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Le corps sensible et l’espace vécu : apprendre une

architecture expérientielle.

Johan MARIN-MONTOYA Mémoire de Master 1 2018 I 2019


ArchitectureEnvironnement&CulturesConstructives
E c o l e N a t i o n a l e S u p é r i e u r e d ’A r c h i t e c t u r e d e G r e n o b l e
Le corps sensible et l’espace vécu : apprendre une
architecture expérientielle.

Directeur de Mémoire
Stéphane Sadoux

Johan MARIN-MONTOYA Mémoire de Master 1 2018 I 2019


ArchitectureEnvironnement&CulturesConstructives
E c o l e N a t i o n a l e S u p é r i e u r e d ’A r c h i t e c t u r e d e G r e n o b l e

1|
Merci à Stephane Sadoux mon directeur de mémoire pour ses conseils et réflexions.
Aussi Merci à tous qui ont ouvert son esprit à partager en peu de son être avec moi.

Bien évidement à Aurore pour partager sa liberté d’esprit et sa présence.

2|
A mon habitat premier, mon premier Chez-moi, merci mère…

Hildary Montoya.

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4|
SOMMAIRE

I. Introduction 6

II. Etat de l’art 11


Contexte
a. « Un savoir existentielle » 13
Merleau-Ponty
b. « Un analphabétisme perceptif et le rationalisme de l’architecture » 15
Hundertwasser
c. « Toucher le monde » 17
Juhani Pallasmaa

III. le corps un point de départ 19


a. La conscience présente : une attitude perceptive 21
b. La nature perceptive du corps dans la création 25

IV. L’espace comme expérience 28


a. Le vécu et la conception de l’espace 29
b. L’habiter, habité 32

V. Expérimentation 34

a. Susciter le questionnement 36
b. Dessiner l’experience vecu 39
c. Rencontres : Interviews 40

Conclusions 47
Bibliographie 50
Annexes 52

5|
INTRODUCTION

Comme nous le rappelle Saint-Exupéry, tout


questionnement commence par un principe naturel de
curiosité. Celui à l’origine de ce mémoire a débuté en se
posant la question de la conception de l’espace en
architecture, et de la manière de se penser soi-même dans
l’acte d’habiter. Se préoccuper de la compréhension de
notre façon d’habiter nous renvoie à la relation de l’être
humain avec le monde. Et voilà pourquoi penser
l’architecture est aussi se poser les questions
fondamentales de l’existence : l’habiter, le Moi dans le
monde et le Moi avec l’autre.

L’intérêt de ce sujet se construit au fur et à mesure que


l’architecture sort du cadre académique et s’ancre aussi
dans la vie quotidienne. Face à l'acte d'habiter, les notions
extraites des expériences vécues avec le monde
apparaissent inconsciemment pour décrire notre
perception de l'espace. La lumière, la couleur, les arômes,
les sons, le froid, la chaleur et les textures transmettent
des atmosphères différentes qui sont perçues par les
récepteurs corporels. Ces expériences modèlent notre
idée des qualités d'un lieu et donnent un sens à la
condition d'habiter.

À la quête d’une résonance avec le corps


Les différentes manières dont nous apprenons les choses
influencent notre perception du monde et, dans le
domaine de l'architecture, les formations suivies vont
avoir une incidence sur notre perception et la création des
espaces.
Aujourd’hui, l’approche de la conception de l’espace et de
l’habiter est encore en grande partie dominée par une
validation visuelle des formes ordonnées et adéquates
pour appliquer l'architecture. Cette dernière jusqu’à nos
jours est régie par la fonctionnalité et l'optimisation de
l'espace, par la « systématisation et la mathématisation de
la connaissance » (Perez-gomez, 1987). Une tendance qui
répond plutôt à la production en masse et à la demande de
l’industrie de la construction. En conséquence, à chaque
fois, il y a une perte de diversité dans les réponses
d'adaptation de l'homme à l‘environnement, un oubli des

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connaissances traditionnelles et des pratiques
constructives propres d’une population.

C'est pourquoi il semble essentiel aujourd'hui de valoriser


les pratiques de formation en architecture où la
conception de l’habiter accorde aussi une place centrale au
savoir expérientiel. Le corps est pensé comme un « outil »
sensible qui nous met en contact direct avec l'expérience
de l'espace.

« Le corps a une dimension : grâce au mouvement il


polarise la réalité extérieure et devient notre instrument
de signification, son expérience est donc «géo-métrique».
L’extension de cette « géométrie de l’expérience » dont
parle Husserl, au-delà de la spatialité du corps (et de celle
de l’esprit), constitue le challenge de design architectural,
de la création d’un ordre en résonance avec celui du corps
» (Perez-gomez, A. 1987).
C'est-à-dire qu’il faudrait donner plus d’attention à ce qui
est humain pour faire de l'architecture, où l’habiter est
appris comme une expérience sensible et dans lequel le
corps reprend sa place comme instrument d'appréhension
de l’existence. De cette façon, il est important de
reconnaître que les questions relatives à l'espace ne
concernent pas seulement la dimension physique, mais
rendent également présente la dimension psychique des
personnes. L’architecture manifeste l’acte créatif de
l’homme dans une dimension matérielle mais aussi
immatérielle.
« Nous sommes des occupants de ce monde avec ses
réalités physiques et mystères mentaux, nous ne sommes
pas des observateurs depuis le dehors ou des théoriciens
de ce monde » (Merleau-Ponty, 1960). Pourtant, comme
le décrit l’architecte finlandais Juhani Pallasmaa sur la
pratique de l’architecture : « un projet d’architecture n’est
pas seulement le résultat d’un processus de résolution de
problèmes, mais aussi une proposition métaphysique qui
manifeste l'univers mental du créateur et sa
compréhension du monde vital de l'homme » (Pallasmaa,
J. 2012).

Tels sont les réflexions qui amènent à un questionnement


de base dont est ce que les applications didactiques dont
le corps el l’espace sont appris pour l’expérience, peuvent

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induire une autre pratique de l’architecture qui laisse la
place aux qualités essentiel de l’habiter?

Une approche Particulière


Ce mémoire se donne pour objectif de centrer l’attention
sur la formation expérientielle en architecture et leurs
didactiques qui peuvent menés aux pratiques
professionnelle en consonance avec l’habiter de
l’homme. Toutefois, l’objectif ici n’est pas d’analyser
toutes les formes possibles de pédagogie ni leurs théories
fondatrices, mais plutôt de mettre en valeur une approche
particulière de la formation en architecture. C’est une
approche explorant quelques applications didactiques
menées dans la formation de l’ENSAG et qui peuvent être
mises en relation avec un savoir expérientiel.
Sur un petit échantillon d’acteurs : Etudiants, Enseignants
et Diplômés, cette étude n’est pas une généralisation ou
démonstration, mais plutôt un sondage diagnostique, vers
une exploration d'autres formes méthodologiques dans
l’apprentissage de l’architecte, qui peuvent conduire à une
transformation significative du métier.

Ainsi, l’hypothèse centrale de ce mémoire est qu’une


formation à l’architecture par l’expérience sensible
influence la pratique future, et plus particulièrement
l’oriente vers une prépondérance de l’acte d’habiter.
L’état de l’art en relation avec ce sujet fait appel à d’autres
disciplines que l’architecture telles que l’anthropologie, la
sociologie, l’art et la philosophie.
En effet, les approches théoriques qui abordent le sujet du
corps et de l’expérience comme apprentissage sont liées
d’une part à la phénoménologie de Maurice Merleau-
Ponty. Il affirme que l'individu accède aux choses telles
qu'elles sont et y accède non pas par l'intelligence, mais
plutôt par la sensibilité.
Du côté de la création et de l’art se trouve une
correspondance de ce thème avec les idées de
Hundertwasser qui, à partir de sa propre recherche,
développe l’idée de « cinq peaux ». Il s’agit d’une


Chez Heidegger, dans « Bâtir, habiter, penser », l’habiter est la manière dont les mortels sont sur terre et c’est l’expérience quotidienne de
l’homme. Lhomme est, pour autant qu’il habite.

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métaphore où le concept d’habiter part de la conscience
de l’homme dans le monde et où le corps est l’habitat
premier qui nous met en relation avec l’environnement.
Plus récemment, ces approches théoriques de la
phénoménologie, de l’art et de la question de la
perception ont été réunies par l’architecte Juhani
Pallasmaa dans Le regard des sens écrit en 2010 et dans La
Main qui Pense : Pour une architecture sensible de 2013. Il
s’agit ici d’une solide référence qui lie phénoménologie et
architecture pour revendiquer le corps comme entité de
cognition dans l’enseignement de l’architecture.

A partir de cette base conceptuelle, la notion d’espace sera


développée comme expérience indissociable du corps.
L’homme est alors considéré, dans l’acte d’habiter, comme
une corporéité qui perçoit les expériences sensibles du
vécu, puis interprète ces perceptions comme faisant partie
d’un savoir expérientiel, qui peut ensuite agir sur la
pratique de l’architecture.

La méthodologie d’application pour la construction du


corpus de ce travail porte sur trois moyens différents de
collecte de données. Une première stratégie consiste en
deux affiches anonymes postées à plusieurs endroits
stratégiques de l’ENSAG (voir annexes), ayant pour
intention d’inciter à une réflexion critique parmi les
étudiants concernant la formation d’architecture. Un
retour des impressions des étudiants est ensuite recueilli
deux semaines plus tard à travers une enquête en ligne
partagée sur les réseaux sociaux. Les données obtenues
permettront d’observer chez les étudiants, l’existence ou
non d’un regard critique face à leur formation en
architecture.

Une deuxième méthodologie est utilisée dans cette étude :


il s’agit de l’analyse de dessins réalisés par des étudiants
de l’ENSAG, ainsi que par plusieurs architectes diplômés.
Ces différents acteurs sont invités à retracer, par ce dessin
personnel, l’expérience vécue du lieu préféré de leur
maison d’enfance. Cette production permettra de faire
surgir des éléments significatifs de leurs expériences de
l’espace, révélant inconsciemment les qualités de
l’habiter.

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En dernier lieu, cinq rencontres ont été réalisées à partir
d’un entretien ouvert et spontané : avec d’une part, trois
diplômés de l’ENSA Grenoble et d’autre part, deux
diplômés de l’ENSA Nantes. Un protocole d’interview -ou
trame de questions ouvertes- a été élaboré pour inciter la
discussion et l’émergence d’éléments-outils permettant
de nourrir cette réflexion.
De plus, les éléments théoriques et de conceptualisation
énoncés ci-dessus ont été illustrés par des images de
différentes pratiques d’apprentissage menées au sein de la
formation de l’ENSAG. Il s’agira de les saisir comme
références démonstratives de pratiques qui portent
l’intérêt vers un développement de l’expérience à partir du
corps sensible en architecture.
Ces analyses seront comparées avec les rencontres de
différents acteurs : architectes, enseignants, chercheurs,
et architectes indépendants qui décrivent leur formation
et décryptent comment le sujet du corps sensible et de
l’espace vécu est présent dans leur pratique de
l’architecture. Enfin, nous mènerons une réflexion à partir
de ces témoignages et des expérimentations du sensible
pour ouvrir le champ du questionnement vers l’influence
de l’approche sensible sur l’architecte et son métier.

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II. ETAT DE L’ART
Contexte
La question de l’accès à la connaissance semble
aujourd'hui pertinente alors même que l’accès à
l'information est à portée de main, et d'autant plus si on
réfléchit au fait que nous expliquons notre environnement
selon le type d’apprentissage que nous avons reçu. Ces
dernières années, les modèles pédagogiques traditionnels
sont repensés, notamment face au besoin de
développement de la pensée diversifiée et d’une approche
de la connaissance pluridisciplinaire.
Le modèle productif accéléré et la culture technologique
de notre société toujours en vigueur ont généré des
conséquences dans la pensée créatrice des gens, où la
reproduction des images et l’interprétation
isolée commencent à prendre de la place et nous
déconnectent du monde. Le savoir sensible des individus,
où se trouve aussi la manière naturelle d’apprendre, c’est-
à-dire, par étonnement et par expérience directe sur le
monde, est négligée à cause du privilège donné par la
société à la voie d’apprentissage par l’intellect.

La voie traditionnelle de l’accès à la connaissance divise le


cerveau et le corps, l’intellect et les émotions, une
incidence que nous a éloignés de la corporalité. Dans la
vision de la société occidentale, d'une génération à l'autre,
la raison scientifique continue à jouer un rôle fondamental
au-delà du corps « imparfait » qui l'empêche d'approcher
le monde objectif.
« Il y a aujourd'hui - non dans la science, mais dans une
philosophie des sciences assez répandue - ceci de tout
nouveau que la pratique constructive se prend et se donne
pour autonome, et que la pensée se réduit délibérément à
l'ensemble des techniques de prise ou de captation qu'elle
invente.(…) Dire que le monde est par définition nominale
l'objet X de nos opérations, c'est porter à l'absolu la
situation de connaissance du savant, comme si tout ce qui
fut ou est n'avait jamais été que pour entrer au laboratoire.
» (Merleau-Ponty,1960)
Les effets de ce modèle de pensée sont : l'oubli de notre
nature humaine et l'annulation de notre attitude
perceptive.

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De même, la question se pose dans le domaine de
l’architecture où, en bonne partie, la façon d’apprendre à
concevoir l’espace centre de plus en plus l’intérêt sur les
développements technologiques et nous écarte du sens
premier, l’être humain. « L'architecture d'aujourd'hui a
négligé les sens, mais cela n'explique pas seulement son
inhumanité. Ce n'est pas pour les gens » ( Pallasmaa,
2017).
Les approches théoriques étudiées depuis la moitié du
XXème siècle dans les programmes d’architecture
correspondent davantage aux idées des « grands
architectes » de la Modernité, qui ont fondé leurs principes
à partir des besoins de leur époque et des conceptions
académiques, de ce que devait être l’habitat pour les gens
de leur temps.

On observe aujourd’hui une prédominance de la tendance


à apprendre les règles, les principes et les techniques pour
atteindre les solutions optimales de la conception d’un
espace. On maîtrise les phénomènes physiques qui
influencent les bâtiments, on pousse les matériaux à leurs
plus hautes performances, mais il existe une faible prise en
compte de l’homme en tant qu’habitant percevant et
transformateur de l’espace. Il y a une réduit nombre des
méthodes de l’architecture à se rapprocher de « l’
humaine » et à analyser les expériences des habitants, en
tant qu’être dans le monde.

« Sujette aux valeurs de la technologie, elle [l’Architecture]


n’est alors plus intéressée par le sens, mais par une
efficacité matérielle dominant la conception et la
construction. » (Perez-Gomez, 1987)
Ainsi, la créativité et la conception de l’espace suivent de
plus en plus une reproduction des façons de construire et
des formes qui répliquent les modèles esthétiques, de
standardisation et de consommation de notre époque.

En conséquence, on assiste bien souvent à la


matérialisation des villes qui rivalisent avec la manière
intuitive qu’ont les gens d’habiter, leur esprit associatif,
leur capacité à transformer et à s’approprier l'espace. Ce
type de villes limitent les possibilités d’expériences des
personnes et uniformisent la vision du monde. On observe
le même phénomène au Japon, en Europe ou en Amérique

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du sud. Des matériaux similaires, la même disposition de
l’espace, la même lumière, il s’agit d’une démonstration de
l’esprit du créateur qui néglige l’importance de la diversité
des différentes cultures. En ce sens, on perd le caractère
particulier de l’être au monde, les savoir-faire et la
diversité de l’habiter humain.

Fondements théoriques
Pour situer les axes d’analyse de ce mémoire, il est
important de souligner que les questionnements abordés
sont transversaux aux différentes approches du sujet. Les
disciplines évoquées de manière récurrente dans les
différentes sous-parties ci-dessous sont étudiées depuis
un point de vue comparatif qui cherche à ouvrir les
possibles dans la réflexion. Les terrains visités : La
philosophie, la psychologie, l’anthropologie de l’espace,
l’art, l’architecture et l’apprentissage, montrent combien
la dimension humaine de l’architecture oblige à la prise en
compte de différents acteurs et de leurs complexités.

Plusieurs éléments théoriques sont associés dans la


réflexion sur le corps sensible et l’espace du vécu dans la
formation en architecture. Et notamment, comment est-ce
que nous accédons à la connaissance de l’espace, qui
devient un questionnement de base. C’est à partir de là
que l’approche phénoménologique devient pertinente car
elle propose une autre forme d’accéder aux phénomènes
du monde tels qu’ils sont. Cette approche enrichit les
analyses et les possibilités d’exploration dans les
questionnements qui surgissent au fur et à mesure de la
suite de cet exposé.

C’est à partir de Maurice Merleau-Ponty, qui reprend le


postulat du philosophe allemand Edmund Husserl, que
s’ouvre une vision alternative de la raison cartésienne pour
« appréhender le monde ». Dans la « Phénoménologie de
la perception » en 1945, l’auteur déclare la nécessité d’un
retour aux phénomènes, dans lequel ce n'est plus
seulement la matière et la pensée qui sont les éléments
par lesquels nous accédons à la connaissance, mais un

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troisième élément apparaît : « le corps propre ou charnel
». Cette stratégie analytique qu’est la phénoménologie, si
on doit la décrire, devrait être conçue non pas comme une
doctrine, ni telle une discipline au sens courant, mais
plutôt, en tant qu’attitude ou manière d'être.

A partir de 1953, Merleau-Ponty expose l'existence d'un


monde sensible où la perception et la conscience
corporelle nous permettent d'accéder à la connaissance
existentielle. Le philosophe tente de dépasser l'idée
préétablie depuis plus d'un siècle, de la reconnaissance de
deux substances distinctes, l'âme et le corps. En
contrepartie, il propose une "existence incarnée" comme
l’événement transcendantal de la simultanéité du Soi et du
monde. C'est-à-dire que le corps dans sa relation avec le
monde n'est pas une machine que l'âme utilise. L'individu
accède aux choses telles qu'elles sont et non pas par
l'intelligence, mais plutôt par la sensibilité.
« Corps et conscience ne sont pas des substances séparées,
l’un n’est pas la valeur ajoutée de l’autre. L’homme n’est
pas corps et esprit il est un organisme remanié par une
dialectique spirituelle qui ne peut elle-même se concevoir
en dehors des situations où elle s’incarne. L’homme est
d’abord et fondamentalement présence au monde »
(Merleau-Ponty, 1976).
Ainsi, la perception oblige à se laisser surprendre par
l’ordinaire. Percevoir en soi oblige de revenir aux sens
premiers, et de découvrir une méthodologie qui nous
rapproche du vécu. L’expérience directe sera la source de
connaissance des choses extérieures, desquelles nous
faisons partie, depuis lesquelles on se pense et d’où on
modifie le monde.

Ces postulats seront rapprochés de l'art et de la création


par le philosophe français, notamment dans l'une de ses
œuvres "L'œil et l'esprit” en 1960. Là, la pensée complexe
de ses premiers postulats est illustrée par la peinture et
son action créatrice. “L’art et la peinture sont une
reproduction échangeable de vas et viens entre visible et
invisible, un écho de notre corps qui rend possible la
duplicité du sentir, (…) L’être est ce qui exige de nous
création pour que nous en ayons expérience » (Merleau-
Ponty, L’œil et l’esprit, 1960).

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Il n’est pas anodin un tel intérêt pour les sujets proches de
la métaphysique et la science, un sentiment hérité du
début de XXème siècle avec la reconnaissance de
l’Inconscient de l’individu par Sigmund Freud et les
évènements d’après-guerre où le sentiment de
changement était dans l’air du temps.
Ainsi, pour comprendre la conception de corps et d’espace
de ce propos , il faut saisir l’idée de « l’habiter », comme
un acte lié à l’expérience sensible et comme un agissement
ayant besoin de revenir au principe humain : la corporéité.
Par la suite, le corps prend sa place et est compris comme
le premier espace à habiter, à partir duquel on crée la
relation avec le monde. C’est à partir de ce corps, qui
bouge, que la notion de mouvement se met en relation
avec la création. Non pas seulement entendu comme un
mouvement physique, mais aussi comme un mouvement
interne, dans lequel les images mentales sont « créées »
grâce à l’information prise du monde extérieur.
C'est pourquoi ce mémoire est fondé sur une proposition
méthodologique où l'analyse et les questions s'appuient
sur les fondements de la phénoménologie, pour
comprendre le processus créatif à partir de la conscience
de l’expérience vécue comme une possibilité didactique
d’apprentissage de la conception de l’espace.

Une approche appliquée d’un savoir existentiel tel que l’on


vient d’évoquer à partir de la phénoménologie sera
réaffirmée dans le travail théorique et artistique de
Freidenreichs Hundertwasser. Selon lui, pendant plus d’un
siècle, on est restés dans la logique scientifique où l’objet
d’étude est dissocié de l’observateur pour avoir « une
approche fiable » des phénomènes du monde, y compris
de l’espace. Par conséquent, on plonge dans un «
analphabétisme perceptif ». Dénoncé par l’artiste et
architecte autrichien en 1956, un tel analphabétisme est le
résultat d'une croyance aveugle dans les modèles

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éducatifs et la science des certitudes mathématiques.
Cette croyance est à l’origine d'une pensée extrêmement
rationnelle, exprimée par la standardisation, la
consommation et l'accélération économique excessive.
Le début de la construction théorique de Hundertwasser
est fondé sur la réflexion de sa propre expérience, non
seulement à partir d'une expression picturale de cette
expérience, mais aussi d'une pédagogie pour approcher la
création. L'architecture et l'écologie développées par
Hundertwasser en sont la preuve, et elles prennent pour
bases théoriques la pratique picturale devenue
philosophie et méthode de liberté créative.

Il y aura toujours un engagement inéluctable dans sa


peinture, par lequel toute forme de rationalisme limite la
liberté créative. L'une des principales critiques de
Hundertwasser contre l'automatisme gestuel de l’art
abstrait des années 1950 sera la destruction complète de
la nature de la forme et la répétition de l'acte créatif qui
devient un acte prémédité. Cette répétition systématique
va créer un rejet chez Hundertwasser au fur et à mesure
Ill. 1 qu'il perçoit une standardisation du geste créatif par les
artistes informels. Cette réflexion fut déjà remise en
question par Hundertwasser depuis son rejet d'une société
et d’une éducation de consommation, de l'accélération du
développement économique et de la standardisation
technologique au-dessus de la nature humaine.

Ce même acte répétitif, il le verra dans l’architecture de


son époque dont il déclare : « Il est temps que les gens se
révoltent eux-mêmes contre leur installation dans des
constructions semblables aux cages à poules et à lapins qui
ne correspondent en rien à leur nature ».

« L’architecture d’aujourd’hui est d’une stérilité criminelle.


Car toute activité de construction cesse malheureusement
au moment même où les gens « emménagent » alors que
normalement cette activité devrait vraiment commencer
après leur emménagement. » (Hundertwasser, 1958)
La remise en question de la raison scientifique, la
normalisation, la société de consommation, l'art et
l’éducation, tous ces aspects sont intégrés de manière
critique dans l'univers de sa pensée. Dans « Manifeste de
la moisissure contre le rationalisme dans l’architecture » en

16 |
1958, il déclare sa critique de l’architecture et du
mouvement Moderne. A partir de sa propre recherche
évoluera l’idée du modèle « Les cinq peaux », où le concept
d’habiter part de la conscience de l’homme dans le monde
et où le corps est l’habitat premier qui nous met en
relation avec l’environnement. Le moment de l'acte créatif
doit conduire à une connexion avec soi-même et à une
conscience du Soi qui fait partie du cycle de la Nature.
« Une construction semblable à une cage ou une
construction utilitaire est un bâtiment qui reste étranger
aux trois catégories d’êtres humains qui sont concernés par
elles : architecte, maçon et habitant. On ne peut parler
d’architecture que lorsque l’architecte, le maçon et
l’occupant sont une unité, c’est-à-dire une seule et même
personne. Tout le reste n’est pas de l’architecture, ce n’est
qu’une action criminelle devenue forme. »
(Hundertwasser,1958)

Plus contemporainement, on trouve les postulats de


l’architecte Juhani Pallasmaa qui, à partir de la philosophie
et de l’architecture, fait appel à un retour à la
compréhension de l’architecture depuis sa dimension
physique et psychique. L’architecte, enseignant et critique
finlandais met l’accent sur l’importance d’une architecture
des sens dans son texte “the eyes of the skin »(1999).Il y
expose sa préoccupation quant à la prédominance d’un
« oculocentrisme » dans notre société contemporaine.
L’auteur affirme que la vision nous écarte du monde au
détriment des autres sens humains. Le design et
l’enseignement de l’architecture ne peuvent pas échapper
à cette influence avec pour conséquence, la perte des
qualités sensorielles de l’architecture.
Ainsi, il dénonce que dans la production architecturale
actuelle, il existe une déshumanisation, en bonne partie à
cause de l’accélération des processus économiques et de
la technologie. « L'architecture d'aujourd'hui a négligé les
sens, mais cela n'explique pas seulement son inhumanité.
Ce n'est pas pour les gens » (Pallasmaa, 2016).

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Par conséquent, on oublie que l'orientation sociale et
culturelle, au service « d'une architecture qui ancre l'être
humain dans le monde » est le véritable but. A cette fin,
Pallasmaa nous rappelle comment, dans les cultures
traditionnelles, la construction de l’habitat est guidée par
le corps, davantage à travers le mouvement et les sens
qu’à travers des codes ou styles visuels. Ces conceptions
nous renvoient à « Architecture sans architectes » de
Rudofsky et à Heidegger dans « Bâtir, habiter, penser ».
Car l’habiter est un acte de l’être humain dans le monde
est sa culture.
Mais c’est aussi dans son texte « La main qui pense » de
2006 que Pallasmaa remarque l’importance d’une
Phénoménologie de l’architecture. Il faut redonner la place
au savoir-existentiel propre au corps sensible, au corps
sensitif qui façonne le monde. On le voit également chez
l'artisan ou le sculpteur dont la nature incarnée de l'œuvre
réside dans l'interaction nécessaire entre le corps et
l'esprit, le concret et l'abstrait, le matériel et l'imaginaire.
L’architecture est donc composée par sa dimension
matérielle et immatérielle. « Une œuvre architecturale
n’est pas expérimentée comme une série d’images
rétiniennes isolées, mais dans sa plénitude à la fois
matérielle, incarnée et spirituelle » (Pallasmaa 2017).
Dans sa méthode d'enseignement de l’architecture, il
donne une importance fondamentale à ce qui se passe
dans l'esprit et dans le cœur de l'élève et de l'observateur,
plutôt qu’à l'apparence d'un objet physique.

18 |
III. LE CORPS UN POINT DE DEPART

Le corps comme point de départ devient nécessaire à


« penser » -à re-(s)sentir- pour récupérer notre côté
sensible. Il est possible qu’aucune autre époque n'ait
jamais eu autant besoin de repenser le corps
qu'aujourd'hui. Le Corps est présent partout au quotidien,
le corps pris en otage par l'image utilitaire, et surtout, le
corps dépourvu de son savoir synesthésique.

Il semble possible de dire que nous assistons de plus en


plus à une prédominance de « l’hyperréalité » pour
expliquer le monde. Chaque jour, notre relation avec
l’environnement est de plus en plus éloignée du " ici et
maintenant ", augmentant ainsi l'absence de conscience
corporelle chez les individus. Les discours du
développement et du progrès concentrent notre pensée
sur l'idée constante du futur, tandis que nous passons à
côté des phénomènes qui nourrissent les sens. Les
logiques de notre environnement sont expliquées à partir
d'images données et déjà définies dans les modèles
sociaux. Nous nous restreignons aux habitudes répétitives
qui répondent à l'immédiateté de notre temps.

Même la réponse aux stimuli des sens est recherchée dans


les catalogues de la mémoire de ce qui a déjà été dit par la
théorie, et non en présence de la sensation expérimentée.

« Nous sommes connectés au monde à travers nos sens. Le


corps n‘est pas seulement un récepteur passif[f] de stimuli
et la tête n‘est pas l[a] seul[e] capable de la pensée
cognitive » (FAHRNI et KÜHNHANSS, 2011)

Nous supposons, tenons pour acquis et décrivons des


expériences à partir de données apprises par la raison.
Cette attitude d'approcher le monde nous déconnecte de
la connaissance existentielle (la conscience de l'ici et
maintenant) qui est liée à la corporéité (le corps en
appréhension). Un exemple concret peut être vu dans un
fait quotidien : lorsque nous consultons la météo pour
prédire le temps, nous recourons à des langages codés tels
que l’unité de température, le taux d’humidité, les
précipitations et même parfois nous lisons ces

19 |
informations directement sur des appareils sophistiqués
qui sont à notre portée. Nous avons tout un corpus de
sources d'information qui justifient la décision de modifier
notre façon de nous habiller et par lesquelles nous faisons
face à la réalité.

Cependant, nous construisons un imaginaire de la


température extérieure, depuis l'intérieur de notre
maison, assis devant l'ordinateur. On ne pense presque
jamais à sortir sur le balcon ou la terrasse pour mettre le
corps au milieu du phénomène lui-même et vérifier
directement par l'expérience ce que nous percevons.

Puis, au moment d'être à l'extérieur, nous nous rendons


compte que nous avons beaucoup trop ou trop peu de
couches de vêtements. Nous réalisons à peine que par
exemple marcher dans la rue, se déplacer, influencent
aussi notre sens de la température et en conséquence, nos
décisions ont été prises uniquement par rapport à d'autres
connaissances externes.

Dans cette description d’un cas particulier, le corps était


absent de la connaissance directe du phénomène et sur lui,
le corps, on a décidé, à partir de raisons valables selon la
connaissance scientifique, mais avec cette seule
connaissance, de l'importance de la conscience de l’« ici et
maintenant » restée incomplète.

Jusqu'à présent, avec ce simple exemple du quotidien, le


problème exposé pourrait se réduire à quelque chose de
banal, dans lequel, mettre en conscience l'expérience
corporelle nous éviterait d'avoir froid ou d’avoir trop chaud
et nous aiderait à choisir les vêtements appropriés pour
passer une journée plus confortable. Cependant, ces
mêmes imaginaires qui opèrent pour décider et croire en
une réalité construite, basée sur l'information climatique
théorique, portent les mêmes principes dans des
élaborations plus complexes qui peuvent affecter
l’environnement et les autres individus.

Nous le constatons souvent dans des domaines tels que les


Ill. 2 Flickr : aecc.ensag
L1 17/18 ENSAG interventions urbaines ou l'aménagement du territoire, où
les collectivités des gens sont au cœur des décisions qui

20 |
peuvent être prises. La planification est effectuée par des
raisonnements méthodiques et est approuvée par les
autorités qui justifient l'objectivité des projets. Cependant,
comme dans l'exemple décrit, les réalités construites ne
correspondent pas aux individus qui y vivent au quotidien,
qui vivent et expérimentent ces territoires de façon
physique et psychique. Cela crée des contradictions et des
conflits entre le vécu et le planifié.

Vu sous cet angle, il faut aussi préciser qu'il ne s'agit pas


d'éliminer l'utilisation de la raison de notre forme de
connaissance, car ce serait un empirisme radical. Mais il
s’agit plutôt d'ouvrir les possibilités de connaissance des
phénomènes. C’est l’intégration d'autres modèles à cette
possibilité de connaissance, modèles qui ont une tradition
encore plus longue que la connaissance intellectuelle elle-
même. Ces autres types de connaissances obéissent à des
Ill. 3 © Facebook - Patrice Doat pratiques culturelles en dehors de la vision de la pensée
Les Grands Ateliers- ENSAG
occidentale et s'adaptent aussi à la diversité de la
compréhension du monde.

a. La conscience présente : une attitude perceptive

Il faut dire que, le corps, en tant qu'entité cognitive, est


présent dans le développement de la pensée complexe et
de la création. C'est à partir de lui que nous nous
connectons avec le monde et depuis lui que nous créons le
sens de l'existence. Lorsque nous sommes enfants ou
lorsque nous sommes confrontés à une expérience
totalement nouvelle, ce processus devient plus évident
encore. En effet, la pensée n'a alors nulle part où puiser des
concepts ou des codes pré-enregistrés dans notre cerveau
et nous devons mettre notre conscience-même dans
l’expérience que nous vivons. C’est ce que nous
appellerons une conscience présente.

Cette attitude de conscience présente est en activité


continue pendant l'enfance, le corps y devient notre
instrument de connexion avec l'environnement. Nous
mesurons, comparons, goûtons, pour avoir accès à
l'information extérieure à notre corps. Dans ces processus,
le corps apprend et se souvient de l'expérience.

21 |
Si nous pensons à l'enfant qui essaie de passer par les
escaliers qui le conduisent du salon à sa chambre, nous
verrons comment, dans un premier temps, l'enfant doit
appréhender à chaque pas, la hauteur de ceux-ci et leur
épaisseur. Il faut également penser à ses jambes, le
mouvement qui permet d'avancer et de répéter l'action
jusqu'à trouver le geste approprié. Le sentiment vif qui a
permis à l'enfant d'atteindre le deuxième niveau de sa
maison pour la première fois est enregistré non seulement
comme une raison théorique, mais aussi comme un
souvenir dans son corps. Après avoir vécu cet acte tous les
jours, l’enfant sera désormais capable d'effectuer l'action à
différentes vitesses, en montant ou en descendant et
même en portant des objets.

Ce court exemple pourrait être un dénominateur commun


de l'enfance chez un grand pourcentage d'individus,
puisque ce développement fait partie de la condition
humaine. Jusqu'à un certain âge de notre enfance, nous
jouons, nous goûtons, nous sentons, nous testons pour
intervenir dans le monde et modifier ce dernier en fonction
de notre expérience. Plus tard, avec la construction d'idées
et de concepts abstraits, nous oublions l'importance de
percevoir avec les sens. Dès lors, nous avons cessé de créer
de plus en plus et sommes devenus des reproducteurs de
logiques sociales et culturelles déjà installées.

Maintenant, pensons à une situation X, un garçon de 4 ans


chez qui les modèles sociaux ne sont pas encore tous
intégrés et un adulte d'environ 30 ans (appartenant à la
même culture occidentale). Les deux individus, s’ils se
trouvent devant une chaise conventionnelle, un objet avec
lequel ils interagissent, réagiront à cet objet en fonction de
ce qu'ils ont appris dans leurs expériences précédentes.
Face à cette situation, nous pourrions émettre l’hypothèse
que l'enfant répond avec de multiples possibilités pour
créer sa réalité. Pour lui, la chaise peut devenir une voiture,
une cabane, un animal sauvage ou un bateau. Alors que
pour l'adulte, la chaise est un objet fonctionnel et les codes
sociaux, auquel il s'est habitué, rend plus difficile pour
l'adulte de cesser de percevoir cet objet comme un siège.

Pour les deux individus, il y a une expérience qui ouvre des


possibilités créatives, mais la différence existante est liée à
Ill. 4 © Facebook - Patrice Doat la façon dont ils abordent l'objet : leur attitude perceptive.
Les Grands Ateliers-ENSAG
L'enfant peut avoir plus tendance à approcher l’objet en

22 |
découvrant, explorant, essayant, touchant, observant
l'objet et cette attitude génère des images en lui de ce qui
est possible. Alors que l'adulte peut avoir plutôt tendance
à approcher l’objet avec les certitudes logiques de la raison
et avec la pratique répétitive d’un même geste corporel,
celui qui reflète le fonctionnement optimal de l'objet.

« Le sentiment d'incertitude maintient et stimule la


curiosité, il peut être la source de motivation, s'il n'explose
pas en désespoir et dépression. Concevoir (Créer) est la
recherche constante de quelque chose d'inconnu.
Émanciper le travail d'un objectif planifié et avec une plus
grande capacité à tolérer les incertitudes, le flou, le
manque de précision et de définition, les moments
illogiques avec une fin ouverte ».(Pallasmaa, 2006)

De cette façon, la création n'est pas seulement une idée de


l'intellect, mais aussi une disposition du corps. Je rends ma
main consciente en la touchant, je perçois un signe du tout
qu'est le monde. L'information capturée à partir des
terminaisons nerveuses active la pensée et cette dernière
réactive les sensations précédemment stockées dans la
mémoire perceptive. En l'espace de quelques
microsecondes, le traitement de l'expérience compare,
évoque des images, fait des hypothèses. Jusque-là, on peut
dire que l'information est assimilée. Mais en même temps,
ce qui est perçu en passant par ces multiples
comparaisons, fait des combinaisons qui ne répondent pas
nécessairement à des raisons linéaires. De ces
combinaisons, nous obtenons un sentiment qui nous
pousse à revenir sur l’expérience. Ainsi, il est possible de
donner une continuité à un acte comme passage de
l'intérieur vers l’extérieur, (le dedans et le dehors du corps),
à un geste de l’extérieur vers l’intérieur, dans la mesure où
ce test apporte de nouvelles combinaisons dans la pensée.
Ces dernières génèrent plus d'impulsions pour continuer à
Ill. 5 ©Johan Marin
Master 1 ENSAG Grands Ateliers
reproduire la sensation perceptive.

23 |
Dedans

Dehors Dehors

Monde Objet
Qualités Individu Reproduction
Corps Perceptif

Ill. 6 ©Johan Marin

Dans cette description de la façon dont la pensée créative


apparaît, il est fondamental d'identifier qu'il y a un
mouvement, une somme d'agents de perception qui
permettent l’apport d’informations, afin de nourrir ce
processus de comparaisons d’images. C'est-à-dire que
notre corps utilise nos mains, notre vue, il combine les sens
(ce sont les différents agents de perception cités plus
haut), de l'extérieur vers l'intérieur. Puis, la pensée
s'organise dans une attitude de conscience présente, les
images mentales se superposent en de multiples
combinaisons et constituent finalement un imaginaire. Ce
dernier s’installe alors comme une référence et permet de
relancer l'expérience, de l'intérieur vers l'extérieur. De
nouveau, les mains, la vue, la combinaison des sens vont à
la recherche d'informations perceptuelles.

Quand nous avons davantage de combinaisons


perceptuelles qui ont lieu dans notre esprit et que nous
nous adaptons à nos instruments corporels qui nous
permettent de matérialiser l'imaginaire, nous
commençons à créer des objets, nous donnons vie à
d'autres langages. A ce moment-là, la création est
présente.
« L'art articule notre expérience d'être dans le monde. Une
œuvre d'art ne sert pas de médiateur dans la connaissance
conceptuellement structurée de l'état objectif du monde,
mais rend possible une rencontre intense, expérientielle et
existentielle. (.....) C'est un complexe d'images,
d'expériences et d'émotions qui pénètre directement dans
notre inconscient. Il a un impact avant d'être compris

24 |
intellectuellement, ou sans jamais être compris de cette
façon ».(Pallasmaa,2006)

b. La nature perceptive du corps dans la création

La création est associée à l'art dans la mesure où elle


devient la manifestation des imaginaires possibles en
dehors des logiques dominantes. De plus, l'art en tant
qu'expression sociale permet d'élaborer des symboles,
incorporés dans la communauté, qui sont dotés d'un sens
à convertir en langage.

D'autre part, la création, comme nous l'avons vu plus haut,


a besoin de stimuli qui produisent de nouveaux symboles
externalisés. L'art en tant que matérialisation de ces
imaginaires possibles devient le laboratoire où s'intègrent
les modèles non logiques des modèles établis. Mais
surtout, l’art possède une caractéristique fondamentale, à
savoir qu’il nous libère de la pensée normalisée.

D'où l'importance de développer l'attitude de la


"conscience présente", car à travers elle, la perception
aide à nourrir la pensée avec de multiples images mentales
afin qu'elles puissent être comparées. Les notions de base
ne restent pas seulement à l’esprit en tant que concepts,
mais peuvent être matérialisées. C’est-à-dire que nous
pouvons créer des objets qui aident à enrichir le monde à
partir d'autres expériences, et même des objets qui
complètent notre corps afin de créer de nouvelles
perceptions. Un exemple de cela est le fait d’avoir donné
naissance à la vidéo, la peinture, la gravure, la sculpture,
grâce à des instruments tels que la caméra, le pinceau, la
presse, le burin, qui sont maintenant devenus comme des
extensions de notre outil naturel, le corps.

« L'outil est une extension et une spécialisation de la main


qui modifie ses possibilités et capacités naturelles.
Lorsqu'on utilise une hache ou un couteau, l'utilisateur
habile ne considère pas la main et l'outil comme des entités
séparées et distinctes ; l'outil a été développé pour faire
Ill. 7 ©Johan Marin
Master 1 ENSAG Grands Ateliers
partie de la main, il a été transformé en un organe d'un
genre complètement nouveau, en un outil à main. »
(Pallasmaa,2006)

25 |
De la même façon, dans la conception de l’espace,
l'utilisation d'instruments multiplie la production des
imaginaires possibles. C'est-à-dire que ce n'est plus
seulement le corps qui produit une image mentale, mais je
peux voir l'imaginé pendant qu'il est reproduit. Le cycle de
création-perception se nourrit alors dans un continuum
naturel.
Lorsque le créateur façonne et commence à parcourir le
long du contour, la main ne fait plus qu'un avec
l'instrument et transmet ses mouvements et ses désirs. La
"main-outil" retranscrit les images mentales qui sont
produites dans la pensée par la superposition
d'expériences antérieures. Cette loi est cyclique et
bidirectionnelle. Au fur et à mesure que la ligne ou la tache
de couleur prend forme, l'expérience perceptive y est
impliquée, la vue passe à travers le parcours du pinceau
tandis que le toucher confirme ce qu’il regard, pour
générer une construction de cognition.
La matérialisation devient l'extériorisation de la pensée
Ill. 8 Flickr : aecc.ensag créative, qui commence par la superposition d'images
L1 17/18 ENSAG
mentales produites par la stimulation perceptive. Rendre
l'immatériel tangible devient fondamental dans la mesure
où il nous permet de communiquer les réalités possibles
avec les autres. Autrement dit, jusqu'au stade de la
construction des images mentales, le processus se fait
individuellement : Perception du monde, conscience
présente, superposition d'images, création d'imaginaires,
extériorisation de l'imaginaire. Jusqu'à ce stade, la relation
est du Soi avec le monde et vice versa, du monde avec le
Soi.
Mais l'imaginaire matérialisé (objet créé) rend possible la
modification du monde, et cette modification devient le
monde, en ce sens, elle peut être perçue par les autres et
par le créateur lui-même. De plus, ce nouveau monde est
encore susceptible d'être remodelé.

Finalement, l'importance de nourrir la pensée créative


réside dans le fait que, à mesure que de nouvelles
expériences sont créées dans la conscience présente, les
possibilités d'autres imaginaires augmentent. Par
conséquent, il y aura de plus grandes modifications dans
les modèles vécus. Au contraire, un même modèle qui
unifie la pensée créative aboutit à des modèles imaginaires

26 |
qui s'adaptent à ce modèle, le répètent et seront difficiles
à transgresser.

Par exemple, dans une tentative de pensée créative, où le


but principal est la fonctionnalité, l'imaginaire est limité
par la recherche d'une utilité pour l'objet produit. Par
conséquent, l’impulsion à créer n’existe qu’en fonction
d'un modèle établi et perdra sa fluidité naturelle. Il n'y a
dans ce cas-là pas de perception synesthésique.

Pour cette raison, lorsque l'acte créatif est forcé, il n'y a pas
d’autres options que de tomber dans la répétition, l'acte
devenant automatique. Par conséquent, il ne produit pas
les superpositions d'images dont nous avons explicité le
principe plus haut et qui permettent de comparer les
registres précédents avec les nouvelles informations.

Nous pourrions définir cet acte créatif « forcé » comme


l'absence de l'impulsion naturelle à la création. Il est
possible de contrecarrer ce phénomène, dans la mesure
où le corps peut développer son attitude de nature
perceptive, complétant ainsi la liberté créatrice. Là, le sens
émancipateur de l'art trouve son fondement : l'objet
artistique rompt avec les structures de la pensée, nous
libère de la norme et ouvre de nouvelles perspectives vers
la diversité.

Ill. 9 © Facebook - Patrice Doat


Les Grands Ateliers -ENSAG

27 |
IV. L’ESPACE COMME EXPERIENCE

En architecture, l'expérience perceptuelle est une part


importante de ce qui constitue la réalité quotidienne des
gens. La relation entre l'être et son environnement est
croisée par des valeurs socioculturelles qui l'affectent
directement ou indirectement. Une partie de
l'interprétation de cette réalité est donnée par des
modèles extérieurs à l'individu. Ce sont les conventions
sociales, les coutumes et les habitudes qui conduisent à
des jugements de valeur prédéterminés et partagés avec
les membres du même groupe culturel. Dans ce
laboratoire personnel, les valeurs externes se
transforment en critères d'appréciation et de valorisation,
la dimension affective devient importante et l'inconscient
apporte des contributions inattendues.

"Nous ne percevons pas seulement un monde qui nous est


commun à tous,... mais beaucoup d'autres qui sont le
produit de nos motivations et de notre expérience
Ill. 10 Flickr : aecc.ensag antérieure ». (Norberg-Schulz ,1980)
L1 17/18 rentrée Grands Ateliers

L’expérience de l'espace part d'une interprétation qui


dépend de multiples variables telles que les constructions
sociales "accordées ", l'environnement qui nous entoure et
ses propriétés, qui affectent la forme d'interrelation avec
l'habitat et l'image que nous en avons. En tant que
construction sociale, nous reconnaissons les codes et les
comportements que nous faisons nôtres, mais qui, à leur
tour, commencent à influencer nos façons de vivre et
d'agir, menant à la construction d'une idée de l'espace. Ces
constructions ne sont ni uniques, ni immuables, ni
composées d‘éléments produits exclusivement par des
personnes spécialisées. C'est une propriété de chaque
individu en raison de l'intervention de son environnement
et une telle intervention peut être tangible et intangible.
Cependant, avec l'insertion progressive dans un système
de schémas sociaux, nous limitons la capacité de
construire et de percevoir les multiples possibilités de
l'espace.

28 |
Dès le plus jeune âge, la mémoire humaine enregistre des
images, des données, des idées et des concepts à travers
l'expérience perceptuelle, qui commence à influencer le
développement de la notion d'espace. Selon Piaget,
l’espace se forme chez l’enfant à travers différentes
étapes. La première est celle de l'activité sensori-motrice,
basée sur le corps et les sensations. La seconde est la phase
des opérations concrètes, dans laquelle se construisent
des relations directes avec les objets, c'est-à-dire avec les
éléments du monde matériel. Une étape qu'il appelle
supérieure puisqu’elle correspond à celle des opérations
logiques dans lesquelles prévaut l'abstraction qui est faite
de l'objet pour construire des relations plus complexes. En
ce sens, l'idée du monde est donnée par des composantes
matérielles et immatérielles dotées d'un sens dans lequel
l'espace temporel, le langage corporel et, d'autre part, le
langage prédominent. "Le sensoriel informe, la raison
interprète, l'émotion ressent. (...) Je regarde autour de moi,
je perçois les formes de l'espace, je nomme ce que je vois."
(Saldarriaga Roa, 2001 )

a. Le vécu et la conception de l’espace


La notion d’espace n’est pas exclusive d’un groupe, d’un
métier ou d’une culture et même si elle n’est pas
raisonnée, elle est présente chez l’homme de façon
individuelle et collective. C’est à partir de l’espace et du
« vivre l’espace » que l’on intègre les codes culturels et
que l’on échange avec les autres et les choses. L’espace est
à l’intérieur de nous et à l’extérieur de nous. Il est composé
d’expériences matérielles. Ces expériences définissent une
limite et nous amènent à traverser ou détourner la
frontière pour trouver le contour qui suive notre corps,
notre main et notre peau.
Mais l’espace se situe aussi dans l’immatériel, dans les
expériences du vécu qui s’installent dans l’esprit. Il est
dans le souvenir du vide d’une falaise, dans la pénombre
d’une rue à minuit et dans la chaleur d’un feu. Ces
connaissances de l’espace, apprises à travers la conscience
corporelle, se mélangent avec les notions de l’intellect.
Ill. 11 Flickr : aecc.ensag Elles deviennent plus complexes avec les pratiques des
L1 17/18 rentrée Grands Ateliers

29 |
traditions propres à la culture, et aussi ont comme résultat,
l’apparition de limites intangibles.

« La limite n’est pas ce où quelque chose cesse, mais bien,


comme les Grecs l’avaient observé, ce à partir de quoi
quelque chose commence à être » (HEIDEGGER, 1952).
Ces limites « commencent à être » quand elles deviennent
significatives pour l’individu, c’est-à-dire aussi lorsqu’elles
prennent sens, soit par l’expérience directe, soit par la
transmission de codes sociaux. Par exemple, l’enfant qui
commence à élargir ses notions d’espace découvre les
recoins de la maison avec le toucher : son corps est mis en
épreuve pour créer la relation avec les objets. Mais lui,
l’enfant, il est aussi au milieu d’une culture et un univers
symbolique, celle de ses parents, qui se rajoute à sa
compréhension de la maison.
Ainsi, les limites intangibles ont la même force et la même
influence que les limites physiques au moment de
construire le concept d’espace dans la pensée.
Pour clarifier la notion d’espace abordée ici, il est
important de préciser deux compréhensions de cette
notion. La première à partir de l’anthropologie : « l’homme
et l’espace se produisent l’un l’autre » (SEGAUD, 2007. La
deuxième, à partir de la philosophie : « L’espace est
essentiellement ce qui a été « ménagé », ce que l’on fait
entrer dans sa limite » (HEIDEGGER, 1952).
Ce qui ressort de ces deux postulats est la relation
intérieure-extérieure en l’homme dans la production de
l’espace. En conséquence, la pertinence de la
compréhension de l’espace est placée, comme le dit
Heidegger, dans le sens que l’on donne à l’expérience de
l’habiter. Voilà pourquoi le concept de limite est capital. La
limite commence à être au moment où elle prend une
valeur symbolique pour l’homme. Ce contour configure un
lieu chargé de significations et ce lieu est inséré dans le
structure de la pensée.
Dans ce sens, les espaces reçoivent leur essence à partir
des lieux. C’est-à-dire que l’on peut comprendre l’espace
en tant qu’intervalle entre l’homme et les choses, associé
au raisonnement sur la distance mesurable. Mais l’espace
Ill. 12 Flickr : aecc.ensag
L1 17/18 rentrée Grands Ateliers
ainsi compris apparaît comme quelque chose qui restera à
un endroit. Même s’il est mesurable et représenté en

30 |
termes mathématiques, ce type d’espace ne contient pas
des lieux.

Il est important également d’énoncer que l’espace comme


expérience de l’être met en exergue la présence du
mouvement. Il y a deux moments significatifs dans ce
mouvement, à savoir l’expérience vécue et l’image. Dans
la première, se trouve la présence et la corporéité, dans la
deuxième, l’abstraction mentale et la distanciation.

Les deux moments cohabitent et dans l’agir de


l’expérience, l’image peut influencer le vécu et vice versa.
Il peut se créer alors une sorte de redéfinition et
constatation de l’un sur l’autre. L’espace vécu sera appris
à partir des qualités sensibles auxquelles accède l’habitant.
L’habitant n’est pas un récepteur passif, au contraire : c’est
avec son corps en agissant au milieu des choses qu’il
« ménage » l’espace. Construire cette notion d’espace à
partir de l’expérience directe a pour intérêt que la
Ill. 13 Flickr : aecc.ensag
production de l’image sera possiblement plus cohérente
L1 17/18 rentrée Grands Ateliers avec l’habitant et ne sera pas une image fixée par avance.
Le piège de l’image fixée comme synthèse de la notion
d’espace réside dans le fait qu’elle simplifie la temporalité
et la multiple perception en une vision immuable.
Or, cette forme d’assimilation s’éloigne alors du sens
fondamental de l’expérience de l’espace, à savoir : de la
variabilité.
C’est le cas notamment des images digitales produites en
architecture comme représentation de l’espace, puisque la
condition du changement dans le temps n’y est pas
présente. Elles laissent également plusieurs lacunes dans
la compréhension de l’espace en ce qu’elles détournent le
concept de l’habiter.
Pour le dire plus simplement : « L’habitant apprend les
espaces en habitant ». Un principe en apparence évident
mais qui renvoie surtout à l’affirmation selon laquelle
l’homme et l’espace se produisent l’un l’autre. Ainsi, dans
la conception de l’espace, il semble logique que le savoir-
faire de l’espace doit être créé en se pensant en tant
qu’habitant, dans l’action de l’habiter.
Par suite, la formation dans l’architecture comporte un
double sens, un exercice obligé de vas et viens : le dedans-

31 |
dehors et le dehors-dedans. L’intérieur de l’être comme
individu avec ses structures d’appropriation personnelles,
mais aussi, d’un autre côté, l’extérieur qui représente à la
fois les choses dans le monde et leurs représentations.
Comme l’énonce Merleau-Ponty « L’être c’est ce qui
demande de nous création pour avoir de l’expérience ».

b. L’habiter, habité.
Une réflexion qui est incontournable pour concevoir
l’espace est le fait que nous « expérimentons » le monde
dans notre corporéité. Toucher, sentir, goûter, écouter et
regarder, pas de façon dissociée, le sens demandent de
nous ménager les choses. « L’homme qui agit dans
l’espace et bâtit des lieux » : principe qui devra être
appliqué par ceux qui s’entrainent à la conception de
l’espace, mais aussi comme principe pour étudier l’autre
qui habite l’espace.
Ménager les choses sont le résultat d’une culture à partir
de laquelle l’habitant organise son quotidien de façon
consciente ou non. Il en est de même pour celui qui
s’abstrait du monde pour penser et projeter l’espace, il fait
médiation à partir de son expérience personnelle avec ses
propres références. D’où la complexité et l’obligation de
rendre présente la conscience existentielle dans
l’apprentissage de la conception de l’espace.
L’habiter a du sens ici dans la mesure où il devient
conscient pour être appris. Ces habitudes (pris du fait
d’habiter) sont décodées de l’ensemble de pratiques qui
s’approprie de l’espace. Puis, il s’agit de la signification
attribuée à un lieu, à un ensemble d’actions de l’individu
que l’on peut identifier comme des rituels.

Mais aussi comme le décrit Heidegger, je suis parce que


j’habite : « la façon dont tu es et dont je suis, la manière
dont nous autres hommes sommes sur terre est
l’habitation ». Alors, ce n’est pas seulement les objets que
nous nous approprions mais aussi la façon dont ces objets
agissent en nous et deviennent sens du monde.


En Heidegger « en espace est « menagé » en tant qu’il est aménagé. [Il est doté de
signification par l’être et devient lieu]

32 |
Non seulement séjourner parmi les choses pour produire
des lieux est fondamental, mais c’est de plus possible en
tant que l’homme ménage les choses. C’est alors l’être du
bâtir qui édifie pour faire habiter.
Pour expliquer les composants de ce tout complexe, il nous
faut prendre en compte quatre éléments qui cohabitent et
font partie de l’essence de l’habiter. D’abord la matérialité,
qui est associée à la terre, ce sont les choses en soi, qui
nous sont proches et que l’on peut ménager en tant que
source. Ensuite, l’atmosphère et la temporalité, qui sont
associées au ciel et à ses phénomènes. Ils nous
apparaissent de loin, nous sont perceptibles mais nous ne
pouvons pas les maîtriser ou les modifier. En troisième
lieu, « le divin » ou le symbolique qui réside en nous et se
constitue par les significations que nous accordons aux
choses. Enfin les hommes, en tant que mortels, qui ont une
présence incarnée et une nature éphémère.
En conséquence, pour saisir l’habiter, la compréhension et
notamment l’agir dans ces quatre éléments est capital. De
surcroit, l’architecture pense aux phénomènes du ciel
(atmosphère) pour rentrer en consonance avec eux. Elle
maîtrise la matière de la terre, pour la modeler, mais elle
s’insère aussi dans les significations qui donnent naissance
aux lieux dans l’espace ; et fait habiter l’homme en tant
qu’aménageur des choses au monde.

L’habiter ne constitue pas seulement le fait d’être à l’abri


ou de se protéger, il constitue tout l’univers de
développement de l’être humain. L’architecture comprise
comme telle aborde les questionnements de l’existence
même, elle s’installe dans l’espace et le temps, elle fait
présence dans les rites, les traditions et dans les
matérialisations des expressions sociales d’un territoire.

Le « parcourir » pense mais devient action à la fois, c’est


pourquoi le corps devient instrument d’appréhension.
Alors que dans ce parcourir, l’expérience crée les
imaginaires et les interprétations qui stimulent les besoins
de modification de l’espace. Le corps agit, expérimente ;
l’esprit réfléchit, donne un sens logique ; les mains
essaient, elles mettent à l’épreuve.
Ill. 14 ©Johan Marin Ici, la métaphore de Hundertwasser prend du sens lorsqu’il
Master 1 ENSAG Grands Ateliers
évoque la trilogie fondamentale nécessaire à toute

33 |
architecture : l’architecte, le constructeur et l’habitant ne
doivent former qu’une seule entité.
V. EXPLORATION
Les éléments théoriques et de conceptualisation énoncés
dans les chapitres précédents ont été illustrés par les
images de pratiques d’apprentissage menées dans la
formation de l’ENSAG. C’est une première approche qui
cherche à mettre en évidence les notions du corps sensible
et de l’espace comme expérience, éléments qui peuvent
être complexes dans leurs argumentations théoriques.
Cependant, les diverses pratiques mises en exergue
tentent de démontrer comment ces stratégies didactiques
sont appliquées à travers de l’agir dans l’espace.
Un premier exercice d’exploration est proposé à partir de
l’objectif de susciter le questionnement. « Ceci n’est pas
une maison » « S’il te plait, dessine-moi une maison »
(Annexe 1).

Cette méthodologie consiste en l’affichage de deux


images placées dans les espaces du quotidien de l’ENSAG.
Les images créées centrent la réflexion sur la formation en
architecture et sur les imaginaires de la « maison » dans la
conception. Deux semaines après, une enquête est
partagée sur les réseaux sociaux de l’école, afin d’obtenir
un retour sur cette expérience et les impressions de la
communauté de L’ENSAG.
Dans le même sens, une réflexion sous forme
d’élaboration de dessins spontanés est mise en place avec
un petit groupe d’étudiants du master 1 pour interroger
leur expérience de l’espace vécu. «Dessin ton llieu préféré
de votre maison d’enfance » (Annexe2)
C’est un exercice diagnostique qui essaie de rendre visible
les éléments inconscients en jeu lorsqu’on se pense dans
l’espace à partir de l’expérience vécue.
Cette expérience de dessin est également la préface de la
rencontre avec quelques acteurs de la formation de
l’ENSAG, étudiants diplômés et enseignants. L’interview
est la méthodologie centrale pour aborder le
questionnement de base de ce mémoire.

L’intérêt principal est d’avoir un point de vue objectif et un


témoignage direct de l’aperçu de la formation

34 |
expérientielle. Comment se l’approprient-ils dans leur
parcours en tant qu’étudiants et comment est-elle
présente dans la poursuite professionnelle ?
Cinq rencontres ont été établies à partir d’un entretien
ouvert, et de façon spontanée : trois diplômés de l’ENSA
Grenoble et deux diplômés de l’ENSA Nantes. Un protocole
d’interview a été élaboré pour inciter à la discussion et à
l’émergence d’éléments-outils venant nourrir la réflexion
(ANNEXE 1 : Protocole d’interview).
Les questions s’organisent par catégories, le premier
ensemble de quatre questions est orienté vers la
formation en architecture et les expériences dans
l’apprentissage de la conception de l’espace. Ensuite, les
quatre questions suivantes sont orientées davantage vers
les notions d’espace vécu et de corps sensible
expérimentées pendant la formation et dans la profession
actuelle. En dernier lieu de ce questionnaire, deux
questions interrogent l’interviewé par rapport à ses
pratiques de l’architecture.

35 |
a. Susciter le questionnement

Ces deux affiches ont été placées en dix copies dans les
espaces de l’ENSAG, dans le premier et deuxième étage,
dans l’accès à l’amphithéâtre principal, dans l’entrée de la
cafétéria, dans le couloir côté Ouest, dans celui côté Est et
dans l’accès au centre de documentation de l’école.
Pendant deux semaines, la communauté de l’école,
étudiants, enseignants, chercheurs, employés, ont eu
contact avec ces deux images.
D’abord, l’apparition spontanée de ces images a pour but
d’inciter le questionnement dans la population ciblée, les
étudiants notamment. Les sujets abordés suggèrent la
conception de l’espace en architecture, le regard, les
imaginaires, l’idée de la « maison » et la perception de
choses.
Deux semaines après, les étudiants et enseignants sont
invités à réagir à travers une enquête en ligne. (Annexe 2)

36 |
L’invitation a été faite dans les groupes de réseaux sociaux
Facebook créée pour les étudiants et l’école
d’architecture.
Le retour et la réflexion des participants ont été orientés à
partir de trois questions :
1. Qu'est-ce que ça vous évoque ces deux affiches?

2. Quel rapport trouvez-vous avec la formation en


architecture?
3. Quelle relation trouvez-vous avec le corps et l'espace
comme expérience?
Avec ces questionnements, l’objectif est d’avoir un petit
échantillon quant au regard critique que les étudiants
peuvent avoir de leur formation, sur la façon dont ils
accèdent à la conception de l’espace et aux imaginaires de
l’habiter, dans ce cas-là : la maison.
D’autre part, l’utilisation de la métaphore à partir de
références artistique et littéraire permet aussi de regarder
l’ouverture des étudiants à d’autres domaines de
connaissances et comment ils trouvent dans ces savoirs
une relation avec leur métier. Comment le sortir du cadre
de production technique et le penser depuis son rôle de
construction d’imaginaire.
Par rapport au corps et à l’espace comme expérience, le
questionnement cherche à utiliser l’image comme
questionnement de soi-même dans la production de
l’espace et comment les étudiants peuvent associer
l’expérience corporelle à la conception de l’espace.

Analyse
Un groupe de 30 étudiants ont répondu au questionnaire
en ligne dont deux ont déclaré ne pas avoir aperçu les
affiches à l’école. Dans un premier retour sur la question
de comment ces images les ont questionnés, on peut faire
ressortir deux groupes de réponse. Le premier groupe
reste dans la description de l’image et dans l’association
directe à Magritte d’une part et au « Petit Prince » d’autre
part. Une description donc qui explique plutôt ce qu’eux
regardent. Dans le second groupe de réponses, la

37 |
tendance est à l’approfondissement du message qui
accompagne les images.

Les déductions les plus significatives par rapport à la


réflexion menée dans ce mémoire évoquent le regard et
l’image en architecture. Les réponses parlent en particulier
de la représentation et de la construction de l’imaginaire
dans la conception d’une maison, des outils de
représentation et de leur influence dans la communication
des idées.
Dans la seconde question qui demande de réfléchir à la
formation en architecture, deux groupes de réponses avec
le même nombre d’étudiants apparaissent comme
représentatifs. D’un côté, un groupe de réponses où la
référence ne va pas directement à la réflexion de la
formation, les références parlent de l’art, ils parlent plutôt
de l’objet maison ou abordent une appréciation du dessin
et de sa forme.

Les participants de l’autre groupe de réponses abordent


d’une façon critique comment ils se voient dans la
formation en architecture. Ils reconnaissent l’importance
du questionnement par rapport à l’image en architecture
et l’idée de l’habitat qu’il véhicule. Dans ce même sens est
évoqué le besoin de l’imagination et le rôle de l’architecte.
Dans la dernière question où se pose le problème de la
relation au corps et de l’expérience de l’espace face à ces
images, la moitié des réponses manifestent un rapport au
confort ou restent dans la forme de l’image.

Néanmoins, l’autre groupe de réponses (comprenant 11


personnes), trouve une relation importante avec l’habiter
et l’expérience. Dans plusieurs réponses, on remarque que
l’habitat est lié à une expérience sensible où le corps est
partie prenante dans la perception de l’espace.
Il y a aussi un troisième groupe de réponses qui n’est pas
négligeable (7 personnes sur 30) et qui manifeste ne pas
comprendre la question ou ne pas trouver de relation
directe entre la question et les images.

En général, on peut observer un équilibre dans la


population enquêtée, dont une partie pose ses
appréciations et sa réflexion comme dirigées pour leur
rapport au visuel : ils cherchent à résoudre ce

38 |
questionnement par la figure de la maison et la boite.
L’autre moitié des personnes enquêtées sort de l’image et
croisent le message avec sa formation : ils se placent au
milieu de la réflexion sur l’espace en tant que partie de
l’espace.

b. Dessiner l’expérience vécue


Cet exercice consiste en un dessin que les étudiants de M1
et architectes interviewés sont invités à produire pour
évoquer l’expérience vécue d’un lieu préféré de sa maison
d’enfance. Cette production permettra de faire surgir des
éléments significatifs de leurs expériences de l’espace,
révélant inconsciemment les qualités de l’habiter.
15 personnes ont reproduit ce dessin avec la seule
indication qu’il est un dessin à libre représentation. Il est
aussi proposé de rajouter cinq mots qui leur viennent à
l’esprit quand ils se mettent à penser à ce lieu. (Annexe 3)
Analyse
Dans la plupart des dessins, un rapport à l’extérieur est
manifesté, ce lieu qui décrit leurs espaces à eux apparait
comme une condition de ménager l’espace. L’une des
conditions décrites est que ce lieu peut être approprié et
transformé à la façon de chacun.
Un élément essentiel des qualités de ces espaces, c’est
qu’ils sont presque éphémères, c’est-à-dire que leur
matérialité est minimale et démontre d’une grande
simplicité.
Les objets d’appropriation font aussi présence dans cette
description comme partie de la configuration de l’espace,
parfois sont aussi présentes d’autres personnes.

Dans presque tous les dessins, la nature est récurrente


(parfois ne serait-ce que par une fenêtre vers l’extérieur).
Parmi les mots qui décrivent l’expérience du vécu sont
récurrents les termes de :
LIBERTE, CALME, CHALEUR, FAMILLE, NATURE, CABANE,
DOUCEUR, REFUGE, CACHETTE, JEUX.

39 |
Il est intéressant de regarder comment le caractère de la
perception sensible pour décrire un espace nous habite.
Les éléments de la matérialité ou de la forme ne sont
même pas recherchés pour parler des lieux qui nous sont
propres. Ces éléments restent en nous et véhiculent les
imaginaires du « chez-nous ».

c. Rencontres

Christian Belinga Nko’o Architecte Diplômé à l’ENSA


Grenoble 1997 formé à le DSA Terre. Architecte consultant
et Chercheur associé au laboratoire CRATERRE au domaine
de l’habitat reconstruction post catastrophes naturelles.
Claire Rosset Architecte Diplômée à l’ENSA Grenoble 2012
Chercheure associée au laboratoire Métiers de l’Histoire de
l’Architecture, édifices-villes-territoires et conseillère CAUE
de Haute-Savoie.

Hugo Gasnier Architecte Diplômé à l’ENSA Grenoble 2010


formé à le DSA Terre, Chercheur du Laboratoire CRATERRE
et enseignant à l’ENSAG.

Gaëlle Geffard Architecte Diplômée à l’ENSA Nantes 1998


Architecte indépendante, domaine conception de maisons
individuelle avec une autre formation en Psychologie.

Julien Roure Architecte Diplômé à l’ENSA Nantes 1998


Architecte Indépendant depuis 5 ans dans le domaine de
maisons individuelle.
Vous et la Formation à partir de l’expérience ?
Plusieurs éléments fondamental sons mise en exergue
dans les questionnements qui interrogent la formation en
architecture et l’apprentissage de l’espace. Dans chaque
interviewé le pratiques qui ont apporté de manière
significative à la compréhension de l’espace ont la
condition d’être une expérience corporelle et du vécu.
Les méthodologies évoquées qui sont retenu à aujourd’hui
dans leur pratique de l’architecture, ont la particularité où
l’action est présente. C’est pourquoi les interviewés les
reconnaissent comme transformatrices de leur
compréhension de l’espace. « La pierre, le bois, la terre

40 |
justement touchez les matériaux, concevoir à faire des
prototypes aux grands ateliers… je pense que tout ça a
construit dans ma formation à l'école, la façon de me
positionné professionnellement » (Christian Bellinga)
Quelques-uns renforcés pour pratiques externes à la
formation de l’école d’architecture. « J’ai beaucoup appris
sur ce qu’est l’espace ou investi cette question-là, ça a été
en dehors de l'école, une pratique autre que j'ai pu avoir et
notamment par la pratique de la danse, la danse
contemporaine » (Claire Rosset)
Du même si la formation poursuit a eu une absence de
cette approche à l’expérience de l’espace, les architectes
évoquent comme méthodologies les approches précise à
habiter l’espace. Par exemple la visite architecturale est
mise en valeur comme exercice qui peut assouplir le
manque de la formation expérientiel.
Les exercices qui ont marqué un changement de
perception de l’espace ont toujours avoir avec un
bouleversement ou un étonnement dirigé pour la
découverte personnelle. On voie que c’est l’exploration du
sensible, les mains qui manipule les choses, le corps qui
bouge, cela est ce qui libère les questionnements que
modifie les imaginaires.
Il y a des références à la pris en compte du corps dans
l’espace à partir de la proportion ou les analyses
d’ambiances. Elles sont des méthodologies suivies par la
tradition de la formation qui cherchent une
compréhension de l’espace, pourtant ne constituent pas
un savoir expérientiel cars ils sont abordé de façon
descriptives est appris que pour le raisonnement.

« Le fait qu’on utilise des grilles d’analyse de ce nature-là,


où on se pose la question pour l’espace et les ambiance, ça
ne veut pas dire qu’on arrive à faire l’articulation entre ce
qui est appliqué et le prendre conscience du mon corps
dans l’espace. » (Clair Rosset)
D’autres stratégies comme l’écrit, les maquettes à
l’échelle, voire la représentation 3D, sont référencié
comme stratégies qui cherchent ceux qui considère que
dans sa formation il y a une absence notoire de
l’expérience à l’espace.

41 |
Néanmoins, la nécessité d’une formation expérientielle est
manifestée pour les Cinque architectes, notamment Gaëlle
G. et Julien R. qui soulignent l’influence que se démarche
peut avoir dans la pratique de l’architecture. « il manque
l’approche humain dans la formation de
l’architecture .Dans les études même s’il nous parlent
d’usage, de la forme…. J’ai peur quelque fois que les
étudiants et après quand on poursuit, qu’on fasse que des
objets » (Julien Roure)

À l’école d’archi il n’y a aucun travail d'introspection, c'est


dommage parce qu'effectivement à quel point nos
expériences personnelles peuvent influencer notre manière
de concevoir ? (Gaëlle Geffard)
Dans le même sens ceux qui ont suivi une formation en
contacte directe avec l’expérience déclarent aussi le
besoin d’encourager cette méthode dans l’apprentissage
de l’architecture. Le contact avec la matière,
l’expérimentation à l’échelle réel, la manipulation avec les
mains, l’implication social de l’architecture et le construire
avec les autres sont principes mis en relevance qui ne
doivent pas être exclusive d’un parcours de la formation
est essentiel pour une approche plus humain de
l’architecture.

Vous et le corps sensible et l’expérience de l’espace ?


La réflexion au sujet de l’espace a commencé plus tôt
comme une question provocatrice pour les interviewés en
leurs demandant quelle est votre idée de l’espace?
C’est qui est ressortir de ce questionnement sont plusieurs
éléments qui sont abordé dans le chapitre présentent de
ce mémoire. La référence à la matérialité est récurrente
dans la plupart de cas, où les limites matérielles
apparaissent comme description pour explique l’espace.
Plus on analyse ce qui témoignent une formation continue
par la pratique de l’expérience on commence à constater
que sa façon de décrire l’idée d’espace est lié à sa
corporéité. C’est description si bien prend en compte la
matérialité mettent en valeur la relation d’habiter l’espace
et l’agir comme élément clé pour la compréhension de
l’espace. « je pense que l'espace c'est d'abord une question

42 |
de liberté pour moi c'est ça la possibilité d'être un endroit
qui n'est pas contraint… un repère spatial, mais dans lequel
beaucoup de choses sont possibles » (Christian Belinga )
« Quelque part où on se déplace, où on se met en
mouvement avant d’être dans un volume physique en tout
cas ce qui fais espace pour moi c’est ma capacité ou mon
gout à me déplacer » (Claire Rosset)

Aussi on peut distinguer une reference à l’espace


architectural dont aparait le regard et une positionement
du concept qu’on peut nommer loin du soi. Dans ce sens
une description qui peut chercher une explication plus
extérieur à son ressenti.
Cependant, l’expérience de l’espace vécu est reconnue
pour tous comme quelque chose qui fait partie de nous et
qu’on ne peut pas se débarrasser au moment de la
conception des espaces. Pour les 5 architectes l’espace
vécu apparait de façon consciente et inconsciente dans
leurs pratiques de l’architecture. Ils donnent le même
niveau d’importance aux experience lointain, par exemple
la maison d’enfance dont on a commencé linterview, ainsi
que aux experience de la formation d’architecte. « C'est
parce qu'on va expérimenter des choses qu'on peut le
traduire et les transmettre. Et cette question de
l'expérience elle est fondamentale » (Hugo Gasnier)

« Je pense que le fait d'avoir vécu dans cette maison qui


était très ouverte, avec cette conscience qu'on pouvait
tournée autour, avec beaucoup de possibilités de
déplacement oui nécessairement, évidemment c'est
comme une expérience de base qui s'est inscrite en moi ça
c’est sûr que ça influence » (Gaëlle Geffard)

Il est intéressant aussi une remarque dont l’expérience de


la présence corporelle peuvent avoir autant d’incidence
comme l’expérience que du visuel dans la conception de
l’espace. Ça peut avertir l’importance d’aborder
l’expérience multisesoriel et pas laisser la prédominance
au visuel au risque d’un écartement de l’agir pour produire
l’espace.

« Je pense qu’on enregistre ce qu’on voit ce qu’on perçoit,


aussi bien vécue réellement que virtuellement je pense que
les photos aussi peuvent m’inspirer à partir de chose que je
n’ai pas vue directement » ( Julien Roure)

43 |
Or, du côté de la notion du corps sensible les architectes
de formation à l’ENSAG identifie la conscience du corps qui
agit dans l’espace grâce au pratiques de la formation liées
à la construction. La relation avec la main, le toucher et la
maitrise de matériaux leurs a permis d’avoir une
conception de l’espace où ils font partie du processus de
fabrication. De plus ils mettent en valeur le travail à
l’échelle réelle d’où la relation avec un savoir corporelle
leurs place au milieu de l’expérience de la matérialisation
de l’espace. D’autres éléments importantes sont la
participation et le travail en groupe leurs a apporté le
principe du travail collaboratif. L’action et l’intervention
de l’espace comme stratégies d’appréhension et à la fois
l’expérimentation qui met en épreuve l’expérience du
corps.
« C’est là où on peut transformer des choses, mais aussi par
la main on apprend beaucoup, donc on prend conscience
d'abord du premier outil » (Hugo Gasnier)
« On travaillais avec les maçons pour faire les mortiers
pourinstallez le chantier, l'échafaudage, le partager en
direct du coup ce contact là c'est aussi de la sensibilité
parce que derrière le boulot de l’architecte il y a les gens »
(Christian Belinga ).
En revanche les architectes qui déclare n’ont pas suivi un
apprentissage expérientiel bien marqué manifestent une
absence de la notion du corps. Ils reconnaissent qui est un
sujet à développer chez eux, et pour tant son approche est
restée au dessin à la main et la maquette comme référence
à la proportion du corps.
On identifie aussi des éléments qui restent d’une approche
traditionnelle à la question du corps dans l’espace, celui du
rapport à concevoir le corps à partir de la proportion
mathématique, notamment de l’ergonomie et « du
modulor ».

Il est pourtant intéressant de regarder que le corps et


l’espace par fois sont séparé dans le discours pour décrire
leur rapport dans la formation de l’architecture. Mais aussi
le sujet du sensible est associé à certain pratiques qui son
proche de l’art et de l’esthétique. Ce dernier montre dans
quelque cas, l’inattention au sujet de l’espace comme
expérience existentiel lié à l’habiter.

44 |
Vous et la pratique de l’architecture et l’expérience de
l’espace ?

Une des inquiétudes qui ressort de façon significative en


relation à la formation dans la compréhension de l’espace
il y a un écart par rapport à la pratique de l’architecture.
Ceci est évoqué pour les architectes indépendants dont
affirment que dans leurs cas, le contact avec la matière,
avec les acteurs, de la construction, voire les habitants est
venue après l’école d’architecture.
La raison arguée c’est éloignement du cas réel à l’école au
moment d’aborder le projet dont il existait très peu des
contraintes par rapport à la vie professionnelle. « Je crois
qu’il y a un pas important à faire entre ce qu’on fait dans nos
études et la pratique professionnelle et la technique de
conception. » (Gaëlle Geffard)

Les pratiques identifié pour eux qui renvoie à la notion de


l’expérience et le corps dans la pratique professionnelle
apparait le dessin et la prise de notes au moment de visite
du site.
« j'ai mes carnet effectivement où à chaque fois que j'ai fait
un voyage j'ai mon carnet avec à la fois des perspectives
des endroits que j'ai visités, mais aussi des plans ce que
j'essaie toujours de traduire, le plan avec la qualité
spatiale » (Hugo Gasnier)

Du même, d’autres stratégies qu’ils ont retenue de sa


formation mettent en pratique pour la compréhension de
l’espace sont la maquette et le dessin 3D. Au niveau de la
perception elles sont les outils qui sont mise en pratique
pour penser l’habiter et le faire comprendre au usagères.
D’autre part, il y a une posture évoqué pour Christien
Belinga dont pendant leur formation, à côté du savoir
technique acquis, ce qui lui a apporté de plus c’est un
« savoir être ». L’expérience dans la conception de
l’espace à partir du travail en réel et de façon collaborative
sont prise en compte comme applications pour le pratique
professionnel.

« Le côté sensible fait qu’on doit pas se mettre au-dessus


des autres …je pense qu’il faut avoir beaucoup d'humilité
et même souvent beaucoup d'humilité pour travailler à
côté des gens » (Christian Belinga ).

45 |
En outre l’expérience avec la matière et l’expérimentation
de chantier réel est manifesté comme fondamental dans la
formation. Cette procédure donne le contact direct de la
conception et l’exécution, ses contraintes, en plus favorise
l’échange avec les divers acteurs habitants, artisans,
ingénieurs, et autres.
La formation dans l’expérience permet d’être plus proche
du pratique réel et à la fois permet diffèrent approche du
métier. Ce fait est mis en valeur car il permet pendent la
formation, de commencer à construire un profil du métier.
« L’architecte est peut-être celui qui conçoit l'espace, qui
dessine les choses, mais il doit aussi imaginer que à un
moment donné il participe à la concrétisation, en touchant,
en faisant »

46 |
CONCLUSION

L'habitat, le corps et l'espace sont intrinsèquement liés.


Dans l'apprentissage de l'architecture, ces principes sont
nécessaires comme fondement des pratiques didactiques.
L'appréhension de l'espace demande une pratique
continue du fait d’« aménager les choses dans le monde ».
Comme le dit Christiane Youns (1984) : « Construire c’est
d’abord se construire. Aménager l’environnement, c’est
d’abord réconcilier l’homme avec lui-même et avec le
monde en revenant au soi corporel et à sa rencontre avec
son entour, les corps étant le premier habitat de l’homme
».

Face à l'architecture, nous sommes confrontés à la


dichotomie entre la connaissance sensorielle et la
connaissance rationnelle. En nous habite l'être qui exige de
nous la création pour produire des expériences.
Ainsi, les analyses menées dans ce mémoire ont permis de
mettre en évidence les intérêts de la formation
expérientielle en architecture et ses didactiques, qui
peuvent mener à des pratiques professionnelles en
consonance avec l’habiter de l’homme.

Dans cette exploration, nous avons vu comment les


notions de corps sensible et d'espace vécu jouent un rôle
important dans la formation de la conception de l'espace.
La création, en tant que partie intégrante de l'architecture
et de l'habitat, est donc présente chez l'étudiant par un
savoir existentiel bien avant le début de sa formation.

Ainsi, les formes d'apprentissage de l'espace, dans lequel


l’aménager est mise en pratique, auront une consonance
dans l'expérience quotidienne de l'architecte en
formation. Cela conduit à une prise de conscience de son
présence au monde pour produire ou créer l'habiter.
Ces premiers résultats théoriques ont été confrontés aux
différentes pratiques didactiques menées au sein de
l'ENSAG. Les divers exercices ont été présentés comme des
preuves photographiques du développement de
l'apprentissage par l'expérience.
D'autre part, les méthodologies de récolte de données ont
permis l'examen de ces didactiques expérientielles à partir

47 |
des témoignages des étudiants et des diplômés qui ont
participé à ce type de formation.

Dans un premier temps, les affiches de réflexion « Ceci


n'est pas une maison » et « S'il te plaît, dessine-moi une
maison » exposées dans l'école, ont généré un retour
intéressant des élèves de l'ENSAG. Après analyse, on peut
observer qu'une bonne partie des élèves ont réfléchi quant
à la façon d'appréhender et ce qu'il faut appréhender dans
la conception de l'espace.
En revanche, moins de la moitié des étudiants interrogés
orientent la réflexion sur leur formation vers une
description de la représentation matérielle de l'espace.
Cette observation réaffirme la pertinence de valoriser les
pratiques didactiques de l'expérience sensible. Celles-ci
génèrent en effet chez l'étudiant une compréhension de
l'espace par l'expérience, la pensée de soi-même comme
un être qui habite avec les autres et qui modifie le monde.

La deuxième expérience, basée sur le « dessin du lieu


préféré de l'enfance » d’étudiants diplômés et de divers
architectes, a confirmé l'importance de l'expérience vécue.
C’est à partir de celle-ci que nous créons des références à
ce que nous appelons notre habitation.
Dans les dessins et les déclarations des personnes
interrogées, il a été notamment observé que les
expériences de l'espace ne comportent pas seulement des
évocations du matériel. Il semble que, dans les qualités de
l'espace, les qualités de l'immatériel et du sensible
dominent. Les descriptions « géométrico-
mathématiques » et visuelles sont presque absentes, pour
parler de l'expérience d'un lieu.
Cette observation donne force à l'importance d'une
formation en architecture où l'expérience de l'habitant est
renforcée, comme si elle était un savoir corporel, qui
aménage les choses dans le monde.
L'hypothèse avancée au début de ce développement
d'investigation prend force d'observation à partir des
entretiens réalisés auprès de cinq architectes, trois de la
formation de l'ENSAG et deux d'une autre école
d'architecture. Grâce à eux et à leur témoignage, le fait que
la pratique de l'architecture soit influencée par le type de

48 |
formation est devenu évident. D'abord, par une attitude
critique à l'égard de leur propre pratique professionnelle.
Deuxièmement, par la reconnaissance claire de la
didactique qui a influencé leur position vis-à-vis de la
conception de l'espace et de la conscience d'eux-mêmes
comme partie intégrante de l'espace.
En termes de développement de la pratique
professionnelle, des caractéristiques essentielles se
détachent et montrent d'autres façons particulières
d'aborder l'architecture. Ainsi peuvent l’illustrer
notamment le travail collaboratif pour construire avec les
habitants à partir de leur contexte, mais encore la
médiation entre savoirs traditionnels et savoirs
techniques. L'implication dans l'expérimentation et le
contact direct avec les matériaux, la production de
stratégies pour la génération de connaissances, la diffusion
de la formation expérientielle pour les futurs architectes le
montrent également.
Ces éléments décrivent en effet une pratique particulière
de l’architecture, qui peut être considérée comme une
diversification de la profession, où l'intérêt pour une vision
critique de la production de l'habitat est souligné. La
participation à tous les processus de création d'habitats et
l'interrelation avec les acteurs qui construisent l'habitat
sont des facteurs en accord avec une transformation et
une éthique de l'architecture proche de l'être de l'habiter.

Jusqu'à présent, ces résultats ont le caractère d'une étude


exploratoire, qui peut ouvrir la voie à d'autres questions
plus larges sur le thème de la formation expérientielle en
architecture. De cette façon, d'autres questions se
poseront sûrement au terme de cette réflexion : Quel type
d'habitat est créé par des architectes formés dans une
architecture expérientielle ? Et comment les habitants
perçoivent-ils les constructions conçues par des
professionnels formés au travers d’un savoir-faire
expérientiel ?

49 |
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https://elpais.com/diario/2006/08/12/babelia/1155337575_850215.html Consulté le
21 Fevrier 2019

51 |
Annexe 1. Protocole de Interview

Pour commencer Voudriez-vous me faire une esquisse du souvenir du lieu préferé de votre
maison d’enfance

Donner 5 à 8 mots pour le décrire

1. Pourriez-vous me parler de vous et de votre parcours dans l’architecture ?

2. Pouvez-vous me décrire votre maison d’enfance? Et expliquer votre lieu préféré ?

3. Comment définiriez-vous l’idée d’espace?

4. Pensez-vous que les expériences vécues des espaces nous influencent et sont présentes au
moment de la conception en architecture ? Si oui, comment ?

5. Quelle méthodologie privilégiez- vous pour la conception des espaces ? Est-ce qu’elle a été
acquise pendant votre formation d’architecte?

6. Selon Juhanni Pallasmaa “C’est le corps le premier habitat de l’homme et c’est à partir du
corps que nous pensons notre relation avec le monde”. Comment avez-vous été formé à
prendre en compte le corps dans votre formation ?

7. Est-ce que vous vous pensez, voire vous vous dessinez dans les espaces que vous
concevez?

8. Pendant vos années de formation en architecture, y a-t-il eu des pratiques qui ont
fondamentalement modifié votre image de ce qu’ est l’ habiter ? Si oui, lesquelles?

9. Si on affirme que l’habiter est lié à l’expérience sensible et plutôt qu’à la forme géométrique
de l’espace, pensez-vous que ce principe est suffisamment inclus dans la formation en
architecture ?

10. Jan Gehl affirme “On a besoin d’une architecture plus humaine ”. Pour vous, comment peut-
on penser l’apprentissage de l’architecture avec ce principe ? Est-il déjà présent dans la
formation en architecture ?

11. Est-ce que dans votre formation en architecture a été introduit l’expérience des sens (et du
vécu ?) pour apprendre la conception de l’espace ? Si oui, de quelle façon

12. Mettez-vous en pratique ces stratégies au quotidien dans votre vie professionnelle /
étudiante ? Comment ?

Pour finir voudriez-vous me faire une description ou un dessin de votre espace préféré chez vous.

Donner 5 à 8 mots pour décrire votre espace préféré

Annexe 2 Enquête En ligne

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Avez -vous vu les
deux affiches 1. Qu'est-ce que ça 3. Quelle relation trouvez-vous
2. Quel rapport trouvez-vous avec la
dispersées dans vous évoque ces deux avec le corps et l'espace comme
formation en architecture?
l’école les dernières affiches? expérience?
semaines?
les erreurs de perception il faut rattacher il faut rattacher le corps à l'expérience
au sensible sensible même dans la construction
d'une maison / réalisation d'un projet
Oui
Exercice de Patrice Doat Entre les deux textes ; similitude avec Ils sont cruciaux, interdependants
en license 1 certaines exigences de clients pouvant dans les ressentis d'expériences d'un
penser que l'architecte est uniquement la espace.
supplication de modèles
Oui
Magritte et St Exupéry Exactement une des ambitions de votre Très distanciée dans les 2 cas
Oui enseignement
Cela me pose la question Nous devons trouver quel est l’objectif de Selon moi, la maison apporte plus
de « qu’est ce qu’une l’architecte, où se trouve les priorités d’experience sensorielle que l’abri qui
maison? » d’actions. répond plus à des besoins vitaux. La
Quels sont les critères qui maison transmet des émotions par
fait d’une maison. une l’espace qui vont rester dans l’esprit
Oui MAISON et la mémoire.
Un questionnement: "Si La rôle de l'architecte. Il ne doit pas Juhani Palasmaa (la main qui pense).
ce n'est pas ça, qu'est-ce recopier mais faire du nouveau, être La main est l'outil cognitif directe avec
qu'une maison ?" inspirer pour créer une "Maison". Le le cerveau. L'architecte, par le dessin
dessin est son outil. va retranscrire dans son processus
de création architecturale, des
Oui émotions qu'il a déjà expérimenté.
Alors elle m'évoque le Peut être que nous construisons sans L'espace comme expérience car pour
livre le petit prince ainsi savoir pour quoi nous faisons ça et pour chaque personne une maison peut
que Magritte qui, dans quel contexte. Elle questionne être différente et représenter
en un sens à mes yeux le sens premier différentes chose. D'où le ceci n'est
de l'architecture pas une maison car pour quelqu'un
cela ne représente pas une maison à
ses yeux, selon son ressentie. Et la
boîte qui fait office de maison ici c'est
selon le ressentie et l'expérience du
Oui corps d'une personne précise.
L’importance de la Important dans l’art en général donc en Un bâtiment n’est réellement compris
sensibilité et des architecture. L’art doit créer des se lorsqu’il est parcouru. On ne
ressentis au delà du emotions/des réflexions. pourra jamais aussi bien se rendre
simple esthétisme compte du traitement des matières
par exemple qu’en les voyant/les
touchant.
(J’ai par exemple eu cette réflexion
en visitant le Pavillon de Barcelone
qui me semblait beaucoup plus
imposant et massif quand on l’a
étudié que quand j’ai pu le découvrir
de mes propres yeux, de mes propres
Oui pas.)
Le petit prince Si l'on suit la logique du petit prince il n'y L'un est indissociable de l autre
a pas qu'une seule représentation de la
maison. On ne devrait pas imposer une
forme d'habitation selon des principes
acquis. Il n'y en a pas, chacun devrait
être libre de penser l'habitation comme
bon lui semble. Notre formation en
architecture devrait peut être plus
s'inspirer de ça il n'y a jamais qu'une
seule façon de voir les choses
Oui
Le petit Prince et Magritte Le fait que l'architecture est plus qu'un L'expérience est différente selon les
type de forme espaces et selon les architectures
Oui
La maison: l’oeuvre de Que l’architecture n’est pas qu’une belle La notion d’habiter en rapport aux
Magrite « ceci n’est pas image, qu’elle est le fruit de longues qualités architecturales
une pipe », qui entend réflexions
par là qu’il ne s’agit que
de sa représentation,
l’image qu’on s’en fait
La boite évoque le petit
prince qui lorsqu’un autre
personnage lui demande 53 |
de lui dessiner un mouton
n’est jamais satisfaite du
dessin. Le petit prince lui
dessine alors la boite
dans laquelle se trouve le
La maison: l’oeuvre de Magrite « ceci Que l’architecture n’est pas La notion d’habiter en rapport aux
n’est pas une pipe », qui entend par là qu’une belle image, qu’elle est le qualités architecturales
qu’il ne s’agit que de sa fruit de longues réflexions
représentation, l’image qu’on s’en fait
La boite évoque le petit prince qui
lorsqu’un autre personnage lui
demande de lui dessiner un mouton
n’est jamais satisfaite du dessin. Le
petit prince lui dessine alors la boite
dans laquelle se trouve le monton de
ses rêve, le laissant libre de l’imaginer
Oui tel qu’il le veut
Des boîtes La conception et la forme (Pas bien compris la question) mais
il est clair que la perception de
l'espace passe par tous les sens de
Non notre corps.
La pipe de Duchamp Questionner la norme, toujours L'architecture est subjective, elle se
aller plus loin dans la réflexion vie avant toute chose
Oui
Le petit prince Parfois les bâtiments sont Je n'ai pas trop d'idée désolé
stigmatisés et ressemble à ce
qu'il devrait ressembler et non à
quelque chose de plus original et
Oui peut être plus fonctionnel
Le petit Prince avec dessine moi un On ne se projette pas souvent Savoir exprimer les attentes du
mouton, et le fait que bien des dans de l'habitat individuel avec corps dans un espace défini
maisons aujourd'hui dépassent le un client à l'Ensag (accord entre fonctionnalité et
cadre nécessaire à l'habitat dans son application des constats déduits de
sens premier et raisonnable la phénoménologie)
Oui
La perspective 3D me rappelle des Dessine-moi une maison, c'est un Je n'ai pas compris la question
pers qu'on peut trouver chez peu ce que tout le monde te dis
promoteurs immobiliers... C'est quand tu dis que tu étudies
plastique, pas vivant... On dirait que l'architecture...
c'est tout droit sortit de Lumion, sans
attention à la matérialité. Une
architecture presque impersonnelle.
Pour la seconde avec le petit prince,
j'ai cru que c'était une brique de
dessinée... Du coup j'ai pas trop fait le
lien avec la maison.
"Putain mais je t'ai demandé de me
dessiner une maison! Pas une brique
Oui bordel!" hahaha
Cela m'évoque que l'architecture Le rapport est que nous passons L'expérience avec la matière et les
moderniste n'est pas une architecture nos 3 premières années à l'école ambiances avec notre rapport à
qui a du sens... pour ces habitants car à étudier majoritaire cette forme l'extérieure, à notre environnement
vivre dans une boîte n'est pas une d'habitat... Une grande tristesse !
forme naturel pour le corps humains,
Oui nous sommes pas des machines !
Références artistiques, espace, La perception par l’image ? Il est plus simple de s’imaginer
différentes qualités dans la première maison que dans
Oui la deuxième
On s'est demandé pourquoi elles Nous nous questionnons sur la La première image est plus attirante
étaient là et si le deuxième dessin manière de représenter les et permet de mieux se projeter
répondait à la question. maisons, l'informatique n'est dans cet espace
peut-être pas l'outil le plus simple
Oui et compréhensible.
La « boîte » en architecture, le fait que Le manque d’imagination et de Sensible et cette relation doit être
l’habitat se transforme en machine liberté qui semble commun, du basée sur le véhiculement de
Oui que l´on peut utiliser uniformément. moins en licence valeurs, sensations et sentiments.
la subjectivité le positionnement l'inconfort face à l'absence
Oui d'architecture
Ces deux affiches m'évoquent le fait Les cours (formation) qui sont Les espaces se construisent grâce
que le dessin de la première image fait enseigné à l'école nous au corps en mouvement. Pour la
sur logiciel informatique ne peut pas permettent d'abborder nos projets maison nos habitudes de vie et les
seulement caractériser la maison. La d'architecture sur des angles caracteriques des espaces définits
part du dessin à la main et la brique différents grâce à la comme la chambre ou le salon sont
qui évoque l'idée de construire soit pluridisciplinarité des pour moi l'expérience du corps
même (dans la deuxième image) fait enseignements. même dans l'espace. Créer son
aussi parti de nos moyens pour créer espace, se familiariser avec un lieu
une maison. s'est créer de l'architecture (en
quelque sorte). Les images nous le
montres bien, la maison dessinée à
l'ordinateur ne fait l'expérience des
espaces que virtuellement alors
que le corps à besoin de se repérer
concrètement dans l'espace.
Oui 54 |
Je ne les ai pas vu. Donc je ne pas Passe Passe.
Non commenter
La confusion entre l'image d'une Peut-être sommes-nous trop ???
maison et son réel sens. influencés par la représentation
d'un habitat-type que l'on nous
Annexe 3 Dessins Lieu préféré de votre maison d’enfance

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56 |
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Annexe 4
Interview HUGO GASNIER à CRATERRE ENSA Grenoble 15 février 2019

Johan MARIN : Pourriez-vous me parlez de votre parcours en architecture ?

Hugo GASNIER :
Ha ! C’est lié à ce dessin-là, en fait, c'est ça alors… moi et mon parcours ? Pourquoi j'ai voulu faire les études
d'architecture? Mois à la base en fait, je voulais faire les beaux-arts et c'est pour ça en fait que J'ai fait beaucoup
de cours quand j'étais jeune aux beaux-arts à l’annexe des beaux-arts de Grenoble. Et il y avait ces ateliers-là
superbe où on faisait de la gravure, la sculpture, de la peinture et moi je voulais faire de la sculpture en fait, avant
de commencer les études d'architecture. Et quand je suis rentrée en première année l'architecture … du coup après
j’ai quand même postulé aux beaux-arts et à l’école d’architecture puis j'ai choisi l’école d’architecture pour pouvoir
faire ce que je voulais faire quand même et ce qu'on fait souvent.

Après dans l'architecturé je trouvais ce côté-là, vraiment de pouvoir modeler la matière la travailler, la transformer
pour en faire des espaces, pour en faire ressentir des choses et tout ça. C’est vraiment ce travail-là de l'expression
entre la matière et des espaces qu’on génère qui m’a toujours un peu porté pendant mes études depuis la première
année en fait. Donc tout ce que j'avais acquis avant, sur des ateliers pratiques de peintures, de sculptures, de
gravure, de dessin à l’annexe de Beaux-arts ça m'a beaucoup servi dans ce que je voulais faire au cours des
études. Et après demain on est arrivé en première année d’architecture et donc avec… avec des collègues que j'ai
toujours le Maxime M…

On était vraiment dès la première année, on était des binômes et en première année on a eu cet enseignement
avec Patrice Doat qui revient beaucoup. En fait quand on fait le bilan de tous les étudiants de l'école d’architecture
de Grenoble, avec cette enseignement par la propédeutique de basic design qui est un enseignement qui est
vraiment très intuitif ou en fait, on te jette dans le bain avec des exercices court, très rapide pour t'obliger à te
désinhiber, à te libérer, en fait à libérer ta manière de faire de penser et de jeter tout de suite dans… tout de suite
il faut apporter une réponse dessiner, il faut faire une maquette pour faire quelque chose, pour pouvoir du coup,
avec une série d'exercices très court. Le début c’était des exercices de dix minutes un quart d'heure qu'on enchaîne
comme ça la première journée et après petit à petit c'est des exercices qui viennent de plus en plus compliqué. Du
coup l'étudiant qui ne sait pas forcément bien dessiner petit à petit il se libère et puis il se rend compte que en fait
il sait dessiner comme lui le fait, que c'est par le faire qu’il apprend très rapidement et se libère….
Donc c’est cette pédagogie-là, pour moi ça m'a tout de suite vraiment intéressé et dès la 2éme année j’ai était
moniteur de Patrice Doat et je suis rentré dans son équipe pédagogique dès ma deuxième année d’architecture.

Après j'ai fait tout mon parcours avec … en 3eme année j'ai été à la Cambre à Bruxelles où j'ai rencontré aussi des
gens qui travaillait un peu dans la même logique que le groupe CRATERRE et qui m'a donné envie de continuer
à… travailler sur ces questions de comment on fait une architecture avec un contexte, une matière des savoir-faire
locaux et comment on fait une réponse contextualisée vis-à-vis de tout ça. Mais c'est toujours dans cette idée-là
de croiser à la fois la question de la matière de l'espace, de la main du savoir et c'est en fait c'est vraiment ça qui
me plaît dans l'architecture encore aujourd'hui.

C'est cette simplicité là qu'on peut trouver, mais il faut vraiment travailler dur pour la trouver, combiner simplicité
demande beaucoup de travail c’est quelque chose qui est important …et après donc si je te fais toutes les études
je suis venu à l'école d'architecture en master 1 à Grenoble AE&CC c’était Pascale Roller et Nicolas Dubu qu’étaient
les enseignants du master 1 à l'époque et on a eu la propédeutique matériaux donc parfaitement la même logique.
Donc on a eu donc des séquences où on faisait un module bois d'abord, on faisait un petit prototype, on visitait des
scieries, on allait voir les gens qui construisaient, qui produisaient le matériau, on allait voir ce qui transformait la
matière et près on allait une semaine, deux semaines… une ou deux semaines, au Grands Ateliers pour faire un
prototype avec le matériau. Donc le module bois, le module acier, le verre, on a eu, mais c'était juste de la visite
pour le module verre puisque c’est plus compliqué à expérimenter, le module textile, le module composite et le
module terre … ha ! et il y eu le module pierre aussi et donc à chaque fois une expérimentation avec des matériaux,
de matières, comprendre comment on la récolte, comment on le transport, on la produit… on en fait des matériaux
de construction de cette matière et après comment de ces matériaux de construction on peut passer à des
dispositifs spéciaux et architecturaux.

Ça c'est génial de comprendre ça, en fait, c’est vraiment une grande passion… et du coup après notre diplôme,
c'était le premier Solar Decathlon Europe on a été dans la première équipe qui a réalisé le premier prototype à
l'école d'architecture de Grenoble sur le Solar décathlon, donc Solar 2010 Armadillo Box et ça c'est un moment
passionnant parce que c'était un travail vraiment pluridisciplinaire avec à la fois des étudiants en écoles
d'ingénieurs, des étudiants en école de commerce, des étudiants en électricité en plomberie des étudiants un peu
de différents horizons et un travail vraiment pluridisciplinaire, avec aussi d’ingénieur thermicien et tout ça…. Et c'est
vraiment passionnant de passer du coup, de la conception à la construction… ce que vous faites cette année….

Mais en plus avec cette relation avec tous ces gens-là qui viennent de formations différentes et avec leurs savoirs
différents et donc ça a donné de résultats un prototype qu'on a construit au Grands Ateliers fait transporter jusqu'à

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Madrid pour la compétition de Solar où on a fini le 4eme et c'était une super expérience. On avait déjà gagné parce
qu'on l'avait construit, ça c'est ce que Patrice dit toujours là : « vous avez déjà gagné parce que vous l'avez
construit, vous l'avez fait »
Et puis après, peu importe le résultat final, c'est la compétition dans tel, voilà c'était déjà d'arriver jusqu'au bout
quoi. Et donc c'est super après cette expérience-là, moi j'ai fait … l’envie de retourner à ce retour à la matière
beaucoup plus simple comment on conçoit une architecture… donc dans le prototype Solar Decathlon il y avait
déjà de la terre à l'intérieur pour le confort thermique et moi je voulais explorer encore plus cette question de… d’un
matériaux aussi simple que la terre comment on peut aujourd'hui le valoriser dans des projets aussi contemporain
et revenir à une architecture qui parle d'une matière et pour en faire une architecture. Et du coup, j'ai fait le DSA
terre battue avec beaucoup d'expériences enrichissantes avec des architectes comme Vicchi Architecte, Je ne sais
pas si tu connaît ?
Avec qu'on a fait le premier Work-Shop Terre, on a encadré avec Quentin Chazavant le premier workshop terre à
Alzt on a aussi travaillé avec Moutjou un architecte chinois dans un village rural en chine, sur comment redynamiser
les savoir-faire de la construction terre dans un village qui avait tendance à aller vers des matériaux modernes peut
adapter, mais du coup, leur redonner le sentiment de modernité à travers de leur culture traditionnelle, c'était assez
intéressant de faire ça
Et Moutjou c’est un architecte génial aussi chinois et voilà, donc on a bossé avec beaucoup de gens, on a bossé
avec Martin Rauth aussi en Autriche et Anna Ereinger, et du coup plein de gens qui nous ont beaucoup enseigné
et avec qui on a eu cet échange de… réciproque entre ce qu'on pouvait leur apporter ce qui eux nous apportait,
c'était vraiment intéressant

J. M.: tout ça dans le DSA ?

H.G. : Tout dans le DSA, en fait on a fait un premier workshop avec Martin Raugth, en tout début de DSA et après
on a fait une année de cours, on a beaucoup travaillé ensemble avec Quentin Chanzavant qui bosse… il bosse
chez Bellastokc maintenant… Et après la deuxième année en fait on a repris contact avec tous les gens qui avaient
participé au workshop pour essayer de voir si on pouvait faire des projets ensemble, et du coup, on a beaucoup
voyagé et on est allé en Chine, en Belgique, on a fait plein de… pas mal de workshop aussi… pour grandir
aussi ….avec des gens qui sont revenus le voir aussi… à ce moment là je crois que j'en oublie d'autres que j’avais
travaillé…. et du coup on a retravaillé avec plein de gens qu'on avait rencontré c'était super et des gens qui sont
devenus en plus enfin comme nous passionnés de la terre et continue la dedans… ça fait du réseau et c'est toujours
très intéressant

Voilà donc voilà… après à la suite de ça donc je travaille à CRATERRE.

J.M. : Est-ce que tu peux me parler de ta maison d'enfance m’expliquer un peu ton dessin, ton lieu préféré ?

H.G. :
Ça c'est mon lieu préféré c'est pas ma maison d’enfance est comme si j’ai passé beaucoup de temps ma maison
d'enfance je ne sais même pas quoi dire ... moi j'ai beaucoup ... la maison où j'ai grandi là c'est un appartement
Grenoble tous cas plus basique mais on partait beaucoup le week-end aller à la montagne aller se promener et on
était beaucoup en terre et il y avait deux choses il y avait on allait beaucoup à l'extérieur, on était toujours en
extérieur et il y avait aussi cette ça aussi ce moment là et en fait c'est pas tellement l'appartement ou la maison où
j'ai grandi qui comptait c'était plutôt ses autres lieux au tour où on était à la fois dans la nature à toujours profité
tout ça. Et aussi ses ateliers à l'annexe des beaux-arts où j'ai fait neuf ans, du coup en fait ....pendant toute ma
scolarité, en fait j'ai passé beaucoup de temps là bas à faire beaucoup de bêtises aussi, mais aussi beaucoup à
apprendre d'eux de la sculpture,la peinture, de la gravure aussi, qu'ils sont des choses voilà et ça me
manque encore aujourd'hui, j'ai envie de retourner tout le temps mais bon je n'ai pas toujours la possibilité d'y aller.

J.M. :d'accord, pour entrer un peu de son rôle et le domaines de l'architecture comment
définiriez-vous l'idée d' espaces ?
H;G. : ha!! l'idée de l'espace, ouais ou comment fait de l'espace?

J.M. : L'idée de l'espace ...

H.G.: c'est compliquée comme question....l'espace moi je pense quelque chose de ..d'assez simple.. c'est que à
un moment en fait... c'est ce que tu expliquais par rapport à la phénoménologie.. moi ce que j'en comprends la
phénoménologie je peux venir le mot ...c'est quand tu regardes tu regarde ce qui se passe autour. quand je suis là
et je fait un projet, tu arrives tu regardes, tu prends tes marques, tu essaie de comprendre.... tu essaie
de comprendre qu'est ce qu'il y a comme matière qu'est ce qu'il y a comme paysage ....les paysages il t'informe
aussi sur qu'est ce qu'on va trouver comme matière dans le sol parce que là.... les roches se sont érodées pour
faire de la terre, pour
faire des limons qui ont été transportés ...donc quand on comprend déjà ces mécanismes de d'érosion du sol on
comprend ce qui y a comme ressource sur place aussi et qu' est ce qu'il y a comme bois comment ça
a poussé ...donc on essaie de comprendre ça donc c'est très subjectif parfois... mais on essaie de comprendre et
apprendre aussi de regarder les gens qui sont là c'est important de regarder ceux qui sont là.... il y a un charpentier

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qui sait travailler de telle manière avec tel savoir-faire, il a cet outil là qui lui permet de faire exactement ça et ...du
coup et c'est à mon avis de comprendre quelles sont les mécanismes qui nous permettent de transformer la
matière, qu'elle matière on prendre, comme on la transforme, pour pouvoir en faire du coup un espace
qui correspond à ça et après l'architecte lui intervient pour essayer de faire cette compilation de tous ces choses
là et du coup de dessiner un espace qui correspond à ce matériau. Moi je pense que j'ai appris dès la première année
par l'exercice un peu emblématique de "masse ossature" je sais
pas si d'autres étudiantes en a déjà parlé. En première année on a un exercice qui nous ont fait une conception
avec un matériau massif est un matériau en poteaux poutres en bois et du coup il faut faire.. comment dire... donner
une expression architecturale et de l'espace qui correspondent à la matière qu'on utilise et je pense que l'espace
pour moi c'est toujours ça... c'est finalement ,
on va essayer de traduire une expression de l'espace qui correspond à ce qu'on utilise comme matériau
comme savoir-faire, comme ressource, comme élément qui proviennent du site... et puis après aussi influencé
par rapport du site comment il orienté tout ça... de cette genre de chose aussi qu'intervienne en architecture ...mais
le point central pour moi il y en a de la matière aussi ...quoi
Et de comment on est capable de la transformer. Voilà pour moi, je vois un espace comme ça..

J.M.: Est-ce que tu penses que les expériences vécues des espaces nous influencent et elles
sont présentes au moment de la conception en architecture ?
H.G. oui les espaces vécu de toute manière l'architecture... si l'architecte va sur le site....il y a des architectes qui
ne le font pas, qu'ils vont pas sur le site pour faire un projet, la majorité le font ce
qu'ils font pas, à mon avis font une grosse erreur ,ça c'est une chose. Mais cette question de
l'expérience vécue elle, elle est évidente parce que on a besoin d'expérience en a besoin d'aller sur le site pour
prendre l'expérience pour pouvoir concevoir le projet déjà. ça c'est l'expérience immédiate, toi tu parle plutôt de
l'expérience des souvenirs et l'expérience vécue du passé,
et tout ça ...et ça c'est évident c'est parce qu'on a visités des grottes qu'on comprend la masse qu'on comprend...
c'est parce qu'on a visités des châteaux médiévaux ou des bâtiments qui sont creusés, des bâtiments qui
sont élevés avec des grosses pierres qu'on comprend ce que ça veut dire un bâtiment lourd parce qu'on a visités,
je ne sais pas peut-être....c'est parce qu'on va expérimenter des
choses qu'on peut le traduire et les transmettre. Et cette question de l'expérience elle est fondamentale. Moi je me
rends compte aussi dans ce que je suis en train de travailler sur la thèse c'est parce qu'on a eu une expérience
qu'on l'a accumulé qu'on sait faire et reproduire finalement
aussi et et si on n'avait pas d'expérience et pas accumulé d'expérience en serait toujours en train
de tout réinventer et du coup, est ce que ça serait aussi riche que ce qu'on fait je ne pense pas quoi...

J.M. : Et Quelle méthodologie privilégiez vous pour la conception des espaces?

H.G. ça, moi je conçois peu d'espaces à CRATERRE on conçoit très peu d'espaces

J. M. d'accord et dans cette peu d'espaces il y a une méthodologie acquis pendant ta formation ou elle est
arrivée après? ou un certain pratique...

H. G.: ça c'est un peu comme... oui il y a cette idée d'aller sur place de prendre les ressources le site de prise de
sites qui est importante et essayer de comprendre effectivement tout... tout l'écosystème qu'i y a au tour
pour pouvoir concevoir, puis c'est ça aussi qu'en architecture c'est aussi... c'est
des opportunités, un moment de rencontres avec des gens qui ont un savoir faire qu'ont des connaissances qui
nous permettent d'orienter et de choisir la bonne manière de faire le projet
sinon, il y a à la fois cette question de ressources cette question d'un savoir faire . Des méthodologies, moi
j'ai conçois des bâtiments peu en fait je fais des bâtiments moi personnellement à côté mais, dans mon travail au
CRATERRE ont fait pas conception vraiment on accompagne les
gens qui font de la conception mais quand je conçois un bâtiment pour moi... je vais choisir en fonction de ce que
j'ai comme ressource à proximité par exemple on construit quelque chose
en ce moment à Belledonne, où il n'y a pas de ressources terre vraiment et on n'utilise pas du coup la terre
comme matériau massif on va plutôt utilisé du coup, des bois locaux avec une scierie qu'est juste à côté ..... voilà
donc on essaye de trouver des dynamiques locales avec ....et ça influence du coup, l'espace qu'on génères parce
qu'ils coupes d'une certaine manière est donc ce projet là s'oriente en fonction de la capacité de production des
gens aussi voilà.

J.M.: et dans cette même idée de l'expérience vécue par exemple Juhani pallasmaa il dit: "que le corps est
le premier habitat de l'homme et c'est à partir du corps que nous pensons de notre relation avec le monde"
Est ce que toi tu as été formé ou influencé à prendre en compte les corps au moment dès votre formation?

Le corps, oui, surtout à Grenoble je pense, parce que c'est ça dès la première année il y a ce côté... il
faut manipuler très vite, donc on prend conscience déjà de ses mains,en commençant manipuler les mains
qui commencent à travailler. c'est la machine de l'homme les mains. c'est là où on peut transformer des choses

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mais aussi par la main on apprend aussi beaucoup, donc on prend conscience d'abord du premier outil. je pense
à mon avis qui le regard la main et le cerveau qui fait le lien entre ce qu on ordonne à la main et puis en même
temps qu'il reçoit des informations de la main et ça c'est très important parce que la main c'est un double échange,
c'est... on donne une information pour transformer des choses mais, dans la construction en terre par exemple il y
a beaucoup de choses qui ... on apprend à connaître la matière en la touchant. C'est là qu'on
commence à avoir les premiers grands, faire la granulométrie, on regarde les quantités de sable qui a juste en
touchant la matière comme ça. on regarde s'il y a des argiles en la touchant on regarde si elle est plus compactée
en la mettant dans la main , la comprimant en boule. Donc il y a ce côté qui est important de... la main
nous apprendre des choses en fait beaucoup plus qu'on le croie en fait souvent et donc ça on apprend ça déjà
en première année on va dire on continue à apprendre par la
suite parce que vraiment comprendre ce qu'on apprend avec ses mains ça s'apprend tous les jours et après le reste
du corps ....moi je pense je n'ai pas fini d'explorer tout le reste du corps
il y a toujours d'autres morceau qu'on explore mais..... oui ,oui le corps nous influence et je pense que à mon
époque c'était si remarqué y avait ...on avait un exercice avec patrice doat tout le monde
devais faire un habit en papier et c'était peut-être la première fois on doit faire une architecture autour de son
corps très proche et que l'habit est en fait , la première architecture autour du corps avant l'espace bâti extérieur et
donc il nous enseigne vraiment ça dès la première année effectivement et puis après dans le renseignement
cela continue et c'est vrai qu'en master quand on a fait la propos du stic matériaux on était toujours tout de suite
confrontées à ces questions de espase et du corps qui est dans l'espace donc on part... on avance petit à petit quoi
aussi dans cet apprentissage et ça compte enfin il faut continuer à explorer. Puis il y a quelque chose qui est
très important aussi quand tu parle d'expérience de corps et d'espace c'est trois choses qui se..qui s'enrichissent
vraiment aussi au travers des... des voyages que tu fais voyage d'étude, je ne sais pas si ... si on a d'autres
qui entend parler dans les entretiens, mais c'est vrai que c'est quelque chose de marquant aussi, à chaque fois que
j'ai pu visiter des bâtiments d'architectes aussi important c'est... je pense on fait pas assez dans les études
d'architecture de .... d'amener les étudiants ... les invités à visiter beaucoup de bâtiments visités prendre des
expériences des sites des lieu des bâtiments, parce que c'est quelque
chose de très important . moi je sais que l'année où j'ai le plus voyagé c'était pendant les ERASMUS parce qu'on
a beaucoup de flexibilité pour ça, mais c'est l'année aussi qui a été très formatrice pour ça , ça m'a
permis d'augmenter un peu ma culture architecturale de d'aller voir des bâtiments de Peter Zumthor beaucoup
à Cologne, la chapelle aussi de ... Peter qui est en béton là et puis j'ai aussi beaucoup voyagé en Allemagne allait
voir les bâtiments du Bahaus mais après même des expériences de bâtiments qui sont pas forcément d'architectes
ça nous permet aussi d'experimenter ces espaces là.

JM: Si on prend ce exemple là de bâtiments,cette étude des cas tu crois qu on apprend beaucoup de loin, de
l'image est l'image des bâtiments de cet architectes qui tu parle

HG: loin dans les livres ? Dans les livres on apprend que moins je pense je pense qu'il faut un peu les deux, il faut
quand même un plan et il faut visiter mais mais après on n'a pas besoin d'image papier, pour moi, l'image papier
elle sert pas à grand chose pour expérimenter, et pour comprendre qu'il faut ...à mon avis si on veut vraiment
se construire une vraie expérience de l'espace il faut aller visiter les bâtiments et il faut... il faut expérimenter la
matière, tester les choses avec ses mains au
Grands Ateliers aussi en échelle 1 mais pourquoi pas dans son jardin elle ne pas obligé d'aller forcément... et je
pense qu'il faut continuer à expérimenter tout le temps parce que c'est là... c'est là la vraie richesse aussi de la
production du savoir quoi

JM: Est-ce que vous vous pensez, voire vous vous dessinez dans les espaces que vous concevez?

non, non je ne me dessine jamais.... m'imaginais oui, me dessiner, non mais m'imagine oui... quand j'arrive
quelque part ...mais c'est tous les architectes qui font ça quand tu arrive quelque part ou que tu dessines un projet
tu vas t'asseoir là où il est le salon et puis tu regardes et tu dis !ah oui je vais
vouloir voir ça en fait et je vais vouloir m’assoire de cette manière ,pour profiter du soleil de cette manière ou lire
un livre comme ça, je vais vouloir mettre mon bureau ici parce que quand je tournerai la tête je pourrais regarder
cette cette vue là dehors vous regardez cet espace du jardin et je pense que ça c'est obligé quand tu conçois.. tu
te projettes dedans et même si c'est pour des clients tu dis
moi si je suis là je verrai ça et je serais content de voir ça ou de vivre ça ...dans votre formation ainsi

JM: Pendant vos années de formation en architecture, y a-t-il eu des pratiques qui ont fondamentalement modifié
votre image de ce qu’ est l’ habiter ? Si oui, lesquelles?

HG : Oui parce que avant l'architecture, j'avais pas ou peu conscience que l'architecte il avait une tel pouvoir sur
les espaces en fait, c'est peut être ça la différence c'est qu'avant que tu es expérimente des espaces tu le vis et
puis après d'un seul coup c'est un peu aussi la découverte de ta responsabilité que, finalement en tant qu architecte
tu a un pouvoir assez importants sur maîtriser ces espaces les dessinait, en bien ou en mal justement avec c'est
une responsabilité assez lourd parce que si tu fais un espace qu'il n'est pas agréable, ou pas qualitatif ...tu as
infligera ça aux gens aussi... donc l'architecte il a aussi ce côté là de pouvoir décider de ces espaces et c'est

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principalement ça qui a changé dans mon regard sur cette expérience là ...et ça arrive dès la première année en
fait. quand tu te rends compte qu'en fait dessiner un mur c'est pas simplement

dessiner un mur, alors c'est décidé qu'il y a un côté d'un mur un autre côté, que si tu fais une porte tu peut le
traverser que si tu fais un escalier tu peux descendre le long et donc chaque mur ou chaque

chaque chose un impact fort et que ça se décide pas .... ça se décide pas à la légère en tout cas... et qu'il faut que
ce soit toujours bien orienté pour faire les choses correctement quoi

JM: Si on affirme que l’habiter est lié à l’expérience sensible et plutôt qu’à la forme géométrique de l’espace,
pensez-vous que ce principe est suffisamment inclus dans la formation en architecture ?

HG: Plus que l'autre mais pas l'un sans l'autre, je ne sais pas....la géométrie ce qu'on entend c'est le dessin en
plan ? oui.... j'ai dessiné un plan pour représenter... je pense que le plan c'est quand même l'outil indispensable
pour un moment mais il faut savoir le maîtriser pour pouvoir y faire rentrer toute

l'expérience du vécu dedans. franchement je pense que l'un ne va pas sans l'autre mais l'un est un outil et qui est
un outil important à maîtriser la géométrie le plan la coupe qui est important à maîtriser pour pouvoir traduire tout
cette qualité spatiale qu'on veut traduire dans nos bâtiments, l'un va pas sans l'autre et .... mais je pense que... je
pense que j'ai répondu, non c'est pas assez enseignée

aujourd'hui dans les écoles d'architecturé cette question d'expérience spatiale et expérimenté l'espace ça passe
par la manipulation avec les mains ça passe par la manipulation à l'échelle 1 avec la construction des prototypes
de choses comme ça... ça passe par un ...en fait il faut vraiment pouvoir manipuler expérimenté comprendre et
discuter aussi avec des artisans des producteurs de matériaux moi je pense ça c'est vraiment l'une des choses qui
sont indispensables et qui doivent être mieux enseignée dans les écoles d'architecture

JM: on le voit qu'ici à Grenoble

HG: Moi, je ne le vois pas trop dans les autres écoles d'architecture c'est mais oui il faut le renforcer je pense, parce
que l'architecte qui doit vraiment se saisir de ça parce que ça l'obligent à se saisir du chantier quand il fait ça et se
saisir que la géométrie ça veut dire qu'il laisserait le chantier la maîtrise de la matière la maîtrise du savoir faire à
d'autres et il se contentait juste de faire un plan géométriquement esthétiquement convenable qui convient et tout
ça c'est pas suffisant je pense

JM: C'est ça qu'on est habitué à voir

HG: Il y a 90 % des métiers de l'architecture qui se situe au-delà de la représentation de l'espace en


géométrie et de du coût de la maîtrise de comment l’édifice va se construire avec bâti avec quelles ressources
quels matériaux quels savoirs faire et c'est ce que je te raconte depuis le début je pense que ça s'est il faut aller
jusque là dans l'enseignement en architecture ça c'est évident et c'est pour ça que je suis satisfait d'être à l’école
d'architecture de Grenoble et de continuer à promouvoir un peu ça aussi mais je pense qu'il faut que ça soit dans
toutes les écoles. Et c'est pour ça qu'il faut pas que ce soit vu uniquement comme......souvent l'école d'architecture
Grenoble est vue comme très sensible aux matériaux écologiques machin .... Mais c'est pas ça c'est fou c'est c'est
comment en fait on enseigne à l'architecte que ...c'est sa responsabilité d'aller réfléchir à la matière jusqu'à jusqu'à
la fin du chantier.... mais de tout embrasser ... l'impact que ça a sur un territoire sur des savoir faire sur une
organisation de personnes et tout ça

JM: Jan Gehl affirme “On a besoin d’une architecture plus humaine ”. Pour vous, comment peut-on
repenser l’apprentissage de l’architecture avec ce principe ? Est-il déjà présent dans la formation en
architecture ?

HG :c'est déjà présents mais il faut encourager pour une démarche encore plus humaine ça c'est l'événement il
faut continuer à encourager vous continuez à lancer là-dedans faut aller encore plus
loin et est en fait il faut ouvrir ... dans l'enseignement de l'architecture il faut ouvrir aux étudiants la capacité à
pouvoir s'amuser à se faire plaisir à aller plus loin a effectivement à une architecture plus humaine donc ça veut
dire impliqué des gens comprends que tu vas parler un client mais qu'il a il a
plein de qualités ce pas qu'un client avec un portefeuille qui veut construire un bâtiment il à la plein de choses à
apporter au projet qu'il nous faut comprendre que l'artisan aussi lui il faut les impliquer dans le processus et il faut
prendre que les ingénieurs aussi en plein de choses à nous apporter pour
pouvoir dépasser le projet est aller encore plus loin, et puis il faut ouvrir effectivement les étudiants à des pratiques
autres ...et puis à pouvoir leur apprendre à se positionner aussi vis-à-vis de leurs
pratiques d'architecturé donc une architecture plus humaine moi je suis tout à fait d'accord après je ne sais pas ce
qu'il entend derrière tout ça mais oui

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JM: derrière, il met comme exemple la chine et avec cette envie févril de construire partout des gratte ciel de
logement et il parle aussi de l'appropriation des espaces pour les habitants

HG: on a été en chine un peu avec Quentin et on a vecu quelque mois du coup c'est vrai que c'est impressionnant
ça ces bâtiments qui se construisent et ils font un feu d'artifices à chaque fois
qu'ils ont fini le tour est en entend tous les jours en fait des feux d'artifice donc ça veut dire que c'est
vraiment une explosion c'est une construction ...c'est pour ça que l'architecte doit se saisir du chantier doit se saisir
de la constructions pour que ça fasse sens dans le territoire dans tout ça donc
plus humaine oui et avec les gens effectivement mais c'est sur

JM: tu crois que c'est suffisant déjà dans la formation ?

HG: c'est par petites touches mais ....il faudrait une vie pour former les architectes c'est ça aussi c'est qu'à un
moment il y a cinq ans d'études c'est déjà long mais c'est cour pour aborder toutes toutes ces questions-là c'est
déjà bien s'il est ....si chacun arrive à faire un petit bout du chemin et avancé là dans quoi

JM: Est-ce que dans votre formation en architecture a été introduit l’expérience des sens (et du vécu ?) pour
apprendre la conception de l’espace ? Si oui, de quelle façon

HG: Oui, ça rejoint est ce que je disais tout à l'heure et je répondrai oui, à nouveau....

JM: Est-ce que tu mets en pratique ce expérience de l'espace vécu dans ton métier ? et comment?

HG: comment? Bon, décrire ses expériences vécues ... c'est simple, c'est simple parce qu'en fait finalement c'est
cette expérience qui te donne les outils pour pouvoir concevoir je pensais aussi les rencontres que tu as fait avec
les gens qui permettent de le faire les bons choix, et c'est parce que et comment.... comment je mets en place.....je
ne sais pas... moi j'ai mes carnet effectivement où à chaque fois que j'ai fait un voyage j'ai mon carnet avec à la
fois des perspectives des endroits que j'ai visités, mais aussi des plans ce que j'essaie toujours de traduire quand
même, le plan avec la qualité spatiale quand même, c'est important puisque des fois... j'ai des souvenirs par
exemple de visite des jardins en chine, justement une des villages où il y avait quoi, il y avait une vingtaine de
jardins, que tu peux visiter dans ce village-là, et chaque jardin de proposer une expérience spatiale différente , et
je pense que ça m'influence effectivement puisque à chaque fois que tu conçois un espace tout ça peut te servir
forcément de quelque chose que tu as vécu, donc je peux pas dire que je me replonge forcément dans ses carnets
mais je sais qu'ils sont là et que je me souviens par exemple.... ses jardins là il y avait une manière de poser des
poteaux sur une pierre de réaliser des coursives ouverte sur un côté fermé sur un autre qui donne des vues sur
entre... en contre-plongée sur des espaces... et je pense que effectivement il y a des espaces que je conçois qui
sont inspirées de ça aussi quoi .... donc c'est pas forcément des bâtiments d'ailleurs qui sont faits par des
architectes mais mais du coup c'est intéressant de oui... de voir comment la fenêtre est positionnée par rapport au
mur ce que ça permet de générer comme l'espace à l'intérieur par rapport au lit pour une chambre c'est évident ça
enrichit le dialogue et le discours quoi effectivement mais je vais pas vous forcément me replonger dans les carnets
mais de temps en temps je le feuillette pour voir ce que j'ai vu et ça contribue à poursuivre ça....

JM: Ce que tu veux rajouter une autre chose en particulier? par rapport à l'apprentissage à la formation en
architecture....

HG: ...après, je sais pas si tu vois j'avais remarquée dans la question il y a "étudiant" en tant que
professionnel je le fais peut-être de manière un peu plus consciente en tant qu'étudiant je sais pas si j'avais encore
suffisamment la culture ou l'expérience pour pouvoir proposer ça et je pense que ça continue à se construire après
dans la pratique professionnelle parce que tu continues à enrichir sa et à l'améliorer parce que tu construis vraiment
et du coup tu continue à améliorer ton expérience aussi, donc il y a ce côté l'as si tu veux tant que tu est étudiant
tu est encore dans des projets fictifs utopique un peu qui sont pas forcément...où tu te rends pas bien compte de
l'impact que cela peut avoir en termes de concrétisation physique construit des bâtiments et je pense que les
dessins que je dessinais en tant qu'étudiant était parfois un peu peut-être naïve sur beaucoup d'aspects et que
l'expérience professionnelle après continuer à te construire en tant qu'architecte c'est évident quoi donc et donc
l'expérience elle est centrale c'est sûr qu'elle est centrale du coup parce que elle continue à s'enrichir et se renforce
tout les jours quoi ...après c'est peut-être des banalités en ce que je dis

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JM : pour finir, tu peux donner une petite description de votre lieu préféré aujourd'hui ,
préféré chez vous

HG : je sais pas peut-être ça peut rester les mêmes et se penser une idée à moi ça peut changer
parce que après la visite et chanter après de lierre et d'aujourd'hui quoi aujourd'hui j'apporte aujourd'hui je savoure
ce langage que je fais mais juste en dessous là ça c'est différent sur ipad je peux faire un petit ouais ça ressemble
à ça tech s'est de nouveau de levier non mais les ateliers c'est toujours ça oui c'est que c'est un espace qui permet
toujours d'être là d'être avec la matière et
c'est là où je me sens bien en fait moi je me sens bien nantis c'est là où je suis bien voir les artisans
leur dira comment on bosse on s'organise on travaille ensemble touche là matière…on regarde les choses
ensemble je me savais que moi c'est sur le chantier que je suis bien donc c'est le grand
atelier ces deux grandes du petit et les accros du coin c'est le bois l'acier la terre intervient elle remonte à rien faire
une promesse que la construction de la cabane de bois…
merci

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