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Science et métaphysique chez Kant

I. Kant : la métaphysique et les Lumières

A. Repères chronologiques et biographiques

- Né en 1724 (en Prusse orientale)


- Famille modeste (élevé par sa mère qui meurt en 1737)
- La maman Kant était piétiste (forme particulièrement rigoureuse du protestantisme luthérien)
- Il passe toute sa vie à Königsberg : il y étudie, il y enseigne (à l’université) et il y meurt
- Thèse qu’on a coutume d’appeler « La dissertation de 1770 »
- 1781 : première parution de la CRP (deuxième édition en 1787, modifications substantielles)
- Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science (thème du cours)
- 1785 : Fondements de la métaphysique des mœurs
- 1788 : Critique de la faculté de juger

Style d’écriture et de vie méticuleux et aride : surnommé par certains « l’horloge de Königsberg »
(promenade toujours à la même heure)

Tendance marquée à l’hypocondrie + est resté célibataire jusqu’à sa mort

Thomas de Quincey, Les Derniers jours d’Emmanuel Kant (film inspiré de ce livre)  traduit en français :
Kant intime (si on veut s’amuser)

Biographie de référence : celle de GARLYGA

Portrait ironique de Kant : De l’Allemagne, Heinrich HERNE (le plus français des poètes allemands : vit
en exil et meurt à Paris)  ouvrage visant à expliquer l’Allemagne aux Français (et qui est une réponse aux
deux ouvrages de Madame de Staël du même titre)  le présente comme « le Robespierre de la
philosophie » (critique de la théologie rationnelle, qui s’est employée à produire des preuves de
l’existence de Dieu : « philosophie destructive », la CRP est comparée à « un glaive »)

Dans la CRP, Kant ruine les intentions de la métaphysique à connaître Dieu, l’âme et le monde (les trois
principaux objets de la métaphysique traditionnelle). Il va récuser toute prétention à s’élever au-delà de
l’expérience et à connaître le suprasensible  Herne le présente comme le fossoyeur, démolisseur de la
métaphysique (image qu’il n’invente pas : Mendelssohn…)

Il n’y aurait aucune autre connaissance que celle de la nature, non pas métaphysique, mais physique
Aussi drôle que soit le texte de Herne, il demande à être nuancé : BENEKE fait remarquer que ce que Kant
est censé avoir détruit a déjà été détruit à son époque (HUME : au feu tous les ouvrages de métaphysiques !
+ sensualistes français, les encyclopédistes)

Prolégomènes : « Tout art faux, toute science vaine n’ont qu’un temps… » : la métaphysique est déjà
tombée

Quelques lignes plus haut : Kant oppose la vulgaire métaphysique d’école et une autre métaphysique qui est
désormais en son pouvoir  n’en déplaise à Herne, Kant n’est pas celui qui démolit la métaphysique
(qui était déjà mal en point à son époque) mais celui qui se propose de la refonder (comme le suggère le
titre : Prolégomènes à toute métaphysique future)

Puisque Kant n’introduit pas quelque chose de radicalement nouveau, situons…

B. Le siècle des Lumières et le problème de la connaissance

Ernst CASSIRER, La Philosophie des Lumières : l’un des traits caractéristiques de l’époque des Lumières
c’est le lien entre le problème de la nature et le problème de la connaissance : « La pensée ne peut se diriger
vers le monde des objets extérieurs sans se retourner du même coup vers elle-même, cherchant à s’assurer
d’un seul et même acte, de la vérité de la nature et de sa propre vérité. »

La question de la connaissance de la nature est intimement liée à la question de la connaissance de l’esprit

LOCKE, Essais sur l’entendement humain : « L’entendement, semblable à l’œil, nous fait voir et
comprendre. C’est pourquoi il faut de l’art et des soins…  »  CRP : la pensée qui fait retour sur elle-même

Au siècle précédent, DESCARTES s’était proposé d’établir les limites de notre connaissance mais en
reposant sur la thèse d’une parenté originelle entre les objets et les idées (c’est Dieu qui garantit le lien entre
notre pensée et notre être)

Son héritier, MALEBRANCHE : occasionnalisme (Dieu, seul, est la cause générale de tous les mouvements
dans le monde, et les phénomènes qui apparaissent comme des causes ne sont que des occasions de l’action
de Dieu) : «  Dieu a voulu que mon bras soit remué dans l’instant même où je le voudrais moi-même.  »

D’une façon générale, on peut dire que les Lumières ont refusé la référence à la transcendance pour fonder
le lien entre la connaissance et la réalité, entre le sujet et l’objet. Et KANT partage ce refus…

Ainsi, la « révolution » kantienne n’est pas aussi radicale que ce que l’on a pu penser : elle s’inscrit dans un
mouvement plus général
Lettre à Marcus Herz (21 février 1772) : « Platon eut une intuition… comme source originelle de ces
concepts purs, Malebranche une intuition encore actuelle de cet être originaire. Pourtant ce deus ex
machina est dans la détermination de l’origine est ce que l’on peut choisir de plus absurde. En plus du
cercle vicieux dans l’ordre logique de nos connaissances… »

Si le moi et l’être appartiennent à deux couches distinctes de la réalité, comment penser leur rapport ? Ne
faut-il pas nécessairement que la réalité extérieure se communique à l’esprit ?

La philosophie de la connaissance cesse d’être une métaphysique pour devenir une sorte de
psychologie : le problème de la vérité se réduit à la genèse des idées de l’esprit

Difficulté : notre connaissance, dans ces conditions, semble être marquée du sceau de la relativité (qui
tient à la manière dont notre appareil cognitif est fait)

Le problème de Molyneux (philosophe irlandais qui formule un problème et l’adresse à Locke, après avoir
lu la première édition de l’Essai sur l’entendement humain : Locke lui répond dans la deuxième édition) :
aveugle de naissance, cube et globe (les reconnaît au toucher), vue rétablie  les reconnaîtra-t-il sans les
toucher ?

Question qui intéresse tout le XVIIIème : Locke, Berkeley, Voltaire, Diderot…

Locke et Berkeley (Le nouveau problème de la vision) répondent non et l’histoire leur donne raison (histoire
de la médecine : opération de la cataracte)

(Au fond, cela correspond à la question suivante : est-ce que l’on apprend à voir ?)

Si nous ne devons qu’à l’expérience la perception des structures spatiales, nous ne pouvons écarter la
pensée selon laquelle une modification de notre appareil cognitif modifierait à son tour l’espace que
nous percevons. Notre perception nous dit-elle quelque chose de la nature des choses ou ne nous dit-elle que
des choses à propos de notre propre nature ?  questions au centre de l’élaboration de la critique

Si l’espace de la vue n’est pas l’espace du toucher (comme le suggère le problème de Molyneux), alors il y
autant d’espaces que de domaines sensibles (chacun a sa structure)  si chaque sens a son monde, alors
qu’en est-il de l’objectivité du monde que nous percevons ?

Ce thème de la relativité des grandeurs et de l’espace est un thème qui hante le XVIIIème siècle
(Micromégas de Voltaire, Les Voyages de Gulliver de Swift, Fontenelle, Entretiens sur la pluralité des
mondes, 3ème soir)

Influence énorme de Christian WOLFF (héritier de Leibniz) en Allemagne  son point de départ :
l’ontologie
Lorsque KANT critique le dogmatisme de la théologie rationnelle, de la psychologie rationnelle…, c’est à
Wolff essentiellement qu’il s’adresse  confiance absolue dans le pouvoir de la raison qui fonde la
prétention de la philosophie d’engendrer le réel à partir de ses concepts

BXXXVI : Wolff est « le plus grand des philosophes dogmatiques »

Quand on cite la CRP, on a pris l’habitude de désigner l’édition de 1781 par A et l’édition de 1787 par B +
quand il s’agit des préfaces, ce sont des chiffres romains et quand il s’agit des textes, des chiffres arabes

C. La période précritique

La première période, ce sont les années de formation (Kant n’a pas encore rompu avec Wolff et Leibniz)

La deuxième période correspond à la découverte de l’empirisme (et, plus particulièrement, de Hume qui l’a
« réveillé de [son] sommeil dogmatique  »)

1763 : année décisive avec trois textes (aller les regarder)  Recherches sur l’évidence des principes de la
théologie naturelle et de la morale + Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur négative +
L’Unique fondement possible d’une démonstration de l’existence de Dieu  n’a pas encore renoncé au
projet mais déjà dans ces textes, la critique de la théologie rationnelle est déjà avancée

L’Unique fondement : idée fondamentale chez KANT de la non-déductibilité de l’existence (on ne peut
pas déduire l’existence à partir d’un concept)  preuve de Saint-Anselme (dialogue avec l’insensé)

(Figure de l’insensé qui ne comprend pas ce qu’il dit, il ne comprend pas le sens des mots qu’il utilise)

Idée qu’on retrouve dans la CRP : A599 + B627  l’existence ne peut être un prédicat (quand on a un
concept et qu’on fait la liste de ses prédicats, on ne peut pas introduire dans la liste le prédicat de
l’existence)

« Quelque chose peut être posée d’une manière relative… Alors l’être, càd la position de cette relation,
n’est rien d’autre que la copule dans un jugement. Si au contraire on ne considère pas la relation mais…
alors le mot être est équivalent d’existence. […] Quand je dis Dieu est tout puissant… mais que Dieu soit,
càd qu’il soit posé absolument en tant qu’il existe…  » (p.137 Pléiade, L’Unique fondement)

A cette époque, Kant est encore métaphysicien au sens classique (dogmatique) mais sa confiance dans le
rationalisme leibnizien-wolffien s’amenuit : « Il est nécessaire que l’on soit convaincu de l’existence de
Dieu mais il n’est pas nécessaire de la démontrer. »  ce n’est sans doute pas par la voie de la raison
spéculative, de la démonstration, par l’établissement de preuves qu’il faut accéder à Dieu
ATTENTION CONTRE-SENS : Kant n’est pas athée !  la voie classique d’accès à Dieu par les
philosophes est, après la CRP, interdite. MAIS on va retrouver Dieu par d’autres voies (la voie morale)

Préface, L’Unique fondement (p.63) : «  La Providence n’a pas voulu que les raisonnements les plus utiles à
notre bonheur dussent se reposer sur les raisonnements les plus subtiles de la métaphysique. »  esquisse
de l’idée selon laquelle c’est par un autre chemin qu’on accédera à Dieu

Recherche sur l’évidence des principes de la théologie naturelle et de la morale (1763) : sorte de discours
de la méthode, un des textes qui amorce le plus le tournant critique qui va suivre  réponse à une question
posée par l’Académie de Berlin : « On demande si les vérités de la métaphysique en général et, en
particulier, les premiers principes de la théologie naturelle et de la morale sont susceptibles de la même
évidence que les vérités mathématiques, et au cas où elles n’en seraient pas susceptibles, quelle est la
nature de leur certitude, à quel degré elles peuvent parvenir et si ce degré suffit à la conviction ?  »

Kant va développer l’idée déjà esquissée dans L’Unique fondement (où il dénonçait déjà « la rage de la
méthode… ») que le métaphysicien peut régler sa démarche sur celle des mathématiques  il va mettre en
évidence la différence radicale entre la méthode mathématique et la méthode métaphysique

- En mathématiques, on commence par les définitions des objets


- En métaphysique, on ne commence pas par là  en philosophie, la définition vient presque toujours en
dernier (la définition est but de la recherche, réponse à la question « qu’est-ce que »)

(Kant cite Saint Augustin : je sais ce qu’est le temps si on ne pose pas la question et si on me pose la
question, je ne le sais pas)

Le philosophe part de ce qui est le plus complexe et le plus particulier et remonte de proche en proche
vers ce qu’il y a de plus simple et de plus général

La métaphysique s’est souvent contentée de donner de simples définitions nominales, qui baptisent, qui
donnent le nom, mais qui ne nous donnent pas l’objet et ses propriétés, tout en prétendant engendrer le réel

Méthode synthétique et progressive des mathématiques

(Cercle : faire tourner un segment à partir d’un centre)

Baumgarten (inventeur de l’esthétique) faisait de la métaphysique en adoptant une démarche mathématique :


définir l’être et, ensuite, en exposer les particularités

La vraie méthode métaphysique ressemble à celle de Newton (physique)  l’originalité de Newton est qu’il
a pris des exemples empiriques pour se demander ensuite si l’on pouvait établir une fonction susceptible
d’exprimer la connexion des phénomènes particuliers  d’une certaine manière, il s’agit là d’une esquisse
de la méthode même de la démarche transcendantale : il s’agit de remonter du fait de la connaissance (il y
a de la connaissance, c’est un fait) vers ses modalités : on ne se demande pas si la connaissance est possible
mais comment elle est possible (démarche régressive : on remonte de proche de proche)

1766 : Les Rêves d’un visionnaire expliqués par les rêves de la métaphysique (texte qui va surprendre ceux
qui le connaissent)  dirigé contre SWEDENBORG (considérations mystiques, communication avec les
esprits, les anges, le Christ) 

CASSIRER : «  Swedenborg est, pour Kant, la caricature de toute la métaphysique du suprasensible. »


(Schärmer : enthousiasme, exaltation, délire  Schärmerei : ennemi juré de Kant)

La croyance, chez Kant, reste une croyance rationnelle : on a des raisons de croire (aucun mysticisme
chez Kant, ≠ Dieu existe parce que je le sens)

Texte paru anonymement (sans nom d’auteur)  moment de rupture (avant Kant était un métaphysicien
comme les autres) : pas de différence entre Swedenborg (le Schärmer) et Wolff (ceux qui regardent en
l’air) : critique très violente

D. La dissertation de 1770 : « De la forme et des principes du monde sensible et intelligible »

Texte révolutionnaire : Kant établit, d’une part, la distinction entre le sensible et l’intelligible et, d’autre part,
il affirme l’autonomie du sensible (ce qui est révolutionnaire : toute une tradition philosophique qui
estime que le sensible n’est qu’une expression confuse de l’intelligible  depuis Platon, il s’agit de
découvrir l’intelligible qui se cache sous le sensible : il n’y a de science du sensible que dans la mesure où
l’on y trouve de l’intelligible dont le sensible n’est que la pâle copie)

Deuxième partie, paragraphe 7 : « Définir le sensible comme ce qui est connu plus confusément, et
l’intelligible ce dont la connaissance est distincte, c’est user de mauvaises formules. »  le sensible a une
rationalité propre (il y a des lois et des principes du sensible)

Paragraphe 3 intitulé « De la différence générale entre les sensibles et les intelligibles » : « La sensibilité est
la réceptivité du sujet par laquelle il est possible que sa disposition… il faut établir, contre Wolff…  »

(Kant n’a pas encore abandonné la possibilité d’une connaissance transcendante, càd qui va au-delà des
limites du sensible)
Comme la connaissance de l’intelligible, la connaissance du sensible a une matière (la sensation) et une
forme (l’espace et le temps)  théorie de l’espace et du temps comme formes pures : l’espace et le temps ne
viennent pas des sens mais sont supposés par eux + l’espace et le temps ne sont pas des concepts mais des
intuitions + l’espace et le temps sont des formes a priori de la sensibilité

La période critique commencerait à ce moment-là (à partir de l’affirmation de la thèse, contre Platon, de


l’autonomie du sensible : pour Platon, le sensible, c’est du mauvais intelligible)

Introduction d’un couple conceptuel : forme – matière

Théorie de l’idéalité du temps et de l’espace (n’existent pas hors de nous : ce sont des formes de notre
esprit)

« L’espace et le temps ne sont pas des concepts, mais des intuitions [représentations d’une chose singulière :
il n’y a qu’un temps ou qu’un espace, or un concept peut renvoyer à une pluralité d’objets]. »

Thèse centrale (qui sera au cœur de la CRP) : l’espace et le temps sont des formes a priori de la sensibilité
(formes à partir desquelles tous les objets sensibles nous sont donnés : elles n’ont aucune existence
objective)

Entre la Dissertation et la Critique, Kant n’écrit pas (très étonnant pour un homme si productif)

Lettre à Marcus Herz (21 février 1772) : première fois qu’il évoque un texte du nom de la CRP

(Inventeur du remonte-chaussettes mécanique !)

« Tandis que j’examinais point par point la partie théorique dans toute son étendue, avec le rapport
réciproque, je remarquais qu’il me manquait encore quelque chose d’essentiel que, tout comme d’autres,
j’avais négligé dans mes longues recherches métaphysiques, et qui constitue, en fait, la clef de l’énigme tout
entière, celle de la métaphysique jusqu’ici encore cachée à elle-même. Je me demandais, en effet : quel est
le fondement sur lequel repose la relation de [la] représentation à l’objet […] »  : se demander si l’objet est
la cause de la représentation ou si la représentation est la cause de l’objet

Trois possibilités envisagées

1. L’objet affecte le sujet et permet la représentation


2. Le sujet produit l’objet par le seul acte de le penser
3. Correspondance entre la représentation et l’objet, garantie par Dieu (solution éliminée d’emblée)

Comment comprendre que des concepts purs puissent avoir une valeur objective ?
II. La révolution copernicienne

Lettre dans laquelle il dit avoir écrit la CRP « au fil de la plume » (la formule laisse rêveur)

BXVI (Préface de la seconde édition) : Kant compare sa démarche à la manière dont Copernic a


révolutionné l’astronomie : ce n’est plus le sujet qui se règle sur l’objet, mais c’est l’objet qui se règle sur
le sujet (sur les formes a priori de la connaissance qui se trouvent en nous, avant toute expérience)

Les formes a priori de la connaissance (qui se trouvent en nous) ne nous fournissent des connaissances
qu’à condition de trouver une matière (donnée par l’expérience) à laquelle elles s’appliquent : l’idéalisme
kantien est un idéalisme formel (et non pas un idéalisme radical)

« Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes. » (BXVIII)

Redéfinition des concepts de subjectivité et d’objectivité : la connaissance est subjective (au sens de la
manière dont nous sommes disposés, « appareillés »)

Préface de la première édition : « La raison humaine a cette destinée particulière […] d’être accablée de
questions qu’elle ne peut écarter mais elle ne peut y répondre car elles dépassent les pouvoirs de la raison
humaine. […] Ce champ de batailles sans fin, voilà ce qu’on nomme métaphysique… »

(Métaphysique : reine des sciences par ses objets qui sont les plus importants)

Entreprise de refondation de la métaphysique (et non pas de suppression pure et simple), mais problème du
statut scientifique de la métaphysique : veut lui faire prendre « le chemin des sciences »

Préface de 1787 qui passe en revue les sciences (la logique, les mathématiques, la physique)

Méthode expérimentale (avant de tester, on sait ce qu’on cherche) : la raison doit « prendre les devants  » (il
s’agit pas simplement de glaner les phénomènes qui s’offrent à l’observation)

Introduction, B22 : « Il doit être possible d’en venir à son propos [la métaphysique], à la certitude que ce
soit celle du savoir ou du non-savoir de ses objets, […] comment la métaphysique est-elle possible à titre
de science ? » (il n’exclut pas que la réponse soit négative, que l’on cherche la science de notre ignorance)
S’interroger sur la possibilité de la métaphysique c’est s’interroger sur les limites de nos capacités de
connaissance (c’est se demander que puis-je savoir, et donc que ne puis-je savoir)

A805 ou B833 : les trois questions qui importent à notre raison (et à la philosophie), « Que puis-je savoir ?
Que dois-je faire ? Que m’est-il permis d’espérer ? »

La métaphysique, chez Kant, serait-elle une simple science négative (un savoir de notre ignorance) ?

La CRP est divisée en deux parties très inégales :

- « Théorie transcendantale des éléments » (le cours portera essentiellement sur cette première partie)
- « Théorie transcendantale de la méthode »

Nous ne connaissons que les phénomènes (jamais les choses en soi). Quand nous prétendons appliquer les
catégories de notre entendement à des choses qui ne s’observent pas dans l’expérience, nous tombons dans
les difficultés constitutives de la métaphysique

« Logique transcendantale » : analyse des formes intellectuelles (dont l’usage est double : un usage légitime,
transcendantal, cf. « Analytique transcendantale », qui fournit des connaissance et, d’autre part, un usage
illégitime, transcendant, cf. « Dialectique transcendantale »)

Face à cette critique de la raison, on ne se contente plus d’identifier des bornes, mais d’en démontrer les
limites (les bornes sont indéterminées et contingentes, nous ne savons jusqu’où elles peuvent être reculées,
la science a des bornes et non des limites, demain les biologistes découvriront… : je sais qu’il y a des
choses que je ne sais pas, mais j’ignore où cela s’arrête, mentalité des scientifiques ; la CRP veut assigner
des limites

Image de la terre (plate comme une assiette, ou sphérique…)

§57 des Prolégomènes : « détermination des limites de la raison pure » « la raison humaine reconnaît
certes des bornes, mais pas des limites… »

Note en B603 : image de l’abîme de notre ignorance (d’autant plus profond que nous avons de
connaissances)

Avec des bornes, notre ignorance est indéterminée (avec des bornes, on peut, en droit, tout connaître…)

« Si je suis allé assez loin pour savoir que la terre est une sphère […] » (Erasthostène : le premier à avoir
calculé la circonférence de la terre à partir de l’ombre d’un bâton)  passage de la Méthodologie

Tracer les limites du champ du savoir possible et du champ du savoir qui est interdit (de jure)

« L’illustre David Hume a été un géographe de la raison humaine. » (il condamnait la métaphysique)
C’est la connaissance de la nature exacte de nos jugements qui permet de déterminer les limites de notre
pouvoir de connaître et de répondre à la question de savoir si la métaphysique peut être une science

Le projet de Kant n’est pas de démolir la métaphysique, mais de lui assigner des limites

B22 : « Comment la métaphysique est-elle possible à titre de science ? » (cette question découle
directement du problème général de la CRP, B19 : « Comment les jugements synthétiques a priori sont-
ils possibles  ?  », qui est the question au sujet de la raison pure)

La question de la possibilité de la métaphysique est présentée comme découlant directement de la


possibilité des jugements synthétiques a priori

En quoi ces deux questions sont liées ? (B10 : distinction entre jugements analytiques et synthétiques)

- Jugement : énoncé de la forme « A est B » (et qui est susceptible d’être vrai ou faux)
- Analytique  : le prédicat B appartient au sujet A (il ne nous apprend rien, il ne fait qu’expliciter ce que
nous savons déjà : « tous les corps sont étendus » : B est compris dans A, il suffit d’analyser A pour
trouver B) Un jugement analytique ne peut pas être vrai ou faux : il est soit exact, soit contradictoire
(«  le triangle a trois angles »)
- Synthétique  : le prédicat n’appartient pas à A, mais il y est lié par une certaine connexion (il est extensif  :
il nous apprend des choses sur la réalité)
Il n’est pas logiquement contradictoire de dire le contraire (le feu fait fondre la glace, le feu durcit
l’argile)
- A priori (concept leibnizien) : indépendant de l’expérience
- A posteriori : procédant de l’expérience

Tous les jugements a priori sont analytiques (l’esprit ne sort pas de lui-même)

Tous les jugements a posteriori sont synthétiques (et tous les jugements synthétiques sont a posteriori)

Jugements analytiques a priori (OK) Jugements synthétiques a priori


Jugements analytiques a posteriori Jugements synthétiques a posteriori (OK)

Le problème, c’est les jugements synthétiques a priori, càd un jugement qui dit quelque chose de la
réalité (synthétique), et ce, indépendamment de l’expérience (a priori) : jugement portant sur une réalité
dont nous n’avons pas fait l’expérience
La visée première de la recherche kantienne, ce n’est pas de la logique, ni de la théorie de la
connaissance. Son intérêt est commandé par la question du destin de la métaphysique (Prolégomènes, §40).
Au fond, l’épistémologie kantienne dans la CRP se fait au passage !

Kant n’est pas tout à fait le Robespierre de la métaphysique (qui aurait coupé la tête du Bon Dieu) et son
premier objectif n’est pas de justifier Newton, comme on put le dire certains

AIX : la métaphysique est « en pleine anarchie » (méprisée au XVIIIème) : ce qu’il critique c’est bien
« l’indifférence » à la situation de la métaphysique à cette époque (les questions sur l’existence de Dieu et
de l’âme font partie de notre « disposition naturelle » à la métaphysique, B21-22, qu’il faudrait distinguer
d’une métaphysique positive)  satisfaire un besoin d’absolu

Malentendu de la raison avec elle-même : la raison se méprend sur ses propres possibilités (dès qu’elle
quitte le terrain de l’expérience sensible et qu’elle s’aventure dans le domaine du suprasensible, précisément
celui sur lequel portent les questions métaphysiques, elle s’expose à l’illusion transcendantale qui lui fait
prendre ses désirs et ses sophismes pour des réalités : cette raison errante, Kant l’appelle « la raison
dialectique  », la dialectique pouvant se définir comme l’art des questions dont on peut discuter sans fin)

La fonction de la critique est de lutter contre la dialectique et pour faire advenir une métaphysique qui
pourrait prétendre au statut de science (« en colmatant la source des erreurs »)

B31 : il y aura toujours une métaphysique dans le monde, et avec elle, une dialectique

Distinction entre l’erreur (une fois que j’ai compris pourquoi je commettais une erreur, je ne la fais plus) et
l’illusion (je vois le soleil se lever d’un côté et se coucher de l’autre, bien que sachant que c’est la terre qui
tourne autour de lui : on ne se débarrasse jamais vraiment de l’illusion du géocentrisme)

A l’issue de la critique, l’illusion va perdurer mais, en connaissant le mécanisme de l’illusion, on ne se


laissera plus avoir

On a souvent pensé que la métaphysique était une science analytique (Descartes, saint Anselme : l’insensé
est insensé parce qu’il ne comprend ce qu’il dit : dire « Dieu n’existe pas » est une contradiction logique)

(C’est mon côté instituteur, je l’ai retrouvé dans des copies, alors je me lâche : saint Augustin, saint
Anselme)

B629 : rejet de la preuve de l’existence de Dieu en procédant de manière analytique (« supposition que rien
ne nous permet de justifier »)

B626 : « L’existence n’est pas prédicat (réel).  »  non-déductibilité de l’existence (cf. période
précritique)
La métaphysique ne peut reposer ni sur les lois logiques (elle n’est pas analytique, mais synthétique) ni sur
l’expérience (car elle est a priori), d’où la question initiale : la métaphysique étant synthétique et a priori,
comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles  ?

Prolégomènes, §5 : «  Tous les métaphysiciens sont solennellement suspendus de leurs fonctions […]
jusqu’à ce qu’ils aient répondu à la question : comment des jugements synthétiques a priori sont-ils
possibles  ? »

En effet, si la métaphysique doit être une science, elle doit être une science constituée de jugements
synthétiques a priori. Mais est-ce seulement possible ?

B19 : un philosophe s’est approché du problème plus que les autres, c’est HUME (il a le mérite d’avoir posé
le problème, sans pour autant l’avoir résolu : Kant l’appelle parfois « le problème de Hume  »)

Enquête sur l’entendement humain, section IV : on ne peut pas retrouver la cause dans l’effet (les deux ne se
ressemblent pas, boules de billard) : nous sommes portés à croire au principe de causalité, mais cette
croyance n’est dû qu’à une vaste accoutumance (lois psychologiques)

(Pourquoi la nature nous ferait la bonne grâce de se soumettre aux mêmes lois que celles de notre esprit ?)

Vouloir rechercher la cause ultime des choses est une démarche dépourvue de sens (si Hume a raison, il
n’y a pas de connaissance de la réalité indépendante à l’expérience, autrement dit, il n’y a pas de jugements
synthétiques a priori, et nous sommes condamnés au scepticisme)

Dernier paragraphe de l’Enquête (radical !) : jetez au feu les livres de métaphysique et de théologie !

Si KANT est ébranlé par Hume, il ne se convertit pas pour autant à son empirisme ou à son scepticisme. Il
s’agit plutôt pour lui de relever le défi sceptique de Hume sur deux points : la validité du concept de
causalité (problème de l’induction ou de la généralisation inductive : comment peut-on énoncer des lois
universelles à partir des éléments particuliers tirés de l’expérience) et la possibilité de la métaphysique
comme science

(Quantificateurs universels, en logique : tout, tous…)

(On est en train de faire de la philosophie, on n’est pas en train d’acheter du pain…)

La réponse de Kant au défi épistémologique consistera à dire que seuls nos concepts a priori permettent de
rendre compte de l’objectivité du savoir scientifique 

La question que se pose Kant est comment les jugements synthétiques a priori sont-ils possibles (question de
droit, et non pas question de fait : y a-t-il des jugements synthétiques a priori ?) :

Il ne s’agit pas de se demander si la science est possible (B20 : « Qu’elles soient possibles, c’est prouvé
par leur réalité » + B127-128), mais de savoir comment elle est possible 

B14 : raisonnements mathématiques (= jugements synthétiques a priori), principe de contradiction


S’il existe des jugements synthétiques a priori en mathématiques et en physique, pourquoi n’en
existerait-il pas en métaphysique ?

Cette question de la possibilité des jugements synthétiques a priori va occuper l’Esthétique transcendantale
et la première partie de la Logique transcendantale (Analytique transcendantale) : question de savoir
comment l’esprit peut sortir de lui-même pour vérifier ce qui n’y est pas contenu analytiquement, sans
pour autant sortir de lui-même (sinon ce ne serait pas a priori)

La grande invention de Kant, c’est un sensible non-empirique

Nous ne connaissons les choses qu’en tant que phénomènes, et jamais comme choses en soi (ces dernières
peuvent être pensées, mais pas connues)

Révolution copernicienne (B16 : ce sont les objets qui se règlent sur notre connaissance)

On estimait jusqu’à Kant que c’était la connaissance qui devait se régler sur les objets (le sujet tournait, pour
ainsi dire, autour des objets) : mouvement de connaissance du sujet vers l’objet, nos connaissances sont des
images fidèles aux choses extérieures

Kant propose de faire l’hypothèse inverse : ce sont les objets qui s’accommodent à nos sens, et pas l’inverse

Il ne s’agit là que d’une analogie : la révolution copernicienne consistant à faire tourner le spectateur autour
des astres immobiles (au lieu de faire tourner les astres autour du spectateur)

L’objet est doublement réglé sur le sujet : il va d’abord se régler sur les formes a priori de la sensibilité,
puis, sur les concepts a priori de l’entendement

B18 : « Nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes. […] Cette
révolution promet à la métaphysique dans sa première partie, celle où elle s’occupe de concepts a priori.  »

Qu’est-ce que la première partie de la métaphysique ? c’est la Critique de la raison pure (càd le moment où
la raison revient sur elle-même)  !

Du fait de cette révolution, les termes métaphysiques vont changer de sens (clef de lecture)

- B303 : la métaphysique ne peut plus prétendre au nom d’ontologie et doit se contenter d’un nom plus
simple : celui d'analytique de l’entendement pur
- BXXVII : l’objet connu peut désigner la chose en soi ou dans le sens où l’objet est produit par le sujet (du
moins, quant à sa forme)
- L’expérience : sens empiriste (impressions, sensations) ou bien autre sens : expérience organisée par
l’entendement (Prolégomènes §5 : « l’expérience est une continuelle connexion de perceptions ») : on
pourrait distinguer un sens passif (réception) et un sens actif (construction)

Deux facultés nécessaires à la connaissance : sensibilité et entendement (B75 : « Des pensées sans contenu
sont vides. Des intuitions sans concept sont aveugles. ») 

L’entendement ne peut engendrer lui-même ses pensées, elles doivent lui être données par l’expérience,
mais il est le seul à pouvoir lier, par des concepts, le divers de l’intuition)

(La chose brute qui se produit sur ma rétine, c’est la sensation ; une mise en forme donne lieu à la
perception)

(Le début de l’introduction de la CRP est un de mes grands traumatismes : variation du sens d’expérience)

Deux philosophes disent préférer la première édition à la deuxième où Kant se serait dégonflé : Heidegger et
Schopenhauer

Théorie transcendantale des éléments (première partie, bien plus longue que la deuxième)

Kant n’invente pas le mot « transcendantal » (il existait au Moyen-âge) mais il lui donne un nouveau sens :
« Je nomme transcendantal toute connaissance qui s’occupe en général non pas tant d’objets que de notre
mode de connaissance des objets [en tant qu’il doit être possible a priori]  »  condition de possibilité de la
connaissance (et ce qui rend possible la connaissance, ce sont les formes a priori et les concepts a priori)

Théorie transcendantale des éléments : analyse des conditions de possibilité de la connaissance

- Esthétique transcendantale : théorie des formes a priori de la sensibilité (conditions sensibles)


- Logique transcendantale : théorie des concepts a priori de l’entendement (conditions intellectuelles)
 Analytique transcendantale : analyse du bon usage des formes intellectuelles (catégories a priori), càd
l’usage qui produit des connaissances (usage régulateur, légitime)
 Dialectique transcendantale : analyse du mauvais usage des formes intellectuelles, en d’autres termes
de l’usage transcendant (illégitime), càd lorsque la raison s’aventure au-delà de l’expérience et prétend
faire usage des formes intellectuelles sans les appliquer à la matière de l’expérience

Note en B35 : précision sur le mot « Esthétique » qui est un néologisme à l’époque (Baumgarten, en 1750),
Kant n’emploie pas le mot dans le sens dans lequel on l’emploie (càd étude du beau, puisque « Est beau ce
qui plaît universellement sans concepts », or s’il n’y a pas de concepts, il ne peut pas y avoir de science), il
l’utilise dans un sens épistémologique (science de la sensibilité, au sens d’aisthêsis)
« Esthétique transcendantale » (transcendantale car on a affaire à des principes a priori) : « science de tous
les principes de la sensibilité a priori »

B25 : « Je nomme transcendantale qui s’occupe en général non pas tant d’objets que de notre mode de
connaissance des objets en tant qu’il est possible A PRIORI. » (corriger l’édition folio)

ATTENTION : toute connaissance a priori n’est pas transcendantale (doit être appelée transcendantale
parmi les connaissances a priori, celles qui ont pour objet les conditions de possibilité de notre
connaissance)

B80-81 : «  Ni l’espace, ni aucune détermination géométrique a priori de l’espace ne sont des


représentations transcendantales… »

- Exposition métaphysique (B38) : exposition où le concept est « donné comme a priori »


- Exposition transcendantale (in « Esthétique transcendantale »), B40 : « explication d’un concept comme
d’un principe, à partir duquel peut être saisie la possibilité d’autres connaissances synthétiques a
priori  »

Début de l’« Esthétique transcendantale » : sans intuition sensible, pas de connaissances « pour nous »
(marque de notre finitude : nos intuitions dépendent de l’existence des choses : passivité, réceptivité)

Nous ne sommes pas capables d’« intuitions originaires » (celles de Dieu qui produit ses objets en les
intuitionnant, B72)

L’étude transcendantale ne s’intéresse qu’aux conditions de possibilité de la connaissance humaine


(cette recherche serait transcendante si on essayait d’aller au-delà)

B585 : on est incapable d’envisager un autre entendement que le nôtre, d’autres dimensions que l’espace…

(Les catégories de l’entendement ne peuvent s’appliquer qu’au champ de l’expérience)

Phénomène (B34) : «  objet indéterminé d’une intuition empirique » (indéterminé car pour être un objet
déterminé, pour qu’il y ait connaissance, il faudra que le phénomène soit subsumé sous les catégories de
l’entendement, tant qu’elles n’ont pas fait leur travail de liaison, le phénomène reste indéterminé)

Matière du phénomène : la sensation (a posteriori) : taches colorées sur ma rétine

Forme du phénomène : réside a priori dans l’esprit : objet en 3 dimensions, pris dans une série de
relations

La forme de l’intuition est un principe d’ordre pour le matériau empirique (l’espace et le temps sont les
formes a priori de nos intuitions sensible)  deux formulations : formes pures ou intuitions pures (non-
empiriques) : Kant invente du sensible non-empirique (c’est encore sensible mais c’est pas
empirique)

Intuition pure (de l’espace et du temps) : vue immédiate de la structure de notre perception de la réalité

Distinction entre pur et a priori : pas toujours pertinente (souvent, ca veut dire la même chose, en ce que les
deux termes s’opposent à l’a posteriori, à ce qui dérive de l’expérience)

Mais dans certains cas : tout ce qui est a priori n’est pas pur

B3, « Mais parmi les connaissances a priori, on appelle pures celles auxquelles rien d’empirique n’est
mélangé. Tout changement a sa cause, est une proposition a priori, mais non pure, parce que le
changement est un concept qui ne peut être tiré que de l’expérience. »

(Lecture naturaliste de Kant, dispositif physiologique, OR, le transcendantal n’est pas du psychologique)

Kant compare souvent son travail à celui d’un chimiste, qui consiste à séparer les éléments qui nous sont
donnés combinés (et dont on ne se rend pas compte qu’ils sont combinés, l’eau, par exemple, nous apparaît
comme une chose simple) : travail d’analyse visant à dissocier les éléments sensibles et les éléments
intellectuels (« Théorie transcendantale des éléments »)  séparer ce qui relève de l’entendement et ce qui
relève de la sensibilité (puis, dans la sensibilité, ce qui relève de la sensation, comme la couleur ou la dureté,
et une fois cela séparé, il nous reste la forme a priori)

« Esthétique transcendantale » : exposition de la thèse de l’idéalité du temps et de l’espace (selon laquelle


le temps et l’espace ne sont pas des choses, mais des formes de notre esprit) qui fonde ensuite la distinction
du phénomène et de la chose en soi

Exposition métaphysique de l’espace et du temps

B38 : «  J’entends par exposition la représentation claire […] de ce qui appartient à un concept ; cette
exposition est métaphysique lorsqu’elle contient ce qui présente le concept comme donné a priori. »

En exposant les concepts d’espace et de temps, on découvrira qu’ils ne sont pas des concepts, mais des
intuitions (càd qu’il y a plus que ce qu’on peut en dire) : ils sont déjà là…

L’espace correspond à la forme du sens externe, le temps correspond à la forme du sens interne (apercevoir
nos états antérieurs)

Cogito cartésien, critique de la psychologie rationnelle (prétention illégitime de la métaphysique à connaître


l’âme comme chose pensante, in « Paralogismes de la raison pure »)

(Je donne des verges pour me faire battre)

B50 : le concept de temps est plus englobant que celui d’espace (l’espace doit aussi s’inscrire dans le temps)
(Kant parle des choses en soi au pluriel, le problème étant que pour qu’il y ait plusieurs choses, il faut
qu’elles puissent être distinguées dans l’espace et dans le temps, OR, Schopenhauer le remarquait, les choses
en soi ne sont pas dans l’espace et dans le temps)

L’espace ne peut pas être empirique : la représentation de l’espace est la condition de l’expérience externe
(la représentation de l’extériorité, c’est une condition de possibilité) : pour avoir une expérience externe,
mais aussi pour me représenter moi-même comme distinct des autres corps (extérieurs), il faut déjà avoir
une représentation de l’extérieur  contre Locke et Hume qui font dériver notre représentation de l’espace
de notre expérience, mais aussi contre Leibniz («  L’étendue est l’abstraction de l’étendu », de l’abstraction
des choses étendues, je tire l’étendue) : idée de l’espace comme récipient de la réalité, comme toile de
fond dans laquelle les choses s’ordonnent

Argument analogue pour le temps : des expériences (comme la simultanéité ou la succession) seraient
impossibles si la forme du temps n’était pas déjà là

L’espace et le temps sont les formes nécessaires à toute représentation, là où la matière de cette
représentation est contingente (mentalement, je peux vider l’espace des choses qui s’y trouvent, mais au
moment où je veux enlever l’espace, je ne peux avoir qu’une représentation d’un espace vide : l’espace
colle à la représentation  !)

B46 : on ne peut pas supprimer le temps lui-même par rapport aux phénomènes en général, on ne peut pas se
représenter les phénomènes sans le temps (il est nécessaire relativement à eux)

L’espace et le temps ne sont pas des concepts a priori (synthèse de propriétés, tous les triangles, par
exemple), mais des intuitions a priori

Une intuition est toujours la représentation d’une chose singulière, et c’est le cas pour l’espace et le temps
(quand on parle d’espaces au pluriel, ou de temps, on parle, en réalité, des parties de l’espace ou du temps)

PROLÉGOMÈNES (§13) : propriété de la chiralité (chiros, « la main », chirurgien), impossibilité à faire


coïncider dans l’espace main gauche et main droite (« paradoxe des objets non-congruents ») : on ne peut
pas mettre le gant de la main gauche à la main droite  c’est une propriété immédiate, évidente et
irréductible (argument en faveur de la thèse selon laquelle l’espace n’est pas un concept, mais une
intuition)

Un concept général d’espace ne détermine rien quant à la grandeur (B40) : le concept d’espace ne pourrait
être le concept commun au mètre et au kilomètre  puisqu’il convient aux deux, ce n’est pas un concept

(Quadera demonstrandum  : CQFD)

Exposition transcendantale de l’espace et du temps


« J’entends par exposition transcendantale l’explication d’un concept comme d’un principe, à partir duquel
peut être saisie la possibilité d’autres connaissances synthétiques a priori. »

On a montré que le temps et l’espace sont des intuitions (et non pas des concepts). Il s’agit à présent de
montrer qu’ils sont a priori

B65 : impossibilité du biangle (deux lignes droites ne peuvent pas circonscrire un espace) : rien n’interdit
analytiquement sa possibilité (son impossibilité est relative à l’impossibilité de le construire : elle n’est pas
pensée, mais elle est « vue »)  note p.91

B741 : construire un concept, « présenter a priori l’intuition qui lui correspond »

B740 : « La mathématique donne le plus éclatant exemple d’une raison pure qui s’étend d’elle-même avec
succès, sans le secours de l’expérience. »  B8-B9 (colombe)

Pour Kant, pour faire de la géométrie, il faut voir (anecdote de son prof qui disait « c’est un triangle
rectangle parce que je le dis ! » : conception analytique)  les mathématiques, c’est du synthétique a
priori (B744)

(…)

Le géomètre commence par construire des figures sur un tableau mais ce tableau n’est que le support d’une
intuition qui n’est pas empirique (la géométrie, ce n’est pas simplement de la logique, ce n’est pas que du
raisonnement : pour faire de la géométrie, il faut « voir » : la géométrie n’est pas analytique, elle est
synthétique et elle est a priori : synthétique a priori)

(Forme a priori : structure de l’esprit)

Examen des conséquences de la doctrine kantienne et des éventuelles difficultés

Il y a dans l’esprit une intuition externe de l’espace avant même l’expérience des objets. Cette intuition nous
montre bien que nous avons des connaissances a priori

Les jugements synthétiques a priori, il y en a (géométrie), mais il faut en chercher les conditions de
possibilité. Or, cette condition de possibilité, c’est l’intuition de l’espace comme sens externe (idéalité de
l’espace)
B42 : « L’espace n’est autre chose que la seule forme de tous les phénomènes des sens externes, càd la
condition subjective de la sensibilité sous laquelle seulement est possible pour nous une intuition externe. »

L’idéalité transcendantale de l’espace (qu’il soit une forme a priori de notre esprit) ne signifie pas du tout
que le monde empirique dans lequel on vit soit illusoire (c’est simplement que notre esprit quitte le champ
de l’objectivité quand il quitte le champ des phénomènes)

Il ne faut pas confondre le phénomène (Erscheinung) et l’illusion (Schein)  B69

L’espace est une condition subjective, mais subjective dans un sens spécifique (B44-45) : « subjectif »
signifie qu’il ne faut pas rapporter la représentation à la chose en soi, mais au sujet connaissant

(L’espace et le temps ne sont pas des qualités secondes)

Remarques sur la spécificité du temps (jusque-là j’ai fait comme s’il était parallèle à l’espace)

Note en B482 (+ B348) : nous n’avons pas conscience du temps avant d’avoir des perceptions de
changements empiriques (ce qui rend son a priorité très problématique)

La forme du temps semble déterminée par son contenu (on dirait qu’il n’y a de temps que lorsqu’il y a des
événements dans le temps)

A propos de l’espace et du temps, Kant utilise deux expressions qui semblent équivalentes (formes a priori
et intuitions a priori), ce qui marche pour l’espace, mais pas tout à fait pour le temps 

(Schopenhauer : l’arithmétique est au temps, ce que la géométrie est à l’espace, mais cela ne va pas de soi)

Ce qui est suggéré dans l’Esthétique transcendantale, c’est que la science du temps serait analogue à la
science du mouvement (B58) : le mouvement suppose la perception de quelque chose qui est mobile (la
science du mouvement n’est donc pas a priori)

Esthétique transcendantale, §6.b : Kant nous a montré que le temps n’est pas une propriété des choses en soi,
il nous dit là qu’il n’est pas non plus une détermination des phénomènes externes : le temps serait plutôt la
condition de la représentation intuitive en général, càd à la fois des représentations qui n’ont besoin que du
temps, mes états mentaux, et de celles qui ont également besoin de l’espace : le temps est la forme générale
de ces représentations)  on fait intervenir des analogies spatiales (ligne continue)

Il n’est intuition que par analogie avec la représentation de l’espace (le temps n’est pas donné, comme
l’espace, dans une intuition immédiate) : il correspond à la forme de l’intuition mais il n’est pas lui-
même intuitionné (comme c’est le cas pour l’espace)

Le temps est plus englobant que l’espace : tout est dans le temps, tout n’est pas dans l’espace : mes
souvenirs

Ainsi, parler d’intuition pure du temps pose des problèmes (Kant a tort, à cet égard, d’utiliser forme a priori
et intuition a priori de manière indifférenciée dans le cas du temps)
Les catégories, formes intellectuelles de la connaissance

BXVII : l’objet se règle doublement sur le sujet (dans la mesure où il se règle sur les formes sensibles de
notre réceptivité et sur les formes intellectuelles de notre entendement)

Examen des conditions de possibilité a priori de l’élément intellectuel

Dissymétrie entre l’Esthétique transcendantale (40 pages) et la Logique transcendantale (600 pages), dont la
première partie correspond au bon usage de

Entendement : « pouvoir de connaître un objet au moyen de ces représentations » (B74)

Par la sensibilité, l’objet nous est « donné » ; par l’entendement, il est « pensé »

« Des pensées sans contenu sont vides ; des intuitions sans concepts sont aveugles. »

Des pensées sans contenu sont vides : l’entendement ne peut pas de lui-même engendrer les objets qu’il
s’efforce de penser, ceux-ci doivent lui avoir été donnés au préalable par l’intuition (usage illégitime : quand
les connaissances fonctionnent à vide, sans contenu empirique : métaphysique)

Des intuitions sans concepts sont aveugles (il faut les rendre intelligibles en les soumettant à des concepts) :
seul l’entendement peut faire du divers de l’intuition une expérience (càd des objets ou des
représentations objectives, par opposition aux simples associations subjectives)

Prolégomènes, §18 : distinction entre les jugements de perception (valables que subjectivement, n’ont pas
besoin d’un concept pur de l’entendement) et les jugements d’expérience (propriété constitutive de l’objet),
distinction qui disparaît dans la Critique de la raison pure car elle présente un certain nombre de
difficultés (perception dans un sens subjectif et un sens objectif, B376 : sensation vs connaissance)

L’entendement ne produit pas l’objet quant à son existence, mais il produit la forme de l’objectivité (B125)

Prolégomènes, §5 (définition de l’expérience) : « L’expérience n’est pas autre chose qu’une continuelle
connexion (synthèse) de perceptions.  »

Analytique transcendantale

Logique transcendantale : science des règles de l’entendement (logique à l’époque de Kant : logique
d’Aristote ou syllogistique : lois de la pensée, abstraction faite des objets auxquels elle s’applique)

B80 : la logique transcendantale recherche « l’origine de nos connaissances des objets, en tant qu’elle ne
peut être attribuée aux objets  »
Analytique transcendantale : analytique des formes a priori de l’entendement qui font de nos intuitions une
connaissance objective

B116 : « déduction » au sens juridique : établir la légitimité d’une prétention (ici à l’objectivité)

L’essentiel, c’est la question de droit (quid juris), et non pas la question de fait (quid facti) : il ne s’agit pas
de se demander si nous avons des connaissances, mais qu’est-ce qui fonde leur validité

(Des chercheurs allemands ont montré que les textes de Kant reprennent la forme des déductions juridiques
de l’époque)

B93 : les concepts reposent sur des FONCTIONS (« l’unité de l’action qui ordonne des représentations
diverses sous une représentation commune »)

Kant va établir la table des fonctions (opérateurs de ces unités), B94 : ces opérateurs sont les catégories

Cette définition de la fonction, c’est la définition du jugement (or, nous formulons nos connaissances sous la
forme de jugements). Le jugement est rangé sous un concept (donc le concept se rapporte médiatement à
l’objet, et non pas immédiatement). Le jugement qui opère la subsomption est une « représentation de
représentation  »

B28 : la synthèse est « l’objet propre de toute la critique »

Le donné est senti et synthétisé (intuitivement et intellectuellement), B145

Les catégories de l’entendement sont les fonctions de cette synthèse

POUR KANT, PENSER C’EST JUGER (càd unifier, synthétiser, et pas simplement,
représenter)

L’entendement est fondamentalement une activité (relier, synthétiser) : ce ne sont pas des idées innées à
la Descartes (contresens : instance passive)

Comprendre cela dans un sens grammatical (fonction d’un verbe) : le mot-sujet n’est pas sujet en lui-même,
il n’est sujet que selon sa place dans la phrase  Kant recherche la grammaire de l’esprit

Prolégomènes, §39 : comparaison avec la grammaire, « Dégager de la connaissance commune les concepts
qui ne sont fondés dans aucune expérience particulière, et qui interviennent néanmoins dans toute
connaissance d’expérience, voilà qui ne supposait pas plus de réflexion ou de pénétration, que pour
dégager à partir d’une langue les règles de l’emploi réel des mots en général et rassembler ainsi les
éléments pour une grammaire (aussi bien, les deux entreprises sont-elles en fait très proches parentes). »
Dans un manuscrit : « grammaire transcendantale  » (métaphore filée : imparfait…) : d’une certaine
manière, la grammaire est transcendantale (de même que l’entendement est la condition de possibilité du
sens de notre expérience, la condition de possibilité du sens des énoncés linguistiques, c’est la grammaire) :
« De même qu’il y a une grammaire générale des langues, on cherche également à inventer une grammaire
de la pensée » (in Abrégé de philosophie, Vrin)

La grammaire décrit la langue telle qu’elle est, et ne se soucie pas de la question du pourquoi

Leçons de métaphysique : « Si nous décomposons de la sorte les concepts transcendantaux, nous aurions
une grammaire transcendantale… comment le présent, le parfait, l’imparfait, ce que sont les adverbes etc.  »

Des mots ajoutés les uns à la suite des autres n’ont pas de sens. De même, notre expérience n’était pas
organisée par des fonctions analogues, ce serait un chaos

Dans une phrase, ce qui fait qu’un mot est sujet n’est pas lié au mot lui-même, mais à son rôle dans la phrase

Deux notions sur lesquelles Bonnet avait insisté : la synthèse + la fonction

La connaissance comme synthèse (l’entendement, faculté de synthèse), B28 (« objet propre de la


Critique  »), acte par lequel l’entendement ramène à l’unité le divers de l’intuition

La fonction est à comprendre au sens de fonction grammaticale : dans nos jugements de connaissance (le
tableau est vert, la terre tourne autour du soleil), l’entendement donne un sens à notre expérience en
synthétisant prélinguistiquement (avant même que nous formulions des jugements) aux phénomènes : de
même que les fonctions grammaticales (la place des mots…) donnent un sens à la phrase

Les fonctions de l’entendement, ce sont les catégories

Table des jugements (B95) + table des catégories (B106)

L’entendement est l’activité de relier et les catégories sont les différents modes de cette activité

ATTENTION : toutes nos phrases ne sont pas des jugements (jugement : énoncé qui est soit vrai, soit
faux), « Puisse-t-il y a voir du soleil à Paris cet après-midi » n’est pas un jugement

Vous savez, Kant est un type sérieux… NO SHIT SHERLOCK !

Les jugements peuvent prendre plusieurs formes : Kant les ramène à leurs formes fondamentales dans la
table des jugements (B95)

Quantité des jugements Qualité des jugements


Universel (Tous les hommes sont mortels) Affirmatif
Particulier (Certains hommes sont des femmes) Négatif
Singulier (Socrate est mortel) Infini
Relation des jugements Modalité des jugements
Catégorique (Tous les hommes sont mortels) Problématique (possibilité : il est possible que…)
Hypothétique (Si… alors…) Assertorique (réalité : il y a un livre sur la table)
Disjonctif (Ou bien… ou bien…) Apodictique (nécessité : la somme des angles d’un
triangle est égale à 180°)

Un jugement opère une synthèse puisqu’il ramène à une unité un certain divers. Or ce jugement est
rendu possible par une fonction, ou une catégorie ! (B

Chez Aristote, les catégories sont les différentes manières dont l’être se dit (substance, quantité, relation,
action, passion…)  chez Kant, ce ne sont pas des catégories de l’être mais des catégories du connaître

Les catégories ne sont pas dans nos représentations : on n’a pas conscience de la catégorie de la causalité
quand on dit « le soleil chauffe la pierre » (on est tous des Monsieur Jourdin de la causalité)

De la quantité De la qualité
Unité Réalité
Pluralité Négation
Totalité Limitation
De la relation De la modalité
Inhérence et subsistance Possibilité – impossibilité
Causalité et dépendance Existence – non-existence
Communauté Nécessité – contingence

Prolégomènes, §30 : les catégories « ne sont que les règles qui servent à épeler les phénomènes pour
pouvoir les lire comme expérience  » (càd leur donner un sens) : elles sont les structures même de notre
connaissance

(Dans les Prolégomènes : formules lumineuses qu’on ne retrouve pas dans la Critique)

(Le grand problème chez Kant, c’est le transcendantal et le psychologique… eh ouais…)

(Psychologie rationnelle : science de l’âme, la psychologie d’aujourd’hui n’existe pas à l’époque de Kant)

Deuxième partie « Logique transcendantale », Analytique transcendantale, livre 1 « Analytique des


concepts » Chapitre 2 : « De la déduction des concepts purs de l’entendement » (Déduction
transcendantale)

Etablir la validité de ces concepts à la réalité empirique : est-ce que ces concepts produisent
effectivement des connaissances ?
Ils donnent du sens à nos énoncés mais qui nous dit qu’ils s’appliquent effectivement au réel…

Connaître, ce n’est pas seulement avoir des représentations et les lier, mais référer ses représentations à un
objet effectivement existant

§13 : « J’appelle donc l’explication de la manière dont ces concepts peuvent se rapporter a priori à ces
objets leur déduction transcendantale  » (les catégories ne sont pas des concepts vides)

B124 (Hume n’est pas cité mais il hante cette page) : « Les phénomènes fournissent bien des cas d’où l’on
peut tirer une règle, suivant laquelle quelque chose arrive habituellement, mais ils ne peuvent jamais
donner la conséquence comme nécessaire. »

B127 (Hume et Locke sont cités), §14 : Locke est accusé d’être inconséquent (il a voulu de la métaphysique
à partir de considérations empiristes) ; Hume, lui, a admis l’a priori

L’objectivité : soit c’est l’objet qui rend possible la représentation (alors il n’y a plus de concepts a
priori) ; soit c’est la représentation qui rend possible l’objet (proposition qui peut s’entendre en deux, mais
Kant précise immédiatement : (1) la représentation produit l’objet quant à son existence, ce n’est pas le cas,
B125, seul Dieu peut créer un objet par le seul fait de le penser ; (2) le concept ne crée pas l’existence de
l’objet, mais il en produit la forme)

Les idées de substance ou de causalité ne feront jamais exister une substance ou une relation causale, MAIS
ces concepts fournissent la forme générale de l’objectivité (manière dont le divers est lié, formé pour devenir
un objet de connaissance)

(L’idéalisme transcendantal est un idéalisme formel)

Notre entendement est ectype (ektupos : empreinte matérielle) alors que l’entendement de Dieu est
archétype

B103 : « J’entends donc par synthèse […] l’acte d’ajouter les unes aux autres des représentations
différentes et de saisir leur diversité en une connaissance. »

B114 : Kant compare « l’unité de la synthèse du divers » à « l’unité du thème dans un drame, un discours,
une fable » : notre expérience a bien son unité (à la condition qu’elle soit l’expérience d’un seul et même
sujet) Ce sujet, c’est le sujet transcendantal ou l’aperception (introduit au §15 et exposé au §16 qui
s’intitule : « De l’unité originairement synthétique de l’aperception »)  ce qui confère l’unité au drame de
l’expérience c’est « le je pense [qui] doit pouvoir accompagner toutes mes représentations » (sans cela, le
sujet se perdrait dans une infinité de représentations discontinues)

(Perception transcendantale, impossible chez Kant)

Aperception transcendantale (ou aperception pure ou originaire)


Il faut que le sujet qui pense ses représentations puisse se concevoir comme étant toujours lui-même en dépit
de la variété de ses actes de pensée (identité du je qui empêche l’éparpillement des pensées)

MAIS : le sujet transcendantal n’est pas une substance, c’est une pure activité de synthèse qui fait que
toutes les représentations appartiennent au même « je » : activité synthétique du sujet

(Vouloir faire une démarcation entre entendement et sujet transcendantal, c’est déjà substantialiser : OR,
ce ne sont pas des choses, ce n’est que de l’activité, sujet transcendantal : unité de l’activité de
l’entendement)

L’aperception psychologique (mes impressions, mes sensations, flux de conscience), le moi phénoménal
est un reflet dans le temps du sujet transcendantal

B153 : « Le sens interne nous présente nous-mêmes à la conscience seulement comme nous nous
apparaissons, non comme nous sommes en nous-mêmes, parce que nous nous intuitionnons seulement
comme nous sommes intérieurement affectés  » (auto-affection du sujet par lui-même)

Le sujet que je perçois en moi, ce n’est pas le sujet transcendantal (ça sert à rien de le chercher, il n’est pas
connaissable, ou du moins il n’est connaissable que dans la mesure il a un reflet dans le moi phénoménal)

La conscience de soi, chez Kant, n’est pas une connaissance de soi (c’est le cas chez Descartes)

Les Progrès de la métaphysique en Allemagne (Pléiade, tome 3, page 1225) : « Du moi pris dans le premier
sens (sujet de l’aperception du moi logique comme représentation a priori) on ne peut connaître absolument
rien de plus concernant l’être qu’il est… »

B158 : « La conscience est donc bien loin d’être une connaissance de soi-même »

B133 : « C’est seulement du fait que je puis lier un divers de représentations données dans une conscience
qu’il m’est possible de me représenter l’identité de la conscience dans ces représentations mêmes »

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