Sie sind auf Seite 1von 2

« Modi » le charmeur[modifier | modifier le code]

Amedeo plaît aux femmes18. Ses amitiés masculines, elles, relèvent parfois plus du compagnonnage de déracinés
que de l'échange intellectuel22.

Paul Alexandre sur fond vert, 1909, huile sur toile, 100 × 81 cm, Musée national d'Art moderne de Tokyo.
Il charmait dès l'abord par son attitude franche, se souvient Paul Alexandre, son premier grand admirateur, qui
l'aide, lui procure des modèles, des commandesK 9, et reste à hauteur de ses moyens son principal acheteur jusqu'à
la guerreN 22. À peine plus âgé que lui, partisan d'une consommation modérée de haschich comme stimulant
sensitifM 33 — idée alors largement partagéeA 8 —, il est le confident des goûts et projets du peintreN 22, qui l'aurait
initié aux arts primitifs. Sincèrement liés, ils vont ensemble au théâtre, que l'Italien adoreA 10, visitent des musées,
des expositions, découvrant en particulier au Palais du Trocadéro l'art d'IndochineN 19 et les idoles rapportées
d'Afrique Noire par Savorgnan de BrazzaP 31.
Modigliani a une grande affectionN 16 pour Maurice Utrillo, rencontré dès 1906 et dont le touchent le talent,
l'innocence et les soûleries spectaculairesM 29. Face aux difficultés de la vie et de l'art, ils se réconfortent
mutuellement. Le soir ils s'abreuvent au même goulot, braillant des chansons paillardes dans les ruelles de la butteP
32
. C'était presque tragique de les voir se promener tous les deux bras dessus bras dessous en équilibre instable,
témoigne André Warnod, tandis que Picasso aurait eu ce mot : Rien que de rester auprès d'Utrillo, Modigliani doit
être déjà soûlP 33.
L'Espagnol semble estimer le travail23 mais non les excès de l'Italien, qui de son côté affiche à son égard une
superbe mâtinée de jalousieN 18 car il admire sa période bleue, sa période rose24, le coup d'audace des Demoiselles
d'AvignonN 16. Selon Pierre Daix, Modigliani aurait puisé dans cet exemple et dans celui d'Henri Matisse une sorte
d'autorisation à sortir des règles, à « mal faire » comme disait Picasso lui-mêmeA 11. Leur amitié de café s'arrête au
seuil de l'atelier et le mot « SAVOIR » que Modigliani inscrit sur le portrait de son camarade volontiers péremptoire
a sûrement une valeur ironiqueA 12. Leur rivalité artistique s'exprime en petites phrases perfidesP 22 et « Modi » ne
fera jamais partie de « la bande à Picasso24 », exclu ainsi en 1908 d'une mémorable fête donnée par celui-ci en
l'honneur — pour se moquer un peu ?P 34 — du Douanier RousseauN 18.

Modigliani, Max Jacob, Salmon et Zárate en août 1916 (cliché de J. Cocteau).


Amedeo est bien plus complice avec Max JacobM 37, dont il aime la sensibilité, les facéties et le savoir
encyclopédique, que ce soit dans le domaine des arts ou d'une culture juive plus ou moins ésotériqueP 35. Le poète
tracera ce portrait de son défunt ami « Dedo » : Cet orgueil à la limite de l'insupportable, cette épouvantable
ingratitude, cette arrogance, tout cela n'était que l'expression d'une exigence absolue de pureté cristalline, d'une
sincérité sans compromis qu'il s'imposait à lui-même, dans son art comme dans la vie […]. Il était cassant comme le
verre ; mais aussi fragile et aussi inhumain, si j'ose direN 23.
Avec Chaïm Soutine, que Jacques Lipchitz lui présente à la Ruche en 1912, l'entente est immédiate25 bien que tout
les oppose15 : juif ashkénaze issu d'un lointain shtetl, sans ressource aucune, Soutine se néglige, se conduit
comme un rustre, rase les murs, a peur des femmes, et sa peinture n'a rien à voir avec celle de Modigliani. Celui-ci
ne l'en prend pas moins sous son aile, lui apprenant les bonnes manières14… et l'art de boire du vin ou de
l'absinthe26,16. Il fait son portrait plusieurs fois27, cohabite avec lui à la Cité Falguière en 191614, le recommande à son
marchand28. Leur amitié va malgré tout s'étioler : mû peut-être aussi par une jalousie d'artiste, Soutine lui en veut de
l'avoir poussé à boire alors qu'il souffrait d'un ulcère29.
Au fil des années, sans compter ses compatriotes ou les marchands d'artN 21, Modigliani a côtoyé et peint en une
sorte de chronique presque tous les écrivains et artistes de la bohème parisienneA 13 : Blaise Cendrars, Jean
Cocteau, Raymond Radiguet, André Derain, Georges Braque, Juan Gris, Fernand Léger, Diego Rivera, Kees van
Dongen, Moïse Kisling, Jules Pascin, Ossip Zadkine, Tsugouharu Foujita, Léopold SurvageN 20… mais pas Marc
Chagall, avec qui ses rapports sont difficilesA 13. Les vrais amis de Modigliani étaient Utrillo, Survage, Soutine et
Kisling, affirme Lunia Czechowska, modèle et amie du peintre22. L'historien d'art Daniel Marchesseau émet
l'hypothèse qu'il préférait peut-être en effet Utrillo ou Soutine, encore obscurs, à de potentiels rivaux24.

Das könnte Ihnen auch gefallen