JEAN-CLAUDE

IZZO
Histoire d’un Marseillais - Stefania Nardini

Pour les 20 ans de la disparition de Jean-Claude Izzo, les Éditions des Fédérés
La Marseillaise publient sa biographie signée par la journaliste et auteure Stefania Nardini.
Inclus des extraits de textes inédits du poète et auteur de polars cultes.

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 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 21
DANS LE MONDE

Jean Ziegler : « L’Europe mène

une politique de terreur »
ENTRETIEN
Jean Ziegler, vice-président
du comité consultatif du Conseil
des droits de l’homme de l’ONU
et auteur de « Lesbos la honte de
l’Europe », s’insurge du
traitement des réfugiés à la
frontière gréco-turque.

La Marseillaise : Des milliers de

réfugiés sont bloqués à la frontière
ter restre entre la Grèce et la
Turquie. Comment en est-on arri-
vé là ?
Jean Ziegler : En 2016, l’UE a conclu
un accord avec le président turc.
Erdogan recevait 6 milliards d’eu-
ros de l’UE et s’engageait en contre-
partie à empêcher, par tous les moyens
policiers et militaires possibles, les
réfugiés bloqués en Turquie de re-
joindre la frontière Sud de l’Europe.
Le 3 mars 2020, il a rompu cet accord
: il a laissé partir les réfugiés et exige
désormais de l’UE une augmentation
massive de ses paiements. Depuis
cette date, des dizaines de milliers
de réfugiés syriens, irakiens, afghans,
yéménites, iraniens se massent dans
les champs détrempés par la pluie,
sur les rives orientales de l’Evros.
Ils dorment à ciel ouvert, transis de
froid, dans des vêtements sales et
puants, à peine nourris par les dons
des paysans des villages turcs alen-
tour, désespérés. Sur les îles de la
mer Egée, des milliers d’autres ré-
fugiés débarquent, en quête d’asile
et de protection. La commission eu-
ropéenne ferme hermétiquement -
par l’entremise de la police grecque -
la frontière de la forteresse Europe.
Le droit d’asile est un droit de
l’homme universel, ancré dans l’ar-
ticle 14 de la Déclaration universelle
des droits de l’homme de 1948 et dans
la Convention internationale relative
au statut des réfugiés de 1951.
Quiconque est bombardé, torturé, Pour Jean Ziegler, Lesbos est la honte de l’Europe. PHOTO DR
persécuté dans son pays d’origine a
le droit de traverser une frontière
et de déposer une demande d’asile Pourquoi selon vous Lesbos est- Fermer les frontières signifie refuser qui nous sépare des victimes n’est que
dans un autre État (qui est dès lors elle la honte de l’Europe ? de mettre en œuvre le droit d’asile. La le hasard de la naissance.
libre de l’accepter ou non après ins- J.Z. : La stratégie de dissuasion et de décision de la Commission européenne L’UE est faite d’États démocratiques,
truction). terreur de l’UE est doublement con- constitue un crime qui relève de la il n’y a pas d’impuissance en démocra-
L’un des cinq hotspots sur damnable. D’abord, parce qu’elle li- Cour pénale internationale. tie. Nous, citoyens et citoyennes libres
lesquels les demandeurs d’asile quide le fondement moral de l’UE qui, de l’UE, devons nous insurger et im-
se rendent est le camp de Moria, depuis les accords fondateurs de Rome Que pensez-vous de la gestion poser à nos gouver nements et à
sur l’île de Lesbos. Vous qui en 1957, se base sur le respect des droits de cette crise par l’UE ? Bruxelles un changement politique
vous y êtes rendus, comment est de l’homme. Ensuite parce qu’elle est J.Z. : L’UE équipe l’armée et la police radical : l’ouverture des frontières, le
la situation sur place ? politiquement inefficace : si vous êtes grecques avec des blindés et des mu- respect du droit d’asile, l’accueil des
J.Z. : Jai visité Moria. J’en parle lon- bombardés à Idleb et que vous survivez nitions pour empêcher les réfugiés de réfugiés et la fin immédiate de l’ac-
guement dans mon livre. 28 000 réfu- avec des membres de votre famille, traverser les frontières de l’Europe. tuelle politique de terreur et de refou-
giés, appartenant à 58 nationalités vous partez qu’elles que soient les nou- Les dépenses pour la sécurisation lement qui fait la honte de l’Europe.
différentes, y sont entassés derrière velles qui vous parviennent de Lesbos. technologique des frontières euro- Entretien
des barbelés, souvent depuis trois à Il y a une motivation plus profonde : péennes s’élèvent à 15 milliards d’eu- réalisé par
quatre ans, dans des conditions nu- les mouvements d’extrême droite xé- ros par an. Elles atteindront, selon les Laureen
tritionnelles et hygiéniques abomi- nophobes gagnent en vigueur et en in- prévisions, 29 milliards en 2022. Tout Piddiu
nables. fluence en Europe. Ils progressent cela profite aux marchands d’armes et
Près de 6 000 d’entre eux sont des en- d’élection en élection. Les dirigeants incombe aux contribuables européens. Aux éditions
fants en dessous de 15 ans. Les tenta- européens espèrent endiguer cette va- L’UE voit les réfugiés comme un dan- Seuil à
tives de suicide, les automutilations gue montante en réduisant le nombre ger pour le « mode de vie européen » (le 14 euros.
parmi les enfants sont nombreuses. des réfugiés en Europe. Or, on ne peut terme est de Mme van der Leyen, pré-
En février, selon les indications of- pas faire de concessions à des racis- sidente de la Commission européenne).
ficielles, 3 enfants sont morts de froid. tes Munich en 1938 l’a démontré. Il C’est un vocabulaire détestable. Le ré-
C’est intentionnellement que l’UE faut combattre les mouvements racis- fugié est un être humain persécuté
maintient ces conditions inhumai- tes et xénophobes en Europe avec tou- qui cherche aide et protection, quelle
nes dans ses camps de rétention des tes les armes démocratiques consti- que soit son appartenance nationale,
îles. tutionnelles et pacifiques possibles. ethnique, culturelle, religieuse. Ce
2 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020

L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS

ÉDITORIAL
Françoise Verna
La guerre,
vraiment ?
Après l’Italie et l’Espagne,
la France est entrée,
mardi 17 mars, dans une
période de confinement
d’une durée minimale de
15 jours pour tenter de
Macron se pose en généralissime
d’une guerre sanitaire
CORONAVIRUS
Confinement pour
15 jours, élections
reportées et armée en
renfort des soignants :
Emmanuel Macron
a martelé lundi 16 mars
que le pays était en
« guerre sanitaire ».
« répondre dans l’urgence et de
légiférer par ordonnance si né- Emmanuel Macron a
cessaire ». appelé à éviter l’esprit
de panique, croire toutes
les fausses rumeurs,
Appui militaire à l’hôpital
Même explication pour dé- les demi-experts, les
tailler les dispositifs mis en œu-
faux sachants. PHOTO AFP
vre pour les soignants et les hô-
pitaux. Ceux d’Ile-de-France
et Grand Est - régions les plus
touchées - ont désormais at-
teint les limites autorisées par
un système exsangue avant la
crise. « Un hôpital de campa-

C
freiner la propagation
de l’épidémie de
coronavirus. Si le
président Macron n’a pas
prononcé le mot, les
Français sont sommés de
rester chez eux. Réunions
amicales, familiales et
sorties sont désormais
interdites.
La privation de libertés
fondamentales est justifiée
par l’état de « guerre »
contre ce virus et pour
permettre au système de
santé de soigner les cas les
plus graves alors que les
services de réanimations
sont débordés. La mesure
de quarantaine est
exceptionnelle mais nul
ne sait combien de temps
l’exception va durer.
S’il faut absolument
respecter ces consignes, il
convient tout autant de ne
pas s’habituer à ce régime
d’exception. Les Français
sont des adultes et la façon
dont le président Macron
les a tancés
pour s’être promenés
un dimanche, (tout en
les appelant à voter) est
l’expression d’un
paternalisme qui n’a
pas sa place dans
notre démocratie.
Solidarité
Pour ne pas tomber dans
ce régime d’un seul
homme, il est essentiel
que la représentation
nationale, les forces vives
du pays, des partis
politiques aux syndicats,
les associations, soient
parties prenantes, se
fassent entendre et
prennent toutes leurs
parts. Il faut aussi que
la solidarité nationale
s’attache au sort des
plus fragiles, des plus
précaires. Avec les
D irecteur de l’Institut Méditerranée
Didier Raoult est l’un des 11 experts du co-
personnes âgées isolées,
ils sont en première
ligne et seront les
spremières victimes
sociales de cette vie au
ralenti. Les mesures
annoncées seront-elles
efficaces ? Réponse dans
les prochaines semaines.
’est avec un ton martial, gne du service des armées sera dé-
martelant à plusieurs re- ployé en Alsace », a annoncé
prises que le pays était Emmanuel Macron et les mili-
e1n « guerre sanitaire » taires seront aussi chargés de
qu’Emmanuel Macron a réali- déplacer les malades pour dés-
sé sa deuxième allocution sur engorger les structures.
le coronavirus en 4 jours. S’en Concernant les personnels soi-
référant toujours aux scienti- gnants, outre les écoles mainte-
fiques - Jérôme Salomon, direc- nues ouvertes pour accueillir
teur de la santé publique ayant leurs enfants, taxis et hôtels se-
alerté plus tôt dans la journée ront « mobilisés à leur profit ».
sur « la situation très inquié-
tante » et qui « se détériore très Élection : seul le second
vite » le président de la tour est reporté
République a annoncé une « forte Alors que toutes les théories
réduction des déplacements ». constitutionnalistes avaient
circulé depuis dimanche,
Déplacements limités Emmanuel Macron a tranché
Ce confinement est prévu dans le sens réclamé par la tota-
« pour 15 jours au moins » afin lité des partis politiques. Seul
de « limiter au maximum les le second tour des municipales
contacts ». Les seuls trajets dé- sera reporté - au 21 juin comme
sormais tolérés sont ceux per- l’avait dit plus tôt dans la jour-
mettant de faire ses courses, se née Édouard Philippe aux chefs Emmanuel Macron a, comme raient seraient rapatriés.
soigner mais aussi « un peu d’ac- de file des différents groupes à jeudi dernier, tenu à rassurer Le président français rêve
tivité physique ». Dans les en- l’Assemblée nationale. Les ré- les entreprises, les salariés et d’impulser une dynamique eu-
treprises, le télétravail est im- sultats du premier tour seront les indépendants (lire ci-con- ropéenne. Les dirigeants des
pérativement réclamé quand confirmés et les 30 000 maires tre). « Aucune entreprise, quelle 27 se réunissent d’ailleurs au-
il est possible et des aménage- déjà élus sur les 36 000 commu- que soit sa taille, ne sera aban- jourd’hui par visioconférence
ments sont demandés pour les nes garderont bien le siège dé- donné, aucun Français ne sera pour acter les propositions réa-
professions où ce travail à dis- croché dimanche. laissé sans ressource », a-t-il ain- lisées hier par la Commission
tance est impossible. Le non- si affirmé. Et d’avoir également européenne. Mais cette der-
respect est passible de sanc- Soutien aux entreprises un mot pour « les précaires », nière est vraiment à la peine.
tions allant de 38 à 135 euros. et salariés assurant qu’ils seraient « nour- Pour exemple, l’argent qu’elle
Alors que les annonces d’in- ris » et « protégés ». met sur la table pour aider à
Loi d’urgence terruption de production se surmonter la crise est de...
Macron a ensuite invoqué à sont multipliées tout au long Europe à la peine 8 milliards. En revanche le G7
plusieurs reprises la « guerre de la journée - Renault, PSA, Enfin, Emmanuel Macron - France, Allemagne, Italie,
sanitaire » pour justifier la de- Michelin - que les restaurants a annoncé que l’Europe avait dé- Royaume-Uni, Canada, États-
mande faite en urgence aux et magasins non alimentaires cidé de fermer ses frontières Unis et Japon - a promis de se
Parlementaires d’examiner dès sont fermés et que les compa- au niveau de Schengen à partir « coordonner » et d’apporter
jeudi un projet de loi pour per- gnies aériennes disent toutes d’aujourd’hui mais garantit « une réponse forte ».
mettre au gouvernement de réduire leur trafic de 70 à 90 %, que les Français qui le désire- Angélique Schaller
Le message de l’OMS : « testez, testez, testez ! »
Tester et traiter, mieux que la par la quarantaine, c’était plutôt 15e, 16e a-t-il dit. Et le directeur de l’OMS de sou-
confiner : le message du professeur siècle », introduit le professeur Raoult avant ligner que cette stratégie a montré des ef-
de lâcher : « À l’époque actuelle, on doit faire fets positifs en Chine, en Corée du Sud et
Raoult mais aussi de l’OMS. autrement. Aujourd’hui, avec une maladie à Singapour. Insistant sur les capacités
infectieuse, on doit diagnostiquer, traiter. » médicales, « particulièrement cruciales »
Infection à Marseille, le professeur
Un propos confirmé plus tard dans la
journée par l’Organisation mondiale de
la santé (OMS) qui a appelé tous les pays à
et remarquant que même les pays dotés
de systèmes de santé performants luttent
pour éviter la saturation, il a affirmé que
mité pluridisciplinaire formé en mars accentuer les programmes de dépistage « tous les pays devraient pouvoir tester tous
pour conseiller le gouvernement, il mène de la population qu’elle présente comme la les cas suspects, on ne peut pas combattre
un essai clinique sur un vieux médica- meilleure manière de ralentir la progres- cette pandémie à l’aveugle ». Et d’estimer
ment antipaludique utilisé en Chine con- sion de la pandémie. « Nous avons un mes- que, dans ce domaine, « l’économie de mar-
tre le Covid-19. Lundi 16 mars, il a affirmé sage simple à tous les pays : testez, testez, ché a échoué ».
sur Youtube que le confinement « n’est pas testez les gens », a dit le directeur général Responsable des opérations à l’OMS,
la stratégie d’un monde technologique », Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une Paul Molinaro a insisté sur la nécessité
estimant plus efficace de dépister et trai- conférence de presse à Genève. « Sans test de produire « à une échelle industrielle »
ter, comme l’ont fait selon lui la Chine et la de dépistage, on ne peut pas isoler les pa- les tests de dépistage et les équipements
Corée du Sud. tients contaminés par le coronavirus et la de protection.
« Les maladies contagieuses on traitait ce- chaîne d’infection ne peut pas être brisée », A.S.
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 3
L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS

Économie : un soutien en urgence

ENTREPRISES
Muriel Pénicaud a élargi
le champ du chômage
partiel, reculé la mise
en œuvre de la réforme
chômage et promis
de s’occuper des
indépendants.

L
a ministre du Travail
Muriel Pénicaud a annon-
cé lundi 16 mars la mise
en place d’un « système similaire
au chômage partiel » pour les
personnes employées à domi-
cile (assistantes maternelles,
femmes de ménage...) qui n’ont
plus de travail ou ont moins de
travail. Les employeurs conti-
nueront de les rémunérer à hau-
teur de 80 % de leur salaire ha-
bituel et ils se feront ensuite
rembourser. Muriel Pénicaud
s’est également avancé auprès
des indépendants en leur pro-
mettant des annonces rapides
pour compenser les chiffres d’af-
faires perdus, « soit par un fonds
d’indemnisation, soit par une
dérogation aux arrêts maladie ».
La ministre s’est également
exprimée sur la réforme chô-
mage. Celle-ci devait entrer en
vigueur en avril. Or, le nouveau
mode de calcul a pour consé-
quence de baisser singulière- Selon « les Echos », Bruno le Maire a annoncé mardi 17 mars un plan de 45 milliards pour contrer les effets du coronavirus sur les
ment les allocations. Aussi les entreprises et les salariés. PHOTO AFP
syndicats avaient-ils demandé
a minima le report - la CFDT - 12 à 18 mois. Ces propositions fité de cette annonce pour rap-
au mieux l’annulation - la CGT sont faites pour les entreprises peler que les entreprises pou-
et FO. Sans surprise, Muriel de toutes tailles. vaient demander le report du Retraites : réforme suspendue et
Pénicaud a opté pour un report
à septembre. Du cash pour les PME
paiement des charges sociales
et fiscales sur simple mail aux
conférence des syndicats reportée
De nouvelles mesures ont En revanche, la BPI a ciblé services de l’État. Emmanuel Macron a annoncé hier que « toutes les
également été annoncées en fa- des propostions sur les TPE, Ainsi plus que soutenues réformes en cours étaient suspendues, à commencer par la
veur des entreprises alors même les PME et les ETI (taille inter- par l’État, les banques ne pou- réforme des retraites ». Un peu plus tôt dans la journée, la
que Renault, PSA ou Michelin médiaire) pour leur permettre vaient pas faire moins que com- CFE-CGC avait fait savoir que les syndicats opposés à la
annonçaient interrompre les d’avoir du cash en direct. Elle muniquer également sur un réforme des retraites ont décidé de reporter leur
productions. La banque publi- propose ainsi des prêts sans be- plan de soutien aux entrepri- conférence de financement prévue le 24 mars, à cause de la
que d’investissement garantit soin de garantie sur 3 à 5 ans ses. C’est ce qu’elles ont fait via crise du coronavirus, a annoncé hier la CFE-CGC dans un
à hauteur de 90 % les prêts que « avec un différé important de la fédération bancaire fran- communiqué. Cette « vraie conférence » devait se tenir au
les banques accordent aux entre- remboursement ». Depuis hier çaise (FBF). Celle-ci a annoncé Conseil économique, social et environnemental (Cese) à
prises pour une période de elle a suspendu les échéances de le décalage des rembourse- l’initiative des syndicats CGT, Force ouvrière, CFE-CGC,
3 à 7 ans afin de leur permettre prêts antérieurs. Elle s’engage ments de crédits jusqu’à 6 mois FSU et Solidaires, opposés au projet d’un système
de faire face à la crise. Elle fait également sur les factures que sans frais et sans pénalités, no- universel des retraites par points. Parmi les objectifs,
de même pour les découverts doivent honorer les entrepri- tamment pour les commer- regarder ce que donnerait une hausse des cotisations
des sociétés si les banques les ses si ces dernières ne peuvent çants, professionnels, petites patronales pour équilibrer les retraites, ce qu’Édouard
acceptent pour une période de pas le faire. Enfin, la BPI a pro- et moyennes entreprises. A.S. Philippe avait d’emblée interdit. A.S.

RÉACTIONS
Fabien Roussel, PCF : « La priorité doit
être la mobilisation de la nation tout
entière contre la pandémie. Nous
proposons la mise en place d’une
instance, un Comité d’urgence
nationale, où les forces politiques
et les organisations syndicales et
professionnelles se retrouveront.
La gravité de la situation impose
la transparence totale avec l’ensemble
des forces vives du pays. Le Parlement
doit aussi être réuni, sous des formes
à définir, pour prendre les décisions
exceptionnelles que la situation
exigera. »
Olivier Faure, PS : « C’est une guerre
contre le virus qui s’engage. Nous
devons chacun y prendre notre part.
De ce point de vue je regrette que le
président n’ait pas été plus précis.
Il faut poser les mots. Nous devons
passer à un confinement à l’italienne.
Nous ne pouvons plus perdre de
temps, annoncer des mesures
graduelles toutes les 24 heures.
Il faut frapper fort. Si nous sommes
en guerre chacun doit savoir quel rôle
il doit tenir. »
Julien Bayou, EELV : «Une rhétorique
guerrière inutile mais un confinement
flou, pas assez strict, sans contrôle
démocratique. Le conseil scientifique
évoquait un confinement total à
l’italienne suivons cet avis pour
protéger la population. »
Jean-Luc Mélenchon, FI : « Je sais que
beaucoup d’entre vous sont perturbés
par le fait que je dise « ce n’est pas le
moment de la polémique, ce n’est pas
le moment de la dispute », parce que
vous voyez comme moi les failles dans
le dispositif gouvernemental. La fin
de semaine a été particulièrement
calamiteuse. On sent toujours une
sorte de flou dans les propos du
président de la République. Non,
il faut se confiner maintenant. »
Intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires)
« Face à la crise sanitaire mondiale
obligeant chacune et chacun à
respecter les consignes de protection
pour contenir la propagation du virus,
nos organisations syndicales et de
jeunesse ont décidé de suspendre
jusqu’à nouvel ordre les actions
programmées. »
Quid des municipales ?
L’intervention du ministre de
l’Intérieur, Christophe Castaner, a
permis d’y voir (un peu) plus clair
sur le second tour. La limite de dépôt
des listes de second tour initialement
prévue aujourd’hui est reportée
jusqu’à nouvel ordre de même que le
second tour lui-même qui pourrait se
tenir le 21 juin selon une proposition
du Premier ministre. Les maires et
conseils municipaux élus au premier
tour le restent. Les résultats dans les
autres communes sont validés. Dans
les intercommunalités, un régime
dérogatoire verra la désignation d’un
président temporaire par les élus au
premier tour et les élus maintenus
dans leur mandat dans l’attente du
second.
4 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS
« Le seul moyen de diminuer
l’épidémie, c’est de rester confiné »
ENTRETIEN
La France entame, à l’instar
de la Chine, de l’Italie ou de la
Corée du Sud, une étape cruciale
pour endiguer l’épidémie.
Épidémiologiste et
biostatisticien à l’hôpital de la
Timone, Jean Gaudart explique
l’enjeu des mesures qui
vont entrer en vigueur
dès aujourd’hui.
La Marseillaise : Quelles
informations relevez-vous en
analysant l’évolution mondiale
de l’épidémie ?
Jean Gaudart : Au niveau mondial et se-
lon les données qui sont disponibles, il
existe une grande disparité d’évolution
épidémique. Tout d’abord du fait que cer-
tains épisodes épidémiques ont démar-
ré de manière décalée, plus ou moins im-
portante d’un pays à l’autre. Et le deuxième
élément réside dans le fait que la ma-
nière de compter les malades peut être
très différente selon le pays, ce qui rend
délicate une analyse globale des chiffres.
Certains pays testent toutes les person-
nes symptomatiques, cela a été le cas en
Corée du Sud. Par conséquent, on comp-
te beaucoup de malades. Alors que dans
d’autres pays comme la France, on ne
teste plus que les personnes qui présen-
tent des symptômes importants. Or, les
personnes qui n’ont pas ou peu de symp-
tômes sont tout de même contagieuses.
En Europe, les pays sortant du lot de ma-
nière négative sont l’Italie et l’Espagne,
ainsi que la France et l’Allemagne. L’épi-
démie progresse de manière toujours
importante en Italie. En France, elle aug-
mente de manière explosive. L’Espagne
et l’Allemagne suivent également les mê-
mes chemins.
Les indicateurs épidémiologiques
en Italie sont inquiétants,
notamment le taux de létalité
très élevé de la maladie.
La France fera-t-elle face
aux mêmes difficultés ?
J.G. : Si on ne fait rien, ce sera pire. Si on
met en place des mesures de confinement
massives dès aujourd’hui, cela peut être
moins important. Mais on est déjà en re-
tard par rapport à la dynamique épidémi-
que de l’Italie. On a environ 10 jours de re-
tard. Nous sommes toujours à courir
après les chiffres : les décès qui arrive-
ront dans 10 jours sont les personnes qui
sont contaminées aujourd’hui.
Un des gros problèmes qui apparaît dé-
jà dans le grand Est, c’est que les hôpi-
taux sont totalement submergés : pas
assez de lits de réanimation, pas assez
de matériel tels que des masques ou des
ré au début l’épidémie à une grippe, sans
avoir les informations du terrain dispo-
nibles, ce qui était néanmoins très com-
pliqué car pas grand monde ne pouvait
disposer de ces informations pour faire
des prévisions. Beaucoup d’entre nous ont
été bluffés. Ce qui a pu influencer des
comportements individuels irration-
nels, comme braver la maladie pour évi-
ter d’avoir peur.
Comment la typologie
des patients évolue-t-elle ?
J.G. : C’est toujours compliqué d’évaluer
la fiabilité des chiffres, mais ce qui sem-
ble ressortir, c’est qu’un très grand nom-
bre de personnes doivent être contami-
nées, avec très peu de symptômes. En re-
vanche malheureusement, même si leur
pourcentage demeure faible, en volume,
il y aura de plus en plus de cas graves, et
de plus en plus de décès.
La typologie des personnes contaminées
au début de l’épidémie concernait essen-
tiellement des personnes très âgées et
vulnérables. Au fur et à mesure que le
nombre de cas graves augmente, on ob-
serve un nombre non négligeable de pa-
tients plus jeunes, de 40 à 60 ans, qui sont
aussi des cas sévères. Or, pour tout cas
Alors que l’épidémie semble être enrayée en Chine et en Corée du Sud, le virus se sévère qui doit mériter une réanimation,
propage activement en Europe, suivant une trajectoire similaire dans plusieurs nécessitant 15 jours à trois semaines d’as-
pays. INFOGRAPHIE JEAN GAUDART sistance respiratoire, cela bloque un lit
pour le suivant.
gels hydroalcooliques, et la vague va nos concitoyens respectent les consignes.
arriver à Marseille. Ce qu’on avait mal J’étais effaré de voir le soir du premier Les mesures de confinement
anticipé, c’est le débordement complet tour des élections, des groupes de per- ont-elles déjà fait effet ailleurs ?
des services de santé. On nous rabâche sonnes qui se promenaient en foule, ou J.G. : Les mesures de confinement ra-
qu’on a le meilleur système de santé du des regroupements et des scènes de liesse lentissent la progression épidémiologi-
monde alors qu’il se dégrade depuis dans les permanences des partis politi- que. Elles ont porté leurs fruits en Chine.
longtemps, et qu’il va très difficilement ques. C’est véritablement ce qui est à ban- En espagne et en Italie, c’est encore trop
absorber le tsunami qui nous arrive. nir. Il faut éviter au maximum de sortir, tôt pour le dire. En Corée du Sud, s’il n’y
Donc prenons au sérieux les alertes de et plus on sera respectueux de ces consi- a pas eu de confinement strict, une cam-
nos collègues qui travaillent dans ces gnes, plus on soutiendra les soignants pagne massive de dépistage, de traçage
régions et préparons-nous. Le seul moyen dans les hôpitaux, plus on sauvera des des personnes dépistées et le respect
de diminuer le nombre de cas sévères vies. Le risque, en cas de débordement scrupuleux des règles sanitaires a per-
hospitalisés, c’est de rester confiné. des services hospitaliers, c’est d’être obli- mis d’avoir une décroissance du nom-
gé de choisir, entre deux patients sévè- bre de cas assez importante, même si un
Sommes-nous en retard par res, lequel doit être réanimé. deuxième épisode épidémique était an-
rapport à l’Italie, concernant noncé hier à cause d’un rassemblement
l’adoption de mesures religieux. Le moindre relâchement con-
de confinement ? « Il faut éviter au maximum cernant les mesures de sécurité sani-
J.G. : Il semble que nous sommes en re- de sortir, et plus on sera taire peut entraîner une résurgence du
tard par rapport à la dynamique épidé- virus, tant que nous nous trouvons dans
mique. Probablement aurions-nous dû respectueux de ces une phase ascendante de l’épidémie.
adopter des mesures de confinement consignes, plus on soutiendra
au moins la semaine dernière, mais il les soignants dans Peut-on envisager que le virus
était difficile de l’appréhender. Donc disparaisse ? Ou d’autres foyers
oui, au regard des chiffres aujourd’hui, les hôpitaux, plus on sauvera apparaîtront à nouveau à cause
nous sommes en retard dans la mise en des vies » de la circulation du virus ?
place de ces mesures restrictives. J.G. : Oui, a priori, on se débarrassera
Y a-t-il eu une communication du virus grâce à l’immunité de population.
Cela signifie-t-il que l’on hasardeuse de la part de certains C’est-à-dire lorsqu’une grande partie de
connaîtra au moins autant de scientifiques et experts au début la population aura été en contact avec le
morts, voire plus qu’en Italie ? de l’épidémie ? virus. Cela correspondrait à environ
J.G. : Tout va dépendre de la manière dont J.G. : Certains scientifiques ont compa- 60 à 70 % des personnes en contact avec
le virus selon certains travaux, dont la
grande majorité est asymptomatique ou
Des labos lancent un essai pour un traitement présente des symptômes bénins.
Le laboratoire français Sanofi et l’américain Regeneron ont annoncé hier Vous parliez de vague épidémique
avoir débuté un essai clinique pour évaluer leur médicament Kevzara dans dans la région. La région Paca était
le traitement des patients hospitalisés avec une forme sévère du nouveau un peu moins touchée qu’ailleurs,
coronavirus. Regeneron mènera l’essai aux États-Unis, tandis que Sanofi sera sera-t-elle épargnée grâce à ces me-
en charge des essais à venir dans le reste du monde, notamment en Italie. sures ?
Ce médicament est un immunosuppresseur développé en commun par Sanofi J.G. : On espère, mais on observe tou-
avec Regeneron, lancé en 2017 pour traiter la polyarthrite rhumatoïde. jours 10 jours de décalage. Les cas gra-
Il pourrait, précisent les deux laboratoires, jouer un rôle dans la réponse ves qui surviendront dans dix jours
inflammatoire des poumons des patients sévèrement touchés par le Covid-19. sont les personnes contaminées au-
Parallèlement, Sanofi travaille sur le développement d’un vaccin contre jourd’hui. Donc il faut rester chez soi
le nouveau coronavirus, associé au ministère américain de la Santé. AFP dès aujourd’hui.
Entretien réalisé par Benjamin Grinda
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 5
L’ÉVÉNEMENT / CORONAVIRUS

Face au “manque de protection”, des

facteurs font jouer leur droit de retrait
SÉCURITÉ les missions indispensables
soient redéfinies avant toute
Le confinement a chose mais la direction a esti-
commencé mais les mé que toute l’activité devait
être assurée», a-t-il déploré, évo-
facteurs à qui on quant un «silence au sujet des
demande d’assurer la personnes contaminées».
continuité du service A Rennes, «une partie des
s’inquiètent. postiers est restée chez elle, mais
beaucoup se sont déplacés sur
leur lieu de travail. Le bureau

L
a distribution du cour-
rier est maintenue mar-
di 17 mars mais des fac-
teurs ont fait valoir leur droit
de retrait partout sur le terri-
toire, jugeant les mesures pri-
ses par La Poste insuffisantes
pour protéger leur santé et celle
du public face au coronavirus.
«Une bouteille d’eau, un pa-
quet de mouchoirs jetables et un
sac poubelle: c’est tout ce que la
Poste a fourni aux facteurs au
lendemain de l’allocution du
président de la République an-
nonçant le confinement»des
Français, a dénoncé François
Marchive, responsable de Sud
PTT Isère-Savoie.
Chargé de la distribution du
courrier, il s’insurge: «Des me-
sures ont été prises dans les bu-
reaux de poste, mais du côté des
facteurs, rien n’est fait! Les
agents mettent leur vie en dan-
ger».
«On va demander à être re-
çu par le préfet et à avoir un
contact avec le cabinet du mi-
nistre de la Santé»Olivier
Véran, ancien député de l’Isère,
a-t-il ajouté.
Interrogée par l’AFP, la di-
rection de La Poste est restée si-
Certains postiers ont fait jouer le droit de retrait, à Montpellier la direction a contesté ce droit.
PHOTO AFP
lencieuse sur le droit de retrait
et sur de possibles cas de con-
tamination. Elle assure, dans
un communiqué, réitérer «les
consignes en vigueur» (se laver
les mains, tousser ou éternuer
dans son coude, respecter un
mètre de distance...etc) et dit
«compter» sur «la solidarité et
la responsabilité de tous pour les
respecter», en attendant de re-
cevoir du gel hydroalcoolique
pour ses 2.300 sites de la bran-
che services courrier colis et les
bureaux de poste.
Selon la direction,«1.600 bu-
reaux de poste» étaient ouverts
mardi 17 sur 7.740, assurant
«les opérations prioritaires :
services bancaires prioritaires,
retrait des instances, dépôts des
envois...». «80% des factrices et
des facteurs, soit environ 55.000»,
assuraient leurs tournées.
Des postiers «ont exercé leur
droit de retrait à Marseille, Lille,
Lorient, Toulouse, Caen,
Vitrolles, Paris, Chambéry, Le
Mans, Bayonne, Bergerac,
Montpellier, Sarlat, en Seine-
Saint-Denis, dans le Puy-de-
Dôme, l’Aube, la Haute-
Normandie, en Gironde, dans
le Finistère, le Val-de-Marne,
la Sarthe et les Hauts-de-Seine,
et la colère monte un peu par-
tout sur le territoire pour les
mêmes raisons, certains direc-
teurs locaux tentant de s’y oppo-
ser», a affirmé de son côté SUD-
PTT, qui dénonce «un manque
de protection élémentaire».
«A Paris, l’ensemble des fé-
dérations syndicales (CGT,
CFDT, FO, SUD-PTT, Unsa,
CFTC, CGC) ont dénoncé les
pressions exercées sur les sala-
riés dans l’exercice de leur droit
de retrait», a indiqué Eddy
Talbot (SUD-PTT).
Lors d’une réunion avec la
direction des ressources hu-
maines du groupe, les syndi-
cats ont aussi demandé «que
de tri de Rennes-la-Criée a exer-
cé en totalité son droit de retrait
avec 25-30 salariés», a précisé
à l’AFP Serge Bourgin, secré-
taire départemental Sud-PTT
35, qui «appelle tous les postiers
à faire valoir ce droit dans les
plus brefs délais».
Selon lui, le mécontente-
ment est fort à la plateforme
industrielle courrier (PIC) de
Rennes, un établissement qui
compte 410 salariés, «mainte-
nus au travail sur les machi-
nes de tri, malgré les deman-
des de droit de retrait et alors
qu’il y a des cas de contamina-
tion avérés».
«La direction de La Poste veut
maintenir l’activité. Hier, il y
avait un peu plus de 350 bu-
reaux de poste ouverts, au-
jourd’hui 69, il y a eu 4 bureaux
avec des gens malades, fermés
en catastrophe», a ajouté ce
syndicaliste.
A Montpellier, «la direction
conteste le droit (de retrait) mais
un certain nombre de postiers
ont cessé le travail via des certi-
ficats médicaux» selon Emeric
Bazalgette, de la CGT activités
postales et télécommunica-
tions de l’Hérault.

LE BILLET D’ANDRÉ CICCODICOLA

Non ça n’est pas la guerre, ou alors …

N
ous traversons des moments dif-
ficiles, tragiques mêmes. Il est
donc normal que le Président
nous éclaire et nous invite à l’action
dès lors qu’elle est aussi du ressort de
chacun. Mais fallait-il pour autant ré-
péter à satiété « la France est en guerre » ?
En guerre… six fois Emmanuel
Macron a martelé ce mot terrible
lors de son allocution du 16 mars à
20 heures. Non, Monsieur le Président
notre pays n’est pas en guerre, mais
en butte à une pandémie : celle du co-
ronavirus. C’est sans doute par igno-
rance et pour ne pas avoir vécu ces épi-
sodes dévastateurs pour l’humanité,
qu’il s’est permis cette référence.
Jeter ces mots terribles au visage
de 35 millions de téléspectateurs
avait un dessein : faire peur. C’est ce
qu’ont justifié certains commenta-
teurs. Et bien non, les Français sont
des êtres matures, ils n’ont pas besoin
qu’on leur fasse peur, comme on le fe-
rait (à tord) avec un enfant sous pré-
texte de lui éviter quelques dangers.
Procéder ainsi, c’est infantili-
ser nos compatriotes, quand au con-
traire, il faut faire appel au sens des
responsabilités. Il y a une forme d’ir-
respect dans cet acte présidentiel. Il
reflète la condescendance viscérale
des classes dirigeantes à l’égard du
peuple, supposé par elles, inculte et
irresponsable.
En évoquant l’état de guerre,
Emmanuel Macron s’est virtuelle-
ment défait du rôle de président civil
démocratiquement élu, pour endos-
ser la panoplie d’un général en chef.
Qu’espère t-il d’une telle posture ?
Si guerre il y a, comme le dit le
Président, nous pouvons lui repro-
cher de nous avoir mis dans les plus
mauvaises conditions pour l’af-
fronter. Il a désarmé le corps médi-
cal en amputant systématiquement
les budgets consacrés à la santé. « On
a encore demandé aux hôpitaux de faire
960 millions d'euros d'économies pour
compenser la hausse naturelle des dé-
penses» , s’alar mait déjà en 2018
Frédéric Valletoux, président de la
Fédération des hôpitaux de France.
Et il ajoutait « Et pour 2019 ? Cela ne
va pas changer, car l'hôpital est prié de
réduire ses dépenses de 650 millions
d'euros. »
L’hôpital a été mis à la diète et
dans la rue. Nous avons été les té-
moins d’incessantes manifestations
d’hospitaliers souvent brutalement
réprimées. Nous risquons de payer
très cher cette vision comptable de la
santé. Elle procède d’un choix politi-
que global visant à abaisser la dépense
publique notamment pour diminuer
sans cesse l’impôt dû par les entrepri-
ses industrielles et financières et ac-
croitre leurs dividendes.
Dans son allocution du 16 mars
le président a annoncé que nous
ne sortirions pas de cette crise
comme nous y sommes rentrés.
« Le jour d’après ne sera pas comme
le jour d’avant » a-t-il précisé. Sauf
une révolution personnelle, l’expé-
rience nous fait douter. Le 8 septem-
bre 2018, à Marseille nous avions briè-
vement dialogué en tête à tête avec le
Président à propos du plan pauvreté
qu’il devait présenter à la Nation quel-
ques jours plus tard. Il nous affirmait
sûr de son fait : « Vous allez être sur-
pris ! ». Nous l’avons été : selon l’IN-
SEE, en 2019 la France comptait 9,3
millions de pauvres soit 300 000 de
plus qu’en 2017, année de son élec-
tion à la présidence! Et tout porte à
croire qu’ils seront encore plus nom-
breux dans les mois à venir.
Par la voix du très droitier minis-
tre Bruno Le Maire, on nous an-
nonce de possibles nationalisations
afin de sauver des grandes entreprises
mises à mal par la crise actuelle. C’est
parfaitement souhaitable et accepta-
ble, à une condition toutefois : que ces
entreprises ne soient pas bradées au
privé une fois qu’elles auront recouvré
leur santé économique et renoué avec
les bénéfices. Ces bénéfices devront
alors profiter à leur développement, à
celui de la Nation et au bien être de
ses membres.
6 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
L’ÉVÉNEMENT / L’OCCITANIE À L’ÉPREUVE DU CORONAVIRUS
Covid-19 : 39 cas dans le Gard, un
1er décès, 137 cas dans l’Hérault
SYNTHÈSE
Etat des lieux de
l’épidémie de Covid-19 en
Occitanie et de ses
conséquences.
M
ercredi 18 mars en dé-
but de soirée, l’Agence
Régionale de Santé
(ARS) comptabilisait « 389 cas
confirmés de coronavirus en
Occitanie (ndlr : soit 76 de plus
par rapport au mardi 17), avec
99 hospitalisations en cours,
dont 37 en réanimation, et 10 dé-
cès à ce jour. » Le 1er décès dans
le Gard s’est produit jeudi 19
au CHU de Nîmes. En tête des
départements les plus touchés
par le Covid-19: l’Hérault (137
cas), la Haute-Garonne (57),
l’Aude (42), le Gard (39)...
Alors que l’épidémie gagne
du terrain, le CHU de
Montpellier a lancé, le 16 mars,
un « appel au civisme pour assu-
rer le bon usage de ses services. »
Il rappelle à la population : « En
cas de symptômes bénins (toux,
écoulement nasal, fièvre modé-
rée), restez chez vous et, si be-
soin, appelez votre médecin trai-
tant. N’appelez le Samu- Centre
15 qu’en cas de suspicion d’in-
fection pulmonaire (forte fièvre,
douleur respiratoire). Pour toute
question relative au Covid-19,
appelez le numéro national gra-
tuit : 0 800 130 000. » Les urgen-
ces du CHU n’accueillent quant
à elles plus « les patients sans
aucun signe de gravité. »
L’Etablissement français du
sang (EFS) a fait savoir, jeudi,
le besoin urgent (et vital!) qu’il
avait de sang pour soigner les
malades. « La collecte de sang
ne peut être interrompue durant
la période de confinement : les
réserves actuelles en globules
rouges sont de moins de 15 jours
et en plaquettes de moins de 3
jours », a-t-il indiqué. Les cen-
tres de collectes continuent à
Sans abri : des solutions se mettent en place
PRÉCARITÉ
A Montpellier au moins
2 000 personnes seraient
à la rue ou en habitat
précaire.
C onfiner des personnes sans-
abri dans des gymnases
comme proposé à Paris ou
Montpellier n’est pas la solu-
tion pour lutter contre le coro-
navirus: il faut des héberge-
ment permettant l’autonomie,
a assuré à l’AFP la responsa-
ble de la Fondation Abbé Pierre
pour l’Occitanie.
Dans un gymnase, «les sani-
Entourée par des cafés vides, la place Jean Jaurès à Montpellier, d’habitude haut lieu de sociabilité,
comptait, le lundi 16 mars, plus de pigeons que d’humains... PHOTO C.VINGTRINIER
accueillir les donneurs. Pour
savoir où et quand donner, ren-
dez-vous sur donde-
sang.efs.sante.fr ou sur l’appli
« Don de sang ».
Après avoir relayé sur son
territoire les mesures nationa-
les liées à la gestion de l’épidé-
mie de coronavirus, la préfec-
ture de l’Hérault a pris jeudi 19
un arrêté interdisant jusqu’au
31 mars l’accès aux plages et
au lac du Salagou. Pour le lit-
toral, sont concernées les com-
munes de La Grande-Motte,
Mauguio-Carnon, Palavas-les-
Flots, Villeneuve-lès-
Maguelone, Frontignan, Sète,
Marseillan, Agde, Vias,
Sérignan, Valras, Vic-la-
Gardiole, Balaruc-les-Bains,
Vendres, Mèze, Bouzigues,
Portiragnes. L’interdiction s’ap-
plique aussi aux plages du lac
du Salagou situées sur les com-
munes de Clermont-L’Hérault,
Celles, Lacoste, Liausson,
taires ne sont pas prévus pour
accueillir autant de monde qui
va vivre sur site. Et puis ça veut
dire que les gens sont confinés
ensemble et dans le même en-
droit», souligne Sylvie
Chamvoux. Si des personnes
sans-abri s’enfuient par peur
de la contagion, il leur sera en-
core plus difficile de s’alimen-
ter et de se soigner, prévient-
elle. «Il faut trouver des solu-
tions qui permettent aux gens
d’être le plus autonome possi-
ble», notamment des héberge-
ments individualisés où l’on
peut cuisiner, explique-t-elle à
propos de la situation à
Montpellier où au moins 2 000
Mérifon, Octon et Le Puech.
Don spontané de masques
au CHU de Nîmes
La solidarité, elle, s’orga-
nise. Le Département de
l’Hérault a mis à disposition 29
collèges pour l’accueil des en-
fants des médecins et person-
nels soignants. Le syndicat CGT
Energie 30 a quant à lui contac-
té son homologue au CHU de
Nîmes pour lui faire passer un
stock de masques chirurgicaux
3 plis destinés à la protection
des salariés lors d’une précé-
dente pandémie. Mais tout ne se
déroule pas aussi bien qu’il le
faudrait. Mercredi 18, l’Union
départementale CGT 30 a écrit
une lettre ouverte au préfet du
Gard pour l’alerter sur le fait
que nombre d’entreprises ne
respectaient pas les consignes
quant à l’information et la pro-
tection des salariés contre le
Covid-19. Elle l’a exhorté à faire
personnes seraient à la rue ou
en habitat précaire.
Ces personnes, qui «ont be-
soin de se poser comme tout le
monde et doivent normalement
respecter le confinement» au-
ront besoin d’un lieu fermé in-
dividuel si elles tombent ma-
lades du coronavirus.
Elles devront être encadrées
par des «travailleurs sociaux
eux aussi protégés», ajoute la
directrice régionale de la FAP,
ONG spécialisée dans les ques-
tions de logement.
Mme Chamvoux préconise la
mise à disposition ou la réqui-
sition par le préfet de bâtiments
ou d’hôtels vides faute de clients.
que ses services « veillent à une
application stricte des décisions
prises.» Le syndicat SNU Pôle
Emploi a adressé un courrier
au directeur régional des agen-
ces d’Occitanie le 17 et dépo-
sé un DGI (Danger Grave et
Imminent) le même jour. Le
18, le Comité social et écono-
mique qui s’est réuni a jugé
à l’unanimité « les mesures
proposées par l’établissement
insuffisantes pour arrêter la
mise en danger du personnel
sur les sites. » Le CSE a deman-
dé la fermeture des agences
tant que le matériel de pro-
tection des salariés ne serait
pas distribué. Dans l’attente
de ces mesures, le syndicat
appelle les salariés présents
sur site à exercer leur droit
de retrait.
Dans une lettre ouverte à
Pierre Richter, directeur régio-
nal du Crous (Centre régional
des œuvres universitaires et
Le préfet de l’Hérault Jacques
Witkowski a expliqué avoir
pris des mesures depuis la veille
pour les SDF: «Le principe de
base est d’héberger tout le monde
et de confiner tout le monde».
A Montpellier, «j’ai mobili-
sé 30 chambres supplémentai-
res d’hôtel au dispositif normal.
Elles n’ont pas toutes été prises
hier soir. Par ailleurs nous som-
mes en train d’installer deux
«spots» que j’ai demandés au
maire de Montpellier de mettre
à ma disposition qui sont deux
gymnases dans lesquels on met-
trait 25 personnes dans un lieu
très grand avec des aménage-
ments sous forme de box», ajoute
389
cas de coronavirus confirmés
en Occitanie le 18 mars au soir
selon l’Agence régionale de
santé (ARS), avec « 99
hospitalisations en cours,
dont 37 en réanimation, et 10
décès à ce jour». Répartition
des 389 cas : Hérault (137),
Haute-Garonne (57), Aude
(42), Gard (39), P-O (26),
Aveyron (22), Tarn (13), Gers
(12), Lozère (8), Tarn-et-
Garonne (8), Hautes-Pyrénées
(7), Lot (4), Ariège (2).
1er décès dû au Covid-19
dans le Gard : il s’est produit
jeudi 19 au CHU de Nîmes.
29 collèges de l’Hérault
accueillent des enfants des
médecins et personnels soi-
gnants.
scolaires), le Syndicat de com-
bat universitaire de Montpellier
(Scum) déplore quant à lui la
gestion « contradictoire », dit-
il, de la crise liée au Covid-19
vis à vis des étudiants en cités
et résidences universitaires. Il
reproche notamment au Crous
d’avoir massivement encoura-
gé les étudiants à quitter
Montpellier et à rejoindre leurs
familles et contribué peut-être
à propager l’épidémie. Le Crous
ayant indiqué qu’il y avait « sus-
pension de loyer » à partir du 18
mars pour les étudiants ayant
quitté leur logement universi-
taire, le Scum dit vouloir sa-
voir si le loyer sera dû après la
crise. Il s’interroge quant au
moyen qu’aura le Crous de sa-
voir qui pourra bénéficier de
cette mesure, « des milliers d’étu-
diants étant partis de leur loge-
ment dans la précipitation, sans
en informer le Crous. »
Catherine Vingtrinier
J. Witkowski.
Le préfet est conscient que
certains SDF pourraient dans
ce contexte avoir «tendance à
fuir». «Il faut qu’on regarde ça.
C’est un sujet qui est national
visiblement. J’ai essayé d’être
pragmatique», assure-t-il.
Alors qu’à Montpellier, des
bénévoles se sont mis en retrait,
soit en raison de leur âge ou de
la peur de la contagion couplée
à la pénurie de masques de pro-
tection, le préfet lance un ap-
pel urgent pour maintenir les
distributions alimentaires: «On
a besoin de bénévoles, les bon-
nes volontés sont plus que ja-
mais les bienvenues».
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 7
L’ÉVÉNEMENT / L’OCCITANIE À L’ÉPREUVE DU CORONAVIRUS

S. Béjean : « Nous allons mettre à disposition

de familles qui ne sont pas équipées des
ordinateurs et des tablettes sous forme de prêt »
ÉDUCATION
Sophie Béjean est rectrice de
l’Académie de Montpellier.
Au lendemain de la fermeture
des écoles, collèges, lycées et
universités puis de l’annonce du
confinement, elle fait le point
sur l’organisation mise en place
pour assurer, jusqu’à nouvel
ordre, un enseignement à
distance.
La Marseillaise : En quoi consiste,
concrètement, la « continuité péda-
gogique » mise en place dans
l’Education nationale ?
Sophie Béjean : Notre objectif est de
permettre que les élèves puissent con-
tinuer à travailler, à progresser, à com-
pléter leur apprentissage. Pour ce faire,
ils peuvent - ainsi que leurs parents -
se connecter via un environnement nu-
mérique de travail (ENT), pour les éco-
les comme pour les collèges et lycées.
Via cet ENT, ils reçoivent de leur pro-
fesseur du travail, un micro emploi du
temps pour la journée ou la semaine,
des consignes de mise en œuvre des lec-
tures, des exercices, des choses à ap-
prendre... à alterner avec un temps de dé-
tente, car cela facilite la concentration.
Ce dispositif rend-il possible un
échange, une interactivité entre
les professeurs et les élèves ?
S. B. : Non seulement on veut donner
des conseils et des consignes aux élè-
ves, mais on veut surtout que les pro-
fesseurs puissent rester en relation avec
eux et même, dans certains cas, que les
élèves puissent interagir avec leurs ca-
marades.
Plusieurs ressources permettent cela :
via des chat, comme les jeunes connais-
sent bien, grâce à des logiciels éduca-
tifs pédagogiques ; via une réponse à
une question posée par l’élève à son pro-
fesseur ; ou enfin via les classes virtuel-
les, proposées en particulier par le
Centre national d’enseignement à dis-
tance (Cned). Les élèves ont des guides
de connexion, ils savent comment ça
fonctionne. Ce dispositif leur permet
de voir leurs camarades, leur profes-
seur et de se retrouver dans leur classe.
On a déjà des retours enthousiastes du
terrain.
Ces plates-formes d’enseignement
à distance ont rencontré de gros
problèmes de saturation...
S. B. : Comme c’est le début, il y a eu une
explosion des connexions. Lundi 16
mars, on a eu 118 000 connexions pour
les écoles et 265 000 pour les collèges et
lycées sur l’ensemble de la région. Il y
a eu des petits problèmes techniques,
c’est normal ; on a opéré un ajustement,
une augmentation des capacités et une
forme de régulation. Les élèves ont re-
çu des consignes pour se connecter de
préférence à telle heure et réserver du
temps de travail sur leurs cahiers ou
leurs livres à d’autres moments. Ils vont
avoir des micro emplois du temps sur la
journée de telle façon qu’ils sauront à
quel moment se connecter. Cela évitera
le problème qu’on a connu les premiers
jours.
On peut aussi conseiller aux parents
qui se connectent pour regarder les in-
formations de la journée ou de la se-
maine de ne pas oublier, après, de se dé-
connecter. Sinon ça encombre la capa-
cité des serveurs à emmagasiner tou-
tes les connexions simultanées.
Quid des personnes qui
n’auraient pas d’ordinateur, ou de
connexion internet ?
S.B. : On est attentif à ça. Il y a des fa-
milles et donc des enfants qui n’ont pas
forcément accès à ces ressources nu-
mériques, un ordinateur ou une tablette.
D’abord on a la possibilité d’utiliser le
téléphone pour envoyer des conseils
aux enfants, des consignes de travail.
Les professeurs le font.
Deux autres possibilités existent. Pour
les familles qui n’ont pas du tout accès
à internet et à un ordinateur, des docu-
ments papier pourront être collectés
auprès de l’école ou de l’établissement.
Les parents seront autorisés, sur des
plages données, à venir collecter ces do-
cuments. Et j’invite chaque famille à
appeler le directeur d’école ou le chef
d’établissement, qui lui apportera des
réponses.
Ensuite, et là c’est une belle solidari-
té, nous sommes en contact avec des
établissements d’enseignement supé-
rieur, des opérateurs du numérique et
des collectivités qui vont nous aider à
mettre à disposition de familles qui ne
sont pas équipées des ordinateurs et
des tablettes sous forme de prêt. On est
en train de mettre tout ça en place. Si
d’ailleurs des volontaires ou des entre-
prises ont du matériel obsolète qui n’est
plus utilisé mais pourrait servir à des
élèves, leurs propositions seront les
bienvenues.
Quelles sont les perspectives de
report éventuel des examens ?
S. B. : Les concours ou les examens qui
devaient avoir lieu dans les trois semai-
nes à venir ont été reportés, mais pour
les examens de fin d’année, à ce stade
[mercredi 18 mars, NDLR], le calendrier
est maintenu.
Entretien réalisé par Amélie Goursaud
* Pour toute question, un numéro
académique a été mis en place à
destination des familles : 04 67 91 49 30.

Pour Chrisine Boularasse, professeure de lycée

à Nîmes, les enseignants naviguent à vue
TÉMOIGNAGE
Après les décisions du
gouvernement de fermer
les établissements
scolaires et la mise en
place d’un confinement
d’une quinzaine de jours
minimum, les
enseignants ont dû
s’adapter. Une
expérience compliquée
pour Christiane
Boularasse, professeure
d’histoire-géographie au
Lycée Daudet à Nîmes et
membre de Sud
Education.
seulement la moitié était pré- nent la situation plus à la lé- confie-t-elle, elle soutient que
sente. Et on les sentait inquiets gère. « Pour certaines de mes le programme suivra son avan-
sur l’avancée du programme classes de 1ère, je n’ai toujours cée. « Je vais leur envoyer des re-
et sur l’impact que ça aura sur pas de nouvelles... J’ai l’impres- portages de l’INA et des exerci-
le baccalauréat », explique l’en- sion qu’ils se considèrent en va- ces types bac pour qu’il s’enri-
seignante depuis plus de 30 cances », confie-t-elle. Depuis les chissent. »
ans. nouvelles mesures mises en Mais si les enseignants ten-
Le gouvernement a ainsi place, l’enseignante retravaille tent tant bien que mal de
annoncé le maintien des cours ses cours pour les rendre ac- s’adapter à la situation, reste
grâce à l’ENT (environnement cessibles à tous. « On essaie de que les élèves, confinés chez
numérique de travail), sur le- leur donner des cours mais il eux avec leur famille, ne béné-
quel les services académiques faut les adapter car certains ficient pas tous des mêmes con-
travaillent depuis plusieurs points sont implicites. En classe, ditions de travail. « Dans la ré-
semaines pour en assurer le je peux leur expliquer plus en gion, normalement un ordina-
bon fonctionnement. Mais la détails, mais là il faut que je re- teur a été distribué à chaque
réalité est toute autre. « La formule pour qu’il n’y ait au- élève en début d’année. Mais la
Rectrice, dans un mail envoyé cune ambigüité. » connexion n’est pas la même
à toutes les Académies, préci- Concernant les devoirs, là partout », explique-t-elle. « Puis
sait qu’on était prêt. Mais la aussi un souci persiste, celui de certains enfants pourront bé-
forte demande de connexion fait la méthodologie. « Les élèves néficier de l’aide de leurs pa-
buguer le système », constate de Terminale commencent à rents, alors que d’autres, qui
la professeure. Cette dernière avoir l’habitude. Mais la 1ère ont des parents qui n’ont pas
se décarcasse donc, depuis lun- session des E3C* a été assez apo- fait d’études, seront livrés à eux-

A
près l’annonce de la fer-
meture de tous les éta-
blissements scolaires
dans la soirée du jeudi 12,
Christine Boularasse a donné
ses cours dans un climat assez
particulier le lendemain. « J’ai
eu mes élèves de terminale ES et
STGM. Pour certaines classes,
di16 mars, pour trouver une
solution avec ses élèves afin
de contourner le problème.
« Je suis en train de faire une
liste avec le mail de tous mes
élèves pour échanger avec eux.
Puis entre eux ils ont des grou-
pes whatsapp’ et autres, et ils
se communiquent les informa-
Christine Boularasse, prof
d’histoire-géo au lycée Daudet,
membre de Sud Education.
PHOTODR
tions. »
Si l’enseignante soutient
que ses élèves sont sérieux
pour la plupart, d’autres pren-
calyptique pour les 1ère. La mé-
thodologie n’est pas encore ac-
quise, donc il faut que je tra-
vaille sur des exercices guidés »,
explique-t-elle.
Si la professeure ne veut pas
donner de cours par vidéocon-
férence, « je n’ai pas été formée
pour des cours avec webcam »,
mêmes. » La mise en place dans
l’urgence de cet enseignement
numérique laisse donc encore
planer de nombreuses zones
d’ombres.
Emeline Andreani
*Epreuves communes de
contrôle continu
8 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020

L’ÉVÉNEMENT / L’OCCITANIE À L’ÉPREUVE DU CORONAVIRUS

Le coronavirus déstabilise la vie économique
et sociale de notre région et de tout un pays
D
epuis le début de la crise du prévisions sur la crise économi- L’économie réelle se trouve bés au risque de voir entrepri- travail n’est pas interdit ». En plus
coronavirus, arrivée dé- que. largement impactée par la propa- ses fermées et des salariés licen- des aides de l’Etat, la Région
but mars en France, la vie L’économie financiarisée a gation du coronavirus en Europe, ciés alors que le gouvernement Occitanie contribuera à hauteur
économique et sociale est mena- été impactée, avant même les me- devenu l’épicentre du phéno- a exclu l’un et l’autre ouverte- de 25 millions d’euros au fonds
cée par les conséquences des me- sures de confinement, par les mène dans le monde. Depuis lun- ment, « quoi qu’il en coûte ». Pour de solidarité mis en place. 10 mil-
sures restrictives et du confine- conséquences du virus covid-19 di 16 mars, en France et dans la ce faire, il a prévu un plan d’ur- lions d’euros seront également
ment qui ralentissent tous les avec l’un des krachs boursiers Région Occitanie, les commer- gence de 45 milliards d’euros afin rajoutés pour les entreprises en
secteurs de l’économie. les plus importants de l’Histoire. ces « non-essentiels » sont à l’ar- de limiter les faillites. difficulté.
Du tourisme à la culture en Le jeudi 12 mars 2020, l’ensem- rêt. Les gens ne peuvent plus se En Occitanie, jeudi 19 mars, Enfin, Carole Delga souhaite
passant par la médecine, le quo- ble des places boursières euro- rendre à leur emploi en cas de le préfet Etienne Guyot et la pré- soutenir l’économie locale avec
tidien pour les professionnels péennes voyaient rouge et le CAC risque de contamination et le té- sidente de Région, Carole Delga, 13 millions d’euros de fonds de ga-
est fortement perturbé alors que 40 en France clôturait avec des létravail, lorsqu’il est envisagea- ont dévoilé des mesures pour ve- ranties pour des prêts à taux
Bruno Le Maire, ministre de pertes de 12,28 % à 4 044 points, soit ble, est largement privilégié. Dans nir en aide aux entreprises et ont zéro et 5 millions d’euros pour
l’Economie et des Finances, a ex- sa pire séance depuis sa création ces conditions, des pans entiers appelé ceux qui le peuvent à con- le secteur associatif, culturel
primé la « difficulté » de faire des en 1988. de l’économie réelle sont pertur- tinuer le travail. Pour le préfet, « le et sportif. H.T.

Y.Haouhaou : « Le tourisme a pris P. Puel : « On va subir de plein fouet

un gros coup avec le coronavirus» une grave crise économique »
TOURISME
Témoignage de Yasin Haouhaou,
directeur d’agence de
Transatour France à Montpellier.
Nous avons beaucoup d’appel pour
annuler les prochaines vacances aux
mois de juillet et août. Les gens ont
peur et s’inquiètent. Selon les condi-
tions générales de vente, certains
billets ne sont pas annulables. Le co-
ronavirus risque de durer un mo-
ment. On est vraiment dans le flou.
Je pense que l’année 2020 sera un gros
coup car on aura de très gros problè-
mes de trésorerie parti comme c’est
parti avec les vacances d’été.
Les gens sont angoissés et comme
a annoncé notre président, on est en
guerre. Donc les gens ne pensent pas
ENTREPRISES DE ces mesures. « S’agissant des salariés, tout
PROXIMITÉ est bien pris en compte avec l’activité par-
tielle, le chômage. Pour les entreprises, le
Patrick Puel gouvernement est très actif sur les re-
est artisan ports de charges notamment - on a
d’ailleurs demandé des exonérations -.
boucher Le problème, ce sont les travailleurs indé-
à Montpellier pendants, qui, eux, n’ont rien pour le mo-
et président ment - même s’il est question d’un fonds
de l’Union des de solidarité, on attend de voir et c’est
entreprises de aussi tout ce qui est perdu en terme de
chiffres d’affaires : tourisme, spectacle,
proximité de restauration... », énumère-t-il.
l’Hérault (U2P 34). Dans son secteur en revanche - l’ali-
mentaire de proximité - « c’est tout l’in-

O n n’a pas plus que ça comme in-

formation : tous les salariés se-
ront au chômage partiel et pris en
charge par le gouvernement. Ma prio-
rité, c’est mes employés, ils ont des
familles et c’est compliqué.
Par contre, ils vont geler les char-
ges fixes avec tout ce qui est loyer
mais on va devoir les payer à un mo-
ment ou un autre. On se renseigne du
mieux qu’on peut car tout est fermé.
On est un peu dans le flou.
« vacances », ils pensent à leur sur-
vie. Et pour nous, agence de voyage,
tourisme et événementiel, c’est vrai-
O n ne peut pas être contre des mesures
qui sont là pour sauver des vies », dé-
clare, au lendemain des annonces de
verse : on travaille comme des fous, comme
dans les grandes surfaces. Ce matin j’avais
100 m de queue devant la boutique », con-
ment une catastrophe. fermeture des bars, restaurants et com- fie l’artisan boucher, néanmoins très
On nous a annoncé beaucoup de merces non essentiels (samedi 14 mars) inquiet : « Je pense qu’on va subir de
choses mais est ce que cela sera fait puis de confinement général (mardi 16 plein fouet une grave crise économique,
jusqu’au bout ? mars), le président de l’Union des en- malgré les aides du gouvernement. En
Le tourisme n’allait déjà pas bien, treprises de proximité de l’Hérault. tout cas cette crise prouve la nécessité de
comme l’a montré dernièrement la « Pour autant, ça va mettre énormément l’artisanat et de la proximité. La popula-
faillite de Thomas Cook. Avec ce vi- d’entreprises en difficulté », assure Patrick tion voit en ce moment qui elle a auprès
rus, il y aura de très gros problèmes Puel, qui salue néanmoins le plan de d’elle : les entreprises locales et les servi-
financiers. » Hugo Tortel soutien mis en place pour accompagner ces publics. » Amélie Goursaud

Maxime Lepers : « Ce sont des Dr Laruelle : « La baisse d’activité

pertes de revenus assurées »
CULTURE être reportés et quels autres maintenus
pour faire travailler nos intermittents.
Maxime Puis les rassemblements de plus de 100
Lepers est le personnes ont été interdits. Là, on a sou-
haité permettre aux intermittents de réa-
régisseur liser leurs heures promises en les faisant
général de la venir pour de la maintenance technique
salle Paloma afin qu’ils conservent leurs revenus au
de Nîmes. maximum. Enfin, là, avec le confine-
ment, on va pouvoir assurer les salaires
est de l’ordre de la moitié »
SANTÉ par téléphone, à « 1 cas avéré de coro-
navirus, et 2 patients qui, en présence
Médecin de symptômes aggravés, gêne respira-
généraliste, le toire, infection pulmonaire et fièvre, ont
appelé directement le 15. »
Dr Laruelle
exerce à La longue attente des masques...
Montpellier. Dans son discours, le 16 au soir, le
chef de l’Etat Emmanuel Macron a dé-
claré : « La nation soutiendra ses soi-

A Paloma, nous allons honorer les

contrats du mois de mars et défen-
dre nos intermittents dont le statut pré-
caire n’est pas de notre fait. Ce sont des
fidèles, une équipe d’une vingtaine de
personnes, ils sont chez eux ici et on ne
veut pas les abandonner. »
Régisseur général de la salle de spec-
tacle Paloma de Nîmes, Maxime Lepers
le confirme, la situation est des plus
compliquées pour les intermittents du
spectacle. D’autant qu’il a fallu s’adap-
ter à plusieurs reprises en quelques
jours. « On a eu trois phases : d’abord
quand ont été interdits les rassemble-
ments de plus de 1000 personnes. On a
alors réfléchi à quels spectacles pouvaient
du mois de mars, mais pour avril ça ris-
que d’être compliqué. On veut leur don-
ner le maximum d’heures et, même si on
P resque plus personne ne vient au ca-
portante. Elle a été divisée par deux par
n’arrive pas à égale hauteur, on fera un
geste .»
Mais toute cette bonne volonté ris-
que de ne pas suffire, confie-t-il, lui qui
a été intermittent durant 17 ans. « Un
statut c’est 507 heures travaillées. On a un
technicien plateau qui perd 59hs en mars,
un régisseur son qui perd 55h, un autre
35, un régisseur lumière 56 ou encore un
autre 50h. Ce sont des pertes de revenus
assurées et cela va poser le problème de sa-
voir comment seront calculées leurs heu-
res censées être emmagasinées pour leur
prochain statut. »
Alan Bernigaud
binet. La baisse d’activité est très im-
rapport à d’habitude. C’est aussi le cas
pour mes confrères », expose, mercre-
di 18 mars au matin, le Dr Jean-Marc
Laruelle, médecin généraliste à
Montpellier. En pleine crise d’épidé-
mie de coronavirus, les rares patients
qui se déplacent le font pour des affec-
tions bénignes, des rhinopharyngites,
par exemple. La grande majorité des
autres téléphonent. S’agissant du co-
ronavirus, « théoriquement, on doit s’oc-
cuper des patients à la pathologie non in-
fectieuse et légère, alors que les hôpitaux
prennent en charge les cas lourds », rap-
pelle le médecin. Il dit avoir eu affaire,
gnants. Nous leur devons des masques,
du gel. » Dans les faits, les seuls mas-
ques de protection distribués il y a
quinze jours (50 par médecin) étaient
donnés, au cabinet, « aux patients qui
toussaient, pour protéger les autres. »
Et encore « tous les médecins n’ont pas
été servis. » Pour se protéger de toute
projection, les blouses blanches ont dû
ressortir leur vieux stock de masques
envoyés par la ministre de la Santé
Bachelot (2007- 2010), et en ont donné
aux médecins qui n’en avaient pas. A
partir du 18 mars, les soignants de-
vaient, enfin, recevoir ces masques de
protection, livrés la veille aux pharma-
cies.
Catherine Vingtrinier

DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
Face au virus, des précautions ont été prises dans les bureaux de vote des grandes villes comme ici à Montpellier. CATHERINE VINGTRINIER
Pas de vague RN ni EELV
mais une prime au sortant
DÉCRYPTAGE
Marqué par une faible
participation en raison
de l’épidémie de
Coronavirus, le 1er tour
des Municipales en
Occitanie a souvent
reconduit les maires en
place, quelle que soit leur
étiquette. Si le danger
demeure à Perpignan,
l’extrême droite a échoué
à étendre son emprise.
Montpellier, où P. Saurel
est en difficulté, est le
symbole de la déception
des Verts. A l’image de
Resplandy à Béziers ou
Vignal à Montpellier,
LREM a subi un véritable
camouflet. Au 2e tour,
reporté en juin ou à
l’automne, la gauche, en
échec à Alès, peut gagner
à Sète voire à Nîmes si
elle parvient à s’unir.
J
amais le second tour d’une
élection municipale n’au-
ra été si délicat à prédire.
Car d’ici qu’il ait lieu, il peut
s’en passer des alliances, des
divorces, des coups de Jarnac.
En raison de l’épidémie de
Coronavirus, le Président
Macron a décidé, lundi 16 mars,
de geler les résultats du 1er tour
(les résultats sont acquis, les
maires élus le restent) et de re-
porter le 2e tour du scrutin. Un
choix qui peut paraître logique
mais qui a fait bondir les cons-
titutionnalistes, les deux tours
devant impérativement se sui-
vre d’une semaine au regard
du Droit...
Dimanche 15 mars, le 1er
tour s’est tenu, malgré les nom-
breuses précautions prises con-
tre le Covid-19 (gel hydroalcoo-
lique, gants, séparation d’un
mètre...) dans une ambiance
peu sereine. Quelques jours
avant, Philippe Saurel était de
ceux qui réclamaient le report
du vote. En vain. Seul le second,
là où il est nécessaire, sera dis-
puté peut-être le 21 juin.
De rares maires battus
Comme on pouvait s’y atten-
dre, la participation a accusé
une baisse sensible (environ
15 points de moins qu’en 2014
en Occitanie), sans qu’elle soit
catastrophique, notamment
dans les villages où l’on a da-
vantage voté. Ainsi 45,97% des
Gardois ont glissé un bulletin
dans l’urne au lieu de 68,47%.
Selon le politologue Michel
Crespy, cette abstention a tou-
ché toutes les catégories d’âge
et les tendances politiques, elle
n’a donc défavorisé aucun par-
ti. En revanche, la faible mo-
bilisation a eu tendance à ren-
forcer la prime au sortant. Rares
sont les maires à avoir été bat-
tus dès le 1er tour. Dans le Gard
c’est le cas de Bonnifacio Iglesias
(Anduze) ou d’Alexandra
Masot, sortie par le député
Olivier Gaillard, qui vient de
claquer la porte de LREM. Côté
héraultais, les édiles de Poilhes,
Roujan (Jean-Marie Rassier),
Bouzigues (Eliane Rosay) ou
Saint-Pons ont été désavoués.
C’est le cas aussi à Saint-
Guilhem-le-Désert, où Philippe
Machetel s’entêtait avec des
parkings à tarifs prohibitifs.
Ou encore à Saint-Chinian où
le docteur Bruno Enjalbert
(DVD) semble s’être discrédi-
té dans une sombre affaire
d’agression (plaintes déposées).
LR solides dans leurs fiefs
Dès le 15 mars, une grande
majorité des maires sortants
ont été réélus en Occitanie. Et
ce, quelle que soit leur étiquette.
Chez Les Républicains (LR),
Max Roustan (56,8%) a été re-
conduit à Alès pour la 4e fois
dès le 1er tour devant la liste
d’union de la gauche de Paul
Planque (22,84%), qui avait
pourtant réussi une belle cam-
pagne. La sénatrice (LR) Pascale
Bories conserve la mairie de
Villeneuve-lès-Avignon
(59,14%), Christian Jeanjean
(52,81%) celle de Palavas. Eddy
Valadier (70,02%) rempile sans
encombre à Saint-Gilles. Dans
l’Héraut, Michèle Lernout
(61,41%) reste à la tête de Saint-
Gély-du-Fesc, pour l’heure la
plus grande commune héraul-
taise dirigée par une femme.
Stéphan Rossignol (69,2%) a
été plébiscité à la Grande Motte.
A droite, d’autres édiles sont
bien placés pour conserver leur
place en juin. C’est le cas de
Gilles d’Ettore à Agde (47,2%).
D’autres arrivés en tête devront
batailler comme Jean-Paul
Fournier (34,34%) à Nîmes et
surtout François Commeinhes
(34,85%) à Sète, qui pourrait
tomber en cas d’union de la gau-
che.
Le député Patrick Vignal
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
(6,1%) illustre depuis
Montpellier le naufrage de
LREM. Si des maires de droite
soutenus par LREM ont été ou
seront réélus, aucun des purs
produits de la Macronie n’est
en mesure de l’emporter au 2e
tour. Sanctionnée en raison de
la politique libérale injuste du
chef de l’Etat, l’étiquette LREM
était un boulet.
A l’instar d’Antoine Maurice
(27,56%) suivi de Nadia
Pellefigue (18,53%) qui talon-
nent le maire LR de Toulouse
Jean-Luc Moudenc (36,18%),
la gauche s’en sort plutôt pas
mal en Occitanie. Au PCF, si le
pari de Nicolas Cossange est
perdu à Béziers (6,11%), Patrick
Malavieille a été largement con-
firmé à La Grand-Combe
(69,75%), de même que Claude
Cerpédès (71,04%) à Saint-
Martin de Valgalgues. A Nîmes,
Vincent Bouget (15,68%) a créé
la surprise, troisième juste der-
rière Yvan Lachaud et le maire
sortant. A Grabels, René Revol,
le seul maire La France insou-
mise (LFI) de l’Hérault, est en
ballottage favorable (45,98%).
Déception à EELV, l’Agglo
de Béziers pour Ménard ?
Du côté du PS, la partie n’est
pas gagnée mais bien engagée
pour Michel Arrouy (40,91%)
qui brigue la succession de
Pierre Bouldoire à Frontignan.
Avec 85 voix d’avance sur le
Rassemblement national (RN),
Jean Denat peut espérer rester
maire de Vauvert. A Montpellier
Michael Delafosse (16,66%), sur
les talons de Philippe Saurel
qui semble en difficulté mal-
gré sa première place (19,11%),
9
207
seconds tours doivent se tenir
dans l’ex Languedoc-Rous-
sillon : 53 dans l’Hérault (sur
342 communes), 49 dans
l’Aude (sur 433), 47 dans le
Gard (sur 353), 40 dans les P-O
(sur 226) et 18 en Lozère (sur
185).
19,11%
pour Philippe Saurel à Mont-
pellier, sans doute le seul
maire sortant en dessous des
20% avec Jean-Marc Pujol
(18,43%) à Perpignan.
21
juin, date possible du 2e tour
des Municipales. Si la situa-
tion sanitaire ne le permet
pas, le 2e tour aura lieu « à
l’automne » a fait savoir la
ministre Agnès Buzyn. La
décision sera prise en mai
après avis de la communauté
scientifique.
peut espérer la victoire en cas
d’accord avec les écologistes,
dans une triangulaire avec
Mohed Altrad (13,31%).
Les Verts connaissent une
désillusion en Occitanie.
Donnée favorite jusqu’en jan-
vier à Montpellier, EELV (7,43%)
ne sera même pas au second
tour, la faute à des divisions in-
ternes suicidaires. Moindre
échec mais grande déception
pour Daniel Richard à Nîmes,
relégué en 5e position (12,19%).
Et que dire du score de Thierry
Antoine, EELV allié à LFI à
Béziers (5,36%).
Donné favori, le RN a subi
un coup d’arrêt après sa per-
cée des Européennes. Si Julien
Sanchez (59,5%) et Robert
Ménard (68,74%) ont été nette-
ment confirmés à Beaucaire et
Béziers, la stratégie d’union
des droites de ce dernier a failli,
à l’image du revers de Sébastien
Pacull (ex-LR soutenu par le
RN) à Sète (14,38%).
A l’exception de Perpignan
sur laquelle Louis Aliot (35,65%)
menace de faire main basse,
l’extrême droite est en recul
partout (15,66% à Agde ; 21,73%
à Lunel) ou tenue à distance
(27,96% à Frontignan). Les pa-
ris perdus à Bellegarde et
Vallabrègues devraient empê-
cher J. Sanchez de mettre la
main sur la Communauté de
communes de Beaucaire. En
revanche, grâce au soutien d’au
moins maires de villages voi-
sins, R. Ménard pourrait, dès le
16 avril, ravir l’Agglo de Béziers
à Frédéric Lacas, réélu à
Sérignan. C’est la principale
ombre au tableau de ce 1er tour.
Rémy Cougnenc
10 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
E. Négrier : « Dans les grandes villes,
on est dans un déni de démocratie »
ENTRETIEN
Emmanuel Négrier est
politologue à la faculté
de Montpellier et directeur
de recherche au CNRS.
La Marseillaise : Quels constats tirer
du très fort taux d’abstention de ce
premier tour, qui s’est déroulé dans
des conditions particulières ?
Emmanuel Négrier : En cas de crise de
ce type, évidemment, la politique passe
au second plan. On constate que les dif-
férentes tendances politiques ne se sont
pas comportées de manière égale. Tout
porte à croire que le RN et LFI ont été par-
ticulièrement pénalisés, l’électorat
ayant le plus voté étant a contrario celui
de LREM. Si dans les petites commu-
nes, le taux de participation a été parfois
M. Crespy : « On aura une sorte de référendum sur
la façon dont le gouvernement aura géré la crise »
ENTRETIEN
Michel Crespy est politologue.
La Marseillaise : Comment va se
dérouler ce second tour des
élections municipales ?
Michel Crespy : La date dépendra évi-
demment de l’évolution de l’épidémie.
Et le 2e tour ne se tiendra que quand
l’épidémie sera devenue totalement ré-
siduelle. On ne prendra pas le risque
d’un rebond. Quand est-ce que cela se
produira ? Je n’en sais rien. Je crains
bien que les médecins n’en sachent pas
beaucoup plus. On parle du 21 juin, ef-
fectivement, c’est la date qui circule. Si
tout va bien et que l’épidémie dure un
mois ou un mois et demi comme c’est à
l’heure actuelle programmé.
Maintenant, dans la mesure où il s’agit
d’une épidémie mondiale, on ne sait
similaire à celui de 2014, dans les gran-
des villes, on est dans un véritable déni
de démocratie. Quand partout la parti-
cipation est en dessous des 40%, il y a
un problème et là, il s’agit de la crise sa-
nitaire. Avec une abstention largement
supérieure dans les endroits densément
peuplés, cela va au-delà de la décision in-
dividuelle, c’est un phénomène social qui
pose un problème démocratique. Des
catégories entières de population ont
été placées à distance du vote au sens
sociologique et territorial du terme.
À Alès, malgré l’union de la
gauche, Max Roustan a gagné dès
le premier tour avec plus de 56%
des voix. Un résultat surprenant ?
E.N. : Alès, c’est le cas typique de ce que
j’indiquais. En termes relatifs, ça donne
à Max Roustan un avantage considéra-
ble. Certes, on a l’habitude de voir Max
Roustan élu dès le premier tour. Mais
lui-même a reconnu le côté atypique
avec une participation telle que l’on ne
peut que souligner le problème : il est
élu au premier tour avec un pourcen-
tage supérieur à 2014, mais avec moitié
moins de voix ! Il bénéficie de trois avan-
tages : une prime au maire sortant, d’au-
tant plus forte en cas de crise sanitaire
où on a tendance à voter pour la per-
sonne déjà en place ; l’affaiblissement
du vote RN, où on sait que domine un
sentiment de défiance à l’égard d’au-
pas trop où on va.
Est-ce que des facteurs pourront
fausser le résultat du scrutin
prévu pour le moment fin juin ?
M.C : Il y aura forcément des inciden-
ces. Le scrutin finira par se tenir un
jour ou l’autre, à moins qu’on soit tous
morts d’ici là ! Mais les incidents, il y
en aura forcément. On peut voir la po-
lémique avec la déclaration d’Agnès
Buzyn et les discussions sur les réseaux
sociaux sur la façon dont le gouverne-
ment gère la crise, est-ce qu’il en fait
trop, est-ce qu’il en fait assez ? Bref, cha-
cun met son grain de sel. Il me semble
assez clair donc que si le vote du second
tour suit directement la fin de la crise,
à quelques semaines près, il sera in-
fluencé par le jugement que porteront
les Français sur l’action du gouverne-
ment pendant la crise. Donc il y aura
des discussions à ce sujet là et cela sera
probablement le sujet principal, sur
comment ils ont géré la crise et com-
ment éviter qu’une telle crise ne se re-
produise. La campagne électorale tour-
nera forcément autour de cela, me sem-
ble-t-il, ou au moins dans les premiers
temps. Après, il sera possible qu’on se
recentre sur des sujets locaux dans les
derniers jours de la campagne mais très
proche de la crise, c’est comme cela que
ça se produira. Si nous avions reporté
d’un an par exemple, regrouper avec
les Régionales comme certains l’ont de-
trui bien plus fort que dans les autres
électorats, ce qui n’incite pas à voter
dans un tel contexte; et enfin à gauche,
la panne de mobilisation pour des rai-
sons qui tiennent à la sociologie de ce
vote, plus jeune et populaire, donc moins
enclin à voter lors des élections muni-
cipales. A Alès, la liste d’union de la
gauche a fait les frais de cette absten-
tion totalement anormale.
À Nîmes, Bouget et Lachaud se
sont démarqués alors que l’on
attendait Richard et Gillet...
E.N. : La liste conduite par Daniel
Richard est pénalisée par les handicaps
sociologiques du vote jeune du côté de
LFI ou même des Verts. Et il en est de
même pour le RN. Du côté de la liste de
Vincent Bouget, elle traduit la meilleure
résistance d’une culture politique com-
muniste nîmoise, qui reste assez im-
portante et engagée dans le vote, en tout
cas plus que dans des villes où le commu-
nisme a connu une grave récession
comme à Béziers ou Montpellier. Dans
une configuration où les socialistes sont
en crise structurelle et où les forces do-
minantes à l’échelle nationale que sont
LREM et le RN sont en difficulté, on voit
ressortir les électorats liés à cette cul-
ture politique. La liste Lachaud est dis-
tancée par celle de Jean-Paul Fournier,
car même s’il incarnait un électorat
plus mobilisé, il pâtit d’une étiquette
mandé, je pense que cela aurait été une
idée raisonnable. On serait dans un ti-
ming bien différent, et lointain où, en ef-
fet, on serait retombé dans une élection
normale. Là, on n’aura pas vraiment
les Municipales normales. On aura une
espèce de référendum sur la façon dont
le gouvernement aura géré la crise.
Face à toutes ces interrogations,
le premier tour peut-il être remis
en jeu d’après vous ?
M.C : Le conseil des ministres s’est ré-
uni pour adopter un projet de loi à sou-
mettre au Parlement pour garantir que
le premier tour est maintenu. Les ré-
sultats de celui-ci sont donc conservés,
ils sont gelés en quelque sorte. Parce
que, naturellement, le code électoral ne
prévoit pas cela du tout. Il prévoit que
le premier et le second tour ne sont pas
détachables l’un de l’autre et qu’ils sont
liés à une semaine l’un de l’autre. Ce
n’est pas possible, si on reporte le se-
cond tour, il faut annuler le premier.
L’autre solution, étant celle que le gou-
vernent a adopté, consiste à changer le
code électoral. C’est une chose qui ne
se fait jamais d’habitude quand on est
en plein milieu d’une élection. Cela dit,
une épidémie comme celle que nous vi-
vons avec le confinement, ça ne s’est ja-
mais fait non plus. On est dans des cir-
constances complètement exception-
nelles dans lesquelles le droit habituel
ne s’applique plus. Donc cela devient
LREM qui ‘‘plombait’’ plus ses repré-
sentants locaux qu’elle ne les aidait.
À Montpellier, les résultats sont
très serrés, cela montre une
division politique ?
E.N. : On peut constater qu’en dehors
des candidatures aux résultats les plus
faibles, on est face à dix candidats ex-
trêmement proches les uns des autres
et dont certains finissent juste sous la
barre des 10%. Cela illustre la décompo-
sition du système politique montpel-
liérain, qui n’avait pas besoin d’une
abstention aussi terrible pour montrer
ses limites. Mais là, c’est clair : frag-
mentation extrême des listes et divi-
sions au sein de chacune des forma-
tions politiques. C’est une drôle de si-
tuation avec une campagne où tous les
coups, stratégies et débauchages ont
été légion. C’est la grande différence
entre Montpellier et Toulouse, où mal-
gré douze listes, la structuration par-
tisane a tenu à peu près bon. À
Montpellier, tous les partis ont volé en
éclats, du référent RN qui appelle à vo-
ter Alex Larue aux Verts fracturés en
trois voire quatre listes en passant par
les Socialistes qui se retrouvent chez
Delafosse, Saurel, voire Altrad.
Propos reccueillis par Alan Bernigaud
* L’entièreté de cet entretien est à retrouver
sur notre site, lamarseillaise.fr
difficile de trouver des réponses nor-
males en quelque sorte. ( …). Certains
juristes ont dit qu’il y avait une bagarre
entre spécialistes de droit public et de
droit constitutionnel parce que rien
n’est prévu dans les lois pour des cir-
constances de ce genre là.
Si le premier tour est maintenu,
de quelle manière doivent
s’opérer les négociations d’entre-
deux tours entre les listes dont la
limite légale de dépôt était mardi
dernier initialement ?
M.C : Il y a eu une hésitation car, dans un
premier temps, il fallait que le dépôt
des listes soit fait en effet avant mardi
dernier à 18h. Le gouvernement a hé-
sité et Castaner a un peu flotté sur la
question . Finalement, il a annoncé que
dans le projet de loi, le dépôt de liste se-
rait repoussé aussi jusqu’à une semaine
avant le deuxième tour. Donc cela dé-
pendra de la date de celui-ci. Par con-
séquent, toutes les négociations qui ont
été entamées peuvent se prolonger jus-
qu’à ce moment là. C’est une solution
de bon sens car on ne peut pas en même
temps obliger les gens à rester chez eux
et leur demander de déposer des listes
qui supposent les signatures de tous les
colistiers. Cela repousse donc les négo-
ciations et tout le monde a le temps de
se reprendre et de réfléchir à la ques-
tion à tête reposée.
Propos reccueillis par Hugo Tortel

DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
Saurel en grand danger
face à Delafosse et Altrad
MONTPELLIER
A l’issue du 1er tour,
le maire Macron
compatible est certes en
tête (19,11%) mais talonné
de près par le candidat
socialiste soutenu par le
PCF (16,66%), qui dispose
de plus de réserves de
voix potentielles.
En 3e place vient le chef
d’entreprise milliardaire
(13,3%). Le résultat de la
triangulaire, reportée au
plus tôt en juin, dépendra
du jeu des alliances.
Eliminées, les listes
écologistes (Mantion,
Ollier) et citoyennes
(Doulain, Gaillard)
pourraient en théorie
faire basculer la Mairie.
A
Montpellier, où le scé-
nario de la campagne fut
digne des plus grands
Hitchcock, il était écrit que le
suspense durerait jusqu’au
bout. En raison de l’épidémie de
Coronavirus, l’incertitude va
même se prolonger jusqu’en
juin voire à l’automne, lorsque
la tenue du 2e tour sera jugée
possible par le Gouvernement.
D’ici là, les uns vont trem-
bler de tout perdre, les autres rê-
ver à l’exploit et les derniers
ruminer leur élimination. Une
chose est sûre : des 14 candi-
dats en lice le 15 mars, seuls
trois seront autorisés à se pré-
Aucun maire sortant battu au premier tour,
8 édiles restent à désigner, 5 en difficulté
MÉTROPOLE DE
MONTPELLIER
22 communes ont choisi
leur maire, dont cinq
nouveaux. A Pérols,
Villeneuve-lès-
Maguelone, Saint-Jean de
Védas, Cournonterral et
Prades-le-Lez, les maires
sortants pourraient être
battus au 2e tour.
L a fameuse prime au sortant
qui fait qu’environ 75% des
maires qui se représentent sont
reconduits s’applique à la
Métropole de Montpellier.
Dimanche 15 mars, la plu-
part des édiles ont été réélus.
Largement pour Eliane Lloret
à Sussargues (62,77%), Jean-
François Audrin (DVD) à Saint
Georges d’Orques (62,76%),
Saurel (19,11%), Delafosse (16,66%) et Altrad (13,3%) qualifiés au 2e tour qui a été reporté. PHOTOS DR/AFP
senter à nouveau devant les
électeurs lors du 2e tour :
Philippe Saurel, Michael
Delafosse et Mohed Altrad. Une
triangulaire vertigineuse dont
l’issue dépendra des fusions de
listes et des soutiens dont au-
cun, le 19 mars, n’avait été acté.
La principale leçon du 1er
tour est que Philippe Saurel
semble en grand danger. Certes
le maire sortant est arrivé en
tête : il obtient ses meilleurs ré-
sultats dans les quartiers péri-
phériques, les nouveaux et les
quartiers populaires. Mais son
score (19,11%) reste particuliè-
rement faible. Parmi les mai-
res des villes d’Occitanie, seul
Jean-Marc Pujol (18,43%), à
Perpignan, fait pire.
Saurel a peu de réserves
L’hospitalisation début 2020
de Philippe Saurel n’a certes
pas aidé le maire. Mais celui-
ci, ayant prévu de se dévoiler
au tout dernier moment afin
d’observer la stratégie de ses
adversaires, n’avait de toute
manière pas l’intention de faire
campagne. Une fois remis sur
Eric Penso (DVG) à Clapiers
(65,81%), Roger Caizergues à
Lavérune (73,01%), Jacques
Martinier (DVD) à Fabrègues
(74,19%) et Renaud Calvat (PS)
à Jacou (86,16%).
D’autres ont un peu plus
transpiré mais voient leur bail
renouvelé sans besoin d’un 2e
tour. C’est le cas à Juvignac
du sans étiquette Jean-Luc Savy
(50,66%) qui en 2014 avait ravi
la mairie à l’UMP. A Lattes,
l’ancien frêchiste Cyril Meunier
(57,87%) a une nouvelle fois bat-
tu en duel Jean-Noël Fourcade
(DVD). Même chose à Pignan
pour Michelle Cassar (DVG)
face au candidat DVG Marc
Gervais (43,6%). A Saussan,
Joël Véra a été confirmé
(55,86%) face à deux listes.
Huit autres maires ont été
réélus le 15 mars sans aucun
suspense étant donné qu’une
seule liste était proposée. Jean-
pieds, il a d’ailleurs refusé tous
les débats publics.
Ce pari audacieux de gagner
sur sa bonne notoriété et sur
son bilan interroge aujourd’hui.
Notoriété ne rime pas avec adhé-
sion et peut-être que son bilan
n’était pas si « exceptionnel »
que cela aux yeux des habitants.
Car s’il est vrai que le
Coronavirus a fait chuter le
taux de participation (34,61% au
lieu de 52,14% en 2014), il n’ex-
plique pas à lui seul pourquoi
P. Saurel a perdu 41% de ses
électeurs du 1er tour de 2014...
Dénoncé par ses adversai-
res, « l’autoritarisme » du pré-
sident de la Métropole qui n’a
pas hésité à congédier une di-
zaine de vice-présidents à mi-
mandat, ou qui entretient de
froides relations avec Carole
Delga à la Région et Kléber
Mesquida au Département de
l’Hérault, a-t-il agacé les
Montpelliérains ? Sa stratégie
politique à géométrie variable
(tantôt pro-Macron, tantôt so-
cialiste « tendance Jaurès », tan-
tôt écologiste pour finir par in-
tégrer sur sa liste l’ancien mem-
Luc Meissonnier (Baillargues),
Arnaud Moynier (Beaulieu),
Régine Illaire (Cournonsec),
Isabelle Touzard (Murviel-les-
Montpellier), Geniès Balazun
(Restinclières), Laurent Jaoul
(Saint-Brès), Jackie Galabrun
Boulbes (Saint-Drézéry), et
Yvon Pellet (Saint-Géniès des
Mourgues) ont donc obtenu
100% des suffrages.
Breysses, Lussert menacés
Dans 5 communes, le maire
ne se représentait pas. 4 d’en-
tre elles ont choisi leur nouvel
édile. Aucune surprise à
Montaud, où Céline Angelvin
était seule en lice pour succé-
der à Joël Raymond, en 14e po-
sition sur sa liste. A Castries,
le soutien de Gilbert Pastor a
assuré une large victoire (81,8%)
à Claudine Vassas-Mejri (PS).
Au Crès, le DVD Stéphane
Champay (53,04%) a remporté
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
bre des Républicains, Jacques
Domergue) a-t-elle décontenan-
cé ? Autant de questions à mé-
diter les prochains mois.
Delafosse peut y croire
Car une brèche s’est ouverte
à l’Hôtel de Ville. Arrivé
deuxième, Michael Delafosse
(16,66%) semble le mieux pla-
cé pour créer la surprise.
Soutenu par le PCF et des collec-
tifs citoyens, le socialiste, qui
réalise ses meilleurs scores en
centre-ville, n’accuse que 1 272
voix de retard. Auteur d’une
campagne dynamique symbo-
lisée par sa mesure phare de
gratuité des transports en com-
mun, M. Delafosse dispose sur-
tout d’une potentielle réserve
de voix sensiblement supérieure
à celle de Philippe Saurel
(Vignal ? Larue ? Roumégas ?).
En raison du report du dépôt
des listes, aucun ralliement n’a
encore été acté, les négocia-
tions devraient durer des se-
maines, voire des mois.
Mais le socialiste peut espé-
rer fusionner avec une ou plu-
sieurs listes parmi lesquelles
son duel face à Thierry
Bermond (DVG). A Thierry Breysses (PS) à
Vendargues, Guy Lauret (DVD)
vainqueur de deux listes avec
51,35% prend le relais de Pierre
Dudieuzère (LR). Quand le
maire avait jeté l’éponge, il n’y
a qu’à Montferrier-sur-Lez
où il faudra un 2e tour pour dé-
partager la DVD Brigitte
Devoisselle (47,25%), le DVG
Michel Bourelly (26,82%) et le
DVD Jean-Paul Bord (25,92%).
Ailleurs, 7 autres commu-
nes n’ont pas encore choisi leur
futur premier magistrat. René
Revol, seul maire LFI de
l’Hérault, est en ballottage fa-
vorable à Grabels (45,98%). De
même pour le DVD Frédéric
Lafforgue (44%) à Castelnau-
le-Lez, soutenu par l’ex-maire
et sénateur de droite Jean-
Pierre Grand (ex-LR).
En réalité, seuls cinq mai-
res sont plus ou moins en dan-
11
les deux écologistes de Coralie
Mantion (7,42%) et/ou Clothilde
Ollier (7,25%) qui se sont vam-
pirisées. Eliminés à cause de
leurs divisions internes suici-
daires, les Verts peuvent en-
core peser en se positionnant
dans le rôle de faiseur de roi.
Un soutien à M. Delafosse de
la liste citoyenne/LFI d’Alenka
Doulain (9,25%), qui échoue de
peu, n’est pas non plus à ex-
clure. Quant à la surprise Rémi
Gaillard (9,58%), qui semble
avoir siphonné le
Rassemblement national d’Olaf
Rokvam (4,78%), on le sait en
froid avec le maire sortant...
Altrad outsider
Mohed Altrad, qui complète
le tiercé, ne sera pas favori du
haut de ses 13,3%. Le milliar-
daire tentera-t-il le coup en es-
sayant par exemple de rallier
à sa cause le député LREM
Patrick Vignal (6,1%), plombé
par le logo macroniste qu’il dé-
sirait tant ? M. Altrad peut-il
espérer une consigne de vote
du candidat Les Républicains
Alex Larue (3,83%), qui a an-
noncé se retirer de la vie politi-
que suite à ce fiasco ? Ou bien
le patron du MHR, muet depuis
le 15 mars, peut-il se rallier à
M. Delafosse, ce qui leur assu-
rerait quasiment la victoire ?
En plein confinement, les
états majors restent discrets,
les tractations sont anesthé-
siées. Le suspense reste entier.
Qui peut prédire dans quel état
d’esprit se trouveront les
Montpelliérains une fois pas-
sée l’épreuve du Covid-19 ?
Rémy Cougnenc
ger. Les deux plus menacés sont
Cournonterral et Jean-Marc
Lussert (DVG) à Prades-le-Lez.
Le premier a été devancé de 13
points par le candidat sans éti-
quette William Ars (44,4%). Le
second se trouve 16 points der-
rière l’écologiste Florence Brau
(43,95%). A Saint-Jean de
Védas, Isabelle Guiraud (DVD)
est dans le dur avec 36 voix de
plus que François Rio (DVG).
Les jeux ne sont pas faits à
Villeneuve-lès-Maguelone où
la liste d’union de la gauche de
Véronique Négret (31,88%) ta-
lonne le maire DVD Noël Ségura
(41,42%). Enfin, la réélection
de Jean-Pierre Rico (43%) n’est
pas acquise à Pérols en cas d’ac-
cord entre les listes DVD
d’Isabelle Gianiel (29,12%) et
de Cathy Prost (22,28%).
Rémy Cougnenc
12 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
Max Roustan réélu
malgré la gauche
ALÈS
L’union de la gauche
avait donné de l’espoir à
ceux qui souhaitaient en
finir avec la politique
menée par Max Roustan
depuis 1995. Mais le
maire sortant LR a
encore été plus fort,
puisqu’il a été réélu dès
le 1er tour avec plus de
56% des suffrages au 1er
tour, le 15 mars.
D e sa position de maire sor-
tant, il partait forcément
favori dans cette élection mu-
nicipale. Mais à 75 ans, Max
Roustan (LR) n’était pas pour
autant assuré d’être réélu à
Alès pour un cinquième man-
dat consécutif. Encore moins
dès le premier tour. Mais ce di-
manche 15 mars, à l’issue d’une
journée de vote particulière-
ment marquée par l’absten-
tion, Max Roustan s’est à nou-
veau imposé. Et avec la ma-
nière, puisqu’il a récolté 56,80%
des voix alésiennes. Du moins
de celles exprimées, puisque
la participation n’a été que de
33,4% à Alès, alors qu’elle était
de 61,53% en 2014. Une victoire
importante toutefois, qui a tout
de même une part de surprise
puisqu’après 25 ans à sa tête,
Max Roustan n’a pas réussi à re-
lancer l’activité et l’attractivi-
té de sa commune.
L’entourloupe assumée con-
sistant à mener campagne pour
son poulain, Christophe
Rivenq, auquel il va laisser le
poste de maire dans un an ou
deux, pouvait être un handi-
cap. Car celui qui est directeur
de cabinet du maire d’Alès et
patron de la fédération Les
Républicains du Gard est loin
d’être aussi apprécié que son
mentor. Les opposants à ce tick-
et Roustan-Rivenq n’avaient
d’ailleurs cessé de rappeler que
voter pour la figure paterna-
liste du maire sortant revenait
à offrir la mairie à un (plus)
jeune loup de droite.
Le 15 mars, Max Roustan, 75 ans, a été réélu maire d’Alès pour la
5e fois. L’élu Les Républicains a profité de la très faible
participation : seul un Alésien sur trois s’est déplacé au bureau de
vote pour le 1er tour au lieu de 61,5% en 2014. En aurait-il été de
même sans l’épidémie de Coronavirus ? PHOTO: D.R.
Si son union quasi-totale
(seule Lutte ouvrière avait dé-
cidé au dernier moment de pré-
senter une liste à part) a im-
pressionné tout le monde, la
gauche alésienne n’a pas con-
vaincu pour autant. C’est là la
plus grande déception de cette
élection, puisque le commu-
niste Paul Planque avait réus-
si à fédérer autour de lui une
équipe forte et diverse tout à
fait apte à diriger Alès. Son
score est finalement bien en
deça des attentes avec seule-
ment 22,84% des voix. Sa liste
du Printemps alésien termine
ainsi 2e, loin devant Francis
Bassier, le candidat du
Rassemblement national, qui
n’a obtenu que 8,68%des suf-
frages.
L’important, ce n’est pas la
chute, c’est l’atterrissage
De droite, certes, Alès n’est
pas pour autant devenue une
terre brune et c’est là une
source de satisfaction à rete-
nir. De même que le tout petit
score du candidat porté par La
République en Marche, Eric
Bouchité, qui finit avec 2,40%
des voix, devançant seulement
Jérôme Garcia de Lutte ou-
vrière et ses 2,04%. Devant eux
se trouvent les deux candidats
indépendants, Marc Peyroche
avec 3,97% et Fabien Gabillon,
3,23% des voix.
Si la marche a semblé en-
core trop haute pour la gau-
che dans sa volonté de recon-
quérir Alès, tout n’est pas pour
autant perdu. D’une part, son
union transpartisane a per-
mis de porter une voix intelli-
gible et forte dans le débat pu-
blic, renforçant le message
comme ses porteurs. La ges-
tion municipale d’Alès ne de-
vrait par ailleurs connaître
que peu de changements au
cours des six prochaines an-
nées, tant avec M. Roustan
qu’avec C. Rivenq comme édile.
Ainsi, en 2026, les enjeux ris-
quent fortement d’être les mê-
mes et là, à nouveau, la gau-
che aura besoin d’être forte et
unie.
Alan Bernigaud
Maire sortant de droite, Jean-Paul Fournier est le favori de ces élections, mais la gauche, incarnée
par le communiste Vincent Bouget, n’a pas dit son dernier mot et peut encore l’emporter. PHOTO : A.B.
Bouget porte la gauche
face au maire sortant
NÎMES
Dans un climat jamais vu
portant l’abstention à des
sommets, le 1er tour des
Municipales à Nîmes
place le maire sortant
Jean-Paul Fournier (LR)
en bonne position, mais
fait aussi ressortir la
volonté de changement
avec le bon score de l’un
des deux candidats de
gauche, Vincent Bouget.
N
e jamais croire les son-
dages. Simples indica-
teurs de tendances, ils
ne peuvent être 100% fidèles à
la réalité des urnes. Et cela s’est
une nouvelle fois confirmé avec
l’exemple de Nîmes. Pour ce
1er tour des élections munici-
pales les plus singulières de la
Ve République, le maire sor-
tant et candidat LR Jean-Paul
Fournier est arrivé en tête dans
la préfecture du Gard. Avec
34,34%, celui qui est édile de
Nîmes depuis 2001 réalise là
un très bon score, correspon-
dant d’ailleurs aux attentes.
Mais ce sont les résultats de ses
opposants et poursuivants qui
ont fait mentir les sondages.
À commencer par celui de
Vincent Bouget, tête de la liste
Nîmes citoyenne de gauche, sou-
tenue par le PC et Génération.S.
En réunissant autour de sa can-
didature 15,69% des suffrages
exprimés, il se pose en seule al-
ternative de gauche crédible à
Nîmes, alors qu’il était jusque
là crédité de seulement 7% des
intentions de vote dans les son-
dages. Il renvoit ainsi dans les
cordes Daniel Richard, candi-
dat de l’alliance entre EELV, FI,
PS, PRG, CAP21, Génération
écologie et le mouvement GRS.
Sa liste, Nîmes une ville nom-
mée Désir n’a récolté que 12,19%
des voix. Bien loin donc des
plus de 20% attendus, tant les
sondages plaçaient l’écologiste
en alternative au maire actuel.
En terminant à la cinquième
place, le constat est clair : Daniel
Richard n’a pas su convaincre
les Nîmois. Alors quelles solu-
tions s’offrent à lui pour le se-
cond tour ? Une alliance avec
Vincent Bouget semble aussi
naturelle qu’obligatoire si la
gauche veut jouer un rôle dans
ce 2e tour à la date encore in-
connue. Bien que l’un comme
l’autre aient - au vu de la situa-
tion de crise sanitaire en
France - gelé leur campagne,
des échanges de messages ont
bien eu lieu entre les deux
camps pour amorcer l’idée
d’une convergence.
Le RN ne fait pas son trou à
Nîmes, LREM un peu
Marqué par un taux de par-
ticipation d’une extrême fai-
blesse avec seulement 30,66%
de votants parmi les Nîmois
inscrits sur les listes électora-
les, le 1er tour n’a pas réservé
des surprises qu’à gauche.
Ainsi, malgré une campagne
peu aboutie, marquée par sa
petite guerre d’ego avec son an-
cien acolyte Jean-Paul Fournier,
le candidat LREM-UDI-MoDem-
Agir, Yvan Lachaud, a lui aus-
si tiré son épingle du jeu.
Annoncé à la traîne dans les
sondages, payant probablement
son mandat de président de
Nîmes Métropole et sa relation
de frères ennemis avec le maire
sortant, Yvan Lachaud a ter-
miné à la seconde place de ce
1er tour avec 15,74% des voix,
soit quelques dizaines de votes
de plus que Vincent Bouget.
Le candidat de la majorité
présidentielle se retrouve ain-
si face à un dilemme important
pour le 2e tour. En 2014, il avait
permis à Jean-Paul Fournier
de remporter les élections en
s’alliant avec lui, récupérant
le poste de président de l’Agglo
en contrepartie. Mais depuis,
les deux hommes n’ont cessé
d’être en désaccord et une nou-
velle alliance semble désormais
impossible, sauf énorme re-
tournement de situation aux
airs de tragi-comédie. De l’au-
tre côté, une alliance avec Daniel
Richard semble être à exclure :
voir FI et LREM réunies au-
tour d’une même liste risquant
de créer une faille spatio-tem-
porelle. Enfin, un rapproche-
ment avec Vincent Bouget est
encore plus lunaire, tout comme
avec le Rassemblement natio-
nal. Ainsi, Yvan Lachaud au-
ra réalisé une belle performance
ce 15 mars, mais semble désor-
mais en incapacité de conclure
cette belle percée, étant sans
appui ou allié pour la suite.
La situation est encore plus
complexe pour Yoann Gillet, le
candidat du RN. Alors que l’ex-
trême droite ne cesse d’éten-
dre sa sombre toile dans le
Languedoc, Nîmes résiste.
Ainsi, celui qui avait terminé
à la 2e place en 2014 au second
tour n’a, en 2020, réuni que
14,35% des voix. En terminant
à la 4e place, il se place bien loin
des attentes de son parti à plus
de 20% et montre un réel rejet
de ses idées nauséabondes.
Enfin, chez les non-qualifiés
pour le 2e tour, celui qui est de-
venu candidat sans étiquette
après l’échec dans l’obtention
de l’investiture LREM, David
Tebib, a obtenu 5,39% des suf-
frages. De son côté, Stéphane
Gili, candidat du Parti anima-
liste, termine dernier avec
2,30% des voix et la satisfaction
d’avoir porté son combat anti-
corrida dans le débat public.
Alan Bernigaud

DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
François Commeinhes sur la sellette,
Gilles D’Ettore en ballottage favorable
SÈTE / AGDE
Si le maire de Sète (ex-LR
soutenu par LREM) est
arrivé nettement en tête,
une alliance à gauche
entre Véronique Calueba
et Sébastien Denaja
pourrait le détrôner.
A Agde en revanche, le
maire LR qui a écarté la
menace du RN, semble
promis à un 4e mandat.
L
es mois qui mènent au se-
cond tour ne s’annoncent
pas paisibles pour
François Commeinhes.
Le maire de Sète qui se disait
« fier » de son bilan et « serein »
avant le 1er tour, bien que deux
de ses anciens adjoints l’aient
quitté pour se présenter contre
lui, n’est pas sûr de conserver
son poste. Dimanche 15 mars,
lors d’un 1er tour perturbé par
le Coronavirus, les Sétois qui
se sont déplacés aux urnes
(47,79%) ont certes porté l’édile
de droite nettement en tête
(34,86%). Mais il a beau avoir
15 points d’avance sur sa pre-
mière adversaire, Véronique
Calueba (19,24%), qui le devance
dans 3 bureaux de vote sur 31
Robert Ménard, confortablement réélu,
en passe de faire main basse sur l’Agglo
BÉZIERS
Déjouant les plus
favorables des scénarios,
le maire d'extrême droite
se délecte de ses 68,74% à
Béziers. Dans l'agglo
cependant plusieurs des
candidats qu'il a soutenus
ont connu d'importants
revers.
Inus.ldesneIlfaut pas oublier que 57,02%
Biterrois se sont abste-
n'en demeure pas moins
que la réélection du sortant est
légitime ici comme ailleurs. A
moins de décisions contraires
de l'Etat qui, pour l'heure, n'ont
pas été prises.
S'il invoque une « divine sur-
prise », de fait le score de Robert
Ménard à Béziers (68,74%) est
sans appel. A des années lu-
mière même de celui qui le suit
avec 11,54%, Pascal Resplandy.
Certes, ce dernier avait accep-
té le soutien de LREM, qui n'a
pas profité à grand monde, mais
une campagne longue et active
pouvait lui permettre d'espé-
rer mieux. D’ailleurs elle a réus-
(F. Mitterrand, P. Bert et
Arango), le gynécologue qui di-
rige l’Île singulière depuis 2001
peut trembler.
Si ses deux anciens colistiers
ont perdu toute chance de lui
ravir la mairie, leurs scores leur
permettent, s’ils le souhaitent,
de se maintenir lors du 2e tour
reporté en juin ou à l’automne.
Symbole de l’échec de l’union
des droites prônée par Robert
Ménard, Sébastien Pacull, l’ex-
président héraultais des
Républicains démissionnaire
qui menait une liste soutenue
par le RN devrait maintenir sa
liste qui a obtenu 14,38%.
Rudy Llanos ouvert à tous
Rudy Llanos (11,56%) peut
en faire autant ou fusionner.
Mais avec qui ? Son directeur
de campagne qui veut battre
Commeinhes coûte que coûte,
n’exclut aucune hypothèse. « On
est plus proche du projet de
Denaja », confie Charles Khoury
tout en précisant qu’une triple
alliance avec Calueba en tête
de liste, n’est pas impossible si
« on nous donne autour de 15 pla-
ces (sur 43 !) ». L’ancien socia-
liste précise qu’un accord avec
le RN n’est pas totalement à ex-
clure ! Bref Rudy Llanos ira
vers le plus offrant.
Aux affaires jusqu’en 2001
si dans certains bureaux de la
Devèze, où des candidats de sa
liste ont de l'influence. Ainsi,
il obtient la majorité absolue
aux Olivers (53,29%) mais ses
résultats sont mauvais au cen-
tre ville : 10,57% à l'Hôtel de
ville, bureau très à droite.
D'ailleurs le candidat LR,
Antoine About (4,75% sur la
ville) a fait moins encore (2,98%)
dans ce bureau qui résume toute
l'affaire : Robert Ménard a si-
phonné les voix de droite. Mais
il a fait beaucoup plus que ce-
la. Il est majoritaire dans tous
les bureaux sauf deux, les
Oliviers à la Devèze (45,68%) et
J. Macé à la cité Mion (45,68%).
La réélection d’un notable
« ordinaire »
Trois listes devaient se par-
tager les voix de gauche. En tête
et en troisième position, mais
c'est une maigre consolation,
Nicolas Cossange (PCF, PS,
PRG). Il obtient ses meilleurs
résultats à la Devèze, où il est
quasiment partout au dessus
de ses 6,11%. Celui qui jusqu'au
bout a essayé de réunir les trois
listes ne s'en satisfait pas. Il est
le seul élu de sa liste. Tout
Gilles D’Ettore (LR) devrait faire un 4e mandat à Agde. PHOTO DR
avec le communiste François
Liberti, la gauche peut espérer
récupérer la mairie seule au vu
de ses bons scores. Dans leur
mano a mano, c’est
« L’Alternative sétoise » de
Véronique Calueba
(PCF/EELV/LFI/collectifs ci-
toyens) qui a devancé (19,24%)
la liste « Sète demain »
(PS/Génération.s/PRG/Ecol
ogistes) de Sébastien Denaja
(17,66%). Une courte avance de
243 voix mais qui suffit à éta-
blir une hiérarchie. Et ce, même
si l’ex député PS devance la con-
seillère départementale dans
16 des 31 bureaux de vote.
Avant le 1er tour, il existait
un « accord tacite » selon lequel
la liste la mieux placée des deux
Robert Ménard. PHOTO AFP
comme Thierry Antoine (5,36%)
investi par EELV et LFI, qui
n'envisageait ni un si petit score,
ni d'arriver derrière la liste
Cossange. Il obtient certains de
ses meilleurs scores dans le cen-
tre ville (7,05% à l'Hôtel de ville
ou 9,28% au Palais des congrès).
Seul élu de sa liste, il se retrou-
vera donc dans l'opposition avec
Nicolas Cossange et Pascal
Resplandy ainsi que deux au-
tres élus de sa liste (Véronique
Vidal-Laur et Christophe Huc).
Quant à la liste citoyenne de
Claire Dotto, elle doit se con-
tenter de 4,1%.
La gauche (encore que la liste
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
mènerait le rassemblement au
2e tour. « Dès dimanche, nous
avons fait des propositions in-
téressantes à Sébastien Denaja.
Nous attendons sa réponse »,
nous confiait mercredi 18 mars
V. Calueba. En clair, celle-ci res-
terait tête de liste et l’ancien dé-
puté PS serait deuxième.
Agde : la messe est dite ?
En cas de fusion, la liste de
gauche serait théoriquement
devant de 315 voix. Toutefois en
politique, les suffrages ne s’ad-
ditionnent pas ainsi. Une dyna-
mique nouvelle peut voir le jour
au 2e tour. Mais si la forte absten-
tion a plutôt favorisé les maires
en place, il est permis de pen-
ser qu’une meilleure participa-
de Claire Dotto ne s'était pas
clairement positionnée) pla-
fonne donc à 15,57% quand,
même faible, elle était à 25% en
2014. Avec certes 20% de votants
en moins. Il faut sans doute en
déduire que plus que la fameuse
prime au sortant, Robert
Ménard a bénéficié d'une cer-
taine « notabilisation ». C'est ce
qu'il a compris en arrêtant long-
temps avant l'élection ses provo-
cations trop clivantes et en se
comportant comme un notable
ordinaire.
Vers l'élection d'un
président provisoire ?
Ni l'une ni l'autre de ses rai-
sons ne s'est exportée dans les
villages. Les candidats que R.
Ménard soutenait contre des
sortants ont tous été sèchement
battus. Et d'abord Jacques Nain
à Sauvian (18,33%) suppléant
d'Emmanuelle Ménard, en cam-
pagne depuis deux ans, battu
par Bernard Auriol qui rafle
81,67%. Mais aussi Jacques Prax
(32,72%) face au maire sortant
réélu à Valras-Plage, Daniel
Ballester avec 67,28% ou encore
David Santacreu (14,35%) face
à Frédéric Lacas, président sor-
13
tion dans quelques mois soit fa-
vorable aux challengers...
Beaucoup moins de suspense
à Agde, où la messe semble dite.
Certes Gilles d’Ettore n’a pas
été élu au 1er tour. Mais le maire
Les Républicains, en dépit de
sa politique favorable aux pro-
moteurs, a prouvé qu’il conser-
vait la confiance de nombreux
Agathois (47,2%). Le second tour
en forme de triangulaire devrait
relever de la formalité.
La liste centriste du docteur
Thierry Nadal semble décro-
chée malgré son bon résultat
(28,39%). En raison des faibles
scores des deux listes de gau-
che, T. Nadal dispose de peu de
réserves de voix potentielles.
Même si Bertrand de Pontual
(EELV-PCF/Génération.s) ve-
nait à fusionner, ses 828 voix
(7,22%) ne donneraient pas la
victoire au médecin. Pas plus
que les 173 maigres suffrages
recueillis par la liste LFI/Gilets
jaunes Thierry Gaubert (0,7%).
Autre certitude, le RN ne met-
tra pas la main sur la « perle
noire de la Méditerranée ». Jean-
Louis Cousin, qui se voyait sur-
fer sur les gros scores de l’ex-
trême droite à la Présidentielle
puis aux Européennes, a raté
son pari (15,66%). Agde ne tom-
bera pas dans les griffes du RN.
Rémy Cougnenc
tant de l'agglo, réélu avec 71,90%
à Sérignan.
Cependant les sortants qu'il
soutenait déjà ont été réélus :
Robert Gély à Lieuran, Didier
Bresson à Cers et Claude
Allingri à Montblanc. Ces trois
là suffiront pour que Robert
Ménard, qui dispose désormais
en tant que maire de Béziers de
25 des 55 sièges communautai-
res (2 vont à l'opposition) prenne
l'agglo. C'est son score de 68,74%
qui a permis que R.Ménard ait
autant de sièges. Ceux qui ne
se sont pas déplacés en se di-
sant que c'était fichu n'y ont
sans doute pas pensé.
Pour l'heure on ne sait pas
quand aura lieu l'élection du
président. Elle était prévue le
16 avril mais trois maires ne
sont pas encore élus (à
Villeneuve, Corneilhan et
Alignan-du-vent). Il se pourrait
que le mandat des sortants soit
prolongé et qu'un président pro-
visoire soit élu jusqu'au
deuxième tour. Quoi qu'il en
soit, R.Ménard a désormais tou-
tes les manettes et il saura en
profiter pour étendre encore
son ombre sur le Biterrois.
Annie Menras
14 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
Figurant parmi les villes ciblées par le Rassemblement national, Lunel et Frontignan ne devraient
pas tomber dans l’escarcelle du parti lepéniste, si les résultats du premier tour sont confirmés en
l’état. PHOTO HT
Frontignan et Lunel
tiennent tête
à la poussée du RN
FRONTIGNAN /
LUNEL
Frappées par le chômage
et la pauvreté, les deux
villes ont porté en tête le
maire sortant LR
lunellois, Claude Arnaud,
et Michel Arrouy,
deuxième adjoint du
maire sortant PS de
Frontignan, Pierre
Bouldoire. Depuis 1995
et après quatre mandats
achevés, ce dernier
n’avait pas souhaité se
représenter.
L
ors du week-end du 15 juin
2019, à neuf mois du scru-
tin des élections munici-
pales, à La Rochelle lors d’un
conseil national, Le RN, ou ex-
Front national, de Marine Le
Pen avait mis en place une stra-
tégie de conquête de 100 villes
en France métropolitaine. Parmi
les communes où l’ombre fron-
tiste avait jeté son dévolu,
Frontignan, presque 13% de chô-
mage là où la moyenne natio-
nale est à 8%, et Lunel, triste-
ment reconnu en 2013 comme
un foyer de départ de jeunes dji-
hadistes pour la Syrie. Aux der-
nières élections européennes,
le parti lepéniste avait accumu-
lé 37% à Frontignan et 35% à
Lunel. Lors de ce premier tour
des Municipales 2020, cette per-
formance électorale n’a heureu-
sement pas été renouvelée.
A Frontignan, les résultats
donnent en tête, lors de ce pre-
mier tour de scrutin des
Municipales, Michel Arrouy
avec 40,9% des voix et qui ras-
semble autour de lui le PS, EELV,
Génération.s et le PCF. Derrière
lui, Gérard Prato, conseiller ré-
gional d’Occitanie d’extrême
droite récolte 27,96% et échoue
à refaire le score de l’an passé
pour le RN. Olivier Boudet, an-
cien assistant parlementaire de
Nicolas Démoulin à l’Assemblée
et soutenu par LREM, atteint
13,11% et le jeune entrepreneur
Thibaut Cléret se présentant
comme « l’alternative »,12,63%.
Just Gonzalez ferme la marche
avec 5,38% des voix. Dans la ci-
té muscatière, le taux d’absten-
tion est de 50,9%, soit en dessous
la moyenne nationale de 54,5%.
A Lunel, le désamour de la
population pour le maire sor-
tant LR Claude Arnaud, qui a
à son actif trois mandats con-
sécutifs, ne s’est pas totalement
exprimé puisqu’il obtient tout
de même la première position
avec 28,5% des suffrages.
Derrière lui arrive Pierre Soujol,
son ancien premier adjoint et
dissident divers droite, avec
27,8% des voix. Malgré l’atout
de la jeunesse, le score de la can-
didate lepéniste Julia Plane dou-
che les espoirs frontistes avec
21,73%. Celle-ci obtient sur son
nom près de 1500 voix contre
plus de 2700 l’an passé aux
Européennes. Enfin, pour les
deux listes de gauche, Jean-
Pierre Berthet peut se maintenir
et réunit 14,1% et l’ancien maire
qui espérait un come-back,
Claude Barral, échoue à 7,7%.
L’abstention totalise 58,9% avec
20% de moins par rapport à 2014.
Quid du 2e tour ?
Pour le moment et dans le
contexte lié au coronavirus,
rien n’indique que les deux
candidats de Frontignan der-
rière Gérard Prato et en me-
sure de se maintenir ne se reti-
reront pour contrer ce dernier.
Début février, Stanislas
Guérini, délégué général du
parti macroniste, avait décla-
ré que si ses candidats étaient
« placés en troisième position et
donc pas en mesure de battre le
RN », il demanderait « de se dé-
sister ou de fusionner leur liste
». De son côté Michel Arrouy
appelle les électeurs de MM.
Boudet et Cléret à le rejoindre
pour battre l’extrême droite. «
Aujourd’hui le seul adversaire
que l’on a collectivement, c’est
Gérard Prato. On a le temps des
discussions puisque tout a été
repoussé et on est plus dans la lo-
gique de mettre en place les
moyens pour sécuriser nos con-
citoyens », explique le socia-
liste en tête à Frontignan.
Du côté de Lunel, le duel de
second tour s’effectuera pro-
bablement entre Claude
Arnaud et Pierre Soujol. Ce
dernier a déclaré aux micros
de France 3, dimanche 15 mars,
que sa liste arrivait « quasi-
ment ex æquo avec le maire sor-
tant à la suite d’une campagne
de proximité et de terrain » avant
de se présenter comme « la
grosse surprise de cette élec-
tion ».
Pour Claude Arnaud, son
score obtenu dimanche der-
nier est largement causé par
l’abstention et « tout se jouera
au second tour ».Jean-Pierre
Berthet, ancien magistrat, peut
décider se maintenir ou non.
Il se donne le temps de la ré-
flexion et joue le rôle de faiseur
de roi. Le candidat de la gau-
che unie souligne en outre que
« le fait que la gauche fasse plus
de 14% au premier tour est un si-
gne de renouveau » à Lunel.
Hugo Tortel
La Camargue gardoise
en première ligne face
aux menaces du
frontisme municipal
BEAUCAIRE,
VAUVERT
Beaucaire reste dans
l’escarcelle du parti
lepéniste avec la victoire
au premier tour de
Julien Sanchez mais la
Communauté de
communes devrait lui
échapper. A Vauvert,
Jean Denat bat d’une
courte tête le candidat
frontiste alors qu’à Saint-
Gilles, Eddy Valadier, élu
dès le premier tour,
domine largement ses
concurrents.
E n 1992, le premier magis-
trat de Saint-Gilles, Charles
de Chambrun, élu sous les cou-
leurs du Front national trois
ans plus tôt, était contraint à
la démission au vu de sa ges-
tion désastreuse des finances
de la commune. La formation
frontiste gardait pourtant un
œil attentif sur le devenir de
cette cité camarguaise où
Marine Le Pen avait réalisé des
scores importants lors des der-
nières échéances électorales.
Pour autant, ce premier tour
des Municipales de 2020 est le si-
gne d’une cinglante défaite pour
le candidat d’extrême droite
Philippe Lefèvre, qui, avec
19,78%, ne peut rien faire face
au score sans appel du maire
LR sortant Eddy Valadier at-
teignant un peu plus de 70%.
En troisième et ultime posi-
tion, le candidat de la gauche,
Paul Gabriel, récolte près de
10,1% des suffrages exprimés.
L’abstention touche plus de
52% des votants.
« C’est une belle reconnais-
sance. D’abord du travail ac-
compli durant les six dernières
années. J’ai le sentiment que
nous avons beaucoup œuvré à
la modernisation de notre col-
lectivité. Et puis c’est la recon-
naissance d’une belle équipe qui
m’a accompagné dans cette cam-
pagne électorale avec un pro-
gramme sérieux, cohérent et cré-
dible » observe le maire saint-
gillois, Eddy Valadier.
Vauvert sauvé, Beaucaire
s’enfonce
A Vauvert, le maire PS sor-
tant Jean Denat, défendant les
couleurs de la gauche, est sor-
ti premier du résultat des ur-
nes, dimanche 15 mars, avec
près de 45% des suffrages ex-
primés. Derrière lui, Jean-Louis
Meizonnet, candidat frontiste,
le talonne de près avec 43% des
suffrages. Joëlle Cachia-
Moreno, ancienne élue d’oppo-
sition LR, est la seule à ne pas
avoir rejoint l’équipe d’extrême
droite et compte 8,96%. Enfin en
dernière position, la candida-
ture farfelue de Bruno Lebeau
totalise près de 2,9% des voix.
La participation a été de 49,8%.
Pour Jean Denat, « heureux »
d’avoir été positionné en tête
de ce scrutin, « la mobilisation
de ceux qui ne veulent pas d’une
équipe et d’un projet qui déni-
grent la ville et ternissent son
image devraient nous amener
à la victoire au second tour ».
L’édile vauverdois a insisté sur
sa mobilisation pour « faire en
sorte que le lien social soit en
permanence revisité ».De son
côté, la candidate LR défaite
Joëlle Cachia-Moreno affirme
qu’elle n’est pas « propriétaire »
de ses voix mais exprime sa po-
sition depuis le départ d’être
« contre l’étiquette » du postu-
lant frontiste.
Enfin, Beaucaire a vu la nou-
velle victoire, après 2014, de
Julien Sanchez et de ses idées
d’extrême droite. Alors qu’il
avait été élu lors du dernier
scrutin à l’occasion d’une qua-
drangulaire, cette fois-ci, le res-
ponsable formé au Front na-
tional depuis sa jeunesse ras-
semble dès le premier tour
59,5% des suffrages exprimés,
soit près de 200 voix de plus qu’il
y a six ans. Derrière lui, Pascale
Noailles-Duplissy et sa liste
« plurielle et citoyenne » enre-
gistrent 25% des voix, Lionel
Depetri soutenu par LREM ob-
tient 8,6% et Charles Ménard,
avec sa liste de gauche, dépasse
à peine les 6,8%. Le taux de par-
ticipation est de 51% contre
71,4% en 2014. A la présidence
de l’agglomération Beaucaire
Terre d’Argence (CCBTA), Juan
Martinez, réélu maire de
Bellegarde lui aussi dès le pre-
mier tour, devrait conserver
son poste et donc empêcher
l’édile lepéniste d’atteindre son
objectif. H.T.
A Saint-Gilles, après avoir été
dominé par l’extrême droite, la
mairie ne verra pas revenir un
locataire frontiste au terme de
ces élections. PHOTO HT

DOSSIER / MUNICIPALES OCCITANIE : ANALYSE DU 1er TOUR
GARD RHODANIEN
Dimanche 15 mars
Chapon et Bories
élus à Uzès et
Villeneuve/Avignon
Dans la ville d’Uzès, Jean-
Luc Chapon, divers centre,
bénéficie de la prime au
maire sortant avec une
élection confortable dès le
1er tour avec 57,97% des voix.
Derrière lui, l’ancien député
écologiste élu en 2012,
Christophe Cavard,
rassemble 24% et Lydie
Pastre Defos de Rau,
candidate écologiste, attire
18,01% des suffrages.
A Villeneuve-lès-Avignon,
le maire sortant LR, Jean-
Marc Roubaud, avait décidé
de ne pas se représenter
après 25 ans de mandats et
avait désignée la sénatrice
Pascale Bories comme
successeure. Cette dernière a
été élue dès le 1er tour avec
59,14% des voix contre
20,96% pour le candidat
d’union du centre, Florent
Lemont, et 19,89% pour Anne
Daniel qui représentait
l’union de la gauche.
2e tours à Pont Saint-
Esprit, Bagnols/Cèze
A Pont-Saint-Esprit, Claire
Lapeyronie, la maire
sortante qui avait succédé en
tant que première adjointe à
Roger Castillon élu en 2014,
atteint la première place avec
43,33%. Derrière elle,
Catherine Chantry, son
ancienne adjointe qui
présentait une liste
dissidente avec une partie de
l’équipe municipale sortante,
a récolté 30,49% des voix.
Enfin, Didier Bonneaud, et sa
liste proche de l’extrême
droite, obtient 26,17%.
Bagnols-sur-Cèze voyait
s’affronter six candidats et
c’est le maire sortant qui
n’avait jamais été soumis au
suffrage universel qui
l’emporte. Après deux
mandats de maire par
intérim de 2009 à 2010 et de
2017 à 2020, Jean-Yves
Chapelet, soutenu par LREM,
tient la tête avec 39,71%.
L’extrême-droite de Corine
Martin arrive derrière avec
28,83%. Thierry Vincent et sa
liste «Alliance citoyenne»
soutenue par le PCF et la FI
récolte 12,1% et la liste divers
gauche soutenue par EELV et
PS de Christian Roux,
11,61%. Investie par LR,
Jocelyne Gayte déçoit avec
6,42%. En dernière position,
la liste Gilet jaune de
Christophe Prévost fait 1,3%.
HÉRAULT
Dimanche 15 mars
Des maires sortants
battus au 1er tour
Pour eux, la prime au sortant
n’a pas fonctionné. Les
maires de Saint-Chinian
(Bruno Enjalbert), Saint-
Pons de Thomières,
Poilhes, Roujan (Jean-
Marie Passier), Bouzigues
(Eliane Rosay), Saint-
Guilhem le Désert
(Philippe Machetel) ou
Mudaison (Michel Roux) ont
été désavoués par les
électeurs dès le 1er tour..
NARBONNE
Dimanche 15 mars
La gauche peut
espérer détrôner
Didier Mouly (DVD)
A Narbonne où l’on a peu
voté (37,36%) comme dans les
autres grandes villes, le
maire DVD Didier Mouly est
arrivé en tête (34,63%). Mais
il n’est pas sûr de conserver
son fauteuil. Au 2e tour, 4
autres candidats ont la
possibilité de se maintenir.
Pour espérer reprendre
Narbonne à la droite perdue
pour 180 voix par le socialiste
Jacques Bascou en 2014, le
DVG Nicolas Sainte-Cluque
(2e avec 23,81%) devra rallier
à sa cause Nathalie Granier
Calvet (DVG), 3e avec 10,93%
ou bien avec l’écologiste
Viviane Thivent (4e avec
10,54%). Le candidat RN
Jean-François Daraud (5e ;
10,39%) devrait se maintenir.
Le centriste David Granel
(7.3%), le sans étiquette
Jordan Geoffrey Perello
(1,26%) et la DVG Nathalie
Delvallez (1,1%) sont
éliminés.
SAINT-GÉLY-DU-FESC
Dimanche 15 mars
Michèle Lernout
(DVD) rempile
A Saint-Gély-du-Fesc, la
confiance a été renouvelée à
Michèle Lernout (DVD).
Celle qui est à ce jour le
femme à la tête de la plus
grande commune du
département de l’Hérault a
écarté (61,41%) ses deux
concurrents : le DVD
Guillaume Fabre (23,71%) et
le DVG J-L. Fellous (14,86%).
LA GRAND COMBES,
SAINT-MARTIN-DE
VALGALGUES
Dimanche 15 mars
Les maires PCF
largement réélus
Les maires communistes de
La Grand Combe, Patrick
Malavieille (69,75%) et de
Saint-Martin deValgalgues
Claude Cerpedès (71,04%) ont
été reconduits dans leurs
fonctions.
MAUGUIO
Dimanche 15 mars
Y. Bourrel bien placé
A Mauguio, le maire DVG
Yvon Bourrel semble bien
parti (43,77%). Au 2e tour, il
pourrait affronter dans une
quadrangulaire la « Fabrique
citoyenne » du sans étiquette
Daniel Bourguet (30,61%), le
RN Gilles Parmentier
(13,46%) et Pierre-Martin
Chazot (LR ; 12,13%). A
moins qu’une fusion ait lieu.
CARCASSONNE
Dimanche 15 mars
Gérard Larrat (DVD)
menacé à
Carcassonne
Comme à Narbonne, le maire
DVD Gérard Larrat est arrivé
en tête (32,8%) à l’issue du
1er tour à Carcassonne,
préfecture de l’Aude. Mais
l’homme de droite n’est pas à
l’abri pour autant : la
socialiste Tamara Rivel (2e ;
18,25%) et Xavier Bigot (4e ;
11,95%) peuvent unir leurs
forces. Le candidat du RN,
Edgar Montagné (3e, 16,52%)
devrait se maintenir seul.
Les candidats sans étiquette
Jean-Noël Crouzet (8,15%) et
Christine Pujol (4,47%), de
même que la LREM Marie-
Hélène Regnier (7,83%), ne
sont pas qualifiés au 2e tour.
Aucun souci pour les maires de droite de La Grande Motte et de
Palavas, largement réélus au 1er tour. Dans la cité des pyramides,
le Républicain Stéphan Rossignol (69,2%) a distancé ses 3
opposants DVD : Serge Durand (15,15%), William Viste (12,08%) et
Véronique Trudelle (3,54%). A Palavas, le DVD Christian Jeanjean
(52,81%) en poste depuis 1989 rempile à 78 ans pour un 6e
mandat ! Un record de longévité politique. PHOTO DR
PÉZENAS
Dimanche 15 mars
La gauche en passe
de sortir Alain Vogel-
Singer (DVD)
A Pézenas, la liste d’union
de la gauche d’Armand
Rivière a convaincu les
Piscénois. Le jeune candidat
a manqué de peu d’être élu
au 1er tour (47,98%). Il
devance largement le maire
DVD Alain Vogel-Singer
(29,6%), dont la gestion
chaotique et les déboires
judiciaires (condamnation
pour prise illégale d’intérêt)
semblent avoir lassé les
habitants. Au 2e tour, seul le
RN Bruno Lerognon
(10,33%) pourra se
maintenir. Le centriste
Philippe Alberge (9,3%) et la
DVG Pierette Varea (2,76%)
sont hors jeu.
MENDE
Dimanche 15 mars
Laurent Suau (DVG)
réélu de justesse
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
Le maire DVG de Mende,
Laurent Suau (53,15%)
conserve l’Hôtel de Ville de la
préfecture lozérienne. Il a été
réélu sur le fil (263 voix
d’avance) au 1er tour face à
son adversaire sans étiquette
Philippe Pouget (46,84%).
CŒUR D’HÉRAULT
Dimanche 15 mars
Suspense à Lodève,
Bédarieux, Clermont
l’Hérault ; J-F. Soto
réélu à Gignac
Tout reste à faire au 2e tour à
Clermont l’Hérault où 5 des
6 listes peuvent se maintenir.
Au sortir d’un mandat agité,
le maire sans étiquette
Salvador Ruiz (23,09%) a été
devancé au 1er tour par la
DVG Marie Passieux
(23,87%). Derrière suivent les
candidats sans étiquette
Gérard Bessière (21,8%),
Georges Elnecave (14,91%)
ainsi que la centriste
Michelle Guibal (10,42%).
Seul Jean-Luc Barral (SE) ne
peut se maintenir (5,88%).
Suspense aussi à Bédarieux
où 4 listes peuvent se
maintenir au 2e tour :
Francis Barsse (DVG :
29,72%), Dimitri Estimbre
(DVG : 26,94%), Jacques
Benezech (DVG ; 19,46%) et
l’écologiste Florence Causse
(10,59%).
Du côté de Lodève, où la
maire socialiste Marie-
Christine Bousquet est
décédée en cours de mandat,
la DVG Gaëlle Levêque
semble en ballottage
favorable (39,69%) devant
Claude Laateb (DVD :
28,66%). Gérard Maurin
(EXD : 12,46%) et Jean-
Michel Salvador (SE ;
10,16%) peuvent se
maintenir, au contraire
d’Anne Goepfert (DVG ; 9%).
Enfin à Gignac, Jean-
François Soto (DVG), seul en
lice, a été réélu.
PERPIGNAN
Dimanche 15 mars
Louis Aliot pourrait
ravir la mairie
15
Comme en 2014, Louis Aliot
(RN) est arrivé nettement en
tête du 1er tour des élections
municipales à Perpignan
(35,65%). Le numéro 2 du
parti des Le Pen devance le
maire LR Jean-Marc Pujol
(18,43%) qui obtient l’un des
plus mauvais scores de
France pour un maire
sortant. A gauche, tout
espoir n’est pas perdu. La
liste d’Agnès Langevine
(EELV) soutenue par la
présidente de Région Carole
Delga arrive en 3e position
avec 14,51%. Pour espérer
créer la surprise, elle devra
fusionner avec la liste
centriste de Romain Grau
(4e; 13,17%) et/ou celle de la
DVG Caroline Forgues
(6,57%). Avec ses 5,99%,
Clothilde Ripoull (sans
étiquette) peut aussi
fusionner avec une autre
liste. En revanche, les
candidats DVD Olivier Amiel
(3,59%), Alexandre Bolo
(1,28%) et l’EXG Pascale
Advenard (0,75) sont déjà
éliminés.
SÉRIGNAN
Dimanche 15 mars
Frédéric Lacas réélu
A Sérignan, le maire DVD
Frédéric Lacas a été
largement réélu (71,9%)
devant les DVD David
Santacreu (14,34%) et
Yannick Benezech (13,75%).
Mais F. Lacas devrait perdre
l’Agglo de Béziers au profit
de Robert Ménard qui devrait
posséder suffisamment de
conseillers d’agglo.
BASSIN DE THAU
Dimanche 15 mars
Fricou en ballottage
à Mèze, réélections à
Balaruc, Gigean et
Marseillan
A Mèze, le maire sans
étiquette Henry Fricou est en
ballottage avec ses 44,33%. Il
devance de peu le centriste
Thierry Baëza (42,76%). Le
DVD Joël Armentier (12,9%)
peut aussi se maintenir. A
Balaruc-les-Bains, Gérard
Canovas (DVG) a été réélu
maire (69,01%) tout comme
Marcel Stoecklin (DVD) à
Gigean (54,74%) et Yves
Michel (DVD) à Marseillan
(58,72%).
GARD
Dimanche 15 mars
Ballottages au Grau-
du-Roi et
Marguerittes
Au Grau-du-Roi, le maire
centriste Robert Crauste est
en ballottage favorable
(44,5%). Seuls Charles Crespe
(SE ; 21,3%) et Léopold Rosso
(DVD ; 15,59%) peuvent se
maintenir au 2e tour. A
Marguerittes, Rémi Nicolas
(DVG ; 41,47%) est en
ballottage favorable face au
centriste William Portal
(21,98%).
16 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020

OCCITANIE / ACTUALITÉ

Pr Amaria Baghdadli : « La vocation de ce centre

est de structurer une communauté de recherche
forte autour du thème de l’autisme »
ENTRETIEN qui coopèrent autour de cette théma-
tique... Montpellier compte également
Amaria Baghdadli est les deux seules cohortes nationales
responsable du Centre sur l’autisme*. Enfin des partenariats
en recherche sont menés avec des as-
d’excellence sur l’autisme et les sociations de familles.
troubles du neuro-
développement (CeAND), Quelle est la vocation de ce
inauguré le 28 février à centre d’excellence ?
Montpellier. Elle dirige A. B. : Sa vocation est de structurer
une communauté de recherche forte
également le Centre de autour du thème de l’autisme et des
ressources autisme Languedoc TDN, afin de : 1) favoriser la recher-
Roussillon et une filière de soins che dans ce domaine dans les différen-
spécialisée dans les troubles du tes disciplines (cliniques, épidémio-
logiques, en sciences humaines et so-
neuro-développement au sein ciales et fondamentales); 2) favoriser
du département universitaire de le rapprochement des disciplines ; 3)
pédopsychiatrie. produire des données interopérables,
notamment celles issues de cohortes ;
4) favoriser la formation des cliniciens,
torielles de l’autisme et des TDN et
des mécanismes très complexes.
Sur quoi porteront les
recherches du CeAND ?
A. B. : Le champ des possibles est large,
puisque le CeAND est une fédération
d’équipes autonomes dans la propo-
sition de recherche. Mais ces équipes
regardent dans la même direction,
qui est celle de l’exploration des cau-
ses et mécanismes de l’autisme et des
troubles du spectre de l’autisme, pour
aller vers l’identification de biomar-
queurs et de traitements plus ciblés.
Toutefois actuellement des projets de
cohorte dont Elena (900 enfants autis-
tes suivis 6 années), Efaar (80 person-
nes autistes âgées suivies 5 ans) et
Babi (femmes enceintes mère d’un en-
fant autiste, ce qui détermine pour

C
e centre d’excellence sur l’au-
tisme et les troubles du neuro-
développement, porté conjoin-
tement par le CHU et l’Université de
Montpellier, a été créé dans le cadre
d’un appel à projets national. Il en
existe deux autres en France, à Tours
et Paris.
La Marseillaise : Peut-on dire que
Montpellier se distingue déjà en
matière de recherche sur l’autisme ?
Amaria Baghdadli : Oui et c’est pro-
bablement ce qui a contribué à sa la-
bellisation en tant que centre natio-
nal.
Il y a en effet à Montpellier une filière
de soins reconnue dans les troubles
neuro-développementaux dont l’au-
tisme, une tradition de multidiscipli-
narité dans les soins et la recherche,
des chercheurs de différentes disci-
plines cliniques et fondamentales
(dont environ 150 se sont engagés au-
tour de la thématique de l’autisme et
des troubles du neuro-développement
- TND -), des plateformes de biotechno-
logie, des start-up et des entreprises
des chercheurs et des familles ainsi
que la sensibilisation du grand public
afin de favoriser l’inclusion.
La finalité du dispositif est d’amélio-
rer la qualité de vie des familles concer-
nées en perfectionnant la prise en
charge diagnostique et thérapeutique
ainsi que l’accompagnement.
L’interdisciplinarité est au cœur
du dispositif. En quoi est-elle
essentielle ?
A. B. : C’est un levier puissant et in-
contournable pour avancer dans la
compréhension des causes multifac-
leur grossesse en cours une augmen-
tation de la récurrence de l’autisme
et des autres TDN), qui sont la signa-
ture de notre centre d’excellence, ser-
vent fortement à favoriser cette inter-
disciplinarité et notamment le rap-
prochement entre recherche fonda-
mentale et recherche clinique et épi-
démiologique.
Recueilli par Amélie Goursaud
* Une étude de cohorte regroupe des
sujets partageant ensemble un certain
nombre de caractéristiques, suivis dans le
temps, à l’échelle individuelle.

Bernie Sanders ou le « socialiste » en lutte

aux Etats-Unis
PRIMAIRES
Entamées début février en
Iowa, les primaires
démocrates nord-
américaines voient
s’opposer Joe Biden, vice-
président de Barack Obama
de 2008 à 2012, et Bernie
Sanders, sénateur du
Vermont et challengeur
d’Hillary Clinton dans la
course à l’investiture en
2016. Mardi 17 mars, Joe
Biden a conforté son avance
avec 1147 délégués contre
861 pour celui qui se
présente comme un
socialiste au pays du
maccarthysme.
mocratique » déclenchée par
Bernie Sanders en 2016 avec les
primaires face à Hillary Clinton,
défaite par la suite par Donald
Trump. Bernie Sanders, 78 ans,
affiche la volonté d’une « révo-
lution politique » incarnée par
la jeune génération largement
derrière lui et par les 96 mil-
lions de dollars de donations
pour sa campagne 2020 prove-
nant d’1,4 millions de personnes.
Un record de contribution
dans toute l’Histoire des Etats-
Unis selon l’intéressé lui-même,
à faire valoir face aux millions
de milliardaires que peut rece-
voir pour sa campagne son ad-
versaire Joe Biden, 77 ans, grâce
aux Super PAC. Un « comité
d’action politique » permettant
de financer la campagne de
n’importe quel candidat sans Joe Biden et Bernier Sanders, lors du dernier débat à la télévision, dimanche 15 mars, lors duquel le
aucune limite de fonds. Pour coronavirus était au centre des attentions.. PHOTO

L e 6 novembre 2018,
Alexandria Ocasio-Cortez
ou AOC devenait la représen-
tante du Congrès américain la
plus jeune jamais élue de
l’Histoire dans ce pays où le so-
cialisme, dont celle-ci se reven-
dique, apparaît comme le discré-
dit ultime. AOC est entrée dans
le champ politique à la lumière
de la vague du « socialisme dé-
rappel, Mickael Bloomberg,
milliardaire et ancien maire
de New-York, a déboursé avec
sa propre fortune près d’un de-
mi milliard de dollars pour sa
propre campagne catastrophi-
que aux primaires démocra-
tes.
Pour le moment, Bernie
Sanders bouscule l’aile cen-
triste et libérale du parti démo-
crate représenté par Joe Biden.
Une ligne politique perdante
contre Donald Trump comme
le confirme Nicolas Gachon,
spécialiste des Etas-Unis et maî-
tre de conférences à l’Université
de Montpellier 3 : « le Parti
Démocrate se trouve dans une
configuration plus classique,
qui remet en selle une grande fi-
gure de l’establishment, mais
qui n’a pas fonctionné en 2016
avec Hillary Clinton, une autre
figure de l’établissement ». Selon
lui, la configuration actuelle
des primaires pourrait préfi-
gurer une victoire du locataire
actuel de la Maison Blanche :
« Les résultats des primaires ont
marqué la faiblesse des
Démocrates en termes d’alter-
native politique à la présidence
Trump. L’anti-Trumpisme est
efficace et très consensuel chez
tous les progressistes mais cela
ne forme pas un véritable pro-
gramme d’alternance, et les
Démocrates pourraient bien le
payer dans les urnes ».
H.Tortel

OCCITANIE / SOCIÉTÉ
Cessenon-sur-Orb se bat pour
conserver son bureau de poste
SERVICE PUBLIC
Un collectif d’habitants
se mobilise pour
préserver le bureau de
poste de cette commune
rurale de près de 2 500
habitants dont les
horaires d’ouverture se
réduisent à peau de
chagrin, La Poste tentant
de pousser la
municipalité à prendre le
relais sous forme
d’agence communale.
C
’est hélas le lot commun
de nombreuses commu-
nes rurales, qui font les
frais des plans de réorganisa-
tion successifs et des réduc-
tions d’effectifs engagés depuis
une dizaine d’années à La Poste.
Cessenon-sur-Orb, dans
l’Hérault, est de celles-là : son
bureau de poste est dans le col-
limateur de l’entreprise publi-
que devenue société anonyme
à capitaux publics en 2010.
« Dans sa volonté de rationali-
ser les coûts, La Poste, qui exerce
une mission de service public, s’il
fallait le rappeler, estime qu’un
bureau de poste doit avoir une
activité minimum (30 à 40 clients
par jour) pour être « rentable
». En deçà, elle contraint les
mairies à revenir sur les con-
trats de présence postale afin
notamment de réduire les ho-
raires d’ouverture, et ce avant
même l’échéance du dit con-
trat », explique le collectif
A Montpellier, la privatisation du stationnement payant
a rapporté près de 2 millions d’euros de plus en 2 ans
STATIONNEMENT
Depuis le 1er janvier
2018, la Ville de
Montpellier a confié la
gestion du stationnement
payant sur voirie à la
TaM.
C ’est le système des vases
communicants. Entre 2017,
année où la gestion du station-
nement payant sur voirie est
encore aux mains de la Ville de
Montpellier, et 2019, où il a été,
depuis un an, confié en déléga-
tion de service public (DSP) à la
TaM, les recettes sont passées,
selon France Bleu, de 4 121 202
à 5 858 156 euros. Soit une pro-
gression de 42%... Et une ponc-
tion d’autant dans la poche des
usagers. La plupart se plai-
gnent d’un système automati-
que bête et méchant. Si l’auto-
Manifestation organisée le 3 janvier devant le bureau de poste de Cessenon-sur-Orb. PHOTO DR
Touch’pas à ma poste*, qui s’est
emparé de la défense de ce ser-
vice de proximité essentiel.
« Leur façon de procéder est
toujours la même. Ils nous ont
supprimé, au fur et à mesure,
quelques heures les après-mi-
di, en nous mettant des horai-
res qui ne sont jamais les mê-
mes d’un après-midi à l’autre.
Si bien que la majorité des gens,
ne sachant pas si ça ouvrait à
13h15, si ça fermait à 15h ou 16h,
si c’était même ouvert cet après-
midi là, par mesure de facilité,
mobiliste, qui s’est acquitté du
stationnement, revient à sa voi-
ture quelques minutes après
le terme prévu, il n’y coupe pas :
c’est l’amende. Le personnel
de la TaM en a généreusement
distribué 192 000 l’an dernier.
Là aussi, le chiffre progresse :
+ 4,5% entre 2018 et 2019, soit
+ 8000 amendes quand même.
Voitures ventouses
Comme il est de l’intérêt de
la TaM de recueillir le plus d’ar-
gent possible (l’entreprise est
rémunérée sur une partie des
recettes encaissées par la Ville),
26 agents à temps plein passent
les stationnements en ville au
peigne fin. Ils ne laissent plus
de petits papillons de verbalisa-
tion coincés derrière l’essuie-
glace : ils sont équipés d’un boî-
tier de verbalisation électroni-
que. Et comme les horodateurs
sont connectés, les paiements
ou non-paiements sont connus
ont pris l’habitude de se rendre
au bureau de poste le matin »,
rapporte Brigitte Lejeune, une
habitante de Cessenon mem-
bre du comité de soutien.
« Faire peser sur les
communes le poids
financier du maintien
du service public »
Une baisse de fréquentation
sur laquelle s’appuie désor-
mais La Poste pour motiver
son désir de fermer tous les
après-midi. « Or beaucoup
en temps réel. Une information
précieuse pour choisir son ter-
rain de chasse... Selon Max
Lévita, 1er adjoint au maire, la
DSP à la TaM a permis, en ren-
forçant en effet les contrôles,
de mettre fin à un certain
laxisme. Les fraudeurs délibé-
rés, mais les autres automobi-
listes aussi, ont depuis la vie
plus dure. Lors de la décision
de privatiser le stationnement
sur voirie, le maire Philippe
Saurel avait notamment dit
vouloir lutter « contre les voi-
tures ventouses qui empêchent les
rotations. » Des tarifs « dissua-
sifs », avait alors convenu l’ad-
jointe Marie-Hélène Santarelli,
étaient appliqués à ceux qui
restaient garés « trop long-
temps ». 500 nouvelles places -
payantes - avaient également été
créées. « Aujourd’hui, il semble
que le stationnement est rendu
plus fluide », estime Max Lévita.
C.V.
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
d’usagers sont des personnes
âgées, qui bénéficient de soins en
matinée. Ce faisant, elles n’au-
ront plus accès au bureau de
poste, dont l’activité baissera
encore, légitimant une ferme-
ture », alerte Brigitte Lejeune.
La maire de la commune,
Marie-Pierre Pons (réélue au
premier tour le 15 mars) a fait
connaître son opposition à
cette fermeture l’après-midi, en
vain. Reçue par la direction
départementale de La Poste,
elle s’est vu suggérer avec in-
Dans une rue de Montpellier. Entre 2018 et 2019, le nombre
d’amendes a progressé de + 4,5 %, soit 8000 en plus. PHOTO
ILLUSTRATION C.V..
17
sistance de transformer le bu-
reau de poste en Agence com-
munale postale. « C’est faire
peser sur les communes le poids
financier du maintien de ce ser-
vice public », dénonce la repré-
sentante du comité de soutien.
« La Poste financerait un mi-
temps, point barre. Cela signi-
fie que la commune devrait four-
nir et gérer le local et qu’il n’y au-
rait pas de remplacement »,
poursuit-elle.
En outre, dans ces agences
communales postales, « les ser-
vices sont très limités », assure
Brigitte Lejeune. « Par exemple
dans un bureau de poste, vous
pouvez retirer et mettre de l’ar-
gent sur votre compte avec un
quota de retrait à de plus de 1000
euros, alors que dans une agence
communale postale, vous ne
pouvez pas retirer ou déposer
plus de 350 euros par semaine »,
illustre-t-elle. Or bien des ban-
ques ont déjà fermé leurs por-
tes sur les petites communes
(c’est le cas du Crédit agricole
à Cessenon), faisant de la
Banque postale le seul recours
pour les personnes âgées ou à
mobilité réduite. « Là, il fau-
dra qu’on aille à Saint-Chinian
pour accéder à un bureau de
poste », s’agace la représen-
tante du comité de défense.
« C’est la mort des villages»,
soupire-t-elle. «Tout ça pour
faire des économies. »
Amélie Goursaud
* Le comité de défense a lancé
une pétition qui rassemble 950
signatures et a créé une page
facebook «Touch’ pas ma poste ».
18 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
OCCITANIE / TERRE D’INNOVATION
Le Petit Circuit ou le premier drive
sans déchet proche de Montpellier
ALIMENTATION
A Mauguio, Camille Luce
et Antoine Auvray
développent un drive
proposant des produits
locaux et bio libérés de
tout emballage plastique
et autres encombrants
n’étant pas voués au
recyclage. Le Petit
Circuit, dont l’ouverture
est prévue (et maintenue,
puisqu’il s’agit d’un
commerce alimentaire)
fin mars, entend
continuer à progresser
pour proposer son offre
en direction d’autres
points de vente dans la
région montpelliéraine.
L
’idée de développer le tout
premier drive zéro déchet
de la région montpellié-
raine a germé dans la tête de
ces deux jeunes entrepreneurs
après avoir visionné une vidéo
du média en ligne Brut au début
de l’année 2019.
Cette dernière avait pour ob-
jet une initiative née à Toulouse
qui s’intitule « Le Drive tout
nu », présenté comme le « pre-
mier drive 0 déchet / 100% res-
A Paulhan (Hérault), Irrifrance conçoit et
fabrique des systèmes d’irrigation responsables
EAU
A la pointe en matière
d’irrigation agricole,
Irrifrance a mis au point
des systèmes qui
utilisent les eaux usées,
et fonctionnent par
exemple au solaire.
D epuis l’été dernier, en plein
désert du Qatar, près de 700
hectares de cultures pour nour-
rir le bétail sont irrigués avec
un système responsable con-
çu, fabriqué et commercialisé
par l’entreprise Irrifrance.
« C’est le Made in France dans
toute sa splendeur », souligne
Noumane Aidi, le directeur gé-
néral.
Située dans le centre Hérault,
l’entreprise, « leader dans le do-
maine de l’irrigation en France
et en Europe, qui commercialise
dans le monde entier », précise
le directeur, est installée sur 14
hectares à Paulhan et emploie
125 salariés. Après avoir con-
nu des difficultés il y a quel-
Camille et Antoine ont lancé une campagne de financement
participatif et ont récolté plus de 9 000 euros. PHOTO HT
ponsable ». Ayant adopé ce com-
portement « zéro déchet » de-
puis « bien lontemps», Camille
et Antoine ont voulu lancer
cette même aventure sur la
cmmune de Mauguio.
Le concept du Petit Circuit
est simple à comprendre.
« Concrètement, c’est comme un
drive de grande distribution ali-
mentaire mais sans tous les em-
ballages plastiques et avec ma-
joritairement des produits lo-
caux. Le consommateur pour-
ra se connecter sur notre site in-
ternet et passer sa commande.
A la vente, on propose à la fois des
ques années, Irrifrance est au-
jourd’hui « en très bonne san-
té », relève Noumane Aidi.
Créée en 1963 par (feu) Péchiney,
Vallourec et Armosig, Irrifrance
affiche un chiffre d’affaires de
18,2 millions d’euros en 2019,
en progression de + 25%.
Des pivots Irrifrance
au Qatar
Breveté sous le nom de pivot
« Reuse », le système d’irrigation
installé l’été dernier au Qatar
est doublement vertueux. Il
fonctionne non seulement avec
des eaux usées recyclées, mais
le pivot* est également solaire.
Il utilise l’énergie de panneaux
photovoltaïques, autre brevet
déposé par Irrifrance. Au Qatar,
développe Noumane Aidi, « ils
irriguent 24h sur 24. Ils utili-
sent de l’eau usée qu’ils impor-
tent de la capitale Doha par des
pipelines sur plusieurs dizai-
nes de kilomètres vers les zones
de plantation. Chargée d’azote,
cette eau est en plus bénéfique
pour les plantes. » Par « eaux
usées » - « qui ne sont d’ailleurs
pas si usées que ça », commente
produits alimentaires mais aus-
si cosmétiques et ménagers his-
toire que le panier puisse être
vraiment complet. Une fois la
commande effectuée, le consom-
mateur choisit le jour et l’heure
de retrait et vient récupérer ses
produits », détaille Camille.
Le Petit Circuit tient à re-
mettre au gout du jour la consi-
gne appliquée à l’ancienne.
Ainsi, lors de chaque prochaine
commande, le client dispose de
la possibilité de rapporter ses
contenants en bocal pour bé-
néficier d’un bon d’achat de
10 cts sur son compte. Utilisable
Système d’irrigation , le pivot solaire Irrifrance utilise l’énergie
des panneaux photovoltaïques pour fonctionner. PHOTO D.R.
le directeur, on entend « les eaux
grises, qui proviennent des la-
vabos et douches des habitations,
que l’on filtre et recycle, mais
aussi les eaux issues de stations
d’épuration, déjà filtrées, qui
aujourd’hui sont rejetées dans
les rivières. Ces eaux sont com-
plètement saines, elles sont con-
trôlées par un laboratoire. Il ne
faut pas croire qu’il y a un risque
à utiliser ces eaux. »
La spécificité du pivot Reuse
en ce domaine provient d’une
alors pour ses prochaines cour-
ses. Le but étant de ne pas ac-
cumuler des emballages sans
réelle utilité. Les bocaux sont
lavés puis réutilisés, ce qui évite
toute production de déchets.
Allant dans le sens d’une écono-
mie viable et circulaire.
L’alimentation comprend
des produits frais, secs, des
fruits et légumes et des bois-
sons et même des petits pots
pour bébés. Proposer de la
viande comporte une problé-
matique à cause de l’emballage
sous-vide plastique. Des pro-
duits durables sont aussi dis-
ponibles comme une éponge
réutilisable ou encore une paille
en inox. Le bio, les produits is-
sus de l’agriculture raisonnée
et du commerce équitable, pour
ceux qui ne sont pas disponi-
bles localement, sont privilé-
giés.
« Un boulot avec du sens »
Depuis dix mois, le couple
entrepreneur s’implique com-
plètement dans ce projet et part
à la rencontre des nombreux
fournisseurs locaux afin de dé-
couvrir leurs pratiques et leurs
offres. Le Petit Circuit propose
une large gamme de produits
« pour répondre à la demande
du client en drive ». Le principe
pour le consommateur est d’ef-
fectuer une fois ses courses de
la semaine et profite idéale-
particularité technique qui pro-
tège le métal du pivot et des ram-
pes de la dureté de cette eau au
PH élevé, qui sinon attaquerait
le métal. Aussi ce matériel est-
il « garanti quinze ans ». Selon
Noumande Aidi, en Italie et en
Espagne, « 15 % de l’irrigation
agricole est assurée par de l’eau
réutilisée. » « Depuis longtemps,
déclare-t-il, Irrifrance investit
dans l’irrigation responsable.
Il va y avoir de moins en moins
d’eau. Notre bureau d’études,
ment d’un trajet pour faire étape
au local et s’approvisionner.
Antoine détaille : « Tous les
deux, on a eu cette opportunité de
développer ce concept né à
Toulouse qui répond à énormé-
ment de problématiques qu’on se
pose aussi. Et on s’est dit qu’il
fallait l’implanter à Montpellier
et donner l’opportunité aux gens
de pouvoir consommer sans dé-
chet plus facilement. En 5 mi-
nutes, ils pourront récupérer ce
que nous on passe plus d’une
heure à aller chercher en vrac ».
Originaires de Saint-Rémy de
Provence, Camille et Antoine
forment un duo complémen-
taire. Lui a fait des études de
commerce et travaillait chez
un concessionnaire auto. Elle,
dispose d’un master en droit
de l’environnement. « J’ai quit-
té mon emploi sans savoir ce que
j’allais faire mais en sachant
que je voulais faire quelque avec
du sens » souligne Antoine.
« C’est très stimulant de créer
son entreprise et c’est important
pour l’épanouissement person-
nel. Et on espère avoir un im-
pact sur les foyers montpellié-
rains pour qu’ils créent moins
de déchets » poursuit Camille.
Grâce à eux l’offre sera bien-
tôt disponible à Montpellier.
Hugo Tortel
* https://www.lepetitcircuit.fr
qui compte 5 personnes, a pour
objectif de concevoir des systèmes
d’irrigation économes en éner-
gie et en eau. » Contrairement
aux enrouleurs, matériel lancé
par Irrifrance sur le marché
en 1970, qui demandent « beau-
coup d’eau et de pression », et
sont vendus par l’entreprise
par exemple « aux grands tuli-
piers en Hollande ou aux grands
producteurs de pommes de terre
en Allemagne », le pivot, « utili-
sé un peu dans le Sud de la
France, en Afrique, a besoin de
beaucoup moins de pression et de
moins d’eau. » A l’ère du chan-
gement climatique, ces systè-
mes d’irrigation sont promis
à un avenir radieux. Irrifrance,
elle, a le vent en poupe, et cher-
che à recruter « une dizaine de
personnes : des extrudeurs, des
technico-commerciaux, de jeu-
nes ingénieurs pour rejoindre
nos bureaux d’étude », annonce
le gestionnaire industriel.
Catherine Vingtrinier
* A partir d’une base, un tuyau
tourne autour, et irrigue. On peut
déplacer ce pivot.

OCCITANIE / CHRONIQUES
Docteure en
droit public
Enseignante-
chercheuse à
l’Université
de Nîmes
Membre de
la LDH
I
l est incontestable que la si-
tuation que nous vivons mar-
quera l’histoire. Les mots,
les mesures et le ton martial
employés par le Chef de l’État
témoignent de ce caractère in-
édit. Il l’a martelé : « nous som-
mes en guerre » contre « la plus
grave crise sanitaire qu’ait con-
nu la France depuis un siècle
». Et cette « guerre » devient
progressivement mondiale à
mesure que le virus se propage.
D’aucuns affirment avec le
Président que « le jour d’après,
quand nous auront gagné, ce
ne sera pas un retour au jour
d’avant ». Certes, cette pandé-
mie laissera au monde de pro-
fondes cicatrices, mais quelles
Militant CGT,
retraité de la
métallurgie.
L
’épidémie due au covid-19
est grave, dotée d’une ca-
pacité de contagion très
élevée. Mais ce « mal qui répand
la terreur » (comme dans Les ani-
maux malades de la peste) s’est
propagé dans un environnement
très critique. D’une part, on sait
que les personnels des hôpitaux
publics, des aides-soignants aux
professeurs et chefs de service,
en passant par les urgences, mè-
nent des actions depuis un an
pour obtenir les moyens finan-
ciers et les personnels nécessai-
res afin de rétablir la qualité des
soins et les conditions de travail.
D’autre part, Mme Buzyn, mi-
nistre des Solidarités et de la
Santé – par ailleurs, elle-même
Fondateur de
Tryptik-
Théâtre et de
la Maison-
Théâtre des
littératures à
voix hautes
de Nîmes.
C
onfiné pour écrire cette
chronique. On se dit,
mais à quoi bon au juste
! Ne devrait-on pas plutôt atten-
dre la fin ? La brutalité de la
question suffit à s’effrayer.
Alors non, par pure convic-
tion et optimisme, je me con-
vaincs de ne pas attendre la
fin. Ce serait trop bête.
Mais à quoi bon écrire si ce
n’est au vide qui s’installe bien
malgré soit tout alentour de
nous. Distance de sécurité.
Quel nouveau monde après
le coronavirus ?
Par Mathilde Kamal-Girard
leçons en tirerons-nous ? De ce
chaos planétaire peu naître le
pire comme le meilleur. Le plus
probable étant qu’il en résul-
tera un peu des deux.
Le meilleur d’abord. Le
Président l’a évoqué, « beau-
coup de certitudes, de convic-
tions sont balayées, seront re-
mises en cause ». Parmi celles-
ci figure la fin du règne de Loi
du marché sur les biens et ser-
vices essentiels, consacrée par
le retour de « notre État provi-
dence ». La gestion de crise sa-
nitaire marque déjà le retour
de l’État régulateur, et même
planificateur de la production.
Les plus optimistes envisagent
une reconstruction internatio-
Covid-19, mondialisation et crise
systémique
Par Michel Perraud
professeure des universités-pra-
ticienne hospitalière, cautionne
les décisions budgétaires qui di-
minuent les moyens et les effec-
tifs des hôpitaux et, plutôt que
de permettre la création de lits en
nombre suffisant, la ministre
« C’est ça, pépère, nationalise à
tout va commence par La Poste,
France-Télécom, EDF-GDF, la
SNCF (...) Et profites-en pour
rétablir le droit
du travail... »
Vide
Par Denis Lanoy
Distance sécurisante. Distance
sécuritaire. Mais tenir à dis-
tance, ce n’est guère humain.
Sentiment être plongé dans
le roman de Saramago L’aveu-
glement. Étrange réminis-
cence !
Je propose, qu’à distance,
l’acte artistique et culturel
soit le plus fort. Envoyons-
nous des poèmes, envoyons-
nous des films, des romans.
Lisons-nous des choses.
Disons-nous ce que nous
nale de l’ordre politique, social
et économique d’une envergure
comparable à celles ayant eu
lieu après les deux guerres mon-
diales. Mais cette situation peut
également être l’occasion de «
retrouver le sens de l’essentiel
» comme la solidarité intergé-
nérationnelle, les liens de voi-
sinage, la culture, l’éducation
et le partage des loisirs avec ses
enfants et tant d’autres choses
que nos conditions de vies ordi-
naires effacent petit à petit.
C’est bel et bien le « modèle de
développement » économique
poursuivi depuis depuis plu-
sieurs décennies et ses consé-
quences sur nos vies qui sera
interrogé. Rien n’est acquis :
invente la fonction de bed ma-
nagers (en français : gestionnai-
res de lits) afin d’optimiser le «
taux d’utilisation des lits d’hô-
pital » !
Non seulement les services
de réanimation des hôpitaux
n’avons jamais le temps de
nous dire. Cela n’est pas si ef-
frayant !
Nous sortirons grandis ce
« La catastrophe n’est pas au
rendez-vous. Il est indigne de se
laisser aller à la collapsologie, et
autres ritournelles millénaristes ! »
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
cette promesse avait déjà été
faite lors de la crise des subpri-
mes.
Reste alors l’hypothèse du
pire. Le Président a pointé du
doigt deux risques majeurs que
sont « les replis nationaliste et
individualiste ». Il faut recon-
naître que ce à quoi nous assis-
tons derrière les vernis diplo-
matique et institutionnel con-
firme davantage la continuité
de l’effondrement de l’ordre in-
ternational et de l’Union euro-
péenne qu’une éventuelle et
souhaitable reconfiguration.
Un autre risque, beaucoup plus
insidieux, ne doit pas être négli-
gé : celui de l’introduction de
dispositions exceptionnelles
n’étaient pas en mesure de faire
face à une épidémie, Mais Mme
Buzyn, le 24 janvier 2020, après
le conseil des ministres, s’expri-
mait ainsi devant les médias : «
Le risque d’importation de cas
depuis Wuhan est modéré, il est
maintenant pratiquement nul
parce que la ville est isolée. Les
risques de cas secondaires autour
d’un cas importé sont très faibles,
et les risques de propagation du co-
ronavirus sont très faibles ». Le
17 février, Mme Buzyn quitte le
gouvernement puis, le 17 mars,
elle explique au journal Le Monde
: « Dès le début, je ne pensais qu’à
une chose : au coronavirus ».
Comme un malheur n’arrive
jamais seul, la pandémie du co-
cette mésaventure. La catas-
trophe n’est pas au rendez-
vous. Il est indigne de se lais-
ser aller à la collapsologie, et
19
dans le droit ordinaire. Que l’on
songe aux mesures prises à ti-
tre exceptionnel dans le cadre
de la lutte contre le terrorisme,
aujourd’hui appliquées à des
militants et manifestants. Il
nous faudra tous être vigilants,
que soit en matière sécuritaire,
d’organisation du travail, d’édu-
cation, et plus largement de ga-
rantie des droits et libertés fon-
damentaux, car comme l’a dé-
montré Naomi Klein dans La
stratégie du choc, les situations
exceptionnelles ont jusqu’à pré-
sent toujours servi aux gouver-
nements à renforcer l’emprise
du capitalisme néolibéral sur
l’ordre politique, social et éco-
nomique.
vid-19 se transforme en crise fi-
nancière : la chute des cours de
bourses rappelle la crise de 2007-
2008. Une nouvelle crise systé-
mique ? Probablement, puisque
Bruno Le Maire, ministre de
l’économie et des finances, vient
d’annoncer comme le président,
des solutions radicales, « coûte
que coûte », jusqu’à des nationa-
lisations.
C’est ça, pépère, nationalise
à tout va : commence par La Poste,
France-Télécom, EDF-GDF, la
SNCF, et toutes les entreprises
privatisées depuis 1986 (enfin,
celles qui restent) ! Et profites-
en pour rétablir le droit du travail
et retirer ton projet sur les re-
traites !
autres ritournelles milléna-
ristes ! INDIGNE ! La vie n’est
pas tyrannique, nous devrions
le savoir depuis le temps.
Le risque sanitaire existe,
c’est indéniable ! Prendre des
mesures de protections est in-
dispensable ! Mais ne som-
brons pas dans l’outrance pul-
sionnelle !
On se retrouve la semaine
prochaine, et cette fois, pro-
mis, on parlera d’autre chose
que du vide.
20 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
OCCITANIE / DANS LE RÉTRO
SAMEDI 14 MARS
Les marches pour le
climat de Nîmes et
Montpellier ont été
reportées
En raison des annonces du
chef de l’Etat jeudi 12 mars et
de l’interdiction, à compter du
vendredi 13 mars, des
rassemblements de plus de 100
personnes, les organisateurs
des marches pour le climat
prévues notamment à Nîmes
et Montpellier, samedi 14
mars, ont décidé d’annuler
leurs événements. Ceux-ci
étaient susceptibles de
rassembler plusieurs milliers
de personnes. Les dates de
report seront fonction de
l’évolution de l’épidémie de
coronavirus.
LUNDI 16 MARS
Coronavirus : la
Banque alimentaire
de l’Hérault continue
à distribuer des
denrées
La Banque Alimentaire de
l’Hérault a mis en place un
dispositif spécifique de
poursuite de continuité
d’activité afin d’assurer
l’approvisionnement et la
distribution de denrées
alimentaires aux associations
partenaires.
Les Gilets Orange mettent
VU, LU, ENTENDU DANS LES MÉDIAS D’ICI…
FRANCE 3
Lundi 16 mars
Coronavirus :
polémique à
l’entreprise
Orchestra de Saint-
Aunès près de
Montpellier
Lundi 16 mars au matin se
tenait, sur le site d’Orchestra
à Saint-Aunès, près de
Montpellier, une réunion
entre direction et syndicat
autour du chômage partiel
mais très vite des points de
désaccord sont intervenus
sur les conditions d’accès au
site. « Une cinquantaine de
salariés de cette entreprise,
spécialisée dans les produits et
vêtements pour bébé, a quitté
son poste au niveau du service
de la logistique estimant que
les conditions sanitaires pour
faire face au coronavirus
n’étaient pas réunies »,
rapporte France 3 Occitanie.
« Pas de lingettes, ni de savon.
Pas de gel hydro-alcoolique,
ni même de masques. Les
employés ont donc décidé de
faire valoir leur droit de
retrait », précise à la chaîne
ÇA S’EST PASSÉ CETTE SEMAINE…
tout en place pour poursuivre
leurs actions auprès des
personnes en situation de
précarité alimentaire.
L’activité de la Banque
Alimentaire s’appuie sur une
majorité de bénévoles
retraités. Ils ont décidé
malgré tout, dans un esprit de
solidarité de poursuivre leur
mission, en s’adaptant à la
situation. « La Banque
Alimentaire fait face à une
situation inédite, qui ne nous
permet pas de prévoir sur le
long terme l’activité. Des
ajustements d’organisation
seront certainement mis en
œuvre en fonction des
évolutions à venir », explique
l’association.
MERCREDI 18 MARS
La CAF de l’Hérault
versera les
prestations
normalement
Face à la situation sanitaire
actuelle, la Caisse
d‘Allocations familiales de
l’Hérault se mobilise pour
assurer les missions
essentielles de versement des
prestations aux allocataires.
Conscients de l’importance de
ces prestations pour le public,
des agents sont en télétravail
et sur site à Montpellier et
Béziers pour traiter les
dossiers.
Une priorité est donnée, selon
le directeur, aux situations
locale Stéphane Crampon,
délégué CGT et employé dans
le service logistique.
C’est sur le droit de retrait
que le désaccord est
intervenu entre les syndicats
et la direction. «Nous
estimons que le code du
travail permet aux salariés
d’exercer leur droit de retrait
à partir du moment où ils se
sentent en danger sur leur lieu
de travail face aux risques
sanitaires», explique
Jennifer Gaillard, élue au
CSE et déléguée CGT à
Orchestra. « Contester ce
droit de retrait est
irresponsable de la part de la
direction », ajoute l’avocat du
CSE Ralph Blindauer.
De son côté, le président
d’Orchestra, Pierre Mestre,
déclare « qu’il n’est pas juriste
mais que le droit de retrait,
pour ces services, ne
s’applique qu’en cas de
danger de mort. »
Dimanche 15 mars
Gard : une enfant de
11 ans chute du 3e
étage d’un
immeuble à Uzès
sensibles tels que les
bénéficiaires de minima
sociaux, les risques de
ruptures de droits ou encore
les situations d’urgence. La
direction se dit «
particulièrement attentive à
éviter toute rupture de droits
dans la période de crise que
connaît notre pays. »
Même si les accueils
physiques sont fermés en
raison du confinement, pour
l’ensemble des prestations, le
paiement mensuel de début
avril, préparé au cours du
mois de mars, sera assuré
dans des conditions normales.
Pour toute question urgente,
les allocataires peuvent
communiquer par courriel
avec la Caf via leur espace
Mon Compte. Les personnes
n’ayant pas d’accès Internet
peuvent appeler le 0810 25 34
80 (service 0,06 /min + prix
appel) puisque la plate-forme
téléphonique demeure
ouverte.
29 collèges de
l’Hérault accueillent
les enfants des
soignants
Le Département de l’Hérault
se mobilise pour assurer la
continuité du service public
et venir en aide aux
personnels soignants, en
première ligne de cette crise.
En accord avec la Préfecture
de l’Hérault, 29 collèges soit
environ un tiers de la totalité
Les sapeurs-pompiers du
Gard sont intervenus
dimanche 15 mars en soirée à
Uzès, pour porter secours à
une enfant de 11 ans qui avait
fait une chute depuis le 3ème
étage de l’immeuble dans
lequel elle loge, place Saint-
Géniès. « Rapidement prise en
charge par les secouristes
sapeurs-pompiers, l’état
d’urgence absolu de la fillette
a nécessité le renfort d’une
équipe médicale du SMUR de
Nîmes », rapporte France 3.
La jeune victime a ensuite
été transportée au centre
hospitalier Lapeyronie à
Montpellier. Son état à son
arrivée au CHU était jugé
très critique. Une enquête est
ouverte pour comprendre la
ou les causes de cette chute.
MIDI LIBRE
Mardi 17 mars
A Nîmes et
Montpellier, procès
criminels reportés
« Le calendrier déjà très tendu
des procès criminels est
totalement remis en cause par
l’épidémie », relate Midi
Libre. A Nîmes, le procès
des établissements du
département, accueillent les
enfants des médecins et aides
soignants.
L’idée est d’ouvrir un
maximum de collèges afin de
réduire le nombre d’enfants
présents sur un même site.
Le personnel soignant
concerné est invité à
contacter directement les
établissements ci-dessous
dont ils dépendent, par
téléphone uniquement.
Bassin centre Hérault :
Collège de Bédarieux,
Clermont l’Hérault , Gignac
,Paulhan, Pézenas
Bassin Montpellier sud :
Collège Joffre de Montpellier
(accueil aussi Royer et
Clémenceau) , Pagnol de
Montpellier, Cité Françoise
Combes de Montpellier,
Collège de Fabrègues,
Villeneuve les Maguelone
Bassin Montpellier nord :
Collège de Pignan, Rabelais
de Montpellier, Rimbaud de
Montpellier, Veil de
Montpellier, Claudel de
Montpellier
Bassin de Béziers : Collège
Jean Perrin (pour tous les
collèges de Béziers), collège
d’Olonzac, Sérignan
Bassin de Thau : Collège
Cassin d’Agde, Simone de
Beauvoir de Frontignan ,
Victor Hugo de Sète
Bassin de Lunel : Collège de
Lattes, La Grande Motte,
Lansargues, Lunel
(Ambrussum).
d’un homicide familial, qui
devait se tenir toute la
semaine, a été reporté. De
même, devant les Assises de
l’Hérault cette fois, à
Montpellier, l’affaire dite de
la grotte sanglante de Sète.
« Rémi Chène et Audrey
Louvet, soupçonnés d’avoir
attiré dans un piège et exécuté
Patrick Isoird, un Sétois, à
l’été 2014, seront jugés du 18
au 27 janvier 2021. » Ces
renvois, observe Midi Libre,
« risquent d’entraîner par
ricochet un lourd contentieux,
les avocats pouvant demander
la remise en liberté des
accusés, face à des délais de
jugement qui vont être
spectaculairement rallongés. »
FRANCE 3
Jeudi 19 mars
Vols de 12 500
masques de
protection au CHU
de Montpellier : une
enquête ouverte
Une enquête a été ouverte
par le procureur de la
République de Montpellier
pour le vol sans effraction de
JEUDI 19 MARS
Des mesures
exceptionnelles
pour les allocataires
du RSA dans
l’Hérault
Plusieurs mesures
exceptionnelles de solidarité
sont entrées en vigueur jeudi
19 mars, à l’initiative du
président du Département de
l’Hérault, Kléber Mesquida.
L’objectif : qu’aucun
allocataire du RSA ne soit
privé de ses droits et que ses
démarches soient simplifiées
au maximum. Ces mesures
sont les suivantes :
- ouverture automatique des
droits pour une durée de trois
mois mise en place pour toute
nouvelle demande nécessitant
un avis d’opportunité du
Département avant le
paiement par la Caf
(travailleurs indépendants,
ressortissants européens). La
révision du dossier sera
effectuée à l’échéance des
trois mois.
Reconduction automatique
par la Caf instaurée pour
toute demande de
renouvellement de droits.
Ce nouveau dispositif sera
assuré en étroite
collaboration avec la Caf, la
MSA et la paierie
départementale. Par ailleurs
et jusqu’à nouvel ordre, les
radiations seront gelées.
plus de 12 500 masques au
Centre hospitalier
universitaire Lapeyronie,
rapporte France 3 Occitanie.
La date de cet acte « infâme et
ignoble », selon le ministre de
l’Intérieur, reste incertaine.
L’enquête a été confiée à la
Direction départementale de
la sécurité publique de
l’Hérault (DDSP 34). Elle
porte sur le vol sans
effraction de quelque 1 200
masques de type FFP2 et de
11 400 masques chirurgicaux,
dans un entrepôt de stockage
du CHU de Montpellier.
Cet acte particulièrement
odieux en période d’épidémie
de Covid-19 et de manque de
masques dans les hôpitaux
en France, aurait été
perpétré entre le 25 février et
le 10 mars, a précisé dans un
communiqué, Fabrice
Bélargent, procureur de la
République de Montpellier.
La direction de l’hôpital a
déposé plainte. Il n’existe pas
d’incrimination spécifique
concernant le vol de masques
ou matériel hospitalier mais
un vol simple peut être
passible de trois ans de
prison et 45 000 euros
d’amende.
24 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
OCCITANIE / CULTURE
La librairie La Géosphère refuse
d’être une victime du coronavirus
LIBRAIRIE
Contrainte de fermer
pour cause d’épidémie de
Covid-19, La Géosphère,
librairie indépendante
spécialisée dans le
voyage à Montpellier,
craint pour sa survie. Elle
convie les amateurs de
livres à faire des
commandes pré-payées,
ou des avoirs.
P
lus que jamais, la librai-
rie a besoin de vous!. » C’est
le message envoyé par La
Géosphère* à ses clients. Dans
ce communiqué, la libraire,
Magali Brieussel explique :
« Quand l’annonce de la ferme-
ture totale des commerces est
tombée, j’avais beau m’y atten-
dre, cela m’a fait l’effet d’un cou-
peret. Au début de ce joli mois
de mars, La Géosphère commen-
çait enfin, après deux années
d’existence, à trouver un peu de
souffle. L’élan donné par une
trésorerie enfin saine me faisait
pousser des ailes. Voir ce fragile
équilibre balayé d’un revers de
virus, c’est très dur. »
Même si l’Etat a annoncé des
mesures pour les entreprises
(en termes d’impôts, charges
sociales, chômage partiel), « ce-
la ne représente qu’un tiers de
ma trésorerie », pointe la li-
braire. « Beaucoup de nos four-
nisseurs, les éditeurs, se mon-
Si l’Esplanade à Montpellier reste le cœur battant de la 35e Comédie du
livre, le Mo.Co Panacée et l’Opéra Comédie entrent aussi dans la danse
AUTOUR DU LIVRE
A l’occasion de la 35e
Comédie du livre, du 15
au 17 mai à Montpellier,
cinq événements auront
lieu au Mo.Co Panacée, et
à l’Opéra Comédie.
D ésireuse de faire vivre au
public plusieurs expérien-
ces autour de la littérature, de
la BD, la 35ème Comédie du li-
vre, manifestation littéraire
portée par la Ville de
Montpellier, entend aussi, cette
année, créer des synergies en-
tre les lieux culturels. Si cette
fête autour du livre et des au-
teurs (avec ce printemps la lit-
térature croate invitée) promet
toujours de s’épanouir sous les
platanes de l’Esplanade Charles
de Gaulle, du 15 au 17 mai à
Montpellier, le Mo.Co Panacée
et l’Opéra Comédie accueille-
ront « cinq événements incon-
tournables », annonce la Ville.
Magali Brieussel (en bleu) et Anne Lebeau, libraires de La Géosphère à Montpellier. Si l’on y trouve
des guides et cartes pour préparer son voyage, la librairie propose aussi des récits de voyageurs, de
la littérature, des livres jeunesse et de la BD, toujours axés sur le voyage. PHOTO D.R.
trent solidaires. Pas mal se mo-
bilisent pour décaler les échéan-
ces, ce qui nous évite d’être trop
dans le rouge. Cela n’empêche
pas que je vais devoir payer des
factures en mars, et ça va être
très difficile », témoigne-t-elle.
« Ces avoirs sont pour
nous une question
de survie »
Mais La Géosphère ne veut
pas s’avouer vaincue. Inspiré du
concept slow food né en Italie
(opposé au fast-food américain),
La Géosphère convie ses clients
Le 16 mai, salle Molière à
l’Opéra Comédie, une confé-
rence de presse qui devait se
tenir en 1933 aura lieu... qua-
tre vingt sept ans plus tard. La
Comédie du livre recrée en ef-
fet cette conférence, que devait
donner Miroslav Krleza, con-
sidéré comme le plus grand au-
teur croate du XXe siècle, mais
qui en fut empêché. « Le public
découvrira une adaptation faite
par le spécialiste de Krleza, Vlaho
Bogisic, dans une mise en scène
de Aida Bukvic, avec l’un des
meilleurs comédiens croates con-
temporains, Ozren Grabari,
dans le rôle de Miroslav Krleža,
accompagné au piano par le très
renommé Matej Meštrovi , qui
se produit notamment au
Carnegie Hall », décrit Florence
Bouchy, directrice artistique
et littéraire de la Comédie du
livre.
Autre moment fort, la per-
formance, cette fois le dimanche
17 mai à l’auditorium Mo.Co
Panacée, des romanciers
Justine Lévy et Arnaud
« au slow reading ». Elle invite
« ceux qui veulent soutenir la li-
brairie à faire des pré-comman-
des. Il leur faudra patienter
avant de récupérer leur ouvrage.
Mais attendre une chose, ça la
rend plus désirable encore, plus
appréciée quand on l’obtient en-
fin », remarque-t-elle, avec phi-
losophie. Les amateurs de li-
vres peuvent aussi « créditer
un avoir, sans demande parti-
culière pour l’instant. Ce der-
nier sera valable un an à par-
tir de la réouverture, en sortie
de crise, de la librairie. » Pour
Lors d’une précédente édition de la Comédie du livre à
Montpellier. PHOTOC.V.
Cathrine autour de « The
Anonymous Project ». A partir
d’une des plus importantes col-
lections au monde, 700 000 dia-
positives familiales issues avant
tout des Etats-Unis et de Grande-
Bretagne, les auteurs se livrent
« à une performance qui mêle
tout cela, il suffit d’écrire un
courriel* à la librairie, qui don-
nera la marche à suivre. Magali
Brieussel soutient : « Ces avoirs
sont pour nous une question de
survie. Ils créent un peu de tré-
sorerie. Et ils feront revenir les
clients après la crise. Ils vien-
dront chercher leurs comman-
des. » Depuis que La Géosphère
a lancé ce SOS, des gens ont ou-
vert des avoirs. Ils ont aussi
adressé des messages de sou-
tien. « C’est sincère. Cela met du
baume au cœur », réagit Magali
Brieussel. Il y a deux ans, la li-
images, musique et lecture de
textes. »
Olivia Ruiz, Léonora
Miano...
Le 15 mai à l’Opéra Comédie,
Olivia Ruiz, auteure-composi-
teure-interprète audoise, se
braire a repris la librairie des
Cinq continents après le départ
en retraite des libraires, et ou-
vert La Géosphère. Dernière
née des librairies à Montpellier,
l’Opuscule a ouvert le 24 avril
2019 au 10 rue St-Firmin.
Redoutant que cette crise ne
lui soit fatale, l’Opuscule, « 10 000
ouvrages dans un cadre excep-
tionnel », prend elle aussi les
commandes de livres de ses
clients sur son blog**. Alors
que les libraires ont respecté
à la lettre - c’est le cas de le dire
- l’injonction de l’Etat à fermer,
le géant du commerce en ligne,
Amazon, très critiqué par ses sa-
lariés pour ne pas respecter les
mesures de protection (gel, dis-
tance de sécurité dans les en-
trepôts), peut toujours expé-
dier des livres dans le monde
entier. Son activité explose.
Une véritable « concurrence dé-
loyale » dénoncée par les librai-
ries indépendantes. Le minis-
tre de l’Economie, Bruno Le
Maire, estimant que « la librai-
rie est un commerce de 1ère néces-
sité », s’est dit prêt à étudier la
question d’une réouverture
sous conditions de règles stric-
tes. Par exemple l’accueil des
clients un par un, pour faire
ses achats de livres et repartir
aussitôt.
Catherine Vingtrinier
* Au 20, rue Jacques Coeur. Tél :
04 99 06 86 29. E-mail :
librairiegeosphere@gmail.com
** blog.l-opuscule.com
prêtera à l’exercice du concert
littéraire. Elle alternera sur
scène extraits de son roman,
La Commode aux couleurs (J-
C Lattès, avril 2020), portrait
de quatre générations de fem-
mes indomptables, et chansons
de son répertoire. Présenté
comme « l’un des représentants
phares de la nouvelle illustra-
tion française », Benjamin
Lacombe, auteur et illustra-
teur, participera le 16 mai salle
Molière de l’Opéra Comédie à
un concert dessiné. Grand fan
de Guillermo del Toro et
Léonard de Vinci, l’auteur qui
a vendu plus de 2 millions d’al-
bums à travers le monde est
passionné par la beauté de
l’étrange. Le 16 mai, à l’audi-
torium Mo.Co - La Panacée,
Léonora Miano, femme de let-
tres franco-camerounaise d’ex-
pression française, prononce-
ra une conférence. L’auteure
ne cesse de défendre, à travers
son écriture, une identité afro-
péenne à l’heure de la mondia-
lisation. C.V.
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 25
OCCITANIE / CULTURE

Livres, films, musique : la culture

s’invite dans votre canapé
SÉLECTION Francesca Ruggiero et Eleonora
Antonioni, roman graphique
Le spleen vous gagne au sur le passage à l’âge adulte
rythme des fermetures dans les années 90, décennie
du jogging fluo, des porte-clés
de musées et de salles « totoche » et des pantalons en
de concerts ? Pas de lycra. Avec des patchworks de
panique : la culture paroles de chansons gri-
peut aussi s’installer bouillées, de cœurs et de stick-
dans votre salon. ers, Girl Power reprend dans
sa forme les journaux intimes
et les agendas des adolescents :

P
as besoin d’aller bien loin
pour découvrir films, li-
vres, BD ou albums de mu-
sique. Installez-vous dans vo-
tre canapé. On a déniché pour
vous quelques nouveautés fa-
ciles à se procurer en DVD (ou
en VOD si vous tenez à rester
en pyjama), en CD ou vinyle
(ou en téléchargement légal si
vous préférez rester au lit tout
le week-end) et en librairie (ou
sur vos liseuses si votre libraire
est en quarantaine).
Dans vos écouteurs
En toute discrétion, comme
toujours, Louis Chedid a sorti
un album fin février, après sept
ans d’absence : Tout ce qu’on
veut dans la vie, où l’artiste ali-
gne onze chansons à l’élégance
folle pour lesquelles il a fait ap-
pel à Juliette Armanet et Renan
Luce.
Autre grand discret de la
chanson française, Jean-Louis
Murat sort Baby Love, nouvelle
pierre à un édifice artistique
qui s’apparente de plus en plus
à une monumentale œuvre poé-
tique. Comme toujours, ses tex-
tes nous terrassent.
Enfin, après un premier al-
bum en 2012 écoulé à plus de
Un week-end bien rempli sans bouger de chez vous : le coronavirus ? Même pas peur ! PHOTOS DR
25 000 exemplaires, laissez-vous
gagner par la fièvre musicale
de Birds on a Wire, qui revient
avec Ramages, composé de re-
prises de Pink Floyd, Gilberto
Gil ou encore Jacques Brel.
En librairie
Paru ces jours-ci chez Grasset,
Mindfuck, témoignage du lan-
ceur d’alerte Christopher Wylie,
raconte comment l’utilisation
des données personnelles de di-
zaines de millions de personnes
et des opérations de manipula-
tions mentales menées à grande
échelle ont permis à Donald
Trump d’accéder au pouvoir, et
au Brexit de l’emporter lors du
référendum britannique.
Parmi les nouveautés, on no-
tera aussi la sortie du nouveau
roman de Michael Connelly,
Nuit sombre et sacrée, énième
enquête policière qu’on nous
annonce « sombre et haletante »,
comme souvent chez Connelly,
jamais le dernier à casser l’am-
biance.
Au rayon BD, Girl Power, de
textes dessinés en lettres bul-
les et dessin faussement naïf
au Bic quatre couleurs.
En DVD ou en VOD
Vous avez aimé Bienvenue à
Zombieland ? Vous aimerez
Retour à Zombieland, toujours
réalisé par Ruben Fleischer et
interprété par la dream team
Jesse Eisenberg, Emma Stone,
Abigail Breslin et le génial
Woody Harrelson en tueur de
morts-vivants décomplexé du
gourdin. Drôle à en mourir.
Les fans de Terminator pour-
ront tenter le dernier opus de la
saga, Dark Fate. Le film est cer-
tes précédé d’échos épouvan-
tables mais on se satisfera peut-
être du grand retour de l’iconi-
que Sarah Connor (Linda
Hamilton en sosie de Jacques
Dutronc).
Enfin, La Belle époque, de
Nicolas Bedos, fraîchement
auréolé des César du meilleur
second rôle féminin (Fanny
Ardant) et du meilleur scéna-
rio, vous fera remonter le
temps, à une époque où
l’amour existait encore et où
le coronavirus ne flinguait pas
vos week-ends.
S.G.

Fin de partie pour Samuel Beckett

ROMAN ce qui est le cas pour son roman Le tiers
temps, variante orthographique de
« Le tiers temps », premier roman Tiers-Temps, nom de l’établissement
de Maylis Besserie, dévoile où Beckett joua, pour reprendre le ti-
tre de l’une de ses plus célèbres pièces,
un Beckett étonnant, attendant sa fin de partie. « Elle est morte. Il faut
la fin, devenu l’un de ses propres sans cesse me le rappeler : Suzanne
personnages. n’est pas dans la chambre, elle n’est pas
avec moi, elle n’est même plus. Elle
s’est... enfouie. Pourtant, ce matin, sous
ble de travail en train de reformuler,
d’aménager, de s’amuser, d’irlandiser,
de franciser (schizophrénie linguisti-
que incurable), de radoter « d’une écri-
ture abrégée, à deux doigts du télé-
gramme ». Et de ses pensées, formu-
lées à haute voix, surgit sa ville natale,
située au sud de Dublin. Son maître
James Joyce. Sa mère (image de « la
solitude de la veuve, en couple avec la

L ’anarchie littéraire, si décriée par

les traditionalistes, mais si chère
à certains critiques du XIX siècle, a
e
un avantage, puisque l’absence des lois
du genre, des règles d’écriture et des
principes directeurs du style, fait qu’il
y en a pour tous les goûts. Pour notre
part, ce qui pique le plus notre curiosi-
té et qui l’emporte dans nos préféren-
ces, ce sont les auteurs qui rebrous-
sent chemin pour aller à la rencontre
d’un écrivain disparu. D’où notre en-
vie de ne point résister à la découverte
d’une primo-romancière, qui a choisi
de puiser son inspiration chez Samuel
Beckett et de nous faire partager les
cinq derniers mois de la vie de celui
qui s’est éteint en 1989, et qui fit dire
Maylis Besserie. PHOTO F. MANTOVANI GALLIMARD
à Estragon, l’un de ses personnages de
En attendant Godot : « Ou j’oublie tout
de suite ou je n’oublie jamais. » Maylis
Besserie, elle, n’a jamais oublié la mai-
son de retraite du 14e arrondissement
de Paris où il s’est regardé vieillir et
déchoir, avant de rejoindre Suzanne
Dechevaux-Dumesnil, son épouse, dé-
cédée cinq mois plus tôt.
Le tiers temps se définit comme le
découpage du temps en trois parties,
ma vieille couverture, c’est comme si elle
était là -pas enfouie, même pas morte-
là, sous la couverture, blottie contre
son vieux Sam. D’ailleurs, c’est parce
qu’elle est là, appuyée sur mes vieux os,
étendue contre ma pauvre carcasse,
que je sais que moi, je ne suis pas en-
foui. » Tel est le début de cette prodi-
gieuse fiction qui nous donne à lire
son dossier médical ; à écouter son in-
firmière, son aide-soignante, son psy-
chologue, son médecin, son kinésithé-
rapeute. Mais les lecteurs sont surtout
à l’écoute de ce que le « vieux Sam »
leur dit.
Alors qu’il avoue ne plus savoir
écrire, ne plus écrire, presque plus, le
personnel le trouve, à minuit, à sa ta-
mort »). Le poète Yeats. La guerre. Son
installation en France. L’agression
dont il fut victime rue Didot. Buster
Keaton qui tourna dans un film dont
il fut le scénariste. Pamela Mitchell, à
laquelle il avait demandé de ne pas lire
ses livres car il les détestait. Le pré-
sent, lui, dresse son autoportrait en
vieux bipède condamné à l’équilibre
précaire, aux rides interminables, au
cou de poulet... Dans ce huis clos théâ-
tral qu’est le Tiers-Temps, on croirait
entendre le coup de sifflet annonçant
l’entrée en scène de la Mort.
Excellentissime. Anne-Marie Mitchell
« Le tiers temps », par Maylis Besserie, aux
éditions Gallimard, 183 pages, 18 euros.
26 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
OCCITANIE / SCIENCES
Un vieux remède pourrait booster
les thérapies contre le cancer
ONCOLOGIE
Un médicament mis
en vente en 1956 permet
aux « cellules tueuses »
du système immunitaire
de repérer les cellules
cancéreuses.
L
es vieilles recettes offrent
parfois de belles surpri-
ses. Une équipe de cher-
cheurs australiens vient de dé-
couvrir qu’un médicament, le
prochlorpérazine – mis sur le
marché en 1956 – pourrait jouer
un rôle clé dans la lutte contre
le cancer. « C’est un beau résul-
tat auquel personne ne s’atten-
dait », se félicite le Pr Éric Vivier
(hôpital de la Timone, Aix-
Marseille université, Inserm,
CNRS & Innate Pharla, lire ci-
dessous). Ce spécialiste de l’im-
munothérapie contre le cancer
vient de saluer cette belle sur-
prise en préambule de la presti-
gieuse revue scientifique Cell,
au sein de laquelle ces résultats
ont été publiés. Les scientifi-
ques ont en effet, démontré que
cette « vieille » petite molécule –
initialement destinée au trai-
tement de la nausée, de la mi-
graine ou encore de l’anxiété –
pouvait booster l’une des thé-
rapies phares contre le cancer :
les anticorps thérapeutiques.
Ces derniers agissent de la
même manière que nos propres
anticorps, les protéines produi-
tes par les cellules de notre sys-
tème immunitaire afin de com-
battre les agents pathogènes.
Comment ? Ces grosses molécu-
les en forme de Y disposent de
deux « bras » pour venir se lier à
des antigènes, des marqueurs
moléculaires spécifiques aux
cellules étrangères. Ce faisant, ils
« Le système immunitaire inné pourrait
porter la 2 vague en immunothérapie »
e la découverte d’un
Éric Vivier, professeur
d’immunologie, hôpital de la
Timone, Aix-Marseille université,
Inserm, CNRS & Innate Pharma
La Marseillaise : Avec vos équipes, vous
travaillez également à l’amélioration
de l’efficacité des anticorps thérapeu-
Cellule Natural Killer (NK)
Anticorps cytotoxique
Cellule cancéreuse
Anticorps cytotoxique
Macrophage
À droite, un macrophage attaque une cellule cancéreuse. Les anticorps thérapeutiques (à gauche) favorisent la reconnaissance des
cellules cancéreuses par le système immunitaire. PHOTO DR / SCHÉMA ÉRIC VIVIER
permettent aux cellules tueuses toutefois à un plateau », recon- ces biomédicaments. « Cette
du système immunitaire de re- naît Éric Vivier. À présent, la pe- étude, conduite principalement REPÈRES
pérer la menace et de la réduire tite molécule de prochlorpéra- chez des animaux, demeure en-
au silence. « De la même manière, zine ouvre de nouvelles perspec- core au stade préclinique », rap-
ces anticorps peuvent s’agripper tives : « Son principe d’action est pelle toutefois Éric Vivier. Avant 1975
à des cellules cancéreuses selon très simple : elle permet d’aug- de crier victoire, il convient de C’est l’année de
les antigènes qu’elles présentent menter l’exposition des antigè- valider chez l’humain les effets découverte de la
à leur surface et favoriser leur éli- nes à la surface des cellules cancé- bénéfiques de la prochlorpéra- technique de production
mination par le système immu- reuses », explique-t-il. zine en combinaison avec des in vitro d’anticorps dits
nitaire », explique Éric Vivier. anticorps : « Comme nous dis- monoclonaux à la base
Les immunologistes parlent alors Pas encore testé posons déjà de beaucoup de don- de tous les anticorps
d’anticorps cytotoxiques. Des sur l’humain nées sur ce médicament et sur thérapeutiques actuels.
personnes atteintes par un lym- Qui dit plus d’antigènes dit les anticorps, cela pourrait pren- Cela valut à ses
phome B ou un cancer du sein alors plus de possibilités pour dre beaucoup moins de temps inventeurs, Köhler
bénéficient actuellement de ce les anticorps de signaler les cel- que s’il s’agissait de molécules et Milstein, le Nobel
type de biomédicament : « En lules cancéreuses et donc in fine inconnues », anticipe-t-il. de médecine de 1984.
matière d’efficacité, on arrivait une plus grande efficacité de Jean-Baptiste Veyrieras
2018
Allison et Honjo
reçoivent le prix Nobel
de médecine pour
mécanisme permettant
de déverrouiller l’action
du système immunitaire
tiques pour lutter contre le cancer. Dans un article publié en décembre contre le cancer. Certains
Expliquez-nous. dernier dans la revue « Nature », vous anticorps anticancéreux
Éric Vivier : Il y a deux voies pour aug- appelez à lancer la deuxième vague empruntent désormais
menter l’effet d’un anticorps thérapeu- de l’immunothérapie contre le cancer. cette voie, avec des
tique ciblant des cellules cancéreuses. En quoi consistera-t-elle ? résultats parfois
Soit on augmente le nombre d’antigènes É.V. : Nous développons des traitements supérieurs à la
présentés par les cellules cancéreuses s’appuyant sur le système immunitaire chimiothérapie.
comme le fait si élégamment la prochlor- inné, une composante jusque-là peu con-
perazine. Soit, à l’inverse, plutôt que de sidérée en immunothérapie contre le can- 80
multiplier les sites d’accroches de l’an- cer. À l’inverse du système immunitaire
ticorps sur la cellule cancéreuse, on cher- dit « adaptatif » qui produit les anticorps C’est le nombre
che à favoriser les liens entre les anti- au bout de plusieurs jours, le système in- d’anticorps
corps et les cellules dites « effectrices » né agit, lui, directement face à la menace, thérapeutiques
du système immunitaire. Plus ces cellu- à l’image des macrophages ou des cellu- commercialisés en
les effectrices seront recrutées facile- les tueuses comme les cellules NK (Natural Europe et aux États-Unis.
ment par les anticorps et plus on a de Killer). L’idée serait alors de favoriser le lien Ils couvrent un large
chance de détruire les cellules cancéreu- entre les anticorps thérapeutiques actuels éventail thérapeutique :
ses. C’est cette approche que nous avons et ces autres cellules tueuses du système cancer, maladies
choisie pour le développement d’un an- immunitaire, amplifiant de facto l’attaque inflammatoires et
ticorps thérapeutique dénommé mona- contre les cellules cancéreuses. dégénératives, asthme...
lizumab. Propos recueillis par J.-B.V.
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 27
JEUX
MOTS FLÉCHÉS MAÎTRE MOT MOTS CROISÉS
Découvrez un mot de 5 lettres à A B C D E F G H I J
l’aide des mots de la grille. Le chif-
fre placé à côté des mots indique I
le nombre de lettres qui occupent II
la même place dans le maître mot
à trouver. III
IV
A S S I S 1
V
A I G R I 3
VI
C A B R I 0
VII
P I G E S 2
VIII
M O U L E 2
IX
A R I D E 2
X
P O U L S 1
Horizontalement
I. Abstrait. II. Neufs. III. Potentat.
Tubes lumineux. IV. Titre nobiliaire.
Cubes. V. D’accord ! Emblème royal.
MOTS COUPÉS Mèche rebelle. VI. Département. Utili-
Les quatorze mots de la liste ci- sât. VII. Estomaquées. Compulsé. VIII.
dessous ont été découpés en Jeu d’équilibre américain. Ville de Rou-
trois morceaux et sont cachés
dans cette grille. Une fois tous les manie. IX. Assassiner. Divertit. X. Troi-
mots trouvés, il vous restera un sième personne. Duchesse de
quinzième mot à découvrir. Bretagne. Sécurité sociale.
1 ARTICULER 8 GRAMMAIRE
Verticalement
2 BALBUTIER 9 LAPIDAIRE
3 BISEAUTER 10 LIMINAIRE
A. Réservé. B. Transistor à effet de
4 CABRIOLER 11 MORTUAIRE champ. Capitale de l’Afghanistan. C.
5 CHAHUTEUR 12 PERMETTRE Changeas de ton. Bassin. D. Mois.
6 CHAPARDER 13 REPRENDRE Pouffé. Déesse du Mariage. E. Tellure.
7 CHAUSSEUR 14 TRANSPORT Génisse divine. F. Homme politique
portugais. Pronom. G. Voie publique.
MOT MYSTÈRE Rayez dans la grille les mots de la liste pour dé-
Habitude commune. H. Tiques. Disque
couvrir le MOT MYSTÈRE dont voici la définition : PAR CHA REN MMA USS
S I M E T A M P E L V I S I « SARCASME » adoré. I. Langue indo-aryenne. J. Fa-
E T V O T A N T E R C E D O Le mot à trouver est : ............... IRE IER RIO IRE TER tigues.
S R A B A N E P A R A D E V ACAJOU ÉTAMPE RASEUR LIM IRE LER CHA MET
B E G A L L A D A N I E N N AILIER ÉTHUSE RAZZIA
ATÉMIS FARCIR RENVOI DRE LER CHA EAU REP
A I U V S D E S J E T A G E
AVEUGLE GUIMPE SAPEUR TUA ICU DER LAP IDA
N Z E A E C E S A P E U R R BEAGLE HÂLOIR SCHAKO SUDOKU
I E S L H U H A L O I R E T INA ORT EUR NSP CAB
BEAUTÉ JAVEAU SCIURE Complétez ces deux grilles avec des chif-
A T C O R E L A E R O B I R BORÉALE JETAGE SESBANIA HUT TRA BIS BAL CHA fres de 1 à 9 de sorte qu’ils n’apparaissent
G I I N J I G C K T M B A U CARTEL KASBAH SUBIT PER ART TRE GRA IRE qu’une seule fois dans chaque ligne,
DALLAGE LAVABO TIRAGE colonne et carré.
U R U A A A C A J O U Z R E MEL IER EUR BUT MOR
DANIEN MEURTRE TREIZE
I U R G V F S R R S Z A I M DÉCHOIR ONAGRE TROMBE Moyen
M D E R E B N T A I L I E R DÉCRET PARADE VAGUES Le mot découvert est : .....................
P S B E A G L E A F T I O B DURITE PELVIS VOTANT 1 8
E E T H U S E L G U E V A N ENFANCE RABANE
7 1 2 4
QUIZ 7 ERREURS 4 8 7 5 6
1 – Dans la mythologie grecque, qui était 3 – Dans quelle ville Madame de Sévigné
Hestia ? est-elle décédée ? 1 3 4 6
A. La sœur de Zeus A. À Fontenay-sous-Bois 3 8
B. La femme de Zeus B. À Grignan
C. La fille de Zeus
D. La demi-sœur de Zeus
C. À Blois
D. À Paris
6 5 7 4
2 – De quel roi, le chevalier d’Éon était-il 4 – Dans la mythologie grecque, qui est le 4 9 1 5 8
l’officier ?
A. Louis XIII
dieu de l’Amour ?
A. Eros
8 1 2 5
B. Louis XV
C. Henri IV
B. Apollon
C. Zeus
1 4 8
D. François Ier D. Cupidon
Supérieur
SOLUTIONS DU JOUR UNIVERSAL JEUX 04 91 27 01 16
des dieux et des hommes et Cupidon est le dieu romain de l’Amour.
château. 4. Réponse - A : Eros est le dieu grec de l’Amour, Apollon est celui de la Poésie et de la Musique, Zeus est le père 6 1
1 5 8 4 9
3. Réponse - B : La femme de lettres française, Madame de Sévigné, est décédée à Grignan dans la Drôme, où elle avait un
aucun mythe impressionnant. 2. Réponse - B : Le chevalier d’Éon (1728-1810) était l’officier et l’agent secret de Louis XV.
elle était la déesse la plus aimée et la plus respectée des Grecs anciens. C’était une divinité modeste que n’entoure
1. Réponse - A : Sœur de Zeus, Hestia était une divinité qui veillait sur la vie des foyers et des États. De tous les dieux,
OS E E S OD E N S E
4 7 2 6
A I G L E
moyen supérieur
7 8 6 2 3 1 5 9 4 6 2 5 7 9 3 1 4 8
7 - Le doigt
P O U L S 1 6 - La manche
E T C E S
CH I N E RA I
C I E L
S T O 7 4 5 8 6
3 7 9 6
9 2 5 4 6 7 3 1 8 8 1 7 2 4 6 9 3 5 A R I D E 2 travail P AR T COR P S
3 4 1 8 9 5 2 7 6 3 4 9 1 5 8 2 7 6 MY S T E R E RUA I
6 9 2 1 4 3 8 5 7 2 8 6 5 7 9 4 1 3 M O U L E 2 5 - La boucle du bleu de
P I G E S 2 4 - L’immeuble L I P AN E T ON
6 4 8 5
5 3 8 7 2 9 4 6 1 4 9 3 6 1 2 8 5 7
1 7 4 5 8 6 9 3 2 5 7 1 8 3 4 6 9 2 3 - L’auto AGR E S S I V E I E
4 5 7 9 1 2 6 8 3 9 3 2 4 8 7 5 6 1
C A B R I 0 2 - Le col de la chemise OR E E L I ME S

1 8 2 6
2 1 3 6 5 8 7 4 9 7 5 8 9 6 1 3 2 4 A I G R I 3 1 - Le tiroir BRU T NU S L A I
8 6 9 3 7 4 1 2 5 1 6 4 3 2 5 7 8 9 A S S I S 1 7 erreurs EON OA S I E N S

9 2 4 6 1
L I NO T Y P I S T E S
MOTS COUPÉS : CHAMELIER MOT MYSTÈRE : DÉRISION
H M L M S A

RÂ. I. NÉPALAIS. J. LASSITUDES.
RI. HÉRA. E. TE. IO. F. EANE. EN. G. RUE. USAGE. H. IXODES.
A. INTROVERTI. B. MOS. KABOUL. C. MUAS. RADE. D. AVRIL.
VERTICALEMENT
6 9
VIII. RODÉO. ARAD. IX. TUER. ÉGAIE. X. IL. ANNE. SS.
DÉS. V. OK. LIS. ÉPI. VI. VAR. USÂT. VII. ÉBAHIES. LU.
I. IMMATÉRIEL. II. NOUVEAUX. III. TSAR. NÉONS. IV. SIRE.
HORIZONTALEMENT
28 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
OCCITANIE / JARDIN
Enrichir la terre avec du trèfle
et de la moutarde
ROTATION DES CULTURES
Le printemps arrive, il est grand
temps d’enfiler paires de gants
et de se munir d’un sécateur.
C’est le moment de préparer
au mieux la saison des fruits
en taillant, protégeant et même
en associant des plantes
pour améliorer la qualité
ou la structure de votre terre.
La nature est bien faite !
L’association de plantes
Choisir des plantes pour
améliorer les sols est une
pratique courante.
Assolement et rotation des cultures
existent depuis que l’agriculture et
l’élevage cohabitent. Leur conceptua-
lisation a eu lieu au siècle des Lumières.
La jachère qui voulait que l’on laisse
le sol se reposer pendant un an, était
surtout utilisée pour faire paître les
animaux d’élevage, qui par leur seule
présence et leurs excréments amélio-
raient la qualité des sols.
Les techniques n’ont pas vraiment
changé, certaines cultures ont été iden-
tifiées comme favorisant la qualité de
la terre sur laquelle elles étaient tra-
vaillées.
Aujourd’hui, on emploie ces cultu-
res entre deux récoltes ou bien en as-
sociation avec d’autres. On les appelle
les engrais verts. Il en existe différents
types, selon que l’on veuille amélio-
rer la structure ou la qualité des sols.
Voici deux espèces que j’utilise géné-
ralement pour m’aider à retrouver un
certain équilibre dans des sols appau-
vris ou trop
boulever-
sés pour ac-
cueillir en
première
saison des
fruits et légu-
mes.
La moutarde
Sinapis alba est une plante mellifère de la famille des brassica-
ceae. Elle attire les insectes butineurs, elle se resème facilement,
et peut être considérée comme indésirable dans les cultures de
colza.
Son intérêt dans nos potagers est sa racine forte et puis-
sante qui améliore la structure du sol, c’est cette partie qui
va aussi retenir l’azote du sol. Ne la déracinez pas, coupez-la
au pied et utilisez sa partie aérienne pour pailler la surface.
Ces fleurs sont comestibles, avec leur goût de moutarde,
elles surprennent et donnent une touche de soleil à vos sa-
lades.
Le paillage, le pot
et l’enduit
Le paillage est
une solution pour
Trois conseils sur... les pots, cela évite
le dessèchement
prématuré et donne
La taille de fructification une touche graphique
Elle se pratique en observant les bourgeons ou bien et de couleur bienvenue
l’âge de la branche tout en respectant les renflements de sur nos terrasses ou dans
l’année précédente, appelés « bourses », et que l’on trouve sur nos intérieurs.
les cerisiers comme sur les pommiers ou bien les fleurs pour L’intérêt de choisir un
les abricotiers et les pêchers. paillage qui ne soit pas
Cette taille permet de choisir les branches ou de réduire le minéral est d’améliorer la
nombre de fruits pour en favoriser des plus gros. qualité physique et chimique de no-
tre morceau de terre en pot. La lente
La taille de régénération dégradation et la protection de la sur-
Dite aussi de reprise pour les arbres installés en pleine terre face amélioreront sensiblement la
depuis de nombreuses années. qualité de votre substrat.
Elle consiste à couper au pied de l’arbre pour lui faire rejeter Dans votre pot, je vous conseille
des drageons qui reconstitueront le tronc puis le houppier de semer une compagne utile, auprès
de l’arbre. de votre plante préférée. Le trèfle in-
carnat, par exemple, tient très bien
La taille en « vert » compagnie aux agrumes en pot et au-
S’effectue après que les feuilles soient tre potée fleurie. Tout type de légu-
installées, elle doit rester exceptionnelle mineuse peut faire l’affaire, à vous
en pleine saison et très réduite. d’inventer vos propres associations.
Je ne m’attarderai pas sur des con-
seils vous portant à utiliser des « pâ-
tes » ou autre enduit de cicatrisation,
certains seraient amenés à utiliser
du béton. Je le déconseille vivement.
Les plantes sauront d’elles-mêmes re-
Le trèfle rouge couvrir leurs blessures tant que celles-
Trifolium incarnatum à ne pas confondre dans ci ont été faites avec un outil propre
le jardin avec l’Oxalis, il est connu pour être le et bien aiguisé et dans les règles de
symbole de l’Irlande catholique. C’est aussi l’art.
l’engrais vert par excellence, de la famille des
légumineuses ou Fabaceae, il a la capa-
cité de fixer l’azote de l’air dans le sol
grâce à sa symbiose avec une bactérie
du sol.
Il est souvent utilisé en association avec
une graminée et un poids, dans les pâturages.
Il existe plusieurs espèces qui donnent des
fleurs mellifères et colorées.
Vous trouverez dans votre jardinerie des graines de trèfles ou
de moutarde. Après les avoir semées à la volée, utilisez l’arrosoir
aussitôt après pour plomber les graines au sol, el-
les ne tarderont pas à rapidement lever.
Texte Sébastien Hébray
Illustrations Pauline Sarrazy
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 29
OCCITANIE / VIE PRATIQUE

La recette. Devenez incollable

sur les étiquettes
Canard aux radis-Anet de vin
ai raiçfòrts SAVOIR
Comment déchiffrer une
Attention : la spécification
« mis en bouteille dans la ré-
gion de production » n’est pas
étiquette? La solution ci- gage de qualité. Pas plus que
Ingrédients la mention du cépage domi-
dessous...
-Un canard nant dans un vin de table
n’évite que votre pinot noir ait
jeune ou un
caneton L ’étiquette est la carte de vi-
site d’un vin. La mention
poussé dans le Var ! L’équation
entre l’origine du cépage et les
-Petit salé de sa catégorie est d’autant lieux de production et d’em-
plus obligatoire que l’Union bouteillage doit être réduite
-Os de jambon européenne a établi des codes : au minimum. Les mentions
cru AOP (appellation d’origine telles que « vieilli en fût de
-Vin blanc sec protégée) pour les AOC et vins chêne », « cuvée spéciale », «
de qualité supérieure, IGP (in- grande réserve » ou « veille vi-
-Deux bottes dication géographique proté- gne » doivent éveiller votre mé-
de radis gée) pour les vins de pays, tan- fiance. Enfin, l’éventuelle con-
-Carottes dis que les vins de table con- tre-étiquette au dos de la bou-
servent leur nom. Les nom et teille regorge d’informations
-Oignon adresse de l’embouteilleur doi- sur les cépages et méthodes
-Poivre vent figurer sur l’étiquette. utilisés.
-Gros sel
-Fines épices
-Laurier, persil

persil en branche, une feuille de duire au moment de l’ébullition

« La Marseillaise » réédite
« La cuisine provençale
authentique », série
d’articles parue
dans les années 1980.
Une invitation au voyage
gustatif. Bon appétit !
laurier. Placez le canard au mi-
lieu, accompagné d’un bon mor-
ceau de petit salé et d’un os de
jambon cru. Couvrez la casse-
role et faites partir à feu assez vif.
Mouillez à l’eau
ou au bouillon
Aussitôt que l’oignon aura
bruni, jetez dans la casserole
et laissez cuire doucement. Éplu-
chez vos radis (ôtez les feuilles)
et faites les blanchir à l’eau
bouillante. Égouttez-les. Le ca-
nard étant cuit, passez et dé-
graissez le jus. Laissez-le ré-
duire et jetez-y vos radis. Ajoutez
deux morceaux de sucre et lais-
sez mijoter jusqu’au moment
de servir.

P
our ce plat, il convient d’uti-
liser un canard jeune ou un
caneton afin que la bête soit
plus tendre et cuise plus rapide-
ment. Foncez une casserole avec
un filet d’huile d’olive, de la graisse
blanche et alignez dessus des ca-
rottes, de l’oignon émincé, du
un demi-verre de vin blanc sec.
Laissez réduire et ajoutez du
poivre, de fines épices et du gros
sel si vous mouillez à l’eau, point
si vous employez le bouillon.
Mouillez le canard petit à petit
jusqu’à ce qu’il soit presque cou-
vert. Faites partir à feu vif, ré-
Dressez votre canard dans
un plat à ragoût avec autour de
la volaille, sa garniture de ra-
dis. Le résultat de tout ce travail
est un plat d’une grande finesse
que vous allez probablement dé- Véritable carte de visite, l’étiquette doit vous permettre de tout
guster pour la première fois. savoir sur le produit que vous avez choisi de déguster.
Glaudi Barsotti PHOTO ISTOCK / CITY PRESSE

À FAIRE SOI-MÊME. Du gel hydroalcoolique pour les mains

Avec le virus qui court ces temps-ci et la pénurie de désinfectants pour les mains dans les pharmacies, La Marseillaise
vous propose de créer le vôtre avec des ingrédients simples à trouver partout. Il vous faut : de l’huile essentielle d’arbre à
thé et de lavande, de l’huile végétale d’amande douce, du gel d’aloe vera, de l’alcool à 70°, un bol.

Étape 1 Étape 2 Étape 3

Pour 30 ml de gel, versez dans un bol 5 ml d’alcool
à 70° (soit une cuillère à soupe), ajoutez 10 gouttes
d’huile essentielle de tea tree (arbre à thé) et
5 gouttes d’huile essentielle de lavande vraie.
Mélangez bien avec un fouet.
Ajoutez ensuite 25 ml de gel d’aloe vera (soit
2 grosses cuillères à soupe) puis 5 ml d’huile
végétale d’amande douce (une cuillère à café).
Secouez abondamment votre préparation.
Transférez-la dans un petit récipient.
Collez-y une étiquette avec la date de fabrication
de votre produit hydroalcoolique. Secouez avant
chaque utilisation et versez une petite noisette au
creux de votre main. Vous pouvez le conserver
deux mois et vos mimines seront au top !
30 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
OCCITANIE / HISTOIRE
Vers 1900, une partie de tennis avec robes longues et chapeaux. PHOTO DR
Les débuts du sport féminin
MŒURS
Tenue « outrancière », « risques
médicaux » et autres prétextes
d’un autre temps ont longtemps
retardé l’accès aux sports
pour les femmes, avant
que la médecine ne détricote
les mentalités patriarcales.
L
a fin du XIXe siècle, après la dé-
faite de 1870, voit la naissance
du sport moderne. Il est créé par
les hommes et pour les hommes. Les
femmes, qui ont participé à des activi-
tés sportives de l’Antiquité au XVIIIe
siècle, en sont complètement tenues
à l’écart.
Et le sport va devenir un véritable
culte : il faut former la génération qui
va venger le pays. La première école
sportive, celle de Joinville, sert de pré-
paration militaire aux jeunes soldats.
En éducation physique, l’école de
la IIIe République adopte des program-
mes différents : la gymnastique pour
les filles ; le football, le rugby et l’athlé-
tisme pour les garçons. On retrouve
de la même manière la séparation en-
tre le travail manuel ou la couture.
L’éducation physique sera inscrite
dans les programmes scolaires. La loi
de 1882 en définit les buts : « L’école
primaire peut et doit faire aux exerci-
ces du corps une part suffisante pour
préparer et prédisposer (…) les garçons
aux futurs travaux de l’ouvrier et du
soldat, les jeunes filles aux soins du
ménage et aux ouvrages des femmes ».
En Angleterre, le golf puis le ten-
nis se répandent. Dans la bonne so-
ciété française, les femmes pratiquent
la randonnée en montagne et le ski.
À la ville, c’est le tennis et le golf.
L’athlétisme est peu pratiqué car
il faut opter pour une tenue jugée « in-
décente » et quelques femmes courent
en jupe longue.
La pratique de la bicyclette, très
chère, se développe et va engendrer
le port de la « culotte de zouave », jupe-
culotte bouffante et longue et de la
jupe-pantalon, qui seront également
utilisées pour l’athlétisme.
À la fin du XIXe siècle, la pratique fé-
minine du sport se développe, mais
les femmes doivent garder leur fémi-
nité.
Les autorités sportives et politiques
sont hostiles au sport féminin. Des
raisons médicales sont invoquées :
corps trop fragile, danger lié à des pra-
tiques trop brutales et risque de stéri-
lité.
Pour le docteur Bellin du Coteau,
athlète puis dirigeant sportif, auteur
de plusieurs livres sur la médecine et
le sport, « chacun occupe la place natu-
relle qui lui échoit, la femme de par sa
constitution ne peut pratiquer de sport
violent. (…) Quoi qu’on en dise, l’homme
et la femme ont un cœur et des poumons
différents. Le saut, par exemple peut
avoir chez elle des conséquences funes-
tes ».
Sous le Second Empire apparaît la
haute couture, lancée par l’impératrice
Eugénie. L’aspect vestimentaire mar-
que la différence sociale. Les tenues
faites sur-mesure par de grands cou-
turiers avec corsets, jupons, robes am-
ples ou jupes bouffantes et chapeaux
encombrants marquent le rang mais
ne permettent pas une activité physique.
En outre, sortir sans chapeau est
signe de pauvreté ou de mœurs légè-
res et on considère que la muscula-
ture est incompatible avec la grâce.
Selon les mœurs de l’époque, une
femme ne doit pas se donner en spec-
tacle. Si elle fait du sport, elle ne doit
pas être vue. La première activité phy-
sique acceptée est la randonnée parce
qu’elle s’exerce loin des regards.
La vogue des bains de mer
a accéléré la libération
des corps féminins
Au cours du XIXe siècle, les menta-
lités évoluent, et l’audience des mé-
decins augmente, surtout après les
découvertes de Pasteur. L’hygiène de-
vient une préoccupation et la toilette
régulière s’impose peu à peu. Mais
« une bonne hygiène exige aussi des
exercices au grand air : prescription
redoutable pour les femmes, tant leur
peau doit rester immaculée » (*).
Cependant, « on voit évoluer les pro-
grammes des pensionnats de demoi-
selles : aux leçons de maintien qui en-
seignaient l’attitude correcte pour cha-
que moment de la journée et de la vie,
succèdent peu à peu au début des an-
nées 1880 des exercices de gymnasti-
que, exécutés sans corset, à l’aide d’en-
gins et même d’agrès. C’est probable-
ment la vogue des bains de mer qui a ac-
céléré la libération des corps féminins.
Plutôt que leur liberté, d’ailleurs, on
veut désormais cultiver leur vigueur,
dans une perspective souvent nationa-
liste, ou même raciste » (*).
La pratique sportive pour les jeunes
filles doit s’exercer derrière des murs.
Les collégiens et lycéens se rendent
sur des terrains extérieurs, tandis
que les filles font la gymnastique dans
la cour de leur établissement.
« Commencée en Allemagne et en
Angleterre, la croisade pour la gym-
nastique féminine conquiert l’Europe
latine à la fin du siècle. Elle a déchaîné
des enthousiasmes fanatiques (…). Le
sport féminin, surtout la compétition,
a suscité plus de résistance, et même
parfois une violente hostilité. Les ob-
servateurs dénonçaient la laideur de
la femme en plein effort, regrettaient
sa gracieuse faiblesse, redoutaient qu’un
développement musculaire excessif
n’endommageât la future procréatrice.
Pourtant, la natation, le tennis ont très
vite conquis les femmes de milieu aisé.
Diverses associations ont promu, en
milieu populaire, le cyclisme, la course,
le saut, l’athlétisme » (*).
Pour les premiers Jeux olympiques,
en 1896, la Charte olympique est défi-
nie comme « exaltant et combinant en
un ensemble équilibré les qualités du
corps, de la volonté et de l’esprit ».
Les femmes souhaitent y partici-
per mais, pour le rénovateur des jeux,
le baron Pierre de Coubertin, « le véri-
table héros olympique est à mes yeux
l’adulte mâle individuel. Les JO doi-
vent être réservés aux hommes, le rôle
des femmes devant être, avant tout, de
couronner les vainqueurs ». Et il persis-
tera : « Le rôle de la femme reste ce qu’il
a toujours été : elle est avant tout la
compagne de l’homme, la future mère
de famille, et doit être élevée en vue de
cet avenir immuable. »
Raymond Bizot
(*) G. Duby-M. Perrot, « Histoire des
femmes en Occident », tome 4, 1991.
 du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise 31
OCCITANIE / HISTOIRE

Le préfet de l'Hérault, les

sangsues et l'environnement (2)
SANTÉ
Animal invertébré
appartenant à la famille
des vers annelés, la
sangsue revient au goût
du jour tant dans certains
cabinets médicaux privés
que dans les services de
chirurgie des hôpitaux
universitaires. Les
sangsues mordent, elles
sucent notre sang, d'où
leur nom, et nous
soignent depuis
l'Antiquité. Mais en
France, et notamment
sous la volonté des
hygiénistes, elles
disparaissent de notre
pharmacopée dès la fin
du XIXème siècle. Mais, à
propos de la collecte de
cet animal, qu'en disait
Henri Charles Roulleaux
Dugage, préfet de
l'Hérault, en 1847 ?
Lecture...

D
ans notre département,
la pêche des sangsues
n'est soumise à aucun
usage ou règlement local, elle
est parfaitement libre, on la fait
en tout temps, à moins de n'être
arrêté par quelque obstacle ma-
tériel, tel que les gelées ou la
crue des eaux. Chacun suit le
procédé qui lui convient le
mieux : ceux-ci battent l'eau
avec les mains ou avec des ba-
guettes ; ceux-là y promènent
un bâton garni de linge, ou bien
y pénètrent les jambes nues ;
les sangsues se portent vers le
point où le mouvement se fait
sentir, et on les saisit avec la
main ou au moyen de filets. Médecin administrant des sangsues à une patiente. L. Boilly, 1827.
Le nombre des sangsues que
fournit le département est trop gner toutes les sangsues qui avec avantage par de grosses : le poids des grosses est com- ment aux besoins de la théra-
peu considérable pour que leur ont un volume très considéra- sangsues, aussi ces dernières pris entre 1 gramme et 5 gram- peutique, après avoir fourni de
vente puisse constituer un com- ble. Nous en avons examiné un sont-elles d'un prix un peu plus mes, ce qui fait 2 grammes 15 nombreux produits. Depuis
merce distinct et de quelque assez grand nombre, et nous élevé ; tandis qu'elles se ven- centigrammes par sujet. En que les sangsues ont été enle-
importance. Elles ne peuvent avons cru pouvoir les classer dent 22 fr. le cent à Paris, on prenant des sangsues de divers vées indistinctement, sans épar-
suffire qu'à une très-petite par- ainsi : les unes ont été gorgées cède les vaches à 20 fr. On peut genres, dans deux pharmacies, gner celles d'un petit volume,
tie des besoins du pays. Les mar- et ne sont pas encore revenues donc, sans inconvénient pour je suis arrivé à des résultats on a vu se dépeupler avec une
chands en gros les achètent à à l'état normal, d'autres sont la pratique médicale, proscrire analogues ; parmi les grosses, prodigieuse rapidité des con-
des prix divers et les mêlent à en pleine gestation; c'est ce que les sangsues vaches. Cette me- un petit nombre s'élevait à un trées où elles étaient fort abon-
celles qu'ils reçoivent d'Arles, l'on observe facilement sur cel- sure sera extrêmement utile poids supérieur à 2 grammes. dantes. La mesure proposée se-
de Corse, d'Algérie, de Smyrne, les qui se pêchent en août et en au point de vue de la propaga- M. le professeur Bouisson a fait rait donc très utile dans l'inté-
de Hongrie, etc. Nous avons ain- septembre. En les conservant à tion. Toutes ces sangsues sont peser plusieurs sangsues ver- rêt de l'avenir, mais n'entraî-
si des sangsues vertes, grises, part pendant quelque temps arrivées à l'époque où elles se re- tes, moyennes et grosses, à jeun; nerait-elle pas des difficultés
des dragons....., dont les prix dans des bocaux, on voit ceux- produisent avec activité; elles il a obtenu des poids inférieurs pour le présent ? Ne vaudrait-
varient suivant diverses cir- ci se garnir peu à peu de cocons, sont très-fécondes; souvent à ceux que je viens d'indiquer, il pas mieux abaisser le chif-
constances; voici néanmoins et puis de filets. D'autres, en- même elles se trouvent à l'état jamais ils n'ont atteint 2 gram- fre, et proscrire seulement les
ce que l'on peut dire en général fin, sont des sujets arrivés d'une de gestation. mes. Au point de vue de la re- sangsues au-dessous de un
: les petites (filets) coûtent de manière normale à un grand Si l'on prohibait les sangsues production, il y a un grand avan- gramme ou de 1 gramme 5 cen-
5 à 6 fr. le cent. Les petites moyen- développement. En général, les d'un poids inférieur à 2 gram- tage à ne faire usage que de tigrammes ?" À suivre...
nes, de 8 à 10 fr. Les grosses sangsues vaches sont flasques mes, on serait réduit à l'emploi grosses sangsues, car une seule Thierry Arcaix
moyennes, de 16 à 20 fr. Les gros- et douées de peu de vivacité ; exclusif des grosses sangsues; peut remplacer au moins 5 gros-
ses, de 25 à 50 fr. leurs morsures et la quantité car les grosses moyennes ne ses moyennes, 4 ou 5 petites, 6 Source : Journal de la société de
Le mot de sangsue "vache" de sang qu'elles enlèvent, ne pèsent que de 700 à 1 500 gram- ou 7 filets, qui acquerront plus Médecine pratique de
est un terme emprunté au com- sont point en rapport avec leur mes le mille, ce qui fait 1 tard leur développement nor- Montpellier. Tome quinzième.
merce : on s'en sert pour dési- volume. On peut les remplacer gramme chacune en moyenne mal, et serviront plus efficace- Martel Aîné imprimeur,1847
22 La Marseillaise / du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020
OCCITANIE / SPORTS
« Je réagis comme un individu avant
de réagir comme un manager »
SPORT ET SANTÉ
Le manager de Montpellier-
Handball mesure l’impact de la
crise sanitaire sur la vie
sportive.
G
estion de crise. Manager et en-
traîneur de Montpellier-Handball,
Patrice Canayer définit les prio-
rités, ses priorités, face à l’urgence de la
crise sanitaire. Entretien avec l’homme
fort du MHB réalisé peu avant la ferme-
ture du siège du club, lundi 16 mars.
Car, « l’activité du Montpellier
Handball (société et association) est
suspendue ... jusqu’à une date restant à
déterminer et liée aux autorisations de
reprise des activités du club » indiquait
le club héraultais dans un communi-
qué.
La Marseillaise : Comment,
comme manager et entraîneur de
Montpellier Handball, réagissez-
vous à cette épidémie et à ce cas
de figure inédit ?
Patrice Canayer : J’ai la réaction d’un
individu avant celle d’un manager. La
stupéfaction prédomine, car c’est un
événement « extraordinaire ». On n’avait
jamais vécu une telle situation quelque
soit notre expérience.
Avec la direction du club, on essaie de
prendre les décisions les plus adaptées
à trois objectifs, définis dans un ordre
bien précis. Le premier est la santé de
tout le monde. Il s’agit d’assurer la san-
té des salariés et l’intégrité physique
de tous.
Le second objectif consiste à protéger
l’outil de travail. Le club est une entre-
prise d’une cinquantaine de salariés,
dont leurs familles dépendent. Ensuite,
on songe à la partie sportive, reléguée
très loin eu troisième plan.
Comment gérez-vous la situation
de votre club ?
P. C.: Quand tout va très vite, on va à
l’essentiel chaque jour. J’ai été concer-
né en premier chef par le coronavirus.
Au retour de notre match à Skopje (di-
manche 1e mars Ndlr), j’ai été malade.
Je suis allé à la clinique me faire tester
car je ne voulais mettre en danger, ni
ma famille, ni les gens avec lesquels je
travaille.
Une fois rassuré, ma préoccupation a
concerné la santé de l’entreprise. Je
m’en suis particulièrement inquiété
après l’annonce de la mise en place de
la doctrine « du huis clos ». La position
de la ministre m’a paru surréaliste,
d’autant que j’avais l’impression que
l’aspect sportif devenait prioritaire
aux dépens de la santé économique des
clubs.
On ne pouvait pas assumer toutes les
charges de l’entreprise sans avoir la
moindre recette. J’ai été favorable à un
arrêt de la compétition car notre situa-
tion économique n’était pas tenable. Si
on joue à huis clos, on protège les sala-
riés, mais on ne peut pas payer les ac-
teurs sur la durée.
Quelles ont été vos premières
décisions ?
P. C.: Dès l’annonce du président de la
République, on a pris toutes les dispo-
Patrice Canayer : “Il s’agit d’assurer la santé des des salariés et l’intégrité physique
de tous”. PHOTO MHB
sitions. Vendredi, on a annoncé aux
joueurs leur mise en chômage partiel,
ainsi qu’à 80% du secteur non-sportif.
Enfin, on a interrompu l’activité de l’as-
sociation (en charge du secteur ama-
teur).
Suite à l’intervention du Premier mi-
nistre samedi, préconisant la ferme-
ture de la plupart des commerces, on a
fermé le club lundi. On a maintenu une
activité par télé-travail pour assurer
une continuité administrative et finan-
cière, notamment le versement des sa-
laires.
Etes-vous inquiet pour l’avenir du
club?
P. C.: L’inquiétude vise avant tout la si-
tuation sanitaire du pays, malgré les
interrogations plus égoïstes. On pense
d’abord à sa famille, aux salariés, en es-
sayant de protéger tout le monde. On
sait que l’on va traverser une période
compliquée. Moins on connaît les pro-
blèmes, plus ils inquiètent.
Mais, toute crise à une fin. On va faire
en sorte d’être prêt pour la reprise et
minimiser son impact. On veut faire
en sorte de ne pas avoir à licencier du per-
sonnel. Il y aura forcément un impact
lourd, voire très lourd.
Quelle est la tendance pour la
suite de votre saison ?
P. C.: Il y a deux scénarios possibles. Le
scénario optimiste peut laisser croire
à une reprise au mois de mai dans des
conditions quasi normales, à savoir des
matchs joués devant du public.
et psychologique, au regard de leur en-
vironnement.
On leur a remis un programme de tra-
vail pour qu’ils se maintiennent en
forme, mais c’est pour l’instant secon-
daire.
J’ai attiré leur attention sur un point. On
a dit et beaucoup répété que les enfants
et les jeunes ne seraient pas touchés.
Comme les joueurs ont tendance à se
sentir invincibles, je leur ai dit de se
protéger face à cette épidémie.
Quelle est la consigne en matière
d’entraînement ?
P. C.: Ils ont un programme d’entretien.
Après sept mois de compétition, très
intense, un arrêt de quinze jours à trois
semaines, n’est pas dramatique con-
trairement à certaines avis alarmistes.
Par exemple, si l’activité repart le 20
avril (le championnat est stoppé jus-
qu’à cette date selon la Ligue de hand-
ball Ndlr), il suffit d’avoir huit à dix
jours de préparation. Certes, toutes les
équipes ne seront pas à 100%, mais elles
seront logées à la même enseigne.
La reprise se fera quand la crise sanitaire
sera passée. Personne ne sait le temps
que cela va prendre, personne ne sait
comment cela va se passer.
L’impact physique, psychologique et
économique sera tel que l’on ne va pas
repartir d’un claquement de doigt. Je
suis étonné par exemple quand les diri-
geants japonais prétendent que les JO
auront lieu.
Certains dirigeants se projettent
sur l’après-crise, à l’image des
dirigeants du foot de Lyon et
Marseille ?
P. C.: Cette polémique (saison blanche
L’autre scénario serait que la situation Ndlr) n’a pas lieu d’être dans une telle
perdure plus longtemps, avec une fin situation. La priorité absolue est la san-
de saison anticipée. té, avant la santé économique et ensuite
Pour l’heure, on gère l’instant présent, vient le sportif. Ce n’est pas le moment
on ne se projette pas sur l’après. de discuter de l’incidence sportive.Par
La situation est d’autant plus complexe ailleurs, j’entends des gens s’offus-
que l’on est tous dépendants les uns des quaient de l’absence de règlement en
autres. La reprise ne peut s’envisager que pareil cas. Mais, peut-on prévoir une
dans le cadre d’une reprise globale de l’ac- telle crise sanitaire ?
tivité économique. Tout le monde va y perdre. Il y a aura
des dégâts et des dommages physiques,
Vous avez une double casquette. comme on le voit en Italie. Il y aura un
Comment l’entraîneur gère t-il impact économique même si les mesu-
cette situation inédite ? res du gouvernement peuvent limiter
P. C.: La question n’est pas d’être affûté certaines effets.
pour effectuer un match, mais d’être Je trouve donc déplacer de parler des
en bonne santé, et donc éviter d’être conséquences sportives même si on de-
touché par l’épidémie. vra trouver un consensus pour que per-
On va tout faire pour que les joueurs sonne ne soit lésé.
reviennent en bonne forme physique Recueilli par Marc Landon
Une saison encore longue pour Montpellier et
Nîmes
La saison peut-elle reprendre en championnat, suspendu jusqu’au 20 avril, et
en Coupe d’Europe, mis en sommeil jusqu’au 12 avril ? Pour Montpellier et
Nîmes, le calendrier est encore chargé. Huit journées de championnat atten-
dent l’Usam et le MHB. Classés respectivement la 3e et 4e place, ils sont enga-
gés dans une course à l’Europe, déterminante à la veille d’une grande mutation.
Outre ces journées de championnat, Montpellier doit disputer le 8e de finale de
la Ligue des champions devant les Allemands de Flensburg. Et Nîmes, qui doit
disputer encore deux journées de phase de poule, lorgne sur une qualification
en quart de finale de la Coupe EHF.
Enfin, il reste pour le moins une demi-finale de la Coupe de France, à dispu-
ter à Paris, pour Montpellier.

OCCITANIE / SPORTS
FOOTBALL
Montpellier
La reprise de l’entraînement
était prévue le lundi 23 mars,
après une semaine pour
reposer les organismes
saturées par plus de deux
mois de compétition. Il n’en
sera rien bien évidement
pour les joueurs de Michel
Der Zakarian qui a
interrompu sa saison sur une
« sévère raclée à Rennes (5-0) »
lors de la 28e journée de
Ligue 1. Montpellier, qui a
attendu les recommandations
de l’Uefa, a suspendu son
activité « jusqu’à nouvel
ordre » et attend de connaître
les nouvelles positions de la
Ligue professionnelle de
football. Montpellier, qui
occupe la 8e place à égalité de
points avec Lyon et Monaco,
peut encore viser une
qualification en Coupe
d’Europe. Cette trêve forcée
va permettre aux défenseurs
Pedro Mendes et Arnaud
Souquet, respectivement
blessé au genou et à la cuisse,
de bien récupérer, voire
éventuellement au jeune
Nicolas Cozza de revenir
avant le terme de la saison.
Les Crocos au
chômage
Nîmes est au chômage partiel
depuis lundi 16 mars. A
l’heure de la reprise de
l’entraînement, les joueurs
ont été informés que l’activité
était suspendue pour une
durée indéterminée.
L’entraîneur Bernard
Blaquart, le directeur sportif
Reda Hammache, le directeur
des opérations Laurent
Tourreau et le docteur Jean-
Charles Pierret les ont
informés des principes de
précaution face à l’épidémie
et du planning
d’entraînement. «On a créé
un groupe WattsApp pour
rester en contact les uns avec
les autres et faire le point
quotidiennement, a expliqué
Bernard Blaquart à Midi
Libre. Les joueurs ont un
programme à suivre dans la
mesure du possible car dans
deux jours, pourront-ils aller
courir normalement dehors ?
L’entraînement est suspendu
pour une durée indéterminée
et je crains que cela soit long »
a t-il poursuivi avec une
grande prudence.
VOLLEY
Le Muc et l’Arago
favorables à une
saison blanche
Montpellier et l’Arago Sète,
les deux clubs héraultais qui
évoluent en Ligue A, sont
favorables à une « saison
blanche » et veulent mettre
un terme à la saison. Les
qualifications pour la Coupe
d’Europe seront définies en
fonction du classement
actuel. Ainsi, Montpellier,
classé à la 2e place pourrait
disputer la Coupe d’Europe.
La Mosson restera vide en attendant la fin du confinement. PHOTO AFP
Montpellier et le
temps suspendu
FOOTBALL
Montpellier, comme les
autres clubs de Ligue 1,
doit s’adapter à la crise
sanitaire provoquée par
le Coronavirus et à la
suspension du
championnat. Etat des
lieux.
A
l’arrêt à son tour.
Montpellier a suspendu
entraînement et vie dans
son centre d’entraînement à
Grammont « jusqu’à nouvel or-
dre » dans la foulée des déci-
sions prises par l’Uefa, l’Union
européenne de football et de la
LFP (Ligue professionnelle de
Football).
Mardi 17 mars, l’UEFA a ac-
té le report du prochain cham-
pionnat d’Europe des Nations
(Euro 2020), programmé pour
la première fois de son histoire
dans douze villes (12 juin – 12
juillet). Il se jouera la saison
prochaine à des dates similai-
res. Cette décision, très atten-
due par les principales nations
du football européen, peut per-
mettre aux divers champion-
nats d’aller à leur fin et aux
clubs de s’organiser en consé-
quence.
«Si on veut terminer le cham-
pionnat de Ligue 1, ça passait
obligatoirement par un report de
l’Euro »e xpliquait le président
de Montpellier Laurent Nicollin
à Midi Libre. « Si l’Euro avait été
maintenu, le championnat était
fini. À l’heure d’aujourd’hui, et
selon les recommandations de
l’UEFA, la limite pour siffler la
fin des championnats nationaux
respectifs a été fixée à la date du
30 juin. Même chose pour les
compétitions européennes, Ligue
Europa et Ligue des champions.
Après on ne sait pas... Il y a 15
jours de confinement encore,
c’est le virus qui décidera si on re-
prend ou pas. On va planifier
notre date de reprise de l’entraî-
nement à début avril, en sachant
qu’il faudra au minimum trois
semaines pour remettre les
joueurs à niveau physiquement,
mais on s’adaptera à la situa-
tion sanitaire » poursuivait-il.
Le nouveau patron de
Montpellier n’exclut pas de re-
prendre la compétition au mois
de mai, de disputer en accéléré
les dix ultimes journées de
Ligue 1, de valider le classe-
ment et d’attribuer les divers
tickets européens. L’équipe de
Michel Der Zakarian reste en
course pour une qualification
en Europa League, notamment
si le PSG remporte la Coupe de
France et la Coupe de la Ligue.
En attendant de renouer avec
la compétition, Laurent Nicollin
doit gérer les conséquences
économiques et financières de
la crise sanitaire. « À partir de
lundi (23 mars), pour 15 jours, le
club va être fermé et tout le monde
est au chômage partiel.
Malheureusement, on ne peut
pas faire autrement. Il n’y a pas
de rentrée financière, donc pas
de trésorerie » assure t-il.
Si le dispositif de chômage
partiel prévu par le gouverne-
ment permet aux entreprises
d’être remboursé, ces mesures
n’auront qu’un impact limité
pour les clubs de Ligue 1 et les
gros salaires des joueurs. En
effet, elles prévoient une aide
jusqu’à 4,5 SMIC (6900 euros).
Montpellier, qui affiche une
gestion équilibrée depuis plu-
du vendredi 20 au jeudi 26 mars 2020 / La Marseillaise
sieurs années, et les autres clubs
de Ligue 1, attendent avec im-
patience la décision des diffu-
seurs Canal Plus et BeIN. L’un
et l’autre doivent effectuer les
deux ultimes versements de
leur mandat le 5 avril et le 5 juin
pour un montant évalué à
300ME.
Au-delà de l’incertitude des
droits télévisés, la crise sani-
taire va influer sur le prochain
mercato, clé de voûte du finan-
cement des clubs français. Avec
les départs de Morgan Sanson,
Nordi Mukiele, Ellyes Skhiri,
Ruben Aguilar, Benjamin
Lecomte...Montpellier a mul-
tiplié les transferts bénéfiques
pour ses comptes depuis jan-
vier 2017.
Dans ces conditions, il pa-
raît de moins en moins proba-
ble que Laurent Nicollin puisse
lever l’option d’achat (11ME)
du gardien argentin Géronimo
Rulli, prêté par le club basque
de la Real Sociedad et auteur
d’une saison remarquable. Avec
la cellule de recrutement et
Teddy Richert, entraîneur des
gardiens, il va devoir étudier
d’autres options au cœur d’un
prochain marché chamboulé.
Le coronavirus perturbe la
fin de saison pour le moins, et
peut-être l’avenir de
Montpellier, d’autant que le ré-
sultat du premier tour des élec-
tions municipales n’est guère
favorable au maire sortant :
Philippe Saurel. Son possible
échec, au second tour program-
mé au plus tôt fin juin, compli-
querait la construction d’un
nouveau stade. Un équipement
considéré comme vital pour
l’avenir du club montpellié-
rain.
Marc Landon
23
RUGBY
Le MHR à l’arrêt
Joueurs, staff, salariés du
secteur administratif :
Montpellier a réuni lundi 16
mars l’ensemble du personnel
pour annoncer la suspension
de son activité pour répondre
à la crise sanitaire déclenchée
par le coronavirus. « Les
joueurs professionnels, le staff
sportif et les salariés du club
dans son ensemble sont mis au
chômage partiel jusqu’à nouvel
ordre. La boutique, la
brasserie, la billetterie et les
bureaux administratifs situés
dans l’enceinte du stade seront
donc fermés dès aujourd’hui et
pour une durée indéterminée »
a t-il indiqué dans un
communiqué. Seuls Xavier
Garbajosa, Philippe Saint-
André et la directrice générale
adjointe Jessica Casanova
restent en activité. Les
responsables de la trésorerie
et de la comptabilité feront du
télétravail. Les joueurs vont
devoir suivre un
entraînement individualisé
afin de maintenir un certain
niveau physique. Pour rappel,
le Top 14 est suspendu
jusqu’au 15 avril par la Ligue
nationale de rugby. Neuf
journées restent à disputer
dans la phase régulière, avant
les barrages, les demi-finales,
qui doivent avoir lieu à Nice le
19 et 20 juin, et la finale à Paris
le vendredi 26 juin.
Béziers, portes
fermées
Béziers, classé en milieu de
tableau de la Pro D2, a fermé
ses portes jusqu’à nouvel ordre
ce mardi 17 mars. Tout comme
le Top 14, la Pro D2 est
suspendue jusqu’au 15 avril
par la Ligue nationale de
rugby. « Les joueurs
professionnels, l’encadrement
sportif et les salariés du club
dans leur ensemble sont mis au
chômage partiel » a indiqué le
club biterrois dans un
communiqué publié mardi.
Par ailleurs, la boutique, la
billetterie et les bureaux
administratifs sont fermés
pour une durée indéterminée
L’équipe de David Aucagne
doit encore jouer sept
rencontres. Auteur d’une belle
remontée, elle n’a pas
totalement renoncé à
participer à la phase finale.
BASKET
Lattes, report
jusqu’au 31 mars
La Fédération de Basket a
reporté jusqu’au 31 mars tous
les matchs de la Ligue
féminine. Le Top 8 Aréna
Loire, qui doit qualifier les
deux finalistes de la Coupe de
France et doit avoir lieu le 21
mars, est également suspendu.
La FFBB étudie les diverses
solutions pour finir la saison.
Par ailleurs, les quarts de
finale de l’Euroligue, auxquels
devait participer Lattes, ont
été également suspendus.
L’HEBDOMADAIRE D’OCCITANIE du vendredi 20 au 26 mars 2020 - n° 22962 3€

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ÉPIDÉMIE: DÉJÀ 400 CAS DE CONTAMINATION ET 10 DÉCÈS EN OCCITANIE

Coronavirus : où en sont
le Gard et l’Hérault

La place de la Comédie est

quasiment déserte depuis le
17 mars. Comme ailleurs,
bars et restaurants sont
fermés.

Afflux de malades au CHU, enseignement à distance, premières conséquences économiques...

Confinés depuis le 17 mars, les Occitans se réorganisent tant bien que mal. Etat des lieux. P. 2 à 8

MUNICIPALES : UN 1er TOUR TRÈS PERTURBÉ DE VOUS À NOUS

Prime au sortant, pas de vague La culture s’invite
lepéniste ni verte en Occitanie dans votre canapé
En dépit d’une faible
participation due au virus,
la plupart des maires ont
été réélus quelle que soit
leur étiquette. Si Ménard à
Béziers ou Sanchez à
Beaucaire rempilent, le RN,
qui peut encore l’emporter
à Perpignan, a échoué
ailleurs. La gauche peut
PHOTO CATHERINE VINGTRINIER

créer l’exploit à Sète ou

PHOTO DR

Nîmes. A Montpellier où
les Verts se sont sabordés,
Delafosse et Altrad font Le spleen vous gagne au rythme du
trembler Saurel. Le 2e tour confinement ? Pas de panique : la culture
a été reporté. P. 9 à 15 peut aussi s’installer dans votre salon. P. 25