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DOI 10.3917/lfa.193.0005
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Pierre BRUNO
&
Christine MONGENOT
scolaire.
Il nous a donc paru plus intéressant d’observer les effets d’un débat
fortement médiatisé, une fois cette exposition retombée. Que traduit
l’apaisement relatif constaté dans la sphère médiatique : une reconnaissance
tacite de la validité du concept pour analyser certains contenus, certains
dispositifs ou certaines situations dans la sphère sociale ou scolaire ?, un
retour dissimulé à la situation antérieure et à l’occultation assez forte qui
prédominait ?
La question mérite d’être posée du côté institutionnel car la disparition des
ABCD de l’égalité au profit d’autres formulations telles que le « plan d’action
pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école » ou les « outils égalité filles-
garçons» désormais en ligne sur CANOPÉ, peut suggérer des hypothèses
contradictoires : ne s’agit-il que d’une concession lexicale et faut-il voir,
derrière le changement de termes, la continuité d’une incitation à éduquer,
en faisant découvrir aux élèves la dimension « genrée » de nombre d’objets
ou de pratiques sociales ? Faut-il à l’inverse considérer que la disparition
du mot genre en tant que tel, et son repli derrière la seule dénonciation
du sexisme recouvrent en profondeur une forme de « défaite » de la pensée
émancipatrice au sein de la sphère scolaire ?
Élargissant le questionnement, les contributions de ce numéro analysent
ou montrent en quoi le genre peut constituer un concept opératoire pour
penser l’enseignement, alors que celui-ci s’est durablement présenté comme
rticle on line
Le Français aujourd’hui n° 193, « Genre et enseignement »
neutre aussi bien dans ses contenus que dans ses modalités de transmission
ou de médiation.
Le genre fait désormais largement partie des catégories en usage dans les
recherches sociologiques concernant les pratiques culturelles et permet d’in-
terpréter certaines de leurs variations2 ; Sigolène Couchot-Scheix, montre
toutefois, dans la contribution qui ouvre ce numéro, que cette appropriation
s’est opérée lentement, avec un certain retard par rapport aux problématiques
déjà développées dans le monde anglosaxon et en rencontrant des résistances
au sein d’un monde universitaire globalement hostile aux cultural studies. Le
genre sert cependant aujourd’hui de concept opératoire aux sociologues qui
tentent de rendre compte des différences, voire des inégalités dans la sphère
scolaire en s’attachant aux acteurs masculins et féminins3 ; plus récemment
encore, il a commencé à être utilisé par les chercheurs en didactique4 .
C’est précisément dans le cadre de la didactique du français que s’inscrivent
les réflexions regroupées dans les deux principaux axes qui structurent le corps
de ce numéro : le premier intitulé « Des approches théoriques genrées de la
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5. A. Berger, « Petite histoire paradoxale des études dites de "genre" en France. », Le français
aujourd’hui, 163, 83-91, 2008.
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