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Rapport sur la politique

migratoire

L’Afrique du Nord comme espace migratoire :


Le cas du Maroc

1
Liste d’abréviations

BRA : Bureau des Réfugiés et Apatrides

CEA : La Communauté Economique Africaine

CENSAD : Regroupement des pays du Sahara et du Sahel

CNDH : Conseil National de Droits de l’homme

HCR : Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés

GADEM : Le Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants

MRE : Marocains Résidant à l’étranger

NEPAD : Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique

OAM : Observatoire africain de la migration

OIM : Organisation International de migration

OIT : Organisation International de travail

OUA : Organisation de l’Unité Africaine

PEV : La Politique européenne de voisinage

PNPM : La Plateforme nationale pour la protection des migrants

UA: Union Africain

UE: Union Européen

UMA : L’Union du Maghreb Arabe

SNIA : La Stratégie Nationale sur l’Immigration e l’Asile

2
La migration au Maroc : Tendances, politiques et
recommandations

Introduction
La migration marocaine est un phénomène fort ancien. Elle trouve ses origines dans la
domination coloniale. Après être passée par différentes étapes, elle connaît actuellement une
diversification de ses destinations, un changement de son contenu et de ses caractéristiques
démographiques et socio-économiques, et se généralise à l’ensemble du territoire national1.
Il est utile de rappeler que l’histoire de la migration marocaine remonte à 1956, avec
l’indépendance du Maroc2.Depuis, le nombre d’émigrants n’a cessé d’augmenter, en commençant
par une émigration des Marocains vers l’Europe suite à la forte demande de main-d’œuvre 3et des
soldats lors de la première et la deuxième guerre mondiale. Ainsi, une émigration économique a vu le
jour suite à l’établissement des accords bilatéraux entre le Maroc et les pays demandeurs de main-
d’œuvre.
Aussi, les années soixante rappellent la période de l’explosion migratoire vers l’Europe
occidentale, notamment vers la France, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne et les pays
scandinaves .Durant la même période, et surtout à partir de 1967, la quasi-totalité de la communauté
juive marocaine, estimée à l’époque à plus de 200 000, a pris direction vers l’Europe, l’Amérique du
Nord et surtout vers le Moyen-Orient4.
Ensuite les années soixante-dix, suite à la crise pétrolière, ont marqué le début d’une période de
récessions économiques. Ce qui a donné lieu par la suite à l’introduction des politiques
d’immigration plus restrictives et la fermeture des frontières qui a limité l’émigration économique, et
renforçant l’émigration familiale.
Ainsi, les années quatre-vingt-dix, ont marqué la constitution de la zone Schengen et
l’introduction de l’obligation de visa pour les Marocains dans les pays de l’Europe du Sud.
Toutefois, ces restrictions n’ont fait que développer une nouvelle forme d’émigration : il s’agit de
l’émigration illégale à destination européenne (Italie, Espagne...).Désormais, d’autres formes sont
apparues à savoir, l’émigration saisonnière, l’émigration des enfants et des femmes.
Toutefois, la mondialisation et la globalisation ont fait de la migration un phénomène
universel, qui touche aujourd’hui pratiquement toutes les couches sociales et toutes les régions du
royaume. Ainsi le passage du (XXe –XXIe siècle) a marqué pour les pays du Maghreb, et pour le
Maroc en particulier, une transition migratoire incontestable5.
1
Abdeslam FAZOUANE, Migration internationale et développement au Maroc, In : Haut-commissariat au plan,
population et développement au Maroc, 2009, p, 64.
Consulté le 19-10-19 à 14h30 sur : https://www.hcp.ma
2
Mohamed CHAREF, Les migrations marocaines et leurs relations avec le Maroc, publié In : Un siècle de migrations
marocaines, MIGRANCE 24, deuxième trimestre 2005, p, 17
Consulté le 19-10-19 à 16h sur : http://www.generiques.org/images/pdf/Migrance_24.pdf
3
L’émigration marocaine a trouvé le marché français de l’emploi largement ouvert, et s’est aussi orientée vers d’autres
marchés, notamment ceux de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne. Effectivement, les années 1963 et 1964 ont
constitué un tournant décisif sur les plans quantitatif, qualitatif et spatial de l’émigration marocaine.
4
Abdeslam FAZOUANE, Migration internationale et développement au Maroc, op, cit., p,65.
5
Hassen BOUBAKRI, « Les migrations internationales en Afrique du nord : Dimensions géographiques et politiques »,
Publications de l’Atelier sur les migrations africaines : comprendre les dynamiques de migration sur le continent, 18 –
21Septembre 2007, Ghana, p. 4.
Consulté le 20-10-19 à 18h30 sur r https://www.migrationinstitute.org/files/events/boubakri.pdf/@@download

3
Marqué par sa position géographique et en étant un carrefour entre l’Europe, l’Afrique et le
Moyen-Orient. Le Maroc est devenu non seulement un pays de départ et de transit mais aussi un
pays d’accueil et d’installation. Et pour faire face cette nouvelle situation, une politique migratoire
s’avère nécessaire au niveau national, régional et continental.
Ainsi, à travers cette démarche et compte tenue du laps de temps restreint consacré à cette
étude , nous avons jugé utile de mettre la lumière sur la politique migratoire Marocaine selon une
approche globale, qui consiste tout d’abord à donner un aperçu général sur la migration, mettre la
lumière sur le cadre normatif sur la migration aux niveaux interne et international et analyser les
dynamiques et gouvernances des migrants. Et ceci en s’appuyant sur les travaux de recherches
universitaires, les textes de lois, les rapports de la société civile, les rapports des organismes
gouvernementaux et non gouvernementaux, ainsi que la synthèse des entretiens et visites effectués au
niveau national auprès des différentes associations et personnes-ressources qui traitent de la question
migratoire.
Enfin, à travers le traitement de toutes les données collectées dans le cadre de ce projet, nous
avons pu identifier quelques imperfections et lacunes, que nous avons formulées sous forme de
recommandations, et qui pourront servir comme base de données et source d’inspiration pour de
futures réformes législatives et politiques qui traitent de la question migratoire aux niveaux interne et
international.

4
I- Aperçu général de la migration

La migration est un phénomène mondial et universel qui a marqué la construction des sociétés
et le développement des nations depuis l’existence de l’humanité 6.Cette dernière fait partie intégrante
de l’histoire du continent africain, notamment le Maroc.
Dans ce sens, il est utile de rappeler que le Maroc est un pays d’Afrique qui s’étend sur le
Nord-Est du continent. Sa proximité géographique a fait de lui un pays de migration par excellence
en commençant d’abord par une immigration européenne, suivi d’une émigration maghrébine, puis
une immigration africaine7.
Cette diversification de destination illustre les points forts qui caractérisent essentiellement
l’évolution de la migration au Maroc. Ce qui fait de lui non seulement un pays de départ ou de
transit, mais aussi un pays d’accueil et d’installation.
1. Contexte migratoire
1.1 Données historiques
L’histoire de la migration marocaine a commencé par une émigration autonome liée aux
conditions socio-économiques et aux crises politiques 8. Toutefois, les premières  migrations de
masses civiles au Maroc datent de 1960. Elle a connu trois différentes phases correspondantes
chacune à des politiques particulières des pays de migration à savoir :
La première phase commence au début des années 70 : L’émigration était souvent ouvrière
répondant aux besoins des anciennes colonies (France, Belgique et Pays-Bas). Elle était plutôt
masculine et originaire des régions périphériques ou de la compagne marocaine.
La deuxième phase commence au milieu des années 70 avec la crise qu’ont connue les pays
occidentaux suite au choc pétrolier, chose qui a engendré la fermeture des frontières, et par
conséquent a changé radicalement la physionomie de la migration suite au développement rapide des
pays exportateurs de cette matière première et par conséquent une demande importante de main-
d’œuvre marocaine.
La troisième et la dernière phase débute à la fin des années 80 et début 90. Elle correspond à la
mise en place des conventions d’application des accords de Schengen signés en 1990 et qui ont
limité les flux migratoires9.
Ainsi, il est opportun de mentionner que la migration marocaine a connu différentes formes :
elle a commencé par une immigration individuelle masculine, suivie par l’émigration dans le cadre
du regroupement familial, et puis par l’immigration saisonnière. Bien qu’qu’à partir de la moitié des
années 80, l’exode des compétences, l’immigration de retour et l’émigration féminine autonome ont
connu un développement très important.
À partir des années 90, l’immigration irrégulière est devenue la principale forme d’immigration
qui y a été marquée par l’apparition de nouveaux profils d’immigrés en situation irrégulière à savoir
une immigration plus mixte, plus jeunes, plus instruite et diversifiée, et qui a donné lieu à
l’internationalisation de la migration illégale au Maroc.

6
Rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental, Migration et marché de travail, N°, 2018, p.7.
7
http://migration.ma/situation-migratoire-marocaine/
8
Elkbir , ATTOUF , Émigration, immigration marocaine à l’ère de la mondialisation, UIZ (Faculté des lettres et des
sciences sociales), 2014,,p 12 ,.
9
Jamal. BOUOIYOUR, «  Migration, Diaspora et développement humain », publié sur : « Le Maroc possible, une offre
de débat pour une ambition collective », Rapport du cinquantenaire, 2006. Royaume du Maroc, p.470.
Consulté le 20-10-19 à 18h sur :  http://www.ires.ma/wp-content/uploads/2017/02/GT3-8.pdf

5
6
1.2 Cadre économique
Le contexte économique de l’émigration marocaine est à l’origine une émigration temporaire.
Elle avait lieu depuis la première et la deuxième guerre mondiale suite aux besoins des soldats et de
mains d’œuvres. Ensuite, suite aux besoins économiques des migrants et à l’absence d’une aisance
économique au Maroc. Les migrants prennent la voie d’émigration dans le but d’avoir un travail
décent, favoriser leur situation économique et améliorer leur niveau de vie et celui de leurs familles.
Ces derniers se sont souvent considérés comme en mission afin d’assurer des rentrées régulières à
leur famille et à soi-même. Toutefois, il nous paraît primordial de rappeler le contexte économique
du Maroc qui demeure marqué par :
- Les années de sécheresse, qui avaient des effets négatifs sur la croissance de l’agriculture.
Cette dernière avait un rôle très important dans la croissance nationale en matière de production et
d’emploi, et qui a par conséquent eu des implications économiques importantes.
- Le désengagement progressif mais soutenu de l’État, suite à la croissance de l'emploi public,
qui était sollicité à un moment comme une solution au chômage des jeunes diplômés. Ce dernier a
été abandonné lors des programmes d'ajustement structurel. Ainsi, le secteur privé est devenu l'acteur
principal du marché de l'emploi.
- La création de zones de libre-échange avec les partenaires économiques du Maroc : les
accords signés avec l’Union Européenne, les Etats-Unis, le Groupe d’Agadir (Jordanie, Egypte et
Tunisie), la Turquie10.
À cet égard, on peut déduire que les raisons de l’émigration avancées par les émigrants sont
principalement d’ordre économique, d’ordre familial, ainsi pour des raisons d’études et
d’acquisitions des compétences et des qualifications. Tout ceci est dû au taux de chômage élevé que
connait le Maroc et la différence flagrante entre les différentes classes sociales.
Dans ce sens, on distingue entre trois catégories de migrants internationaux au Maroc à savoir :
les Marocains résidants à l’étranger (MRE), les Marocains de retour et les immigrants de manière
régulière ou irrégulière au Maroc11. Ainsi, l’émigration des marocains à l’étranger est une arme à
doublant tranchant, elle produit à la fois des effets négatifs comme l’émigration des personnes
hautement qualifiées et la fuite des cerveaux, dont une économie en développement comme le Maroc
a besoin. Toutefois, les effets positifs de l’émigration internationale sur le développement du Maroc
sont au nombre de trois : Le transfert de revenus des migrants à leur famille restée au Maroc,
l’investissement dans leurs pays d’origine, et l’amélioration de leur emploi et leur qualification qui
leur permettra un développent économique et social de leur pays d’origine12.

10
Mohammed Tawfiq MOULINE, «  Les accords de libre-échange conclus par le Maroc: incidences sur la compétitivité
globale du pays et voies d’optimisation », In : IRES (institut royale des études stratégiques, conseil économique, social &
environnemental, rabat, 23 mai 2013, p11.
Consulté le 09-10-19 à 10h sur : 
http://www.ires.ma/wpcontent/uploads/2015/12/presentation_dg_ces_23_mai_2013_version_site_web.pdf
11
Bachir. HAMDOUCH et Mohamed. MGHARI, Impact de la migration internationale sur le développement au Maroc,
Publications de l’Association Migration Internationale, Résultats de l’Enquête de 2013, p. 50.
Consulté le 09-10-19 à 10h sur : https://morocco.iom.int/sites/default/files/Rapport%20Etude%20Impact%20de%20la
%20Migration%20sur%20le%20De%CC%81veloppment%20du%20Maroc.pdf
12
Fatima. AIT BEN LMADANI, la politique d’immigration. un jalon de la politique africaine du Maroc ? cas de la
régularisation des migrants subsahariens, Publications de l’association marocaine d’études et de recherches sur les
migrations (AMERM) et fondation population, migration et enivrement, 2016, p, 11.
Consulté le 09-10-19 à 10h sur :
http://amerm.ma/wp-content/uploads/2014/03/Fatima-Ait-Ben-Lmadani-Regularisation-des-migrants-subsahariens-au-
Maroc1.pdf

7
1.3 Contexte politique
Quant au contexte politique de la migration au Maroc, et bien qu’il soit un pays de stabilité
politique et économique, en étant un carrefour des pays du Sud et l’Europe, le Maroc change du
statut migratoire d’un pays d’immigration à un pays d’accueil et de transit.
En 2013, le conseil national de droits de l’homme(CNDH) a publié un rapport intitulé «
Etrangers et droits de l’Homme au Maroc: pour une politique d’asile et d’immigration radicalement
nouvelle », auquel il enlève le voile sur la situation des migrants et des réfugiés au Maroc 13. Par
conséquent, les recommandations contenues dans ce rapport ont été approuvées par sa Majesté le roi
Mohammed VI déclenchant dès lors, la Stratégie Nationale sur l’Immigration e l’Asile (SNIA). Cette
dernière coopère avec différents acteurs au niveau national et travaille sur onze programmes
englobant à la fois : (la santé, l’éducation, les formations professionnelles, assistance sociale).
Dans le même ordre des idées, le cadre réglementaire du royaume a été aménagé suite à
l’article 3014 de la constitution marocaine afin de faire bénéficier aux migrants et aux réfugiés un
accès aux services publics à même pieds d’égalité avec les citoyens marocains. Lançant au même
temps plusieurs grands chantiers concernant : la régularisation des étrangers en situation irrégulière,
l’intégration des personnes régularisées, et la mise à niveau du cadre juridique relatif à
l’immigration, l’asile et la lutte contre la traite des personnes.
Cette nouvelle politique migratoire comporte une opération exceptionnelle de régularisation
des personnes migrantes sans papiers, qui s’est déroulée du 1er janvier au 31 décembre 2014 et une
deuxième en 2016. Par contre, sur le plan juridique, trois commissions ont été chargées de
l’élaboration des lois sur l’asile, l’immigration et la traite des personnes, sauf que jusqu’ au
aujourd’hui aucune n’a vu le jour sauf, celle relative à la traite des personnes.
Il est utile de mentionner que sur le plan international, le Maroc est l’un des premiers
signataires de la Convention internationale pour la protection de tous les travailleurs migrants et des
membres de leurs familles de 1990 entrée en vigueur en 200315. Alors que sur le plan interne, en
2003 et sous la pression de ses partenaires européens, le gouvernement marocain s’inscrit dans la
logique sécuritaire et adopte la loi 02-03 relative à l'entrée et au séjour des étrangers au Royaume du
Maroc, à l'émigration et l'immigration irrégulières, tout en collaborant avec l’union européenne pour
lutter contre la migration illégale (politique d’externalisation, patrouilles mixtes)16.
Par ailleurs , le Maroc est le seul pays africain à avoir une politique migratoire libérale et c’est
dans ce sens, que la Stratégie Nationale en matière d’Immigration et d’Asile (SNIA) a été lancée en
vue d’assurer une meilleure gestion des flux migratoires dans le respect des droits de l’Homme 17, et
en vue de faciliter l’intégration des immigrés réguliers en mettant en leur faveur un cadre
institutionnel18 adapté aux nouveaux défis de gestion des flux migratoires.

13
Le 9 septembre 2013 : publication des recommandations du rapport relatif à la situation des migrants et des réfugiés au
Maroc du Conseil Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) ; 10 septembre 2013 : discours royal appelant à
l’élaboration d’une « politique en matière d’immigration et à l’adoption d’une approche globale et humaniste,
conformément au droit international et dans le cadre d’une coopération multilatérale rénovée ».
14
Art 30 de la Constitution Marocaine de 2011 énonce : « […] , Les ressortissants étrangers jouissent des libertés
fondamentales reconnues aux citoyennes et citoyens marocains conformément à la loi […]».
15
Decaux Emmanuel, « Droits des travailleurs migrants et droit international des droits de l’Homme », Migrations
Société, 2008/3 (N° 117-118), p. 185-198.
Consulté sur : https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2008-3-page-185.htm
16
Mohamed. KHACHANI, « La migration subsaharienne : le Maroc comme espace de transit », Rapport de l’Association
marocaine d’études et de recherches sur les migrations, (AMERM), Rabat, 2010, p.2.
17
Jamal BENAMAR et Abid IHADIYAN, « Le Maroc face aux nouveaux flux migratoires », op. cit., p. 22.
18
Rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental, migration et marché de travail, op. cit., p. 8.

8
Dans le même sens, en 2017 lors du 30 ème Sommet de l’institution de l'Union africaine (UA),
le Maroc était désigné comme leader de (UA) sur la question de la migration. Aussi en 2018, le
Maroc a adopté la tenue et la signature du pacte mondial sur les migrations ordonnées, sûres et
sécurisées ayant par conséquent de lancer la création d'un Observatoire africain de la migration
(OAM), dont le siège est au Maroc et qui a pour mission l'observation et l'échange d'informations
entre les pays africains, afin de favoriser une gestion maîtrisée des flux migratoires.
Contexte social et culturel

Cependant, le contexte social et culturel du Maroc est lié fortement à sa position géographique,
vu qu’il est à la croisée des chemins entre l’Europe, l’Afrique et le monde arabe, et baigné à la fois,
par l’océan Atlantique et la mer Méditerranée. Le Maroc se présente ainsi, comme étant une terre de
rencontre entre les différentes cultures et populations et par la suite une terre de transit, d’accueil et
de destination des migrants.
En effet, l’histoire marocaine connaît depuis l’antiquité une diversité religieuse et culturelle au
sein de sa propre communauté, entre ses citoyens et entre les immigrants qui viennent s’installer. Et
reconnu pour la cohabitation harmonieuse qui y règne entre les musulmans, les juifs et les chrétiens.
Le Maroc encourage la culture du vivre-ensemble dans le Royaume dès l’antiquité par la
cohabitation avec les différents cultes soit des migrants, soit de ces propres citoyens, et aussi en étant
en principe un pays majoritairement musulman, ce qui se matérialise par l’existence des mosquées,
des églises et des synagogues dans la plupart des villes marocaines. Ceci prouve l’hospitalité et la
tolérance du Maroc face aux immigrants de différents cultes, cultures et nationalités.
2- Tendances migratoires

2-1 Migration interne


L’histoire de la migration sur le continent africain a commencé d’abord par une migration
interne d‘une région à une autre dans le même pays, suivi par une migration interafricaine d’un pays
à un autre à l’intérieur du continent africain.
Dans ce sens, même si les chiffres fiables sont difficiles à obtenir, on estime que 80% des
migrations africaines sont d’abord des migrations interafricaines, notamment de l’Afrique du nord19.
Toutefois, il est à noter que la Maroc a vécu durant les années 70 des politiques de libération
et des réformes économiques causant des fortes crises financières à la fin des années 80. Ce qui a
engendré la mise en œuvre des plans d’ajustement structurel et par conséquent le renforcement de la
propension à l’émigration à partir du Maghreb20.
A cet égard, la signature du traité de Marrakech pour la création de l’Union du Maghreb Arabe
(UMA)21 en 1988 n’avait que momentanément apaisé les tensions dans la région Maghrébine. Aussi
la réadmission du Maroc au sein de l’union africaine en 2017 encouragera la gestion régionale des
migrations internes au sein du continent Africain, et la mise en place d’une politique favorisant la
liberté de circulation entre les différents pays de la même région de l’Afrique du Nord22.

19
https://afrique.latribune.fr/politique/politique-publique/2017-04-17/anti-cliche-80-de-la-migration-en-afrique-ne-se-fait-
pas-vers-les-pays-du-nord-interview.html
20
Hassen BOUBAKRI, « Les migrations internationales en Afrique du nord : Dimensions géographiques et politiques »,
op. cit., p.10.
21
Hassen BOUBAKRI, « Les migrations internationales en Afrique du nord : Dimensions géographiques et politiques »,
op. cit., p.11.
22
Ibid., p.11-12

9
2-2 Émigration
En principe on parlait plus d’une émigration de l’Afrique vers l’Europe, par contre les flux en
direction de l’Afrique du Nord sont, sans aucun doute, les moins connus. Dans ce sens, il est à noter
que le Maroc, dès le plan quinquennal de 1968, fixait comme objectif d’attirer le plus grand nombre
possible d’émigrés afin de ne garder au pays que le plus petit nombre possible de chômeurs, et
d’attirer les contributions des diasporas et leur épargne soit en facilitant le transfert de l’argent ou en
les encourageant à investir dans leur pays d’origine . Ainsi, l’évolution de l’effectif des Marocains
résidant à l’étranger (MRE) entre (1998-2006) est présentée dans le tableau ci-dessous :
 Années Population MRE
1998 1 662 870
2000 2 098 187
2002 2 549 215
2005 3 185 382
2006 3 300 000
Source23 : Haut-commissariat au Plan du Maroc (HCP) ,2009.

Dans le même sens  les statistiques du HCP, montre l’effectif des Marocains résidants à
l’étranger par pays d'accueil en (2005) :

Régions et Pays Effectif


Source :   Europe 2 739 051 Haut-
commissariat au Plan du
Maroc (HCP) France 1 036 909 2009.
Espagne 503 171
Dans Belgique 354 161 ce sens, il
apparait Italie 345 764 clairement
que le Pays Bas 324 511 Maroc était
l’un des Autres Pays d'Europe 174 535 principaux
pays   Pays Arabes 213 034
Libye 78 852
Algérie 62 822
Arabie Saoudite 27 567
Autres Pays Arabes 43 793
  Asie et Océanie 2 515
  Afrique 4 586
  Amérique 226 196
Etats-Unis d'Amérique 125 000
Canada 100 000
Autres Pays d'Amérique 1 196
Total 3 185 382

d’émigration, dont sa communauté a dépassé l’Europe comme frontière vers tous les continents.

2-3 Immigration et asile

Il est à noter que dès les années 90 , le Maroc est entré dans le club des pays récepteurs d’une
immigration variée en quête d’un meilleur projet de vie ou fuyant la situation de danger de vie

23
Cf. Voir. https://www.hcp.ma/Effectif-des-Marocains-residant-a-l-etranger-MRE_a705.html

10
sévissant dans leur pays d’origine soit par des guerres, par des catastrophes naturelles ou par la
vulnérabilité de la situation socioéconomique et politique.
Ainsi, étant donné que le Maroc est un pays du Maghreb. Ceci dit que ce dernier est désormais
un espace d’immigration pour les exilés d’Afrique Subsaharienne, mais également une terre d’asile
pour les réfugiés et les demandeurs d’asile des régions instables du continent : les Syriens…
Toutefois, il est utile de rappeler que la problématique de l’asile au Maghreb relève
exclusivement de la raison d’État, elle est même envisagée comme un enjeu de sécurité. Et c’est dans
ce sens, que l’Union Européenne agit pour que l’Afrique du nord devienne son garde-frontière et
une zone de sécurité.
À cet égard, le traitement réservé aux demandeurs d’asile et aux réfugiés reprend alors les
principes appliqués aux migrants depuis l’adoption de lois répressives criminalisant les migrations au
Maroc en 2003, en Libye et en Tunisie en 2004 et en Algérie en 2008 24.Sauf que, le Maroc attend
toujours la réforme promise relative à la question d’asile.

2-4 Migrations de transit

L’étanchéité des frontières extérieures sud de l’Europe à fait naitre un phénomène relativement
nouveau en Afrique du nord, particulièrement au Maroc 25. Et ceci est dû à sa position géographique
en raison de sa proximité avec l’Europe. Ainsi, ce dernier se transforme progressivement en pays de
transit pour les migrants, et notamment les émigrés subsahariens. Ces derniers, forment un groupe
mixte de demandeurs d’asile, de réfugiés, et de plus en plus de migrants de travail 26.Et aussi une terre
de refuge pour les migrants qui ne peuvent pas poursuivre leur voyage jusqu’au vieux continent27.
Toutefois,  la gestion de l’immigration en transit suppose une gestion à la fois interne et
externe, vu qu’elle est un phénomène assez récent et soumise à différentes pressions extérieures.
Ainsi, les autorités marocaines ont développé avec l’Union européenne (UE), un accord de
réadmission avec la Communauté européenne et une Politique européenne de voisinage (PEV). Dont
le but d’établir une approche commune sur les questions migratoires, en collaboration avec les pays
d’origine28.
Sur le plan interne , et suite à l’augmentation de l’immigration en transit sur le territoire
marocain, les autorités ont élaboré de nouveaux instruments de gestion qui ont un caractère
essentiellement restrictif, durcissant les conditions d’entrée, de séjour et de sortie des étrangers au
Maroc. A savoir : La loi nº 02.03, relative à l’entrée et au séjour des étrangers dans le royaume du
Maroc, à l’émigration et à l’immigration irrégulières entrée en vigueur le 20 novembre 2003.

24
Salim CHENA, « L’asile au Maghreb : quelle reconnaissance pour les exilés subsahariens ? », In : Les cahiers du
CREAD n°97, 2011, p118.
Consulté sur : https://www.ajol.info/index.php/cread/article/viewFile/125551/115088
25
BERRAMDABE Abdelkhaleq et ROSSETTO jean, « la politique européenne d’immigration », éd .KARTHLA ., 2009,
p,296.
26
Laura Feliu Martinez, « Les migrations en transit au Maroc. Attitudes et comportement de la société civile face au
phénomène  », L’Année du Maghreb, V | 2009, p 343-362.
Consulté le 20 octobre 2019, sur : http://journals.openedition.org/anneemaghreb/611
27
Idem,
28
Idem,

11
II- Cadre normatif
Sur le plan juridique, le Maroc dispose d’un arsenal juridique national concernant la question
migratoire, et conclu différentes conventions internationales et des engagements bilatéraux, et il est
aussi doté d’un ensemble d’institutions chargées de migration.
1. Normes nationales
Contexte législatif
Suite aux orientations issues de la Constitution de 2011 qui dans son Article 30 29 , réaffirme
l’engagement du Maroc envers le droit international et les conventions relatives aux droits de
l’homme qu’il a ratifié, elle énonce que les étrangers jouissent des libertés fondamentales reconnues
aux citoyennes et citoyens marocains conformément à la loi .
Avant 2003 :
- Dahir n° 1.72.184 du 27 juillet 1972 relatif au régime de sécurité sociale.
- Décret n°2-57-1956 du 2 safar 1377 (29 août 1957) fixant les modalités d’application de la
Convention relative au statut des réfugiés signée à Genève le 28 juillet 1951.
En 2003 
- Le Maroc a approuvé la Loi n° 02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au
Royaume du Maroc, à l’émigration et l’immigration irrégulières promulguée par le dahir 1-
03-196, 16 Ramadan 1424 (11 novembre 2003).
En 2004 
- Le Maroc a adopté la Loi n° 55-99 relative au Code du travail marocain, promulguée par
Dahir n° 1-103-194, du 11 septembre 2003.
- Ledit code dans son article 516 précise que : « Tout employeur désireux de recruter un
salarié étranger doit obtenir une autorisation de l’autorité gouvernementale chargée du
travail ».
En 2007
- Arrêté du Ministre de l’Emploi n° 350-05 relatif à la Fixation du modèle de contrat réservé
aux étrangers (BO n° 5540 du 5 juillet 2007).
En 2013 
- Rédaction du rapport thématique relatif à la situation des migrants et des réfugiés au
Maroc, élaboré par le conseil national des droits de l’Homme.
- La création d’un département ministériel chargé des affaires de la migration.
- Le lancement de la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA).
- Circulaire du Ministre de l’Education Nationale n° 13-487 daté du 9 Octobre 2013
portant sur l’accès à l’éducation des enfants migrants subsahariens et du Sahel.
En 2014 
- Le lancement de la première phase de régularisation de la situation administrative des
étrangers en séjour illégale au Maroc.

29
Art, 30 de la Constitution Marocaine de 2011 énonce : « […], Les ressortissants étrangers jouissent des libertés
fondamentales reconnues aux citoyennes et citoyens marocains conformément à la loi […]».

12
En 2016 
- Lancement de la 2 ème phase de régularisation des étrangers en situation irrégulière.
- La promulgation du Dahir n° 1-16-127 du 21 kaada 1437 (25 août 2016) portant
promulgation de la loi n° 27-14 relative à la lutte contre la traite des êtres humains en 2016.

Initiatives réalisés

Le Maroc a réalisé un ensemble d’initiatives sous le thème de migration :


- La réalisation de deux Campagnes de régularisation (2014, 2016) ;
- Officialisation du statut de réfugié ;
- Ouverture du RAMED aux migrants régularisés ;
- Lancement de la Stratégie nationale des MRE ayant pour but la préservation de
l’identité Marocaine des Marocains Du Monde (MDM), la protection de leurs droits et intérêts et
le renforcement de leur contribution au développement du pays ;
- Le Lancement de la Stratégie Nationale de l’Immigration et de l’Asile (SNIA - 2014) ;
-

Cadre institutionnel national concernant la migration en général (voir Annexe N °1)

- Ministère chargé des Marocains Résidant à l’Etranger et des Affaires de la


Migration(MMREAM) ;
- Ministère de l’Intérieur via la création de la Direction de la Migration et de la
Surveillance des Frontières ;
- Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger (CCME) ;
- Comité Interministériel des Affaires des Marocains Résidant à l’Etranger
(CIAMRE) ;
- Commission Nationale du Suivi et de Recours pour la Régularisation des Migrants
(CNSCRM) ;
- Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH) ;
- Délégation Interministérielle des Droits de l’Homme (DIDH) ;
- Bureau des Etrangers et Bureau des Réfugiés et Apatrides, Direction des Affaires
Consulaires et Sociales, Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération(MAEC) ;
- Institution du Médiateur du Royaume (IMR) ;
- Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) ;
- Gendarmerie Royale (GR) ;

13
2- Normes internationales
2-1 Les engagements internationaux
Dans le but de protéger les droits de l’homme en général et ceux des migrants en particulier. Le
Maroc a ratifié une diversité des instruments juridiques internationaux à savoir :
Conventions des Nations Unies relatives aux droits de l’Homme
- Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 ;
- Pacte International relatif aux droits économiques, sociaux et culturels du 16 décembre 1966 ;
- Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale
(1971) ;
- Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1979) ;
- Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
(1993) ;
Dans le cadre d’OIT, le Maroc a ratifié :
- Convention de OIT (n°19) concernant l’égalité de traitement des travailleurs étrangers et
nationaux en matière de réparation des accidents de travail ;
- Convention de OIT (n° 29) sur le travail forcé, 1930 ;
- Convention de OIT (n°97) sur les travailleurs migrants en 1949 entrera en vigueur pour le
Maroc le 14 juin 2020 ;
- Convention (n° 100) sur l'égalité de rémunération, 1951 ;
- Convention de OIT (n°105) Sur l’abolition du travail forcé, 1957 ;
- Convention de OIT (n°111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958 ;
- Convention de OIT (n°187) sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail,
2006 ;
Protection des travailleurs migrants(ONU)
- L'Organisation des Nations Unies a adopté, un instrument international, « la Convention
internationale sur la Protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres
de leur famille  », ratifiée le 21 juin 1993 et entrée en vigueur en 2003 (Résolution 45/15).
En matière d’Asile 
- Convention de Genève de 1951 relative au statut des réfugiés (1956) et Protocole de 1967,
ratifié le (1971) ;
- Protocole de New York relatif au statut des réfugiés du 31 janvier 1967;
En matière de trafic de migrants et à la traite des personnes
- La Convention sur la criminalité transnationale organisée et les deux Protocoles
additionnels qui visent des domaines spécifiques du crime organisé : le protocole visant à
prévenir, réprimer et punir la traite des personnes (Protocole sur la traite) et le Protocole
contre le trafic illicite de migrants par terre mer et air (Protocole sur le trafic) ;

14
2-2 Les engagements continentaux ou africains

1- UNION AFRICAINE

Dans un monde entièrement globalisé, l’Afrique fournit beaucoup d’effort pour s’intégrer dans
l’économie mondiale. C’est dans sens, qu’elle a créé l’organisation de l’unité africaine (OUA) en
1963 dont le Maroc faisant partie avec une trentaine des États-membres, sauf que le Maroc s’est
retiré de cette organisation suite à l’admission de la république arabe sahraoui démocratique.
Toutefois, en avril 1980, l’organisation de l’unité africaine OUA a affirmé le plan d’action de
LAGOS30 pour le développement économique de l’Afrique. Ensuite, en 1991 y’avait la création de la
communauté économique africaine (CEA) faisant partie intégrante dans l’OUA, institué par (le traité
Abuja), qui a été ratifiée par les deux tiers des États-membres de l’OUA.
Cinquante et un Etats font partie de ce traité (Traité d’Abuja) y compris quelques pays de
l’Afrique du nord à savoir : la Tunisie, l’Egypte et la Mauritanie...). Sauf que l’absence du Maroc
fait preuve d’une grande perte au niveau régional. Surtout que d’après ledit traité, on cite l’ambition
de cette communauté à : «  supprimer progressivement, entre les Etats membres, des obstacles à la
libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux ainsi qu’aux droits de
résidence et d’établissement 31».
Dans le même sens, et dans le but de renforcer les objectifs dudit traité. Un nouveau
partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD )a été créé en 2001 , qui dans son Alenia
41, insiste sur : «  la nécessité d’un engagement de la part des gouvernements du secteur privé et
d’autres institutions de la société civile pour une intégration authentique de toutes les nations dans
l’économie et dans la vie politique mondiale. Ce qui exige la reconnaissance et l’interdépendance
mondiale en ce qui concerne la migration transfrontalière … etc. »
Toutefois, la création de l’union africaine en 2002, marque l’avènement de la première
organisation panafricaine réunissant cette fois cinquante et trois États-membres, dont certains font
partie de l’Afrique du nord mais aussi avec l’absence du Maroc. Cette dernière défendait une
panoplie d’objectifs dont la mise en œuvre des politiques relatives à : « […], la Nationalité,
résidence des ressortissants étrangers et questions d’immigration […]32  ». Renforcé par la création
des comités techniques spécialisés dont le Comité chargé des questions commerciales, douanières et
d’immigration33.
Désormais, la question migratoire a pris de l’ampleur et la gestion des flux migratoires en
Afrique était depuis, parmi les sujets de préoccupation de l’union africaine qui s’est matérialisée par :
La mise en conceptualisation de la stratégie de migration et de développement en Afrique
(MIDA) en 2001, ayant pour but : La mobilisation des migrants africains, des pays d’origine et de
résidence, appréhendée les défis migratoires du continent et de développer un cadre stratégique pour
une politique migratoire en Afrique, la libre circulation des personnes et créer des conditions pour
lutter contre la fuite des cerveaux… etc.
Suivie en 2006, via le cadre de la coopération Euro-africaine. Le Maroc s’est attaché à la
Déclaration de Rabat adoptée le mardi 11 juillet 2006 sur la migration et le développement, qui
préconise une approche globale, équilibrée, pragmatique et opérationnelle, dans le respect des droits
fondamentaux et de la dignité des migrants et des réfugiés.

30
Plan d'action de Lagos pour le développement économique de l'Afrique.
31
Art 4, Alenia «  i » du Traité d’Abuja.
32
CF. Voir. Art 13, Alenia «  j» du traité constituant Union Africain.
33
CF. Voir. Art 14 de l’acte constituant l’Union Africain.

15
Toutefois en 2015, l’UA a adopté le Programme conjoint de migration de main-d’œuvre
(JLMP), qui permet de faciliter la libre circulation des travailleurs afin de favoriser l’intégration et le
développement régionaux.

Dans le même sens, l’UA a formulé en 2016, le cadre stratégique pour une politique de
migration de l’UA pour l’Afrique (MPFA), adopté à Banjul, en Gambie, en 2006.
Evaluée par commission africaine en novembre 2016. Elle permet la mise à jour de la MPFA
et de formuler un plan d’action pour sa mise en œuvre du « Cadre de politique migratoire pour
l’Afrique et le plan d’action (2018– 2030 ) » ayant pour but : Une meilleure gouvernance des
migrations, l’établissement de politiques, de lois et de structures de migration de main-d’œuvre
sensible au genre aux niveaux national et régional, harmoniser, renforcer la mise en œuvre des
dispositions de libre circulation de l’UA, ainsi qu’une coopération renforcée entre les États membres
en matière de facilitation de la libre circulation.

Toutefois, Ce n’est qu’en 2017, que le Maroc a pu réintégrer l’Union africaine après son
retrait en 1984. Il se voit alors confronter à 14 traités de l’union africaine 34. Dont trois traités
englobent la thématique de la migration à savoir :
- La Convention de l'OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en
Afrique. (adopté le 10 Septembre et signé le 20 janvier 1969 et entrée en vigueur le 19
Mai 1974.)
- Le Protocole au Traité instituant la Communauté économique africaine relatif à la libre
circulation des personnes, au droit de séjour et au droit d’établissement. Adopté le 29
Janvier en 2018 et entrée en vigueur le 05 Juillet 2019).
- La Convention de l'Union africaine sur la protection et l'assistance aux personnes
déplacées en Afrique (Convention de Kampala) . Adopté le 23 Octobre, 2009 et mis en
vigueur le 06 Décembre 06, 2012 et modifié le 21 Juin2019.
Sauf que le Maroc n’a signé aucun de ces traités, c’est qui nous mène à insister sur la nécessité
de son engagement au niveau africain pour une meilleure gestion de la migration.

En 2018 
Toutefois, lors du 30 ème  Sommet de l’Union Africaine (UA). Le Maroc a été désigné comme
« Leader de l’UA sur la question de la migration »35. Ensuite, Son adhésion à l’« Agenda
Africain pour la Migration », qui constitue un document de référence conçu selon une approche
inclusive et participative.
Le Maroc a accueilli la conférence intergouvernementale sur les migrations internationales pour
l’adoption du « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières », ainsi que
« le Forum global pour la migration et le Développement ».

34
Les 14 traité de l’union africain : la Chartes et actes constitutifs et conventions de l'UA/OUA , Traités de paix et de
sécurité, Traités sur l'énergie et les infrastructures , Traités de gestion de l'agriculture et de l'environnement, Traités sur le
commerce, l'intégration économique et le développement, Traités sur la migration et l'emploi ,Traités de gouvernance,
Traités relatifs aux droits de l'homme , Traités en matière de santé , Traités sur les sports, les arts et la culture, Traités sur
l'éducation, la science et la technologie , Traités sur le développement de la jeunesse , Traités sur la société civile et la
diaspora , Traités sur les femmes et les questions de genre.
35
Cf. Voir. Conférence de l’Union, « décisions, déclarations et résolution ». Trentième session ordinaire 28-29 janvier
2018, Addis-Abeba (Éthiopie) .

16
2-3 Les engagements régionaux

En effet, l’Afrique compte 14 principaux groupements économiques régionaux constituant à


la fois la Communauté Economique Africaine. Dans ce sens, le Maroc fait partie de deux
organisations régionales : l’UMA et la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD).
Au niveau maghrébin : UMA
L’Union du Maghreb arabe est une organisation économique et politique créée  en 1990 à
Marrakech, (au Maroc) qui compte cinq pays de l’Afrique du Nord parmi ses membres : (Algérie,
Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie). Ce traité est entré en vigueur le 1er Juillet 1989.
En matière de migration, les pays du Maghreb arabe ont adopté en 2015, le Processus
consultatif régional pour les pays arabes sur les questions relatives à la migration et aux réfugiés
(ARCP). Ce dernier réunit les pays de la région arabe en vue de répondre aux questions que pose la
migration, d’examiner des questions relatives aux migrations internationales, s’engager à renforcer la
coopération entre les pays participants et œuvrer à une compréhension plus approfondie des
questions migratoires dans la région arabe36 .
Toutefois, la problématique de la circulation des personnes prend une tournée particulière dans
l’espace maghrébin, à la fois pour des raisons politiques, géographiques et historiques.
Dans ce sens, le traité constituant l’union du Maghreb arabe énonce dans son article 2 les
différents objectifs et finalités dont la volonté d’œuvrer progressivement à réaliser entre les pays
membres la libre circulation des personnes entre les pays de cet espace communautaire.
Sauf que, ces objectifs restent jusqu’au aujourd’hui des ambitions qui n’ont pas pu voir le jour
suite aux tensions politiques englobant cette région.
Toutefois, une série d’accords et conventions ont été adoptées par le Conseil de la Présidence
de l’UMA (37 accords) parmi lesquels, on peut citer:
- La convention de l’UMA relative au transport des personnes et des biens, et au transit, signée
en 1990, et entrée en vigueur en 1994 ;
- La convention relative à la reconnaissance mutuelle des permis de conduire ;
- La convention de l’UMA relative à la Sécurité sociale en 1991.
Cette situation répond à une volonté d’intégration entre les pays de cet espace dit Maghreb
Arabe. Sauf que la circulation intermaghrébine reste inactive et fortement influencée par les
conditions géopolitiques que connaît la région37.
Ce contexte amène les États  maghrébins à revoir leur approche de la circulation des personnes
et élaborer de nouvelles législations encadrant la circulation des étrangers et plus particulièrement les
Maghrébins, qui malgré l’échec de cette union jusqu’à ce jour, le projet de libre circulation demeure
un but constant et inhérent aux rapprochements régionaux38.
Au niveau des pays Sahélo Sahariens : la CEN SAD
Le Maroc fait partie de la communauté des pays Sahélo Sahariens : qui englobe les cinq pays
(Égypte, Libye, Maroc, Soudan et Tunisie) créée en 1998. Ladite communauté à une vocation
économique dont la finalité est d’établir une union économique entre les états membres39.

36
Cf. voir.https://www.iom.int/fr/processus-consultatif-regional-pour-les-pays-arabes-sur-les-questions-relatives-la-
migration-et-aux
37
Delphine. PERRIN, La circulation des personnes au Maghreb, notes d’analyse et de synthèse, CARIM, 2008, p.1-2.
38
Idem, p. 2.
39
James. MOUANGUE KOBILA, « Bilan de la libre circulation des personnes en Afrique », Revue Interventions
économiques, Hors-série, 2017, p. 67.Consulté sur :
https://journals.openedition.org/interventionseconomiques/5815#quotation

17
2-4 Les accords bilatéraux
La problématique migratoire dans la perspective des Etats de l'Afrique du nord, a nécessité
des accords bilatéraux entre ces états et le Maroc. (Voir annexe 2)
Le Maroc et l’Algérie
- Accords sur la libre circulation et le séjour sans besoin d’un permis avec l’Algérie (1963,
1964);
- Convention d’établissement entre le Royaume du Maroc et la République Algérienne
démocratique et populaire signée à Alger le 15 mars 1963, publiée au BO n°2946-bis du 15
avril 1969.
- Convention bilatérale de sécurité sociale entre 23 février 1991, ratifié le 17/06/2012 et en
cours d’entrée en vigueur.
Le Maroc et la Libye
- Conventions bilatérales de sécurité sociale entre le Maroc et la Libye, signée le 4 Août 1983
Dahir 4.85.4 du 14/11/1986 et 12/10/1989, entrée en vigueur le 12/01/1989.
Il ’est à noter dans ce sens que malgré les efforts déployés par le Maroc comme étant un
pays de l’Afrique du nord en vue de nouer des relations diplomatiques et économiques entre les
différents pays soit via son intégration à union africaine ou l’union du Maghreb arabe ou même la
CEN-SAD. Mais une réticence de la part de ces pays en termes d’accords bilatéraux en matière de
migration et de liberté de circulation des personnes ou de séjour, montre le vide juridique dans ce
sens et le besoin de mettre en place une politique migratoire entre ces pays, ayant en commun le
même sort à l’encontre des flux migratoires.
Le Maroc et la Tunisie
- Accords avec la Tunisie sur la résidence et la circulation des travailleurs (1964, 1991, 2006) et
contre la double imposition (1975);
- Convention d’établissement entre le Royaume du Maroc et République tunisienne, publiée au
BO n°2808 du 24 Août 1966.
- Accord de Libre-échange Maroc – Tunisie du 16-03-1999
- Conventions bilatérales de sécurité sociale entre le Maroc et la Tunisie signée le 5 Février 1987,
Dahir 4.98.28 du 15/03/1999 et entrée en vigueur le 01/05/1999.
- Dahir n° 1-16-114 du 6 kaada 1437 (10 Août 2016) portant promulgation de la loi n° 85-15
portant approbation de la Convention de sécurité sociale, faite à Tunis le moharrem 1437 (19
Octobre 2015) entre le Royaume du Maroc et la République tunisienne.
Le Maroc et la Mauritanie
- Accord pour favoriser les échanges et la coopération en matière de formation professionnelle
avec la Mauritanie (2002);
- Accord de libre-échange Maroc et Egypte  signé le 27-05-1998 et entrée en vigueur le 29-04-
1999.
Le Maroc et l’Egypte
- Convention bilatérale de sécurité sociale entre le Maroc et l’Egypte, signé le 12 Mai 2006, dont
la procédure de ratification est en en cours

18
III - Dynamiques et gouvernance des migrations

1. La condition des migrants


1.1 L’émigration
1.1.1 Emigration Régulière
On entend par l’émigration régulière, l’action de quitter le Maroc pour s’installer dans un Etat
étranger de façon légale et régulière. Cette dernière peut être une réponse à la combinaison de
différents facteurs à la fois économiques, sociaux, familiaux, environnementaux ou mêmes
politiques. Aussi, elle est un outil efficace de lutte contre la pauvreté à travers le renforcement de la
distribution des revenus, la promotion du développement et du travail productif pour la croissance du
continent africain40.
C’est dans ce sens que le Maroc est un pays d’émigration spontanée soit par le recours à
l’émigration économique, au regroupement familial, l’émigration estudiantine, ainsi que l’émigration
féminine41, voire celle moins heureuse l’émigration des enfants non accompagnés. Il est ainsi utile
de mentionner les types de cette émigration. A savoir :
L’émigration économique et de main-d'œuvre qui représente la forme la plus répondue de
cette émigration. Et c’est d’après les chiffres de l’inspection du travail pour l’année 2015, qui déclare
que sur 1 667 travailleurs migrants recensés auprès de 426 entreprises, 76,12% étaient en situation
régulière et 21,47% en situation irrégulière.
Cependant, le seul défi que présente cette forme d’émigration est la perte en capital humain
pour les pays d'origine, en entravant le processus de développement du moyen au long terme.
Il est utile de mentionner dans ce sens, que ces émigrés sont des «citoyens-acteurs de
développement », étant donné qu’ils sont une source des revenus pour les familles et les populations,
ainsi qu’une source de devises pour le pays.
Dans ce sens, et selon les estimations de la Banque mondiale en 2011, les transferts de fonds
effectués par les émigrés vers leurs pays d’origine ont atteint 406 milliards de dollars dans le monde
dont 86,45% vers les pays en développement42.
Toutefois, les retombées de l’émigration marocaine ont eu d’importants impacts sur
l’économie marocaine, en particulier en ce qui concerne l’entrée de devises et la survie de plusieurs
milliers de familles.
Cependant, il est difficile d’estimer ou de donner avec exactitude le volume des transferts à
destination du Maroc, car ils s’effectuent par une multitude de voies : soit via transferts empruntant
les canaux officiels (banque et poste), soit sous forme de marchandises43.

40
Cf. voir. La position africaine commune sur la migration et le développement, In : Union africain, 2006, p. 7.
Consulté sur : https://www.un.org/fr/africa/osaa/pdf/au/cap_migrationanddev_2006f.pdf
41
Cf. voir. Mohamed .CHAREF, Les migrations au féminin, In : Actes du Colloque le Maghreb et les nouvelles
configurations migratoires internationales : mobilité et réseaux, Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain, ,
Tunis ,2002.
42
CHAABITA Rachid, Migrations internationales, transferts de fonds et développement socio-économique au Maroc :
une analyse empirique, 28ème Congrès international de la population Cap Town, Afrique du Sud 29 octobre - 4
novembre 2017, p 3.
Consulté sur : file:///C:/Users/hp/Documents/tranfert%20de%20fond%20%20important.pdf
43
Idem, p4.

19
Dans le même ordre des idées, il est utile de montrer l’évolution des transferts de fonds des
MRE entre (1960-2016).

Graphique 1 : L’évolution des transferts de fonds des MRE entre (1960-2016)

De ce qui précède, on remarque que les transferts des MRE ont évolué de façon progressive
suite aux changements économiques, politiques familiales et culturelles. Étant donné que la 2 ème
génération des migrants ont un système de vie différent à celui de leur parent.
Aussi, le regroupement familial est une voie d’émigration très répondue depuis les années 60,
il demeure le moyen le moins complexe pour une émigration soit de la part des hommes ou des
femmes44.
En outre, l'émigration de personnes qualifiées ou la fuite des cerveaux nuit fortement au
développement de la région car elle prive la région d'une ressource humaine précieuse engendrant de
graves effets secondaires45.
Ainsi, la Ré-émigration représente une part importante des émigrés marocains de retour, et ce,
d’après une étude réalisée en 2013 « 30 % des migrants de retour ont l’intention de ré-émigré»46.
Toutefois, l’on parle souvent de l’émigration forcée suite aux besoins économiques, lors de la
er
1 et la 2 ème guerre mondiale. Cependant, ce n’est qu’aux années 90 que l’émigration est devenue
44
Hafid. MAHFOUDI. Trois études sur l'immigration marocaine : Les marocains en Ile-de-France par Mohammed
MAZOUZ ; L'émigration marocaine à l'étranger par Abdellatif LFARAKH ; Un numéro spécial d'"Accueillir".
In: Hommes et Migrations, n°1118, janvier 1989. pp. 46-51.
Consulté sur : https://www.persee.fr/doc/homig_1142-852x_1989_num_1118_1_1251
45
OIT : Faire des migrations un facteur de développement ? Une étude sur l'Afrique du Nord et l'Afrique de l'Ouest, 2010,
p, 9.
Consulté sur : https://www.ilo.org/public/french/bureau/inst/download/migration.pdf
46
Abdelhamid BEGDOURI ACHKARI, Étude de référence sur la gouvernance de la migration de la main-d’œuvre au
Maroc : défis et opportunités, avril 2015, p, 20.

20
spontanée et non plus forcée en, suite à la diversification géographique des destinations et la
multiplication des politiques de contrôle, de verrouillage de visa.
Aussi, le 21 siècle a marqué la naissance de l’émigration choisie de la part des états qui
fixent les modalités d’accueil des immigrants et les quotas à ne pas dépasser.
Dans le même sens, il est utile de rappeler qu’en principe on parle souvent de l’émigration des
hommes, sauf que l’émigration des femmes est désormais un fait qui s’accentue jour après jour. Elle
a commencé en Europe et maintenant en Afrique soit pour : (travailler, suivre des Etudes, profiter
des possibilités économique...Etc.).
Ainsi, la féminisation de la migration est devenue un phénomène très apparent au Maroc, étant
donné que la représentation des femmes au sein de la population migratoire est presque identique à
celle des hommes (49%)47. Toutefois, la demande de travailleurs hautement qualifiés originaires de
pays en développement, notamment l’Afrique, ouvre de nouvelles possibilités pour les femmes, sauf
que la proportion des femmes migrantes dans l’effectif total des migrants internationaux n’est
observé que dans les pays développés, vu le vieillissement de la population. Alors qu’en Afrique les
taux de migrations des femmes est toujours modeste et minime.
En revanche, il est bien clair que le choix d’émigrer découle prioritairement de l’insuffisance
du développement et de la situation économique vulnérable de l’état d’origine. Ainsi, la meilleure
façon de lutter contre l’émigration serait l’aide au développement plutôt que le contrôle des
frontières. Aussi, faciliter la libre circulation des biens et des personnes entre les pays de l’Afrique
du nord pour donner des occasions de commerce et par conséquent de développement.
1.1.2 Émigration irrégulière
On entend par l’émigration irrégulière : L'entrée illégale, illicite, ou discrète sur un territoire
national étranger n'ayant pas réalisé les formalités attendues. Cette émigration est due à la
complexité d’obtenir un visa et à la fermeture des frontières en limitant les voies de l’émigration
légale en la rendant une émigration choisie. Ce qui explique le nombre des migrants qui mettent leur
vie en péril et qui se dirigent vers l’émigration illégale pour quitter le Maroc.
Ainsi, d’après l’Observatoire national de la migration, un total de 88 761 tentatives
d’émigration irrégulière ont été avortées par les autorités marocaines durant l’année 2018.
Il est à noter que les drames de l’émigration irrégulière qui ont secoué les opinions ont remis la
question des mobilités et celle du droit à la mobilité au cœur des débats des sociétés civiles des pays
méditerranéens dont ceux du Maghreb48 et plus particulièrement le Maroc, qui depuis quelques
années, a vu la naissance de la question des migrations subsahariennes. Cette dernière s’est
enchevêtrée avec la question de l’émigration marocaine, et a suscité l’intérêt des réseaux
internationaux à l’exemple du réseau « Migreurop» qui compte en son sein plusieurs associations de
l’émigration maghrébine et autant du Maghreb même, surtout du Maroc49.
C’est dans ce contexte que la question des migrations subsahariennes s’est introduite comme
une question pour une partie des sociétés civiles maghrébines, notamment au Maroc.
Toutefois, il est à noter que l’émigration irrégulière n’est qu’une autre forme de changer de vie
et chercher un meilleur avenir. C’est selon cette approche que les états devraient agir et coopérer
entre eux pour créer des opportunités d’emploi afin de favoriser les conditions de vie dans les états
les plus vulnérables. Ayant comme finalité l’arrêt des flux d’émigration illégale et favoriser à la fois
47
Abdelhamid BEGDOURI ACHKARI, Étude de référence sur la gouvernance de la migration de la main-d’œuvre au
Maroc : défis et opportunités, op. cit.,p ,15.
48
 Riadh BEN KHALIFA, Étrangers au Maghreb. Maghrébins à l’étranger (XIXe-XXe siècles) : encadrement, identités,
représentations, Paris, IRMC-Karthala, 2017, p, 103.
49
Idem,

21
le développement des états. Ce qui engendrera par conséquent la sécurité des autres continents et
favoriser l’émigration choisie pour les états ayant besoin des migrants selon des quotas et des
conditions bien précises.
1.2 Les immigrés
1-2-1 immigration régulière
Si la première et la deuxième guerre mondiale ont été l’origine de l’émigration ouvrière du
Maghreb. L’immigration des étrangers au Maroc est due à sa situation géographique, économique,
politique et même climatique. À cet égard une pluralité d’immigrants, d’origines géographiques
diverses soit du continent européen soit du continent africain vient immigrer au Maroc, soit pour une
durée temporaire ou permanente. Ces derniers invoquent les différents avantages offerts par cet état
que ça soit sur le plan économique, climatique, politique et même culturel 50.C’est ce qui explique la
forte attirance des étrangers et des ressortissants subsahariens au Maroc comme pays d’immigration
ou, encore, des immigrants issus de l’Afrique du nord qui vient s’installer au Maroc. On distingue :
Immigration économique  qui en vertu des conditions économiques vulnérables dans les pays
d’origine que les immigrés choisissent la voie de l’immigration à un pays d’installation en vue
d’améliorer leur situation économique et celle de leur famille. L’exemple des subsahariens et les
ressortissants de l’Afrique du sud.
Ainsi, les données fournies par la CNSS montrent que pour l’année 2017, les nationalités les
plus représentées au Maroc sont51 :

Les nationalités les plus représentées Leur nombre en


2017
Les Français 5 346
Les Sénégalais 4 958
Les Espagnoles 2 722
Les Tunisiens 964
Les Philippins 905
Les Ivoiriens 899
Les Algériens 770
Les Américains 667
Les Turcs 664
Les Chinois 626

Toutefois, d’après les données de la Caisse Nationale de la Sécurité Sociale (CNSS) montrent
que le nombre des travailleurs migrants s’élève à 26 283 pour l’année 2017 (dont 31,4% sont des
femmes et 69,6% des hommes), contre 24 684 pour l’année 2016 et 23 055 travailleurs migrants pour
l’année 2015.
Cependant, l’immigration estudiantine  a vu le jour depuis l’Independence, où le Maroc a
ouvert ses facultés et ses grandes écoles aux étudiants d’Afrique subsaharienne tout en leur accordant
des bourses d’état à certains d’entre eux.

50
Ellinor .ZEINO-MAHMALAT, Le Maroc comme carrefour migratoire et pays d’accueil : quels défis pour le
futur ? In : Migrants au Maroc : Cosmopolitisme, présence d'étrangers et transformations sociales,  2015 (généré le 13
octobre 2019), p 2.
Consulté sur : https://books.openedition.org/cjb/913#authors
51
Cf, voir. Rapport du Conseil Economique, Social et Environnemental, Migration et marché de travail, n° 2018, p 16.

22
Aussi, depuis quelques décennies, le Maroc a mis en place des accords bilatéraux avec ses
voisins africains. Ces derniers représentent le volet principal de la coopération maroco- africaine
52
dont l’objectif est d’améliorer la position politique du royaume sur le continent et de favoriser des
relations économiques et commerciales entre le Maroc et ses voisins africains. Toutefois, l’Afrique
du Nord accueille pour 84 % des étudiants de son continent, dont 74 % d’un pays subsaharien et 11
% de sa propre zone .Sauf que la grande majorité des étudiants issus de l’Afrique du Nord, s’orientent
vers l’Union européenne53.
Il est à noter que l’immigration du Genre via les mouvements migratoires de l’Afrique
subsaharienne vers le Maroc (comme pays de destination ou de transit), ressemble aux premières
vagues de migration des Maghrébins vers l’Europe. Au départ, elles étaient essentiellement
masculines, avec une féminisation progressive au fur et à mesure des années54.
Aussi, l’immigration des européens retraités révèle être une autre forme d’immigration
régulière. En fait, les études et les statistiques, prouvent que le Maroc est parmi les meilleures
destinations des européens retraités.
Enfin, il est utile de rappeler que le changement climatique et les catastrophes naturelles sont
en effet parmi les causes d’immigration vers les pays de l’Afrique du nord et notamment au Maroc.
Sauf qu’en matière d’immigration environnementale, le Maroc reste en déclin et en retard vu
l’absence des dispositions juridiques dans les politiques de l’immigration et de l’émigration au
Maroc. Il est dans ce sens, utile de relever que les questions migratoires, y compris la migration
interne, ne figurent pas encore de façon claire sur les politiques de changement climatique du
Maroc55.

1.2.2. L’immigration irrégulière

L’immigration irrégulière est un fait sociétal qui pose aux pays et aux sociétés du Maghreb
des enjeux autant inattendus que décisifs56.Ainsi, par sa position géographique et sa stabilité
politique, l’Afrique du nord fait face à des défis liés aux mouvements mixtes, avec beaucoup de
réfugiés et des migrants se déplaçant de manière irrégulière aux côtés des migrants57.
Pour pallier à cette situation, le Maroc a adopté la loi 02-03 en 2003 relative à l’entrée et au
séjour des étrangers au Maroc à l’émigration ainsi qu’à l’immigration irrégulière. Ainsi que
l’initiative de Sa Majesté le roi Mohamed VI qui a crée des instances nationales 58de lutte contre la
migration irrégulière.

52
Johara. BERRIANE, Les étudiants subsahariens au Maroc : des migrants parmi d’autres ?, In : Atelier sur les
migrations africaines : Comprendre les dynamiques des migrations sur le continent, 2007, p 5.
Consulté sur : https://pdfs.semanticscholar.org/94fc/ed92eff4262ec11d43b6f784a1c55586ac19.pdf
53
Ibid., p.22.
54
Mehdi ALIOUA et Saadia RADI, les migrants subsahariens au Maroc enjeux d’une migration de résidence, 2016,
Konrad Adenauer Stiftung E.V., Bureau du Maroc. p.23.
55
Julian S. TANGERMANN ; Mariam Traoré CHAZALNOEL, « La migration environnementale au Maroc »: Bilan,
enjeux et opportunités, In : OIM, Série de bulletins politiques : Migration, environnement et changement climatique,
Numéro 3, vol. 2, mars 2016, p. 7.
56
Idem, Riadh BEN KHALIFA, Étrangers au Maghreb. Maghrébins à l’étranger, op, cit. p 0000.
57
HCR : Note sur la protection internationale, Comité exécutif du Programme du Haut-commissaire, Comité permanent,
72 e réunion, 4 juin 2018.
58
S.M. le Roi Mohammed VI a donné ses directives pour la création de deux institutions de haut niveau rattachées au
Ministère de l’Intérieur. Il s’agit de : la Direction de la migration et de la surveillance des frontières et un
Observatoire de la migration.

23
Il est à noter dans ce sens, que l’immigration irrégulière des subsahariens a commencé au
Maroc au début des années 2000. Dès lors, l’immigration subsaharienne est estimée à près des
dizaines de milliers au Maroc59.
Ainsi et à l’issue de la répression contre les migrants subsahariens 60, le Conseil national des
droits de l’Homme a rédigé un rapport sur la question, et c’est sur la base de ce rapport que le
gouvernement a procédé à la régularisation des immigrés présents sur le sol marocain. Notons
également la mobilisation d’associations marocaines de défense des droits de l’Homme, à l’image de
l’AMDH (Association Marocaine des Droits Humains), du GADEM (Groupe Antiraciste de Défense
et d’Accompagnement des Etrangers et Migrants) et d’autres associations très critiques sur l’état des
droits de l’Homme et le système politique au Maroc61.
Cependant, les mesures sécuritaires appliquées par le Maroc sont en effet issues du partenariat
pour la mobilité, conclu entre le Maroc et l’union européenne, ayant comme finalité de rendre le
Maroc un garde-frontière pour l’Europe. Aussi l’engagement du Maroc dans le dialogue 5+ 5 62ayant
pour objectif la coopération régionale entre 10 pays entre eux 5 Européens et 5 Africains, y compris
le Maroc. Aussi, les accords de réadmission sont un autre moyen pour lutter contre la migration
illégale et contrôler les frontières63.
Ainsi, il ne faut pas oublier que sa position géographique, risque fort d’être utilisée par les
trafiquants internationaux de migrants comme tremplin pour le trafic de migrants irréguliers
ressortissants de pays tiers.64C’est dans ce but que la Maroc a adopté la loi relative au trafic des
migrants en 201665.
Dans ce sens, et bien qu’il n’y ait pas de données statistiques fiables sur la traite, le Maroc via
l’organisation international de migration mène une série d’actions pour lutter contre la traite : à la
fois, sur le plan juridique via la promulgation de la loi contre la traite, et sur le plan social, l’OIM
assure aux victimes de la traite, un ensemble d’aides soit pour revenir à leur pays d’origine en toute
sécurité, soit pour la réinstallation des victimes de traite reconnue comme réfugiée, dans un pays tiers
dans les cas extrêmes66.
Quant aux enfants non accompagnés, l’organisation internationale de migration (OIM) ayant
une filiale au Maroc, affirme que 10% de la population migrante en situation irrégulière au Maroc est
composée des enfants non accompagnés67.

59
Riadh BEN KHALIFA, Étrangers au Maghreb. Maghrébins à l’étranger, op cit., p, 104.
60
Ibid., p, 104.
61
Idem,
62
Cadre de rencontre entre pays du bassin méditerranéen avec l'objectif d'engager un processus de coopération régionale
en Méditerranée occidentale entre les dix pays suivants : l'Italie, la France, l'Espagne, le Portugal ainsi que Malte pour la
rive Nord, et les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe pour la rive sud.
63
On cite les trois accords signé par le Maroc dans ce sens :
1- Royaume du Maroc et République Algérienne démocratique et populaire signée à Alger le 15 mars 1963, publiée au
BO n°2946-bis du 15 avril 1969.
2- Royaume du Maroc et République tunisienne, publiée au BO n°2808 du 24 août 1966.
3- Royaume du Maroc et République du Sénégal, signée à Dakar le 27 mars 1964
64
Comité exécutif du Programme du Haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Soixante-neuvième session,
Compte rendu analytique de la 713e séance Tenue au Palais des Nations, à Genève, le 2 octobre 2018, à 15 heures sous
la résolution A/AC.96/SR.713.
Consulté sur : https://www.unhcr.org/fr/excom/summary/5d946a267/compte-rendu-analytique-713e-seance.html?
query=r%C3%A9fugie%20au%20maroc
65
Cf. voir. Art 1 de Loi n° 27-14 relative à la lutte contre la traite des êtres humains.
66
Cf. voir. Rapport de l’OIM : La lutte contre la traite des êtres humains et le trafic des personnes, Manuel de formation
de base, Le cadre d’action de l’OIM MAROC, 2010, p. 14.
67
L’enfant non accompagné est celui qui est séparé de ces deux parents et d’autres membres de sa famille et n’est pas
pris en charge par un adulte investi de cette responsabilité par la loi ou la coutume. L’Enfant séparé est celui qui n’est pas

24
Il est à noter, que l’OIM avec la collaboration avec plusieurs Ministères marocains et grâce à
la Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA), le Ministère Délégué chargé des Marocains
Résidant à l’Etranger et des Affaires de la Migration (MDCMREAM), le Maroc a mis en place le
Projet « Assistance et protection des enfants non accompagnés et séparés au Maroc » en 2018-2019
qui cible les enfants migrants non accompagnés en vue d’assurer leur protection et répondre à leurs
besoins spécifiques en matière d’assistance sociale, de santé et d’éducation, en leur accordant un
libre accès aux services d’aide sociaux68.
Aussi, relativement à la question des expulsions à partir du territoire marocain, le Groupe
antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (GADEM) a bien mentionné
dans son rapport « Coûts et blessures - Rapport sur les opérations des forces de l’ordre menées dans
le nord du Maroc entre juillet et septembre 2018 », qu’en principe aucune femme étrangère enceinte
et aucun mineur étranger ne peuvent être éloignés. De même, aucun étranger ne peut être éloigné à
destination d'un pays s'il établit que sa vie ou sa liberté y est menacée ou qu'il y est exposé à des
traitements inhumains, cruels ou dégradants69.Sauf que sur le plan pratique, des enfants, des femmes
enceintes ont été déplacées et expulsées par force d’après le rapport intitulé : «  Expulsions
gratuites »élaboré par le GADEM, prouvent les violences et les abus auxquels les étrangers sont
assujettis70.
Ainsi, d’après le rapport « Coûts et blessures », élaboré par le (GADEM) en 2018, que : « 
Plus de 6500 personnes arrêtées et déplacées de force entre juillet et début septembre 2018. Et que
les opérations menées par les forces de l’ordre ont visé un nombre important de mineur(e) s et de
bébés arrêté (e) s et déplacé(e)-s de force et subissent les mêmes traitements que les personnes
majeures, en toute connaissance de cause de la part des forces de l’ordre »71.
Il est donc évident, que c’est dans l’intérêt de mettre fin à cette immigration irrégulière, que le
Maroc doit agir sur le plan législatif et mettre en place un arsenal juridique, pour combler l’absence
d’une procédure régulière dédiée à la gestion des migrants en situation irrégulière surtout que la Loi
n° 02-03 semble être considérée par de nombreux acteurs comme centrée sur une approche
essentiellement sécuritaire qui ne répond pas à la nouvelle approche voulue par le discours royal72.

accompagné par ses parents mais par un membre de sa famille ou un autre adulte.
68
Cf. voir. OIM : Projet d’assistance et protection des enfants non accompagnés et séparés au Maroc, Janvier 2018 - Juin
2019, p, 2.
69
Et ceci est d’après l’Article 26 de la loi n°02-03 : Ne peuvent faire l'objet d'une décision d'expulsion : […] 6 -
l'étranger résidant régulièrement au Maroc sous couvert de l'un des titres de séjour prévus par la présente loi ou les
conventions internationales, qui n'a pas été condamné définitivement à une peine au moins égale à un an
d'emprisonnement sans sursis ; 7 - la femme étrangère enceinte ; 8 - l'étranger mineur.
70
Cf. voir. Rapport du GADEM, Expulsions gratuites, Note d’analyse sur les mesures d’éloignement mises en œuvre
hors tout cadre légal, 2018. P.21.
71
Cf. voir. Rapport du GADEM, Les opérations des forces de l’ordre marocaines menées dans le nord du Maroc,
Eléments factuels et analyse, entre juillet et septembre 2018, p. 4.
72
Cf. voir. Rapport du PNPM : Plateforme nationale pour la protection des migrants, Etat des lieux de l’accès aux
services pour les personnes migrantes au Maroc : Bilan, perspectives et recommandations de la société civile, 2016, p. 8.
Consulté sur : http://www.pnpm.ma/wp-content/uploads/2017/12/Rapport-PNPM-11_2017_ACCES-AUX-
SERVICES-POUR-MIGRANTS-AU-MAROC.pdf

25
1 2-3 Demandeur d’asile et Réfugiés
1- Demandeurs d’asile
D’après le rapport du HCR (Haut-commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés) de
201973, et avec la croissance des mouvements migratoire. Les enregistrements de demandeurs d’asile
au Maroc ont connu une augmentation allant jusqu’ à 53 % au premier semestre 2019 par rapport à la
même période de 2018. Aussi, 1 279 personnes ont déposé une demande d’asile auprès du HCR en
201574 . Ce qui explique la transformation du Maroc d’un pays d’émigration à un pays de destination
et d’installation.
Toutefois , il est utile de mentionner le rôle crucial du HCR qui continue d’enregistrer les
demandes d’asile et d’intervenir en cas d’arrestation, de détention ou de tout autre problème et
assurer la protection pour tous les demandeurs d’asile rentrant dans son champ de compétence.
Cependant, le problème qui se pose lors de cette procédure est à la fois :
- La lenteur des procédures, ce qui met à la charge des demandeurs d’asile des frais
supplémentaires
- La levée de protection en cas de refus de cette demande par le HCR ce qui met le demandeur
dans l’obligation de quitter le territoire à défaut, il sera refoulé et expulsé et ceci en vertu de la
loi75 . L’exception est faite pour les femmes étrangères enceintes les mineurs non accompagnés.
Ainsi, le Maroc reste toujours face à des insuffisances en matière d’asile, à savoir :
- Le vide juridique lié à l’absence d’un texte de loi qui protège cette catégorie déjà en situation de
faiblesse et qui vient demander asile76.
- Le vide juridique lié aux cas de refus de délivrance de la carte de séjour ou d’immatriculation à
un demandeur d’asile. Mais qui au même temps ne peut plus revenir à son pays d’origine :
alors, que seront-ils les droits de ce derniers dans cette situation ?
- L’absence d’un tissu associatif sur le plan régional en matière de réfugiés.

2- Statut des Réfugiés au Maroc


D’après la convention de Genève du 28 juillet 1951, relative au statut des réfugiés entrée en
vigueur le 22 avril 1954, Art 1, al 2  .On entend par un réfugié :« Toute personne craignant avec
raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à
un certain groupe social ou de ses opinions politiques, qui se trouve hors du pays dont elle a la
nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce
pays».
Toutefois, cette notion a suscité l’intérêt de la communauté international et qui lui a attribué
tout un arsenal juridique pour sa gestion. Ainsi le Maroc a ratifié la Convention de Genève de 1951
relative au statut des réfugiés en (1956) et le Protocole de New York relatif au statut des réfugiés de
1967, ratifié le (1971). Et sur le plan africain, la convention de l'OUA régissant les aspects propres
aux problèmes des refugiés en Afrique (1969).

73
Ibid., note d’information de l’ HCR, MAROC, p 2.
74
Ibid.,
75
Cf. voir. Art 33 de la convention de Genève de 1951 et Art 29 de la loi 02-03.
76
Mathieu. ANDRE, « Asile et migrations dans le Maghreb, Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme
»(REMDH), 2012, p 32.
Consulté sur : https://euromedrights.org/wp-content/uploads/2015/04/EMHRN-Factsheet-
Morocco_FR_15JAN2013_WEB.pdf

26
Cependant suite au changement de statut du Maroc d’un pays de départ à un pays de destination
et de réinstallation pour les réfugiés et les migrants. Une attention particulière a été accordée à la
protection des réfugiés sur le plan national via : L’adoption de la politique nationale de
l’immigration et d’asile lancée en 2013. Ainsi que, l’adoption du décret no. 2-57-1256 du 2 safar
1377 (29 août 1957) fixant les modalités d’application de la Convention relative au statut des
réfugiés, signé à Genève le 28 juillet 1951. Ce dernier organise la procédure de demande d’asile et
fixe les critères de reconnaissance du statut de réfugiés. Il instaure également un Bureau des Réfugiés
et Apatrides (BRA) compétent en ce qui concerne la protection juridique et administrative des
réfugiés.
Aussi, le Conseil national des droits de l'homme (CNDH) et les associations de migrants ont
poussé le Maroc à régulariser à ce sens, la situation administrative des migrants .Cette opération a
également concerné les réfugiés qui n’avaient pas de titre de séjour marocain avant cette date.77
Il est à noter que le (HCR) est parmi les acteurs les plus actifs en matière de migration sur le
plan international et national. Aussi sur le continent africain, le Maroc est le premier état africain à
collaborer avec le HCR. Sauf que la position de ce dernier  78a changé avec la fermeture du bureau
des réfugiés et apatrides au Maroc en 2004.Néanmoins, sa réouverture en 201379 a abouti à la
reconnaissance de 643 réfugiés par l’État marocain à la fin de l’opération exceptionnelle de
régularisation le 31 décembre 2015.
Dans le même sens, il est utile de mentionner que le HCR développe plusieurs partenariats pour
développer des programmes d’assistances matérielles et juridiques80pour les réfugiés et leur conférer
une protection globale touchante à tous les domaines. Bien qu’une attention particulière est accordée
aux personnes vulnérables (femmes enceintes, mineurs non accompagnés, victimes de viol ou de
traite…) qui sont servi prioritairement par rapports aux autres réfugies.
En effet, il est nécessaire de mentionner que la protection des réfugiés est cédée
conjointement par le Maroc au bureau des réfugiés et apatrides et à l’ HCR. Ce dernier a pour rôle
d’aider les autorités marocaines à mettre en place un système d’asile respectueux des droits de
l’Homme.
Ainsi, l’objectif est d’amener le Maroc à prendre en charge les réfugiés en leur offrant la
protection prévue par la Convention de Genève de 195181.
Toujours, est –il que le Maroc fait face à ses insuffisances liées à :
- La nécessité de l’adoption de la loi sur l’asile déjà promis depuis 2014.
- Les problèmes d’insertion des immigrés qui ont suivi des formations professionnelles les
obligent parfois à travailler dans le secteur informel.
- Enfin, les réfugiés sont encore assujettis à des maltraitances et des défis de discrimination de la
part de la population locale.

77
Idem,Riadh BEN KHALIFA, Étrangers au Maghreb. Maghrébins à l’étranger, Op, cit, p, 129.
78
Un accord de siège est signé le 20 juillet 2007 avec le Maroc, permettant au HCR d’avoir une représentation officielle
à Rabat.
79
Idem,Riadh BEN KHALIFA, Étrangers au Maghreb. Maghrébins à l’étranger, Op, cit, p, 130.
80
Cf. voir. Note d’information de l’ HCR MAROC, Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR)
FACTSHEET, Mars 2016 p, 3.
Consulté sur :
https://www.unhcr.org/fr/protection/operations/570e35ae2/maroc-note-dinformation.html?query=migration
81
Idem,Riadh BEN KHALIFA Étrangers au Maghreb. Maghrébins à l’étranger, Op, cit, p131.

27
2. Les acteurs
2-1- Les organisations et organismes internationaux

Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés : HCR


- L’ouverture de la nouvelle délégation du HCR à Rabat à la fin de l’année 2004 s’inscrit
dans le contexte international qui a pour mission de sauver des vies, de protéger les droits
des réfugiés, les communautés déplacées et les apatrides82.
Organisation internationale de migration : OIM
- Le royaume du Maroc est un état membre de l’OIM depuis 1998. Elle travaille
principalement sur les aspects de la migration et du développement. Elle intervient sur 12
objectifs nationaux d’immigration et d’asile83.
Union Européenne : UE
-
Le Maroc est le premier pays de la région du sud de la méditerranée à avoir conclu un
partenariat pour la mobilité avec l’union Européenne, après ceux conclu dans le cadre du
partenariat oriental et avec le Cap Vert en juin 201384.
 Bureau international de travail : BIT
- C’est un bureau créer en 2012ayant pour objectif d’améliorer la gouvernance de la
migration de main d’ouvre et la protection de la traite des travaillants migrants au Maroc,
l’Egypte et en Tunisie.

2-2 Les organisations non gouvernementales et assimilées


Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et migrants :
GADEM
- Créée le 18 décembre 2006, le GADEM est une association de droit marocain ayant pour
mission : la participation à la mise en œuvre effective des droits des étrangers et des
migrants, d’œuvrer pour le respect de leur dignité et pour l’égalité de traitement.
CARITAS
- Au Maroc, Caritas a travaillé auprès des populations migrantes depuis le début des années
2000. Elle intervient, via des programmes d’accompagnement d’associations spécialisées
dans divers domaines y compris celui de la migration85.
CTB (COOPERATION TECHNIQUE BELGE)
- Dans le cadre de la coopération belge marocaine pour 2016 -2020, des programmes ont eu
lieu pour améliorer l’employabilité et la situation des migrants .Tout en renforçant la
coopération des structures travaillant dans le domaine de l’intégration économique des
migrants et des refugiés.
EXPERTISE FRANCE
- L'agence française de coopération technique internationale crée en 2015, ayant pour but
d’accompagner les politiques marocaines en matière d’immigration et d’émigration par le
renforcement des capacités institutionnelles et des partenariats. Tout en donnant accès aux
migrants et aux réfugiés l’accès aux prestations de service ANAPEC.

82
Cf. voir. Rapport sur la politique nationale d’immigration et d’asile, Maroc, 2017, p. 106.
83
Idem, p, 92
84
Cf. voir. Rapport sur Politique nationale d’immigration et d’asile, Maroc, 2016, p .91.
85
Cf. voir. Site officiel : https://www.caritas.org/

28
Agence Espagnol de Coopération Internationale et de Développement (AECID)
- L’AECID est une agence espagnol créée en novembre 1988, ayant pour but la prévention
du racisme et de la xénophobie notamment à l’égard des migrants et des refugiés. Aussi
pour soutenir et mettre en œuvre les mécanismes d’identification des plaintes en matière de
protection des droits de l’homme notamment les incidents à caractère xénophobe envers les
migrants.
GIZ: German Corporation for International Cooperation 
- La GZI est un organisme allemand crée en 2011 et installé au Maroc, qui s’occupe de
diverses thématiques, y compris celle de la migration. Ayant pour but le renforcement des
capacités des collectivités locales dans le domaine de la migration à travers les programmes
RECOMING86 et RECOSA87.
2.3Les organismes officiels (étatiques)
Conseil national des droits de l’Homme(CNDH)
- Le conseil national des droits de l’homme est un organisme étatique Créé en mars 2011
(remplaçant l’ancien Conseil consultatif des droits de l’Homme créé en 1990), il agit pour
la protection des droits de l’homme au Maroc en concordance avec les engagements
internationaux et en suivant les traits de la constitution.88.
Conseil de la communauté marocaine à l’étranger(CCME)
- Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger a été créé en décembre 2007. A pour
but d’associer les Marocains à l’étranger et la diaspora à la prise de décision quant aux
aspects de leur vie dans leurs pays d’accueil.
Direction de la migration et de la surveillance des frontières(DMSF)
- La Direction de la migration et de la surveillance des frontières (DMSF) au Ministère de
l’intérieur : Entrée en fonction en 2005, elle a pour missions principales : «la mise en
œuvre opérationnelle et le suivi de la stratégie nationale en matière de lutte contre les
réseaux de trafic des êtres humains».
L’Initiative nationale de développement humain(INDH)
- Est un projet marocain lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI , le 18 mai 2005 .Elle
constitue le cadre global et transversal de toute la politique sociale du pays et le Cadre
national stratégique pour la réduction de la pauvreté et l’exclusion sociale au Maroc.
L’Initiative intègre des programmes d’assistance et d’intégration sociale qui consiste à
offrir, sur place, des opportunités aux personnes les plus vulnérables, en tant que victimes
potentielles des réseaux de trafic des êtres humains. À ces droits humains fondamentaux, il
convient d’ajouter les droits spécifiques des femmes, des enfants, des personnes âgées, des
personnes handicapées, des migrants, des minorités ethnoculturelles, etc.».
Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLTP)
- Une instante été créée en vertu de la loi organique n°2016-61 du 3 août 2016 , ayant pour
objectif la prévention et la lutte contre la traite des personnes autres le développement d'une
stratégie nationale de prévention et de lutte contre la traite, ainsi que de la mise en place de
mécanismes coordonnés d'identification, de prise en charge et de protection des victimes,
mais aussi de réduction de la demande et de poursuite judiciaire des auteurs.

86
RECOMIG : est un programme qui se focalise sur le renforcement de capacités des communes pour mener à bien des
projets d’intégration
87
RECOSSA : est un programme de coopération en vue de valoriser la coopération entre le Maroc, la Côte d’Ivoire, le
Mali et le Sénégal en matière de migration.
88
Cf. voir. Site officiel du CNDH : https://cndh.ma/fr

29
- IV- Les recommandations
A l’issue de ce rapport, différentes recommandations sont déduites pour améliorer et faire
progresser la gestion de la politique migratoire au Maroc. Ces dernières seront adressées à la fois à
l’état, aux organismes gouvernementaux et non gouvernementaux. Ainsi que celles spécifiques aux
médias, syndicats et les Centres de recherches.

4.1 Recommandations Adressées à l’Etat

1- Recommandations liérs aux partenaires du Maroc


1.1 - Recommandations régionales

UA : Union Africaine

- La mise en œuvre d’une politique africaine pour la gestion de la migration ;


- Procéder à l’ouverture des frontières entre les pays de l’union africaine et donner aux
ressortissants africains le droit à une libre circulation ;
- La création d’un passeport africain ;
- La mise en place des programmes structurelles protégeant à la fois les migrants en situation
de vulnérabilité à savoir : mineurs non accompagnés, et les personnes handicapées ;
- Mener des compagnes de prévention et de sensibilisation sur tous les aspects de la
migration ;
- Recueillir toutes les informations pertinentes sur l’étendue des problèmes de la migration
au niveau africain ;
- Créer des banques de données sur la nature, l’ampleur et les mécanismes de
fonctionnement pour lutter contre la migration illégale ;
- Adopter des garanties légales notamment des cadres juridiques de lutte contre la migration
illégale et punir ceux reconnus coupables de contrebande et de trafic ;
- Encourager la conclusion d’accords de coopération par les pays africains pour la gestion
des migrations, en élaborant des instruments juridiques bilatéraux et régionaux ;
- Améliorer la gestion des flux migratoires grâce à un équilibre entre la sécurité effective des
immigrants légaux, la libre circulation des personnes et les obligations humanitaires envers
ceux qui ont besoin de protection ;
- Mettre en place des mécanismes appropriés regroupant les points focaux nationaux chargés
de la migration ; pour un échange régulier d’information pouvant favoriser le
développement d’une vision commune basée sur les principes de partenariat, de solidarité
et d’amitié ;
- Promouvoir l’adhésion des Etats aux instruments régionaux et internationaux en matière de
protection des migrants et encourager la coopération entre les services de sécurité
notamment pour assurer un meilleur contrôle des frontières ;
- Encourager et promouvoir l’investissement étranger direct afin de générer des emplois et
de réduire le flux migratoire ;
- Promouvoir le traitement équitable et l’aide à la création d’association de migrant dans les
pays d’accueil.
- Le renforcement des mesures régionales en vue d’atténuer et interdire les causes premières
de déplacement interne et d’assurer la protection et l’assistance aux personnes déplacées en
Afrique.

30
1.2- Recommandations Maghrébines

UMA : L’Union du Maghreb Arabe

- Renforcer le fonctionnement de la communauté unissant les pays du Maghreb arabe et mettre en


œuvre une politique migratoire arabe ;
- La gestion régionale des migrations internes au sein du Maghreb Arabe et la mise en place
d’une politique favorisant la liberté de circulation entre les différents pays de la même région.
- Créer des partenariats d’échanges entre les ressortissants de ces pays en termes de l’emploi, la
recherche …etc.
- Renforcer la coopération entre les pays participants et œuvrer à une compréhension plus
approfondie des questions migratoires dans la région arabe ;
- Développer chez tous les citoyens le sentiment d’appartenance commune du vivre ensemble par
un travail de conscientisation mettant en exergue l’histoire, les valeurs et le devenir communs,
entre les états du Maghreb arabe ;
- Elaborer des accords bilatéraux entre les pays du Maghreb arabe pour une meilleure gestion des
flux migratoires.
- Renforcer les mécanismes de coordination et d’harmonisation des politiques maghrébines dans
la perspective de réalisation des objectifs de développement faisant des migrations l’un de ses
principaux facteurs ;
1.3- Recommandations nationales 

En matière de coopération et de partenariats internationaux 

- La mise en place d’une gouvernance efficace de la coopération internationale et des partenaires


avec la mise en place des programmes de Co-développement dans les pays d’origine, initiés par
les réseaux d’associations de migrants ;
- La mise en place des études comparatives sur les bonnes pratiques en matière de participation des
diasporas aux efforts de développement à la fois dans les pays d’origine et d’accueil ;
- La mise en place des de plateformes (journées d’échanges, ateliers de réflexion commune,
ateliers stratégiques) afin de permettre un meilleur suivi et un ciblage efficace en termes de
populations dans des zones géographiques d’intervention.
- La nécessité du Maroc à s’engager avec l’union africaine et l’appel à signer lesdites conventions :
 Convention de l'OUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés en
Afrique. (adopté le 10septembre et signé le 20 janvier 1969 et entrée en vigueur le 19
mai 1974.)
 Protocole au Traité instituant la Communauté économique africaine relatif à la libre
circulation des personnes, au droit de séjour et au droit d’établissement. Adopté le 29
janvier en 2018 et entrée en vigueur le 05 juillet 2019).
 Convention de l'Union africaine sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées
en Afrique (Convention de Kampala), adopté le 23octobre, 2009 et mis en vigueur le 06
décembre 06, 2012 et modifié le 21 juin2019.

31
En matière réglementaire 
- Le besoin d’un arsenal juridique qui suivra le développement de la question migratoire au
Maroc, et protégera la situation des réfugiés et des demandeurs d’asile.
- La ratification de la Convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical
- La ratification des Conventions n° 143 de l’OIT sur les travailleurs migrants, vu leur impact
structurant sur les garanties des droits sociaux de cette catégorie de travailleurs ;
- La ratification de la Convention n° 189 de l’OIT sur les travailleuses et travailleurs
domestiques, 2011 ;
- La révision de l’article 416 de la loi n° 65.99 formant code du travail dans un sens permettant
aux travailleurs migrants d’accéder aux postes d’administration et de direction des syndicats
professionnels auxquels ils sont affiliés ;
- La révision des articles 3 et 4 de la loi n° 9-97 formant code électoral telle qu’il a été modifié
et complété par les lois 23-06 et 36-08 et afin d’accorder aux ressortissants étrangers résidants
au Maroc la possibilité de participer aux élections locales en vertu de la loi, de l’application
des conventions internationales ou de pratiques de réciprocité. Conformément aux dispositions
de l’article 30, Alenia 4 de la Constitution ;
En matière de recherche scientifique
- Procéder à une collecte de données fiables sur les migrations sous ces différentes formes et
disposer d’une base de données solides, probantes et désagrégées;
- Procéder à la réalisation d’une cartographie de la migration au Maroc, dans le but d’identifier
les ressources et les besoins ;
- Renforcer les capacités techniques, financières et juridiques de la société civile en matière de
migration et de mobilité transnationale ;
En matière de lutte contre la discrimination 
- Renforcer la législation pour l’égalité et la lutte contre la discrimination et le racisme ; y
compris dans le domaine de l’emploi, du logement et de l’enseignement, et au niveau des
politiques publiques, des pratiques entrepreneuriales et de l’action des syndicats ;
- Créer des centres d’écoute pour recevoir les plaintes des migrants ayant subis des cas de
discrimination et de racisme ;
En matière associative
- Encourager l’échange entre les associations régionales, maghrébines et africaines œuvrant dans
le domaine de la migration ;
- Encourager l’échange d’expériences entre les associations de migration au niveau des pays
maghrébins ;
Recommandations générales
Le Maroc doit s’engager dans la Co -responsabilité régionale et le Co-développement des pays
d’Afrique du Nord, via :
1- Le respect des droits humains fondamentaux des migrants ;
2- Démystifier l’image négative de la migration ;
3- Assurer la relation entre la migration et développement ;
4- Renforcer la politique de coopération entre les états ;

32
2. Recommandations liée aux migrants
1.1 En matière d’immigration
1.1 .1 L’immigration Régulière
Les migrants en situation régulière doivent profiter des droits pareillement aux nationaux. À
ce sens la SNIA suit les besoins des migrants en leur donnant accès aux différents droits et
programmes d’intégration. Dont une panoplie de recommandations sont proposées pour son
efficacité À citer :
En matière d’Assistance sociale
- La mise en place d’un service d’assistance juridique et d’accompagnement des migrants, des
demandeurs d’asile lors de la phase initiale de leur demande ;
- Développer les capacités d’accueil des établissements de protection sociale des personnes
vulnérables ;
- Arrêter les arrestations et détentions arbitraires ainsi que les tentatives d’expulsions collectives
et respecter en toute circonstance le principe de non-refoulement conformément à la loi
marocaine et aux obligations internationales de l’État ;
En matière de santé
- Elaboration d’une stratégie nationale sur la santé des migrants ;
- Mettre à la disposition, un personnel de santé, et des formations spécifiques pour la prise en
charge des migrant(e)s ;
- Protection des migrants en situation de vulnérabilité ayant des besoins spécifiques : (les
femmes et les enfants) ;
- La conduite des compagnes de sensibilisation des personnels médicaux et des personnes
d’accueil dans les services de santé sur les droits des migrants en matière de santé et de lutte
contre la discrimination ;
En matière de logement
- Donner accès au crédit de logement aux migrants à travers des conventions avec les banques
marocaines.
- Renforcer les structures d’hébergement d’urgence pour les migrants les plus vulnérables qui
sont en cours d’installation au Maroc, ou qui sont en situation particulière notamment les
personnes âgées, les femmes, les enfants…etc.
En matière d’éducation 
- Sensibiliser les acteurs scolaires locaux sur la migration et la nécessité de la scolarisation des
enfants et plus particulièrement aux enfants non accompagnés ;
- L’ouverture des classes de mise à niveau en faveur d’enfants et d’adolescent migrant ayant déjà
suivi un cursus scolaire dans leur pays d’origine afin de leur permettre une intégration rapide
dans le système scolaire marocain sans pour autant perdre leur précédente année de scolarité ;
En matière de Formation professionnelle et emploi
- Adapter le dispositif de formation de l’ OFFPT aux besoins et aux contraintes des migrants et
des réfugiés et développer de nouveaux partenariats pour diversifier les offres de la formation
professionnelles ;

33
- Mettre en place des projets pilotes au développement, afin de permettre la migration circulaire
pour des catégories professionnelles spécifiques ;

1.1.2 L’immigration irrégulière

En matière de lutte contre l’immigration irrégulière

- Garantir aux migrants irréguliers en cas d’arrestation ou de mise en détention provisoire ou


de jugement, l’accès effectif à la justice (accès à des avocats et des interprètes compétents,
accès aux autorités consulaires, accès aux procédures d’asile, accès aux soins, etc.) ;
- Développer des programmes de formation et de sensibilisation destinés aux personnels des
administrations chargées de la question de la migration (forces de l’ordre, police des
frontières, personnel des prisons, juges, personnel soignant, etc.) ;
- Bannir toute forme de violence exercée contre les migrants en situation irrégulière lors des
opérations d’interpellation, tout en accordant une attention particulière à la prise en charge
matérielle et juridique des mineurs étrangers non accompagnés et des femmes migrantes, en
veillant notamment à l’accompagnement psychologique et médical des victimes des
violences ;
- Mise en place un arsenal juridique qui comble l’absence d’une procédure régulière dédié à la
gestion des migrants en situation irrégulière ;

En matière de Lutte contre la traite des êtres humains

- La création et l’opérationnalisation de l’unité spécialisée dans la lutte contre la traite des êtres
humains ;
- La mise en place des programmes et des projets d’intégration qui prendront en considération
les besoins spécifiques des populations migrantes, notamment en termes d’Age, de genre, de
langues parlées, de la région de résidence au Maroc ;
- Assurer aux candidats du retour volontaire un accompagnement psycho social adéquat ainsi
que des formations professionnelles capables d’assurer une réintégration efficace au sein de
leur pays d’origine ;
- Etablir et maintenir le dialogue politique, pour former les acteurs concernés sur
l’identification, l’assistance et la protection des victimes de traite.

1. 2 En matière de refugiés et demandeurs d’asile

- Mettre en place un dispositif juridique et institutionnel national de l’asile, qui se fonde d’une
part sur les principes énoncés dans le préambule de la constitution marocaine de 2011, et qui
organise d’autre part le statut de réfugié au Maroc et les conditions de l’exercice du droit
d’asile reconnu dans l’article 30 de la constitution ;
- Permettre aux réfugiés statutaires mariés mais parvenus seules sur le territoire national de
procéder légalement au regroupement familial ;
- Garantir le respect du principe de non-refoulement en tant que pierre angulaire du droit des
réfugiés, tel qu’il est mentionné à l’article 33 de la Convention de Genève de 1951.
- Encourager l’investissement avec l’aide d’investisseurs étrangers, afin de créer des emplois
pour les réfugiés et la population marocaine
- Création des associations qui défendent les intérêts des réfugiés et des demandeurs d’asile au
Maroc.

34
3. Recommandions spéciales 
En matière de libre circulation
- Penser à élaborer des conventions de libre circulation des personnes aux fins du
développement humain, social et aux fins d’une croissance économique entre les pays de
l’Afrique du nord ;
- Prendre des mesures appropriées de nature à encourager l’élaboration des protocoles et autres
instruments juridiques relatifs à la libre circulation des personnes, droit d’établissement et de
résidence ;
En matière d’encouragement de la diaspora 
- œuvrer à l’élaboration et à la mise en œuvre de politiques qui facilitent la participation de la
diaspora au développent des pays africains
- Créer des mécanismes pour renforcer les liens entre les pays d’origine et la communauté
africaine de la diaspora ;
- La création d’une base de données des experts de la diaspora ;
- encourager les différents apports des diasporas au développement des pays d’origine, sous
forme d’activités de commerce et d’investissement, de transfert de fonds, de compétences et
de technologies et par la participation, y compris temporaire aux projets de développement
- Créer des centres d’échanges et d’accueil pour la diaspora surtout pour la deuxième et la
troisième génération des migrants qui ont perdu les liens familiales et culturels avec leur
pays d’origine le Maroc ;
- Faire de sa diaspora un véritable partenaire et acteur de développement, et cela quelle que
soit son territoire d’installation et ses types de compétences ;
- Encourager et faciliter l’investissement des diasporas au Maroc en leur fournissant des
fonds spécifiques afin de faciliter les projets locaux de Co-développement ;
En matière de regroupement familiale 
- Assurer un traitement flexible des demandes de visa pour le regroupement des membres de
la famille ;
- Entamer des opérations de sensibilisation et de contact direct avec les migrants et leur
familles en vue de l’exécution du programme de formation et d’intégration et assurer les
besoins nécessaires pour leurs famille tout en leur facilitant l’accès au travail;

35
4.2 Pour les organisations et organismes internationaux

- Renforcer les structures, instruments, méthodes, éthique ... et améliorer la formation des
personnels chargés des questions migratoires et sécuritaires, notamment au niveau des zones
frontalières ;
- Créer des centres d'enregistrement au niveau des communes ou au niveau des postes frontaliers ;
- Elaborer et mettre en œuvre un plan de communication du secteur prive sur l’emploi des
migrants en partenariat avec les organisations nationales et internationales ;
- Permettre au Haut-Commissariat de garder ses prérogatives de protecteur juridique des
demandeurs d'asile et des réfugiés. Pour remédier à la confusion dans l'enregistrement des
demandeurs d'asile dès leur entrée ;
4-3 Pour les organisations non-gouvernementales et assimilées
- Elaboration de modèles de sensibilisation et d’information des migrants et des ONG, selon des
thématiques spécifiques pour la promotion des droits des migrants ;
- Bannir tout recours à l’emploi de personnes en situation irrégulière et à régulariser la situation
des employés dans cette situation ;
- Les ONG devront continuer d’assurer un accompagnement à leur échelle sur toute la question
migratoire ;
4-4- Recommandations spécifiques
Pour les medias 
- S’abstenir de diffuser tout message incitant à l’intolérance, à la violence, à la haine, à la
xénophobie, au racisme, à l’antisémitisme ou à la discrimination envers les étrangers;
- Promouvoir un traitement journalistique et des analyses équilibrées de l’immigration en mettant
l’accent également sur ses aspects positifs ;
- Combattre les stéréotypes et les discours négatifs sur la migration ;
- Contribuer de manière active à la sensibilisation de la population contre le racisme et la
xénophobie ;
- Etablir des partenariats avec les acteurs des medias et organiser des campagnes de sensibilisation
dans les medias traditionnels et les medias sociaux afin de lutter contre les campagnes anti
migrants / anti-migration et xénophobes ;
Pour les syndicats
- Prendre en considération la vulnérabilité des travailleurs migrants et intégrer cette problématique
dans leur action syndicale ;
- Développer des campagnes de sensibilisation pour encourager l’adhésion des travailleurs
migrants aux syndicats ;
- Soutenir les migrants dans leurs démarches en quête de règlements équitables des litiges de
travail ;
Pour les bailleurs de fonds
- Assurer le suivi, le soutien matériel et financier aux centres de recherches dans le domaine de
migration, ainsi qu’à la société civile, aux associations et aux organismes.
- Affecter des fonds importants aux diasporas et aux migrants pour qu’ils participent au
développement de leurs pays d’origine.

36
Bibliographie
Ouvrages 
-ALIOUA Mehdi.et RADI Saadia …, Les migrants subsahariens au Maroc enjeux d’une migration
de résidence, Konrad Adenauer Stiftung E.V. Bureau du Maroc., éd 2016.
- BEN KHALIFA Riadh, Étrangers au Maghreb. Maghrébins à l’étranger (XIXe-XXe siècles) :
encadrement, identités, représentations, Paris, IRMC-Karthala, 2017.
-CHAREF Mohamed, L’immigration internationale et le développement durable, ORMES, 2009.
- EL KABIR Atouf, Émigration, immigration marocaine à l’ère de la mondialisation, UIZ (Faculté
des lettres et des sciences sociales), 2014
- VILLEMIN Virginie, Migration inversée. Le choix de vivre sa retraite dans un pays du Maghreb,
Université, Paris Saclay, 2018.
Articles et contributions
- AIT BEN LMADANI Fatima, « La politique d’immigration. Un jalon de la politique africaine du
Maroc ? Cas de la régularisation des migrants subsahariens », Rapport de l’Association Marocaine
d’Etudes et de Recherches sur les Migrations (AMERM), 2016.
- ANDRE Mathieu, « Asile et migrations dans le Maghreb, Réseau euro-méditerranéen des droits de
l’Homme »(REMDH), 2012.
- BENAMAR Jamal et IHADIYAN Abid, « Le Maroc face aux nouveaux flux migratoires »,
Revista Castellano-Manchega de Ciencias Sociales, Nº 21, 2016.
- BERRIANE Johara, « Les étudiants subsahariens au Maroc : des migrants parmi d’autres ?, Atelier
sur les migrations africaines : Comprendre les dynamiques des migrations sur le continent », 2007.
-BOUBAKRI Hassan, « Les migrations internationales en Afrique du nord : Dimensions
géographiques et politiques », Atelier sur les migrations africaines : comprendre les dynamiques de
migration sur le continent, 2007.
-BOUOIYOUR Jamal, «  Migration, Diaspora et développement humain », publié sur : « Le Maroc
possible, une offre de débat pour une ambition collective », Rapport du cinquantenaire, Royaume du
Maroc, 2006.
- CHAREF Mohamed, Les migrations au féminin : Actes du Colloque le Maghreb et les nouvelles
configurations migratoires internationales : mobilité et réseaux, Tunis, Institut de Recherche sur le
Maghreb Contemporain, 2002.
- HAMDOUCH Bachir et MGHARI Mohamed, « Impact de la migration internationale sur le
développement au Maroc », Rapport de l’Association Migration Internationale, Résultats de
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GADEM : Expulsions gratuites, Note d’analyse sur les mesures d’éloignement mises en œuvre hors
tout cadre légal, 2018.
GADEM : Les opérations des forces de l’ordre marocaines menées dans le nord du Maroc,
Eléments factuels et analyse, 2016.
- KHACHANI Mohamed,«  La migration clandestine au Maroc » , série sur la migration irrégulière,
module démographique et économique : « CARIM AS », ( n° 2008-50 , robert shuman centre for
advancedstudies , san Domenico di Fiesol (FI) : institute universitaire europeen , ), 2008.

37
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Rapport de l’Association marocaine d’études et de recherches sur les migrations, (AMERM), 2010.
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- La condition juridique des étrangers au Maroc, Revue marocaine d’administration locale et de
développement, n° 273bis, Tome 2, 2 ème Edition, 2015.
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- La Politique Nationale d’Immigration et d’Asile, RAPPORT, Maroc, 2018.
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- OIM : Migration& Développement, le cadre de l’action OIM Maroc, 2018.
- OIM : Migration et santé, activités de l’OIM Maroc, 2018.
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- OIT : La migration et le programme 2030, Organisation internationale du Travail ; Institut
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- PNPM : Plateforme nationale pour la protection des migrants, 2016.
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Unies, La problématique de la migration dans les politiques et stratégies de développement en
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- S. TANGERMANN Julian, et CHAZALNOEL Mariam Traoré, « La migration environnementale
au Maroc »: Bilan, enjeux et opportunités, OIM, Série de bulletins politiques : Migration,
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- WENDEN CATHERINE de Wihtol, « Dynamiques migratoires sub-sahariennes vers l'Afrique du
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transformations sociales, 2015.

38
Annexe N °1

39
Annexe N °2
Les conventions de sécurité sociale conclus entre le Maroc et les pays étrangers

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