiste à une croissance rapide des effectifs comme l’indique le tableau ci-
dessous.
Cette augmentation des effectifs est essentiellement le résultat de l’accroissement naturel
consécutif au recul de la mortalité (la disparition des grandes endémies, les progrès de la
santé publique et de l’hygiène individuelle et collective) et au maintien de la natalité à un taux
encore élevé. Le TAN élevé (2,34 % par an) combiné à l’ISF (4,38 enfants/femme) poussent
les observateurs à prévoir, en dépit de l’adoption d’une politique de population depuis 1988,
un temps de doublement de 25 à 27 ans. Par conséquent, la pyramide des âges connaîtra un
rajeunissement continu source de multiples problèmes (éducation, formation, santé,
alimentation, emploi…). L’incidence de cette situation est ressentie à travers la réduction de la
proportion des individus économiquement actifs dans la population totale.

B – La composition ethnico-religieuse (cf. document 2)

C – La mobilité et la répartition spatiale de la population

La densité de population est de 61 habitants/km 2. Toutefois, cette moyenne n’a pas de


signification géographique. En effet, le contraste est frappant entre l’Ouest du territoire qui
concentre les ¾ de la population du pays sur 14 % de la surface totale et le sous-peuplement
de l’Est. En guise d’illustrations, Dakar qui ne représente que 0,3 % du territoire (550 km 2)
compte plus de 4 000 habitants/km2. Les plus faibles densités sont retrouvées au Nord-est et à
l’Est. Tamba qui couvre 33 % du territoire (59 602 km2) enregistre environ 10 habitants /km2.

Les causes de cette inégale répartition des hommes sont à la fois d’ordre naturel, socio-
économique et politique.
Pour les premières on retient surtout les aléas climatiques, les problèmes pédologiques…
Les causes socio-économiques et politiques sont dans l’ensemble le résultat de l’histoire. Elles
se sont amplifiées au lendemain des indépendances avec les choix délibérés des pouvoirs
publics d’implanter dans les régions de la bordure atlantique, particulièrement à Dakar,
l’essentiel des infrastructures industrielles.
Ces facteurs accentuent les disparités régionales. Ils justifient les mouvements continus des
populations de l’intérieur vers les grands centres urbains notamment la capitale où se posent
de nombreux problèmes (emploi, logement, promiscuité, insalubrité, insécurité…).

Les milieux naturels du Sénégal sont modifiés par les contraintes climatiques. L’action de
l’homme contribue aussi à leur dégradation. La forte pression sur les ressources existantes va
s’accentuer avec l’augmentation de la population. La sauvegarde du patrimoine naturel en vue
d’une exploitation durable passe par l’implication des populations dans les campagnes de
préservation des milieux écologiques.
L’élaboration et l’application de politiques cohérentes et intégrées et la mise en valeur des
potentialités des régions périphériques pourraient corriger les déséquilibres de la répartition
spatiale de la population. Elles devraient favoriser u développement harmonieux du pays.

43
Quelques chiffres sur le Sénégal

44
Document 1 : Evolution de la population
du Sénégal Document 3 : Quelques indicateurs
Démographiques

Population 11 987 121


habitants
Densité de pop 61,1 hbts/km2
TAN 2,34 %
Structure/âge (en %)
0-14 ans 40,8
15-64 ans 56,1
65 ans et + 3,1
Population urbaine 41,6 %
Natalité 32,78 %o
ISF 4,38 enfants/femme
Mortalité 9,42 %o
Document 2 : Composition ethnique et Mortalité infantile 52,94 %o
Religieuse (en %).
Espérance de vie 59,25 ans
Hommes 57,70 ans
Wolofs 43,3
Femmes 60,85 ans
Al Pulaar 23,8
Sérères 14,7 Taux d’alphabétisation 40,2%
Diolas 3,7 Hommes 50 %
Malinkés 3,0 Femmes 30,7 %
Soninkés 1,1 Source : Wikipédia, Démographie du
Autres 10,4 Sénégal,
Musulmans 94 2006.
Chrétiens 5
Autres pratiques 1

G 17
LA QUESTION DE L’EAU SENEGAL

45
L’eau, source de vie, n’a pas de substitut. Elle est le moteur essentiel du développement. Dans
un pays sahélien à économie rurale comme le Sénégal, la question de l’eau se pose avec
acuité.
Quelles sont les ressources en eau du Sénégal ? Celles-ci couvrent-elles les besoins
domestiques et professionnels ? Quelles stratégies sont envisagées pour relever le défi de la
maîtrise de l’eau ?

I – Les ressources en eau du Sénégal


Elles sont classées en trois catégories.
A – Les eaux de pluies
La pluviométrie régit le problème de l’eau. Au Sénégal, le climat est dit tropical à longue
saison sèche. Il pleut en moyenne 600 à 700 mm/an. Mais ces eaux de pluies sont marquées
par leur irrégularité interannuelle et leur inégale répartition sur l’espace. Le Nord enregistre
en moyenne 300 mm /an contre 1500 mm / an au Sud.
Le déficit hydrique est donc très marqué dans la partie septentrionale du pays.
B – Les eaux de surface
Elles sont importantes (30 à 40 milliards de m3).
On a les cours d’eau pérenne :
 Le Sénégal (cours moyen et inférieur 60 000 km2) ;
 Le cours moyen de la Gambie (54 631 km2).
Ces deux systèmes hydrographiques sont alimentés par les pluies abondantes au niveau du
Fouta Djallon.
 Plus au Sud, on a la Casamance (20 150 km2) et le Kayanga (2 870 km2).
Les vallées mortes du Sine, du Saloum et du Ferlo ont un écoulement superficiel, sporadique
voire nul.
On peut y ajouter les mares formées dans les dépressions dont l’existence peut durer 2 à 3
mois après l’hivernage. Ce sont ces dépressions qui ont été exploitées et on y a aménagé des
bassins de rétention.
C – Les eaux souterraines
Elles correspondent aux eaux des nappes phréatiques. Les unes sont superficielles (30 à 100
mètres de profondeur) et sont affectées par les incursions d’eau salée de la mer et par la
pollution. On les retrouve surtout dans les régions du Cap-Vert, du littoral et de la Basse
Casamance. Les autres sont des nappes profondes atteintes par des forages de 100 à 350
mètres de profondeur.
Cet état des lieux permet de dresser un bilan assez satisfaisant. Cependant, l’exploitation
optimale est rendue difficile par certains facteurs.
II – La gestion et les problèmes de l’eau au Sénégal
A – La gestion de l’eau
L’Etat (ministères concernés, directions et services) et le privé ont la gestion de l’eau au
Sénégal. C’est en 1995 que des réformes ont permis à la SDE d’exploiter et de distribuer l’eau
à côté de la SONES (Société nationale des eaux du Sénégal). L’ONAS (Office national
d’assainissement du Sénégal) quant à lui s’occupe des questions d’assainissement.
Avec les Etats riverains du fleuve Sénégal et Gambie, les autorités sont aussi dynamiques
dans les organismes que sont l’OMVS et l’OMVG.

46
B – Les problèmes de l’eau au Sénégal
Des contraintes majeures limitent la disponibilité et la distribution de l’eau au Sénégal. Elles
sont surtout d’ordre naturel, technique, financier et politique.
1. L’impact des contraintes naturelles
Les contraintes naturelles sont à l’origine du déficit hydrique.
Sur le plan écologique, la baisse des débits des cours d’eau, l’épuisement des nappes ou leur
recharge difficile, leur pollution, la dégradation du couvert végétal (rétrécissement des
espaces pastoraux), la dégradation des sols due aux effets répétés des sécheresses et à
l’érosion éolienne et la salinisation des eaux et des sols (l’eau impropre à la consommation et
les terres incultivables) affectent le monde rural.
Sur le plan économique et social, les effets du déficit hydrique sont notoires sur l’activité
agricole et sur le niveau de vie de la masse paysanne. D’intenses mouvements de population
se développent alors des campagnes vers les grandes villes où déjà l’afflux de plus en plus
massif engendre des problèmes dont l’alimentation en eau.
2. Les problèmes liés à la qualité de l’eau
Certaines maladies sont liées à la qualité de l’eau. Dans beaucoup de zones rurales
l’approvisionnent à partir de sources d’eau non protégées et les moyens de conservation de
l’eau potable exposent les populations aux maladies hydriques. Entre autres maladies, on peut
citer le choléra et la bilharziose. Elles résultent aussi de la pollution par les déchets
domestiques et industriels. Cette pollution touche à la fois les eaux de surface et les eaux
souterraines. La Vallée du Fleuve (résidus chimiques déversés par la CSS) et la région de
Dakar (enfouissement de déchets solides ; déchets liquides accumulés à la décharge de
MBeubeuss, fosses septiques non étanches affectant les nappes…) figurent parmi les zones les
plus affectées.

3. Les contraintes techniques, financières et politiques


La satisfaction des besoins en eau a un coût financier. Il faut 20 à 30 millions de FCFA voire
plus pour réaliser un forage. Il faut ajouter à cela l’énergie qui les fait fonctionner et les coûts
de l’entretien.
Les projets de doublement de la conduite du lac de Guiers ou du Canal du Cayor ambitionnent
de solutionner les problèmes d’approvisionnement d’eau à Dakar. Mais leur réalisation se
heurte aux coûts financiers (92 milliards de FCFA pour le 1 er et 220 milliards de FCFA pour
le 2ème).
Enfin, les problèmes politiques découlent d’une gestion et d’une exploitation communes des
ressources en eau notamment du fleuve Sénégal. La Mauritanie s’est opposée au projet de
revitalisation des vallées fossiles.
4. Un bilan déficitaire
Ce bilan déficitaire se traduit par des besoins non satisfaits. Selon l’OMS, l’homme a besoin
de 35 litres par jour. Cette norme n’est pas toujours atteinte. Le taux est à 28 litres par habitant
et par jour. Certes, la consommation varie considérablement du milieu rural au milieu urbain.
La fourniture s’élève à environ 172 000 m3 / jour pour des besoins de 386 000 m3 / jour soit
un taux de couverture de 44,55 %.
Le déficit est aussi notoire pour les besoins professionnels. Pour les cultures sous pluies, on a
besoin en moyenne de 800 mm / an alors que cette isohyète passe par une ligne Foundiougne-
Tamba. Du coup, toute la partie Nord du pays est handicapée. L’irrigation permet de palier au
caractère aléatoire des précipitations. L’abreuvement du cheptel en est aussi affecté. La
transhumance devient la seule réponse pour satisfaire les besoins en points d’eau et en
pâturage. Les industries (agro-alimentaires, chimiques, textiles…) sont confrontées aux

47
mêmes difficultés. Il faut par exemple 8 000 à 10 000 m3 / jour pour faire fonctionner les
exploitations minières (phosphates par exemple) contre 10 240 m3 / jour pour l’activité
touristique.

III – Bilan de la politique de l’eau au Sénégal


Des actions ont été entreprises pour faire face à ces déficits.
A – Les réalisations
L’Etat a réalisé beaucoup d’ouvrages hydrauliques pour apporter des solutions à ces
problèmes. On dénombre plus de 927 forages motorisés, 1 028 puits et forages équipés en
pompes manuelles et 2 100 puits traditionnels. Les barrages de Diama et de Manantali
complètent les infrastructures. Le 1er freine la remontée d’eau salée dans le fleuve Sénégal et
assure le remplissage du lac de Guiers, des cuvettes et des dépressions. Le 2 ème permet une
maîtrise des crues, la régulation du débit (300 m3 / seconde) et l’irrigation de 375 000 ha, la
production d’électricité (800 GWH). D’autres barrages sont édifiés au Sud du pays, en
Casamance. Il s’agit du barrage d’Affiniam et de celui de Guidel.
B – Les projets (dont ceux en cours de réalisation)
A côté de ces réalisations, des projets ont été ficelés par l’Etat. Il a abandonné le projet de
remise en eau des anciens axes hydrographiques (Sine, Saloum, Ferlo…) ou projet de
revitalisation des vallées fossiles. Il cherche toujours des bailleurs de fonds pour le projet du
canal du Cayor.
En abandonnant le projet de revitalisation des vallées fossiles, il a retenu le programme du
réseau hydrographique national. Il s’agit de prospecter et d’identifier des sites de stockage des
eaux de ruissellement pour en faire des bassins de rétention ou des lacs artificiels. Une
attention particulière est accordée au bassin arachidier et à la zone sylvo-pastorale. A ce jour,
le parc s’élève à 134.
Dans le cadre de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), le
Sénégal a dans sa ligne de mire, pour le secteur de l’eau, les cibles 14 et 15 de l’objectif 7 qui
est d’ « assurer un environnement durable ». Il s’agit de « réduire de moitié le nombre de
personnes sans accès à l’eau potable » et de « réduire de moitié le nombre de personnes sans
accès à un réseau assainissement » (des priorités du DSRP et du PELT validés en 2002).
Le PEPAM 2015 (Programme d’Eau Potable et d’Assainissement du Millénaire) d’un
montant de 607,1 milliards de FCFA (intervention en milieu rural et en milieu urbain) devrait
permettre l’atteinte de ces buts.

Le Sénégal dispose, théoriquement, de ressources en eau très importantes. Toutefois, elles


sont inégalement réparties sur l’espace. Si la partie méridionale du pays est bien pourvue par
la pluviométrie et les autres ressources en eau, le tiers septentrional souffre d’un déficit
pluviométrique très prononcé. Les besoins domestiques et économiques ne sont donc pas
satisfaits.
La maîtrise de l’eau devrait offrir au Sénégal un nouveau visage, celui d’un pays autosuffisant
en matière de productions agricoles.

G 18

48
LES PROBLEMES ECONOMIQUES ET LES
POLITIQUES DE DEVELOPPEMENT AU SENEGAL

Le Sénégal est un pays en développement. Il appartient à l’une des régions les plus pauvres de
la planète : l’Afrique subsaharienne.
Les multiples politiques de développement n’ont pas encore permis, quarante sept ans après
son indépendance, une véritable amélioration de sa situation économique et sociale. Son mal-
développement résulte de facteurs divers aussi déterminants les uns que les autres.
Après avoir expliqué les problèmes économiques du Sénégal nous nous pencherons sur la
portée et les limites des politiques mises en place.
I – Les problèmes économiques du Sénégal
A – Les difficultés de l’agriculture (cf. carte 1 et 2)
En terme d’emploi, l’agriculture est le secteur le plus important avec plus de 60 % de la
population active. Mais sa contribution à la formation du PIB n’est que de 18,3 %. Elle doit
quelques défis.
En dehors de l’héritage colonial (introduction de cultures de rente et ses conséquences), ce
sont surtout les aléas climatiques et l’inadaptation des stratégies qui sont à l’origine des
problèmes du secteur.
L’agriculture a souffert de la prééminence de l’arachide. Cette situation a comme conséquence
d’accentuer le déficit vivrier et de fragiliser l’économie du pays (augmentation des
importations et dépendance du marché mondial).
Elle reste aussi tributaire du cadre naturel. L’influence du milieu physique se traduit par la
faiblesse et l’irrégularité des pluies, la dégradation des sols déjà appauvris par les effets
répétés de la sécheresse des dernières années (1973 à 1992). Il résulte de ces facteurs une
baisse des productions et des revenus des paysans et des recettes d’exportations de l’Etat.
Les sous-secteurs de l’élevage et de la pêche ne sont pas épargnés. Le premier souffre de
l’insuffisance des pâturages et des points d’eau. Le second partage avec les autres sous-
secteurs ces problèmes : les conflits sociaux (entre pêcheurs, entre éleveurs et agriculteurs), la
vétusté des équipements, l’accès aux crédits…
B – Les difficultés de l’industrie (cf. carte 3)
Des facteurs de blocage affectent aussi l’industrie sénégalaise. Le sous-sol n’est pas aussi
riche. Les ressources minières (phosphates, fer, or …) et énergétiques (hydrocarbures) sont
modestes. Elles sont souvent réduites à l’état d’indice ou de potentiel. Par le biais de la SAR,
le Sénégal utilise une partie de ses recettes d’exportations pour assurer les
approvisionnements énergétiques indispensables aux unités industrielles. Ces dernières sont
inégalement réparties sur le territoire national. En effet, Dakar concentre 90 % des industries.
A ces problèmes les coupures intempestives d’électricité, le manque de capitaux et l’absence
d’industries lourde d’où l’importation de pièces de rechange.
Enfin, la mauvaise gestion, l’étroitesse du marché, la non-compétitivité des produits
industriels sénégalais et la rude concurrence internationale complètent les insuffisances de
l’industrie.

C – Les imperfections de la vie des relations

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En matière de transports, le préfixe « mono » révèle les difficultés des échanges intérieurs du
Sénégal : « mono-route », « mono-rail », « mono-port » et « mono-aéroport ».
De manière générale, le réseau ferré est vétuste et la totalité du réseau routier converge vers
Dakar. Les régions de l’intérieur sont enclavées et peu équipées.
Le tourisme est un secteur clé de l’économie nationale. Toutefois, il dépend de la saisonnalité.
Par ailleurs, cette importante source de rentrée de devises est victime du rapatriement des
bénéfices vers les pays développés.
La détérioration des termes de l’échange touche le commerce extérieur du Sénégal. La
balance commerciale est déficitaire. Le déficit est chronique. Il ne cesse de s’accentuer. Entre
2000 et 2003, il passe de – 417 millions de $ à – 651 millions de $. Ce déficit est aujourd’hui
de 1353 millions de $. Il s’explique en partie par la baisse de la valeur des produits exportés
(arachide, phosphates…) et par la lourde facture des produits importés (pétrole, céréales,
biens d’équipement…).
Ce sont là des éléments de diagnostic que mal-développement du Sénégal que les autorités
essaient de solutionner.
II – Les politiques de développement au Sénégal
A – Coup de projecteur sur les politiques de développement du Sénégal
Les notions d’interventionnisme et de désengagement de l’Etat résume, depuis
l’indépendance, les politiques de développement du Sénégal.
Au lendemain de l’indépendance, sous L. S. SENGHOR, le Sénégal avait choisi le socialisme
démocratique ou « socialisme africain » (voie médiane entre l’option capitaliste et celle
socialiste). Ce dirigisme étatique devait favoriser la création de sociétés mixtes (Etat et
partenaires privés) et de coopératives dans le monde rural. Sur le terrain des structures
d’encadrement (ONCAD : Office national de coopération et d’assistance au développement ;
SODEVA : Société de développement et de vulgarisation agricole dans le bassin arachidier;
SOMIVAC : Société pour la mise en valeur de la Casamance ; SAED dans le delta du fleuve
ou encore la SODEFITEX pour le programme cotonnier) relayaient l’Etat.
Toutefois, à la fin des années 70, l’Etat abandonne cette voie en raison de l’inadaptation des
structures d’encadrement et de la non-implication des producteurs dans les prises de
décisions.
Le slogan « Moins d’Etat, mieux d’Etat » traduit dans les années 80 la nouvelle orientation
économique, celle du désengagement de l’Etat. Cette nouvelle politique qui coïncide avec
l’avènement d’Abdou DIOUF au pouvoir place l’économie sous perfusion des institutions
financières internationales, le FMI et la Banque mondiale.
La Nouvelle politique agricole (NPA) et la Nouvelle politique industrielle (NPI) adoptées
respectivement en 1984 et en 1986 s’inscrivaient dans la politique d’ajustement structurelle
(PAS). Il s’agissait essentiellement de responsabiliser les paysans, d’encourager la culture de
céréales et de réadapter le mode d’encadrement d’une part et d’autre part d’accroître la
compétitivité des entreprises industrielles, de favoriser la promotion des PME / PMI et des
exportations, d’encourager au « départ volontaire » pour alléger la masse salariale et de
privatiser les grandes entreprises.
B – Bilan des politiques de développement
Le désengagement de l’Etat a produit des effets inattendus. Le bilan est négatif aussi bien
pour la NPA que pour la NPI. L’abandon du monde paysan a entraîné une paupérisation et une
marginalisation de certaines couches de la population avec une baisse continue du pouvoir
d’achat au lendemain de la dévaluation du franc CFA.

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La libéralisation et la privatisation de certaines branches ont accouché de la faillite de
nombreuses entreprises. En dix ans, de 1983 à 1993, leur nombre passe de 129 à 117. Les
rangs des chômeurs ne cessent de grossir. Aujourd’hui, ils sont 48 % de la population active à
chercher un emploi.
Un survol de quelques indicateurs socio-économiques permet d’apprécier la situation du
Sénégal.
Avec un IDH de 0,460 le pays se place au 156 ème rang sur les 175 pays retenus par le PNUD.
La pauvreté n’est guère masquée par le taux de croissance du PIB. Celui-ci a chuté en passant
de 6,5 % à 4 % entre 2003 et 2006. Pour la même fourchette de temps, le PIB global est passé
de 6,4 milliards de $ à 9,2 milliards de $. Si entre 1994 et 2001, le nombre de personnes
considérées comme pauvres a baissé – de 67,9 % à 57 % - la poursuite des objectifs du DSRP
devrait permettre de réduire davantage le 1/3 de la population qui vit avec moins d’un dollar
par jour (maîtrise de l’inflation, accès aux denrées de première nécessité).
C – Perspectives
A partir de 2000, les autorités adoptent une politique de rupture. Elle consiste, en milieu rural
par exemple, à soutenir et à renforcer, par le biais d’organismes tels que le Programme
National d’Infrastructures Rurales (PNIR), la Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal
(CNCAS) et l’Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR), les capacités de
production des paysans pour que ces derniers puissent tirer profit du potentiel existant (3,8
millions d’ha de terres cultivables, ressources hydriques et humaines), soutenir les cultures de
contre-saison à travers les bassins de rétention.
De même, la stabilité politique du pays est un atout de taille. Elle constitue un levier pour
faire la promotion de la destination Sénégal. C’est à cette tâche que s’attèle l’Agence
Nationale de promotion des Investissements privés et des Grands Travaux (APIX) en vue
d’attirer les investissements privés. A cet effet, les IDE se chiffrent actuellement à 54 millions
de $ contre 93 millions de $ en 2003. Parmi les grands projets, on peut citer la « plate-forme
du Millénaire » (cité administrative pour décongestionner la capitale), l’autoroute Dakar-
Diamniadio…
Le Fonds de promotion économique (FPE), le Fonds national pour la promotion des jeunes
(FNPJ) et les caravanes des PME / PMI sont aussi des sources de financement de la micro-
entreprise et des stratégies pour lutter contre le sous-emploi et la pauvreté. Ces initiatives
s’inscrivent dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
Dans le cadre de l’Initiative PPTE (le FMI parle de Facilité pour la réduction de la pauvreté et
pour la croissance FRPC), le Sénégal a bénéficié en juin 2005 de l’annulation de sa dette
multilatérale (sommet du G8) soit 1372 milliards de FCFA. Cette bouffée d’oxygène a permis
de porter le PNB/habitant de 600 $ en 2004 à 710 $ en 2006. Ces fonds libérés devraient être
réinvestis dans les secteurs sociaux de base comme l’éducation, la santé, l’eau potable et
l’assainissement…

Le Sénégal fait face à des difficultés économiques. Celles-ci relèvent à la fois de son passé, de
son environnement naturel, de déséquilibres structurels et d’une conjoncture internationale
peu favorable. Certes, des taux de croissance de l’ordre de 6 à 7 % ont été enregistrés ces
dernières années. Mais, ils ne sont pas synonymes de satisfaction des besoins essentiels. C’est
dire que « le qualitatif n’est pas encore soluble dans le quantitatif ».
En dépit de ces entraves les autorités sont toujours à la recherche d’une voie pour faire du
Sénégal un pays émergent et assurer un mieux-être aux populations.

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