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POLITIQUE PUBLIQUE DANS LES TRANSPORTS URBAINS ET


PROBLEMATIQUE DE FINANCEMENT DES SYSTEMES DE
TRANSPORTS URBAINS COLLECTIFS EN ALGERIE :

QUELLES SOURCES PERENNES POUR LES SUBVENTIONS


D’EXPLOITATION ?

Farès BOUBAKOUR 1 & Mohamed BOUGUELAA 2 ;

Laboratoire: Management-Transports-Logistique (LMTL)

Université Hadj Lakhdar -Batna.

Introduction
Depuis longtemps déjà mais davantage de nos jours, tout le monde s’accorde à dire qu’une
politique publique dans le domaine des transports et plus particulièrement dans les transports
urbains collectifs est nécessaire. Les raisons sont nombreuses :

 les transports constituent un service public ;


 les transports sont un facteur de développement. Certains disent même que le transport
est un facteur de production au même titre que le capital et le travail ;
 certains types de transport sont vus comme étant des monopoles naturels tant les
charges fixes sont importants et qu’il est, du coup, économiquement rentable de
constituer une seule entité de production qui est souvent publique et au minimum
semi-publique ;
 les transports sont générateurs d’importantes externalités négatives qui nécessitent
forcément une politique publique conséquente (pollution et nuisances de tous genres).

D’autre part, l’expérience a montré que la non intervention publique dans les transports
amplifierait les désavantages et minimiserait les potentiels de développement des économies
et des territoires. En un mot, l’absence d’une politique publique dans le domaine des
transports urbains impliquera une mauvaise allocation des ressources aboutissant à des
situations que l’on peut qualifier de non durables tant sur le plan économique, que social et
environnemental.

La politique publique se traduit par la fixation des objectifs à atteindre par le système de
transports en termes d’accès à la profession, en termes de qualité de service (ponctualité,
1
Professeur, directeur du laboratoire de recherche : Management-Transport-Logistique. (LMTL). Université
Hadj Lakhdar –Batna.
2
Magistrant, Laboratoire de recherche : Management-Transport-Logistique. Université Hadj Lakhdar –Batna
(Algérie).

1
régularité, sécurité, etc.), par des tarifs à appliquer, des couvertures spatiales et temporelles à
confier aux opérateurs, par une équité entre les usagers et les territoires etc.. Ces
considérations se traduisent par des aspects réglementaires et des cahiers de charges. En plus,
des ces aspects là, les pouvoirs publics doivent définir les structures d’évaluation et de
contrôles mais aussi les mécanismes de financement des investissements et de l’exploitation
des services collectifs généralement urbains et suburbains.

Dans la présente communication, nous voudrions montrer les impacts de la déréglementation


et la libéralisation des transports urbains algériens (caractérisée par un désengagement franc
de l’Etat dès 1988). D’autre part, nous mettrons en évidence les enjeux de cette situation non
durable tout en soulignant l'intérêt du retour récent de l’Etat par le biais d’une politique
publique conséquente. Enfin, nous présenterons quelques pistes de réflexion d’une politique
publique de financement à mener en vue de la mise en place d’une subvention d’exploitation
des services de transports urbains collectifs métro/tramways. Nous traiterons donc les quatre
points suivants :

1- Les transports collectifs urbains algériens après la libéralisation : sur quelques


conséquences de l’absence d’une politique publique dans les transports urbains collectifs ;

2- le développement de l’usage de la voiture particulière en Algérie qui serait à terme le


principal enjeu de l’absence d’une politique publique conséquente dans les transports urbains.

3- La politique publique algérienne pour le développement des transports collectifs urbains de


qualité (bus/métro/tramways).

4- La problématique de financement : quelques pistes de réflexion pour la subvention de


l’exploitation des transports collectifs urbains.

1- Les transports collectifs urbains algériens après la libéralisation : sur quelques


conséquences de l’absence d’une politique publique dans les transports urbains collectifs.

Si le choix de la libéralisation a favorisé, il est vrai, une plus grande offre de transport qui n’a
rien à voir avec la pénurie des moyens d’avant la libéralisation, et a couvert la plus grande
partie des besoins de déplacement (voire avec des capacités excédentaires), la libéralisation
n’a pas été qualitativement au niveau que l’on pourrait espérer. Les principaux impacts ont été
les suivants :

1. Disparition des opérateurs historiques locaux.

A la suite de la libéralisation et de la politique de déréglementation opérées dès 1988, les


marchés de transports urbains ont connu des bouleversements en profondeur. Hormis la
capitale Alger où l’opérateur public principal ETUSA a été préservé, les opérateurs
historiques locaux ont fini par disparaître dans la plupart des villes du pays. La part du marché

2
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des opérateurs privés sur les services réguliers est de 100 % dans des pôles urbains comme
Batna, Skikda, Tiaret, Annaba, Sétif, etc. Le résultat des liquidations et du désengagement de
l’Etat, au niveau national, a fait que le parc public (étatique) en termes de places offertes ne
représentait plus en 2003 que 2,65 % de l’ensemble du parc en circulation dont plus de 82% à
Alger.

1.1 Explosion de l’offre, foisonnement des opérateurs et surcapacité.

Dès le début des années 90, la quasi-totalité des opérateurs historiques urbains ont disparus.
En contrepartie, il a été observé l’éclosion de nombreux opérateurs privés de transport sous
forme de très petites entreprises disposant le plus souvent d’un à deux véhicules.

Toutefois, tout le monde d’accorde à dire que l’accroissement notable de l’offre s’est effectué
sans véritable maîtrise, ni contrôle et sans obligation de respect d’un cahier des charges3. En
effet, un nombre impressionnant d’opérateurs privés a vu le jour dans la totalité des villes du
pays. Ils se comptent désormais par centaines à l’intérieur d’une seule ville ! En 2008, on a
recensé plus de 4000 opérateurs dans la seule ville d’Alger.

En plus de la surcapacité observée, cette atomisation de l’offre a eu bien entendu des


répercutions négatives multiples sur le plan de la mise en œuvre de toute politique de
transport urbain, sur l’environnement, sur la rentabilité des entreprises, leur capacité de
renouvellement, sur la qualité et la lisibilité de l’offre, etc.

Pour cause de surcapacité observée dans toutes les villes du pays, les nouvelles demandes de
licences d’exploitation ont été gelées durant plusieurs années. Mais, depuis 2010 ce gel a été
levé et tout nouveau demandeur pourra avoir une autorisation d’exploitation relativement
rapidement. En 2008, le nombre de transporteurs urbains était de 12.410 à l’échelle nationale.
Aujourd’hui, on parle de 27.000 opérateurs.

1.2 La qualité de service dans les transports collectifs urbains.

Des nombreuses analyses4 ont montré que le problème actuel qui se pose est celui de la
qualité de service dans les transports collectifs. Certaines études ont donné les résultats
suivants :

- en termes de caractéristiques temporelles, les réponses sont plutôt nuancées. La majorité des
personnes interrogées semble plutôt satisfaite de l’offre sur les plans de la ponctualité, la
régularité, et la durée du trajet. Ce point de vue plutôt inattendu, par rapport à l’hypothèse de
base que nous avons formulée, fût expliqué comme suit. Il faudrait savoir à la base qu'il
n'existe pas d’horaires de départ et dans la plupart des cas le bus part au signal du « délégué »
3
La libéralisation s’est effectuée durant la période de troubles politiques graves qu’a vécus l’Algérie (les années
90). Du coup, la régulation n’était évidement pas une priorité à ce moment là.
4
Pour davantage de détail, Cf. Farès Boubakour : « Transports urbain et développement durable : cas de la ville
de Batna ». Rapport final d’un projet de recherche financé par le Centre de Recherche d’Economie Appliquée au
Développement. (CREAD), Alger. 2007-2009.

3
: personne chargée par les opérateurs pour organiser les délais d’attentes par ligne au niveau
des stations (en bout de lignes). Ainsi, les utilisateurs considèrent en grande majorité, qu’il y a
ponctualité du fait qu’ils arrivent à partir relativement rapidement eu égard à la fréquence
élevée des départs (due à la surcapacité). Ceci dit, les observations faites sur le terrain ont
permis de se rendre compte que les opérateurs ont tendance à essayer de rester un peu plus de
temps au niveau des différents arrêts afin de ramasser le maximum de clients. Et comme tous
les opérateurs ont la même pratique, ils auront en moyenne le même nombre de clients mais
causent en revanche un ralentissement du système de transport collectif dans sa globalité.

- En matière d’accueil (personnel, propreté et information), les impressions recueillies


sont plutôt moyennes. Les usagers considèrent que si la propreté est plutôt acceptable,
l’accueil du personnel de bord ainsi que l’information devraient être améliorés. Le
facteur confort (ambiance, état des sièges et dérangement) reste moyen mais peut être
variable d’une ligne à une autre et avec de fortes disparités parfois. Certaines
personnes interrogées signalent rencontrer souvent des bus surchargés, la musique
forte, les mauvaises odeurs, etc.

- Par contre, ces mêmes études ont montré que les principaux problèmes étaient centrés
sur la sécurité/sûreté (conduite, état du bus, agression), et sur la qualité des arrêts et
stations (organisation, pollution et aménagement). Les utilisateurs ont une mauvaise
impression de la conduite souvent qualifiée de dangereuse ! Ce sont principalement les
utilisateurs de fourgons qui ont donné cette réponse. La réponse des utilisateurs
d’autobus 100 places est beaucoup plus nuancée. L’indicateur arrêts et stations
mériterait plus d’attention. En effet, la réponse de la totalité des interrogés est
frappante puisqu’elle constitue le niveau d’insatisfaction le plus élevé. Sur ce dernier
point, on peut vérifier effectivement sur le terrain la désorganisation qui règne sur
certaines stations. Les stations ne sont pas matérialisées, mal indiquées et sont parfois
à même le trottoir ; ce qui cause une congestion et des bouchons sur les voies de
circulation. Les utilisateurs se plaignent également de la pollution sonore et de
l’atmosphère irrespirable. Enfin, sur l’itinéraire, les usagers sont souvent désorientés
compte tenu de l’insuffisance des aménagements et des abribus.

Enfin, des usagers ont signalé l'éloignement des lignes de bus de chez eux. Cette situation les
contraint à effectuer de longs trajets à pied pour rejoindre l’arrêt le plus proche. La marche à
pied peut dépasser 20 Mn. Certains se sont même plaints de l’absence totale de lignes de bus
dans leur quartier.

En conclusion de ce point, nous pouvons dire que la libéralisation des transports a eu des
avantages : elle rendu les moyens disponibles mais l’activité de transports urbains n’a pas été
suffisamment encadrée pour pouvoir produire les effets attendus. De toute façon, un
désengagement total de l’Etat ne pouvait pas à l’évidence se faire. Dans notre cas algérien, il
est vrai aussi que la décennie noire a pesé énormément sur le déroulement du processus de la
libéralisation des transports. Pendant la crise, il y avait d’autres priorités que celles
d’organiser les transports. D’un point de vue global, il faut avoir à l’esprit que toutes les villes

4
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de part le monde ont gardé la main sur les transports urbains tant les enjeux sont importants.
L’enjeu le plus important est celui du danger de la généralisation de l’usage de la voiture
particulière dans les villes avec tous les aspects de non durabilité qui caractérisent l’usage de
la voiture. La voiture est partout vue aujourd’hui comme l’ennemi à abattre dans les villes.
L’alternative étant les transports collectifs de qualité (métro/tramway, BRT, mode doux, etc.).
Or, le niveau de vie des algériens s’est accru significativement ces derniers années, et, le taux
de motorisation risque d’exploser. Voyons cet enjeu dans le point ci-après.

2- Le développement de l’usage de la voiture particulière en Algérie serait à terme le principal


enjeu de l’absence d’une politique publique conséquente dans les transports urbains.

Avant de parler du développement de la voiture particulière, il est opportun de souligner le


développement spectaculaire du transport par taxi clandestin. Ce dernier a connu un
développement dans la quasi majorité des villes du pays.

A défaut du bus, de nombreux usagers recherchent le taxi même s’il est clandestin pour les
qualités qu’offre cet outil à savoir un transport à la demande permettant la flexibilité, rapidité,
et le porte à porte. Compte tenu du nombre insuffisant de taxi «officiel», les clandestins ont
répondu à la demande.

2. le transport informel par taxi clandestin en attendant ....

Aujourd’hui, le transport par taxi clandestin est une activité tout à fait banale dans la plupart
des villes algériennes. Leurs stations, improvisées, sont partout présentes dans les différents
quartiers des villes. Cette activité s’est développée et a explosé depuis quelques années. La
crise économique, le Programme d’Ajustement Structurel, la vague de licenciement qui s’en
est suivie et le chômage structurel, expliquent le phénomène. De notre point de vue, il est
possible toutefois de rajouter d’autres considérations :

 En premier lieu, l’insuffisance voire l’absence de contrôle et de sanction ;


 La possession du capital (la voiture) qui ne constitue pas une barrière à l’entrée du
marché ;
 L’existence d’une demande de déplacement latente insatisfaite due à un déficit
quantitatif en nombre de licences de taxis urbains mais aussi qualitatif en termes de
transport collectif.

Ce type de transport est devenu un mode à part entière. Les taxis clandestins offrent un
système de transport à la demande, souvent meilleur marché, qui fonctionne en continu de
jour comme de nuit vers toutes destination en urbain, interurbain voire même à l’international
avec des départ vers la Tunisie ou la Libye (avant la crise) pour l’Est du pays. Les
transporteurs informels proposent une qualité de service très appréciée par les clients. Les
tarifs sont négociables, le clandestin attend le client ou revient le récupérer. Le transporteur

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clandestin propose des formules d’abonnements, accompagne les enfants à l’école, les ramène
le soir, offre le journal à lire au client, etc..

2.1. ... d’acheter sa propre voiture.

L'amélioration du niveau de vie des algériens ces dernières années a eu un impact direct sur
l’accroissement des taux de motorisation. L'accroissement du taux de motorisation a été plutôt
léger et progressif sur la période 1990-2000. Toutefois dès 2001, ce taux a accusé une forte
progression. Il a quasiment doublé sur la période 2001-2008. Cette nette augmentation est due
au développement et à la croissance économique du pays observés durant la dernière
décennie. Dans ce contexte favorable, les concessions automobiles ont fleuries et les ventes
on été dopées par le crédit automobile. Les Algériens se sont rapidement équipés de voitures.
A noter que la procédure d'achat à crédit a fait l'objet d'un gel en 2009 avec l’instauration
d’une nouvelle taxe sur l’achat de voiture neuve importée.

En dépit du gel du crédit automobile et de la taxe sur les véhicules neufs, la tendance n’a pas
été freinée. Avant le gel et la taxe, l’Algérie importait entre 200.000 et 250.000 véhicules/an
en moyenne. Avant la fin de l’année 2011, les chiffres provisoires donnaient une importation
de véhicules qui dépasse les 350.000 véhicules. Cette explosion de l’importation de véhicules
en 2011 est à expliquer à travers les augmentations importantes de salaires qu’ont connues
tous les secteurs avec un effet rétroactif depuis janvier 2008. Du coup, de nombreux Algériens
disposaient d’arriérés importants pouvant financer facilement l’achat d’une voiture. Tous les
concessionnaires automobiles sont dépassés par la demande et les commandes sont en
souffrance à tel point que les voitures récemment achetées sont revendues sur le marché
d’occasion, paradoxalement, à des prix équivalents voire même parfois supérieurs au prix
d’une voiture neuve pour certains modèles !

En matière de déplacements motorisés, une tendance lourde à l’usage de la voiture


particulière est là et elle se renforce. En Algérie, tout le monde aspire à l’achat d’un véhicule
particulier et ce, compte tenu d’un certain nombre de facteurs :

- coût d’exploitation de la voiture qui est relativement bas : un carburant bon marché,
notamment le gasoil qui est au prix de 13 DA le litre, alors que le prix en Europe est
autour de 1,50 Euros ;5
- ouverture de concessions d’automobiles partout dans le pays avec un marketing
agressif ;
- tendance à la baisse des prix des véhicules neufs (voitures importées de Chine
notamment) avec une conséquence d’écrasement des prix sur le marché de l’occasion
à terme ;
- dysfonctionnements observés dans les transports collectifs comme décrit plus haut ;
5
Durant de longues années, un peu moins maintenant compte tenu du phénomène de congestion que
connaissent la plupart des villes algériennes, les gens prenaient leur voiture pour se « balader » en tournant
en ville sans arrêt et sans descendre de leur voiture tant le coût du carburant est vu comme négligeable. Le
problème pour beaucoup de personnes, c’est acheter la voiture. Une fois la voiture achetée, le reste des coûts
est gérable.

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- et enfin, l’existence de certaines considérations historiques, culturelles et


sociologiques favorisant l’achat de la voiture.

Avec l’amélioration des niveaux de vie dans les années à venir (pétrole de plus plus en cher),
les taux de motorisation risquent d’exploser davantage. Des tendances lourdes risquent de se
renforcer et il sera de plus en plus difficile de les infléchir. Il est important d’agir le plus tôt et
très à l’amont pour mettre en place des systèmes de transports collectifs modernes et de
qualité. En effet, la voiture est un outil formidable de mobilité mais devient rapidement un
problème quand tout le monde l’utilise pour tout type de déplacement en ville. La voirie est
vite congestionnée et on sera obligé d’aménager, d’agrandir, d’investir, etc. ; invitant à
chaque la voiture (effet d’appel). Et le problème prend de l’ampleur à chaque cycle et cela
n’en finit pas. La solution est développer des transports collectifs de qualité de grande
capacité à même d’offrir aux citadins des alternatives crédibles pour effectuer les transports
pendulaires (domicile/travail, domicile/école). La voiture sera utilisée pour les autres types de
déplacements (urgences, courses, vacances, etc.). Voyons ci-après la politique publique que
développe l’Etat en matière de transports de qualité et de grande capacité (Métro/tramways).

3. Une politique publique pour le développement des transports collectifs


urbains de qualité (bus/métro/tramways) :

Le constat étant établi depuis quelques années, la nouvelle politique des transports urbains
signe la reprise en main des transports urbains par l'Etat après une période de
déréglementation et de libéralisation qui ont montré leur limite. Le problème a d’abord été de
gérer la rareté de l’offre, le quantitatif. La libéralisation a solutionné le problème. Le
problème qui s’est posé par la suite a été celui de gérer les impacts négatifs de la dérégulation.
Pour ce faire, les autorités algériennes ont mis en place un programme ambitieux ayant pour
objet la mise en place d’un système de transports urbains de qualité qui réponde globalement,
peut-on dire, aux besoins d’un développement durable.

Dans l'optique de solutionner les problèmes vécus dans les transports terrestres y compris
dans les transports urbains, l'Etat algérien s'est impliqué fortement ces dernières années en
tant qu'acteur/régulateur dans le secteur. Le retour de l'Etat est grandement favorisé par
l'envolée du prix du baril de pétrole. Ainsi, de grands projets d'investissements lourds et
structurants sont lancés et des budgets faramineux ont été alloués dont les montants n'ont
jamais été atteints auparavant dans les domaines des infrastructures routières et ferroviaires
mais aussi en équipements, etc.).

De notre point de vue, le retour de l’Etat dans les transports est là et il faut s’en féliciter. Les
choses évoluent dans le sens de la mise en place en Algérie, à terme, d’un système de
transport urbain collectif moderne qui contribuera à préserver l’environnement dans la mesure
où il sera une bonne alternative au développement excessif de l’usage de la voiture
particulière, comme décrit précédemment.

7
Trois points caractérisent essentiellement la politique publique en construction dans le
domaine des transports urbains.

3.1 Investissement massifs Métro et tramways :

En plus du métro d’Alger, mis partiellement en circulation, il y a les projets de tramways : au


départ, il était question du lancement d’une dizaine de projets de tramways dans les plus
grandes agglomérations du pays, mais au dernier trimestre de 2011, il a été décidé de rajouter
de nouvelles études de faisabilité de projets de tramways pour d’autres agglomérations. Il y a
19 projets au total aujourd’hui dont celui d’Alger (en partie fonctionnel : la ligne Bordj El
Kiffan- Bab Ezzouar) ; celui d’Oran et Constantine sont en cours de réalisation et tous les
autres sont à divers niveaux d’avancement en termes de procédures d’appel d’offre de
réalisation ou d’études de faisabilité. Une fois tous les projets de tramways fonctionnels avec
toutes lignes projetées réalisées, la mobilité connaîtra indéniablement une révolution dans les
grandes villes algériennes.

3.2 Regroupement des opérateurs et réorganisation des transports par bus.

Pour gérer la situation actuelle caractérisée par un foisonnement d'opérateurs privés de


transport urbain, il est opportun de trouver des dispositifs à même d’encourager les
regroupements des opérateurs par ligne ou secteur géographique. Le regroupement, sous
forme de SPA par exemple, devrait permettre de fédérer les moyens, d’opérer des
péréquations sur les lignes non rentables, de diminuer le nombre d’interlocuteurs, et
d’entraîner la création d’une structure administrative et de gestion adaptée dès l’atteinte d’une
masse critique donnée.

Chez les opérateurs, la tendance serait d’envisager une formule de regroupement avec 40
véhicules par entité en moyenne. Pour ces artisans, l’intégration dans une structure regroupée
signifiera que des services communs de gestion seront assurés, ce qui allégera leur travail. Il
s’agit aussi pour eux d’une option stratégique face aux entreprises publiques déjà
fonctionnelles que nous dériveront plus bas, et les tramways en perspective. Aujourd’hui, le
problème du regroupement des opérateurs reste toujours posé et il a même pris davantage
d’ampleur car de très nombreux nouveaux opérateurs ont accédé récemment au marché
comme indiqué précédemment. La solution6 n’est pas encore trouvée et il est difficile de
convaincre l’ensemble des opérateurs car certains connaîtraient une baisse importante de leur
revenu en cas de regroupement.

6
Plan Bleu : « les obstacles à l'application de la planification du transports urbain pour le développement
durable à Batna ». Le compte-rendu de l’atelier de réflexion prospective fait à Batna (Algérie) les 10 et 11
septembre 2005. http://www.planbleu.org/publications/atelier_batna.pdf

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3.3 Réintroduction d’une entreprise publique de transport urbain dans les chefs lieu des
wilaya

Des entreprises publiques de transports urbain par bus ont été récréées. Au départ, de telles
entreprises ont été lancées dans les grandes villes (Alger (toujours Etusa), Oran, Constantine
et Annaba, Sétif, et Batna) et sont actuellement en exploitation. Depuis quelques temps, cette
politique a fait l’objet d’une généralisation à toutes les wilayas du pays.

L’objectif de la création de ces entreprises est la dynamisation de la concurrence (avec les


opérateurs privés). La recréation d’une entreprise publique pourrait, par effet d’entraînement
ou par un mécanisme de benchmarking, améliorer la qualité de service, mieux organiser le
marché et pousser, du coup, les opérateurs privés à d’éventuels regroupements.

3- La problématique de financement : Quelques pistes de réflexion pour le financement des


subventions d’exploitation des transports collectifs urbains.

Si les investissements sont financés sur fonds publics (embellie financière due à
l'augmentation des prix du pétrole), le problème qui se pose déjà est celui du financement de
l'exploitation pour assurer une pérennité du système7. Les prix d'un ticket de voyage sur le
tramway est fixé à 20 DA alors qu’il couterait autour de 55 DA et le ticket de métro est de 50
DA le voyage, alors que le coût moyen du ticket est estimé à 88 DA. En dépit de ces prix déjà
subventionnés, le problème est que ce niveau de prix reste encore élevé au regard du niveau
de vie algérien mais aussi au regard du prix du ticket du bus qui est entre 10 et 15 DA. En
plus, une intégration tarifaire est nécessaire à termes. Nous proposons ci-après quelques pistes
de réflexion qui pourraient être approfondies par des études supplémentaires.

- Dynamiser et réformer le fonds de soutien des transports collectifs :

Le Fonds de Soutien aux Transports collectifs est déjà fonctionnel. Serait-il suffisant à terme
? Il est actuellement alimenté par la taxe sur véhicule neuf. Faudrait-il encourager l’achat des
voitures neuves pour lui donner plus de moyens financiers ? Dans l’affirmative, ce serait un
véritable paradoxe. D’autres part, est-il aussi équitable qu’un provincial finance le transport
collectif algérois en achetant une voiture neuve alors qu’il habite Tamanrasset ?

- Une taxe transport imposée sur les entreprises :

Faudrait-il créer une sorte de taxe touchant les entreprises à l’instar du versement transport
français ? Cette piste reste intéressante mais le problème est que les entreprises ne sont pas
réparties de manière plus ou moins égale sur le territoire. Certaines agglomérations ne
disposent que d’un tissu industriel peu dense contrairement à d’autres situées sur le littoral
notamment. Quelle péréquation pourrait-on imaginer ?

7
Nous ne n’aborderons pas la tarifications des infrastructures et le péage autoroutier.

9
- Une taxe sur les carburants :

Faudrait-il taxer les carburants qui sont extrêmement bas (voire subventionnés par rapport aux
prix internationaux) ? Il y a là un potentiel financier énorme et en même temps cette action
réduirait la consommation de carburant et l’usage de la voiture. Cette solution est tout
particulièrement intéressante pour peu qu’il faille voir de près la réaction sociale en cas
d’augmentation des prix des carburants. Il faudrait un effort de communication conséquent.

- Taxation urbaine :

On pourrait envisager une taxation urbaine sur l’accès de la voiture en hyper centre. La
taxation urbaine aura l’avantage de gérer la capacité de la voirie en termes de stationnement et
apportera des moyens financiers permettant de couvrir les charges de l’entreprise qui gérera
ce dispositif (horodateurs, fourrière, employés, etc.). Elle permettra aussi de dégager des
surplus financiers pour la subvention de tickets pour les équipements lourds
(métro/tramways).

Ces choix ne sont pas exclusifs et on pourrait bien entendu les conjuguer et les mettre en
place à la fois.

Conclusion:

Pour conclure, nous aimerions insister sur un aspect clé qui permettra de réussir une bonne
politique publique dans les transports urbains. Il s’agit de la structure qui aura à gérer le
système de transport urbain dans sa globalité. Actuellement, au plan de la gestion du marché
des transports urbains, les instruments en vigueur ne permettent pas de gérer la nouvelle
situation. En effet, pour le moment le Ministère des Transports et les Directions de Transports
de la Wilaya (DTW) jouent le rôle d’autorité organisatrice mais avec d’énormes difficultés.
L’apparition de plusieurs modes et opérateurs (métro/tramways), une autorité organisatrice est
nécessaire pour gérer multimodalité et la complexité du nouveau système. La nouvelle
autorité organisatrice à mettre en place aura pour charge de garantir la bonne gouvernance,
d’opérer les contrôles, de s’assurer du respect des cahiers des charges et des obligations de
service public par l'ensemble des opérateurs. Cette autorité assurera également l’intégration
du réseau au profit des usagers. Au plan du financement, elle percevra les subventions et
procédera à des répartitions de façon juste et équitable entre les différents opérateurs : bus,
métro et tramways en fonction des activités de chacun et en fonction de la logique
d’intégration tarifaire retenue.

Pour terminer et afin que la politique publique dans les transports urbains puisse arriver à
atteindre ses objectifs, il est nécessaire non seulement d’oeuvrer au plan des transports mais
aussi agir sur la mobilité. Cette vision globale à mettre en place doit prendre en compte aussi
l’aménagement du territoire, le développement des pôles d’échange et de Park-relais,

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favoriser l’intermodalité, la promotion de la ville compacte, l’encouragement de la


polycentralité urbaine, etc.

Bibliographie
Farès Boubakour : "Développement de l'usage de la voiture particulière en Algérie : quel
arbitrage avec le transport collectif". Actes de conférence Internationale CODATU XIV
2010. Buenos Aires (Argentine). Thème de la conférence : Transport durable et qualité de vie
en ville. Lien : http://www.codatu.org/wp-content/uploads/Développement-de-lusage-de-la-
voiture-particulière-en-algérie.-Cas-de-la-ville-de-Batna-Farès-Boubakour.pdf

Farès Boubakour et Lila Guettaf : "Sur certains aspects structurels en transport urbain en
Algérie : la nécessité d’aller vers des transports durables". Revue Vies des villes N° 12.
Alger, juillet 2009.

Farès Boubakour : "Le transport artisanal : le cas de la ville de Batna (Algérie) : Evolution et
perspectives". Paru page 61 à 77 dans l'ouvrage "le transport artisanal dans les villes
méditerranéennes". Sous la coordination scientifique de Xavier Godard. Les collections de
l'INRETS, Paris, 2008.

Farès Boubakour et Aïssa Merazga : « Planification du transport urbain et développement


durable: Quelques réflexions à propos de la ville de Batna (Algérie). » Revue TRANSPORTS
N° 437 mai-juin 2006. Editions techniques et Economiques. Paris.

Farès Boubakour : « Les transports de personnes à Batna : entre formel et informel. »


Ouvrage collectif. « Transports urbains et Interurbains en Algérie. » Dirigé par Chantal
Chanson-Jabeur et Saïb Musette. CREAD (Alger) le GRAMAMO/SEDET (Paris). 2003

Farès Boubakour : « Le transport collectif en milieu urbain : la nécessité de repenser le


Service public : le cas de la ville de Batna » Actes du colloque : « Gouvernance locale et
développement territorial : le cas des pays du Sud ». Dirigé par Améziane Fergane.
L’Harmattan, 2004

Farès Boubakour « Le transport collectif par bus en milieu urbain : impacts de la


déréglementation. Cas de la ville de Batna (Algérie). In, TRANSPORTS n°414. Editions
techniques et économiques PARIS, Juillet- août 2002.

Farès Boubakour : « Transports urbain et développement durable : cas de la ville de Batna ».


Rapport final d’un projet de recherche financé par le Centre de Recherche d’Economie
Appliquée au Développement. (CREAD), Alger. 2007-2009.

11
Plan Bleu : « les obstacles à l'application de la planification du transports urbain pour le
développement durable à Batna ». Le compte-rendu de l’atelier de réflexion prospective fait à
Batna (Algérie) les 10 et 11 septembre 2005.
http://www.planbleu.org/publications/atelier_batna.pdf

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