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1. P. Picq, Les Origines de l’homme – l’odyssée de l’espèce, Paris, Seuil, coll. Points-
Sciences, p. 59.
2. Teilhard de Chardin, La Place de l’homme dans la nature, Paris, 10/18 – U.G.E.,
1956, p. 94. Le manuscrit date de 1949-1950.
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1. S. J. Gould, Darwin et les grandes énigmes de la vie, Paris, Seuil, coll. Points-
Sciences, 1997, p. 22-23. Noté : DG.
2. H. Bergson, L’Évolution créatrice, Paris, P.U.F, coll. Quadrige, 2003, p. 183.
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1. Ch. Darwin, L’Origine des espèces, Paris, Maspero, 1980, p. 490. On consultera
avec profit l’étude de Jean-Jacques Kupiec, « Histoire d’être » in J.-J. Kupiec et
P. Sonigo, Ni Dieu ni gène, Paris, Seuil, coll. Points-Sciences, 2003.
18 Frédéric Neyrat
que les lacunes que présente la série ne sont que le résultat de l’ex-
tinction d’un grand nombre de formes intermédiaires. » (DH, 160).
Résolution du Grand Mystère du Fossé, qui nous renvoie certes
à un autre problème, celui auquel va s’attaquer Gould : le fossé
entre les hommes et les autres espèces n’est pas une affaire d’es-
sence, mais d’histoire naturelle. Le fossé est une tombe. Suffirait-il
pourtant de pendre acte de ces extinctions pour éteindre la
volonté d’identifier une caractéristique « supra-spécifique »,
pour reprendre un terme de Teilhard de Chardin ?
Nous n’en sommes pas certains, et nous entrons ici dans
la zone de tourmentes conceptuelle. L’argument ultime pour
expliquer la tendance de l’être humain à se mettre à part, il nous
semble le lire à ce moment précis où Darwin livre son combat
théorique le plus difficile, il nous dit : « Si l’homme n’avait pas
été son propre classificateur, il n’eût jamais songé à fonder un ordre
séparé pour s’y placer. » (DH, 163). Darwin soutient par consé-
quent qu’il est possible de combler le fossé, par son approche
généalogique, il est possible, nous dit-il, d’abolir la séparation.
Au sein d’un communisme de la descendance. Qui en finirait avec
la lutte des classes, pour continuer ici de faire résonner la voix
d’un autre penseur… Abolir l’existence d’une classe spécifique
réservée à l’humanité consiste pour Darwin à montrer que
« l’homme diffère moins des singes supérieurs que ceux-ci ne diffè-
rent des membres inférieurs de leur propre groupe » – il y a plus de
communauté entre les deux premiers qu’entre les deux derniers.
Si l’homme n’a « pas droit à former un ordre distinct », peut-être
pourrait-il se rabattre sur une distinction seconde, un « sous-
ordre » ? Réponse de Darwin : former ce sous-ordre n’a de
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