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Faut-il avoir peur de ses désirs?

Consignes

Vous trouverez dans ce document:

I. Une analyse du sujet rédigée, qu’il vous suffit de lire avec attention.
II. Des questions appelant de votre part une recherche documentaire, et quelques éléments
d’interprétation. J’attends de vous que vous vous informiez grâce à différentes ressources à
propos de thèmes / auteurs / concepts qui viennent compléter les connaissances déjà acquises
sur le désir. Répondez aux questions à l’aide des éléments que vous aurez recueillis. Ne vous
contentez pas d’un copier-coller, mais lisez / écoutez différentes choses, compilez-les avec
vos mots, en faisant un effort personnel de compréhension et de reformulation; cherchez des
exemples: veillez à vous approprier ce que vous abordez.
III. Une proposition de plan: le parcours envisagé fait intervenir d’une part des idées déjà
abordées en classe, d’autre part celles à propos desquelles vous vous serez renseignés. Vous
rédigerez enfin de manière obligatoire la partie de votre choix (I, II ou III) (bien entendu, vous
pouvez rédiger l’intégralité du devoir si vous le souhaitez). N’oubliez pas d’expliquer vos
arguments, d’illustrer votre propos par des exemples que vous analyserez.

Pour récapituler et ne laisser subsister aucune ambiguïté, doivent donc figurer sur votre copie:
les réponses aux questions relevant de la recherche documentaire + une partie au moins de la
dissertation rédigée.
Vous pouvez me remettre ce travail à la date de votre choix, et jusqu’au lundi 27 avril (fin des
vacances). Effectué durant la période de confinement, il ne sera pas pris en compte dans votre
moyenne, mais fera l’objet d’une appréciation et constituera une marque d’assiduité. Je vous
souhaite un bon travail!

I. Analyse du sujet

Désir: ici au pluriel: “ses désirs”: il faut souligner la multiplicité des termes qui désignent des figures
du désir: le regret, l’amour, l’ambition, la cupidité, l’espoir, la curiosité, le souhait... , ce qui amène
Platon à décrire le désir comme “une bête multiforme et polycéphale” (La République). Par son
omniprésence et par la variété de ses formes, le désir semble être insaisissable.

De manière générale, on peut définir le désir comme le mouvement vers un objet dont l’âme ou le
corps subit l’attraction, le considérant comme un bien, source de satisfaction et de plaisir. Le

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désir est donc la représentation anticipée d’un plaisir: je désire ce que j’imagine me procurer du
plaisir.

Le désir se distingue du besoin, au sens où il ne manifeste pas une nécessité physiologique. Vital, le
besoin est nécessaire, il n’implique pas en lui-même de distinction d’objet (j’ai besoin de manger pour
vivre, peu importe ce que je mange) alors que le désir relève d’une certaine contingence, il jette son
dévolu sur un objet particulier, choisi parmi d’autres. Ceci s’accorde d’ailleurs avec la variété des
objets du désir, relatifs à chacun: certains désirent les honneurs et la gloire, quand d’autres souhaitent
une vie paisible et retirée. Quoi qu’il en soit, on peut noter l’ambivalence du désir: d’un côté, il
apparaît placé sous le signe du plaisir, mais, de l’autre, il signifie une forme de dépendance extérieure
en soi insécurisante.

Le mot désir vient du latin desiderium, qu’on peut traduire comme le fait d’être privé de l’étoile (le
terme desiderium est formé du nom latin sidus qui signifie “étoile”, assorti du préfixe privatif de).
Mais cette “absence de l’étoile” peut être interprétée à la fois comme a) le regret, la nostalgie de ce
qu’on avait, et qu’on n’a plus, orientant vers le caractère insatisfaisant du désir, qui jamais n’atteint la
plénitude, qui toujours se relance vers un nouvel objet - ou b) comme le motif d’une quête qui crée
elle-même son objet: désirer l’étoile, c’est désirer ce qui n’existe que par ce désir même, c’est donner
naissance à l’objet du désir, par le fait même de le désirer. Ainsi, d’emblée, le désir offre une double
polarité: le désir-manque et le désir-créateur. Dans Le Banquet, qui met en scène des convives
réunis autour d’une table et invités à faire tour à tour l’éloge de l’amour, Platon met ainsi en lumière
que le désir renvoie aussi bien à “ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque” (cette belle
demeure, la force ou la blondeur, l’amour de celui ou celle qui m’ignore…) qu’à une forme
“d’enfantement dans la beauté selon les corps et selon l’esprit” (le chercheur en sciences désire la
vérité, et crée par son désir les conditions mêmes de cette connaissance; celui qui aime multiplie les
ruses et stratégies pour séduire - en un sens, des pièces de théâtre comme Cyrano de Bergerac ou
Roméo et Juliette voient leur intrigue reposer sur l’ingéniosité follement imaginative des prétendants
face aux obstacles qui se dressent devant leur désir…).

On relève encore dans l’intitulé l’usage du possessif “ses”: les désirs sont miens, ils naissent en moi,
c’est moi qui les éprouve, et en même temps, ils me mettent “hors de moi”, en me faisant tendre vers
un objet extérieur - ou non encore existant (par exemple, lorsque je cherche à réaliser un projet, ou à
accomplir une oeuvre pour l’artiste…). En outre, ils viennent de moi, et, en même temps, sont-ils
séparables de mon environnement, de mon histoire? L’influence qu’exercent les publicités nous
dictant des désirs, d’ailleurs presque toujours réduits à des désirs matériels, liés à la possession (dans
quoi Marx voyait la culmination de l’aliénation), nous conduit également à envisager d’autres facteurs
déterminants: notre histoire personnelle (psychanalyse), notre éducation, notre culture (sociologie et
ethnologie). Alors, les désirs sont-ils ou non les miens? Dans quelle mesure nos désirs ne sont-ils

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pas entièrement tributaires du regard de l’autre (rappelons-nous que, selon Rousseau, c’est l’amour
propre qui gît au coeur de l’homme vivant en société, ce qui signifie qu’il est prisonnier du prestige de
l’apparence, qu’il ne vit que pour susciter le désir d’autrui)?

Peur: il serait intéressant de relever que la peur est elle-même une forme de désir: avoir peur de l’eau,
c’est désirer ne pas être en contact avec cet élément. On sera amené à y réfléchir: on pourrait désirer
ne pas avoir de désirs, mais, pourtant, il s’agirait encore d’une forme de désir! On n’en finirait donc
jamais avec lui! N’y a-t-il pas une illusion à croire la suppression des désirs possible?

La peur désigne un état affectif plus ou moins durable fait d’appréhension et de trouble, qui
accompagne la prise de conscience ou la représentation d’une menace ou d’un danger réel ou
imaginaire (CNRTL). Il s’agit donc d’une réaction de défense. Il faudra bien entendu se demander,
précisément, quels aspects du désir, des désirs, sont susceptibles de provoquer la crainte. De plus,
il conviendra de se questionner à propos des formes que peut prendre cette peur: se manifestera-t-elle
par l’évitement? Par la recherche d’une maîtrise? Mais la fuite constitue-t-elle une solution? Suffit-il
de fuir ses désirs pour se prémunir contre leurs effets néfastes? Il y a un caractère négatif de la peur
qui pétrifie, qui empêche d’agir, mais, en même temps, la peur peut signifier une forme de lucide
vigilance, une prudence justifiée et bénéfique.

Souligner que ce sont mes désirs qui provoquent la peur, c’est d’emblée nous faire voir un sujet
scindé, conflictuel, en proie à une menace ayant la particularité d’être intérieure. Craindre ses
désirs, n’est-ce pas, paradoxalement, avoir peur de soi-même?

Si le sujet met en avant un certain type de relation à nos désirs, la peur, cette relation est-elle
satisfaisante? Quelle autre pourrait-on avoir ou construire?

On peut distinguer deux niveaux de lecture du sujet:

a) Faut-il avoir peur de ses désirs? = quelles caractéristiques rendent les désirs effrayants? En
quel sens les désirs constituent-ils un danger?
b) Faut-il avoir peur de ses désirs? = la peur est-elle de la part du sujet la réaction la plus
appropriée?

Les désirs sont-ils à envisager comme une menace ou bien au contraire comme un moteur? Si l’on
considère que les désirs ne sont pas à redouter parce qu’ils sont nôtres et promesses de plaisir, alors
comment expliquer les multiples souffrances qui s’y rattachent (déception, dépendance…)? Mais si
l’on admet au contraire que les désirs doivent être abordés avec prudence, voire rejetés, ne risque-t-on
pas de souffrir de l’absence même de désir? Est-on condamné à devoir choisir entre la tyrannie des

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désirs et leur anéantissement? La peur est-elle la seule réaction possible, ou bien peut-on apprendre à
développer un autre type de relation et de conduite?

II. Recherche documentaire et réflexion

Pensez ces questions dans la perspective du sujet que vous allez traiter.

1) Prenez connaissance du discours que Platon fait tenir à Aristophane dans Le Banquet, et
qu’on appelle “le mythe des androgynes”. Vous pouvez notamment consulter cette page, sur
laquelle vous trouverez à la fois un extrait du texte de Platon, et un court-métrage mettant le
mythe en images: http://blog.eyssette.net/2011-2012/?p=300. Comment était l’humanité
“jadis”? Par quel moyen les dieux diminuent-ils sa puissance? Qu’advient-il alors? Quelle
interprétation faites-vous de ce mythe?
2) Pourquoi Schopenhauer écrit-il dans Le Monde comme volonté et comme représentation que
“la vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui”? Expliquez
et commentez cette proposition. http://philia.online.fr/txt/scho_005.php
3) Exposez la théorie du désir mimétique, ou triangulaire, conçue par René Girard. N’oubliez
pas de développer au moins un exemple précis (littérature, cinéma…). Vous lirez ici un
passage au cours duquel l’auteur élabore et défend sa thèse:
http://hansenlove.over-blog.com/article-4653250.html
4) Qu’est-ce que l’ascétisme? En particulier, qu’est-ce que l’ascétisme religieux? A quelles
pratiques correspond-il? Quelle est la finalité poursuivie? Quel paradoxe Nietzsche
relève-t-il? Vous pourrez suivre les explications données en vidéo ici:
https://www.youtube.com/watch?v=3yNdkshk5qE (du début jusqu’à 4 minutes 47 - fin du
deuxième extrait de Nietzsche).
5) Découvrez un deuxième mythe issu du Banquet: cette fois, celui énoncé par Socrate, qui dit
lui-même le tenir de la prêtresse Diotime, et qui porte sur la naissance d’Eros (l’amour, le
désir), http://lfsapphilo.blogspot.com/2014/10/le-mythe-de-la-naissance-deros.html. Résumez
ce mythe. En quel sens cette double filiation est-elle révélatrice de l’essence du désir?
6) Epicure distingue les désirs naturels (eux-mêmes divisés entre désirs naturels et non
nécessaires1, comme la bonne nourriture, le beau; et désirs naturels et nécessaires, comme se
nourrir, boire, dormir...) et les désirs vains (comme ceux visant les honneurs, la richesse, ou
encore l’immortalité). Pourquoi ces derniers désirs sont-ils dits “vains”? Pourquoi doivent-ils
être rejetés? Pourquoi ne faut-il pas craindre la mort (lisez en particulier les deux premiers
paragraphes de la partie intitulée “La mort”)? Si le plaisir est bien “le commencement et la fin
de la vie heureuse”, pourquoi cependant tout plaisir n’est-il pas à rechercher, et toute peine, à
éviter (lisez la partie intitulée “Désirs et plaisirs”)? N’hésitez pas à écouter la lecture audio de

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Dans la traduction figurant sur la page web indiquée, la traduction de “contraignant” a été préférée à
celle de “nécessaire”. Les deux termes sont équivalents ici.

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la Lettre à Ménécée proposée sur cette même page (durée: 11 minutes) :
http://www.philo5.com/Les%20philosophes%20Textes/Epicure_PlaisirsMortAmitie.htm

III. Proposition de plan détaillé

Les références indiquées sont là pour vous guider et vous aider, mais sentez-vous libres de ne les
utiliser que partiellement, ou encore de recourir à d’autres éléments selon vos propres connaissances.
Les élèves ayant rendu un plan détaillé qui préféreraient rédiger une partie suivant leur propre
développement, peuvent bien sûr le faire.

I. Les désirs font le malheur de celui qui s'y livre sans retenue: ils représentent en ce sens un
danger effrayant pour le sujet

le désir est essentiellement manque, il nous domine et nous assujettit

A. Le sujet désirant est un sujet en proie au manque

→Définition du concept en insistant sur la privation / étymologie sens a) / mythe d’Aristophane...

B. Le sujet désirant est un sujet conflictuel, divisé (les contradictions du désir)

→Multiplicité parfois contradictoire des désirs (cf. par exple Flaubert, Madame Bovary: “Elle avait
envie de faire des voyages ou de retourner au couvent. Elle souhaitait mourir et habiter Paris.” / Kant:
le bonheur idéal de l’imagination ou: l’impossible satisfaction de tous les désirs, incompatibles entre
eux / Platon l’attelage du Phèdre: un sujet scindé, divisé par des désirs opposés...
On pourrait penser à l’inconsistance du désir (Rousseau), à son insatisfaction permanente (tonneau
percé des Danaïdes, Schopenhauer…)...

C. Le sujet désirant est un sujet aliéné

→Les conditionnements du désir (publicités, habitus en sociologie…); le désir mimétique (R.


Girard)...

II. Par conséquent, on peut être tenté de supprimer ses désirs; mais, une telle attitude
"phobique", de fuite, n'entraîne-t-elle pas de nouvelles souffrances?

dominer ses désirs: la maîtrise rationnelle des désirs et ses limites


A. La tentation de supprimer ses désirs

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→Les stoïciens / paroxysme avec la tentation de l’ascétisme…

B. Mais celui qui ne désire rien en a-t-il véritablement terminé avec le désir?
→Critique par Nietzsche de l’ascétisme / enseignements de la psychanalyse: les désirs ne peuvent
qu’être refoulés, et, enfouis dans l’Inconscient, ils ne disparaissent pas (retour du refoulé)...

C. Une vie sans désir est une vie de vide et d'ennui

→Réhabilitation romantique du désir: qui a décidé que le bonheur était absence de trouble?
Kierkegaard, dans Le Journal du séducteur (1843), écrit: “Que de jouissance à être ainsi secoué sur
une eau agitée, que de jouissance à être ainsi secoué soi-même.” / Rousseau, Julie ou La Nouvelle
Héloïse: “Malheur à qui n’a plus rien à désirer!”...

III. Quel rapport autre que la fuite apeurée convient-il d'apprendre à construire vis-à-vis de ses
désirs?

le désir est essentiellement créateur, y compris des moyens de sa propre satisfaction

A. La positivité créatrice du désir

→Etymologie désir sens b) / mythe de la naissance d’Eros dans Le Banquet / Spinoza, définition de
l’homme comme conatus, c’est-à-dire comme effort pour persévérer dans son être (cf. chapitre sur le
bonheur)...

travailler son désir de manière à le rendre satisfaisant

B. Abandonner les désirs vains pour s'investir davantage dans ceux qui dépendent de nous

→Principe d’une différenciation et d’une classification des désirs, Epicure / chercher, comme
Descartes, à “changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde” en orientant tous mes efforts vers ce
sur quoi je peux agir, mais toujours avec distance et sagesse. Chercher à “se rendre content”...

C. Affiner et temporaliser son approche du désir: hiérarchiser ses désirs en vue d'un plaisir plus grand

→Avec Epicure, le calcul des plaisirs et des peines / idée de la plasticité de nos désirs avec le principe
de la sublimation chez Freud (désir de connaissance en science, désir de beau en art = le désir
“élaboré” peut nous mener vers un bien partagé avec autrui)…

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