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Établis par :
Benbrik Sofia
El Alami Soukaina
Hamdaoui Zineb
Smahi Insaf
Belcaid Mohammad
Safouan Soufiane
Droit de la concurrence
Plan
Introduction
I- Pratiques restrictives entre professionnels
A- Interdiction des pratiques discriminatoires
1 : Principe de l'interdiction et domaine d'application
2 : les Sanctions encourus
B- L’interdiction des avantages indus
1 : La licéité des avantages indus
2 : les sanctions applicables
II - la rupture des relations commerciales
A- La menace de rupture ou la rupture brutale des relations commerciales
1 : Les éléments clés de la rupture brutale
2: Les Sanctions applicables
B- L’atteinte à l’intégrité du réseau de distribution
1 : La licéité et l’existence du réseau de distribution
2 : la violation de l’interdiction de la revente hors réseau
1
Pratiques restrictives de la concurrence
Introduction
La réflexion sur la concurrence n'est pas sans provoquer une certaine perplexité :
en effet, qui dit concurrence dit compétition, dit objectif d'affaiblissement des
concurrents, ce qui fatalement, ne peut que porter atteinte à ces derniers.
Le but même de la concurrence n'est-il pas, pour une entreprise, de réaliser un
succès au détriment d'une autre, c’est-à-dire de son concurrent.
La perte d'un marché, la perte d'un ou plusieurs clients déstabilisent sans doute
l'entreprise qui en est victime et renforce la place de celle à qui cela profite.
Il s'agit certes d'un dommage dont la légitimité se trouve être au centre des débats
dans ce domaine.
Ne faut-il pas alors, reprendre à ce sujet la belle formule de PLANIOL : "Le droit
cesse où l'abus commence et il ne peut y avoir usage abusif d'un droit quelconque
par la raison irréfutable qu'un seul et même acte ne peut être, tout à la fois,
conforme au droit et contraire au droit ?".1
A l'analyse, on constate d'ailleurs que ce ne sont ni la concurrence elle-même, ni
les conséquences qui en résultent qui sont considérés comme fautives, mais les
instruments et moyens utilisés par le concurrent qui sont répréhensibles.
Moraliser les pratiques, moderniser les relations commerciales, tels ont pu être
certains des objectifs du législateur, lors de ses interventions dans le domaine des
pratiques restrictives de concurrence. Alors que les pratiques prohibées, car
anticoncurrentielles, ont assez peu évolué depuis une trentaine d’années, le nombre de
celles considérées comme restrictives de concurrence n’a eu de cesse de croître dans les
relations commerciales entre professionnels.
Certaines pratiques telles que le déséquilibre significatif et la rupture brutale de
relations commerciales établies, nourrissent significativement le contentieux de ces
dernières années.
Le droit des « pratiques restrictives de concurrence » regroupe un ensemble de
mesures visant à interdire certaines pratiques et à encadrer les relations contractuelles
entre les professionnels.
1
Traité élémentaire du droit civil Tome II N°871.
Droit de la concurrence
En d'autres termes, les pratiques restrictives forment un groupe disparate, l'on est
presque tenté de dire un bric-à-brac, de divers comportements commerciaux, que la loi,
au fil des années, a interdit pour des raisons diverses. Il est possible néanmoins de les
regrouper en deux catégories.
- Certains comportements restrictifs se manifestent dans les rapports entre
vendeurs et consommateurs. Ils consistent dans des formes de vente qui sont interdites et
pénalement sanctionnés.
- D'autres pratiques restrictives affectent au contraire les rapports entre
fournisseurs et distributeurs. Elles sont sanctionnées par la responsabilité civile de leur
auteur.
Relativement à l'interdiction des pratiques restrictives dans les rapports entre
fournisseurs et distributeurs, ce dernier avait recueilli au fil des réformes, une série de
dispositions qui tendaient à régulariser les rapports entre fournisseurs, c’est-à-dire les
fabricants et les grossistes, d'une part, et les distributeurs, c’est-à-dire les revendeurs,
commerçants indépendants, d'autre part.
Dans les années quatre-vingt-dix, une autre préoccupation s'est faite jour. Les
entreprises de la grande distribution ont acquis une puissance économique et un pouvoir
de négociations sans précédent. Les producteurs se sont tournés vers l'Etat pour obtenir
des mesures susceptibles de compenser le déséquilibre de leurs relations avec les grandes
chaînes de supermarchés. Dès lors, la puissance publique devait s'efforcer de rechercher
les moyens de réaménager les rapports fournisseurs-distributeurs sur une base autre que
celle de la simple égalité horizontale. A cette fin, le législateur a introduit une série de
nouvelles interdictions dont l'interdiction des avantages indus, interdiction de la rupture
abusive des relations commerciales, condamnation de l'atteinte à l'intégrité d'un réseau de
distribution sans oublier d'évoquer l'interdiction des pratiques discriminatoires qui est
relativement ancienne et engage la responsabilité de son auteur le fait, de pratiquer, à
l'égard d'un partenaire économique, ou d'obtenir de lui des prix, des délais de paiement,
des conditions de vente ou des modalités de vente ou d'achat discriminatoires et non
justifiées par des contreparties réelles en créant, pour ce partenaire, un désavantage ou un
avantage dans la concurrence.
3
Pratiques restrictives de la concurrence
L’article 54-1 dispose qu'« Il est interdit à tout producteur, importateur, grossiste
ou prestataire de services : De pratiquer, à l'égard d'un partenaire économique ou
d'obtenir de lui des prix, des délais de paiement, des conditions de vente ou des modalités
de vente ou d'achat discriminatoires et non justifiés par des contreparties réelles en créant
de ce fait, pour ce partenaire, un désavantage ou un avantage dans la concurrence»
5
Pratiques restrictives de la concurrence
Les pratiques restrictives sont toujours condamnables, peu importe leur effet sur
le marché. Elles influent directement et individuellement sur la capacité concurrentielle
de telle ou telle entreprise en particulier (et non pas d’un marché en général). Les
pratiques restrictives sont considérées comme étant intrinsèquement mauvaises et
Droit de la concurrence
Les pratiques discriminatoires interdites sont punies, selon l'article 71-2 d'une
amende de 5000 à 100000 dirhams.
Il convient de traiter dans un premier lieu la licéité des avantages indus avant de
passer au traitement des sanctions prévus pour cette pratique.
1 : La licéité des avantages indus :
Il en découle de cet article qu’il est interdit le fait d’obtenir des avantages sans
contrepartie réelle. Il peut s’agir par exemple de la pratique des centrales d’achat, qui
sélectionnent les fournisseurs et les retiennent pour approvisionner les magasins d’un
grand distributeur ou une chaine de distributeurs. Souvent pour être référencé, le
fournisseur doit consentir au distributeur des avantages sans contrepartie réelle, qui peut
être le versement d’une somme d’argent.
7
Pratiques restrictives de la concurrence
-dans la suppression des exemples qui étaient donnés par le texte (participation à
un financement non justifié, globalisation artificielle du chiffre d’affaires, …).
Il serait cependant sans doute hâtif d’en conclure que l’auteur pourrait ne pas être
nécessairement un commerçant ou un artisan parce que la référence à ces qualités a été
supprimée du texte nouveau et donc que l’auteur pourrait être non-commerçant (membre
d’une profession libérale par exemple).
3
MARIE MAULAIRE-VIGNAL, droit de la concurrence interne et européen, edition6 page 126
9
Pratiques restrictives de la concurrence
- La nullité du contrat :
La 1ère sanction est la nullité des clauses ou contrats support d’une pratique
restrictive. La nullité du contrat ne sera prononcée que dans les cas les plus graves, soit
lorsque l’anéantissement d’une ou plusieurs causes serait insuffisant pour mettre fin au
déséquilibre.
- La répétition de l’indu :
Cette sanction peut être sollicitée par la victime dès lors qu’elle justifiera que des
sommes ont indûment été versées à son créancier en raison du déséquilibre.
À la vérité, il s’agit là, moins d’une sanction autonome, que d’une conséquence de
la rétroactivité de l’anéantissement d’une clause ou du contrat dans son entier.
L’article 68 du Dahir des obligations et des contrats pose principe suivant : « tout
paiement suppose une dette ; ce qui a été payé sans être dû est sujet à répétition ».4 Ce
texte pose le principe du droit à la répétition de l’indu. Le régime de la répétition de
l’indu est prévu dans la partie réservée aux quasi-contrats (66 et suivants) du dahir des
obligations et des contrats. La répétition d’un indu est l’acte par lequel une personne
(solvens) rembourse à une autre (accipiens) une somme d’argent ou lui restitue une
chose qu’elle a reçue à tort.
C’est donc un droit de réclamation qui est reconnu à l’accipiens contre le
solvens. En effet, le Législateur n’admet pas que « celui qui reçoit par erreur ou
sciemment ce qui ne lui est pas dû » le conserve. Il doit le restituer « à celui de qui l’a
indûment reçu »
Alors quelles sont les conditions de la répétition de l’indu et ses effets :
4
Article 68 du DOC : « Celui qui, se croyant débiteur, par une erreur de droit ou de fait, a payé ce qu'il ne
devait pas, a le droit de répétition contre celui auquel il a payé. Mais celui-ci ne doit aucune restitution si,
de bonne foi et en conséquence de ce paiement, il a détruit ou annulé le titre, s'est privé des garanties de
sa créance, ou a laissé son action se prescrire contre le véritable débiteur. Dans ce cas, celui qui a payé n'a
recours que contre le véritable débiteur ».
11
Pratiques restrictives de la concurrence
D’abord Le Paiement doit avoir existé : Pour qu’il y’ait eu un paiement indu, il
faut qu’il y’aurait eu une remise à titre de paiement d’un bien ou d’une somme
d’argent par le solvens à l’accipiens.
Il peut s’agir d’un bien quelconque. Peu importe le montant de l’argent remis.
Ensuite Le Paiement doit être indu : Là, il y’a deux cas de figure :
5
Les obligations naturelles volontairement acquittées ne peuvent faire l’objet d’une action en répétition
de l’indu
Droit de la concurrence
distinction faite par la jurisprudence est plus fine et se rapproche des textes ; elle
distingue l’hypothèse dans laquelle l’accipiens est créancier de celui où il ne l’est pas.
On comprend cela parce que, si je suis créancier d’une somme d’argent, et que je
reçois un paiement, je pense que c'est régulier et je vais la dépenser dans la bonne foi. Et
dans ce cas, il faudrait me protéger contre la restitution a laquelle je serais tenue si y’a
indu (donc il faut que les conditions de restitution soient strictes).
En revanche, si je n’étais pas créancier et que je reçois sur mon compte une
somme d’argent, je me méfie de la somme, je ne la dépense pas puisque je sais que c'est
par erreur et qu’on va m’en demander la restitution. Et là, comme je dois me méfier, les
conditions de restitution seraient plus souples.
Quand l’accipiens est vraiment créancier il faut que la condition de restitution
soit stricte. Donc si l’accipiens était créancier on est bien dans l’indu subjectif, mais on
exige l’erreur du solvens pour qu’il y’ait répétition. C'est l’art. 66 du DOC qui s’applique.
Le texte dispose que : « Lorsqu’une personne qui par erreur se croyait débitrice a
acquittée une dette, elle va avoir droit a répétition ».
Mais quand l’accipiens n’est pas créancier, on est soit dans un indu objectif, soit
dans un indu subjectif (qui est le paiement a autrui). Et là c'est l’art. 66 du DOC qui
s’applique : « Celui qui reçoit par erreur ou sciemment ce qui ne lui est pas du s’oblige à
le restituer ».
Et là on voit que dans le texte il n’ya pas condition d’erreur du solvens
(conditions souples).
6
Article 375 du DOC : « Les parties ne peuvent, par des conventions particulières, proroger le délai de la
prescription au-delà des quinze ans fixés par la loi ».
13
Pratiques restrictives de la concurrence
En cas de récidive dans un délai de cinq (5) ans, le montant de l’amende est porté
au double.
est indispensable pour les entreprises qui ont toutes besoin de clients pour s’accroître et
perdurer.
Ainsi, cette prohibition s’applique lorsque les pratiques ont pour objet ou peuvent
avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de concurrence sur un
marché.
Par ce fait, la loi 104-12 est venue sanctionner certaines pratiques restrictives de
concurrence et moraliser par voie de conséquence les relations contractuelles qui
auparavant ignorait ce principe. Le laisser faire, le laisser aller du 19eme siècle et le
7
https://www.maxenceperrinavocatdijon.fr/
15
Pratiques restrictives de la concurrence
L’article 7 de la loi 104-12 énumère dans ses derniers alinéas, les abus
susceptibles de constituer des pratiques restrictives de concurrence , il ne fait pas de
différence entre les abus de position dominante et les abus d'un état de situation de
dépendance économique9 .
Toutefois, pour la menace de rupture d'une relation commerciale on se trouve face
à une situation de dépendance économique qui nécessite la réunion de 3 conditions pour
sa validité :
10
Op.cit. , p 140
17
Pratiques restrictives de la concurrence
11
LES MUTATIONS DU DROIT DE LA CONCURRENCE DANS L’ESPACE EURO-MÉDITERRANÉEN . Publication
de la FSJES -FES nº2 -JANVIER 2012 , p 141
Droit de la concurrence
Pour que s'applique l'article 7-2, il ne suffit pas que les critères de dépendance
économique soient réunis, encore faut-il que l'entreprise en situation de dépendance ne
dispose pas de solution alternative.
La notion de solution alternative doit être compris comme étant la situation d'une
entreprise en état de dépendance économique vis-à-vis d'un partenaire qui a mis en œuvre
à son encontre des pratiques restrictives de concurrence mais cependant demeure en
mesure de poursuivre normalement son activité.
19
Pratiques restrictives de la concurrence
L’auteur de la rupture
La loi 104 -12 ne s’est pas prononcée expressément sur ce point, toutefois, on
suppose que le législateur a visé l’agent économique qui exerce une activité commerciale
qui peut être de production, de distribution ou de prestation de services.
La loi Française énumère expressément les auteurs potentiels de la rupture. Il
s’agit de tout « producteur, commerçant, industriel ou personne immatriculée au
répertoire des métiers ». Le commerçant et l’artisan appartiennent à des catégories
juridiques définies, ce qui n’est le cas ni du producteur, ni de l’industriel.
Toutefois, la Cour de cassation ne semble pas réserver cette notion aux seuls
professionnels qui ont un objet commercial et exercent une activité commerciale stricto
sensu. En effet, elle a admis que des mutuelles d’assurance, qui pourtant ont un objet non
commercial12 (art. L. 322-26- 1 al. 1 du Code des assurances), pouvaient être
sanctionnées sur le terrain de l’article L. 442-6, I 5° du Code de commerce français en cas
de rupture brutale de contrats avec leurs partenaires au motif qu’elles interviennent dans
le secteur concurrentiel et procèdent à une activité de services 13.
En revanche, il est classiquement admis que ne sont pas concernées par l’article
L. 442-6, I 5° du Code de commerce, les personnes suivantes :
12
https://cms.law/Rupture brutale des relations commerciales établies.
13
Cass. com., 14 sept. 2010, n°09-14.322, Bull. civ. IV, n°135. Saisie dans cette affaire d’un litige relatif à la
rupture de conventions d’agrément conclues par deux mutuelles d’assurance avec un réparateur
automobile, elle a jugé que « le régime juridique des sociétés d’assurances mutuelles, comme le caractère
non lucratif de leur activité, ne sont pas de nature à les exclure du champ d’application des dispositions
relatives aux pratiques restrictives de concurrence dès lors qu’elles procèdent à une activité de service ». La
Cour d’appel de Riom dans une décision du 23 février 2011, n°10/01169 opposant également une
mutuelle d’assurance à une société d’expertise automobile a confirmé cette solution.
Droit de la concurrence
La victime de la rupture
Cette pratique restrictive peut donner lieu à des sanctions civiles ou pénales
lorsqu'il est porté devant les juridictions et à des sanctions de nature administrative.
- Les sanctions civiles
14
Art 10: Tout engagement, convention ou clause contractuelle se rapportant à une pratique prohibée
en application des articles 6 et 7 ci-dessus est nul de plein droit. Cette nullité peut être invoquée par
les parties et par les tiers; elle ne peut être opposée aux tiers par les parties; elle est
éventuellement constatée par les tribunaux compétents à qui l’avis ou la décision du conseil de la
concurrence, s'il en est intervenu un, doit être communiqué.
21
Pratiques restrictives de la concurrence
Il s'agit là d'une nullité absolue qui implique obligatoirement un retour intégral à
la situation initiale. Étant d'ordre public cette nullité peut être soulevée par les parties et
par les tiers, comme elle peut être relevé d'office par le juge et ce à toutes les phases de la
procédure.
L'article 10 alinéa 2 de la loi 104 - 12 précise cependant que cette nullité “ ne peut
être opposé au tiers par les parties “. Cette précision implique une double conséquence:
- Sanctions pénales
15
GUIDE PRATIQUE DU DROIT DE LA CONCURRENCE , Nour-Eddine TOUGANI , p 38
16
Sera punie d'un emprisonnement de deux (2) mois à un (1) an et d'une amende de dix mille
(10.000) à cinq cent mille (500.000) dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement toute personne
physique qui, frauduleusement ou en connaissance de cause, aura pris une part personnelle et
déterminante dans la conception, l’organisation, la mise en œuvre ou le contrôle de pratiques visées aux
articles 6 et 7 de la présente loi.Le tribunal peut ordonner que sa décision soit publiée intégralement ou
par extraits dans les journaux qu’il désigne, aux frais du condamné
17
Article 40 Lorsqu'ils prononcent une peine délictuelle, les tribunaux peuvent, dans les cas
déterminés par la loi et pour une durée d'un à dix ans, interdire au condamné
Droit de la concurrence
marocain. Ces poursuites pénales engagées sont exercées par voie de citation directe et le
tribunal compétent statue à sa plus prochaine audience tel prévue par l’article 85 de la loi
104-12
À cet égard on distingue l'absence de sanctions prévues spécialement à la
personne morale dans la nouvelle loi 104-12 . Contrairement à L'article 70 de la loi 06-99
dispose qu’en cas d’infraction à disposition des articles 6 et 7 de la même loi, les
personnes morales peuvent être reconnu pénalement responsable lorsque les
circonstances de l'espèce le justifient, notamment la mauvaise des parties en cause où la
gravité de leur infraction, et sans préjudice des sanctions civiles susceptibles d'être
appliquées par les tribunaux compétents.
La peine encourue est une amende dont le montant est pour une entreprise de 2 %
à 5 % du chiffre d'affaire hors-taxe réalités au Maroc au cours du dernier exercice Clos.
Si le contrevenant n'est pas une entreprise l'amende et de 200000 à 2000000 dirhams.
- Sanctions administratives
Le conseil de la concurrence prononce des mesures conservatoires, les
astreintes, les injonctions et les sanctions après examen pour déterminer si les pratiques
dont il est saisi constituent des violations des dispositions des articles 6, 7 et 8 de la loi
104 - 12 suite aux dispositions de l’article 24.
Ainsi que Le conseil de la concurrence peut, ordonner les mesures conservatoires
qui lui sont demandées ou celles qui lui apparaissent nécessaires.
Toutefois ,ces mesures ne peuvent intervenir que si la pratique dénoncée porte
une atteinte grave et immédiate à l’économie du pays, à celle du secteur intéressé, à
l’intérêt des consommateurs ou à l’entreprise plaignante.
Ces mesures peuvent comporter la suspension de la pratique concernée
ainsi qu’une injonction aux parties de revenir à l’état antérieur.
l'exercice d'un ou de plusieurs des droits civiques, civils ou de famille visés à l'article
26.Les juridictions peuvent également appliquer les dispositions du premier alinéa du
présent article lorsqu'elles prononcent une peine délictuelle pour une infraction de terrorisme
23
Pratiques restrictives de la concurrence
Il peut également ordonner des mesures de publicité des décisions prises aux frais
des contrevenants (art 39 dernier alinéa de la loi 104 - 12).
Pour agir contre la revente hors réseau, encore faut-il démontrer l’existence et la
licéité du réseau de distribution sélective19 ou exclusive20 qu’on entend protéger.
18
Le réseau de distribution est un ensemble des intermédiaires de la distribution – grossistes ou
détaillants – permettant la commercialisation d'un bien, et parfois même sa promotion. Il s'apprécie en
fonction de deux paramètres : le nombre d'intermédiaires qui le composent et de sa couverture
géographique.
19
Le terme de distribution sélective désigne un système par lequel un fournisseur s'engage à ne vendre
ses produits ou services qu'à des distributeurs sélectionnés sur la base de critères définis.
20
La distribution exclusive est un mode de distribution qui garantit une exclusivité territoriale aux
distributeurs.
Cette exclusivité a souvent pour contrepartie une exclusivité de la marque sur un univers produit chez les
distributeurs et le respect de certaines obligations relatives au point de vente et aux services apportés aux
clients.
Droit de la concurrence
21
Ces conditions sont citées dans les lignes directrices sur les restrictions verticales : « Dans un système
de distribution sélective, les distributeurs devraient être libres de vendre, tant activement que
passivement, à tous les utilisateurs finals, y compris par internet. En conséquence, la Commission
considère comme une restriction caractérisée toute obligation visant à dissuader les distributeurs
désignés d'utiliser internet pour atteindre un plus grand nombre et une plus grande variété de clients en
leur imposant des conditions pour la vente en ligne qui ne sont pas globalement équivalentes à celles qui
sont imposées pour la vente dans un point de vente physique. Cela ne signifie pas que les conditions
imposées à la vente en ligne doivent être identiques à celles qui sont imposées à la vente hors ligne, mais
plutôt qu'elles doivent poursuivre les mêmes objectifs et aboutir à des résultats comparables et que la
différence entre elles doit être justifiée par la nature différente de ces deux modes de distribution. ».
Lignes directrices sur les restrictions verticales du 10 mai 2010, SEC (2010) 411 final, point 56.
Pour un exemple concret, voir l’arrêt du TPICE du 12 décembre 1996, Leclerc c/ Commission, T-19/92 ;
plus récemment, arrêt de la Cour d’appel de Paris du 27 mars 2014, Cosimo c/ Carrefour, n°10/19.766.
22
Lignes directrices sur les restrictions verticales du 10 mai 2010, SEC (2010) 411 final, point 54.
23
Avis de l’Autorité de la concurrence du 18 septembre 2012, n°12-A-20, relatif au fonctionnement
concurrentiel du commerce électronique, rendu à la suite d’une auto-saisine et portant précisément sur
l’évolution du commerce en ligne, point 365.
25
Pratiques restrictives de la concurrence
Les organisateurs de réseau ont pour but de veiller au respect de leur réseau
sélectif en assurant une « surveillance effective des distributeurs sélectionnés du réseau
»24. Il semble néanmoins que ces dernières années ceux-ci éprouvent de plus en plus de
difficultés à maintenir l’étanchéité de leur réseau25, que ce soit à l’encontre de
distributeurs non agréés, de distributeurs issus de la grande distribution en dehors de leur
réseau26 que de distributeurs issus de plateformes électroniques.
24
Arrêt de la Cour d’appel de Paris, Pôle 1, Chambre 3, du 25 mars 2014, Candy Sud c/ Magimix,
n°13/13168.
25
La Commission permet, par exemple, « pour empêcher les ventes à des distributeurs non agréés,
[qu’]un fournisseur [puisse] exiger de ses distributeurs désignés qu'ils ne vendent pas plus d'une certaine
quantité de produits contractuels à un utilisateur final individuel. Une telle exigence peut devoir être plus
stricte pour les ventes en ligne s'il est plus aisé pour un distributeur non agréé d'obtenir les produits par
internet. »
26
L’arrêt de la Cour d’appel de Paris du 27 mars 2014, n°10/19.766.
27
Arrêt de la Cour d’appel de Paris, Pôle 5, Chambre 4, du 25 mai 2016, Coty, RG n°14/03918.
28
Arrêt de la Cour d’appel de Paris, Pôle 5 Chambre 4, du 29 juin 2016, Coty, n°14/00335.
Droit de la concurrence
exempté au titre des règles applicables du droit de la concurrence ». La règle est issue de
la loi Galland du 1er juillet 1996.
La règle peut surprendre, car une jurisprudence constante affirme que le fait de
commercialiser des produits relevant d’une exclusivité ne constitue pas en lui-même un
acte fautif29. La responsabilité ne peut être engagée que sur la preuve d’une faute distincte
de la simple revente hors réseau, la faute résultant notamment de comportement
déloyaux, d’une publicité mensongère ou d’une concurrence parasitaire.
Si le tiers hors réseau est poursuivi, il peut échapper à toute condamnation s’il
prouve qu’il s’est licitement approvisionné30. Il suffisait que le tiers refuse de
communiquer sa source d’approvisionnement pour échapper à toute condamnation. Par
trois arrêts rendus le 27 octobre 1992 mettant en cause des parfumeurs, La cour de
cassation est revenue sur cette solution. « L’achat de marchandises dans des conditions
dont l’illicéité ou le caractère frauduleux est révélé par le refus de justifier leur
provenance constitue en lui-même un acte de concurrence déloyale ».
29
Par ex. : Com. 1er mars 1994, Bull. civ. IV, n°86 ; Com. 30 janv. 2001, CCC 2001, n°89, et nos obs. ; 1er déc.
1998, CCC 1999, n°55, et nos obs.
30
Par ex. : Com. 26 janv. 1999, BULL.civ.IV, n°29 : « vu l »article 85, S3, du Traité… ; il appartient à
l’opérateur qui a acquis des véhicules neufs pour les revendre de faire la preuve qu’il les a régulièrement
acquis.
27
Pratiques restrictives de la concurrence
En cas de revente hors réseau dans des conditions préjudiciables à la marque, les
jurisprudences européennes et internes écartent la théorie de l’épuisement des marques et
autorisent la tête de réseau à invoquer un préjudice résultant d’un usage non autorisé de la
marque31.
Arrêt de la cour d’appel de Paris (pôle 5-chambre 4) du 29 juin 2016 (RG
14/00335) :
Après avoir confirmé l’intérêt et la qualité à agir de la société Coty France pour
protéger le réseau de distribution sélective qu’elle a mise en place, la cour d’appel se
penche sur l’existence et la licéité du réseau de distribution sélective.
La cour d’appel rappelle tout d’abord le principe selon lequel la tête de réseau qui
allègue des actes de concurrence déloyale doit tout d’abord « rapporter la preuve que le
réseau de distribution sélective était justifié par les produits devant être commercialisés
et qu’elle l’avait mis en place au moment des faits relatés dans les procès-verbaux de
constats qu’elle verse aux débats ». La cour d’appel rappelle également que « la nature
des produits commercialisés, marques de luxe pour certaines prestigieuses, exige une
qualification du distributeur qui doit offrir à la clientèle des services et assistance de
qualité, un point de vente qui reflète le prestige des marques, un environnement adapté
que seule la distribution sélective par réseau permet d’obtenir ».
31
MARIE MALAURIE-VIGNAL, Droit de la concurrence interne et européen, SIREY, 2014, pp. 132-133.
Droit de la concurrence
Quant à la licéité de son réseau, la société Coty France affirmait que son réseau
répondait aux critères de validité de principe des réseaux de distribution sélective posés
par le droit européen, elle mettait en avant une part de marché inférieure à 30%, l’absence
de clause noire (désormais dénommées « restrictions caractérisées » dans les règlements
d’exemption) dans ses contrats et la reconnaissance antérieure de cette licéité par de
nombreuses décisions, notamment de la Commission européenne.
La cour d’appel rappelle tout d’abord que la licéité d’un réseau de distribution
sélective doit s’apprécier au regard des textes suivants :
Elle considère que la société Coty France ne justifie pas de cette licéité au regard
de ces textes. Tout d’abord, la cour d’appel estime que la société Coty France ne rapporte
pas la preuve d’une part de marché inférieure à 30% :
29
Pratiques restrictives de la concurrence
L’année de référence utilisée par Coty était postérieure aux faits alors que
l’année à prendre en considération pour la détermination de la part de marché doit être
l’année précédant les faits.
Elle pointe également l’interdiction de vente à des revendeurs non agréés : si cette
interdiction peut être licite lorsqu’elle a pour objectif de protéger le réseau et d’en assurer
l’étanchéité, elle est restrictive lorsque le marché n’est pas organisé en réseau de
distribution sélective, ce que ne démontre pas la société Coty, en violation de l’article 4 b
iii) du règlement d’exemption.
dernier point, il faut noter que ces décisions étaient antérieures de plusieurs années aux
faits invoqués : non seulement les conditions contractuelles avaient pu évoluer, mais
l’appréciation même par les autorités de concurrence de ces conditions a elle-même
considérablement évolué durant cette période, par exemple s’agissant de la distribution
sur internet.
En résumé, si la société Coty France a, tant bien que mal, démontré qu’elle était à
la tête d’un réseau de distribution sélective, elle n’est pas parvenue à démontrer que son
réseau de distribution sélective était licite et qu’elle pouvait s’en prévaloir pour lutter
contre les actes allégués de revente hors réseau.
Bibliographie
TEXTES RÉGLEMENTAIRES
31
Pratiques restrictives de la concurrence
OUVRAGES
MÉMOIRES
AVIS
SITES INTERNET
Introduction...................................................................................................................................1
I) Pratiques restrictives entre professionnels:...............................................................................5
A- Interdiction des pratiques discriminatoires:.........................................................................5
1 : Principe de l'interdiction et domaine d'application:........................................................5
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Pratiques restrictives de la concurrence