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1

Cadre de Réflexion et d’Actions pour un Développement Intégré.


-CRADI-

Vision d’un

BURUNDI
PROSPERE ,

AMBITIEUX et

PAISIBLE
Août 2019
-MOUVEMENT ORANGE-
2

« Les grands esprits discutent des idées ; les


esprits moyens discutent des événements ; les
petits esprits discutent des individus. »

Sénèque, lettre à Lucilius, 60 Ap JC.

Du même auteur
- Publications sur le leadership et la Non-violence depuis 2010.
- Où sommes-nous? Où allons-nous? 2011.
- Manifeste du Mouvement Orange 2012.
- Umugambi w’uburundi buhiriwe …2016

Pour en savoir plus :


http://mouvementorange.blogspot.com/
E-mail : mouvementorange@gmail.com,
francrohero@gmail.com
i

Table des matières


AVANT PROPOS ............................................................................... 1
QUE SIGNIFIE “CRADI”? ................................................................. 3
INTRODUCTION .............................................................................. 5
NOTRE VISION................................................................................. 7
NOTRE MISSION .............................................................................. 9

PREMIERE PARTIE : ................................................................... 11

LES REFORMES ............................................................................ 11

CHAPITRE 1 : ADMINISTRATION TERRITORIALE.............. 15


I. Nouvelle Division du territoire .................................. 19
II. Exemple mathématique ........................................... 27
III. Objectif environnemental ........................................ 27
IV. La gouvernance ...................................................... 28
V. L’image des capitales nationales .............................. 30
CHAPITRE 2 : LE DOMAINE DE LA LOI.................................. 35
I. Le choix du peuple et non des partis ........................ 38
II. Une conséquence utile ............................................ 38
III. Une mise en cause des quotas ................................ 39
IV. La loi du meilleur avenir pour tous ........................... 42
CHAPITRE 3 : SYSTEME JUDICIAIRE .................................... 45
I. La profession de magistrat ...................................... 47
II. Les difficultés dans le métier ................................... 47
III. La gouvernance juridique ........................................ 48
IV. Le rôle du Conseil Supérieur de la Magistrature ........ 49
V. La participation et les observateurs de droit. ............ 50
VI. Justice et droit de la personne humaine. .................. 51
CHAPITRE 4: LES MEDIAS PUBLICS ..................................... 55
I. Défi du leadership et de bonne gouvernance ............ 57
ii

II. Une gestion autonome de l’information pour tous. .... 59


III. Une gestion professionnelle et non partisane ............ 60
IV. Indépendance du métier et fierté du peuple. ............ 61
V. Des infrastructures à la pointe ................................. 63
CHAPITRE 5 : LA SECURITE ................................................... 65
I. Un constat d’avenir meilleur .................................... 67
II. Sécurité comme vision et non comme bouclier ......... 68
III. De la déontologie à la pratique Il faut : ................... 69
IV. La carrière des agents de l’ordre. ............................. 71
V. Une carrière de salut public. .................................... 73
VI. La rigueur dans la formation .................................... 75
VII. Les vétérans des corps de défense .......................... 77
VIII. Une réconciliation pour panser le passé.................... 79
CHAPITRE 6 : SOCIAL : L’EDUCATION ................................. 83
I. Un système éducatif répondant aux besoins
économiques ................................................................. 87
II. Préalables aux réformes .......................................... 89
III. Enseignement primaire et secondaire ....................... 92
IV. Hygiène scolaire. .................................................... 95
V. Enseignement supérieur. ......................................... 96
VI. La question de la bourse des étudiants. ................. 100
VII. La recherche, la technologie et l’innovation. ........... 103
CHAPITRE 7 : SOCIAL : LA SANTE....................................... 111
I. La prise en charge des malades. ............................ 113
II. L’éthique médicale ................................................ 115
III. Les infrastructures de santé .................................. 116
IV. L’accès aux médicaments et la pharmacie privée. ... 119
CHAPITRE 8 : SOCIAL : LA FONCTION PUBLIQUE ............ 121
I. Une convention statutaire. .................................... 122
II. La pratique ........................................................... 123
III. La limite budgétaire .............................................. 124
iii

IV. Professionnalisme du fonctionnariat ....................... 125


V. Investissement en traitement équitable .................. 125
CHAPITRE 9 : SOCIAL : L’HABITAT ..................................... 129
I. Un fait : la décentralisation urbaine ....................... 131
II. L’ordre des aménageurs et architectes burundais.... 132
III. Un fonds pour la cause ......................................... 133
CHAPITRE 10 : SOCIAL : LA DELINQUANCE JUVENILE, LES
ENFANTS DE LA RUE, LE PHENOMENE DE LA MENDICITE. . 135
I. Un acquis et un atout. ........................................... 137
II. Ce qu’il faut faire désormais ! ................................ 138
III. Une attention particulière ! .................................... 139
CHAPITRE 11 : SOCIAL : LES PERSONNES VIVANT
AVEC UN HANDICAP PHYSIQUE ET AUTRES VULNERABLES . 141
I. Une loi qui tient compte de la réalité ...................... 143
II. La nouvelle pratique consciente ............................. 143
III. Le traitement des personnes âgées ........................ 144
CHAPITRE 12 : L’ECONOMIE : FINANCES PUBLIQUES ...... 147
I. Ajustement budgétaire .......................................... 151
II. Option de diminuer le budget ................................ 152
III. Mesures de gouvernance ....................................... 154
IV. La relance économique ......................................... 155
V. Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté ........ 156
CHAPITRE 13 : L’ECONOMIE : ENERGIE .............................. 161
I. Investissement en énergie électrique ..................... 164
II. Préalable en bonne gouvernance ........................... 165
III. Gestion consciente ................................................ 166
IV. Regard environnemental ....................................... 166
V. Un palliatif : le gaz domestique .............................. 167
VI. Les énergies renouvelables. ................................... 168
CHAPITRE 14 : L’ECONOMIE : AGRICULTURE, ELEVAGE ET
PECHE………………… ..................................................................... 169
iv

I. Recomposition du monde rural. ............................. 171


II. Subventionner l’agriculture en groupements. .......... 173
III. Un programme de cultures subventionnées. ........... 175
IV. Création des fonds pour pérenniser l’action. ........... 175
V. La revalorisation de la culture du café. ................... 176
VI. Environnement et protection des sols ..................... 177
VII. L’élevage. ............................................................. 179
VIII. La pêche .............................................................. 182
IX. Un monde rural attirant le tourisme ....................... 185
CHAPITRE 15 : L’ECONOMIE : EAU ET ENVIRONNEMENT 187
I. L’eau potable, un préalable économique................. 189
II. Les eaux, un facteur de développement ................. 191
III. Le patrimoine forêt, poumon du pays ..................... 193
IV. Les plantes médicinales ......................................... 195
V. Education à l’environnement ................................. 196
CHAPITRE 16 : L’ECONOMIE : TRANSPORTS...................... 199
I. La priorité c’est la vie ............................................ 202
II. Sécurité routière : Le permis de conduire. .............. 203
III. Maximisation du travail et des revenus ................... 205
IV. Financement-crédit aux conducteurs de taxi vélos. . 206
V. Le phénomène des convoyeurs de bus. .................. 206
VI. Les infrastructures routières. ................................. 208
VII. Le transport aérien. .............................................. 212
VIII. Le transport lacustre. ............................................ 214
IX. Le transport sur chemin de fer. ............................. 216
CHAPITRE 17 : L’ECONOMIE : COMMERCE ......................... 217
I. La gestion consciente du secteur ........................... 220
II. La bonne gouvernance .......................................... 221
III. Les mesures administratives .................................. 221
IV. Les mesures pratiques locales ............................... 224
V. Les mesures de promotion .................................... 226
v

VI. Les mesures de sécurité ........................................ 227


CHAPITRE 18 : L’ECONOMIE : LES TECHNIQUES
DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION .................. 229
I. Promotion de l’outil informatique ........................... 231
II. Investissements conséquents ................................ 232
III. Le contrôle des affaires publiques .......................... 233
IV. La formation dans le domaine informatique ............ 234
CHAPITRE 19 : L’ECONOMIE : EMPLOI PUBLIC .................. 235
I. Opportunités liées à l’investissement primaire ......... 237
II. Opportunités liées à l’investissement administratif .. 238
III. Opportunités liées à l’investissement social ............. 239
IV. Les autres secteurs prometteurs ........................... 240
V. La planification à l’emploi ...................................... 242
CHAPITRE 20 : L’ECONOMIE : SECTEUR PRIVE ................. 245
I. Avaliser les jeunes auprès des banques .................. 247
II. Une limite ............................................................ 248
III. Un garde-fou ........................................................ 248
IV. Légalisation du secteur informel. ........................... 249
CHAPITRE 21 : L’ECONOMIE : ART, CULTURE ET SPORT . 251
I. Une institution reconnue par la loi ......................... 253
II. Point de vue sur la culture ..................................... 254
III. Point de vue sur le sport ....................................... 256
IV. Ressources humaines et formation......................... 257
V. Les infrastructures ................................................ 258
VI. Les compétitions populaires................................... 258
VII. Valorisation des anciens talents ............................. 259
CHAPITRE 22 : LES PARTENARIATS ..................................... 261
I. Etat des lieux ....................................................... 262
II. Une proposition d’honneur .................................... 262
III. Une réelle volonté politique. .................................. 263
IV. Une seule preuve de démocratie ............................ 265
vi

CHAPITRE 23 : LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ..... 267


I. Une vision économique de la politique. .................. 268
II. Un vrai laboratoire du développement. ................... 269
CHAPITRE 24 : LA COMMISSION NATIONALE TERRE ET
AUTRES BIENS (CNTB) ............................................................... 271
I. L’éthique .............................................................. 273
II. Les principes légaux.............................................. 274
III. La pratique sur terrain .......................................... 275
CHAPITRE 25 : LA COMMISSION VERITE RECONCILIATION
ET REPARATION (CVR) ............................................................... 277
I. La noblesse des leaders ........................................ 279
II. Le rôle de la vérité. ............................................... 281
III. La justice pour tous. ............................................. 282
CHAPITRE 26 : LA DIASPORA BURUNDAISE ....................... 285
I. Au niveau culturel ................................................. 286
II. Au niveau socio-économique ................................. 287
III. Au niveau juridique et légal. .................................. 288
IV. Au niveau des droits civiques et liberté. ................. 289

DEUXIEME PARTIE: ................................................................. 293

LES MOYENS ET LES RESULTATS ......................................... 293

CHAPITRE 1 : LES MOYENS .................................................. 297


I. Les moyens humains............................................. 297
II. La loi ................................................................... 304
III. Les principes fondamentaux .................................. 304
IV. Les moyens moraux .............................................. 307
V. Les moyens financiers ........................................... 309
CHAPITRE 2 : LES RESULTATS ATTENDUS ........................ 311

CONCLUSION GENERALE ....................................................... 321


1

AVANT PROPOS

Pour la plupart des Burundais, porter un uniforme d’un


parti politique suffit pour être appelé un « politicien ».
Le Burundi tel qu’il est géré depuis des décennies, n’a
pas été capable d’offrir à ses filles et fils le soleil dont
ils ont besoin et trop de nos compatriotes sont obligés
de chercher une identité partisane dite abusivement
« politique » pour avoir ce qu’ils ne pourraient pas avoir
en temps normal.

Il est rare de voir un Burundais qui avance une idée


politique en tenant compte de sa vie. La plupart
discutent des chefs et couleurs de leurs partis, de leurs
ethnies, de leurs régions et d’ennemis probables.

Les Burundais s’entrainent doucement à la culture des


élections, mais au-delà de l’acte d’élire, très peu
comprennent que les élus doivent les servir et les
représenter. La population devient esclave de la
personne qu’elle a élue, et croit lui devoir tout. C’est
donc dans des uniformes de partis politiques que des
gens se bousculent, souvent méchamment, pour plaire
à un élu, et tous ceux qui font cela s’appellent des
politiciens. Rares sont ceux qui pensent à un
programme qui permettra une meilleure situation.
2

Ce document offre une possibilité à ses lecteurs de


comprendre qu’ils ne doivent pas être esclaves des
élus, que ce qu’ils reçoivent des chefs n’est pas un
privilège mais un droit pour tout citoyen. En donnant
ce type de vision, essayons de motiver les jeunes
générations à focaliser leur regard, pensée et
conviction, sur les actions qui peuvent tirer ce pays du
marasme économique, politique et social dont il est
victime et non croire aux nombreux individus qui
changent autant que le vent.

Un programme est ce pourquoi un peuple se lie à un


leader. Un peuple ne doit pas suivre un mortel sans
programme, puisqu’après lui il ne saura plus où aller.
« Lorsqu'un homme ne sait pas vers quel port il
navigue, nul vent ne lui est favorable » a dit Sénèque.

Cette vision donnera, à qui voudra le partager, envie


d’en savoir plus et il pourra exiger des autres acteurs
la clarté sur la vision qu’ils ont pour notre pays. J’invite
chacun à découvrir cette vision des choses afin que
nous construisions ensemble une Vision du salut
national où chaque burundais peut bénéficier d’une
politique de vie et non subir la confrontation de groupes
contre les autres.

ROHERO Francis
3

QUE SIGNIFIE “CRADI”?

Le Cadre de Réflexion et d’Actions pour un


Développement Intégré, a été un lieu de rencontre
pour réfléchir et pouvoir agir. Ce cadre a réuni depuis
2006 des jeunes cadres intellectuels dont le seul souci
a été de penser la possibilité d’avoir un Burundi
meilleur que celui du moment et à quel prix cela
pourrait être possible.
Ce lieu de rencontre s’est constitué en une sorte
« d’école de la pensée ». Des valeurs y ont été vécues,
de la culture, qu’elle soit traditionnelle ou empruntée à
l’étranger, jusqu’à la science ; le bonheur de la
personne humaine étant au centre du débat tout
comme la primauté de l’intérêt général sur l’intérêt
particulier.
Le CRADI, un petit groupe, a rassemblé des individus
de sensibilités diverses professionnellement,
politiquement, religieusement, ethniquement et
émotionnellement. Le débat ayant été le seul lien
commun pour améliorer nos points de vue sur l’un ou
l’autre fait aiguisant la curiosité patriotique.
La vision ainsi mis au jour, est le fruit, peut-être encore
amer, d’un débat qui ne prendra pas fin demain. Que
les burundais y prennent plaisir !
4

A ce débat, le CRADI invite tous les Burundais pour


l’enrichir, si besoin le contredire ou l’adopter afin
d’arriver à une maturité dont le seul objectif est un
Burundi prospère, ambitieux et paisible.

« Vous nous jugerez sur nos actes,


et votre satisfaction sera notre
fierté. »
Prince Louis Rwagasore.
Héros de l’indépendance, Burundi.
5

INTRODUCTION

Le Burundi est un beau pays par son emplacement


géographique, son sol et son climat, sans oublier sa
population et sa culture. Tous ceux qui ont visité ce
pays en sont tombés amoureux, vu les possibilités
immenses de pouvoir le développer à moindres coûts.
Pourtant, au lieu que ces atouts lui soient bénéfiques,
les différents protagonistes en lutte de pouvoir en ont
fait un champ de bataille, oubliant qu’ils étaient frères
et sœurs à la vie et à la mort.

Chers compatriotes, notre souci est de participer à


l’édification du pays par une pensée positive, une
pensée d’un Burundi dont nous rêvons, un Burundi qui
peut offrir à tous ses habitants les meilleures conditions
de vie, si pas à tous les niveaux, mais dans plusieurs
secteurs de la vie publique.

Durant cet exercice de partage d’idées, nous


essayerons de passer au crible certains secteurs
auxquels nous voulons offrir plus d’importance en
termes de moyens financiers. Ces secteurs produiraient
assez de motivations pour un peuple dont les ambitions
ne sont pas moindres. Nous reconnaissons que cinq ou
sept ans ne sont pas une période suffisante pour tirer
6

un pays du gouffre. Evitant de passer à tout sans


pouvoir le faire, nous nous focalisons sur peu de
secteurs qui peuvent offrir un élan et un espoir.

Il est très facile pour un politicien de parler de tout pour


s’attirer les foules, ce qui est normal. Par contre nous
voulons ici nous inspirer de l’existant qui semble être
ignoré alors qu’il est à portée de nos mains, mais qui
nécessite un coup de pouce que nous appelons ici une
« volonté politique ». Ceci devant se faire à moindre
coût, visant à créer une situation viable sans moyens
supplémentaires qui ne font qu’appauvrir le citoyen.

Ce travail est axé sur deux parties : une première partie


qui annonce les réformes par secteur, chaque fois en
partant de l’état des lieux tout en ciblant le problème à
résoudre suivi d’une série de propositions ; et une
deuxième partie qui présente les moyens pour arriver
à mettre en œuvre ces propositions ainsi que les
résultats, sous une forme brève, auxquels on aboutirait
après avoir pris cette option. Puisse cette pensée
devenir leur, vôtre et nôtre pour plus d’épanouissement
citoyen.
7

NOTRE VISION

Il est important de définir ce que nous voulons


atteindre avant de dire ce que nous voulons faire pour
l’atteindre. Les changements que nous proposons ne
sont pas juste des changements, nous ne voulons pas
simplement agir différemment pour agir différemment,
nous avons un objectif à atteindre, une vision pour y
parvenir. Nous avons une image du pays que nous
voulons bâtir ; et c’est cette image qui inspire les
propositions contenues dans ce livre.

Notre vision se résume en 4 points différents mais


complémentaires :

a. Premièrement, nous voulons un pays bien


gouverné, un pays dont les leaders sont au
service du peuple et qui gèrent la Nation dans la
fidélité et la transparence, et dont le peuple est
éclairé et tient ses dirigeants responsables.

b. Deuxièmement, nous voulons un pays


d’abondance économique, un pays qui regorge
d’opportunités équitablement accessibles à tous
ses enfants, un pays qui investit, qui produit, qui
consomme et qui exporte ; un pays doté d’une
8

monnaie stable et dont le peuple se prend en


charge sans aides.

c. Troisièmement, nous voulons un pays de


quiétude généralisée ; un pays où tout le monde
jouit de ses droits et libertés sous la protection
équitable des institutions de l’Etat, un pays de
justice et de bonheur, un pays doté de bonnes
lois et où règne l’Etat de droit.

d. Quatrièmement, nous voulons un pays qui offre


de bons services à ses citoyens avec efficacité et
efficience ; un pays qui offre une éducation
excellente, qui soigne bien les patients, qui offre
les services de base (eau, électricité, services
administratifs) d’une façon professionnelle, à la
satisfaction des requérants.

« Rien n’est plus dangereux


au monde que la véritable
ignorance et la stupidité
consciencieuse »
Martin Luther King Jr.
Leader Noir Américain, USA.
9

NOTRE MISSION

La vision est un rêve, et sa réalisation exige des actions


conséquentes. La transformation d’un pays, aussi petit
soit-il, exige de gros efforts des leaders patriotiques,
visionnaires et déterminés.

Le pays que nous voulons, sera le fruit de l’œuvre d’une


foule de leaders et sur plus d’une génération. Nous
voulons lancer un chantier gigantesque qui transcende
notre vie et nos capacités, un chantier qui requiert la
participation de tous les citoyens responsables, guidés
par des leaders visionnaires, patriotiques et
déterminés.

Notre mission est de MOBILISER, de FORMER,


d’ENCADRER et de RASSEMBLER ces leaders
patriotiques enfin qu’ils servent de ferment qui produira
le pays que nous voulons. Nous voulons les mobiliser
autour de cet idéal qu’est notre vision, et de l’action
nécessaire pour réaliser cette vision, une action
résumée dans un rassemblement autour de notre
programme.

Ce rassemblement ne peut pas être fruit d’une colère


qui s’évanouira après d’autres, mais doit être fruit d’une
intelligence au fond des cœurs affranchis.
10

Celui qui connait sa mission et surtout son ampleur par


rapport à ses objectifs, ne peut pas la rater par
négligence et cupidité. « Uwuzi neza iyo aja ntazimizwa
n’iminyari », (celui qui connait son chemin, ne le rate
pas à cause d’une haie). Mission possible donc, rien ne
nous détournera.

« En faisant scintiller notre


lumière, nous offrons aux autres
la possibilité d'en faire autant. »
Nelson Mandela.
Président, Afrique du Sud.
11

PREMIERE PARTIE :

LES REFORMES

La vision qui nous anime n’est pas possible si les choses


restent telles qu’elles sont, des réformes sont
indispensables. Quelqu’un a dit que seuls les insensés
s’attendent à des résultats différents sans avoir changé
leurs actions. Un autre a dit que si vous faites ce que
vous avez toujours fait, vous aurez ce que vous avez
toujours eu. Nous croyons que pour avoir le Burundi
que nous voulons, des réformes s’imposent. Ces
réformes doivent se comprendre dans le seul but de
créer les conditions favorables à la réalisation de notre
vision, nous ne voulons pas changer les choses, juste
12

pour les changer. En outre, elles ne concernent que les


domaines où elles sont vraiment incontournables.

Envisager des réformes dans une Nation peut dépendre


de la vision, du courage et bien sûr des moyens. De la
vision parce qu’on doit comprendre ce qu’on veut faire
dans un tout jusqu’au bout. Du courage parce qu’il y a
des réformes difficiles où il faut affronter beaucoup de
résistances. Des moyens naturellement parce qu’il en
faut pour financer ces réformes.

L’objectif ici est de permettre à la population une


certaine facilité pour augmenter son pouvoir de
production, et partant celui d’achat et de décision.

Ces secteurs avancés sont :

• le domaine de la loi qui est le nœud de toute


activité ;

• l’administration qu’on utilise souvent pour


imposer ses désirs aux autres ;

• la justice qu’on manipule pour se blanchir et


condamner les autres ;

• les services de sécurité qu’on mobilise pour se


protéger et nuire à autrui ;
13

• l’éducation et la santé qui comptent le plus de


fonctionnaires de l’Etat, qu’on intimide souvent
dès qu’ils luttent pour leurs droits, devenant du
coup ennemis du pouvoir ;

• l’économie : les secteurs productifs auxquels on


n’offre jamais les moyens qu’il faut pour
subvenir aux besoins du peuple ;

• les droits de l’homme, les mouvements


associatifs, les syndicats, la presse, … qu’on
musèle pour maintenir le peuple à sa merci.

Si ces secteurs parviennent à être protégés de façon à


ce qu’un dirigeant quelconque n’arrive plus à les
manipuler, alors le peuple pourra souffler.

En plus de ces secteurs, ce projet de société donnera


sa position sur certaines institutions et concepts
comme :

• Le Conseil Economique et Social ;

• La CNTB (Commission Nationale Terre et autre


Biens) ;

• La CVR (Commission Vérité Réconciliation) ;

• La Diaspora burundaise.
14

Dans le passé on se disait que le peuple doit être


informé afin de refuser que les dirigeants fassent tout
sans lui rendre des comptes. Mais la faisabilité n’est pas
si facile : le peuple c’est nous tous, et jusqu’à la base
on croit à tel chef ou à tel autre. On reste divisé parce
qu’on suit les individus. Tant qu’il n’y a pas une vision
incarnée par des leaders charismatiques, le peuple
erre. Les mauvais dirigeants sont soutenus par une
partie de la population, et une autre partie, qui veut
demander des comptes sera considérée comme
ennemi d’Etat.

La solution n’est donc pas que les deux parties de la


population se battent pour ou contre, mais que nous
puissions arriver, malgré toutes les difficultés, à les
aider à ne plus baisser la tête pour voir leurs différences
corporelles, mais à relever la tête pour voir très loin où
chacun est conscient de sa vulnérabilité, très loin où
personne n’est rien sans les autres, très loin où le
concours des leaders éclairés devient nécessaire pour
un rassemblement supra individuel et groupusculaire.

Et ces leaders-là pourront mettre en place ces réformes


que nous passons en revue ici.
15

CHAPITRE 1 : ADMINISTRATION
TERRITORIALE

L’organisation des ressources constitue le facteur le


plus important dans l’équation de la production. Un
pays mal organisé se fait du mal à lui-même car cela
affecte négativement le fonctionnement de ses
institutions. Nous pensons que, pour atteindre la vision
qui nous anime, nous avons besoin d’organiser le pays
de la meilleure manière possible. Et pour nous, la
meilleure manière est celle qui nous garantit un
fonctionnement institutionnel capable d’apporter les
changements nécessaires pour atteindre la vision. Nous
n’avons pas peur de changer les traditions si elles sont
stériles et de proposer de nouvelles manières
d’organiser le pays, si elles peuvent nous conduire au
but ultime.

Le Burundi est un pays qui n’est pas grand mais il peut


cependant contenir les ambitions de ses habitants. Ce
pays a affiché sa meilleure santé économique dans les
années quatre-vingt avec une part importante
d’investissements publics. La population était à 95%
occupée aux travaux dans les campagnes et la seule
population citadine, moins de 5%, jouissait d’un grand
pouvoir d’achat grâce aux produits agricoles. A ce
16

moment la population était autour de 5 millions.

Actuellement, elle a plus que doublé et elle n’arrive plus


à vivre dans les conditions d’il y a 20 ans. Les
projections confirment que cette population devrait
encore doubler dans les vingt ans à venir si rien n’est
fait. Le niveau de vie a énormément baissé à cause du
manque de ressources des populations d’une part, et
de la cherté des produits d’autre part (sur les cinq
dernières années, l’inflation cumulée -le coût de la vie-
a augmenté de 35 %, avec 16% pour la seule année
2017 selon l’ISTEEBU), et aucune planification n’est
visible face à une jeunesse nombreuse qui erre sans
savoir comment se tirer de cette misère. Quelques
idées sont lancées telle la limitation des naissances,
mais jusque-là sans en savoir les moyens et encore
moins les objectifs à atteindre.

De notre part une population nombreuse est toujours


un fardeau tant qu’on ne pense pas investir. Par contre
vivre raisonnablement avec ce qu’on a, peu importe le
territoire, peut faire de cette population un atout dans
un proche avenir. Penser à une planification, vivre sur
ce territoire avec comme objectifs de produire au
maximum (efficience) en augmentant la productivité,
d’écouler les produits (commercialisation et stratégie
de développement), de s’épanouir et maîtriser son
17

environnement, seraient les clés d’une solution


possible.

Pour cela nous essayons de relever les points qui font


obstacle dans la gestion de la population, pour lui offrir
une possibilité de vivre dans l’espace dont elle dispose
et favoriser le secteur économique qui pourra ensuite
nourrir ce peuple.

La capitale Bujumbura est le seul pôle économique de


notre pays, et devient le lieu d’une concurrence rude
entre expérimentés et débutants. Cette situation n’est
pas favorable à une économie grandissante. Les autres
centres du pays ne bénéficient pas du tout du quota
nécessaire pour leur permettre un élan de
développement. Cela freine les ambitions des
populations environnantes qui ne trouvent pas de
débouchés, et sont obligées à vivre comme nos
ancêtres sur des collines sans pouvoir produire.

Notre objectif ici est que nous cessions de penser


qu’une population nombreuse est un handicap pour le
développement, mais qu’on peut la transformer en
atout en sachant comment gérer nos espaces pour plus
de rentabilité.
18

Problème : 1 Un habitat dispersé ne peut pas


permettre une production rentable
par espace face à une population
sans cesse croissante.
2 Le maintien d’une population
nombreuse en campagne, obligée à
survivre d’une agriculture de
subsistance, ne peut que la conduire
à la mendicité.
3 La centralisation de toute
l’économie du pays dans la seule
ville de Bujumbura, est une
privation pour le peuple d’ouverture
et d’espace de débouchés.
4 L’existence de plusieurs provinces
n’apporte rien à l’épanouissement
des populations et n’aboutit qu’à la
nomination des gouverneurs.
5 Les communes n’ont pas assez de
poids dans leur développement face
aux gouverneurs de province
(pouvoir central) malgré l’existence
d’un conseil communal élu.
Partant de cette situation, nous pensons que, pour que
la population entière puisse avoir les mêmes chances
de se développer sans devoir se déplacer vers une
19

région ou une ville donnée, une réorganisation du


territoire s’impose. Cette réorganisation doit s’inspirer
du nécessaire développement de l’égalité des chances
pour toutes les régions de notre pays ainsi que de la
réduction du poids financier de l’administration
territoriale. Au Mouvement Orange, nous avons une
proposition claire sur ce point.

Proposition :

I. Nouvelle Division du territoire

La décentralisation n’a rien à voir avec la multiplication


des provinces, des communes, … ce qui a été ces
derniers temps un motif de lutte communautaire en vue
de se défaire des autres. On a vu Mwaro qui
s’autodétermine contre Muramvya, Rumonge contre
Bururi, … sans toutefois donner les raisons
économiques et sociales d’une telle décision. A ce
rythme le Burundi pourrait avoir une centaine de
provinces si chaque commune pense pareil.

Quel est le rôle d’une province, d’une commune, d’une


colline ? Quel est le rôle d’un gouverneur, d’un
administrateur, d’un chef de colline ? Telles sont les
questions auxquelles il faut répondre pour comprendre
que rien ne doit se faire par fanatisme.
20

Le rôle d’un gouverneur est de représenter le


gouvernement central, de permettre la réalisation du
programme gouvernemental dans la province. Il n’a
pas de rôle de proximité pour le peuple, mais de suivi
des grands projets publics mis en place par le
gouvernement. Il ne devrait donc pas se mettre en
conflits comme c’est souvent le cas avec des
administrateurs pour des luttes d’intérêts. Il n’est pas
élu, il est nommé pour un objectif donné et doit rendre
compte à ses supérieurs.

Le rôle d’un administrateur est tout autre. Il a été élu


dans sa commune, pas pour un programme, mais parce
que la population pense qu’il est le mieux placé pour
revendiquer ce que le gouvernement a promis. Il ne
réalise pas nécessairement la volonté du
gouvernement, mais d’abord celle du peuple qui l’a élu.
Il doit rappeler constamment au gouvernement, par
l’intermédiaire du gouverneur, les promesses du
gouvernement et les besoins de sa population.
Contrairement à l’habitude qu’ont certains
gouvernements d’aimer être ovationnés et remerciés
pour ne rien faire, l’administrateur doit éternellement
signifier ce qui n’a pas été fait, car son premier rôle est
de plaider pour sa localité. C’est un acteur de proximité
minutieux.
21

Le rôle d’un chef de colline est celui que nous appelons


« umuzimya muriro », un sapeur-pompier au vrai sens
du terme dans la mesure où il doit veiller à ce que les
habitants de sa colline vivent en harmonie, et que les
visiteurs s’y retrouvent bien accueillis. Ce n’est pas de
prime abord un rôle politique, mais un rôle social. Ce
doit être un parent de chaque personne et non un
militant qui pourchasse les autres. Comme à l’ancienne
époque, recréons l’hospitalité burundaise où on était
accueilli et dormait n’importe où sans discrimination
dès que la nuit tombait. Quand le chef de colline est
l’image de la bonté, alors tout le monde se sent en paix,
les chicaneries et tensions partisanes disparaissent, les
gens priorisent la production.

Au vu de tout ceci, le Burundi n’a pas besoin de trop de


provinces, mais de la conviction du résultat à atteindre
sur ses presque trois mille collines, regroupées en une
centaine de communes, regroupées elles aussi en cinq
provinces.

a) Les provinces et leurs noms.

Le Burundi sera divisé en cinq provinces :

- Au Nord : Province de COHOHA regroupant les


provinces actuelles de Kayanza, Ngozi, Muyinga
22

et Kirundo,

- Au Sud : Province de TANGANYIKA regroupant


Bururi, Makamba, Rumonge et Rutana,

- A l’Est : Province de RUVUBU regroupant


Ruyigi, Cankuzo et une partie de Karuzi,

- A l’Ouest : Province de RUSIZI regroupant


Bujumbura, Bubanza, Cibitoke et la Mairie de
Bujumbura,

- Au Centre : Province de RUVYIRONZA


regroupant Gitega, Muramvya, Mwaro et une
partie de Karusi.

Les noms des provinces ont été choisis sur des grands
lacs et rivières qu’on trouve dans ces régions. Ces noms
pourraient apporter un rassemblement populaire,
contrairement à un passé où les burundais se
chamaillaient sur les noms des lieux d’origines de tel ou
tel autre ancien dignitaire qui ne leur a pas plu.

Toute cette délimitation se fera en étroite collaboration


avec les locaux pour ne pas déstabiliser les entités
culturelles et traditionnelles fortes. Chaque province
comprendra un chef-lieu et des villes secondaires.
23

b) Les chefs-lieux des provinces et villes.

Chaque province aura un chef-lieu. Ngozi sera le chef-


lieu de la province de Cohoha, Makamba le chef-lieu de
la province de Tanganyika, Ruyigi le chef-lieu de la
province de Ruvubu, Bubanza le chef-lieu de la
province de Rusizi et Mwaro le chef-lieu de la province
de Ruvyironza.

Les autres villes de province Cibitoke (rugombo),


Kayanza, Muyinga, Kirundo, Cankuzo, Karusi (buhiga),
Muramvya, Rutana, Bururi, Rumonge et Nyanza-Lac
seront des villes importantes. Toutes ces villes auront
un statut de Mairie.

Il est à noter que ces anciennes villes chefs-lieux de


provinces actuelles ne seront pas négligées, bien au
contraire. Elles se conformeront aussi au plan national
d’urbanisation et seront connectées par de bonnes et
grandes routes. Les activités vitales y seront promues
et les services publics clés y seront disponibles, dans la
logique de la décentralisation. Nous ferons tout pour
que tous les citoyens puissent avoir des opportunités
de développement dans leurs lieux d’origine, selon les
spécificités et le potentiel de chaque région naturelle.
Le jeune burundais de demain sera attiré dans les villes
par du travail, de la créativité, des opportunités, … et
24

plus jamais par la fuite de la misère des campagnes.


Pour ce faire, nos villes doivent être planifiées et
organisées pour ne plus être des amas spontanés
d’agglomération.

c) Les capitales du pays.

Le pays aura deux capitales nationales qui ont des


statuts différents.

Créer une capitale d’un pays, n’est pas une décision


fantaisiste pour plaire à qui que ce soit. Ce ne doit pas
être non plus une décision populiste pour se faire
acclamer. Ce doit être une raison profonde nourrie par
un intérêt économique, culturel, administratif,
stratégique, … pouvant favoriser un développement
visible. Les capitales ne sont pas décidées, elles le
deviennent par l’intérêt qu’elles portent pour le peuple.
Pour ne pas tomber dans l’erreur d’une décision avant
celle d’une adoption par le peuple comme ce fut le cas
pour Brasilia, Yamoussoukro, Abuja et autres, au
Burundi la mise en place des standards devront
précéder la décision pour que le peuple l’adopte.

Gitega étant au centre du pays aura une vocation


administrative et politique interne. C’est une façon de
mettre à égalité tous les pôles du pays à équidistance
25

par rapport aux activités habituelles de la population,


et éviter l’attrait sans raison de la ville de Bujumbura
excentré par rapport au reste du territoire.

Bujumbura, avec son emplacement en bordure du lac


Tanganyika et son aéroport, aura une vocation à
politique internationale, avec ouverture sur l’industrie,
l’activité commerciale et le tourisme. Elle devra rivaliser
avec les grandes capitales d’Afrique pour attirer les
investisseurs et les visiteurs étrangers, façon de
devenir une plaque tournante de la région.

d) La capitale traditionnelle.

La ville de Muramvya sera la capitale traditionnelle, et


nous ferons en sorte de la construire avec l’aide
d’architectes capables de recréer l’habitat traditionnel
du Burundi via des méthodes et matériaux modernes.

La culture burundaise, les mœurs et coutumes de nos


ancêtres, doivent avoir une place importante dans la
vie quotidienne de notre pays. La ville de Muramvya
sera un véritable musée où notre population vivra en
réalité l’origine de sa Nation et comprendra la raison de
la faire perpétuer sans fin.

Nous devrons recréer la réalité de la monarchie tant


que nous avons encore des gens qui l’ont vécue. Penser
26

à revaloriser les différents palais et les tombes de nos


monarques. Ainsi les visiteurs de ce pays dans 500 ans
sauront que notre passé n’a pas été que tribalisme et
guerres de 1961 à ce jour, mais que le Burundi vit
depuis 1500. Il faut qu’en 2300 et plus, l’on sache les
forces et la vision qui ont conduit ce peuple à survivre
mieux qu’ailleurs. Il y aura alors plus d’actions
bénéfiques et positives à raconter que le contraire.

e) Les communes rurales.

On aura cent (100) communes rurales avec une cité


communale, c'est-à-dire les communes actuelles moins
les 3 communes de Bujumbura mairie et les 16 centre
provinciaux qui deviennent des mairies. Tout ceci pour
limiter l’habitat dispersé qu’on trouve dans nos
campagnes. L’objectif ultime étant de dégager les
espaces cultivables.

Les communes sont le lieu d’exécution de toute la


politique agricole et pastorale. Ces communes ne
doivent plus être prises pour des milieux perdus pour
des paysans sans valeur. Au contraire c’est le milieu de
tout le respect pour la vocation d’un pays qui veut
prospérer et se hisser plus haut dans sa prise en charge
économique.
27

II. Exemple mathématique

A titre illustratif pour notre population autour de 11


millions d’habitants en 2020 et peut-être voire 20
millions dans 10 ans et plus, on prévoit que les grandes
villes comme Gitega, Bujumbura, Bubanza, Ngozi,
Makamba et Rumonge, puissent aller jusqu’à un million
d’habitants et les autres villes importantes autour de
cinq cents mille. Les communes auraient autour de 50
mille habitants dans une cité bien organisée et
aménagée, entourée par des plantations verdoyantes.

Ainsi, naturellement, on aurait dans six grandes villes,


six millions d’habitants, et six millions dans les douze
autres villes importantes et un peu plus de cinq millions
dans les communes. Ce qui veut dire qu’on serait à
mesure de supporter plus de dix-sept millions
d’habitants sur notre territoire sans nous entasser à
Bujumbura dans des plaines rentables aux cultures. Et
toute cette population dans un espace ne dépassant
pas 12% de notre territoire réservé aux villes.

III. Objectif environnemental

L’enjeu de toute cette administration est d’amener


toute la population à prendre conscience que nous
devons répartir notre territoire de façon réfléchie : 40
28

% pour les forêts, 40 % pour l’agriculture, 8 % pour


l’élevage et 12 % pour les villes. L’espace lacustre, du
lac Tanganyika et les lacs du nord, serait augmenté
avec la création des lacs artificiels près de nos villes à
l’exemple du lac de retenue de Rwegura.

Chers lecteurs, nous attirons l’attention de chacun pour


qu’on s’accorde sur le fait que nourrir une population
de plus de 10 millions d’habitants n’est pas le résultat
hasardeux d’un individu qui se lève un matin pour
labourer son champ. Nous devons être conscients que
les espaces doivent être rentabilisés pour générer le
meilleur de leur capacité. Les forêts nous sont très
utiles, personne ne l’ignore. L’agriculture a besoin de
beaucoup d’espace pour nourrir la population.

IV. La gouvernance

Les provinces seraient dirigées par une « délégation


gouvernementale » à la tête de laquelle se trouverait
un Gouverneur, et tous seraient nommés par le
gouvernement. Les Mairies seraient dirigées par les
Maires élus par le peuple, et les Communes par les
Administrateurs également élus par le peuple. Que ce
soit le conseil municipal ou communal, la population
élirait la tête de liste qui serait une personne
susceptible de devenir Maire ou Administrateur. En cas
29

de manque de majorité absolue, les deux listes en tête


seraient en compétition au deuxième tour pour un
choix clair par la population sans que les membres
élisent quelqu’un parmi eux.

Ceci est motivé par le fait que les Administrateurs


actuels, se retrouvent à la tête des communes sans
nécessairement avoir eu la faveur du peuple à ces
postes importants dans le développement d’une nation.
Les complicités entre membres dans les partis
politiques font qu’on plébiscite une liste sans jamais
être au courant de la personne qui pourrait être
responsable à l’avenir. Quand bien même l’élection
d’une liste favorise le respect des accords d’Arusha, il
est important que l’électeur soit acteur dans le choix de
la personne qui sera responsable.

Ici nous voulons mettre un accent particulier sur


l’administration à la base. Nous sommes conscients que
le peuple burundais est un peuple vaillant et
dynamique. Cependant le système actuel ne lui permet
pas d’élire ses leaders à la base. On a l’impression qu’il
est pris en otage par les partis politiques ressemblant
plus à des clans qu’à des organisations démocratiques
promotrices de l’intérêt général. On profite des listes
pour caser un serviteur du parti sans tenir compte des
leaders locaux. Ce sont évidemment ces élus qui seront
30

les outils de manipulation pour que les électeurs ne


puissent pas revendiquer leurs droits.

V. L’image des capitales nationales

Bujumbura et Gitega seront des capitales nationales.


Elles doivent être les vitrines de notre engagement à
être un peuple qui aspire à la grandeur. A part à
Bujumbura, qui a reçu une certaine planification au
temps colonial et une certaine rigueur des années
quatre-vingt, l’anarchie règne actuellement dans
l’aménagement du territoire et des nouveaux quartiers.

Les dignitaires de chaque régime, conscient d’un


manque de planification nationale, n’ont qu’une seule
idée en tête : arracher une parcelle peu importe le lieu,
seule leur survie importe à leurs yeux. Nous attirons
l’attention de tous les jeunes, responsables dès lecture
de cette proposition, à penser au bien de tous plutôt
qu’au leur uniquement.

Ainsi nos deux grandes villes seront réaménagées afin


de laisser place à de grandes artères urbaines, à des
espaces de divertissement pour jardin et sport, à des
quartiers d’affaires et résidentiels bien distincts, avec
des constructions à la hauteur de nos ambitions. Ne
soyez donc pas surpris si nous vous disons que
31

beaucoup de choses devront être restaurées ou


réhabilitées, d’autres démolies. Ne nous contentons
plus du peu qu’on voit, aspirons à plus que jamais.

Nous devons permettre que les plages du lac


Tanganyika offrent un tourisme digne de l’un des plus
grands lacs d’eau douce au monde. La ville de Gitega
doit avoir des lacs artificiels dans ses vallées qui
deviennent de plus en plus des lieux de dépôts
d’ordures ménagères et d’eaux sales. Les rivières de la
ville de Bujumbura doivent être reconfigurées en forme
de piscines successives d’une centaine de mètres de
largeur pour éviter l’érosion qui entraîne des terres
fertiles vers le lac Tanganyika. Les alentours de ces
rivières doivent être des lieux de détente, de repos et
de tourisme urbain, et non un gain de parcelle pour des
dignitaires aveugles. Ainsi les ponts sur ces rivières
seront des joyaux de notre ingéniosité pour prouver
que nous sommes un peuple d’avenir. Il en va de même
pour les jardins dans les villes : les professionnels de
l’environnement devront les prendre en charge en
respectant des normes et des standards
environnementaux. Toutes nos routes dans les villes
doivent être bordées par des arbres et des fleurs selon
des spécialités que nous voulons offrir à nos rues.
32

Les burundais se plaignent du soleil mais n’arrivent pas


à s’imaginer le pourquoi d’une hausse des
températures. Depuis 30 ans la température moyenne
se serait élevée de presque 3 degrés. Si le reboisement
de nos collines est indispensable pour réduire l’érosion
des sols et les glissements de terrains parfois
meurtriers, il faut également arborer nos villes. Ce doit
être considéré comme une priorité pour et par chaque
habitant. N’oublions pas que les arbres, outre leur rôle
bienfaiteur pour le climat et la préservation de la
planète (la photosynthèse qui permet l’absorption des
gaz carboniques et le rejet de l’oxygène par les
végétaux), sont également producteurs d’espaces
ombragés.

Mais il faudra être cohérent et complet. C’est ainsi qu’il


faudra que nous prenions des mesures concrètes pour
que les chèvres n’évoluent plus en totale liberté dans
les villes et collines. En effet ces animaux sympathiques
et tellement utiles à notre alimentation, mangent tout
y compris les jeunes pousses et les écorces des arbres.
Pour protéger les arbres et notre environnement
urbain, il faut donc attacher les chèvres.

La protection de la nature ne doit plus être un prétexte


politique ou partisan pour drainer les membres d’un
parti, mais une conscience collective et commune car
33

nous savons que nos vies tiennent beaucoup plus de la


verdure de la nature qu’à d’autres choses qui
tracassent la vie.

Nos villes doivent cesser d’être un amas de parcelles


pour caser des sans-logis à la recherche de n’importe
quoi pour survivre. Ce doit être des œuvres d’art qui
reflètent les ambitions de notre peuple pour des milliers
des générations à venir. C’est en siégeant dans de
belles villes, dans de beaux endroits qu’on arrive à
penser du bien, à souhaiter le meilleur à tous.

« Il faut des monuments aux cités


de l’hommes, autrement où
serait la différence entre la ville
et la fourmilière ? »
Victor Hugo.
Artiste, écrivain, poète, romancier, France.
34
35

CHAPITRE 2 : LE DOMAINE DE LA LOI

Toute société quelle qu’elle soit, est régie par des lois
afin qu’il y ait harmonie et respect dans toutes les
activités. La loi est votée par le parlement pour le bien
du peuple et de la vie en société. Certaines lois sont
controversées, ce qui est normal car le parlement agit
selon sa majorité tout en visant les objectifs qu’il se
donne.

Le parlement vote plusieurs lois, certaines attirent


l’attention plus que les autres. Pas parce qu’elles sont
plus injustes ou discriminatoires, mais principalement
parce qu’elles visent le plus grand nombre ou les plus
actifs, c’est-à-dire l’intérêt général.
Ici nous attirons l’attention sur une loi de la
constitution. Cette loi est une émanation des accords
d’Arusha, et nous la respectons. Elle vise le respect des
quotas ethniques dans les institutions élues. Elle
concerne l’élection des listes des partis politiques pour
les parlementaires et les conseillers communaux.

Cette réalité a eu son point positif pour sortir de la crise


politico-ethnique que nous avons vécue et qui nous a
fait tant souffrir. Les ténors de ce moment ne pouvaient
36

se sentir libres que quand ils avaient l’opportunité de


maîtriser ceux qui allaient les représenter dans les
institutions.
A l’heure actuelle, des Burundais d’ethnies différentes
sont dans les institutions selon l’accord d’Arusha. Mais
la question est de savoir si la population dans ses
composantes se sent représentée ethniquement. En
d’autres termes : est-ce que pour respecter ces quotas,
la liste est indispensable ?
Ensuite de façon générale, notre pays dispose des lois
qui ont beaucoup d’articles, et qui au fond cachent en
quelque sorte des exclusions. Chaque groupe qui
légifère à son époque, pense plus à se protéger qu’à
servir les autres.
On trouve tellement de barrière dans l’exercice des
libertés d’expression, des réunions, des organisations,
des mouvements, … qu’on comprend facilement que le
législateur cible ses adversaires et non
l’épanouissement des citoyens. Il faut donc remettre à
l’honneur l’intérêt général et réduire puis bannir les
intérêts particuliers
37

Problème : 1 Les Burundais votent des listes de


partis tout en ignorant les valeurs
des individus qu’ils porteront au
pouvoir.

2 Les élus ne se sentent jamais


redevables envers la population,
mais plutôt envers les autorités du
parti.

3 La relation entre les élus et la


population est souvent crispée, ce
qui est un frein au développement.

4 Certaines lois sont faites pour


protéger les individus au lieu de
protéger le peuple.

5 La loi perd sa saveur parce que


tout législateur vise un intérêt
momentané à la place d’un intérêt
populaire qui peut durer.
38

Proposition :

I. Le choix du peuple et non des partis

Nous proposons la création de circonscription


individuelle pour les députés. Le député doit être élu
par le peuple ou les membres du parti et non désigné
d’avance par le parti. Il faut une compétition entre les
candidats même s’ils appartiennent au même groupe
politique, car de facto, ils ne sont jamais vus de la
même manière par le peuple.

Pour le cas des députés, notre Assemblée Nationale


compte un nombre de cent députés pouvant varier
suivant les cooptations. Le coefficient électoral étant
aujourd’hui proche de 90 mille habitants, très
régulièrement la CENI donnerait l’entité
correspondante. Au sein de la circonscription, la
population apprendrait à élire une personne de son
choix. Ce serait un individu conscient qui doit son
élection au peuple et non à un parti qui l’a mis sur la
liste.

II. Une conséquence utile

En favorisant le choix du peuple, il pourrait y avoir une


difficulté de maintenir les quotas ethniques et ceux du
genre. Pour pallier à cette conséquence la CENI
39

proposerait à l’avance aux circonscriptions les


caractéristiques ethniques et le genre de la personne à
élire. Cette procédure pourrait être mal vue par
certains, pourtant il vaut mieux que le peuple élise la
personne qu’il veut, peu importe l’ethnie et le genre
que d’accepter des listes de personnes inconnues
quelle que soit l’ethnie, le genre qu’on voudrait ou pas.

III. Une mise en cause des quotas

L’accord d’Arusha inspire une idée de quota de genre


défini à un minimum de 30% pour les femmes, mais ne
dit rien sur les jeunes ou les vieux et encore moins sur
les personnes ayant un handicap et autres groupes
spécifiquement discriminés professionnellement ou
culturellement.

Le CRADI dans son initiation du Mouvement Orange,


penche pour le genre à plus ou moins 10% de
différence. Aucun genre ne pourrait dépasser 55% ou
être inférieur à 45%.

Ensuite, nous proposons un quota de 10% des


handicapés physiques à l’Assemblée Nationale. Ils
devront se faire élire spécifiquement sur tout le
territoire et non par désignation comme c’est le cas
actuellement pour les Twa.
40

Nous proposons l’élection d’un twa par province, donc


un quota de cinq dans l’Assemblée Nationale.

Ainsi dans l’Assemblée Nationale, on aura 57% de


Hutu, 38% de Tutsi et 5% de Twa. Ces quotas n’ont
pas vocation de répondre à l’exactitude des chiffres
populaires, mais sont une vitrine pour permettre un
débat qui favorise l’expression d’intérêts
communautaires différents qui puisse apaiser les
malheurs connus durant les quelques décennies de
tueries fratricides. Les Hutu ne doivent pas se sentir
minimisés par rapport au nombre de Twa qui est
multiplié par 5 et celui de Tutsi par 2,5. Il s’agit de
tendre la main pour pouvoir créer une génération
nouvelle qui offre leur chance aux autres plutôt que de
se mettre des bâtons dans les roues. Que celui qui est
fort, serve les autres.

Récapitulatif : Pour avoir 100 députés, on ferait trois


votes : 1) vote dans 85 circonscriptions sur tout le
territoire pour élire 85 députés ordinaires dont 51 Hutu
et 34 Tutsi (soit 60% et 40%) avec une égalité genre
à plus ou moins 10% d’écart. 2) vote dans les 5
provinces pour élire 10 personnes ayant un handicap
physique, 2 par province dont 6 hutu et 4 tutsi et genre
dans les conditions déjà citées. 3) vote de 5 Twa, 1 par
province.
41

Remarquons que tout le monde serait appelé à voter


dans les trois votes. Ce ne serait pas aux hutu de voter
hutu, tutsi-tutsi, twa-twa ou handicapé-handicapé. On
voterait pour des hutu, tutsi, twa et handicapés qui
nous représentent tous.

Conclusion :

Une loi n’est jamais parfaite, mais si elle est vraiment


faite pour l’homme/femme alors elle peut le/la servir.
Ce ne sont pas les humains qui sont faits pour la loi
mais le contraire. Nous raisonnons aujourd’hui pour
servir le burundais de 2020 qui a besoin
d’épanouissement sans se fourvoyer dans des luttes de
peur. Le burundais de 2035 pourra changer certaines
choses dès que les peurs seront dissipées. Nous devons
comprendre que ce passé qui a fait mal à tant de
personnes, ne pourra disparaitre en un clic. Si nous
nous sommes autant arrêtés sur les quotas, c’est pour
affirmer que les leaders doivent comprendre qu’en
l’absence des personnes de bien, la loi pourrait jouer
un rôle de garantie et d’apaisement. Nous sommes
convaincus que bientôt le peuple burundais
comprendra que sa paix se trouve dans ses leaders et
non pas dans les quotas ethniques.
42

IV. La loi du meilleur avenir pour tous

En faisant une analyse sur les constitutions qui se sont


succédées depuis les années soixante, on constate que
la loi sert généralement un pouvoir si pas un homme.
Malgré les referendums plébiscités à 100%, chaque fin
de mauvais régime est partie avec sa loi, dans la joie
du peuple qui avait voté pour.

En faisant la lecture de ce programme, vous verrez que


nous voulons promouvoir une loi où les chicaneries
groupusculaires prendraient fin.

L’option de présenter ici ce qui peut être fait est, à


notre humble avis, une raison suffisante pour faire
comprendre que la loi n’est pas au service de ses
auteurs ou de ceux qui voient les choses comme eux,
mais une conviction que, peu importe la personne ou
le groupe au sommet, les autres, adversaires ou pas,
pourraient jouir de leurs droits sans craindre pour leur
avenir. Nous voulons en finir avec la crainte d’une
discrimination si l’on affiche une vision différente de
celle du sommet de l’Etat.

La loi doit servir d’abord à protéger les autres avant


soi-même. Ainsi les autres, satisfaits, comprendront
pourquoi ils doivent protéger leurs législateurs. Le
43

meilleur avenir de tous, doit être mis en place d’abord


par ceux qui légifèrent pour les autres et pas contre les
autres. La loi du meilleur est celle qui nous permet
d’offrir, d’ouvrir, de satisfaire, … et non de nous
enfermer pour nuire aux autres. Cela ne sera possible
qu’avec des hommes/femmes leaders exceptionnels.
Avec ceux-là on pourrait même vivre sans loi, alors que
même avec des lois divines l’on ne cessera de s’exclure
et de s’entretuer. Mettons-nous vite à la recherche de
ces leaders avant de faire la guerre pour des lois qui ne
resteront que de simples papiers dans les tiroirs.

« La démocratie devrait assurer


au plus faible les mêmes
opportunités qu'au plus fort. »
Gandhi Mahatma.
Leader de la non-violence, Inde.
44
45

CHAPITRE 3 : SYSTEME JUDICIAIRE

Le Burundi est un pays indépendant depuis le premier


juillet 1962, il a un ministère de la justice, des juges et
des magistrats, toute une administration de la base au
sommet, avec un magistrat suprême qui est le chef de
l’Etat. On appelle cela le pouvoir judiciaire sous les
ordres de l’exécutif.

Avoir des hommes de bonne foi à toutes ces


responsabilités, des hommes capables de servir le
peuple sans parti pris, serait une chance que
malheureusement notre pays n’a pas encore eue. Du
sommet à la base, le chef se sert et tous doivent le
servir sous peine d’être muté ou emprisonné.

Par le passé, le Burundi a eu des magistrats capables


de dire non à la volonté politique, pourtant l’histoire
n’en parle que de façon indirecte et discrète, alors qu’ils
devraient être des socles de référence. Citons l’époque
de Léonard Nduwayo. Comme ces gens ne sont pas
légion, il en va de notre intérêt de créer une vision
d’ensemble pour remorquer la jeunesse vers une
véritable indépendance de la magistrature.
46

Faisons remarquer aussi que cette situation qui hante


les nationaux peut également être un réel problème
pour notre environnement économique. Les
investisseurs étrangers potentiels ne viendront au
Burundi que lorsqu’une justice indépendante existera.
Car qui va investir des millions de dollars si à la
première difficulté il est tributaire d’une justice à la
botte de l’Exécutif ?

Problème : 1 Une telle magistrature d’hommes


dits professionnels, sous les ordres
d’un élu qui des fois peut ne rien
connaitre de la déontologie en plus
de manifester de la mauvaise foi, est
une arme puissante contre le
peuple.

2 Les magistrats comptent sur un


politicien pour que leur carrière
s’améliore, ils ne peuvent que le
servir pour espérer mieux.

3 La détention des personnes


accusées ou condamnées, dénote
plus du mépris de l’autorité que de
la correction, elle est utilisée comme
une forme de domination.
47

Proposition :

I. La profession de magistrat

Les magistrats burundais et tout le corps de la justice,


sont des hommes et des femmes qui ont reçu une
bonne formation. Dans la plupart des cas, ils ont
prouvé leur capacité à élucider les conflits entre
individus et plus encore. Ils sont sollicités dans des
institutions internationales pour dire le droit et pacifier
les peuples.

Malgré ces performances, les magistrats burundais


n’ont aucune estime de la part du politicien burundais.
Les syndicats des magistrats ne cessent de plaider pour
leur indépendance vis-à-vis de l’exécutif, mais rien à ce
jour n’a été accordé. Les états généraux de la justice
se sont plus d’une fois réunis avec des conclusions
acclamées, mais le magistrat suprême ne peut
permettre leur mise en application car il perdrait sa
main mise sur ce corps.

II. Les difficultés dans le métier

Les magistrats sont nommés par l’exécutif, qui fixe tous


leurs salaires et indemnités, les mute et décide de leur
avenir professionnel, public et politique. Ceci ne serait
pas trop grave pour quelques individus d’une moralité
48

affirmée, si le pays était apte à offrir à chacun la


possibilité de lutter pour vivre à moindre coût.

Malheureusement la situation financière de notre pays


est telle que les fonctionnaires n’arrivent plus à s’offrir
le peu qu’ils désirent. Cette situation fragilise les uns et
les autres mais surtout ceux qui sont loin de la capitale,
ne pouvant pas se permettre, dans les limites du
possible, une activité de renfort.

C’est ainsi que bon nombre de magistrats sont obligés


d’avaler leur orgueil pour adhérer à des partis
politiques (le parti au pouvoir, aujourd’hui comme
hier), la plupart des fois clandestinement, pour mériter
tel ou tel autre poste. Celui-ci clamera toujours son
indépendance, mais ses sentences seront les mêmes
peu importe la variation des faits.

III. La gouvernance juridique

La proposition idéale serait que le Conseil Supérieur de


la Magistrature ne soit plus dirigé par le chef de
l’exécutif, et que ses membres ne soient plus nommés.
C’est probablement un exercice difficile pour un
politicien sans clairvoyance, mais pas pour un leader.

Il faut que les magistrats se réunissent pour un mandat


déterminé, afin d’élire parmi eux un conseil Supérieur
49

de la Magistrature. Un collège de 24 personnes avec


des identités respectant les accords d’Arusha. Le plus
jeune aura 7 ans de carrière et le plus âgé, 21 ans. Ceci
pour éviter les inexpériences et les protections de
mauvaises traditions, avec un objectif de pérenniser la
révolution de la jeunesse.

Ce conseil aura un mandat de 9 ans non renouvelable,


et tous les trois ans le tiers des membres sera
remplacé. Ceci redynamisera régulièrement le conseil,
et le mandat unique permettra aux magistrats de se
donner à fond sans se soucier d’y revenir. Ces
personnes seront soumises à l’approbation du Sénat
pour étude de leur identité en rapport à la noblesse, la
moralité et la nationalité et non pour la profession et la
qualité politique.

Les membres du conseil éliront à chaque élection du


tiers le nouveau bureau (un Président, un Secrétaire
Permanent et un Porte-parole). Le bureau ne pourra
pas faire plus de deux mandats d’action (2 fois 3 ans).

IV. Le rôle du Conseil Supérieur de la


Magistrature

Le Conseil prendra en main la quasi-totalité des


fonctions du ministère de la justice dont la nomination
50

de tous les magistrats assis et debout. Le ministère


gardera seulement les fonctions politiques, les projets
liés au secteur en termes de mise en application du
programme du gouvernement des élus et
n’interviendra plus sur l’action des magistrats.

Le conseil permettra aux magistrats de garder leur


indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, et
d’avancer sereinement dans leur carrière en répondant
aux sollicitations du peuple, sans embuches et avec un
seul objectif : celui de dire le droit, de faire régner la
justice, d’établir la vérité et de faire vivre pacifiquement
le peuple.

V. La participation et les observateurs de


droit.

Les membres du barreau auront le droit de participer à


l’élection du conseil avec les mêmes privilèges que les
autres magistrats. L’objectif du conseil est de réunir les
intervenants dans la justice et non de créer des
différends entre les fonctions. Nous devons arriver au
fait que les instances judiciaires ne se lancent plus des
mots d’accusation politique, mais que seules les
dissensions techniques subsistent en disant le droit.

Les activistes de la société civile en la matière auront


51

le droit de participer comme observateurs dans tout le


processus.

VI. Justice et droit de la personne humaine.

Si nous sommes pour les droits de la personne


humaine, nous devons reconnaitre que le premier rôle
de la justice et de faire respecter ces droits. Par contre
nous remarquons que l’autorité publique a toujours
utilisé la justice pour dominer le reste de la population.
L’emprisonnement est la manière la plus simple et
efficace pour se débarrasser de tous ceux qu’on ne veut
pas voir évoluer. Et la justification apportée est
simpliste : « c’est la justice et nous n’y sommes pour
rien ».

La seule manière de savoir si un pays est vraiment


respectueux des droits de la personne humaine est d’en
visiter les prisons. Là on peut connaître les personnes
incarcérées et les motifs de leur détention. La manière
dont elles sont traitées prouvera à suffisance la volonté
de l’autorité à corriger les problèmes ou à en créer
davantage.

Le Burundi de nos rêves doit désormais appliquer la loi,


qui à notre entendement n’est pas mauvaise jusqu’à
présent. L’emprisonnement devant être une exception
52

pour tous les cas, la justice doit éviter de remplir les


prisons par fantaisie sans être capable de traiter
dignement les prisonniers. Au lieu de voir des honnêtes
citoyens incarcérés sans preuve de leur culpabilité,
nous préférons voir un délinquant libre.

Nous devons traiter les prévenus autrement que


comme des condamnés. Sans être capable de prouver
le côté dangereux d’un prévenu, pourquoi est-il
nécessaire de le mettre en prison ? Pourquoi le Burundi
doit-il garder des personnes condamnées, mais qui ne
sont pas des criminels, dans des prisons à longueur des
années, plutôt que de leur permettre des activités
sociales de réinsertion pour favoriser la production ?

La prison devra être un lieu de respect des lois et non


une poubelle, car elle peut être notre chambre de
demain. Seules les prisons officiellement reconnues
peuvent détenir des prisonniers. Sera à bannir comme
haute trahison toute forme d’incarcération privée dans
des bureaux et cachots de quelque police que ce soit.

La torture des citoyens, peu importe leur faute, devrait


provoquer la démission d’un gouvernement, car elle est
une preuve suffisante de son incapacité à appliquer la
justice. A défaut de trouver la vérité, la justice
burundaise devra être patiente dans sa recherche
53

obstinée de cette vérité plutôt que de prononcer des


décisions erronées dans le but de satisfaire les victimes
à tout prix. Ainsi nous pourrions dire adieu à tout ce
comportement d’un autre âge, indigne d’un Etat de
droit.

« … l’incarcération abusive des


innocents, ou incarcérer les gens
illégalement, les torturer, … tout
ceci étant caractéristique des
pouvoirs dictatoriaux, allons y
dire adieu pour toujours ».
Melchior Ndadaye.
Président, Héros de la démocratie, Burundi.
54
55

CHAPITRE 4: LES MEDIAS PUBLICS

Personne ne pourrait nier actuellement le rôle de


l’information dans le renforcement des valeurs
humaines et républicaines, surtout en passant par les
canaux officiels d’échange d’informations. On constate
tous que celui qui a le pouvoir d’informer, a une avance
sur les autres pouvoirs, et qu’il s’en sert même pour
parfois manipuler les autres à sa guise.

Pour le cas de notre pays, les différents protagonistes


dans les crises que nous avons traversées se sont
battus pour le contrôle des médias publics afin
d’imposer leur manière de voir et par conséquent
garder une main mise sur le reste de la population. La
venue du pluralisme médiatique, était sensée renforcer
la culture des valeurs et la démocratie, pourtant il s’est
inscrit, chez l’opposant dans l’action de contrecarrer la
monopolisation du pouvoir public de l’espace
médiatique. Cet accaparement des médias publics par
le pouvoir, a eu en effet comme réaction, chez les
opposants et autres groupes de pression, la création de
médias de surenchère politique et non d’information
générale.

Cette situation a créé une guerre médiatique où seul le


56

mensonge est dit, où les faux journalistes sanctifiant


les cathédrales sont bénis, où le développement, le
bien-être social n’ont pas de place, ce qui détruit la
raison d’être des journalistes professionnels.

Les médias publics sont devenus un cadre de


fonctionnaires sans professionnalisme où les gens
cherchent un salaire, peu importe la qualité du
traitement de l’information, pourvu qu’ils servent le
pouvoir.

Problème : 1 Les médias publics servent les


pouvoirs et non la communauté, il y
a perte de valeur au profit de ce qui
plait aux décideurs.

2 Les journalistes fonctionnent dans


une logique de guerre des chefs
sans se soucier de servir les
auditeurs.

3 Le professionnalisme cède au
fanatisme, des concurrents privés
naissent pour lutter au lieu de
travailler pour promouvoir le
secteur.

4 Le métier se dévalorise au profit


57

des querelles et rumeurs.

5 Les questions utiles pour le


développement ne sont pas
abordées à cause d’un manque de
compétence et d’une passion
malheureuse.

Propositions :

Nous devons éviter que le pouvoir soit maître de


l’espace médiatique. Le renouveau que nous
envisageons est de donner une indépendance aux
médias à commencer par les médias publics.

I. Défi du leadership et de bonne


gouvernance.

Aucune loi, aucun droit/devoir n’empêchera jamais un


dirigeant malhonnête d’exclure les autres dès qu’il sera
au pouvoir. Notre défi est que le peuple burundais soit
clairvoyant et qu’il ne permette plus l’ascension au
pouvoir des personnes sans valeur.

Aux personnes d’honneur, aux leaders, appartient ainsi


le rôle de faire la promotion de ces valeurs. Donner à
nos médias publics la possibilité, le devoir, la conviction
de s’ouvrir à tous sans distinction, pour qu’au fil des
58

années, cette nouvelle culture ne puisse être détournée


par aucune personne mal intentionnée en vue d’exclure
les autres.

Notre devoir est en ce moment de créer une génération


de gouvernants capables de permettre que l’on parle
d’eux sans tabou même s’ils sont au pouvoir,
d’admettre la critique, et que les journalistes se sentent
indépendants et sereins pour les interroger dans
l’intérêt du peuple. Ce sera la seule façon de faire taire
les menteurs et les faux aspirants au pouvoir.

« Je croirais vraiment à la liberté


de la presse quand un journaliste
pourra écrire ce qu’il pense
vraiment de son journal, dans
son journal. »
Guy Bedos.
Artiste humoriste, France.
59

II. Une gestion autonome de l’information


pour tous.

Les médias publics doivent servir tout le peuple et en


ce sens, ils doivent donner un espace équitable à toute
personne voulant les utiliser. Cela devra passer dans
différents programmes que les journalistes proposent
au peuple. Les différends politiques et associatifs ne
doivent pas être gérés dans les médias mais dans les
tribunaux. Les médias, eux, présentent au peuple la
réalité de ce qui se passe sans parti pris.

Les médias publics doivent prévoir un moment chaque


jour dans les journaux du matin, mi-journée et soir
pour un éditorial du gouvernement. Celui-ci sera
d’ailleurs titré comme tel, étant un espace dédié au
gouvernement pour s’adresser au peuple et lui rendre
compte de ses actions sans accaparer toutes les
émissions et programmes. Le reste de l’éditorial des
médias publics étant d’aborder en toute indépendance
tous les sujets de l’actualité de la vie publique.

Seule une autorité faisant preuve d’une vision à long


terme peut permettre cette politique évitant de faire
des médias publics une arme pour se protéger contre
ses adversaires. Elle doit, par respect de la démocratie
qu’elle promeut, se refuser le pouvoir absolu.
60

III. Une gestion professionnelle et non


partisane

Les médias publics doivent être une vitrine de l’image


du pays. Pour pouvoir donner cette image, les médias
publics doivent avoir des travailleurs professionnels
recrutés pour un travail clair dans des termes de
références bien définis et en toute indépendance par
rapport à l’exécutif.

Les conseils d’administration de nos médias publics


doivent se focaliser sur la technique et non sur les
idéologies et tendances d’opinions. Que ce soit à la
radio-télévision nationale ou dans autres médias écrits,
ils doivent compter des responsables qui travaillent, en
toute probité, à plus gérer le professionnalisme des
journalistes que le contenu de leurs interventions.

Les dirigeants des médias doivent être désignés par les


conseils d’administration pour des mandats bien établis
avec des cahiers de charges bien élaborés, devant être
sanctionnés en fonction des résultat et objectifs
atteints. Les journalistes ne doivent plus avoir d’autres
motivations dans leur mission d’information que leur
compétence et capacité professionnelles.
61

IV. Indépendance du métier et fierté du


peuple.

L’ouverture à un travail digne par les médias publics,


fournira naturellement une indépendance aux
journalistes pour exercer leur métier dans un
épanouissement sans égal. Les journalistes talentueux
verraient un espace large pour servir l’auditoire et les
ambitions encore plus large d’un peuple qui va loin.

Les journalistes souvent emprisonnés pour simplement


avoir dit ce que ne veut pas entendre le pouvoir, ne
devront plus s’inquiéter pour cela. Etant faillibles
comme tout le monde, les manquements à la
déontologie se traiteraient aussi simplement que toute
infraction aux règles et pratiques de la profession et
non comme une trahison à la Nation.

Les autres journalistes œuvrant dans le privé


trouveraient l’opportunité de se mesurer à ce
professionnalisme pour créer le meilleur à chaque
instant et sans lutter pour se détruire comme c’est le
cas trop souvent. L’acharnement des tendances
disparaitrait pour créer une compétition du travail bien
fait. L’ambition d’étudier pour se valoriser prendrait de
l’ampleur, et les écoles de journalisme aurait à cœur de
produire de grands journalistes comme ceux dont on
62

entend parler ailleurs sous d’autres cieux.

Les journalistes de pacotilles perdraient ainsi du terrain


médiatique au profit des professionnels qui appliquent
la déontologie. Les médias sortiraient grandis et
contribueraient au développement du pays par des
informations fiables.

La censure qui est signe de peur des pouvoirs à tout ce


qui est vérité, devrait être banni pour que le bien du
peuple soit la seule raison d’une information utile à son
développement et à sa sécurité.

« Je m’inquiète pour le jour où,


dans 10 ou 15 ans, ma fille me
demandera : ‘‘ Papa, tu faisais
quoi quand ils ont censuré la
liberté de la presse sur
Internet ?’’. »
Michael Wayne Godwin.
Avocat américain, USA.
63

V. Des infrastructures à la pointe

La radio et la télévision nationale doivent avoir des


infrastructures à la pointe qui offrent l’image d’un
peuple qui sait où il va et non des imitations de ce qui
se voit ailleurs. Nous avons notre identité et notre
vision. La seule manière de limiter la barbarie dans
notre pays, est de faire grandir la liberté de la presse.
Cette grandeur doit ressortir aussi dans les
infrastructures de nos médias.

La RTNB et les autres media publics doivent avoir un


siège dans les capitales nationales. Ceux-ci devront
être superbes et posséder tout l’équipement nécessaire
pour traiter l’information sur place, indépendamment
du siège de Bujumbura.

Les grandes écoles de journalisme doivent voir le jour


dans ce pays pour promouvoir dans la sous-région
cette valeur de presse indépendante. Ces lieux
d’apprentissage doivent également être des
infrastructures qui offrent cette ambition de grandeur.

Les équipements à la pointe sont à ce jour disponibles


et ils permettent une facile couverture de la réalité afin
d’offrir au peuple les éléments suffisants pour prendre
des décisions en temps utile sans se baser sur des
64

rumeurs. L’argent du contribuable sert à cela en réalité.


On ne devrait pas hésiter à cause des moyens, le bien
se paie cher parce qu’il est bien.

« Notre liberté dépend de la


liberté de la presse, elle ne
saurait être limitée sans être
perdue. »
Thomas Jefferson.
Homme politique américain, Président, USA.
65

CHAPITRE 5 : LA SECURITE

La quiétude généralisée, un des éléments de notre


vision, n’est pas possible sans sécurité. La sécurité
constitue un besoin fondamental qui doit être satisfait
avant de parler de développement. Un peuple qui vit
dans l’insécurité n’a ni le moral ni la force de s’atteler
aux activités de développement. En outre, un pays sans
sécurité fait peur aux investisseurs et ne peut donc pas
drainer les capitaux. C’est pourquoi, au Mouvement
Orange, nous donnons une place de choix à la sécurité.

Nous nous réjouissons exceptionnellement de l’étape


franchie au vu de la période de guerre que nous avons
connue. Les anciens belligérants sont devenus des
frères d’armes, les corps de défense et de sécurité sont
des institutions bien établies, fortes et qui font la fierté
du peuple burundais.

Il existe pourtant un long chemin à faire pour doter ces


institutions d’un budget qui leur permet de faire leur
mission correctement, et continuer les formations
possibles pour une meilleure maîtrise du métier.
66

Problème : 1 L’autorité publique est tellement


puissante face à tous les
professionnels de la sécurité qu’elle
peut utiliser ces derniers pour ses
propres objectifs sans se soucier
d’éthique.

2 Les individus des différents corps


de sécurité n’ont pas la latitude de
parler avec leur conscience, seul
prime le respect à l’autorité, même
en face de cas sans éthique et
contraires au bien.

3 Nos forces de l’ordre sont issues


des différents groupes belligérants
encore en action il y a seulement
peu de temps, et leur déstabilisation
pourrait être fatale.

4 La carrière de nos militaires et


policiers se termine sans qu’on
puisse les réinsérer dans d’autres
secteurs, ce qui risque d’en faire de
potentielles proies du mal.

5 Par insécurité de carrière, les


67

hauts gradés des corps de défense


se lancent dans des métiers comme
le commerce, et faussent les lois de
concurrence en s’appuyant sur leur
force.

Proposition :

I. Un constat d’avenir meilleur

Tous, nous pouvons affirmer que nos corps de défense


et de sécurité regorgent d’honnêtes citoyens. Mais il y
en a aussi qui ne sont pas à la hauteur de leur mission
et qui veulent, par zèle ou autre envie, servir l’autorité
et non l’intérêt général. Des institutions parfaites sont
illusoires, mais il est possible de limiter les dégâts. Il
faut purger ces corps de défense et de sécurité des
délinquants. Par-là, comprenons ceux-là qui pensent à
des intérêts groupusculaires au lieu de ceux de leur
corps en tant qu’entité à défendre toute la Nation.

Depuis la fin de la guerre en 2004, malgré quelques


soubresauts d’insécurité, des recrutements dans les
corps de défense et de sécurité ont eu lieu. Depuis ce
moment jusqu’à ce jour, des gens sans étiquette de
groupes armées y sont entrés et forment naturellement
l’espoir d’un avenir meilleur. Certes ils sont entrés via
68

un quota d’équilibre ethnique, mais de façon


individuelle pour servir la Nation et non un groupe
donné. Ils sont venus grâce à des termes de références
précis pour travailler et non pas par colère pour
protéger un groupe d’intérêt particulier.

II. Sécurité comme vision et non comme


bouclier

Seul un leader conscient, éclairé, intelligent qui n’a pas


peur de son avenir pourra nous offrir une police
apaisante. Quand on ne s’accuse de rien, quand on sait
ce qu’on veut, on ne peut pas utiliser la police pour
nuire aux autres.

La loi est claire en la matière. Pourtant les autorités à


chaque époque ont géré la sécurité publique comme un
bouclier privé et jamais comme une vision de sécurité
pour tous. On n’aura pas ce qu’on veut par des
formations éternelles, mais en faisant la promotion
d’une nouvelle classe politique qui met en œuvre une
vision, contrairement à une flopée de chefs dont la
volonté est de se lyncher à chaque petite contradiction.

Notre devoir est donc de créer des leaders propres


(intègres ?) qui n’ont pas besoin de la police pour se
faire entendre. Nous réaffirmons une fois de plus qu’on
69

ne fait recours à la force que quand on n’a pas


d’arguments convaincants. Notre rôle à tous est de
chercher des leaders au vrai sens du terme pour ne pas
laisser un jour ces institutions dans les mains d’un
aventurier.

III. De la déontologie à la pratique

Il faut :

• Interdire aux membres des forces de sécurité


d’être membre actif d’un parti politique. Cette
réalité est inscrite dans la loi burundaise, mais
n’est pas appliquée, et on ne voit pas de
sanction. Il doit y avoir un contrôle sérieux pour
préserver la neutralité politique de nos corps de
sécurité.

• Eviter tout conflit politique qui pourrait amener


nos forces de l’ordre à privilégier leurs groupes
d’origine plutôt que l’intérêt supérieur du pays.
Aucun conflit, aussi mineur soit-il, ne doit être
soulevé sur le territoire. Tous, nous devons
avaler notre orgueil, et accepter que notre
adversaire gagne plutôt que de voir ce pays
retourner dans des conflits inutiles.
70

Ainsi donc, pour avoir des corps de défense et de


sécurité qui sont professionnels et qui protègent tous
les citoyens, on a besoin d’un pouvoir exécutif mené
par des hommes et des femmes intègres et
véritablement soucieux du bien-être de notre peuple.
Seuls des leaders de ce calibre sont capables d’éviter la
politisation de ces organes.

En outre, il est important que le problème de l‘affiliation


ethnique et/ou politique soit redressé petit à petit,
jusqu'à sa complète éradication. Pour y arriver, nous
proposons une discipline rigoureuse pour débarrasser
ces corps des éléments indisciplinés afin de promouvoir
le professionnalisme et l’excellence. Nous proposons
aussi une forte formation patriotique des recrues, avec
un programme stable que toutes les générations
futures suivront et qui sera adaptée selon les besoins.

Nous pensons aussi que le processus de recrutement


des militaires et des policiers devrait être plus ouvert ;
en commençant par une bonne conscientisation des
élèves de l’école secondaire sur l’organisation de la
Nation et le patriotisme. Ceci serait fait pour
encourager un recrutement qui nous donne les
meilleurs candidats. Il ne suffit pas de respecter les
quotas ethniques, il faut savoir attirer les bonnes
71

personnes ; des personnes compatibles avec les


exigences du travail de soldat et de policier.

Mais, nous savons aussi que la qualité coûte. C’est


pourquoi nous déplorons les conditions financières
proposées à certains de nos défenseurs. N’eut-été les
missions à l’étranger, les conditions des soldats et des
policiers seraient bien pires. Il est impératif que le pays
investisse, non seulement dans la formation, mais aussi
dans l’équipement approprié pour chaque policier et
soldat, afin de développer leur sentiment de fierté et
une bonne image face au public.

IV. La carrière des agents de l’ordre.

Le Burundi recrute depuis des années des burundais et


burundaises dans les services de protection et de
défense. Certains y sont entrés régulièrement par des
concours officiels, d’autres l’ont été par favoritisme à
un moment donné de l’histoire, et d’autres par des
accords d’intégration des combattants des
mouvements rebelles.

La motivation des nouvelles recrues est trop souvent


déterminée par la lutte de groupe mise en œuvre par
les autorités et non par le souci de servir le bien-être
de la population.
72

Voilà ce qui rend facile les appellations telles « abafab,


abarebel » pour sournoisement dire tutsi et hutu ; et
au fond de chaque grand groupe de petites
appellations sont créées pour désigner les tendances
pro tel ou pro tel autre.

Ainsi, l’intérêt d’un membre des services de protection


et de défense est lié, aux yeux de l’autorité, à son
aptitude à servir le groupe. Avec pour conséquence
l’abandon de cette personne quand elle ne sert plus les
intérêts de l’autorité. C’est malheureusement un jeu
malsain auquel tout le monde participe, même les
membres des services de protection et de défense. Et
ainsi, des officiers, comme des subalternes, en arrivent
à se mordre les doigts à la veille de l’entrée en retraite,
sans sécurité d’avenir. Car ils se rendent compte qu’ils
ont été plus défenseur d’un clan que défenseur de la
Nation. Ils se retrouvent alors en situation de mendiant
et d’obligé à l’égard d’un supérieur sans pouvoir s’en
remettre, comme il se devrait, à la Nation pour assurer
leur avenir.

C’est ce qui explique qu’un homme de 45 ans, recruté


à 18 ans, qui, après toutes ses années de service le
fusil à l’épaule au service des hommes forts de son
groupe, se sente vulnérable face aux autres sans la
fierté d’avoir servi une Nation. A tout bout de champ,
73

les autres voient en lui un probable rebelle de demain,


et sa stature de pauvreté en fait un candidat probable
à la mendicité si pas à la criminalité.

C’est ce phénomène qui est à la base de la politisation


de nos corps de sécurité et de défense, où chacun se
sent protégé par les siens au lieu de l’être par la Nation
qui doit faire des lois qui offrent à nos compatriotes la
fierté du service et la reconnaissance de tous les
citoyens. Ne voyant donc pas de solutions à l’horizon,
et n’espérant rien au bout du compte, les individus
maximisent les coups bas pour s’en sortir. Et c’est
même devenu officiel, les forces de l’ordre se jettent
dans les affaires pour espérer un avenir meilleur. Et qui
dit les affaires avec des gens armés, comprend
naturellement l’inégalité des chances, un facteur
favorisant la corruption et le vandalisme, une ouverture
à la criminalité et la recherche du gain facile.

Ceci n’est pas une accusation de nos corps, mais le


constat que nous n’échapperons pas aux malheurs tant
que nous sommes mal organisés.

V. Une carrière de salut public.

Nous devons prévoir la prise en charge réelle de nos


agents de telle sorte que le bien soit la norme et non
74

l’exception. Les recrues à tous les niveaux doivent être


motivées par une carrière de service public et non une
lutte de clan.

Il semble que ces derniers temps la motivation soit


d’être envoyé en mission de maintien de la paix. C’est
probablement une avancée en matière de pensée, mais
là aussi il faut que les recrus sachent que ces missions
ne seront pas toujours possibles. Et surtout qu’ils ne
doivent pas tout faire pour y être incorporés,
notamment en passant par des corruptions.
D’une certaine manière si une recrue ne pense plus
ethnie ou région en entrant, alors c’est déjà un progrès.
Pour autant il faut mieux que cela : se baser sur des
valeurs communes et faire honneur à notre pays.

Si les soldats et policiers risquent chaque jour leur vie


pour nous, étant debout lorsque nous dormons, alors
pensons à leur donner une vie meilleure et digne, à eux
comme aux agents de la santé et de l’enseignement.
Par leur carrière exceptionnelle où ces individus se
donnent à fond pour la société, ils méritent que la
société se sente redevable à leur égard.
75

VI. La rigueur dans la formation

La population burundaise doit comprendre que le


métier de force de l’ordre est plus une vocation qu’un
simple débouché pour la recherche d’un revenu.

Les forces de l’ordre ont pour mission de protéger la


population et leur territoire dans tous les sens : contre
les envahisseurs, contre les fauteurs de troubles
internes de toutes sortes, contre les intempéries
naturelles liées au climat ou autre bouleversement,
contre toutes les conséquences qui peuvent s’en suivre
comme les épidémies et tout simplement la pauvreté.

Pour faire face à ces réalités, nos forces de l’ordre,


policiers et militaires, doivent être formés à l’excellence
physiquement, moralement, intellectuellement,
psychiquement, … afin d’être aptes dans tous les cas à
répondre à chaque problème avec compétence et
efficacité. De bonnes forces de l’ordre sont un facteur
de développement et pas simplement un bouclier du
chef.

Les instructions au niveau physique doivent reprendre


au plus vite sans se soucier qu’elles coûtent cher au
contribuable. C’est le prix à payer pour avoir des agents
76

en forme, qui ne portent pas l’arme pour le style mais


pour secourir la population dans le sens large du terme.

Les formations de perfectionnement doivent prendre


une place de choix, comme enseignants, infirmiers,
médecins, architectes, forestiers, informaticiens,
chercheurs, urbanistes, topographes, … techniciens de
toutes sortes pour servir à la hauteur des ambitions du
peuple. Nous ne devons donc pas nous contenter de
porteurs d’armes et suiveurs de cortèges. Nous
méritons des protecteurs contre tout mal au
développement. Avec ce genre de vision, nous n’aurons
plus tous ces problèmes avec des gens qui se
substituent à la loi, qui usent de leur force pour sévir
par des incarcérations abusives, des tortures, … mais
nous aurons des forces qui nous respectent comme
nous voudrions l’être.

« Etre libre, ce n'est pas seulement


se débarrasser de ses chaînes ;
c'est vivre d'une façon qui
respecte et renforce la liberté des
autres »
Nelson Mandela.
Président, Afrique du Sud.
77

VII. Les vétérans des corps de défense

Du moment où nous avons parlé de « vocation »,


comprenons qu’elle ne s’arrête pas le jour de l’entrée
en retraite. C’est pour cette raison que les retraités des
forces de l’ordre doivent avoir un autre statut que celui
de simple retraité. Le Gouvernement et toute la
population peuvent toujours compter sur ces hommes
et femmes qui ont reçu une bonne formation telle
qu’exposé plus haut.

Les incompréhensions groupusculaires actuelles ont


prouvé qu’un de ces retraités aujourd’hui reste plus ami
de son ancien groupe que de sa patrie. Voilà ce qui
nourrit les rebellions imaginées par des chefs qui se
disent qu’un retraité est naturellement une probable
recrue d’un mouvement qui pourrait surgir. Certains,
justement, agissent ainsi pour éviter d’être la cible des
pouvoirs, quand d’autres assistent impuissants à leur
déconsidération. En plus ces êtres bien formés se
retrouvent dans l’oisiveté ou se convertissent en
n’importe quoi pour survivre, très souvent sans pouvoir
nourrir leurs familles.

La qualité de « vétéran » donnera à nos retraités le


droit d’être rappelés à tout moment pour servir. Au lieu
d’être pris pour probables ennemis, ils seront pris pour
78

soutien chaque fois qu’il y a lieu de servir, notamment


lors des incendies, des débordements pluviaux, des
glissements de terrains, des secours sanitaires, des
participations publiques à soutenir des écoles et des
centres hospitaliers, …

Cette situation permettra de continuer à réunir ces


vétérans par exemple une fois la période voulue pour
les garder en communion, ce qui leur fera percevoir
qu’ils sont véritablement au service des autres. C’est
ainsi que leurs salaires pourraient être transformés en
les intégrant dans d’autres secteurs à service à la
population sans les démobiliser comme c’est le cas
aujourd’hui. Nous rendrons ainsi un grand service à
leurs familles tout en maintenant leur vocation à la
hauteur. Il ne faut plus jamais voir un ancien membre
des forces de l’ordre en train de mendier alors qu’il s’est
consacré toute sa vie à notre bien-être.

Il serait normal de voir des vétérans transformés en


superviseurs agricoles, superviseurs pastoraux, gardes
forestiers, encadreurs sportifs pour révéler des talents
en campagne, …, contrairement à ce que certaines
politiques ont préconisé en leur allouant des petits
capitaux pour que tous deviennent commerçants. Le
commerce est un vrai métier pour qui en sait quelque
chose, et non un refuge pour les retraités.
79

VIII. Une réconciliation pour panser le passé

Ce pays a connu plusieurs combattants depuis la


période royale post indépendance, ceux de la première
république, de la deuxième et la troisième, ainsi que
ceux des nombreux mouvements rebelles. A ce jour
aucun pouvoir n’a pu réconcilier ces individus car
chaque chef s’impose selon sa logique, imposant une
lecture de la loi à sa manière. Ceci donne du zèle au
groupe en puissance et contraint les autres au silence
sans toutefois prouver une quelconque foi en une
logique de paix au profit du développement.

La politique des vétérans viendra panser les cœurs de


tous ceux qui pensent que leur salut ne sera qu’une
autre force qui viendrait déstabiliser l’existante pour
créer une nouvelle tendance.

Nous devons faire taire les convictions qui font croire


que toutes les forces de l’ordre de l’époque d’un tel,
sont mauvaises et contre nous. C’est faux : chaque
groupe a eu de très nombreux bons éléments et
souvent peu, curieusement, de mauvais. Sauvons les
bons de chaque époque en leur donnant l’opportunité
de se faire valoir. Telle sera la vraie réconciliation de
nos vaillants combattants depuis 1960 mais qui ont
n’ont pas bénéficié de leaders visionnaires. Plus
80

question de globaliser en disant que tout le monde était


impliqué. C’est d’ailleurs en donnant l’estime méritée
aux bons de chaque époque, que nous pourrons
facilement les aider à témoigner et faire la lumière sur
ce qui s’est passé et qu’on n’arrive pas à comprendre,
à cause de notre haine qui nous pousse à traiter les
bons comme s’ils n’étaient rien d’autres que des
mauvais ou leurs complices.

Par cette politique, nous pourrons donner


véritablement à chaque victime de la globalisation
ethnique et groupusculaire la force de prêcher, à ses
enfants et tout l’entourage, le « nouvel évangile » que
la haine peut s’arrêter dans nos familles afin de créer
une nouvelle génération qui croit en un gouvernement
au service de tous et surtout des incompris et
malheureux.

Ainsi nos forces de l’ordre seront, demain, des hommes


et des femmes fruits d’une longue éducation humaine,
intellectuelle, psychologique, … et d’une conviction à
protéger notre peuple et toute la nation de tout ce qui
peut lui être fatal.

Contrairement à tout notre passé où ces forces n’ont


été que porteuses d’exclusion et de haine, cette
dernière se produisant de facto pour venir lutter contre
81

des pouvoirs atroces. Seul un peuple sain peut produire


une armée et une police saines.

« … notre sécurité en dépend.


Laisser ces enfants apprendre le
français et les mathématiques, si
vous les empêchez, ils iront
apprendre autre chose et ils
reviendront. »
Colonel Sinzoyiheba Firmin.
Ministre de la défense, Burundi.
82
83

CHAPITRE 6 : SOCIAL : L’EDUCATION

Nous croyons que la réalisation de notre vision exige


une grande perspicacité intellectuelle en plus d’une
ferme volonté. Et nous croyons aussi que cette œuvre
nécessite la participation de plusieurs générations de
leaders. Pour réussir ce pari, nous devons y mettre
toute notre force mentale, mais aussi préparer des
leaders plus formés que nous pour la relève. De la
capacité de préparer ces leaders dépend le destin de
notre nation dans les décennies à venir. C’est pour cela
que l’éducation occupe une place de choix dans nos
priorités.

Ici repose l’honneur de notre combat politique, puisque


la seule chose qui restera après la disparition des
générations guerrières, c’est un peuple de citoyens qui
ne verront plus en eux les différences mais les
complémentarités.

Prouver notre force comme politiciens leaders, nous


oblige à oser mettre de côté ce qui peut nous plaire
pour préserver un avenir à nos enfants, eux à qui nous
empruntons cette terre tant que nous sommes encore
en vie. Et ici on parle de chiffres jusqu’ à un dixième de
notre budget, quel qu’il soit. A titre d’exemple, cette
84

année 2019, le budget de l’Etat est de 1.388 milliards.


L’éducation devrait prendre pour cette année presque
140 milliards à titre d’investissement additionnel et non
de salaire.

Si financer l’éducation reste un problème majeur pour


le moment, nous ne perdons pas de vue que ce secteur
est devenu un tel terrain d’expérimentation qu’à un
moment donné on se demande si l’autorité sait ce qu’il
attend de ces perturbations.

Toute bonne éducation découle d’une bonne


compréhension de l’objectif national. Nous croyons que
notre pays a besoin de citoyens intelligents dans tous
les domaines, capables de mettre leurs connaissances
au service de leur société, dans un esprit de service au
peuple. Nous croyons aussi que le développement
d’une société passe surtout par des initiatives
économiques personnelles, et que cela implique de la
créativité et la mise en place d’opportunités qui
permettent d’exploiter le potentiel disponible.
L’éducation qui peut nous fournir ce genre
d’intellectuels doit tenir compte de la nécessité de
l’intégration, de la créativité et de l’esprit patriotique
dans le processus de formation de ces futurs leaders.
En outre, elle doit commencer à les former dès le plus
bas âge, ce qui implique un programme cohérent qui
85

part de la crèche jusqu'à l’université. Toutes les


réformes doivent être envisagées dans ce cadre large
d’une éducation susceptible de nous donner des
hommes et des femmes compétents dans tous les
domaines et désireux de mettre leur force intellectuelle
au service de leur peuple. Aussi, la production de ces
intellectuels n’est possible que si nous sommes ouverts
sur le monde et encourageons les meilleurs de nos
élèves à faire les études dans les meilleures universités
et grandes écoles du monde.

L’éducation constitue le plus grand investissement


qu’un pays puisse faire, un investissement lourd,
certes, mais aux dividendes incalculables pour le pays
et ce pour longtemps. Refuser d’investir dans
l’éducation à cause de difficultés financières
immédiates, c’est faire preuve de manque de vision à
long terme. C’est pourquoi nous sommes pour un
réajustement du budget national qui donne plus de
moyens aux ministères concernés par l’éducation. Nos
familles sont très pauvres et ne peuvent pas se
permettre le luxe d’une bonne éducation pour leurs
enfants. L’Etat doit pouvoir combler ce déficit tout en
promouvant le développement économique de tout le
pays, quitte à réduire sa contribution progressivement,
86

avec la montée du pouvoir d’achat du Burundais


moyen.

Problème : 1 Un système aussi complexe que


l’éducation ne peut pas être réformé
sans le concours des partenaires
importants que sont les parents et
les enseignants.

2 Les enseignants qui appliquent les


programmes, doivent les
comprendre et les aimer pour
pouvoir les faire aimer aux élèves, et
produire de bons résultats.

3 Les décisions de reformes sont


souvent prises à la hâte sans
considérer l’impact dans le cas où le
résultat serait négatif.

4 Il n’existe pas un système éducatif


à finalité publique, chaque famille se
bat pour ses propres enfants sans
tenir compte des besoins nationaux.
87

Proposition :

I. Un système éducatif répondant aux


besoins économiques

Quand l’éducation perd de plus en plus de sa valeur, et


que les riches et les gouvernants luttent pour caser
leurs enfants dans des écoles de haut niveau, alors
ceux des autres tombent dans le gouffre par manque
de protecteurs.

L’égoïsme public a fait perdre la déontologie de


l’éducation et dicte aux puissants que leur avenir
repose sur l’éducation de leurs enfants et non de
l’ensemble de la population. Cela revient à dire
cyniquement à ceux qui n’ont pas eu d’enfants ou qui
n’ont pas d’argent pour les éduquer eux-mêmes qu’ils
n’ont rien à espérer de la vie.

Un pays qui a une vision doit prévoir le bien être de sa


population dans tous les secteurs de la vie publique.
Ainsi une planification exceptionnelle sera nécessaire
pour connaître le nombre nécessaire d’enseignants,
d’infirmiers, de médecins, de techniciens de toutes
sortes, … dont on aura besoin le moment venu. Cela
n’est pas possible quand chaque parent, chaque famille
lutte pour ses enfants, quand même les médiocres
88

reçoivent la préséance uniquement parce qu’ils sont fils


et filles de tel. Car en fait pour qui seront-ils utiles ?
Pour leurs familles ou pour la Nation ?

Avoir un système éducatif solide est important dans le


sens où nous devons avoir des objectifs clairs en
rapport avec notre volonté et notre projet. Chaque
peuple a des meilleurs et des faibles et aucune famille
n’a le monopole des uns ou des autres. Voilà pourquoi
un système organisé doit, dès le plus jeune âge,
maîtriser les effectifs de ses futurs héros au
développement. Il faut pour cela connaitre le nombre
d’enfants qui commencent l’école, faire des projections
sur ceux qui finiront les premiers niveaux pour devenir
des ouvriers dignes, ensuite sur ceux qui avanceront
plus loin pour être utiles à d’autres niveaux et enfin
imaginer l’investissement qu’il faut à ceux qui
pousseront encore plus en vue d’être les solutions de
tous nos problèmes en tant que Nation.

Comme c’est malheureux d’investir dans des fils de


riches, de chefs, qui ne seront utiles qu’à la
délinquance, alors qu’on n’a pas pu penser aux enfants
des plus modestes qui auraient pu être le socle de la
société.
89

La naissance de certaines écoles privées, la protection


de certaines écoles publiques, uniquement pour en
faire des ilots des nantis, n’a qu’un résultat
malheureux : détruire le système éducatif en créant
des classes sociales. Un gouvernement visionnaire doit
rassembler ses enfants et les préparer à une
complémentarité de vie en sachant que le plus grand
aura toujours besoin du plus petit. Mobilisons notre
logique pour comprendre que l’éducation est le seul
nœud qu’il faille bien nouer pour réussir. C’est le seul
défi essentiel à relever pour construire un avenir
meilleur pour un peuple.

II. Préalables aux réformes

Pour que les réformes envisagées soient possibles, il


faut des principes et surtout une procédure claire et
participative qui ne pourra être perturbée par aucun
intérêt personnel ou sectoriel.

Pour nous, l’éducation a cinq (5) piliers que nous


devons respecter et réunir dans l’ordre :

- Un enseignant compétent, épanoui, formé et


préparé, soutenu durant dans sa mission: on ne
peut pas concevoir l’éducation avec des
enseignants mal formés qui se sentent ridicules
90

devant les élèves, mal vêtus et affamés par


manque de salaires dignes, furieux à cause de
problèmes familiaux ou de voisinage.

- Un élève/étudiant heureux et fier de son


apprentissage et de son statut sur toute la
ligne : on ne peut pas concevoir une éducation
avec des enfants affamés et malades, issus de
familles malheureuses et dont les ainés n’ont ni
débouchés ni emploi malgré un cycle d’études
terminé avec succès.

- Du matériel didactique de qualité et à


suffisance : on ne peut pas avoir un
enseignement de qualité et une bonne
éducation si on doit exiger des familles en
difficulté de prendre en charge le matériel
didactique, alors qu’elles sont dans la survie et
qu’elles ont d’autres charges insurmontables.

- Une bonne relation autorité/enseignant/parent,


ce qui augure une politique d’éducation : on ne
peut pas produire une bonne politique
d’éducation si l’autorité pense seulement donner
des ordres à exécuter.
91

- Un local remplissant les normes d’une classe :


les salles de classes doivent répondre à des
normes précises qui sont définies dans le but de
dispenser un bon apprentissage. Si elles sont
motivées par le commerce ou le populisme sans
respect des normes, elles risquent de desservir
l’éducation.

Nous constatons que souvent les réformateurs


prennent une idée au hasard sans considérer que
l’éducation est un tout. Par exemple, la construction de
locaux n’est pas nécessairement synonyme d’un
développement du secteur éducatif quand certains
décideurs ne considèrent que l’intérêt des marchés de
matériaux. Ou encore les statistiques d’inscription des
élèves ne peuvent être d’une valeur supérieure à la
pondération de la connaissance acquise.

Ces piliers sont les seuls gages de réussite d’un


investissement réfléchi qui ne vise pas une approbation
dans une optique politicienne. Les pouvoirs publics ne
peuvent pas concevoir des réformes sans impliquer
l’enseignant et le parent. Ce secteur ne doit plus être
un terrain de bataille des protecteurs d’intérêts privés,
mais bien le champ de réflexion et de participation de
tous les acteurs concernés.
92

III. Enseignement primaire et secondaire

Le système existant est bien connu de tous. Il y a le


système de double vacation et l’école fondamentale qui
sont entrées en pratique. Il y a l’enseignement du
swahili et de l’anglais qui complique et handicape la
mission des enseignants ne parvenant pas à s’adapter
à cause d’une formation insuffisante en raison de
l’absence d’un budget conséquent. Nous ne
condamnons personne, au contraire nous soutenons
cette volonté de vouloir faire mieux et nous proposons,
dans ce sens, ce qui suit :

Discuter avec les professionnels avant toute prise de


décision. Ce secteur n’est pas un lieu
d’expérimentations pour tous les aventuriers.

Rendre obligatoire l’école maternelle. Dans plusieurs


endroits de notre pays, même dans des milieux ruraux,
quelques exemples ont fait surface. Nous ne pouvons
plus dire, à notre époque, qu’un enfant ne va à l’école
qu’à 7 ans. Ainsi des enfants de 4 ans peuvent être
reçus pour deux années de maternelles.

Il y aura donc trois cycles :

• Ecole primaire domestique : deux années de


maternelles avec quatre années de primaire. Les
93

enseignements se feraient uniquement en


kirundi et français. Les élèves de la maternelle
auraient des cours jusqu’à midi, mais les autres
reviendraient les après-midi, ca qui signifie donc
la suppression de la double vacation. On y
recruterait des enseignants de la section
pédagogique, qui se verraient renforcés au lieu
d’être éliminés comme c’est le cas actuellement.

• Ecole primaire intermédiaire : de la 5ème à la


9ème. On introduirait le swahili et l’anglais, ainsi
que les cours pratiques. Il n’y aurait plus de
double vacation. On y recruterait des
enseignants des écoles normales et autres
filières courtes universitaires. Selon les résultats
de notre agriculture dans les communes, ces
élèves devraient rester à l’école en journée et
prendre un repas ensemble pour créer une
ambiance familiale et un esprit d’unité
patriotique.

• Ecole secondaire : de la 10ème comme année


commune puis l’entrée dans différentes sections
jusqu’à la terminale. Sans lésiner sur les
moyens, tout en considérant que nous voulons
le bien, ces écoles devraient toutes avoir des
internats. L’objectif à ce niveau étant de former
94

des hommes et des femmes capables de


reconstruire la société burundaise. A ce niveau,
l’objectif n’est pas de créer une infinité d’écoles
dans chaque colline, mais d’avoir peu d’écoles
qui peuvent inculquer à chaque élève l’amour de
ce qu’il fait.

Voici notre modèle d’école secondaire en commune :

Au lieu d’avoir une dizaine d’écoles secondaires dans


une commune sans suffisamment d’enseignants en
plein milieu rural, nous proposons ce qui suit : « un seul
complexe scolaire »

Il faut regrouper les écoles secondaires et y créer des


internats. L’école serait une école de la vie, une unité
d’apprentissage des connaissances mais aussi de
pratiques de production diverses, porte d’entrée dans
la vie. Il y aura un Directeur Général à la tête de toute
l’entité, avec une direction scolaire, une direction
technique et une direction administrative et financière.
L’école aura assez d’espace pour les classes, les
champs et diverses activités génératrices de revenus.
L’entité pourra recruter des ouvriers pour les champs,
et les élèves y feraient leurs apprentissages et
participeraient à la production.
95

Ces écoles vivraient de leurs revenus en plus des


allocations officielles du budget public. On n’aurait pas
besoin de plus de deux écoles pareilles en cas de vastes
communes. Leur but est clairement de les éloigner des
grandes villes pour favoriser la concentration des
élèves et leur offrir des espaces pour rentabiliser leur
direction technique surtout en matière agricole,
pastorale et artistique.

Personne n’ignore le bonheur des enfants à l’internat


par l’apprentissage, la formation humaine loin des
parents, la constitution d’une identité à bas âge et la
découverte du monde extérieur. Nous sommes
conscients que tout cela coûte cher, pourtant nous
préférons vivre chèrement mais produire du bon travail
avec de vrais citoyens.

IV. Hygiène scolaire.

Le Burundi compte bien de jeunes filles dans ses écoles


primaires et secondaires. Ces enfants, pour la plupart
des paysannes, ne savent pas utiliser les serviettes
hygiéniques pendant les règles. Elles se débrouillent
avec les moyens du bord lorsqu’il s’agit de faire des
interrogations ou des examens, mais elles sont parfois
contraintes de s’absenter et de rater les cours.
96

Ces enfants sont les nôtres, ils ont droit à une


éducation et à un traitement équitable, autant que les
autres. C’est impensable que les programmes de lutte
contre le VIH offrent gratuitement des préservatifs aux
enfants et qu’on n’arrive pas à prendre en charge leur
manque hygiène pourtant vecteur de beaucoup de
maladies.

Proposition : nous devons créer un financement qui


prendra en charge les serviettes des jeunes filles dans
la mesure où nous estimerons que la famille paysanne
burundaise ne peut toujours pas, vu sa situation, en
faire une priorité pour les jeunes filles dont, trop
souvent on minimise l’éducation.

Les filles dont les règles sont souvent douloureuses ne


devraient pas le cacher ou être obligées de faire comme
si de rien n’était. Les encadreurs scolaires devront leur
permettre deux jours de justification officiels pour ne
pas subir des torts liés à leur état naturel.

Ainsi nous prouverons notre grandeur au-delà des


simples questions de lutte entre genre.

V. Enseignement supérieur.

L’enseignement supérieur au Burundi aujourd’hui c’est


l’Université du Burundi, l’Ecole Normale Supérieure
97

(ENS), l’Institut National de Santé Publique (INSP) et


quelques universités privées de la capitale et de
l’intérieur du pays. On y dénombre à l’heure actuelle
plus de 40 mille étudiants.

Nous adoptons avec plaisir les réformes introduites ces


dernière années, que ce soit le système BMD ou les
instituts créés pour ceux qui n’ont pas réussi à l’examen
d’Etat. Mais nous déplorons le manque de professeurs,
chose que personne ne peut résoudre de lui-même, si
ce n’est une autorité avec un objectif bien précis.

Nous félicitons les initiatives privées pour le travail


accompli, et on remarque tous que ces universités
réussissent à réunir les moyens pour avoir des
enseignants disponibles et terminer les années sans
retard. Si ces initiatives sont pressenties comme des
appuis au développement, nous espérons que les
initiateurs ont assez de déontologie pour comprendre
que le Burundi a besoin d’hommes et de femmes
formés et non de diplômes.

Proposition pour l’Université publique :

A l’image de l’ENS et de l’INSP qui ont des effectifs


faciles à gérer, l’Université du Burundi doit être divisée
en plusieurs Universités selon les facultés délocalisées
98

dans différents endroits du territoire. Cette université,


qui avait moins de mille étudiants il y a trente ans, en
compte quinze mille actuellement, et son
administration vieillissante affiche des difficultés à
coordonner cette croissance avec la mise en œuvre
suivante des idées nouvelles.

Nous proposons la répartition géographique suivante :

• Université Nationale de Bujumbura : la faculté


des sciences, la faculté d’agronomie et bio
ingénierie (FABI), la faculté des sciences de
l’ingénieur (FSI) et la faculté de médecine.

• Université nationale de Gitega : la faculté des


lettres et sciences humaines et la faculté de
psychologie et sciences de l’éducation.

• Université nationale de Ngozi : faculté des


sciences économiques et de gestion, la faculté
des sciences juridiques et politiques.

• Université Nationale de Makamba : Institut de


pédagogie appliqué (IPA). Le souci ici est de
donner à cet institut la capacité de produire des
enseignants capables, fiers et suffisants pour
nos écoles secondaires.
99

• Université nationale de Ruyigi : Institut


supérieur de commerce (ISCO) et Ecole
nationale d’administration (ENA). Le monde où
nous entrons si timidement est un monde en
mouvement et il a besoin de cadres bien formés
en sciences commerciales et administratives,
pièces maitresses en développement. A ce jour,
l’ENA n’est qu'un cadre de renforcement des
capacités des cadres déjà disponibles. Lui
donner les moyens d’en former d’autres serait
pour nous une vraie façon de renforcer et
conduire l’administration burundaise où tout est
déclaré actuellement sous contrôle alors que ce
n’est pas le cas.

• Université Nationale de Mwaro : Institut


d’Education Physique et Sport (IEPS). Cette
université en raison de ses infrastructures,
abriterait également, avec des administrations
distinctes, l’Institut Supérieur des Cadres
Militaires (ISCAM) et l’Ecole Nationale de Police
(ENAPO). Un pays qui néglige le sport perd à la
fois de son énergie mais aussi de ses forces et
capacités dans le monde moderne. S’il n’y a plus
de guerre entre nation, le sport est devenu le
meilleur moyen de se confronter pacifiquement
100

et l’identité des peuples apparaît à travers la


diplomatie et la culture. Former des cadres
sportifs est une nouvelle façon d’émerger en
sport et en expression artistique. Nous devons
offrir à ces instituts les moyens de nos
ambitions.

• Université Nationale de Bubanza : Ecole normale


supérieur (ENS). Cadre de formation des
enseignants du primaire intermédiaire.

Le choix de ces villes tient à ce qu’elles deviennent,


comme annoncé dans notre premier chapitre, soit des
capitales nationales, soit des entités provinciales. Ainsi
la décentralisation aura eu un bon début.

VI. La question de la bourse des étudiants.

La bourse d’étude n’est pas une aide aux étudiants.


Mais un investissement public pour former des cadres
capables de conduire notre Nation vers un lendemain
meilleur. Tous les partenaires seront donc appelés à se
consulter pour élaborer des solutions de financement
en s’inspirant si nécessaire de celles des autres pays
pour plus d’efficacité.
101

a) Etat des lieux :

A ce jour le bureau des bourses d’études et stages


(BBES) gère environ 12 milliards de nos francs pour la
bourse dont 4 milliards pour la seule université
publique, le reste étant réparti entre l’ENS, les
étudiants partis à l’étranger et ceux des universités
privées. Ainsi, un étudiant non interne reçoit autour de
31 mille francs par mois. Une somme qui ne lui permet
ni de faire ses études ni de survivre comme un être
humain dans la mesure où bon nombre de ces jeunes
étudiants n’ont personne pour leur venir en aide dans
leur projet d’étude, alors que le pays attend d’eux qu’ils
deviennent des futurs cadres.

Confirmer que la bourse doit disparaitre ou n’être


réservée qu’aux seuls candidats performants, par le
simple fait que la vie est devenue plus chère qu’il y a
trente ans ou que les caisses de l’Etat ne peuvent plus
supporter de telles dépenses, est un signe qu’on est
impuissant à remédier à cette situation. Et donc qu’on
ne devrait pas concourir à la gestion des affaires
publiques, vous dira un étudiant.

b) Notre proposition : un effort patriotique :

Constitution d’un fonds public à hauteur de 50 milliards


102

pour cet investissement salutaire pour la Nation. Tous


les étudiants de l’enseignement supérieur auront droit
à une bourse d’étude. Les redoublants n’y auront
cependant pas droit, raison pour laquelle les étudiants
devront faire des économies au cas où ils auraient des
problèmes. Nous tablons sur 50 mille par mois par
étudiant et devons investir dans l’érection des homes
dans les différents campus publics. Les étudiants ne
seront plus restaurés, et feront eux-mêmes leur
cuisine. Même les étudiants des universités privées
pourront demander à loger dans les campus publics. Ils
seront appelés à vivre en association de 12 ou 18 pour
s’entraider habituellement pour les repas, pour la
propreté dans les campus, pour le social, …

Unissons nos idées dans une lutte nationale pour un


investissement durable pour nos enfants et les
générations futures.

« Une éducation, qui ne consulte


jamais les aptitudes et les besoins
de chacun, ne produit que des
idiots ».
Amantine Lucile Aurore Dupin (George Sand).
Romancière, dramaturge, … journaliste, France.
103

VII. La recherche, la technologie et


l’innovation.

a) Une prise de conscience historique.

Jusqu’à ce jour, l’éducation au Burundi, et dans la


plupart d’autres pays d’Afrique, a pérennisé le système
éducatif laissé par les colonisateurs. Mais les objectifs
visés par le colonisateur étaient la production de leurs
futurs collaborateurs et agents dans l’administration et
le commerce. Les agents et cadres, jadis éduqués pour
faciliter la communication avec le chef ou véhiculer les
valeurs de « civilisation » dans un sens unique, ne se
sont pas rendu compte que la recherche, laissée aux
universités occidentales, ne cessait de produire des
nouvelles théories, concepts, technologies à vendre
ensuite chez nous.

Nos universités locales ont continué à se limiter aux


enseignements généraux sans atteindre les niveaux de
la maitrise et du doctorat. Pour approfondir dans ce
sens, il fallait partir dans les universités occidentales.

Ces bourses ne peuvent en aucun cas aller à l’encontre


des priorités des gouvernements donateurs. Une fois
revenus, tous les maîtres et docteurs devaient juste
transmettre les connaissances acquises pendant une,
104

deux voire cinq années passées à l’étranger. Mais sans


moyens pour continuer leurs recherches et appliquer
les acquis de leurs doctorats au système éducatif, les
enseignants peinaient à actualiser les enseignements
et y incorporer leurs nouvelles connaissances en les
adaptant à des nouvelles technologies applicables
localement.

Isolé des autres communautés scientifiques, il devient


impossible à un chercheur, quoique compétent, d’être
compétitif dans un monde aussi dynamique. Il est
urgent de réorienter le système d’éducation par une
intégration de la recherche et de l’innovation pour
s’adapter aux réalités du moment. Une société qui
démissionne dans sa mission de développer des
nouvelles connaissances et technologies, se résigne à
être consommatrice éternelle de ce que les autres ont
produit.

b) Un constat de regret local.

L’éducation coloniale visait la création d’une main


d’œuvre soumise. On ne voulait pas des intellectuels
capables d’inventer ou d’innover car ils risquaient de
produire et conquérir le marché local, qu’on considérait
chasse gardée pour les puissances coloniales.
Malheureusement, cette mentalité a perduré jusqu'à
105

nos jours. Toutes les sociétés développées ont dû


d’abord assurer leur indépendance scientifique et / ou
technologique.

Si les gouvernements d’il y a 30 ans avait eu cette


vision, nous serions actuellement en train de
transformer notre nickel au lieu d’avoir des problèmes
avec les superpuissances à cause de celui-ci. Toutes les
économies fortes sont fondées sur la transformation de
la matière première en produits finis. C’est
généralement ce qui permet de fabriquer des plus-
values (richesses), ce qui augmente exponentiellement
le volume des exportations ainsi que la rentrée de
devises. Aucune nation ne s’est développée en vendant
tous ses minerais à l’état brut car économiquement
parlant, elle s’appauvrit puisqu’elle doit acheter les
produits finis à un prix plus élevé que le prix de vente
de la matière première.

Pour cette raison, nous pensons qu’il est extrêmement


important de renforcer le domaine de la recherche, et
d’en mettre les résultats au service de notre peuple.
Cela pourra conduire à la création d’emplois, à la
diversification des opportunités économiques, et
encouragera à plus de recherche encore. De même, les
sciences technologiques ont besoin d’être renforcées
dans le même sens dans nos universités. La science et
106

la technologie sont deux piliers incontournables dans le


développement de l’économie et d’autres secteurs
vitaux.

c) La nouveauté.

Dans l’avenir, avec le nouveau système BMD au


Burundi, nous pensons qu’il est impérieux de renforcer
la recherche scientifique qui ouvre la voie à l’innovation
et au développement socio-économique.

Les universités burundaises ne vont pas s’attaquer


seulement à des problèmes du moment : elles vont être
proactives au lieu d’être réactives. Ceux qui pensent
que la technologie peut être importée comme les
autres commodités font une double erreur :

1)- Les conditions (bio - physiques, socio -


économiques) de la place d’origine de la technologie
diffèrent très souvent des conditions de la place
d’arrivée. Dans ce cas, si on est convaincu qu’une
technologie peut être applicable, il faut un minimum la
calibrer, l’adapter afin de tenir compte de cette
différence de conditions.

Ensuite, après incorporation des nouveaux paramètres,


il faut au moins une validation avant de lancer ladite
technologie chez les utilisateurs. L’échec des
107

différentes technologies et principes dans différents


secteurs de la vie des pays en développement, de
l’agriculture à la démocratie, vient du manque d’un
minimum de moyens alloués pour reconsidérer les
facteurs endogènes des sociétés acquéreuses des
technologies et paradigmes établis ailleurs. Les ONG et
projets de développement tâtonnent toujours avant de
trouver des méthodes propices de réadaptation voire
d’inventer des nouvelles technologies propres aux
conditions locales. Souvent d’ailleurs, des technologies
appliquées sans souci d’adaptation peuvent même être
une menace pour d’autres implantées localement avec
réussite mais qui n’ont pas eu la chance d’être
développées pour en augmenter l’efficacité.

2) A vouloir importer ce que les autres ont produit, on


peut s’attendre à deux choses :

Premièrement celui qui a investi dans la recherche veut


un bénéfice de ses investissements : la technologie et
les connaissances connexes s’achètent (et souvent très
cher) car elles résultent de beaucoup d’investissement
humain (chercheurs, experts). Si une technologie se
vend à bon marché, attendez-vous à d’autres coûts
annexes.
108

Deuxièmement, nous connaissons mieux que


quiconque nos problèmes, donc si nous investissons
localement sur ce que nous jugeons prioritaire,
personne à l’extérieur ne viendra nous dire ce qu’il est
bon de faire chez nous. Nous pouvons nous inspirer de
ce qui se fait ailleurs et tenter de comprendre comment
y parvenir. De cette manière, nous serons armés d’
idées pour défendre nos positions au lieu de nous fier
aux résultats des recherches faites ailleurs et financées
souvent pour des priorités complètement différentes
des nôtres. Les Burundais étant de grands bosseurs, le
Burundi pourrait même exporter des nouvelles
connaissances et technologies.

Il convient de noter en passant que le renforcement du


tandem éducation-recherche est un outil durable pour
développer le sens critique, le respect de soi et des
autres et par conséquent un fondement pour la
démocratie et le développement. Le sentiment d’être
servi par quelqu’un d’autre est dégradant. Une fois
armée d’une connaissance approfondie de soi et de son
milieu, nait le sentiment d’être un homme ou une
femme capable de contribuer au développement social
et économique. Ceci est contraire à ce à quoi nous
assistons pour le moment où pas mal de gens pensent
que le salut du Burundi viendra de l’extérieur. Chacun
109

a ses propres problèmes dans son coin. Une


connaissance des problèmes chez les autres, et des
solutions qu’ils ont trouvées, ouvre aussi les yeux. Le
départ massif des chinois suivi par un retour chez eux
aura montré des effets positifs d’un mélange des
connaissances de chez soi et d’ailleurs.

L’effort de produire des connaissances pointues et


adaptées aux conditions locales ne devra pas s’arrêter
aux institutions universitaires. Outre cette recherche
universitaire (fondamentale et appliquée), des instituts
de recherche appliquée plus proches des secteurs
spécialisés seront soutenus.

Ces instituts, pouvant être aussi bien publics que


privés, auront pour rôle, grâce à des nouvelles
connaissances et technologies utilisables dans le court
terme, de contribuer à la mise sur le marché de
nouveaux services et produits. Ceci est valable dans
tous les secteurs mais des priorités doivent être
dégagées. Ainsi, certains secteurs peuvent se
contenter de projets ponctuels financés et exécutés par
des laboratoires universitaires.

Ce programme ne donne pas les priorités des secteurs


clés où la recherche devra être soutenue de façon
majeure. Il donne seulement une indication sur
110

l’urgence d’investir dans la recherche-innovation pour


des bases fortes sur lesquelles vont se fonder les
nouvelles connaissances et technologies qui seront le
moteur d’un développement économique dont le
Burundi a tant besoin.

A titre illustratif, un budget annuel de 20 milliards (soit


2% du budget proposé) pourrait permettre d’éduquer
environ 500 futurs scientifiques (docteurs) endéans
une période de 5 ans. Certaines de ces ressources
humaines pourront alors, avec le temps, se lancer dans
la recherche des financements à l’échelle nationale et
internationale sur base de compétition.

L’investissement en éducation doit être proportionnel à


notre volonté d’affronter l’avenir et non au fait
qu’actuellement nous soyons précaires.

“Si vous avez une vision d’un an,


plantez du riz; si vous avez une
vision de dix ans, plantez des
arbres; si vous avez une vision de
cent ans, éduquez vos enfants”
Kong Qiu Zhongni (Confucius).
Influent penseur, philosophe, Chine.
111

CHAPITRE 7 : SOCIAL : LA SANTE

Le bonheur d’un individu passe impérativement par sa


santé, et il en est de même pour un peuple. La
réalisation de notre vision exige un peuple robuste et
capable de vaquer à ses activités de développement.
Un peuple chétif constitue un fardeau pour l’Etat, un
peuple vigoureux constitue un atout immense.
Aujourd’hui, la malnutrition touche plus de 60% des
nourrissons, on est obligé d’organiser des cantines
scolaires pour garder les enfants à l’école et les frais
médicaux sont trop élevés pour la majorité de la
population. Cette situation, si elle ne change pas, rend
la réalisation de notre vision impossible. Ainsi donc,
pour réaliser notre rêve d’un pays d’abondance
économique, des actions concrètes et révolutionnaires
s’imposent dans le domaine de la santé.

Nous remercions les différents gouvernements qui se


sont succédé jusqu’à présent pour les efforts qui ont
été fournis dans le secteur de la santé. Cela va de la
vaccination des enfants, aux programmes de lutte
(tuberculose, SIDA, lèpre, malaria, …), aux systèmes
de solidarité comme la mutuelle, l’assurance maladie,
aux infrastructures (hôpitaux, dispensaires, …) et
autres.
112

Le secteur de la santé a une grande part du budget de


l’Etat, mais beaucoup reste à faire. Depuis bien des
années, les autorités se succèdent et continuent les
programmes existants mais ne parviennent pas à
définir globalement la politique en matière de santé.
Les programmes sectoriels peuvent toujours continuer
mais l’attente de la population peut aller clairement au-
delà.

Problème : 1 Le peuple burundais, surtout la


population à très faible revenu
(voire sans revenu) n’arrive pas à
profiter des programmes de santé
comme celui de l’assurance maladie.

2 Les dispensaires privés se sont


multipliés pour satisfaire les
investisseurs, mais le malade, lui, en
souffre à cause de la qualité des
soins.

3 Les infrastructures de prise en


charge des malades (hôpitaux,
dispensaires, …) ne fonctionnent
pas en synergie et se rejettent les
patients tout en misant sur l’argent
plus que sur la qualité des services.
113

Proposition :

I. La prise en charge des malades.

Ces derniers temps nous constatons que des


organisations de la société civile, comme les églises ou
des associations, ont créé des mutuelles d’entraide
pour les soins et les médicaments. Ces initiatives
louables aident en ce moment bien des familles qui
peuvent seulement contribuer à hauteur d’une somme
ne dépassant pas dix dollars par an (autour de 15 mille
de nos francs). Ces organisations pensent et agissent
en éclaireurs et il faut les en remercier.

Nous savons tous que la mutualité permet de réduire


la cotisation grâce à l’augmentation du nombre
d’affiliés. La société civile n’étant pas en mesure de tirer
le plus grand nombre, l’interpellation est donc faite aux
politiciens. Nous faisons remarquer que l’adhésion à la
mutuelle de la fonction publique n’est pas facultative,
pourtant elle l’est pour l’assurance maladie.

Une population malade ne peut pas produire. A l’heure


actuelle, plusieurs maladies opportunistes sont
inventoriées suite à une mauvaise alimentation de la
population. Se faire soigner est perçu comme un luxe
chez certains paysans qui se nourrissent difficilement.
114

Or, sans bonne santé, comment arriver à produire ? Et


comment peut-on arrêter ce cycle de malheurs ?

Ce qu’il faut faire

Créer un fonds de mutualité nationale en complément


de ceux existants.

Avec actuellement une population de plus de 11


millions d’habitants et une estimation de 6 personnes
par famille, nous pouvons conclure à 1,8 millions de
familles. Un fonds de démarrage de 20 mille par famille
donnerait 36 milliards. Cette initiative viendrait en plus
de ce qui se fait dans le secteur, pour prendre en
charge les familles les plus démunies que nous
envoyons souvent prendre de l’aspirine pour n’importe
quel mal improvisé.

Un tel fonds pour la première année aura pour objectif


de prouver au peuple que la solidarité populaire peut
nous sauver tant qu’elle est bien pensée et gérée par
un système organisé. Selon le résultat du système
productif, les familles devraient commencer à
participer, 6 trimestres plus tard, à hauteur de 20 mille
par famille et par an. « Akeza karigura » dirons à ce
moment.
115

II. L’éthique médicale

La situation actuelle de notre pays, caractérisée par


une vie chère à tous les niveaux, a conduit le peuple
burundais à adopter des manières peu orthodoxes dans
ses habitudes. C’est le cas de certaines formes de
corruption qui voient le jour comme des remerciements
forcés. Quand cela arrive dans un secteur aussi sensible
qu’est la santé, nous devons comprendre combien de
personnes peuvent être victimes jusqu’à perdre la vie
par une incapacité d’offrir.

En plus, la gratuité des soins pour certains patients a


permis un afflux important vers les centres de santé,
ce qui est une bonne chose, mais le personnel
disponible se voit dépassé et n’arrive plus à
sauvegarder leur déontologie face à cette situation.

Pour faire face à cela, la formation d’un personnel de


santé qualifié selon les besoins, le développement
d’une culture de professionnalisme, la déontologie
médicale, l’éthique même de la vie, doivent prendre
une place importante chez nos professionnels de la
santé.

Il en va également de l’investissement à apporter pour


que ces fonctionnaires de la santé puissent recevoir un
116

salaire à la hauteur de leurs investissements personnels


en tant qu’humains se consacrant à la vie des autres.
Il est en effet difficile de demander une éthique
particulière à quelqu’un qui est mal traité. En résolvant
ce problème, on viendrait aussi à bout de tant de
grèves qui ont touché ce secteur.

III. Les infrastructures de santé

Depuis l’introduction du principe de gratuité des soins


médicaux pour certaines catégories de patients, les
hôpitaux et centres de santé ont été submergés par le
flux des requérants de services. Malheureusement, il
n’y a pas eu de mesures d’accompagnement en termes
d’équipements et d’augmentation du personnel. Par
conséquent, cela a sensiblement fait chuter la qualité
des soins à telle enseigne que la qualité de la
gouvernance dans ce secteur est devenue déplorable.

Dans la plupart des cas, les patients sont entassés dans


des chambres surpeuplées, ce qui augmente le risque
de propagation des maladies au sein même des
structures de santé.

Pour pallier ce problème, nous pensons qu’il faut


investir dans la rénovation et l’élargissement des
hôpitaux et centres de santé publics ainsi que dans
117

l’achat d’équipements modernes pour ces unités de


soins.

En outre, dans la logique de la nouvelle administration


du territoire que nous proposons, une hiérarchie des
structures de santé s’impose de la base au sommet.

Ceci doit se faire dans le souci d’éviter que les services


de santé se renvoient les malades, mais qu’ils agissent
plutôt en synergie pour venir à bout des défis de santé
touchant toute la population. Ceci permettrait même au
peu de médecins disponible de rendre service sans
frontières hospitalières, grâce à une mobilité à la
charge de toute la politique de santé.

1 Les communes auraient non pas un centre de santé


comme c’est le cas, mais un hôpital de campagne,
organisé et apte à prendre en charge tous les cas
d’urgences et autres endémies ordinaires.

2 Les districts, qui sont un groupement de 5 à 6


communes, auraient un hôpital général d’envergure qui
pourrait accueillir tous les cas graves venus des
hôpitaux de campagne. On aurait environ une vingtaine
de ces hôpitaux qui seront dans les chefs-lieux des
provinces actuelles plus d’autres grands centres
urbains. Ces hôpitaux travailleraient en synergie, et le
118

personnel médical se permettrait une fluidité pour


s’épauler selon les besoins.

3 Au niveau provincial (cinq au total, dans les chefs lieu


Ngozi, Bubanza, Mwaro, Ruyigi, Makamba), on aurait
des hôpitaux de spécialisation qui reçoivent des cas
spécifiques venus des hôpitaux généraux ou des
urgences spectaculaires nécessitant des spécialistes. Il
y aurait aussi un soutien pour des initiatives
professionnelles pour des catégories ayant des
avantages particuliers comme les militaires, les
policiers, ou des sociétés pouvant unir leurs atouts pour
un suivi de santé particulier. Ce seraient des cliniques
publiques.

4 Au niveau des capitales Bujumbura et Gitega, en plus


d’avoir les autres infrastructures comme les autres
villes, nous devons investir en infrastructures
régionales avec deux hôpitaux à la hauteur des
ambitions d’une nation prospère. On ne devrait plus
voir des burundais dépenser pour s’expatrier à la
recherche de soins inexistants chez nous. En revanche,
grâce aux nouveaux équipements, nous devrions
recevoir des patients du monde entier à la recherche
de soins de qualité. Cette initiative devra
s’accompagner de services spéciaux pour nos sportifs
souvent victimes du manque de soins appropriés.
119

5 Au niveau privé, le gouvernement doit être rigoureux


pour que ce genre d’initiatives soit une participation
professionnelle pour soutenir la politique de santé, et
non un commerce pour gagner de l’argent facile là où
les pouvoirs publics ont échoué.

IV. L’accès aux médicaments et la


pharmacie privée.

La santé est quelque chose pour laquelle on peut tout


donner. Les aventuriers l’ont compris très tôt et ont su
profiter de la faiblesse des pouvoirs publics pour se
faire des richesses. Quand ce ne sont pas les services
publics qui détournent les médicaments des hôpitaux
et dispensaires, achetés avec l’argent des
contribuables, ce sont les pharmacies privées qui se
procurent des médicaments périmés ou de
contrebande.

Nous proposons qu’en passant par l’ordre des


pharmaciens, avec une participation méticuleuse des
pouvoirs publics, il y ait une centralisation de la
procédure de réception des médicaments jusqu’à leur
administration aux patients. La pharmacie ne devra
plus être une boutique ordinaire pour se faire de
l’argent, mais un secteur de possibles investissements
pour qui en a les moyens, tout en réservant aux seuls
120

pharmaciens le contrôle des besoins des entrées et des


sorties, et ce suivant des règles bien établies. Les
contrevenants en la matière devraient être traités
comme traîtres à la nation. Pour la santé du peuple,
pas de demi-mesure.

Conclusion :

Nous nous donnons pour mission d’atteindre ces


objectifs sur une période de 10 à 15 ans, en
investissant abondamment dans le domaine de la
santé. Mais comme les soins de qualité coûtent
beaucoup, nous pensons qu’un investissement
économique de masse visant le relèvement du pouvoir
d’achat du burundais moyen est extrêmement
important dans cette initiative. En outre, le système de
transport des patients a besoin d’être revu et amélioré.
On devra aller jusqu’à utiliser les moyens militaires
comme les hélicoptères pour permettre le déplacement
de nos médecins quand il s’agit de sauver nos
populations plutôt que de voir de malheureux patients
transportés à vélo à la recherche d’un médecin dans le
vide.
121

CHAPITRE 8 : SOCIAL : LA FONCTION


PUBLIQUE

Le Burundi est l’un des pays les plus organisés dans la


fonction publique. Nous profitons de l’occasion pour
féliciter les différents gouvernements qui se sont
succédés et ont pu maintenir cette renommée. A part
les problèmes financiers, cette fonction publique nous
sert dans les délais et de manière satisfaisante.

Dans la plupart des cas, nous sommes déçus du service


des fonctionnaires. A suivre de près, certains de ces
fonctionnaires sont avares de sourires et sont assis
parfois plus d’une vingtaine d’années sur le même banc
sans autre avantage social qu’une carte de mutuelle et
un salaire peu enviable. On les retrouve souvent dans
des bureaux poussiéreux à côté d’autres, climatisés,
alloués aux autorités. A la fin de leur carrière, qu’ils
doivent souvent prolonger par peur d’une pension
minimum insuffisante, certains terminent leur vie
professionnelle avec une tuberculose ou un diabète. De
plus ils resteront locataire à vie, c’est-à-dire sans
logement familial garanti.

Problème : 1 Les fonctionnaires qui ne sont pas


dans les syndicats n’arrivent pas à
122

combattre la précarité de leur état.


Chacun lutte soit pour devenir un
élu quelque part, soit pour être
nommé dans d’autres fonctions,
s’imaginant résoudre le problème.
Malgré tout il retombe dans la même
catégorie, et il souffre dans sa
vieillesse avec sa pension dérisoire.

2 Ceux qui sont dans les syndicats


sont considérés comme opposants
et n’arrivent pas à décrocher la
compréhension des décideurs.

3 Le tort est jeté aux finances de


l’Etat comme ne pouvant pas
permettre la mise en application des
conventions signées.

Proposition

I. Une convention statutaire.

Il existe un statut des fonctionnaires et autres


résolutions convenues entre les syndicats et les
autorités. La plupart du temps, le bras de fer qui
oppose les deux parties repose sur le fait que les
autorités ne peuvent pas satisfaire les revendications
123

des travailleurs organisés en syndicats. Or ces autorités


sont aussi les produits des syndicats.

La politique à ce niveau doit privilégier, au niveau


financier, la mise en application des résolutions prises
de commun accord. Le budget de l’Etat doit contenir
les intérêts des fonctionnaires avant ceux des autorités.

Les élus du peuple au niveau de l’Assemblée Nationale


doivent, dans leur session de fin d’année, communiquer
les résolutions mises en application pour le budget à
venir. Les syndicalistes devront attester que le niveau
atteint est satisfaisant et que, par conséquent, le vote
de la loi des finances est possible. Nous voulons que le
dialogue social prime sur la révolte et les grèves, celui-
ci devant être basé sur des revendications légitimes et
pertinentes.

II. La pratique

Dans l’immédiat, nous devons prévoir une commission


mixte dont le rôle est de mettre en application toutes
les résolutions passées entre syndicats et autorités. Le
bras de fer doit disparaitre pour que l’autorité fasse la
volonté du contribuable et non le contraire. Dans la
limite du possible, on ne devrait plus satisfaire les
124

volontés des autorités avant celles de la population.

Peu importe le montant que constitueraient tous ces


avantages, nous devons nous inscrire dans la logique
d’améliorer le sort du plus grand nombre de nos
concitoyens. Et ces montants doivent faire partie des
prochains budgets afin d’en finir dans une période
inférieure au mandat électif.

III. La limite budgétaire

Pour des cas trop difficiles à résoudre financièrement,


nous proposons des concertations sociales afin que les
syndicalistes arrivent eux-mêmes à des résultats
viables. D’autres méthodes du genre sont connues et
ont prouvé leur efficacité : il s’agit de la concertation
sociale (cfr Belgique ou Allemagne).

Ceci ne doit pas être une occasion de fustiger des


fonctionnaires comme des opposants politiques
déguisés. Lutter pour ses droits est légitime et
constitutionnel.
125

IV. Professionnalisme du fonctionnariat

En outre, nous voulons investir dans le relèvement de


l’économie pour assurer de meilleures conditions de
travail et de vie aux fonctionnaires de l’Etat. Nous
croyons que la fidélisation, la satisfaction et la
stabilisation des fonctionnaires constituent une priorité
absolue dans le combat pour développer le pays. Aucun
pays ne peut se développer avec des fonctionnaires
mécontents et en colère contre le gouvernement. C’est
cette précarité de la vie du fonctionnaire qui entraine
l’exode politique d’un parti à l’autre. Beaucoup ont fini
par se dire que pour avoir le minimum de confort dans
la vie, il faut décrocher un poste à responsabilité, d’où
la nécessité de militer dans un parti qui a plus de
chances de gagner les élections ; et de se soumettre
aveuglément, sacrifiant souvent le professionnalisme
aux manipulations et ingérences des politiciens. Si nos
fonctionnaires étaient satisfaits, cette vie de nomade
politique n’existerait pas.

V. Investissement en traitement équitable

Nous constatons tous que les fonctionnaires de l’Etat


n’ont pas le même salaire pour un même poste à
126

diplôme égal et ancienneté égale. Les salaires diffèrent


selon les ministères et les administrations.

Si les primes, les indemnités, les avantages peuvent


varier, il n’en va pas ainsi avec les salaires de base.
Aussi, il ne faudrait pas que les avantages, les primes
et les indemnités aient une valeur hautement
supérieure au salaire de base. Nous devons donner à
tous les burundais les mêmes chances pour servir ce
pays qu’ils aiment tant.

Notre conviction est que les fonctionnaires doivent


disposer de salaires égaux pour des tâches égales et
que ce ne soient que les enseignants, les corps
médicaux, les corps de sécurité, … qui aient plus
d’indemnité de risque.

Une autre faiblesse à corriger dans la fonction publique


est le retard de déboursement du premier salaire pour
les nouveaux fonctionnaires, un retard qui conduit à
une paiement unique des salaires des premiers mois,
communément appelés « salaire cumulé ». Nous
voulons nous investir pour que les nouveaux
fonctionnaires puissent avoir leur matricule rapidement
et leur solde après la fin de leur premier mois de
service, pour ne pas être obligés de s’endetter alors
qu’ils sont au service de leur nation. Ceci exige une
127

modernisation du processus de traitement du dossier


pour qu’il soit plus rapide et plus professionnel, tout en
évitant les erreurs possibles dans l’identification des
fonctionnaires et le transfert des salaires sur leurs
comptes.

« … il est temps que l’Etat soit le


parent de tous, et qu’il puisse les
protéger ».
Prince Louis Rwagasore.
Héros de l’indépendance, Burundi.
128
129

CHAPITRE 9 : SOCIAL : L’HABITAT

La beauté et la solidité des maisons d’habitation


constituent un des indices du bonheur d’un peuple.
Notre vision d’un peuple heureux exige la fin des
constructions qui ne résistent pas au moindre vent, et
qui sont pleines de poussière et de puces. Le mauvais
habitat constitue un handicap à la santé et au bonheur
individuel. Pour nous donc, la réalisation de notre vision
passe inévitablement par des changements radicaux au
niveau de l’habitat. Nous devons pouvoir rendre le
peuple capable de vivre dans des maisons propres et
solides.

Nous estimons à plus de 80% les Burundais qui rêvent


de s’offrir un logement à Bujumbura. Les vingt
dernières années ont vu le triplement de la population
de la capitale au détriment des autres régions du pays.
Nous pensons que le chapitre 1 pourrait apporter une
solution à cette situation.

Le manque d’une politique de l’habitat fait


qu’aujourd’hui tous les cadres promus, jeunes ou vieux,
n’ont qu’un seul désir : s’offrir un logement aussi
minable soit-il. Ces dernières années, nous assistons
malheureusement à la construction des quartiers dans
130

des marais où des tas de constructions précaires noient


les familles dans la désolation sans que personne ne se
sente responsable.

Problème : 1 Aucune autorité ne parle de ce fait,


ce n’est pas un souci politique de
l’heure. Il n’existe donc pas de
gestion en la matière.

2 Malgré l’existence des services


d’urbanisme, la planification est très
douteuses à voir les constructions
dans des zones marécageuses.

3 La compétition vers la ville de


Bujumbura a fait exploser les tarifs
d’acquisition de parcelles ruinant
des économies familiales pour des
constructions anarchiques.

4 La classe moyenne ne pourra


jamais s’offrir un logement, il
n’existe même pas de conditions
vivables.
131

Proposition :

I. Un fait : la décentralisation urbaine

Parallèlement au chapitre 1 de cette pensée, qui donne


à ce pays la création de 18 grandes villes, et des cités
communales, avec une gestion rentable des espaces,
l’engouement de vouloir vivre à Bujumbura pourra
diminuer. Puisque ce qui est abondant ne peut plus être
cher, alors il sera facile de trouver des parcelles à
meilleur prix dans nos villes que ce qui se constate
actuellement à Bujumbura.

La solution à ce problème de pôle, n’est pas d’en créer


d’autres de façon anarchique pour se tirer d’affaire.
Gitega ne peut pas remplacer Bujumbura, aucun lieu
ne peut remplacer un autre, chaque région a son
identité et originalité. En revanche, il faut une
planification qui réponde à notre avenir économique et
satisfasse nos besoins. Créer une ville n’est pas une
faveur qu’on donne à la population, mais une réponse
pour un développement précis pour l’ensemble de la
communauté. Et personne ne doit dire merci pour cette
décision. Evitons aussi les escalades régionales qui ont
donné naissance à trop de provinces, juste pour
s’autodéterminer des autres.
132

II. L’ordre des aménageurs et architectes


burundais

Tout comme existent les ordres des avocats, des


pharmaciens, des comptables, … on veut voir un ordre
des architectes burundais agir dans ce pays. Le
développement acquis ces derniers temps affiche
certes des couleurs mais dans un désordre qui ne dit
pas son nom. Un gouvernement responsable ne devra
plus confier à quelques individus la charge de décider
quant à une mesure aussi importante que la création
d’une ville, d’une cité, … dans un pur hasard. Nos villes
doivent être fonctionnelles, belles et donner envie d’y
vivre longtemps.

Les routes et les constructions qui les desservent


doivent offrir une possibilité de réfection de plusieurs
centaines d’années. On doit penser comme si on sera
là dans 500 ans. Nous voulons tout concevoir, les
techniciens à nos côtés, pour éviter d’être confronté au
ressentiment de sa propre progéniture.

Toutes nos villes doivent être redessinées et des


espaces prévus pour des routes plus grandes
qu’aujourd’hui, pour des jardins, des espaces sportifs
et de loisir en plein air, pour des bâtiments publics et
privés, et autres infrastructures.
133

III. Un fonds pour la cause

Il existe un Fonds de Promotion de l’Habitat Urbain. Un


fonds qui fonctionne tout à fait comme une banque, et
que seuls quelques individus ont la chance de
connaître. Notre intention ici est d’abord de dire merci
pour toutes ces réalisations existantes.

Mais l’idée est pourtant de faire connaitre ce fonds à


toute la population pour qu’un habitat décent soit un
objectif pour le peuple, une priorité pour la Nation et
une fierté pour les familles. Ce fonds doit être majoré
et ouvert à tous dans un ordre particulier avec un prêt
hypothécaire de 6 à 8 % d’intérêt bancaire pour une
durée convenable de remboursements.

Les fonctionnaires des matricules de devant devront


être servis avant ceux des matricules suivants. Pour les
privés, les premiers inscrits devront être servis
prioritairement. La logique devra être simple, le
logement est un bien individuel, mais sa localisation fait
la beauté de l’ensemble. Nous ne devons donc pas nous
permettre de laisser certaines personnes en arrière
même s’ils traînent les pas. C’est un travail national.

Nous voulons que la construction des villes respecte un


plan national les concernant, un plan qui combine
134

fonctionnalité, beauté, durabilité et gestion de


l’environnement. Pour cela, le respect des normes de
construction devra être rigoureux. Les constructions
anarchiques ou qui ne respectent pas ces normes
devront être démolies sans aucune autre forme de
procès. Le respect des espaces verts et d’autres
espaces publics comme les routes et leur alentour sera
aussi strict. De même, les cités communales seront
construites selon un certain plan compatible avec le
milieu rural ; et non selon la seule volonté de
particuliers.

« Vaincre la pauvreté ce n’est pas


un geste de charité, c’est un acte
de justice »
Nelson Mandela.
Président, Afrique du Sud.
135

CHAPITRE 10 : SOCIAL : LA DELINQUANCE


JUVENILE, LES ENFANTS DE
LA RUE, LE PHENOMENE DE
LA MENDICITE.

Nombreux parmi nous ne cessent de lancer des injures


aux malheureux que nous rencontrons ici et là nous
tendant la main pour une pièce de monnaie. Certains,
biens éduqués ou enclins à la religion, le font par
précaution de gagner une vie éternelle et non par
volonté de résoudre le problème alors que nous en
sommes peut-être les créateurs.

Aucune personne au monde ne mendie par plaisir, fut-


il le plus délinquant. Tous ces malheureux rêvent dans
leurs nuits qu’ils gagnent au loto, ou qu’ils se
transforment en un riche milliardaire qu’ils connaissent
dans leur région. Ce n’est que par survie qu’ils brisent
leur fierté pour oser mendier un premier jour, puis le
suivant, pour qu’ensuite cela devienne normal, surtout
quand ils rencontrent quelqu’un qu’ils croyaient mieux
qu’eux.

Ces phénomènes sont une bombe à retardement pour


notre Nation, nous taire en ce moment serait offrir à la
nature une autre raison pire que celle de l’ethnisme de
136

voir notre société plonger dans des guerres plus


meurtrières qui cette fois-ci ne seront pas résolues à
Arusha, puisqu’on n’aurait pas de quotas possibles.

Problème : 1 Les preneurs de décisions


n’agissent que quand il est assez
visible qu’ils sont touchés par les
difficultés. Il est rare que chez nous
une autorité perçoive des problèmes
au-delà du sensationnel.

2 Beaucoup d’entre nous, veulent


remettre à demain ce qu’ils ne
parviennent pas à affronter. La
jouissance individuelle prime sur le
sentiment de servir et de souffrir
pour les autres.

3 Les personnes vulnérables n’ont


aucun moyen de faire connaître
leurs problèmes et valoir leurs
droits, ils sont considérés comme
marginaux et ignorés.

Proposition :

Nous rappelons que ces phénomènes sont récents chez


nous, qu’ils sont le produit des crises qui ont perduré
137

ces dernières années, et surtout qui ont amenuisé la


production agricole dont le maître était le paysan
burundais.

Les chapitres qui parlent de l’économie sont d’une


importance capitale pour venir à bout de ce problème,
surtout pour empêcher que ceux qui ne sont pas encore
atteints par ces phénomènes. En revanche, il n’est pas
si simple de redresser un homme ou une femme de 20
ans qui est né dans la rue.

I. Un acquis et un atout.

Le Burundi a un orphelinat national qui fonctionne


grâce aux financements publics. D’autres foyers du
genre existent et sont soutenus par des confessions
religieuses, des ONGs, et autres volontaires. Tout ceci
dans le souci de venir en aide aux malheureux que sont
des enfants et des femmes, burundais à part entière
comme nous, mais malheureusement entièrement à
part.

La volonté d’aider chacun des Burundais n’est pas un


fait nouveau, telle est notre culture depuis l’antiquité.
Laisser une bonne partie de notre population dans cette
désolation nuit à toute notre fierté, et ces phénomènes
nous empêchent de vivre heureux, puisque le
138

Burundais ne devrait pas déguster sans se soucier des


autres « ntawusomera mu nduru ».

II. Ce qu’il faut faire désormais !

Prenons nos responsabilités, nous devons ramener tous


les enfants mineurs dans cette situation à leurs
familles. Cela devra coûter une fortune, mais elle n’est
rien face à la vie humaine que nous devons honorer.
Les majeurs, eux, bénéficieront des avantages qu’on
retrouve dans les autres chapitres pour valoriser à
nouveau notre économie dans le pays en général et
dans les familles en particulier. Soyons conscients que
ces personnes n’ont pas choisi cette vie, elles la vivent
malgré elles et sont incapables de s’y soustraire elles-
mêmes. Il nous appartient d’agir pour sauver nos
compatriotes.

Ainsi un fonds doit être prévu à hauteur de 20 milliards,


surtout dans les lignes budgétaires visées par les OMD.
D’une manière normale, le gouvernement s’occupe
seulement des élèves et de ceux qui parviennent à se
réunir en association, les mieux nantis en définitive.
Nous devons donc mettre un accent particulier pour les
cas graves qui sont face à nous. L’objectif étant
d’éradiquer le phénomène des enfants de la rue et de
la mendicité au bout de 10 ans.
139

III. Une attention particulière !

Ces personnes, que nous maltraitons et regardons avec


dédain, ont probablement mieux vécu hier, mais à
cause de la guerre et toutes ses conséquences, ils sont
malheureux. Ils ont vécu des traumatismes graves.
Leur problème n’est seulement pas la pauvreté comme
on le pense, mais beaucoup plus. Certains ont perdu
leurs familles, l’espoir et partant tout l’amour qu’ils
avaient.

Il est du ressort de l’autorité de créer des centres


d’accueil pour prendre en charge ces cas au lieu de les
minimiser au simple fait de se faire de l’argent en
mendiant. Notre respect public doit nous élever au
point de pouvoir comprendre les problèmes des autres
mieux que les nôtres, en effet nous en sommes peut-
être les cause indirectes.

Reconnaissons que ce phénomène n’existait pas avant


la crise de 1993. Aucun enfant ne voudrait faire sa vie
dans la rue s’il avait une meilleure vie. L’investissement
dans ce genre de situation n’est pas une aumône qu’on
doit faire aux pauvres, car ces enfants sont déjà sans
éducation et se plaisent à vivre ainsi sans comprendre
les conséquences pour leur avenir.
140

Le raisonnement de l’autorité doit être de résoudre les


causes de cette situation plutôt que de se prendre pour
un charitable hypocrite qui donne quelques sous
d’attention pour recevoir des fortunes en gratitude.
Aucun développement durable ne sera possible tant
que des compatriotes vivent comme des animaux sous
nos yeux. Ces gens ont besoin d’amour et seule une
bonne politique peut le leur procurer.

« Ce qui me scandalise, ce n’est


pas qu’il y ait des riches et des
pauvres : c’est le gaspillage ».
Anjeze (Agnès) Gonxha Bojaxhiu (Mère Teresa).
Religieuse des pauvres en Inde, Macédoine.
141

CHAPITRE 11 : SOCIAL : LES PERSONNES


VIVANT AVEC UN HANDICAP
PHYSIQUE ET AUTRES
VULNERABLES

Les Burundais pensent que les personnes vivant avec


un handicap physique sont des malheureux qui ne
peuvent que se faire aider. On pense que de beaux
yeux feront l’affaire ou juste une pièce de monnaie. On
oublie que tout le monde peut se retrouver vivant avec
un handicap du jour au lendemain.

La crise que le Burundi a vécue a accentué le nombre


des personnes vivant avec un handicap physique. Des
militaires et combattants perçoivent des indemnités de
risque ou des pensions, mais des populations victimes
des mines antipersonnel sont abandonnées à elles-
mêmes.

Les personnes âgées, que notre culture protège par le


respect et la reconnaissance, n’ont aucune protection
sociale dans ce pays. Elles sont vues comme des
fardeaux dans nos familles respectives alors
qu’auparavant, elles nous ont procuré une bonne vie.
142

Problème : 1 Les personnes vivant avec un


handicap physique sont aussi
nombreuses que certains groupes
sociaux. Il n’existe pas de lois qui les
protègent ou qui leur donnent une
priorité quelconque pour une
certaine équité avec les autres.

2 Ces personnes ne sont pas


considérées comme acteurs du
développement comme les autres.
Elles sont discriminées dans le
travail et autres secteurs.

3 Les personnes âgées sont laissées


à elles-mêmes, les familles essaient
de s’en occuper mais par manque de
connaissance n’arrivent pas à les
épanouir.

4 Le système de retraite n’existe que


pour quelques-uns : ceux qui ont
occupé des emplois rémunérés et
ont cotisé dans des caisses à cet
effet.
143

Proposition :

I. Une loi qui tient compte de la réalité

La Constitution burundaise contient des articles qui


stipulent l’égalité des citoyens et la protection des
groupes sociaux minoritaires ou défavorisés. Mais elle
n’accorde pas une attention particulière, ni un statut
spécifique, aux personnes vivant avec un handicap
physique. Celles-ci doivent être protégées par la loi et
non par la compassion d’un passant. Il faut développer
des actes concrets aussi bien pour la protection que
pour la promotion au travers d’une discrimination
positive.

Nous devons arriver à faire passer une loi claire qui


explique clairement la protection, la participation
citoyenne, la prise en charge de ces personnes dans les
meilleures conditions.

II. La nouvelle pratique consciente

Des mesures doivent être prises pour insérer


financièrement ces personnes dans un processus de
soutien économique. Les recenser commune par
commune. Pour ceux qui n’arrivent à se tenir debout,
144

leur offrir des moyens garantissant une mobilité. Aucun


Burundais digne ne doit plus se traîner à terre comme
un reptile, c’est humiliant de voir des compatriotes
ramper dans les rues quand d’autres marchent.

Dans toute sorte de projets favorables au peuple, ces


personnes doivent trouver les meilleures opportunités
tant que leur infirmité ne nuit pas à la réalisation du
projet.

Il faut favoriser le financement de centres de prise en


charge pour minimiser l’impact d’infirmités pour les cas
graves et les enfants en particuliers.

Pour les personnes âgées, il faut créer des foyers


d’accueil et de suivi pour celles qui n’ont plus de
familles. Il faut aussi leur fournir une couverture
maladie totale.

III. Le traitement des personnes âgées

Une personne âgée est une bénédiction pour tout un


chacun. Une société qui se respecte doit prendre soin
de ses parents par reconnaissance pour ce qu’ils ont
fait dans leur jeunesse. Les lois doivent donc les
protéger et préparer le chemin des jeunes qui à leur
tour deviendront des seniors.
145

Le système de retraite doit non seulement satisfaire les


fonctionnaires en fin de carrière, mais aussi créer un
mécanisme digne pour nos seniors qui ont passé leur
vie à cultiver les champs qui nous ont tous nourri ou à
pratiquer divers métiers qui ont constitué l’économie de
notre pays. La pension n’est pas un remerciement mais
un mérite qui évite à nos illustres travailleurs de finir
leur vie comme mendiants.

Un système de retraite dans ce sens doit être créé


indépendamment du fait d’avoir occupé des fonctions
officielles de travail rémunéré. Notre fierté à tous est
de pouvoir imaginer des solutions inédites à nos
problèmes sans imiter nécessairement celles d’autres.
Une personne âgée ne peut pas passer ses derniers
jours dans la honte de se voir assistée et son droit
absolu est de garder sa dignité jusqu’à sa dernière
demeure.

Le mécanisme existant pour pourvoir la caisse de


retraite est de percevoir des cotisations prélevées sur
les salaires des travailleurs. Or ceux qui travaillent pour
leur compte dans les champs, les fermes, les divers
métiers, ne peuvent que s’embourber à imaginer
comment cotiser.

Notre génie doit s’inspirer de notre pyramide des âges


146

qui montre bien que les personnes âgées chez nous


sont une très grande minorité. Etant donc conscients
de leur apport depuis leur jeunesse pour notre
développement, il est utile de concevoir un outil qui tire
des impôts qu’ils donnent un certain reliquat qui servira
pour approvisionner leur caisse de prévoyance sociale.
Ces anciens nous ont été suffisamment chers durant
notre évolution, et il s’agit de notre avenir à tous, car
demain ce sera notre tour.

« La plus grande souffrance est de


se sentir seul, sans amour,
abandonné de tous ».
Anjeze (Agnès) Gonxha Bojaxhiu (Mère Teresa).
Religieuse des pauvres en Inde, Macédoine.
147

CHAPITRE 12 : L’ECONOMIE : FINANCES


PUBLIQUES

On aurait dû commencer par-là, puisque rien de ce que


nous pouvons faire ne peut l’être sans un minimum de
financement.

Jusque dernièrement le budget général de l’Etat était


majoré à hauteur presque de 1400 milliards de nos
francs. La part locale étant de moins de 50% et l’autre
part, provenant de l’extérieur. Cette situation perdurait
dans notre pays depuis plusieurs années et aucun
administratif ne la trouve jamais critiquable. Le manque
de financements depuis 2015 a obligé le gouvernement
à financer son budget jusqu’à 70%.

Depuis 2000 le budget de l’Etat est passé de moins de


250 milliards à 1500 en 2014. Les proportions d’aides
et d’appui budgétaires sont restées les mêmes, comme
si dans la tête du concepteur ce robinet extérieur ne
devait pas se fermer un jour.

Pour la part locale, il est important de se demander si


la croissance des recettes est proportionnelle à la
croissance de la production. Apparemment non, et c’est
notre impression. Pour preuve, les protestations qui
148

accompagnent les demandes de l’office burundais des


recettes (OBR) partout dans nos milieux de production.
S’il en est ainsi, l’augmentation des recettes n’est pas
la seule option. Sa diminution est d’ailleurs peut-être
aussi envisageable surtout quand il faut alléger le
fardeau du contribuable.

Quand nous faisons le tour du pays, il faut bien


constater la situation dans laquelle vivent les burundais
dans les campagnes. La pauvreté qui y règne, l’état du
logement de nos populations est catastrophique, pas
mieux que pour les animaux, sauf les quelques rares
qui courtisent les pouvoirs de chaque époque. Les
conditions de vie de nos écoliers, élèves et étudiants,
les paysans et les fonctionnaires, sont déplorables, … il
y a lieu de se demander s’il existe une planification du
développement et surtout sa budgétisation.

Tout laisse croire que, depuis longtemps, les finances


publiques concernent quelques activités des autorités
en plus de la paie des salaires. Très régulièrement tout
ce qui est investissement n’est que hasard au cas où
les bailleurs apporteraient un appui budgétaire ou
d’autres formes de coopération.

Les secteurs importants de la vie du pays comme la


production agricole et manufacturière, le commerce et
149

le transport qui sont en réalité les machines de création


de richesses sont considérées comme aléatoires
(kwisumamwo). Les acteurs, petits et grands, doivent
se débrouiller pour survivre et sont contraints de faire
vivre le gouvernement peu importe la manière. Depuis
belle lurette l’investissement dans ces secteurs n’a pas
permis leur développement ce qui aurait apporté à
l’Etat plus de recettes ainsi que du travail pour la
population.

Le défi pour l’avenir est que les finances publiques


permettent le financement des ambitions d’un peuple à
résoudre ses problèmes et en finissent avec l’habitude
de récolter des fonds pour les affaires courantes.

Problème : 1 Le manque de planification et de


budgétisation des secteurs de
production dans les finances
publiques au profit des dépenses
exorbitantes dans les secteurs non
productifs.

2 Le contribuable burundais finance


à hauteur plus élevée que ses
possibilités un budget qui, des fois,
ne lui permet de rehausser ni son
revenu, ni ses ambitions.
150

3 L’Etat demande de plus en plus aux


bailleurs sans prouver ses capacités
de remboursement par une
planification d’un développement
producteur de richesses.

4 Les bailleurs s’en lassent et les


générations futures passeront leur
vie à rembourser sans en avoir
profité.

5 Les secteurs sociaux semblent


prendre le devant des budgets pour
impressionner la population dans un
but électoral, sans toutefois
rehausser la richesse des individus
qui doivent payer les services de ses
infrastructures sociales.

« Trop d’impôt tue l’impôt », à force de vouloir financer


un budget important sans opportunités suffisantes de
créer des richesses, l’effet contraire peut se produire.
C’est le vrai motif de tous les actes de corruption, de
mauvaise gestion, de détournement, d’enrichissement
illicite, d’insécurité économique, de précarité de vie, de
pauvreté notoire qui font souffrir tous les jours notre
population.
151

Proposition :

I. Ajustement budgétaire

Le concepteur du budget doit mettre en application le


programme de gestion du gouvernement. Nous
remarquons le plus souvent que le budget ne coïncide
jamais avec le discours public. Ce qui a été dit ne
s’exécute que rarement dans des cas où les politiciens
le veulent. Depuis que nous vivons des suites de crises
financières, les gouvernements ont pris pour seule
option de valoriser leurs besoins afin de garder une
main mise sur l’argent du contribuable, sans toutefois
financer les lignes budgétaires plus importantes mais
en direction des non-décideurs.

Le budget de l’Etat doit être ajusté selon les raisons


populaires pour satisfaire en premier lieu le
contribuable, et en plus pour équilibrer la balance des
dettes qui ne doit pas être toujours croissante.
Satisfaire le contribuable n’est pas une mesure
d’attractivité électorale, mais une décision importante
pour rehausser la production dans toutes ses formes et
permettre aux populations un véritable pouvoir d’achat
dans la vie courante.

Les autorités publiques doivent se comporter en bon


152

père de famille et ne pas alourdir les finances publiques


par des dettes qui seront payées par nos enfants, alors
qu’elles n’ont servi qu’à de dépenses peu productives
et donc pour un développement mitigé. Le financement
des secteurs de production est la seule manière d’aller
à bout de l’endettement infini par un équilibre réel des
dépenses par des recettes.

Pour une bonne sortie de crise, et une bonne prise de


conscience en gestion, nous proposons une diminution
de l’assiette budgétaire dans le court et moyen terme,
afin de promouvoir de façon sensible la production à la
base et la mise au travail du peuple.

II. Option de diminuer le budget

Diminuer le budget de l’Etat à hauteur de 1/3 pour le


moment, ce qui veut dire que le budget doit revenir à
moins de 1000 milliards. A voir le budget actuel ceci ne
serait pas un problème pour les financiers, car les
lignes budgétaires qui majorent ce budget ne sont pas
directement liées aux activités populaires comme les
salaires, la santé ou l’éducation. Ce sont des lignes liées
aux dépenses générales de l’Etat. Une telle
compression du budget est donc possible sans risque.
153

L’assiette de recettes locale attendue de l’OBR pourrait


diminuer de 700 à 600 milliards, ce qui serait une
bouffée d’oxygène pour le contribuable. La part
attendue des bailleurs pourrait diminuer de 800 à 400
milliards, ce qui ferait de notre pays un état
responsable devant les bailleurs de fonds. On serait
dans des proportions de financement du budget de
60% en local et 40% en extérieur avec une possibilité
de faire mieux les années suivantes.

Ce fait permettrait aux bailleurs de comprendre notre


désir de compresser les actions non productives du
gouvernement et accepter d’ouvrir une négociation en
vue d’obtenir des financements pour les grands projets
de développement en infrastructures et en production
d’énergie électrique. Le résultat est qu’au final ce
développement crée de la richesse, paie les dettes et
contribue à diminuer la dépendance vis-à-vis de l’aide
extérieure.

La diminution du budget n’influe pas sur les ambitions


étalées plus haut en agriculture, éducation, santé, …
Au contraire, un budget bien compressé prouve la
responsabilisation du gestionnaire. Il y’en a qui, avec
peu, arrivent à faire ce que d’autres ne peuvent avec
plus. Nous sommes de ceux qui pensent que plus notre
budget s’accroit, plus les risques de malversations et
154

de mauvaises gestions augmentent.

III. Mesures de gouvernance

Il faut d’abord organiser une meilleure perception de


l’impôt et des taxes (TVA). Pour cela, il faut que TOUS
les citoyens paient un impôt sur le revenu (ce qui n’est
pas le cas), avec des taux d’imposition supérieur pour
les plus riches. Il faut également réduire drastiquement
les exonérations de TVA et mieux contrôler.

La crise économique est la plus dramatique vécue par


les populations. Les crises successives, alimentaires et
financières, intervenues respectivement en 2008 et
2009, reposent avec acuité la nécessité d’une refonte
des modes de régulation économique. La construction
d’une nouvelle architecture de gouvernance
économique doit émerger d’un nouveau paradigme qui
valorise la solidarité, la pluralité, l’éthique et la
durabilité.

La refondation de la gouvernance économique se base


sur trois enjeux essentiels :

- Assurer que les mode d’exploitation et de


commercialisation des ressources naturelles
soient durables et contribuent significativement
au renforcement économique des populations.
155

Eviter tout détournement.

- Assurer que les politiques agricoles et le mode


d’organisation des marchés agricoles
concourent à une réelle souveraineté
alimentaire.

- Assurer que les conditions de réformes


institutionnelles promeuvent la création des
richesses au niveau local et participent à un
développement harmonieux.

IV. La relance économique

La diminution du budget, la bonne gestion des finances


publiques, l’investissement dans le secteur primaire et
surtout de production, donneront un souffle aux
contribuables et pourra relancer l’économie. Le
gouvernement pourra donc afficher ses ambitions pour
promouvoir l’investissement dans des secteurs
secondaires et tertiaires plus organisés avec option de
permettre des crédits de relance pour l’entrepreneuriat
privé.

Cette relance ne pourra se faire en comptant sur des


bailleurs, mais misera plutôt sur des contribuables
burundais qui auront reçu un allégement d’impôt dû à
la bonne gouvernance du secteur financier. C’est cet
156

élément qui viendrait propulser le concepteur du


budget à hausser le niveau de l’assiette budgétaire en
suivant les investissements adéquats répondant à la
volonté populaire sans générer plus d’endettement.

Le Burundi, étant à ce jour éligible seulement au petit


guichet des grands donateurs financier, avec des taux
élevés comme ceux des simples individus, se verrait,
grâce à sa relance, accepté aux grands guichets pour
pouvoir financer des grands projets de développement.

V. Cadre Stratégique de Lutte contre la


Pauvreté

Ce cadre, le CSLP, a été approuvé en mai 2007 lors de


la table ronde entre le gouvernement et les bailleurs du
Burundi, tenu à Bujumbura. Sa deuxième génération le
fut en 2012 à Genève en Suisse.

La première génération qui demandait 1300 milliards


de financement avait reçu des promesses allant jusqu’à
1400 milliards, et la seconde qui demandait 1600 a reçu
presque le double soit 2600 milliards. Chose étonnante,
le décaissement est un problème majeur, moins de
30% dans tous ces cas.

Si les promesses de financement sont bonnes, cela veut


dire que le projet en soit est bon et qu’il a été exécuté
157

par des équipes qui savent faire leur métier. Que ce


soit dans la préparation du Programme d’Actions
Prioritaires (PAP) ou les Projets d’Investissement
Publics (PIP).

A quel niveau se trouve le problème ?

Problème : 1 Le décaissement des fonds :


malgré toutes les ressources
humaines disponibles dans le pays,
et peu importe leurs différences
politiques et autres, étant
burundais, les élus au sommet de
l’Etat ne les utilisent pas pour le
meilleur de la Nation. Ils se cachent
derrière les appartenances
politiques et ne parviennent pas à
engager des gens capables pour des
missions aussi essentielles.

2 Les politiciens au sommet de l’Etat


ne font aucun effort pour faire leur,
les documents et protocoles en
matière de financement des
politiques du pays.

3 Les responsables directs des


158

programmes se comportent en
courtisans par peur de perdre leurs
avantages, au point de béatifier des
chefs peu visionnaires.

Proposition

Pour des secteurs aussi sensibles, le professionnalisme


est de rigueur, nous devons y mettre des gens bien
aguerris, s’il le faut y mettre même des étrangers qui
peuvent le faire mieux. En effet même dans
l’élaboration des documents, jusqu’à la préparation des
tables rondes, chaque fois le Burundi s’est fait aider par
les institutions des Nations Unis comme le PNUD qui
engageait des experts pour cela.

Ici j’attire l’attention des compatriotes sur le fait que


beaucoup de Burundais sont recherchés dans d’autres
Nations pour de tels services. Pourtant ici au Burundi,
nous nous en passons avec plaisir pour servir les
chicanes partisanes.

Les techniciens qui ont passé du temps à élaborer les


documents ne sont pas associés dans le processus de
suivi des dossiers de promesse de fonds. Les politiciens
prennent cette mission comme une occasion de se
balader en mission à l’étranger, ne sachant pas que
159

ceux qui ont promis l’aide auront besoin des techniciens


burundais pour de plus amples explications. Il faudra
faire en sorte que ces missions soient exclusivement
techniques de l’élaboration à la mise en application.

Très souvent la capacité de consommation d’autant de


fonds n’est pas un achat de biscuits pour enfants. C’est
une procédure très sérieuse qui nécessite le doigté des
personnes expérimentées et pas des adeptes d’un parti
au pouvoir. Notre détermination en la matière doit être
plus que jamais responsable, pour ne plus rater le
développement du bout des mains.

« Souvent, les révolutionnaires


d'autrefois ont succombé à
l'appât du gain, et se sont laissés
prendre à la tentation de
confisquer des ressources
publiques pour leur
enrichissement personnel. »
Nelson Mandela
Président, Afrique du Sud.
160
161

CHAPITRE 13 : L’ECONOMIE : ENERGIE

Un pays sans énergie ne peut se permettre aucune


autre ambition que celle de vivre comme nos ancêtres
autrefois. D’où la nécessité absolue de chercher à
augmenter nos ressources énergétiques.

Afficher son envie en la matière ne veut pas dire crier


qu’on veut de l’énergie, mais oser se passer de tout
pour investir dans ce domaine. Nous ne pourrions plus
comprendre un gouvernement qui passerait de 400
milliards de budget à 1500 milliards sans prouver ses
capacités à investir dans le domaine. Sans énergie, on
ne peut majorer les taxes puisque ceux qui les paient
devant gagner davantage, ils doivent avoir plus de
facilité pour produire.

Proclamer sur tous les toits que le Burundi est un pays


pauvre, que par conséquent il ne peut pas se permettre
d’investir dans des barrages hydroélectriques ou dans
l’énergie solaire alors que parallèlement on multiplie
par dix les lignes budgétaires en consommation de
carburant ou acquisition de matériel non indispensable,
dénote soit de l’irresponsabilité soit d’une volonté
délibérée de profiter de ces marchés ou autres
avantages.
162

Les programmes existants sont encourageants, que ce


soit nos projets nationaux ou les projets régionaux et
sous régionaux. Il en va maintenant de la capacité de
nos négociateurs et de la diplomatie qui nous lient aux
autres partenaires pour réussir ce pari de l’énergie le
plus rapidement possible.

Remarque : alors que des bailleurs (Allemagne et


Belgique + UE notamment) réclamaient des décisions
et des choix, le Gouvernement burundais n’a pas réagi
durant plus de 10 ans en matière d’investissement en
production électrique. Or pour construire une unité de
production électrique, il faut 5 à 6 ans.

Il faut savoir que les bailleurs (BM, BAD, UE etc)


réclament des projets sérieux et des décisions. Sans
cela, la Communauté Internationale ne peut pas
soutenir le pays.

Voici un exemple parmi d’autres : la Chine a dû


attendre plus de 5 ans pour que le Gouvernement se
décide enfin à choisir un terrain constructible pour le
Palais présidentiel ! Et c’est également le cas pour
beaucoup d’autres investissements qui restent en
souffrance !
163

Problèmes : 1 L’ampleur du phénomène est


inquiétante, on se demande si
l’autorité burundaise fait ses choix
d’investissements sur base
d’objectifs à atteindre. L’intérêt du
sujet n’est peut-être pas important
pour la plupart des décideurs.

2 L’utilisation du bois de chauffage


nuit visiblement à l’environnement.
Avec l’effet de la guerre les réserves
en bois ont été décimées. L’industrie
de construction prend une bonne
partie des plants encore jeunes et
sélectionnés pour leur qualité. La
fabrication du charbon de bois qu’on
utilise dans les villes crée un
phénomène sans précédent qui
risque de détruire toutes les
réserves. Un danger guette notre
société.

3 Que représentent les autres


sources d’énergie qui semblent faire
objet de plaisanterie ?
164

Proposition :

I. Investissement en énergie électrique

Dans le budget minoré selon notre proposition, la


question de l’énergie est à prioriser. Ce genre
d’investissements se fait au coup par coup et, une fois
posé, un réseau électrique peut assurer des années de
tranquillité car il ne nécessite qu’un entretien planifié.

Le pays a un besoin prioritaire en matière d’énergie


électrique et les investissements sont considérables sur
une période d’au moins 20 ans ! Il faut construire de
nombreuses centrales de productions (hydrauliques et
autres…) car les investissements étrangers ne
viendront pas s’il n’y a pas d’électricité.

Comment développer le commerce et les exportations


des produits frais (poissons, légumes, fruits) sans
équipements frigorifiques. Comment transformer les
produits (conditionnement) ? Comment les artisans
(menuisiers, forgerons, mécaniciens) peuvent-ils
produire, réparer et entretenir sans énergie ?
Comment exploiter le nickel du sous-sol sans énergie
ni transports des matières premières (routes + chemin
de fer) ?

De plus, la demande des particuliers en électricité ne


165

cesse d’augmenter car une population qui augmente et


qui veut se développer a un besoin énorme en énergie
(éclairage des habitations, équipement ménager,
appareillages électroniques etc). Comment les élèves
et les étudiants peuvent-ils étudier et se former s’il n’y
a pas de lumière pour voir et lire après 18 h ?

II. Préalable en bonne gouvernance

Pour ces investissements, les bailleurs cités plus hauts


sont prêts à nous soutenir car ce sont des
investissements directement productifs. Mais pour cela,
il faut que le Gouvernement donne la preuve de sa
compétence et de sa volonté de lutte contre la
corruption.

Ne pas oublier que les pays voisins (EAC) avancent et


investissent… Dans ce cas, le Burundi recule, car selon
l’adage bien connu : « qui n’avance pas recule »!!!

Il suffit de voir, au sein de l’EAC, le comportement des


autres pays à l’égard du nôtre. Ce dernier est souvent
absent des réunions au sommet et donne de la sorte
une mauvaise image de nous tous. Or, les autres ne
feront pas de cadeau au Burundi. Lorsque la monnaie
unique de l’EAC sera concrétisée dans quelques
années, le Burundi sera tenu en dehors et souffrira
166

encore plus d’handicaps. C’est un cercle vicieux !

III. Gestion consciente

Nous devons arriver à sacrifier beaucoup de choses et


être capable de dégager jusqu’à 100 milliards par an
durant trois ans et nous permettre donc un lourd
investissement de 300 milliards. Une telle idée nous
aiderait à attirer d’autres partenaires pour nous assurer
un soutien encore plus élevé. Notre action doit être
exceptionnelle pour réussir ce pari. Tel est notre devoir
de citoyen, et il est impératif de relever le défi.

IV. Regard environnemental

La première initiative à prendre est le reboisement


systématique des forêts et des espaces verts. Il faut
planter chaque année des millions d’arbres d’essences
respectueuses de l’environnement (réduire
l’eucalyptus). Sans cela, l’érosion (destruction) des
terres agricoles va augmenter, les glissements de
terrains vont se poursuivre (détruisant des espaces
cultivables, coupant des routes (RN 1 par exemple),
tuant des populations villageoises (qui ont construit au
bord des rivières dans des zones à risques)….

Il faut ensuite développer des foyers de cuisson plus


économiques (artisanat local), réduisant de 30 à 40 %
167

la consommation de bois de chauffage. Il faut


encourager l’utilisation de casseroles mieux conçues
pour optimiser la consommation énergétique
(réduction du temps de cuisson)…etc

V. Un palliatif : le gaz domestique

En renfort à l’électricité, nous devons révolutionner la


manière de préparation des aliments. Le gaz
domestique doit prendre place dans nos ménages
avant que la catastrophe n’arrive. Peu importe la
dépense, le risque serait moins important que de
perdre notre patrimoine forestier.

L’investissement en la matière doit commencer par le


soutien aux initiatives existantes en leur octroyant des
facilités, et la mise en place d’un fonds pour
l’équipement des ménages en matériel comme les
bouteilles à gaz et les réchauds à gaz.

A ce jour une bouteille de gaz de 15 kg se vend à plus


de 50 mille BIF. Elle est visiblement plus utile
énergétiquement, bénéfique et propre qu’un sac de
charbon de bois de même valeur, qui n’assure pas plus
d’un mois, quand on parvient à le trouver.
168

VI. Les énergies renouvelables.

Avec les coupures de courant depuis les années 2010,


un nouveau phénomène est apparu : l’importation de
plaques solaires dans les ménages pour assurer une
électrification minimale. Dans tout le pays, cette
pratique est devenue monnaie courante et aide
beaucoup de personnes dans leurs activités
génératrices de revenus.

En regardant la centrale solaire de l’hôpital Roi Khaled,


on comprend bien ce que pourrait être ce genre
d’investissement au cas où le Gouvernement s’y mettait
publiquement. Des communes et des quartiers, des
ménages et des administrations pourraient bénéficier
de l’énergie solaire et laisser la Regideso aux grandes
entreprises de production. Un tel investissement est
bénéfique dès lors qu’il est fait pour plusieurs ménages
et non de façon individuelle.
169

CHAPITRE 14 : L’ECONOMIE : AGRICULTURE,


ELEVAGE ET PECHE

Le Burundi a ratifié il y a quelques années le protocole


de Maputo. Ce dernier contraint les signataires à
prévoir un minimum de 10% du budget pour
l’agriculture. Depuis la signature de ce protocole, la
part du budget prévu pour ce secteur est passée de 3%
dans les années 2008 à actuellement 10,7 %. Ainsi,
pour le budget 2018, il était estimé à 138 milliards de
nos francs.

Le Burundi est un petit pays très joli, dont l’agriculture


sur les montagnes laisse voir une végétation
exceptionnelle. Pourtant les promesses de cet
environnement fertile restent lettres mortes pour les
burundais. Malgré un budget 10 fois plus élevé qu’il y
a une dizaine d’années, la précarité alimentaire ne
cesse de croître. En fait, l’investissement dans ce
domaine est invisible.

Le problème est que le Burundais ne peut et ne pourra


éternellement vivre comme ses ancêtres, dans son
« itongo », sans être sûr de s’offrir le minimum pour
vivre. Il fuira pour aller mendier en ville et ses terres,
pour lesquelles il est capable de tuer, resteront là sans
170

produire. Le phénomène est déjà visible dans certaines


régions : les jeunes fuient leurs familles par manque de
vitalité minimale et les plus vieux attendent
tranquillement la mort.

Problème : 1 Le monde rural est connoté


comme dépassé, les gens évolués
s’installent en ville, ils laissent
derrière eux la campagne, n’y
investissent pas et n’y vont que pour
saluer les parentés.

2 La population burundaise, dite à


tort agricole à 95%, compte sur ses
propres ressources pour cultiver la
terre, que ce soit en semences, en
engrais, … et n’arrive plus à
produire mieux que précédemment
sans moyen supplémentaire.

3 La pratique culturale individuelle


ne peut plus fournir le nécessaire à
la consommation et la création de
réserves pour la prochaine saison
culturale.

4 L’environnement se dégrade vite à


171

cause d’une agriculture intensive


sur de petites espaces.

5 L’élevage demeure une activité


secondaire et ne devient pas un
secteur effectif de production et de
commercialisation

6 La pêche a été abandonnée aux


aventuriers qui luttent pour survivre
et détruisent l’environnement
lacustre.

Proposition :

I. Recomposition du monde rural.

Depuis longtemps et malheureusement toujours


actuellement, les burundais considèrent le monde rural
de façon essentiellement agricole et paysanne.
Constatons ensemble que nous avons une agriculture
volontaire qui n’est basée sur aucune politique : les
paysans font ce qu’ils veulent de leurs champs, et les
pouvoirs publics essaient de réglementer un tant soit
peu.

Sur le plan économique, l’agriculture a perdu son statut


d’activité principale. La plupart des jeunes choisissent
172

l’exode pour fuir la précarité en milieu rural. Le


semblant de gain offert par les autres secteurs comme
le commerce, le transport, les services rémunérés, …
ont tellement changé les campagnes que certains
pensent faire leur vie sans l’agriculture. Pourtant
l’ouverture vers les autres secteurs ne peut pas signifier
la fin de la campagne pour tout changer en pseudo
ville. Le monde rural doit se recomposer.

L’économie rurale doit se diversifier autour des activités


plus ou moins nouvelles : la petite industrie, l’artisanat
de production, le bâtiment, le commerce et transport
officiels, le tourisme, le sport de compétition, … Le
monde rural doit aller vers une tertiarisation en
renforçant l’activité de services pour que la fonction de
productivité rime avec celle de résidence.

Avec une telle recomposition, l’entrepreneuriat va se


redéployer dans une logique de localisation révélée par
le choix d’un lieu de résidence jugé agréable par son
promoteur. Les hôteliers, les informaticiens, les
pharmaciens, les pâtissiers, … auront intérêt à y venir
pour augmenter leur offre de services et naturellement
leurs gains. La campagne sera un atout économique et
pas, comme aujourd’hui, un lieu à fuir.
173

II. Subventionner l’agriculture en


groupements.

Il faudra passer par une convention entre le


gouvernement et les groupements recensés
remplissant un certain nombre de critères : être des
associations populaires et non familiales, ne pas avoir
plus d’une personne de même famille, avoir un
équilibre en genre, permettre une solidarité, ….

Cette convention donnera la prérogative à ces


groupements d’être financés à hauteur de 25 millions
pour produire, selon les plans d’un programme
national, les produits nécessaires dans l’immédiat pour
la consommation. Remarquez que pour un budget de
seulement 1000 milliards, ce projet pourrait atteindre
les 100 milliards d’investissement direct dans nos
communes, soit 10% du budget national.

Ces groupements, une quarantaine par commune,


pourront passer soit par le rapprochement des
parcelles, soit par l’utilisation des parcelles publiques,
dans le but de mettre en valeur nos collines et lutter
contre la délinquance causée par l’oisiveté.

Ces associations coopératives et groupements auront


besoin d’un bon nombre de jeunes cadres pour faciliter
174

leur administration et accès à ces financements (point


à relever au chapitre 11 de l’emploi). Il s’agit ici de jeter
les bases des premières industries agricoles et
pastorales, capables non seulement de produire mais
aussi de conditionner, de transporter, de livrer,
d’entretenir un marché national et sous régional sans
se soucier de la détérioration et surtout pas du manque
de débouché.

La subvention est une volonté politique, un coup de


pouce public pour que les populations sortent de leur
maison et commencent les activités. Des familles qui
ont difficilement dix mille franc d’un coup par an, ne
peuvent pas oser un groupement sans un soutien
visible de l’action politique. Les plantations de café et
de thé sont aidées par le gouvernement .Pourquoi pas
nos plantations vivrières qui nous nourrissent et nous
donnent des revenus ?

Par les temps qui courent, l’idée d’entrepreneuriat


passe sur toutes les lèvres et veut faire croire que tout
le monde doit se jeter à l’eau. Mais on ne peut pas
demander à des gens incapables de s’acheter une houe
neuve pour labourer leur champ d’être du jour au
lendemain actionnaires dans une coopérative de
production. La subvention sur quelques années
montrera à toute la population qu’il est possible de
175

produire des richesses et lui permettra de comprendre


que le pays s’engage dans la production mieux
qu’auparavant en faisant que l’agriculture devient une
entreprise publique et non plus un fait isolé.

III. Un programme de cultures


subventionnées.

Ce programme sera actualisé régulièrement pour éviter


que les groupements et coopératives ne produisent les
mêmes produits au risque d’inonder les marchés alors
que d’autres sont en carence. Selon les régions, des
cultures vivrières et des produits spécifiques pour
l’exportation seront définis comme objectif des
coopératives en particulier, et du pays en général.

IV. Création des fonds pour pérenniser


l’action.

Rien ne dit que ces associations coopératives seront


financées éternellement par le budget public. L’idéal est
que pour la période d’expérimentation, de 7 à 10 ans,
les associations créent, au sein d’une commune ou
province, des caisses qui aideront à soutenir le
programme dans les périodes difficiles. Ces caisses
constitueront un fonds national de réinvestissement.

Toutes ces activités se feront de manière légale, les


176

plantations, ainsi que les paysans, seront assurés par


des sociétés d’assurances, tout ceci pour promouvoir
les débuts probables de sociétés industrielles agricoles
dans l’avenir.

V. La revalorisation de la culture du café.

Ne nous cachons plus la vérité, la culture du café n’a


plus de place dans le cœur des burundais. La
rentabilisation du revenu par rapport à l’investissement
humain est devenue si dérisoire pour le paysan qu’il
préfère se passer de cette culture.

Chacun devrait se poser la question du rôle qu’a joué


cette culture dans le développement rapide de notre
pays dans les années 1980, où elle était pourvoyeuse
de devises à hauteur de 80%. Il faut se rappeler que
les revenus familiaux ont alors permis des
investissements en matière d’habitat décent en vue de
lutter contre les maisons en paille. Grâce à ces revenus
sûrs en période de saison sèche, les familles
parvenaient aussi à préparer des rentrées scolaires et
organiser la saison culturale de septembre.
Actuellement, à défaut de ce revenu garanti, les
familles sont tombées à un niveau de pauvreté si grave
que les enfants, malgré la scolarisation dite gratuite,
n’arrivent plus à préparer une éventuelle rentrée
177

scolaire ou abandonnent en cours de route par


incapacité de s’offrir l’une ou l’autre chose.

Dans plusieurs milieux, les plantations ont été coupées,


et là où elles existent encore, elles ne sont plus
entretenues. La production a chuté et les quelques
associations de vendeurs ont pris le dessus sur celles
des producteurs en fixant les prix de façon unilatérale,
ce qui cause des bruits de négociations interminables
entre acteurs.

La clé de la revalorisation n’est pas à inventer, tous les


paramètres de l’ancienne époque sont encore là et il
faut juste une volonté politique et une amélioration du
secteur par une transparence de gestion et d’équité en
matière de partage des revenus.

VI. Environnement et protection des sols

Quand on se promène dans le pays, on remarque que,


dans bien des parties du territoire, le sol est rouge. Un
signe visible du délabrement de la fertilité. A plusieurs
endroits, des engrais chimiques ont été utilisés mais
sans assez d’encadrement. L’utilisation des mêmes
cultures à longueurs d’années, puisant dans les sols les
mêmes éléments nutritifs, n’ont pu qu’engendrer des
conséquences pareilles. Par manque de moyens, les
178

moniteurs agricoles ont été supprimés pendant une


longue période dans un secteur pourtant si important
pour ces secteurs non productifs.

Quelques projets financés par le FIDA ont essayé


d’apporter un soutien mais le suivi est inexistant. Ils
sont juste perçus comme des possibilités de dépense
d’argent et d’offre de travail spontané, sans toutefois
interpeller la conscience des autorités sur le résultat à
atteindre et l’environnement à protéger.

Nous devons comprendre qu’aucune politique de


développement ne sera possible sans une bonne
agriculture sur un sol bien rentable.

Il faut un nouveau traçage des courbes de niveau, et


un bon creusage pour planter des haies antiérosives.
Nous devons retenir l’eau des pluies pour lutter contre
l’érosion qui emporte la bonne terre dans les ruisseaux.

Le reboisement est donc une priorité pour redonner à


nos sols un nouveau tonus d’humus et un couvert
naturel pour limiter l’ensoleillement qui se fait trop
sentir. Ce reboisement facilitera également l’infiltration
des eaux fluviales dans le sol et permettra
l’alimentation des nappes phréatiques qui s’épuisent de
plus en plus. Les ruisseaux d’eau reprendront leur cours
179

et les rivières pourront dorénavant arroser nos champs


dans de meilleures conditions.

Rien de compliqué ni d’extraordinaire dans ce que nous


proposons ici, nous constatons juste que le manque
d’autorité responsable est devenu un malheur en
voulant politiser une technique qui ne doit pas l’être.
En écrivant ces quelques lignes, nous remettons notre
destin entre nos mains, en tant comme peuple. Il nous
faut comprendre que nos intérêts sont communs et ne
se trouvent pas dans nos partis politiques, mais dans
notre aptitude à vivre ensemble.

VII. L’élevage.

Nous attirons l’attention de chacun ici à reconnaitre les


actions du programme FIDA dans notre pays. Dans
certains coins, la population de cheptel bovin, ovin et
autre, a pris de l’importance grâce au programme
« kwokorerana ».

Dans la même logique de financement que dans


l’agriculture, 4/5 des associations coopératives feront
l’agriculture et 1/5 l’élevage. Les conditions de
financement seront les mêmes, et ce projet devra être
diversifié aux autres types d’élevages comme les porcs,
volailles, …. qui sont visiblement plus rentables en
180

termes d’argent et d’apport nutritionnel.

L’élevage en famille est une coutume qui veut juste


faire croire que posséder des unités de bétail est une
richesse, sans prendre en compte les pertes en coûts
fixes lorsque chaque individu fait de son côté ce qu’on
peut faire ensemble.

D’autres limitent ce métier à une petite production de


fumier pour accompagner son agriculture. Notre vision
est clairement plus ambitieuse. L’élevage est un métier
complémentaire à l’agriculture mais qui a une visée
indépendante au niveau commercial le plus élevé.

a) Une production de viande

Les burundais consomment trop peu de viande ce qui


a une incidence dans leur régime alimentaire. La viande
est aussi un bien commercial. En haussant donc notre
production de viande, les commerçants pourraient
augmenter leur chiffre d’affaires et les consommateurs
maximiser leur satisfaction alimentaire.

Une réalité pareille n’est pas possible avec un élevage


de convenance. Il nous faut des entreprises d’élevage
qui réunissent beaucoup d’éleveurs ayant des capitaux
pour cela.
181

Notre objectif est de transformer les associations


coopératives d’éleveurs en entreprises qui pourront
améliorer leurs actions en quittant le seul argument de
lutte contre la pauvreté pour s’engager vers la
professionnalisation du secteur par des investissements
adéquats. Nous devrions y inviter des partenaires dans
des pays plus avancés.

b) Une production de lait et d’œufs

Je ne pourrais pas signifier l’importance de ces produits


pour notre population et surtout pour nos enfants qui
sont classés parmi les plus malnutris. Nous devons
arriver à offrir à notre population du lait en suffisance
pour une meilleure santé des nôtres. L’objectif simple
étant qu’un enfant burundais ne pense plus jamais que
le lait et les œufs sont des nourritures pour les riches.
Ils sont destinés à tous dans un pays prospère.

L’industrie pâtissière est l’une des opportunités que le


Burundi doit gagner dans la sous-région, et celle-ci
nécessite assez de lait et d’œufs. Notre rôle est de
devenir un grand faiseur de loi en matière première
dans des filières qui sont porteuses de revenus.
182

c) Une production d’autres produits


d’élevage

Avec un bon élevage, le Burundi pourrait devenir un


grand pourvoyeur de produits issus de notre propre
investissement dont la commercialisation, ferait de
notre pays un pôle incontournable dans le monde des
affaires de la sous-région et du monde.

Toute cette planification apporterait au trésor public


des revenus qui nous mèneraient non seulement vers
une autosuffisance alimentaire, mais aussi vers un
enrichissement des caisses de l’Etat. Et celles-ci
parviendraient dans la suite à financer l’ensemble des
secteurs.

VIII. La pêche

Il fut un temps où la pêche était un secteur prometteur


au Burundi. Le lac Tanganyika offrait à la Nation des
produits de pêche unique au monde que sont le
« Ndagala » et le « Mukeke », des espèces de poissons
qui n’existent que dans ce lac et nulle part ailleurs.

Une ancienne Société de Poisson du Burundi (SUPOBU)


n’est plus que rumeur lointaine dans les oreilles des
burundais. Cette société organisait les pêcheurs des
rives du lac et offrait du travail et des formations sur la
183

manière de pêcher sans détruire l’environnement des


espèces menacées.

Aujourd’hui les pêcheurs sont des aventuriers qui


cherchent à subsister, en profitant de leur proximité au
lac sans connaissance du métier. Ils passent alors leur
vie à se jeter à l’eau pour des prises aléatoires qui leur
permettent de survivre mais sans jamais améliorer leur
niveau de vie.

a) La pêche dans le lac Tanganyika

Nous devons investir dans une nouvelle société comme


la SUPOBU. Il faut des investissements dans ce sens. Il
doit passer par un rassemblement des pêcheurs
disponibles pour les organiser au métier, les former à
la protection de l’environnement et enfin les conduire
vers un entrepreneuriat et ainsi produire des revenus
tout en respectant les écosystèmes qui permettent la
reproduction des espèces.

L’ancienne société était une entreprise publique qui n’a


pas pu léguer son savoir, ses infrastructures et son
patrimoine aux pêcheurs volontaires. La nouvelle
formule veut regrouper les pêcheurs en investissant
dans leurs actions, après l’avoir fait dans des
infrastructures de base comme les bateaux, les filets,
184

les moteurs, les ports de pêche, les salles frigorifiques,


et les unités de transformation et de conditionnement.

Le tout peut commencer par des associations de 20 à


30 pêcheurs, réunis dans de grands ensembles par
localité. L’investissement devrait passer par des
avances de remorquage, comme fait pour les
agriculteurs, et finir par des octrois de crédits où l’Etat
devient l’avaliseur. Si à ce jour ce secteur est porteur
de fruits pour des familles qui s’y mettent malgré la
désorganisation, combien le serait-il si nous
l’organisons avec autant d’efficacité ? Nous devons être
maitres de notre avenir.

b) La pêche dans les lacs du Nord

Dans une moindre mesure, la pêche est pratiquée dans


les lacs du nord du pays. Cette activité ne peut être
laissée en rade car des populations environnantes la
pratiquent pour survivre. Une orientation artisanale de
cette pêche doit être organisée pour garantir une
rentabilité.

Les populations de pêcheurs qui s’y appliquent devront


recevoir leur part de soutien pour valoriser leur vie par
un métier qui accompagne les autres sources de
revenu.
185

c) La pêche dans les lacs artificiels des


vallées : la pisciculture

Il existe des poissons qui s’épanouissent dans des


rivières. Certaines pratiques ont pu, par le passé, les
domestiquer dans des lacs artificiels sous forme des
étangs d’eau. Cette pratique est productrice de
protéines mais est assez exigeante. Il y a aussi des
risques de prolifération de nids de moustiques dans les
campagnes.

Notre engagement est de minimiser tous les


désavantages pour dégager une possibilité d’accroitre
des revenus dans nos campagnes. Des études devront
se faire pour calculer l’impact de cet exercice sur
l’ensemble de l’activité. En d’autres termes il ne serait
pas plus mal de le faire comme un art de plus, un
divertissement quoi.

IX. Un monde rural attirant le tourisme

Un paysage rural bien entretenu par l’agriculture avec


des champs verdoyants, les prairies d’élevages, les lacs
de pêche, … voilà un véritable attrait touristique. Par
exemple ces dernières formes de pêche peuvent
renforcer le coté touristique de notre pays, dans ce
sens qu’un pays aussi merveilleux que le nôtre, doit
186

offrir à ses visiteurs différents manières de se plaire par


des activités récréatives bien organisées sur tout le
territoire avec un encadrement et des équipements
modernes. C’est dans ce sens que qu’il faut être créatif
dans d’autres domaines comme les sports nautiques,
l’équitation (art de monter à cheval), … qui en réalité
n’existent pas chez nous. Le développement du monde
rural est un tout qui nous ouvrira à l’équilibre d’une vie
naturelle paisible face à celle mouvementée de la ville.
Qui résisterait à ce repos ? Qui hésiterait à dépenser
son trésor pour ce bien ?

« Toutes les idéologies politiques


qui ont voulu modifier le monde
paysan ont échoué parce que le
monde agricole ne peut être géré
par des théories, il est régi par la
réalité ».
Olivier De Kersauson.
Artiste, écrivain, navigateur, France.
187

CHAPITRE 15 : L’ECONOMIE : EAU ET


ENVIRONNEMENT

Parler d’économie en commençant par les finances,


l’énergie et l’agriculture sans parler du substrat serait
une aberration. La terre doit être protégée pour
soutenir tous nos projets de vie.

La terre est exploitée à fond par plusieurs générations,


chacune à son aise pour tirer son dû et partir en
laissant les difficultés aux suivantes. Chaque année, en
Afrique, le désert s’élargit en détruisant les forêts, des
réunions et des formations de lutte contre la
déforestation sont tenues, mais malheureusement
juste pour consommer des financements et pas pour
résoudre le problème.

L’action de l’homme sur l’environnement est très


dévastatrice, le choix de l’enrichissement à tout prix a
pris le dessus sur le bien-être, pourvu que l’on ait ce
qu’on désire.

Les conséquences sont très graves, les sources d’eaux


se sont raréfiées, et les maladies qui en découlent sont
innombrables.
188

Au Burundi, les forêts qui étaient estimées à 56% du


territoire dans les années 1930 sont estimées à ce jour
à 12%. L’occupation anarchique du territoire en est la
cause principale. L’irresponsabilité en la production des
biens et services a décimé les quelques sources d’eau
qui étaient jusqu’alors disponibles.

Problème : 1 Il n’existe pas une politique claire


de protection de l’environnement
face au danger qui guette la
population sauf quelques initiatives
isolées dont l’objectif n’est qu’un
passe-temps récréatif.

2 Le sous-encadrement agricole a
permis une anarchie en matière
d’exploitation du sol à tel point que
l’érosion a pu détruire le reste.

3 Le déboisement à outrance a
favorisé le ruissellement des eaux
fluviales et de nombreux
glissements de terrains,
occasionnant du coup
l’imperméabilité des sols et
l’assèchement de nombreuses
189

nappes phréatiques qui alimentent


les sources d’eau.

4 Les quelques rares ressources


encore existantes sont détruites au
vu et au su de tous, au nom du
manque d’alternative au bois de
chauffage. Le Lac Tanganyika
devient le dépotoir des villes
environnantes.

Proposition.

I. L’eau potable, un préalable


économique.

Les statistiques disponibles indiquent que plus de 60 %


des burundais consomment une eau qui n’est pas
potable. Et là où ils en trouvent, c’est souvent après
une longue marche.

Partout dans le pays, des burundais utilisent les eaux


des rivières pour des activités ménagères. Cette
pratique est la cause principale de maladies qui
maintiennent la population constamment dans une
précarité sanitaire, l’empêchant de répondre
vigoureusement aux activités de production.
190

Jusqu’à présent, la gestion de l’approvisionnement en


eau potable s’est faite sans autre perspective que de
suivre l’accroissement démographique. Nous pensons
qu’au contraire, il nous faut négocier auprès des
bailleurs pour investir dans un plan réfléchi,
pragmatique et volontaire d’amélioration de nos
ressources en eau dans tous les secteurs afin de
permettre à la population d’être bien nourrie, en bonne
santé et ainsi de participer au développement du pays.

L’eau potable est un élément essentiel dans la


croissance de la vie des humains. Sans elle, ils ne
parviendront jamais à un état de santé qui leur
permette de dompter les autres difficultés de la nature.

La lutte pour la protection des sources disponibles, la


multiplication et la purification des eaux qui peuvent
servir à la consommation, doivent être les priorités d’un
investissement durable tel que celui prévu pour
l’énergie.

Toutes les initiatives agricoles, pastorales, éducatives,


sanitaires, … ne pourront être efficaces sans une bonne
provision en eau potable.
191

II. Les eaux, un facteur de


développement

Le Burundi a encore la chance d’avoir presque 9 mois


sur 12 de pluie. Curieusement toute cette ressource se
précipite dans les rivières emportant tout sur son
passage. On se souviendra des crues qui ont coûté des
vies humaines à Carama dans la ville de Bujumbura en
février 2014, et dernièrement à Kajaga en avril 2018,
risquant de paralyser les activités de l’aéroport de
Bujumbura et dévastant plusieurs habitations de la
zone Gatumba. Beaucoup de burundais ont un triste
souvenir de cas de ce genre.

Si les eaux de pluie sont prises à la légère sans


considérer la situation géographique, elles peuvent être
un facteur nuisible pour la vie des humains. Tant que
nous continuerons à négliger la force de cette
ressource naturelle, nous subirons énormément de
pertes dont on ne pourra jamais se remettre.

Pour y faire face et rendre toute cette force profitable


pour notre population, nous devons prendre le taureau
par les cornes et investir dans la gestion journalière
d’un parcours des eaux de façon à rentabiliser nos
activités.
192

Avec quelques initiatives de gestion des rivières de la


Capitale Bujumbura, comme la Ntahangwa et
Kanyosha, on constate bien que peu de gens qui se
disent instruits ont une connaissance de la logique de
descente des eaux.

Les rivières coulent généralement en serpentant, et


cette inertie naturelle freine le courant pour
commencer une nouvelle descente et éviter de tout
emporter. Or les techniciens drainent ces rivières
comme si c’étaient des caniveaux d’eaux usées. La
conséquence directe est qu’elles ont surmultiplié leur
vitesse de descente et creusé spectaculairement
jusqu’à une profondeur de cinquante mètres par
endroit. Voilà ce qui a causé tous les dégâts observés
le long de ces rivières.

De prime abord, étudions la source du problème qui est


au sommet des collines et non dans les vallées qu’on
veut drainer en recourant à trop des financements et
malheureusement à un endettement.

Le traçage des courbes de niveau et le reboisement au


somment de nos collines, doivent être les premières
mesures pour permettre aux eaux de s’infiltrer, et
rendre du coup notre terre plus humide et rentable à la
production agricole. On ne doit pas espérer dompter
193

les déluges si on n’a pas pu maîtriser le problème


depuis le sommet. Dès que le reboisement sera effectif,
la quantité des eaux ruisselantes sera réduite et par
conséquent moins destructrice, l’eau infiltrée
augmentera les capacités des nappes phréatiques,
sources d’eau potables, et le reste coulera dans nos
rivières avec un débit plus sage pour enrichir nos lacs.

Pour arriver à ce résultat, il faut un véritable


investissement basé sur une étude scientifique sur le
terrain et non courir à l’aventure pour simplement
justifier les dépenses des fonds. Alors, cette ressource
sera un véritable facteur de développement et plus
personne ne dira que ces eaux qui nous tuent sont une
malédiction car, en réalité, seuls nos actes irréfléchis
sont maléfiques.

III. Le patrimoine forêt, poumon du pays

Le patrimoine forestier disponible à ce jour est de 12%


du territoire. Les initiatives en cours dans le projet
« Ewe Burundi urambaye » prévoit de ramener le
couvert de forêt à la situation de 1950 soit plus de 50%
de forêts. Ce que nous admirons et soutenons.

Par contre, la méthode pour y arriver relève presque


du bénévolat avec quelques fonds octroyés par des
194

bailleurs à l’initiative de quelques groupes. Par le passé


ce genre d’activités est resté dans la logique de
propagande au lieu d’être une activité nationale. Les
actions sont posées mais les résultats ne suivent
jamais.

Si nous sommes conscients que les forêts sont notre


industrie de production d’oxygène, que nous vivons
grâce à elles, il est alors temps de comprendre que
cette industrie doit être reconstruite et protégée, et ce
non par de petites initiatives de militants de partis ou
par quelques ONG à la recherche de fonds, mais par
des organisations objectives qui considèrent que les
résultats sont une obligation rompant avec l’habitude
de considérer la mission comme un passe-temps en
dehors des activités habituelles. Il convient de
développer une réelle stratégie économique et
financière.

L’investissement est une priorité qui va nous aider à


mettre beaucoup de personnes au travail, non plus
dans des travaux communautaires, mais désormais
dans des activités permanentes et rentables de
développement qui générerons des véritables revenus
et non un peu de bière pour des adeptes sans vision.
195

IV. Les plantes médicinales

Nos ancêtres ont vécu et survécu dans ce monde


impitoyable, mais nous prenons à la légère leur
mécanisme de survie. Ils traitaient leurs maladies par
des plantes que la nature leur offrait en toute bonté.
Ces plantes sont peut-être de meilleurs remèdes que
certains produits chimiques que nous avalons sans
modération, juste parce que l’école du blanc l’a dit.

Cette intelligence ne disparaitra pas si que nous


pouvons en avoir conscience et ne plus croire que tout
ce qui est traditionnel est automatiquement dépassé et,
par conséquent, mauvais.

Certains poisons comme le venin des serpents ou des


allergies et autres maladies souvent dites incurables ne
sont traités que difficilement par la médecine moderne,
pourtant les plantes naturelles, à commencer par les
tisanes qu’on trouve aux coins de nos maisons, les
allègent ou les guérissent.

Il est important s’il n’est pas encore trop tard de


reconstituer tout le patrimoine des plantes médicinales
avant que les quelques rares détenteurs de cette
connaissance ne disparaissent pour toujours. Cessons
de les traiter de vieille école ou de marabouts,
196

répertorions-les plutôt pour n’en garder que les vrais,


multiplions les recherches scientifiques et confirmons
cette intelligence par des brevets d’invention.

D’emblée distinguons d’une part la sorcellerie et tous


les pouvoirs maléfiques et d’autre part le pouvoir des
plantes à traiter les complications de la vie des êtres
vivants.

Avec cette conviction, notre environnement sera


renforcé par la multiplication de plantes reconnues
pour leur usage comme force de vie et de protection.

V. Education à l’environnement

Le Burundi doit investir pour apprendre à la jeunesse à


aimer la nature et la protéger. Depuis l’ école primaire,
les élèves doivent recevoir des formations pour
s’imprégner réellement de l’utilité pour l’humanité
d’avoir un environnement sain et surtout des
techniques de protection pour vivre harmonieusement
avec la nature : la flore, la faune et le substrat tous
trois indissociables.

Tout ce que nous sommes, nous le sommes sur terre,


et sans elle nous ne sommes rien. Cette terre a assez
supporté nos bêtises et devra craquer un jour. Les
initiatives mondiales en faveur du climat ne seront
197

possibles que si chaque peuple prend les devants pour


réussir ce pari. Les eaux, les forêts, sont importantes
pour protéger la terre. Rappelons une fois de plus que
pour protéger les jeunes pousses des arbres replantés,
il est indispensable de maîtriser les chèvres et les
rongeurs. Il est donc nécessaire d’informer les
populations riveraines des reboisements afin que les
chèvres soient tenues et ne puissent vagabonder.

L’éducation de nos populations sur l’environnement


doit porter sur plusieurs modules englobant le fait de
gérer nos ordures ménagères qui sont sources de
pollution de toutes sortes et surtout de l’air. La terre
est couverte d’air dont 21% d’oxygène. Plusieurs
études montrent que la pollution de l’air serait la cause
principale des perturbations sanitaires trop visibles ces
derniers temps. La maîtrise des composantes nocives
doit être une priorité pour espérer une bonne vie
exempte de maladies.

Dès le bas âge, les enfants doivent s’impliquer dans


tous les projets d’entretien afin qu’ils grandissent
conscients de l’ampleur des conséquences liées à la
dégradation de leur environnement. Ils doivent se
familiariser en créant des clubs d’entretien des jardins
dans les villes et campagnes, et en travaillant au
reboisement pendant les vacances dans des « camps
198

de travail » à la découverte de la nature.

« La sagesse de la terre est une


complicité totale entre l’homme
et son environnement ».
Pierre Jakez Hélias.
Journaliste, littéraire et folkloriste, France.
199

CHAPITRE 16 : L’ECONOMIE : TRANSPORTS

Le transport est un secteur important comme service


et surtout comme pourvoyeur d‘emplois et de revenus.
l’Etat y investit en infrastructures et ce sont les privés
les principaux utilisateurs.

Nous voudrions attirer l’attention sur un transport


nouveau dans nos habitudes mais qui aide pas mal
d’entre nous : le transport à moto taxi. Ce phénomène
est devenu populaire dans toutes les parties du
territoire, dans les villes comme dans les campagnes. Il
offre des revenus aux familles, des impôts à l’Etat et du
travail aux conducteurs.

Un autre est le taxi vélo. Pour nous il n’est pas légal,


mais comme le précédent il fait vivre des familles qui
gagnent un maigre revenu à la sueur du front du
conducteur. Ce transport doit pourtant disparaitre,
mais nous devons permettre à ces gens de vivre mieux
sans se casser le dos sur un vélo, sous un soleil de
plomb. Car nous faisons remarquer à tous que les
conducteurs de taxi vélo que s’ils arrivent à quarante
ans, c’est souvent handicapés du dos. Et cela nous
devons le combattre.
200

Les autres moyens de transports, connus depuis


longtemps, sont des bus urbains et Trans-provinciaux
ainsi qu’autres véhicules de transport de marchandises.
Le secteur est tellement mal organisé, des véhicules
sales et vieux, qu’on se demande s’il est porteur
d’intérêts ou pas.

Toutes ces personnes gagnent leur vie honnêtement


mais se retrouvent vulnérables à cause des
infrastructures en mauvais états et qui en plus ne
répondent pas aux normes de la conduite. Nos routes
sont trop étroites, et les initiatives de réfection se font
sans considération aucune de l’agrandissement de la
cité. Et sans y ajouter les tracasseries administratives.

Les transports aériens, maritimes et même sur chemin


de fer sont presque devenus des idées d’outre frontière
qu’on voit à la télévision et qui ne sont pas possible
chez nous. Le Burundi est à la traîne dans toute la sous-
région en ce qui concerne l’organisation des
transports.

Problème : 1 Ces gens qui font leurs métiers


honnêtement, n’ont pas souvent la
connaissance qu’il faut en terme de
conduite, ce qui cause énormément
d’accidents.
201

2 Les autorité en font la chasse pour


faire respecter la loi, mais les
conducteurs doivent en payer le
prix, des morts, des blessés, … une
peur face à une police, un va tout
pour des jeunes incapables de vivre
sans travail, une lutte qui ne finit
pas et bien sûr une perte
d’opportunité de taxes pour l’Etat et
de revenus pour les familles qui ont
tenté d’investir.

3 Les infrastructures routières ne


répondent plus à l’évolution du
trafic, et particulièrement du
transport de marchandises.

4 Les investisseurs dans le secteur


s’habituent à un système de la
jungle où seuls les escrocs
réussissent.

5 Les infrastructures de transport


aérien, maritime et chemin de fer
sont quasi inexistants, malgré les
rentrées financières qu’ils
généreraient.
202

Proposition :

I. La priorité c’est la vie

La priorité est de mettre en place une véritable


politique de sécurité routière. Pour ce, il faut que le
code de la route voté en 2013, soit traduit en kirundi et
largement diffusé vers les différents usagers de la
route. Il faut que le Gouvernement mène une grande
campagne média pour diffuser les règles de base en
matière de sécurité routière avec des messages ciblés
vers : les piétons, les cyclistes, les motocyclistes, les
conducteurs de taxis, les conducteurs de bus et de
camions.

Il faut également prendre des mesures radicales pour


que les véhicules de l’armée et de la police soient
conformes aux normes de sécurité et qu’enfin les
véhicules surnommés les « je m’en fous » disparaissent
des routes. De nombreux véhicules de l’Etat et des
Mairies ne sont pas en ordre et leurs conducteurs ne
sont pas compétents, l’autorité publique donne ainsi un
très mauvais exemple à la population… et constitue un
réel danger public.

Cette politique de sécurité routière, qui est de la


responsabilité du Gouvernement, devrait avoir pour
203

objectif de réduire la mortalité routière qui est très


certainement très élevée (y’a-t-il des statistiques en
cette matière? A voir !).

Dans un pays où beaucoup de choses se font en dépit


du bon sens, où la population se débrouille pour vivre,
il est surprenant d’interdire quand on n’a rien à offrir.
Dans un premier temps, on devra permettre aux
conducteurs de vivre malgré les erreurs plutôt que de
mourir pour l’ordre qui n’arrivera jamais.

Il faudra donc permettre aux citoyens de circuler, mais


les persuader à rouler plus lentement sans stress tout
en cherchant à réunir les conditions optimales de
sécurité pour les passagers.

Ils doit leur être permis de rouler même la nuit et


travailler avec la police pour plus d’efficacité en cas de
doute concernant des passagers présentant des
soupçons.

II. Sécurité routière : Le permis de


conduire.

De plus en plus l’Etat hausse le prix du permis de


conduire. On se demande ce que cette recette peut
signifier dans les caisses publiques vu le nombre de
conducteurs. Si le but de cette mesure est de hausser
204

les recettes, elle incite plutôt à la fraude.

Les personnes ayant un bon revenu s’offrent facilement


un permis de conduire à n’importe quel prix même sans
être en mesure de conduire. L’apprentissage de la
conduite n’est plus valorisé car c’est plutôt la recette
fiscale qui motive l’autorité publique. Dans le même
sens, des personnes pauvres qui connaissent bien la
conduite, sont obligées de se procurer des faux
documents pour pouvoir exercer leur métier. Le
phénomène est devenu inquiétant à tel point que
certains milieux vous expliquent que beaucoup de
documents des véhicules seraient des faux. Et que bon
nombre de vrais ne sont reçus que par pot de vin.

En matière de sécurité routière, le Burundi est un


cimetière ouvert. Nous sommes tous complice de cette
réalité et nous gardons le silence.

Proposition :

- Officialiser les instituts d’apprentissage de la conduite


automobile, qui offriront un certificat de réussite. Les
frais d’apprentissage devant inclure ceux du permis de
conduite comme taxes de l’institut à l’Etat.

- Ces instituts communiqueront à la police la liste des


candidats aux examens pour l’obtention du permis de
205

conduire. Après les épreuves théoriques et pratiques,


la police délivrera le permis aux lauréats sans autre
redevance pouvant constituer une forme de corruption.

- Création d’un guichet unique pour les documents


automobiles, avec un enregistrement informatique
vérifiable en temps réel par la police de contrôle au
moyen de simples outils comme le téléphone portable.

- Mise en place d’un mécanisme de retrait des permis


de conduire selon les défaillances des conducteurs,
provisoirement ou définitivement suite à une répétition
ou la gravité des responsabilités de non-respect du
code de la route.

- Partage de responsabilité devant la justice entre le


conducteur et l’institut d’apprentissage qui a présenté
à l’obtention du permis un individu qui n’est pas bien
formé.

- Usage d’un carnet de bord pour les véhicules, afin d’y


mentionner régulièrement les défauts pour vérifier la
récidive à punir, favorisant du coup la dissuasion pour
une sécurité routière et non une recherche d’amendes.

III. Maximisation du travail et des revenus

Nous sommes dans un pays appauvri par le manque


206

d’activités générant des revenus. Le souci d’un


gouvernement responsable est de maximiser les
possibilités pour la population de se prendre en charge
malgré les quelques irrégularités.

En leur permettant la circulation nocturne des motards,


ce transport offrirait un service aux passagers et du
travail à plus de conducteurs. Une moto pourrait avoir
trois conducteurs reconnus qui travaillent 8 heures
chacun, ce qui permettrait aussi la rentabilisation du
revenu. Ils pourraient même aider en matière de
sécurité au lieu d’être considérés comme des complices
des malfaiteurs.

IV. Financement-crédit aux conducteurs de


taxi vélos.

Permettre à un individu qui s’achète un vélo de 100


dollars, de les déposer dans une banque qui lui offrirait
un crédit moto, qu’il pourra payer en douze mois. Ceci
ne pouvant être possible que si l’Etat avalise ses
habitants.

V. Le phénomène des convoyeurs de bus.

Une organisation bien bâtie vue de dehors, qui occupe


du monde et que nous comprenons naïvement, mais
qui est en réalité une jungle où des jeunes meurent
207

dans le banditisme et la drogue. Beaucoup de


passagers perdent leurs biens, et jamais personne ne
pensera à une solution.

Ces jeunes vivent des commissions autour des bus de


quelques commerçants investisseurs. Le phénomène
est très bien connu dans nos villes. Jamais ces gens ne
progresseront, ils survivront juste et ne bénéficieront
d’aucun avantage public. C’est souvent de très bons
chauffeurs mais qui affichent toujours un air ivre et
fatigué.

En général ce sont des gens bien qui parviennent à


survivre malgré le manque d’éducation et l’incapacité
d’auto-prise en charge. Les dégâts qu’on perçoit sont
minimes comparés à ce qu’on pourrait imaginer avec
d’autres entités similaires dans les grandes villes du
monde.

Ces gens gagnent leur vie dans la rue, dans de


mauvaises conditions. Si on ne parvient pas à améliorer
celles-ci, et que par une pauvreté grandissante on
arrive même à les priver du peu qu’ils gagnent, ils
deviendront des bandits et ce de façon professionnelle.
Nous devons désamorcer cette bombe à retardement.
208

Proposition:

• Regrouper ces gens en associations de 20 et


recenser leurs capacités individuelles.

• Leur demander un capital individuel comme


pour les taxis vélo, environ 200 à 300 dollars.

• L’Etat se porte garant en leur offrant des


minibus par le biais de la coopération, qu’ils
devront payer par période. Un groupe de 20
peut commencer par 3 bus.

• Création au ministère du commerce d’équipes


d’experts dont le rôle est d’accompagner la
réussite du projet.

• Faire en sorte que ces groupes arrivent à se


prendre en charge en moins de cinq ans.

VI. Les infrastructures routières.

L’infrastructure routière, à part le fait d’être un


facilitateur de transport, est une image de fierté d’un
pays. Il est donc hors de question de se contenter de
petits sentiers pour se déplacer, nous devons créer des
véritables espaces de circulation où le piéton, le
cycliste, le motard, la voiture, le camion, … cohabitent
sans encombre sur une bonne asphalte serpentant
209

dans de beaux jardins fleuris et arborés.

a) Planification des travaux

L’investissement en la matière se fait souvent sans


considérer tout un tas de besoins qui, lorsqu’on n’y
répond pas, ne font que favoriser la destruction des
ouvrages construits. Ces besoins sont notamment la
canalisation des eaux fluviales, la protection par les
arbres sur des terres moins solides ou en pente, les
alentours des rivières, … Il faut ajouter le manque de
planification qui fait que la Regideso, l’Onatel et autres
doivent creuser dans des routes nouvellement
construites, alors qu’on pourrait prévoir des trous à
intervalles réguliers pour de tels travaux.

En considérant aujourd’hui l’augmentation du trafic


routier, surtout dans les villes, les dimensions
ordinaires des voies doivent être revues pour faire
place à des autoroutes pour toutes les grandes routes
de plus de 5 kilomètres et toutes les sorties des villes.
Il faut aussi prévoir des passages piétons souterrains
ou sur des ponts métalliques aériens ainsi que des
arrêts de bus en bonne et due forme.
210

b) Rôle des gares routières

C’est déplorable que nos villes n’aient pas des gares


routières à la mesure de nos passagers. La rue ne peut
pas constituer une gare sans aucune protection. Une
ville comme celle de Bujumbura doit avoir au moins
trois gares : une au nord, une au centre-ville et une au
sud.

Une gare routière est un lieu où les passagers peuvent


avoir la sécurité de leurs biens aussi longtemps qu’ils
attendent leur départ pour une autre destination. C’est
un lieu public où on ne doit pas se lasser à attendre :
en effet les touristes apprécient leur destination par
l’état de la gare qui les reçoit. Le Burundi doit être
l’image d’une Afrique qui s’épanouit et qui offre toute
liberté.

c) Les préalables d’une volonté politique

Pour réussir ce pari, beaucoup de choses devront être


détruites. C’est le cas des maisons qui sont à proximité
des routes qui devront être agrandies. Notre souci ne
devra pas être celui de créer des conflits, mais plutôt
d’amener les burundais à comprendre l’intérêt de ces
investissements pour le peuple entier et pas seulement
pour soi. Personne ne devra être lésé, mais en
211

revanche, le tout serait fait pour réussir un


développement sans heurt.

Voici un exemple simple : si on considère que la plus


belle avenue du Burundi est actuellement le boulevard
de l’Uprona, on pourrait souhaiter que la route
Rumonge soit pareille jusqu'à Kabezi. De même avec la
route vers Musaga, qui surplomberait la zone Kanyosha
pour redescendre vers la rivière Mugere en rejoignant
la route Rumonge, la sortie de Musaga devant arriver
vers Buhonga et Matara. Le long du lac Tanganyika
devrait aussi avoir une telle route à partir du cercle
nautique, qui explorerait les plages mal entretenues de
Kabondo, Kinindo, Kibenga, Kanyosha, Ruziba et
rejoindre la route Rumonge.

Ce serait pareil pour l’avenue de l’Université qui


descendrait vers le port de Bujumbura, la route
brasserie vers Ngagara, gare du nord jusque Mageyo.
La continuité du boulevard du Peuple Murundi vers la
route Bubanza jusqu’à Muzinda en passant par
Mutakura. La continuité du boulevard du 28 novembre
vers Kamenge et Kinama pour rejoindre la route
Bubanza. La route Chanic vers Uvira et surtout la route
vers l’aéroport.

Nous devons désormais afficher nos ambitions en


212

paroles et écrits pour que la communauté soit


informée, pour que demain personne ne dise « je ne le
savais pas », et que nos enfants grandissent conscients
du beau pays nous voulons pour eux. Chacun devra y
contribuer à son tour et dans 100 ans, le Burundi sera
un joyau construit par une succession de générations
fraternelles et non conflictuelles.

VII. Le transport aérien.

Le transport aérien au Burundi doit avoir une grande


place. Par le passé, un aéroport de renom a été
construit, mais actuellement il ne reflète pas nos
ambitions. Ce transport est quasi inexistant à l’intérieur
du pays et est essentiellement aux mains de
compagnies étrangères qui transportent les passagers
burundais ou autres étrangers qui viennent au Burundi.

a) Les aérogares

Avec un développement des villes et un investissement


dans tous les coins du pays, nous devons être en
mesure de satisfaire les investisseurs et autres
passagers à rentabiliser leur temps en se déplaçant
aisément sur le territoire. Ainsi le transport aérien
devient un moyen plus rapide de permettre des
affaires.
213

Pour ce faire, il faut que toutes nos grandes villes aient


une aérogare. On en voit qui a une certaine époque
étaient des infrastructures militaires permettant juste
les déplacements d’engins et de quelques autorités
privilégiées. A ce jour, ces infrastructures doivent
s’inscrire dans la conquête d’un monde d’affaires qui
peut donner aux burundais un plus dans leur vie.
Certains voyages que des commerçants et investisseurs
font actuellement en 2 heures pourront se faire en
quelques minutes pour rentabiliser nos gains.

b) Une compagnie nationale aérienne.

Pour se permettre une telle réalité, le Burundi devra se


doter d’une compagnie aérienne. Il faudrait investir
dans ce qui reste de l’Air Burundi, une société
actuellement devenue une agence de vente de billets
des autres compagnies de transport aérien.

Une compagnie nationale aérienne est non seulement


un moyen de transport mais une fierté et une image du
pays. Nous avons une idée vague des coups bas qui se
sont passés dans la gestion de notre flotte aérienne et
autres patrimoines qui n’ont jamais servi. Notre devoir
est de remettre les pendules à l’heure afin d’assainir
tout ce secteur qui nous a assez souillé. Le Burundi
mérite mieux que ce que les autres en disent.
214

L’investissement en ce sens devra débuter


immédiatement par des études pour aboutir, en moins
d’une dizaine d’années, à un dégagement régulier des
dividendes pour cette cause. Une forte coopération
avec des pays qui ont amélioré ce secteur, sera lancée.
L’assainissement de notre économie nous assurera la
confiance d’autres partenaires capables d’investir dans
ce secteur.

VIII. Le transport lacustre.

Le Burundi se trouve sur le lac Tanganyika avec une


frontière maritime d’environ 150 km. Ce lac borde trois
villes du Burundi que sont Bujumbura, Rumonge et
Nyanza-lac. Il nous donne l’opportunité de côtoyer
d’autres villes de la Tanzanie, du Congo et de la
Zambie. La population riveraine de ce lac dans les
quatre pays avoisinerait les 30 millions. Il faudrait y
ajouter les affluences mondiales qui y viennent pour le
tourisme. Un tel milieu ne peut que conduire vers un
engouement commercial et un monde d’affaires en
expansion.

a) Une ambition touristique

Parmi ces quatre pays, seul le Burundi y a sa capitale.


Ce ne peut donc pas être n’importe laquelle, et celle
215

que nous prévoyons être la capitale régionale et


internationale, devra mettre en valeur, en plus du pays,
ce lac historique au niveau mondial.

Nous devons pouvoir déclarer au monde entier qu’on


ne peut parler de lac Tanganyika, qu’on ne peut pas
toucher à l’eau douce de ce lac, qu’on soit à Kigoma en
Tanzanie, à Mpulungu en Zambie, à Kalémie au Congo,
sans rêver arriver à Bujumbura, dont la beauté et
l’ambition seront uniques au bord de ce lac. Une
personne qui se baigne sur n’importe quelle plage de
ce lac, fut-il même en brousse, devra avoir envie de
voir Bujumbura, cette ville dont il entend parler. C’est
un véritable défi que le peuple burundais doit relever
rapidement.

b) Une compagnie de transport lacustre

Pour atteindre cet objectif, nous devons investir dans


une compagnie de transport qui aiguise ce sentiment
pour tous les riverains et qui soulage tous ceux qui
actuellement traversent ce lac dans de vieux bateaux
de l’époque coloniale qui sont tout saufs rassurants
pour les passagers.

Actuellement l’industrie des appareils de navigation a


tellement pris de l’envol que notre compagnie devrait
216

s’inspirer de ce qui se fait dans d’autres milieux plus


avancés. L’investissement dans ce secteur serait très
porteur au regard des retombées touristiques en faveur
du trésor national.

IX. Le transport sur chemin de fer.

Le Burundi s’est inscrit dans les projets en la matière


au sein de la Communauté Est Africaine. La
participation du Burundi dans cette communauté est à
ce jour au rythme de notre situation économique
moribonde. Le Burundi traîne la patte dans tous les
projets alors qu’il devrait tirer profit des avantages de
la collégialité pour tous les investissements. Nous
reconnaissons que certains investissements en
infrastructures sont plus productifs quand ils sont faits
en communauté.

Nous devons rattraper dans l’immédiat notre retard de


participation dans les projets de la communauté, en
payant avec fierté nos cotisations et en suivant toutes
les formations en la matière pour nos techniciens.
217

CHAPITRE 17 : L’ECONOMIE : COMMERCE

Avec l’agriculture (vivrière), ce secteur est visiblement


l’un des plus importants dans le pays, vu le nombre de
personnes qui le pratiquent.

Le commerce est une activité économique essentielle :


c’est la rencontre entre un acheteur et un vendeur. Et
l’acheteur, c’est nous, ce sont les citoyens qui ont des
besoins et des attentes. Le commerce est également la
vitrine d’un pays qui lui permet de satisfaire les
acheteurs en leur offrant tous les produits dont ils ont
besoin. Si l’activité commerciale ne peut se développer,
les pénuries apparaissent et le chaos est à l’affût. Il est
donc indispensable que l’autorité publique régule cette
activité tout en lui permettant de se développer.

Ici nous nous intéressons au secteur informel qui


semble fournir assez d’impôts et taxes selon l’OBR,
mais qui se retrouve être la cible des attaques des
autorités dans la plupart des milieux urbains. C’est
comme si certains confondaient l’illégal et l’informel.

Dans tout le pays, la relation autorités-commerçants


est mouvementée, le syndicat des commerçants est en
continuelle accusation contre l’autorité qui selon lui ne
218

fait que sucer l’effort du commerçant sans lui permettre


un minimum de développement.

Au Burundi le commerce est souvent considéré comme


un métier de secours pour ceux qui n’arrivent pas à
joindre les deux bouts du mois. Peu d’incitants légaux
et avantages sont donnés aux commerçants ordinaires
à la différence de quelques grands qui, par leur
proximité avec les autorités, arrachent des
exonérations farfelues.

Le commerce devient alors un acte de courage pour les


personnes qui osent entreprendre sans rentrer dans
une planification et un chemin drainé pour attirer
l’investissement interne et externe. Quand on essaie
d’y voir clair, les pouvoirs optent pour le comptage des
entreprises enregistrées à l’Agence de Promotion des
Investissement (API), sans toutefois faire l’inventaire
des activités qui font vivre les burundais.

Beaucoup d’entreprises enregistrées ne sont là que


pour se procurer des papiers qui les aident à demander
des fonds, alors que les quelques vaillants qui osent
commencer par leurs propres moyens limités ne sont
pas valorisés, pire : les aventuriers de nos campagnes
et quartiers sont pris pour des perturbateurs de l’ordre.
219

Problème : 1 Beaucoup de Burundais faisant le


métier de commerçants, les grands
comme les petits, ne se sentent pas
libres dans leurs métiers, et
préfèrent enfreindre la loi par des
corruptions, des pots de vins pour
arriver à leur fin.

2 Les infrastructures de commerce


sont dérisoires et donnent
l’impression d’être faites pour des
gens sans valeur qu’on essaie juste
de caser pour limiter la saleté, et
non par respect de leurs actions.

3 Les petits commerçants sont livrés


à eux-mêmes en matière de
procédures administratives, seules
les amendes comptent quand ils ne
sont pas en ordre, jamais ils ne sont
compris pour être aidés pour les
crédits et autres avantages.

4 Les grands investisseurs


commerçants sont harcelés par les
partis au pouvoir, et ce à chaque
époque. Ils sont soumis à des
220

cotisations exorbitantes pour


exercer librement leurs activités, et
en cas de refus ils en paient les frais.
Malheureusement à ce jeu, ils
finiront perdants et devront fermer
boutique.

Proposition :

« Trop d’impôt tue l’impôt » dit-on et en kirundi


« amunguranka niyo mazituvya ».

I. La gestion consciente du secteur

La décision, énoncée au chapitre 6 sur les finances, de


diminuer le niveau du budget, est également ici un
point positif. Car on demande trop d’impôts aux
commerçants dans l’objectif de financer un budget
important.

La diminution du budget donne donc directement un


ballon d’oxygène aux commerçants qui travailleront le
cœur tranquille, tout en assainissant leurs comptes.
Leur prospérité fera ensuite le bonheur du receveur des
impôts en période utile.

Les commerçants doivent être soutenus financièrement


en commençant par la baisse de certains impôts et
221

taxes, en étant rigoureux sur la loi sans les empêcher


de vaquer à leurs occupations tant qu’elles ne sont pas
nuisibles à la communauté. Leurs initiatives
soutiennent des familles qui ne doivent pas souffrir de
l’incapacité de l’Etat à fournir les meilleures conditions.

II. La bonne gouvernance

La restructuration du Système Judiciaire prévue au


chapitre 2, permettra une indépendance de la
magistrature. Les investisseurs pourront dans ce cas
trouver refuge dans la justice pour fonctionner selon la
loi plutôt que de se faire rouler par les partis au pouvoir.

Dans le cas d’investisseurs malhonnêtes qui passent


par les partis politiques pour se faire une fortune hors
la loi, cette même justice pourra facilement intervenir
pour en venir à bout.

III. Les mesures administratives

Pour développer le commerce, il faut quelques mesures


qui nous mettraient au même niveau que les autres
pays de la sous-région :

1 Supprimer les barrières douanières (taxes diverses).


A ce niveau, le Burundi est le mauvais élève de l’EAC et
freine le développement de son commerce (ce qui
222

réduit les transactions et les rentrées de TVA).

2 Développer les infrastructures logistiques : port,


routes, chemin de fer (pour le nickel notamment).

3 Une stabilité monétaire : une baisse de l’inflation et


surtout, une réduction de l’érosion monétaire. La valeur
d’une monnaie est en effet basée principalement sur la
confiance des citoyens dans leur monnaie. Au Burundi,
ce n’est pas le cas et la monnaie se déprécie sans cesse
au fil des ans. La conséquence est grave et
préjudiciable pour le commerçant et les
consommateurs (la population). Si la valeur de la
monnaie locale diminue, les prix des matières
importées (riz, farine, carburants, ciment, produits finis
etc) augmentent !

4 Des infrastructures de ventes et de stockage.


L’incendie du Marché central est une catastrophe
économique sans précédent et ce n’est pas le nouveau
marché de COTEBU qui est venu solutionner le
problème. Il faut donc que le Gouvernement construise
des installations marchandes au centre-ville (mobilité,
transports des personnes) pour l’activité commerciale
et une infrastructure de stockage des produits au port
de Bujumbura (marché de gros)….
223

5 Une politique bancaire attractive sous forme de prêts


à taux d’intérêt réduit. L’activité marchande a un grand
besoin de liquidités. Or le Burundi s’étrangle de plus en
plus faute de liquidités en circulation. L’exemple de la
pénurie de carburant qu’on voit de façon sporadique
doit nous interpeler.

« Le seul patron c’est le client. Il


peut licencier tout le monde, du
directeur à l’employé, en faisant
une chose simple : aller dépenser
son argent ailleurs ».
Samuel Moore Walton.
Homme d’affaires, fondateur de Walmart, USA.
224

IV. Les mesures pratiques locales

Pour ceux qui font le commerce informel et qui arrivent


à se faire une vie malgré peu d’apprentissage en la
matière, l’autorité devrait réguler leur activité afin de
pouvoir veiller :

- A une bonne circulation des marchandises dans


tout le pays,

- Au respect des règles de l’offre et de la demande


afin que la fixation des prix respecte les règles
de base de l’économie,

- A ce que la fixation des impôts et taxes ne soit


pas une entrave à l’activité, mais plutôt une
perception d’une juste contribution permettant
à l’Etat de créer et d’entretenir les
infrastructures indispensables (moyens de
communications et de transports)

Nous remarquons par exemple que la police


pourchasse les personnes qui vendent dans les rues, ce
qui est normal car faut des marchés pour cela. Mais par
contre, nous sommes conscients que les burundais
n’achètent pas les fruits dans les marchés, qu’ils s’en
procurent sans programme parce qu’ils les voient sur
leur passage. Nous devons donc prévoir de rendre
225

possible la vente ambulatoire ou par kiosques le long


des grandes routes et autres espaces plus accessibles.
Nous permettrons à nos populations d’acquérir les
produits qui sont nécessaires à leur vie de
consommateurs, mais aussi à beaucoup de jeunes
d’avoir un métier qui leur fait honneur et à l’Etat de
percevoir des recettes indispensables pour les
investissements publics.

C’est pareil pour d’autres jeunes qui vendent des


produits en passant dans les quartiers. On ne doit pas
les confondre avec les malfaiteurs, mais plutôt leur
donner des badges et un statut clair pour le service
qu’ils rendent. N’oublions pas que si le commerce
ambulant existe, c’est que bon nombre de
consommateurs n’ont pas de moyens de déplacement.
Il est donc logique que les produits dont ils ont besoin
viennent à eux.

« La nécessité est la mère de toutes


les inventions ».
Platon.
Philosophe antique, Grèce.
226

V. Les mesures de promotion

Au Burundi, même si on ne l’accepte pas, nous avons


une certaine tendance à déprécier et vilipender le
métier de commerce. Nous pensons que la plupart des
commerçants sont riches et qu’ils le sont devenus
malhonnêtement. Ainsi on ne leur donne rien comme
avantage, si ce n’est que l’on s’endette chez eux. Même
le pouvoir public le prend ainsi, au point qu’il
n’accorderait pas un crédit à un commerçant qui pourra
payer facilement, mais plutôt à un fonctionnaire qui
paiera difficilement.

Comme dit dans un autre secteur, n’est-ce pas


impensable de donner un crédit de 40 millions à un
fonctionnaire qui paiera dans 20 ans, plutôt que de
donner de petits crédits de 4 millions à 10 commerçants
qui rembourseraient en une année tout en payant des
impôts et des taxes ?

Il appartient à l’autorité de soutenir ce métier et d’en


faire une bonne promotion, pour valoriser ces
burundais qui participent au développement national,
en leur accordant des facilités pour mieux exercer leur
activités, qui rappelons-le, est indispensable au bien-
être des populations (satisfaction de la demande).
227

VI. Les mesures de sécurité

La sécurité dans ce secteur est assez étendue, il en va


des lieux de travail que sont les marchés et autres lieux
préparés pour la cause, mais aussi et surtout de
l’assurance des biens : marchandises et équipements.
L’expérience du marché de Bujumbura nous a révélé
que plus de deux tiers des commerçants n’avaient pas
d’assurance. On comprend facilement la perte immense
que l’ensemble de la collectivité nationale a dû subir.

La plupart des acteurs dans le commerce sont de bas


niveau et par conséquent peu instruits. La culture de
protection des biens par une assurance n’est même pas
développée, ce qui fait que même les plus instruits ne
le font que par obligation. Il appartient à l’autorité de
rendre obligatoire l’assurance « incendie » des biens
comme c’est le cas pour l’assurance automobile.

À partir du moment où le commerce, comme


l’agriculture et le transport, seront compris comme
secteurs producteurs de richesse, les pouvoir publics
devront proposer aux populations des formations
encadrées et planifiées.

La formation, l’information et la communication dans


ces domaines sont des outils de rentabilité pour tous,
228

et pas seulement pour l’Etat qui croit y trouver des


impôts, mais aussi et surtout pour les populations qui
vivent grâce à ces métiers et qui auront la fierté de
servir leur Nation. Il ne doit donc plus y avoir un jeu de
la souris et du chat entre les différents acteurs et l’Etat,
mais au contraire il faut un climat de planification pour
servir le développement de tous par des programmes
bien pensés et surtout bien financés.

Une bonne sécurité est produite par l’esprit de


satisfaction des acteurs, qui de façon solidaire,
participent vivement à sécuriser les infrastructures
qu’elles considèrent comme leurs par conviction
qu’elles leur appartiennent plus qu’à l’Etat. Ainsi ils
s’obligent à prévenir les dangers. Seule une bonne
sécurité peut permettre le génie en commerce et créer
des revenus en propulsant la consommation.

« Réussir, c’est aller d’échec en


échec sans jamais perdre son
enthousiasme ».
Wilson Churchill.
Homme d’Etat, Premier Ministre, Royaume-Uni.
229

CHAPITRE 18 : L’ECONOMIE : LES


TECHNIQUES
DE L’INFORMATION ET DE LA
COMMUNICATION

Dans le domaine des nouvelles techniques de


l’information et de la communication, le Burundi s’est
inscrit dans un vaste programme régional pour profiter
des investissements de l’ensemble des partenaires
dans le cadre du placement des infrastructures de
base.

Ces infrastructures, une fois posées, devront permettre


aux populations d’en profiter pour améliorer leur vécu
quotidien. Personne ne doit ignorer le rôle des
systèmes informatiques dans le contrôle des activités
diverses. Toutes les activités publiques aujourd’hui
sujettes à conflits comme les problèmes de gestion
pourront être minimisés pour plus de clarté grâce aux
logiciels adaptés.

A titre d’exemple, on pourrait s’imaginer les milliards


qui sont dépensés pour effectuer des recensements de
la population ou pour enregistrer les électeurs. Ces
sommes pourraient être utilisées à d’autres fins si les
enregistrements se faisaient systématiquement de
230

façon électronique, chaque fois que nécessaire sans


dépenser des fonds qui pourraient servir à d’autres
choses plus rentables.

Avec une population plus jeune aujourd’hui, où même


les moins instruits utilisent le téléphone de façon
évidente en temps réel, il faudrait nous préparer pour
donner à notre économie les moyens de servir un
peuple bien avisé.

C’est aussi le moment de nous obliger une révolution


effective en brisant les vieilles habitudes qui cachent
probablement des non-dits dans les recrutements au
travail et tous autres besoins statistiques qui donneront
les mêmes chances aux ayants droit.

Problème : 1 Une lourdeur administrative à tous


les niveaux empêche le
développement des affaires et la
rentabilisation du temps.

2 La pose d’infrastructures lourdes


par la communauté des Etats ne
pourra pas profiter au pays sans une
réelle promotion en investissement
individuel (comme des ordinateurs).

3 La formation des cadres en


231

informatique est encore à un faible


niveau et se heurte à une résistance
au changement.

4 La plupart des décideurs ont des


difficultés à adopter le changement,
préférant garder le statu quo.

5 L’opacité des affaires publiques


renforce généralement le refus
d’application des nouveaux outils de
contrôle.

Proposition :

I. Promotion de l’outil informatique

Le Burundi doit emboiter le pas à la modernité en osant


changer ses pratiques habituelles. Nous ne sommes
pas producteurs des outils à cet effet, donc il faut une
politique concrète en matière d’acquisition des
matériels et outils informatiques pour atteindre nos
ambitions.

Il faudra favoriser les importations d’équipements


informatiques en supprimant les taxes sur certains
produits afin de permettre à tous de s’en procurer. Il
en va de même des investisseurs en la matière qui
232

veulent s’implanter dont le soutien doit être de taille


pour permettre une vulgarisation de l’outil
informatique.

Cela peut aller jusqu’à promouvoir une diplomatie qui


verrait l’implantation dans notre pays des sociétés
étrangères pouvant ouvrir des succursales
d’assemblage dans l’optique de minimiser l’importation
des produits finis.

II. Investissements conséquents

Permettre à tous les services publics un investissement


adéquat en équipements informatiques pour
rentabiliser les contrôles à tous les niveaux. C’est par
exemple dans les salaires, le nombre réel des
fonctionnaires, les effectifs des élèves, des étudiants,
des contribuables, l’enregistrement des naissances et
des décès, le nombre d’électeurs etc. pour ne plus
dépenser chaque fois dans des enregistrements
coûteux.

Promouvoir des investissements publics suffisants dans


la vidéo conférence pour diminuer les déplacements
des cadres de l’Etat qui consomment des frais de
mission sans utilité. A l’heure actuelle, les missions à
l’intérieur du pays constituent une part importante des
233

frais de l’Etat, avec des cas de détournements non


contrôlés. Ces fonds pourraient être orientés dans
d’autres secteurs plus rentables.

III. Le contrôle des affaires publiques

Nous devons cesser de nous lamenter tous le temps en


disant que la corruption, les détournements, la
mauvaise gestion, … minent les finances de l’Etat et le
développement.

Si la moralisation est possible pour quelques âmes


affranchies, elle ne l’est pas pour des gens qui ont
trempé dans l’illicite depuis des générations en faisant
des affaires louches dans tous les secteurs. Et ceux-là
ont toujours une avance sur les contrôleurs. Aussi il
faut disposer d’un outil impitoyable et sans sentiment
pour confondre les usurpateurs.

Tous les domaines de l’administration publique et


privée doivent être informatisés pour contrôler tout ce
qui s’y passe : les présences, les retards, les sorties et
entrées des biens, les rentrées financières, la logistique
dans les écoles et les casernes des services de sécurité,
la gestion des marchandises y compris ce qui est
informel, … Des contrôles à tout bout de champ
dissuaderont de probables complices. Ne vantons plus
234

les résultats affichés sur une période par une institution


comme l’OBR, mais vantons un contrôle public
généralisé pour prouver que ce qui est affiché
correspond à la réalité.

Il faut une centralisation qui intègre tous les secteurs


afin de déceler ceux qui freinent les autres au décollage
économique de l’ensemble. L’informatisation n’est pas
un ordinateur au bureau d’un agent, mais un système
de contrôle fiable pour corriger les erreurs et trouver
des solutions.

IV. La formation dans le domaine


informatique

Pour rentabiliser ces outils et tous ces investissements,


il faudra avoir des cadres bien formés, et sur ce il ne
faudrait pas lésiner sur les moyens si nous voulons un
résultat à la hauteur de nos ambitions.

L’informatique progresse chaque jour, son utilisation


englobe de plus en plus de nouveaux secteurs comme
la santé, le tourisme, l’environnement, les transports,
la sécurité, … Nous devons donc être attentifs et rester
à la hauteur en investissant dans la formation de nos
cadres pour nous assurer un avenir meilleur. Seul un
esprit disposé à ne pas voler investira dans ce sens.
235

CHAPITRE 19 : L’ECONOMIE : EMPLOI


PUBLIC

Le Burundi n’est certes pas sur une mine d’or, mais


personne n’aura jamais raison en disant à notre peuple
qu’aujourd’hui n’est pas hier, que donc il n’y a plus de
travail, que par conséquent la population doit
« kwigwanako » se débrouiller pour survivre.

L’objectif de se faire élire est de trouver des solutions


et non de simplement régner sur un peuple. L’offre
d’emploi, la facilitation des paramètres d’acquisition
d’emploi, la création des opportunités par
l’investissement,… voilà le rôle que nous devons jouer.

Pour créer de l’emploi stable et pérenne, il faut des


projets concrets et des capitaux (étrangers tels ceux
des pays voisins de l’EAC). Pour que des investisseurs
étrangers prennent le risque de dépenser des millions
de dollars au Burundi, il y a des conditions majeures,
entre autre l’énergie, pour travailler mieux qu’ailleurs,
et une justice indépendante pour ne pas subir des torts.
Un investisseur ne va que là où les conditions sont
meilleures.

Le grand pourvoyeur d’emploi c’est l’Etat. Pour qu’il y


236

arrive, il lui faut des financements pour des projets


réels et réalistes et non pas pour de vagues idées sans
issue. Cet arsenal nécessite des études, des experts, et
une clairvoyance pour prendre des bonnes décisions.

Problème : 1 La majoration du budget dans des


secteurs non productifs, incitant les
bailleurs à intervenir avec des
quotas élevés par des appuis
budgétaires, ce qui freine la
possibilité de financement en
emploi.

2 Le manque d’investissement dans


les secteurs productifs qui peuvent
créer assez d’emploi.

3 L’investissement fantaisiste dans


le domaine social sans planification
des besoins en matière d’emploi. Le
Burundi n’a pas encore atteint le
seuil de plein emploi, et les jeunes
lauréats des universités n’arrivent
pas à être embauchés, même dans le
secteur éducatif où il y a carence
d'enseignants, seulement parce que
« on n’a pas d’argent».
237

4 Le sectarisme politicien fait que


toute logique d’emploi se traite dans
les partis au pouvoir pour satisfaire
les adeptes en lieu et place d’une
concurrence pour la production et
l’excellence.

Proposition :

I. Opportunités liées à l’investissement


primaire

En nous occupant des secteurs primaires comme


l’agriculture, l’élevage et la pêche, en investissant assez
dans le milieu rural, on créerait assez d’emplois,
puisqu’on aura besoin d’un nombre important
d’intellectuels pour coordonner ces activités qui
mettraient beaucoup de paysans au travail.

Dès que nous voudrons engager le peuple dans des


groupements pour l’agriculture et l’élevage, mais aussi
dans différents services de maintien du bien-être
comme le nettoyage, le reboisement, … il faudra des
cadres qui, commune par commune, devront gérer ces
organisations. A titre illustratif, dans le cas de 40
groupements d’au moins une centaine de membres, il
ne faudra pas moins de 100 personnes, dont des cadres
238

supérieurs et moyens dans une commune, pour gérer


tout, de l’administration des activités jusqu’à la santé
des travailleurs.

Au niveau national, il faudra embaucher plus de 10


mille cadres dans le pays, sans y ajouter d’autres
personnes qui auront fait le choix de participer aux
groupements comme bénéficiaires des financements
aux cotés des paysans.

II. Opportunités liées à l’investissement


administratif

Avec une meilleure organisation de l’administration et


une bonne gouvernance en la matière qui ne pointe pas
du doigt ceux qui n’encensent pas systématiquement
le parti au pouvoir, les meilleurs lauréats se verraient
installés dans plusieurs projets désormais rentables,
pour de biens meilleurs résultats qu’avec d’autres qui
n’ont fait que servir une logique clientéliste.

Beaucoup de financements via les administrations


publiques, sont venus comme des trompe-l’œil pour
noyer les adeptes dans l’alcool, afin de les détourner
d’une prise de conscience de ce dont ils ont besoin pour
leur développement.

A ce niveau, beaucoup de jeunes pourraient bénéficier


239

d’une bouffée d’oxygène en s’insérant dans des projets


publics bien organisés et financés raisonnablement
pour l’intérêt des acteurs productifs.

III. Opportunités liées à l’investissement


social

La diminution des lignes budgétaires fortes en


dépenses liées au pouvoir au profit des secteurs
productifs dégagerait la capacité d’investir et de
recruter dans les domaines comme la santé et
l’éducation. Nul n’ignore que depuis 2012, les
recrutements dans ce sens ont baissé et que plein de
jeunes diplômés se retrouvent dans la rue alors que des
classes manquent d’enseignants.

Malgré les avancées significatives dans les secteurs


éducatif et sanitaire, les recrutements ont toujours
privilégié l’aspect partisan, privant nos administrations
dans ces domaines de collaborateurs prêts à servir avec
abnégation.

Des classes de centaines d’élèves sont monnaie


courante. Le recrutement des enseignants et des
agents de santé, n’est pas dépendant des moyens,
mais de la volonté politique. Ainsi seule la production,
et bien sûr la grande production, peut inciter une
240

ambition à vouloir ce qui est bien et financer ce que


nous voulons au lieu de passer notre vie à mendier des
aides empoisonnées.

Telle est une raison suffisante pour recruter encore


d’autres personnes pour rentabiliser ces secteurs et
permettre un développement de nos enfants. Dans ce
sens, même les enseignants en chômage actuellement
ne suffiraient pour pouvoir réduire les classes à 30
élèves par enseignant et par jour.

IV. Les autres secteurs prometteurs

Selon plusieurs études récentes, le secteur primaire est


pourvoyeur d’activités permettant une bonne
production alimentaire et favorisant l’exploitation des
campagnes offrant ainsi un beau paysage aux
passants. Ainsi donc, deux secteurs créateurs d’emplois
sont mis en évidence. Il s’agit de l’agro-alimentaire et
du tourisme.

Nous mettons ces secteurs dans le viseur public parce


qu’ils nécessitent souvent des investissements
organisés et cohérents. Ce n’est pas la simple décision
d’un investisseur qui doit donner le ton mais une
politique claire qui innove par une loi révolutionnaire et
un suivi public pour un résultat conséquent.
241

1 L’agro-alimentaire : par la production et surtout par


la transformation et le conditionnement des produits
(poissons, fruits, légumes, café, thé…..). Actuellement,
les entreprises de production, à quelques exceptions
près dont le café et le thé, n’ont pas encore les
capacités de mettre en valeur leurs produits par des
conditionnements (emballages) variés et spécifiques.
Ces conditionnements sont indispensables pour
améliorer la plus-value et faciliter l’exportation.

Les normes internationales sont très contraignantes, et


actuellement les entreprises burundaises n’ont pas la
capacité d’y répondre de façon satisfaisante. Pour ce, il
faut du know how et de l’argent pour investir en
machines et en main d’œuvre compétente qui est plus
rare et plus coûteuse.

2 Le tourisme : Le Burundi a des atouts en matière de


tourisme mais l’autorité publique, ici l’Office National du
Tourisme (ONT), ne l’a pas encore compris et ne prend
pas les bonnes initiatives. Comme par exemple de créer
à l’instar des pays de l’EAC, un visa touristique de 30
jours à 50 $ (dollars US) délivré à toutes les frontières.
Au contraire, le Gouvernement a supprimé la délivrance
de tout visa (80 $) à l’aéroport de Bujumbura, ce qui
est un handicap grave au tourisme. Il faut développer
une stratégie à moyen terme pour favoriser l’éco-
242

tourisme et des niches touristiques (ornithologie,


poissons cichlides du lac, papillons, chimpanzés dans la
Kibira, etc). Il faut créer des infrastructures d’accueil et
des sanitaires dans les parcs nationaux (et diminuer les
prix d’entrées qui sont exorbitants (20 $) au vu de la
carence de l’accueil). Il faut réaliser un fléchage routier
des sites touristiques et éditer une carte routière du
pays… Il faut créer un Centre de Formation des métiers
du tourisme (guides) et de l’hôtellerie (tous les métiers
y compris la restauration).

V. La planification à l’emploi

Nous devrions donc être capables de constituer une


base de données qui montre régulièrement les
individus disponibles sur le marché du travail pour
rentabiliser la relation « besoin public-disponibilité de
main d’œuvre ». Ce n’est pas à un chef quelconque de
décider à un moment donné s’il peut offrir du travail à
une personne, mais à une structure officielle en charge
de connaître les besoins publics et les projets possibles
afin de les satisfaire. Ainsi des recrutements se feront
de façon efficiente pour le pays et pour ceux qui
trouvent l’emploi.

Jadis il y avait ce qu’on appelait la main d’œuvre, on


ignore sa satisfaction en la matière, mais nous devons
243

planifier nos actions pour plus de fiabilité.

Une bonne planification vise non seulement à offrir du


travail mais aussi à éviter que ceux qui en ont déjà ne
le perde soit par mauvaise gestion soit par manque de
suivi et de réinvestissement. Le travail n’est pas
seulement un gain d’argent mais une raison de fierté.

« Perdre son travail, ce n’est pas


seulement perdre de l’argent,
c’est aussi perdre sa confiance en
soi et son but dans la vie ».
Aki Shimazaki.
Ecrivaine québécoise, origine Japon.
244
245

CHAPITRE 20 : L’ECONOMIE : SECTEUR


PRIVE

Le Burundi a vu ces dernières années un semblant


d’augmentation des acteurs du secteur privé.
Auparavant ce secteur était la chasse gardée des
acteurs aux grands capitaux, mais on en voit
actuellement de nombreux qui s’aventurent avec de
petits capitaux et qui réussissent.

Tout ceci grâce probablement à la facilitation initiée par


les pouvoirs publics en passant par l’Agence de
Promotion des Investissements (API). Pourtant nous
sommes désolés de dire que tout ce cirque n’a pas
permis la création de beaucoup d’emplois.

Dans un premier temps fixons notre regard sur les


jeunes diplômés sortant des écoles. Ceux qui tentent
cette aventure ont la chance d’avoir une issue pour
trouver les financements, ou probablement le concours
de l’un ou l’autre des bienfaiteurs, ce qui n’est pas le
cas pour le commun des jeunes Burundais. Ceci fera le
sujet du premier problème.

Dans un second temps notre regard vise les métiers liés


directement au secteur de la construction. Un secteur
246

qui visiblement regorge d’assez de capitaux, il suffit de


voir ce qui se passe autour de nous dans nos villes et
partout ailleurs. Les maçons, les charpentiers, les
plombiers, les électriciens, les soudeurs … sont les
piliers d’un développement remarquable, mais
personne ne pense à eux comme acteurs du
développement. Ceci fera sujet du second problème.

Problème : 1 Les jeunes qui sortent des écoles


burundaises, malgré leurs talents ne
peuvent pas avoir une facilité au
crédit sans trouver d’avaliseurs.
Seule, la loi ne peut rien face aux
milliers des jeunes qui veulent se
lancer.

2 Des hommes sans grande


formation comme les maçons, les
charpentiers, les plombiers, les
électriciens, les soudeurs, … ne
doivent visiblement rien à l’Etat, et
malheureusement l’Etat fait comme
s’il ne leur devait rien non plus. Ils
travaillent dans des conditions
difficiles, sans loi ni protection. Ils
ne sont pas assurés, ils reçoivent
des salaires selon le bon vouloir du
247

maître, et finissent souvent leurs


carrières presque en mendiant. Ils
ne peuvent avoir de crédit et aucun
avantage, puisqu’ils ne sont
personne !!!!

Proposition :

I. Avaliser les jeunes auprès des banques

Ce n’est jamais facile pour un leader de prendre une


décision difficile, pourtant la différence entre les
politiciens se mesure par la prise de grandes décisions,
dont certaines peuvent leur coûter la tête, mais la
volonté est plus forte que tout pour résoudre des
problèmes exceptionnels.

Nous proposons d’avaliser les jeunes talents auprès des


banques à hauteur de 5 millions de nos francs de façon
renouvelable. Les personnes qui se mettent en
association en groupe de cinq, dix ou plus avec des
projets bien raisonnables doivent avoir l’aval des
autorités au plus haut niveau, et de façon
géographique sur tout le territoire. Les autorités
prendront les mesures nécessaires pour faire le suivi
afin de favoriser la rentabilité.
248

II. Une limite

Embarquer une Nation dans le développement n’est


pas une affaire magique, cela comporte des risques qui
peuvent être graves comme la perte du peu des rares
capitaux disponibles. Nous avons au Burundi des gens
de la vieille école qui ont gagné difficilement leur vie,
et qui pensent qu’on ne doit pas faciliter la vie des plus
jeunes (tweho ninde yadufashije ?).

Aussi la paresse et le gain facile sont devenus des


habitudes chez la plupart de nos jeunes. Ils se
voudraient riches sans fournir d’effort pour pérenniser
cet idéal. Pourtant notre objectif n’est pas ceux-là qui
pourraient passer hors-jeu. Nous devons penser aux
millions de Burundais qui ont besoin d’un coup de
pouce pour rehausser le niveau de notre économie.

III. Un garde-fou

Nous proposons un groupes d’experts économistes,


banquiers, juristes, sociologues, … des gens
expérimentés pour créer une sorte d’audit
d’accompagnement dans tout le processus d’octroi des
fonds en matière de soutiens aux initiatives privées.
249

IV. Légalisation du secteur informel.

Nous devons mobiliser les nouveaux entrepreneurs,


principalement les jeunes, pour qu’ils s’associent en
groupe afin de créer des sociétés de construction
complémentaires selon les métiers. L’important pour
l’Etat n’est pas de chercher dans toute petite chose un
gain monétaire à faire rentrer dans ses caisses, mais
de comprendre que ces personnes ont droit à une vie
qui leur fasse honneur et des revenus qui feront d’eux
de bons consommateurs de biens et services produits
sur nos marchés.

Il faut leur proposer de travailler avec des experts


juristes pour connaitre leurs droits et devoirs. Il faut
aussi les obliger à contracter une assurance pour qu’au-
delà du salaire, ils puissent sécuriser leurs familles qui
se retrouveraient sans ressources en cas d’accident ou
autre malheur.

Ils doivent apprendre des mécanismes de négociations


dans leur travail afin de parler d’égal à égal avec les
ingénieurs qui ont appel à eux. Leur faire comprendre
qu’ils ne sont pas moins valeureux par le simple fait
qu’ils n’ont pas été à l’école. Ils sont importants pour
notre développement.
250

Les différents acteurs dans le domaine de la


construction, doivent également comprendre qu’ils sont
obligés, suivant leurs associations, de payer des
cotisations dans les institutions de protection sociale
pour assurer leur retraire quand leur corps sera usé.
Notre logique politique doit les accompagner jusqu’au
bout de leur vie car elle nous est chère par tout ce dont
ils nous ont apporté comme peuple.

« Mon grand-père m’a dit une fois


qu’il y avait deux sortes de
personnes : celles qui font le
travail et celles qui en ont le
mérite. Il m’a dit d’essayer d’être
dans le premier groupe, il y a
beaucoup moins de
concurrence ».
Indira Gandhi.
Femme d’Etat, Premier Ministre, Inde.
251

CHAPITRE 21 : L’ECONOMIE : ART, CULTURE


ET SPORT

On ne peut plus imaginer que dans notre pays les gens


doivent être soit intellectuels pour un salaire de l’Etat,
du privé, d’une ONG soit être paysans et cultiver la
terre. Nous avons tous une tête dans laquelle plein
d’idées naissent chaque jour et nous devons être tous
réceptifs aux nouvelles techniques ou connaissances.
Nous devons dès lors comprendre et surtout aider tous
nos citoyens.

Une population de plus de 11 millions d’habitants ne


peut plus être considérée comme un village de
quelques individus pouvant vivre d’un peu de haricots
et de tubercules. D’autre part, notre culture permet aux
uns et aux autres de vivre en harmonie afin de produire
une société heureuse. Au soir d’une journée de fatigue,
le travailleur a droit à un repos agrémenté, et c’est le
rôle du griot de vanter les mérites du travailleur lui
permettant d’être heureux.

Par les temps qui courent, ce rôle ne se limite pas à


donner un simple moment de joie. Celui qui veut faire
plaisir à son œil, à son oreille, et partant à son cœur et
esprit pour mieux vivre, et demande plus pour sa joie,
252

doit être prêt à payer le juste prix pour cela. Ainsi,


l’artiste fera de son mieux pour ne pas décevoir. S’il
réussit, alors il aura droit à son salaire et pas
uniquement aux acclamations du chef.

Dans ces temps modernes, les sciences de résolution


pacifique des conflits essaient par tous les moyens de
minimiser de possibles guerres. Pourtant les peuples
ont choisi la meilleure manière de se mesurer entre eux
comme entités de tous genres. C’est par la culture et le
sport que nous devons lutter pour survivre comme
peuple et Nation.

Problème : 1 Les artistes, les artisans et les


sportifs burundais n’ont jamais
bénéficié d’une politique qui peut
comprendre qu’ils sont utiles pour la
Nation. Si les pouvoirs s’y
intéressent, ce n’est que pour leur
propagande et jamais pour valoriser
les auteurs.

2 Les infrastructures disponibles ne


sont pas allouées aux artistes et
sportifs qui ne peuvent dès lors pas
concurrencer les autres qui en
bénéficient sans être
253

nécessairement plus aptes.

3 L’investissement public est quasi


absent, et c’est une lutte
permanente entre les intéressés
pour pouvoir en bénéficier.

4 Le secteur privé qui a tenté de


s’impliquer s’est souvent heurté à
un système de corruption et de
favoritisme limitant leur ambition.
De plus, ils n’y trouvent aucun
avantage et sont en revanche
imposés sur ce qu’ils investissent.

Proposition :

I. Une institution reconnue par la loi

La création d’un Conseil Supérieur de la Culture et des


Sports. Ce conseil comprendrait trois élus
parlementaires choisis par les concernés et neufs élus
parmi les artistes et sportifs intellectuels capables de
gérer les affaires publiques. En plus de la mise en
application des politiques nationales en la matière, ce
conseil aurait le rôle de promouvoir les groupements
culturels et les fédérations sportives.
254

Ce conseil serait financé par le gouvernement à hauteur


des ambitions politiques énoncées. Dans un premier
temps ce genre d’initiative doit être supporté par le
pouvoir public afin de créer une fondation solide. Par la
suite des initiatives privées devraient prendre la relève.

Si nous considérons ceci comme une bonne initiative et


que nous offrons à ce conseil un budget de 5 milliards,
chacun pourra juger de l’ampleur de la participation de
notre pays en comparaison avec les quelques 250 mille
dollars que reçoit actuellement notre fédération de
football, et pour lesquels elle doit constamment se
mettre à genou.

Il faut aussi créer une Société des Droits d’auteurs afin


que les auteurs et artistes reçoivent des droits comme
revenus pour toute activité rendue à la nation.

II. Point de vue sur la culture

Les lois sont là, et les artistes parlent de droit d’auteur,


mais personne n’ignore que même les plus grands
artistes du monde ont vu leurs œuvres piratées. La
seule façon de permettre à un artiste de vivre de son
œuvre est de lui offrir, déjà dans sa colline natale,
l’opportunité de se produire et de se mesurer aux
autres. Cela peut passer par des karaokés et autres
255

concours.

L’objectif à atteindre est que chaque commune de ce


pays arrive à avoir un Centre Culturel Burundais (CCB)
où nos artistes pourraient se produire et récolter des
fonds minimums pour se faire un nom. Dans l’attente
d’une telle solution, les autorités doivent permettre aux
artistes de tourner autant que possible dans nos villes
et campagnes. Rien ne peut plus faire plaisir au peuple,
dans un esprit de renforcement de la paix, que de voir
de ses propres yeux un artiste qu’il ne connait que par
les ondes.

Si le Burundais est traité péjorativement d’hypocrite,


nous devons comprendre que c’est une valeur chez
nous de parler en parabole surtout quand nous
exprimons nos sentiments envers ceux que nous
aimons, craignons ou haïssons. Personne ne doit se
sentir visé pour des motifs politiques ou autres, la vie
est faite pour être vécue. L’honneur est aux artistes.

Le conseil aura l’obligation de financer tous ces talents


dans la limite des disponibilités et tout cela en
collaboration avec les intéressés.
256

III. Point de vue sur le sport

A l’heure actuelle, seule la fédération de football est


soutenue financièrement par les instances
internationales de ce sport. Les autres fédérations sont
quasi inexistantes sauf celles dont les disciplines sont
pratiquées par des personnes nanties comme le
basketball et le tennis.

Les guerres auxquelles nous assistons dans la


fédération de football ne sont pas synonymes d’amour
du jeu mais de volonté de gérer l’assistance de la FIFA.
Ce sport, qui est pratiqué par des millions de Burundais,
n’affiche que des résultats mitigés à cause d’un
manque de politique claire pour permettre à nos
enfants de s’épanouir et être utiles au pays.
L’incapacité par les gouvernements d’investir dans le
domaine mieux que la FIFA, ne lui permet pas d’avoir
une parole consistante pour le développement de notre
sport.

Seul le courage peut permettre aux autorités de faire


face et concevoir le nécessaire. Le conseil en question
pourrait éclaircir ces genres de situation et financer
même les fédérations éteintes pour une renaissance
comme celle qu’a déjà vécue ce pays à une certaine
époque.
257

IV. Ressources humaines et formation

L’Etat burundais forme à un niveau universitaire des


cadres de formation en matière sportive. Des millions
de nos francs sont dépensés pour que l’encadrement
sportif ait un sens pour les sportifs et le pays en
général. Pourtant ces cadres sont de simples
fonctionnaires qu’on affecte dans des écoles ou autres
institutions pour percevoir un salaire et sans s’imaginer
leur apport comme spécialiste d’un domaine
actuellement fructueux.

Le Burundi regorge de talents en matière sportive, mais


sans un minimum d’initiative pour organiser quelques
activités de formation, ils restent inexploités. Les
ressources humaines formées pour la cause sont
déçues et optent pour d’autres activités sans
importance sans commune mesure avec
l’investissement public alloué à leur formation.

Ces personnes doivent être soutenues et valorisées


pour que le Burundi retrouve sa splendeur sportive,
surtout en athlétisme. A ce jour le Burundi ne dispose
d’aucun meeting populaire dans cette discipline, seules
quelques incursions scolaires et militaires révèlent l’un
ou l’autre talent. Or ce n’est pas au niveau d’école que
cela doit se faire. Bien de nos paysans sont capables
258

de rivaliser avec les grands de ce monde, il suffit de


leur offrir un espace pour concourir. Cela doit être fait
dans d’autres sports également.

V. Les infrastructures

Pour que ces initiatives soient possibles, il faut un


minimum d’infrastructures. Il n’existe aucune piste
réglementée à ce jour. Même dans le plus grand stade
de ce pays, on dessine les couloirs à la craie quelques
heures avant la compétition. Un athlète, aussi impliqué
qui soit ne saurait évoluer dans ces conditions et sans
non plus saisir une chance de sortir du pays.

Quelques initiatives sont visibles actuellement mais


n’ont pas la vocation de servir le sportif mais une
volonté militante.

VI. Les compétitions populaires

Il a été prouvé que les burundais sont des athlètes


naturels. Pourtant on ne pourra jamais les voir si
aucune compétition n’est organisée pour les découvrir.
Des athlètes comme Kwizera Dieudonné (1988),
Nkazamyampi Charles, Nizigama Aloys et Inamahoro
Fidia (1992), Niyongabo Venuste (1996), Niyonsaba
Francine (2016), … sont des perles que le Burundi a
connues grâce à une volonté personnelle de quelques
259

âmes de bonne foi, et non par un souci d’un


programme visant à découvrir et soutenir les talents.

Dans le temps, il a existé des compétitions scolaires et


militaires qui étaient jusque-là de simples formalités
pour une représentation nationale à l’endroit des
évolués (élèves et militaires). Mais malheureusement à
l’heure actuelle, il n’existe aucune idée de préparation.
Les performances athlétiques ne dépendent pas de la
formation ou de la catégorie des gens. Il y a beaucoup
de burundais moins formés ou des paysans qui feraient
mieux en terme de sport que les autres. Ainsi il est de
notre devoir de créer des compétitions sportives à
grande échelle dans tout le pays pour favoriser
l’éclosion de plus de talents dans notre pays.

VII. Valorisation des anciens talents

Nous remarquons sur notre passage des anciens


sportifs, des anciens chanteurs, anciens artistes, … qui
ont porté haut la gloire de ce pays et qui vieillissent
malheureux sans que personne ou le pays ne les
prennent en charge. Ces gens ont passé une jeunesse,
par leur talent, à faire notre bonheur et notre honneur
à tous mais aucune politique ne pense à les honorer à
leur tour.
260

Pour casser ce cercle vicieux, nous devons impliquer


ces anciens dans tous les programmes de réhabilitation
pour que les jeunes sachent qui sont nos anciens
talents et quel a été leur rôle pour la visibilité de la
Nation.

Pour les sportifs, il faut leur permettre d’être des


encadreurs de clubs de jeunes, et pour les autres
artistes, il faut créer des centres où ils pourront servir
comme modèles. Evitons de voir des monuments
comme Hantime Barashakaje le tambourinaire, partir
par la petite porte dans une si grande tristesse.

L’objectif de ceci est de leur permettre de gagner un


certain revenu avant l’âge de retraite et continuer à
servir les autres sans se sentir oubliés. Et qu’à l’âge de
la retraite, ils soient pris en charge comme tous les
autres citoyens.

« Tout ce qui travaille à la culture,


travaille aussi contre la guerre ».
Sigmund Freud.
Neurologue, inventeur de la psychanalyse, Autriche.
261

CHAPITRE 22 : LES PARTENARIATS

Un gouvernement qui se respecte doit respecter ses


partenaires, petits et grands. Ces partenaires peuvent
être des Etats ou des Organisations Internationales, ce
qui est normal vu les intérêts d’un Etat face à ses
partenaires. Le respect est possible du moment où des
diplomates bien formés sont disponibles et qu’il existe
une politique claire en matière des relations extérieures
et de la coopération.

D’autre part, la grandeur d’un gouvernement se


mesure par le respect qu’il affiche à l’égard des plus
petits que lui, entre autre les partis politiques, la société
civile, les organes de presse et autres personnes
morales œuvrant dans le pays.

Problème : Les dirigeants burundais à chaque


époque éprouvent des difficultés à
garder leurs promesses comme mot
d’ordre face à ceux qui le leur
rappellent constamment. Une telle
attitude ne peut que perpétuer une
situation de conflit entre
partenaires et détourner le peuple
de ses attentes.
262

I. Etat des lieux

Nous partons de notre expérience au Burundi :

L’attitude de l’UPRONA face à la presse, aux rébellions,


aux partis lors des négociations. Celle du FRODEBU
face à la presse et la société civile avant les élections
de 2005. Celle du CNDD FDD face à la presse, la société
civile et aux partis, et ce à plusieurs moments.

Dans tous ces cas, ces organisations et individus


étaient, avant leur arrivée au pouvoir, les grands amis
de la presse et de société civile en général. Une fois au
pouvoir, tout changeait et la presse, la société civile
devenait des ennemis de l’Etat. Pourtant, une fois
déchus, ils ne les condamnent plus et au contraire sont
devenus des grands admirateurs de la presse et de la
société civile. Probablement pour les courtiser et pas
nécessairement parce qu’ils comprennent leur rôle
dans la facilitation des échanges entre acteurs.

II. Une proposition d’honneur

Notre souci est que ces exemples soient les derniers.


Pour ce faire, notre pays doit hériter d’hommes
exceptionnels qui acceptent qu’on parle d’eux sans
peur, qu’on puisse dire ce qui ne va pas et qu’ils
trouvent cela normal.
263

Comme les exceptions ne sont pas légions et qu’on ne


doit pas demander aux hommes de donner ce qu’ils
n’ont pas, nous proposons la création du « Conseil
Supérieur de Droit de regard »

Ce conseil serait élu par les journalistes et la société


civile et comprendrait des hommes et des femmes
d’une certaine notoriété, au nombre de onze. Ce conseil
n’aurait aucun autre avantage public que le droit de
dire tout haut ce que les autres disent souvent très bas,
et sans crainte d’être poursuivi. Le rôle du conseil serait
de demander des comptes aux mandataires politiques
et autres Burundais responsables, souvent craints par
les journalistes individuellement ou les organes de
presse en général. Ils auront un droit de regard pour
prévenir le peuple des réels manquements à la
déontologie publique.

III. Une réelle volonté politique.

Les déclarations de ce conseil seraient des incitations


pour le peuple à plus d’attention citoyenne afin de
contrôler leurs élus, et les organes de la justice
pourraient s’en saisir pour investiguer d’avantage et
prendre des mesures le cas échéant.

Comprenons tous que ce que nous ne voulons pas que


264

le pouvoir nous fasse, nous ne devons pas le faire au


peuple une fois élus. Accepter ce conseil, qui peut faire
peur à certains prétendants au trône, est un signe
qu’on est leader, et qu’on ne doute pas du bien que l’on
veut faire au peuple.

D’aucuns parlent de l’indépendance politique, de la


souveraineté du pays, … et c’est une bonne chose, mais
acceptons également que nous ne sommes pas les
seuls à imaginer ce qui peut être bon pour notre
peuple. Le fait d’avoir un vote qui permet d’accéder à
la magistrature suprême, soit 50 pourcent plus une
voix, ne signifie pas qu’on peut traiter les autres selon
notre bon plaisir.

Ces mots n’ont pas vocation à critiquer ce qui s’est


passé, mais s’adressent de prime abord à ceux qui
adhèrent à ce programme. Ils doivent permettre une
nouvelle manière de se sacrifier pour les autres sans
plus jamais se montrer victimes de toutes les situations.
Si nous sommes fiers de ce programme, pourquoi ne
pas accepter d’être critiqués pour améliorer la
gouvernance et lutter contre tous les maux qui nous
ont poussés à penser à une nouvelle logique publique ?
265

IV. Une seule preuve de démocratie

Dans ce document, on ne parle nulle part de


démocratie. Cela est dû au fait que nous ne croyons en
la démocratie que si vraiment nous pouvons offrir aux
autres les chances de nous démasquer au cas où nous
serions incapables de conduire à bon port ce
programme du salut. La démocratie, ce ne sont pas les
élections, les partis, et encore moins les médias, qui ne
sont que des outils. Nous avons assez souffert de cette
confusion parce que ces outils dépendent de celui qui
contrôle les manettes.

La seule preuve de démocratie que le Mouvement


Orange reconnaît, c’est le fait de donner à tous et
surtout aux adversaires, la possibilité de savoir, de
toucher, de vérifier, de douter, de participer, … à toute
la machine de l’Etat pour que personne ne soit plus
jamais écrasé par ce qui visiblement plait aux plus forts,
aux gouvernants, aux fanatiques, …

Les procédures administratives, les actions des


gouvernants, les procédures judiciaires, les procédures
financières, les rouages politiques, les droits syndicaux
et associatifs, l’octroi du travail, … doivent faire objet
d’un droit de regard par tous pour crédibiliser notre
marche vers ce pays de rêve que nous prônons. Tel est
266

le visage d’une démocratie qui diffère de toute


mascarade de gouvernance.

« Nul ne vient au monde achevé,


Nul ne saurait penser, marcher,
se conduire s’il ne l’avait appris
de ses frères. Chacun a besoin
d’eux pour acquérir son
humanité. Je suis parce que
d’autres sont ».
Desmond Tutu.
Homme religieux, Afrique du Sud.
267

CHAPITRE 23 : LE CONSEIL ECONOMIQUE ET


SOCIAL

La constitution burundaise prévoit une série de conseils


supérieurs dont le rôle serait d’orienter les politiques
au-delà des simples appréhensions des partis
politiques. Ces concepts sont sortis des accords
d’Arusha au moment où les différents négociateurs
pouvaient encore croire en une orientation de la
politique en dehors du parti gagnant des élections afin
d’éviter des partisanneries dans les secteurs clés.

Le conseil économique et social est devenu un organe


dérangeant pour les dirigeants qui ne savent pas ce
dont ils ont besoin pour arriver à leurs objectifs.
Pourtant, aucun dirigeant ne peut tout savoir et parfois
son gouvernement, occupé par l’actualité, ne peut
garder le cap qu’il s’est fixé que si un organe influent le
lui rappelle avec un protocole bien connu et des études
assez claires.

Un gouvernement n’annonce pas un programme pour


lui-même mais pour le peuple. Si on accepte que les
gouvernements n’approuvent pas que les tierces
personnes s’ingèrent dans la gestion quand bien même
ils sont là pour ça, nous devrions comprendre que ce
268

gouvernement serait réceptif à un organe technique


capable de lui fournir les éléments d’une possible
réussite dans un secteur aussi important que
l’économie et le social.

Problème : L’économie burundaise se perd en


planification malgré les efforts
fournis par les services techniques.
Ceci est une incompréhension
directe du décideur en chef qui croit
avoir ses idées tout en ignorant
l’état des lieux. Ceux qui s’appellent
chefs engagent trop de fonds dans
des idées nouvelles non planifiées
alors que des idées plus simples et à
moindre coût sont laissées dans des
tiroirs.

Proposition :

I. Une vision économique de la politique.

Les prérogatives de ce conseil doivent être bien claires


dans notre constitution. Ici nous rappelons que la
détermination des autorités est la seule manière de
remettre la situation à la normale en laissant les
techniciens jouer leur rôle pour le meilleur de toute la
269

Nation.

Dans notre pays, très souvent les partis politiques


luttent de toute leur force pour accéder au pouvoir. Dès
qu’ils y arrivent, ils s’adaptent, des fois ils perdent le
contrôle des choses, ils doivent faire face aux autres
qui luttent pour y arriver demain, et entre temps les
années passent. Ce n’est donc pas facile pour un
gouvernement de tout faire d’un coup. Il faut donc des
gens qui, loin de l’exécutif, doivent planifier, donner le
ton, et permettre aux dirigeants d’avoir une vision
claire de l’économie sans se fourvoyer dans de flous
débats où tout le monde attend réponse à sa question.

Dans l’immédiat, ce conseil serait pourvu de


personnalités éclairées en la matière dont le rôle ne
sera pas d’encenser le chef mais de lui fournir en temps
réel les éléments susceptibles de soutenir les actions
du gouvernement.

II. Un vrai laboratoire du développement.

Le Burundi a besoin d’un groupe de techniciens bien


stables qui peuvent, avec la bénédiction de tous les
politiciens, travailler sans étiquettes partisanes,
ethniques, régionales, … pour offrir aux burundais des
actions d’envergures pour le développement.
270

Prenons comme exemple cette vision élaborée par le


CRADI. S’il apparaît comme bien conçu, un
gouvernement qui en serait issu ne pourrait cependant
pas l’appliquer précipitamment sans un laboratoire
technique pour en prendre les rênes. Car s’il est le fruit
d’un groupe de politiciens ambitieux, désireux de faire
de ce pays un havre de paix pour le conduire à la
prospérité, il lui faudra dans tous les cas l’assistance de
techniciens en différentes matières, avec le concours
de plusieurs études, pour le mettre en œuvre. C’est ce
qu’on appelle le réalisme politique. Ce qu’on dit ici n’est
pas une parole de la Bible. Le peuple a besoin d’un
tamis connaisseur, et c’est le rôle du conseil.

A la veille des élections, nous aurons finalisé notre


approche technique pour présenter, de façon claire et
nette, les décisions immédiates qui pourront conduire
à la réalisation de cette vision. Nous comptons nous
entourer d’individus précurseurs pour déblayer le
chemin d’un gouvernement qui viendra appliquer des
plans mûrement réfléchis afin d’éviter un apprentissage
sur le tas selon la méthode dite « des essais et des
erreurs ». On a assez perdu du temps, mobilisons-nous
pour réussir une fois pour toute grâce à un laboratoire
qui anticipe, analyse, évalue et planifie.
271

CHAPITRE 24 : LA COMMISSION NATIONALE


TERRE ET AUTRES BIENS
(CNTB)

Cela fait plus d’une dizaine d’années que la CNTB est


fonctionnelle dans notre pays. Son action est perçue
comme dépendante de l’autorité qui la dirige et non
d’une politique nationale comprise dans un discours
créateur ou d’une étude de situation.

Ainsi les deux prélats qui l’ont dirigée un moment


donné, n’ont pas eu une même lecture de la situation,
alors qu’ils sont issus de la même ethnie burundaise et
surtout de la même Eglise catholique. Nous pouvons
peut-être nous tromper, mais nous constatons que le
problème de la CNTB n’est pas un problème ethnique.

Le principe qui nous guide est qu’on ne peut pas


s’approprier les terres des autres et s’en rendre maître
sans que la justice n’intervienne pour faire parler le
droit. Pourtant on voit que les terres spoliées peuvent
se retrouver, après plusieurs transferts, dans d’autres
mains non complices et non coupables, et surtout être
partagées entre plusieurs nouveaux propriétaires.

Chers compatriotes, ici nous voulons faire parler les


272

cœurs et non notre sentiment de pauvreté, de haine ou


de vengeance. La notion de culpabilité est liée à la
personnalité et non à l’histoire. Nous voulons
reconnaitre que si des Burundais sont bourreaux, ils le
sont pour eux-mêmes, et que leurs enfants ne le
deviendront que s’ils commettent les mêmes délits.

Le rétablissement dans leurs droits, pour ceux qui les


ont perdus à un moment donné de la vie du pays, est
une priorité pour tout le peuple burundais, mais sans
créer les mêmes haines que celles qui ont provoqué les
premières causes. La grandeur des âmes que nous
recherchons aujourd’hui doit supplanter de loin la
bassesse qui est à l’origine de ce qu’on veut assainir.

Problème : Les victimes d’une situation donnée,


profitent de leur pouvoir politique
d’une époque pour imposer une
vision en termes de résolution des
conflits. Les Burundais hypocrites
peuvent toujours faire semblant de
comprendre, voire même de
soutenir, mais les problèmes
ressurgiront et on se retrouvera
toujours en face des malheurs qu’on
croyait éloigner.
273

Proposition

I. L’éthique

Il est de tradition de dire que les hommes d’Eglise sont


les moins corrompus, les plus honnêtes, … et nous les
appelons chaque fois pour faire preuve d’impartialité.
Pourtant être doux ou cru dans ses paroles ne prouve
rien sur les intentions dans une affaire conflictuelle. La
notion d’Ubushingantahe a été également touchée
durant l’histoire courte d’après l’indépendance.

Ainsi un homme d’Eglise, un Mushingantahe, … qui a


été victime d’une situation arrive difficilement à
trancher, même en vraie bonne foi, en faveur de celui
qu’il considère comme proche de ceux qu’il appelle ses
bourreaux. Les lésés vont alors jusqu’à confondre les
hommes d’Eglise et les Bashingantahe et les malheurs
de notre société. Quelle facilité !!!!!!!

Pourtant les hommes dignes sont là et nombreux, mais


nous ne voulons pas les mettre de notre côté par peur
qu’ils ne disent le contraire de ce que nous voulons.
Sans être sorcier, nous savons que notre langage est
compris, et les hommes et les femmes capables dans
ce pays, qui n’ont pas du sang sur les mains, des jeunes
comme des plus âgés, dans toutes les couches socio
274

professionnelles, on les voit. Juste puissions-nous


accepter d’être contredits pour permettre un débat
sincère entre compatriotes.

II. Les principes légaux.

Dans le chapitre 2 nous avons parlé du Système


Judiciaire. Nous avons émis toutes les reformes
capables de fournir un environnement sain pour venir
à bout des conflits énormes liés à l’administration des
affaires judiciaires.

Pour le cas de la CNTB, nous pensons que le principe


de la justice doit primer sur les règlements individuels.
Les autorités de cette commission doivent comprendre
que le code juridique est un élément important pour
remettre les burundais dans leurs droits. Le problème
des terres n’est pas plus important que celui des vies
qui ont disparu. Pour cette raison la CNTB n’aurait pas
dû commencer son travail avant la CVR pour qu’on
puisse comprendre à fond les faits qu’on qualifie
d’évidents alors qu’ils sont très compliqués.

Bien entendu, il ne faut pas laisser les ayants droit dans


la rue dans l’attente d’une vérité qui prendra des
années. Une solution paisible basée sur l’entente sera
275

la bonne pour préserver les générations futures de


nouvelles haines.

Car reconnaissons que c’est le gouvernement qui a


offert les terres et non des individus qui les ont prises
de force. Pour cette raison, par le principe de l’unicité
de l’Etat, les gouvernements actuels doivent assumer
ce qui s’est passé en tant que continuité d’Etat, et non
accuser. Ceux qui sont dans les terres actuellement ne
doivent pas être pris pour des bandits mais plutôt être
considérés au même titre que les autres citoyens qui
ont été bernés par des gouvernements irresponsables.

III. La pratique sur terrain

Du moment où personne n’attend le retour des


disparus, la seule chose capable de concilier les familles
est une réparation au moins financière de toutes les
personnes qui, d’une manière ou d’une autre, ont été
victimes des conflits dans notre pays.

Arusha avait proposé un fonds pour aider dans ce sens.


Nous devons être capable de mettre en oeuvre cette
idée avec courage, car l’argent du contribuable n’est
pas le nôtre, mais celui du peuple lui-même.
276

Nous suggérons de créer un « Fonds de compensation


et d’indemnisation » pour indemniser les familles qui
ont acquis un bien spolié en toute honnêteté (car
ignorant le fait que le titre de propriété du vendeur était
faux !)…

« La règle d'or de la conduite est la


tolérance mutuelle, car nous ne
penserons jamais tous de la
même façon, nous ne verrons
qu'une partie de la vérité et sous
des angles différents. »
Gandhi Mahatma.
Leader de la non-violence, Inde.
277

CHAPITRE 25 : LA COMMISSION VERITE


RECONCILIATION ET
REPARATION (CVR)

« Ce qui se conçoit bien, s’énonce clairement, et les


mots pour le dire viennent aisément » (Nicolas
Boileau). Si les politiciens burundais n’arrivent pas à
s’entendre sur ce que peut être la CVR, c’est
probablement qu’ils n’ont jamais confronté cette
commission à leurs responsabilités individuelles. Ils
n’arrivent pas à en énoncer la teneur, incapables de
trouver les vocables qui conviennent. Chacun le dit à
sa manière pour chercher à se faire comprendre et
surtout à se tirer du lot des problèmes qui nous minent
tous.

Est-il possible de penser à une CVR qui puisse être un


instrument permettant d’écrire une histoire que chaque
burundais a vécu d’une façon personnelle et unique ?
Certains le pensent sûrement, mais se disent qu’au
fond ce n’est pas facile.

Et en effet, ce n’est pas facile, voire impossible. Le


Burundi est le pays qui nous a vus naître, vivre et que
nous devrons quitter un jour en y laissant d’autres
générations. Personne n’est coupable de ce qui s’y est
278

passé, même si tous nous avons été acteurs, bons ou


mauvais. Assumer le fait que nous sommes passés par
ce pays est plutôt noble et il ne faut pas vouloir fausser
l’existence de réalités aussi simples. Car aucun individu
ne devrait craindre le fait que son nom apparaisse dans
une histoire louche de ce pays, puisqu’il y a peu de
chance que ce qui nous est arrivé ait été vécu de la
même manière par tout le monde.

Il y a différentes manières de penser, et partant


différentes façons de concevoir et de réagir. Lors de
faits et d’événements, certains sont acteurs et d’autres
subissent, peu importent les groupes en présence. Et
donc pour nous, établir les vérités ne veut pas dire se
montrer comme on voudrait être vu mais concevoir une
nouvelle vie pour les générations futures.

Si nous sommes conscients que dans 100 ans, plus


personne, pas même nos nourrissons actuels, ne sera
là, on espère qu’en 2120, nos arrières petits enfants ne
sauront plus qui a été leur arrière-grand-père et son
rôle dans les faits. Comme à ce jour personne de nos
contemporains ne s’imagine qui est descendant de
Maconco.
279

Problème : 1 Nous nous acharnons à vouloir


parfaire notre identité dans
l’objectif d’échapper à la justice, et
pouvoir condamner les autres.

2 Nous nous obstinons à confondre


la vérité avec ce que nous voulons
qu’elle soit, tout en ignorant les
faits.

3 Nous voulons que la justice


plébiscite ce que nos haines ont déjà
engendré, en responsabilisant les
autres et nous présumant victimes
éternelles.

4 Ceux qui ont vu plus sont les plus


acharné à vouloir faire plus en
cachant la vérité, au moment où les
plus jeunes veulent avancer … Mais
où ????

Proposition

I. La noblesse des leaders

Ici nous parlons d’un problème de cœur et de


dépassement de soi. Il n’y a aucune solution magique,
280

mais une demande pressante : les gens au cœur noble


doivent se lever pour que le mal et la haine ne
l’emporte pas sur l’amour. C’est une question de
conscience et de volonté pour que nos enfants
n’héritent pas de nos erreurs des soixante dernières
années. Nous devons éviter que des gens pleins de
haine ne nous entraînent dans la barque, seuls les gens
de bien doivent agir.

Le Burundi attend des leaders qui sortent de la mêlée,


qui viennent pour comprendre et aider, et non pour se
venger en disant que les autres avaient fait pareil. C’est
seulement de cette façon que la vérité pourra être dite.

L’hypocrisie a pris le dessus, les personnes qui savent


beaucoup font semblant de ne rien savoir. Il nous faut
beaucoup de courage pour oser ce que nos parents
n’ont pas été capables de faire : dire la vérité.

« Et puisque la vérité est nue et nos


sociétés glorifient la pudeur,
l’hypocrisie est devenue notre
habit préféré ».
Touria Uakkas.
Enseignante universitaire, Maroc.
281

II. Le rôle de la vérité.

Dire la vérité, accepter de s’humilier devant le peuple


pour le bien de plusieurs et d’une Nation, sera perçu
comme la bravoure dans une société où on a toujours
voulu cacher des choses connues par tous.

S’il y a la vérité d’une part, il y a la justice d’autre part,


et si celle-ci tient de la première alors la justice sera
dite. Il y a justice, mais il y a aussi procès, et quand
survient des procès sans vérité, la nation croupit dans
des surenchères qui entretiennent la haine et la
vengeance. C’est ce qui crée d’autres conflits.

La recherche de la vérité doit être le seul


aboutissement de notre politique pour apaiser les
esprits. Si des individus, les bourreaux en l’occurrence,
peuvent se contenter d’un procès dit équitable, il y a
lieu de se demander si l’équité tient de la vérité. Dans
le cas contraire, on se contentera d’une Nation juste
sans se soucier des cœurs meurtris qui n’ont pas
retrouvé la paix et la raison. Car si condamner un
bourreau sans rechercher la vérité peut plaire à sa
victime cela ne lui donnera jamais le repos de l’âme. En
revanche, connaitre la vérité donne la confiance, la
reconnaissance, l’estime de soi et des autres et permet
d’entamer le chemin de la réconciliation et du pardon.
282

Nous devons donc privilégier la découverte de la vérité


quoi qu’il en coûte, tel est notre devoir.

III. La justice pour tous.

La justice doit fonctionner (le chapitre 2 de cette


pensée pourra éclaircir les volontés du peuple en la
matière) sans toutefois empêcher la réconciliation de la
Nation. Nous devons essayer de comprendre que la
paix que nous voulons prendra source dans une justice
basée sur la vérité, ce qui nous ouvrira à l‘amour et la
réalisation de notre force comme survivants et plus
jamais comme pleureurs des morts.

Nous ne sommes pas des saints, mais pouvons être le


levain d’une génération qui vivra paisiblement sur ce
territoire dès que nous n’y serons plus.

Faisons en sorte que les enfants qui nous lisent étant


aujourd’hui à l’école primaire aient l’opportunité que
nous n’avons pas eue de vivre une justice sociale réelle
dans tout ce qu’ils vont partager. C’est de notre devoir
de le leur dire et de le leur permettre avant qu’ils ne
prennent les manettes de direction.

Dans nos familles efforçons-nous de dire le bien qui


nous dérange à la place de la haine qui nous rassure.
Evitons à ces enfants le mal qui nous a frappé, offrons-
283

leur une chance de croire au bien qui vient d’autrui,


laissons-leur le droit de se tromper avant de gober nos
bêtises.

Nous avons le choix entre être glorifié dans un pays de


mensonge ou être haï dans un pays où règne la vérité.
Acceptons d’être haï par nos contemporains tout en
sachant que nos petits-enfants et arrières petits-
enfants vivront en paix et comprendront notre lutte
pour le bien être de leur avenir.

« Dire la vérité est utile à celui à


qui on la dit, mais
désavantageux à ceux qui la
disent, parce qu’ils se font haïr ».
Blaise Pascal.
Mathématiciens, scientifique, philosophe, France.
284
285

CHAPITRE 26 : LA DIASPORA BURUNDAISE

Suite à la volonté de certains burundais à vivre sous


d’autres cieux, parfois suite aux différentes crises qu’a
connues notre pays, une bonne partie de la population
se retrouve à ce jour habitante d’autres pays du
monde. Certains ont acquis différentes nationalités
sans toutefois cesser d’être burundais. Mais leurs
enfants, peut-être pas, s’ils n’ont pas l’opportunité de
connaitre ce beau pays qui est le nôtre.

Selon les difficultés des uns et des autres, quand un


individu se retrouve hors de son pays, le sentiment va
de l’amour à la haine proportionnellement aux faits qui
l’y ont poussé.

Les burundais vivants hors du Burundi, seraient à ce


jour estimés à plus d’un million. Certains vivent dans
des pays avancés où ils ont une vie de rêve, d’autres
dans des pays moins avancés où ils mènent une vie
moins bonne que celle qu’ils ont laissée dans leur pays.

Dans tous les cas, on n’est jamais mieux que chez soi.
Même étant loin du Burundi, l’âme du « Murundi » reste
toujours connectée à sa terre d’origine. Les enfants qui
naissent loin du Burundi, qu’ils soient de deux parents
286

burundais ou métissés, ont aussi une âme qui pense à


nos ancêtres. Nous devons, indépendamment de ce qui
s’est passé, leur donner une possibilité d’aimer ce pays
par un renouveau des affaires publiques qui leur font
honneur là où ils se trouvent.

Problème : Les pouvoirs en place manipulent


les membres de la diaspora dans un
angle politique alors qu’ils ont des
sensibilités différentes. Etant loin de
leur pays, les Burundais se
retrouvent divisés et ne parviennent
à se rendre utiles pour leur Nation.

Proposition

Abordons cette réalité dans un prisme à quatre faces :


culturelle, socio-économique, juridique et politique. Et
essayons de comprendre à quel point notre peuple peut
profiter de son devenir mieux que de ses problèmes.

I. Au niveau culturel

Nous devons faire en sorte de réunir nos compatriotes


qui vivent à l’étranger et toute personne qui a une seule
parenté burundaise. La grandeur d’une Nation dans sa
culture se résume dans sa capacité à offrir à tout celui
qui s’y retrouve l’opportunité de s’en réclamer.
287

Pour les générations qui sont parties, c’est normal qu’ils


reviennent vieillir ici, juste par nostalgie. Mais pour
ceux qui naissent hors de notre pays, nous devons faire
en sorte qu’ils aiment ce pays, qu’ils arrivent à le visiter
et à le faire aimer par leur progéniture. Il faut créer
toutes les possibilités pour qu’ils apprennent le Kirundi
et ses nombreux caprices linguistiques.

Pour les étrangers qui épousent les burundais, il faut


faire en sorte qu’ils voient leurs partenaires burundais
fiers de leur pays, et qu’ils aient envie d’y venir souvent
pour participer avec ce qu’ils sont à un métissage
culturel. Ne faisons pas de l’expatriation burundaise un
problème en soi comme ce fut le cas lors des départs
mais profitons des multiples origines pour créer un
Burundi meilleur pouvant satisfaire toutes les cultures
du monde.

II. Au niveau socio-économique

Des mesures seront prises à ce niveau pour favoriser


l’intégration, et attirer les membres de la diaspora à
investir dans leur pays

• Permettre aux membres de la diaspora des


conditions d’investissement que les pays où ils
résident ne peuvent leur offrir.
288

• Faciliter les transferts d’argent dans le pays : au


lieu d’en percevoir de lourdes taxes, comprendre
que cet argent vient comme un enrichissement
de notre population.

• Offrir des passeports gratuits pour des individus


nés hors du pays qui veulent le visiter.

• Favoriser ceux qui veulent avoir une propriété


pour qu’ils construisent et donnent du travail à
ceux qui sont restés et qui en ont besoin.

• Favoriser la communication par les appels


téléphoniques (diminuer les taxes), ce qui crée
des idées et par conséquent des possibilités
d’investir.

III. Au niveau juridique et légal.

Les membres de la diaspora ont souvent la double


nationalité. Si nous acceptons qu’ils sont aussi utiles à
notre nation que tout le peuple burundais et même
mieux que les étrangers qui vivent dans notre pays et
que souvent nous traitons « nk’amata y’abashitsi »,
pourquoi ne pas les laisser jouir pleinement de
situation, afin qu’ils nous fassent profiter de leur
expérience hors de nos frontières.
289

Suivez notre regard, au Burundi les étrangers reçoivent


notre amour mieux que les compatriotes. Mais un
burundais venu de l’étranger est souvent vu comme un
traitre, comme un riche à qui on doit soutirer de
l’argent, on veut le juger a priori et le malmener,
pourtant la loi du pays qui l’a adopté le protège mieux
que celle du pays qui lui a donné naissance. Plus nous
respecterons les nôtres avec des lois, plus nous leur
donnerons envie de revenir, et plus encore ils auront
envie que ce pays soit véritablement le leur, incitant
naturellement leurs pays d’accueil à respecter
davantage le nôtre.

La loi de ce pays n’est pas une loi des uns contre les
autres, elle doit protéger tout le monde, à commencer
par nos compatriotes où qu’ils soient.

IV. Au niveau des droits civiques et liberté.

Les Burundais de la diaspora ont les mêmes droits


politiques que nous tous, ils peuvent venir se faire élire
et revivre sur notre territoire. Le fait de ne pas
appartenir au parti vainqueur selon les époques ne leur
enlève pas les droits ou les faveurs que la politique doit
leur offrir pour pérenniser les populations hors de nos
frontières.
290

Si l’histoire nous a déstabilisés et éparpillés dans le


monde, n’en faisons pas une raison de nous détruire
davantage, profitons-en pour en faire un atout de
développement et plus jamais un désavantage à nous
traiter d’éternels réfugiés. Jouissons de ce qu’on a
appris dans tous les pays où quelques burundais ont pu
séjourner, et soyons « Bitumwako » partout comme un
peuple internationalement accepté et bienveillant.

L’histoire apprise à l’école nous dit que les occupants


traditionnels de ce pays ne sont pas nécessairement
nés ici, mais qu’ils sont venus d’ailleurs. Ils se sont
retrouvés dans leurs différences, et ont créé un même
peuple et une seule nation, le Burundi.

La même histoire dit encore qu’à un moment donné,


des burundais sont partis à « Manamba » (en Ouganda
pour travailler dans les champs, de « my number » où
ils étaient identifiés par des numéros) par recherche
d’une meilleure situation économique. D’autres, à
cause des conflits et guerres, se sont retrouvés loin d’ici
et sont partout dans le monde. Pourtant ils n’ont pas
cessé d’être nos compatriotes, peu importe les raisons
qui les ont poussés à s’expatrier. Il est temps qu’on
fasse de cette réalité un atout : nous sommes tous
burundais, que le passé nous fortifie pour affronter
aisément l’avenir. Ainsi ceux qui sont nés ailleurs, n’ont
291

rien perdu de leurs droits et libertés ici, ouvrons nos


cœurs pour vivre ensemble.

« Les hommes peuvent atteindre


un but commun sans emprunter
les mêmes voies ».
Amadou Hampâté Bâ.
Artiste, écrivain, ethnologue, scientifique, Mali.
292
293

DEUXIEME PARTIE:

LES MOYENS ET LES RESULTATS

Une chose est le rêve que nous avons, autre chose est
la capacité pour atteindre ce rêve. Nombreux sont ceux
qui promettent mais n’arriveront jamais à réaliser ce
qu’ils ont promis. Etre capable de dire avec des mots
clairs ce que tu promets est sans doute un bon début,
mais il faut encore une bonne dose de faisabilité.
294

Le développement d’une Nation n’est pas un simple


rêve, mais des faits quantifiables qu’on peut comparer
de l’entrée en fonction d’un élu à la fin de son mandat.
Aucun discours ne le dit, seuls les faits le montrent. Et
ceux-ci doivent expliquer les résultats qui, au vu de
tous, font la satisfaction du peuple et non des
sympathisants.

Les grands politiciens ne sont plus synonymes de longs


discours pour épater les populations comme l’ont fait
certains durant des époques antérieures. De nos jours,
seule compte la connaissance de ce dont a besoin
l’individu. Oui, cet individu qui un jour s’est levé pour
vous donner une voix, cette voix qui a été un plus pour
vous permettre d’être un décideur. Ou encore cet autre
individu qui ne vous a pas élu, mais que vous voulez
satisfaire pour espérer sa voix à la prochaine élection,
voilà ce qui permet de juger l’homme politique de ce
jour.

Dans notre pays nous voyons plusieurs groupes


politiques ou associatifs qui se réclament d’un ou
plusieurs leaders. Ceux-ci sont souvent connus du
public sans qu’on sache véritablement le fond de leurs
ambitions politiques et sans qu’on ne connaisse
clairement leurs projets de société pour le pays.
Certains des membres de ces groupes se traitent en
295

ennemis selon les caractères des leaders dont ils se


réclament, sans arriver jamais à s’imaginer qu’ils
veulent la même chose pour leur Nation.

Le peuple ne doit plus se battre pour un individu, un


homme mortel qui partira comme les autres, mais pour
une idée noble, pour sa réalisation comme un droit du
peuple et bien sûr pour son résultat pour tout le
monde. Les hommes partiront, mais les œuvres
resteront. Aujourd’hui nous jouissons de
l’indépendance comme un fait, ce qui fut une idée à
l’époque du Prince Louis Rwagasore.

Ainsi nous proclamons haut et fort que dans ces idées,


aussi simples soient-elles, nous ne faisons allusion à
aucun individu, aucun leader mais plutôt à la manière
de penser notre développement. Tel étant notre
humble contribution ; puisse-t-elle être soutenue par
qui le voudra tout au long de notre séjour comme
penseurs politiques.

Dans cette partie, nous aurons deux chapitres. Le


premier parle des moyens et surtout des moyens
humains sans lesquels ce programme ne serait pas
possible. Il y a d’abord les moyens déjà disponibles qui
ont participé à cette initiative et qui, dans leur limite,
ont développé cette vision et permis ce débat de
296

rassemblement ; il y a ensuite ceux qui sont


nécessaires pour la suite des événements, ceux qui
doivent porter loin dans nos collines et quartiers cette
bonne nouvelle jusqu’à sa réalisation. Le deuxième
chapitre récapitulera les actions à engager tout en
soulignant les résultats à atteindre au cas où les
différentes politiques sectorielles auront été
appliquées.

« Le changement ne viendra pas si


nous attendons une autre
personnes ou une autre fois. Nous
sommes ceux que nous
attendions. Nous sommes le
changement que nous
recherchons ».
Barack Obama.
Président, USA.
297

CHAPITRE 1 : LES MOYENS

Dans le contexte actuel notre regard se focalise non


seulement sur la vision mais aussi et surtout sur les
moyens qu’il faut rassembler et mobiliser pour
atteindre notre objectif. Ces moyens sont humains
d’abord, vu l’honneur que nous accordons à la pensée
de chacun des Burundais qui peut nous corriger et nous
compléter. Ensuite il y a les moyens financiers qui
offrent la possibilité d’exécuter les plans tels que
prévus.

I. Les moyens humains

Des hommes et des femmes d’origines différentes,


ayant acquis une certaine expérience de la vie et des
rapports inter humains, se sont retrouvés depuis l’an
deux mille six (2006) pour discuter d’un peu de tout :
la politique dans tous ses états, l’économie d’où qu’elle
parte, l’histoire apprise ou entendue, la géographie
selon qu’on venait de coins différents, l’objet de la
presse, les idées des uns et des autres, … et ce sans
nous faire de cadeaux.

Certains étaient des membres de partis politiques, de


la société civile, d’autres des fonctionnaires, des
298

journalistes, des commerçants, des étudiants, …


chacun tirant de son côté, mais jamais sans se faire du
mal. Cet exercice nous a fait tellement d’amis qu’on ne
pouvait en rester à l’étape des analyses et critiques.

L’étape suivante a alors consisté à essayer de valoriser


ce que les autres avaient fait depuis l’avènement de
l’indépendance en 1962 tout en intégrant les valeurs
possibles de la monarchie. C’est à partir de ce moment
que nous avons compris ce qui pouvait être notre
apport dans la suite pour un Burundi meilleur que celui
que nous voyons.

Outre les capacités intellectuelles pour pouvoir


s’inscrire dans cette vision politique, nous pensons que
l’homme politique idéal pour un administrateur, un
gouverneur, un ministre, une président, doit posséder
le sentiment de ne pas être ordinaire. Si vous êtes cet
homme ou cette femme, notre lecteur en ce moment,
nous vous aidons en vous posant ces questions :

• Quand vous pensez à la sécurité, votre famille


vient-elle avant les autres ?

• S’il y a des bourses d’étude, pensez-vous que


vos enfants sont prioritaires ?

• Quand on privatise des sociétés d’Etat,


299

téléphonez-vous pour savoir si vos amis y ont


des parts ?

• Quand des dossiers de corruption sont évoqués


à la radio, cela vous inquiète-t-il que vos proches
y soient cités ?

• Quand de nouvelles parcelles sont octroyées,


cela vous tente-t-il d’appeler pour en réserver
quelques-unes ? etc…

Si à ces questions, votre réponse est « oui » alors vous


n’êtes pas l’homme politique que nous cherchons. Vous
êtes un homme ordinaire qui privilégie son intérêt
personnel (et celui de sa famille et de son clan) plutôt
que l’intérêt général (celui du peuple et des citoyens),
et on n’ira pas aux élections pour chercher un homme
ordinaire. Un homme ordinaire ne peut pas sacrifier sa
carrière politique en osant des investissements
extraordinaires.

Remarquez qu’à chaque problème soulevé, nous


indiquons le sacrifice possible à faire pour venir à bout
du problème. Les Burundais n’ont plus besoin de chefs
qui règnent sur une cour, mais de bulldozers qui
peuvent oser pour sortir ce pays de son marasme.

Si vous êtes donc de ceux-là, vous ne devez donc pas


300

vous imaginer qu’on est idéaliste. Nous plaçons la barre


très haut en étant convaincus que nous irons au bout
de notre imagination ; et qu’au cas où nous faillirions,
viendront des meilleurs que nous et non des
aventuriers égoïstes et malhonnêtes. Une petite
anecdote : on se rappelle que dans le temps, quand on
posait aux élèves du primaire la question de ce qu’ils
voudraient devenir à l’âge adulte, les enfants disaient :
enseignant, infirmier, médecin, …. Plus tard certains
pouvaient dire ministre, et maintenant ils disent je
voudrais être président, juste pour se plaire et
curieusement pas par conviction de son rôle.

Le phénomène est si grave que des enfants disent « je


veux être douanier … pour avoir une maison très vite,
c’est ce que papa dit souvent à la maison ». C’est en
dénaturant les métiers nobles comme la présidence
d’une Nation que nous donnons des ambitions aux
paresseux et fainéants qui s’imaginent que diriger n’est
que profiter du pouvoir devant son peuple.

En se fixant des objectifs importants, on s’oblige soi-


même à travailler pour les atteindre, et dans le cas
contraire, on invite les autres à comprendre que s’ils
font moins que vous ils partiront comme vous avez dû
le faire. Chers compatriotes, nous vous invitons à
penser pour faire mieux et non à vous poser la question
301

de savoir de quelle ethnie, religion, région, … nous


sommes issus.

C’est ainsi que sont nés « les POLITICS


INDEPENDANTS », des individus simples qui ne
pensent pas aux chefs de partis, mais n’ont qu’un seul
souci : passer du temps à réfléchir à une solution qui
nous tirerait d’une situation donnée, au lieu de pleurer
sur notre sort par des accusations non fondées.

Phrase célèbre de John F Kennedy « Ne demandez pas


ce que le pays peut faire pour vous, mais demandez-
vous ce que vous pouvez faire pour le pays »

a) L’expérience de certains hommes

Beaucoup d’entre nous sommes passés par les partis


politiques ou autres organisations. La liberté de penser
est menacée dans nos organisations à tel point que si
vous n’êtes pas en accord avec le chef, vous quittez ou
vous devez vous taire.

Le système des listes fait qu’on n’y mettra jamais la


personne qui ose parler. Ceux qui se croient chefs
mobilisent la masse contre la personne en question
pour le limoger ou lui tendre des pièges. Les chefs
n’aiment pas les conseils contraires à leurs volontés.
302

b) Les hommes élus sont prisonniers

Une fois les listes élues, et non les individus, on voit


dans les institutions des personnes disposées à servir
les chefs de partis. Cela se fait durant un moment
puisque la personne se disait au fond « je veux être
élu » mais sans considérer qu’il leur faudra prendre la
responsabilité de trahir et toujours côtoyer le peuple
agonisant.

Et quand la raison revient, c’est déjà trop tard, on est


face à des institutions élues incapables de servir. Les
élus craignent non pas ceux qui, dit-on, les ont élus
mais ceux qui les ont mis sur la liste. Le peuple n’aura
jamais l’intérêt de ce pourquoi il est parti élire. La
démocratie sera toujours en danger. Si par amour ces
élus se rebellent, c’est la loi qui tranche et on les
limoge. « Ubwenge bukwanse… »

c) La solution

Il faut convaincre les individus dans nos communes


(hommes politiques à la base) qu’ils peuvent,
indépendamment de leurs partis politiques ou
organisations, se mettre ensemble comme
personnalités dignes visant les intérêts directs de la
commune pour se faire élire en tant que tel.
303

Nous invitons les ressortissants communaux dans leurs


diversités morales et professionnelles à briser le silence
sur ce qu’ils se voient faire alors qu’ils y sont opposés,
et limiter l’influence des partis politiques dans nos
milieux de production. La commune est une entité de
production et non de spéculation politique.

Si cette étape est franchie, elle donnera naissance à


une volonté provinciale et nationale. Quand vous êtes
un indépendant dès la base, votre influence montera
au fur et à mesure que vous croisez d’autres
indépendants, seule l’idée de programme sera le
maître-mot pour se hisser au-dessus des autres.

Nous vous supplions, vous qui visiblement ne vous


intéressez pas à la politique, et probablement pas à la
vie de votre commune que vous ne visitez plus depuis
belle lurette. Le semblant d’aisance matérielle semble
vous éloigner des plus simples, mais rappelez-vous de
votre souffrance quand vous les croisiez malheureux
dans les rues de la ville, à cause d’une mauvaise
gouvernance d’individus qui n’auraient pas été là si
vous vous étiez impliqués.

Espérant votre compréhension pour cet appel, nous


restons en attente de votre contribution à cette idée
développée ici et surtout au renforcement d’un Burundi
304

paisible, et par là tous vos soutiens de toute nature


sont les bienvenus.

II. La loi

La loi burundaise permet cette situation, que ce soit la


constitution ou la loi électorale même si l’autorité
l’interprète à son avantage. Le monopole des partis en
matière d’élections est le résultat d’hommes pourtant
intéressés, mais qui ne veulent pas agir. Oser dire ce
que vous pensez n’est pas du tout enfreindre la loi.
Certains vont jusqu’à imaginer que seuls les membres
des partis politiques ont le droit de faire la politique.

Le seul moyen de nous éviter de nous plaindre


éternellement, c’est de participer aux affaires de notre
pays, avec la conviction que plus personne ne nous
mènera dans une direction voulue sans notre
collaboration et consentement. Agissons selon la loi
pour nous et pour tous, et n’acceptons plus que des
gens l’utilisent contre nous.

III. Les principes fondamentaux

Les valeurs d’Ubuntu pour dire la Dignité humaine /


l’Humanisme par l’amour, la compassion et le partage,
d’Ubushingantahe pour dire la Serviabilité par la
compréhension, la droiture et la justice, et d’Ubugabo
305

pour dire la Compétence par le courage, le travail et


l’ambition, … sont pour nous des valeurs « rundi »
qu’on ne s’approprie pas en tant que groupe mais
individuellement comme recherche de la noblesse.

Tous les bons qualificatifs d’un homme meilleur ont été


accaparés par les partis comme propriété privée. Ainsi,
Ubudasigana, ubuziraguhemuka, ubugumyabanga,
ubunamarimwe, ubuvugakuri, … sont autant de
dénominations de valeurs qu’on déteste juste parce
qu’on pense qu'elles font de nous des membres de
partis qu’on ne voudrait pas approcher. Le
raisonnement doit être tout autre, on ne peut plus
permettre que des valeurs de noblesse soient une
chasse gardée de gens qui ne les vivent pas. On est
abadasigana, on est inziraguhemuka, on est
abagumyabanga, on est abanamarimwe, on est
invugakuri, … parce qu’on connait ces valeurs et ce à
quoi elles engagent. On est des leaders et on connaît
notre rôle comme parents de ce peuple sans exception.

Les indépendants qui se rassemblent ne luttent pas


pour une valeur ou une autre mais se complètent dans
leur vie pour la recherche du meilleur de tous. Aucune
valeur ne colle aux indépendants, mais au contraire les
indépendants courent à la recherche des valeurs.
306

Entre indépendants et citoyens libres, il n’y a pas de


chefs, mais des leaders, pas d’anciens mais des sages,
et la valeur n’attend point le nombre d’années. Les plus
jeunes peuvent avoir les meilleures idées, les plus
pauvres peuvent avoir les meilleures solutions, les plus
fragiles peuvent avoir les meilleures actions.

Les indépendants ne croient pas aux différences de


symboles (drapeaux, insignes, couleurs, …), ils peuvent
tout adopter quand ils y trouvent une valeur nouvelle.
Seul le drapeau national est hissé et l’hymne national
chanté par les indépendants.

Les indépendants ne discutent pas des sentiments des


uns et des autres, ils respectent les sentiments tels que
vécus par les humains. Seules les idées des projets de
société sont discutables. Commune par commune,
province par province et au niveau national, les
indépendants sont formés pour comparer le niveau de
vie sur tous les indices. Ils parlent de l’argent du
contribuable et sont en éternelle concurrence pour le
bien.

Les indépendants ne se couvrent pas dans le mal,


chacun est pour soi s’il s’agit du mal ; ils n’ont pas de
serment à se faire dans ce sens. Ils se sont rencontrés
parce qu’ils ont un pays en commun à développer,
307

parce qu’ils ont des projets à concrétiser ensemble.

Les indépendants ne font pas des cotisations pour leur


organisation puisqu’il n’y en a pas. Ils participent
matériellement s’ils ont des choses à faire
spontanément. Le pays et l’intérêt général sont leurs
seules motivations et non une organisation qui pourrait
ressembler à un parti dont les fêtes à boissons et
nourritures deviennent des appâts pour un peuple
ivrogne.

Les indépendants devront lutter pour que les listes


bloquées disparaissent, et qu’il y ait des
circonscriptions en commune et en province pour une
compétition individuelle des élus. Ainsi avant d’y
arriver, les indépendants se rassemblent pour travailler
selon la loi en vigueur.

IV. Les moyens moraux

Les idées avancées dans ce travail sont souvent


soutenues par des jeunes. Ils pensent plus au travail et
à leur intégration socio-économique. Mais pour arriver
à cerner tous les contours de nos difficultés, il importe
d’associer des hommes et femmes expérimentés pour
ne pas tomber dans les mêmes pièges que nos
prédécesseurs.
308

Avoir une idée qu’on suppose meilleure ne signifie pas


qu’on refuse tout ce qui a été fait auparavant, ce serait
une aberration de notre part de dire que tout est à
refaire. Beaucoup de choses ont été faites, notamment
des études sur notre économie, et bien d’actions ont
été posées même si les résultats ne se font pas voir.
Notre acharnement se focalise sur la recherche des
individus sages qui peuvent agir comme tel pour le bien
de tous.

Dans cette démarche, il nous est utile de recourir à des


gens que nous avons connus par le passé dans
plusieurs domaines, et qui nous ont été des modèles.
Ils n’ont peut-être pas été compris à leur époque, ou
ils n’avaient pas les moyens pour asseoir leurs idées.
Mais on reconnait qu’à l’heure actuelle ils sont aptes à
nous faire avancer. A eux de nous suivre et à tous de
le comprendre.

On dit en kirundi « inyundo irakura ntisumba


iyayujuje », si nous sommes arrivés à produire ces
quelques idées, c’est que nous sommes fruits de
quelques-uns parmi nos ainés même s’ils n’ont pas pu
faire mieux. Ce pays n’a pas été fauché par tous les
burundais depuis l’indépendance, mais par certains qui
ont eu malheureusement la possibilité d’accéder au
pouvoir sans vision. Ainsi à l’instant où nous nous
309

exprimons, ces ainés sont encore là, d’autres sont


partis. Ils seront fiers si demain leur parole d’honneur
est hissée au somment de la décision dans ce pays.
Nous ne devons donc pas nous comporter comme si
nous sommes des génies de la pensée, non et loin de
là, mais comme des chanceux à qui le bonheur sourit à
une génération unie et disposée à vivre ensemble.

La force de cette morale doit nous conduire à l’humilité


et à pouvoir l’inculquer à nos petits frères qui prendront
la relève de ces nobles idées et réalisations qui en
découleront.

V. Les moyens financiers

Quand les idées sont claires, réfléchies et bien


développées, il y a toujours moyens de trouver des
financements. Il existe deux sortes de financements :
financer le projet de rassemblement et financer le
programme du pays.

a) Le projet

Tous les Burundais séduits par ces idées, seront invités


à discuter de cette question si les indépendants arrivent
à se décider des actions à mener dans le proche avenir.
Au moment où cette vision est réédité, le
rassemblement n’est plus une pensée mais une réalité.
310

b) Le programme

Les Burundais arrivent à financer, malgré eux, un


budget de 1500 milliards avec le soutien des bailleurs
à hauteur de 54%. Nous ne craignons rien à vouloir
financer annuellement un programme réduit. Nous
avons tout à y gagner pour apaiser les contribuables et
remettre les bailleurs en confiance. La relance
économique devrait permettre ensuite une croissance
du budget grâce à des premiers investissements dans
les secteurs de production primaire. Un pays ne peut
pas évoluer par un discours sentimentaliste qui
voudrait faire croire que les cotisations des malheureux
paysans sans revenus amènent à une indépendance
économique. Aucun pays au monde ne peut vivre en
vase clos. Nous avons des partenaires et nous devons
avoir de bonnes relations avec eux pour permettre des
investissements qu’on ne peut pas se permettre
immédiatement. La bonne gestion des emprunts peut
nous conduire de l’autosuffisance à l’épargne. C’est
dans ce sens que nous pouvons diminuer notre déficit
budgétaire en évoluant vers un budget en équilibre.
311

CHAPITRE 2 : LES RESULTATS ATTENDUS

Les politiques données comme sujet de réformes, se


feront dans des secteurs ciblés. Leurs objectifs peuvent
avoir une influence sur plusieurs problèmes, donnant
des résultats à des niveaux différents.

Ici nous récapitulons les résultats attendus domaine


par domaine, avec possibilité de ramification selon la
satisfaction des bénéficiaires de politiques. Ces
résultats reflètent le désir d’un électeur lorsqu’il vous
offre sa sympathie, vous écoute et décide le jour « J »
de se déplacer pour faire sien votre programme en
votant. Il ne doit pas être déçu parce qu’il n’offrira pas
une nouvelle chance.

Dans la plupart des cas observés dans nos pays en


Afrique en général et au Burundi en particulier, certains
cadres, même les plus instruits, disent que la
population qui est à cette époque peu formée ne vote
pas utile en visant un programme.

Acceptons que cela soit vrai, mais à qui devons-nous


nous en prendre ? A ce peuple ou à ses leaders qui ne
font pas d’effort pour l’instruire. Pourquoi ce peuple,
qui suit si facilement les enseignements de haine ou
312

toutes les pratiques de corruptions que les cadres


affichent, n’arriverait-il pas à suivre les bonnes choses
qui viendraient des chefs.

En affichant cette vision, on montre une image d’un


tout qui n’est pas facile à comprendre, par contre en
donnant les résultats possibles, on donne au peuple la
facilité de comprendre ce à quoi il doit s’attendre dès
qu’il aura posé un acte comme celui d’élire.

Ces résultats affichés ci-dessous ne sont pas des


« promesses électorales ». Ces sont des réalités
perceptibles et quantifiables dès que ces politiques ont
été réalisées, peu importe la personne qui les exécute.

D’aucuns disent que le fait d’avoir mis à découvert


notre vision, peut occasionner des vols par d’autres
organisations politiques. Quelle chance aurions-nous !

Seulement qu’elles ne copient pas ces résultats pour


aller les brandir aux yeux du public, mais qu’elles
s’approprient ces politiques d’abord et ensuite et
surtout un Cœur aimant, une Ame consciente, un Esprit
ouvert et naturellement un Corps libre et sain pour oser
ces investissements sans détour.

Si quelqu’un est disposé, il n’aura pas volé, il serait des


nôtres, ceux que les burundais recherchent depuis des
313

décennies afin de vivre paisiblement.

1 En tenant une bonne administration du territoire tel


que prévu par le chapitre 1, les Burundais auront une
facilité d’accéder aux services républicains à moindre
coût. Ils économiseront les frais liés aux déplacements.
Ils gagneront en terme d’ouverture, pas comme
aujourd’hui où des jeunes voient la ville de Bujumbura
après leurs études secondaires.

2 La création de villes organisées et la limitation de


l’habitat dispersé augmenteront les superficies
cultivables. La plupart des jeunes contraints à l’exode
rural par manque de travail pourront trouver
l’opportunité de faire leur métier de paysan du moment
qu’ils le désirent. Surtout ils pourront bénéficier des
avantages prévus au chapitre de l’agriculture et
élevage.

3 La bonne organisation du territoire, en matière de


regroupement en ville, dissipera les conflits fonciers qui
ne font qu’augmenter dans les familles à cause du
manque de revenu. Le chapitre de la justice pourra
également cimenter les haines nées de ces conflits.

4 Avec l’indépendance de la magistrature et la mise à


disposition des moyens dans le secteur de la justice, les
314

problèmes judiciaires trouveront une issue. Les prisons


pleines de prévenus pourront être désengorgées et les
prisonniers seront traités dignement.

5 En permettant aux services de sécurité une dignité


par rapport à leur professionnalisme, les hommes en
uniformes seront fiers d’eux en servant le pays et non
des individus. La population leur fera confiance et les
aidera dans toute l’activité de sécurité par patriotisme
et non par peur de représailles. Par-là, la petite
corruption qu’on voit chez les policiers prendra fin.

6 L’autonomisation des organes de presse publique


donnera du coup une meilleure idée de la liberté de la
presse, qui se fera par professionnalisme et plus jamais
par confrontation et lutte d’espace pour se faire voir.

7 En investissant dans l’éducation de commun accord


avec les parents et les enseignants, il y aura un
système éducatif organisé, accepté et aimé de tous.
Les enseignants se donneront à fond pour rentabiliser
leurs propositions, et les élèves seront contents d’être
reçus à bras ouverts. Les enseignants bien traités se
donneront à fond toute la journée sans penser à se
rattraper dans des cours le soir. Le niveau pourra se
relever.
315

8 La création de plusieurs universités publiques


favorisera la compétition de la gouvernance entre
institutions, et facilitera la gestion des entités
raisonnables. Les étudiants auront assez d’espace pour
exprimer leur identité plutôt que de se noyer dans une
masse. Les ambitions scientifiques pourront augmenter
en lieu et place d’une lutte rapide pour une embauche
sans valeur.

9 L’élargissement de la mutuelle à toute la population


permettra la prise en charge des malades et une prise
de conscience que l’Etat est un parent qu’ils doivent
servir. Leur bonne santé permettra une assiduité au
travail et partant une possibilité de production
meilleure. Le recours aux guérisseurs prendra fin et de
là une possibilité d’en finir avec quelques conflits liés
aux mensonges.

10 En améliorant les conditions de travail des


fonctionnaires, le service s’améliorera et tous les
demandeurs de services rentabiliseront leurs temps et
bénéfices. Les fonctionnaires iront en pension avec joie
et laisseront place aux plus jeunes sans craindre pour
la suite. La corruption due à un manque de situation
meilleure pour ceux qui l’assument pourra disparaitre.

11 En mettant en pratique toute la politique de


316

l’habitat, de nombreuses familles pourront économiser


leur loyer pour un logement décent. Il y aura une
stabilisation des familles et un apaisement des
individus. Peut-être que certaines maladies liées au
stress sont dues à la peur de se voir, du jour au
lendemain, chassé de chez soi. Sans doute qu’un
apaisement de cet ordre pourrait dissiper d’autres
maladies qu’on constate sans en comprendre les
raisons. Toute la corruption qu’on retrouve dans le
secteur de la construction, d’achat de parcelle, de
recherche de papiers,… pourra prendre fin sans
difficulté.

12 La prise en charges des délinquants améliorera la


vie de nos semblables, et les tirera vers une vie active.
Cette nouvelle situation sera bénéfique non seulement
aux intéressés mais aussi et surtout à la Nation. Les
personnes tirées de la mendicité constitueront une
population productrice et pourvoyeuse et non
uniquement consommatrice.

13 Le service et la prise en charge offerts aux


personnes vivant avec un handicap sera un signe d’une
société responsable, et la reconnaissance d’une dignité
pour toutes les personnes de notre peuple. Nous
devons aspirer à un grand peuple qui assume ses
maladresses.
317

14 La compression de notre budget issue de la loi des


finances, sera un signe de courage d’assumer nos
dépenses et ce que nous voulons devenir. Cette
décision rabaissera les taxes que nous payons et
propulsera les ambitions des contribuables à s’investir.
La corruption qui découle du refus de paiement des
lourdes taxes prendra fin. Les caisses de l’Etat auront
la part qu’il faut, et les contribuables se sentiront fiers.
Les bailleurs feront face à des gouvernants
responsables, et leurs appréciations pourront
permettre des investissements additionnels.

15 L’investissement en énergie permettra plus


d’ambitions dans tous les domaines de la vie publique.
Le manque à gagner dû aux perturbations énergétiques
sera facilement comblé, et les initiatives déjà avortées
en termes de création d’emploi pourront renaitre. La
machine économique pourra redémarrer avec
notamment l’exploitation du secteur des mines.

16 L’investissement dans le secteur du gaz domestique


permettra de protéger notre environnement et offrira
une meilleure source d’énergie pour la cuisson.

17 La protection de l’eau dans toutes ses formes


permettra une meilleure maîtrise sur plusieurs
situations pouvant améliorer les secteurs de la santé,
318

l’environnement, l’agriculture, et autres qui nous font


basculer dans la pauvreté.

18 L’application de la politique en agriculture, élevage


et pêche permettra de remettre la quasi-totalité des
paysans au travail, de les empêcher de mendier, et
d’augmenter la production. Le pouvoir d’achat du
burundais augmentera, et les problèmes liés à la vie
chère disparaîtront.

19 La politique en matière de transport favorisera


l’emploi des jeunes non scolarisés. L’organisation de ce
secteur permettra une bonne cohabitation avec la
police et dissipera du coup la corruption observée dans
les rues.

20 En matière de commerce, l’application de la


politique permettra un travail à cœur ouvert, ce qui
favorisera la récolte d’un maximum de taxes et la
limitation des désirs de corruption.

21 La mise en application des nouvelles techniques de


l’information et de la communication propulsera une
révolution en matière de gestion rentable de tous les
secteurs de la vie publique. Presque la totalité des
problèmes survenus par erreurs, par fatigue, par
méconnaissance des procédures, par mauvaise
319

volonté, … seront résolus en un clic.

22 La politique de l’emploi, que ce soit dans le secteur


public ou dans le privé, permettra de tirer des rues une
bonne partie de nos jeunes diplômés, des formés, des
ouvriers,…. Ceci offrira aux familles des revenus, des
impôts à l’Etat et des services au peuple.

23 La politique en matière d’art, culture et sport


donnera une nouvelle image d’un Burundi qui vit et qui
peut faire vivre. En communion avec la politique envers
la diaspora, le pays sera vu par les étrangers comme
un pays à visiter et où l’investissement est porteur de
fruit.

24 Avec une nouvelle division territoriale donnant


valeur aux communes, un bon investissement dans le
secteur du transport, une valorisation de notre art et
culture, et un nouveau discours rassembleur, le
tourisme sera un secteur porteur qui fera beaucoup de
rentrées de devises pour notre économie.

25 En mettant en pratique toutes ces mesures, les


femmes, qui se tuent le plus au travail, profiteront de
plus d’investissements pour se donner une valeur
méritée. Ainsi elles auront la facilité d’acquérir avec
fierté ce dont les hommes les privent souvent alors que
320

la loi le prévoit clairement. Le problème de genre ne se


posera tant que la femme pourra décider sans
dépendre financièrement d’un homme de trop.

26 La politique d’ouverture vers les partenaires,


surtout la société civile et la presse, une volonté de
partager les idées sur la CNTB et la CVR, … permettront
d’améliorer un climat d’entente entre les burundais. Elle
rehaussera le niveau du respect des droits de la
personne humaine au Burundi, et une vision sur tout
cet ensemble permettra de vivre dans un Etat de droit.

« Ce qui se conçoit bien s’énonce


clairement, et les mots pour le
dire arrivent aisément »
Nicolas Boileau.
Homme de lettres du Grand Siècle, France.
321

CONCLUSION GENERALE

Chers compatriotes, tous les Burundais doivent se


remettre au travail le plus vite possible pour améliorer
notre situation économique et nous permettre d’autres
ambitions. Les plus simples dans notre population sont
très courageux et sont régulièrement, la houe dans les
mains, en train de piocher dans un sol de plus en plus
impénétrable. Les artisans, sueur au front, ne peuvent
écouler leurs produits. Des jeunes diplômés passent
leur temps à tourner dans les rues à la recherche d’une
offre de travail qui ne viendra pas.

Cette situation, nous la vivons et elle peut même être


pire pour certains. Par contre, nous comprenons que la
solution est en nous. Nous ne devons pas pleurer ou
passer notre temps à critiquer ceux qui nous ont
précédés sur cette terre. Le Burundi est un pays
merveilleux qui peut satisfaire nos ambitions si nous
procédons par étape sans nous embrouiller à cause du
désordre comme c’est le cas actuellement.

En investissant de façon visible dans les secteurs


économiques, tel qu’exposé dans nos réformes, le
Burundi pourrait atteindre en moins de 7 ans une
croissance annuelle de 8 %. Les Burundais
322

consomment en général les produits locaux, frais et de


bonne qualité. En remplissant le panier de la ménagère,
il sera directement constatable que le pouvoir d’achat
de notre monnaie partira du simple au double, voire au
triple.

D’aucuns savent que toutes les luttes que nous faisons


ici et là ont pour objectif de joindre les deux bouts du
mois. Les Burundais n’ont pas toujours été sadiques
envers les autres. Même aujourd’hui avec la vie si
chère, ils arrivent à garder quelque chose pour les
petits mendiants du coin. En valorisant notre pouvoir
d’achat, nous aurons résolu beaucoup de problèmes de
notre population, comme il y a trente ans, quand cette
population se permettait trois repas par jour.

Cette vision a pour objectif de prendre le taureau par


les cornes dans les premiers moments, pour stopper
l’hémorragie économique dont souffre le pays
actuellement. Il donnera ensuite à la population, en
commençant par les plus vaillants, de nouvelles
ambitions pour un essor économique véritable.

Cette vision n’a pas utilisé les mots "démocratie", ou


"genre", et sans doute peu les mots "droit de la
personne humaine". Notre constat habituel est que ces
vocables et bien d’autres sont devenus des slogans de
323

parleurs pour faire comprendre qu’ils prennent à


témoin le peuple, et que s’ils n’y arrivent pas, on se
souvienne tout au moins qu’ils l’avaient annoncé. De
notre part, les slogans n’ont place que s’il y a des
politiques claires qui montrent comment on devra sortir
de notre misère. Il n’y aura pas de démocratie tant que
le peuple sera dans la mendicité, cloué au sol par toute
sorte de malheurs.

La femme n’est pas objet de citation particulière. Des


politiques claires ayant pour objectif l’épanouissement
de la personne humaine, ne laisseront pas la femme à
elle-même, puisqu’elle est la plus vaillante de notre
société. Si par le passé elle s’est retrouvée derrière,
c’est parce que des gens de mauvaise foi, des gens
sans idée de la politique l’ont voulu ainsi, faisant d’elle
une rivale économiquement, socialement et
politiquement.

Nos droits seront protégés par les autres si nous


protégeons les leurs. Ce programme vient offrir au
peuple les droits économiques qui permettront à tout
un chacun de considérer les valeurs donnant-donnant
entre tous les acteurs de notre société.

En d’autres termes, quand chacun lutte pour sa propre


survie, du peuple affamé aux concepteurs de politiques
324

au plus haut sommet, comment voulons-nous que


notre société ne soit pas une jungle où les plus forts
égorgent les petits. Rien n’est surprenant si nos droits
sont bafoués jour après jour. La solution est en nous et
cette vision essaie d’en circonscrire le début.

Nous attirons l’attention de chacun ici sur le fait que ce


débat ne connait pas d’opposants, mais des
contributeurs. Nous parlons par exemple d’agriculture,
mais peut-être pas comme vous le feriez. Nous avons
besoin de connaitre ce que vous en pensez, nous
sommes très disposés à rectifier notre pensée et
adopter la vôtre si elle s’avère meilleure. Mais avant
cela, nous voulons la connaître.

Bien des débats actuels opposent les Burundais sans


aucune proposition. Les gens discutent de choses peu
utiles comme l’ethnie, la religion, les parcours scolaires
ou professionnels,… et ces débats vont jusqu’à
dégénérer provoquant des souffrances malheureuses.
Nos jeunes qui se réclament de partis politiques ne
bénéficient pas de modèles à l’écoute des discussions
de leurs chefs.

Cette vision vient pour recadrer et enrichir le débat


politique burundais d’idées nouvelles et des projets
concrets. Nous réclamons un débat centré sur les idées
325

qui peuvent construire ce pays, et non sur des


événements qu’on a vécu malgré nous, et encore moins
des individus qui en sont la cause. Nous voulons éviter
aux Burundais de « gutora ikiri ku mutima » (élire son
secret de cœur), car notre vote doit prendre en
considération nos besoins de tous les jours. Ce n’est
donc pas un secret de penser à une solution en plein
jour et de pouvoir l’assumer.

En définitive, ce débat n’est pas destiné à un groupe


donné ou aux initiés, loin de là. Il est à tout le monde,
membres de partis politiques ou autres. Ce débat est
citoyen et personne ne doit en faire une affaire privée.
L’invitation vous est donnée pour l’enrichir et le vivre.
Pour ceux qui adorent le kirundi, notre langue
nationale, une version de poche est disponible, pour
que nous puissions banaliser ces questions que certains
veulent mystifier alors que les réponses sont attendues
de tous.

Nous vous disons merci, et au débat.


326

« … je n’ai pas vu la tombe de ton


père, mon mari, je ne connais
rien de sa mort depuis mes vingt-
huit ans quand il m’a été arraché
en 1972 par une cruelle décision
d’Etat, … mais je préfèrerais voir
la tienne que de te savoir, par
quelques intérêts que ce soit,
dans la bassesse contre autrui,
contre tes compatriotes, faisant
de la haine ton mode de vie,
méprisant la vie des autres par
prétexte de le venger ».
Madame Rohero Hélène Ntawuyankira.
Infirmière, activiste du pardon, Burundi.
327

Production de:

CRADI avec la motivation du Mouvement Orange, sous


la supervision de Francis ROHERO son animateur, dans
le cadre de révolutionner la politique burundaise à
parler de vision publique et plus jamais de personnes,
d’injures, de haine, …

Que les idées produites ici, soient pour tous, le début


d’un débat d’avenir pour que notre passé soit un socle
de fondation et plus jamais une fosse de perdition.

Que chacun puisse les compléter par le biais de certains


amis co-animateurs comme E.N Manirakiza, R.K
Nahishakiye, F Barutwanayo, V Niyoyankunze, E
Iradukunda, F Nzokira, S Ndikuriyo, C Tuyisenge, A
Nsabiyumva, E Niyonkuru, F Sezikeye, J Nimbona, J.P
Irakoze, E Nkurunziza, D Muhayimana, C Niyongabo,
J.B Sabushimike …

Nos contacts:

mouvementorange@gmail.com

http://mouvementorange.blogspot.com/
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