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RÉSUMÉ — La construction d’une résidence sur la côte basque en 2011 a fait l’objet
d’une conception interactive pour réaliser deux niveaux de sous-sol sur un terrain de
médiocre qualité et enclavé contre des avoisinants déjà fragiles. Le suivi mis en
place pendant les travaux de soutènement a permis de montrer les possibilités de
cette technique à diminuer les mouvements résiduels affectant l’environnement du
chantier, confortant les calculs théoriques.
1. Introduction
L’étude géotechnique G2 doit permettre de définir le comportement attendu d’un
ouvrage. Dans une configuration classique, un comportement non-conforme de
l’ouvrage entraîne l’arrêt des travaux, une mise en sécurité de l’ouvrage et
l’intervention des assurances, ce qui a de lourdes conséquences financières pour le
projet. Lorsqu’une variante géotechnique est proposée par une entreprise, c’est
qu’elle répond à un besoin d’optimisation technico-économique d’un projet. Dans le
cas où il est difficile de prévoir le comportement géotechnique de l’ouvrage,
l’Eurocode 7 (AFNOR, 2005 : NF EN-1997-1) prévoit " qu’il peut être approprié
d’appliquer l’approche connue sous le nom de « méthode observationnelle », dans
laquelle la conception est revue pendant la construction ". Lors de travaux de
soutènement et d’excavation en site urbain, il est important de limiter les
déplacements et les déformations du terrain encaissant et des avoisinants. Pour se
faire, l’excavation est réalisée à l’abri d’une paroi de forte inertie avec mise en œuvre
de plusieurs niveaux de butons et d’un plan d’instrumentation adapté. Cet article
présente les résultats de l’instrumentation effectuée pendant les travaux de
soutènement et d’excavation d’un futur immeuble résidentiel situé sur la côte basque,
avec deux niveaux de sous-sols directement au contact de plusieurs bâtiments
mitoyens. Les résultats des calculs théoriques de mouvements de la paroi seront
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confrontés aux mesures de chantier, qui ont révélé un contexte géotechnique plus
complexe que prévu initialement sans trop d’impact sur l’exécution.
NE SO
14 NGF
Alluvions fines
11 NGF
10 NGF
9 NGF
Graves et sables
grossiers
3 NGF
Marnes altérées
Argiles et sables
0 NGF lâches 0 NGF
0 5m
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d’un rideau de palplanches, ancré dans une couche marneuse compacte et très peu
fracturée pour permettre d’excaver sous la nappe phréatique. Cette paroi étanche au
coulis assure ainsi simultanément les fonctions de soutènement résistant et
d’étanchéité. Pour l’aspect portance du projet, les charges du bâtiment (entre 30 et
120 t sous appuis) seront reprises par une centaine de micropieux ancrés dans le
substratum entre 13 et 21 m de profondeur. La paroi s’appuie sur un système de
deux lits de butons, mis en place après terrassement par niveaux sur 5 m devant la
paroi. L’avantage de cette technique est de pouvoir réaliser un ouvrage de forme
complexe induite par l’exiguïté du site. La technique de la barrière étanche est quasi-
identique à celle de la paroi moulée. Elle consiste ici en la réalisation d’une
prétranchée protégée par une « murette-guide » d’un mètre de hauteur environ, ce
qui assure la stabilité du terrain en surface et sert de guide à l’outil de perforation.
Puis on excave le sol à l’aide d’une benne suspendue à câble sous coulis de ciment-
bentonite, qui est déversé en permanence à l’avancement du creusement (Figure 2).
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(panneau primaire excavé dans le sol en place, panneau secondaire excavé entre
deux panneaux primaires déjà excavés). La profondeur des panneaux est variable
entre 7 m et 20 m de profondeur en fonction de la remontée du substratum, comme
on peut le voir sur le profil en long de la paroi totale réalisée (Figure 3). En fonction
de l’avancement de la paroi, le rideau de palplanches est mis en place à la suite.
Avenue Avenue
A B C D E F A
+14.00 NGF
+ 0 NGF
0 20m Toit des
marnes
saines
Panneaux réalisés lors 1ère phase Panneaux réalisés lors 2nd phase
Clous de confortement
+13,80 m
+12,80 m
Sables argileux
=17kN/m3
=28°
c=0kPa
+9,80 m
Sables graveleux
=19kN/m 3
=35°
c=0kPa +8,30 m
Sables lâches
=17kN/m 3
=25°
c=0kPa +6,60 m
Marnes altérées
=20kN/m3
=35°
c=5kPa
Creusement de la
paroi au coulis
+2,80 m
Marnes saines
=22kN/m3
=35°
c=100kPa
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- la mise en place d’un maillage d’étaiements sur les zones non confortées et
confortées, avec ajout possible d’étais supplémentaires en cas d’urgence.
3.3. L’instrumentation mise en place
Avenue C
B
Mitoyen
Profil 2
Mitoyen
D E
Mitoyen
Mitoyen
Légende:
Profil de cibles (suivi
topométrique)
Capteurs de vibrations
Piézomètres fermés
A
Avenue F Puits de pompage
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Pour chaque type d’instrumentation, une valeur seuil admissible a été retenue avec
le géotechnicien. Au cas où l’on arrive à 80 % de la valeur seuil admissible, on
prévoyait l’application de mesures conservatoires. Ces mesures consistaient à
modifier le phasage d’exécution en fonction des éventuels mouvements mesurés soit
au niveau de la paroi, soit au niveau des bâtiments mitoyens, et de prévoir un plan
de butonage des façades. Les limites de déplacements maximaux acceptables pour
la paroi ont été fixées à :
- En tête / TN (+14 NGF) jusqu’à + 9,50 NGF : 10 mm,
- Débit d’exhaure après rabattement à la cote +9,50 NGF : 5,5 m3/h,
- Seuil d’alerte des tassements admissibles des avoisinants : 10 mm,
- Seuil d’alerte pour les vibrations impulsionnelles: 2 mm/s pour une fréquence
entre 4 et 8 Hz, 3 mm/s entre 8 et 30 Hz et 4 mm/s entre 30 et 100 Hz.
Les seuils pour les vibrations ont été pris les plus bas possibles au vu des
constructions voisines très sensibles et conformément à la circulaire du 23 juillet
1986 (Décret du 22/10/1986).
4. Résultats
4.1. Calculs théoriques des déplacements du rideau de palplanches
B1 B1 B1
B2
Excavation cote +11,50 m Excavation cote +9,50 m Suppression buton 2 Suppression buton 1
Pose buton 1 Pose buton 2
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U (m)
0,05
0,03
0,02
0,01
0
0 20 40 60 80 100
Temps
Le suivi des cibles positionnées en élévation sur les mitoyens a montré l’absence de
mouvements horizontaux sur l’ensemble des mitoyens mais quelques déplacements
en tassement uniquement pour un des mitoyens, dont l’état structurel s’est avéré
plus médiocre et moins résistant que prévu initialement. En effet, des éléments de la
structure se sont déplacés horizontalement localement d’environ 2 cm, par manque
de liaisons structurelles existantes (absence de chaînages haut et bas notamment),
et ce avant la phase d’excavation. Un étaiement de cette zone sensible s’est avéré
nécessaire pour poursuivre les travaux, avec la mise de tirants précontraints. Lors
des phases d’excavation suivies de la pose des butons, les mouvements se sont
stabilisés et ce jusqu’à la fin des travaux. Les mesures topographiques effectuées au
cours des travaux sur le rideau de palplanches ont montré un comportement attendu
du soutènement, malgré des pressions plus importantes derrière le rideau (venues
d’eau supplémentaires, charges des mitoyens non centrées). Les déformations
maximales horizontales en tête et en pied du rideau sont conformes aux calculs,
avec une mesure de déplacement en pied du rideau d’environ 5 mm vers l’intérieur
de la fouille et de moins de 15 mm en tête du rideau.
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Les mesures de vibrations ont montré très peu de dépassements de seuils, confirmant
que cette technique (paroi + fichage palplanches) engendre peu de vibrations dans le
sol et dans les bâtiments et donc n’a pas de conséquence sur la stabilité des mitoyens
et des terrains en place.
Le niveau piézométrique de la nappe dans les alluvions s’établissait vers 2,80 m au-
dessous du terrain naturel en mars 2011. Les essais de pompage réalisés dans les
niveaux marno-calcaires et les alluvions ont mis en évidence l’absence de relations
entre les deux nappes de ces deux horizons, et une perméabilité globale des terrains
variant entre 7,0.10-6 m/s et 5,8.10-7 m/s pour l’ensemble de la fouille. Pour effectuer
l’assèchement de l’enceinte fermée à la cote de rabattement +9,50 NGF, le débit de
rabattement a été calculé à 6 m3/h. Le suivi piézométrique met en évidence que le
rabattement de la nappe s’est effectué en moins de 15 jours, sans apparition de fuite au
niveau de la paroi ni d’effet de renard ou de boulance, soit plus rapidement que prévu.
Le piézomètre situé à l’extérieur de la paroi est resté à un niveau stable sur la période
de mesure (un mois environ), confirmant l’étanchéité de la paroi à la fin de l’excavation.
Les efforts calculés dans les butons mis en place sur les deux niveaux (calculs
RIDO) montrent pour la première ligne de butons B1 des valeurs allant de 6 à
10 T/ml. Pour le deuxième lit de butons B2 (cote 12,50 NGF), les efforts atteignent
15,6 à 21,7 t/ml. Lors de la pose du premier lit de butons au cours de l’excavation,
les mesures montrent que les valeurs calculées et mesurées restent proches, avec
des valeurs allant de 6,6 à 11 t/ml. Par contre, au niveau du deuxième niveau de
butons, on remarque que la mise en tension du premier lit de butons fait nettement
diminuer les efforts dans ceux du deuxième niveau. Les efforts du niveau B2
atteignent des valeurs de 10,6 à 12,6 t/ml, soit quasiment la moitié des efforts
calculés, ce qui peut s’expliquer par des efforts horizontaux plus importants en tête
du rideau liés à une poussée des terres plus importante des bâtiments mitoyens.
5. Conclusion
Ce chantier instrumenté a permis de confronter les résultats d’instrumentation et de
modélisation dans le cas d’une grande excavation en milieu urbain et mitoyen, où
butons passifs et mesures préventives sont mises en œuvre conjointement. Cette
étude a montré qu’une simple modélisation à l’aide de logiciels de calculs de stabilité
et aux éléments finis permettait d’appréhender correctement les sollicitations autant
dans la paroi étanche que dans les butons rigides. L’instrumentation a permis de
valider cette conception variante des solutions de soutènement classiques.
Références bibliographiques
AFNOR (2005). NF EN 1997-1. Eurocode 7 – Calcul géotechnique – Partie 1 : règles générales
PLAXIS (2002). Plaxis Finite Element Code for soil and Rock analysis, version 8 user manual; Balkelma,
Rotterdam/Brookfield.
ROBERT FAGES LOGICIELS (2003). Notice d’utilisation RIDO 4.
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