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UNIVERSITE DE LIEGE

Faculté des Sciences Appliquées

TECHNOLOGIE DES BETONS

R. DEGEIMBRE,
Professeur

2ième édition

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COURS "TECHNOLOGIE DES BETONS" R. DEGEIMBRE
CONTENU

CHAPITRE I : INTRODUCTION

CHAPITRE II : LES CONSTITUANTS


PRINCIPAUX DES BETONS

CHAPITRE III : LE BETON FRAIS

CHAPITRE IV : LE BETON DURCI

CHAPITRE V : LA FORMULATION DES


BETONS

CHAPITRE VI : MISE EN ŒUVRE DES BETONS

CHAPITRE VII : LES BETONS SPECIAUX

CHAPITRE VIII : DURABILITE DES BETONS

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CHAPITRE VIII : DURABILITE DES BETONS ......................................... 4

8.1. ATTAQUE CHIMIQUE DES CONSTITUANTS DU BETON ................ 4


8.1.1. Introduction .............................................................................................. 4
8.1.2. Altérations chimiques par l'eau et les solutions aqueuses........................ 5
8.1.3. Réaction alcali-silice .............................................................................. 13

8.2. RESISTANCE AU GEL .............................................................................. 16


8.2.1. Mécanismes des dégradations ................................................................ 16
8.2.2. Saturation critique et effet des entraîneurs d'air..................................... 16
8.2.3. Effets des produits de déverglaçage....................................................... 17
8.2.4. Influence des agrégats ............................................................................ 17
8.2.5. Paramètres influençant la résistance au gel............................................ 17
8.2.6. Détermination de la résistance au gel .................................................... 18

8.3. CARBONATATION DU BETON.............................................................. 20


8.3.1. Définition ............................................................................................... 20
8.3.2. Effets de la carbonatation....................................................................... 20
8.3.3. Profondeur de carbonatation .................................................................. 22

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CHAPITRE VIII : DURABILITE DES BETONS

8.1. ATTAQUE CHIMIQUE DES CONSTITUANTS DU BETON

8.1.1. Introduction

On peut considérer comme responsables potentiels de la détérioration du


béton, les mécanismes suivants :

♦ la dissolution par l'eau et les solutions aqueuses;

♦ l'expansion due à la pression générée par la croissance de cristaux, par des


gonflements de gel ou par des cellules osmotiques (R.G.I. = réactions de
gonflements internes).

Lorsque les réactions d'expansion donnent lieu à la formation de composés


expansifs, deux situations sont théoriquement possibles :

− l'ensemble des produits d'expansion trouve suffisamment d'espace vide, de sorte


qu'il ne développe aucun effet de rupture à l'échelle macroscopique;
− il n'existe pas suffisamment d'espace libre et l'expansion provoque des désordres.

Cette situation conduit à différencier les processus d'expansion en deux catégories :

− les processus se produisant de façon intensive :


ils peuvent occasionner des désordres, parce qu'ils affectent de manière intensive
un petit nombre d'endroits;

− les processus se produisant de façon extensive :


ils n'entraînent pas nécessairement de détérioration parce que leur action se
manifeste en de nombreux points mais de faible intensité, de sorte que les
contraintes sont absorbées par le béton.

Donc, dans un système fermé, une façon de neutraliser les effets d'une
réaction d'expansion est d'en diminuer l'intensité locale en la répartissant sur
différents sites : ce qui est acquis en extension est perdu en intensité.

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8.1.2. Altérations chimiques par l'eau et les solutions aqueuses

Ces altérations chimiques peuvent affecter le liant ou les granulats.


Les altérations du liant peuvent être de deux ordres :
− dissolution;
− expansion et désagrégation.

A. Altération de dissolution

La dissolution du liant peut résulter de la présence d'acides ou de gaz


carbonique dissous.

a) Dissolution par les acides

Tous les composés hydratés du ciment, du laitier et des pouzzolanes


sont susceptibles d'être dissous en milieu acide. Il s'agit en effet de
combinaisons chimiques avec de l'hydroxyde de calcium, ce qui
explique leur solubilité.
Il apparaît donc que la valeur du pH de l'eau est un des paramètres les
plus importants conditionnant l'agressivité des eaux.

b) Dissolution par le gaz carbonique dissous

L'agressivité des eaux fortement chargées en CO2 s'explique


également par la solubilisation des composants contenant de
l'hydroxyde de calcium.
Nous verrons dans la suite que tous les composants hydratés du
ciment peuvent se carbonater et libérer entre autres du carbonate de
calcium CaCO3, et que cette réaction améliore la résistance et
l'imperméabilité du béton (du moins pour les bétons au ciment
Portland).

En présence de CO2 dissous dans l'eau, nous avons donc la réaction :

Ca(OH)2 + H2O + CO2 → CaCO3 + 2 H2O.

Néanmoins, en présence d'un excès de CO2, le carbonate de calcium


formé se redissout sous forme de bicarbonate de calcium.

CaCO3 + H2O + CO2 → Ca(HCO3)2 soluble.

Cette redissolution explique l'agressivité des eaux fortement chargées


en CO2.

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c) Dissolution par les acides sulfureux et sulfuriques

Les anhydres SO2 et SO3 (H2SO3 et H2SO4 lorsqu'ils sont dissous dans
l'eau), provenant de la combustion de charbons ou produits pétroliers
contenant du soufre, dissolvent l'hydroxyde de calcium du béton
suivant la réaction :

Ca(OH)2 + SO3 → CaSO4 + H2O

Ce sulfate de calcium présente une solubilité plus élevée que


l'hydroxyde de calcium.
Il peut en outre cristalliser sous forme de CaSO4 . 2 H2O (gypse) qui
présente des propriétés expansives.

d) Dissolution par les eaux très pures

Des eaux très pures, provenant par exemple de la fonte des neiges, ou
de condensations continues, peuvent fragiliser le béton, par dissolution
des composants hydratés.

e) Dissolution par des substances formant des complexes avec la chaux

Des produits tels que le sucre, le lait, le vin, les acides organiques
(vinaigre, acides lactique et butyrique,…), les sels ammoniacaux,
peuvent fortement fragiliser le béton; ils décomposent et dissolvent les
constituants à base de calcium en formant des complexes chimiques.

B. Altérations d'expansion

a) Réactions avec les sulfates

Dans cette catégorie de dégradations, la plus connue concerne la


réaction de l'aluminate de calcium avec les ions sulfates; le premier
stade de la réaction passe par la formation de sulfate de calcium.

Ca(OH)2 + SO4= → CaSO4 + 2 OH-

3 CaSO4 + C3 A.n H2O + (32-n) H2O → C3 A.3 CaSO4 . 32 H2O

Le produit formé constitue l'ettringite ou sel de Candlot.


En fait, l'ettringite contribue à l'accroissement des résistances
mécaniques du béton lorsqu'elle se forme pendant l'hydratation du
ciment. On l'appelle dès lors "ettringite primaire" et ses cristaux,
uniquement visibles au microscope électronique, mesurent ± 1 µ de
longueur.

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Par contre, lorsqu'elle se forme à partir des constituants hydratés du
ciment, elle cristallise sous forme de longues aiguilles prismatiques,
visibles avec les microscopes optiques ordinaires et mesurant plus de
10 µ.
Cette cristallisation se fait avec une augmentation importante du
volume (l'ettringite fixe 32 molécules d'eau de cristallisation).

Ceci induit des dislocations internes, provoquées par d'énormes


pressions générées par les cristaux en formation.
Notons qu'en présence de CO2, l'ettringite peut se carbonater en
thaumasite (CaCO3 . CaSO4 . CaSiO3 . 15 H2O), ce qui provoque une
expansion supplémentaire.
Les sulfates peuvent provenir d'apports extérieurs, pénétrant par
diffusion dans le béton.
Ils peuvent néanmoins également provenir de contaminations
intérieures. Citons par exemple :
− les sulfates générés par oxydation de pyrites;
− les sulfates libres, provenant de perturbations dans le durcissement
des ciments.

Diverses études menées au L.M.C. ont en effet montré que, lorsqu'on


augmente par des étuvages inappropriés la vitesse de durcissement du
ciment, à partir d'une certaine température, il ne se forme plus de
l'ettringite primaire mais une molécule différente résultant de la
combinaison de l'aluminate tricalcique avec une seule molécule de
sulfate de calcium (monosulfoaluminate de calcium hydraté).

C3A . CaSO4 . 12 H2O.

Les bétons durcis à des températures supérieures à 60°C contiennent


donc des ions sulfates instables, susceptibles de se recombiner
ultérieurement avec l'aluminate tricalcique pour former de l'ettringite
secondaire.
Cette situations a donné lieu à de très nombreux dégâts sur des
structures en béton précontraint, de sorte qu'actuellement l'étuvage des
bétons est soumis à des réglementations et surveillances très strictes :
− durée d'attente avant étuvage : au minimum 3 h;
− température d'étuvage maximum : 65°C.

Effet de contre ion


La nature du contre ion intervient également dans l'importance des
dégâts.
Ainsi, par exemple, un sulfate de magnésium sera plus agressif que le
sulfate de potassium ou de sodium.

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L'agressivité particulière des sulfates de magnésium s'expliquent par
la considération des produits de solubilité respectifs des hydroxydes
correspondants.

LCa(OH)2 = [Ca2+] [OH-]2 = 10-5,3

LMg(OH)2 = [Mg2+] [OH-]2 = 2,3 10-11

La réaction Ca(OH)2 + Mg SO4 → CaSO4 + Mg(OH)2 sera donc


fortement déplacée vers la droite. Ceci favorise la formation de sulfate
de calcium, aux propriétés expansives.

Par contre, dans le cas d'une réaction avec les sulfates de potassium ou
de sodium, l'équilibre se déplacer vers la gauche parce que les
hydroxydes correspondants sont solubles.

b) Effet du chlorure de calcium

Le chlorure de calcium peut également donner lieu à des dégradations


du type expansif, par réaction avec C3A pour former du
chloroaluminate :

CaCl2 + C3A + 10 H2O → C3A . CaCl2 . 10 H2O

c) Cas particulier : actions de l'eau de mer

L'attaque du béton est le résultat de réactions séparées mais plus ou


moins simultanées entre les sulfates et chlorures de l'eau de mer, et les
constituants du ciment.
Aucun des composés hydratés du ciment Portland n'est stable en
milieu marin. Les sels de magnésium MgSO4 et MgCl2 sont les plus
agressifs. Les réactions, groupées dans le Tableau VIII-1 font
intervenir C3A et Ca(OH)2.
Le sulfate de magnésium réagit avec Ca(OH)2 et en raison de la
substitution Mg2+ → Ca2+.
Du gypse secondaire en prismes aplatis et de la brucite Mg(OH)2 en
plaquettes se forment simultanément.
MgSO4 déplace aussi le calcium du silicate hydraté (C-S-H) le
transformant progressivement en silicate de magnésium et de calcium
(C-M-S-H). De plus, l'action de MgSO4 sur les aluminates se
manifeste dans la formation d'ettringite presque amorphe ou en une
masse fibreuse en forme d'éventail, qui entraîne la fissuration de la
pâte de ciment.

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Le plus actif des deux chlorures (NaCl et MgCl2) est le chlorure de
magnésium. Les ions chlore dus à la dissociation de MgCl2 réagissent
avec les aluminates pour former le monochloroaluminate ou sel de
Friedel C3A . CaCl2 . 10 H2O.
Ils transforment aussi les fibres de C-S-H en une structure alvéolaire,
treillis dont les mailles deviennent de plus en plus lâches quand la
quantité de chaux dissoute augmente.

Tableau VIII-1

1. Action de CO2

a) Ca(OH)2 + CO2 + H2O → CaCO3 + 2 H2O


précipité
aragonite calcite
protection

2. Action des sulfates


2+ 2+
b) Substitution Mg → Ca

MgSO4 + Ca(OH)2 → CaSO4 + Mg(OH)2

soluble gypse précipité


1,2 g.1-1 secondaire non expansif
cristallisé
érosion expansion protection

c) Action du gypse secondaire

CaSO4 + C3A + 32 H2O → C3A . 3 CaSO4 . 32 H2O


ettringite
expansion
3. Action des chlorures
2+
d) Substitution Mg → Ca2+

MgCl2 + Ca(OH)2 → CaCl2 + Mg(OH)2


soluble précipité
érosion protection

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Tableau VIII-1 (suite)

e) Action de CaCl2

CaCl2 + C3A + 10 H2O → C3A . CaCl2 . 10 H2O


chloroaluminate
expansion

C3A . 3 CaSO4 . 32 H2O


ettringite

expansion

+ CO2 + SiO2

CaCO3 . CaSO4 . CaSiO3 . 15 H2O


thaumasite
expansion

Les ions CO3= peuvent jouer un triple rôle (1). Ils colmatent la surface du
béton en précipitant un mélange de calcite et d'aragonite à partir de la réaction
avec la chaux (2). En diffusant dans les bétons armés, ils diminuent le pH du
milieu et concourent à la corrosion des armatures en acier qui ne sont plus
protégées par le liant basique (3). En présence de silice active, ils
transforment l'ettringite C3A . 3 CaSO4 . 32 H2 en thaumasite
CaCO3 . CaSO4 . CaSiO3 15 H2O.
La thaumasite, également expansive, peut coexister avec l'ettringite. Dans de
rares cas, l'hydrocalcite [Mg6 . Al2CO3(OH)16 . 4 H2O] a été observée à la
surface d'échantillons détériorés. Elle cristallise en plaquettes minces.

Les dégradations sont variables selon que le béton est totalement immergé, en
immersion alternée ou en semi-immersion :

− en immersion totale, l'attaque est essentiellement chimique.


C'est celle des sulfates, des chlorures, de CO2. Elle est habituellement
relativement limitée, pour les bétons de bonne qualité. Ceci est lié au
gonflement de la pâte à ciment en milieu humide, ce qui contribue à
obstruer les pores.

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− en immersion alternée ou en semi-immersion, l'attaque est à la fois
physique et chimique. L'action mécanique des vagues, l'alternance au
cours des marées d'expansions ou de retraits dus à l'absorption et à
l'évaporation de l'eau, la cristallisation expansive de certains sels
(sulfates) au-dessus de l'eau en semi-immersion, les conditions
atmosphériques (gel, vent, ensoleillement), la corrosion électrochimique
des armatures en acier sont autant de facteurs qui s'ajoutent aux
gonflements, fissurations et éclatements d'origine chimique. C'est en
immersion alternée ou en semi-immersion que les détériorations sont
les plus importantes.

En définitive, l'action de l'eau de mer est moins destructrice que celle ces
eaux séléniteuses.
Ceci est principalement dû aux éléments suivants :
− carbonatation des combinaisons calciques par la présence de KHCO3;
− la croûte formée par les produits de substitution du calcium (Mg(OH)2)
et de carbonatation est imperméabilisée.

C. Degré d'agressivité des eaux

Ces différentes considérations développées ci-avant ont permis de dresser un


degré d'agressivité des eaux en fonction de leur composition [Use of Concrete
in Aggressive Environments, CEMBUREAU Recommendation U.D.C.,
janvier 1978].

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Tableau VIII-2

Degré d'agressivité faible modéré fort très fort

1) Solutions :
pH 6,5 – 5,5 5,5 – 4,5 4,5 – 4,0 < 4,0

CO2 agressif * 15 – 30 30 – 60 60 – 100 > 100


(mg CO2/l)
Ammonium 15 – 30 30 – 60 60 – 100 > 100
(mg NH4+/l)
Magnésium 100 – 300 300 – 1500 1500 – 3000 > 100
(mg Mg2+/l)
Sulfate 200 – 600 600 – 3000 3000 – 6000 > 6000
(mg SO42-/l)
2) Sols :
Degré d'acidité > 20 X X X
Baumann-Gully**
Sulfate 2000 – 6000 6000 – 12000 > 12000 X
(mg SO42-/kg de sol sec)
* : CO2 en excès par rapport au CO2 équilibrant.

** : quantité d'ions H+ extraits d'un échantillon de sol dans une solution d'acétate de
sodium.

X : conditions d'attaque qu'on ne rencontre pas en pratique.

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D. Mesures préventives

Les considérations précédentes montrent que les constituants hydratés les


plus fragiles aux sollicitations sont :
− la portlandite (Ca(OH)2);
− l'aluminate tricalcique C3A.

On peut donc sélectionner des bétons résistant mieux aux agressions


chimiques :
− en utilisant des ciments à faible teneur en Ca(OH)2, pour lesquels la
portlandite se trouve à l'état combiné avec des silicates (cas des ciments
aux laitiers ou aux pouzzolanes).
La résistance chimique des ciments est d'autant meilleure que leur
indice de Vicat (SiO2 + Al2O3 / CaO) est plus élevé.
Les causes d'altérations chimiques résultent en effet de l'aptitude à
l'hydrolyse des mortiers, donc de la présence de Ca(OH)2 et
d'aluminates riches en chaux;
− en utilisant des ciments sans ou à faible teneur en C3A;
− une autre technique consiste à surdoser le ciment en sulfates, de façon à
consommer une bonne partie du C3A en ettringite primaire, pendant la
phase de durcissement.

8.1.3. Réaction alcali-silice

A. Définition

La réaction alcali-silice est une réaction qui se produit entre les alcalins du
béton (Na+, K+) et certains types de granulats, et qui donne lieu à des gels
gonflants susceptibles de détériorer le béton par des gonflements anormaux.
Pour que cette réaction se produise, il faut 4 conditions :

1) présence d'alcalins solubles (provenant principalement du ciment);

2) présence de granulats réactifs.


Il s'agit de roches contenant de la silice métastable, ou contenant des
impuretés ou des distorsions dans leur réseau cristallin, éventuellement
induites par le concassage.
Exemples :
- silice hydratée (opale);
- silice amorphe (calcédoine);
- silice microcristalline;

3) humidité importante du béton;

4) pH basique (la réaction n'a jamais été relevée sur des bétons
carbonatés).

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B. Mécanismes

Les mécanismes de cette expansion sont les suivants :

− réaction de la silice avec l'hydroxyde alcalin pour former un gel de silicate


alcalin ou de silice, à différents degrés d'hydratation.

n SiO2 + m Na OH + x H2O → n SiO2 . m Na2O . x H2O

Ce gel ne présente pas de propriétés expansives.


Si l'action est faible et sa progression modérée, il se crée une adhérence
normale entre le granulat siliceux et la pâte de ciment.
Si elle est plus prononcée, elle peut entraîner une réaction expansive;

− en présence de la chaux du ciment, une partie du Na2O est remplacée par


CaO pour former une membrane de silicates d'alcalin et de calcium.

n SiO2 . m Na2O . x H20 + y Ca(OH)2 →

n SiO2 . m-y Na2O . y CaO . x H2O + 2 y NaOH

Les alcalins sont partiellement régénérés.


Pour certaines valeurs bien spécifiques du rapport Na2O/CaO, que nous
appellerons "composition critique", ces membranes se comportent comme
des membranes semi-perméables, susceptibles de créer des cellules
osmotiques et donc des pressions osmotiques.
Au-dessus de cette composition, la membrane est essentiellement à base
de silicate alcalin et ne donne pas lieu à des gonflements. En-dessous, la
membrane riche en CaO devient rigide.
Ces pressions osmotiques attirent l'humidité présente dans le béton vers le
granulat réactif.
Il en résulte des expansions susceptibles de provoquer des désordres.

C. Source d'alcalins

Les alcalins qui doivent être aisément solubles, proviennent :


− du ciment : la cuisson de clinker en présence d'alcalins permet une
économie d'environ 150 kcal/kg par rapport à la cuisson d'un clinker à
faible contenu en alcalins;
− de pouzzolanes;
− de certains granulats altérés;
− d'adjuvants (sulfonates, par exemple);
− de contaminations extérieures telles que : eaux de mer, sels de
déverglaçage.

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D. Inhibition de l'expansion

A côté de mesures restrictives relatives au contenu total du béton en alcalins


solubles, ou à l'utilisation de granulats non réactifs, il est possible de formuler
des bétons pour lesquels l'expansion est inhibée.
En utilisant par exemple des ciments au laitier ou aux cendres volantes, en
ajoutant des pouzzolanes naturelles, des cendres volantes, des additifs de
silice hautement réactifs, ou en utilisant les granulats réactifs de manière
adéquate.
Les mécanismes de ces inhibitions sont les suivants :
− pouzzolane, silice réactive, ciments au laitier et aux cendres volantes.
Tous ces ajouts diminuent de manière importante la teneur en chaux dans
le béton (voir ci-avant).
Dès lors, la teneur en chaux résiduelle est trop faible que pour que la
composition critique Na2O/CaO soit atteinte.
Une autre possibilité est que les produits de la réaction de la chaux avec
ces ajouts viennent obturer les pores capillaires limitant la diffusion de la
chaux;
− utilisation adéquate des granulats réactifs.

On a constaté une inhibition de l'expansion lorsqu'une partie du granulat


réactif est incorporée au béton sous la forme de poudre de même finesse que
le ciment ou la pouzzolane. Cet effet peut s'expliquer de deux manières :
1. l'action expansive, nuisible et localement intense, est remplacée par une
action plus faible, diffusée dans des zones plus nombreuses;
2. en consommant des alcalins, les parties broyées du granulat déplacent la
composition Na2O/CaO en-deçà de la composition critique : la membrane
autour des granulats réactifs est rigide.

Il semble donc qu'une expansion nuisible ne pourra pas se produire en-decà


d'une granularité de 20-30 µ (pour les granulats réactifs).

E. Alcali-réaction et formation d'ettringite

Les analyses pétrographiques sur béton désagrégé par suite de la formation


d'ettringite (voir 8.1.2.B.) ont montré que, dans un certain nombre de cas,
celle-ci était accompagnée de gel provenant d'une réaction avec les granulats.
Cette situation peut s'expliquer par la réaction de sels sulfatiques sur le C3A
hydraté :

2 C3A + 3 Na2SO4 + 38 H2O →

C3A . 3 CaSO4 . 32 H2O + 2 Al(OH)3 + 6 NaOH.

En plus de l'ettringite, il se forme donc localement du NaOH susceptible


d'augmenter fortement les valeurs de pH au voisinage des granulats réactifs.

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8.2. RESISTANCE AU GEL

8.2.1. Mécanismes des dégradations

Lorsque l'eau gèle dans des matériaux poreux, tels que la pâte de ciment, trois
processus physiques vont déterminer le degré de résistance ou d'altération du béton.

♦ La transition eau-glace provoque un accroissement de volume de 9 %.


Dans le cas de pores complètement remplis d'eau, ceci causera la ruine du
béton.

♦ L'énergie libre de l'eau dans les pores est réduite, du fait des fortes interactions
de l'eau avec les parois du pore. Cela signifie que la température de
solidification de l'eau sera inférieure à 0°C. On a pu montrer que seul 1/3 de
l'humidité dans les pores capillaires gèle à – 30°C.
A – 60°C, seuls les 2/3 de l'eau se trouve à l'état solide.

♦ La transition de l'eau en glace provoque ainsi une migration de l'eau à


l'intérieur du béton :
− on observera une diffusion de l'eau non gélée des fins capillaires vers les
capillaires plus gros, déjà presque remplis de glace;
− l'eau liquide, à par exemple – 2°C, présentera une tension de vapeur
supérieure à l'eau gelée, ce qui provoquera une condensation de vapeur
d'eau sur les phases solides.

8.2.2. Saturation critique et effet des entraîneurs d'air

A cause de l'augmentation de volume durant le gel et des phénomènes de


diffusion pendant le refroidissement, une quantité suffisante de pores non remplis
d'eau doivent être disponibles afin de permettre la libre expansion lors du gel.
La valeur limite du contenu en eau provoquant des altérations est appelée le degré
critique de saturation. Ce degré critique de saturation dépend :
− de la distribution des pores;
− des conditions extérieures (possibilité d'évaporation de l'eau avant qu'elle ne
gèle);
− de la vitesse de refroidissement et de la fréquence des cycles de gel/dégel
(redistribution de l'eau);
− des possibilités de séchage entre les cycles de gel/dégel (ce qui créera des
zones d'expansion complémentaires);
− de l'âge du béton (degré d'hydratation, structure des pores et cohésion du
béton).

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Les pores dus aux entraîneurs d'air sont des pores quasi clos. Ils ne sont pas
remplis d'eau même lorsque le béton est saturé. Néanmoins, suite aux processus de
diffusion, ils sont accessibles à l'eau. Leur espacement, pour qu'ils soient efficaces,
ne doit pas excéder une valeur maximum critique, qui dépend de la sévérité des
conditions.

Comme les processus de diffusion sont, dans une certaine mesure,


irréversibles, le remplissage de pores augmentera lorsque le nombre de cycles
gel/dégel augmentera.
Ceci signifie que les altérations, dans certains cas, ne se produiront qu'après une
succession de cycles, pour autant qu'il n'y ait pas de possibilités de séchage, même
partiel, entre les cycles individuels.

8.2.3. Effets des produits de déverglaçage

L'action des sels de déverglaçage constitue une forme d'attaque beaucoup plus
agressive, caractérisée surtout par les chocs et gradients thermiques très importants
provoqués dans la tranche superficielle du béton traité. Ces chutes de température
sont dues au prélèvement , dans les couches superficielles du béton, des calories
nécessaires à la fusion de la glace.

Un autre effet significatif est le changement dans le comportement aux basses


températures de l'eau contenue dans les pores. L'eau chargée en sels a une
température de congélation plus basse mais aussi une viscosité plus élevée que l'eau
pure. Ceci réduit considérablement les possibilités de redistribution de l'eau dans les
capillaires.

8.2.4. Influence des agrégats

Les agrégats sensibles au gel absorbent de l'eau qui s'expansera durant le gel
et désagrégera le granulat et la pâte de ciment durcie.

8.2.5. Paramètres influençant la résistance au gel

Composition du béton :
− Rapport E/C et contenu en ciment.
La résistance au gel augmente lorsque E/C diminue et que la teneur en
ciment augmente.
− La distribution granulométrique des granulats.
Lorsque la granulométrie diminue, il faudra augmenter la teneur en
ciment et le contenu en bulles d'air.
− Contenu en bulles d'air globulaires.
Le contenu doit être adapté aux conditions extérieures. Leurs diamètres
doivent être inférieurs à 0,3 mm et leur teneur doit généralement
dépasser 3,5 %

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Conditions extérieures :
La vitesse de refroidissement et la fréquence des cycles, constituent les
paramètres les plus significatifs.
L'importance des sollicitations diminue fortement s'il existe des possibilités
d'évaporation de l'eau au cours des cycles de gel-dégel; ceci est déjà assuré de
manière significative à partir d'humidités relatives de 97 %.

8.2.6. Détermination de la résistance au gel

L'application du concept de "saturation critique" à l'estimation de la résistance


au gel des matériaux de construction est due à FAGERLUND [Matériaux de
Construction, 4, 23, 1971].
Selon FAGERLUND, le degré de saturation critique est une constante du matériau
qui a une valeur bien définie pour un type et une qualité donnés de ce matériau. On a
démontré qu'il se produisait des détériorations après un gel si le degré de saturation
actuel excède la valeur de saturation critique.

Le degré critique de saturation Scr est le plus haut degré de saturation qui
puisse être atteint sur une éprouvette au cours du gel sans qu'il y ait détérioration. Le
degré actuel de saturation S est le degré de saturation effectif du matériau lors des
différents gels auxquels il est soumis durant sa vie.
On tient donc compte de deux composantes pour l'appréciation :
− la composante "matériau" (Scr) et
− la composante "milieu" (Sact).

La résistance au gel est acquise si :

s . Sact ≤ Scr

où s = le coefficient de sécurité.

Il est essentiel d'établir un critère de détérioration due au gel que l'on peut
considérer comme étant le dépassement de Scr.

FAGERLUND en recommande quatre : variations du module d'YOUNG


dynamique, du frottement interne, de la longueur, de la densité apparente. Le nombre
maximum de cycles gel/dégel est de 180.

La saturation actuelle Sact introduit donc dans la méthode le facteur


environnement. On pourra donc considérer pour un béton identique des valeurs de
Sact fort différentes suivant le lieu où se trouvera l'ouvrage construit. La méthode
s'efforce donc dans sa conception de simuler le plus possible les conditions
naturelles.

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L'E.M.P.A. en Suisse a également défini un essai basé sur la saturation
critique. Les éprouvettes sont saturées à des degrés divers et soumises à des séries de
6 cycles gel/dégel. Suivant l'accroissement de volume (gonflement) mesuré, la
saturation critique Skr y est définie comme étant le degré de saturation correspondant
à un accroissement de volume moyen de 0,1 % après 6 cycles gel/dégel (entre
+ 20°C et – 25°C, durée 8 heures).

La résistance au gel est donnée par l'équation :

S = Skr – SE.

SE = saturation capillaire maximum de l'échantillon sous l'eau.

Si S ≥ 0.05 : résistance au gel élevée.


Si S ≥ 0.00 : résistance au gel faible.

En d'autres termes, la saturation critique mesurée expérimentalement doit être


au minimum légèrement supérieure à la saturation capillaire maximum de
l'échantillon.

La méthode ne permet pas de mesurer la résistance au gel en présence de sels


de déverglaçage. Comme dit plus haut, elle permet de préfigurer les conditions
admises d'environnement du futur ouvrage.

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8.3. CARBONATATION DU BETON

8.3.1. Définition

La carbonatation des bétons est l'ensemble des réactions chimiques qui ont
lieu entre le dioxyde de carbone contenu dans l'air et les composants hydratés du
ciment.
Nous avons essentiellement :

Ca(OH)2 + CO2 → CaCO3 + H2O

2 SiO2 . 3 CaO . 3 H2O + 3 CO2 → 3 Ca CO3 + 2 SiO2 + 3 H2O

4 CaO . Al2O3 . 11 H2O + 4 CO2 → 4 CaCO3 + 2 Al(OH)3 + 8 H2O

8.3.2. Effets de la carbonatation

La carbonatation du béton a les effets suivants :

a) améliorations des résistances mécaniques :


les résistances mécaniques augmentent de 70 à plus de 200 %, en fonction de
la nature du ciment.
Les ciments Portland donnent les gains les plus élevés;

b) diminution de la porosité :
la transformation de Ca(OH)2 en CaCO3 se fait avec une augmentation de
volume de l'ordre de 11 % s'il se forme de la calcite.
Il semble que Ca(OH)2, sous l'effet des transports ioniques, se déplace et se
dépose dans les pores du béton, qui vont être colmatés sous l'effet de la
carbonatation;

c) diminution du pH du béton :
l'effet le plus important de la carbonatation concerne la diminution du pH de
l'eau interstitielle due à la transformation de Ca(OH)2 en CaCO3.
Dans un béton non carbonaté, le pH est essentiellement déterminé par la
présence de Ca(OH)2.

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− pH d'une solution saturée d'hydroxyde de calcium
L'hydroxyde de calcium est une base peu soluble dans l'eau. Son produit de
solubilité vaut 5,3.

[Ca2+] [OH-]2 = 10-5,3 (1)

L'hydroxyde dissous se dissocie complètement en

Ca(OH)2 → Ca2+ + 2 OH-

Le pH est donné par la relation :

pH = 14 + log [OH-] (2)

L'introduction de (1) dans (2) permet de calculer :


pH = 12,33 pour une solution saturée d'hydroxyde de calcium.
En tenant compte du produit ionique de l'eau :

KH20 = [H3O+] [OH-] = 10-14,

on trouve, à partir de (1) que la solubilité théorique de l'hydroxyde de calcium


est de 810 mg Ca(OH)2 par litre.

Signalons aussi que le béton est un milieu fortement tamponné, c'est-à-dire que
la quantité de Ca(OH)2 se solubilisant dans l'eau interstitielle et fixant le pH à
12,33 est très faible par rapport à la quantité disponible.

Considérons, pour se fixer les idées, le cas d'un béton à 300 kg de ciment
Portland, contenant 1,5 % d'eau.
La quantité de Ca(OH)2 libérée par le durcissement du ciment est de 75 kg/m³.
Pour saturer l'eau interstitielle d'1 m³ de béton (soit ± 35 litres, pour une densité
de 2,35), il faut environ 28 g de Ca(OH)2, soit moins de 0,04 % de Ca(OH)2
disponible.

Compte tenu des faits que :


− les valeurs de pH de l'eau interstitielle étant fixées par une quantité faible
de Ca(OH)2);
− les réactions chimiques de carbonatation étant nettement plus rapides que
la diffusion du CO2, du moins dans les bétons extérieurs;

le passage de la zone de pH neutre à la zone de pH alcalin se fait de manière


abrupte.

Pour les bétons intérieurs, le passage est plus graduel, ce qui est dû à un
ralentissement des réactions de carbonatation des produits hydratés autres que
Ca(OH)2. Ces considérations sont résumées à la Figure VIII-1.

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8.3.3. Profondeur de carbonatation

Dépendance du temps

En première approximation, la profondeur de carbonatation est liée à l'âge de


l'ouvrage en béton par une relation du type :

s=k. t

dans laquelle s = profondeur de carbonatation


t = temps
k = constante de vitesse de carbonatation.

Influence de l'humidité atmosphérique

La vitesse de carbonatation est maximum lorsque l'humidité de l'air est


comprise entre 40 et 80 %.
Une éprouvette de béton ne se carbonate pratiquement pas dans l'eau ni dans
l'air très sec (voir Figure VIII-2).

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Figure VIII-1 : évolution du pH en fonction de la profondeur

Figure VIII-2 : degré de carbonatation en fonction de l'humidité relative

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− Dans une atmosphère saturée d'eau, le gel de ciment adsorbera
d'importantes quantités d'eau (± 20 % de son poids), ce qui aura pour
effet de fermer un grand nombre de pores, et donc de soustraire le
Ca(OH)2 à l'action du CO2 par un effet de barrière mécanique.

− Par contre, on sait aussi que le CO2 sec ne réagit pratiquement pas avec
Ca(OH)2 sec.
A la température ordinaire, pour que la réaction se produise avec une
vitesse appréciable, il faut que le CO2 soit ionisé, c'est-à-dire en solution.

Ces deux phénomènes antagonistes conduisent à un équilibre et, pratiquement,


dans l'air, on observe une vitesse de carbonatation maximale pour une humidité
relative voisine de 50 %.

Ces considérations signifient qu'en pratique la vitesse de carbonatation va en


grandissant dans le sens :
− béton extérieur en surface horizontale;
− béton vertical extérieur, orientation pluies battantes;
− béton vertical extérieur, à l'abri de la pluie;
− béton intérieur.

Influence des caractéristiques du béton

La carbonatation est affectée par la diffusion du CO2 dans le béton.


Dans des conditions stationnaires, nous avons :

c1 - c 2
d Q = DB AD . . dt (1)
x

dans laquelle :

dQ = quantité de CO2 diffusé (en g)


AD = section perpendiculaire au flux (en cm²)
c1 = concentration en CO2 à l'extérieur du béton (g/cm³)
c2 = concentration en CO2 à la limite de la zone carbonatée
x = profondeur de carbonatation en cm
t = temps en sec.
DB = coefficient de diffusion du CO2 dans le béton carbonaté
(en cm²/sec).

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Si on admet que le CO2 diffusé réagit avec les produits hydratés du ciment à
la limite entre zones carbonatée/non carbonatée, et que cette réaction est
complète, avant qu'il ne diffuse au-delà de cette limite, on peut écrire :

d Q = a A dx (2)

dans laquelle :
a = quantité de CO2 nécessaire pour carbonater la totalité des
produits hydratés du ciment (en g/cm³).

A partir de (1) et (2), on obtient :

D B (c1 - c 2 )
x dx = . dt
a

En intégrant, nous obtenons la profondeur de carbonatation x au temps t

2 D B (c1 - c 2 )
x= .t
a

comme c2 = 0, nous avons :

x=k t avec

2 D B . c1
k= = constante de vitesse de carbonataton .
a

Cette relation permet de tirer les conclusions suivantes :

− le facteur (a) est en relation avec la concentration en produits


"carbonatables" dans le béton.
Un béton présentera donc une résistance à la carbonatation d'autant
meilleure qu'il est riche en Ca(OH)2.
La teneur en Ca(OH)2 dépend :
- de la teneur en ciment;
- du type de ciment : un ciment Portland, riche en chaux, se carbonatera
moins vite que les ciments métallurgiques;
- de la présence d'additifs pouzzolaniques tels que les cendres volantes
ou la fumée de silice, qui consomment la chaux disponible pour durcir;

− le facteur DB dépend de la porosité du béton et du degré d'humidité


relative.

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Le Tableau VIII-3 ci-dessous reprend quelques valeurs moyennes.

Tableau VIII-3

B15 B25 B35 B45 B55


DB (cm²/s)
(béton à l'abri) 3,010-4 1,910-4 1,110-4 0,610-4 0,2510-4
DB (cm²/s)
(béton soumis aux 1,510-4 0,910-4 0,510-4 0,310-4 0,1210-4
précipitations)

A titre d'information, le coefficient de diffusion de CO2 :


− dans l'air : 0,14 cm²/sec;
− dans le béton cellulaire : 0,05 cm²/sec.

Influence de l'atmosphère

La teneur en CO2 dans l'air dépend du type d'atmosphère.

− Valeur normale : ± 600 mg/m³ (soit 0,03 % en volume).


− Atmosphère urbaine : 600 à 2000 mg/m³.

La Figure VIII-3 montre la relation entre la profondeur de carbonatation et la


résistance du béton.

Figure VIII-3 : profondeur de carbonatation en fonction du temps (années)


et de la résistance du béton

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