Sie sind auf Seite 1von 4

VM & vous tous mes bien aimés FF et SS

Invitée pour la première fois dans une Loge travaillant au RER, j’ai découvert deux
transparents inhabituels : le mot JUSTICE à l’Orient et à l’Occident, en vis-à-vis
mais un peu plus bas, le mot CLEMENCE. Je me suis intéressée au mot
Clémence et à ses définitions.
Selon le Petit Robert, la Clémence est une vertu qui consiste, de la part de qui
dispose d’une autorité, à pardonner les offenses et à adoucir les châtiments (ex. « la
clémence d’Auguste »).
Parmi toutes les explications qu’en donne Sénèque dans son traité « De Clementia »
destiné à l’éducation de son élève le jeune Néron, j’ai retenu celle-ci :
« La clémence a son libre arbitre : elle ne juge pas d’après un texte, mais selon l’équité la plus
large : elle a droit d’absoudre et de régler le litige au taux qu’il lui plaît. Non qu’elle fasse rien en
cela de moins que ne veut la justice, mais c’est qu’elle voit dans ses arrêts la justice même.
Pardonner, c’est ne pas punir ce qu’on juge punissable, c’est remettre une peine exigible. Faire acte
de clémence, c’est en principe proclamer que l’homme qu’on acquitte n’était passible de rien de
plus. »
La clémence n’est ni le pardon, ni la compassion, la clémence est un acte de justice,
c’est l’acte de celui qui peut juger, le supérieur donc, celui qui a la puissance ; celui
qui est clément est celui qui applique la vraie justice.
Selon le mot de Cicéron : Summum jus, summa injuria : le comble du droit, c’est le
comble de l’injustice.
Mais je suis perplexe, quelle peut être la signification symbolique de ces deux
mots ? La réponse m’est apportée dans la cérémonie de l’Initiation.
Après avoir formulé son engagement sur le Saint Evangile et sur sa parole
d’honneur, le candidat est reçu Franc-Maçon Apprenti et doit subir sa dernière
épreuve.
Première réception de la lumière :
Le 2ème S enlève le bandeau et montre avec son épée le mot Justice et les épées
des FF et des SS
Le V M dit : « Mon F les lois de la justice sont éternelles et immuables. Celui qui étant
effrayé des sacrifices qu’elle exige, refuse de s’y soumettre, est un lâche qui se déshonore et se perd.
N’hésitez donc jamais, mon F, et soyez juste envers tous les hommes, sans consulter vos
passions, ni vos intérêts personnels. Ce faible rayon de Lumière doit vous être le témoignage de
1
l'impossibilité où vous seriez de la fixer de tout son éclat, mais il suffit pour vous faire entrevoir les
dangers qui vous entourent dans les ténèbres. Ces armes tournées contre vous en ce moment vous
annoncent les mêmes dangers, avec l'opprobre et l'infamie, si vous aviez le malheur de manquer à
la justice et à vos engagements.
Le 2ème S fait retourner l’Apprenti du côté de l’Occident et lui montre le
mot Clémence.
Le VM dit : « Mon F, si vous avez le cœur droit et sincère, ne craignez point. La
clémence tempère les rigueurs de la justice en faveur de ceux qui se soumettent généreusement à ses
lois. Usez donc de modération pour les autres hommes, lorsqu’ils se seront rendus coupables envers
vous ».
Le 2ème Sdit à l’Apprenti : « si vous aperceviez dans cette loge un de vos ennemis, seriez-vous
prêt à lui pardonner ?
L’Apprenti répond affirmativement et le 2ème S le fait se retourner face à l’Orient.
Alors, le 1er S dit : « VM, l’Apprenti a subi l’épreuve de la justice et de la
clémence ».
Question : En quoi la Justice et la Clémence sont-elles une épreuve ? Je comprends
bien le choc de la lumière après les ténèbres et la vision des épées pointées, le
rappel des rigueurs de la justice dans l’application des règles et le respect de
l’engagement qui vient d’être pris, le réconfort de se savoir traité avec douceur,
mais le devoir de pardon, tout cela est très perturbant.
Mais pour comprendre symboliquement cette épreuve, il faut en revenir à
l’installation de ce rite par J-B. Willermoz.
A la fin du XVIIIème siècle, J-B. Willermoz travaille, avec un groupe de Frères
lyonnais et strasbourgeois à l’adoption des rituels du Rite Ecossais Rectifié.
Quelques grandes dates : Convent national des Gaules à Lyon en 1778 et
Assemblée générale de l’ordre de Wilhelmsbad de 1782, qui, entre autres rites,
adopte la suppression des châtiments corporels et une première esquisse des rituels.
Les Rectifications de 1785 : Tubalcaïn est remplacé par Phaleg. Les textes
comportent le rituel des épreuves par les éléments qui sera complété par l’épreuve
de justice et de clémence. Le premier manuscrit connu qui comporte un rituel
complet avec les deux systèmes d’épreuves date de 1802 (5802). L’épreuve de la
Justice et de la Clémence est ainsi commentée à l’occasion d’un éloge funèbre
« Heureux le maçon qui reconnaît que la punition qui lui infligée et un acte de justice et que celui
qui l’y a soumis a porté la clémence jusqu’au plus parfait abaissement, pour rouvrir au coupable,
la porte qui lui aurait été fermée pour jamais sans ses bontés inexprimables ».
2
Les épreuves par l’Eau et le Feu ont la signification de purifications. Elles sont
inspirées par le baptême d’eau de saint Jean-Baptiste et le baptême de feu du Saint-
Esprit.
Au RER, les éléments sont trois : le troisième, la Terre, est évidemment la référence
à l’Evangile de Jean : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; s’il meurt,
il porte beaucoup de fruits », mais la Terre accélère la putréfaction si le grain est altéré.
Ce sont des épreuves. Le rituel évoque la rigueur, la peine, le danger pour le
récipiendaire. Ces éléments ont la capacité de purifier, de détruire l’être corrompu.
Mais ils n’ont pas celle de le régénérer.
Les épreuves par les éléments correspondent donc à la purification de l’homme
incorporé dans la matière en châtiment de la faute d’Adam.
En ce qui concerne l’épreuve de la Justice et de la Clémence, dans le rituel, la
première, la Justice, apparaît comme terrible mais devant être une vertu à pratiquer.
De la clémence, le vertueux peut demander à en bénéficier mais aussi doit en user
comme d’une vertu. C’est ce qu’explique Willermoz dans une instruction faisant le
lien entre les deux systèmes d’épreuves :
« Dans le premier grade d’apprenti, après avoir subi l’épreuve des éléments matériels, figuratifs de
ceux dans lesquels l’homme actuel est incorporé, vous avez bientôt reconnu que vous étiez tombé
sous le fléau de l’inexorable justice. Mais on vous exhorta à réclamer la clémence qui en tempère les
rigueurs : et pour en assurer sur vous les effets salutaires, on vous fit sentir la nécessité d’un user
vous-même envers vos semblables. »
La justice et la clémence dont il est question sont celles de Dieu. Le récipiendaire
subit la première (la Justice) et doit demander la seconde (la Clémence). L’Homme,
par Adam, a désobéi et a subi son châtiment : il a été chassé du Paradis. Il a été
incorporé dans la matière et y a entraîné sa postérité. Mais contrairement à Lucifer
qui, pour sa révolte, a subi « le fléau de l’inexorable justice » et a été plongé sans
recours dans les Ténèbres, l’Homme a bénéficié de la Clémence de Dieu qui lui a
ménagé des portes de secours qui lui permettront dans la vie future d’obtenir sa
réintégration. Dieu l’a condamné à la matière et au travail, mais il lui a permis le
travail sur soi, le travail sur la pierre brute qui mène vers la lumière. Pour le Maçon
chrétien, le symbole de la Justice et de la Clémence est le symbole de la Chute et de
la Rédemption.
La Clémence, symbole de la Rédemption, ce n’est pas une vertu mièvre. Ce n’est
pas la compassion.
Revenons à Sénèque : « La compassion est une impression maladive à l’aspect des misères
d’autrui, ou un chagrin qu’on éprouve à l’idée qu’elles ne sont pas méritées … Le sage ne
s »’apitoiera pas, il secourra … La commisération est l’infirmité d’une âme trop sensible … »
3
La Clémence est une vertu rude, la Rédemption qu’exprime la Clémence de Dieu,
c’est l’Incarnation, c’est la Souffrance, c’est la Mort, infamante et douloureuse, sur
la Croix.
Conclusion.
L’Homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. Dans son état
« glorieux » il était immortel et jouissait de la béatitude parfaite. Par orgueil, de sa
propre volonté, l’Homme s’est détourné et séparé de son créateur et a donc chuté.
Cet Homme coupé de Dieu « son vrai Orient », Willermoz le dit « en privation »,
car, en son âme, il garde l’empreinte divine : il est à l’image de Dieu mais n’est pas
« en unité » avec lui. Et deuxième châtiment, il a aussi perdu son corps « glorieux »
pour se retrouver enfermé dans la matière et condamné à souffrir et à mourir. Il est
déchiré, écartelé entre ses deux natures : nature spirituelle aspirant à l’unité avec
Dieu et nature animale, esclave des sensations et des besoins physiques.
Au RER, nous avons la chance que cette « privation » absolue, qui eût dû, selon la
justice divine, être définitive, ne le sera pas à cause de l’entrée en jeu de la clémence
divine qui se déploie dès que l’Homme se repent. Se repentir c’est faire retour sur
soi-même. C’est se détourner des ténèbres pour faire face à l’Orient où se trouve la
lumière. Le travail de l’initiation devient possible : c’est un des moyens ménagés par
la clémence divine pour permettre à l’Homme de retrouver son état d’origine. Mais
pour accomplir cette réintégration, l’Homme ne peut l’opérer seul, ce serait encore
une entreprise orgueilleuse, il a besoin de la médiation d’un être à la perfection
glorieuse, comme l’était l’Homme avant la chute.
A chacun de découvrir ce Médiateur de la Clémence divine.

J’ai dit VM

Das könnte Ihnen auch gefallen