Sie sind auf Seite 1von 62

UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L’AFRIQUE CENTRALE

INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE


FACULTE DE THEOLOGIE / LICENCE III
ANNEE ACADEMIQUE 2019 – 2020

INTRODUCTION A L’OECUMENISME
ABBE DOCTEUR ETIENNE ETOUNDI ESSAMA

EDITIONS DU COVY

1
INTRODUCTION GENERALE

1- PRESENTATION
2- PLAN DU COURS
3- BIBLIOGRAPHIE

A- PLAN DU COURS

I/ LE CPPUC
1- Historique
2- But
3- Structure
4- Autres organismes

II/ FONDEMENTS BIBLIQUES ET MAGISTERIELS


1- Fondements bibliques
2- Fondements magistériels

III/ L’OECUMENISME FONDAMENTAL


1- Etymologie
2- Signification
3- Objectif

IV/ OECUMENISME HISTORIQUE


1- Les Eglises préchalcédoniennes (451)
2- Les Eglises orthodoxes (1054)
3- Les Eglises protestantes (1521)
4- Les Eglises anglicanes (1530)
5- Les autres Eglises chrétiennes 

V/ OECUMENISME PASTORAL
1- L’œcuménisme spirituel (Prière)
2- L’œcuménisme théologique (Dialogue)
3- L’œcuménisme social (Collaboration)

VI/ OECUMENISME AFRICAIN


1- Quelques déclarations
2- Types d’œcuménisme en Afrique
3- Collaboration œcuménique
4- Instituts de formation œcuménique
5- Organismes œcuméniques
6- Perspectives

2
VII/ OECUMENISME EN AFRIQUE CENTRALE
1- Les Eglises chrétiennes en présence
2- Les Organismes œcuméniques
3- La Collaboration œcuménique
4- Les Perspectives.

3
B- BIBLIOGRAPHIE

1/ DOCUMENTS DU MAGISTERE
- Concile Vatican II, Décret sur l’œcuménisme Unitatis Redintegratio,
1964.
- CPPUC, Directoire pour l’application des principes et des normes pour
l’œcuménisme (revu et corrigé), 1993.
- Jean-Paul II, Encyclique Ut unum sint sur l’engagement œcuménique de
l’Eglise catholique, 1995.
- IDEM, Lettre apostolique Novo Millennio Ineunte au terme du grand
Jubilé de l’An 2000, 2001.
- Cardinal Walter KASPER, La situation œcuménique en 2006.
(www.vatican.va/curia)
- Cardinal Kurt KOCH, L’unité des chrétiens et le service des pauvres,
2011.

2/ QUELQUES AUTEURS
- M. BAROT, Le mouvement œcuménique, « Coll. Que sais-je ? », PUF,
1967, 128 p.
- J. DESSEAUX, Vingt siècles d’histoire œcuménique, Cerf, 1983, 110 p.
- R. GIRAULT, Construire l’Eglise une, DDB, 1990, 222 p.
- GROUPE DES DOMBES, Pour la communion des Eglises. L’apport du
Groupe des Dombes 1937-1987, Centurion, 1988, 235 p.
- IDEM, Pour la conversion des Eglises, Centurion, 1991, 113 p.
- IDEM, Marie (en deux tomes 1995 et 1997).
- IDEM, « Vous priez donc ainsi » Le Notre Père, 2011.
- Le Monde des religions, La planète des chrétiens, Hors-série N° 21, 2013.
- M. N. ATEBA EDZANA, La justification du pécheur : enjeux
œcuméniques pour une communion ecclésiale, Imprimerie Saint-Paul,
Yaoundé, 2015.

- E. ETOUNDI ESSAMA, Les Mariages mixtes dans le Dialogue


théologique entre les Catholiques et les Protestants, Thèse de Doctorat en
Théologie, (Extrait), Rome, 1998.
- IDEM, La Pastorale des mariages mixtes, 2e édition, Imprimerie Saint-
Paul, Yaoundé, 2016.
- IDEM, Cours d’Introduction à l’œcuménisme (revu et relooké), UCAC,
Licence III, 2017 (Inédit).
- IDEM, Séminaire « Accords et divergences théologiques dans le
Dialogue théologiques», UCAC, Master I & II, 2017, 21p (Inédit).
- IDEM, Séminaire « Mariages mixtes et œcuménisme », UCAC, Master I
& II, 2018 (Inédit).

4
- IDEM, Séminaire « Pastorale et Dialogues », UCAC, Master I, II &
Pastorale, 2019 (Inédit).
- IDEM, « Les enjeux et les défis œcuméniques de la célébration de
l’Année jubilaire en Afrique » in Annales de l’Ecole Théologique Saint
Cyprien de Ngoya, 2000.
- IDEM, « La pastorale œcuménique et du dialogue interreligieux dans
l’Archidiocèse de Yaoundé » in Annales de l’Ecole Théologique Saint
Cyprien de Ngoya, 2003, pp. 209-214.
- IDEM, « La situation du dialogue œcuménique entre Catholiques et
Protestants » in Annales de la Faculté de Théologie Protestante de
Yaoundé, 2005.
- IDEM, « Saint Paul et l’unité de l’Eglise » in Bulletin Paix et Joie,
Janvier 2009, pp. 8-12.
- IDEM, « L’Aspect œcuménique dans Verbum Domini de Benoît XVI » in
Conférences théologiques de l’UCAC n° 18, PUCAC, Yaoundé, Mars
2015, pp. 157-165.
- IDEM, « La Pastorale œcuménique du pape Jean Paul II », Conférence à
la Communauté sant’Egidio, Yaoundé le 30/08/2011 (Inédit).
- IDEM, « Le Paradoxe d’Ecclesia in Africa II », Conférence pour le 16e
Anniversaire d’Ecclesia in Africa », Douala le 15/09/2011 (Inédit).
- IDEM, « La situation du dialogue œcuménique et du dialogue
interreligieux aujourd’hui » in Bulletin Paix et Joie, Paris, juin-juillet
2012, pp. 5-13.
- IDEM, « L’œcuménisme en trois questions », Conférence à Pretoria
(RSA), le 16/05/2014 (Inédit).
- IDEM, « Les merveilles de Dieu dans l’histoire de l’œcuménisme »,
Conférence à Yaoundé, le 20/01/2016 (Inédit).
- IDEM, « Les Mariages œcuméniques », Conférence à Yaoundé, le
19/01/2017 (Inédit).
- IDEM, « L’œcuménisme en Afrique centrale », Conférence à Yaoundé
lors de la XIe Assemblée Plénière de l’ACERAC, le 10/07/2017 (Inédit).
- IDEM, « Marie dans l’œcuménisme », Conférence à Yaoundé, le
25/01/2018 (Inédit).
- IDEM, « L’accueil des déplacés internes Anglophones par les Eglises
chrétiennes à Yaoundé », Conférence à Yaoundé le 22/01/2020 (Inédit).
3/ REVUES SPECIALISEES
- Chrétiens en marche (Lyon)
- Foyers Mixtes (Lyon)
- Irénikon (Chevetogne, Belgique)
- Istina (Paris)
- Unité chrétienne (Lyon)
- Unité des chrétiens (Paris)
- Le Monde des Religions (Paris).

5
C- WEBGRAPHIE
- http://www.vatican.va
- http://www.zenit.org
- http://www.eglise.catholique.fr
- http://www.oecumenisme91.eglise.catholique.fr
- http://www.la-croix.com (Urbi & Orbi)

6
CHAPITRE I – LE CPPUC
(CONSEIL PONTIFICAL POUR LA PROMOTION DE L’UNITE DES CHRETIENS) 1

Le CPPUC est la structure faitière de l’Etat du Vatican en charge du dialogue


œcuménique avec les autres Eglises et Communions chrétiennes mondiales.
Nous présenterons tour à tour son historique, son but, sa structure et les autres
organismes gérés par le CPPUC.

1/ HISTORIQUE
L’origine du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens est
étroitement liée au Concile Vatican II. Le Pape Jean XXIII désirait que
l’engagement de l’Eglise Catholique dans le mouvement œcuménique
contemporain soit l’un des buts principaux du Concile. C’est pourquoi, le 5 juin
1960, il a créé un Secrétariat pour l’unité des chrétiens comme l’une des
commissions préparatoires au Concile et a nommé comme premier président le
Cardinal Augustin BEA. C’est la première fois que le Saint-Siège mettait en
place une structure consacrée uniquement aux questions œcuméniques.
La première fonction du Secrétariat a été tout d’abord d’inviter les autres
Eglises et Communions mondiales à envoyer des observateurs au deuxième
Concile du Vatican. Mais dès la première session (1962), par décision du Pape
Jean XXIII, il fut assimilé aux commissions conciliaires. Le Secrétariat a alors
préparé et présenté au Concile les documents sur l’œcuménisme (Unitatis
Redintegratio), les religions non chrétiennes (Nostra Aetate), la Constitution
dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum).
En 1963, le Saint-Père a précisé que le Secrétariat serait composé de deux
sections chargées respectivement des relations avec les Eglises orthodoxes et les
anciennes Eglises orientales d’une part, et d’autre part avec les Eglises et
Communautés ecclésiales d’Occident.
En 1966, le Concile étant achevé, le Pape Paul VI a confirmé le Secrétariat pour
l’unité des chrétiens comme organe permanent du Saint-Siège. Le Cardinal BEA
l’a présidé jusqu’à sa mort en 1968. En 1969, le Cardinal Johannes
WILLEBRANDS était désigné pour lui succéder. Vingt ans plus tard, il se
retirait et devenait président émérite. Le Cardinal Edward Idris CASSIDY était
alors nommé président de ce dicastère. Il a été remplacé par le Cardinal
allemand Walter KASPER jusqu’en 2010. Le président actuel est le Cardinal
suisse Kurt KOCH.
C’est par la Constitution apostolique « Pastor Bonus » du 28 juin 1988 que le
Pape Jean Paul II a transformé le Secrétariat en Conseil pontifical pour la
promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC), changement devenu effectif le 1 er
mars 1989.

2/ BUT: Le Conseil a une double fonction


1
Sources : http://www.vatican.va/roman_curia et Annuaire Pontifical du Vatican 2014.

7
2.1. AD INTRA 

Il est tout d’abord chargé de promouvoir, à l’intérieur de l’Eglise catholique, un


authentique esprit œcuménique selon le Décret conciliaire Unitatis
Redintegratio ; c’est à cette fin qu’un Directoire œcuménique a été publié en
1967/1970 et renouvelé en 1993 sous le titre : « Directoire pour l’application
des principes et des normes sur l’œcuménisme ». Le Conseil assume cette tâche
en lien avec les divers dicastères de la Curie romaine, dont les compétences
doivent contribuer à l’effort de dialogue de l’Eglise catholique et être mises au
service de ses relations avec toutes les Eglises et Communautés ecclésiales.

2.2. AD EXTRA 
En même temps, le Conseil pontifical s’efforce également de développer le
dialogue et la collaboration avec les autres Eglises et Communions mondiales.
Aussi, dès sa création, il a établi une cordiale coopération avec le Conseil
œcuménique des Eglises (COE)2 dont le siège est à Genève ; depuis 1968, douze
théologiens catholiques sont membres à part entière de la Commission « Foi et
Constitution », département théologique du COE3.
Il appartient également au CPPUC de nommer des observateurs catholiques aux
différents rassemblements œcuméniques et d’inviter à son tour des observateurs
ou des « délégués fraternels » des autres Eglises et Communautés ecclésiales à
l’occasion des grands événements de l’Eglise catholique.
En ce moment, le CPPUC est engagé dans un dialogue théologique
international avec les Eglises et Communions mondiales suivantes pour
promouvoir une meilleure connaissance réciproque et des échanges d’opinions
permettant de surmonter les préjugés :
 l’Eglise orthodoxe
 l’Eglise copte orthodoxe
 L’Eglise malankare
 La Communion anglicane
 La Fédération luthérienne mondiale
 La Communion mondiale des Eglises réformées4
 Le Conseil méthodiste mondial
 L’Alliance baptiste mondiale
 L’Eglise chrétienne (Disciples du Christ)
 Des responsables des Eglises pentecôtistes.

2
Le COE est fondé en 1948 grâce à la fusion de deux organismes œcuméniques: « Foi et Constitution » (aile
théologique) et « Vie et Action » (aile sociale).
3
L’Eglise catholique romaine n’est pas membre du COE qui comprend environ 350 Eglises membres
protestantes, anglicanes et orthodoxes.
4
Cette nouvelle structure résulte de la fusion du 24 juin 2010 de deux grandes institutions réformées  : l’Alliance
réformée mondiale (218 Eglises membres et 76 millions de croyants) et le Conseil œcuménique réformée (39
Eglises membres et 12 millions de protestants).

8
Le Conseil se préoccupe aussi de promouvoir des rencontres avec les
Evangéliques regroupés au sein de l’Alliance évangélique mondiale.
Pour faire connaître le plus largement possible les résultats de ses efforts en
faveur de l’unité des chrétiens, le CPPUC publie en français et en anglais une
revue trimestrielle intitulée Service d’Information.

3/ STRUCTURE
Le Conseil Pontifical est dirigé par le Cardinal Président. Il est assisté par un
Secrétaire, un Secrétaire adjoint et un sous-Secrétaire.
Les relations avec les autres Eglises et Communautés ecclésiales sont reparties
entre deux sections :
 La section orientale, pour les Eglises orthodoxes de tradition byzantine et
les Eglises orientales orthodoxes (coptes, syriens, arméniens, éthiopiens,
malankars) ainsi que pour l’Eglise assyrienne de l’Orient.
 La section occidentale, pour les différentes Eglises et Communautés
ecclésiales d’Occident, et pour le Conseil œcuménique des Eglises (COE).

4/ AUTRES ORGANISMES (3)

4.1. La Commission chargée de la collaboration pour la diffusion de la Bible


A la suite de la responsabilité prise par le Secrétariat dans la préparation de la
constitution dogmatique sur la Révélation divine, le CPPUC est chargé de la
promotion de la collaboration œcuménique pour la traduction de la Sainte
Ecriture et de sa diffusion (Cf. Dei Verbum, n° 22). C’est la raison pour laquelle
il a suscité la création de la Fédération biblique catholique, avec laquelle il est
en étroit contact. Avec l’Alliance biblique universelle, il a publié des Directives
concernant la coopération interconfessionnelle dans la traduction de la Bible
(1968 ; nouvelle édition révisée en 1987).

4.2. Le Comité catholique pour la collaboration culturelle


Fondé en 1963, le Comité s’attache à promouvoir, entre l’Eglise catholique et
les Eglises orthodoxes de tradition byzantine et les Eglises orientales
orthodoxes, des échanges d’étudiants désirant poursuivre, dans des institutions
catholiques ou orthodoxes, des études en théologie ou dans d’autres disciplines
ecclésiastiques. Une commission internationale d’attribution des bourses,
dépendant du Comité, se réunit chaque année au mois de mars.

4.3. La Commission pour les relations avec le Judaïsme


Le 22 octobre 1974, le Pape Paul VI a créé une Commission pour les relations
religieuses avec le Judaïsme, organisme distinct mais étroitement lié au CPPUC.
En effet, le Cardinal Président et le Secrétaire du CPPUC en sont respectivement
le président et le vice-président ; un secrétaire exécutif à plein temps en assure le

9
fonctionnement. Pour la mise en œuvre des orientations données par le
deuxième Concile du Vatican, la Commission a publié des Orientations et
suggestions pour l’application de la Déclaration conciliaire « Nostra Aetate »
n°4 (1974) et des Notes pour une correcte présentation des juifs et du Judaïsme
dans la prédication et la catéchèse de l’Eglise catholique (1985). En 1998, la
Commission a publié La Shoah, nous nous souvenons (sur le génocide du peuple
juif par l’allemand Adolf HITLER et les nazis lors de la deuxième Guerre
mondiale).

10
CHAPITRE II – FONDEMENTS BIBLIQUES ET
MAGISTERIELS DE L’OECUMENISME
Nous présentons succinctement les fondements scripturaires d’une part et les
fondements du Magistère d’autre part.

1/ FONDEMENTS BIBLIQUES
Nous avons choisi les fondements bibliques de l’œcuménisme surtout dans les
Lettres de saint Paul5 et dans l’Evangile de saint Jean. Il faut déjà souligner
fortement que le mot « œcuménisme » n’existe pas dans les Saintes Ecritures
mais on y retrouve d’autres expressions telles que l’unité et son contraire la
division, la communion…

a) Epitres de saint Paul


- 1Corinthiens 1, 10-13 : « Le Christ est-il divisé ? » 
- 1Corinthiens 12, 4-7; 12-13; 24-26 : « A chacun est donnée de la
manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous (7)… Le corps est un, et
pourtant il a plusieurs membres (12) »
- Ephésiens 4, 4-6 : *« Il y a un seul corps… Un seul Seigneur, une seule
foi, un seul baptême, un Dieu et Père de tous »

b) Evangile de saint Jean


- Jean 10, 11-16 : « Il y aura un seul troupeau et un seul Pasteur »
- Jean 11, 51-52 : « Il fallait que Jésus meure pour la nation et non
seulement pour elle, mais pour réunir dans l’unité les enfants de Dieu
dispersés »
- Jean 17, 20-21 : *« Que tous soient un… afin que le monde croie que tu
m’as envoyé » (texte majeur)
2/ FONDEMENTS MAGISTERIELS
Les fondements magistériels du dialogue sont contenus dans plusieurs
documents officiels de l’Eglise catholique :

a) Pape JEAN XXIII qui convoqua le Concile Vatican II le 25 janvier 1959


lors de la clôture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens à la
Basilique papale Saint-Paul-Hors-les-Murs. A l’ouverture du Concile en
octobre 1962, le Saint-Père déclara : « Nous avons beaucoup de choses en
commun avec les autres chrétiens que ce qui nous divise ».
b) Pape PAUL VI, Encyclique Ecclesiam Suam, 1964, n. 100-117. Il insiste
sur les « cercles concentriques » qui sont les quatre différentes formes de
5
Lire l’article d’ETOUNDI ESSAMA Etienne, « Saint Paul et l’unité de l’unité de l’Eglise », Bulletin « Paix et
Paix » de la Société Prêtres de saint François de Sales, janvier 2011, pp. 8-12.

11
dialogue, entre catholiques, avec les autres chrétiens (dialogue
œcuménique), avec les non-chrétiens (dialogue interreligieux) et avec les
non-croyants (dialogue interculturel).
c) Concile Vatican II, Décret sur l’œcuménisme Unitatis Redintegratio,
21/11/64. Ce document conciliaire présente les principes catholiques de
l’œcuménisme. En novembre 2014, nous avons célébré le cinquantième
anniversaire du Décret qui constitue encore aujourd’hui un texte de
référence fondamental pour l’engagement œcuménique de l’Église
catholique. Ce document a permis de mettre en évidence que l’on ne peut
plus faire abstraction de l’œcuménisme. Il invite tous les fidèles
catholiques à reconnaître les signes des temps et à prendre le chemin de
l’unité pour surmonter la division entre les chrétiens, qui ne représente pas
seulement une franche opposition à la volonté du Christ mais aussi un
scandale pour le monde, qui porte atteinte à la plus sainte des causes, à
savoir la prédication de l’Évangile à toute créature (cf. UR, n.1).
d) Pape JEAN PAUL II, « Le dialogue œcuménique est irréversible »
(Entrez dans l’Espérance, p. 222), c’est-à-dire que l’Eglise ne peut ni
renoncer ni faire marche arrière. Elle doit continuer la recherche de l’unité
des chrétiens et poursuivre la marche vers la pleine communion visible en
purifiant la mémoire des blessures du passé.
IDEM, Lettre apostolique Orientale Lumen, 1995. Le pape invite les
catholiques à redécouvrir le patrimoine spirituel des orthodoxes.
IDEM, Encyclique Ut Unum Sint sur l’engagement œcuménique de
l’Eglise catholique, 1995. Il célèbre le 30e anniversaire du Décret
conciliaire et présente les fruits des dialogues théologiques.
IDEM, Ecclesia in Africa, 1995, n. 65. Le pape invite les catholiques à
collaborer avec les frères baptisés des autres confessions chrétiennes dans
plusieurs domaines en particulier celui de la traduction et de la diffusion
des Saintes Ecritures.
e) BENOIT XVI, Africae Munus, 2011, n. 89-91.
f) Conseil Pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens, Directoire
pour l’application des principes et des normes pour l’œcuménisme, 1993.
IDEM, La dimension œcuménique dans la formation de ceux qui
travaillent dans le ministère pastoral, 1997.
IDEM, L’œcuménisme spirituel, 2011. Le Conseil donne des orientations
judicieuses pour organiser le secteur de la prière.

12
CHAPITRE III - L’OECUMENISME FONDAMENTAL
Dans ce chapitre, nous allons aborder successivement les éléments de la
fondation de notre édifice à savoir l’étymologie, la signification et l’objectif de
l’œcuménisme. Cette partie semblera aspre à cause des fondements bétonnés.

1. ETYMOLOGIE
Le mot ‘‘ Œcuménisme’’ pour désigner l’effort et les tentatives vers l’unité
ecclésiale est d’un emploi récent dans le monde chrétien. Il provient du
mouvement œcuménique moderne, centré autour du Conseil œcuménique des
Eglises (COE).

1.1. L’origine

Il dérive du Grec « oikoumené », c'est-à-dire, la surface de la terre habitée, et


désigne ainsi les habitants de la terre entière. C’est dans ce sens qu’il est
employé dans Ac 17, 31 ; Mt 24, 14. L’oikoumené pouvait aussi se charger du
sens politique favorisé par la confusion entre l’ancien empire et s’étendre sur la
surface de la terre habitée : l’empire romain, et c’est selon cette acceptation
qu’on trouve le terme dans Lc 2, 1.
Dans les écritures néo-testamentaires, oikoumené a désigné soit indifféremment
la terre habité ou l’empire romain (Ac 11, 28 ; 17, 6 ; 19, 27).
Dans son emploi ecclésiastique, oikoumené a donné naissance à œcuménique ou
œcuménisme selon les acceptations disjointes quoique apparentées.
Oikoumené fut repris par l’Eglise dans son sens profane, tout en étant restreint
au peuple de Dieu habitant l’Eglise dans le monde entier.

1.2. L’adjectif

L’adjectif « œcuménique » pouvait dans le langage ecclésiastique du début de


l’Eglise s’appliquer à tout ce qui concerne cet oikoumené chrétien, puis il prit un
sens caractéristique vers la fin de l’Antiquité de façon à désigner ce qui a de la
valeur normative dans toute l’Eglise. On parle ainsi de Conciles œcuméniques,
distincts même des conciles généraux, largement représentatifs à cause de leur
autorité dans toute l’Eglise ; on parle même, du Credo œcuménique pour
désigner les formules du Credo reçues universellement dans l’Eglise ; l’Orient
parle de trois docteurs œcuméniques : Basile, Grégoire de Nazianze et Jean
Chrysostome, parce que faisant autorité dans toute l’Eglise. Le Pape lui-même
prit le titre de Pontife œcuménique, mais c’est surtout le Patriarche de
Constantinople qui prend le titre honorifique de Patriarche œcuménique dans le
monde orthodoxe.

13
1.3. Le substantif

Le substantif « œcuménisme » est une création moderne qui signifie la


tendance, le mouvement, l’effort vers le rétablissement de l’unité de l’Eglise
chrétienne. Il doit son origine à la Conférence missionnaire mondiale
d’Edimbourg (Ecosse) en 19106.
L’emploi du terme œcuménique pour désigner cette Conférence se heurta aux
difficultés soulevées par les anglicans : toute la chrétienté n’était pas
représentée, il n’y avait pas de délégués catholiques romains et les orthodoxes ;
en plus ses décisions ne s’appliquent pas à tous les chrétiens.
Mais cette Conférence ainsi que le mouvement de rapprochement
interconfessionnel vers l’unité ecclésiale qui s’en suivit tendait précisément vers
la réalisation de ces caractéristiques impliquées par le qualificatif œcuménique :
représentation interconfessionnelle chrétienne la plus large possible, dans le but
d’arriver à des normes de comportement chrétien, doctrinales et pratiques, qui
seraient acceptées comme faisant autorité dans diverses dénominations
chrétiennes. C’est ainsi que cette tendance vers l’œcuménisme, vers
l’acquisition de l’oecuménicité, donna naissance au néologisme
« oecuménisme » pour caractériser le mouvement, l’effort vers l’unité à tendance
active.
C’est dans le milieu du COE que l’on parle d’abord de « l’œcuménisme et des
oecuménistes ». Ces termes passèrent par contagion dans les milieux catholiques
qui préfèrent toutefois parler d’union d’Eglises ou Unionisme, à l’exception du
père dominicain Yves Marie CONGAR qui l’employa en 1937 dans le sous-titre
de son célèbre livre : Chrétiens désunis. Principes d’un « œcuménisme »
catholique, Coll. Unam Sanctam n° 1, Cerf, Paris, 1937. Il a fallu attendre
Vatican II pour que ce néologisme fasse son apparition dans les documents
officiels de l’Eglise (cf. titre du chapitre premier de UR : « Principes catholiques
de l’œcuménisme »).

2. SIGNIFICATION

L’œcuménisme vise à recomposer l’unité ecclésiale parmi les chrétiens désunis.


Il se présente ainsi, par sa nature, comme une activité ecclésiale de ministère ;
activité d’une allure très spéciale par suite d’une exigence de réciprocité qu’elle
entraîne : la figure des mouvements interconfessionnels (Cf. UR n° 4,  2).
L’œcuménisme est proprement ordonné à rétablir l’unité entre les Eglises ou
communautés chrétiennes divisées ; son but est d’ordre corporatif, il vise les
collectivités, les groupements religieux en tant que tels, non pas directement les
individus, les membres de ces groupements en tant que personnes isolées.
6
Le thème de la Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens 2010 « … de tout cela, c’est vous qui
êtes les témoins » (Lc 24, 48) était consacré au centenaire de la Conférence missionnaire mondiale
d’Edimbourg.

14
L’œcuménisme n’est donc pas à confondre avec les efforts déployés pour attirer
à sa propre Eglise les personnes des autres confessions : on parle parfois de
prosélytisme, de conversion, de « réconciliation dans la pleine communion »
(UR n° 4,  4). C’est donc d’un « retour » corporatif de dénominations
chrétiennes à l’unité ecclésiale visible qu’il s’agit7.
Comme cette unité chrétienne ne pourra être intégralement réalisée que par un
mouvement général de toutes les corporations chrétiennes, il s’en suit que le
mouvement œcuménique postule, de sa nature même, à une ouverture
accueillante à l’ensemble des sectes ayant perdu le caractère chrétien
fondamental et qui ne rentre pas dans le sujet auquel s’adresse l’œcuménisme ;
et dans ce cas on ne peut pas parler d’exclusivisme. Ceci pourtant ne signifie
nullement qu’il faille adopter à leur égard une attitude purement négative.
Cette ouverture à l’universalité (catholicité) du monde chrétien n’empêche
cependant pas que le travail œcuménique puisse porter, selon les affinités et les
opportunités, dans un secteur déterminé plutôt dans tel autre, ou s’effectuait ne
fut ce qu’entre deux interlocuteurs.
Si l’on parle du « retour » à l’Eglise catholique, de quel retour s’agit-il et de
quelle Eglise catholique ? Les chrétiens désunis ne sont pas totalement étrangers
à l’Eglise catholique, puisque personne ne l’est pas, même les non chrétiens :
tous, en effet, sont appelés au salut, et la justification n’est possible que dans une
certaine communion, tout au moins invisible, à l’unique Eglise du Christ, qui
subsiste dans l’Eglise catholique (UR n° 4) ; spécialement ceux qui ont reçu le
baptême sont en communion visible et sacramentelle avec l’Eglise catholique
(UR n°3).
Bien que de façon imparfaite et non plénière du fait de la séparation, il ne peut
donc s’agir, en règle commune, d’un retour au sens strict. Les frontières de
l’Eglise catholique débordent celles de la collectivité institutionnelle catholique
romaine. L’unité dans la communion plénière n’implique ni un nivellement ni
une renonciation à des valeurs chrétiennes authentiques.

3. OBJECTIF : L’UNITE ECCLESIALE DANS LA DIVERSITE CATHOLIQUE

Le mouvement œcuménique est unique et peut être commun à toutes les


dénominations chrétiennes ; mais les divergences se manifestent dès qu’on
entend préciser ce qu’il faut entendre par l’unité ecclésiale, chaque confession
ayant tendance à l’interpréter selon une vue propre, en fonction de sa propre
ecclésiologie.
Toutefois les recherches ecclésiologiques connaissent actuellement et non
seulement dans l’Eglise catholique, une fermentation remarquable ; et l’on est
moins porté qu’auparavant à considérer tous les éléments de sa propre Eglise
7
Il peut être utile de rappeler que dans le langage œcuménique les termes : Eglise, dénomination, confession,
communion, corporation, communauté chrétienne et tradition sont largement synonymes, signifiant tous une
entité religieuse d’obédience chrétienne possédant une consistance propre et des caractéristiques particulières
distinctes.

15
comme essentiels à l’unité ecclésiale. La diversité a aussi sa place dans l’unité,
qui elle-même appartient au mystère de l’Eglise, et la question qui se pose est de
savoir quels sont, selon l’optique propre à chaque Eglise, les facteurs ecclésiaux
considérés comme indispensables pour qu’il y ait communion ecclésiale. Nous
examinerons successivement le concept d’unité ecclésiale tel qu’il se présente
dans l’Eglise catholique romaine, et tel qu’actuellement on l’entrevoit dans le
COE.

3.1. L’unité selon l’Eglise catholique romaine

Grâce aux progrès ecclésiologiques enregistrés par Vatican II (cf. LG n°8, 13 ;
UR n°2), on peut voir dans les meilleurs perspectives ce qu’on entend par
l’unité ecclésiale dans le catholicisme. Nous tâcherons ici d’exposer brièvement,
ses éléments constituants, ses facteurs constitutifs invisibles et visibles.

3.1.1. Nature de l’unité

L’unité est une propriété essentielle de l’Eglise du Christ, qui fait qu’elle forme
un unique corps avec le Christ comme Tête. L’unité est à la fois terrestre et
céleste. Car elle marque l’Eglise toute entière qui est celle pérégrinante sur terre
comme celle triomphante du ciel. Elle n’est donc pas une donnée purement
terrestre, bien que certains facteurs d’unité soient valables uniquement sur la
terre, ou même uniquement dans le Nouveau Testament. Cette dimension trans-
historique et eschatologique indique l’ampleur de l’aspect mystère de l’Eglise :
l’unité a sa source dans la Trinité.
L’unité ecclésiale terrestre dans l’économie néo-testamentaire est une réalité à la
fois surnaturelle et visible, puisque l’Eglise doit constituer visiblement le corps
du Christ élargi aux dimensions de l’humanité rachetée. Cette unité du peuple de
Dieu peut être envisagée sous un triple aspect ontologique, historique et
sociologique.

3.1.2. Eléments constituants de l’unité

Les facteurs dans lesquels l’unité ecclésiale consiste sont à distinguer des
facteurs qui effectuent l’unité. Car l’objet matériel n’est pas la cause efficiente.
Il s’agit ici de déceler quels sont les éléments constituants de l’unité, quels sont
les liens qui composent nécessairement la communion chrétienne intégrale ?

1. La Vie théologale ou unité foncière : Il y a d’abord l’élément foncier,


celui qui est la base de l’appartenance au peuple de Dieu, et sans lequel la
communion ecclésiale ne peut réellement exister : c’est la vie théologale
ou la vie surnaturelle dans les vertus théologales de foi, d’espérance et de
charité, par laquelle l’homme peut adhérer au Christ, s’insérer dans
l’ordre rédempteur et dans l’histoire du salut, et, dans le Christ, s’unir à

16
son Corps qui est l’Eglise, d’une façon toute au moins invisible quoique
réelle où le Christ affirme que « qui croit en lui aura la vie éternelle et
qu’il ne sera pas repoussé dehors » (Jn 6, 37).
2. Le Baptême ou unité ecclésiale initiale et officielle : il y a communion
ecclésiale visible que par le baptême qui incorpore sacramentellement au
Christ homme et rend membre visible de son Corps ; comme il n’y a
qu’un seul baptême, il n’y a qu’un seul effet d’incorporation visible avec
l’Eglise du Christ (UR n°3).
3. L’Eucharistie ou unité ecclésiale en vigueur sacramentelle : C’est
l’eucharistie qui signifie et réalise sacramentellement la consommation de
l’unité ecclésiale (UR n°2 ; 4, 3 ; LG n°3, 11). L’unité culmine dans
l’eucharistie. Car c’est par elle que les fidèles sont pleinement insérés
dans l’Eglise (PO n°5), et c’est elle qui constitue par la base la cellule
chrétienne organiquement insérée dans le corps total. L’eucharistie est
l’élément sacramentel à la plénitude terrestre de communion ecclésiale,
car elle forme la « koinonia au sang du Christ » et « au corps du
Seigneur » dans laquelle l’assemblée des croyants baptisés est unifiée
mystiquement « en un seul pain, pour former un seul corps » (1 Co 10,
16-17).
4. La Vie communautaire chrétienne ou unité ecclésiale en vigueur
institutionnelle : En plus de l’unité constituée par la vie théologale,
l’appartenance baptismale et la communion eucharistique, il faut aussi,
comme dit UR, « la confession d’une même foi, la célébration commune
du culte divin et la concorde fraternelle dans la famille de Dieu » (UR
n°23, #1), c’est-à-dire, l’intégration effective de la participation active à la
vie communautaire ecclésiale. Le chrétien ne peut pas vivre sa foi de
façon isolée ; il fait partie d’un corps vivant, visiblement et socialement
articulé sur la terre, la « koinonia de la foi », dans laquelle il doit vivre sa
foi publiquement, participer au culte et travailler à l’œuvre du Christ en ce
monde.

3.1.3. Facteurs effectuant l’unité

Les facteurs qui causent l’unité ecclésiale sont, dans l’ordre de l’efficience
principale, les facteurs divins et invisibles : l’unité ecclésiale est un don sublime
de Dieu aux hommes. Cette unité d’ailleurs entretient un rapport certain avec le
mystère de la Trinité (cf. Jn 17, 21). L’unité ontologique a été donnée par le
Christ dès le commencement, et l’unité historique accomplit sa croissance sous
l’action de l’Esprit Saint, « qui est principe de l’unité ecclésiale » (UR n°2, 2).
Dans l’ordre de la causalité instrumentale, les facteurs visibles de l’unité
peuvent se regrouper selon les grands aspects dans lesquels l’unité peut être
considérée.

17
Par rapport à l’unité ontologique, celle-ci sans doute provient d’en haut sans
médiations visibles, mais elle comporte certains facteurs visibles par rapport à sa
transmission et ses garanties d’intégrité. Ces facteurs peuvent se résumer dans la
parole vivante de l’Eglise, c’est-à-dire l’Ecriture et la Tradition.
Par rapport à l’unité historique, qui se réalise d’en bas, le développement
fonctionnel de l’unité est tributaire du ministère apostolique et pastorale, c’est-à-
dire du ministère dans son ensemble. C’est le fonctionnement « des apôtres et
des prophètes » grâce auquel l’unité s’édifie (Ep 2, 20) ; c’est grâce à « leur
parole » que les hommes se ressemblent dans l’unité du Christ (Jn 17, 2).
Par rapport enfin, à l’unité sociologique, les facteurs d’unité sur le plan des
communautés locales sont le ministère baptismale, qui se présente comme le
couronnement de toutes les tâches apostoliques et ainsi de la fécondité des
foyers chrétiens ; ensuite la liturgie eucharistique, conditionnée par le sacerdoce,
qui scelle la consistance des communautés des fidèles en cellules organiques
vivants de l’Eglise.
Et sur le plan de l’unité communautaire régionale ou universelle, c’est à
l’épiscopat qui intervient comme « cardo » de l’unité, comme pivot sur lequel
toute l’unité s’articule. C’est l’évêque qui fait l’Eglise particulière, c’est le
collège épiscopal avec le Pape qui fait l’unité institutionnelle de l’Eglise
universelle.
Il y a large place dans l’Eglise pour la pluriformité et la variété ; et l’unité à
rétablir doit porter sur les éléments et les facteurs absolument nécessaires : « Ce
Saint Concile réaffirme que pour établir ou maintenir la communion et l’unité,
il ne faut ‘rien imposer qui ne soit nécessaire’ (Ac 15, 28) » (UR n°18).
Et dans les dogmes eux-mêmes, il faut soigneusement distinguer les points
précis qui touchent directement le contenu révélé et leur contexte, leur
formulation, bref, entre la doctrine elle-même et sa manipulation par les
hommes (cf. UR n°4, 2).

3.2. L’unité selon le COE

L’Assemblée générale de New Delhi (1961) approuva un texte très intéressant


sur l’unité de l’Eglise, qui constitue un des principaux résultats doctrinaux de
cette assemblée. Ce texte est connu sous l’appellation de « Texte de St
Andrews », lieu de leur élaboration.
Le texte adopté à New Delhi dit ceci : « Nous croyons que l’unité, qui est à le
fois le don de Dieu et sa volonté pour l’Eglise, est rendue manifeste lorsque tous
ceux qui, en un même lieu, sont baptisés en Jésus Christ et le confessent comme
Seigneur et Sauveur, sont conduits par le Saint Esprit à une communauté totale,
confessent la même foi apostolique, prêchent le même Evangile, partagent le
même pain, s’unissent dans une prière commune, en vue d’une vie entièrement
chrétienne, en tout lieu et en tout temps, en sorte que le ministère et la qualité
des membres sont reconnus par tous et que tous peuvent agir et parler

18
ensemble, selon les circonstances, afin que les tâches auxquelles Dieu appelle
son peuple soient accomplies»8.

Cette description, rédigée en termes assez souples, permet une large


interprétation du caractère sacramentel du Baptême, du sens de l’Eucharistie, de
la structure du ministère, du rôle de la Tradition dans la foi apostolique, de la
nature des liens entre la communauté locale et l’ensemble. Mais elle constitue
un pas en avant tout à fait remarquable.

Au lieu de l’ancienne tendance à considérer l’unité de l’Eglise comme une


réalité à caractère purement eschatologique, on affirme ici sa visibilité terrestre ;
au lieu d’attribuer à l’unité un caractère purement fédératif, on affirme ici son
caractère organique ; au lieu de donner la préférence à l’unit é dans le
témoignage et le service, on affirme l’importance prédominante de l’unité
doctrinale ; au lieu d’envisager l’Ecriture seul comme critère de la base
doctrinale de l’unité , on signale aussi l’intervention de la Tradition (« foi
apostolique ») ; au lieu du régime foncièrement individualiste de la vie de foi, on
met en beau relief la vie communautaire chrétienne et la solidarité dans
l’accomplissement de la mission reçue du Christ par l’Eglise. Tout ceci illustre
l’évolution considérable de la pensée doctrinale du COE vers les lignes
caractéristiques du « courant catholique » au sens large.

Le « texte de St Andrews » a été également adopté par les orthodoxes ; ce fut à


New Delhi que pour la première fois, les Eglises orthodoxes renoncèrent, dans
une question doctrinale, à faire une déclaration propre, en marge de celle
communément adopté par la COE. Les catholiques peuvent également adopter
cette description de l’unité ecclésiale, de la même façon que les orthodoxes,
c’est-à-dire comme base commune de départ, appelant à être complétée.

8
THURIAN Max, L’unité de New Delhi, Rythmes du monde, 1962, p. 33.

19
CHAPITRE IV – L’OECUMENISME HISTORIQUE

Si l’Eglise une fondée par le Christ est intacte, les hommes ont créé pour de
multiples raisons des Eglises qui ne sont pas en communion entre elles, donc en
désaccord avec l’Eglise Une.

1. LES EGLISES ORTHODOXES ORIENTALES (Ve siècle)


Sur sept conciles œcuméniques, deux ont été source de rupture : il s’agit des
conciles d’Ephèse et de Chalcédoine. Certains chrétiens sont alors en désaccord
avec les formulations de ces conciles. Ils constituent ces Eglises qui s’appellent
« Eglises Orthodoxes Orientales ».

1.1. Les Eglises Nestoriennes


En 431, le concile d’Ephèse condamne Nestorius, Patriarche de Constantinople,
qui insiste trop fortement sur la nature humaine du Christ et minimise sa
divinité. Marie est proclamée « Theotokos », Mère de Dieu.
C’est la naissance des Eglises nestoriennes qui se répandirent en Perse, en Asie
Centrale et en Inde.
Cette appellation d’Eglise nestorienne n’existe plus depuis novembre 1994 à la
suite d’une Déclaration christologique commune signée par le Pape Jean Paul II
et le Patriarche de l’Eglise assyrienne d’Orient Mar Dinkha IV.

1.2. Les Eglises Monophysites


En 451, le concile de Chalcédoine condamne les chrétiens qui insistent trop
unilatéralement sur la divinité du Christ. C’est l’origine des Eglises
monophysites ou préchalcédoniennes.
On les trouve parmi : les Syriens (Syrie, Inde du nord), les Coptes (Egypte,
Ethiopie), les Arméniens (Arménie et diaspora aux Etats-Unis et en Europe
occidentale). Un Accord christologique a été signé entre Paul VI et Moran Mar
Ignace Jacob III le 25 octobre 1971. Un second Accord entre Jean Paul II et
Ignace Zakka 1° Iwas en 1984, donnant l’accès réciproque aux sacrements en
cas de nécessité.
Il faut noter que tout au long de l’histoire, certains groupes monophysites sont
entrés en communion avec Rome. D’autres ont adhéré à la Réforme du XVIe
siècle.

2. LES EGLISES ORTHODOXES (XIe siècle)


De tout temps, il eut des incompréhensions et des ruptures temporaires de
communion entre Rome et Constantinople. Les deux empires d’Orient et
d’Occident ne se comprennent plus, séparés par leurs cultures et leurs façons de
penser. Ce sont deux mondes très différents secoués par des querelles de
prestige.
Deux faits majeurs consomment la rupture :
20
- 1054 : Le légat du Pape Léon IX, le Cardinal Humbert, excommunie le
patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire ; ce dernier lui répond par la
même sanction.
- 1204 : Conquête et destruction de Constantinople par les chrétiens
occidentaux durant la quatrième croisade et mise en place des Etats latins en
Orient.
Désormais, on parle :
- de l’Eglise catholique, en communion avec le siège de Rome et de rite
latin ;
- des Eglises orthodoxes, en communion avec le patriarche de
Constantinople et les autres patriarches orientaux ;
- des Eglises orientales unies à Rome ou « Uniates », aujourd’hui
catholiques : au cours des siècles, par suites d’événements politico-historiques,
certains groupes orthodoxes sont entrés en communion avec Rome tout en
gardant leur liturgie et leur discipline. Dans certains pays (URSS 1946,
Roumanie 1948), dans les circonstances analogues, ces Eglises ont été de
nouveau réunies à l’orthodoxie.
- des Eglises orthodoxes orientales, en communion presque complète avec
Rome.
Les Eglises orthodoxes sont présentes en Grèce, au Proche-Orient, à Chypre, en
Crète, en Russie, en Ukraine, en Biélorussie, en Roumanie, en Tchécoslovaquie,
en Yougoslavie, etc …
Depuis la révolution russe (1917) et la seconde guerre mondiale (1939-1945),
elles sont aussi présentes aux Etats-Unis, au Canada, en Allemagne, en Grande
Bretagne, en France, en Finlande, en Afrique, au Japon…
Ces Eglises sont autocéphales, c’est-à-dire autonomes et nationales car liées à un
territoire parfois confondu avec une nation.
Le monde orthodoxe dépasse les 150 millions d’âmes dont plus de 60 millions
en Russie, 14 millions en Roumanie, 10 millions en Grèce, 6 millions en
Bulgarie, 4 millions aux USA…

3. LES EGLISES PROTESTANTES (XVIe siècle)


Au début du XVIe siècle, l’Eglise d’Occident se déchire alors à son tour. C’est
la naissance des Eglises protestantes et de la Communion anglicane, par
aspiration à une plus grande fidélité à l’Evangile.

3.1. Les Eglises Luthériennes


Martin Luther, moine allemand et théologien (1483-1546), comme beaucoup de
chrétiens de son temps, souffre de voir une certaine décadence dans l’Eglise. On
perd de vue les exigences de l’Evangile. Luther travaillant l’Epître aux Romains
(1515-1516) y constate que « le salut par la foi seule constitue le message
central de l’Evangile ». Sur cette base, il souhaite une réforme interne de
l’Eglise.

21
En octobre 1517, en affichant les 95 thèses sur la porte de l’Eglise de
Wittemberg, il défend la foi et la gratuité du don de Dieu aux prédicateurs qui
laissent entendre que l’homme peut « acheter son salut » (question des
indulgences). Le désordre grandissant, la hiérarchie de l’Eglise intervient.
En 1520, devant certaines carences des responsables de l’Eglise, Luther en vient
à opposer l’autorité de la Bible à celle du Magistère. En conséquence, il remet
en cause des points essentiels de la foi. Il est excommunié par le Pape Léon X
en 1521.
En 1530, la Confession d’Augsbourg, profession de foi en 21 articles préparés
par Luther et ses disciples, devient le document fondateur des Eglises
luthériennes.
Les luthériens sont environ 70 millions : en Allemagne (30), dans les pays
Scandinaves (23), aux Etats-Unis (8,5), en Indonésie (2,2), en Tanzanie (1,5), en
Inde (1,3), à Madagascar (1,2), au Brésil (1) et en France (250 000 surtout en
Alsace, au pays de Montbéliard et à Paris).
L’organe suprême est la Fédération luthérienne mondiale.

3.2. Les Eglises Réformées ou Calvinistes ou Presbytériennes


Jean Calvin, juriste et théologien laïc français (1509-1564), organisateur de la
réforme en France et surtout en Suisse, a publié en 1536 « L’Institution de la
religion Chrétienne », base du calvinisme de l’Europe occidentale.
Il y eut d’autres réformateurs de la même ligne que Calvin en Suisse, en Ecosse,
etc. C’est le cas de Zwingli et de Melanchton.
Il y a plus de 40 millions de Réformés dans le monde : aux USA (8), au Canada
(5), en Suisse (3), en Ecosse (4), en Afrique du Sud (4), aux Pays Bas (5) et en
France (environ 900. 000 fidèles, particulièrement dans les Cévennes, en Alsace,
l’Ile-de-France, la vallée du Rhône, la Saintonge et le Poitou).
Depuis le 24 juin 2010, l’organe suprême est désormais la Communion
mondiale des Eglises réformées née de la fusion entre l’Alliance mondiale des
Eglises réformées et le Conseil œcuménique réformé.

4. LES EGLISES ANGLICANES


La rupture plus politique que théologique résulte des constantes oppositions
entre le roi et l’Eglise, entre Canterbury et Rome.
En 1531, le Pape refuse d’annuler le mariage du roi Henri VIII et de la reine
Catherine d’Aragon.
En 1534, « Acte de suprématie » : le Roi se proclame chef suprême de l’Eglise
d’Angleterre.
Répandues surtout dans les pays qui ont été sous la mouvance britannique, aux
Etats-Unis, (on les appelle Episcopaliens), les Eglises sont « nationales », liées à
un territoire, mais en communion avec le siège de Canterbury et son
Archevêque. C’est la Communion anglicane qui se réunit tous les 10 ans à
Lambeth sous le vocable « Lambeth Conference ».

22
Les influences de la Réforme ont introduit de nombreuses nuances qui ont donné
à la Communion anglicane son triple visage actuel :

 La High Church (Haute Eglise), proche du catholicisme,


 La Low Church (Base Eglise), proche du calvinisme,
 La Broad Church (Large Eglise), d’un courant libéral.

Le Décret « Anglicanorum Coertibus » a été publié par la Congrégation pour la


Doctrine de la Foi le 15 janvier 2011 instituant officiellement un « Ordinariat
personnel » en Angleterre et au Pays de Galles pour les groupes de fidèles
anglicans et leur clergé désirant entrer en pleine communion avec l’Eglise
catholique romaine. En début 2012 a été créé un Ordinariat pour les Etats-Unis
et le Canada. En Australie, un Ordinariat de la Southern Cross a été institué le
15 juin 2012.

Justin Welby, agé de 60 ans, a succèdé à l’Archevêque Rowan Williams qui a


quitté ses fonctions fin décembre 2012, après près de dix ans à ce poste. Ce
105e  Archevêque de Cantorbéry est devenu le responsable spirituel de quelque
80 millions d'anglicans dans le monde. Il a été officiellement intronisé le 21
mars 2013 lors d'une cérémonie grandiose dans sa cathédrale. Justin Welby, est
marié et père de cinq enfants. Il a travaillé pendant onze ans dans l'industrie
pétrolière.

5. AUTRES COMMUNAUTES ISSUES DU PROTESTANTISME


Elles pourraient être groupées sous le vocable de « courant évangélique ». A
côté des Eglises réformées et luthériennes, elles représentent une part importante
du protestantisme dans le monde.
Toutefois, il ne faut pas confondre ces Eglises avec les Eglises « Evangéliques »
dans leur appellation telle que l’Eglise Evangélique Luthérienne de France ou
d’Allemagne, par exemple.
Comme caractéristiques communes, nous pouvons citer :
- Référence très stricte à la Bible ;
- Communautés de professants et de confesseurs ;
- Confesser personnellement sa foi en Jésus-Christ et obtenir le baptême, le
plus souvent par immersion. Le baptême des enfants est exclu ;
Chaque communauté est autonome avec une organisation de type
congrégationaliste. Billy Graham est le plus connu des porte-paroles du courant
évangélique.

5.1. Les Eglises Méthodistes


Nées du réveil mené par Charles et John Wesley ; prêtres anglicans peu à peu
séparés de l’Eglise d’Angleterre, au XVIIIe siècle.

23
Comme caractéristiques : l’accent est mis sur l’évangélisation et la conversion
personnelle. On compte aujourd’hui près de 30 millions, surtout en pays anglo-
saxons. L’organe suprême est le Conseil méthodiste mondial.

5.2. Les Eglises Baptistes


Elles sont issues des anabaptistes (rebaptiseurs), dissidentes des communautés
luthériennes au début du XVIIe siècle.

Comme caractéristiques principales, nous avons:


* La grande action missionnaire.
* Les baptistes n’admettent au baptême que les adultes ayant l’expérience
personnelle de la vie chrétienne.
Ils sont 50 millions environs et ils se retrouvent dans 120 pays : aux Etats-Unis
(80 %), en Amérique latine, en Angleterre, en France, aux Pays Bas, en Russie,
au Nigeria...
L’organe fédérateur est l’Alliance Baptiste Mondiale fondée en 1905 à Londres.
C’est une alliance entre 216 « Conventions » et unions baptistes.

5.3. Les Eglises Pentecôtistes


Ces Eglises sont nées au XIXe siècle par le Réveil de type charismatique. Elles
ont comme caractéristiques : accent mis sur le rôle du Saint Esprit, baptême dans
l’Esprit, demande de guérison des maladies par imposition des mains, parler en
langues et charismes divers…
Leurs fidèles sont environs 50 millions, surtout aux Etats-Unis, en Amérique
latine, en Afrique du Sud, en France...
Il faut noter que dans le vaste mouvement de Pentecôte, la communauté des
Assemblées de Dieu est la plus importante.

5.4. Les Eglises Evangéliques libres


Union née en 1849 de la confluence d’un courant réformé insistant sur le
maintien de la saine doctrine et d’un courant indépendantiste apportant le
principe de la profession personnelle de la foi.
L’Alliance Evangélique Mondiale est l’organe suprême.

5.5. Les Eglises Mennonites


Issues des mouvements réformistes anabaptistes du XVIe siècle et créées par
Menno Simmons en Suisse en 1536. Ces Eglises professent l’ascèse et le
pacifisme ; ils rejettent le baptême des enfants.
La Conférence Mennonite Mondiale comprend environ 2,13 millions de fidèles
appartenant à 99 Eglises nationales mennonites et des « Brethren in Christ »
dans 86 pays répartis dans les cinq continents en 2018 : plus de 60% sont en
Afrique, en Asie et en Amérique latine. Les USA et le Canada en comptent
environ 30/100. Le reste se retrouve en Suisse et à l’Est de la France.

24
5.6. L’Armée du salut
William Boot, pasteur méthodiste, rejeté par son Eglise fonda en Angleterre la
« Mission Chrétienne » pour les pauvres à la moitié du XIXe siècle.
Comme caractéristiques principales, nous retrouvons:
-Organisation quasi militaire d’évangélisation, d’entraide et d’assistance
attentive d’abord à la situation de l’homme.
-Appel à la confession de foi explicite, mais un mouvement d’évangélisation
populaire.
Ils sont 2 millions dans le monde entier et surtout en Afrique australe. En
France, elle compte 145 centres et 1.500 militants.

25
CHAPITRE V : L’OECUMENISME PASTORAL
L’œcuménisme moderne présente trois axes distincts mais complémentaires,
puisque leur objectif concourt au même but, à savoir la restauration de l’unité
entre les diverses Eglises et communautés chrétiennes divisées.
Il s’agit de :
- L’œcuménisme spirituel,
- L’œcuménisme théologique,
- L’œcuménisme social.
Si le 1er et le 3è axes sont à la portée de tous les fidèles chrétiens, le second plus
complexe est réservé aux experts et aux spécialistes en la matière. Le dialogue
œcuménique serait aride et infructueux s’il n’était pas porté et soutenu par la
prière. « Le dialogue est au cœur de la collaboration œcuménique et
l’accompagne en toutes ses formes » (D.O. n°172).
Dans sa conférence au Congrès Mondial des Migrants en novembre 2003, le
Cardinal KASPER en parlant du dialogue œcuménique disait: «le dialogue
théologique est la tête; le dialogue spirituel est le cœur, et la collaboration dans
le contexte social, politique et caritatif représente les mains de l’œcuménisme»9.

1. L’OECUMENISME SPIRITUEL
L’œcuménisme spirituel est basé sur « la conversion du cœur, la sainteté de vie
et la prière considérées à juste titre comme  l’âme de tout le mouvement
œcuménique » (UR n°8).

1.1. Quelques déclarations sur l’œcuménisme spirituel

1.1.1. Conseil œcuménique des Eglises ou COE


En août 1954, le COE tenait sa deuxième assemblée mondiale à Evanston (près
de Chicago), sur le thème «  Christ, seul espoir du monde ». En mars 1953,
l’Abbé Paul Couturier était mort. La Commission « Foi et Constitutions »,

9
Propos recueillis dans le Revue du CPPMPD, « People on the Move » N° 96, décembre 2004.

26
évoquant son orientation de la prière pour l’unité, déclara : « Notre souci de
l’unité se mesure à la manière dont nous prions pour l’unité. Nous ne pouvons
pas attendre de Dieu qu’il nous donne cette unité, si nous ne nous préparons
pas à recevoir ce don par la vie de prière qui coûte et purifie. Prier ensemble
est déjà se rapprocher. Nous demandons instamment que l’on observe, partout
où cela est possible, la Semaine de prière pour l’unité chrétienne (18-25
janvier) pour témoigner publiquement que c’est la prière qui mène à l’unité. »
Ce texte est important, en ce qu’il date d’une époque où l’Eglise catholique
n’était pas partie prenante au Conseil Œcuménique, alors que depuis 1968 elle
est présente à la Commission « Foi et Constitutions » avec 12 membres10.

1.1.2. Eglise catholique romaine


Au printemps 1993, l’Eglise catholique publiait son Directoire œcuménique
(D.O.), mise à jour de celui promulgué en 1967 et 1970. Au n° 63, il est écrit :
« Dans le mouvement œcuménique, il est nécessaire de donner la priorité à la
conversion du cœur, à la vie spirituelle et à son renouveau ». Alors est cité le n°
8 d’UR : « Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, unie aux prières
publiques et privées pour l’unité des chrétiens, doivent être comme l’âme de
tout le mouvement œcuménique et peuvent à bon droit être appelées
œcuménisme spirituel ».
Le texte de 1993 poursuit : « Ainsi, dans la mesure où il vit d’une vie spirituelle
authentique, qui a pour centre le Christ sauveur lui-même et pour but la gloire
de Dieu le Père, chaque chrétien peut toujours et partout participer en
profondeur au mouvement œcuménique, en rendant témoignage à l’Evangile du
Christ par sa vie ».
Déjà au n° 25, s’appuyant sur le même texte conciliaire, le Directoire avait écrit
« L’œcuménisme avec toutes ses exigences humaines et morales, est tellement

10
Le département « Mission et Evangélisation » avec sept catholiques, la « Commission Médiévale Chrétienne »,
le service de la bibliothèque, l’équipe des responsables de l’Institut Œcuménique de Bossey, près de Genève,
comptent des représentants de l’Eglise catholique.

27
enraciné dans l’action mystérieuse de la Providence du Père, par le Fils et dans
et dans l’Esprit, qu’il touche aux profondeurs de la spiritualité chrétienne ».
Le 25 mai 1995, le Pape Jean Paul II publiait l’encyclique « Ut unum sint »
(Qu’ils soient un) sur l’engagement œcuménique. Même si les mots
« œcuménisme spirituel » ne sont employés qu’une seule fois, la réalité
imprègne bien des pages entières du document.11 Celui-ci reprend les points déjà
mentionnés ci-dessus, pour souligner « la priorité de la prière », prière
commune qui exprime l’amour de tous les baptisés, qui « amène à porter un
nouveau regard sur l’Eglise » et qui ouvre le chemin « à la conversion
personnelle en même temps qu’à la conversion communautaire ».
En janvier 2006, le CPPUC a publié un document intitulé « Œcuménisme
spirituel ». Document qui donne des orientations à tous ceux qui veulent
organiser ce secteur.

1.1.3. Groupe Mixte de travail ou GMT


C’est le titre officiel du groupe de rencontre entre le Conseil Œcuménique des
Eglises et l’Eglise Catholique créé en 1966. Dès 1985, il concentra son attention
sur la formation œcuménique. Le document qu’il publia le 20 mai 1993 consacre
un numéro à la spiritualité œcuménique, qui débute par ces mots : « le
processus de la formation à l’œcuménisme doit reposer sur une spiritualité
œcuménique et doit même être une expression ». Il poursuit :
«  Le processus est spirituel dans ce sens où il devrait être ouvert à la prière de
Jésus pour l’unité et aux sollicitations de l’Esprit (…) La spiritualité
œcuménique invite tous les hommes à la conversion et au changement des cœurs
qui sont l’âme même de l’effort pour rétablir l’unité ».

1.2. La prière en commun


De tout temps, les Eglises chrétiennes ont toujours prié pour l’unité mais avec
des fortunes diverses. Après plusieurs tentatives manquées, dont celle de 1846
11
Voir les n°9, 15-17, 20-27 ; l’Abbé Couturier est mentionné comme initiateur.

28
(côté protestant), et celle de 1864 (côté Anglican, Catholique et Orthodoxe), la
formule gagnante fut celle de l’Abbé Paul Couturier en 1935 qui proposa de
prier pour l’unité telle que le Christ la veut et par les moyens qu’il voudra. De
l’Octave, on évolua vers la Semaine de l’universelle prière pour l’unité des
chrétiens. Les dates du 18-25 janvier se sont imposées à tous dans l’hémisphère
Nord. Ailleurs, le D.O propose aux numéros 109 et 110 autres périodes
favorables, par exemple, le Triduum pascal, la neuvaine de la Pentecôte et autres
occasions (jour de fête nationale ou deuil publique, …). Ces dates furent
proposées en 1908 par le prêtre anglican Paul Watson de manière à couvrir la
période entre la fête de saint Pierre et celle de saint Paul. Ce choix a donc une
signification symbolique.

1.2.1. Quelques dates importantes dans l’histoire de la Semaine de prière


pour l’unité des chrétiens

1740 env. En Écosse, naissance d'un mouvement pentecôtiste avec des liens en
Amérique du Nord, dont le message pour le renouveau de la foi appelle à prier
pour toutes les Eglises et avec elles.

1820 Le Révérend James Haldane Stewart publie : Conseils pour l'union


générale des chrétiens, en vue d'une effusion de l'Esprit (Hints for the
outpouring of the Spirit).

1840 Le Révérend Ignatius Spencer, un converti au catholicisme romain,


suggère une ‘Union de prière pour l'unité’.

1867 La première assemblée des évêques anglicans à Lambeth insiste sur la


prière pour l'unité, dans l'introduction à ses résolutions.

1894 Le Pape Léon XIII encourage la pratique de l'Octave de la Prière pour


l'unité dans le contexte de la Pentecôte.

1908 Célébration de « l'Octave pour l'unité de l’Église » du 18 au 25 janvier à


l'initiative du Révérend Père Paul Wattson (Anglican converti plus tard au
catholicisme).

29
1926 Le Mouvement « Foi et Constitution » commence la publication de «
Suggestions pour une Octave de prière pour l'unité des chrétiens ».

1935 En France, l'abbé Paul Couturier, du diocèse de Lyon, se fait l'avocat de la


« Semaine universelle de prière pour l'unité des chrétiens sur la base d'une prière
conçue pour l'unité que veut le Christ, par les moyens qu'Il veut ».

1958 Le Centre « Unité chrétienne » (fondé par l’Abbé Couturier de Lyon en


France) commence à préparer le thème pour la Semaine de prière en
collaboration avec la Commission « Foi et Constitution » du Conseil
œcuménique des Eglises.

1964 À Jérusalem, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras I er récitent


ensemble la prière du Christ « que tous soient un » (Jn 17).

1964 Le Décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II souligne que la prière


est l'âme du mouvement œcuménique et encourage la pratique de la Semaine de
Prière.

1966 La Commission « Foi et Constitution » du COE et le Secrétariat pour


l'unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil pontifical pour la promotion de l'unité
des chrétiens) de l'Église catholique décident de préparer ensemble le texte pour
la Semaine de Prière de chaque année.

1968 Pour la première fois, la Semaine de prière est célébrée sur la base des
textes élaborés en collaboration par « Foi et Constitution » et le Secrétariat pour
l'unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil pontifical pour la promotion de l'unité
des chrétiens).

1975 Première célébration de la Semaine de prière à partir de textes préparés sur


la base d’un projet proposé par un groupe œcuménique local. Ce nouveau mode
d’élaboration des textes est inauguré par un groupe œcuménique d’Australie.

1988 Les textes de la Semaine de prière sont utilisés pour la célébration


inaugurale de la Fédération chrétienne de Malaisie rassemblant les principaux
groupes chrétiens de ce pays.

1994 Le groupe international ayant préparé les textes pour 1996 comptait entre
autre des représentants de la YMCA et de la YWCA.

2004 Accord entre « Foi et Constitution » (Conseil œcuménique des Églises) et


le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Église
catholique) pour que le livret de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens
soit officiellement conjointement publié et présenté sous un même format.

30
2008 Célébration du centenaire de la Semaine de prière pour l’unité des
chrétiens (l’Octave pour l’unité de l’Église, son prédécesseur, fut célébrée pour
la première fois en 1908).

1.2.2. Les thèmes de 1968-2020

1968 Pour la louange de sa gloire (Ep 1, 14) 


To the praise of his glory

1969 Appelés à la liberté (Ga 5, 13) 


Called to freedom 
(Réunion préparatoire à Rome, en Italie)

1970 Nous sommes les coopérateurs de Dieu (1 Co 3, 9) 


We are fellow workers for God 
(Réunion préparatoire au Monastère de Niederaltaich, en République 
Fédérale d’Allemagne)

1971 ... et la communion du Saint-Esprit (2 Co 13, 13) 


... and the communion of the Holy Spirit 
(Réunion préparatoire à Bari, en Italie)

1972 Je vous donne un commandement nouveau (Jn 13, 34) 


I give you a new commandment 
(Réunion préparatoire à Genève, Suisse)

1973 Seigneur, apprends-nous à prier (Lc 11, 1) 


Lord, teach us to pray 
(Réunion préparatoire à l’Abbaye de Montserrat, en Espagne)

1974 Que tous confessent : Jésus Christ est Seigneur (Ph 2, 1-13) 


That every tongue confess: Jesus Christ is Lord 
(Réunion préparatoire à Genève, en Suisse) 
(En avril 1974, une lettre fut adressée aux Eglises-membres ainsi qu’à d’autres parties
intéressées à la création de groupes locaux pouvant participer à la préparation du livret de la
Semaine de Prière. Un groupe australien fut le premier à s’engager concrètement en
préparant en 1975 le projet initial de livret pour la Semaine de Prière)

1975 La volonté du Père : tout réunir sous un seul Chef, le Christ (Ep 1, 3-10)
God’s purpose: all things in Christ 
(Projet de texte élaboré par un groupe australien - Réunion préparatoire à Genève, en
Suisse)

1976 Appelés à devenir ce que nous sommes (1 Jn 3, 2) 


We shall be like him or Called to become what we are 
(Projet de texte élaboré par la Conférence des Eglises des Caraïbes - Réunion préparatoire à
Rome, en Italie)

31
1977 L'espérance ne déçoit pas (Rm 5, 1-5) 
Enduring together in hope 
(Projet de texte élaboré au Liban, en pleine guerre civile. Réunion préparatoire à Genève, en
Suisse)

1978 Vous n'êtes plus des étrangers (Ep 2, 13-22) 


No longer strangers 
(Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Manchester, en Angleterre)

1979 Soyez au service les uns des autres pour la gloire de Dieu (1 P 4,7 .11) 
Serve one another to the glory of God 
(Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion préparatoire à Genève, en Suisse)

1980 Que ton Règne vienne (Mt 6, 10) 


Your kingdom come 
(Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Berlin, République Démocratique
d’Allemagne - Réunion préparatoire à Milan, en Italie)

1981 Un seul Esprit - des dons divers - Un seul corps (1 Co 12, 3b-13) 
One Spirit - many gifts - one body 
(Projet de texte élaboré par les Pères de Graymoor, USA - Réunion préparatoire à Genève,
en Suisse)

1982 Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur (Ps 84) 


May all find their home in you, O Lord 
(Projet de texte élaboré au Kenya - Réunion préparatoire à Milan, en Italie.)

1983 Jésus Christ - Vie du monde (1 Jn 1, 1-4) 


Jesus Christ - the Life of the World 
(Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique d’Irlande - Réunion préparatoire à
Céligny [Bossey], en Suisse)

1984 Appelés à l'unité par la Croix de notre Seigneur (1 Co 2, et Col 1, 20)


Called to be one through the cross of our Lord 
(Réunion préparatoire à Venise, en Italie)

1985 De la mort à la Vie avec le Christ (Ep 2, 4.7) 


From death to life with Christ 
(Projet de texte élaboré en Jamaïque - Réunion préparatoire à Grandchamp, en Suisse)

1986 Vous serez mes témoins (Ac 1, 6.8) 


You shall be my witnesses 
(Textes proposés en Yougoslavie [Slovénie] - Réunion préparatoire en Yougoslavie)

1987 Unis dans le Christ, une nouvelle création (2 Co 5, 17-6, 4a) 


United in Christ - a New Creation 
(Projet de texte élaboré en Angleterre - Réunion préparatoire à Taizé, en France)

32
1988 L'Amour de Dieu bannit la crainte (1 Jn 4, 18) 
The love of God casts out fear 
(Projet de texte élaboré en Italie - Réunion préparatoire à Pinerolo, en Italie)

1989 Bâtir la communauté : un seul corps en Christ (Rm 12, 5-6a) 


Building community: one body in Christ 
(Projet de texte élaboré au Canada - Réunion préparatoire à Whaley Bridge, en Angleterre)

1990 Que tous soient un... afin que le monde croie (Jn 17) 
That they all may be one... That the world may believe 
(Projet de texte élaboré en Espagne - Réunion préparatoire à Madrid, en Espagne)

1991 Nations, louez toutes le Seigneur (Ps 117 et Rm 15, 5-13) 


Praise the Lord, all you nations 
(Projet de texte élaboré en Allemagne - Réunion préparatoire à Rotenburg an der Fulda, en
République Fédérale d’Allemagne)

1992 Je suis avec vous... allez donc (Mt 28, 16-20) 


I am with you always ... Go, therefore 
(Projet de texte élaboré en Belgique - Réunion préparatoire à Bruges, en Belgique)

1993 Porter le fruit de l'Esprit pour l'unité des chrétiens (Ga 5, 22-23)


Bearing the fruit of the Spirit for Christian unity 
(Projet de texte élaboré au Zaïre - Réunion préparatoire près de Zurich, en Suisse)

1994 La maison de Dieu : appelés à n'avoir « qu'un cœur et qu’une âme » (Ac 4, 32) 
The household of God: called to be one in heart and mind 
(Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Dublin, en Irlande)

1995 Koinônia : communion en Dieu et entre nous (Jn 15, 1-7) 


Koinonia: communion in God and with one another 
(Projet de texte élaboré par Foi et Constitution - Réunion préparatoire à Bristol, en
Angleterre)

1996 Voici, je me tiens à la porte et je frappe (Ap 3, 14-22) 


Behold, I stand at the door and knock 
(Projet de texte élaboré au Portugal - Réunion préparatoire à Lisbonne, au Portugal)

1997 Au nom du Christ... laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5, 20) 


We entreat you on behalf of Christ, be reconciled to God 
(Projet de texte élaboré en Scandinavie - Réunion préparatoire à Stockholm, en Suède)

1998 L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse (Rm 8, 14-27) 


The Spirit helps us in our weakness 
(Projet de texte élaboré en France - Réunion préparatoire à Paris, en France)

1999 Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux (Ap 21, 3) 
He will dwell with them as their God, they will be his peoples 
(Projet de texte élaboré en Malaisie - Réunion préparatoire au Monastère de Bose, en Italie)

33
2000 Béni soit Dieu... qui nous a bénis en Christ (Ep 1, 3-14) 
Blessed be God who has blessed us in Christ 
(Projet de texte élaboré par le Conseil des Eglises du Moyen-Orient - Réunion préparatoire
au Sanctuaire de La Verna, en Italie)

2001 Je suis le chemin et la vérité et la vie (Jn 14, 1-6) 


I am the Way, and the Truth, and the Life 
(Projet de texte élaboré en Roumanie - Réunion préparatoire à la Casa de Odihna, en
Roumanie)

2002 Car chez toi est la fontaine de la vie (Ps 36 [35], 10)


For with you is the fountain of life (Ps 36 : 5-9) 
(Projet de texte élaboré par le Conseil des Conférences Épiscopales Européennes (CCEE) et
la Conférence des Églises Européennes (CEC) - Réunion préparatoire au Centre œcuménique
d’Ottmaring, Augsbourg, en République Fédérale d’Allemagne)

2003 Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile (2 Co 4, 7) 


We have this treasure in clay jars 
(Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion préparatoire au Centre 
œcuménique ‘Los Rubios’, à Málaga, en Espagne)

2004 Je vous donne ma paix (Jn 14, 27) 


My peace I give to you 
(Projet de texte élaboré à Alep, en Syrie - Réunion préparatoire à Palerme, en Italie)

2005 Le Christ, unique fondement de l’Eglise (1 Co 3, 1-23) 


Christ, the one foundation of the church 
(Projet de texte élaboré en Slovaquie - Réunion préparatoire à Piestaňy, en Slovaquie)

2006 Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mt 18, 20) 
Where two or three are gathered in my name, there I am among them 
(Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Prosperous, County Kildare, en
Irlande)

2007 Il fait entendre les sourds et parler les muets (Mc 7, 37) 
He even makes the deaf to hear and the mute to speak 
(Projet de texte élaboré en Afrique du Sud - Réunion préparatoire au Château de Faverges,
Haute-Savoie, en France)

2008 Priez sans cesse (1 Th 5, 17) 


Pray without ceasing 
(Projet de texte élaboré aux USA - Réunion préparatoire à Graymoor, Garrison, aux USA)

2009 Ils seront unis dans ta main (Ez 37, 17) 


That they may become one in your hand 
(Projet de texte élaboré en Corée - Réunion préparatoire à Marseille, en France)

2010 De tout cela, c’est vous qui êtes les témoins (Lc 24, 48) 
You are witnesses of these things 
(Projet de texte élaboré en Écosse – Réunion préparatoire à Glasgow, en Écosse)

34
2011 Unis dans l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la
prière (cf. Ac 2, 42) 
One in the apostles' teaching, fellowship, breaking of bread and prayer 
(Projet de texte élaboré à Jérusalem – Réunion préparatoire à Saydnaya, en Syrie)

2012 Tous, nous serons transformés par la Victoire de notre Seigneur Jésus 


Christ (cf. 1 Co 15, 51-58) 
We will all be changed by the Victory of our Lord Jesus Christ 
(Projet de texte élaboré en Pologne – Réunion préparatoire à Varsovie, en Pologne)

2013 Que nous demande le Seigneur ? (cf. Mi 6, 6-8) 


What does God require of us ? 
(Projet de texte élaboré en Inde – Réunion préparatoire à Bangalore, en Inde)

2014 Le Christ est-il divisé ? (cf. 1 Co 1, 1-17) 


Has Christ been divided ? 
(Projet de texte élaboré au Canada – Réunion préparatoire à Montréal, au Canada)

2015 Jésus lui dit : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7) 


Jesus said to her: “Give me to drink” 
(Projet de texte élaboré au Brésil – Réunion préparatoire à São Paulo, au Brésil)

2016 Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur (cf 1P 2, 9)


(Projet de texte élaboré en Lettonie – Réunion préparatoire à Riga, en Lettonie)

2017 Nous réconcilier. L’amour du Christ nous y prenne (cf 2Co 5, 14-20)
(Projet de texte élaboré en Allemagne – Réunion préparatoire à Wittemberg, en Allemagne)

2018 Ta main droite, Seigneur, éclatante de puissance (Ex 15, 6)


(Projet de texte élaboré aux Caraïbes – Réunion préparatoire à Nassau, aux Bahamas)

2019 Tu rechercheras la justice, rien que la justice (Dt 11, 18-20)


(Projet de texte élaboré en Indonésie – Réunion préparatoire à Jakarta, en Indonésie)

2020 Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire (Ac 28, 2)
(Projet de texte élaboré à Malta – Réunion préparatoire à Rabat, à Malta).

1.2.3. Le Monastère invisible

« Il n’y a pas d’unité sans prière. La vie religieuse est une école de prière.
L’engagement œcuménique répond, en premier lieu, à la prière du Seigneur
Jésus et se base essentiellement sur la prière. Un des pionniers de l’œcuménisme
et grand promoteur de l’Octave pour l’Unité, le P. Paul Couturier, utilisait une
image qui illustre bien ce lien entre l’œcuménisme et la vie religieuse : il
comparait tous ceux qui prient pour l’unité, et le mouvement œcuménique en
général, à un « monastère invisible » qui réunit les chrétiens de différentes
Églises, de divers pays et continents. Chers frères et sœurs, vous êtes les
premiers animateurs de ce «  monastère invisible » : je vous encourage à prier

35
pour l’unité des chrétiens et à traduire cette prière dans vos comportements et
gestes quotidiens »12.

1.3. Questions pastorales


Trois problèmes complexes sont abordés ici au niveau pastoral.
1.3.1. Quelle prière et avec quel chrétien ?
Ce qui est permis et souhaitable d’organiser avec les autres chrétiens, ce sont :
- Les concerts de musique ;
- Les récollections ;
- Des veillées de prière ;
- Le pèlerinage de l’église vers le temple ou vice versa.
1.3.2. Le catholique peut-il célébrer l’Eucharistie avec le protestant ?
Nous abordons ici l’épineux problème de « l’intercommunion » (partage
eucharistique) et celui plus général de la « communicatio in sacris » en tant que
participation à la prière, à la liturgie et surtout à la communion eucharistique
d’une autre Eglise chrétienne. Le catholique ne pourra recevoir l’Eucharistie, la
Pénitence et l’Onction des malades que d’un ministre des Eglises orientales
parce qu’elles partagent avec nous le même septénaire sacramentel et la
succession apostolique. Mais seulement à certaines conditions (Cf. Canon 844,
D.O n° 122-132) :
- S’il n’y a aucun ministre (prêtre) catholique à portée de mains ;
- S’il le demande librement ;
- S’il est en danger de mort.

1.3.3. Que faire pour réussir une célébration œcuménique de prière ?


Il faut respecter les 5 conditions suivantes :
- Ne pas improviser mais préparer minutieusement la cérémonie ;
- Constituer une commission mixte paritaire ;

12
Pape François, Discours aux Religieux lors du Congrès œcuménique au Vatican, le 25/01/15 in zenit.org du
26/01/15.

36
- Répartir les rôles et les interventions ;
- Rédiger un document écrit ;
- Choisir un cadre approprié.

2. L’OECUMENISME THEOLOGIQUE OU DOCTRINAL

2.1. Nature et but du dialogue œcuménique


Etymologiquement, le dialogue est bien un discours de l’un vers l’autre, ce
discours a cependant un objectif, la découverte de la vérité. Dialogue s’oppose
donc au monologue et il exige une réciprocité. On parle de dialogues bilatéraux
(entre 2 partenaires) et de dialogues multilatéraux (entre plus de 2 partenaires).
Le magna charta du Secrétariat pour l’Unité des chrétiens part de la constatation
que « l’homme moderne cherche le dialogue comme un moyen privilégié
d’établir ou de développer entre les groupes comme entre les individus, la
compréhension, l’estime, le respect et l’amour réciproques », et que « lorsque
les chrétiens et les Eglises ou communautés ecclésiales souvent au souci
œcuménique : le dialogue est pour eux un instrument indispensable de leur
rencontre et de leur témoignage, soit au plan de la pensée, soit au plan de
l’action »13.
Ainsi le dialogue œcuménique, aussi bien que tout autre dialogue, existe
seulement « lorsque chaque participant écoute et répond, cherche à comprendre
et se faire comprendre, interroge et se laisse interroger, se livre soi-même et
accueille l’autre, à propos d’une action, afin d’avancer ensemble vers une plus
grande communauté de vie, de vue, de réalisation. Chacun des interlocuteurs
est disposé à mettre toujours au point ses idées, ses manières d’être et d’agir,
s’il apparaît que la vérité l’y conduit. Ainsi la réciprocité et l’engagement sont
des éléments essentiels du dialogue ».14

13
Réflexions et suggestion concernant le dialogue œcuménique. Document de travail à la disposition des
autorités ecclésiastiques pour l’application concrète du Décret sur l’œcuménisme, 15 août 1970, Service
d’Information (SI) 11 (1970/IV), pp 1-11.
14
Ibid., p 5.

37
Le but poursuivi par le dialogue œcuménique, d’après les Réflexions revêt de
multiples aspects : progresser ensemble dans la compréhension du mystère du
Christ et de son Eglise, dégager les convergences qui existent entre les diverses
traditions chrétiennes, apprendre à témoigner la foi commune au Dieu un trine,
chercher ensemble les réponses aux nouveaux problèmes qui se posent à la foi
chrétienne dans le monde d’aujourd’hui, contribuer à transformer les mentalités,
les manières de se comporter, la vie quotidienne des communautés chrétiennes,
en un mot prépare la plénitude de l’unité voulue par Christ ; toutefois, celle-ci
demeure le terme ultime des pensées et des désirs des interlocuteurs qui se
préparent à accueillir comme le grand don que Dieu seul accordera, de la
manière et à l’heure qu’il voudra15. En outre, le dialogue n’est pas seulement
discours, c’est d’abord une façon d’être ensemble dans la charité qui recrée
progressivement le milieu vital nécessaire à une commune profession de foi.
D’autre part, le dialogue n’est pas à lui-même sa propre fin.
En résumé, dans le dialogue œcuménique, les Eglises et communautés
chrétiennes sont appelées à une conversion à Jésus Christ, et à un
approfondissement de leur foi. Le dialogue œcuménique n’est donc pas une
occasion, du côté catholique, de chercher la conversion des autres chrétiens au
catholicisme, ni la « phagocytose » qui entraînerait l’augmentation numérique
de la communauté catholique mais il vise plutôt l’enrichissement mutuel et la
koinonia (communion) dans l’Esprit avec ceux qui ne partagent pas notre foi.
Chaque Eglise chrétienne doit chercher sa propre conversion à une fidélité plus
grande à l’Evangile16. Ces propos sont défendus par le théologien Jacques
Dupuis17.
2.2. Méthodologie des dialogues

15
Cf. Sur le dialogue œcuménique, document préparé par le Groupe mixte de travail entre l’Eglise catholique et
le COE, n° 1/ si 1967/III, pp27-28.
16
Cf. Jean-Paul II, Lettre encyclique Ut unum sint sur l’engagement œcuménique (UUS), 25 mai 1995, n° 15 :
AAS 87(1995), pp929-930.
17
J. Dupuis, article « Dialogue interreligieux » in AA. VV., Dictionnaire de Théologie Fondamentale,
Bellarmin/ Cerf, Paris, 1992, p 263.

38
Il faut de prime à bord noter qu’il ne s’agit pas d’une méthode monolithique ou
unique mais plutôt de méthodes parallèles, étant donné que chaque dialogue suit
son propre chemin, caractérisé par des points positifs et négatifs. Ainsi, la
méthode varie soit que le dialogue œcuménique se déroule dans le cadre général
ou de façon plus précise.

2.2.1. En général
Certains éléments sont indispensables pour mener à bien un dialogue18.
- L’échange des idées qui revêt un double aspect : un aspect d’information
et un aspect de témoignage. « Il existe de part et d’autre une décision de
franchise vis-à-vis de celui qu’on écoute »19 ;
- La comparaison d’idées : ici les dialoguants mettent à nu un esprit de
sympathie attentive aux personnes et aux idées ;
- La recherche par la réflexion et la discussion des positions communes ;
- La mise en lumière d’aspects encore inaperçus.
Cette méthode a été jusqu’ici suivie par le dialogue entre l’Eglise orthodoxe et
l’Eglise catholique romaine. Etant donné les tensions entre les deux Eglises-
sœurs, héritées du passé, la décision de commencer par l’étude des points
communs pour, ensuite seulement, étendre la recherche aux points de
divergences, fut sans doute une démarche sage.

2.2.2. De façon précise


De façon précise à propos du dialogue œcuménique, l’attention est attirée sur les
points suivants :
- La prise en considération de tout ce qui, chez l’autre, lui paraît revêtir une
valeur authentique à savoir vérités confessées en commun, vérité laissées

18
La plupart des dialogues commencent par une brève recherche visant à découvrir exactement où existent une
réelle convergence et peut être un consensus entre les partenaires, afin d’aborder graduellement les questions qui
sont au cœur de la séparation et des divisions.
19
Réflexions et suggestions, op. cit., p 8.

39
en sommeil par l’une des communautés, intuitions religieuses justes et
autres ;
- L’exposé de sa propre doctrine de façon constructive et non polémique ;
- Un travail de synthèse constructive ;
- L’ouverture de nouvelles perspectives qui conduit les dialoguants « à une
recherche de plus en plus approfondie à partir des points d’accord qu’ils
ont reconnus, les aides à prendre en conscience des révisions qui
apparaîtraient nécessaires dans les comportements et les pensées20 ».

2.3. Thématique des dialogues 21


Dieu (Trinité) : A-L ; O-VC
Jésus Christ : C-R ; C-OO ; O-VC
Esprit Saint/Filioque : A-O ; B-R ; C-E. C-P
Monde : B-C. ; C-L ; C-M ; GMT
Justification : A-C ; C-L
Eglise : A-L ; A-O ; B-R ; C-D ; C-E ; C-M ; C-R ; C-O ; C-OO ; O-VC ; GMT
Autorité dans l’Eglise (Ecriture, Confession, Tradition, Magistère) :
A-C ; A-L ; A-O; B-R ; C-L ; C-M ; C-P ; C-OO ; C-P ; C-R; O-VC
Liturgie, culte: A-L; C-P
Sacrements en général: A-L; C-O
Eucharistie : A-C ; A-L ; A-O ; C-L
Ministères : (C-M ; C-O ; C-R) ; GMT ; A-C ; A-L ; B-R ; C-L ; C-M ; C-P ; C-
R ; GMT
Episcopat: A-L; C-L; C-R; R-O
Papauté: A-C; C-L; C-O
Ordination des femmes : A-C ; A-O
20
Ibid., p 9.
21
Abréviations : A-C =Dialogues Anglicans ; A-L= Anglican-Luthérien ; A-O= Anglican-Orthodoxe ; A-VC=
Anglican Vieux-Catholique ; B-C= Baptiste-Catholiques ; B-R= Baptiste Réformés ; CD= Catholique-Disciples
du Christ ; C-E= Catholique-Evangélique ; C-L= Catholiques-Méthodistes ; C-O= Catholique-Orthodoxes ; C-
OO= Catholiques-Orthodoxes Orientaux ; C-P= Catholiques-Pentecôtistes ; C-R= Catholiques-Réformés ; C-L-
C= Catholiques-Luthériens-Réformés ; GMT= Groupe Mixte de Travail (Catholiques COE) ; OVC= Orthodoxes
Vieux Catholique.

40
Mariage /Mariages mixtes : A-C ; A-L ; C-M ; C-OO ; GMT
Spiritualité : C-M ; A-L
Mariologie : B-C ; A-L ; A-VC ; B-C ; C-D ; C-L ; C-O ; C-P ; GMT
Ethique : A-C ; GMT
Témoignage chrétien : B-C ; GMT
Eschatologie : C-OO

2.4. Accords et divergences théologiques22


Les rapports des dialogues bilatéraux et multilatéraux ont dégagé des
convergences et accords significatifs sur des sujets importants et, en même
temps, ils ont mis en lumière d’autres problèmes qui restent à résoudre pour que
la réconciliation entre l’Eglise Catholique Romaine et l’Orthodoxie, et d’autre
part entre l’ECR et les Eglises de la Réforme.

2.4.1. Entre l’Eglise Catholique romaine et l’Orthodoxie


1. Avec les Eglises anciennes d’Orient (encore appelées orthodoxes
orientales ou non chalcédoniennes)23, l’ECR a amorcé une révision
sur le langage théologique concernant la question
christologique (Cf. UUS n° 62-63) qui est devenue importante
pour comprendre l’histoire des premiers conciles œcuméniques.
Les deux partenaires affirment professer non pas les paroles mais la
foi des conciles. Toutefois, cette affirmation ne semble pas être
partagée par les Eglises orthodoxes.
2. Entre catholiques et orthodoxes, le principal point de discussion et
de polémique réside dans la reconnaissance de la primauté du
siège de Rome et la conception du ministère d’unité de toute
22
Sur ce thème, cf. BAUMANNU., « œcuménisme » (trad. Fr. de J. HOFFMANN) dans Dictionnaire de
Théologie, Cerf, Paris, 1988, pp 462-472 ; BESBOUE B., Pour une théologie œcuménique, chap. 4, Cerf Paris,
1990, pp 47-71 ; ROMITA A. – BERTOLOT R. – VALDMAN T., « Convergenze et divergenze del dialogo
interconssional » in AA. VV., Urgence della storia e profesia ecumenia. La Mendola (Trento), Dehoniane,
Roma, 1996, pp 364-380. 364-380. DESSAUX J.E., Dialogues théologiques et Accords œcuméniques, Cerf,
Paris 1982.
23
Cf. Dialogue Catholique Orthodoxe Orientale, 1974 in EOI, nn. 2217-2242. EOI= Enchiridion
Oecumenicum, tome I, EBD, Bologne.

41
l’Eglise24. Le contentieux entre l’Occident et l’Orient ne date pas
d’aujourd’hui mais remonte aux premiers siècles de l’Eglise 25. La
Commission mixte internationale examine en ce moment le rapport
entre l’autorité et la conciliarité dans l’Eglise. Ainsi les Eglises
orthodoxes soutiennent conserver leur autonomie juridico-
ecclésiale tandis que la papauté exprimerait son ministère dans le
domaine du témoignage de la vérité et la charité libérées de ces
structures institutionnelles accumulées tout au long des siècles.
« La primauté s’exercerait ainsi pour l’unité » comme la souhaite
aussi Jean Paul II26. 
3. Un autre point chaud qui trouve un dénouement heureux est celui
du Filioque ou procession du Saint Esprit par le Fils. Les
formules « du Père par le Fils » ou « du Père et du Fils » sont toutes
les deux légitimes et orthodoxes. Elles sont considérées comme
theologoumena différentes, c’est-à-dire deux conclusions
théologiques diverses mais compatibles dans la foi.
4. Les convergences et les accords fondamentaux ont permis aux
catholiques et aux orthodoxes de redécouvrir l’Eglise : l’Eglise
une, existante déjà dans l’unité même si imparfaite car il n’y a
qu’un seul Corps du Christ ; l’Eglise koinonia (communion) à la
lumière de la Sainte Trinité : les « Eglises-sœurs » non identiques
mais chacune pleinement Eglise.
Le problème majeur reste la « réception » de ces convergences par les Eglises et
familles confessionnelles mondiales, et d’en tirer les conséquences
ecclésiologiques et canoniques nécessaires.

24
Cf. L’uniatisme, méthode d’union du passé et la recherche actuelle de l’unité, Document de Balamand, 1993,
dans EO3, n° 1871-1883.
25
Sur cette question voir W. DE VRIES, Orient et Occident. Les structures ecclésiales vues dans l’histoire des
sept premiers conciles œcuméniques, Cerf, Paris, 1974.
26
UUS, n° 95-96.

42
2.4.2. Entre l’Eglise catholique romaine et les Eglises de la Réforme
En général, catholiques et protestants conçoivent différemment l’Eglise et les
sacrements. Pour les protestants, Dieu ne se laisse pas emprisonner ni
apprivoiser par les rites et les gestes de l’Eglise catholique romaine. Les
sacrements sont utiles mais secondaires car ils ne sauvent et ne justifient pas
l’homme qui se réconcilie avec Dieu uniquement à travers la foi en la mort et
résurrection du Christ.
Pour les catholiques, l’Eglise a été voulue et fondée gratuitement par le Christ.
Les sacrements ne sont que la célébration ecclésiale de la justification par la foi.
A travers les sacrements, signes efficaces du salut, l’Eglise, dans la foi, se
purifie et se sanctifie réellement.
Protestants et catholiques divergent aussi sur la nature et la mission de l’Eglise 27.
Concernant les ministères, pour les premiers, la médiation du Christ se
manifeste uniquement dans le sacerdoce commun des fidèles tandis que pour les
seconds, cette médiation se manifeste efficacement et est rendue présente dans le
sacerdoce ministériel ou ordre28. Un autre terrain où les divergences sont
notoires est celui des questions d’éthique personnelle et sociale, nouvelles
sources potentielles de division29. La question du ministère d’unité de l’Evêque
de Rome est également posée différemment. Même si la nécessité d’un tel
ministère se fait de plus en plus sentir30.

27
Cf. Dialogue catholique romain-Réformé : Vers une compréhension commune de l’Eglise, 1984-1990, ch. III
dans SI 74 (1990/III), pp 108-116.
28
Cf. Vers une compréhension commune de l’Eglise, n°142a.
29
Cf. GROUPE MIXTE DE TRAVAIL, Sixième rapport, chapitre IIIA 1c) dans SI 47 (1991/III), p. 63 ; ARCIC
II, La vie dans le Christ : la morale, la communion de l’Eglise, 1993 dans SI 85 (1994/I), pp.55-78.
30
Cf. CONFERENCE MONDIALE D FOI ET CONSTITUTION, Rapport de la II section, Saint Jacques de
Compostelle, 1993 : Confessing the one faith to God Glory, n° 31,2 : Faith and order Paper n° 166, COE,
Genève, 1994, p. 32.

43
Toutefois, les Eglises sont parvenues à certaines convergences : le Baptême est
accepté par toutes si la doctrine est la même, la célébration reste encore
diversifiée31.
L’Eucharistie est étudiée par divers dialogues bilatéraux et multilatéraux dans un
climat de grande réconciliation sur la question de la présence réelle du Christ
dans le sacrement et celle du sacrifice32. Cependant deux points doctrinaux et un
point pastoral font encore difficulté. C’est, d’une part, la présidence de
l’Eucharistie et, la conservation et la vénération du sacrement au-delà de la
célébration eucharistique ; et d’autre part, l’intercommunion ou l’hospitalité
eucharistique entre les chrétiens qui ne sont pas encore en pleine communion.
Le débat sur le rapport entre la Tradition et les Saintes Ecritures est désormais
clarifié33. Sur le ministère ordonné, les uns et les autres se déclarent pour une
« réconciliation des ministères » en partant de l’ecclésiologie christologique et
pneumatologique34.
Le 31 décembre 1999 à Augsbourg en Allemagne, catholiques et luthériens ont
signé une Déclaration d’accord sur la justification par la foi. Ratification
identique en 2006 entre catholiques et méthodistes.

3. L’OECUMENISME SOCIAL OU CARITATIF35

Selon le Père Raniero CATALAMESSA, franciscain capucin et prédicateur de


la Maison pontificale à Rome, nous ne pouvons pas « bruler les étapes » dans le
domaine de la doctrine car il y a des différences et celles-ci doivent se résoudre

31
Les réactions officielles des Eglises au BEM ont monté un grand degré de convergence et d’abord sur le
baptême, l’Eucharistie et le Ministère.
32
Cf. GROUPES DES DOMBES, Pour la communion des Eglises, Centurion, Paris, 1988, p. 42 ; ARCIC 1,
Rapport final, Paris, Cerf, 1982, pp. 26-34 ; Dialogue catholique romain-Réformé, La présence du Christ dans
l’Eglise et dans le monde, 1997 dans DC 1978, n° 1737, pp. 206-223 ; Dialogue catholiques romain-luthérien,
Face à l’unité, Cerf, Paris 1986, pp. 61-138.
33
Cf. Dialogue romain-Réformé 1984-1990 ; Dialogue catholique-pentecôtiste, Rapport final, 1984 : EO 3, n°
2073-2076. Autorité de l’Eglise sur l’Ecriture ou autorité de l’Ecriture sur l’Eglise ? SESBOUE B., art. cit., pp.
65-66. Le même auteur soutien plus loin que « l’Eglise fait l’Ecriture, mais l’Ecriture fait l’Eglise » (ivi, p. 173).
34
Cf. FOI ET CONSTITUTION, Baptême, eucharistie et ministère 1982-1990. Rapport final sur le processus
« BEM » et les réactions des Eglises, op. cit., p. 171 ; GROUPE DES DOMBES, Pour une réconciliation des
ministères, Presses de Taizé, 1973, n° 38-47.
35
Cf. D.O., chap. V.

44
avec patience en des lieux appropriés. Par contre, nous pouvons brûler les étapes
en amour et être pleinement unis dès à présent36.

3.1. But (DO, nn. 161-162)

1- Exprimer et favoriser l’unité 


2- Mettre en valeur le témoignage de la puissance salvifique de l’Evangile
que les chrétiens donnent au monde.

3.2. Formes et structures

Constituer des conseils d’Eglises (composés exclusivement des Eglises) et des


Conseils chrétiens (composés d’Eglises + organisations et groupes chrétiens).

3.3. Divers formes de Collaboration œcuménique

3.3.1. Dans le domaine théologique et pastoral


1. Le travail de la Bible : traduction – étude – vulgarisation – apostolat.
2. Le travail des textes liturgiques communs : psautier – chants – prières :
Pater, Gloria, Credo de Nicée-Constantinople.
3. La catéchèse œcuménique (sans négliger la spécificité propre).
4. Les instituts d’enseignement supérieur : dimension œcuménique des
questions théologiques, échange des professeurs et des bibliothèques ;
semaines théologiques, culturelles et sportives.
5. La pastorale dans des situations particulières (aumôneries) : hôpitaux,
prisons, armées, universités, complexes industriels.
6. L’activité missionnaire (cf. DO, nn 205 et 208).
7. Le dialogue interreligieux : lutte contre le fanatisme religieux ; promotion
de la justice, de la paix, de la famille, des droits de l’homme ; problèmes
nouveaux : démographie, écologie, éthique.

3.3.2. Dans la vie sociale et culturelle

36
Père CANTALAMESSA R., Cf. Cinquième prédication de Carême 2016 in zenit.org du 18/03/2016.

45
1. L’étude commune des questions sociales et éthiques : Bioéthique et
génétique (manipulation des embryons humains) – avortement –
euthanasie - clonage.
2. Le domaine du développement, des besoins humains et de sauvegarde
de la création (démographie – écologie – migrants – réfugiés – droits
de l’homme).
3. Le domaine de la médecine : éthique médicale sur la génétique et la
santé publique (lutte contre le VIH/SIDA).
4. Les moyens de communications sociales37 (Presse – Radio – TV -
Internet) : « Evangéliser les médias et par les médias ».
Cette collaboration œcuménique est fortement recommandée dans « la
Charte œcuménique européenne » (Strasbourg, avril 2007).

37
Désormais appelés « nouvelles technologies de l’information et de la communication » (NTIC).

46
CHAPITRE VI : L’OECUMENISME AFRICAIN
1. QUELQUES DECLARATIONS
1.1. L’Eglise catholique romaine
Le Pape Jean Pau II interpelle les catholiques à collaborer avec les autres
chrétiens du continent. « Unis au Christ dans leur témoignage en Afrique, les
catholiques sont invités à développer un dialogue œcuménique avec tous les
frères baptisés des autres confessions chrétiennes, afin qu’advienne l’unité pour
laquelle le Christ a prié et qu’ainsi leur service des populations du continent
rendent l’Evangile plus crédible aux yeux de ceux et celles qui cherchent Dieu.
Un tel dialogue pourra se concrétiser dans les initiatives comme la traduction
œcuménique de la Bible, l’approfondissement théologique de certains aspects
de la loi chrétienne, ou encore en rendant de concert un témoignage
évangélique pour la justice, la paix et le respect de la dignité humaine »
(Ecclesia in Africa, n. 65).
Le Pape Benoit XVI invite aussi les Chrétiens africains à s’engager de plus dans
le dialogue oecuménique et à se mettre au service de la réconciliation, de la
justice et de la paix : « J’exhorte toute la famille ecclésiale – les Eglises locales,
les Instituts de vie consacrée et les associations et mouvements de laïcs – à
poursuivre ce chemin de façon plus résolue, dans l’esprit et sur la base des
indications du Directoire œcuménique, et à travers les diverses associations
œcuméniques existantes. J’invite par ailleurs à en former de nouvelles là où
cela peut représenter une aide à la mission. Puissions-nous entreprendre
ensemble des œuvres de charité et protéger les patrimoines religieux grâce
auxquels les disciples du Christ trouvent les forces spirituelles dont ils ont
besoin pour l’édification de la famille humaine » (Africae Munus, n. 89). 
1.2. Le Conseil œcuménique des Eglises (COE)
Le COE a tenu deux Assemblées Générales en Afrique :

47
- La 5e AG de 1975 s’est déroulée à Nairobi (Kenya) sur le thème : « Jésus
Christ libère et guérit ».
- La 8è AG s’est tenue en septembre 1998 à Harare (Zimbabwe) sur le
thème : «Tournons-nous vers Dieu dans la joie de l’espérance » afin de
marquer et de célébrer ainsi les 50 ans du Conseil mondial. Une manière
claire de dire que l’avenir de l’œcuménisme est en Afrique.

2. TYPES D’OECUMENISME EN AFRIQUE


On peut parler de trois types d’œcuménisme en Afrique : une forme naturelle et
non structurée, une forme imposée par les circonstances et une forme structurée.

2.1. Forme naturelle ou non structurée


Cette forme coïncide avec la famille nucléaire et élargie. Il arrive très souvent
que dans une même famille cohabitent un catholique, un protestant, un
orthodoxe et un pentecôtiste. La diversité religieuse n’exclut pas des
engagements et des devoirs familiaux. Les rites de passage-naissance, puberté,
mariage, mort- sont des occasions qui rassemblent la famille. Mais cette sorte
d’« œcuménisme naturel » exclut tous ceux qui n’appartiennent pas au groupe
familial. L’œcuménisme non structuré assume ainsi, sous le profil œcuménique,
un relief seulement partiel.

2.2. Forme imposée par les circonstances


L’âpreté et la difficulté de certaines conjonctures, des catastrophes naturelles
aux régimes dictatoriaux, poussent en Afrique des Eglises vers de formes
d’associations et de collaboration, afin de se garantir la survie.
Au Ghana, la dictature de KWAME KRUMAH (1955-1966) poussa les Eglises
protestantes et catholiques à unir leurs efforts pour assurer au peuple le respect
de la dignité humaine et la paix. Il en fut de même en 1973 dans l’Ouganda de
IDI AMIN. La coopération entre le Conseil sud-africain des Eglises et la

48
Conférence des Evêques catholiques sud-africains dans la lutte contre
l’apartheid et un autre exemple bien connu. E 1970, MOBUTU au Zaïre,
contraint toutes les Eglises protestantes à converger dans une Eglise protestante
unie, « Eglise du Christ au Zaïre », qui est l’unique Eglise protestante reconnue
par l’Etat.
Un tel œcuménisme forcé a seulement une valeur limitée, dans la mesure où les
différences fondamentales restent intactes : quand la pression externe se
desserre, les groupes isolés en général se convertissent au dénominationalisme
ou au repli identitaire.

2.3. Forme structurée


Ce troisième type d’œcuménisme a pris l’élan, plus ou moins consciemment, de
la Conférence missionnaire mondiale d’Edimbourg de 1910, et du mouvement
œcuménique moderne. La constitution en Afrique des Conseils chrétiens (il
existe plus de 22) est un exemple clair de ce genre d’œcuménisme. Le conseil
chrétien du Ghana, par exemple, fut constitué en 1929 dans le but d’encourager
et d’exprimer l’unité de l’Eglise, de garantir aux Eglises non membres
l’opportunité concrète de se consulter réciproquement sur leur propre
témoignage chrétien et leur service, de promouvoir enfin l’étude des
changements survenus dans la vie nationale au niveau social et culturel.
Dans le même sens, le Conseil chrétien uni de l’Ouganda fut fondé en 1963 pour
aider les Eglises à se réunir dans l’écoute de la voix du Christ et de l’Esprit
Saint, une voix d’amour, de pardon et de compréhension. En Ouganda, ce
Conseil ougandais d’oublier le passé et de collaborer pour un futur meilleur.
Un des résultats de la cohabitation, qui se réalisa dans le cadre des Conseils, fut
le début des dialogues sur le thème de l’unité de l’Eglise unie de Zambie ;
parfois ils n’aboutissent à rien, comme au Ghana et au Nigeria.
Le modèle de référence était l’orthodoxie œcuménique protestante en Europe, en
vogue dans les années trente, mais peut-être non adaptée aux exigences

49
actuelles. Les Conseil, quoique, tous orientés dans le secteur des services,
devinrent des agences pour le développement perdant ainsi leur propre raison
d’être strictement œcuménique.

3. COLLABORATION OECUMENIQUE
Autres incarnations de l’esprit œcuménique dans le contexte africain sont les
sociétés bibliques, les associations médicales appartenant aux Eglises, les
groupes d’études œcuméniques et les associations littéraires chrétiennes, qui
promeuvent des publications conjointes, s’occupent de la distribution des
œuvres publiées et encouragent l’activité des autres locaux. C’est le rôle joué
jusqu’à présent et pendant 40 ans par les éditions CLE à Yaoundé.

4. INSTITUTS DE FORMATION OECUMENIQUE


Les instituts de formation œcuménique jouent aussi un grand rôle dans le
continent. C’est le cas de la Mindolo Ecumenical Foundation College et des
faculté communes ou unies (Trinity College d’Umuahia au Nigeria, United
Theological College de Zomba au Malawi, Faculté de Théologie de l’Université
protestante de l’Afrique centrale, UPAC, dont le siège est à Yaoundé au
Cameroun) orientées pour encourager l’œcuménisme à travers un institut de
formation commune réalisé par des personnes appartenant à des confessions
diverses. Actuellement, il existe en Afrique une dizaine d’associations d’écoles
théologiques sur le plan régional ou sous régional.
Les associations sponsorisent les conférences et des forums, publient des
commentaires bibliques et des études sur la formation chrétienne et sur l’histoire
de l’Eglise qui prennent en considération le contexte africain. De telles
initiatives renforcent les perspectives et l’esprit œcuménique. Six associations,
avec ramifications dans tout le continent, encourageant la collaboration entre
institutions ecclésiales qui s’occupent de la formation théologique et de la
préparation des ministres.

50
5. ORGANISME OECUMENIQUES
Il existe de nombreux organismes œcuméniques au niveau régional et
continental. En voici les deux principaux :
5.1. La CETA
La Conférence des Eglises de toute l’Afrique (CETA) fut inaugurée en 1963 à
Kampala comme une organisation panafricaine de coopération. Au cours des
années, malgré des problèmes de mauvaise gestion, la CETA est devenue en
instrument opérationnel de collaboration ecclésiastique et d’influence politique.
Toutefois, cette institution évolue dans un contexte historique chargé d’un
héritage lourd :
1. Le foisonnement et la pauvreté des Eglises locales comme aussi la
profonde cassure entre les langues française, anglaise et portugaise ;
2. Concernant le style opérationnel, la CETA a copié celui du COE.
Actuellement, elle se bat pour acquérir son identité spécifique
d’organisme œcuménique africain.

5.2. L’AOTA
Fondée en 1977 avec siège à Yaoundé, l’Association Œcuménique des
Théologiens Africains tient des congrès et des conférences dans le but
d’emmener les chrétiens de toutes les confessions à relire la Bible ensemble,
avec les yeux neufs, sur la base de nos cultures africaines : en 1980 sur la
parole de Dieu et les langues des hommes ; en 1983 sur la théologie noire et la
libération en Afrique du Sud ; en 1984 sur le dialogue entre les théologiens
africains et européens sur la mission de l’Eglise aujourd’hui ; en 1985 sur
l’inculturation et le dialogue œcuménique. Les activités de l’AOTA sont en
veilleuse depuis l’assassinat en 1995 de son secrétaire général, le père Engelbert
MVENG.

51
6. PERSPECTIVES
L’œcuménisme trouve progressivement en Afrique sa direction et sa
configuration, avec la conscience confessionnelle très vive et présente. En plus,
il prend la forme de déclarations occasionnelles d’unité lors des assemblées,
mais il s’exprime aussi en de moments significatifs de collaboration concrète au
niveau national et international. On pourrait rétorquer que, dans le cadre du
mouvement œcuménique international, les Eglises africaines se trouvent en
position de désavantage, du moment où elles doivent régler les comptes avec
une structure et un style œcuménique tout à fait étranger à la grande partie
d’entre elles. Souvent les thèmes à l’ordre du jour ne sont pas choisis par elles
et, aussi quand ils le sont, les africains continuent à être l’objet d’attitudes
paternalistes. Certaines structures, par exemple, les Conseils d’Eglises, ne
semblent pas être enracinées en profondeur et les fonds destinés aux projets à
caractère œcuménique proviennent souvent d’outre-mer. Mais il ne faut pas
oublier certaines réalisations positives.
Durant les années 80, par exemple, le Conseil des Eglises de Pretoria a été
relancé comme instrument pour réaliser l’unité des Eglises locales dans leur
action au niveau social, comme dans les quartiers noirs. Le Conseil bouge à
partir d’une conscience claire de l’exigence de l’unité dans le monde chrétien et
d’une action sociale unitaire ; il défend les droits de ceux qui sont emprisonnés
sans procès ; il exerce des pressions sur les autorités et organise des formes
d’assistance légale. En outre, il a développé une stratégie qui prévoit l’emploi
pour assister à domicile les souffrants et les nécessiteux.
Egalement la koinonia réalisée en République Sud-Africaine est significative :
une tentative d’intégration et de réconciliation à travers la consommation
commune des repas dans les cases de l’un ou de l’autre, dans un pays où, au
contraire, il n’était pas normalement possible pour de personnes de races
diverses d’entretenir des relations amicales. Cette koinonia est entrain de

52
renforcer les liens entre les Eglises et entre les races, faisant croître un profond
sentiment d’engagement religieux et une politique plus mûre.
L’œcuménisme africain est fragile et montre de nombreuses limites. Malgré
ceci, les initiatives du mouvement œcuménique témoignent la conscience
croissante propre de l’Eglise africaine, la conquête d’une commune identité de
chrétien au-delà des différences de langue et de dénomination, la célébration de
l’unité, de la foi commune et de l’engagement, au-delà de chaque diversité.

53
CHAPITRE VII : L’OECUMENISME EN AFRIQUE CENTRALE

1. LES CONFESSIONS CHRETIENNES EN PRESENCE


La Curie Vaticane a confié le dialogue avec les Eglises pentecôtistes ou de
Réveil au Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux. Elles ont été
retirées de l’œcuménisme à cause du syncrétisme religieux 38 car tout n’est pas
chrétien là-dedans, on retrouve aussi des éléments de la culture africaine ou
asiatique surtout dans les prières d’exorcismes ainsi que des formes mélangées
d’un mysticisme occulte ou d’un spiritisme débridé. Elles sont donc considérées
comme « Nouveaux Mouvements Religieux » et ne font pas partie de notre
champ de travail.
En parlant du Christianisme comme religion, l’attention ici est posée sur les
Eglises Protestants, l’Eglise Catholique et l’Eglise Orthodoxe. Les Eglises
protestantes ont été les premières à évangéliser dans la sous-région. Dans une
manière générale, le Christianisme en Afrique centrale compte environ
26 millions de fidèles pour une population de 41 millions d’habitants, soit un
pourcentage de 64 %. Le christianisme est donc la religion de la majorité des
habitants de cette sous-région d’Afrique. Selon les statistiques du Prof. J.P.
Messina39, la répartition par pays est la suivante :

Pourcentage
Pays Populations Chrétiens Total
13 655 000
Cameroun 19 522 000 Catholiques : 39 70 %
%
Protestants : 26 %
Orthodoxes : 0.5
%
3 550 8666
Centrafriqu 4 422 000 Catholique : 29 % 80 %
e Protestants : 51 %

3 163 697
Congo 3 683 000 Catholiques: 48 % 85 %
Brazzaville Protestants : 37 %
Gabon 1 389 000 800 225 72 %
Catholiques: 67 %
Protestants: 5 %
667 000

38
Position soutenue par la Conférence Episcopale Nationale du Cameroun lors de son Assemblée plénière d’avril
2015 et par la Conférence Episcopale de la Province Ecclésiastique de Yaoundé (CEPY) le 8 mars 2017 à Kribi.
39
MESSINA J.P. , « Christianity in Central Africa” in Anthology of African Christianity, USA, 2016, pp. 238-
239

54
Guinée 676 000 Catholiques: 95 % 98 %
Equatoriale Protestants: 3 %
3 946 000
Tchad 11 274 000 Catholiques: 20 % 35 %
Protestants: 15 %
121 931
Sao Tomé et 160 000 Catholiques: 80 % 90 %
Principe Protestants: 8 %

Les catholiques sont majoritaires dans tous les pays de l’Afrique centrale sauf en
Centrafrique avec 29% contre 51 % des protestants. La grande majorité des
familles chrétiennes cohabite pacifiquement sans organiser des activités
œcuméniques concertées. Je qualifie cette forme d’œcuménisme de naturelle ou
de non structurée. Sauf au Congo Brazza où la forme structurée a vu le jour en
1970 avec la création du Conseil Œcuménique des Eglises Chrétiennes du
Congo (COEECC) sûrement à cause de l’influence du pouvoir marxiste.
Depuis octobre 2016, nous sommes en plein dans l’Année Luther qui
commémore le cinquième centenaire de la Réforme protestante. Pourquoi ne
profitons-nous pas de ce « Kairos », moment favorable pour organiser des
activités communes avec des pasteurs ou avec des communautés protestantes ?

2. LES ORGANISMES OECUMENIQUES


J’ai recensé quatre organismes qui ont essayé de structurer l’œcuménisme en
Afrique centrale : le Conseil des Eglises Protestantes au Cameroun (CEPCA),
l’Alliance des Eglises de Centrafrique (AEC), le Conseil Œcuménique des
Eglises Chrétiennes du Congo (COECC) et le Cercle œcuménique de la Ville de
Yaoundé (COVY).

2.1. LE CEPCA
Créée en 1951, la Fédération des Eglises et Missions Evangéliques du Cameroun
(FEMEC) est devenue en 2004 le Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun
(CEPCA). Le CEPCA serait le plus ancien regroupement officiel d’Eglises
chrétiennes en Afrique centrale. Il calque son modèle de celui du Conseil
œcuménique des Eglises (COE) ou de la Conférence des Eglises de Toute
l’Afrique (CETA). Avec son siège à Yaoundé, il compte 11 Eglises membres
dont les plus influentes sont l’Eglise Evangélique du Cameroun, l’Eglise
Presbytérienne du Cameroun et la Presbyterian Church in Cameroon, plus deux
membres associés et trois demandes d’adhésion en instance40.
Pour son fonctionnement, le CEPCA dispose de trois organes institutionnels qui
sont : le Conseil Annuel, le Comité Exécutif et les Comités de gestion des
secteurs d’activités. Il dispose aussi de sept Départements : le Département de
40
Cf. MESSINA J.P. et VAN SLAGEREN, Histoire du Cameroun. Des origines à nos jours, Karthala-Clé,
2005, pp. 250-254.

55
l’Education qui supervise l’enseignement protestant, le Département du
Développement économique et social, le Département des Services Sociaux, le
Département des Femmes, le Département du Témoignage Chrétien et de la
Jeunesse, et le Département de l’Information et de la Communication. Son
Président actuel est le Révérend Robert Goyek de l’Eglise Fraternelle
Luthérienne du Cameroun tandis que le Secrétaire Général, qui travaille à plein
temps, est le Révérend Jonas Kemogne de l’Eglise Evangélique du Cameroun.
La nouvelle vision du CEPCA est de fusionner toutes les Eglises membres pour
former enfin « l’Eglise protestante unie du Cameroun » d’ici 2050.
L’œcuménisme pratiqué par le CEPCA est un œcuménisme inter-protestant qui
est appelé à évoluer pour s’ouvrir davantage aux catholiques et aux orthodoxes
afin de créer ensemble un Conseil National d’Eglises Chrétiennes au Cameroun.

2.2. L’AEC
L’Alliance des Eglises de Centrafrique fut mise sur pied en fin 1990. Les trois
principales confessions de l’AEC (qui se retrouvent dans presque toutes les
régions du pays, dans 15 des 16 préfectures à l’exception du Nord-Est, où la
seule véritable présence est celle de l’Eglise catholique) sont : la Communauté
des Eglises Apostoliques, l’Association des Eglises de la Coopération
Evangélique et l’Association des Eglises Baptistes Centrafricaines.
Selon Jimi Zacka, « on a remarqué l’impuissance des Eglises de l’AEC dans les
crises politiques récentes en République Centrafricaine »41.

2.3. LE COEECC
Créé en 1970, le Conseil Œcuménique des Eglises Chrétiennes du Congo
célèbre cette année ses 47 ans d’existence. Les confessions chrétiennes
fondatrices sont : l’Eglise Catholique, l’Eglise Evangélique du Congo et
l’Armée du Salut. L’Eglise Evangélique Luthérienne au Congo et l’Eglise
Orthodoxe Grecque au Congo ont adhéré au Conseil plus tard. Le COEECC ne
fonctionne pas comme une « super Eglise » et l’organisation des actions se fait à
partir des domaines œcuméniques, des services et des partenaires. Le 29 janvier
1995, le COEECC a fêté ses 25 ans de fondation. Mgr Anatole Milandou,
Archevêque de Brazzaville, a achevé son mandat de président du Conseil en
2012. La nouvelle équipe est présidée par le révérend pasteur Tchibinda
Mavoungou et secondé par Mgr Pantalémon pour un mandat de xxx ans.
Son histoire se déroule en quatre étapes principales :
1° De l’opposition à l’ouverture : l’ère des pionniers.
Les Eglises divisées et vivant dans la méfiance, le mépris, la haine et l’ignorance
mutuelle décidèrent de se mettre ensemble pour une juste cause, celle de l’unité
de l’Eglise. C’est l’ère des pionniers : pour l’Eglise évangélique (EEC) : les
pasteurs Raymond Buana-Kibongui et Jean Mboungou ; pour l’Eglise
catholique : nosseigneurs Théophile Mbemba, Lois Badila et le cardinal Emile
41
ZACKA Jimi, « Le Christianisme en Centrafrique » in Anthology of African Christianity, p. 525.

56
Biayenda ; pour l’Armée du Salut (ADS) : les officiers Pierre Hausdorff, Henri
Durand et Johan Baronowsky ; et pour l’Eglise Kimbanguiste (EJCSK) : le
pasteur David Nsomi.
2° Les premières démarches : 1963-1969
A l’initiative de l’Eglise évangélique du Congo, des rencontres ont eu lieu entre
les diverses Eglises protestantes pour une meilleure entente et collaboration ;
des contacts sont établis avec l’Eglise catholique. Suite à plusieurs invitations
d’Eglise à Eglise pour mieux se connaitre, le 5 novembre 1969, les responsables
des quatre communautés fondatrices se rencontrèrent pour la première fois
ensemble afin de préparer et de célébrer la Semaine de l’Unité du 18 au 25
janvier 1970.
3° La création du Mouvement œcuménique
Janvier 1970 marque la naissance du mouvement œcuménique au Congo. La
« Déclaration » de 1972 en fixe les objectifs. Fin 1972 est formé
« L’Association des Eglises chrétiennes du Congo » qu’on appelle aujourd’hui
« Le Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo » (COEECC).
4° La Période des actions pour l’unité et pour la paix
-L’action au service de l’unité à travers célébrations œcuméniques, diffusion de
la Bible et initiatives sociales et caritatives communes. Cela permet au Conseil
œcuménique de se positionner comme un instrument de communion qui aide les
Eglises d’affirmer ensemble leur recherche d’unité et leur témoignage du Christ
Sauveur dans la réalité congolaise.
- L’action au service de la paix à travers de nombreux messages adressés aux
autorités politiques et aux âmes de bonne volonté. C’est un engagement que le
Conseil avait pris durant la Conférence nationale de 1991 et il entend l’assurer
dans la vérité et la fidélité à l’Evangile d’amour et de paix.

2.4. LE COVY
Le Cercle œcuménique de la ville de Yaoundé (COVY) a été créé en janvier
2001 par des prêtres catholiques et des pasteurs protestants. Il accueille
désormais des laïcs (hommes, femmes et jeunes). C’est un groupe privé qui
rassemble des baptisés catholiques, orthodoxes et protestants engagés
pour «créer une harmonie entre les différentes familles chrétiennes et œuvrer
pour la mise sur pied d’un Conseil d’Eglises chrétiennes au Cameroun »42.
C’est une association chrétienne apolitique et à but non lucratif. Trois périodes
d’activités couvrent toute l’année civile43 :
a) La Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens qui se déroule du 18 au
25 janvier avec le concours de la documentation officielle du Groupe
Mixte de Travail (GMT) entre l’Eglise Catholique Romaine et le Conseil
Œcuménique des Eglises;
42
Article 3 des Statuts du COVY.
43
Article 30 du Règlement Intérieur du COVY. Voir ETOUNDI ESSAMA Etienne, La pastorale des mariages
mixtes, Imprimerie Saint-Paul, Yaoundé, 2012, quatrième de couverture.

57
b) La cinquième semaine du Carême, avant la Semaine sainte en mi-mars,
afin de préparer les chrétiens à vivre spirituellement la mort, la
résurrection et la glorification de notre Seigneur Jésus Christ ;
c) La Neuvaine de la Pentecôte en juin afin d’accueillir ensemble les dons du
Saint-Esprit.

Les principales activités œcuméniques retenues sont : les veillées de prière, les
tables-rondes, les concerts de musique chrétienne et les visites aux personnes
vulnérables telles que les prisonniers, les enfants de la rue, les personnes du
troisième âge, les enfants sourds-muets, les enfants orphelins, les lépreux…
La Coordination, qui assure l’Exécutif au quotidien, est composée de 12
membres élus pour un mandat de trois ans renouvelable une fois. Le COVY
travaille en étroite collaboration avec les Sœurs Carmélites, les Focolari, la
Communauté Saint Egidio et l’Alliance Biblique du Cameroun dans le domaine
œcuménique et l’Association Camerounaise pour le Dialogue interreligieux
(ACADIR) dans le domaine interreligieux.

3. LA COLLABORATION OECUMENIQUE
Autres incarnations de l’esprit œcuménique dans le contexte sous régional sont
les sociétés bibliques, les associations littéraires chrétiennes et les instituts de
formation œcuméniques, qui promeuvent des publications conjointes,
s’occupent de la distribution des œuvres publiées et encouragent l’activité des
auteurs locaux.

3.1. L’ALLIANCE BIBLIQUE


Créée en 1959 à Yaoundé, l’Alliance Biblique possède trois agences : au Gabon,
au Congo et au Cameroun qui couvre la Guinée Equatoriale et Sao Tomé et
Principe. Elle a une triple mission : traduire, produire et diffuser la Bible sur des
supports et formats variés, à des prix abordables tout en aidant les fidèles à
entrer en contact direct avec la Parole de Dieu.
L’Alliance Biblique du Cameroun (ABC), à ce jour, a traduit la Bible complète
en 18 langues nationales, le Nouveau Testament en 46 langues et les portions en
une centaine de langues. En plus des Bibles en langues nationales, l’ABC
importe les Saintes Ecritures en français et en anglais et les diffuse à des prix
abordables. Des actions de diffusion gratuite sont parfois faites en faveur des
publics particuliers.
L’ABC parraine aussi d’autres programmes et projets44 tels que :
-Le Programme SIDA promeut les valeurs positives pour la lutte efficace contre
le VIH/SIDA ;
44
Cf. Dépliant de l’Alliance Biblique du Cameroun (ABC).

58
- Le Programme « La Foi vient en écoutant » (FVE) est un programme d’écoute
de la Parole de Dieu sur des supports audio ;
- Le Programme Alphabétisation permet à chacun de lire la Bible dans sa
langue et entrer en dialogue avec Dieu ;
- Le Programme TAZI se réfère à la Loi, les Prophètes, les Psaumes et
l’Evangile de Jésus Christ ;
- Le Programme « Kidgames » est une olympiade biblique des enfants de 4 à 14
ans ;
- Le Projet Esther vise l’encadrement des adolescentes, des filles mères et des
filles victimes d’exploitation sexuelle ;
- Le Projet « Bible for Orphans » est un programme d’accompagnement des
orphelins.

3.2. LES EDITIONS CLE


Le Centre de Littérature Evangélique, connu sous le nom d’Editions CLE a été
fondé le 28 mars 1963 à Yaoundé. Les Editions CLE, qui ont une structure
d’origine protestante, ont commencé par publier des ouvrages de la théologie
africaine et des ouvrages scolaires. La diffusion de la pièce de théâtre à succès
de Guillaume Oyono Mbia, Trois prétendants … un mari, encouragea une
génération d’écrivains à présenter aux Editions CLE leurs manuscrits. Depuis 50
ans, les Editions CLE sont la plus grande maison d’édition culturelle et littéraire
de l’Afrique de langue française45.

3.3. L’UNIVERSITE UPAC


Créée en 1962, la Faculté de Théologie Protestante de Yaoundé (FTPY),
devenue en 2007 Université Protestante de l’Afrique Centrale (UPAC), a son
site sur la colline de Djoungolo. Les Eglises et Missions fondatrices protestantes
(reformées, presbytériennes, méthodistes, évangéliques, baptistes et
luthériennes) donnent un cachet œcuménique indéniable à l’Université et à son
Conseil d’Administration. Les étudiants proviennent de tous les pays
francophones et de Madagascar. Les professeurs viennent d’horizons protestants
divers. D’éminents professeurs catholiques sont associés à l’enseignement et des
milieux catholiques sont régulièrement sollicités pour des retraites spirituelles46.
Sans être une institution purement à caractère interconfessionnel comme
l’UPAC, nous pouvons aussi citer l’Université Catholique de l’Afrique Centrale
(UCAC) à Yaoundé, première Université confessionnelle de la sous-région, qui
vient de fêter ses 25 ans de création et qui accueille non seulement des
professeurs et des étudiants des autres confessions chrétiennes soit pour les
cours magistraux soit pour les colloques internationaux qu’elle organise.

4. LES PERSPECTIVES
45
Cf., MESSINA J.P. et VAN SLAGEREN, Histoire du Cameroun. Des origines à nos jours, p. 268.
46
Cf, Ibidem, p. 263.

59
Il est grand temps de structurer l’œcuménisme dans notre sous-région Afrique
centrale au niveau diocésain et au niveau national. Il faut « avancer au large »
Duc in altum, (Luc 5, 4) en formant les agents pastoraux (consacrés et laïcs)
appelés à animer ces structures car la bonne volonté seule ne suffit plus.

4.1. LA COMMISSION DIOCESAINE


Chaque diocèse doit avoir sa Commission diocésaine présidée par un Délégué
diocésain secondé par un Bureau restreint et par un Bureau élargi aux différents
délégués des Zones pastorales. Ses trois missions sont les suivantes :
1° Animer et promouvoir le dialogue œcuménique à l’intérieur du Diocèse selon
l’esprit du Concile Vatican II à partir du Décret conciliaire sur l’œcuménisme
Unitatis Redintegratio et de l’enseignement récent du Magistère Romain (Ut
unum sint et Ecclesia in Africa du pape saint Jean Paul II, Africae Munus du
pape Benoit XVI, Evangelii Gaudium du pape François et du Directoire
œcuménique du CPPUC) en organisant :
- Des célébrations œcuméniques durant la Semaine de Prière pour l’unité
des chrétiens du 18 au 25 janvier ;
- Des sessions de formation permanente des agents pastoraux ;
- Des tables-rondes ou des conférences sur des thèmes d’actualité.
2° Représenter le Diocèse ou accompagner l’Evêque à l’extérieur lors des
célébrations œcuméniques ;
3° Favoriser la mise sur pied des groupes œcuméniques dans les paroisses et
dans certaines aumôneries spécialisées, par exemple dans les Prisons et les
Hôpitaux.

4.2. LA COMMISSION NATIONALE


Sous l’autorité d’un Evêque et supervisée par un Secrétaire, la Commission
nationale pour l’œcuménisme aura pour principales missions :
- Coordonner les activités œcuméniques au niveau national.
- Assurer l’accompagnement et la formation permanente des Délégués
diocésains par une session annuelle.
- Mettre à la disposition des Délégués diocésains le thème et toute la
documentation nécessaire pour l’animation de la Semaine de Prière pour l’unité
des chrétiens qui se déroule du 18 au 25 janvier.
- Veiller à ce que les Délégués diocésains lui envoient régulièrement les rapports
d’activités œcuméniques organisées à la base.
- Assurer la formation œcuménique dans les instituts supérieurs.

4.3. LE CONSEIL NATIONAL DES EGLISES CHRETIENNES


Si la Commission diocésaine et la Commission nationale sont connues de tous,
par contre le Conseil national des Eglises chrétiennes n’existe qu’au Congo
Brazza sous l’appellation de Conseil Œcuménique des Eglises Chrétiennes du

60
Congo (COEECC). En s’appuyant sur l’adage africain qui dit : « l’union fait la
force », cette structure permettrait de « mutualiser » les forces (l’expression est
à la mode). Avant de vous présenter ses différentes missions ou finalités,
d’abord une anecdote.
Il y a une dizaine d’années environs, Mgr Gregorios, Archevêque de la Sainte
Métropole orthodoxe du Cameroun et Exarque du Patriarche d’Alexandrie pour
l’Afrique centrale, m’avait demandé : « Père Etienne, pourquoi les Eglises
chrétiennes n’ont-elles pas de Télévision à Yaoundé ? ». Je répondis : « Belle
question et beau projet. Mais de quoi discutiez-vous entre Responsables
d’Eglises ? » Un tel projet, s’il voyait le jour, non seulement il ferait parler les
Eglises d’une seule voix, mais il serait défendu et porté par un conseil d’Eglises.
Les fonds, le personnel et les charges seraient partagés par toutes les Eglises
pour la seule gloire de Dieu et l’Annonce de l’Evangile.  

Les missions ou finalités du Conseil national sont47 :


 - Favoriser la connaissance réciproque des Églises-membres.
 - Exprimer la communion qui existe déjà entre les Églises-membres et
promouvoir, dans la fidélité à l’appel du Christ (cf. Jean 17, 21), une unité plus
grande et un témoignage chrétien plus efficace.
 - Etre un lieu de prière en commun.
-Etre un lieu d’échange d’informations, d’écoute et de dialogue entre les Églises.
-Faciliter une réflexion et des initiatives communes dans le triple domaine du
témoignage, du service et de la présence chrétienne au monde.
 - Promouvoir le processus conciliaire pour la réconciliation, la justice, la paix
et la sauvegarde de la création.
 -Élaborer des accords concernant des questions d’intérêt commun, telles des
célébrations œcuméniques du mariage etc.
- Préparer la Semaine de Prière pour l’unité des chrétiens ainsi que d’autres
célébrations ou rassemblements œcuméniques.
-Instituer une Journée nationale de la Bible.
 -Assurer les contacts avec les institutions œcuméniques dans d’autres pays.
La présidence du Conseil National, soutenue par un comité de gestion, sera
gérée de manière rotative pour un mandat d’un an.

CONCLUSION
J’achève ce septième chapitre en reprenant les paroles de l’Instrumentum
Laboris à la page 5 au n° 6: « Aujourd’hui, l’un des défis majeurs qui se posent,
sur le plan pastoral, aux Eglises de l’ACERAC, est le dialogue œcuménique et

47
Cf. Statuts du Conseil d’Églises chrétiennes au Grand-Duché de Luxembourg.

61
interreligieux, si l’on tient compte de l’actualité politico-religieuse du monde en
général, et de la sous-région en particulier »48.
Comme vous le constatez le dialogue œcuménique existe en Afrique centrale
mais il peut mieux faire et aller en eaux profondes en se structurant pour la
promotion de l’unité, de la paix, du vivre-ensemble et du respect mutuel.
Que cette XIe Assemblée Plénière de l’ACERAC ne soit pas une Assemblée
Plénière de plus. Cinquante après la promulgation du Décret conciliaire sur
l’œcuménisme Unitatis Redintegratio et la clôture du Concile Vatican II, les
Diocèses et les pays de l’Afrique centrale sont invités à passer à la vitesse
supérieure en prévoyant la mise en œuvre et le suivi des vives recommandations
qui émanent des Assisses de YAOUNDE 2017.

48
ACERAC, Instrumentum Laboris, XIe Assemblée Plénière, Yaoundé, 2017, p. 5, n° 6.

62

Das könnte Ihnen auch gefallen