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Du lundi 13 au dimanche 19 décembre 2010 Supplément hebdomadaire n°267 - GRATUIT - Email : suppeco@elwatan.com/Tél. - Fax : 021 65 58 66
PHOTO : D. R.
LE GOUVERNEMENT RENONCE À LEUR PRIVATISATION
Propos recueillis Vous avez déclaré que les 76 hôtels relevant du sec-
par teur public ne seront pas vendus. Pourquoi ce renon-
Fella Midjek cement à la privatisation de ces hôtels ?
La question de la privatisation ne peut pas être traitée
indépendamment de l’expérience déjà vécue en ce qui
concerne le transfert de propriété d’un certain nombre
d’unités hôtelières dans les années précédentes. L’op-
tion prise dans ce cadre privilégiait la mise à niveau des
infrastructures privatisées, la rationalisation de l’exploi-
tation, la création d’emplois ainsi que la rentabilisation
de la gestion.
Au vu de ce qui a été constaté pour les unités cédées, les
pouvoirs publics comptent reconsidérer leur façon de
faire en privilégiant la valorisation de ce patrimoine, par
l’option de modernisation conformément aux standards
internationaux en la matière et la formule de partenariat
PHOTO : SAMI K.
avec les chaînes hôtelières de renommée internationale.
de générer un volume d’exportation digne tourisme devienne un maillon «utile» que date déjà de plus d’une décennie. Ces ater-
d’être cité, incapable de donner de l’Algérie le reste suivra. Notamment la promotion de moiements ne serviront pas, à mon avis,
l’image d’une destination touristique. Mais la destination, la densification du parc hô- le tourisme. Quoique je ne pense pas non
la situation du tourisme aujourd’hui en Al- telier, le développement de l’enseignement plus qu’il faille à tout prix vendre et si les
gérie est en progression constante, même si de la recherche dans le domaine. meilleures conditions d’une privatisation
elle demeure modeste, caractérisée par le allant de choix tout aussi éloignés les uns ne sont pas réunies.
nombre d’entrées de touristes, le nombre des autres. De la gestion monopolistique A combien peut-on estimer la part du
de projets d’investissement nouveaux, et de l’appareil économique à un désengage- tourisme dans le PIB cette année (2010) Quelle appréciation faites-vous de la
la perception de plus en plus favorable de ment presque total de l’Etat pour ensuite et est-il possible d’atteindre les 6,6% formule «location-gestion» proposée à la
l’image de l’Algérie à l’étranger. un retour, auquel on assiste actuellement prévus en 2018 ? place de la privatisation ?
vers une nouvelle reprise en main de cet L’année passée, la part du tourisme dans Ces formules me semblent être à mi-che-
Comment peut-on relancer la promotion appareil par les structures étatiques. Il me le PIB a été de 1,7%. Les prévisions op- min entre la privatisation et la propriété et
de la destination Algérie dans le contexte semble que le secteur n’a pas joui de toute timistes situent l’évolution du tourisme à la gestion publique des établissements hô-
actuel ? la stabilité nécessaire pour une action de environs 6 à 7% annuellement. Même si teliers. Elles permettent de mettre à profit
Jusqu’à maintenant on a toujours agi sur fond apte à lui assurer une évolution stable. le tourisme maintient ce cap, est-ce qu’il des compétences privées pour la gestion de
la forme plutôt que sur le fond. Le secteur Les divers rattachements éphémères du évoluera dans une proportion plus impor- biens publics. Ce sont des formules encou-
a fait l’objet de multiples restructurations tourisme à d’autres secteurs supposés «voi- tante que les autres secteurs pendant les rageantes et à encourager. F. M.
El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010 CHRONIQUE 5
Par
Abdelhak Lamiri
N
otre secteur public vités économiques ; manœuvre nécessaires pour jouer nations livrées à l’activité privée : tex-
économique, adulé 2. L’économie de marché peut pro- son rôle) ; tile, agro-alimentaire, bâtiment etc.
durant les années duire des résultats satisfaisants en 5. Une régulation de qualité : au lieu En second lieu, les diagnostics, les
soixante-dix et qua- disposant d’un secteur public écono- d’avoir un Etat omniprésent et ineffi- restructurations et les assainissements
tre-vingt, diabolisé mique dominant «l’économie de cace, l’économie de marché nécessi- répétitifs ont été tentés maintes fois
pendant les années marché publique». Selon ce point de te une administration plus réduite, avec toujours un échec flagrant en
du PAS (Plan d’ajustement structurel) vue, on peut faire coïncider une mais plus experte. La qualité de ses fin de course. Qu’est-ce qui est diffé-
jusqu’à l’apparition de la crise des hyper étatisation et l’efficacité écono- directives, de ses actions, de sa vision rent cette fois-ci ? Ou espère-t-on
subprimes, est de nouveau encensé mique. et de sa régulation compense de loin qu’en faisant la même chose plu-
et présenté comme le futur pilier de Ces deux positions extrêmes sont son rétrécissement. sieurs fois, on a une chance d’obtenir
la construction de l’économie de plutôt plus ancrées dans l’idéologie Si nous avions les cinq conditions au moins un jour des résultats diffé-
marché en Algérie. Ce mouvement que dans le pragmatisme. Elles sont citées, nous pourrions avoir un sec- rents, ce qui est très peu probable.
pendulaire est caractéristique des rejetées par la vaste majorité des éco- teur public réduit et efficace. Mais en Alors pour améliorer la probabilité du
politiques économiques en Algérie. nomistes. La première est le prolon- l’absence d’une ou de plusieurs de succès de l’opération, n’a-t-on pas
En période de vaches maigres, on gement de l’idéologie ultra libérale ces exigences, il est très hasardeux de intérêt à mettre toutes les chances de
adopte des politiques libérales, en revendiquée par Frederick Von vouloir disposer d’un vaste secteur réussite de notre côté ? Peut-on s’ins-
période d’affluence, on devient Hayek. La seconde est une version économique étatique. Nous devons pirer des conceptualisations théori-
adepte de l’hyper étatisation de soft de l’ex-idéologie marxiste. Nous garder présent à l’esprit cette ques pour concevoir une restructura-
l’économie. Certes, on tolère et on avons toute une littérature économi- contrainte lorsqu’on désire utiliser le tion efficace ? En général, dans les
évoque l’importance du tissu de que sur le comportement du secteur secteur public comme moteur essen- pays sous-développés, le concept de
PME/PMI, mais mis à part les crédits public : Public Choice Theory (théo- tiel de la croissance économique. Le théorie a une connotation péjorative.
à l’importation, les ressources bancai- rie des choix publics). Cette branche plus souvent, cet espace est sur-poli- Il signifierait un ensemble d’élucubra-
res allouées à ce secteur pour la créa- de l’économie nous fournit de pré- tisé. Les partis au pouvoir ont ten- tions déconnectées de la réalité. Rien
tion et le développement sont margi- cieux renseignements sur les modes dance à l’utiliser pour asseoir leur n’est plus éloigné de la certitude que
nales, comparées aux allocations du de fonctionnement de la sphère domination et en tirer des avantages cette allégation. Il faut de grandes
secteur public. Le secteur de la PME/ administrative et économique publi- économiques. C’est une tendance capacités de discernement pour tirer
PMI représente plus de 70% de la que. Son chantre James Buchannan a lourde qui semble transcender les profit de ce qui est connu sur l’effica-
valeur ajoutée hors hydrocarbures. été lauréat du prix Nobel d’économie frontières politiques et culturelles. cité du secteur public et l’adapter à
Mais il reçoit moins de 30% du total en 1986. Il ne nous est pas possible Rien ne sert de se lamenter inutile- l’environnement national. Mais négli-
des crédits bancaires (hors importa- de détailler les tenants et les aboutis- ment contre de telles pratiques. Il ger carrément les riches connaissan-
tions). Est-il possible de construire sants ainsi que la totalité des expé- faut tout simplement mettre en ces et expériences dans ce domaine
une économie viable avec de telles riences analysées par cette école de œuvre des mécanismes qui limitent serait lourdement pénalisant pour
pratiques ? pensée, du reste très précieuse pour les impacts de tels procédés. Si un l’économie nationale.
comprendre une partie de la réalité. pays était peuplé d’anges, n’importe
CONSIDÉRATIONS Les différents travaux de cette doctri- quelle économie fonctionnerait effi- CONCLUSION
«THÉORIQUES» ne nous permettent de définir les cacement. Mais l’être humain est Nous avons beaucoup de matériaux
Une économie de marché peut s’ac- conditions d’efficacité d’un secteur plus égoïste qu’altruiste (postulat de à considérer lors d’une reconfigura-
commoder de l’existence d’un sec- public. Nous pouvons en énumérer Tullock). Tout système économique tion d’un secteur public. On peut
teur public économique. En plus de les plus importantes, à savoir : devrait être conçu de sorte à utiliser raisonnablement doser les ressources
réguler, l’Etat peut détenir des parti- 1. Le seuil : un secteur économique le potentiel positif des ressources qui lui sont octroyées en fonction de
cipations minoritaires, majoritaires ou public limité qui ne dépasserait pas humaines et neutraliser leurs tendan- sa taille. Il serait intéressant de procé-
totales dans des entreprises stratégi- les 20 à 30% du PIB (hors hydrocar- ces à agir contrairement aux intérêts der à des ouvertures minoritaires de
ques, de service public et parfois bures pour l’Algérie) ; de la majorité. Ces avertissements capital et appuyer les nouveaux
même dans des sociétés ordinaires. 2. La compétition : il est impératif de valent pour tout essai d’ingénierie de actionnaires par des bureaux conseil.
L’économie de marché n’évince pas soumettre ce secteur, autant faire ce système économique et par consé- Il y a lieu de se défaire des activités
totalement l’Etat de la sphère écono- peu, à des systèmes de compétition quent pour le dimensionnement du non stratégiques et encourager la
mique. L’expérience ne contredit pas directe et indirecte. On encourage, secteur public. compétition, au début nationale puis
la théorie dans ce domaine. Dans les par exemple, des sociétés d’autocar à internationale, pour chaque segment
années soixante-dix, l’Etat français rivaliser avec une entreprise publique EXPÉRIENCE ALGÉRIENNE retenu. La modernisation managéria-
disposait d’entreprises d’électricité, de chemin de fer ; Les pouvoirs publics algériens ont le du secteur bancaire est un préala-
de véhicules, de transport et dans 3. Un minimum de prise de partici- choisi de diagnostiquer, restructurer ble, de même que la réforme admi-
plusieurs autres domaines (la taille pation privée : il est nécessaire d’inci- et relancer les industries du secteur nistrative. On voit mal un secteur
du secteur public économique avoi- ter les privées à prendre quelques public. Cette décision est lourde de public efficace dans les conditions
sinait les 21% du PIB). La croissance participations privées dans les entre- conséquences. Nous avons, tant au juridiques et environnementales
économique du pays dépassait les prises publiques de sorte à renforcer niveau de la classe politique que actuelles. Ce qui pose le problème
5%. Malgré les récents désengage- les contrôles, exiger plus d’audits et dans la profession des économistes, de l’ingénierie des réformes dans leur
ments, plusieurs pays d’Europe sont mettre plus de pression sur les mana- des personnalités pour ou contre globalité, car dans le contexte pré-
encore en possession d’un secteur gers pour de meilleures performan- cette approche. Il va de soi que la sent, chaque partie est en même
public appréciable. La vaste majorité ces ; complexité de la question est telle temps victime et coupable des dys-
des connaissances dont nous dispo- 4. Un équilibre entre les décisions que nous ne pouvons qu’effleurer fonctionnements actuels. ` A. L.
sons (Main Stream Economics) ainsi politiques et les choix techniques. certaines particularités pertinentes. Il PH. D. en sciences de gestion
6 L’ACTUALITÉ El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010
PHOTO : D. R.
la terre algérienne à la recherche d’oppor-
tunités d’affaires qui n’existeraient pas
ailleurs.
Si les pays européens, précisément ceux
du nord de la Méditerranée, entretiennent que du Nord, mais aussi parmi les autres qui permet à cette injection massive d’ar- en Algérie dans le secteur immobilier et
avec l’Algérie des relations économiques pays méditerranéens. Seule la Palestine ne gent d’entraîner le développement dans des services avant de quitter le pays par
historiques, il est à remarquer que les pays fait pas mieux. les secteurs industriels et agricoles». la petite porte en 2009 acculé par la crise
de l’Europe de l’Est (comme la Tchéquie Si l’Algérie n’attire que par l’énormité de financière.
ou la Pologne), du Nord comme le Da- LE POIDS DES MARCHÉS PUBLICS ses marchés publics, son potentiel reste Selon une étude de réseau Anima, les
nemark et d’Amérique du Sud comme le Economistes et hommes d’affaires s’ac- important «même dans l’investissement investisseurs des pays du Golfe seraient
Mexique ou le Brésil, n’hésitent plus à cordent à dire que ce qui suscite cet intérêt productif», estime notre interlocuteur. moins réalistes que les Européens ou les
parcourir la distance pour venir prospecter grandissant ces derniers mois pour le mar- Le problème, c’est que les entreprises Américains. A peine 43% des investis-
du côté du marché algérien. Leur leitmotiv ché algérien c’est d’un côté la volonté de étrangères et notamment européennes ont sements annoncés par les pays du Golfe
«l’Algérie est un marché porteur». De ces délégations étrangères de s’enquérir davantage «besoin, en cette période de sont concrétisés, globalement, contre 71%
quoi nourrir d’immenses espoirs sur les des détails concernant les dernières déci- crise, de débouchées pour leurs produits et pour les projets européens et 78% pour les
opportunités économiques que l’Algérie sions prises par le gouvernement algérien c’est pour cela qu’ils viennent en Algérie investissements américains.
pourrait concrétiser avec autant de par- en matière d’investissement étranger. Les en éclaireur», explique l’économiste. Le premier ministre Ahmed Ouyahia
tenaires étrangers, aussi nombreux que changements de réglementations ont été l’avait lui-même reconnu l’année der-
divers. Seulement à y regarder de plus tellement brusques et incompréhensibles QUE DE PROMESSES NON TENUES ? nière, en déclarant que «la démarche de
près, il semble que cela est loin d’être le que les entreprises étrangères ont à cœur Certes, les dernières mesures restrictives certains investissements arabes en Algérie
cas. Combien en effet de ces visites de de tirer les choses au clair avant de prendre concernant les investissements étrangers n’était pas sérieuse».
délégations ont débouché sur la conclu- une quelconque décision future. L’autre ont quelque peu refroidi les ardeurs des Mais en matière de promesses non tenues,
sion de véritables projets d’investissement élément est, selon l’économiste Moha- entreprises étrangères vis-à-vis de l’Al- les investisseurs arabes ne sont pas les
créateurs d’emplois et de valeurs ajoutées med Bahloul, «l’importance des marchés gérie, mais il faut noter que même avant seuls. Les annonces ces dernières années
ou sur des partenariats avec des opérateurs publics dans le cadre du nouveau plan les dispositions de la loi de finances com- de création d’une usine de montage auto-
économiques nationaux en dehors du sec- quinquennal qui mobilise des sommes im- plémentaires 2009, ils ne se bousculaient mobile en Algérie par des Européens, des
teur des hydrocarbures. Un rapide coup portantes». C’est un plan de charge de 280 pas au portillon combien même les délé- Chinois ou encore des Iraniens, sont là
d’œil sur les bilans annuels de l’investis- milliards de dollars sur cinq ans dont «ils gations d’hommes d’affaires continuaient pour le rappeler. Encore faudrait-il que
sement étranger en Algérie publiés par des veulent participer à la réalisation ou pour y à faire le déplacement. On assistait même l’environnement des affaires en Algérie ne
organismes étrangers ou nationaux permet placer leurs produits». au milieu des années 2000 à l’arrivée de soit pas aussi instable et difficile.
de constater que les résultats sont plus que A l’instar des programmes précédents, le nouvelles entreprises originaires des mo- En matière de crédibilité et de pragmatis-
mitigés. Il suffit de savoir que l’investis- nouveau plan présente le désavantage de narchies du Golfe, annonçant des inves- me dans les affaires, M. Bahloul considère
sement direct étranger (IDE) en Algérie limiter les entreprises étrangères dans une tissements à coups de plusieurs milliards que «les Allemands ont toujours montré
atteint bon an, mal an les 2 milliards de certaine forme d’intervention particulière- de pétrodollars. Des annonces qui avaient une volonté réelle durant toute l’histoire
dollars et que le secteur de l’énergie repré- ment à travers les marchés publics, ce qui d’ailleurs laissé sceptiques certains obser- économique de l’Algérie. D’ailleurs, ils
sente à lui seul 90% des plus gros projets ne constitue pas vraiment des investisse- vateurs. L’économiste Abdelkhak Lamiri ont participé au développement de l’in-
d’IDE dans le pays, selon les données du ments productifs à long terme. «Les inves- y voyait «des investissements spéculatifs dustrie mécanique nationale dans les
réseau des Agences méditerranéennes tissements publics sont orientés dès le dé- sans aucune valeur ajoutée» précisément, années 1970. A leur côté, les Espagnols et
d’investissement (ANIMA) publiées en part et ne donnent pas au secteur productif car ils sont constitués majoritairement les Italiens sont très présents dans la PME.
2009. Rapportés au nombre d’habitants, et industriel les capacités nécessaires pour dans des projets immobiliers. On se sou- Quant aux Américains, on les retrouve
les IDE enregistrés par l’Algérie sont les se développer», explique M. Bahloul. La vient tous des promesses du groupe émi- plutôt dans des projets à long terme dans
plus faibles (55 dollars par tête d’habitant, réalité est que «nous butons sur le fait que rati Emaar qui avait annoncé en 2007 son le cadre d’une approche géopolitique glo-
selon la Cnuced) pas seulement en Afri- nous n’avons pas encore trouvé la formule intention d’investir 5,5 milliards de dollars bale». S. B.
même temps que «le renforcement du monde entrepre- termes, il s’agit de mettre en place «les instruments d’ap-
neurial national», estime Boualem M’rakech, président plication de la nouvelle politique mise en place s’agissant
de la Confédération algérienne du patronat (CAP) dans par exemple de la disposition des 51/49%». Pour ce faire,
une déclaration à El Watan Economie. Pour lui, ces le président de la CAP juge nécessaire «une consultation
nombreuses délégations d’hommes d’affaires étrangers permanente avec les premiers intéressés c’est à dire les
qui visitent l’Algérie depuis des mois «sont d’abord à représentants du monde entrepreneurial national afin de
la recherche d’un marché» et c’est pour cela que le pays détecter au fur et à mesure de l’application du nouveau
doit saisir cette occasion pour agir dans une démarche dispositif ses cohérences et ses incohérences». Sans
«commune et négocier d’une manière intelligente» dans cela, il serait difficile d’envisager la concrétisation de
PHOTO : D. R.
le cadre du nouveau dispositif réglementaire mis en place quelconques projets dans l’immédiat avec les étrangers
depuis 2009. Ce dernier vise à renforcer «le plus possible que ce soit dans une perspective d’investissement ou de
la notion de produit national», souligne le président de partenariat, estime-t-il. S. B.
El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010 L’ACTUALITÉ 7
Réda Hamiani. Président du Forum des chefs d’entreprises
«C’est le plan quinquennal
qui les intéresse»
Propos recueillis Des hommes d’affaires originaires des quatre coins du dispositions : la règle des 49/51%, l’obligation d’avoir une
par monde se sont rendus dernièrement en Algérie. Que balance devise excédentaire, dans le foncier avec la conces-
Safia Berkouk peut-on comprendre de cette recrudescence d’intérêt sion, la vente aux enchères, etc. Pour eux, c’est encore très
pour le marché algérien ? compliqué. Ils nous demandent de préciser davantage et
Cela est révélateur et prouve que notre pays est un grand d’imprégner de simplicité et d’efficacité les règles qui orga-
marché et que nous ne sommes pas touchés par la crise par nisent notre monde économique. C’est encore flou, que ce
rapport aux autres pays de la région, hormis peut-être la Li- soit pour avoir un terrain, un crédit. Il y a trop d’incertitudes
bye. Dans cette période de crise, tous les étrangers sont à la et un manque de visibilité.
recherche de marchés qui ont été épargnés et où ils peuvent
se placer et investir. Donc il y a un intérêt compte tenu de L’Algérie doit-elle choisir entre tous ces partenaires
l’important programme d’investissement qui est prévu par potentiels ?
l’Algérie. Ils viennent s’enquérir dans quelles mesures ils Franchement, on ne peut pas faire la fine bouche. Ceux
peuvent tirer profit de cette conjoncture favorable à notre qui veulent venir sont les bienvenus. Maintenant, si on a le
pays. L’autre signification est qu’on a pas été capables de choix, la priorité numéro un dans notre pays est la technolo-
bien expliquer la nouvelle politique en matière d’investis- gie. Celui qui vient, ce n’est pas pour nous apprendre à faire
sement et de partenariat étranger. Beaucoup de ces hommes du commerce, car on sait le faire. Ce dont on a besoin c’est
d’affaires viennent directement voir pour s’informer. Le une aide dans la récupération du potentiel industriel, ou dans
marché algérien les intéresse, ils veulent aller plus loin et les services où il y a un gros déficit. Mais que quelqu’un
pour cela ils veulent connaître dans le détail quelles sont les vienne dans le tourisme, la grande distribution ou dans
opportunités. l’agriculture, c’est pareil. Tout est à reconstruire.
Le partenariat pour nous, ce n’est pas forcément un apport
Ils viennent quasiment chaque année, pourtant les chif- financier. C’est une participation dans les sociétés existantes
PHOTO : H. LYÈS
fres sur les investissements étrangers en Algérie n’évo- en Algérie pour livrer les licences, les brevets et le savoir-fai-
luent pas beaucoup ? re sur le plan technologique et aider à une meilleure gestion
Je suis de votre avis. Mais il faut savoir que cela tient aussi pour qu’ensuite nous puissions prétendre être présents sur
au caractère instable de notre réglementation. Dans un pays les marchés extérieurs. Ce sont les clés qui pourraient nous
où l’environnement est stabilisé, peut-être que ça aurait Réda Hamiani aider à nouer des partenariats gagnant-gagnant.
donné d’autres résultats. Ils auraient été inspirés davantage
dans la prise de décisions. L’Algérie est un marché qui les leurs yeux un partenaire, non pas crédible, mais ne jouissant Est-ce que le plan de charge de 280 milliards de dollars
intéresse, mais ils sont un peu embarrassés ; comment le pas d’un réseau de vente, d’un niveau de fonds propres ne risque pas de cantonner ces partenaires potentiels
prendre, par quel angle l’appréhender. Ils veulent connaître ou d’expertise suffisant. Ils sont un peu dans l’embarras dans des secteurs et des formes de partenariat limité ?
un peu plus la réglementation dans le détail si cela ne les pour choisir quel type de partenaire peut les accompagner Honnêtement, quand on voit un peu le détail des délégations
gêne pas dans une perspective d’investissement ou de par- dans une optique de partenariat, d’investissement ou de qui viennent, c’est souvent cet aspect-là qui les intéresse le
tenariat. Leur va-et-vient prouve un intérêt constant, mais commerce. plus parce qu’il y a très peu de pays à travers le monde qui
ils n’arrivent pas à prendre la décision. Il y a dans cela le mettent sur la table autant d’argent en direction des parte-
côté instable de la réglementation, mais aussi le côté acteurs Que recherchent-ils dans ce cas ? naires étrangers. La plupart des pays sont frappés par des
économiques. Dans le secteur public, il y a des politiques de Ce qu’on retient en discutant avec ces différentes déléga- crises de liquidités, des dettes énormes, un assainissement
restructuration qui faussent un peu l’image et les données tions c’est leur souci de rendre l’Algérie abordable par des financier non maîtrisé. Nous avons tous ces paramètres qui
de ces grandes sociétés. En plus, le secteur privé dans la solutions concrètes et simples. Ils réclament plus de sim- sont autant de signaux d’attractivité qui incitent tous les
plupart des cas n’a pas la taille critique et ne constitue pas à plicité dans le code des investissements, dans les nouvelles partenaires d’abord à venir pour ces raisons. S. B.
tisés, il peut y avoir des concrétisations avec départ vers l’Europe et l’Afrique de l’Ouest
plupart des délégations qui viennent sont des entreprises publiques. Mais nous avons notamment. Mais encore une fois, c’est la
intéressées par le pays et par le programme besoin d’une adaptation à la nouvelle régle- disponibilité d’opérateurs algériens capa-
présidentiel énorme et qui constitue le plus mentation aussi bien à notre niveau qu’au bles de les accompagner qui fait défaut.
gros chantier de la Méditerranée depuis Abdelmalek Serraï niveau des partenaires étrangers.
1947-1948. Tout le monde veut participer Parmi toutes ces délégations, quelles sont
et apporter sa contribution. Il y a eu par légations n’ont pas toujours en face d’elles Il y a eu ces dernières années beaucoup celles qui vous semblent plus à même de
ailleurs un travail qui a été fait par nos d’excellents interlocuteurs qu’ils soient des de promesses non tenues de la part des concrétiser des projets d’investissement
ambassades et qui est en train de réanimer opérateurs publics ou privés. Les premiers investisseurs étrangers, comme Emaar ou de partenariat en Algérie ?
l’intérêt des entreprises étrangères après sont connus comme étant des partenaires par exemple. Finalement par quoi sont- Je pense surtout aux Coréens, aux Chinois
avoir constaté qu’après la loi de finances lourds, compliqués, très lents dans leurs ils intéressés ? et aux Turcs qui sont engagés sur pas mal
2009, beaucoup d’opérateurs internatio- initiatives. Les seconds sont dynamiques par Au départ, tous ces investisseurs, sans de chantiers. Ces derniers n’hésitent pas à
naux se sont rétractés vis-à-vis de l’Algérie. leur volonté sans toutefois avoir le manage- exception et quelle que soit leur origine, s’associer avec des Algériens ou même avec
Il y a un travail diplomatique et de coulisses ment ou l’assise financière qu’il faut. Donc avaient une vision commerciale pour rapa- des entreprises européennes pour venir en
pour essayer de faire renaître cet intérêt toutes les initiatives ne sont pas concrétisées trier des bénéfices dans un délai très court. Algérie. Ils font un forcing sur l’Algérie,
à l’endroit de l’Algérie. Ces délégations à haut niveau. Pour que ce soit le cas, il faut Mais avec les nouvelles lois, notamment mais ils ne viennent jamais seuls, ils optent
viennent donc s’enquérir elles-mêmes des que les rencontres se multiplient pour ame- la loi de finances complémentaire 2009, plutôt pour le partage des risques. En ce qui
possibilités qu’offre l’Algérie dans le cadre ner graduellement les opérateurs étrangers ils se sont aperçus que l’Algérie essayait nous concerne, nous devons rapidement
des nouvelles lois. à nous aider dans une nouvelle formulation de reprendre les choses en main. Ajouter à clarifier la situation chez nous, car elle n’est
d’entreprises mixtes dont on a besoin. Le cela, la crise financière internationale qui pas encore totalement claire. On a besoin de
Qu’est-ce qui empêche cet intérêt de se privé algérien est en crise financièrement et a joué un rôle considérable dans le monde clarté pour que les opérateurs nationaux et
transformer en projets concrets ? les entreprises publiques ne sont pas prêtes. poussant beaucoup de ces entreprises à étrangers puissent travailler sur le moyen et
Le problème qui se pose c’est que ces dé- Nous sommes en train de perdre du temps et revoir leurs stratégie et à geler des projets le long terme. S. B.
8 PRODUITS & MARCHÉS El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010 PRODUITS & MARCHÉS 9
PRODUCTION DU LIÈGE ET DES PRODUITS FORESTIERS Capacités de production et de commercialisation
des produits forestiers
PHOTO : EL WATAN
Depuis le début de la crise sécuritaire et l’apparition du fléau de
terrorisme, d’importants massifs forestiers sont abandonnés et de leurs capacités unités publiques industrielles spécialisées dans la et développement agricole) et la SGP Proda (productions
le liège non récupéré. transformation du liège et leur affectation au ministère de animales) ont été rattachées au ministère de l’Agriculture.
Pour la seule wilaya de Tizi Ouzou, où la production de liège se l’Agriculture et du Développement rural a suscité moult in- C’est sur les unités de production relevant des SGP en
concentre particulièrement dans les massifs de Yakourene et de terrogations parmi les travailleurs de la filière. Ces derniers question que s’appuiera la politique du renouveau agri-
Mizrana, le conservateur des forêts a fait savoir dans une précé- estiment, en effet, qu’il est plus judicieux d’affilier ces cole et rural. C’est dans la même perspective que s’inscrit
dente déclaration qu’une grande partie de la production de liège source d’entrées en devise, il faut noter que le liège est l’un des la transformation de ce produit à travers les unités industrielles produits d’étanchéité. Enfin, il est utile de noter que le potentiel unités plutôt au secteur de l’industrie qui est le mieux placé d’ailleurs la création au mois de mars dernier de la société
n’a pu être récoltée depuis plusieurs années. «Aucune entre- rares produits hors hydrocarbures que l’Algérie parvient à de liège relevant du secteur public, au nombre de six et concen- de production de liège brut en Algérie, qui correspond à une pour tracer une meilleure stratégie de développement de du génie rural qui est spécialisée dans le développement ru-
prise ne peut s’aventurer dans ces massifs infestés de groupes exporter avec une valeur moyenne annuelle équivalent trées dans les wilayas du centre et de l’est du pays, comme superficie de chêne-liège de plus de 400 000 ha, est censé don- cette branche d’activité, notamment dans le volet relatif à ral et regroupant désormais les anciennes entités dissoutes
terroristes pour la récolte de liège», dira-t-il. Tandis que les 300 millions de dinars, selon les statistiques fournies par la Béjaïa, Jijel et Skikda, elle aussi, a du mal à s’inscrire dans un ner une production théorique de plus de 300 000 q par an. Mais l’exportation des produits forestiers comme le liège. Inter- ou en activité spécialisées dans l’aménagement forestier.
incendies restent en tête des facteurs contribuant à la dégrada- direction générale des forêts. cycle de croissance. Les principaux produits issus de la trans- dans la réalité, la production moyenne ne représente que près de rogés sur ce point, des cadres du ministère de l’Agriculture L’exploitation de l’espace forestier, dont la production du
tion du potentiel national de chêne-liège avec des pertes annuel- Les clients habituels qui importent le liège algérien sont la formation de liège sont, entre autres, les bouchons pour divers 25% de ces capacités, soit une moyenne de 80 000 quintaux/ ont expliqué que l’affiliation des unités de transformation liège, fait partie également des priorités de la politique du
les atteignant jusqu’à 10% des surfaces forestières. Comme France, l’Espagne et les Etats-Unis. Outre la production brute, types de bouteilles, le liège aggloméré, le polystyrène et autres an. M. N. du liège au secteur agricole s’inscrit dans le cadre de la développement rural prônée ces dernières années à travers
décision prise par le conseil des participations de l’Etat au les PPDRI (programmes de proximité de développement
début de l’année à travers laquelle deux sociétés de gestion rural intégré). M. N.
PHOTO : D. R.
importateur mondial de blé dur, avec en blés sont plus complexes. Nous sommes
moyenne 1,5 million de tonnes. Chaque sur un produit stratégique, subventionné.
année le marché, devenu très tendu, attend Ce qui nous intéresse, c’est de mettre en
les commandes de l’OAIC pour ajuster ses place un référentiel qui intègre le choix
cours. Pendant ce temps, nos rendements ont chuté. Il faut nous préparer dans notre techniques. Nous avons réussi, mais en variétal adapté à chaque région, et aux
à l’hectare, malgré quelques progrès ces filière blé dur tout de suite à cela. Il faut prenant du temps. Cette fois, tout le mon- besoins de transformation en fonction
dernières années, demeurent loin de la utiliser ce soutien de l’Etat pour faire pro- de agit dans le même sens, producteurs, des habitudes alimentaires. L’enjeu est en
moyenne régionale. Notre carence c’est gresser la parcelle céréalière. Au Maroc, transformateurs, pouvoirs publics. Cela définitive de maintenir et de développer le
la parcelle. Nous, les transformateurs, par exemple, des transformateurs comme ira plus vite. blé dur algérien dans une répartition mon-
sommes au milieu de la chaîne entre les nous, se sont rapprochés de leurs produc- diale ou le blé dur tend à reculer au profit
consommateurs et les producteurs. Nous teurs. Ils leur garantissent l’achat de leur Vous avez réussi à faire passer le rende- du blé tendre dans le modèle alimentaire.
sommes sur une activité qui représente récolte à la hauteur de leur rendement ha- ment moyen dans la tomate industrielle C’est en tout état de cause un travail de
environ 150 milliards de dinars de chif- bituel à l’hectare. En contrepartie de quoi, de 15 tonnes à l’hectare à 60 tonnes longue haleine.
fres d’affaires annuel. Nous sommes ils proposent un encadrement cultural, ils dans l’important réseau de parcelles
interpellés pour pousser à l’organisation achètent les semences, apportent le sou- qui travaillent avec vous. Avez-vous des Le morcellement des parcelles est jugé
de la filière. Les pouvoirs publics en sont tien technique. Ils remboursent seulement objectifs similaires en croissance des par de nombreux agronomes comme
conscients et nous aident. Les journées sur les quantités produites au-dessus du rendements pour le blé dur ? un frein à la croissance des rendements
techniques de Annaba sont une occasion rendement habituel convenu. C’est dire Il existe des céréaliers qui obtiennent déjà agricoles en Algérie. Est-ce votre avis en
pour mettre en commun les meilleures s’il existe des possibilités de créer de la 50 quintaux de blé à l’hectare. Si nous tant que client des producteurs ? Est-ce
pratiques dans la céréaliculture. valeur ajoutée sur les parcelles avec notre arrivons ensemble à hisser la moyenne que vous n’avez pas à terme intérêt en
niveau de subvention en Algérie. nationale à 40 quintaux l’hectare dans les tant qu’industriels de l’aval de rentrer
Vous avez soutenu en 2007 le recours à 6 ou 7 prochaines années, nous aurons dans la propriété agricole pour en
une subvention étatique forte en faveur Les transformateurs, dont vous en êtes bien travaillé. Il nous faudra déjà trois an- agrandir les superficies et en améliorer
des producteurs de blé algériens lorsque un, semblent jouer le rôle d’initiateur nées d’essai, d’observation pour savoir ce les rendements ?
les cours étaient de presque 800 dollars dans cette tentative de mieux intégrer qu’il faut faire en fonction des régions, des Je pense que l’organisation de la filière,
la tonne à l’importation. Estimez-vous la filière céréalière. Qu’est-ce qui vous sols et des habitudes alimentaires locales. l’application des bons itinéraires techni-
que cette subvention de 45 000 DA la laisse penser que les producteurs vont Mais au-delà de cet enjeu du rendement ques, les bonnes combinaisons semences,
tonne a eu une incidence sur la produc- vous suivre et jouer le jeu de la coor- qui est essentiel, il nous faudra adapter qualité des sols, utilisation de fertilisants,
tion céréalière ? dination ? Après tout, ils sont toujours les productions au besoin de la consom- technique d’irrigation sont plus importan-
Certainement. Si on analyse ces deux der- certains de vendre leur production mation. En Algérie, les transformateurs tes dans le résultat que la taille de la par-
nières campagnes céréalières, on constate auprès de l’organe régulateur… triturent du blé tout venant. Les différen- celle. Voyez la Tunisie et le Maroc, la taille
que les niveaux de production sont excep- A vrai dire, nous nous étions jamais in- ces de qualité sont sanctionnées par un ba- moyenne de la parcelle de tomate y est de
tionnels. Cela résulte bien sûr des condi- téressé à eux jusque-là. On ne peut pas rème de prix totalement dépassé. Il est de 3 à 4 hectares, comme en Algérie. Cela
tions climatiques favorables, mais pas donc dire que les producteurs se détour- 25 DA sur une transaction de 45 000 DA. n’empêche pas le rendement moyen de la
seulement. L’encadrement technique de naient d’une concertation professionnelle L’interprofessionnel va, je crois, s’atteler à tomate de s’y situer presque au double de
la filière s’est amélioré, et les incitations amont-aval. Aujourd’hui, le contexte est le mettre à jour. celui en Algérie. Devenir co-propriétaires
à produire du blé dur à jouer. Des produc- favorable pour cela avec une volonté poli- de parcelles n’est pas, en tout cas pour
tions et des rendements records sont là : tique affichée de l’Etat d’aller dans le sens Les consommateurs ne savent pas tou- moi, la bonne réponse. J’ai des capaci-
61,2 millions de quintaux en 2009 et 45,6 de l’organisation des filières profession- jours qu’il existe des standards de tés de transformation de blé de 250 000
millions de quintaux en 2010. Maintenant, nelles comme cela s’est fait dans le lait, la qualité qui déterminent l’activité trans- tonnes. Au rendement moyen actuel de
nous devons aller au-delà. Ce niveau de tomate ou la pomme de terre. Nous allons formation des graines en semoule puis 15 quintaux à l’hectare cela nécessiterait
subvention ne va pas demeurer éternelle- mettre en place des conventions, apporter en pâtes alimentaires. Comment les blés d’acquérir 166 000 hectares. Si les ren-
ment. Regardez la PAC (politique agricole de la transparence dans le fonctionnement durs qui ne sont pas de bonne qualité dements montaient à seulement 40 quin-
commune de l’Europe), elle a été mise en de la filière. L’interprofessionnel des peuvent-ils impacter votre activité de taux à l’hectare, nous aurons besoin de
place pour garantir collectivement une céréales se construit. L’avantage avec les transformation ? seulement 40 000 hectares d’emprise au
autonomie alimentaire des pays membres, producteurs c’est qu’ils sont déjà fédérés Au Maroc, les transformateurs ne veulent sol pour traiter nos 250 000 tonnes de blé.
mais une fois dégagés des excédents im- dans les chambres d’agriculture. Tout peut même pas savoir comment. Sur le 1,5 En ce qui concerne notre amont, la bonne
portants dans les années 1990, puis avec aller très vite dans le bon sens. Il y a six million de tonnes de blé dur produit en implication c’est l’assistance, la création
l’extension de l’Europe vers l’Est avec ou sept ans nous étions seuls, le groupe moyenne chaque année, pas une graine ne de réseaux, de clubs ou tout se mutualise
de nouveaux pays entrants qui ont doublé Benamor, à tenter d’organiser la filière va aux moulins industriels. Les industriels entre producteurs et transformateurs.
la surface agricole utile, les subventions de la tomate autour des bons itinéraires ont peur de détériorer leur matériel. Le blé E. K. I.
El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010 POINT DE VUE 11
Pour une approche renouvelée
du Management stratégique
des ressources humaines
Par POURQUOI FAIRE CONNAÎTRE femmes et ses hommes pour entrepren- à l’émergence d’une culture d’entreprise teinte de ses objectifs business et favori-
Laravi AUJOURD’HUI CETTE APPROCHE DU dre, innover, se comparer aux meilleurs, basée sur des valeurs et des compétences ser l’épanouissement des salariés, dans
Djelouah MANAGEMENT DES RESSOURCES etc., pour d’adapter aux besoins évolutifs partagées (valeurs corporatives et « core le respect des valeurs de l’entreprise et de
HUMAINES ? du marché. compétence »). la réglementation sociale.»
L’économie algérienne en a vraiment • D’une part, il faut comprendre les va- A la lecture de cette finalité, nous com-
POURRIONS-NOUS EN SAVOIR UN leurs explicites ou implicites pratiquées prenons l’importance de son rôle pour le
besoin et ses entreprises aussi. PLUS SUR CES 3 LEVIERS ?
Il est admis de dire que la professionna- dans l’entreprise avant d’identifier les fonctionnement l’entreprise.
lisation du Management des ressources Le talent, la compétence et la maîtrise du nouvelles valeurs que le chef d’en- Même si tous les dirigeants s’accordent
humaines (MRH) est un facteur de métier. C’est une clé évidente du succès. treprise souhaite voir progressivement à dire que les femmes et les hommes qui
compétitivité et de pérennité d’une en- La difficulté réside dans l’attraction et adoptées par le personnel. composent l’entreprise constituent la
treprise, mais aussi un indicateur de la surtout la rétention du talent, réceptacle (Exemple de valeur : «Courage et enga- ressource la plus importante et l’investis-
bonne santé économique d’un pays. d’un savoir-faire vital pour l’entreprise. gement de performance»). sement le plus durable, il n’en reste pas
L’approche explicitée ici s’inspire de On attire les talents parce qu’on leur • D’autre part, rechercher ces compéten- moins que seuls les chefs d’entreprise
notre expérience en la matière acquise donne envie de venir, grâce une politique ces «collectives» nécessaires à créer un qui mettent en marche cette conviction
comme consultant et dirigeant en MRH RH et en premier lieu, une politique de avantage concurrentiel sur son marché. pourront réussiront durablement («Walk
au sein de groupes internationaux. rémunération. Elles peuvent être communes à tout le the talk»).
Nous sommes convaincus que la Direc- Cette dernière a un double objectif : personnel et/ou uniquement aux mana- Nous restons persuadés que l’entreprise
tion des ressources humaines (la DRH) acquérir et fidéliser des compétences geurs. algérienne s’en portera mieux, ses sa-
doit gagner sa place pour impacter la d’une part, développer un système de ré- (Exemple de compétence commune aux lariés motivés, ses client satisfaits tout
compétitivité de l’entreprise et l’écono- manageurs : capacité de jugement et comme ses actionnaires.
mie d’un pays. décision). C’est le type d’évolution socio, éco et
Dans le domaine
Le partage de connaissances : professionnelle à laquelle souhaite toute
EXISTE-T-IL DES CONDITIONS Pour partager et diffuser la connaissance, l’équipe RH.
INITIALES QUI PERMETTENT À LA
FONCTION RH DE TROUVER SA VRAIE
commercial, une il faut d’abord la détenir.
La DRH est également chargée du trans-
- La tâche de la DRH s’arrête-t-elle là ?
Non pas du tout, il reste d’autres chan-
PLACE DANS L’ENTREPRISE ? entreprise qui produit fert de savoir-faire dans l’entreprise puis tiers qui relèvent du métier RH, classés
En effet, il en existe plusieurs, comme : et vend des produits sa diffusion en interne.
Une approche complémentaire à la for-
en 2 catégories : les «figures imposées»
et les «figures libres».
• La vision RH du chef d’entreprise,
c’est-à-dire sa capacité de formuler des destinés au bâtiment peut mation professionnelle, appelée «ben- Les chantiers comme le respect de la
exigences/attentes et fixer des objectifs se «benchmarker» avec chmark», est souvent moins coûteuse et
plus efficace.
réglementation sociale algérienne et
la politique de rémunération sont des
une entreprise qui produit
pertinents à la DRH.
• La personnalité et l’expérience de la Cela consiste à se comparer avec les exemples de «figures imposées» leur ab-
personne en charge du poste de Direc- et vend des médicaments. meilleures pratiques du métier pour être
meilleur que ses concurrents. Il n’est pas
sence génèrent toutes les insatisfactions
des employés l’entreprise.
Leur processus de
teur des ressources humaines (le ou la
DRH). toujours possible d’aller capter le savoir- Ensuite, les figures «libres» avec les
• Le soutien sans ambiguïté du chef d’en- commercialisation faire d’un concurrent redoutable. Il est
plus facile de trouver des sociétés perfor-
aspects liés au développement des RH,
ceux-là qui visent à satisfaire les 2 clients
est identique, les deux
treprise pour assoir rapidement de DRH
dans sa fonction. mantes qui ont des processus équivalents de la DRH : le manager et le salarié.
• La performance de la fonction RH elle-
même, c’est-à-dire une organisation et
entreprises ont une et bien structurés.
Pour exemple, dans le domaine commer-
Leur réussite engendre motivation et
engagement. Le rêve d’un chef d’entre-
des actions efficaces. approche commerciale par cial, une entreprise qui produit et vend prise !
• Le positionnement de la DRH comme
«business partner». Toute la DRH doit
«prescription» auprès des produits destinés au bâtiment peut
se «benchmarker» avec une entreprise http://blog.integrativeconsulting.org
L. D.
être mobilisée pour aider les opération- des médecins pour l’un, et qui produit et vend des médicaments. www.intergativeconsulting.org
nels à faire leur métier : le vendeur à ven-
dre, le productif à produire, le manager à
des maîtres d’œuvre pour Leur processus de commercialisation est
identique, les deux entreprises ont une
manager, etc. l’autre. approche commerciale par «prescrip-
tion» auprès des médecins pour l’un, et
• La performance générée par la DRH au
niveau de la performance individuelle, des maîtres d’œuvre pour l’autre.
de la performance collective et de l’ima- Une fois les meilleures pratiques captées
ge sociale de l’entreprise. tribution de la performance individuelle de l’extérieur, la DRH aidée de forma-
C’est cette approche «business partner» et collective permettant d’optimiser la teurs internes formés aux outils de trans-
qui crée de la valeur au profit de l’en- motivation d’autre part. ferts de connaissance, le diffuse à tout
treprise. A compétence égale ou équivalente, le employé concerné. C’est l’école interne
La DRH (composée à la fois de généra- salaire doit être équivalent. Chaque com- pragmatique, la meilleure, car elle rend
listes et de spécialistes) doit servir les in- pétence est payée équitablement avec un l’entreprise capable d’apprendre elle-
térêts de l’entreprise, mais aussi ceux des salaire fixe (l’équité est à la fois externe même et elle encourage les meilleurs à
salariés et contribuer à la prospérité de et interne). devenir formateurs et référents dans leur
l’entreprise et au partage plus équitable Il existe aussi d’autres formes de récom- métier.
des richesses avec les employés. penses liées à sa performance individuel- Elle peut aspirer à évoluer vers une orga-
le et collective (primes de performan- nisation apprenante.
EN QUOI CETTE APPROCHE ce, les avantages, le perfectionnement, L’autre approche plus classique est la for-
«BUSINESS PARTNER» CRÉE-T-ELLE l’évolution de carrière, etc.). mation professionnelle. Sa valeur ajoutée
DE LA VALEUR POUR L’ENTREPRISE Ces démarches doivent être honnêtes, réside dans l’écoute du besoin, le partage
ET EST-ELLE PLUS RENTABLE POUR comprises, transparentes et cohérentes des connaissances et leur formalisation.
L’ENTREPRISE ? pour retenir les talents.
Ensuite, l’image de l’entreprise, celle
Elle permet aussi d’identifier des for-
mateurs internes capables de capter et de
Laravi DJELOUAH
Idéalement, il faudrait pour apporter des
preuves tangibles de sa rentabilité éco- qui reflète sa culture interne. diffuser les savoir-faire. est le fondateur
Construire une culture d’entreprise à Ces démarchent visent toutes à réduire
nomique mettre en place des dispositifs
lourds et complexes de mesure de la l’écoute des salariés est le meilleur gage les écarts entre les compétences requises d’Integrative
performance globale comme la méthode d’attractivité et de rétention des talents. dans un poste et les compétences ac- Consulting, société
«Balanced Scorecard». Ces derniers se fient plus au «bouche à quises par le collaborateur. Un suivi des
Restons pragmatiques pour commencer oreille» des salariés de l’entreprise qui acquis devient indispensable. de conseil et de
et concentrons-nous sur quelques leviers recrute et aux avis des cabinets de recru-
tement sur la qualité du management de LA DRH SEMBLE AVOIR DU PAIN formation en
accessibles à une DRH et qui créent aussi
de la valeur comme : l’entreprise. Ces derniers préfèrent gar- SUR LA PLANCHE ? SA MISSION
SEMBLE PLUS LARGE QUE CELLE
développement
der les meilleurs talents pour les placer
• Le talent
• Les attitudes, comme la motivation, dans les meilleures entreprises. Ils pré- QUE NOUS LUI CONNAISSONS organisationnel et
HABITUELLEMENT ?
l’engagement ou le leadership, tous sy- servent ainsi leur image de professionna-
lisme et s’assurent de futurs clients. Nous pourrions résumer sa mission
en management
nonymes de performance
• Le partage des connaissances, le «lien» Les attitudes au travail, celles qui génè- comme suit : des RH
entre salariés, c’est-à-dire la capacité de rent l’engagement et la motivation. «Soutenir l’encadrement de l’entreprise
l’entreprise à mettre en mouvement ses La DRH joue un rôle capital pour aider dans sa mission de management et d’at-
12 ENTREPRISE & CONSEILS El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010
Par
Samir
L un document de discussion destiné à
stimuler les débats par une procédu-
re de consultation au niveau européen sur
tutaire et de l’organisation structurelle des
cabinets, la nouvelle loi est assez avant-
gardiste puisque inspirée de lois de la
région et adaptée au contexte algérien.
un sujet particulier, en vue de dégager des Pour le positionnement, il reste que, pour
Hadj Ali (*)
propositions formalisées sur un «White l’instant, la profession s’exerce plus à
Paper» pour les inclure dans les lois. L’ini- l’état individuel et que les professionnels
tiative n’est pas anodine d’autant que la algériens ont des difficultés à se fédérer
Commission européenne est l’institution en entités professionnelles reconnues.
qui représente et défend les intérêts de Cette situation qui perdure laisse le terrain
l’Union européenne. Elle élabore les pro- aux cabinets internationaux qui paradoxa-
positions de nouvelles lois européennes, lement ne sont pas autorisés à exercer
qu’elle soumet au Parlement européen en Algérie des activités relevant de la
et au Conseil. En tant que bras exécutif profession d’expert comptable, de com-
de l’Union chargée de l’exécution des missaire aux comptes et de comptables,
décisions du Parlement et du Conseil mais qui néanmoins sont recrutés par des
elle est chargée de la gestion quotidienne entreprises et organismes publics. D’un
de l’Union pour la mise en œuvre des côté, les professionnels algériens crient
politiques communes et des programmes aux ‘Big’. des cabinets et non des associés en charge à la confiscation de leur terrain quand de
communautaires. La chute potentielle d’un des ‘Big Four’ tout en gardant à l’esprit qu’un change- l’autre les cabinets internationaux atten-
pourrait causer beaucoup de tort, non seu- ment de cabinet est toujours une cause dent qu’un jour plus de libéralisation leur
GENÈSE DU SUJET lement dans la disponibilité de cabinets, de perte de maîtrise sur les premières permette de fournir le spectre complet
L’initiative a été lancée en octobre dernier mais également dans le système d’assu- années de mandat. En ce qui concerne de leurs prestations, y compris les pres-
par le commissaire(1) Michel Barnier, en rance au sens du confort et de la confian- les services hors audit, beaucoup de pays tations d’audit statutaire. Pour l’instant,
charge du marché intérieur et des servi- ce dans les informations financières des européens n’ont pas la même restriction ceux présents en Algérie s’installent sous
ces. La motivation du sujet de l’audit est entreprises et surtout du secteur financier. que celle appliquée en France, retrans- la forme de cabinets de conseils et s’ap-
liée à la crise économique qui a remis en La Commission reconnaît que la certifi- crite dans la loi algérienne selon laquelle puient sur des cabinets locaux pour les
cause le rôle des banques, fonds spécula- cation des comptes des grandes entrepri- un commissaire aux comptes ne peut activités réglementées.
tifs, banques centrales et agences de nota- ses est fondamentale dans la stabilité des recevoir de rémunération autre que celle A ce rythme, le positionnement des cabi-
tion, sans avoir évoqué la responsabilité marchés et que le redimensionnement des liée à sa mission. La Commission devrait nets internationaux en Algérie s’établira
des auditeurs. cabinets est nécessaire. En Europe où le être plus stricte sur ce sujet et exiger qu’il de la même manière que dans le reste du
La Commission européenne a donc voulu marché des sociétés cotées en bourse est n’y ait aucune relation d’affaires entre monde. Sur ce sujet, la stratégie des ‘Bigs’
renforcer les mesures destinées à stabi- couvert à 90% par des cabinets interna- l’audité et l’auditeur, autre que le mandat est d’ailleurs nettement affichée. L’écart
liser les marchés en lançant un véritable tionaux, en référence au montant total de certification. La proposition de publi- en deviendra plus grand si ces cabinets
débat sur la politique européenne en ma- des honoraires perçus, la Commission cation des comptes des cabinets devrait n’intègrent pas des compétences algé-
tière d’audit. Michel Barnier déclare sur européenne a mis en évidence le risque apporter plus de transparence. riennes avec un transfert de savoir-faire
sa page du site de la Commission que sa systémique d’une chute d’un cabinet lui- Si aujourd’hui des cabinets internatio- et une contribution à la structuration de la
conviction est renforcée par les questions même systémique ou d’un cabinet qui a naux publient leurs comptes à une échelle profession dans le respect de son éthique
soulevées dans le contexte de l’audit des atteint une proportion systémique.(3) nationale ou régionale, un seul à ce jour et de sa déontologie. Pour l’instant, les
comptes de la banque américaine Lehman La réalité est que la concentration du publie des comptes consolidés et audités. partenaires algériens de ces cabinets sont,
Brothers. Pour rappel, cette banque est marché de l’audit est tel que les clients Enfin, l’organisation structurelle devrait tout au plus, associés d’une structure lo-
tombée en faillite après que le gouver- n’ont pas vraiment le choix pour désigner être révisée pour apporter plus de crédibi- cale, sans intégration effective dans l’or-
nement américain ait décidé de ne pas la leurs auditeurs, surtout lorsque qu’ils sont lité à la place financière. La majorité des ganisation globale. Rares sont les profes-
sauver. Ernst & Young, les auditeurs de parallèlement demandeurs de prestations cabinets internationaux sont structurés sionnels algériens qui se sont imposés en
Lehman Brothers, se défendent encore d’accompagnement et de conseils, la sous forme de sociétés à responsabilité associés de cabinets internationaux pour
contre les accusations portées quant à une combinaison des missions incompatibles limitée, voire sous des groupements de peser dans les décisions de leur groupe,
négligence professionnelle pour ne pas réduisant d’autant la liste des auditeurs type ‘Partnership’, limitant ainsi leur soli- en ce qui concerne le développement
avoir détecté 50 milliards de dollars US potentiels. darité de passif, notamment lors d’actions de l’activité professionnelle en Algérie.
d’endettement de la banque. Au centre en responsabilité. Certains ne sont même pas affectés au
des débats, se trouve également le sujet LES POINTS FORTS DU GREEN PAPER En autres sujets, celui de la supervision ‘terrain algérien.’
des grands réseaux de cabinets d’audit qui SUR L’AUDIT de la profession au nouveau régional est La seule démarche structurante est d’im-
ont centralisé leurs structures de gestion L’un des sujets centraux de cette consul- d’actualité, car la Commission européen- poser que les professionnels algériens
et de décision au niveau européen, voire tation reste l’indépendance des auditeurs. ne réalise que si la supervision fonctionne soient les partenaires incontournables,
à un niveau plus global, alors que leur Même si la directive européenne 2006/43/ au niveau de chaque pays membre, elle sinon la configuration de la profession
supervision continue d’être nationale. EC sur l’audit statutaire établit un grand n’existe pas au niveau européen et qu’un sera encore plus critique qu’en Europe sur
L’objectif est de renforcer la supervision nombre de principes d’indépendance, alignement est nécessaire. le sujet des parts de marché entre les cabi-
des cabinets d’audit au niveau européen. en appui du code d’éthique de l’IFAC(4), Enfin pour favoriser la diversité et l’émer- nets internationaux et les cabinets locaux
D’un point de vue structurel de la profes- la Commission européenne souhaite la gence de cabinets, il est envisagé d’em- de moindre taille ou individuels.
sion, la Commission a relevé que durant renforcer en abordant des sujets comme prunter au modèle français, le co-com- La nouvelle mission du Conseil national
les deux dernières décennies, le regroupe- la rémunération de l’auditeur par l’en- missariat, qui rappelons-le s’applique de la comptabilité couvrant la supervision
ment des grands cabinets d’audit a été fa- tité auditée, la structure des honoraires, en Algérie pour les banques et établisse- de la profession contribuera certaine-
cilité par des fusions-acquisitions passant la rotation des auditeurs, les services hors ments financiers. ment à l’émergence de talents locaux. Il
des «Big Eight» aux «Big four»(2) avec audit fournis par les cabinets, la trans- appartient également aux professionnels
au passage la disparition du premier des parence sur les comptes des auditeurs UNE EXCELLENTE PLATEFORME DE algériens de s’affirmer en tant que tel et
«Big Five» le cabinet «Arthur Andersen». eux-mêmes et l’organisation structurelle RÉFLEXION POUR L’ALGÉRIE de bousculer leurs individualités.
Certains voient dans la concentration des des cabinets. S’il n’existe pas encore en Algérie de S. H.-A.
mandats d’audit au sein des ‘Big’ une Sur le sujet de la rémunération des audi- marché boursier actif, il n’en demeure (*) Expert Comptable
position de Cartel avec une concentration teurs, il a été suggéré qu’une organisation pas moins que la qualité de l’information
horizontale de ces cabinets qui contrô- tierce, telle celle d’un régulateur ou d’un financière est une préoccupation perma- (1)
La Commission européenne est compo-
lent le marché de l’audit et rendent ainsi superviseur la gère, plutôt que de la nente. Tout au moins, notre législation sée d’un commissaire par Etat membre,
l’entrée de nouveaux concurrents plus laisser dans un lien de subordination de commerciale a repris l’obligation d’audit soit 27 commissaires.
difficile. Les autres cabinets qui suivent l’auditeur à l’audité. La suggestion sur statutaire, désigné communément par (2)
Désignation courante des 4 premiers
dans le classement n’ont pas forcément la structure des honoraires consisterait à commissariat aux comptes. La relance cabinets internationaux ‘Deloitte – Kpmg –
la même taille que ce soit sur les critères formuler un montant d’honoraire plafond récente de la Bourse d’Alger avec l’in- Ernst & Young – PWC’
de chiffre d’affaires, d’effectifs même d’un même client en rapport avec le total troduction de la société Alliance As- (3)
Ensemble organisé qui concerne des sys-
si la notoriété de cabinets comme RSM, des honoraires du cabinet. surances Spa devrait être un vecteur de tèmes ou qui agit sur des systèmes.
BDO, Grant Thornton, Baker Tilly ou Pour ce qui est de la rotation des audi- promotion de la profession d’auditeur, si (4)
Organisation mondiale de la profession
Mazars s’affirme comme une alternative teurs, la réflexion porte sur le changement d’autres sociétés franchissaient la porte comptable.
El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010 AFRIQUE 13
Progression de la petite corruption en 2010
L’Afrique épinglée par
Transparency International
Le continent africain a encore une fois été
La petite
mise à l’index par Transparency International corruption, un
(TI) à l’occasion de la publication le 9 fléau en
décembre du baromètre 2010 de la expansion
corruption mondiale.
L
’étude — dans laquelle l’Algérie
n’apparaît pas — montre que l’Afri-
que sub-saharienne est la lanterne
rouge de la «petite corruption», puisque
50% des personnes qui y ont été interro-
gées admettent avoir verser des pots-de-
vin, contre 36% au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord. L’étude relève que «les
habitants de l’Afrique subsaharienne rap-
portent le plus haut niveau de bakchich
pour les services de l’état-civil et des per-
mis, quasiment à égalité avec la police»
qui reste l’institution la plus corrompue.
47% des personnes interrogées dans le
cadre de l’enquête admettent avoir versé
des pots-de-vin à la police dans la région
de l’Afrique sub-saharienne, essentielle-
ment «pour éviter les problèmes avec les
autorités». Dans la région d’Afrique du
Nord et du Moyen-Orient (Irak, Liban, d’Oslo pour la gouvernance du Pnud
Maroc, Palestine et Israël sont les seuls
pays de la région à avoir été pris en
(Programme des Nations unies pour le
développement), a remis en question la
Le Cameroun lance un appel à l’épargne
compte), près de la moitié des sondés
expliquent recourir à la corruption «pour
fiabilité des indicateurs usités pour l’éva-
luation de la corruption et de la bonne
publique
accélérer les choses». gouvernance en Afrique. Selon elle, la Le Cameroun a lancé un emprunt obligataire visant à recueillir jusqu’au 23 décembre
Par ailleurs, six des onze pays où la cor- construction des indicateurs n’est jamais en Afrique centrale près de 305 millions d’euros pour des projets de développement,
ruption est la plus présente sont des pays «neutre». Il faut «apprendre à les connaî- a annoncé jeudi à Libreville son ministre des Finances. «Nous allons acheter ce
africains, à savoir le Cameroun, le Liberia, tre, tenir compte des limites pour en faire montant à 5,6% par an, taux d’intérêt net de cet emprunt obligataire par appel public
le Nigeria, le Sénégal, le Sierra Leone et un meilleur usage, car ils peuvent stimuler à l’épargne» couvrant la période 2010-2015, a expliqué le ministre Essimi Menye cité
l’Ouganda. des efforts de lutte, être complémentaire par la presse locale. Selon M. Menye, cette émission d’obligations du Trésor (20
Les autres éléments de l’enquête font même si les classements sont discuta- millions de titres émis, 30 obligations à souscrire au minimum) vise «les personnes
ressortir le fait que dans la région Mena, bles». physiques et morales résidentes et non résidentes de la Cémac», Communauté
près d’un tiers des gens interrogés ne font TI précise que le Baromètre mondial de la économique et monétaire de l’Afrique centrale (6 pays: Cameroun, Centrafrique,
confiance à personne dans la lutte contre corruption est «la plus grande enquête Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad). Les intérêts perçus par les obligataires
la corruption et à peine 28% font confian- internationale collectant les opinions et sont exonérés de tout impôt. Le montant recherché est destiné «à financer la quote-
ce au gouvernement. En Afrique sub-sa- les expériences du public en matière de part camerounaise des grands projets de développement prioritaires», dont celui de
harienne en revanche, près des deux tiers corruption». En 2010, l’enquête a été réa- la construction du barrage hydroélectrique de Lom-Pangar (est du Cameroun),
des personnes questionnées ont des dou- lisée auprès de 91 500 personnes dans 86 ouvrage qui devrait permettre «de stocker chaque année 7 milliards de mètres cube»
tes sur l’efficacité des mesures prises par pays. d’eau, a dit le ministre Menye. R. E.
leur gouvernement en la matière. Le baromètre est censé présenter l’opi-
Doris Basler, responsable département nion du public sur les niveaux de corrup-
Afrique et Moyen-Orient à TI a déclaré à tion dans leurs pays respectifs et sur les
partir de Londres que ce baromètre est efforts de leur gouvernement pour lutter Alstom livrera au Maroc 14 TGV
d’abord un outil dont l’objectif est de sti- contre la corruption. Il enquête également
muler le dialogue entre les institutions et sur la fréquence de la corruption, les rai- pour 400 millions d’euros
le grand public auquel il s’intéresse. «Cela sons pour lesquelles des pots-de-vin ont Le groupe français Alstom a annoncé vendredi dernier la signature à Tanger d’un
suppose un changement de comporte- été payés au cours de l’année passée, et contrat de près de 400 millions d’euros pour la fourniture de 14 rames de TGV (à deux
ment», a-t-elle dit citée par la presse l’attitude par rapport à la dénonciation de niveaux) au Maroc. Les 14 rames seront conçues et fabriquées principalement en
sénégalaise. Mme Danaé Issa du Centre cas de corruption. S. B. France dans les sites d’Alstom Transport. Ils seront exploités à 320 km/h sur la
première section de 200 km de la ligne à grande vitesse marocaine entre Tanger et
Kenitra, puis elles rejoindront Casablanca en empruntant le réseau classique, où elles
circuleront à 160 km/h ou à 220 km/h «selon la vitesse d’exploitation prévue par le
Afrique du Sud client marocain en 2015», a expliqué Alstom. Ils doivent être mises en service en
décembre 2015 sur l’axe Tanger-Casablanca, a rapporté la presse française. R. E.
Mercedes-Benz va investir plus de 200 millions
d’euros d’ici 2010 Libye : trois nouvelles découvertes de pétrole
Le constructeur automobile allemand Mercedes-Benz a annoncé la semaine dernière qu’il allait et de gaz
investir 2 milliards de rands (217 millions d’euros) pour produire à partir de 2014 la Classe C, sa Trois nouveaux gisements, dont un de pétrole et deux autres de pétrole et de gaz, ont
famille de voiture la plus vendue, en Afrique du Sud. La prochaine génération des véhicules Classe C été découverts en Libye, a rapporté l’agence de presse PANA citant la Compagnie
doit être construite en Allemagne, aux Etats-Unis, en Chine et en Afrique du Sud, a expliqué la nationale libyenne de pétrole (NOC). La première découverte a été effectuée par la
marque du groupe Daimler dans un communiqué repris par l’AFP. L’usine sud-africaine de la ville compagnie pétrolière Turkish Petrolium (TP) sur le bloc 147, dans le bassin de Morzuk
industrielle d’East London (sud) doit produire à partir de 2014 ces modèles «pour la conduite à (sud de Libye) et les études expérimentales ainsi que les prélèvements préliminaires
gauche et la conduite à droite, destinés notamment à l’exportation en Afrique et dans la région Asie- ont donné une moyenne de 465 barils par jour. La seconde découverte relative à un
Pacifique», est-il précisé. La capacité de l’usine doit être portée à 65 000 unités par an à cette date. gisement de pétrole et de gaz a été réalisée par le consortium formé par l’Institution
L’annonce de la délocalisation de la production des prochaines Classe C hors d’Allemagne, fin 2009, libyenne d’investissement et la société MIDCO pour les projets internationaux qui
avait entraîné des arrêts de travail parmi les 37 000 salariés du site de Sindelfingen (sud-ouest), sont associés à la NOC par un contrat de prospection et de partage de production. Les
inquiets pour le maintien de leurs emplois. Ils ont obtenu une garantie d’emploi jusqu’en 2020, la premiers prélèvements de cette découverte réalisée dans le basin de Ghadamès (600
création d’environ 2.000 postes et la production de nouveaux modèles dans leur usine. «Les coûts km sud-ouest de Tripoli), indiquent une moyenne de production par jour en pétrole de
salariaux horaires sont moins chers en Afrique du Sud qu’en Allemagne», a expliqué à l’AFP un 218 barils de pétrole et de 7,83 millions de mètres cubes de gaz. Enfin, la troisième
spécialiste de l’automobile. D’autre part, l’Afrique du Sud «est un endroit très stratégique pour découverte a été effectuée également par le consortium formé par l’Institution
produire, notamment en raison de sa situation dans la même zone horaire que l’Europe, ce qui libyenne d’investissement et la société MIDCO pour les projets internationaux
facilite la prise de décision rapide», même si les coûts de transport jusque dans ce pays sont élevés, également dans le bassin de Ghadamès. Les calculs préliminaires ont donné une
ajoute-t-il. R. E. moyenne de production en pétrole de 560 barils par jour et en gaz oscillant entre 0,12
et 2,85 millions de mètres cubes à des profondeurs différentes. R. E.
14 MONDE El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010
L
’Irlande, l’Espagne et la Grèce, les
trois pays les plus touchés par la
crise, vont disposer des aides inter-
nationales en respectant à la lettre les
recommandations de l’Union européenne
(UE) et du Fonds monétaire international
(FMI), mais devront également payer
plus cher ce sacrifice.
L’Irlande commencera à puiser au début
de l’année prochaine (2011) dans les 85
milliards d’euros mis à disposition par
l’UE et le FMI, selon son ministre des
Finances Brian Lenihan, repris par
l’agence Reuters. Les premiers fonds
seront affectés à une partie des besoins
d’emprunt du pays. Sur les 85 milliards
PHOTO : D. R.
d’euros, 50 milliards sont destinés à
répondre pendant trois ans aux besoins en
matière d’emprunt du pays, dont la note
de crédit s’est dégradée. Les 35 milliards
restants de l’aide internationale doivent des banques aux liquidités injectées par La prime de rendement exigée par les les responsables grecs sur le programme
servir à remettre sur pied le secteur ban- les institutions de la zone euro. investisseurs pour détenir de la dette de redressement de l’économie du pays.
caire. espagnole plutôt que de la dette alleman- Mardi, le patron du FMI Dominique
Dix milliards seront injectés immédiate- L’ESPAGNE TENTE DE RELANCER SON de a encore progressé pour atteindre 245 Strauss-Kahn a appelé l’Union européen-
ment et 25 alimenteront un fonds de INDUSTRIE points de base. Madrid doit encore procé- ne à allonger les délais de remboursement
secours pour faire face aux besoins ulté- L’Espagne a, pour sa part, donné le coup der cette année à deux nouvelles adjudi- du prêt de 110 milliards d’euros sur trois
rieurs de liquidités. d’envoi d’un plan de 83 milliards d’euros cations de dette à 10 et 15 ans cette ans consenti par l’UE et le FMI en mai.
Selon le cabinet de notation Fitch, l’Ir- sur cinq ans visant à rendre son industrie semaine. A ce propos, la ministre de La Grèce a effectué un «progrès impor-
lande ne retrouvera pas de sitôt sa note de plus compétitive et à redynamiser une l’Economie, Elena Salgado, dans une tant», selon M. Rehn, en suivant le plan
crédit «A», qui a été dégradée à «BBB+» activité économique qui stagne, rapporte interview sur la radio Onda Cero, a parler de rigueur adopté en mai et dicté par l’UE
après sa demande d’aide internationale et Reuters. d’un taux moyen de 3,6% obtenu et que le et le FMI mais il reste néanmoins le ren-
risque d’être obligée de restructurer sa Cette décision du gouvernement espagnol gouvernement devra payer un taux de 5% forcement «de la lutte contre l’évasion
dette souveraine. est prise conformément aux engagements pour ces deux émissions de dette. C’est fiscale, qui est important non seulement
Les banques irlandaises dépendent de pris envers l’Union européenne en matiè- d’ailleurs pourquoi, le gouvernement pour assainir les finances publiques mais
plus en plus des financements des ban- re de réduction du déficit. Pour le minis- espagnol a décidé de réduire les volumes aussi pour rétablir la justice sociale» et
ques centrales. Une dépendance qui s’est tre du secteur, Miguel Sebastian, «l’in- jusqu’à ce que les marchés se stabilisent, «de libéraliser le secteur de services et
fortement accrue en novembre face au dustrie est un secteur qui va porter l’éco- a-t-elle expliqué. des professions fermées».
risque de faillite provoqué par l’éclate- nomie sur le long terme et créer de l’em- Il faut dire, qu’en dépit de tous les efforts
ment d’une bulle immobilière. ploi». L’UE FAVORABLE À UN DÉLAI PLUS consentis pour sauver la zone euro, la
Au 26 novembre, la Banque centrale Ces mesures devraient augmenter le poids LONG DE REMBOURSEMENT DU PRÊT situation économique de l’Europe reste
européenne avait prêté 136 milliards de ce secteur dans le produit intérieur GREC «très préoccupante», car les conséquen-
d’euros aux banques installées en Irlande brut (PIB) du pays, passant de 15 à 18%. Les ministres des Finances de l’UE sont ces de la crise sont «loin d’être épuisées»,
- dont une partie sont des établissements L’Espagne a besoin de diversifier ses fac- favorables à «l’allongement de la durée a prévenu à Genève le patron du FMI.
étrangers - soit un quart des sommes teurs de croissance après l’effondrement du remboursement du prêt» accordé à la «L’avenir est plus incertain que jamais»,
débloquées par la BCE pour le secteur du secteur de la construction et de l’im- Grèce, selon le commissaire européen a-t-il ajouté lors d’une intervention publi-
bancaire. La banque centrale irlandaise a mobilier provoqué par la crise. Les nou- aux Affaires économiques, Olli Rehn, que au siège européen de l’ONU à
ainsi apporté 45 milliards d’euros de velles mesures prévoient des investisse- rapporte l’AFP. Il est certain «qu’avec Genève. Même s’il «ne croit pas à un
liquidités exceptionnelles sur le mois de ments dans les infrastructures, des pro- cette extension (du remboursement), le quelconque danger pour l’euro», DSK
novembre, dix milliards de plus qu’en grammes de recherche et développement, programme de redressement va réussir». reste pessimiste. Car, selon lui, la zone
octobre. LA BCE a mis en garde cette un soutien aux PME et une libéralisation Pour ce faire, le commissaire européen euro «a besoin d’une meilleure coordina-
semaine contre une dépendance trop forte du marché de l’énergie. effectue à Athènes pour faire le point avec tion au niveau politique». R. E.
Economie américaine
La baisse du dollar produit des effets positifs
La baisse du dollar a produit des effets indéniables sur effet qui a joué : en quatre mois de glissade du dollar, les du président Barack Obama, en janvier dernier, lorsqu’il avait
l’économie américaine cet l’automne, des statistiques exportations américaines ont bondi de 5,7%, tandis que les annoncé son projet de doubler les exportations en cinq ans.
économiques publiées récemment font état d’exportations importations reculaient de 1,3%. En octobre, les Etats-Unis La décision de la banque centrale (Fed) d’injecter 600
plus compétitives et d’une inflation importée, rapporte l’AFP. ont entre autres réussi à importer moins de pétrole. Ils ont milliards de dollars dans le système financier, prise en
La balance commerciale a confirmé une tendance qui n’était battu le record de leurs exportations vers leurs deuxièmes et novembre mais anticipée par les cambistes dès septembre, a
pas si évidente jusque-là. Depuis qu’il a dépassé la barre des troisièmes partenaires commerciaux, la Chine et le Mexique, cependant fait reculer le cours du billet vert. La Fed espérait
50 milliards de dollars en juin, le déficit commercial est tandis que celles vers l’Union européenne et le Japon étaient lutter contre une inflation trop basse. Du point de vue des
reparti à la baisse. Sur le mois d’octobre, il a chuté à 38,7 les plus élevées depuis deux ans. importations, c’est une réussite : leur prix a grimpé de 1,0%
milliards de dollars, du jamais vu depuis janvier, et une en octobre, puis 1,3% en novembre. Les exportateurs
«nouvelle indication que nous allons dans la bonne OBAMA RÉUSSIT SON PARI DE DOUBLER LES américains peuvent rehausser leurs prix libellés en dollars
direction» selon le secrétaire au Commerce Gary Locke. EXPORTATIONS (+0,8% en octobre, +1,5% en novembre) puisque les
Comparée aux monnaies des partenaires commerciaux des «Le commerce extérieur a lourdement pesé sur la croissance acheteurs munis de devises étrangères voient leur pouvoir
Etats-Unis, la valeur du billet vert a été en octobre inférieure du troisième trimestre, en lui retirant 1,8 point de d’achat grimper.
de 2,6% à celle de septembre, et de 8,4% à celle de juin, pourcentage. Si on se penche sur le quatrième trimestre, il Toutefois, Ian Shepherdson, de High Frequency Economis,
selon un indice de la banque centrale. pourrait donner un coup de pouce proche des 3 points», a estime que «les exportations ne continueront pas à
Toute baisse du dollar rend les exportations américaines plus estimé Gregory Daco, d’IHS Global Insight. augmenter à ce rythme», car la baisse du dollar n’est pas
compétitives à l’étranger, et renchérit les importations. Cette baisse du dollar, avouée par Washington pour aider la infinie.
Depuis le début du second semestre, c’est surtout ce premier croissance, a laissé les économistes sceptiques sur l’objectif R. E.
El Watan ÉCONOMIE - Du 13 au 19 décembre 2010 TABLEAU DE BORD 15
statistiques
■ Sur ces huit dernières années, le montant dess
IDE investis en Algérie n’a pas dépassé la barre
LA SEMAINE Le montant des
LE CHIFFRE DE
des 2 milliards de dollars qu’en 2008 et 2009.
10,28
■ Le plus faible montant d’IDE a été enregistré
investissements directs
par l’Algérie en 2003 avec 660 millions de étrangers enregistrés par
dollars seulement.
l’Algérie entre 2002 et
■ L’Algérie a réalisé sa meilleure performance 2009, selon l’Agence
en matière d’IDE en 2008 avec un montant de
2,65 milliards de dollars suivi de 2009 avec 2,31 multilatérale de garantie
milliards de dollars.
des investissements
■ Au niveau mondial, les IDE se sont établis à (MIGA), une institution du
1085 milliards de dollars en 2009 (contre 738
milliards de dollars en 2002). groupe de la Banque
■ La plus grande partie des IDE est allée aux
mondiale.
milliards de dollars
pays développés avec 731 milliards de dollars
contre 354 milliards pour les pays en
développement où ils devraient augmenter de
10% en 2010.
PRODUITS DE BASE
■ CAFÉ q deux camps, ce qui nourrit les craintes d’une qu’attendaient les analystes. De plus, catalytiques. Sur le London Platinium and
nouvelle guerre civile» comme en l’annonce d’un nouveau relèvement du taux Palladium Market, l’once de platine a fini à
Les cours du café ont évolué sans éclat cette 2002/2003. Sur le Liffe de Londres, la tonne de réserves obligatoires pour les banques 1673 dollars vendredi. L’once de palladium a
semaine, progressant modestement à de cacao pour livraison en mars cotait 1924 en Chine, qui cherche à maîtriser l’inflation, terminé à 737 dollars.
Londres et faisant globalement du surplace à livres sterling vendredi vers 14h GMT. Sur le a jeté un froid sur les marchés de matières
New York. Toutefois, l’Organisation NYBoT-ICE américain, le contrat pour premières. Le boisseau de soja pour livraison ■ MÉTAUX PRÉCIEUX
internationale du café, l’ICO, a estimé que les livraison en mars valait 2924 dollars la en janvier s’est établi à 12,73 dollars.
cours, qui avaient atteint un sommet depuis tonne. Les métaux précieux ont fini la semaine en
13 ans en novembre à New York, devraient ■ MÉTAUX DE BASE q légère baisse, les investisseurs s’assurant
continuer à bénéficier d’inquiétudes sur ■ CÉRÉALES quelques bénéfices après les nouveaux
l’offre mondiale et d’une demande soutenue, Les cours des métaux de base échangés au sommets atteints par l’or et l’argent mardi.
le tout sur fond d’intempéries qui menacent Les prix du blé et du soja ont évolué à la London Metal Exchange (LME) ont accentué
les récoltes dans plusieurs pays. baisse la semaine dernière sur le marché de leur rebond portés par des nouvelles ■ OR r
Chicago alors que ceux du mais ont encourageantes sur les perspectives de la
Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta légèrement progressé sur fond d’influences demande mondiale, et principalement Le prix de l’or a grimpé mardi à un nouveau
pour livraison en janvier ressortait à 1895 extérieures et de rapport mensuel du chinoise, selon des analystes. «Du fait record historique de 1431,25 dollars l’once,
dollars vendredi vers 14H00 GMT. Sur le département américain de l’Agriculture d’investissements de grande échelle dans les franchissant pour la première fois la barre
NYBoT-ICE américain, la livre d’arabica pour (USDA). infrastructures, la Chine devrait continuer à des 1430 dollars, profitant d’un regain de
livraison en mars s’échangeait à 203,75 cents importer des quantités élevées de cuivre et prudence des investisseurs et d’un léger
vendredi. ■ BLÉ r ainsi soutenir les prix», ont expliqué les affaiblissement du billet vert. Il a toutefois
analystes. Cependant, les investisseurs fini la semaine en baisse par rapport au
■ SUCRE r Les prix du blé sont montés lundi à leur plus terminaient la semaine sur une note vendredi précédant. L’or continue néanmoins
haut niveau depuis le 6 août, alors que des prudente, alors que la Chine pourrait d’être porté par son statut de valeur refuge
Les cours du sucre ont enregistré quelques inondations touchaient le Sud-Est de annoncer un nouveau relèvement de ses taux contre la volatilité des marchés, notamment
gains en début de semaine, avant d’essuyer l’Australie, menaçant de provoquer directeurs, afin d’éviter une surchauffe de de devises, attirant des investisseurs
des prises de bénéfices, victimes d’après la d’importants dégâts sur les cultures. son économie. Sur le LME, une tonne de toujours inquiets des risques de contagion
revue The Public Ledger de la crainte de Toutefois, le lendemain les autorités cuivre pour livraison dans trois mois valait de la crise de la dette à d’autres pays de la
mesures qui pourraient restreindre la agricoles australiennes annonçaient que la 9030,50 dollars la tonne vendredi à 9h40, zone euro. «L’or devrait continuer à être bien
consommation en Inde. Sur le Liffe de production de blé d’hiver du pays devrait l’aluminium valait 2335,75 dollars, le plomb soutenu à ses niveaux actuels, tant que les
Londres, la tonne de sucre blanc pour s’élever à un record de 27 millions de tonnes. valait 2416 dollars la tonne, l’étain valait 26 dettes des pays périphériques de la zone
livraison en mars valait 726,50 livres Sur Chicago Board of Trade, le boisseau 000 dollars, le nickel valait 23 990 la tonne euro restent en ébullition et continuent
vendredi vers 14h GMT. Sur le NYBoT-ICE (environ 25 kg) de blé pour livraison en mars et le zinc valait 2290 dollars. d’accroître l’attrait de l’or comme valeur
américain, la livre de sucre brut pour a clôturé vendredi à 7,7550 dollars. refuge», ont observé les analystes. Sur le
livraison en mars valait 28,44 cents. ■ PLATINE/PALLADIUM q London Bullion Market, l’once d’or a fini à
■ MAIS q 1375,25 dollars vendredi au fixing du soir.
■ CACAO q Les métaux platinoïdes sont repartis à la
Les prix du maïs ont été soutenus par le
Les prix de la fève brune ont poursuivi leur manque de pluie en Amérique du Sud, qui
baisse, les investisseurs engrangeant ■ ARGENT (-)
quelques bénéfices après leur envolée de la
envolée en début de semaine, le marché dessèche les terres agricoles d’Argentine. Le semaine précédente. Les cours restaient
continuant à redouter une flambée de contrat de maïs à échéance mars a clôturé à Comme à l’accoutumée, les cours de l’argent
cependant élevés, profitant notamment ont calqué leur progression sur celle du
violences en Côte d’Ivoire. Comme 5,7425 dollars. d’une accélération de la hausse des ventes
l’expliquent les analystes, «le sombre motif métal jaune, grimpant mardi à un nouveau
d’automobiles en Chine au mois de
de cette hausse des cours est l’instabilité ■ SOJA q novembre, atteignant 16,4 millions d’unités
plus haut depuis mars 1980, avant de se
politique en Côte d’Ivoire. Après le résultat replier et de finir la semaine à l’équilibre. Le
sur les onze premiers mois de l’année. Le métal gris a terminé à 28,79 dollars l’once
incertain de l’élection présidentielle, il y a L’USDA a revu en baisse ses prévisions de platine sert à la fabrication des pots
déjà eu des incidents sanglants entre les stock final, mais conformément à ce vendredi.
PÉTROLE CHANGE
Le baril reste autour des 90 dollars L’euro limite la casse face au dollar
Le baril de pétrole Brent de la mer du Nord a clôturé annoncer en fin de semaine, après la publication des L’euro s’est stabilisé face au dollar en fin de semaine, région à se financer. Par ailleurs, le Fonds monétaire
à plus de 90 dollars vendredi dernier à Londres en chiffres de l’inflation pour novembre, de nouvelles le marché des changes restant méfiant face à la international (FMI) a annoncé avoir reporté le vote de
fin d’échanges européens, en enregistrant une mesures de resserrement monétaire afin de tenter de situation de la zone euro malgré la réaffirmation par son conseil d’administration sur le prêt demandé par
baisse par rapport à la veille, en raison d’une prévenir la surchauffe de son économie. En outre, les dirigeants allemand et français de leur attachement l’Irlande, le gouvernement irlandais souhaitant faire
tentative de rebond du dollar. Le baril de Brent de la selon les analystes, la prochaine réunion des à la monnaie unique. Vers 22h GMT, l’euro valait 1,3226 préalablement examiner cette demande de prêt par le
mer du Nord pour livraison en janvier s’échangeait à membres de l’Organisation des pays producteurs de dollar contre 1,3239 dollar jeudi soir. «Même si on a parlement. «Je ne pense pas que l’euro va se
90,62 dollars sur l’InterContinental Exchange (ICE) de pétrole (Opep) ne doit pas avoir d’impact majeur sur entendu des propos positifs pour l’euro de la part de la débarrasser de cet affreux cancer, il ne va
Londres, en baisse de 37 cents par rapport à la le marché. Dans son rapport publié vendredi dernier, chancelière allemande Angela Merkel et du président probablement pas avoir une grande marge de
clôture de la veille. Sur le New York Mercantile l’Opep a laissé inchangée sa prévision pour 2011, à français Nicolas Sarkozy, (...), les intervenants du progression dans les prochaines semaines», a
Exchange, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour 87,1mb/j. De son côté, l’Agence internationale de marché restent méfiants face à la zone euro», a commenté un analyste. Le dollar n’a quasiment pas
livraison en janvier perdait quant à lui de 44 cents à l’Energie (AIE) a de nouveau revu à la hausse sa commenté un expert financier. Lors d’une conférence profité d’indicateurs positifs aux Etats-Unis : chute du
87,93 dollars. Malgré ce fléchissement dû prévision de demande mondiale de pétrole pour de presse commune, les deux dirigeants ont réaffirmé déficit commercial en octobre et hausse de la confiance
essentiellement à une tentative de rebond du billet 2010 et 2011, respectivement à 87,4 et 88,8 millions leur «attachement» à la monnaie unique européenne, des consommateurs. Les hésitations des marchés
vert, les cours du pétrole se stabilisent autour du de barils par jour, en raison d’une consommation mais ils ont tous les deux insisté sur leur opposition à financiers, tant boursiers que des changes, ont
seuil de 90 dollars. Par ailleurs, les investisseurs renforcée en Amérique du Nord et en Asie. l’idée d’euro-obligations, qui consisterait à émettre également été alimentées par des spéculations autour
restaient prudents alors que la Chine pourrait R.E. des emprunts européens pour aider les pays de la de la politique monétaire chinoise. R. E.
El Watan ÉCONOMIE Du lundi 13 au dimanche 19 décembre 2010