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RÉSUMÉ — Suite à la rupture d’un rideau de palplanche ancré par des tirants en
2001, la zone réparée ainsi que quelques autres tronçons ont été instrumentés afin
de comprendre le comportement de l’ouvrage en service. L’instrumentation a
consisté à installer des cales pour mesurer les efforts en tête de tirants, des
inclinomètres, des piézomètres, une sonde de température et à enregistrer les
données en continu pendant deux ans. Les résultats ont montré que pendant les
hivers 2010 et 2012, l’effet du gel a induit des surcharges importantes pendant des
périodes de temps très courtes qui n’auraient pas pu être observées avec le suivi
semestriel prévu. Le suivi de l’ouvrage a donc permis d’améliorer nos connaissances
sur le comportement de l’ouvrage à moyen long-terme et de donner un début
d’explication aux désordres observés.
ABSTRACT — Following the failure of an anchored retaining wall, the repaired zone
as well as other zone segments were instrumented in order to understand the usual
behaviour of the structure. The monitoring consisted in installing force sensors at the
anchors’ head, inclinometers, piezometers, temperature sensor and to record
continuously the data during two years. The results showed that during the 2010 and
2012 winters, the effect of frost led to surcharges at the anchors’heads during short
periods of time that could not have been observed with the planned monitoring ; once
every six months. The monitoring of the structure has then allowed us to improve our
knowledge on the behaviour of the mid/long-term geotechnical structure that could
help to understand the 2001 failure.
1. Introduction
Pour la constitution de digue, l’association « palplanches / tirants d’ancrage » est
couramment utilisée dans le domaine des canaux ou des renforcements de berge.
La rupture d’un rideau de palplanches à proximité de l’écluse de Neuves-Maisons
nous a conduits à nous intéresser aux mesures des efforts, notamment à l’influence
de la fréquence des mesures vis-à-vis du niveau réel de sécurité de l’ouvrage. Les
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exemples qui suivent montrent l’ampleur des écarts que l’on peut observer et qui
peuvent conduire à des diagnostics erronés pouvant conduire à sous-estimer
fortement le niveau de risque d’instabilité.
2. Présentation du site
Le canal ainsi que les soutènements objets de la présente étude, ont été créés
parallèlement à la Moselle au cours des années 1970. Les soutènements ont été
effectués avec des rideaux de palplanches, soutenus par des tirants horizontaux
ancrés sur un contre-rideau (en palplanches).
Au cours du mois de décembre 2001, une rupture localisée du rideau sud a eu lieu,
ce qui a entraîné un effondrement de la chaussée d’une route départementale (Photo
1 (a)).
(a) (b)
A cette époque, il avait été constaté que les conditions météorologiques étaient
défavorables juste avant la rupture : crue importante de la Moselle située au sud du
rideau, suivie d’un épisode de grand froid.
Suite au désordre, l’expertise menée par le LRPC de Nancy a conduit aux constats
suivants sur le terrain:
dégradations sur les tirants dues à une forte corrosion,
absence de protection anti-corrosion,
présence de tirants « détendus », qui ont amené à se poser la question « la pré-
tension a-t-elle été défaillante ? »,
stationnement fréquent et prolongé de Poids-Lourds à l’aplomb du rideau.
Partant de ces constats, des calculs ont été menés en considérant comme
hypothèse la rupture d’un tirant sur deux, associée à un phénomène de « vidange
rapide ».
Dans ces conditions, les calculs effectués avec le logiciel RIDO ont confirmé la ruine
de l’ouvrage.
Suite à cette expertise, il a été décidé au niveau de la zone effondrée (Photo 1 (b)):
de battre un rideau en retrait de l’ancien,
de mettre en œuvre des tirants « barre » traversant comme décrit précédemment,
de recéper l’ancien rideau extérieur à la cote « canal + 1 m environ »,
de conforter la deuxième zone adjacente par des tirants monobarre (clous) scellés
dans les marnes,
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Les mesures manuelles des efforts effectuées sur les tirants montrent généralement
une variation saisonnière de ces efforts. A titre d’exemple, dans le cas de notre
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expérimentation sur l’ensemble du site, les écarts peuvent atteindre 100 kN ou 20%
de la tension effective.
Ce phénomène est connu par les géotechniciens : l’ensemble du système et
notamment les cales de type Glötzl se comportent d’une certaine manière comme
des capteurs de température, toutes proportions gardées.
Dans la zone confortée, on observe, malgré cette « respiration saisonnière », une
tendance à l’augmentation des efforts (Figure 2).
Figure 2 . Evolution des efforts dans les tirants – une mesure par an
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Pour la clarté de l’exposé nous avons extrait le tirant le plus significatif où l’on voit en
fonction de la température l’évolution des efforts dans le tirant L6 (Figure 4).
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L’interaction entre le sol et le clou pour le lit de tirants inférieur a été prise en compte
en retenant des éléments d’interfaces, dont les caractéristiques (rigidité, résistance
limite) ont été calées sur un calcul aux coefficients de réaction. Le tableau 2 présente
les paramètres mécaniques retenus.
g (kN.m -3) g sat (kN.m -3) E (MPa) n f ' (°) c' (kPa) qs (kPa) K0 y (°)
Grave sableuse 18 20 15 0,3 35 0 - 0,43 10
Marne altérée 19 21 50 0,3 15 50 80 0,74 5
Marne saine 20 22 150 0,3 25 50 160 0,58 5
Le gel a été introduit dans le calcul en imposant les déformations volumiques sur
l’épaisseur considérée gelée pour traduire l’augmentation de volume liée au
processus de solidification.
La variation de volume concomitante a été calée en (Dysli, 1991), en reprenant
l’équation (1) :
9w
v (1)
w 37
220 220
218 218
216 216
214 214
212 212
z (m)
z (m)
210 210
208 208
T sans gel
M sans gel
206 206 T avec gel
202 202
-100 -50 0 50 100 150 -100 -50 0 50 100 150
M (kN.m) T (kN)
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gel. De façon concomitante, l’effort dans le lit de tirants inférieurs est passé de 65 kN à 160 kN
ce qui recoupe les ordres de grandeurs mesurés par ailleurs.
4. Conclusion
Le papier présente le cas d’un soutènement en palplanches ancré par des tirants ayant subi
une rupture : la réparation de ce soutènement a été décidée à partir des conclusions de
l’expertise menée en 2001 par le LRPC de Nancy. Une instrumentation a été progressivement
mise en place pour vérifier la stabilité de l’ouvrage réparé mais aussi pour confirmer les
hypothèses de rupture de l’ouvrage. Cette instrumentation a montré qu’une période de crue
importante suivie d’une période de froid intense a induit le développement d’un front de gel
induisant une montée brutale pouvant conduire à la rupture brutale de l’ouvrage. Cette
observation n’a pu être établie que depuis l’acquisition en continu des données du site : en effet,
ces phénomènes « rares » pouvant aboutir à la rupture ne peuvent être observés que par une
adaptation du pas de mesure au phénomène à prévenir.Cela nous amène donc à nous
interroger sur l’efficacité du suivi de ces ouvrages : dans des configurations similaires (brusque
montée de nappe, et situation régionale de l’ouvrage avec risque de gel important) peut-être
faut-il envisager un suivi continu (au moins pendant les premières années) permettant
d’anticiper les ruptures sur des ouvrages à fort enjeu. Par ailleurs, il resterait à prendre en
compte les effets du gel dans les calculs de dimensionnement. La non prise en compte de
l’influence de la température sur les efforts mesurés (tirant L34) masque l’évolution réelle des
efforts dans ce tirant. Sur le graphe suivant, on observe une augmentation des efforts en
donnée brute alors que les efforts corrigés sont à la baisse. Il ne suffit donc pas d’instrumenter
pour garantir la stabilité d’un ouvrage : encore faut-il disposer d’une analyse appropriée.
Figure 9 : Efforts avec et sans l’influence de la température sur les cales Glötzl
Remerciements
Les auteurs remercient VNF (M. Kolanek) pour leurs supports financier et technique qui leur ont
permis de réaliser ce programme de recherche dans d’excellentes conditions.
Référence bibliographique
Dysli M. (1991) Le gel et son action sur les sols et les fondations, Presses Polytechniques et Universitaires Romandes.
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