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Source : 7 L’entreprise dans la société, une question politique, Michel Capron et Françoise Quairel-
Lanoizelée, La Découverte, 2015
1 – Cadre théorique
3Ces parties prenantes seraient selon Freeman (1984) soit internes soit externes à
l’organisation. Afin de pouvoir exploiter les documents de développement durable, nous
avons pris comme liste de référence celle de Clarkson (1995) reprise par Baret (2006). Neuf
catégories de parties prenantes sont ainsi mises en évidence : directes ou internes
(investisseurs, employés, clients, fournisseurs) ; indirectes ou externes (pouvoirs publics,
résidents, concurrents, médias, ONG). Les recherches empiriques fondatrices de Berman et al.
(1999) puis de Hillman et Keim (2001) montrent que seule la prise en compte des parties
prenantes les plus proches des activités économiques de l’entreprise est pertinente. En effet,
ces parties prenantes sont les plus à même de générer de la performance économique. Il
convient donc de s’intéresser plus précisément à la vie de l’entreprise, c’est-à-dire à son cycle
économique et à son cycle d’investissement. Ces deux cycles mettent en avant trois parties
prenantes directes : les salariés, les clients et les fournisseurs. Ces derniers sont
systématiquement considérés comme appartenant au groupe des stakeholders de première
importance : directs (Baret, 2006), volontaires (Clarkson, 1995).
4Si l’on se réfère également aux travaux de Wolfe et Putler (2002), les trois stakeholders les
plus souvent cités sont bien ceux liés au cycle opérationnel de l’entreprise : achat-fabrication-
vente. Ils sont associés soit à la création de valeur ajoutée quotidienne, soit à la création de
richesse pour l’entreprise.
5Selon Wolfe et Putler (2002), il convient également d’approfondir les études empiriques et
d’identifier différents sous-groupes de parties prenantes : « le fait de considérer chaque
catégorie de stakeholder comme un groupe homogène ayant des attentes et des intérêts
homogènes entraîne une vision floue et déformée de la réalité des relations entre
l’organisation et ses stakeholders ». De même, selon Stoney et Winstanley (2001) toute
recherche théorique ou empirique devrait dissocier les concepts de « Stakes » d’une part et de
« Holders » d’autre part, tant les intérêts sont multiples et divergent selon les parties
prenantes.
6En conséquence il est possible de poser l’hypothèse selon laquelle les entreprises établissent
des priorités dans leur communication vis-à-vis des différents stakeholders (hypothèse 1).
7Notre recherche prendra appui sur ces résultats et ces recommandations pour envisager une
grille de lecture multi directionnelle de la communication « développement durable » envers
les clients, salariés et fournisseurs : communication à court terme ou à long terme, descriptive
ou analytique, chiffrée ou non, intéressant les dimensions sociales, environnementales ou
économiques.
9Guthrie et Parker (1989) ainsi que Belkaoui et Karpik (1989) affirment que les entreprises
diffusent des informations en réaction aux pressions environnementales et dans le but de
légitimer leur existence. Deegan et Rankin (1996) ainsi que Brown et Deegan (1998) utilisent
également la théorie de la légitimité pour expliquer les changements systématiques dans les
pratiques de diffusion de l’information environnementale dans les rapports annuels. Mais la
communication en matière de développement durable dépasse le courant de la légitimité. Elle
présente une dimension instrumentale qu’il convient d’explorer (Andriof et Waddock, 2002).
Ainsi, pour Watts et Zimmerman (1990), la divulgation d’informations privées par les
entreprises sur les marchés financiers aurait pour objectif d’accroître leur valorisation. Il est
donc supposé que les informations sociétales sont diffusées à l’issue d’un arbitrage afin de
favoriser les prises de décision de certains agents financiers (Cormier et Magnan, 1999). Une
telle hypothèse conduit à deux conséquences. D’une part, les sociétés cotées se retrouvent
dans l’obligation de produire des informations formalisées, car le silence pourrait être
interprété négativement par les investisseurs (Verrechia, 1983), conduisant à une perte de
confiance et ensuite à une dévaluation des cours boursiers (Grossman, 1981 ; Milgrom, 1981).
D’autre part, ces mêmes sociétés, soucieuses de leur image, ne doivent révéler que des
informations positives, ainsi que le confirment plusieurs études empiriques (Bewley et Li,
2000 ; Dye, 1985). Ces arguments conduisent ainsi à considérer que le RDD (rapport de
développement durable) est un nouvel instrument d’explicitation et d’argumentation des
stratégies sociétales, en direction des stakeholders mais aussi des marchés financiers (Capron
et Quairel, 2004).
10L’hétérogénéité des contextes de marchés selon les secteurs industriels conduit à orienter le
discours destiné aux stakeholders (Chen et Bouvain, 2009). En conséquence, il est possible de
poser l’hypothèse selon laquelle les secteurs d’activité ont une influence sur les modalités de
communication des entreprises en matière de développement durable. La communication
serait très différenciée d’un secteur d’activité à un autre (hypothèse 2).
12De toute manière, la nécessité de prendre en compte les attentes écologiques et sociales
dans le management des entreprises a été largement démontrée (Reynaud et Rollet, 2001).
Mais on observe une hétérogénéité certaine dans les choix en matière de comportement
stratégique. Ainsi, des logiques très différentes peuvent être observées (Lougee et Wallace,
2008). D’un côté le développement durable est synonyme d’exigences contraignantes et
coûteuses, de l’autre, il s’assimile à une source d’opportunités créatrice de valeur (Acikdilli,
2009 ; Jahdi et Persaix, 2002). Martinet et Reynaud (2004) identifient les attitudes attentiste,
adaptative et proactive. Carroll (1979) identifie trois types de comportements écologiques
industriels : (i) les comportements éco-défensifs qui privilégient les rendements économiques
immédiats et considèrent les investissements environnementaux uniquement comme des coûts
; (ii) les comportements éco-conformistes qui suivent les exigences réglementaires en matière
sociale et environnementale sans aller au-delà même si ça leur est possible ; (iii) les
comportements écosensibles qui vont au-delà des exigences légales, la donnée écologique
étant considérée comme un élément clé de la pérennité de l’entreprise. Ces comportements
établissent des stratégies de communication distinctes en fonction des trois axes du
développement durable. En conséquence il est possible de poser l’hypothèse suivante : dans
les rapports annuels, les entreprises ont un traitement différencié et hiérarchisé des trois
dimensions du développement durable (hypothèse 3).
13Les comportements s’inscrivent désormais dans la durée. Pour Andriof et al. (2002), il est
important de promouvoir les actions de création de valeur s’inscrivant dans le long terme
plutôt que focalisées sur un profit immédiat. Les stakeholders devraient être désormais
considérés comme des partenaires intégrés dans un engagement à long terme. En conséquence
il est possible de poser l’hypothèse selon laquelle les rapports de développement durable
s’inscrivent dans une communication structurée par des actions menées sur le long terme
(hypothèse 4).
14Par ailleurs, selon Morsing et Schultz (2006), la communication en termes de RSE s’est
approfondie car elle est surveillée par de nombreuses institutions. Ils constatent qu’une grande
variété de sujets est abordée, pour tous les stakeholders, avec une profondeur de discours
dépassant le simple cadre déclaratif. Dans leur communication en termes de développement
durable, les entreprises sont ainsi amenées à prendre en compte les stakeholders dans des
actions concrètes et proactives. En conséquence il est possible de poser l’hypothèse selon
laquelle les rapports de développement durable reposent sur un discours pratique lié à des
actions concrètes clairement détaillées (hypothèse 5).
sous-traitance ou à l’export) ont tout autant intérêt à intégrer le sujet dans leur culture,
d’une part pour répondre aux exigences des consommateurs occidentaux, et d’autre part
parce que de plus en plus de multinationales exigent de leurs fournisseurs et sous-traitants
de se conformer à certaines normes de développement durable.
1.2. Les impératifs écologiques, sociaux, politiques et
économiques
Les méfaits et impacts négatifs de nos choix et modes de consommation sur notre
environnement naturel ne sont plus à démontrer. Et en conséquence de cela, l’adoption
d’une démarche plus respectueuse de l’environnement n’est plus une option à débattre, mais
un impératif nécessaire à notre survie (aussi bien celle de l’être humain que de l’entreprise).
1.2.1. Impératifs écologiques
Le poids et impact des activités humaines sur la terre se font de plus en plus ressentir. Et la
Terre ne peut plus faire face à notre rythme de consommation. Chaque jour, nous
consommons une quantité d’énergie que la Terre a mis 10 0002 jours à créer et nous
causons le déclin des écosystèmes planétaires. Sans détailler tous les risques et problèmes
écologiques auxquels nous devons faire face, notons que l’épuisement des ressources
naturelles menace de plein fouet l’activité économique. Un tarissement des ressources
naturelles de la planète signifierait pour l’entreprise la disparition de ses matières premières,
donc impossibilité de produire et par conséquent arrêt d’activité.
1.2.2. Impératifs sociaux
Les inégalités sociales et les disparités économiques s’accroissent de plus en plus, de même
que l’écart entre le Nord et le Sud. L’entreprise en particulier et le commerce mondial en
général ne sont pas totalement étrangers à ces inégalités. Et de plus en plus d’ONG pointent
du doigt les répercussions de la mondialisation et de certaines multinationales sur le monde.
Enfin, l’opinion publique (surtout en Occident) est de plus en plus sensible à ces sujets.
D’ailleurs, l’auteur Elisabeth Laville nous rapporte que la première menace perçue par les
dirigeants d’entreprise européens en 2000 est les mouvements d’opinion (54%)3. Pas
étonnant, en sachant que le capital confiance d’une entreprise est de plus en plus
déterminant pour l’avenir de cette dernière.
1.2.3. Impératifs politiques et économiques
Lors du Forum économique de Davos en 1999, Kofi Annan, alors secrétaire général de
l’ONU,
soulignait dans son discours les changements (ou améliorations) positifs que pouvait
provoquer l’entreprise dans le monde. Ensuite, il a proposé le « Global Compact », un
contrat global auquel peuvent adhérer librement les multinationales souhaitant s’engager
dans une démarche de développement durable.
Avant cela, lors de la Conférence de Rio en 1992 sur le développement et l’environnement,
150 pays adoptent l’Agenda 21, un programme d’action international commun pour le 21e
siècle, jetant les bases du développement durable.
Depuis, l’idée « d’une contribution potentielle de la sphère entrepreneuriale à l’avènement
d’un monde plus humain »4 a fait son chemin. Et pour inciter les entreprises multinationales
à utiliser positivement leur pouvoir, de plus en plus d’institutions internationales et de
gouvernements intègrent le développement durable dans leur programme.
2 L’entreprise verte, Elisabeth Laville, pages 58 et 59.
3 L’entreprise verte, Elisabeth Laville, page 76.
4 L’entreprise verte, Elisabeth Laville, page 88.
Dans son ouvrage, l’entreprise verte5, l’auteure nous rapporte que les stratégies de
développement durable ont 6 effets vertueux :
1- L’anticipation des contraintes et la prévention des risques
Grâce à une meilleure écoute de la société et des parties prenantes, l’entreprise développe
une meilleure compréhension des enjeux et des attentes de la société. Ce qui lui permet
d’anticiper les contraintes et les nouvelles règles sociales et environnementales, et de
prévenir les risques, notamment en diminuant ses impacts et en prévenant ses dommages.
2- La réduction des coûts
L’entreprise peut réaliser des économies conséquentes en limitant la consommation de
ressources naturelles non renouvelables, en optimisant l’utilisation des ressources et en
maîtrisant la production de déchets.
De plus, en développant des relations durables de partenariat avec ses fournisseurs,
l’entreprise allège son process d’achat, en réduit les coûts et améliore la qualité de ses
approvisionnements.
3- L’innovation
En adoptant une démarche de développement durable, et pour répondre aux aspirations de
ses clients, une entreprise s’oblige à être créative et à innover dans les produits qu’elle
conçoit mais aussi dans ses process de production.
4- L’avantage de marché, la différenciation et l’augmentation de la valeur de la
marque
Les stratégies de développement durable permettent à l’entreprise de se différencier tout en
augmentant la valeur perçue de sa marque
5- La réputation
Une démarche « responsable » améliore l’image de marque de la société, et enrichit son
goodwill ou capital de réputation, ce qui lui confère un surcroît de légitimité.
6- La performance économique et financière
Une production responsable améliore la productivité de l’entreprise, en accroît l’efficacité et
par conséquent la performance financière.
5 L’entreprise verte, Elisabeth Laville, page 108.
Levitt, (1958) et Bittencourt et Carrieri, (2005) soulignent que les entreprises devraient
laisser le gouvernement s’occuper du bien-être social, vu que cela fait partie de ses fonctions.
Ainsi il n’appartiendrait pas aux managers de décider les investissements dans le secteur
social, cela étant le rôle des représentants élus par la société
Source : LEVITT, T., (1958): The Dangers of Social Responsibility Harvard Business
Review, September /October, p.41 51. (1958).
Vision socio-économique :
La RSE est l'engagement de l'entreprise à contribuer au développement économique
durable, en travaillant conjointement avec les employés, leurs familles, la communauté locale
et la société en général pour améliorer leur qualité de vie, de manière à ce que ses actions
soient bonnes pour elle même et pour le développement, (Banque Mondiale, 2002).
Cette présupposition est le centre du positionnement socio-économique appelé « vision
des stakeholders ». Pour leurs adeptes, « le manager a l'obligation morale de respecter les
droits et de promouvoir le bien entre tous les agents concernés par l'entreprise, y compris dans
ce groupe d'agents les clients, fournisseurs, fonctionnaires, actionnaires (majoritaires et
minoritaires), la communauté locale », (Machado Filho ; Zylbersztajn, 2004)
Source : Machado Filho, C.; Zylbersztanjn, D. (2004)
Le consomm’acteur, pierre
angulaire du marché : mythe
ou réalité ?
Si l’institutionnalisation du développement durable est portée en partie par les techniques
marketing, elle suppose aussi comme nous venons de le signaler l’engagement du
consommateur dans un rôle attendu et martelé dans les discours sous le vocable de
consom’acteur ou consommateur responsable. Cette figure n’est pas récente dans la littérature
(Dubuisson Quellier, 2009), et son étude a donné lieu à de nombreuses recherches en
comportement du consommateur (Gonzalez et alii, 2009, Özçağlar-Toulouse, 2009, etc.).
Pourtant le questionnement sur les conditions matérielles de sa pratique reste peu exploré.
Ainsi, est-il toujours possible pour le consommateur d’être acteur du développement durable ?
Et quel sens donne le consommateur aux pratiques dites durables ? Les réponses à ces
questions mettent à jour l’encastrement des discours dans des pratiques sociales et ouvrent la
voie à des méthodologies ethnographiques riches d’enseignement pour comprendre le
processus d’appropriation par des acteurs et la construction du sens de l’action en matière de
développement durable.
Prenant comme contexte la fin de vie des produits, Zied Mani et Véronique Cova, à partir
d’une étude netnographique, analysent la durabilité des pratiques de récupération d’objets.
Leur questionnement porte sur le sens associé aux pratiques de récupération telles que
traduites dans les discours sur les sites internet. Les résultats identifient deux profils de
récupérateurs en fonction de leurs discours et réalisations : les maîtres et les courtisans. La
recherche souligne que les actions de récupération ne sont pas motivées seulement par des
convictions écologiques et n’aboutissent pas toujours à des actions concrètes et réellement
« durables ». Il apparaît au contraire, que la récupération considérée comme une technique de
traduction du développement durable se transforme plutôt en moyen de se distinguer
socialement. Internet favorise dans ce cas la mise en scène de soi dans un objectif de
désirabilité sociale. Ainsi, les internautes transforment la pratique de récupération selon des
modalités valorisées socialement mais entrainant des pratiques parfois dispendieuses sur le
plan environnemental. En outre, ces dernières peuvent entrer en contradiction avec les actions
6
des organisations spécialisées dans le recyclage. Aussi, nous observons la difficulté de
stabiliser un idéal dans des pratiques et l’émergence de nouvelles pratiques pouvant aller en
contradiction avec l’idéal de départ.
Dans leur étude des pratiques de tri des déchets ménagers, Elisa Monnot, Fanny Reniou et
Aurélien Rouquet, mettent en évidence trois types de logistiques en fonction des
caractéristiques du contexte de tri et du rapport souhaité aux déchets : la massification, le
juste-à-temps et la mutualisation. Contribuant au courant de la consumer logistics, cette
recherche montre que les pratiques engagées en matière de développement durable sont
fortement dépendantes des conditions matérielles d’exercice mais aussi des ressources
disponibles. En effet, pour le consommateur, l’effort demandé est d’autant plus important
qu’il doit à la fois résoudre des problèmes matériels mais aussi coordonner trois activités de la
logistique du tri : séparation des ordures, stockage et expédition.
Aussi, le rôle de consommateur responsable attendu et supposé par l’idéal du développement
durable se voit-il mis à mal par les conditions effectives de la mise en œuvre d’une technique
a priori simple mais in fine plus complexe qu’il n’y paraît. Ce travail donne des pistes pour
surmonter les freins à la réalisation de la figure du consommateur responsable en matière de
tri en étudiant la capacité du consommateur à créer sous contrainte. En effet, des
micropratiques ont été mises en évidence qu’il serait utile de partager (par exemple,
compactage
des ordures, gerbage de plusieurs contenants, stockage vertical). Dès lors, comment le
marketing peut-il se penser autrement pour accompagner par des techniques efficaces le
développement durable ?
source : Dubuisson-Quellier S. (2009), La consommation engagée, Paris, Presses de
Sc.
Gonzalez C., Korchia M., Menuet L. et Urbain C. (2009), Comment les consommateurs
socialement responsables se représentent ils la consommation ? Une approche par les
associations libres, Recherche et Applications en Marketing, 24, 3, 25-41.
3. Produit Le produit est l’élément central du marketing mix, probablement celui qui
influence le plus les autres « p » (price, promotion, place). Le produit, dans l’optique produit, prend
une importance fondamentale puisque cette notion part du principe que les consommateurs
privilégient les produits qui offrent la meilleure qualité, les meilleures performances et les
caractéristiques les plus innovantes (Armstrong & Kolter, 2010, p. 8). Mais comment cette qualité
est-elle perçue chez le consommateur? Le mode de production, l’origine des matières premières, le
transport, de même que la distribution sont devenus, ces dernières années, des éléments
susceptibles de soulever des questions durables. En effet, ces derniers peuvent créer différents
impacts sur la santé, sur la société et sur l’environnent DES PRODUITS ET SERVICES DURABLES 8 qui
peuvent influencer positivement ou négativement les décisions d’achat des consommateurs, et donc
l’image et le profit de l’entreprise.
Nous nous proposons donc, dans le cadre de cette recherche, de mener une
investigation ayant pour objectif principal une meilleure connaissances des
attitudes des Tunisiens vis-à-vis de l’environnement ainsi que des actes de
consommation qu’ils consentent dans le but de le préserver.
Pour les besoins de cette étude nous avons donc formulé les hypothèses
suivantes :
H1 : Les citoyens tunisiens sont préoccupés par les variables écologiques et
environnementales.
H2 : Les citoyens tunisiens sensibilisés et préoccupés par les variables
écologiques adoptent des attitudes et des comportements favorables envers les
produits écologiques.
Cette recherche présente un double intérêt théorique et pratique. Elle se
propose, d’abord, d’apporter à la théorie existante un nouvel élément de
validation de la relation qui existe entre la préoccupation pour l’environnement et
le comportement écologique des consommateurs, et ce, en insistant sur le rôle
joué par le marketing écologique dans le renforcement de la préoccupation pour
l’environnement chez les individus.
Cette recherche va également apporter de nouveaux éléments de segmentation
du marché tunisien sur la base de la préoccupation pour l’environnement. Ce
nouveau critère de segmentation va guider la politique de marketing de toute
firme désireuse d’adopter des stratégies écologiques.
Le présent mémoire comporte deux principales parties. Nous allons donc
essayer de définir, tout d’abord, le marketing écologique car c’est lui qui permet
de communiquer l’information environnementale, ainsi que l’effort écologique des
entreprises, délimiter son champs d’application et présenter ses outils de base,
virer ensuite par un balayage de principaux aspects de l’attitude, car elle joue un
rôle central dans la détermination du comportement des consommateurs et ce en
la définissant, définissant ses composantes et dégageant le relation entre
attitude et comportement pour enfin essayer de déterminer le lien qui pourrait
exister entre l’attitude d’un consommateur et sa sensibilité envers les variables
écologiques.
I-1 -DEFINITIONS DU CONSUMERISME :
Une des premières définitions du consumérisme a été proposée par Richard
BOUSKIRK et James ROTHES 1 comme " Les efforts organisés des
consommateurs en vue de corriger et de supprimer les mécontentements qu’ils
ont accumulés dans l’amélioration du niveau de vie. "
Cependant, adopter cette définition concentre l’essence du mouvement
consumériste sur une seule composante qui est le consommateur. Et le concept
de consumérisme se devait d'être plus élargi et multidimensionnel pour englober
outre le consommateur, l'entreprise premier partenaire économique du
consommateur et le gouvernement dont le rôle est de réglementer les droits et
les pratiques de chaque agent dans la société.
Ainsi, Georges-Maurice HENAULT 1définit le consumérisme comme
"L’ensemble des efforts conjoints des consommateurs, de l’entreprise et du
gouvernement en vue de l’amélioration qualitative du niveau de vie. "
Le consumérisme est donc une prise de conscience aiguë par les citoyens
de leurs intérêts à court, moyen et long terme face à leurs partenaires
économiques et sociaux : les producteurs, les distributeurs et l’Etat.
Pour synthétiser, nous dirons que le consumérisme englobe l’ensemble des
initiatives, efforts et actions individuelles et collectives destinés à la défense et à
la promotion des intérêts des consommateurs, mais il comporte également
l’action des pouvoirs publics, le mouvement législatif de protection et de
formation du consommateur de même que les efforts exercés sur le
comportement des entreprises et les réactions et démarches de celles-ci.
I-2- dimensions du consumérisme :
Comme on vient de le voir, le consumérisme réunit trois partenaires essentiels:
le consommateur, le producteur et le gouvernement. Ces trois partenaires
interagissent entre eux et ces interactions peuvent se faire selon Yves
CHIROUZ2 dans une micro dimension, une macro dimension ou une dimension
existentielle.
En effet, le micro consumérisme est une réaction des consommateurs
insatisfaits face au micro marketing de l’entreprise, plus communément appelé
marketing-mix (produit, prix, distribution et promotion).
Dans ce sens, le consumérisme est la défense des consommateurs
contre les fabricants et les distributeurs tendant à la véracité de la publicité, à la
qualité et l’innocuité des produits, à la clarté des étiquettes, à l’indication de la
composition des produits, à l’étude comparée des performances des biens et à la
modération des prix .
Le macro consumérisme quant à lui s’attache à faire évoluer le
cadre économique, législatif, réglementaire et politique définissant les rapports
de force entre le consommateur et ses partenaires économiques. Il englobe
toutes les aspirations et revendications du client, qui prend comme point d’appui,
dans la campagne de défense de ses intérêts, l’appel à l’opinion publique.
Enfin, le consumérisme existentiel qui est la manifestation d’insatisfactions
d’origine économique, sociale, écologique, politique et philosophique. C’est une
action sociale permanente de groupes de consommateurs menée à de multiples
niveaux pour faire reconnaître leurs droits légitimes, améliorer la qualité de vie et
rénover le système de valeurs sociales. C’est un vaste mouvement de masse qui
aboutit à une reformulation dynamique des objectifs sociétaux. Politiquement,
cette vague sociale se traduit par l’éclosion des partis écologiques.
es deux définitions ont un champ d'application restreint car elles mettent l'accent sur un
nombre restreint de questions environnementales. Le marketing vert doit être défini de
façon générale. Polonsky (1994) définit le marketing écologique comme «consistant en
toutes les activités destinées à générer et à faciliter tout échange destiné à satisfaire les
besoins humains, de telle sorte que la satisfaction de ces besoins et désirs ait un impact
néfaste sur l'environnement naturel». Cette définition est beaucoup plus large et intègre
une grande partie des composantes traditionnelles de la définition classique du
marketing et comprend également la protection de l'environnement naturel. Aux fins du
présent document, la définition de Polonsky sera utilisée.
Le développement durable exige un «marketing durable», c'est-à-dire des efforts de
commercialisation non seulement concurrentiels, mais aussi écologiquement durables
(Polonsky et al, 1997). En effet, le rôle du marketing dans le processus de
développement est bien reconnu (Kinsey, 1982, Riley et al, 1983, Dholakia, 1984,
Carter, 1986, Kotler, 1986). Une grande partie de l'activité économique est déclenchée
par le processus de commercialisation qui offre et stimule la consommation pour
satisfaire les besoins et les besoins humains. Cependant, le rôle crucial du marketing
dans le développement ne sera apprécié que si, par un marketing durable, il répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à
leurs propres besoins (Polonsky et al, 1997).
En réponse au défi de progresser simultanément dans le développement économique et
la protection de l'environnement que la demande de développement durable entreprises
et les universitaires ont élaboré et / ou adopté des stratégies de marketing vert et
d'autres stratégies d'entreprise. Parmi les stratégies clés sont: Les stratégies
écologiques, les stratégies écologiques, les stratégies écologiques, les stratégies de
promotion écologique, les stratégies de promotion écologique, le changement des
consommateurs de la culture de consommation aux consommateurs écologiquement
concernés, l'adoption de l'orientation éco-marketing comme philosophie d'entreprise, Et
al, 1997, Ottman, 1997, Willum, 1998, Charter et al, 1999).
Le marketing vert met l'accent sur la réalisation de toutes les activités de marketing tout
en protégeant l'environnement. D'autre part, le développement durable exige que les
générations futures héritent de l'environnement naturel dans le même état ou mieux que
hérité par les générations précédentes. Cela implique la protection et l'amélioration de
l'environnement. Par conséquent, le développement durable est une variable
dépendante du marketing vert et d'autres facteurs (voir fig. I, cadre conceptuel du
marketing vert et du développement durable qui illustre cette relation).
…
Selon l'organisation-cadre par la finance et la comptabilité classiques; Les processus de
production et la technologie; Les pratiques de gestion générale; commercialisation;
gestion des ressources humaines; Recherche et développement; Et d'autres variables
contribuent à des préoccupations environnementales face au monde d'aujourd'hui.
En plus des facteurs macro-environnementaux; Les aspects économiques,
socioculturels, technologiques, démographiques, politiques-juridiques et individuels
contribuent également aujourd'hui aux préoccupations environnementales. Le modèle
propose en outre que la commercialisation par le biais de stratégies d'intervention de
marketing écologique peut répondre au défi des préoccupations environnementales.
D'autres domaines fonctionnels peuvent également intervenir à travers diverses
stratégies pour apporter des solutions aux problèmes environnementaux. Ces stratégies
d'intervention se traduiront par une amélioration des performances organisationnelles et
un meilleur environnement physique, ce qui se traduira par un développement durable.
Le tableau 1 présente les ingrédients des préoccupations environnementales actuelles,
les stratégies d'intervention en marketing écologique, l'amélioration de la performance
organisationnelle, l'amélioration de l'environnement physique et le développement
durable.
…
1.7 Revue de littérature théorique sur l'intervention du marketing vert Stratégies de
développement durable
Le but de cette sous-section est d'examiner la littérature théorique sur les stratégies de
marketing écologique qui ont été ou peuvent être utilisés par les organisations pour
résoudre les problèmes environnementaux auxquels le monde est confronté aujourd'hui
de la pollution, les précipitations acides, la menace pour la couche d'ozone terrestre, ,
Les déserts consommant des terres agricoles, l'épuisement rapide des ressources
vitales habituelles, la disparition des forêts tropicales et la perte d'espèces dans le but
d'atteindre un développement durable (Chandler, 1990). Selon certains experts, le défi
de la durabilité au cours des prochaines décennies nécessite un changement radical de
la production et de la consommation dans les sociétés industrielles (Ottman, 1997). Les
universitaires et les praticiens ont suggéré des stratégies de marketing écologiques pour
faire face au défi de la durabilité. Ces stratégies aux fins du présent document sont
divisées en deux catégories: stratégies de mix marketing et stratégies générales.