Le manufacturier va prendre 40 % du spécialiste de la vente de pneus sur Internet. De quoi renforcer la présence du groupe dans les services. Michelin prend goût au digital. Le manufacturier a annoncé ce matin une prise de participation de 40 % dans le capital d’Allopneus, le leader français de la vente de pneumatiques sur Internet. Montant de l’opération : 60 millions d’euros. Une petite acquisition à l’échelle de Michelin, mais importante à plus d’un titre. Elle vise d’abord à renforcer Bibendum sur une activité en expansion depuis plusieurs années.
Avec 3 millions de pneumatiques vendus en 2014,
Allopneus capte à lui seul plus de la moitié des ventes de pneus sur Internet, et 7 % du marché français du pneumatique dans son ensemble. Une réussite menée en dix ans à peine par son fondateur Didier Blaise, grâce à un modèle économique bien huilé.
Pneumatiques moins chers du fait d’une structure moins
lourde, forte disponibilité produit (plus de 20.000 références), mais aussi délais de livraison resserrés, maillage territorial exhaustif (plus de 5.000 garages partenaires), service de montage à domicile... Allopneus a développé un savoir faire qui lui a permis de dépasser la barre des 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014, et d’être rentable.
C’est avec cet univers que veut se familiariser Michelin vu
que son service maison, Pop Gomme, n’est pas parvenu à décoller.. « Aujourd’hui, trois automobilistes sur quatre se renseignent sur l’achat de pneus sur Internet, et 13 % concrétisent leur achat online. Michelin doit être présent sur ce canal » indique aux « Echos » Florent Ménégaux, le patron de la division tourisme de Michelin. D’où l’importance pour Bibendum d’être présent sur ce type d’activité. « Sur Internet, on n’a pas de vendeur à côté de soi pour orienter son choix, et les comportements changent. On juge avant tout sur les avis des consommateurs et le prix » indique Alexis Albert, analyste chez Mainfirst. D’où l’importance pour Michelin de mieux contrôler ce canal. S’il n’est pas question pour le manufacturier de casser ce qui a fait le succès d’Allopneu en diminuant la diversité des références, le groupe ne devrait pas se priver pour mettre en avant ses propres références et générer ainsi davantage de volumes sur ce type de canal.
L’acquisition doit permettre à Bibendum de mieux
contrôler son réseau de distribution face à une concurrence qui se renforce sans cesse, notamment au niveau des constructeurs asiatiques en Europe. « Avec Allopneus et son enseigne Euromaster, Michelin va capter près de 20 % de la distribution en France, ce qui peut aussi lui permettre de freiner certains joueurs » indique Gaetan Toulemonde, analyste chez Deutsche Bank.
L’opération devrait renforcer un peu plus la montée en
puissance de Michelin dans les services. Acquisition du brésilien Sascar en 2014, spécialisé dans la gestion de flottes de véhicules, lancement, en 2013, de Michelin Solutions, qui propose aux entreprises de gérer la consommation en carburant de leur flotte, développement de nouveaux modes de facturation (paiement du pneu au kilomètre parcouru dans le poids lourds, à l’atterrissage dans l’aéronautique...)... Le rachat d’Allopneus et de ses services sera une brique de plus dans ces nouveaux métiers.