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Macroéconomie Monétaire et

Financière

Politique monétaire au Maroc

Pr. Hicham SADOK


FSJES / 2018 – 2019
Politique monétaire au Maroc

• La politique monétaire constitue l’ensemble des actions qu'une banque centrale


met en œuvre en vue d'influencer les variables monétaires et financières
comme les taux d’intérêt, la monnaie et le crédit dans le but d’affecter les
comportements de dépense et de placement des agents économiques.
• Avant la crise financière de 2007, et sous l’influence du monétarisme, les
politiques monétaires se sont spécialisées dans la recherche de la stabilité des
prix à travers le ciblage explicite ou implicite de l’inflation.
• Cependant, dans les pays développés, la crise financière a nécessité l’adoption
de politiques monétaires non conventionnelles. La stabilité des prix comme
objectif prioritaire est délaissée, la politique monétaire cherche à soutenir à la
fois l’activité économique et à renforcer la stabilité financière.
• Ainsi, la FED avait décidé de maintenir les mesures de politique non
conventionnelle tant que le taux de chômage dépassait 6,5% et tant que
l’inflation était inférieure à 2,5%.
• La cible devient alors la relance de l’inflation et de la croissance.

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Politique monétaire au Maroc

• La crise a montré que la politique monétaire dans les pays les plus libéraux n’est pas
orthodoxe, elle est très éclectique et pragmatique. Cependant, dans les PED c’est plutôt
l’orthodoxie qui prévaut toujours. Au Maroc, alors que le taux d’inflation est très faible :
0.7% en 2017 et le taux de chômage est de 10,2%, la phobie de l’inflation reste la
caractéristique de cette politique alors que la conjoncture requiert d’autres mesures aussi
bien au niveau des objectifs qu’au niveau des instruments. Quelle que soit la portée de la
politique monétaire actuelle, divers facteurs plaident pour un changement de sa nature,
on peut en citer :

• La conjoncture de crise actuelle qui nécessite une action du central banking ;

• Le passage progressif au régime de change flexible ;

• Le lancement des banques participatives qui nécessitent des modalités de refinancement


appropriées ;

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Politique monétaire au Maroc

• L’objet de l’étude est de présenter la portée et les


limites de la politique monétaire au Maroc à
travers deux points :
• le premier relate l’évolution du cadre de la
politique monétaire au Maroc,
• un deuxième point présentera les résultats et les
limites de cette politique et explore les voies
alternatives.

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I- Evolution du cadre de la politique monétaire au
Maroc

• La politique monétaire mise en œuvre


actuellement est le fruit de deux vagues de
réformes qui s’inscrivent dans le cadre global de
la libéralisation financière.
• La première vague a introduit les changements
du cadre opérationnel.
• La seconde vague a concerné la réforme du
cadre institutionnel.

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1.1- Le cadre opérationnel

111- Instruments de la politique monétaire

112- objectifs de la politique monétaire

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1.1- Le cadre opérationnel

111- Instruments de la politique monétaire

BAM dispose actuellement d’un cadre opérationnel à


travers lequel elle cherche à piloter le taux interbancaire à
l’aide d’un ensemble d’instruments d’intervention
conformes aux mécanismes de marché.

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1.1- Le cadre opérationnel
111- les instruments de PM
Techniques d’intervention de BAM sur le marché interbancaire

Situation de marché
Excédent de liquidité Besoin de liquidité

Hausse de la réserve Décision réglementaire Baisse de la réserve monétaire


monétaire

Reprise de liquidités à 7 jours Opérations principales Avances à 7 jours


à taux variables

Facilité de dépôt à 24h Facilités permanentes Avances à 24 h

Ventes de BDT sur le marché Achat de BDT sur le marché


secondaire Opérations de réglage fin secondaire

Vente de devise Achat de devises

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1.1- Le cadre opérationnel
• Selon l’état du marché interbancaire, deux modalités
d’intervention sont prévues :

• 1- les canaux d’injection de liquidités :

• ils permettent à la Banque Centrale d’alimenter les banques en


liquidités, il s’agit des techniques suivantes :

• - les avances à 7 jours par voie d’appel d’offre hebdomadaire à


l’initiative de la Banque centrale ; le taux payé par les banques
est de 2.25% constituant le taux directeur; (depuis le 22 mars
2016) ;

• - les facilités permanentes : avances à 24h à l’initiative des


banques dont le taux en mars 2016 est de 3.25% (taux directeur
majoré de 100 points de base);
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Première phase : les banques communiquent à BAM les
montants qu’elles désirent emprunter
BANQUES Montant demandé
En Millions de DHS

BCP 400

BMCI 450

CIH 500

CITIBANK 250

CREDIT AGRICOLE 350

BMCE 450

SGMB 650

CDM 250

ATTIJARIWAFA BANK 300

CDG CAPITAL 150

Total 3750

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Deuxième phase : BAM fixe l’enveloppe globale (3000)
BANQUES Montant demandé A B C=A+B
En Millions de DHS

BCP 400 150 166.66 316.66

BMCI 450 150 200 350

CIH 500 150 233.33 383.33

CITIBANK 250 150 66.66 216.66

CREDIT AGRICOLE 350 150 133.33 283.33

BMCE 450 150 200 350

SGMB 650 150 333.33 483.33

CDM 250 150 66.66 216.66

ATTIJARIWAFA BANK 300 150 100 250

CDG CAPITAL 150 0 150

Total 3750 1500 1500 3000

Première tranche : 50% du montant global retenu sont distribués à parts égales entre
les soumissionnaires, à hauteur de leur demande
Deuxième tranche : 50% du montant global retenu, majorés éventuellement du
reliquat de la première tranche sont répartis au prorata des soumissions restantes. 11
1.1- Le cadre opérationnel
2- les canaux de retrait de liquidités :
• Ce sont les techniques utilisées dans le cas d’une
abondance de liquidités comme c’était le cas entre 1999 et
2007. Il s’agit d’opérations symétriques des précédentes,
elles sont de deux catégories :
- Les reprises de liquidités hebdomadaires (7 jours) à
l’initiative de la Banque Centrale. En 2006, le taux de ces
reprises payé aux banques a varié entre 2.50 % et 3.25% ;
- Les facilités de dépôts à 24 h à l’initiative des banques au
taux en fin mars 2016 de 1.25% ;
• Pour respecter les mécanismes du marché, les avances à 7
jours comme les reprises de liquidités à 7 jours sont
exécutées par Bank Al Maghrib par voie d’appel d’offre.

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1.1- Le cadre opérationnel
A côté de ces techniques principales, BAM dispose de deux autres
instruments secondaires, il s’agit des opérations de réglage fin et de
la réserve monétaire.
3- les opérations de réglage fin :
Ce sont des interventions ponctuelles réalisées en vue de faire face
aux fluctuations de la liquidité bancaire. Il s’agit de cession ou
d’acquisition temporaire ou fermes de bons du Trésor, mais
également d’opérations de swaps de change.
4- La technique de la réserve monétaire :
• à travers cette technique la banque centrale impose aux banques
de constituer une réserve auprès d’elle selon un pourcentage de
leurs exigibilités. Le taux de cette réserve ne peut être manipulé
fréquemment en raison de son effet brusque sur les ressources
des banques.
• Cette technique a été fortement utilisée suite au désencadrement
du crédit en 1991. A partir de Janvier 2008, son taux a été abaissé
à plusieurs reprises il est de 4,5% depuis Juin 2016. Ces baisses
visent à accroitre les liquidités bancaires.
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1.1.2- Objectifs de la politique monétaire

• Notons d’abord qu’au niveau théorique, deux types de


politiques monétaires sont possibles:
- politique monétaire active d’inspiration keynésienne
ayant comme cible la croissance et l’emploi
- la politique monétaire passive d’inspiration libérale –
monétariste qui cible exclusivement la stabilité des prix.
• Au Maroc, c’est la seconde politique qui est appliquée
depuis la libéralisation financière qui a débuté au début
des années 1990.

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11- cadre opérationnel
1.1.2- Objectifs de la politique monétaire

On distingue les objectifs externes et les objectifs internes de politique monétaire :

1.1.2.1-Objectifs externes

En régime de change fixe, la politique monétaire est contrainte par le maintien d’un niveau de
taux de change comme objectif externe.

Au Maroc, c’est le régime de change intermédiaire qui est pratiqué avec un rattachement de
la monnaie nationale, dans des marge de fluctuation inférieures à +/- 2,5% de part et d’autre
du taux central, à un panier de monnaie pour assurer la stabilité du taux de change effectif
nominal et limiter l’impact sur le dirham des fluctuations des monnaies internationales.

La politique monétaire du Maroc se trouve contrainte par la réalisation de l’objectif externe


c’est-à-dire le maintient du taux de change au niveau ciblé.

Avantage du régime fixe : importer la stabilité des prix

Inconvénient: rigidités , absence de possibilité d’amortissement des chocs externes et


obligation pour la banque centrale de détenir des réserves de devises.
Pour renforcer l’autonomie de cette politique BAM envisage de passer au régime de taux de
change flexible pour mieux s’occuper des objectifs internes.
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1.1.2- Objectifs de la politique monétaire

1.1.2.2-Objectifs internes

Avant 2006

Instruments objectif final

objectif objectif
opérationnel intermédiaire
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1.1.2- Objectifs de la politique monétaire
1.1.2.2-Objectifs internes

La politique monétaire marocaine a comme objectif final la


stabilité des prix, elle ne fixe plus d’objectif intermédiaire mais elle
adopte une stratégie fondée sur une approche multicritère
comme cadre de diagnostic du risque inflationniste basée sur un
ensemble d’indicateurs des sphères réelles et financières qui
permettent d’estimer l’inflation future et d’avoir une idée sur les
autres indicateurs macroéconomiques afin d’orienter ses
décisions.
L’objectif opérationnel est le niveau du taux du marché
interbancaire que la Banque Centrale influence par la régulation
du volume des liquidités bancaires.
Elle cherche à garder ce taux à l’intérieur d’un corridor autour du
taux directeur avec un plafond : le taux des avances à 24h et le
taux des facilités de dépôt à 24h.
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1.1.2- Objectifs de la politique monétaire
approche multicritères

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1.1.2- l’objectif opérationnel : Corridor et taux interbancaire
• L’objectif opérationnel de la politique monétaire au Maroc est le maintien du taux du marché
interbancaire à l’intérieur d’un corridor où il doit fluctuer autour du taux directeur. Ce corridor est
constitué par le taux des facilités de dépôt à 24h comme plancher et le taux des avances à 24h
comme plafond. Notons d’abord que la Banque centrale dispose de trois taux directeurs et non un
seul. Ces trois taux constituent ce mécanisme du "corridor", il s’agit :

• - Du taux directeur (principal) qui est passé à 2,25% (depuis le 22/ 03/ 2016) et autour duquel doit
fluctuer le taux du marché interbancaire ;

• - Du taux des facilités de dépôt à 24 heures qui est actuellement de 1.25% (il était de 2% avant
septembre 2014). Ce taux constitue le taux plancher au dessous duquel le taux interbancaire ne peut
pas baisser. Une banque ayant un excédent de liquidités ne peut prêter à une banque ayant un besoin
de liquidités à moins de 1.25%, car la banque excédentaire trouvera toujours la possibilité de placer
cet excédent pour 24h à 1.25% auprès de Bank Al-Maghrib ;

• - Du taux des avances à 24 heures qui est actuellement de 3.25% (il était de 4% avant septembre
2014) et qui constitue le taux plafond que le taux du marché interbancaire ne peut dépasser. Une
banque ayant besoin de liquidités ne peut payer à une banque ayant un excédent plus de 3.25% pour
24 heures, car la banque déficitaire trouvera toujours des avances pour 24h à 3.25% auprès de Bank
Al- Maghrib en cas d’urgence.
• Les deux taux (plafond et plancher) constituent un corridor à l’intérieur duquel fluctue le taux du
marché interbancaire qui tourne autour du taux directeur. Bank Al-Maghrib injecte ou retire des
liquidités pour maintenir le taux interbancaire entre les deux limites. 19
1.1.2- l’objectif opérationnel : Corridor et taux interbancaire

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1.2- Cadre institutionnel de la politique monétaire

1.2.1- Généralités sur l’indépendance des banques centrales

• Au cours des années 2000, la crédibilité de la politique monétaire


devient une nécessité pour assurer la stabilité des prix à travers
diverses stratégies : l’indépendance de la banque centrale vis-à-vis
du gouvernement, le ciblage de l’inflation, la transparence… Le but
étant la lutte contre l’inflation par la réduction de ses causes à
savoir le seigneuriage.

• Dans ce sens, depuis la décennie 1990, on va assister au triomphe


du modèle de banque centrale indépendante sur le modèle de
banque centrale sous tutelle. Beaucoup de banques centrales de
pays développés ont connu un changement de leurs statuts allant
dans le sens d’une plus grande autonomie par rapport aux pouvoirs
publics.

• Dans cette mouvance, le Maroc a mis en place un nouveau cadre


institutionnel de sa politique monétaire.
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1.2- Cadre institutionnel de la politique monétaire

• 1.2.2- Critères d’autonomie de la banque centrale

• L’autonomie de la banque centrale est analysée


sous trois angles :

• L’indépendance des dirigeants (ou légale ou encore


organique)

• L’indépendance financière

• L’indépendance opérationnelle (ou d’instruments)


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1.2.3– Eléments de débat autour de l’autonomie des banques
centrales

• L’indépendance des banques centrales a soulevé de nombreux débats au


cours des années 1990. Les arguments des uns et des autres sont aussi
bien économiques que politiques. Nous présentons les arguments en
faveur de l’autonomie avant de présenter ceux qui sont contre.

Arguments en faveur de l’autonomie de la banque centrale

A- le seigneuriage

B- l’incohérence temporelle

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1.2.3.2. Arguments contre l’autonomie de la banque centrale

Trois catégories d’arguments peuvent être avancées : économiques, techniques et politiques. Ces arguments présentent les
inconvénients de l’autonomie et relativisent son impact.

A- Arguments d’ordre économique


1- Une banque centrale indépendante risque de privilégier la lutte contre l’inflation au détriment de la production et
l’emploi.
2- Avec une banque centrale indépendante et responsable de la stabilité de la monnaie, le gouvernement peut
favoriser la permanence des déficits budgétaires plus importants du moment que c’est la banque centrale qui est responsable
de la lutte contre l’inflation.

B- Arguments d’ordre technique


-(i)- une banque centrale indépendante n’aura jamais la totalité du pouvoir monétaire (politique de change, politique du crédit
et de l’épargne, gestion de la dette publique…). Risque de se traduire par une dilution des responsabilités.
-(ii)- Risque d’accorder une grande importance à la personnalité des banquiers centraux.
- (iii)-une banque centrale indépendante risque de se préoccuper plus de ce qui se passe sur les marchés financiers et négliger
les autres effets.

C- Arguments d’ordre politique


• A l’encontre de l’indépendance de la banque centrale, l’argument politique le plus important est formulé sur le thème
du déni de démocratie. Il s’agit du danger du positionnement d’un nouveau pouvoir qui risque de poursuivre ses
propres objectifs non compatibles avec ceux du gouvernement et du public pour les raisons suivantes :
• elle retire l’instrument de politique monétaire au gouvernement élu par la majorité. Ne faut-il pas donner tous les
moyens au gouvernement élu et le juger sur les résultats ?
• elle risque de concentrer trop d pouvoir entre les mains d’une organisation libre de tout contrôle politique réel. Le cas
typique est celui de la Bundesbank qui n’était responsable qu’envers elle-même, elle ne recevait pas d’instructions du
gouvernement.
• elle risque de soulever des problèmes de Policy-mix. Des contradictions coûteuses risquent de surgir entre les politiques
monétaires, budgétaires ou de change.

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1.2.4- Niveau d’autonomie de Bank Al Maghrib
Pour appréhender le degré d’autonomie de Bank Al Maghrib, nous analyserons deux phases : la première allant de 1959 à 2006 avec des statuts de banque
centrale sous-tutelle, la seconde allant de 2006 à nos jours avec une banque centrale relativement plus autonome.

De 1959 à 2006 : la banque centrale sous tutelle


Pour mesurer le poids de la tutelle, nous verrons la gouvernance et le contrôle de l’activité de la banque centrale ensuite le financement des besoins du
Trésor.

A- La gouvernance et le contrôle de l’activité de la banque centrale

la gouvernance : Avant 2006, trois organes sous tutelle :


le Gouverneur : le gouverneur était nommé par dahir pris sur proposition du Ministre des finances et après avis du Conseil de la banque. Il prête serment
devant le Roi, il assume seul vis-à-vis de l’Etat la responsabilité de toutes les opérations de la Banque et représente celle-ci à l’égard des tiers. Le
gouverneur était assisté d’un vice-gouverneur désigné par dahir sur proposition du Ministre des finances. La rémunération du Gouverneur était fixée par
décret sur proposition du Ministre des finances.
le Conseil : il s’occupait des questions relatives à l’activité de la banque. Il était composé du Gouverneur comme président, le vice-gouverneur, les
présidents des institutions paraétatiques du crédit dont la liste était arrêtée par le ministre des finances ; de deux représentants, respectivement du
ministre des finances et du ministre de l’Economie nationale, un représentant du ministre de l’agriculture, un représentant du ministre du commerce, de
l’industrie, des mines et de la marine marchande. Tous ces représentants sont proposés par leur ministre respectif et nommés par le ministre des finances.
le Comité de direction : il assiste le Gouverneur dans la direction des affaires journalières de la banque. Ce comité est composé du Gouverneur, du Vice –
gouverneur ou du directeur général et de directeurs désignés par le gouverneur. Le gouverneur arrête les attributions et les modalités de fonctionnement
du Comité de direction.

le contrôle de l’activité de la banque


le commissaire du gouvernement : nommé par dahir sur proposition du ministre des finances ; il était choisi parmi les fonctionnaires du ministère des
finances. Il contrôlait, pour le compte de l’Etat, les activités de la Banque. Il percevait une indemnité fixée par le ministre des finances et payée par la
banque. Il assistait aux réunions du Conseil et pouvait avoir toute pièce nécessaire pour son travail, il présentait un rapport semestriel au ministre des
finances.
les censeurs : ils étaient au moins deux, nommés par dahir sur proposition du ministre des finances pour quatre ans. Ils étaient chargés d’assurer un
contrôle d’ordre comptable.

B- Les concours financiers accordés au Trésor

Les statuts de 1959 stipulaient que la banque pouvaient consentir des avances à l’Etat à titre de facilités de caisse, limitées au dixième des recettes
ordinaires constatées au cours de l’année budgétaire écoulée…Tous autres concours financiers à l’Etat ne pouvaient être accordés qu’en vertu d’une
convention, entre l’Etat et la Banque, approuvée par dahir.
En somme, les statuts de 1959 constituent un cadre conforme à la situation de banque sous-tutelle avec l’omniprésence du ministère de finances dans
toutes les instances.

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1.2.4.2- Statuts de 2005 de Bank Al Maghrib
Le 23 novembre 2005 ont été publiés les nouveaux statuts de Bank Al Maghrib (loi n° 76- 03) dans le but d’instaurer son
autonomie avec plus de responsabilité et de transparence de son action. Nous verrons les niveaux de cette autonomie :
niveau institutionnel (A) ; niveau fonctionnel (B) ; niveau financier (C) et autres apports des nouveaux statuts (D).
A- Autonomie institutionnelle (légale)
Plusieurs critères peuvent être avancés pour appréhender cet aspect de l’autonomie :
1- Gouvernance de la Banque Centrale :
• Pour assurer une autonomie par rapport à l’équipe au gouvernement, la nomination des dirigeants doit faire
intervenir plusieurs autorités avec un mandat qui soit d'une durée suffisante, non renouvelable, et généralement
différente de celle du gouvernement. Le but est d’assurer la séparation du pouvoir monétaire et du pouvoir exécutif
afin d'éviter le risque du financement monétaire du déficit budgétaire notamment en période électorale.
• Au Maroc, le gouverneur ne fait pas partie de la majorité gouvernementale, son mandat est différent de celui du
gouvernement mais la durée du mandat n’est pas précisé. Il administre et dirige la Banque. L’article 40 des statuts
annonce qu’il est nommé par Dahir Royal, dans les conditions prévues par l’article 30 de la Constitution. Il en est de
même pour le vice- gouverneur (Art. 44 des statuts de BAM).
• Les décisions collégiales sont prévues dans le cadre d’un autre organe important qui est le Conseil de la Banque
chargé, entre autres, de déterminer les objectifs quantitatifs de la politique monétaire. Le Conseil se compose du
Gouverneur de la Banque en qualité de président, du vice-gouverneur ou le directeur général de la Banque. De plus,
le conseil comprend six membres désignés par le Premier ministre (dont trois sur proposition du Gouverneur) parmi
les personnes connues pour leur compétence en matière monétaire, financière ou économique. Cet organe ne
comprend parmi ses membres qu’un seul représentant du gouvernement, le directeur du Trésor et des finances
extérieures du ministère des finances, qui ne prend pas part au vote des décisions relatives à la politique monétaire.
• A ce niveau, comme pour le contrôle de l’activité de la banque centrale, on ne peut manquer de souligner la grande
avancée dans la voie de l’autonomie par rapport aux statuts de 1959 où le rôle du ministre des finances était
prépondérant.

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1.2.4.2- Statuts de 2005 de Bank Al Maghrib

A- Autonomie institutionnelle (légale) suite

2- Rémunération des responsables de la banque


• Au Maroc, les nouveaux statuts stipulent que la rémunération aussi bien du
gouverneur que du vice- gouverneur est fixée par décret ; or, le décret au Maroc est
signé par le premier ministre et contresigné par le ministre de tutelle concerné, dans ce
cas c’est le ministre des finances. Nous avons là un aspect important qui risque de
limiter l’autonomie de Bank Al Maghrib.
3- Responsabilité du gouverneur de la Banque Centrale
• Au Maroc, à côté de la responsabilité devant le Roi, la version originale des statuts de
Bank Al Maghrib prévoyait un article 58 qui stipulait que le gouverneur peut être appelé
à s’expliquer devant les commissions permanentes du parlement chargées des finances
soit à la demande de ces commissions soit à sa demande.
• Cependant, le conseil constitutionnel a jugé cet article non-conforme à la constitution
et l’a supprimé. Les statuts ont été mis en application jusqu’à nos jours (2016) sans
contenu de l’article 58 en attente de sa refonte. La responsabilité démocratique

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A- Autonomie institutionnelle (légale) suite
4- Contrôle de l’activité de la Banque :

• Ce contrôle doit être externe. A ce niveau, les nouveaux statuts de Bank Al Maghrib ont
observé une avancée. Ainsi, trois instances interviennent en matière de contrôle.
• le contrôle du Commissaire de gouvernement : ce poste est maintenu avec les mêmes
qualités et les mêmes attributions. Il est nommé dans les conditions prévues à l’article
30 de la Constitution, parmi les fonctionnaires du ministère des finances. Sauf en ce qui
concerne les opérations de la politique monétaire, ce commissaire contrôle pour le
compte de l’Etat et au nom du ministre des finances, les activités de la Banque et veille
au respect par celle-ci des dispositions législatives et en particulier les dispositions des
présents statuts.
• le contrôle du Commissaire au compte : les comptes de la Banque sont soumis à un
audit annuel réalisé sous la responsabilité d’un commissaire aux comptes. Ce dernier
certifie que les états de synthèse de la Banque donnent une image fidèle de son
patrimoine, de sa situation financière et de ses résultats et apprécie son dispositif de
contrôle interne. Le rapport d’audit est communiqué aux membres du conseil et au
commissaire du gouvernement.
• le contrôle de gestion par la Cour des comptes : la Banque produit annuellement à la
cour des comptes ses propres comptes ainsi que ceux des organismes de prévoyance
sociale de son personnel dans les formes prévues par la législation en vigueur. Elle lui
communique les extraits des procès-verbaux du conseil relatifs à son budget et à son
patrimoine, accompagnés de copies des rapports des auditeurs.

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B- Autonomie opérationnelle (fonctionnelle)

• La mission principale d’une Banque Centrale indépendante est de


concevoir et mettre en application la politique monétaire qui relève de
sa responsabilité exclusive. Dans ce sens, les nouveaux statuts de BAM
prévoient une plus grande autonomie de celle-ci en la matière.

• L’article 6 des nouveaux statuts stipule : « dans le but d’assurer la


stabilité des prix, la Banque arrête et met en œuvre les instruments de la
politique monétaire…et il ajoute : sans préjudice de l’objectif de la
stabilité des prix arrêté en concertation avec le ministre chargé des
finances, la Banque accomplit sa mission dans le cadre de la politique
économique et financière du gouvernement.

• On constate donc, qu’à l’instar de beaucoup de banques centrales, BAM


a plus d’autonomie en matière de choix des instruments mais moins en
matière de détermination des objectifs.

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C – Autonomie financière
• L’article 27 annonce que la Banque ne peut accorder des concours
financiers à l’Etat, ni se porter garante d’engagements contractés par
lui, que sous forme de facilité de caisse… La facilité de caisse est limitée
à cinq pour cent des recettes fiscales réalisées au cours de l’année
budgétaire écoulée.

• La durée totale d’utilisation de cette facilité ne peut excéder 120 jours,


consécutifs ou non, au cours d’une année budgétaire.

• Les montants utilisés au titre de cette facilité sont rémunérés au taux


de base de refinancement des banques auprès de BAM.

• La Banque peut suspendre l’utilisation de cette facilité lorsque la


situation du marché monétaire le justifie. On constate donc, à ce
niveau, une avancée des nouveaux statuts concernant le passage de
10% à 5% pour la facilité de caisse que le Trésor peut recevoir de BAM.

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II- Portée, limites de la politique monétaire et mesures
alternatives
• 2.1- Résultats de la politique monétaire
• Nous verrons le niveau de réalisation de l’objectif final (221) et celui de la réalisation de l’objectif
opérationnel étant donné qu’il n’ya plus d’objectif intermédiaire.
• 2.1.1- L’objectif final de stabilité des prix
• Le niveau de l’inflation au Maroc dépend de facteurs externes notamment le prix du pétrole et du
coût des importations en général.

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II- Portée, limites de la politique monétaire et mesures
alternatives
• 2.1- Résultats de la politique monétaire
• Nous verrons le niveau de réalisation de l’objectif final (221) et celui de la réalisation de
l’objectif opérationnel étant donné qu’il n’ya plus d’objectif intermédiaire.
• 2.1.1- L’objectif final de stabilité des prix
• Le niveau de l’inflation au Maroc dépend de facteurs externes notamment le prix du pétrole
et du coût des importations en général.
Année Taux Taux d’inflation Année Taux d’inflation Taux d’inflation
d’inflation sous-jacente sous-jacente
1997 1 2008 3,7 4.5

1998 2,7 2009 1,0 0.7

1999 0,7 2010 0.9 0.4

2000 1,9 2011 0.9 1.3

2001 0,6 2012 1 .3 0.8

2002 2,8 2013 1.9 1.9

2003 1,2 2014 0.4 1.2

2004 1,5 1.3 2015 1 .6 1.3

2005 1,0 1.6 2016 1.6 1.3

2006 3,3 3.1 2017 0.7 1.0


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2007 2,0 1.7
2.2- Limites de la politique monétaire au Maroc
• 2.2.1- Limites des techniques de régulation des liquidités bancaires :
• La principale technique de refinancement constituée par les avances à 7 jours soulève des
remarques :
• * cette technique permet aux banques de disposer de ressources pour 7 jours uniquement.
Au terme de ce délai, elles doivent rembourser le montant de l’avance augmenté des
intérêts.
• * le collatéral de ces opérations est constitué par des titres mis en pensions non livrées
(injection temporaire de liquidités).
• * Par ces techniques d’avances à 7 jours ou à 24 heures, la Banque Centrale pratique une
politique passive et aveugle de régulation de la liquidité bancaire sans droit de regard et
sans effet sur l’affectation de ses fonds par les banques. (Risques emplois improductifs voir
spéculatifs).
• * Cette technique n’encourage pas le financement de l’investissement car elle met à la
disposition des banques des ressources à très court terme.
• * Enfin, cette technique risque de les encourager à puiser dans cette solution de facilité au
lieu de faire l’effort de chercher des ressources stables au niveau du marché monétaire et
du marché financier et donc de renforcer le développement financier.

• 2.2.2- Limites relatives à la technique de la réserve monétaire


• Son taux a été maintenu à 16.5% entre 2003 à 2007. Depuis 2008, (voir tableau) son
taux a été révisé à la baisse pour atteindre 2% à partir du 5 mars 2014. En raison de
l’amélioration des liquidités bancaires en 2016, ce taux remonte à 4,5% le 21 juin 2016.

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23- Mesures alternatives de politique monétaire
• 231- Mesures alternatives relatives aux banques conventionnelles
• Les statuts de BAM prévoient la nécessité d’assurer la stabilité des prix mais elle a la possibilité de cibler d’autres objectifs.
Rappelons que l’article 6 des statuts de BAM stipule que dans le but d’assurer la stabilité des prix, la Banque arrête et met en
œuvre les instruments de la politique monétaire…et il ajoute : sans préjudice de l’objectif de la stabilité des prix arrêté en
concertation avec le ministre chargé des finances, la Banque accomplit sa mission dans le cadre de la politique économique et
financière du gouvernement.

• En matière d’instruments, nous avons vu que les techniques de régulation de la liquidité utilisées par BAM présentent des
limites intrinsèques qu’on peut résumer ainsi :

• 1-Les avances à 7 jours ont comme collatéral les titres mis en pension non livrée. Les banques doivent rembourser les
montants au terme de 7 jours augmentés des intérêts. Il s’agit d’injections (ou de retrait en cas de surliquidité) temporaires
de liquidités qui se traduisent par l’amplification du besoin des banques.
• Ces techniques peuvent être remplacées par des mesures alternatives qui se traduisent pas par une injection ferme et
définitive de liquidités comme c’est le cas des techniques de réescompte ou d’open market qui sont d’ailleurs prévues par les
statuts de BAM mais non utilisés. Dans ce cas, les titres sont acquis par la banque centrale de façon ferme et l’injection des
liquidités est définitive.

• 2- Les avances sont de courte durée : 7 jours ce qui ne favorise pas le financement de l’économie. On ne peut pas s’attendre
donc à une relance des crédits bancaires à travers des ressources remboursables et de très court terme.
• La relance des crédits nécessite la mise en place de mécanismes de financement et de refinancement plus longs et plus
stables. C’est ainsi que la BCE, face à la crise et malgré la baisse du taux directeur qui a atteint 0% en mars 2016, a modifié ses
procédures de refinancement. Le changement le plus important a été l’allongement de la durée d’octroi de la monnaie
« banque centrale » : en moyenne de deux mois, la durée des prêts est passée à plus de trois ans avec le LTRO (Long Term
Refinancing Operation). En 2014, M. Draghi lançait les Very Long Term Refinancing Operation (VLTRO) à horizon de quatre
ans.

• 3- C’est une politique passive avec des instruments non sélectifs . Etant donné que l’économie marocaine est une économie
d’endettement, il est nécessaire d’instituer des modalités de refinancement qui favorisent le crédit et ciblent la création de
valeur ajoutée, les exportations, l’investissement et l’emploi. Bank Al Maghrib peut donc opter pour un refinancement
sélectif en faveur de l’investissement et de l’emploi. La technique du réescompte sélectif a été utilisée au Maroc avant 1976.
Cette modalité peut faciliter l’octroi des crédits. Elle se traduit par une injection ferme de liquidités et peut permettre de
favoriser des financements prioritaires.
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23- Mesures alternatives de politique monétaire
• 2.3.2- Mesures liées au refinancement des banques
participatives

• Au Maroc, toutes les modalités de refinancement des banques


sont incompatibles avec les exigences d’un refinancement
participatif.
• 1-soit par des ressources propres, ce qui suppose la détention
de liquidités oisives ;
• 2-soit auprès des banques mères ;
• 3- soit à travers l’émission de Sukuks ce qui demande du temps
et ne répond pas aux besoins urgents de liquidités ;
• 4- soit par un fonds de solidarité des banques participatives
qui peut être géré par la banque centrale (les fonds Takaful du
risque de liquidité);
• 5- Enfin, ces banques peuvent acquérir les titres d’OPCVM
action disponibles au Maroc et qui sont des placements
liquides susceptibles d’être convertis rapidement en liquidités.
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Conclusion

Face à la conjoncture de crise actuelle d’une part


et comme le Maroc doit passer au régime de
change flexible et le système bancaire marocain
est enrichi par des banques participatives la
révision en profondeur de la politique monétaire
du Maroc s’impose, révision qui doit concerner
aussi bien les objectifs que les instruments. Une
politique monétaire active et donc sélective est,
possible, notamment avec la flexibilisation du
régime de change.

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Merci de votre attention

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