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K’eskon attend

Le journal des impatients gratuit

Juin
2020,
Dossier sur le Confinement, bar à chats, apithéra-
pie, rénovation du collège Descartes
n°68
Édito :
Depuis le début du déconfine- poussiéré d'anciennes valeurs
Au sommaire
ment, nombreux sont ceux qui qui nous serviront à mettre au
p.3 : Un nouveau collège Descartes ? imaginent l’après crise. Beau- point une nouvelle manière de
p.4 : Bar à chats coup pensent à un avenir ra- vivre ensemble. ». Boris Cyrulnik
p.5 : Découvrir les étoiles dieux, où écologie et non- se base sur les crises et épidé-
p.6-7 : Soigner avec le miel consommation seront les mots mies précédentes, il explique
maîtres. qu’à chaque épidémie ou catas-
p.8 : Confinée en famille
Les publicitaires l’ont bien com- trophe naturelle, il y a eu un
p.9 : Le covid dans les IMC
pris : tout est fait de manière à grand changement culturel. La
p.10 : Médecin généraliste et covid ce que les consommateurs re- philosophe Claire Marin ex-
p.11-12: Journalistes confinés trouvent leurs habitudes d’an- plique qu’il va falloir apprendre
p.13 : Personnes à risque tan, les grandes surfaces et leurs à vivre avec ce sentiment de
p.14 : Pompiers Volontaires achats (parfois futiles). menace qui nous inquiète et qui
p.15 : Pas de bac et de brevet 2020 Pour le moment beaucoup ne nous était plus familier de-
sont convaincus que puis près d’un demi-siècle.
p.16 : Instants critiques
notre société va être La vie après la pandémie pose
p.17 : Un diaboliste profondément mo- d’autres questions notamment
p.18 :Les cloches difiée, comme le quant au port du masque, aux
p.19 : Un vil- soulignait le neu- conditions de vie des plus pré-
lage martyr ropsychiatre Bo- caires, à notre rapport à l’ali-
ris Cyrulnik au mentation animale, au budget
micro de France consacré à la santé publique ou
Inter : « Quand encore au télétravail. Sur le mo-
l'épidémie dèle de certaines sociétés asia-
sera termi- tiques, devrions-nous privilégier
née, on le masque sanitaire au quoti-
constatera dien ? La perspective d’école
que l'on numérique est-elle envisageable
aura dé- et souhaitable ? Notre système
est-il prêt à gérer d’autres crises
de cette ampleur dans le futur ?
La possibilité de créer un
« Après » plus engagé, plus
social et plus responsable
semble déplaire à certains qui
préféreraient retrouver le
vieux monde, sa consomma-
Journalistes : Nelsy Alef, Nelson tion abusive et sa pollution.
Bidault-Ferre, Daniéla Bordes, Victor Maisonneuve
Elsa Capellari, Euphémia Charlot,
Candice Chartier, Lou-Anne David,
Maëlle Desbordes, Émilie Dreux,
Rémy Faure, M’mawa Fofana, Couv et der©K’eskon attend Avril 2020
Laura Gorget, Esteban guichard, Imprimé à 900 exemplaires Projet soutenu et financé exclusi-
Gabin Guillet, Félix Le Saulnier,
par Jouve, 733 rue St Léonard, vement par la ville de Châtelle-
Lorick Le Saulnier, Enola Lorceau,
53100 Mayenne rault et Grand-Châtellerault.
Victor Maisonneuve, Benoit Mi-
ISSN : 2107-5190 Merci à eux ! Partenariat avec le
chaud, Alvin Mortier, Florine Nal-
Collège René Descartes, 98 bd « 4 », pour des ateliers vidéo
let, Karina Ovsepian, Phoutha-
vong Alicia, Ambre Plaud, Sarah Blossac, 86 106 Châtellerault. avec José Bourdon et des ateliers
Ramdane, Lilou Royer, Lise Ta- Directeurs de publication : Jacques images avec Aïssa Kandila.
verne et Gabrielle Vincent. Arfeuillère et Séverine Lenhard. Merci !
Un collège tout neuf !
Le collège René Descartes va être rénové, re-
construit d'ici quelques années. Une vraie révo-
lution pour qui a fréquenté l’établissement vé-
nérable de centre-ville de Châtellerault.

©S. Lenhard
Le Principal du collège, Philippe Mignien,
explique le projet et ses enjeux.

P
hilippe Mignien est en première ligne pour les pré-
misses du projet. Principal du collège depuis 6 ans, Pour les sportifs
il fait le lien entre l'établissement et le Conseil Dé- Actuellement, le collège utilise 3 lieux internes au collège
partemental qui lui, s’occupe des locaux. C'est lui dédiés au sport : la chapelle et le dojo, qui appartiennent
qui a signalé les urgences sur l’ensemble des bâtiments : au collège et sont entretenus par le Conseil Départemen-
la mise aux normes d'accessibilité (pour pouvoir, par tal (comme les autres locaux de n'importe quel collège) et
exemple, recevoir des personnes en fauteuils roulants), la le gymnase, qui appartient à la Communauté d'Agglomé-
reconstruction des salles de technologie trop petites pour ration de Grand Châtellerault. Le département, dans tous
accueillir des classes entières, du self pour répondre aux ses projets de rénovation, ne s’occupe plus des structures
nouvelles normes d'hygiène (par exemple : cuisine sépa- sportives et elles sont maintenant à la charge de la collec-
rée du réfectoire) de l'infirmerie qui est actuellement à tivité (commune ou agglo), comme l'est déjà le gymnase.
l'étage et doit être déplacée au rez-de-chaussée (pour des La contrepartie pour cette collectivité est qu'elle pourra
raisons évidentes de facilitation de transports des ma- utiliser ces structures pour d'autres activités que celles du
lades). Enfin, dernièrement, de la mousse est apparue sur collège (associations, club, etc.). Cependant les travaux
l'enrobé de la grande cour, dangereuse et glissante. Ne prévoient de détruire le dojo, et la collectivité pense faire
réussissant pas à l'enlever, il a été décidé de refaire cet de la chapelle une salle polyvalente... Les professeurs de
enrobé. Ça commençait à faire beaucoup ! sports ont négocié pour reconstruire un dojo (plus petit
Un autre besoin, qui n'est pas matériel, a été noté : c'est malheureusement que l’ancien), ils pourront toujours
l'organisation des bâtiments. Le principal trouverait nor- utiliser le gymnase.
mal que le collège soit agencé de manière stratégique : un
ascenseur ne se place pas au hasard et il serait pratique Quelques dates ?
que la vie scolaire, l’administration et l'infirmerie soient La seule chose sûre, c'est que ce n'est pas pour tout de
rassemblées et plus rapidement accessibles par les pa- suite ! Le Conseil Départemental s'occupe des travaux des
rents, par exemple. établissements scolaires un par un. Une liste d'attente est
Trop de travaux pour ne pas reconstruire ! donc mise en place. Le collège René Descartes est 4ème
Ainsi le Conseil Départemental s'est rendu compte de sur cette liste. Une fois la procédure lancée, il faudra au
l'ampleur des travaux. Ils ont fait appel à un cabinet de moins 2 ans de préparations, d’échanges, d'organisation,
professionnels qui va s’occuper d'étudier les besoins, les etc. avant le début du chantier. Bientôt, donc, mais pas
réglementations, les contraintes puis qui va faire des pro- tout de suite. K'eskon attend aura le temps d'y revenir...
positions non pas architecturales mais simplement sur
l'ampleur de travaux : quels bâtiments détruire, cons- Esteban Guichard et Félix Le Saulnier
truire, rénover, etc. Puisqu'il y a de grandes probabilités
de refaire le bâtiment principal, d'autres défauts moins
urgents ont pu être relevés notamment dans l'agence-
ment et la circulation du collège : la verticalité du bâti-
ment de cours n'est pas pratique (même si un ascenseur
sera mis en place), la vie scolaire n'est pas évidente d'ac-
cès pour les parents, les entrées et les cours sont trop
nombreuses donc difficiles à surveiller. En gros, il faut pra-
tiquement tout refaire.

Et les élèves ?
Les travaux vont évidemment se dérouler parfois en pré-
sence des élèves. Ils se réaliseront en opération « à ti-
roirs » : un bâtiment est construit, les occupants vont s'y
installer, et le bâtiment ancien est détruit. Ainsi, jamais
les élèves ne seront dans un bâtiment en chantier.

©S. Lenhard
3
Le Miaouw, le bar où il faut
être gourmand comme un chat !
Il y a un plus d’un mois qu’Alexis Hamonou a ouvert son bar qui
se situe dans le centre-ville de Châtellerault. C’est un bar un peu
spécial car il s’agit d’un bar à chats, de plus il est le premier dans
©k’eskon_attend
la Vienne. Rencontre au milieu des Félins !

SPA. Quand on demande à Alexis quel est le concept de


son bar à chats, il répond : « Le concept est de tout sim-
plement venir boire un thé, un chocolat, un café ou des
boissons fraîches. On peut aussi manger des paninis le
midi ou bien des pâtisseries faites maison, mais entou-
rés des chats que vous pouvez caresser et adopter. » En
moyenne, Alexis reçoit entre 75 et 100 personnes par
jour. Parmi elles, des personnes âgées, des étudiants,
des familles avec des enfants… Il a été surpris d’avoir
autant de clients en si peu de temps et il confie : « Il y a
eu beaucoup de curiosité de la part des clients qui ont
tout de suite aimé le projet. »
« Il manquait quelque chose d’inédit à Châtellerault »
Ça faisait sept ou huit mois que l’idée d’ouvrir un bar à
chats lui trottait dans la tête. Pour pouvoir ouvrir son
bar à chats, Alexis est d’abord allé voir la Mairie de Châ-
tellerault pour parler de son projet. Il a aussi été voir la
CCI (portail des chambres de commerce et d’industrie)
©k’eskon_attend

et la Chambre des métiers. L’idée d’ouvrir un bar à chats


lui est venue des pays Asiatiques mais aussi car il n’a
jamais vécu sans animaux. Alors pourquoi Châtelle-
rault ? « Je trouvais qu’il manquait quelque chose d’iné-

A
notre arrivée au bar, quelques petits curieux dit dans le centre de Châtellerault. » Tenir un bar à chats
viennent à notre rencontre. Ils sont tous très rime forcement avec avantages comme travailler avec
différents, l’un est noir, l’autre est tigré mais les animaux, rencontrer de nouvelles personnes… mais
pourtant leur point en commun, c’est qu’ils veu- rime aussi avec inconvénients tels
lent tout le temps jouer. Pour cela, Alexis leur a installé que, travailler pendant ses jours de
plusieurs arbres mais aussi des parcours suspendus dans repos, trouver des chats à intégrer
les airs et, pour qu’ils puissent se détendre Alexis leur a dans le bar…
aménagé un coin rempli de plaids. Vous avez compris Aujourd’hui, le bar à chats d’Alexis
qu'ils marchent à quatre pattes et sont « réputés » mi- fait partie des 20 bars à chats en
gnons, les habitués du bar. France, et il souhaite pour l’avenir
Aujourd’hui, le bar compte cinq chats mais il y a un peu adopter plus de chats auprès de la
plus de deux semaines, il en comptait six car le petit SPA pour leur trouver une famille
©k’eskon_attend

Punto a été adopté depuis. Alexis a voulu rendre pos- et pouvoir vivre pleinement de son
sible l’adoption dans son bar à chats pour lutter contre métier.
l’abandon. C’est pour cela que ses chats viennent de la Maëlle Desbordes
et Florine Nallet
4
Les étoiles ont filé, elles !
Vous avez peut-être déjà entendu parler des Lyrides, cette pluie d’étoiles fi-
lantes qui a lieu chaque année entre le 16 et le 25 avril. Si vous avez loupé cet
événement spectaculaire, pas de panique K’eskon Attend a tenté, tant bien
que mal, d’observer ce phénomène époustouflant. Un reportage « 4 étoiles ».

tion lumineuse. immobile.


En effet, lorsque 0h00 : fin de la première observation.
vous êtes habi-
Je rentre (un peu déçu) me coucher
tant d’une com- pour être prêt pour l’apogée.
©k’eskon_attend
mune, la lumière
humaine 4h50 : deuxième observation. A

L
orsqu’on dit « pluie d’étoiles (éclairage public, habitations…), gé- l’heure où tout le monde dort, mon
filantes », on imagine souvent nère souvent des désagréments, no- réveil retentit et je me lève, déterminé
une dizaine (voire plus) d’étoiles tamment dans la perception de l’envi- à voir des étoiles filantes. Malheureu-
qui passent à toute vitesse dans ronnement (ciel). Ce phénomène nuit sement pour moi, impossible de sortir
le ciel. Pourtant, pour les Lyrides, ce également aux animaux, en modifiant sans réveiller les autres habitants de la
n’est pas le cas : « on peut en sur- leurs rythmes biologiques. Heureuse- maison. L’observation s’effectuera
prendre une vingtaine par heure », ment, à Châtellerault, l’éclairage public donc depuis les fenêtres. À cette heure
explique le journaliste Xavier De- est éteint de 00h50 à 05h50, un temps avancée, les lumières sont éteintes et
meersman sur le site « Futura qui nous permet d’observer le ciel re- seules quelques voitures au loin me
Sciences ». lativement longtemps. ramènent à la réalité. Par chance,
cette nuit, la lune est invisible et je ne
Mais avant tout, qu’est-ce qu’une Cette année, l’apogée de l’événement
suis pas gêné par sa lumière. Pourtant,
étoile filante ? En premier lieu, il faut avait lieu dans la nuit du 21 au 22 avril, un autre élément vient perturber cette
savoir que ce ne sont pas du tout des mais il restait quand même intéressant contemplation : les nuages qui vien-
étoiles, mais plutôt des météores. En à observer dans les nuits précédentes
nent voiler le ciel à intervalles plus ou
effet « une étoile filante » est un phé- et suivantes. J’ai décidé de l’observer moins réguliers. Ces petits importuns
nomène lumineux lié à l’entrée d’un dans la nuit du 22 au 23 avril. Cette
viennent me déranger et ne me per-
petit corps céleste dans l’atmosphère. nuit-là, le moment idéal était vers 5 mettent d’observer l’espace que seule-
À cause de sa vitesse et du frottement heures du matin, un horaire nous obli- ment partiellement. Au bout de
avec l’air, l’objet prend feu (ce qui créé geant à nous lever tôt ou à nous cou-
quelques minutes, je décide de chan-
la traînée lumineuse). Généralement, il cher tard. Ensuite il « suffisait » de ger d’angle d’observation, mais là en-
brûle entièrement avant d’atteindre la pointer le regard vers la constellation core le même problème subsiste.
Terre, mais si ce n’est pas le cas on de la Lyre ou celle de Hercule Après trois autres changements
l’appelle « météorite ». Mais alors (l’information variant d’un site à d’orientation, je repars dans mon lit
pourquoi il y a plus d’étoiles filantes l’autre, nous n’avons pas pu trancher).
plutôt dépité. Il est 5h50 du matin et la
durant cette période ? Le phénomène Une carte du ciel peut d’ailleurs être ville commence à s’éveiller. Tandis que
est dû au passage des particules de la très utile dans ce genre de situation. les plus matinaux se réveillent, la lu-
comète au nom barbare C/1861 G1. Ensuite, il suffisait de s’armer de pa-
mière des lampadaires se rallume et
Chaque année, cet objet céleste croise tience et de voyager dans le monde on peut distinguer l’aube au loin. La
l’orbite de la Terre provoquant ainsi le spatial. nature aussi est de retour et les oi-
phénomène des Lyrides, appelé ainsi à Mon observation seaux reprennent leurs chants habi-
cause de leur apparition en direction tuels. Je n’ai peut-être pas vu d’étoiles
de Vega (la constellation de la Lyre). Il 23h30 : début de l’observation. Dans
mon jardin, je scrute le ciel à la re- filantes, mais j’ai pu assister au réveil
s’agit de la première pluie d'étoiles de la ville et admirer la voie lactée (et
filantes significative du printemps. cherche de la constellation idéale. En
vain ! Au bout de quelques minutes, surtout les nuages).
Comment l’observer ? j’abandonne et opte pour un endroit à Au total, j’ai pu observer : deux avions,
Pour observer les Lyrides, pas besoin l’abri des lampadaires et des nuages. des dizaines de nuages, une vingtaine
de matériel particulier, il suffit d’avoir Installé confortablement sur un siège de chauves-souris mais aucune étoile
une bonne vue. Pas non-plus besoin de jardin, j’observe le ciel durant une filante...
de jardin (même si c’est plus agréable) trentaine de minutes. Sans succès !
Je me suis recouché des étoiles plein
puisque le phénomène astrologique Heureusement, il ne fait pas trop froid les yeux, mais pas celle attendues !
est observable depuis un balcon. Le et les nuages ne me cachent pas la
principal problème est plutôt la pollu- vue. J’admire donc le ciel étoilé mais Victor Maisonneuve

5
©Montage k’eskon_attend
De la ruche à l’hôpital !
L’apithérapie est l’utilisation des produits de la ruche pour des soins médicaux. C’est le professeur Ber-
nard Descottes qui a amené cette toute nouvelle pratique au CHU de Limoges, dans les années
1980. Kesk’on attend vous rend compte de la conférence « De la ruche à l’hôpital » portée par Yves
Faucher (ancien cadre de santé), Ghislaine Pautard (infirmière ayant travaillé avec le Pr. Descottes
dans la recherche) et Marie-Laure Tanguy (infirmière).

« Qui souvent miel


prendra, bien
mieux se portera,
et plus vite guéri-
ra. » L'adage est pratiquement
devenu une réalité au CHU de
Limoges où l'on a compris depuis
longtemps que le miel avait
toute sa place dans la pharmacie.
Pourquoi le miel ? Il faut savoir
que l’homme utilise depuis long-
temps les produits de la ruche
pour ses bienfaits : la plus an-
cienne trace est celle des égyp-
tiens qui utilisaient la propolis

©dr
pour l’embaumement des morts
et le miel pour des soins. De nos composé de sucre, des sucres ment complexe, qu'il est impos-
jours, ce sont tous les produits de différents en fonction de la fleur sible de fabriquer artificiellement
la ruche qui sont utilisés, pas seu- butinée et qui vont avoir des qua- et de bonne qualité.
lement le miel : le pollen pour son lités différentes. Le miel est égale-
action stimulante des défenses ment riche en acides aminés, il L’utilisation au CHU de Limoges
naturelles, la gelée royale pour contient des enzymes, des sels
son action fortifiante, le venin minéraux, des oligoéléments et Au CHU, le miel le plus utilisé est
pour son action anti- des vitamines qui participent tous le miel de Thym pour ses proprié-
inflammatoire et la propolis pour au bon fonctionnement de l’orga- tés antibactériennes et antisep-
son action antibactérienne et anti nisme », nous apprennent les tiques). Le miel choisi est contrô-
-inflammatoire mais aussi à des conférenciers. lé : il doit avoir une contamina-
fins différentes car la propolis est Sa composition est très variable tion microbienne la moindre pos-
pleine de ressources et est encore en fonction de la qualité et de la sible. Une charte de qualité,
étudiée aujourd’hui. Dans le trai- quantité de la flore butinée, la écrite par les équipes de soins, de
tement des plaies, le miel est utili- qualité du sol, les conditions mé- pharmacie et la participation des
sé pour ses propriétés antibacté- téorologiques, la race d’abeille et apiculteurs, définit notamment le
riennes et antiseptiques dues en la santé de la colonie. C’est pour taux microbien maximum. Elle
partie à l’acidité de celui-ci. ça qu'il en existe une infinité de dicte aussi les strictes conditions
sortes. Chaque miel a ses proprié- de production du miel.
« Le miel est en grande partie tés. C'est un produit extrême- (…) à suivre page suivante

6
Le professeur les énonce : but des recherches était de mettre au CHU de Limoges et s’est même
« L’absence de pollution ou de cul- en commun des résultats d'études répandu dans d’autres centres mé-
ture intensive dans un rayon de scientifiques déjà effectuées et non dicaux.
3km autour de la ruche (le rayon pas de faire un travail technique. La Le professeur Descottes est décédé
d’action d’une abeille), pas de pol- finalité de celles-ci a été d’écrire un en 2009, à 66 ans. Il venait juste de
lutions urbaines ou de zones indus- protocole d’utilisation. fonder l’Institut du cancer qui porte
trielles proches, pas d’autoroutes Puis, le travail de maintenant son nom. Il était égale-
ou de grandes voies de circulation « démonstrations » a commencé : ment, juste avant de mourir, prési-
proches, un rucher de 10 ruches l’équipe essayait de monter un dos- dent de l’association francophone
maximum et distant de 3km de tout sier d’étude prouvant l’efficacité du d’apithérapie.

©k’eskon_attend
autre rucher (pour éviter la propa- miel. L’hypothèse qui a été soumise
gation de maladies), l’interdiction est la suivante : « Le miel permet la
d’utiliser des herbicides ou des dé- cicatrisation au même titre que Finalement, une question impor-
broussaillants de synthèse. » deux autres dispositifs médicaux tante a été soulevée durant la con-
reconnus : la biogaze et le débri- férence « Le miel est-il un produit
Une pratique nouvelle en 1980 san. » miracle ? ». L’avis des deux infir-
Le dossier est composé de feuilles mières présentes est celui-ci : « Le
Jamais le miel n’avait été reconnu de traite- ments de miel est un dispositif médical
comme dispositif médical avant plusieurs pa- comme un autre, il est toujours pré-
l’initiative du professeur Descottes. tients : férable de consulter un médecin
Ainsi, l’équipe du CHU de Li- pour des plaies plus ou moins
moges a fait ses propres graves. Cependant, le miel est par-
recherches sur le fait pour être utilisé en cuisine ou
miel de 1988 à chaque en bricolage par exemple, lors de
1992. Elle feuille explique le petites coupures ou de petites brû-
s'est cas d’un patient, le lures. » Ainsi, pour vous tous, cuisi-
traite- ment utilisé, et l’évo- niers, cuisinières, bricoleurs, brico-
inté- lution de la plaie. L’étude qui avait leuses, artistes, ou autres travail-
ressée fait ses preuves à l’époque, n’a plus leurs et travailleuses manuels, voilà
principale- tellement de valeur aujourd'hui car en effet un produit miraculeux pour
ment à l’utilité les méthodes ont beaucoup évolué. les petites blessures du quotidien !
du miel dans la Cependant le miel reste un produit
cicatrisation. Le efficace puisqu’il est toujours utilisé Félix Le Saulnier et Lou-Anne David

7
Vivre le Covid-19 en famille
Depuis le 17 mars à 12h la France est confinée : tout le monde, les personnes âgées,
les adultes et les enfants, doit s'adapter. Et avec le confinement, la vie de famille
prend un autre sens. La famille essaye de garder un rythme et de s'organiser malgré
ses difficultés. Voyons l'exemple d'une famille « type » de 4 personnes.

L
e père, Matthieu, a 45 ans. Il parents sont un peu débordés, car
est responsable d'un magasin expliquer des leçons aux enfants, ce
de sport, c'est-à-dire d'un ma- n'est pas évident, ils n'ont pas la
gasin qui n'est pas de pre- même pédagogie que les profes-
mière nécessité. Il est donc en chô- seurs. « Ils sont beaucoup moins
mage partiel. La mère, Élisabeth, 42 indulgents », constatent, en chœur,
ans, les deux enfants.
travaille dans le médico-social. Elle Des activités en famille.
officie dans une maison d'accueil
spécialisé qui accueille un public A 12h la mère part à son travail,
d'adultes en situation de handicap. jusqu'à 21h30. C'est l'occasion de
Elle continue donc de travailler mais faire la pause pour le reste de la fa-
afin de pouvoir gérer le travail sco- mille. Vers 14h, commencent les
laire de ses enfants et son poste activités à l'extérieur : les enfants
d'éducatrice-coordinatrice, elle a eu vont dans le jardin. Heureusement
une modification de planning. La qu'il y a le beau temps et qu'ils peu-
fille, Gabrielle, a 15 ans et est élève ©k’eskon_attend vent en profiter. Matthieu propose
au collège en 3ème. Le fils, Eliott, a alors des activités sportives avec les
10 ans et est élève de CM2. Et, moyens du bord : jonglage, parcours
comme pour tous les élèves de sportifs (courses, pompes….).
France, leurs établissements sont Le confinement est aussi l'occasion
fermés. de cuisiner en famille, de jardiner.
Un emploi du temps pour les en- Malgré cette organisation, Eliott a
fants des regrets : « C'est frustrant de ne
La mère souhaite que les enfants pas sortir, de ne pas voir ses amis, les
gardent un rythme scolaire, afin que grands-parents, alors qu'ils sont juste
le retour ne soit pas trop difficile : il à côté ». Alors la famille a mis en
y donc un emploi du temps. Mais place des temps de téléphone en
c'est un peu moins fatiguant car ce visio ! Tout le monde peut se voir
n'est pas la même cadence qu'à même s'il n'y a pas de contact phy-
l’école. Tout d’abord, la famille se sique.
©k’eskon_attend

lève vers 8h pour commencer Mais comme dit Gabrielle, ils ont la
« l'école à la maison » vers 9 h. Les chance d'avoir un jardin. Beaucoup
enfants sont partis sur 4h de travail. de personnes vivent dans des appar-
Ils trouvent qu'ils ont beaucoup de tements, beaucoup de personnes
travail, car les professeurs en don- sont seules.
nent tout le temps. Mais Gabrielle
trouve que les professeurs donnent Alors, après plus de 3 semaines de
des moyens de communication confinement, la famille a trouvé son
exemple des lives, des Skypes, par rythme, avec ses hauts et ses bas.
mail, par pronote …. Elle ne se sent Mais comme dit Elisabeth : « il faut
pas « abandonnée». prendre son mal en patience, il n'y a
Elisabeth aide Eliott. Gabrielle fait pas le choix, et surtout c'est impor-
©k’eskon_attend

ses devoirs en autonomie dans sa tant, et c'est pour la santé de cha-


chambre et Matthieu fait du télé- cun ».
travail. Les enfants trouvent que les Gabrielle Vincent

8
Comment vit-on le covid dans les instituts médico-sociaux ?
Confiner en institut pour public en situation de handicap, ce n'est pas
simple. Petit tour d'horizon de l'organisation et des difficultés dans
les métiers médico-sociaux en situation exceptionnelle à travers la
rencontre d'une professionnelle.

©k’eskon_attend
résidents doivent rester le plus main, il n'y a plus ces repères, c'est
possible dans leur chambre. difficile. Les troubles de comporte-
ments peuvent apparaître. Nous de-
L'établissement a toutefois la
vons rester vigilants au moindre
chance d'être située au milieu
signe. Des résidents vont exprimer un
d'un parc boisé, ce qui permet de
« mal-être » différemment : moins
proposer des sorties. Par mesure
manger, et on peut observer un repli
de sécurité, il y a bien-sûr les
sur soi, des pleurs, des cris, mais éga-
gestes barrières : distance à res-
lement des passages à l'acte. Dans
pecter entre professionnels, et les
notre métier, l'une des qualités pre-
résidents entre eux. Enfin, quand
mières à avoir, est d'être à l'écoute
ce n'est pas nécessaire, il faut aussi
avec tous les sens : la vue, l’ouïe. Il
une distance entre les profession-
faut savoir observer, afin de pouvoir

E
nels et les résidents, ce qui n'est
lisabeth Gandon Vincent tra- accompagner et répondre au mieux
pas toujours évident, surtout lors des
vaille dans un établissement qui aux besoins de chaque résident. »
accompagnements des résidents au
accueille un public en situation
« nursing » (moment de la toilette). « Il se passe de belles choses »
de handicap, la MAS de Targé
(Maison d'Accueil Spécialisée) . Elle Les professionnels ont des masques, Cependant, ce n'est pas parce que les
est animatrice 1er catégorie- des visières, des gants, du gel hydro- résidents ne peuvent plus faire d'acti-
coordinatrice, d'une maison dont les alcoolique. Mais dans un établisse- vités à l'extérieur de l'établissement
résidents ont une déficience intellec- ment de santé ou médico-social, il y (arts plastiques, la piscine, la marche
tuelle associée à des comportements avait déjà des règles d'hygiène de étaient proposées avec le CSAD,
déficients ou inadaptés. base : se laver les mains (eau + sa- l'école de dessin, la piscine de Châtel-
von) avant et après chaque accompa- lerault), qu'il n'y a plus rien, bien au
Dans cette maison il y a 8 résidents,
gnement d'un résident. contraire.
âgés entre 40 et 70 ans. Ces résidents
sont accompagnés de 2 profession- Les résidents ont du mal à accepter Il se passe de belles choses au sein de
nels qui sont en roulement : le matin l'établissement : les résidents nous
Le plus difficile pour les profession-
et le soir. Face à la pandémie, la stra- apprennent à relativiser, ils ont une
nels dans cette situation extraordi-
tégie de l'établissement est d'avoir grande capacité d'adaptation. Il y a
naire ? Pour Élisabeth Gandon Vin-
un coup d'avance sur le COVID19. beaucoup d'activités en situation
cent , c'est simple : « Il est difficile de
duelle. Aujourd'hui les activités se
Dans un premier temps, tout a com- faire comprendre à des résidents qui
font au sein de l'établissement : du
mencé, en demandant aux familles n 'ont pas les capacités intellec-
tricycle, des activités manuelles :
de ne plus venir visiter les résidents. tuelles, qu'ils n'ont plus le droit de
jeux, peinture, décoration des portes,
Les résidents ne pouvaient plus sortir faire de sorties, de ne plus circuler
des ateliers de musiques, de gym
à l'extérieur de l'établissement : sor- librement entres les maisons. »
douce, profiter du parc….. Au sein de
ties achats, restaurants, rendez-vous
Il y a également le manque des vi- la MAS, il y a beaucoup de vie.
coiffeur…
sites des familles. Pour compenser
En tout cas, toutes les mesures prises
Dans un second temps, la direction cette absence, l'établissement a mis
sont efficaces, car pour l'instant tout
de l'établissement a demandé aux en place des appels téléphoniques
va bien dans l'établissement : zéro
coordinateurs, de mettre en place, avec les familles via le téléphone
cas covid19, les résidents vont bien
des mesures préventives supplémen- mais également via Skype. Ce qui
et les professionnels aussi. Et dans
taires, afin que les résidents se croi- permet d'atténuer le manque. Mais
leur « malheur » heureusement que
sent le moins possible : nouvelle or- rien ne remplace le contact physique.
le beau temps est de la partie, ce qui
ganisation de l'espace et des temps
Élisabeth explique : « Il faut savoir, permet de proposer des temps à
repas, des temps d'activités (les rési-
que les résidents, sont souvent ritua- l'extérieur et profiter du parc.
dents ne peuvent plus avoir des acti-
lisés, afin de donner des repères pour
vités en groupe, mais juste en situa- Gabrielle Vincent
les sécuriser. Donc du jour au lende-
tion duelle, c'est-à-dire à deux). Les

9
Être médecin pendant la pandémie
Pendant la période du confinement, les médecins font partie des professionnels
sur le pied de guerre. Deux d'entre eux ont bien voulu nous prêter un peu de leur
temps pour nous faire partager leurs expériences.

travailler en confinement : « Psychologiquement il y a


le stress des soignés, des soignants et de la famille …
Physiquement, il y a le stress qui fatigue le corps,
même si la quantité de travail reste la même. Dans la
vie quotidienne, il s’avère difficile de vivre séparé de sa
©k’eskon_attend

famille et de comprendre l’indiscipline des gens ».


D’après lui, le confinement est important pour limiter
la propagation du virus, malgré les nombreux inconvé-
nients.

P
endant cette période, il y a deux types de mé- Les patients en confinement
decins : les médecins qui soignent depuis chez
eux et les médecins qui soignent directement Les médecins ne sont pas les seuls touchés par ces me-
dans l’hôpital. Michel CASANITJANA est un psy- sures sanitaire. En effet, Christophe CENAC et Michel
chothérapeute qui soutient les patients en cas de pro- CASANITJANA nous disent que les patients sont aussi
blèmes. Durant le confinement, il est soumis à la même affectés. Pour M. CASANITJANA, le confinement génère
règle que ses patients. Pour continuer son travail, il de l’angoisse chez les patients les plus vulnérables. Cela
réalise des consultations à distance à l’aide de logiciels est dû à l’impossibilité de sortir et à la peur du virus. A
de visio-conférence. Pour lui, la seule différence est l’hôpital, pour le Dr CENAC, les visites sont interdites à
qu’au lieu de voir ses patients dans son bureau, il les cause de ces mesures sanitaires. Cela fait naître des
voit sur son écran. Cela lui donne un peu plus de travail sentiments de solitude, d’isolement qui peuvent ame-
car nombre de ses anciens patients le recontactent ner d’autres pathologies psychologiques. Suite à cela, il
pour reprendre rendez-vous. C'est dû à l’angoisse de y a une augmentation du nombre de consultations de
l’isolement et à l’anxiété générée par cette pandémie. psychiatrie. Les patients sont de plus en plus exigeants
Michel CASANITJANA pense que le confinement est et paradoxalement certains patients se sentent en sé-
nécessaire pour le bien être de tout le monde. Tous ces curité à l’hôpital et souhaitent y rester. Les familles des
changements ne l’empêchent pas d’exercer sa profes- patients à l'hôpital sont aussi désœuvrées : elles ont
sion et d’aider ses patients pendant cette longue pé- des nouvelles de leur proche que par téléphone. La
riode. difficulté est encore plus grande quand il faut accompa-
gner un patient en fin de vie.
Médecin en Hôpital
Pour le Dr CENAC, le confinement est obligatoire pour
Le Dr Christophe CENAC est un médecin généraliste
limiter la propagation du virus. Dans le même temps,
dans un service à orientation Cardiologie Pneumologie cela améliore la situation environnementale (moins de
Neurologie au sein du Groupe Hospitalier Nord Vienne pollutions sonores et industrielles) et cela donne une
de Châtellerault. Pour lui, à l’hôpital, les mesures sécu-
opportunité à changer ses habitudes de consommation
ritaires pour éviter la propagation du virus ont occa- et de vie. Mais pour lui, le dé-confinement sera très
sionné de nombreux changements. Suite à ces me- complexe. Il s’interroge sur les suites économiques qui
sures, il y a une diminution des contacts avec les pa- seront données face aux problématiques sanitaires et
tients, par exemple pour dire bonjour ou pour les ré- de savoir si l’aspect économique ne prendra pas le pas
conforter (barrage par le masque, absence de serrage sur la santé des populations : « La solution sera non
de mains par exemple). De plus, la relation avec les
économique pour éviter la récession économique », dit
soignants est amputée : les repas sont pris séparément -il.
et les activités de cohésion d’équipe existent moins.
Pour Christophe CENAC, il est un peu plus difficile de Lorick Le Saulnier

10
Un journal en confinement
L’information est essentielle durant le confinement et les moyens qui la transmettent aussi. Ainsi du-
rant la totalité de cette crise, la presse écrite est moteur de la vie de nombreuses personnes. Mais
comment s’organise une rédaction tout en continuant à respecter les mesures de sécurité ? « La Nou-
velle République » et « Centre Presse » ont accepté de nous répondre. Rencontre avec Baptiste Bize,
Anthony Floc’h et Laurent Gaudens pour nous éclairer sur la vie d’un journal en confinement.

A
nthony Floc’h est
journaliste à Châ-
tellerault, il y tra-
vaille depuis 2008.
Laurent Gaudens est à la
rédaction de « La Nouvelle
République » depuis 2015,
il est en charge du multi-
média et il réalise (depuis
l’annonce d’Emanuel Ma-
cron, le 16 mars) des Pod-
casts sur des sujets divers.
Baptiste Bize est journa-
liste à « La Nouvelle Répu-
blique » de Poitiers, il est
aussi pilote (journaliste qui
s’occupe en plus de l’édi-
tion du journal du lende- ©k’eskon_attend
main). Il explique que les ¾
des employés du journal ©k’eskon_attend
sont en télétravail ou en
chômage partiel. « Par exemple Karine Tranchant travaille (Niort, Châteauroux…). « Ces visio-conférences permettent
au standard, mais elle est aujourd’hui en télétravail, c’est-à- de garder un lien et de se conseiller ou de faire le point »
dire qu’elle prend tous les appels depuis chez elle à une précise Baptiste Bize. D’autres moyens de communication
trentaine de kilomètres du bureau». Comme Karine Tran- sont utilisés. Ainsi la rédaction a créé un groupe WhatsApp
chant, la totalité de l’administration est en télétravail. Bap- pour rester en contact durant la journée. Les journalistes
tiste Bize précise qu'aucun des employés n’a été forcé à utilisent aussi d’autres outils comme les applications SMS,
passer en télétravail et lorsque cela été impossible, ils Mail ou encore Twitter. « Toute ces discussions nous per-
étaient autorisés à rester dans les bureaux. Le but est, bien mettent de créer un journal plus cohérent, tout en nous
sûr, de ralentir la propagation du covid-19 mais aussi donnant des conseils » précise Anthony Floc’h.
d’assurer la continuité du journal. Lors des prises de con-
Mais pour transmettre l’information, la municipalité de
tact, les journalistes ont eu beaucoup de refus au niveau
Poitiers a aussi mis en place des conférences de rédaction,
des rencontres directes.
où sont invités les journalistes. Ainsi la mairie de Poitiers
Les conférences organise une visio-conférence tous les matins, pour laisser
les journalistes poser leurs questions. Mais elle n’est pas la
Bien sûr, des conférences de rédaction sont aussi organi-
seule à avoir mis en place ce genre de chose, par exemple
sées via le logiciel Zoom. Les journalistes s’y retrouvent
le président de la région organise aussi ce genre de rendez-
(entre 15 et 25 personnes), tous les matins, en visio-
vous, ainsi que la préfète.
conférence, durant environ 30 à 45 min. « Je trouve que la
mise en place d’une réunion quotidienne (contre une réu- Les interviews
nion hebdomadaire) améliore la communication et nous
Pour les interviews, elles se déroulent principalement par
permet de suivre l’information » explique Anthony Floc’h.
téléphone. Mais pour certains articles, il est impossible de
Tous les soirs, chaque rédaction fait de même avec la direc-
le faire à distance. Les journalistes sont donc contraints de
tion générale (basée à Tours) et les autres rédactions
se rendre directement sur place. (…)

11
Par exemple, Baptiste Bize a été obligé de se
rendre sur le terrain, lors de l’arrivée d’un
train médicalisé à la gare du Futuroscope ou
encore Anthony Floc’h s’est rendu dans une
entreprise reconvertie dans la fabrication
d’équipement pour lutter contre le Covid-
19, car il lui était impossible de visualiser
par téléphone. Pour les illustrations, les
journalistes utilisent des images d’archive
(exemple : pour un article sur le Bac), ils
demandent aux personnes interviewées de
leur en fournir ou les journalistes/
photographes se rendent directement sur
place. Laurent Gaudens, pour ses Podcasts,
s’est rendu sur place, mais il témoigne d’un
manque de matériel de protection: « J’ai dû
acheter, pour mes interviews, un micro qui
prend le son de plus loin, pour pouvoir res- Laurent Gaudens au travail ©Laurent Gaudens
pecter les consignes de sécurité ». Pour Lau-
rent Gaudens, ça n’est pas un grand dépay-
sement, car il travaillait déjà à distance,
entre Châtellerault et Poitiers, cela lui a per-
mis de ne pas perdre trop le rythme.
En plus, en moins...
Le journal (comme d’autres) a pris l’initia-
tive d’ajouter plusieurs pages de jeux sup-
plémentaires et une attestation de sortie à
découper. Baptiste Bize explique l’origine de
cette action : « la maman d’un des journa-
listes n’a pas d’imprimante, il a donc propo-
sé de mettre une attestation chaque jour
dans le journal, pour l’aider ». De plus, les
journalistes, tentent de traiter des sujets
joyeux et on les remercie pour ça. Mais le
journal n’a pas fait que rajouter des pages.
Malheureusement de nombreuses pages
ont disparu parmi les pages de sport, les Anthony Floc’h au travail ©Anthony Floc’h
pages sur les petites communes (où les événements ont leur demandait plus d’organisation. Laurent Gaudens
tous été annulés). La rédaction a rencontré un autre pro- trouve cette période originale car il travaille un peu plus
blème au niveau de la diffusion, car environ 30% de leurs précairement (pas le bon matériel) cela lui change de la
abonnés sont livrés par la Poste, qui est passée en distri- routine, « cela me rappelle quand j’étais journaliste spor-
bution tous les trois jours. Ces abonnés n’ont donc pas pu tif, où sur les stades, nous n’avions pas forcément le bon
recevoir leur journal quotidien. matériel ni les bonnes conditions, je trouve cette période
Le format de Podcasts de Laurent Gaudens existait déjà intéressante à vivre ». Selon Baptiste Bize, le confinement
avant le confinement, mais seulement pour des événe- dans un journal n’est pas très embêtant car les employés
ments bien précis. Par exemple, pour les élections euro- sont en télétravail mais il limite quand même beaucoup la
péennes, « Miam » proposait des recettes de cuisine ou communication. De plus, presque tous les journalistes
encore « Si j’étais maire » qui donnait la parole aux en- sont équipés d’un téléphone et d’un ordinateur profes-
fants avant les municipales. Pour accompagner ses Pod- sionnels.
cast, Laurent Gaudens écrit aussi de courts articles. Selon Baptiste Bize cette période engendre plus de solida-
Tous ont expliqué que durant cette période de confine- rité, et elle a permis, notamment de découvrir l’impor-
ment, ils perdaient énormément de temps, notamment à tance de la Presse dans notre quotidien.
cause du manque d’environnement de travail et que cela Victor Maisonneuve

12
Malade à risques :
inquiétude durant le covid-19
Philippe Ausudre, 71 ans, est atteint d’un sarcome au niveau des cervicales depuis le mois de Février
2020. Un sarcome est un cancer des tissus mous. Le covid ne lui facilite pas son quotidien de malade.

D
epuis le début du covid-19, Philippe est allé 5
fois à l’hôpital, plus précisément dans un
centre de traitement du cancer à Bordeaux
pour de multiples raisons. D'abord pour la
pose d’une « CIP » qui est un cathéter à chambre
implantable, un dispositif qui permet une voie vei-
neuse centrale et permanente pour les traitements à
longue durée comme la chimiothérapie. Il y est allé
ensuite pour des transfusions de sang et des séances ©k’eskon_attend
de chimiothérapie. Philippe se rend au centre de
traitement en VSL (Véhicule Sanitaire Léger) ou bien
en taxi Ambulance, toujours accompagné de sa
femme Anne-Marie.
Lorsque Philippe et Anne-Marie arrivent à l’hôpital,

Philippe est tout de suite pris en charge dans le


cadre du protocole Covid 19. Il est dirigé vers des
tentes d’urgence où il est contrôlé : prise de tempé-
rature, changement de masque, lavage de mains et
gel hydroalcoolique. Pendant ce temps là, Anne-
Marie, reste dans le VSL et attend son mari car seuls
les malades ont le droit de rentrer dans le centre de
traitement depuis la pandémie. Philippe s’est tou-
jours senti en sécurité au centre de traitement car
les médecins et les infirmiers appliquent tous les
gestes barrières. Être malade pendant le covid-19
est très compliqué pour Philippe : « Ce qui est le plus
dur pour moi durant le covid-19, c’est que je ne peux
pas voir ma famille autant de fois que je le souhaite
car je suis « à risque ». mais c'est aussi le confine-
ment qui nous plonge dans la solitude. »
Maëlle Desbordes

©k’eskon_attend

13
Soignés à domicile pendant le covid-19
Michel Gandon,70 ans, a une maladie rare et hérédi-
taire : une déficience dans le sang provoquée par le
mauvais fonctionnement du foie. Depuis maintenant
7 ans, des infirmières libérales viennent, une fois par
semaine, à son domicile afin de lui pratiquer les soins
nécessaires. Malgré la covid -19, les traitements
continuent.

virus et de le dit : « C'est très bien pour la vie de


transmettre aux tous les jours, surtout qu'il n'y a
patients mais éga- pas assez de masques chirurgicaux
lement à sa fa- pour toute la population, mais ces
mille, elle ré- masques en tissus ne sont pas as-
pond : « OUI, une sez protecteurs pour les profession-
peur permanente, nels médicaux tels que les infir-
depuis le début. mières ».
Et pour mieux
Quant à Axelle, la stagiaire, il n'est
« supporter »
pas question qu'elle renonce à son
©k’eskon_attend cette inquiétude
projet de diplôme. Déterminée,
et vivre avec cette

M
elle affirme : « ça ne change rien et
ichel n'est pas plus in- peur permanente, l’idéal serait
même ça m'a donné encore plus
quiet que ça. Car il sait d’être équipée chez chaque pa-
envie, parce que c'est dans des
que les infirmières sont tient, malheureusement ce n'est
situations particulières et si inhabi-
protégées et qu'elles pas le cas en ce moment : le maté-
tuelles que l'on apprend le plus ».
mettent en place tous les gestes riel est restreint et limité. »
Malgré tout, elle rajoute qu'il n'a
barrières : les gants, les masques
Elle explique qu'avant ce virus, elle pas été facile de trouver des
chirurgicaux, des sur-blouses, char-
pouvait s'approvisionner en quan- stages. Il fallait que son entourage
lottes. « Même pas peur ! », dit-il.
tité nécessaire chez leurs fournis- n'ait aucun problème de santé.
Son infirmière du jour, est accom-
seurs habituels ou même par inter-
pagnée d'une stagiaire de pre- Gabrielle Vincent
net. Mais depuis que le virus est là,
mière année, Axelle.
les fournisseurs ont été dévalisés
Son infirmière est en libérale de- en 2 jours, donc pour les profes-
puis maintenant 26 ans. En ces sionnels comme les infirmières ça
temps de crise sanitaire, son état était compliqué d'avoir les pro-
d’esprit est mitigé. Elle un peu dé- duits.
çue de la façon que les choses se
« On s'adapte »
passent. « Ce n’était pas prévu, ce
COVID. Au début, il y a donc eu un Bien évidemment, ça fait partie de
gros problème de matériel et ça son métier, s'adapter à la réalité
continue encore ». Elle rajoute : « du terrain, avec le matériel qu'on
Et heureusement que nous sommes a, être au plus près des patients en
dans une zone peu touchée car prenant toutes les précautions
sinon il y aurait des problèmes ». A nécessaires, pour les patients mais
la question de savoir si, en exer- aussi pour leur famille. Sur la ques-
çant à domicile, il y a une inquié- tion des masques en tissus bricolés
tude supplémentaire d'attraper le par les patients eux-mêmes, elle

©k’eskon_attend
14
pompiers volontaires même Et si on parlait association...
pendant le Covid-19 ! Maelle et Stella sont deux lycéennes du ly-
cée Victor Hugo de Poitiers. Elle sont encore
Mehdy Allais, 23 ans, et Jean-Yves Allais, 60 ans, sont tout à l'école mais ça ne les a pas empêchées de
deux des pompiers volontaires qui n’ont pas baissé les fonder une association à but non lucratif.
bras face au covid-19. Rencontre ! Leur association se nomme «Déshérités» et
a été officialisée le 21 mai 2020. Interview.

D
ans la caserne de Mont- n'ont eu peur
morillon, dans la Vienne, de partir en -Pourquoi cette association?
«Déshérités est un acronyme un peu compliqué

©k’eskon_attend
c’est toute une réorganisa- intervention
tion qui s’est mise en place durant le covid- qui signifie association de « Défense Et Soutien
depuis le début du covid-19. 19. « On a tou- aux Harcelés Et aux Reprimés face aux Inégalités
Mehdy nous explique : « On a jours une petite envers Tous Et contre la Souffrance. Initialement,
du gel hydroalcoolique à l’en- pointe d’appré- on voulait venir en aide aux personnes qui subis-
trée de la caserne, on a aussi hension, mais si on commence à sent des inégalités et on s’est dit que vu qu’on
des gants et des masques à dis- stresser on n’arrivera à rien sur avait 16 ans, ce serait bien de créer un mouve-
ment de jeunes. Aujourd'hui, on voit de plus en
position. On doit enfin appliquer le terrain. » nous révèle Jean-
plus de militants jeunes comme Greta Thunberg
tout les gestes barrières et on Yves. Durant la pandémie, les
ou Malala Yousafzai. Et puis il y avait surtout le
doit éviter de se croiser dans la manœuvres sont suspendues. Ils
fait qu’avec le confinement les inégalités et les
caserne. » Chez les pompiers doivent donc les faire par inter-
violences se sont fortement accrues. »
comme partout ailleurs, donc ! net sur un logiciel. Il n’y a plus
Lors des interventions, là aussi de prises de gardes non
-Comment avez-vous procédé?
on se réorganise. S’il y a suspi- plus : « Normalement quand
cion de covid-19, ils sont obli- c’est notre garde le Vendredi
«Avant tout le fait de bien s’informer est le plus
gés de mettre une tenue bacté- soir, on se rejoint tous au centre
important car créer une association implique
riologique, c'est-à-dire, des sur- de secours pour dire qui est là,
beaucoup de responsabilité. Il faut surtout pren-
bottes, une grande blouse qui qui remplace qui… Mais main-
dre son temps et faire les choses dans l'ordre car
protège tout le corps, un tenant on le fait par téléphone
cela demande beaucoup d’organisation ; on y a
masque FFP2, des lunettes de pour éviter de se croiser, c’est
passé des heures et des heures. »
protection, des gants et une comme si il n’y avait plus de vie
charlotte. En revanche, s’il n’y a au centre de secours !» nous
-Quelles sont vos motivations?
pas suspicion de covid-19, ils confie Mehdy. Jean-Yves et
doivent mettre des équipe- Mehdy, n’ont jamais pensé à
«On a vraiment envie de faire bouger les choses
ments préconisés pour le coro- arrêter d’être pompier volon-
et on pense aussi qu’il y a un sérieux travail à
navirus c'est-à-dire, un masque taire même pendant la pandé-
faire sur la prévention et sur l’information des
gens et c’est notre principale motivation. Nous
avons choisi d’être deux présidentes car on est
jeunes et tout seul, c’est pas évident au niveau
des décisions et tout ce qui va avec ; c’est mieux
de pouvoir compter sur quelqu’un.»

-Comment allez-vous vous lancer, parlez-nous


un peu de votre premier projet.

«Pour commencer, on a choisi de faire de la pré-


©Splash

vention au niveau des collèges et des lycées pour


parler du harcèlement scolaire. Si quelqu’un veut
nous joindre il peut le faire en nous envoyant un
chirurgical et des gants. mie du covid-19. « Peu importe mail à notre adresse qui est associationdeshe-
« C’est notre devoir » l’intervention, c’est notre devoir rites@gmail.com. »
Malgré le fait qu’ils se sont sans en temps que pompier volon- Karina
doute retrouvés plus d’une fois taire de venir en aide aux gens
en présence d’un « cas-covid », en détresse. »
ils nous révèlent que, jamais ils Maëelle Desbordes

15
2020 : examens annulés
Côté bac, C'est sympa ! »
Gabriel a 18ans. Il est élève de Ter-
minale à Marcelin Berthelot. Et il
est dispensé de bac du fait du co-
vid 19. Réactions.

La première réaction est positive : « Le


fait de ne pas passer son bac, c'est
sympa puisqu'il n'y aura pas le stress
et les nuits blanches à passer pour
réviser. » Mais, la 2ème réaction, c'est
un peu de regret : « J'aurais préféré
quand même pouvoir le passer comme
tout le monde avant moi! »

A la réflexion, ce sont les inconvé-


nients qui lui viennent à l'esprit. « Il y
aura sans doute beaucoup d'injustices
par rapport à certains élèves. Il y en a
qui auront triché tout le long de cette
moitié d'année et pendant cette pé-
riode de confinement ; alors que
d'autres se seront accrochés, auront
travaillé jusqu'au bout. Ces derniers,
qui ont certaines difficultés, ne seront
pas assez récompensés pour tous leurs
efforts fournis... »
Côté brevet, des regrets ©k’eskon_attend

Solany est élève de 3ème au collège Georges Sand. Comme tous


Pour Gabriel, au niveau suivi du travail, ses camarades, à cause du virus, le brevet qu'elle aurait dû passer,
certains professeurs n'étaient pas du elle l'aura « au contrôle continu ». Une nouvelle qui la laisse par-
tout présents durant cette période de
tagée, entre soulagement et regret. Témoignage.
confinement, c'est-à-dire une période
assez décisive pour l'avenir de chacun
Avant que le virus ne circule, elle stressait beaucoup de devoir passer le
quand on est en terminale. Et puis, il y
a les questions liées à l'orientation, brevet. Depuis qu'elle a appris la nouvelle qu'elle allait l'obtenir sur con-
toutes ces questions au sujet des par- trôle continu, elle ne stresse plus, bien sûr. Elle se demande encore si elle
cours supérieurs avec le doute de ne va devoir affronter un oral, ce qui l'inquiète. Et elle reconnaît qu'une part
pas être pris dans les études que les d'elle regrette : « Passer le brevet, c'était le moyen de savoir comment on
lycéens veulent. passe un examen. On va passer la fin de nos études dans le secondaire
« Nous n'avons pas les résultats du bac sans savoir ça. »
encore et il y a toujours doute. J'ai En fait ce qui l'embête le plus, c'est le regard des autres sur sa génération.
reçu mon affectation pour l'an pro-
« C'est la première fois, qu'il y a une situation comme celle-ci en France.
chain. Je suis accepté dans ce que je
On va nous regarder comme des élèves différents, pas comme des vrais
voulais. Je suis content et j'ai de la
chance par rapport à certains mais élèves ayant passé l'examen. » Il y a donc cette crainte que si certains
avoir son acceptation sans savoir si on vont y gagner parmi ceux qui n'auront pas à passer le bac ou le brevet,
a le bac, ce n'est pas terrible. » d'autres peuvent y perdre. « Il n'est pas sûr que ça aide tout le monde »,
Mais bon, il est serein puisqu'il a ja- conclut-elle.
mais arrêté de travailler Capellari Elsa
Lou-Anne David

16
Instants critiques
Durant ce confinement, nous avons eu plus de temps pour regarder des films, des séries, pour lire des livres,
regarder des captations de spectacles, écouter de la musique ou pour jouer aux jeux vidéo. Nous vous pro-
posons donc un condensé des meilleures (ou pires) découvertes de la rédaction, durant ce confinement.

Le livre : Max Le jeu vidéo : Animal Crossing


Écrit par Sarah Cohen-Scali, Max pourrait Sorti le 20 mars 2020, Animal Crossing New
être un simple livre historique. Pourtant, il Horizons était l’un des jeux les plus attendus.
se démarque grâce à une grande part de Et pour cause, avec des grands succès comme
fiction. Le protagoniste est un échantillon Animal Crossing New Leaf sur la Nintendo 3DS
©Gallimard

©Nitendo
parfait de la race aryenne. Et pour cause, il ou Animal Crossing Wild World sur la Wii U et
est le 1er nourrisson du programme Le- la Nintendo DS, l’annonce de son arrivée sur la
bensborn. Mis en place durant le 3ème dernière console Nintendo Switch a fait du
Reich, ce programme visait à mettre au bruit. Dans ce jeu, pas de quête ou de mission,
monde des purs représentants de la race aryenne, pour en- son principe est simplement d’offrir une seconde vie au joueur.
suite « régénérer l’Europe ». On découvre, dans ce livre, Lors du premier lancement du jeu, une simple présentation
l’endoctrinement des jeunes nazis. Bien sûr, Max est con- suffira, et l’aventure commence. Vous voyagez en direction
vaincu par le nazisme et par son leader Adolf Hitler. Malgré d’une île totalement déserte pour vous y installer. Avec vous
son mode de pensée (dû à son éducation), on ne peut s’em- dans la cabine de vol, un koala et une jument et aux com-
pêcher d’éprouver un certain attachement pour cet enfant. mandes, un dodo. Je vous rassure : vous ne rêvez
On vit, avec Max dans une école des élites du Reich, on dé- pas, seulement dans ce jeu vous serez le seul humain, tous vos
couvre par ses yeux les innombrables sélections pour trouver voisins ou visiteurs ont l’apparence d’animaux. Une fois arrivé,
des aryens types, la germanisation des jeunes Polonais, la vie votre vie insulaire peut débuter, pour l’instant vous vivez dans
des Berlinois, des réfugiés, des hauts dignitaires nazis ou des une tente, vous pouvez donc payer votre dette pour aménager
prisonniers des camps… C’est cette grande diversité de votre habitat, mais rien ne presse vous pouvez aussi aller pê-
points de vue qui fait la richesse de ce livre et du personnage cher, parler aux autres résidents, décorer votre ville ou arracher
Max. Un roman remarquablement documenté, à la fois fasci- les mauvaises herbes. Votre île accueillera ensuite un musée où
nant et glaçant. V.Maisonneuve, critique littéraire. vous pourrez exposer fossiles, insectes, poissons et même ta-
bleaux, ou un magasin qui proposera des objets exclusifs, des
couturières qui vendront des nouveaux vêtements... Votre île
Le spectacle : Confinementalisme prendra un tel essor qu’elle accueillera plus d’habitants et évo-
Évidemment, il est plus difficile, lorsqu'on est luera au fil de vos parties. Un jeu simple, avec une infinité de
©L.Gilli

enfermé chez soi, de voir un spectacle au théâtre. personnalisations possibles, qui permet de s’évader tout en
Pour remédier à ce problème, Fabien Olicard, un restant chez soi. Victor Maisonneuve, critique gaming.
mentaliste très présent sur les réseaux sociaux, a
décidé de créer un nouveau spectacle :
« Confinementalisme ». Une représentation pu- Le jeu de société : Duplik
bliée, gratuitement et en direct, sur les plate- Sur la boîte, il est écrit « Une horreur
formes Twitch, YouTube et Facebook. Fabien gribouillée par votre petite sœur peut
Olicard, mentaliste de profession, a réalisé des

©Asmodee
l’emporter sur un chef-d’œuvre digne
livres ainsi que plusieurs jeux de société, mais il de Léonard de Vinci ! » et c’est vrai !
est aussi très présent sur internet notamment YouTube. Il est aus- Duplik est un jeu de dessin, mais pas
si passionné par de nombreux domaines comme la psychologie, besoin d’avoir un bon coup de crayon !
l’illusionnisme… La 1ère partie de son spectacle a été choisie par Le principe est simple : un des joueurs
ses abonnés Instagram. Le gagnant : l’artiste peintre Zapata. Il prend une carte. Au lancement du sablier, il doit décrire,
réalise des portraits assez réalistes, mais d'une façon particulière : le plus fidèlement possible, l’image dessinée sur sa
il dessine avec une marionnette. Le spectacle de Fabien est com- carte. Les autres joueurs tentent de représenter sur
posé d'une dizaine de numéros. Les tours utilisaient de la logique, papier la description entendue, pour obtenir une image
du mentalisme, de la mémorisation et du calcul mental. Ce spec- ressemblant au modèle. À la fin du sablier, le jeu se
tacle permettait de découvrir les différentes passions de Fabien stoppe et on regarde les critères de points. Par exemple,
Olicard, mêlant captations de sa tournée et numéros en direct. si l’une des conditions est : « On voit les deux oreilles du
Les tours qui m'ont le plus impressionnés sont ceux de mémorisa- personnage », les joueurs qui ont dessiné les deux
tion (avec 30 mots, aléatoires, retenus dans le désordre) et les oreilles remportent 1 point. La difficulté ? Le temps,
tours de magies/triches. Certains numéros étaient interactifs et ils relativement court, qui vous empêchera de décrire tous
pouvaient nous bluffer même à travers l'écran. En bref : un spec- les détails de votre carte. Un jeu amusant qui nécessite
tacle impressionnant, amusant et surtout très plaisant à voir. Je peu d’installation et qui a une grande variété de dessins.
pense que c'est un bon coup de pub pour Fabien Olicard, un pari Seul bémol : vous ne pourrez pas y jouer avec des
audacieux qu'il a su relever ! jeunes enfants car ce jeu nécessite (pour en profiter
Liens pour découvrir Fabien Olicard sur Instagram et YouTube et pleinement) une certaine maturité et maîtrise du voca-
sur www.fabienolicard.fr bulaire.
Liens pour découvrir Zapata: Instagram Victor Maisonneuve, critique loisirs.
Victor Maisonneuve, critique scénique.

17
Yohan Durand, diaboliste
Yohan Durand a un métier hors du commun, il est diabo-
liste. Cela ne vous dit rien ? C'est l'art de manier un objet

Crédit photo affiche : Joanny VITTA / création : Grafik. Céline


que vous connaissez tous: le diabolo. Rencontre avec un
artiste autant impressionnant que sympathique.

autres diabolistes pour business international et Anglais litté-


deux raisons. La pre- raire. Selon lui, la personne qui l'a le
mière, c'est que, dans plus aidé à progresser est l'un de ses
ses spectacles, il mêle amis, qui lui a apporté des critiques
trois arts : le diabolo, la constructives « et Vincent m'a même
danse et le théâtre. Il parfois engueulé !» Cela l'a aidé a
fait des spectacles in- corriger ses erreurs.
cluant des textes poé- L'échauffement d'un diaboliste
tiques, contrairement
aux autres diabolistes, Pour se préparer, Yohan Durand,
plus statiques et sans s'échauffe le corps avec des étire-
texte. Mais Yohan Du- ments et de la musculation mais les
rant pratique aussi exercices peuvent varier en fonction
d’autres loisirs sportifs de la durée du spectacle. Ce qu'il
et artistiques comme le préfère dans ses spectacles, c'est

V
ous avez tous déjà fait du théâtre, l'acrobatie et, de plus en l'échange avec le public et ses réac-
diabolo, mais certains en ont plus, la danse. Selon lui, il est « entre tions, mais il aime aussi bien sûr faire
fait leur métier. C'est le cas danseur et diaboliste », mais il ex- des figures et répéter.
de Yohan Durand, qui en a plique : « Je ne peux pas me considé- Selon lui, il s'est inspiré de nom-
fait sa profession. Il a découvert le rer comme danseur, car je n'ai pas la breuses personnes, des diabolistes
diabolo en 2009 et raconte l'histoire même technique et le même niveau bien sûr mais aussi d'autres artistes
de cette première rencontre : «Une qu'au diabolo ». comme des marionnettistes, des jon-
année, à Noël, alors que je n’avais gleurs, des acrobates et des comé-
La deuxième particularité de Yohan
pas demandé de diabolo, j'en ai eu Durand est plus amusante car ses diens. Il s'inspire, parfois inconsciem-
un. L'année d'après, je partais en va- ment, de ce qu'il aime. «Il y a des
spectacle sont accompagnés de trois
cances et je me suis dit : bon, je l'em- personnages principalement : Kevin, gens qui m'ont inspiré et qui ne m'ins-
mène. Et j'ai complètement accro- Lilas et Charly qui sont ses diabolos. Il pirent plus aujourd'hui, c'est en fonc-
ché. » Il n'a pas arrêté le diabolo et il raconte : « À force de travailler avec tion des périodes de ma vie ».
a fini par progresser. Pour lui, le dia- eux, ils sont devenus comme mes
bolo est passé de loisirs à profession Victor Maisonneuve
potes. J'ai senti parfois qu'ils ne vou-
en 2015, quand il a pu vivre de ses laient pas aller là où je le souhai- Un grand merci à Yohan Durand
revenus. Aujourd'hui, il est diaboliste pour ses réponses efficaces et
tais, ils ont comme une volonté ».
professionnel et son salaire est va- sympathiques.
riable en fonction de ses spectacles Un artiste productif
et des compagnies qui l’accueillent. Il Yohan Durand tourne avec trois
dit : « Si je fais un spectacle pour une grands spectacles : « c'est idiot mais
entreprise, j'aurais un plus grand re- ça colle à la peau » (45 min), « qui
venu que si je travaille pour une pe- tire les ficelles ? » (7 min) et plusieurs
tite compagnie, mais je suis plus libre numéros pour cabaret ou cirque. Il a
en travaillant avec ces compagnies ». aussi un spectacle qui s'adresse plus
En 10 ans de pratique Yohan Durand aux connaisseurs « car les choses plus
n'a jamais pris de cours de diabolo, il compliquées ne sont pas les plus im-
a simplement lu des livres, regardé pressionnantes ». Ce spectacle lui
des vidéos sur le diabolo et échangé permet donc de montrer ses compé-
avec d'autres diabolistes mais il n'a tences et sa technique. Pourtant Yo-
surtout jamais arrêté de travailler et
À voir : le site de Yohan Durand
han Durand ne se destinait pas au avec des superbes photos, les
a persévéré. métier de diaboliste. Il a, en effet,
date de ces prochains spectacles…
Un diaboliste original suivi des études d'Anglais avec une
www.yohan.durand.com
Licence littéraire et un Master de
Yohan Durand se démarque des

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Rien ne cloche au carillon de Châtellerault !
Le carillon est un instrument rare et original. À Châtellerault, on trouve le carillon Bollée de l’église Saint-
Jacques. Avec ses 52 cloches, ce carillon est l’un des plus grands de France. Rencontre avec Cécile Poyant, pro-
fesseur au Conservatoire de Châtellerault qui, dans ses temps libres, fait vivre le carillon.

(carillonneur depuis 1965 à Un peu d’histoire


Châtellerault) et y joue de-
Les premiers carillons modernes appa-
puis quelques années pour
raissent au 16ème siècle, aux Pays-Bas
continuer à faire vivre ce
et en Allemagne. Ces instruments
magnifique instrument. Elle
étaient déjà composés de cloches ac-
s'investit aussi pour faire
tionnées par un clavier et un pédalier.
découvrir et rendre acces-
Le carillon de l'église St Jacques de Châ-
sible l'art des cloches au
tellerault est l’un des plus grands de
public.
France. Il est composé de 52 cloches
“Le plus "origénial" des réparties sur les deux tours. Il a été
instruments !” fondu en 1867 par Ernest Bollée, le
célèbre maître saintier (fondeur de
Cécile nous dit, le carillon
cloches) français du 19ème siècle. La
©k’eskon_attend ©k’eskon_attend est “origénial”. Il est très
particularité de ce carillon est qu’il
original pour plein de rai-
peut fonctionner avec 2 systèmes dis-

C
sons : on ne peut pas le transporter,
écile Poyant est enseignante de tincts : le jeu manuel (clavier et péda-
chaque instrument créé est unique par
Formation Musicale au conserva- lier) ou le jeu automatique (avec un
son nombre de cloches, son méca-
toire Clément Janequin à Châtel- rouleau comme une énorme boîte à
nisme etc. (il n’y a pas de modèle de
lerault. Elle a étudié le piano, musique !). Aujourd’hui, la plupart des
carillon standard). Mais le carillon est
l’orgue et l’accompagnement dans plu- carillons se trouvent dans le Nord de la
tout aussi génial pour la particularité
sieurs conservatoires, puis elle a étudié France, et beaucoup ont été détruits,
de son timbre (cet instrument a pu
l'analyse de la musique et s'est perfec- ce qui rend celui de Châtellerault d’au-
inspirer beaucoup de compositeurs
tionnée au Conservatoire National Su- tant plus rare. Il ne reste que peu de
pour claviers ou orchestres).
périeur de Musique et de Danse de carillons en état d’être joués et il existe
Paris . Le carillon appartient à la famille des encore moins de classes de carillon. Cet
claviers. Ils se jouent avec les mains et instrument est un peu plus développé
Cécile est depuis longtemps attirée par
les pieds. Son clavier est dit " à coups en Belgique, Allemagne et aux Pays-
la pédagogie et le jeu autour du son. En
de poing" car on y joue avec les mains Bas.
plus de ses cours de formation musi-
"fermées", le pédalier lui se joue avec
cale, elle accompagne souvent, au con- En vue d’une potentielle restauration
les pieds. Ce qu’on appelle la
servatoire et à l'extérieur, des chan- du carillon de l’Église St Jacques, Cécile
“tringlerie" relie directement les
teurs ou ensembles vocaux au piano ou Poyant souhaiterait développer l’activi-
touches aux marteaux. Chaque cloche a
à l’orgue. Elle a aussi mis en place des té de celui-ci , notamment via l’ouver-
un marteau qui la fait sonner. Pour être
cours d'Histoire de la Musique, d'ana- ture d’une classe de carillon en lien
considéré comme un carillon, l’instru-
lyse, et un atelier Créa'son (création avec le Conservatoire Clément Jane-
ment doit posséder au moins 23
d’instruments à partir de matériaux de quin.
cloches (équivalent de 2 octaves).
récupération et jouer avec de nou- Félix Le Saulnier et Victor Maisonneuve
veaux sons). Il existe du répertoire propre au caril-
lon mais comme tous les carillons sont
Le carillon, instrument insolite
uniques, le compositeur va en général Infos :
Cécile Poyant nous dit qu’elle aime composer son morceau pour un caril- Chaque année, la Guilde des Carillon-
aussi l’insolite. Elle raconte : “ J’ai pro- lon spécifique. C’est pour ça qu’il faut neurs se regroupe pendant 2 ou 3
bablement découvert le carillon lors de souvent adapter les pièces (pour caril- jours, occasion de rencontrer les caril-
visites dans ma jeunesse, cet instru- lon ou non) à son propre instrument. lonneurs de France et d'Europe. De
ment correspond parfaitement à l'inso- Cela peut être un métier à part en- nombreux concerts sont donnés dans le
lite que je recherche, et c’est égale- tière : selon l'endroit où il se trouve, et lieu choisi (qui était Châtellerault en
ment l'ombre dans laquelle reste le selon la culture du territoire. Souvent 2017). Il existe également la Journée
métier de carillonneur qui m’attire !” un carillonneur est titulaire de l'instru- Nationale du carillon (souvent le deu-
Depuis quelques années, Cécile s'inté- ment, il assure les concerts réguliers, xième weekend d'octobre) où visites et
resse au carillon de Châtellerault. Elle les visites patrimoniales, les cours. concerts sont organisés dans toute la
s’y forme avec Jacques Daunizeau
France.

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Maillé, une ville souvenir !
©k’eskon_attend

Le 25 août 1944, Maillé, petit village


d'Indre et Loire, entre dans l'histoire,
côté tragédie. Un petit village tranquille
qui croise la guerre et devient village
martyr. Pourquoi et comment ça s’est
passé ? Nous sommes allés sur place.

C
’était à Maillé, en Touraine. Tout a
commencé le 24 août, quand les
maquisards des forces françaises
se sont installés dans une ferme à
2 km au nord nord-est de Maillé.
Le 25 août au petit matin, le jour de la
libération de Paris, deux voitures alle-
mandes se dirigeant sur Maillé sont pas-
sées à proximité de la ferme où se trou-
vaient les maquisards qui ouvrirent le
feu et tuèrent ainsi quelques allemands.
©k’eskon_attend

Des représailles sont décidées dans la


nuit : c’est au final 124 personnes qui en
furent les victimes. Un mot a été dépo-
sé : « c’est la punition des terroristes et
de leur assistants » par un soldat SS. Le
25 août, les allemands ont rayé le village
de la carte.

La reconstruction

Cette histoire est très proche de celle


d'Oradour-sur-Glane, autre village Mar-
tyr peut-être plus célèbre et attirant au-
jourd'hui de nombreuses personnes en
pèlerinage. Maillé est plus oublié, sans
doute parce que le massacre s'est dérou-
lé au même moment que la libération de
Paris. Sans doute aussi parce les répara-
©k’eskon_attend

tions ont été rapides.


Un petit moment après la tuerie le vil-
lage est passé dans les médias et un
couple de riches américains, sensible à la
détresse de ce village, l'ont parrainé. Ils
ont envoyé sur place, dans le petit village
de Touraine, de quoi se nourrir, des cou-
vertures…
Après 9 ou 10 ans de reconstruction, le
village est totalement reconstruit de la
même façon, comme s'il ne s’était rien
passé. Plus de ruines, donc, sinon des
plaques qui témoignent.
ET l'effort des habitants qui ont voulu
garder ce souvenir un peu sombre pour
ne pas oublier ce que le village a vécu.

Euphémia Charlot Candice Chartier

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