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FISCALITE (I.E.D.F)
21ème Promotion
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Cours de
Droit fiscal
Sélection des thèmes
Ali Bissaad
Enseignant à l’I.E.D.F.
Novembre 2002
I.E.D.F Droit fiscal Ali Bissaad
INTRODUCTION GENERALE
Personne ne peut nier le poids de la fiscalité dans les économies modernes. Son
importance est liée au poids des prélèvements obligatoires. Ces derniers
correspondent à la part du revenu national qui transite par un processus de
perception et d’affectation collective et obligatoire, dont l’impôt constitue la part la
plus importante. Malgré les tentatives de réduction du poids des impôts, on constate
que ces derniers n’ont pas diminué. Ce constat largement partagé par les
spécialistes laisse entendre que le phénomène fiscal qui caractérise les économies
modernes est loin de trouver des solutions immédiates au point que certains auteurs
préfèrent utiliser le terme de « sociétés fiscalisées ». La fiscalité est acceptée comme
une nécessité, un devoir. G. Jèze soulignait qu’il existe entre l’impôt et les
dépenses, « une relation tellement étroite que l’on peut dire que la dépense d’intérêt
général est le fondement et la mesure de l’impôt moderne ».1 Il existe donc un lien
étroit entre l’étude des finances publiques et la fiscalité qui constitue un passage
obligé à la compréhension de l’organisation financière de l’Etat.
1
- G.Jèze, Cours de finances publiques, Giard, 1931
1
I.E.D.F Droit fiscal Ali Bissaad
CHAPITRE PREMIER
DOMAINE DU DROIT FISCAL
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L’application de la loi fiscale fait intervenir dès son commencement les règles
de territorialité et de l’annualité.
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I.E.D.F Droit fiscal Ali Bissaad
Notons à cette occasion que la loi fiscale à l’instar des autres lois a un
caractère permanent. Une loi portant création d’un impôt est réputée permanente et
conserve sa valeur dans le temps tant qu’elle n’a pas été abrogée. L’annualité ne
doit pas être confondue avec le caractère permanent d’une disposition fiscale. Ainsi,
l’annualité signifie que la loi doit être mise en application chaque année fiscale, c’est-
à-dire, qu’elle doit régir toutes les opérations fiscales y afférentes durant toute
l’année.
b- Rétroactivité de la loi fiscale : La loi fiscale ne peut pas avoir un effet rétroactif.
Suivant la constitution « nul impôt, contribution, taxe ou droit d’aucune sorte ne peut
être institué avec effet rétroactif ». Dans le même sens l’article (2) du code civil
précise ce qui suit : « la loi ne dispose que pour l’avenir, elle n’a point d’effet
rétroactif ».2
1.1.2- L’égalité devant la loi fiscale, qui signifie que la loi fiscale s’applique de la
même façon à tous. Aspect fondamental du principe d’égalité devant la loi, les
citoyens sont égaux devant l’impôt, la contribution fiscale est élaborée suivant la
capacité contributive de chacun. L’égalité peut être conçue non pas devant tel ou tel
impôt mais devant le système fiscal dans son ensemble.
2
- Pour plus de détails sur ce point voir : M. Bensahli, Evaluation de la loi de finances pour 1987 dans
ses dispositions fiscales, O.P.U, Alger, 1987, p. 63 et s.
4
I.E.D.F Droit fiscal Ali Bissaad
Un impôt n’est jamais isolé, il est conçu pour être inséré harmonieusement
dans ce qu’on appelle un «système fiscal ». Le système fiscal est l’ensemble des
impôts appliqués dans un pays à un moment donné. L’étude du système fiscal n’est
qu’un volet parmi d’autres auxquels s’intéresse le droit fiscal. Il s’agit dans ce volet
de présenter la structure de système propre à chaque pays.
1.3.1- L’opération fiscale : L’opération fiscale est confiée à deux grandes catégories
de services fiscaux : les services d’assiette (inspections) et les services de
recouvrement (recettes).
Les services d’assiette : ces services sont chargés d’établir et de contrôler l’impôt dû
ou versé par chaque contribuable ou redevable. Leur rôle est de rechercher et de
déterminer le fait générateur, c’est à dire l’avènement, l’opération ou la situation qui
fait naître la créance fiscale. Il s’agit ensuite d’évaluer la matière imposable en
utilisant des méthodes diverses (forfait – réel).
Les services de recouvrement : dirigés par des comptables publics (receveurs des
impôts) dépendant de la Direction générale des Impôts. Leur place dans l’opération
fiscale varie selon qu’il s’agit d’une perception en vertu des droits constatés ou d’une
perception au comptant.
5
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D- LE CONTENTIEUX FISCAL
CHAPITRE II
ASPECTS DE LA FISCALITE
Selon une définition donnée par G. JEZE, l’impôt «est une prestation
pécuniaire requise des particuliers par voie d’autorité, à titre définitif et sans contre
partie, en vue de la couverture des charges publiques ».3
3
- JEZE G., Cours de finances publiques, 1931.
6
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Enfin, chez P. BELTRAME, « l’impôt est une prestation pécuniaire requise des
contribuables d’après leurs facultés contributives et qui opère, par voie d’autorité, un
transfert patrimonial définitif et sans contrepartie déterminée, en vue de la réalisation
des objectifs fixés par la puissance publique ».5
4
- GAUDEMET P.M., Finances publiques, T 2, Ed. Montchrestien, 1981, p. 90.
5
- BELTRAME P., La fiscalité en France, Hachette, 1993, p. 12
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6
- P.M. GAUDEMET, op.cit., p. 122
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7
P. Loïc, Finances publiques, op.cit., p. 311
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La taxe est une contribution fiscale, perçue au profit de l’Etat, des collectivités
locales et des établissements publics administratifs, en raison du fonctionnement
d’un service public sans que son montant soit en corrélation avec le coût du service.
A différence de l’impôt qui est perçu sans donner lieu à aucune contrepartie directe,
la taxe par contre donne droit à celui qui la supporte à une contrepartie, « c’est un
prélèvement opéré sur l’usager d’un service public, à l’occasion de l’utilisation de ce
service, mais sans que ce prélèvement ait une corrélation avec le coût du service qui
lui est rendu ».9 Ainsi définie, la taxe se caractérise par sa perception à l’occasion
d’un service public, même si son redevable ne bénéficie ou n’utilise pas le service
mis à sa disposition, et dans tous les cas la somme payée n’est pas équivalente au
coût du service rendu. Dés lors son caractère obligatoire lui confère le même régime
que l’impôt. Sa création et la fixation de son régime relèvent de la compétence du
législateur. Enfin, elle ne peut être perçue que par une personne publique.
8
P. Beltrame, La fiscalité en France, op.cit., p. 14
9
Philip Loïc, Finances publiques, 3é éd., Cujas, 1989, p. 313
11
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Comme les deux prélèvements sont perçus à l’occasion d’un service rendu,
une idée s’est dégagée en considérant que la taxe fiscale ne s’applique qu’à des
services publics administratifs, alors qu’une redevance pour service rendu peut être
demandée tant en contrepartie de l’usage d’un service public industriel et
commercial, qu’administratif. De plus la taxe fiscale présente un caractère
obligatoire, elle est perçue indépendamment de l’utilisation particulière de tout
service. En ce qui concerne la redevance, au contraire la nécessité est portée sur
l’existence d’un service rendu. Mais il faut ajouter encore une autre différence qui
réside dans l’absence de corrélation entre le montant de la taxe et le service rendu et
la proportionnalité exigée en matière de redevance.
Il en résulte de ce bref aperçu que les deux points qui peuvent servir de
critères de distinctions se rattachent, principalement, à la nature du service et à
l’existence ou non d’une corrélation entre le service rendu et le montant du droit
perçu.
10
Le mot « taxe » est utilisé souvent pour désigner de véritables impôts, TVA par exemple, et parfois
quand il s’agit de véritables taxes, le terme est rarement utilisé. La lecture des textes montre bien
que le législateur fait souvent recours à d’autres termes et expressions, par exemple la lecture de
l’art. 15 de la loi 84-17, confirme cette remarque; sont considérés comme taxes parafiscales, « tous
droits, taxes, redevances... »
12
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Donc, cette acceptation s’est avérée dépassée, puisque il existe des services
publics administratifs financés par le biais de redevances, comme c’est le cas des
redevances téléphoniques. De plus un même service peut être financé à la fois par
des redevances et taxes qui composent le tarif supporté par l’usager. Plusieurs
critères ont été proposés afin de définir la redevance, c’est finalement le critère de
l’équivalence entre le montant du prélèvement et le service rendu qui a été retenu
par le Conseil d’Etat français, dans un arrêt du 21 novembre 1958.12
11
La taxe d’enlévement des ordures ménagères est instituée au profit des communes dans lesquelles
fonctionne un service d’enlèvement des ordures ménagères sur toutes les propriétés baties. (Décret
législatif n°93-01 du 19 janvier 1993 portant loi de finances pour 1993, JORA 1993, p.7)
12
CE., Ass. 25 nov. 1958 Syndicat national des transporteurs aériens, A.J.D.A. 1958 p. 4171 note
Drago.
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Donc, pour que le prélèvement soit considéré comme une redevance pour service
rendu, il faut que le redevable soit le bénéficiaire d’une manière directe et immédiate
des prestations assurées par le service. L’autre aspect du critère d’équivalence est
cette corrélation entre le prix demandé et le service rendu, ce qui distingue la taxe de
la redevance.
13
CE, 13 nov. 1987 Syndicat national des transporteurs aériens, JCP, 1988 II, 20977, note Dufau; J.
Dufau, Les entreprises publiques, Editions du Moniteur, Paris, 1991, p. 247 et s.
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Les taxes parafiscales comportent des points communs avec les impôts et les
rémunérations pour service rendu. Qualifiées comme une catégorie « hybride », les
taxes parafiscales sont comme l’impôt opérées à titre obligatoire, elles sont comme
la rémunération pour service rendu perçues au profit d’un service public particulier en
rémunérant une certaine contrepartie fournie par le service.
Donc, à côté des taxes fiscales et des redevances ordinaires existent des
taxes et redevances parafiscales perçus aux profit d’une personne morale autre que
l’État, les wilayas et les communes, et figurant sur un état spécial annexé à la loi de
finance :
- Une taxe parafiscale ne peut être perçue au profit de l’État ou des
collectivités locales. Elle est instituée et perçue en vertu d’une disposition de la loi de
finance,
- La taxe parafiscale est affectée à un organisme déterminé, à savoir une
personne morale. Donc, la taxe parafiscale peut être affectée à un établissement
public industriel et commercial ou à un établissement public administratif, comme elle
peut être affectée à des organismes techniques ou professionnels (chambres
d’agriculture). Les cotisations sociales figurent parmi la liste des taxes parafiscales
dressée chaque année dans l’état spécial annexé à la loi de finances.
- En dernier lieu, la taxe parafiscale est affectée à un objet, généralement,
pour atteindre un objectif à caractère économique ou social d’intérêt général.
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Les taxes parafiscales sont des recettes du service bénéficiaire, elles sont
destinées à couvrir les dépenses du service. En cas d’insuffisance de leur produit, la
différence est compensée par des subventions budgétaires. Tout en préservant son
autonomie budgétaire, l’organisme bénéficiaire se voit affecté des ressources
publiques qui lui permettent d’équilibrer son budget. Le recours à un mode de
financement relativement stable, comme la parafiscalité, garantit la continuité du
service public et protège le service bénéficiaire des risques économiques liés au
marché.
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CHAPITRE III
CLASSIFICATION DE L’IMPOT
A- Fondements de la distinction
B- Critères de distinction :
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a- Le critère administratif
D’après ce critère, l’impôt qui est perçu par voie de rôle est un impôt direct. Le
rôle désigne la liste sur laquelle figurent les bases d’imposition ainsi que les
montants dûs par chaque contribuable. Donc, c’est à partir de ce document, qui
constitue un titre exécutoire que les comptables chargés de la perception procèdent
au recouvrement de l’impôt. C’est en fonction de l’existence ou non du rôle que les
impôts sont classés dans la catégorie des impôts directs ou des impôts indirects.
Quand l’imposition est liée à des actes de production ou de consommation
irréguliers, il n’est pas possible d’établir un rôle, on utilise la qualification d’impôts
indirects. L’impôt direct est lié au rôle, tout simplement parce que les situations sont
connues et arrêtées au bout d’un certain temps égal en général à une année. L’impôt
indirect vise au contraire des événements, comme en matière d’enregistrement, des
transactions commerciales, en matière des taxes sur le chiffre d’affaires, ou la mise
en circulation d’un produit soumis à divers impôts indirects.
Cette distinction suivant le critère administratif tient une grande place dans
beaucoup de pays, notamment pour désigner l’administration compétente pour
l’assiette et le recouvrement de l’impôt. Enfin, ce critère est utilisé en matière de
partage du contentieux entre la juridiction administrative et la juridiction judiciaire.
b- Le critère économique
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Cependant, cette distinction n’est pas toujours valable, car dans certaines
situations l’impôt direct est répercuté, compte tenu des données économiques
structurelles ou conjoncturelles. Dans des situations de crise ou de mévente, le
redevable légal peut ne pas pouvoir répercuter l’impôt et le supporte alors lui-même.
Ainsi suivant les aléas de la conjoncture économique, le même impôt sera tantôt
qualifié de direct, tantôt d’indirect. L’exemple souvent cité, c’est le cas de l’impôt sur
les sociétés qui est classé parmi les impôts directs, alors qu’il est, le plus souvent,
répercuté dans les prix.14
c- Le critère fiscal
14
- P. BELTRAME, op. cit., p. 18
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Il est largement admis que le rendement de l’impôt direct est stable, il n’est
pas compromis dans les périodes de crise économique. Les impôts directs
présentent l’avantage d’avoir un rendement stable et de ne pas faiblir dans les
périodes de récession économique. Cette idée a perdue une partie de son audience
puisque on a constaté que les impôts directs ne suivent pas l’accroissement de la
fortune des contribuables avec autant de souplesse qu’on aurait le croire.15
Par contre, les impôts indirects ont le mérite d’être plus souples ou plus
élastiques, car ils suivent de manière plus élastique le développement de la richesse.
Il s’agit ici de l’élasticité économique dont bénéficie la fiscalité indirecte. En effet, le
produit de la fiscalité indirecte s’élève au fur et à mesure que l’activité économique
se développe. Ce phénomène est naturel : la fiscalité indirecte frappe des actes
juridiques et des opérations matérielles qui constituent en quelque sorte l’activité
économique elle-même. Cette corrélation entre le rendement de la fiscalité indirecte
et la conjoncture économique est un avantage dans les périodes de prospérité et
d’expansion économique. C’est aussi un avantage dans les périodes de hausse des
prix et d’inflation où le produit des taxes sur le chiffre d’affaires enfle avec les prix
eux-mêmes.16
15
- SADOUDI (A), Cours de droit fiscal, p. 13
16
- GAUDEMET (P.M), op. cit., p. 211.
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Paul – Marie Gaudemet, avait remarqué que cet avantage est aujourd’hui
moins réel que par la passé. Il ajoutait : pour que la fiscalité directe soit équitable, il
faut qu’elle ne soit pas faussée par la fraude. En effet, la fraude détruit l’équité de la
fiscalité directe la plus perfectionnée. La charge fiscale se trouve ainsi conditionnée
par l’ampleur de la fraude.17
A l’inverse des impôts directs, la fiscalité indirecte qui frappe les produits de
consommation de manière aveugle, sans considérations de la capacité contributive
des contribuables peut apparaître comme particulièrement injuste dès lors qu’à
revenu inégal, la charge est la même. Par ailleurs, les familles nombreuses à faibles
revenus se trouvent particulièrement pénalisées par ce type d’imposition, du fait de
leur consommation plus importante de produits courants.
17
- GAUDEMET (P.M), op. cit., p. 204
21
I.E.D.F Droit fiscal Ali Bissaad
Les impôts réels sont ceux qui frappent les biens d’un contribuable sans
considération de sa situation personnelle. Il en est ainsi par exemple des impôts
fonciers locaux ainsi que les droits d’enregistrement. Les impôts personnels sont des
impôts qui tiennent compte de la situation familiale ou de la fortune du contribuable,
ainsi l’impôt sur le revenu ou les droits de succession sont des impôts personnels.
Du point de vue de la simplicité, il paraît évident que l’impôt réel est plus
simple à mettre en œuvre que l’impôt personnel, pour lequel la recherche de la
matière imposable est toujours plus délicate.
18
- BELTRAME (P), op. cit., p. 19
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L’impôt synthétique est un impôt qui frappe l’ensemble des revenus ou des
gains du contribuable. Cette technique d’imposition permet de saisir l’ensemble de la
situation du contribuable. L’impôt analytique, par contre frappe les diverses
catégories de revenus. Ainsi, l’impôt cédulaire sur le revenu est un impôt analytique
qui n’atteint qu’une catégorie de revenu, alors que l’impôt général sur le revenu est
un impôt synthétique, puisqu’il porte sur le revenu global d’un contribuable, toutes
sources de revenus confondus.
L’impôt de répartition est celui dont le produit total attendu est fixé à l’avance
puis réparti ensuite entre les contribuables. Dans ce système, c’est donc la somme
totale à recevoir (appelé contingent) qui est déterminée à priori, non le taux
d’imposition qui ne se dégage qu’après répartition. Par contre, l’impôt de quotité
procède de manière inverse ; il consiste à définir initialement un taux d’imposition qui
sera ensuite appliqué à la matière imposable. Ce dernier est celui qui est maintenant
en vigueur dans tous les systèmes fiscaux modernes. La distinction entre l’impôt de
quotité et l’impôt de répartition n’a qu’un intérêt historique.
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Néanmoins, il présente des défauts manifestes, car il prive l’impôt de toute élasticité.
Il entraîne également une inégalité dans les taux qu’il entraîne entre des
contribuables se trouvant dans des communes différentes.
L’impôt de quotité est donc plus juste et surtout plus rentable que l’impôt de
répartition.
L’impôt proportionnel est l’impôt dont le taux est constant quel que soit le
volume de la matière imposable. L’impôt progressif est un impôt dont le taux s’élève
avec la quantité de matière imposable. La progressivité ne peut pas s’appliquer à
n’importe quelle matière imposable : elle ne se conçoit qu’à condition que la matière
imposable ne soit pas susceptible d’être morcelée. A cet effet, il est pratiquement
impossible d’appliquer la progressivité à un impôt de consommation, puisque le
consommateur peut procéder à des achats fragmentaires pour échapper à la
progressivité. Par contre, la progressivité peut s’appliquer aisément lorsque la
matière imposable présente un caractère global. C’est le cas en matière d’impôt sur
le revenu ou l’impôt sur les successions.
A- La progressivité directe
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Exemple :
De 0 à 100.000 = 10%
De 100.001 à 200.000 = 20%
De 200.0001 à 500.000 = 30%
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minimum fixé est considéré comme le revenu indispensable à la vie dans une
société.
Exemple :
19
- Voir sur ce point : P.M. GAUDEMET, op. cit., p. 234 et s.
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Pour bien asseoir la progressivité, certains auteurs pensent que cette dernière
est une exigence de la justice fiscale elle-même. Ils considèrent que l’égalité fiscale
doit être mesurée à partir du sacrifice fiscal réclamé à chacun. La progressivité est
dans ce cas la seule technique qui peut réaliser cette justice. Cette thèse a été
surtout renforcée à partir des analyses des économistes marginalistes qui ont montré
qu’un contribuable plus qu’il est riche, moins l’unité monétaire a pour lui de valeur. Ils
considèrent qu’il est plus juste de réclamer un pourcentage de prélèvement plus
important au riche qu’au pauvre. La justice fiscale est pour cette partie de la doctrine
est mieux satisfaite par des impôts progressifs que par des impôts proportionnels.
Cet avantage que présente la progressivité est souvent mal reçu, à cause de
l’effet négatif de la progressivité sur la constitution de l’épargne de gros
contribuables. La diminution de l’épargne chez cette catégorie de contribuables
n’aide pas à l’augmentation de l’investissement privé.
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CHAPITRE VI
CLASSIFICATION ECONOMIQUE DE L’IMPOT
Le revenu suivant d’une définition générale est le fruit d’une source durable,
plus exactement c’est « une somme d’argent provenant d’une source permanente
d’une manière périodique ». Cette définition adoptée par les auteurs du droit civil
s’est avérée insuffisante pour le droit fiscal. En effet, le droit civil avait adopté cette
définition pour ces propres besoins notamment pour distinguer le revenu du capital.
Or, le droit fiscal a besoin d’une définition plus large du revenu qui permet d’intégrer
dans la notion du revenu tous les gains exceptionnels même s’ils ne proviennent pas
20
- Il ne faut pas confondre entre la classification économique de l’impôt et son rôle économique. Le
rôle économique est une orientation de l’impôt vers la réalisation des objectifs de la politique
économique. La classification économique est toute autre, car elle analyse l’impôt suivant une
option économique et non juridique ou administrative.
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d’une source durable. Ainsi, le revenu a été définit comme « l’enrichissement net du
sujet économique au cours d’une période donnée ». L’adoption d’une définition
propre concrétise l’autonomie du droit fiscal par rapport au droit privé.
Il ressort clairement de cette définition que le revenu est une richesse qui
revient généralement, ce qui fait que le prélèvement fiscal au titre de cet impôt ne
détruit pas la matière imposable et ne l’empêche pas de réapparaître dans l’avenir.
Cette justification de l’impôt sur le revenu avait conduit à taxer des revenus même
s’ils n’ont pas le caractère de périodicité, au motif qu’il y a une augmentation du
patrimoine, c’est le cas par exemple, des plus-values immobilières.
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effectue la dépense qui paie légalement l’impôt. L’impôt est incorporé au prix du
produit ou du service.
Sans aller trop loin dans la présentation de l’évolution des impôts sur la
dépense, il est du moins nécessaire de présenter trois grands types de taxes sur le
chiffre d’affaires : les taxes cumulatives, la taxe unique et la Taxe sur la Valeur
Ajoutée qui n’est que la combinaison des deux premiers types.
- La taxe unique : contrairement aux taxes cumulatives, la taxe unique est perçue
une seule fois, à un stade déterminé, sur la valeur du produit à ce stade. La taxe est
donc incorporée aux et sera supportée finalement au moment de la dépense d’achat
effectuée par le consommateur. L’impôt ne frappe qu’une seule fois la denrée. C’est
le caractère global de la taxe, bien que le paiement est fractionnée (le cas de la
TUGP appliquée en Algérie avant la réforme d e1991).
La TVA est une taxe sur le chiffre d’affaires, appliquée à chaque stade du
circuit économique et qui, par le jeu du mécanisme des paiements fractionnés et des
30
I.E.D.F Droit fiscal Ali Bissaad
déductions, ne porte en définitive que sur la valeur ajoutée par le redevable, du fait
de son intervention, aux biens ou services qui font l’objet de son activité.
Par ailleurs, l’impôt sur la dépense peut prendre la forme d’un impôt
analytique sur des dépenses particulières de consommation ou accises. Les droits
indirects de consommation tirent leur dénomination de leur fait générateur qui est en
principe la mise à la consommation ou la mise en circulation du produit imposable.
Ainsi, l’impôt de consommation peut frapper des objets et des denrées de toute
nature (alcools, tabacs, pétrole et ses dérives). Ces droits sont spécifiques et sont
fixés proportionnellement à la quantité mise en circulation (poids, volume).
Enfin, en matière des impôts sur la dépense, les droits de douanes constituent
à côté des TCA et des droits indirects une autre forme d’imposer la dépense. Les
droits de douanes sont des impôts particuliers sur la dépense qui frappent
généralement les marchandises importées. Le tarif douanier élaboré par chaque Etat
unilatéralement ou par convention est la clef de voûte de l’activité douanière. Les
droits sont perçus sur la base du tarif douanier correspondant à chaque produit. Ils
sont perçus en général en même temps que la TVA.
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Abstraction faite des cas où la notion du capital reste floue, le capital peut être
taxé suivant plusieurs modalités. Il y a d’abord les droits d’enregistrement qui
touchent le capital à l’occasion de sa transmission à titre onéreux ou à titre gratuit.
Ensuite, il y a l’impôt sur la fortune qui est un impôt annuel déterminé en fonction
d’une fortune acquise et accumulée chez le contribuable. Enfin, l’impôt peut prendre
la forme de taxes immobilières locales comme la taxe foncière.
32
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
A - Ouvrages
1- TROTABAS (Louis), COTTERET (Jean-Marie), Droit fiscal, 8e éd., Dalloz, 1997.
2- BACCOUCHE (Neji), Droit fiscal, 2 Tomes, E.N.A., Tunis, 1993.
3- BELTRAME (Pierre), La fiscalité en France, Hachette, Paris, 1993.
4- BIENVENU (J.J), Droit fiscal, P.U.F, 1987.
5- GAUDEMET (Paul - Marie) et MOLIGNIER (J.), Finances publiques, Tome II,
Paris, Montchrestien, 1992.
6- NIZET (J.Y), Fiscalité, économie et politique, L.G.D.J, 1991.
7- PHILIP (Loïc) (Sous la direction de…), Dictionnaire encyclopédique de finances
publiques, Paris, Economica, 1991.
8- AKESBI (N.), L’impôt, l’Etat et l’ajustement, Ed. Actes, Rabat, 1993.
9- SADOUDI (A), Cours de droit fiscal, polycopié, I.N.F – I.E.D.F, Année : 1994-
1995.
10-Ministère de l’économie, des finances et de l’industrie (France), Précis de
fiscalité, 2 tomes, 1998.
11-BOUVIER (M) et autres, Finances publiques, L.G.D.J, Paris, 1993.
12- SAÏJ (L), Finances publiques, 3ème édition, Dalloz 2000
B – Documents
- Ministère des finances – Direction Générale des Impôts, Guides fiscaux mis à jour
LF 2002 :
Guide pratique de la TVA,
Guide pratique de l’enregistrement,
Guide pratique du contribuable,
Guide fiscal des professions libérales,
Guide fiscal de l’artisanat traditionnel,
Guide fiscal des investissements,
Guide pratique des déclarations fiscales.
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I.E.D.F Droit fiscal Ali Bissaad
I- A traiter au choix un (01) des trois sujets suivants : …………………. (05 points)
1.1- La définition des notions suivantes : capacité contributive, charges publiques,
justice fiscale, légalité fiscale.
1.2- La fonction financière de l’impôt a t – elle toujours la même place ; si oui
pourquoi ?
1.3- Application de la loi fiscale dans l’espace.
II- A traiter au choix un (01) des deux sujets suivants : ………………… (05 points)
2.1- La distinction entre les droits perçus au comptant et les droits constatés.
2.2- La distinction entre l’impôt proportionnel et l’impôt progressif.
III- A traiter au choix un (01) des deux sujets suivants : ………………. (05 points)
3.1- Les problèmes de définition du revenu et les solutions adoptées par le droit
fiscal.
3.2- Que pensez - vous d’un système fiscal où l’essentiel des recettes de la
fiscalité ordinaire provient des impôts indirects ?
IV- A Traiter au choix un (01) des deux sujets suivants : ………….… (05 points).
4.1- Que signifie la liquidation de l’impôt et quelle est son importance dans
l’opération d’imposition ?
4.2- Quelle est la différence entre la justice devant l’impôt et la justice par l’impôt ?
4.3- Quelles sont les missions des services d’assiette ?
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