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Isabelle Desbarats
Maître de Conférences en Droit
Université Toulouse 1
Constat :
Pourquoi?
Au niveau sociétal :
- « crime» de l’amiante (3 000 morts/an ; FIVA : 40.000 demandes d’indemnisation & 1,5
milliard d’euros déjà versés…)
- émergence de nouveaux risques & pathologies (technologiques & naturels :AZF;
psychosociaux, chimiques…)
- nouvelles formes d’organisation des entreprises ... pratiques « d’extériorisation de
l’emploi » & précarisation du travail (sous-traitance….)
En France, année 2010 :
« Annus horribilis » pour la santé au travail ….
Vague de suicides … cf souffrance au travail
(Renault, France Telecom…)
Santé au travail :
1 dossier explosif sur le plan humain … & financier !
=> floraison d’initiatives
-réforme tarification des risques professionnels
-accord cadre UE c/ la violence & le harcèlement au travail
-entrée en vigueur du règlement Reach instaurant une traçabilité des substances
CMR
Risques professionnels
& protection de la santé au travail.
B/ Consécration de principes
A/ Multiplicité des
sources du droit de la
prévention des risques
! majorité qualifiée
Chapitre I/ Cadre général.
2/ Sources internes
Code du travail
Normes
large champ d’application Autres codes techniques
employeurs concernés ? (public, - en ppe, pas de
- C. Env (ICPE)
privés, industriels, commerciaux, agricoles… force juridique …
sauf mines + carrières + entreprise de - C. Santé publique
transport) sauf arrêté
(tabagisme)
salariés concernés ? Tous, y compris
intérimaires & détenus effectuant un travail C. Construction (risque
pénal… incendie…)
travailleurs indépendants ?
- assujettis au code pour leurs salariés CCT
- mais parfois également visés par le code
pour leur propre sécurité (en cas => 1 impact limité
d ’intervention sur un chantier ou une ICPE,
d’exposition aux rayonnements ionisants…) Cf : pénibilité
Chapitre I/ Cadre général.
Employeur,
État & services déconcentrés
(administration du travail ) des salariés & de leurs
représentants
Organismes Sécurité Sociale
des services de santé au travail
Institutions spécialisées
A/ Les acteurs hors de l’entreprise. L’Etat
Rappels :
⇒Quelle distinction entre protection sociale & sécurité sociale?
⇒ Quel système français de SS?
- établissement public qui assure, sur deux fonds distincts, le financement des
assurances maladie, maternité, invalidité, décès / AT/MP
- Établissement de statistiques
- Soc 28/2/2002 -
•centralité de l’obligation : «prendre ttes les
mesures nécessaires pour assurer la sécurité et «en vertu du contrat de travail, l’employeur est tenu
d’une obligation de sécurité de résultat … sa violation
protéger la santé physique et mentale des constitue 1 faute inexcusable lorsque l’employeur avait
travailleurs » … via actions de prévention, ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était
formation & information… exposé le salarié et qu’il n’a pas pris les mesures
nécessaires pour l’en préserver »
•densité : santé physique + mentale
=> prémices : violat°obligat° C de sécurité & fte
•flexibilité : bénéficiaires de l’obligation ?
inexcusable (cf inadaptation du Dt de la
salariés + travailleurs temporaires…
réparation AT/MP ; contentieux de l’amiante)
•caractère contraignant : => expansion : violat°obligat° C & …
=> au plan pénal : - responsabilité de la rupture du contrat
si # AT = délit de mise en danger d’autrui (tabagisme passif)
si AT = homicide ou blessures involontaires
=> au plan civil - Engagement de la responsabilité civile de
l’employeur (harcèlement moral)
si # AT = D& I
si AT = faute inexcusable
… 1 norme de comportement irriguant
toutes les phases de la vie au travail …
Une nouvelle extension de l ’obligation de sécurité :
Dimension collective de la santé au travail & encadrement JP du pouvoir patronal de
direction
… mais tempérée
- Portée Cass Soc 5 mars 2008 ? -
Certes :
=> renforcement des moyens d‘action des RP
Car : droit d’alerte + intervention de l’administration W… & saisine possible
du juge judiciaire en vue d’une suspension d’une décision patronale
génératrice de risques
Toutefois :
Pas de pv de co-décision : RP/employeur cf organisation du travail
L 4122-1 CT : « Cf aux instructions qui lui sont données par l’employeur dans les
conditions prévues au RI, il incombe à chaque travailleur de prendre soin, en fonction
de sa formation et selon ses possibilités, de sa sécurité et de sa santé ainsi que de celle
des autres personnes concernées du fait de ses actes ou de ses omissions au travail »
Le CHSCT =
pivot de la protection de la santé au travail
Prérogatives ?
Moyens d’action?
Analyse risques professionnels & conditions W; Etre informé & consulté
Veille au respect des règles
Formule des propositions S’informer : recours à l’expertise
(si risques graves ; si projet important ;
+ largement : si risques technologiques)
Le CHSCT =
des compétences accrues dans les établissements dangereux
(ie, activité de stockage souterrain de gaz, hydrocarbures & produits chimiques )
Attributions complétées,
via nouvelles obligations Moyens d’action enrichis
d’informations
- augmentation de 30% du
- si demande d ’exploitation d ’1 ICPE crédit d ’heures
- si recours à la ss-traitance par une ICPE - formation spécifique
- cf postes liés à la sécurité
B/ Les acteurs dans l’entreprise (suite)
Soit : Soit :
⇒Nouvelle réforme en lien avec la question de la pénibilité au travail : « la mise en œuvre des
dispositions législatives relatives à la pénibilité fait jouer un rôle important, de fait, aux services de santé
au travail ».
⇒ D’où : une meilleure définition des missions des SST, de leur organisation et de leur fonctionnement
⇒D’où : accentuation des exigences de pluridisciplinarité (demain, le médecin du travail ne sera plus la
figure emblématique de la santé au travail)
⇒D’où : possibilité prochainement ouverte aux STT d’engager une démarche qualité
À ce titre, création d'un carnet de santé au travail (constitué par le médecin du travail et devant retracer
les informations cf état de santé du travailleur, les expositions auxquelles il a été soumis, ainsi que les avis du
médecin du travail, notamment propositions de mutations ou transformations de postes, justifiées par des
considérations relatives à l'âge, à la résistance physique ou à l'état de santé physique et mentale des travailleurs)
également, enrichissement de la fiche d'exposition : ne concernant jusque là que les seuls risques
chimiques, elle sera désormais obligatoire pour tous les risques (chaque fois qu’un travailleur sera exposé à des
facteurs de risques professionnels déterminés par décret et liés à des contraintes physiques marquées, à un
environnement physique agressif ou à certains rythmes de travail susceptibles de laisser des traces durables
identifiables et irréversibles sur sa santé).
Section III/ Les moyens de la prévention
Sanctions pénales?
Sanctions civiles?
-Pas d ’AT/MP :
Violation obligation de sécurité et
contravention de 5èime classe
faute inexcusable ?
- Si AT/MP : délit de mise en
danger d ’autrui ou atteinte
involontaire à la vie et à
l ’intégrité physique
Section IV / Prévention des risques & protection de la santé en milieu de travail
= 1 droit en expansion …
= …1 dispositif à l’impact incertain !
Baisse du nombre d’AT … mais augmentation des accidents graves & des maladies professionnelles
(amiante & TMS)
Car : Car :
Absence de budget propre Possibilités d’action en justice limitées
(# CE) pas d’action possible pour la défense des
intérêts collectifs de la profession
Préconisations gouvernementales ?
Objectifs = meilleure implantation des CHSCT (auj : 3 salariés sur 4 en sont privés …)
& modernisation de leur fonctionnement (crédit d’heure, durée du mandat, formation…)
des pistes incomplètes …
B/ La tarification AT/MP =
1) Hier : un mécanisme complexe & insuffisamment stimulant … car d’autant moins
incitatif à la prévention … que l’entreprise est plus petite !
Si > 200 : taux réel, ie déterminé en fonction de leur sinistralité propre
Si < 10 : taux collectif, (identique si activité identique) … dans 1 logique de
mutualisation des risques…mais peu propice à des actions individuelles de prévention
Si > 10 & < 200 : taux mixte
Or, en France ….: 80% des entreprises < 11 salariés … & ss-traitance du risque!
Art R 4412-44 : …1 salarié ne peut être affecté à des travaux l’exposant à des
substances CMR… que « si le médecin atteste qu’il ne présente pas de contre-
indications à ces travaux »…
sélection des individus pour occuper des postes à risques … en fonction de leurs
potentialités à résister à ces dangers?
menace d’autant + importante que recours possible aux prédispositions génétiques pour
apprécier les situations de sur-risques … alors que le risque est mal connu … & tests
génétiques peu fiables …!
< 2010 : sujet laissé aux partenaires sociaux … mais résultats peu probants
=> Blocages des discussions cf critères de la pénibilité & question de sa réparation
=> Le gouvernement propose une compensation à ceux qui souffrent des effets de la
pénibilité. Si la vie professionnelle a engendré une incapacité d'au moins 10%, le salarié
concerné pourra partir à la retraite à 60 ans.
=> Une autre mesure est prévue pour prévenir ces risques. Toute les entreprises de plus de
50 salariés devront mettre en place des plans de prévention de la pénibilité, sous peine de
verser une pénalité financière correspondant à 1% de leur masse salariale.
=> Rappel : en outre, la médecine du travail devra être réorganisée, dans une logique de
pluridisciplinarité + renforcement de la couverture médicale des intérimaires.
A noter :
•avec cette réforme, pas de prise en compte des effets différés de la pénibilité
•en effet, un salarié usé mais pas frappé d’incapacité n’aura droit à aucune
compensation …
Les partenaires sociaux divisés
Pour la CGT : "La réforme actuelle n'apporte rien. Afficher une volonté d'améliorer les conditions de
travail ne suffit pas: cette volonté est déjà affiché depuis longtemps. Il existe déjà des dispositifs
anciens, la situation actuelle serait différente s'ils étaient appliqués dans les entreprises. Aujourd'hui
deux mécaniques sont à mettre en place. Premièrement, stopper réellement la dégradation des
conditions de travail. Ensuite, il faut permettre aux salariés qui sont usés aujourd'hui de partir en
retraite anticipée, et pas seulement aux handicapés. Tant qu'on aura pas une dynamique de fond, les
salariés partiront d'une manière ou d'une autre, le coût social se déplacera de la caisse des retraites
sur l'assurance chômage."
Pour la CFDT, le débat sur la pénibilité devrait être traité séparément de la réforme des retraites, car il
est lié à la négociation sur la vie au travail. "Nous souhaitons trois types d'évolution. Premièrement
permettre des départs en retraite anticipés pour ceux qui sont déjà touchés, déjà usés par leur travail.
Deuxièmement, organiser des dispositifs de mobilité professionnelle pour éviter une trop longue
exposition. Troisièmement, adapter les postes pénibles quand c'est possible »
Pour le Medef : "Concernant la prise en compte d’une "carrière pénible", il ne faut pas tomber dans
un systématisme bureaucratique, avec des solutions uniformes. Le plus important est de développer des
politiques d’entreprise et de branche qui évitent à un salarié de rester durablement dans ce type
d’environnement. Concernant la "gestion du passé", il faut croiser des situations liées à
l’environnement du travail avec des aspects individuels évalués sur le plan médical. Sinon, ce serait
recréer des régimes spéciaux."