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L’opération d’in substance defeasance est une innovation en matière d’ingénierie financière.
Initiée en 1982 par les deux opérations de XEROX et d’EXXON, celle-ci a connu un grand
essor principalement au Etats-Unis, mais aussi dans d’autres pays surtout de culture Anglo-
saxonne.
L’in substance defeasance est présentée sous différents vocables : « défaisance », « annulation
en substance », « annulation économique » ou encore de « désendettement de fait ».Les
conséquences de cette opération sont spectaculaires. En effet, elle permet de faire sortir la
dette obligataire du bilan de la société initiatrice sans le consentement des créanciers
obligataires et sans que cette dette ne soit juridiquement éteinte. De cette manière, elle permet
d’améliorer la présentation du bilan de la société initiatrice (surtout avant de s’adresser au
marché financier). Aussi, elle peut être utilisé comme technique de gestion de la dette
obligataire.
L’opération d’in substance defeasance a suscité de grands débats, d’où l’intérêt d’étudier
celle-ci. En effet, l’acceptation de la sortie de la dette obligataire, le cadre juridique, financier
et comptable de cette opération constituent autant d’interrogations qui ont alimenté ces débats.
Dans cette optique, on traitera cet exposé selon trois volets :
Définition et présentation de la défaisance ;
Montage juridique de la défaisance ;
Aspect financier et comptable de la défaisance.
CHAPITRE 1 : DEFINITION ET PRESENTATION DE LA
DEFAISANCE
1. Description de la défaisance
L’in substance defeasance est une innovation financière conduisant à une meilleure
présentation du bilan d’une société à travers la restructuration de son passif. Cette
restructuration s’effectue grâce à une modification de la présentation comptable des dettes,
surtout de la dette obligataire qui est sortie du bilan. L’entreprise procède à l’élimination de sa
dette obligataire du bilan parallèlement à une sortie d’actifs et ce sans avoir à payer les
créanciers obligataires immédiatement ni à obtenir le consentement de ces derniers, qui ne
doivent pas, par contre, souffrir de cette élimination.
L’in substance defeasance permet, donc, « d’éliminer une dette du bilan sans avoir à rompre
le contrat passé avec les créanciers, sans avoir non plus à racheter cette dette
directement1 ».
L’opération d’in substance defeasance repose sur un transfert simultané de la dette obligataire
et du portefeuille des valeurs mobilières à la structure Ad Hoc. Ce transfert permet à la société
initiatrice de faire sortir un Passif lourd (Emprunt Obligataire) avec un portefeuille de valeurs
mobilières constitué de titres sans risque, afin qu’il puisse assurer le service de la dette
obligataire sortie. Toutefois, ce portefeuille de valeurs mobilières soulève plusieurs difficultés
qui ont trait à sa composition, son montant et à son transfert.
1. Constitution et transfert du portefeuil valeurs
mobilières
En conséquence, dans le cas de non paiement d’une seule des échéances par la structure
d’accueil, la société initiatrice reste tenue d’honorer cet engagement (puisqu’elle est débiteur
principal au même titre que la société de defeasance).
b) Techniques juridiques susceptibles d’êtres utilisé lors de la
réalisation de l’opération d’in substance defeasance :
2
Article 217 du Dahir des Obligations et des Contrats Marocain.
3
http://www.creditlyonnais.lu/Vitrine/pdf/trust_fr.pdf
Le trust est, donc, un mécanisme juridique qui met en relation trois parties : le Constituant ou
Settlor qui transfert la propriété des biens lui appartenant, le Trustee qui reçoit la propriété
de ces biens avec pour mission de les administrer dans l’intérêt du ou des Bénéficiaires au
profit desquels le trust est créé.
b) La « Fiducie »
Face aux difficultés que pose la non reconnaissance de certains mécanismes juridiques, tel
que le trust, permettant de faciliter la réalisation d’opérations d’ingénierie financière et
notamment l’opération d’in substance defeasance, on a cherché d’autres solutions plus
conformes aux législations nationales.
A l’instar du mécanisme du trust, la fiducie se base aussi sur la confiance. En effet, le mot
fiducie est tiré du terme latin « fides », signifiant « confiance ».
La loi sur la fiducie en France définie celle-ci comme étant : « un contrat par lequel un
constituant transfère tout ou partie de ses droits à un fiduciaire, à charge pour celui-ci d’agir,
dans un but déterminé, au profit de bénéficiaires ».
Ainsi, la fiducie est un contrat, qui permet au constituant de transférer des biens ou droits au
fiduciaire qui se charge de la gestion de ces biens selon les conditions définies dans le contrat.
Le contrat de fiducie est établi entre deux personnes : le constituant et le fiduciaire. Pour les
bénéficiaires du contrat, ils ne font pas partie de celui-ci, il est indifférent que ces derniers
aient ou non accepté la transmission décidée en leur faveur.
c) La structure sociétaire
Plusieurs arguments peuvent être à l’origine de la réalisation d’une opération d’in substance
defeasance. Certaines entreprises chercheront à améliorer leur image financière à travers la
restructuration de leur bilan avant de faire appel au marché financier. D’autres désireront
rallonger l’échéance de leur dette...
1. La restructuration du bilan de la société initiatrice
A ce niveau et afin de mieux appréhender l’impact de l’opération d’in substance defeasance,
surtout sur le bilan de la société initiatrice, nous présenterons dans ce qui suit un exemple
chiffré de celle-ci4. Nous mettrons l’accent essentiellement sur les modifications
spectaculaires qui peuvent êtres induites par cette dernière.
Prenons une entreprise qui a un emprunt obligataire à taux fixe présentant les caractéristiques
suivantes :
Montant nominal : 7000,00 KDH
Taux d’intérêt : 11%
Durée de vie résiduelle : 7 ans
Supposons maintenant que le taux d’intérêt à 7 ans se situe aujourd’hui à 13%. Abstraction
faite du niveau de risque entre les obligations de l’Etat et ceux de l’entreprise, on pourrait,
4
Exemple inspiré de celui traité par Philippe PAQUET dans son article paru dans la revue
BANQUE N° 499 de novembre 1989.
rechercher des obligations de l’Etat au taux nominal de 11% et générant des flux permettant le
remboursement de la dette en principal et intérêt.
Ces obligations coûteront alors :
1- (1,13)-7
770 -------- + 7000 (1,13)-7 = 3095,83 + 2975,42
0,13
= 6071,25 KDH
Modalité :
Supposons maintenant que cette entreprise réalise une opération d’in substance defeasance en
utilisant une trésorerie importante qu’elle a constitué ces dernières années. Dans ce cas, le
bilan de la société initiatrice se présentera comme suit avant et après l’opération.
= 428,75
(B) : RESERVES : 6500,00 (Réserves avant la réalisation de l’opération d’in substance
defeasance)
= 7428,75
= 928,75
Le compte de produits et de charges s’établira lui comme suit juste après l’opération.
Toutefois, il est noter que ce dernier enregistrera des frais financiers différents les années
ultérieures.
Passons maintenant à l’étude des ratios précités dans les trois situations :
Avant l’opération d’in substance defeasance (Avant ISD) ;
Après la réalisation de l’opération d’in substance defeasance en utilisant la trésorerie
de l’entreprise (ISD TRESORERIE) ;
Après la réalisation de l’opération d’in substance defeasance en utilisant un nouvel
emprunt contracté à des conditions différentes de celui à défaire (ISD EMPRUNT) ;
ISD
RATIO AVANT ISD ISD EMPRUNT
TRESORERIE
AUTONOMIE FINANCIERE
Capitaux propres
R 1 : ------------ *100 12500 13428,75 13428,75
Passif --------- *100 = 50% ------------- *100 = ------------*100 =
25000 71% 54%
Dettes totales 18928,75 25000
R 2 : ----------- *100
Passif
12000 + 500
IMPORTANCE ET STRUCTURE ---------------*100 = 5000 + 500 11071,25 + 500
DE L’ENDETTEMENT 50% ------------------*100 = ---------------*100 =
25000 29% 46%
Endettement à terme : 18928,75 25000
Dettes de financement
R3= ------------------
*100
Capitaux propres
12000
Taux d’endettement : --------- *100 = 96% 5000 11071,25
12500 ----------- *100 = 37% ------------*100 =
Dettes totales 13428,75 82%
R 4 = ------------- *100 13428,75
Fonds propres
Dettes totales
R 5 = ------------- *100
Passif 12000 + 500
------------- *100 = 5000 + 500
Structure des dettes : 100% -----------------*100 =
12500 41% 11071,25 + 500
Dettes de financement 13428,75 ---------------*100 =
R 6 = ------------------ 86%
*100 12000 + 500 13428,75
Dettes totales ------------ -- *100 = 5000 + 500
50% ----------------*100=
25000 29% 11071,25 + 500
BENEFICE PAR ACTION 18928,75 ---------------*100=
Bénéfice de l’exercice 46%
R 7 = ------------------ 25000
Nombres d’actions
12000
-------- *100 = 96% 5000
12500 ------- *100 = 91%
5500 11071,25
-------------- *100 =
96%
11071,25 + 500
7000000
------------ = 116,67 7928750
60000 ----------- = 132,15
60000
7928750
----------- = 132,15
60000
ILLUSTRATION GRAPHIQUE DE L’IMPACT DE L’IN SUBSTANCE
DEFEASANCE SUR LES RATIOS DE LA SOCIETE INITIATRICE :
AUTONOMIE FINANCIERE
50%
46%
50%
45%
40%
35% 29%
30%
R 2 =Dettes totales / P assif
P OURC ENTAGE 25%
20%
15%
10%
5%
0%
AVANT ISD ISD TRESORERIE ISD EMPRUNT
La réalisation de l’opération d’in substance defeasance a induit une baisse de la part des dettes
totales par rapport au passif. Cette baisse est beaucoup plus évidente lorsque l’entreprise
utilise sa trésorerie pour acheter le portefeuille de valeurs mobilières nécessaire à la
réalisation de l’opération, que lorsqu’elle contracte un nouvel emprunt pour financer le dit
portefeuille de valeurs mobilières.
Ainsi, les dettes totales ne représentent plus que 29% du passif après la réalisation de
l’opération en utilisant la trésorerie de l’entreprise pour financer le portefeuille de valeurs
mobilières nécessaire contre 50% avant l’opération.D’autre part, si la société avait financé le
portefeuille de valeurs mobilières nécessaire à la réalisation de l’opération par un nouvel
emprunt aux caractéristiques différentes, alors les dettes totales n’auraient représenté que 46%
du passif contre 50 avant l’opération.
Lorsqu’on analyse l’autre ratio d’autonomie financière c'est-à-dire CAPITAUX PROPRES /
PASSIF, on remarque un mouvement inverse. Ainsi, il y a une augmentation de la part des
capitaux propres par rapport au passif après la réalisation de l’opération d’in substance
defeasance.
De cette manière, ces derniers représentent 71% du passif après la réalisation de l’opération
par l’utilisation de la trésorerie de l’entreprise contre 50% avant l’opération.
Aussi, lorsque l’entreprise utilise un nouvel emprunt pour financer le portefeuille de valeurs
mobilières nécessaire à la réalisation de l’opération, alors il y a une légère hausse de la part
des capitaux propres qui augment à 54% du passif contre 50% avant la réalisation de
l’opération.
ENDETTEMENT A TERME
96%
100%
82%
90%
80%
70%
60%
R 3 =Dettes de financement / Capitaux propres
P OURCENTAGE 50% 37%
40%
30%
20%
10%
0%
AVANT ISD ISD TRESORERIE ISD EMPRUNT
96% 96%
96%
95%
94%
93%
91%
90%
89%
88%
AVANT ISD ISD TRESORERIE ISD EMP RUNT
L’analyse de la structure des dettes est aussi intéressante dans la mesure où elle nous permet
d’apprécier l’impact du mode de financement du portefeuille de valeurs mobilières nécessaire
à la réalisation de l’opération d’in substance defeasance sur ce ratio.
Ainsi, l’utilisation de l’entreprise de sa trésorerie dans la réalisation de l’opération d’in
substance defeasance induit une baisse de la part des dettes de financement par rapport aux
dettes totales. En effet, les dettes de financement ne représentent plus que 91% des dettes
totales après l’opération contre 96% avant.
Toutefois, lorsque l’entreprise utilise un nouvel emprunt pour réaliser l’opération d’in
substance defeasance alors, il n’y a pas de variation de la part des dettes de financement par
rapport aux dettes totales. En effet, les dettes de financement restent au même niveau avant et
après l’opération c'est-à-dire à 96% des dettes totales.
L’étude du taux d’endettement de l’entreprise nous permet d’évaluer le poids des dettes
totales par rapport aux fonds propres et aussi par rapport au passif.
TAUX D'ENDETTEMENT
100%
100%
86%
90%
80%
70%
60%
41% R 4 =Dettes totales / Fonds propres
P OURC ENTAGES 50%
40%
30%
20%
10%
0%
AVANT ISD ISD TRESORERIE ISD EMP RUNT
Ainsi, pour ce premier ratio DETTES TOTALES / FONDS PROPRES on remarque que la
réalisation de l’opération d’in substance defeasance par l’utilisation de la trésorerie de
l’entreprise dans l’achat du portefeuille de valeurs mobilières nécessaire entraîne la baisse de
la part des dettes totales par rapport aux fonds propres.
De ce fait, les dettes totales ne représentent plus que 41% des fonds propres après la
réalisation de l’opération en finançant le portefeuille de valeurs mobilières par la trésorerie de
l’entreprise contre 100% avant l’opération.
D’autres part, quand l’entreprise utilise un nouvel emprunt pour financer l’achat du
portefeuille de valeurs mobilières alors, on remarque une baisse légère de ce ratio. Ainsi, les
dettes totales ne représentent plus que 86% des fonds propres contre 100% avant la réalisation
de l’opération.
50%
46%
50%
45%
40%
35% 29%
30%
R 5 =Dettes totales / Passif
P OURCE NT AGE 25%
20%
15%
10%
5%
0%
AVANT ISD ISD TRESORERIE ISD EMPRUNT
Pour ce deuxième ratio DETTE TOTALES / PASSIF, on peut faire la même remarque. Ainsi,
il y a une baisse de la part des dettes totales par rapport au passif après la réalisation de
l’opération d’in substance defeasance.
Lorsque l’achat du portefeuille de valeurs mobilières se fait par l’utilisation de la trésorerie de
l’entreprise, alors la réalisation de l’opération d’in substance defeasance entraîne une baisse
spectaculaire du poids des dettes totales par rapport au passif. Ainsi, les dettes totales ne
représentent plus que 29% du passif après l’opération contre 50% avant.
Cette baisse est moins spectaculaire lorsque l’entreprise utilise un nouvel emprunt pour
financer le portefeuille de valeurs mobilières nécessaire puisque la part des dettes totales ne
représente que 46% du passif après l’opération contre 50% avant.
B ENEFIC E PA R AC TION
130
125
115
110
105
AVANT ISD ISD TRESORERIE ISD EMPRUNT
Le bénéfice par action connaît une hausse suite à la réalisation de l’opération d’in substance
defeasance. Ainsi, il passe de 116,67DH avant l’opération à 132,15DH après et ce quelque
soit le mode de financement du portefeuille de valeurs mobilières.
Cette hausse s’explique essentiellement par la hausse du bénéfice de l’exercice suite au gain
de defeasance réalisé.
Bien entendu, il ne s’agit pas à travers cet exemple d’être exhaustif et de prétendre, donc,
avoir étudié l’ensemble des interrogations relatives à l’opération d’in substance defeasance.
En effet, il est possible d’imaginer d’autres situations ayant des effets différents. Toutefois,
cet exemple nous permet de prendre conscience qu’une telle opération peut biaiser l’analyse
financière classique.
CONCLUSION
L’opération d’in substance defeasance est, donc, une technique d’ingénierie financière
permettant l’extinction économique de la dette obligataire
Ainsi, cette extinction économique de la dette permet à la société initiatrice de restructurer son
bilan à travers la sortie de la dette obligataire du passif de celle-ci vers celui de la structure
d’accueil.
Cette sortie de la dette obligataire est faite sans le consentement des créanciers obligataires et
sans que celle-ci ne soit juridiquement éteinte. Toutefois, un ensemble d’informations sur
cette opération doivent êtres présentés dans l’état des informations complémentaires de la
société initiatrice.
D’autre part, cette opération peut être utilisée comme une technique de gestion de la dette
obligataire.
A coté de ces motivations financières, la recherche de l’image fidèle a été avancée pour
justifier cette opération. En effet, l’extinction économique de la dette obligataire doit
entraîner, pour certains auteurs, la sortie de celle-ci du bilan de la société initiatrice
La réalisation de l’opération d’in substance defeasance a suscité plusieurs interrogations
relatives notamment aux conditions de réalisation de celle-ci.
BIBLIOGRAPHIE
www.google.co.ma
Table des matières
INTRODUCTION
1. Description de la défaisance...........................................................................................1
2. Mécanisme de la défaisance............................................................................................2
3. Origine de la défaisance..................................................................................................3
3. La structure d’accueil....................................................................................................8
a) Le « Trust ».........................................................................................8
b) La « Fiducie ».......................................................................................9
c) La structure sociétaire............................................................................9
CONCLUSION.....................................................................................................................20
BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................21