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Sous la direction de
Ouerdia SADAT YERMECHE
Farid BENRAMDANE
Sommaire
81 Hydronymie et politique
Hervé GUILLOREL
227 Le paradigme des noms propres dans les textes de Tahar Djaout
Belaïd DJEFEL
(1)
Mohand TILMATINE
Introduction
Ces dernières années, le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) a
montré l’intérêt qu’il porte aux questions de toponymie et d’onomastique
en général grâce notamment à l’organisation d’un certain nombre de
conférences sur le sujet. C’est bon signe. Il faudrait continuer sur cette
voie. La question serait de savoir comment capitaliser cet intérêt pour
qu’il soit d’un apport spécifique et conforme à sa mission principale : la
valorisation de la langue et culture amazighes.
En effet, des travaux existent par ailleurs, des constats ont été faits,
des diagnostics établis, des institutions et des spécialistes travaillent
depuis quelques années avec des résultats tout à fait honnêtes dans ce
domaine. Mais alors ? Le problème réside dans l’identification de la
langue de référence des toponymes et, d’une manière plus générale, de la
place de l’amazighité dans la politique toponymique du pays.
Et là, comme souvent, nous butons sur un problème récurrent : un
discours et une pratique politiques qui ne tiennent pas compte de la
réalité linguistique et toponymique en Algérie.
Dans les lignes qui suivent, j’essayerai, à cet effet, de mettre en
exergue trois points principaux :
A- l’importance de la toponymie comme patrimoine immatériel d’une
langue et d’une culture d’une part, et d’autre part, son absence de
visibilité due principalement à une contradiction, maintes fois soulignée
en Algérie et en Afrique du Nord, entre ce que les linguistes appellent le
statut et le corpus des langues et de leurs parlants.
B- Or, cette situation semble aujourd’hui de plus en plus
anachronique. En effet, suite à des pressions revendicatives très
importantes et de longue haleine, les évolutions sociales et les avancées
dans le statut de la langue et cultures amazighes ont tout de même abouti
sur des changements parfois notables. Même si la situation actuelle est
loin d’être satisfaisante, il est clair que l’état de la toponymie algérienne et
nord-africaine, en général, ne suit pas ces évolutions et se trouve bien en
(1)
UCA, Université de Cadix, Espagne.
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Ouvertures ?
Malgré l’opposition actuelle des autorités et pouvoirs locaux, il est
clair que l’Algérie, aura de plus en plus de difficultés à nier l’évidence
d’une réalité toponymique amazighe.
Les développements que connaît la langue amazighe en Afrique du
Nord s’imposent comme réalité sociale, culturelle et politique
incontournable et touche des domaines bien divers : Le champ
1
Voir par exemple, le Résumé du rapport de Margarita Azcárate y Adela Alcázar du Service
de Toponymie de l’Institut Géographique National espagnol (2002).
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4
Prasse, Ghoubeïd et Ghabdouane, 2003, p. 579.
5
Cheriguen, 1993, p.157.
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6
Nations Unies, 1967.
7
Selon la formule de Bras, J.-Ph., 2004, pp. 545 et suivantes.
8
PCGN, 2003.
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9
Sabatier, cité d’après Ageron 1968, p.187; Yermèche, 2004, p.489.
10
Mercier, 1924 ; Toudji, 2005 et Mebarek, 2005.
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2.2. De/re-baptiser ?
Dans les exemples précédents, des toponymes locaux ont été
« adaptés » aux langues officielles, d’abord française puis arabe
(classique). Dans d’autres cas, ces politiques ont été plus loin avec la
création ou la substitution de toponymes locaux par de nouveaux, sensés
refléter l’idéologie des nouveaux tenants du pouvoir. Une pratique qui
s’étend d’ailleurs à tous les domaines de l’onomastique (Benramdane
2005, Benramdane/Atoui 2005).
Différents cas peuvent se présenter :
1º- La création pure et simple (exemples nº 1, 2 et 3)
2º- Traduction du toponyme vers l’arabe (exemple 4)
3º- Interprétation erronée du toponyme original dans sa réalisation
arabisée (Nº5).
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El Watan, le 26.09.10
12
JORADP, 1981. (Voir bibliographie ! Journal Officiel de la République Algérienne…)
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Atoui, 2002.
14
Correspondance personnelle de la Présidente du GENUNG, Mme Helen Kerfoot du 29
janvier 2009 avec copie au représentant algérien, Vice-président du GENUNG, Coordinateur
du Task Team for Africa du GENUNG et en même temps, Secrétaire Général du CNIG en
Algérie.
15
PCGN, p. 9, note 39.
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immatériel à l'échelle nationale, prévoit dans son Article 11 (Rôle des Etats
parties), qu’il appartient à chaque Etat partie :
(a) de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sauvegarde du
patrimoine culturel immatériel présent sur son territoire ;
(b) parmi les mesures de sauvegarde visées à l'article 2, paragraphe 3,
d'identifier et de définir les différents éléments du patrimoine culturel
immatériel présents sur son territoire, avec la participation des
communautés, des groupes et des organisations non gouvernementales
pertinentes.
Notons que l’Algérie a adhéré et ratifié par décret présidentiel n°4-27,
la convention de l’Unesco pour la protection du patrimoine culturel
matériel et immatériel en mars 2004 et que le pays est parfaitement bien
positionné sur le plan international et plus particulièrement au sein du
GENUNG – rappelons que son représentant en est le Vice-président –
pour changer la donne dans le sens d’une prise en compte de l’amazigh.
En attendant, à priori, rien n’empêcherait une structure comme le
HCA, de commencer à se centrer sur un travail de réflexion, d’études et
de propositions de type académique et scientifique.
3.3. Composition
En attendant la création, un jour peut-être, d’une hypothétique
Commission kabyle de toponymie, il est clair que le HCA, pour mener à
terme ce genre de projets, pourrait miser sur un travail de coordination
souple entre les différents agents concernés, en collaborant avec les
spécialistes berbérisants, aujourd’hui de plus en plus nombreux, dans les
départements ou instituts de langue amazighe de Tizi-Ouzou, Bejaia,
Bouira ou plus généralement en Europe.
Son statut d’institution étatique devrait faciliter le contact et l’accès
aux travaux réalisés par des institutions nationales de toponymie comme
l’INCT, le CNIG ou le CPST.
De par son statut et son rôle, le HCA avec l’appui de ces institutions
spécialisées devrait aspirer à se poser en tant que référence pour les
toponymes amazighes, en offrant sa collaboration aux spécialistes
berbérisants pour les travaux d’inventaires, de standardisation et de
codification de ces toponymes, mais aussi en vue de bénéficier des
formations en toponymie que pourraient dispenser les institutions
algériennes spécialisées en la matière.
Enfin, last but not least, la sauvegarde du patrimoine toponymique
amazigh en général et kabyle en particulier, ne dépendra pas seulement
de la volonté politique de l’Etat à le prendre en charge, mais surtout de la
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Bibliographie
Ageron, Ch. A., Les Algériens musulmans et la France (1871-1919), t.1, Paris,
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Allemagne.
http://unstats.un.org/unsd/geoinfo/UNGEGN/docs/8th-uncsgn-
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Benramdane, Farid (Coord.), Des noms et des noms... Etat civil et anthroponymie en
Algérie, Oran, Edition CRASC, 2005.
Benramdane, Farid et Atoui, Brahim (Coord.), Toponymie et anthroponymie de
l'Algérie : recueil bibliographique général, Oran, Edition CRASC, 2005.
Bras, J.-Ph. « La langue cause national(e) au Maghreb », dans J. Dakhlia
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d’Algérie », dans Timmuzya 21 [Revue du Haut-Commissariat à l’Amazighité],
2010, pp. 23-34.
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