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BULLE! I J T H T 15 R I E U R (
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SECRETARIAT INTERNATIONAL )
do la
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Î Discussion sur la
question
| YOUGOSLAVE
+++++++++++++++•+•
No 4.

3 o ir, :n a î r e s

I. LE S ,I . ET L1EUROPE 'ORIENTALE
par W. HU N T E R

II, LE CONFLIT TITO—STALINE


(Déclaration du C.C. du SOCIALIST *70RKERS PARTY)

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Decambra 1949 Prix, 25 fr,

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Ou Bulletin Intérieur contient en outre de 1 A r tic le du


camarade HUNTER, la déclaration du C.C. du S ocia list Workers ..
Party publiée dans lo No d ’ octobre 1949 de "FOURTH INTERNA -
TIONAL" et que nous reproduisons à titr e informatif pour nos
camarades de langue française.
Cette déclaration no prend pas position sur la ques­
tion du caractère de classe de la Yougoslavie et des pays du
g la c is ,

H H -H-4-H 4S *
Los oamarr.de3 Américains réservent oncoro leur opinion
sur cos questions, et nous publierons plus tard los documents
qu’ ils nous soumettront lâ-des3us.
Lo S•I *
Décembre.1949 + + + + • ♦ • + + + + + + 4 *-4 - f- f ++4*

>>

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L E S .I . ET L» E U R O P E ORIENTALE

par W. HU NT E R

La résolution du S .I, in titu lée "L'Evolution dos Paya du Glacis” sou­


mise ?.!• dernier Comité Exécutif International, ne donne aucune réponse s a lie -
faisable à certains problèmes qui comptent parmi les principaux auxquels no­
tre lotornâtionalo ait à faire face à l ’ heure actu ello. C'est le désir le
~?cr. tf-ixr à tout prix aux termes de la Résolution du Congrès Mondial* o"0.b
en *dt bV.nt r-n partie les fa its existants et qui sont en contradiction ab­
solue v’oc doc sections entières do cette résolution, qui semble avoir don­
né nai ;-anco eux far mule s mystiques dont est saturé le dernier documont du
S .I. fl éta it impossible lors du Congrès Mondial, et i l ost demeuré impos­
sible depuis, d'> d^txnc.r une- analyse cla ire de l'évolu tion dans les Etats du
glacis,, on prenant comme point de départ que ces Etats sont ca p ita listes.
Los fr ’ ’js ont coni'irai3 l'amendement soumis par le R.C.P. au Congrès Mondial
affirmant que Vans cos pa^^s "le renversement fondamental des relations ca­
p ital i.o o s de propriété a déjà été réalisé ou est en voie do l 'ê t r e ; quo
lo .contrôle du capitalisme sur le gouvernement et sur l'a p p a reil d'Etat a
été ou est on voio ci'Otro a b o li", et les fa its ont de mémo confirmé l'nmon-
donont du Parti Bqlchévik-Léniniste de l'In d e déclarant que "la buroaucratio
sovieti]u o se voit par conséquent contrainte dan3 cos pays du g la cis, lonto-
nont mais sûrement» d ’ adapter les relations de propriété existant dans coa
v,.ys à O'-llca existant on Union Soviétique".
La résolution du Congrès Mondial déclarait, au contraire, que la na­
ture ca p ita liste de ces pays éta it "apparente"e Lo fa it que le S .I. veut h.
t-'ut x-rix s ’ accrocher h cotte conception a pour résultat les contradictions
inhjT'.n*-r.s à la récente résolution du S .I ., pour ne point parler du fa it quo
oetto résolution est amenée à tra iter de moins en moins de rapports do cla s­
se et 1. définitions de c la sse et à s'occuper plutôt des aspects secondaires
do c.QB Etats. L'on nou3 d it quo "la défin ition la plus exacte que l'o n puis­
se donnor de l*t nature sociale de c«s pays, e3t une défin ition par voio do
lescrioxion ". Suit une lis t e do huit facteurs qui, d it la résolution, exis­
tent d ns ces Etats. La description demeure to u te fo is . . .simplement uno des­
cription . Ce qui manque dans cette méthode arithmétique, c 'e s t précisément
une d éfin ition marxiste de ces sociétés. Une description marxiste n 'ost point
ot no peut ôtre une énumération âa;is vie de d ifférents aspocts d'une société
donnée:; au contraire, e lle doit chercher à situer ccs aspocts dans lours rap-
x r t, los uns avec, les autres, en placent la société dans la catégorio qui
lu i -st spécifique ou on en dé^ijnls^sent les éléments essent iels t c ' ost-à -
diro los rapports de cla.53c... La méthode descriptive représente uno tontativo
d'éludvx’ uno défin ition marxiste, d 'é v ite r d 'é cla ire r 1' ossenco du phénomène»
Lorsque Trotsky, dans la "Révolution Trahie" (p, 255 da l'é d itio n Pioneer"),
décrit les forces contradictoires qui sont en oeuvro en Union Soviétique, i l
a déjà ié fin i 1 'i s renco de la société russe. En conséquence de son. analyse
des rapports de cia -se, i l a d éfin i la Russie comme un Etat ouvrier, une so­
ciété so trouvant à mi-chemin entre le capitalisme ot le socialism e. Sa "des­
cription" est une description de forces dans le cadre dos rapports de classe
d éoisifs déjà analysés. Plus tard, dans "Défense du Marxisme", c 'e s t p ré ci-

-1 -
senent cette méthode do "d éfin ition par description" qui devient l'o b je t de
son dédain*
"Marx qui , contrairement à Darwin, éta it un d ia lecticien conscient,
.\Lt Trotsky, découvrit une base pour la c la ssifica tio n scientifique des so-
c. t 's humaines dans le développement de leurs forces productives et dans la
et des rapports de propriété qui constituent l'anatomie d’ une société*
A "• v .^ ir e c la ssifica tio n descriptive des sociétés et des Etats,qui jusqu’
c l “ .•J f lo tis s a it encore daji3 les universités, le marxisme substitua une cla s­
s ific a tio n matérialiste dialectique. Ce n ’ est qu’ en appliquant la méthode de
Marx q u 'il est possible de donner une d éfin ition juste de la conception de 1 ’
v;tat ouvrier et de déterminer le moment de sa chute",
L’ ouvrage' "Défense du Marxisme" contient des enseignements très précé-
cieux sur la méthode d’ analyse des sociétés. Citons un autre extrait de Trots­
ky ; "Pour la sociologie marxiste, le point de départ de l'analyse consiste en
la d éfin ition de classe d fun phénomène donné s d'un Etat, d'un Parti, d'une
tendance philosophique, d'une école lit té r a ir e , e t c ., par exemple. Toutefois ,
dans la plupart des cas, uno défin ition de classe pure et simple est inadéqua­
te , car une classe comprend différentes couches, passe par des étapes de dé -
veloppement différentes, ost soumise à des conditions différentes, subit l 'i n ­
fluence des autres classes. I l s'avère donc nécessaire de relever des fac -
teurs de deuxième et do troisième ordre, pour pouvoir compléter l'analyse»
Ces facteurs 3ont analysés, so it complètement, so it partiellement, selon les
buts spécifiques quo l'on a en vuo. Mais, pour un marxiste, i l ne peut y
avoir d'analyso sons uno caractérisation do classe du phénomène examiné."»-
Trotsky parlo do relever lo» facteurs do douxièmo et de troisième ordre pour
ôompléter l'analyse. ;ioua nous attacherons à montrer dans les lignes qui sui­
vent quo ce sont précisément les factours do deuxième et de troisième ordre
qui roprésontont l'oss-ncu -lo la position du 3 .1 . D'autre part, le point do
départ do'Trotsky -lu caractérisation do cla sse- c 'e s t précisément co dont
nos camarades no tiennent pas compte (ou q u 'il3 n'arrivent pas à s a is ir )»
Lorsque le document caractérise los paya do l'Europo orientale comme
ca p ita lis te s, le lecteur ost invité à la croiro sans prouve. Car, ni les fa its
~i la résolution ne prouvont quo la bourgeoisio ost la claaso dominante dans
coo pays, ce qui serait oortos un critère d é c is if. Au contraire, la résolu­
tion olie-même exprime clairement le contrniro. Elle dévoloppo la thèso que
le stalinisme, dans le second stade do la politique q u 'il poursuit dans los
"pays du g la cis ", est "obligé do s'ongagor dans la voio d'uno "liquidation"
graduelle et bureaucratique de3 forces capitalintos dans lo g la c is ". Do f a i t ,
les auteurs du document ont amorti lo choc on ontourant do guillemets le mot
"liqu id a tion ", semant ainsi dos doutes sans l'os*...rit du lecteur sur la ques­
tion de savoir s i la bourgeoisie a oui ou non été éliminée. Toutefois, en
’ -oursuivant la lecture de la résolution, oos doutes se dissiperont. Car nous
lisons que la description des sociétés dos "pay3 du g la cis" "n'impliquo nul­
lement la présence d'une bourgeoisie au pouvoir oommo classe dominante dans
ces pays"•
Le document du Congrès Mondial partait évidemment d'un point do vue
d ifféren t. Dans la lis t e des raisons démontrant quo la nature cap italiste
do cos pays, est " ap par ente *.* on nous c it a it en premier lieu t "Nulle part la
bourgeoisie n’ a été détruite ou expropriée en tant que te lle (à l'excep tion
de certains groupes placés dans la catégorie des collaborateurs)". Comme
le S .I. a maintenant abandonné ce point de sa lis t e descriptive, i l a donc
* reconnu certains fa it s . Toutefois, en continuant de se raccrocher aux con­
clusions de la résolution du Congrès Mondial, le S .I . s 'e s t vu obligé de dé-*
2
terminer la nature de ces Etats, non par les rapports de classe mais par
des rapports secondaires. I l est forcé d ru tilis e r une méthode mystique att
lieu de la méthode dialectique*

DIFFERENCES QUALITATIVES?
L’ essai de dialectique sur "L'évolution dans les
lu g la cis” révèle la faiblesse d'une position qui ne tient pas compte
des -apports de classe. Selon les £dées développées dans ce document, les
différences sociales entre l'Union soviétique et les "pays du gla cis" revê­
tent u ’ caractère qaa?4ltatlibg Toutefois, du point do vue Quantitatif, ces
pays sûn.t plus proches de l'Union soviétique que d'un pays ca p ita liste "nor­
mal", t'#v.t comme l :Union soviétique e st, quantitativement. plus proche du
capital ".une que du socialisme. Essayons d 'é c la ir c ir ces assertions*
La transformation qualitative d'Etat cap italiste en Etat ouvrier ré­
sulte de la transformation des rapports de classe, do la transformation des
formes do propriété. Or, en quoi réside la différence qualitative existant
entre l'Union soviétique et les pays de l'Europe orientale? Les rapports de
classe 3on t-ils différents? Les rapports de propriété bourgeois son t-ils
dominants? Le S .I . no parvient pas à sa isir clairement ces deux questions.
Il les esquive. Mais les fa its lu i donnent une réplique suffisamment cla ire
m répondant par la négative.
L'examen de la résolution révèle que les différences dont i l ost
fu it état entre l'Union soviétique et les Etats s a te llite s ne sont précisé­
ment que dos différences quantitatives* alors quo du point de vue q u a lita tif,
i l n 'existe aucune différence.
I l s u ffit de poser la question i quelle nature ces Etats avaient-ils
avant la guerre? Et l'o n s'a p erçoit que les transformations qui ont eu lieu
sont qu alitatives. Avant la guerre, ces nations étaient des Etats semi-féo­
daux ou dos républiques bourgeoises où les capitaux étrangers jouaient,dans
nombre d'entro eux, un rôle de premier plan. Aujourd'hui, la réforme do la
propriété foncière a ébranlé les dirigeants féodaux, la bourgeoisio est p r i-
véo du pouvoir politique et même éliminée de la vio p olitiq u e, et, ce qui ost
plus important encore, sa possession de l'a p p a reil industriel ost complète­
ment ébranlée. Selon le témoignage du S .I. lui-même, ce3 Etats n 'o n t-ils pas
•le toute évidence subi des transformations qualitatives. Lo S .I. déclare que
1 . bourgeoisie ne détient plus le pouvoir on tant que classe dominante, qu'
A la place de la bourgeoisie nous trouvons les staliniens -uno bureaucratie
ouvrière- qui"possédent leur propre appareil étatique, contrôlent l'éoonomio
ot sont responsables de la politique générale do toute la nation". (Résolu­
tion du S .I . sur "La Yougoslavie et la crise du stalinisme" ûdoptée par le
C.E.I. <n octobre 1948)- Au point de vue q u a lita tif, c 'e s t-à -d ir e au point
de vue des formes déterminantes de la propriété, du point de vue du rapport
entre los classes* et les moyens de production, commont p areillo société d if­
fè r e -t -e lle do l'Union soviétique^

LA PLANIFICATION EN EUROPE ORIENTALE


Quellos sont les différences essen tielles
dénommées qualitatives par le S .I .? Eh les examinant attentivement nous
/ constatons q u 'il s 'a g it de différences conditionnelles mais non pas détermi­
nantes .
Examinons tout d ’ abord la question do la p la n ifica tion . Le document
- 3 -
déclare î " . . . cette nouvelle orientation de la bureaucratie soviétique n’ a
*.ï uéliminer de l ’ économie de ces pays les d iffic u lté s structurelles de la
'■''iiifie'ition qui sont le résultat do la politique stalinienne dans la phase
pr r ‘ o ito s l ’ existence d ‘ obligations envers l ’Union soviétique pesant sur
los économies do ces pays, l ’ étroitesse des lim ites nationales dan3 lesquel­
les ces pays avaient été confinés auparavant, le caractère cap italiste do
l ’ agriculture, l ’ apathie et souvent l ’ h o s tilité passive du prolétariat devant
les tentatives bureaucratiques do"planification’-!, etc. C’ est pourquoi la pla­
n ifica tio n continue de présenter tout son caractère hybride et de plus d if­
fère du point de vue structurel fondamentalement (souligné par nous) de la
p lan ification soviétique, qui est elle-mômo une déformation bureaucratique
d ’ une p la n ifica tion socia liste r é e lle ".
Dans l ’ analyse «do la nature des sociétés, les différences fondamenta­
les sont de3 différences de classo. Quelles sont donc les différences de f i a s ­
se à la bcaso do la plan ification soviétique et de c e lle des pays du glacis?
Jusqu’ à présent nous connaissons doux types de "p lan ification " i la "p la n ifi­
cation" d ’un capitalisme dirigé,su r la base de la propriété privée, et la
p la n ifica tion d ’ un Etat ouvrier, basée sur la propriété nationalisée. La pla­
n ifica tio n de l ’ Europe orientale s ’ e ffe c tu e -t-e lle sur la base d’ un contrôle
c i d ’ une lim itation de la propriété privée, à la seule fin de préserver cetto
dernière? ou e s t-e lle fondament alement d ifféren te do la "p lan ification " ca-
p it a li s t o , basgo, comme en Russie, sur la possession par l'E ta t de la majeure
partie de l ’ appareil économique, sur la destruction de la bourgeoisie et do
la classe de propriétaires fonciers et effectuée par une bureaucratie so ba­
sant 3ur la propriété co lle ctiv e ? N 'e s t -il pas évident que la différence
fondamentale réside, non pas entre la p la n ifica tion de l ’ Union soviétiquo ot
ce lle de ses s a te llite s , mais bien entre leurs types de planification ot oo-
lu i du capitalisme? L'existence d'obligations envers l ’Union soviétiquo po­
sant sur les économies de ces p a ys,etc., sont des caractéristiques d' ordro
secondaire, (Nous pouvons tra iter ultérieurement le problème du "caractère
cap italiste de l ’ agricu ltu re"). En co qui concerne les autres facteurs
"fondamentaux", i l s u ffit d'indiquer que la plan ification soviétique était
elüô:,aussi confinée à d 'étroitos lim ites nationales, que la politiquo du
"soc-’ alisme on un seul pays" accentuait que la p lanification soviétiquo
te lle qu’ elle s'effectu e aujourd Jhui,rencontre "l'ap a th ie et souvent l fhos­
t i l i t é missive du p roléta ria t". En vérité, les premières phases do la pla­
n ifica tio n dan3 les pays de l'Europe orientale s ’ accompagnent , dans oortains
do ces pays, d ’ un degré d'enthousiasme du prolétariat qui est bion plus mar­
qué qu'en URSS. N 'apparnît-il pas avec évidence que cos différences fondamen­
tales ne sont pas du tout fondamentales,‘ mais peuvent uniquement ôtro consi­
dérées comme des facteurs qui viennent déformer la réa lité aous-jaconto?

MARCHE INTERIEUR ET MARCHE MONDIAL


Selon la résolution du S .I ., le3 facteurs
qui déterminent les différences sociales ou qualitatives entre le3 pays du
•lacis et l'Union soviétique témoignent d ’ une situation où l'o n peut consta-
•’ ,r "que la majeure partie do la production de ces pays du glacis est en-
ro destinée au marche capita lis te (s o it intorno, 3oit e x te r n e )... Les con-
"Itions do la fusion du marché petit-bourgeois paysan avec l ’ industrie d’
Etat et le marché cap italiste mondial, dont Lénine ot Trotsky ont montré le
danger pour l'URSS pendant la période de la NEP, représentent aujourd'hui
les facteurs déterminants do la situation dans les pays du g la c is ".
Or, n * e st-il pas évident que les faoteurs déterminants pour caracté­
rise r ces pays doivent être recherchés non pas dans la sphère de l'échange,
p'-is dans c e lle de la production? En Russie, soua la NEP, les processus d i-
et contrôlés par l ’ Etat étaient combinés avix processus incontrôlés et
.•Ié.;ioataires du marché. Mais ce ci no sig n ifie pas du tout quo les relations
i.c production sont ca p ita listes. Le point important est quo X 'Etat contrôle
les è essen tielles de 1 ’ économie et peut intervenir dans les opérations
et r C t .1 les rapports sur le marché. Selon les informations que nous p ossj-
clons, 1 ''pparaît quo dans tous ces pays le commerce de gros est aux mains
do l ’ Ev.^t ou des coopératives. Une partie variable clan3 chacun do cos divers
pays, dv commerce do détail demeure en mains privées, mais i l est extrêmement
douteux qu'une analyse statistique entreprise avec soin, puisse révéler que
•la proi orcion au capital privé dans le commerce atteigne 50 comme ce fut
le cas en Russie sous la FEP.
En ce qui concerne le commerce mondial, le fa it d*échanges commerciaux
avec les pays cap italistes n’ a pa3 en soi pour e ffe t de créer une différen -
d a tio n sociale dans les rapports internes de ces pays,par comparaison avec
lv-s rapports prévalant dans l ’Union soviétique. Le renversement du capiba -
Usine dans un paye donné ne sig n ifie pas la fin de la répartition mondialo
du tra v a il. Si la plus grande partie du monde est ca p ita lis te , tout Etau
ouvrier, sain ou dégénéré, doit forcément participer au marché mondial. Le
degré d'une to ile participation ne représente nullement une mesure de la d if­
férenciation socia le, bien que le danger d ’ une te lle évolution puisse avoir
son origino dans pareille participation . La résolution du S .I. considère ,
scm b le -t-il, qu’ un "renversement des accords économiques et commerciaux a-
vec 1’ Occident” serr.it une de3 mesures progressistes qui "modifieraient" son
évaluation actuolle de la situation dans les pays du g la cis. Sommes-nous en
droit d'on conclure que les Bolcheviks avaient tort quand ils essayaient d’
in ten sifier leurs rapports commerciaux avec le reste du monde? (+).Trotsi ^7
a v a it-il tort d 'é crire : " Dans notro commerce extérieur, effectué par 1’
Etat, qui s'ajoute et pout être adapté au travail dos industries étatiques
•.'t du marché interno , nous avons un puissant moyen d’ accéleror notre dévo-
1 >pperaent economique"? (Vers lo Capitalisme ou vers le Socialism e", p. 91 »
édition anglaise). Le point essentiel dans cette question du commerce avec

( +) Il convient do rappeler, sous ce rapport, lo conseil donné par


Lénine aux communistes des républiques soviétiques du Caucases
"Faites l ’ usage lo plus ample, le plus intense et le plus
rapide de l ’ économie ca p ita liste occidentale par la voie
d ’uno politique do concessions et do relations commercia­
l e s , . . , Dans le domaine économique, basez-vous dès à
présent sur des relations commerciales avec les pays ca­
p ita liste s . ne regardez pas à la dépense; fournissez-leur
d ’ importants minerais valant dos dizaines de m illion s".
( .Aux Communistes de l ’ Azerbaïdjan , de la
Goorgio, de l ’ Arménie, du Daghestan et de
la République de Gorsky, - 00e u v r e s
c h o i s i e s , Vol. XI, p. 203 ( é d i ­
t i o n a n g l a i s e ) .

- 5 -
le capitalisme, c 'e s t de maintenir le monopole du commerce extérieur, en dé-
velopxmnt le commerce extérieur comme annexe à la p la n ifica tion étatique*
La résolution déclare que la fusion du marché p e tit-‘bourgeois paysan,
do l 'i n lus trie étatique et du marché cap italiste mondial est le 'fa cte u r dé
terminant de 1TEurope orientale, h l ’ heure actu elle. Comment cette fusion &’
op èro-t-elle? Qu'entend-on par le faoteur détermi nant? Le marché paysan pe­
tit-bourgeois d ic t e t - il la politique extérieure? Le danger pressenti par
Lénine et Trotsky était évidemment celu i d'un effondrement du monopole do
l'E ta t et de la création de relations directes antre les paysans et le capi­
talisme mondial ou l'abandon de 1 'industrialisation du fa it de l'im portation
de produits manufacturés pour sa tisfa iro la paysannerie qui recevrait dos
'r ix plu3 élevés pour son blé. En ce qui ooncerne les pays d'Europe Orienta­
le , les staliniens maintiennent fermement le monopole du commerce extérieur
v . l e facteur déterminant de ce commerce n'e3t pas le marché paysan, mais
est représonté par les plans staliniens d 'in d u strialisation .

NATIONALISATION DE LA TERRE - EST-CE UN CRITERE DECISIF?

Abordons maintenant la question de la nationalisation de la terre. L 1


absence de nationalisation do la terre e s t - i l un facteur q u a lita tif? En
discutant de la nationalisation de la terre, l'o n doit tenir compte dos re­
lations précises prévalant dans 1 'industrie et dans l'E ta t. Les rapporta
dans l'a g ricu ltu re ne représentent pas en eux-iaomes un élément d é cisif dans
la caractérisation de l'économie de ces pays, L ' élémentodécisif c 'e s t que
les secteurs de base do l'économie sont aux main3 de l'E ta t. La bureaucratie
stalinienne est forcée de développer industriellement ces pays, augmentant
ar 1*, îOne le poid3 spécifique des secteurs étatiques.
L'importance de la nationalisation de la terre réside en ce q u 'e lle
permet la lutte pour une agriculture c o lle ctiv e et empêche le développement
de nouvelles couches cap italistes - problème lié au développement d« l 'i n ­
dustrie et au niveau technique atteint par l'a g ricu ltu re . Malgré leurs pro­
messes opportunistes précédentes, les sta lin ien s, ayaujb consolidé leur pou­
v o ir, suppriment actuellement ces couches sociales et se préparent h c o lle c ­
tiv is e r la terre do la façon la plus brutale. Comme la bureaucratie russe se
base sur la propriété collective), e lle est forcée de lu tter contre tout dan­
ger qui pourrait la menacer de la part d'éléments koulaks, soit on Union
soviétique so it en Europe orientale. La lutte peut avoir un caractère empi­
rique, e lle peut même donner lieu à des fric tio n s au sein do l'ap p areil bu­
reaucratique lui-même; cola n'empêche que la bureaucratie est foroéo de c o l­
le c tiv is e r l'a g ricu ltu re , avec ou sans nationalisation de la torro.

A QUESTION DE L' E T A T

Le S .I , nous dit q u 'il est nécessaire,on


Europe orien tale, do faire disparaître 1' "appareil d'Etat hybride actuel,
et do constituer un appareil d'Etat do type nouveau, qui serait évidemment
à l'image de celu i de l'URSS". I l existe donc, sem b le-t-il, uno différence
qualitative entre l'ap p areil d'Etat de ce3 pays et celu i de l'Union S oviéti­
que. Mais la résolution du Congrès Mondial déclarait trè 3 clairement que la
bureaucratie éta it obligée de maintenir la fonction et la structure bourgeoise
de l'E ta t, Si la fonction bourgeoise a été maintenue, i l est évident que ces
- 6 -
Etats diffèrent qualitativement de l'E ta t soviétique. Mais, en f a i t , bien
iue la structure de l ’ Etat dans les pays du glacis apparaisse semblable à
ce lle d'un Etat bourgeois, comme c 'e s t également le cas pour l'E ta t do la
bureaucratie soviétique, la f onction du cos Etats est entièrement différen­
t e La classe ouvrière aurait besoin, pour construirele socialisme, pour
exprimer ses besoins, d ’ un Etat avec lequel elle puisse entretenir des
reluu.rons directes et vivantes, mais l'E ta t de la bourgeoisie aussi bien
que L'entât dominé par la bureaucratie stalinienne sont identiques en ce
q u 'ils sont séparés des masses.
Pans les conditions spécifiques d'après-guerre régissant l'Europe
orierba’.o, une bourgeoisie extrêmement fa ib le , dont l'a p p a reil étatique fut
ébranle et a ffa ib li de façon décisive par l ’ avance de l'Armée Rouge ain si
que ,. v les actions des masses, n'avait d'autre alternative que de laisser
les s câlinions é d ifie r leurs organes de répression, essence de l ’Etat scorps
d'L ‘rtiMüs armés, sous contrôle stalin ien . Toute résistance de la bourgeoisie
heurtait A la pression de Moscou ou la pression contrôlée do3 mases.
En v érité, i l e x ista it pendant une certaine période de3 coalition s
avec la bourgeoisie ou un r e fle t de la bourgeoisie. T outefois, dans tous les
ca3, les staliniens s'assurèrent le contrôle des forces armées dt de re -
préf-ujinn. Dana faute co a litio n normale avec la bourgeois le ,le s représentants
ouvriers on sont 2os Stages. Dans la situation concrète de l'Europe orien­
tale , la bourgeoisie devint l'o ta g e , bien que dans la promièro période de
la "lib é rn tin i" les staliniens les u tilisèren t pour réprimer le mouvement
ouvrier. La bourgeoisie espérait maintenir une certaine base politique et
économique jusqu'au, moment du retra it des troupes russes ou jusqu'à ce que
l'é q u ilib r o dos forces tant sur le plan national qu'international, lu i iCtu
plus favorable*
Dans la première période qui su ivit la guerre, l'ombre do la bour­
geoisie eût pu devenir plus substantielle et a effectivement gagné une cer­
taine substance, Si le rapport de forces 3ur le plan international avait é -
té d ifféren t, l'év olu tion aurait pu être entièrement différen te.T ou tefois,
la bureaucratie stalinienne ne pouvant courir lo risque d'un partage du
pouvoir, et en raison de sa lutte contre 1 ' impérif.ltamo mondial, détruisit
coiù letement la bourgeoisie en faisant appel à la pression des masses#
La forme générale et la structure de l'E ta t en Europe oriental© peu­
vent paraître iden tiqu es à c e lle s de la société bourgeoise, comme c 'e s t le
cas, njus le répétons, pour l'E ta t soviétique. Mais on aurait tort d'en con­
clure que leurs fonctions sont encore bourgeoises. 11 est c la ir que s i ces
pays s'assim ilaient à l'Union soviétique, la marine étatique n 'exigerait
que des changements do d é ta il. En examinant lu fonct io n et non la forme de
ces Ebats, i l s'avère qu'l*, n 'existe pas do différence qualitative entre
les Etats de l'Europe orientslo et coux lo la Russie, C'est a lle r absolument
à l'encontre des fa its que de déclarer que l'E ta t a une fonction bourgeoise
— de défendre la propriété privée bourgeoise. L'Etat dans ces pays a as-
s'uné la fonction de liquider la bourgeoisie (non par la suppression p o l i t i -
tique ou en la limitant économiquement commo l e : fe ra it un Etat cap italiste
bonapartiste, mais en la privant de sa baso économique et en la détruisant
dans t >us les secteurs économiques d é c is ifs ). L'Etat, tout en veillan t à
la protection de lu propriété étatique et en la développant en se servant
de la pression, dos masses, étouffe l'in it ia t iv e dos travailleurs et prive
ceux-ci de droits politiqu es; Ce sont là des fonctions appartenant non pas
- 7 -
?•. un Etat bourgeois, mais à un Etat ouvrier dégénéré et bureaucratique «
Nous pensons que cotte analyse s u ffit pour établir que le S .I. in ter­
v e rtit quantité et qualité et qu’ i l no démontre nulle part que les différen­
ces entre les pays du glacis et de l ’ Union soviétique sont autre chose que
dos différences quantitatives*

LE . -,!• et L» “ASSIMILATION”
Nous en arrivons à ce qui paraît être l ’ es -
sen t5vil de la position du S .I. lorsqu’ i l récapitule sa description des pays
du g.lacis. Co3 pays sont de3 pays cap italistes en "voie d ’ assimilation struc­
turelle à l'irnSS1''* Le S .I. devra modifier son évaluation de la nature et.cla­
ie de C63 pays lorsque les conditions de cette assimilation ont effectivement
été remplies, c ’ est-à-dire t "suppression des frontières nationales entre les
pays du g la cis’*•
Si nous prenons la présence de frontières nationales comme clé de la
nature des Etats, nous ne verrons jamais d’ Etat ouvrier avant que le oommu -
nismo ne soit devenu une réa lité sur toute la terre et que les frontières ,
on même temps que les Etats "n’ aient dépéri". Il convient d ’ exprimer i c i
—comme le f i t Lénine A propos des sociaux-démocrates polon ais-- que nos
camarades "aupposent que l ’Etat démocratique du socialisme victorieux exis­
tera sans frontières (comme un "complexe de sensations"), sans matière".
Le degré d ’ assimilation de3 pays sa te llite s A l ’ Union soviétique ne
détermine pas leur naturo socia le. Le S.I* renverse les problèmes lorsqu’ i l
déclare quo l 'assim ilation eut le facteur d é cis if pour l ’ évolution de la s i­
tuât i en ^
La résolution du Congrès Mondial déclare t "La bureaucratie so v ié ti­
que uut inoupable do par sa naturo sociale d ’ intégrer le3 "pays du glacds"
à l ’ économie soviétique sans la destruction complète du capitalisme dans ces
pays’’ . Ceoi est exact . Coût seulement la destruction-des rapports capita­
liste*' qui peut permettre 1 'élimination des frontières et l ’ assim ilation.
Toutefois, i l est faux de m uuror c^tto destruction par le degré auquel, so
manifestent des phénomènes qui on sont la conséquence*
Ces phénomènes pouvant être causés par des facteurs autres que celui
de la destruction do la bourgooiaio,.
Le.caractère insoutenable de cette position se révèle lorsque l'o n
examine les conclusions qui on découlent. Si nous mesurons les transformations
sociales dans cos pays par lo degré d'assim ilation, alors tout événement a l­
lant en sens contraire doit être considéré comme réactionnaire. Ceci ne signi­
f ie point que la 3éceesion de la Yougoslavie, qui a raffermi les barrières
nationales, doive être condamnée comme rétrograde ot q u 'il f a i l l e donc accor­
der tout son soutien à la revendication du Kominform relative à 1' "unité or-
•voniquo". En appliquant le même raisonnement, la revendication pour une
Ukraine soviétique indépendante -renforçant donc les fron tières nationales-
devient rétrograde tout comme le devient d 'a ille u rs la revendication de Lé­
nine demandant la lib erté complète de sécession pour les nations sous un Etat ^
ouvr i e r .
I l n 'e st pas certain quo le Kremlin abolisse complètement les fro n tiè - -
res nationales de ces Etats* I l se peut bien qu'une indépendance formello

- 8 -

N
serve mieux ses intérêts au stade actuel, et peut-^tre m§me à 1 'avenir.Tou­
te fo is , le Kremlin maintient un contrôla rigide 3ur ces pays, tient sous sa
domination les partis nationaux staliniens ainsi que l ’ appareil étatique,Si
nous voulons analyser le problème de l'a ssim ila tion , i l nous faut bien cons-
tato'’ que ces mesures sont des témoignages de 1 ’ assim ilâtion. Les mesures d'
.'tot'V.otion poussent ellos-mômes à uno intégration dos économies de ces pays,
,vv. a présent, toutes les nations de la région dos pays du glaci3 sont lié e s
.1’ tin om soviétique et entre e lle s par un réseau d ’ accords économiques et
m ilitaires. Si co processus ne s e ' ü3^‘lner^>as par l ’ intégration de ces pays
à l ’ Iij^S en tant que Républiques formelles do c o lle -o i, ce sera non pas par­
ce qu. Le capitalisme n ’ a pas été détruit, mais pour d*autres disons.
Les méthodes dont use 1^ bureaucratie soviétique pour dévier les é -
conoL.ies des pays du glacis à son p r o fit, pour orienter arbitrairement leur
politique économique et leur stratégie m ilitaire sont & r e je te r. Toutefois,
la directive du S.T. va on sens inverse. Le S ,I . estime que l ’ assimilation,
c 'e s t-à -d ire la 3U£;pression d-.j 1 'indépondance formelle ello-raÔme de cos pays,
leur contrôle diredt et absolu par lu. bureaucratie russe, est le processus
qui transformera la nature sociale de ces Etats, Quoi amène immédiatement la
conclusion qu’ i l faut appuyer co processus.
Bien entendu, le 5.1. u’ nccoptu pus p T o illo conclusion. C'est pour­
quoi i l soutient qua I 03 forme:; 1’ <.•x, loita tjon do cca pays par la bureaucra­
tie russe ne constituent pas uno anaimilution, mais qu’ e lle s y font obstacle
an contraire. On pourrait admettre le bien-fondé d'une argumentation se ba­
sant sur le fa it que "le s formes spécifiques (l'exp loitation introduites par
la bureaucratie" engendrent la haino nationallato dirigée oontro cotte der­
nière, ce qui constitue un obstaclvj à l 'assim ilation. Toutofoio, i l semble
que la position du 8 .T. so it différente ; quo nolm c e l l o - c i , "le s formes
spécifiques d 'exp loitation " renforcent ln nature cap itali3to do cos Etats
et enqîêchent ainsi l'a ssim ila tion , qui nu puut av^ir lieu Bans "la destruc­
tion complète du capitalism e".
Le rapport du Congrès Mondial déclare qu-j "loo formes spécifique <3.'
exploitation apparaissent, dans lo cadre do cos paya, comme dos formes d'ex-:
ploitntion c a p ita lis te ". Toutefois, la participation de la bureaucratie so­
viétique aux sociétés à. capital mixte en Hongrie et en Roumanie, l'annexion
par c e ll e - c i des mines d'uranium do Tchécoslovaquie, no sont pa3 plus une
m suro d 'exp loita tion ca p ita liste que l'annexion complète de la Bessarabie,
aes pays baltes et de la Pologne orien tale. Elles sont une expression des
méthodes bureaucratiques par lesquelles la bureaucratie tente d ’ élargir la
sphère de ses intérêts propres ut c 'e s t on tant que tels que ces procédés
doivent être réprouvés,
II ne nous sera possible de 3ituer nvi.c exactitude ces co n flits
qu'engendrent les formes spécifiques do domination de la bureaucratie sovié­
tique, quo si nous saisissons quo le renversement socia l a déjà eu lieu dans
ces pays. La bureaucratie tonte d'amortir los d iffic u lté s dans lesquelles
se trouve sa propre économie, par une participation directe à un nombre * '
industries de certains de cos pays, par des traitements préféren tiels, e tc, ^
En tant quo force bonapartiste a rbitraire, elle est obligée de chercher à
accaparer 100 % du contrôle sur l'a p p a reil étatique dans ces pays, afin de
conserver intacte sa lib erté du-manoeuvre. C'est la raison des condamnations
infligées à certains individus qui, sous bien de rapports, agissent sous la
. - 9 -
pression de3 forces sociales de leur pays ou bien encore possèdent une ba­
se propre, et c 'e s t également la raison des tentatives fa ites pour placer
los leviers de commande entre les mains d' "hommes do Moscou", C'est ce qui
constitue le cadre des co n flits en Europe orientale, La déclaration selon
laqueü o le différend avec le Parti communiste de Yougoslavie e3t une lutto
contre la nationalisme bourgeois, était rédigée par le Kominform, Si le SI
veut 1 ...vr une conclusion cla ire do sa position qualifiant la Yougoslavie
d'Etat ca p ita liste , i l doit on toute logique accepter également la caracté­
risâ t l o i de la lutte indiquée par le Kominform,

LA YOUGOSLAVIE
La contradiction la plus flagrante du rapport
apparaît dans sa position à l'égard do la Yougoslavie. Bien que la Yougosla­
v ie , tout comme les autres pays do l'Europe orientale, soit "qualitativement"
différente de l'Union soviétiquo, bien que oo soit un Etat ca p ita liste , on
n-)Us o mvie à soutenir Tito contre Staline! 1a raison avancée est que 2
"La défense de la Yougoslavie se situe dans le cadro de notre évaluation
du mouvement ouvrier de ce pays, du I'origin e de son Etat, dés p o ssib ilité s
révoluhionnaires manifestes- présentées par le mouvement ouvrier, qui priment
sur les considérations d'ordvo purement économiques" (et de classe? T«Uc ) .
La résolution du f» I. d é d ir e que nos taches en ce qui concerne ces
Etat3 d'Europe orientale m s 1.' nI: lus memes que colles- définies au Congrès
Mondial. Mais la résolution ou Congrès Mondial préconise le défait :lsine ré rq-
} r{: : unn" iro dans lus pays, du r l aois on cas d ' agression impérialiste . Ainsi
U( . , Düjii que nous défendions 1. Yougoslavie contre la bureaucratie russo,
nous no devons pns frire du mf mo, sem b le-t-il, contre l'im périalism e!
Comme on le v i t , 1'. confusion devient de plus en plus prof onde. Elle
s'empire davantage In.Mip'u nous examinons de près ces formules : "évaluation
du mou:, ment ou vri:r ' ( " •»rig’ run do son Etat". Qu'entend-on par les '•origine s
do son l ';ab"? Tl e d dit aus-^i quo cot Etat "a été créé par l'a c tio n d o b
masses"* Mais qui 1 inw •ctuollement? Le dernier Bulletin du C.E*I-(oc­
tobre) nous informe .jn > los Eb'ibo d'Europe orientale sont dominés par lc3
partis communistes -.t qno- la "d irection du PG yougoslave (qui domine 1' E-
ta t. tf.ïï.) représente jusqu'?i présent une déformation bureaucratique d'un
courant révolutionnaire antl-capita lis te (souligné par nous) plébéin". L'
Etat donc est dominé pur une défem ation d'un courant a n ti-ca p ita liste . Exa­
minons maintenant quels ri'.pqu '.s do propriété sont défendus par cet Etatc
L i\ dernier Congrès du PC yovgca.,avu, Kidrie déclara que "deux ans après la
g-iorre, l'E ta t yougoslave dotejV-it 55 °/° dos industries et contrôlait 27 $
dos industries restantes, A présent toute l'in d u strie fédérale et do la Ré­
publique est nationalisée, comme c 'e s t également le cas pour 70 $ de l 'i n ­
dustrie lo ca le, ainsi que pour les banques, tous les moyens de transport ,
tout le commerce extérieur, tout le commerce d* gros et la plus grande par­
tie du commerce de d é ta il," Il indiqua qu'en comparaison, la situation en
Union soviétique en 1926-27 éta it la suivante : 14 % de l'in d u s trie , 32 '%
du commerce et 5 $ du commerce de gros étaient en mains privées. Acceptant
cette présentation des fa its par K idric, et acceptant la résolution du CEI
sur la nature des forces qui contrôlent l'E ta t yougoslave, quoi éléments
reste- t - i l pour q u a lifier la Yougoslavie d'Etat ca p ita liste ?
- 10 -
Ler déclaration du S .I. selon laquelle notre attitude v is -à -v is de
la Yougoslavie est dictée par une évaluation du mouvement ouvrier est exac­
te si l'o n ajoute une considération t que ce mouvement ouvrier a pris le
pouvoir et q u 'il est en train d ’ éliminer le capitalisme»

CAMARADES A MI-CHEMIN
L'occasion se présente i c i , sem b le-t-il, pour
examiner la position des camarades qui, s'arrêtant à mi-chemin, déclarent
que la 'ougoslavie est un Etat ouvrier mais se refusent à faire cette dé­
clara h-ion on ce qui concerne les autres pays d'Europe orientale. Ces cama­
rade-; r-o peuvent rester longtemps sur cotte position . Du fa it q u 'il n 'e x is ­
te pan de différences fondamentales outre l'économie de la Yougoslavie et
los ..conouijes des autres Etat3 du glu ois, la logique des choses doit foroé-
1 pousser ces camarades à accepter le f a i t que dans tou te. 1:Europe
orientale un renversement socia l s 'e s t produit,
Eri Yougoslavie, la terre n'a pas non plus été nationalisée; les ca­
p ita lis te s nntionavLx et étrangers furent indemnisés. La Constitution est ba­
sée sur colle *lo 1 'Union soviétique, mais c ’ est le cas également des Cons­
titu tion s dur. autres F,têts. I l est à peine besoin de déclarer que l'a ssim i­
lation structurelle '-avec l'Union soviétique- y est moins avancée que dans
les autres pays clu g la cis ,
Il semblerait q.uc le seul argument que ces camarados puissent avan­
cer on ravour do leur position est celu i relevant l'étendue et la profondeur
du mouvement do masse sur lequel le nouvel Etat yougoslave est basé, C'ovt
là un point important dans l'ap p réciation du c o n flit S talin o-T ito. Toute la
sig n ifica tion du c o n flit qui oppose la Yougoslavie au Kominform découle du
fa it que pour la première f o i s , au sein mémo du stalinisme, la bureaucratie
lu Kremlin se v it opposée par des éléments possédant une base propre ayant
:o. racine dan3 un appareil étatique séparé et dans les masses. Toutefois ,
ce ci n'introduit pas une d ifféren cia tion sociale décisive entre la Yougosla­
vie et les autres Etats d'Europe orien tale, Le renversement du régirno n 'a j
peut-être pas été effectua de façon classique ; néanmoins, les événements
forceront le stalinisme à opérer ce renversement dont les conditions furent
d ict" a par les circonstances spécifiques de la situation. Au début de la
guerre, Trotsky a pu parler d'une guerre c iv ile en Finlando, bien que la lu t­
te ne fût pas menéo sous la direction d'un parti révolutionnaire se basant
sur le soutien des masses. Dans "Défense du Marxisme", Trotsky é c r it (p.98
do l'é d it io n anglaise) t
"ilien entendu, i l 3j_agit i c i d'une guerre c i v i l e de type, spéc ia l . Elle
no 3ujrg.it pa3 spontanément ries couches profondes dos masses popula ir e s .
Elle n 'est pas menée sejus lu direction d'un Parti révolutionnaire basé
sur le soutien dos masses. Ella ost introduite de 1 'extérieur à I {aide
do baïonne tte s , Elle est contrOlée par Jla bureaucratie de Moscou, Nous
avons examiné tpun ces problèmes en discutant le cas do la Pologne r
ÎTéanmo in s , s.jugij; précis éniant d'une guerre c i v i l e , d'un appel aux
déshérit é s , aux Pauvre s ; d'un appel conv iant ceux-ci à exproprier les
r i ches, à !>• [ ohnr.aor, à procéder à leur arrestation, e t c . Je ne
pourrais tr do nom pour caractériser ces actions 3i ce n 'est
celu i do gun c iv ile ".
Les baïonnettes du l'Armée Rouge, même s i elles demeurèrent parfois
seulement à 1'arrière-plan , le contrôle effectué par la bureaucratie do Mos­
cou, les appels aux: déshérités, ce furent les instrumonts u tilis é s dans les
pays du glacis pour effectuer un renversement do régime sim ilaire à celui de
la Y* vgoslavie, Nou3 attendons avec intérêt les arguments que ces camarades
avanceront pour réfuter notre exposé et pour ju s tifie r leur position selon
laqu'.llo i l existerait une différence qualitative entre la Yougoslavie et les
autres pays satellites#

fÎTTE RECTIFICATION NECESSAIRE


Los fa its sont des phénomènes persistants et,
tôt ou tard, on est forcé do les reconnaître. Les amendements du R.C,P, pré­
sentés au Congrès Mondial gagnent en justesse et ao trouvent renforcés,parce
q u 'ils ont les fa its de luur côté. A cct égard,le mémorandum soumis par lo
camarade EiR. Frank au dernier C.E.I, doit être bien a c c u e illi par le R.CcP-,
Le brouillard dans lequel la question de l'Europe orientale a été
plongée par la résolution •du f>*I* monti’e ce qui arrive lorsque l'o n abandonne
les fa its et lorsqu'on essaye d'analyser la nuturo d'une société sans tenir
compte dos rapports de olasso.
I l serait tout h fa it faux de s'imaginer qu'une reconnaissance du
renversement social dans les zones du glacis sig n ifie que nou3 devions aban­
donner les fondements de notre analyse extérieure du stalinisme * Trotsky
v.xirriiiie, à propos do la Pologne en 1939» que "2 'o lig archie du Kremlin f\r;
o b ligéo, au cours dj un lutte pour sa propre. s^ry.VLll'.Cd3.» of fe otn/ o gan.1' d.s
oond:it ians procéder à ce. renv^ : ? .me iv du régime'1.

Cette mCm, lutte d'auto-conservation fut lo facteur déterminant de la


politique d'après *,qjorr<j du Kremlin, Notre analyse du stalinisme découle d'
une analyse dos origines et du développement de l 'Union soviétique, de 3.a na­
ture du régime o>viûtIq'?o et de 303 rapports avec l *évolution révolutionnaire
mondialo. Lo fu it qi o le stalinisme prend des mesures révolutionnaires dan?
certaines circtn st meus spécifiques ne 3upprimo pa3 son passé, ses origine* v
ses aspects conservatours ot contre-révolutionnaires, sa base bureaucratique
\ e t l 'e f f e t néfaste de ses méthodes sur le mouvement ouvrier mondial, D'autre
part, les mesures progressives que le stalinisme est obligé de prendre par
suite do la . v it a lit é de la forme de propriété sur laquelle i l re­
pose, ne doivent pas nous aveugler, La TVô Internationale ne peut se ju s ti­
fie r on ignorant les fa its ou en tentant de .les comprimer dans des cadres
théoriques préconçus, (jette v o ie -là ne peut mener qu'aux brumes mystiquese
Proclamor que dans toutes les circonstances particulières la bureau­
cratie stalinienne doit forcément pactiser avec la bourgeoisie, c 'e s t n'avoir
rien compris aux événements d'Europe orientale. La situation du monde d'après-
guerre et la prédominance de la bureaucratie s.oviétique dans certaines régions
ont fa it que sa lutte d'auto-conservation a p ri 3 la forme d'un renversement
s o c ia l. Toutefois, coci no sig n ifie pas que la bureaucratie a it levé la ban­
nière de la révolution mondiale lutte demeure sur la défensive, avec pour
o b je c tif d ’ obtenir le meilleur compromis possible avec 1 'impérialisme mondial.
Toutefois, la bureaucratie stalinienne est prête, à ce stade, à pousser à la
mobilisation des masses là oh e lle peut garder la contrôle du mouvement et
- 12 -
>û I 03 impérialistes sont trop paralysés pour pouvoir intervenir. Demain,
.La h -reauoratie stalinienne sera tout aussi prête à aider les impérialis­
tes pour supprimer les mouvements de masse, pour maintenir un pacte avec
l'im périalism e; Cette mobilisation engendre elle-même un surcroît de d if -
fic v ü : 03 pour la bureaucratie, comme l ’ ont montré le3 événements de You­
goslavie et comme la Chine le prouvera certainement à l'a v en ir. Ces con­
f l i t s au sein du stalinisme rehaussent le caractère conservateur de la bu-
reauv':i j.r.io, qui craint le développement de tendances " t it is t e s " là où des
stn!■’:*Lens locaux prennent le pouvoir par suite d'un mouvement de masse •
jj •) peut q u 'a ffa ib lir la certitude que la bureaucratie a incontestable­
ment acquise au cours et apres la guerre, de pouvoir manoeuvrer à sa guise
le mouvement ouvrier,

Les problèmes qui nous confrontent, suite à l'é v o lu tio n des pays
du g la cis , sont complexes. Notre mouvement les résoudra. Toutefois,rete -
nons une vérité évidente : aussi longtemps que la majorité de la IVè In­
terna lionalo n'nu*a pas éta b li une position cla ire et précise sur cette
évolution, o 'o o t-a -d ire uno position qui ne fasse pa3 f i des réa lités ,
nous nou3 démènerons dans un cauchemar qui viendra s'appesantir sur tous
los aspects de notre a c tiv ité .
//, Hunter
Mai 1949 --------------

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