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MARS 2020
2€ LYON
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LES ESPRITS LIBRES
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Les programmes
Les candidats
Métropole
La bataille des circonscriptions ...............................................................8
Les candidats .................................................................................................12
Le bilan des années Collomb..................................................................22
Les défis du prochain président ...........................................................24
Lyon
Une vague de renouvellement dans les arrondissements .........38
Les candidats .................................................................................................41
Agglomération
Villeurbanne prête à passer au vert ?.................................................48
La fin de la banlieue rouge ? ..................................................................50
LYON
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Lyon Capitale : 51 avenue Maréchal Foch 69006 LYON - Tél. 04 72 98 05 00
Directeur de la publication : Didier Maïsto • Directeur exécutif : Philippe Vives
Un scrutin historique
En 2020, les candidats essuient les plâtres d’un scrutin métropolitain
qu’ils peinent à installer dans l’esprit des électeurs malgré des enjeux
primordiaux pour le quotidien des habitants de l’agglomération.
P
our la première fois, les électeurs vont être mites. Et c’est celui qui a été retenu pour la mé-
clairement impliqués dans la désignation tropole”, s’étouffe Stéphane Guilland, porte- SEULE
de leurs élus métropolitains. Il était temps parole d’Étienne Blanc. La campagne, elle, met CERTITUDE,
au vu de l’incroyable arsenal de compétences en avant d’autres limites : celles de la métropole GÉRARD
dont dispose la métropole ; version survitaminée et de la ville de Lyon. Le dynamisme de l’agglo- COLLOMB NE
du Grand Lyon et de la Courly, ses ancêtres, avec mération a créé des emplois, embelli la ville, SERA PLUS
3,5 milliards d’euros de budget annuel. Cette mais créé insidieusement des effets pervers. Les MAIRE DE LYON.
nouveauté démocratique est à saluer, mais ses prix de l’immobilier ont grimpé jusqu’à devenir IL NE VISE,
modalités d’application n’ont pas permis un prohibitifs pour les classes moyennes. Les dépla- EN 2020, QUE LA
choc de simplification. Les électeurs sont appelés cements sont devenus un casse-tête, notamment PRÉSIDENCE DE
aux urnes pour un double scrutin, municipal et pour les automobilistes qui passent 100 heures LA MÉTROPOLE.
métropolitain, dont certains découvriront le de plus dans les bouchons qu’en début de man-
principe en entrant dans leur bureau vote. Les dat. Ces phénomènes se mesurent un peu
candidats comme les observateurs sont débous- partout en France et Lyon ne fait clairement pas
solés. Et les sondages n’ont pas permis d’y puiser exception. Comme dans d’autres classements,
un regain de clairvoyance. Cette élection est l’agglomération figure même sur le podium
donc historique pour le suspense qu’elle main- d’un officieux palmarès dont elle se passerait
tient. Une première depuis 2001. Seule certitude, bien. La campagne se joue sur la réponse appor-
Gérard Collomb ne sera plus maire de Lyon. Il tée à ces défis, ainsi qu’à celui du réchauffement
ne vise, en 2020, que la présidence de la métro- climatique. Les écologistes veulent changer de
pole, cette collectivité qu’il a créée et dont il veut logiciel et sortir de la course à l’attractivité. Gé-
être le premier président élu. Pour le reste, tous rard Collomb y voit une impasse qui mènerait à
les scénarios sont sur la table. Y compris celui l’effondrement de l’économie. Lui propose des
d’une élection qui déboucherait sur un blocage accommodements raisonnables de son modèle
institutionnel. “À Lyon, cinq listes peuvent ga- lyonnais qui tient lieu tout à la fois de bilan et de
gner un arrondissement. La loi PML (Paris- programme. Au milieu, François-Noël Buffet et
Lyon-Marseille) avec ses primes majoritaires David Kimelfeld adoptent une posture hybride
marchait bien à l’époque du bipartisme, mais qui peine à infuser dans une campagne métro-
© Tim Douet
avec le tripartisme, il montre clairement ses li- politaine. > PAUL TERRA
LES SCÉNARIOS
2020, année
de tous les possibles
Pour l’emporter, les candidats à la présidence de la métropole
devront se trouver des alliés du fait du mode de scrutin. De
nombreux scénarios sont plausibles.
L
e constat abolit les frontières parti- lomb le laisse entendre depuis des mois. liste PS au moins et peut-être avec David
sanes et les haines recuites qui ja- Ce que la droite a longtemps mollement Kimelfeld qui multiplie les attentions à
lonnent la campagne : “Personne démenti avant de cerner, dans la dernière leur égard. Ce bloc hypothétique pèse
ne peut gagner seul.” Il vaut pour Lyon ligne droite, le piège qui leur était tendu : plus de 40 %, ce qui en cas de triangulaire
comme pour la métropole. Après les être satellisés dans cette campagne. Ils leur permet de jouer gagnants. Le mode
votes des 15 et 22 mars, les élus désigneront jurent aujourd’hui que rien ne sera pos- de scrutin avec des primes majoritaires
le premier d’entre eux dans leurs assem- sible. À défaut d’être majoritaires, ils am- qui permettent d’obtenir automatique-
blées respectives dans un troisième tour bitionnent de constituer le groupe d’élus ment la moitié des sièges en jeu dans un
souvent opaque. Il est fort probable que le plus important à la métropole pour arrondissement ou une circonscription
rien ne soit réglé avant. Si Gérard Collomb tenter d’en emporter la présidence à la métropolitaine incite clairement aux fu-
fait la course en tête dans les sondages, il majorité relative, au troisième tour du sions de listes. Les quelques heures dont
manque de réserves de voix en vue du troisième tour. À moins qu’une majorité disposent les candidats dans l’entre-
second tour. Les Républicains, en troisième ait réussi à se créer avant. Les écologistes deux-tours compteront doubles.
position, ont le même écueil. De quoi peuvent être en mesure de se concocter
en faire des alliés objectifs ? Gérard Col- un périmètre d’alliance gagnant avec la
Métropole
Sources : Lyon Mag - Opinion Way des 30/10, 27/11 , 27/12, 30/01, 26/02, Le
Les alliances possibles Progrès/France Info -Ipsos du 14/11 et Mag2Lyon – BVA du 14/02.
Les candidats et leurs scores obtenus dans les sondages (en moyenne)
FRANÇOIS-NOËL BUFFET
BRUNO BERNARD LES RÉPUBLICAINS
EÉLV
GÉRARD COLLOMB 44%
LREM
42%
16,5 %
20,6 %
30%
27,1 %
40%
12,5 %
1 %
DAVID KIMELFELD
DENIS BROLIQUIER
ENSEMBLE AVANT TOUT
LES CENTRISTES
10 %
RENAUD PAYRE
LA GAUCHE UNIE
ANDRÉA KOTARAC
NATHALIE * Nathalie Perrin-Gilbert ne pré- RASSEMBLEMENT
PERRIN-GILBERT sente des candidats que sur les
GRAM - LFI 3,3 %* six circonscriptions lyonnaises.
NATIONAL 10 %
© MAXPPP
Ville de Lyon Sources : Lyon Mag - Opinion Way des 30/10, 27/11 , 27/12, 30/01, 26/02 ;
Les alliances possibles Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale du 16/01 et Mag2Lyon – BVA du 14/02.
Les candidats et leurs scores obtenus dans les sondages (en moyenne)
ÉTIENNE BLANC
GRÉGORY DOUCET LES RÉPUBLICAINS
EÉLV
YANN CUCHERAT 37%
LREM
40%
18,2 %
21 %
30% 18,5 %
28%
9,5 %
1 %
GEORGES KÉPÉNÉKIAN
ÉRIC LAFOND
RESPIRATIONS
LES CENTRISTES
9 %
SANDRINE RUNEL
LA GAUCHE UNIE
Métropole
Un saut dans l’inconnu
I
maginé par Gérard Collomb en 2014 dans au coup du lapin sorti du chapeau. La droite se
le confort du clivage droite gauche, le scrutin laissera-t-elle séduire ? Son candidat, François-
métropolitain est rendu totalement illisible Noël Buffet, jure que non. Mais en 2001 et
par la décomposition de l’offre politique de 2020. en 2014, il n’avait pas non plus vu venir la tra-
“Personne ne peut gagner tout seul”, pointe-t- hison de ses camarades. Une absence de majorité
on dans chaque staff de campagne. Gérard au soir du second tour ne tient plus de la
Collomb et les écologistes font la course en science-fiction. Ce qui pourrait être préjudiciable
tête, mais dans leur sillage une poignée de can- à l’heure où la métropole a devant elle des
didats se partagent 50 % des intentions de défis immenses à relever : la transition envi-
vote. Conçu pour enfin faire émerger une ma- ronnementale, la révolution numérique, une
jorité claire, le scrutin ne devrait pas honorer crise du logement et des mobilités à résoudre.
sa promesse. Et c’est encore dans un troisième Passées au révélateur de son attractivité, les
tour opaque que pourrait se décider le nom limites du modèle lyonnais sont apparues. Et
du premier président élu de la métropole de l’enjeu du scrutin est là. Faut-il changer d’orien-
Lyon. Gérard Collomb, qui en fait l’aboutisse- tation, comme le prônent les écologistes, corriger
ment de sa carrière politique, a su par le passé les erreurs à la marge, comme le pensent David
se trouver des alliés de circonstance pour ren- Kimelfeld et François-Noël Buffet, ou continuer
verser des rapports de force défavorables. La sur la voie tracée depuis 2001, comme le
magie opérera moins facilement. À sa gauche, propose Gérard Collomb ? Électeurs, vous avez
les écologistes et les socialistes ne croient plus deux tours pour répondre à cette question.
LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE
Gérard Collomb :
le dernier round
Fort de sa notoriété et d’un bilan consolidé depuis 2001, Gérard
Collomb est le favori pour présider la métropole, une collectivité qu’il
a créée et sur laquelle il veut laisser son empreinte. Mais il est affaibli
politiquement. Il a perdu une partie de son équipe et s’avance sans
réserve de voix au second tour.
D
ans les années 1980, Gérard Collomb a Lyon. Son destin national prend une tournure ‘ Gérard Collomb,
cultivé, à son insu, une image de loser ironique à l’été 2014. Arnaud Montebourg et 72 ans
de la politique lyonnaise. Municipales Benoît Hamon sont virés du gouvernement. • Né à Chalon-sur-
après municipales, il a encaissé les désillusions Gérard Collomb s’imagine déjà à Bercy et fait Saône
et les brimades. Les plus dures venant de son campagne. François Hollande met son veto et • Professeur agrégé
de Lettres classiques
propre camp. Au parti socialiste, il est méprisé confie le ministère de l’Économie à Emmanuel en 1970
par les instances nationales. Sous Mitterrand, Macron. “Je n’ai jamais rêvé d’être ministre, • Entre au conseil
les gouvernements se font sans lui. Idem sous contrairement à ce que beaucoup ont pu dire”, municipal en 1977
Jospin. Gérard Collomb enraie la spirale des tempère aujourd’hui Gérard Collomb. • Devient député en
défaites en 1995 en prenant le 9e arrondissement. 1981, puis sénateur
Il en fait son laboratoire, celui d’un socialisme en 1999
L’aventure En Marche
pragmatique. Sur les anciennes friches industrielles • Élu maire en 2001 puis
Mais le maire de Lyon n’en nourrira aucune en 2008 au 1er tour.
du quartier de l’Industrie, il mise sur Bruno rancœur envers le ministre de l’Économie de Réélu en 2014
Bonnell et Infogrames. Jean-Michel Aulas suivra François Hollande. Il est séduit par le réformiste • Devient en 2015
en installant le siège de la Cegid. Sous Raymond Macron. Il sera son premier soutien et se lance à le 1er président de la
Barre, il se montre un opposant constructif. corps perdu dans l’aventure En Marche. Em- métropole de Lyon,
collectivité qu'il a créée.
En 2001, les planètes s’alignent pour Gérard manuel Macron devenu président, Gérard Col-
Collomb. L’après-Barre vire au vaudeville. La • Dès 2016, participe à
lomb est nommé ministre de l’Intérieur. Une la création d'En Marche
droite se divise entre Michel Mercier et Charles tâche qu’il accepte “pour rendre service”, dit-il. avec Emmanuel Macron
Millon. Minoritaire en nombre de voix, Gérard Une nomination qu’il regrette aujourd’hui. • Nommé ministre de
Collomb devient maire de Lyon grâce au système Sans son concepteur, le système Collomb se l'Intérieur en 2017.
électoral par arrondissement, à la tête d’une liste fissure. En son absence, une partie de ses majorités • Quitte ses fonctions
gauche plurielle. Les premiers mois du mandataire municipales et métropolitaines savourent la en 2018 et redevient
sont hésitants. Et puis Gérard Collomb trouve maire de Lyon.
nouvelle méthode de travail. Sentant sa ville lui
la recette de sa “movida” : les berges du Rhône, échapper, Gérard Collomb revient à Lyon, mais
les Nuits sonores et Vélo’v. En 2008, il met en ne la reconnaît plus totalement. En position de
miettes Dominique Perben et s’offre une élection faiblesse, il fait l’impasse sur la présidence de la
dès le premier tour. Ce triomphe, il le savoure. Il métropole qu’il laisse à David Kimelfeld. Il consi-
met aussi en lumière un nouveau visage de dère que les élus lui doivent tout et ne pardonne
Gérard Collomb : plus autocratique et plus pas à ceux qui ne s’alignent pas. “Humainement,
droitier. Une tendance qui va se confirmer cela touche, forcément, de voir des amis partir.
d’année en année. En 2014, il est facilement J’ai connu une période difficile”, glisse Gérard
réélu, ayant conforté, entre-temps, son image Collomb. Une année et demie de bras de fer
de maire bâtisseur à la Confluence. La vague s’engage avec David Kimelfeld. En jeu : l’investiture
bleue se fracasse sur le système Collomb. LREM pour le scrutin métropolitain. À l’automne,
© AFP
Emmanuel Macron tranche en faveur du maire de Lyon. “JE N’AI JAMAIS RÊVÉ
Un an après que ce dernier a quitté le gouvernement sans
ménagement. “Sur le terrain, les gens nous disent qu’ils D’ÊTRE MINISTRE,
aiment Collomb, qu’ils l’apprécient, mais ils n’ont pas digéré
son départ”, pointe Michel Le Faou, tête de liste de David
CONTRAIREMENT À CE QUE
Kimelfeld sur la circonscription Lyon Ouest. Gérard Collomb BEAUCOUP ONT PU DIRE”
retient, les demandes de selfies dans la rue. Depuis son
passage au ministère, il a vu sa popularité démultipliée. urbain à la Confluence. “Le projet le plus écologiste de cette
Dans cette campagne, le maire de Lyon mise sur lui : sa campagne”, avance-t-il dans une vision un brin surannée de
marque et son bilan. Il parie que dans une élection difficilement l’environnement.
lisible, sa notoriété peut s’avérer décisive. “Il dit : « Votez pour Mais électoralement, le Gérard Collomb de 2020 n’est plus
moi et ce sera comme avant. » Les gens sont plutôt contents de celui de 2014. Le passage à La République en Marche lui a
son action. Il a donc tout intérêt à parler de son bilan plus que ouvert quelques portes à sa droite, mais en a fermé plus à sa
de son projet”, valide un habitué des campagnes lyonnaises. gauche. En six ans, il a presque perdu un tiers de son électorat.
Gérard Collomb ne dit pas autre chose : “Il faut que l’on Les sondages le placent au premier tour entre 25 et 30 %, mais
continue dans cette voie et pas que l’on en change ou que l’on en font un colosse aux pieds d’argile. Pour gagner, il devra
essaie autre chose.” Cette continuité se retrouve aussi dans son s’allier. Ses œillades à la droite ne sont pas des plus discrètes.
programme. Il porte les grandes infrastructures dont il s’était Fin mars, ce pourrait être le prix à payer s’il veut devenir le
pourtant toujours tenu à l’écart. Il s’est ainsi emparé de premier président élu au suffrage universel de la métropole de
l’Anneau des Sciences avec une vigueur nouvelle. Il en fait le Lyon. Une collectivité qu’il a créée et dont il veut écrire le
prix à payer, 3 à 4 milliards d’euros, pour faire sauter le premier chapitre de l’histoire. > PAUL TERRA
bouchon de Fourvière et transformer l’autoroute en boulevard
LES RÉPUBLICAINS
François-Noël Buffet,
une élection pour briser
la malédiction
En 2001 et en 2014, François-Noël Buffet avait vu la présidence de la
métropole se refuser à lui, trahi par une partie des siens.
F
rançois-Noël Buffet tente de conjurer le “C’EST LA FORCE TRANQUILLE.
mauvais sort qui le lie à la présidence de
la métropole. En 2001 et en 2014, ses CE N’EST PAS TOUJOURS CELUI
candidatures s’étaient soldées par de cuisants
échecs. Lors des troisièmes tours, il était censé
QUI FAIT LE PLUS DE BRUIT QUI
être majoritaire en voix, mais Gérard Collomb SE FAIT LE MIEUX ENTENDRE”
avait su retourner les maires de centre droit et
certains LR. Son parti lui a redonné une chance
et l’a investi. Les Républicains misent sur son
profil plus rassembleur et rond que celui plus ‘ François-Noël Buffet,
soit des élus de droite ou de gauche, tous s’accor-
hâbleur d’Alexandre Vincendet qui postulait. 56 ans
dent à dire que c’est un gros bosseur”, rapporte
C’est aussi le pari d’une campagne qui se jouera • Né à Lyon
Stéphane Guilland. À la haute assemblée où il
dans la discussion plus que dans des actions • Avocat
est élu depuis 2004, il s’est spécialisé sur les ques-
coup-de-poing. “François-Noël Buffet, c’est la
tions d’immigration. Localement, il mène cam- • Élu conseiller municipal
force tranquille. Ce n’est pas toujours celui qui fait d'Oullins en 1990.
pagne sur sa vision de la métropole de demain.
le plus de bruit qui se fait le mieux entendre”, veut • Maire de la commune de
Elle serait moins centrée sur Lyon et placée dans
croire Gilles Gascon, maire LR de Saint-Priest et 1997 à 2017
une vision plus large qui englobe l’aire urbaine
tête de liste sur la circonscription porte des • Sénateur du Rhône
de Lyon. “Il a compris que cette collectivité n’était
Alpes. Le choix du sénateur est finalement celui depuis 2004.
pas une entité unique. Il sait que les besoins ne
d’une élection qui se jouera sur trois tours. Mais • Candidat face à Gérard
sont pas les mêmes d’un territoire à l’autre. Il a
ce postulat a enfanté des doutes sur le premier Collomb en 2014 pour la
une vraie vision d’aménagement du territoire sur présidence du Grand Lyon
étage de la fusée Buffet. Certains de ses colistiers
l’équilibre entre l’est et l’ouest. Gérard Collomb • Soutient François Fillon
s’exaspèrent ainsi depuis des mois de le voir
ne voit que Lyon et il a siphonné les finances au à la présidentielle de 2017
mener une campagne de sénateur souterraine
profit de la ville centre. Avec François-Noël Buffet,
quand ils pensent qu’un surplus de visibilité ne
les communes n’auront plus à venir quémander
leur ferait pas de mal. “Ce scrutin est une pre-
des investissements auprès d’un Gérard Collomb
mière. Je pense que lui n’avait pas compris qu’il
qui achète des voix”, assène Christophe Quiniou,
devrait nous cornaquer. De notre côté, nous
maire de Meyzieu.
n’avions pas intégré que nous ne serions pas to-
talement maîtres de notre campagne comme aux
municipales”, juge à la Salomon une tête de liste “La confraternité,
LR. François-Noël Buffet, malgré des critiques c’est la haine vigilante”
nourries, n’a pas varié. “C’est quelqu’un de Ce choix du municipalisme s’est retrouvé dans
constant dans ses idées avec des principes et une ses investitures, 13 hommes et une seule femme
vision. Dans les péripéties de ces dernières années pour faire la part belle aux maires, ce qui lui a
au sein de LR, il a su garder le cap. Il est le bon aussi valu un procès en misogynie. David Kimel-
candidat parce qu’il nous faut quelqu’un de solide feld l’a ainsi affublé du surnom de “major
sur ses convictions, mais aussi capable d’ouver- d’hommes”. Mais, stratégiquement, le pari pour-
ture”, salue Pierre Bérat, qui mène la liste sur la rait être gagnant. Le candidat LR à la présidence
circonscription Lyon Est. de la métropole théorise que le scrutin se déci-
C’est aussi et surtout son sérieux qui est mis en dera encore à partir de l’échelon municipal et
avant. “Techniquement, il est bon. Quand il que les électeurs feront des choix conformes. Son
prend un dossier, il le gère bien. Au Sénat, que ce salut passera donc par l’addition des quatorze
E
n politique, il est très rare que le mot LE MAIRE DE LA CROIX-ROUSSE
sortant rime avec dissident. Cette in-
congruité, David Kimelfeld, actuel pré- ÉTAIT UN BON SOLDAT DE LA
sident de la métropole de Lyon, s’en serait bien
passé. Mais La République en Marche lui a
“COLLOMBIE” OÙ LES GALONS
préféré Gérard Collomb en application d’un S’OBTIENNENT PAR LOYAUTÉ
principe de précaution électoral. Le parti pré-
sidentiel a misé sur la marque Collomb. Un
PLUS QUE DANS LES URNES
pari que valident, dans une certaine mesure,
les sondages. En revanche, les stigmates de la ba- porte l’antithèse du modèle lyonnais. Il promet ‘ David Kimelfeld,
taille que se sont livrée le maire de Lyon et le pré- d’en atténuer les effets pervers : flambée des prix 58 ans
sident de la métropole font planer le spectre de de l’immobilier, manque d’équipements de • Né à Lyon
la perte de Lyon. David Kimelfeld n’a pas rendu proximité et difficulté pour se déplacer. Il attaque • Infirmier puis chef
les armes quand l’arbitrage parisien est tombé. Gérard Collomb sur le fond, mais aussi sur la d'entreprise
Ses soutiens sont restés derrière lui. Il en a même forme. Quand il lui a succédé à la métropole de • S'encarte au Parti
engrangé de nouveaux : Hélène Geoffroy, la Lyon, en juillet 2017, David Kimelfeld a impulsé socialiste au début des
années 1980
maire PS de Vaulx-en-Velin, ou Prosper Kabalo, une nouvelle gouvernance, impliquant plus lar-
• Élu conseiller
candidat LREM à Villeurbanne. Georges Képé- gement les élus. C’est le ferment sur lequel se d'arrondissement en
nékian s’est lancé à Lyon contre Gérard Collomb sont construits les soutiens à sa candidature. “Je 2001 dans le 4e
pour reformer leur tandem d’intérimaires. La gère les collèges depuis le début du mandat et Gé- • Devient vice-président
détermination de David Kimelfeld est aussi rard Collomb ne m’a jamais rencontré quand il en charge du
nourrie par des sondages qui lui permettent présidait la métropole. Il ne m’a parlé qu’une développement
économique au Grand
d’être toujours en vie dans la dernière ligne seule fois dans un couloir pour me demander Lyon en 2008
droite, celle où tout se décantera. combien de collèges nous avions dans l’agglomé-
• Maire du 4e en 2011
ration”, se lamente Éric Desbos (Modem). après la démission de
L’antithèse du modèle Comme d’autres élus métropolitains, il a préféré Dominique Bolliet.
Bruno Bernard, un
écologiste en équilibre
Choisi pour sa connaissance des mécanismes électoraux et un
positionnement équilibré, Bruno Bernard se prépare à gouverner,
dopé par des sondages qui font d’EÉLV l’alternative la plus crédible à
Gérard Collomb.
“P
ersonne ne naît écologiste. Surtout “JE SENS QUE MON DISCOURS
dans le milieu d’où je viens où ce
n’était pas la culture”, s’amuse Bruno PREND AVEC LES ENTREPRISES.
Bernard. Lui est tombé dans le socialisme quand
il était petit. Il est le fils de Roland Bernard, an-
ELLES ONT VU QUE JE SUIS
cien sénateur et proche de François Mitterrand. PRAGMATIQUE”
Au retour de son ascension rituelle de la Roche
de Solutré, l’ancien président de la République rité socialiste sur le sujet. Dans sa campagne mé- ‘ Bruno Bernard,
passait la nuit chez les Bernard. Le genre d’en- tropolitaine, Bruno Bernard s’attèle à rassurer 49 ans
fance qui creuse un sillon. Bruno Bernard s’en- des milieux économiques qui perçoivent Europe • Né à Sainte-Foy-lès-
gage d’abord en politique chez les socialistes Écologie-Les Verts comme une menace. “Je sens Lyon
avant de bifurquer. “J’ai adhéré aux Verts que mon discours prend avec les entreprises. Elles • Fils de Roland
en 2002. C’était un cheminement long. Sur les ont vu que je suis pragmatique et qu’elles pour- Bernard, ancien
sénateur PS et proche
sujets sociaux, je ne me retrouvais plus au PS, que ront continuer à travailler. Mais, naturellement, de François Mitterrand
j’ai quitté en 1996”, retrace-t-il. elles préfèrent des candidats comme Gérard Col- • Ingénieur diplômé en
lomb ou David Kimelfeld”, admet-il. Les son- mécanique des
Homme de l’ombre dages confirmant la dynamique des Verts, la structures.
Avec les écologistes, il s’implante à Villeurbanne, peur des écolos s’invite dans la dernière ligne • Chef d'une entreprise
droite de la campagne. “Nos adversaires de désamiantage.
ville où il a obtenu son diplôme d’ingénieur et
où il dirige aujourd’hui une entreprise de dés- commencent à dire n’importe quoi sur Grenoble. • S'engage auprès
Ça nous crédibilise et montre que l’on peut ga- d'EÉLV en 2002.
amiantage qui emploie 25 salariés. Il y décroche
son premier mandat en 2008 dans une majorité gner. Dans leurs discours, ils se disent plus verts • Candidat aux
socialiste et écologiste qui va se fissurer quand que nous, mais ils expliquent que les Verts au municipales à
pouvoir, ce ne serait pas bon. Leur message est Villeurbanne en 2008.
EÉLV chipe un canton au PS, déclenchant l’ire
de Jean-Paul Bret. Leur liste autonome échouant compliqué à lire”, balaie Bruno Bernard. Il sa- • Candidat en 2014 sur
une liste autonome du
en 2014, Bruno Bernard perd ses mandats. Il va voure aussi de voir ses rivaux venir sur son ter- PS.
alors s’investir dans le mouvement, redevenant rain : “Les autres candidats parlent d’écologie,
• Intègre direction
un homme de l’ombre. Il prend en main EÉLV mais nous restons à 20 % dans les sondages. C’est nationale du parti EÉLV
dans la région. “Quand on est entrepreneur, on la preuve que, sur ces thématiques, nous sommes en 2016.
a plutôt des appétences à s’occuper de l’organisa- les seuls à être crédibles.” Bruno Bernard s’ima-
tion. Il a progressé dans le parti, car il est bon dans gine désormais en position de gouverner : “Je
ce domaine. Gérer une collectivité, ce n’est pas très suis prêt, la probabilité d’y arriver est forte.” Les
loin de gérer une entreprise, il faut des compé- conquêtes municipales de Lyon et Villeurbanne
tences en ressources humaines, en administration lui ouvriraient, en effet, un boulevard vers la rue
et en finances. Il a ce profil. Bien plus qu’un in- du Lac.
tellectuel de telle ou telle cause environnementale
qui serait incapable de gérer une collectivité. C’est
Connaissance de la science
un gage de sérieux”, pointe Jean-Charles Kohl- électorale
haas, candidat EÉLV à Oullins et dans la circons- Dans la galaxie écologiste, il ne s’est pas fait
cription Lones et coteaux. connaître par sa radicalité environnementale. “Je
Aujourd’hui, les écologistes tentent de s’ouvrir le suis beaucoup plus que l’image que je peux ren-
de nouveaux horizons. Le duo Bernard-Vessiller voyer, mais dans cette campagne et à Lyon, il faut
investit le terrain de la sécurité à Villeurbanne avoir une certaine forme de modération. Cepen-
pour mieux souligner les errements de la majo- dant, cela ne veut pas dire que je n’ai pas des ob-
RASSEMBLEMENT NATIONAL
Andréa Kotarac,
plus si insoumis
Dans le terreau local lyonnais peu favorable au RN, Andréa Kotarac
espère passer de deux à pas loin de dix élus au conseil métropolitain.
Et pourquoi pas prendre une ville comme Givors avec son ami de
faculté Antoine Mellies.
D
e ses dix ans à La France insoumise, il a
© Antoine Merlet
gardé son écharpe rouge. Il est le pre-
mier à avoir “franchi la frontière”, selon
ses mots, et explique avoir ouvert la voie à
d’autres insoumis. Un positionnement oppor-
tun pour le RN qui a changé son nom pour de-
venir un “parti de rassemblement” au-delà de
l’extrême droite. Dès son ralliement en pleine
campagne européenne en 2019, Kotarac, prise
de guerre, est propulsé sur les tribunes aux côtés
de Marine Le Pen. Son départ a renforcé la théo-
rie de l’alliance des extrêmes. Des rouges bruns.
Celle de l’éventail politique se rejoignant par les
deux bouts. L’ancien insoumis assure “ne pas
avoir changé”. “Je suis toujours un homme de
gauche, c’est La France insoumise qui a changé”,
répète-t-il à l’envi. Né en Haute-Savoie d’un père
serbe et d’une mère iranienne, il s’engage en po-
litique en 2006 au moment des manifestations
contre le CPE. Puis il lance le Front de gauche
avec Jean-Luc Mélenchon. En 2012, il devient
coresponsable des jeunes lors de la campagne
présidentielle. Le fondateur de La France insou-
mise tape à l’époque à bras raccourci sur le FN. “J’AI AGI PAR VÉRITABLE
“C’était Front contre Front. Mais moi je préfère CONVICTION PARCE QUE
la campagne de 2017 où Mélenchon n’a plus pro-
noncé les mots droite et gauche. On a retiré les J’AI TOUT PERDU LÀ-DEDANS.
drapeaux avec la faucille et le marteau et subs- DES AMIS, MON MANDAT”
titué La Marseillaise à L’Internationale. C’était
fondateur. On parlait à tous les Français”, ex- comme un saut dans le vide. J’ai agi par véritable ‘ Andréa Kotarac,
plique aujourd’hui le candidat frontiste. conviction parce que j’ai tout perdu là-dedans. 30 ans
Des amis, mon mandat.” Elliott Aubin, son an- • Né à Evian
La ligne souverainiste cien camarade, réfute la thèse de la vanne ou- • Master en droit public
Lors de la défaite au premier tour de la présiden- verte entre les deux Fronts : “Il est parti tout seul. international
tielle en 2017, il n’apprécie pas l’appel au “front Il n’a pas construit un réseau d’anciens de LFI au • Rejoint le Front de
gauche en 2008
républicain”. Première rupture : “Ce front aboutit FN. Il s’est seulement égaré et vendu par oppor-
• Juriste à Vénissieux
toujours à mettre des libéraux au pouvoir pour tunisme. Dire qu’on a changé et pas lui, c’est de entre 2014 et 2016
qu’ils cassent tout.” La fracture définitive a lieu la com’ parce que tout nous oppose au RN. Avant • Élu régional de 2015
avant les européennes, donc. Les tenants de la ça, en interne, on ne l’a jamais entendu se battre à 2019.
ligne souverainiste de La France insoumise quit- pour sa ligne. Pourtant, c’est ça la vie d’un parti.” • Quitte son mandat en
tent le navire. Andréa Kotarac aussi, mais lui, En 2014, les deux hommes avaient dressé une 2019 après avoir rejoint
contrairement aux autres, opte pour le RN. Un lourde charge contre le FN dans un article inti- le Rassemblement
national.
choix qui intervient après un voyage à Yalta dans tulé “La machine infernale”. Une machine dont
une conférence pro-Poutine où il sympathise Andrea Kotarac est aujourd’hui le nouveau lea-
avec les émissaires de Marine Le Pen : “C’était der dans la métropole. > JUSTIN BOCHE
L
e directeur de Sciences Po Lyon a décidé “LA GAUCHE,
de mettre les mains dans le cambouis de
la politique locale. Une première pour À CHAQUE MOMENT OÙ
l’universitaire de 44 ans qui naît à Grenoble
dans une famille “fondamentalement à gauche”
ELLE A ÉTÉ UNIE, A ÉTÉ AU
où ses deux parents oscillent entre socialisme et RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE
communisme. “Je me suis forgé politiquement
sur l’idée que droite et gauche, ce n’était pas la
EN LUTTANT CONTRE LES
même chose. La gauche unie, c’était à la maison”, INÉGALITÉS”
ironise-t-il. Son militantisme, d’abord, est autant
© Antoine Merlet
politique que scientifique, avec une thèse sur le
municipalisme et la transformation sociale par
les communes. Il crée la première filière Science
Po à Lyon-II, à Bron, avant de devenir directeur
de Sciences Po Lyon. Il hésite longtemps à s’en-
carter dans un parti. Le fait une fois, au PS,
après l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007. “J’ai
été déçu. J’avais déjà l’idée que ça passerait par
quelque chose de plus large”, commente le
candidat aux métropolitaines.
Le bilan des
années Collomb
1er mandat 2e mandat
‘ Vélo’v
LES RÉUSSITES
‘ La Confluence
C’est avec ce quartier que Gérard
Collomb gagne ses galons de maire-
bâtisseur et laisse sa trace dans
l’histoire de Lyon. Il aménage d’abord
les docks avec un immeuble signature,
le cube orange. Vient ensuite le centre
commercial et, de l’autre côté de la
darse, des habitations. En faisant
travailler des architectes de renom,
‘ Les berges du Rhône Gérard Collomb change l’image de
Lyon. Le quartier sera finalisé lors du
‘ Carré de Soie À quelques mois des municipales
mandat suivant avec une densification
Sur d’anciennes friches industrielles, de 2008, Gérard Collomb abat son
joker : les berges du Rhône. Le des constructions, mais aussi plus de
Gérard Collomb lance le Carré de végétation.
Soie. Autour de l’hippodrome, il crée succès populaire est immédiat. Les
un centre commercial et prolonge la Lyonnais redécouvrent leur fleuve.
ligne A du métro pour en faire un Lors des mandats suivants, il décline
nouveau hub. C’est de ce nouveau l’idée sur la Saône avec des
quartier que part le développement aménagements plus intimistes et un
de la métropole vers l’est. Et les projet retardé : l’esplanade Saint-
aménagements se poursuivent Antoine.
encore avec des immeubles de
bureaux et de logements.
‘ La vidéosurveillance
Comme il l’avait fait à son arrivée
‘ Les Nuits sonores dans le 9e arrondissement en 1995, ‘ Le coût de L’OL Land
Ce festival de musique électro va Gérard Collomb cible la sécurité
C’est la grande bataille du deuxième
tordre le cou à l’image de ville comme une priorité. Une manière de
mandat. Elle est politique, juridique et
bourgeoise de Lyon. L’événement casser l’image angéliste accolée au
populaire, tant l’OL Land cristallise les
symbolise la dynamique nouvelle PS à l’époque. Il multiplie par trois le
critiques. Mais Gérard Collomb apporte
impulsée par la majorité de gauche nombre de caméras de
un soutien sans faille à Jean-Michel
plurielle qui met en avant une vidéosurveillance au cours de son
Aulas, le président de l’OL. Et aussi un
nouvelle génération. Elle est ici premier mandat. Les statistiques de
concours financier à un projet réputé
incarnée par Vincent Carry. la délinquance chutent.
100 % privé. Les différentes
collectivités présidées par Gérard
Collomb financent les aménagements
à hauteur de 200 millions d’euros.
3e mandat
‘ La Duchère
En parallèle des logements à
10 000 euros de la Confluence, Gérard
Collomb n’oublie pas son
9e arrondissement. À la Duchère, il
prône la mixité sociale. Des barres HLM
sont rasées et remplacées par des
immeubles d’une taille plus humaine à
destination des classes moyennes. Le ‘ Le développement
taux de logements sociaux diminue à économique
mesure qu’il augmente dans le reste de En 2019, plus de 16 000 emplois ont
la ville. Même dans les quartiers les été créés dans la métropole de Lyon.
plus chics, des appartements HLM sont Timide au cours des premiers
intégrés aux programmes immobiliers. mandats, l’implantation de grandes
‘ L’Hôtel-Dieu entreprises a pris une plus grande
C’est le grand projet lyonnais du ampleur. À ses opposants qui
troisième mandat, avec la rénovation l’accusent de siphonner les territoires
‘ Festival Lumière de la place des Terreaux. Porté par le voisins, Gérard Collomb assure que la
Pour mettre en valeur une invention privé, il symbolise un partenariat théorie du ruissellement fonctionne.
lyonnaise, Gérard Collomb lance le public-privé devenu de plus en plus
festival Lumière. Il le confie à Thierry présent au fil des ans.
Frémaux, directeur de l’Institut
Lumière. En dix ans, la manifestation
est devenue d’envergure nationale. Elle ‘ Gerland
devrait trouver son prolongement lors Le quartier est celui qui a le plus
du mandat à venir avec la réalisation
‘ La Part-Dieu changé au cours des deux derniers
Dans le quartier d’affaires, Gérard mandats avec les ZAC du Bon Lait,
de la cité du Cinéma, un prolongement
Collomb redessine la skyline en Nexans et des Girondins. Au sud, le
de l’Institut Lumière.
soutenant des projets de tours : Biodistrict s’étend progressivement. La
Oxygène puis Incity et bientôt Silex et première pierre du Circ a été posée il y
To-Lyon. Il en fait le deuxième quartier a quelques semaines. Gerland est
d’affaires de France derrière La devenu un quartier d’affaires. Le
Défense. Le plan Part-Dieu se déménagement de l’OL a été bien
poursuivra durant le prochain mandat amorti par l’arrivée, réussie, du Lou
avec le réaménagement de la gare et rugby.
du centre commercial.
Métropole
Les défis du prochain
président
La métropole de Lyon a encore apporté, au cours des six dernières années,
la preuve de son dynamisme. Mais derrière les premières places dans les
palmarès, l’agglomération et la ville de Lyon sont confrontées à une crise de
croissance. Les nouveaux arrivants ont mis en lumière une thrombose des
déplacements, la difficulté à se loger et un manque d’équipements publics.
© AFP
Lyon asphyxié
par les bouchons
Avec 12 000 habitants de plus par an en moyenne, l’agglomération voit son
réseau routier se saturer au fil des années
A
u fil du mandat, la situation s’est tion dans le monde entier, ils ont passé bloqué, toute l’agglomération thrombose.
fortement dégradée dans les près de 100 heures supplémentaires dans Nous avons bien fait de réduire la place
transports. En 2013, l’étude Inrix les embouteillages. “La circulation auto- de la voiture, mais nous n’avons peut-être
estimait que les Lyonnais perdaient mobile s’est détériorée, car nous avons pas assez de solutions alternatives”, sou-
46 heures dans les bouchons chaque voulu restreindre la place de la voiture en lignait Jean-Luc Da Passano, vice-prési-
année. Six ans plus tard et toujours selon ville. Nous sommes aux capacités mini- dent de la métropole chargé des grands
Inrix, une société qui analyse la circula- males et aujourd’hui dès qu’un endroit est ouvrages, dans un dossier spécial trans-
L
e phénomène est national. Dans tiré la sonnette d’alarme dès 2018 : “Ce
© Antoine Merlet
toutes les métropoles françaises, phénomène des classes moyennes qui ont
les prix de l’immobilier grimpent du mal à se loger dans la ville-centre se
en flèche et, en la matière, Lyon excelle. produit dans toutes les métropoles at-
Quand Gérard Collomb accède à la tractives. Le marché ne se régulera pas
mairie de Lyon, en 2001, l’immobilier tout seul. Les prix de l’immobilier de-
est considéré comme plutôt bon marché viennent inquiétants.” Il pointait aussi
dans la ville. L’agglomération est dans le une conséquence visible à Paris “où des
ventre mou du classement national : 7e écoles ferment parce qu’il n’y a plus de
sur 17. Aujourd’hui, la métropole est sur familles”. Pour permettre aux classes
le podium. Le prix médian au mètre moyennes d’acheter un appartement
carré dans Lyon atteint désormais neuf dans Lyon, la collectivité a créé un
4 570 euros tous arrondissements confon- officie foncier dont la dotation est encore
dus. Avec des pics de fièvre à plus de trop chiche pour enrayer la loi du marché.
5 500 euros dans le 2e et le 6e. Sur le “David Kimelfeld ne veut pas être le pré-
mandat, les prix ont bondi de 37 % à sident de la métropole à 10 000 euros le
Lyon et de 23 % dans l’agglomération. mètre carré, mais il l’est déjà”, cingle Re-
À une tendance nationale s’ajoutent des naud Payre, candidat PS. Gérard Collomb
particularismes locaux. Dans les grandes continue, lui, de lire la montée des prix
opérations comme la Confluence, la col- n’est pas suffisant et il n’a pas été respecté. de l’immobilier comme un indicateur
lectivité fait le choix de ne lancer de nou- La raréfaction des fonciers entraîne une attestant de la bonne santé de l’agglo-
veaux bâtiments que quand le précédent surenchère entre les promoteurs. Les mération. Et sans conséquence : “Quand
a été commercialisé. Tout le contraire prix du foncier explosent et se répercutent une ville a la dynamique de Lyon, l’hy-
d’un choc de l’offre alors que la demande sur celui de la vente aux particuliers. percentre devient plus cher, mais on peut
n’a jamais été aussi forte. En un mandat, Victimes, les classes moyennes, qui depuis se loger dans de nouveaux quartiers (...).
l’agglomération lyonnaise a intégré l’équi- une petite dizaine d’années sont Si vous habitez au Carré de Soie, vous
valent de la ville de Valence. Le rythme contraintes de se loger toujours un peu êtes à vingt minutes de la Presqu’île et de
de construction imaginé par la majorité plus loin dans l’agglomération à chaque la Part-Dieu.”
métropolitaine, 8 500 logements par an, naissance d’enfant. David Kimelfeld avait
SÉCURITÉ/PROPRETÉ
ÉQUIPEMENTS
À
Lyon comme un peu partout dans la LES BESOINS EN ÉQUIPEMENTS
métropole, les grues du privé ont été plus
rapides que celles de la puissance pu- PUBLICS QUI COMMENÇAIENT
blique. Dans cette course, les grands perdants
sont les habitants. Les besoins en équipements
À ÉMERGER SONT DÉSORMAIS
publics qui commençaient à émerger en fin de UNE RÉALITÉ
mandat précédent sont désormais une réalité as-
similée par la plupart des candidats. Georges Ké- des constructions le temps de remettre les ser-
pénékian a intitulé sa liste Respirations, une vices publics à l’équilibre. Même dans les monts
manière de souligner qu’il veut enrayer la fréné- d’Or ou dans l’Ouest lyonnais, des territoires
sie du développement de la ville. Il veut d’ailleurs cossus, le manque d’équipements publics est
doubler le budget consacré aux écoles. Les pointé alors que la population augmente. Les
groupes scolaires sont, en effet, exposés au boom communes ont aussi souffert de la création de
démographique. Trois écoles provisoires, en pré- la métropole. Avant le 1er juillet 2015, les muni-
fabriqué, ont été utilisées sur ce mandat et le be- cipalités percevaient une dotation de solidarité
soin en construction varie de cinq à dix selon les du Grand Lyon et des subventions du départe-
différents candidats. Les écologistes veulent car- ment. Ces dernières sont passées à la trappe.
rément changer de modèle de développement. David Kimelfeld les a relancées dans les derniers
Pour offrir aux habitants une qualité de vie que mois de son mandat. Ce que ses opposants ont
l’attractivité métropolitaine leur a enlevée, ils perçu comme une manœuvre électorale. Le
veulent déconcentrer la métropole. Arrêter d’ha- mauvais taux d’exécution du plan de mandat –
biller la Part-Dieu pour répartir sur l’ensemble seuls 75 % des dépenses prévues ont été réali-
du territoire les zones d’activités. Ils font des sés – parachève ce sentiment d’être victime de
tours le symbole d’une ville invivable. À Villeur- son succès.
banne, Béatrice Vessiller promet un moratoire
Demandez
le programme !
Pour vous, Lyon Capitale a passé au crible les propositions des
candidats métropolitains et lyonnais.
Dans l’ordre (de gauche à droite et de haut en bas) : Sandrine Runel (Gauche unie), François-Noël
Buffet (Les Républicains), Gérard Collomb (LREM), Agnès Marion (RN), Nathalie Perrin-Gilbert (LFI-
Gram), Renaud Payre (Gauche unie), David Kimelfeld (Ensemble avant tout), Bruno Bernard (EÉLV), Éric
Lafond (Les Centristes), Georges Képénékian (Ensemble avant tout), Denis Broliquier (Les Centristes),
Yann Cucherat (LREM), Étienne Blanc (Les Républicains), Grégory Doucet (EÉLV), Andréa Kotarac (RN).
L
e modèle lyonnais passé au révélateur de son at- Pour les figures libres, les programmes sont globale-
tractivité a montré ses limites et c’est naturelle- ment tous marqués du sceau de la continuité. À l’excès
ment sur celles-ci que les candidats se sont peut-être pour Gérard Collomb qui a décidé d’abolir la
penchés : le logement, la mobilité, la sécurité et le bien- frontière entre le bilan et le programme. À ses habituels
vivre. Les épisodes caniculaires, tout comme le score des pavés, il a préféré, en 2020, un document resserré. Les
écologistes aux européennes, ont fait émerger l’envi- mauvaises langues diront qu’il ne peut, cette année,
ronnement et l’adaptation au réchauffement climatique s’appuyer sur les services de la métropole. À l’inverse de
comme des priorités. L’écologie constitue en 2020 une son rival David Kimelfeld. Lequel semble avoir décou-
forme de tronc commun : “débitumer” les cours de ré- vert une planche à billets dans les sous-sols de la rue du
création, créer des îlots de fraîcheur, amener du bio ou Lac. Il propose d’augmenter tous les budgets d’inves-
du local dans les cantines, et planter des arbres, dans des tissement, de créer de nouvelles aides, de doubler le
proportions plus ou moins réalistes, jusqu’à 100 000 par nombre de lignes de métro et de tramway sans toucher
an pour Étienne Blanc sur la seule ville de Lyon, par au levier fiscal. Avec ses 400 propositions, il a au moins
exemple. Les candidats ont aussi fait le constat que les le mérite de balayer large. Les écologistes ont, par exem-
habitants n’étaient plus en demande de grands projets, ple, fait des impasses dans leur programme. Le social,
mais de proximité. Ironie du sort à l’heure où la métro- qui pèse un tiers du budget, est traité en quelques lignes
pole s’apprête à ne plus accueillir un représentant de sans que soit jamais mentionné le RSA, principal poste
chaque commune qui la compose, les candidats pro- de dépense. Un manque qu’ils combleront peut-être
posent des projets par quartier. par des alliances.
Les Républicains
Rassemblement National
Transports
C’est le gros enjeu du mandat à venir : écarter la circulation de transit et
offrir aux habitants des alternatives à la voiture.
‘ Grands projets : nœud ferroviaire lyonnais, Lyon- ‘ Augmentation de 20 % des transports en
Turin ou ligne E du métro impulsée en 2014. commun en priorisant les lignes fortes existantes
comme C3 ou C6.
‘ Prolongement de la ligne B (2030) toujours plus
au sud et de la ligne A jusqu’à Meyzieu. ‘ Création des liaisons express sur l’autoroute
A6-A7 ou le périphérique. Ligne de tramway, T8,
‘ Ligne circulaire de tramway le long du boulevard
reliant les différentes banlieues est en rocade.
urbain est, entre Saint-Fons et Vaulx-en-Velin.
‘ Un Réseau express vélo (REV) avec
‘ Passage en boulevard urbain de l’autoroute A7 à
450 kilomètres de piste sécurisés et continus. D’ici
la Confluence.
à 2026, 250 kilomètres autour d’axes structurants
‘ Deux fois plus de pistes cyclables. nord-sud ou est-ouest qui mailleront l’agglomération.
‘ Péage pour les véhicules qui transitent entre ‘ À Lyon, le système “superblock” rendra plus
Villefranche et Givors grâce à un système de lecture difficile la circulation à l’intérieur des quartiers pour
des plaques minéralogiques. les automobilistes en transit.
Les Républicains
Ensemble avant tout
‘ Création de trois lignes d’aérotram, dont une qui ‘ Gratuité des transports en commun en période
relierait Francheville à Perrache à la place du de canicule.
métro E. ‘ Prolongement de la ligne A jusqu’à l’aéroport
de Saint-Exupéry avec des stations à Décines-
‘ Ouverture de 50 parcs relais, dont certains
Charpieu et Meyzieu.
seront associés à des espaces de coworking.
‘ Création d’un abonnement global de transport
‘ Multiplication par deux de la capacité de la comprenant les TCL, la SNCF, les Vélo’v et des
ligne D du métro. trottinettes.
© Tim Douet
Urbanisme
Pour changer le visage de Lyon, les candidats veulent verdir la ville et
partir à la conquête des fleuves.
Piscine flottante sur le Rhône (Kimelfeld) Réaménagement de la rive droite du Rhône (EÉLV)
‘ Reconquête des fleuves : piscine flottante sur le ‘ Achèvement des dossiers impulsés lors de ses
Rhône et la Saône, logements étudiants sur le trois premiers mandats : Confluence, Part-Dieu et
Rhône, ainsi que des équipements publics comme Carré de Soie. Le prochain dossier, il veut l’ouvrir
des gymnases ou des espaces de coworking. dans l’est, en bordure du boulevard urbain est.
‘ Opérations de réaménagement de grande
ampleur comme avec l’esplanade de l’Hôtel-Dieu.
‘ Pour lutter contre l’insécurité à la Guillotière : Les Centristes
démolition du Clip, piétonnisation de la rue de
Marseille débarrassée d’un tram renvoyé sur les
quais du Rhône. ‘ Refonte totale du centre d’échanges de
Perrache pour apaiser le quartier. Les voiries
seraient toutes enterrées, laissant en surface la
place à une esplanade de huit hectares.
Lyon en commun
‘ Encadrement des loyers pour permettre aux ‘ Encadrement des loyers pour enrayer la
classes moyennes de continuer à se loger dans le spéculation foncière.
cœur de la métropole. ‘ Augmentation du budget de l’Office foncier
‘ Construction de 9 000 logements par an, dont solidaire qui passerait de 4 à 40 millions d’euros.
6 000 sociaux, soit une hausse de 50 % par rapport Cet outil permet de faire baisser le prix de
au mandat précédent. l’immobilier neuf.
‘ Création d’un office foncier métropolitain ‘ Fin de la vente du patrimoine immobilier de la
crédité de 20 millions d’euros chaque année pour ville de Lyon, accélérateur de gentrification à ses
permettre de produire des logements plus yeux.
abordables.
© Tim Douet
‘ Renforcement de l’Office foncier solidaire, qui dans Lyon.
permet d’acheter des terrains afin de faire baisser le ‘ Recours aux bailleurs publics pour agir comme
coût de revient des immeubles. promoteurs immobiliers et ainsi faire baisser les
‘ Pour faire chuter les prix de l’immobilier, miser prix de l’immobilier.
sur les territoires voisins plutôt que
sur la densification de la métropole (1 000 euros.au
mètre carré à Saint-Étienne).
Les Centristes
Environnement et propreté
La République En Marche
Les Républicains
‘ Rapprochement des CCAS des villes des ‘ Expérimentation d’une l’automaticité des aides
maisons métropolitaines et création d’un guichet sociales. Une demande de RSA, par exemple,
unique de la métropole dans chaque mairie. déclencherait l’attribution des aides aux logements
‘ Instauration d’une tarification sociale pour l’eau et d’autres prestations sociales.
et droit à l’eau de 10 m3 “pour les usages de ‘ Expérimentation d’un revenu de base pour les
première nécessité”. jeunes de 18 à 25 ans sans ressources.
La République En Marche
Lyon en commun
© MAXPPP
municipales pour les seniors.
‘ Meilleur accompagnement des aidants.
Enfance-Éducation
Tous les candidats promettent du bio dans les cantines, de 60 à 100 % selon
© AFP
Les Centristes
La gauche unie
‘ Gratuité des activités périscolaires.
‘ Sortie des cantines de la DSP et autonomisation
des établissements pour la fourniture des repas. ‘ Construction de cinq nouveaux collèges à taille
humaine, avec moins de 600 élèves.
‘ Construction de cinq nouveaux groupes
scolaires à Lyon.
‘ Harmonisation de l’offre périscolaire.
Les Républicains Doublement de “la capacité d’accueil en centres de
loisirs” pour accueillir les enfants le mercredi et
pendant les vacances.
‘ Expérimentation de l’école hors les murs. Pour
apprendre à mieux comprendre la nature, les élèves ‘ 400 berceaux dans des crèches municipales ou
des établissements pourront faire classe une associatives.
journée par semaine dans un parc municipal.
‘ Organisation des jeux des Lyonnais pour
promouvoir la pratique sportive et favoriser le lien Lyon en commun
social dans les quartiers.
‘ Création d’une école métropolitaine de la
deuxième chance. ‘ Retour à une gestion municipale des cantines
avec la création d’une deuxième cuisine centrale.
‘ Création de 400 places de crèche.
‘ Gratuité des temps périscolaires.
Ensemble avant tout
La République En Marche
Rassemblement National
‘ Mise en place d’un grand plan contre le
décrochage scolaire.
‘ Encouragement des filières techniques via des ‘ Ouverture des équipements sportifs scolaires
écoles de production ou de la deuxième chance. pendant les vacances.
‘ Construction et rénovation d’une quinzaine de ‘ Ouverture des bibliothèques le dimanche et en
groupes scolaires. soirée.
‘ Mise en place d’un espace d’exposition réservé à ‘ Réouverture de la galerie des Terreaux aux
des artistes émergents qui auraient carte blanche Lyonnais. Étienne Blanc en fera une annexe des
pour créer en résonance avec les grandes musées municipaux qui exposeront gratuitement
manifestations culturelles que peuvent être les une partie de leurs collections qui dorment dans les
biennales ou les grandes expositions. réserves.
‘ Création d’un festival de musique urbaine tourné ‘ Organisation tous les ans d’une grande fête de
vers les artistes lyonnais et une manifestation autour l’eau autour de jeux d’eau et de lumière.
des arts numériques. La manifestation estivale Tout
le monde dehors sera relancée.
Lyon en commun
La gauche unie
Europe Écologie - Les Verts
‘ Création d’un nouveau musée : la cité de l’Image
‘ À Lyon, sanctuarisation du budget de la culture. et du Film en lien avec l’Institut Lumière.
‘ Meilleure répartition de la Fête des Lumières ‘ Ouverture des bibliothèques sept jours sur sept
dans les neuf arrondissements. jusqu’à 21 heures.
FOCUS
Lyon
Une vague de
renouvellement dans
les arrondissements
L
a campagne des municipales souffre d’un Fiducial pour Lyon Capitale chiffrait la perte Lyon
manque d’intensité par rapport aux en ligne à 57 % entre 2014 et 2020. Les derniers 516 000 habitants
années précédentes, à l’ombre du scrutin 73 conseillers municipaux
jours de campagne seront décisifs. Étienne
221 élus d’arrondissement
métropolitain. 2020 sera pourtant une année Blanc, le candidat LR, qui mène campagne
historique au conseil municipal. Gérard Collomb sous les radars, espère une remontée et mise
ne sera plus maire de Lyon, quel que soit le sur le sérieux de son programme et de son
verdict des urnes. Il s’est désigné un successeur, personnage. Les écologistes comptent sur la
l’ancien gymnaste Yann Cucherat, et demandera génération climat et un bloc de gauche qui,
aux Lyonnais de valider son choix les 15 et autour de 40 %, pourrait être gagnant. Sans
22 mars prochains. À ce stade de la campagne, réserve de voix, Gérard Collomb laisse clairement
cela n’a rien d’évident. Gérard Collomb a beau entendre qu’il pourrait s’allier avec la droite.
partager l’affiche avec son nouveau dauphin, Auquel cas, il pourrait troquer la ville de Lyon
les électeurs n’ont pas suivi. Un sondage Ifop- à la droite contre des soutiens à la métropole.
Lyon 2e
Denis Broliquier (Les Centristes)
Anne-Sophie Condemine (LREM)
Pierre Oliver (LR)
Valentin Lungenstrass (EÉLV)
Maire : Nathalie Perrin-Gilbert (Gram) Grégory Dayme (Respirations)
Nombre d’habitants : 29 551
Élus au conseil municipal : 4 Jean-Marie Sauboua (Gauche unie)
Nathalie Carlino (LFI-Gram)
Jean-Claude Vitau (RN)
Lyon 1er
Nathalie Perrin-Gilbert (LFI-Gram)
Mark Lavoye (LREM)
Les électeurs de la Confluence constituent la grande inconnue
Sylvain Godinot (EÉLV) du scrutin dans le 2e. Gérard Collomb estime qu’ils lui seront
Catherine Heranney (Respirations) plus favorables que ceux de l’autre côté des voûtes,
André Gachet (Gauche unie) traditionnellement acquis à la droite. Aux législatives, la
Myriam Fogel-Jedidi (LR) Confluence avait voté à 43 % pour LREM au premier tour. Denis
Jean Perrot (RN)
Elisa Chevalier (Les Centristes)
Broliquier, le maire sortant, part cette année en autonome. Il
Chantal Helly (LO) appuie sa candidature sur son projet de faire sauter le verrou
de Perrache en enterrant les voies de circulation. Il en fait une
La primaire de la gauche au premier tour alternative à l’Anneau des Sciences. Les Républicains misent sur
pourrait déterminer le vainqueur de leur projet de réaménagement de la rive droite du Rhône qui se
l’arrondissement. Nathalie Perrin-Gilbert y positionne principalement sur le 2e.
avait conquis son indépendance en 2014.
Cette année, elle sera concurrencée par les Les enjeux :
écologistes forts de leur bon résultat aux ‘ piétonnisation de la Presqu’île
Européennes de mai dernier. ‘ achèvement de la phase 2 de la Confluence
Les enjeux : ‘ reconquête des fleuves : berges flottantes ou navettes
‘ galerie des Terreaux fluviales
‘ pollution à l’école Michel Servet ‘ transformation de l’autoroute en boulevard urbain
‘ sécurité autour des Terreaux
Lyon 3e Lyon 4e
Béatrice de Montille (LR) Sylvie Palomino (Respirations)
Grégory Doucet (EÉLV) Danielle Attias (LREM)
Georges Képénékian (Respirations) Rémi Zinck (EÉLV)
Carole Burillon (LREM) Anne Pellet (LR)
Nicolas Planchon (LFI-Gram) Gauthier Blin (Les Centristes)
Michel Dulac (RN) Aline Guitard (Gauche unie)
Françoise Deydier (Les Centristes) Alexandre Chevalier (LFI-Gram)
Stéphane Leger (Gauche unie) Marie de Kervereguin (RN)
Charly Champmartin (LO)
La Part-Dieu pose une question philosophique dans
cette campagne : le modèle de développement que Maire de l’arrondissement depuis 2011, David
souhaitent la ville et la métropole. En refusant de Kimelfeld se focalise sur la métropole en 2020.
construire de nouvelles tours, les écologistes prônent un Sans se désintéresser complètement des
moratoire sur la Part-Dieu pour apaiser un quartier qu’ils municipales. Il sera en deuxième position de la liste
estiment asphyxié. Les listes de la majorité sortante de Georges Képénékian menée par Sylvie
prévoient quant à elles des corrections du projet à la Palomino, son actuelle première adjointe. La Croix-
marge. D’ailleurs, tous les candidats veulent végétaliser Rousse est l’un de ces arrondissements où tout
cet arrondissement où la densification a rimé avec peut arriver dans un deuxième tour qui pourrait
minéralisation. Dans un scrutin indécis, celui qui abriter une quadrangulaire. Anne Pellet, élue
emportera le 3e, le plus gros pourvoyeur de conseillers Modem investie par Les Républicains, veut croire
municipaux, fera basculer l’élection. en ses chances dans ce type de configuration. Tout
comme les écologistes, conscients que la
Les enjeux : sociologie du quartier ne les désavantage pas.
‘ équipements publics
‘ plan Part-Dieu Les enjeux :
‘ réaménagement de la gare et du centre commercial ‘ logement
‘ végétalisation ‘ navettes automatiques rue Terme
Lyon 6e
Pascal Blache (LR)
Anne Brugnera (Respirations)
Ludovic Hernandez (LREM)
Jacky Copede (RN)
Florence Delaunay (EÉLV)
Maire : Béatrice Gailliout (Modem) Quentin Picard (Gauche unie)
Nombre d’habitants : 48 182
Élus au conseil municipal : 8
Matthieu Sausset (Les Centristes)
Verene Saint-André (LFI-Gram)
Lyon 5e En 2014, Pascal Blache avait été le seul maire
Yann Cucherat (LREM) d’arrondissement élu dès le premier tour. Six ans plus
Anne Prost (LR) tard, il se contenterait volontiers de virer en tête du
Béatrice Gailliout (Respirations) premier tour. L’émergence d’En Marche colle plutôt
Nadine Georgel (EÉLV)
Éric Prost (Gauche unie) bien avec la sociologie du 6e. Mais comme dans tous
Tristan Debray (LFI) les arrondissements, la majorité présidentielle offre le
Olivier Pirra (RN) spectacle de ses divisions. La députée de la
Alexandra Astier (Les Centristes) circonscription, Anne Brugnera, mène campagne
Tristan Teyssier (LO)
pour le dissident Georges Képénékian.
Aux municipales aussi la bataille sera intense entre Les enjeux :
les candidats de l’équipe sortante. Yann Cucherat se ‘ végétalisation
présente, avec l’investiture LREM, face à la maire ‘ place de l’Europe Maire : Christian Coulon (PS)
sortante du 5e, Béatrice Gailliout. Les deux font Nombre d’habitants : 85 229
Élus au conseil municipal : 12
campagne avec l’ombre portée de leurs candidats
métropolitains respectifs. Dans le 5e, Thomas Lyon 8e
Rudigoz pense pouvoir faire mieux que Gérard Charles-Franck Lévy (LREM)
Collomb. Les Républicains jugent l’arrondissement Sonia Zdorovtzoff (EÉLV)
gagnable. Étienne Blanc a même envisagé de s’y Stéphane Guilland (LR)
présenter. C’est Anne Prost, une chef d’entreprise Sandrine Runel (Gauche unie)
dans le secteur du tourisme, qui relève le défi. L’enjeu Agnès Marion (RN)
Laura Ferrari (Respirations)
du mandat à venir repose principalement sur la Mathieu Azcué (LFI-Gram)
mobilité, avec la ligne E pour désenclaver le quartier Lylia Soukehal (Les Centristes)
du Point-du-Jour. Patrice Cali (UPR)
Michel Piot (LO)
Les enjeux : Dans le 8e, le ballet des grues a marqué le mandat.
‘ ligne E du métro Mais les promoteurs immobiliers ont pris de court la
‘ rénovation thermique des logements collectivité. Tous les candidats promettent un
‘ Anneau des Sciences rattrapage, notamment en matière d’écoles. Au fil du
‘ sécurité mandat, la situation de la route de Vienne et du
quartier Moulin-à-Vent a émergé comme une priorité
des six ans à venir. Politiquement, une
quinquangulaire n’est pas à exclure au second tour
au vu de l’état de division de la majorité sortante et
de la possible présence du RN. Agnès Marion a quitté
le 7e pour venir se présenter dans l’arrondissement le
Maire : Myriam Picot (DVG) plus favorable au parti de Marine Le Pen.
Nombre d’habitants : 81 480
Élus au conseil municipal : 9 Les enjeux :
‘ équipements publics
Lyon 7 e
‘ logement
Fanny Dubot (EÉLV)
Jean-Yves Sécheresse (LREM)
‘ végétalisation
Émilie Desrieux (LR) ‘ sécurité Maire : Bernard Bochard (PS)
Nombre d’habitants : 49 774
Loïc Graber (Respirations)
Élus au conseil municipal : 9
Laurent Bosetti (LFI-Gram)
Sylvie Tomic (Gauche unie)
Saïdi Ali Chellali (Les Centristes) Lyon 9e
Justine Dufour (RN) Gérard Collomb (LREM)
Olivier Minoux (LO) Camille Augey (EÉLV)
Emmanuel Giraud (Gauche unie)
Les écologistes ont ciblé le 7e arrondissement Karine Gaudinet-Guérin (LR)
Yvon Perez (Les Centristes)
comme celui qui peut leur être le plus favorable. Ils Pierre-Emmanuel Martin (Respirations)
ont devancé LREM aux élections européennes de mai Adrien Drioli (LFI-Gram)
2019. Ils estiment pouvoir gagner des deux côtés des Thibaut Monnier (RN)
voûtes. À la Guillotière, la gentrification du quartier, Anne-Marie Chambon (LO)
qu’ils dénoncent, leur est électoralement Dans son arrondissement, Gérard Collomb s’avance
avantageuse. À Gerland, les nouvelles constructions avec assurance. Il a fait venir Fouziya Bouzerda dans le
ont amené un électorat CSP+ qui d’après un sondage 9e, ce qui peut être perçu tout à la fois comme un
Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale leur est plutôt adoubement et une mise sous tutelle. Mais la
favorable. Ces nouveaux habitants, tous les partis les sociologie politique de l’arrondissement pourrait ôter à
revendiquent, à commencer par Gérard Collomb. À la Gérard Collomb de sa toute-puissance. La liste LREM a
Guillotière, ce sont les enjeux de sécurité qui écrasent fait une mauvaise performance aux élections
la campagne autour de la situation de la place européennes. Une dynamique qu’il veut inverser sur
Gabriel-Péri que tous les candidats veulent son équation personnelle et sa rénovation urbaine de
remodeler. la Duchère et du quartier de l’Industrie.
Les enjeux : Les enjeux :
‘ équipements publics ‘ sécurité
‘ végétalisation ‘ Anneau des Sciences
‘ sécurité ‘ équipements publics
Grégory Doucet,
un vert prêt à gouverner
La prise de conscience écologique et les marches
© Antoine Merlet
L
‘ Grégory Doucet, ongtemps, les écologistes ont été une simple, confesse Grégory Doucet. Une certaine
46 ans force d’appoint. Des faiseurs de rois qui gauche a longtemps été productiviste. Dans le
• Né à Paris pouvaient se vendre en cas de deuxième même temps, nous ne rejetons pas les termes de
• Diplômé de l'école tour. Le vent dans le dos depuis les dernières création d’entreprises, plutôt portés historiquement
supérieure de commerce par la droite. Pour nous, aujourd’hui, le clivage
de Rouen
européennes, malgré un score inférieur à celui
• Travaille dans
de 2009 (3e, 13,48 %), EÉLV assume désormais est entre ceux qui acceptent les limites de la
l'économie sociale et de devenir un parti de gouvernement. Grégory planète et ceux qui ne s’en préoccupent pas.
solidaire et l'humanitaire Doucet en est l’incarnation. En 2017, alors que L’écologie politique, c’est penser les limites du
• Arrive à Lyon en 2009 sa formation est atomisée à la présidentielle monde.”
pour rejoindre Handicap puis aux législatives – elle ne compte aucun dé- Le rouge-vert des dernières années s’est fortement
International
puté –, il décide de prendre la fédération du patiné pour rassurer les inquiets de “l’écologie
• EÉLV depuis 2007
Rhône : “L’écologie politique a été mise de côté punitive”. Reste à savoir avec qui ils gouverneront
• Élu secrétaire EÉLV après les accords de deuxième tour. Gérard Col-
Lyon en 2017
alors que les scientifiques tiraient déjà la sonnette
d’alarme en 2017. C’était la fin de notre parti lomb ? Impossible, tant à cause de son soutien à
pensé comme une minorité agissante qui concluait l’Anneau des Sciences que de son appartenance
des accords pour infuser de l’intérieur, comme à LREM. Ce dernier blocage, par parallélisme
c’était le cas à Lyon. On s’est usé à faire ça et les des formes, ferme aussi la porte à David Kimelfeld
“L’ÉCOLOGIE et Georges Képénékian, tout juste claque-t-elle
petits pas n’ont avancé à rien. Quand j’ai été élu
POLITIQUE A secrétaire de EÉLV Rhône, j’ai tout de suite dit moins fort sur les doigts. Il reste un peu de rose
ÉTÉ MISE DE que notre ambition était de gagner Lyon et la dans le vert, mais dans ces proportions en 2020.
CÔTÉ ” métropole.” > JUSTIN BOCHE
LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE
Yann Cucherat,
au nom du mentor
Candidat surprise de La République en Marche à la ville de Lyon, Yann
Cucherat a été adoubé par Gérard Collomb. Une ombre tutélaire qui
lui a rapidement valu l’étiquette de “marionnette”, même si l’ancien
gymnaste s’en défend.
M
ultimédaillé mondial de gymnas-
© Antoine Merlet
tique, Yann Cucherat a gravi très
rapidement les échelons de la “Col-
lombie”. Élu pour la première fois en 2014, il a
été désigné par Gérard Collomb pour lui succé-
der à la mairie de Lyon. Un mentor qu’il rencon-
tre en 2009 alors qu’il est nommé sportif
lyonnais de l’année. Le baron local lui propose
déjà de le rejoindre. Yann Cucherat refuse et
poursuit sa carrière de sportif avant d’accepter
lors de la campagne suivante.
Discrétion
“Il est arrivé sur la pointe des pieds. C’était
quelqu’un de discret et il l’est toujours”, se sou-
vient Zorah Ait-Maten, adjointe aux affaires so-
ciales et aux solidarités. Une discrétion qu’il
compense par une véritable force de travail, in-
dique cette proche. “Je me suis toujours construit
sur ça. En gym, je n’avais pas de talent particulier. didat. Son air naïf et son allure tirée à quatre “EN GYM, JE
Le labeur m’a fait avancer. C’est un sport où l’on épingles qui lui donnent un air de bon élève le
font passer sous les radars.
N’AVAIS PAS
ne peut pas se cacher”, explique Yann Cucherat.
“La gymnastique, c’est un sport exigeant aussi. C’est pourtant lui qui est choisi face à de vieux DE TALENT
Lui l’est envers les autres, mais surtout envers lui- grognards comme Jean-Yves Sécheresse ou Fou- PARTICULIER.
même. C’était notre capitaine et il s’est imposé ziya Bouzerda. Une désignation raillée par ses LE LABEUR
naturellement”, se remémore son ancien coéqui- adversaires autant que par ses amis qui pointent M’A FAIT
pier Cyril Tommasone. Après trois années à ar- “son manque d’épaisseur politique” et voient en
penter les clubs et associations locaux, il est lui “une marionnette” facile à sacrifier lors d’un AVANCER”
chargé de plancher sur le programme sport accord de second tour. “Au moins dans le sport,
d’Emmanuel Macron en 2017. il y avait des règles, répond-il. En politique, ce
Quand Gérard Collomb quitte Lyon pour le mi- n’est pas le cas. Moi, je me fixe les miennes et reste
nistère de l’Intérieur, c’est lui qui prononce le dans mon couloir. Je ne coche peut-être pas toutes
discours en hommage à son mentor. “L’homme les cases, mais comme quand j’étais sélectionneur,
Lyon, la ville Collomb”, ose-t-il face à un conseil si je n’ai pas toutes les compétences, je vais les ‘ Yann Cucherat,
municipal narquois et gêné. Il ajoute : “Cette ville chercher là où elles sont. Je sais d’où je viens et je 40 ans
existait avant vous, mais en la chérissant comme suis lucide sur ce que je suis. Je me suis toujours • Né à Lyon
vous l’avez chérie, vous l’avez faite belle. Comme confronté à des athlètes du monde entier pour • Gymnaste. Participe à
le regard de l’amant embellit la femme aimée et franchir les obstacles. Je continue de le faire ici de- 4 J.O. Deux médailles
la rend aux yeux de tous plus désirable encore.” puis six ans.” Yann Cucherat explique avoir voté mondiales en 2005
“parfois à gauche, parfois à droite et toujours (argent et bronze)
“Ma femme va être jalouse”, glisse alors, amusé,
pour Gérard Collomb”, mais son positionne- • Conseiller technique
Gérard Collomb à sa voisine. Dans la majorité sportif
de Georges Képénékian, il hérite des grands évé- ment politique reste insondable. “Je fais ça pour
les Lyonnais parce que je suis comme eux, leur • S'engage en politique
nements comme le 8 décembre, en plus des en 2014 sur la liste de
sports. Une marque de confiance. Alors que la prolongement”, répète le candidat en guise de ré- Gérard Collomb
scission est consommée entre Collomb, Képé- ponse. Il assure qu’il saura “trancher” quand il • Nommé adjoint aux
nékian et Kimelfeld, personne ne l’imagine can- faudra le faire. > JUSTIN BOCHE Sports
L
‘ Étienne Blanc, ongtemps, la confiance affichée par
pas une critique, de politiques qui ont été décidées
65 ans Étienne Blanc empruntait à la méthode
ces trente dernières années. Gérard Collomb n’a
• Né à Givors Coué. Mi-février, crédité de 15 % d’inten-
pas été un socialiste de rupture”, pointe le premier
• Avocat tions, Étienne blanc annonçait qu’une vague de
vice-président de la région. Saluer le choix de
• Maire de Divonne-les- fond allait se lever pour le hisser à l’hôtel de ville.
l’ancien ministre de poursuivre l’action de Mi-
Bains de 1991 à 2019 Les derniers sondages valident son intuition.
chel Noir et de Raymond Barre est une manière
• Député de l'Ain de À l’entame de la dernière ligne, il s’apprêterait à
2002 à 2016 déguisée pour Étienne Blanc de faire son auto-
doubler Yann Cucherat, le candidat LREM à la
• 1er Vice-président au promotion. Il l’affirme : il veut “tourner la page
conseil régional depuis
peine malgré le parrainage appuyé de Gérard
dans la tranquillité”. D’ailleurs, son projet phare,
janvier 2016 Collomb. Ou à cause. Étienne Blanc avait long-
l’aménagement de la rive droite du Rhône, s’ins-
temps imaginé se servir des divisions du camp
crit dans une forme de continuité. Si le climat
En Marche comme d’un marchepied. Il a rapi-
vire à l’orage pour la droite lyonnaise, Étienne
dement fait une croix dessus, comprenant que
IL A PURGÉ la brouille Collomb-Kimelfeld saturait l’espace
Blanc aura une issue de secours : s’allier à Gérard
LES ÉCURIES Collomb qui est demandeur. Dans l’opération,
médiatique. Il a alors fait le choix d’une cam-
il pourrait récupérer la mairie de Lyon sur le
D’AUGIAS pagne de terrain. “J’ai participé à plus de
tapis vert des billards à trois bandes.
DE LA 300 réunions d’appartement”, souligne-t-il,
> PAUL TERRA
rappelant aussi qu’il a construit son programme
DROITE avec les Lyonnais. Étienne Blanc escompte que
LYON EN COMMUN
Nathalie Perrin-Gilbert,
première opposante
contestée
La maire du 1er arrondissement a assuré qu’elle ne briguera pas un
nouveau mandat dans les pentes. C’est depuis le 7e qu’elle souhaite
désormais prendre la ville de Lyon à Gérard Collomb.
E
n décembre 2018, Lyon Capitale titrait :
© Tim Douet
“Et si c’était elle ?” Alors première oppo-
sante à Gérard Collomb, Nathalie Perrin-
Gilbert avait 15 000 bonnes raisons d’incarner
l’alternative principale de la gauche à Lyon. Forte
d’une assise solide dans le 1er arrondissement,
elle obtient rapidement l’investiture de La France
insoumise et se rapproche de Raphaël Gluck-
smann, fondateur de Place publique qu’elle ac-
cueille plusieurs fois à Lyon. Finalement, Place
publique s’engage avec la Gauche unie de Re-
naud Payre, le directeur de Sciences Po avec qui
elle a fondé le Gram en 2014 avant de se brouil-
ler. C’est donc dans une gauche divisée en trois
entre elle, le PS et EÉLV que la maire du 1er
aborde ces élections.
Première opposante
Son engagement politique débute aux côtés de
Gérard Collomb en 1995. Élue maire du 1er ar-
rondissement en 2001, quand son mentor de-
vient maire de Lyon, elle est perçue comme son
héritière avant son émancipation entre 2008
et 2014, puis la rupture totale. D’épigone, elle de-
vient première opposante au “modèle Collomb”.
Pendant six ans, Perrin-Gilbert fait le job. Elle
critique la “dilapidation du patrimoine lyon-
nais”, la proximité de Collomb avec les grands “ON DIT SOUVENT AUX FEMMES QUI
patrons lyonnais comme Aulas et Ginon sur les S’AFFIRMENT QU’ELLES SONT
dossiers du parc OL et de Gerland, s’engage AUTORITAIRES”
contre la fermeture des bains-douches du 1er et
la cession de la salle Rameau. Elle obtient même une élue qui sollicite régulièrement les avis”, dé- ‘ Nathalie
des victoires sur la vente des halles de la Marti- fend Elliott Aubin, son adjoint dans le 1er arron- Perrin-Gilbert, 48 ans
nière et la fermeture de l’école Levi-Strauss. dissement. • Née à Lyon
Nathalie Perrin-Gilbert ne cache plus son désir • Diplômée en histoire et
sciences de l’information
Gouverner avec qui ? de gouverner la ville. Mais avec 13 % des inten- et de la communication.
À gauche comme à droite, ses opposants, dont tions de vote, cette volonté passera nécessaire- • Élue conseillère
quelques anciens alliés, lui reprochent “une ment par une alliance des gauches face à municipale et
conception solitaire du pouvoir”, bien loin des Collomb. Rien d’inenvisageable d’un point de communautaire en 1995
sur les listes PS.
valeurs collaboratives qu’elle porte. “Un récit vue programmatique. Les blocages s’annoncent
• Maire du
pour m’affaiblir”, répond-elle. “On dit souvent plus personnels avec Renaud Payre, le PS et les 1er arrondissement
aux femmes qui s’affirment qu’elles sont autori- écologistes qu’elle a malmenés depuis six ans, depuis 2001
taires. Quand c’est un homme, la critique est tou- pointant leur participation à la majorité du • Soutient Jean-Luc
jours plus légère. Moi, je côtoie quotidiennement maire de Lyon. > JUSTIN BOCHE Mélenchon en 2017
42 ans
• Née à Sallanches
• Maîtrise Lettres
classiques et modernes,
• Éditrice
• Milite au FN depuis
1997
• Se présente en 2007
aux législatives sur la
10e circonscription du
Rhône
• Conseillère
d'arrondissement du 7e
depuis 2014
• Élue au conseil
régional en 2015
C
onseillère d’arrondissement dans le 7e et “J’ÉTAIS SIMPLE MILITANTE,
conseillère régionale, Agnès Marion va
reprendre le flambeau de Christophe
COLLEUSE D’AFFICHES. JE ME
Boudot au Rassemblement national à Lyon. PRÉSENTE RÉELLEMENT POUR LA
Originaire de Haute-Savoie, l’élue RN grandit à PREMIÈRE FOIS EN 2007”
Avignon avant de s’installer à Lyon pour ses
études de lettres. Elle entre très rapidement au
candidats à Lyon est aujourd’hui de 42 ans. C’est
FNJ, tendance Front du Sud, dans les an-
mon âge. Je suis en quelque sorte le point d’équi-
nées 1990, alors qu’elle est à la faculté. “J’étais
libre et un peu la maman du mouvement, ici”,
simple militante, colleuse d’affiches. Je me pré-
note-t-elle. Pour avoir plus de chance d’être élue,
sente réellement pour la première fois en 2007,
elle a décidé de quitter le 7e arrondissement pour
au moment le plus compliqué pour le FN, dans
le 8e, réputé plus favorable au RN. C’est d’ailleurs
la 10e circonscription du Rhône”, explique-t-elle.
de cet arrondissement qu’était ressorti le seul élu
Elle participe ensuite à la refondation du parti
RN à la ville : Christophe Boudot. L’électorat ur-
avec Marine Le Pen. Pendant dix ans, elle assure
bain de Lyon, qui a plébiscité Emmanuel Ma-
la transition entre les historiques du parti fron-
cron en 2017, demeure toujours défavorable à
tiste, dont Bruno Gollnisch qui lui a mis le pied
son parti. Tout l’enjeu pour elle sera de conserver
à l’étrier, et la jeune génération incarnée à la mé-
au moins un siège au conseil municipal.
tropole par Andréa Kotarac. “L’âge moyen de nos
> JUSTIN BOCHE
C’
est le duel fraternel de cette élection.
La fin d’une route entamée côte à côte
il y a plus de quarante ans avec Gérard
Collomb. Georges Képénékian naît à Lyon dans
le quartier du Grand Trou. Ses parents armé-
niens ont quitté leur pays au début des an-
nées 1920 lors du génocide pour s’installer en
France : “Je suis de cette génération née en France
qui a apporté de l’espérance aux Arméniens en
s’intégrant pleinement tout en conservant cette
double culture.” Des origines qui marquent son
parcours à venir. “Je me suis construit dans la
lutte contre les injustices. En rejoignant le parti
socialiste arménien pour la reconnaissance du gé-
nocide. Mais aussi en devenant médecin parce
que la maladie est une injustice”, explique-t-il.
Premier ami
C’est lors d’une manifestation avec son parti
qu’il rencontre Gérard Collomb à Lyon dans les
années 1970. Le début “d’un attachement pro-
fond” entre les deux hommes. Le maire de Lyon
lui propose de rejoindre ses rangs dès 2001. Ké-
pénékian refuse avant d’accepter finalement
en 2008 d’être son directeur de campagne. La
vague Collomb emporte Dominique Perben et
Georges Képénékian est propulsé adjoint à la
culture puis premier adjoint en 2014. C’est tou-
dans sa pratique du pouvoir. Il a toujours fait ça ‘ Georges
jours avec son ami qu’il rejoint le mouvement Képénékian, 70 ans
avec ses proches. J’ai fait l’erreur de penser que je
d’Emmanuel Macron et quitte le PS. Appelé au
ne passerais pas sur le gril comme les autres.” Avec • Né à Lyon
ministère de l’Intérieur, Gérard Collomb le choi-
David Kimelfeld à la métropole, ils décident • Chirurgien urologue
sit pour lui succéder à la mairie de Lyon. “C’était
alors de faire face au baron sans renier leur passé • Devient adjoint à la
une marque de confiance. Mais j’ai très vite vu la culture en 2014
commun : “Nous sommes le changement dans
complexité du poste et je dois avouer que j’ai très • Maire de Lyon en 2017
la continuité. Je n’ai pas de comptes à régler avec
mal dormi les trois premiers mois. Il faut se ren- pour remplacer Gérard
Gérard Collomb. Nous avons l’expérience de cette Collomb.
dre compte de ce que cela implique de trancher
ville qui aime plus le rassemblement que la rup-
un dossier, de gérer une majorité. J’ai résolu ce • Rend son écharpe en
ture parce qu’elle a payé cher ses moments de ré- octobre 2018
problème en décidant de fonctionner dans la
volte. Gérard Collomb l’a transformée avec nous,
concertation.” Une première opposition à Gé-
maintenant nous disons qu’il faut l’habiter. Qu’il
rard Collomb, à qui la pratique solitaire du rôle “JE N’AI PAS
faut renforcer son ADN parce que c’est ce qui fait
de maire était fortement reprochée. L’opposition
et la majorité applaudissent.
sa force.” Du Collomb sans Collomb donc, assis DE COMPTES
sur une pratique du pouvoir “plus partagé”. Le À RÉGLER
En 2018, le maire de Lyon reprend son poste,
jeu des alliances du second tour pourrait malgré
comme convenu. Mais les relations se dégradent
tout réunir les anciens alliés et peut-être recréer AVEC
très vite entre les deux hommes : “Au bout de GÉRARD
les anciennes affections.
quinze jours, il me fait comprendre que ce n’est
plus comme avant. Gérard Collomb est exclusif
> JUSTIN BOCHE
COLLOMB”
46 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020
LA GAUCHE UNIE
40 ans
• Née à Nîmes
• Études de Sciences
politiques et
d'urbanisme à
Montpellier
• Fait la campagne
de Georges Frêche
en 2004
• Arrive à Lyon en 2005
pour travailler au sein
de la Fédération
nationale des
associations d’accueil et
de réinsertion sociale
• Élue au conseil
général du Rhône
en 2008
• Élue conseillère du
8e arrondissement et
conseillère
métropolitaine en 2014
MUNICIPALES
Villeurbanne prête
à passer au vert ?
À quelques jours du premier tour, Béatrice Vessiller apparaît en
position de force pour offrir aux écologistes leur première ville de la
métropole, en attendant peut-être que Lyon suive. La majorité PS
s’est scindée en deux et La République en Marche aussi.
T
ous les indicateurs sont au vert pour les ville a été bien administrée. Je ne souhaite pas une PRINCIPAUX
écologistes à Villeurbanne. Leur candi- rupture sévère, mais il faut donner de nouvelles CANDIDATS
date, Béatrice Vessiller, laboure la ville de- priorités”, explique Prosper Kabalo, candidat à la Bruno Bonnell
puis 2001, année où elle est entrée au conseil ville comme à la métropole. Il fait aussi cam-
municipal et au Grand Lyon. Elle a aussi été pagne sur sa bonne gestion en répétant qu’il est
conseillère générale à Villeurbanne. Elle avait ravi l’adjoint aux finances de la ville la mieux gérée
son canton aux socialistes. En mars prochain, de France. Mais il n’est pas en position de force.
Béatrice Vessiller entend passer à l’échelon su- Le PS comme les écologistes refusent tout
périeur : la ville. Un scénario de plus en plus pro- rapprochement avec lui. Et réciproquement.
bable. Même si un sondage place le PS devant Surtout que les deux partis à sa gauche ont prévu
au 1er tour, Yannick Jadot, le patron des écolo- de se rejoindre au second tour et pourraient for-
gistes de passage à Villeurbanne, n’a pas fait dans mer un bloc majoritaire. La menace ne viendra
le détail : “Pour Béatrice Vessiller, c’est quasiment pas, en tout cas, des Républicains. Pour la droite, Béatrice Vessiller
réglé. Il suffit de faire campagne et de ne pas dire cette campagne est un chemin de croix. Jean-
Prosper Kabalo
de bêtises.” Aux élections européennes, Europe Wilfried Martin, le premier candidat investi, a
Écologie-Les Verts a talonné la liste LREM. Jean- jeté l’éponge. LR a alors soutenu Marc Atallah
Paul Bret ne repart pas et son absence annihile en binôme avec Emmanuelle Haziza. Jusqu’à ce
la traditionnelle prime au sortant. La majorité que cette dernière démissionne, refusant d’être
socialiste s’est scindée en deux. “Ces derniers présente sur la liste métropolitaine de François-
mois ont été pénibles. Jean-Paul Bret était la clé Noël Buffet avec 14 têtes de liste masculines. Imi-
de voûte de toute l’équipe municipale. Du mo- tée quelques minutes plus tard par l’éphémère
ment où il a annoncé qu’il ne repartait pas, tout candidat Atallah. À la ville, Clément Charlieu,
l’édifice est tombé”, nous confiait il y a quelques candidat sans étiquettes à l’origine, s’y colle et
semaines un adjoint sortant. Cédric Van Styven- Dany Morsilli à la métropolitaine. “C’est un ci- Cédric
Van Styvendael
dael, ancien directeur de l’office HLM villeur- metière indien là-bas. Il y en a toujours deux
bannais, a été investi. Sur ses épaules repose une pour se liguer contre le troisième”, s’étouffe Fran-
responsabilité plus large qu’une simple élection çois-Noël Buffet, le candidat à la présidence de
municipale. Yann Crombecque peignait ainsi le la métropole.
paysage cet automne : “Villeurbanne est la ba-
taille centrale de 2020 pour nous, les socialistes. La sécurité au cœur Clément Charlieu
Nous sommes tournés sur la défense de l’héritage des débats
de Jean-Paul Bret et, au-delà, de ce qu’a été le so- À l’heure de rendre le scrutin métropolitain et
cialisme à Villeurbanne depuis près d’un siècle. municipal illisible, La République en Marche ne
Aux municipales, le bilan compte. Je ne suis ni s’est pas fait prier. Bruno Bonnell, le député En
défaitiste ni optimiste béat.” Pour mettre toutes Marche de Villeurbanne, s’est lancé dans la
les chances de leur côté, les socialistes ont scellé course avec Emmanuelle Haziza, transfuge des
une alliance qui n’avait rien d’évident avec les in- Républicains, sans solliciter l’avis de son parti,
soumis. Mais dans les urnes, ils affronteront, en
plus des écologistes, une poignée d’adjoints sor-
tants qui, dans le sillage de Prosper Kabalo, ont “C’EST UN CIMETIÈRE INDIEN
rejoint En Marche. Leurs destins sont devenus LÀ-BAS. IL Y EN A TOUJOURS
irréconciliables.
Ils ne partagent plus guère qu’une partie de l’ac- DEUX POUR SE LIGUER CONTRE
tion municipale. “Je suis solidaire du bilan. La LE TROISIÈME”
48 • Lyon Capitale • Numéro spécial élections - Mars 2020
Aux élections européennes, Europe Écologie-Les Verts
a talonné la liste LREM. Jean-Paul Bret ne repart pas et
son absence annihile la traditionnelle prime au sortant.
© Antoine Merlet
“NOUS AVONS UN VRAI le cou à ces adversaires qui ne manquent pas de pointer l’échec
du laboratoire grenoblois en matière de tranquillité publique.
PROBLÈME DE SÉCURITÉ, Dans la majorité sortante, le bilan sécuritaire est aussi lu néga-
MAIS VILLEURBANNE, tivement. “Nous avons un vrai problème de sécurité, mais Vil-
leurbanne, ce n’est pas Chicago”, tempère Prosper Kabalo. Le
CE N’EST PAS CHICAGO” dauphin de Jean-Paul Bret, le socialiste Cédric Van Styvendael,
admet aussi des difficultés s’agissant de tranquillité publique :
mais en recevant le soutien du responsable départemental. De “Il ne serait pas raisonnable de se présenter devant les électeurs
quoi faire enrager Prosper Kabalo, le candidat officiel. sans proposition sur ce sujet.” Le candidat socialiste rejette la
Le député villeurbannais s’est lancé, estimant que l’investiture responsabilité sur la baisse des effectifs de la police nationale
donnée par son parti à l’actuel premier adjoint de Jean-Paul sur la commune quand la population a, elle, augmenté.
Bret était hors sujet. Bruno Bonnell trouve Prosper Kabalo trop
à gauche et surtout trop comptable du bilan. Notamment en Démographie galopante
matière de sécurité. “Nous voulons éradiquer la drogue à Vil- Et c’est d’ailleurs l’autre sujet qui agite la campagne : l’urbani-
leurbanne. Cela prendra du temps, mais je ne peux pas accepter sation de la ville. “Les constructions se poursuivent à un rythme
de baisser les bras quand les habitants me disent qu’on deale de- effréné. La ville a gagné 25 000 habitants en vingt ans. Il faut
vant leur immeuble ou l’école de leurs enfants”, justifie Bruno ralentir la cadence pour opérer un rattrapage sur les services pu-
Bonnell. Il ne décolère pas d’avoir vu l’actuel adjoint à la sécu- blics”, suggère Béatrice Vessiller en pensant notamment à des
rité, présent sur la liste Kabalo, opposer au sentiment d’insé- écoles. Elle dessine là une vraie ligne de clivage avec ses rivaux
curité un débat sur la législation du cannabis. “Quand on parle que sont les socialistes et les marcheurs. “Il faut entendre les
de sécurité aux habitants, on entend tout le reste. À Villeur- habitants qui se plaignent de la densification de la ville. Le PLU
banne, la situation est vraiment catastrophique. Elle s’est dé- (plan local d’urbanisme) prévoit la construction de 400 loge-
gradée sur les dix dernières années. Il y a des zones de non-droit. ments par an. Nous en sortons aujourd’hui 900. Il y a donc une
La municipalité a laissé faire pour s’acheter la paix sociale”, ex- marge. Mais celui ou celle qui prendra la responsabilité de stop-
plique Dany Morsilli, la candidate LR sur la circonscription per les constructions devra assumer celle de la flambée des prix”,
métropolitaine villeurbannaise. Comme d’autres candidats, tempête Cédric Van Styvendael. Un point sur lequel ils devront
elle avance le chiffre de 60 points de vente de drogue dans la se mettre d’accord dans l’entre-deux-tours. Celui des deux qui
commune. Un nombre confirmé par des élus de la majorité. virera en tête devrait être le prochain maire de Villeurbanne.
Les écologistes font aussi campagne sur ce thème. Une manière > PAUL TERRA
pour Béatrice Vessiller d’affirmer sa fermeté et ainsi de tordre
MUNICIPALES
La fin de la banlieue
rouge ?
Les bastions communistes vacillent. À Vénissieux, l’insécurité et la
paupérisation constante de la ville mettent Michèle Picard en situation
délicate. À Givors, la menace est incarnée par le Rassemblement
national qui rêve de décrocher la ville.
L
a banlieue rouge se détricote élection après élection.
© Tim Douet
Vaulx-en-Velin, Pierre-Bénite et Grigny sont tombées
en 2014. Six ans plus tard, les deux dernières communes
gérées par les communistes chancèlent. C’est à Givors que la
menace est la plus grande. Le candidat RN Antoine Mellies voit
les planètes s’aligner : Les Républicains n’ont pas de candidat
et, surtout, le mandat a été rythmé par l’agenda judiciaire de
l’ancien maire, Martial Passi, condamné en appel à six mois de
prison avec sursis et un an d’inéligibilité pour prise illégale d’in-
térêts et recel. Condamnation confirmée en cassation. “Dans
la ville, personne n’en parle à part mes opposants”, veut croire
Christiane Charnay, la maire communiste. Un front républi-
cain de second tour reste à ce jour hypothétique en raison des
haines recuites à gauche. Mohamed Boudjellaba, le candidat
EÉLV, est à l’origine des déboires judiciaires de Martial Passi.
“Le niveau de rejet de la maire et des communistes est tel que
même en cas de front républicain, nous pouvons gagner la ville”,
anticipe Antoine Mellies.
LREM, la menace fantôme arranger, les investitures sont arrivées très tardivement.
“Dans l’agglomération, LREM est surtout composé d’anciens
Le potentiel électoral de La République en Marche laissait socialistes. C’est ce qui explique nos difficultés à trouver de
entrevoir après les élections législatives de grandes bons candidats dans des villes de droite. Nous n’avons pas
conquêtes aux municipales de mars 2020. Mais trois ans plus les profils”, déplore un cadre local LREM, pointant la
tard, l’offre protéiforme du parti présidentiel peine à s’ancrer responsabilité du bilan de Caroline Collomb à la tête de la
dans le réel faute de main-d’œuvre. Dans des communes fédération autant que les conséquences de la brouille
comme Caluire-et-Cuire ou des municipalités de l’Ouest, la Collomb-Kimelfeld. Les Républicains devraient donc
sociologie épouse celle, très diverse, d’En Marche. Les maires maintenir leurs positions dans la plupart des communes qu’ils
de droite vont affronter des candidats peu implantés dans un gèrent. Une perspective inespérée pour eux après la déroute
scrutin qui fait la part belle à l’incarnation. Pour ne rien des élections européennes.
15 ET 22 MARS
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