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MEMOIRE
EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME NATIONAL
D’EXPERT COMPTABLE
SUJET
DETERMINATION DE L’ASSIETTE DE LA
ZAKAT DES BANQUES ISLAMIQUES
Année universitaire
2017
2017 - 2018
2018
0
DEDICACES
A mes très chers parents qui ont toujours été là pour moi, en témoignage de ma
reconnaissance pour leurs encouragements, que Dieu leur préserve bonne santé
et longue vie ;
A ma chère fiancée ;
A mes enseignants ;
Je dédie ce mémoire.
1
REMERCIEMENTS
Je remercie mon père Monsieur Habib Abassi ainsi que ma mère Mme Saida
Hedhli, qui m'ont énormément soutenu dans l'élaboration de ce travail.
Je souhaite, également, remercier tous ceux qui ont contribué de près ou de loin
à la réalisation de ce travail pour leurs remarques et suggestions.
2
SOMMAIRE
PARTIE 2 : ----------------------------------------------------------------------------------------------- 91
3
LISTE DES ABREVIATIONS
4
INTRODUCTION GENERALE
Les institutions financières islamiques, connaissent une émergence progressive dans le monde
entier. En effet, Plusieurs organismes financiers internationaux et à leur tête le Fond
Monétaire International et la Banque Mondiale estiment que durant la période 2003-2013 les
avoirs des banques islamiques ont été multipliés par neuf pour atteindre 1800 milliards de
dollars moyennant une progression de 16% par an. Actuellement, ces avoirs dépasseraient les
2000 milliards de dollars. Plus de 40 millions de personnes dans le monde sont, à présent,
clients d'une banque islamique. Selon plusieurs experts, ce secteur doublerait de volume d'ici
2020 pour atteindre 4000 milliards de dollars1.
Ces institutions sont de nature à exiger des particularités sur différents niveaux (nature
d’activité, juridique, comptable…), ainsi que des obligations auxquelles elles doivent se
soumettre.
L'une de ces obligations est le paiement de la Zakat. Cette notion qui est d’importance élevée
dans le système financier islamique. Ce concept est encore abstrait pour ceux qui ne sont pas
suffisamment avertis. Sur le plan religieux, la Zakat est définie comme un devoir pour chaque
musulman sous certaines conditions fixées bien évidemment par la religion. Sur le plan
économique, on peut définir la Zakat comme étant un prélèvement, sur des richesses bien
déterminées et sous des conditions bien déterminées, destiné particulièrement aux pauvres et
aux nécessiteux.
Cette obligation religieuse se dote d’un rôle économique important. En effet, elle entraîne une
réinjection du surplus social dans le circuit économique, stimulant la demande et la
production, surtout celles des produits de première nécessité. Elle permet également de
réduire les inégalités en dotant les catégories défavorisées d'un pouvoir d'achat leur permettant
d'atteindre un niveau de vie décent.
Cette obligation se trouve avec une autre obligation légale à laquelle toute personne physique
et morale, ayant un revenu bien déterminé, est soumise, qui est l’impôt.
1
Gazzane Hayet « La finance islamique pèse plus de 2000 milliards de dollars », novembre 2014.
5
Nous connaissons tous, le rôle économique et social important de l’impôt du moment qu'il
permet de financer le budget de l’Etat afin de faire face aux différentes dépenses d’intérêt
général et qu’il contribue au développement du pays. L'impôt est aussi un régulateur
économique, du fait qu'il permet de détaxer les domaines devant faire l'objet de promotion.
L’impôt et la Zakat ne sont guère deux notions qui se reprochent en apparence, la première est
déjà adoptée et appliquée alors que la seconde demeure abstraite.
Les IFI en général et les banques islamiques en particulier sont redevables au paiement de la
Zakat et doivent aussi suivre les réglementations du pays où ils trouvent en ce qui concerne
l’impôt.
Et si la Zakat devrait être appliquée par les banques islamiques, cela nécessite un cadre
juridique qui organise et met en place une réglementation spécifique à la Zakat des banques
islamiques.
Sur l’échelle internationale, et dans certains pays, les banques islamiques sont soumises
obligatoirement à la Zakat tel que le cas du Soudan, et dans certains d’autres, elles sont
soumises facultativement à la Zakat avec la présence d’une réglementation la concernant tel
que le cas de la Malaisie.
En Tunisie, l’Association Tunisienne de la Zakat a vu le jour depuis l’année 2012. Elle a pour
mission, la promotion de la connaissance et de la pratique de la Zakat ainsi que l’assistance
des sociétés à calculer leur Zakat. Cette association a élaboré un projet de création d’une
institution tunisienne de la Zakat, en 2016.
Sur le plan comptable, l’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic
Financial Institutions) étant une Organisation internationale, a été institué pour la conception
6
des normes islamiques comptables et d’audit, a conçu une norme relative à la Zakat qui est la
norme FAS 09.
Cette norme a pour objectifs la détermination des éléments constituant l’assiette soumise à la
Zakat à partir des rubriques des états financiers des institutions financières islamiques.
La norme 09 exige que l’institution calcule la Zakat par action et fournisse cette information
au niveau des notes aux états financiers ;
""يجب اإلفصاح في اإليضاحات حول القوائم المالية عن مقدار الزكاة الواجبة على السھم
Cependant, le traitement des rubriques des états financiers du point de vue de la Zakat et la
détermination de l’assiette sur le plan pratique nécessitent des éclaircissements et posent
certaines difficultés.
Il y a lieu aussi de se demander à ce titre, à qui est attribuée la tâche du calcul de la Zakat en
absence de formation à ce titre.
Le premier concerné par cette tâche ne peut pas être quelqu’un autre que celui ayant une
formation comptable, outre les connaissances en droit islamique (Charia) bien évidemment,
car le calcul de la Zakat est étroitement lié à la comptabilité, et ce qui prouve ça c’est que la
détermination de l’assiette se fait à partir des rubriques des états financiers. Cela conditionne
et pour le cas de la Tunisie, une compréhension des Normes Comptables Tunisiennes
En outre, l’information concernant la Zakat par action exigée par la norme 9 suppose
l’existence d’un ou de plusieurs utilisateurs de cette information.
Et comme nous le savons, tout utilisateur d’une information a toujours intérêt à avoir une
assurance de la fiabilité de cette information.
7
de l’information le demande. Tout cela peut étendre le champ d’intervention du commissaire
aux comptes ou peut donner lieu à la création d’autre mission à la profession de l’expert-
comptable.
Nous avons jugé que l’application de la Zakat par les banques islamiques nécessite
l’intervention de l’expert-comptable du point de vue comptable et de point de vue contrôle.
Il est important de noter que les banques islamiques ont l’obligation de calculer et fournir une
information sur la Zakat dû par actionnaires et par les titulaires des comptes d’investissement,
toutefois, nous nous intéressons dans notre étude uniquement à la détermination de la Zakat
dû par action.
La question soulevée, alors, dans le cadre de cette étude et que nous essayons d’analyser
profondément on se basant sur les normes comptables tunisiennes, sur la norme comptable
islamique N°9 et la norme de la Charia n° 35 relative à la Zakat est la suivante :
Quelles sont les rubriques du bilan d’une banque islamique qui entrent dans la détermination
de l’assiette de la Zakat dû par les actionnaires et quelles valeurs à prendre en considération
pour sa détermination ?
Dans quelle mesure la Zakat peut jouer un rôle important dans l’économie ? Et est ce qu’elle
représente une forme d’impôt ou une notion à part ?
Quelles sont les spécificités de la comptabilité islamique de l’AAOIFI ? Quelles sont les
principes et les conditions régissant le calcul de la Zakat ? Et Peut-on se baser sur les états
financiers préparés conformément aux NCT pour déterminer l’assiette de Zakat ? Dans quelle
mesure est-il faisable de retraiter la valorisation de certains éléments du bilan du coût
historique à la juste valeur ? Le calcul de l’assiette prendra-t-il en compte les réserves figurant
au niveau du rapport du Commissaire aux comptes ?
8
Qui sont les utilisateurs de cette information ? A qui est attribuée la tâche technique du calcul
de la Zakat en absence de formation à ce titre et qui est le garant de l’exactitude de cette
information ; est-il le commissaire aux comptes dans le cadre de sa mission d’audit légal ou
bien une autre mission spéciale se trouvera-t-elle mise en place ?
Méthodologie de recherche :
L’étude qui suit permet d’apporter des réponses claires et pratiques aux questions ci-dessus
posées et, par conséquent donner une méthodologie à appliquer pour le calcul de la Zakat des
banques islamiques.
Pour répondre à la problématique de notre recherche et réaliser les objectifs qui lui sont
assignés, nous avons structuré notre mémoire en deux parties :
Dans un premier chapitre, et étant donné que le sujet traite la Zakat des banques islamiques,
nous essayerons d’exposer les produits des banques islamiques et de présenter les spécificités
de ces banques du point de vue organisationnel, juridique et comptable. Quant au deuxième
chapitre, il sera consacré pour présenter le fondement et l’importance de la Zakat dans
l’économie, son aspect jurisprudentiel et son aspect comptable en se basant sur la norme
comptable islamique n° 9 relative à la Zakat.
Nous procéderons au traitement des rubriques du bilan des banques islamiques, présentées
selon les normes comptables tunisiennes (NCT), afin de déterminer l’assiette de la Zakat dû
par les actionnaires, illustré d’un cas pratique d’une banque tunisienne. Le premier chapitre
traitera la détermination de l’assiette de la Zakat en retraitant les rubriques du bilan et en se
basant sur les NCT, la norme comptable islamique n° 9, le guide de la Zakat de la Koweït et
sur la norme Charaique n°35 relative à la Zakat. Et le deuxième chapitre sera consacré pour
un cas pratique de calcul de la Zakat d’une banque islamique tunisienne en exposant certaines
contraintes d’ordre comptables et juridiques liées à la Zakat en Tunisie avec des perspectives
d’amélioration.
9
10
PARTIE 1 : SPECIFICITES DES BANQUES
ISLAMIQUES ET LES ASPECTS ASSOCIES A LA
ZAKAT
11
Introduction à la première partie :
Les banques islamiques ont des divergences par rapport aux banques conventionnelles
émanant des fondements et principes des banques islamiques. Ces fondements et principes
sont à l’origine de produits financiers pouvant être offerts par ces banques. Ainsi, les
spécificités de ces produits imposent des spécificités organisationnelles, juridiques et
comptables des institutions offrants ces produits.
Et étant donné que notre mémoire porte sur la Zakat des banques islamiques, nous jugeons
utile de présenter les spécificités de ce type de banques ainsi que les produits financiers y
afférents, car ces spécificités auront un impact sur la qualification des actifs et passifs dans
leur traitement dans la détermination de l’assiette de la Zakat qui fera l’objet d’étude dans la
deuxième partie.
Nous nous proposons donc de commencer, dans un premier chapitre par la présentation des
spécificités relatives aux banques islamiques et aux produits financiers islamiques.
Nous présentons dans le deuxième chapitre la notion de la Zakat et ses fondements, nous
démontrons leur importance dans l’économie et procède à la comparer avec l’impôt. Puis,
nous présentons les aspects jurisprudentiels et comptables associés à la Zakat.
12
CHAPITRE 1 : Banques islamiques : Présentation et spécificités
« Les banques islamiques sont des institutions dont l'activité principale est l'intermédiation
financière au sens sus développé (Celui qui mobilise des fonds sur la base de partage des
profits, les offrent à des utilisateurs sur la même base). Celles-ci fonctionnent dans l’esprit de
réaliser des profits dans le respect de la charia, tout en reconnaissant le caractère incertain
de l’issue des opérations financées »2
Partant de cette définition, la banque islamique est, donc, une institution financière qui exerce
toute activité bancaire en faisant référence aux règles et préceptes de la Charia. Elle joue un
rôle d’intermédiation, mais cette intermédiation semble être participative du fait qu’elle
permet aux déposants d’avoir une part dans le résultat de l’entreprise dans laquelle la banque
a pris participation.
Les différents produits spécifiques constituant l’actif et le passif des banques islamiques, que
nous venons de citer, feront l’objet d’une présentation au niveau des deux sous sections
suivantes.
2
Les banques islamiques : Fondements théoriques, Mr Amine MOKHEFI, Université Mostaganen,
http://elwahat.univ-ghardaia.dz
3
Ibrahim Bukhari, La conversion d’une banque conventionnelle en une banque islamique : rôle
d’accompagnement de l’Expert Comptable, mémoire d’expertise comptable, Université de Manouba ISCAE
Tunis septembre 2015.
13
1.2 Historique :
Le système bancaire islamique est un phénomène tout récent qui n’a vu le jour qu’à partir des
années 704. Toutefois, il a connu une rapide expansion et ce depuis les années 80.
- 1981 : Apparition de Dar al Maal al Islami دار المال اإلسالميDMI qui a créé de nombreuses
banques islamiques, et surtout en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Guinée, et Niger)
- Depuis les années 1990 : Ouverture de fenêtres islamiques par certaines banques classiques
4
El Mohandiz Abdeslam : Le système bancaire islamique, page 24. 1999.
5
Taoufik LACHHEB : Pratiques et expériences de la finance islamique « le cas d’ALBARAKA BANK
TUNISIA ». Et Dhia Eddine Fki : Audit d’une Banque islamique : Emergence de nouvelles zones de risque et
contrôles spécifiques étendus, Mémoire d’expertise comptable 2011/2012
14
- Depuis l’année 2000 : La propagation des banques islamiques en Nord Afrique et en Europe
notamment au Royaume uni et en Allemagne.
- On comptait en 2008 plus de 300 institutions financières islamiques réparties dans plus de
50 pays.
- En 2015, le secteur bancaire islamique du MENA représente un encours total avoisinant les
990 milliards de dollars.
Nous avons remarqué que le Moyen-Orient et l’Asie sont deux des principaux marchés sur
lesquels les banques islamiques sont propagées ; L’Arabie saoudite, Bahreïn, les Émirats
arabes unis, le Koweït et le Qatar, sont actifs au Moyen-Orient suivis de près par l’Égypte, le
Liban, Oman et la République arabe syrienne.
• Banques opérant dans un système islamisé à 100% : c’est le cas du Pakistan, Soudan,
Iran…
• Banques opérant dans un système dual ou partiellement islamisé : les banques sont
soumises à deux systèmes de réglementation, c’est le cas des pays de Golf et
notamment le Bahrein.
La Tunisie est parmi les pays qui ont accordé une importance à la finance islamique en
général et au système bancaire islamique en particulier. En effet, l’introduction ce système
dans son économie remonte aux années quatre-vingt.
Le système bancaire islamique en Tunisie est passé par les étapes suivantes :
15
loi N ° 85/108 du 6 Décembre, 1985 et par la loi N ° 2009 -64 du 12 août 2009
réglementant les institutions bancaires et financières offshore6.
Elle a été impliquée dans plusieurs projets de développement tels que le projet
d’aménagement des berges du lac, le parc d’activités économique de Bizerte…
En 2013, elle a obtenu l’agrément On shore pour devenir une banque résidente.
• En 2008 : ouverture du « Noor Islamic Bank » qui est la représentation de la banque
islamique « Noor des Emirats Arabes Unis » en Tunisie.
• En 2009 : Ouverture de la troisième Banque islamique « Banque Zitouna », il s’agit
d’une banque commerciale universelle qui a commencé ses activités le mois de Mai
2010. La réglementation du secteur bancaire en Tunisie lui est applicable.
En décembre 2014, elle a augmenté son capital en réservant cette augmentation à un
partenaire stratégique qui est la Banque Islamique de développement.
La « Banque Zitouna » gère en 2016 un réseau de 103 agences contre 85 agence en
2015 et elle a exprimé son intention d’ouvrir plus de 100 agences supplémentaires
dans les prochaines 5 années.
• En 2014 : Une première expérience de conversion d’une société de leasing
conventionnelle vers une banque islamique universelle. En effet, à la date du
28/03/2013, la société Al Wifack Leasing a déposé une demande d’agrément pour la
conversion de la société en banque islamique universelle, auprès de la Banque
Centrale de Tunisie. Le mois d’octobre 2014, Al Wifack Leasing a obtenu
l’autorisation de la BCT pour sa transformation en Banque universelle avec un capital
de 150 millions de dinars.
• Ouverture de fenêtres islamiques : D’autres banques conventionnelles ont ouvert des
fenêtres islamiques et commencé à offrir des produits islamiques. C’est le cas de la
Banque Tunisienne de Solidarité qui a commencé à offrir le produit Murabahah à
partir de décembre 2015.
Nous remarquons ainsi, une évolution de l’activité bancaire islamique en Tunisie. Selon un
rapport de Thomson Reuters, il existe une forte demande concernant la finance islamique en
6
Taoufik LACHHEB : Pratiques et expériences de la finance islamique « le cas d’ALBARAKA BANK
TUNISIA »
16
Tunisie, avec un potentiel pouvant atteindre 40% du total des actifs financiers d’ici jusqu’à
20207.
On s’accorde à dire que les banques islamiques fonctionnent en respectant les principes
fondamentaux qu’exige la Charia. Elle repose ainsi et principalement sur 5 principes qui
sont ; la prohibition de l’intérêt, l’Interdiction du « Gharar » et du « Maysir », l’Interdiction
des investissements illicites, le partage des profits et des pertes et l’adossement à un actif réel.
L’intérêt est assimilé au Ribâ par la quasi-totalité des Fukahaa de la Charia ; «La notion de
Ribâ désigne donc l’augmentation de valeur et correspondant à la fois à l’usure et au taux
d’intérêt »8.
Donc un taux d’intérêt fixé à l’avance en relation avec l’argent est considéré comme Ribâ,
rappelons que le Ribâ est expressément interdit par le Coran et par le hadith. Par conséquent,
l’intérêt est interdit, et cette interdiction est le principe central du système bancaire islamique.
Selon Imane Karich, « Gharar peut (donc) être défini comme la vente d’objets dont
l’existence et les caractéristiques ne sont pas certaines, étant donné le risque qui accompagne
7
https://chroniques.tn/2013/12/les perspectives de la finance islamique en Tunisie, un grand potentiel à
exploiter.
8
La finance islamique : des fondements au système. Fatima Zahra ALIOUI Laboratory Money and Financial
Institutions in the Arab Maghreb (MIFMA), University of Tlemcen, Algeria GUELLIL Zeyneb The Faculty of
Economic and Management Sciences, University of Tlemcen, Algeria, Soufyane BADRAOUI Laboratory
Industrial Enterprise and Society in Algeria (EISA) University of Tlemcen, Algeria.
17
cette probabilité, et qui soumet la validité de la transaction à des conjonctures ».(Karich,
2002)9
• D’une vente portant sur un bien (marchandise) qui n’est pas déterminée de
façon précise ;
• D’un prix qui n’est pas clairement fixé ;
• D’une transaction portant sur un bien (marchandise) dont le vendeur ne
possède pas encore ;
• D’un transfert de propriété conditionné à un évènement hasardeux.
Le « Mayssir » désigne tout contrat dont les droits des parties contractantes dépendent d’un
évènement aléatoire. Plus précisément, les termes contractuels tels que le prix, l’objet doivent
être bien définis au moment de la conclusion du contrat.
Il s’agit de l’interdiction de financer ou d’investir dans les activités jugées illicites par la
Charia. En effet, le financement ou la prise de participation sous la forme d’actions dans des
activités en relation, par exemple, avec l’alcool, l’armement, les drogues est prohibé dans
l’islam et donc, à exclure de l’univers d’investissement.
Le partage des profits et de pertes est tout un système qui caractérise l’activité bancaire
islamique, et il constitue, d’ailleurs, l’élément clé pour la mise en place d’un système bancaire
islamique.
« Plus concrètement, un investisseur doit confier ses fonds à un entrepreneur, avec qui il
partagera les bénéfices en fonction de la performance de l’actif sous-jacent, il devra
également partager toute perte éventuelle avec cet entrepreneur si celle-ci n’est pas due à une
9
www.institut-numérique.org/i1-les -principes-de-la-finance-islamique-5266b9258d022
18
négligence ou une faute grave de ce dernier. Ainsi le client d’une banque islamique a
pratiquement un statut d’actionnaire dans les investissements liés à ses contrats et son revenu
prend la forme de dividende »10.
La réalité de l’actif signifie que toute transaction financière doit être obligatoirement adossée
à un actif réel, tangible, matériel, échangeable et surtout détenu (Propriété de la banque).
Toute opération qui est adossée à un actif intangible, immatériel est interdite.
Il convient de noter que les opérations les plus pratiquées par les banques islamiques sont Al
Murabahah et Al Ijarah.
2.1 Al Murabahah :
Donc, le contrat « Murabahah » est un contrat entre la banque et le client dont l’objet est
l’engagement de la banque, qui joue le rôle d’intermédiaire commerciale, d’acheter un bien et
de le revendre au client moyennant le coût d’acquisition plus une rémunération convenus
d’avance entre les deux parties.
10
Ridha MEFTAH, Adéquation de la normalisation comptable et prudentielle pour les banques
islamiques en Tunisie, mémoire d’expertise comptable, Mai 2011.
19
L’opération « Murabahah» constitue l’opération la plus importante des banques islamiques.
Figure 1 : Schéma représentatif de l’opération « Murabahah»
Source : http://www.institut-numerique.org
Et comme présenté par le schéma sus visé, l’opération Murabahah se déroule selon 5 étapes
étant :
Pour être conforme à la Charia, ce produit financier nécessite le respect des points suivants:
20
• En cas de retard dans le paiement des échéances, la banque peut appliquer au client
défaillant des pénalités de retard qui seront logées dans un compte spécial « Produits à
liquider ». Mais elle ne peut réviser en hausse sa marge bénéficiaire en contrepartie du
dépassement de délai. En outre, en cas de mauvaise foi du client, la Banque est en
droit de réclamer, en sus des pénalités, un dédommagement des échéances non
honorées. Auquel cas, il conviendrait d’évaluer le préjudice par rapport à des critères
objectifs propres à la banque et éviter toute référence aux taux d’intérêts.
• Après la réalisation du contrat Murabahah, la marchandise devient la propriété
exclusive et définitive de l’acheteur final et le demeurera quels que soient les incidents
qui peuvent survenir par la suite.
2.2 Al Ijarah :
Selon les Normes Comptables de l’AAOIFI, « Certains jurisconsultes (Fuqaha) ont défini
l’Ijarah comme étant la possession du droit de jouir de l’usufruit qui découle de l’usage d’un
bien en échange d’une compensation. Certains Fuqaha ont inclut dans la définition la notion
de durée de cette jouissance »
Partant de cette définition, le contrat Ijarah permet au locataire de bénéficier uniquement des
avantages du bien et non pas le bien lui-même pour un prix et une période déterminée.
Pour que le contrat soit valable, les conditions suivantes doivent être respectées :
21
• A la fin du contrat, le client a le droit et non l’obligation de lever l’option
d’achat11.
Pour être conforme à la Charia, ce produit financier nécessite le respect des points suivants :12
• L'objet de la location (l'utilisation du bien loué) doit être connue et acceptée par les
deux parties.
• La location doit porter sur des biens durables, c'est à dire non destructibles du fait de
la jouissance ou de l'utilisation.
• Le bien loué de même que les accessoires nécessaires à son usage, doivent être remis à
l'utilisateur en état de servir à l'utilisation à laquelle ledit bien est destiné.
• La durée de location, le délai de paiement, le montant du loyer et la périodicité doivent
être déterminés et connus à la conclusion du contrat d’Ijarah.
• Le loyer peut être payé d'avance, à terme ou par tranches selon la convention des
parties.
• Les deux parties peuvent convenir d'un commun accord d'une révision du loyer, de la
durée de location et de toutes autres clauses du contrat.
• La destruction ou la dégradation du bien loué d'un fait indépendant de la volonté de
l'utilisateur n'engage la responsabilité de ce dernier que s'il est établi et qu'il n'a pas
11
Mohamed Ali JAZIRI : Les spécificités des institutions financières islamiques, impacts et conformité avec les
référentiels comptables en vigueur, mémoire d’expertise comptable, OECT, juin 2014.
12
http://www.labanqueislamique.fr/idjar.htm.
22
pris les mesures nécessaires pour la conservation du bien avec le soin d'un bon père de
famille.
• Sauf convention contraire, il incombe à la Banque d'effectuer tous travaux d'entretien
et de réparation nécessaires au maintien du bien loué dans un état de servir à l'usage
auquel il est destiné. De même, elle supporte toutes les charges locatives antérieures
au contrat de location. L'utilisateur assure quant à lui l'entretien d'usage du bien loué,
de même que l'ensemble des charges locatives nées à compter de la date de location.
Le Salam est une vente à terme ou le paiement se fait au comptant et la livraison à terme.
Dans un contrat Salam, la Banque intervient comme acquéreur, avec paiement immédiat du
bien qui lui sera livré à une date convenue avec le vendeur.
-Un contrat Salam parallèle, ou la banque vend une marchandise ayant déjà fait l’objet d’un
contrat Salam, à une tierce partie moyennant un paiement au comptant et livraison à une date
ultérieure.
Figure 3 : Schéma représentatif de l’opération « Salam »
Vente du bien
Vendeur Acheteur
Paiement de l’intégralité du prix d’achat
• La Banque (acheteur) passe une commande à son client pour une quantité donnée de
marchandises, d'une valeur correspondant à son besoin de financement.
• Le client (vendeur) adresse à la Banque une facture proforma indiquant la nature, les
quantités et le prix des marchandises commandées.
13
http://www.labanqueislamique.fr/Salam.htm
23
• Les deux parties, une fois d'accord sur les conditions de la transaction, signent un
contrat de Salam reprenant les clauses convenues (nature des marchandises, quantités,
prix, délais et modalités de livraison et/ou de vente pour le compte de la Banque, etc.).
• Parallèlement, les deux parties signent un contrat de vente par procuration par lequel
la Banque autorise le vendeur à livrer ou à vendre (selon le cas) les marchandises à
une tierce personne. Le vendeur s'engage, sous sa pleine responsabilité à recouvrer et à
verser le montant de la vente à la Banque.
• La rémunération du mandat du vendeur peut être consentie sous forme d'une
commission, d'une ristourne ou d'une participation à la marge dégagée par la vente des
marchandises. Elle peut aussi être décomptée au début de la transaction et intégrée au
montant de l'avance (financement Salam). En tout état de cause, son montant doit être
calculé par référence aux taux de marge pratiqués sur le marché pour des opérations
similaires.
• Le prix de vente des marchandises par le vendeur pour le compte de la Banque, doit
dégager une marge nette (après déduction des commissions et autres frais) au moins
égale au taux de rentabilité annuel minimum tel que fixé dans sa politique de
financement.
24
• L'acheteur ne peut pas vendre la marchandise avant sa livraison par le vendeur.
Toutefois, il est autorisé à le faire par le biais d'un contrat Salam parallèle.
La formule de l’Istisnaa peut revêtir l’aspect d’une opération triangulaire faisant intervenir
aux cotés de la banque, le maître d’ouvrage et l’entrepreneur dans le cadre d’un double
Istisnaa. Il s’agit donc de deux contrats, qui portent sur le même bien, mais qui sont
indépendants et ont des prix différents, cette formule s’appelle « Istisnaa Parallèle » السلم
الموازي.
Figure 4 : Schéma représentatif de l’opération « Al Istisnaa »
Transfert de la propriété de l’actif Location de l’actif
Le client s’adresse à la banque pour la conclusion d’un contrat avec la banque (Fabricant)
pour la fabrication et la livraison des biens spécifiés.
La banque fabrique et livre le bien au client à la date convenue dans le contrat.
Le client paie la banque selon les modalités prévues au niveau du contrat.
Les principales caractéristiques de ce contrat qui sont prévues par la norme comptable
islamique 10 peuvent être résumées comme suit :
25
• Le paiement est fixé d’avance entre les deux parties,
• Les matières premières servant à la construction du bien, sont fournies par le bailleur,
• La banque assume les risques de non-exécution ou de mauvaise exécution des travaux
par le producteur.
Les principaux produits spécifiques à l’activité d’investissement qu’on compte présenter sont
Al Mudarabah, les comptes d’épargne, les dépôts à vue et Al Musharakah. Al Mudarabah,
les comptes d’épargne et les dépôts à vue sont plus pratiquées par rapport à Al Musharakah.
Pour chacun des opérations citées, nous allons décrire le produit, présenter leurs
caractéristiques et énumérer les conditions de validité.
3.1 Al Mudarabah :
Donc, Al Mudarabah est un contrat qui met en relation un détenteur de fonds appelé Rab al
mal, et un entrepreneur appelé Mudarib, ou le premier apporte les fonds et le second apporte
son expertise.
La responsabilité de gestion incombe au Mudarib, et en cas de perte, c’est Rab al Mal qui la
supporte dans la limite de la somme investie sauf en cas de négligence de l’entrepreneur.
Les bénéfices résultant de l’opération sont partagés entre les deux parties selon un ratio
convenu à l’avance dans le contrat.
La Mudarabah absolue « المضاربة المطلقةpar laquelle Rab al Mal délègue la gestion des
opérations au Mudarib sans restriction. Le mudarib dispose alors de larges pouvoirs
discrétionnaires fondés sur son honorabilité et son expertise »15.
14
Mohamed Ali Jaziri : Mémoire d’expertise comptable les spécificités des institutions financières islamiques,
impacts et conformité avec les référentiels comptables en vigueur, IHEC Carthage, Juin 2014.
15
Normes Charaique de l’AAOIFI, norme n° 13 Al Mudarabah page 206.
26
La Mudarabah restrictive ou limitée « المضاربة المقيدةpar laquelle le rab al mal limite l’activité
du mudarib à un lieu ou un domaine d’activité et par tout moyen qu’il juge opportun, à la
condition de ne pas entraver l’accomplissement du travail du mudarib »16
Pour être exécuté, le contrat Mudarabah passe par les étapes suivantes :
Les conditions relatives au contrat Mudarabah peuvent être résumées, à partir de la norme
comptable Mudarabah de l’OOAIFI, comme suit :
• Le capital de la Mudarabah est constitué par des apports en numéraire et des apports en
nature. Les apports en nature sont évalués par des experts, ou selon une méthode convenue par
les parties.
16
Normes Charaique de l’AAOIFI,
AAOIFI, norme n° 13 Al Mudarabah page 206.
27
• Le capital de la Mudarabah ne peut pas être une créance du rab al mal à l’égard du mudarib
ou d’une tierce personne.
• Le capital doit être intégralement ou partiellement libéré.
Sont des comptes qui permettent au client de retirer son argent à tout moment par des
différents moyens tels que les virements et les cartes magnétiques etc. Et les retraits ne
peuvent être faits que dans la limite des fonds disponibles.
28
Dans ce type de comptes, la banque peut utiliser les fonds dans le but d’investir et elle est
responsable de toute perte pouvant avoir lieu17.
Ce sont des comptes de dépôts à terme, basés sur le principe de la participation. L’objectif de
ces comptes est d’inciter les gens à épargner. Ces comptes sont peu répandus. Les modalités
de fonctionnement sont généralement les suivantes18 :
Le client :
La banque :
3.4 Al Musharakah :
Donc, le contrat Musharakah est une forme de partenariat entre la banque et un ou plusieurs
clients visant à mettre en commun leurs capitaux en vue d’investir dans un projet.
17
Dhia Eddine Fki, « Audit d’une banque islamique, émergence de nouvelles zones de risques et contrôle
spécifique », mémoire d’expertise comptable, page 48, faculté des sciences économiques et de gestion de Sfax,
2012.
18
Hassen ben Ouhiba, Mémoire d’expertise comptable : « Les banques islamiques ; Etude de positionnement,
spécificités réglementaire et particularités d’audit » Université de Manouba, ISCAE Tunis », 2014.
19
Norme charaique n° 12 de l’AAOIFI, page 178.
29
Le contrat de Musharakah est similaire à la Mudarabah.. La divergence entre les deux contrats
réside du fait que dans le cas d’un contrat Musharakah,, les deux parties participent dans le
capital et dans la gestion et aussi dans les profits et les pertes réalisés.
« Les profits sont partagés selon des ratios déterminés et convenus par les deux parties, alors
que les pertes sont supportées selon la participation en capital de tout un chacun »20
Le profit revenant à chaque associé doit donc être prédéterminé, au contrat, comme une
proportion ou un pourcentage
tage et non comme un montant fixe.
20
Finance islamique : « Evaluation depuis 1970 à nos jours » International Journal of Innovation and Applied
Studies ISSN 2028-9324
9324 Vol. 10 No. 2 Feb. 2015, pp. 726-737
726 737 © 2015 Innovative Space of Scientific Research
Journals http://www.ijias.issr-journals.o
journals.org/
30
• Chacune des deux parties doit accepter le principe de la participation aux pertes et
profits du projet financé,
• Les modalités de répartition des bénéfices doivent être fixées lors de la conclusion du
contrat,
• Le partage des profits ne peut avoir lieu qu’après réalisation effective des bénéfices
(l’anticipation sur les résultats est interdite). Toutefois, des avances peuvent être
prélevées d’un commun accord entre les parties concernées.
31
Section 2 : Spécificités organisationnelles, juridiques et comptables des
banques islamiques :
La spécificité des opérations des banques islamiques ainsi que leurs fondements exigent une
organisation divergente de celle des banques conventionnelles, un cadre juridique leur
applicable et des normes comptables spécifiques aux produits financiers islamiques.
Les principes de gouvernance des IFI peuvent être définis comme l’ensemble des règles et des
pratiques qui régissent les relations entre les dirigeants, les déposants, ainsi que d’autres
parties prenantes telles que les salariés et les créanciers.
Les banques islamiques obéissent aux mêmes règles d’organisations et de gouvernance que
les banques conventionnelles avec certaines particularités imposées par le cadre général de
l’activité financière islamique à savoir les normes de gouvernance de l’AAOIFI. En
conséquence, on est face à une double gouvernance21.
Dans une banque islamique « Il [le dirigeant] doit gérer deux systèmes de logique
potentiellement contradictoires à savoir une logique d’efficience et une logique de maintien et
de protection des valeurs éthiques et religieuses. Ces logiques s’expriment à travers le
système de double gouvernance qui caractérise les banques islamiques »22.
21
Mohamed Ali Jaziri ; « les spécificités des institutions financières islamiques, impacts et conformité avec les
référentiels comptables en vigueur ». Mémoire d’expertise comptable, Université de Carthage, IHEC Carthage.
Juin 2014.
22
(Siagh, 2003)
32
AGO Conseil
religieux
Organes de
Gouvernance
Conseil d’Administration
Directeur Général
Organes de
Gestion
DGA
a- L’assemblée générale ordinaire a les fonctions suivantes en sous lignant les fonctions qui
sont spécifiques aux banques islamiques par rapport aux banques conventionnelles :
33
• Nommer les membres du conseil d’administration en s’assurant qu’ils sont
musulmans,
• Nommer les membres du comité de supervision de la Charia,
• Discuter et approuver le rapport annuel du conseil d’administration,
• Discuter et approuver le rapport du comité de supervision de la Charia,
b- Les fonctions qui incombent à l’assemblée générale extraordinaire sont similaires à celles
attribuées à l’AGE des banques classiques. En effet, elle examine :
• Toute modification statutaire, les augmentations et les réductions de capital,
• Les modifications relatives à la durée de la société, sa dissolution…
Les décisions du conseil sont prises par la majorité de ses membres et les actes accomplis en
contradiction avec les statuts sont nuls.
Etant donné que les transactions de la banque islamique sont régies par la Charia, les
administrateurs ne peuvent être choisis que parmi les musulmans, ça ce qui diffère le conseil
d’administration des banques islamiques de celui des banques conventionnelles.
Le conseil d’administration délègue une partie de ses pouvoirs à un directeur général choisi
parmi les musulmans, qui exerce ses fonctions sous son contrôle. Il est responsable de ses
actes devant le conseil24.
23
Malika Kettani, « Une banque originale la banque islamique ». Edition dar al-Kotob al-ilmiya (DKI), année
2005, page 94.
24
Malika Kettani, « Une banque originale la banque islamique ». Edition Dar al-Kotob al-ilmiya (DKI), année
2005, page 95
34
1.2 Les organes de contrôle :
A côté des organes classiques qui contrôlent l’activité bancaire classique, s’ajoutent aux
banques classiques le comité de supervision de la Charia et le comité interne de la Charia.
Nous allons étudier ces organes qui sont spécifiques aux banques islamiques, étant donné que
les autres organes classiques ne présentent pas de divergences par rapport à ceux au sein
d’une banque conventionnelle.
Définition et importance :
Donc, ce comité est un organe obligatoire dans une banque islamique. En effet, la banque ne
peut pas faire partie de l’Association Internationale des banques islamiques « AIBI » que si
elle dispose du comité de Supervision de la Charia.
Cette obligation est légitime du fait que l’existence de cet organe garantie le respect des règles
et principes de la Charia, par la banque, et en résulte le renforcement de la notoriété et de la
crédibilité de la banque auprès de ses clients.
Il convient de dire, alors, que le comité de supervision de la Charia est un élément clé dans la
structure d’une banque islamique et ses membres peuvent avoir forte influence sur le
développement de la banque.
35
Composition :
Le comité de supervision de la Charia est composé d’au moins de 3 membres spécialisés dans
la jurisprudence commerciale islamique ()فقه المعامالت. Ils doivent aussi avoir des
connaissances en matière de finance ce qui rend difficile l’existence de ce profil qui
conditionne des connaissances à la fois dans le domaine religieux et dans le domaine
bancaire.
La nomination de ses membres se fait généralement par les actionnaires dans le cadre de
l’AGO.
Missions :
Les principales missions du comité, telles que prévues par l’AAOIFI et l’IFSB sont les
suivantes25 :
-Assister les institutions dans l’élaboration des contrats et des produits pour qu’ils soient en
conformité avec les principes du droit musulman ;
Le comité élabore annuellement un rapport présentant l’opinion sur le respect des règles de la
Charia. Ce rapport qui doit être signé par tous les membres du comité, est destiné aux
actionnaires et aux déposants.
25
Hassen BEN OUHIBA : « les banques islamiques : Etude de positionnement, spécificités réglementaires et
spécificités d’audit, Mémoire d’expertise comptable » Université de Manouba, ISCAE Tunis », 2014.
36
L’opinion émis au niveau du rapport émane de différents travaux de contrôle effectués durant
l’exercice concerné tels que :
-La vérification du partage des profits entre les actionnaires et les déposants ;
Une structure d’audit interne de le Charia est créée au sein de la banque islamique soit sous
forme d’une division ou d’une cellule rattachée à l’audit interne, soit sous forme d’une
structure indépendante.
La structure d’audit interne de la Charia élabore, tous les 3 mois, des rapports qui sont
destinés à la direction générale. Elle communique, également, une copie au comité de
Supervision de la Charia.
Pour garantir l’efficacité de ce comité, ses membres doivent jouir de certaines qualités à
savoir la compétence en matière financière, une bonne formation dans la jurisprudence
commerciale islamique, la loyauté et l’honnêteté.
1.2.3 Relation du commissaire aux comptes avec les deux organes de la Charia :
En se référant aux normes n°1 et n°2 d’audit des institutions financières islamiques de
l’AAOIFI, l’auditeur externe doit communiquer avec les deux structures de contrôle de la
Charia.
37
Sous-section 2 : Spécificités juridiques :
Le fonctionnement des banques islamiques est régi par des principes qui diffèrent de ceux qui
régissent la finance conventionnelle.
L’ensemble des principes éthiques de la Charia qui constituent les piliers de la finance
islamique constitue une particularité de taille qui distingue la finance islamique par rapport à
la finance conventionnelle26.
Les banques islamiques ont des risques spécifiques par rapport aux banques conventionnelles.
La réglementation prudentielle bancaire conventionnelle inspirée du dispositif Bâlois ne
reconnaît pas ces spécificités en matière de risque. D’où la nécessité d’adapter les normes
internationales aux principes de la finance islamique et de mettre en place d’un dispositif
reconnaissant les spécificités non couvertes par le dispositif bâlois.
26
Lobna Feki, « Comptes de dépôts dans les banques islamiques : Enjeux réglementaires et comptables et
diligences du commissaire aux comptes ». Mémoire d’expertise comptable, Université de Carthage, IHEC Tunis
2015, page 17.
27
Ibrahim Boukhari, « Conversion d’une banque conventionnelle à une banque islamique », Mémoire
d‘expertise comptable, Université de Manouba, ISCAE Tunis, 2015.
38
standardisation et d’uniformité dans les pratiques des banques islamiques sont les principaux
facteurs de ce risque.
Ce risque revêt pour la banque islamique une importance capitale dans la mesure où il peut
porter atteinte à sa réputation et, par conséquent, se traduire par un mouvement de défiance de
certains clients ou de retrait de dépôts visant à sanctionner ce qui peut être interprété comme
non-respect des exigences du caractère islamique de l'institution.
-Risque commercial translaté : Ce risque est inhérent à la concurrence entre les banques
islamiques et les banques conventionnelles. Il a tendance à se concrétiser en cas d'insuffisance
appréciable et chronique du rendement des actifs de la banque islamique. Il peut se traduire
par un transfert des fonds vers les banques conventionnelles censées assurer une meilleure
rentabilité à leurs dépôts ce qui est de nature à accroître le risque de liquidité.
Afin de pallier ces risques, la banque islamique peut opter pour un transfert d'une part des
bénéfices alloués aux actionnaires au profit des déposants en vue d'améliorer la rentabilité de
leurs dépôts et par suite éviter, autant que possible, les crises de liquidité. En d'autres termes,
il s'agit de dissocier le risque normalement affecté aux déposants pour l'attribuer aux
actionnaires dans une opération intitulée translation de risque.
Dans un contrat Murabahah, par exemple, la banque se porte d’abord acquéreur du bien, ce
qui l’expose au risque de prix. Après la livraison du bien au client final, elle s’expose à un
risque de crédit sur les paiements attendus. A cela peut encore s’ajouter un risque de change si
l’une de ces étapes requiert un règlement en devise étrangère sachant qu'à chaque risque
correspond une affectation de fonds propres de la banque et une gestion spécifique.
Il en est de même pour le risque de crédit et le risque de marché inhérents au contrat d'Ijarah
qui témoignent d'un enchevêtrement manifeste. Dans les contrats de Mudarabah et de
Musharakah, la frontière entre les risques de participation et ceux de financement est
difficilement reconnaissable.
39
Le besoin d’adaptation des normes internationales aux banques islamiques a accéléré la
création de l’Islamic Financial Services Board (IFSB) en 2002. Basé à Kuala Lumpur en
Malaisie, cet organisme international de normalisation est destiné à promouvoir et à renforcer
la solidité et la stabilité de l’industrie financière islamique à travers la mise en place d’un
corpus de normes prudentielles de surveillance et de réglementation à même de contribuer à
l'intégration du système financier islamique dans la finance internationale28.
Les normes comptables internationales ne fournissent pas l’information suffisante pour que
les banques islamiques puissent présenter leurs comptes de manière requise par la Charia. Ces
normes ont été conçues pour les banques conventionnelles et nécessitent d’être complétées
par des normes conçues spécialement pour les banques islamiques.
Des organismes internationaux ont abordé ces questions à savoir, le « Accounting and
Auditing Organization of Islamic financial institutions » AAOIFI, le Malaysian Accounting
Standard Board (MASB) et le Indonesian Accounting Institute (IAI). Ces organismes feront
l’objet de présentation, avec détail, au niveau de la sous-section suivante relative aux
spécificités comptables.
28
Conseil des services financiers islamiques : www.ifsb.org.
29
Ridha Meftah « Adéquation de la normalisation comptable et prudentielle pour les banques islamiques en
Tunisie », Mémoire d’expertise comptable, Université de Manouba, ISCAE Tunis 2011, page 67
40
2.1.3 Particularités juridiques des statuts :
Les statuts des banques islamiques doivent tenir compte de certains éléments qui sont30 :
• L'expression explicite que toutes les activités de la banque doivent être en conformité avec les
dispositions de la Charia ce qui implique, entre autres, l'abolition des intérêts assignés aux
transactions et aux opérations financières.
• Le nom de la banque qui doit refléter la nature des activités bancaires islamiques.
• Les éventuelles divergences avec la loi devant régir les banques islamiques telle que la
stipulation du paiement obligatoire de la Zakat par la banque.
La vente de bien d’autrui : la vente d’un bien d’autrui ou d’un bien appartenant à la
communauté est suspendue jusqu’à ratification par l’ayant droit ou par le maitre.
30
Attiyat Yézen, « La conversion des banques conventionnelles en banques exerçant en conformité avec les
dispositions de la Charia», thèse de doctorat Jordanie, 2007
31
Mr Dia Eddine Fki, « Audit d’une banque islamique : émergence de nouvelles zones de risque et contrôles
spécifiques étendus », mémoire d’expertise comptable, Université de Manouba, ISCAE Tunis, 2012, page 69.
41
Intérêts de retard : La banque ne peut pas inclure dans le contrat une clause prévoyant
l’application des intérêts de retard en cas de paiement hors délai. Toutefois, certaines banques
prévoient des pénalités pour paiement tardif pour que le client ne soit pas négligent. Ces
pénalités dues à l’écoulement du temps, donc interdites, sont versés à des œuvres de charité.
En Tunisie, nous avons remarqué la naissance de certains textes d’ordre juridique qui
concernent l’activité bancaire islamique confirmant ainsi la volonté d’instaurer un cadre
juridique spécifique à la finance islamique d’une façon générale et aux banques islamiques
d’une façon particulière.
- Elle a défini et précisé le statut des contrats de Murabahah, Ijarah, Istisnaa, et Salam33,
- Elle a accordé à toutes les banques, la possibilité de distribuer des produits islamiques après
présentation d’une demande et obtention de l’autorisation de la BCT conformément aux
dispositions de l’article 22 de la nouvelle loi.
32
Article 11 de la loi
33
Article 12, 13, 14 et 15 de la loi.
34
Article 16 de la loi
35
Article 11 de la loi
36
General Council for Islamic Banks and Financial Institutions
42
2.2.2 Dispositions fiscales relatives aux banques islamiques :
« La retenue à la source ne s’applique pas aux montants payés au titre des contrats de
leasing, des contrats Ijarah, des contrats de cession Murabahah, des contrats d’Istisnaa et
des contrats de cession Salam conclus par les établissements de crédit »37.
Les services de l’Etat, des collectivités locales, des entreprises et établissements publics sont
exemptes d’effectuer une retenue à la source au taux de 25% sur le montant de la taxe de la
valeur ajoutée applicable aux montants égaux ou supérieurs à 1000 dinars TTC, payés au titre
des contrats de leasing et des contrats d’ijarah, de vente Murabahah, d’Istisnaa et de vente
Salam conclus par les établissements de crédit et par les institutions de micro finances38.
En outre, la loi de finance pour la gestion 2014 a institué un régime fiscal spécifique à
l’opération Murabahah, aux Sukuks islamiques et aux fonds communs de Sukuks:
« Sont considérés comme des revenus de capitaux mobiliers, les bénéfices nets des sukuks et
leurs revenus ainsi que les produits de liquidation du fonds commun des sukuks prévu par la
législation les régissant »39
« La retenue à la source ne s’applique pas aux montants payés par les établissements de
crédit au titre des acquisitions effectuées dans le cadre des contrats de vente Murabahah, et
ce lorsque les bénéficiaires des dits contrats ne sont pas tenus d’effectuer la retenue à la
source ainsi qu’au titre des acquisitions réalisées dans le cadre du mécanisme des sukuk
prévus par la législation en vigueur »40
En matière de droit d’enregistrement, les différents types de contrats dont l’objet est en
rapport avec les produits financiers islamiques, font partie de la réglementation en vigueur.
Nous citons ainsi ce qui suit :
« Doivent être enregistrés dans un délai de soixante jours à compter de leur date :
37
Code de l’IRPP et de l’IS Article 52, paragraphe g. Article 36-4 de la loi de finances n° 2011-7 du 31/12/2011
38
Code de la TVA, Article 19 bis, Ajouté article 37 de la loi de finance n°7 de l’année 2011 au 31 décembre
2011
39
Code de l’IRPP et de l’IS, Article 34, paragraphe 7, Ajouté art 28 LF N° 2013-54 du 30/12/2013.
40
Code de l’IRPP et de l’IS, Article 52, paragraphe g, Ajouté, Art 81-2 de la loi de finances n° 2013-54 du
30/12/2013.
43
- (…) Les actes sous seing privé portant transmission de propriété, de nue-propriété ou
d'usufruit d'immeubles, de fonds de commerce ou droit à la clientèle ou portant vente de
murabahah relative aux mêmes biens ou cession de droit à un bail ou au bénéfice d'une
promesse de bail portant sur tout ou partie d'un immeuble41.
- Les contrats sous seing privés portant opérations d’Istisnaa relatives à des immeubles42.
- (…) Les actes sous seing privé portant prêts, crédits-bail ou ouvertures de crédit ou
d’ijâra43 »
Certains produits islamiques ont été traités par des textes juridiques. Nous avons récapitulé
ceci comme suit :
- Al Murabahah : Ce produit a été stipulé dans la loi n° 98-39 du 2 juin 1998 relative aux
ventes avec facilités de paiement. Cette loi est compatible avec les règles de la Charia
puisqu’elle a donné des définitions très vastes des parties intervenantes dans une opération de
vente avec facilité et a donné aussi une grande marge de manœuvre aux intervenants par
exemple la loi prévoit que le commerçant peut demander des pénalités de retard qui ne sont
pas envisageables par l’Islam. Avec cette flexibilité, nous pouvons considérer cette loi comme
étant un cadre parfait de ce produit financier islamique.
- Al Mudarabah : le code des obligations et des contrats a consacré tout un titre (30 articles)
pour ce produit de l’article 1195 jusqu’à l’article 1225. Le Mudarabah a été bien définit dans
l’article 1195.
- Al Mousharakah : a été traité de 1249 à l’article 1451 du COC. La législation a fournit dans
ces présents articles un cadre excellent et parfait pour ce produit car notre législation s’adresse
même à des formes spécifiques de contrat Musharakah tel que la société à métayage qui est
connue dans la littérature financière islamique par le contrat Mouzaraah.
41
Code des droits d’enregistrement et de timbres, article 3, paragraphe 3.
42
Code des droits d’enregistrement et de timbres, article 3, paragraphe 3 bis.
43
Code des droits d’enregistrement et de timbres, article 3, paragraphe 12.
44
2.2.4 Formation :
D'un autre côté, beaucoup d’universités en Tunisie sont en train d’aider au soutien de
l’expansion de l’éducation et de la sensibilisation par des programmes de maîtrise en finance
islamique. Al-Baraka Bank soutient actuellement trois universités pour l’organisation d’un tel
programme, alors que l'objectif déclaré de la Banque Zitouna est d'accorder un intérêt
particulier au processus d’éducation par le biais de divers canaux tels que les médias
conventionnels, et les médias numériques.
Les représentants du système bancaire islamique estiment qu'ils seraient sollicités aussi bien
de la part des particuliers que des entreprises, en attendant que de nouvelles lois soient
promulguées et que le niveau de connaissance et de sensibilisation à la finance islamique
évolue. La Banque Zitouna a, en outre, manifesté son intérêt pour une expansion à l’étranger
et particulièrement en Europe où réside une importante communauté musulmane et a exprimé
l’intention d’inaugurer un établissement pour les fonds de placement permettant aux
différentes catégories de détenteurs de fonds d’investir et ce en collaboration avec plusieurs
institutions44.
On a remarqué l’absence d’une référence, dans les normes comptables internationales IFRS,
pour la traduction comptable de certaines transactions des produits financiers islamiques qui
se distinguent, au niveau de leur structuration et au niveau de leurs objectifs, des produits
financiers classiques.
Les spécificités de ces produits offerts par les banques et les institutions financières
islamiques ont nécessité la conception des normes comptables qui leur sont spécifiques, et ont
amené le monde des spécialistes de la finance islamique à fournir de l’effort pour
l’élaboration d’un référentiel comptable adapté. Le résultat de ces efforts a mené à la création
de l’Accounting and Auditing Organisation for Islamic Financial Institutions (AAOIFI).
44
Ibrahim Boukhari « La conversion d'une banque conventionnelle en une banque islamique : Rôle d'accompagnement de
l'Expert-Comptable » mémoire d’expertise comptable, Université de Manouba, ISCAE Tunis, 2015.
45
Dans cette sous-section on essaiera de présenter brièvement les principaux normalisateurs
comptables internationales, de présenter les spécificités relatives aux principes comptables
fondamentaux retenus par l’AAOIFI, les spécificités relatives aux traitements comptables des
produits bancaires islamiques, ainsi que les spécificités de présentation.
L’Audit and Accounting Organisation for Islamic Financial and Institutions est une
organisation à but non lucratif, fondée au Bahrein ayant pour mission l’élaboration des
normes comptables, d’audit, de gouvernance et d’éthique pour les IFI.
L’objectif de l’AAOIFI par la mise en place des normes comptables qui sont applicables à
l’activité financière islamique est la standardisation des pratiques comptables des institutions
financières islamiques afin de rendre ces institutions plus comparables et plus transparentes.
Les normes comptables publiées par l’AAOIFI sont appelées « Financial Accounting
Standards for Islamic Financial Institutions » FAS. Le nombre des FAS publiés,
actuellement, est de 26 normes45.
Elle a publié, jusqu'à présent, 4 publications techniques46 spécifiques aux IFI en complément
aux normes IFRS pour faciliter l’application des normes IFRS pour les opérations financières
islamiques.
45
Source : Salima Bennani & Azzouz Elhamma : La comptabilité en Finance Islamique selon les normes
AAOIFI, éditions universitaires européennes, 2015.
46
Les 4 publications sont les suivantes : Comptablisation de la Zakat, Ijarah, Présentation des états financiers
des institutions financières islamiques, contrats de vente conformes à la Charia.
46
Indonesian Accounting Institute (IAI) :
Il a publié 9 normes ; une norme relative à la présentation et la préparation des états financiers
conformément à la Charia et 8 normes relatives aux différents produits financiers islamiques.
3.2 Les principes comptables spécifiques à l’activité bancaire islamique retenus par
l’AAOIFI :
Les principes comptables englobent les hypothèses sous jacentes et les conventions
comptables.
Quant aux hypothèses sous jacentes, l’AAOIFI a maintenus les deux hypothèses comptables
prévues par le cadre conceptuel de l’IASB (International Accounting standards Board) à
savoir l’hypothèse de la continuité d’exploitation et l’hypothèse de la comptabilité
d’engagements.
Quant aux conventions comptables, l’AAOIFI en a retenu la plupart d’entre eux et ne qui sont
pas en contradiction avec les dispositions de la Charia, à savoir :
- la convention de l’entité,
- La convention d’objectivité,
47
- La convention de l’information complète et
Cependant, d’autres conventions ont été rejetées par l’AAOIFI pour la raison qu’elles peuvent
donner lieu à des circonstances non conformes à la Charia. Nous parlons de principe de la
prééminence du fonds sur la forme et du principe de prudence.
Les normes comptables conventionnelles IAS/IFRS exigent que l'information comptable soit
présentée en fonction de sa substance et sa réalité économique et non pas sur la base de sa
forme légale. Ce concept est reconnu sous le principe de la « Prééminence de la Substance sur
la Forme » et n’est pas admis par le référentiel AAOIFI qui rejette ce principe comptable et
énonce que ce principe est à l'encontre de la Charia.
Le fondement de ce rejet provient du fait que la Charia donne beaucoup d'importance aux
accords contractuels qui déterminent clairement les droits et les obligations des parties
contractantes47.
Principe de prudence :
Ce principe signifie que la situation financière de l’entité ne peut pas être présentée d’une
manière plus favorable qu’elle ne l’est en réalité. De plus les évènements favorables ne sont
généralement pris en compte que lorsqu’ils ont lieu effectivement, et ce contrairement aux
évènements défavorables qui doivent être pris en charges dès que leurs degrés de réalisation
est probable.
Le recours au principe de prudence se trouve nécessaire dans plusieurs situations telles que
l’estimation des montants des créances douteuses.
Le reporting financier islamique est assimilé à un reporting juste et exact qui reflète
réellement la position financière de l’entité. Pour cette raison, le principe de prudence s’inscrit
en opposition aux dispositions de la Charia.
47
Ridha Meftah : « adéquation de la normalisation comptable et prudentielle pour les banques islamiques en
Tunisie », mémoire d’expertise comptable, Université de Manouba, ISCAE Tunis, 2011.
48
3.3 Méthodes d’évaluation :
Toutefois et contrairement aux normes comptables tunisiennes NCT, la méthode basée sur la
capacité à générer des cash flows futurs n’est pas admise par la jurisprudence islamique. Ceci
est impliqué par la non reconnaissance de la valeur temporelle de l’argent par cette
jurisprudence. Pour cela, l’AAOIFI a suggéré la méthode des flux actualisés qui consiste à
évaluer l’actif au prix du marché s’il était vendu au comptant.
Nous allons nous focaliser sur les principaux produits à savoir ; le Murabahah, Ijarah,
Mudarabah, Al Musharakah.
Al Murabahah :
Cette opération est traitée par la norme comptable islamique FAS 2 « Murabahah et
Murabahah pour le compte du donneur d'ordre » qui la définit « comme une opération de
vente de marchandises à son coût plus une marge bénéficiaire convenue ».
- Les actifs acquis dans le but de les vendre sur la base d’un contrat Murabahah, doivent être
comptabilisés, à la date d’acquisition, au coût historique.
- A l’arrêté comptable, deux méthodes d’évaluation doivent être appliquées selon le type de
promesses qui peut exister entre la banque islamique et le client. Si la promesse est
contraignante c'est-à-dire le client est obligé d’exécuter la promesse, l’actif continue à être
évalué au coût historique. Dans le cas contraire, si la promesse est non contraignante, l’actif
doit être évalué à sa valeur de marché, et la différence entre le coût historique et la valeur de
marché est comptabilisée dans le résultat.
49
- Les réductions potentielles à obtenir après l’acquisition de l’actif telles que la remise ou la
ristourne donnent lieu à un réajustement du coût d’acquisition, et ne doivent pas être
considérées comme des revenus.
- Les produits sont comptabilisés proportionnellement sur la durée prévue dans l’échéancier.
Toutefois, et sur décision du comité de supervision de la Charia, les produits de Murabahah
peuvent être constatés au fur à mesure de l’encaissement des échéances. Par ailleurs, la
banque peut réduire le montant de la créance et ainsi le montant des produits, et ce dans le cas
d’un règlement anticipé par le client.
- Dans le cas où le client donne une caution ()ھامش الجدية, cette dernière est constatée parmi les
passifs de la banque. Le montant payé est retourné au client si le contrat Murabahah est
assorti d’une promesse non contraignante . Cependant, le montant de la perte réelle subie
par la banque à cause d’une rétraction du client à l’achat du bien, peut être déduit du montant
de la caution, et ce dans le cas de l’existence d’une promesse contraignante.
Al Ijarah :
Cette opération est traitée par la norme comptable islamique FAS 8 « Ijarah et Ijarah
acquisitive ». Elle a défini l’Ijarah comme un contrat de location simple sans option d’achat.
Et définit l’Ijarah acquisitive comme un contrat de location avec option d’achat (Le transfert
peut intervenir par don, par transfert de propriété avec contrepartie symbolique ou contre une
somme spécifiée dans le contrat, par transfert de propriété avec un prix équivalent aux
versements restants à recevoir ou par transfert progressif de la propriété de l’actif loué).
- L’actif acquis est comptabilisé dans une rubrique intitulée « Actifs destinés à l’Ijarah » au
coût historique,
- Les coûts engagés et servant à la conclusion du contrat Ijarah sont constatés parmi les
charges de l’exercice sauf si ces coûts sont significatifs, dans tel cas, ils sont répartis
proportionnellement sur la période du contrat,
50
- A la fin de l’exercice, l’amortissement des actifs en question est constaté dans les charges de
la banque, à l’instar des actifs similaires qu’elle détient,
- Les dépréciations de l’actif loué doivent être constatées au niveau des comptes du bailleur.
- Les produits de location sont constatés dans un compte « Revenus Ijarah » déduction faite
des coûts de conclusion du contrat, étalé sur la période du contrat.
Al Mudarabah :
Le traitement comptable relatif au capital Mudarabah investi par la banque islamique est
prévu par la norme FAS 3. L’opération Mudarabah est un partenariat qui met en relation une
ou plusieurs parties fournissant le capital et une autre partie qui fournit l’expertise ou le
savoir-faire.
- L’opération Mudarabah doit être constatée par la banque islamique à la date de la mise à
disposition des fonds par le déposant (Rab al mal), de même ou les versements sont effectués
par tranches, la comptabilisation se fait dans la limite des tranches versés.
- Si le capital Mudarabah est libéré en nature, il doit être évalué à la juste valeur de l’actif
apporté,
- A l’arrêté comptable, le capital doit être évalué. En cas de dépréciation, la banque en tant
qu’entrepreneur (Mudarib), ne constate aucune perte tant qu’elle n’est pas responsable de
cette perte. Toutefois, si cette perte est réalisée avant le démarrage du projet, elle doit être
déduite du capital Mudarabah et constatée dans le résultat de la banque.
- Pour un contrat Mudarabah qui s’étale sur plus d’un exercice, la part de la banque des
profits générés et distribués ainsi que la créance à verser aux titulaires des comptes doit être
comptabilisée pour chaque période séparément. En cas de perte, la part des pertes générées est
à déduire du capital Mudarabah.
Musharakah :
51
faveur du projet. Si, par contre, l'apport de la banque est effectué en nature, sa part doit être
évaluée à la juste valeur convenue entre les parties au contrat.
- A l’arrêté comptable, la part de la banque islamique dans le capital doit être évaluée au coût
historique si la Musharakah est de type "Musharakah à durée illimitée". Et si la Musharakah
est de type "Musharakah dégressive", la part de la banque est évaluée au coût historique
diminué du coût des participations cédées au partenaire. La différence entre le coût et la juste
valeur des participations cédées au partenaire doit être constatée dans le compte de résultat
(Profit ou perte).
- La part de la banque dans les profits réalisés par les contrats Musharakah qui portent sur
plusieurs exercices, doit être comptabilisée dès son encaissement au cours de la période en
cours. En cas de perte, la part de la banque doit être constatée et déduite du part dans la
Musharakah.
A côté des composantes prévues par les référentiels comptables conventionnels qui sont le
bilan, l’état de résultat, l’état des flux de trésorerie et le tableau de variation des capitaux
propres, les états financiers des banques islamiques doivent inclure d’autres composantes
spécifiques pour répondre aux besoins de publication liées aux autres fonctions devant être
assurées par la banque islamique.
La présentation des états financiers des banques islamiques comporte aussi certaines
spécificités par rapport aux états financiers des banques conventionnelles.
Etant donné que la banque assure un rôle de gestion des comptes d’investissement participatif
restreint, l’AAOIFI a prévu un état financier intitulé « Le tableau de variations des
investissements restreints ».
• Etat des ressources et des emplois des fonds de la Zakat et des fonds de la Charité.
• Etat sur les ressources et les emplois des fonds destinés aux prêts gratuits (Qardh Hassan)
52
Principales spécificités de présentations des états financiers :
Les principales divergences de présentation des états financiers prévues par l’AAOIFI par
rapport aux référentiels comptables conventionnels dont le la norme NCT 21, concernent les
comptes d’investissements participatifs non restreints et les comptes d’investissements
participatifs restreints.
L’AAOIFI exige que fonds relatifs aux comptes d’investissements participatifs non-restreint
soient présentés au niveau du bilan dans un compte séparé entre les fonds propres et les
dettes. Le fondement de cette présentation c’est que ces fonds ne donnent pas à leurs titulaires
une part dans le capital de la banque ni un droit de vote, par conséquent ne peuvent pas être
traités comme des fonds propres. De même, ils ne peuvent pas être traités comme des dettes
(Passif) car il n’y a aucune assurance de leur remboursement par la banque.
Quant aux fonds relatifs aux comptes d’investissements participatifs restreints, ils sont inscrits
en hors bilan.
53
CHAPITRE 2 : Notion de la Zakat et son aspect comptable :
1.1 Définition
En arabe, le terme de Zakat signifie : pureté, accroissement et droiture48. En effet, cela est
prévu au Coran par le verset suivant :
« Prélève de leurs biens une Sadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux.
Ta prière est une quiétude pour eux ». Sourat Attawba, 103.
Elle peut être donc, définit comme un devoir religieux pour les musulmans avec la
satisfaction de certaines conditions prévues par la Charia.
La Zakât est un mécanisme de distribution des revenus entre deux communautés qui
cohabitent entre elles. Le critère de proximité dans le choix de la population récipiendaire est
fortement recommandé. Il y a, d’une part, ceux qui sont bénéficiaires de
la Zakat majoritairement composée de la communauté des pauvres et des indigents et, d’autre
part, tout le reste de la communauté qui est déterminé par le critère de la possession de biens
marchands ou de la possession d’un quota monétaire qui excèdent leurs besoins usuels.49
48
Razi, Muhammad, (2004) "Mukhtar al-Sihah (Dictionnaire Arabe-Arabe)", Dar al-Kitab al-Arabi, Beirut,
p.119. Disponible aussi sur: http://www.almaany.com/fr/dict/ar-fr/
49
Abderrahmene Lahlou, la ZAKAT joue un rôle dans le développement économique et social.
www.Saphirnews.com
54
Sur le plan économique, la Zakat est définit comme un prélèvement sur toutes les richesses
productives destiné particulièrement aux pauvres et aux nécessiteux50. Elle est en réalité un
droit des pauvres et des nécessiteux.
Etant donné que notre sujet porte sur la Zakat, nous jugeons utile de présenter les fondements
de la Zakat et d’exposer l’évolution de son historique.
Fondements de la Zakat :
La Zakat est le troisième pilier de l’Islam, et elle est donc l’une de ses obligations. Ceci
trouve son fondement dans le Coran, la Sunna et l’Ijmaâ (le consensus).
Dans le Coran, nombreux et diversifiés sont les versets qui parlent de la Zakat, nous citons à
ce titre les versets suivants :
(43 : ” َوأَقِي ُموا الص َﱠالةَ َوآَتُوا ال ﱠز َكاةَ َوارْ َكعُوا َم َع الرﱠا ِك ِعينَ “ )البقرة:قال تعالى
« Et accomplissez la Salâ et acquittez la Zakâ. Et tout ce que vous avancez de bien pour vous-
mêmes, vous le retrouverez auprès d'Allah, car Allah voit parfaitement ce que vous faites » La
vache, 110.
(110 :)البقرة
50
El Kettani, 1997, p.190.
55
« Accomplissez la Salâ, acquittez la Zakâ et obéissez au messager, afin que vous ayez la
miséricorde » Annour, 56.
(56 :” َوأَقِي ُموا الص َﱠالةَ َوآَتُوا ال ﱠز َكاةَ َوأَ ِطيعُوا ال ﱠرسُو َل لَ َعلﱠ ُك ْم تُرْ َح ُمونَ “ )النور:قال تعالى
La Sunna a aussi montré que la Zakat est aussi l’un des piliers de l’Islam et qui est une des
obligations de l’Islam.
Dans le Hadith connu d'Ibn Omar, que Dieu leur accorde la satisfaction (DAS), le Prophète,
bénédiction et salut de Dieu sur lui (BSDL) a dit : « L'Islam est fondé sur cinq: la Chahada
(l'attestation qu'il n'y a de Dieu que Dieu et que Mohamed est son Prophète), l'institution de
la prière, le don de la Zakat, le pèlerinage à la Mecque et le jeûne du mois de Ramadhan »51.
عن ابن عمر رضي ﷲ عنه قال سمعت رسول ﷲ صلى ﷲ عليه وسلم يقول )بني اإلسالم على خمس شھادة أن ال إله إال
52
(ﷲ وأن محمدا رسول ﷲ وإقام الصالة وإيتاء الزكاة وحج البيت وصوم رمضان
En outre, Ibn Abbas raconte que le Prophète (BSDL) a envoyé Mouâd au Yémen et lui a dit:
« Tu les inviteras à reconnaître qu'il n'y a de Dieu qu'Allah et que Mohamed est son
Prophète, s'ils acceptent, tu les informeras qu'Allah a institué cinq prières dans la journée,
s'ils acceptent, tu les informeras qu'Allah leur a imposé une charité prise dans les biens de
leurs riches pour être restituée à leurs pauvres »
فإذا ﺟئتھم فادعھم إلى أن يشھدوا أن، )إنك ستأتي قوماً من أھل الكتاب:قال رسول ﷲ صلى ﷲ عليه وسلم لمعاذ بن ﺟبل
فأخبرھم أن ﷲ قد فرض عليھم خمس صلوات في كل يوم، فإن ھم أطاعوا لك بذلك، ال إله إال ﷲ وأن محمدا رسول ﷲ
فإن ھم، فترد على فقرائھم، تؤخذ من أغنيائھم، فأخبرھم أن ﷲ قد فرض عليھم صدقة، فإن ھم أطاعوا لك بذلك، وليلة
53
( فإنه ليس بينه وبين ﷲ حجاب، واتق دعوة المظلوم، فإياك وكرائم أموالھم، أطاعوا لك بذلك
Il convient de dire que la Sunna a apporté plusieurs compléments en relation avec la Zakat
tels que le Nissab, l’assiette, la liquidation, le recouvrement etc.
51
Hadith apporté par Al Boukhari et Muslim.
52
Hadith apporté par Al Boukhari et Muslim.
53
Hadith apporté par Al Boukhari et Muslim
56
Les formes modernes d’investissements de la Zakat :
Actuellement, la Zakat est collectée par des banques publiques sociales ou par des banques
islamiques. Ces dernières ont un service de solidarité sociale dont le rôle est de recueillir la Zakat
et de la redistribuer pour permettre la réalisation de projets de développement tels que la
construction d’hôpitaux, la contribution à l'équipement des universités et des écoles, ou pour offrir
aux pauvres les moyens de faire leur voyage de pèlerinage. Parmi ces banques, on peut citer la
Banque Sociale Nasser en Égypte et la Banque islamique Fayçal. En revanche, la manière
informelle consiste à verser la Zakat à des personnes de confiance chargées de la redistribuer. En
effet, nombreux sont ceux qui doutent de l’efficacité et de l’équité de l’utilisation par le secteur
public de l'argent de la Zakat alors que les personnes de confiance sont plus proches des
nécessiteux et peuvent donc mieux connaître leurs besoins
À cet égard, il existe des formes modernes de gestion de la Zakat qui ne font pas partie du secteur
public mais qui ont les qualités techniques et administratives nécessaires pour bien investir et faire
fructifier la Zakat. Plusieurs pays à majorité musulmane (Émirats arabes unis, Qatar, Arabie
Saoudite, Algérie, Jordanie, etc.) ont instauré des fonds de Zakat. Ce sont des institutions
religieuses et sociales qui œuvrent sous la tutelle du gouvernement pour lui garantir leur
couverture juridique. Leur objectif est de recenser les sommes d'argent de la Zakat pour les
dépenser au profit des familles démunies à travers une allocation trimestrielle, semestrielle ou
annuelle. Elles utilisent également ces ressources pour financer les projets d'investissement en
faveur de pauvres et pour acquérir des équipements pour les petites entreprises54.
Outre le rôle social de la Zakat qui se présente par la réduction des inégalités entre les riches
et les pauvres, elle se dote d’un rôle économique que nous essayerons de le démontrer.
Le rôle de la Zakat dans le développement économique peut être abordé comme suit :
54
Zaïd, A., Abdelkhalek, T., Ouelhazi, Z « La charité islamique, un levier innovant » 2013, Page 16
et 17.
57
- La Zakat stimule la circulation de l’argent et combatte la thésaurisation en réinjectant un
surplus social dans la vie économique. En effet, la catégorie qui dispose d’un surplus est face
à deux alternatives : consommer le surplus qui lui évite de payer la Zakat et dans ce cas, la
demande et l’investissement accroissent, ou bien accepter de payer ce surplus et donc
permettre à l’autre catégorie à faible revenu de dépenser pour consommer.
- Les bénéficiaires des revenus de la Zakat peuvent utiliser ces ressources pour créer des
projets commerciaux qui sont susceptibles d’améliorer leur niveau de vie et pourront par la
suit même devenir contributeurs à la Zakat. « De nouveau la production et l’emploi se
renforcent et des revenus nouveaux sont distribués à l’occasion de la production et en
conséquence l’assiette de la Zakat s’élargira »56. Ces facteurs mènent à l’augmentation du
revenu moyen par habitant et donc au développement économique.
- La Zakat s’occupe des problèmes de la santé en affectant un montant pour fournir des
médicaments et garantir les soins nécessaires ce qui rend plus dynamique la
commercialisation des produits médicaux.
55
Dr Abdeljabar Bessais, Impact de la ZAKAT sur l’économie.
56
Dr Abdeljabar Bessais, Impact de la ZAKAT sur l’économie
57
Dr Masdour Fares: les objectifs de la ZAKAT dans la vie économique de l’individu.
58
- La Zakat peut, par l’aide accordé aux endettées, aider les personnes à éviter la faillite. Elle
peut être considérée ainsi une forme d’assurance pour l’investisseur, puisqu’elle lui donne la
sécurité contre les risques d’investissement.
Aux Emirats Arabes Unis, les fonds de la Zakat sont utilisés pour le financement de plusieurs
projets au profit de plusieurs catégories de bénéficiaires de la Zakat.
Tableau 1 : Distribution de la Zakat entre 2009 et 2014 par catégorie aux Emirats Arabes
Unis (Les catégories de bénéficiaires ne sont pas exhaustives) (En Dirhams)
2011 1 612 650 7 831 835 12 329 576 6 146 634 1 901 812
2012 3 894 000 7 044 658 12 851 324 7 746 748 2 586 534
2013 4 846 000 4 872 423 12 992 865 6 775 566 2 429 614
2014 7 695 132 7 902 409 15 547 981 4 694 314 3 030 456
Source : Site officiel des fonds de la Zakat aux Emirats arabes unis (En arabe)
59
2012 et à 9 millions de dollars en 2013. La fondation affecte 91% de cette somme aux
programmes d'aide d'urgence et le reste est alloué aux dépenses administratives58.
Etant l’objet du présent mémoire et comme elle est considérée comme un impôt tant qu’elle
est une redistribution d’une partie de la richesse des riches vers d’autres catégories, nous
avons jugé important de consacrer une sous-section pour une comparaison entre la Zakat et
l’impôt.
L’impôt est un instrument procurant aux pouvoirs publics, les moyens financiers nécessaires
pour mener à bien leur politique. Il est ainsi un instrument de redistribution des revenus de la
part des citoyens vers les pouvoirs publics59.
Il y a deux types d’impôt ; direct et indirect. L’impôt direct est l’impôt qui est supporté
directement et en dernier lieu par le contribuable identifié par l’administration et c’est le cas
de l’impôt sur les revenus et l’impôt sur les sociétés. Par contre, l’impôt indirect est l’impôt
qui peut être répercuté par le contribuable sur d’autres personnes, et c’est le cas de la TVA ;
l’entreprise est le redevable légal devant le trésor public alors que le redevable réel est le
consommateur.
Et c’est l’impôt direct institué par l’article 3 du code d’impôt sur les revenus des personnes
physiques et d’impôt sur les sociétés qui nous intéresse pour faire la comparaison avec la
Zakat.
L’impôt jouit de plusieurs rôles. Nous allons présenter brièvement certains de ces rôles. Son
principal rôle est de couvrir les charges de l’Etat. Les services de l’Etat ont un impact positif
indirect sur les différents individus (Santé, éducation, affaires sociales etc.).
Il a un rôle social qui est traduit par la redistribution de revenu et plusieurs rôles
économiques. En effet, les investissements de l’Etat (Infrastructure etc.) constituent un terrain
favorable aux investisseurs et donc contribue à la multiplication des investissements.
58
Charity Navigator. “Zakat Foundation of America: current rating.”
http://www.charitynavigator.org/index.cfm?bay=search.summary&orgid=10986#.UvmNfPldXy5.
59
Bernard JURION, quelques réflexions sur l’évolution du rôle économique de l’impôt, 2010, pages 19 et 20.
60
2.1 Points de Convergences :
Les principaux points de convergence que nous allons présenter sont au nombre de 8 qui sont
comme suit :
Le caractère obligatoire :
La Zakat et l’impôt ont les deux un caractère obligatoire. Alors que le premier
est un devoir religieux (exigé par Allah) prévu par le Coran et la Sunna60, le
deuxième est un devoir imposé par le législateur61.
Les deux formes d’impôt sont payées sans contrepartie directe. Le contribuable
en payant l’impôt, il ne s’attend pas à une contrepartie autre que le droit de
bénéficier des services rendus par l’Etat, et en payant la Zakat, il s’attend la
satisfaction de Dieu « » مرضاة ﷲ.
Le principe d’annualité :
Les deux formes d’impôt sont exigibles annuellement. La Zakat doit respecter
al Hawl (le passage d’une année lunaire, et l’impôt conventionnel est établi
chaque année sur le montant total des bénéfices ou revenus réalisés ou perçus
pendant l’année précédente62.
60
Nous avons déjà présenté les sources de cette obligation au niveau de la partie fondements de la Zakat.
61
Article 3 du code d’IRPP et d’IS.
62
Article 7 du code de l’IRPP et de l’IS.
61
L’existence d’un seuil :
Les deux sont exigibles à partir d’un seuil déterminé. La Zakat est exigible à
partir d’un seuil appelé Nissab (nous en parlerons avec détail au niveau de la
sous-section relative aux conditions de la Zakat) et l’impôt est payé à partir
d’un revenu déterminé prévu par le législateur : un revenu annuel de 5 000
dinars pour les personnes physiques (C’est le cas de la Tunisie).
Les deux impôts sont prélevés en obéissant à des règles fixées par la Charia ou
par l’Etat ; on parle des conditions d’exigibilité, la nature d’activité etc.
La retenue à la source :
L’impôt sur les revenus et l’impôt sur les sociétés font l’objet d’une retenue à
la source telle que prévu par le code de l’IRPP et de l’IS63. La Zakat peut être
retenue et payée par la société au lieu de ses actionnaires, par le Mudarib au
lieu de Rab Al Mal dans le cas d’une opération de financement de Mudarabah.
L’existence de plus qu’un taux frappant les revenus des personnes physiques et
plus qu’un taux applicable pour l’impôt sur les sociétés. Ainsi, l’impôt sur le
revenu est calculé suivant un barème qui varie entre 19,50% à 35%64, la plus-
value réalisée au titre de la vente des valeurs mobilières sont soumises à un
taux de 10%65, la plus-value réalisée dans le cadre des revenus fonciers est
soumise à un taux de 25% et un autre de 50%66. Le taux d’impôt sur les
sociétés est variable selon la nature d’activité ; un taux de 25% est applicable
en principe, toutefois, un taux de 10 est appliqué pour les entreprises exerçant
une activité agricole, un taux de 35% pour les établissements de crédit67.
63
Article 52 du code de l’IRPP et de l’IS.
64
Article 14 de loi N°78-2016 du 17 décembre 2016 portant loi de finance pour l’année 2017.
65
Code de l’IRPP et d’IS, Article 44, paragraphe 3, 3ème tiret
66
Code de l’IRPP et d’IS, Article 44, paragraphe 3, 2ème tiret
67
Code de l’IRPP et d’IS, article 49.
62
Pour la Zakat, on remarque aussi l’existence de plusieurs taux ; un taux de 10%
ou de 5% pour la récolte et un taux de 2,5% pour la monnaie et les biens de
commerce, et ce à titre d’exemple.
Les principaux points de divergence que nous allons présenter sont au nombre de 11 qui sont
comme suit :
Bénéficiaire :
L’impôt est payé pour le trésor public alors que la Zakat est collectée et
distribuée à l’une des 8 catégories prévues par le Coran.
L’impôt est restituable d’après le code de l’IRPP est de l’IS « L’excédent non
imputable est reportable sur les acomptes provisionnels ou sur l’impôt annuel
exigible ultérieurement et il peut faire l’objet d’une restitution »68. Cependant,
la Zakat, une fois payée ne peut pas faire l’objet de restitution.
Taux à la limite de la
Tranches Taux
tranche supérieure
De 0 à 5 000 dinars 0 0%
De 5 000 à 20 000 dinars 26% 19,50%
De 20 000 à 30 000 dinars 28% 22,33%
De 30 000 à 50 000 dinars 32% 26,20%
Au-delà de 50 000 dinars 35% -
68
Code de l’IRPP et de l’IS, Article 54, paragraphe 1.
63
Les taux de la Zakat sont fixes dans le temps et dans l’espace. Ils ne changent
pas quelque soit l’année de son exigibilité et quelque soit le pays où ils se
trouvent les biens soumis.
Cependant, les taux d’impôt changent d’une année à une autre et d’un pays à
un autre.
Qualité du contribuable :
La Zakat est applicable uniquement aux musulmans alors que l’impôt est
applicable sur les musulmans et les non musulmans.
Forme de versement :
Base de calcul :
L’impôt est calculé sur le revenu alors que la Zakat est dû sur la fortune. Les
fonds qui ne sont pas investis ne sont pas soumis à l’impôt mais ils sont soumis
à la Zakat si les conditions d’imposition se trouvent réunies.
Partant de ces règles et en ce qui concerne les sociétés, l’impôt est calculé à
partir de l’état de résultat tant qu’il frappe le revenu alors que la Zakat est
calculée à partir du bilan tant qu’elle est dû sur la fortune.
La prescription de l’impôt :
La Zakat dû n’est jamais prescrite et elle reste toujours dû. Par contre l’impôt
conventionnel est prescrit dans un délai de 4 ans pour les impôts ayant fait
l’objet de déclaration et dans un délai de 10 ans pour les impôts non déclarés69.
69
Code des droits et procédures fiscaux, articles 19 et 20.
64
L’existence d’incitations fiscales :
La Zakat est appliquée aux fonds eux-mêmes quel qu’en soit le propriétaire.
Elle est exigible sur l’ensemble des biens sans exception, si les conditions de
son exigibilité sont réunies
Paiement d’avance :
« Les personnes morales passibles de l’impôt sur les sociétés et les personnes
physique soumises à l’impôt sur le revenu exerçant une activité commerciale
sont soumises au paiement de trois avances au titre de l’impôt dû en raison de
leurs revenus ou bénéfices globaux appelés « Acomptes provisionnels70 »
Valorisation :
Le caractère personnel :
70
Code de l’IRRPP et de l’IS, article 51, paragraphe 1.
65
2.3 Complémentarité entre la Zakat et l’impôt :
Après avoir présenté les principaux points de divergence et de convergence entre la Zakat et
l’impôt conventionnel, la question qui se pose à ce niveau, est ce que le paiement de l’un,
exempte le contribuable du paiement de l’autre ? Ou est ce qu’ils peuvent cohabiter ?
D’après les recherches du 4ème congrès relatif à la Zakat contemporain71, l’impôt exigé par
l’Etat n’exempte pas le contribuable du paiement de la Zakat, vu la divergence entre les deux
du point de vue de la partie imposante, de la fin de chaque impôt, et la partie pour lesquels
sont versés. Il a été ajouté aussi que l’impôt n’est pas déductible de la Zakat dû.
La Zakat est un devoir religieux et elle représente une ressource permanente pour les pauvres
et les nécessiteux. Ses bénéficiaires sont différents de ceux de l’impôt. L’Etat a le droit
d’exiger un impôt dans la limite de l’intérêt public mais ça ne pourrait pas exempter le
contribuable de payer la Zakat72.
L’institution de l’impôt a pour but, la couverture des charges et des investissements publics
qui bénéficient indirectement à tous les contribuables, et il doit être dépensé dans la limite de
l’intérêt public73.
L’impôt reste obligatoire a coté de la Zakat lorsque les fonds de la Zakat ne peuvent pas
couvrir les dépenses et réaliser les objectifs pour lesquelles l’impôt est instauré74.
71
Recherches et travaux du 4éme congrès relatif à la Zakat contemporain. Fatwas et recommandations, Beit
Azzaket all Kuweiti , 1994, page 608.
72
Abu Zayd Mohamed, Massouliyat al Hakem ani Azzakat jamaa wa tafrikan, le Caire, université de Caire,
2004, page 141.
73
Abu Zayd Mohamed, Massouliyat al Hakem ani Azzakat jamaa wa tafrikan, le Caire, université de Caire,
2004, page 141.
74
Youssef Karadhaoui, Fekh Azzakat, partie 2 (Tome 2), page 1076.
66
Section 2 : Aspects jurisprudentiels de la Zakat :
Les aspects jurisprudentiels de la Zakat englobent ses conditions économiques ainsi que ses
principes.
La Zakat est exigible sous certaines conditions qui peuvent être, telles que mentionnés dans
les ouvrages du Fikh, résumées comme suit :
Al Hawl est l’aspect temporel du Nissab et il signifie l’année par ce qu’elle passe et se
renouvelle75.
Sa signification quant à la Zakat veut dire la possession du bien, atteignant le Nissab, chez son
propriétaire pendant une année lunaire complète exception faite pour les produits de la terre
tels que les céréales, les fruits, les métaux et minerais dont la Zakat est exigible76.
L’argument de ceci réside dans le Hadith du Prophète Mohamad bénédiction et salut de Dieu
sur lui (BDSL) rapporté par Ali Ibn Abi Taleb disant : « Point de Zakat sur tout bien n’ayant
pas accompli le Hawl »
Partant de cette définition, la Zakat est exigible une fois par année pour ce type de bien
Zakataire. L’année lunaire comporte à peu près de 354 jours.
Pour les produits de la terre, la Zakat y relative est exigible le jour de la récolte.
75
Al Barakati, Ettaarifat al-fiqhia, Page 220
76
Dr Layachi Feddad, Fikh ZAKAT, les biens Zakataires, Page 25
67
1.2 L’atteinte du seuil (Nissab):
Le Nissab est définit comme le seuil ou la quantité minimale requise et connue pour que le
bien soit assujetti à la Zakat77.
Donc le Nissab est la mesure en dessous de laquelle, la Zakat n’est pas exigible. Il diffère
suivant la nature des biens soumis à la Zakat :
-Pour la monnaie en Or, le Nissab est fixé à 20 dinars d’or qui est équivalent à peu
près à 84 grammes d’or78.
La propriété intégrale signifie que le propriétaire s’approprie le bien et le possède ce qui lui
confère tous les droits légaux dont : la jouissance ou l’utilité ou de tout autre usage toléré par
la loi.
L’appréciation de son existence (le bien) réside dans son essence même, ou l’utilité, qui
procure à son détenteur (parmi les individus) une satisfaction ou une dédommagement tant
qu’il n’existe aucun interdit à cela79.
Et, le fait de dire que la propriété soit absolue ou totale signifie que le bien doit être la
propriété du seul propriétaire indemne de tout endettement et, la possibilité pour ce dernier
d’en disposer du libre usage. Ainsi, l’utilité de ce bien doit être à l’avantage de son
propriétaire80.
77
Annawawi, Tahrir Alfadh Attanbih, Page 102, Dar al-Qalam
78
Habib Ben Taher, Al Fekh Al Meliki wa Addelatouhou, Partie II, page 36-37
79
Al Karafi, Al Fourouk, T.3, P 208.209
80
Qaradaoui, Fiqh Zakat T1 Page 22
68
En outre, le bien doit être réellement disponible entre les mains du propriétaire (en dispose la
propriété). Ce qui nous amène à dire que les biens doivent être inventoriés pour voir ce que le
propriétaire dispose le jour d’exigibilité de la Zakat et il ne faut pas se limiter aux
enregistrements comptables (actifs du bilan).
Cependant, dire que le bien croît ne signifie pas une auto-croissance mais une prédisposition à
la croissance par le commerce ou l'élevage puisque ce dernier permet l'obtention du lait, du
beurre et assure la reproduction. Le commerce permet la réalisation de bénéfices et de là, la
cause se substitue au moyen. C'est ce lien de causalité qui explique leur rattachement quant à
l'exigibilité de la Zakat81.
Ce qui nous amène à dire que les biens qui ne sont pas destinés au commerce que le
propriétaire en est besoin, ne font pas partie de l’assiette de la Zakat, tel est le cas des
immobilisations corporelles qui sont destinées à la production. Ils s’agissent des biens de
production.
Il est à noter cette condition est considérée comme une règle pour la détermination de la Zakat
et elle est devenue un des fondements des biens Zakataires.
L’argent doit être Halal parce que la Zakat est un culte financier. Cela signifie que les argents
provenant d’une activité qui est prohibée par la religion ne sont pas soumis à la Zakat.
Les principes de la Zakat sont au nombre de 3 et qui peuvent être détaillés comme suit :
81
Al Kassani, Badaiyaâ T2 P11
69
2.1 Indépendance des années Zakataires :
Chaque année de Zakat a un début et une fin et elle est indépendante des années suivantes, et
il n’est pas permis d’obliger deux Zakat pendant la même année ou de subir la même Zakat
par l’argent deux fois par an pour éviter le principe de la double imposition et la preuve de
ceci est la parole du prophète Mohamed ( )صلى ﷲ عليه وسلم: « Il n’y a pas de dédoublement
dans la Zakat ».
Cependant, il n’est pas permis d’associer les argents qui ne sont pas de même catégorie, c’est
le cas d’associer les biens de commerce aux animaux pour avoir le Nissab.
Pour les prélèvements Zakataires en nature, les unités et quantités prélevables peuvent ne pas
correspondre à la valeur exacte de ce qu’il faut acquitter, pour cette raison, il est indispensable
de réévaluer les biens non monétaires qui sont soumis à la Zakat afin de savoir leurs valeurs
réelles à la date d’exigibilité de la Zakat.
Il existe plusieurs techniques d’évaluation à la juste valeur dont nous nous limitons de
présenter les principales qui sont les suivants :
-Valeur de marché : elle se fonde sur les prix et d’autres informations pertinentes générées par
des transactions de marché sur des actifs, des passifs ou un groupe d’actifs et de passifs83.
82
Norme d’’information financière 13 « évaluation à la juste valeur », paragraphe 9.
83
Norme d’’information financière 13 « évaluation à la juste valeur », paragraphe B5.
70
-Valeur d’utilité par actualisation des flux de trésorerie attendus : Il s’agit d’un outil qui sert à
relier des montants futurs (Des flux de trésorerie ou des valeurs) à un montant actuel au
moyen d’un taux d’actualisation. Cette méthode fait intervenir, principalement, les éléments
suivants :
• Une estimation des flux de trésorerie futurs liés à l’actif ou au passif à évaluer,
• La valeur temps de l’argent,
• Le prix pour supporter l’incertitude inhérente aux flux de trésorerie (C'est-à-
dire une prime de risque)84.
Cependant, ce n’est que la valeur de marché qui est reconnue par la Charia étant donné que
valeur d’utilité basée sur l’actualisation des flux de trésorerie attendus n’est pas admise par la
jurisprudence islamique. Ceci est expliqué par le non reconnaissance de la valeur temporelle
de l’argent par la Charia.
Les éléments du bilan d’une banque islamique nécessitant une évaluation à la valeur de
marché pour les besoins de calcul de la Zakat sont :
-Les actions qui sont acquises en vue de spéculation : la valeur retenue correspond au cours
boursier à la date d’exigibilité de la Zakat. Il faut tenir compte des coûts de vente des actions.
-Le stock des biens acquis en vue de la revente dans le cadre d’une opération de Murabahah :
il peut s’agir des biens tangibles ; meubles (généralement des véhicules), immeubles (terrains,
bâtiments, etc.) ou des biens intangibles à savoir les logiciels.
D’une façon générale, l’évaluation des stocks des biens ci-dessus cités se fait sur la base :
• Des prix sur des marchés actifs pour les biens ayant un marché actif ; on entend par
marché actif « un marché pour lequel sont réunies les conditions ci-après :
• Les éléments négociés sur ce marché sont homogènes ;
• On peut normalement trouver à tout moment des acheteurs et des vendeurs
consentants ; et
• Les prix sont mis à la disposition du public »85.
84
Norme d’’information financière 13 « évaluation à la juste valeur », paragraphe B13.
85
Norme comptable internationale IFRS 13 « évaluation à la juste valeur »
71
• Des prix des marchés d’actifs identiques ou similaires pour les biens n’ayant pas de
marché actif.
Pour garantir une évaluation fiable des terrains et constructions, il est préféré de faire recours
à un évaluateur indépendant possédant une qualification professionnelle pertinente et
reconnue et une expérience récente quant à la situation géographique et la catégorie de
l’immeuble objet de l’évaluation.
De même pour les biens meubles qui restent chez la banque plus qu’une année, le recours à un
évaluateur qualifié, est requis.
-Stocks de bâtiments non achevés construits dans le cadre d’opérations Istisnaa : l’évaluation
doit se faire par le recours à un évaluateur qualifié.
-Les garanties réelles reçues par la banque86 : il s’agit, généralement, des immeubles.
L’évaluation de ces biens est utile car ils sont pris en considération pour le calcul de la
provision des créances douteuses.
Les banques font généralement, recours à une expertise pour évaluer les garanties réelles
reçues, mais cette expertise doit être annuelle pour le besoin de la Zakat, notamment avec la
fluctuation continue des prix dans le secteur immobilier.
La base soumise à la Zakat relative aux banques est obtenu après détermination
respectivement de la valeur des actifs soumis à la Zakat et la valeur du passif déductible de
ces actifs.
Les actifs sont constitués par les ressources économiques que possède l’entreprise qui sont
capables de générer des avantages économiques futurs et ayant un potentiel de générer des
flux positifs de liquidité ou de réduire la sortie de fonds87.
86
Ils s’agissent des garanties prévues par le code des droits réels et qui sont principalement pour le cas d’une
banque : le gage et l’hypothèque.
87
Cadre conceptuel de la comptabilité, 1996, paragraphe 51.
72
La signification des actifs se reprochent de la signification islamique des biens qui peuvent
être définis comme suit : « tout ce qu’on peut posséder et s’approprier et qui a une valeur
procurant une utilité dans les conditions normales »88.
Dans le contexte de la Zakat, le bien désigne tout ce que peut s’approprier (Actif réel) et qui
est donc sujet à Zakat89.
Les actifs de la banque sont composés, d’après la Norme Comptable Tunisienne NCT 21
« Présentation des états financiers des établissements bancaires »90, des éléments suivants :
Ces éléments sont présentés par ordre décroissant de liquidité. Nous remarquons que les actifs
peuvent être divisés (classifiés) selon plusieurs critères. Ces classifications sont utiles pour
qualifier si l’actif est soumis ou pas à la Zakat en s’appuyant aux conditions de la Zakat.
-En actifs recouvrables et actifs irrécouvrables91 : les créances sont de deux sortes : des
créances sur un débiteur solvable, appelées dans le vocabulaire comptable « des créances
recouvrables », et des créances sur un débiteur mauvais payeur ou insolvable ; celles-ci sont
appelées dans le vocabulaire comptable « les créances douteuses ». Les oulémas et les
spécialistes contemporains jugent que les premières sont immédiatement soumises à une
Zakat, même si elles ne sont pas encore recouvrées, puisque le contribuable est en mesure de
les recouvrer et d’en disposer, tout comme les dépôts. Quant aux secondes, elles ne sont pas
88
Dr Layachi Feddad, Fiqh ZAKAT, les biens Zakataires, page 17.
89
Youssef Al Qaradaoui, Fiqh Azzaket, T1, page 126.
90
Norme comptable NCT 21, paragraphe 8, Actifs
91
http://islamweb.net/frh, Dr Kawthar abd al-Fattah al-abdjî, le caractère inimitable de la législation sur la Zakat,
s’agissant des règles de l’estimation de la capacité financière et du seuil monétaire minimal, page 20.
73
assujetties à une Zakat, puisqu’il n’est pas certain d’en profiter. Selon ‘Umar ibn ‘Abd al-
‘Azîz, al-Hasan, al-Awza’î et Mâlik, si le créancier les recouvre, il paye leur Zakat pour une
92
seule année .
Ce critère est applicable aux éléments AC2, AC3, AC4 et AC5. Les valeurs ayant un caractère
certain d’être recouvrable, sont soumises à la Zakat. Cependant ceux qui sont douteuses, ne
sont pas imposables car ils perdent la condition de la propriété intégrale.
-En actifs circulants et actifs immobilisés93 : Les actifs circulants sont les biens qui sont
susceptibles de s’accroître avec le travail pour réaliser un rendement économique, profit et
valeur ajoutée, comme les fonds destinés au négoce. Le contribuable peut posséder des biens
susceptibles de croître, mais sous forme d’argent liquide qu’il ne place pas dans des
entreprises. Ces biens seront appelés dans ce cas « des biens tacitement productifs », car ils ne
sont pas exploités, non pas parce qu’ils sont défectueux, mais parce que leur propriétaire ne
les a pas investis. En comptabilité, les biens susceptibles d’augmenter en valeur sont appelés «
les actifs circulants », puisqu’il s’agit de les employer dans un projet qui commence par un
capital en argent liquide qui se transforme en marchandises qui, une fois vendues, se
transforment de nouveau soit en argent liquide, soit en créances, et ainsi de suite dans des
cycles successifs ; et le profit et la croissance résultent de la circulation et de l’emploi de
l’argent. Ainsi, ces facteurs sont à l’origine des bénéfices et représentent l’assiette de la Zakat.
Ces biens immobilisés sont possédés pour l’usage personnel et qui ne sont pas destinés à être
vendus ni être investis. Ces biens, représentés par les constructions, les meubles, le matériel
informatique, les logiciels, etc., ne sont pas soumis à une Zakât.
Maymûn ibn Mahrân, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Quand le jour où vous devez payer
la Zakât arrive, comptez ce que vous avez de biens et de marchandises destinées à la vente,
puis estimez-en la valeur en monnaie et ajoutez-y vos créances recouvrables ». Ainsi,
l’assiette de la Zakât sera l’ensemble de l’argent, des marchandises destinées à la vente et des
créances recouvrables, soit les actifs circulants dans le langage de la comptabilité ; tout bien
en dehors de ceux-ci est destiné à l’usage personnel et n’est pas soumis à la Zakât, puisqu’il
s’agit d’actifs immobilisés. Samura ibn Djundub, qu’Allah soit satisfait de lui, dit : « Le
92
Ibn Qudâmah, al-Mughni, Partie II, PP. 46-47 ; Dr. Chawqi Ismaïl Chahâtah, Al-Tatbîq al-Mu’âssir lil-Zakât,
Dâr al-Churûq, PP. 130-133.
93
http://islamweb.net/frh, Dr Kawthar abd al-Fattah al-abdjî, le caractère inimitable de la législation sur la Zakat,
s’agissant des règles de l’estimation de la capacité financière et du seuil monétaire minimal, pages 12 et 13.
74
Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) nous ordonnait de payer la Zakat sur ce que nous
destinions au commerce »94. Conformément à ce hadith, les actifs immobilisés, selon le
vocabulaire de la comptabilité, sont exclus de l’assiette de la Zakat95
De ce fait, les avoirs de la banque disponibles chez elle ou chez autres institutions, les dépôts
auprès des autres banques, les biens stockés en vue de la vente dans le cadre de contrat de
financement Murabahah, les placements, les créances nées des dépôts, de la vente, de loyer
émanant des contrats de location Ijarah et Ijarah acquisitive et des placements sont tous
soumis à la Zakat. Toutefois l’élément AC6 valeurs immobilisées, sont à exclure la Zakat car
elles sont improductives.
-La nature des projets dans lesquels les actifs sont investis : les créances émanant des
investissements dans des activités illicites par la Charia ainsi que les créances émanant des
obligations qui sont prohibées par la Charia ne sont soumises à la Zakat. Par contre, les autres
créances sont soumises à la Zakat.
Les passifs sont constitués par les obligations actuelles de l’entreprise, résultant de
transactions ou d’évènements passés, nécessitant le transfert futur à d’autres entités de
ressources représentatives d’avantages économiques96.
Les passifs de la banque sont composés, d’après la Norme Comptable Tunisienne NCT 21
« Présentation des états financiers des établissements bancaires »97 :
94
Charh al- Tirmidhi, partie III, page 104
95
http://islamweb.net/frh, Dr Kawthar abd al-Fattah al-abdjî, le caractère inimitable de la législation sur la Zakat,
s’agissant des règles de l’estimation de la capacité financière et du seuil monétaire minimal.
96
Cadre conceptuel de la comptabilité, 1996, paragraphe 51.
97
Paragraphe 8, passifs.
75
Par ailleurs, selon le consensus unanime des jurisconsultes, les biens imposables doivent être
exempts de dettes.
Les passifs de la banque doivent être classifiés (Divisés) selon deux critères :
-Le critère d’exigibilité : les dettes qui sont exigibles sont déduites des argents de la Zakat.
Cette condition est préconisée par la majorité des Fouqahas dans leurs dires concernant les
dettes qui exemptent l'acquittement de la Zakat.
Partant de cette condition, les dépôts de la banque centrale, les dépôts des banques et des
institutions financières, les dépôts de la clientèle, les emprunts et les ressources spéciales
doivent être déduites de la base de la Zakat. Par contre, les dettes qui ne sont pas exigibles
telle que les provisions pour risques et charges sans un jugement judiciaire contre la société
n’est pas déductible.
-Le critère de rattachement du passif à un actif : les dettes qui financent un actif soumis à la
Zakat font l’objet de déduction de l’assiette alors que celles finançant des actifs non soumis à
la Zakat, ne doivent pas être déduites de cette assiette. De ce fait, les dettes qui financent les
opérations de Murabahah, de Mudarabah, des placements, sont déductibles de l’assiette. Par
contre, les fournisseurs d’immobilisations n’en sont pas déductibles.
-Le critère de licéité : les passifs du et correspondant à des revenus générés par des dépôts à
vue qui ne sont pas participatifs, ne sont pas déductibles de l’assiette de la Zakat.
76
Section 3 : Aspects Comptables de la Zakat :
Les aspects comptables de la Zakat touchent la normalisation comptable y relative, les étapes
utiles pour son calcul et les personnes qualifiées ainsi que les outils nécessaires pour son
calcul.
La Zakat a fait partie des réflexions du normalisateur comptable islamique AAOIFI. En effet,
ce normalisateur a élaboré toute une norme relative à la liquidation de la Zakat des institutions
financières islamiques.
Avant de présenter cette norme, il est important de présenter d’abord le normalisateur ayant
émis cette norme qui est l’AAOIFI.
L’Accounting and Auditing Organisation of Isalmic Finance Institutions est une organisation
à but non lucratif qui a été créée en 1995 sous l’initiative de la Banque Islamique de
Développement (BID) avec la participation de 7 autres banques islamiques ayant vu la
nécessité de développer des normes comptables adaptables aux différents produits islamiques.
IDB (Arabie Saoudite), Al Rajhi Bank (Arabie Saoudite), Dallah Albaraka (Arabie Saoudite),
Al Bukhari Foundation (Malaisie), Kuweit Finance House (KFZ), Dar Al Mal Al Islami
(Suisse).
Structure :
98
Site officiel de l’AAOIFI.
77
-Un conseil s’administration composé de 15 membres nommés par l’assemblée
générale.
-Un conseil de Charia composé des spécialistes en jurisprudence islamique ayant pour
mission le contrôle de la conformité des normes émises avec la Charia.
-Un conseil des Principes Comptables et d’Audit, composé de 15 membres élus pour 4
ans ayant pour mission l’élaboration des normes comptables et d’audit.
Objectifs :
Les travaux de l’AAOIFI sont exécutés en respectant toujours la conformité à la Charia. Son
but principal est de renforcer la confiance des utilisateurs des états financiers des institutions
financières islamiques qui doivent répondre à ses besoins.
99
Site officiel de l’AAOIFI.
78
Ces normes sont adoptées par plusieurs pays comme le Soudan, le Bahrein, le Liban, la Syrie
et la Jordanie, etc.
Tout cela a contribué à une vraie réussite de l’organisation qui est représentée, actuellement
par 200 institutions dans plus de 45 pays.
1.2 Présentation de la norme comptable islamique relative à la Zakat des IFI conçue par
l’AAOIFI :
La Zakat est traitée par la norme FAS 9 de l’AAOIFI. Elle pour but de fixer les règles de
détermination de l’assiette de la Zakat et la divulgation de l’information la concernant au
niveau des états financiers des IFI.
Les méthodes de détermination de l’assiette de la Zakat sont au nombre de deux qui sont les
suivantes :
• La méthode de l’actif net qui est utilisée de la manière suivante :
Assiette de la Zakat= Les actifs soumis à la Zakat- (Les dettes à payer+les
créances des titulaires des comptes d’investissement non restreints+les droits
des minoritaires+les dettes envers l’Etat+les droits des entreprises à but non
lucratif)
• La méthode des Capitaux nets qui est utilisée comme suit :
Assiette de la Zakat= Captal libéré+les réserves+le résultat non
distribué+revenu net+dettes non payables à la fin de l’exercice-(Actifs
immobilisés nets+les investissements acquis pour des fins autres que la
commercialisation+les résultats reportés).
Dans le cas où la banque est obligée de payer la Zakat, la Zakat est considérée comme une
charge qui doit apparaître au niveau de l’état de résultat. Et en cas de non-paiement, elle doit
figurer parmi les passifs de la banque.
79
Les cas où la banque se trouve obligée de payer la Zakat sont :
• L’existence d’une loi obligeant la banque de s’acquitter de la Zakat.
• L’existence d’une clause au niveau des statuts de la société l’obligeant de
payer la Zakat,
• Existence d’une décision de l’association générale de la banque l’obligeant à
payer la Zakat.
Dans le cas où la banque n’est pas obligée de payer la Zakat, le montant de la Zakat dû doit
apparaître au niveau de l’état des ressources et d’emplois des fonds de la Zakat, avec le
montant de la Zakat provenant d’autres sources.
-Avis du comité de supervision de la Charia sur les volets relatif à la Zakat et qui ne sont pas
couverts par la norme comptable FAS 9.
-L’indication si la banque, en tant société mère, paie elle-même sa part de la Zakat des les
sociétés lui appartenant.
-L’indication du montant de la Zakat par action, en cas où elle ne paie pas la Zakat
80
-Le respect des dispositions de la norme n°1 relative à la présentation et la divulgation des
informations au niveau des états financiers des IFI.
L’information relative à la Zakat fournie au niveau des états financiers est grande utilité pour
les parties suivantes :
-Les titulaires des comptes d’investissement qui doivent savoir la Zakat dû sur leur
investissement majorés des profits générés par ces investissements et leur revenant.
Le calcul de la Zakat dû passe par certaines étapes nécessaires pour mener à bien ce travail,
ces étapes peuvent être résumées comme suit100 :
Numéro
Description de l'étape
de l'étape
1 Détermination de Al Hawl
2 Collecte des informations nécessaires pour le calcul de la Zakat
3 Détermination et valorisation des actifs qui sont soumis à la Zakat
Détermination et valorisation des passifs déductibles de la base de la
4
ZAKAT
5 Détermination de l’assiette
6 Détermination et valorisation du Nissab
7 Détermination taux de la Zakat
8 Comparaison de l’assiette et le Nissab
9 Détermination du montant de la Zakat dû
10 Désignation de la personne qui supporte la Zakat
11 Distribution (Paiement) de la Zakat
C’est la date ou la Zakat devient exigible, donc c’est à cette date, on procède au calcul de la
Zakat.
100
Hassan Houssine Chahata, Guide de calcul de la Zakat, Maison d’impression et d’édition islamique, le Caire,
pages 6 et 7.
81
Pour les sociétés, cette date diffère selon la nature d’activité de la société. Chaque société
choisit la date annuelle qui lui est conforme selon ses circonstances et cette date peut être
celle de la préparation des états financiers (bilan) ou bien une autre date convenue par les
associés ou par le conseil d’administration.
Al Hawl (Annualité) doit avoir un début et une fin et elle dure 12 mois ; pour les sociétés, il
commence à courir le 31 décembre.
A la fin de l’année (Al Hawl), il est procédé à la préparation des états financiers servant de
base au calcul de la Zakat. Le comptable de la Zakat a besoin aussi des états d’inventaire
physique des différents éléments d’actifs qui est prévu par le système comptable des
entreprises101. L’inventaire physique est nécessaire car il n’entre dans l’assiette de la Zakat
que la valeur des actifs existants pour répondre à la condition de la propriété intégrale.
Le comptable de la Zakat collecte toute information qu’il juge utile pour déterminer la valeur
de la Zakat telle que les états financiers, les états d’inventaire physique (Caisse ou stock) etc.
Ce sont les biens procurant les conditions de la soumission à la Zakat selon le type du bien, et
on les nomme : les argents de la Zakat ou les argents qui subissent la Zakat الموﺟودات الزكوية.
Dans cette étape, le comptable de la Zakat traite tous les éléments inscrits à l’actif du bilan, il
applique ainsi les différentes conditions de la Zakat sur chaque élément afin de juger s’il doit
subir la Zakat. Les conditions sont la propriété intégrale et la croissance. Chaque élément
traité doit subir une évaluation à la juste valeur et c’est cette valeur qui doit être retenue pour
déterminer l’assiette de la Zakat.
Ce sont les engagements que subissent les argents mis à la Zakat et qu’ils doivent être retenus,
pour que l’argent subissant la Zakat soit nets des dettes exigibles qui est une condition parmi
les conditions de la Zakat. On les nomme المطلوبات الزكوية.
101
Article 17 de la loi n° 96-112 du 30 décembre 1996 relative au système comptable des entreprises.
82
Le comptable de la Zakat traite tous les éléments du passif afin de distinguer les dettes
exigibles de celles qui ne les sont pas.
Après avoir déterminé les actifs de la Zakat et les passifs déductibles de la base de la Zakat, le
comptable détermine l’assiette de la Zakat ( )الوعاء الزكويen déduisant les passifs devant être
retenus des actifs qui sont soumis à la Zakat :
La valeur de la Nissab de la Zakat des sociétés est le même que le celui relatif à la Zakat de la
richesse monétaire. Ce Nissab est lié à la valeur de l’or comme on l’a déjà indiqué (équivalent
à la valeur de 84 grammes d’or) et il est fixé et publié annuellement par le ministère des
affaires religieuses de Tunisie.
L’assiette obtenue, après les différents traitements effectués sur les éléments d’actifs et de
passifs, est comparée avec le Nissab ; si cette assiette est inférieure au Nissab, il n’y aurait pas
de Zakat dû. Si par contre l’assiette est égale ou supérieure au Nissab, il y aurait une Zakat qui
doit être acquittée.
Le taux de la Zakat est de 2.50 % par année lunaire. Le taux par année solaire est obtenu par
la formule suivante : 2.50% *365/354 jours=2.577%.
La détermination du montant de la Zakat dû est fonction des deux variables déjà cités :
l’assiette imposable et le taux de la Zakat. Il s’agit donc de multiplier les deux variables :
102
https://www.turess.com/tuniscope/128511
83
2.10 Désignation de la personne qui supporte la Zakat (Zakat par action) :
Le prophète Salla Allahu Alaihi wa Sallam a dit : « On ne doit pas diviser un lot en deux
parties, ni regrouper deux lots distincts pour fuir le paiement de la Zakat. Lorsque deux
associés regroupent leurs apports respectifs, il sera exigé à chacun d’eux un montant
correspondant à sa part ».
La Zakat incombera donc à la société, ce que les oulémas ont considéré comme la
reconnaissance d’une personnalité morale à cette société ; une disposition applicable aux
actionnaires dans les sociétés par actions.
-En cas d’une entreprise individuelle : elle est supportée par le propriétaire.
-En cas d’une société de personne103 : elle est supportée par chaque associé au prorata du
nombre de parts sociales détenues par chacun d’eux.
-En cas d’une société de capitaux104 : il est procédé à la détermination de la valeur de la Zakat
par action, et chaque actionnaire supporte la Zakat en fonction du nombre d’actions détenues
par lui. C’est le cas des banques qui ne doivent pas prendre que la forme d’une société
anonyme105.
-En cas d’une opération de Mudarabah : le Mudarib supporte la Zakat pour sa part dans les
profits réalisés, et le Rab Al Mal la supporte pour le capital investit majoré de sa part dans les
profits.
Il est à noter que les actions détenues par l’Etat ne sont pas soumises à la Zakat, donc la part
revenant à l’Etat ne supporte pas la Zakat.
103
Sont les sociétés régies par les articles 54 jusqu’à l’article 159 du code des sociétés commerciales et qui sont
les sociétés en nom collectif, les sociétés en commandite simple, la société en participation, les sociétés à
responsabilité limitée et la société unipersonnelles à responsabilité limitée.
104
Sont les sociétés régies par les articles 160 jusqu’à l’article 407 et qui sont les sociétés anonymes et les
sociétés en commandite par actions.
105
Article 12 de la loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 relatives aux établissements de crédit.
84
2.11 Distribution (Paiement) de la Zakat :
La distribution de la Zakat peut être effectuée par plusieurs manières. En effet, elle peut être
faite directement par le contribuable ou à l’aide d’un intermédiaire.
-Modèle de distribution directe : il se base sur le fait que la décision d’attribution aux ayants
droit est prise au niveau de l’administration de la Zakat après examen des demandes
formulées par ces derniers. Ce modèle est appliqué au Soudan et en Malaisie.
Certaines sociétés font créer un fonds de Zakat indépendants d’elles, ce fonds est chargé de la
collecte de la Zakat et sa distribution au profit des catégories prévues par la Charia107.
-Le modèle de répartition par le biais du budget de l’Etat : des institutions chargées de la
distribution sont désignées par l’Etat pour allouer les ressources de la Zakat. Ce modèle est
pratiqué en Arabie Saoudite et au Yémen.
-Les modèles de répartition de la Zakat par l’intermédiaire des organismes spécialisés dans la
collecte et la distribution de la Zakat : la distribution effective des fonds est faite par un
organisme chargé de la Zakat et les répartis aux profits des ayant droits. C’est le cas de Beit
Azzaket al Kuweiti ou le cas des comités locaux constitués au Pakistan.
La Zakat collectée est distribuée à l’un des catégories prévues par le Coran « Les ouvres de
charité sont pour les besogneux, et pour les pauvres et pour ceux qui y travaillent et pour
ceux dans les cœurs sont à gagner et pour l’affranchissement des jougs et pour ceux qui sont
lourdement endettés et pour la cause de dieux et pour le voyageur en détresse »108.
Selon le verset ci-dessus cité, les catégories pouvant bénéficier de la Zakat sont au nombre de
8 qui sont :
-Les pauvres : sont les personnes ne possédant pas la nourriture leur suffisant pour une année
ou n’ayant pas un revenu suffisant.
106
Dr Boualem Bendjilali : L’application obligatoire de recouvrement et de distribution de la Zakat, Etude de cas
Pages 177, 178, 179 et 180
107
Hassan Houssine Chahata : Fekh et comptabilité de la Zakat des sociétés, page 44.
108
Sourate Attawba Verset Coranique n°60.
85
-Les besogneux : sont les personnes ne possédant même pas la nourriture d’une journée tels
les handicapés, les malades, les victimes des catastrophes etc…
-Les personnes qui y travaillent : les personnes qui collectent la Zakat ont droit de recevoir
une part de la collecte en contrepartie des efforts fournis.
-Les sympathisants (ou ceux qui dont les cœurs sont à gagner : ce sont les gens dont on veut
gagner leur cœur pour les convertir à l’Islam.
-Les endettés : il s’agit des personnes qui ont contracté une dette et qui n’arrivent pas, malgré
leur bonne volonté, à le solder.
-Pour la cause de dieu : ils s’agissent principalement des combattants pour la cause de dieu,
les dépenses de guerre, les dépenses du ministère de la défense.
Cette sous section est composée de deux paragraphes ; un premier paragraphe pour démontrer
la formation scientifique de la personne qualifiée pour le calcul de la Zakat et un deuxième
paragraphe pour présenter les outils nécessaires préalablement à ce calcul.
-Etre musulman,
86
-Avoir de connaissances de la jurisprudence commerciale islamique lui permettant de
comprendre les différents produits financiers islamiques,
-Etre honnête et d’une façon générale avoir les qualités d’honnêteté et de sincérité.
Le comptable de la Zakat doit être à jour aux Fatwas publiés par les différents organismes
internationales spécialisés en la matière. Il doit ainsi assister à des sessions de formations
ayant pour thèmes la Zakat des sociétés commerciales d’une façon générale et la Zakat des
banques islamiques et des produits bancaires islamiques, et ce en Tunisie ou ailleurs.
Les outils nécessaires pour le calcul de la Zakat sont principalement les états financiers, le
rapport du commissaire aux comptes, les états financiers des sociétés filiales, le rapport du
comité de supervision de la Charia et les principales références traitant la Zakat des sociétés
commerciales.
Les états financiers prévus par la loi comptable relative au système comptable des entreprises
comportent le bilan, l’état de résultat, le tableau de flux de trésorerie et les notes aux états
financiers. Ces états présentent la situation financière réelle de l’entreprise, ses performances
et tout changement de sa situation financière109. Les états financiers des banques comportent,
outre ces composantes, un état des engagements hors bilan.
Les états financiers sont établis une fois par année110, ce qui est compatible avec le principe
d’annualité de la Zakat qui doit être acquitté une fois par an.
Les états financiers sont nécessaires pour la tâche de calcul de la Zakat pour les motifs
suivants :
109
Articles 18 et 19 de la loi n°96-112 du 30 décembre 1996, relative au système comptable des entreprises.
110
Article 20 de la loi n°96-112 du 30 décembre 1996, relative au système comptable des entreprises
87
-Le bilan et les notes y correspondant nous informent sur les biens détenus par la banque ainsi
que ses dettes,
-L’état de résultat et les notes y correspondant nous fournit des informations sur la source des
produits de la banque car il faut distinguer les produits illicites de ceux qu’ils ne le sont pas,
-L’état des engagements hors bilan nous informe sur les garanties reçues par la banque pour
couvrir ses créances.
Outre les états financiers, d’autres informations extracomptables sont aussi indispensable telle
que l’inventaire physique des comptes caisses.
La désignation d’un ou de plusieurs commissaires aux comptes pour les banques est prévu par
le code des sociétés commerciales111 et par la loi 2016-48 du 11 juillet 2016 relative aux
banques et institutions financières112.
Son rôle est de donner un avis sur les comptes de la banque conformément aux normes
internationales d’audit ISA. Et partant de son rôle vient l’importance de son rapport pour le
comptable de la Zakat. En effet, ses travaux d’audit peuvent donner lieu à des réserves ou des
notes qui sont insérées au niveau de son rapport, ces réserves peuvent être prises en compte
par le comptable de la Zakat dans la mesure ou elles ont impact par exemple, sur la propriété
intégrale de certains éléments d’actifs, ou sur la valorisation de certains éléments de d’actifs
ou de passifs.
Prenons le cas de l’existence d’une réserve sur la valorisation du stock des biens destinés à la
vente dans le cadre d’une opération de financement Murabahah, ça pourrait avoir un impact
sur la valeur à en tenir compte pour le calcul de l’actif soumis à la Zakat.
Nous concluons que le rapport du commissaire aux comptes doit être obtenu pour voir s’il y a
des réserves ou d’observations à en tenir compte pour le calcul de la Zakat.
111
Articles 13 à 13 ter du code des sociétés commerciales.
112
Article 96 de la loi citée.
88
Les états financiers des sociétés filiales :
Le comptable de la Zakat a besoin pour calculer la Zakat dû par la banque aux références
reconnues qui traitent la Zakat des sociétés commerciales à savoir la norme comptable FAS
n°9 « la Zakat », la norme de la Charia n°35 relative à la Zakat, les ouvrages qui ont traité la
Zakat des sociétés commerciales ou des institutions financières islamiques, et les différents
Fatwas.
89
Conclusion de la première partie
Cette première partie était consacrée en premier lieu pour la présentation des banques
islamiques sur ses différents aspects dont nous avons jugé utile afin de comprendre les
spécificités associées à ce type de société objet de notre étude. En deuxième lieu, nous avons
abordé les caractéristiques associées à la notion de la Zakat qui vont, certes, servir aux
différents traitements des états financiers pour le calcul de la Zakat.
90
PARTIE 2 :
91
Introduction de la deuxième partie :
Nous avons présenté dans la première partie de ce mémoire et dans un premier temps, les
spécificités associées aux banques islamiques et aux produits bancaires islamiques en général,
et à leurs traitements comptables en particulier. Dans un second temps, nous avons exposé les
principes, conditions et autres aspects associés à la Zakat en général et à la Zakat des sociétés
commerciales et banques islamiques en particulier.
Cette première partie nous servira de base pour le calcul de la Zakat des banques islamiques
qui sera traité dans la deuxième partie.
L’acquittement de la Zakat par la banque peut prendre différentes formes selon le cas :
Dans notre cas, nous allons travailler en ligne avec la deuxième forme en l’absence d’une loi,
clause statutaire ou une résolution de l’assemblée générale prévoyant l’obligation de
l’acquittement de la Zakat. Dans ce cas, la responsabilité de la banque se limite dans le calcul
de la Zakat. Ainsi, nous avons 2 méthodes de calcul :
92
comptes d’investissement. Dans ce cas, les comptes d’investissement seraient traités
comme des passifs pour la détermination de l’assiette dû par les actionnaires.
Pour la méthode de calcul, nous choisissons dans notre étude la deuxième méthode consistant
à déterminer directement l’assiette dû par les actionnaires et non pas déterminer une assiette
globale incluant la part revenant aux titulaires des comptes d’investissement. Ce choix est
justifié par le fait que si nous déterminons une assiette globale, une partie des actifs,
déduction faite d’une partie du passif déductible serait transférée aux titulaires des comptes
d’investissement alors qu’il revienne uniquement aux actionnaires ; c’est le cas des comptes
d’impôt et de sécurité sociale.
Par conséquent et vu que nous nous limitons à calculer la Zakat dû par les actionnaires, nous
allons traiter les rubriques du bilan servant à déterminer directement l’assiette dû par les
actionnaires en ligne avec la deuxième méthode.
-Dans un deuxième lieu, nous traiterons la Zakat des banques islamiques en présentant un cas
pratique de la banque islamique tunisienne Zitouna qui procède depuis l’exercice 2014 à la
détermination de la Zakat dû par action et par les soldes des comptes d’investissement et à
fournir une information concernant la Zakat dans ses notes aux états financiers. Nous
exposerons aussi les difficultés pratiques associées au calcul de la Zakat dans le contexte
tunisien avec quelques propositions d’amélioration.
93
CHAPITRE 1 : Retraitements des différentes rubriques du bilan
Dans ce chapitre, nous envisageons de traiter les éléments du bilan afin d’identifier les actifs
qui sont soumis à la Zakat, les actifs non soumis, le passif déductible de la base de la Zakat,
les éléments du passif qui ne sont pas déductible de cette base ainsi que leur valorisation du
point de vue de la Zakat. Par valorisation, on s’entend la valeur qui devrait être retenue pour
les éléments d’actifs soumis et pour les éléments du passif à déduire.
Cette section comporte 7 sous sections, chacune d’entre elle correspond à une rubrique d’actif
selon la présentation de la norme NCT 21 relative à la présentation des états financiers des
établissements bancaires. Elles sont comme suit ; Caisse et avoirs auprès de la BC, CCP et
TGT, Créances sur les établissements bancaires et financiers, Créances sur la clientèle,
Portefeuille-titres commercial, Portefeuille d'investissement, les Valeurs immobilisées et les
Autres actifs.
Nous traiterons respectivement les comptes : caisse, avoirs auprès de la BCT et avoirs auprès
de la CCP et la TGT.
1.1 La Caisse :
Traitement comptable :
La caisse est composée des billets et monnaies libellés en Dinar tunisien ayant cours légal
ainsi que les billets et monnaies en cours de retrait dont la Banque Centrale continue à assurer
le remboursement, les monnaies et billets de banque étrangers et les chèques de voyages et
valeurs assimilées négociées sur place113;
Les opérations de caisse pour une banque, englobent les opérations effectuées par sa clientèle
dans les différents guichets de la banque. Elle inclut les remises de chèques, les versements et
retraits d’espèces, les virements et les opérations de change de devises.
113
Norme comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des établissements bancaires.
94
Le solde du compte caisse représente le montant disponible à la caisse à la fin de l’exercice.
Les caisses subissent à la fin de l’exercice, un inventaire physique114 dont le résultat est
comparé au solde comptable. Tout écart positif par rapport au solde comptable doit être porté
dans un compte de passif dont le montant sera servi à des œuvres de charité.
Le solde des caisses en monnaies étrangères doit être évalué en utilisant le taux de change en
vigueur à la date de clôture115.
Les montants disponibles font partie de l’assiette de la Zakat sur la base de l’inventaire
effectif à la fin de l’année116 déduction faite des écarts positifs qui ne font pas partie de la
Zakat et doivent être servi à des œuvres de charité. Le solde des comptes en monnaie
étrangère est converti en utilisant le cours de change à la date d’exigibilité de la Zakat tel que
prévu par la norme Charaique n°35 relative à la Zakat117.
Traitement comptable :
-la réserve obligatoire constituée par la banque sous forme de dépôts non rémunérés auprès de
la Banque Centrale de Tunisie118. La valeur de cette réserve est fonction des dépôts collectés
par la banque de la part de sa clientèle et elle pourrait être en dinars ou en monnaie étrangère.
La réserve en monnaie étrangère est évaluée en utilisant le cours de change en vigueur à la
clôture de l’exercice.
-les autres avoirs chez la Banque Centrale119. Ces avoirs sont rémunérés.
95
-Pour la réserve obligatoire : dans ce cas, la banque n’a pas la possibilité de se procurer
( )التصرفde la réserve obligatoire, nous pouvons dire que la condition de la propriété
complète (tamam al milk) fait défaut. Par conséquent, la réserve obligatoire est exclue de
l’assiette de la Zakat par référence à la Fatwa numéro 2 de la conférence d’el Baraka n° 32
pour l’année 2011120.
Par référence aussi, à la décision n°143 de Moujammaa Al Fekh al Islami مجمع الفقه االسالمي
dans sa conférence n° 16 relative au dépôt légal الوديعة القانونية121, ce dépôt ne fait pas partie de
l’assiette de la Zakat s’il est permanent, ce qui l’est notre cas de la réserve obligatoire, mais la
Zakat est acquittée pour une seule année en cas de sa récupération.
-Pour les autres avoirs, ils font partie de l’assiette pour le principal. Les revenus y afférents
sous forme d’intérêt n’en font pas partie122. Le montant à ajouter à l’assiette correspond au
solde comptable.
Traitement comptable :
Cette rubrique inclus les avoirs dans les comptes ouverts auprès du Centre de chèques postaux
et de la Trésorerie Générale de Tunisie. Ils sont comptabilisés pour la valeur correspondante à
ces avoirs.
Les paragraphes 102 relatif aux dépôts auprès d’autres banques du guide de la Zakat de Beit
Azzaket al Kuweiti123 s’applique à ces avoirs et font donc partie de l’assiette de la Zakat pour
le principal et en excluant les intérêts. Le solde à inclure dans l’assiette est celui comptable.
120
http://www.imtithal.com/uploaded/media/fatawa/84132-2.pdf, paragraphe 2.
121
http://www.iifa-aifi.org/2171.html, paragraphe 3.
122
Paragraphe 102 du guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, page 78.
123
Paragraphe 102 du guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, page 78.
96
Traitement comptable :
Selon la norme comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des
établissements bancaires, ce poste comprend124 :
-Créances sur les établissements bancaires : les avoirs et les créances liées à des prêts ou
avances (principal et intérêts courus) détenus sur les établissements bancaires tels que définis
par les textes en vigueur régissant l'activité bancaire y compris les créances matérialisées par
des titres du marché interbancaire.
-Créances sur les établissements financiers : les avoirs et les créances liées à des prêts et
avances (principal et intérêts courus) détenus sur les établissements financiers tels que définis
par la législation en vigueur, notamment les sociétés de leasing et les sociétés de factoring.
Pour le cas des banques islamiques, ce poste comprend principalement les dépôts sous forme
de :
124
Norme comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des établissements bancaires, poste
AC2, page 4.
125
L’opération de Mudarabah a été abordée au niveau de la sous-section « présentation des produits spécifiques
à l’activité de financement » de la section 1 du premier chapitre de la première partie du présent mémoire.
126
http://www.labanqueislamique.fr/Fonds%20d%20investissements.htm
97
-Dépôts ordinaires : ils s’agissent des dépôts auprès d’autres banques génératrices de revenu
moyennant un taux d’intérêt.
-Autres créances : ils s’agissent des créances nées à cause des transactions dont le montant
revient à la clientèle de la banque.
-Produits à recevoir afférents à ces dépôts et qui sont liés à l’exercice en question. Ils peuvent
être des profits revenant à la banque à l’occasion de l’opération Mudarabah fonctionnant sur
la base de la technique de partage des pertes et des profits dans le cas où le calcul des profits a
été opéré127 ( )المحاسبة التامة للربحmais ne sont pas encore distribués. Les produits à recevoir
peuvent être également des intérêts générés par les dépôts classiques dans des banques
conventionnelles ou des commissions générées par des transactions interbancaires
Ces dépôts ainsi que les créances y afférentes peuvent être en dinars comme ils peuvent être
en monnaie étrangère. Les dépôts et créances en monnaie étrangère doivent être évalués en
utilisant le cours de change en vigueur à la fin de l’exercice.
-Wakala Investissement : la valeur d’investissement majorée des profits réalisés font partie de
la Zakat.
127
Norme comptable islamique de l’AAOIFI n° 3 relative à la Mudarabah, paragraphe 2.4.2, Cas ou la
Mudarabah dure plus qu’une année.
128
http://www.Imtithal.com, Fatwa n°375 de comité Charaique de la banque Islamique de Dubaï, paragraphe 2.
129
http://www.Imtithal.com, Fatwa n°375 de comité Charaique de la banque Islamique de Dubaï, paragraphe 1.
98
-Les dépôts ordinaires : Le principal est soumis à la Zakat. Dans le cas ou des intérêts sont
servis sur ces comptes bien que prohibés, la Zakat est acquittée sur le principal, alors que les
intérêts sont entièrement affectés à des œuvres de bienfaisance130. C’est le solde comptable
qui est retenu.
-Les créances rattachées aux dépôts chez les banques et les organismes financiers : elles sont
soumises à la Zakat s’ils s’agissent des profits générés par l’opération Mudarabah. Dans le
cas contraire et s’ils correspondent à des intérêts usuraires générés par les dépôts classiques
chez les banques conventionnelles, ils ne seront inclus dans l’assiette de cette rubrique pour le
calcul de la Zakat.
Traitement comptable :
Le portefeuille Murabahah comporte les créances Murabahah c'est-à-dire les biens vendus
par la banque à ses clients après leurs acquisitions. Le portefeuille peut comporter des
créances à titre des biens mobiliers ou des biens immobiliers ou les deux ensembles.
130
Normes Charaiques, norme 35 relative à la zakat, point 5.1.3.1, pages 888 et 889.
131
Dans ce cas, ce sont les règles de comptabilisation du contrat de location financement prévues par la norme
NCT 41 relative aux contrats de location, qui s’appliquent.
99
comptabilisées, à la valeur de trésorerie (Prix d’achat + marge) déduction faite des provisions
au titre des créances douteuses. De ce fait, la marge doit être ajoutée au prix d’achat du bien.
Cette rubrique peut aussi comporter le financement « Khadamet ». Cette technique est
semblable à la technique de Murabahah, la seule différence est l’objet de l’opération qui est
un service dans le cas d’un contrat « vente Khadamet » au lieu d’un bien.
-Les créances Murabahah que la Banque peut collecter : Elles sont soumises à la Zakat pour
le prix total, y compris la marge de profit sur la base du prix d’acquisition majoré de la marge
(Profit)132. Ainsi, la marge doit être ajoutée à la valeur inscrite au bilan conformément aux
NCT et qui correspond au prix d’achat.
-Notons que les pénalités de retard constatées au bilan au titre des créances Murabahah, le cas
échéant, ne font pas partie de l’assiette étant donné qu’elles sont prohibées.
Traitement comptable :
Sont enregistrés dans le portefeuille Ijarah les biens acquis et qui font l’objet de location avec
option d’achat (Ijarah acquisitive selon le référentiel comptable de l’AAOIFI).
Ces actifs sont comptabilisés pour leurs coûts historiques en tant que créance selon le
référentiel tunisien. Les revenus y afférents sont constatés en produits financiers à recevoir au
prorata du montant échu133.
Ce portefeuille n’entre pas dans l’assiette de la Zakat car il s’agit de biens en location mais y
entrent seulement ce qu’il produit de revenu ou de revenant encaissé durant l’année, et on
nomme ce revenu par : le revenu des locations. Ce traitement est issu de la Fatwa publié par
132
Norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 5.3.4.9.
133
Norme comptable NCT 41 relative aux contrats de location, paragraphes 33 et 34.
100
conférence n° 6 de l’année 1990 d’Al Baraka pour l’économie islamique prévoyant que les
actifs qui sont objet d’un contrat « Ijarah Acquisitive » n’entrent pas dans l’assiette de la
Zakat, sauf les revenus y afférents134. Il est à tenir compte de ce qui a été effectivement
encaissé du client ou à la créance échue et non encore payée135.
Si le revenu est encaissé, il faisait partie de l’assiette parmi les fonds de la banque en caisse, et
s’il concerne une période passée mais n’est pas encore encaissé, il en fait partie parmi les
créances échues.
En cas de cession de certains d’entre ces investissements durant l’année, la valeur entrera
automatiquement dans l’assiette sous forme de liquidité dans la caisse ou sous forme d’une
créance.
Traitement comptable :
Il s'agit indistinctement des comptes débiteurs de la clientèle autre que celle ayant le statut de
banque ou d'établissement financier. Ces comptes correspondent aux comptes débiteurs des
clients ordinaires (Découverts bancaires).
Ils comportent les comptes chèques particuliers, comptes chèques entreprises, compte en
devise, compte professionnel en dinar convertible etc. Ils se caractérisent par une durée de vie
courte ne dépassant pas généralement 3 mois.
Les provisions relatives à ces comptes sont présentées au même titre que les provisions de la
clientèle au niveau de la rubrique AC3- Créances sur la clientèle.
134
Ce traitement a été prévu aussi par la conférence 22 de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti. Document
préparé par Issam Abd Hedi Abu Annasr, Zakat al Oussoul al Mouajjara al Muntahia Bettamlik, page 17.
135
Dr Abdallah Ibn Aissa al Aidhi, Zakat Addouyoun al Mouassir ( )زكاة الديون المعاصرة, page 140, paragraphe 1.
136
Article 11 de la circulaire aux banques n° 91-24 du 17 Décembre 1991
101
Traitement de point de vue de la Zakat :
Du point de vue Zakat, ces comptes entrent dans l’assiette sur la base de leurs valeurs
comptables tant qu’elles sont des créances courantes mais les intérêts usuraires servis par ces
comptes ne font pas partie de l’assiette.
Traitement comptable :
Font partie de la classe 2, les actifs restés en suspens et non apurés dans un délai de 90 jours
et sans dépasser 180 jours.
Font partie de la classe 3, les actifs restés en suspens et non apurés dans un délai de 180 jours
sans excéder 360 jours.
Font partie de la classe 4, les actifs restés en suspens au delà de 360 jours.
Toutefois, une créance classée dans une classe bien déterminée selon la classification
mécanique de la banque centrale (par antériorité des impayés) peut être améliorée ou
détériorée vers une autre classe, si la banque dispose des indicateurs sur la chance de
recouvrer ou non une créance. Par exemple une créance classée en classe 4, peut être reclassée
en classe 1 si la chance de recouvrer cette créance est certaine malgré l’antériorité des
impayés, et vice versa.
La classification des actifs est obligatoire par référence à l’article 8 de la circulaire 91-24 du
17 décembre 1991 relative à la division, couverture des risques et suivi des engagements
« Les banques sont tenues de procéder à la classification de tous leurs actifs quelle qu'en soit
la forme, qu'ils figurent au bilan ou en hors bilan et qu'ils soient libellés en dinars ou en
102
devises. Les actifs détenus directement sur l'Etat ou sur la Banque Centrale de Tunisie ne font
pas l'objet de classification ».
-La valeur des impayées à la 1ère et la 2ème présentation ou chez l’huissier, sur financement
Murabahah, Ijarah etc.
-Les créances arrangées, rééchelonnées et consolidée au profit de la clientèle autre que les
banques et les établissements financiers sur les opérations de financement Murabahah, Ijarah
etc. Les normes objectives établies pour déterminer l’ancienneté des échéances de paiement
restent applicable sur ces créances. Ils ne permettent la reprise des provisions déjà constituées
qu'en cas de la consolidation des garanties et du respect du nouveau calendrier de
remboursement. Dans le cas de nouveaux incidents de paiement, les impayés doivent être
totalement provisionnés. Si le cumul des impayés en principal atteint 25% du total de la
créance, celle-ci doit être inscrite à la classe 4137.
-Les agios réservés : ils s’agissent des produits précédemment comptabilisés au titre des actifs
des classes 2,3 et 4 mais qui ne sont pas payés. Ces produits doivent être déduits des
résultats138.
Cette rubrique comporte les créances douteuses. Le traitement des créances douteuses peut
être effectué selon l’une des alternatives suivantes :
-Ne pas incorporer la valeur correspondante à cette rubrique à l’assiette de la Zakat car les
créances douteuses ne sont soumises à la Zakat que lorsqu’elles sont recouvrées, la Zakat est
alors acquittée pour une seule année139 ; la raison pour laquelle les créances douteuses ne
sont pas soumises à la Zakat est dans ce fait que le principe de la propriété intégrale fait
défaut. Dans ce cas, la valeur des provisions sur le financement de la clientèle 3.6 de cette
section, ne fera pas l’objet de déduction de l’assiette de la Zakat.
-Incorporer la valeur correspondante à cette rubrique dans l’assiette de la Zakat et déduire les
provisions sur le financement de la clientèle qui sera l’objet du paragraphe 3.6 de cette
section.
137
Article 12 de la Circulaire aux banques n° 91-24 du 17 décembre 1991
138
Circulaire aux banques n° 91-24 du 17 décembre 1991, Article 9
139
Norme Charaique N° 35 de l’AAOIFI relative à la zakat version français, paragraphe 5.3.1 page 894.
103
-Incorporer la valeur des créances douteuses sans déduire la provision si l’acquittement de la
Zakat le jour de recouvrement n’est pas possible. La non corporation des créances douteuses
dans l’assiette de la Zakat est conditionné par l’acquittement de la Zakat le jour de
recouvrement de la créance. Toutefois, il n’est pas toujours faisable de s’acquitter de la Zakat
le jour du recouvrement notamment lorsque le nombre de jours de recouvrement est
important.
Pour les banques, le nombre de jours de recouvrement est très important et il dépasse les 200
jours en Tunisie, donc l’acquittement de la Zakat le jour de recouvrement n’est pas
pratiquement faisable. Par conséquent, nous adoptons la troisième alternative qui consiste à
incorporer les créances douteuses sans déduction des provisions y correspondantes. Par
contre, et si cette rubrique contient des intérêts, ces derniers ne font pas partie de l’assiette.
Traitement comptable :
Cette rubrique enregistre les produits échus qui ne sont pas encore encaissés au titre du
financement Murabahah et Ijarah.
Comme nous l’avons précisé au niveau du poste « portefeuille Ijarah », les revenus de
location de bien dans le cadre d’opération « Ijarah acquisitive » entrent dans l’assiette de la
Zakat140. Quant aux produits générés par le financement Murabahah, ils font également,
partie de l’assiette majoré d’une fraction du prix d’achat car le portefeuille Murabahah qui a
été déjà retraité (section 3.1), tient compte que des créances à échoir.
Traitement comptable :
140
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, point 54, page 53.
104
-Les provisions sur engagement bilan au titre des créances douteuses de la classe 2, 3 et 4
conformément aux normes prudentielles de division, de couverture des risques et de suivi des
engagements objet de la circulaire BCT n° 91-24, qui définit les taux minima de
provisionnement qui sont de 20% pour la classe 2, 50% pour la classe 3 et 100 pour la classe
4. Les taux de provisionnement par classe de risque sont appliqués au risque net non couvert,
soit le montant de l’engagement déduction faite des agios réservés et de la valeur des
garanties obtenues sous forme d’actifs financiers, d’immeubles hypothéqués, de garanties de
l’Etat et des garanties des banques et assurances
-Les provisions collectives régies par l’article premier de la note de la BCT aux
établissements de crédit n° 2012-20 relative à l’évaluation des engagements dans le cadre des
mesures conjoncturelles de soutien aux entreprises publiques. Ces provisions couvrent les
risques encourus sur141 :
• Les créances courantes : sont les actifs dont la réalisation ou le recouvrement intégral
dans les délais paraît assuré.
• Celles nécessitant un suivi particulier (Classe 1) : font partie de la classe 1, tous les
actifs dont la réalisation ou le recouvrement intégral dans les délais assuré et qui sont
détenus sur des entreprises qui présentent l’une au moins des caractéristiques
suivantes :
-le secteur d’activité connaît des difficultés ;
-la situation financière se dégrade.
-Les provisions additionnelles : ces provisions sont constituées sur les actifs ayant une
ancienneté dans la classe 4 supérieure ou égale à 3 ans pour la couverture du risque net et ce,
conformément aux quotités minimales suivantes142 :
40% pour les actifs ayant une ancienneté dans la classe 4 de 3 à 5 ans ;
70% pour les actifs ayant une ancienneté dans la classe 4 de 6 à 7 ans ;
100% pour les actifs ayant une ancienneté dans la classe 4 supérieure ou égale à 8
ans.
141
Circulaire aux banques n° 91-24 du 17 décembre 1991, Article 8.
142
Circulaire aux établissements de crédits n° 2013-21 du 30 décembre 2013.
105
A=N-M+1 avec ; A : Ancienneté dans la classe 4, N : Année d’arrêté des comptes, M= année
de la dernière migration vers la classe 4.
Il est important de noter que les provisions liées aux créances douteuses pour lesquelles la
chance de recouvrement est nulle ou très faible selon les informations disponibles chez la
banque, peuvent être déduites car la condition de recouvrement est remise en cause et même
si le recouvrement se réalisera, l’acquittement de la Zakat est faisable vu la non fréquence de
ce type de recouvrement. Dans ce cas, la valeur devant être déduites est la valeur totale de la
créance sans déduction de la valeur des garanties reçues car leur propriété intégrale fait
défaut. La condition de s’acquitter de la Zakat au titre de la créance le jour de recouvrement
reste obligatoire.
143
Circulaire aux établissements de crédit n° 2012-09 du 29 Juin 2012.
106
-Les provisions collectives : ne sont pas déductibles de l’assiette car ces provisions ne
correspondent pas à des créances douteuses.
-Les provisions additionnelles : les provisions individuelles liées aux créances douteuses de la
classe 4 ont été déjà traitées. Par conséquent, ces provisions ne Subissent aucun traitement.
Cette sous-section comporte le traitement des Titres de placement, les créances rattachées aux
titres de placements et les provisions pour dépréciation des titres.
Traitement comptable :
Cette rubrique comporte les placements à court terme qui sont définis au sens de la norme
comptable tunisienne N°7 relative aux placements comme suit : « un placement que
l'entreprise n'a pas l'intention de conserver pendant plus d'un an et qui, de par sa nature, peut
être liquidé à brève échéance144 ». Ce poste comprend145 :
- Titres de transaction : les titres négociables sur un marché liquide, qui sont détenus par
l'établissement bancaire avec l'intention de les vendre dans un avenir très proche, qu'ils soient
à revenu fixe ou variable.
- Titres de placement : les titres, qu'ils soient à revenu fixe ou variable, qui ne sont classés ni
dans la catégorie des titres de transaction (poste AC 4.a), ni dans la catégorie des titres du
portefeuille d'investissement (prochaine sous-section), ainsi que les revenus courus et non
échus qui leur sont rattachés.
Les éléments constituants cette rubrique sont comptabilisés à leur coût, lors de leur
acquisition146. Le coût des placements acquis par l’émission de titres correspond à la juste
valeur des titres émis et non pas à la valeur nominale.
144
Norme comptable Tunisienne n°7 relative aux placements, paragraphe 4.
145
Norme comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des établissements bancaires, poste
AC4.
146
Norme comptable NCT 25 « portefeuille titres dans les établissements bancaires », paragraphe 23.
107
A la date de clôture, les placements à court terme font l'objet d'une évaluation à la valeur de
marché pour les titres cotés et à la juste valeur pour les autres placements à court terme147. Les
titres cotés qui sont très liquides sont comptabilisés à leur valeur de marché et les plus-values
et moins-values dégagées portées en résultat. Pour les titres cotés qui ne sont pas très liquides
et les autres placements à court terme, les moins-values par rapport au coût font l'objet de
provision et les plus-values ne sont pas constatées148.
-Pour les obligations, la Zakat est dû sur le montant nominal de l’obligation si le la valeur
nominale est inférieure au coût sinon le coût est à retenir ; quant aux intérêts, ils doivent être
affectés en totalité à des œuvres de charité149.
-Pour les actions à court terme qui sont acquises dans un but de spéculation, il faut distinguer
deux cas :
• Si l’activité de la société dans laquelle la banque détient des actions est illicite,
il fait partie de l’assiette le principal évalué à son coût d’achat151.
• Si l’activité de la société dans laquelle la banque détient des actions est licite, il
faut ajouter à l’assiette de la Zakat la valeur de marché des actions. Toutefois
et en cas ou la société dans laquelle la banque détient participation, a payé la
Zakat sur ses actifs, il faut calculer la Zakat sur la base de la valeur du marché
et l’ajouter à l’assiette et en déduire la Zakat payée du montant de la Zakat de
la banque152.
147
Norme comptable NCT 25 « portefeuille titres dans les établissements bancaires », paragraphe 32.
148
Norme comptable Tunisienne n°7 relative aux placements, paragraphe 4.
149
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, point 28, page 35.
150
Norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 5.1.4.1.
151
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, point 20, page 31.
152
Recherches de la conférence d’el Baraka n°34 en économie islamique, page 17.
108
Traitement comptable :
Cette rubrique enregistre les créances générées par les titres de placement et qui sont
rattachées à la période clôturée. Ces créances englobent généralement, des intérêts, des
dividendes et des parts de résultat153.
-Les intérêts usuraires (relatives à des obligations, bons de trésor etc.) n’entrent pas dans
l’assiette de la Zakat car ils sont prohibés par la Charia154.
-Les autres créances entrent dans l’assiette de la Zakat si elles sont afférentes à des activités
licites.
Traitement comptable :
Nous parlons ici des provisions au titre des titres de placement. A la date de clôture, les
placements à court terme font l’objet d’une évaluation à la valeur de marché pour les titres
cotés et à la juste valeur pour les autres placements à court terme. Pour les titres cotés qui ne
sont pas très liquides et les autres placements à court terme, les moins-values par rapport au
coût font l'objet de provision et les plus-values ne sont pas constatées155.
Ces provisions concernent donc les moins-values relatives aux titres cotés qui ne sont pas très
liquides et les autres placements à court terme autres que les titres cotés très liquides.
153
Norme comptable NCT 21, poste AC4, paragraphe 2, page 5.
154
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, point 28, paragraphe 2 et point 29, pages 35 et 36.
155
Norme comptable NCT relative aux placements, paragraphe 15.
109
Traitement du point de vue de la Zakat :
Pour les actions, étant donné que le calcul de la Zakat se fait sur la base de la valeur vénale,
alors les provisions relatives à ces actifs ne sont pas considérées comme un élément de passif
déductible de l’assiette de la Zakat156.
Cette sous-section comporte le traitement des titres de participation, les créances rattachées
aux titres d’investissement et les provisions pour dépréciation des titres d’investissement.
Traitement comptable :
Les titres de participations sont des placements à long terme qui sont définis au sens de la
norme comptable tunisienne NCT n°7 relative aux produits de placement comme suit «un
placement détenu dans l'intention de le conserver durablement notamment pour exercer sur la
société émettrice un contrôle exclusif, ou une influence notable ou un contrôle conjoint, ou
pour obtenir des revenus et des gains en capital sur une longue échéance ou pour protéger, ou
promouvoir des relations commerciales157 »
A la date de clôture, les titres de participations sont évalués à leur valeur d’usage. Les moins-
values par rapport au coût font l’objet de provision. Les plus-values par rapport au coût ne
sont pas constatées. Pour déterminer la valeur d’usage, il convient de tenir compte de
plusieurs facteurs tels que la valeur de marché, l’actif net, les résultats et les perspectives de
rentabilité de l’entreprise émettrice ainsi que la conjoncture économique et l’utilité procurée à
l’entreprise158.
156
Ce traitement a été abordé par le paragraphe 7.2.2 de la norme Charaique n° 35 de l‘AAOIFI relative à la
Zakat.
157
Norme comptable Tunisienne n°7 relative aux produits de placement, paragraphe 4.
158
Norme comptable Tunisienne n°7 relative aux produits de placement, paragraphes 12 et 13.
110
des revenus qu’ils génèrent. Dans le cas contraire, si l’activité est licite, il est procédé
ainsi159 :
- Si la société dans laquelle la banque détient une participation, a fait la Zakat de ses argents
et donc a retenu la part de la Zakat dû par la banque, la banque ne doit pas faire sortir une
autre Zakat pour ses actions empêchant la duplication, et donc rien n’est ajouté à l’assiette
concernant ces participations.
- Si la société dans laquelle la banque détient une participation ne s’est pas acquittée de la
Zakat, le propriétaire des actions doit faire sortir la Zakat comme suit :
Traitement comptable :
Ils s’agissent de créances correspondantes aux revenus générés par les titres de participation.
Elles pourraient être des dividendes, dont le droit est établi, et non encore échus162.
159
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, point 21, page 32.
160
Article 286 du code des sociétés commerciales.
161
http://www.Imtithal.com Fatwa n° 34/1, conférence d’el Baraka pour l’économie islamique année 2013 &
Norme charaique n ° 35 de l’AAOIFI relative à la zakat, point 4.2.4
111
Elles sont comptabilisées pour la valeur revenant à la banque proportionnellement au nombre
d’actions ou de parts sociales détenues dans la société.
Les créances ne font pas partie de l’assiette car le traitement de la rubrique « Titre des
participation » a pris en compte tous les actifs de la société dans laquelle la banque détient
une participation diminués des passifs. Cependant, les dividendes distribués et non encore
perçus par la banque font partie de l’assiette. Par ailleurs, si la société dans laquelle la Banque
dispose une participation ne dispose pas de biens soumis à la Zakat, mais cette participation a
généré des dividendes, ces revenus sont ajoutés à l’assiette.
Traitement comptable :
Les provisions pour dépréciation des titres de participation sont constituées lorsque la valeur
d’usage des titres est inférieure à la valeur historique selon la norme comptable tunisienne n°7
relative aux produits de placement163. Le montant comptabilisé correspond à la différence
entre les deux valeurs.
La valeur des provisions n’est pas déduite de l’assiette164 car le traitement de la rubrique
« Titre de participation » a tenu compte de l’actif réel de la société détenue, diminué de ses
passifs165.
162
Ces créances sont prévues par la norme comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des
établissements bancaires.
163
Norme Comptable Tunisienne n°7 relative aux produits de placement, paragraphe 12.
164
Norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI paragraphe 4.2.4
165
Point 22 du guide de la Zakat de Beit Azzaket Al Kuweiti
112
6.1 Immobilisations corporelles :
Traitement comptable :
Les immobilisations corporelles sont définies comme suit « sont les éléments d'actif
physiques et tangibles qui :
-ayant un potentiel de générer des avantages futurs, sont détenus par une entreprise soit pour
être utilisés dans la production ou la fourniture de biens et de services, soit pour être loués à
des tiers, soit à des fins administratives et de soutien à leur activité ;
Une immobilisation corporelle doit être initialement évaluée à son coût d’acquisition (sont
inclus le prix d’achat, les droits et taxes non récupérables et les frais directs tels que les
commissions et frais d’actes etc.). Les dépenses postérieures y relatives doivent être ajoutées
à la valeur comptable lorsqu’il est probable que des avantages futurs, supérieurs au niveau de
performance initialement évalué du bien, bénéficieront à l’entreprise167.
Une immobilisation corporelle doit être amortie sur sa durée d’utilisation estimée pour refléter
la consommation des avantages économiques futurs liés à cette immobilisation169.
-Les immobilisations d’exploitation qui sont nécessaires pour l’activité de l’entreprise mais ne
générant pas de revenus directs telles que les constructions et le matériel informatique etc170.
166
Norme Comptable Tunisienne n°5 relative aux immobilisations corporelles, paragraphe 6.1
167
Norme Comptable Tunisienne 5 relative aux immobilisations corporelles, Paragraphe 13, 14 et 21
168
Norme Comptable Tunisienne 5 relative aux immobilisations corporelles, Paragraphe 40.
169
Norme Comptable Tunisienne 5 relative aux immobilisations corporelles, Paragraphe 27.
170
Norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 2, comptes d’actifs non
courants, immobilisations corporelles.
113
-Les immobilisations acquises dans le but de réalisation d’un revenu direct, telles que les
immeubles ou les voitures acquis pour être loués dans le cadre d’un contrat de location
« Ijarah » (Location simple)171.
-Les immobilisations en cours : qui sont les immobilisations produites par l’entreprise elle-
même ou par une tierce personne non pas pour l’intention de vente qui et ne sont pas encore
achevées172.
-Les amortissements aux immobilisations corporelles ainsi que les amortissements au titre des
actifs acquis pour être loués dans le cadre d’un contrat « Ijarah »174
-Les immobilisations acquises à des fins d’exploitation ne font pas partie des argents de la
Zakat car elles ne sont pas des argents croissants175.
- Les biens immeubles, les moyens de transport et autres immobilisations données à bail. La
Zakat est acquittée sur ce qui reste du loyer à la fin de l’année, en l’ajoutant aux autres
éléments de l’assiette176.
-Les immobilisations en cours n’entrent pas dans l’assiette si elles ne sont pas destinées à la
vente177.
-Les avances et acomptes payés pour l’acquisition des immobilisations corporelles n’entrent
pas dans l’assiette de la Zakat178.
171
Norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 2, comptes d’actifs non
courants, immobilisations à statut juridique particulier.
172
Norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 2, comptes d’actifs non
courants, immobilisations en cours.
173
Ils s’agissent des avances prévues par la norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des
comptes, classe 2 comptes d’actifs non courants, immobilisations en cours.
174
Norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 2, comptes d’actifs non
courants, amortissements des immobilisations.
175
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 4.1.
176
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 4.2.1
177
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 4.2.3
178
http://www.Imtithal.com, conférence d’el baraka pour l’économie islamique : Fatwa n° 31/1 Année 2010.
114
-Les amortissements aux immobilisations corporelles ne sont pas déduits de l’assiette car
l’immobilisation elle-même objet de l’amortissement ne fait pas partie de l’assiette179.
Traitements comptables :
Les immobilisations incorporelles se définissent « comme étant des actifs non monétaires
identifiables, sans substance physique et qui répondent aux critères suivants :
-ils sont obtenus ou contrôlés par une entreprise pour être utilisés à la production ou à la
fourniture de biens ou services, pour être donnés en location à des tiers, ou pour être utilisés
pour les besoins propres de l'entreprise ;
-ils ont été acquis, créés ou mis en valeur en vue d'être utilisés pendant plus d'une période
comptable ; et
-ils ne sont pas destinés à être vendus dans le cours normal des affaires180».
Un actif incorporel doit être amorti sur sa durée d’utilisation estimée pour refléter la
consommation des avantages économiques futurs liés à cette immobilisation.
- Les immobilisations d’exploitation qui sont nécessaires pour l’activité de l’entreprise mais
qui ne génèrent pas de revenus directs telles que les logiciels, le fonds de commerce etc.181.
179
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, paragraphe 13, page 27.
180
Norme comptable Tunisienne 6 relative aux immobilisations incorporelles, paragraphe 6.
181
Sont prévues par la norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 2,
comptes d’actifs non courants, immobilisations incorporelles.
115
- Les immobilisations en cours : qui sont les immobilisations produites par l’entreprise elle-
même ou par une tierce personne non pas pour l’intention de vente mais pour l’investissement
et qui et ne sont pas encore achevées182.
-Les immobilisations en exploitation ne font pas partie des argents de la Zakat car elles sont
utilisées pour l’exploitation et non pas pour le commerce184.
-Les avances et acomptes payés pour l’acquisition des immobilisations incorporelles n’entrent
pas dans l’assiette de la Zakat186.
-Les amortissements aux immobilisations incorporelles ne sont pas déduits de l’assiette car
l’immobilisation elle-même objet de l’amortissement ne fait pas partie de l’assiette187.
Cette sous-section comporte le traitement des charges reportées, les débiteurs divers et les
comptes de régularisation.
182
Norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 2, comptes d’actifs non
courants, immobilisations en cours.
183
Ils s’agissent des avances prévues par la norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des
comptes par, classe 2 immobilisation comptes d’actifs non courants, immobilisations en cours.
184
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, paragraphe 16, page 29.
185
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI, paragraphe 5.2.6.3
186
Conférence d’Al baraka pour l’économie islamique : Fatwa n° 31/1 Année 2010, Imtithal.com
187
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, paragraphe 13, page 27.
116
Traitement comptable :
Les charges reportées sont les charges engagées dans un seul exercice mais qui concernent
plus qu’un exercice et elles sont donc portées à l’actif de la société. Ces charges peuvent être :
-Des frais préliminaires : « sont les frais attachés à des opérations conditionnant l'existence,
ou le développement de l'entreprise, engagés au moment de la création de l'entreprise, ou
ultérieurement à cette création dans le cadre d'une extension, de l'ouverture d'un nouvel
établissement ou d'une modification de son capital188 »
Les frais préliminaires peuvent être portés à l’actif du bilan en charges reportées dans la
mesure où ils sont nécessaires à la mise en exploitation de l’entreprise et qu’il est probable
que les activités futures permettront de récupérer les montants engagés.
-Des charges à répartir : « sont les charges engagées au cours d'un exercice, dans le cadre
d'opérations spécifiques, ayant une rentabilité globale démontrée et dont la réalisation est
attendue au cours des exercices ultérieurs189 »
Les charges à répartir peuvent être aussi portées à l’actif du bilan dans la mesure où il est
établi qu’elles ont un impact bénéfique sur les résultats futurs190.
-Les frais d’émission : sont les commissions versées aux agents et établissements financiers,
ainsi que les frais de publicité et d’impression de titres occasionnés par le lancement
d’emprunts191. Pour le cas des banques islamiques, nous pouvons parler des frais d’émission
engagés dans le cadre de lancement d’une opération Mudarabah.
Les charges reportées sont inscrites à l’actif du bilan et doivent être résorbées sur une période
maximale de 3 ans192.
Ces charges ne font pas partie des argents de la Zakat parce qu’elles ne répondent même pas à
la définition de l’argent193.
188
Norme Comptable Tunisienne NCT 10 relative aux charges reportées, paragraphe 5.1
189
Norme Comptable Tunisienne NCT 10 relative aux charges reportées, paragraphe 5.2
190
Norme Comptable Tunisienne 10 relative aux charges reportées, paragraphe 18.
191
Norme comptable NCT 10 relatives aux charges reportées.
192
Norme Comptable Tunisienne 10 relative aux charges reportées, paragraphes 20 et 24.
193
Mohamed Megdich, la comptabilité de la Zakat des entreprises.
117
De plus, les amortissements de leur consommation n’affectent pas le compte de la Zakat vu
que l’origine ne subit pas la Zakat194.
Traitement comptable :
Cette rubrique représente les créances certaines de la banque sur des tiers autre que la
clientèle, il s’agit principalement :
-Les créances envers l’Etat telles que les retenues à la source, le crédit de TVA. Ces créances
peuvent faire l’objet d’une demande de restitution de la part de la Banque.195
-Les créances envers l’Etat : ce point n’a pas été abordé par le guide de la Zakat ni par la
norme 35 de la Zakat. Mais s’agissant d’une créance qui pourrait faire l’objet d’une déduction
du passif, éventuellement, ou d’un recouvrement de l’Etat dans le cadre d’une demande de
restitution on procède, elles font donc partie de l’assiette.
-Les avances sur commandes sont traitées selon son objet ; si l’objet de cette avance est un
bien destiné à être revendu (actif fera l’objet d’une vente Murabahah par exemple), dans ce
cas on en tient compte dans l’assiette198. Dans le cas où cette avance est associée à des biens
194
Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti, point 18.
195
La restitution prévue par l’article 54 du code d’IRPP et d’IS en matière d’impôt et par l’article 15 du code de
la TVA en matière de TVA.
196
Norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 2, comptes d’actifs non
courants, autres immobilisations financières.
197
Comptes prévues par la Norme comptable générale NCT 1, fonctionnement général des comptes, classe 4,
Fournisseurs et comptes rattachés.
198
Par référence au point 5.3.4.10 de la norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI traitant la marchandise de Salam
ayant été acquis mais n’est pas encore réceptionné.
118
et services pour l’exploitation ou pour la génération de revenu tels que des biens pour location
Ijarah, elle n’entre pas dans l’assiette de la Zakat199.
-Les dépôts et les cautionnements ne font pas partie de l’assiette car ils sont bloqués (la
possession n’est pas totale) mais ils font l’objet de la Zakat au moment de leur restitution pour
une seule année200.
Traitement comptable :
Ces comptes sont utilisés pour le transfert ou la répartition des charges et des produits dans le
temps, de manière à rattacher à un exercice déterminé, toutes les charges et tous les produits
le concernant.
-Les produits relatifs à la période comptable concernée et qui n'ont pas encore été perçus à la
fin de l'exercice ; ils s’agissent des produits à recevoir pouvant correspondre à des
commissions bancaires ou agios bancaires ;
-Les suspens débiteurs à régulariser qui ne peuvent être imputés de façon certaine à un compte
déterminé ou qui exigent une information complémentaire ;
199
Youssef Ben Abdallah Chebili, méthodes de calcul de la Zakat des actions et des créances de financement
2013 Page 3. Voir aussi http://www.Imtithal.com Fatwa de la Conférence n° 31 d’el Baraka pour l’économie
islamique, 2010 ayant pour sujet avance sur l’achat des biens en vue de location.
200
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 51 bis, page 51.
201
Annexe à la circulaire aux banques et établissements financiers n°93-08 du 30 Juillet 1993, comptes de
régularisation, page 3.
119
-Les stocks de fournitures,
Nous pouvons retrouver dans cette rubrique aussi les stocks des biens destinés au financement
Murabahah qui sont comptabilisés au coût historique par référence à la norme comptable
NCT 4 ou à la valeur de réalisation nette si elle est inférieure202.
-Les stocks Murabahah entrent dans la base de la Zakat pour la valeur de marché car ils sont
destinés à la vente203.
-Les charges constatées d’avance ne font pas partie de la base car elles ne sont plus propriété
de l’institution204.
-Les produits à recevoir sont assimilés à des créances recouvrables, ils font par conséquent,
partie de l’assiette de la Zakat205.
-Les comptes d’ajustement de devises entrent dans l’assiette car il s’agit d’ajustement sur des
actifs monétaires.
-Les stocks de fourniture ne font pas partie des actifs soumis à la Zakat car ils sont utilisés
pour servir à l’exploitation.
202
Norme comptable NCT 4 relative aux stocks, paragraphe 10.
203
Norme Charaique n°35 relative à la Zakat, paragraphes 5.2.1 et 5.2.2.
204
Guide de la Zakat, Beit Azzaket al Kuweiti, paragraphe 53.
205
Guide de la Zakat, Beit Azzaket al Kuweiti, paragraphe 54.
120
Section 2 : Eléments du passif et de capitaux propres :
Cette section comporte 6 sous sections ; 5 sous sections correspondent à 5 rubriques de passif
et une section relative à une rubrique des capitaux propres, et ce en respectant la présentation
des états financiers prévue par la norme NCT 21 relative à la présentation des états financiers
des établissements bancaires. Elles sont comme suit : Banque centrale et CCP, Dépôts et
avoirs des établissements bancaires et financiers, Dépôts et avoirs de la clientèle, Emprunts et
Ressources spéciales, Autres passifs et Capitaux propres
Cette sous section comporte le traitement des dépôts et avoirs des établissements bancaires et
financiers et les dettes rattachées y rattachées.
Traitement comptable :
-les dettes contractées au titre d’opérations bancaires, envers les établissements bancaires y
compris les dettes matérialisées par des titres du marché interbancaire.
-les dettes contractées, au titre d’opérations bancaires, envers les établissements financiers,
notamment les sociétés de leasing et les sociétés de factoring.
Dans le contexte des banques islamiques, ce poste peut enregistrer les opérations de dépôts
participatifs207 suivantes :
-les opérations de Mudarabah interbancaire en dinars conclues avec des banques locales : ces
opérations peuvent être en Mudarabah restreinte208 ou Mudarabah non restreinte.
206
Norme comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des établissements bancaires, postes
du passif PA1, page 6.
207
Les spécificités jurisprudentielles et comptables de ce type de dépôt ont été traitées au niveau de la première
partie du présent mémoire.
208
En cas d’application des normes comptables de l’AAOIFI, ce type d’opérations est enregistré parmi les
engagements hors bilan.
121
-les opérations de Mudarabah interbancaire en devise auprès des banques non résidentes : ces
opérations peuvent être en Mudarabah restreinte ou Mudarabah non restreinte. Ces dépôts
sont évalués en utilisant le cours de change en vigueur209 à la date de leur constatation. A la
date d’arrêté, ils sont évalués en utilisant le cours de change en vigueur à la date de clôture.
-Les opérations de Mudarabah avec d’autres institutions financières telles que les fonds
communs de placement.
Ces opérations sont comptabilisées pour la valeur de dépôt effectué et effectivement payé et
peuvent diminuer par les pertes réalisées, le cas échéant, qui est supporté par le déposant. Les
dépôts en devise, on leur applique le taux de change en vigueur à la date de clôture.
Les soldes de ces dépôts sont déductibles de l’assiette de la Zakat pour leur valeur comptable
car ils reviennent à leurs titulaires210. Les dépôts en devise doivent être diminués de l’assiette
pour la valeur convertie en utilisant le cours de change en vigueur à la date d’exigibilité de la
Zakat211.
1.2 Les dettes rattachées aux dépôts des établissements bancaires et financiers :
Traitement comptable :
Cette rubrique enregistre les dettes qui correspondent aux profits générés par les dépôts des
banques et des autres établissements bancaires.
Les profits générés par les comptes d’investissement et revenant à leurs titulaires, sont
déductibles de l’assiette au même titre que les dépôts l’ayant généré212.
209
Il correspond, conformément au paragraphe 5.h de la norme comptable NCT 23 relative aux opérations en
devises dans les établissements bancaires, au cours de change au comptant interbancaire publié par la Banque
Centrale de Tunisie.
210
Norme Charaique n°35 relative à la Zakat, paragraphe 6.3.1. Ce traitement a été aussi prévu par le point 112
du guide de la Zakat de Beit Azzaket Al kuweiti, page 82.
211
Norme comptable de l’AAOIFI n° 16 relative aux transactions en monnaie étrangère et opérations en
monnaie étrangère, paragraphe 3.7
212
Guide de la Zakat Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 112, page 82
122
Sous-section 2 : Dépôts et avoirs de la clientèle :
Ce poste comprend les dépôts de la clientèle autre que les établissements bancaires, qu'ils
soient à vue ou à terme, les comptes d'épargne ainsi que les sommes dues213. Dans les banques
islamiques nous retrouvons les comptes à vue et les comptes d’épargne fonctionnant selon les
principes islamiques, les comptes d’investissement participatif selon le principe de
Mudarabah ainsi que les autres sommes dues à la clientèle.
Traitement comptable :
Les comptes à vue chez les banques islamiques correspondent aux dépôts de la clientèle qui
opèrent sous le principe de la Wadiaa ( )الوديعةou Qardh ( )قرضà la demande. Ces comptes
font partie des dépôts non participatifs car les déposants ne désirent pas investir leurs fonds.
Ils ne génèrent pas de rémunération et la banque s’engage à restituer le montant intégral du
dépôt à la demande du déposant diminués des frais de gestion du compte214.
Les déposants peuvent être des entreprises ou des particuliers. Les comptes de ces déposants
peuvent être en dinars ou en devise, et ils correspondent exactement aux montants déposés par
leurs titulaires.
Les montants en monnaie étrangère doivent être convertis en dinars à la date de l’opération,
selon le taux de change en vigueur à cette date215. Ils sont évalués, à la date de clôture, en
utilisant le taux de change en vigueur à la date de clôture216
Les soldes comptables correspondant aux comptes à vue en dinar sont déduits de l’assiette de
la Zakat217, et de même pour les soldes comptables convertis en utilisant le taux de change en
vigueur à la date de clôture, pour les comptes à vue en devise. Toutefois et si jamais ces
213
Norme comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des établissements bancaires.
214
L’AAOIFI considère que ces frais sont la contrepartie des services fournis par la banque tels que l’émission
des carnets de chèque, des cartes magnétiques et de la gestion des mouvements sur ces comptes.
215
Norme comptable Tunisienne n°23 les opérations en devises dans les établissements bancaires, paragraphe
17.
216
Norme comptable Tunisienne n°23 les opérations en devises dans les établissements bancaires, paragraphe
23.
217
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, Paragraphe 105.
123
comptes produisent des intérêts, ces derniers ne sont pas déductibles de l’assiette. Ces intérêts
peuvent être inscrits au passif du bilan s’ils sont courus et non encore payés, dans ce cas ces
dettes ne sont pas déductibles.
Ils s’agissent des dépôts permettant à leurs titulaires de retirer de l’argent à tout moment.
Les comptes d’épargne peuvent être de deux natures selon le choix du déposant :
-Comptes avec autorisation d’investissement. Dans ce cas, les comptes d’épargne peuvent
générer des profits car ils sont investis par la banque islamique.
Et par conséquent, cette rubrique est constituée par la somme des montants des dépôts de la
clientèle. Il faut noter que ces montants peuvent connaitre une baisse en cas d’une perte
causée par l’investissement réalisé par la banque car la perte est supportée par le titulaire sauf
en cas de négligence par la banque.
Le solde de ces comptes est déductible de la base de la Zakat. De même pour les profits
revenants aux épargnants pour les comptes d’épargne avec autorisation d’investissement218.
Traitement comptable :
Ces comptes fonctionnent selon le mécanisme de la Mudarabah, et pour cela sont spécifiques
aux banques islamiques et sont régies par le principe de partage des profits et de pertes. La
banque islamique est un gestionnaire de fonds dans cette opération.
Ces fonds sont générateurs de profits pour les déposants si la banque les investit dans des
projets rentables. Toutefois, ils peuvent donner lieu à des pertes, et par conséquent les
montants déposés peuvent baisser.
218
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, Paragraphe 106, page 79.
124
Ces comptes peuvent être en dinar ou même en devise. Les montants en monnaie étrangère
doivent être convertis en dinars à la date de l’opération, selon le taux de change en vigueur à
cette date. Ils sont évalués, à la date de clôture, en utilisant le taux de change en vigueur à la
date de clôture tout en tenant compte des pertes réalisées, le cas échéant.
-Les comptes participatifs restreints : ou le Rab al mal (déposant) autorise le Mudarib (la
banque) à investir dans un projet spécifique ou pour une durée déterminée. Par ailleurs, le Rab
Al Mal supporte les pertes à hauteur de sa proportion dans le capital investi sauf dans le cas où
la perte résulte de la négligence ou la mauvaise gestion du Mudarib.
-Les comptes participatifs non restreints : où le Rab al mal n’impose aucune restriction au
Mudarib concernant les projets à financer219.
Il faut noter qu’en application des normes comptables de l’AAOIFI, les comptes
d’investissement restreints sont enregistrés parmi les engagements hors bilan. Le référentiel
tunisien ne prévoit aucun traitement à ce type d’investissement, pour cela les deux types
d’investissement sont comptabilisés en bilan.
Les comptes de dépôts participatifs font partie du passif déductible de la base de la Zakat ainsi
que les revenus qu’ils génèrent220.
Traitement comptable :
-La réserve pour péréquation des profits : Selon la norme comptable n° 11221 de
l’AAOIFI « La réserve de péréquation est prélevée de la masse des profits revenants aux
détenteurs des comptes d’investissements participatifs, avant prélèvement de la quote-part de
219
Les spécificités de Mudarabah ont été abordées au niveau de la première partie du présent mémoire.
220
Norme Charaique n° 35, paragraphe 6.3.1 du Guide de la Zakat de Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 112.
221
Norme comptable Islamique n°11 relative aux provisions et réserves.
125
la banque en tant que Mudarib ». Donc le montant de cette réserve appartient aux actionnaires
et aux titulaires des comptes d’investissement.
Cette réserve constitue une technique de lissage du taux de rendement des comptes
d’investissement dans les banques islamiques.
-La réserve pour risque d’investissements : Selon la norme comptable islamique n°11 de
l’AAOIFI « La réserve pour risque d’investissement est prélevée de la masse des profits nets
à revenants aux détenteurs des comptes d’investissement participatifs non restreints, après
prélèvement de la quote-part de la banque en tant que Mudarib, pour prémunir les déposants
des pertes futurs éventuelles liées à leurs investissements ». Donc le montant de cette réserve
appartient uniquement aux titulaires des comptes d’investissement.
Cette réserve constitue aussi une technique de lissage du taux de rendement des comptes
d’investissement dans les banques islamiques.
-Les comptes indisponibles : ces comptes représentent les fonds déposés par les sociétés en
création tel que prévu par le code des sociétés commerciales222. Ces fonds ne peuvent pas être
retirés qu’après l’accomplissement de toutes les formalités de constitution de la société.
126
• Les cautions constituées par la clientèle au titre des marchés publics ou privés
ou les cautions pour autres motifs.
-La réserve pour péréquation des profits : Cette réserve est composée d’une part revenant aux
actionnaires et une autre part revenant aux titulaires des comptes d’investissement.
La part revenant aux actionnaires vient en déduction des profits des actionnaires, elle est donc
assimilée à une réserve des capitaux propres et par conséquent n’est pas déductible de
l’assiette la Zakat.
La part revenant aux titulaires des comptes d’investissement est considérée comme une
déduction du passif dû envers eux et n’est plus par conséquent leur propriété. Elle n’est pas
aussi la propriété de la banque non plus. Vu que cette part n’est pas la propriété de la banque,
elle doit faire l’objet de déduction de l’assiette de la zakat.
-La réserve pour risque d’investissements n’appartient pas à la banque223 et elle vient en
déduction du profit revenant aux titulaires des comptes d’investissement. Cette part prend le
même jugement sur la part des titulaires des comptes d’investissement dans la réserve de
péréquation des profits et elle est par conséquent déductible de l’assiette de la Zakat.
-les cautions de soumission exigée pour participer à des appels d’offre et la caution de bonne
fin des appels d’offre sont déductibles des actifs soumis à la Zakat225.
-Les provisions pour lettre de crédit et pour lettre de garantie sont déductibles des actifs de la
Zakat par référence à la norme de la Charia n° 35 relative à la Zakat226.
223
http://www.aliftaa.jo/Decisions.sapx?Decisiond=46#.WVF_JG_LTIY, Décisions de conseil de al Iftaa de
Jordanie, décision n°45 relative au régime du compte des réserves pour risque d’investissement du 25 Avril
2000
224
Ce dépôt de garantie a été évoqué par la conférence N° 16 de Moujamaa Al Fekh Al Islami مجمع الفقه االسالمي
de l’année 2005, décision n° 143, point 2.A
225
Même référence (la précédente) que les dépôts de garantie ھامش الجدية
226
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, point 6.3.11
127
-Les comptes indisponibles prennent la forme des cautions, et sont donc déductibles de
l’assiette.
Traitement comptable :
Cette rubrique contient les dettes dues à la clientèle et qui sont générés par ses dépôts ;
épargne participatif (compte Tawfir), les comptes de dépôts participatifs restreints et les
comptes de dépôts participatifs non restreints.
En outre, cette rubrique peut comporter des dettes qui correspondent à des intérêts générés par
les comptes de dépôt à vue.
Ces dettes doivent être déduites de la base de la Zakat au même titre que les dépôts qui ont
servi à leur naissance, sauf les intérêts usuraires générés par les comptes de dépôt à vue, le cas
échéant227.
Traitement comptable :
Ce poste comprend228:
-Emprunts matérialisés : les emprunts émis par l'établissement bancaire et autres emprunts et
dettes matérialisés par un titre.
227
Les dettes correspondantes aux profits générés par les dépôts participatifs sont déductibles par référence au
paragraphe 6.3.1 de la norme Charaique n°35 de l’AAOIFI.
228
Nome comptable NCT 21 relative à la présentation des états financiers des établissements bancaires.
128
-Autres fonds empruntés : les emprunts et autres dettes contractés auprès d'organismes
nationaux et étrangers autres que les établissements bancaires, au sens des textes en vigueur
régissant l'activité bancaire et la clientèle.
-Ressources spéciales : les fonds spéciaux d'origine budgétaire ou extérieure gérés pour
compte et à affectations spécifiques autres que les emprunts définis sous (a) et (b) ci-dessus.
Ils peuvent être en dinar tunisien ou en devise. Les emprunts en devises sont enregistrés dans
la comptabilité ouverte dans chacune des devises. Elles sont ensuite converties et reversées
dans la comptabilité en monnaie de référence229.
A la date de clôture, les emprunts en devise sont convertis sur la base du cours de change en
vigueur à la date d’arrêté230.
-Si l’emprunt résulte de l’acquisition d’actifs immobilisés non soumis à la Zakat ()عروض قنية,
il n’est pas déductible de l’assiette. Même traitement si l’emprunt est contracté pour
l’acquisition des biens en vue de location dans le cadre d’un contrat « Ijarah acquisitive » vu
que le bien lui-même ne fait pas partie de l’assiette.
Traitement comptable :
Les dettes rattachées aux emprunts représentent la rémunération de ces emprunts. Cette
rémunération est sous forme d’intérêts.
229
Norme comptable NCT 23 relative aux opérations en devise dans les établissements bancaires, paragraphe 17.
230
Norme comptable NCT 23 relative aux opérations en devise dans les établissements bancaires, paragraphes
23 et 24.
231
Ce traitement a été aussi prévu par les paragraphes 6.2.1 et 6.2.2 de la norme Charaique n° 35 relative à la
Zakat.
129
Ces dettes sont comptabilisées à mesure qu’elles sont courues, donc elles concernent soit
uniquement l’exercice concerné soit des exercices antérieurs.
Les dettes libellées en devises doivent être converties en dinars en utilisant le cours de change
au comptant interbancaire publié par la Banque Centrale de Tunisie à la date de clôture
conformément à la norme comptable tunisienne NCT n°23 relative aux opérations en devise
dans les établissements bancaires.
S’agissant d’intérêts usuraires, ces dettes ne doivent pas être déduites de l’assiette car les
obligations prohibées ne sont pas, au regard de la charia, une dette licite et ne sont pas
considérées comme un engagement à payer232.
-Provisions pour risques et charges : les provisions constituées sur les éléments du hors bilan
ainsi que les provisions pour litiges et autres passifs.
-Compte d’attente et de régularisation : les suspens créditeurs à régulariser qui ne peuvent être
imputés de façon certaine à un compte déterminé ou qui exigent une information
complémentaire ainsi que les comptes de régularisation représentant la contrepartie des pertes
constatées en résultat, relatives à des opérations de bilan ou de hors bilan et les produits
constatés d'avance. Il comprend les produits constatés d’avance, les comptes exigibles après
encaissement et les comptes d’ajustement devise.
-Autres : les dettes à l'égard des tiers qui ne figurent pas dans les autres postes de passif ainsi
que les provisions pour risques et charges qui ne peuvent pas être directement déduites des
postes d'actif à savoir les dettes envers les fournisseurs des biens utilisés dans le cadre de
financement Murabahah et financement Ijarah, les fournisseurs d’exploitation, les
fournisseurs d’immobilisation, les dettes envers l’Etat et les organismes sociaux, les dettes
envers le personnel de l’institution
232
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, point n° 6.2.4
233
Poste PA5 Autres passifs de la norme NCT 21 relative à la présentation des états financiers des
établissements bancaires, page 7.
130
4.1 Les fournisseurs des actifs commercialisés dans le cadre des opérations de
financement Murabahah :
Traitement comptable :
Ces comptes enregistrent les dettes au titre des biens achetés pour être vendues dans le cadre
de contrats de financement Murabahah. Ça inclut les dettes fournisseurs pour lesquelles les
factures ne sont pas encore parvenues234.
Ils sont comptabilisés pour la valeur devant être payée pour se dégager de l’engagement.
Ces comptes peuvent être en dinar ou en devise. Les montants en monnaie étrangère doivent
être convertis en dinars à la date de l’opération, selon le taux de change en vigueur à cette
date235. Ils sont évalués, à la date de clôture, en utilisant le taux de change en vigueur à la date
de clôture236. Le cours de change correspond au cours de change au comptant interbancaire
publié par la Banque Centrale de Tunisie237.
Ces dettes doivent être déduites de l’assiette de la Zakat pour leur valeur comptable vu
qu’elles font partie de l’activité principale de la banque238.
Traitement comptable :
Ces comptes enregistrent les dettes au titre des biens achetés pour être loués dans le cadre de
contrats de financement Ijarah ou Ijarah acquisitive. Ça inclut les dettes fournisseurs pour
lesquelles les factures ne sont pas encore parvenues.
234
Compte crédité dans le cas de l'inventaire permanent en cours d'exercice momentanément à chaque entrée en
stock avant la réception des factures correspondantes conformément à la norme comptable NCT 1, classe 4, page
56.
235
Norme comptable Tunisienne n°23 les opérations en devises dans les établissements bancaires, paragraphe
17.
236
Norme comptable Tunisienne n°23 les opérations en devises dans les établissements bancaires, paragraphe
23.
237
Norme comptable Tunisienne n°23 les opérations en devises dans les établissements bancaires, paragraphe
5/h
238
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 6.2.1.
131
Ces comptes peuvent être en dinar ou en devise. Les comptes en devise sont traités de la
même manière que celle présentée pour les fournisseurs de bien dans le cadre du contrat de
financement Murabahah.
Ces montants ne sont pas déductibles de l’assiette de la Zakat pour les deux natures de
location ; Ijarah ou Ijarah acquisitive, vu que les actifs qui sont objet de cette dette seront
utilisés pour location et non pas pour commercialisation et vu l’actif lui-même ne fait pas
partie de l’assiette de la Zakat239.
Traitement comptable :
Les dettes envers les fournisseurs d’immobilisations sont les montants non payés au titre de
l’acquisition des immobilisations corporelles et incorporelles qui sont nécessaires à
l’exploitation telles que la construction du siège social, le matériel informatique, les logiciels
etc.
Ces dettes peuvent être en dinar ou en devise. Les montants en devise doivent être évalués à la
date de clôture, en utilisant le cours de change en vigueur à cette date.
Ces montants sont des dettes rattachées à des actifs qui ne font pas partie de l’assiette de la
Zakat, et par conséquent, ces dettes ne doivent pas être diminuées de cette assiette240.
239
Par référence au paragraphe 6.2.2 de la norme Charaique 35, prévoyant que les dettes correspondant à
l’acquisition des immobilisations qui ne sont pas soumises à la Zakat, ne sont pas déductibles.
240
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 60.2
132
Traitement comptable :
Ils s’agissent des dettes naissant de la relation de la banque avec ses fournisseurs ordinaires de
services ou de consommables.
Les dettes sont comptabilisées pour les montants engagés et non encore payés y compris les
dettes dont les factures ne sont pas encore parvenues.
Traitement comptable :
Ces montants sont retenus par la banque en contrepartie des engagements à exécuter par les
fournisseurs comme la retenue de garantie contre l’exécution des travaux de construction
d’une agence par exemple.
Ces retenues sont déductibles pour leur valeur comptable242. Cependant si la retenue de
garantie est associée à une immobilisation corporelle ou incorporelle, elle n’est pas déductible
de l’assiette de la Zakat.
Traitement comptable :
241
Norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 6.3.2.
242
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 72.
243
Norme comptable générale n°1, classe 4, compte 43 Etat et collectivités locales, pages 58 et 59.
133
-les retenues à la source effectuées par l'entreprise pour le compte de l'Etat sur des sommes
dues à des tiers par le débit de leurs comptes.
-les autres impôts, taxes et versements assimilés à savoir la TFP, FOPROLOS et TCL.
Les différentes dettes autres que l’impôt sur les bénéfices sont payables avant le 28 du mois
qui suit le mois de leur constatation244. L’impôt sur les sociétés est payable avant le 25 Mars
de l’année qui suit celle de sa constatation245.
Si les délais sus indiqués sont dépassés, des pénalités de retard seraient dues par la banque246.
Ces dettes sont exigibles et par conséquent sont à diminuer de l’assiette de la Zakat247.
Toutefois, les pénalités de retard ne sont pas déductibles de l’assiette, le cas échéant248.
Traitement comptable :
Ces dettes représentent les cotisations légales au profit de la caisse nationale de sécurité
sociale qui englobe la partie salariale retenue sur le personnel et la partie patronale supportée
par la banque. Elles incluent aussi les cotisations au titre du régime complémentaire.
Ces dettes sont payées trimestriellement dans un délai ne dépassant pas le 15 du troisième
mois suivant le trimestre durant lequel elles ont été constituées249. Passé ce délai, ces dettes
généreraient des pénalités de retard250.
244
Ces dispositions sont prévues par : Article 18 paragraphe 4 du code de la TVA pour la TVA, Article 16 du
code de l’IRPP et d’IS pour la TCL, Article 52 paragraphe 4 du code IRRP et IS pour les retenues à la source.
245
Article 60 paragraphe 2 du code IRRP et IS.
246
Une pénalité de 0.5% du montant de l’impôt par mois ou fraction de mois de retard est prévu par l’article 81
du code des procédures fiscaux.
247
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 71.
248
Le traitement de la Zakat des pénalités de retard a été traité par Korichi Mohamed Al Akhdhar, Al Itar al
Muhassabi li Zakat Achcheriket Attijaria االطار المحاسبي لزكاة الشركات التجارية, mémoire de master, Université
Kasdi Merbah ourgla Algérie 2009 page 177.
134
Traitement de point de vue de la Zakat :
Ces dettes sont parmi les dettes exigibles dans une courte période et par conséquent, elles
doivent être déduites de l’assiette251. Toutefois, les pénalités de retard y correspondantes, le
cas échéant, ne sont pas déductibles.
Traitement comptable :
Ce sont les charges relatives à l'exercice concerné qui n'ont pas encore été réglées à la clôture
de l'exercice.
Les charges à payer sont parmi les engagements à court terme exigibles et ils doivent être
diminués de l’assiette de la Zakat252.
Traitement comptable :
Lorsque des produits prohibés par les normes islamiques sont générés par la banque, ces
produits ne doivent pas être comptabilisés au résultat de l’exercice. Ils sont alors portés dans
des comptes d’attente du passif courant vu que ces produits doivent être distribués dans des
buts caritatifs.
Ces dettes ne sont pas déduites de l’assiette de la Zakat car elles sont en contradiction avec
l’un des principes de la Zakat qui est la licéité de l’argent.
249
Loi N° 1960-30 du 14 Décembre 1960 relative à l’organisation des régimes de sécurité sociale, Article 45 et
46
250
Prévue par l’article 105 Nouveau, paragraphe 2 de la loi n° 1960-30 du 14 décembre relative à l’organisation
des régimes de sécurité sociale
251
Dr Hssin Hassan Chahata, Fekh wa Mouhassabat Azzaket des sociétés فقه و محاسبة زكاة الشركات, page 56, Caire
Egypte, 2009. "" يطرح من األموال الزكوية االلتزامات )الخصوم( الحالّة المستحقة قصيرة األجل وذلك للوصول إلى وعاء الزكاة
252
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, point 6.3.8
135
4.10 Les provisions pour risques et charges :
Traitement comptable :
Cette rubrique compte est destinée à enregistrer les provisions pour risques et charges dont la
survenance est probable dans les douze mois à partir de la date de clôture253.
-Les provisions sur engagement hors bilan : Les engagements hors bilan sont des « opérations
qui ne donnent pas lieu à l’utilisation en trésorerie ». Toutefois, leur exécution éventuelle
pourrait modifier le montant ou la consistance du patrimoine de la banque254.
Par nature, les engagements par signature englobent les engagements de financement, les
engagements de garantie et les opérations en devises255.
Les provisions sur engagement hors bilan sont constituées sur les engagements données dont
le recouvrement n’est pas certain telles que les crédits documentaires, les cautions et avals
donnés par la banque etc. Les mêmes règles de calcul de la provision des engagements
bilanciels (Antériorité de l’engagement) s’applique pour les engagements hors bilan.
-Provisions pour litiges : Sont constituées si un tiers ou un employé lance une affaire juridique
à l’encontre de la banque pour n’importe quel motif. Elles sont comptabilisées pour le
montant objet de l’affaire majoré par les frais encourus par la procédure.
-Provisions pour risque fiscal : Ces provisions sont constituées dans les cas suivants :
253
Norme comptable générale NCT 1, classe 4, page 60.
254
Annexe à la circulaire aux banques et établissements financiers n°93-08 du 30 Juillet 1993, Paragraphe 3.A.
255
Annexe à la circulaire aux banques et établissements financiers n°93-08 du 30 Juillet 1993.
136
• Dans le cas ou la banque n’a pas procédé au paiement d’un impôt à lequel elle
est soumise au titre d’exercices antérieurs (par exemple la taxe sur la valeur
ajoutée, impôt sur les bénéfices ou autres taxes). C’est le cas, d’un impôt non
reconnu par la banque.
Ces provisions sont comptabilisées pour le montant de l’impôt du et non payé
majoré des pénalités de retard.
• Dans le cas d’une taxation issue d’un contrôle fiscal effectué par les services
de contrôle fiscal conformément aux dispositions du code des procédures
fiscaux. Le montant comptabilisé correspond à celui notifié par les services de
contrôle après l’achèvement de leurs travaux. Ces montants ne sont pas
définitifs car ils donnent droit à opposition de la part du contribuable.
-Provisions pour charges de départ à la retraite : sont des provisions constituées pour faire
face aux primes de fin de carrière devant être payées au personnel de la banque. Elles sont
calculées en fonction des années travaillées par chaque personnel au sein de l’institution et
elles sont comptabilisées pour le montant dont la banque estime payer à la fin de carrière de
chaque personnel en tenant compte de l’effet de temps.
-Les provisions pour engagement hors bilan : les engagements hors bilan sont des
engagements probables non certains et ils sont par conséquent des engagements hors champ
de la Zakat256 . Les provisions pour engagement hors bilan suivent les engagements eux-
mêmes et sont donc hors champ de la Zakat et ne sont pas déductibles de l’assiette.
-Les provisions pour litiges ne doivent pas être diminuées de l’assiette en l’absence d’un
jugement judiciaire définitif à l’encontre de la banque257. Si les montants deviennent exigibles
suite à un jugement définitif, ils deviennent déductibles de l’assiette.
256
Dr Issam Abd Al Hedi Abu Anassr Zakat des engagements hors bilan, faculté de commerce,Université al
Azhar, version Arabe, page 33.
257
Norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 7.3.7 & Guide de la Zakat, Beit Azzaket
Al Kuweiti, paragraphe 75 bis
137
-Les provisions pour charges de départ à la retraite ne doivent pas être diminuées de l’assiette
selon le guide de la Zakat et selon la norme de la Charia n°35 de l’AAOIFI relative à la
Zakat258, tant qu’elles n’ont pas été effectivement payées ou qu’elles sont exigibles durant
l’exercice en cours mais qu’elles ne sont pas encore déboursées.
Traitement comptable :
Ces charges sont constituées pour traduire comptablement le solde des congés du personnel
qui ne sont pas consommés jusqu’à la clôture de l’exercice261. La charge comptabilisée
correspond au solde de congé non consommé en nombre de jours multiplié par le salaire but
du salarié y compris les charges patronales.
Selon la norme de la Charia n°35 de l’AAOIFI, ces charges ne sont pas déductibles de la
base262 alors que le Guide de la Zakat de Beit Azzaket al Kuweiti prévoit sa déduction263.
Nous adoptons la règle prévue par la norme étant donné que le décaissement de ces charges
n’est pas certain.
258
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 75 & et norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative
à la Zakat, point 7.3.6. La décision n° 143 de la conférence n° 16 de Mojammaa Al Fekh Al Islami a prévu un
traitement convergent pour ce type de provision.
259
Norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, paragraphe 7.3.11
260
Par référence au paragraphe 7.2.4 de la norme Charaique n°35.
261
Prévu par la norme comptable générale NCT 01, classe 4, section 42 personnel et comptes rattachés.
262
Norme Charaique n°35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, point 7.3.5
263
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 74.
138
4.11 Les dettes envers le personnel :
Traitement comptable :
Les dettes envers le personnel sont les salaires ou les primes qui ne sont pas encore payés
avant la date de clôture de l’exercice. Elles correspondent généralement au salaire net du mois
de décembre et à la prime nette du 4ème trimestre.
Ces dettes doivent être déduites de la base de la Zakat pour leur valeur comptable.
Traitement comptable :
Ce compte enregistre les montants imputés à des comptes de produits mais qui concernent des
périodes comptables postérieurs. Ces produits peuvent être des commissions de garantie, des
revenus sur vente Murabahah ou des revenus sur location Ijarah etc.
Les produits constatés d’avance ne sont pas déductibles de l’assiette de la Zakat tant que le
service associé à ces produits n’est pas encore rendu264.
Traitement comptable :
Ces comptes constituent la contrepartie des valeurs reçues à l’encaissement sur la Tunisie et
sur l’étranger. On entend par valeur, les chèques et les effets présentés à l’encaissement.
Les valeurs en devises doivent être converties à la clôture de l’exercice en utilisant le taux de
change en vigueur à la date de clôture.
264
Guide de la Zakat, Beit Azzaket Al Kuweiti, paragraphe 70
139
Traitement de point de vue de la Zakat :
Ces valeurs sont déductibles de l’assiette pour leurs valeurs comptables265. Les valeurs en
devises sont déductibles pour la valeur comptable convertie.
Traitement comptable :
Ce compte est déductible de l’assiette car ces montants sont rattachés à des passifs monétaires
qui sont réalisés.
Le traitement des éléments des capitaux propres se fera du point de vue comptable et du point
de vue de la Zakat.
Traitement comptable :
Les capitaux propres représentent les droits de propriété possédés par les actionnaires de la
banque. Ils sont l'intérêt résiduel dans les actifs de l'entreprise après déduction de tous ses
passifs267. Ils qui sont composés principalement par :
-Le capital social : il représente les apports des actionnaires à la constitution de la société ou
postérieurement à sa création.
-Les réserves : Elles désignent les montants des bénéfices affectés en tant que tels et ils sont
de 3 sortes :
265
Norme Charaique n° 35 de l’AAOIFI relative à la Zakat, point 6.3.6 page 902.
266
Annexe à la circulaire aux banques et établissements financiers n° 93-08 du 30 Juillet 1993.
267
Norme comptable NCT 02 relative aux capitaux propres, paragraphe 5.
140
• La réserve légale : cette réserve est prélevée après chaque exercice à raison de
5% des bénéfices. Ce prélèvement cesse d’être obligatoire lorsque le fonds de
réserves atteint le dixième du capital268.
• Les réserves statutaires et contractuelles, affectées suite à une disposition
statutaire, contractuelle ; et
• Les réserves facultatives affectées suite à des décisions prises par les
propriétaires de l’entreprise269. C’est le cas de la réserve pour fonds social qui
est destinée, généralement, à financer des opérations remboursables telles que
l’octroi des prêts au personnel270.
-Les bénéfices non distribués : sont les revenus de la banque nets des charges après
prélèvement des réserves et avant distribution des dividendes aux actionnaires.
-Les résultats reportés : ils représentent les résultats négatifs ou positifs non distribués et qui
sont relatives à des exercices antérieurs.
-Le capital social est une source de financement à long terme mais il n’est pas parmi les
engagements de la société et par conséquent n’influe pas la base de la Zakat271.
-Les réserves font partie des droits des actionnaires, pour cette raison la règle appliquée au
capital social, elle leur s’applique également.
-Les résultats non distribués ainsi que les résultats reportés sont aussi des droits revenants aux
actionnaires qui sont eux même concernés par le calcul de la Zakat, donc ils ne doivent pas
être diminués de la base de la Zakat.
268
Article 140 du code des sociétés commerciales.
269
Norme comptable NCT 02 relative aux capitaux propres, paragraphe 5.b
270
Norme comptable NCT 02 relative aux capitaux propres, paragraphe 16.
271
Guide de la Zakat, Beit Azzaket al Kuweiti, paragraphes 79,80 et 81.
141
CHAPITRE 2 : Zakat des banques islamiques tunisiennes :
Nous présentons dans cette section la Banque de Zitouna qui sera l’objet de notre cas pratique
pour le calcul de la Zakat. Notre choix de cette banque est principalement dû au fait que cette
banque effectue le calcul de la Zakat depuis l’exercice 2014 et fournie une information dans
ses notes aux états financiers concernant la Zakat. La présentation englobe la création de la
banque et sa structure, ses missions et ses valeurs, son réseau et sa stratégie, activité et
résultats de la banque, son organisation et sa comptabilité. La source de ces informations est
le rapport annuel de la banque de zitouna au titre de l’exercice 2016.
1.1. Création :
Banque Zitouna a été créée en 2009 sous forme d’une société anonyme au capital de
88 500 000 de dinars, et régie par la loi n° 2001-65 du 10 juillet 2001 relative aux
établissements de crédit telle que modifiée respectivement par la loi n° 2006-19 du 02 mai
2006 et par la loi n° 2016-48 du 11 juillet 2016 La nouvelle loi bancaire
- Janvier 2011 : Mise sous tutelle de la BCT et nomination d’un administrateur provisoire.
142
-Juin 2012 : Réinstauration des instances de gouvernance et nomination d’un président
directeur général.
Au 31/12/2016, le capital social, est divisé en 120 000 000 actions de 1 DT chacune réparties
comme suit272 :
Nombre Montant de la
Actionnaires % dans le capital
d'actions participation (DT)
La banque Zitouna est une banque islamique qui offre une gamme complète de produits et
services innovants en respect des principes de la Finance Islamique. Elle se veut également
une banque universelle, moderne à forte responsabilité sociale ouverte sur son environnement
et participant activement au développement de la Tunisie.
272
Source, Rapport annuel de l’exercice 2016 de la Banque de Zitouna.
143
Sous-section 2 : Missions et valeurs :
Nous présenterons dans cette section respectivement les missions et les valeurs de la banque.
2.1 Missions :
-Répondre à une demande de plus en plus accrue des produits et services financiers conformes
aux principes de la finance islamique.
2.2 Valeurs :
-Equité : Banque Zitouna est profondément imprégnée des valeurs de solidarité et d’entraide
qui régissent la société Tunisienne. Son rôle est d’assurer une accessibilité équitable à son
offre de produits et services.
-Innovation : Banque Zitouna vit dans un environnement en perpétuel mouvement ou elle doit
constamment s’adapter à son environnement. En anticipant et en innovant Banque Zitouna est
convaincue de pouvoir proposer les meilleures solutions à ses clients.
-Confiance : La confiance est le fondement même des rapports de Banque Zitouna avec ses
collaborateurs, ses fournisseurs, ses partenaires et ses clients.
-Fidélité : Banque Zitouna veille à proposer des solutions innovantes à ses clients, des
solutions fidèles à leurs valeurs et fidèles aux siennes.
144
Sous-section 3 : Réseau et stratégie de la banque :
3.1 Réseau :
Afin de pouvoir offrir les produits et services de la Finance Islamique à tous les tunisiens,
Banque Zitouna opte pour le renforcement de la proximité clientèle. Elle a ainsi réussi de
porter le nombre d’agence à fin 2016, à 103 agences. En outre, son appareil commercial
compte 9 directions régionales.
Vision :
Missions :
Valeurs :
Après une étude approfondie sur les différents marchés, segments clientèles, le cadre légal et
le changement du contexte économique du pays, Banque Zitouna a décliné sa stratégie en 4
axes stratégiques. :
145
Croissance et rentabilité, Conformité Charaique, Capital humain, Responsabilité sociétale et
environnementale.
Nous présenterons dans cette sous-section l’activité principale et les meilleurs indicateurs
de la banque.
Sur la période 2010-2016, les dépôts de la clientèle ont augmenté de l’ordre de 31% en
moyenne.
Le graphique ci-dessous retrace l’évolution des dépôts sur cette période : les chiffres sont
exprimés en MD :
Figure 8 : Graphique d’accroissement annuel moyen des dépôts de la clientèle de Banque
Zitouna
Sur la période 2010-2016 les créances à la clientèle ont été marquées par un taux
d’accroissement annuel moyen de l’ordre de 50%.
146
Figure 9 : Graphique Accroissement annuel moyen des encours de financement de Banque
Zitouna
-La part des financements Murabahah s’est élevée à 80.9% à fin 2016.
3%
16%
81%
147
Sous-section 5 : Organisation de la banque :
Comité de Charia :
Il a pour mission d’approuver l’offre de produits et services et les opérations offertes par
l’institution financière, en termes de caractéristiques produits et de documentation juridique.
148
Le comité Charia veille également à assurer le développement de la supervision de la
conformité Charaique, en interne, afin de lui permettre de vérifier le respect de la conformité
Charaique et la bonne application des décisions et fatwas prises dans le cadre de ce comité.
Les organes de direction sont le management, le comité exécutif et le comité des directeurs.
Le management :
Comité Exécutif :
La mission du comité des directeurs a pour but d’assurer une meilleure gestion de l’activité
opérationnelle de la Banque axée sur la performance et sur le mécanisme de direction et de
leadership.
Cette sous-section est consacrée pour la présentation du référentiel comptable appliqué par la
Banque ainsi que les principes et méthode comptable utilisés par elle.
-Les principes comptables généralement admis prévues par le système comptable tunisien des
entreprises,
-Les principes comptables applicables aux établissements financiers islamiques, tels que
promulgués par « the Accounting and Auditing Organization for Islamic Financial Institutions
».
-Et les principes comptables édictés par les circulaires de la Banque Centrale de Tunisie.
149
Le respect de la règlementation en vigueur est établi selon l’ordre suivant :
Dans les cas de divergence entre les différentes sources, l’établissement des états financiers
respecte dans tous les cas les concepts et les principes prévus par le cadre conceptuel ainsi que
la hiérarchie susvisée.
Les états financiers de la Banque Zitouna sont élaborés sur la base de la mesure des éléments
du patrimoine au coût historique.
A la date de chaque arrêté, les profits encaissés relatifs à des opérations de financement et
d’investissement dont l’origine des fonds au départ était des comptes Tawfir, des comptes
participatifs, des comptes à vue, des contrats Istithmar et/ou du capital libre de la banque, sont
répartis entre la banque et les détenteurs de ces comptes en fonction de la contribution de
chaque intervenant dans ces financements et de la clé de répartition contractuelle.
150
En outre, les principes islamiques de solidarité des exercices et de sauvegarde des intérêts des
déposants, tels que stipulés par la norme 11, prévoie la possibilité de constituer, après accord
des titulaires des comptes participatifs, deux types de réserves spécifiques : une réserve
d’équilibre des profits et une réserve pour risque d’investissement.
• Réserve d’équilibre des profits : Cette provision est prélevée de la masse des profits à
servir aux déposants, avant prélèvement de la quote-part de la banque en tant que
Mudarib. Les montants, logés sous cette rubrique, sont repartis proportionnellement
entre la banque et les déposants.
• Réserve pour risque d’investissement : Cette réserve est prélevée de la masse des
profits à distribuer aux déposants, après prélèvement de la quote-part de la banque en
tant que Mudarib, pour prémunir les déposants des baisses éventuelles des profits dans
le futur.
Les montants, logés sous cette rubrique, sont du droit des déposants et doivent, par
conséquent, être rattachées aux dépôts et avoirs de la clientèle.
6.2.2 La Zakat :
La banque ne procède pas à la liquidation de la Zakat puisqu’elle n’a pas été expressément
mandatée à liquider la Zakat ni par une loi, ni par ses statuts, ni par l’assemblée générale des
actionnaires, ni par les clients.
Toutefois, la Banque procède au calcul du montant de la Zakat dû par les actionnaires et les
titulaires des comptes d’investissement mutlak (titulaires des comptes participatifs, comptes
Tawfir et contrats istithmar) et les titulaires des titres participatifs et ce conformément à la
norme charaique 35 « Zakat : l’Aumône légale » et en concertation avec le comité charaique.
Le calcul de la Zakat vient en application de la norme comptable 9 de l’AAOIFI qui exige de
fournir une information sur le montant de la Zakat dû dans ses notes aux états financiers.
Conformément aux dispositions prévues par les normes comptables sectorielles des
établissements bancaires et par le circulaire n° 91-24 du 17 décembre 1991 de la Banque
151
Centrale de Tunisie, une évaluation de l’ensemble des créances de la Banque est effectuée sur
la base de la situation, à la date d’arrêté, et compte tenu des événements postérieurs à cette
date.
Cette évaluation est accompagnée d’une appréciation de l’ensemble des garanties déductibles
au sens de la circulaire n°91-24 de la Banque Centrale de Tunisie relative aux règles
prudentielles.
Les provisions sont déterminées selon les taux prévus par la circulaire de la BCT après
déduction des garanties considérées comme valables.
Les garanties qui ont été considérées comme juridiquement valables sont :
• Les garanties reçues de l'Etat tunisien, des banques et des compagnies d'assurance,
lorsqu'elles sont matérialisées ;
• Les garanties matérialisées par des instruments financiers ;
• Les hypothèques dûment enregistrées et portant sur des biens immatriculés à la
conservation de la propriété foncière, réalisables dans un délai raisonnable ;
• Les promesses d'hypothèques portant sur des terrains acquis auprès de l'AFH, l'AFI ou
l'AFT ;
• Les hypothèques maritimes dûment enregistrées.
Les revenus sont les produits provenant de l’exploitation de la banque. Un revenu ne peut être
comptabilisé qu’au moment de sa réalisation. La prise en compte du revenu n’est effectuée
que dans l’un des cas suivants :
152
Dans ce cadre :
Les profits relatifs à des créances douteuses comptabilisés précédemment mais non payés,
sont à déduire du résultat de l’exercice. Ces profits sont comptabilisés en tant que profits
réservés et traités en tant que tels.
Toutes les charges ayant concouru à la réalisation des revenus relatifs à l’exercice comptable,
doivent être déterminées et rattachées à ce même exercice.
Le rattachement des charges aux produits s’effectue, entre autres, par le biais des comptes de
régularisation qui sont utilisés pour répartir les charges et les produits dans le temps de
manière à rattacher à chaque exercice seulement les charges et les produits qui le concernent.
153
Section 2 : Présentation des états financiers et calcul de la Zakat :
Nous commençons dans cette sous-section par la présentation des états financiers de la
banque au titre des exercices 2015 et 2016 puis le calcul de la Zakat dû par action au titre de
l’année 2016.
Nous présentons le Bilan, l’état des engagements hors bilan, l’état de résultat et l’état de flux
de trésorerie. Quant aux notes aux états financiers, ils seront présentés dans la sous-section
relative au calcul de la Zakat
154
BILAN
En 1000 Dinars
155
ETAT DES ENGAGEMENTS HORS BILAN
En 1000 Dinars
Notes 31/12/2016 31/12/2015
PASSIFS EVENTUELS
Cautions, avals et autres garanties données 6-1 29 868 16 946
Crédits documentaires 6-2 67 688 38 959
TOTAL DES PASSIFS EVENTUELS 97 556 55 905
ENGAGEMENTS DONNES
Engagements de financement en faveur de la clientèle 6-3 161 445 196 528
Engagements sur titres - -
TOTAL DES ENGAGEMENTS DONNES 161 445 196 528
ENGAGEMENTS REÇUS
Garanties reçues 6-4 660 910 536 803
TOTAL DES ENGAGEMENTS RECUS 660 910 536 803
156
ETAT DE RESULAT
En 1000 Dinars
157
ETAT DE FLUX DE TRESORERIE
En 1000 Dinars
ACTIVITES D'EXPLOITATION
Produits d'exploitation bancaire encaissés (hors revenu du portefeuille d'investissement) 155 440 105 075
Charges d'exploitation bancaire décaissées (52 833) (41 707)
Prêts et avances / Remboursement prêts et avances accordés à des établissements
8 977 (67 443)
financiers
Dépôts / Retraits dépôts auprès d'autres établissements bancaires et financiers 26 803 19 657
Prêts et avances / Remboursement prêts et avances accordés à la clientèle (457 648) (346 359)
ACTIVITES D'INVESTISSEMENT
Intérêts et dividendes encaissés sur portefeuille d'investissement - -
Flux de trésorerie net provenant des activités d'investissement (18 417) (18 690)
ACTIVITES DE FINANCEMENT
Emission / Remboursement d'emprunts (2 962) 47 660
Incidence des variations des taux de change sur les liquidités et équivalents de liquidités - -
Variation nette des liquidités et équivalents de liquidités au cours de l'exercice 28 640 22 894
158
Sous-section 2 : Détermination de l’assiette de la Zakat :
Notre cas consiste à recalculer la Zakat par action relative aux actions détenues par les
actionnaires de la Banque de Zitouna, en utilisant les outils nécessaires qui sont les états
financiers à savoir le bilan, l’état de résultat et les notes aux états financiers. Les notes aux
états financiers seront présentées au niveau des paragraphes consacrés au traitement des
rubriques des états financiers pour la détermination de l’assiette de la Zakat à savoir les points
« 2.1.1 Présentation des actifs soumis/non soumis à la Zakat » et « 2.2.1 Présentation du
passif déductible de l’assiette ».
Le schéma de calcul de la Zakat tel qu’effectué par la Banque consiste à déterminer l’assiette
brute exigible par les actionnaires et les titulaires des comptes d’investissement puis la valeur
de la Zakat pour chaque groupe selon les clés de répartition. Toutefois, notre schéma se limite
à calculer la Zakat dû par action directement sans tenir compte de l’assiette revenant aux
titulaires des comptes d’investissement en considérant ces comptes d’investissement revenant
aux titulaires des comptes d’investissement des passifs. A cet effet, notre démarche de calcul
consiste à traiter les rubriques d’actifs et les rubriques de passif autres que les comptes
d’investissement suivant la démarche de la banque comparée à notre propre démarche. Nous
ajoutons un commentaire à chaque fois ou le traitement de la banque est divergent à celui que
nous tendons à adopter. Quant aux comptes d’investissement, ils seront déduits de l’assiette
en tant que passif contrairement au traitement de la banque ou ils ne subissent aucun
traitement.
Ce choix est justifié par des raisons de cohérences ; vu que la partie théorique a traité la
détermination de l’assiette de la Zakat par action qui est en ligne avec la norme charaique
n°35 relative à la Zakat.
Ce choix est justifié par le fait que si nous déterminons une assiette globale, une partie des
actifs, déduction faite d’une partie du passif déductible serait transférée aux titulaires des
comptes d’investissement alors qu’il revienne uniquement aux actionnaires ; c’est le cas des
comptes d’impôt et de sécurité sociale.
159
-Déterminer la valeur du passif déductible de la Zakat pour le passif autre que les comptes
d’investissement, suivant la démarche de la banque, et traiter les comptes d’investissement en
tant que passif.
Pour la détermination de la valeur des actifs soumis à la Zakat, nous allons présenter les
différentes rubriques d’actifs détaillées dans un tableau en mentionnant les éléments soumis à
la Zakat. Des références à des commentaires peuvent être ajoutées afin de donner des
explications relatives aux comptes, ou pour attirer l’attention des cas ou nous tendons à un
traitement divergent de celui fait par la banque.
Les notes relatives au détail de certaines rubriques dont nous jugeons nécessaires pour la
qualification de leur traitement de point de vue de la Zakat, sont présentées sous le tableau en
leur faisant référence à partir du tableau.
La présentation se fera sous la forme d’un tableau à 5 colonnes : une colonne pour les
rubriques détaillées, une colonne pour la valeur comptable, une colonne pour la valeur
soumise à la Zakat suivant le calcul de la Banque, une colonne pour la valeur soumise à la
Zakat suivant notre calcul et une colonne pour une référence à un commentaire le cas échéant.
160
Créances rattachées aux comptes des
1 922 1 922 1 922
établissements financiers et bancaires
161
-Débits à régulariser et
18 724 17 862 17 862 C10
Comptes de divers
régularisation -Charges payées ou
3 384 0 0
comptabilisées d'avance
-Charges à répartir sur
386 0 0
plusieurs exercices
Non Valeurs
-Frais d'émission des
330 0 0
titres participatifs
Siège, succursale et agences 571 571 571
Biens récupérés destinés à la vente (viii) 3 929 3 929 3 929 C11
(i) Cette rubrique enregistre les opérations de Murabahah interbancaire et les valeurs en
dinars auprès de ces banques.
(iii) Cette rubrique est constituée des certificats de leasing placés auprès des sociétés de
leasing.
Ces certificats fonctionnent sur la base de la technique de Mudarabah et ils permettent ainsi à
leurs titulaires d’avoir un pourcentage dans le profit résultant des opérations effectuées par les
sociétés de leasing et comme convenu entre les deux parties.
(iv) Elle enregistre l’ensemble des opérations de financement de biens à court terme, octroyés
à la clientèle via la technique « Murabahah ».
(vi) Il s’agit des comptes débiteurs non rémunérés des clients ordinaires. L’octroi de cet
avantage aux clients n’est pas automatique. Il est soumis à une autorisation préalable auprès
de la direction générale. Aucun profit n’est constaté sur les débits en comptes.
162
(viii) Suite à la réalisation par voie judiciaire d’un contrat Ijarah et d’un contrat Murabahah,
il a été décidé de reclasser les biens récupérés parmi les biens destinés à la vente.
Les commentaires dont nous avons jugés nécessaires pour apporter plus d’explications au
traitement des éléments d’actifs sont au nombre de 11.
Le solde retenu par la banque est le solde comptable en tenant compte des suspens. Par contre,
nous considérons que c’est le solde comptable qui doit être retenu vu que les suspens
correspondent à des transactions pour le compte de sa clientèle a un effet nul ; si nous les
ajoutons, le compte y associé au niveau du d’actif ou du passif doivent être de même réajustés
sinon nous aurons un déséquilibre. Par contre les suspens qui correspondent à des
commissions doivent être ajoutés (déduites) du solde comptable. La valeur des commissions
est minime donc nous prenons le solde comptable sans ajustements.
Le solde retenu par la banque est le solde comptable en tenant compte des suspens. Par contre,
nous considérons que c’est le solde comptable qui doit être retenu vu que les suspens
correspondent à des transactions pour le compte de sa clientèle a un effet nul ; si nous les
ajoutons, le compte y associé au niveau du d’actif ou du passif doivent être de même réajustés
sinon nous aurons un déséquilibre. Par contre les suspens qui correspondent à des
commissions doivent être ajoutés (déduites) du solde comptable. La valeur des commissions
est minime donc nous prenons le solde comptable sans ajustements.
163
Par ailleurs, ces opérations (Murabahah interbancaire, certificats de leasing) peuvent être
entourées par des non conformités vis-à-vis la Charia, donc le recours au rapport du comité de
Charia de la banque est nécessaire pour qualifier les revenus y afférents s’ils sont soumis à
l’assiette de la Zakat. Suivant ce rapport, il n’y a pas de non-conformités signalées à ce titre,
donc même les revenus associés à ces comptes font partie de la Zakat.
Pour le portefeuille Murabahah, il faut tenir compte des profits non comptabilisés. La marge
n’est pas comptabilisée au bilan en appliquant les normes comptables tunisiennes NCT. La
valeur des profits non comptabilisés est de 192 008 KDT y compris la marge sur vente
Khadamet.
Le portefeuille Ijarah ne fait pas partie de l’assiette de la Zakat s’agissant d’un portefeuille
destiné à la location. Par contre, les revenus y afférents sont soumis à la Zakat.
Notre choix tend à ne pas adopter cette méthode pour la raison que le nombre des jours de
recouvrement des créances au cours de l’année est assez important, donc ce n’est pas faisable
pratiquement de s’acquitter de la Zakat sur chaque créance recouvrée au cours de l’année qui
pourrait pour le faire demander un ou plusieurs personnes dédier à ne faire que cette tâche
(suivi, calcul et paiement), donc il faut dans la mesure de possible déterminer la valeur des
créances douteuse dont les chances de recouvrement sont nulle ou très faible et pouvant être
déduite pour leur valeur totale pour minimiser le problème de l’acquittement de la Zakat au
cours de l’année et pour ne pas sous-estimer la valeur de la Zakat et reporter le paiement
d’une partie de sa valeur.
164
-Tenir compte des créances douteuses dans l’assiette de la Zakat vu le nombre important des
jours de recouvrement,
-Ne pas déduire les provisions correspondant aux créances douteuses car nous n’avons pas
information sur des créances dont la chance de recouvrement est nulle ou très faible,
Idem pour les agios réservés nous tendons à déduire les agios réservés relatives aux créances
pour lesquelles les provisions ont été déduites de l’assiette de la Zakat.
Le solde correspondant à ces comptes peut comprendre des revenus de location qui sont
soumis à la Zakat et doivent être ajoutés à l’assiette. Nous n’ajoutons pas ce solde à cause
d’impossibilité d’information concernant l’existence d’un montant associé aux revenus de
location.
Les créances sont rattachées au financement Murabahah. Elles ont été déjà prises en compte
lors de la détermination au niveau du traitement du portefeuille Murabahah.
Pour les titres de participation, la part de la banque dans l’assiette de la Zakat da la société
dans laquelle elle détient une participation doit être ajoutée à l’assiette de la Zakat.
Cependant, la banque ne l’a pas fait à raison de l’absence de cette information. La demande
des états financiers pour la détermination de la Zakat dû par action est indispensable. A
défaut, le paiement de la Zakat se fait sur le nominal.
Les avances sur commandes n’entrent pas dans l’assiette car elles sont associées à des
immobilisations corporelles.
165
Commentaire C10- Débits à régulariser et divers :
Les biens récupérés destinés à la vente sont des biens qui ont fait l’objet d’un contrat de
financement Murabahah ou d’un contrat de financement Ijarah et qui sont par la suite
récupérés par la banque pour défaut de paiement par l’acheteur. Ces biens sont destinés à la
vente et entrent par conséquent dans l’assiette de la Zakat.
166
2.2 Détermination de la valeur du passif déductible de l’assiette de la Zakat :
Les notes relatives au détail de certaines rubriques sont présentées sous le tableau en leur
faisant référence à partir du tableau.
La présentation se fera sous la forme d’un tableau à 4 colonnes : une colonne pour les
rubriques détaillées, une colonne pour la valeur comptable, une colonne pour la valeur à
déduire de l’assiette de la Zakat selon le calcul de la Banque, une colonne pour la valeur à
déduire de l’assiette de la Zakat selon notre calcul et une colonne pour une référence à un
commentaire le cas échéant.
Tableau 6 : Calcul de la valeur du passif déductible de l’assiette de la Zakat de la Banque de
Zitouna
Valeur Valeur
déductible déductible de
Valeur
de l’assiette l’assiette de la Référence au
Eléments comptable
de la Zakat Zakat (Notre Commentaire
2016
(Calcul de la calcul)
banque)
Dépôts et avoirs des Etablissements bancaires et
financiers
Banques résidentes (i) 49 198 49 198 49 198
Banques non résidentes (ii) 416 0 416
Organismes financiers spécialisés (iii) 6 680 1 706 6 680 C12
Dettes rattachées aux dépôts des établissements
financiers et bancaires
254 233 254
Dépôts de la clientèle
Comptes à vue (iv) 627 336 481 441 505 194 C13
Comptes d'épargne (v) 958 896 0 805 473 C14
Autres produits financiers (vi) 200 754 0 168 633 C14
Comptes dépôts participatifs (vii) 110 632 0 92 931 C15
Comptes
11 970 11 970 11 970
indisponibles
Réserve d'équilibre de
profit "PER"
4 758 4 758 0 C16
Autres sommes dues à la Hamesh Eljediyya 3 607 3 607 3 607
clientèle Autres provisions
constituées par la 26 283 26 283 26 286
clientèle
167
Dettes rattachées aux comptes de la clientèle 3 368 1 005 3 368
Dettes de financements et Ressources spéciales
Emprunts et ressources spéciales 6 850 0 0
Dettes rattachées aux emprunts et ressources C17
35 0 0
spéciales
Autres passifs
Charges à payer 9 389 9 389 9 389
Charges à payer sur
titres participatifs
936 936 936
Produits reçus ou
constatés d'avance
73 0 0
Comptes de régularisation
Crédits à régulariser
et divers
11 120 11 005 11 005 C18
Compensation à régler 18 009 18 009 18 009
Comptes d’ajustement
71 71 71
devise
Fournisseurs
20 482 20 482 20 482
Murabahah
Fournisseurs Ijarah 3 675 0 0
Fournisseurs
29 29 29
Khadamet
Créditeurs divers
Autres fournisseurs 5 357 3 144 3 144 C19
Organismes de
3 305 3 305 3 305
prévoyance sociale
Etats, impôts et taxes
12 390 12 390 12 390
(viii)
Autres créditeurs
2 662 2 662 2 662
divers
Comptes exigibles après encaissement (x) 4 304 4 304 4 304
Provisions pour
Provisions pour risques et
créances sur autres 225 225 225 C20
charges
débiteurs divers
Provisions pour créances douteuses hors bilan 2 0 0 C21
Capitaux propres
Capital 120 000 0 0
Prime d'émission 28 500 0 0
Autres capitaux propres (xi) 45 000 0 45 000 C22
Report à nouveau (5 885) 0 0
Résultat net de l'exercice 12 630 0 0
Total Passif déductible de l'assiette de la Zakat 2 282 311 666 152 1 804 961
(i) Cette rubrique enregistre les opérations de Mudarabah interbancaire avec des Banques
résidentes et les valeurs de ces banques ouvertes sur les livres de la banque.
(ii) Cette rubrique enregistre les opérations de Mudarabah interbancaire avec des banques non
résidentes et les valeurs de ces banques ouvertes sur les livres de la banque.
(iii) Cette rubrique est constituée des contrats Istithmar des organismes financiers spécialisés.
168
(iv) Les comptes à vue représentent les comptes en dinars et les comptes réglementés non
rémunérés. Ils se détaillent comme suit :
Comptes chèques entreprises 162 783
Comptes chèques particuliers 269 464
Comptes Réglementés en devises 187 538
Comptes réglementés en dinars 7 551
Total 627 336
(vii) Les dépôts participatifs représentent les comptes participatifs Entreprises et les comptes
réglementés (les comptes en devises et les comptes en dinars convertibles) rémunérés :
Comptes participatifs entreprises 79 719
Comptes en dinars convertibles 8 839
Comptes en devises 22 074
Total 110 632
(viii) Ce montant englobe le montant de l’impôt exigible au titre de l’exercice 2016 de 5 141
KDT et le montant de la contribution conjoncturelle instaurée par la loi des finances pour la
gestion de l’année 2016 et calculé sur la base de 7.5% du résultat avant impôt et ce pour un
montant de 1 477 KDT.
(xi) La banque a émis en décembre 2015 des titres participatifs « CHAHADET ZITOUNA
2015 » à hauteur de 45 000 000 DT et ce conformément à l’article 370 du code des sociétés
commerciales aux conditions suivantes :
169
-Durée : 7 ans,
-Paiement principal : in fine,
-Taux de profit : Avance 6%+ rémunération variable selon des clés de répartition
prédéterminées et révisables annuellement.
-Paiement profit : annuel, la partie variable après la tenue de l’AGO.
Les commentaires dont nous avons jugés nécessaires pour apporter plus d’explications au
traitement des éléments du passif sont au nombre de 7.
Les opérations relatives à ces rubriques peuvent être entourées par des non conformités vis-à-
vis la Charia, dans ce cas le recours au rapport du comité de la Charia de la banque est
indispensable pour pouvoir qualifier si les dettes y afférentes sont déductibles ou non. Dans
notre cas, nous n’avons aucune réserve signalée à ce titre, et par conséquent les dettes
correspondantes à ces opérations sont déductibles.
Les dépôts à vue sont utilisés pour financer les différentes opérations de la banque. Les actifs
soumis à la Zakat sont financés par les comptes à vue à concurrence du pourcentage
correspondant à la valeur de ces comptes par rapport à la totalité des ressources. La valeur des
actifs soumis à la Zakat et financé par les comptes à vue et qui doit être déductible de
l’assiette de la Zakat est déterminée de la manière suivante :
Libellé Montant
Dépôts à vue 627 336
Comptes dépôts participatifs 110 632
Fonds propres banque 200 245
Emprunt AL BARAKA 6 885
Comptes Istithmar * 1 215 944
Total ressources 2 161 042
Immobilisations 71 309
Part Dépôts à Vue dans les ressources ** 30%
Immobilisation Ijarah 407 139
Immob Ijarah (non soumise à la Zakat) financés par Dépôts à vue 122 142
Autres opérations (soumises à la Zakat) financés par Dépôts à vue 505 194
170
**Part des dépôts à vue dans les ressources finançant les opérations de financement de la
banque= Dépôts à vue/(total ressources- Immobilisations de la banque)= 627 336/(2 159 336-
71 309)= 30%
Nous constatons un écart par rapport à au montant calculé par la banque expliqué par la valeur
des dépôts à vue retenue par la banque qui tient compte aussi des dépôts participatifs qui sont
différents de dépôts à vue et qui ont déjà fait l’objet de déduction ; donc il faut en tenir
compte.
Le solde des comptes d’épargne peut être utilisé pour financier les opérations de financement
Murabahah comme il peut être utilisé pour financer les opérations d’Ijarah. Le financement
de du premier produit est déductible alors que le deuxième ne l’est pas. Prenons les
proportions de financement des deux produits, nous trouvons que la Banque finance le produit
Murabahah et autres produits similaires à 84%273 alors qu’il finance le produit Ijarah à 16%.
Sur la base de ces taux, nous considérons le montant d’épargne déductible est l’équivalent de
84% correspondant au financement des produits Murabahah, soit 958 896*84%= 805 473
KDT. Même chose pour « Autres produits financiers », 200 754*84%= 168 633 KDT.
Ces dépôts ne sont pas déductibles suivant la démarche de la banque car elle détermine une
assiette globale de la zakat revenant aux actionnaires et aux titulaires des comptes
d’investissement sont assimilés aux actionnaires.
Le solde des comptes de dépôt participatif peut être utilisé pour financier les opérations de
financement Murabahah comme il peut être utilisé pour financer les opérations d’Ijarah. Le
financement de du premier produit est déductible alors que le deuxième ne l’est pas. Prenons
les proportions de financement des deux produits, nous trouvons que la Banque finance le
produit Murabahah et autres produits similaires à 84%274 alors qu’il finance le produit Ijarah
à 16%. Sur la base de ces taux, nous considérons le montant d’épargne déductible est
l’équivalent de 84% correspondant au financement des produits Murabahah, soit 110
632*84%= 92 931 KDT.
273
Rapport annuel de la Banque Zitouna au titre de l’exercice 2016, page 35
274
Rapport annuel de la Banque Zitouna au titre de l’exercice 2016, page 35
171
Commentaire C16- Réserve d'équilibre de profit "PER" :
Ces réserves représentent la quote-part revenant aux titulaires des comptes d’investissement.
La banque opte pour la déduction de ce montant. Toutefois, nous considérons que ce montant
n’est pas déductible car les titulaires de ces montants n’ont pas l’information exacte
concernant le montant revenant à chacun d’entre eux pour qu’ils puissent payer la zakat sur
ces montants.
Ces ressources sont destinées à financer des immobilisations corporelles et par conséquent ne
sont pas déductibles.
Pour la rubrique « crédits à régulariser et divers », il faut tenir compte des suspens pour
obtenir la valeur à déduire de l’assiette. La valeur déductible de l’assiette est la valeur
comptable ajustée par les suspens.
Les provisions au titre des autres débiteurs divers sont déductibles car la propriété de l’argent
y correspondant n’est plus intégrale.
« Les provisions pour créances sur engagements hors bilan » ne sont pas déductibles car les
engagements hors bilan sont hors champ de la Zakat.
172
Les autres capitaux propres représentent des titres participatifs. Ils ont par implication le
même traitement que les autres comptes d’investissement et ils sont par conséquent
déductibles de l’assiette.
Nous présenterons la valeur de la Zakat dû par action tel que déterminée par la banque, la
valeur de la Zakat dû par action tel que déterminée suivant notre calcul et une explication de
l’écart entre les deux résultats.
2.3.1 Valeur déterminée par la Banque :
Zakat dû par action= Assiette de la Zakat* Fonds propres/ (fonds propres+ valeur des comptes
d’investissement+titres participatifs)
Zakat dû par action= 1 273 298 * 121 615/(121 615+ 1 131 919+45000)/99 000*2.577%=
0.0310.
2.3.2 Valeur déterminée suivant notre méthode :
Après avoir traité les éléments d’actifs et les éléments du passif du point de vue de la Zakat,
nous avons pu obtenir ce qui suit :
Ainsi :
-La valeur totale des actifs soumis à la Zakat qui est déterminée à partir du tableau présenté
ci-dessus est de 2 014 748 KDT
173
- La valeur totale du passif déductible de l’assiette de la Zakat qui est déterminée à partir du
tableau présenté ci-dessus est de 1 804 961 KDT
Valeur de l’assiette de la Zakat = 2 014 748 - 1 804 961 = 209 787 KDT
Valeur de la Zakat pour exigibles par les actionnaires = 209 787*2.577% = 5 406 KDT
Etant donné que 69.15% des actions sont détenues directement ou indirectement par l’Etat
Tunisien, la valeur de 3 738 KDT (5 406*69.15%) n’est pas exigible.
2.3.3 Analyse de l’écart :
La valeur de la Zakat par action telle que calculée par la banque est de 0.0310. Un écart de
0.0141 DT par action entre le calcul fait par la banque et notre calcul. Cet écart est expliqué
principalement par la divergence de méthode de calcul adoptée.
La détermination d’une assiette globale mène au partage de certains actifs entre les
actionnaires et les titulaires des comptes d’investissement alors qu’ils devaient être supportés
uniquement par les actionnaires, c’est le cas des comptes d’impôt.
174
Section 3 : Contraintes d’ordre comptable attachées à la Zakat des banques
islamiques en Tunisie et perspectives d’amélioration :
Nous essayons dans cette section de présenter des difficultés pratiques associées au calcul de
la Zakat dans le contexte tunisien. Elle comprendra donc 4 sous sections présentant les
difficultés pratiques et une sous-section présentant les perspectives d’amélioration pour
surpasser ces difficultés et les apports de cette discipline à la profession d’expertise
comptable.
Sous-section 1 : Les divergences entre les normes NCT et les normes AAOIFI et
l’absence de référence pour certains comptes :
L’adoption des normes comptables conçues par l’AAOIFI facilite la détermination de la Zakat
des banques islamiques. En effet, la norme comptable islamique n°9 relative à la Zakat, la
norme Charaique n°35 relative à la Zakat ainsi que le guide de la Zakat de Beit Azzaket al
Kuweiti sont en harmonie avec les normes comptables islamiques de l’AAOIFI qui présente
certaines divergences avec les normes comptables NCT.
Nous trouvons certaines rubriques au niveau des états financiers établis conformément aux
normes comptables NCT et qui ne sont pas prévues par les normes comptables de l’AAOIFI,
et vice versa. Les particularités majeures concernent notamment le traitement des provisions
des créances douteuses et le traitement du produit Murabahah.
La particularité comptable des provisions relatives aux créances douteuses conformément aux
NCT ne sert pas facilement à les traiter du point de vue de la Zakat du fait que la provision est
calculée en tenant compte des garanties reçues et en appliquant des taux selon la classe de la
créance, cela nécessite un traitement supplémentaire et des réflexions pour le traitement de la
Zakat.
Quant au traitement comptable du produit Murabahah conformément aux NCT il ne tient pas
compte de la marge sur vente, donc il est nécessaire de recourir aux données extracomptables
pour déterminer la marge sur toutes les opérations Murabahah qui est soumise à la Zakat.
L’adoption des normes comptables islamiques de l’AAOIFI est d’une grande utilité pour une
bonne application des références relatives à la Zakat sur le calcul de la Zakat des banques
islamiques tunisiennes.
175
Une autre contrainte relative à l’absence de référence traitant la Zakat de certains comptes à
savoir, les garanties reçues de la clientèle et la réserve de péréquation des profits et la réserve
pour risque d’investissement. Pour les garanties reçues, la question est de savoir si elles
doivent être prises en compte pour la détermination de la valeur de la provision déductible de
l’assiette de la Zakat. Quant aux réserves, la question est de savoir si elles doivent être
déduites de l’assiette.
Nous avons indiqué que les actifs non monétaires doivent entrer dans l’assiette de la Zakat
pour leur juste valeur. Les actifs non monétaires de la banque islamique sont diversifiés et
hétérogènes ; des actions, des biens meubles de différentes natures, des biens immeubles de
différentes natures et géographiquement dispersés. La juste valeur pose quelques difficultés à
savoir le coût d’obtention de l’information et la compétence et l’objectivité qui sont
nécessaires pour la détermination de cette valeur.
275
Chiraz Drira Ghhorbel « L’évaluation à la juste valeur et la qualité de l’information comptable », mémoire
d’expertise comptable, Université de Sfax, 2003, Page 81.
276
Anis Wahabi « Evaluation à la juste valeur », mémoire d’expertise comptable, Université de Carthage, IHEC
Carthage, 2005
176
• Un autre spécialisé dans le secteur immobilier qui doit avoir connaissance des
différentes zones géographiques, sinon il va falloir en dégager plusieurs, pour
l’évaluation des constructions disponibles pour la vente ou en cours pour être
vendues dans le cadre de financement Murabahah.
La réévaluation doit se faire annuellement et par conséquent des coûts annuels liés à
l’évaluation devraient se générer.
Le recours à des experts nécessite quelqu’un qui coordonne avec eux, collecte les
informations et les faire saisir, s’assure que tous les biens ont été évalués. Ça pourrait, par
conséquent amener la banque à supporter des coûts supplémentaires en recrutant une personne
qui serait chargée à exécuter ces tâches.
Compétence et objectivité :
Le besoin en information relative à la juste valeur qui est nécessaire pour servir le calcul de la
Zakat de certains comptes fait appel à des personnes spécialisées. Ces personnes chargées de
la détermination de la juste valeur doivent être à la fois compétentes et objectives pour que la
valeur déterminée servant au calcul de la Zakat soit proche de la réalité.
Le calcul de la Zakat ainsi que sa vérification requiert des connaissances tant au niveau
comptable (étant donné que le calcul passe par le traitement des états financiers) qu’au niveau
de la jurisprudence de la Zakat (Vu que la Zakat obéit à des règles prévues par la Charia).
Le calcul de la Zakat peut se faire par le personnel de la banque comme il peut être confié à
un organe externe. La vérification de l’exactitude de son calcul peut être confiée, sur demande
des actionnaires, à un bureau externe dans le cadre d’une mission d’audit. Par conséquent,
celui qui fait le calcul et celui qui vérifie ont tous les deux besoin d’une formation à la Zakat.
177
comportent pas une matière distincte réservée à l’étude de la comptabilité de la Zakat des
sociétés commerciales ainsi que les problèmes afférents au calcul de la Zakat.
L’expert-comptable en tant que professionnel exerçant ses fonctions en relation directe avec
les différentes formes de société, est censé avoir connaissance des spécificités les touchant
puisque la finance islamique dont la Zakat en fait partie, est en émergence remarquable,
l’enseignement de la Zakat dans les universités ayant des spécialités comptables devient d’une
grande utilité. Ainsi, une matière relative à la Zakat peut être enseignée dans les universités.
Les apports de loi bancaire n° 48-2016 du 11 juillet 2016 relative aux banques et institutions
financières, pourraient mener à l’intégration de la vérification de l’exactitude de la valeur de
la Zakat calculée parmi les diligences du commissaire aux comptes du fait que les banques
islamiques auront la possibilité d’appliquer les normes comptables de l’AAOIFI.
Actuellement, l’Association Tunisienne des sciences de la Zakat qui a été créée en 2012 pour
promouvoir la connaissance et la pratique de la Zakat, offre un service d’assistance aux
entreprises et aux particuliers pour le calcul de la Zakat. Elle organise régulièrement des
conférences de sensibilisation sur le thème de la Zakat, ainsi que de formations destinées à
permettre aux participants d’acquérir un savoir-faire pratique pour la définition des types de
revenus soumis à la Zakat, la détermination de l’assiette assujettie, l’identifications des ayants
droits, le calcul du montant de la Zakat, etc277.
Diverses missions sont réalisées par les cabinets d’expertise comptable autre que la mission
de commissariat aux comptes. Il y en a ainsi :
Les missions d’assistance des sociétés à savoir l’assistance comptable, fiscale et juridique,
277
Site officiel de l’Association Tunisienne de la Zakat www.atz.tn.
178
Les missions spéciales telles que les missions d’apurement des comptes comptables, les
missions de due diligence à l’occasion de l’introduction d’une société en bourse ou à
l’occasion de fusion des sociétés et les missions d’inventaires physiques des immobilisations.
Les missions d’organisation telles que la mission d’élaboration des manuels de procédures et
l’élaboration des fiches de fonction,
Les missions d’audit contractuel telles que les missions d’audit fiscal et l’audit des projets.
Les missions spéciales pouvant être ajoutées aux cabinets d’expertise comptable sont :
-Une mission d’audit contractuel de vérification de la valeur de la Zakat déjà calculé par le
comptable de l’entité concernée.
Par ailleurs, la mission de commissariat aux comptes des banques islamiques pourrait
s’élargir pour comporter une diligence spécifique qui est la vérification de la valeur de la
Zakat par action déjà calculée et l’émission d’un avis la concernant. Dans ce cas, cela
nécessiterait l’extension des termes de référence et l’augmentation des honoraires à raison du
volume supplémentaire d’intervention et la responsabilité additionnelle.
Dans les différents cas cités, l’expert-comptable peut recourir à un « expert » spécialisé dans
la jurisprudence islamique pour répondre aux différents problèmes associés à la Zakat et
relevant de la Charia. Selon la norme d’audit ISA 620 « Utilisation les travaux d’un expert »,
le terme « expert » désigne une personne ou un cabinet possédant des compétences, des
connaissances et une expérience spécifique dans un domaine particulier autre que la
comptabilité et l’audit. Il peut être engagé par l’entité ou par l’auditeur, ou être employé par
l’entité ou par l’auditeur. Dans ce dernier cas, l’auditeur sera en mesure de s’appuyer sur ses
travaux en tant qu’expert et non en qualité de collaborateur.
179
Dans tel cas, il nécessaire de procéder à :
-Maitriser les règles et principes de la Charia en ce qui concerne les produits financiers
islamiques,
Dans une mission d’audit de vérification de la valeur de la Zakat, que ce soit dans le cadre
d’une mission de commissariat aux comptes ou dans le cadre d’une mission spéciale, l’expert-
comptable doit évaluer l’objectivité et la compétence des personnes suivantes qui peuvent être
incluses dans la mission :
-Le responsable de la mission qui doit être objectif et ayant des compétences comptables
relatives au secteur que ce soit bancaire, d’assurance ou d’industrie experts pour maîtriser le
fonctionnement comptable des comptes qui serait utile pour le traitement de point de vue de la
Zakat,
-L’expert en Charia pouvant être appelé pour donner son avis sur le traitement de point de vue
de la Zakat de certains comptes notamment sont qui posent des difficultés. Il doit être objectif
et compétent pour donner son jugement sur la qualité des comptes d’actifs s’ils sont soumis à
la Zakat et les comptes de passif s’ils sont déductibles de l’assiette de la Zakat.
180
Conclusion de la deuxième partie
La deuxième partie a été consacrée aux aspects techniques de la Zakat des banques islamiques
qui est la détermination de l’assiette de la Zakat à travers le traitement des rubriques d’actifs
du bilan présentées conformément aux normes comptables NCT afin déterminer les comptes
faisant partie de l’assiette à la Zakat et pour quelle valeur, ainsi que le traitement des
rubriques du passif afin de déterminer les éléments devant être déduite de l’assiette et pour
quelle valeur également. Cela était fait en traitant les principaux comptes comptables
bancaires, chose qui nécessite une maîtrise du fonctionnement des comptes comptables d’où
la nécessité de l’intervention des spécialistes dans la profession comptable.
Les différents traitements présentés au chapitre premier ont été illustrés d’un cas pratique de
calcul de la valeur de la Zakat dû d’une banque tunisienne en utilisant des données réelles afin
de mieux expliquer et clarifier la démarche de détermination de la Zakat des banques
islamiques appliquant les normes comptables NCT. Nous avons jugé utile de présenter
certaines difficultés associées à la comptabilité de la Zakat des sociétés commerciales (dont
les banques) d’une façon générale et dans le contexte tunisien d’une façon particulière. Deux
missions spéciales relatives à la Zakat des sociétés commerciales pour les experts comptables
ont été proposées ce qui confirme la nécessité de l’intervention de l’expert-comptable dans la
discipline de la Zakat.
181
CONCLUSION GENERALE
La notion de la Zakat est une notion importante dans l’univers de la finance islamique et elle
commence de plus en plus de prendre de l’ampleur dans les sociétés commerciales en général
et dans les banques islamiques en particulier. Ceci peut être démontré par les éléments
suivants :
L’importance de cette notion suppose une connaissance dans son calcul notamment avec la
divergence dans la détermination de son assiette en fonction de la nature des biens soumis. Le
calcul de la Zakat est déterminé sur la valeur des actifs et comme nous l’avons déjà démontré
pour le cas des sociétés commerciales, le calcul ne peut se faire qu’à partir du bilan ce qui fait
appel nécessairement aux compétences en matière comptable.
Tout cela nous a amené à choisir ce sujet qui pourrait apporter une valeur ajoutée puisque ce
travail peut être :
Un guide pour les experts comptables qui effectue des missions de calcul de la Zakat
pour leurs clients,
182
Un guide pour les banques islamiques qui effectuent-elles mêmes le calcul de leur
Zakat,
Un modèle regroupant les traitements comptables selon le référentiel tunisien ainsi
que les traitements de point de vue de la Zakat des différentes rubriques du bilan,
facilement exploitable rendant le calcul de la Zakat aisé et pratique,
Démontrer que le passage par les états financiers de la société est indispensable pour
déterminer l’assiette de la Zakat,
Evoquer le problème de traitement de quelques comptes comptables spécifiques pour
lesquels nous n’avons pas pu trouver de références les ayant traités à savoir la
provision pour dépréciation des comptes clients dans le contexte de l’activité bancaire,
les réserves de péréquation des profits et les réserves pour risques d’investissement
relatives aux comptes d’investissement participatif.
En concluant, ce travail est considéré comme un pas incitant les experts à se pencher à ce
sujet et à multiplier les efforts pour faire des recherches et des réflexions additionnelles
concernant des ambiguïtés associées à la Zakat des banques islamiques ou des autres
institutions telle que les sociétés d’assurance et les fonds d’investissements.
183
Annexes
Annexe 1 : Informations à fournir prévues par la norme comptable islamique n°9 relative à la
Zakat
Annexe 2 : Liste des normes Comptables Islamiques
Annexe 3 : Liste des normes Comptables Tunisiennes
Annexe 4 : Liste des normes comptables internationales
184
Annexe 1 : Informations à fournir prévues par la norme comptable islamique
n°9 relative à la Zakat
.3متطلبات اإلفصاح:
-1-3يجب اإلفصاح في اإليضاحات حول القوائم المالية عن الطريقة المستخدمة لتحديد وعاء الزكاة و البنود التي تدخل في
تحديد ھذا الوعاء.
-2-3يجب اإلفصاح في اإليضاحات حول القوائم المالية عن رأي ھيئة الرقابة الشرعية للمصرف بشأن الجوانب المتعلقة
بالزكاة التي لم يشتمل عليھا ھذا المعيار.
-3-3يجب اإلفصاح في اإليضاحات حول القوائم المالية عما إذا كان المصرف بصفته الشركة األم يقوم بإخراج زكاة
حصته في الشركات التابعة له.
-4-3في حالة عدم إخراج المصرف للزكاة يجب عليه أن يفصح في اإليضاحات حول القوائم المالية عن مقدار الزكاة
الواﺟبة على السھم.
-5-3يجب اإلفصاح في اإليضاحات حول القوائم المالية عن مقدار الزكاة الواﺟبة على حقوق أصحاب حسابات اإلستثمار.
-6-3يجب اإلفصاح في اإليضاحات حول القوائم المالية عما إذا كان المصرف يقوم بجمع الزكاة و توزيعھا نيابة عن
أصحاب حسابات اإلستثمار و الحسابات األخرى.
-7-3يجب اإلفصاح في اإليضاحات حول القوائم المالية عن القيود التي وضعتھا ھيئة الرقابة الشرعية للمصرف في تحديد
وعاء الزكاة .و من أمثلة ذلك :في طريقة صافي األموال المستثمرة عدم تجاوز مجموع صافي الموﺟودات الثابتة و
اإلستثمارات المقتناة لغير المتاﺟرة مجموع رأس المال المدفوع و اإلحتياطات.
-8-3يجب مراعاة متطلبات اإلفصاح الواردة في معيار المحاسبة المالية رقم ) (1بشأن العرض واإلفصاح العام في القوائم
المالية اإلسالمية.
185
Annexe 2 : Liste des normes Comptables Islamiques
Date d'entrée
Norme Intitulé
en vigueur
Objectifs de la comptabilité financière des banques et des Octobre 1993
institutions financières islamiques
Concepts de la comptabilité financière des banques et des Octobre 1993
institutions financières islamiques
01 Présentation générale et informations à fournir dans les états Octobre 1993
financiers des banques et des institutions financières islamiques
02 Murabahah et Murabahah pour le donneur d’ordre Février 1996
03 Le financement par Mudarabah Février 1996
04 Le financement par Musharakah Février 1996
05 Information à fournir sur les bases de répartition du profit entre Mai 1996
les actionnaires et les titulaires des comptes d’investissements
06 Les droits des titulaires des comptes d’investissement et des Janvier 1999
comptes équivalents
07 Salam et Salam parallèle Janvier 1999
08 Ijarah et Ijarah acquisitive (Muntahia Bettamlik) Janvier 1999
09 Zakat Janvier 1999
10 Istisnaa et Istisnaa parallèle Janvier 1999
11 Les provisions et les réserves Janvier 2001
12 Présentation générale et informations à fournir dans les états Janvier 2001
financiers des compagnies d’assurance islamiques
13 Informations sur les bases de détermination et de répartition du Janvier 2002
surplus ou du déficit dans les compagnies d’assurance islamiques
14 Les fonds d’investissement Janvier 2002
15 Les provisions et les réserves dans les compagnies d’assurance Janvier 2002
islamiques
16 Les transactions et les opérations libellées en monnaie étrangère Janvier 2002
17 Les investissements Janvier 2003
18 Les services financiers islamiques offerts par des institutions Janvier 2003
financières conventionnelles
19 Les cotisations dans les compagnies d’assurance islamiques Janvier 2004
20 Vente à paiement différé Janvier 2004
21 Informations sur le transfert des actifs Janvier 2005
22 Rapport sectoriel Janvier 2005
23 Consolidation des états financiers Juin 2006278
278
Date d'approbation de la norme.
186
Annexe 3 : Liste des normes Comptables Tunisiennes
Date d'entrée en
Norme Intitulé
vigueur
Cadre conceptuel Janvier 1997
01 Norme comptable générale Janvier 1997
02 Capitaux propres Janvier 1997
03 Revenus Janvier 1997
04 Stocks Janvier 1997
05 Immobilisations corporelles Janvier 1997
06 Immobilisations incorporelles Janvier 1997
07 Placements Janvier 1997
08 Résultat net de l'exercice et éléments extraordinaires Janvier 1997
09 Contrats de construction Janvier 1997
10 Charges reportées Janvier 1997
11 Modifications comptables Janvier 1997
12 Subventions publiques Janvier 1997
13 Charges d'emprunt Janvier 1997
14 Eventualités et évènements postérieurs à la date de clôture Janvier 1997
15 Opérations en monnaies étrangères Janvier 1997
16 Présentation des états financiers des OPCVM Janvier 1999
17 Portefeuille titres dans les OPCVM Janvier 1999
18 Contrôle interne et organisation comptable dans les OPCVM Janvier 1999
19 Etats financiers intermédiaires Janvier 1999
20 Dépenses de recherche et de développement Janvier 1999
21 Présentation des états financiers des établissements bancaires Janvier 1999
22 Contrôle interne et organisation comptable dans les Janvier 1999
établissements bancaires
23 Opérations en devises dans les établissements bancaires Janvier 1999
24 Engagements et revenus y afférents dans les établissements Janvier 1999
bancaires
25 Portefeuille titres dans les établissements bancaires Janvier 1999
26 Présentation des états financiers des entreprises d'assurance Janvier 2001
et/ou de réassurance
27 Contrôle interne et organisation comptable dans les Janvier 2001
entreprises d'assurance et/ou de réassurance
28 Revenus dans les entreprises d'assurance et/ou de réassurance Janvier 2001
29 Provisions techniques dans les entreprises d'assurance et/ou de Janvier 2001
réassurance
30 Charges techniques dans les entreprises d'assurance et/ou de Janvier 2001
réassurance
31 Placements dans les entreprises d'assurance et/ou de Janvier 2001
réassurance
32 Présentation des états financiers des associations autorisées à Janvier 2002
accorder des microcrédits
33 Contrôle interne et organisation comptable dans les Janvier 2002
associations autorisées à accorder des microcrédits
34 Microcrédits et revenus y afférents dans les associations Janvier 2002
187
autorisées à accorder des microcrédits
35 Etats financiers consolidés Janvier 2003
36 Participations dans les entreprises associées Janvier 2003
37 Participations dans les coentreprises Janvier 2003
38 Regroupements d'entreprises Janvier 2003
39 Informations sur les parties liées Janvier 2003
40 Structures sportives privées Saison 2007/2008
41 Contrats de location Janvier 2008
42 Comptabilité simplifiée Janvier 2011
188
Annexe 4 : Liste des normes comptables internationales
Norme Intitulé
IAS 1 Présentation des états financiers
IAS 2 Stocks
IAS 7 Tableau des flux de trésorerie
IAS 8 Méthodes comptables, changements d'estimations comptables et erreurs
IAS 10 Evénements postérieurs à la date de clôture
IAS 11 Contrats de construction*
IAS 12 Impôts sur le résultat
IAS 16 Immobilisations corporelles
IAS 17 Contrats de location
IAS 18 Produits des activités ordinaires*
IAS 19 Avantages du personnel
IAS 20 Comptabilisation des subventions publiques et informations à fournir sur l'aide
publique
IAS 21 Effets des variations des cours des monnaies étrangères
IAS 23 Coûts d'emprunt
IAS 26 Comptabilité et rapports financiers des régimes de retraite
IAS 27 États financiers individuels
IAS 28 Participations dans des entreprises associées et des coentreprises
IAS 29 Information financière dans les économies hyper-inflationnistes
IAS 32 Instruments financiers : présentation
IAS 33 Résultat par action
IAS 34 Information financière intermédiaire
IAS 36 Dépréciation d'actifs
IAS 37 Provisions, passifs éventuels et actifs éventuels
IAS 38 Immobilisations incorporelles
IAS 39** Instruments financiers : comptabilisation et évaluation
IAS 40 Immeubles de placement
IAS 41 Agriculture
IFRS 1 Première application des Normes internationales d’information financière
IFRS 2 Paiement fondé sur des actions
IFRS 3 Regroupements d'entreprises
IFRS 4 Contrats d'assurance
IFRS 5 Actifs non courants détenus en vue de la vente et activités abandonnées
IFRS 6 Prospection et évaluation des ressources minérales
IFRS 7 Instruments financiers : informations à fournir
IFRS 8 Secteurs opérationnels
IFRS 9 Instruments financiers
IFRS 10 États financiers consolidés
IFRS 11 Partenariats
IFRS 12 Informations à fournir sur les intérêts détenus dans d’autres entités
IFRS 13 Évaluation de la juste valeur
IFRS 14 Comptes de report réglementaires
IFRS 15 Produits des activités ordinaires tirés des contrats conclus avec des clients
* Retrait complet à partir du premier janvier 2017 et remplacement par IFRS 15.
** IFRS 9 vise à terme à remplacer entièrement IAS 39.
189
Bibliographie
OUVRAGES :
190
Management Sciences, University of Tlemcen, Algeria, Soufyane BADRAOUI
Laboratory Industrial Enterprise and Society in Algeria (EISA) University of
Tlemcen, Algeria.
دار السالم للطباعة و النشر و التوزيع و الترﺟمة. الخدمات المصرفية اإلسالمية:أشرف محمد دوابة •
2001 القاھرة, دار الشروق, الطبعة األولى, دور الزكاة في عالج المشكالت اإلقتصادية: يوسف القرضاوي •
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Al Aziz, Mouhassabat Azzaket wa Tamyiz Azzaket Ani Adhdhariba, Centre d’Alexandria
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200
Table des Matières
201
Sous-section 2 : Les principes de la Zakat : --------------------------------------------------------------------------- 69
2.1 Indépendance des années Zakataires : ------------------------------------------------------------------------- 70
2.2 Principe de regroupement des sources de même catégorie ( )الضم: --------------------------------------- 70
2.3 Principe de valorisation sur la base de la juste valeur : ----------------------------------------------------- 70
Sous-section 3 : La base soumise à la Zakat spécifique à l’activité bancaire : ---------------------------------- 72
3.1 Les actifs soumis à la Zakat : ------------------------------------------------------------------------------------ 72
3.2 Les dettes déductibles de la base de la Zakat :---------------------------------------------------------------- 75
Section 3 : Aspects Comptables de la Zakat :----------------------------------------------------------------------------- 77
Sous-section 1 : Normalisation comptable relative à la Zakat : ---------------------------------------------------- 77
1.1 Présentation de l’AAOIFI ---------------------------------------------------------------------------------------- 77
1.2 Présentation de la norme comptable islamique relative à la Zakat des IFI conçue par l’AAOIFI :-- 79
Sous-section 2 : Les différentes étapes utiles pour le calcul de la Zakat : ---------------------------------------- 81
2.1 Détermination d’Al Hawl :--------------------------------------------------------------------------------------- 81
2.2 Collecte des informations nécessaires pour le calcul de la Zakat : ---------------------------------------- 82
2.3 Détermination et valorisation des actifs qui sont soumis à la Zakat : ------------------------------------- 82
2.4 Détermination et valorisation des passifs déductibles de la base de la Zakat : -------------------------- 82
2.5 Détermination de l’assiette : ------------------------------------------------------------------------------------- 83
2.6 Détermination et valorisation du Nissab : --------------------------------------------------------------------- 83
2.7 Comparaison de l’assiette et le Nissab : ----------------------------------------------------------------------- 83
2.8 Taux de la Zakat : ------------------------------------------------------------------------------------------------- 83
2.9 Détermination du montant de la Zakat dû : ------------------------------------------------------------------- 83
2.10 Désignation de la personne qui supporte la Zakat (Zakat par action) : --------------------------------- 84
2.11 Distribution (Paiement) de la Zakat : ------------------------------------------------------------------------- 85
Sous-section 3 : La personne qualifiée et les outils nécessaires pour son calcul : ------------------------------ 86
3.1 Formation scientifique de la personne qualifiée pour le calcul : ------------------------------------------ 86
3.2 Les outils nécessaires :-------------------------------------------------------------------------------------------- 87
Conclusion de la première partie -------------------------------------------------------------------------------------------- 90
PARTIE 2 : ----------------------------------------------------------------------------------------------- 91
202
6.2 Immobilisations incorporelles : --------------------------------------------------------------------------------115
Sous-section 7 : Autres actifs : -----------------------------------------------------------------------------------------116
7.1 Les charges reportées :-------------------------------------------------------------------------------------------116
7.2 Les débiteurs divers : --------------------------------------------------------------------------------------------118
7.3 Les comptes de régularisation : --------------------------------------------------------------------------------119
Section 2 : Eléments du passif et de capitaux propres : ----------------------------------------------------------------121
Sous-section 1 : Dépôts et avoirs des établissements bancaires et financiers : ---------------------------------121
1.1 Dépôts et avoirs des établissements bancaires et financiers : ---------------------------------------------121
1.2 Les dettes rattachées aux dépôts des établissements bancaires et financiers : --------------------------122
Sous-section 2 : Dépôts et avoirs de la clientèle : -------------------------------------------------------------------123
2.1 Les comptes à vue : ----------------------------------------------------------------------------------------------123
2.2 Les comptes d’épargne ( )حسابات التوفير: --------------------------------------------------------------------124
2.3 Les comptes de dépôts participatifs : --------------------------------------------------------------------------124
2.4 Autres sommes dues à la clientèle : ---------------------------------------------------------------------------125
2.5 Les dettes rattachées aux comptes de la clientèle :----------------------------------------------------------128
Sous-section 3 : Dettes de financements et ressources spéciales : ------------------------------------------------128
3.1 Emprunts et ressources spéciales : -----------------------------------------------------------------------------128
3.2 Dettes rattachées aux emprunts et ressources spéciales : --------------------------------------------------129
Sous-section 4 : Les autres passifs : -----------------------------------------------------------------------------------130
4.1 Les fournisseurs des actifs commercialisés dans le cadre des opérations de financement
Murabahah : -----------------------------------------------------------------------------------------------------------131
4.2 Les fournisseurs relatifs aux opérations de financement Ijarah :-----------------------------------------131
4.3 Les fournisseurs d’immobilisations nécessaires à l’exploitation :----------------------------------------132
4.4 Les comptes fournisseurs ordinaires : -------------------------------------------------------------------------132
4.5 Fournisseurs retenues de garantie : ----------------------------------------------------------------------------133
4.6 Les dettes envers l’Etat : ----------------------------------------------------------------------------------------133
4.7 Les dettes envers la CNSS :-------------------------------------------------------------------------------------134
4.8 Les charges à payer : ---------------------------------------------------------------------------------------------135
4.9 Les dettes relatives aux intérêts prohibés : -------------------------------------------------------------------135
4.10 Les provisions pour risques et charges : --------------------------------------------------------------------136
4.11 Les charges à payer pour congés payés : --------------------------------------------------------------------138
4.11 Les dettes envers le personnel : -------------------------------------------------------------------------------139
4.12. Produits constatés d’avance : ---------------------------------------------------------------------------------139
4.13. Comptes exigibles après encaissements : ------------------------------------------------------------------139
4.14. Compte d’ajustement devises : -------------------------------------------------------------------------------140
Sous-section 5 : Les capitaux propres ---------------------------------------------------------------------------------140
203
Sous-section 2 : Détermination de l’assiette de la Zakat : ---------------------------------------------------------159
2.1 Détermination de la valeur des actifs soumis à la Zakat : -------------------------------------------------160
2.2 Détermination de la valeur du passif déductible de l’assiette de la Zakat : -----------------------------167
2.3 Calcul de la Zakat dû par action : ------------------------------------------------------------------------------173
Section 3 : Contraintes d’ordre comptable attachées à la Zakat des banques islamiques en Tunisie et
perspectives d’amélioration : -----------------------------------------------------------------------------------------------175
Sous-section 1 : Les divergences entre les normes NCT et les normes AAOIFI et l’absence de référence
pour certains comptes :---------------------------------------------------------------------------------------------------175
Sous-section 2 : Difficultés de calcul de l’assiette de la Zakat liées à la juste valeur :------------------------176
Sous-section 3 : Insuffisance de la formation académique relative à la comptabilité de la Zakat : ---------177
Sous-section 4 : Création d’une mission spéciale de calcul de la Zakat des Banques islamiques : ---------178
Conclusion de la deuxième partie ------------------------------------------------------------------------------------------181
204
Liste des Figures
205
Liste des Tableaux
TABLEAU 1 : DISTRIBUTION DE LA ZAKAT ENTRE 2009 ET 2014 PAR CATEGORIE AUX EMIRATS ARABES UNIS (LES
CATEGORIES DE BENEFICIAIRES NE SONT PAS EXHAUSTIVES) (EN DIRHAMS)------------------------------------- 59
TABLEAU 2 : BAREME DES TAUX D’IRPP -------------------------------------------------------------------------------------- 63
TABLEAU 3 : RECAPITULATION DES ETAPES DE CALCUL DE LA ZAKAT --------------------------------------------------- 81
TABLEAU 4 : STRUCTURE DU CAPITAL DE LA BANQUE ZITOUNA ---------------------------------------------------------143
TABLEAU 5 : CALCUL DE LA VALEUR DES ACTIFS SOUMIS A LA ZAKAT DE LA BANQUE DE ZITOUNA ---------------160
TABLEAU 6 : CALCUL DE LA VALEUR DU PASSIF DEDUCTIBLE DE L’ASSIETTE DE LA ZAKAT DE LA BANQUE DE
ZITOUNA --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------167
206