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Le discours politique
Madame Annie Geffroy
Geffroy Annie. Le discours politique. In: Mots, n°14, mars 1987. Numéro spécial. Discours syndical ouvrier en France. pp. 209-
212;
https://www.persee.fr/doc/mots_0243-6450_1987_num_14_1_1341
Le discours politique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1984, 304 p. (coll. « Linguistique
et sémiologie »).
1. Et dont les Actes en allemand ont été publiés par l'Université Karl Marx de Leipzig en 1982.
2. Sur la Textlinguistik, voir le volume 4 (1978) de la même collection.
3. Celui de discours me parait présenter un peu le même défaut, et lui avoir succédé comme terme-vedette de
titres, sans amener forcément de changement notable dans le contenu des travaux. Saluons quand même les méritoires
tentatives de « fixation de sens » de ce terme (notamment L. Guespin p. 153).
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Les autres textes portent sur un corpus ou un problème linguistique particulier ; ils
illustrent et précisent tel ou tel courant évoqué dans les trois articles-panoramas. A l'exception
d'E.Leso, qui fait l'histoire classique, « à la Brunot », des termes politico, potere, diritto,
libertà, democrazia et de leurs mutations sémantiques dans l'italien de la période « jacobine »
(1796-1799), tous les auteurs analysent des textes du 20e siècle. F. Foresti (p. 85-99) expose
des prolégomènes très généraux à l'étude de la propagande dans l'Italie fasciste. Il souligne
le caractère centralisé de cette production, son assomption de l'italien comme langue nationale
(en contradiction avec la réalité sociolinguistique), et voit une des causes de son efficacité
dans l'exploitation de l'aspect pragmatique de mots qui sont des « symboles agrégés » (p. 92).
L. Volta, s'inspirant de I.M. Lotman, fait l'analyse sémiotique d'un texte de 1932, la préface
de B. Spampanato à son Popolo e regime. Il dégage les actants, souligne le « fourmillement »
des sèmes négatifs associés à l'actant « bourgeoisie » et le changement d'isotopie qui, après
un récit de lutte, laisse la place à un avenir-présent immobile, à une utopie de structure
schizomorphe. G. Knauer étudie, selon une procédure d'AD classique, 3 discours de Fidel
Castro (1953, 1963, 1973). Jugeant que « la stratégie communicative du sujet parlant s'exprime
surtout dans l'emploi quantitatif d'un mot-clé », il analyse contrastivement les textes en les
ordonnant sur les termes-pivots révolution/révolutionnaire et conclut sur la nécessité d'une
typologie des énonciations. Le texte de M. Mouillaud, non soumis à la règle de brièveté des
communications de colloque, scrute longuement « la stratégie du changement de terrain dans
la polémique du PCF et du Planning familial en 1956 » (p. 231-298). Les partenaires de ce
débat polémiquent à travers un jeu médiatique (lettre ouverte, ouvrages, propositions de loi...)
très complexe. M.M. oppose le discours du Planning, discours du cas, chaque fois particulier,
au discours « un aire » ou « du même » : discours de la loi, discours démographique, doctrines
et dogmes, tout en remarquant que Planning et PCF partagent une « idylle de la femme et
de l'enfant » (p. 289). Analysant la position du PCF, son changement et ses contradictions, il
émet l'hypothèse que le « surplus d'énonciation », le renforcement du discours par le locuteur
(caractéristique du discours politique) s'observe là où il y a un « manque à énoncer », c'est-
à-dire une faille, un problème (p. 298).
Quatre articles, dans des perspectives très diverses bien sûr, traitent de textes d'aujourd'hui.
G. Wotjac aborde un sujet passionnant, celui des « stéréotypes dans le texte politique » (p. 43-
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55), mais de façon à mon avis très frustrante. Son terrain d'exploration est constitué par les
textes non fictifs des quotidiens de RDA. Mais il se contente d'un classement selon les schémas
syntaxiques les plus fréquents. И assimile les stéréotypes aux « subprogrammes » de la
cybernétique, et tente une appréciation des « avantages et inconvénients » de leur emploi : ils
correspondent à des « stéréotypes de pensée » et renforcent la convergence entre locuteur et
récepteur, mais leur usage peut être « nocif et manipulatoire » ; cette appréciation est
malheureusement gouvernée par un méta-stéréotype de taille1, qui présente l'univers commu-
nicationnel de la RDA comme un univers harmonieux, « sans antagonisme de classe, faisant
preuve d'une large unité morale et politique, fondée sur une idéologie scientifique commune »
(p. 44). J.-B. Marcellesi fait le bilan de l'analyse de discours « à entrée lexicale » (ADEL),
et applique la méthode au pivot Corse dans les circulaires électorales des 5 candidats aux
élections législatives à Sartène en 1978. J.-M. Adam (p. 187-212) refuse le mot-pivot et la
normalisation des énoncés. Il se place dans le cadre de la pragmatique textuelle et analyse,
dans un macro-acte de discours (l'intervention télévisée de Giscard d'Estaing de janvier 1978,
dite du « bon choix »),une séquence qui, textuellement narrative (souvenir d'enfance), est
pragmatiquement injonctive. B. Gardin a été attiré par l'aspect d'« écart à la norme » d'un
tract CGT de Renault-Cléon en 1978 (« La chaîne c'est quoi ? Témoignage »). U observe
d'abord dans la graphie (12 a fautivement écrits à) un fait d'hyper-correction, puis, dans les
négations à un seul élément, un « effort pour faire accéder au niveau de l'écrit certains traits
du parler populaire » (p. 173). Il lit enfin la structure actancielle du tract (à travers les je/on/
nous) comme un reflet des rapports de production.
L'article de C. Kerbrat-Orrechioni n'est ni une « review », ni un exposé de résultats sur
corpus. Elle aborde la question de l'implicite2. Celui-ci est présent dans tout discours, sinon
l'énoncé serait condamné à la paralysie par l'accumulation de « scrupules explicatifs » (p. 215).
Mais, dans le cas du discours polémique3, dont le discours politique n'est qu'un secteur, il
est particulièrement intéressant de voir comment les locuteurs peuvent user (donc abuser) de
« la possibilité qu'offre la langue de formuler sur le mode implicite certains des contenus de
l'énoncé ». Il faut distinguer les présupposés des sous-entendus. Les présupposés sont des
Annie Geffroy