Sie sind auf Seite 1von 3

"Le goût du travail bien fait est inné, mais bien travailler s'apprend!

"

Article édité et mis en une par la rédaction

Philippe Laurent, publié le 04/03/2013 à 12:32 , mis à jour à 12:53

Que faire pour bien travailler? D'abord connaître les règles de l'art et apprendre le bon geste jusqu'à le
maîtriser. REUTERS/Shannon Stapleton

Et si l'une des causes les plus profondes du mal-être professionnel était de ne pas pouvoir faire du bon
travail? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'un "bon boulot"? Les réponses de notre contributeur Philippe Laurent,
conférencier, coach et formateur.

Sauf pour quelques rares passionnés qui "s'éclatent dans leur boulot", le travail est bien souvent ce que
l'homme ne fait pas "de gaîté de coeur", tel un devoir ou une corvée. D'ailleurs, l'homme travaille bien
souvent pour passer de bonnes vacances ou une retraite paisible.

Mais si cet homme généralement plus enclin à prendre du bon temps qu'à travailler aimait
naturellement faire du bon travail? Et si les cancres, les maladroits, les amateurs et autres flémards
étaient finalement et simplement des gens qui ne sont pas "en condition de"? Et si l'une des causes les
plus profondes du mal-être au travail était de ne pas pouvoir faire du bon travail?

Qu'est-ce qu'un travail bien fait?

Un travail bien fait est d'abord un travail qui est fait, c'est-à-dire achevé ou accompli. La qualité de son
exécution ne peut être jugée qu'au terme d'un processus plus ou moins laborieux, parfois long et délicat,
qui nécessite souvent des temps d'attente pour que la matière transformée puisse se stabiliser. C'est un
travail qui n'est pas bon du premier coup, mais est devenu bon au terme d'une période d'apprentissage
où l'ouvrier est encouragé à continuer en dépit des premiers résultats médiocres.

Il est exécuté suivant les règles de l'art, ce savoir-faire ancestral qui se transmet de génération en
génération, de celui qui maîtrise le métier (le maître) à celui qui l'apprend (l'apprenti). Avec respect pour
la matière qu'il transforme et dans la maîtrise du geste et de l'outil, l'ouvrier parvient ainsi à réaliser son
idée, à sa grande fierté et à la satisfaction de son futur utilisateur.

Préférer la critique à l'indifférence

Mais qui dit "bon" travail dit "évaluation". Evaluer un travail, c'est juger de sa qualité intrinsèque en
fonction d'une norme conventionnelle, d'une règle établie. C'est donc en premier un regard qualitatif
totalement indépendant de la quantité produite ou du temps utilisé pour produire. De l'auto-évaluation
rarement objective, qui oscille entre le dénigrement et la prétention, au jugement de l'expert qui
inspecte l'objet, tous les avis sont possibles, jusqu'à celui du donneur d'ordre qui intègre inévitablement
les notions de quantité, de coût et de délai.
Finalement, un travail n'est bon que s'il est perçu comme tel par celui qui travaille, et reconnu comme tel
par celui qui le commande. D'où l'importance majeure d'une véritable reconnaissance de la part de la
hiérarchie. Celui auquel on ne dit jamais que son travail est bon finit tristement par admettre qu'il est
mauvais. Il préfère de loin la critique d'un professionnel à l'indifférence d'un chef.

La rapidité d'exécution, un paramètre secondaire

Une fois que le geste est acquis, il gagne en fluidité et en rapidité. Si le temps utilisé est un paramètre
essentiel pour mesurer le travail, il est un paramètre secondaire pour l'évaluer qualitativement car il faut
du temps pour faire aussi bien plus rapidement. Le "vite fait bien fait" est souvent une manière
d'expédier la tâche au détriment de la qualité qui devient secondaire.

Pousser à faire plus vite est acceptable si l'accélération est progressive, et à la seule condition de
maintenir le niveau de qualité qui permet au "travailleur" de rester fier de ce qu'il fait. Sans ce souci de la
qualité, l'ouvrier aura le sentiment d'être un instrument au service de la quantité, telle une machine
programmée. C'est tout le défi et le risque de l'amélioration de la productivité.

Dans une entreprise, le travail bien fait est toujours collectif. C'est le fruit de la collaboration en équipe,
qui nécessite certes que chacun fasse du bon travail, mais surtout que ces gens qui travaillent bien
travaillent ensemble et dans le même sens, celui de l'intérêt collectif. L'équipier a plus de bonheur à
contribuer à la réussite collective qu'à garder jalousement son succès personnel.

Travailler bien est une chose mais travailler bien ensemble est encore plus difficile. C'est tout le défi du
leader d'arriver à mobiliser les egos pour les faire converger vers un même enjeu qui a du sens. Une
véritable évaluation du travail ne peut se faire sans la prise en compte de ce critère.

Que faire pour bien travailler? D'abord connaître les règles de l'art et apprendre le bon geste jusqu'à le
maîtriser. Avoir de bons outils bien maintenus et de bons matériaux. Etre dans des conditions qui
favorisent la sérénité et ne nuisent pas à la santé. Avoir une vision claire de ce qui est attendu et
comprendre en quoi nous contribuons au projet de l'équipe. Bien connaître, comprendre et accepter les
contraintes en termes de coût, de délai et de qualité. Bénéficier d'une organisation rationnelle et fluide.
Et si l'on travaille en équipe, avoir un manager proche et flexible, capable de décider rapidement quand
les aléas se présentent.
Nul ne prend plaisir à mal faire son travail

Si l'homme aime faire du bon travail, comment donc peut-il mal travailler? Si bâcler son travail le fait
souffrir, pourquoi et comment le fait-il encore? Le plus souvent par manque de temps, préférant tenir le
délai ou la cadence au détriment de la qualité. S'il sacrifie la qualité, c'est parce qu'il sait qu'il sera
d'abord jugé sur la quantité.

Il peut aussi mal travailler par manque de moyens: un équipement défectueux ou manquant, un système
d'information peu performant, une organisation matricielle compliquée où les priorités se contredisent.
Le manque de compétence et le défaut de formation peuvent aussi pousser la personne sous pression à
improviser. Enfin, mais c'est très rare, la mauvaise volonté du saboteur malheureux qui veut se venger.
En dehors de ce dernier, nul ne prend plaisir à mal faire son travail.

Le goût du travail bien fait est inné, mais bien travailler s'apprend. Il a fallu des siècles à l'humanité pour
acquérir ces milliers de coups de mains sans lesquels nos plus beaux produits et chefs d'oeuvre
n'existeraient pas. Ils sont au coeur de tous ces métiers de l'art et de la culture, de l'industrie et de
l'agriculture. Apprendre ces secrets de fabrication demande intelligence, patience et persévérance.
S'entraîner, s'entraîner, s'entraîner. Faire, défaire et refaire s'il le faut jusqu'au moment où le bon geste
apparaît de lui-même.

La machine permet de faire une opération technique de manière beaucoup rapide mais elle ne pourra
jamais remplacer cette dextérité du maître qui n'est jamais la même. Le bon travail n'est pas le travail
rapide et parfait: c'est le travail qui est devenu bon au fil du temps et reste bon par la vigilance du coeur.

Das könnte Ihnen auch gefallen