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Développement éditorial

Marie-Claude Côté
Gestion de projet
Yasmine Mazani
Révision linguistique
Martin Benoit
Correction d’épreuves
Mariane Landriau
Recherche iconographique
Aude Maggiori
Directrion artistique
Hélène Cousineau
Supervision de la réalisation
Estelle Cuillerier
Conception de l’intérieur et de la couverture
Martin Tremblay
Réalisation graphique
Cyclone Design

Authorized translation from the English language edition,


entitled FOUNDATIONS OF MACROECONOMICS,
7th Edition, by ROBIN BADE; MICHAEL PARKIN,
published by Pearson Education, Inc., publishing as Prentice Hall,
Copyright © 2015 by Pearson Education, Inc.
All rights reserved. No part of this book may be reproduced or
transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical,
including photocopying, recording or by any information storage
retrieval system, without permission from Pearson Education, Inc.
FRENCH language edition published by ERPI, Copyright © 2017.
Cet ouvrage est une version française de la septième édition de
Foundations of Macroeconomics de Robin Bade et Michael Parkin,
publiée et vendue à travers le monde avec l’autorisation de Pearson
Education, Inc.

© ÉDITIONS DU RENOUVEAU PÉDAGOGIQUE INC. (ERPI), 2017


Membre du groupe Pearson Education depuis 1989

1611, boulevard Crémazie Est, 10e étage


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Canada
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Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017


Dépôt légal – Bibliothèque et Archives Canada, 2017

Imprimé au Canada 123456789 SO 21 20 19 18 17


ISBN 978-2-7613-6336-5 20712 ABCD SM9
AVANT-PROPOS

LES TROIS PREMIÈRES ÉDITIONS DE CET OUVRAGE DE ROBIN BADE ET


MICHAEL PARKIN ONT CONNU UN FORT SUCCÈS. Nombre d’entre vous ont
apprécié l’approche pédagogique privilégiant un apprentissage par la pratique, point
par point, le style simple, direct et vivant, ainsi que les explications précises, soutenues
par des exemples familiers, des éditions précédentes. Cette nouvelle édition garde les
mêmes qualités intrinsèques que les trois premières, tout en actualisant son contenu et
en incorporant plusieurs nouveautés.

Pour susciter l’intérêt et la réflexion, chaque chapitre débute par une question écono-
mique ancrée dans le quotidien de l’étudiant, et la réponse à celle-ci met en évidence le
lien entre les notions théoriques abordées et son vécu. Les capsules Saviez-vous que…
présentent des événements tirés de l’actualité québécoise, canadienne ou internationale
illustrant de manière concrète un concept économique, alors que la rubrique Appliquez
vos savoir-faire donne l’occasion à l’étudiant de passer de la théorie à la pratique et de
mieux comprendre les concepts économiques.

Le contenu de plusieurs chapitres a été remanié. La fusion des chapitres 8 et 9 a donné


naissance à un tout nouveau chapitre 8, intitulé « La monnaie et la politique monétaire ».
Les chapitres 1, 3 et 6 n’ont plus d’appendices. Ils ont été intégrés au contenu
des chapitres.

Toutes les rubriques Coup d’œil (sur le passé, sur l’économie québécoise, sur l’économie
canadienne et sur l’économie mondiale) ont été actualisées pour tenir compte des nou-
velles données et des nouveaux événements qui ont marqué l’actualité économique. Les
Coup d’œil sur un grand économiste racontent l’histoire de grands économistes et leur
contribution à la science économique, comme Adam Smith, David Ricardo, Milton
Friedman et John Maynard Keynes. Les rubriques Coup d’œil se terminent par des
questions permettant à l’étudiant de revisiter leur contenu.

Comme autres nouveautés, le contenu numérique compte désormais des tutoriels accom-
pagnant plusieurs des figures du manuel. L’étudiant pourra les visionner facilement en
numérisant les codes QR qui se trouvent dans le livre. De plus, les étudiants et les ensei-
gnants profiteront de centaines d’exercices sur la plateforme MonLab xL.
IV AVANT-PROPOS

REMERCIEMENTS
Nos remerciements s’adressent, tout d’abord, à Marie-Claude Côté, chef du développe-
ment éditorial, et à Yasmine Mazani, gestionnaire de projets éditoriaux, ainsi qu’à tous
les membres de l’équipe d’ERPI ayant contribué à cette quatrième édition.

Nous remercions nos collaborateurs : Stéphane Demers, du Cégep Beauce-Appalaches ;


Caroline Gagnon, du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu ; Caroline Lachance, du Cégep de
Trois-Rivières ; Michel Plunus, du Cégep de Drummondville ; et Jacques-René Giguère,
du Cégep de Sept-Îles, qui ont révisé la version manuscrite de cette nouvelle édition.
Leurs commentaires et suggestions nous ont été précieux tout au long de notre démarche.

Nous tenons aussi à souligner la contribution du regretté Raymond Bienvenu, auteur des
éditions antérieures, qui a adapté cet ouvrage à l’enseignement collégial québécois.

Monique Barrette

L’AUTEURE DE L’ÉDITION QUÉBÉCOISE


MONIQUE BARRETTE, auteure de la présente édition, détient un baccalauréat ainsi
qu’une maîtrise en économique de l’Université Laval, et enseigne depuis près de trois
décennies. Elle a fait ses débuts au Cégep de Baie-Comeau et au Cégep de Lévis-Lauzon.
Depuis 1990, elle enseigne au Cégep Garneau. Durant sa carrière, elle a aussi été chargée
de cours à l’École nationale d’administration publique (ENAP) et à l’Université du
Québec à Rimouski (UQAR), et a participé à la révision de plusieurs manuels d’économie
de niveau collégial et des trois premières éditions de cet ouvrage.
AVANT-PROPOS V

LISTE DES TUTORIELS OFFERTS SUR MaBiblio > Multimédia

CHAPITRE 2
Figure 2.1 La CPP et les combinaisons possibles et impossibles p. 33
Figure 2.2 Plein-emploi, sous-emploi, sacrifice et absence de sacrifice p. 35
Figure 2.3 Le calcul du coût de renonciation d’une bouteille d’eau p. 37
Figure 2.4 Le calcul du coût de renonciation d’un téléphone intelligent p. 38
Figure 2.5 Les effets de la croissance économique p. 43

CHAPITRE 3
Figure 3.1 Un barème de demande et une courbe de demande p. 54
Figure 3.2 La différence entre une variation de la quantité demandée et une variation de la demande p. 56
Figure 3.3 Le barème d’offre et la courbe d’offre p. 59
Figure 3.4 La différence entre une variation de la quantité offerte et une variation de l’offre p. 61
Figure 3.5 Le prix et la quantité d’équilibre p. 64
Figure 3.6 Les forces du marché rétablissent l’équilibre p. 65
Figure 3.7 Les effets d’une variation de la demande p. 66
Figure 3.8 Les effets d’une variation de l’offre p. 67
Figure 3.9 L’offre et la demande évoluent dans le même sens p. 69
Figure 3.10 L’offre et la demande évoluent dans des directions opposées p. 69
Figure 3.11 Un loyer plafond entraîne une pénurie de logements p. 72
Figure 3.12 Le salaire minimum entraîne du chômage p. 74

CHAPITRE 4
Figure 4.1 Les flux circulaires des revenus et des dépenses p. 86
Figure 4.2 Dégonfler le ballon du PIB p. 93*

CHAPITRE 6
Figure 6.1 Les phases du cycle économique p. 133
Figure 6.2 Une variation de la quantité demandée de PIB réel p. 136
Figure 6.3 Les variations de la demande agrégée p. 138
Figure 6.4 L’offre agrégée p. 141
Figure 6.5 Les variations de l’offre agrégée p. 143
Figure 6.6 L’équilibre macroéconomique p. 147
Figure 6.7 Les trois types d’équilibre macroéconomique p. 150
Figure 6.8 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école classique p. 151
Figure 6.9 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école keynésienne p. 152

CHAPITRE 7
Figure 7.3 La politique budgétaire à l’oeuvre p. 168

CHAPITRE 8
Figure 8.4 Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt p. 202
Figure 8.6 La politique monétaire à l’oeuvre p. 206

* Animation interactive
À TROIS PAS DE LA RÉUSSITE !

1 Engagez-vous dans
vos apprentissages
Imprégnez-vous de la grande
question économique et avancez
une hypothèse. Dans chaque chapitre,
on vous pose une question économique
ancrée dans le quotidien.

Écoutez les explications


des graphiques animés. Elles sont
la clé pour bien comprendre les concepts
économiques. Grâce aux codes QR du
manuel, vous y accéderez en un clic sur
votre mobile.

2 Passez à l’action
Faites les activités. Lisez les chapitres et
appuyez-vous sur leur contenu pour réaliser les
activités « Faites le point » qui vous sont proposées.

Profitez de la puissance
de MonLab xL et prenez en main vos appren-
tissages. Grâce aux exercices variés et nombreux,
au parcours personnalisé et aux rétroactions
immédiates, c’est comme si votre enseignant était là
en tout temps.
GUIDE D’APPRENTISSAGE

3 Évaluez le chemin
parcouru
Mesurez vos progrès. Faites les activités
« Questions de révision » et lisez le résumé du
« chapitre en bref » pour distinguer les concepts
que vous maîtrisez et ceux que vous devez
retravailler.

Réalisez le défi de l’activité


« Appliquez vos savoir-faire ». Vous y
ferez des liens entre la théorie et l’actualité,
et vous raffinerez votre compréhension des
concepts économiques

Obtenez le portrait de vos progrès


dans MonLab xL en cliquant sur l’onglet
« Résultats ».

Initiation
à l’économie,
accessible sur toutes
les plateformes.
SOMMAIRE

PARTIE 1 INTRODUCTION 2

CHAPITRE 1 Qu’est-ce que l’économique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2


CHAPITRE 2 Le problème économique fondamental : la rareté . . . . . . . . . . . . 30
CHAPITRE 3 La demande et l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES 80

CHAPITRE 4 Le PIB et le niveau de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80


CHAPITRE 5 Le coût de la vie et le chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE 130

CHAPITRE 6 La demande et l’offre agrégées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130


CHAPITRE 7 La politique budgétaire et la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
CHAPITRE 8 La monnaie et la politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180

PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE 214

CHAPITRE 9 Le commerce international . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214


CHAPITRE 10 La finance internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III Coup d’œil sur l’économie mondiale


Cuba, une économie en mutation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
À trois pas de la réussite ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . VI
Coup d’œil sur un grand économiste
Adam Smith et la naissance de la science économique . . . 19

PARTIE 1 INTRODUCTION 2
CHAPITRE 2 Le problème économique
fondamental : la rareté . . . . . . . . . . . 30
CHAPITRE 1 Qu’est-ce que l’économique ? . . . . 2
2.1 Les possibilités de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.1 L’économique et ses trois questions fondamentales . . 4 La courbe des possibilités de production . . . . . . . . . . . . 32
La microéconomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Faites le point 2.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
La macroéconomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2.2 Le coût de renonciation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Êtes-vous capable de combler tous vos désirs ? . . . . . . 5 Le coût de renonciation d’une bouteille d’eau . . . . . . . . 37
Les trois questions fondamentales . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent . . . 37
Faites le point 1.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Le coût de renonciation et la forme de la CPP . . . . . . . . 38
1.2 La coordination des décisions économiques . . . . . . . . 10 Le coût de renonciation est un ratio . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Les décideurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Les coûts de renonciation sont omniprésents . . . . . . . . 39
Les marchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Étudier ou travailler ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
La coordination par le marché et la coordination Faites le point 2.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
par directives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3 L’expansion des possibilités de production . . . . . . . . . 42
De la théorie à la réalité : des économies mixtes
Faites le point 2.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
et ouvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Faites le point 1.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Le chapitre 2 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1.3 L’économique : une science humaine . . . . . . . . . . . . . . . 16 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
L’observation et la mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
La construction de modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
La vérification des modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Faites le point 1.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Coup d’œil sur un grand économiste
1.4 Les graphiques : l’outil des économistes . . . . . . . . . . . . 20 Joseph Schumpeter et les théories de la
Le principe de base de la construction croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
d’un graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Coup d’œil sur l’économie mondiale
L’interprétation des graphiques descriptifs . . . . . . . . . . 20 Quand la Chine rattrapera-t-elle les États-Unis ? . . . . . . . . . 44
L’interprétation d’un graphique illustrant
une relation entre deux variables . . . . . . . . . . . . . 23
Faites le point 1.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
CHAPITRE 3 La demande et l’offre . . . . . . . . . . . . . 50
Le chapitre 1 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.1 La demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 La loi de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Le barème de demande et la courbe de demande . . . 53
Une variation de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Faites le point 3.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

Coup d’œil sur l’économie québécoise 3.2 L’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58


Le capital humain au Québec : quelques indicateurs . . . . . . 8 La loi de l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
X TABLE DES MATIÈRES

Le barème d’offre et la courbe d’offre . . . . . . . . . . . . . . . 58 La méthode des revenus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88


Une variation de l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Deux méthodes, un seul et même résultat . . . . . . . . . . 91
Faites le point 3.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 Faites le point 4.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Combien êtes-vous prêt à payer ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 4.3 Le PIB nominal et le PIB réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
3.3 L’équilibre du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Du PIB nominal au PIB réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Le prix : le régulateur du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Le PIB réel et la croissance économique . . . . . . . . . . . . . 94
Les effets d’une variation de la demande . . . . . . . . . . . 65 Faites le point 4.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Les effets d’une variation de l’offre . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 4.4 Le PIB réel et le niveau de vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Les variations simultanées de l’offre Les biens et services non comptabilisés
et de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 dans le PIB réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
Faites le point 3.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Faites le point 4.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Sommes-nous plus riches que les Américains ? . . . . . . 101
3.4 Le contrôle des prix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Le chapitre 4 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Le prix plafond . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Le prix plancher . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Faites le point 3.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Le chapitre 3 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 Coup d’œil sur l’économie Canadienne
Le calcul du PIB par Statistique Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Coup d’œil sur l’économie Canadienne
Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Le calcul du PIB réel par Statistique Canada . . . . . . . . . . . . . 95
Coup d’œil sur l’économie mondiale
Coup d’œil sur l’économie mondiale L’indicateur de développement humain de l’ONU . . . . . . . . 99
Une variation de la demande de roses
Une variation de l’offre de pétrole . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
Coup d’œil sur un grand économiste
Alfred Marshall et le modèle de l’offre CHAPITRE 5 Le coût de la vie
et de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 et le chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.1 L’indice des prix à la consommation . . . . . . . . . . . . . . . . 108
La construction de l’IPC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
La mesure de l’inflation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
PARTIE 2 LES INDICATEURS Faites le point 5.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
MACROÉCONOMIQUES 80
5.2 Valeurs nominales et valeurs réelles . . . . . . . . . . . . . . . 114
La valeur des dollars et des cents
CHAPITRE 4 Le PIB et le niveau de vie . . . . . . . . . 80 à différentes dates . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Salaire nominal et salaire réel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
4.1 Le PIB, les revenus et les dépenses . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Taux d’intérêt nominal et taux d’intérêt réel . . . . . . . . . 115
La définition du PIB . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Faites le point 5.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Les dépenses dans le modèle des flux circulaires . . . . . 83
5.3 Les indicateurs du marché du travail . . . . . . . . . . . . . . 118
Les revenus dans le modèle des flux circulaires . . . . . . 85
L’égalité entre les dépenses et les revenus . . . . . . . . . . . 85 L’Enquête sur la population active . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Faites le point 4.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 La nomenclature de l’Enquête . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Les trois principaux indicateurs du marché
4.2 Le calcul du PIB canadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
La méthode des dépenses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Les travailleurs à temps partiel involontaire . . . . . . . . . 120
TABLE DES MATIÈRES XI

Les travailleurs découragés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 L’équilibre macroéconomique et la capacité


Les types de chômage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 de production de l’économie . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Le plein-emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Les trois types d’équilibre macroéconomique . . . . . . . . 148
Combien d’argent vous faut-il pour vivre ? . . . . . . . . . . . 122 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi . . . . . . . . . . . . . 150
Faites le point 5.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 L’école classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
L’école keynésienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Le chapitre 5 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 L’école monétariste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Faites le point 6.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 Le chapitre 6 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Coup d’œil sur le passé
148 ans d’inflation et de déflation au Canada . . . . . . . . . . . . 112 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Coup d’œil sur le passé
Les salaires nominaux et les salaires réels des Coup d’œil sur le passé
premiers ministres du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 Les récessions au Canada depuis 1926 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

Coup d’œil sur l’économie québécoise Coup d’œil sur l’économie québécoise
Le taux de chômage au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 L’évolution de l’équilibre macroéconomique
du Québec depuis 1981 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149

CHAPITRE 7 La politique budgétaire


PARTIE 3 COMPRENDRE LA et la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
MACROÉCONOMIE 130
7.1 La situation budgétaire du gouvernement
canadien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
CHAPITRE 6 La demande et  Le budget fédéral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
l’offre agrégées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 L’évolution des revenus, des dépenses
et du solde budgétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
6.1 Les fluctuations économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Faites le point 7.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Le cycle économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 7.2 La politique budgétaire canadienne . . . . . . . . . . . . . . . . 163
Les fluctuations économiques et le modèle L’évolution de la politique budgétaire canadienne . . . . 163
de la demande et de l’offre agrégées . . . . . . . . . . . 133
Les effets d’une variation des dépenses
Faites le point 6.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 publiques ou des impôts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
6.2 La demande agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 La politique budgétaire à l’œuvre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Les composantes de la demande agrégée . . . . . . . . . . . 135 Les limites de la politique budgétaire . . . . . . . . . . . . . . . 169
La demande agrégée et la courbe DA . . . . . . . . . . . . . . . 135 Faites le point 7.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Les variations de la demande agrégée . . . . . . . . . . . . . . 137
7.3 Le déficit et la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Faites le point 6.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
Les frais de la dette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
6.3 L’offre agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 La relation entre les soldes budgétaires et la dette . . . 171
L’offre agrégée et la courbe OA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 La dette et son poids . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Les variations de l’offre agrégée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Faites le point 7.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Faites le point 6.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Payez-vous trop d’impôts ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.4 L’équilibre macroéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Le chapitre 7 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177
Peut-on prévoir l’avenir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
XII TABLE DES MATIÈRES

Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Le chapitre 8 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211


Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Coup d’œil sur l’économie québécoise
Le budget du Québec de 2016-2017 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
Coup d’œil sur un grand économiste
John Maynard Keynes et la révolution  Coup d’œil sur l’économie canadienne
macroéconomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Requiem pour la « cenne noire » (1908-2012) . . . . . . . . . . . . 185

Coup d’œil sur l’économie québécoise Coup d’œil sur le passé


L’évolution de la dette du Québec depuis 1998 . . . . . . . . . . . 174 L’« invention » des banques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195

Coup d’œil sur l’économie mondiale Coup d’œil sur un grand économiste
La dette des principales économies avancées . . . . . . . . . . . . 175 Milton Friedman et l’évolution de la 
politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Coup d’œil sur l’économie canadienne
La politique monétaire canadienne à l’œuvre . . . . . . . . . . . . 208
CHAPITRE 8 La monnaie et la
politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . 180

8.1 Qu’est-ce que la monnaie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182


La définition de la monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE 214
Les fonctions de la monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
La monnaie au Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
CHAPITRE 9 Le commerce international . . . . . . . 214
Une nouvelle monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
Deux mesures officielles de la monnaie : 9.1 Le commerce international : l’exemple du Canada . . . 216
M2 et M2+ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
Notre commerce international de biens . . . . . . . . . . . . . 216
Faites le point 8.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Notre commerce international de services . . . . . . . . . . . 216
8.2 Le système monétaire et la création de monnaie . . . . 190 Nos partenaires commerciaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216
Les institutions de dépôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 Pourquoi commerçons-nous ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
Les fonctions économiques des institutions Faites le point 9.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
de dépôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
9.2 Les gains du commerce international . . . . . . . . . . . . . . 222
Le profit et la sécurité : un équilibre délicat . . . . . . . . . . 192
Comment les institutions de dépôt créent-elles Les possibilités de production au Canada et
de la monnaie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192 en Chine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
Faites le point 8.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196 Les gains de l’échange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Faites le point 9.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
8.3 La Banque du Canada et la politique monétaire . . . . 196
La banque du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196 9.3 Les restrictions au commerce international . . . . . . . . . 227
Les fonctions de la banque du Canada . . . . . . . . . . . . . . 197 Les tarifs douaniers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
Les éléments clés et les effets de la politique Les barrières non tarifaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
monétaire canadienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198 Acheter des produits locaux ou importés ? . . . . . . . . . . . 232
Les effets d’une variation du taux directeur Faites le point 9.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
sur les taux d’intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
Les effets en chaîne d’une variation Le chapitre 9 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
des taux d’intérêt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202
Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235
La conduite de la politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . 205
Épargner ou emprunter ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
Faites le point 8.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237
TABLE DES MATIÈRES XIII

Coup d’œil sur l’économie canadienne Le chapitre 10 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260


Les échanges commerciaux du Canada . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
Coup d’œil sur un grand économiste
David Ricardo et les gains du commerce international . . . . 226 Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263

Coup d’œil sur le passé Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263


L’évolution des tarifs douaniers canadiens . . . . . . . . . . . . . . . 230
Coup d’œil sur l’économie canadienne
L’évolution de la balance des paiements
du Canada depuis 1986 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
CHAPITRE 10 La finance internationale . . . . . . . 238 Coup d’œil sur l’économie mondiale
Les soldes du compte courant en 2014 :
10.1 Le financement du commerce international . . . . . . . . 240
comparaisons internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
La balance des paiements internationaux . . . . . . . . . . . 240
Coup d’œil sur l’économie québécoise
Prêteurs et emprunteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
La balance commerciale du Québec :
Faites le point 10.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246 un déficit inquiétant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
10.2 Le taux de change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246 Coup d’œil sur le passé
La demande sur le marché des changes . . . . . . . . . . . . . 247 Pourquoi le taux de change est-il si volatil ? . . . . . . . . . . . . . 254
L’offre sur le marché des changes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 249 Coup d’œil sur le passé
Les variations du taux de change . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253 Le taux de change du dollar canadien de 1947 à 2015 :
fixe ou flexible ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
Faites le point 10.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255

10.3 La Banque du Canada et le marché des changes . . . . 255


Une modification du taux directeur . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264
Une intervention directe sur le marché des changes . . 256
Sources des illustrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269
Combien coûtera votre prochain voyage à l’étranger ? . 257
Faites le point 10.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258 Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270
2 PARTIE 1 INTRODUCTION

PARTIE 1
INTRODUCTION
CHAPITRE 1
QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?

ÊTES-VOUS
CAPABLE DE
COMBLER TOUS
VOS DÉSIRS ?
VOUS DÉSIREZ VIVRE PLUS LONGTEMPS ET EN
MEILLEURE SANTÉ. Vous désirez une maison confor-
table et spacieuse, bien meublée et bien équipée. Vous
désirez fréquenter un bon collège, une bonne univer-
sité. Vous désirez toute une panoplie de matériel récréa-
tif, des simples chaussures de sport aux motomarines,
en passant par les jeux vidéo et les cinémas maison.
Vous désirez avoir du temps pour pratiquer vos activités
préférées, faire du sport, vous amuser, lire, voir des
films, écouter de la musique, voyager, rencontrer vos
amis, jouir de la vie.
Cependant, on ne peut pas tout avoir. Chacun est
limité dans la satisfaction de ses désirs, de ses besoins
par le temps qu’il a, le revenu dont il dispose et les prix
de ce qu’il convoite. Nous nous retrouvons tous et
toutes avec des besoins insatisfaits et la nécessité de
faire des choix.
Dans ce chapitre, nous examinerons ce qui limite
notre capacité à satisfaire tous nos besoins (la rareté)
et la science humaine qui étudie les choix que nous
devons faire devant cette contrainte (l’économique).

COUP D’ŒIL
SOMMAIRE

1.1 ÊTES-VOUS CAPABLE SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE 1.2


L’économique et ses trois DE COMBLER TOUS Le capital humain au Québec : La coordination des
questions fondamentales VOS DÉSIRS ? quelques indicateurs décisions économiques

p. 4 p. 5 p. 8 p. 10
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 3

SAVOIR-FAIRE
1 Définir l’économique et distinguer la
microéconomie de la macroéconomie
2 Décrire la coordination des
décisions économiques
3 Décrire le travail des économistes
4 Construire et interpréter les graphiques
utilisés dans les modèles économiques

VOS OUTILS NUMÉRIQUES

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enseignant.

COUP D’ŒIL COUP D’ŒIL


SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE 1.3 SUR UN GRAND ÉCONOMISTE 1.4
Cuba, une économie L’économique : Adam Smith et la naissance Les graphiques : Le chapitre 1
en mutation une science humaine de la science économique l’outil des économistes en bref

p. 15 p. 16 p. 19 p. 20 p. 26
4 PARTIE 1 INTRODUCTION

L’ÉCONOMIQUE ET SES TROIS


1.1 QUESTIONS FONDAMENTALES
Dans toutes les sociétés, les besoins qu’expriment les individus et la collectivité dépassent
largement les ressources accessibles pour les satisfaire. En tant que société, notre capa-
Ressources productives cité à satisfaire nos besoins est limitée par nos ressources productives, c’est-à-dire les
Ressources servant à produire ressources naturelles, le travail et l’ingéniosité humaine, ainsi que les outils et l’équipe-
des biens ou des services :
ressources naturelles, travail, ment que nous avons produits.
ingéniosité humaine, outils et
équipements.
En économique, ce phénomène de l’insuffisance des ressources accessibles pour
satisfaire tous les besoins exprimés s’appelle la rareté. Celle-ci n’épargne ni les pauvres
Rareté
Insuffisance des ressources ni les riches. L’enfant qui n’a que 2 $ en poche et qui veut un sac de croustilles à 2 $ ainsi
accessibles pour satisfaire tous que deux tablettes de chocolat à 1 $ chacune est aux prises avec la rareté. Le chef d’en-
les besoins exprimés.
treprise qui veut passer son samedi à jouer au golf et qui souhaite assister à une réunion
importante le même samedi est aux prises avec la rareté. La société qui veut améliorer
son système de santé, brancher toutes les classes du primaire et du secondaire à inter-
net, explorer l’espace, dépolluer les fleuves, les lacs et les rivières, et ainsi de suite, est
aux prises avec la rareté.
La rareté nous impose des choix. Nous devons choisir parmi toutes les possibilités
qui s’offrent à nous. L’enfant doit choisir entre le sac de croustilles et les tablettes de
chocolat. Le chef d’entreprise doit choisir entre le golf et la réunion. En tant que société,
nous devons choisir entre les soins de santé, les branchements à internet, l’exploration
spatiale, l’environnement, etc. Nos choix dépendent des incitatifs auxquels nous sommes
Incitatif soumis. Un incitatif est une récompense (une « carotte ») ou une punition (un « bâton »)
Récompense ou punition qui encourage ou décourage une action. Si le prix du sac de croustilles augmente et que
(« carotte » ou « bâton ») qui
encourage ou décourage
celui des tablettes de chocolat diminue, l’enfant est incité à acheter moins de croustilles
une action. et plus de chocolat. Si un profit de 10 M $ est en jeu, le chef d’entreprise est incité à
renoncer au golf pour aller à sa réunion. Plus le prix des ordinateurs baisse, plus les
commissions scolaires sont incitées à doter les classes du primaire et du secondaire
d’ordinateurs et à les brancher à internet.
Économique L’économique est la science humaine étudiant les choix que font les êtres humains
Science humaine étudiant les quand ils composent avec la rareté et avec les incitatifs qui influent sur leurs choix.
choix que font les êtres humains
quand ils composent avec la Elle se divise en deux branches :
rareté et avec les incitatifs qui
influent sur leurs choix.
• La microéconomie ;
• La macroéconomie.

LA MICROÉCONOMIE
Microéconomie La microéconomie est la branche de l’économique qui étudie les choix des individus et
Branche de l’économique qui des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent aux incitatifs, interagissent
étudie les choix des individus
et des entreprises, ainsi que la
entre eux et subissent l’influence des pouvoirs publics. Pourquoi y a-t-il plus de gens qui
façon dont ces choix répondent achètent des véhicules utilitaires sport et moins de gens qui achètent des fourgonnettes ?
aux incitatifs, interagissent Quel est l’effet d’une baisse du prix de la console PlayStation de Sony et du Xbox de
entre eux et subissent
l’influence des gouvernements. Microsoft sur les quantités de ces biens que les gens achètent ? Pourquoi le prix de l’es-
sence fluctue-t-il constamment ? Comment une entreprise maximise-t-elle ses profits ?
Pourquoi le gouvernement taxe-t-il la bière, mais pas le jus d’orange ? Voilà autant
d’exemples de questions microéconomiques.

LA MACROÉCONOMIE
Macroéconomie
Branche de l’économique La macroéconomie est la branche de l’économique qui étudie les effets agrégés (totaux)
qui étudie les effets agrégés des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l’économie nationale
(totaux) des choix des
individus, des entreprises et des
et mondiale. Pourquoi, après une dizaine d’années de croissance économique soutenue,
gouvernements sur l’économie notre économie a-t-elle connu une récession en 2009 ? La Banque du Canada peut-elle
nationale et mondiale. maîtriser l’inflation en augmentant les taux d’intérêt ? Comment les gouvernements
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 5

peuvent-ils stimuler l’activité économique et, ainsi, réduire le chômage ? Pourquoi la


croissance économique est-elle plus forte en Chine et en Inde qu’elle ne l’est chez nous ?
Voilà autant d’exemples de questions macroéconomiques.
Née dans les années 1930, la macroéconomie est le fruit du travail du célèbre éco-
nomiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946). « Mon rêve, écrivait Keynes,
serait que l’économiste puisse être aussi utile que le dentiste ou le médecin. »

ÊTES-VOUS CAPABLE DE COMBLER


TOUS VOS DÉSIRS ?
La réponse à cette question est non. Tous les jours, vous faites des choix, comme les
35 millions de Canadiens et les 7 milliards de personnes dans le monde. Vous devez
choisir les besoins que vous désirez combler puisqu’il est impossible de tous les assouvir,
en raison du manque de temps et d’argent. Faites-vous des choix qui servent uniquement
votre intérêt ou aussi celui de la société ?

Votre intérêt individuel et l’intérêt social


Chaque fois que vous choisissez ce que vous croyez être le mieux pour vous, indépen-
damment des conséquences pour autrui, vous faites des choix qui servent votre intérêt
individuel. Vous achetez du pain parce que vous avez faim et que vous voulez manger,
et non parce que vous vous dites que le boulanger a besoin de gagner sa vie.
Vos choix dictés par l’intérêt individuel peuvent aussi servir l’intérêt social s’ils sont
les meilleurs possibles pour la société dans son ensemble – autrement dit, s’ils contri-
buent à une utilisation plus efficace des ressources et à une répartition plus équitable
(ou honnête) des biens et des services entre les individus. Comment faire pour que vos
choix dictés par l’intérêt individuel servent également l’intérêt social ?

Vos choix servent-ils aussi l’intérêt social ?


Pensons au réchauffement climatique. La fonte des calottes polaires est une preuve
incontestable du réchauffement de la planète1. On estime que la surface de la Terre s’est
réchauffée de 0,75 °C depuis un siècle. La majorité des scientifiques s’entendent pour
dire que la température monte parce que la quantité de dioxyde de carbone sur Terre
augmente, et l’activité économique humaine contribue à cette augmentation.
À quel point la Terre se réchauffera-t-elle et quels seront les effets de ce réchauffe-
ment ? Nous l’ignorons. Chose certaine, si la température continue à augmenter, le climat
va changer, le niveau des océans va monter et les régions côtières proches du niveau de
la mer devront être protégées des vagues par des digues extrêmement coûteuses.
Tous les jours, lorsque vous veillez à votre intérêt individuel en utilisant de l’essence,
vous contribuez aux émissions de gaz à effet de serre et vous laissez votre empreinte de
carbone. Vous pourriez réduire cette empreinte en vous déplaçant à pied ou à vélo, en
utilisant les transports en commun ou en plantant des arbres, et ainsi servir l’intérêt social.
Parmi les choix suivants, lesquels servent l’intérêt social, selon vous ? Acheter des
légumes chez un producteur local, prendre plus de 30 minutes pour se doucher, déposer
au recyclage le papier, le carton, le plastique et le verre, laisser constamment les lumières
allumées dans la maison. Le premier et le troisième, très certainement. Y a-t-il d’autres
choix que vous faites tous les jours et qui servent à la fois votre intérêt individuel et
l’intérêt social ?

1. Il faut noter qu’une minorité en doute.


6 PARTIE 1 INTRODUCTION

LES TROIS QUESTIONS FONDAMENTALES


Promenez-vous dans un centre commercial et observez l’assortiment de biens et services
qu’on y met en vente ; entrez dans les boutiques et lisez les étiquettes pour savoir où ont
été produits les biens qu’on y vend. La prochaine fois que vous emprunterez l’autoroute,
repérez les plus gros camions, lisez les noms d’entreprises et de produits qui y sont
inscrits, et notez où ces camions ont été immatriculés. Consultez les sites de vente en
ligne, comme Amazon ou eBay, et constatez l’incroyable diversité de biens et services
qui vous sont offerts.
L’économique se penche sur trois questions fondamentales :
• Quoi produire ?
• Comment produire ?
• Pour qui produire ?

Saviez-vous que… Quoi produire ?


En Alberta, la valeur de la consigne a augmenté de Les fermes, les usines, les chantiers de construction, les
5 à 10 cents et de 20 à 25 cents en 2008, alors qu’au commerces et les bureaux du pays produisent une foule
Québec, elle est la même depuis 1986. Trois ans plus de choses, des produits de première nécessité, comme la
tard, toujours en Alberta, le taux de récupération de nourriture, le logement et les soins de santé, aux produits
l’aluminium a augmenté de 75 % à 89 % ; celui des de luxe, comme les croisières, les véhicules utilitaires
contenants de type PET, de 67 % à 79 % ; et celui du sport (VUS) et les tablettes numériques. On appelle biens
verre, de 77 % à 90 %2. Quel incitatif l’Alberta a-t-elle et services tous les produits que les êtres humains valo-
utilisé pour encourager la récupération ? L’a-t-elle fait risent et produisent pour satisfaire leurs désirs et leurs
dans l’intérêt des individus ou de tous les Albertains ? besoins. Les biens sont des objets physiques, comme les
Le Québec devrait-il suivre cet exemple ? balles de golf ; les services sont des tâches qu’on accom-
plit pour des gens, comme les coupes de cheveux.
RÉPONSE

L’Alberta a choisi de récompenser davantage les citoyens qui


récupèrent – la « carotte » plutôt que le « bâton ». Par cet incitatif, En macroéconomie, on classe les biens et services en
l’intérêt de chacun a servi l’intérêt de l’ensemble de la société quatre grandes catégories :
albertaine. Il va de soi que le Québec devrait suivre l’exemple de
l’Alberta afin d’améliorer son taux de récupération de bouteilles et • Les biens et services de consommation ;
de cannettes, et ce, dans l’intérêt de toute la société québécoise. • Les biens d’investissement ;
• Les biens et services des administrations publiques ;
• Les biens et services d’exportation.
Biens et services Les biens et services de consommation sont des biens et services que des particu-
Produits que les êtres humains liers achètent pour leur jouissance personnelle, et qui contribuent à leur niveau de vie.
valorisent et produisent pour
satisfaire leurs besoins et leurs Le logement, les meubles, les vêtements, les VUS, les films et le maïs soufflé, les voyages
désirs ; les biens sont des objets d’agrément, le café et les beignes, les soins dentaires, les services de nettoyage à sec et
physiques, et les services, des
tâches qu’on accomplit pour d’entretien des pelouses en sont des exemples.
des gens. Les biens d’investissement sont des biens que les entreprises achètent pour accroître
Biens et services de leur capacité de production. Les chaînes de montage d’automobiles, la machinerie et
consommation
Biens et services que des l’équipement, les gazoducs, les ordinateurs et les centres commerciaux en sont des
particuliers achètent pour leur exemples.
jouissance personnelle, et qui
contribuent à leur niveau de vie. Les biens et services des administrations publiques sont des biens et services
Biens d’investissement qu’achètent les gouvernements et les administrations publiques. Les soins de santé,
Biens que les entreprises l’éducation, les services de police, les tribunaux, les ordinateurs, la papeterie et l’équi-
achètent pour accroître leur
pement militaire en sont des exemples.
capacité de production.
Biens et services des Les biens et services d’exportation sont des biens et services produits dans un pays
administrations publiques et vendus dans d’autres pays. Parmi les biens d’exportation canadiens, mentionnons les
Biens et services qu’achètent
les gouvernements et les
CRJ (Canadian Regional Jets) produits au Québec par Bombardier et achetés en Australie
administrations publiques. par Sun State Airlines, et le gaz produit dans l’Ouest canadien et acheté par des services
Biens et services publics en Californie et dans les États américains du Midwest et du Nord-Ouest Pacifique.
d’exportation
Biens et services produits
dans un pays et vendus dans
d’autres pays.
2. Pro-Consigne Québec, La hausse de la consigne de 0,05 $ à 0,10 $ : ravivons le débat !, Montréal,
24 mai 2014.
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 7

La figure 1.1 montre comment la production totale au Canada se répartissait entre ces
quatre catégories de biens et services en 2015. Comme on le voit, la catégorie la plus impor-
tante est celle des biens et services de consommation, loin devant celles des biens d’inves-
tissement et des biens et services des administrations publiques. La figure révèle également
l’importance des exportations, une caractéristique clé de l’économie canadienne.

Figure 1.1 Production de biens et services au Canada en 2015

Biens et services
de consommation : 43 %

Biens et services Au Canada, en 2015, les biens et services de


d’exportation : 24 % consommation représentaient 43 % de la
production totale ; les biens d’investissement, 15 % ;
les biens et services des administrations publiques,
19 % ; et les biens et services d’exportation, 23 %.
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064,
Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses,
comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

Biens
d’investissement : 17 % Biens et services des
administrations publiques : 16 %

Comment produire ?
Les biens et services sont produits avec des ressources productives que les économistes
appellent facteurs de production. On distingue quatre types de facteurs de production : Facteurs de production
Ressources productives qui
• La terre ; servent à produire les biens
• Le capital ; et services ; comprennent la
• Le travail ; terre, le travail, le capital et
• L’entrepreneuriat. l’entrepreneuriat.

En économique, le terme terre englobe les ressources naturelles qu’on utilise pour Terre
produire des biens et services, soit la terre au sens strict, les minéraux, les ressources Ressources naturelles qu’on
utilise pour produire des biens
énergétiques, l’air, l’eau, les arbres et les plantes sauvages, les animaux, y compris les et services.
oiseaux et les poissons, et les microorganismes. Certaines de ces ressources sont renou-
velables, mais d’autres sont épuisables.
Dans le langage courant, le terme « capital » désigne le capital financier, c’est-à-dire
l’argent, les actions et les obligations. Or, s’il permet aux gens de doter les entreprises de
ressources financières et d’obtenir un revenu d’intérêt, le capital financier ne sert pas direc-
tement à produire des biens et services. De ce fait, il n’est pas en soi une ressource produc-
tive, mais il sert à acquérir les ressources nécessaires à la production de biens et services.
En économique, le terme capital désigne plutôt le capital physique – les outils, les Capital
instruments, la machinerie, les édifices et autres constructions – que les entreprises Outils, instruments, machinerie,
édifices et autres constructions
utilisent pour produire des biens et services. Cela inclut les chaînes de montage, les que les entreprises utilisent pour
autoroutes, les centrales électriques, les aéroports et les avions, les marteaux et les produire des biens et services.
tournevis, les robots industriels, les entrepôts, les magasins de détail, les tours de
bureaux, les ordinateurs et les systèmes de communications électroniques.
Travail
Le terme travail, lui, désigne les ressources humaines – le temps et les efforts que les Temps et efforts que les gens
consacrent à la production
gens consacrent à la production des biens et services. Cela inclut les efforts physiques et de biens et services ; inclut le
mentaux de tous ceux et celles qui travaillent dans des fermes, des chantiers de capital humain.
8 PARTIE 1 INTRODUCTION

construction, des usines, des manufactures, des magasins et des bureaux, ainsi que le
Capital humain capital humain, c’est-à-dire les savoirs, les compétences et les habiletés que les gens
Savoirs, compétences et acquièrent par l’instruction, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail, et
habiletés qu’on acquiert par
les études, la formation en qui améliorent la qualité du travail. En ce moment même, pendant que vous suivez ce
cours d’emploi et l’expérience cours d’économique et d’autres cours, vous êtes en train d’investir dans votre propre
de travail.
capital humain, qui continuera à augmenter quand vous prendrez un emploi à plein
temps, que vous acquerrez de l’expérience et que vous vous perfectionnerez dans votre
travail. En 2012, plus de 80 % de la population canadienne en âge de travailler avait
terminé son secondaire, et près de 54 % détenait un certificat, un diplôme d’études col-
légiales ou un diplôme universitaire3.
Entrepreneuriat On appelle entrepreneuriat le type de ressource humaine qui organise les trois
Type de ressource humaine qui autres facteurs de production – le travail, la terre et le capital. L’innovation est le moteur
organise les trois autres facteurs
de production (le travail, la terre
de l’entrepreneuriat. Les entrepreneurs apportent de nouvelles idées sur ce qu’il
et le capital). convient de produire et sur la façon de le faire, prennent des décisions d’affaires et
assument les risques qui en découlent.

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Le capital humain au Québec : quelques indicateurs


Le tableau ci-contre dresse un portrait du nombre de diplômes Croyez-vous que l’État québécois devrait accroître la part
décernés au Québec en 2005-2006 et en 2011-2012. À la lumière de de ses dépenses consacrées à l’éducation et à la culture
ces informations, peut-on considérer que le capital humain s’est accru afin d’augmenter davantage le nombre de nouveaux
au Québec ? Par rapport à 2005-2006, on constate que le nombre de diplômés ?
diplômés des secteurs secondaire, collégial et universitaire a augmenté.
Modérée pour les secteurs collégial et universitaire, l’augmentation est Diplômes décernés au Québec, 2005-2006
plus importante pour le secteur secondaire, où le nombre de diplômés et 2011-2012
s’est accru de 13 768, surtout en formation technique (accroissement Diplômes décernés 2005-2006 2011-2012
d’environ 10  000). L’augmentation du nombre de maîtrises et de
Secondaire 110 651 124 419
doctorats est également encourageante.
Général 71 740 74 438
Est-ce qu’on reçoit davantage de diplômes au Québec qu’ailleurs ? En Technique 38 911 48 981
2011, le taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires au Québec, Collégial 41 084 44 670
établi à 93 %, surpassait ceux du Canada (88 %) et de l’Ontario (86 %)4. Ce Préuniversitaire 23 601 26 737
taux, pour le Québec, était supérieur à celui de la moyenne des pays de
Technique 17 483 17 933
l’OCDE (84 %) en 20125. Le Québec se classait au sixième rang, derrière la
Universitaire 43 396 47 480
Slovénie (96 %), l’Allemagne (95 %), l’Islande (95 %), la Hongrie (94 %) et
les Pays-Bas (94 %), et loin devant les États-Unis (77 %)6. Baccalauréat 32 117 34 656
Maîtrise 10 001 10 973
Malgré l’augmentation du nombre de diplômes décernés, la Doctorat 1 278 1 851
part des dépenses en éducation et en culture s’est maintenue à Source : Institut de la statistique du Québec, Le Québec chiffres en main,
22 % des dépenses totales de l’État québécois durant cette période. édition 2014.

3. Emploi et Développement social Canada, Indicateurs de mieux-être au Canada, http://mieux-


etre.edsc.gc.ca/misme-iowb/h.4m.2@-fra.jsp (page consultée le 3 février 2015).
4. Conseil des statistiques canadiennes de l’éducation (CSCE) et Statistique Canada, Indicateurs
de l’éducation au Canada : une perspective internationale 2014, 13 février 2015, tableau
A.2.1, Taux d’obtention d’un diplôme de fin d’études secondaires selon le sexe, p. 41.
5. OCDE (2014), Regards sur l’éducation : les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, tableau A2.1a,
Taux et âge moyen d’obtention d’un diplôme du deuxième cycle du secondaire (2012), p. 70.
6. Ibid.
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 9

L’entrepreneuriat se quantifie difficilement, mais les dernières décennies ont été par-
ticulièrement fastes à cet égard. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, John Sleeman, qui
dirige une brasserie dont la croissance est l’une des plus rapides en Amérique du Nord,
Guy Laliberté, qui a créé le Cirque du Soleil, Louis Garneau, qui a lancé une entreprise
spécialisée dans la conception de vêtements sport haut de gamme, et Daniel Langlois, qui
a créé Softimage (acheté par Microsoft), sont des exemples de talent entrepreneurial
exceptionnel. Toutefois, ces figures de proue ne doivent pas nous faire oublier que des
centaines de milliers d’autres personnes dirigent des entreprises de toutes tailles.

Pour qui produire ? Saviez-vous que…


Qui obtient les biens et services que nous produisons ? Cela « Avec un revenu par habitant de 26 046 $,
dépend du revenu que les gens gagnent, ainsi que des biens et le Québec se classe […] au dernier rang des
services qu’ils choisissent d’acheter. Un revenu important permet provinces et des territoires7. » À quelle ques-
de se procurer une grande quantité de biens et services ; un faible tion économique fondamentale associe-t-on
revenu laisse beaucoup moins de choix et ne permet d’acheter cette nouvelle ? Dites pourquoi.
que peu de biens et services.

RÉPONSE
Dans une économie de marché, les gens s’assurent un revenu Pour qui produire ? Puisque le revenu disponible par
habitant au Québec est le plus bas au Canada, les
en offrant les ressources dont ils ont la propriété sur le marché Québécois se procureront moins de biens et services que
des ressources. On distingue quatre types de revenus : les habitants des autres provinces et territoires.

• Le salaire ;
• L’intérêt ;
• Le loyer ;
• Le profit. Loyer
Revenu que rapporte la terre.
Ainsi, la terre rapporte un loyer, le travail rapporte un salaire, le capital financier
Salaire
rapporte un intérêt et l’entrepreneuriat rapporte un profit.
Revenu que rapporte le travail.
Au Canada, quelle source de revenu rapporte la plus grosse part du revenu agrégé Intérêt
(total) ? La figure 1.2, qui montre la répartition du revenu total entre les diverses sources, Revenu que rapporte le
nous apprend que le travail a généré le plus de revenus, avec 72 % du total au Canada capital financier.

en 2015. Il n’existe aucune mesure précise du revenu du capital, du loyer et du profit, Profit (ou perte)
Revenu que rapporte
mais nous savons qu’en 2015 le revenu des entreprises (qu’on appelle « excédent d’ex- l’entrepreneuriat ; peut être
ploitation net ») représentait 16 % du revenu total, et les autres revenus, 12 %. positif ou négatif.

Figure 1.2 Sources de revenu au Canada en 2015

Rémunération Autres revenus : 12 %


des salariés :
72 %

Le travail est la principale source de revenus : en


Excédent
2015, la rémunération des salariés représentait 72 %
d’exploitation net :
du revenu total au Canada.
16 %
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063,
Produit intérieur brut (PIB), en termes de revenus, comptes
économiques, modifié le 01-03-2016.

7. Institut de la Statistique du Québec, Bulletin Flash : Revenu disponible, édition 2015.


10 PARTIE 1 INTRODUCTION

1.1
1 Définir l’économique et distinguer la microéconomie de la macroéconomie

EXERCEZ-VOUS 3. À partir de la figure 1.1 (p. 7), énumérez les quatre


grandes catégories de biens et services de la plus
1. L’économique étudie les choix qui découlent d’un
importante à la moins importante au Canada en 2015, et
phénomène précis. Quel est ce phénomène ?
donnez un exemple pour chacune.
2. Dites si les énoncés suivants relèvent de la
microéconomie ou de la macroéconomie.
QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES
a) L’économie canadienne a connu une récession
importante en 2009. 4. Jour après jour, nous devons faire de multiples choix.
Qu’est-ce qui rend ces choix inévitables ?
b) Le gouvernement provincial augmente la taxe sur
l’essence. 5. Quelle est la principale différence entre les biens et
services de consommation et les biens d’investissement ?
c) Les bas taux d’intérêt stimulent la consommation des
ménages. 6. Énumérez les facteurs de production et le type de revenu
que chacun génère. À partir des données de la figure 1.2
d) La hausse du coût des matériaux modifie le prix des (p. 9), déterminez quel facteur de production reçoit la plus
maisons neuves. grande part du revenu total au Canada en 2015.
e) La baisse de la production de biens et services
entraîne une hausse du chômage.

RÉPONSES
1. Ce phénomène est la rareté. Les choix sont inévitables parce que les • Les biens et services de consommation, comme les coupes de cheveux ;
ressources disponibles ne suffisent pas à satisfaire nos besoins illimités. • Les biens et services d’exportation, comme le bois d’œuvre que le Canada
Comme nous ne pouvons pas tout avoir, nous devons faire des choix. vend aux États-Unis ;
2. Microéconomie : b) et d). Macroéconomie : a), c) et e). • Les biens et services des administrations publiques, comme les soins
3. En 2015, les quatre catégories de biens et services au Canada étaient, de la de santé ;
plus importante à la moins importante : • Les biens d’investissement, comme les plateformes pétrolières.

LA COORDINATION DES
1.2 DÉCISIONS ÉCONOMIQUES
Pour bien comprendre le fonctionnement d’une économie, il importe d’en avoir une vue
d’ensemble, d’en connaître les principales composantes et de saisir les relations qu’elles
entretiennent.
Économie fermée La figure 1.3 montre le schéma d’une économie fermée, c’est-à-dire d’une économie
Économie qui n’entretient de qui n’entretient de liens avec aucune autre. En réalité, la seule économie totalement
liens avec aucune autre.
fermée est l’économie mondiale, mais nous nous servirons de ce schéma pour expliquer
sommairement le fonctionnement de la forme la plus simple d’une économie.
Comme on le voit à la figure 1.3, une économie fermée a deux grandes composantes :
• Les décideurs (rectangles bleus) ;
• Les marchés (rectangles gris).
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 11

Figure 1.3 Vue d’ensemble d’une économie fermée

Les ménages décident des quantités


MÉNAGES de travail, de terre, de capital et
Travail, terre,
Biens et d’entrepreneuriat qu’ils vendront ou loueront
capital,
services en échange de salaires, de loyers, d’intérêts
entrepreneuriat
ou de profits, ainsi que de la façon dont ils
Biens et dépenseront leurs revenus pour se procurer
services les divers types de biens et services dont
ils ont besoin. Les entreprises décident des
Impôts quantités de travail, de terre, de capital et
d’entrepreneuriat qu’elles se procureront,
ainsi que des quantités de divers types de
Lois et GOUVERNEMENT / Lois et biens et services qu’elles produiront. Les
MARCHÉS MARCHÉS
ADMINISTRATIONS divers paliers de gouvernement décident
DES PRODUITS règlements règlements DES FACTEURS quels biens et services ils fourniront ainsi
PUBLIQUES
que le montant des impôts que paieront les
Dépenses Salaires, ménages et les entreprises. Ces décisions
Impôts
en biens loyers, des ménages, des entreprises et des
et services intérêts, administrations publiques sont coordonnées
profits par les marchés des facteurs et les marchés
des produits, marchés qui sont eux-mêmes
Biens et
soumis à des lois et à des règlements que
services
les administrations publiques établissent
et font respecter. Dans ces marchés, les prix
s’ajustent constamment pour assurer l’égalité
ENTREPRISES entre la quantité offerte et la quantité
demandée.

LES DÉCIDEURS
Les décideurs sont des agents économiques : ils font des
choix. La figure 1.3 montre trois catégories de
décideurs :
• Les ménages ;
• Les entreprises ;
• Le gouvernement et les autres administrations
publiques.
Un ménage est constitué par toute personne vivant
seule ou tout groupe de personnes vivant ensemble
(couple, famille, colocataires, etc.) et qui agit en tant
qu’unité décisionnelle. Chaque ménage a des désirs illi-
mités et des ressources limitées.
Une entreprise est un organisme qui utilise des res-
sources pour produire des biens et services. Tout produc-
Les services médicaux couverts par le régime d’assurance maladie sont choisis par les
teur de biens ou de services, quelles que soient sa taille et gouvernements. Le montant des impôts que paieront les ménages et les entreprises
sa production, est considéré comme une entreprise. font aussi partie des décisions prises par les gouvernements.

Un gouvernement est un organisme aux multiples


fonctions : il instaure des lois et des règlements, administre le mécanisme qui assure leur
respect (tribunaux et forces policières), impose les ménages et les entreprises, et fournit
des services publics (défense nationale, santé et services sociaux, transports, etc.). Nous
verrons au chapitre 7 comment le budget de l’État influe sur les décisions des ménages
et des entreprises.
12 PARTIE 1 INTRODUCTION

LES MARCHÉS
Dans le langage courant, le mot « marché » désigne le lieu physique où l’on achète et
vend des produits. En économique, le terme marché a un sens plus large : il désigne tout
ensemble – physique ou virtuel – qui réunit des acheteurs et des vendeurs pour leur
permettre d’échanger. Nous étudierons plus en détail le fonctionnement des marchés au
chapitre 3.
La figure 1.3 présente deux types de marchés : les marchés des produits, où
s’échangent des biens et services, et les marchés des facteurs, où s’échangent des fac-
teurs de production. Par ailleurs, elle montre que les transactions qui s’y font résultent
des décisions prises par les ménages et les entreprises. Les ménages décident des quan-
tités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’ils vendront sur le marché
des facteurs, et de la façon dont ils dépenseront leurs revenus (salaires, loyers, intérêts
et profits) en biens et services produits par les entreprises. Les entreprises décident des
quantités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’elles se procureront, des
types de biens et services qu’elles offriront et des quantités qu’elles produiront pour les
vendre sur le marché des produits.
Les flèches de la figure 1.3 illustrent les flux qui résultent des décisions des ménages
et des entreprises. Les flux rouges représentent les facteurs de production qui vont des
ménages aux entreprises, ainsi que les biens et services qui vont des entreprises aux
ménages. Les flux verts, qui circulent en sens inverse, sont des flux monétaires : ils
représentent les sommes qui circulent au cours de ces échanges. Nous verrons au cha-
pitre 4 comment on mesure tous ces flux, et, au chapitre 8, les sortes de monnaies qui
circulent dans les flux monétaires et le rôle des institutions monétaires comme les insti-
tutions de dépôt et la Banque du Canada. Un processus de choix publics détermine les
lois et les règlements imposés par les divers paliers de gouvernement, les impôts qu’ils
lèvent ainsi que les biens et services qu’ils fournissent. Ces choix des administrations
publiques se trouvent au centre de la figure 1.3.

LA COORDINATION PAR LE MARCHÉ


ET LA COORDINATION PAR DIRECTIVES
Le fait le plus marquant concernant les choix des ménages, des entreprises et des admi-
nistrations publiques est probablement que, tôt ou tard, ils entrent en conflit. Ainsi, sur
les marchés des facteurs, les ménages décident de la quantité de travail qu’ils fourniront
et de leur spécialisation, mais les entreprises décident du type et de la quantité de main-
d’œuvre qu’elles emploieront. Autrement dit, les ménages décident du type et de la
quantité de travail à vendre, et les entreprises, du type et de la quantité de travail à
acheter. De même, sur les marchés des produits, les ménages décident quels types et
quelles quantités de biens et services ils vont acheter, alors que les entreprises décident
quels types et quelles quantités de biens et services elles vont vendre.
Comment les milliards de décisions prises par les ménages, les entreprises et les
administrations publiques peuvent-elles se coordonner et s’équilibrer ? Qu’est-ce qui fait
que les ménages désirent vendre le type et la quantité de travail que les entreprises
souhaitent acheter ? Que se passe-t-il si le nombre de ménages qui désirent travailler
dans des compagnies aériennes excède le nombre de travailleurs que les compagnies
aériennes désirent embaucher ? Comment les entreprises savent-elles ce qu’il faut pro-
duire pour répondre à la demande des ménages ? Que se passe-t-il si les entreprises
désirent vendre plus de hamburgers que n’en demandent les ménages ?
Les réponses à ces questions varient selon que l’économie recourt à l’un ou à l’autre
des deux mécanismes de coordination suivants :
• La coordination par le marché ;
• La coordination par directives.
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 13

La coordination par le marché


Les marchés coordonnent les décisions individuelles par des ajustements de prix. Pour
saisir comment, pensez au marché des hamburgers de votre localité. Imaginez que, au
prix courant, la quantité de hamburgers en vente est inférieure à la quantité de hambur-
gers que les consommateurs souhaitent acheter, et que certains consommateurs qui
veulent acheter des hamburgers ne peuvent pas le faire. Pour que le choix des acheteurs
et celui des vendeurs correspondent, les acheteurs doivent refréner leur désir de ham-
burgers, et une plus grande quantité de hamburgers doit être mise en vente. Ce résultat
s’obtient par l’augmentation du prix des hamburgers. La pénurie de hamburgers
entraîne la hausse de leur prix. Ce prix plus élevé incite les producteurs à offrir un plus
grand nombre de hamburgers ; il freine également le désir de hamburgers du consom-
mateur et l’incite à modifier son menu. Un moins grand nombre de consommateurs
achète des hamburgers, et un plus grand nombre achète des hot-dogs (ou autres subs-
tituts des hamburgers). Une plus grande quantité de hamburgers (et de hot-dogs) est
offerte sur le marché.
Imaginons maintenant la situation inverse. Au prix courant, il y a plus de hamburgers
à vendre que les consommateurs n’en désirent. Dans ce cas, pour que le choix des ache-
teurs et celui des vendeurs concordent, il faut que les consommateurs achètent davan-
tage de hamburgers, et que les producteurs en mettent moins en vente. Ce résultat
s’obtient par une baisse du prix des hamburgers. Un surplus de hamburgers entraîne la
baisse de leur prix. Cette baisse de prix décourage la production de hamburgers et en
favorise la consommation. Les décisions de produire et de vendre, d’acheter et de
consommer sont continuellement ajustées et harmonisées par des variations de prix.
Nous venons de voir comment la coordination des décisions par le marché détermine
quoi produire – dans notre exemple, des hamburgers. La coordination par le marché
détermine également comment les biens et services sont produits. Par exemple, les pro-
ducteurs de hamburgers peuvent faire cuire ces derniers grâce au gaz, à l’électricité, au
charbon ou au bois. Leur choix dépend du goût qu’ils recherchent, mais également du
coût des diverses méthodes de cuisson. Quand une de celles-ci devient très coûteuse, ils
l’utilisent moins et recourent davantage aux autres méthodes. Cette substitution provo-
quée par la fluctuation du prix est la réponse du marché à la question comment ?
Enfin, la coordination par le marché détermine pour qui les biens et services sont
produits. Les compétences, talents et ressources rares et très valorisés commandent un
prix élevé, et leurs détenteurs reçoivent un revenu supérieur qui leur permet d’obtenir
une grande partie des biens et services produits. Les compétences, talents et ressources
courants et moins valorisés se vendent à bas prix, et les revenus de leurs détenteurs ne
leur permettent d’obtenir qu’une faible partie des biens et services produits.

La coordination par directives


Le deuxième mécanisme est la coordination par directives, qui permet de déterminer
quoi, comment et pour qui les biens et services sont produits en utilisant, plutôt que le
marché, une structure organisationnelle hiérarchique où les individus exécutent les
directives qu’on leur donne. Le meilleur exemple de ce type de structure est le modèle
militaire. Les commandants prennent des décisions qui sont transmises par voie hiérar-
chique, et les soldats exécutent sur le terrain les ordres qu’on leur donne. Jusqu’aux
réformes entreprises à la fin des années 1980, les économies de l’ex-Union soviétique et
des autres pays de l’Europe de l’Est étaient coordonnées par directives. Ce type d’éco-
nomie se fait de plus en plus rare ; à l’heure actuelle, seule celle de la Corée du Nord
correspond strictement à cette définition.
14 PARTIE 1 INTRODUCTION

DE LA THÉORIE À LA RÉALITÉ : DES ÉCONOMIES MIXTES ET OUVERTES


Économie de marché En théorie, une économie de marché repose strictement sur la coordination par le
Économie qui repose
marché. En pratique, toutefois, la plupart des économies qu’on appelle ainsi sont en fait
strictement sur la coordination
par le marché. des économies mixtes, qui reposent en partie sur une coordination par directives. En
Économie mixte effet, dans la mesure où ils soumettent l’économie de marché à des règles et créent des
Économie qui repose sur la organismes pour la surveiller, les gouvernements influent sur les décisions des ménages
coordination par le marché,
mais aussi sur la coordination
et des entreprises.
par directives dans la mesure La figure 1.3 nous a permis de comprendre le fonctionnement théorique d’une éco-
où le gouvernement soumet
l’économie de marché à des nomie à l’aide du schéma d’une économie fermée. Cependant, on l’a dit, aucune écono-
règles et crée des organismes mie n’est fermée, à part l’économie mondiale ; toutes les économies nationales sont des
pour la surveiller.
économies ouvertes, car elles entretiennent des liens plus ou moins étroits avec d’autres
Économie ouverte économies. Même la Corée du Nord, un pays très fermé, fait du commerce avec la Chine.
Économie qui entretient des
liens économiques avec d’autres La figure 1.4 schématise les transactions auxquelles une économie ouverte (ici, le
économies nationales. Canada) se livre sur les marchés mondiaux. Sur les marchés mondiaux des produits, les
entreprises canadiennes vendent une partie de leur production au reste du monde ; ces
ventes, illustrées par le flux rouge qui va du Canada au reste du monde, constituent les
exportations canadiennes de biens et services. Par ailleurs, les entreprises, les ménages
et les administrations publiques du Canada achètent une partie de la production des
entreprises étrangères ; ces achats, illustrés par le flux rouge qui va du reste du monde
au Canada, constituent les importations canadiennes de biens et services.
La valeur totale des exportations et celle des importations ne sont pas forcément
égales. Lorsque les exportations canadiennes sont supérieures aux importations cana-
diennes, le pays enregistre un surplus commercial. Lorsque les importations cana-
diennes sont supérieures aux exportations canadiennes, le pays enregistre un déficit
commercial. Un pays qui enregistre un surplus commercial prête au reste du monde, et
un pays qui accuse un déficit commercial emprunte au reste du monde. Ces prêts et ces
emprunts internationaux ont lieu sur les marchés financiers mondiaux. Nous consacre-
rons les chapitres 9 et 10 à l’étude des relations commerciales et financières du Canada
avec le reste du monde.

Figure 1.4 Les liens économiques internationaux

Sur les marchés mondiaux des produits


CANADA (flux rouges), le Canada vend une partie de sa
Importations
production au reste du monde (exportations
canadiennes canadiennes de biens et services) et achète
de biens une partie de la production du reste du
Emprunts et services monde (importations canadiennes de biens
canadiens et services) ; ces transactions se font sur les
au reste marchés mondiaux des produits.
du monde Lorsque ses exportations sont supérieures
à ses importations, le Canada enregistre
un surplus et prête au reste du monde.
MARCHÉS MARCHÉS Lorsque ses importations sont supérieures
FINANCIERS MONDIAUX à ses exportations, il enregistre un déficit et
emprunte au reste du monde. Ces prêts et
MONDIAUX DES PRODUITS
ces emprunts internationaux ont lieu sur les
marchés financiers mondiaux (flux verts).
Exportations
canadiennes
de biens
Prêts et services
canadiens
au reste
du monde
RESTE
DU MONDE
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 15

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Cuba, une économie en mutation


Au-delà des plages de sable fin, Cuba est en pleine transformation
sur le plan économique. Dès l’arrivée au pouvoir en 2006 du
président Raoul Castro, frère de Fidel, la libéralisation de
l’économie cubaine s’est accentuée. De nombreuses réformes
ont été mises en place par le gouvernement. La distribution à
des cultivateurs privés des terres agricoles appartenant à l’État,
l’entrée du secteur privé dans le commerce au détail, la mise en
place d’un programme de microprêts des banques publiques
pour les particuliers, l’octroi d’un plus grand nombre de licences
de travailleurs indépendants, le droit d’acheter et de vendre des
maisons, des voitures, des ordinateurs et même des cellulaires, la
possibilité pour les Cubains de circuler librement dans le pays et
à l’étranger en ne présentant que leur carte d’identité cubaine et
leur passeport en sont quelques exemples.
L’économie cubaine est-elle devenue une économie de marché ?

Dans la foulée de ces réformes, une nouvelle loi fiscale


adoptée en janvier 2013 permet à l’État cubain de percevoir
de l’impôt sur le revenu et d’autres types d’impôt. Depuis
décembre 2013, les Cubains peuvent importer des voitures les fournisseurs américains et étrangers de cartes de crédit.
librement. « Bien que l’importation soit graduelle, assisterons- Amorcée à la fin de 2013, la réunification du peso cubain et
nous à la disparition des vieilles voitures américaines, joyau du du peso convertible, à parité avec le dollar américain, devrait
patrimoine cubain8 ? » faciliter les échanges commerciaux entre Cuba et les autres pays,
notamment les investissements étrangers indispensables à la
En janvier 2014, le gouvernement cubain privatise les taxis et modernisation de l’économie cubaine.
crée des coopératives de taxi pour les différentes régions de l’île.
De plus, les entreprises privées et les particuliers cubains peuvent Bien que l’économie cubaine s’ouvre au reste du monde, il y a
désormais louer des logements résidentiels et commerciaux à encore du chemin à faire. Son ouverture demeure théorique car,
des Cubains. pour obtenir un passeport, un Cubain doit verser l’équivalent de
près de trois mois de salaire.
Les relations entre Cuba et les États-Unis étant bien
meilleures qu’avant, plusieurs sanctions américaines ont L’économie cubaine est-elle devenue une économie de
été levées, dont l’interdiction de transfert d’argent entre marché ? Quelles réformes ont pour effet de modifier les
membres d’une même famille habitant l’un ou l’autre des transactions entre les ménages et les entreprises sur le marché
deux pays. La vente de matériel et d’équipements américains des facteurs ? Lesquelles affecteront les transactions entre
aux agriculteurs indépendants cubains et aux entrepreneurs les ménages et les entreprises sur le marché des produits ?
privés de l’île est autorisée. Du côté de Cuba, les entreprises Lesquelles toucheront les transactions entre les ménages, les
américaines et étrangères sont autorisées à opérer sur l’île et à entreprises et le gouvernement ? Lesquelles faciliteront les
ouvrir des comptes dans les banques cubaines, de même que transactions entre Cuba et le reste du monde ?

8. Guillaume LANCTÔT, « Après plus de 50 ans, le socialisme cubain est ouvert au changement »,
Perspective Monde, Université de Sherbrooke, 18 février 2014, http ://perspective.usherbrooke.
ca/bilan/servlet/BMAnalyse ?codeAnalyse=1712 (page consultée le 6 février 2015).
16 PARTIE 1 INTRODUCTION

1.2
2 Décrire la coordination des décisions économiques

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Pour chacune des manchettes suivantes, 2. Nommez les trois catégories de décideurs dans une
repérez la catégorie de décideurs concernée. économie fermée en précisant les choix économiques qui
a) Une nouvelle loi québécoise interdit l’usage relèvent de chacune.
des cellulaires au volant. 3. Quelles sont les différences entre une économie
b) Sur le marché des maisons neuves, le nombre de marché et une économie mixte ?
d’acheteurs diminue. 4. Quelles sont les différences entre la coordination par les
c) La Loi sur la protection du consommateur marchés et celle par directives ?
a été modifiée.
d) Un restaurateur sur deux devrait fermer
ses portes au cours de la prochaine année.
e) La main-d’œuvre disponible pour travailler augmente.

RÉPONSES
1. a) Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent d) Les entreprises. Les restaurateurs sont des entreprises qui produisent
les lois et les règlements. des repas sur les marchés des produits.
b) Les ménages. Ils achètent des maisons neuves sur les marchés des e) Les ménages. Ce sont eux qui décident de la quantité de travail offerte
produits. sur les marchés des facteurs.
c) Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent
les lois et les règlements.

1.3 L’ÉCONOMIQUE : UNE SCIENCE HUMAINE


Nous avons vu que l’économique est la science humaine étudiant les choix des individus,
des entreprises et des administrations publiques aux prises avec la rareté. L’étude de
l’économique permet de mieux comprendre comment fonctionne le monde qui nous
entoure et la manière dont l’humain prend ses décisions. Elle permet également de
prédire celles-ci. Nous allons maintenant examiner la façon dont les économistes font
leur travail et nous pencher sur certains des problèmes qu’ils rencontrent.
Le but premier des économistes est de découvrir comment fonctionne le monde éco-
nomique. Pour ce faire, comme tous les scientifiques, ils distinguent deux types
d’énoncés :
• Les énoncés relatifs à ce qui est ;
• Les énoncés relatifs à ce qui devrait être.
Les premiers sont des énoncés positifs. Ils expriment ce qu’on comprend couram-
ment du fonctionnement du monde, et peuvent être exacts ou erronés. On peut vérifier
un énoncé positif en le confrontant aux faits. Ainsi procède le chimiste qui fait une expé-
rience en laboratoire.
Les seconds sont des énoncés normatifs. Ils reposent sur des jugements de valeur et
sont invérifiables. Quand ils débattent une motion, les parlementaires essaient de décider
de ce qui devrait être ; ils font des énoncés normatifs.
Pour illustrer la différence entre les énoncés positifs et les énoncés normatifs, pre-
nons l’exemple de la controverse du réchauffement de la planète. Selon la plupart des
scientifiques, l’activité industrielle des deux derniers siècles et les énormes quantités de
combustibles fossiles que nous brûlons ont accru le taux de dioxyde de carbone dans
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 17

l’atmosphère, ce qui a des conséquences pour la vie. « Notre planète se réchauffe à cause
d’une accumulation croissante de dioxyde de carbone dans l’atmosphère » est un énoncé
positif. On peut le vérifier si on dispose de données pertinentes. « Nous devrions réduire
l’utilisation de combustibles fossiles comme le charbon et le mazout » est, quant à lui,
un énoncé normatif. On peut être d’accord ou non avec lui, mais on ne se demande pas
s’il est vrai ou faux. Il ne se prête pas à la vérification par les faits, car il repose sur des
jugements de valeur.
Prenons un autre exemple. « L’universalité des soins de santé réduit le nombre de
jours d’absence au travail pour cause de maladie » est un énoncé positif. « Tous les
Canadiens et Canadiennes devraient avoir un accès égal aux soins de santé » est un
énoncé normatif.
L’économique s’est donné pour tâche de découvrir et de cataloguer les énoncés posi-
tifs qui rendent compte des phénomènes observés et permettent de comprendre le fonc-
tionnement du monde économique. Cette tâche comporte trois étapes :
• L’observation et la mesure ;
• La construction de modèles ;
• La vérification des modèles.

L’OBSERVATION ET LA MESURE
La première étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste
à l’observer et à le mesurer. Les économistes recueillent un nombre considérable de
données sur des phénomènes comme la quantité et l’emplacement des ressources
humaines et naturelles, les salaires et les heures travaillées, les prix et les quantités
produites des divers biens et services, les impôts et les dépenses publiques, les quantités
de biens et services achetés ou vendus à d’autres pays, etc.

LA CONSTRUCTION DE MODÈLES
La deuxième étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste
à construire un modèle. Un modèle économique est une représentation schématique Modèle économique
d’un aspect donné du monde économique, une description qui ne retient que les élé- Représentation schématique
d’un aspect donné du monde
ments essentiels pour expliquer le phénomène étudié. Un modèle est plus simple que la économique ; description qui
réalité qu’il décrit. Ce qu’un modèle englobe et ce dont il fait abstraction résulte d’hypo- ne retient que les éléments
essentiels pour expliquer le
thèses sur ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. phénomène étudié.
La figure 1.3 de la page 11 est un bel exemple d’un modèle ou d’une représentation
schématique de la réalité, dans ce cas-ci d’une économie fermée. Ce modèle repose sur
l’hypothèse que trois catégories de décideurs sont en présence. La deuxième hypothèse
consiste à examiner la nature de leurs échanges sur deux types de marchés uniquement,
les marchés des produits et les marchés des facteurs. La troisième hypothèse présuppose
que leurs échanges seront de nature monétaire ou de nature physique (facteurs de pro-
duction ou biens et services). Ce modèle a l’avantage de décrire de manière simple le
fonctionnement d’une économie fermée. Il va de soi que la réalité est nettement plus
complexe.

LA VÉRIFICATION DES MODÈLES


La troisième étape consiste à vérifier le modèle. Les prédictions d’un modèle peuvent ou
non correspondre aux faits. S’il y a contradiction entre les faits et le modèle, il faut modi- Théorie économique
fier le modèle ou le rejeter. Un modèle qui passe avec succès et à répétition l’épreuve des Ensemble de généralisations qui
résument notre compréhension
faits sert de base à une théorie économique, c’est-à-dire à un ensemble de généralisa- des choix et des comportements
tions qui résument notre compréhension des choix et des comportements des divers des agents économiques ;
repose sur des modèles qui ont
agents économiques. Une théorie s’élabore par un processus de construction et de véri- passé avec succès et à répétition
fication de modèles. l’épreuve des faits.
18 PARTIE 1 INTRODUCTION

Passons à la vérification du modèle présenté à la figure 1.3 de la page 11. Les


ménages achètent des biens et services et forment donc la demande sur les marchés des
produits. Les entreprises, de leur côté, produisent des biens et services et forment donc
l’offre sur les marchés des produits. Les ménages et les entreprises doivent s’entendre
sur le prix et la quantité de biens et services qui seront produits et achetés, donnant lieu
à une situation d’équilibre. Par conséquent, tout changement de comportement du côté
des entreprises (l’offre) ou des ménages (la demande) entraînera un changement de prix
et de quantité. Ce constat, qui a été à plus d’une reprise vérifié dans la réalité, est à
l’origine de la théorie de l’offre et de la demande, que nous examinerons au chapitre 3.
Les philosophes de l’Antiquité se penchaient déjà sur les questions économiques.
Cependant, on considère généralement que l’économique en tant que science humaine
moderne est née en 1776, avec la publication de Recherches sur la nature et les causes
de la richesse des nations, d’Adam Smith (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste »
de la page 19). Depuis, les économistes ont formulé nombre de théories utiles. Toutefois,
dans de nombreux domaines, ils sont toujours en quête de réponses. L’accumulation
progressive de connaissances permet d’espérer que leurs méthodes fourniront un jour
des réponses utiles aux grands problèmes économiques.

Départager la cause de l’effet


Il n’est pas facile de faire des expériences en économique, et la plupart des comporte-
ments économiques ont des causes simultanées. Pour ces deux raisons, il est difficile de
départager la cause de l’effet.
Les ordinateurs sont-ils de moins en moins chers parce que les gens en achètent de
plus en plus, ou les gens en achètent-ils de plus en plus parce qu’ils coûtent de moins en
moins cher ? Y a-t-il un troisième facteur qui explique à la fois la baisse du prix des ordi-
nateurs et l’augmentation des ventes ? Les économistes cherchent à répondre à de telles
questions, et cela ne va pas de soi. Pour départager la cause de l’effet, ils doivent recourir
(comme tous les scientifiques) à ce qu’on appelle « l’hypothèse ceteris paribus ».

L’hypothèse ceteris paribus


Modifier un seul facteur en maintenant tous les autres constants permet d’isoler les effets
particuliers du facteur sur lequel on se penche et de l’étudier sous le meilleur éclairage
possible. Ce raisonnement, que tous les scientifiques utilisent, repose sur l’hypothèse
Ceteris paribus ceteris paribus, une expression latine qui signifie « toutes choses étant égales par ail-
Expression latine qui signifie leurs » ou, plus explicitement, « si tous les autres facteurs pertinents restent constants ».
« toutes choses étant égales par
ailleurs », ou, plus explicitement, Imaginez que nous étudions, en laboratoire, le comportement des acheteurs d’ordina-
« si tous les autres facteurs teurs en les mettant sous une bulle de verre, coupés du reste du monde. Toutes choses
pertinents restent constants ».
étant égales par ailleurs, une baisse du prix des ordinateurs entraînera une augmenta-
tion de la quantité demandée.
Respecter l’hypothèse ceteris paribus – s’assurer que tous les autres facteurs perti-
nents restent constants – est crucial dans bon nombre d’activités, et toutes les tentatives
de progrès scientifique réussies reposent sur ce raisonnement.
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 19

Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Adam Smith et la naissance de la science économique


Bien des gens ont écrit sur le sujet avant lui, mais c’est Adam
Smith qui a élevé l’économique au rang de science humaine.

Né en 1723 à Kirkcaldy, une petite agglomération de


pêcheurs près d’Édimbourg, en Écosse, Smith était l’enfant
unique de l’agent des douanes de la ville. À 28 ans, il était déjà
professeur de logique à l’université de Glasgow. Détourné de
l’enseignement par un riche duc écossais qui lui avait accordé
une rente annuelle de 300 livres sterling (10 fois le revenu moyen
de l’époque), Smith a consacré 10 ans de sa vie à la rédaction de
ses fameuses Recherches sur la nature et les causes de la richesse
des nations, publiées en 1776.

« Pourquoi certaines nations deviennent-elles riches alors


que d’autres restent pauvres » ? se demandait Smith. Pendant
qu’il réfléchissait à cette question, la révolution industrielle
battait son plein, et de nouvelles technologies se multipliaient «Pourquoi certaines nations deviennent-elles riches alors que d’autres restent pau-
dans les textiles, la sidérurgie, les transports et l’agriculture. vres ?» se demandait Adam Smith.

Smith en est venu à la conclusion que la richesse trois spécialistes fabriquent la tête, une neuvième personne
économique découle de la division du travail et des marchés la fixe, puis une dixième polit et emballe l’épingle. Mais pour
libres, ce qu’il a illustré avec l’exemple d’une fabrique d’épingles. que cette division du travail soit rentable, précisait Smith, le
En travaillant très dur avec les outils de 1770, estimait Smith, marché devait être très vaste. Une fabrique qui emploierait 10
un artisan pouvait fabriquer 20 épingles par jour. Or, affirmait- personnes devrait vendre plus de 15 millions d’épingles par
il, si on décomposait le processus en plusieurs opérations année pour continuer à fonctionner !
simples permettant la spécialisation – si on adoptait la division
du travail  –, 10 personnes pourraient fabriquer non pas 200, En quoi la division du travail permet-elle d’accroître la
mais 48 000 épingles par jour. Smith a décrit la méthode : une production ? D’après Adam Smith, quelle autre condition faut-il
personne tire le fil de métal, une autre le redresse, une troisième pour accroître la richesse des nations ? Est-ce que les conclusions
le coupe, une quatrième l’enfile, une cinquième émoud la pointe, de Smith sont toujours d’actualité ?
20 PARTIE 1 INTRODUCTION

1.3
3 Décrire le travail des économistes

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Lequel des énoncés suivants est normatif ? Pourquoi ? 3. Lequel des énoncés suivants est normatif ? Pourquoi ?
a) Les chômeurs attendent trop longtemps avant qu’on a) Le salaire minimum devrait être haussé de 1 $.
les réembauche. b) L’écart de salaire entre les femmes et les hommes
b) En moyenne, le revenu d’un médecin est supérieur à s’accroît.
celui d’un premier ministre. 4. L’augmentation de la population en âge de travailler et
2. Les facteurs suivants influent sur la consommation des le fait qu’une plus grande proportion de la population
ménages : le revenu, les taux d’intérêt et les impôts occupe un emploi influent sur la quantité de travail
personnels. En vous servant de l’hypothèse ceteris disponible. Rédigez, pour chacun de ces facteurs, une
paribus, rédigez, pour chacun de ces facteurs, une phrase phrase qui départage la cause de l’effet en ce qui concerne
qui départage la cause de l’effet en ce qui concerne la quantité de travail disponible.
la consommation.

RÉPONSES
1. L’énoncé a) est normatif, car on ne peut pas le vérifier. d’intérêt bas entraîneront une hausse de la consommation des ménages,
2. Toutes choses étant égales par ailleurs, une augmentation du revenu et une augmentation des impôts personnels réduira le revenu net des
provoquera une hausse de la consommation des ménages, des taux ménages, et donc leur consommation.

1.4 LES GRAPHIQUES : L’OUTIL DES ÉCONOMISTES


Afin d’expliquer différents modèles ou phénomènes ainsi que le comportement des
agents économiques, les économistes utilisent des graphiques, notamment pour illustrer
la relation entre deux variables ou l’évolution d’une variable au fil du temps. Les gra-
phiques sont les principaux outils des économistes.

LE PRINCIPE DE BASE DE LA CONSTRUCTION D’UN GRAPHIQUE


Pour construire un graphique, on utilise un plan cartésien, c’est-à-dire un système d’axes
composé de deux droites perpendiculaires, comme celles qu’on voit à la figure 1.5. L’axe
vertical est l’axe des ordonnées (ou axe des y), l’axe horizontal est l’axe des abscisses
(ou axe des x). Chaque axe a un point 0 qui coïncide avec le point 0 de l’autre axe ; ce
point commun s’appelle l’origine. Ainsi, à la figure 1.5, l’axe des abscisses mesure le
revenu en milliers de dollars (k $) par année. Un mouvement vers la droite indique une
augmentation du revenu, et un mouvement vers la gauche, une diminution du revenu.
Quant à l’axe des ordonnées, il indique les dépenses en milliers de dollars par année.
Pour construire un graphique à deux variables, il faut connaître la valeur de la
variable mesurée sur l’axe des abscisses et celle de la variable mesurée sur l’axe des
ordonnées. Par exemple, à la figure 1.5, si le revenu se chiffre à 10 000 $ par année, les
dépenses se chiffrent également à 10 000 $ par année au point A du graphique. Si le
revenu se chiffre à 30 000 $ par année, les dépenses s’élèvent à 25 000 $ par année au
point B. Un graphique comme celui de la figure 1.5 peut illustrer n’importe quel type de
données quantitatives sur deux variables.

L’INTERPRÉTATION DES GRAPHIQUES DESCRIPTIFS


Certains types de graphiques sont descriptifs : soit ils explorent une relation possible
entre deux variables (diagramme de dispersion), soit ils montrent l’évolution chronolo-
gique d’une ou de plusieurs variables (histogramme), soit ils facilitent la comparaison
entre les divers éléments d’un ensemble (graphique de coupe transversale).
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 21

Figure 1.5 La construction d’un graphique

2 Dépenses (en k$ par année)


40
Tous les graphiques ont des axes qui
4 mesurent les quantités sous forme de
Revenu de 30 000 $ distances.
30 Dépenses de 25 000 $ 1 L’axe horizontal (axe des abscisses ou axe
des x) mesure le revenu. Un mouvement
vers la droite indique une augmentation
25 B du revenu.
2 L’axe vertical (axe des ordonnées ou
20 axe des y) mesure les dépenses. Un
3
Revenu de 10 000 $ mouvement vers le haut indique une
Dépenses de 10 000 $ augmentation des dépenses.
3 Le point A indique que, si le revenu se
10 A chiffre à 10 000 $ par année, les dépenses
s’élèvent à 10 000 $ par année.
4 Le point B indique que, si le revenu se
chiffre à 30 000 $ par année, les dépenses
s’élèvent à 25 000 $ par année.
0 10 20 30 40
1 Revenu (en k$ par année)

Le diagramme de dispersion représente dans un nuage de points les valeurs d’une Diagramme de dispersion
variable associées à celles d’une autre variable. Ce type de graphique indique s’il existe Graphique qui illustre les
valeurs d’une variable associées
(ou non) une relation entre ces deux variables et, le cas échéant, décrit cette relation. La à celles d’une autre variable.
figure 1.6 montre deux exemples de diagrammes de dispersion.
Le graphique (a) montre une relation entre les les dépenses moyennes par personne
et le revenu moyen par personne au Pays Vert pour une année donnée, de 1999 à 2012.
Dispersés dans le diagramme, les points sont étiquetés selon l’année. Ainsi, le point 03
indique qu’en 2003 le revenu moyen par personne s’élevait à 21 100 $, et les dépenses
moyennes, à 20 100 $. Ce graphique révèle que plus le revenu moyen par personne
augmente, plus les dépenses moyennes sont importantes.
Le graphique (b) montre une relation entre le nombre de minutes d’appels télépho-
niques internationaux et le prix moyen par minute d’appel au Pays Jaune de 1996 à
2012. Il révèle que plus le prix moyen par minute baisse, plus le nombre de minutes
d’appels internationaux augmente.
Un histogramme (ou graphique de série chronologique) indique le temps sur l’axe Histogramme (ou graphique
de série chronologique)
des abscisses, et les variables à l’étude sur l’axe des ordonnées. Le graphique (c) en est
Graphique qui mesure le temps
un exemple ; ici, on mesure le temps en années (de 1975 à 2012) sur l’axe des abscisses, sur l’axe des abscisses, et la
et la variable à l’étude, le taux de chômage au Pays Bleu, sur l’axe des ordonnées. variable ou les variables à
l’étude sur l’axe des ordonnées.
L’histogramme présente rapidement une somme d’information considérable. Ainsi,
le graphique (c) révèle :
1. Le niveau de la variation de la variable (élevé ou bas) – plus la courbe s’éloigne de
l’axe des abscisses, plus le taux de chômage est élevé (comme en 1986) ; plus elle
s’approche de l’axe des abscisses, plus le taux de chômage est bas (comme en 2008) ;
2. Le sens de la variation de la variable (à la hausse ou à la baisse) – quand la courbe
monte, le taux de chômage est en hausse (comme en 1994) ; quand la courbe descend,
le taux de chômage est en baisse (par exemple, de 1999 à 2008) ;
3. La vitesse de la variation de la variable (rapide ou lente) – plus la courbe est abrupte,
plus le taux de chômage monte ou baisse rapidement ; plus la courbe est plate, plus le
taux de chômage monte ou baisse lentement. Ainsi, de 1984 à 1986, le taux de chô-
mage a monté rapidement, alors qu’en 1978 et en 1979, il a monté lentement.
22 PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 1.6 Les données graphiques

Dépenses moyennes (en k$ par année) Prix moyen (en dollars par minute)
30 2,00
1,24 $
Dépenses moyennes (en k$ par année) 09 12 Prix moyen (en dollars par minute)
11
30 08 10 1,50
2,00 96
25
07 98
97 1,2499
$
20 100 $ 06 12
09 00
05 08 11
04 10 1,50
1,00 96 01
25 02
20 03 07 98
02 97 99 03 04
20 100 $ 06
00 01 00 05
04 05 06 07
99 1,00
0,50 01
20 02
11,4 milliards 08 09
15 02 0321 100 $
de minutes 11
03 04 10
00 01 05
06 07 12
99 0,50
0 15 20 25 30 0 10 11,420
milliards 30 08 09 50
40
15 21 100 $ de minutes
Nombre de minutes
Revenus moyen 10d’appels
11
(en k$ par année) (en milliards par année)
12
(a)
0 Diagramme
15 de dispersion
20 : dépenses 25et revenus 30 (b) Diagramme
0 de dispersion
10 20 : prix30
moyen par40minute 50
moyens par personne au Pays Vert Revenus moyen et nombre de minutes d’appels
Nombreinternationaux
de minutes d’appels
(en k$ par année) au Pays Jaune (en milliards par année)
Ce graphique
Taux
(a) de chômage
Diagramme montre que
de(en plus le:revenu
pourcentage
dispersion demoyen
et par personne
la population
dépenses revenus active) Ce graphique
Pays
(b) Diagrammemontre que plus le: prix
de dispersion prixmoyen
moyenparparminute
minutebaisse,
s’accroît, plus les dépenses moyennes
moyens par personne au Pays Vert par personne augmentent. plusetlenombre
nombre de
de minutes d’appels internationaux
minutes d’appels internationaux augmente.
12 Pays au
1 Pays Jaune
Augmentation Élevé
Diminution
Taux rapide
de chômage (en pourcentage de la rapide
population active) Pays 2
10
12 Pays 1
Élevé
Pays 3
Augmentation Diminution
lente
rapide Pays 2
rapide Pays 4
8
10
Pays 3
Augmentation Pays 5
lente Diminution
lente Pays 4
6 Pays 6
8
Pays 5
Faible
Diminution Pays 7
lente
6 Pays 6
0 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 0 2 4 6 8 10
Faible Année Pays 7 Taux de chômage (en pourcentage
de la population active)
(c)
0 Histogramme
1975 1980 :1985
taux de chômage
1990 1995au2000
Pays 2005
Bleu 2010 2015 (d) Graphique
0 à2barres : taux
4 de chômage
6 de
8 sept pays
10
Année Taux de chômage (en pourcentage
de la population active)
(c) Histogramme : taux de chômage au Pays Bleu (d) Graphique à barres : taux de chômage de sept pays

Ce graphique illustre le taux de chômage du Pays Bleu pour Ce graphique représente par des bandes horizontales les
chaque année entre 1975 et 2012 ; il montre le niveau du taux valeurs du taux de chômage annuel moyen de sept pays
de chômage (élevé ou bas), le sens de ses variations (hausse fictifs. Ainsi, on peut comparer les taux de chômage de ces
ou baisse) et leur vitesse (rapide ou lente). pays pour une année donnée.

Tendance De plus, l’histogramme permet de voir s’il y a une tendance dans l’évolution d’une
Mouvement général de la valeur variable, c’est-à-dire un mouvement général de la valeur d’une variable dans un sens ou
d’une variable dans un sens ou
dans l’autre (à la hausse ou à la dans l’autre (à la hausse ou à la baisse). Ainsi, de 1996 à 2009, la tendance générale du
baisse). taux de chômage a été à la baisse, même s’il a monté légèrement en 1999 et en 2004.
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 23

Par contre, de 1975 à 1986, la tendance a été nettement à la hausse : même s’il a connu
des fluctuations durant cette période, le taux de chômage a monté plus qu’il n’a baissé.
L’histogramme permet de comparer rapidement l’état d’une variable à différentes
périodes. Ainsi, le graphique (c) révèle que, de manière générale, le taux de chômage n’a
pas changé beaucoup dans les années 1970, mais a connu des fluctuations prononcées
dans les années 1980 et 1990 – d’abord à la hausse, puis à la baisse.
Comme on le voit, le graphique de série chronologique transmet énormément d’in-
formation, et ce, en moins d’espace qu’il n’en faut pour décrire seulement quelques-unes
de ses caractéristiques.
Le graphique à barres (ou graphique de coupe transversale) représente par des Graphique à barres
bandes horizontales ou verticales les valeurs de chacun des éléments d’un ensemble (ou graphique de coupe
transversale)
donné pour en faciliter la comparaison. Le graphique à barres en (d), qui indique le taux Graphique qui représente par
de chômage annuel moyen pour sept pays fictifs, en est un exemple. Ici, la longueur de des bandes horizontales ou
verticales les valeurs de chacun
chaque barre indique le taux de chômage d’un pays, ce qui nous permet de comparer des éléments d’un ensemble
les taux de chômage de plusieurs pays plus facilement et plus rapidement que ne le ferait donné afin d’en faciliter la
comparaison.
une liste de données.

L’INTERPRÉTATION D’UN GRAPHIQUE ILLUSTRANT


UNE RELATION ENTRE DEUX VARIABLES
Pour interpréter un graphique qui illustre la relation entre deux variables, il faut savoir
que cette relation peut être positive ou négative et que, dans les deux cas, elle peut être
linéaire, croissante ou décroissante. Chacune de ces caractéristiques se traduit par la
forme de la courbe. Voyons cela de plus près, en commençant par les relations positives.

Les relations positives


La figure 1.7 présente trois graphiques illustrant une relation positive (ou relation Relation positive
directe) entre deux variables, c’est-à-dire une relation entre deux variables qui évoluent (ou relation directe)
Relation entre deux variables
dans la même direction. Une telle relation est toujours représentée par une courbe qui évoluent dans le même sens.
ascendante. (Notons qu’il est d’usage d’employer le mot courbe pour désigner toute ligne,
droite ou incurvée qui représente la relation entre deux variables dans un graphique.)
Le graphique (a) montre une relation positive linéaire, c’est-à-dire une relation Relation linéaire
représentée par une droite. Ici, la distance parcourue en cinq heures augmente à mesure Relation représentée par une
droite dans un graphique.
que la vitesse augmente ; ainsi, on parcourt 200 kilomètres en cinq heures si on roule à
40 kilomètres à l’heure (point A), et 300 kilomètres si on roule à 60 kilomètres à l’heure
(point B). On voit que la distance parcourue augmente à un rythme constant par rapport
à la vitesse. Chaque augmentation de 20 kilomètres à l’heure accroît la distance parcou-
rue de 100 kilomètres.
Le graphique (b) montre la relation positive croissante entre la distance parcourue Relation croissante
par un sprinter et le temps de récupération (délai qu’il faut pour que la fréquence car- Relation entre deux variables
où la variation de l’une entraîne
diaque de l’athlète revienne à la normale au repos). On voit que le temps de récupération une variation de plus en plus
de l’athlète augmente à un rythme croissant. Des augmentations égales de la distance importante de l’autre.
parcourue entraînent des augmentations de plus en plus importantes du temps de récu-
pération. Ainsi, l’accroissement du temps de récupération nécessaire après le troisième
100 mètres est plus important que cet accroissement après le deuxième 100 mètres, d’où
une courbe qui augmente à un rythme croissant (relation positive croissante).
Le graphique (c) montre la relation positive décroissante entre le nombre de pro- Relation décroissante
Relation entre deux variables
blèmes qu’un étudiant réussit à résoudre et le temps qu’il consacre quotidiennement à
où la variation de l’une entraîne
l’étude. Cette relation est représentée par une courbe qui augmente à un rythme décrois- une variation de moins en moins
sant : le nombre de problèmes résolus augmente de moins en moins rapidement à importante de l’autre.
mesure que les heures d’étude et la fatigue s’accumulent. Le temps consacré à l’étude
devient donc de moins en moins productif.
24 PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 1.7 Les relations positives (directes)

Distance parcourue en cinq heures


(en kilomètres) Temps de récupération (en minutes) Nombre de problèmes résolus

500 40 20
Relation positive Relation Relation
linéaire (constante) positive positive
400 croissante décroissante
30 15
300 B
20 10
A
200

10 5
100

0 20 40 60 80 100 0 100 200 300 400 0 2 4 6 8


Vitesse Distance parcourue Temps d’étude
(en kilomètres par heure) (en mètres) (en heures)
(a) Relation positive linéaire (b) Relation positive croissante (c) Relation positive décroissante

La vitesse et la distance parcourue en Quand la distance du sprint augmente de Plus le temps d’étude s’allonge,
cinq heures augmentent simultanément façon constante, le temps de récupéra- moins le nombre de problèmes résolus
et de manière constante. tion augmente de plus en plus à chaque augmente rapidement, ce qui se traduit
fois, ce qui se traduit par une courbe qui par une courbe qui augmente à un
augmente à un rythme croissant. rythme décroissant.

Figure 1.8 Les relations négatives (inverses)

Temps consacré au squash (en heures) Coût du voyage (en cents par kilomètre) Nombre de problèmes résolus

5 50 25
Relation Relation
négative négative
4 linéaire 40 décroissante 20

3 30 15
Relation
négative
2 20 10 croissante

1 10 5

0 1 2 3 4 5 0 100 200 300 400 500 0 2 4 6 8 10


Temps consacré au tennis Longueur du trajet Temps de loisir
(en heures) (en kilomètres) (en heures)

(a) Relation négative linéaire (b) Relation négative décroissante (c) Relation négative croissante

Quand le temps consacré au tennis Plus le voyage s’allonge, moins son coût Quand le temps de loisir augmente, le
augmente d’une heure, le temps par kilomètre diminue, ce qui se traduit nombre de problèmes résolus diminue
consacré au squash diminue également par une courbe qui diminue à un rythme de plus en plus, ce qui se traduit par une
d’une heure le long de la droite. décroissant. courbe qui diminue à un rythme croissant.

Les relations négatives


Relation négative La figure 1.8 présente trois graphiques qui illustrent une relation négative (ou relation
(ou relation inverse)
inverse) entre deux variables : celles-ci évoluent dans des directions opposées. Le gra-
Relation entre deux variables
qui évoluent dans des directions phique (a) montre la relation négative entre le nombre d’heures consacrées au squash
opposées. et le nombre d’heures consacrées au tennis sur un total de cinq heures. Jouer une heure
de plus au tennis signifie jouer une heure de moins au squash, et vice versa. Il s’agit
d’une relation négative linéaire (constante).
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 25

Le graphique (b) montre la relation négative décroissante entre le coût par kilomètre
parcouru et la longueur du trajet. Plus le voyage est long, plus le coût par kilomètre est
bas. Cependant, ce coût ne diminue pas de façon uniforme. Il décroît à un rythme accé-
léré pour un trajet relativement court, mais on observe une diminution de moins en
moins marquée à mesure que le trajet s’allonge. Le coût baisse à un rythme décroissant.
Cette relation s’explique par le fait qu’une partie des coûts (comme l’assurance de la
voiture) est fixe quelle que soit la distance parcourue, et que ces coûts fixes sont plus
facilement amortis sur un trajet plus long.
Le graphique (c) montre la relation négative croissante entre le temps de loisir d’un
étudiant et le nombre de problèmes que ce dernier parvient à résoudre. L’augmentation
constante du temps de loisir entraîne une baisse de plus en plus importante du nombre
de problèmes résolus. Ce nombre diminue à un rythme croissant.

1.4
4 Construire et interpréter les graphiques utilisés dans les modèles économiques

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Construisez un graphique qui montre la relation entre 2. Construisez un graphique qui montre la relation entre
ces variables : ces variables :

Tableau 1 Tableau 2
x 0 1 2 3 4 5 6 7 8 x 0 1 2 3 4 5 6 7 8
y 0 1 4 9 16 25 36 49 64 y 60 49 39 30 22 15 9 4 0
a) S’agit-il d’une relation positive ou négative ? a) S’agit-il d’une relation positive ou négative ?
b) S’agit-il d’une relation croissante, décroissante b) S’agit-il d’une relation croissante, décroissante
ou linéaire ? ou linéaire ?
c) Énumérez quelques relations économiques qui c) Énumérez quelques relations économiques qui
pourraient ressembler à cette relation. pourraient ressembler à cette relation.

RÉPONSES
1. Relation entre x et y a) La relation entre x et y est positive. Les deux variables évoluent dans le
Y
70
même sens : si x augmente, y augmente ; si x diminue, y diminue aussi.
b) La relation entre x et y est croissante. Une augmentation constante de x
60
engendre une augmentation de plus en plus importante de y.
50 c) Il y a plusieurs réponses possibles à cette question ; vérifiez les vôtres avec
40 votre professeur. Dans cet ouvrage, nous étudierons certaines relations
30
économiques de ce type. Ainsi, au chapitre 3, la courbe d’offre (figure 3.3,
p. 59) établit une relation positive entre le prix d’un bien et la quantité
20
offerte de ce bien, toutes choses étant égales par ailleurs. De même, au
10 chapitre 6, la courbe d’offre agrégée (figure 6.4, p. 141) établit une relation
0 positive entre le PIB réel offert et le niveau général des prix.
2 4 6 8 X
26 PARTIE 1 INTRODUCTION

Le chapitre 1 en bref

1 Définir l’économique et distinguer la microéconomie de la macroéconomie

Économique Quoi produire ?


Science humaine étudiant les choix que nous faisons Biens et services...
quand nous composons avec la rareté et les incitatifs qui • de consommation
influent sur nos choix et les concilient • d’investissement
• des administrations publiques
• d’exportation
Microéconomie
Macroéconomie
Étude des choix
Étude des effets agrégés Comment/Pour qui produire ?
des individus et des
(totaux) des choix des Facteurs de production/Revenus...
entreprises, de la façon
individus, des entreprises
dont ils répondent • Terre/loyer
et des gouvernements
aux incitatifs, interagissent • Travail/salaire
sur l’économie nationale
entre eux et subissent • Capital/intérêt
et mondiale
l’influence de l’État
• Entrepreneuriat/profit

2 Décrire la coordination des décisions économiques

Économie fermée Par les marchés Économie de marché


Économie qui n’entretient de lien Coordination des décisions Économie mixte, en réalité,
avec aucune autre individuelles par des ajustements qui repose en partie sur une
de prix coordination par directives
Décideurs Marché… Par directives Économie ouverte
• Ménages • des facteurs Structure hiérarchique où les Économie qui entretient
• Entreprises • des produits individus exécutent les directives des liens plus ou moins étroits
• États qu’on leur donne avec d’autres économies

3 Décrire le travail des économistes

Énoncés positifs • Observation et mesure Modèle économique


Ce qui est (vérifiables) • Construction de modèles Représentation schématique
• Vérification des modèles d’un aspect donné du monde
Énoncés normatifs économique qui ne retient que
Ce qui devrait être (non vérifiables) les éléments essentiels expliquant
Hypothèse ceteris paribus
un phénomène
Départager la cause de l’effet

4 Construire et interpréter les graphiques utilisés dans les modèles économiques

Construction d’un graphique Diagramme de dispersion Relation positive


à deux variables Relation entre deux variables Variables évoluant dans
• Valeur de la variable x sur l’axe la même direction
des abscisses (horizontal) Histogramme
Évolution chronologique d’une Relation négative
• Valeur de la variable y sur l’axe
des ordonnées (vertical) ou de plusieurs variables Variables évoluant dans des
directions opposées
Graphique à barres
Comparaison de divers éléments Forme de la courbe
d’un ensemble • Relation linéaire
• Relation croissante
• Relation décroissante
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 27

Questions
de révision
Au terme de la section 1.1, L’économique et ses trois Au terme de la section 1.2, La coordination des décisions
questions fondamentales, répondez aux questions 1 à 5. économiques, répondez aux questions 6 et 7.

1. Donnez trois exemples illustrant le fait que même les plus 6. Quelles sont les deux grandes composantes d’une économie ?
riches n’échappent pas à la rareté.
7. Quelle est la différence entre une économie ouverte et une
2. Dites si chacune des nouvelles suivantes concerne un enjeu économie fermée ?
macroéconomique ou microéconomique.
Au terme de la section 1.3, L’économique : une science
a) Une hausse de la taxe sur les cigarettes réduira le
tabagisme chez les adolescents. humaine, répondez aux questions 8 et 9.
b) Le Canada a connu une baisse de son activité
économique en 2009. 8. Déterminez si chacun des énoncés suivants est positif ou
c) Une politique de travail obligatoire pour les assistés normatif.
sociaux réduira le nombre de sans-emploi. a) Au Canada, les pauvres paient trop cher pour se loger.
d) Un gel important en Floride a ruiné une partie de la b) Au Canada, le nombre de fermes a diminué depuis
récolte d’agrumes cette année, ce qui a fait augmenter le 50 ans.
prix des agrumes vendus au Québec. c) Au Canada, la population des régions rurales est restée
e) De 2009 à 2010, le prix des ordinateurs portables a constante dans la dernière décennie.
baissé de 17 % au Canada. d) Au Canada, le gouvernement fédéral devrait investir
davantage pour stimuler l’activité économique.
3. Lesquels des éléments suivants ne sont pas des biens ou e) Au Canada, la Banque du Canada devrait réduire les
des services de consommation ? Pourquoi ? taux d’intérêt pour que la consommation des ménages
a) Une tablette de chocolat augmente.
b) Un remonte-pente
c) Une balle de golf 9. Expliquez comment les économistes s’y prennent pour
départager la cause de l’effet. Pourquoi recourent-ils à l’hy-
d) L’autoroute Transcanadienne pothèse ceteris paribus ?
e) Un camion d’incendie

4. Lesquels des éléments suivants ne sont pas des biens


d’investissement ? Pourquoi ?
a) Une chaîne de montage d’automobiles
b) Un centre commercial
c) Une pizza extra fromage
d) Un pétrolier
e) Un travailleur de la construction

5. Lesquels des éléments suivants ne sont pas des facteurs de


production ? Pourquoi ?
a) Les camionnettes de livraison d’un boulanger
b) Mille actions d’Amazon.com
c) Un gisement de pétrole qui n’a pas encore été découvert
d) Un camion à ordures
e) Un paquet de gomme à mâcher
28 PARTIE 1 INTRODUCTION

Au terme de la section 1.4, Les graphiques : l’outil des a) Construisez un diagramme de dispersion (nuage de
économistes, répondez à la question 10. points) qui montre la relation entre les dépenses en
enregistrements musicaux et les dépenses en services
10. Le tableau qui suit fournit des données sur les dépenses de internet. Décrivez cette relation.
consommation réelles par personne (en dollars par année) b) Construisez un diagramme de dispersion qui montre la
en enregistrements musicaux, en services internet et en relation entre les dépenses en services internet et les
films sur 10 ans. dépenses en films. Décrivez cette relation.
c) Construisez un diagramme de dispersion qui montre la
Tableau 1 relation entre les dépenses en enregistrements musicaux
et les dépenses en films. Décrivez cette relation.
Services d) Construisez un histogramme (ou graphique de série
Musique Films
Année internet chronologique) des dépenses en services internet. En
(en dollars par année) quelle année ou en quelles années ces dépenses étaient-
elles les plus élevées ? Les plus faibles ? En quelle année
2010 43 4 23 ou en quelles années ont-elles le plus augmenté ? Le
2011 47 5 24 moins augmenté ? Observez-vous une tendance dans les
dépenses en services internet ? Si oui, décrivez-la.
2012 56 6 25
e) Construisez un histogramme des dépenses en
2013 57 11 25 enregistrements musicaux. En quelle année ou en
2014 57 17 27 quelles années ces dépenses étaient-elles les plus
élevées ? Les plus faibles ? En quelle année ou en
2015 55 26 29 quelles années ont-elles le plus augmenté ? Le moins
2016 56 32 30 augmenté ? Observez-vous une tendance dans les
dépenses en enregistrements musicaux ? Si oui,
2017 58 37 31 décrivez-la.
2018 62 43 32
2019 66 48 33
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 29

Appliquez
vos savoir-faire
Ventes record d’autos aux États-Unis
Les ventes d’autos aux États-Unis ont progressé de quelque 7 %
en février 2016 pour atteindre un sommet en 15 ans, à la faveur
du faible niveau des prix de l’essence, d’un crédit bon marché et de
salaires plus élevés9.

a) Cet événement relève-t-il de la microéconomie ou de la macroéco-


nomie ? Expliquez votre réponse.
b) Quel agent économique a pris des décisions qui ont amené cette
hausse des ventes ? Expliquez votre réponse.
c) À quel mécanisme de coordination l’économie américaine fait-elle
appel pour que les choix des acheteurs et des fabricants d’auto-
mobiles correspondent ? Expliquez votre réponse.
d) En vous servant de l’hypothèse ceteris paribus, rédigez, pour cha-
cun des facteurs évoqués, une phrase qui départage la cause de
l’effet en ce qui concerne les ventes d’autos aux États-Unis.
e) À quelle question économique fondamentale associez-vous cet
Les ventes d’autos aux États-Unis ont progressé de quelque 7 % en
événement ? Dites pourquoi. février 2016 pour atteindre un sommet en 15 ans.

MOTS CLÉS
Biens d’investissement, 6 Intérêt, 9
Biens et services, 6 Loyer, 9
Biens et services d’exportation, 6 Macroéconomie, 4
Biens et services de consommation, 6 Microéconomie, 4
Biens et services des administrations publiques, 6 Modèle économique, 17
Capital, 7 Profit (ou perte), 9
Capital humain, 8 Rareté, 4
Ceteris paribus, 18 Relation croissante, 23
Diagramme de dispersion, 21 Relation décroissante, 23
Économie de marché, 14 Relation linéaire, 23
Économie fermée, 10 Relation négative (ou relation inverse), 24
Économie mixte, 14 Relation positive (ou relation directe), 23
Économie ouverte, 14 Ressources productives, 4
Économique, 4 Salaire, 9
Entrepreneuriat, 8 Tendance, 22
Facteurs de production, 7 Terre, 7
Graphique à barres (ou graphique de coupe transversale), 23 Théorie économique, 17
Histogramme (ou graphique de série chronologique), 21 Travail, 7
Incitatif, 4

9. Reuters, « Aux États-Unis, les ventes d’autos atteignent un sommet de 15 ans », TVA Nouvelles,
publié le 2 mars 2016 à 6 h 32, mis à jour le 2 mars 2016 à 6 h 38, www.tvanouvelles.ca/2016/03/02/
les-ventes-dautos-atteignent-un-sommet-de-15-ans (page consultée le 13 mars 2016).
30 PARTIE 1 INTRODUCTION

PARTIE 1
CHAPITRE 2
INTRODUCTION LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE
FONDAMENTAL : LA RARETÉ

ÉTUDIER OU
TRAVAILLER ?
SE PROCURER UNE AUTOMOBILE OU PRENDRE
L’AUTOBUS  ; acheter une maison ou louer un
appartement  ; faire du sport ou regarder un film  ;
voyager ou payer ses dettes  ; lire ou rencontrer des
amis… Quels choix doit-on faire ?
Comme nos besoins excèdent la capacité que nous
avons de les satisfaire, nous devons faire des choix,
c’est-à-dire déterminer des priorités et décider lesquels
de nos besoins seront satisfaits et lesquels resteront
inassouvis. La rareté nous oblige à choisir.
Ces choix s’imposent car, si considérables soient-elles,
les possibilités de production d’une économie ne sont
pas illimitées. Comment accroître la capacité de
produire d’une économie ? La croissance économique
nous permet-elle d’échapper à la rareté ? Pour répondre
à ces questions, les économistes utilisent un modèle
illustrant la rareté, que nous étudierons dans
ce chapitre.
SOMMAIRE

2.1 2.2 2.3


Les possibilités Le coût de ÉTUDIER OU L’expansion des possibilités
de production renonciation TRAVAILLER ? de production

p. 32 p. 36 p. 40 p. 42
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 31

SAVOIR-FAIRE
1 Utiliser la courbe des possibilités de
production pour illustrer le problème
économique
2 Calculer le coût de renonciation
3 Expliquer comment le progrès technolo-
gique, l’accroissement du capital humain
et l’accumulation du capital augmentent
les possibilités de production

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COUP D’ŒIL COUP D’ŒIL


SUR UN GRAND ÉCONOMISTE SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
Joseph Schumpeter et Quand la Chine
les théories de la croissance rattrapera-t-elle Le chapitre 2
économique les États-Unis ? en bref

p. 43 p. 44 p. 45
32 PARTIE 1 INTRODUCTION

2.1 LES POSSIBILITÉS DE PRODUCTION


Tous les jours, les mines, les usines, les magasins, les bureaux, les fermes et les chantiers
de construction du Canada produisent une multitude de biens et services. Cependant, si
considérable soit-elle, notre capacité de production est limitée par les ressources et la
technologie accessibles. À tout moment, nous disposons de quantités fixes de ressources
et d’une technologie donnée.
Pour étudier les limites de la production, nous allons nous concentrer sur deux biens
en supposant que les quantités produites de tous les autres biens et services restent
constantes. Autrement dit, nous allons nous servir de l’hypothèse ceteris paribus (toutes
choses étant égales par ailleurs) et étudier un modèle économique où rien ne varie, sauf
la production des deux biens qui nous intéressent.

LA COURBE DES POSSIBILITÉS DE PRODUCTION


Courbe des possibilités La courbe des possibilités de production (CPP) trace la frontière entre les combinaisons
de production (CPP) de biens et services qu’il est possible de produire et celles qu’il est impossible de produire
Frontière entre les combinaisons
de biens et services qu’il est avec une quantité de ressources fixe et une technologie donnée.
possible de produire et celles
qu’il est impossible de produire
Voyons ce que pourrait être la CPP pour de l’eau embouteillée et des téléphones
avec une quantité de ressources intelligents. La terre (les minéraux, les ressources énergétiques, l’eau, etc.) permet de
fixe et une technologie donnée. produire de l’eau embouteillée ou des téléphones intelligents. Le travail ou la main-
d’œuvre sert à embouteiller de l’eau de source ou à fabriquer des téléphones intelligents.
Le capital est l’ensemble de la machinerie, des équipements ou de l’outillage destinés
au puisage, au filtrage et à l’embouteillage d’eau (ex. : usines d’embouteillage) ou à la
fabrication de téléphones intelligents. Quant aux entrepreneurs, ils consacrent leur créa-
tivité soit à gérer les ressources en eau et les usines d’embouteillage, soit à diriger les
entreprises de fabrication de téléphones intelligents. Quoi qu’il en soit, plus on utilise de
ressources pour produire de l’eau embouteillée, moins il en reste pour concevoir
des téléphones intelligents, et vice versa.
On peut décrire les possibilités de production à l’aide d’un tableau ou d’une courbe
des possibilités de production. Le tableau de la figure 2.1 (p. 33) présente six possibilités
de production pour l’eau embouteillée et les téléphones intelligents – autrement dit, six
combinaisons de quantités d’eau embouteillée et de téléphones intelligents qu’il est pos-
sible de produire avec les ressources et la technologie accessibles.
Dans le contexte de la possibilité de production A, on ne consacre aucune ressource
à l’embouteillage d’eau – la production d’eau embouteillée est nulle. Toutes les res-
sources servent à la fabrication de téléphones intelligents ; on en produit alors 15 mil-
lions par année. Dans le contexte de la possibilité de production B, on consacre assez de
ressources à l’embouteillage d’eau pour produire 1 million de bouteilles par année ;
comme les ressources allouées à l’embouteillage d’eau ne peuvent plus servir à la pro-
duction de téléphones intelligents, celle-ci descend à 14 millions par année. Les possibi-
lités de production C, D et E sont d’autres combinaisons des quantités de ces deux biens.
Dans le cas de la possibilité de production F, on consacre toutes les ressources à la
production de 5 millions de bouteilles d’eau par année, et aucune à la production de
téléphones intelligents, laquelle est donc nulle.
Le graphique de la figure 2.1 illustre les possibilités de production décrites dans le
tableau. L’axe des abscisses (axe horizontal) décrit la quantité d’eau embouteillée, et
l’axe des ordonnées (axe vertical), la quantité de téléphones intelligents. Chaque point
de A à F illustre les différentes possibilités de production du tableau ; ainsi, le point B
illustre une production de 1 million de bouteilles d’eau et de 14 millions de téléphones
intelligents, quantités qui correspondent à la possibilité de production B du tableau.
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 33

La CPP est très utile pour illustrer les effets de la rareté et en entrevoir les consé-
quences ; elle met en lumière trois caractéristiques des possibilités de production, soit
la différence entre :
• Les combinaisons possibles et les combinaisons impossibles ;
• Le plein-emploi et le sous-emploi des ressources productives ;
• Le sacrifice et l’absence de sacrifice.

Les combinaisons possibles et les combinaisons impossibles


La CPP montre les limites de la production : elle trace la frontière entre les combinaisons
possibles et les combinaisons impossibles avec les ressources et la technologie accessibles.
On peut produire toutes les combinaisons de quantités de bouteilles d’eau et de téléphones
intelligents qui se situent sur la CPP ou à l’intérieur de la CPP. Par contre, les combinaisons
des deux biens situées à l’extérieur de la CPP sont impossibles à produire.
La figure 2.1 montre clairement où se situent les combinaisons possibles et impos-
sibles à produire avec les ressources et la technologie accessibles. Seuls les points situés
sur la CPP et à l’intérieur de la CPP (zone beige) correspondent à des combinaisons
possibles. Toutefois, les combinaisons qui se situent sur la CPP nécessitent l’utilisation
de toutes les ressources. Ce n’est pas le cas des combinaisons qui se situent à l’intérieur
de la CPP. Les combinaisons d’eau embouteillée et de téléphones intelligents qui corres-
pondent à des points situés à l’extérieur de la CPP (zone blanche), comme le point G,
sont impossibles à produire puisque les ressources et la technologie accessibles sont
insuffisantes. La CPP indique qu’on peut produire 4 millions de bouteilles d’eau et 5 mil-
lions de téléphones intelligents au point E, ou 2 millions de bouteilles d’eau et 12 millions
de téléphones intelligents au point C, mais qu’il est impossible de produire 4 millions de
bouteilles d’eau et 12 millions de téléphones intelligents au point G avec les ressources
et la technologie dont on dispose.

Figure 2.1 La CPP et les combinaisons possibles et impossibles

Téléphones intelligents
(en millions par année)

18 Possibilités A B C D E F
Bouteilles d’eau (en millions) 0 1 2 3 4 5
Téléphones intelligents  (en millions) 15 14 12 9 5 0
A
15 B Courbe des possibilités
de production (CPP)
Tracé à partir des données du tableau, le graphique permet de
C G visualiser la courbe des possibilités de production (CPP) pour deux
12
biens – ici, des bouteilles d’eau et des téléphones intelligents.
Le point A révèle qu’on peut produire une quantité maximale de
D 15 millions de téléphones intelligents par année si on ne produit
9 Impossible aucune bouteille d’eau. Les points A, B, C, D, E et F du graphique
illustrent les différentes possibilités de production du tableau.
Possible La courbe qui relie tous ces points est la CPP.
6 E
5
La courbe des possibilités de production (CPP) départage les
combinaisons possibles et impossibles. On peut produire les
3 combinaisons situées n’importe où sur la CPP ou à l’intérieur de
la CPP (zone beige). Les points situés à l’extérieur de la CPP,
F comme le point G, correspondent à des combinaisons impossibles.
0 1 2 3 4 5 6
Bouteilles d’eau (en millions par année)

Possibilités A B C D E F

Bouteilles d’eau (en millions) 0 1 2 3 4 5

Téléphones intelligents (en millions) 15 14 12 9 5 0


34 PARTIE 1 INTRODUCTION

Le plein-emploi et le sous-emploi des ressources productives


Plein-emploi Il y a plein-emploi des ressources quand l’utilisation des ressources productives est
Utilisation optimale des optimale compte tenu de la meilleure technologie accessible ; il y a sous-emploi des
ressources productives compte
tenu de la meilleure technologie ressources quand certaines ressources productives restent inutilisées ou ne sont pas
accessible. utilisées de manière optimale.
Sous-emploi
N’importe quelle ressource peut être sous-employée. Ainsi, il y a toujours une cer-
Utilisation incomplète ou
inefficace des ressources taine partie de la main-d’œuvre au chômage. De même, la terre reste souvent inutilisée
productives compte tenu le temps que son propriétaire lui trouve un usage qui optimise sa valeur, ce qui explique
de la meilleure technologie
accessible. l’existence des terrains vagues qu’on voit un peu partout. Il en va de même du capital :
des milliers d’automobiles inutilisées restent parquées dans les terrains de stationne-
ment des concessionnaires et des vendeurs, et les cuisines et tables des restaurants sont
souvent inoccupées.
La figure 2.2 (p. 35) illustre les effets du sous-emploi des ressources. Dans une telle
situation, l’économie produirait à l’intérieur de la CPP, au point H, par exemple ; ici, en
employant une partie des ressources accessibles, on peut produire 3 millions de bou-
teilles d’eau et 5 millions de téléphones intelligents. Cependant, si on employait toutes
les ressources accessibles, on pourrait produire au point D ou E sur la CPP. Au point D,
on produit plus de téléphones intelligents et la même quantité de bouteilles d’eau qu’au
point H, tandis qu’au point E on produit plus de bouteilles d’eau et la même quantité de
téléphones intelligents qu’au point H.

Le sacrifice et l’absence de sacrifice


Sacrifice La rareté des ressources nous oblige à faire des choix, et tout choix implique un sacrifice :
Fait de renoncer à une chose
pour en obtenir une autre.
on doit renoncer à une chose pour en obtenir une autre.
S’il alloue plus de ressources à la défense nationale et réduit ses transferts aux pro-
vinces pour les soins de santé, le gouvernement du Canada sacrifie des soins de santé
au profit de la sécurité nationale. S’il alloue plus de ressources aux routes et réduit celles
qu’il alloue aux collèges et aux universités, le gouvernement du Québec sacrifie des ser-
vices d’éducation au profit du transport. S’il alloue plus
Saviez-vous que… de ressources aux maisons de la culture et réduit les
« En 2014, les 282 000 Québécoises et Québécois en ressources de collecte des déchets, le conseil municipal
situation de sous-emploi […] étaient presque aussi de Montréal sacrifie des services sanitaires au profit de
nombreux que les chômeurs traditionnels1 (331 900)2. » la culture. S’ils abattent moins d’arbres pour préserver
Où se situait l’économie québécoise en 2014 ? À l’intérieur, l’habitat naturel de la chouette tachetée, les produc-
à l’extérieur ou sur sa CPP ? Justifiez votre réponse. teurs de papier sacrifient une partie de leur production
pour préserver une espèce sauvage.
RÉPONSE

En 2014, le Québec ne faisait pas une utilisation optimale de sa La CPP illustre ce type de sacrifices. Si, à la figure 2.2
main-d’œuvre, car près de 614 000 personnes se trouvaient en situation
(p. 35), on produit au point E et si on veut produire
de sous-emploi. Par conséquent, l’économie québécoise se situait à
l’intérieur de sa CPP. plus de téléphones intelligents (point D), on doit renon-
cer à la production d’un million de bouteilles d’eau. Au
point E, toutes les ressources sont pleinement utilisées.
Pour produire au point D, on doit donc réduire les ressources allouées à la production
de bouteilles d’eau et les utiliser pour fabriquer des téléphones intelligents. Autrement
dit, on doit sacrifier des bouteilles d’eau pour obtenir plus de téléphones intelligents.
Les économistes résument souvent cette idée centrale de l’économique – « tout choix
suppose un sacrifice, et rien n’est gratuit ! » – par le vieux dicton : « On ne peut pas avoir
le beurre et l’argent du beurre. »

1. Personnes disponibles pour travailler qui sont sans emploi et qui se cherchent activement un
poste. Source : DEMERS, André, Frontières entre emploi, chômage et inactivité : la mesure du
chômage a-t-elle omis plus de 280 000 personnes en 2014 ?, Flash-info, Institut de la statistique
du Québec, juin 2015, vol. 16, no 2, p. 1.
2. André DEMERS, « Frontières entre emploi, chômage et inactivité : la mesure du chômage a-t-
elle omis plus de 280 000 personnes en 2014 ? », Flash-info, Institut de la statistique du Québec,
juin 2015, vol. 16, no 2, p. 1.
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 35

Il y a cependant une exception à cette règle. En effet, si certaines ressources n’ont


pas été employées ou si leur utilisation n’est pas optimale, on peut accroître la production
d’un des deux biens sans sacrifier quoi que ce soit. La figure 2.2 montre que, si la pro-
duction se situe à l’intérieur de la CPP, au point H, par exemple, on pourra la porter au
point D et augmenter la production de téléphones intelligents sans sacrifier de bouteilles
d’eau en se servant des ressources inutilisées ou en employant les ressources de manière
plus efficace. Dans ce cas, on peut donc avoir à la fois le beurre et l’argent du beurre.
Quand on produit à un point situé sur la CPP et qu’on veut produire davantage d’un
des deux biens, on doit faire un sacrifice. Par contre, si on produit à un point situé à
l’intérieur de la CPP, on peut produire davantage d’un bien sans réduire pour autant la
production de l’autre bien.
La rareté nous pousse constamment à optimiser l’utilisation de nos ressources.
Autant que possible, nous tâchons de ne pas laisser nos ressources inutilisées ou mal
utilisées ; quand elles le sont, nous tâchons d’y remédier.

Figure 2.2 Plein-emploi, sous-emploi, sacrifice et absence de sacrifice

Téléphones intelligents
(en millions par année) 1 Quand on emploie toutes les ressources
accessibles, on produit des combinaisons situées
18 sur la CPP, aux points D et E, par exemple.
Courbe des possibilités
de production (CPP) 2 Quand une partie des ressources reste inutilisée,
A on produit des combinaisons situées à l’intérieur
15 B 1
de la CPP, au point H, par exemple.
Plein-emploi
3 Quand les ressources sont pleinement utilisées
12 C
et qu’on veut produire davantage, un sacrifice
3 s’impose. Si on produit 5 millions de téléphones
D Sacrifice intelligents par année au point E et si on veut
9 4 en produire 9 millions (point D le long de la CPP),
Absence de sacrifice on doit renoncer à une certaine quantité de
bouteilles d’eau.
6 E
5 2 4 Quand une partie des ressources est inutilisée,
Sous-emploi
H
on peut produire plus d’un bien sans réduire pour
3 autant la production de l’autre bien. Si on produit
5 millions de téléphones intelligents par année
F au point H et si on souhaite en produire 9 millions,
on peut se déplacer jusqu’à la CPP en utilisant
0 1 2 3 4 5 6 toutes les ressources.
Bouteilles d’eau (en millions par année)
36 PARTIE 1 INTRODUCTION

2.1
1 Utiliser la courbe des possibilités de production pour illustrer le problème économique

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Sur l’Île-de-Robinson, les habitants travaillent 40 heures 2. Durant l’hiver, la pêche et la cueillette de fruits sont plus
par semaine à pêcher du poisson et à cueillir des fruits. difficiles, et les habitants de l’Île-de-Robinson travaillent
À partir des données du tableau 1, tracez la CPP de l’Île- moins d’heures par jour. Le tableau 2 décrit la production
de-Robinson. hivernale de l’île. À l’aide de ces données, tracez sa CPP
Tableau 1 pour l’hiver.
Possibilités A B C D E F G Tableau 2
Poisson (en kg) 0 6 11 15 18 19 20 Possibilités A B C D E F

Fruits (en kg) 30 25 20 15 10 5 0 Poisson (en kg) 0 3 6 9 12 15


Fruits (en kg) 20 18 15 11 6 0
a) Dites si chacune des combinaisons suivantes est
possible ou impossible : (a) 0 kg de poisson et 30 kg a) Dites si chacune des combinaisons suivantes est
de fruits ; (b) 6 kg de poisson et 25 kg de fruits ; (c) possible ou impossible : (a) 3 kg de poisson et 18 kg
20 kg de poisson et 20 kg de fruits. de fruits ; (b) 9 kg de poisson et 11 kg de fruits ; (c)
b) Dites si chacune des combinaisons suivantes requiert 15 kg de poisson et 14 kg de fruits.
la totalité des heures de travail des habitants de l’île : b) Dites si chacune des combinaisons suivantes requiert
(a) 15 kg de poisson et 15 kg de fruits ; (b) 7 kg de la totalité des heures de travail des habitants de l’Île-
poisson et 20 kg de fruits ; (c) 20 kg de poisson et 0 kg de-Robinson et si elle implique ou non un sacrifice si
de fruits. les habitants veulent augmenter l’une ou l’autre des
c) Dites si chacune des combinaisons suivantes impose productions : (a) 0 kg de poisson et 20 kg de fruits ;
ou non un sacrifice si les habitants de l’île veulent une (b) 9 kg de poisson et 5 kg de fruits ; (c) 3 kg de
production supplémentaire de 1 kg de fruits : (a) 20 kg poisson et 18 kg de fruits.
de poisson et 0 kg de fruits ; (b) 10 kg de poisson et
15 kg de fruits ; (c) 18 kg de poisson et 10 kg de fruits.

RÉPONSES
1. La CPP de l’Île de Robinson est la suivante : a) (a) Possible (possibilité A) : les habitants ne pêchent aucun poisson et
Fruits (en kg)
A cueillent 30 kg de fruits. (b) Possible (possibilité B). (c) Impossible : si
30
les habitants pêchent 20 kg de poisson, ils ne peuvent pas cueillir de
25
B fruits (possibilité G).
b) (a) Cette combinaison requiert la totalité des heures de travail  des
20
C
habitants de l’île  ; elle  se situe sur la CPP (possibilité D). (b) Cette
combinaison ne requiert pas la totalité des heures de travail  des
D
15 habitants de l’île  ; elle se situe à l’intérieur de la CPP. (c) Cette
E
combinaison requiert la totalité des ressources ; elle se situe sur la
10
CPP (possibilité  G).
5
F c) (a) Cette combinaison implique un sacrifice puisqu’elle se situe sur
la CPP. (b) Cette combinaison n’implique aucun sacrifice puisqu’elle
G
se situe à l’intérieur de la CPP. (c)  Cette  combinaison implique un
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Poisson (en kg)
sacrifice puisqu’elle se situe sur la CPP.

2.2 LE COÛT DE RENONCIATION


Tout le long de la CPP, le choix d’un point plutôt que d’un autre implique nécessairement
Coût de renonciation un sacrifice : pour obtenir davantage d’un bien, il faut renoncer à une quantité donnée de
Quantité d’un bien à laquelle l’autre bien. Mais à quelle quantité de cet autre bien faut-il renoncer exactement pour
il faut renoncer pour obtenir
une unité supplémentaire d’un obtenir une unité supplémentaire du bien que l’on choisit ? Le coût de renonciation, qui
autre bien. se calcule à l’aide de la courbe des possibilités de production, répond à cette question.
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 37

LE COÛT DE RENONCIATION D’UNE BOUTEILLE D’EAU


Le coût de renonciation d’une bouteille d’eau est égal à la diminution de la quantité de
téléphones intelligents divisée par l’augmentation de la quantité de bouteilles d’eau, ou
au nombre de téléphones intelligents sacrifiés divisé par le nombre de bouteilles d’eau
supplémentaires à mesure qu’on se déplace le long de la CPP.

Figure 2.3 Le calcul du coût de renonciation d’une bouteille d’eau

Téléphones intelligents
(en millions par année)
Diminution de
la quantité de 1 bouteille d’eau
CD divisée par 18 coûte 1 téléphone
l’augmentation Mouvement Diminution Augmentation Diminution de la quantité
de la quantité de le long de de la quantité de la quantité de téléphones divisée
bouteilles d’eau A 1 bouteille d’eau
15 coûte 2 téléphones la CPP de téléphones de bouteilles par l’augmentation de
B
14 d’eau la quantité de bouteilles
1 CD par bouteille
1 bouteille d’eau d’eau
2 CD par bouteille
C
12 coûte 3 téléphones
De A à B 1 million 1 million 1 téléphone par bouteille
3 CD par bouteille
De B à C 2 millions 1 million 2 téléphones par bouteille
D 1 bouteille d’eau
4 CD par bouteille 9 De C à D 3 millions 1 million 3 téléphones par bouteille
coûte 4 téléphones
5 CD par bouteille De D à E 4 millions 1 million 4 téléphones par bouteille
De E à F 5 millions 1 million 5 téléphones par bouteille
6 E
5
Quand on descend de A à F le long de la CPP, le coût de renonciation
oût de renonciation
3 de l’eau embouteillée croît à mesure que la quantité produite de
tité 1 bouteille d’eau
coûte 5 téléphones
bouteilles d’eau augmente.

F
0 1 2 3 4 5 6
Bouteilles d’eau (en millions par année)

À la figure 2.3, on produit 0 bouteille d’eau et 15 millions de téléphones intelligents au


point A. Au point B, on produit 1 million de bouteilles et 14 millions de téléphones. Si on se
déplace du point A au point B, la quantité de bouteilles d’eau augmente de 1 million (gain de
1 million) et la quantité de téléphones intelligents diminue de 1 million (sacrifice de 1 million).
Le coût de renonciation d’une bouteille d’eau est donc de 1 téléphone intelligent (1 million de
téléphones sacrifiés divisé par 1 million de bouteilles d’eau supplémentaires).
Répétez ces calculs en vous déplaçant de B à C, de C à D, de D à E et de E à F, et vous
arriverez aux coûts de renonciation qui figurent dans le tableau et le graphique. On constate
que le coût de renonciation d’une bouteille d’eau croît à mesure que la production d’eau
embouteillée augmente.

LE COÛT DE RENONCIATION D’UN TÉLÉPHONE INTELLIGENT


Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent est égal à la diminution de la quantité de
bouteilles d’eau divisée par l’augmentation de la quantité de téléphones intelligents, ou au
nombre de bouteilles sacrifiées divisé par le nombre de téléphones supplémentaires à
mesure qu’on se déplace le long de la CPP.
À la figure 2.4 (p. 38), on produit 0 téléphone intelligent et 5 millions de bouteilles d’eau
au point F. Au point E, on produit 5 millions de téléphones et 4 millions de bouteilles. Si on
se déplace du point F au point E, la quantité de téléphones intelligents augmente de 5 millions
(gain de 5 millions) et la quantité de bouteilles d’eau diminue de 1 million (sacrifice de 1 mil-
lion). Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent est donc de 1/5 de bouteille d’eau
(1 million de bouteilles sacrifiées divisé par 5 millions de téléphones supplémentaires).
38 PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 2.4 Le calcul du coût de renonciation d’un téléphone intelligent

Téléphones intelligents
(en millions par année)

nution de la
é de bouteilles 1 téléphone coûte
au divisée 18 1 bouteille d’eau
ugmentation Mouvement Diminution Augmentation Diminution de la quantité
uantité de CD
1 téléphone coûte
le long de de la quantité de la quantité de bouteilles d’eau divisée
A 1 la CPP de bouteilles de téléphones par l’augmentation de
15 B /2 bouteille d’eau
uteille par CD
14 d’eau la quantité de téléphones
uteille par CD C 1 téléphone coûte
12 1
/3 bouteille d’eau De F à E 1 million 5 millions 1
/5 de bouteille par téléphone
uteille par CD De E à D 1 million 4 millions 1
/4 de bouteille par téléphone
uteille par CD D De D à C 1 million 3 millions 1
/3 de bouteille par téléphone
1 téléphone coûte
uteille par CD
9 1
/4 bouteille d’eau De C à B 1 million 2 millions 1
/2 de bouteille par téléphone
De B à A 1 million 1 million 1 bouteille par téléphone

6 E
nonciation 5
Quand on monte de F à A le long de la CPP, le coût de renonciation
ugmente.
3 1 téléphone coûte d’un téléphone intelligent croît à mesure que la quantité produite de
1
/5 bouteille d’eau téléphones intelligents augmente.
F
0 1 2 3 4 5 6
Bouteilles d’eau (en millions par année)

Répétez ces calculs en vous déplaçant de E à D, de D à C, de C à B et de B à A, et vous


arriverez aux coûts de renonciation qui figurent dans le tableau et le graphique. On
constate que le coût de renonciation d’un téléphone intelligent croît à mesure que la
production de téléphones intelligents augmente.

LE COÛT DE RENONCIATION ET LA FORME DE LA CPP


Le phénomène de coût de renonciation croissant se reflète dans la forme de la CPP, qui est
concave par rapport à l’origine. Entre les points A et B, le coût de renonciation d’une bou-
teille d’eau est de 1 téléphone intelligent – la pente de la CPP est douce. Entre les points E
et F, le coût augmente à 5 téléphones intelligents – la pente de la CPP devient plus abrupte.
La CPP est concave par rapport à l’origine parce que les ressources ne sont pas éga-
lement productives dans toutes les activités. Prenons le cas d’un commis aux fruits et
légumes dans une épicerie à qui on demande de faire la caisse. Il sera sans doute moins
productif que la caissière. Il faudra peut-être trois commis pour accomplir le travail d’une
caissière (et inversement).
Ainsi, les travailleurs qui ont beaucoup d’années d’expérience sont très qualifiés dans
l’embouteillage d’eau, mais beaucoup moins dans la production de téléphones intelli-
gents. À l’inverse, les travailleurs très qualifiés dans la fabrication de téléphones intelli-
gents le sont beaucoup moins dans la production d’eau embouteillée. Par conséquent, si
certains sont affectés à la production d’eau embouteillée, il en résultera une faible aug-
mentation de celle-ci, mais une importante diminution de la production de téléphones
intelligents.
Plus on augmente la production de l’un ou de l’autre des deux biens, moins les res-
sources supplémentaires consacrées à la production de ce bien sont productives et plus
le coût de renonciation d’une unité de ce bien augmente.
Par contre, si les ressources sont aussi efficaces dans une production que dans l’autre,
le coût de renonciation d’une unité supplémentaire d’un bien est constant, et la forme de
la CPP devient une droite. Cela peut être le cas s’il s’agit de produire davantage d’un bien
que de l’autre à l’échelle d’une entreprise ou d’un individu. Imaginons une entreprise qui
fabrique des chaussures vertes et des chaussures rouges. Le patron demande à ses
employés de faire plus de paires de chaussures rouges. À moins d’être daltoniens, les
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 39

employés seront tout aussi efficaces dans l’une ou l’autre des productions. Pour chaque
paire supplémentaire de chaussures rouges produite, la fabrication de paires de chaus-
sures vertes diminuera d’autant. Le coût de renonciation d’une paire de chaussures rouges
sera constant, et la forme de la CPP sera une droite.

LE COÛT DE RENONCIATION EST UN RATIO


On vient de le voir, pour calculer le coût de renonciation d’une bouteille d’eau, on divise
la quantité de téléphones intelligents à laquelle on renonce par l’augmentation de la
quantité de bouteilles d’eau ; et pour calculer le coût de renonciation d’un téléphone
intelligent, on divise la quantité de bouteilles d’eau à laquelle on renonce par l’augmen-
tation de la quantité de téléphones intelligents. Le coût de renonciation est donc un ratio
– la variation de la quantité d’un bien divisée par la variation de la quantité de l’autre
bien. Le coût de renonciation de la production de l’eau embouteillée est égal à l’inverse
du coût de renonciation de la production de téléphones intelligents. Vérifions cette pro-
position en revenant à nos calculs. À la figure 2.3 (p. 37), quand on se déplace du point
C au point D le long de la CPP, le coût de renonciation d’une bouteille d’eau est de 3 télé-
phones intelligents. L’inverse de 3 est ⅓. Donc, à la figure 2.4, si on augmente la produc-
tion de téléphones intelligents et si on diminue la production d’eau en se déplaçant du
point D au point C, le coût de renonciation d’un téléphone intelligent devrait être de ⅓ de
bouteille d’eau, ce qui est effectivement le cas.

LES COÛTS DE RENONCIATION Saviez-vous que…


SONT OMNIPRÉSENTS « […] la pauvreté coûte à l’ensemble de la société
À peu près toutes les activités imaginables ont un québécoise de 15,7 à 17,0 milliards de dollars annuellement,
coût de renonciation croissant. La production de soit de 5,8 % à 6,3 % du PIB réel3. » Quel est le coût de
denrées nécessite l’utilisation de terres fertiles et de renonciation de la pauvreté ? S’il n’y avait plus de pauvreté
tracteurs, ainsi que l’engagement d’ouvriers agri- au Québec, quelle en serait la conséquence ?
coles, alors que la production de services de santé
RÉPONSE

exige la construction d’hôpitaux, l’utilisation d’am- En raison de la pauvreté, le Québec doit renoncer à produire de
15,7 à 17,0 milliards de dollars de biens et services par année, soit un coût
bulances et l’embauche de brancardiers, d’infir- de renonciation qui représente de 5,8 % à 6,3 % de son PIB réel. S’il n’y avait
mières et de médecins. L’inverse serait absurde. Si plus de pauvreté au Québec, les milliards de dollars que coûte la pauvreté
seraient consacrés à produire d’autres biens et services.
un producteur de soins de santé achetait des terres
fertiles, y construisait un hôpital, transformait les
tracteurs en ambulances et engageait des ouvriers
agricoles comme brancardiers ou comme infir-
miers, la production de denrées baisserait de manière spectaculaire, la production de
services de santé augmenterait très peu et le coût de renonciation d’une unité de services
de santé monterait. De même, si un producteur agricole achetait un hôpital, le transfor-
mait en usine de tomates hydroponiques et engageait des brancardiers, des infirmières
et des médecins comme ouvriers agricoles, la production de services de santé diminue-
rait considérablement, la production de denrées augmenterait très peu et le coût de
renonciation d’une unité de denrées monterait.

3. Athanase BARAYANDEMA et Guy FRÉCHET, Les coûts de la pauvreté au Québec selon le modèle
de Nathan Laurie, Québec, Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion (CEPE), gouvernement
du Québec, 2011, p. 16.
40 PARTIE 1 INTRODUCTION

ÉTUDIER OU TRAVAILLER ?
Étudier ou travailler ? Ces deux activités sont importantes pour vous, surtout si vous
travaillez pour payer vos études. Combien de temps devez-vous consacrer à chacune
d’elles si vous ne disposez que de 40 heures par semaine ? Si vous choisissez d’étudier
à temps plein, vous renoncez à travailler. Si vous choisissez de travailler à temps plein,
vous renoncez à étudier. Visiblement, vous devez trouver un compromis.
La figure suivante illustre la CPP d’une personne qui doit doser le temps qu’elle
consacre aux études et au travail. Étant donné que cette personne est parfaitement
capable de réaliser l’une ou l’autre de ces activités, le coût de renonciation des études
ou du travail correspondra à un certain nombre d’heures sacrifiées, qui sera le même
peu importe si elle choisit d’augmenter le nombre d’heures allouées aux études ou le
nombre d’heures dédiées au travail. Une situation de coût de renonciation constant se
traduit par une CPP ayant la forme d’une droite dont la pente est la même entre chaque
point. Tout point situé sous ou sur la CPP est réalisable, alors que tout point situé
au-dessus de la CPP est irréalisable. La personne Études (nombre d’heures)
qui perd son temps se trouvera en situation de
sous-emploi et occupera un point à l’intérieur de la 40
CPP, comme le point A. Inversement, la personne
qui consacre tout le temps dont elle dispose
30
(40 heures par semaine) aux études et au travail
atteindra le point B sur la CPP.
B
Considérez les possibilités suivantes en vous 20
aidant de la CPP. Étudier à temps plein ? Travailler
à temps plein ? Étudier et travailler en même temps A
10
à temps plein ? Lesquels de ces choix sont réali-
sables ? Lesquels sont irréalisables ? Et vous, quel
est votre choix ? 0
10 20 30 40
Travail (nombre d’heures)

Ces étudiants ont fait le choix d’étudier à temps plein. Pour l’employée de cette boulangerie, c’est l’inverse !
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 41

2.2
2 Calculer le coût de renonciation

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. À l’aide des possibilités de production de l’Île-de- 2. À l’aide des possibilités de production hivernale de
Robinson décrites au tableau 1, calculez le coût de l’Île-de-Robinson décrites au tableau 2, calculez le coût
renonciation de 1 kg de poisson. Faites un tableau qui de renonciation de 1 kg de fruits. Faites un tableau qui
illustre ce coût à mesure que les habitants accroissent le illustre ce coût à mesure que les habitants accroissent
temps qu’ils consacrent à la pêche et réduisent le temps le temps qu’ils consacrent à la cueillette de fruits et
qu’ils consacrent à la cueillette de fruits. réduisent le temps qu’ils consacrent à la pêche.

Tableau 1 Tableau 2
Possibilités A B C D E F G Possibilités A B C D E F
Poisson Poisson
0 6 11 15 18 19 20 0 3 6 9 12 15
(en kg) (en kg)
Fruits Fruits
30 25 20 15 10 5 0 20 18 15 11 6 0
(en kg) (en kg)
a) Si les habitants font passer la production de fruits de a) Calculez le coût de renonciation de 1 kg de fruits et
15 kg à 20 kg et la production de poisson de 15 kg à de 1 kg de poisson si les habitants de l’île produisent
11 kg, quel sera le coût de renonciation de 1 kg de actuellement 5 kg de poisson et 10 kg de fruits par
fruits ? Expliquez votre réponse. jour. Expliquez votre réponse.
b) Si les habitants produisent 6 kg de poisson et 20 kg b) Quel est le coût de renonciation de 1 kg de poisson si
de fruits, quel sera le coût de renonciation de 1 kg de les habitants de l’île augmentent leur production de
fruits et de 1 kg de poisson ? poisson de 6 à 9 kg par jour ?
c) Le coût de renonciation de 1 kg de fruits augmente-t-il
à mesure que les habitants de l’île consacrent plus de
temps à la cueillette de fruits ? Expliquez votre réponse.

RÉPONSES

1. Le coût de renonciation de 1 kg de poisson est égal à la diminution de la Mouvement Diminution Augmentation Diminution du nombre
quantité de fruits divisée par l’augmentation de la quantité de poisson le long du nombre du nombre de kg de fruits divisée
à mesure que la production des habitants de l’île augmente et qu’on se de la CPP de kg de kg par l’augmentation
déplace le long de la CPP, ces derniers consacrant de plus en plus de de fruits de poisson du nombre de kg
temps à la pêche et de moins en moins de temps à la cueillette de fruits. de poisson
Par exemple, quand les habitants ne consacrent aucun temps à la pêche, 5/6 kg de fruits
De A à B 5 kg 6 kg par kg de poisson
la production est celle décrite à la possibilité A du tableau  1. Quand ils
consacrent plus de temps à la pêche, la production de poisson augmente 5/5 kg de fruits
de 6 kg et la production de fruits diminue de 5 kg. Le coût de renonciation De B à C 5 kg 5 kg
par kg de poisson
de 1  kg de poisson est donc de 5/6  kg de fruits (5  kg de fruits sacrifiés 5/4 kg de fruits
divisés par 6 kg de poisson supplémentaires). Le tableau ci-contre donne De C à D 5 kg 4 kg par kg de poisson
les coûts de renonciation correspondants.
5/3 kg de fruits
a) Le coût de renonciation de 1 kg de fruits est de 4/5 kg de poisson. De D à E 5 kg 3 kg
par kg de poisson
Quand la production de fruits augmente de 5  kg, la production de
5/2 kg de fruits
poisson diminue de 4 kg. Le coût de renonciation de 1 kg de fruits est De E à G 5 kg 2 kg par kg de poisson
de 4 kg de poisson sacrifiés divisés par 5 kg de fruits supplémentaires.
Ce coût est l’inverse du coût de renonciation de 1 kg de poisson (de C 5/1 kg de fruits
De G à F 5 kg 1 kg
à D au tableau ci-contre). par kg de poisson
b) Si les habitants produisent 6  kg de poisson et 20  kg de fruits, les
coûts de renonciation des fruits et du poisson sont nuls puisqu’ils
gens peuvent augmenter la production de chacun des deux biens
sans réduire la production de l’autre. La combinaison de biens que
produisent les habitants se situe à l’intérieur de la CPP.
42 PARTIE 1 INTRODUCTION

L’EXPANSION DES POSSIBILITÉS


2.3 DE PRODUCTION
Croissance économique L’expansion soutenue des possibilités de production s’appelle croissance économique.
Expansion soutenue des Celle-ci peut-elle éliminer la rareté et le coût de renonciation ? Non : plus on accroît
possibilités de production.
rapidement les possibilités de production, plus le coût de renonciation de la croissance
économique est élevé. Afin d’augmenter de manière importante les possibilités de pro-
duction futures, il faudra réduire la production présente de biens et services de consom-
mation pour produire davantage de capital physique, concevoir de nouvelles technolo-
gies et améliorer la qualité du capital humain.
Ainsi, les trois grands facteurs qui influent sur la croissance économique sont : (1) le
progrès technologique, c’est-à-dire la mise au point de nouveaux biens et services et de
meilleures techniques de production ; (2) l’accroissement du capital humain, c’est-à-dire
l’amélioration de la qualité du travail qui résulte de l’instruction, de la formation sur le
tas et de l’expérience de travail ; et (3) l’accumulation de
Saviez-vous que… capital physique, c’est-à-dire l’ajout de nouveaux équipe-
« Le potentiel éolien théorique du Québec est ments (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste », p. 43).
considérable compte tenu de l’immensité du Comment la croissance économique influe-t-elle sur les
territoire. […] ce potentiel aurait atteint 4 000 MW possibilités de production d’une économie ? Supposons
(mégawatts) en 20154. » Si le Québec développe qu’une nouvelle technologie permet d’embouteiller l’eau
tout son potentiel éolien, quel sera l’impact sur plus rapidement qu’auparavant. La figure 2.5 (a) montre que
sa CPP ? Quel sera le coût de renonciation du la quantité maximale de bouteilles d’eau que cette économie
développement du potentiel éolien du Québec ? peut produire est maintenant plus grande qu’elle l’était, et
le point F se déplace en F’. La production de téléphones
RÉPONSE

Cette nouvelle source d’énergie permettra au Québec de


disposer de plus de ressources et ainsi de produire plus de biens
intelligents n’étant pas touchée, la quantité maximale de
et services dans l’avenir. Sa CPP se déplacera vers l’extérieur. téléphones intelligents que cette économie peut produire
Mais pour développer cette nouvelle source d’énergie, la province reste inchangée au point A. La courbe des possibilités de
devra y consacrer des ressources et renoncer à une partie de sa
production de biens et services d’aujourd’hui. C’est le coût de production pivote vers l’extérieur de AF en AF’.
renonciation du développement de son potentiel éolien.
Supposons maintenant que la productivité des travail-
leurs s’est accrue dans les deux industries. Il est maintenant
possible de produire à la fois plus de téléphones intelligents
et de bouteilles d’eau. La figure 2.5 (b) montre que les points A et F se déplacent en A’ et
en F’ respectivement. La courbe des possibilités de production se déplace vers l’exté-
rieur. La nouvelle courbe ne sera parallèle à la première que si l’amélioration de la
productivité influe sur les deux industries également. Dans le cas contraire, le déplace-
ment sera asymétrique, influant davantage sur une industrie que sur l’autre.
Grâce au progrès technologique, à l’accroissement du capital humain et à l’accumu-
lation de capital physique, nous avons aujourd’hui des automobiles qui nous permettent
des déplacements jadis impensables, des satellites qui améliorent considérablement les
communications mondiales par rapport à ce que permettait la technologie du câble, etc.
Cependant, pour pouvoir consacrer plus de ressources au développement de la tech-
nologie, à l’instruction et à la formation des gens ainsi qu’à la production de nouveau
capital, nous devons réduire notre production de biens et services de consommation
aujourd’hui. Cette réduction de la production actuelle de biens et services de consom-
mation est le coût de renonciation de la croissance économique.

4. Ministère de l’énergie et des ressources naturelles du Québec, « Le potentiel éolien au Qué-


bec », Gros plan sur l’énergie, gouvernement du Québec, www.mern.gouv.qc.ca/energie/eolien/
eolien-potentiel.jsp (page consultée le 2 mai 2016).
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 43

Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Joseph Schumpeter et les théories de la croissance économique


Pour les économistes classiques des XVIIIe et XIXe siècles, le progrès économique, son œuvre est pluridisciplinaire : une économie, mais
technologique et l’accumulation de capital étaient les moteurs aussi une histoire et une sociologie du capitalisme.
de la croissance. Cependant, dès que la croissance économique De nos jours, on pense que la croissance du revenu ralentit
élevait les revenus au-dessus du niveau de subsistance, une la croissance démographique. Pourquoi ? Parce qu’elle augmente
croissance démographique s’ensuivait, entraînant à son tour le coût de renonciation lié au fait d’avoir des enfants et celui lié à
des rendements décroissants qui réduisaient la productivité et l’investissement dans leur éducation - les rendant plus productifs.
ramenaient les revenus au niveau de subsistance. La productivité et le revenu augmentent grâce au progrès
Formé à l’école classique autrichienne, Joseph Aloïs Schumpeter technologique, et l’ampleur de la croissance de la productivité,
ose rejeter les méthodes et les conclusions de ses maîtres, à qui stimulée par la recherche du profit, est presque illimitée.
il reproche de décrire un système statique, alors que l’économie De plus, Schumpeter perçoit le progrès économique comme
est fondamentalement dynamique. Convaincu que le progrès
un processus de création destructrice : création de nouvelles
économique réside dans l’élaboration et la diffusion de nouvelles
occasions de profits et destruction de commerces (qu’on pense,
techniques par des entrepreneurs avides de profit, Schumpeter
par exemple, à l’effet de l’implantation d’un Wal-Mart sur le
jette les fondements de la théorie moderne de la croissance.
commerce de détail local). Pour Schumpeter, la croissance
Né en 1883, Schumpeter quitte son Autriche natale pour économique et le cycle économique ne font qu’un.
l’Allemagne dans les années 1920, au moment où les deux pays
À sa mort, en 1950, Joseph Schumpeter avait réalisé
sont aux prises avec l’hyperinflation. En 1932, au plus fort de la
l’ambition de sa vie : être l’un des économistes les plus célèbres
Grande Dépression, il s’exile aux États-Unis, où il devient professeur
de sa génération.
d’économique à Harvard. Auteur d’ouvrages sur la croissance
et le développement économiques, les cycles économiques et Quel est l’effet de la croissance du revenu sur la croissance
les systèmes politiques, ainsi que d’une histoire de la pensée démographique selon les économistes classiques ? Et de nos jours ?

Figure 2.5 Les effets de la croissance économique

Téléphones intelligents Téléphones intelligents


(en millions par année) (en millions par année)

A Nouvelle CPP A Nouvelle CPP

CPP initiale CPP initiale

F F' F F'
Bouteilles d’eau (en millions par année) Bouteilles d’eau (en millions par année)

(a)a)Une nouvelle
Une technologie
nouvelle technologied’embouteillage
permet (b) b)
UneLahausse de la productivité
productivité des travailleurs
de la main-d’œuvre
de d’embouteiller
l’eau l’eau de source plus dans les deuxdans
augmente industries
les deux industries.
La rapidement.
CPP pivote vers l’extérieur.
La CPP pivote vers l’extérieur. La CPP se déplace
La CPP versvers
se déplace l’extérieur.
l’extérieur.
44 PARTIE 1 INTRODUCTION

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Quand la Chine rattrapera-t-elle les États-Unis ?


Après avoir dépassé l’Allemagne en 2007, la Chine double le • En tant que l’un des cinq membres permanents du Conseil
Japon au deuxième trimestre de 2010 et devient la deuxième de sécurité des Nations unies, la Chine possède la plus
économie mondiale. La question n’est plus de savoir si elle grande armée du monde (plus de 2 millions d’hommes et de
rattrapera les États-Unis, mais plutôt quand et comment. femmes) et le deuxième plus grand budget militaire après
celui des États-Unis. Puissance nucléaire depuis le 16 octobre
• Avec une population d’environ 1,3 milliard d’habitants, soit
1964, elle est également un des premiers producteurs
18,5 % de l’humanité, elle est le pays le plus peuplé.
d’armes de la planète.
• Les progrès en éducation et en formation professionnelle
• La décision prise par Deng Xiaoping à la fin des années 1970
ont augmenté la productivité de la main-d’œuvre. La Chine
de convertir le pays à l’économie de marché, et l’adhésion
devient ainsi un premier choix pour une entreprise d’ici qui
de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC)
désire se relocaliser.
au début de 2002, qui lui a ouvert le marché mondial,
• Avec une superficie de 9 600 000 km2 (en incluant Taiwan, expliquent la croissance de 10  % par an, pendant près de
Hong Kong, Macao et certains territoires sous sa domination), 25 ans, de son économie.
la Chine se classe au troisième rang dans le monde après la
Russie et le Canada, mais devant les États-Unis. L’émergence de la Chine comme superpuissance économique
• Les ressources naturelles du pays sont considérables, pose au reste du monde un problème d’adaptation difficile. Si
même si la Chine (cinquième producteur avec près de 5 % le 20e siècle a été celui de la triade États-Unis-Europe-Japon, le
de la production mondiale de pétrole) a des besoins en 21e siècle sera celui de la Chine, de l’Inde et des pays émergents.
hydrocarbures qui excèdent de loin ses réserves.
Quel rang occupe la Chine sur les plans économique,
• Sur les plans technique et scientifique, la Chine a peu de démographique et militaire, et quant à sa superficie ? À l’aide
choses à envier à l’Occident. Ses ingénieurs ont été les d’une CPP, illustrez graphiquement l’impact des progrès réalisés
premiers à décoder le génome du riz. La Chine est aussi l’un en éducation et en formation de la main-d’œuvre par la Chine.
des trois seuls pays au monde à avoir envoyé un homme
dans l’espace par ses propres moyens (le 15 octobre 2003,
Yang Liwei est devenu le premier taïkonaute de l’histoire).

2.3
3 Expliquer comment le progrès technologique, l’accroissement du capital humain
et l’accumulation du capital augmentent les possibilités de production

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Le tableau 1 présente la production de services 2. Si l’Absurdistan consacre toutes ses ressources à la
d’éducation et de biens de consommation de production de biens de consommation, connaîtra-t-il
l’Absurdistan. Si l’Absurdistan veut faire passer le nombre une croissance économique, c’est-à-dire un déplacement
de diplômés de 0 à 500 par année, quel sera le coût de de sa CPP vers l’extérieur ? S’il fait passer le nombre
renonciation de ces 500 diplômés ? de diplômés de 0 à 750 par année, connaîtra-t-il une
croissance économique ? Expliquez votre réponse.
Tableau 1
Possibilités A B C D
Éducation (en nombre
1 000 750 500 0
de diplômés) RÉPONSE
Biens de consommation
0 1 000 2 000 3 000 1. Le coût de renonciation des 500  diplômés est de 1  000 unités (3  000 –
(en unités) 2 000) de biens de consommation.
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 45

Le chapitre 2 en bref

1 Utiliser la courbe des possibilités de production pour illustrer le problème économique

Courbe des possibilités de production (CPP)


Courbe décrivant les limites de ce qu’on peut produire en utilisant pleinement et efficacement toutes les ressources accessibles

Combinaisons à l’extérieur Combinaisons sur la CPP Combinaisons à l’intérieur


de la CPP • Combinaisons possibles de la CPP
• Combinaisons impossibles • Ressources pleinement utilisées • Combinaisons possibles
• Ressources disponibles • Accroissement de la production • Ressources sous-utilisées
insuffisantes pour l’instant d’un bien en sacrifiant la production • Accroissement de la production
d’un autre bien des deux biens sans sacrifice

2 Calculer le coût de renonciation

Coût de renonciation de x
La diminution de y divisée par l’augmentation de x

Coût de renonciation de y Coût de renonciation croissant


Inverse du coût de renonciation de x Si les ressources ne sont pas également
productives dans toutes les productions
Coût de renonciation constant
Si les ressources sont également productives
dans toutes les productions

3 Expliquer comment le progrès technologique, l’accroissement du capital humain


et l’accumulation du capital augmentent les possibilités de production

Facteurs de croissance Accroissement des Coût de renonciation de la


• Progrès technologique possibilités de production croissance économique
• Accroissement du capital humain En consacrant plus de ressources La diminution de la consommation
• Accumulation de capital au progrès technologique, dans l’immédiat
à l’accroissement du capital humain
et à l’accumulation de capital
46 PARTIE 1 INTRODUCTION

Questions
de révision
Au terme de la section 2.1, Les possibilités de production, a) Tracez la courbe des possibilités de production (CPP)
répondez à la question 1. de l’Île-des-Fermiers.
b) L’Île-des-Fermiers peut-elle produire 500 kg de maïs
1. L’Île-aux-Mystères ne produit que deux biens, X et Y, dont et 500 kg de bœuf ?
les habitants refusent de dévoiler la nature. Le tableau 1a c) L’Île-des-Fermiers peut-elle produire 800 kg de maïs
décrit les points A et B sur la CPP de l’Île-aux-Mystères. et 1 200 kg de bœuf ?
d) Si l’Île-des-Fermiers décidait de faire passer sa
Tableau 1a
production de bœuf de 900 kg à 1 200 kg par
Possibilités A B année, quel serait le coût de renonciation de cette
Unités de X 500 400 augmentation de la production bovine ?
Unités de Y 250 375 e) Si l’Île-des-Fermiers décidait de faire passer sa
production de maïs de 400 kg à 600 kg par année,
quel serait le coût de renonciation de cette
Si la CPP de cette économie est concave par rapport à augmentation de la production de maïs ?
l’origine (coûts de renonciation croissants), lesquelles des f) Si elle décidait de produire 400 kg de maïs et
possibilités de production décrites au tableau  1b pour- 1 300 kg de bœuf par année, l’Île-des-Fermiers
raient logiquement décrire d’autres points de cette CPP ? emploierait-elle pleinement toutes ses ressources ?
Expliquez votre réponse.
Tableau 1b
Possibilités C D E F G H 4. À l’Île-de-l’Oisiveté, où on ne produit que du divertissement
Unités de X 600 450 600 350 600 450 et de la bonne chère, les seules ressources accessibles
sont 5 unités de capital et 10 heures de travail par jour. Le
Unités de Y 325 325 350 400 360 415
tableau  4 donne les quantités maximales de divertisse-
ment et de bonne chère que l’Île-de-l’Oisiveté peut actuel-
Au terme de la section 2.2, Le coût de renonciation, répon- lement produire en une journée.
dez aux questions 2 à 4.
Tableau 4
2. Le tableau 2 décrit les points A, B et C sur la CPP de l’Île- Possibilités A B C D E F
des-Maigres, qui ne produit que du yaourt et de la laitue. Divertissement
Quelle doit être la valeur de x pour que le coût de renon- (en unités 100 80 60 40 20 0
ciation des deux seuls types de biens que produit cette par jour)
économie soit croissant ?
Bonne chère (en
0 30 50 60 65 67
Tableau 2 unités par jour)

Possibilités A B C a) Tracez la CPP de l’Île-de-l’Oisiveté.


Yaourt (en unités par jour) x 10 0 b) Les habitants de l’Île-de-l’Oisiveté veulent produire
50 unités de divertissement et 50 unités de bonne
Laitue (en unités par jour) 0 50 100 chère. Cette production est-elle possible ? Si oui,
requiert-elle toutes les ressources accessibles ? Quel
3. L’Île-des-Fermiers ne produit que deux biens : du maïs et du sera alors le coût de renonciation de la production
bœuf. Le tableau 3 donne les quantités maximales de maïs d’une unité supplémentaire de divertissement ?
et de bœuf que cette économie peut actuellement produire c) Les habitants de l’Île-de-l’Oisiveté veulent produire
en un an. 40 unités de divertissement et 60 unités de bonne
chère. Cette production est-elle possible ? Si oui,
Tableau 3 impose-t-elle un sacrifice ? Quel sera alors le coût
Possibilités A B C D E F de renonciation de la production d’une unité
supplémentaire de divertissement ?
Maïs (en kg
1 000 800 600 400 200 0 d) Qu’advient-il du coût de renonciation d’une unité de
par année)
bonne chère additionnelle si les habitants de l’Île-de-
Bœuf (en kg l’Oisiveté allouent de plus en plus de ressources à la
0 900 1 200 1 400 1 450 1 500
par année)
production de bonne chère ?
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 47

Au terme de la section 2.3, L’expansion des possibilités de 6. On peut maintenant se procurer des enregistrements
production, répondez aux questions 5 à 10. musicaux sur des sites web spécialisés comme iTunes Store,
emusic.com ou MP3.com.
5. L’Île-aux-Contrastes ne produit que deux biens : de l’acier a) L’avènement de ces sites web a-t-il déplacé la CPP
et du papier. Le tableau 5 donne les quantités maximales des enregistrements musicaux et des autres biens
d’acier et de papier que cette économie peut actuellement et services ? Si oui, comment ?
produire en un mois. b) Y a-t-il encore un sacrifice à faire, ou le coût de
renonciation des enregistrements musicaux a-t-il
Tableau 5 été éliminé ?
Possibilités A B C D E F
7. Le sida est devenu un fléau en Afrique.
Acier (en millions
0 1 2 3 4 5 a) Comment la propagation du sida influe-t-elle sur la CPP
de tonnes par mois)
des économies africaines ?
Papier (en millions b) La propagation du sida a-t-elle accru le coût de
16 15 13 10 6 0
de tonnes par mois) renonciation de certains biens et services ? A-t-elle
réduit le coût de renonciation de quoi que ce soit ?
a) Expliquez ce que décrit ce tableau des possibilités
de production de l’Île-aux-Contrastes en précisant sur
8. Expliquez comment chacun des événements suivants pour-
quelle hypothèse il repose.
rait modifier la CPP du Canada. Dans chaque cas, précisez
b) Définissez le coût de renonciation. s’il y a  un coût de renonciation. Si oui, quel est ce coût ?
c) Calculez le coût de renonciation de l’acier pour chaque Si non, pourquoi n’y en a-t-il pas ?
possibilité de production du tableau 5, en allant de 0 à
5 millions de tonnes d’acier. a) Le gouvernement consacre un pourcentage plus impor-
tant de ses dépenses à la formation professionnelle.
d) Pourquoi le coût de renonciation de l’acier est-il
croissant ? b) Le gouvernement augmente ses dépenses en soins de
santé et réduit ses dépenses en équipement militaire.
e) Le coût de renonciation du papier est-il croissant ou
c) Des feux de forêt rasent de vastes étendues de bois
décroissant ? Chiffrez votre réponse.
d’abattage au pays.
f) Tracez la CPP de l’Île-aux-Contrastes. Que représente d) En plein hiver, une panne d’électricité majeure plonge
chaque point sur cette courbe ? une partie du pays dans le froid et dans le noir pendant
g) Comment expliquez-vous la pente négative de cette 19 jours consécutifs.
CPP ? Pourquoi est-elle concave par rapport à l’origine ?
h) Que représente un point à l’intérieur de cette CPP ? 9. À l’aide d’une CPP, illustrez graphiquement l’effet de chacune
Un point à l’extérieur ? des situations suivantes prise isolément sur la capacité de
i) Décrivez et illustrez graphiquement l’effet qu’aurait sur production du Canada et sur celle du Japon. Considérez que
cette CPP chacun des phénomènes suivants. chaque pays produit au plein-emploi des biens d’investis-
1. Une augmentation de la quantité de toutes les sement (sur l’axe des abscisses) et des biens de consomma-
ressources productives de l’Île-aux-Contrastes tion (sur l’axe des ordonnées).
2. Des progrès technologiques dans les deux industries a) Les possibilités de production par habitant du Canada
(acier et papier) de l’Île-aux-Contrastes sont trois fois celles du Japon.
3. La découverte d’un nouveau gisement de fer à b) Le Canada choisit de produire 1/5 de biens d’investisse-
l’Île-aux-Contrastes ment et 4/5 de biens de consommation, tandis que le
4. Des feux de forêt rasant de vastes étendues de bois Japon choisit de produire 2/3 de biens d’investissement
d’abattage sur l’Île-aux Contrastes et 1/3 de biens de consommation.
c) Comme le Japon a choisi de produire davantage de
5. Une augmentation de la productivité dans les
biens d’investissement, ses possibilités de production
papeteries de l’Île-aux-Contrastes
se sont accrues plus vites que celles du Canada.
6. Une augmentation de la main-d’œuvre disponible à d) Le Japon augmente sa production de biens
l’Île-aux-Contrastes (en supposant que les aciéries de consommation et réduit celle de biens
et les papeteries y utilisent respectivement 40 % et d’investissement, tandis que le Canada réduit sa
60 % de la main-d’œuvre disponible) production de biens de consommation et augmente
7. Un chômage important dans l’Île-aux-Contrastes celle de biens d’investissement.
j) Comment expliqueriez-vous un déplacement de la CPP e) Le Japon, après avoir connu du chômage durant la crise
de l’Île-aux-Contrastes vers l’intérieur (vers le bas et asiatique de 1998, a renoué avec le plein-emploi, alors
vers la gauche) ? que le Canada n’a pas été touché par cette crise.
48 PARTIE 1 INTRODUCTION

10. L’Île-Ordinaire ne produit que deux types de biens : des Figure 1 Figure 2
biens civils et des biens militaires. Laquelle de ces figures
illustre le mieux chacun des énoncés qui suivent ? Biens militaires Biens militaires

a) La semaine de travail passe de 40 à 30 heures par


M M
semaine à l’Île-Ordinaire. B
b) Le stock de capital de l’Île-Ordinaire s’accroît par B
rapport à la période précédente.
A
c) Une innovation technologique permet une utilisation
plus efficace des ressources dans l’industrie des biens
civils de l’Île-Ordinaire.
d) La conjoncture économique se détériore et compromet C C
le plein-emploi de la période précédente. Un grand
nombre de travailleurs de l’Île-Ordinaire se retrouvent Biens civils Biens civils
au chômage. Un point à l’extérieur Un mouvement le long
de la CPP de la CPP
e) Le gouvernement de l’Île-Ordinaire décide d’accroître
la production de biens militaires tout en maintenant le
plein-emploi des ressources. Figure 3 Figure 4
f) Même au plein-emploi, la production actuelle est Biens militaires Biens militaires
insuffisante pour satisfaire aux demandes des deux
groupes de la population de l’Île-Ordinaire : les
militaires veulent une augmentation du budget de la M M
défense, et les civils, une augmentation du budget de
l’éducation, de la santé et des services sociaux. Dans un A
message à la nation, le premier ministre explique que
les demandes de la population dépassent les capacités
de production de l’économie. B

C C C'
Biens civils Biens civils
Le déplacement d’un point Un pivotement de la CPP
sur la CPP vers un point vers l’extérieur
à l’intérieur de la CPP

Figure 5 Figure 6
Biens militaires Biens militaires

M M'
M' M

C' C C C'
Biens civils Biens civils
Un déplacement de la CPP Un déplacement de la CPP
vers l’intérieur vers l’extérieur
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 49

Appliquez
vos savoir-faire
Au moins un million de morts en Afrique
Le paludisme (ou malaria), une infection parasitaire potentiellement mortelle
transmise par des moustiques, est responsable chaque année de plus
de 300  millions de cas de maladie aiguë et d’au moins 1  million de morts.
Il est la première cause de décès chez les enfants d’Afrique subsaharienne.
Chaque année, il occasionne des pertes de près de 12 G$ au PIB de l’Afrique,
ce qui représente environ 4 % du PIB total de l’Afrique subsaharienne, et une
réduction de la croissance de ce PIB d’au moins 1  % par an. Il faudrait un
investissement annuel de 3 G$ au cours des années à venir pour parvenir à
éradiquer la maladie. Or, selon le responsable de la lutte contre le paludisme
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il serait beaucoup trop coûteux
d’essayer de faire disparaître le paludisme (The New York Times, 4 mars 2008).
L’utilisation de moustiquaires, de médicaments et de DDT permet d’éliminer
environ 90 % des cas de malaria.

a) À l’aide d’une CPP illustrant les biens affectés à la lutte contre le


paludisme (axe des  abscisses) et les autres biens et services (axe des
ordonnées), montrez l’impact de cette maladie sur la capacité de produire
de l’Afrique subsaharienne. Chaque année, la malaria, transmise par des moustiques,
fait des milliers de morts en Afrique.
b) Montrez, graphique à l’appui, comment le coût de renonciation des biens
destinés à éradiquer le paludisme varie à mesure que leur production
augmente.

c) Les pays touchés devraient-ils chercher à éradiquer la maladie ou se


contenter de la circonscrire le mieux possible ? Expliquez votre position.

MOTS CLÉS
Courbe des possibilités de production (CPP), 32 Plein-emploi, 34
Coût de renonciation, 36 Sacrifice, 34
Croissance économique, 42 Sous-emploi, 34
50 PARTIE 1 INTRODUCTION

PARTIE 1
CHAPITRE 3
INTRODUCTION LA DEMANDE ET L’OFFRE

COMBIEN
ÊTES-VOUS
PRÊT À PAYER ?
VOUS VOULEZ ACHETER UNE PAIRE DE CHAUSSURES
DE SPORT, un beigne et un café, un cinéma maison, un
voyage en Floride ou autre chose. Combien êtes-vous prêt
à payer ? Pour le savoir, vous devez trouver un endroit où
s’achètent et se vendent ces biens ou services, un marché,
un lieu d’échange. Vous désirez convertir 100 dollars
canadiens en dollars américains. Combien de dollars
canadiens devez-vous débourser pour obtenir un dollar
américain ? Dans ce cas, il vous faut dénicher un endroit
où s’échangent des dollars canadiens contre des dollars
américains ; c’est le marché des changes. Et si vous voulez
acheter des actions de Bombardier, où pourriez-vous en
trouver ? Sur les marchés boursiers ! Combien seriez-vous
prêt à payer ?
Il y a donc toutes sortes de marchés où se déterminent
les quantités achetées et vendues, de même que les prix.
Comment le choix de ce que nous achetons et de ce que
nous vendons détermine-t-il les quantités et les prix
des biens et  services produits et consommés ? Ce
chapitre traite des forces fondamentales du marché que
sont l’offre et la demande.
SOMMAIRE

3.1 3.2 COMBIEN ÊTES-VOUS 3.3


La demande L’offre PRÊT À PAYER ? L’équilibre du marché

p. 52 p. 58 p. 63 p. 64
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 51

SAVOIR-FAIRE
1 Distinguer la quantité demandée de la
demande, et expliquer ce qui détermine
la demande
2 Distinguer la quantité offerte de l’offre,
et expliquer ce qui détermine l’offre
3 Expliquer comment l’offre et la demande
déterminent le prix et la quantité sur
le marché, et décrire les effets de
leurs variations
4 Expliquer comment les prix plafonds
ou planchers entraînent des pénuries ou
des surplus

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COUP D’ŒIL
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
Une variation de COUP D’ŒIL
la demande de roses SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
Une variation de l’offre Alfred Marshall et le modèle 3.4 Le chapitre 3
de pétrole de l’offre et de la demande Le contrôle des prix en bref

p. 68 p. 70 p. 72 p. 76
52 PARTIE 1 INTRODUCTION

3.1 LA DEMANDE
Marché Le terme marché désigne tout ensemble qui réunit des acheteurs (les demandeurs) et
Tout ensemble qui réunit des des vendeurs (les offreurs) pour leur permettre d’échanger. Certains marchés sont des
acheteurs (les demandeurs) et
des vendeurs (les offreurs) pour
lieux physiques où les acheteurs et les vendeurs se rencontrent en chair et en os, comme
leur permettre d’échanger. les encans de viandes ou de poissons. D’autres sont des réseaux de personnes dispersées
aux quatre coins du monde, reliées par internet, par téléphone ou par télécopieur, et qui
font des affaires sans jamais se rencontrer ni même se connaître (les marchés boursiers,
par exemple).
La plupart des marchés – ceux où vous faites vos achats – sont des ensembles inor-
ganisés qui réunissent un nombre si important d’acheteurs et de vendeurs que personne
en particulier ne peut influer sur le prix. Sur le marché des chaussures de sport au
Canada, par exemple, les acheteurs sont des millions qui, pour courir ou être à la mode,
se cherchent une paire de chaussures de ce type. Les vendeurs sont les dizaines de mil-
liers de magasins de chaussures de sport. Les acheteurs peuvent choisir où ils vont s’en
procurer, et les vendeurs en sont conscients.
Il y a deux types d’acteurs dans un marché : les acheteurs et les vendeurs. Commençons
par étudier le comportement des acheteurs.
Quantité demandée La quantité demandée d’un bien, d’un service ou d’une ressource est la quantité de
Quantité d’un bien, d’un service ce bien, de ce service ou de cette ressource que les acheteurs veulent et peuvent se pro-
ou d’une ressource que les
acheteurs veulent et peuvent curer à un prix donné et au cours d’une période donnée. Par exemple, si vous décidez
acheter à un prix donné et au d’acheter 2 bouteilles d’eau par jour quand l’eau embouteillée se vend 1 $ la bouteille,
cours d’une période donnée.
cette quantité est votre quantité demandée d’eau embouteillée.
La quantité demandée se mesure toujours pour une période donnée. Si votre quantité
demandée d’eau embouteillée est de 2 bouteilles par jour, on peut aussi dire qu’elle est
de 14 bouteilles par semaine ou de 728 bouteilles par année. En tenant compte des
périodes de canicule, ce nombre peut être plus élevé pour une année ; il est possible qu’il
atteigne 1 000 bouteilles, par exemple. S’il ne correspondait pas à une période précise,
le nombre de bouteilles ne voudrait rien dire.
Supposons que tous les facteurs pouvant influer sur les intentions d’achat restent
constants, sauf un, le prix. Comment la quantité demandée d’un bien variera-t-elle si le
prix du bien change ? La loi de la demande répond à cette question.

Des marchés pour les actions, les devises et les chaussures de sport.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 53

LA LOI DE LA DEMANDE
La loi de la demande s’énonce ainsi : Loi de la demande
Loi selon laquelle, toutes
Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue si choses étant égales par ailleurs,
le prix de ce bien augmente, et la quantité demandée d’un bien augmente si le prix de la quantité demandée d’un
ce bien diminue. bien diminue si le prix de ce
bien augmente, et la quantité
La loi de la demande stipule donc que, toutes choses étant égales par ailleurs, si le demandée d’un bien augmente
si le prix de ce bien diminue.
prix d’un ordinateur portable baisse, les consommateurs achèteront plus d’ordinateurs
portables, et si le prix d’un billet de hockey augmente, les consommateurs achèteront
moins de billets de hockey.
Pourquoi la quantité demandée augmente-t-elle si le prix diminue, toutes choses étant
égales par ailleurs ? Parce que, compte tenu de leurs moyens limités, les consommateurs
ont toujours intérêt à opter pour les achats les plus avantageux. Si le prix d’un article
baisse et que celui des autres articles reste inchangé, l’article dont le prix a baissé
devient plus avantageux, et les gens en achètent davantage. Supposons, par exemple,
que le prix de l’eau embouteillée descend de 1 $ à 0,25 $ la bouteille, alors que le prix
d’une bouteille de Gatorade demeure à 1 $ la bouteille. Certains consommateurs ne
préféreront-ils pas acheter de l’eau plutôt que du Gatorade ? Ils épargneront ainsi 0,75 $
la bouteille, argent avec lequel ils pourront acheter autre chose qu’ils n’avaient pas les
moyens de s’offrir jusque-là.

LE BARÈME DE DEMANDE ET LA COURBE DE DEMANDE


La demande exprime la relation entre la quantité demandée d’un bien, d’un service ou Demande
d’une ressource et son prix, toutes choses étant égales par ailleurs (quand tous les autres Relation entre la quantité
demandée d’un bien, d’un
facteurs susceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants). Autrement service ou d’une ressource et
dit, alors que la quantité demandée désigne une quantité donnée à un prix donné, la son prix, toutes choses étant
égales par ailleurs ; ensemble
demande, elle, désigne l’ensemble des quantités demandées à divers prix. La demande des diverses quantités
se décrit par un barème de demande et une courbe de demande. demandées à divers prix.
Un barème de demande est une liste des quantités demandées d’un bien, d’un ser- Barème de demande
vice ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer Liste des quantités demandées
d’un bien, d’un service ou
sur les intentions d’achat restent constants. Le tableau de la figure 3.1 (p. 54) montre un d’une ressource à divers prix
barème de demande pour de l’eau embouteillée. On y apprend que, si le prix de l’eau quand tous les autres facteurs
susceptibles d’influer sur les
est de 2 $ la bouteille, la quantité demandée est de 8,5 millions de bouteilles par jour. Si intentions d’achat restent
le prix de l’eau descend à 1,50 $ la bouteille, la quantité demandée s’élève à 9 millions constants.
de bouteilles par jour. À 1 $ la bouteille, la quantité demandée grimpe à 10 millions de
bouteilles par jour et, à 0,50 $ la bouteille, elle passe à 12 millions de bouteilles par jour.
Une courbe de demande est la représentation graphique d’un barème de demande, Courbe de demande
c’est-à-dire des diverses quantités demandées d’un bien, d’un service ou d’une ressource Représentation graphique du
barème de demande, c’est-
à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions à-dire des diverses quantités
d’achat restent constants. Les points A à D qui apparaissent sur la courbe de demande demandées d’un bien, d’un
service ou d’une ressource à
correspondent aux lignes A à D du barème de demande. Ainsi, le point B du graphique divers prix quand tous les autres
illustre la ligne B du barème de demande ; il montre que, si le prix de l’eau est de 1,50 $ facteurs susceptibles d’influer
sur les intentions d’achat
la bouteille, la quantité demandée est de 9 millions de bouteilles par jour. De même, le
restent constants.
point C sur la courbe de demande illustre la ligne C du barème de demande ; il montre
que, si le prix est de 1 $ la bouteille, la quantité demandée est de 10 millions de bouteilles
par jour.
La courbe de demande illustre la loi de la demande, soit la relation négative (inverse)
entre le prix et la quantité demandée. Le long de la courbe de demande, à mesure que
le prix diminue, la quantité demandée augmente (toutes choses étant égales par ailleurs).
Quand le prix d’une bouteille d’eau descend de 1 $ à 0,50 $, la quantité demandée monte
de 10 millions à 12 millions de bouteilles par jour. À l’inverse, à mesure que le prix
augmente, la quantité demandée diminue. Quand le prix monte de 1 $ à 1,50 $ la bou-
teille, la quantité demandée descend de 10 millions à 9 millions de bouteilles par jour.
54 PARTIE 1 INTRODUCTION

Figure 3.1 Un barème de demande et une courbe de demande

Prix (en dollars par bouteille)

Quantité 2,50
Le tableau présente un barème
demandée de demande qui donne la quan-
Prix (en millions tité demandée d’eau embou-
(en dollars de bouteilles A teillée à divers prix quand tous
2,00
par bouteille) par jour) les autres facteurs susceptibles
d’influer sur les intentions
d’achat restent constants.
A 2,00 8,5 Courbe
B
B 9,0 1,50 de demande La courbe de demande est la
1,50
représentation graphique du
C 1,00 10,0 barème de demande : elle illustre
D 0,50 12,0
la relation entre la quantité de-
C mandée et le prix, toutes choses
1,00 étant égales par ailleurs.

La courbe de demande illustre


D la loi de la demande, soit la
0,50 relation négative (inverse) entre
le prix et la quantité demandée.
Quand le prix baisse, la quantité
demandée augmente ; quand le
prix monte, la quantité deman-
dée diminue.
0 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour)

UNE VARIATION DE LA DEMANDE


La courbe de demande illustre la variation de la quantité demandée d’un bien, d’un
service ou d’une ressource quand le prix change et que tous les autres facteurs suscep-
tibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. Si la variation des intentions
Variation de la d’achat résulte d’une variation du prix, il y a une variation de la quantité demandée,
quantité demandée ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe de demande. Par contre, si la
Variation de la quantité d’un
bien, d’un service ou d’une variation des intentions d’achat résulte d’un facteur autre que le prix, il y a une variation
ressource que les acheteurs de la demande, ce qui se traduit par un déplacement de la courbe de demande.
prévoient acheter lorsqu’il
y a une variation du prix de Les principaux facteurs autres que le prix pouvant influer sur les intentions d’achat
ce bien, de ce service ou de et entraîner une variation de la demande sont :
cette ressource.
Variation de la demande
• Le prix des biens apparentés ;
Variation des quantités • Le revenu des acheteurs ;
d’un bien, d’un service ou • Les anticipations des acheteurs ;
d’une ressource que les • Le nombre d’acheteurs ;
acheteurs prévoient acheter
à divers prix lorsqu’il y a
• Les goûts et les préférences des acheteurs.
une variation d’un facteur
autre que le prix de ce bien,
de ce service ou de cette Le prix des biens apparentés (substituts et compléments)
ressource.
La variation du prix d’un bien peut modifier la demande d’un bien apparenté – c’est-à-
Substitut dire d’un substitut ou d’un complément. Un substitut est un bien ou service qui peut en
Bien ou service qui peut remplacer un autre. Par exemple, l’eau embouteillée peut être un substitut du Gatorade,
en remplacer un autre.
le vin, un substitut de la bière, et une boisson gazeuse, le substitut d’une autre.
La demande d’un bien et le prix d’un substitut varient dans le même sens. Autrement
dit, toutes choses étant égales par ailleurs, la demande d’un bien augmente quand le
prix d’un de ses substituts augmente, et elle diminue quand le prix d’un de ses substituts
diminue. Par exemple, quand le prix du gâteau au chocolat augmente, la demande de
gâteau au fromage augmente elle aussi.
Complément
Bien ou service consommé
Un complément est un bien ou un service qui se consomme avec un autre.
avec un autre. Par  exemple, la salsa est un complément des tortillas, les protège-poignets, un
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 55

complément des patins à roues alignées, et les bouteilles d’eau, un complément des
services d’un centre sportif.
Toutes choses étant égales par ailleurs, la demande d’un bien diminue si le prix d’un
de ses compléments augmente, et elle augmente si le prix d’un de ses compléments dimi-
nue. La demande d’un bien et le prix d’un de ses compléments varient en sens opposé.
Par exemple, la demande de salsa diminue quand le prix des tortillas augmente.

Le revenu des acheteurs (bien normal et bien inférieur)


Quand une hausse du revenu augmente la demande d’un bien ou d’un service et qu’une
baisse du revenu en réduit la demande, on dit qu’il s’agit d’un bien ou service normal. Bien ou service normal
Bien ou service dont la
Par exemple, si vous achetez une plus grande quantité de bouteilles d’eau quand votre demande augmente quand le
revenu augmente, on considérera l’eau embouteillée comme un bien normal. La plupart revenu augmente, et dont la
demande diminue quand le
des biens et des services sont normaux, d’où leur nom.
revenu diminue.
Par contre, quand une hausse du revenu réduit la demande d’un bien ou d’un service
et qu’une baisse du revenu l’augmente, on dit qu’il s’agit d’un bien ou service inférieur. Bien ou service inférieur
Par exemple, si vous achetez moins de boîtes de macaroni au fromage et plus de repas Bien ou service dont la
demande diminue quand le
de restauration rapide quand votre revenu augmente, on considérera le macaroni au revenu augmente, et dont la
fromage comme un bien inférieur. demande augmente quand le
revenu diminue.

Les anticipations des acheteurs


Le fait que les acheteurs s’attendent à une augmentation de revenu ou à une hausse de
prix influe sur la demande. Ainsi, quand on vous promet un emploi mieux rémunéré l’été
prochain et que vous vous offrez un voyage à Cancun durant l’hiver, c’est que l’antici-
pation d’une augmentation de revenu a accru votre demande de voyage dans l’immédiat.
Et quand on annonce une hausse du prix des boîtes de macaroni au fromage la semaine
prochaine et que vous vous précipitez au supermarché afin d’en faire une provision
suffisante pour le reste de l’année scolaire, c’est que l’anticipation d’une hausse de prix
a accru votre demande de macaroni au fromage dans l’immédiat.

Saviez-vous que…
Le nombre d’acheteurs
« Le prix du baril de Brent (pétrole) a été divisé
Plus il y a d’acheteurs dans un marché, plus la demande est par deux entre août 2014 et août 2015. Il coûtait
importante. Par exemple, la demande de places de station- 48 dollars le 2 octobre 2015. […] Avec des prix aussi
nement, de films, de bouteilles d’eau et d’à peu près n’im- bas, la consommation mondiale d’hydrocarbures
porte quoi d’autre est plus importante à Montréal qu’à va augmenter1. » La baisse du prix du baril de Brent
Gaspé ou à Gatineau. a-t-elle un effet sur la quantité demandée ou sur la
demande de pétrole ? Cet événement illustre-t-il un
Les goûts et les préférences des acheteurs mouvement le long de la courbe de demande ou un
déplacement de la demande ?
Quand les goûts et les préférences changent de manière
défavorable, la demande d’un bien ou service diminue et la
RÉPONSE

Au cours de l’année 2015, la baisse du prix du baril de Brent


demande d’un autre bien ou service (ou de plusieurs) aug- a entraîné une hausse de la quantité demandée de pétrole
mente. Ainsi, les campagnes d’information sur les dangers (consommation mondiale d’hydrocarbures), ce qui se traduit
par un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande
du tabac ont modifié les goûts et les préférences des ache- de pétrole.
teurs ; la demande de cigarettes a diminué, et la demande
de timbres de nicotine a augmenté.
L’arrivée sur le marché de nouveaux biens modifie également les goûts et les préfé-
rences des acheteurs. Ainsi, l’avènement du MP3 a réduit la demande de CD et a accru
la demande de services internet et d’ordinateurs personnels.

1. Nicolas TARNAUD, « Les gagnants et les perdants de la baisse du prix du pétrole », Huffington
Post, 8 octobre 2015, www.huffingtonpost.fr/nicolas-tarnaud/gagnants-perdants-baisse-prix-
du-petrole_b_8250376.html (page consultée le 26 février 2016).
56 PARTIE 1 INTRODUCTION

Illustrer une variation de la demande


La figure 3.2 illustre une variation de la demande et permet de la différencier d’une
variation de la quantité demandée. Quand le prix d’un bien varie, la quantité demandée
de ce bien varie aussi, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe de
demande, comme l’indiquent les flèches bleu pâle le long de la courbe D0. Quand un
facteur susceptible d’influer sur les intentions d’achat autre que le prix varie, c’est la
demande qui varie, ce qui se traduit par un déplacement de la courbe de demande. La
figure 3.2 illustre deux variations de la demande. Au départ, la courbe de demande
est D0. Quand la demande d’eau embouteillée diminue, la courbe de demande se déplace
vers la gauche de D0 à D1. Le long de la courbe de demande D1, la quantité demandée
est moindre à chaque prix. Quand la demande d’eau embouteillée augmente, la courbe
de demande se déplace vers la droite de D0 à D2. Le long de la courbe de demande D2, la
quantité demandée est plus importante à chaque prix.

Figure 3.2 La différence entre une variation de la quantité demandée


et une variation de la demande

1 Diminution de la Prix (en dollars par bouteille) 3 Augmentation de la


quantité demandée quantité demandée
Toutes choses étant égales 2,50 Toutes choses étant égales
par ailleurs, si le prix d’un par ailleurs, si le prix d’un
bien augmente, la quantité bien diminue, la quantité
demandée diminue, et il y a un demandée augmente, et il y a un
mouvement vers le haut le long 2,00 mouvement vers le bas le long
de la courbe de demande D0. de la courbe de demande D0.

2 Diminution 1 4 Augmentation
de la demande de la demande
La demande diminue et la 1,50 4 La demande augmente et la
courbe de demande se déplace courbe de demande se déplace
vers la gauche (de D0 à D1) quand : vers la droite (de D0 à D2) quand :

• le prix d’un substitut baisse ; 1,00 2 • le prix d’un substitut monte ;


• le prix d’un complément • le prix d’un complément
monte ; baisse ;
• on s’attend à une baisse de 3 • on s’attend à une hausse
D2
revenu ou de prix ; de revenu ou de prix ;
0,50
• le revenu diminue* ;
D1 D0 • le revenu augmente* ;
• le nombre d’acheteurs • le nombre d’acheteurs
diminue ; augmente ;
• les goûts et préférences • les goûts et préférences
changent de manière changent de manière
défavorable. 0 8 9 10 11 12 13 favorable.
Quantité (en millions de bouteilles par jour) * L’eau embouteillée est considérée comme
un bien normal.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 57

3.1
1 Distinguer la quantité demandée de la demande, et expliquer ce qui détermine la demande

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Les événements a) à f) se succèdent sur le marché 2. Durant les 20 ans qui ont suivi l’invention du téléphone
des scooters. Expliquez les effets de chacun sur la cellulaire en 1973, peu de gens s’en servaient autrement
demande et sur la quantité demandée de scooters ; que comme téléphone de voiture. Cependant,
illustrez-les par un mouvement le long de la courbe depuis 1993, les téléphones cellulaires connaissent
de demande ou par un déplacement de la courbe une popularité fulgurante, et leur prix a baissé.
de demande ; dites lequel ou lesquels de ces événements a) Y a-t-il des substituts au téléphone cellulaire ?
illustrent la loi de la demande. Si oui, donnez-en un exemple.
a) Le prix des scooters diminue. b) Y a-t-il des compléments au téléphone cellulaire ?
b) Le prix des vélos diminue. Si oui, donnez-en un exemple.
c) À la suite d’une augmentation du nombre de c) Quels facteurs peuvent expliquer la popularité
victimes d’accidents de scooters, le Code de la route grandissante des téléphones cellulaires depuis 1993 ?
en interdit l’usage sur les autoroutes. d) Parmi les facteurs que vous avez nommés, lesquels
d) Les revenus augmentent. ont accru la demande de téléphones cellulaires ?
e) Une rumeur veut que le prix des scooters augmente Illustrez les effets de cette augmentation de la
le mois prochain. demande à l’aide de la courbe de demande de
f) Les scooters ne sont plus à la mode, et le nombre téléphones cellulaires.
d’acheteurs est en baisse. e) Parmi les facteurs que vous avez nommés, lesquels
ont accru la quantité demandée de téléphones
cellulaires ? Illustrez les effets de cette augmentation
à l’aide de la courbe de demande.

RÉPONSES
1. a) La baisse du prix des scooters accroît la quantité demandée, ce qui f) Une baisse du nombre d’acheteurs diminue la demande de scooters.
se traduit par un mouvement vers le bas le long de la courbe de La courbe de demande se déplace vers la gauche (figure 2).
demande (figure 1). Il s’agit d’un exemple de la loi de la demande.
Figure 1 Figure 2
b) Le vélo est un substitut du scooter. Par conséquent, une baisse du
prix des vélos réduit la demande de scooters. La courbe de demande Prix d’un scooter Prix d’un scooter
se déplace vers la gauche (figure 2). La quantité La demande
c) L’interdiction des scooters modifie les goûts et les préférences, et demandée augmente.
réduit la demande de scooters. La courbe de demande se déplace augmente.
vers la gauche (figure 2).
d) Selon toutes probabilités, les scooters sont un bien normal. Par consé-
quent, si les revenus augmentent, la demande de scooters augmente D2
aussi. La courbe de demande se déplace vers la droite (figure 2).
e) L’augmentation anticipée du prix des scooters accroît la demande de D D0
La demande D1
scooters dans l’immédiat. La courbe de demande se déplace vers la diminue.
droite (figure 2).
0 Quantité de scooters 0 Quantité de scooters
58 PARTIE 1 INTRODUCTION

3.2 L’OFFRE
Nous venons d’étudier la demande et le comportement des acheteurs (ou demandeurs).
Passons maintenant de l’autre côté du marché pour étudier l’offre et les forces qui déter-
minent les intentions des producteurs ou vendeurs (offreurs).
Quantité offerte La quantité offerte d’un bien, d’un service ou d’une ressource est la quantité de ce
Quantité d’un bien, d’un service bien, de ce service ou de cette ressource que les producteurs prévoient écouler à un prix
ou d’une ressource que les
producteurs (ou vendeurs) donné au cours d’une période donnée. Par exemple, si le producteur décide d’écouler
prévoient écouler à un 2 000 bouteilles d’eau par jour quand le prix de l’eau embouteillée est de 1,50 $ la bou-
prix donné au cours d’une
période donnée.
teille, ce nombre est la quantité offerte d’eau embouteillée de ce producteur. Comme la
quantité demandée, la quantité offerte se mesure pour une période donnée.
Plusieurs facteurs influent sur les intentions de production. Nous allons commencer
par étudier la relation entre la quantité offerte d’un bien et son prix. Pour ce faire, nous
supposerons que tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur la quantité offerte
restent constants, et nous nous poserons la question suivante : toutes choses étant égales
par ailleurs, comment la quantité offerte d’un bien varie-t-elle avec le prix de ce bien ?
La loi de l’offre répond à cette question.

LA LOI DE L’OFFRE
Loi de l’offre La loi de l’offre s’énonce ainsi :
Loi selon laquelle, toutes choses
étant égales par ailleurs, la Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité offerte d’un bien augmente si le
quantité offerte d’un bien prix de ce bien augmente, et la quantité offerte d’un bien diminue si le prix de ce
augmente si le prix de ce bien
augmente, et la quantité offerte bien diminue.
d’un bien diminue si le prix de La loi de l’offre stipule donc que, toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix de
ce bien diminue.
l’eau embouteillée augmente, les producteurs mettront une plus grande quantité de
bouteilles d’eau en vente en supposant que les consommateurs soucieux de leur santé
seront disposés à payer plus cher pour se procurer de l’eau embouteillée.
Pourquoi la quantité offerte augmente-t-elle si le prix aug-
mente, toutes choses étant égales par ailleurs ? Si la production
d’un bien, d’un service ou d’une ressource augmente, son coût de
production augmente aussi. Cependant, si le prix excède le coût
de production, le fait d’augmenter la quantité offerte est profi-
table ; un prix plus élevé rend alors la production d’une plus
grande quantité profitable, même si le coût de production est
plus élevé.
Par exemple, pour accroître la quantité produite de bouteilles
d’eau par jour, le propriétaire d’une usine d’embouteillage doit
embaucher plus de main-d’œuvre et accélérer le processus de
production, ce qui augmente son coût de production. Néanmoins,
si le prix d’une bouteille d’eau monte de 1 $ à 2 $ et si le prix de
tous les facteurs de production (y compris les salaires) reste
constant, le propriétaire de l’usine augmentera sa production et
Pourquoi la quantité offerte augmente-t-elle si le prix de ces bouteilles assumera les coûts plus élevés parce qu’en agissant ainsi il aug-
d’eau augmente, toutes choses étant égales par ailleurs ?
mentera son profit.

Offre
Relation entre la quantité offerte LE BARÈME D’OFFRE ET LA COURBE D’OFFRE
d’un bien, d’un service ou d’une L’offre exprime la relation entre la quantité offerte d’un bien et son prix quand tous les
ressource et son prix quand tous
les autres facteurs susceptibles autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants.
d’influer sur les intentions Autrement dit, alors que la quantité offerte désigne une quantité donnée à un prix donné,
de vente restent constants ;
ensemble des diverses quantités l’offre, elle, désigne l’ensemble des quantités offertes à différents prix. L’offre se décrit
offertes à divers prix. par un barème d’offre et une courbe d’offre.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 59

Un barème d’offre est une liste des différentes quantités offertes d’un bien à divers Barème d’offre
Liste des diverses quantités
prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente
offertes d’un bien, d’un service
restent constants. Le tableau de la figure 3.3 montre un barème d’offre pour de l’eau ou d’une ressource à divers
embouteillée. On y apprend que, si le prix de l’eau embouteillée est de 0,50 $ la bouteille, prix quand tous les autres
facteurs susceptibles d’influer
la quantité offerte est de 8 millions de bouteilles par jour. Si le prix de l’eau est de 1 $ la sur les intentions de vente
bouteille, la quantité offerte s’élève à 10 millions de bouteilles par jour. À 1,50 $ la bou- restent constants.
teille, la quantité offerte grimpe à 11 millions de bouteilles par jour, et à 2 $, elle passe
à 11,5 millions de bouteilles par jour.
Une courbe d’offre est la représentation graphique d’un barème d’offre, c’est-à-dire
Courbe d’offre
des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix Représentation graphique
quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent du barème d’offre, c’est-à-
constants. Les points A à D qui apparaissent sur la courbe d’offre correspondent aux dire des diverses quantités
offertes d’un bien, d’un service
lignes A à D du barème d’offre. Ainsi, le point C du graphique illustre la ligne C du ou d’une ressource à divers
barème d’offre ; il montre que, si le prix de l’eau embouteillée est de 1 $ la bouteille, la prix quand tous les autres
facteurs susceptibles d’influer
quantité offerte est de 10 millions de bouteilles par jour. De même, le point B illustre la sur les intentions de vente
ligne B du barème d’offre ; il montre que, si le prix est de 1,50 $ la bouteille, la quantité restent constants.
offerte est de 11 millions de bouteilles par jour.
La courbe d’offre illustre la loi de l’offre, soit la relation positive (directe) entre le prix et
la quantité offerte. Le long de la courbe d’offre, à mesure que le prix du bien augmente, la
quantité offerte augmente aussi, toutes choses étant égales par ailleurs. Si le prix d’une
bouteille d’eau passe de 1,50 $ à 2 $, la quantité offerte passe de 11 millions à 11,5 millions
de bouteilles par jour. Si le prix diminue, la quantité offerte diminue : si le prix passe de 1,50 $
à 1 $ la bouteille, la quantité offerte passe de 11 millions à 10 millions de bouteilles par jour.

Figure 3.3 Le barème d’offre et la courbe d’offre

Prix (en dollars par bouteille) Le tableau présente un barème


d’offre qui repère les quantités
Quantité offerte
2,50 offertes d’eau embouteillée, à
Prix (en millions différents prix, lorsque tous les
(en dollars de bouteilles autres facteurs susceptibles
d’influer sur les intentions de
par bouteille) par jour) 2,00 A vente demeurent constants.
Au prix de 1,50 $ la bouteille,
A 2,00 11,5 la quantité offerte est de
Courbe 11 millions de bouteilles par jour.
B 1,50 11,0 d’offre
1,50 B La courbe d’offre est la
C 1,00 10,0
représentation graphique du
D 0,50 8,0 barème d’offre ; elle illustre la
relation entre la quantité offerte
1,00 C et le prix, toutes choses étant
égales par ailleurs.

La courbe de l’offre illustre la


loi de l’offre, soit la relation
0,50 D positive (directe) entre le prix
et la quantité offerte : si le prix
augmente, la quantité offerte
augmente ; si le prix diminue, la
quantité offerte diminue.
0 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour)

Variation de la
UNE VARIATION DE L’OFFRE quantité offerte
Variation de la quantité d’un
La courbe d’offre illustre la variation de la quantité offerte quand le prix change et que bien, d’un service ou d’une
tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. ressource que les producteurs
prévoient vendre lorsqu’il y a une
Si la variation des intentions de vente résulte d’une variation du prix, il y a une variation variation du prix de ce bien, de
de la quantité offerte, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe d’offre. ce service ou de cette ressource.
60 PARTIE 1 INTRODUCTION

Par contre, si la variation des intentions de vente résulte d’un facteur autre que le prix
Variation de l’offre du bien ou du service, il y a une variation de l’offre, ce qui se traduit par un déplacement
Variation des quantités d’un de la courbe d’offre. Les principaux facteurs susceptibles d’influer sur l’offre sont :
bien, d’un service ou d’une
ressource que les producteurs • Le prix des biens apparentés ;
prévoient vendre à la suite de
• Les coûts de production ;
la variation d’un facteur autre
que le prix du bien, du service • Les anticipations des producteurs ;
ou de la ressource. • Le nombre de producteurs ;
• La productivité.

Le prix des biens apparentés (substituts de production


et compléments de production)
La variation du prix d’un bien peut modifier l’offre d’un bien apparenté, c’est-à-dire d’un
Substitut de production substitut de production ou d’un complément de production. Un substitut de production
Bien ou service qui peut être est un bien ou service qui peut être produit à la place d’un autre. Par exemple, dans une
produit à la place d’un autre.
fabrique de vêtements, les jeans avec braguette à boutons sont des substituts de produc-
tion des pantalons cargo. L’offre d’un bien et le prix d’un de ses substituts de production
varient en sens opposé. Autrement dit, l’offre d’un bien diminue quand le prix d’un de
ses substituts de production augmente, et elle augmente quand le prix d’un de ses subs-
tituts de production diminue. Par exemple, l’offre de pantalons cargo diminue quand le
prix des jeans avec braguette à boutons augmente.
Complément de production Un complément de production est un bien ou service produit conjointement avec
Bien ou service produit un autre. Par exemple, le cuir de vache est un complément de production du bœuf. L’offre
conjointement avec un autre.
d’un bien et le prix d’un de ses compléments de production varient dans le même sens.
Autrement dit, l’offre d’un bien augmente quand le prix d’un de ses compléments de
production augmente, et elle diminue quand le prix d’un de ses compléments de produc-
tion diminue. Par exemple, l’offre de cuir augmente quand le prix du bœuf augmente.

Les coûts de production


La variation du prix d’un facteur de production ou du salaire des employés entraîne une
variation de l’offre. Le prix des facteurs de production de même que le salaire des employés
influent sur les coûts de production. Si les coûts de production d’un bien augmentent, l’offre
de ce bien diminue. Par exemple, si le salaire des travailleurs d’une usine d’embouteillage
d’eau augmente, les coûts de production de l’eau embouteillée augmentent et l’offre de ce
bien diminue. À l’inverse, une baisse des coûts de production fait augmenter l’offre.
Les subventions et les taxes influencent elles aussi les coûts de production. Par
exemple, les subventions versées aux producteurs leur permettent de réduire leurs coûts
de production et font augmenter l’offre. À l’inverse, les taxes imposées sur chaque unité
produite font augmenter les coûts de production et diminuer l’offre.

Les anticipations des producteurs


Les anticipations de prix influent considérablement sur l’offre. Si un promoteur immobilier
de North Hatley, dans les Cantons-de-l’Est, est persuadé que les efforts de la municipalité
pour attirer de riches villégiateurs feront monter le prix des maisons, il attendra que l’aug-
mentation se produise avant de mettre des maisons en vente, décision qui fera baisser
l’offre de maisons à North Hatley. Et si ce promoteur immobilier s’attend à une forte hausse
de salaire des ouvriers de la construction l’an prochain, il décidera peut-être de construire
plus de maisons cette année, choix qui fera augmenter l’offre de maisons à North Hatley.

Le nombre de producteurs
Plus le nombre de producteurs est élevé dans un marché, plus l’offre est importante.
Ainsi, plusieurs nouveaux producteurs ont créé des usines d’embouteillage d’eau au
Canada, et l’offre d’eau embouteillée a augmenté.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 61

La productivité
Un accroissement de la productivité, c’est-à-dire de la production par unité de facteur Productivité
de production, réduit le coût de production et augmente l’offre ; inversement, une baisse Production par unité de facteur
de production.
de productivité réduit l’offre. Le progrès technologique est le facteur qui a le plus d’in-
fluence sur la productivité, et donc sur l’offre. Ainsi, le progrès technologique réduit les
coûts de production des ordinateurs et accroît l’offre. Des phénomènes naturels comme
les variations météorologiques font varier la productivité dans les fermes, et donc l’offre
de produits agricoles.

Illustrer une variation de l’offre


Saviez-vous que…
La figure 3.4 illustre une variation de l’offre et permet de la « Le prix du baril de Brent (pétrole) a été divisé
différencier d’une variation de la quantité offerte. Quand le par deux entre août 2014 et août 2015. Il coûtait
prix d’un bien varie, la quantité offerte de ce bien varie aussi,
48 dollars le 2 octobre 2015. […] La baisse [du prix] de
cette matière première a favorisé l’amélioration des
ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe
marges des entreprises2 [de l’industrie chimique]. »
d’offre, comme l’indiquent les flèches bleu pâle le long de la
La baisse du prix du Brent a-t-elle un effet sur la
courbe O0. Quand c’est l’offre qui varie, cela se traduit par un
quantité offerte ou sur l’offre de produits chimiques ?
déplacement de la courbe d’offre. La figure 3.4 illustre deux
Cet événement illustre-t-il un mouvement le long de
variations de l’offre. Au départ, la courbe d’offre est O0. Quand
la courbe d’offre ou un déplacement de l’offre ?
l’offre d’eau embouteillée diminue, la courbe d’offre se
déplace vers la gauche de O0 à O1. Le long de la courbe d’offre

RÉPONSE
La baisse du prix du baril de Brent réduit les coûts de production
O1, la quantité offerte est moindre à tous les prix. Quand l’offre de l’industrie chimique et augmente ses profits, ce qui se traduit
d’eau embouteillée augmente, la courbe d’offre se déplace par un déplacement de la courbe d’offre de produits chimiques vers
la droite.
vers la droite de O0 à O2. Le long de la courbe d’offre O2, la
quantité offerte est plus importante à tous les prix.

Figure 3.4 La différence entre une variation de la quantité offerte


et une variation de l’offre

1 Diminution de la Prix (en dollars par bouteille) 3 Augmentation de la


quantité offerte quantité offerte
Toutes choses étant égales 2,50 O1 Toutes choses étant égales
par ailleurs, si le prix d’un bien par ailleurs, si le prix d’un
diminue, la quantité offerte bien augmente, la quantité
diminue, et il y a un mouvement O0 offerte augmente, et il y a un
vers le bas le long de la courbe 2,00 mouvement vers le haut le long
d’offre O0. de la courbe d’offre O0.

2 Diminution de l’offre 3 O2 4Augmentation de l’offre


L’offre diminue et la courbe L’offre augmente et la courbe
d’offre se déplace vers la gauche 1,50 2 d’offre se déplace vers la droite
(de O0 à O1) quand : (de O0 à O2) quand :

• le prix d’un substitut de • le prix d’un substitut de


production monte ; 1,00 4 production baisse ;
• le prix d’un complément 1 • le prix d’un complément de
de production baisse ; production monte ;
• les coûts de production • les coûts de production
montent ; baissent ;
• on s’attend à une hausse du 0,50 • on s’attend à une baisse
prix du bien ; du prix du bien ;
• le nombre de producteurs • le nombre de producteurs
diminue ; augmente ;
• la productivité diminue. • la productivité augmente.
0 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour)

2. Nicolas TARNAUD, « Les gagnants et les perdants de la baisse du prix du pétrole », Le Huffington
Post, 8 octobre 2015, www.huffingtonpost.fr/nicolas-tarnaud/gagnants-perdants-baisse-prix-
du-petrole_b_8250376.html (page consulté le 26 février 2016).
62 PARTIE 1 INTRODUCTION

3.2
2 Distinguer la quantité offerte de l’offre, et expliquer ce qui détermine l’offre

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Les événements a) à f) se succèdent sur le marché des 2. Le marché des téléphones cellulaires connaît plusieurs
poutres de bois. Expliquez les effets de chacun sur changements successifs. Expliquez l’influence de chacun
l’offre et sur la quantité offerte de poutres. Illustrez-les sur la quantité offerte et sur l’offre de téléphones
par un mouvement le long de la courbe d’offre ou par cellulaires. Illustrez-les par un mouvement le long de la
un déplacement de la courbe d’offre, et dites lequel ou courbe d’offre ou par un déplacement de la courbe d’offre
lesquels illustrent la loi de l’offre. des téléphones cellulaires, et dites lequel ou lesquels
a) Les salaires des travailleurs de scierie augmentent. illustrent la loi de l’offre.
b) Le prix de la sciure de bois augmente. a) Les fabricants utilisent la robotique afin de produire
c) Le prix des poutres de bois augmente. des téléphones cellulaires.
d) On prévoit une hausse du prix des poutres de bois b) Le prix des téléphones cellulaires baisse.
l’an prochain. c) Les salaires des travailleurs de l’industrie des
e) Les environnementalistes persuadent le Parlement téléphones cellulaires augmentent.
d’adopter une loi qui réduira la coupe d’arbres en forêt d) Le nombre de fabricants de téléphones cellulaires
pour le bois d’œuvre. augmente.
f) Une nouvelle technique réduit le coût de production e) Les fabricants prévoient une baisse du prix des terres
des poutres de bois. rares, une importante matière première, l’an prochain.
f) Le prix des téléphones intelligents augmente.

RÉPONSES
1. a) Une augmentation des salaires des travailleurs de scierie réduit f) La nouvelle technique accroît l’offre de poutres de bois et déplace la
l’offre de poutres de bois, et la courbe d’offre se déplace vers la courbe d’offre vers la droite (figure 1).
gauche (figure 1).
Figure 1 Figure 2
b) Les poutres de bois et la sciure de bois sont des compléments de
production. Une augmentation du prix de la sciure accroît l’offre de Prix d’une poutre de bois Prix d’une poutre de bois
poutres, et la courbe d’offre se déplace vers la droite (figure 1). L’offre O1 La quantité
c) Une augmentation du prix des poutres accroît la quantité offerte, ce diminue.
O0 offerte O
qui se traduit par un mouvement vers le haut le long de la courbe augmente.
d’offre (figure 2). On a ici un exemple de la loi de l’offre. O2
d) L’anticipation d’une hausse du prix des poutres de bois diminue
l’offre dans l’immédiat, et la courbe d’offre se déplace vers la gauche
(figure 1).
e) La nouvelle loi diminue l’offre de poutres de bois et déplace la L’offre
augmente.
courbe d’offre vers la gauche (figure 1).
0 Quantité de poutres de bois 0 Quantité de poutres de bois
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 63

COMBIEN ÊTES-VOUS PRÊT À PAYER ?


Ce que vous êtes prêt à payer détermine la quantité que vous désirez vous procurer d’un
bien ou d’un service. Le modèle de l’offre et de la demande permet d’expliquer de quelle
manière la quantité que vous achetez ou que vous vendez d’un bien ou d’un service peut
se modifier. La courbe de demande illustre les intentions d’achat à différents prix, et la
courbe d’offre, les intentions de vente à différents prix.

Vos intentions d’achat


Pensez aux quantités que vous achetez et au prix que vous payez pour chaque bien ou
service que vous désirez vous procurer. Considérez que ces quantités et ces prix sont
différents points sur une courbe de demande. Pour quelles raisons changeriez-vous vos
intentions d’achat ?
Si le prix des ordinateurs neufs baisse alors que celui des ordinateurs d’occasion reste
inchangé, achèterez-vous plus d’ordinateurs neufs ? Jusqu’où le prix des ordinateurs
devrait-il descendre pour que vous puissiez vous procurer à la fois un ordinateur de table
et un portable neufs ? Il y a forcément un prix assez bas pour vous amener à en
acheter plus !
Pensez à tout ce que vous ne pouvez pas vous acheter maintenant, mais que vous
vous offririez si vous en aviez les moyens. Si vous trouviez un emploi mieux payé, quel
serait l’effet sur vos intentions d’achat ? Quels articles vous procureriez-vous en plus
grandes quantités ? Lesquels achèteriez-vous en plus petites quantités ?
Supposons que vous êtes sur le point de faire l’acquisition d’un téléphone intelligent
et qu’au même moment Apple et Samsung annoncent le lancement de leurs nouveaux
modèles, le mois prochain. Si vous anticipez que le prix des anciens modèles baissera,
attendrez-vous un mois pour vous procurer votre téléphone ou l’achèterez-vous
maintenant ?
Parmi les situations précédentes, lesquelles se traduiront par un mouvement le long
de la courbe de demande ou par un déplacement de celle-ci ?

Vos intentions de vente


Il est possible que vous ne vendiez pas beaucoup de choses. Pourtant, vous êtes proprié-
taire d’une ressource précieuse que vous pouvez vendre : votre temps. Si vous avez un
emploi, pensez au nombre d’heures que vous pourriez travailler et au salaire que vous
pourriez gagner. Si vous êtes à un point sur la courbe d’offre de vos services, comment
réagirez-vous si votre patron vous propose de faire des heures supplémentaires au
double de votre salaire horaire ? Serez-vous prêt à travailler plus d’heures ?
Une fois vos cours terminés, vous serez sûrement tenté de vendre vos manuels.
À quel prix serez-vous disposé à le faire ? Il se peut également que vous ayez quelques
vieilles choses à vendre sur Kijiji. Si une personne vous offre un prix plus bas que celui
que vous souhaitez, serez-vous toujours prêt à les lui vendre ?
Parmi les situations précédentes, lesquelles se traduiront par un mouvement le long
de la courbe d’offre ou par un déplacement de celle-ci ?
Si vous avez l’intention d’acheter quelque chose, il faut qu’une personne ait l’inten-
tion de vous vendre ce bien ou ce service. Votre intention d’acheter doit correspondre à
l’intention de vendre d’un autre individu. Les prix s’ajustent pour que les intentions
d’achat et de vente des gens concordent. C’est ce que nous verrons dans la prochaine
section de ce chapitre.
64 PARTIE 1 INTRODUCTION

3.3 L’ÉQUILIBRE DU MARCHÉ


Dans le langage courant, le terme équilibre signifie « forces opposées qui se compensent
réciproquement ». Dans un marché, les forces opposées sont l’offre et la demande. Les
acheteurs veulent bénéficier du plus bas prix possible, et plus le prix est bas, plus la
quantité qu’ils prévoient acheter est importante. Les producteurs, eux, veulent obtenir
le prix le plus élevé possible, et plus le prix est élevé, plus la quantité qu’ils prévoient
offrir est importante.
Équilibre du marché On parle d’équilibre du marché quand la quantité demandée est égale à la quantité
Équilibre qui survient quand la offerte (autrement dit, quand les intentions des acheteurs et celles des producteurs coïn-
quantité demandée est égale à
la quantité offerte (autrement cident). Le prix d’équilibre est le prix auquel la quantité demandée est égale à la quantité
dit, quand les intentions offerte. La quantité d’équilibre est la quantité achetée et vendue au prix d’équilibre.
des acheteurs et celles des
producteurs coïncident). La figure 3.5 présente le marché de l’eau embouteillée. L’équilibre du marché se situe
Prix d’équilibre à l’intersection de la courbe de demande et de la courbe d’offre. Le prix d’équilibre est
Prix auquel la quantité de 1 $ la bouteille, et la quantité d’équilibre, de 10 millions de bouteilles par jour. Au prix
demandée est égale à la d’équilibre, les intentions des acheteurs et celles des producteurs correspondent. Les
quantité offerte.
acheteurs demanderont une plus grande quantité si le prix baisse, et les embouteilleurs
Quantité d’équilibre
Quantité achetée et vendue
en offriront une plus grande quantité si le prix monte. À 1 $ la bouteille, la quantité que
au prix d’équilibre. les gens prévoient acheter est égale à la quantité que les embouteilleurs prévoient
vendre. À ce prix, les forces opposées que sont les intentions des acheteurs et celles des
producteurs s’équilibrent parfaitement.

Surplus (ou offre LE PRIX : LE RÉGULATEUR DU MARCHÉ


excédentaire)
Situation où la quantité offerte
Si l’équilibre du marché est perturbé, le prix agit comme régulateur pour ramener le
excède la quantité demandée. marché vers son point d’équilibre. Quand le prix est supérieur au prix d’équilibre, il y a
Pénurie (ou demande un surplus ou une offre excédentaire – la quantité offerte excède la quantité deman-
excédentaire) dée –, et le prix baisse. Quand le prix est inférieur au prix d’équilibre, il y a une pénurie
Situation où la quantité
demandée excède la ou une demande excédentaire – la quantité demandée excède la quantité offerte –, et
quantité offerte. le prix monte.

Figure 3.5 Le prix et la quantité d’équilibre

Prix (en dollars par bouteille)


2,00 O

1,50
2
Prix
d’équilibre 1 Équilibre du marché
1
Équilibre 2 Le prix d’équilibre est de 1,00 $ la bouteille.
1.00
1,00 du marché
3 Au prix d’équilibre, la quantité demandée et la
quantité offerte sont toutes deux de 10 millions
de bouteilles par jour, la quantité d’équilibre.

0,50
3 D
Quantité
d’équilibre

0 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour)
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 65

À la figure 3.6 (a), quand le prix est de 1,50 $ la bouteille, les producteurs voudraient
vendre 11 millions de bouteilles, mais les demandeurs n’en achètent que 9 millions.
Comme il y a un surplus de 2 millions de bouteilles, le prix se met à baisser. À mesure
que le prix diminue, la quantité demandée augmente et la quantité offerte diminue, de
même que le surplus. Le prix baisse jusqu’à l’élimination du surplus et se stabilise à 1 $
la bouteille.
À la figure 3.6 (b), à 0,75 $ la bouteille, les demandeurs voudraient acheter 11 millions
de bouteilles, mais les fournisseurs n’en vendent que 9 millions. Il en résulte une pénurie
de 2 millions de bouteilles, et le prix se met à monter. À mesure que le prix augmente, la
quantité demandée diminue et la quantité offerte augmente, de même que la pénurie. Le
prix monte jusqu’à l’élimination de la pénurie et se stabilise à 1 $ la bouteille.
Les marchés sont constamment soumis à des événements qui modifient l’offre et la
demande, et qui entraînent des variations de prix et de quantité. Certains de ces événe-
ments influent sur la demande, d’autres influent sur l’offre. Parfois, les influences
sont simultanées.

Figure 3.6 Les forces du marché rétablissent l’équilibre

Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
2,00 2,00
3 O O
Surplus

1,50 1,50
4
Le prix 4
baisse. Le prix
monte. 3
Pénurie
1,00
1.00 1,00
1.00

0,75

0,50 D 0,50 D
2 1 2 1
Quantité Quantité Quantité Quantité
demandée offerte offerte demandée

0 8 9 10 11 12 13 0 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Surplus et baisse de prix (b) Pénurie et hausse de prix


À 1,50 $ la bouteille, 1 la quantité offerte est de 11 millions de À 0,75 $ la bouteille, 1 la quantité demandée est de 11 millions
bouteilles, 2 la quantité demandée est de 9 millions de bouteilles, de bouteilles, 2 la quantité offerte est de 9 millions de bouteilles,
3 le surplus est de 2 millions de bouteilles, et 4  le prix baisse 3 la pénurie est de 2 millions de bouteilles, et 4 le prix d’équilibre
jusqu’à ce que le marché soit en équilibre. augmente jusqu’à ce que le marché soit en équilibre.

LES EFFETS D’UNE VARIATION DE LA DEMANDE


À la figure 3.7 (p. 66), la courbe d’offre est O, et la courbe de demande est D0 au départ. Le
prix d’équilibre est de 1 $ la bouteille, et la quantité d’équilibre, de 10 millions de bouteilles.
Supposons qu’une nouvelle étude met en doute la qualité de l’eau du robinet. La
demande d’eau embouteillée augmente alors. À la figure 3.7 (a), la courbe de demande
se déplace vers la droite de D0 à D1. À 1 $ la bouteille, il y a pénurie, de sorte que le prix
monte à 1,50 $ la bouteille, et la quantité offerte, à 11 millions de bouteilles par jour. Une
variation de la demande laisse l’offre inchangée, mais entraîne une variation de la
quantité offerte, c’est-à-dire un mouvement, ici vers le haut, le long de la courbe d’offre.
66 PARTIE 1 INTRODUCTION

Supposons maintenant qu’une nouvelle boisson énergétique sans calories arrive sur
le marché et réduit la demande d’eau embouteillée. À la figure 3.7 (b), la courbe de
demande se déplace vers la gauche de D0 à D2. Au prix initial de 1 $ la bouteille, il y a un
surplus, de sorte que le prix descend à 0,75 $ la bouteille, et la quantité, à 9 millions de
bouteilles par jour. L’offre reste inchangée, mais la quantité offerte diminue.

LES EFFETS D’UNE VARIATION DE L’OFFRE


À la figure 3.8 (p. 67), la courbe de demande est D, et la courbe d’offre est O0 au départ.
Le prix d’équilibre est de 1 $ la bouteille, et la quantité d’équilibre, de 10 millions de
bouteilles.
Supposons que des embouteilleurs américains achètent des sources au Québec et
ouvrent de nouvelles usines d’embouteillage. L’offre d’eau embouteillée augmente. À la
figure 3.8 (a), la courbe d’offre se déplace vers la droite de O0 à O1. Au prix initial de 1 $
la bouteille, il y a un surplus. Le prix descend à 0,75 $ la bouteille, et la quantité deman-
dée monte à 11 millions de bouteilles par jour.
Une variation de l’offre laisse la demande inchangée, mais entraîne une variation de
la quantité demandée – un mouvement le long de la courbe de demande.
Supposons maintenant qu’une sécheresse tarit certaines sources et que l’offre d’eau
embouteillée diminue. À la figure 3.8 (b), la courbe d’offre se déplace vers la gauche de
O0 à O2. Au prix initial de 1 $ la bouteille, il y a pénurie. Le prix monte à 1,50 $ la bouteille
et la quantité demandée descend à 9 millions de bouteilles par jour.
Le nouveau prix d’équilibre est de 1,50 $ la bouteille. Ici encore, la demande reste
inchangée. Il y a une diminution de la quantité demandée, mais la quantité demandée
diminue. La quantité d’équilibre descend à 9 millions de bouteilles par jour.

Figure 3.7 Les effets d’une variation de la demande

Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
2,00 1 O 2,00 1 O
La demande La demande
augmente. diminue.
3
La quantité
1.50
1,50 offerte 1,50
2 augmente.
Le prix 2
monte. Le prix
3
baisse. La quantité
offerte
1,00 D1 1,00
diminue.

0.75
0,75

0,50 4 0,50
La quantité D0 4 D0
La quantité
d’équilibre d’équilibre
augmente. diminue. D2

0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Augmentation de la demande (b) Diminution de la demande


Une augmentation de la demande 1  déplace la courbe de demande Une diminution de la demande 1  déplace la courbe de demande
vers la droite de D0 à D1, 2  augmente le prix, 3  augmente la vers la gauche de D0 à D2, 2  diminue le prix, 3  diminue la quantité
quantité offerte le long de la courbe d’offre, et 4  accroît la quantité offerte le long de la courbe d’offre, et 4  réduit la quantité
d’équilibre. d’équilibre.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 67

LES VARIATIONS SIMULTANÉES DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE


Qu’advient-il du prix et de la quantité de l’eau embouteillée quand un événement tou-
chant la demande survient en même temps qu’un événement touchant l’offre ? Examinons
les quatre scénarios possibles.

Une augmentation simultanée de l’offre et de la demande


Une augmentation de la demande accroît la quantité, tout comme une augmentation de
l’offre. Cependant, une augmentation de la demande fait monter le prix, tandis qu’une
augmentation de l’offre le fait baisser. Par conséquent, s’il y a augmentation simultanée
de la demande et de l’offre, la quantité échangée augmente, tandis que le prix peut soit
monter, soit baisser, soit rester le même. La figure 3.9 (a) (p. 69) montre ce qui se passe
quand des doutes sur la qualité de l’eau du robinet font augmenter la demande d’eau
embouteillée et que l’ouverture de nouvelles usines d’embouteillage fait augmenter
l’offre. La quantité échangée augmente et, comme l’augmentation de la demande est
plus importante que celle de l’offre, le prix monte.

Une diminution simultanée de l’offre et de la demande


Une diminution de la demande réduit la quantité, tout comme une diminution de l’offre.
Cependant, une diminution de la demande fait baisser le prix, tandis qu’une diminution de
l’offre le fait monter. Par conséquent, s’il y a diminution simultanée de l’offre et de la
demande, la quantité échangée diminue, tandis que le prix peut soit augmenter, soit baisser,
soit rester le même. La figure 3.9 (b) (p. 69) montre ce qui se produit sur le marché de l’eau
embouteillée quand l’arrivée d’une nouvelle boisson énergétique fait diminuer la demande
d’eau et qu’une sécheresse fait diminuer l’offre. La quantité échangée diminue et, comme
la diminution de l’offre est plus importante que celle de la demande, le prix augmente.

Figure 3.8 Les effets d’une variation de l’offre

Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
2,00 2,00 O2 1
1 O0 L’offre
L’offre diminue.
augmente. 2
O1 Le prix O0
augmente.
1,50 1.50
1,50

2
Le prix 3
baisse. La quantité
demandée
1,00 1,00 diminue.

0.75
0,75
3
La quantité
0,50 demandée D 0,50
4 4 D
augmente. La quantité La quantité
d’équilibre d’équilibre
augmente. diminue.

0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)

(a) Augmentation de l’offre (b) Diminution de l’offre


Une augmentation de l’offre 1 déplace la courbe d’offre vers la droite Une diminution de l’offre 1  déplace la courbe d’offre vers la gauche
de O0 à O1, 2  abaisse le prix, 3  augmente la quantité demandée le de O0 à O2, 2  augmente le prix, 3  diminue la quantité demandée le
long de la courbe de demande, et 4  accroît la quantité d’équilibre. long de la courbe de demande, et 4  réduit la quantité d’équilibre.
68 PARTIE 1 INTRODUCTION

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Une variation de la demande de roses Figure 1


Une augmentation de la demande de roses
La Colombie et l’Équateur sont les deux plus grands producteurs de roses Prix (en dollars par bouquet)
du monde. En moyenne, la quantité vendue de roses dans le monde
s’élève à environ 6  millions de bouquets par mois, et le prix du bouquet 120
O
est d’environ 40 $. Cependant, en raison de la Saint-Valentin, tous les mois
de février, la quantité achetée de roses quadruple par rapport aux autres
mois, et le prix du bouquet de roses double. Le modèle de l’offre et de la
demande permet d’expliquer ce phénomène. La figure 1 montre la courbe 80 Équilibre
Le prix en février
d’offre de roses et deux courbes de demande. La courbe de demande bleue, augmente.
qui représente la demande de roses durant un mois normal, croise la courbe
d’offre à un prix d’équilibre de 40 $ le bouquet et à une quantité d’équilibre
40 Équilibre
de 6 millions de bouquets. En février, la courbe de demande se déplace vers D févr.
D0 normal
la droite jusqu’à la courbe rouge, laquelle croise la courbe d’offre à un prix
d’équilibre de 80 $ le bouquet et à une quantité d’équilibre de 24 millions
de bouquets. Quel serait l’effet sur le marché d’une maladie détruisant une
partie des rosiers de la Colombie et de l’Équateur ?
0 6 24 36
Quantité (en millions de bouquets par mois)
Une variation de l’offre de pétrole Figure 2
Grâce à la fracturation hydraulique, les États-Unis ont la capacité Une augmentation de l’offre de pétrole
d’extraire du pétrole de schiste sur leur territoire. Leur production est Prix du baril de pétrole (en dollars américains)
telle qu’ils sont devenus des exportateurs nets de pétrole. La levée des
sanctions économiques envers l’Iran a aussi permis à ce pays d’accroître 135
O0
O1
ses exportations de pétrole. Cette hausse des exportations a fait chuter 120
les cours du Brent (le brut de référence en Europe, par opposition au WTI La quantité
demandée
[West Texan Intermediate], le brut de référence américain) de près de 105 augmente.
75 % depuis son sommet de juin 2014, passant de 120 $ US à 30 $ US en 90
janvier 2016. La figure 2 montre l’effet de cette hausse des exportations Hausse
pétrolières. L’offre de pétrole augmente, et la courbe d’offre se déplace vers 75 de l’offre
Le prix
la droite. Le  prix du pétrole baisse, et la quantité demandée augmente. 60 diminue.
(On suppose ici que la demande reste inchangée.) Quel serait l’effet sur le
marché d’une baisse de la croissance économique mondiale ? 45

30
D
0 75 80 85 90
Quantité (en millions de barils par jour)

Une augmentation de la demande et une diminution de l’offre


Une augmentation de la demande fait monter le prix d’équilibre, tout comme une dimi-
nution de l’offre. Cependant, une augmentation de la demande accroît la quantité, tandis
qu’une diminution de l’offre la réduit. Par conséquent, quand une augmentation de la
demande et une diminution de l’offre surviennent simultanément, le prix monte, et la
quantité échangée peut soit augmenter, soit diminuer, soit rester la même. La figure 3.10 (a)
(p. 69) montre ce qui se passe sur le marché de l’eau embouteillée quand des doutes sur
la qualité de l’eau du robinet augmentent la demande d’eau embouteillée et qu’une
sécheresse diminue l’offre. Le prix augmente et, comme l’augmentation de la demande
est égale à la diminution de l’offre, la quantité échangée reste la même.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 69

Figure 3.9 L’offre et la demande évoluent dans le même sens

Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
1 3
2,00 O0 2,00 Une diminution O2 O0
Une augmentation simultanée
de l’offre et de la demande simultanée de
augmente la quantité échangée. l’offre et de la
O1 demande diminue
la quantité
1,50 1,50 échangée.

4
1,20 1,20 Comme
OD,
1,00 D1 1,00 le prix augmente.

2
0,50 Comme D0 0,50
DO, D0
le prix augmente.
D2

0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)
(a) Augmentation simultanée de l’offre et de la demande (b) Diminution simultanée de l’offre et de la demande
1 La quantité échangée augmente et 2 Le prix peut augmenter, 3 La quantité échangée diminue et 4 le prix peut augmenter,
diminuer ou demeurer le même. diminuer ou demeurer le même.

Figure 3.10 L’offre et la demande évoluent dans des directions opposées

Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
1 2,00 3
O1 Une augmentation Une diminution de la O0
de la demande et demande et une augmentation
2,00 une diminution de de l’offre baissent le prix.
l’offre augmentent O2
le prix.
1,50
O0
1,50

1,00

1,00
D1
2 D0
Comme OD, 0,50
4
la quantité Comme DO,
0,50 échangée D2
D0 la quantité échangée
reste la même. reste la même.

0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)
(a) Augmentation de la demande et diminution de l’offre (b) Diminution de la demande et augmentation de l’offre
1 Le prix augmente et 2 la quantité échangée peut augmenter, 3 Le prix diminue et 4 la quantité échangée peut augmenter,
diminuer ou demeurer la même. diminuer ou demeurer la même.
70 PARTIE 1 INTRODUCTION

Une diminution de la demande et une augmentation de l’offre


Une diminution de la demande fait baisser le prix d’équilibre, tout comme une aug-
mentation de l’offre. Cependant, une diminution de la demande réduit la quantité,
tandis qu’une augmentation de l’offre l’augmente. Par conséquent, quand une dimi-
nution de la demande et une augmentation de l’offre surviennent simultanément, le
prix baisse, et la quantité échangée peut soit augmenter, soit diminuer, soit rester la
même. La figure 3.10 (b) (p. 69) montre ce qui se passe quand l’arrivée d’une nouvelle
boisson énergétique réduit la demande d’eau embouteillée et que l’ouverture d’une
nouvelle usine d’embouteillage accroît l’offre. Le prix baisse et, comme la diminution
de la demande est égale à l’augmentation de l’offre, la quantité échangée reste
la même.

Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Alfred Marshall et le modèle de l’offre et de la demande


Le modèle de l’offre et de la demande a été Ingénieur et économiste, Dupuit a utilisé la loi
découvert dans les années 1830 par le Français de la demande pour calculer les bénéfices que
Antoine-Augustin Cournot (1801-1877), un rapporterait la  construction d’un pont et, une
professeur de mathématiques de l’Université fois ce pont construit, pour déterminer le péage
de Lyon. Toutefois, ce n’est  qu’avec l’expansion qu’on imposerait à ses usagers – travail qui pose
des chemins de fer dans les années 1850 les fondements de ce qu’on appelle aujourd’hui
que la nouvelle théorie trouva ses premières « l’analyse coûts-bénéfices ».
applications pratiques.
Alfred Marshall (1842-1924) a grandi dans
Le train était alors une innovation technolo- une Angleterre transfigurée par les chemins de
gique aussi révolutionnaire que le sera l’avion au fer et par une industrialisation en pleine expan-
XXe siècle, et, comme les compagnies aériennes sion. Professeur à Cambridge, il épousa en 1877
d’aujourd’hui, les compagnies ferroviaires se Mary Paley, une de ses étudiantes, mariage qui
livraient à une concurrence sans merci. L’Irlan- l’obligea à quitter l’université en raison du règle-
dais Dionysius Lardner (1793-1859), professeur Alfred Marshall, pourtant excellent
mathématicien, n’utilise guère les ment de l’établissement sur le célibat. En 1884, à
de philosophie naturelle et d’astronomie à la mathématiques et les diagrammes la faveur d’un assouplissement de ce règlement,
dans son traité The Principles of Eco-
University of London, utilisa la théorie de l’offre nomics. les Marshall revinrent à Cambridge, où Alfred
et de la demande pour montrer aux compagnies devint professeur d’économie politique.
ferroviaires comment elles pouvaient augmenter leurs profits
en réduisant leurs tarifs sur les longs parcours, où la concurrence Si de nombreux autres chercheurs ont raffiné la théorie de
était féroce, et en les majorant sur les trajets plus courts, où la l’offre et de la demande, c’est Alfred Marshall qui, avec la collabora-
concurrence était moins redoutable. Brillant vulgarisateur pour tion reconnue de Mary Paley, en a donné la première formulation
les uns, charlatan pour les autres, Lardner a rédigé des traités complète et approfondie dans la forme que nous connaissons
sur d’innombrables sujets dans les domaines les plus divers – aujourd’hui. Publié en 1890, son traité monumental The Principles
génie, astronomie, économie, météorologie, etc. Surnommé of Economics a fait autorité pendant près d’un demi-siècle des
Dr  Dionysius Diddler (l’escroc) par ses contemporains, ce per- deux côtés de l’Atlantique. Étonnamment, Marshall, pourtant
sonnage haut en  couleur aurait sûrement été un habitué des excellent mathématicien, n’y utilise guère les mathématiques et
talk-shows s’ils avaient existé en 1850. les diagrammes ; ainsi, son graphique de l’offre et de la demande
n’y apparaît que dans une note de bas de page.
Lardner, qui séjourna à l’École nationale des ponts et
chaussées de Paris, y a probablement beaucoup appris du Quel usage a-t-on fait du modèle de l’offre et de la demande
Français Jules Dupuit (1804-1866), qui travaillait alors à son du temps de Lardner ? de Dupuit ? À qui doit-on sa formulation
célèbre ouvrage De la mesure de l’utilité des travaux publics. complète ?
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 71

3.3
3 Expliquer comment l’offre et la demande déterminent le prix et la quantité sur le marché,
et décrire les effets de leurs variations

EXERCEZ-VOUS
1. Le tableau 1 présente les barèmes d’offre et de demande du lait.
a) Où se situe l’équilibre du marché ? Tableau 1
b) Décrivez la situation du marché du lait quand le prix est de 1,75 $ le carton.
c) Que se passe-t-il dans le marché du lait si le prix est de 1,75 $ le carton ? Quantité Quantité
Prix
demandée offerte
Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ?
(en dollars (en milliers de
d) Une hausse du coût de production réduit la quantité offerte de lait par carton) cartons par jour)
de 45 000 cartons par jour à tous les prix. Quel est le nouvel équilibre
1,00 200 110
du marché et comment se rétablit-il ?
e) Une campagne de publicité rend le lait plus populaire, et la quantité 1,25 175 130
demandée augmente de 5 000 cartons par jour à tous les prix. 1,50 150 150
Simultanément, une meilleure alimentation des vaches laitières accroît 1,75 125 170
la quantité offerte de 50 000 cartons par jour à tous les prix. Quel est
2,00 100 190
le nouvel équilibre du marché et comment se rétablit-il ?

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE Tableau 2


2. Le tableau 2 présente les barèmes d’offre et de demande de Quantité Quantité
Prix
téléphones cellulaires. demandée offerte
a) Où se situe l’équilibre du marché ? (en dollars (en milliers de
par téléphone) téléphones par semaine)
b) Que se passe-t-il dans le marché des téléphones cellulaires si le prix est
de 300 $ le téléphone ? Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ? 200 3,0 1,0
c) Une augmentation des revenus accroît la quantité demandée de 300 2,5 1,5
1 000 téléphones par semaine à tous les prix. Quel est le nouvel équilibre 400 2,0 2,0
du marché et comment ce dernier l’atteint-il ?
d) Une baisse des coûts de production permet aux producteurs d’augmenter 500 1,5 2,5
la quantité offerte de 750 téléphones par semaine à tous les prix. Les gens 600 1,0 3,0
achètent moins de téléphones cellulaires, et la quantité demandée baisse de
250 téléphones par semaine à tous les prix. Sans augmentation des revenus,
comment le marché des téléphones cellulaires atteint-il son nouvel équilibre ?

RÉPONSES
1. a) La figure 1 montre l’équilibre du marché à 1,50 $ le carton et à quantité demandée (155 000 cartons) est inférieure à la quantité
150 000 cartons par jour. offerte (200 000 cartons). Il y a un surplus, et le prix commence à
b) À 1,75 $ le carton de lait, la quantité demandée (125 000 cartons) est baisser. Quand le prix atteint 1,25 $ le carton, la quantité monte à
inférieure à la quantité offerte (170 000 cartons), ce qui entraîne un 180 000 cartons par jour (figure 2).
surplus de 45 000 cartons par jour.
Figure 1 Figure 2
c) À 1,75 $ le carton, il y a un surplus de lait. Au fur et à mesure que les
fournisseurs baissent le prix, la quantité demandée augmente, la Prix (en dollars par carton) Prix (en dollars par carton)
quantité offerte baisse, et le surplus diminue. Le prix baisse jusqu’à
O1 O0
l’élimination totale du surplus à 1,50 $ le carton. O1
d) La courbe d’offre se déplace vers la gauche de 45 000 cartons par
jour à tous les prix. À 1,50 $, la quantité demandée (150 000 cartons)
1,75 O0 1,50
est supérieure à la quantité offerte (105 000 cartons). Il y a pénurie
de lait, et le prix commence à monter. À mesure que le prix monte,
la quantité demandée diminue, la quantité offerte augmente, et 1,50 1,25
la pénurie diminue. Le prix monte à 1,75 $ le carton, et la quantité D
descend à 125 000 cartons par jour (figure 1). D0 D1
e) La courbe de demande se déplace vers la droite de 5 000 cartons
0 125 150 0 150 180
par jour à tous les prix. La courbe d’offre se déplace vers la droite
Quantité (en milliers de cartons) Quantité (en milliers de cartons)
de 50 000 cartons par jour à tous les prix. À 1,50 $ le carton, la
72 PARTIE 1 INTRODUCTION

3.4 LE CONTRÔLE DES PRIX


On vient de le voir, les  ajustements de prix rendent possible l’équilibre du marché.
Cependant, que se produit-il si, pour une raison ou une autre, le prix du marché ne
s’ajuste pas ? Tout dépend du facteur qui empêche l’ajustement du prix. Parmi ces fac-
teurs, les deux principaux sont :
• Le prix plafond ;
• Le prix plancher.

LE PRIX PLAFOND
Prix plafond Le prix plafond est le prix au-delà duquel la vente de certains biens, services ou res-
Prix au-delà duquel la vente sources devient illégale. Le loyer plafond – loyer maximal au-delà duquel la location de
de certains biens, services ou
ressources devient illégale. logements devient illégale – en est un exemple. Voyons comment le plafonnement des
Loyer plafond loyers influe sur le marché du logement locatif.
Loyer au-delà duquel la location Les propriétaires décident de la quantité offerte de logements ; plus le loyer est élevé,
d’un logement devient illégale
(voir prix plafond). plus cette quantité est importante. Les locataires décident de la quantité demandée de
logements ; plus le loyer est bas, plus cette quantité est importante. Le loyer s’ajuste
jusqu’à ce que la quantité demandée et la quantité offerte s’équilibrent.
La figure 3.11 illustre un marché du logement locatif. La courbe de demande du loge-
ment locatif est D, et la courbe d’offre, O. L’équilibre du marché se situe à un loyer de
550 $ par mois et à une quantité de 4 000 logements.
Supposons que le gouvernement considère que personne ne devrait payer un loyer
plus élevé que 550 $ par mois. Pourra-t-il améliorer la situation des locataires en impo-
sant un loyer plafond ?
Un prix plafond, comme un loyer plafond, n’a pas le même effet selon qu’il est
supérieur ou inférieur au loyer d’équilibre. À la figure 3.11, si le loyer plafond est
supérieur à 550 $ par mois, rien ne changera puisque les locataires paient déjà 550 $

Figure 3.11 Un loyer plafond entraîne une pénurie de logements

Loyer (en dollars par mois)


1 000 1
Équilibre O
2
Loyer du marché
d’équilibre
800

1 Sur ce marché du logement locatif, 2 le loyer


d’équilibre est de 550 $ par mois et 3 la quantité
600 d’équilibre de logements loués est de 4 000.
550
Le loyer plafond – fixé à 400 $ par mois dans cet
exemple – est inférieur au loyer d’équilibre.
Zone illégale
400 Loyer plafond
4 La quantité offerte de logements tombe à 3 000.
6 5 La quantité demandée de logements grimpe à
Pénurie D 6 000. 6 Il y a une pénurie de 3 000 logements.
200 4 3 5
Quantité Quantité Quantité
offerte d’équilibre demandée

0 2 3 4 6 8
Quantité (en milliers d’unités)
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 73

par mois – moins que le loyer plafond. Par contre, s’il est inférieur au loyer d’équilibre,
le loyer plafond aura un effet important sur le marché : il empêchera une hausse de
loyer (de prix) suffisante pour équilibrer la quantité demandée et la quantité offerte.
Dans ce cas, la loi et le marché sont en conflit, et l’un d’entre eux (ou les deux) finira
par céder. Si le loyer plafond est de 400 $ par mois, tout loyer supérieur à ce montant
(au-dessus de la ligne rouge) est illégal. À 400 $ par mois, la quantité offerte est de
3 000 unités, et la quantité demandée est de 6 000 unités. Il y a donc une pénurie de
3 000 logements.
Le premier effet d’un loyer plafond est donc la pénurie de logements. Les locataires
potentiels demandent plus de logements que la quantité que les constructeurs et les
propriétaires ont l’intention d’offrir dans ces conditions.
L’histoire ne s’arrête pas là. D’une façon ou d’une autre, les 3 000 logements que
les propriétaires sont prêts à offrir doivent être répartis entre les locataires qui
cherchent 6  000  logements. En empêchant les ajustements qui permettraient à la
quantité demandée et à la quantité offerte de s’équilibrer, on ne met pas fin à la rareté.
Quand la loi empêche la hausse des loyers de répartir les logements à louer, il faut
recourir à d’autres mécanismes de répartition des ressources en logement, comme la
règle du premier arrivé, premier servi ou l’imposition de critères restrictifs (l’interdic-
tion des animaux, par exemple) – mesures que la plupart des gens trouvent pires
qu’une hausse des loyers.

LE PRIX PLANCHER
Le prix plancher est le prix minimal en deçà duquel la vente de certains biens, services Prix plancher
ou ressources devient illégale. Le salaire minimum, salaire en deçà duquel l’embauche Prix en deçà duquel la vente
de certains biens, services ou
de travailleurs devient illégale, est un exemple de prix plancher. Les entreprises ressources devient illégale.
peuvent payer un salaire supérieur au salaire minimum, mais pas un salaire moindre. Salaire minimum
Quel est l’effet du salaire minimum sur le marché du travail ? Salaire en deçà duquel
l’embauche de travailleurs
Les entreprises décident de la quantité demandée de travailleurs ; plus le salaire devient illégale (voir prix
horaire est bas, plus la quantité demandée est importante. Les ménages décident de la plancher).
quantité offerte de travailleurs ; plus le salaire horaire est élevé, plus la quantité offerte
est importante. Le salaire horaire s’ajuste de manière à rendre égales la quantité deman-
dée et la quantité offerte de travailleurs.
La figure 3.12 (p. 74) illustre le marché du travail des livreurs de pizzas. La courbe
de demande de livreurs est D, et la courbe d’offre, O. L’équilibre du marché s’établit à
un salaire de 5 $ l’heure et à une quantité de 5 000 livreurs embauchés.
Supposons que le gouvernement considère que personne ne devrait travailler à un
salaire aussi bas que 5 $ l’heure et qu’il décide d’augmenter les salaires. Pourra-t-il
améliorer les conditions de travail des livreurs de pizzas en imposant un salaire
minimum supérieur ?
Un prix plancher comme le salaire minimum n’a pas le même effet selon qu’il est
inférieur ou supérieur au prix d’équilibre. À la figure 3.12, le salaire d’équilibre est de
5 $ l’heure et, à ce salaire, les pizzérias embauchent 5 000 livreurs. Si le gouvernement
impose un salaire minimum de 5 $ l’heure ou moins, rien ne changera. Les pizzérias
paient déjà 5 $ l’heure ; comme ce salaire est supérieur au salaire minimum, elles conti-
nueront à embaucher 5 000 livreurs.
L’objectif d’une loi sur le salaire minimum est d’accroître le revenu des travailleurs
à faible salaire. Le salaire minimum doit donc être supérieur au salaire d’équilibre.
Supposons que le gouvernement légifère pour imposer un salaire minimum de 7 $
l’heure. À la figure 3.12, les salaires inférieurs à 7 $ l’heure (dans la zone située sous la
ligne rouge) sont illégaux. Les entreprises et les travailleurs ne peuvent donc plus fonc-
tionner au point d’équilibre, qui est situé dans la zone illégale. Les forces du marché et
la loi sont en conflit.
74 PARTIE 1 INTRODUCTION

Le gouvernement peut fixer un salaire minimum, mais il ne peut pas dire aux pizzé-
rias combien de livreurs elles doivent embaucher. Si elles doivent payer au moins 7 $
l’heure, elles n’engageront que 3 000 livreurs. Au salaire d’équilibre de 5 $ l’heure, elles
en embauchaient 5 000 ; une fois le nouveau salaire minimum en vigueur, elles en congé-
dieront donc 2 000. Supposons par ailleurs qu’à un salaire minimum de 7 $ l’heure,
2 000 personnes qui ne voulaient pas travailler à 5 $ l’heure cherchent un emploi de
livreur de pizzas. La quantité offerte sur le marché du travail se chiffrera maintenant à
7 000 livreurs, dont 4 000 sont sans travail : les 2 000 livreurs congédiés et les 2 000 per-
sonnes qui cherchent un emploi de livreur au salaire minimum.
D’une façon ou d’une autre, les 3 000 emplois offerts doivent être répartis entre les
7 000 personnes prêtes à travailler comme livreurs de pizzas. Comment cela se fera-t-il
si le prix ne joue plus son rôle en tant que moyen de répartition des ressources ? La
réponse est la même que pour le marché du logement : par le recours à la règle du pre-
mier arrivé, premier servi et par l’imposition de critères restrictifs.
Un salaire minimum au-delà du salaire d’équilibre a l’effet d’une loterie où les
gagnants sont les travailleurs dont le salaire augmente, et les perdants, les travailleurs
congédiés et les sans-emploi qui ne trouvent pas de travail à cause des nouvelles condi-
tions salariales. Les recherches économétriques ont établi de manière très fiable que, si
une hausse de 10 % du salaire minimum entraîne une baisse de l’emploi de 2,5 % en
moyenne (entre 1,4 % et 3,7 %) chez les 15-19 ans, elle n’a aucun effet significatif sur
l’emploi chez les 20 ans et plus3.

Figure 3.12 Le salaire minimum entraîne du chômage

Salaire (en dollars par heure)


10

9 O
6
Surplus
8
Salaire minimum
7 1 Sur ce marché du travail des livreurs de pizzas,
2 Zone illégale
2 le salaire d’équilibre est de 5 $ l’heure et
Salaire
6 d’équilibre 3 la quantité d’équilibre de livreurs est de 5 000.
1
Équilibre Le salaire minimum – fixé à 7 $ l’heure dans cet
5 du marché exemple – est supérieur au salaire d’équilibre.

4 4 La quantité demandée de livreurs tombe à 3 000.


5 La quantité offerte de livreurs grimpe à 7 000.
3 6 Il y a 4 000 personnes sans emploi.
3 D
Quantité
2 4 5
Quantité d’équilibre Quantité
1 demandée offerte

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Quantité (en milliers d’unités)

3. Institut de la statistique du Québec, Hausse du salaire minimum au Québec et évolution de


l’emploi : que disent les données statistiques ?, avril 2011.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 75

3.4
4 Expliquer comment les prix plafonds ou planchers entraînent des pénuries ou des surplus

EXERCEZ-VOUS Tableau 1
1. Le tableau 1 présente le marché du logement locatif Quantité demandée Quantité offerte
Loyer
de Miniville. de logements de logements
(par mois)
a) Quel est le loyer d’équilibre et combien y a-t-il par trimestre par trimestre
de logements loués ? 900 500 $ 450
b) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 900 $ 800 600 $ 500
par mois, quel serait le loyer d’équilibre et combien
y aurait-il de logements loués ? 700 700 $ 550
c) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 700 $ 600 800 $ 600
par mois, quel serait le loyer d’équilibre et combien 500 900 $ 650
y aurait-il de logements loués ?
400 1 000 $ 700

QUESTION SUPPLÉMENTAIRE Tableau 2


2. Tous les ans, les producteurs agricoles du Pays Fertile Quantité demandée Quantité offerte
Salaire
embauchent des travailleurs agricoles. Le tableau 2 de travailleurs de travailleurs
horaire
décrit ce marché. agricoles agricoles
a) Quel est le salaire d’équilibre et combien de 8 000 5,50 $ 3 500
travailleurs sont embauchés ? 7 000 6,50 $ 4 000
b) Si le gouvernement impose un salaire minimum
de 8 $ l’heure, combien de travailleurs auront un 6 000 7,50 $ 4 500
emploi et combien seront sans travail ? 5 000 8,50 $ 5 000
c) Si le gouvernement impose un salaire minimum 4 000 9,50 $ 5 500
de 9,50 $ l’heure, combien de travailleurs auront un
3 000 10,50 $ 6 000
emploi et combien seront sans travail ?

RÉPONSES
1. a) Le marché du logement est en équilibre lorsqu’à un même prix c) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 700 $ par mois, la quantité
(loyer) la quantité demandée de logements est égale à la quantité demandée de logements serait de 700 unités, et la quantité offerte,
offerte. Ici, l’équilibre survient à un loyer de 800 $ par mois et à une de 550 unités. À ce prix, il y aurait une pénurie de 150 logements.
quantité de 600 logements.
b) Comme le loyer plafond (900 $ par mois) est plus élevé que le loyer
d’équilibre (800 $ par mois), il ne modifie pas l’équilibre décrit en a) :
le loyer d’équilibre reste à 800 $ par mois, et la quantité d’équilibre,
à 600 logements.
76 PARTIE 1 INTRODUCTION

Le chapitre 3 en bref

1 Distinguer la quantité demandée de la demande, et expliquer ce qui détermine la demande

Loi de la demande Facteurs susceptibles d’influer sur la demande


Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité • Prix des biens apparentés
demandée augmente à mesure que le prix baisse et diminue • Revenu des acheteurs
à mesure que le prix monte (mouvement le long de la • Nombre d’acheteurs
courbe de demande).
• Goûts et préférences
• Anticipations de prix et de revenus

2 Distinguer la quantité offerte de l’offre, et expliquer ce qui détermine l’offre

Loi de l’offre Facteurs susceptibles d’influer sur l’offre


Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité • Prix des biens apparentés
offerte augmente à mesure que le prix augmente et • Coût de production
diminue à mesure que le prix diminue (mouvement le long • Nombre de vendeurs
de la courbe d’offre).
• Productivité
• Anticipations de prix et de coûts

3 Expliquer comment l’offre et la demande déterminent le prix et


la quantité sur le marché, et décrire les effets de leurs variations

Équilibre du marché Augmentation de l’offre Augmentation


Quantité offerte = Quantité demandée • Prix diminue et de la demande
quantité augmente • Prix et quantité
Surplus Pénurie augmentent
Diminution de l’offre
• Quantité offerte > • Quantité offerte < • Prix augmente et Diminution de la demande
Quantité demandée Quantité demandée quantité diminue • Prix et quantité diminuent
• Baisse du prix pour • Hausse du prix pour
maintenir l’équilibre maintenir l’équilibre
du marché du marché

4 Expliquer comment les prix plafonds ou planchers entraînent des pénuries ou des surplus

Prix plafond inférieur Prix plancher supérieur


au prix d’équilibre au prix d’équilibre
• Pénurie • Surplus
Prix plafond supérieur Prix plancher inférieur
au prix d’équilibre au prix d’équilibre
• Ni pénurie ni surplus • Ni pénurie ni surplus
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 77

Questions
de révision
Au terme de la section 3.1, La demande, répondez à la l) Une amélioration de la conjoncture économique qui se
question 1. traduit par une hausse du revenu des ménages et une
baisse des taux hypothécaires
1. Depuis quelques années, on observe au Québec des m) Une forte spéculation foncière qui entraîne une
hausses parallèles du prix du vin et de la consommation de augmentation marquée du prix des terrains destinés à
vin. Doit-on considérer le vin comme une exception à la loi la construction domiciliaire
de la demande ? Justifiez votre réponse.
4. Pour chacun des énoncés suivants, précisez s’il y a une
Au terme de la section 3.2, L’offre, répondez à la question 2. variation de la demande ou de la quantité demandée, ou
une variation de l’offre ou de la quantité offerte.
2. Décrivez l’effet de chacun des événements suivants sur a) Au printemps 2010, l’éruption du volcan islandais
l’offre ou sur la demande de jeans. Eyjafjallajökull a paralysé le transport aérien
a) Une nouvelle technique réduit de moitié le temps transcontinental ; cette baisse de la quantité offerte
de fabrication d’un jean. a fait augmenter considérablement le prix des vols
transatlantiques.
b) Le prix du denim baisse.
b) Si le soccer devient plus populaire au Québec tandis
c) Les jeans ne sont plus à la mode. que le basketball perd de sa popularité, le prix des
d) Le prix d’un jean diminue. souliers de basketball baissera.
e) Le salaire versé aux travailleurs du vêtement augmente. c) Il est plus coûteux de skier dans les Laurentides en
f) Le Comité olympique canadien lance des jeans hiver qu’au printemps.
« Équipe Canada ». d) Si le prix du yaourt glacé baisse, la demande de crème
g) Le prix des jupes en denim double. glacée diminuera et son prix baissera.
h) Les revenus augmentent.
5. Le tableau 1 donne les barèmes d’offre et de demande des
Au terme de la section 3.3, L’équilibre du marché, répondez tapis de souris.
aux questions 3 à 9. Tableau 1
3. Sur le marché des maisons unifamiliales mises en chan- Prix Quantité demandée Quantité offerte
tier sur la Rive-Sud de Montréal, décrivez l’effet de chacun (en dollars
des événements suivants sur l’offre ou sur la demande de (en milliers de tapis de souris
par tapis de
maisons, et sur le prix et la quantité d’équilibre. par semaine)
souris)
a) Une migration importante de la population urbaine de 3 160 120
Montréal vers la Rive-Sud
4 150 130
b) Une hausse des salaires des ouvriers de la construction.
c) Une forte augmentation des taux hypothécaires 5 140 140
d) Une forte hausse des loyers à Montréal 6 130 150
e) De nouvelles subventions aux entrepreneurs pour 7 120 160
relancer la construction domiciliaire
8 110 170
f) Une forte augmentation du coût des déplacements
en automobile entre la Rive-Sud et Montréal en a) Où se situe l’équilibre du marché ?
raison de hausses du prix de l’essence et des frais de
stationnement b) Décrivez la situation du marché quand le prix du tapis
de souris est de 7 $. Comment le marché atteint-il son
g) Une forte hausse des taxes foncières dans les nouvel équilibre ?
municipalités de la Rive-Sud
c) Qu’advient-il de l’équilibre du marché si une baisse
h) Une diminution du nombre de terrains disponibles du prix des ordinateurs accroît la quantité demandée
pour la construction domiciliaire en raison d’une de 20 000 tapis de souris par semaine à tous les prix ?
modification de la loi sur le zonage agricole Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ?
i) De nouvelles techniques de préfabrication qui d) Qu’advient-il de l’équilibre du marché si un nouveau
permettent des économies importantes sur les coûts logiciel activé par la parole diminue la quantité
de construction de maisons demandée de 10 000 tapis de souris par semaine à
j) L’intégration des transports en commun de la Rive-Sud tous les prix et si, en même temps, une baisse du
au réseau de la ville de Montréal, avec pour résultat une coût de production des tapis de souris augmente
nette amélioration du service et une baisse de prix la quantité offerte de 30 000 tapis par semaine à
k) Une forte hausse du prix des matériaux de construction tous les prix ? Comment le marché atteint-il son
nouvel équilibre ?
78 PARTIE 1 INTRODUCTION

6. Supposons que le marché des téléphones intelligents est d) Supposons qu’un saboteur détruit la moitié des
en situation d’équilibre. fabriques de gomme à mâcher, réduisant ainsi de
a) Décrivez l’effet sur le prix et la quantité d’équilibre de moitié la quantité offerte de gomme à mâcher à
chacune des hypothèses suivantes. tous les prix. Quels seront alors le prix et la quantité
d’équilibre ?
1. L’augmentation de la demande est plus forte que la
e) Supposons maintenant que, grâce à une campagne
baisse de l’offre.
publicitaire particulièrement efficace, la quantité
2. L’augmentation de la demande est égale à la baisse demandée de gomme à mâcher augmente de
de l’offre. 40 millions de paquets par semaine à tous les prix.
3. L’augmentation de la demande est plus faible que la Quels seront alors le prix et la quantité d’équilibre ?
baisse de l’offre. f) Supposons qu’une augmentation du revenu des
b) Quelle conclusion peut-on tirer des trois cas précédents ? consommateurs fait augmenter la quantité demandée
c) Décrivez l’effet sur le prix et la quantité d’équilibre de gomme à mâcher de 20 millions de paquets par
de chacune des hypothèses suivantes. semaine à tous les prix et qu’une baisse des coûts
1. L’augmentation de la demande est plus forte que de production fait augmenter la quantité offerte de
l’augmentation de l’offre. 20 millions de paquets par semaine à tous les prix.
Quels seront alors le prix et la quantité d’équilibre ?
2. L’augmentation de la demande est égale à
l’augmentation de l’offre.
9. La croissance économique des pays émergents comme la
3. L’augmentation de la demande est plus faible que Chine et l’Inde a contribué à augmenter la demande de
l’augmentation de l’offre. carburant, ce qui a entraîné une hausse du prix du pétrole
d) La conclusion tirée en b) est-elle encore valable ? sur le marché mondial au-delà des 100 $US, et ce, jusqu’en
7. Dites si vous êtes d’accord ou en désaccord avec l’énoncé 2014. L’Inde et la Chine ont investi massivement en Afrique,
suivant et justifiez votre réponse : « Si la demande d’ordi- où les réserves d’hydrocarbures sont largement sous-
nateurs augmente et si les coûts de production des ordi- exploitées, afin d’augmenter la production des pays afri-
nateurs diminuent, la quantité d’équilibre sur le marché cains pour satisfaire leur demande intérieure.
des ordinateurs augmentera. Il est toutefois impossible a) Illustrez dans un graphique l’équilibre initial du
de déterminer avec certitude si le prix des ordinateurs marché mondial du pétrole en supposant que le prix
augmentera, diminuera ou restera constant. » d’équilibre est alors de 100 $US le baril, et la production
d’équilibre, de 85 millions de barils par jour.
8. Le tableau 2 donne les barèmes d’offre et de demande de b) Supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs, la
la gomme à mâcher. production de pétrole en provenance d’Afrique augmente
de façon importante. Comment le prix du pétrole et la
Tableau 2 quantité échangée varieront-ils ? Justifiez votre réponse
Prix Quantité demandée Quantité offerte et illustrez-la dans le graphique tracé en a).
(en dollars (en millions de paquets c) Supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs,
par paquet) par semaine) des ouragans aux États-Unis et des conflits ailleurs
dans le monde détruisent une partie importante des
0,20 200 40 installations pétrolières de la planète. Comment le
0,40 180 60 prix du pétrole et la quantité échangée varieront-
ils ? Expliquez votre réponse et illustrez-la dans le
0,60 160 80 graphique tracé en a).
0,80 140 100 d) Toutes choses étant égales par ailleurs, comment la
1,00 120 120 croissance économique des pays émergents a-t-elle
pu propulser le prix du pétrole à plus de 100 $US ?
1,20 100 140 Expliquez votre réponse et illustrez-la dans le
1,40 80 160 graphique tracé en a).
1,60 60 180 Au terme de la section 3.4, Le contrôle des prix, répondez à
1,80 40 200 la question 10.
2,00 20 220
10. Supposons que le marché de la bière est en équilibre.
a) Donnez le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre de la a) Décrivez l’effet de l’imposition par le gouvernement
gomme à mâcher. d’un prix de la bière minimum supérieur au prix
b) Quelle est la situation du marché si le prix de la gomme d’équilibre. Qu’arrivera-t-il si le prix minimum est
à mâcher s’établit à 0,80 $ ? Comment le marché inférieur au prix d’équilibre ?
retrouvera-t-il son équilibre ? b) Décrivez l’effet de l’imposition par le gouvernement
c) Quelle est la situation du marché si le prix de la gomme d’un prix de la bière maximum inférieur au prix
à mâcher s’établit à 1,40 $ ? Comment le marché d’équilibre. Qu’arrivera-t-il si le prix maximum est
retrouvera-t-il son équilibre ? supérieur au prix d’équilibre ?
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 79

Appliquez
vos savoir-faire
L’arrivée des téléphones intelligents
Avec l’arrivée des téléphones intelligents, et plus particulièrement de l’iPhone
en 2007, les télécommunications mobiles ont largement évolué, au détriment
des moyens de télécommunications résidentiels, qui perdent de plus en plus
de terrain au Canada. Au cours des dernières années, un nombre grandissant
de ménages canadiens s’est converti aux téléphones mobiles, préférant ces
appareils aux multiples fonctions au bon vieux téléphone résidentiel.

a) Selon vous, pourquoi le nombre de ménages canadiens ayant un


téléphone résidentiel est-il moins important aujourd’hui ?

b) Supposez que le marché des téléphones résidentiels est en situation


d’équilibre. Illustrez dans un graphique l’effet d’une baisse du nombre de
ménages canadiens ayant ce type de téléphone.

c) Pourquoi le nombre de ménages canadiens ayant uniquement des


Le marché des téléphones intelligents n’a cessé de croître depuis
téléphones mobiles a-t-il augmenté ? leur arrivée en 2007.

MOTS CLÉS
Barème d’offre, 59 Prix d’équilibre, 64
Barème de demande, 53 Prix plafond, 72
Bien ou service inférieur, 55 Prix plancher, 73
Bien ou service normal, 55 Productivité, 61
Complément, 54 Quantité d’équilibre, 64
Complément de production, 60 Quantité demandée, 52
Courbe d’offre, 59 Quantité offerte, 58
Courbe de demande, 53 Salaire minimum, 73
Demande, 53 Substitut, 54
Équilibre du marché, 64 Substitut de production, 60
Loi de l’offre, 58 Surplus (ou offre excédentaire), 64
Loi de la demande, 53 Variation de l’offre, 60
Loyer plafond, 72 Variation de la demande, 54
Marché, 52 Variation de la quantité demandée, 54
Offre, 58 Variation de la quantité offerte, 59
Pénurie (ou demande excédentaire), 64
80
CHAPITRE 4
PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

PARTIE 2
LES INDICATEURS LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE
MACROÉCONOMIQUES

SOMMES-NOUS
PLUS RICHES
QUE LES
AMÉRICAINS ?
SOMMES-NOUS PLUS RICHES QUE LES
AMÉRICAINS, LES FRANÇAIS OU LES CHINOIS ?
Sommes-nous plus riches que nos grands-parents ? Pour
répondre à ces questions, il faut connaître la production
totale – la production agrégée – plutôt que la production
d’un bien ou d’un service en particulier afin de mesurer
notre niveau de vie (production par habitant).
Nos choix des biens et services que nous produisons
et consommons, ainsi que de leurs destinataires,
influent sur notre niveau de vie, un sujet central en
macroéconomie. L’un des indicateurs les plus impor-
tants du niveau de vie est, sans nul doute, le produit
intérieur brut (PIB). Dans ce chapitre, vous apprendrez
comment Statistique Canada calcule le PIB. Quelles sont
ses limites en tant que mesure du niveau de vie ? Existe-
t-il d’autres indicateurs du niveau de vie ? 

COUP D’ŒIL
SOMMAIRE

4.1 SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE 4.3


Le PIB, les revenus 4.2 Le calcul du PIB par Le PIB nominal
et les dépenses Le calcul du PIB canadien Statistique Canada et le PIB réel

p. 82 p. 87 p. 90 p. 92
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 81

SAVOIR-FAIRE
1 Définir le produit intérieur brut (PIB)
et expliquer pourquoi la valeur de la
production, celle des revenus et celle
des dépenses s’équivalent dans une
économie de marché
2 Expliquer comment Statistique Canada
calcule le PIB
3 Définir le PIB nominal, le PIB réel et
l’indice implicite des prix du PIB, et
expliquer les relations entre ces concepts
4 Expliquer les limites du PIB réel en
tant que mesure du niveau de vie

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COUP D’ŒIL
COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE 4.4 L’indicateur de SOMMES-NOUS
Le calcul du PIB réel par Le PIB réel et développement humain PLUS RICHES QUE LES Le chapitre 4
Statistique Canada le niveau de vie de l’ONU AMÉRICAINS ? en bref

p. 95 p. 97 p. 99 p. 101 p. 102
82 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

4.1 LE PIB, LES REVENUS ET LES DÉPENSES


Comment pourriez-vous comparer votre niveau de vie à celui de vos parents quand ils
avaient votre âge, ou encore à celui d’un étudiant de Beijing (Pékin), en Chine ?
Comme votre niveau de vie dépend de la quantité de biens et services que votre
revenu vous permet de consommer, vous pourriez essayer de déterminer qui a le revenu
le plus élevé : vous aujourd’hui ou vos parents dans les années 1990, vous ici ou un
collégien de Beijing. Mais comme le niveau de vie dépend de la quantité de biens et
services consommés, et que, pour être consommés, ces biens et services doivent d’abord
avoir été produits, vous pourriez aussi essayer de déterminer si la production actuelle
du Canada est supérieure à celle du Canada dans les années 1990, ou à celle de la Chine
d’aujourd’hui. Pour ce faire, il vous faudrait mesurer la production totale de biens et
services.

LA DÉFINITION DU PIB
Produit intérieur brut (PIB) Le produit intérieur brut (PIB) mesure la valeur marchande de la totalité des biens et
Valeur marchande de l’ensemble
services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée. Cette définition
des biens et services finals
produits dans un pays au cours comprend quatre éléments clés que nous allons examiner un à un :
d’une période donnée.
• La valeur monétaire de la production (valeur marchande) ;
• La nature de la production (biens et services finals) ;
• Le lieu de la production (pays) ;
• Le moment de la production (période donnée).

La valeur monétaire de la production


Pour mesurer la production agrégée, il faut évaluer la production de pommes et d’oranges,
d’ordinateurs, de balles et de bâtons de baseball, de maïs soufflé, etc. Cependant, le
simple décompte de produits aussi disparates ne nous apprendrait pas ce que nous
voulons savoir : quelle est la valeur de la production totale de 100  pommes et de
50 oranges, ou de 50 pommes et de 100 oranges ? Le calcul du PIB répond à cette ques-
tion en évaluant les divers produits à leur valeur marchande, c’est-à-dire au prix auquel
ils s’échangent sur les marchés. Si le prix d’une pomme est de 0,10 $ et si le prix d’une
orange est de 0,20 $, la valeur marchande de 100 pommes et de 50 oranges est de 20 $,
et la valeur marchande de 50 pommes et de 100 oranges est de 25 $. Évaluer la produc-
tion au prix du marché permet d’additionner des pommes et des oranges.
Ainsi, toute transaction qui ne comporte pas un échange de biens ou de services
contre argent, comme le bénévolat ou l’autoproduction, sera omise dans le calcul du PIB.
Si aucune rémunération n’est versée pour la production d’un bien ou d’un service, il
devient impossible d’en comptabiliser la valeur. Il en est de même pour les transactions
non déclarées, dont on cache l’existence (le travail au noir, par exemple). Nous en repar-
lerons plus loin.

La nature de la production
Bien ou service final Pour calculer le PIB, on évalue la somme des biens et services finals produits au cours
Bien ou service destiné à son
d’une période donnée. Les biens et services finals sont destinés à leurs utilisateurs
utilisateur final, et non à la
production d’un autre bien ou finals, alors que les biens et services intermédiaires sont les articles que les entreprises
d’un autre service. produisent et achètent pour les utiliser dans la production de biens et services finals.
Bien ou service Ainsi, un VUS Ford est un bien final, alors qu’un pneu Goodyear du même véhicule est
intermédiaire
Bien ou service produit par une un bien intermédiaire. Notez qu’un pneu neuf remplaçant un pneu crevé n’est pas un
entreprise, acheté par une autre bien intermédiaire, mais un bien final. Toute pièce de remplacement est un bien final.
entreprise et utilisé dans la
production d’un autre bien ou
En ne considérant que les biens et services finals, on évite de compter le même produit
d’un autre service. deux fois.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 83

Par ailleurs, quand vous faites l’acquisition d’obligations ou d’actions, vous prêtez
votre argent aux entreprises ou à l’État. Quand vous obtenez un prêt étudiant, on vous
prête de l’argent. Dans aucun de ces cas vous n’achetez de biens ou de services. Ce ne
sont que des transferts d’argent d’un individu à un autre, à l’image des dépenses en
valeurs mobilières. Ces transactions sont dites improductives, car elles ne génèrent pas
de production de biens ou de services et ne créent aucune valeur. Elles ne seront pas
comptabilisées dans le calcul du PIB.

Le lieu de la production
Seuls les biens et services finals produits dans un pays sont comptabilisés dans le PIB
de ce pays. Quand le fabricant de chaussures canadien Bata produit des chaussures en
Thaïlande, la valeur marchande de ces chaussures est comptabilisée dans le PIB de la
Thaïlande, et non dans celui du Canada. De même, quand le constructeur d’automobiles
japonais Honda produit des automobiles à Alliston, en Ontario, la valeur marchande de
cette production est comptabilisée dans le PIB du Canada, et non dans celui du Japon.

Le moment de la production
Le PIB indique la valeur marchande de la production au cours d’une période donnée –
habituellement un mois, un trimestre ou une année. Certaines institutions financières,
dont les banques à charte, les caisses populaires, les maisons de courtage et la Banque
du Canada, consultent le PIB mensuel et le PIB trimestriel pour suivre l’évolution de
l’économie à court terme. Par contre, pour analyser les tendances à long terme, on se
réfère au PIB annuel.
Comme le PIB est une mesure de la production réalisée au
cours d’une période donnée, une année, par exemple, on ne
Saviez-vous que…
comptabilise pas la valeur des productions d’années antérieures, Au Canada, 6 009 unités de logement
car elles ont déjà été comptabilisées l’année où elles ont été pro- achevées n’étaient toujours pas vendues en
duites. C’est le cas des biens d’occasion. Ainsi, une voiture fabri- décembre 20141. Ces unités feront-elles partie
quée en 2012 a été comptabilisée dans le PIB de 2012 et, même du PIB de 2014 ou de 2015 ? Qu’en est-il des
si elle se vend sur le marché des voitures d’occasion en 2015, on unités inachevées ?
ne la comptabilise plus.
RÉPONSE

Les unités invendues feront partie du calcul du PIB de


Bref, certaines transactions ne sont pas comptabilisées dans 2014, année où elles ont été achevées, plutôt que de
le PIB : les transactions non rémunérées (bénévolat, autoproduc- celui du PIB de 2015, année où elles seront probablement
vendues. Quant aux unités inachevées en 2014, elles
tion), non déclarées (travail au noir), improductives (prêts), ainsi feront partie du calcul du PIB de 2015, année où elles
que celles s’appliquant à des biens ou services intermédiaires seront achevées.
(achats des entreprises auprès de leurs fournisseurs) ou à des
productions antérieures (biens d’occasion).

LES DÉPENSES DANS LE MODÈLE DES FLUX CIRCULAIRES


Le modèle des flux circulaires illustré à la figure 4.1 (p. 86) décrit les liens qu’entre-
tiennent la production, les revenus et les dépenses dans l’économie : grâce aux facteurs
de production, la production génère des revenus que les ménages dépensent pour ache-
ter les biens et services qui ont été produits. Comme nous allons le voir, la trilogie
production → revenus → dépenses est la base du modèle des flux circulaires et de la
comptabilité nationale.
Les acheteurs de biens et services finals se divisent en quatre groupes : les ménages,
les entreprises, les administrations publiques et les pays étrangers. À ces quatre groupes
correspondent quatre types de dépenses :

1. Statistique Canada, CANSIM, tableau 027-0038, Société canadienne d’hypothèques et de loge-


ment, écoulements et inventaire non écoulé, logements nouvellement achevés, selon le type de
logement dans les régions métropolitaines du recensement, mensuel, modifié le 22-01-2015.
84 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

• Les dépenses de consommation ;


• L’investissement privé brut ;
• Les dépenses totales des administrations publiques ;
• Les exportations nettes de biens et services.

Les dépenses de consommation (C)


Dépenses de consommation On appelle dépenses de consommation (C) les sommes consacrées à l’achat de biens et
Sommes consacrées à services de consommation : nourriture et vêtements, maïs soufflé et films, services den-
l’achat de biens et services
de consommation. taires et services de nettoyeur, ordinateurs personnels, etc., ainsi que les loyers des
maisons et des appartements, y compris la valeur locative des maisons dont le proprié-
taire est aussi l’occupant. Ces dépenses sont habituellement faites par les ménages, mais
aussi par les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM). Depuis 2012,
Statistique Canada présente de manière distincte les données relatives aux dépenses de
consommation des ménages et des ISBLSM offrant des biens et services aux ménages ou
à l’ensemble de la communauté, comme les associations de consommateurs, les orga-
nismes syndicaux, les organismes de services de garde ou de soins à domicile, etc.2

L’investissement privé brut (Ib)


Investissement privé brut On appelle investissement privé brut (Ib), ou formation brute de capital fixe des entre-
Sommes consacrées à prises et des ISBLSM, les sommes consacrées à l’achat de nouveaux biens d’équipement
l’acquisition de nouveaux
biens d’équipement (outils, (outils, instruments, machines, bâtiments et autres constructions) ainsi que les ajouts
instruments, machines, aux stocks des entreprises. Certaines entreprises produisent des biens d’équipement ;
bâtiments et autres
constructions) ainsi que d’autres les achètent. Ainsi, Cummins-Allison ULC produit des compteuses de billets à
l’investissement en stocks. Mississauga, en Ontario, et les banques en achètent. Si Bombardier fait construire une
nouvelle usine d’assemblage de wagons à La Pocatière, il s’agit aussi d’un investisse-
ment. Enfin, quand une entreprise ajoute à son stock une production invendue, on
considère cette dernière comme un investissement en stocks (l’entreprise investit dans
son stock). Par exemple, si General Motors produit 400 000 voitures et en vend 390 000,
son stock augmente de 10 000 voitures. On dit de l’investissement privé qu’il est brut
parce qu’une partie des achats sert à couvrir les biens d’équipement qui se sont dépré-
ciés durant la période. Les ordinateurs, par exemple, perdent rapidement de leur valeur
initiale, et il faut les remplacer régulièrement par des machines plus efficaces. Une partie
des achats d’ordinateurs par les entreprises accroît le stock de capital de ces entreprises ;
l’autre partie sert simplement à remplacer les machines désuètes.

Les dépenses totales des administrations publiques (G)


Dépenses totales des On appelle dépenses totales des administrations publiques (G) les sommes que les
administrations publiques
Dépenses en biens et services
diverses administrations publiques (fédérales, provinciales, municipales) consacrent à
et investissements publics des l’acquisition de biens et services et aux investissements publics (biens intermédiaires et
gouvernements et des autres immobilisations). Les administrations publiques achètent une grande variété de biens et
administrations publiques
du pays. services. Par exemple, le gouvernement fédéral achète des hélicoptères, des sous-
marins, des ordinateurs et des services internet ; les gouvernements provinciaux achètent
des soins de santé et d’éducation ; les administrations municipales achètent des autobus,
des camions d’incendie et des services de collecte des ordures ménagères. Les gouver-
nements construisent aussi des routes, des ponts, des aéroports, des écoles, des hôpi-
taux, etc., qui sont autant d’investissements publics dans l’infrastructure de l’économie.
Notons que les paiements de transfert, comme les pensions ou les prestations d’assu-
rance-emploi, ne sont pas inclus dans les dépenses totales des administrations publiques,
car il s’agit de transferts d’argent des gouvernements aux ménages.

2. Statistique Canada, Accent sur les institutions sans but lucratif au service des ménages (IS-
BLSM), 27 novembre 2015, http://www.statcan.gc.ca/pub/13-015-x/2009000/sect08-fra.htm,
(page consultée le 13 mars 2016).
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 85

Les exportations nettes de biens et services (XN)


On appelle exportations nettes de biens et services (XN) la différence entre la valeur Exportations nettes de
des exportations de biens et services et la valeur des importations de biens et services. biens et services
Différence entre la valeur des
Les exportations de biens et services (X) sont les biens et services produits au Canada exportations de biens et services
et vendus à l’étranger. Les importations de biens et services (M) sont les biens et ser- et la valeur des importations de
biens et services.
vices produits à l’étranger qu’achètent les ménages, les entreprises et les administrations
publiques du Canada. Comme les importations sont comprises dans les dépenses des Exportations de biens
et services
ménages, des entreprises et des administrations publiques, elles devront être soustraites Biens et services produits au
des exportations pour obtenir la valeur nette de celles-ci. Les exportations nettes peuvent Canada et vendus à l’étranger.
être positives (les exportations excèdent les importations) ou négatives (les importations Importations de biens
et services
excèdent les exportations). Biens et services produits
à l’étranger qu’achètent les
ménages, les entreprises et
La dépense agrégée les administrations publiques
du Canada.
La dépense totale en biens et services produits au Canada – ou dépense agrégée – est la
somme des quatre types de dépenses que nous venons de décrire : les dépenses de
consommation (C), l’investissement privé brut (Ib), les dépenses totales des administra-
tions publiques (G) et les exportations nettes de biens et services (XN). Autrement dit,

Dépense agrégée = C + Ib + G + XN, où XN = X - M


La dépense agrégée est égale au montant que reçoivent les producteurs de biens et
services finals.

LES REVENUS DANS LE MODÈLE DES FLUX CIRCULAIRES


Le travail rapporte des salaires, les actifs financiers rapportent des intérêts et des reve-
nus de placement, la propriété foncière rapporte des loyers et les entreprises engendrent
des bénéfices. Les ménages perçoivent ces revenus. Toutefois, une partie des bénéfices
des sociétés n’est pas transférée aux ménages ; les entreprises utilisent une partie de
leurs bénéfices pour financer leurs investissements en capital. De même, puisque les
bénéfices des entreprises sont imposables, une autre partie des bénéfices va aux gou-
vernements et aux autres administrations publiques sous forme d’impôts sur le revenu
des entreprises.

L’ÉGALITÉ ENTRE LES DÉPENSES ET LES REVENUS


Les revenus et les dépenses que nous venons de décrire sont illustrés à la figure 4.1 par
des flux circulaires. Le revenu agrégé (Y) correspond au flux bleu qui va des entreprises
aux ménages. Quand ils reçoivent leurs revenus, les ménages en versent une partie en
impôts et en réservent une partie à l’épargne. Certains ménages reçoivent des paiements
de transfert de l’État (aide sociale, assurance-emploi, supplément de revenu garanti,
etc.). Les impôts nets (TN) – le flux vert qui va des ménages et des entreprises aux gou- Impôts nets
vernements et aux autres administrations publiques – correspondent à la différence Différence entre les impôts
payés par les ménages et les
entre les impôts payés par les ménages et les entreprises et les paiements de transfert entreprises et les paiements de
ou subventions que l’État leur verse. Quant à l’épargne (É), elle est représentée par le transfert ou subventions qu’ils
reçoivent de l’État.
flux vert qui va des ménages aux marchés financiers. Notons que les deux flux verts ne
sont pas des dépenses en biens et services, mais simplement des flux monétaires.
Les flux rouges représentent les quatre flux de dépenses décrits précédemment : les
dépenses de consommation (C), qui vont des ménages aux entreprises ; les dépenses totales
des administrations publiques (G), qui vont des gouvernements aux entreprises ; les expor-
tations nettes de biens et services (XN), qui vont des pays étrangers aux entreprises ; et
l’investissement privé brut (Ib), qui part des marchés financiers, où les entreprises
empruntent, et va aux entreprises qui produisent les biens d’équipement.
86 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Figure 4.1 Les flux circulaires des revenus et des dépenses

É MARCHÉS
MÉNAGES
FINANCIERS

Y C Ib

TN
G XN

MARCHÉS DES GOUVERNEMENTS/ MARCHÉS


ADMINISTRATIONS PAYS
FACTEURS PUBLIQUES DES PRODUITS ÉTRANGERS

TN Données de 2015
G
C En G$

Y Ib
XN C 1 141
Ib 392
G 500
XN —47

ENTREPRISES Y 1 986

Dans le modèle des flux circulaires, le revenu est représenté par le flux revenus (É). Les entreprises empruntent sur les marchés financiers pour
bleu (Y), et les dépenses en biens et services, par les flux rouges (C, Ib, acheter des biens (Ib) provenant d’autres entreprises. Il y a égalité entre
G et XN). Les flux verts sont des flux monétaires : les ménages et les en- les dépenses, les revenus et la valeur de la production.
treprises paient des impôts nets (TN) aux gouvernements et aux autres Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut
administrations publiques et les ménages épargnent une partie de leurs (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

Comme les entreprises versent les revenus qu’elles reçoivent aux facteurs de produc-
tion, la dépense agrégée est égale au revenu agrégé. Ainsi,

Y = C + Ib + G + XN
Du point de vue des entreprises, la valeur de la production est égale au coût des
facteurs de production utilisés, lequel correspond aux revenus des ménages (revenu
agrégé). Du point de vue des acheteurs, la valeur de la production est égale au coût des
achats effectués pour l’obtenir, c’est-à-dire aux dépenses en biens et services finals
(dépense agrégée). Par conséquent, la dépense d’un agent économique constitue un
revenu pour un autre et vice versa. Un plein d’essence de 30 $ est une dépense pour
vous, mais un revenu pour la station-service. Une paie de 300 $ est un revenu pour
vous, mais une dépense pour votre employeur. Ainsi,

Valeur de la production = Revenu agrégé


= Dépense agrégée
L’égalité entre le revenu agrégé et la dépense agrégée permet de mesurer le PIB de
deux manières. La comptabilisation des revenus et celle des dépenses de l’année
donnent le même résultat, ce que nous allons décrire à la prochaine section.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 87

4.1
1 Définir le produit intérieur brut (PIB) et expliquer pourquoi la valeur de la production,
celle des revenus et celle des dépenses s’équivalent dans une économie de marché

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Dites si les produits suivants sont des biens ou des 3. Dites si les produits suivants sont des biens ou des
services finals ou intermédiaires. services finals ou intermédiaires.
a) Des services bancaires achetés par un étudiant a) L’engrais acheté par un maraîcher de Laval
b) De nouvelles voitures achetées par l’entreprise b) Le magazine Québec Science que vous avez acheté
de location de voitures Hertz aujourd’hui
c) Du papier journal acheté par les propriétaires c) La console de jeux PlayStation 4 que vous avez achetée
d’un grand quotidien sur le site eBay
d) De la crème glacée achetée par un restaurateur pour d) Le carburant d’avion acheté par Air Canada
servir des coupes glacées 4. Cette année, sur l’Île-des-Songes, les ménages ont
2. Cette année, sur l’Île-des-Rêves, les impôts nets dépensé 60 M$ en biens et services, épargné 20 M$,
s’élevaient à 10 G$ ; les dépenses de consommation, et payé les impôts nets avec le reste de leurs revenus.
à 30 G$ ; les dépenses totales des administrations Les dépenses totales des administrations publiques
publiques, à 12 G$ ; l’investissement privé brut, à 15 G$ ; s’élevaient à 15 M$, l’investissement privé brut, à 25 M$, et
les exportations, à 5 G$ ; et les importations, à 2 G$. les exportations nettes étaient nulles. Calculez :
Calculez : a) la dépense agrégée ;
a) la dépense agrégée ; b) les impôts nets ;
b) le revenu agrégé ; c) le revenu agrégé ;
c) le PIB. d) le PIB.

RÉPONSES
1. a) Des services finals. L’étudiant est l’utilisateur final. 2. a) Dépense agrégée =
b) Des biens finals. Ces nouvelles voitures s’ajoutent aux biens C + Ib + G + (X - M) = 30 G$ + 15 G$ + 12 G$ + (5 G$ - 2 G$) = 60 G$
d’équipement et sont donc un investissement. b) Revenu agrégé = Dépense agrégée = 60 G$
c) Un bien intermédiaire. Le papier est un composant du journal. c) PIB = Dépense agrégée = 60 G$
d) Un bien intermédiaire. La crème glacée est un composant des coupes
glacées.

4.2 LE CALCUL DU PIB CANADIEN


Le PIB du Canada est la valeur marchande de la totalité des biens et services finals pro-
duits au pays durant une année. En 2000, le PIB canadien a dépassé le billion de dollars
pour la première fois de son histoire. Pour évaluer le PIB du pays, les analystes de
Statistique Canada utilisent l’une ou l’autre de ces méthodes :
• La méthode des dépenses ;
• La méthode des revenus.

LA MÉTHODE DES DÉPENSES


Le tableau 4.1 présente le calcul du PIB selon la méthode des dépenses : on additionne
les dépenses de consommation (C), l’investissement privé brut (Ib), les dépenses totales
des administrations publiques (G) – qui incluent toutes les dépenses des gouvernements
et des autres administrations publiques du Canada – et les exportations nettes de biens
et services (XN). Autrement dit,
PIB = C + Ib + G + XN
88 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Si on revient au flux circulaire des revenus et des dépenses illustré à la figure 4.1


(p. 86), cette méthode équivaut à mesurer et à additionner la valeur de tous les flux
rouges qui vont des marchés de biens et services vers les entreprises (G, C, Ib, XN).
Le tableau 4.1 présente la somme de tous les postes de dépenses en 2015 mesurés selon
la méthode des dépenses ; cette année-là, le PIB du Canada se chiffrait à 1 986 G$. Comme
les importations (670 G$) excédaient les exportations (623 G$), les exportations nettes
étaient négatives et se chiffraient à - 47 G$.
Le tableau montre aussi l’importance relative des diverses dépenses en 2015. Les
dépenses de consommation représentaient plus de la moitié de la dépense agrégée
([1 141 G$ ÷ 1 986 G$] × 100 % = 57,5 %), l’investissement privé brut, 19,7 %, les dépenses
totales des administrations publiques, 25,2 %, et les exportations nettes, - 2,4 %.

Tableau 4.1 Le calcul du PIB par la méthode des dépenses (2015)


Montant en Pourcentage
Dépenses Symbole
2015 (en G$) du PIB (en %)
Dépenses de consommation C 1 141 57,5
La méthode des dépenses mesure le
Investissement privé brut Ib 392 19,7 PIB en additionnant les dépenses de
consommation (C), l’investissement
Dépenses totales des administrations privé brut (Ib), les dépenses totales des
G 500 25,2
publiques administrations publiques (G) et les
Exportations nettes XN - 47 - 2,4 exportations nettes (XN). En 2015, le PIB
évalué par la méthode des dépenses se
PIB aux prix du marché PIB 1 986 100,0 chiffrait à 1 986 G$.

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

LA MÉTHODE DES REVENUS


Pour évaluer le PIB selon la méthode des revenus, Statistique Canada recueille des don-
nées sur les revenus que les entreprises versent aux ménages en échange des facteurs
de production qu’elles utilisent (salaires, intérêts du capital financier, loyers aux proprié-
taires fonciers et profits aux entrepreneurs), puis additionne tous ces revenus.
Si on revient au flux circulaire des revenus et des
Saviez-vous que… dépenses de la figure 4.1 (p. 86), cette méthode équi-
En 2015, les dépenses de consommation des Québécois vaut à mesurer la valeur du flux bleu de revenus (Y),
représentaient près de 231 G$, 60,7 % du PIB aux qui va des entreprises vers les ménages.
prix du marché3. Est-ce qu’une baisse de 10 % de la Pour calculer le PIB selon la méthode des revenus,
consommation des Québécois a le même effet qu’une Statistique Canada commence par établir la somme de
baisse de 10 % des autres postes du PIB ? Dites pourquoi. tous les types de revenus, soit :
• La rémunération des salariés ;
RÉPONSE

Étant donné que la consommation des Québécois représentait 60,7 % • L’excédent d’exploitation brut ;
du PIB du Québec en 2015, une baisse de 10 % de la consommation des
Québécois engendrera une baisse du PIB supérieure à celle occasionnée
• Le revenu mixte brut.
par une baisse de 10 % des autres postes, dont l’importance est moindre À cette somme s’ajoutent les impôts moins subven-
(39,3 %).
tions sur la production, sur les produits et sur les
importations. Voyons cela de plus près.

3. Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut en termes de dépenses,
par province et territoire, comptes économiques, annuel (dollars sauf indication contraire),
modifié le 8-11-2016.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 89

La rémunération des salariés (S)


La rémunération des salariés (S) englobe tous les revenus de la main-d’œuvre : salaires,
traitements et avantages sociaux (cotisations à un régime d’assurance-santé complémen-
taire et à une caisse de retraite, etc.) avant le versement des impôts aux gouvernements.
Cette catégorie inclut aussi les soldes et les indemnités versés aux militaires.

L’excédent d’exploitation brut (EE)


L’excédent d’exploitation brut (EE) englobe tous les revenus de sociétés comme les béné-
fices (intérêts touchés et profits réalisés par les entreprises privées et publiques), incluant
les impôts sur le revenu des entreprises ainsi que la dépréciation, ou, dans le jargon Dépréciation
(ou consommation
économique, la consommation de capital fixe. Plus précisément, les bénéfices des de capital fixe)
sociétés comprennent les profits versés sous forme de dividendes, les impôts, ainsi que Valeur de l’usure et de
les bénéfices non répartis (considérés comme des revenus qui s’ajoutent aux revenus des l’obsolescence du stock
de capital.
actionnaires).

Le revenu mixte brut (RM)


Le revenu mixte brut (RM) englobe les revenus d’entreprises individuelles (profits), les
revenus de location (loyers) et d’intérêts, ainsi que la rémunération des propriétaires de
ces entreprises (salaires), d’où le terme « mixte ». Il est parfois difficile de départir les
revenus d’entreprises individuelles, qui représentent le salaire d’un profit. Statistique
Canada fait la somme de tous ces revenus afin d’établir la valeur du revenu mixte en y
incluant les impôts et la dépréciation (ou consommation de capital fixe), d’où le terme
« brut ».
Pour obtenir la valeur de la production aux prix du marché, il faut y ajouter les impôts
moins subventions sur la production, sur les produits et sur les importations.

Les impôts moins subventions sur la production, sur les produits


et sur les importations (IMP – SUB)
Au cours d’une année, les entreprises paient des impôts fonciers, des impôts sur le capi-
tal et sur la masse salariale, l’immatriculation de leurs véhicules, des taxes sur les primes
d’assurance, les licences et les permis reliés à leurs opérations, des amendes et des
pénalités, etc. Ces impôts (ou taxes) ne sont pas prélevés à la source comme les impôts
sur le revenu des particuliers ou des entreprises, qui sont déjà pris en compte aux postes
précédents du PIB par la méthode des revenus. Certaines entreprises reçoivent des sub-
ventions – pour la création d’emplois, la formation de la main-d’œuvre ou la réduction
de la pollution, par exemple. Or, ces impôts et ces subventions sur la production sont
exclus de la rémunération des facteurs de production.
Dans le cas des impôts sur les produits et sur les importations, les taxes prélevées
sur chaque unité vendue, comme la taxe sur les produits et services (TPS) ou la taxe de
vente du Québec (TVQ), les taxes d’accise sur le carburant, les droits de douane, etc.,
font augmenter les prix payés par les ménages et les entreprises pour les biens et ser-
vices qu’ils se procurent, mais les subventions font baisser ces prix.
Afin d’établir la véritable valeur des biens et services produits, il faut ajouter les
impôts et soustraire les subventions au calcul du PIB par la méthode des revenus.
Le tableau 4.2 (p. 91) montre l’importance respective des postes que nous venons de
décrire, dont la somme donne le produit intérieur brut (PIB) aux prix du marché :

PIB = S + EE + RM + (IMP – SUB)


90 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Le calcul du PIB par Statistique Canada


É MARCHÉS
MÉNAGES
FINANCIERS

Y C Ib
TN
G XN

GOUVERNEMENTS/ MARCHÉS
MARCHÉS PAYS
ADMINISTRATIONS
DES FACTEURS PUBLIQUES DES PRODUITS ÉTRANGERS

TN
G C Ib XN
Y

ENTREPRISES

REVENUS EN 2015 (EN M$) DÉPENSES EN 2015 (EN M$)


Rémunération des salariés 1 024 229 Dépenses de consommation finale des ménages
Excédent d’exploitation brut 513 442 et des ISBLSM 1 140 951
Revenu mixte brut 232 029 Dépenses de consommation finale et formation brute
Impôts moins subventions sur la production 84 858 de capital fixe des administrations publiques 499 329
Impôts moins subventions sur les produits et Formation brute de capital fixe des entreprises et
sur les importations 131 625 des ISBLSM et investissements en stocks 392 245
Divergence statistique - 529 Exportations de biens et services 622 832
Importations de biens et services - 670 232
Divergence statistique + 529

PIB aux prix du marché 1 985 654 PIB aux prix du marché 1 985 654

Calculer le PIB par la méthode des revenus revient à mesurer la tissement privé brut (Ib). Enfin, les exportations nettes (XN) se
valeur du revenu agrégé (Y) – le flux bleu qui va des entreprises trouvent sous deux postes distincts : les exportations de biens
aux ménages. Pour ce faire, Statistique Canada recueille des et services et les importations de biens et services  (montant
données sur les revenus bruts des facteurs de production négatif).
en y ajoutant, sous deux postes distincts, les impôts moins
subventions sur la production et les impôts moins subventions En théorie, les revenus égalent les dépenses, et les deux
sur les produits et sur les importations. méthodes arrivent au même total. En pratique, les totaux
divergent, car les données sur les revenus et celles sur les
Calculer le PIB par la méthode des dépenses revient à me- dépenses comportent des marges d’erreur. Estimant que celles-
surer et à additionner la valeur de tous les flux rouges qui vont ci sont sensiblement du même ordre, Statistique Canada divise
des marchés des produits aux entreprises (G, C, Ib et XN). Pour ce la divergence en deux : une moitié est soustraite du total le plus
faire, Statistique Canada utilise les données de sondages sur les élevé et l’autre moitié est ajoutée au total le plus bas. Dans ce
dépenses aux prix du marché. Les dépenses de consommation cas-ci, quelle est la valeur totale de la divergence statistique ?
finale et la formation brute de capital fixe des administrations Pourquoi doit-on soustraire la moitié de cette divergence du PIB
publiques composent les dépenses totales des administrations
par la méthode des revenus et additionner l’autre moitié au PIB
publiques (G) ; les dépenses de consommation finale des mé-
par la méthode des dépenses ?
nages et des ISBLSM forment les dépenses de consommation
(C) ; la formation brute de capital fixe des entreprises et des Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063, Produit intérieur brut (PIB),
en termes de revenus, comptes économiques, et tableau 380-0064, Produit intérieur
ISBLSM et les investissements en stocks représentent l’inves- brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 91

Tableau 4.2 Le calcul du PIB par la méthode des revenus (2015)


Montant en Pourcentage
Revenus Symbole
2015 (en G$) du PIB (en %)
Rémunération des salariés S 1 024 51,6 La somme de tous les revenus et
Excédent d’exploitation brut EE 513 25,8 des impôts moins subventions sur la
production, sur les produits et sur les
Revenu mixte brut RM 232 11,7 importations donne le PIB aux prix du
marché. En 2015, le PIB mesuré selon
Impôts moins subventions sur la méthode des revenus s’établissait à
la production, sur les produits et sur (IMP – SUB) 217 10,9 1 986 G$, la rémunération des salariés
les importations représentant la proportion la plus
PIB aux prix du marché PIB 1 986 100,0 importante du PIB (51,6 %).
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063, Produit intérieur brut (PIB), en termes de revenus, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.

DEUX MÉTHODES, UN SEUL ET MÊME RÉSULTAT


La comparaison des tableaux 4.1 (p. 88) et 4.2 permet de constater que la méthode des
revenus et celle des dépenses arrivent à la même mesure du PIB, c’est-à-dire de la valeur
marchande de la totalité des biens et services finals produits au Canada en une année.
Ces tableaux, qui résument bien les deux méthodes de calcul du PIB au Canada en
2015, simplifient les calculs que fait Statistique Canada. Le « Coup d’œil sur l’économie
canadienne » de la page 90 en donne une idée plus juste en détaillant chacun des postes
selon les termes et les sous-catégories utilisés par Statistique Canada.

4.2
2 Expliquer comment Statistique Canada calcule le PIB

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Le tableau 1 présente certains postes qui figuraient dans 2. Le tableau 2 présente certains postes qui figuraient dans
les comptes nationaux d’Utopia cette année. les comptes nationaux du Pays de Cocagne cette année.
a) Calculez le PIB d’Utopia. Calculez :
b) Combien les administrations publiques d’Utopia ont- a) le PIB par la méthode des dépenses ;
elles dépensé en biens et services cette année ? b) le PIB par la méthode des revenus.
Tableau 1 Tableau 2
Poste Montant (en G$) Poste Montant (en G$)
Rémunération des salariés 592 Dépenses de consommation 689
Dépenses de consommation 601 Dépenses totales des
269
Impôts moins subventions 139 administrations publiques

Excédent d’exploitation brut 304 Excédent d’exploitation brut 353

Investissement privé brut 227 Revenu mixte brut 133

Exportations nettes 59 Investissement privé brut 212


Exportations nettes 48
Revenu mixte brut 122
Rémunération des salariés 614
Impôts moins subventions 118
RÉPONSES
1. a) Le PIB peut se calculer soit par la méthode des dépenses, où PIB = C + Ib b) Après avoir calculé le PIB d’Utopia par la méthode des revenus, vous
+ G + XN, soit par la méthode des revenus, où PIB = S + EE + RM + (IMP pouvez calculer les dépenses de ses administrations publiques (G) en
- SUB). Comme les dépenses totales des administrations publiques (G) utilisant l’équation de la méthode des dépenses. Si PIB = 1 157 G$ = C
ne figurent pas au tableau, vous ne pouvez pas utiliser la méthode des (601 G$) + Ib (227 G$) + G + XN (59 G$), G = 1 157 G$ − 887 G$ = 270 G$.
dépenses. Par contre, vous pouvez utiliser la méthode des revenus. En
appliquant l’équation, vous obtenez : PIB = 592 G$ + 304 G$ + 122 G$ +
139 G$ = 1 157 G$.
92 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

4.3 LE PIB NOMINAL ET LE PIB RÉEL


On l’a vu, le PIB mesure la totalité des biens et services finals produits pour une période
donnée. En 2014, le PIB du Canada se chiffrait à 1  973  G$ ; en 2015, il s’élevait à
1 986 G$.
Deux raisons peuvent expliquer que le PIB d’une année soit supérieur à celui de
l’année précédente :
• On a produit une plus grande quantité de biens et services ;
• On a payé des prix plus élevés pour les biens et services produits.
Alors qu’une production accrue de biens et services contribue à l’amélioration du
niveau de vie, des prix plus élevés entraînent une hausse du coût de la vie, et donc
une baisse du niveau de vie. Par exemple, si on produit 100 pommes à 0,10 $, le PIB est
de 10 $. Si, l’année suivante, on produit toujours 100 pommes, mais à 0,15 $, le PIB sera
de 15 $. Il aura augmenté, mais la production aura-t-elle suivi ? Il est crucial de savoir
pourquoi le PIB a augmenté.
Comme nous allons le voir, Statistique Canada divise l’accroissement du PIB en deux
parties, l’une qui révèle les variations de la production, et l’autre, les variations de prix.
Produit intérieur L’accroissement de la production se mesure à l’augmentation du PIB réel, c’est-à-dire
brut (PIB) réel
Valeur des biens et services
de la valeur des biens et services finals produits dans une année donnée, et évaluée aux
finals produits dans une année prix d’une année de référence (en dollars constants). La comparaison des PIB réels de
donnée, évaluée en dollars deux années, calculée en dollars d’une même année, permet de mesurer l’accroissement
constants.
de la production indépendamment des variations de prix.

DU PIB NOMINAL AU PIB RÉEL


Produit intérieur Pour calculer le PIB réel, il faut d’abord connaître la valeur du PIB nominal, c’est-à-dire
brut (PIB) nominal
Valeur des biens et services
la valeur des biens et services finals produits dans une année donnée en dollars de cette
finals produits dans une année même année. On parle de PIB nominal plutôt que de PIB pour le distinguer du PIB réel.
donnée, exprimée en dollars de Si la production de biens et services ne s’accroît pas mais que les prix montent, la valeur
cette même année.
du PIB nominal augmentera. Comment déterminer si l’économie produit plus aujourd’hui,
vu qu’une augmentation des prix modifie la valeur du PIB nominal ? Il faut « dégonfler »
cette valeur à l’aide d’un indice des prix, soit un indicateur qui mesure l’évolution des
prix courants par rapport à ceux d’une année de référence ou de comparaison.
Indice implicite des L’indice implicite des prix du PIB (IIP), ou déflateur du PIB, est une moyenne des
prix du PIB (IIP)
Moyenne des prix courants,
prix courants exprimée en pourcentage des prix d’une année de référence (2007, au
exprimée en pourcentage des moment d’écrire ces lignes). L’indice implicite des prix du PIB mesure le niveau des prix.
prix d’une année de référence. On le calcule à l’aide du PIB nominal et du PIB réel en utilisant l’équation suivante :

IIP = (PIB nominal ÷ PIB réel) × 100


Cette équation explique pourquoi l’indice implicite des prix du PIB est une mesure
du niveau des prix. Si le PIB nominal augmente et que le PIB réel reste constant, on peut
conclure que les prix ont augmenté ; le résultat de l’équation serait alors un indice impli-
cite des prix du PIB plus élevé.
Plus le PIB nominal est élevé par rapport au PIB réel, plus les prix sont élevés, et plus
l’indice implicite des prix du PIB est important.
En 2015, le PIB nominal du Canada était de 1 986 G$, et le PIB réel, de 1 768 G$.
Pour obtenir l’indice, il suffit de diviser 1 986 G$ par 1 768 G$ et de multiplier le résultat
par 100. On obtient alors 112,3, l’indice implicite des prix du PIB de 2015. Grâce au
calcul de cet indice, on peut mesurer la valeur du PIB réel comme suit :

PIB réel = (PIB nominal ÷ IIP) × 100


Soulignons que le PIB calculé par la méthode des dépenses ou des revenus n’est plus
exprimé en dollars d’une année courante ou en dollars courants. En convertissant le PIB
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 93

nominal en valeur réelle, on exprime le PIB en dollars d’une année de référence (celle
de l’indice implicite des prix) ou en dollars constants. Cela permet de comparer les PIB
de différentes années entre eux afin d’en calculer la variation en pourcentage puisqu’ils
sont tous mesurés à l’aide du même dollar, celui de l’année de référence de l’indice ayant
servi à la conversion de la production nominale en valeur réelle. Ainsi, en divisant le PIB
nominal (1 986 G$) exprimé en dollars de 2015 par l’indice implicite des prix du PIB
(112,3) dont l’année de référence est 2007 et en multipliant le résultat par 100, on
obtient le PIB réel (1 768 G$) exprimé en dollars de 2007.
Le PIB nominal a augmenté de 2007 à 2015. Une partie de cette augmentation s’ex-
plique par un accroissement de la production ; l’autre, par une hausse des prix. La
figure 4.2 montre que le PIB nominal se compare à un ballon qui se gonfle à mesure que
la production augmente et que les prix montent. L’indice implicite des prix du PIB (IIP)
dégonfle le ballon du PIB nominal en éliminant sa portion inflationniste ; il dévoile ainsi
le PIB réel. Le ballon rouge de 2007 représente le PIB réel de 2007, le ballon vert, le PIB
nominal de 2015, et le ballon rouge de 2015, le PIB réel de 2015. Pour obtenir la valeur
du PIB réel de 2015, on procède à une déflation du PIB nominal à l’aide de l’IIP.
Une fois sa portion inflationniste éliminée, le PIB dévoile les variations réelles de la
valeur de la production. Ainsi, de 2007 à 2015, le PIB nominal est passé de 1 582 G$ à
1 986 G$, une augmentation de 25,5 %, mais le PIB réel, lui, est passé de 1 582 G$ à
1 768 G$, et son augmentation n’a été que de 11,8 %. Nous verrons plus loin comment
se calcule la variation en pourcentage du PIB réel.

Figure 4.2 Dégonfler le ballon du PIB

PIB
Indice implicite
2 000 PIB des prix du PIB
nominal
1 800

1 600

1 400

1 200
PIB PIB PIB
1 000 réel réel réel

800

600

400

200

0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2007 2015 Année

(a) PIB nominal (en G$ dollars courants) (b) Le ballon du PIB


et PIB réel (en G$ enchaînés de 2007*)

Le ballon rouge de 2007 représente le PIB réel de 2007 (1 582 G$), le ballon vert, le PIB nominal de 2015 (1 986 G$),
et le ballon rouge de 2015, le PIB réel de 2015 (1 768 G$). Pour obtenir la valeur du PIB réel de 2015, on procède à une
déflation du PIB nominal à l’aide de l’IIP.
* Depuis 2001, Statistique Canada calcule le PIB réel en $ enchaînés tel qu’expliqué au Coup d’œil sur l’économie canadienne,
« Le calcul du PIB réel par Statistique Canada ». p. 95.

Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques,
modifié le 01-03-2016.
94 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

LE PIB RÉEL ET LA CROISSANCE ÉCONOMIQUE


Le calcul de la variation en pourcentage du PIB réel permet de mesurer la croissance
économique, c’est-à-dire l’augmentation des quantités de biens et services produits,
indépendamment des variations de prix.
Pour calculer une variation en pourcentage ou un taux de croissance (tc), il faut
appliquer la formule suivante :

(donnée de l’année courante – donnée de l’année précédente)


tc = × 100
donnée de l’année précédente
Ainsi, le taux de croissance (tc) du PIB réel d’une année par rapport à la précédente
correspond au changement en pourcentage du PIB réel entre ces deux années :

(PIB réel de l’année courante − PIB réel de l’année précédente)


tc du PIB réel = × 100
PIB réel de l’année précédente
Le PIB réel canadien (en dollars de 2007) étant passé de 1 748 G$ en 2014 à 1 768 G$
en 2015, le taux de croissance du PIB réel en 2015 était donc de :

(1 768 G$ − 1 748 G$)


tc du PIB réel = × 100 = 1,14 %
1 748 G$
Saviez-vous que…
Puisqu’en 2015 le taux de croissance du PIB réel était positif,
De 2014 à 2015, le PIB réel du Québec (en on peut affirmer que l’économie canadienne était en période d’ex-
dollars de 2007) est de 334 G$ à 338 G$4. pansion : le PIB réel de 2015 était supérieur à celui de 2014. Dans
Est-ce que l’économie québécoise était le cas d’un taux de croissance négatif, l’économie serait en réces-
en récession ou en expansion en 2015 ? sion puisque le PIB réel de l’année courante serait inférieur à celui
de l’année précédente.
RÉPONSE

En 2015, l’économie québécoise était en expansion


puisque le taux de croissance du PIB réel était positif :
tc = [(338 G$ − 334 G$) ÷ 334 G$] × 100 % = 1,2 %

4. Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut en termes de dépenses,
par province et territoire, comptes économiques, annuel (dollars sauf indication contraire),
modifié le 8-11-2016.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 95

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Le calcul du PIB réel par Statistique Canada


Depuis 2001, Statistique Canada calcule le PIB réel en dollars Supposons une économie qui ne produit que deux biens,
enchaînés. Auparavant, on le calculait de la manière que nous des pommes et des oranges. Pour calculer le PIB réel, il faut
avons vue précédemment. Cette dernière méthode est valable d’abord calculer le PIB nominal, c’est-à-dire la valeur des biens
tant que la structure des prix évolue lentement. Cependant, et services finals produits dans une année donnée en dollars
quand la production de certains biens ou services progresse de cette même année. Au tableau suivant, on présente le PIB
rapidement et s’accompagne d’une baisse notable des prix nominal de 2014 (a) et celui de 2015 (b) de cette économie
(comme dans le cas des technologies de l’information et des fictive. Ils s’élèvent respectivement à 200 $ et à 575 $. Par la
communications au Canada depuis le début des années 1990), suite, on calcule la valeur de production aux prix de chacune des
elle conduit à une surestimation du PIB réel et de la croissance années pour obtenir 270 $, la valeur de la production de 2015
économique, car elle ne tient pas compte de ces baisses de aux prix de 2014 (c), et 500 $, la valeur de la production de 2014
prix. Au printemps 2001, Statistique Canada a donc choisi aux prix de 2015 (d).
d’harmoniser sa façon de calculer le PIB réel avec celle des États-
Unis, qui utilisent un indice de volume Fischer depuis 1996.

Le PIB réel en dollars enchaînés : un calcul simplifié


Article Quantité (Q) Prix (P) Dépenses = Q x P
(a) En 2014
Pommes 100 1,00 $ l’unité 100 $
Oranges 200 0,50 $ l’unité 100 $
PIB nominal de 2014 200 $ 2016
20162016 300
300$ 300
$ $ +20
+20%+20
% %
(b) En 2015
Pommes 160 0,50 $ l’unité 80 $
Oranges 220 2,25 $ l’unité 495 $ 2015
20152015 250
250 $ $ +25
$ 250 +25%+25
% %
PIB nominal de 2015 575 $
(c) Quantités de 2015 aux prix de 2014
Pommes 160 1,00 $ l’unité 160 $ 2014*
2014* 200
2014* 200 $ 200
$ $
Oranges 220 0,50 $ l’unité 110 $
Production de 2015 aux prix de 2014 270 $
(d) Quantités de 2014 aux prix de 2015
Pommes 100 0,50 $ l’unité 50 $
Oranges 200 2,25 $ l’unité 450 $ * Année de référence

Production de 2014 aux prix de 2015 500 $

Nous avons maintenant deux comparaisons possibles entre On répète chaque année le calcul que nous venons de
2014 et 2015. En dollars de 2014, la valeur de la production décrire, et on compare chaque année à la précédente. Par
nominale est passée de 200 $ en 2014 à 270 $ en 2015. La exemple, le PIB réel de 2016 sera égal au PIB réel de 2015 +
hausse est de 70 $, soit de 35 % [(70 $ ÷ 200 $) × 100]. En dollars le pourcentage de variation du PIB de 2016. Si le PIB réel de
de 2015, la valeur de la production est passée de 500 $ en 2014 2016 est de 20 % supérieur à celui de 2015 et si le PIB réel de
à 575 $ en 2015. La hausse est de 75 $, soit de 15  % [(75 $ ÷ 2015 se chiffre à 250 $, le PIB réel de 2016 sera donc de 300 $.
500 $) × 100 %]. Lorsqu’on ajoute ainsi la variation en pourcentage au PIB réel de
l’année précédente, le PIB réel de chaque année est en quelque
Pour calculer le PIB réel, on fait la moyenne de ces deux sorte « enchaîné » aux dollars de l’année de référence (2007, au
pourcentages d’augmentation, ce qui donne 25 % [(35 % + 15 %) moment d’écrire ces lignes).
÷ 2]. Le PIB réel de 2015 a augmenté de 25 % par rapport à 2014.
Comme le PIB réel de 2014 se chiffrait à 200 $, on lui ajoute 25 % Pourquoi Statistique Canada a-t-il changé sa façon de
de sa valeur pour obtenir le PIB réel de 2015, ce qui donne 250 $ calculer le PIB réel ? Pourquoi doit-on le calculer de cette façon ?
[200 $ + (0,25 × 200 $)]. En quoi consiste ce calcul ?
96 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

4.3
3 Définir le PIB nominal, le PIB réel et l’indice implicite des prix du PIB, et expliquer les relations
entre ces concepts

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Le tableau 1 présente les données concernant le PIB 3. Le tableau 2 présente les données concernant le PIB
nominal, l’indice implicite des prix et le PIB réel de l’Île- nominal, l’indice implicite des prix et le PIB réel de
aux-Palmiers. Calculez : l’Île-aux-Pinces. Calculez :
a) le PIB nominal en 2024 ; a) le PIB réel en 2024 ;
b) le taux de croissance du PIB nominal en 2025 ; b) le taux de croissance du PIB nominal en 2025 ;
c) le PIB réel en 2025 ; c) l’indice implicite des prix du PIB en 2025 ;
d) le taux de croissance du PIB réel en 2025 ; d) le taux de croissance de l’indice implicite
e) le PIB nominal en 2026 ; des prix du PIB en 2025 ;
f) l’indice implicite des prix du PIB en 2026 ; e) le taux de croissance du PIB réel en 2025 ;
g) le taux de croissance de l’indice implicite des prix du f) le PIB nominal en 2026 ;
PIB en 2026. g) le taux de croissance du PIB réel en 2026.
2. Dites si l’économie de l’Île-aux-Palmiers est en récession 4. Dites si l’économie de l’Île-aux-Pinces est en récession
ou en expansion durant cette période. ou en expansion durant cette période.

Tableau 1
PIB nominal tc PIB nominal IIP tc IIP PIB réel tc PIB réel
Année
(en G$) (en %) (2024 = 100) (en %) (en G$) (en %)
2024 100 1 200
2025 1 280 102 2
2026 5 1 292 3
Tableau 2
PIB nominal tc PIB nominal IIP tc IIP PIB réel tc PIB réel
Année
(en G$) (en %) (2024 = 100) (en %) (en G$) (en %)
2024 1 300 100
2025 1 400 1 360
2026 1,4 106 3 1 340

RÉPONSES
1. a) Le PIB nominal en 2024 est de 1 200 G$, soit (100 × 1 200 G$) ÷ 100. f) L’indice implicite des prix du PIB en 2026 est de 104, soit (1 344 G$ ÷
b) Le taux de croissance du PIB nominal en 2025 est de 6,7 %, soit 1 292 G$) × 100.
(1 280 G$ – 1 200 G$) ÷ 1 200 G$ × 100. g) Le taux de croissance de l’indice implicite des prix du PIB en 2026 est
c) Le PIB réel en 2025 est de 1 255 G$, soit (1 280 G$ ÷ 102) × 100. de 2 %, soit (104 – 102) ÷ 102 × 100.
d) Le taux de croissance du PIB réel en 2025 est de 4,6 %, soit (1 255 G$ 2. L’économie de l’Île-aux-Palmiers est en expansion puisque le taux de
– 1 200 G$) ÷ 1 200 G$ × 100. croissance du PIB réel est positif.
e) Le PIB nominal en 2026 est de 1  344  G$, soit (1  280  G$ × 5  %) +
1 280 G$.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 97

4.4 LE PIB RÉEL ET LE NIVEAU DE VIE


Pour comparer le niveau de vie de divers pays ou pour suivre l’évolution du niveau de Produit intérieur brut
vie d’un pays, on utilise un autre indicateur : le PIB réel par habitant. On obtient le PIB (PIB) réel par habitant
PIB réel d’un pays divisé
réel par habitant d’un pays en divisant son PIB réel par sa population totale. par sa population totale.
En 2015, le PIB réel par habitant du Canada en dollars constants de 2007 s’élevait à
49 052 $, soit 38 % de plus qu’en 1990 (35 468 $). Cet accroissement du PIB réel reflète-
t-il véritablement les changements de notre niveau de vie et de notre qualité de vie ?
Non, et ce, pour deux raisons. Premièrement, le niveau de vie dépend de tous les
biens et services que nous consommons, et pas seulement de ceux qui sont comptabilisés
dans le PIB. Deuxièmement, notre qualité de vie dépend de bien d’autres facteurs que
de la simple consommation de biens et services.

LES BIENS ET SERVICES NON COMPTABILISÉS DANS LE PIB RÉEL


Le PIB mesure la valeur des biens et services achetés sur des marchés légalement consti-
tués. Il exclut de nombreuses activités hors marchés :
• La production domestique (et le bénévolat) ;
• L’économie souterraine ;
• Le temps libre (loisirs) ;
• La qualité de l’environnement.

La production domestique et le travail bénévole


Tous les jours, nous nous livrons dans nos maisons à de nombreuses activités produc-
tives qui ne sont ni échangées sur le marché ni comptabilisées dans le PIB : préparation
des repas, ménage et entretien de la maison, soins aux enfants, aide aux devoirs, rem-
placement d’une ampoule grillée, tonte de la pelouse, lavage de la voiture, etc. Il en va
de même de tout le travail bénévole que nous effectuons à l’extérieur de nos maisons.
Comme il exclut toutes ces activités, le calcul du PIB sous-estime la production de nom-
breuses personnes, en grande majorité des femmes.

L’économie souterraine
L’économie souterraine regroupe les activités qu’on cache délibérément à l’État pour
échapper à l’impôt ou à la réglementation, ou à cause de leur caractère illicite. Comme
elles ne sont pas déclarées, les activités économiques souterraines ne sont pas compta-
bilisées dans le PIB.
Il est plus facile de décrire l’économie souterraine que de la mesurer. Au Canada,
elle était estimée par Statistique Canada5 à 42 milliards de dollars en 2012 (les chiffres
les plus récents à la parution de cet ouvrage), soit à environ 2,3 % du PIB6. Depuis le
début des années 2000, ce pourcentage est relativement stable et se situe entre 2,3 %
et 2,4 %. Les quatre secteurs économiques les plus impliqués en 2012 étaient ceux de
la construction (28,3 %), de la finance, des assurances, des services immobiliers, des
services de location à bail et des sociétés de portefeuille (13,8 %), du commerce de détail
(12,2 %) et des services d’hébergement et de restauration (11,6 %). Ces secteurs repré-
sentaient ensemble près des deux tiers de la valeur ajoutée par ce type d’activité. Pour
le Québec, l’économie souterraine représentait un peu plus de 10 G$ en 2012, soit 2,9 %
du PIB. Ces données sur l’économie souterraine au Canada et au Québec ne tiennent
pas compte des activités liées à la drogue et à la prostitution. Or, l’économie souterraine

5. Statistique Canada, « L’économie souterraine au Canada, 2012 », Le Quotidien, 29 avril 2015,


http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/150429/dq150429c-fra.htm (page consultée le
21 mars 2016).
6. Les estimations de l’économie souterraine sont entièrement intégrées dans le cadre actuel du
Système de comptabilité nationale du Canada.
98 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

inclut l’embauche de main-d’œuvre illégale payée en deçà du salaire minimum, les


travaux rémunérés en espèces pour éviter l’impôt sur le revenu ou les taxes de vente,
la fabrication et le commerce des drogues illégales, la prostitution et le reste. Ces acti-
vités sont évidemment impossibles à quantifier avec précision.

Le temps libre et les loisirs


Le temps libre dont nous disposons est un bien économique. Toutes choses étant égales
par ailleurs, plus nous disposons de temps libre, meilleure est notre qualité de vie. Le
temps que nous passons au travail entre dans le calcul du PIB, mais pas le temps libre.
Pourtant, à nos yeux, une heure de loisir vaut autant, sinon plus, que le salaire d’une
heure de travail – sinon, nous nous empresserions de remplacer nos heures de loisir par
des heures de travail. Au fil des ans, la semaine de travail a diminué, le nombre de jours
de vacances a augmenté, et les gens prennent leur retraite plus tôt. Ces améliorations
de notre niveau de vie n’entrent pas dans le calcul du PIB.

La qualité de l’environnement
La qualité de l’air, l’accessibilité aux espaces verts et la pollution atmosphérique ne font
pas partie du calcul du PIB. Par ailleurs, une société industrielle pollue davantage l’at-
mosphère qu’une société agricole : elle brûle davantage de charbon, de pétrole et d’es-
sence, et contribue à l’épuisement des ressources, à la déforestation massive et à la
pollution de l’air, des lacs et des rivières. La destruction et la détérioration des res-
sources, de la terre, de l’eau, de l’air que nous respirons ne font pas partie du calcul du
PIB. Il faudrait inclure dans ce calcul les coûts de la destruction et de la détérioration des
ressources (les coûts liés à la dépollution, par exemple) pour obtenir une mesure tenant
compte des effets de la croissance économique sur l’environnement. Cette mesure est
communément appelée le « PIB vert ». Le problème, c’est qu’il est difficile d’estimer la
valeur d’une ressource qui a disparu ou qui s’est détériorée, pour laquelle il n’existe pas
de marché et donc pas de prix, comme l’eau ou l’air. En 2012, l’Organisation des Nations
unies (ONU) a présenté à la Conférence de Rio + 20 un nouvel indicateur, l’Indice de
richesse globale, ou Inclusive Wealth Index7, en anglais (IWI), qui intègre au PIB la valeur
des dommages causés à l’environnement. Cet indicateur affiche une croissance nette-
ment moindre que celle du PIB. Ainsi, le taux de croissance moyen par habitant de la
Chine de 1990 à 2008 est ramené de 9,6 % à 2,1 %, celui des États-Unis, de 1,8 % à
0,7 %, celui du Brésil, de 1,6 % à 0,9 %, et celui de l’Inde, de 4,5 % à 0,9 %. Au Canada,
il passe de 1,6 % à 0,4 %. En Afrique du Sud et en Russie, il devient négatif : il est ramené
de 1,3 % à - 0,1 % et de 1,2 % à - 0,3 %, respectivement.

Saviez-vous que…
Autres facteurs qui influent sur le niveau de vie
« En 2013, 44 % des Canadiens ont donné de et sur la qualité de vie
leur temps, […] consacré près de 2 milliards
La quantité de biens et services que nous consommons influe
d’heures à leurs activités de bénévolat,
ou l’équivalent d’environ 1 million d’emplois grandement sur notre niveau de vie, mais c’est aussi le cas
à temps plein8. » Ces heures de bénévolat d’autres facteurs comme la santé, l’espérance de vie, la liberté
sont-elles incluses dans le PIB ? politique et la justice sociale, dont on ne peut s’attendre à ce qu’ils
soient comptabilisés dans le PIB.
RÉPONSE

D’après Statistique Canada, un bénévole est une personne Comme le PIB réel n’est pas une mesure parfaite, on a mis au
qui fournit un service sans rémunération à un organisme,
à une association communautaire ou sportive. Par point d’autres mesures, comme l’Indicateur du développement
conséquent, ces milliards d’heures de bénévolat ne seront humain, ou IDH (voir le « Coup d’œil sur l’économie mondiale »).
jamais prises en compte dans le calcul du PIB.
Grâce à l’IDH, on peut comparer l’évolution du PIB réel par habi-
tant et le mieux-être.

7. Programme des Nations unies sur l’environnement (PNUE), Inclusive Wealth Report 2012,
[en ligne] www.unep.org/pdf/IWR_2012.pdf.
8. Statistique Canada, « Enquête sociale générale : dons, bénévolat et participation, 2013 », Le
Quotidien, 30 avril 2015, http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/150130/dq150130b-fra.htm
(page consultée le 21 mars 2016).
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 99

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

L’indicateur de développement humain de l’ONU


Nous l’avons vu dans ce chapitre, le PIB réel par habitant n’est (ONU*) a conçu l’Indice de développement humain (IDH). Les
pas une mesure parfaite du niveau de vie, de sorte que, pour données sur l’espérance de vie, la durée de scolarisation et le
comparer le niveau de vie de différents pays, on doit utiliser niveau de revenu par habitant sont prises en compte afin d’établir
d’autres indicateurs. Ainsi, l’Organisation des Nations unies les valeurs de l’IDH telles que présentées au tableau suivant.

Indice de développement humain et quelques composantes, 2013


Indice de Revenu national brut
Espérance de vie à la Durée moyenne de
Classement à l’IDH développement (RNB) par habitant
naissance (années) scolarisation* (années)
humain (PPA $ 2011)
Développement humain très élevé
1 Norvège 0,944 81,5 12,6 63 909
2 Australie 0,933 82,5 12,8 41 524
3 Suisse 0,917 82,6 12,2 53 762
4 Pays-Bas 0,915 81,0 11,9 42 397
5 États-Unis 0,914 78,9 12,9 52 308
6 Allemagne 0,911 80,7 12,9 43 049
7 Nouvelle-Zélande 0,910 81,1 12,5 32 569
8 Canada 0,902 81,5 12,3 41 887
9 Singapour 0,901 82,3 10,2 72 371
10 Danemark 0,900 79,4 12,1 42 880
Développement humain élevé
57 Fédération de Russie 0,778 68,0 11,7 22 617
71 Mexique 0,756 77,5 12,8 15 854
79 Brésil 0,744 73,9 7,2 14 275
91 Chine 0,719 75,3 7,5 11 477
Développement humain moyen
110 Afrique du Sud 0,658 56,9 9,9 11 788
121 Vietnam 0,638 75,9 5,5 4 892
135 Inde 0,586 66,4 4,4 5 150
Développement humain faible
152 Nigéria 0,504 52,5 5,2 5 353
169 Afghanistan 0,468 60,9 3,2 1 904
187 Niger 0,337 58,4 1,4 873
* Données de 2012.

Les États-Unis arrivent au 5e  rang, derrière la Norvège (au classe bon dernier, au 187e  rang, avec une durée moyenne de
1er rang), l’Australie, la Suisse et les Pays-Bas. Le Canada se classe scolarisation de 1,4 année et un revenu national brut (RNB) par
au 8e rang, tout juste après l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande, habitant de 873 $ US.
qui occupent respectivement le 6e  et le 7e  rang. Le Niger se
100 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Il y a beaucoup d’écart entre le Canada et les États-Unis en (63 909 $ US). Parmi les pays dits émergents faisant partie du
ce qui a trait à l’IDH (0,902 contre 0,914), mais les deux pays se BRICA, comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique
classent derrière la Norvège, qui a une bonne longueur d’avance du Sud, lesquels ont un IDH très élevé, élevé, moyen ou faible ?
pour ce qui est du revenu national brut (RNB) par habitant Pourquoi ?
* L’ONU a conçu d’autres indices : l’IDH ajusté aux inégalités (IDHI), l’indice Source : Programme des Nations unies pour le développement, Rapport mondial
d’inégalités de genre (IIG), l’indice de la pauvreté multidimensionnelle (IPM) et sur le développement humain 2014 : pérenniser le progrès humain : réduire les
l’indice de développement de genre (IDG). vulnérabilités et renforcer la résilience.

4.4
4 Expliquer les limites du PIB réel en tant que mesure du niveau de vie

EXERCEZ-VOUS b) Quels pays sont les plus difficiles à comparer pour ce


qui est du niveau de vie ? Pourquoi ?
1. En 2021, le Fonds monétaire planétaire publie les
données suivantes sur le PIB réel par habitant en 2020 : c) De quels autres renseignements faudrait-il disposer
Chinoisie, 3 976 $ ; Russinie, 8 377 $ ; Nacada, 27 840 $ ; pour pouvoir comparer précisément le niveau de vie
Zéta-Zunis, 34 142 $. D’autres renseignements indiquent de ces quatre pays en 2020 ?
que la production domestique du Nacada et des Zéta- d) Diriez-vous que le classement de ces pays selon le PIB
Zunis était semblable, mais inférieure à celle de la réel par habitant correspond à leur classement selon
Chinoisie et de la Russinie. L’économie souterraine le niveau de vie ?
était plus importante (et vraisemblablement dans une
proportion similaire) en Russinie et en Chinoisie. Les QUESTION SUPPLÉMENTAIRE
Nacadiens et les Zétazuniens jouissaient d’un plus
grand nombre d’heures de loisirs que les Chinoisiens 2. En 2020, l’espérance de vie était de 78,8 ans au Nacada,
et les Russiniens. Le Nacada et les Zéta-Zunis de 77,0 ans aux Zéta-Zunis, de 70,5 ans en Chinoisie et
dépensaient davantage que la Chinoisie et la Russinie de 66,1 ans en Russinie. Chaque année, le ministère du
pour la protection de l’environnement. À partir de ces Bien-être mondial évalue la liberté politique dans tous
renseignements et en faisant abstraction de tous les les pays du monde sur une échelle qui va de 1 pour les
autres facteurs qui influent sur le niveau de vie, répondez plus libres à 7 et plus pour les moins libres. En 2020, le
aux questions suivantes : classement est le suivant :
le Nacada et les Zéta-Zunis, 1,1 ; la Russinie, 4,5 ;
a) Quels pays sont les plus faciles à comparer pour ce la Chinoisie, 7,6. Que changent ces données à ce que le
qui est du niveau de vie : la Chinoisie avec la Russinie, classement selon le PIB réel par habitant nous apprend
le Nacada avec les Zéta-Zunis, ou les deux premiers sur le niveau de vie dans ces pays ?
avec les deux autres ? Pourquoi ?

RÉPONSES
1. a) On peut facilement comparer le Nacada et les Zéta-Zunis, dont les d) Oui, le classement de ces pays selon le PIB réel par habitant
données sur les activités domestiques, l’économie souterraine, les correspond vraisemblablement à leur classement selon le niveau de
loisirs et l’environnement se ressemblent. Il en va de même pour la vie, car, quand les différences sont minimes (entre le Nacada et les
Chinoisie et la Russinie, pour la même raison. Zéta-Zunis), les autres facteurs sont semblables, et quand les autres
b) Il est plus difficile de comparer le Nacada et les Zéta-Zunis avec la facteurs diffèrent, les différences sont considérables.
Chinoisie et la Russinie : les données sur la production domestique
et l’économie souterraine réduisent les différences, tandis que les
données sur le temps de loisirs et l’environnement les accentuent.
c) Il faudrait des renseignements plus précis sur la valeur de la
production domestique et sur celle de l’économie souterraine, ainsi
que sur le nombre d’heures de loisirs et sur les sommes consacrées à
la protection de l’environnement.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 101

SOMMES-NOUS PLUS RICHES


QUE LES AMÉRICAINS ?
Le PIB témoigne de la richesse d’une nation, de son niveau de vie. Dans les journaux et les magazines
d’affaires, les bulletins de nouvelles télévisés et les sites d’information sur internet, les reportages sur
le PIB sont fréquents. Quels impacts ces données ont-elles sur vous ? Vos transactions font-elles partie
du calcul du PIB selon les dépenses ou selon les revenus ? Comment ces renseignements sur le PIB
peuvent-ils vous servir dans votre vie personnelle ?

Votre contribution au PIB


Vos transactions économiques apparaissent dans le calcul du PIB, tant du côté des revenus que de
celui des dépenses : elles font partie des dépenses et des revenus calculés pour établir le PIB et
contribuent à accroître le niveau de vie des Canadiens.

La plupart de vos dépenses font partie des dépenses de consommation. Si vous achetiez une
maison, cette dépense apparaîtrait dans les investissements. Puisque la majorité des biens que
vous consommez ont été produits à l’étranger, les dépenses pour ces biens sont calculées dans les
importations. Si vous avez un emploi, votre revenu fait partie de la rémunération des salariés.

Étant donné que, dans le calcul du PIB, on n’inclut que les transactions commerciales, il est
probable qu’une partie de votre production de biens et services ne soit pas prise en compte. Quels
sont les produits et services hors marchés que vous produisez ? À combien les évaluez-vous ?

Comparez votre revenu avec ceux d’autres pays


En vous basant sur le PIB par habitant, comparez votre revenu personnel avec le PIB par habitant du
Canada. Si votre revenu personnel en 2015 était de 10 000 $, il était nettement inférieur au PIB par
habitant du Canada (55 082 $). En dollars américains, il représenterait 7 820 $9, selon un taux de change
de 1,2787 $ CA10. Pour disposer de données sur le PIB par habitant d’autres pays en dollars américains,
consultez le site de la Banque mondiale (donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.PCAP.CD).
Vous pourrez comparer votre revenu personnel avec celui de gens vivant en France, aux États-Unis ou
en Chine, par exemple, et ainsi vérifier si vous êtes plus riche qu’eux.

L’achat d’une maison est probablement l’investissement le plus important que vous ferez dans votre vie.

9. 10 000 $ ÷ 1,2787 $ = 7 820 $.


10. Banque du Canada, Département des marchés boursiers, Moyenne annuelle des taux de
change, Ottawa, 2015, moyenne de 250 jours.
102 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Le chapitre 4 en bref

1 Définir le produit intérieur brut (PIB) et expliquer pourquoi la valeur de la production,


celle des revenus et celle des dépenses s’équivalent dans une économie de marché

PIB Production = Revenu agrégé = Dépense agrégée


Valeur marchande de l’ensemble
des biens et services finals produits Méthode des revenus Méthode des dépenses
dans un pays au cours d’une Évaluer la production Évaluer la production
période donnée à partir de ce que les gens à partir de ce que les gens
ont gagné ont dépensé

2 Expliquer comment Statistique Canada calcule le PIB

Exclues du calcul du PIB


• Transactions non rémunérées, non déclarées ou improductives
• Transactions touchant les biens intermédiaires et d’occasion

Méthode des dépenses Méthode des revenus


Dépenses de consommation (C) Rémunération des salaires (S)
+ Investissement privé brut (Ib) + Excédent d’exploitation brut (EE)
+ Dépenses des administrations publiques (G) + Revenu mixte brut (RM)
+ Exportations nettes (XN) + Impôts – Subventions (IMP - SUB)

3 Définir le PIB nominal, le PIB réel et l’indice implicite des prix du PIB,
et expliquer les relations entre ces divers concepts

PIB nominal PIB réel PIB réel


(en $ courants) (en $ constants) PIB nominal
× 100
Mesure la variation des Mesure la variation IIP
prix et de la production de la production
Taux de croissance (tc) du PIB réel
(PIB réel de l’année courante – PIB réel de l’année précédente)
× 100
PIB réel de l’année précédente

4 Expliquer les limites du PIB réel en tant que mesure du niveau de vie

PIB réel par habitant Autres mesures du niveau de vie


Ne tient pas compte... • Indice de développement humain (IDH)
• Production domestique et travail bénévole • Indice de richesse globale (Inclusive
• Économie souterraine Wealth Index, IWI)
• Loisirs, environnement, santé, espérance
de vie, liberté politique, justice sociale...
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 103

Questions
de révision
Au terme de la section 4.1, Le PIB, les revenus et les dé- Au terme de la section 4.2, Le calcul du PIB canadien, répon-
penses, répondez aux questions 1 à 4. dez aux questions 5 et 6.

1. Nommez chacun des flux désignés par les lettres Q, R, U, V, 5. Les comptes nationaux de l’Île-du-Papier étaient tenus
W, X et Z à la figure 1. sur… papier. Un incendie a détruit le Bureau de statistique,
et les comptes nationaux du revenu et de la production
2. Au Pays du Futur, en 2026, les valeurs de certains des flux sont maintenant incomplets. On a toutefois retrouvé les
illustrés à la figure 1 étaient les suivantes : Q = 1 092 G$, données suivantes pour l’an dernier : la rémunération des
U = 204 G$, W = 621 G$ et Z = 57 G$. Calculez : salariés, 2 000 $ ; les dépenses de consommation, 2 000 $ ;
les impôts moins subventions sur la production, sur les
a) le PIB du Pays du Futur ; produits et sur les importations, 200 $ ; le revenu mixte
b) X. brut, 800 $ ; les dépenses totales des administrations
publiques, 800 $ ; l’investissement privé brut, 800 $ ; les
3. Au Pays de l’Avenir, en 2026, les valeurs de certains des flux importations, 1 800 $ ; les exportations nettes, 200 $. On a
illustrés à la figure 1 étaient les suivantes : U = 1,6 G$, W = retenu vos services pour rétablir les chiffres manquants en
6,2 G$, X = 1,4 G$ et Z = -0,2 G$. Calculez : calculant :
a) Q ; a) le PIB ;
b) R + V. b) les exportations ;
c) l’excédent d’exploitation brut.
Figure 1
6. Le tableau  1 présente des données incomplètes sur les
MÉNAGES V MARCHÉS comptes nationaux pour l’année courante de trois pays :
FINANCIERS
Alpha, Bêta et Gamma. Calculez les données manquantes.
W X
Q R Tableau 1
U Z
Alpha Bêta Gamma
Poste
Montant (en G$)
MARCHÉS GOUVERNEMENT/ MARCHÉS PAYS
DES FACTEURS ADMINISTRATIONS DES PRODUITS ÉTRANGERS
PUBLIQUES Rémunération des salariés 310 380
Z Dépenses de consommation 380 400
R X
Q U W
Impôts moins subventions 50 75 55
ENTREPRISES
Produit intérieur brut aux
500
prix du marché

4. Voici des données sur l’économie du Pays Imaginaire cette Dépenses totales des
80 75 90
année : le PIB, 100 G$ ; les impôts nets, 18 G$ ; les dépenses administrations publiques
totales des administrations publiques, 20 G$ ; l’épargne des
ménages, 15  G$ ; les dépenses de consommation, 67  G$ ; Excédent d’exploitation brut 105 75 110
l’investissement privé brut, 21  G$ ; les exportations de
biens et services, 30 G$. Exportations 20 25 15
a) Trouvez la valeur des importations en biens et services
du Pays Imaginaire. Revenu mixte brut 30 40 30
b) Trouvez la valeur des exportations nettes du Pays
Investissement privé brut 30 90
Imaginaire.
c) Retracez le schéma de la figure 1 en y inscrivant les Importations 25 20
valeurs du Pays Imaginaire.
104 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Au terme de la section 4.3, Le PIB nominal et le PIB réel, 9. En 2015, le PIB nominal du Canada s’élevait à 1 986 G$, et le
répondez aux questions 7 à 9. PIB réel (en dollars de 2007), à 1 768 G$. Le PIB réel de 2007
(en dollars de 2007) se chiffrait à 1 582 G$.
7. Le tableau 2 présente les données relatives au PIB de la a) Calculez l’indice implicite des prix du PIB de 2007 et de
Syldavie pour l’année 2027. 2015.
Tableau 2 b) Quel a été le pourcentage d’augmentation du niveau des
prix entre 2007 et 2015 ?
Montant c) Quel a été le pourcentage d’augmentation du PIB réel
Poste
(en G$) entre 2007 et 2015 ?
Rémunération des salariés 352 d) Quel a été le pourcentage d’augmentation du PIB
nominal entre 2007 et 2015 ?
Revenu mixte brut 119
Excédent d’exploitation brut 150 Au terme de la section 4.4, Le PIB nominal et le PIB réel,
répondez à la question 10.
Impôts moins subventions 109
Dépenses de consommation 433 10. Le 20  avril 2010, l’explosion de la plateforme Deepwater
Investissement privé brut 111 Horizon dans le golfe du Mexique a provoqué le déverse-
ment d’environ 4,9 millions de barils de pétrole dans l’eau
Dépenses totales des administrations pu- (soit l’équivalent de 780 millions de litres), créant une marée
165
bliques noire qui a affecté les écosystèmes et les économies de la
Exportations nettes 21 Louisiane (premier producteur de crevettes aux États-Unis)
et de la Floride, menaçant plus de 400  espèces marines
Produit intérieur brut en 2026 690
(baleines, dauphins, lamantins, etc.) et de nombreuses
Indice implicite des prix du PIB de 2026 115 espèces d’oiseaux (aigrettes, hérons, etc.). Ce n’est qu’après
Indice implicite des prix du PIB de 2027 125 plusieurs tentatives infructueuses que la fuite a enfin été
colmatée, le 19 septembre 2010.
a) Calculez le PIB aux prix du marché pour l’année 2027 a) Comment le désastre écologique produit par ce
selon la méthode des revenus. déversement a-t-il été comptabilisé dans les comptes
b) Calculez le PIB aux prix du marché pour l’année 2027 nationaux des États-Unis ?
selon la méthode des dépenses. b) Les comptes nationaux tiennent-ils correctement
c) Calculez le PIB réel en 2026 et en 2027. compte des effets d’un tel désastre écologique sur le
d) Quel a été le taux de croissance du PIB réel en 2027 ? niveau de vie des gens qui en ont subi les conséquences ?
Justifiez votre réponse.
8. Le tableau 3 présente des données incomplètes sur l’éco-
nomie de Futurama. Calculez les données manquantes.
Tableau 3
PIB nominal PIB réel
Année IIP
(en G$)
2021 1 107 1 036
2022 1 153 100,0
2023 1 174 103,3
2024 1 291 106,6
2025 1 375 1 247
2026 1 282 112,8
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 105

Appliquez
vos savoir-faire
Le PIB et l’économie criminelle11
En septembre 2014, Eurostat a demandé aux pays membres
de l’Union européenne d’inclure dans le calcul de leur PIB la
valeur des activités liées à la drogue, à la prostitution, ainsi
qu’à la contrebande d’alcool et de tabac. Ces activités stimulent
l’économie puisque les revenus qu’elles génèrent sont dépensés
et créent des revenus à leur tour. Ce sont des activités illicites
difficilement mesurables. Pour intégrer la valeur de ces activités
au calcul du PIB, il faut procéder à des estimations. En 1987, l’Italie
a inclus la valeur du travail au noir, ce qui a fait bondir son PIB
de 11  %, dépassant même celui de la Grande-Bretagne comme
quatrième économie européenne. On estime qu’inclure la drogue,
la prostitution et la contrebande d’alcool et de cigarettes ferait
augmenter le PIB de l’Italie de 20 %, et ceux de la France et de la
Grande-Bretagne, de 3 % et de 1 %, respectivement. Au Canada, le
À cause de son caractère illicite, la valeur exacte de l’économie criminelle est dif-
PIB augmenterait de 5 %. ficile à mesurer.

a) Comment peut-on intégrer la valeur des activités économiques issues de la drogue, de la


prostitution et de la contrebande d’alcool et de tabac dans le calcul du PIB ?

b) De quelle manière l’inclusion de la valeur de ces activités issues de l’économie criminelle


affecterait-elle la valeur du PIB de l’Italie, de la France, de la Grande-Bretagne et du Canada ?

c) Est-ce que le fait d’inclure la valeur des activités issues de l’économie criminelle ferait du PIB un
indicateur plus juste de l’activité économique ? Justifiez votre réponse.

MOTS CLÉS

Bien ou service final, 82 Impôts nets, 85


Bien ou service intermédiaire, 82 Indice implicite des prix du PIB (IIP), 92
Dépenses de consommation, 84 Investissement privé brut, 84
Dépenses totales des administrations publiques, 84 Produit intérieur brut (PIB), 82
Dépréciation (ou consommation de capital fixe), 89 Produit intérieur brut (PIB) nominal, 92
Exportations de biens et services, 85 Produit intérieur brut (PIB) réel, 92
Exportations nettes de biens et services, 85 Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant, 97
Importations de biens et services, 85

11. RDI Économie, Drogue, sexe et PIB, Entrevue avec François Delorme, économiste [en ligne]
www.facebook.com/rdieconomie/videos/292743114244567/ (page consultée le 1er février 2016).
106
CHAPITRE 5
PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

PARTIE 2
LES INDICATEURS LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE
MACROÉCONOMIQUES

COMBIEN
D’ARGENT
VOUS FAUT-IL
POUR VIVRE ?
VOUS TRAVAILLEZ POUR GAGNER NOTRE VIE ET
dépensez pour vous nourrir, vous loger, vous habiller,
vous déplacer, vous divertir… Vos revenus suivent-ils
l’augmentation des prix? Pas toujours! Surtout lorsque
vous vous retrouvez sans emploi, en chômage. Combien
d’argent vous faut-il pour subvenir à vos besoins?
Comment le savoir?
Le principal indicateur de l’évolution du coût de la vie
est l’indice des prix à la consommation (IPC) que
Statistique Canada publie tous les mois. Dès que l’IPC
est connu, les analystes des médias s’empressent de
spéculer sur les causes des  dernières variations des
prix, sur leurs répercussions dans l’ensemble de
l’économie et sur les mesures que prendra la Banque
du Canada par rapport aux taux d’intérêt. Il en va de
même pour les résultats de l’Enquête sur la population
active, qui dresse tous les mois le portrait du marché
du travail canadien et nous renseigne sur le taux de
chômage.
Dans ce chapitre, nous nous concentrerons sur les
mesures du coût de la vie et du chômage. Comment
Statistique Canada mesure-t-il le niveau des prix, le
taux d’inflation et les principaux indicateurs du marché
du travail ?

COUP D’ŒIL
COUP D’ŒIL
SOMMAIRE

SUR LE PASSÉ
5.1 SUR LE PASSÉ 5.2 Les salaires nominaux et les
L’indice des prix à la 148 ans d’inflation et de Valeurs nominales salaires réels des premiers
consommation déflation au Canada et valeurs réelles ministres du Canada

p. 108 p. 112 p. 114 p. 116


CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 107

SAVOIR-FAIRE
1 Définir l’indice des prix à la consommation
(IPC) et le taux d’inflation, et expliquer
comment ils se calculent
2 Corriger des valeurs monétaires pour tenir
compte de l’inflation : le salaire réel et le
taux d’intérêt réel
3 Expliquer les principaux indicateurs du
marché du travail et leur calcul, et distin-
guer les divers types de chômage

VOS OUTILS NUMÉRIQUES

MaBiblio > MonLab xL

Réalisez les exercices assignés par votre


enseignant.

COUP D’ŒIL
5.3 SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
Les indicateurs du marché COMBIEN D’ARGENT VOUS Le taux de chômage Le chapitre 5
du travail FAUT-IL POUR VIVRE ? au Québec en bref

p. 118 p. 122 p. 123 p. 125


108 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.1 L’INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION


Indice des prix à la L’indice des prix à la consommation (IPC) mesure l’évolution du niveau moyen des prix
consommation (IPC)
Indicateur de l’évolution du
d’un panier fixe de biens et services consommés par un ménage type au cours d’une
niveau moyen des prix d’un période donnée et, donc, du coût de la vie. Statistique Canada calcule l’IPC tous les mois,
panier fixe de biens et services ce qui nous permet de comparer le coût actuel du panier de l’IPC à ce qu’il coûtait à une
consommés par un ménage type
au cours d’une période donnée. autre période.
Coût de la vie L’IPC est un indice à base 100 ; autrement dit, Statistique Canada évalue à 100 le coût
Quantité d’argent nécessaire du panier pour une période donnée – la période de base de l’IPC –, choisie arbitraire-
pour se procurer des biens
et services au cours d’une ment. Depuis mai 2007, la période de base est 2002, ce qui signifie que l’IPC de 2002
période donnée. est égal à 100. Le coût du panier de l’IPC des périodes subséquentes est établi par rap-
Période de base de l’IPC port au coût du panier de l’IPC de 2002. Par exemple, si le coût du panier de l’IPC monte
Période de référence pour de 500 $ à 520 $ d’une année à l’autre, soit une augmentation de 4 % en un an, l’IPC
laquelle on établit la valeur de
l’IPC à 100 ; depuis mai 2007, augmente lui aussi de 4 %, passant de 100 à 104 [(520 $ ÷ 500 $) × 100 = 104].
la période de base de l’IPC
est 2002.
LA CONSTRUCTION DE L’IPC
Pour construire un IPC, il faut sélectionner les biens et services qui constitueront le
panier de l’IPC, relever chaque mois les prix de ces biens et services et procéder au calcul
de l’IPC.

Le panier de l’IPC
La première étape consiste à repérer les biens et services qui font partie des habitudes
de consommation des ménages et qui constitueront le panier de l’IPC. Ce panier contient
près de 600 biens et services qui sont représentés dans l’indice dans des proportions
reflétant exactement leur importance relative dans la structure des dépenses d’un
ménage type. Ainsi, comme les ménages dépensent plus en logement qu’en billets d’au-
tobus, l’IPC accorde proportionnellement plus d’importance au prix du logement qu’à
celui des billets d’autobus.
Pour déterminer les habitudes de consommation des ménages, Statistique Canada
utilise les données de deux enquêtes : l’Enquête sur les dépenses des ménages et l’En-
quête sur les dépenses alimentaires. Le panier de l’IPC doit être mis à jour régulièrement
(tous les quatre ou cinq ans, en moyenne) pour éviter que des changements dans les
habitudes de consommation faussent les statistiques.
La figure 5.1 montre la pondération du panier de l’IPC de 2013 ; les quelque 600 biens
et services qu’il contient sont regroupés en huit grandes catégories. Le logement repré-
sente 26,8 % des dépenses totales du ménage type. Si on y ajoute la catégorie « Dépenses
courantes, ameublement et équipement du ménage », qui inclut 13,1 % des dépenses, on
arrive à près de 40 %. Viennent ensuite les transports (19,1 %) et les aliments (16,4 %).
À elles seules, ces quatre composantes représentent un peu plus de 75 % des dépenses
totales du ménage type. Relativement importante (10,9 %), la catégorie « Loisirs, forma-
tion et lecture » est suivie des catégories « Vêtements et chaussures », « Soins de santé et
soins personnels » et « Boissons alcoolisées et produits du tabac ».
Statistique Canada décompose chacune de ces huit catégories en sous-catégories. Par
exemple, le dentifrice appartient à la sous-catégorie « Articles et accessoires de soins
personnels », qui fait elle-même partie de la catégorie « Soins de santé et soins
personnels ».
Quand vous considérez l’importance relative des catégories du panier de l’IPC,
souvenez-vous que les pourcentages de chacune des catégories reflètent la structure des
dépenses du ménage type, et non d’un ménage ou d’un individu en particulier. Par
exemple, il se peut que la catégorie « Vêtements et chaussures » représente 50 % de votre
budget, alors qu’elle représente seulement 6,1  % des dépenses de l’ensemble des
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 109

consommateurs canadiens (le ménage type). Étant donné la pondération plus élevée de
cette catégorie au sein de votre budget, une hausse des prix touchant cette catégorie
affectera davantage la valeur moyenne des prix de votre panier de biens et services.
Pensez à vos dépenses et amusez-vous à comparer les biens et services que vous achetez
avec ceux du panier de l’IPC.

Figure 5.1 Les pondérations du panier de l’IPC de 2013

Importance relative des produits du panier de l’IPC


(en pourcentage) Le panier de l’IPC contient
Boissons alcoolisées et produits
100 du tabac (2,9 %) les produits de consommation
qu’achetait un ménage
Loisirs, formation et lecture
80 (10,9 %) type au Canada en 2013. La
pondération des catégories
Soins de santé et soins personnels (4,7 %)
« Aliments » (16,4 %), « Logement »
60 Transports (19,1 %) (26,8 %), « Dépenses courantes,
Vêtements et chaussures (6,1 %) ameublement et équipement
40 Dépenses courantes, ameublement du ménage » (13,1 %),
et équipement du ménage (13,1 %) « Vêtements et chaussures »
20 Logement (26,8 %) (6,1 %) et « Transports » (19,1 %)
représente 81,5 % du revenu
0 du ménage.
Aliments (16,4 %)
Source : Statistique Canada, CANSIM,
tableau 326-0031, Les pondérations
du panier de l’Indice des prix à
la consommation, occasionnel
(pourcentage), modifié le 19-02-2015.

Le relevé mensuel des prix


Tous les mois, Statistique Canada relève les prix des quelque 600 biens et services du
panier de l’IPC chez des détaillants de 64 centres urbains disséminés dans tout le pays.
Comme l’IPC vise à mesurer les variations de prix, il importe que les prix relevés d’un
mois à un autre correspondent exactement au même article, ce qui n’est pas toujours
évident : si le prix d’un sac d’arachides a augmenté, mais que le sac contient plus d’ara-
chides, le prix des arachides a-t-il vraiment augmenté ? Statistique Canada doit donc
noter dans leurs moindres détails les changements dans la qualité ou le conditionnement
des produits afin d’isoler les variations de prix réellement attribuables à l’inflation. Après
avoir recueilli les données brutes sur les prix, on passe au calcul de l’IPC.

Le calcul de l’IPC
Le calcul de l’IPC se fait en trois étapes.
• On trouve le coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base.
• On trouve le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante.
• On calcule l’IPC pour la période de base et pour la période courante.
Pour simplifier, supposons que le panier de l’IPC ne contient que deux biens et ser-
vices : des oranges et des billets de cinéma. Toujours pour simplifier, construisons l’IPC
annuel (plutôt que mensuel) en prenant l’année 2002 comme période de base et l’année
2015 comme période courante.
La partie (a) du tableau 5.1 présente, à titre d’exemple, les données pour la période
de base. En 2002, les consommateurs ont acheté 10 oranges à 1 $ l’unité et 5 billets de
cinéma à 8 $ l’unité. Afin de calculer le coût du panier de l’IPC pour la période de base,
on multiplie les quantités par les prix de cette période. Ainsi, les oranges coûtent 10 $
(10 × 1 $), et les billets de cinéma, 40 $ (5 × 8 $). La dépense totale pour le panier de l’IPC
aux prix de la période de base est donc de 50 $ (10 $ + 40 $).
110 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

La partie (b) du tableau 5.1 présente les données pour la période courante. Supposons
qu’en 2015 le prix d’une orange est passé de 1 $ à 2 $, et le prix d’un billet de cinéma,
de 8 $ à 10 $. Pour calculer le coût du panier de la période courante, on multiplie les
quantités de 2002 par les prix de 2015. Ainsi, le coût des oranges est de 20 $ (10 × 2 $),
et le coût des billets de cinéma, de 50 $ (5 × 10 $). Le coût du panier de l’IPC aux prix de
la période courante est donc de 70 $ (20 $ + 50 $).
À la troisième étape, nous utilisons ces chiffres pour trouver l’IPC de 2002 et de 2015
à l’aide de la formule suivante :

Coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante


IPC = × 100
Coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base

IPC en 2002 = (50 $ ÷ 50 $) × 100 = 100


Comme le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante et celui du panier
de l’IPC aux prix de la période de base sont identiques, la valeur de l’IPC sera toujours
égale à 100 pour la période de base.

IPC en 2015 = (70 $ ÷ 50 $) × 100 = 140


Comme le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante est supérieur à
celui du panier de l’IPC aux prix de la période de base, la valeur de l’IPC est supérieure
à 100 pour la période courante. Dans le cas contraire, la valeur de l’IPC serait inférieure
à 100.
L’IPC permet de faire la moyenne de ces prix en comparant le coût du panier plutôt
que le prix des articles. Cette méthode simplifiée est utilisée tous les mois par Statistique
Canada pour calculer l’IPC.

Tableau 5.1 L’IPC : un calcul simplifié


(a) Coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base (2002) (b) Coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante (2015)
Panier de l’IPC Coût du Panier de l’IPC Coût du
panier panier
Article Quantité Prix de l’IPC Article Quantité Prix de l’IPC
Oranges 10 1 $ l’unité 10 $ Oranges 10 2 $ l’unité 20 $
Billets de cinéma 5 8 $ l’unité 40 $ Billets de cinéma 5 10 $ l’unité 50 $
Coût du panier de l’IPC aux prix Coût du panier de l’IPC aux prix
50 $ 70 $
de la période de base de la période courante

Une moyenne pondérée des variations de prix


Selon nos calculs, entre 2002 et 2015, le prix de notre panier de l’IPC composé d’oranges
et de billets de cinéma a augmenté de 40 % [(140 – 100) ÷ 100 × 100]. Comment peut-on
arriver à une augmentation de 40 % du coût du panier, alors que les oranges ont aug-
menté de 100 %, et les billets de cinéma, de 25 % ? L’augmentation du coût du panier ne
devrait-elle pas être égale à la moyenne de ces deux augmentations de prix, soit 62,5 % ?
La réponse à cette question est non. Comme les dépenses en oranges et celles en billets
de cinéma n’ont pas la même importance relative dans le coût du panier pour l’année
de base, on ne peut pas utiliser la moyenne arithmétique simple pour calculer la hausse
du prix du panier. Qui accorderait la même importance à une hausse de 10 % du prix
des allumettes qu’à une hausse de 10 % du prix du logement ? De toute évidence, cette
dernière aurait une incidence beaucoup plus grande sur notre budget. De même, pour
calculer le pourcentage d’augmentation du niveau des prix, il faut utiliser une moyenne
pondérée, c’est-à-dire qui tient compte du poids – ou facteur de pondération – de chaque
bien dans le panier de l’IPC.
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 111

L’IPC permet, entre autres choses,


de mesurer les variations du coût
de la vie.

Ainsi, le tableau 5.1(a) révèle que les dépenses en oranges (10 $) représentent 20 %
[(10 $ ÷ 50 $) × 100] du coût du panier ; le facteur de pondération est donc de 0,2. Quant
aux dépenses en billets de cinéma, elles représentent 80 % [(40 $ ÷ 50 $) × 100] du coût
du panier ; le facteur de pondération est donc de 0,8. Si on calcule le pourcentage d’aug-
mentation du coût du panier en pondérant chaque hausse de prix selon l’importance
relative du bien concerné dans le panier initial, on obtient 40 % [(100 % × 0,2) + (25 %
× 0,8)], soit la moyenne pondérée de l’augmentation du prix des oranges et des billets
de cinéma.
D’après Statistique Canada, l’IPC était de 126,6 en 2015, ce qui indique que le niveau
moyen du prix du panier de biens et services consommés par un ménage type avait
augmenté de 26,6 % par rapport à 2002.

LA MESURE DE L’INFLATION
L’IPC permet, entre autres choses, de mesurer les variations du coût de la vie. Si l’IPC Inflation
augmente, il y a inflation (augmentation généralisée des prix) ou hausse du coût de la Situation où le coût de la vie
monte.
vie. Si l’IPC diminue, il y a déflation (baisse généralisée des prix) ou baisse du coût de
Déflation
la vie. Situation où le coût de la vie
Pour mesurer les variations de l’IPC, on calcule le taux d’inflation, c’est-à-dire le baisse.

pourcentage de variation du niveau des prix mesuré par l’IPC d’une année à une autre, Taux d’inflation
Pourcentage de variation du
selon la formule suivante :
niveau des prix (mesuré par
l’IPC) d’une année à une autre.
(IPC de l’année courante – IPC de l’année précédente)
Taux d’inflation = × 100
IPC de l’année précédente
Le taux d’inflation, qui mesure le changement relatif (en %) de l’IPC,
est une moyenne pondérée des variations de prix survenues dans l’éco- Saviez-vous que…
nomie au cours d’une période donnée. En 2014, l’IPC s’établissait à Au Québec, l’IPC est passé de 121,7 en
125,2. La comparaison des IPC de 2014 et de 2015 révèle donc que la 2013 à 123,4 en 2014, puis à 124,7 en
moyenne des prix du panier de biens et services consommés par un 20151. Quels étaient les taux d’inflation
ménage type avait augmenté de 1,1 % : en 2014 et en 2015 ? Le Québec était-il
Taux d’inflation en 2015 = [(126,6 – 125,2) ÷ 125,2] × 100 = 1,1 % en déflation durant cette période ?
RÉPONSE

Au Québec, le taux d’inflation était de 1,4 %


[(123,4– 121,7) ÷ 121,7 × 100] en 2014 et de
1,0 % [(124,7 – 123,4) ÷ 123,4 × 100] en 2015. La
province n’a pas connu de déflation durant cette
période puisque l’IPC n’a cessé de croître.
1. Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021 et produit no 62-001-X au catalogue, Indice
des prix à la consommation, aperçu historique, par province et territoire (2011 à 2015),
modifié le 22-01-2016.
112 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Coup d’œil
SUR LE PASSÉ

148 ans d’inflation et de


déflation au Canada
La figure ci-dessous montre les variations du niveau général des
prix au Canada depuis la  Confédération canadienne jusqu’en
20152. À part quelques poussées inflationnistes, la période qui
va jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale (1914-1918) se
caractérise par la déflation (des taux d’inflation négatifs) ou des
hausses de prix très modérées. De la crise de 1920-1922 jusqu’à la Grande Dépression des années 1930, les hausses
de prix restent faibles.

Les Années folles (1916-1920) se terminent abruptement


avec la crise de 1920-1922, marquée par un effondrement juguler l’inflation en augmentant les taux d’intérêt de façon
boursier, une baisse importante de l’activité économique et une draconienne au début des années 1980, mais cette intervention
chute brutale des prix, qui se poursuit jusqu’en 1924. précipite l’économie canadienne dans la plus forte récession
qu’elle a connue depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Les hausses de prix restent faibles durant les six années
suivantes, jusqu’à la Grande Dépression des années 1930, une L’économie s’en remet difficilement vers la fin des années
crise encore plus grave que celle de 1920 et qui se prolongera 1980, puis est précipitée dans une deuxième récession en 1990-
jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945). 1992. Au sortir de cette dernière, le gouvernement fédéral et
la Banque du Canada adoptent une politique conjointe de
En 1947 et 1948, le boom de l’après-guerre entraîne une réduction de l’inflation basée sur l’atteinte d’une cible explicite
poussée inflationniste importante, qui se résorbe jusqu’à ce que d’inflation (2 %).
la guerre de Corée (1950-1953) dope nos exportations vers les
États-Unis et pousse les prix à la hausse. Comme le montre la figure, cette politique, qui est toujours
en vigueur, a été particulièrement efficace pour contrer l’inflation,
Les deux décennies suivantes sont relativement calmes mais n’a pas empêché la récession de 2008-2009. De 1867 à
jusqu’à la poussée inflationniste de 1972 à 1982. Durant cette 2015, le Canada a-t-il connu des périodes de déflation ? Combien
décennie, l’État canadien semble avoir perdu la maîtrise de de fois le taux d’inflation a-t-il été inférieur à 0 % ? Supérieur à
ses dépenses et des prix. La Banque du Canada parvient à 10 % ? Depuis 1987, quel est le taux d’inflation au Canada ?

Le taux d’inflation au Canada depuis 1867


Taux d’inflation (en pourcentage par année)

16
14
12
10
8
6
4
2
0
2
4
6
8
10 Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021,
12 Indice des prix à la consommation (IPC) panier 2009, annuel,
modifié le 22-01-2016. Statistique Canada, Statistiques
historiques du Canada, séries K33-43, no 11-516-XIF au
1867 1887 1907 1927 1947 1967 1987 2007 catalogue, édition 1965.
Année

2. Comme le calcul de l’IPC a débuté en 1914, les variations du niveau général des prix de
1867 à 1914 ont été estimées à l’aide de l’indice des prix de gros (excluant l’or), dont les
données remontent à 1867. Nous remercions M. Charles Morissette de Statistique Canada de
son aide précieuse.
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 113

5.1
1 Définir l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux d’inflation,
et expliquer comment ils se calculent

EXERCEZ-VOUS Tableau 1
1. L’Enquête sur les dépenses des ménages à Ville-Maigre révèle Année IPC
que les gens n’y consomment que du jus et du tissu. En 2013 225
2014, année de l’enquête qui sert aussi de période de base, 2014 274
le ménage type a dépensé 60 $ en jus et 40 $ en tissu. Le
2015 310
prix du jus était de 4 $ la bouteille, et celui du tissu, de 10 $
le mètre. En 2015, l’année courante, le prix du jus est de 5 $
la bouteille, et celui du tissu, de 11 $ le mètre. QUESTION SUPPLÉMENTAIRE
a) Quelle était la composition du panier de l’IPC en 2014 ?
3. L’Enquête sur les dépenses des ménages à Pétard-Ville
b) Calculez le facteur de pondération de chacun des révèle que les gens n’y consomment que des pétards et
biens du panier en 2014. des pansements. En 2014, année de l’enquête et période
c) Calculez l’IPC en 2014 et en 2015. de base, le ménage type a dépensé 100 $ en pétards et
d) Trouvez le taux d’inflation en 2015 en calculant le 10 $ en pansements. En 2014, le prix des pétards était
pourcentage de changement relatif du coût du panier de 2 $ l’unité, et celui des pansements, de 1 $ le paquet.
de 2014 à 2015. Dans l’année courante, 2015, le prix des pétards est de 3 $
e) Montrez que le taux d’inflation calculé en d) est égal l’unité, et celui des pansements, de 1,25 $ le paquet.
à la moyenne pondérée des variations de prix de a) Calculez le panier de l’IPC de la période de base, ainsi
chacun des produits du panier. que la pondération de chacun des biens du panier.

2. Le tableau 1 donne les IPC de la Haute-Slobovie de 2013 b) Calculez l’IPC et le taux d’inflation en 2015, et montrez
à 2015. Calculez les taux d’inflation pour 2014 et 2015. que ce dernier est égal à la moyenne pondérée des
Le niveau des prix a-t-il monté ou baissé entre 2014 et variations de prix de chacun des produits du panier
2015 ? Le taux d’inflation a-t-il monté ou baissé entre de l’IPC.
2014 et 2015 ?

RÉPONSES

1. a) Le panier de l’IPC contient les quantités achetées en 2014, année de d) Pour calculer le taux d’inflation en 2015, il faut diviser la différence de
l’enquête. Le ménage type a dépensé 60 $ en jus à 4 $ la bouteille ; il l’IPC de 2015 et de l’IPC de 2014 par l’IPC de 2014, puis multiplier par
en a donc acheté 15 bouteilles. Il a aussi dépensé 40 $ en tissu à 10 $ 100, ce qui donne un taux d’inflation de 19 %, ou [(119 – 100)] × 100.
le mètre ; il en a donc acheté 4 mètres. Le panier de l’IPC contient donc e) De 2014 à 2015, le prix du jus a augmenté de 25 %, [(5 $ – 4 $) ÷ 4 $]
15 bouteilles de jus et 4 mètres de tissu. × 100, et le prix du tissu a augmenté de 10 %, [(11 $ – 10 $) ÷ 10 $] × 100.
b) En 2014, le ménage type a dépensé 60 $ en jus et 40 $ en tissu ; En b), nous avons calculé un facteur de pondération de 0,6 pour le jus
ses dépenses totales s’élevaient donc à 100 $. Ses dépenses en jus et de 0,4 pour le tissu. Donc, la moyenne pondérée de l’augmentation
représentaient 60 % de ses dépenses totales [(60 $ ÷ 100 $) × 100], des prix est de 19 % [(25 % × 0,6) + (10 % × 0,4) = (15 % + 4 %)].
soit un facteur de pondération de 0,6, tandis que ses dépenses en 2. Le taux d’inflation en 2014 est de 21,8 %, [(274 – 225) ÷ 225] × 100. En
tissu représentaient 40  % du panier [(40 $ ÷ 100 $) ×  100], soit un 2015, il est de 13,1 %, [(310 – 274) ÷ 274] × 100. Entre 2014 et 2015, le
facteur de pondération de 0,4. niveau des prix a monté, mais le taux d’inflation a baissé.
c) L’IPC de 2014 est égal à 100, puisque 2014 est l’année de base. Pour
calculer l’IPC de 2015, il faut trouver le coût du panier de l’IPC en 2014
et en 2015. En 2014, il se chiffrait à 100 $ (60 $ en jus + 40 $ en tissu),
et en 2015, à 119 $ [75 $ en jus (15 bouteilles à 5 $ la bouteille) + 44 $
en tissu (4 mètres à 11 $ le mètre)]. L’IPC de 2015 est donc égal à 119
[(119 $ ÷ 100 $) × 100].
114 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.2 VALEURS NOMINALES ET VALEURS RÉELLES


En 2015, poster une lettre au Canada coûtait 1,00 $. Un siècle plus tôt, en 1915, poster
la même lettre ne coûtait que 0,02 $. Payez-vous vraiment 50 fois plus cher que votre
arrière-grand-mère pour poster une lettre ? Vous savez bien que non. Comme le dollar
de 2015 permettait d’acheter moins de choses que le dollar de 1915, un timbre ne coûtait
pas vraiment 50 fois plus cher. Cela dit, le coût du timbre a-t-il augmenté depuis un
siècle ? Avez-vous payé plus cher en 2015 que votre arrière-grand-mère en 1915 pour
poster une lettre au Canada ? L’IPC permet de répondre à de telles questions. En fait,
c’est une de ses principales raisons d’être. Voyons comment on peut comparer le prix
d’un timbre en 1915 et le prix d’un timbre en 2015.

LA VALEUR DES DOLLARS ET DES CENTS À DIFFÉRENTES DATES


Pour comparer des montants d’argent à différentes dates, il faut savoir quel était l’IPC
à ces dates. En 2015, l’IPC était de 126,6 ; en 1915, il était de 6,1 (2002 = 100). Avec ces
deux chiffres, on peut calculer la valeur relative du dollar en 1915 et en 2015. Pour ce
faire, on divise l’IPC de 2015 par l’IPC de 1915. Ce ratio est égal à 126,6 ÷ 6,1 = 20,8.
Autrement dit, en moyenne, les prix étaient 20,8 fois plus élevés en 2015 qu’en 1915.
On peut utiliser ce ratio pour convertir le prix d’un timbre de 0,02 $ en 1915 en son
équivalent en 2015 à l’aide de la formule suivante :
Prix d’un timbre en dollars de 1915, converti en dollars de 2015 =

IPC en 2015 0,02 $ × 126,6


Prix d’un timbre en dollars de 1915 × = = 0,42 $
IPC en 1915 6,1
Saviez-vous que… Le résultat (0,42 $) est égal au prix d’un timbre en 1915 (0,02 $)
En 1982, le prix moyen d’un litre multiplié par le ratio de nos deux indices de prix (20,8). Poster une
d’essence était de 0,45 $ au Québec. En lettre coûtait donc réellement moins cher à votre arrière-grand-mère
2015, il avoisinait 1,10 $3. Étant donné que en 1915 (0,42 $ en valeur d’aujourd’hui) qu’à vous en 2015 (1,00 $).
l’IPC est passé de 54,9 à 126,6 de 1982 à Ce calcul est un exemple de conversion d’une valeur nominale en
20154, le litre d’essence est-il réellement une valeur réelle. Une valeur nominale s’exprime en dollars courants ;
plus cher aujourd’hui (en 2015) ? une valeur réelle, en dollars constants (en dollars d’une année de base
ou de référence).
RÉPONSE

Le prix moyen d’un litre d’essence en dollars de


1982, converti en dollars de 2015, est de 1,04 $, soit Deux autres différences entre les valeurs réelles et nominales
[(0,45 $ × 126,6) ÷ 54,9]. Un litre d’essence coûtait jouent un rôle crucial en macroéconomie et… dans nos vies :
donc 0,06 $ de moins en 1982 (1,04 $ en dollars de
2015) qu’en 2015 (1,10 $). • La différence entre salaire nominal et salaire réel ;
• La différence entre taux d’intérêt nominal et taux d’intérêt réel.

SALAIRE NOMINAL ET SALAIRE RÉEL


Salaire nominal Le prix du travail est le salaire. Le salaire nominal est le salaire exprimé en dollars
Salaire exprimé en
dollars courants.
courants (aux prix d’aujourd’hui). Le salaire réel est le salaire exprimé en dollars
constants (aux prix de l’année de base).
Salaire réel
Salaire exprimé en dollars Pour calculer le salaire réel, on divise le salaire nominal par l’IPC de la période cou-
constants (dollars de l’année rante, puis on multiplie par l’IPC de l’année de base (égal à 100 par définition).
de base), mesurant la quantité
de biens et services qu’on peut
Salaire nominal en 2015 × IPC de l’année de base
se procurer. Salaire réel en 2015 =
IPC de 2015

3. Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0009, Prix de détail moyens, essence et mazout,
selon le centre urbain, mensuel (cents par litre), modifié le 22-07-2016.
4. Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021, Indice des prix à la consommation, annuel
(2002-100 sauf indication contraire), modifié le 22-01-2016.¢
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 115

En 2015, le salaire nominal moyen se chiffrait à 855,66 $ par semaine et l’IPC était
de 126,6 (2002 = 100), de sorte qu’en dollars de 2002 le salaire réel moyen était de
675,88 $ par semaine.

855,66 $ × 100
Salaire réel en 2015 = = 675,88 $
126,6
Le salaire réel exprimé en dollars constants mesure la quantité de biens et services
qu’on peut réellement se procurer ou le pouvoir d’achat. Toute variation du salaire réel
permet de mesurer la variation de la quantité de biens et services qu’on peut se procurer
ou du pouvoir d’achat. Par contre, une variation du salaire nomi-
nal mesure la variation de la quantité de biens et services qu’on Saviez-vous que…
peut se procurer et la variation des prix. Le salaire réel élimine les
Au 1er mai 2015, le salaire minimum au Québec
effets de l’inflation, qui influence la valeur du salaire nominal.
est passé à 10,55 $ l’heure, soit une hausse de
Ainsi, une hausse du salaire nominal ne signifie pas nécessai- 0,20 $ l’heure6. Étant donné que l’IPC est passé
rement qu’on est plus riche. Si l’inflation augmente plus vite que de 123,4 à 124,7 de 2014 à 20157, quel était le
le salaire nominal, le salaire réel diminue. Comme la hausse du salaire minimum réel en 2014 et en 2015 ? Le
salaire nominal ne suit pas l’augmentation généralisée des prix, salaire minimum réel a-t-il augmenté ou diminué
on s’appauvrit puisqu’on subit une baisse du pouvoir d’achat. durant cette période au Québec ?
Le salaire réel est une variable économique révélatrice, car il

RÉPONSE
mesure la rétribution réelle du travail, principal déterminant du Le salaire minimum réel en 2014 était de 8,39 $ [(10,35 $ ÷
123,4) × 100]. En 2015, le salaire minimum réel était de 8,46 $
niveau de vie, ainsi que le coût réel du travail, qui influe sur la [(10,55 $ ÷ 124,7) × 100]. Au Québec, le salaire minimum réel a
quantité de main-d’œuvre que les entreprises sont prêtes à augmenté de 0,07 $, soit d’à peine 0,8 %, de 2014 à 2015.
embaucher.

TAUX D’INTÉRÊT NOMINAL ET TAUX D’INTÉRÊT RÉEL


Le taux d’intérêt nominal est le rendement en pourcentage de la valeur nominale d’un Taux d’intérêt nominal
prêt ou d’un dépôt. Par exemple, si vous déposez 100 $ (valeur nominale) dans un compte Rendement en pourcentage de
la valeur nominale d’un prêt ou
d’épargne à la banque à un taux d’intérêt nominal de 5 % par année, vous recevrez 5 $ d’un dépôt.
d’intérêt à la fin de l’année.
Le taux d’intérêt réel est le rendement en pourcentage de la valeur réelle (pouvoir Taux d’intérêt réel
d’achat) d’un prêt ou d’un dépôt : c’est le taux d’intérêt nominal moins les effets de l’in- Rendement en pourcentage
de la valeur réelle (pouvoir
flation. Considérons qu’à la fin de l’année, votre dépôt représente 105 $ (100 $ + 5 $ d’achat) d’un prêt ou d’un dépôt
d’intérêt). Si les prix grimpent de 3 % durant l’année, il vous faudra 103 $ pour acheter (soustraire le taux d’inflation du
taux nominal).
ce qui vous coûtait 100 $, l’année précédente. Donc, vous n’avez gagné que 2 $ d’intérêt
(105 $ - 103 $), ce qui correspond approximativement à un taux d’intérêt réel de 2 %
par année.
Pour convertir un taux d’intérêt nominal en un taux d’intérêt réel, il suffit de sous-
traire le taux d’inflation du taux nominal. Ainsi :

Taux d’intérêt réel = Taux d’intérêt nominal – Taux d’inflation


Taux d’intérêt réel = 5 % – 3 % = 2 %
Si le taux d’intérêt nominal est de 5 % par année, et le taux d’inflation, de 3 % par
année, le taux d’intérêt réel est de 2 % par année5 (5 % – 3 %).
Par contre, si le taux d’inflation passe de 3 % à 6 %, le taux d’intérêt réel de votre dépôt
devient négatif, (5 % - 6 % = -1 %). Vous vous appauvrissez, mais votre banque s’enrichit
puisque le taux d’intérêt nominal de votre dépôt est inférieur au taux d’inflation.

5. Si on tient compte de la perte de pouvoir d’achat des 2 $ d’intérêt, la formule devient la


suivante : Taux d’intérêt réel = (Taux d’intérêt nominal – Taux d’inflation) ÷ [1 + (Taux d’infla-
tion/100)] Ainsi, dans notre exemple : Taux d’intérêt réel = (5 % – 3 %) ÷ (1 + 0,03) = 1,94 %.
6. Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, [en ligne], www.
cnt.gouv.qc.ca/salaire-paie-et-travail/salaire/.
7. Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021 et produit no 62-001-X au catalogue, Indice
des prix à la consommation, aperçu historique, par province et territoire (2011 à 2015),
modifié le 22-01-2016.
116 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Coup d’œil
SUR LE PASSÉ

Les salaires nominaux et les salaires réels des premiers ministres


du Canada
Le salaire réel d’un pilote de ligne ou d’un mineur était-il plus élevé
en 2015 qu’en 1960 ? Le progrès a tellement changé la nature de
ces emplois que la comparaison serait forcément boiteuse.

Par contre, le travail de premier ministre n’a guère changé.


La description d’emploi est restée sensiblement la même, et le
stress inhérent à la fonction est probablement très similaire.
Il est donc tentant de calculer les salaires réels des premiers
ministres qui se sont succédé au Canada pour voir comment leur
rétribution a évolué au fil des ans. La figure ci-dessous montre
que le salaire nominal du premier ministre du Canada (ligne
verte), qui était de 14  500 $ par année en 1906, n’a progressé
que très lentement pendant presque un demi-siècle.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, l’inflation a grugé le


salaire réel du premier ministre (ligne rouge). Après la guerre, la
déflation (baisse des prix) a compensé une partie de ces pertes. Le salaire réel de Justin Trudeau sera-t-il inférieur ou supérieur à son salaire nominal ?
Au début des années 1930, la chute des prix entraînée par la
Grande Dépression a fait grimper le salaire (en dollars réels) de que Stephen Harper jusqu’au 1er avril 2016, date où son salaire
R. B. Bennett à un niveau inégalé depuis Wilfrid Laurier. est passé de 334 800 $ à 340 800 $, une augmentation de 1,8 %.

Dans les trois décennies qui ont suivi, l’inflation a Le salaire réel des premiers ministres du Canada a-t-il
recommencé à éroder le salaire du premier ministre jusqu’à toujours été supérieur à leur salaire nominal depuis 1906 ?
ce qu’il ne représente plus que la moitié de ce qu’il était à son Pourquoi le salaire réel et le salaire nominal de Jean Chrétien
sommet de 1933. En 1963, une augmentation de salaire de étaient-ils identiques ? Pourquoi le salaire réel de Stephen Harper
61  % l’a ramené à peu près à son niveau de 1912 mais, après était-il inférieur à son salaire nominal ? Le salaire réel de Justin
1963, l’inflation a recommencé à grignoter le pouvoir d’achat Trudeau sera-t-il inférieur ou supérieur à son salaire nominal ?
du premier ministre, et ce, malgré plusieurs augmentations
Les salaires des premiers ministres du Canada depuis 1903
du salaire nominal. À la fin des années 1990, le salaire réel du
Salaire du premier ministre (en milliers de dollars par année)
premier ministre était revenu à son niveau de 1962.
350
Toutefois, de 1997 à 2003, il a presque doublé, ce qui a
300 Justin
fait de Jean Chrétien, de Paul Martin et de Stephen Harper les Wilfrid Richard Lester
Paul
Martin Trudeau
Laurier Bennett Pearson
premiers ministres les mieux payés depuis Wilfrid Laurier en 250 Jean
Stephen
1905. De 2001 à 2004, le salaire nominal du premier ministre Chrétien
Harper
200
était le même que celui du juge en chef de la Cour suprême. Salaire
Depuis 2004, pour éviter l’érosion de son pouvoir d’achat, il est 150
réel

indexé à la moyenne des rajustements salariaux dans les grands Louis


St-Laurent
Pierre
Trudeau
100
règlements (500 employés et plus) du secteur privé. Le salaire
de 334 800 $ gagné par Stephen Harper en 2015 correspond à 50 Salaire
un salaire réel de 264 455 $ en dollars de 2002, soit moins que le nominal

salaire de Jean Chrétien en 2002 (272 172 $). Le salaire nominal 0


1903 1923 1943 1963 1983 2003 2023
de Stephen Harper est resté constant de 2009 à 2012, alors que Année

l’inflation a augmenté. Il a donc vu son salaire réel diminuer. Sources : Bibliothèque du Parlement, Indemnités, salaires et allocations, 1er avril 2015.
Statistique Canada, L’indice des prix à la consommation, CANSIM, tableau 326-0021
Justin Trudeau, élu en octobre 2015, recevait le même salaire et produit no 62-001-X au catalogue, modifié le 22-01-2016.
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 117

5.2
2 Corriger des valeurs monétaires pour tenir compte de l’inflation : le salaire réel et le taux d’intérêt réel

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Le tableau 1 donne le prix de l’essence et l’IPC pour 2000, 4. Le tableau 2 donne le taux d’intérêt nominal et le taux
2007 et 2014 au Pays Vert. d’inflation de la Basse-Slobovie de 2012 à 2015.
a) Calculez le prix réel de l’essence pour chacune de ces a) Calculez le taux d’intérêt réel pour chacune de ces
années en dollars de 2002. années.
b) Durant laquelle de ces années le prix réel de l’essence b) Le taux d’intérêt réel de la Basse-Slobovie a-t-il été
était-il le plus élevé ? négatif pour l’une ou l’autre de ces années ? Pourquoi ?
c) De combien le prix réel de l’essence a-t-il varié entre Tableau 1
2000 et 2014 ?
Prix de l’essence IPC
Année
2. En 2015, Fiction Industries a consenti à payer ses (en dollars par litre) (2002 = 100)
travailleurs 22 $ l’heure, une augmentation de 10 % par 2000 1,12 120,3
rapport au salaire horaire de 2010, qui était de 20 $. L’IPC
était de 120,4 en 2010 et de 125 en 2015. 2007 1,24 144,0

a) Calculez le salaire réel en 2010 et en 2015. 2014 1,34 158,0

b) De combien le salaire réel des travailleurs de Fiction Tableau 2


Industries a-t-il varié entre 2010 et 2015 ?
Taux d’intérêt nominal Taux d’inflation
3. Miriam a travaillé à temps plein pendant un an afin Année (en pourcentage (en pourcentage
d’économiser suffisamment d’argent pour pouvoir étudier par année) par année)
à temps plein l’année suivante. Elle a placé ses économies 2012 4 2
dans un fonds mutuel à un taux d’intérêt nominal de 7 %
2013 5 1
par année. L’IPC était de 123 au début de l’année et de
132 à la fin. À quel taux d’intérêt réel Miriam a-t-elle placé 2014 2 4
ses économies ? 2015 3 5

RÉPONSES

1. a) Pour calculer le prix réel de l’essence en dollars de 2002, il faut diviser b) Le salaire réel des travailleurs n’a augmenté que de 0,99 $ l’heure, soit
son prix nominal par l’IPC de chacune de ces années, puis multiplier par de 6 %.
100, ce qui donne 0,93 $ pour 2000, 0,86 $ pour 2007 et 0,85 $ pour 2014. 3. Durant l’année où Miriam a travaillé, le taux d’inflation était de 7,3  %,
b) C’est en 2000 que le prix réel de l’essence était le plus élevé ; celle-ci soit [(132 – 123) ÷ 123] × 100. Ses économies étaient placées à un taux
coûtait alors 0,93 $ (en dollars de 2002) par litre. d’intérêt réel égal au taux d’intérêt nominal (7 %) moins le taux d’inflation
c) Entre 2000 et 2014, le prix réel de l’essence est passé de 0,93 $ à 0,85 $ (7,3 %), soit à –0,3 % (7 % – 7,3 %). Miriam a donc placé ses économies à un
par litre, une baisse de 0,08 $, soit de 8,6 %. taux d’intérêt réel négatif. (Notons que, si elle avait gardé ses économies
2. a) En 2010, le salaire réel en dollars de 2002 était de 16,61 $ l’heure sous son matelas, son taux d’intérêt nominal aurait été de 0 %, et son taux
[(20 $ ÷ 120,4) × 100]. En 2015, il était de 17,60 $ l’heure [(22 $ ÷ 125) d’intérêt réel, de –7,3 %, ce qui aurait été encore pire.)
× 100].
118 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.3 LES INDICATEURS DU MARCHÉ DU TRAVAIL


Tous les mois, 720 intervieweurs de Statistique Canada prennent contact avec quelque
54 000 ménages pour les interroger sur la situation d’emploi de leurs membres. Les
résultats de cette Enquête sur la population active permettent à Statistique Canada de
surveiller en permanence l’état du marché du travail canadien.

L’ENQUÊTE SUR LA POPULATION ACTIVE


La figure 5.2 présente les données sur la population canadienne en 2015. Statistique
Canada divise la population en deux groupes : celle qui est en âge de travailler et celle
Population en âge qui ne l’est pas. L’expression population en âge de travailler désigne l’ensemble des
de travailler
personnes âgées de 15 ans et plus8. En 2015, au Canada, on estimait cette population à
Ensemble des personnes âgées
de 15 ans et plus. 29,280 millions d’individus.
Population active La population en âge de travailler se divise à son tour en deux groupes : la population
Ensemble des personnes active et la population inactive (les inactifs). La population active se compose de l’en-
occupées et des chômeurs.
semble des personnes occupées et des chômeurs. En 2015, la population active du
Canada comptait 19,278 millions de personnes, et la population inactive, 10,002 millions
de personnes, dont certaines étudiaient à temps plein ou étaient à la retraite et n’occu-
paient aucun emploi.
La population active se divise en deux groupes : les personnes occupées et les chô-
meurs. En 2015, la population active canadienne se composait de 17,947 millions de
personnes occupées et de 1,331 million de chômeurs.

Figure 5.2 Données sur la population canadienne en 2015

Population totale
(35,9 millions)
La population en âge de travailler se divise
en deux groupes : la population active et la
Population en âge de travailler population inactive. La population active
(29,280 millions) se divise à son tour en deux groupes :
les personnes occupées et les chômeurs.
Population de
Population active moins de 15 ans Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableaux
282-0002 et 282-0022, Caractéristiques de la
(19,278 millions) (6,620 millions) population active, emploi et chômage, modifié le
08-01-2016. Statistique Canada, CANSIM, tableau
Population inactive 051-0001, Estimations de la population, selon
Personnes occupées Chômeurs (10,002 millions) le groupe d’âge et le sexe au 1er juillet, Canada,
provinces et territoires, annuel (personnes sauf
(17,947 millions) (1,331 million)
indication contraire), modifié le 28-09-2015.

0 5 10 15 20 25 30 35 40
Population (en millions)

LA NOMENCLATURE DE L’ENQUÊTE
Selon la nomenclature de l’Enquête sur la population active, fait partie des personnes
occupées toute personne qui, dans la semaine précédant l’enquête :
• A fait un travail rémunéré quelconque pour un employeur ou à son propre compte
(cela comprend aussi le travail familial non rémunéré, c’est-à-dire le travail non
rémunéré pour une entreprise dirigée ou gérée par un membre du ménage) ;

8. Ce groupe exclut les militaires, les personnes institutionnalisées, les habitants du Yukon, des
Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut, ainsi que les résidents des réserves amérindiennes.
Ces personnes soit ne peuvent faire partie du marché du travail, soit travaillent dans des con-
ditions qui ne sont pas représentatives de celles du marché du travail canadien. On désigne
souvent la population en âge de travailler par l’expression population civile hors institutions
de 15 ans et plus (ou P15+).
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 119

• Avait un emploi, mais n’était pas au travail à cause d’une maladie ou d’une in-
capacité, pour obligations personnelles ou familiales, pour des vacances ou à la
suite d’un conflit de travail.
Selon cette même nomenclature, fait partie des chômeurs toute personne qui, dans
la semaine précédant l’enquête, était sans emploi et disponible pour travailler, et satis-
faisait à l’une des trois conditions suivantes :
• Avoir été mise à pied temporairement, mais s’attendre à être rappelée au travail
et être disponible pour travailler ;
• Être sans emploi, avoir activement cherché un emploi au cours des quatre der-
nières semaines et être disponible pour travailler ;
• Avoir été engagée pour un nouvel emploi, être appelée à s’y présenter dans les
quatre semaines à compter de la semaine de référence et être disponible pour
travailler.
Toute personne en âge de travailler qui, selon les critères précédents, n’est ni occupée
ni chômeur est exclue de la population active.

LES TROIS PRINCIPAUX INDICATEURS DU MARCHÉ DU TRAVAIL


À partir des données de l’Enquête sur la population active, Statistique Canada calcule
plusieurs indicateurs de l’état du marché du travail, notamment :
• Le taux d’activité ;
• Le taux d’emploi ;
• Le taux de chômage.

Le taux d’activité
Le nombre de personnes qui composent la population active sert d’indicateur de la
volonté des personnes en âge de travailler à trouver un emploi. Le taux d’activité est le Taux d’activité
Pourcentage de la population
pourcentage de la population active au sein de la population en âge de travailler :
active au sein de la population
en âge de travailler.
Population active
Taux d’activité = × 100
Population en âge de travailler
En 2015, la population active comptait 19,278 millions de personnes, et la population
en âge de travailler, 29,280  millions. On calcule donc le taux d’activité en 2015
comme suit :

19,278 millions
Taux d’activité = × 100 = 65,8 %
29,280 millions

Le taux d’emploi
Le taux d’emploi, aussi appelé rapport emploi-population, mesure le pourcentage de Taux d’emploi
personnes occupées au sein de la population en âge de travailler. On le calcule selon la Pourcentage de personnes
occupées au sein de la
formule suivante : population en âge de travailler.

Personnes occupées
Taux d’emploi = × 100
Population en âge de travailler
En 2015, la population en âge de travailler comptait 29,280 millions de personnes,
dont 17,947 millions étaient occupées. Le taux d’emploi était donc de 61,3 % :

17,947 millions
Taux d’emploi = × 100 = 61,3 %
29,280 millions
120 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Le taux de chômage
Chômage L’ampleur du chômage révèle la disponibilité des emplois sur le marché du travail
Situation d’une personne,
– la difficulté qu’éprouvent les personnes qui cherchent un emploi à en trouver un. Le
d’une entreprise ou d’un
secteur de l’activité économique taux de chômage est le pourcentage de chômeurs au sein de la population active.
caractérisée par le manque Autrement dit :
de travail.
Taux de chômage Nombre de chômeurs
Pourcentage de chômeurs au Taux de chômage = × 100
sein de la population active. Population active
En 2015, le nombre de chômeurs s’élevait à 1,331 million, et la population active
comptait 19,278 millions de personnes. On calcule donc le taux de chômage en 2015
comme suit :

1,331 million
Taux de chômage = × 100 = 6,9 %
19,278 millions

LES TRAVAILLEURS À TEMPS PARTIEL INVOLONTAIRE


Travailleur à temps plein L’Enquête sur la population active mesure aussi le nombre de travailleurs à temps plein
Personne qui travaille
habituellement 30 heures ou
et de travailleurs à temps partiel. Les travailleurs à temps plein sont ceux qui travaillent
plus par semaine. habituellement 30 heures ou plus par semaine, et les travailleurs à temps partiel, ceux
Travailleur à temps partiel qui travaillent habituellement moins de 30 heures par semaine. En 2015, la population
Personne qui travaille occupée comptait 17,947 millions de personnes ; de ce nombre, 14,559 millions travail-
habituellement moins de
30 heures par semaine.
laient à temps plein, et 3,388 millions, à temps partiel.
Travailleur à temps Dans le chômage partiel, les travailleurs à temps partiel involontaire, c’est-à-dire
partiel involontaire les travailleurs à temps partiel qui veulent du travail à temps plein, mais n’en trouvent
Travailleur à temps partiel qui
veut du travail à temps plein,
pas, ne sont pas considérés comme des chômeurs. Le taux de chômage sous-estime donc
mais n’en trouve pas. le taux de chômage réel9.

LES TRAVAILLEURS DÉCOURAGÉS


Les trois indicateurs que nous venons d’étudier sont conçus pour être utilisés conjointe-
ment. S’en tenir au seul taux de chômage, comme le font souvent les médias, peut être
trompeur.
Par exemple, une baisse du taux de chômage n’est pas nécessairement une bonne
nouvelle ; elle peut indiquer que les conditions du marché du travail sont tellement
moroses que de nombreuses personnes ont cessé de chercher activement un emploi et
Travailleur découragé ont rejoint les inactifs. On appelle travailleurs découragés (ou chercheurs d’emploi
(ou chercheur d’emploi
découragé) découragés) ces personnes sans emploi, disponibles et désireuses de travailler, mais qui
Personne sans emploi, n’étaient pas activement à la recherche d’un emploi au cours des  quatre dernières
disponible et désireuse de semaines. Comme elles ne sont plus recensées comme chômeurs, le taux de chômage
travailler, mais qui n’était pas
activement à la recherche d’un diminue. Dans une telle situation, le taux d’emploi et le taux d’activité seraient à la
emploi au cours des quatre baisse.
dernières semaines.
À l’inverse, une hausse du taux de chômage n’est pas nécessairement une mauvaise
nouvelle. À la fin d’une récession, plusieurs travailleurs découragés reviennent sur le
marché du travail. Comme ils n’ont pas encore d’emploi et qu’ils sont activement à la
recherche d’un emploi, ils sont recensés comme chômeurs, et le taux de chômage aug-
mente. Dans une telle situation, le taux d’activité de la population augmente et, par la
suite, le taux d’emploi aussi.

9. Pour mesurer l’étendue de ce type de sous-emploi, Statistique Canada calcule le taux de


travail à temps partiel involontaire, c’est-à-dire le pourcentage de la population active qui
occupe un emploi à temps partiel, mais qui désire un emploi à temps plein, selon la formule
suivante :
Taux de travail à temps Nombre de travailleurs à temps partiel involontaire
= × 100
partiel involontaire Population active
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 121

LES TYPES DE CHÔMAGE Saviez-vous que…


Selon ses causes, on distingue quatre types de chômage :
En 2015, la population québécoise âgée de 15 ans
• Le chômage frictionnel ; et plus comptait 6 843 300 personnes, la population
• Le chômage structurel ; à l’emploi, 4 097 000 personnes, et la population en
• Le chômage saisonnier ; chômage, 337 200 personnes10. Quels étaient le taux
• Le chômage cyclique. de chômage, le taux d’activité et le taux d’emploi
au Québec ?
Le chômage frictionnel

RÉPONSE
On appelle chômage frictionnel le chômage qui résulte de En 2015, le taux de chômage s’établissait à 7,6 %, soit
la mobilité normale de la main-d’œuvre. Deux raisons [337 200 ÷ (4 097 000 + 337 200) × 100]. Le taux d’activité était
de 64,8 %, soit [(4 097 000 + 337 200) ÷ 6 843 300 × 100]. Enfin,
expliquent cette mobilité. Premièrement, des personnes le taux d’emploi représentait 59,9 % de la population en âge
intègrent ou quittent tous les jours le marché du travail de travailler au Québec et était calculé ainsi : [(4 097 000 ÷
6 843 300) × 100].
(finissants en quête d’un premier emploi, retours aux études,
congés de maternité ou de paternité, etc.). Deuxièmement,
le roulement des entreprises entraîne inévitablement la
création et l’élimination continuelle d’emplois. Ce type de chômage est un phénomène Chômage frictionnel
Chômage qui résulte de la
permanent et sain dans une économie dynamique et en croissance. mobilité normale de la main-
Il suffit de lire le journal ou d’aller sur un des nombreux sites web spécialisés pour d’œuvre, c’est-à-dire du fait que
des gens intègrent ou quittent
constater qu’il y a toujours des postes vacants et des personnes en quête de travail. En continuellement le marché
général, les employeurs n’embauchent pas le premier venu, et les chômeurs ne sautent du travail.
pas sur le premier emploi vacant ; les uns comme les autres essaient plutôt de trouver
ce qu’ils pensent leur convenir le mieux. La recherche d’emploi permet aux personnes
au chômage de trouver un travail qui correspond à leurs compétences, à leurs champs
d’intérêt et à leurs exigences salariales ; entre-temps, ils sont en chômage frictionnel.

Le chômage structurel
Le chômage structurel apparaît quand le progrès technologique ou la concurrence inter- Chômage structurel
nationale change les compétences requises pour occuper un emploi ou modifie la localisa- Chômage qui apparaît quand
le progrès technologique ou
tion des emplois. Comme ce type de chômage oblige les travailleurs à se recycler et peut-être la concurrence internationale
à déménager pour trouver un nouvel emploi, ces épisodes sont habituellement plus longs change les compétences
requises pour occuper un
que ceux du chômage frictionnel. Par exemple, si on automatise un central téléphonique à emploi ou modifie la localisation
Halifax, certains emplois disparaissent dans cette ville. Entre-temps, de nouveaux emplois des emplois.
dans la vente d’assurance et la vente au détail se créent au Québec, en Alberta et en
Colombie-Britannique. Après quelques mois de chômage, les ex-téléphonistes se résignent
à déménager, à se recycler et à accepter un de ces nouveaux emplois. Le chômage structurel
est une douloureuse épreuve, en particulier pour les travailleurs plus âgés, souvent forcés
de prendre une retraite précoce avec un revenu inférieur à celui qu’ils escomptaient.

Le chômage saisonnier
Comme son nom l’indique, le chômage saisonnier résulte de la baisse du nombre d’em-
Chômage saisonnier
plois en raison de contraintes saisonnières. Au Canada, ce type de chômage augmente Chômage qui résulte de la
l’hiver et diminue au printemps et à l’été. Le travailleur agricole qu’on licencie après la baisse du nombre d’emplois
en raison de contraintes
récolte automnale et qu’on réembauche l’été suivant est en chômage saisonnier. Au
saisonnières.
Canada, environ 200 000 travailleurs sont en chômage saisonnier tous les hivers.

Le chômage cyclique
Le terme chômage cyclique (ou conjoncturel) désigne le chômage dont les fluctuations Chômage cyclique
coïncident avec celles du cycle économique ; il augmente en période de récession et (ou conjoncturel)
Chômage dont les fluctuations
diminue en période d’expansion. Le travailleur de l’automobile qu’on licencie quand coïncident avec celles du cycle
l’économie entre en récession et qu’on réembauche quand une reprise s’amorce quelques économique ; augmente en
période de récession et diminue
mois plus tard est en chômage cyclique. en période d’expansion.

10. Statistique Canada, CANSIM, tableau 282-0002, Enquête sur la population active (EPA), esti-
mations selon le sexe et le groupe d’âge détaillé, annuel (personnes sauf indication contraire),
modifié le 08-01-2016.
122 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

LE PLEIN-EMPLOI
Plein-emploi Le chômage peut être élevé même en situation de plein-emploi. Une économie est en
Situation où l’économie produit situation de plein-emploi quand elle produit à sa pleine capacité, en utilisant efficace-
à pleine capacité en utilisant
efficacement toutes ses ment toutes ses ressources productives (main-d’œuvre, technologie, terre, capital et
ressources et où il n’y a aucun autres facteurs de production). Cependant, même dans ces conditions, certains travail-
chômage cyclique.
leurs peuvent encore être sans emploi. Le plein-emploi ne résorbe que le chômage
Taux de chômage naturel
cyclique ; les chômages frictionnel, structurel et saisonnier perdurent. Le taux de chô-
Taux de chômage observé
en situation de plein-emploi mage naturel est le taux observé en période de plein-emploi. Comme Statistique Canada
(addition des chômages publie chaque mois un taux de chômage désaisonnalisé pour tenir compte des variations
frictionnel et structurel).
saisonnières, le taux de chômage naturel équivaut à l’addition du chômage structurel et
du chômage frictionnel. Si l’économie n’est pas au plein-emploi, l’écart entre le taux de
chômage observé et le taux de chômage naturel s’explique par le chômage cyclique.
Il n’existe aucune mesure fiable du taux de chômage naturel. La plupart des écono-
mistes considèrent que ce taux fluctue et qu’il peut être élevé durant les périodes de
changements démographiques ou structurels rapides. Au Canada, le taux de chômage
naturel se situait probablement autour de 9 % au début des années 1990. Présentement,
il serait d’environ 6 %.

COMBIEN D’ARGENT VOUS FAUT-IL


POUR VIVRE ?
Votre revenu est-il suffisant pour faire face au coût de la vie ? Votre situation sur le
marché du travail détermine votre revenu, alors que le taux d’inflation détermine la
variation du coût de la vie. Toute baisse de votre revenu ou toute hausse du taux d’infla-
tion réduit votre pouvoir d’achat.

Quelle est votre situation sur le marché du travail ?


Il y a de fortes chances que vous travailliez dans le secteur des services – à condition,
bien sûr, que vous ayez trouvé du travail. Il est probable que, d’ici votre retraite, vous
occupiez plus d’un emploi. En effet, il se peut que vous décidiez d’en quitter un ou que
votre poste disparaisse si l’économie est en récession. Vous vous mettrez alors en quête
d’un nouveau travail.
Bref, dans le monde d’aujourd’hui, la situation de l’emploi fluctue. Il est possible que
vous changiez de travail et même que vous vous retrouviez momentanément en chômage
durant certaines périodes.
Considérez votre situation actuelle sur le marché du travail. Faites-vous partie de la
population active ? Cherchez-vous un emploi ? Si non, avez-vous un emploi ? Le cas
échéant, travaillez-vous à temps partiel ou à temps plein ?

Quel est le taux d’inflation au pays ?


Statistique Canada recueille tous les mois les données nécessaires à l’établissement de
la valeur de l’IPC (ou du coût de la vie) et du taux d’inflation (vitesse à laquelle le niveau
général des prix augmente). En prenant connaissance de ce dernier taux, vous serez en
mesure de savoir si l’augmentation de votre revenu est supérieure ou inférieure à la
hausse du coût de la vie.
Pour connaître l’état du marché du travail et le niveau de l’inflation dans l’ensemble
du pays ou dans votre région, visitez le site de Statistique Canada, www.statcan.gc.ca.
Vous y trouverez des données concernant la situation du marché du travail et de l’infla-
tion au Canada, mais aussi au Québec.
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 123
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Le taux de chômage au Québec Figure 1


Les taux de chômage au Québec et au Canada de 1975 à 2015
En 2015, le taux de chômage s’élevait à 7,6 % au Québec, alors Taux de chômage (en pourcentage)
qu’il n’était que de 6,9 % au Canada. La « nouvelle » n’a pas fait 15
les manchettes, et aucun économiste ne s’en est étonné, car Québec
historiquement le taux de chômage a toujours été plus élevé
au Québec que dans l’ensemble du Canada. Comme le montre 10 2010
2015
la figure 1, depuis une quarantaine d’années, l’écart entre les
taux de chômage canadien et québécois s’est maintenu autour Canada
5
de 2 % et a très peu varié (de 1,3 % à 3 %). Cette figure met
également en évidence l’effet des récessions de 1981-1982 et
de 1990-1992 (la pire depuis la Deuxième Guerre mondiale), qui 0
ont propulsé le chômage à des taux inégalés. La figure montre 1980 1988 1996 2004 2012 Année
aussi que le Québec a beaucoup mieux traversé la récession de
Figure 2
2009 que le Canada dans son ensemble. En effet, au sortir de la
Taux de chômage par province, en pourcentage (2015)
récession, en 2010, le taux de chômage au Québec a rejoint celui
Provinces
du Canada pour la première fois dans l’ensemble de la période
considérée. Il semble toutefois que  cette embellie ait été Terre-Neuve-et-Labrador
éphémère. Notons par ailleurs qu’après chacune des récessions Île-du-Prince-Édouard
l’emploi a mis plusieurs années à revenir à son niveau antérieur. Nouveau-Brunswick
Nouvelle-Écosse
En 2015, le taux de chômage du Québec (7,6  %) était Québec
nettement supérieur à celui de l’Ontario (6,8 %), comme on peut Canada
l’observer à la figure 2. Seules les provinces de Terre-Neuve- Ontario
et-Labrador (12,8  %), de l’Île-du-Prince-Édouard (10,4  %), du Colombie-Britannique
Nouveau-Brunswick (9,8  %) et de la Nouvelle-Écosse (8,6  %) Alberta
affichaient un taux de chômage supérieur à celui du Québec. Manitoba
Saskatchewan
Comme toutes les moyennes nationales, le taux de
chômage du Québec dissimule des écarts régionaux 0 3 6 9 12 15
considérables. Le tableau 1 permet de comparer le taux %
Tableau 1
de chômage de l’ensemble du Québec au 4e  trimestre de Taux de chômage par région administrative,
2015  avec celui que connaissait chacune de ses 17  régions en pourcentage (4e trimestre de 2015)
administratives (les taux de chômage des régions Côte-Nord
et Nord-du-Québec sont comptabilisés ensemble). Comme on Régions administratives Pourcentage

peut le constater, le taux de chômage variait de 15,1 % dans 11 – Gaspésie−Îles-de-la-Madeleine 15,1


04 – Mauricie 10,2
la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine à 4,5 % dans la région 06 – Montréal 10,7
Capitale nationale – un écart de 10,6 % ! 09/10 – Côte-Nord / Nord-du-Québec 9,8
13 – Laval 9,5
Quel était le taux de chômage de l’ensemble du Québec en 01 – Bas-Saint-Laurent 8,2
2015 ? Était-il supérieur ou inférieur à celui du Canada ? Était- 14 – Lanaudière 8,1
02 – Saguenay−Lac-Saint-Jean 7,9
il supérieur ou inférieur à celui des provinces de l’Ouest ? Si le
Ensemble du Québec 7,6
taux de chômage naturel s’élevait à 6 %, quelle était l’ampleur
08 – Abitibi-Témiscamingue 7,2
du chômage cyclique au Canada, au Québec et en Ontario ? 05 – Estrie 6,7
07 – Outaouais 6,6
Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 282-0002, Enquête sur la population 17 – Centre-du-Québec 6,3
active (EPA), estimations selon le sexe et le groupe d’âge détaillé, annuel (personnes
sauf indication contraire), modifié le 08-01-2016.
16 – Montérégie 5,9
Statistique Canada, Enquête sur la population active, adapté par l’Institut de 12 – Chaudière-Appalaches 5,7
la statistique du Québec, Travail et rémunération, population active, emploi et 15 – Laurentides 5,2
chômage, Taux d’activité, d’emploi et de chômage, données désaisonnalisées, par
région administrative, Québec, 4e trimestre 2014 au 4e trimestre 2015, 28 janvier 03 – Capitale nationale 4,5
2016.
124 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

5.3
3 Expliquer les principaux indicateurs du marché du travail et leur calcul,
et distinguer les divers types de chômage

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Au Pays Vert, la population en âge de travailler se compose 2. Au Pays Bleu, la population en âge de travailler compte
de 24,5 millions de personnes, la population active, de 24,97 millions de personnes, la population active,
15,9 millions de personnes, et la population occupée, 17,13 millions de personnes, et la population occupée,
de 14,7 millions de personnes. Le taux de chômage naturel 15,81 millions de personnes. Le taux de chômage naturel
est de 7,5 %. du Pays Bleu est de 7 %.
a) Calculez le taux de chômage. a) Calculez le taux de chômage.
b) Calculez le taux d’activité. b) Calculez le taux d’activité.
c) Calculez le taux d’emploi. c) Calculez le taux d’emploi.
d) Calculez l’ampleur du chômage cyclique. d) Calculez l’ampleur du chômage cyclique.
3. Au Pays Jaune, la population en âge de travailler
compte 214 millions de personnes, la population active,
143,9 millions de personnes, et la population occupée,
135,3 millions de personnes. Le taux de chômage naturel
du Pays Jaune est de 6 %.
a) Calculez le taux de chômage.
b) Calculez le taux d’activité.
c) Calculez le taux d’emploi.
d) Calculez l’ampleur du chômage cyclique.

RÉPONSES

1. a) La population active inclut l’ensemble des personnes occupées et c) Le nombre de personnes occupées était de 14,7  millions, et la
des chômeurs. Le nombre de chômeurs est donc égal au nombre population en âge de travailler, de 24,5 millions, ce qui donne un taux
de personnes qui composent la population active moins le nombre d’emploi de 60 % [(14,7 millions ÷  24,5 millions) × 100].
de personnes occupées, soit 1,2 million de personnes (15,9 millions d) Puisque le taux de chômage observé est égal au taux de chômage
– 14,7 millions). Le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs naturel, le taux de chômage cyclique est nul. Le chômage cyclique a
au sein de la population active, soit 7,5 % [(1,2 million ÷ 15,9 millions) été résorbé complètement.
× 100].
b) Le taux d’activité de la main-d’œuvre est le pourcentage de la
population active au sein de population en âge de travailler, soit 64,9 %
[(15,9 millions ÷ 24,5 millions) × 100].
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 125

Le chapitre 5 en bref

1 Définir l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux d’inflation, et expliquer comment ils se calculent

Indice des prix à la consommation (IPC) Taux d’inflation


Mesure le niveau moyen des prix Pourcentage de variation de l’IPC d’une année à une autre
d’un panier fixe de biens et services
consommés par un ménage type (IPC de l’année courante – IPC de l’année précédente)
× 100
IPC de l’année précédente
Coût du panier courant
× 100
Coût du panier de base

2 Corriger des valeurs monétaires pour tenir compte de l’inflation :


le salaire réel et le taux d’intérêt réel

Salaire réel Conversion d’une valeur d’une année B en $ Taux d’intérêt réel
Salaire nominal d’une année A Taux d’intérêt nominal
× 100
IPC IPC d’une année A – Taux d’inflation
Valeur d’une année B ×
IPC d’une année B

3 Expliquer les principaux indicateurs du marché du travail


et leur calcul, et distinguer les divers types de chômage

Taux d’activité Chômage saisonnier


Population active Chômage résultant de la baisse du nombre d’emplois
× 100
Population en âge de travailler en raison de contraintes saisonnières
Taux de chômage Chômage frictionnel
Nombre de chômeurs Chômage résultant de la mobilité normale de la main-d’œuvre
× 100
Population active
Chômage cyclique (ou conjoncturel)
Taux d’emploi
Personnes occupées Chômage dont les fluctuations coïncident
× 100 avec celles du cycle économique
Population en âge de travailler
Chômage structurel
Chômage apparaissant quand un progrès
technologique ou la concurrence internationale
change les compétences requises pour occuper un emploi
ou modifie la localisation des emplois
126 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Questions
de révision
Au terme de la section 5.1, L’indice des prix à la consomma- 3. La Boldavie est un petit pays qui ne produit que trois biens :
tion, répondez aux questions 1 à 3. du vin, du fromage et du tissu. L’an dernier, le vin se vendait
5 $ le litre, le fromage, 20 $ le kilo, et le tissu, 10 $ le mètre
1. Deux pays, le Pays Chaud et le Pays Froid, mènent des carré. La  famille boldavienne typique dépensait alors
enquêtes sur les dépenses de consommation. Au Pays 3 000 $ en vin, 6 000 $ en fromage et 1 000 $ en tissu. Cette
Chaud, les consommateurs achètent 70  bouteilles d’eau, année, le vin se vend 5,50 $ le litre, le fromage, 22 $ le kilo,
20  kilos de pain et 10  litres d’huile d’olive par année. Au et le tissu, 12 $ le mètre carré.
Pays Froid, les consommateurs n’achètent aucune bouteille a) Décrivez la composition du panier de l’IPC de la
d’eau (ils sucent des glaçons qui ne leur coûtent rien), mais Boldavie pour l’année dernière (année de base).
ils achètent 80 litres d’huile d’olive et 20 kilos de pain par b) Calculez le coût du panier de l’année dernière et de
année. Les prix dans les deux pays sont les mêmes, et cette année.
mesurés avec la même monnaie, le dollar. Dans l’année de
c) Calculez l’IPC de la Boldavie pour l’année dernière et
base, l’eau embouteillée coûtait 1 $ la bouteille, le pain, 5 $
pour cette année.
le kilo, et l’huile d’olive, 10 $ le litre. Dans l’année courante,
l’eau embouteillée coûte 2 $ la bouteille, le pain, 6 $ le kilo, d) Quel est le taux d’inflation en Boldavie cette année ?
et l’huile d’olive, 11 $ le litre. e) Selon l’éditorialiste du Bolda-Matin, la principale cause
de l’inflation au pays est l’augmentation de 20 % du
a) Quel est l’IPC au Pays Chaud dans l’année courante ? prix du tissu. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ?
b) Quel est l’IPC au Pays Froid dans l’année courante ? Pourquoi ? (Suggestion : calculez la moyenne pondérée
c) Dans lequel de ces deux pays l’IPC a-t-il augmenté le des variations de prix.)
plus rapidement ?
d) Pourquoi l’IPC a-t-il augmenté plus rapidement dans Au terme de la section 5.2, Valeurs nominales et valeurs
l’un des deux pays ? réelles, répondez aux questions 4 et 5.

2. Le tableau 1 présente les habitudes de consommation des 4. Le tableau 2 montre le salaire nominal moyen et le salaire
cégépiens du Pays du Futur, avec le prix des biens de leur réel d’un groupe de travailleurs, de même que l’IPC pour les
panier en janvier 2017 (période de base) et en janvier 2018 années consécutives 1, 2 et 3.
(période courante).
a) Calculez les valeurs qui manquent dans ce tableau.
a) Calculez le coût du panier de biens des cégépiens du b) Si le taux d’inflation est de 5 % la quatrième année
Pays du Futur en janvier 2017, puis en janvier 2018. et si le salaire nominal monte à 882 $, quelle sera la
b) Calculez l’IPC pour janvier 2017 et janvier 2018. variation du salaire réel des travailleurs ?
c) Calculez le taux d’inflation de janvier 2017 à janvier
2018. Tableau 2
d) Calculez le pourcentage de variation de prix de chacun Salaire Salaire
Année IPC
des quatre biens qui composent le panier de janvier nominal réel
2017 à janvier 2018.
1 760 $ 95
e) Calculez le facteur de pondération de chacun de ces
quatre biens en janvier 2017. 2 798 $ 798 $
f) Calculez la moyenne pondérée du pourcentage 3 105 800 $
d’augmentation des prix de ces quatre biens de janvier
2017 à janvier 2018.
g) Montrez que le taux d’inflation mesuré par l’IPC est la 5. Cette année, le taux d’intérêt nominal est de 9  % en
moyenne pondérée du pourcentage d’augmentation de Haute-Slobovie et de 5  % en Basse-Slobovie. Le taux
prix des quatre biens qui composent le panier. d’inflation est de 10  % en Haute-Slobovie et de 3  % en
Basse-Slobovie.
Tableau 1 a) Quel est le taux d’intérêt réel en Haute-Slobovie ?
Prix moyen b) Quel est le taux d’intérêt réel en Basse-Slobovie ?
Quantité (en dollars)
Bien
moyenne Janvier Janvier
2017 2018
Repas à la cafétéria 20 4 5
Jean 1 40 60
Chemise 2 30 36
Spectacle 1 20 22
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 127

Au terme de la section 5.3, Les indicateurs du marché du 8. Supposons qu’un des ménages sondés lors de l’Enquête
travail, répondez aux questions 6 à 10. sur la population active de Statistique Canada se compose
d’une retraitée, d’une femme au foyer, d’un professeur de
6. Le tableau 3 présente des données partielles sur l’état du 50 ans, d’un jeune âgé de 13 ans et d’une diplômée âgée
marché du travail de la Neustrie en mai, en juin et en juillet de 20  ans à la recherche de son premier emploi. Dites
derniers. Calculez les données qui manquent. lesquelles de ces personnes font partie de la population
active et précisez pourquoi.
Tableau 3
Nombre de personnes 9. En juillet dernier, la population active du Pays Vert
(en milliers) comptait 629  000  personnes âgées de 15  à 24  ans, dont
Indicateur 302  800  femmes et 326  200  hommes. Chez les femmes,
Mai Juin Juillet le taux d’activité était de 65,0  %, et le taux d’emploi, de
Population en âge de travailler 20 700 20 000 57,5 % ; chez les hommes, le taux d’activité était de 70 %,
et le taux d’emploi, de 57 %. Quel était le taux de chômage
Population active 13 800 13 650 des femmes ? des hommes ? de l’ensemble des 15-24 ans ?
Emploi 12 006 12 400
10. En début d’année, Monopolis comptait 100 000 chômeurs,
Chômeurs 1 600 soit 10 % de sa population active. Durant l’année, la ville
Taux d’activité 65 % a connu 17  300  pertes nettes d’emplois. Pourtant, en fin
d’année, il n’y avait plus que 87  300  chômeurs à Mono-
Taux de chômage 10 % polis, soit 9  % de la population active. Sachant que la
Taux d’emploi population en âge de travailler n’a pas changé, comment
expliquez-vous cet apparent paradoxe ?
7. Dites de quel type de chômage il s’agit dans chacune des
situations suivantes.
a) À cause de la récession, une grosse entreprise met
300 travailleurs à pied.
b) Comme tous les hivers, Louis, un jeune pêcheur
gaspésien, se retrouve au chômage.
c) Maria, une Montréalaise qui travaille depuis 25 ans
dans l’industrie du vêtement, perd son emploi parce
que l’entreprise où elle travaillait ne peut plus soutenir
la concurrence des produits importés.
d) Profitant des conditions favorables du marché du
travail, Anne change d’emploi. Elle a quitté celui qu’elle
occupait la semaine dernière et ne commencera le
nouveau que dans deux semaines. Elle sera donc sans
emploi durant la semaine de référence de l’Enquête sur
la population active.
e) Charlot quitte son emploi à Chicoutimi pour aller vivre
avec sa femme à Toronto.
f) Fraîchement diplômée, Virginie a du mal à décrocher
son premier emploi.
g) L’implantation d’une chaîne de montage robotisée
a entraîné l’abolition du poste d’Albert, qui est
maintenant au chômage.
h) Tous les ans, en janvier et en février, Pierre se
retrouve au chômage à cause du ralentissement de la
construction.
128 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES

Appliquez
vos savoir-faire
Les effets de la baisse du prix de
l’essence sur l’IPC11
En 2015, la hausse de l’IPC s’est établie à 1,1 % comparative-
ment à 2,0 % en 2014, à cause de la baisse du prix de l’essence.
Les consommateurs ont payé 16,5 % de moins pour l’essence
en 2015 qu’en 2014 ; c’est la baisse la plus marquée depuis
2009. Si on exclut l’essence, la hausse de l’IPC a été de 2,0 %
en 2015.

Les prix ont augmenté dans sept des huit catégories en 2015.
Seule la catégorie « Transports » a connu un recul de l’ordre de
3,0 %. Les prix des aliments ont progressé de 3,7 %, en raison
de la hausse de 15,1  % du prix du bœuf et de la hausse de
8,1 % du prix des légumes frais.

Les prix de la catégorie « Dépenses courantes, ameublement


et équipement du ménage » ont connu une hausse de 2,7 %,
attribuable à l’augmentation de 4,0 % des prix des appareils
électroménagers et de l’augmentation de 3,1 % des prix des
meubles ; c’est la hausse la plus marquée depuis 1999.

Le coût du logement était en hausse de 1,1  % en 2015


Au cours de 2015, le prix de l’essence vendue à la pompe n’a cessé de baisser au Canada.
comparativement à 2,7  % en 2014. Cette décélération est
attribuée à la diminution de 19,1 % du prix du mazout et de la
baisse de 6,4 % de celui du gaz naturel.

a) Parmi les huit catégories du panier de l’IPC, lesquelles ont


connu une augmentation des prix en 2015 ?
b) Quelle a été la variation des prix de chacune des
catégories du panier de l’IPC mentionnées ci-dessus ?
Expliquez votre réponse.
c) Quelle catégorie a contribué à la faible hausse de l’IPC en
2015 ? Expliquez votre réponse.
d) Si votre salaire a progressé de 1,9 % en 2015, calculez
son augmentation réelle en tenant compte de la hausse
de l’IPC.

11. Statistique Canada, «Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2015», Le Quo-
tidien, 22 janvier 2016, http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/160122/dq160122c-fra.htm
(page consultée le 3 mai 2016).
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 129

MOTS CLÉS
Chômage, 120 Salaire nominal, 114
Chômage cyclique (ou conjoncturel), 121 Salaire réel, 114
Chômage frictionnel, 121 Taux d’activité, 119
Chômage saisonnier, 121 Taux d’emploi, 119
Chômage structurel, 121 Taux d’inflation, 111
Coût de la vie, 108 Taux d’intérêt nominal, 115
Déflation, 111 Taux d’intérêt réel, 115
Indice des prix à la consommation (IPC), 108 Taux de chômage, 120
Inflation, 111 Taux de chômage naturel, 122
Période de base de l’IPC, 108 Travailleur à temps partiel, 120
Plein-emploi, 122 Travailleur à temps partiel involontaire, 120
Population active, 118 Travailleur à temps plein, 120
Population en âge de travailler, 118 Travailleur découragé (ou chercheur d’emploi découragé), 120
130 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PARTIE 3
CHAPITRE 6
COMPRENDRE LA LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES
MACROÉCONOMIE

PEUT-ON
PRÉVOIR
L’AVENIR ?
VIVRONS-NOUS LES EFFETS D’UNE BAISSE OU
D’UNE HAUSSE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ?
Comment le savoir ?
L’économie peut se comparer à un océan qu’on regarde
sur la plage à marée montante. Même si on sait que, de
manière générale, la mer est en train de monter, ce qu’on
remarque surtout, c’est qu’elle monte et descend au gré
des vagues qui vont et viennent. À long terme, notre
niveau de vie s’élève, et le coût de la vie augmente
constamment. Pourtant, à court terme, le PIB réel, l’em-
ploi et le niveau des prix augmentent et diminuent au gré
des fluctuations économiques. Comme le flux et le reflux
des vagues, ces fluctuations si répétitives à première vue
sont en réalité difficiles à prévoir, car ce ne sont jamais
exactement les mêmes, ni en force ni en durée.
Pourquoi notre économie ne progresse-t-elle pas de
façon constante ? Qu’est-ce qui explique les fluctua-
tions cycliques de la production, de l’emploi et du
niveau des prix ? Pour répondre à ces questions, nous
étudierons un modèle macroéconomique qui permet
de prévoir les variations du PIB réel et du niveau des
prix, soit le modèle de la demande et de l’offre agré-
gées, et d’ainsi mieux comprendre les hauts et les bas
de l’activité économique.

COUP D’ŒIL
SOMMAIRE

6.1 SUR LE PASSÉ


Les fluctuations Les récessions au Canada 6.2 6.3
économiques depuis 1926 La demande agrégée L’offre agrégée

p. 132 p. 134 p. 135 p. 141


CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 131

SAVOIR-FAIRE
1 Décrire les phases du cycle économique
2 Expliquer les facteurs susceptibles
d’influer sur la demande agrégée
3 Expliquer les facteurs susceptibles
d’influer sur l’offre agrégée
4 Expliquer comment l’offre et la demande
agrégées déterminent le PIB réel et le
niveau des prix et décrire les différents
types d’équilibre macroéconomique

VOS OUTILS NUMÉRIQUES


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COUP D’ŒIL
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
6.4 L’évolution de l’équilibre
L’équilibre PEUT-ON macroéconomique du Le chapitre 6
macroéconomique PRÉVOIR L’AVENIR ? Québec depuis 1981 en bref

p. 146 p. 147 p. 152 p. 154


132 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

6.1 LES FLUCTUATIONS ÉCONOMIQUES


Tout le monde connaît ces phénomènes physiques très courants que sont les cycles. Le
passage quotidien du jour à la nuit et de la nuit au jour, le va-et-vient de la balle de tennis
sur le court et les hauts et les bas de la balançoire à laquelle l’enfant donne une impulsion
en sont autant d’exemples familiers. Dans les trois cas, il y a fluctuation – c’est-à-dire
alternance de mouvements en sens contraire.
Bien qu’aucune de ces trois comparaisons ne soit parfaite, chacun de ces phénomènes
cycliques comporte un aspect qui nous aide à comprendre ce que sont les cycles écono-
miques. Comme les cycles jour-nuit, ils peuvent se reproduire indéfiniment. Comme la
balle de tennis, l’économie reçoit des impulsions qui la propulsent dans une direction ou
l’autre. Enfin, comme pour la balançoire, une impulsion lui imprime un mouvement dont
l’intensité diminue peu à peu jusqu’à ce qu’une nouvelle impulsion la relance.
Dans ce chapitre, nous verrons que les fluctuations cycliques de l’économie s’expliquent,
elles aussi, par les chocs intérieurs ou extérieurs que reçoivent la demande globale et l’offre
globale – ou, comme le disent les économistes, la demande agrégée (DA) et l’offre agrégée
(OA). Commençons par nous intéresser de plus près au cycle économique.

LE CYCLE ÉCONOMIQUE
Cycle économique On appelle cycle économique la fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité
Fluctuation périodique économique. Le cycle économique comporte deux phases, une d’expansion et une de
mais irrégulière de l’activité
économique caractérisée par récession, et deux points de retournement, un sommet (le plus fort niveau d’activité
deux phases – une expansion économique atteint durant le cycle) et un creux (le plus faible niveau d’activité écono-
(qui inclut une phase de reprise)
et une récession – et par deux mique atteint durant le cycle). Le niveau d’activité économique se mesure principalement
points de retournement – par le niveau du PIB réel par habitant et par le niveau de l’emploi.
un sommet et un creux.
La phase d’expansion du cycle débute à un creux et prend fin à un sommet ; elle se
Expansion
Phase du cycle économique
caractérise par une accélération soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit
caractérisée par une par une augmentation du PIB réel et de l’emploi. Toute phase d’expansion commence
accélération soutenue de par une période de reprise, qui part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité écono-
l’activité économique, laquelle
se traduit par l’augmentation mique soit revenue au niveau du sommet précédent.
du PIB réel par habitant et de
l’emploi ; débute à un creux et
La phase de récession se caractérise par
prend fin à un sommet ; inclut un ralentissement soutenu de l’activité éco-
une période de reprise. nomique, lequel se traduit par la diminution
Reprise du PIB réel et de l’emploi ; elle débute à un
Dans la phase d’expansion du
cycle économique, période qui
sommet et prend fin à un creux.
part du creux et dure jusqu’à ce Notons qu’il n’existe aucune définition
que l’activité économique soit
revenue au niveau du sommet précise de ce qu’est une récession. La règle
précédent. souvent citée dans les médias et les manuels
Récession voulant qu’une économie soit technique-
Phase du cycle économique ment en récession lorsque le PIB réel baisse
caractérisée par un
ralentissement soutenu de durant deux trimestres consécutifs n’est
l’activité économique, lequel se pas fondée. Il peut survenir une baisse de
traduit par la diminution du PIB
réel par habitant et de l’emploi ;
l’activité économique sur un ou deux tri-
débute à un sommet et prend mestres sans que nous soyons en récession.
fin à un creux. Il faut prendre en compte d’autres indica-
teurs, comme ceux du marché du travail.
Une baisse significative et généralisée du
PIB réel sur plusieurs mois accompagnée
d’une hausse du taux de chômage au même
moment est un indicateur annonçant
une récession.
Durant une phase d’expansion économique, la construction est en plein essor,
et les emplois abondent. Durant une récession, les files de chômeurs s’allongent.
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 133

La figure 6.1 illustre les phases et les tournants d’un cycle économique complet. Elle
montre que la durée d’un cycle économique complet correspond au temps écoulé d’un
sommet au sommet suivant (ici, de l’an 2 à l’an 8), ou d’un creux au creux suivant (ici,
de l’an 4 à l’an 10). Le temps écoulé entre le creux et le sommet donne la durée de la
phase d’expansion ; le temps écoulé entre le sommet et le creux, la durée de la phase
de récession.
La durée des phases d’expansion et de récession varie d’un cycle à l’autre, de même
que leur ampleur – c’est-à-dire l’importance des variations de la production par habitant
et de l’emploi. Depuis 1926, année où l’ancêtre de Statistique Canada, le Bureau fédéral
de la statistique, a commencé à dresser un bilan mensuel de notre économie, le Canada
a traversé 14 récessions (voir le « Coup d’œil sur le passé », p. 134).

Figure 6.1 Les phases du cycle économique

PIB réel

Sommet Un cycle économique a deux phases


– une expansion et une récession –
et deux points de retournement
– un sommet et un creux. La phase
d’expansion débute à un creux et
Expansion Récession prend fin à un sommet ; elle commence
Sommet par une période de reprise, qui part du
Creux creux et dure jusqu’à ce que l’activité
économique soit revenue au niveau du
Reprise sommet précédent (ici, de l’an 4 à l’an
6). La phase de récession débute à un
Récession
sommet et prend fin à un creux. La
durée d’un cycle économique complet
correspond au temps écoulé d’un som-
Creux met au sommet suivant (ici, de l’an 2 à
l’an 8), ou d’un creux au creux suivant
0 2 4 6 8 10 (ici, de l’an 4 à l’an 10).
Année

LES FLUCTUATIONS ÉCONOMIQUES Saviez-vous que...


ET LE MODÈLE DE LA DEMANDE ET DE L’OFFRE « Au premier trimestre de l’année 2015,
AGRÉGÉES l’économie canadienne s’est contractée
Comme nous venons de le voir, si elle est généralement ascendante, de 6 millièmes. C’est un recul économique
la trajectoire du PIB réel n’est pas régulière ; à court terme, elle fluc- minuscule. Au second trimestre, elle s’est
tue. Comment expliquer ces fluctuations ? contractée de 5 millièmes. […] Ajoutons
Le modèle de la demande et de l’offre agrégées nous apprend que que toutes les provinces ne sont pas
l’économie reçoit des impulsions – des chocs – qui la propulsent dans touchées également. Les chiffres sont
une direction ou l’autre. On peut classer ces impulsions ou ces chocs
tirés vers le bas par l’Alberta et Terre-
Neuve1. » Est-ce que le Canada était en
en deux catégories, selon qu’ils touchent les intentions de dépenses (la
récession en 2015 ?
demande agrégée) ou les intentions de production (l’offre agrégée).
Comme nous le verrons dans le reste de ce chapitre, le modèle
RÉPONSE

Le recul du PIB réel n’était pas significatif, à


de la demande et de l’offre agrégées, ou modèle DA-OA, repose sur peine 0,6 %. Il n’était pas généralisé au sein de
l’économie puisque l’économie de 2 provinces
deux variables clés : sur 10 était en contraction. Sur la base de ces
• La production de biens et services de l’économie, données, nous ne pouvons pas conclure que le
Canada était en récession, mais nous pouvons
soit le PIB réel ; affirmer que la croissance économique a ralenti.
• Le niveau général des prix mesuré par
l’indice implicite des prix du PIB (IIP).

1. Jean-Denis Garon, « Le Canada en récession ? », Le journal de Montréal,


25  juillet 2015, www.journaldemontreal.com/2015/07/25/le-canada-en-reces-
sion (page consultée le 12 avril 2016).
134 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil
SUR LE PASSÉ

Les récessions au Canada depuis 1926


Le tableau ci-contre retrace le début et la fin de chacune Les récessions au Canada de 1926 à 2009
des 14  récessions qu’a connues le Canada depuis 1926. Récession Début Fin Durée
La plus longue et la plus grave du xxe  siècle, la Grande
1929-1933 Juin 1929 Février 1933 44 mois
Dépression, a sévi de juin 1929 à février 1933. Le taux de
1937-1938 Décembre 1937 Juin 1938 6 mois
chômage a culminé à 27 % (près du tiers de la population
1947-1948 Septembre 1947 Mars 1948 6 mois
active du Canada était sans travail), le PIB réel a connu une
chute historique de 30 %, et le niveau des prix a dégringolé 1949 Février 1949 Juillet 1949 5 mois
de 18 %. 1951 Juin 1951 Décembre 1951 6 mois
1953-1954 Avril 1953 Avril 1954 12 mois
Depuis, le Canada a connu 13 autres récessions d’ampleur 1957-1958 Avril 1957 Janvier 1958 9 mois
et de durée variables. Les récessions de 1981-1982 et de 1990- 1960-1961 Février 1960 Mars 1961 13 mois
1992 ont été les plus longues. La récession de 1981-1982 a été
1970 Mars 1970 Juin 1970 3 mois
la plus importante, avec une baisse de 4,9 % du PIB réel sur 15
1975 Janvier 1975 Mars 1975 2 mois
mois, alors que celle de 1990-1992, caractérisée par un double
creux, a été la plus longue, avec une durée de 24 mois et une 1980 Février 1980 Juin 1980 4 mois
baisse du PIB réel de 3,4  %. La dernière récession que nous 1981-1982 Juillet 1981 Octobre 1982 15 mois
venons de traverser, soit celle de 2008-2009, a vu le PIB réel 1990-1992 Avril 1990 Avril 1992 24 mois
chuter de 3,6 % et a duré 12 mois. Combien de récessions le 2008-2009 Novembre 2008 Novembre 2009 12 mois
Canada a-t-il connues dont la durée était de moins d’un an ?
Sources : Cross, P., « Sur la piste du cycle d’affaires : analyse mensuelle de l’économie à
Parmi celles-ci, laquelle a été la plus courte ? Statistique Canada de 1926 à 2001 », L’Observateur économique canadien, décembre 2001,
et Cross, P., « Étude spéciale : Revue de fin d’année : 2009 », L’Observateur économique
canadien, avril 2010.

6.1
1 Décrire les phases du cycle économique

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Dites si les manchettes suivantes annoncent une phase 2. Dites si les manchettes suivantes annoncent une phase
de récession ou d’expansion. de récession ou une phase d’expansion.
a) Encore une hausse du chômage en avril. a) Le chômage atteint son taux naturel.
b) Le taux d’utilisation des capacités de production dans b) Les marchés boursiers s’effondrent.
le secteur manufacturier est à son plus haut. c) Faute de contrats, plusieurs entreprises licencient
c) Hausse du coût du logement dans la plupart des des travailleurs.
grandes villes canadiennes. d) Malgré le plan de relance, la récession s’aggrave
d) Les entreprises rappellent leurs travailleurs licenciés. aux États-Unis.
e) Les ventes d’automobiles neuves s’effondrent. e) Le marché immobilier connaît ses meilleures années
f) L’éclatement de la bulle immobilière fait baisser le de la décennie.
prix des maisons, ce qui rend les consommateurs et f) Le PIB réel du Canada s’approche du PIB potentiel :
les investisseurs nerveux. l’inflation nous menace.
3. Un camarade de classe soutient que, grâce aux avancées
RÉPONSES de l’économique, les pays comme le Canada seront
1. Les manchettes (a), (e) et (f) annoncent une récession. Les manchettes (b), dorénavant à l’abri des récessions. Êtes-vous d’accord
(c) et (d) annoncent une phase d’expansion. avec cette affirmation ? Pourquoi ?
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 135

6.2 LA DEMANDE AGRÉGÉE


Les impulsions et les chocs que subit l’économie influent sur les intentions de dépenses
des consommateurs, des entreprises, des administrations publiques et des étrangers qui
désirent acheter nos produits. Autrement dit, ils influent sur la demande agrégée.
La demande agrégée exprime la relation entre la quantité demandée de PIB réel et Demande agrégée
le niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de Relation entre la quantité
demandée de PIB réel et le
dépenses restent constants. niveau des prix quand tous les
autres facteurs qui influent
Vous l’aurez deviné, la quantité demandée de PIB réel est la quantité totale de biens sur les intentions de dépenses
et services que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et les restent constants.
étrangers voudraient et pourraient acheter au pays à un niveau de prix donné et au cours Quantité demandée
d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs. de PIB réel
Quantité totale de
Pour bien comprendre la demande agrégée, nous passerons d’abord en revue ses biens et services que les
diverses composantes, ainsi que les facteurs qui influent sur elles. Puis, nous verrons consommateurs, les entreprises,
les administrations publiques
pourquoi le niveau général des prix influe sur les intentions de dépenses. Enfin, nous et les étrangers voudraient et
nous pencherons sur les facteurs qui modifient la demande agrégée. pourraient acheter au pays à un
niveau de prix donné et au cours
d’une période donnée, toutes
choses étant égales par ailleurs.
LES COMPOSANTES DE LA DEMANDE AGRÉGÉE
Au chapitre 4, lorsque nous avons étudié le calcul du PIB canadien par la méthode des
dépenses, nous avons vu que la dépense agrégée se compose des quatre types de
dépenses que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et les
étrangers ont effectuées au Canada au cours de la période, soit :
• Les dépenses de consommation (C) ;
• L’investissement privé brut (Ib) ;
• Les dépenses totales des administrations publiques (G) ;
• Les exportations nettes de biens et de services (XN).
On avait alors :

PIB = Dépense agrégée = C + Ib + G + XN


Nous venons aussi de voir que la demande agrégée est la quantité demandée de PIB
réel – soit la somme des dépenses en biens et services que les consommateurs, les entre-
prises, les administrations publiques et les étrangers ont l’intention de faire au Canada
– à chaque niveau de prix, toutes choses étant égales par ailleurs.
La demande agrégée (DA) est donc égale à la dépense agrégée planifiée – soit à la
somme des quatre composantes de la dépense agrégée auxquelles on ajoute l’exposant p
pour indiquer qu’il s’agit de dépenses planifiées, et non de dépenses déjà effectuées
comme dans le calcul du PIB – à chaque niveau de prix, toutes choses étant égales par
ailleurs. Autrement dit,

DA = Cp + Ibp + Gp + XNp
Plusieurs facteurs influent sur les intentions de dépenses. Pour étudier la demande
agrégée, on les divise en deux catégories : le niveau des prix et tous les autres facteurs.
Nous verrons d’abord l’effet du niveau des prix sur les intentions de dépenses, puis nous
étudierons l’effet des autres facteurs.

LA DEMANDE AGRÉGÉE ET LA COURBE DA


La figure 6.2 (p. 136) montre une courbe de demande agrégée, DA. Le long de cette
courbe, un seul des facteurs qui influent sur les intentions de dépenses varie : le niveau
des prix. Une hausse du niveau général des prix réduit la quantité demandée de PIB réel
et entraîne un mouvement vers le haut le long de la courbe de demande agrégée.
136 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Inversement, une baisse du niveau général des prix accroît la quantité demandée de PIB
réel et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande agrégée.
La courbe de demande agrégée est une relation négative, ce qui s’explique par deux
phénomènes :
• L’effet de richesse ;
• Les effets de substitution.

Figure 6.2 Une variation de la quantité demandée de PIB réel

Niveau des prix (IIP, 2007 = 100)


140
1
Une hausse
130 du niveau des prix
réduit la quantité
demandée de PIB réel.
La courbe de demande agrégée (DA)
120
montre la relation entre la quantité
demandée de PIB réel et le niveau des
prix quand tous les autres facteurs qui
110 influent sur les intentions de dépenses
restent constants. La quantité deman-
2 dée de PIB réel 1 diminue quand le
Une baisse
100 du niveau des prix
niveau des prix monte et 2 augmente
accroît la quantité quand le niveau des prix baisse.
demandée de PIB réel.
DA
90

0 850 900 950 1000 1050 1100 1150


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

L’effet de richesse
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le niveau des prix augmente, plus la richesse
réelle diminue. La richesse réelle correspond à la valeur des actifs monétaires des gens
(argent en banque, obligations, actions, REER, etc.), mesurée non pas en dollars, mais
en biens et services que ces actifs peuvent acheter – autrement dit, en pouvoir d’achat.
Une hausse du niveau des prix réduit la valeur réelle des actifs détenus et incite les gens
à la rétablir en réduisant leurs dépenses courantes et en épargnant davantage. Une
hausse des prix entraîne donc une diminution de la quantité demandée de PIB réel.
Prenons l’exemple des intentions d’achat d’Anna, une étudiante qui vit à Moscou.
Anna a travaillé dur tout l’été et a réussi à épargner 20 000 roubles (le rouble est l’unité
monétaire de la Russie), qu’elle a l’intention d’utiliser pour payer des études supérieures
en économie. L’épargne d’Anna se chiffre donc à 20 000 roubles. Pendant l’année sco-
laire, Anna occupe un emploi à mi-temps, dont le revenu couvre ses dépenses courantes.
Mais voilà que le niveau des prix en Russie augmente de 10 %. Anna a maintenant besoin
de 22 000 roubles pour acheter ce qui coûtait auparavant 20 000 roubles. Pour compen-
ser en partie la perte de valeur de son épargne, Anna achète donc moins de biens et
services, et essaie de reconstituer ses économies.
Inversement, toutes choses étant égales par ailleurs, une baisse du niveau des prix
entraîne une augmentation de la quantité demandée de PIB réel. Prenons l’exemple des
intentions d’achat de Mika, une étudiante qui vit à Tokyo. Comme Anna, elle a travaillé
fort tout l’été, et elle a épargné 200 000 ¥ (le yen est l’unité monétaire du Japon), qu’elle
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 137

a l’intention d’utiliser pour payer des études supérieures en médecine. Or, voilà que le
niveau des prix au Japon baisse de 10 %. Comme 180 000 ¥ suffisent maintenant pour
acheter ce qui coûtait auparavant 200 000 ¥, Mika décide, en plus de payer des études
supérieures en médecine, de s’acheter un nouvel iPad.

Les effets de substitution


Deux types d’effets de substitution expliquent la relation négative entre la quantité
demandée de PIB réel et le niveau des prix.
LA SUBSTITUTION ENTRE LES BIENS ACTUELS ET LES BIENS FUTURS Toutes choses étant
égales par ailleurs, quand le niveau des prix monte, les taux d’intérêt montent aussi. La
raison est fort simple : les institutions financières désirent que les prêts qu’elles ont
consentis aux ménages et aux entreprises continuent à donner le même rendement
qu’avant la hausse des prix. Or, comme nous l’avons vu au chapitre 5, ce rendement est
le taux d’intérêt réel, soit le taux d’intérêt nominal moins le taux d’inflation. Lorsque le
niveau général des prix augmente, les institutions financières haussent donc le taux
d’intérêt nominal afin de maintenir le taux d’intérêt réel constant. Ces hausses de taux
d’intérêt augmentent le coût des biens financés par des emprunts, comme les biens
durables des ménages et les biens de capital des entreprises. Les hausses du taux d’in-
térêt nominal incitent donc les ménages et les entreprises à reporter ces achats, et la
quantité demandée de PIB réel diminue.
Pour bien comprendre l’effet d’une variation du taux d’intérêt sur la quantité deman-
dée de PIB réel, imaginez que vous décidez d’acheter une voiture d’occasion. Vous
empruntez 8 000 $ à la banque à un taux d’intérêt de 5 % sur 5 ans ; votre mensualité
sera alors de 150,97 $. Comme vous travaillez 20 heures par semaine, vous estimez être
en mesure de rembourser l’emprunt. Mais si le taux d’intérêt grimpe à 12 %, des men-
sualités de 177,96 $ vous sembleront peut-être trop élevées et vous inciteront alors à
reporter votre achat, lorsque le taux d’intérêt sera plus avantageux.
LA SUBSTITUTION ENTRE LES BIENS CANADIENS ET LES BIENS IMPORTÉS Supposons que,
toutes choses étant égales par ailleurs, le niveau des prix monte au Canada et ne varie
pas dans les autres pays. Les biens et services produits au Canada deviennent alors plus
chers que les biens et services produits à l’étranger, ce qui incite les gens à dépenser
moins en produits canadiens et davantage en produits étrangers. Par exemple, les étran-
gers achètent moins d’automobiles de fabrication canadienne (les exportations cana-
diennes diminuent) et les Canadiens achètent plus d’automobiles de fabrication étran-
gère (les importations canadiennes augmentent).
Si vous avez le choix entre un manteau d’hiver produit par Kanuk à Montréal à 450 $
et un manteau d’hiver produit par Columbia Sportswear aux États-Unis à 500 $, vous
choisirez très probablement le Kanuk. Mais si, à la suite d’une hausse des prix au Canada,
le Kanuk passe à 600 $ alors que le prix du manteau d’hiver américain reste inchangé, il
y a de fortes chances que votre prochain manteau d’hiver soit un Columbia Sportswear.

LES VARIATIONS DE LA DEMANDE AGRÉGÉE


La variation d’un des facteurs qui influent sur les intentions de dépenses autres que le
niveau des prix entraîne une variation de la demande agrégée. Quand cette dernière
augmente, la courbe de demande agrégée se déplace vers la droite ; ainsi, à la figure 6.3
(p. 138), elle se déplace de DA0 à DA1. Quand la demande agrégée diminue, la courbe de
demande agrégée se déplace vers la gauche ; ainsi, à la figure 6.3, elle se déplace de DA0
à DA2. Les facteurs qui modifient la demande agrégée sont les changements qui influent
sur les intentions de dépenses :
• Des consommateurs ;
• Des entreprises ;
• Des administrations publiques ;
• De nos partenaires commerciaux.
138 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 6.3 Les variations de la demande agrégée

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

130 1
Augmentation
de la demande
agrégée
120
Quand la demande agrégée augmente  1 ,
la courbe de demande agrégée se déplace
vers la droite de DA0 à DA1.
110
Quand la demande agrégée diminue  2 ,
la courbe de demande agrégée se déplace
2 vers la gauche de DA0 à DA2.
100
Diminution
de la demande DA1
agrégée
DA0
90
DA2

0 850 900 950 1 000 1 050 1 100 1 150


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

Les intentions de dépenses des consommateurs


Les intentions de dépenses des consommateurs dépendent du niveau de revenu dispo-
nible dont ils jouissent. Lorsque le revenu disponible augmente, une petite partie de
l’augmentation est consacrée à l’épargne, mais généralement, la plus grande partie est
consacrée à l’achat de biens et services divers. La demande de biens et services de
consommation augmente, entraînant avec elle une augmentation de la demande agré-
gée. Une baisse de l’impôt sur le revenu aurait pour effet d’augmenter le revenu dispo-
nible et, par ricochet, la demande agrégée.
Les variations des taux d’intérêt ont également une incidence importante sur les
intentions de dépenses des consommateurs, particulièrement en ce qui a trait aux achats
de biens durables (électroménagers, voitures, maison, etc.) achetés à crédit. La baisse
des taux d’intérêt des cartes de crédit, des emprunts personnels, des marges de crédit
et des prêts hypothécaires incite les consommateurs à accroître leurs achats de biens
durables, et augmente donc la demande agrégée.
Les anticipations affectent également les intentions de dépenses des consommateurs.
L’anticipation d’une hausse du revenu augmente la quantité de biens de consommation
(en particulier la demande de biens durables) que les gens ont l’intention d’acheter
immédiatement, et accroît la demande pour ces biens. De même, l’anticipation d’une
hausse de l’inflation modifie les intentions des consommateurs : les gens décident d’ache-
ter plus de biens et services dès maintenant, avant la hausse des prix, puis la demande
agrégée augmente. À l’inverse, l’anticipation d’une baisse du revenu ou des prix incite
les consommateurs à reporter à plus tard leurs achats de biens et services, puis la
demande agrégée diminue.

Les intentions de dépenses des entreprises


Le profit anticipé est la variable qui influe le plus sur les investissements en capital
(machinerie, outillage, équipement et immobilisations) projetés des entreprises. Les
entreprises n’investissent pas pour obtenir un gain immédiat, mais pour les bénéfices
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 139

escomptés dans les périodes à venir. L’anticipation d’une augmentation du profit aug-
mente les investissements que les entreprises ont l’intention de faire immédiatement et
accroît la demande agrégée.
Les entreprises financent leurs investissements en capital en utilisant leurs capitaux
propres (les bénéfices non distribués) ou en effectuant des emprunts sur les marchés
financiers. Une diminution de l’impôt sur les bénéfices des sociétés ou une diminution
des taux d’intérêt est de nature à encourager les entreprises à investir davantage, ce qui
stimule la demande agrégée.

Les intentions de dépenses des administrations publiques


Les intentions de dépenses des administrations publiques, comme nous le verrons au
prochain chapitre, ne sont jamais plus clairement exprimées que lors du dépôt de leurs
budgets. Lorsque les administrations publiques décident d’augmenter leurs dépenses
courantes en biens et services ou d’augmenter leurs investissements publics (écoles,
routes, ponts, etc.), la demande agrégée augmente, l’augmentation de la demande du
secteur public en biens et services s’ajoutant à la demande du secteur privé.

Les intentions de dépenses de nos partenaires commerciaux


Le taux de change et le niveau de revenu réel de nos partenaires commerciaux sont les
deux principaux facteurs qui inf luent sur leurs intentions d’acheter des produits
canadiens.
Le taux de change du dollar canadien indique le Saviez-vous que...
nombre d’unités de monnaie étrangère qu’on peut se
procurer avec un dollar canadien. Toutes choses étant « À la mi-janvier [2016], si un Québécois avait
égales par ailleurs, une augmentation du taux de change loué une petite maison à Old Orchard au coût de
diminue la demande agrégée. 1 000 $ US pour une semaine, il l’aurait payée 1 455 $
CA une fois le taux de change effectué. Hier [15 avril
Pour comprendre comment le taux de change influe
2016], la même maison […] lui aurait coûté 1 282 $.
sur la demande agrégée, supposez que le dollar vaut
C’est grâce à la valeur du dollar canadien, […],
0,90  € et qu’un téléphone Nokia fabriqué en Finlande
passant de 68,69 ¢ US à 78,38 ¢ US2. » Est-ce que cet
coûte 160 €, alors qu’un BlackBerry fabriqué au Canada
événement a un effet sur la quantité demandée de
coûte 200 $, soit l’équivalent de 180 €. Dans ces condi-
PIB réel ou la demande agrégée du Québec ?
tions, les gens de partout choisissent le modèle fabriqué
en Finlande, qui est le moins cher. Supposons maintenant
RÉPONSE

L’augmentation du taux de change du dollar canadien affecte à la


que le taux de change du dollar canadien tombe à 0,70 €. baisse le coût des vacances aux États-Unis pour les Québécois, mais
Le téléphone Nokia coûte maintenant environ 230 $ et à la hausse le coût des vacances au Québec pour les Américains. Les
Québécois seront plus nombreux à se rendre en vacances aux États-
devient plus cher que le BlackBerry. Les gens délaissent Unis, et l’inverse pour les Américains qui passeront leurs vacances au
donc le téléphone finlandais Nokia au profit du BlackBerry Québec. Les exportations diminuent et les importations augmentent,
et la demande agrégée du Québec diminue.
canadien. Les exportations canadiennes augmentent, les
importations canadiennes diminuent, et la demande agré-
gée canadienne augmente.
Comme le Canada exporte un fort pourcentage de sa production, les conditions éco-
nomiques dans le reste du monde (et en particulier aux États-Unis) ont une forte
influence sur la demande agrégée au Canada. Une augmentation du revenu réel aux
États-Unis augmente la demande des Américains pour les produits canadiens, si bien
que nos exportations augmentent et que la demande agrégée suit.
Refaites l’analyse que nous venons de faire pour montrer comment les changements
des variables retenues peuvent entraîner une baisse de la demande agrégée, puis com-
parez vos réponses avec l’information de la colonne de droite du tableau 6.1 (p. 140), où
les facteurs qui influent sur la demande agrégée sont résumés.

2. Stéphan Dussault, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le Journal de Montréal,
jeudi 14 avril 2016, www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moins-cheres-avec-
lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016).
140 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Tableau 6.1 Les variations de la demande agrégée


La demande agrégée augmente lorsque… La demande agrégée diminue lorsque…
1. Les consommateurs augmentent leurs achats de biens 1. Les consommateurs diminuent leurs achats de biens
et services par suite : et services par suite :
− d’une hausse de leur revenu disponible ; − d’une baisse de leur revenu disponible ;
− d’une baisse des impôts sur le revenu des particuliers ; − d’une hausse des impôts sur le revenu des particuliers ;
− d’une baisse des taux d’intérêt ; − d’une hausse des taux d’intérêt ;
− de l’anticipation d’une hausse de leur revenu ou des prix. − de l’anticipation d’une baisse de leur revenu ou des prix.
2. Les entreprises augmentent leurs investissements par suite : 2. Les entreprises diminuent leurs investissements par suite :
− d’une hausse des profits anticipés ; − d’une baisse des profits anticipés ;
− d’une baisse des taux d’intérêt ; − d’une hausse des taux d’intérêt ;
− d’une baisse des impôts sur les profits des entreprises. − d’une hausse des impôts sur les profits des entreprises.
3. Les administrations publiques augmentent leurs dépenses : 3. Les administrations publiques diminuent leurs dépenses :
− en biens et services courants ; − en biens et services courants ;
− en investissements publics. − en investissements publics.
4. Nos partenaires commerciaux achètent plus de biens 4. Nos partenaires commerciaux achètent moins de biens
et services produits au Canada par suite : et services produits au Canada par suite :
− d’une baisse du taux de change ; − d’une hausse du taux de change ;
− d’une hausse de leur revenu réel. − d’une baisse de leur revenu réel.

6.2
2 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur la demande agrégée

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Expliquez l’effet à court terne de chacun des événements 2. Expliquez l’effet à court terme de chacun des événements
suivants pris isolément sur la demande agrégée du Canada. suivants pris isolément sur la demande agrégée du Japon.
a) Le niveau des prix monte au Canada. a) Le niveau des prix reste constant au Japon alors
b) La richesse réelle des Canadiens diminue à cause qu’il monte chez ses partenaires commerciaux.
d’une forte inflation. b) À court terme, les taux d’intérêt au Japon diminuent.
c) Les États-Unis, son principal partenaire commercial, c) Les autres pays d’Asie sont en récession.
connaissent une forte croissance économique. d) Les pays d’Asie connaissent une très forte croissance.
d) L’Union européenne entre en récession. e) Le yen prend de la valeur par rapport aux autres
e) Le gouvernement canadien augmente ses dépenses devises.
en infrastructures. f) Le gouvernement japonais réduit les impôts sur
f) Les taux d’intérêt baissent au Canada. le revenu des particuliers.

RÉPONSES
1. a) Comme le niveau des prix augmente plus vite au Canada que chez e) Les investissements publics augmentant, la demande agrégée
ses partenaires commerciaux, le coût relatif des exportations augmentera, et la courbe de demande agrégée se déplacera vers la
canadiennes augmente. Les autres pays achètent moins de produits droite (de DA0 à DA1 à la figure 2).
canadiens, et la quantité demandée de PIB réel canadien diminue, f) Une baisse des taux d’intérêt augmentera la demande agrégée, et la
mais la demande agrégée reste constante ; il y a un mouvement vers courbe de demande agrégée se déplacera vers la droite (de DA0 à DA1
le haut le long de la courbe de demande agrégée (figure 1). à la figure 2).
b) Une baisse de la richesse réelle des Canadiens réduit la quantité
demandée de PIB réel ; il y a un mouvement vers le haut le long de la Figure 1 Figure 2
courbe DA (figure 1). Niveau des prix Niveau des prix
c) La croissance économique aux États-Unis accroît la demande de
produits canadiens et donc la demande agrégée du Canada. La
courbe de demande agrégée se déplace vers la droite (de DA0 à DA1 à
la figure 2).
d) Si l’Union européenne entre en récession, la demande européenne DA1
de produits canadiens baissera. Le Canada verra ses exportations et DA DA0
sa demande agrégée diminuer. La courbe de demande agrégée se DA2

déplacera vers la gauche (de DA0 à DA2 à la figure 2). 0 PIB réel 0 PIB réel
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 141

6.3 L’OFFRE AGRÉGÉE


Les impulsions et les chocs que subit l’économie n’influent pas seulement sur les inten-
tions de dépenses des consommateurs, des entreprises, des administrations publiques
et des étrangers qui désirent acheter nos produits. Ils influent aussi sur les décisions de
production des entreprises, c’est-à-dire sur l’offre agrégée.
Le terme offre agrégée exprime la relation entre la quantité offerte de PIB réel et le Offre agrégée
niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de produc- Quantité offerte de PIB réel à
chaque niveau des prix quand
tion restent constants. tous les autres facteurs qui
influent sur les intentions de
La quantité offerte de PIB réel est la quantité totale de biens et services que les production restent constants.
entreprises voudraient et pourraient produire au pays à un niveau de prix donné et au
Quantité offerte de PIB réel
cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par ailleurs. On parle de « quan- Quantité totale de biens et
tité offerte de PIB réel » parce que cette quantité se mesure en PIB réel. Quant au niveau services que les entreprises
voudraient et pourraient
général des prix, il se mesure par l’indice implicite des prix du PIB. produire à un niveau général
des prix donné et au cours d’une
période donnée, toutes choses
L’OFFRE AGRÉGÉE ET LA COURBE OA étant égales par ailleurs.

La figure 6.4 montre la courbe d’offre agrégée – la courbe OA. Le long de la courbe OA,
tous les facteurs qui influent sur les intentions de production des entreprises, autres que
le niveau des prix, restent constants.
Si tous les facteurs qui influent sur les intentions de production des entreprises,
autres que le niveau des prix, restent constants, la quantité offerte de PIB réel diminue
(mouvement vers le bas le long de la courbe OA) lorsque le niveau des prix baisse, et
augmente lorsque le niveau des prix monte (mouvement vers le haut le long de la
courbe OA).

Figure 6.4 L’offre agrégée

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140
1
Une baisse
du niveau des prix
130 réduit la quantité
offerte de PIB réel.
La courbe d’offre agrégée OA montre
OA la relation entre la quantité offerte
120
de PIB réel et le niveau des prix
quand tous les facteurs qui influent
sur les intentions de production des
110 2 entreprises, autres que le niveau des
Une hausse
du niveau des prix prix, restent constants. La quantité
accroît la quantité offerte de PIB réel 1 diminue
100 offerte de PIB réel. quand le niveau des prix baisse et
2  augmente quand le niveau des
prix monte.

90

0 850 900 950 1 000 1 050 1 100 1 150


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)
142 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Pourquoi la courbe d’offre agrégée est-elle une relation positive ?


Pourquoi la quantité offerte de PIB réel augmente-t-elle quand le niveau des prix monte,
et pourquoi diminue-t-elle quand le niveau des prix baisse ? Parce qu’un mouvement le
long de la courbe d’offre agrégée entraîne une variation du salaire réel. Si le niveau des
prix monte et que le salaire nominal reste constant, le salaire réel baisse ; inversement,
si le niveau des prix baisse et que le salaire nominal reste constant, le salaire réel monte.
Supposons par exemple que Microsoft a convenu avec ses programmeurs d’un salaire
de 200 $ l’heure. Microsoft vend ses logiciels Windows 100 $ l’unité aux fabricants d’or-
dinateurs (comme Dell). Le salaire horaire réel d’un programmeur est égal à deux logi-
ciels Windows. Autrement dit, Microsoft doit vendre deux logiciels Windows pour ache-
ter une heure de travail de programmation. Supposons maintenant que le prix d’un
logiciel Windows descend à 50 $. Le salaire horaire réel d’un programmeur est mainte-
nant égal à quatre logiciels Windows ; Microsoft doit vendre quatre logiciels pour acheter
une heure de travail de programmation supplémentaire.
Si le prix du logiciel Windows avait monté, s’il était passé à 200 $ l’unité, par
exemple, le salaire horaire réel d’un programmeur serait tombé à un logiciel Windows,
et Microsoft n’aurait eu qu’à vendre un logiciel pour acheter une heure de travail de
programmation.
Une variation du salaire horaire réel signifie que le coût du travail varie par rapport
aux recettes que génère une heure de travail, ce qui modifie le profit de l’entreprise. Une
hausse du salaire réel réduit le profit de l’entreprise, et une baisse du salaire réel l’aug-
mente. Une variation du salaire réel et du profit peut avoir l’une ou l’autre des consé-
quences suivantes :
• La disparition ou la création d’entreprises ;
• L’interruption ou la reprise de la production ;
• La variation, à la hausse ou à la baisse, du niveau de production.
LA DISPARITION OU LA CRÉATION D’ENTREPRISES Tous les jours, des entreprises ferment
leurs portes et d’autres les ouvrent. Cette variation du nombre d’entreprises modifie le
PIB réel, et le niveau des prix influe sur le nombre d’entreprises à court terme.
Les gens créent des entreprises pour réaliser un profit. Quand les profits augmentent,
plus d’entreprises se créent et moins d’entreprises disparaissent, de sorte que le nombre
total d’entreprises augmente. Quand les profits baissent ou qu’il y a des pertes, c’est
le contraire.
Le niveau des prix relatif – c’est-à-dire le niveau des prix par rapport au niveau des
salaires et aux autres coûts de l’entreprise – influe sur le nombre total d’entreprises. Si
le niveau des prix monte par rapport aux coûts, les profits augmentent, et le nombre
total d’entreprises s’accroît, de même que la quantité offerte de PIB réel. Par contre, si
le niveau des prix baisse par rapport aux coûts, les profits diminuent, et le nombre total
d’entreprises baisse, de même que la quantité offerte de PIB réel.
Les fermetures d’entreprises peuvent avoir un effet domino. Parce qu’elle exerce une
pression sur ses fournisseurs et sur ses clients, la fermeture d’une firme peut entraîner
une série d’autres fermetures ainsi qu’une forte baisse de la quantité offerte de PIB réel.
Ainsi, la fermeture de l’usine Electrolux à L’Assomption, en 2012, a entraîné une perte
de 1 300 emplois directs et de milliers d’emplois indirects pour la région de Lanaudière.
Plusieurs fournisseurs dont Electrolux était le seul client ont dû fermer leurs portes, et
d’autres ont dû ralentir leur rythme de production et faire des mises à pied.
L’INTERRUPTION OU LA REPRISE DE LA PRODUCTION Une entreprise qui essuie une perte
dans l’immédiat peut entrevoir un profit dans l’avenir. Plutôt que de fermer définitive-
ment ses portes, elle peut alors décider de suspendre temporairement ses activités et de
mettre ses employés à pied.
Le niveau des prix par rapport aux coûts influe sur la décision d’interrompre ou de
reprendre la production. Si le niveau des prix monte par rapport aux coûts, moins
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 143

d’entreprises interrompent leur production, et certaines recommencent à produire ; dans


ce cas, le nombre total d’entreprises en activité augmente, ainsi que la quantité offerte
de PIB réel. Par contre, si le niveau des prix baisse par rapport aux coûts, un plus grand
nombre d’entreprises, jugeant leurs gains insuffisants pour payer les salaires et autres
coûts, décident d’interrompre temporairement leur production ; dans ce cas, la quantité
offerte de PIB réel diminue.
LES VARIATIONS DU NIVEAU DE PRODUCTION Le niveau des prix par rapport aux coûts
influe même sur les entreprises encore profitables qui restent en activité. Pour augmen-
ter la production, une entreprise doit embaucher plus de main-d’œuvre, ce qui est pro-
fitable si le travail supplémentaire rapporte plus que ce qu’il coûte. Si le niveau des prix
monte et que le salaire nominal ne varie pas, une heure de travail supplémentaire
devient alors profitable. Donc, quand le niveau des prix monte et que le salaire nominal
ne varie pas, la quantité demandée de travail augmente, et la production s’accroît. Par
conséquent, la quantité offerte de PIB réel augmente.

LES VARIATIONS DE L’OFFRE AGRÉGÉE


Nous avons vu à la figure 6.4 (p. 141) qu’une variation du niveau des prix modifie la
quantité offerte de PIB réel et entraîne un mouvement le long de la courbe d’offre agré-
gée. Cependant, elle ne modifie pas l’offre agrégée. La figure 6.5 montre qu’une augmen-
tation de l’offre agrégée déplace la courbe OA vers la droite de OA0 à OA1. Une diminution
de l’offre agrégée déplace la courbe OA vers la gauche de OA0 à OA2.

Figure 6.5 Les variations de l’offre agrégée

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140

130 OA2

OA0
120
Une augmentation de l’offre agrégée
OA1 1 déplace la courbe d’offre agrégée OA
vers la droite de OA0 à OA1. Une baisse
110
de l’offre agrégée 2 déplace la courbe
d’offre agrégée OA vers la gauche de
OA0 à OA2.
100

90

0 850 900 950 1000 1050 1100 1150


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)
144 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

L’offre agrégée varie quand il y a variation d’un des facteurs qui influent sur les
intentions de production, autre que le niveau des prix. Parmi ces autres facteurs, on
trouve :
• Les coûts de production :
− le salaire nominal ;
− les prix des matières premières utilisées ;
− le prix de l’énergie ;
• La productivité de la main-d’œuvre et du capital ;
• Les réglementations gouvernementales, comme les taxes ou les subventions ;
• D’autres perturbations.

Une variation des coûts de production


Qu’elle soit due à une variation du salaire nominal ou à une variation du coût des matières
premières ou de l’énergie, toute variation du coût de production de l’entreprise modifie
l’offre agrégée. Lorsque le salaire nominal diminue, ou que le prix des matières premières
s’effondre, ou encore que le prix de l’énergie faiblit, le coût de production des entreprises
diminue, et la quantité que ces dernières sont prêtes à offrir augmente, et ce, à chaque
niveau de prix. Pourquoi ? Si le niveau général des prix est constant et que les coûts des
entreprises diminuent, alors les profits augmentent, et les entreprises révisent leurs
intentions de production à la hausse. En d’autres termes, une baisse du coût de produc-
tion augmente l’offre agrégée. La figure 6.5 (p. 143) montre les effets d’une baisse des
coûts de production sur l’offre agrégée. Au départ, la courbe d’offre agrégée à court terme
est OA0. Une baisse des coûts de production augmente l’offre agrégée et déplace la courbe
d’offre agrégée vers la droite jusqu’à OA1. La figure montre également qu’une hausse des
coûts de production diminuerait l’offre agrégée de OA0 à OA2.
Saviez-vous que...
Une variation de la productivité de la main-d’œuvre
« Depuis l’automne 2014, les prix du baril de pétrole et du capital
ont été divisés par quatre. […], le baril s’échangeait
Nous avons vu au chapitre 2 que le progrès technologique,
autour de 110 $ contre 28 $ aujourd’hui3. » Est-ce
c’est-à-dire la mise au point de nouveaux outils ou de nou-
que cet événement a un effet sur la quantité offerte
velles machines et de meilleures techniques de production,
de PIB réel ou sur l’offre agrégée au Québec ?
accroît la productivité du capital en permettant de produire
plus à moindre coût. De même, l’accroissement du capital
RÉPONSE

Le pétrole est une matière première servant à produire une multitude


de produits, du plastique à l’essence en passant par le nylon et humain, c’est-à-dire l’amélioration de la qualité du travail
le polyester. Lorsque son prix baisse, les coûts de production des qui résulte de l’instruction, de la formation sur le terrain
entreprises québécoises qui utilisent cette matière première ou ses
produits dérivés, comme l’essence pour le transport ou le mazout et de l’expérience de travail, permet aussi de produire plus
pour le chauffage, diminuent. La baisse des coûts de production à moindre coût. Ces gains en productivité ont le même effet
augmentera l’offre agrégée du Québec.
qu’une baisse des coûts de production : ils augmentent
l’offre agrégée.

Les réglementations gouvernementales


Le gouvernement fédéral impose une taxe d’accise sur les climatiseurs des véhicules auto-
mobiles neufs importés ou produits au Canada. Les importateurs et les concessionnaires
d’automobiles sont tenus de payer la taxe d’accise lors de la livraison d’un véhicule neuf
à un acheteur. Une baisse de cette taxe d’accise a, pour le concessionnaire d’automobiles
comme pour l’importateur, le même effet qu’une baisse des coûts de production.
Les subventions accordées par l’État aux producteurs d’une industrie donnée ont
pour but d’éponger une partie des coûts de production, augmentant ainsi la rentabilité
de cette industrie tout en favorisant sa croissance. Les subventions ont donc le même
effet qu’une baisse des coûts de production. Lorsque le nombre de subventions ou les
montants accordés augmentent, l’offre agrégée augmente.

3. Guillaume A. CALLONICO, expert en géopolitique, « Causes et conséquences de la chute des prix du pé-
trole », Le Huffington Post, Québec, publié le 7 février 2016, mis à jour le 8 février 2016, http://quebec.
huffingtonpost.ca/monde68/chute-prix-petrole_b_9159566.html (page consultée le 15 avril 2016).
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 145

Le gouvernement peut aussi imposer de nouvelles normes de fabrication, qui


engendrent parfois une hausse des coûts de production et une baisse de l’offre agrégée
ou, au contraire, abolir certaines réglementations afin de réduire les coûts de production
des entreprises et d’augmenter l’offre agrégée.

D’autres perturbations
Des catastrophes naturelles ou un climat politique instable sont des exemples d’événe-
ments qui peuvent provoquer une interruption temporaire des activités des entreprises
et réduire l’offre agrégée. À l’inverse, des conditions climatiques favorables ou un climat
politique stable peuvent favoriser une hausse des activités des entreprises et de l’offre
agrégée.
Refaites l’analyse que nous venons de faire pour montrer comment les changements
de ces variables peuvent entraîner une baisse de l’offre agrégée, puis comparez vos
réponses avec l’information de la colonne de droite du tableau 6.2, où les facteurs qui
influent sur l’offre agrégée sont résumés.

Tableau 6.2 Les variations de l’offre agrégée


L’offre agrégée augmente lorsque… L’offre agrégée diminue lorsque…
1. Les coûts de production diminuent par suite : 1. Les coûts de production augmentent par suite :
− d’une baisse du salaire nominal ; − d’une hausse du salaire nominal ;
− d’une baisse des coûts des matières premières utilisées ; − d’une hausse des coûts des matières premières utilisées ;
− d’une baisse du prix de l’énergie. − d’une hausse du prix de l’énergie.
2. La productivité de la main-d’œuvre ou du capital augmente. 2. La productivité de la main-d’œuvre ou du capital diminue.
3. Le gouvernement modifie sa réglementation par suite : 3. Le gouvernement modifie sa réglementation par suite :
− d’une baisse de ses taxes ou de ses tarifs ; − d’une hausse de ses taxes ou de ses tarifs ;
− d’une hausse des subventions versées aux entreprises ; − d’une baisse de ses subventions versées aux entreprises ;
− de la mise en place de réglementations plus sévères.
− de l’abolition de certaines réglementations.
4. La production des entreprises augmente par suite : 4. La production des entreprises est interrompue par suite :
− de conditions climatiques favorables ; − de catastrophes naturelles ;
− d’un climat politique stable. − d’un climat politique instable.

La formation sur le terrain de


cet étudiant de Polytechnique
contribue à l’amélioration de la
qualité du travail et entraîne un
gain en productivité.
146 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

6.3
3 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur l’offre agrégée

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. En mars 2011, le Japon a été touché par un tsunami qui a 2. La fin de l’apartheid en Afrique du Sud a déclenché toute
ravagé le nord-est du pays. Ce tsunami a déclenché toute une série d’événements. Expliquez les effets de chacun
une série d’événements. Expliquez les effets de chacun des changements suivants sur l’offre agrégée de l’Afrique
des événements suivants sur l’offre agrégée du Japon. du Sud.
a) Le centre-ville de Fukushima a été dévasté, et de a) Des entreprises du monde entier ont ouvert des
nombreuses entreprises ont été détruites. succursales en Afrique du Sud.
b) Les équipementiers et constructeurs automobiles, b) Un plus grand nombre de Sud-Africains ont eu accès
comme Toyota et Nissan, ont dû interrompre leurs à l’instruction.
activités. c) La fin des sanctions économiques permet à
c) Le pays est frappé de nombreuses coupures l’Afrique du Sud d’importer davantage de ressources
d’électricité à la suite de l’explosion de la centrale de l’étranger.
nucléaire de Fukushima. d) Le tourisme a augmenté, et on a construit
d) Le gouvernement japonais met en place toute une de nombreux hôtels.
série de mesures pour maintenir les travailleurs âgés e) La prévalence du sida a diminué.
sur le marché du travail.
e) Les entreprises étrangères bénéficient d’une
subvention si elles implantent leur siège social
régional au Japon.

RÉPONSES
1. a) La fermeture des entreprises a entraîné la baisse de la quantité e) La subvention destinée aux entreprises étrangères permet d’augmenter
offerte de PIB réel au niveau des prix courants. La courbe d’offre le nombre d’entreprises au Japon, la production augmente et a pour
agrégée s’est déplacée vers la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1). effet de déplacer la courbe d’offre agrégée vers la droite (de OA0 à OA2 à
b) Les équipementiers et constructeurs automobiles ayant interrompu la figure 2).
leurs activités, la production a diminué, et la quantité offerte de PIB
réel au niveau des prix courants a baissé. La courbe d’offre agrégée Figure 1 Figure 2
s’est déplacée vers la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1). Niveau des prix Niveau des prix

c) Les pannes d’électricité réduisent la quantité offerte de PIB réel au OA1


OA0 OA0
niveau des prix courants. La courbe d’offre agrégée s’est déplacée vers
OA2
la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1).
d) Comme les employeurs auront à leur disposition un plus grand
nombre de travailleurs qualifiés, la production augmente, et la courbe
d’offre agrégée s’est déplacée vers la droite (de OA0 à OA2 à la figure 2).

0 PIB réel 0 PIB réel

6.4 L’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE


Équilibre macroéconomique La demande et l’offre agrégées déterminent le PIB réel et le niveau des prix. L’équilibre
Situation où la quantité macroéconomique survient quand la quantité demandée de PIB réel est égale à la quan-
demandée de PIB réel est
égale à la quantité offerte de tité offerte de PIB réel à l’intersection des courbes DA et OA. La figure 6.6 montre un tel
PIB réel à l’intersection des équilibre à un niveau des prix de 110 et à un PIB réel de 1 000 G$.
courbes de demande agrégée
et d’offre agrégée. Pour comprendre pourquoi cette position indique l’équilibre, voyons ce qui se passe
si le niveau des prix est différent de 110. Supposons, par exemple, qu’il est de 120 et que
le PIB réel est de 1 100 G$ (point E sur la courbe OA). Comme la quantité demandée de
PIB réel est inférieure à 1 100 G$, les entreprises n’arrivent pas à vendre toute leur
production, et les stocks s’accumulent. Les entreprises réduisent donc à la fois leur pro-
duction et leurs prix jusqu’à ce qu’elles réussissent à écouler toute leur production, ce
qui ne se produit qu’à un PIB réel de 1 000 G$ et à un niveau des prix de 110.
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 147

Figure 6.6 L’équilibre macroéconomique

Niveau des prix (IIP, 2007  100)


140

Les entreprises réduisent


130 leur production et leurs prix. OA

120 E
Niveau des
prix d’équilibre
110 L’équilibre macroéconomique survient
à l’intersection des courbes DA et OA.

100 A

Les entreprises
90 augmentent leur
production et PIB
leurs prix. d’équilibre DA

0 900 1000 1100 1200


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

PEUT-ON PRÉVOIR L’AVENIR ?


Vivrons-nous les effets d’une baisse ou d’une hausse de l’activité économique ? Ou d’une
baisse ou d’une hausse du niveau des prix ? Le modèle de la demande et de l’offre agré-
gées permet de prévoir les variations de l’activité économique mesurée par le PIB réel
et le niveau des prix, et de comprendre comment vos décisions peuvent influer sur la
demande agrégée ou l’offre agrégée.
Comment une baisse de l’impôt prélevé sur votre revenu ou des taux d’intérêt sur
votre carte de crédit ou marge de crédit personnelle peuvent-ils modifier vos dépenses
en biens et services ? Dans le premier cas, vous disposerez d’un revenu après impôts
plus important que ce que vous pourriez dépenser. Dans le deuxième cas, vous pourriez
acheter davantage à crédit. Si vous et d’autres profitez de cette baisse d’impôt ou des
taux d’intérêt pour dépenser plus, comment la demande agrégée se modifiera-t-elle ?
Quel en sera l’effet sur le niveau des prix et sur l’activité économique ?
Vous envisagez de visiter Paris, cet été, mais le dollar canadien ne cesse de se dépré-
cier par rapport à l’euro, faisant exploser le coût de votre voyage. Allez-vous remettre à
plus tard cette escapade dans la Ville lumière ? Si vous choisissez, comme bien d’autres,
de rester au Québec cet été, comment la demande agrégée se modifiera-t-elle ? Quel en
sera l’effet sur le niveau des prix et sur l’activité économique ?
Vous comptez sur vos études pour être mieux formé. Vous êtes nombreux à investir
temps et argent dans votre capital humain. Comment cela pourrait-il influer sur l’offre
agrégée ? Quel en sera l’effet sur le niveau des prix et sur l’activité économique ?
Combien de nos décisions ont des impacts sur la demande agrégée ou sur l’offre agrégée ?
En utilisant les connaissances que vous avez acquises jusqu’à maintenant, vous regar-
derez l’actualité économique différemment. Quelles pressions s’exercent sur l’offre agré-
gée et sur la demande agrégée et dans quel sens se modifient-elles ? Comment cela affecte-
t-il l’économie ? Est-ce que le PIB réel augmentera plus rapidement ou plus lentement dans
les prochains mois ? L’économie risque-t-elle d’être en récession ou en expansion ?
148 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Supposons maintenant que le niveau des prix est de 100 et le PIB réel, de 900 G$
(point A sur la courbe OA). Comme la quantité demandée de PIB réel excède 900 G$, les
entreprises sont incapables de satisfaire à la demande au niveau actuel de production.
Les stocks s’épuisent, et les consommateurs réclament des biens et services. Les entre-
prises doivent donc augmenter leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles arrivent
à répondre à la demande, ce qui ne se produit qu’à un PIB réel de 1 000 G$ et à un niveau
des prix de 110. Mais où se situe ce PIB réel d’équilibre par rapport à la capacité de
production de l’économie ?

L’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE ET LA CAPACITÉ DE


PRODUCTION DE L’ÉCONOMIE
Comme nous l’avons vu au chapitre 2 en traçant la courbe des possibilités de production
d’une économie, la capacité de production d’une économie dépend de :
• La quantité utilisée de capital physique et de capital humain,
ainsi que de la technologie dont celui-ci dispose ;
• La quantité utilisée de terre (ressources naturelles) ;
• La quantité utilisée d’entrepreneuriat ;
• La quantité utilisée de travail.
À court terme, ces quantités de ressources productives sont fixes. Avec le temps, elles
varient, et les décisions qu’on prend aujourd’hui peuvent modifier les quantités de res-
sources productives disponibles dans l’avenir. À court terme, on doit s’accommoder des
ressources dont on dispose, mais il en va autrement du travail. La quantité utilisée de
travail dépend de l’état du marché du travail et fluctue autour de la quantité de plein-
emploi. Quand la quantité de travail varie, la quantité offerte de PIB réel varie également.
Ces constats nous amènent à une notion importante : celle de PIB potentiel.
PIB potentiel Le PIB potentiel est le niveau de production, mesuré en PIB réel, que peut soutenir
Niveau de production que peut une économie en situation de plein-emploi sans que cela provoque une poussée infla-
soutenir une économie en
situation de plein-emploi sans tionniste. Cette définition mérite que nous nous y attardions.
que cela provoque une poussée
inflationniste ; se mesure en
Un plein-emploi des ressources productives signifie que celles-ci sont utilisées à la
PIB réel. capacité qui optimise leur efficacité, et non à leur capacité maximale. Une économie en
situation de plein-emploi n’est pas une économie où il n’y a aucun chômeur, et où toutes
les entreprises produisent à la limite de leur capacité de production, mais simplement
une économie où le chômage est à son taux naturel (aucun chômage cyclique), et où les
entreprises utilisent pleinement et efficacement toutes leurs ressources productives,
produisant ainsi au niveau qui optimise leur profit.
Temporairement, une économie peut donc produire au-delà de son PIB potentiel.
Cependant, avec le temps, la demande accrue pour des ressources de plus en plus rares
exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix. L’augmentation des
salaires et des autres coûts de production qui en résulte amène les entreprises à réduire
leur production. Pour cette raison, les économistes définissent le PIB potentiel comme le
niveau de PIB réel qu’une économie en situation de plein-emploi peut soutenir sans que
cela provoque une poussée inflationniste.
Comme il ne dépend que de la quantité des ressources productives utilisées et de la
technologie disponible, le PIB potentiel est indépendant du niveau général des prix.
Par conséquent, à la figure 6.7 (p. 150), la droite rouge qui le représente est parfaitement
verticale.

LES TROIS TYPES D’ÉQUILIBRE MACROÉCONOMIQUE


Dans un équilibre macroéconomique, l’économie peut être en situation de plein-emploi, de
Équilibre de plein-emploi suremploi ou de sous-emploi. La figure 6.7 (p. 150) illustre ces trois types d’équilibre.
Situation où le PIB réel
d’équilibre est égal au PIB Le graphique (a) montre un équilibre de plein-emploi – situation où le PIB réel est
potentiel. égal au PIB potentiel et où le taux de chômage observé est identique au taux naturel. Ici,
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 149

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

L’évolution de l’équilibre macroéconomique du Québec depuis 1981


De 1981 à 2015, l’offre et la demande agrégées au Québec ont des prix. Dites s’il y a eu une augmentation ou une diminution
considérablement évolué. Chaque point de la figure indique du PIB réel et une augmentation ou une diminution du niveau
l’équilibre macroéconomique pour une année donnée. Ainsi, général des prix de 2009 à 2015.
en 1981, l’économie du Québec se situait à l’intersection
des courbes DA81 et OA81 ; le PIB réel se chiffrait à 179,6 G$, Le PIB réel et l’IIP du Québec de 1981 à 2015
et le niveau général des prix, à 45,9. En 2015, l’économie se Niveau des prix (IIP, 2007  100)

situait à l’intersection des courbes DA15 et OA15, le PIB réel se 120 DA 15


chiffrait à 337,9 G$, et le niveau général des prix, à 114,1. OA 15

Les points intermédiaires montrent l’évolution de l’équilibre Récession


macroéconomique du Québec de 1981 à 2015. 100
de 2008-2009 2011
Inflation
2004 2007

Le PIB réel s’accroît avec la croissance économique. La 2001


Récession de
flèche le long de l’axe des abscisses montre que, quand le PIB 1990-1992 1995
1998

80
réel augmente et que les points se déplacent vers la droite,
il y a croissance économique. Une récession (comme celles 1989

de 1981-1982, de 1990-1992 ou de 2008-2009) fait diminuer Récession de


1981-1982
60
le PIB réel et déplace les points vers la gauche. Quand il y a OA 81
Croissance
inflation, le niveau général des prix augmente, et les points se DA 81 économique

déplacent vers le haut (flèche le long de l’axe des ordonnées).


Inversement, une baisse du niveau des prix déplace les points
175 200 225 250 275 300 325 350
vers le bas. De 1981 à 2015, l’économie québécoise a connu sur PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)
l’ensemble de la période une croissance économique soutenue,
malgré les trois récessions enregistrées, mais cette croissance Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut, en
termes de dépenses, provinciaux et territoriaux, annuel (dollars sauf indication
s’est accompagnée d’une hausse constante du niveau général contraire), modifié le 8-11-2016.

le PIB réel d’équilibre se situe à l’intersection de la courbe de demande agrégée DA0 et


de la courbe d’offre agrégée OA.
Tôt ou tard, les fluctuations de la demande agrégée ou de l’offre agrégée font fluctuer
le PIB réel autour du PIB potentiel. Ainsi, au graphique (b), la demande agrégée aug-
mente, et la courbe de demande agrégée monte jusqu’à DA1. Les entreprises augmentent
Équilibre de suremploi
leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles puissent satisfaire à cette demande Situation où le PIB réel
accrue. Le PIB réel d’équilibre grimpe à 1 050 G$ et dépasse le PIB potentiel. Le taux de d’équilibre dépasse le PIB
chômage observé devient inférieur au taux naturel. L’économie est alors en équilibre de potentiel.

suremploi. La différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et celle du PIB potentiel Écart inflationniste
Différence entre la valeur du
exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix : c’est ce qu’on appelle un PIB réel d’équilibre et celle du
écart inflationniste. PIB potentiel lorsque l’économie
est en équilibre de suremploi ;
Au graphique (c), la demande agrégée diminue, et la courbe de demande agrégée exerce une pression à la hausse
descend jusqu’à DA2. Les entreprises réduisent leur production et leurs prix jusqu’à ce sur le niveau général des prix.
qu’elles aient écoulé toute leur production. Le PIB réel descend à 950 G$ et tombe en Équilibre de sous-emploi
deçà du PIB potentiel. Le taux de chômage observé devient supérieur au taux naturel. Situation où le PIB réel d’équilibre
est inférieur au PIB potentiel.
L’économie est alors en équilibre de sous-emploi. La différence entre la valeur du PIB
Écart déflationniste
potentiel et celle du PIB réel exerce alors une pression à la baisse sur le niveau des prix ;
Différence entre la valeur du PIB
c’est ce qu’on appelle un écart déflationniste. Un équilibre de sous-emploi pourrait réel d’équilibre et celle du PIB
aussi résulter d’une baisse de l’offre agrégée, ou de l’offre agrégée et de la demande potentiel lorsque l’économie est
en équilibre de sous-emploi ;
agrégée. La rubrique « Coup d’œil sur l’économie québécoise » montre l’évolution de exerce une pression à la baisse
l’offre et de la demande agrégées au Québec de 1981 à 2015. sur le niveau général des prix.
150 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 6.7 Les trois types d’équilibre macroéconomique

Niveau des prix (IIP, 2007  100) Niveau des prix (IIP, 2007  100) Niveau des prix (IIP, 2007  100)
140 140 140
PIB PIB PIB
potentiel potentiel potentiel
130 130 130
OA OA OA
120 120 120
115
110 110 110
105 Écart
déflationniste
100 100 100

90
DA 1
90 90
DA 0 Écart
inflationniste DA 2
0 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 0 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 0 900 950 1000 1050 1100 1150 1 200
PIB réel (en G$ enchaînés de 2007) PIB réel (en G$ enchaînés de 2007) PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

(a) Un équilibre de plein-emploi (b) Un équilibre de suremploi (c) Un équilibre de sous-emploi


avec écart inflationniste avec écart déflationniste
Au graphique (a), l’économie est en Au graphique (b), la demande agrégée Au graphique (c), la demande agrégée
équilibre de plein-emploi : le PIB réel est augmente, et la courbe de demande diminue, et la courbe de demande agrégée
égal au PIB potentiel. Ici, le PIB réel agrégée monte jusqu’à DA1. Les entreprises descend jusqu’à DA2. Les entreprises
d’équilibre se situe à l’intersection de la augmentent leur production et leurs prix réduisent leur production et leurs prix
courbe de demande agrégée DA0 et de la jusqu’à ce qu’elles puissent satisfaire à cette jusqu’à ce qu’elles aient écoulé toute leur
courbe d’offre agrégée OA. demande accrue. Le PIB réel d’équilibre production. Le PIB réel descend à 950 G$ et
grimpe à 1 050 G$ et dépasse le PIB tombe en deçà du PIB potentiel.
potentiel. L’économie est alors en équilibre L’économie est alors en équilibre de
de suremploi, et l’écart inflationniste exerce sous-emploi, et l’écart déflationniste exerce
une pression à la hausse sur le niveau une pression à la baisse sur le niveau
général des prix. général des prix.

L’ATTEINTE DE L’ÉQUILIBRE DE PLEIN-EMPLOI


La macroéconomie est un champ de recherche très actif, et nous avons encore beaucoup
à apprendre sur les forces qui font croître et fluctuer notre économie. La croissance
économique et l’inflation, c’est-à-dire les tendances à long terme du PIB réel et du niveau
des prix, font actuellement l’objet d’un consensus plus large et d’un plus grand degré de
certitude que le cycle économique, c’est-à-dire les fluctuations à court terme de ces
variables. Ici, nous ne nous intéresserons qu’aux divergences de vues sur les fluctuations
à court terme.
Le modèle DA-OA que nous venons d’étudier fournit une bonne base pour com-
prendre les divers points de vue des macroéconomistes en la matière.
Bien que très simple, la classification que nous proposons ici ne trahit pas la réalité.
Elle regroupe les macroéconomistes en trois grandes écoles de pensée :
• L’école classique ;
• L’école keynésienne ;
• L’école monétariste.

L’ÉCOLE CLASSIQUE
École classique
Selon cette école de pensée, Pour l’école classique, l’économie s’autorégule et reste toujours en équilibre de
l’économie s’autorégule et plein-emploi. Ici, le terme « classique » fait référence aux théories des fondateurs de
reste toujours en équilibre de
plein-emploi par l’ajustement l’économique comme Adam Smith (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du
automatique des salaires. chapitre 1, p. 19), David Ricardo et John Stuart Mill.
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 151

Selon l’école classique, le salaire nominal qui est derrière la courbe d’offre agrégée
à court terme est instantanément et totalement flexible ; il s’ajuste si vite pour maintenir
l’équilibre du marché du travail que le PIB réel revient toujours très vite au PIB potentiel.
En d’autres mots, le PIB réel est toujours égal au PIB potentiel.
La figure 6.8 illustre cet ajustement des salaires. Lorsqu’il y a un écart déflationniste,
le taux de chômage observé est supérieur au taux naturel, d’où un surplus de main-
d’œuvre sur le marché du travail. Ce surplus de main-d’œuvre exerce des pressions à la
baisse sur les salaires. Les entreprises embauchent de nouveaux travailleurs à un salaire
inférieur. Au fur et à mesure que les salaires diminuent, les coûts de production des
entreprises diminuent et l’offre agrégée se déplace vers la droite, passant de OA1 à OA.
Le niveau des prix diminue et le PIB réel augmente jusqu’au PIB potentiel— équilibre de
plein-emploi. Dans le cas d’un écart inflationniste, le taux de chômage observé est infé-
rieur au taux naturel. Cela se traduit par une pénurie de main-d’œuvre, et les entreprises
doivent offrir un salaire plus élevé aux nouveaux travailleurs qu’elles embauchent. Les
salaires augmentent, les coûts de production aussi, l’offre agrégée se déplace de OA2 vers
OA. Le niveau des prix augmente et le PIB réel diminue jusqu’au PIB potentiel.
Pour les macroéconomistes classiques, l’État ne devrait pas intervenir dans le dérou-
lement de l’activité économique. Ils prônent le « laisser-faire », c’est-à-dire la non-
intervention de l’État en matière économique.

L’ÉCOLE KEYNÉSIENNE
Pour l’école keynésienne, l’économie serait rarement en équilibre de plein-emploi École keynésienne
Selon cette école de pensée,
lorsqu’elle est livrée à elle-même ; pour qu’elle atteigne et maintienne un équilibre de l’économie serait rarement en
plein-emploi, il faut donc la soutenir activement par des mesures de politique budgétaire équilibre de plein-emploi ; pour
qu’elle atteigne et maintienne
et monétaire. Le terme « keynésien » vient du nom d’un des plus célèbres économistes du
un équilibre de plein-emploi,
xxe siècle, John Maynard Keynes (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du cha- il faut des politiques
pitre 7, p. 164). budgétaires et monétaires
pour régulariser l’activité
Pour l’école keynésienne, le salaire nominal qui est derrière la courbe d’offre agrégée économique.
à court terme est extrêmement rigide quand il s’agit d’aller vers le bas. Essentiellement,

Figure 6.8 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école classique

Niveau des prix (IIP, 2007  100)


140
3
Ajustement Lorsque l’équilibre du PIB réel est
PIB potentiel inférieur au PIB potentiel, 1  il y a
des salaires
130 OA1 un écart de déflationniste ; lorsque
l’équilibre du PIB réel est supérieur
au PIB potentiel, 2 il y a un écart
120 OA inflationniste ; et quand le PIB réel
d’équilibre est égal au PIB potentiel,
115
l’économie est au plein-emploi.
110 OA2 Lorsqu’un écart de production existe,
105 3 les salaires s’ajustent pour amener
l’économie vers le plein-emploi.
100 En situation d’écart déflationniste, les
salaires diminuent et l’offre agrégée
DA se déplace vers la droite, de OA1 à OA.
1 2
90 Écart déflationniste En situation d’écart inflationniste,
Écart inflationniste
les salaires augmentent et l’offre
agrégée se déplace vers la gauche,
de OA2 à OA.
0 850 900 950 1000 1 050 1 100 1 150
PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)
152 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 6.9 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école keynésienne

Niveau des prix (IIP, 2007  100)


140 3 Lorsque l’équilibre du PIB réel est inférieur au
Politiques PIB potentiel, 1 il y a un écart déflationniste ;
budgétaire et PIB Potentiel
lorsque l’équilibre du PIB réel est supérieur au
monétaire PIB potentiel, 2 il y a un écart inflationniste ;
130
et quand le PIB réel d’équilibre est égal
au PIB potentiel, l’économie est au plein-
120 0A emploi. Lorsqu’un écart de production existe,
3  les mesures de politiques budgétaire et
115
monétaire peuvent contrer les variations de
110 la demande agrégée et amener l’économie
105 DA2 vers le plein-emploi. En situation d’écart
déflationniste, une augmentation des
100 DA dépenses gouvernementales et une réduction
des impôts ou des taux d’intérêt stimulent
DA1
1 la demande agrégée et la déplacent de DA1
90 Écart déflationniste 2 à DA. En situation d’écart inflationniste, une
Écart inflationniste
réduction des dépenses gouvernementales
et une augmentation des impôts ou des taux
d’intérêt réduisent la demande agrégée et la
0 850 900 950 1000 1050 1 100 1 150 déplacent de DA2 à DA.
PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

il ne baisse pas. Par conséquent, lorsqu’un écart déflationniste apparaît, aucun méca-
nisme automatique n’en viendra à bout. Si elle était possible, une baisse du salaire
nominal augmenterait l’offre agrégée à court terme et rétablirait l’équilibre de plein-
emploi. Mais comme le salaire nominal ne baisse pas, l’économie reste en récession.
L’école keynésienne réclame des mesures de politiques budgétaire et monétaire pour
contrer activement les variations de la demande agrégée responsables de la récession. La
figure 6.9 illustre les effets sur la demande agrégée de ces mesures. En stimulant la
demande agrégée en période de récession, on peut rétablir l’équilibre de plein-emploi.
Une augmentation des dépenses gouvernementales et une réduction des impôts ou des
taux d’intérêt stimulent la demande agrégée et la déplacent de DA1 à DA, ce qui permet de
rétablir l’équilibre de plein-emploi. Si l’économie est aux prises avec une poussée d’infla-
tion, un niveau de production qui excède le PIB potentiel, il faudra réduire les dépenses
gouvernementales et hausser les impôts ou les taux d’intérêt pour freiner la demande
agrégée qui se déplace de DA2 à DA, et ainsi rétablir l’équilibre de plein-emploi.

L’ÉCOLE MONÉTARISTE
École monétariste Pour l’école monétariste, l’économie s’autorégule et se maintient normalement en équilibre
Selon cette école de pensée, de plein-emploi, pourvu que la politique monétaire ne soit pas incohérente et qu’on garde
l’économie s’autorégule et
se maintient en équilibre de le taux de croissance de la monnaie constant. Le terme « monétariste » a été proposé par le
plein-emploi pourvu que le taux fameux économiste du xxe siècle, Karl Brunner, pour qualifier ses propres idées et celles de
de croissance de la monnaie
demeure constant.
Milton Friedman (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du chapitre 8, p. 207).
Pour les monétaristes, un taux de croissance de la monnaie constant permet d’atté-
nuer les fluctuations de la demande agrégée, et à l’économie, de rester au plein-emploi.
Les récessions et les périodes d’inflation résultent d’une politique monétaire inadéquate.
Si une banque centrale réduit trop brutalement la quantité de monnaie en circulation ou
même son taux de croissance, l’économie entrera en récession. Dans le cas contraire,
ce sera l’inflation.
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 153

Comme les keynésiens, les monétaristes croient que le salaire nominal est rigide à
court terme. Si l’économie entre en récession, à moins qu’on ne la soutienne activement,
il lui faudra un temps inutilement long pour revenir au plein-emploi.
Les monétaristes partagent les vues des classiques sur l’intervention de l’État. Tant
que le taux de croissance de la monnaie reste constant, aucune mesure de stabilisation
n’est nécessaire pour contrer les écarts déflationnistes ou inflationnistes.

6.4
4 Expliquer comment l’offre et la demande agrégées déterminent le PIB réel et le niveau
des prix et décrire les différents types d’équilibre macroéconomique

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Le tableau 1 montre les barèmes de demande agrégée et 3. Le tableau 2 montre les barèmes de demande agrégée
d’offre agrégée du Royaume Hirsute, dont la devise est le et d’offre agrégée de la Chauvinie, dont la devise est le
dollar hirsute. dollar chauvin.
Tableau 1 Tableau 2
Quantité demandée Quantité demandée Quantité offerte
Niveau PIB réel offert Niveau
de PIB réel de PIB réel de PIB réel
des prix des prix
(en G$ hirsutes) (en G$ chauvins)
90 800 650 95 430 370
100 775 700 105 420 390
110 750 750 115 410 410
120 725 800 125 400 430
130 700 850 135 390 450
a) Tracez la courbe de demande agrégée et la courbe a) Tracez la courbe de demande agrégée et la courbe
d’offre agrégée. d’offre agrégée.
b) Où se situe l’équilibre macroéconomique ? b) Où se situe l’équilibre macroéconomique ?
c) Si le PIB potentiel du Royaume Hirsute est de 800 G$, c) Si le PIB potentiel de la Chauvinie est de 390 G$, de
de quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ? quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ?
2. Quel point de vue oppose les classiques aux keynésiens 4. Quel point de vue sur l’offre agrégée à court terme les
sur l’intervention de l’État en matière économique ? monétaristes partagent-ils avec les keynésiens ?

RÉPONSES
Niveau des prix 1. La figure 1 montre l’équilibre macroéconomique (PIB réel Selon l’école keynésienne, l’économie livrée à elle-même
140 PIB de 750 G$ et niveau des prix de 110) ainsi que le PIB poten- serait rarement en équilibre de plein-emploi. Pour qu’elle
potentiel OA tiel. Le PIB réel est en deçà du PIB potentiel ; l’économie est atteigne et maintienne un équilibre de plein-emploi, il faut
120
donc en équilibre de sous-emploi. donc la soutenir activement par des mesures de politiques
2. Selon l’école classique, l’économie s’autorégule et reste budgétaire et monétaire.
110
toujours en équilibre de plein-emploi. L’État ne devrait
100
donc pas intervenir dans le déroulement de l’activité
DA
économique. Les tenants de cette école prônent le « laisser-
80 faire », c’est-à-dire la non-intervention de l’État en matière
économique.
0 650 700 750 800 850
PIB réel
(en G$ hirsutes)
154 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Le chapitre 6 en bref

1 Décrire les phases du cycle économique

Cycle économique
Comprend deux phases, l’expansion et la récession, et deux points de retournement, le sommet et le creux

Récession Expansion
• Ralentissement soutenu de l’activité économique • Hausse du PIB réel et de l’emploi (d’un creux à un sommet)
• Baisse du PIB réel et de l’emploi (d’un sommet à un creux) • Reprise (d’un creux jusqu’au niveau du sommet précédent)

2 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur la demande agrégée

Demande agrégée (DA) Facteurs susceptibles d’influer sur la DA


Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse du • Anticipations quant au revenu, à l’inflation
niveau des prix réduit la quantité demandée de PIB réel. et aux profits
• Baisse du pouvoir d’achat • Politiques budgétaire et monétaire
• Hausse des taux d’intérêt • Taux de change et PIB réel à l’étranger
• Hausse des prix du pays par rapport à ceux de l’étranger

3 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur l’offre agrégée

Offre agrégée (OA) Facteurs susceptibles d’influer sur l’OA


Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse du • Salaire nominal
niveau des prix réduit la quantité offerte de PIB réel. • Prix des matières premières et productivité
Baisse du salaire réel d’où... • Réglementations gouvernementales et autres
• Création d’entreprises perturbations
• Reprise de la production
• Intensification de la production

4 Expliquer comment l’offre et la demande agrégées déterminent le PIB réel et


le niveau des prix et décrire les différents types d’équilibre macroéconomique

Équilibre macroéconomique
Détermination du PIB réel et du niveau des prix à l’intersection de l’offre et de la demande agrégées

Équilibre de sous-emploi Atteinte de l’équilibre de plein-emploi


PIB d’équilibre < PIB potentiel École classique
Taux de chômage observé > Taux naturel Ajustement des salaires
Équilibre de plein-emploi École keynésienne
PIB d’équilibre = PIB potentiel Intervention de l’État pour soutenir la demande
Taux de chômage observé = Taux naturel agrégée en période de récession
Équilibre de suremploi École monétariste
Taux de croissance de la monnaie constant
PIB d’équilibre > PIB potentiel
Taux de chômage observé < Taux naturel
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 155

Questions
de révision
Au terme des sections 6.2, La demande agrégée, et 6.3, Au terme de la section 6.4, L’équilibre macroéconomique,
L’offre agrégée, répondez aux questions 1 à 3. répondez aux questions 4 à 10.

1. Quel serait l’effet de chacun des événements suivants sur 4. Le tableau 1 décrit la demande agrégée et l’offre agrégée
l’offre agrégée et la demande agrégée du Canada, toutes de la Bordurie cette année.
choses étant égales par ailleurs ?
Tableau 1
a) Une augmentation du salaire nominal.
b) La Banque du Canada fait monter les taux Quantité Quantité
d’intérêt au pays. Niveau demandée offerte de
c) Une augmentation de la productivité de la des prix de PIB réel PIB réel
main-d’œuvre canadienne. (en G$ borduriens)
d) Le gouvernement canadien réduit les impôts sur le 100 1 350 900
revenu des particuliers.
e) L’économie mondiale entre en récession. 105 1 300 1 000
110 1 250 1 100
2. Pour chacun des événements suivants, dites s’il modifie
115 1 200 1 200
l’offre agrégée, la demande agrégée, ou aucun de ces
éléments. 120 1 150 1 300
a) La Banque du Canada fait augmenter les taux d’intérêt. 125 1 100 1 400
b) Le gouvernement canadien augmente les impôts sur
a) Tracez la courbe de demande agrégée et la courbe
le revenu des particuliers.
d’offre agrégée.
c) Le gouvernement canadien accroît les dépenses
b) Où se situe l’équilibre macroéconomique ?
militaires.
c) Si le PIB potentiel bordurien se chiffre à 1 100 G$,
d) Le niveau général des prix baisse au Canada.
de quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ?
e) Une récession aux États-Unis réduit les exportations
canadiennes. 5. Le tableau 2 décrit l’indice implicite des prix du PIB, la
f) Le PIB réel du Canada diminue. demande agrégée, l’offre agrégée et le PIB potentiel de l’an
g) Le taux de change de la devise canadienne diminue par prochain en Syldavie. Si ces prévisions se réalisent :
rapport à celui de la devise américaine.
h) Les salaires augmentent au pays. Tableau 2
i) Une percée scientifique majeure accroît la productivité Quantité Quantité
PIB
au Canada. Niveau demandée offerte de
potentiel
j) L’épuisement des gisements de pétrole au Canada fait des prix de PIB réel PIB réel
bondir le prix de cette ressource. (en G$ syldaves)
3. Parmi les événements énumérés à la question 1 : 110 800 600 680
a) Lequel accroît l’offre agrégée, et lequel la réduit ? 115 750 650 680
b) Lequel accroît la demande agrégée, et lequel la réduit ? 120 700 700 680
c) Lequel accroît le PIB réel et fait baisser le niveau 125 650 750 680
général des prix, et lequel accroît le PIB réel et fait
monter le niveau général des prix ? a) Quelle sera la valeur du PIB réel l’an prochain ?
d) Lequel réduit le PIB réel et fait baisser le niveau général b) Quelle sera la valeur de l’indice implicite des prix du PIB
des prix, et lequel réduit le PIB réel et fait monter le l’an prochain ?
niveau général des prix ? c) Dans quel type d’équilibre macroéconomique la
Syldavie sera-t-elle l’an prochain ?
156 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

6. Le tableau 3 décrit l’offre agrégée et la demande agrégée 8. Le tableau 5 décrit la demande agrégée et l’offre agrégée
de cette année en Slobovie. À combien se chiffrent le PIB de cette année au Pétrolistan, dont on estime le PIB poten-
réel et le niveau des prix : tiel à 600 G$.
Tableau 3 Tableau 5
Quantité Quantité Quantité Quantité
Niveau demandée de offerte de Niveau demandée de offerte de
des prix PIB réel PIB réel des prix PIB réel PIB réel
(en G$ sloboviens) (en G$ pétrolistans)
90 450 350 90 690 390
100 400 400 100 660 460
110 350 450 110 630 530
120 300 500 120 600 600
130 250 550 130 570 640
140 200 600 140 540 710
a) Au point d’équilibre macroéconomique ? a) Quelles sont les valeurs d’équilibre du PIB réel et du
b) Si la quantité demandée de PIB réel s’accroît de 100 G$ niveau des prix ?
à chaque niveau des prix l’an prochain ? b) De quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ?
c) Si la quantité offerte de PIB réel diminue de 100 G$ à Pourquoi ?
chaque niveau des prix l’an prochain ? c) On prévoit pour l’an prochain d’importantes hausses
d) Si la quantité demandée de PIB réel augmente de du prix des matières premières et des ressources
100 G$ et que la quantité offerte de PIB réel diminue de énergétiques. Si elles se réalisaient, ces hausses de
100 G$, et ce, à chaque niveau des prix, l’an prochain ? prix augmenteraient les coûts de production, ce qui
réduirait la quantité offerte de PIB réel de 70 G$ à
7. Le tableau 4 décrit l’offre agrégée et la demande agrégée chaque niveau des prix. Quels seraient alors le PIB
cette année en Boldavie. À combien se chiffrent le PIB réel réel et le niveau des prix ? Dans quel type d’équilibre
et le niveau des prix : macroéconomique cette économie serait-elle ?

Tableau 4 9. Quelle politique macroéconomique l’école classique


Quantité Quantité préconise-t-elle ? En présence d’un écart déflationniste,
demandée de offerte de que se passe-t-il ? Et que se passe-t-il en présence d’un
Niveau
PIB réel PIB réel écart inflationniste ?
des prix
(en G$ boldaves)
10. Quelle politique macroéconomique l’école keynésienne
90 800 400 préconise-t-elle ? En présence d’un écart déflationniste,
100 700 500 que doit-on faire ? Et que doit-on faire en présence d’un
écart inflationniste ?
110 600 600
120 500 700
130 400 800
140 300 900
a) Au point d’équilibre macroéconomique ?
b) Si la quantité demandée de PIB réel diminue de 200 G$
à chaque niveau des prix l’an prochain ?
c) Si la quantité demandée de PIB réel augmente de
200 G$ à chaque niveau des prix l’an prochain ?
d) Si la quantité demandée de PIB réel baisse de 100 G$ et
que la quantité offerte de PIB réel augmente de 100 G$,
et ce, à chaque niveau des prix, l’an prochain ?
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 157

Appliquez
vos savoir-faire
La crise des migrants en Europe
En 2015, 1,25 million de réfugiés ont demandé l’asile à l’Union
européenne, la plupart fuyant la guerre en Syrie4.

a) Selon vous, ce flux de réfugiés influe-t-il sur la demande


agrégée, sur l’offre agrégée, ou sur les deux ? Expliquez
votre réponse.

b) Selon vous, quel effet ce flux incessant de réfugiés a-t-il


sur le PIB réel des pays membres de l’Union européenne ?
Expliquez votre réponse.

Fuyant la guerre, des milliers de personnes ont choisi de se réfugier en Europe.

MOTS CLÉS
Cycle économique, 132 Équilibre de suremploi, 149
Demande agrégée, 135 Équilibre macroéconomique, 146
Écart déflationniste, 149 Expansion, 132
Écart inflationniste, 149 Offre agrégée, 141
École classique, 150 PIB potentiel, 148
École keynésienne, 150 Quantité demandée de PIB réel, 135
École monétariste, 152 Quantité offerte de PIB réel, 141
Équilibre de plein-emploi, 148 Récession, 132
Équilibre de sous-emploi, 149 Reprise, 132

4. Radio-Canada, « La crise des migrants », Ici.Radio-Canada.ca, mis à jour le samedi 16 avril


2016 à 10 h 17 HAE, http://ici.radio-canada.ca/sujet/crise-migrants-europe (page consultée le
16 avril 2016).
158
CHAPITRE 7
PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PARTIE 3
COMPRENDRE LA LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
MACROÉCONOMIE ET LA DETTE

PAYEZ-VOUS
TROP
D’IMPÔTS ?
VOUS ATTENDEZ-VOUS À DES BAISSES OU À DES
HAUSSES D’IMPÔTS ? Vous attendez-vous à des baisses
ou à des hausses des dépenses du gouvernement ? Quels
sont les effets d’une variation des impôts ou des dépenses
du gouvernement sur notre économie ? Et sur la dette du
pays ? Serons-nous plus endettés ou moins endettés à la
fin de l’année ?
Dans ce chapitre, nous étudierons d’abord la situation
budgétaire du gouvernement canadien et son évolution
de 1970 à nos jours. Puis, nous nous servirons du modèle
de l’offre et de la demande agrégées pour expliquer les
répercussions de la politique budgétaire sur notre écono-
mie. Nous verrons pourquoi les variations des dépenses
publiques et des impôts ont un effet multiplicateur sur
la demande agrégée, et comment le gouvernement
fédéral utilise son budget pour influer sur la production,
l’emploi et le niveau des prix au Canada de même que sur
la dette.

COUP D’ŒIL COUP D’ŒIL


SOMMAIRE

7.1 SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE 7.2 SUR UN GRAND ÉCONOMISTE


La situation budgétaire du Le budget du Québec La politique budgétaire John Maynard Keynes et la
gouvernement canadien de 2016-2017 canadienne révolution macroéconomique

p. 160 p. 162 p. 163 p. 164


CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 159

SAVOIR-FAIRE
1 Décrire la situation budgétaire du
gouvernement fédéral et son évolution
de 1970 à nos jours
2 Décrire la politique budgétaire
canadienne, et en expliquer le
fonctionnement et les effets
3 Expliquer le lien entre le déficit et
la dette, et décrire l’évolution de la
dette fédérale

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COUP D’ŒIL COUP D’ŒIL


SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
7.3 L’évolution de la dette du La dette des principales PAYEZ-VOUS TROP Le chapitre 7
Le déficit et la dette Québec depuis 1998 économies avancées D’IMPÔTS ? en bref

p. 170 p. 174 p. 175 p. 176 p. 177


160 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

LA SITUATION BUDGÉTAIRE DU
7.1 GOUVERNEMENT CANADIEN
Tous les ans, le ministre des Finances du Canada dépose son budget au Parlement et
explique comment ce budget s’inscrit dans la politique budgétaire du pays. Une politique
budgétaire est une politique économique qui utilise le budget de l’État pour influer sur
l’emploi, la production et le niveau général des prix. Au Canada, l’instrument de la poli-
tique budgétaire du pays est le budget fédéral. Pour comprendre le fonctionnement de
la politique budgétaire canadienne, penchons-nous d’abord sur la situation budgétaire
du gouvernement fédéral.

LE BUDGET FÉDÉRAL
Budget fédéral Le budget fédéral est un document annuel qui fait état des revenus et des dépenses du
Document annuel qui fait
état des revenus et des
gouvernement du Canada, ainsi que du solde budgétaire (SB) qui en résulte. Ce solde
dépenses du gouvernement budgétaire est égal à la différence entre les revenus et les dépenses budgétaires.
du Canada, ainsi que du
solde budgétaire qui Quand les revenus et les dépenses sont égaux (SB = 0), il y a un équilibre budgétaire.
en résulte. Quand les dépenses sont supérieures aux revenus (SB < 0), il y a un déficit budgétaire.
Solde budgétaire Quand les revenus sont supérieurs aux dépenses (SB > 0), il y a un excédent budgétaire.
Différence entre les revenus
et les dépenses budgétaires. Au tableau 7.1, on détaille les revenus et les dépenses totaux prévus par le gouverne-
Équilibre budgétaire
ment pour l’année financière 2016-2017 (du 1er avril 2016 au 31 mars 2017) ainsi que
Égalité des revenus et des leur importance relative. Comme on le voit, la principale source de revenus du fédéral est
dépenses budgétaires. de loin l’impôt sur le revenu des particuliers (50,0 % des revenus totaux), suivi de l’impôt
Déficit budgétaire sur le revenu des sociétés (13,2 %), de la TPS (11,6 %) et des cotisations d’assurance emploi
Solde budgétaire négatif :
(7,8 %). Les principales dépenses sont les transferts aux particuliers – prestations aux
les dépenses sont
supérieures aux revenus. aînés, prestations d’assurance emploi et prestations pour enfants – (28,8 % des dépenses
Excédent budgétaire totales), et les transferts aux autres administrations publiques – provinces et territoires –,
Solde budgétaire positif : incluant la péréquation (21,6 %), auxquels s’ajoutent les charges de fonctionnement
les revenus sont supérieurs
(26,5 %). Les frais de la dette publique, essentiellement des intérêts payés sur la dette, ne
aux dépenses.
représentent que 8,1 % des dépenses totales du gouvernement fédéral.
Les revenus totaux (287,7 G$) moins les dépenses totales (317,1 G$) donnent le solde
budgétaire du fédéral pour l’année financière 2016-2017, soit un déficit prévu de 29,4 G$.

Tableau 7.1 État des revenus et des dépenses du gouvernement du Canada pour 2016-2017
Revenus (en G$) (en %) Dépenses (en G$) (en %)
Impôt sur le revenu des particuliers 143,9 50,0 Principaux transferts aux particuliers
Impôt sur le revenu des sociétés 37,9 13,2 Prestations aux aînés 48,4 15,3
Autres impôts sur le revenu 6,3 2,2 Prestations d’assurance emploi 21,1 6,6
Taxe sur les produits et services (TPS) 33,5 11,6 Prestations pour enfants 21,9 6,9
Autres taxes et droits 11,1 3,9 Péréquation 17,9 5,6
Droits de douane à l’importation 5,0 1,7 Transferts aux autres administrations 50,7 16,0
Cotisations d’assurance emploi 22,4 7,8 Charges de programmes directes
Autres revenus Paiements de transfert 41,7 13,2
Revenus des sociétés d’État 10,4 3,6 Amortissement des immobilisations 5,8 1,8
Autres revenus de programmes 15,3 5,3 Charges de fonctionnement 83,9 26,5
Revenus des opérations de change 1,9 0,7 Frais de la dette publique 25,7 8,1
REVENUS TOTAUX 287,7 100,0 DÉPENSES TOTALES 317,1 100,0
SURPLUS (DÉFICIT) (29,4 G$)

Note : Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Source : Ministère des Finances du Canada, Le budget de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget.gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr.html#_
Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 161

L’ÉVOLUTION DES REVENUS, DES DÉPENSES ET DU SOLDE BUDGÉTAIRE


La figure 7.1 montre l’évolution des revenus, des dépenses et du solde budgétaire du
gouvernement fédéral de 1971 à 2015. Ces données sont exprimées en pourcentage du
PIB, ce qui élimine les effets de l’inflation et montre l’évolution de la taille de l’État par
rapport à l’ensemble de l’économie. On peut interpréter les pourcentages du PIB comme
le nombre de cents perçus et dépensés par le gouvernement (ici, par le gouvernement
fédéral) pour chaque dollar gagné par les Canadiens.

Les revenus, les dépenses et le solde budgétaire du gouvernement


Figure 7.1
du Canada de 1971 à 2015

Ce graphique illustre les revenus, les dépenses et


Revenus, dépenses et déficit/excédent (en pourcentage du PIB)
le solde budgétaire du fédéral (en pourcentage
25 du PIB) de 1971 à 2015. Faible et tendant à
Dépenses budgétaires Excédent la baisse au début des années 1970, le déficit
budgétaire devient considérable et persistant à partir de
20 Déficit 1974. Il résulte de la stagnation des revenus et
budgétaire de l’augmentation des dépenses (toujours en
pourcentage du PIB). La réduction des dépenses
15 publiques et les hausses d’impôts ont fini par
l’éliminer en 1997, année à partir de laquelle le
budget fédéral connaît 11 excédents consécutifs.
10 Revenus budgétaires La récession de 2008-2009 a mis fin à ces
excédents et le gouvernement fédéral a renoué
avec les déficits de 2009 à 2015.
5
Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau
380-0002 : Produit intérieur brut (PIB), en termes de
dépenses, trimestriel, modifié le 24-05-2012 ; tableau
0 380-0007 : Comptes sectoriels : ensemble des niveaux
des administrations publiques, trimestriel, modifié le
1971 1975 1979 1983 1987 1991 1995 1999 2003 2007 2011 2015 01-03-2012. Ministère des Finances du Canada, Rapport
Année financier annuel du gouvernement du Canada, exercices
2012-2013, 2013-2014 et 2014-2015.

De 1975 à 1996, le budget fédéral accuse un déficit moyen équivalant à 4,25 % du


PIB, avec un sommet de 6,6 % en 1985. Après s’être légèrement résorbé à la fin des
années 1980, le déficit grimpe de nouveau lors de la récession de 1990-1992. Durant la
majeure partie des années 1980 et au début des années 1990, il représente plus de 4 %
du PIB. Ce n’est qu’à partir de 1997 que le gouvernement fédéral a finalement réussi à
éliminer son déficit ; il y est parvenu en réduisant ses dépenses (en particulier ses paie-
ments de transfert aux provinces) et en augmentant ses impôts (principalement l’impôt
sur le revenu des particuliers). En 2008-2009, le gouvernement fédéral déposait son
onzième budget excédentaire d’affilée. Depuis, le budget est de nouveau déficitaire.
Pourquoi le déficit fédéral a-t-il augmenté à ce point au milieu des
années 1980 ? Pourquoi était-il encore si élevé au début des années
1990 ? Essentiellement, parce que les dépenses ont augmenté tandis Saviez-vous que…
que les revenus restaient relativement constants durant cette période. En 2015-2016, le gouvernement du Québec
De 2009 à 2015, les dépenses ont diminué tandis que les revenus a déposé un budget équilibré, et ce, malgré
augmentaient légèrement, faisant fondre d’année en année la taille un excédent des revenus sur les dépenses
du déficit. En 2014-2015, le budget fédéral affichait un excédent de 1,4 G$1. Le budget du Québec était-il
budgétaire de 1,9 G$ avant de replonger en déficit en 2015-2016. La équilibré ou excédentaire ?
chute du prix du pétrole canadien ayant engendré une baisse des
RÉPONSE

revenus de près de 9 G$, on parle ici d’un déficit budgétaire de La Loi sur l’équilibre budgétaire de 1996, mise à jour le
l’ordre de 5,4 G$ pour l’année 2015-2016. 1er avril 2016, dit ceci : « Le gouvernement atteint l’équilibre
budgétaire lorsque le solde budgétaire est nul ou affiche
un excédent2. » Du point de vue de la loi, le budget du
Québec était équilibré, même s’il affichait un excédent des
1. Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017, www.
budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).
revenus sur les dépenses de 1,4 G$, ce qui correspond à la
définition économique d’un budget dit excédentaire.
2. Gouvernement du Québec, Loi sur l’équilibre budgétaire, chapitre E-12-00001, Éditeur offi-
ciel du Québec, mise à jour le 1er avril 2016, www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca (page
consultée le 21 avril 2016).
162 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

Le budget du Québec de 2016-2017


Comme tous les budgets, celui du gouvernement québécois et culture (21,5 %) et en économie et environnement (12,5 %).
se divise en revenus et en dépenses. La figure 1 illustre ses Le service de la dette publique représente plus de 10 % des
différentes sources de revenus et leur importance relative en dépenses totales.
pourcentage. On constate que la principale source de revenus
du Québec est l’impôt sur le revenu des particuliers (28,9 % des Les revenus totaux (102,6 G$) moins les dépenses totales
revenus totaux), suivi des transferts fédéraux (19,7 %) et des (100,5 G$) donnent le solde budgétaire pour l’année financière
taxes à la consommation (18,4 %). 2016-2017, soit un surplus prévu d’un peu plus de 2 G$ avant le
versement de ce surplus dans le fonds des générations.
La figure 2 montre ses diverses dépenses et leur
importance relative en pourcentage. Les principales dépenses À l’aide des données sur les revenus totaux et sur les
du gouvernement du Québec sont les dépenses en santé et dépenses totales, calculez la valeur en G$ de chacune des
services sociaux (38,1 % des dépenses totales), en éducation sources de revenus et de dépenses de l’État québécois.

Figure 1 Figure 2
Les revenus du gouvernement du Québec, 2016-2017 Les dépenses du gouvernement du Québec, 2016-2017
Impôt des sociétés (6,4 %) Soutien aux personnes Provision pour éventualités
Droits et permis (3,7 %) et aux familles (0,4 %)
Impôt foncier et scolaire
(2,1 %) Entreprises du (9,5 %)
gouvernement (4,7 %)
Gouverne et justice
(7,6 %) Santé et
Cotisations pour Impôt des particuliers services sociaux
les services de santé (28,9 %) (38,1 %)
(6,3 %) Service de la dette
(10,4 %)

Revenus divers
(9,8 %)
Économie et
environnement
Taxes à la (12,5 %)
consommation Éducation et culture
(18,4 %) Transferts fédéraux (21,5 %)
(19,7 %)

Source : Ministère des Finances du Québec, Budget 2016-2017, Le plan économique du Québec, mars 2016,
www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).

7.1
1 Décrire la situation budgétaire du gouvernement fédéral et son évolution de 1970 à nos jours

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Quelles sont les principales composantes des revenus du 3. Quelles sont les principales dépenses du gouvernement
gouvernement fédéral ? fédéral ?
2. Dans quelles circonstances le budget fédéral affiche-t-il 4. Dans quelles circonstances le budget fédéral accuse-t-il
un excédent ? un déficit ?

RÉPONSES
1. Les principales composantes des revenus fédéraux sont  l’impôt sur le 2. Le budget fédéral affiche un excédent budgétaire quand les revenus sont
revenu des particuliers, l’impôt sur le revenu des sociétés, la taxe sur les supérieurs aux dépenses.
produits et services et les cotisations de l’assurance emploi.
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 163

7.2 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE CANADIENNE


Comme nous allons le voir, une politique budgétaire est une politique économique qui utilise Politique budgétaire
le budget de l’État pour influer sur la production, l’emploi et le niveau général des prix. Politique économique par
laquelle le gouvernement
Au Canada, le gouvernement fédéral est responsable de l’élaboration et de la d’un pays utilise le budget
de l’État pour influer sur
conduite de la politique budgétaire du pays. Comme nous l’avons constaté, l’essentiel
l’emploi, la production et le
des dépenses à l’échelle d’une province va à la santé et à l’éducation (voir le « Coup d’œil niveau général des prix.
sur l’économie québécoise », p. 162), ce qui explique qu’une province peut difficilement
se servir de son budget pour mener une politique budgétaire efficace.
Au terme de consultations auprès des divers ministères fédéraux et de ses homologues
provinciaux (pour les projets financés conjointement), le ministre des Finances élabore
une série de propositions. Une fois son plan budgétaire entériné par le Cabinet, il le soumet
au Parlement, lequel en débat et adopte les lois nécessaires à sa mise en œuvre.

L’ÉVOLUTION DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE CANADIENNE


Avant les années 1930, la théorie économique dominante voulait que l’activité économique
se stabilise d’elle-même dans une grande mesure, et le budget des États ne visait alors
qu’à financer leurs activités. Au Canada comme ailleurs, on s’attendait à ce que le gouver-
nement central d’un pays équilibre son budget chaque année comme un ménage prudent,
quitte à ce que cela entraîne des réductions de dépenses ou des augmentations d’impôts,
sans réaliser que de telles mesures aggravaient les fluctuations économiques.
Dans les années 1930, la Grande Dépression ébranle la croyance en une « main invi-
sible » qui stabilise automatiquement l’économie, et renforce la détermination des États
à jouer un rôle plus actif dans la régulation de l’activité économique. D’autant plus que
les travaux de l’économiste John Maynard Keynes, surnommé « le père de la macroéco-
nomie », leur en donnent les moyens (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste »,
p. 164).
Après la guerre, sous l’influence des économistes keynésiens dominants, le rôle
du  budget fédéral canadien s’élargit : il devient un instrument de politique
macroéconomique.
En avril 1945, le gouvernement du Canada dépose au Parlement le White Paper on
Employment and Incomes, un livre blanc qui résume sa nouvelle politique budgétaire.
Réitérant son engagement à maintenir un « niveau d’emploi élevé et stable », il s’y
déclare « prêt, lorsque le chômage menacera, à encourir des déficits […] en augmentant
les dépenses ou en réduisant les impôts » [traduction libre].
Le budget fédéral de 1945 visait à lutter contre la récession et le chômage, ce qui
supposait une augmentation des dépenses publiques ou une réduction des impôts (ou
les deux) pour stimuler la demande agrégée. Au début des années 1960, les économistes
constatent qu’on peut aussi se servir de la politique budgétaire pour maîtriser l’inflation,
et ce, en réduisant les dépenses publiques ou en augmentant les impôts (ou les deux)
afin de diminuer la demande agrégée.
Mais comment fonctionnent ces mesures de politique budgétaire ? C’est ce que nous
allons voir en examinant de plus près les effets des variations des dépenses publiques
ou des impôts.

LES EFFETS D’UNE VARIATION DES DÉPENSES PUBLIQUES


OU DES IMPÔTS
Nous avons vu au chapitre 6 qu’une variation de la demande agrégée influe sur le niveau
général des prix (mesuré par l’indice implicite des prix du PIB), sur la production (le PIB
réel) et sur l’emploi. C’est en faisant varier deux des composantes de la demande
164 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

agrégée, les dépenses publiques et les dépenses de consommation (par les impôts), que
la politique budgétaire influe sur le PIB réel, l’emploi et le niveau général des prix.
Les variations des dépenses de l’ensemble des administrations publiques (G) et des
impôts (T) ont un effet multiplicateur sur la demande agrégée (DA), le PIB réel et le niveau
général des prix. Nous allons étudier tour à tour :
• L’effet multiplicateur d’une variation des dépenses publiques ;
• L’effet multiplicateur d’une variation des impôts.

Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

John Maynard Keynes et la révolution macroéconomique


John Maynard Keynes, qui vit le jour en 1883 en Angleterre, est tagne à la conférence de la Paix  de Ver-
considéré comme l’un des plus grands esprits du xxe siècle. sailles, à la fin de la Première Guerre
mondiale ; il devient un as de la spécu-
Durant la Révolution industrielle, voyant que le progrès lation financière internationale, activité
technologique élimine des emplois et en crée de nouveaux, les à laquelle il s’adonne tous les matins, de
gens commencent à se demander si l’économie peut créer as- son lit, et qui lui fait gagner et perdre des
sez d’emplois et une demande suffisante pour assurer la vente fortunes ; il joue un rôle déterminant dans
de tous les biens et services produits. À cette question, Jean- la création du Fonds monétaire interna-
Baptiste Say répond que la production de biens et de services tional ; et il participe au groupe Blooms-
engendre des revenus bien suffisants pour permettre l’achat de bury, un cercle d’artistes et d’intellectuels
tous les biens et services produits. Autrement dit, selon ce qui de premier plan, comme Bertrand Russell,
est devenu la loi de Say, l’offre crée sa propre demande.
Virginia Woolf et E. M. Forster. Personnage
brillant et controversé, Keynes répond un
John Maynard Keynes révolutionne la pensée macroécono-
jour à un critique qui lui reproche d’avoir
mique en réfutant la loi de Say. Il affirme que le PIB réel ne dé-
pend pas des biens et des services offerts, mais est au contraire changé d’opinion sur certaines questions : John Maynard Keynes affirme que le PIB

déterminé par ce que les consommateurs sont prêts à acheter, « Quand je m’aperçois que j’ai tort, je réel ne dépend pas des biens et services
offerts, mais de ce que les consomma-
c’est-à-dire par le principe de la demande effective. Il arrive, disait change d’avis. Pas vous ? » teurs sont prêts à acheter.

Keynes, que les particuliers refusent de dépenser la totalité de


Près de 75 ans après la publication de la Théorie générale de
leur revenu. Or, si les entreprises refusent d’investir en nouveau
l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, son œuvre maîtresse, Keynes
capital la somme que les particuliers ont l’intention d’épar-
et les théories keynésiennes jouissent encore d’une influence
gner, la demande risque de tomber en deçà de l’offre. Et, le cas
certaine. Cependant, depuis quelques décennies, plusieurs éco-
échéant, les ressources risquent d’être sous-employées et de le
nomistes, dont Robert E. Lucas fils (prix de la Banque de Suède
rester indéfiniment.
en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel), révolu-
Keynes croit qu’il appartient alors à l’État de prendre le re- tionnent encore plus profondément la macroéconomie. Grâce à
lais en augmentant ses propres dépenses de façon à soutenir eux, nous en savons maintenant beaucoup plus sur la croissance
la demande effective, quitte à se retirer une fois la croissance économique, le chômage, l’inflation et les cycles économiques,
amorcée. Il donne ainsi ses lettres de noblesse à la politique ce qui nous permet d’utiliser la politique budgétaire et la poli-
budgétaire. Bien qu’il mise sur le court terme (« À long terme, tique monétaire pour améliorer la performance macroécono-
nous sommes tous morts », ironise-t-il), Keynes prévoit tout de mique. Cela dit, nous sommes loin d’avoir toutes les réponses, et
même que son remède à la crise économique – l’accroissement la macroéconomie demeure un domaine de recherche passion-
des dépenses publiques – peut devenir inflationniste à long nant, où les polémiques sont toujours aussi vives.
terme, comme ce fut le cas au cours des années 1970.
Que préconise Keynes lorsque les ressources sont sous-
Le père de la macroéconomie, comme on l’appelle parfois, employées ? Quel est le risque à long terme d’accroître les dé-
ne se contente pas d’écrire des ouvrages sur la théorie des penses publiques ? Est-ce que les idées de Keynes sont toujours
probabilités et sur l’économie. Il est délégué de la Grande-Bre- d’actualité ?
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 165

L’effet multiplicateur d’une variation des dépenses publiques


Les dépenses publiques sont une composante de la dépense agrégée. Par conséquent,
une variation des dépenses publiques fait varier la dépense agrégée, et donc la demande
agrégée (voir le chapitre 6). Or, cette variation de la demande agrégée a un effet d’en-
traînement sur les dépenses de consommation, ce qui multiplie l’effet de la variation
initiale des dépenses publiques sur la demande agrégée.
Supposons que le gouvernement fédéral augmente ses dépenses en biens et services.
Cette augmentation des dépenses publiques accroît la dépense agrégée, et donc la
demande agrégée. Mais le processus ne s’arrête pas là, car cette augmentation initiale
de la demande agrégée accroît le PIB réel, et donc le revenu dont les gens disposent pour
les dépenses de consommation et l’épargne. Avec un revenu disponible accru, les gens
consomment et épargnent davantage. Ainsi, l’augmentation du revenu disponible
entraîne une augmentation des dépenses de consommation. Comme ces dernières sont
une autre composante de la dépense agrégée, celle-ci augmente encore. Cependant,
l’augmentation des dépenses de consommation (et de la dépense agrégée) qu’entraîne
l’augmentation du revenu disponible est moins importante que celle qu’avait entraînée
l’augmentation initiale des dépenses publiques, car une partie de l’augmentation du
revenu disponible va à l’épargne.
Bien que plus faible, l’augmentation des dépenses de consommation des ménages (et
donc de la dépense agrégée) augmente la demande agrégée, le PIB réel et le revenu
disponible. Et le processus se poursuit, entraînant une série d’augmentations de plus en
plus faibles des dépenses de consommation. C’est ce qu’on appelle « l’effet multiplica-
teur » d’une variation initiale de la demande agrégée (et de la dépense agrégée) sur les
dépenses de consommation.
Une réduction initiale des dépenses publiques aurait eu l’effet multiplicateur inverse :
elle aurait réduit la demande agrégée, ce qui aurait diminué le PIB réel et le revenu
disponible, entraînant une série de réductions de plus en plus faibles des dépenses de
consommation.
À la fin du processus, la demande agrégée a varié – à la hausse ou à la baisse – d’un
multiple de la variation initiale des dépenses publiques. Ce multiple est le multiplicateur Multiplicateur des
dépenses publiques
des dépenses publiques (mG), c’est-à-dire le nombre par lequel on multiplie la variation
Nombre par lequel on
initiale des dépenses publiques (∆G) pour déterminer la variation finale de la demande multiplie la variation initiale
agrégée (∆DA). Autrement dit, des dépenses publiques
pour déterminer la variation
∆DA = mG × ∆G finale de la demande agrégée.

La figure 7.2 (p. 166) illustre l’effet multiplicateur d’une augmentation des dépenses
publiques. Au départ, la courbe de demande agrégée est DA0. Le gouvernement aug-
mente de 40 G$ ses dépenses publiques (∆G), ce qui accroît d’autant la dépense agrégée,
et donc la demande agrégée. La courbe mauve DA0 + ∆G montre le résultat de cette
première étape du processus : l’augmentation de 40 G$ des dépenses publiques (et donc
de la dépense agrégée) a accru la demande agrégée du même montant et a déplacé la
courbe de demande agrégée vers la droite (flèche bleue). Puis, l’effet multiplicateur s’en-
clenche (flèche rouge) : l’augmentation de la demande agrégée entraîne une augmenta-
tion de la production, de l’emploi et du revenu disponible, ce qui accroît encore les
dépenses de consommation, la dépense agrégée et donc la demande agrégée à chaque
niveau des prix. Des augmentations en chaîne des dépenses de consommation de plus
en plus faibles augmentent la demande agrégée de 60 G$ supplémentaires.
À la fin du processus, la courbe de demande agrégée s’est déplacée vers la droite
jusqu’à DA1. L’augmentation initiale des dépenses publiques (40 G$) a entraîné une
augmentation de la demande agrégée deux fois et demie plus élevée (100 G$). Dans cet
exemple, le multiplicateur des dépenses publiques est donc de 2,5.
166 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 7.2 L’effet multiplicateur d’une variation des dépenses publiques

Niveau des prix (IIP, 2007  100)

140 3
Augmentation finale
de la demande agrégée

130
2
Effet multiplicateur :
120 augmentations 1 Une augmentation des dépenses publiques
en chaîne des dépenses accroît la demande agrégée et augmente le revenu
de consommation
disponible, ce qui 2 entraîne des augmentations
110 en chaîne de plus en plus faibles des dépenses
de consommation. 3  L’augmentation finale
de la demande agrégée (100 G$) est 2,5 fois
100 plus importante que l’augmentation initiale
DA1
1 des dépenses publiques.
Augmentation DA0  G
des dépenses
90 publiques
DA0

0 950 1000 1040 1100 1 150 1 200 1 250


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

Le multiplicateur des dépenses publiques et l’emploi


Nous l’avons dit, une variation des dépenses publiques fait varier les dépenses, mais
aussi le niveau d’emploi. Examinons ce phénomène, étape par étape.
ÉTAPE 1 Supposons que le gouvernement fédéral augmente de 100 M$ ses dépenses
d’entretien des routes en octroyant de nouveaux contrats d’entretien au secteur privé.
Cette augmentation des dépenses publiques entraîne une hausse de 100 M$ des revenus
des entrepreneurs et des travailleurs embauchés pour exécuter ces contrats.
ÉTAPE 2 Comme ils disposent maintenant d’un revenu disponible accru, ces entrepre-
neurs et travailleurs augmentent leurs dépenses de consommation. S’ils ont l’habitude
de dépenser 60 % de leurs revenus, l’augmentation des dépenses de consommation sera
de 60 M$.
ÉTAPE 3 D’autres entreprises voient ainsi leur chiffre d’affaires augmenter et embauchent
du nouveau personnel, et d’autres travailleurs voient leurs revenus disponibles augmen-
ter. Cet accroissement des revenus de 60 M$ engendrera une autre augmentation des
dépenses de consommation et des revenus, mais cette fois-ci de 36 M$ (60 M$ × 60 %).
À ce stade-ci, les dépenses se sont accrues de 196 M$, ce qui correspond à l’augmen-
tation initiale des dépenses de 100 M$ (étape 1) plus les autres augmentations de 60 M$
(étape 2) et de 36 M$ (étape 3).
Puis, le processus se poursuit. En fin de compte, l’augmentation initiale des dépenses
et son effet d’entraînement sur les dépenses de consommation se répercutent non seu-
lement sur la dépense agrégée, mais aussi sur l’emploi.

L’effet multiplicateur d’une variation des impôts


Le gouvernement peut également stimuler l’économie en baissant les impôts plutôt qu’en
Multiplicateur des impôts
augmentant ses dépenses, car une variation d’impôt a, elle aussi, un effet multiplicateur
Nombre par lequel on doit
multiplier une variation des sur la demande agrégée.
impôts pour déterminer
l’augmentation finale de la Le multiplicateur des impôts, mT, est le nombre par lequel on doit multiplier une
demande agrégée. variation des impôts (∆T) pour obtenir la variation finale de la demande agrégée (∆DA).
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 167

Le multiplicateur des impôts est toujours négatif : une baisse d’impôts augmente la
demande agrégée ; une augmentation d’impôts la réduit. Autrement dit,

∆DA = mT × ∆T
Par exemple, si une baisse d’impôts de 40  G$ entraîne une augmentation finale
de la demande agrégée de 60 G$, le multiplicateur des impôts est de −1,5, ou [60 ÷ (−40)].
Cependant, l’effet d’une baisse des impôts est toujours plus faible que l’effet d’une
hausse équivalente des dépenses publiques. On comprendra pourquoi en comparant ce
qui se passe à la première étape du processus dans chacun des cas.
Dans le cas d’une hausse des dépenses publiques, l’augmentation initiale des
dépenses publiques entraîne une augmentation équivalente de la demande agrégée
(première étape). Puis, l’effet d’entraînement de cette augmentation de la demande
agrégée sur les dépenses de consommation multiplie l’augmentation initiale de la
demande agrégée (étapes suivantes).
Dans le cas d’une variation des impôts, les choses se passent différemment.
Contrairement aux dépenses publiques, les impôts ne sont pas une composante de la
dépense agrégée. Ainsi, à la première étape du processus, une baisse des impôts ne
modifie pas la demande agrégée ; elle ne fait qu’augmenter le revenu disponible, ce qui
a immédiatement un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation.
Supposons que le gouvernement fédéral choisit de réduire de 100 M$ les impôts au
lieu d’augmenter ses dépenses de 100 M$. Les revenus après impôts des contribuables
augmentent de 100 M$. S’ils ont l’habitude de dépenser 60 % de leurs revenus, l’aug-
mentation des dépenses de consommation sera de 60 M$. Ce n’est qu’à partir de ce
moment que l’effet multiplicateur entre en action.
L’augmentation des dépenses de consommation de 60 M$ engendrera une augmen-
tation additionnelle des revenus de 36 M$ (60 M$ × 60 %) qui, à son tour, fait augmenter
les dépenses de consommation de 21,6 M$ (36 M$ × 60 %).
Si le processus s’arrête à cette étape, les dépenses se seront accrues de 117,6 M$
uniquement, soit l’augmentation initiale de 60 M$ plus les autres augmentations de
36 M$ et de 21,6 M$, ce qui est nettement inférieur aux 196 M$ générés par une hausse
équivalente des dépenses publiques.
Parce qu’il s’enclenche après la première étape, l’effet multiplicateur d’une baisse
des impôts sera toujours moindre que l’effet multiplicateur d’une hausse équivalente des
dépenses publiques.

LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE À L’ŒUVRE


Selon qu’elle vise à stimuler l’emploi ou à maîtriser l’inflation, la politique budgétaire
du gouvernement sera dite « expansionniste » ou « restrictive ».

Une politique budgétaire expansionniste


Si le PIB réel est inférieur au PIB potentiel, le gouvernement peut adopter une politique
budgétaire expansionniste en augmentant les dépenses publiques ou en réduisant les
impôts (ou les deux). Bien dosées et appliquées au moment opportun, de telles mesures
peuvent rétablir le plein-emploi en faisant augmenter la demande agrégée. Par contre,
le gouvernement risque de réaliser un déficit budgétaire, puisque ses dépenses seront
inférieures à ses revenus.
La figure 7.3 (a) (p. 168) montre comment une augmentation des dépenses publiques
permet de sortir d’un équilibre de sous-emploi. Au graphique (a), le PIB potentiel est de
1 000 G$, le PIB réel, de 900 G$, et le niveau des prix, de 105. L’économie est en équilibre
de sous-emploi. Pour rétablir le plein-emploi, le gouvernement adopte une politique
budgétaire expansionniste et accroît ses dépenses. La hausse des dépenses publiques
168 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

augmente la demande agrégée de ∆D. S’il s’agissait de la seule variation des dépenses,
la courbe de demande agrégée deviendrait DA0 + ∆D, mais l’augmentation des dépenses
publiques a un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation ; à chaque étape
du processus, la demande agrégée augmente, et la courbe DA se déplace progressive-
ment vers la droite jusqu’à DA1.
Ainsi, l’économie se déplace vers un nouveau point d’équilibre. Cependant, l’aug-
mentation de la demande agrégée entraîne une hausse du niveau des prix (voir le cha-
pitre 6). Le niveau des prix monte à 110, et le PIB réel, à 1 000 G$. On atteint de nouveau
le plein-emploi.
Une baisse d’impôts aurait produit un effet similaire, mais moindre, sur la demande
agrégée, et donc sur le PIB réel.

Une politique budgétaire restrictive


Si le PIB réel est supérieur au PIB potentiel et que l’économie est en équilibre de surem-
ploi, le gouvernement peut adopter une politique budgétaire restrictive, avec une réduc-
tion des dépenses publiques ou une hausse des impôts (ou les deux), réduire la demande
agrégée et le PIB réel, restaurer le plein-emploi et éliminer la pression inflationniste.
L’application d’une politique budgétaire restrictive engendrera un excédent budgétaire,
car les revenus seront supérieurs aux dépenses.
La figure 7.3 (b) illustre les effets anti-inflationnistes d’une réduction des
dépenses publiques. Le PIB potentiel est de 1 000 G$ ; le PIB réel, de 1 100 G$ ;
et le niveau des prix, de 115. L’économie est en équilibre de suremploi.

Figure 7.3 La politique budgétaire à l’œuvre

Niveau des prix (IIP, 2007 = 100) Niveau des prix (IPP, 2007 = 100)

140 140 1
Réduction de
1 2 PIB PIB
Hausse de la dépense agrégée
Effet potentiel potentiel
la dépense multiplicateur
130 agrégée 130

2
Effet
120 120 OA
OA multiplicateur
115
110 110
DA 0
105
100 100 DA 0– ∆D

90 DA1 90 DA 1
DA 0+ ∆D
DA 0

0 900 1000 1100 1 200 0 900 1 000 1 100 1 200


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007) PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

(a) Politique budgétaire expansionniste (b) Politique budgétaire restrictive


Au graphique (a), le PIB potentiel est de 1 000 G$, et le PIB réel, Au graphique (b), le PIB potentiel est de 1 000 G$, et le PIB réel,
de 900 G$. L’économie est en équilibre de sous-emploi. de 1 100 G$. L’économie est en équilibre de suremploi.
1  Le gouvernement accroît les dépenses publiques de ∆D, 1  Le gouvernement réduit les dépenses publiques de ∆D,
ce qui augmente d’autant la dépense agrégée et déplace la courbe ce qui réduit d’autant la dépense agrégée et déplace la courbe DA0
DA0 vers la droite jusqu’à DA0 + ∆D. 2  Cette augmentation de la vers la gauche jusqu’à DA0 – ∆D. 2 Cette réduction de la demande
demande agrégée a un effet multiplicateur, et la courbe agrégée a un effet multiplicateur, et la courbe de demande
de demande agrégée continue à se déplacer jusqu’à DA1. agrégée continue à se déplacer vers la gauche jusqu’à DA1.
À la fin du processus, le niveau des prix est monté à 110, et le À la fin du processus, le niveau des prix est tombé à 110, et le PIB
PIB réel, à 1 000 G$, et l’équilibre de plein-emploi est restauré. réel, à 1 000 G$. Les pressions inflationnistes sont éliminées.
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 169

Pour éliminer cet écart et restaurer le plein-emploi, le gouvernement adopte une


politique budgétaire restrictive et réduit les dépenses publiques. Une réduction des
dépenses publiques diminue la dépense agrégée de ∆D. S’il s’agissait de la seule variation
de la dépense agrégée, la courbe DA0 deviendrait DA0 – ∆D. Cependant, la réduction
initiale des dépenses agrégées entraîne une baisse des dépenses de consommation. À
mesure que le multiplicateur fait effet, la demande agrégée diminue, et la courbe DA0 se
déplace vers la gauche jusqu’à DA1.
L’économie se déplace vers un nouveau point d’équilibre. Cependant, la diminution de
la demande agrégée fait baisser le niveau des prix (voir le chapitre 6). Le niveau des prix
descend à 110, et le PIB réel, à 1 000 G$. L’inflation est évitée, et l’équilibre de plein-emploi,
rétabli.
Une hausse des impôts entraînerait des effets similaires, mais de moindre importance.

LES LIMITES DE LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE


En théorie, il semble facile de mettre en place une politique budgétaire. Mais en pratique,
c’est autre chose. En réalité, la politique budgétaire est sérieusement entravée par de
nombreux obstacles, comme :
• Les nombreux délais ;
• Les effets d’éviction.

Les nombreux délais


On retrouve trois types de délais : ceux de perception, d’élaboration et de mise en œuvre.
Pour être en mesure de mettre en place une politique budgétaire efficace, il faut dis-
poser de données sur l’activité économique, l’inflation et l’emploi. Les données sur
l’inflation et l’emploi sont publiées mensuellement, alors que celles sur le PIB, trimes- Délai de perception
triellement. Plusieurs mois peuvent s’écouler avant de connaître l’état exact de la Temps écoulé avant de
connaître l’état exact de la
conjoncture économique. Il s’agit du délai de perception. conjoncture économique.
Le délai d’élaboration est le temps qu’il faut au ministre des Finances pour élaborer Délai d’élaboration
le plan budgétaire qui sera entériné par le Cabinet, et au Parlement pour en débattre et Temps nécessaire au ministre
des Finances pour modifier et
adopter les lois nécessaires à sa mise en œuvre. présenter un budget et aux
parlementaires pour adopter les
D’autres mois s’écouleront entre le moment où les mesures budgétaires ont été adop- lois modifiant les impôts ou les
tées et leur entrée en vigueur, une période qu’on nomme délai de mise en œuvre. Si le dépenses en conséquence.
gouvernement décide d’augmenter ses dépenses en infrastructures, il devra procéder à Délai de mise en œuvre
des appels d’offres auprès des firmes-conseils, des entrepreneurs en construction, etc. Temps écoulé entre le moment
où les mesures budgétaires
Ce processus prend du temps. Si le gouvernement modifie le taux d’imposition des ont été adoptées et leur entrée
contribuables ou les différents paliers d’imposition, l’entrée en vigueur des nouveaux en vigueur.
taux ou paliers ne se fera qu’au premier jour de l’année suivante.
L’état de la conjoncture économique peut exiger une intervention immédiate, mais
au moment où les différentes mesures budgétaires entreront en vigueur, la politique
budgétaire mise en place ne sera peut-être plus adéquate.

Les effets d’éviction


Si le gouvernement fédéral crée un déficit à la suite de la mise en place d’une politique
budgétaire expansionniste, il le finance en empruntant sur les marchés financiers. Ses
emprunts accaparent une bonne partie des épargnes des Canadiens. S’il emprunte sur le
marché financier canadien, les taux d’intérêt au Canada risquent d’augmenter et de rendre
le coût d’emprunt plus coûteux. Certains investissements privés devenus moins rentables
Effet d’éviction des
ne se concrétiseront pas ou seront reportés à plus tard. Contrairement aux entreprises, les investissements publics
gouvernements ont la capacité de payer des taux d’intérêt plus élevés pour financer les Phénomène rencontré
lorsqu’une partie des épargnes
investissements en infrastructures qu’ils réaliseront. Lorsqu’une partie des épargnes des des ménages sert à financer
ménages sert à financer les investissements publics au détriment des investissements les investissements publics au
détriment des investissements
privés, on appelle ce phénomène effet d’éviction des investissements publics.
privés.
170 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Effet d’éviction des D’un autre côté, la mise en place d’une politique budgétaire expansionniste vise à
importations
Phénomène rencontré
stimuler les dépenses dans l’économie, notamment les dépenses de consommation. Cet
lorsqu’une partie de accroissement des dépenses n’est pas uniquement destiné à se procurer des biens et
l’augmentation des dépenses services produits au Canada, mais aussi des biens et services étrangers. On parle d’effet
de consommation sert à se
procurer des biens et services d’éviction des importations lorsqu’une partie de l’augmentation des dépenses de
importés au lieu de biens et consommation sert à se procurer des biens et services importés au lieu de biens et ser-
services produits au Canada.
vices produits au Canada.
Tous ces obstacles ont pour effet de réduire l’efficacité de la politique budgétaire mise
en place.

7.2
2 Décrire la politique budgétaire canadienne, et en expliquer le fonctionnement et les effets

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Dites si les mesures suivantes relèvent d’une politique 3. Dites si les mesures suivantes relèvent d’une politique
budgétaire expansionniste ou restrictive. budgétaire expansionniste ou restrictive.
a) Le gouvernement fédéral réduit les impôts. a) Le gouvernement fédéral réduit l’impôt sur le revenu
b) Le gouvernement fédéral réduit les dépenses pour la des particuliers.
réfection des autoroutes. b) Le gouvernement fédéral augmente ses dépenses
c) Le gouvernement fédéral augmente les paiements pour la sécurité dans les aéroports.
de transfert aux provinces et aux territoires pour les c) Le gouvernement fédéral alloue des fonds pour
soins de santé et l’éducation supérieure. refaire la décoration du bureau du premier ministre.
d) Le gouvernement réduit les fonds consacrés à la d) Le gouvernement fédéral commande 10 chasseurs
défense nationale. F-18 Hornet de Boeing.
2. Expliquez comment la demande agrégée varie dans les 4. À l’aide du modèle OA-DA, illustrez dans un graphique les
cas suivants. effets de chacun des événements suivants.
a) Le gouvernement fédéral augmente les dépenses a) Le gouvernement fédéral réduit les dépenses
publiques de 100 G$. publiques de 100 G$.
b) Le gouvernement fédéral augmente les impôts de b) Le gouvernement fédéral réduit les impôts de 100 G$.
100 G$. c) Le gouvernement fédéral prend simultanément les
c) Le gouvernement prend simultanément les mesures mesures (a) et (b).
(a) et (b).

RÉPONSES
1. Les mesures (a) et (c) sont expansionnistes ; les mesures (b) et (d), restrictives. b) La demande agrégée diminue de plus de 100 G$, car la  hausse
2. a) La demande agrégée augmente de plus de 100 G$, car la hausse des d’impôt a un effet multiplicateur qui réduit la dépense agrégée.
dépenses publiques a un effet multiplicateur qui accroît la dépense c) La demande agrégée augmente, car l’effet d’une augmentation de
agrégée. 100 G$ des dépenses publiques est plus important que l’effet d’une
réduction équivalente (100 G$) des impôts.

7.3 LE DÉFICIT ET LA DETTE


Nous avons vu précédemment qu’un déficit budgétaire peut résulter de l’application
d’une politique budgétaire expansionniste. Comment un déficit peut-il affecter le montant
Frais de la dette de la dette ? Cela affecte-t-il les frais de la dette ? C’est ce que nous examinerons d’abord.
Somme des intérêts payés
sur la dette, des primes, des
commissions, des frais de
service et du coût d’émission LES FRAIS DE LA DETTE
de nouveaux titres du
gouvernement (obligations ou Les frais de la dette comprennent les intérêts payés sur la dette, les primes, les com-
bons du Trésor). missions et les frais de service de même que le coût d’émission de nouveaux titres du
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 171

gouvernement (obligations ou bons du Trésor). On calcule les frais de la dette en multi-


pliant la valeur de la dette par un taux d’intérêt représentant une moyenne des taux des
titres émis par le gouvernement. Par exemple, si la dette s’élève à 100 G$ et que le taux
d’intérêt moyen est égal à 10 %, les frais de la dette représentent 10 G$.
Un déficit budgétaire est financé par des emprunts obliga-
taires, c’est-à-dire par la vente de titres du gouvernement (obli-
Saviez-vous que…
gations ou bons du Trésor). Ces emprunts s’ajoutent à la dette. En 2016-2017, le gouvernement du Québec a
Une augmentation de la dette augmente les intérêts que le versé près de 2 G$ dans un fonds, le Fonds des
gouvernement doit verser sur ses emprunts obligataires et, par générations, portant sa valeur à 11 G$3 (9 G$
conséquent, les frais de la dette. Des frais de la dette plus élevés au 31 décembre 2015 plus les 2 G$ versés). D’où
réduisent la marge de manœuvre du gouvernement, car les proviennent les sommes versées dans ce fonds ?
sommes versées en intérêts sur la dette ne peuvent servir à À quoi peut bien servir le Fonds des générations ?
d’autres fins.

RÉPONSE
Selon la Loi sur la réduction de la dette et instituant le
Par ailleurs, la cote de crédit du gouvernement influe sur les Fonds des générations de 2009, mise à jour le 1er avril 2016,
taux d’intérêt auxquels il emprunte sur les marchés financiers, 0,5 G$ provenant de la taxe sur l’alcool plus les droits et
redevances sur l’extraction minière sont versés au Fonds des
sur les intérêts payés et, finalement, sur les frais de la dette. Qui générations chaque année4. À cela peuvent s’ajouter d’autres
fixe la cote de crédit du gouvernement ? Ce sont les agences de sommes, comme des revenus de placements ou une partie
notation, comme Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. Ces agences des bénéfices d’Hydro-Québec. Ces sommes serviront à
rembourser la dette brute du Québec.
évaluent le risque de non-remboursement d’un État qui émet des
titres de dette (comme des obligations), et attribuent une cote ou
une note allant de triple A, la meilleure, à triple C, la pire. Pour
les États, une décote se traduit par une hausse des taux d’intérêt auxquels ils empruntent
sur les marchés financiers ; en d’autres mots, cela coûtera plus cher d’emprunter pour un
État sur les marchés financiers.
Le gouvernement canadien a une cote de crédit triple A et peut emprunter à des taux
moindres sur les marchés financiers.

LA RELATION ENTRE LES SOLDES BUDGÉTAIRES ET LA DETTE


Nous venons de voir qu’un budget déficitaire fait augmenter la dette et les frais de la
dette. Qu’en est-il d’un budget excédentaire ?
Quand le budget est excédentaire, le gouvernement doit décider ce qu’il fera des
sommes en surplus. Il peut, au choix, accroître le financement de certains programmes
(sécurité nationale, environnement, aide aux pays en développement, etc.), augmenter
les paiements de transfert aux particuliers (pensions, allocations familiales, etc.) ou aux
provinces (en santé et en éducation), réduire les impôts ou consacrer une partie de l’ex-
cédent à la réduction de la dette.
La figure 7.4 (p. 172) met en évidence la relation entre les soldes budgétaires annuels
d’un État fictif et la dette.
En consacrant la totalité ou une partie de l’excédent budgétaire à la réduction de la
dette, les sommes versées en intérêts de même que les frais de la dette diminuent.

LA DETTE ET SON POIDS


Un gouvernement finance un budget déficitaire par la vente de titres (obligations ou bons
du Trésor). Qui les achète et, donc, détient une partie de la dette ? Quelle est l’importance
(poids) de la dette ? Avant de répondre à ces questions, examinons en quoi consiste
cette dette.

3. Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017, www.
budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).
4. Gouvernement du Québec, Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des généra-
tions, chapitre R-2.2.0.1, éditeur officiel du Québec, mise à jour le 1er avril 2016, http://www2.
publicationsduquebec.gouv.qc.ca/documents/lr/R_2_2_0_1/R2_2_0_1.htm (page consultée le
21 avril 2016).
172 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 7.4 La relation entre les soldes budgétaires annuels et la dette

Excédent () ou déficit () budgétaire (en G$)


20

–20 En 2015 (avant la période couverte par le


2016 2017 2018 2019 graphique), la dette publique d’un État fictif
Année se chiffrait à 50 G$. En 2016, le gouvernement
Dette publique (en milliards de dollars) central enregistrait un déficit budgétaire de 10 G$,
et la dette publique grimpait à 60 G$. En 2017,
80
un déficit budgétaire de 20 G$ a porté la dette
publique à 80 G$. En 2018, un excédent de 10 G$
60
l’a réduite à 70 G$, et en 2019, un excédent de
20 G$ l’a ramenée à 50 G$.
40

20

0
2016 2017 2018 2019
Année

Différents concepts de dette


On distingue trois concepts de dette : la dette brute, la dette nette et la dette fédérale
Dette brute représentant les déficits cumulés. La dette brute représente la totalité des engagements
Valeur totale des engagements financiers de l’État. Pour obtenir la dette nette, il faut déduire de la dette brute la valeur
financiers.
des actifs financiers. Il peut s’agir de titres (actions ou obligations) d’entreprises que
Dette nette
Valeur de la dette brute moins
détient le gouvernement fédéral ou de prêts sans intérêt qu’il a octroyés à certaines
les actifs financiers. entreprises canadiennes. Si on soustrait d’autres types d’actifs, soit la valeur des actifs
Dette fédérale non financiers (immeubles, terrains, infrastructures, etc.), nous obtenons la dette fédé-
Valeur de la dette nette moins rale, qui représente la somme des déficits antérieurs.
les actifs non financiers.
Au Canada, la dette brute au 31 mars 2015 représentait 1 023,6 G$. En soustrayant
de la dette brute les 336,7 G$ d’actifs financiers, la valeur de la dette nette s’élevait à
686,9 G$. Si l’on soustrait 74,6 G$ d’actifs non financiers de la dette nette, on obtient la
dette fédérale, soit 612,3 G$. Elle est passée à 619,3 G$ au 31 mars 2016, puis passera
à 648,7 G$ au 31 mars 2017, soit 619,3 G$ plus le déficit prévu de 29,4 G$5.

Les détenteurs de la dette


Les titres émis par un gouvernement peuvent être détenus par des résidents ou des non-
résidents (des étrangers). Il s’agit, pour l’essentiel, de banques, de compagnies d’assurance,
de fonds de pension ou d’assurance, de fonds d’investissement, voire de fonds spéculatifs.
Au 31 mars 2015, les Canadiens détenaient environ 72 % de la dette brute ; parmi
ces derniers, les sociétés d’assurances et les caisses de retraite détenaient la part la plus
importante, avec 32,0 % ; venaient ensuite d’autres institutions financières (25,2 %) et
la Banque du Canada (14,3 %).
Les étrangers, surtout des Américains, des Européens et des Japonais6, détenaient un
peu moins de 28 % de la dette brute du gouvernement du Canada. Par rapport aux autres
pays membres du G7, la part de la dette brute du Canada détenue par les étrangers est peu

5. Ministère des Finances du Canada, Le budget de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget.


gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr.html#_Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).
6. 60 % des obligations canadiennes détenues par des étrangers le sont par des Américains, 20 %
par des Européens, 7  % par des Japonais et 13  % par des étrangers d’autres pays, au 1er
trimestre de 2012. Source : Statistique Canada, Bilan des investissements internationaux au
Canada, 67-202-X, modifié le 27-11-2015.
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 173

élevée. Elle est comparable à celle du Royaume-Uni (25 %), mais nettement inférieure à celles
de l’Allemagne (60 %), de la France (64 %) et des États-Unis (48 %). La part de la dette brute
du Japon détenue par les étrangers est d’à peine 9 %, et celle de l’Italie, de 35 %7.

Le poids de la dette
Le poids de la dette ou la dette en pourcentage du PIB permet de mesurer l’ampleur de Poids de la dette
l’endettement d’un gouvernement ou d’un pays. Pour connaître le poids de la dette, il Pourcentage correspondant à la
dette divisée par le PIB nominal,
faut diviser la dette par le PIB nominal, puis multiplier le résultat par 100. La figure 7.5 puis multipliée par 100.
retrace l’évolution de la dette fédérale (en pourcentage du PIB) depuis 1945. Les énormes
déficits accumulés durant la Deuxième Guerre mondiale l’ont à ce point accrue qu’elle
représentait 110 % du PIB, un sommet inégalé !
Les excédents budgétaires de l’après-guerre réduisent le rapport de la dette au PIB
jusqu’en 1975, année où il n’est plus que de 14 % – une première depuis la Deuxième
Guerre mondiale. Jusqu’à la fin des années 1970, de faibles déficits n’augmentent que
légèrement le rapport de la dette au PIB, mais ce ratio bondit avec les énormes déficits
annuels des années 1981 à 1986. Devenu chronique, le déficit fédéral commence alors à
se nourrir lui-même : les emprunts accrus augmentent la dette et les intérêts sur la dette,
lesquels creusent encore le déficit et la dette – un cercle vicieux qui explique l’ampleur du
déficit accumulé dans les années 1980. À la fin de la décennie, le rapport de la dette au
PIB continue à croître, mais plus modérément. Il se remet à grimper rapidement avec la
récession de 1990-1992, pour atteindre 73,8 % du PIB en 1995-1996. Après 1993, la
politique fédérale de lutte au déficit permet d’abord de réduire le rythme de croissance
de la dette, puis, après 1996, de réduire le rapport de la dette au PIB, qui était tombé à
31,7 % pour l’exercice budgétaire de 2007-2008. La récession de 2008-2009 a fait aug-
menter la dette et son poids pour atteindre 34 % du PIB en 2010-2011. Depuis, le poids
de la dette fédérale a diminué pour s’établir à 31,0 % du PIB en 2014-2015. Il devrait
rester à ce niveau jusqu’en 2020-2021, un niveau élevé par rapport aux années 1970.
On constate d’importantes disparités dans l’endettement des provinces. Le « Coup
d’œil sur l’économie québécoise » retrace l’évolution de la dette brute du Québec depuis
1998 et compare le poids de sa dette nette (en pourcentage du PIB) avec celui de la dette
nette des autres provinces.

Figure 7.5 L’évolution de la dette fédérale depuis 1945

Dette fédérale (en pourcentage du PIB)


Cible pour 2021 : 30,9 %
120
Cible pour 2017 : 28,5 %
100 1946 : 110 %
La dette fédérale en pourcentage
80 du PIB diminue de 1946 à 1975,
puis augmente jusqu’en 1997, année
60 où elle recommence à diminuer.
1975 : 14 % La courbe pointillée montre une
40 projection du rapport dette/PIB
jusqu’en 2021, indiquant la cible
20 2011 : 33,9 % de 30,9 %.

0
1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015 2025
Année

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0002 : Produit intérieur brut financier annuel du gouvernement du Canada, Exercices 2010-2011, 2011-2012,
(PIB), en termes de dépenses, trimestriel, modifié le 24-05-2012 ; tableau 380- 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015. Ministère des Finances du Canada, Le bud-
0007 : Comptes sectoriels : ensemble des niveaux des administrations publiques, get de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget.gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr.
trimestriel, modifié le 01-03-2012. Ministère des Finances du Canada, Rapport html#_Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).

7. Ministère des Finances du Canada, Rapport sur la gestion de la dette 2014-2015, 16 février
2016, https ://www.fin.gc.ca/dtman/2014-2015/dmr-rgd1501-fra.asp#toc06 (page consultée le
22 avril 2016).
174 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

L’évolution de la dette du Québec depuis 1998


La dette brute du Québec est constituée de la dette directe – titres de la santé et des services sociaux et de l’éducation a eu pour
du gouvernement, emprunts en monnaie étrangère, etc. – et des effet d’augmenter ce ratio de 48,5 % à 50,1 % au 31 mars 2009.
sommes dues aux régimes de retraite des employés de l’État. De 2009 à 2015, le poids de la dette brute du Québec est passé
Depuis 2009, s’ajoutent les sommes dues aux avantages sociaux de 50,1  % à 55,1  % du PIB. Sans le versement au Fonds des
futurs moins celles versées au Fonds des générations. On obtient générations, le poids de la dette brute serait plus important. La
la dette nette en soustrayant de la dette brute les actifs financiers, hausse du poids de la dette brute à compter de 2009 est due à
comme les participations détenues par le gouvernement dans les l’augmentation des investissements en immobilisations et à la
sociétés d’État (Hydro-Québec, Loto-Québec, etc.). récession de 2008-2009.

Jusqu’en 1997-1998, la dette brute du Québec se composait La figure 2 montre qu’au 31 mars 2015, le poids de la dette
uniquement de ses déficits budgétaires cumulés. Le coût des brute du Québec était de 55,1 %, ce qui dépasse, et de loin, le
immobilisations (routes, hôpitaux, etc.) était inscrit en entier poids de la dette brute du gouvernement canadien (45,6  %)
aux dépenses de l’année financière pendant laquelle ces et celui de l’Ontario (46,0  %), et fait du Québec la province la
immobilisations avaient été acquises ; en d’autres termes, le plus endettée de la Confédération (en pourcentage du PIB).
coût n’était pas amorti. Depuis la réforme de la comptabilité Pour la première fois de son histoire, l’Alberta a une dette brute
gouvernementale de 1997-1998, la valeur de l’amortissement correspondant à 7 % de son PIB.
des immobilisations s’ajoute dorénavant au calcul de la dette
brute. Autrement dit, le gouvernement du Québec comptabilise À combien s’élevait le poids de la dette brute du
maintenant l’amortissement des immobilisations aux fins du gouvernement du Québec au 31 mars 2015 ? Comme la dette
calcul de la dette brute. s’élevait à 203,9 G$, calculez la valeur du PIB ayant servi au calcul
du poids.
Depuis cette réforme comptable de 1997-1998, la dette
brute du Québec n’a cessé de  s’accroître. La dette brute du En quoi consistait la réforme de la comptabilité gouverne-
gouvernement du Québec a grimpé de 98,4 G$ au 31 mars 1998 mentale de 1997-1998 ? Quelle conséquence a-t-elle eue sur le
à 203,9 G$ au 31 mars 2015. calcul de la dette brute du Québec ?

La figure 1 résume l’évolution du poids de la dette brute du Au 31 mars 2015, le poids de la dette brute du gouvernement
gouvernement du Québec – c’est-à-dire l’évolution de la dette du Québec était-il supérieur ou inférieur à celui du gouvernement
brute en pourcentage du PIB. Au 31 mars 1998, après la réforme fédéral ? Le Québec est-il la seule province canadienne dans
comptable, le poids de la dette était de 57,8 %, pour diminuer cette situation ?
à près de 49 % au 31 mars 2007. La consolidation des réseaux
Figure 1 Figure 2
L’évolution de la dette brute du Québec depuis 1998 La dette brute des provinces au 31 mars 2015
(en % du PIB) Provinces
Dette brute (en pourcentage du PIB) Québec
60 Ontario
Canada
50 Nouvelle-Écosse
40 Manitoba
Nouveau-Brunswick
30 Terre-Neuve-et-Labrador
20 Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
10 Saskatchewan
Alberta
0
1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025
Année
0 20 40 60
Dette nette (en pourcentage du PIB)
Source : Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017,
www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 175

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

La dette des principales économies avancées


La dette brute de l’ensemble des administrations publiques des administrations publiques canadiennes s’est établi à 94,8 %
(fédérale, provinciale et municipale) au Canada tournait autour en 2015, inférieur à celui des pays membres de l’OCDE (115,4 %)
de 1 887 G$ en 2015. La dette de l’ensemble des administrations et à celui des États-Unis (110,6 %). Le Japon affiche un ratio
publiques au Canada est-elle plus élevée que celle des autres deux fois plus élevé que celui de l’ensemble des pays membres
économies avancées ? Le Canada fait-il figure d’exception sur la de l’OCDE.
scène internationale ?
Quels pays affichent un ratio de la dette brute au PIB supérieur
La figure suivante présente la dette brute des administra- à celui de l’ensemble des pays membres de l’OCDE ? Quel pays
tions publiques des principales économies avancées en pour- européen affiche un ratio de la dette brute au PIB inférieur à celui
centage du PIB. Le ratio de la dette brute au PIB de l’ensemble de l’ensemble des pays membres de la zone euro ?

La dette brute des principales économies avancées en 2015


Dette brute (en pourcentage du PIB)

250

200

150

100

50

0
Japon Italie France Espagne Royaume-Uni États-Unis Canada Allemagne Zone Euro Total OCDE
Pays
Source : OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, Statistiques : solde budgétaire et endettement des administrations
publiques, tableau 33, Engagements financiers bruts des administrations publiques en pourcentage du PIB nominal,
www.oecd.org/fr/eco/finances-publiques/ (page consultée le 24 avril 2016).

7.3
3 Expliquer le lien entre le déficit et la dette, et décrire l’évolution de la dette fédérale

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Que doit faire le gouvernement fédéral lorsqu’il réalise un 3. Que peut faire le gouvernement fédéral lorsqu’il réalise
déficit budgétaire ? un excédent budgétaire ?
2. Expliquez la relation entre le solde budgétaire d’une 4. Expliquez la relation entre l’excédent budgétaire d’une
administration publique et sa dette. administration publique et sa dette.

RÉPONSES
1. Lorsque le gouvernement fédéral fait un déficit budgétaire, il vend des obligations ou des bons du Trésor pour financer ce
déficit.
2. La dette d’une administration publique est égale à la somme de ses déficits budgétaires antérieurs moins la somme de
ses excédents budgétaires antérieurs. Chaque déficit fait augmenter la dette publique.
176 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PAYEZ-VOUS TROP D’IMPÔTS ?


Considérez-vous que vous payez trop d’impôts pour les services publics que vous rece-
vez ? Considérez-vous que le déficit est trop élevé ? Qu’est-ce qui vous préoccupe le plus :
la prestation des services publics, la taille du déficit ou le taux d’imposition de
vos revenus ?
Si c’est la prestation des services publics qui vous préoccupe le plus, préfèreriez-vous
des mesures budgétaires qui incluent un accroissement des dépenses ? Dans quels pro-
grammes ? Que recommanderiez-vous pour financer ces dépenses ? Des hausses
d’impôts ?
Si c’est le déficit budgétaire qui vous préoccupe le plus, quelles mesures suggéreriez-
vous pour le diminuer ? Une hausse des impôts ou une baisse des dépenses ? Que feriez-
vous pour rétablir l’équilibre budgétaire ?
Si c’est le taux d’imposition de vos revenus qui vous préoccupe le plus, préfèreriez-
vous que les mesures budgétaires prévoient des baisses d’impôts ? Pour parvenir à ces
baisses d’impôts, dans quels programmes publics feriez-vous des coupes ?
Pensez aux changements dans la politique budgétaire qui ont été récemment rappor-
tés dans les médias. Que pouvez-vous en conclure quant à la position du gouvernement
fédéral ? Comment voit-il la situation de l’économie canadienne ? Êtes-vous du même
avis ? Quel type de politique budgétaire recommanderiez-vous ? Le gouvernement fédéral
doit-il intervenir pour stimuler ou freiner l’activité économique ?
Poussez la réflexion plus loin : quels impacts ces changements auront-ils sur vous,
sur vos décisions quant à vos dépenses, sur vos épargnes et sur votre emploi ?
En considérant les impacts des changements à la politique budgétaire sur votre
situation, tentez de mesurer leur effet sur la demande agrégée. Croyez-vous qu’ils auront
un effet sur l’activité économique ?

Pour plusieurs, faire une déclaration d’impôt est un vrai casse-tête : déductions par-ci, crédits d’impôt par-là.
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 177

Le chapitre 7 en bref

1 Décrire la situation budgétaire du gouvernement fédéral et son évolution de 1970 à nos jours

Budget de l’État Solde budgétaire (SB) Évolution du solde budgétaire


Document présenté annuellement SB = revenus – dépenses de l’État • Déficit de 1975 à 1996
par le ministre des Finances qui • Équilibre budgétaire (SB = 0) • Excédent de 1997 à 2009
fait état des revenus et des dépenses • Déficit depuis 2009, sauf en
• Déficit budgétaire (SB < 0)
du gouvernement 2014-2015
• Excédent budgétaire (SB > 0)

2 Décrire la politique budgétaire canadienne, et en expliquer le fonctionnement et les effets

Politique budgétaire
Politique économique qui utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la production et le niveau général des prix

Équilibre de sous-emploi Équilibre de suremploi


PIB réel < PIB potentiel PIB réel > PIB potentiel
Politique expansionniste Politique restrictive
• Hausse des dépenses publiques ou • Baisse des dépenses publiques ou
baisse des impôts (ou les deux) hausse des impôts (ou les deux)
• Effets multiplicateurs des dépenses ou • Effets multiplicateurs des dépenses ou
des impôts amplifiant la hausse de la DA des impôts amplifiant la baisse de la DA
• Stimuler la DA pour rétablir le plein- • Réduction de la DA pour rétablir le
emploi et éviter la récession plein-emploi et éliminer les pressions
inflationnistes

Efficacité de la politique budgétaire atténuée


• Délais de perception, d’élaboration et de mise en œuvre
• Effets d’éviction des investissements publics et des importations

3 Expliquer le lien entre le déficit et la dette, et décrire l’évolution de la dette fédérale

Dette publique
Un déficit augmente la dette, alors qu’un surplus peut être consacré à rembourser une partie de la dette.
Dette nette = Dette brute – actifs financiers
Dette (déficits cumulés) = Dette nette – actifs non financiers

Frais de la dette Poids de la dette Détenteurs de la dette


Taux d’intérêt moyen Dette • Résidents ou non-résidents
Dette brute × × 100
100 PIB nominal (étrangers)
Facteurs influant sur les frais Évolution du poids de la dette • Banques, compagnies d’assurance,
• Hausse ou baisse de la dette brute • Hausse de 1974 à 1997 fonds de pension, d’investissement
• Cote de crédit du gouvernement • Baisse jusqu’en 2009 ou spéculatifs
178 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Questions
de révision
Au terme de la section 7.1, La situation budgétaire du gou- 8. Pour chacune des mesures suivantes, précisez s’il s’agit
vernement canadien, répondez à la question 1. d’une mesure budgétaire expansionniste ou restrictive.
a) Une augmentation des dépenses militaires
1. Pour chacune des mesures suivantes, précisez si le budget
b) Une baisse des impôts sur le revenu des particuliers
fédéral (voir le tableau 7.1, p. 160) risque d’être déficitaire, du fédéral
équilibré ou excédentaire et de combien.
c) Une hausse des impôts sur le revenu des sociétés
a) Une augmentation des prestations d’assurance emploi d) Une réduction des subventions fédérales aux
de 5,6 G$ agriculteurs de l’Ouest
b) Une hausse des impôts sur le revenu des particuliers e) Une augmentation des transferts fédéraux aux
de 29,4 G$ provinces et territoires
c) Une baisse des impôts sur le revenu des sociétés
de 7,6 G$ Au terme de la section 7.3, Le déficit et la dette, répondez
d) Une baisse des charges de fonctionnement de 29,4 G$ aux questions 9 et 10.
e) Une baisse des transferts fédéraux aux provinces et
territoires et de la péréquation de 39,4 G$ 9. En Slobovie, les revenus budgétaires de l’État central se
chiffrent toujours à 15  % du PIB. Les dépenses totales,
Au terme de la section 7.2, La politique budgétaire cana- incluant les frais de la dette, s’élèvent cette année à 112 G$.
dienne, répondez aux questions 2 à 8. Le PIB se chiffre à 640 G$, et la dette nationale, à 350 G$.
On estime le PIB potentiel à 660 G$. L’économie slobovienne
2. Pourquoi la politique budgétaire relève-t-elle du gouver- est en récession.
nement fédéral ? Un gouvernement provincial pourrait-il a) Calculez le solde budgétaire de l’État central pour
utiliser aussi efficacement son budget pour influer sur la l’année en cours.
production, l’emploi et le niveau des prix ? Pourquoi ?
b) Si l’économie était en situation de plein-emploi, le solde
budgétaire de l’État central serait-il excédentaire ou
3. Quel était l’objectif de la nouvelle politique budgé- déficitaire ? Chiffrez votre réponse.
taire canadienne adoptée en 1945, et quelles mesures
c) Sachant que la dette nationale est financée par un
pouvait-on prendre pour l’atteindre ? Quel autre rôle a-t-on emprunt obligataire à un taux d’intérêt de 10 %,
donné à la politique budgétaire canadienne en 1960, et calculez les frais de la dette pour l’année en cours.
comment était-il possible de l’atteindre ?
d) Quel serait l’effet d’une baisse de 1 % du taux d’intérêt
sur le solde budgétaire ?
4. Quel effet multiplicateur est le plus fort : celui d’une varia-
e) Si l’aggravation de la récession réduit le PIB de 5 % et
tion des dépenses publiques ou celui d’une variation des
augmente les dépenses de 3 G$, quel sera son effet sur
impôts ? Pourquoi ?
le solde budgétaire ? Chiffrez votre réponse.
5. Supposons que le gouvernement fédéral augmente ses 10. Financée par des emprunts obligataires à un taux d’intérêt
dépenses et ses impôts de 10  G$. Doit-on conclure que de 5 %, la dette de l’État central de l’Absurdistan se chiffrait
ces mesures s’annuleront et n’auront aucun effet sur le PIB à 400 G$ au début de l’année. Durant l’année, l’État central
réel ni sur le niveau des prix ou celui de l’emploi ? Expliquez a perçu 80  G$ en impôt sur le revenu des particuliers et
votre réponse. 15 G$ en impôt sur le revenu des sociétés. Il a versé 50 G$
en transferts aux particuliers et 25  G$ en transferts aux
6. Comment une réduction des dépenses budgétaires du autres administrations. La taxe sur les produits et services
gouvernement fédéral pourrait-elle influer sur le PIB réel (TPS) lui a rapporté 25  G$, et les autres taxes, 5  G$. Les
et le niveau général des prix ? travailleurs ont versé 20  G$ en cotisations d’assurance
emploi. Les charges de fonctionnement totalisaient 55 G$.
7. Le Parlement canadien vote des baisses d’impôts de
plusieurs milliards de dollars. Expliquez l’effet de cette a) À combien se chiffrent les frais de la dette de l’État
mesure budgétaire sur les facteurs suivants. central de l’Absurdistan ?
b) Produisez le budget de l’État central de l’Absurdistan en
a) Le revenu disponible y incluant les frais de la dette.
b) Les dépenses de consommation c) Le solde budgétaire est-il excédentaire ou déficitaire ?
c) La demande agrégée Chiffrez votre réponse.
d) Le PIB réel d) À combien s’élèvera le montant de la dette de l’État
e) Le solde budgétaire du gouvernement fédéral central au début de la prochaine année ?
e) Quel effet aura une augmentation de 1 % du taux
d’intérêt sur le solde budgétaire de l’État central ?
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 179

Appliquez
vos savoir-faire
Hausse de la dette fédérale8
La dette fédérale au 31 mars 2016 s’établissait à 619,3 G$
et elle devrait augmenter de 29,4 G$ en 2016-2017, de
29 G$ en 2017-2018 et de 22,8 G$ en 2018-2019, selon
les projections du gouvernement canadien. Toutefois,
les spécialistes du bureau du directeur parlementaire
du budget (DPB) soutiennent que les déficits prévus
seront moindres. En 2016-2017, ils anticipent un déficit
budgétaire de 20,5  G$, de 24,2  G$ en 2017-2018, et
de 12,4  G$ en 2018-2019. Cela nous laisse croire que
le budget fédéral a des « revenus cachés ». En effet, le
gouvernement canadien, en retranchant 40 G$ au PIB,
sous-estime ses revenus de 6 G$ chaque année et base
ses projections sur une croissance du PIB réel de 1,4 %
en 2016 et de 2,2 % en 2017, alors que les spécialistes
s’attendent plutôt à une croissance de 1,8 % en 2016 et
La dette fédérale devrait augmenter de 81,2 G$ de 2016-2017 à 2018-2019, selon les projections
de 2,5 % en 2017. du gouvernement canadien.

a) Calculez la dette fédérale au 31 mars 2017, au 31 mars 2018 et au 31 mars


2019, à partir des déficits projetés par le gouvernement canadien.
b) Calculez la dette fédérale au 31 mars 2017, au 31 mars 2018 et au
31 mars 2019, à partir des déficits projetés par les spécialistes du bureau
du DPB.
c) Si les spécialistes ont raison, de combien de milliards de dollars la dette
fédérale sera-t-elle moins élevée au 31 mars 2019 ?
d) Que signifie l’affirmation suivante : « Le budget fédéral a des revenus
cachés » ?

MOTS CLÉS
Budget fédéral, 160 Effet d’éviction des investissements publics, 169
Déficit budgétaire, 160 Équilibre budgétaire, 160
Délai de mise en œuvre, 169 Excédent budgétaire, 160
Délai de perception, 169 Frais de la dette, 170
Délai d’élaboration, 169 Multiplicateur des dépenses publiques, 165
Dette brute, 172 Multiplicateur des impôts, 166
Dette fédérale, 172 Poids de la dette, 173
Dette nette, 172 Politique budgétaire, 163
Effet d’éviction des importations, 170 Solde budgétaire, 160

8. Agence QMI, « Le déficit fédéral serait inférieur aux prévisions du budget », Canoe.ca, 19 avril
2016, http://fr.canoe.ca/argent/actualites/archives/2016/04/20160419-102733.html (page consul-
tée le 21 avril 2016).
180
CHAPITRE 8
PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

PARTIE 3
COMPRENDRE LA LA MONNAIE ET LA
MACROÉCONOMIE POLITIQUE MONÉTAIRE

ÉPARGNER OU
EMPRUNTER ?
SI VOUS ÉPARGNEZ, VOUS DÉPOSEREZ CES
SOMMES À LA BANQUE. Dans ce cas, quel sera le taux
d’intérêt que vous recevrez sur vos placements? Si vous
avez un prêt étudiant ou accumulez des dettes sur votre
carte de crédit, quel taux d’intérêt devrez-vous payer ?
Comment savoir si les taux d’intérêt augmenteront
ou diminueront dans les prochains mois ? Le savoir vous
permettrait sans doute de faire de meilleurs choix :
moins acheter à crédit, épargner davantage, payer vos
dettes le plus rapidement possible.
Dans ce chapitre, nous allons étudier le fonctionne-
ment du système monétaire canadien en répondant à
ces questions. Qu’est-ce que la Banque du Canada ? Quel
rôle joue-t-elle dans l’économie canadienne ? Comment
influence-t-elle les taux d’intérêt des banques ?
Comment ses décisions influent-elles sur vos choix
d’épargner ou d’emprunter ? Une question préalable
s’impose : qu’entend-on exactement par « monnaie » ?
Le présent chapitre répond à cette question, décrit les
institutions de dépôt et explique comment celles-ci
peuvent créer de la monnaie.

COUP D’ŒIL
SOMMAIRE

SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE 8.2 COUP D’ŒIL


8.1 Requiem pour « la cenne Le système monétaire SUR LE PASSÉ
Qu’est-ce que la monnaie ? noire » (1908-2012) et la création de monnaie L’invention des banques

p. 182 p. 185 p. 190 p. 195


CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 181

SAVOIR-FAIRE
1 Définir la monnaie et décrire ses fonctions
2 Décrire le système monétaire et
expliquer comment les institutions de
dépôt créent de la monnaie
3 Décrire et expliquer les fonctions de la
Banque du Canada, les éléments clés et
les effets de la politique monétaire

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COUP D’ŒIL
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE COUP D’ŒIL
8.3 Milton Friedman et SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
La Banque du Canada l’évolution de la politique La politique monétaire ÉPARGNER OU Le chapitre 8
et la politique monétaire monétaire canadienne à l’œuvre EMPRUNTER ? en bref

p. 196 p. 207 p. 208 p. 209 p. 211


182 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

8.1 QU’EST-CE QUE LA MONNAIE ?


Comme la maîtrise du feu et l’invention de la roue, l’utilisation de la monnaie ne date
pas d’hier. Selon les lieux et les époques, toutes sortes d’objets ont servi de monnaie
d’échange : le wampum (collier de coquillages) chez les Amérindiens, les dents de baleine
chez les Fidjiens, le tabac chez les premiers colons d’Amérique du Nord, les blocs de sel
en Éthiopie et au Tibet, et ainsi de suite. Qu’ont en commun le wampum, les dents de
baleine, le tabac et le sel ? Comment des objets aussi disparates ont-ils tous pu servir de
monnaie ? De nos jours, on peut payer ce qu’on achète avec des pièces de monnaie, des
billets de banque, des chèques, des virements électroniques de fonds, des cartes de débit
ou de crédit ; ces instruments de paiement sont-ils tous de la monnaie pour autant ? Pour
répondre à ces questions, il faut d’abord définir le concept de monnaie.

LA DÉFINITION DE LA MONNAIE
Monnaie Par monnaie, on entend tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans
Tout bien, jeton, coupon (ou, de
nos jours, toute inscription dans
la mémoire d’un ordinateur) généralement accepté comme instrument de paiement.
la mémoire d’un ordinateur) Cette définition comporte trois parties, que nous examinerons une à une.
généralement accepté comme
instrument de paiement.
Tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription
dans la mémoire d’un ordinateur)…
La monnaie doit toujours être facilement reconnaissable et divisible en unités plus
petites. Ainsi, elle peut être un bien comme un lingot d’or ou d’argent, un jeton comme
une pièce de 0,25 $, un coupon comme un billet de 10 $ ou une inscription apparaissant
sur un relevé bancaire.

… généralement accepté…
La monnaie est généralement acceptée, ce qui signifie qu’elle peut servir à acheter n’im-
porte quoi, qu’elle a un pouvoir d’achat généralisé. Une carte d’appel peut servir à payer
un appel téléphonique, mais pas du dentifrice ; ce n’est pas une monnaie. Par contre, un
billet de 5 $ peut servir à payer autant un appel téléphonique que du dentifrice ou toute
autre chose qui coûte 5 $ ou moins ; c’est une monnaie.
Notons qu’une monnaie qui a cours légal est universellement acceptée, car il existe
une obligation légale de l’accepter comme instrument de paiement. Nous y reviendrons
plus loin.

… comme instrument de paiement


Un instrument de paiement est un mécanisme qui permet de faire une transaction ou
Instrument de paiement
de régler une dette. Une fois la totalité du paiement effectuée, la transaction est terminée,
Mécanisme qui permet de
faire une transaction ou et la dette, réglée. Si vous achetez un livre à 19,95 $ taxes comprises avec un billet de
de régler une dette. 20 $, le libraire vous rend la monnaie, et la transaction est terminée. Supposons main-
tenant que Loïc achète l’automobile de son amie Karine ; il n’a pas assez d’argent pour
la payer sur-le-champ, mais il pourra le faire dans trois mois. Moyennant un léger sup-
plément, Karine consent à ce que Loïc prenne la voiture maintenant et ne la paie que
dans trois mois. Loïc achète l’automobile grâce au prêt que Karine lui accorde, puis
rembourse ce prêt. Dans cet exemple, la monnaie n’est pas le prêt de Karine à Loïc, mais
ce que Loïc a utilisé pour rembourser le prêt. La transaction n’est complétée qu’une fois
le prêt remboursé.
Le wampum, les dents de baleine, le tabac et le sel ont donc en commun le fait d’avoir
servi d’instruments de paiement généralement acceptés ; c’est pourquoi ce sont autant
d’exemples de monnaie.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 183

LES FONCTIONS DE LA MONNAIE


La monnaie a trois fonctions fondamentales. Elle joue le rôle :
• De moyen d’échange ;
• D’unité de compte ;
• De réservoir de valeur.

Un moyen d’échange
La monnaie est un moyen d’échange. Sans elle, il nous faudrait faire du troc, c’est-à- Moyen d’échange
dire échanger directement des biens et services contre d’autres biens et services. Or, le Tout bien, jeton, coupon
ou toute inscription acceptés
troc présente un inconvénient majeur : il exige une double coïncidence des besoins. Si en contrepartie de biens
vous voulez vous procurer un soda et n’avez qu’un livre de poche à offrir en échange, et services.
vous devez trouver quelqu’un qui non seulement a un soda à vendre, mais qui accepte Troc
Échange direct de biens et
votre livre en échange. La monnaie assure la double coïncidence des besoins, car les services contre d’autres ;
gens qui ont quelque chose à vendre acceptent toujours de la monnaie en échange. La exige la double coïncidence
monnaie facilite les échanges. des besoins.

Une unité de compte


Une unité de compte est une mesure reconnue, un dénominateur commun qui sert à Unité de compte
évaluer le prix des biens et services. Pour optimiser vos revenus, vous devez vous deman- Mesure reconnue pour évaluer
les prix des biens et services.
der par exemple si le fait d’assister à un spectacle vaut son coût de renonciation, c’est-
à-dire son coût en films, en cappuccinos, en cornets de crème glacée ou en applications
mobiles auxquels vous devrez renoncer pour assister à ce spectacle. Ce coût devient
beaucoup plus facile à calculer si le prix des biens et services est exprimé en dollars et
en cents. Si un billet de spectacle coûte 32 $ et qu’une séance de cinéma coûte 8 $, vous
savez immédiatement que, pour vous offrir un billet de spectacle, vous devez renoncer
à quatre séances de cinéma. Si un cappuccino coûte 2 $, un billet de spectacle vous
coûtera 16 cappuccinos. Un seul calcul suffit pour obtenir le coût de renonciation de toute
paire de biens ou services. Ainsi, le coût de renonciation du spectacle est d’environ
16 applications mobiles (32 $ ÷ 2 $ = 16).
Imaginez maintenant le casse-tête si la billetterie donnait le prix d’un billet de spec-
tacle en séances de cinéma, si le cinéma donnait le prix de la séance en cappuccinos, si
le café du coin donnait le prix du cappuccino en cornets de crème glacée et si le bar laitier
donnait le prix du cornet en applications mobiles ! Combien de démarches et de calculs
devriez-vous faire simplement pour savoir à combien de sodas, de cappuccinos, de cor-
nets ou d’applications mobiles vous devriez renoncer pour vous offrir un spectacle ? Pour
connaître le prix d’un film, il vous suffirait de consulter l’affiche du vendeur de billets du
spectacle, mais pour les autres biens, vous devriez passer d’un commerce à un autre
pour établir le prix de chaque produit par rapport à l’autre, puis convertir ces prix en
unités susceptibles d’éclairer votre décision. Vous verrez à quel point il est fastidieux de
calculer combien d’applications mobiles coûte un spectacle. De quoi vous dégoûter d’al-
ler en voir un… et de quoi vous faire apprécier à sa juste valeur la simplicité des prix
exprimés en dollars et en cents.

Un réservoir de valeur
Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription qu’on peut conserver et échanger ultérieu- Réservoir de valeur
rement contre des biens et services est un réservoir de valeur. Si ce n’était pas le cas, Tout bien, jeton, coupon
la monnaie ne serait pas acceptée en échange de biens et services. Plus la valeur d’une ou toute inscription qu’on
peut conserver et échanger
monnaie est stable, mieux elle peut jouer son rôle de réservoir de valeur. Aucun réservoir ultérieurement contre des biens
de valeur n’est parfaitement fiable. On sait que la valeur d’un bien matériel comme une et services.
maison, une automobile ou une œuvre d’art fluctue dans le temps. Il en va de même de
la valeur des objets ou des jetons utilisés comme monnaie ; ainsi, en période d’inflation,
la monnaie connaît une baisse persistante de sa valeur (de son pouvoir d’achat).
184 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

LA MONNAIE AU CANADA
Deux types de monnaie remplissent les fonctions que nous venons de décrire :
• La monnaie fiduciaire ;
• La monnaie scripturale.

La monnaie fiduciaire : le numéraire


Monnaie fiduciaire Le terme fiduciaire vient du mot latin fiducia, qui signifie « confiance ». La monnaie
Monnaie en numéraire qui
fiduciaire est une monnaie en numéraire (les pièces de monnaie et les billets de banque
n’a aucune valeur en soi ;
sa valeur repose sur la auxquels l’État donne cours légal) qui n’a aucune valeur en soi ; sa valeur repose entiè-
confiance du public envers rement sur la confiance du public à l’endroit de l’institution émettrice.
l’institution émettrice.
Numéraire
Les billets de banque et les pièces de monnaie ont cours légal, ce qui signifie qu’en
Monnaie en espèces (billets vertu de la Loi sur la monnaie vous êtes tenu de les accepter comme instrument de paie-
de banque et pièces de ment. Il y a toutefois quelques restrictions en ce qui concerne les pièces de monnaie.
monnaie) qui a cours légal.
Pour éviter les abus qu’on peut facilement imaginer (comme payer le loyer en pièces de
cinq cents pour protester contre la dernière hausse), le législateur, dans sa sagesse, en
Pouvoir libératoire a limité le pouvoir libératoire, c’est-à-dire le montant maximal au-delà duquel on n’est
des pièces de monnaie
plus tenu d’accepter un paiement pour chacune des pièces de monnaie en circulation.
Montant maximal au-delà
duquel on n’est plus tenu Au Canada, les pièces de monnaie ont un pouvoir libératoire jusqu’à concurrence des
légalement d’accepter un
paiement pour chacune
montants suivants :
des pièces de monnaie • Pièces de 2 $ : 40 $
en circulation.
• Pièces de 1 $ : 25 $
• Pièces de 0,10 $ et plus, mais de moins de 1 $ : 10 $
• Pièces de 0,05 $ : 5 $
Depuis 2012, le Canada a retiré de la circulation les pièces de un cent. Le « Coup d’œil
sur l’économie canadienne » de la page 185 explique les raisons de son retrait de
la circulation.

La monnaie scripturale : les dépôts


Monnaie scripturale Le terme scriptural vient du mot latin scriptura, qui signifie « écriture ». La monnaie
Monnaie dématérialisée scripturale est une monnaie qui n’existe que sous forme d’écritures comptables (de nos
qui n’existe que sous forme
d’écritures comptables (de nos jours, inscrites dans la mémoire d’un ordinateur) et qui est constituée par l’ensemble
jours, inscrites dans la mémoire des dépôts dans les banques et autres institutions.
d’un ordinateur) et qui est
constituée par l’ensemble des Que vous reste-t-il des 100 $ que vous avez déposés dans votre compte de banque
dépôts dans les institutions hier ? Une simple inscription apparaissant sur votre relevé bancaire mentionnant que
de dépôt.
vous avez 100 $ de plus dans votre compte ! De même, le chèque de 100 $ que vous avez
fait aujourd’hui à la boutique Sport Extrême pour régler l’achat de vos nouveaux souliers
de course suffira à votre banque pour qu’elle transfère 100 $ de votre compte à celui de
Sport Extrême, et ce, par un simple jeu d’écritures – sans qu’on échange aucun billet de
banque ni aucune pièce de monnaie. Les dépôts dans les banques, les caisses populaires,
les caisses d’économie et les compagnies de fiducie sont de la monnaie au même titre
que le numéraire, car ils peuvent servir à acheter des biens et services et à acquitter
directement des dettes.
Comme la monnaie fiduciaire, la monnaie scripturale repose sur la confiance à l’en-
droit de l’institution émettrice. Déposeriez-vous 100 $ à votre banque si vous n’aviez pas
la certitude de pouvoir encaisser ces 100 $ en tout temps et selon vos besoins ?
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 185

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Requiem pour la « cenne noire » (1908-2012)


Elles tapissaient nos fonds de tiroirs, dormaient dans des pots Comme une énorme quantité de « cennes noires »
et des bocaux, végétaient dans des contenants de fortune près disparaissaient de la circulation, la Monnaie royale canadienne
des caisses enregistreuses. On les semait derrière nous, on en émettait plusieurs centaines de millions chaque année.
les perdait, on les lançait dans les fontaines des lieux publics Après avoir connu un sommet spectaculaire en 2006 avec
ou on les jetait carrément. Les enfants n’en voulaient plus, et l’émission de 1  106  millions de pièces de un cent, le nombre
même l’UNICEF les refusait. Comme tout le monde les boudait, de pièces produites a diminué par la suite pour se situer à
le gouvernement Harper, après quelques années d’hésitation, a 486,2 millions de pièces en 2010. Selon l’étude de Desjardins,
finalement décidé de cesser d’en émettre. Le dernier cent a été si on ajoute à ces coûts d’émission (autour de 11 M$ par année)
frappé le vendredi 4 mai 2012 aux installations de la Monnaie les coûts d’entreposage, de transport, de manipulation et de
royale à Winnipeg, en présence de Jim Flaherty, ministre fédéral comptabilité, conserver la pièce de un cent, devenue centenaire
des Finances. La pièce a été confiée au Musée de la monnaie de le 2  janvier 2008, coûtait aux Canadiens quelque 130  M$ par
la Banque du Canada, à Ottawa. La Monnaie royale canadienne année, soit 4 $ par personne !
cessa de distribuer la pièce de un cent le 4 février 2013. Pour des raisons similaires, plusieurs pays se sont
débarrassés de leurs petites pièces sans valeur. Forts de
Ce sont les économistes du Mouvement Desjardins qui ont
leurs calculs, les économistes de Desjardins pressaient le
relancé le débat sur l’utilité de la pièce de un cent en publiant,
gouvernement du Canada d’en faire autant avec la pièce de un
en février 2007, une très sérieuse étude montrant qu’on ferait
cent. Dans son rapport de décembre 2010, intitulé Les coûts et les
mieux de la mettre aux oubliettes une fois pour toutes1 . avantages de la pièce de un cent canadien pour les contribuables
et l’économie canadienne3, le Comité sénatorial permanent des
Peu de temps après, Alain Dubuc, économiste et ex-
finances nationales, présidé par l’honorable Joseph A. Day, est
éditorialiste en chef de La Presse, saluait publiquement la
arrivé aux mêmes conclusions que l’étude de Desjardins et a
proposition dans ce même quotidien2 et rappelait à quel point
finalement convaincu le gouvernement Harper d’agir.
ce débat s’éternisait. Lui-même se souvenait d’avoir dénoncé
l’absurdité de conserver la pièce de un cent à l’époque « où Bien sûr, il faut maintenant arrondir les prix après taxes selon
nous écrivions encore sur de vieilles machines à écrire même la règle du plus proche multiple de 0,05  $ : une transaction se
pas électriques » : « Il y a 25  ans, on pouvait déjà dire que les terminant par un ou deux cents est arrondie à zéro cent, alors
ravages de l’inflation avaient rendu la cenne noire inutile. Elle qu’une transaction se terminant par trois ou quatre cents est
avait largement perdu le pouvoir d’achat qu’elle avait lors de son arrondie à cinq cents. Ces arrondis n’ont aucun effet sur le niveau
introduction, en 1908. […]. J’avais même calculé qu’il n’était pas des prix ni sur le taux d’inflation. D’une part, comme il y a autant
rentable de se pencher pour ramasser une cenne noire par terre, de prix qui baissent que de prix qui montent, le tout s’équilibre.
parce que la valeur était inférieure au taux horaire des quelques D’autre part, les prix arrondis ne s’appliquent qu’aux transactions
secondes que cela exigeait. » réglées en numéraire, lesquelles se font de plus en plus rares.

En Australie et en Nouvelle-Zélande, le retrait des pièces de


Si la pièce de un cent remplissait encore ses fonctions
un cent et de deux cents à la fin des années 1980 et au début
d’unité de compte et de moyen d’échange, elle avait, de toute
des années 1990 a connu un franc succès. À tel point que, depuis
évidence, perdu l’essentiel de sa fonction de réservoir de valeur
juillet 2006, la Nouvelle-Zélande a aussi cessé d’émettre des
depuis plus d’un quart de siècle. En 2010, le pouvoir d’achat de
pièces de cinq cents !
la pièce de un cent était de plus de 95 % inférieur à ce qu’il était
100  ans auparavant. Il fallait 23,4  cents en 2010 pour acheter Pourquoi le Canada a-t-il retiré la « cenne noire » de la
ce que 1 cent achetait en 1910, et frapper cette pièce coûtait… circulation ? Quels autres pays en ont fait autant ? Que doit-on
1,6  cent. La supprimer a permis au gouvernement fédéral faire depuis la disparition de la « cenne noire » ? Cela s’applique-
d’économiser 11 M$ par année. t-il aux transactions réglées par carte de débit ou de crédit ?

1. J.-P. AUBRY, F. DUPUIS et G. GERMAIN, (15 février 2007). « Doit-on cesser d’uti- 2. A. DUBUC, La Presse, 18 février 2007.
liser la pièce de un cent ? », Points de vue économiques, Mouvement des caisses 3. Les coûts et les avantages de la pièce de un cent canadien pour les contribuables
Desjardins, division des études économiques. La suite de cette étude a été publiée et l’économie canadienne, rapport du Comité sénatorial permanent des finances
le 9 avril 2008 sous le titre « Le centième anniversaire du cent canadien », Points nationales, présidé par l’honorable Joseph A. Day. Disponible sur l’internet Par-
de vue économiques, Mouvement des caisses Desjardins, division des études lementaire au www.parl.gc.ca.
économiques. Ces études sont disponibles en ligne.
186 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Ni les chèques, ni les virements électroniques,


ni les cartes de crédit ou de débit ne sont de la monnaie
LES CHÈQUES Notre définition de la monnaie inclut, en plus du numéraire, les dépôts
dans les banques et les autres institutions de dépôt, mais pas les chèques. Pourquoi ? On
le comprendra plus facilement en pensant à ce qui se passe quand Karine achète des
patins à roues alignées de 200 $ chez Sport Extrême. Quand elle entre chez Sport Extrême,
Karine paie ses patins avec un chèque de 200 $, et le propriétaire du magasin dépose
immédiatement ce chèque dans le compte bancaire du commerce. Sport Extrême a
maintenant 200 $ de plus dans son compte, et Karine, 200 $ de moins.
Dans cette transaction, il y a eu un transfert de monnaie de Karine à Sport Extrême
mais, pendant qu’il circulait, le chèque lui-même n’a jamais été de la monnaie ; il n’y
avait pas 200 $ de plus en circulation, mais simplement un bout de papier sur lequel
Karine ordonnait à sa banque de virer 200 $ de son compte à celui de Sport Extrême.
Quand vous payez par chèque, vous dites à votre banque de prendre de l’argent dans
votre compte de dépôt et de le transférer dans le compte de dépôt d’une autre personne.
Le dépôt ainsi transféré est de la monnaie, mais le chèque n’en est pas.
Si Karine et Sport Extrême avaient eu des banques différentes, ce virement aurait
exigé une étape supplémentaire. La banque de Sport Extrême aurait crédité le chèque
de Karine au compte de la boutique, puis l’aurait fait parvenir à un centre de compen-
sation. La banque de Karine aurait alors versé 200 $ à la banque de Sport Extrême et
aurait débité le compte de Karine du même montant. Le processus aurait pris quelques
jours de plus, mais le principe aurait été le même.

LES VIREMENTS ÉLECTRONIQUES Le virement électronique est l’équivalent numérique du


chèque. Plusieurs institutions de dépôt offrent la possibilité d’opérer un virement élec-
tronique de fonds par internet. Les fonds sont transférés entre les comptes en temps réel.
Par exemple, si vous vendez quelque chose ou proposez un service en ligne, vous pouvez
suivre le paiement qui vous est fait et vérifier que l’argent a bel et bien été déposé dans
votre compte quelques instants après que la transaction a été faite. Dans le cas d’un
chèque, le tout peut prendre jusqu’à cinq jours. Ni le chèque ni le virement électronique
ne sont de l’argent : c’est le dépôt transféré par l’intermédiaire du virement électronique
qui constitue de l’argent.

LES CARTES DE CRÉDIT Nous avons vu que les chèques ou les virements électroniques ne
sont pas de la monnaie, mais qu’en est-il des cartes de crédit ou de débit ? Une carte de
crédit n’est pas de la monnaie. Supposons que Karine utilise sa carte de crédit plutôt
qu’un chèque pour acheter ses patins à roues alignées. Elle insère sa carte à puce dans
le lecteur, compose son NIP, complète la transaction et quitte le magasin avec ses nou-
veaux patins. Cependant, elle ne les a pas payés ; elle a simplement emprunté auprès de
la banque qui a émis sa carte de crédit. La banque de Sport Extrême crédite le compte
du magasin de 200 $ (moins les frais) et envoie la facture à la banque qui a émis la carte
de crédit de Karine. À la fin du mois, Karine recevra le relevé de compte de sa carte de
crédit, qu’elle paiera avec de la monnaie. Quand vous utilisez une carte de crédit pour
acheter quelque chose, la banque émettrice paie les biens, et vous la remboursez plus
tard. Bien qu’elle serve de moyen d’échange, la carte de crédit n’est pas de la
monnaie.

LES CARTES DE DÉBIT Une carte de débit n’est pas non plus de la monnaie. Supposons
que Karine utilise sa carte de débit pour acheter ses patins à roues alignées. Quand le
commis de Sport Extrême glisse sa carte dans le lecteur, l’ordinateur de la MiniBanque
reçoit le message suivant : prenez 200 $ dans le compte de Karine et transférez-les dans
le compte de Sport Extrême. Les opérations bancaires s’effectuent automatiquement en
temps réel. Ici encore, les dépôts bancaires sont de la monnaie, mais la carte de débit
de Karine est simplement un moyen qui lui donne accès à la monnaie dont elle dispose
dans son compte et qui lui permet de la transférer dans celui de Sport Extrême.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 187

Vous savez maintenant que ni les chèques, ni les virements électroniques, ni les cartes
de crédit ou de débit ne sont de la monnaie, mais, à l’ère des nouvelles technologies de
l’information et des communications, un nouveau type d’argent fait son apparition : la
monnaie numérique.

UNE NOUVELLE MONNAIE


La monnaie numérique est l’équivalent électronique du papier-monnaie (les billets de
banque) et de la monnaie métallique (les pièces de monnaie). Il s’agit d’une devise élec-
tronique qu’il suffit d’utiliser comme n’importe quelle autre forme de monnaie. Pour que
son usage se répande, il faudra toutefois qu’elle adopte certaines caractéristiques de la
monnaie que nous pouvons tenir entre nos mains.
Dans son existence matérielle, la monnaie a l’avantage d’être portable, reconnais-
sable, transférable, non traçable et anonyme. On peut facilement l’échanger, « faire du
change », rendre la monnaie. Les concepteurs s’efforcent de reproduire toutes ces carac-
téristiques dans la nouvelle monnaie numérique. Ils y sont parvenus en partie : la mon-
naie numérique actuelle est également portable, non traçable et anonyme. Toutefois, le
degré de reconnaissance qui lui permettrait de devenir une monnaie universellement
acceptée fait encore défaut. La monnaie numérique ne répond pas encore aux critères
qui feraient d’elle une véritable monnaie.
Comme les billets de banque et les pièces de monnaie, la Saviez-vous que …
monnaie numérique peut être employée dans certains com-
merces ou sur internet. Dans un commerce, l’acheteur présente « Patrick Dubois et Martin Zibeau ont créé le
une carte à puce intelligente sur laquelle est chargée la monnaie
“ demi ” il y a un an en coupant un billet […]
en deux. Le demi-billet peut être échangé
numérique ; le vendeur recourt à un lecteur de carte à puce intel-
pour l’instant dans une trentaine de com-
ligente pour procéder à la transaction. Quand celle-ci est termi-
merces de la Gaspésie pour la moitié de sa
née, la monnaie numérique est directement transférée de la carte
valeur d’origine. Un “ demi-5 $ ” vaut donc
de l’acheteur au compte bancaire du vendeur. Les utilisateurs de
2,50 $4. » Est-ce que le demi-billet est de la
la carte à puce intelligente font des retraits et transfèrent leur
monnaie au sens strict du terme ?
argent de leur compte bancaire personnel à leur carte à puce à
partir d’un guichet automatique spécialisé ou d’un téléphone
RÉPONSE

Le demi-billet n’a cours qu’en Gaspésie. Il est divisible


intelligent adapté. en unités plus petites, accepté par une trentaine de
commerces et peut servir d’instrument de paiement.
Sur internet, la monnaie numérique est offerte en de nom- Il répond à la définition d’une monnaie, mais n’est pas
breuses versions et en diverses devises : dollars américains, universellement accepté. Les autres commerces et
institutions de dépôt refusent le demi-billet comme mode
euros, etc. Celle qui est la plus sophistiquée et la plus sécuritaire
de paiement.
est partie intégrante d’un système appelé Bitcoin (de l’anglais bit,
unité d’information binaire, et coin, pièce de monnaie). Les
bitcoins peuvent être utilisés pour régler des dettes entre indivi-
dus sans intermédiaire (pair à pair) et peuvent être échangés contre des dollars ou
d’autres devises, ou encore, contre des biens ou des services offerts sur internet ou dans
les commerces qui acceptent le bitcoin comme instrument de paiement. Le bitcoin est
limité à 21 millions d’unités et divisible jusqu’à huit décimales. L’émission de cette mon-
naie cryptographique ou numérique n’est pas gérée par une banque centrale, mais par
un logiciel inventé par Satoshi Nakamoto en 2008.
Il faut distinguer la monnaie numérique des systèmes de paiement comme PayPal,
le plus populaire dans le monde. PayPal n’est pas une monnaie, mais un système de
paiement sur internet. Il n’existe pas d’unités PayPal qu’on peut accumuler ou convertir
en une autre devise. Il en est de même du système de paiement mobile Apple Pay. En
utilisant son téléphone intelligent iPhone, on peut régler ses achats dans certains com-
merces du Canada. Il suffit de sélectionner la carte de crédit avec laquelle on souhaite

4. Karyne BOUDREAU, « Ils veulent que vous coupiez vos billets de banque en deux », Journal de
Québec, 5 avril 2016, www.journaldequebec.com/2016/04/05/ils-veulent-que-vous-coupiez-vos-
billets-de-banque-en-deux (page consultée le 10-04-2016).
188 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

régler une transaction et de passer son téléphone intelligent sur le terminal tout en
posant un doigt sur le capteur Touch ID.
La monnaie numérique possède un atout fort pratique en cas de perte ou de vol de
portefeuille. Si vous égarez votre portefeuille rempli de billets de banque, il n’y a pas
grand-chose que vous puissiez faire pour récupérer votre argent. À l’inverse, si vous
perdez votre carte à puce intelligente ou si vous vous la faites voler, votre banque peut
annuler la monnaie numérique dont elle était chargée et vous en procurer de la nouvelle
en remplacement.
Quoique la monnaie numérique ne jouisse pas encore d’une reconnaissance univer-
selle, il est fort probable que son usage prendra de l’ampleur au point de remplacer les
formes matérielles de l’argent.

DEUX MESURES OFFICIELLES DE LA MONNAIE : M2 ET M2+


Comment mesure-t-on la quantité de monnaie en circulation au Canada ? La figure 8.1
présente les composantes de deux des mesures officielles de la monnaie en circulation ou
Masse monétaire de la masse monétaire (MM) : les agrégats monétaires M2 et M2+.
Quantité de monnaie
en circulation.
L’agrégat M2 se compose du numéraire hors banques auquel s’ajoutent tous les
M2
dépôts des particuliers dans les banques à charte (dépôts à vue, à préavis et à terme fixe)
Agrégat monétaire composé ainsi que les dépôts à vue et à préavis autres que ceux des particuliers dans les banques
du numéraire hors banques, à charte. Cependant, les banques à charte ne sont pas les seules à offrir la possibilité de
des dépôts détenus par les
particuliers dans les banques constituer des dépôts ; il fallait donc une mesure plus large de la monnaie pour en tenir
à charte et des dépôts à vue et compte. Comme son nom l’indique, l’agrégat M2+ se compose de M2 plus tous les autres
à préavis autres que ceux des
types de dépôts dans les caisses populaires, les caisses d’économie, les sociétés de fiducie
particuliers, toujours dans les
banques à charte. et de prêt hypothécaire, et autres institutions financières.
M2+ Le numéraire détenu par les institutions de dépôt n’entre pas dans le calcul de M2
Agrégat monétaire composé et de M2+. Quand vous faites un retrait dans un guichet automatique, vous convertissez
de M2 auquel s’ajoutent tous
les autres types de dépôts votre dépôt bancaire en numéraire. La forme de monnaie change, mais la quantité de
dans les sociétés de fiducie monnaie, elle, ne change pas. Les dépôts diminuent, et le numéraire hors banques aug-
et de prêt hypothécaire,
les caisses populaires, les mente. Si les dépôts bancaires et le numéraire détenus par les institutions de dépôt
caisses d’économie et autres étaient tous deux considérés comme de la monnaie, au moment de faire un retrait au
institutions financières. guichet automatique, la quantité de monnaie semblerait diminuer – votre numéraire
augmenterait, mais les dépôts et le numéraire détenus par les institutions de dépôt
diminueraient tous deux. Ainsi, en considérant comme de la monnaie à la fois les dépôts
et le numéraire détenus par les institutions de dépôt, on compterait deux fois la même
chose. En éliminant le numéraire détenu par les institutions de dépôt du calcul de M2 et
de M2+, on évite ce double compte.
Au cours des 20 dernières années, l’emploi du numéraire ou de l’argent comptant
n’a cessé de décroître au Canada. Il demeure toujours d’usage lorsqu’il est question de
faire de petits achats (inférieurs à 18 $) mais, pour des achats plus importants, les
Canadiens préfèrent de loin utiliser une carte de débit ou de crédit, qu’ils jugent plus
sécuritaire et qui leur assure de conserver une trace de leurs transactions. En 1990, plus
de 80 % des produits en magasin étaient payés en argent comptant, contre 50 % en
20115. L’augmentation des achats sur internet ainsi que le paiement sans contact ou à
l’aide d’un téléphone intelligent risquent d’accentuer cette tendance.

5. Revue de la Banque du Canada, Le monde changeant du paiement au détail au Canada et ses


répercussions sur la demande de numéraire, automne 2012.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 189

Figure 8.1 Deux mesures de la monnaie au Canada : décembre 2015

Les données montrent la place de plus en


Montant (en
Montant (en G$)
G$)
plus réduite du numéraire dans le système
M2+
M2+ 11773
436 monétaire canadien (environ 4,2 % de M2+),
Dépôts
Dépôts dans
dans les
les autres
autres 94 ainsi que la place prépondérante qu’y prennent
institutions
institutionsfinancières
financières 76 les dépôts dans les banques à charte (74,3 % de
Dépôts
Dépôts dans
dans les
les sociétés
sociétés de fiducie 26 M2+), par rapport aux dépôts dans les caisses
de fiducie
et de prêt et de prêt hypothécaire
hypothécaire 26 populaires et les caisses d’économie (15,7 %
Dépôts dans les caisses 231 de M2+), dans les sociétés de fiducie et de prêt
Dépôts dans
populaires et les
les caisses
caisses populaires hypothécaire (1,5 % de M2+) et dans les autres
et les caisses d’économie
d’économie 279
institutions de dépôt (4,3 % de M2+).
M2
M2 11392
085
Source : Banque du Canada, Statistiques bancaires
Dépôts àà vue et
Dépôts et àà préavis
préavis autres
autres 309 et financières de la Banque du Canada, Tableau E1
que
que ceux
ceux des
des particuliers
particuliers dans
dans Agrégats monétaires et leurs composantes, p. 51-52,
les
les banques
banques àà charte
charte 463 31 mars 2016.

Dépôts des
Dépôts des particuliers
particuliers 716
dans
dans les
lesbanques
banquesààcharte
charte 854

Numéraire hors banques


Numéraire 75
60

M2 M2+

8.1
1 Définir la monnaie et décrire ses fonctions

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. De nos jours, au Canada, lesquels des éléments 3. Lesquels des éléments suivants sont de la monnaie ?
suivants sont considérés comme de la monnaie ? a) Les dépôts à vue à la CIBC
a) Votre carte Visa b) Les actions de Bombardier détenues par
b) Les pièces de 0,25 $ dans les distributrices les particuliers
c) Les billets de 20 $ dans votre portefeuille c) Votre carte MasterCard
d) Le chèque que vous venez de faire pour payer d) Les obligations d’épargne du Canada
votre loyer e) Les points du programme de récompense Air Miles
e) L’emprunt que vous avez contracté en août pour payer
4. Supposons que le numéraire hors banques se chiffre
vos droits de scolarité
à 34 G$ ; les dépôts des particuliers dans les banques
2. Supposons que le numéraire hors banques s’élève à à charte, à 7 421 G$ ; les dépôts à vue et à préavis autres
36 G$ ; les dépôts des particuliers dans les banques à que ceux des particuliers dans les banques, à 47 G$ ; et
charte, à 425 G$ ; les dépôts à vue et à préavis autres que les dépôts dans les institutions financières autres que les
ceux des particuliers dans les banques à charte, à 50 G$ ; banques, à 215 G$.
et les dépôts dans des institutions financières autres que a) À combien se chiffre M2 ?
les banques à charte, à 223 G$. b) À combien se chiffre M2+ ?
a) À combien se chiffre M2 ?
b) À combien se chiffre M2+ ?

RÉPONSES
1. Comme la monnaie est un instrument de paiement, seuls les 0,25 $ dans b) M2+ se chiffre à 734 G$, soit la somme de M2 (511 G$) et des dépôts
les distributrices (b) et les billets de 20 $ dans les institutions financières autres que les banques à charte
dans votre portefeuille (c) sont de la monnaie. (223 G$).
2. a) M2 se chiffre à 511 G$, soit la somme du numéraire hors banques
(36 G$), des dépôts des particuliers dans les banques
à charte (425 G$) et des dépôts à vue et à préavis autres que ceux
des particuliers dans les banques à charte (50 G$).
190 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

LE SYSTÈME MONÉTAIRE ET
8.2 LA CRÉATION DE MONNAIE
Système monétaire Le système monétaire canadien englobe la Banque du Canada ainsi que les institutions
canadien
Système qui englobe la Banque
de dépôt, soit les banques virtuelles, comme Tangerine ou Manuvie, les banques ayant
du Canada et les institutions de pignon sur rue, les caisses populaires, les caisses d’économie et les sociétés de fiducie
dépôt du pays. et de prêt, qui acceptent les dépôts, accordent des prêts et offrent les services permettant
Institutions de dépôt de faire des paiements et d’en recevoir.
Banques, caisses populaires,
caisses d’économie, sociétés de
fiducie et de prêt hypothécaire
qui acceptent les dépôts, LES INSTITUTIONS DE DÉPÔT
accordent des prêts et offrent
les services permettant de faire Trois types d’institutions acceptent les dépôts qui font partie de la monnaie du pays :
des paiements et d’en recevoir.
• Les banques à charte ;
• Les caisses populaires et les caisses d’économie ;
• Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire.

Les banques à charte


Banque à charte Une banque à charte est une entreprise privée qui, en vertu de la Loi sur les banques
Entreprise privée qui a obtenu
de 1991, a obtenu du gouvernement fédéral une charte l’autorisant à recevoir des dépôts
du gouvernement fédéral une
charte l’autorisant à recevoir des et à accorder des prêts. En mars 2016, 23 banques à charte canadiennes et 36 banques
dépôts et à accorder des prêts. étrangères (filiales ou succursales de banques étrangères ou de crédit, qui font surtout
affaire avec les entreprises) étaient autorisées à exercer des activités bancaires au Canada.
À elles seules, les six plus grandes banques du Canada totalisaient près de 4 356 G$
d’actifs au 30  octobre 2015. Dans l’ordre, le Groupe financier TD avait un actif de
1 104,3 G$, la Banque Royale du Canada, 1 074,2 G$, la Banque Scotia, 856,5 G$, la
BMO Groupe financier, 641,9 G$, la CIBC, 463,3 G$, et la Banque Nationale du Canada,
216,1 G$6. En décembre 2015, les dépôts dans les banques à charte dans M2+ s’élevaient
à 1 317 G$, soit 74,3 % de M2+.

Les caisses populaires et les caisses d’économie


Caisse populaire ou Les caisses populaires et les caisses d’économie sont des coopératives de crédit sous
caisse d’économie
Coopérative de crédit de
juridiction provinciale. Possédées et dirigées par leurs membres, elles fournissent à ces
juridiction provinciale possédée derniers les mêmes services de dépôt et de prêt qu’une banque à charte, mais dans un
et dirigée par ses membres, et système coopératif. Dans la plupart des provinces, le client doit être sociétaire de la
qui fournit à ces derniers les
mêmes services qu’une banque. coopérative. Quelle que soit la valeur de ses dépôts ou de son capital social, chaque
sociétaire n’a qu’une voix.
Fort de ses 7 millions de membres et de ses 335 caisses réparties sur tout le territoire
québécois et en Ontario, le Mouvement des caisses Desjardins est sans contredit l’insti-
tution financière la plus importante du Québec. Dans son rapport annuel de 2015, il
estimait ses parts de marché au Québec à 43,2 % de l’épargne personnelle, à 23,7 % du
crédit à la consommation, à 35,9 % des prêts hypothécaires résidentiels, à 24,4 % des
prêts commerciaux et industriels, et à 40,6 % des prêts agricoles. Son actif s’élevait à
248,1 G$, ses revenus totaux, à 15,3 G$, et son effectif, à plus de 47 000 employés au
31 décembre 2015.
En décembre 2015, les dépôts dans M2+ s’élevaient à 279 G$ pour les caisses popu-
laires et les caisses d’économie, soit à 15,7 % de M2+.

6. Association des banquiers canadiens, Résultats financiers bancaires, Exercice 2014-2015, 4e tri-
mestre se terminant le 31 octobre 2015, public-db251-base de données des résultats financiers
des banques canadiennes, avril 2016.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 191

Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire


Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire sont des institutions de dépôt dont les Société de fiducie et
de prêt hypothécaire
opérations sont régies par la Loi sur les sociétés de fiducie et de prêt, comme la Société
Institution de dépôt qui reçoit
Canada Trust ou la Financière Sun Life. Elles reçoivent des dépôts, consentent des prêts des dépôts, consent des prêts
et agissent à titre de fiduciaires pour administrer des biens en fidéicommis (des caisses et agit à titre de fiduciaire
pour administrer des fonds
de retraite et des fonds de succession, par exemple). En décembre 2015, les dépôts dans en fidéicommis.
les sociétés de fiducie et de prêt inclus dans M2+ se chiffraient à 26 G$, soit à peine 1,5 %
du total.

LES FONCTIONS ÉCONOMIQUES DES INSTITUTIONS DE DÉPÔT


Les institutions de dépôt gagnent leurs revenus en remplissant cinq grandes fonctions,
en échange desquelles les particuliers et les entreprises sont prêts à payer :
• Recevoir les dépôts ;
• Accorder des prêts ;
• Réduire les coûts d’emprunt ;
• Diluer le risque ;
• Offrir un système de paiement.

Recevoir les dépôts


Une institution de dépôt accepte trois grands types de dépôts : les dépôts à vue, les dépôts
d’épargne et les dépôts à terme. Elle ne paie qu’un faible taux d’intérêt (et parfois aucun)
pour les dépôts à vue (que les déposants peuvent reprendre en tout temps), et réserve
ses taux d’intérêt les plus élevés aux dépôts à terme. Les institutions de dépôt exigent
des frais de gestion pour les transactions (retraits au comptoir ou au guichet, etc.). Elles
proposent des forfaits à leurs clients pour couvrir ces frais.

Accorder des prêts


Les prêts sont la source de revenus la plus importante des institutions de dépôt. Un prêt
est une marge de crédit consentie pour une somme et une période convenues entre les
parties. Comme les prêts sont plus risqués, les institutions de dépôt obtiennent des taux
d’intérêt élevés sur ceux qu’elles consentent (le taux plus élevé étant celui qu’elles
imposent sur les soldes impayés des cartes de crédit, qui sont en réalité des prêts
octroyés aux détenteurs de cartes). Généralement, plus le prêt représente un risque pour
l’institution financière, plus le taux d’intérêt est élevé. En revanche, elle ne peut pas
rappeler les prêts avant la date convenue pour les convertir en monnaie.

Réduire les coûts d’emprunt


Trouver quelqu’un à qui emprunter peut se révéler une entreprise coûteuse. Imaginez
combien la vie serait compliquée sans les intermédiaires financiers ! L’entreprise qui
aurait besoin de 1 M$ pour acheter une nouvelle usine serait probablement forcée de
trouver des dizaines de prêteurs pour rassembler les fonds nécessaires à cette acquisi-
tion de capital – une opération qui supposerait des coûts considérables. Les intermé-
diaires financiers réduisent les coûts d’emprunt en permettant à l’entreprise qui a besoin
de 1 M$ de faire affaire avec un seul prêteur. Cet intermédiaire devra lui-même emprun-
ter à de nombreuses personnes mais, comme il le fera pour plusieurs entreprises et pour
plusieurs millions, il pourra attirer les fonds de nombreux déposants et répartir entre
eux le coût de cette activité.

Diluer le risque
Prêter de l’argent est risqué, car on ne peut jamais exclure complètement la possibilité
qu’un emprunteur ne rembourse pas son prêt. En prêtant à un grand nombre de
192 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

particuliers et d’entreprises, l’institution financière dilue ce risque. Elle connaît les pro-
babilités de pertes, comme Loto-Québec connaît les probabilités de tirage d’un numéro
gagnant. Et comme Loto-Québec, qui calcule ses chances de façon à s’assurer un profit,
elle fixe un taux d’intérêt assez élevé pour que les gains sur les prêts remboursés com-
pensent les pertes sur les prêts non remboursés. Cette dilution du risque profite tant aux
institutions de dépôt qu’aux déposants.

Offrir un système de paiement


Les dépôts dans les institutions de dépôt sont de la monnaie parce qu’ils sont facilement
transférables, par chèque, par virement électronique ou par carte de débit, d’une per-
sonne ou d’une entreprise à une autre. Ces institutions offrent un système de paiement
qui permet d’effectuer ces transferts à faible coût : le système de compensation de
chèque. Semblable à un service de messagerie comme Purolator, à ceci près qu’il livre
des chèques plutôt que des colis, ce système calcule les sommes que chaque institution
de dépôt doit verser ou percevoir en se basant sur la somme totale des chèques émis et
reçus par les clients. Les institutions de dépôt perçoivent des frais pour ces activités de
compensation.
Le système de paiement par carte de débit et par carte de crédit est un autre service
de paiement important que les institutions de dépôt offrent à leur clientèle. Ces opéra-
tions électroniques de transferts de fonds se font automatiquement, et les institutions
perçoivent des frais sur toutes ces transactions.

LE PROFIT ET LA SÉCURITÉ : UN ÉQUILIBRE DÉLICAT


Le principal objectif d’une institution de dépôt est d’optimiser la richesse à long terme
de ses actionnaires. Pour ce faire, elle octroie des prêts à un taux d’intérêt plus élevé que
le taux qu’elle-même paie sur les dépôts qu’elle reçoit. Cependant, comme nous venons
de le voir, prêter de l’argent comporte des risques. Plus elle immobilise les dépôts dans
des prêts à haut risque et à taux d’intérêt élevé, plus l’institution de dépôt risque d’avoir
du mal à rembourser les déposants. Or, quand ceux-ci ont des doutes sur la capacité
d’une institution à les rembourser, ils retirent leurs dépôts et précipitent ainsi l’institu-
tion dans une crise. Les institutions de dépôt doivent donc gérer les dépôts avec la plus
grande prudence, en cherchant constamment à maintenir un équilibre entre la sécurité
pour leurs déposants et le profit pour leurs actionnaires. Au Canada, la très grande
majorité des dépôts est garantie par la Société d’assurance-dépôts jusqu’à concurrence
de 100 000 $ en cas de faillite de l’institution financière.

COMMENT LES INSTITUTIONS DE DÉPÔT


CRÉENT-ELLES DE LA MONNAIE ?
Pour être en mesure de satisfaire aux demandes en espèces de leurs clients, les institu-
tions de dépôt conservent une partie des dépôts en numéraire, mais aussi en dépôts à
la Banque du Canada pour régler entre elles le solde net des opérations quotidiennes de
compensation des paiements. Les dépôts que les institutions conservent de cette manière
Réserves désirées s’appellent les réserves désirées. L’argent que vous remet le caissier ou le guichet auto-
Somme qu’une institution matique provient de ces réserves, en numéraire.
de dépôt détient dans ses
coffres ou a déposée à la Supposons que, dans une journée donnée, 100  M$ de transferts sous forme de
Banque du Canada. chèques, de virements électroniques de fonds, d’achats par carte de débit, etc., sont tirés
sur des comptes à la CIBC et déposés à la BMO, et que 200 M$ de transferts sont tirés
sur des comptes à la BMO et déposés à la CIBC. En fin de journée, la CIBC devra verser
100 M$ à la BMO pour régler le solde net de ses opérations quotidiennes de compensa-
tion des paiements. Cette somme provient des réserves désirées, en dépôts à la Banque
du Canada.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 193

Imaginons maintenant qu’une nouvelle banque, la MiniBanque, ouvre ses portes et


qu’elle reçoit un premier dépôt de 100 000 $. Ses dépôts passent alors de 0 $ à 100 000 $,
de même que ses réserves. Si la MiniBanque détient 100 000 $ de dépôts et 100 000 $
de réserves, le pourcentage des dépôts qu’elle conserve sous forme de réserves désirées
est de 100 %.
En pratique, les institutions de dépôt sont loin de conserver 100 $ de réserves pour
chaque dépôt de 100 $ qu’elles acceptent puisqu’en moyenne leurs réserves désirées
représentent 0,5 % des dépôts qu’elles détiennent.
Le pourcentage des dépôts qu’une institution juge nécessaire de détenir sous forme
de réserves s’appelle le coefficient de réserves désirées. Par exemple, si le coefficient Coefficient de
réserves désirées
de réserves désirées de la MiniBanque est de 5 %, ses réserves désirées sont égales à
Pourcentage des dépôts que
5 000 $ (100 000 $ × 5 %). les institutions de dépôt jugent
nécessaire de détenir sous
Le reste des dépôts dont les institutions disposent peut être prêté, ce qui constitue forme de réserves.
leur capacité de prêter ou leurs réserves excédentaires. Il s’agit de la différence entre Réserves excédentaires
les dépôts dont une institution dispose et ses réserves désirées. Différence entre les dépôts dont
une institution dispose et ses
réserves désirées.
La création de monnaie
Les institutions de dépôt créent de la monnaie en générant des dépôts quand elles
octroient des prêts, soit de la monnaie scripturale. Cependant, elles ne peuvent pas créer
de la monnaie à volonté, car le montant des dépôts qu’elles peuvent générer dépend de
ce dont elles disposent en capitaux7. Voyons cela de plus près.
La figure 8.2 (p. 194) montre ce qui se passe quand les institutions de dépôt créent
de la monnaie. Imaginons qu’après des années de sorcellerie Harry Potter décide de
venir étudier au Canada. Il prend 100 000 $ cachés sous son matelas et les dépose à la
MiniBanque. Cette dernière a un nouveau dépôt de 100 000 $. Elle en conserve 5 % sous
forme de réserves désirées, soit 5 000 $, et peut prêter le reste, soit 95 000 $. Elle décide
alors d’octroyer un prêt de 95 000 $ à Annie, qui veut acheter la franchise du service de
photocopie de Béatrice. La MiniBanque inscrit un dépôt de 95 000 $ dans le compte
d’Annie, qui fait un chèque de 95 000 $ à Béatrice. À cette étape, la MiniBanque a un
nouveau dépôt de 100 000 $, un nouveau prêt de 95 000 $ et 5 000 $ en réserves.
L’histoire ne s’arrête pas ici. Le processus continue dans d’autres institutions de
dépôt. Béatrice dépose son chèque de 95 000 $ à la CIBC, dont les dépôts augmentent
de 95 000 $. Cette institution ne conserve que 5 % de l’augmentation de dépôts (4 750 $)
sous forme de réserves et prête l’excédent, soit 90 250 $, à Benoît, qui fait un chèque à
Carl afin de rembourser son prêt d’entreprise.
La figure 8.2 montre aussi la situation à la fin de la deuxième étape du processus. Le
total des dépôts a augmenté de 195 000 $ (100 000 $ + 95 000 $), le total des réserves
des banques a augmenté de 9 750 $ (5 000 $ + 4 750 $) et le total des prêts a augmenté
de 185 250 $ (95 000 $ + 90 250 $).
Quand Carl dépose son chèque à sa banque, la BMO, les dépôts de cette dernière
augmentent de 90 250 $. La BMO ne garde que 4 512,50 $ sous forme de réserves et
prête l’excédent, soit 85 737,50 $.
La figure 8.2 montre également la situation à la fin du processus. On constate qu’à
chaque étape le montant du nouveau dépôt créé diminue de 5 %, ce qui correspond au
pourcentage des dépôts détenus sous forme de réserves désirées. Ce processus continue
jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’excédents à prêter ; les 100 000 $ déposés initialement ont
alors généré 2 000 000 $ de nouveaux dépôts, soit une augmentation de la masse moné-
taire (MM) de 2 000 000 $.

7. Selon les règles de Bâle III, les institutions de dépôt sont tenues d’avoir au moins 10,5 % de leurs
actifs en fonds propres et d’accorder des prêts en conséquence.
194 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 8.2 L’effet multiplicateur des dépôts bancaires

ÉTAPES SÉQUENCE DES OPÉRATIONS TOTAUX À CHAQUE ÉTAPE


Dépôts Réserves Prêts
Dépôt
100 000 $

Réserves Prêt
1. MiniBanque 100 000 $ 5 000 $ 95 000 $
5000$ 95 000 $

Dépôt
95 000 $
Réserves Prêt
2. CIBC 195 000 $ 9 750 $ 185 250 $
4750$ 90 250 $

Dépôt
90 250 $

Réserves Prêt 285 250 $ 14 262,50 $ 270 987,50 $


3. BMO 4512,50$ 85 737,50 $

et ainsi de suite…

22000000$
000 000 $ 100
100000
000$$ 000$
1 900 000 $

Le multiplicateur des dépôts


Si un dépôt de 100 000 $ a créé 2 000 000 $ de nouveaux dépôts, cela signifie que l’aug-
mentation initiale des dépôts a été multipliée par 20 ! Comment est-ce possible ? C’est
qu’à chaque étape du processus illustré à la figure 8.2 les réserves désirées corres-
pondent à 5 % des dépôts, soit le coefficient de réserves désirées (rd). Ainsi, pour chaque
dollar déposé, un pourcentage de ce dollar (ici 5  %) doit être gardé sous forme de
réserves désirées et ne peut donc pas être prêté. À chacune des étapes, les montants des
nouveaux prêts et des nouveaux dépôts diminuent de ce pourcentage.
Le nombre par lequel on multiplie l’augmentation initiale des dépôts pour déterminer
Multiplicateur des dépôts la quantité de nouvelle monnaie créée (nouveaux dépôts) s’appelle multiplicateur des
Nombre par lequel on multiplie dépôts (md). Il est égal à 1 divisé par le coefficient de réserves désirées, rd , ce qu’on
une variation initiale des dépôts
pour déterminer la variation résume par l’équation suivante :
de la masse monétaire qui 1
md =
en résulte. rd
Dans notre exemple, le coefficient de réserves désirées est de 5 % (ou 0,05). Par
conséquent, le multiplicateur des dépôts (md) est égal à 20, soit :
1 1
md = = = 20
rd 0,05
À la fin du processus, la quantité de nouvelle monnaie créée ou la variation de la
masse monétaire (∆MM) est égale à l’augmentation initiale des dépôts (∆D) multipliée
par le multiplicateur des dépôts. En d’autres termes,
∆MM = ∆D × md
Dans notre exemple, l’augmentation initiale des dépôts est de 100 000 $. Nous avons
donc une création de nouvelle monnaie (nouveaux dépôts) de 2 000 000 $ (soit 100 000 $
× 20) en supposant que les institutions de dépôt ont réussi à prêter la totalité de leurs
réserves excédentaires et qu’elles ne conservent que 5  % des dépôts en réserves
désirées.
Ainsi, une institution de dépôt ne peut pas créer à elle seule plus de monnaie que ce
que lui permettent ses réserves excédentaires et son coefficient de réserves désirées.
Cependant, comme les prêts qu’elle consent viennent gonfler les excédents des autres
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 195

institutions de dépôt, créant de nouveaux dépôts et de nouveaux prêts à chaque étape


tant qu’il y a des excédents, les institutions de dépôt peuvent accomplir ensemble ce
qu’aucune ne peut faire individuellement, c’est-à-dire créer de la nouvelle monnaie (sous
forme de nouveaux dépôts) selon un montant qui est un multiple de l’augmentation
initiale des dépôts.
Dans notre exemple, on suppose que les Saviez-vous que…
institutions de dépôt ont réussi à prêter la
totalité des fonds dont elles disposent. Si elles Lors de la crise financière mondiale de 2007-2008, les banques
ne parviennent qu’à en prêter une partie, il canadiennes, contrairement à celles de nombreux pays, sont
y aura moins de nouveaux dépôts, et donc,
demeurées solides et n’ont pas eu besoin de renflouement, […]
au premier rang mondial au chapitre de la stabilité pendant huit
moins de nouvelle monnaie créée. Que fait
années consécutives8. Que signifie ce classement ?
une institution de dépôt des fonds qu’elle ne
réussit pas à prêter ? Conserver ces sommes

RÉPONSE
Ce classement signifie que les banques canadiennes sont bien capitalisées,
en liquide ne lui rapporterait rien, alors bien gérées et bien réglementées. Elles sont considérées comme les plus solides
qu’acheter des titres du gouvernement fédé- du monde.
ral, des provinces, des municipalités et des
grandes sociétés peut être très lucratif. En
plus d’offrir des intérêts et une grande sécu-
rité, ces divers titres ont des échéances variables – de 30 à 365 jours pour les bons du
Trésor, et de 1 à 30 ans pour les obligations du gouvernement canadien, par exemple.
La constitution d’un portefeuille de titres diversifié permet à l’institution de dépôt d’en
échanger en tout temps et sans perte. Nous verrons dans la prochaine partie que la
Banque du Canada peut acheter ou vendre des titres du gouvernement fédéral et ainsi
influer sur la capacité de prêter des institutions de dépôt.

Coup d’œil
SUR LE PASSÉ

L’« invention » des banques


Il y a plusieurs siècles, les orfèvres et leurs clients ont eu une Avec le temps, les orfèvres ont remarqué que certains de leurs
brillante idée qui a mené à la création des premières banques. clients ne réclamaient jamais l’or qu’ils avaient déposé : les reçus
circulaient, et l’or restait dans leur coffre-fort. Certains eurent
Pour mettre leur or à l’abri du vol, les orfèvres européens du alors l’idée de prêter des reçus et de réclamer de l’intérêt.
XVIe siècle disposaient de coffres-forts bien gardés. Les artisans
et autres propriétaires d’or pouvaient y louer de l’espace pour D’autres orfèvres ont eu la même idée. Ils commencèrent
y déposer leur bien en lieu sûr. Les orfèvres leur remettaient à se faire concurrence et, plutôt que de réclamer des frais
alors un « reçu » – une sorte de jeton comme celui qu’on vous pour la location d’espace dans le coffre-fort, se mirent à verser
remet dans les vestiaires publics – qui leur donnait le droit de de l’intérêt sur les dépôts d’or. C’est ainsi que, peu à peu, ils
réclamer leur « dépôt » sur demande. Si l’un d’eux voulait utiliser passèrent du métier d’orfèvre à celui de banquier, sachant que
son or pour rembourser une dette, il pouvait soit le réclamer ou tant qu’ils n’émettaient pas trop de reçus, ils seraient toujours en
remettre son reçu à son créancier et ainsi payer sa dette – de mesure d’honorer leurs engagements auprès de leurs clients qui
loin l’option la plus simple et la plus sûre. Le créancier ayant en désiraient récupérer leur or.
main le reçu pouvait l’utiliser, à son tour, pour payer ses propres Pourquoi les reçus pouvaient-ils être considérés comme de
dettes. Les reçus sont donc devenus un moyen de paiement – la monnaie ? Que faisaient les orfèvres de l’or qui restait dans
une monnaie ! leurs coffres-forts ? Comment sont-ils devenus des banquiers ?

8. Association des banquiers canadiens, Réglementation bancaire mondiale et banques canadiennes,


www.cba.ca/fr/media-room/50-backgrounders-on-banking-issues/667-global-banking-regula-
tions-and-banks-in-Canada, modifié le 09-11-2015.
196 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

8.2
2 Décrire le système monétaire et expliquer comment les institutions de dépôt créent de la monnaie

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Quelles institutions financières composent le système 5. Quel équilibre les institutions de dépôt cherchent-elles
monétaire canadien ? à maintenir ?
2. Comment une banque réalise-t-elle des profits ? 6. Quelles sont les principales fonctions économiques
3. Comment les institutions de dépôt parviennent-elles à des institutions de dépôt ?
créer de nouveaux dépôts en octroyant des prêts ? Quels 7. Le coefficient de réserves désirées des institutions de
facteurs limitent le montant des dépôts et des prêts dépôt est de 20 %, et la banque d’Andrée n’a pas de
qu’elles peuvent créer ? réserves excédentaires. Andrée dépose 50 $ en argent
4. Le coefficient de réserves désirées des institutions de liquide dans son compte bancaire.
dépôt est de 10 %, et la banque de Stéphane n’a pas de a) Calculez le multiplicateur des dépôts.
fonds disponibles pour prêter. Stéphane dépose 100 $ à b) Calculez l’augmentation maximale des dépôts
sa banque. que le dépôt d’Andrée va créer.
a) Calculez le multiplicateur des dépôts.
b) Calculez le montant maximal des dépôts
que le dépôt de Stéphane va créer.
RÉPONSES

1. Le système monétaire canadien est composé de la Banque du Canada, des même, le montant des nouveaux dépôts qu’elle peut créer : le montant des
banques à charte, des caisses populaires, des caisses d’économie et des fonds dont elle dispose pour prêter et le coefficient de réserves désirées.
autres institutions de dépôt. 4. a) Le multiplicateur des dépôts est égal à 1/rd, (où rd représente le
2. Une banque fait des profits en empruntant aux déposants à un faible taux coefficient de réserves désirées, soit 10 % ou 0,1). Le multiplicateur
d’intérêt et en prêtant à un taux d’intérêt plus élevé. est donc de 10 (soit 1/0,1).
3. Les institutions de dépôt peuvent octroyer des prêts à même leurs fonds b) Comme le multiplicateur des dépôts est de 10, une augmentation
disponibles pour prêter. Quand une institution de dépôt consent un prêt, initiale des dépôts de 100 $ créera 1 000 $ de nouveaux dépôts (∆MM
elle crée un nouveau dépôt pour l’emprunteur. Deux facteurs limitent le = ∆D × md), soit 100 $ × 10 = 1 000 $.
montant des prêts qu’une institution de dépôt peut octroyer et, par le fait

LA BANQUE DU CANADA ET
8.3 LA POLITIQUE MONÉTAIRE
Régulièrement, on entend dire dans les médias que la Banque du Canada a haussé ou
abaissé son taux directeur  pour faire monter ou baisser les taux d’intérêt au pays.
Qu’est-ce que ce fameux taux directeur, et pourquoi la Banque du Canada cherche-t-elle
à influer sur les taux d’intérêt ?

Banque du Canada
Banque centrale du Canada. LA BANQUE DU CANADA
Banque centrale La Banque du Canada est la banque centrale de notre pays. Une banque centrale est
Organisme public qui, dans
un pays, est responsable de un organisme public qui, dans un pays ou un regroupement de pays comme l’Union
l’émission des billets de banque, européenne, est responsable de l’émission des billets de banque, agit comme agent
agit comme agent financier du
gouvernement central, offre des
financier du gouvernement central, offre des services bancaires à ce dernier ainsi qu’aux
services bancaires à ce dernier institutions de dépôt, sert de prêteur en dernier ressort à celles-ci, conduit la politique
ainsi qu’aux institutions de monétaire et s’emploie à favoriser la fiabilité, la solidité, l’efficacité et la compétitivité
dépôt, sert de prêteur en dernier
ressort à celles-ci, conduit la du système financier.
politique monétaire et s’emploie
à favoriser la fiabilité, la solidité,
Le tumulte économique et financier de la Grande Dépression ayant rendu nécessaire
l’efficacité et la compétitivité du la création d’un organisme central qui réglemente et supervise les marchés financiers,
système financier. la Banque du Canada a été constituée sous forme de société privée en 1934 et a ouvert
ses portes le 11 mars 1935. Elle est devenue une société d’État en 1938.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 197

Même si le gouvernement fédéral en est toujours le seul actionnaire et si elle relève


du ministère des Finances, la Banque du Canada garde une certaine indépendance dans
son fonctionnement interne (choix des dirigeants, gestion des ressources humaines,
vérification comptable, etc.). Cependant, elle doit rendre compte au Parlement de la
conduite de la politique monétaire9.
Le gouverneur de la Banque10, qui préside d’office le conseil d’administration et le
conseil de direction, en est le premier dirigeant. Nommé pour une période de sept ans,
il ne peut être révoqué à moins d’inconduite grave.
Le conseil d’administration de la Banque du Canada en assume la gouvernance. Il
est constitué du gouverneur, du premier sous-gouverneur (qui remplace le gouverneur
au besoin) et de 12 administrateurs externes venant des diverses régions du pays. Le
sous-ministre des Finances y siège également, mais sans droit de vote.

LES FONCTIONS DE LA BANQUE DU CANADA


Les services d’une banque centrale ne s’adressent ni aux entreprises ni aux particuliers,
mais au gouvernement du pays et aux institutions de dépôt.
En tant que banque centrale, la Banque du Canada cumule d’importantes fonctions.
Elle est à la fois :
• Le gestionnaire des billets de banque du pays ;
• L’agent financier du gouvernement fédéral ;
• Le prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt ;
• Le maître d’œuvre de la politique monétaire canadienne.

Le gestionnaire des billets de banque canadiens


La Banque du Canada est responsable de la conception, de l’émission, de la distribution
et du remplacement des billets de banque canadiens ; elle veille également à ce que ces
derniers soient à l’épreuve de la contrefaçon. La Monnaie royale canadienne assume la
production des pièces de monnaie au Canada.

L’agent financier du gouvernement fédéral


À titre d’agent financier du gouvernement fédéral, la Banque du Canada remplit trois
tâches distinctes : la gestion de la trésorerie du gouvernement, la gestion de ses réserves
de devises étrangères et la gestion de son portefeuille de titres.
LA GESTION DE LA TRÉSORERIE La Banque du Canada est la banque du gouvernement
fédéral et le gestionnaire de sa trésorerie. Les chèques émis par le gouvernement sont
tirés sur le compte du receveur général du Canada à la Banque du Canada. Les chèques
des particuliers et des entreprises au gouvernement fédéral sont déposés dans ce même
compte. La Banque du Canada gère la trésorerie du gouvernement en veillant à ce que
son compte soit suffisamment approvisionné pour qu’il puisse honorer ses obligations
quotidiennes ; elle place les excédents de ce compte dans des dépôts à terme.
LA GESTION DES RÉSERVES DE DEVISES ÉTRANGÈRES DU CANADA Comme nous le verrons
au chapitre 10, les réserves de devises étrangères du Canada (ou, plus précisément, les
réserves officielles de liquidités internationales) servent à répondre aux besoins généraux
en devises étrangères du gouvernement. Longtemps, la Banque est intervenue sur le
marché des changes pour influer sur le taux de change du dollar canadien, ce qu’elle ne

9. S’il désapprouve la politique que préconise la Banque du Canada, le ministre des Finances est
autorisé à donner publiquement au gouverneur des instructions sur la politique à suivre. Si le
gouverneur n’est pas d’accord, il doit démissionner. Ce cas ne s’est toutefois jamais présenté.
10. Le gouverneur actuel est Stephen S. Poloz, nommé pour un mandat de sept ans qui a débuté le
3 juin 2013.
198 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

fait plus depuis septembre 1998, préférant laisser le marché – le jeu de l’offre et de la
demande – en déterminer le cours et se réservant tout au plus la possibilité d’intervenir
en cas de crise majeure.
LA GESTION DU PORTEFEUILLE DE TITRES DU GOUVERNEMENT Les emprunts du gouverne-
ment fédéral se font par émissions de titres – bons du Trésor ou obligations négociables.
La Banque du Canada assure la bonne marche de ces émissions et conseille le gouverne-
ment fédéral sur la gestion de son portefeuille de titres. Les activités de la Banque du
Canada dans ce domaine visent à assurer à l’État un financement stable au coût le plus bas.

Le prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt


La Banque du Canada est le prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt.
Supposons que, dans une journée donnée, 500 M$ de transferts, sous forme de chèques,
de virements électroniques de fonds, d’achats par carte de débit, etc., sont tirés sur des
comptes à la BMO et déposés à la CIBC, et que 400 M$ de transferts sont tirés sur des
comptes à la CIBC et déposés à la BMO. En fin de journée, la BMO devra verser 100 M$
à la CIBC pour régler ses comptes. Normalement, si elle ne dispose pas de cette somme,
elle pourra s’acquitter de ses obligations envers la CIBC en empruntant sur le marché
du financement à un jour, où les institutions financières qui ont des fonds excédentaires
en prêtent pour une journée à celles qui sont en déficit de fonds. Cependant, si pour une
raison ou pour une autre elle n’y parvient pas, la BMO pourra, en dernier ressort,
s’adresser à la Banque du Canada, qui lui avancera les fonds requis.

Le maître d’œuvre de la politique monétaire canadienne


Politique monétaire La Banque du Canada élabore et met en œuvre la politique monétaire du pays. Une
Ensemble de mesures qui politique monétaire est un ensemble de mesures qui visent à préserver la valeur de la
visent à préserver la valeur
de la monnaie en maintenant monnaie en maintenant l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible, et ce, en influant
l’inflation à un niveau bas et sur les taux d’intérêt – lesquels influent à leur tour sur la demande agrégée.
stable, et ce, en influant sur
les taux d’intérêt – lesquels Selon la Loi sur la Banque du Canada, la responsabilité de l’élaboration et de la
influent à leur tour sur la conduite de la politique monétaire du pays incombe au gouverneur de la Banque. En
dépense agrégée, et donc,
sur la demande agrégée. pratique, il partage cette responsabilité avec les cinq sous-gouverneurs du conseil de
direction, qui est lui-même assisté par des départements de recherche et d’analyse éco-
nomique de la Banque.

LES ÉLÉMENTS CLÉS ET LES EFFETS DE LA


POLITIQUE MONÉTAIRE CANADIENNE
Nous avons dit plus haut que la Banque du Canada élabore et met en œuvre la politique
monétaire du pays – un ensemble de mesures qui visent à contenir l’inflation en influant
sur les taux d’intérêt, lesquels influent à leur tour sur le taux de change, la dépense
agrégée, la demande agrégée, le PIB réel, l’emploi et le niveau général des prix.
Plus concrètement, la Banque du Canada se fixe un taux cible d’inflation. Depuis
1995, le taux visé par la politique monétaire canadienne est de 2 % par année (± 1 %).
Pour atteindre sa cible, la Banque dispose d’un instrument qui est devenu la pierre
angulaire de la politique monétaire canadienne : le taux directeur de la Banque du
Canada, que cette dernière ajuste huit fois par année à des dates préétablies. Comme
nous allons le voir, en agissant sur ce taux, la Banque peut influer sur les réserves des
institutions de dépôt, sur le taux du financement à un jour et, par ricochet, sur l’ensemble
des taux d’intérêt et sur la demande agrégée.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 199

Le taux cible du financement à un jour et sa fourchette opérationnelle


Depuis 1999, le taux directeur de la Banque du Canada est le taux cible du financement Taux cible du financement
à un jour
à un jour, c’est-à-dire le taux d’intérêt auquel la Banque aimerait voir les institutions de
Taux d’intérêt auquel la
dépôt se prêter et s’emprunter mutuellement des fonds sur le marché du financement à Banque du Canada aimerait
un jour. voir les institutions de dépôt
se prêter et s’emprunter
Nous avons vu que les encaisses des institutions de dépôt sont minimes par rapport mutuellement des fonds sur
aux dépôts qu’elles acceptent (généralement moins de 0,5 %). Les institutions de dépôt le marché du financement à
un jour ; taux directeur de la
se satisfont de réserves aussi minces parce qu’elles peuvent en tout temps s’emprunter Banque et point médian d’une
mutuellement les liquidités qui leur manquent sur le marché du financement à un jour fourchette opérationnelle
dont la limite supérieure est
ou, en dernier recours, les emprunter directement à la Banque du Canada. le taux officiel d’escompte, et
La Banque du Canada ne tient pas nécessairement à ce que le taux d’intérêt du finan- la limite inférieure, le taux de
rémunération des dépôts.
cement à un jour corresponde exactement à son taux cible ; elle tente plutôt de le main-
tenir à l’intérieur d’une fourchette opérationnelle d’un demi-point de pourcentage
Taux officiel d’escompte
(0,5 %), dont le taux cible du financement à un jour est le point médian.
Taux d’intérêt minimal auquel
Ainsi, le 9 mars 2016, considérant que le bas niveau des prix du pétrole continuerait les institutions financières
à court de réserves peuvent
de peser sur la croissance au Canada, la Banque a maintenu son taux cible à 0,5 % pour obtenir des avances de fonds
une cinquième fois depuis le 15 juillet 2015, où elle l’avait abaissé d’un quart de point, de la Banque du Canada.
ce qui donnait une fourchette opérationnelle de 0,75 % à 0,25 %, comme le montre la Taux de rémunération
figure 8.3. La limite supérieure de la fourchette correspond au taux officiel d’escompte, des dépôts
Taux d’intérêt que la Banque du
c’est-à-dire au taux d’intérêt minimal auquel les institutions financières à court de Canada verse sur les réserves
réserves peuvent obtenir des avances de fonds de la Banque du Canada ; ce taux était que les institutions financières
gardent en dépôt chez elle pour
de 0,75 % le 9 mars 2016. La limite inférieure de la fourchette, elle, correspond au taux
un jour.
de rémunération des dépôts, c’est-à-dire au taux d’intérêt que la Banque du Canada
verse sur les dépôts que les institutions financières gardent en dépôt chez elle pour une
journée ; ce taux était de 0,25 % le 9 mars 2016.
Qu’est-ce qui maintient le taux du financement à un jour à l’intérieur de la fourchette
opérationnelle ? La réponse à cette question comporte deux volets et montre l’impor-
tance des limites supérieure et inférieure de la fourchette opérationnelle du taux cible
du financement à un jour pour les institutions de dépôt.
Premièrement, une institution de dépôt en déficit de réserves qui peut obtenir de la
Banque du Canada une avance de fonds au taux officiel d’escompte n’a aucun avantage
à emprunter des fonds à un taux d’intérêt plus élevé sur le marché du financement à un
jour ; la limite supérieure de la fourchette opérationnelle sert donc de plafond au taux
du financement à un jour.
Deuxièmement – et inversement –, une institution de dépôt qui peut gagner un intérêt
égal au taux de rémunération des dépôts en déposant ses surplus à la Banque du Canada
n’a aucun avantage à les prêter à un taux d’intérêt plus bas sur le marché du finance-
ment à un jour ; la limite inférieure de la fourchette opérationnelle sert donc de plancher
au taux du financement à un jour.
Par conséquent, les institutions de dépôt ont tout intérêt à négocier entre elles un
taux avoisinant le taux cible.

Figure 8.3 La fourchette opérationnelle du taux directeur (9 mars 2016)

0,75 % Limite supérieure


Taux officiel d’escompte

0,5% Taux directeur de la Banque du Canada


Taux cible du financement à un jour

0,25 % Limite inférieure


Taux de rémunération des dépôts
200 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Quand elle annonce une hausse de son taux directeur, la Banque du Canada signale aux
divers acteurs des marchés financiers son intention de voir augmenter les taux d’intérêt au
pays. Comme elle a pour effet de hausser le taux d’escompte et donc de rendre plus coûteux
le financement des déficits de réserves, la hausse du taux directeur incite les institutions de
dépôt à augmenter leurs réserves déposées à la Banque du Canada. Parallèlement, la
hausse du taux directeur fait monter le revenu d’intérêt sur les réserves déposées à la
Banque du Canada (le taux de rémunération des dépôts), ce qui incite également les insti-
tutions de dépôt à accroître leurs réserves déposées chez elle. L’accroissement des réserves
des institutions de dépôt à la Banque du Canada réduit les fonds disponibles sur le marché
du financement à un jour, ce qui fait monter le taux d’intérêt de ce dernier.
L’annonce d’une baisse du taux directeur produit les effets inverses. La Banque
annonce ainsi qu’elle aimerait voir diminuer les taux d’intérêt au Canada. La baisse du
taux directeur incite les banques à réduire leurs réserves à la Banque du Canada, ce qui
augmente les fonds disponibles sur le marché à un jour et fait baisser le taux du finan-
cement à un jour.

Les opérations sur le marché du financement à un jour


Pour maintenir le taux du financement à un jour à l’intérieur de la fourchette cible, la
Opération sur Banque du Canada peut procéder à des opérations sur ce marché. On appelle celles-ci
le marché libre
Achat ou vente par la Banque opérations sur le marché libre (open market, en anglais).
du Canada de titres du
gouvernement canadien (bons
Ces opérations consistent, pour la Banque du Canada, à acheter ou à vendre des titres
du Trésor ou obligations). du gouvernement canadien (bons du Trésor et obligations) à ses négociants principaux,
c’est-à-dire aux grandes institutions financières qui détiennent une part importante du
marché des bons du Trésor ou des obligations fédérales et qui s’engagent à « maintenir »
le marché11.
L’objectif des opérations sur le marché libre auxquelles se livre la Banque du Canada
est d’influer sur le taux du financement à un jour. Ces opérations sont de deux types :
• Les prises en pension ;
• Les cessions en pension.
Prise en pension LES PRISES EN PENSION Quand elle estime que le taux du financement à un jour tend à
Opération par laquelle la
monter au-dessus du taux cible, la Banque du Canada offre à ses négociants principaux de
Banque du Canada offre à
ses négociants principaux leur acheter des bons du Trésor ou des obligations en s’engageant à les leur revendre le jour
de leur acheter des titres du ouvrable suivant à un prix fixé à l’avance ; c’est ce qu’on appelle une prise en pension.
gouvernement canadien en
s’engageant à les leur revendre Supposons que la Banque du Canada fait une prise en pension de 100 000 $ auprès
le jour ouvrable suivant à un d’un de ses négociants principaux, disons la BMO. Les titres du gouvernement détenus
prix convenu d’avance ; exerce
une pression à la baisse sur le par la Banque du Canada augmentent de 100 000 $, de même que les fonds dont la BMO
taux du financement à un jour. dispose pour prêter. Celle-ci peut maintenant prêter 100 000 $ de plus sur le marché du
financement à un jour. L’accroissement des fonds disponibles pour le financement à un
jour exerce une pression à la baisse sur le taux de ce dernier. La Banque du Canada
procède à des prises en pension tant que le taux de financement à un jour est supérieur
au taux cible.
Cession en pension LES CESSIONS EN PENSION Quand elle estime que le taux du financement à un jour tend
Opération par laquelle la à glisser en deçà du taux cible, la Banque du Canada offre à ses négociants principaux
Banque du Canada offre à
ses négociants principaux de leur vendre des titres du gouvernement canadien en s’engageant à les leur racheter
de leur vendre des titres du le jour ouvrable suivant à un prix fixé à l’avance ; c’est ce qu’on appelle une cession
gouvernement canadien en
s’engageant à les leur racheter en pension.
le jour ouvrable suivant à un Le but d’une cession en pension est de diminuer les fonds dont les institutions de
prix convenu d’avance ; exerce
une pression à la hausse sur le dépôt disposent pour prêter, ce qui réduit les fonds disponibles sur le marché du finan-
taux du financement à un jour. cement à un jour et exerce une pression à la hausse sur le taux de ce dernier. La Banque
du Canada procède à des cessions en pension tant que le taux du financement à un jour
est inférieur au taux cible.

11. La liste des négociants principaux est publiée sur le site web de la Banque du Canada et dans
chaque livraison de la Revue de la Banque du Canada.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 201

LES EFFETS D’UNE VARIATION DU TAUX DIRECTEUR


SUR LES TAUX D’INTÉRÊT
Comme le gouvernement du Canada avec sa politique budgétaire (voir le chapitre 7), la
Banque du Canada peut influer sur la production, l’emploi et le niveau général des prix
par des mesures de politique monétaire. Comment peut-elle y arriver avec pour seul
objectif de politique monétaire le maintien d’un taux d’inflation de 2 % par année, et
pour seul instrument de politique monétaire le taux cible du financement à un jour ? Nous
allons voir dans le reste de ce chapitre qu’une variation du taux directeur de la Banque
influe sur tous les taux d’intérêt du pays et que la variation de ceux-ci déclenche des
effets en chaîne qui se répercutent sur toute l’économie.
La modification du taux directeur fait varier l’ensemble des taux d’intérêt à court terme
– depuis les taux sur les prêts à un jour jusqu’aux taux sur les placements, les bons du
Trésor ou les obligations, en passant par les taux sur les hypothèques et les prêts person-
nels. Elle a peu d’effets en ce qui concerne les taux d’intérêt sur les prêts personnels, les
hypothèques et les placements à long terme. Sa variation n’a pas d’impact sur les taux
d’intérêt pour les emprunts comme les prêts personnels ou les hypothèques à taux fixe
pour la durée d’un terme variant de deux à cinq ans. Il en est de même pour les placements
d’une durée de deux à cinq ans à taux fixe. Par contre, la variation du taux directeur a un
impact sur les taux variables, comme les taux d’intérêt sur les marges de crédit.

La Banque du Canada baisse son taux directeur


Quand la Banque du Canada annonce une baisse de son taux directeur, elle veut pousser
les taux d’intérêt à court terme à la baisse. Si le taux réel du financement à un jour ne
s’ajuste pas aussi rapidement qu’elle le désire au nouveau taux cible, elle procède à des
prises en pension sur le marché du financement à un jour.
Supposons que le taux du financement à un jour est de 3,75 % et que la Banque du
Canada veut le faire descendre à 3,50 %. Le graphique (a) de la figure 8.4 (p. 202) illustre
les mesures que prend la Banque et leurs effets. La courbe D représente la demande de
fonds disponibles pour le financement à un jour. Au départ, la quantité demandée de
fonds pour le financement à un jour est de 100 G$ et le taux du financement à un jour
est de 3,75 %. La Banque du Canada baisse son taux directeur à 3,50 % et, pour accélérer
le processus, procède à des prises en pension jusqu’à ce que la quantité de fonds dispo-
nibles pour le financement à un jour grimpe à 102 G$ – à ce stade, le taux du financement
à un jour atteint le taux cible de 3,50 % fixé par la Banque.
Comme nous venons de le voir, la réduction du taux de financement à un jour fait
baisser l’ensemble des taux d’intérêt à court terme, depuis les taux sur les prêts à un
jour jusqu’aux taux sur les placements, les bons du Trésor ou les obligations, en passant
par les taux sur les hypothèques et les prêts personnels.

La Banque du Canada hausse son taux directeur


Quand la Banque du Canada annonce une hausse de son taux directeur, elle veut pousser
les taux d’intérêt à court terme à la hausse. Si le taux réel du financement à un jour ne
s’ajuste pas aussi rapidement qu’elle le désire au nouveau taux cible, elle procède à des
cessions en pension sur le marché du financement à un jour.
Supposons que le taux du financement à un jour est de 3,75 % et que la Banque du
Canada veut le faire monter à 4,00 %. Le graphique (b) de la figure 8.4 (p. 202) illustre
les mesures que prend la Banque et leurs effets. La courbe D représente la demande de
fonds disponibles pour le financement à un jour. Au départ, la quantité demandée de
fonds pour le financement à un jour est de 100 G$ et le taux du financement à un jour
est de 3,75 %. La Banque du Canada relève son taux directeur à 4,00 % et, pour accélérer
le processus, procède à des cessions en pension jusqu’à ce que la quantité de fonds dis-
ponibles pour le financement à un jour tombe à 98 G$ – à ce stade, le taux du finance-
ment à un jour atteint le taux cible de 4,00 % fixé par la Banque.
202 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 8.4 Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt

Taux du financement à un jour Taux du financement à un jour

4,25 % O0 O1 4,25 % O1 O0
2
Taux cible

4,00 % 4,00 %
1 3
Taux La Banque du
courant Canada hausse
son taux directeur,
3,75 % 3,75 % ce qui réduit l’offre
de fonds à un jour.
2
Taux cible 1
Taux
3,50 % 3,50 % courant
3
La Banque du Canada
baisse son taux D D
3,25 % directeur, ce qui accroît 3,25 %
l’offre de fonds à un jour.

0 98 100 102 104 0 98 100 102 104


Fonds disponibles pour le financement à un jour Fonds disponibles pour le financement à un jour
(en G$) (en G$)

(a) La Banque du Canada baisse son taux directeur (b) La Banque du Canada hausse son taux directeur

1 Le taux du financement à un jour est de 3,75 %, et 2 la Banque 1 Le taux du financement à un jour est de 3,75 %, et 2 la Banque du
du Canada souhaite le faire baisser à 3,50 %. Pour y parvenir, Canada veut le faire monter à 4,00 %. Pour y parvenir, elle hausse son
elle baisse son taux directeur et peut procéder à des prises en taux directeur et peut procéder à des cessions en pension. 3 L’offre
pension. 3 L’offre de fonds à un jour grimpe à 102 G$ et le taux de fonds à un jour tombe à 98 G$ et le taux du financement à un jour
du financement à un jour tombe à 3,50 %, ce qui fait baisser tous grimpe à 4,00 %, ce qui fait monter tous les autres taux d’intérêt à
les autres taux d’intérêt à court terme. court terme.

Encore une fois, la hausse du taux du financement à un jour fait monter l’ensemble
des taux d’intérêt à court terme, depuis les taux sur les prêts à un jour jusqu’aux taux
sur les placements, les bons du Trésor ou les obligations, en passant par les taux sur les
hypothèques et les prêts personnels.

LES EFFETS EN CHAÎNE D’UNE VARIATION DES TAUX D’INTÉRÊT


Que se passe-t-il une fois que la Banque du Canada, en faisant varier son taux directeur,
a réussi à modifier les taux d’intérêt à la hausse ou à la baisse ? Trois phénomènes
se produisent :
• Une variation de l’investissement et des dépenses de consommation ;
• Une variation du taux de change du dollar canadien et des exportations nettes ;
• Un effet multiplicateur sur les dépenses de consommation, la dépense agrégée et
la demande agrégée.

Une variation de l’investissement et des dépenses de consommation


L’investissement et les dépenses de consommation, deux composantes de la dépense
agrégée, et donc de la demande agrégée, sont sensibles aux taux d’intérêt.
Toutes choses étant égales par ailleurs, quand la Banque du Canada fait monter les
taux d’intérêt, les consommateurs paient plus cher le financement de leurs achats à
crédit (autos, électroménagers, etc.) et les entreprises paient plus cher le financement de
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 203

leurs investissements (machinerie, outillage, équipement, etc.). Par conséquent, les


dépenses de consommation et l’investissement privé brut diminuent, de même que la
dépense agrégée, et donc la demande agrégée.
La baisse des taux d’intérêt a les effets inverses : les dépenses de consommation et
l’investissement privé brut augmentent, de même que la dépense agrégée, et donc la
demande agrégée.

Une variation du taux de change du dollar canadien et des exportations nettes


La variation des taux d’intérêt influe également sur le taux de change du dollar canadien,
et donc sur nos exportations nettes (exportations moins importations), une autre com-
posante de la dépense agrégée, et donc de la demande agrégée.
Ainsi, toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse des taux d’intérêt au
Canada incite les investisseurs étrangers à transférer au Canada des fonds placés dans
des pays où les taux d’intérêt sont moins avantageux. Pour ce faire, ces investisseurs
vendent des devises étrangères (comme des dollars américains ou des euros) et achètent
des dollars canadiens. Cette augmentation de la demande de dollars canadiens entraîne
une hausse du cours du dollar canadien sur le marché des changes. Les étrangers paient
maintenant plus cher les biens et services canadiens, et les exportations canadiennes
diminuent. Parallèlement, avec un cours plus élevé de leur dollar, les Canadiens paient
moins cher les biens et services étrangers, et les importations canadiennes augmentent.
Les exportations nettes diminuent, de même que la dépense agrégée, et donc la
demande agrégée.
Une baisse des taux d’intérêt entraîne les effets contraires : baisse du taux de change,
augmentation des exportations nettes, hausse de la dépense agrégée, et donc de la
demande agrégée.
Saviez-vous que…
Un effet multiplicateur Depuis 2008, les taux d’intérêt sont demeurés bas au Canada.
Nous venons de voir qu’une baisse des taux d’in- Pendant ce temps, le taux d’endettement des ménages ca-
térêt accroît la demande agrégée et qu’une nadiens est passé de 147 % à 167,6 % du revenu disponible12.
hausse des taux d’intérêt la réduit. Vous devinez Quel est l’effet pervers des taux d’intérêt bas sur une longue
la suite : le processus est le même que dans le cas période ? Quelle est la principale conséquence de la hausse du
des multiplicateurs de la politique budgétaire. taux d’endettement des ménages canadiens ?
Une hausse des taux d’intérêt diminue la dépense
RÉPONSE

Les taux d’intérêt bas sur une longue période ont amené les ménages canadiens
agrégée (et donc la demande agrégée), le PIB réel à accroître leur endettement. Cela se traduit par une hausse de 20 points de
et le revenu disponible. La baisse du revenu dis- pourcentage du taux d’endettement en seulement 8 ans, ce qui rend les ménages
ponible entraîne une réduction des dépenses de canadiens plus vulnérables à une hausse éventuelle des taux d’intérêt.

consommation et enclenche le processus étudié


précédemment. Les diminutions en chaîne des
dépenses de consommation réduisent la dépense agrégée (et donc la demande agrégée)
à chaque étape du processus. La baisse de la demande agrégée réduit le PIB réel et fait
baisser le niveau général des prix. Le taux d’inflation diminue.
Quand la Banque du Canada baisse les taux d’intérêt, les événements que nous
venons de décrire se produisent en sens inverse et le PIB réel augmente, de même que
le niveau général des prix.
La figure 8.5 (p. 204) résume les effets en chaîne de la variation des taux d’intérêt ;
le processus commence par les interventions de la Banque du Canada sur le marché du
financement à un jour et prend fin avec leurs effets sur le PIB réel et le niveau des prix.

12. Statistique Canada, CANSIM, tableau 378-0123, Comptes du bilan national, indicateurs finan-
ciers, ménages et institutions sans but lucratif au service des ménages, trimestriel (pourcen-
tage), modifié le 01-03-2016.
204 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Figure 8.5 Les effets en chaîne des actions de la Banque du Canada

3
2
Les taux
Les fonds disponibles pour d’intérêt 4
le financement à un jour baissent.
augmentent, et le taux du Le dollar canadien
financement à un jour baisse. se déprécie sur le
marché des changes.

1
La Banque du Canada 5 6
diminue son taux Les dépenses de Les exportations
directeur. consommation nettes augmentent.
et l’investissement
privé augmentent.

8 7
Le PIB réel augmente, La demande
ainsi que le niveau agrégée
des prix. s’accroît.

(a) La Banque du Canada fait baisser les taux d’intérêt

2 3
Les taux
Les fonds disponibles pour
d’intérêt 4
le financement à un jour
montent. Le dollar canadien
diminuent, et le taux du finan-
cement à un jour augmente. s’apprécie sur le
marché des changes.

1
La Banque du Canada 5 6
hausse son taux Les dépenses de Les exportations
directeur. consommation nettes diminuent.
et l’investissement
privé diminuent.

8 7
Le PIB réel diminue, La demande
ainsi que le niveau agrégée
des prix. diminue.

(b) La Banque du Canada fait monter les taux d’intérêt

Les interventions de la Banque du Canada sur le marché du financement à un jour influent sur la quantité de fonds
disponibles pour le financement à un jour, et donc sur le taux du financement à un jour. Les variations des taux
d’intérêt qui s’ensuivent influent sur les dépenses de consommation, l’investissement privé et les exportations nettes,
et font varier la dépense agrégée – donc la demande agrégée, le PIB réel et le niveau général des prix.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 205

LA CONDUITE DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE


Les variations du taux directeur mettent généralement de 18 à 24 mois à faire sentir
leurs effets sur le taux d’inflation et sur l’ensemble de l’économie ; c’est ce qu’on appelle
le délai de transmission de la politique monétaire. Délai de transmission
de la politique monétaire
Ce délai complique passablement la tâche de la Banque du Canada. En fait, la Délai de 18 à 24 mois avant
conduite d’une politique monétaire s’apparente à la conduite d’une voiture très étrange : que les effets de la politique
monétaire sur le taux d’inflation
un véhicule muni d’un accélérateur (la baisse des taux d’intérêt) et d’un frein (la hausse et sur l’ensemble de l’économie
des taux d’intérêt), tous deux relativement efficaces, mais dont les réactions sont telle- se fassent sentir.
ment imprévisibles que le conducteur (la Banque) n’a aucune certitude quant à la portée
ou au délai de réponse des manœuvres qu’il exécute. Pour ajouter du piquant au voyage,
le conducteur n’a qu’une vue de l’arrière. Il ne voit pas le chemin devant lui, seulement
le chemin déjà parcouru.
Le défi du pilote consiste à conduire cette voiture en tentant de maintenir une vitesse
constante sur une route où alternent les montées (périodes d’expansion qui se caracté-
risent par une croissance rapide du PIB) et les descentes (périodes économiques difficiles
qui se caractérisent par un fléchissement du PIB réel et une augmentation du chômage).
Le conducteur doit donc tantôt accélérer, tantôt freiner, tantôt ne rien faire du tout.
Pour faire le meilleur voyage possible, le pilote doit constamment évaluer la situation
immédiate tout en sachant prévoir ce qui adviendra ensuite. C’est ce que fait la Banque
du Canada en agissant sur le taux du financement à un jour, tout en envoyant des signaux
sur ce qu’elle fera dans l’avenir afin d’informer les principaux agents économiques
(ménages, entreprises, gouvernements) de ses intentions quant à l’orientation de la
politique monétaire.
Maintenant que nous savons comment les interventions de la Banque du Canada
influent sur l’économie, nous allons voir, à l’aide du modèle de la demande et de l’offre
agrégées, comment la politique monétaire peut servir à stabiliser le PIB réel et à maîtri-
ser l’inflation. Comme la politique budgétaire du gouvernement, la politique monétaire
de la Banque du Canada est dite expansionniste si elle vise à éviter une récession, et
restrictive si elle vise à juguler l’inflation.

Une politique monétaire expansionniste


La figure 8.6(a) (p. 206) illustre les effets d’une politique monétaire expansionniste. Au
départ, la demande agrégée est DA0, et la courbe d’offre agrégée, OA. Le niveau général
des prix est de 105. Le PIB réel d’équilibre est de 900 G$, ce qui est inférieur au PIB
potentiel (1 000 G$). L’économie est en équilibre de sous-emploi.
Pour éviter une récession, la Banque du Canada réduit son taux directeur, ce qui
augmente l’offre de fonds disponibles sur le marché du financement à un jour et fait
baisser le taux de ce dernier. Cette diminution fait baisser tous les autres taux d’intérêt
à court terme. Les dépenses de consommation, l’investissement privé brut et les expor-
tations nettes augmentent, la dépense agrégée s’accroît, et la courbe de demande agré-
gée se déplace vers la droite jusqu’à DA0 + ∆D.
S’il s’agissait de la seule variation de la dépense agrégée, la demande agrégée reste-
rait à DA0 + ∆D, mais l’augmentation initiale de la demande agrégée a un effet multipli-
cateur sur les dépenses de consommation, la dépense agrégée et la demande agrégée,
de sorte que la courbe de demande agrégée continue à se déplacer vers la droite jusqu’à
DA1. Le niveau des prix monte à 110.
Les actions de la Banque du Canada ont permis d’éviter une récession en augmentant
le PIB réel (et par conséquent, l’emploi), qui est maintenant à égalité avec le PIB potentiel
(1 000 G$). L’économie est en équilibre de plein emploi et le chômage diminue.
206 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Une politique monétaire restrictive


La figure 8.6(a) est semblable à la figure 8.6(b), mais le point de départ est différent. La
demande agrégée est DA0, et l’offre agrégée, OA. Le niveau général des prix est de 115.
Le PIB réel d’équilibre est de 1 100 G$, ce qui est supérieur au PIB potentiel (1 000 G$).
L’économie est en équilibre de suremploi.
Pour juguler l’inflation, la Banque du Canada hausse son taux directeur, ce qui fait
monter les autres taux d’intérêt à court terme et réduit les dépenses de consommation,
l’investissement privé et les exportations nettes. La dépense agrégée diminue, et la
courbe de demande agrégée se déplace vers la gauche jusqu’à DA0 – ∆D.
S’il s’agissait de la seule variation de la dépense agrégée, la demande agrégée resterait
à DA0 – ∆D, mais la diminution initiale de la demande agrégée a un effet d’entraînement
sur les dépenses de consommation, la dépense agrégée et la demande agrégée, de sorte
que la courbe de demande agrégée continue à se déplacer vers la gauche jusqu’à DA1.
Les actions de la Banque du Canada ont permis d’éviter l’inflation en ramenant le
PIB réel à égalité avec le PIB potentiel, et le niveau des prix, à 110.

L’ampleur de l’effet multiplicateur


L’ampleur de l’effet multiplicateur de la politique monétaire dépend de la sensibilité des
dépenses des agents économiques aux taux d’intérêt.
Plus l’effet de la variation des taux d’intérêt sur la dépense agrégée est grand, plus
l’effet multiplicateur est important ; une faible variation des taux d’intérêt suffit alors
pour que la Banque du Canada atteigne son objectif.

Figure 8.6 La politique monétaire à l’œuvre

Niveau des prix (IIP, 2007 = 100) Niveau des prix (IPP, 2007 = 100)

140 140 1
Réduction de
1 2 PIB PIB
Hausse de Effet la dépense agrégée
potentiel potentiel
la dépense multiplicateur
130 agrégée 130

2
Effet
120 120 OA
OA multiplicateur
115
110 110
DA 0
105
100 100 DA 0– ∆D

90 DA1 90 DA 1
DA 0+ ∆D
DA 0

0 900 1 000 1 100 1 200 0 900 1000 1100 1200


PIB réel (en G$ enchaînés de 2007) PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)

(a) Une politique monétaire expansionniste (b) Une politique monétaire restrictive
Au départ, le PIB réel est de 900 G$, ce qui est inférieur au PIB Au départ, le PIB réel est de 1 100 G$, ce qui excède le PIB potentiel
potentiel (1 000 G$) ; l’économie est en équilibre de sous-emploi. (1 000 G$) ; l’économie est en équilibre de suremploi. Pour éviter
Pour éviter une récession, la Banque du Canada baisse son taux l’inflation, la Banque du Canada pousse les taux d’intérêt à la hausse,
directeur, ce qui fait baisser les taux d’intérêt et accroît la dépense ce qui fait augmenter les taux d’intérêt et réduit la dépense agrégée.
agrégée. 1  La demande agrégée augmente de ΔD. 2  L’effet 1 La dépense agrégée diminue, la demande agrégée baisse de
multiplicateur de cette augmentation initiale de la demande ΔD, et la courbe de demande agrégée se déplace vers la gauche
agrégée déclenche une série d’augmentations des dépenses de jusqu’à DA0 – ΔD. 2 La baisse de la demande agrégée entraîne une
consommation. La courbe de demande agrégée se déplace jusqu’à série de réductions des dépenses de consommation, et la courbe de
DA1. Le PIB réel augmente et revient à égalité avec le PIB potentiel. demande agrégée se déplace à DA1. Le PIB réel diminue et revient
L’économie est en équilibre de plein-emploi. Le chômage diminue, à égalité avec le PIB potentiel. L’économie est en équilibre de plein-
et la récession est évitée. emploi. Le niveau des prix diminue, et l’inflation est évitée.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 207

Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

Milton Friedman et l’évolution


de la politique monétaire
Né à New York en 1912 et issu d’une famille d’immigrants
pauvres, Milton Friedman a fait ses études à l’Université Rutgers
et à l’Université Columbia pendant la Grande Dépression. Dé-
cédé le 16 novembre 2006, Friedman a bâti sa réputation entre
1946 et 1983 comme chef de file de l’École de Chicago. Selon
les membres de cette école, les marchés libres répartissent ef-
ficacement les ressources, et une croissance lente et stable de
l’offre de monnaie engendre la stabilité macroéconomique sans
qu’aucune intervention de l’État ne soit nécessaire. Adeptes du
libéralisme classique, du capitalisme intégral et de l’économie
de marché, les monétaristes s’opposent au keynésianisme « so-
cial-démocrate » et à ses politiques interventionnistes.

Ainsi, pour Friedman, « l’inflation est monétaire et n’est que


monétaire ». À long terme, loin d’augmenter la production et
l’emploi comme le veut la théorie keynésienne, la stimulation Pour Milton Freidman, « l’inflation est monétaire et n’est que monétaire ».
persistante de la demande agrégée n’engendre que de l’inflation.
Certes, une politique monétaire qui accroît la quantité de
monnaie en circulation pour lutter contre le chômage a un effet Cependant, après avoir contesté les thèses keynésiennes, le
à court terme sur l’emploi. Mais cet effet, explique Friedman, est monétarisme est aujourd’hui contesté à son tour. En effet, les
temporaire et s’explique par ce qu’il appelle l’« illusion monétaire ». théoriciens de l’école des anticipations rationnelles rejettent
À court terme, les agents économiques se sentent plus riches et l’idée que les agents économiques sont incapables d’anticiper
dépensent davantage, ce qui relance temporairement l’emploi. rationnellement le taux d’inflation et de réagir en conséquence,
Toutefois, ils s’aperçoivent vite de la nature réelle du changement et qu’ils peuvent être bernés même temporairement par une
– l’inflation – et réclament des augmentations de salaire pour la politique monétaire.
compenser, entraînant l’économie dans une spirale salaires-prix
qui accroît encore l’inflation à moyen et à long terme. Donc, dit Pour les tenants des anticipations rationnelles, les agents
Friedman, à long terme, augmenter la quantité de monnaie en économiques comprennent au contraire comment les banques
circulation entraîne inévitablement une poussée inflationniste centrales influent sur la monnaie et comment la monnaie agit
sans pour autant faire reculer le chômage. Ainsi, la forte inflation sur l’inflation, et ne se laissent donc pas leurrer par l’illusion
du début des années 1970 s’accompagnait d’une recrudescence monétaire postulée par Friedman. De ce point de vue, toute
du chômage. politique monétaire est donc inefficace pour influer sur l’emploi
tant à court terme qu’à long terme, et ne peut servir qu’à limiter
En plus de lui valoir le prix Nobel en sciences économiques, l’inflation – ce qui devrait être la seule tâche des banques
les travaux de Milton Friedman ont fait progresser notre centrales.
compréhension des forces qui déterminent la demande
agrégée. Ils ont aussi mis en lumière les effets des variations de Ce courant de pensée jouit d’une crédibilité croissante
la quantité de monnaie en circulation sur le niveau des prix et auprès des banques centrales et n’est pas étranger au fait que,
sur l’inflation. depuis quelques années, le seul objectif de la politique monétaire
de la Banque du Canada est la maîtrise de l’inflation.

Comment une politique monétaire expansionniste, pourrait-


elle engendrer de l’inflation à moyen et à long terme ? Quelle
devrait-être la seule tâche des banques centrales ? Quel est
l’objectif de la politique monétaire de la Banque du Canada ?
208 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

La politique monétaire canadienne à l’œuvre


La figure ci-dessous illustre l’évolution du taux du financement En 2006, prévoyant une inflation, elle les a fait remonter.
à un jour (courbe jaune), du taux d’escompte (courbe bleue) et Quelle orientation a-t-elle donnée à sa politique monétaire ?
du taux des bons du Trésor à trois mois (courbe rouge) de 1975 Illustrez graphiquement ses effets sur le marché du financement
à 2015. Le taux d’intérêt des bons du Trésor à trois mois est un à un jour et sur l’équilibre macroéconomique.
bon indicateur général du coût des prêts à court terme octroyés
À la fin de 2007 et au début de 2008, voyant que les États-
au gouvernement fédéral et aux grandes entreprises.
Unis allaient vers une récession qui pourrait avoir des répercus-
Comme on le voit, les variations des trois taux sont étroi- sions sur notre économie, la Banque a de nouveau fait baisser
tement liées. Le taux du financement à un jour, que la Banque les taux d’intérêt. Cette réduction n’a pas permis au Canada
cible directement, est celui qui influe le plus sur le taux d’intérêt d’éviter la récession, mais elle a contribué énormément à en
à court terme – taux auquel le gouvernement et les entreprises diminuer l’ampleur.
contractent leurs emprunts.
En 2010, la reprise de l’activité économique au Canada était
La figure montre comment la Banque du Canada fait monter particulièrement vigoureuse. La Banque du Canada en a profité
les taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation et comment elle pour rehausser le taux directeur, qui est passé graduellement de
les fait baisser pour éviter une récession. Au début des années 0,25 % à 1,00 %, et l’a maintenu pendant plus de quatre ans à ce
1980 et 1990, la hausse des taux d’intérêt a engendré des niveau. La baisse exceptionnelle du prix du pétrole a plombé la
récessions. Après la récession de 1990-1992, la Banque a décidé croissance économique, qui s’est contractée durant la première
de baisser les taux d’intérêt pour accélérer la reprise. À la fin moitié de 2015. La Banque du Canada n’a pas mis longtemps
des années 1990, l’économie connaissait une forte expansion ; à réagir : elle a abaissé son taux directeur d’un quart de point
la Banque a donc maintenu les taux d’intérêt assez stables. en janvier 2015, puis de nouveau en juillet 2015, pour l’amener
à 0,50 %.
En 2001 et en 2002, redoutant une récession après les
attentats du 11 septembre 2001, la Banque a de nouveau fait De quelle manière la Banque du Canada a-t-elle mené sa
baisser les taux d’intérêt pour prolonger la période d’expansion. politique monétaire de 2010 à 2015 ? Quelle orientation a-t-elle
Quelle orientation a-t-elle donnée à sa politique monétaire ? donnée à sa politique monétaire ? Illustrez graphiquement ses
Illustrez graphiquement ses effets sur le marché du financement effets sur le marché du financement à un jour et sur l’équilibre
à un jour et sur l’équilibre macroéconomique. macroéconomique.

Les taux d’intérêts au Canada depuis 1975


Taux d’intérêt (en pourcentage annuel)

20 Taux d’escompte
Hausse des taux d’intérêt
pour lutter contre l’inflation

15
Taux des bons
du Trésor à
trois mois Baisse des taux d’intérêt
10 pour éviter une récession

Taux du financement
5 à un jour

0
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Année

Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 176-0041, Statistiques du marché financier, données du mercredi sauf indication contraire, hebdomadaire, modifié le 18-05-
2012. Statistique Canada, CANSIM, tableau 176-0078, Taux du marché et autres taux d’intérêt de la Banque du Canada, quotidien (en pourcentage), modifié le 05-01-2016.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 209

ÉPARGNER OU EMPRUNTER ?
Combien d’argent liquide conservez-vous dans votre portefeuille ? Et combien dans votre
compte bancaire ? Ne serait-il pas préférable de garder moins d’argent à la banque ?
Non, ce ne serait probablement pas judicieux. Pourquoi ? Parce que détenir de l’argent
liquide ne rapporte rien alors que le placer à la banque rapporte de l’intérêt.
Pourquoi ne choisissez-vous pas de diminuer votre solde de carte de crédit ? Le taux
d’intérêt sur ce solde correspond à ce que coûte le fait d’utiliser l’argent des autres
épargnants. En acquittant la totalité de votre solde, vous éviterez de payer un taux d’in-
térêt de plus de 20 % par année.
Si vous empruntez à taux variable, comme dans le cas des marges de crédit, les
variations du taux directeur affecteront directement votre taux d’intérêt. À l’inverse, si
vous empruntez à taux fixe pour la durée d’un terme (de trois, de quatre ou de cinq ans),
ces variations n’auront pas d’impact sur votre taux d’intérêt. Si vous prévoyez que le
taux directeur va augmenter, devriez-vous opter pour un taux variable ou pour un
taux fixe ?
Lisez-vous les différents communiqués de la Banque du Canada ? Il est probable que
non, mais rien ne vous empêche de le faire. Ainsi, vous serez beaucoup plus au fait de
la situation économique nationale. Pour devenir un consommateur averti, prenez l’ha-
bitude de visiter le site web de la Banque du Canada, www.banqueducanada.ca. Cliquez
sur l’onglet Publications et repérez la version la plus récente du Rapport sur la politique
monétaire. Vous y trouverez des renseignements sur ce qui se passe dans chacune des
provinces canadiennes et dans l’ensemble du pays.
De plus, gardez l’œil sur le calendrier de la Banque du Canada et guettez les dates
où elle annoncera sa décision de changer ou non le taux directeur. Cette opération sur-
vient à huit reprises durant l’année. Ces jours-là, suivez les nouvelles dans les médias.
Une fois l’annonce rendue publique, cherchez à connaître les raisons que la Banque a
données pour justifier son choix. Surveillez ce qui se passe sur le plan des taux d’intérêt
des banques afin d’être en mesure de décider s’il est préférable d’épargner ou
d’emprunter.

Le taux d’intérêt exigé sur le solde impayé d’une carte de crédit est de plus de 20 % par année.
210 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

8.3
3 Décrire et expliquer les fonctions de la Banque du Canada, les éléments clés
et les effets de la politique monétaire

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. La Banque du Canada est l’agent financier du 5. La Banque du Canada sert de prêteur en dernier ressort
gouvernement fédéral. Expliquez brièvement en des institutions de dépôt. Expliquez brièvement en quoi
quoi consiste ce rôle. consiste ce rôle.
2. La Banque du Canada relève de 0,25 % son taux directeur, 6. La Banque du Canada fait passer son taux directeur
qui passe de 3,5 % à 3,75 %. de 3,5 % à 3,25 %. Quelle sera la nouvelle fourchette
a) Quelles sont les nouvelles limites supérieure et cible du taux du financement à un jour ? Le taux officiel
inférieure de la fourchette opérationnelle pour le taux d’escompte ? Le taux de rémunération des dépôts ?
cible du financement à un jour ? 7. La Banque du Canada abaisse son taux directeur.
b) Quel est le nouveau taux officiel d’escompte ? Toutes choses étant égales par ailleurs, quel sera
c) Quel est le nouveau taux de rémunération l’effet de cette mesure sur les éléments suivants ?
des dépôts ? a) Les dépenses de consommation
et l’investissement privé brut
3. La Banque du Canada relève son taux directeur.
Toutes choses étant égales par ailleurs, quel sera l’effet b) La valeur du dollar canadien
de cette mesure sur les dépenses suivantes ? sur le marché des changes
a) Les achats de biens d’équipement par les entreprises c) Les exportations canadiennes
b) Les achats de voitures et de maisons par d) Les importations canadiennes
les particuliers 8. Expliquez le processus par lequel la politique monétaire
c) Les achats de biens et services canadiens par de la Banque du Canada influe sur la demande agrégée
des étrangers de l’économie canadienne.
d) Les achats de biens et services étrangers par
des Canadiens
4. Toutes choses étant égales par ailleurs, expliquez l’effet
d’une baisse du taux directeur sur la demande agrégée,
le PIB réel et le niveau général des prix.

RÉPONSES
1. En tant qu’agent financier du gouvernement fédéral, la Banque du Canada 4. Quand la Banque du Canada baisse son taux directeur, les taux d’intérêt
sert de banquier au gouvernement et gère sa trésorerie, ses réserves de diminuent, de même que la valeur du dollar sur le marché des changes.
devises étrangères ainsi que son portefeuille de titres. Avec la baisse des taux d’intérêt et du taux de change, l’investissement, les
2. a) La limite supérieure de la fourchette est de 4 % ; sa limite inférieure, de dépenses de consommation et les exportations nettes augmentent, ce qui
3,5 %. accroît la demande agrégée.
b) Le taux officiel d’escompte est égal à la limite supérieure de la Cette augmentation initiale de la demande agrégée a un effet d’entraîne-
fourchette, soit 4 %. ment sur les dépenses de consommation, et la demande agrégée augmente
c) Le taux de rémunération des dépôts est égal à la limite inférieure de la d’un multiple de la variation initiale des dépenses. L’économie atteint un
fourchette, soit 3,5 %. nouvel équilibre (au point d’intersection de la nouvelle courbe de demande
3. a) Comme les taux d’intérêt montent, les entreprises retardent leurs agrégée et de la courbe d’offre agrégée). Le PIB réel augmente, ainsi que le
achats de biens d’équipement. L’investissement privé brut diminue. niveau général des prix.
b) Comme les taux d’intérêt montent, les ménages retardent leurs gros
achats à crédit (voitures, électroménagers, etc.). Les dépenses de
consommation baissent.
c) Comme les taux d’intérêt canadiens montent et que les taux d’intérêt
étrangers demeurent les mêmes, la valeur du dollar canadien
augmente sur le marché des changes. Les biens canadiens deviennent
relativement plus coûteux pour les étrangers, et les exportations
canadiennes diminuent.
d) Avec la montée du dollar canadien, les biens importés deviennent
relativement moins coûteux pour les Canadiens. Les achats de biens
importés par les Canadiens augmentent.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 211

Le chapitre 8 en bref

1 Définir la monnaie et décrire ses fonctions

Monnaie Fonctions de la monnaie Types de monnaie


Tout bien, coupon, jeton • Moyen d’échange • Monnaie fiduciaire
(ou, de nos jours, toute inscription • Unité de compte • Monnaie scripturale
dans la mémoire d’ordinateur) • Réservoir de valeur
généralement accepté comme Mesures de la masse monétaire (MM)
instrument de paiement • M2 et M2+

2 Décrire le système monétaire et expliquer comment les institutions de dépôt créent de la monnaie

Institutions de dépôt Fonctions des institutions de dépôt


• Banques à charte • Recevoir des dépôts et accorder des prêts
• Caisses populaires et d’économie • Réduire les coûts d’emprunt et diluer le risque
• Sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire • Offrir un système de paiement

Création de monnaie
En générant des dépôts à partir de fonds disponibles (différence
entre les dépôts et les réserves désirées) qui sont prêtés
Multiplicateur des dépôts (Md)
= 1/rd où rd = coefficient des réserves désirées
Variation de la masse monétaire (ΔMM) = ΔD × Md

3 Décrire et expliquer les fonctions de la Banque du Canada, les éléments clés


et les effets de la politique monétaire

Banque du Canada
• Responsable de la conception, de l’émission, de la distribution et du remplacement des billets de banque
• Agent financier du gouvernement fédéral et prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt
• Responsable de l’élaboration et de la mise en place de la politique monétaire du pays

Prise en pension Équilibre de sous-emploi


• Hausse des fonds disponibles pour les prêts PIB réel < PIB potentiel
• Baisse des taux d’intérêt des institutions de dépôt
Politique expansionniste
Une cession en pension a l’effet inverse. Baisse du taux directeur
• Baisse des taux d’intérêt à court terme et du taux de change
Taux directeur • Hausse des dépenses de consommation, de l’investissement
(ou taux cible du financement à un jour) privé brut et des exportations nettes*
Taux d’escompte • Stimuler la DA pour rétablir le plein-emploi et éviter la récession
+ 0,25 %
Taux directeur Équilibre de suremploi
− 0,25 % PIB réel > PIB potentiel
Taux de rémunération des dépôts
Politique restrictive
Hausse du taux directeur
* L’efficacité de la politique monétaire dépend de la sensibilité des agents économiques
aux variations des taux d’intérêt.
La hausse du taux directeur a l’effet inverse.
212 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE

Questions
de révision
Au terme de la section 8.1, Qu’est-ce que la monnaie ?, Au terme de la section 8.3, La Banque du Canada et la poli-
répondez aux questions 1 à 5. tique monétaire, répondez aux questions 8 à 10.

1. Lesquels des éléments suivants sont de la monnaie ? 8. À quel type d’opération sur le marché libre devrait procéder
a) Un chèque-cadeau Renaud-Bray d’une valeur de 100 $ la Banque du Canada pour abaisser le taux du financement
à un jour ? Expliquez les effets de cette mesure.
b) Un dépôt dans une caisse populaire
c) Une carte Visa 9. La Banque du Canada prévoit une récession et veut la
d) Un billet de 20 $ US contrer en abaissant son taux directeur. Quel sera l’effet de
e) Une carte de débit cette mesure sur les éléments suivants ?
a) La quantité de fonds disponibles pour le financement
2. Nommez les trois fonctions essentielles de la monnaie, puis à un jour et les taux d’intérêt à court terme
dites à laquelle vous associez chacun des énoncés suivants.
b) L’investissement privé brut et les dépenses
a) Une bonne chaîne stéréo coûte 2 000 $. de consommation
b) Vous achetez un nouveau téléphone intelligent à 600 $. c) Le taux de change du dollar canadien
c) Vous déposez 200 $ dans votre compte en prévision des et les exportations nettes
livres scolaires que vous aurez à vous procurer. d) La demande agrégée
d) Les kiwis sont en solde cette semaine à cinq pour 1 $. e) Le PIB réel et le niveau des prix
e) Vous épargnez depuis deux mois afin d’acheter une
nouvelle console de jeux vidéo. 10. La Banque du Canada prévoit une poussée inflationniste
et veut la contrer en haussant son taux directeur. Quel sera
3. Alice gagne 2,5 M$ au Lotto 6/49 et les dépose dans son l’effet de cette mesure sur les facteurs suivants ?
compte à la caisse populaire. Quel agrégat monétaire son a) La quantité de fonds disponibles pour le financement
dépôt modifie-t-il, M2 ou M2+ ? Justifiez votre réponse. à un jour et les taux d’intérêt à court terme
b) L’investissement privé brut et les dépenses
4. Thierry retire 100  $ de son compte d’épargne à la caisse
de consommation
populaire et les dépose dans son compte chèques à la CIBC.
Quel agrégat monétaire son dépôt modifie-t-il, M2 ou M2+ ? c) Le taux de change du dollar canadien
Justifiez brièvement votre réponse. et les exportations nettes
d) La demande agrégée
5. Monsieur Brunet dépose 5 000 $ en numéraire à sa banque. e) Le PIB réel et le niveau des prix
Le même jour, M. Corriveau obtient un emprunt de 5 000 $
à la même banque, qui dépose cette somme dans son
compte chèques. Ces deux transactions ont-elles modifié
M2 ? Si oui, de combien ? Justifiez votre réponse.

Au terme de la section 8.2, Le système monétaire et la créa-


tion de monnaie, répondez aux questions 6 et 7.

6. Quels sont les points communs et les différences entre les


banques à charte et les caisses populaires ? Comment ces
institutions financières font-elles des profits ? Quels sont
les principaux risques auxquels elles sont exposées, et
comment arrivent-elles à les gérer ?

7. Les institutions de dépôt du Pays Tiède reçoivent 2 M$ de


nouveaux dépôts, et le coefficient de réserves désirées est
de 10 %. Calculez :
a) le multiplicateur des dépôts ;
b) la quantité maximale de nouvelle monnaie qui peut
être créée.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 213

Appliquez
vos savoir-faire
Les réserves des institutions de dépôt
Si tous les gens qui ont des dépôts dans des institutions financières tentaient
de les retirer le même jour, ils constateraient vite que les réserves des
institutions de dépôt sont largement insuffisantes pour pourvoir à autant de
retraits simultanés.

a) Pourquoi n’y a-t-il pas de ruées vers les institutions financières ?


b) Pourquoi la Banque du Canada n’exige-t-elle pas des institutions finan-
cières des réserves couvrant 100  % des dépôts ? Comment une telle
obligation influerait-elle sur la capacité des institutions de dépôt à créer
de la monnaie ?
c) Quel serait l’impact d’un rehaussement du taux directeur sur les réserves
La Banque du Canada est le prêteur en dernier ressort des institu-
des institutions de dépôt ? tions de dépôt.

MOTS CLÉS
Banque à charte, 190 Multiplicateur des dépôts, 194
Banque centrale, 196 Numéraire, 184
Banque du Canada, 196 Opération sur le marché libre, 200
Caisse populaire ou caisse d’économie, 190 Politique monétaire, 198
Cession en pension, 200 Pouvoir libératoire des pièces de monnaie, 184
Coefficient de réserves désirées, 193 Prise en pension, 200
Délai de transmission de la politique monétaire, 205 Réserves désirées, 192
Institutions de dépôt, 190 Réserves excédentaires, 193
Instrument de paiement, 182 Réservoir de valeur, 183
M2, 188 Société de fiducie et de prêt hypothécaire, 191
M2+, 188 Système monétaire canadien, 190
Masse monétaire, 188 Taux cible du financement à un jour, 199
Monnaie, 182 Taux de rémunération des dépôts, 199
Monnaie fiduciaire, 184 Taux officiel d’escompte, 199
Monnaie scripturale, 184 Troc, 183
Moyen d’échange, 183 Unité de compte, 182
214 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

PARTIE 4
CHAPITRE 9
L’ÉCONOMIE MONDIALE LE COMMERCE INTERNATIONAL

ACHETER DES
PRODUITS
LOCAUX OU
IMPORTÉS ?
ACHETER UNIQUEMENT DES PRODUITS DE CHEZ
NOUS n’est pas forcément avantageux lorsque nous
pouvons en acheter qui viennent d’ailleurs à meilleur
prix. Lorsque les étrangers achètent nos produits, nos
entreprises en profitent et créent de nouveaux emplois.
Le commerce international crée de l’emploi et de la
prospérité au pays, mais il rend aussi notre économie
plus vulnérable aux soubresauts économiques de nos
grands partenaires commerciaux, en particulier des
États-Unis. Le libre-échange oblige nos producteurs à
concurrencer les producteurs étrangers. Mais pouvons-
nous soutenir cette concurrence ? Dans les pays comme
la Chine, l’Inde et le Mexique, où les salaires sont
beaucoup plus bas que les nôtres, le commerce
international représente-t-il une menace pour les
travailleurs canadiens ? Tirons-nous avantage du
commerce international ?
Dans ce chapitre, vous découvrirez comment tous les
pays ont intérêt à produire les biens et services pour
lesquels ils détiennent un avantage dit comparatif, et à
échanger une partie de cette production avec d’autres
pays. Vous verrez que tous les pays peuvent être
concurrentiels, si élevés qu’y soient les salaires. Enfin,
vous apprendrez pourquoi, même s’ils ont tous avantage
à pratiquer le libre-échange, les pays tentent quand
même de le restreindre sous une forme ou une autre.

COUP D’ŒIL COUP D’ŒIL


SOMMAIRE

9.1 SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE 9.2 SUR UN GRAND ÉCONOMISTE


Le commerce international : Les échanges commerciaux Les gains du commerce Ricardo et les gains
l’exemple du Canada du Canada international du commerce international

p. 216 p. 218 p. 222 p. 226


CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 215

SAVOIR-FAIRE
1 Décrire sommairement la structure du
commerce international canadien
2 Expliquer comment tous les pays peuvent
tirer avantage du commerce international
3 Expliquer comment les barrières
commerciales restreignent le commerce
international

VOS OUTILS NUMÉRIQUES

MaBiblio > MonLab xL

Réalisez les exercices assignés par votre


enseignant.

COUP D’ŒIL
9.3 SUR LE PASSÉ ACHETER DES
Les restrictions au commerce L’évolution des tarifs PRODUITS LOCAUX OU Le chapitre 9
international douaniers canadiens IMPORTÉS ? en bref

p. 227 p. 230 p. 232 p. 234


216 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

LE COMMERCE INTERNATIONAL :
9.1 L’EXEMPLE DU CANADA
Le commerce international représente les deux tiers du PIB canadien ; nos exportations
comptent pour environ 34 %, et les importations, 32 % du PIB canadien. Quels sont les
principaux biens et services que le Canada importe et exporte ? Près de la moitié de nos
exportations consistent en biens manufacturés (automobiles, machineries et biens de
consommation), et nous en importons encore plus (automobiles, téléviseurs, appareils
ménagers, jeans et t-shirts, etc.). Le Canada importe et exporte aussi un volume consi-
dérable de services.

NOTRE COMMERCE INTERNATIONAL DE BIENS


Les biens manufacturés représentent presque la moitié des exportations du Canada et plus
de la moitié de ses importations. Propulsé par le secteur de l’énergie (pétrole et gaz natu-
rel), mais ralenti par la crise du secteur forestier (conflit du bois d’œuvre avec les États-
Unis), le commerce des matières premières (incluant l’agriculture, la pêche, les minerais
et les minéraux non métalliques) représente un tiers des exportations du pays et plus d’un
dixième de ses importations. Les exportations et importations de biens représentent 83 %
de nos échanges ; le reste de notre commerce international concerne les services.

NOTRE COMMERCE INTERNATIONAL DE SERVICES


Quand vous vous rendez à Paris pour des vacances sur les ailes d’Air France, vous
importez de France un service de transport et, une fois à destination, vos dépenses
d’hôtellerie et de restauration sont également considérées comme des importations de
services. Inversement, les vacances d’un étudiant français au Canada sont considérées
comme une exportation de services canadiens vers la France.
Quand nous importons des téléviseurs fabriqués en Corée du Sud, et que nous recou-
rons à un armateur grec pour transporter la cargaison ainsi qu’à une compagnie britan-
nique pour l’assurer, les services que nous payons au transporteur et à l’assureur sont des
importations canadiennes de services de transport et d’assurance. De même, quand un
cargo canadien transporte du bois d’œuvre de Colombie-Britannique jusqu’à Tokyo, les
coûts de transport sont une exportation canadienne de services vers le Japon. Déjà impor-
tant, notre commerce international de ce type de services est en pleine expansion.

NOS PARTENAIRES COMMERCIAUX


En plus d’avoir des partenaires commerciaux partout dans le monde, le Canada est
membre de plusieurs organisations internationales qui visent à libéraliser le commerce,
dont l’OMC (Organisation mondiale du commerce) et l’APEC (Coopération économique
de la zone Asie-Pacifique). Mais les États-Unis sont de loin notre principal partenaire
commercial, et nous sommes leur plus grand partenaire aussi. Ce commerce avec notre
voisin du sud rend notre économie indissociable de l’ensemble nord-américain. Plusieurs
produits traversent la frontière entre le Canada et les États-Unis à divers stades de leur
transformation. C’est le cas des pièces fabriquées par des équipementiers du sud de
l’Ontario, qui approvisionnent les usines d’automobiles de Détroit, au Michigan, dont les
automobiles seront par la suite vendues par des concessionnaires au Canada. Nous
vendons ainsi aux États-Unis et achetons d’eux beaucoup de produits, dont une partie
provient du Canada ou d’ailleurs.
Cette intégration économique du Canada à l’ensemble nord-américain apparaît de plus
en plus évidente, surtout depuis la signature de l’ALENA (Accord de libre-échange
nord-américain). Cet accord conclu entre les États-Unis, le Canada et le Mexique vise à
faciliter et à favoriser les échanges commerciaux entre ces trois pays. Depuis son entrée
en vigueur en 1994, les échanges se sont accrus rapidement, soutenus par la faiblesse du
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 217

dollar canadien et la vigueur de l’économie américaine à la fin des années 1990 et au début
des années 2000. À la fin de 2007, l’étonnante remontée du dollar canadien et la faiblesse
appréhendée de l’économie américaine ne semblaient pas avoir inversé la tendance.
Nos échanges commerciaux avec l’Union européenne, la Chine et le Japon sont éga-
lement importants, mais à une moindre échelle, comme l’explique la rubrique « Coup
d’œil sur l’économie canadienne » (p. 218). Notons que notre commerce avec la Chine
progresse à un rythme vertigineux.
Le Canada a également signé une douzaine d’autres accords de libre-échange, dont
ceux avec le Chili, la Corée du Sud, le Costa Rica et Israël. Un autre accord de libre-échange
a été signé, mais n’a pas encore été ratifié par les Parlements canadien et européen : l’Ac-
cord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne, qui compte
28 pays. Cet accord donnera accès aux entreprises canadiennes à un marché de près de
500 millions de personnes et représentant environ 25 % de l’économie mondiale.

POURQUOI COMMERÇONS-NOUS ?
Ne vaudrait-il pas mieux tout produire nous-mêmes ? La réponse à cette question est
non. Certains pays sont relativement plus efficaces que d’autres dans la production de
certains biens ou services : ils détiennent un avantage comparatif dans la production Avantage comparatif
de ces biens ou services. Avantage que détient un pays
qui peut produire un bien ou un
Les pays détiennent un avantage comparatif si leur coût de production de certains service à un coût moindre que
celui d’un autre pays.
biens ou services est inférieur à celui de leurs partenaires commerciaux, ce qui rend les
échanges profitables. Voyons cela de plus près.

Pourquoi le Canada exporte-t-il des locomotives ?


Tous les ans, Electro-Motive Diesel (division de General Motors jusqu’en 2005) produit plus
de locomotives à London, en Ontario, que le CN et le CP n’en achètent au pays. La majeure
partie de la production canadienne d’Electro-Motive Diesel est donc destinée à l’étranger.
Pourquoi le Canada est-il un exportateur de locomotives ? La réponse est simple : le
Canada détient un avantage comparatif dans la production de locomotives – autrement
dit, le coût de produire une locomotive est plus bas au Canada que dans la plupart des
autres pays. Les acheteurs peuvent acheter des locomotives du Canada à un prix
moindre que celui qu’ils paieraient s’ils les achetaient d’autres fournisseurs potentiels.
Et Electro-Motive Diesel peut vendre à l’étranger ses locomotives produites au Canada
à un prix plus élevé que celui qu’accepterait de payer un acheteur canadien.
Cet échange permet aux acheteurs étrangers d’acheter des
locomotives à un prix moindre, et à Electro-Motive Diesel et Saviez-vous que...
d’autres producteurs canadiens de vendre des locomotives à un « Le feng tang – qui signifie littéralement
prix plus élevé à l’étranger. “ sucre d’érable ”, en mandarin – est présenté
La figure 9.1 (p. 219) illustre les effets du commerce internatio- en Chine comme un aliment santé. Le sirop
nal des locomotives. La courbe de demande (D) montre la demande d’érable contient des minéraux et des antioxy-
de locomotives au Canada ; elle indique la quantité de locomotives dants […]. C’est naturel, santé et ça a un goût
que les compagnies ferroviaires canadiennes consentent à acheter unique. Les bouteilles de sirop d’érable y sont
à divers prix, ainsi que le prix le plus élevé qu’elles consentent à vendues 30 $1. » Au Canada, le prix d’une
payer pour une locomotive supplémentaire. bouteille avoisine les 15 $. Est-ce que cet
La courbe d’offre (O) montre l’offre de locomotives au Canada ; échange avec la Chine fait des gagnants ?
elle indique la quantité de locomotives que les producteurs cana-
RÉPONSE

Cet échange ne fait que des gagnants. Les acheteurs


diens sont prêts à vendre à divers prix, ainsi que le coût de pro- chinois ont accès à un produit unique et exotique, alors
duction d’une locomotive supplémentaire. que les producteurs canadiens ont la possibilité de vendre
du sirop d’érable à un prix plus élevé à l’étranger que chez
nous, soit presque le double.
1. Marie ALLARD, « L’avenir du sirop d’érable est-il en Chine ? », La Presse, 16 décembre 2011,
http://affaires.lapresse.ca (page consultée le 26 avril 2016).
218 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

Les échanges commerciaux du Canada


La figure 1 montre le volume relatif et la balance Figure 1
commerciale du Canada pour les 15 grandes catégories Le commerce de biens et services au Canada en 2015
de biens et services que nous avons échangés avec Catégories
Catégories
nos partenaires commerciaux en 2015. Quand la barre
bleue (exportations) est plus longue que la barre Aéronefs
rouge (importations), le Canada enregistre un surplus Machines et équipement
commercial dans cette catégorie. Traditionnellement, Produits automobiles
Produits chimiques et industriels
les échanges les plus importants se faisaient dans
Produits énergétiques
les catégories « Machines et équipement », « Produits
Services commerciaux
automobiles » et « Produits chimiques et industriels ». Biens de consommation
Toutefois, avec l’exploitation des sables bitumineux Produits forestiers
de l’Alberta et des gisements de pétrole au large Agriculture et pêche
de Terre-Neuve-et-Labrador, la catégorie « Produits Services de voyage
énergétiques » se retrouve au deuxième rang derrière Services de transport
la catégorie « Produits automobiles », suivie des « Biens Services gouvernementaux
Minerais et minéraux non métalliques
de consommation » du côté de nos exportations, alors
Matériel et pièces électroniques
que nos « Produits forestiers » ont subi les contrecoups Produits en métal et produits minéraux
de la surtaxe américaine sur le bois d’œuvre. Quelles
catégories de biens et services exportons-nous le plus ? –120 –60
–120 –90 –90 –30
–60 –30
0 300 6030 9060 120
90 120
Quelles catégories de biens et de services importons- Importations
Importations () en
() en G$ G$ Exportations
Exportations () en G$
() en G$
nous le plus ? Quelle catégorie de biens et services a
subi les contrecoups de la surtaxe américaine sur le Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 228-0059, Importations et exporta-
tions de biens sur la base de la balance des paiements, selon le produit, modifié le
bois d’œuvre ? Cet effet s’est-il fait sentir surtout sur 05-04-2016 ; CANSIM, tableau 376-0108, Transactions internationales de services,
nos exportations ou nos importations ? par catégorie, modifié le 20-02-2016.

La figure 2 montre le volume du commerce de mar- Figure 2


chandises canadiennes avec nos principaux partenaires Les partenaires commerciaux du Canada en 2015
en 2015. Quand la barre rouge (importations) est plus Pays
longue que la barre bleue (exportations), le Canada
enregistre un déficit commercial avec ce pays. Les États-Unis
États-Unis sont de loin le plus important partenaire
commercial du Canada – le destinataire de 75,6 % de nos Royaume-Uni
exportations de marchandises et la source de 72,3  %
de nos importations de marchandises en 2015. Pour Chine
les exportations, la Chine, le Royaume-Uni et le Japon
viennent respectivement aux deuxième, troisième et Japon
quatrième rangs, suivis du Mexique, notre partenaire
Mexique
dans l’ALENA. La balance commerciale la plus déficitaire
du Canada est celle avec la Chine, qui s’est hissée au
Allemagne
deuxième rang, devant le Mexique et l’Allemagne, pour
la provenance des importations ; ce déficit s’établissait Autres pays
à 17,5 G$ en 2015. Avec quels pays commerçons-nous –400 –300 –200 –100 0 100 200 300 400
le plus ? Lesquels arrivent aux premier, deuxième et
troisième rangs pour les exportations ? Et pour la Importations () en G$ Exportations () en G$

provenance des importations ? Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 228-0069, Importations et exportations
de biens sur la base de la balance des paiements, selon le pays ou le groupe de pays,
modifié le 05-04-2016.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 219

SANS COMMERCE INTERNATIONAL Voyons d’abord ce qui se passe sur le marché des


locomotives en l’absence de commerce international. La figure 9.1 (a) illustre ce scénario.
Le marché des locomotives est en équilibre quand 40 locomotives sont produites au
Canada et achetées par les compagnies ferroviaires canadiennes ; le prix s’établit alors
à 1 M$ l’unité.
AVEC COMMERCE INTERNATIONAL Maintenant, voyons ce qui arrive sur le marché des
locomotives s’il y a commerce international. La figure 9.1 (b) illustre ce scénario. Ici, c’est
le marché mondial, et non plus le marché intérieur canadien, qui détermine le prix d’une
locomotive. La demande et l’offre mondiales déterminent un prix mondial. Supposons que
ce prix s’établit à 1,3 M$ par locomotive, comme l’indique la ligne rouge à la figure 9.1 (b).
La courbe de demande canadienne, D, montre que, à 1,3 M$ la locomotive, les com-
pagnies ferroviaires canadiennes achètent 30 locomotives par année, et la courbe d’offre
canadienne, O, montre qu’à ce prix les entreprises canadiennes produisent 80 locomo-
tives par année. La production annuelle canadienne (80 locomotives) excède alors les
achats annuels canadiens (30 locomotives), et la différence (50 locomotives par année)
représente les exportations canadiennes de locomotives.
L’AVANTAGE COMPARATIF La comparaison entre la courbe d’offre canadienne et le prix
mondial (la ligne rouge) montre que les producteurs canadiens détiennent un avantage
comparatif dans la production de locomotives. À la quantité d’équilibre de 80 locomo-
tives par année, le coût de fabrication mondial est de 1,3 M$ l’unité. Or, la courbe d’offre
canadienne révèle que ce n’est que la 80e locomotive qui coûte 1,3 M$ ; le coût de cha-
cune des 79 locomotives précédentes est inférieur à 1,3 M$. Les producteurs canadiens
détiennent l’avantage de produire des locomotives dont le coût de fabrication est plus
bas que celui des autres pays producteurs.

Figure 9.1 Un marché sans et avec exportation

Prix (en M$ par locomotive) Prix (en M$ par locomotive)


2,0 2,0
O O
1
Équilibre
1,5 sans commerce 1,5
international
1,3
2
Prix 1
1,0 Prix
1,0 mondial

D 4 D
0,5 3 0,5 2 Quantité
La quantité achetée Quantité exportée 3
est égale à la quantité achetée Quantité
produite au Canada. au Canada produite
au Canada

0 20 40 60 80 100 0 20 30 40 60 80 100
Quantité (en locomotives par année) Quantité (en locomotives par année)

(a) Sans commerce international (b) Avec commerce international


Sans commerce international sur le marché des locomotives, Avec commerce international, la demande et l’offre mondiales
1  l’équilibre qui s’établit à l’intersection de la courbe de demande déterminent 1  le prix mondial, qui s’établit à 1,3 M$ la locomotive.
intérieure et de la courbe d’offre intérieure détermine 2  le prix, 2  Les achats intérieurs passent à 30 locomotives par année, et
qui s’établit à 1 M$ la locomotive, et 3  la quantité échangée, qui 3  la production intérieure grimpe à 80 locomotives par année,
s’établit à 40 locomotives par année. de sorte que 4  le Canada exporte 50 locomotives par année.
220 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Pourquoi le Canada importe-t-il des t-shirts ?


Les Canadiens dépensent plus du double en vêtements que la valeur de la production
canadienne de vêtements, ce qui signifie que plus de la moitié des vêtements que nous
achetons sont fabriqués à l’étranger et importés au Canada.
Pourquoi en est-il ainsi ? La réponse est simple : le reste du monde (et en particulier
l’Asie) détient un avantage comparatif dans la production de vêtements – autrement dit,
le coût de production d’un t-shirt est plus bas en Asie qu’au Canada. Les acheteurs
canadiens peuvent donc acquérir des t-shirts produits en Asie à un prix moindre que
celui qu’ils paieraient s’ils les achetaient à des producteurs de vêtements canadiens. De
leur côté, les producteurs de vêtements d’Asie peuvent vendre leurs t-shirts aux
Canadiens à un prix supérieur à celui qu’accepterait de payer un acheteur asiatique.
L’échange permet aux acheteurs canadiens d’acheter des t-shirts à un prix moindre,
et aux producteurs de vêtements d’Asie de vendre des t-shirts à un prix plus élevé.
La figure 9.2 illustre les effets du commerce international de t-shirts. La courbe de
demande (D) et la courbe d’offre (O) montrent la demande et l’offre sur le marché inté-
rieur canadien. La courbe de demande indique la quantité de t-shirts que les Canadiens
consentent à acheter à divers prix, ainsi que le prix le plus élevé qu’ils consentent à payer
pour un t-shirt supplémentaire. La courbe d’offre indique la quantité de t-shirts que les
producteurs canadiens sont prêts à vendre à divers prix, ainsi que le coût de production
d’un t-shirt supplémentaire.

Figure 9.2 Un marché sans et avec importation

Prix (en dollars par t-shirt) Prix (en dollars par t-shirt)
12 12
1 O O
Équilibre
sans commerce
international
9 2 9
Prix
8
1
Prix
6 6 mondial

5
3
Quantité produite
au Canada
3 3 3
La quantité achetée D 4 2 D
Quantité Quantité
est égale à la quantité importée achetée
produite au Canada. au Canada

0 4 8 12 16 0 4 8 10 12 16
Quantité (en millions de t-shirts par année) Quantité (en millions de t-shirts par année)

(a) Sans commerce international (b) Avec commerce international


Sans commerce international de t-shirts, 1  l’équilibre qui s’établit Avec commerce international, la demande et l’offre mondiales
à l’intersection de la courbe de demande intérieure et de la courbe déterminent 1  le prix mondial, qui s’établit à 5 $ le t-shirt.
d’offre intérieure détermine 2  le prix, qui s’établit à 8 $ le t-shirt, 2  Les achats intérieurs grimpent à 10 millions de t-shirts par
et 3  la quantité échangée, qui s’établit à 4 millions de t-shirts année, et 3  la production intérieure tombe à 0, de sorte que
par année. 4  le Canada importe la totalité des t-shirts achetés au Canada,
soit 10 millions par année.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 221

SANS COMMERCE INTERNATIONAL Voyons d’abord ce qui se passe sur le marché des


t-shirts en l’absence de commerce international. La figure 9.2 (a) illustre ce scénario. Le
marché des t-shirts est en équilibre quand 4 millions de t-shirts sont produits au Canada
et achetés par des Canadiens ; le prix s’établit alors à 8 $ l’unité.
AVEC COMMERCE INTERNATIONAL La figure 9.2 (b) montre ce qui arrive sur le marché des
t-shirts s’il y a commerce international. Ici, c’est le marché mondial, et non plus le
marché intérieur canadien, qui détermine le prix d’un t-shirt. Supposons que l’offre et
la demande mondiales déterminent un prix mondial, et que ce prix s’établit à 5 $ le
t-shirt, comme l’indique la ligne rouge.
La courbe de demande canadienne, D, montre que, à 5 $ l’unité, les Canadiens
achètent 10 millions de t-shirts par année, et la courbe d’offre canadienne, O, montre
qu’à ce prix les entreprises canadiennes ne produisent aucun t-shirt. Comme la produc-
tion annuelle canadienne est nulle (0 t-shirt), les achats canadiens s’élèvent à 10 millions
de t-shirts, ce qui correspond à la quantité de t-shirts importés de l’Asie.
L’AVANTAGE COMPARATIF La comparaison entre la courbe d’offre canadienne et le prix
mondial (la ligne rouge) montre que les producteurs d’Asie détiennent un avantage
comparatif dans la production de t-shirts. À la quantité d’équilibre de 10 millions de
t-shirts par année, le coût de fabrication mondial d’un t-shirt s’établit à 5 $. Toutefois,
la courbe d’offre canadienne indique qu’aucun producteur canadien de t-shirts n’a un
coût de fabrication aussi bas, même avec des productions moins importantes. Les
producteurs d’Asie détiennent donc un avantage comparatif dans la production de
t-shirts. Même en considérant les salaires, les coûts de transport, etc., ils détiennent
l’avantage de produire des t-shirts dont le coût de fabrication est inférieur à celui des
producteurs canadiens.

9.1
1 Décrire sommairement la structure du commerce international canadien

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Quelles catégories de biens et services le Canada échange- 3. Quel est le principal partenaire commercial du Canada ?
t-il le plus ? Quels sont les autres partenaires commerciaux importants
pour le Canada ?
2. De quelles organisations internationales le Canada est-il
membre ? Quel est leur mandat ? 4. Pour quelles raisons les pays font-ils des échanges entre eux ?

RÉPONSES
1. Le Canada échange principalement des biens manufacturés et des ma- 2. Le Canada est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et
tières premières. de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC), qui ont
pour mandat de libéraliser le commerce international.
222 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

9.2 LES GAINS DU COMMERCE INTERNATIONAL


S’il explique clairement pourquoi nous exportons certains biens tandis que nous en
importons d’autres, le modèle de l’offre et de la demande que vous venez d’étudier ne
montre pas directement les gains du commerce international. Une autre façon d’aborder
l’avantage comparatif consiste à utiliser la courbe des possibilités de production (CPP),
que vous avez étudiée au chapitre 2. Comme vous allez le voir, cette approche est très
efficace pour mettre en lumière les gains du commerce. Prenons l’exemple du Canada
et de la Chine.

LES POSSIBILITÉS DE PRODUCTION AU CANADA ET EN CHINE


Pour simplifier, supposons que le Canada ne produit que deux biens – des jets régionaux
et des chaussures de sport –, et que la Chine ne produit que ces mêmes deux biens.
Cependant, les possibilités de production diffèrent dans les deux pays.
S’il utilise toutes ses ressources pour produire des jets régionaux, le Canada en pro-
duit 100 par année et ne produit aucune chaussure de sport. S’il utilise toutes ses res-
sources pour produire des chaussures de sport, il en produit 100 millions de paires par
année et ne produit aucun jet régional. Nous allons supposer que le coût de renonciation
du Canada pour produire un jet est constant2. Pour produire 100 jets régionaux, le
Canada doit renoncer à 100 millions de paires de chaussures de sport, ce qui signifie
que, pour produire un jet régional, le Canada doit renoncer à 1 million de paires de
chaussures de sport. Autrement dit :
Le coût de renonciation du Canada pour produire un jet régional est
de 1 million de paires de chaussures de sport.
Quant à la Chine, si elle utilise toutes ses ressources pour produire des jets régionaux,
elle en produit 20 par année et ne produit aucune chaussure. Et si elle utilise toutes ses
ressources pour produire des chaussures de sport, elle en produit 100 millions de paires
par année et ne produit aucun jet. Nous allons supposer que le coût de renonciation de
la Chine pour la production d’un jet régional est constant. Pour produire 20 jets régio-
naux, la Chine doit renoncer à 100 millions de paires de chaussures de sport, ce qui
signifie que, pour produire un jet, la Chine doit renoncer à 5 millions de paires de chaus-
sures. Autrement dit :
Le coût de renonciation de la Chine pour produire un jet régional est
de 5 millions de paires de chaussures de sport.
La figure 9.3 montre les possibilités de production du Canada – graphique (a) – et de
la Chine – graphique (b). Comme nous supposons que les coûts de renonciation sont
constants, les deux CPP sont linéaires. Le long de la CPP du Canada, 1 jet régional coûte
1 million de paires de chaussures de sport. Et le long de la CPP de la Chine, 1 jet régional
coûte 5 millions de paires de chaussures de sport.
SANS COMMERCE INTERNATIONAL Supposons qu’en l’absence de commerce international
le Canada produit 50 jets régionaux et 50 millions de paires de chaussures au point A
de sa CPP, et que la Chine produit 15 jets régionaux et 25 millions de paires de chaus-
sures au point B de sa CPP.

2. Supposer que les coûts de renonciation de la production d’un jet régional au Canada et en
Chine sont constants simplifie et clarifie notre démonstration. Si nous supposions que ces
coûts de renonciation sont croissants, nous arriverions à la même conclusion, mais la dé-
monstration serait un peu plus complexe, et la conclusion, moins claire.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 223

L’AVANTAGE COMPARATIF Pour lequel des deux biens la Chine détient-elle un avantage


comparatif ? Rappelez-vous qu’un pays détient un avantage comparatif quand son coût
de production d’un bien (ou d’un service) est plus bas que celui d’un autre pays pour ce
même bien (ou service). La Chine détient donc un avantage comparatif dans la produc-
tion de chaussures de sport, puisque son coût de renonciation pour produire un million
de paires de chaussures équivaut à 1/5 d’un jet régional, alors que celui du Canada est de
1 jet régional.
À la figure 9.3, on voit l’avantage comparatif de la Chine en comparant les CPP de la
Chine et du Canada ; la CPP de la Chine est plus abrupte que celle du Canada. Pour pro-
duire un million de paires de chaussures de sport de plus, la Chine doit donc renoncer
à moins de jets régionaux que le Canada. Comme son coût de renonciation pour produire
un million de paires de chaussures de sport est plus bas que celui du Canada, la Chine
détient un avantage comparatif dans la production de chaussures de sport.
Le Canada détient un avantage comparatif dans la production de jets régionaux. À la
figure 9.3, la CPP du Canada est moins abrupte que celle de la Chine. Pour produire un
jet régional, le Canada doit donc renoncer à moins de chaussures de sport que la Chine.
Comme le coût de renonciation du Canada pour produire un jet régional est de 1 million
de paires de chaussures, alors que celui de la Chine est de 5 millions de paires de chaus-
sures, le Canada détient un avantage comparatif dans la production de jets régionaux.
Comme la Chine détient un avantage comparatif dans la production de chaussures
de sport et que le Canada détient un avantage comparatif dans la production de jets
régionaux, la Chine et le Canada ont tous deux avantage à se spécialiser et à faire des
échanges. La Chine se spécialise dans les chaussures de sport, et le Canada se spécialise
dans les jets régionaux.

Figure 9.3 Les possibilités de production du Canada et de la Chine

Chaussures de sport (en millions de paires par année)


100 2
Le long de la CPP du
Canada, 1 jet régional
coûte 1 million de paires
de chaussures de sport.
1  Le Canada produit au point A de sa CPP.
75 1 2  Le coût de renonciation d’un jet régional
Le Canada produit est de 1 million de paires de chaussures
CPP de la Chine 50 millions de paires de sport. 3  La Chine produit au point B
de chaussures de sport de sa CPP. 4  Le coût de renonciation d’un
jet régional est de 5 millions de paires de
et 50 jets régionaux.
50 chaussures de sport. Le coût de renonciation
A d’un jet régional est plus bas au Canada
qu’en Chine, de sorte que le Canada détient
CPP du Canada un avantage comparatif dans la production
de ce bien. Le coût de renonciation d’un
B 3 4
Le long de la CPP de la million de paires de chaussures de sport est
25 La Chine produit
Chine, 1 jet régional plus bas en Chine qu’au Canada, de sorte
25 millions de paires
que la Chine détient un avantage comparatif
de chaussures de sport coûte 5 millions de paires
dans la production de telles chaussures.
et 15 jets régionaux. de chaussures de sport.

0 15 20 40 50 60 80 100
Jets régionaux (par année)
(a) CPP du Canada
224 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

LES GAINS DE L’ÉCHANGE


En l’absence de commerce international, leur production totale est de 65 jets régionaux
(50 produits par le Canada et 15 par la Chine) et de 75 millions de paires de chaussures
de sport (50 millions produites par le Canada et 25 millions par la Chine). Si le Canada,
qui détient un avantage comparatif dans la production de jets régionaux, consacre toutes
ses ressources à cette activité, sa production sera de 100 jets régionaux par année. Si la
Chine, qui détient un avantage comparatif dans la production de chaussures de sport,
consacre toutes ses ressources à cette activité, sa production sera de 100 millions de
paires de chaussures par année. En se spécialisant, le Canada et la Chine peuvent pro-
duire à eux deux 100 millions de paires de chaussures de sport et 100 jets régionaux.
Grâce à la spécialisation et au commerce international, le Canada et la Chine peuvent
donc consommer au-delà de leurs CPP respectives. Mais pour réaliser les gains de la
spécialisation, ils doivent commercer ensemble.
Supposons que le Canada et la Chine concluent l’entente suivante : la Chine accepte
de payer au Canada 2 millions de paires de chaussures par jet régional, et à ce prix, le
Canada accepte de vendre à la Chine 30 jets régionaux par année.
En vertu de cette entente, le Canada obtient 60 millions de paires de chaussures de
sport (2 millions × 30) et dispose de 70 jets régionaux (100 produits − 30 vendus à la
Chine). Le Canada réalise un gain de 10  millions de paires de chaussures de sport
(60 millions − 50 millions) et de 20 jets régionaux (70 − 50).
Quant à la Chine, elle dispose de 40  millions de paires de chaussures de sport
(100 millions de paires de chaussures produites − 60 millions vendues au Canada) et
obtient 30 jets régionaux. Grâce au commerce international, la Chine réalise un gain de
15 millions de paires de chaussures de sport (40 millions − 25 millions) et de 15 jets
régionaux (30 − 15).
La figure 9.4 montre ces gains. Au départ, la production et la consommation du
Canada se situaient au point A ; sa production se situe maintenant au point P, et sa
consommation, au point A’, à l’extérieur de sa CPP. Au départ, la production et la
consommation de la Chine se situaient au point B ; sa production se situe maintenant au

Figure 9.4 Les gains de l’échange

Chaussures de sport (en millions de paires par année)


120

2
La Chine produit 100 millions
Q de paires de chaussures de sport
100 et en échange 60 millions contre
30 jets régionaux.
1  S’il se spécialise dans la production de jets régionaux,
3
Les deux pays consomment le Canada en produit 100 par année au point P.
CPP du Canada davantage des deux biens. 2  Si elle se spécialise dans la production de chaussures de
75
sport, la Chine en produit 100 millions de paires par année
au point Q.
60 A' 3  Si les chaussures de sport et les jets régionaux s’échangent
1 à raison de 2 millions de paires de chaussures par jet,
50 A Le Canada produit
100 jets régionaux les deux pays peuvent accroître leur consommation des
40 B' et en échange 30 contre deux biens, et consommer respectivement aux points A’ et B’.
60 millions de paires Les gains de l’échange équivalent à la consommation accrue
de chaussures de sport. des deux pays.
25 B
CPP de la Chine

10
P
0 20 30 40 60 70 80 100 120
Jets régionaux (par année)
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 225

point Q, et sa consommation, au point B’, à l’extérieur de sa CPP. Grâce à la spécialisa-


tion et à l’échange, les deux pays peuvent maintenant consommer au-delà de leur CPP ;
tous deux retirent des gains de l’échange.
Dans cet exemple, le Canada peut produire davantage que la Chine et détient un avan-
tage absolu. Un pays détient un avantage absolu si, avec une quantité de ressources Avantage absolu
donnée, il peut produire une plus grande quantité d’un bien ou d’un service qu’un autre Avantage que détient un
pays sur un autre lorsque,
pays. L’avantage absolu est généré par une productivité supérieure découlant d’une meil- pour un bien ou un service,
leure technologie, d’un capital plus important ou d’une population plus instruite. sa production par unité de
facteur est supérieure.
Cependant, malgré son avantage absolu, le Canada peut obtenir des chaussures de
sport à meilleur prix s’il échange ses jets régionaux contre les chaussures de sport de la
Chine. Quand le coût de renonciation diffère, il est toujours possible de réaliser les gains
de la spécialisation et de l’échange, même en présence d’un avantage absolu.

9.2
2 Expliquer comment tous les pays peuvent tirer avantage du commerce international

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. La figure 1 montre les possi- Figure 1 2. En 2005, les États-Unis ne commerçaient pas avec
bilités de production de biens Biens industriels (unités) Cuba. Supposons que les États-Unis pouvaient produire
industriels et de produits agri- 100 1 000 millions d’unités de biens industriels ou 500 millions
coles de l’Amérique du Nord et CPP d’unités de produits agricoles, et que Cuba pouvait pro-
de l’URSS. de l’Amérique duire 2 millions d’unités de biens industriels ou 5 millions
du Nord
a) Quel était le coût de d’unités de produits agricoles.
renonciation d’une unité a) Quel était le coût de renonciation d’une unité de
de produits agricoles en 30 CPP produits agricoles aux États-Unis ?
de l’URSS
Amérique du Nord ? b) Quel était le coût de renonciation d’une unité de
b) Quel était le coût de 0 10 50
produits agricoles à Cuba ?
renonciation d’une unité Produits agricoles (unités) c) Quel pays détenait un avantage comparatif dans la
de produits agricoles production de produits agricoles ?
en URSS ?
d) Si les États-Unis recommençaient à commercer avec
c) Quel bloc détenait un avantage comparatif dans la Cuba, qu’importeraient-ils de ce pays ?
production de produits agricoles ?
e) Ce commerce permettrait-il aux États-Unis de faire
d) Après la Guerre froide, quand le commerce a repris des gains ? Expliquez pourquoi.
entre l’URSS et l’Amérique du Nord, quel bien
f) Ce commerce permettrait-il à Cuba de faire des gains ?
l’Amérique du Nord a-t-elle importé de l’URSS ?
Expliquez pourquoi.
e) Ce commerce a-t-il permis à l’Amérique du Nord de
faire des gains ? Expliquez pourquoi.
f) Ce commerce a-t-il permis à l’URSS de faire des gains ?
Expliquez pourquoi.

RÉPONSES
1. a) En Amérique du Nord, le coût de renonciation d’une unité de produits e) et f) L’Amérique du Nord et l’URSS ont toutes deux réalisé des gains :
agricoles était de 2 unités de biens industriels. grâce à la reprise de leurs échanges commerciaux, ces deux blocs
b) En URSS, le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles ont obtenu plus de biens industriels et de produits agricoles.
était de 3 unités de biens industriels. Quand ils se spécialisent dans la production du bien pour lequel
c) L’Amérique du Nord détenait un avantage comparatif dans la ils détiennent un avantage comparatif, puis font des échanges
production de produits agricoles parce que le coût de renonciation internationaux, les pays y gagnent toujours.
d’une unité de produits agricoles était inférieur à celui de l’URSS.
d) L’Amérique du Nord a importé de l’URSS les biens pour lesquels ce
pays détenait un avantage comparatif : les biens industriels.
226 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE

David Ricardo et les gains du commerce international


Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, on croit qu’il illustre avec l’exemple des échanges
généralement que le but du commerce de tissus et de vins entre l’Angleterre et le
international est d’exporter davantage Portugal. Battus sur le plan intellectuel,
qu’on importe et d’amasser ainsi de l’or. les mercantilistes conservent pourtant
Une nation qui accumule de l’or sera leur influence politique.
forcément prospère, alors qu’une nation
qui engouffre son or dans un déficit Au cours du XIXe siècle, cette influence
international se videra de sa monnaie et s’estompe peu à peu. En 1846, l’abolition
s’appauvrira, clament les mercantilistes. des corn laws, qui ne laissaient entrer en
Dans une économie où la seule monnaie Angleterre que le blé étranger à un prix
est l’or, le seul moyen d’en acquérir est dit rémunérateur pour les producteurs
de dégager un surplus commercial, à anglais, a permis la libéralisation du
moins d’avoir des mines d’or. Animés commerce du blé. L’Amérique du Nord
d’une ferveur de missionnaires, ces et l’Europe de l’Ouest prospèrent dans
pamphlétaires plaident pour l’atteinte et un contexte d’échanges internationaux
le maintien d’un excédent international : de plus en plus libres. Mais, en dépit des
si les exportations ne dépassent pas progrès remarquables de l’économique,
David Ricardo a démontré la supériorité du libre-échange
les importations, proclament-ils, il faut par rapport au protectionnisme. le mercantilisme perdure. Dans les
restreindre les importations. années 1920 et 1930, il connaît un
regain de popularité bref, mais dévastateur : la hausse des tarifs
Dans les années 1740, le philosophe David Hume explique douaniers entraîne l’effondrement du commerce international
que, quand la quantité de monnaie (d’or) varie dans un pays, le et aggrave encore la Grande Dépression – une leçon qu’on ne
niveau des prix varie également, de sorte que le patrimoine réel sera pas près d’oublier.
de la nation reste le même. Sauf que cette variation des prix
n’est ni rapide ni sans douleur. Au XVIe siècle, l’afflux massif d’or L’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce
du Nouveau Monde a eu des conséquences désastreuses sur (GATT) a été conclu en 1947, après la Deuxième Guerre
l’économie espagnole. Les Espagnols ont tôt fait de dépenser mondiale, en réaction à la catastrophe économique à laquelle
cet or en achetant des produits de toutes sortes des autres avaient mené les tarifs douaniers ridiculement protectionnistes
pays plutôt que d’accroître leur capacité de produire. Résultat : des années 1930. Le GATT est le triomphe de la logique des
les prix ont monté en flèche et les Espagnols se sont endettés. concepts dégagés par Smith et Ricardo. Il a été remplacé en
De nation riche qu’elle était, l’Espagne est devenue une 1995 par l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
nation pauvre.
Mais le mercantilisme a la vie dure, comme en témoigne
Dans les années 1770, l’économiste Adam Smith soutient encore de nos jours la peur que notre commerce avec la Chine
que la restriction des importations diminue les gains de la et le Mexique ne conduise le Canada à la ruine… Il en reste aussi
spécialisation et appauvrit la nation qui la pratique. Courtier des traces dans les politiques agricoles. Lors de la Première
en valeurs mobilières très prospère, le Britannique David Guerre mondiale, l’Allemagne fut mise à genoux par le blocus
Ricardo (1772-1823) avait 27  ans quand, lors d’un week-end britannique des importations agricoles. L’insécurité alimentaire
à la campagne, il tombe par hasard sur un exemplaire de La explique que plusieurs États protègent leur agriculture de la
richesse des nations, d’Adam Smith. L’œuvre le captive au point concurrence étrangère.
qu’il deviendra par la suite l’économiste le plus célèbre de son
époque et l’un des plus grands de tous les temps. Qu’est-ce que le mercantilisme ? Sur le commerce
international, que dit le philosophe David Hume ? Qu’en dit
Parmi ses apports à l’économique, David Ricardo démontre, l’économiste Adam Smith ? Qu’a démontré David Ricardo sur le
au début du XIXe  siècle, la supériorité du libre-échange sur le libre-échange ? Comment s’est traduit le regain de popularité du
protectionnisme et la validité de la loi de l’avantage comparatif – mercantilisme durant les années 1920 et 1930 ? Vers quoi cela
fondement de la théorie moderne du commerce international –, nous a-t-il conduits ? En reste-t-il des traces ?
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 227

LES RESTRICTIONS AU COMMERCE


9.3 INTERNATIONAL
La mise en place de mesures visant à restreindre le commerce international s’appelle le
protectionnisme. Pour protéger les industries nationales de la concurrence étrangère, Protectionnisme
les gouvernements restreignent le commerce international en recourant à deux types Mise en place de mesures
visant à restreindre le commerce
de mesures : international.
• Les tarifs douaniers ;
• Les barrières commerciales non tarifaires.
Un tarif douanier est une taxe qu’impose un pays importateur sur un bien importé Tarif douanier
lorsque ce bien traverse sa frontière. Les barrières commerciales non tarifaires Taxe qu’impose un pays
importateur sur un bien
englobent toutes les autres mesures qui limitent le commerce international, comme les importé lorsque ce bien
quotas d’importation, les accords d’autolimitation des exportations, les licences d’im- traverse sa frontière.
portation, les subventions à la production ou à l’exportation, les politiques d’achats Barrière commerciale
non tarifaire
préférentiels, les normes nationales concernant la santé et la sécurité ou le maintien d’un
Toute mesure qui limite le
taux de change artificiellement bas. Toutes ces mesures relèvent du protectionnisme. commerce international autre
qu’un tarif douanier.
Voyons d’abord ce qu’il en est des tarifs douaniers.

LES TARIFS DOUANIERS


Pour les gouvernements, la tentation d’imposer des tarifs douaniers est forte, car en plus
d’être une source de revenus, ils permettent de protéger les industries nationales tou-
chées par la concurrence internationale. Cependant, comme nous allons le voir, les tarifs
douaniers ne peuvent que réduire les avantages du libre-échange.
Pour étudier les effets des tarifs douaniers, reprenons l’exemple des importations
canadiennes de t-shirts. Quand il y a libre-échange, le Canada ne produit aucun t-shirt
et, à un prix mondial de 5 $ l’unité, il en importe 10 millions par année.
Supposons maintenant que le gouvernement du Canada cède aux pressions des pro-
ducteurs de vêtements canadiens et impose un tarif douanier de 50 % sur les t-shirts
importés. La figure 9.5 (p. 228) illustre ce qui se passe alors :
• Le prix du t-shirt augmente au Canada ;
• On achète moins de t-shirts au Canada ;
• On produit davantage de t-shirts au Canada ; Saviez-vous que...
• Le Canada importe moins de t-shirts ; « Grâce à l’accord commercial Canada-Union européenne
• L’État canadien perçoit un revenu tarifaire ; (AECG), […] les droits de douane sur presque tous
• Les consommateurs canadiens y perdent. les produits primaires canadiens (minéraux et
agricoles) seront supprimés à l’entrée en vigueur de
Le prix du t-shirt augmente au Canada l’accord. Fait tout aussi important […], les droits sur
Pour acheter un t-shirt, les Canadiens doivent payer le les produits manufacturés (canadiens) seront aussi
prix mondial plus le tarif douanier. À la figure 9.5, le supprimés3. » Quels secteurs de l’économie canadienne
prix d’un t-shirt au Canada augmente de 50 % et passe seront avantagés ? Quelle sera la conséquence sur les
à 7,50 $. exportations vers l’UE de ces secteurs ?
RÉPONSE

Cet accord permettra aux secteurs des ressources naturelles, de


l’agriculture et des biens manufacturiers d’avoir un libre accès au marché
européen. Les exportations destinées vers l’UE de ces secteurs d’activité
devraient augmenter dans les années à venir.

3. Gouvernement du Canada, Affaires mondiales Canada, Canada-Union européenne : Accord


économique et commercial global, L’Accord commercial Canada-UE en bref, www.internatio-
nal.gc.ca (page consultée le 26 avril 2016).
228 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Figure 9.5 Les effets d’un tarif douanier

Prix (en dollars par t-shirt)


12,0
O

1
9,0 Prix
canadien Si le Canada impose un tarif douanier sur les
importations de t-shirts, 1  le prix canadien
7,5 est égal au 2  prix mondial 3  plus le tarif
3 douanier, de sorte que le tarif douanier
6,0 Tarif augmente le prix que les Canadiens paient
douanier pour un t-shirt. 4  La quantité de t-shirts
5,0 achetée au Canada diminue. 5  La quantité
6 2 de t-shirts produite au Canada s’accroît, et
Les importations Prix 6  les importations de t-shirts diminuent
4
diminuent. La quantité D mondial également. Le gouvernement canadien
3,0
achetée au perçoit le revenu tarifaire (rectangle mauve).
5 Canada
La quantité Quantité achetée
produite diminue.
au Canada
au Canada
s’accroît.
0 2 4 5 8 10 12 16
Quantité (en millions de t-shirts par année)

On achète moins de t-shirts au Canada


La hausse du prix des t-shirts entraîne une baisse de la quantité demandée, ce qui se
traduit par un mouvement le long de la courbe de demande des t-shirts à la figure 9.5 :
on passe de 10 millions de t-shirts par année à 5 $ l’unité à 5 millions de t-shirts par
année à 7,50 $ l’unité.

On produit davantage de t-shirts au Canada


La hausse du prix des t-shirts stimule la production canadienne, qui passe de 0 à 2 mil-
lions de t-shirts par année, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe
d’offre à la figure 9.5.

Le Canada importe moins de t-shirts


Les importations canadiennes de t-shirts diminuent de 7 millions par année, passant de
10 millions à 3 millions, à la fois parce que les Canadiens achètent moins de t-shirts et
parce qu’on en produit davantage au Canada.

L’État canadien perçoit un revenu tarifaire.


Le Canada perçoit un revenu tarifaire de 2,50 $ par t-shirt sur les 3 millions de t-shirts
importés chaque année, soit un total de 7,5 millions de dollars, comme le montre le
rectangle mauve.

Les consommateurs canadiens y perdent


Par rapport à la situation initiale de libre-échange, l’imposition du tarif douanier
entraîne une double perte pour les Canadiens. Non seulement le t-shirt coûte 2,50 $ de
plus aux consommateurs, mais les gains de production obtenus par les producteurs
canadiens (2 millions d’unités) ne compensent pas les pertes de production (7 millions
d’unités) des producteurs étrangers. Il en résulte un déficit de 5 millions de t-shirts sur
le marché canadien.
Voyons maintenant ce qu’il en est des autres moyens de restreindre le commerce
international : les barrières non tarifaires.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 229

LES BARRIÈRES NON TARIFAIRES


Les quotas d’importation
Un quota d’importation est une restriction d’importation qui spécifie la quantité maxi- Quota d’importation
male d’un bien qu’on peut importer durant une période donnée. Le Canada a longtemps Restriction d’importation qui
spécifie la quantité maximale
imposé des quotas sur les importations de textiles et de vêtements, surtout celles en d’un bien qu’on peut importer
provenance de l’Asie et de l’Inde, mais ces quotas ont été éliminés en janvier 2005, durant une période donnée.
conformément aux ententes signées à l’OMC.
La figure 9.6 montre le fonctionnement d’un quota. En l’absence de quotas, le Canada
ne produit aucun t-shirt et en importe 10 millions par année au prix mondial de 5 $
l’unité.
Supposons maintenant que le Canada impose un quota qui limite les importations à
3 millions de t-shirts par année. Les 3 millions de t-shirts par année que le quota permet
d’importer s’ajoutent à l’offre canadienne de t-shirts, ce qui donne la courbe d’offre du
marché O + quota à la figure 9.6.
Avec cette nouvelle courbe d’offre, le prix canadien monte à 7,50 $ – prix auquel la
quantité demandée par les Canadiens est égale à la quantité offerte par les producteurs
canadiens plus les importations, soit 5 millions de t-shirts par année. À un prix de 7,50 $,
les producteurs canadiens produisent 2 millions de t-shirts par année, et les importations
canadiennes sont égales au quota de 3 millions de t-shirts par année.
Le résultat de l’imposition d’un quota est le même que celui d’un tarif douanier à la
figure 9.5. Cependant, il y a une différence importante entre un tarif douanier et un
quota. Avec un tarif douanier, le gouvernement canadien perçoit un revenu tarifaire,
tandis qu’avec un quota il n’en perçoit pas : l’importateur empoche la différence entre
le prix mondial et le prix canadien. En réalité, les gouvernements choisissent plutôt de
mettre aux enchères les quotas au lieu de les attribuer gratuitement par tirage au sort
aux importateurs et d’empocher le produit de la vente. Par ailleurs, alors que l’effet d’un
tarif douanier peut être annulé par une baisse du taux de change, l’effet d’un quota
est assuré !

Figure 9.6 Les effets d’un quota

Prix (en dollars par t-shirt)


12,0
2 O
Quota O  quota

9,0
1  Le prix mondial est de 5 $ l’unité.
3
Le prix 2  Les 3 millions de t-shirts par année que
7,5
canadien le quota permet d’importer s’ajoutent à
monte. 1
Prix l’offre canadienne de t-shirts, ce qui donne la
mondial courbe d’offre du marché O + quota. 3  Le prix
canadien d’équilibre monte à 7,50 $ l’unité,
5,0 et 4  la quantité achetée diminue au Canada.
6
Les importations 5  Le Canada produit 2 millions de t-shirts
diminuent. 4 par année, et 6  les importations canadiennes
3,0 La quantité
achetée sont égales au quota de 3 millions par année.
5 D
La quantité au Canada
produite diminue.
au Canada
augmente.
0 2 5 10 16
Quantité (en millions de t-shirts par année)
230 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil
SUR LE PASSÉ

L’évolution des tarifs douaniers canadiens


Comparativement à ceux d’autrefois, les tarifs douaniers que que tous les cycles précédents, l’Uruguay Round a mené à la
le Canada impose actuellement sont modestes. La figure création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Tous
ci-dessous montre l’évolution du tarif douanier moyen en les pays membres de l’OMC sont tenus de respecter les règles
pourcentage des importations totales. du GATT. Le Canada a signé les accords de l’Uruguay Round, et le
Parlement les a ratifiés en 1994.
Les tarifs douaniers ont grimpé brusquement dans les
années 1870, pour redescendre lentement jusqu’à la fin En plus d’adhérer aux accords du GATT et de l’OMC, le Canada
des années 1920 et remonter de nouveau durant la guerre a signé d’autres ententes, dont l’Accord de libre-échange nord-
commerciale déclenchée par l’adoption aux États-Unis de la américain (ALENA), entré en vigueur le 1er janvier 1994. En vertu
loi Smoot-Hawley de 1930, qui augmentait les tarifs douaniers de l’ALENA, les barrières imposées au commerce international
américains de façon draconienne. entre le Canada, les États-Unis et le Mexique devaient être
éliminées au terme d’une période de 15 ans. Effectivement, les
La baisse des tarifs douaniers après la Seconde Guerre dernières ont été abolies en 2009.
mondiale s’explique par la signature, en 1947, de l’Accord
général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Depuis Quelle est la principale conséquence de l’instauration du
l’instauration de cet accord international visant à éliminer les GATT sur les tarifs douaniers au Canada ? Quels autres accords
barrières commerciales, plusieurs rounds de négociation – le ont aussi permis de réduire les tarifs douaniers ? Lequel a
« Kennedy Round » (1963-1967), le « Tokyo Round » (1979) et conduit à la création de l’OMC ? Depuis, quel autre accord a
l’« Uruguay Round » (1986-1994) – ont permis la réduction permis d’éliminer toutes les barrières tarifaires au commerce
constante des tarifs douaniers. Plus ambitieux et plus global entre les États-Unis, le Canada et le Mexique ?

Les tarifs douaniers canadiens depuis 1867


Tarif douanier moyen (en pourcentage des importations totales)

25 Adoption de la politique
Guerre des tarifs douaniers
nationale de tarifs douaniers
des années 1930

20
Adoption
15 du GATT
Kennedy
Round

10 Uruguay
Round

5 Tokyo
Round

0
1872 1892 1912 1932 1952 1972 1992 2012
Année

Sources : Statistique Canada, Statistiques historiques du Canada, catalogue 11-516 (juillet 1999) ; Statistique Canada,
CANSIM, tableau 380-0002, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, trimestriel, modifié le 01-03-2012 ;
Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0034, Comptes sous-secteurs des revenus et dépenses de l’administration
fédérale, trimestriel, modifié le 01-03-2012.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 231

Les autres barrières non tarifaires


LES ACCORDS D’AUTOLIMITATION DES EXPORTATIONS Les accords d’autolimitation des
exportations sont une autre forme de contingentement des importations, mais ils sont
conclus sous une base volontaire. Dans le cadre d’une entente négociée entre les pays,
le pays exportateur accepte de réduire volontairement la quantité vendue dans un
autre pays. Les constructeurs d’automobiles japonais ont réduit leurs exportations vers
la CEE et les États-Unis durant les années 1990. Ils en ont profité pour exporter davan-
tage de modèles de luxe vendus à des prix plus élevés pour compenser cette perte
de revenus.
LES LICENCES D’IMPORTATION Il s’agit ni plus ni moins de permis d’importation que le
gouvernement vend aux importateurs. Elles ne limitent pas que la quantité importée,
mais aussi le nombre d’importateurs sur le marché intérieur.
LES SUBVENTIONS À L’EXPORTATION Les gouvernements peuvent subventionner les pro-
ducteurs locaux afin qu’ils puissent offrir leur produit ou service sur le marché mondial
à des prix inférieurs à ceux de leurs concurrents étrangers. Les consommateurs et les
producteurs locaux en sont les grands gagnants, car les premiers paient moins cher et
les seconds peuvent offrir plus.
LES POLITIQUES D’ACHATS PRÉFÉRENTIELS Les politiques d’achats préférentiels visent à
convaincre ou forcer les consommateurs, les entreprises ou les gouvernements natio-
naux d’acheter des produits domestiques plutôt que des produits étrangers. Un bel
exemple est la buy american provision, adoptée en 2009 par l’administration Obama,
qui, pour bénéficier de subventions fédérales, contraint les villes et États américains à
utiliser du fer, de l’acier et des produits fabriqués aux États-Unis pour leurs projets
d’infrastructures. Il en est de même de l’octroi par le gouvernement du Québec d’un
contrat de 1,3 G$ sans appel d’offres à Bombardier-Alstom pour le remplacement de 500
voitures du métro de Montréal.
LES NORMES DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ Des milliers de normes concernant notamment
la santé et la sécurité restreignent le commerce international. Par exemple, les biens
importés au Canada pour la vente au détail doivent satisfaire à nos normes d’étique-
tage, et les véhicules motorisés, à nos normes sur les émissions polluantes. Les ali-
ments et autres produits agricoles doivent passer avec succès nos contrôles sanitaires,
et les importateurs d’acier, de fromage et de vin doivent obtenir des permis d’impor-
tation. L’Union européenne a interdit l’importation de la plupart des produits conte-
nant des OGM, comme les céréales canadiennes. L’Australie a interdit l’importation de
raisins provenant des États-Unis pour protéger ses propres raisins contre un virus qui
sévit en Californie. En 2003, la maladie de la vache folle a pratiquement anéanti le
commerce international de bovins canadiens. Ce genre de restrictions s’applique éga-
lement à plusieurs produits non comestibles. Bien que, généralement, elles ne soient
pas conçues pour limiter le commerce international, ces barrières non tarifaires sont
parfois utilisées à des fins protectionnistes.
LE MAINTIEN D’UN TAUX DE CHANGE ARTIFICIELLEMENT BAS Un taux de change bas favo-
rise les exportations au détriment des importations. Les produits importés coûteront plus
cher, alors que les produits exportés coûteront moins cher. La Chine a maintenu artifi-
ciellement bas le taux de change du yuan par rapport au dollar américain, afin de sti-
muler ses exportations et de protéger de la concurrence étrangère certains secteurs de
l’économie chinoise, comme ceux du textile et de la sidérurgie.
232 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

ACHETER DES PRODUITS LOCAUX


OU IMPORTÉS ?
Est-il préférable d’acheter des produits d’ici ou d’ailleurs ? Pour nos entreprises, est-il
préférable de vendre uniquement sur le marché canadien, ou à l’étranger également ?
Quel est l’impact du commerce international sur votre vie ? Il vous touche spécialement
de trois manières, soit en tant que consommateur, travailleur et électeur.
En tant que consommateur, vous bénéficiez d’un très grand choix de produits et de
services de grande qualité qui vous sont offerts à bas prix et qui sont produits dans
d’autres pays. Examinez les étiquettes des articles que vous achetez. Où ont été fabriqués
votre ordinateur, votre chandail et vos souliers ? Où ont été cultivés les fruits et les
légumes que vous consommez, surtout l’hiver ? Les réponses à ces questions sont fort
probablement l’Asie, le Mexique ou l’Amérique du Sud. Quelques articles ont été produits
en Europe, au Canada et aux États-Unis.
En tant que travailleur (ou travailleur potentiel, si vous n’avez pas encore d’emploi),
votre entreprise bénéficie des marchés mondiaux pour la vente de ses produits ou ser-
vices, qui sont immenses. Vos perspectives d’emploi seraient beaucoup plus incertaines
si l’entreprise pour laquelle vous travailliez n’avait pas ces marchés internationaux où
vendre ses produits ou services.
Au Québec, l’industrie aéronautique, par exemple, bénéficie du très grand marché
international pour la vente d’avions d’affaires ou commerciaux. Sitôt sortis des chaînes
de montage, les avions de la C-Series de Bombardier seront achetés par les compagnies
aériennes partout dans le monde, du Canada à la Chine, en passant par l’Iran.
Si vous devenez professeur dans un collège, vous bénéficieriez aussi du commerce
international dans le domaine des services éducatifs, par exemple avec l’admission
d’étudiants étrangers dans votre établissement.
En tant qu’électeur ou électrice, vous êtes directement concerné(e) par les politiques
commerciales : libre-échange ou protectionnisme. Les tarifs et quotas sur les produits
d’importation nuisent à vos intérêts personnels. Un tarif sur les produits électroniques
fait augmenter le prix de vos appareils, mais remplit aussi les coffres de l’État. La délo-
calisation et un accès plus libre au marché canadien pour les producteurs étrangers
nuisent à vos intérêts personnels, surtout si vous perdez votre emploi.
Au moment de voter, vous devrez décider : quelles politiques commerciales servent
vos intérêts personnels, et lesquelles servent davantage l’intérêt social ?
Nos fruits et légumes
proviennent surtout d’Asie, du
Mexique ou d’Amérique du Sud.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 233

9.3
3 Expliquer comment les barrières commerciales restreignent le commerce international

EXERCEZ-VOUS QUESTIONS SUPPLÉMENTAIRES


1. Jusqu’à ce que le Mexique se joigne à l’ALENA en 1994, 3. Décrivez l’effet du tarif douanier que les États-Unis im-
le Canada imposait des tarifs douaniers sur ses importa- posent sur les importations de bois d’œuvre provenant du
tions provenant du Mexique, et le Mexique en imposait sur Canada sur :
ses importations provenant du Canada. Depuis, ces tarifs a) Le prix que les acheteurs américains paient pour
douaniers ont été graduellement éliminés. Décrivez l’effet le bois d’œuvre ;
que leur élimination a pu avoir sur :
b) La quantité de bois d’œuvre exportée du Canada
a) Le prix que les consommateurs canadiens paient vers les États-Unis ;
pour les biens importés du Mexique ;
c) La quantité de bois d’œuvre produite au Canada ;
b) Le volume des importations canadiennes provenant
d) Les gains que le Canada et les États-Unis retiraient
du Mexique ;
d’une situation de libre-échange du commerce de
c) Le volume des exportations canadiennes vers bois d’œuvre.
le Mexique ;
4. La Chine détient un avantage comparatif dans la produc-
d) Le revenu tarifaire que le gouvernement canadien
tion de textiles, mais le Canada impose des quotas sur les
percevait sur les importations provenant du Mexique.
importations de textiles provenant de la Chine. Décrivez
2. La presque totalité des importations de pommes de terre l’effet de ces quotas sur :
des États-Unis provient du Canada. En 1999-2000, le gou- a) Le prix que les acheteurs canadiens paient pour
vernement américain a décrété un embargo sur les impor- les textiles ;
tations de pommes de terre de l’Île-du-Prince-Édouard.
b) La quantité de textiles produite au Canada ;
Décrivez l’effet que cet embargo a pu avoir sur :
c) Les gains que le Canada et la Chine retiraient d’une
a) Le prix que les consommateurs américains paient
situation de libre-échange du commerce de textiles.
pour les pommes de terre ;
b) Les achats de pommes de terre aux États-Unis ;
c) Les exportations de pommes de terre du Canada.

RÉPONSES
1. a) Les consommateurs canadiens paient moins cher les biens importés 2. a) Les consommateurs américains paient plus cher les pommes de terre.
du Mexique. b) Les achats de pommes de terre ont diminué aux États-Unis.
b) Le volume des importations canadiennes en provenance du Mexique a c) Les exportations canadiennes de pommes de terre vers les États-Unis
augmenté. ont baissé.
c) Le volume des exportations canadiennes vers le Mexique a augmenté.
d) Le revenu tarifaire que le commerce avec le Mexique rapportait au
gouvernement est maintenant nul.
234 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Le chapitre 9 en bref

1 Décrire sommairement la structure du commerce international canadien

Échanges commerciaux du Canada Quoi exporter ?


• ⅔ du PIB canadien • Biens ou services pour lesquels nos coûts de
• Surtout des échanges de biens manufacturés fabrication sont inférieurs à ceux des autres pays
Partenaires commerciaux du Canada Quoi importer ?
• États-Unis (partenaire de l’ALÉNA avec le Mexique) • Biens ou services pour lesquels les autres pays ont
• Union européenne, Chine et Japon des coûts de fabrication inférieurs aux nôtres

2 Expliquer comment tous les pays peuvent tirer avantage du commerce international

Avantage absolu Gain de l’échange


Avantage que détient un pays sur un autre lorsque, Un pays peut consommer au-delà de sa CPP...
pour un bien (ou un service), sa production par unité • S’il se spécialise dans la production d’un bien
de facteur de production est supérieure (ou d’un service) pour lequel il détient un avantage
Avantage comparatif comparatif
Avantage que détient un pays qui peut produire • S’il accroît sa production de ce bien (ou de ce
un bien (ou un service) à un coût moindre que celui service) et échange une partie de cette production
d’un autre pays

3 Expliquer comment les barrières commerciales restreignent le commerce international

Tarif douanier Quota d’importation Autres barrières non tarifaires


• Augmentation du prix du bien • Même effet qu’un tarif, sauf que • Accords d’autolimitation
importé l’État ne perçoit pas un revenu des exportations
• Diminution de la consommation tarifaire • Licences d’importation
intérieure • La différence entre le prix mondial • Subventions à l’exportation
• Augmentation de la production et le prix intérieur perçue par • Politiques d’achats préférentiels
intérieure l’importateur
• Normes de santé et de sécurité
• Diminution des importations • Maintien d’un taux de change
• Perception par l’État d’un revenu artificiellement bas
tarifaire
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 235

Questions
de révision
Au terme de la section 9.1, Le commerce international : 5. Le tableau 1 donne les possibilités de production du Sao
l’exemple du Canada, répondez aux questions 1 à 3. Rico et le tableau 2, celles du Gran Chapo.

1. Que représentent les exportations canadiennes de biens ? Tableau 1


Et celles de services ? Lesquelles ont le plus d’importance ? Possibilités de production
du Sao Rico
2. Qu’est-ce que l’ALENA ? Qui sont nos partenaires commer-
ciaux dans l’ALENA ? Bien A B C D
3. Qu’est-ce que l’AECG ? S’il est ratifié, qui seront les parte- Café
naires commerciaux du Canada ? (en millions de sacs 0 2 4 6
par année)
Au terme de la section 9.2, Les gains du commerce interna- Oranges
tional, répondez aux questions 4 à 6. (en millions de caisses 3 2 1 0
par année)
4. Supposons qu’il n’y a pas de commerce international entre
le Nacada et le Brasero. La figure 1 montre les possibilités Tableau 2
de production du Nacada et les quantités de pommes et Possibilités de production
d’automobiles qu’on y produit (point A). La figure 2 montre du Gran Chapo
les possibilités de production du Brasero et les quantités
de pommes et d’automobiles qu’on y produit (point B). Bien A B C D
Café
Figure 1 Figure 2
(en millions de sacs 0 1 2 3
Nacada Brasero
par année)
Automobiles Automobiles
(en millions par année) (en millions par année) Oranges
20 8 (en millions de caisses 6 4 2 0
par année)
15 6
a) Quel est le coût de renonciation d’un sac de café au
10 A 4 B Sao Rico ?
b) Quel est le coût de renonciation d’un sac de café au
5 2 Gran Chapo ?
c) Quel est le coût de renonciation d’une caisse d’oranges
au Sao Rico ?
0 50 100 150 200 250 0 100 200 300 400
Pommes Pommes d) Quel est le coût de renonciation d’une caisse d’oranges
(en millions de sacs par année) (en millions de sacs par année) au Gran Chapo ?
e) Supposons qu’il n’y a aucun échange commercial entre
a) Quel est le coût de renonciation d’un sac de pommes le Sao Rico et le Gran Chapo, et que chacun des deux
au Nacada ? Au Brasero ? pays produit et consomme 2 millions de sacs de café
b) Quel est le coût de renonciation d’une automobile au et 2 millions de caisses d’oranges. Faites un graphique
Nacada ? Au Brasero ? pour illustrer leurs CPP respectives et indiquez
c) Quel pays détient un avantage comparatif dans la pour chaque pays où se situent sa production et sa
production de pommes ? consommation.
d) Quel pays détient un avantage comparatif dans la f) Supposons maintenant que les deux pays signent un
production d’automobiles ? accord de libre-échange et que chacun se spécialise
e) Supposons que le Brasero et le Nacada signent un dans la production du bien pour lequel il détient
accord de libre-échange. Lequel des deux biens le un avantage comparatif. Quelle est maintenant la
Nacada importe-t-il du Brasero et lequel exporte-t-il production totale de café et d’oranges ?
au Brasero ? Expliquez votre réponse. g) Supposons que les deux pays échangent 3 millions
f) Avec cet accord de libre-échange, le commerce avec le de sacs de café contre 3 millions de caisses d’oranges.
Nacada est-il avantageux pour le Brasero ? Pourquoi ? Quels sont les volumes d’exportations et d’importations
du Sao Rico et du Gran Chapo ?
g) Une fois le libre-échange bien rodé entre ces pays,
le prix mondial d’un sac de pommes s’établit à 1/25 h) Combien de café et d’oranges consomme-t-on au Sao
d’automobile. En supposant que le Brasero ne produit Rico et au Gran Chapo ?
que des pommes et qu’il exporte la moitié de sa
production vers le Nacada, et que le Nacada ne produit
que 20 automobiles et aucun sac de pommes, indiquez
les quantités des deux biens consommées au Nacada à
la figure 1, et au Brasero, à la figure 2.
236 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

6. Le Ponja et le Becqué ne produisent que deux biens : des a) Si le gouvernement du Brasero imposait un tarif
calculatrices et du papier journal. Le tableau 3 donne les douanier de 20 % sur les importations d’automobiles,
possibilités de production du Ponja et le tableau 4, celles du quel en serait l’effet sur :
Becqué. En autarcie, la production du Ponja se situe au point D 1. Le prix d’une automobile au Brasero ?
de son tableau des possibilités de production, et le Becqué, au 2. La quantité d’automobiles achetée au Brasero ?
point B du sien.
3. La quantité d’automobiles importée au Brasero ?
Tableau 3 4. La quantité d’automobiles produite au Brasero ?
Possibilités de production 5. Le revenu tarifaire du gouvernement du Brasero ?
du Ponja b) Supposons que le gouvernement du Brasero impose
Bien A B C D E F un quota de 5 millions d’automobiles par année. Situez
Calculatrices dans la figure 3 :
60 48 36 24 12 0 1. Le prix d’une automobile au Brasero ;
(en millions d’unités)
2. La quantité d’automobiles achetée au Brasero ;
Papier journal
0 12 24 0 36 48 3. La quantité d’automobiles importée au Brasero ;
(en millions de tonnes)
4. La quantité d’automobiles produite au Brasero.
Tableau 4
Possibilités de production 8. Le tableau 5 donne les barèmes d’offre et de demande des
du Becqué tapis de souris en Syldavie. En autarcie (sans commerce
Bien A B C D E F international), le prix et la quantité d’équilibre sont respec-
tivement de 5 $ et de 140 000 tapis de souris sur le marché
Calculatrices intérieur. Supposons que la Syldalvie ouvre ses frontières
40 32 24 16 8 0
(en millions d’unités) au commerce extérieur.
Papier journal
0 10 20 30 40 50 Tableau 5
(en millions de tonnes)
Prix Quantité demandée Quantité offerte
a) Quel pays jouit actuellement d’un avantage comparatif
dans la production de papier journal ? Dans la production (en dollars par (en milliers de tapis de souris
de calculatrices ? tapis de souris) par semaine)
b) Chiffrez l’augmentation de la production totale des 2 170 110
deux pays si chacun produit le bien pour lequel il jouit 3 160 120
d’un avantage comparatif. 4 150 130
c) Si les deux pays avaient exactement les mêmes 5 140 140
ressources productives, quel pays jouirait d’un avantage 6 130 150
absolu dans la production de papier journal ? Dans la
7 120 160
production de calculatrices ?
8 110 170
d) Si le Becqué et le Ponja s’entendaient pour échanger
34 millions de calculatrices contre 38 millions de tonnes a) Si le prix mondial des tapis de souris est de 7 $, la
de papier journal, quels seraient les gains de chaque Syldalvie sera-t-elle exportatrice ou importatrice de
pays pour chacun des biens ? tapis de souris ? Pour quelle quantité ? Quelles seront
les valeurs de la production et de la consommation
Au terme de la section 9.3, Les restrictions au commerce
intérieures de tapis de souris ?
international, répondez aux questions 7 à 10. b) Si le prix mondial des tapis de souris est de 3 $, la
Syldalvie sera-t-elle exportatrice ou importatrice de
7. La figure 3 illustre le marché de l’automobile au Brasero
tapis de souris ? De combien d’unités ? Quelles seront
en l’absence de restrictions sur les importations d’automo- les valeurs de la production et de la consommation
biles. Le prix mondial d’une automobile est de 10 000 $. intérieures de tapis de souris ?
Figure 3 c) Supposons que le prix mondial des tapis de souris est
Brasero de 3 $ et que la Syldavie impose un tarif de 1 $ par tapis
Prix (en k$ par automobile) de souris. Quelles seront les valeurs de la production
20
intérieure, de la consommation intérieure et des
importations de tapis de souris ? Quel sera le revenu
O
15 tarifaire du gouvernement ?
12 d) Supposons que la Syldavie impose un quota de
10
20 000 tapis de souris par semaine. Quel sera le prix
5
du tapis de souris et quelles seront les valeurs de la
D
production intérieure, de la consommation intérieure et
des importations de tapis de souris ?
0 5 8 10 15 20 25
Quantité (en millions
d’automobiles par année)
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 237

9. La figure 4 illustre la demande et l’offre quotidiennes de a) Quels sont le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre
chemises au Nacada en l’absence de restrictions sur les sur le marché nacadien des chemises si le Nacada
importations de chemises. Le prix mondial des chemises fonctionne en autarcie (sans commerce extérieur) ?
est de 24 $ l’unité. b) Quelles sont, au prix mondial de 24 $, les valeurs de la
production intérieure, de la consommation intérieure et
Figure 4 des importations de chemises du Nacada ?
Nacada
c) Cédant aux pressions des fabricants canadiens, le
Prix (en dollars par chemise)
gouvernement impose un tarif de 4 $ par chemise
60 D O importée. Chiffrez la production intérieure, la
52
consommation intérieure et les importations de
44
chemises après l’imposition du tarif. Quel est le revenu
36
Prix
mondial
tarifaire du gouvernement nacadien ?
28
24
20
10. Quelles sont les différentes mesures pour restreindre le
12
commerce international ? Donnez un exemple de chacune
4
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
de ces mesures.
Quantité
(en milliers de chemises par jour)

Appliquez
vos savoir-faire
L’accord sur le bois d’œuvre entre
le Canada et les États-Unis4
L’Accord sur le bois d’œuvre de 2006 conclu entre le Canada et les États-
Unis n’est plus en vigueur depuis le 12 octobre 2015. En vertu de cet accord,
les exportateurs canadiens de bois d’œuvre devraient payer des droits à
l’exportation.

Malgré cet accord, les États-Unis ont déposé, à trois reprises, des plaintes
à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les programmes de soutien
à l’industrie forestière de l’Ontario et du Québec constituaient, aux yeux des
Américains, une forme de subvention aux producteurs canadiens de bois
d’œuvre. Cela a conduit à l’imposition d’une surtaxe sur les importations de
bois d’œuvre en provenance du Canada.
Depuis 2006, les exportations canadiennes de bois d’œuvre vers les
a) Quelle a été la conséquence de cette surtaxe sur les exportations États-Unis ne cessent de diminuer.
canadiennes de bois d’œuvre vers les États-Unis ? Expliquez pourquoi.

b) Pourquoi les États-Unis ont-ils porté plainte, et ce, malgré la signature


d’un accord ? De quelle manière les États-Unis et le Canada ont-ils réglé
ce différend ? Est-ce en faveur de l’industrie américaine ou canadienne ?

MOTS CLÉS
Avantage absolu, 225
Avantage comparatif, 217
Barrière commerciale non tarifaire, 227
4. Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Accord sur le bois d’œuvre résineux
de 2006 entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis, www. Protectionnisme, 227
economie.gouv.qc.ca/fr/objectifs/conformer/accords-commerciaux/page/accords-commer-
ciaux-12519/?tx_igaffichagepages_pi1%5Bmode%5D=single&tx_igaffichagepages_pi1%5B- Quota d’importation, 227
backPid%5D=53&tx_igaffichagepages_pi1%5BcurrentCat%5D=&cHash=705ceafb01ee70d- Tarif douanier, 227
7d51e033b74d2805a (page consultée le 26 avril 2016).
238 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

PARTIE 4
CHAPITRE 10
L’ÉCONOMIE MONDIALE LA FINANCE INTERNATIONALE

COMBIEN
COÛTERA VOTRE
PROCHAIN
VOYAGE À
L’ÉTRANGER?
LE COÛT DE VOS VACANCES À L’ÉTRANGER dépend
de la valeur de notre devise en monnaies étrangères (en
euros ou en dollars américains ou d’autres devises, selon
votre destination) sur le marché des changes. Si notre
devise prend de la valeur en monnaies étrangères, vos
vacances vous coûteront moins cher. Au contraire, si elle
en perd, vous dépenserez davantage pour vos vacances.
En 1970, le dollar canadien était à égalité avec le dollar
américain, mais sa valeur a dégringolé dans les années
qui ont suivi, et il ne valait plus que 0,69 $ US en 1986.
En 1991, il était remonté à 0,89 $ US ; en 2002, il était
redescendu à 0,62 $  US, et le 7 novembre 2007, il
s’échangeait à 1,09 $ US, un record, pour ensuite osciller
autour de la parité. En 2015, il s’échangeait à 0,78 $ US.
Pourquoi la valeur du dollar canadien par rapport à celle
du dollar américain fluctue-t-elle autant ? Pourrions-
nous et devrions-nous prendre des mesures pour
stabiliser la valeur de notre dollar ?
Ce chapitre porte sur la finance internationale. Vous y
apprendrez comment les pays tiennent leurs comptes
internationaux. Qu’est-ce qui fait qu’un pays est un
prêteur net ou un emprunteur net ? Comment
détermine-t-on la valeur de notre monnaie en monnaies
étrangères ?

COUP D’ŒIL COUP D’ŒIL COUP D’ŒIL


SOMMAIRE

SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE


10.1 L’évolution de la balance Les soldes du compte courant La balance commerciale
Le financement du des paiements du Canada en 2014 : comparaisons du Québec : 10.2
commerce international depuis 1986 internationales un déficit inquiétant Le taux de change

p. 240 p. 243 p. 244 p. 245 p. 246


CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 239

SAVOIR-FAIRE
1 Décrire les comptes de la balance
des paiements d’un pays, et expliquer
la différence entre un emprunteur net
et un prêteur net
2 Expliquer comment s’établit le taux
de change de notre dollar et pourquoi
il fluctue
3 Expliquer comment la Banque du Canada
pourrait influer sur le taux de change
de la devise canadienne

VOS OUTILS NUMÉRIQUES

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Réalisez les exercices assignés par votre


enseignant.

COUP D’ŒIL
COUP D’ŒIL SUR LE PASSÉ
SUR LE PASSÉ 10.3 COMBIEN COÛTERA Le taux de change du dollar
Pourquoi le taux de change La Banque du Canada et le VOTRE PROCHAIN canadien de 1947 à 2015 : Le chapitre 10
est-il si volatil ? marché des changes VOYAGE À L’ÉTRANGER ? fixe ou flexible ? en bref

p. 254 p. 255 p. 257 p. 259 p. 260


240 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

LE FINANCEMENT DU COMMERCE
10.1 INTERNATIONAL
Un magasin Sony établi au Canada qui importe des consoles de jeu du Japon ne les paie
pas en dollars canadiens, mais en yens. De même, une entreprise ferroviaire irlandaise
qui achète une locomotive à Electro-Motive Diesel, en Ontario, la paie en dollars cana-
diens. Quand on achète des biens et services provenant d’un autre pays, on les paie avec
la devise de ce pays ; cela vaut pour tout achat, qu’il s’agisse d’un produit de consom-
mation, d’un bien d’équipement, d’un édifice ou d’une entreprise.
Avant d’étudier les marchés où s’achètent et se vendent les diverses devises natio-
nales, nous nous pencherons sur l’ampleur du commerce international, les transferts de
capitaux et les investissements internationaux, et sur la façon dont ces transactions sont
consignées dans la balance des paiements.

LA BALANCE DES PAIEMENTS INTERNATIONAUX


Balance des paiements La balance des paiements d’un pays dresse le bilan des activités commerciales et finan-
Bilan des activités commerciales cières des résidents de ce pays à l’étranger pour une période donnée. Elle comporte trois
et financières d’un pays sur la
scène internationale pour une comptes :
période donnée. • Le compte courant ;
• Le compte capital ;
• Le compte financier.
Dans chacun de ces comptes, toute transaction correspondant à une entrée de fonds
au pays (une exportation, par exemple) est inscrite au crédit (+) du compte, et toute
transaction donnant lieu à une sortie de fonds (un investissement canadien à l’étranger,
par exemple) est inscrite au débit (−).
Compte courant Le compte courant consigne les paiements des importations de biens et services, les
Bilan des recettes et des recettes des exportations de biens et services, les revenus primaires nets (salaires, divi-
paiements d’un pays sur
la scène internationale dendes, intérêts, revenus de location, etc.) ainsi que les revenus secondaires nets (pen-
pour une période donnée ; sions, impôts, dons, aides internationales, etc.), soit ceux reçus de l’étranger (+), moins
son solde est égal à la
valeur des exportations
ceux payés à l’étranger (−). Le solde du compte courant est égal à la valeur des exporta-
nettes (exportations moins tions nettes (les exportations moins les importations), des revenus primaires nets et des
importations), des revenus revenus secondaires nets. Un surplus au compte courant signifie que des fonds canadiens
primaires nets et des
revenus secondaires nets. pourront être prêtés ou investis à l’étranger ; il indique jusqu’à quel point les résidents
du Canada fournissent des biens, des services ou des capitaux au reste du monde sous
forme d’exportations de biens et services ou de prêts et d’investissements à l’étranger.
Un déficit au compte courant indique au contraire jusqu’à quel point les résidents du
Canada comptent sur les biens, les services ou les capitaux étrangers (importations de
biens et services, emprunts à l’étranger et investissements de l’étranger au Canada).
Compte capital et financier Le compte capital et financier englobe le compte capital et le compte financier.
Bilan en deux comptes (1)
des transferts en capital et des Le compte capital dresse le bilan des transferts en capital et des transactions d’actifs
échanges d’actifs intangibles intangibles sur la scène internationale. Concrètement, il concerne principalement :
(compte capital), et (2) des
investissements étrangers au • Les transferts d’actifs des immigrants ou émigrants – par exemple, si Mah Jong
Canada et des investissements quitte Hong Kong pour s’établir à Vancouver et transfère ses avoirs de 2 M$ au
du Canada à l’étranger Canada, on enregistre une entrée de fonds au Canada, un crédit (+) ;
(compte financier).
• Les achats et ventes de biens intangibles – par exemple, lors de l’achat d’un
brevet pharmaceutique québécois par une entreprise allemande, on enregistre
cette transaction internationale concernant un bien intangible (un brevet)
comme une entrée de fonds au Canada, un crédit (+) ;
• Les remises de dette du gouvernement canadien à des pays – ainsi, en 2005,
l’annulation par le Canada de la dette de la Zambie, du Honduras et du Rwanda
(55 M$) a été comptabilisée comme une sortie de fonds, un débit (−) ;
• Les successions – si votre vieille tante établie en Floride meurt et vous lègue
1 M$, cet héritage sera comptabilisé comme une entrée de fonds, un crédit (+).
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 241

Le compte financier dresse le bilan des investissements étrangers au Canada et des


investissements du Canada à l’étranger selon trois catégories d’investissements :
• Les investissements directs, qui permettent aux investisseurs d’un pays d’influer
sur la gestion d’une entreprise étrangère par des fusions, des acquisitions et des
prises de participation ou, plus simplement, par l’implantation d’une entreprise
en sol étranger. Ainsi, l’implantation du groupe français Ubisoft à Montréal en
1997 et l’achat d’Alcan par Rio Tinto en 2007 sont des exemples d’investis-
sements étrangers au Canada (+), tandis que l’implantation du constructeur
aéronautique et ferroviaire canadien Bombardier en Irlande et ailleurs dans le
monde est un exemple d’investissement canadien à l’étranger (−) ;
• Les investissements de portefeuille, qui couvrent principalement les inves-
tissements à court terme (bons du Trésor, certificats de dépôt et autres actifs
financiers à court terme). Ainsi, l’achat par un investisseur étranger de bons du
Trésor canadiens est enregistré comme une entrée de fonds (+), et l’achat de
certificats de dépôt américains par un résident canadien, comme une sortie de
fonds (−). On y inclut également les placements en actions émises par les entre-
prises et en obligations émises par les gouvernements et les entreprises – par
exemple, l’achat d’actions de Google à la Bourse de New York par une résidente
canadienne est comptabilisé comme une sortie de fonds (−), et l’achat d’obliga-
tions du gouvernement canadien par une firme de courtage japonaise, comme
une entrée de fonds (+) ;
• Les autres investissements, qui englobent les prêts que les étrangers ont obtenus
d’institutions financières canadiennes (−) et les emprunts que les entreprises et
les gouvernements ont contractés à l’étranger (+), de même que les acquisitions
de devises canadiennes (−) ou étrangères (+) et les dépôts à l’étranger (−) ou au
Canada (+).
On trouve également une autre catégorie d’actifs financiers, les réserves officielles Réserves officielles
internationales du Canada, c’est-à-dire les avoirs du gouvernement fédéral en devises internationales du Canada
Avoirs du gouvernement
étrangères détenus dans le compte du Fonds de change du ministre des Finances. fédéral en devises étrangères.
Administré par la Banque du Canada, ce compte couvre les besoins du gouvernement
canadien en devises étrangères. Si les réserves officielles internationales augmentent, le
solde du compte financier est débité (−), car l’achat de devises étrangères, qu’il faut
payer en dollars canadiens, équivaut à une sortie de fonds. Inversement, si les réserves
officielles internationales du Canada diminuent, le compte financier est crédité (+), car
la vente de devises étrangères, qui rapporte des dollars canadiens, correspond à une
entrée de fonds. Autrement dit, les devises étrangères sont considérées comme un bien
qui peut être exporté (+) ou importé (−).
En théorie, la somme des soldes des comptes de la balance des paiements – le compte
courant et le compte capital et financier – devrait toujours être nulle (0). Par exemple,
un excédent ou un déficit au compte courant devrait correspondre à une sortie ou à une
entrée de fonds équivalente au compte capital et financier. En pratique, les deux comptes
s’égalisent rarement. En effet, les données recueillies par Statistique Canada proviennent
d’une multitude de sources, de sorte que certaines transactions ne sont pas saisies ou
sont mal mesurées dans la balance des paiements. La divergence statistique correspond
à l’entrée ou à la sortie nette de fonds qui serait nécessaire pour combler l’écart entre
le solde du compte courant et celui du compte capital et financier ; elle sera négative (−)
si les entrées de fonds dépassent les sorties de fonds, et positive (+) dans le cas contraire.
Le tableau 10.1 présente les comptes de la balance des paiements du Canada pour
l’année 2015. On voit que, cette année-là, les importations dépassaient la somme des
exportations, des transferts nets et des revenus primaires nets, d’où un déficit au compte
courant de 65,7 G$. Comment finançons-nous le déficit de notre compte courant ? Nous
empruntons au reste du monde, comme le révèle le compte capital et financier. Notons
que les investissements de portefeuille et autres investissements des étrangers au
Canada dépassent ceux des Canadiens à l’étranger, alors que c’est l’inverse pour les
investissements directs : les étrangers investissent beaucoup moins au Canada que les
Canadiens n’investissent à l’étranger.
242 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Tableau 10.1 Les comptes de la balance des paiements du Canada en 2015


(en G$)
Compte courant
Exportations de biens et services +622,8
Importations de biens et services −670,2
Revenus primaires nets −15,0
Revenus secondaires nets −3,3
Solde du compte courant −65,7
Compte capital et financier
Compte capital
Entrées +0,3
Sorties −0,4
Solde du compte capital −0,1
Compte financier
Canadiens à l’étranger
Investissements directs −104,3
Investissements de portefeuille −60,3
Réserves officielles internationales −10,9
Autres investissements −33,5
Étrangers au Canada
Investissements directs +80,6
Investissements de portefeuille +95,5
Autres investissements +88,1
Solde du compte financier +55,2
Solde du compte capital et financier +55,1
Divergence statistique −10,6
Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 376-0101, Balance des paiements internationaux, compte
courant et compte capital, modifié le 29-02-2016 ; tableau 376-0102, Balance des paiements internationaux,
compte financier, modifié le 29-02-2016.

Le « Coup d’œil sur l’économie canadienne » ci-contre retrace l’évolution de la


balance des paiements du Canada de 1986 à 2015.

Analogie avec la situation d’un particulier


Une analogie avec la situation d’un particulier nous aidera à mieux comprendre les
divers comptes de la balance de paiements et leurs relations.
Le compte courant d’un particulier enregistre les revenus qu’il tire de ses ressources
productives ainsi que ses dépenses en biens et services. Supposons que Johanne a reçu
125 000 $ en revenu d’emploi et 5 000 $ en revenu d’intérêts sur un placement en 2015 ;
son compte courant affichait un revenu total de 130 000 $. La même année, Johanne a
acheté 115 000 $ de biens et services, ainsi qu’une maison de 225 000 $ ; ses dépenses
totales s’élevaient à 340 000 $. La différence entre ses revenus et ses dépenses se chiffrait
à −210 000 $ (130 000 $ − 340 000 $), montant du déficit du compte courant de Johanne.
Pour couvrir ce déficit, Johanne a décidé de financer l’achat de la maison en contrac-
tant une hypothèque de 200 000 $. Comme c’était là son seul emprunt, l’excédent de son
compte financier s’élevait à 200 000 $. De plus, au décès de sa vieille marraine établie
en Californie, elle a reçu 10 000 $ en héritage, montant de l’excédent de son compte
capital. Le compte capital et financier de Johanne a donc enregistré un excédent de
210 000 $, équivalant au déficit de son compte courant.
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 243

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE

L’évolution de la balance des paiements du Canada depuis 1986


Le tableau 10.1 donne un aperçu de la balance des paiements du les soldes de ces comptes – est négligeable. Comme on le voit,
Canada en 2015. La figure ci-dessous, elle, retrace son évolution l’énorme déficit du compte courant qui s’est creusé de 1986
de 1986 à 2015. Pour éliminer les effets de la croissance et de à 1995 s’est par la suite comblé et transformé en excédent.
l’inflation, les soldes des comptes de la balance des paiements Toutefois, la Grande Récession de 2008-2009 a vite ramené le
sont exprimés en pourcentage du PIB nominal. compte courant en déficit.

Le solde du compte capital et financier (courbe jaune) Entre quelles années le compte courant était-il en excédent ?
donne l’image inversée du solde du compte courant (courbe Entre quelles années était-il en déficit ? Pour quelle raison le
verte). La divergence statistique (courbe rouge) – l’écart entre compte courant est-il redevenu déficitaire en 2008-2009 ?

La balance des paiements du Canada depuis 1986


Balance des paiements (en pourcentage du PIB)

4 Compte capital
et financier
3

2
Divergence statistique
1

–1

–2 Compte
courant
–3

–4

1986 1991 1996 2001 2006 2011 2016


Année
Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 376-0101, Balance des paiements internationaux, compte courant et compte capital,
annuel, modifié le 29-02-2016 ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 376-0102, Balance des paiements internationaux, compte
financier, annuel, modifié le 29-02-2016 ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0038, Produit intérieur brut (PIB), en termes de
dépenses, modifié le 01-03-2016.

Dans cette analogie, les revenus de travail de Johanne correspondent aux revenus
d’exportations d’un pays ; ses revenus d’intérêt, aux revenus primaires que ce pays
reçoit de l’étranger ; ses achats de biens et services (y compris l’achat de sa maison),
aux dépenses en importations du pays ; son prêt hypothécaire, c’est-à-dire ce qu’elle a
emprunté, aux emprunts contractés ailleurs dans le monde ; l’héritage de sa vieille mar-
raine décédée, à une entrée nette de capital.
244 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

PRÊTEURS ET EMPRUNTEURS
Emprunteur net On qualifie d’emprunteur net un pays dont le compte courant est déficitaire et qui
Pays dont le compte courant emprunte davantage qu’il ne prête, et de prêteur net un pays dont le compte courant
est déficitaire et qui emprunte
davantage qu’il ne prête. est excédentaire et qui prête davantage qu’il n’emprunte.
Prêteur net Même si le Canada a été un prêteur net de 1999 à 2008, ce statut est très récent. De
Pays dont le compte courant la fin de la Deuxième Guerre mondiale à 1998, le Canada a généralement été un emprun-
est excédentaire et qui prête
davantage qu’il n’emprunte. teur net ; il n’a été un prêteur net que 20 années sur 62 – surtout concentrées dans les
années 1940 ! La récession de 2008-2009 a ramené le Canada à son statut
d’emprunteur net.
Durant la même décennie, les États-Unis sont passés du statut de prêteur net à celui
d’emprunteur net, et, depuis 1989, le solde du compte courant américain n’a cessé d’être
déficitaire. Alors que, historiquement, ce pays était le principal prêteur au monde, il en
est devenu le principal emprunteur net (voir le « Coup d’œil sur l ’économie
mondiale »).
La plupart des pays sont des emprunteurs nets, mais quelques-uns sont des prêteurs
nets ; parmi eux, la Chine, le Japon, l’Allemagne et, à cause de sa richesse pétrolière,
l’Arabie saoudite. Les exportations de ces pays excèdent leurs importations, ce qui leur
fournit des fonds à prêter et à investir à l’étranger.

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE

Les soldes du compte courant en 2014 :


comparaisons internationales
Le plus frappant dans la figure ci-contre est l’énorme déficit Les soldes du compte courant de différents pays en 2014
du compte courant des États-Unis en 2014. Viennent ensuite
Pays
les soldes déficitaires du Royaume-Uni et du Brésil, et très loin
derrière, ceux de l’Australie, du Canada, de la France, de l’Inde, États-Unis 390
du Mexique et de l’Afrique du Sud. Royaume-Uni 152
Brésil 104
Parmi les pays du G71, regroupant l’Allemagne, le Canada, la Australie 44
Canada 37
France, les États-Unis, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, seuls
France 27
le Japon, l’Italie et l’Allemagne affichent un surplus du compte Inde 27
courant. Mexique 24
Afrique du Sud 19
Les soldes du compte courant de tous les autres pays de Italie 40
la figure sont excédentaires. À noter : l’excédent commercial Espagne 13
de l’Allemagne, qui surpasse celui de la Chine, de la Russie et Autriche 8

du Japon. Pays-Bas 93


Japon 24

Quels pays affichent un solde déficitaire du compte courant ? Russie 58


Chine 219
Lequel a le solde déficitaire le plus important ? Le compte courant Allemagne 280
du Canada présente-t-il un solde excédentaire ou déficitaire ? Le
solde du compte courant du BRICA (Brésil, Russie, Inde, Chine et –500 –250 0 250 500
Afrique du Sud) est-il excédentaire ou déficitaire ? Solde du compte courant (en G$ US)

Source : Banque Mondiale, Balance des paiements courants (BDP, $ US courants),
1. La Russie ayant été temporairement suspendue du groupe depuis mars 2014, http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/BN.CAB.XOKA.CD (page consultée le
le G8 est redevenu le G7. 30 avril 2016).
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 245

Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE

La balance commerciale du Québec : un déficit inquiétant


Le Québec commerce non seulement avec les autres provinces surplus marqué (+16,8  G$), nos échanges avec les 28 pays de
canadiennes, mais aussi avec d’autres pays. La figure ci-dessous l’Union européenne sont largement déficitaires (−10,4  G$) et
montre l’évolution des exportations et des importations du représentent 47  % du déficit de notre balance commerciale.
Québec de 1986 à 2014. Si le volume des échanges commerciaux Notre commerce avec la Chine, également déficitaire (−6,9 G$),
du Québec a constamment progressé au cours de cette période, compte pour 31 % du déficit du Québec avec les pays étrangers.
la valeur de ses exportations (courbe rouge) n’a pas toujours Nos échanges avec le BRIC (le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine)
suivi celle de ses importations (courbe bleue). représentent plus de 35 % (-7,8 G$) du déficit de notre balance
commerciale de 2014.
Quand les exportations sont supérieures aux importations,
la balance commerciale est excédentaire. Quand les exportations Depuis 2002, le commerce international du Québec se
sont inférieures aux importations, elle est déficitaire. diversifie. Moins dépendant de ses clients américains (dont la
Traditionnellement, le Québec a une balance commerciale part des exportations est passée de 83,6 % en 2002 à 68,9 % en
déficitaire. L’entrée en vigueur de l’ALENA en 1994 lui permet 2014), le Québec s’est tourné davantage vers l’Union européenne
de la redresser jusqu’en 2002, mais la situation se détériore pour trouver de nouveaux débouchés, si bien que la part de nos
rapidement par la suite : le solde du commerce extérieur passe exportations est passée de 9,3 % en 2002 à 11,8 % en 2014. Il en va
d’un excédent de 8 G$ en 2002 à un déficit record de 25 G$ en de même pour l’Asie et l’Océanie, dont la part de marché pour nos
2010, puis se réduit pour atteindre 22  G$ en 2014. Ce déficit exportations a plus que doublé, passant de 4,4 % en 2002 à 9,7 %
ne vient pas du commerce interprovincial, qui est légèrement en 2014. Les autres régions du globe, telles que l’Amérique latine et
en excédent (+3 G$ en 2014), mais bien du commerce avec les les Antilles, ou encore l’Afrique et le Moyen-Orient, ont également
autres pays (−25 G$ en 2014). vu leur part de marché s’accroître sensiblement de 2002 à 2014.

Le déficit de la balance commerciale du Québec depuis De 1986 à 2014, le volume des exportations du Québec a-t-il
2002 vient de la faible croissance de la valeur des exportations, toujours été supérieur à celui des importations ? Que pouvait-on
plombée par la hausse du huard et la Grande Récession de 2008- observer le plus souvent au cours de cette période ? L’entrée en
2009, et de la forte croissance de la valeur des importations, vigueur de l’ALENA en 1994 a-t-elle modifié cette situation ? En
attribuable surtout à la flambée du prix du pétrole. En 2014, 2014, le déficit de la balance commerciale du Québec s’élevait à
alors que notre commerce avec les États-Unis montre un 22 G$. Quelles sont les raisons de ce déficit ?

La balance commerciale du Québec depuis 1986


Échanges commerciaux (en G$)

200
190
180 Déficit
170
160
150
140
130
120
110 Excédent
100 Importations
90
80
70
60 Exportations

0 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
Année
Sources : Statistique Canada, Les comptes économiques des provinces et des territoires : Tableaux de données, numéro 13-018X
au catalogue (disponible en ligne) ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, PIB, en termes de dépenses, provinciaux
et territoriaux, annuel, modifié le 10-11-2015 ; Québec, Développement économique, Innovation et Exportation, Le Calepin –
le commerce extérieur du Québec, édition 2015.
246 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

10.1
1 Décrire les comptes de la balance des paiements d’un pays, et expliquer la différence
entre un emprunteur net et un prêteur net

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. En 2015, on a enregistré les transactions suivantes 2. En 2015, on a enregistré les transactions suivantes
en Haute-Slobovie : importations de biens et services, en Basse-Slobovie : importations de biens et services,
200 G$ ; exportations de biens et services, 200 G$ ; revenus 180  G$  ; exportations de biens et services, 190  G$  ; re-
primaires nets, 10 G$ ; revenus secondaires nets, 0 G$ ; en- venus primaires nets, -20  G$  ; revenus secondaires nets,
trées moins sorties de capital, 4 G$ ; investissements de la 5 G$ ; entrées de capital, 10 G$, sorties de capital, 3 G$ ;
Haute-Slobovie à l’étranger, 70 G$ ; investissements étran- investissements de la Basse-Slobovie à l’étranger, 74 G$ ;
gers en Haute-Slobovie, 55 G$. et investissements étrangers en Basse-Slobovie, 70  G$  ;
a) Calculez le solde du compte courant, le solde du divergence statistique, +2 G$.
compte capital, le solde du compte financier, le solde a) Calculez le solde du compte courant, le solde du
du compte capital et financier, ainsi que la divergence compte capital, le solde du compte financier et le
statistique des comptes de la balance des paiements solde du compte capital et financier de la Basse-
de la Haute-Slobovie en 2015. Slobovie en 2015.
b) La Haute-Slobovie était-elle un prêteur net ou un b) La Basse-Slobovie était-elle un prêteur net ou un
emprunteur net en 2015 ? emprunteur net en 2015 ?

RÉPONSES
1. a) Le solde du compte courant est égal aux exportations nettes plus Le solde du compte capital et financier est égal à la somme des soldes
les revenus primaires nets plus les revenus secondaires nets, soit des deux comptes, soit −11 G$. La divergence statistique permettant
+ 10 G$. Le solde du compte capital est égal aux entrées moins les d’équilibrer les comptes de la balance des paiements est de + 1 G$.
sorties de capital, soit + 4 G$. Le solde du compte financier est égal b) En 2015, la Haute-Slobovie est un prêteur net puisque le solde de son
à la différence entre les investissements étrangers en Haute-Slobovie compte courant est positif.
et les investissements de la Haute-Slobovie à l’étranger, soit −15 G$.

10.2 LE TAUX DE CHANGE


Les Canadiens qui achètent des biens et services à un autre pays ou qui y investissent
doivent se procurer des devises de ce pays pour réaliser la transaction. De même, les
étrangers qui achètent des biens et services produits au Canada ou qui y investissent
Marché des changes doivent se procurer des devises canadiennes. L’échange des devises se fait sur le marché
Marché où l’on change des des changes. Sur ce marché, chacun peut être à la fois un offreur ou un demandeur.
devises d’un pays contre celles
d’un autre pays. Nous offrons nos dollars canadiens pour demander des devises étrangères en échange,
et les étrangers offrent leurs devises pour demander des dollars canadiens en échange.
Contrairement à d’autres marchés, le marché des changes n’a pas de localisation
géographique précise et ne ferme jamais ; c’est un marché mondialisé qui fonctionne
jour et nuit. Constitué de milliers de gens – importateurs, exportateurs, banquiers et
cambistes – disséminés dans les places financières du monde entier et en communication
constante, il ouvre le lundi matin à Hong Kong, pendant qu’on est encore le dimanche
soir à Montréal et à Toronto. À mesure que les heures passent, les places financières,
comme celles de Tokyo, Singapour, Bahreïn, Francfort, Londres, New York, Montréal,
Toronto et Vancouver, ouvrent tour à tour. Quand les places les plus à l’ouest du continent
américain ferment, celle de Hong Kong s’apprête à ouvrir pour le jour suivant. Durant
une journée typique, environ 3 billions de dollars2 changent de mains.

2. Cambiste info, en ligne : www.cambiste.info (site web consulté le 18 mai 2012).


CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 247

Le taux de change est le prix auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle Taux de change
d’un autre pays. Après avoir atteint la parité avec le dollar américain en septembre 2007, Prix auquel la monnaie d’un
pays s’échange contre celle
le dollar canadien a dépassé ce dernier pour la première fois depuis trois décennies. d’un autre pays.
Ainsi, le 7 novembre 2007, le taux de change du dollar canadien en dollars américains
était de 1,09 $ US. Pour exprimer le taux de change du dollar américain en dollars cana-
diens, il suffit d’inverser le taux canadien : ainsi, en novembre 2007, le taux de change
du dollar américain en dollars canadiens était de 0,92 $, soit (1 $ ÷ 1,09 $ US).
Il y a appréciation d’une devise quand une devise prend de la valeur par rapport à Appréciation d’une devise
une autre. Par exemple, si la valeur du dollar canadien grimpe de 0,92 $ US à 1,00 $ US, Augmentation de la valeur d’une
devise par rapport à une autre.
le dollar canadien s’apprécie de 8,7 %.
Il y a dépréciation d’une devise quand une devise perd de la valeur par rapport à une Dépréciation d’une devise
autre. Par exemple, si la valeur du dollar canadien descend de 1,00 $ US à 0,92 $ US, le dollar Diminution de la valeur d’une
devise par rapport à une autre.
canadien se déprécie de 8 %. Autrement dit, quand le dollar canadien se déprécie par rap-
port au dollar américain, le dollar américain s’apprécie par rapport au dollar canadien.
La figure du « Coup d’œil sur le passé » (page 254) montre les hauts et les bas de la
devise canadienne par rapport à la devise américaine de 1947 à 2015.
Mais qu’est-ce qui fait fluctuer une devise ? Pour répondre à cette question, il faut
comprendre les forces qui déterminent le taux de change. En effet, le cours d’une devise
est un prix, et, comme tous les prix, il est déterminé par l’offre et la demande.

LA DEMANDE SUR LE MARCHÉ DES CHANGES


La quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes – c’est-à-dire la
quantité de dollars canadiens que les intervenants du marché des changes ont l’intention
d’acheter au cours d’une période donnée et à un taux de change donné – varie selon
plusieurs facteurs, notamment :
• Le taux de change ;
• Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ;
• Les taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ;
• Le taux de change anticipé.
Examinons d’abord la relation entre le taux de change et la quantité demandée de
dollars canadiens sur le marché des changes.

Une variation de la quantité demandée


de dollars canadiens
La demande de dollars canadiens est une demande dérivée : les gens n’achètent pas nos
dollars pour le simple plaisir d’en posséder, mais pour acheter des produits canadiens
(exportations canadiennes) ou des actifs canadiens (comptes bancaires, actions, obliga-
tions, entreprises, immeubles, etc.). Cela dit, la loi de la demande s’applique aux dollars
comme à tout ce qui a de la valeur aux yeux des gens. Toutes choses étant égales par
ailleurs, plus le taux de change est élevé, plus la quantité demandée de dollars canadiens
sur le marché des changes est faible. Ainsi, quand le dollar canadien monte de 0,75 $ US
à 0,80 $ US et que tous les autres facteurs restent constants, la quantité de dollars cana-
diens que les gens prévoient acheter sur le marché des changes diminue. Le taux de
change du dollar canadien influe sur la quantité demandée de dollars canadiens pour
deux raisons :
• L’effet des exportations ;
• L’effet du profit anticipé.
L’EFFET DES EXPORTATIONS Plus la valeur des exportations canadiennes est élevée, plus
la quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes est importante.
Mais la valeur des exportations canadiennes dépend du taux de change. Toutes choses
étant égales par ailleurs, plus le taux de change du dollar canadien est bas, plus les
produits canadiens sont bon marché pour les étrangers, et plus les exportations
248 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

canadiennes augmentent, ce qui accroît la quantité demandée de dollars canadiens sur


le marché des changes.
L’EFFET DU PROFIT ANTICIPÉ Plus le profit anticipé de la possession de dollars canadiens
est élevé, plus la quantité demandée de dollars canadiens est importante. Cependant, le
profit anticipé dépend du taux de change. Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le
taux de change est bas, plus le profit anticipé de l’achat de dollars canadiens est élevé, et
plus la quantité demandée de dollars canadiens sur le marché des changes est importante.
Pour illustrer cet effet du profit anticipé, supposons que les gens pensent que le dollar
canadien vaudra 0,80 $  US à la fin du mois. Si le dollar canadien coûte 0,75 $  US
aujourd’hui, les gens qui ont des dollars américains achèteront des dollars canadiens,
ce que ne ferait pas une personne convaincue que le dollar canadien vaudra encore
0,75 $ US à la fin du mois. Supposons maintenant que le taux de change du dollar cana-
dien tombe à 0,70 $ US. Les gens sont alors plus nombreux à penser qu’ils pourront
réaliser un profit en achetant des dollars canadiens, de sorte que la quantité demandée
de dollars s’accroît.
La figure 10.1 montre la courbe de demande de dollars canadiens sur le marché des
changes. Toutes choses étant égales par ailleurs, une hausse du taux de change du dollar
canadien réduit la quantité demandée de dollars canadiens et entraîne un mouvement
vers le haut le long de la courbe de demande. Inversement, une baisse du taux de change
accroît la quantité demandée de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le bas
le long de la courbe de demande.

Une variation de la demande de dollars canadiens


Une variation de tout autre facteur influant sur la quantité de dollars canadiens que les
gens prévoient acheter modifie la demande de dollars canadiens (à la hausse ou à la
baisse) et déplace la courbe de demande de dollars canadiens. Ces autres facteurs sont :
• Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ;
• Le taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ;
• Le taux de change anticipé.
LES TAUX D’INTÉRÊT AU CANADA ET DANS D’AUTRES PAYS Les particuliers et les entre-
prises achètent des actifs financiers pour leur rendement. Plus le taux d’intérêt des actifs
canadiens est élevé par rapport à celui des actifs étrangers, plus les gens achètent d’actifs
canadiens. Ce ne sont pas les taux d’intérêt canadiens qui
Saviez-vous que… importent, mais l’écart entre les taux d’intérêt canadiens
[À] la mi-janvier (2016), […] la valeur du dollar et ceux des pays étrangers. Si les taux d’intérêt canadiens
canadien […] a fait un bond de près de 10 ¢ […], augmentent et que ceux des pays étrangers restent
passant de 68,69 ¢ à 78,38 ¢3. Quel était le taux de constants, les taux d’intérêt au Canada deviendront supé-
change du dollar américain à la mi-janvier 2016 ? Si rieurs aux taux étrangers. Plus cet écart est élevé, plus la
le taux de change du dollar canadien fait un bond de demande d’actifs canadiens est importante, et plus la
10 ¢, quel sera le taux de change du dollar américain ? demande de dollars canadiens s’accroît sur le marché des
Le dollar canadien a-t-il connu une appréciation ou changes.
une dépréciation sur le marché des changes ?
LES TAUX D’INFLATION AU CANADA ET DANS D’AUTRES
PAYS Les particuliers et les entreprises achètent des biens
RÉPONSE

Pour obtenir le taux de change du dollar américain en dollars


canadiens, il faut inverser le taux canadien, soit : 1 $ ÷ 0,6869 $ US. et services ailleurs pour leurs prix. Plus le taux d’inflation
Le taux de change du dollar américain en dollars canadiens était de
1,46 $ US (ou 1,4558 $ US) à la mi-janvier 2016. Il est maintenant de
au Canada est faible par rapport à celui des autres pays,
1,28 $ US (ou 1,27758 $ US). Le dollar canadien s’est donc apprécié plus les étrangers achètent des biens et services cana-
par rapport au dollar américain, mais le dollar américain s’est diens. Si le taux d’inflation au Canada diminue et que celui
déprécié par rapport au dollar canadien.
dans les autres pays reste constant, l’écart entre le taux
d’inflation au Canada et celui des autres pays s’accroît.

3. Stéphane DUSSEAULT, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le Journal de Mon-
tréal, jeudi 14 avril 2016, http://www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moins-
cheres-avec-lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016).
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 249

Figure 10.1 La demande de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)


0,90

0,85 1
Une hausse du taux de change
réduit la quantité demandée Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité
de dollars.
de dollars que les gens prévoient acheter dépend du
taux de change.
0,80
1  Une hausse du taux de change du dollar canadien
réduit la quantité demandée de celui-ci et entraîne
un mouvement vers le haut le long de la courbe de
demande de dollars canadiens. 2  Une baisse du
0,75 taux de change du dollar canadien accroît la quantité
demandée de celui-ci et entraîne un mouvement
2 vers le bas le long de la courbe de demande de
Une baisse du taux
de change accroît dollars canadiens.
0,70 la quantité demandée
de dollars. D

0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)

Plus cet écart est élevé, plus la demande de biens et services canadiens est importante,
et plus la demande de dollars canadiens s’accroît sur le marché des changes.
LE TAUX DE CHANGE ANTICIPÉ Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de
change anticipé est élevé, plus la demande de dollars canadiens est forte. Pour saisir ce
phénomène, mettez-vous à la place du directeur financier de Dell. Aujourd’hui, le dollar
canadien vaut 0,75 $ US, mais vous pensez que son prix grimpera à 0,80 $ US à la fin du
mois. Vous décidez donc d’acheter maintenant 1 000 000 $ au prix de 750 000 $ US. À
la fin du mois, le dollar canadien grimpe à 0,80 $ US, comme vous l’aviez prévu. Vous
vendez alors 1 000 000 $ au prix de 800 000 $ US, et vous réalisez un profit de 50 000 $ US.
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change anticipé est élevé, plus le
profit anticipé est important, et plus la demande de dollars canadiens est forte.
La figure 10.2 résume les facteurs qui influent sur la demande de dollars. Une hausse
de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une hausse
du taux de change anticipé accroît la demande de dollars et déplace la courbe de demande
vers la droite, de D0 à D1. Une baisse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du
Canada et des autres pays ou une baisse du taux de change anticipé réduit la demande de
dollars canadiens et déplace la courbe de demande vers la gauche, de D0 à D2.

L’OFFRE SUR LE MARCHÉ DES CHANGES


La quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes – c’est-à-dire la
quantité de dollars canadiens que les intervenants du marché des changes ont l’intention
de vendre au cours d’une période donnée et à un taux de change donné – varie selon
plusieurs facteurs, notamment :
• Le taux de change ;
• Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ;
• Les taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ;
• Le taux de change anticipé.
Examinons d’abord la relation entre le taux de change et la quantité offerte de dollars
canadiens sur le marché des changes.
250 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Figure 10.2 Les variations de la demande de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)


0,90

0,85 1
Augmentation de
la demande de dollars

1  La demande de dollars canadiens augmente si…


0,80 • l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation
du Canada et des autres pays augmente ;
• le taux de change anticipé monte.
2  La demande de dollars canadiens diminue si…
0,75 • l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation
du Canada et des autres pays diminue ;
2 D1 • le taux de change anticipé baisse.
Diminution de
la demande de dollars
0,70
D0
D2

0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)

Une variation de la quantité offerte de dollars canadiens


Les cambistes offrent des dollars canadiens sur le marché des changes quand les gens
et les entreprises d’ici achètent des devises étrangères afin de se procurer des biens et
produits ailleurs (importations canadiennes) ainsi que des actifs étrangers (comptes
bancaires, obligations, actions, entreprises, immeubles, etc.). La loi de l’offre s’applique
aux devises comme à tout ce que les gens ont l’intention de vendre.
Plus le taux de change est élevé, plus la quantité offerte de dollars canadiens sur le
marché des changes est importante. Par exemple, si le dollar canadien grimpe de
0,75 $ US à 0,80 $ US et que tous les autres facteurs restent constants, la quantité de
dollars canadiens que les gens prévoient vendre sur le marché des changes augmente.
Le taux de change du dollar canadien influe sur la quantité offerte de dollars canadiens
pour deux raisons :
• L’effet des importations ;
• L’effet des profits anticipés.
L’EFFET DES IMPORTATIONS Plus la valeur des importations canadiennes est élevée, plus
la quantité demandée de devises étrangères pour payer ces importations est importante.
Quand ils achètent des devises étrangères, les Canadiens offrent leurs dollars en retour.
Par conséquent, plus la valeur des importations canadiennes est élevée, plus la quantité
offerte de dollars canadiens est importante sur le marché des changes. Mais la valeur
des importations canadiennes dépend du taux de change. Toutes choses étant égales par
ailleurs, plus le taux de change est élevé, plus les produits étrangers sont bon marché
pour les Canadiens, et plus les importations canadiennes augmentent, ce qui accroît la
quantité offerte de dollars canadiens.
L’EFFET DU PROFIT ANTICIPÉ Plus le profit anticipé de l’achat d’une devise étrangère est
élevé, plus la quantité demandée de cette devise est importante, et plus la quantité offerte
de dollars canadiens sur le marché des changes s’accroît. Cependant, le profit anticipé
de l’achat d’une devise étrangère dépend du taux de change. Toutes choses étant égales
par ailleurs, plus le taux de change du dollar canadien est élevé, plus le profit anticipé
de la vente de dollars canadiens l’est aussi, et plus la quantité offerte de dollars cana-
diens s’accroît sur le marché des changes.
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 251

À cause de l’effet des importations et de l’effet du profit anticipé, quand le taux de


change du dollar canadien monte, la quantité offerte de dollars canadiens sur le marché
des changes augmente. Inversement, quand le taux de change du dollar canadien baisse,
la quantité offerte de dollars canadiens sur le marché des changes diminue.
La figure 10.3 montre la courbe d’offre de dollars canadiens sur le marché des
changes. Une hausse du taux de change du dollar canadien accroît la quantité offerte de
dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le haut le long de la courbe d’offre.
Inversement, une baisse du taux de change du dollar canadien réduit la quantité offerte
de dollars canadiens et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe d’offre.

Figure 10.3 L’offre de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)


0,90

0,85 1 Toutes choses étant égales par ailleurs,


Une hausse du taux de change
la quantité de dollars canadiens que les gens
accroît la quantité offerte
de dollars canadiens. ont l’intention de vendre dépend du taux de
change du dollar canadien.
0,80 1  Une hausse du taux de change du dollar
canadien accroît la quantité offerte de dollars
canadiens et entraîne un mouvement vers le
haut le long de la courbe d’offre de dollars
0,75 canadiens.
2  Une baisse du taux de change réduit la quantité
offerte de dollars canadiens et entraîne un
mouvement vers le bas le long de la courbe
2 d’offre de dollars canadiens.
Une baisse du taux
0,70 de change réduit la
quantité offerte
de dollars canadiens.

0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)

Une variation de l’offre de dollars canadiens


Une variation de tout autre facteur influant sur la quantité de dollars que les gens pré-
voient vendre modifie l’offre de dollars canadiens (à la hausse ou à la baisse) et déplace
la courbe d’offre de dollars canadiens. Ces autres facteurs sont les mêmes que ceux
influant sur la demande, mais ils ont l’effet opposé. Ce sont donc :
• Les taux d’intérêt au Canada et dans d’autres pays ;
• Les taux d’inflation au Canada et dans d’autres pays ;
• Le taux de change anticipé.
LES TAUX D’INTÉRÊT AU CANADA ET DANS D’AUTRES PAYS Plus les taux d’intérêt cana-
diens sont élevés par rapport à ceux des autres pays, plus la demande d’actifs étrangers
est faible, et plus l’offre de dollars canadiens sur le marché des changes l’est aussi.
LES TAUX D’INFLATION AU CANADA ET DANS D’AUTRES PAYS Plus le taux d’inflation au
Canada est faible par rapport à celui des autres pays, plus la demande de biens et ser-
vices étrangers par les Canadiens est faible, et plus l’offre de dollars canadiens sur le
marché des changes l’est aussi.
LE TAUX DE CHANGE ANTICIPÉ Plus le taux de change anticipé est élevé, plus l’offre de
dollars est faible. Pour illustrer ce phénomène, supposons que le dollar canadien vaut
0,75 $ US aujourd’hui, et que vous pensez qu’il vaudra 0,80 $ US à la fin du mois. Dans
ce cas, même si vous aviez l’intention de vendre des dollars canadiens aujourd’hui, vous
252 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

décidez d’attendre à la fin du mois. En effet, aujourd’hui, vous n’aurez que 0,75 $ US
pour un dollar canadien, tandis que, si vos prévisions se réalisent, vous en obtiendrez
0,80 $ US à la fin du mois – un profit de 0,05 $ US par dollar. Donc, toutes choses étant
égales par ailleurs, plus le taux de change anticipé est élevé, plus le profit anticipé de la
vente immédiate de dollars canadiens est faible, et plus l’offre immédiate de dollars
canadiens est faible elle aussi.
La figure 10.4 résume les facteurs qui influent sur l’offre de dollars canadiens. Une
hausse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou
une hausse du taux de change anticipé réduit l’offre de dollars canadiens et déplace la
courbe d’offre de dollars canadiens vers la gauche, de O0 à O1. Inversement, une baisse
de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une
baisse du taux de change anticipé augmente l’offre de dollars canadiens et déplace la
courbe d’offre de dollars canadiens vers la droite, de O0 à O2.

L’équilibre du marché
La figure 10.5 montre comment l’offre et la demande déterminent le taux de change sur
le marché des changes. La demande est représentée par la courbe D, et l’offre, par la
courbe O. Comme dans les autres marchés, le prix (le taux de change de la devise) joue
le rôle de régulateur. Si le taux de change d’une devise est trop élevé, il y a un surplus
– la quantité offerte de cette devise dépasse la quantité demandée. Par exemple, à la
figure 10.5, quand le taux de change du dollar canadien est de 0,80 $ US, il y a une offre
excédentaire de dollars canadiens sur le marché des changes.
Si le taux de change d’une devise est trop bas, il y a une pénurie – la quantité offerte
de cette devise est inférieure à la quantité demandée. Ainsi, on voit à la figure 10.5 que
l’offre de dollars canadiens est déficitaire à un taux de change de 0,70 $ US.
Au taux de change d’équilibre, il n’y a ni pénurie ni surplus ; la quantité offerte est
égale à la quantité demandée. À la figure 10.5, le taux de change d’équilibre du dollar
canadien est de 0,75 $ US. À ce taux, la quantité demandée et la quantité offerte corres-
pondent toutes les deux à 50 G$ par jour.

Figure 10.4 Les variations de l’offre de dollars canadiens

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)


0,90
O1
O0
O2

0,85

1  L’offre de dollars canadiens augmente si…


2
Diminution • l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation
0,80 de l’offre de dollars du Canada et des autres pays diminue ;
• le taux de change anticipé baisse.
2  L’offre de dollars canadiens diminue si…

0,75 • l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation


du Canada et des autres pays augmente ;
• le taux de change anticipé monte.

1
0,70 Augmentation
de l’offre
de dollars

0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 253

Figure 10.5 Le taux de change d’équilibre

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)


0,90

1 O
Excédent de dollars
canadiens à 0,80$US
0,85 La demande de dollars canadiens est représentée
par la courbe D, et l’offre, par la courbe O.
1  Si le taux de change du dollar canadien est de
0,80 $ US, il y a un surplus de dollars canadiens,
0,80 ce qui fait baisser le taux de change.
2  Si le taux de change du dollar canadien est de
0,70 $ US, il y a une pénurie de dollars canadiens,
3
Équilibre ce qui fait monter le taux de change.
0,75 à 0,75$US
3  Si le taux de change est de 0,75 $ US, il n’y a
ni pénurie ni surplus, et le taux de change du
dollar canadien reste constant. Le marché est
en équilibre.
0,70
D
2
Pénurie de dollars
canadiens à 0,70$US

0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)

Les forces de l’offre et de la demande ramènent constamment le marché des changes


à l’équilibre. Les cambistes sont toujours à la recherche du meilleur prix. S’ils vendent,
ils veulent le prix le plus élevé possible ; s’ils achètent, ils veulent le prix le plus bas
possible. L’information circule entre les cambistes grâce à un réseau mondial d’ordina-
teurs, et les prix se modifient de seconde en seconde pour que les intentions d’achat
correspondent aux intentions de vente. Autrement dit, les prix s’ajustent constamment
pour garder le marché en équilibre.

LES VARIATIONS DU TAUX DE CHANGE


Si la demande de dollars canadiens augmente et que l’offre ne varie pas, le taux de
change du dollar canadien monte ; si la demande de dollars canadiens diminue et que
l’offre ne varie pas, le taux de change baisse. De même, si l’offre de dollars canadiens
diminue et que la demande ne varie pas, le taux de change du dollar canadien monte ;
si l’offre de dollars canadiens augmente et que la demande ne varie pas, le taux de
change du dollar canadien baisse.
Ces prévisions relatives aux effets des variations de l’offre et de la demande sont les
mêmes que pour n’importe quel autre marché.
Le dollar se déprécie et s’apprécie, mais la quantité de dollars échangée quotidien-
nement varie à peine. Ce phénomène s’explique principalement par le fait que l’offre et
la demande peuvent se modifier en même temps sur le marché des changes.
Quand nous avons étudié l’offre et la demande de dollars canadiens, nous avons vu
qu’elles sont influencées par les mêmes facteurs. La variation du taux de change anticipé
ou de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays modifie à
la fois l’offre et la demande, et ce, dans des directions opposées, de sorte que le taux de
change peut fluctuer même si la quantité échangée de dollars ne varie pas beaucoup.
Le « Coup d’œil sur le passé » montre comment se manifestent ces effets communs
de l’offre et de la demande en étudiant deux épisodes de notre histoire économique :
dans le premier, le dollar se déprécie, et dans le second, il s’apprécie.
254 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Coup d’œil
SUR LE PASSÉ

Pourquoi le taux de change est-il si volatil ?


Le dollar canadien s’apprécie et se déprécie continuellement par De 2002 à 2007, le dollar canadien s’est apprécié par rapport
rapport au dollar américain. Les attentes quant à son éventuelle au dollar américain, grimpant de 0,62 $ US à 1,09 $ US. La figure 2
appréciation ou dépréciation par rapport à la devise américaine illustre cette appréciation. En 2002, la demande de dollars
expliquent en grande partie la volatilité du taux de change du canadiens était représentée par la courbe D02, et l’offre, par la
dollar canadien sur le marché des changes. courbe O02. Le taux de change du dollar canadien s’établissait
à 0,62 $  US. Les années suivantes, les cambistes s’attendaient
De 1991 à 2002, le dollar canadien s’est déprécié par rapport à ce que le dollar canadien s’apprécie  ; ils anticipaient une
au dollar américain, passant de 0,87 $ US à 0,62 $ US. La figure 1 hausse du taux de change. Par conséquent, la demande de
illustre les raisons de ce phénomène. En 1991, la demande de dollars canadiens s’est accrue, et l’offre a diminué. La courbe
dollars canadiens était représentée par la courbe D91 ; l’offre, par de demande de dollars canadiens s’est déplacée vers la droite
la courbe O91. Le taux de change du dollar canadien se situait jusqu’à D07, et la courbe d’offre, vers la gauche jusqu’à O07. Le
à 0,87 $ US, à l’intersection de ces courbes. De 1991 à 2002, les taux de change du dollar canadien a augmenté de 75,8 %, pour
cambistes s’attendaient à ce que le dollar canadien se déprécie ; atteindre 1,09 $ US.
ils anticipaient une baisse du taux de change. Par conséquent, la
demande de dollars canadiens a diminué, et l’offre a augmenté ; Comment une baisse du taux de change anticipé du dollar
la courbe de demande s’est déplacée de D91 à D02, et la courbe canadien par rapport au dollar américain peut-elle entraîner
d’offre, de O91 à O02. Ces déplacements se sont renforcés une dépréciation du dollar canadien sur le marché des changes ?
mutuellement, ce qui a fait tomber le taux de change du dollar Comment une hausse du taux de change anticipé du dollar
canadien à 0,62 $ US. canadien par rapport au dollar américain peut-elle entraîner
une appréciation du dollar canadien sur le marché des changes ?

Figure 1 Figure 2
Dépréciation du dollar canadien de 1991 à 2002 Appréciation du dollar canadien de 2002 à 2007
Taux
Tauxde
dechange
change(en
(endollars
dollarsaméricains
américainspar
pardollar)
dollar) Taux
Tauxde
dechange
change(en
(endollars
dollarsaméricains
américainspar
pardollar)
dollar)
11
On
Onanticipe
anticipe OO0707
OO9191
une
unedépréciation
dépréciation
du
dudollar
dollarcanadien.
canadien.
OO 0202 1,09
1,09
OO0202

0,87
0,87
11
On
Onanticipe
anticipe
une
uneappréciation
appréciation
DD9191 du
dudollar
dollarcanadien.
canadien.
DD0707
0,62
0,62
22
Le
Ledollar
dollar
se
sedéprécie.
déprécie. DD0202 0,62
0,62
22
Le
Ledollar
dollar
s’apprécie.
s’apprécie. DD0202
00 QQ00 00 QQ00
Quantité
Quantité(en
(enG$
G$par
parjour)
jour) Quantité
Quantité(en
(enG$
G$par
parjour)
jour)

(a)
(a)De
De1991
1991àà2002
2002 (b)
(b)De
De2002
2002àà2007
2007
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 255

10.2
2 Expliquer comment s’établit le taux de change de notre dollar et pourquoi il fluctue

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Illustrez l’effet de chacun de ces événements sur le marché 2. Illustrez l’effet de chacun de ces événements sur le marché
des changes de la devise canadienne. des changes de la devise canadienne.
a) Le Canada affiche le plus bas taux d’inflation du G7. a) Le taux d’inflation au Canada augmente plus
b) Les taux d’intérêt au Canada sont plus élevés qu’aux rapidement qu’aux États-Unis.
États-Unis. b) Les taux d’intérêt au Canada sont plus faibles qu’aux
c) Les cambistes anticipent une dépréciation de la États-Unis.
devise canadienne. c) Les cambistes anticipent une appréciation prochaine
de la devise canadienne.

RÉPONSES
1. a) Pour les étrangers, un taux d’inflation au Canada plus faible rend Figure 1 Figure 2
les biens et services canadiens moins chers que ceux de leur
Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de chang
propre pays. Pour les Canadiens, c’est le contraire. Les exportations O0
O1
O0
canadiennes augmentent et les importations diminuent. Cela se
traduit par une hausse de la demande de dollars canadiens etO 1une T1 O1 T1
baisse de l’offre de dollars canadiens, et une augmentation du taux O0

de change du dollar canadien sur T 0 le marché des changes (voir la T0

figure 1).
b) Pour les étrangers, les taux d’intérêt plus élevés au Canada qu’aux D0 D0
D1
États-Unis rendent les actifs financiers
T1
canadiens plus attrayants. T1
Pour les Canadiens, les actifs financiers étrangers le sont moins. La
D1
demande de dollars canadiens augmente, alors que l’offre de dollars D1 T0 T0

canadiens diminue et que le taux de change du dollar canadien D0


augmente (voir la figure 1). 0 Q0 0 Q0 0 Q0 0
c) Cette anticipation par les cambistes d’une dépréciation Quantitéprochaine
(en G$ par jour) Quantité (en G$ par jour) Quantité (en G$ par jour)

du dollar canadien engendre une baisse de la demande de dollars


canadiens et une hausse de l’offre de dollars canadiens sur le marché
des changes. Le taux de change du dollar canadien diminue (voir la
figure 2).

LA BANQUE DU CANADA ET LE MARCHÉ


10.3 DES CHANGES
Le taux de change est volatil, le dollar s’apprécie, puis se déprécie… Est-il possible de le
stabiliser ? La Banque du Canada peut influer sur la valeur de notre devise sur le marché
des changes, et ce, de deux manières : en modifiant le taux directeur ou en intervenant
directement sur le marché des changes.

UNE MODIFICATION DU TAUX DIRECTEUR


Par sa politique monétaire, la Banque du Canada influe sur les taux d’intérêt au Canada,
ainsi que sur le taux de change (voir le chapitre 8). Lorsque la Banque du Canada relève le
taux directeur, les taux d’intérêt canadiens augmentent par rapport aux taux d’intérêt dans
d’autres pays, la demande d’actifs financiers canadiens augmente et la demande de dollars
canadiens s’accroît. Puis, la demande d’actifs financiers étrangers diminue et l’offre de
dollars canadiens diminue, et le taux de change augmente (le dollar canadien s’apprécie).
Inversement, quand la Banque du Canada abaisse le taux directeur, les taux d’intérêt
canadiens baissent par rapport aux taux d’intérêt dans d’autres pays, la demande
256 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

d’actifs financiers canadiens diminue et la demande de dollars canadiens baisse. Par


conséquent, la demande d’actifs financiers étrangers augmente et l’offre de dollars
canadiens augmente, et le taux de change diminue (le dollar canadien se déprécie).

UNE INTERVENTION DIRECTE SUR LE MARCHÉ DES CHANGES


La Banque du Canada pourrait intervenir directement sur le marché des changes. Elle
pourrait acheter ou vendre des dollars canadiens pour essayer d’atténuer les fluctuations
du taux de change.
Supposons que la Banque du Canada souhaite stabiliser le taux de change du dollar
canadien à 0,75 $ US. Dans ce cas, quand le taux de change dépasse 0,75 $ US, la Banque
vend des dollars canadiens pour acheter des dollars américains. Par cette mesure, la
Banque du Canada fait varier l’offre de dollars canadiens de manière à maintenir le taux
de change du dollar canadien le plus près possible de son taux cible de 0,75 $ US.
Quand le taux de change descend en deçà de
Saviez-vous que… 0,75 $ US, la Banque du Canada achète des dollars cana-
Jusqu’en 2013, il [le dollar canadien] était à parité diens pour vendre des dollars américains. Par cette
avec le billet vert, avant de redescendre à […] mesure, la Banque du Canada fait varier la demande de
70 cents américains en février 2016. Il s’agit du plus dollars canadiens de manière à maintenir le taux de
bas niveau atteint depuis la récession. Pourquoi ? En change du dollar canadien le plus près possible de son
2015, la Banque du Canada a réduit [à deux reprises] taux cible de 0,75 $ US.
son taux directeur afin de relancer l’économie. Or, la Notons que la Banque du Canada ne peut intervenir
Réserve fédérale américaine a pris le chemin inverse à que d’un seul côté du marché des changes, soit du côté
la fin de l’année et a commencé à augmenter le sien4. de l’offre, soit du côté de la demande.
Cet événement a-t-il modifié la demande de dollars
canadiens, l’offre de dollars canadiens ou les deux ? La figure 10.6 (page 257) illustre l’intervention de la
Quel est l’effet de cet événement sur le taux Banque du Canada sur le marché des changes. L’offre de
de change du dollar canadien ? dollars canadiens est représentée par la courbe O0 et, au
départ, la courbe D0 représente la demande. Le taux de
change d’équilibre du dollar canadien se situe à 0,75 $ US,
RÉPONSE

Les taux d’intérêt au Canada ont baissé alors que ceux aux États-Unis
ont augmenté. Cet écart entre les taux d’intérêt au Canada et ceux et c’est le taux cible de la Banque – indiqué par la droite
aux États-Unis a réduit la demande d’actifs financiers canadiens et a
fait augmenter la demande d’actifs financiers étrangers. La demande
horizontale rouge.
Supposons que la demande de dollars canadiens aug-
de dollars canadiens a diminué, alors que l’offre de dollars canadiens
s’est accrue. Ces deux déplacements se sont renforcés mutuellement,
mente et que la courbe de demande se déplace vers la
ce qui a fait baisser le taux de change du dollar canadien à 0,70 $ US.
droite jusqu’à D1. Le taux de change du dollar canadien
dépasse le taux cible. La Banque du Canada vend des
dollars canadiens pour acheter des dollars américains. Cette mesure augmente d’autant
l’offre de dollars canadiens et maintient le taux de change le plus près possible du taux
cible. La courbe d’offre se déplace vers la droite jusqu’à O1.
Par contre, si la demande de dollars canadiens ne cesse d’augmenter, la Banque ne
pourra pas maintenir indéfiniment le taux de change à 0,75 $ US, car cela l’obligerait à
vendre continuellement des dollars canadiens et à accumuler constamment des devises
étrangères, dans ce cas-ci des dollars américains.
De même, si le taux de change du dollar canadien demeure en deçà du taux cible, la
Banque ne pourra pas maintenir indéfiniment le taux de change à 0,75 $ US, car cela
l’obligerait à acheter continuellement des dollars canadiens et à vendre constamment
des dollars américains ; tôt ou tard, ses réserves de devises étrangères (en dollars amé-
ricains) s’épuiseraient et elle devrait y renoncer.
Pour ces raisons, en septembre 1998, la Banque du Canada a décidé de ne plus
intervenir directement sur le marché des changes, sauf en cas de crise majeure.

4. Pierre CLÉROUX., v.-p., économiste en chef, « Où s’en va le dollar canadien ? », Banque de dé-
veloppement du Canada (BDC), www.bdc.ca/fr/articles-outils/marketing-ventes-exportation/
exportation/pages/ou-va-dollar-canadien.aspx (page consultée le 29 avril 2016).
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 257

Figure 10.6 L’intervention de la Banque du Canada sur le marché des changes

Taux de change (en dollars américains par dollar canadien)


0,90

O0
0,85

Au départ, la demande de dollars canadiens est


O1
représentée par la courbe D0, et l’offre, par la
0,80 courbe O0. Le taux de change du dollar canadien
2 se situe à 0,75 $ US. 1  La Banque du Canada
La Banque du
Canada vend
peut intervenir sur le marché des changes pour
des dollars rapprocher le taux de change du dollar canadien
0,75
1
canadiens. de son taux cible (ici, 0,75 $ US).
Taux
de change Si la demande de dollars canadiens augmente, et
cible D1 que la courbe de demande se déplace de D0 à D1,
0,70 2  la Banque vend des dollars canadiens pour
D0 accroître l’offre.

0 30 40 50 60 70
Quantité (en milliards de dollars canadiens par jour)

COMBIEN COÛTERA VOTRE PROCHAIN


VOYAGE À L’ÉTRANGER ?
Si vous envisagez de passer vos prochaines vacances en Europe, vous aurez besoin
d’euros. Quel est le meilleur moyen de s’en procurer ? Vous pourriez simplement utiliser
votre carte bancaire ou votre carte de crédit dans un guichet automatique en Europe. Le
guichet vous donnera des euros et le montant vous sera facturé dans votre compte ban-
caire au Canada. Lorsque vous retirez des euros, le nombre d’euros que vous demandez
est multiplié par le taux de change afin de déterminer le montant en dollars canadiens
qui sera débité de votre compte bancaire.
Le taux de change qui sera facturé sera probablement très élevé, puisque votre ins-
titution financière touche une commission. Certaines institutions exigent jusqu’à 5 % en
commission. Renseignez-vous au préalable. Il serait peut-être avantageux d’acheter des
euros directement à votre institution ou à un bureau de change avant de partir en
voyage.
Une autre question vous est certainement venue à l’esprit : combien d’euros votre
budget vous permettra-t-il d’acheter ? Devriez-vous acheter des euros maintenant, au
taux actuel – qui est connu –, ou devriez-vous le faire juste avant de partir, quitte à tenter
votre chance avec le taux qui aura cours à ce moment-là ?
Personne ne peut répondre à cette question. Entretemps, vous pouvez toujours consul-
ter le site de la Banque du Canada à l’adresse suivante : www.banqueducanada.ca
/taux/taux-de-change/convertisseur-de-devises-taux-du-jour/ et convertir en euros le
montant de dollars canadiens dont vous pensez avoir besoin en voyage, et ce, au taux
du jour.
258 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

10.3
3 Expliquer comment la Banque du Canada pourrait influer sur le taux de change
de la devise canadienne

EXERCEZ-VOUS QUESTION SUPPLÉMENTAIRE


1. Supposons que le dollar canadien s’échangeait à 0,75 $ US 2. Supposons que le dollar canadien s’échangeait à 0,65  €
hier, et qu’il s’échange aujourd’hui à 0,80 $ US. hier, et qu’il s’échange aujourd’hui à 0,60 €.
a) Des deux devises, le dollar canadien et le dollar a) Des deux devises, le dollar canadien et l’euro, laquelle
américain, laquelle s’est appréciée et laquelle s’est s’est appréciée et laquelle s’est dépréciée aujourd’hui ?
dépréciée aujourd’hui ? b) Énumérez les événements qui auraient pu entraîner
b) Énumérez les événements qui auraient pu entraîner cette variation de la devise canadienne sur le marché
cette variation de la devise canadienne sur le marché des changes.
des changes. c) Ces événements ont-ils modifié la demande de dollars
c) Ces événements ont-ils modifié la demande de dollars canadiens, l’offre de dollars canadiens, ou les deux ?
canadiens, l’offre de dollars canadiens, ou les deux ? d) Si la Banque du Canada veut maintenir la valeur du
d) Si la Banque du Canada veut maintenir la valeur du dollar canadien à 0,65 €, quelles mesures pourrait-elle
dollar canadien à 0,75 $ US, quelles mesures pourrait- prendre ?
elle prendre ? e) Si la Banque du Canada décide d’intervenir
e) Si la Banque du Canada décide d’intervenir directement sur le marché des changes, quel serait
directement sur le marché des changes, quel serait l’effet de cette mesure sur ses réserves de devises
l’effet de cette mesure sur ses réserves de devises étrangères en euros ?
étrangères en dollars américains ?
RÉPONSES
1. a) Comme il coûte plus cher en dollars américains, le dollar canadien c) Les événements en (b) modifient à la fois la demande (à la hausse) et
s’est apprécié. Et comme il coûte moins cher en dollars canadiens, le l’offre (à la baisse) de dollars canadiens.
dollar américain s’est déprécié. d) Pour tenter de maintenir la valeur du dollar canadien à 0,75 $ US, la
b) Cette appréciation du dollar canadien peut résulter de taux d’intérêt Banque du Canada pourrait réduire le taux directeur ou intervenir
canadiens supérieurs aux taux américains, de taux d’inflation directement en vendant des dollars canadiens pour acheter des
inférieurs au Canada qu’aux États-Unis ou d’une hausse anticipée du dollars américains sur le marché des changes.
taux de change du dollar canadien. e) Cette mesure augmenterait ses réserves de devises étrangères en
dollars américains.
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 259

Coup d’œil
SUR LE PASSÉ

Le taux de change du dollar canadien de 1947 à 2015 : fixe ou flexible ?


De juillet 1946 à septembre 1950, le Canada fonctionnait sous Canada retourne à un régime de change fixe. De 1962 à 1970, le
un régime de change fixe, soit la fixation et le maintien du taux taux de change cible du dollar canadien était de 0,925 $ US, avec
de change du dollar canadien par rapport au dollar américain, une marge de fluctuation de ±1 %.
ne pouvant fluctuer qu’à l’intérieur de marges préétablies très
étroites. Ainsi, durant ces quatre années, le taux de change cible En 1970, le Canada adopte définitivement un régime
du dollar canadien par rapport au dollar américain était de de change flexible. Dès l’annonce de cette décision, le taux
0,9091 $ US, avec une marge de fluctuation de ±1 %. de change grimpe rapidement pour atteindre la parité avec
le dollar américain en 1972, et un sommet de 1,0443 $  US le
En septembre 1950, craignant les pressions inflationnistes 25  avril 1974. De 1974 à 2002, le taux de change canadien
et l’accroissement de sa dette extérieure consécutif à des entrées n’a cessé de baisser, sauf entre 1986 et 1991, pour atteindre
massives de capitaux au pays, le Canada opte pour un régime de un creux record (0,6179 $ US) le 21 janvier 2002. Durant cette
change flexible. Sous ce régime, le taux de change est déterminé période, la Banque du Canada est intervenue afin de contrer les
par l’offre et la demande de dollars canadiens sur le marché des pressions à la baisse qui s’exerçaient sur le taux de change du
changes, sans intervention de la Banque centrale (sauf en cas de dollar canadien, et ce, jusqu’en septembre 1998, où elle a mis
crise majeure). Au lendemain du changement de régime, le taux fin à toutes interventions sur le marché des changes, jugeant
de change du dollar canadien grimpe rapidement à 0,95 $ US. De celles-ci inefficaces.
1952 à 1960, il fluctue entre 1,02 $ US et 1,06 $ US5.
À partir de 2002, le dollar canadien ne cesse de s’apprécier
Cette décision du Canada allait à l’encontre des accords par rapport à la devise américaine, fracassant le record de 1957
de Bretton Woods, signés le 22  juillet 1944 aux États-Unis, qui pour atteindre 1,09 $  US au début de novembre 2007. Il s’est
n’autorisaient le recours à un taux de change flexible que de façon ensuite déprécié jusqu’à 0,773 $ US au début de mars 2009, au
temporaire en cas de crise majeure. Ce n’est qu’en 1962 que le creux de la récession, pour enfin remonter et se maintenir près
de la parité jusqu’en 2013. En dépit de toutes ses prouesses,
notre huard est loin du record de tous les temps de 2,78 $ US,
Le taux de change du dollar canadien depuis 1946 inscrit le 11 juillet 1864, au plus fort de la guerre de Sécession
Taux de change du dollar canadien par rapport au dollar américain (moyenne annuelle)
américaine6.
1,10
Taux de change fixe
1,05
Le 7 novembre 2007, le
dollar canadien valait 1,09 $ US.
Depuis 2013, le dollar a recommencé à se déprécier pour
1,00
atteindre, à la mi-janvier 2016, 0,69 $ US, le plus bas taux atteint
depuis la Grande Récession de 2008-2009.
0,95

0,90
Quelle est la différence entre un régime de change fixe et
0,85 Parité entre le dollar canadien
et le dollar américain un régime de change flexible ? Quel était le taux de change cible
0,80 du dollar canadien de juillet 1946 à septembre 1950 et de 1962
0,75 à 1970 ? Quel a été le taux de change du dollar canadien le plus
0,70 bas et le plus haut jamais atteint jusqu’à maintenant ?
0,65

0,60 Creux de 0,6179 $ US


atteint le 21 janvier 2002
0,55

0 1950 1960 1970 1980 1990 2000 2010


Année

Source : Banque du Canada, en ligne : www.banqueducanada.ca/taux/taux-de-change/


moyennes-annuelles/ (page consultée le 29 avril 2016).

5. Les taux de change représentés dans la figure sont des moyennes annuelles ; ils 6. Pour une perspective historique détaillée, voir l’excellente monographie de
ne rendent pas compte des changements, parfois importants, qui surviennent au James Powell (2005), Le dollar canadien : une perspective historique, Banque du
cours de chaque année. Canada. Disponible en ligne gratuitement.
260 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

Le chapitre 10 en bref

1 Décrire les comptes de la balance des paiements d’un pays, et expliquer


la différence entre un emprunteur net et un prêteur net

Solde de la balance des paiements


Solde du compte courant + Solde du compte financier ± Divergence statistique

Solde du compte courant Solde du compte capital et financier


= Exportations nettes = Solde du compte capital + Solde du compte financier
+ Revenus primaires nets
+ Revenus secondaires nets Solde du Solde du compte financier
Emprunteur net compte capital = Investissements étrangers au Canada
• Compte courant déficitaire = Entrées de fonds – Investissements canadiens à l’étranger
(emprunte plus qu’il ne prête) – Sorties de fonds ± Réserves officielles internationales

Prêteur net
• Compte courant excédentaire
(prête plus qu’il n’emprunte)

2 Expliquer comment s’établit le taux de change de notre dollar et pourquoi il fluctue

Marché des changes


Lieu où s’échangent des devises étrangères contre des devises nationales et où se détermine le taux de change

Demande de dollars canadiens Offre de dollars canadiens


Plus le taux de change est bas, plus la Plus le taux de change est bas, plus la
quantité demandée de dollars canadiens quantité offerte de dollars canadiens est
est importante (mouvement le long de la faible (mouvement le long de la courbe
courbe de demande de dollars canadiens). d’offre de dollars canadiens).

Modification de la demande et de l’offre de dollars canadiens


• Écart de taux d’intérêt ou de taux d’inflation entre le Canada et les autres pays
• Variations du taux de change anticipé

3 Expliquer comment la Banque du Canada pourrait influer sur le taux de change de la devise canadienne

Modification du taux directeur Achat ou vente de devises étrangères


Hausse du taux directeur Achat de dollars canadiens
• Hausse de la demande de dollars canadiens et vente de devises étrangères
• Baisse de l’offre de dollars canadiens • Hausse de la demande de dollars canadiens
• Appréciation du taux de change de la devise canadienne • Appréciation du taux de change de la devise canadienne
Baisse du taux directeur Achat de devises étrangères
et vente de dollars canadiens
• Baisse de la demande de dollars canadiens
• Hausse de l’offre de dollars canadiens • Hausse de l’offre de dollars canadiens
• Dépréciation du taux de change de la devise canadienne • Dépréciation du taux de change de la devise canadienne
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 261

Questions
de révision
Au terme de la section 10.1, Le financement du commerce 3. Le tableau 2 montre la balance des paiements partielle
international, répondez aux questions 1 à 4. de trois pays : l’Alpha, le Bêta et le Gamma. Calculez les
données manquantes.
1. Dites si les transactions suivantes représentent une entrée
ou une sortie de fonds pour le Canada, et précisez lequel de Tableau 2
ces trois soldes elle modifie : le solde du compte courant, le
solde du compte capital ou le solde du compte financier. Balance des paiements
(en milliards de dollars)
a) Un éleveur de porc de la Beauce expédie 2 000 tonnes Alpha Bêta Gamma
de porc au Japon.
Compte courant
b) Le gouvernement canadien accroît son aide
économique au Darfour de 500 M$. Exportations de
+200 +300
c) Des investisseurs chinois achètent trois des plus biens et services
grandes mines de charbon du Canada. Importations de
-320 -250
d) Des fonds de placement américains achètent pour biens et services
100 M$ de bons du Trésor canadiens. Revenus primaires nets +14 -10 -15
e) Une entreprise pharmaceutique européenne achète un
brevet à une compagnie québécoise. Revenus secondaires nets -4 +5 -5
f) Bombardier vend 50 avions Q400 à un transporteur Solde du compte courant +20
danois. Compte capital
g) Le gouvernement canadien annule la dette de 500 M$ et financier
de la Zizanie.
Compte capital :
h) Un résident canadien expédie 1 000 $ par mois à ses
parents au Liban. Entrées de capital +20 +15
i) Un Russe émigre au Canada avec sa fortune Sorties de capital -10 -10
personnelle. Solde du compte capital +10
j) La Banque du Canada achète des euros pour le
Compte financier :
compte du Fonds de change du ministère des Finances
canadien. Investissements
+80 +100 +100
2. Les données du tableau 1 décrivent l’économie du Pays étrangers au pays
des Glaces, dont la devise est le glaçon, en 2015. Investissements
-125
du pays à l’étranger
Tableau 1
Solde du compte financier -22 +20
(en milliards
Poste Solde du compte
de glaçons) -20
capital et financier
Importations de biens et services 250
Divergence statistique +2
Exportations de biens et services 150
Revenus primaires nets -10 4. Qu’est-ce qu’un emprunteur net ? Qu’est-ce qu’un prêteur net ?
Donnez des exemples de pays qui sont dans cette situation.
Revenus secondaires nets +35
Entrées de capital 25 Au terme de la section 10.2, Le taux de change, répondez
aux questions 5 à 8.
Sorties de capital 21
5. Toutes choses étant égales par ailleurs, dites si ces événe-
Investissements étrangers
125 ments entraînent une appréciation ou une dépréciation du
au Pays des Glaces
dollar canadien.
Investissements du Pays des Glaces
55 a) La FED (la banque centrale des États-Unis) baisse son
à l’étranger
taux directeur.
a) Calculez le solde du compte courant. b) Les cambistes anticipent une baisse du taux de change
du dollar canadien par rapport à l’euro.
b) Calculez le solde du compte capital
c) La BCE (la Banque centrale européenne) hausse son
c) Calculez le solde du compte financier.
taux directeur.
d) Calculez le solde du compte capital et financier. d) Les cambistes anticipent une appréciation du yen par
e) Calculez la divergence statistique. rapport au dollar canadien dans les mois qui viennent.
f) Le Pays des Glaces est-il un emprunteur net ou un e) Le taux d’inflation aux États-Unis est plus élevé qu’au
prêteur net ? Pourquoi ? Canada.
262 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE

6. Laquelle des deux figures illustre l’effet de chacun des 8. Le dollar canadien se déprécie. Lesquels des événements
événements mentionnés à la question 5. suivants peuvent avoir entraîné cette dépréciation ?
Pourquoi ?
Figure 1 Figure 2
Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de change (en dollars américains par dollar)
a) Les Canadiens achètent de plus en plus d’actions de
O0
O1 compagnies étrangères.
b) Les étrangers augmentent leurs achats d’obligations
O1 T1
canadiennes.
O0
T0 c) Les cambistes anticipent une dépréciation du dollar.
d) Les taux d’intérêt canadiens ont augmenté par rapport
D0
D1 à ceux des États-Unis.
T1
e) Les taux d’intérêt canadiens ont diminué par rapport
D1 T0 à ceux des États-Unis.
D0
Au terme de la section 10.3, La Banque du Canada et le
0 Q0 0 Q0
Quantité (en G$ par jour) Quantité (en G$ par jour) marché des changes, répondez aux questions 9 et 10.
9. Le dollar canadien s’apprécie pour atteindre 1 $ US. La
7. Le dollar canadien s’apprécie. Lesquels des événements Banque du Canada décide d’intervenir sur le marché des
suivants peuvent avoir entraîné cette appréciation ? changes pour le stabiliser.
Pourquoi ?
a) Quelles mesures la Banque peut-elle prendre
a) Les Canadiens achètent de plus en plus d’actions pour atteindre son objectif ?
de compagnies étrangères. b) La Banque pourrait-elle maintenir ces mesures
b) Les étrangers augmentent leurs achats d’obligations indéfiniment ? Justifiez votre réponse.
canadiennes.
10. Le dollar canadien se déprécie pour atteindre 0,60 $ US. La
c) Les cambistes anticipent une appréciation du dollar. Banque du Canada décide d’intervenir sur le marché des
d) Les taux d’intérêt canadiens ont augmenté par rapport changes pour le stabiliser.
à ceux des États-Unis.
a) Quelles mesures la Banque peut-elle prendre ?
e) Les taux d’intérêt canadiens ont diminué par rapport
à ceux des États-Unis. b) La Banque pourrait-elle maintenir ces mesures
indéfiniment ? Justifiez votre réponse.
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 263

Appliquez
vos savoir-faire
Le huard s’envole !
Depuis le début de l’année 2016, la hausse de l’or noir a fait s’envoler le huard
[le dollar canadien]. « Depuis le début de l’année, le baril de pétrole est passé de
moins de 30 $ à 41 $ [US] », explique Hendrix Vachon, économiste principal au
Mouvement Desjardins. Il montre aussi du doigt les perspectives économiques
moins roses aux États-Unis. « Depuis le début de l’année, plusieurs devises ont
rebondi par rapport au dollar américain », note l’économiste. Finalement, les
bonnes données économiques canadiennes, comme la hausse de l’emploi,
ont aussi contribué à hausser la valeur de la monnaie canadienne7.

a) Quels événements expliquent le rebond de la devise canadienne depuis


le début de l’année 2016 ?

b) Ces événements entraînent-ils une appréciation ou une dépréciation du


dollar canadien sur le marché des changes ? Expliquez et illustrez votre
réponse.

7. Stéphane DUSSEAULT, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le journal de Mon-
tréal, jeudi 14 avril 2016, http://www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moins- Depuis le début de l’année 2016, le dollar canadien s’est apprécié
cheres-avec-lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016). par rapport au dollar américain.

MOTS CLÉS
Appréciation d’une devise, 247 Emprunteur net, 245
Balance des paiements, 240 Marché des changes, 246
Compte capital et financier, 240 Prêteur net, 245
Compte courant, 240 Réserves officielles internationales du Canada, 241
Dépréciation d’une devise, 247 Taux de change, 247
GLOSSAIRE

A Budget fédéral Document annuel qui fait état des revenus et des dé-
penses du gouvernement du Canada, ainsi que du solde budgétaire qui
Appréciation d’une devise Augmentation de la valeur d’une devise par en résulte. (p. 160)
rapport à une autre. (p. 247)
Avantage absolu Avantage que détient un pays sur un autre lorsque,
pour un bien ou un service, sa production par unité de facteur est supé-
C
rieure. (p. 225) Caisse populaire ou caisse d’économie Coopérative de crédit de juri-
diction provinciale possédée et dirigée par ses membres, et qui fournit à ces
Avantage comparatif Avantage que détient un pays qui peut produire derniers les mêmes services qu’une banque. (p. 190)
un bien ou un service à un coût moindre que celui d’un autre pays. (p. 217)
Capital Outils, instruments, machinerie, édifices et autres constructions
que les entreprises utilisent pour produire des biens et services. (p. 7)
B Capital humain Savoirs, compétences et habiletés qu’on acquiert par les
Balance des paiements Bilan des activités commerciales et financières études, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail. (p. 8)
d’un pays sur la scène internationale pour une période donnée. (p. 240)
Cession en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre
Banque à charte Entreprise privée qui a obtenu du gouvernement fédéral à ses négociants principaux de leur vendre des titres du gouvernement
une charte l’autorisant à recevoir des dépôts et à accorder des prêts. (p. 190) canadien en s’engageant à les leur racheter le jour ouvrable suivant à un
prix convenu d’avance ; exerce une pression à la hausse sur le taux du finan-
Banque centrale Organisme public qui, dans un pays, est responsable cement à un jour. (p. 200)
de l’émission des billets de banque, agit comme agent financier du gouver-
nement central, offre des services bancaires à ce dernier ainsi qu’aux insti- Ceteris paribus Expression latine qui signifie « toutes choses étant égales
tutions de dépôt, sert de prêteur en dernier ressort à celles-ci, conduit la par ailleurs », ou, plus explicitement, « si tous les autres facteurs pertinents
politique monétaire et s’emploie à favoriser la fiabilité, la solidité, l’efficacité restent constants ». (p. 18)
et la compétitivité du système financier. (p. 196)
Chômage Situation d’une personne, d’une entreprise ou d’un secteur de
Banque du Canada Banque centrale du Canada. (p. 196) l’activité économique caractérisée par le manque de travail. (p. 120)

Barème de demande Liste des quantités demandées d’un bien, d’un Chômage cyclique (ou conjoncturel) Chômage dont les fluctuations
service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs su- coïncident avec celles du cycle économique ; augmente en période de réces-
sceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. (p. 53) sion et diminue en période d’expansion. (p. 121)

Barème d’offre Liste des diverses quantités offertes d’un bien, d’un Chômage frictionnel Chômage qui résulte de la mobilité normale de la
service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs main-d’œuvre, c’est-à-dire du fait que des gens intègrent ou quittent conti-
susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. (p. 59) nuellement le marché du travail. (p. 121)

Barrière commerciale non  tarifaire Toute mesure qui limite le com- Chômage saisonnier Chômage qui résulte de la baisse du nombre d’em-
merce international autre qu’un tarif douanier. (p. 227) plois en raison de contraintes saisonnières. (p. 121)

Bien ou service final Bien ou service destiné à son utilisateur final, et Chômage structurel Chômage qui apparaît quand le progrès technolo-
non à la production d’un autre bien ou d’un autre service. (p. 82) gique ou la concurrence internationale change les compétences requises
pour occuper un emploi ou modifie la localisation des emplois. (p. 121)
Bien ou service inférieur Bien ou service dont la demande diminue
quand le revenu augmente, et dont la demande augmente quand le reve- Coefficient de réserves désirées Pourcentage des dépôts que les insti-
nu diminue. (p. 55) tutions de dépôt jugent nécessaire de détenir sous forme de réserves. (p. 193)

Bien ou service intermédiaire Bien ou service produit par une entre- Complément Bien ou service consommé avec un autre. (p. 54)
prise, acheté par une autre entreprise et utilisé dans la production d’un Complément de production Bien ou service produit conjointement
autre bien ou d’un autre service. (p. 82) avec un autre.  (p. 60)
Bien ou service normal Bien ou service dont la demande augmente Compte capital et financier Bilan en deux comptes (1) des transferts
quand le revenu augmente, et dont la demande diminue quand le reve- en capital et des échanges d’actifs intangibles (compte capital), et (2) des
nu diminue. (p. 55) investissements étrangers au Canada et des investissements du Canada à
Biens d’investissement Biens que les entreprises achètent pour ac- l’étranger (compte financier). (p. 240)
croître leur capacité de production. (p. 6) Compte courant Bilan des recettes et des paiements d’un pays sur la
Biens et services Produits que les êtres humains valorisent et produisent scène internationale pour une période donnée  ; son solde est égal à la
pour satisfaire leurs besoins et leurs désirs ; les biens sont des objets phy- valeur des exportations nettes (exportations moins importations), des reve-
siques, et les services, des tâches qu’on accomplit pour des gens. (p. 6) nus primaires nets et des revenus secondaires nets. (p. 240)

Biens et services de consommation Biens et services que des parti- Courbe de demande Représentation graphique du barème de demande,
culiers achètent pour leur jouissance personnelle, et qui contribuent à leur c’est-à-dire des diverses quantités demandées d’un bien, d’un service ou
niveau de vie. (p. 6) d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles
d’influer sur les intentions d’achat restent constants. (p. 53)
Biens et services des administrations publiques Biens et services
qu’achètent les gouvernements et les administrations publiques. (p. 6) Courbe des possibilités de production (CPP) Frontière entre les
combinaisons de biens et services qu’il est possible de produire et celles
Biens et services d’exportation Biens et services produits dans un qu’il est impossible de produire avec une quantité de ressources fixe et une
pays et vendus dans d’autres pays. (p. 6) technologie donnée. (p. 32)
GLOSSAIRE 265

Courbe d’offre Représentation graphique du barème d’offre, c’est-à-dire


des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource
E
à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les Écart déflationniste Différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et
intentions de vente restent constants. (p. 59) celle du PIB potentiel lorsque l’économie est en équilibre de sous-emploi ;
exerce une pression à la baisse sur le niveau général des prix. (p. 149)
Coût de la vie Quantité d’argent nécessaire pour se procurer des biens et
services au cours d’une période donnée. (p. 108) Écart inflationniste Différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre
et celle du PIB potentiel lorsque l’économie est en équilibre de suremploi ;
Coût de renonciation Quantité d’un bien à laquelle il faut renoncer pour exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix. (p. 149)
obtenir une unité supplémentaire d’un autre bien. (p. 36)
École classique Selon cette école de pensée, l’économie s’autorégule et
Croissance économique Expansion soutenue des possibilités de pro- reste toujours en équilibre de plein-emploi par l’ajustement automatique
duction. (p. 42) des salaires. (p. 150)
Cycle économique Fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité École keynésienne Selon cette école de pensée, l’économie serait rare-
économique caractérisée par deux phases – une expansion (qui inclut une ment en équilibre de plein-emploi ; pour qu’elle atteigne et maintienne un
phase de reprise) et une récession – et par deux points de retournement – équilibre de plein-emploi, il faut des politiques budgétaires et monétaires
un sommet et un creux. (p. 132) pour régulariser l’activité économique. (p. 151)
École monétariste Selon cette école de pensée, l’économie s’autorégule
D et se maintient en équilibre de plein-emploi pourvu que le taux de crois-
sance de la monnaie demeure constant. (p. 152)
Déficit budgétaire Solde budgétaire négatif : les dépenses sont supé-
rieures aux revenus. (p. 160) Économie de marché Économie qui repose strictement sur la coordina-
tion par le marché. (p. 14)
Déflation Situation où le coût de la vie baisse. (p. 111)
Économie fermée Économie qui n’entretient de liens avec aucune
Délai d’élaboration Temps nécessaire au ministre des Finances pour autre. (p. 10)
modifier et présenter un budget et aux parlementaires pour adopter les lois
modifiant les impôts ou les dépenses en conséquence. (p. 169) Économie mixte Économie qui repose sur la coordination par le marché,
mais aussi sur la coordination par directives dans la mesure où le gouver-
Délai de mise en œuvre Temps écoulé entre le moment où les mesures nement soumet l’économie de marché à des règles et crée des organismes
budgétaires ont été adoptées et leur entrée en vigueur. (p. 169) pour la surveiller. (p. 14)
Délai de perception Temps écoulé avant de connaître l’état exact de la Économie ouverte Économie qui entretient des liens économiques avec
conjoncture économique. (p. 169) d’autres économies nationales. (p. 14)
Délai de transmission de la politique monétaire Délai de 18  à Économique Science humaine étudiant les choix que font les êtres hu-
24 mois avant que les effets de la politique monétaire sur le taux d’inflation mains quand ils composent avec la rareté et avec les incitatifs qui influent
et sur l’ensemble de l’économie se fassent sentir. (p. 205) sur leurs choix. (p. 4)
Demande Relation entre la quantité demandée d’un bien, d’un service Effet d’éviction des importations Phénomène rencontré lorsqu’une
ou d’une ressource et son prix, toutes choses étant égales par ailleurs  ; partie de l’augmentation des dépenses de consommation sert à se procu-
ensemble des diverses quantités demandées à divers prix. (p. 53) rer des biens et services importés au lieu de biens et services produits au
Canada. (p. 170)
Demande agrégée Relation entre la quantité demandée de PIB réel et le
niveau des prix quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions Effet d’éviction des investissements publics Phénomène rencontré
de dépenses restent constants. (p. 135) lorsqu’une partie des épargnes des ménages sert à financer les investisse-
ments publics au détriment des investissements privés. (p. 169)
Dépenses de consommation Sommes consacrées à l’achat de biens et
services de consommation. (p. 84) Emprunteur net Pays dont le compte courant est déficitaire et qui em-
prunte davantage qu’il ne prête. (p. 244)
Dépenses totales des administrations publiques Dépenses en biens
et services et investissements publics des gouvernements et des autres Entrepreneuriat Type de ressource humaine qui organise les trois autres
administrations publiques du pays. (p. 84) facteurs de production (le travail, la terre et le capital). (p. 8)

Dépréciation (ou consommation de capital fixe) Valeur de l’usure et Équilibre budgétaire Égalité des revenus et des dépenses budgé-
de l’obsolescence du stock de capital. (p. 89) taires. (p. 160)

Dépréciation d’une devise Diminution de la valeur d’une devise par Équilibre de plein-emploi Situation où le PIB réel d’équilibre est égal au
rapport à une autre. (p. 247) PIB potentiel. (p. 148)

Dette brute Valeur totale des engagements financiers. (p. 172) Équilibre de sous-emploi Situation où le PIB réel d’équilibre est infé-
rieur au PIB potentiel. (p. 149)
Dette fédérale Valeur de la dette nette moins les actifs non finan-
ciers. (p. 172) Équilibre de suremploi Situation où le PIB réel d’équilibre dépasse le
PIB potentiel. (p. 149)
Dette nette Valeur de la dette brute moins les actifs financiers. (p. 172)
Équilibre du marché Équilibre qui survient quand la quantité deman-
Diagramme de dispersion Graphique qui illustre les valeurs d’une va- dée est égale à la quantité offerte (autrement dit, quand les intentions des
riable associées à celles d’une autre variable. (p. 21) acheteurs et celles des producteurs coïncident). (p. 64)
266 GLOSSAIRE

Équilibre macroéconomique Situation où la quantité demandée de PIB Investissement privé brut Sommes consacrées à l’acquisition de
réel est égale à la quantité offerte de PIB réel à l’intersection des courbes de nouveaux biens d’équipement (outils, instruments, machines, bâtiments et
demande agrégée et d’offre agrégée. (p. 146) autres constructions) ainsi que l’investissement en stocks. (p. 84)
Excédent budgétaire Solde budgétaire positif : les revenus sont supé-
rieurs aux dépenses. (p. 160) L
Expansion Phase du cycle économique caractérisée par une accélération Loi de la demande Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par
soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit par l’augmentation ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue si le prix de ce bien aug-
du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un creux et prend fin à un mente, et la quantité demandée d’un bien augmente si le prix de ce bien
sommet ; inclut une période de reprise. (p. 132) diminue. (p. 53)
Exportations de biens et services Biens et services produits au Canada Loi de l’offre Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par ailleurs,
et vendus à l’étranger. (p. 85) la quantité offerte d’un bien augmente si le prix de ce bien augmente, et
Exportations nettes de biens et services Différence entre la valeur la quantité offerte d’un bien diminue si le prix de ce bien diminue. (p. 58)
des exportations de biens et services et la valeur des importations de biens Loyer Revenu que rapporte la terre. (p. 9)
et services. (p. 85)
Loyer plafond Loyer au-delà duquel la location d’un logement devient
illégale (voir prix plafond). (p. 72)
F
Facteurs de production Ressources productives qui servent à produire M
les biens et services ; comprennent la terre, le travail, le capital et l’entrepre-
neuriat. (p. 7) M2 Agrégat monétaire composé du numéraire hors banques, des dépôts
détenus par les particuliers dans les banques à charte et des dépôts à vue
Frais de la dette Somme des intérêts payés sur la dette, des primes, des et à préavis autres que ceux des particuliers, toujours dans les banques à
commissions, des frais de service et du coût d’émission de nouveaux titres charte. (p. 188)
du gouvernement (obligations ou bons du Trésor). (p. 170)
M2+ Agrégat monétaire composé de M2 auquel s’ajoutent tous les autres
types de dépôts dans les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire, les
G caisses populaires, les caisses d’économie et autres institutions finan-
cières. (p. 188)
Graphique à barres (ou graphique de coupe transversale) Gra-
phique qui représente par des bandes horizontales ou verticales les valeurs Macroéconomie Branche de l’économique qui étudie les effets agrégés
de chacun des éléments d’un ensemble donné afin d’en faciliter la compa- (totaux) des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur
raison. (p. 23) l’économie nationale et mondiale. (p. 4)
Marché Tout ensemble qui réunit des acheteurs (les demandeurs) et des
vendeurs (les offreurs) pour leur permettre d’échanger. (p. 52)
H
Marché des changes Marché où l’on change des devises d’un pays contre
Histogramme (ou graphique de série chronologique) Graphique celles d’un autre pays. (p. 246)
qui mesure le temps sur l’axe des abscisses, et la variable ou les variables à
l’étude sur l’axe des ordonnées. (p. 21) Masse monétaire Quantité de monnaie en circulation. (p. 188)
Microéconomie Branche de l’économique qui étudie les choix des
I individus et des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent
aux incitatifs, interagissent entre eux et subissent l’influence des gouver-
Importations de biens et services Biens et services produits à nements. (p. 4)
l’étranger qu’achètent les ménages, les entreprises et les administrations
Modèle économique Représentation schématique d’un aspect donné du
publiques du Canada. (p. 85)
monde économique ; description qui ne retient que les éléments essentiels
Impôts nets Différence entre les impôts payés par les ménages et les pour expliquer le phénomène étudié. (p. 17)
entreprises et les paiements de transfert ou subventions qu’ils reçoivent
Monnaie Tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans
de l’État. (p. 85)
la mémoire d’un ordinateur) généralement accepté comme instrument de
Incitatif Récompense ou punition (« carotte » ou « bâton ») qui encourage paiement. (p. 182)
ou décourage une action. (p. 4)
Monnaie fiduciaire Monnaie en numéraire qui n’a aucune valeur en
Indice des prix à la consommation (IPC) Indicateur de l’évolution du soi ; sa valeur repose sur la confiance du public envers l’institution émet-
niveau moyen des prix d’un panier fixe de biens et services consommés par trice. (p. 184)
un ménage type au cours d’une période donnée. (p. 108) Monnaie scripturale Monnaie dématérialisée qui n’existe que sous
Indice implicite des prix du PIB (IIP) Moyenne des prix courants, expri- forme d’écritures comptables (de nos jours, inscrites dans la mémoire d’un
mée en pourcentage des prix d’une année de référence. (p. 92) ordinateur) et qui est constituée par l’ensemble des dépôts dans les institu-
tions de dépôt. (p. 184)
Inflation Situation où le coût de la vie monte. (p. 111)
Moyen d’échange Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription acceptés
Institutions de dépôt Banques, caisses populaires, caisses d’économie, en contrepartie de biens et services. (p. 183)
sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire qui acceptent les dépôts, ac-
cordent des prêts et offrent les services permettant de faire des paiements Multiplicateur des dépenses publiques Nombre par lequel on multi-
et d’en recevoir. (p. 190) plie la variation initiale des dépenses publiques pour déterminer la variation
finale de la demande agrégée. (p. 165)
Instrument de paiement Mécanisme qui permet de faire une transac-
tion ou de régler une dette. (p. 182) Multiplicateur des dépôts Nombre par lequel on multiplie une varia-
tion initiale des dépôts pour déterminer la variation de la masse monétaire
Intérêt Revenu que rapporte le capital financier. (p. 9) qui en résulte. (p. 194)
GLOSSAIRE 267

Multiplicateur des impôts Nombre par lequel on doit multiplier une Prix plancher Prix en deçà duquel la vente de certains biens, services ou
variation des impôts pour déterminer l’augmentation finale de la demande ressources devient illégale. (p. 73)
agrégée. (p. 166)
Productivité Production par unité de facteur de production. (p. 61)
Produit intérieur brut (PIB) Valeur marchande de l’ensemble des
N biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période don-
née. (p. 82)
Numéraire Monnaie en espèces (billets de banque et pièces de monnaie)
qui a cours légal. (p. 184) Produit intérieur brut (PIB) nominal Valeur des biens et services fi-
nals produits dans une année donnée, exprimée en dollars de cette même
année. (p. 92)
O Produit intérieur brut (PIB) réel Valeur des biens et services finals
Offre Relation entre la quantité offerte d’un bien, d’un service ou d’une produits dans une année donnée, évaluée en dollars constants. (p. 92)
ressource et son prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer
Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant PIB réel d’un pays
sur les intentions de vente restent constants ; ensemble des diverses quan-
divisé. (p. 9)
tités offertes à divers prix. (p. 58)
Profit (ou perte) Revenu que rapporte l’entrepreneuriat ; peut être po-
Offre agrégée Quantité offerte de PIB réel à chaque niveau des prix sitif ou négatif. (p. 9)
quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de production
restent constants. (p. 141) Protectionnisme Mise en place de mesures visant à restreindre le com-
merce international. (p. 227)
Opération sur le marché libre Achat ou vente par la Banque du Canada
de titres du gouvernement canadien (bons du Trésor ou obligations). (p. 200)
Q
P Quantité demandée Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource
que les acheteurs veulent et peuvent acheter à un prix donné et au cours
Pénurie (ou demande excédentaire) Situation où la quantité deman- d’une période donnée. (p. 52)
dée excède la quantité offerte. (p. 64)
Quantité demandée de PIB réel Quantité totale de biens et services
Période de base de l’IPC Période de référence pour laquelle on éta- que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et
blit la valeur de l’IPC à 100 ; depuis mai 2007, la période de base de l’IPC les étrangers voudraient et pourraient acheter au pays à un niveau de prix
est 2002. (p. 108) donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par
ailleurs. (p. 135)
PIB potentiel Niveau de production que peut soutenir une économie en
situation de plein-emploi sans que cela provoque une poussée inflation- Quantité d’équilibre Quantité achetée et vendue au  prix d’équi-
niste ; se mesure en PIB réel. (p. 148) libre. (p. 64)
Plein-emploi Situation où l’économie produit à pleine capacité en Quantité offerte Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource
utilisant efficacement toutes ses ressources et où il n’y a aucun chômage que les producteurs (ou vendeurs) prévoient écouler à un prix donné au
cyclique.  (p. 34, 122) cours d’une période donnée. (p. 58)

Poids de la dette Pourcentage correspondant à la dette divisée par le Quantité offerte de PIB réel Quantité totale de biens et services que
PIB nominal, puis multipliée par 100. (p. 173) les entreprises voudraient et pourraient produire à un niveau général des
prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales
Politique budgétaire Politique économique par laquelle le gouver- par ailleurs. (p. 141)
nement d’un pays utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la
production et le niveau général des prix. (p. 163) Quota d’importation Restriction d’importation qui spécifie la quantité
maximale d’un bien qu’on peut importer durant une période donnée. (p. 229)
Politique monétaire Ensemble de mesures qui visent à préserver la
valeur de la monnaie en maintenant l’inflation à un niveau bas et stable,
et ce, en influant sur les taux d’intérêt – lesquels influent à leur tour sur la R
dépense agrégée, et donc, sur la demande agrégée. (p. 198)
Rareté Insuffisance des ressources accessibles pour satisfaire tous les
Population active Ensemble des personnes occupées et des chô- besoins exprimés. (p. 4)
meurs. (p. 118)
Récession Phase du cycle économique caractérisée par un ralentisse-
Population en âge de  travailler Ensemble des personnes âgées de ment soutenu de l’activité économique, lequel se traduit par la diminution
15 ans et plus. (p. 118) du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un sommet et prend fin à
un creux. (p. 132)
Pouvoir libératoire des pièces de monnaie Montant maximal au-delà
duquel on n’est plus tenu légalement d’accepter un paiement pour chacune Relation croissante Relation entre deux variables où la variation de
des pièces de monnaie en circulation. (p. 184) l’une entraîne une variation de plus en plus importante de l’autre. (p. 23)

Prêteur net Pays dont le compte courant est excédentaire et qui prête Relation décroissante Relation entre deux variables où la variation de
davantage qu’il n’emprunte. (p. 244) l’une entraîne une variation de moins en moins importante de l’autre. (p. 23)

Prise en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre à ses Relation linéaire Relation représentée par une droite dans un gra-
négociants principaux de leur acheter des titres du gouvernement canadien phique. (p. 23)
en s’engageant à les leur revendre le jour ouvrable suivant à un prix convenu Relation négative (ou relation inverse) Relation entre deux variables
d’avance ; exerce une pression à la baisse sur le taux du financement à un qui évoluent dans des directions opposées.  (p. 24)
jour. (p. 200)
Relation positive (ou relation directe) Relation entre deux variables
Prix d’équilibre Prix auquel la quantité demandée est égale à la quantité qui évoluent dans le même sens. (p. 23)
offerte. (p. 64)
Reprise Dans la phase d’expansion du cycle économique, période qui
Prix plafond Prix au-delà duquel la vente de certains biens, services ou part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au
ressources devient illégale. (p. 72) niveau du sommet précédent. (p. 132)
268 GLOSSAIRE

Réserves désirées Somme qu’une institution de dépôt détient dans ses Taux de rémunération des dépôts Taux d’intérêt que la Banque du
coffres ou a déposée à la Banque du Canada.  (p. 192) Canada verse sur les réserves que les institutions financières gardent en
dépôt chez elle pour un jour. (p. 199)
Réserves excédentaires Différence entre les dépôts dont une institu-
tion dispose et ses réserves désirées. (p. 193) Taux d’inflation Pourcentage de variation du niveau des prix (mesuré
par l’IPC) d’une année à une autre. (p. 111)
Réserves officielles internationales du Canada Avoirs du gouverne-
ment fédéral en devises étrangères. (p. 241) Taux d’intérêt nominal Rendement en pourcentage de la valeur nomi-
nale d’un prêt ou d’un dépôt. (p. 115)
Réservoir de valeur Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription
qu’on peut conserver et échanger ultérieurement contre des biens et ser- Taux d’intérêt réel Rendement en pourcentage de la valeur réelle (pou-
vices. (p. 183) voir d’achat) d’un prêt ou d’un dépôt (soustraire le taux d’inflation du taux
nominal). (p. 115)
Ressources productives Ressources servant à produire des biens ou
des services : ressources naturelles, travail, ingéniosité humaine, outils et Taux officiel d’escompte Taux d’intérêt minimal auquel les institutions
équipements. (p. 4) financières à court de réserves peuvent obtenir des avances de fonds de la
Banque du Canada. (p. 199)
Tendance Mouvement général de la valeur d’une variable dans un sens
S ou dans l’autre (à la hausse ou à la baisse). (p. 22)
Sacrifice Fait de renoncer à une chose pour en obtenir une autre. (p. 34) Terre Ressources naturelles qu’on utilise pour produire des biens et ser-
vices. (p. 7)
Salaire Revenu que rapporte le travail. (p. 9)
Théorie économique Ensemble de généralisations qui résument notre
Salaire minimum Salaire en deçà duquel l’embauche de travailleurs compréhension des choix et des comportements des agents économiques ;
devient illégale (voir prix plancher). (p. 73) repose sur des modèles qui ont passé avec succès et à répétition l’épreuve
Salaire nominal Salaire exprimé en dollars courants. (p. 114) des faits. (p. 17)

Salaire réel Salaire exprimé en dollars constants (dollars de l’année de Travail Temps et efforts que les gens consacrent à la production de biens
base), mesurant la quantité de biens et services qu’on peut se  procurer. et services ; inclut le capital humain. (p. 7)
(p. 114) Travailleur à temps partiel Personne qui travaille habituellement
moins de 30 heures par semaine. (p. 120)
Société de fiducie et de prêt hypothécaire Institution de dépôt qui
reçoit des dépôts, consent des prêts et agit à titre de fiduciaire pour admi- Travailleur à temps partiel involontaire Travailleur à temps partiel
nistrer des fonds en fidéicommis. (p. 191) qui veut du travail à temps plein, mais n’en trouve pas. (p. 120)
Solde budgétaire Différence entre les revenus et les dépenses budgé- Travailleur à temps plein Personne qui travaille habituellement
taires. (p. 160) 30 heures ou plus par semaine. (p. 120)
Sous-emploi Utilisation incomplète ou inefficace des ressources produc- Travailleur découragé (ou chercheur d’emploi découragé) Per-
tives compte tenu de la meilleure technologie accessible. (p. 34) sonne sans emploi, disponible et désireuse de travailler, mais qui n’était
pas activement à la recherche d’un emploi au cours des quatre dernières
Substitut Bien ou service qui peut en remplacer un autre. (p. 54) semaines. (p. 120)
Substitut de production Bien ou service qui peut être produit à la place Troc Échange direct de biens et services contre d’autres ; exige la double
d’un autre. (p. 60) coïncidence des besoins. (p. 183)
Surplus (ou offre excédentaire) Situation où la quantité offerte excède
la quantité demandée. (p. 64)
U
Système monétaire canadien Système qui englobe la Banque du Cana-
Unité de compte Mesure reconnue pour évaluer les prix des biens et
da et les institutions de dépôt du pays. (p. 190)
services. (p. 183)

T V
Tarif douanier Taxe qu’impose un pays importateur sur un bien importé
Variation de la demande Variation des quantités d’un bien, d’un service
lorsque ce bien traverse sa frontière. (p. 227) ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter à divers prix
Taux cible du financement à un jour Taux d’intérêt auquel la Banque lorsqu’il y a une variation d’un facteur autre que le prix de ce bien, de ce
du Canada aimerait voir les institutions de dépôt se prêter et s’emprunter service ou de cette ressource. (p. 54)
mutuellement des fonds sur le marché du financement à un jour ; taux di- Variation de la quantité demandée Variation de la quantité d’un
recteur de la Banque et point médian d’une fourchette opérationnelle dont bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter
la limite supérieure est le taux officiel d’escompte, et la limite inférieure, le lorsqu’il y a une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette res-
taux de rémunération des dépôts. (p. 199) source. (p. 54)
Taux d’activité Pourcentage de la population active au sein de la popu- Variation de la quantité offerte Variation de la quantité d’un bien, d’un
lation en âge de travailler. (p. 119) service ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre lorsqu’il y a
une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource. (p. 59)
Taux de change Prix auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle
d’un autre pays. (p. 247) Variation de l’offre Variation des quantités d’un bien, d’un service
ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre à la suite de la
Taux de chômage Pourcentage de chômeurs au sein de la population variation d’un facteur autre que le prix du bien, du service ou de la res-
active. (p. 120) source. (p. 60)
Taux de chômage naturel Taux de chômage observé en situation de
plein-emploi (addition des chômages frictionnel et structurel). (p. 122)
Taux d’emploi Pourcentage de personnes occupées au sein de la popu-
lation en âge de travailler. (p. 119)
SOURCES DES PHOTOGRAPHIES

Note : L’information de Statistique Canada est utilisée avec la permission de Statistique Canada. Il est interdit aux utilisateurs
de reproduire les données et de les rediffuser, telles quelles ou modifiées, à des fins commerciales sans le consentement
de Statistique Canada. On peut se renseigner sur l’éventail des données de Statistique Canada en s’adressant aux bureaux
régionaux de Statistique Canada, en se rendant sur le site Web de l’organisme à www.statcan.gc.ca ou en composant sans frais
le 1 800 263-1136.

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INDEX

A intermédiaire, 82 inflation au –, 112


normal, 55 intervention de la Banque du – sur le
Abscisses, axe des –, 20 Biens marché des changes, 257
Accord actuels, substitution entre les – et les monnaie au –, 184-187
d’autolimitation des exportations, 231 biens futurs, 137 partenaires commerciaux du –, 216-217
de libre-échange nord-américain (ALENA), apparentés, prix des –, 54-55, 60-61 PIB du –, 101
216 canadiens, substitution entre les – et les possibilités de production au –, 222-223
économique et commercial global (AECG), biens importés, 137 récessions au – depuis 1926, 134
217 commerce international de – au Canada, réserves officielles internationales
Achat(s) 216 du –, 241
de produits importés, 232 d’équipement, 84 revenus du gouvernement du – pour
de produits locaux, 232 d’investissement, 6 2016-2017, 160
préférentiels, politiques d’–, 231 futurs, substitution entre les biens actuels taux d’inflation au –, 112, 248-249
Acheteurs, revenu des –, 55 et les –, 137 taux d’intérêt au –, 248, 251
Actions de la banque du Canada, effets en importés, substitution entre les biens taux d’intérêt au – depuis 1975, 208
chaîne des –, 204 canadiens et les –, 137 Capacité de production de l’économie, 148
Activité, taux d’–, 119 Biens et services, 6 Capital, 7
Administrations publiques commerce de –, au Canada en 2015, 218 financier, 7
dépenses totales des –, 84 d’exportation, 6 fixe, consommation de –, 89
intentions de dépenses des –, 139 de consommation, 6 humain, 8
AECG (Accord économique et commercial des administrations publiques, 6 physique, 7
global), 217 exportations de –, 85 Carte
ALENA (Accord de libre-échange nord- exportations nettes de –, 85 de crédit, 186
américain), 216 importations de –, 85 de débit, 186
APEC (Coopération économique de la zone non comptabilisés dans le PIB réel, 97-100 Cession en pension, 200
Asie-Pacifique), 216 Bitcoin, 187 Ceteris paribus, 18
Appréciation Budget Change(s)
d’une devise, 247 du Québec de 2016-2017, 162 marché des –, 246, 255-257
du dollar canadien de 2002 à 2007, 254 fédéral, 160 demande sur le –, 247-249
Atteinte de l’équilibre de plein-emploi, 150 intervention de la Banque du Canada
selon l’école classique, 151 sur le –, 257
selon l’école keynésienne, 152 C intervention directe sur le –, 256-257
Autolimitation des exportations, accords d’–, Caisse offre sur le –, 249-253
231 d’économie, 190 taux de –, 247, 246-254
Avantage populaire, 190 anticipé, 249, 251-252
absolu, 225 Calcul d’équilibre, 253
comparatif, 217 de l’IPC, 109-110 du dollar canadien de 1947 à 2015, 259
Axe du PIB maintien d’un – artificiellement bas,
des abscisses, 20 canadien, 87-91 231
des ordonnées, 20 par la méthode des dépenses, 87-88 variations du –, 203, 253
par la méthode des revenus, 88-89, 91 volatilité du –, 254
par Statistique Canada, 90 Chèque, 186
B réel par Statistique Canada, 95 Chercheur d’emploi découragé, 120
Balance Canada Chine
commerciale du Québec, 245 balance des paiements du – depuis 1986, économie de la –, 44
des paiements, 240 243 possibilités de production en –, 222-223
du Canada depuis 1986, 243 Banque du –, 196-209 Chômage, 120, 106-124
du Canada en 2015, comptes de la –, commerce conjoncturel, 121
242 de biens et services au – en 2015, 218 cyclique, 121
Banque(s) international au –, 216-221 frictionnel, 121
à charte, 190 international de biens au –, 216 saisonnier, 121
centrale, 196 international de services au –, 216 structurel, 121
du Canada, 196-209, 255-257 comptes de la balance des paiements taux de –, 120
invention des –, 195 du – en 2015, 242 au Québec, 123
Barème déflation au –, 112 naturel, 122
d’offre, 58-59 dépenses du gouvernement du – pour types de –, 121
de demande, 53-54 2016-2017, 160 Coefficient de réserves désirées, 192
Barres, graphique à –, 22, 23 échanges commerciaux du –, 218 Combinaisons
Barrière commerciale non tarifaire, effets en chaîne des actions de la banque impossibles, 33
227-228, 229-231 du –, 204 possibles, 33
Bien ou service évolution de la balance des paiements Commerce
final, 82 du – depuis 1986, 243 de biens et services au Canada en 2015, 218
inférieur, 55 fonctions de la Banque du –, 197-198 international, 214-232
INDEX 271

au Canada, 216-221 Délai du Québec, évolution de la – depuis 1998,


de biens au Canada, 216 d’élaboration, 169 174
de services au Canada, 216 de mise en œuvre, 169 fédérale, 172
financement du –, 240-245 de perception, 169 frais de la –, 170-171
gains du –, 222-226 de transmission de la politique nette, 172
restrictions au –, 227-231 monétaire, 205 poids de la –, 171-173
Complément, 54-55 Demande, 53, 52-57 politique budgétaire et –, 158-176
de production, 60 agrégée, 135-140 relation entre les soldes budgétaires et
Compte composantes de la –, 135 la –, 171, 172
capital et financier, 240-241 variations de la –, 137-140 Développement humain, indice de –, 99
courant, 240 barème de –, 53-54 Devise, dépréciation d’une –, 247
de différents pays en 2014, soldes courbe de –, 53-54 Diagramme de dispersion, 20-21, 22
du –, 244 de dollars canadiens, 249 Dollar(s) canadien(s)
de la balance des paiements du Canada en variation de la –, 248-249, 250 appréciation du –
2015, 242 effets d’une variation de la –, 65-66 de 2002 à 2007, 254
unité de –, 183 excédentaire, 64 de 1991 à 2002, 254
Consommateurs, intentions de dépenses loi de la –, 53 demande de –, 249
des –, 138 modèle de la – et de l’offre agrégées, 133 offre de –, 251
Consommation sur le marché des changes, 247-249 taux de change du – de 1947 à 2015, 259
de capital fixe, 89 variation(s) de la –, 54-56 variation
dépenses de –, 84 variations simultanées de l’offre et de l’offre de –, 251, 252
indice des prix à la –, 108 de la –, 67-71 de la demande de –, 248-249, 250
variation des dépenses de –, 202-203 Dépense(s), 82-87 de la quantité demandée de –, 247
Contrôle des prix, 72-74 agrégée, 85 de la quantité offerte de –, 250
Coopération économique de la zone calcul du PIB par la méthode des –, 87-88 du taux de change du –, 203
Asie-Pacifique (APEC), 216 dans le modèle des flux circulaires, 83-85 Données graphiques, 22
Coordination des décisions économiques, de consommation, 84
10-15 variation des –, 202-203
par directives, 12, 13 du gouvernement E
par le marché, 12-13 du Canada pour 2016-2017, 160 Écart
Coupe transversale, graphique de –, 20, 23 du Québec, 2016-2017, 162 déflationniste, 149
Courbe égalité entre les – et les revenus, 85-86 équilibre de sous-emploi avec –, 150
d’offre, 59 évolution des –, 161 inflationniste, 149
DA, 135-137 flux circulaires des revenus et des –, 86 équilibre de suremploi avec –, 150
de demande, 53-54 intentions de – Échange(s)
des possibilités de production (CPP), des administrations publiques, 139 commerciaux du canada, 218
32-35 des consommateurs, 138 gains de l’–, 224-225
OA, 141 des entreprises, 138-139 moyen d’–, 183
Cours légal, 184 des partenaires commerciaux, 139 École
Coût publiques classique, 150-151
de la vie, 108, 106-124 effet multiplicateur d’une variation atteinte de l’équilibre de plein-emploi
de renonciation, 36-40 des –, 165, 166 selon l’–, 151
CPP (courbe des possibilités de effet multiplicateur des –, 166 keynésienne, 151-152
production), 32-35 effets d’une variation des –, 163-164 atteinte de l’équilibre de plein-emploi
Crédit, cartes de –, 186 multiplicateur des –, 165 selon l’–, 152
Croissance économique, 42, 94 totales des administrations publiques, monétariste, 152-153
effets de la –, 43 84 Économie
théories de la –, 43 Dépôt(s), 184 capacité de production de l’–, 148
Cuba, 15 bancaires, effet multiplicateur des –, 194 de marché, 14
Cycle économique, 132 fonctions économiques des institutions fermée, 10-11
phases du –, 133 de –, 191-192 vue d’ensemble d’une –, 11
institutions de –, 190 mixte, 14
multiplicateur des –, 194-195 ouverte, 14
D taux de rémunération des –, 199 souterraine, 97-98
Débit, carte de –, 186 Dépréciation, 89 Économique, 4
Décideur, 11 d’une devise, 247 questions fondamentales de l’–, 4-25
Décisions économiques, coordination des –, du dollar canadien de 1991 à 2002, 254 Effet
10-15 Détenteur de la dette, 172-173 d’éviction
Déficit Dette, 171-173 des importations, 170
budgétaire, 160 brute, 172 des investissements publics, 169
et dette, 170-175 déficit et –, 170-175 d’un quota, 229
Déflation, 111 des principales économies avancées, 175 d’un tarif douanier, 228
au Canada, 112 détenteurs de la –, 172-173 d’une variation
272 INDEX

des dépenses publiques, 163-164


des impôts, 163-164
de la dette du Québec depuis 1998, 174 H
de la politique monétaire, 207
du taux directeur sur les taux d’intérêt, des dépenses, 161 Histogramme, 20, 21, 22
201-202 des revenus, 161 Hypothèse ceteris paribus, 18
de la politique monétaire canadienne, des tarifs douaniers canadiens, 230
198-200 du solde budgétaire, 161 I
de richesse, 136 Excédent
de substitution, 137 IDH (indice de développement humain), 99
budgétaire, 160
des exportations, 247-248 Importation(s)
d’exploitation brut, 89
des importations, 250 de biens et services, 85
Expansion, 132
du profit anticipé, 248, 250 effet d’éviction des –, 170
des possibilités de production, 42-44
en chaîne effet des –, 250
Exportation(s)
d’une variation des taux d’intérêt, licences d’–, 231
accords d’autolimitation des –, 231
202-204 quota d’–, 229
canadiennes
des actions de la banque du Canada, Impôts, 176
de locomotives, 217-219
204 effet d’une variation des –, 163-164,
de t-shirts, 220
multiplicateur, 203 166-167
de biens et services, 85
ampleur de l’–, 206 multiplicateur des –, 166-167
effet des –, 247-248
d’une variation des dépenses nets, 85
nettes
publiques, 165, 166 Incitatif, 4
de biens et services, 85
d’une variation des impôts, 166-167 Indicateur(s)
variation des –, 203
des dépenses publiques, 166 de développement humain de l’ONU, 99
subventions à l’–, 231
des dépôts bancaires, 194 du marché du travail, 118-122
Égalité entre les dépenses et les revenus, Indice
85-86 F de développement humain (IDH), 99
Élaboration, délai d’–, 169 Facteurs des prix à la consommation (IPC), 108
Emploi de production, 7 calcul de l’–, 109-110
rapport entre l’– et la population, 119 qui influent sur construction de l’–, 108-111
taux d’–, 119 la qualité de vie, 97-98 panier de l’–, 108
Emprunt, 209 le niveau de vie, 97-98 période de base de l’–, 108
Emprunteur, 244 marchés des –, 12, 17 implicite des prix du PIB, 92
Énoncé Finance internationale, 238-259 Inflation, 111
normatif, 16 au Canada, 112
Financement
positif, 16 taux d’–, 112, 248-249, 251
à un jour
Enquête mesure de l’–, 111
opérations sur le marché du –, 200
nomenclature de l’–, 118-119 taux d’–, 111
taux cible du –, 199
sur la population active, 118 Institutions de dépôt, 190
taux du –, 202
Entrepreneuriat, 8-9 fonctions économiques des –, 191-192
du commerce international, 240-245
Entreprises, intentions de dépenses des –, Instrument de paiement, 182
Fluctuation économique, 132-134
138-139 Intentions de dépenses
Flux circulaires
Environnement, qualité de l’–, 98 des administrations publiques, 139
Épargne, 85, 209 dépenses dans le modèle des –, 83-85
des revenus et des dépenses, 86 des consommateurs, 138
Équilibre des entreprises, 138-139
budgétaire, 160 revenus dans le modèle des –, 85
Fourchette opérationnelle du taux directeur, des partenaires commerciaux, 139
de plein-emploi, 148-149, 150
199 Intérêt, 9
atteinte de l’–, 150
Frais de la dette, 170-171 effets d’une variation du taux directeur sur
atteinte de l’– selon l’école classique,
Friedman, Milton, 207 les taux d’–, 201-202
151
effets en chaîne d’une variation des taux
atteinte de l’– selon l’école keyné-
d’–, 202-204
sienne, 152 G individuel, 5
de sous-emploi, 149
Gains social, 5
avec écart déflationniste, 150
de l’échange, 224-225 taux d’–
de suremploi, 149
avec écart inflationniste, 150 du commerce international, 222-226 au Canada, 208, 248, 251
du marché, 64-70, 252-253 Gouvernement nominal, 115
macroéconomique, 146-153 du Canada réel, 115
du Québec, évolution de l’–, 149 dépenses du – pour 2016-2017, 160 Intervention
types d’–, 148-150 revenus du – pour 2016-2017, 160 de la Banque du Canada sur le marché
prix d’–, 64 du Québec des changes, 257
quantité d’–, 64 dépenses du – en 2016-2017, 162 directe sur le marché des changes,
taux de change d’–, 253 revenus du – en 2016-2017, 162 256-257
Escompte, taux officiel d’–, 199 Graphique, 20-25 Investissement(s)
Éviction, effets d’–, 170 à barres, 22, 23 privé brut, 84
des importations, effet d’–, 170 construction d’un –, 21 publics, effet d’éviction des –, 169
des investissements publics, effet d’–, de coupe transversale, 20, 23 variation de l’–, 202-203
169 de série chronologique, 21 IPC (indice des prix à la consommation),
Évolution descriptifs, interprétation des –, 20-23 108
de l’équilibre macroéconomique illustrant une relation entre deux calcul de l’–, 109-110
du Québec, 149 variables, 23-25 construction de l’–, 108-111
de la balance des paiements du Canada principe de base de la construction d’un –, panier de l’–, 108
depuis 1986, 243 20 période de base de l’–, 108
INDEX 273

K Moyenne pondérée des variations de prix, indice implicite des prix du –, 92
nominal, 92-95
110-111
Keynes, John Maynard, 164 Multiplicateur potentiel, 148
des dépenses publiques, 165 réel, 92-95
L des impôts, 166-167, 194-195 biens et services non comptabilisés
dans le –, 97-100
Licence d’importation, 231
calcul du – par Statistique Canada, 95
Liens économiques internationaux, 14 N et niveau de vie, 97-100
Locomotive, marché de la –, 217-219 Niveau de vie par habitant, 97
Loi facteurs qui influent sur le –, 97-98 quantité demandée de –, 130
de l’offre, 58
PIB réel et –, 97-100 quantité offerte de –, 141
de la demande, 53
Norme Pièces de monnaie, pouvoir libératoire
Loisirs, 98
de santé, 231 des –, 184
Loyer, 9
de sécurité, 231 Plein-emploi, 34, 35, 122
plafond, 72-73
Numéraire, 184 atteinte de l’équilibre de –, 150
selon l’école classique, 151
M O selon l’école keynésienne, 152
M2, 188 des ressources, 34
Offre, 58, 58-61 équilibre de –, 148-149, 150
M2+, 188
agrégée, 141-145 Poids de la dette, 171-173
Macroéconomie, 4-5
variations de l’–, 143-145 Politique
Maintien d’un taux de change artificiellement
barème d’–, 58-59 budgétaire, 163
bas, 231
courbe d’–, 59 à l’œuvre, 167-169
Marché, 12, 52
de dollars canadiens, 251 canadienne, 163-170
coordination par le –, 12-13
de la locomotive, 219 variation de l’–, 251, 252 et dette, 158-176
des changes, 246, 255-257 effets d’une variation de l’–, 66-67 expansionniste, 167-168
demande sur le –, 247-249 excédentaire, 64 limites de la –, 169-170
intervention de la banque du Canada loi de l’–, 58 restrictive, 168
sur le –, 257 modèle de la demande et de l’– agrégées, d’achats préférentiels, 231
intervention directe sur le –, 256-257 133 monétaire, 198, 196-209
offre sur le –, 249-253 sur le marché des changes, 249-253 à l’œuvre, 208
des facteurs, 12, 17 variation de l’–, 60, 59-61 canadienne, 198-200, 208
des produits, 12, 17, 18 variations simultanées de l’– et de la conduite de la –, 205-206
du financement à un jour, opérations sur demande, 67-71 délai de transmission de la –, 205
le –, 200 OMC (Organisation mondiale du commerce), évolution de la –, 207
du travail 216 expansionniste, 205, 206
indicateurs du –, 118-122 Opération sur le marché libre, 200 restrictive, 206
les trois principaux indicateurs du –, Ordonnées, axe des –, 20 Population
119-120 Organisation mondiale du commerce (OMC), active, 118
du t-shirt, 220-221 216 Enquête sur la –, 118
économie de –, 14 Origine, 20 en âge de travailler, 118
équilibre du –, 64-70, 252-253 Possibilités de production
libre, opération sur le –, 200 P au Canada, 222-223
courbe des –, 32-35
régulation du –, 64-65
Marshall, Alfred, 70 Paiement(s) en Chine, 222-223
Masse monétaire, 188 balance des –, 240 expansion des –, 42-44
Méthode comptes de la – du Canada en 2015, Pouvoir libératoire des pièces de monnaie,
des dépenses, calcul du PIB par la –, 87-88 242 184
des revenus, calcul du PIB par la –, 88-89, du Canada depuis 1986, 243 Prêteur, 244
91 évolution de la – du Canada depuis Prise en pension, 200
Microéconomie, 4 1986, 243 Prix
Mise en œuvre, délai de –, 169 instrument de –, 182 à la consommation, indice des –, 108
Modèle(s) Panier de l’IPC, 108 contrôle des –, 72-74
construction de –, 17 Papier-monnaie, 187 d’équilibre, 64
de la demande et de l’offre agrégées, 133 Partenaires commerciaux des biens apparentés, 54-55, 60-61
des flux circulaires du Canada, 216-217, 218 du PIB, indice implicite des –, 92
dépenses dans le –, 83-85 intentions de dépenses des –, 139 moyenne pondérée des variations de –,
revenus dans le –, 85 Pension 110-111
économique, 17 cession en –, 200 plafond, 72
vérification des –, 17-18 prise en –, 200 plancher, 73-74
Monnaie, 182, 180-210 Pénurie, 64 relevé mensuel des –, 109
au Canada, 184-187 Perception, délai de –, 169 variation du –, 54
création de –, 190-195 Période de base de l’IPC, 108 Production
définition de la –, 182 Perte, 9 capacité de – de l’économie, 148
fiduciaire, 184 PIB (produit intérieur brut), 82-87 complément de –, 60
fonctions de la –, 183 calcul du – courbe des possibilités de –, 32-35
mesures officielles de la –, 188-189 canadien, 87-91 domestique, 97
numérique, 187-188 par la méthode des dépenses, 87-88 expansion des possibilités de –, 42-44
pouvoir libératoire des pièces de –, 184 par la méthode des revenus, 88-89, 91 limites de la –, 33
scripturale, 184 par Statistique Canada, 90 possibilités de –, 32-34
Moyen d’échange, 183 du Canada, 101 au Canada, 222-223
274 INDEX

en Chine, 222-223 linéaire, 24 entre biens actuels et biens futurs, 137


substitut de –, 60 Relevé mensuel des prix, 109 entre biens canadiens et biens importés, 137
Productivité, 61 Rémunération Subventions à l’exportation, 231
Produit intérieur brut (PIB), 82-83 des dépôts, taux de –, 199 Suremploi, équilibre de –, 149
nominal, 92-95 des salariés, 89 avec écart inflationniste, 150
réel, 92-95 Renonciation, coût de –, 36-40 Surplus, 64
Produits Reprise, 132 Système monétaire, 190-195
importés, achat de –, 232 Réserves canadien, 190
locaux, achat de –, 232 désirées, 192
marchés des –, 12, 17, 18 coefficient de –, 192
Profit, 9, 192 excédentaires, 192
T
anticipé, effet du –, 248, 250 officielles internationales du Canada, Tarif douanier, 227
Protectionnisme, 227 241 canadien depuis 1867, 230
Réservoir de valeur, 183 effets d’un –, 228
Ressources productives, 4 Taux
Q Restrictions au commerce international, cible du financement à un jour, 199
Qualité 227-231 d’activité, 119
de l’environnement, 98 Revenu(s), 82-87 d’emploi, 119
de vie, facteurs qui influent sur la –, 97-98 agrégé, 85 d’inflation, 111
Quantité calcul du PIB par la méthode des –, 88-89, au Canada, 112, 248-249, 251
d’équilibre, 64 91 d’intérêt
demandée, 52 dans le modèle des flux circulaires, 85 au Canada, 208, 248, 251
de dollars canadiens, variation des acheteurs, 55 effets d’une variation du taux directeur
de la –, 247 du gouvernement sur les –, 201-202
de PIB réel, 130 du Canada pour 2016-2017, 160 effets en chaîne d’une variation des –,
variation de la –, 54 du Québec, 2016-2017, 162 202-204
offerte, 58 égalité entre les dépenses et les –, 85-86 nominal, 115
de dollars canadiens, variation de la –, évolution des –, 161 réel, 115
250 flux circulaires des – et des dépenses, 86 de change, 247, 246-254
de PIB réel, 141 mixte brut, 89 anticipé, 249, 251-252
variation de la –, 59 Révolution macroéconomique, 164 d’équilibre, 253
Québec Ricardo, David, 226 du dollar canadien de 1947 à 2015, 259
balance commerciale du –, 245 Richesse, effet de –, 136 du dollar canadien, variation du –, 203
budget du – de 2016-2017, 162 maintien d’un – artificiellement bas, 231
dépenses du gouvernement du  variations du –, 253
– en 2016-2017, 162 S volatilité du –, 254
évolution Sacrifice, 34-35 de chômage, 120
de l’équilibre macroéconomique du –, absence de –, 34-35 au Québec, 123
149 Salaire(s), 9 naturel, 122
de la dette du – depuis 1998, 174 minimum, 73-74 de rémunération des dépôts, 199
revenus du gouvernement du – en nominal, 114-115 directeur, 201-202
2016-2017, 162 réel, 114-115 effets d’une variation du – sur les taux
taux de chômage au –, 123 rémunération des –, 89 d’intérêt, 201-202
Quota Santé, normes de –, 231 fourchette opérationnelle du –, 199
d’importation, 229 Schumpeter, Joseph, 43 modification du –, 255-256
effets d’un –, 229 Sécurité, 192 du financement à un jour, 202
normes de –, 231 officiel d’escompte, 199
Série chronologique, graphique de –, 21 Temps
R Services, commerce international de  partiel
Rapport emploi-population, 119 – au Canada, 216 travailleur à –, 120
Rareté, 4, 30-44 Situation budgétaire du gouvernement travailleur à – involontaire, 120
Récession(s), 132 canadien, 160-162 plein, travailleur à –, 120
au Canada depuis 1926, 134 Smith, Adam, 18, 19 Tendance, 22-23
Régulation du marché, 64-65 Société de fiducie et de prêt hypothécaire, Terre, 7
Relation 191 Théorie
croissante, 23 Solde(s) économique, 17
décroissante, 23 budgétaires, 160 de la croissance économique, 43
directe, 23, 24 annuels, relation entre les – et la dette, Transmission de la politique monétaire,
entre deux variables, graphique illustrant 172 délai de –, 205
une –, 23-25 évolution du –, 161 Travail, 7-8
entre les soldes budgétaires et la dette, relation entre les – et la dette, 171 bénévole, 97
171, 172 du compte courant de différents pays indicateurs du marché du –, 118-122
inverse, 24-25 en 2014, 244 Travailleur
linéaire, 23 Sous-emploi, 34, 35 à temps partiel, 120
négative, 24-25 équilibre de –, 149 involontaire, 120
croissante, 24 avec écart déflationniste, 150 à temps plein, 120
décroissante, 24 Statistique Canada, calcul du PIB par –, 90, 95 découragé, 120
linéaire, 24 Substitut, 54 Troc, 183
positive, 23, 24 de production, 60 T-shirt(s)
croissante, 24 Substitution marché du –, 220-221
décroissante, 24 effets de –, 137 exportations canadiennes de –, 220
INDEX 275

U
Unité de compte, 183

V
Valeur(s)
marchande, 82
nominale, 114-116
réelle, 114-116
réservoir de –, 183
Variable(s)
graphique illustrant une relation entre
deux –, 23-25
niveau de la variation de la –, 21
sens de la variation de la –, 21
vitesse de la variation de la –, 21
Variation(s)
de l’investissement, 202-203
de l’offre, 60, 59-61
agrégée, 143-145
de dollars canadiens, 251, 252
effets d’une –, 66-67
de la demande, 54-56
agrégée, 137-140
de dollars canadiens, 248-249, 250
effets d’une –, 65-66
de la quantité
demandée, 54, 247
offerte, 59, 250
de la variable
niveau de la –, 21
sens de la –, 21
vitesse de la –, 21
de prix, 54
moyenne pondérée des –, 110-111
des dépenses
de consommation, 202-203
publiques, effet d’une –, 163-164, 165,
166
des exportations nettes, 203
des impôts, effets d’une –, 163-164,
166-167
des taux d’intérêt, effets en chaîne
d’une –, 202-204
du taux de change, 253
du dollar canadien, 203
du taux directeur, effets d’une – sur les
taux d’intérêt, 201-202
Virements électroniques, 186
Volatilité du taux de change, 254

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