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Kultur Dokumente
Par :
KHARI BOUKAR
Octobre 2010
UNIVERSITE DE DSCHANG
THE UNIVERSITY OF DSCHANG
Par :
KHARI BOUKAR
Superviseur : Encadreur :
Octobre 2010
ii
FICHE DE CERTIFICATION DE L’ORIGINALITE DU TRAVAIL
Je soussigné, KHARI BOUKAR, atteste que le présent mémoire est le fruit de mes
propres travaux effectués au Centre d’Etudes de l’Environnement et du Développement au
Cameroun (CEDC) sous la supervision de Pr. AJAGA NJI, enseignant à la Faculté
d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l’Université de Dschang et avec
l’encadrement de M. ROLAND ZIEBE, Chercheur au CEDC et Assistant à l’Institut Supérieur
du Sahel (ISS) de l’Université de Maroua.
Ce mémoire est authentique et n’a pas été antérieurement présenté pour l’acquisition de
quelques grades universitaires que ce soit.
KHARI BOUKAR
Date :……/……/……
Visa du superviseur
Date :……/……/……
Date :……/……/……
iii
DEDICACE
A AMINA, mon épouse. J’ai pu compter sur ton soutien et ce travail est
aussi le fruit des sacrifices que tu as consentis.
A mes fils BOUKAR et ABBA. Pour réaliser ce travail, il n’a pas été
possible pour moi d’être à vos côtés tout le temps. Je vous dédie ce travail en
paiement partiel de ma dette.
iv
AVANT-PROPOS
L’agriculture a toujours été considérée comme un secteur important dans les stratégies de
développement du Cameroun. Cette considération découle de son poids dans l’économie du pays. Le
secteur a toujours occupé plus de 60% de la population active, et représenté au moins 15% des
ressources budgétaires du pays et ¼ à 1/3 du PIB. Par ailleurs, il induit d’importants effets
d’entraînement sur les autres secteurs économiques (Tobie, 2006). Cela constitue une raison
importante pour que le Cameroun accorde un intérêt particulier à l’enseignement supérieur agricole.
Le cycle des ingénieurs agronomes a une durée de cinq (05) années au cours de laquelle
quatre (04) stages doivent être effectués par les étudiants, en occurrence le stage d’insertion
professionnelle qui fait l’objet du présent document. Ce stage a lieu à la fin de la cinquième année
du cycle et a une durée de six (06) mois. Il se déroule dans une institution qui est négociée par
l’étudiant avec l’appui de la faculté. A cet effet, le Centre d’Etudes de l’Environnement et du
Développement au Cameroun (CEDC) et la Cellule d’Appui au Développement local Participatif
Intégré (CADEPI) ont constitué de cadres pour le déroulement de ce stage. L’objectif principal de ce
stage est d’initier l’étudiant à la recherche scientifique et aux tâches professionnelles. A cet effet,
nous nous sommes intéressés à un sujet qui préoccupe toutes les nations du monde, le conflit. Le
thème est «impact socio-économique des conflits liés aux ressources halieutiques : cas de la
plaine d’inondation du Logone (Extrême-Nord, Cameroun)». Notre intérêt porté sur l’étude
d’impact des conflits se justifie par plusieurs arguments : primo, durant notre vie professionnelle
passée dans un projet de la coopération Germano-Camerounaise entre 1999 et 2003, nous avons eu
l’opportunité de conduire plusieurs processus de gestion des conflits liés aux ressources naturelles
particulièrement entre éleveurs et agriculteurs. Au cours de cette expérience, nous avons pu cerner la
complexité des conflits et leur interconnexion avec d’autres problématiques. Deuxio, à partir de 2004
à 2006, j’ai travaillé pour une association locale de développement dont je suis membre fondateur.
v
Cela a constitué encore une autre occasion pour travailler sur les conflits. Tertio, quand je suis rentré
à l’école en fin 2006 mon intérêt pour les conflits était toujours fort et j’ai commencé à m’intéresser à
la plaine d’inondation de Waza-Logone qui semblait être un foyer à conflits depuis les changements
hydrologiques intervenus vers les années 80. L’exploitation des différentes littératures faisait état
d’une croissance de conflits mais très peu d’études ont été conduites pour connaître leur impact aussi
bien sur les populations que sur les ressources naturelles. C’est donc sur la base de ces éléments que
nous avons décidé de travailler sur l’impact socioéconomique des conflits liés aux ressources
halieutiques dans la plaine d’inondation de Waza-Logone.
Au moment où nous commencions les activités de terrain dans le cadre de cette étude, le
Projet de Développement Durable du Bassin de Lac Tchad (PRODEBALT), le Projet de
Développement Rural Intégré du Chari & Logone (PDRI-CL) et le projet de Sécurisation des
moyens d’existence des communautés par le développement durable du Parc National de Waza
et sa périphérie dénommé « Projet MINFOF- UICN-PPTE » s’organisent pour leur mise en place
dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. Nous pensons sans nul doute que les résultats de ce
travail leur permettront chacun en ce qui le concerne de mieux cadrer leurs interventions et apprécier
leur futur impact. Par ailleurs, ACEEN et CADEPI qui travaillent déjà avec les pêcheurs sur les
questions de gouvernance trouveront certainement dans ce document les éléments pertinents pouvant
aider à mieux orienter leurs interventions dans la zone.
Les résultats de cette étude pourront également constituer une base scientifique pour l’Institut
Supérieur du Sahel (ISS) de l’Université de Maroua dont les programmes d’enseignement sont
principalement orientés sur les questions de développement du Sahel. Les départements des sciences
sociales pour le développement, agriculture et élevage et produits dérivés, sciences
environnementales et maîtrise des questions des eaux trouveront certainement dans ce document des
éléments pouvant alimenter les débats scientifiques au cours des enseignements.
Nous souhaitons une bonne lecture à tous ceux et celles qui s’intéresseront au présent
document et leurs suggestions seront les bienvenues au contact suivant :
E-mail : khari_boukar@yahoo.fr
Tél : (+237) 99 58 03 49
vi
REMERCIEMENTS
Tout en remerciant Dieu Tout Puissant pour l’aboutissement de ce travail, nous voudrions
exprimer notre profonde gratitude aux personnes suivantes qui ont apporté une contribution
significative à notre formation et à l’élaboration de ce document :
- Au Pr Ajaga Nji, superviseur de cette étude. Sa disponibilité et son engagement ont été
d’une grande importance pour la réalisation de ce travail. Il a chaque fois accordé le
temps nécessaire pour lire mes textes et me donner des conseils utiles pour avancer ;
- Au Dr Jean Pierre Mvondo Awono, Coordonnateur du CEDC et toute son équipe pour
avoir accepté que cette étude soit réalisée sous son encadrement et pour les divers appuis
reçus durant notre séjour pendant le stage ;
- A toute la famille Bangui David à Lahaï et particulièrement à son fils Albert Bara pour
leur hospitalité et soutien durant la phase de collecte des données sur le terrain ;
- A François Evélé, Albert Bara et Esaïe Minisng, pour leur appui à la collecte des données
de terrain ;
vii
- A MM. Lawane, Mohamadou, pour leurs divers appuis;
- A ma femme Amina et mes deux enfants Boukar et Abba pour leur soutien sans faille
durant ma formation et ce stage ;
Mes remerciements aux nombreuses personnes qui nous ont reçus pour les enquêtes et
entretiens : pêcheurs, chefs traditionnels, autorités administratives, responsable des structures
d’appui, etc.
Je tiens à remercier tout particulièrement toute ma famille pour son soutien durant toute
ma formation. Je pense donc à mon père Boukar Sali et à ma mère Adamma Adama ; à mes
frères et sœurs Banna, Abba, Sali, Oumar, Adoum, Bappa, Nouhou, Abba Dama, Yanoussé,
Haïcha, Didja, Yamina, Madda, Baba, Abba Dzermou et Alhadji Oumatadji.
Je ne manquerai pas de remercier tous mes camarades de la 13ème promotion pour
l’assistance mutuelle durant notre séjour à Dschang. Je cite particulièrement mesdames Ndassi
Marie et Njikee Immaculée Julienne ; mesdemoiselles Oumoul Ousmanou, Wikondi Jeanne,
Mapeang Jeanne, Kutchéré Christine et Yiita Béatrice ; messieurs Guelang Georges, Houmoua
Christian, Kechegnia Willy, Matakon Yagai, Matassai et Tchala Fouda François.
Ma reconnaissance va également à l’endroit de mes camarades de stage au CEDC pour
les moments chaleureux passés ensemble. Il s’agit de messieurs Guimbirke Garba, Nzegang
Tchuisseu Miguel, Teizem Sonkeng Benoît et Tchikoua Christophe et mademoiselle Ngabo
Tchuateune Aolivia
Mes remerciements s’adressent également aux personnes ci-après pour leur soutien
durant notre séjour à Dschang : mesdemoiselles Ngounoué Homsi Felly, Mehithang Lucie et
Tcheutchoua Charline Noëlle, messieurs Cheik Daouda, Pafou, Danboya Emmanuel, Chindanne
Abel, Iya Abdoul Kadiri, Aboubakar Iyabano, …
viii
TABLE DES MATIERES
ix
2.2.2. Les causes des conflits liés aux ressources naturelles.....................................................21
2.2.3. La gestion des conflits liés aux ressources naturelles .....................................................23
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L’ETUDE................................................................25
3.1. Présentation de la zone d’étude..............................................................................................25
3.1.1. Localisation géographique .............................................................................................25
3.1.2. Le milieu physique ..........................................................................................................27
3.1.2.1. Le climat...................................................................................................................27
3.1.2.2. Sols et végétation .....................................................................................................28
3.1.2.3. La faune et la biodiversité de la zone.......................................................................29
3.1.2.4. Hydrologie de la zone ..............................................................................................31
3.1.3. Le milieu humain ............................................................................................................34
3.1.4. Les principales activités économiques de la zone...........................................................36
3.1.4. 1. L’élevage.................................................................................................................36
3.1.4. 2. La pêche ..................................................................................................................38
3.1.4. 3. L’agriculture............................................................................................................41
3.1.4. 4. Autres activités économiques..................................................................................42
3.1.5. Les conflits ......................................................................................................................43
3.1.5.1. Les conflits hommes – faune....................................................................................43
3.1.5.2. Les conflits pour le contrôle des mares entre les populations..................................44
3.1.5.3. Les conflits entre le service de la conservation et les populations riveraines au Parc
...............................................................................................................................................44
3.1.5.4. Les conflits agropastoraux, et entre éleveurs – pêcheurs .........................................44
3.2. Types des sources des données et instruments de collecte.....................................................45
3.2.1. Sources primaires ........................................................................................................45
3.2.2. Sources secondaires.....................................................................................................46
3.3. Population et échantillonnage ...............................................................................................46
3.3.1. Population de l’étude...................................................................................................46
3.3.2. Technique de l’échantillonnage et la taille de l’échantillon........................................46
3.4. Traitement et analyse des données .........................................................................................48
3.5. Limites de l’étude...................................................................................................................48
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSION....................................................................49
4.1. Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés.............................................................49
4.1.1. Répartition des enquêtés suivant leur âge .......................................................................49
4.1.2. Répartition des enquêtés selon leur activité ....................................................................50
x
4.1.3. Proportions des enquêtés selon leur système d’éducation et leur niveau d’instructions.50
4.1.4. Répartition des enquêtés suivant leur ethnie ...................................................................52
4.1.5. Répartition des enquêtés suivant leur religion ................................................................53
4.1.6. Taille des ménages ..........................................................................................................53
4.2. Typologie et manifestation des conflits dans la plaine d’inondation .....................................54
4.2.1. Conscience de l’existence des conflits dans la zone .......................................................54
4.2.2. Types de conflits fréquents dans la zone.........................................................................54
4.2.3. Implication des enquêtés dans les conflits entre pêcheurs ..............................................55
4.2.4. Différentes formes de manifestations des conflits entre les pêcheurs.............................56
4.2.5. Durée des conflits entre pêcheurs dans la zone...............................................................57
4.2.6. Fréquence des conflits dans la zone ................................................................................57
4.2.7. Influence de la ré-inondation de la plaine d’inondation sur les conflits entre les pêcheurs
...................................................................................................................................................58
4.2.8. Conflits remarquables dans la plaine ces cinq dernières années.....................................60
4.3. Causes et acteurs à l’origine des conflits ...............................................................................62
4.3.1. Acteurs à l’origine des conflits........................................................................................63
4.3.2. Causes des conflits liés aux ressources halieutiques.......................................................65
4.4. Intervenants dans la gestion des conflits et leur efficacité .....................................................68
4.4.1. Intervenants dans la gestion des conflits liés aux ressources halieutiques......................69
4.4.2. Types de conflits liés aux ressources halieutiques par intervenant dans la gestion des
conflits.......................................................................................................................................70
4.4.2.1. Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par la médiation des amis
et des groupes ........................................................................................................................70
4.4.2.2. Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par les autorités
traditionnelles ........................................................................................................................71
4.4.2.3. Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par la Sous-préfecture
/Gendarmerie.........................................................................................................................71
4.4.3. Prédominance de l’intervenant dans la gestion des conflits............................................73
4.4.3.1. Chefferies traditionnelles .........................................................................................73
4.4.3.2. Sous-préfecture/gendarmerie ...................................................................................73
4.4.3.3. Justice (Parquet) .......................................................................................................74
4.4.4. Efficacité de l’intervenant ...............................................................................................74
4.4.5. Satisfaction des parties en conflit par rapport aux décisions prises par l’intervenant..... 75
4.4.5.1. Appréciation des jugements rendus par l’autorité traditionnelle .............................75
4.4.5.2. Appréciation des jugements rendus par la Sous-préfecture /Gendarmerie ..............76
xi
4.4.5.3. Appréciation des jugements rendus par la justice ....................................................77
4.5. Impact des conflits .................................................................................................................77
4.5.1. Influence des conflits sur la paix sociale et les actions communautaires....................... 78
4.5.2. Influence des conflits liés aux ressources halieutiques sur les groupes vulnérables
(femmes, enfants et vieux). .......................................................................................................79
4.5.2.1. Conséquences des conflits sur les femmes...............................................................79
4.5.2.2. Conséquences des conflits sur les enfants................................................................80
4.5.2.3. Conséquences des conflits sur les vieux ..................................................................80
4.5.3. Influence des conflits sur la quantité et la qualité des poissons dans la plaine
d’inondation de Waza Logone ..................................................................................................81
4.5.3.1. Conséquences des conflits sur la quantité des poissons capturés dans la plaine...... 81
4.5.3.2. Conséquences des conflits sur la qualité (diversité) des poissons capturés dans la
plaine d’inondation de Waza-Logone ...................................................................................82
4.5.4. Argent dépensé pour le règlement des conflits liés aux ressources halieutiques ............83
4.5.5. Influence des conflits sur la pauvreté dans la zone .........................................................84
4.5.6. Influence des conflits sur l’éducation des enfants...........................................................85
4.5.7. Autres changements survenus .........................................................................................86
CHAPITRE 5 : CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS............................................87
5.1. VERIFICATION DES HYPOTHESES .............................................................................87
5.1.1. Vérification de HR1 ........................................................................................................87
5.1.2. Vérification de HR2 ........................................................................................................88
5.1.3. Vérification de HR3 ........................................................................................................88
5.1.4. Vérification de HR4 ........................................................................................................88
5.2. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS ................................................................89
5.2.1. Conclusions .....................................................................................................................89
5.2.2. Recommandations ...........................................................................................................90
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................92
ANNEXES....................................................................................................................................96
xii
LISTE DES TABLEAUX
xiii
LISTE DES FIGURES
Figure 6: Evolution de la pluviométrie de la Commune de Zina sur une période de onze (11)
années ............................................................................................................................................27
Figure 7: Evolution du creusage des canaux de pêche entre 1908 et 2006. .................................39
Figure 11: Fréquence annuelle des conflits entre les pêcheurs ....................................................58
Figure 12a: Appréciation de la fréquence des conflits entre les pêcheurs avant les ré-
inondations ....................................................................................................................................59
Figure 13: Appréciation des jugements rendus par l’autorité traditionnelle ................................75
Figure 19: Existence de la relation entre les conflits et la quantité de poissons capturés dans la
Figure 20: Existence de la relation entre les conflits et la qualité (diversité) de poissons capturés
xiv
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Pêche avec les paniers ............................................................................................. 38
Photo 2: Produits de la pêche communautaire ........................................................................ 38
Photo 4 : Canaux de pêche vus de dessus prenant l’eau du Logomatya, un bras du fleuve Logone
.................................................................................................................................................. 40
Photo 6 : Scène de disputes entre pêcheurs sur les limites de leurs pêcheries communautaires 41
Encadré 1: Manières dont le conflit affecte les individus, les groupes et les communautés .......20
xv
LISTE DES ABREVIATIONS
xvi
RESUME
La plaine d’inondation du Logone dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, comme la
plupart des zones humides sahéliennes, joue un rôle écologique, social et économique important tant
au niveau régional qu’international. Après les perturbations hydrologiques intervenues suite aux
aménagements hydro-agricoles réalisés en 1979 à Maga, les méthodes traditionnelles de gestion des
ressources naturelles et surtout halieutiques ont subi des modifications très profondes entrainant la
multiplication des conflits entre les pêcheurs. La présente étude a eu comme objectif d’évaluer
l’impact socioéconomique des conflits liés aux ressources halieutiques après avoir identifié les
acteurs et les causes de ces conflits ainsi que les différents intervenants dans la gestion de ces conflits
et leur efficacité. Les données ont été collectées auprès d’un échantillon représentatif de 143
pêcheurs répartis dans une vingtaine de villages de la plaine. En outre, des entretiens ont eu lieu avec
les autorités traditionnelles et administratives ainsi que les responsables des structures d’appui. Trois
études de cas et les observations directes sur le terrain ont permis d’appréhender de manière plus
approfondie et pratique la nature et l’importance des conflits sociaux dans la plaine d’inondation du
Logone. Les résultats de l’étude mettent en évidence un impact surtout négatif des conflits liés aux
ressources halieutiques sur les populations de la plaine d’inondation du Logone. Sur le plan social,
ces conflits ont compromis la paix sociale nécessaire pour tout processus de développement. La
haine et les traumatismes socio-psychologiques de suite des affrontements ayant entrainé des
blessures et des pertes en vies humaines ont surtout affecté les groupes vulnérables (enfants, femmes,
vieux). A cause de la rupture de communication et de la suspension de l’exploitation communautaire
de certaines mares de suite des conflits, de nombreuses actions de développement ne peuvent plus
être entreprises. L’éducation des enfants reste le secteur le plus touché. Sur le plan économique, ces
conflits liés aux ressources halieutiques auraient entrainé la diminution des revenus des pêcheurs
pour deux raisons : la baisse des captures et les dépenses importantes engagées dans le règlement des
conflits. Les pêcheurs dépenseraient près de 10% de leur revenu pour régler leur différend. Cela se
solde par un appauvrissement de la population. Cependant, en raison des manœuvres de corruption
qui sévissent dans la zone, certains acteurs notamment l’administration, les services de pêche et les
autorités traditionnelles semblent avoir généreusement gagné plus d’argent de suite de conflits entre
les pêcheurs. Les leaders politiques auraient utilisé ces conflits comme programme leur permettant de
gagner plus de votes. Pour réduire ces conflits et surtout leur impact négatif, l’étude recommande le
développement des activités économiques complémentaires à la pêche notamment la riziculture et le
maraîchage, l’interdiction des engins et pratique de pêche susceptibles de créer les conflits entre les
pêcheurs, la mise en place des méthodes participatives et inclusives de prévention et de gestion des
conflits, l’éducation et la formation des pêcheurs et la promotion des droits humains et la démocratie
dans la communauté des pêcheurs. Surtout un effort sincère et soutenu pour combattre la corruption
permettra de renforcer la pêche dans la région de l’Extrême-Nord.
xvii
ABSTRACT
The Waza Logone floodplain in the Far-North Region of Cameroon, as most of Sahelian
wetlands, plays an important ecological, social and economic role at the regional and
international levels. After the hydrological changes that occurred following the construction of
the rice irrigation scheme of Maga in 1979, traditional methods of management of natural
resources, especially fisheries underwent very deep modifications leading to increased conflicts
between the fishermen. The present study was carried out to assess the socio-economic impact of
conflicts in the fisheries sector of Waza Logone floodplain. The study identified the primary
stakeholders, the causes of conflicts as well as the mediators and the extent to which the conflicts
have been handled. Data were collected from a representative sample of 143 fishermen from
about twenty villages of the Waza Logone floodplain. In addition, some interviews were
conducted with the traditional and administrative authorities as well as some projects and NGO
staff. Three case studies and direct observations on the field gave us the opportunity to better
understand the nature and extent of social conflict in the Waza Logone floodplain. The results of
the study reveal overall that the conflicts have a negative impact on the efficiency of the fishing
sector in the Waza Logone floodplain. On the social aspect, these conflicts appear to have
jeopardized peace and hence development efforts in the area. The hate and the socio -
psychological trauma that have resulted from the confrontations have caused considerable
injuries to individuals and loss of human lives, particularly among vulnerable groups of the
fishing family such as children, women and the elderly. Because of the rupture of
communication and the suspension of some communal fisheries exploitation as a result of the
conflicts, a number of development activities could not be executed. The education of children
was the most affected. On the economic side, the conflicts in the fishing sector here have
contributed to reducing fishermen incomes in two ways: the decrease of the captures and the
high costs involved in managing conflicts. The fishermen spend close to 10% of their income on
conflict resolution, leading to the impoverishment of the population. However, because of the
high rate of corruption in the zone, some actors notably administrative officers, traditional
authorities and fisheries staff, appear to have enriched themselves handsomely in the
management of fisheries conflicts. Some politicians have used the conflicts as platforms to win
more the votes. To reduce these conflicts and especially their negative impact, the study
recommends the development of complementary economic activities to fishing such as rice
cultivation and market farming. Other measures include regulation of conflict-prone fishing
technologies, the institution of participatory and inclusive methods of conflict management,
education and training of fishermen and the promotion of human rights and democracy in the
fishing communities. Above all, an earnest and sustained effort to fight corruption in the area
will go a long way to stabilize the fishing sector in the Far-North Region.
xviii
CHAPITRE 1 : INTRODUCTION
La plaine d’inondation du Logone est une zone de très grande valeur sociale et
économique, aussi bien au niveau régional qu’international. Grâce à l’inondation annuelle, elle
fournit les moyens d’existence principalement à travers la pêche et l’élevage à plus de 200.000
personnes sur une superficie d’environ 6 000 km2 soit une densité d’occupation humaine de 25
habitants par km2 (Aceen, 2007). Traditionnellement, cette plaine est submergée durant la saison
humide par les crues du fleuve Logone, ce qui crée les conditions propices pour la reproduction
des poissons, la fertilisation des sols et le développement des riches pâturages de saison sèche
(Niasse et al., 2004). Pour ces raisons, elle attire beaucoup de personnes car elle favorise une
pêche abondante. Les riches pâturages créés pendant la saison sèche par les eaux d’inondation
restantes nourrissent également de grands troupeaux de bétail des bergers nomades et
transhumants ainsi que ceux des populations sédentaires (Gepis, 2000 ; Niasse et al., 2004).
1
productivité en poisson), une réduction draconienne de la capacité de pâturage, et une pénurie
d’eau de surface en saison sèche. Cela a eu pour conséquences des difficultés économiques ; un
déplacement massif des populations et du bétail hors de la zone ; l’abandon des systèmes
traditionnels de gestion des ressources naturelles garants d’une exploitation durable ; et une
détérioration de la faune et de la biodiversité (Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003 ; Niasse et al.,
2004 ; Sighomnou et Naah, 1997). Face à ces changements, pour survivre, certains groupes ont
été contraints à diversifier leurs moyens d’existence en adoptant des activités déjà pratiquées par
d’autres groupes : c’est le cas des Mouzgoum, traditionnellement agriculteurs, se sont convertis
en pêcheurs. La conversion des groupes d’acteurs a ainsi accru la pression sur les ressources
naturelles déjà fragilisées par l’insuffisance d’inondation. Et par conséquent, le nombre de
conflits entre différents utilisateurs des ressources de la plaine principalement les éleveurs, les
pêcheurs et les agriculteurs, a augmenté (Loth, 2004 ; Scholte, 2005). Aujourd’hui, la fréquence
des conflits entre les différents utilisateurs augmente d’année en année et ces conflits prennent
des allures de rivalités interethniques entre Kotoko et Mouzgoum (Aceen, 2007). Pour réduire les
effets de ce changement hydrologique, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature
(UICN) a entrepris un vaste programme de ré-inondation de la plaine de Waza-Logone par
l’ouverture de deux cours d’eau saisonniers connectant le fleuve Logone à la rivière Logomatya
en 1994 et 1997 (Kouokam et Ngantou, 1999 ; Niasse et al., 2004).
1.1. Problématique
2
en ressources naturelles (eau, poissons, bois, pâturages,…), elle constitue un point d’attraction
des différents utilisateurs d’origines diverses. En plus des populations sédentaires (pêcheurs,
commerçants, éleveurs, agriculteurs), des transhumants venant des autres parties de la région de
l’Extrême-Nord, du Tchad, du Niger et du Nigéria séjournent dans la plaine (Aceen,
2007 ; Gepis, 2000 ; Loth, 2004). Par le passé, ces utilisateurs accédaient aux différentes
ressources naturelles (eau, poissons, pâturages, bois, …) de la plaine de manière organisée, parce
que les leaders traditionnels avaient un droit de regard sur l’utilisation des dites ressources (Loth,
2004).
Durant ces dernières décennies, suite aux changements dramatiques intervenus au niveau
de la plaine et pour d’autres raisons notamment la croissance démographique et l’avènement de
la démocratie, les méthodes traditionnelles de gestion des ressources de la plaine d’inondation
ont subi une perturbation très profonde; les ressources ont été soumises à une surexploitation
(Loth, 2004 ; Sighomnou, 2003). Cela a conduit à une dégradation continue de l’environnement,
affectant le système social et économique des populations locales, provoquant une réduction des
terres cultivables disponibles pour la culture du riz et du sorgho de contre-saison ; et des
pâturages, ainsi que la diminution des ressources halieutiques. Des sérieux conflits de plus en
plus violents se sont multipliés quand différents groupes d’utilisateurs ont revendiqué des droits
exclusifs pour l’utilisation spécifique des ressources (Loth, 2004).
Aujourd’hui, la plaine d’inondation de Waza-Logone est devenue le lieu de production de
toutes sortes de conflits entre les différents utilisateurs des espaces et/ou des ressources. Prenant
souvent des allures des rivalités interethniques entre Mouzgoum et Kotoko, ces conflits sont
enregistrés en toute saison de l’année et se produisent le plus souvent sur le territoire de la
Commune de Zina et quelquefois sur ceux de Maga et de Logone-Birni. En plus de nombreuses
pertes en vies humaines, ces conflits ont déjà entraîné au cours de cette dernière décennie une
incapacité permanente d’au moins cinq d’autres et ont conduit à l’incarcération de plus d’une
centaine d’individus (Aceen, 2007).
Les conflits liés à l’accès aux ressources halieutiques constituent un exemple concret des
conflits résultant de la dégradation du pouvoir traditionnel local. Les Kotoko, traditionnellement
pêcheurs qualifiés, ont perdu leur suprématie sur les droits de pêche dans leur conflit avec les
Mouzgoum. Cette situation a entrainé l’exclusion des autres acteurs et l’explosion des canaux de
pêche qui sont une pratique de pêche ancienne et non durable (Loth, 2004). Ce terme canal de
pêche désigne une tranchée creusée manuellement et servant à capturer les poissons qui migrent
du lit du cours d’eau vers les plaines inondées en période de crue ou inversement en période de
décrue. Les canaux de pêche prennent de l’ampleur et gagnent toute la plaine d’inondation. Ils
3
concourent à l’accroissement des conflits non seulement entre pêcheurs mais aussi entre
pêcheurs et éleveurs. En 2006, plus de 90 conflits liés aux canaux de pêche ont été enregistrés
dans la plaine d’inondation (Aceen, 2007).
Bien que les conflits soient inhérents à toute société, leur amplification et leur
intensification dans la plaine d’inondation du Logone au cours de ces dernières années ne
sauraient être sans effet aussi bien sur les ressources naturelles que sur les populations qui y
vivent. Malgré de nombreuses études qui ont été conduites sur la plaine, la connaissance de
l’impact de ces conflits reste encore pauvre et le déficit d’informations sur son impact pourrait ne
pas susciter l’intérêt des décideurs politiques et des acteurs de développement pour la plaine
d’inondation de Waza – logone.
De là surgit le besoin d’une étude d’impact des conflits liés aux ressources halieutiques
dans la plaine d’inondation du Logone, en posant les questions centrales suivantes :
- Malgré l’existence des mécanismes locaux de gestion des conflits, pourquoi les conflits
liés aux ressources halieutiques augmentent-ils d’année en année dans la plaine
d’inondation du Logone ?
- Comment ces conflits liés aux ressources halieutiques affectent-ils la population de la
plaine d’inondation du Logone?
- Quel est l’impact socioéconomique de ces conflits sur la plaine du Logone?
L’objectif global de l’étude est d’évaluer l’impact socioéconomique des conflits liés aux
ressources halieutiques sur la population de la plaine d’inondation du Logone.
4
1.3. Hypothèses de l’étude
Notre étude se fonde sur quelques hypothèses issues de nos observations et d’affirmations
souvent avancées sur les conflits que nous cherchons à vérifier.
Hypothèse 1 : Plus les ressources naturelles disponibles dans la plaine d’inondation de Waza-
Logone deviennent rares et variables, plus les conflits entre les différents utilisateurs deviennent
de plus en plus fréquents.
Hypothèse 2 : Plus les populations mènent une « vie précaire » et deviennent de plus en plus
pauvres, plus la probabilité qu’il ait des conflits est élevée.
Hypothèse 3 : Il existe une relation entre l’accès inégal aux ressources vitales et les conflits dans
la plaine d’inondation de Waza-Logone.
Ces hypothèses seront vérifiées à partir des entretiens, des questionnaires, des études des
cas et des observations participatives dans la plaine d’inondation de Waza-Logone.
L’importance de cette étude peut être vue sous deux angles : théorique et pratique.
Sur le plan pratique, cette étude pourrait être utile pour plusieurs catégories d’acteurs : les
décideurs politiques, les projets de développement, les Organisations Non Gouvernementales
(ONG) nationales et internationales (en particulier CADEPI, ACEEN et SNV), les chercheurs,
les communes et les communautés intéressés par l’étude.
5
Les résultats de cette étude contribueront à sensibiliser les décideurs politiques, les
projets de développement et les ONG sur l’importance des conflits liés aux ressources
halieutiques et leur impact sur la population. Cela leur permettra de mieux apprécier ces
conflits et d’envisager les solutions et les stratégies appropriées à la prévention et à la
gestion des conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation du
Logone.
L’étude fournira aux ONG et autres partenaires au développement des données leur
permettant de :
- mieux identifier les acteurs, les causes et les conséquences des conflits afin de trouver
les moyens nécessaires pour une meilleure gestion des ressources naturelles dans la
plaine d’inondation du Logone;
- mieux connaître le processus et l’évolution des conflits liés aux ressources
halieutiques et mieux identifier les cadres théoriques et méthodologie de recherche
appropriés pour une meilleure compréhension, explication et éventuellement pour une
meilleure résolution des problèmes.
Cette étude va permettre la sensibilisation des pêcheurs sur l’impact de ces conflits sur
leur environnement à long terme afin de trouver des stratégies participatives pour
résoudre les problèmes et pour un développement durable de la zone.
Les données collectées pour cette étude concernent la période de 1985 à 2009.
Notre choix de la période d’étude qui va de 1985 à 2009 est soutenu par les raisons
suivantes :
- Les changements hydrologiques à l’origine des perturbations importantes de la plaine
de Waza-Logone commencent à la suite des aménagements hydro-agricoles réalisés
sur le fleuve Logone en 1979 auxquels est associée la sécheresse des années 80. Les
perturbations nées de ces changements ont suscité des intérêts auprès des scientifiques
qui ont cherché à comprendre leurs causes. C’est vers 1985 que de nombreuses études
menées ayant conduit à la mise en œuvre du projet Waza-Logone ont relevé la
présence des conflits entre les utilisateurs des ressources de la plaine dont entre
pêcheurs par rapport aux ressources halieutiques.
- Notre limite à 2009 se justifie tout simplement par l’étude des faits présents et éviter
d’étudier les objets en mouvement.
6
1.6. Organisation du mémoire
Le chapitre 4 présente les résultats obtenus et leur discussion. Les principaux résultats
sont présentés et discutés tout en se référant à nos objectifs de départ.
Le chapitre 5 conclue l’étude. Cette dernière aboutit sur des recommandations qui sont
faites aux différentes parties prenantes.
7
CHAPITRE 2 : CADRE THEORIQUE ET REVUE DE LA
LITTERATURE
Cette étude a comme base la théorie de conflits. Certains concepts clés liés au thème vont
être expliqués dans cette section.
Karl Marx cité par Appelbaum (1971) présente la théorie des conflits sur la base de la
structure de la société. Selon lui, dans une société, les conflits ne sont pas créés au hasard ; ils
sont un produit systématique de la structure de la société elle-même. Les gens entrent en conflit
parce qu’ils ont des conceptions opposées sur le fonctionnement de la société. Le modèle de
société caractérisé par les inégalités de pouvoirs, les différences d’accès et les incompatibilités
d’intérêts concourt généralement à la naissance des conflits. Les conflits qui apparaissent dans
une société sont également produits par les rapports de production. Toutes les positions, les lois,
et les traditions principales dans la société sont conçues pour soutenir ceux qui ont
traditionnellement été dans la puissance, ou les groupes qui sont perçus pour être supérieurs dans
la société selon cette théorie. La lutte pour le contrôle des ressources rares entraine alors
l’affrontement entre les membres de la société.
En plus, Karl Marx trouve également que le conflit est une situation normale dans toute
société en évolution. C’est ainsi qu’il déclare que « pas de progrès sans conflit ». Tout progrès
nécessite des changements et tout conflit est généralement source de changement. Il considère
alors les conflits comme moteur des changements sociaux. Les conflits ne sont pas mauvais en
soi mais c’est la façon de les gérer qui détermine son importance pour une société (Appelbaum,
1971 :82).
La pensée sur le conflit de Simmel cité par Bonnier et Bolliet (1997) complète celle de
Marx en intégrant la dimension de la vie sociale du conflit. Pour lui, le conflit est un processus
de socialisation c’est-à-dire la constitution des liens sociaux. Loin d'apparaître comme une
maladie, l'affrontement entre les acteurs fait figure de processus positif de la vie sociale: il en
assure l'unité. Il partage la vision positive du conflit de Marx selon laquelle le conflit est
pleinement normal et constitue une manière d'être vitale pour le fonctionnement de la société
(Bonnier et Bolliet, 1997). La pensée de Mayhew selon laquelle les hommes sont des organismes
vivants et doivent entrer en concurrence pour accéder aux ressources vitales complète celle de
8
Marx et Siemmel. Le combat pour l’existence ne peut avoir lieu entre les individus isolés mais
entre ou à l’intérieur des groupes partageant les mêmes ressources. Le conflit qui nait autour
d’une ressource fait toujours intervenir plusieurs groupes d’intérêts dont chacun combattant pour
sa survie. Si le conflit entre les groupes est géré, cela conduit à l’émergence d’une société
structurée (Appelbaum, 1971 :133).
La pensée de Marx selon laquelle il n’existe pas de société sans conflit s’oppose à celle
des fonctionnalistes qui définit le modèle de la société sur des valeurs consensuelles et ne
reconnaissent pas l’existence du conflit. Tout conflit est considéré comme un dysfonctionnement
(Lafon, 2007). Selon Dahrendorf cité par Bonnier et Bolliet (1997), c'est la distribution inégale
du pouvoir qui est à la base des conflits sociaux dans une communauté. Chaque classe sociale a
une position opposée vis-à-vis de l’autorité, et la classe dominante va s’efforcer à maintenir sa
position, alors que la classe dominée va agir de manière à changer cette situation. Les conflits
sociaux sont une lutte pour maintenir ou modifier la répartition de l’autorité et non une lutte pour
la possession des moyens de production comme le soutenait Karl Marx. Weber complète la
pensée de Marx en intégrant les aspects liés au pouvoir. Les enjeux des conflits se polarisent
autour des intérêts matériels, du prestige et du pouvoir, le pouvoir étant un trait structurel de tout
conflit (Lafon, 2007).
Klein et al. (1980) décrivent la complexité d’un conflit par le fait qu’il intègre plusieurs
composantes, commençant avec les facteurs situationnels qui conduisent à l’interférence des
intérêts. Ces facteurs peuvent inclure les différences de tâches, de valeurs, d’attitudes, de visions
et des intérêts prioritaires que les groupes essayent d’obtenir des ressources de plus en plus rares.
Cela peut conduire à des conflits potentiels. Les mêmes auteurs avaient aussi indiqué trois (03)
pré-conditions essentielles d’un conflit : (1) les groupes impliqués dans le conflit ont
normalement des comportements et des buts incompatibles ; (2) au moins un des groupes a la
capacité d’interférer la réalisation des objectifs des autres ; (3) certaine mesure
d’interdépendance de groupes. Si les groupes ne sont pas partiellement dépendants les uns des
autres pour la réalisation des objectifs, les actes d’interférence sont probablement sans rapport
autant que la réalisation de leurs objectifs est concernée (Afese, 2002 : 8).
Selon ARED (1999), le conflit est un processus dynamique dont le cycle comprend
généralement cinq (05) étapes.
9
Crise
Confrontation
Résultat
Pré-conflit Post-conflit
A travers ces différentes interventions, il apparait de manière claire que le conflit est
inhérent à toute société et constitue un indicateur de l’existence d’un problème ou de la nécessité
d’un changement ou bien que les normes de la société sont remises en cause. L’importance du
conflit pour une société réside dans le fait qu’il crée une certaine dynamique au sein de celle-ci et
permet aux différentes composantes de la société de se remodeler pour s’adapter à la nouvelle
10
structure de la société. Le conflit n’a pas seulement pour but de remettre en cause une forme de
domination, de détruire une société que l’on refuse ; il se caractérise toujours par une seconde
dimension : proposer un autre modèle de développement ou de société. Il n’est donc pas
seulement négatif, destructeur et pathologique comme il est souvent perçu, il est à l’origine du
changement social et donc de l’évolution de la société. Toute société évolue avec les conflits et
leur gestion peut devenir une force motrice de changement.
2.1.2.1. Le conflit
Le « conflit » a été défini de plusieurs manières par différents auteurs. Dahrendorf cité
par ARED (1999) a défini le conflit comme tiraillement, violences et chocs manifestes entre les
forces sociales. D’après Caron et Torre (2006), quels que soient ses origines, ses objectifs et son
déroulement, le conflit implique toujours une opposition ou un antagonisme entre des catégories
d’acteurs aux intérêts momentanément ou fondamentalement divergents. Le conflit nait
généralement entre les personnes et les groupes très proches. Turner cité par ARED (1999 :100)
a défini le conflit comme une « interaction directe et ouverte entre des parties dans laquelle les
actions de chaque partie ont pour but d’inhiber la réalisation des objectifs ou buts de leurs
adversaires ». Les conflits de ce genre ne sont pas nécessairement violents ni très perturbateurs
(Warner, 2000).
Herrera et Maria (2007 :7) donnent une définition opérationnelle du conflit comme « une
situation dans laquelle on assiste à l’opposition d’intérêts individuels ou collectifs. Les parties
prenantes dont les intérêts sont compromis par certaines actions peuvent réagir de différentes
façons et élaborer diverses stratégies pour les protéger. Les conflits font partie intégrante de la
réalité et des dynamiques sociales et qu’ils ne sont donc foncièrement ni positifs ni négatifs. Les
conflits peuvent favoriser la croissance et le développement s’ils sont affrontés de manière
positive et si l’on apprend à les gérer et à les résoudre. Des conflits qui submergent les acteurs et
les accablent peuvent provoquer de la violence et devenir destructifs ».
Fisher et al. (2002) affirment que les gens ont des perceptions différentes des conflits
comme de la vie et de ses problèmes. Les différences des points de vue sont inévitables, et
souvent enrichissantes. Bennett et al. (2001) trouvent aussi que malgré l’opposition des intérêts
entre deux ou plusieurs parties, les conflits ne sont pas toujours négatifs. Les conflits positifs
mettent en évidence les objectifs incompatibles des acteurs concernés et interpellent ces derniers
pour la recherche des solutions au bénéfice de tous. Warner (2000) complète en affirmant qu’en
11
plus d’être une force pour le changement social positif, le conflit peut être une source
d’adaptation de la société à l’évolution de son environnement politique, économique et physique.
Dans cette étude, nous allons considérer conflit comme étant une opposition d’intérêts
entre des personnes ou entre des communautés dont la solution peut être recherchée par la
violence (guerres, représailles), par la négociation face à face ou enfin par l’intervention d’une
tierce partie (médiateur, tribunal).
Problèmes relationnels
Problèmes des données ou Intérêts
- Emotions fortes ;
d’informations - procéduraux ;
- Préjudices ;
- Manque d’information - Psychologiques
-Mauvaise ou rupture de communication
- Interprétation différente - Autonomes
Problèmes structurels
Différences de valeurs
- Ressources ;
- Islam vs Christianisme
- Procédures administratives ;
- Modernité vs Tradition
- Distribution de pouvoir /d’autorité ;
- Temps, place - Avortement vs Préservation de la vie
12
2.1.2.3. Ressources communes ou propriétés communes
Tache et Ben (2003) citant Orstom ont défini les ressources communes comme des
ressources exploitées par plusieurs utilisateurs différents au même moment ou à des périodes
différentes. La force du concept de propriété commune est perceptible dans le langage de tous les
jours. Des mots tels que « nous » et « notre » prédominent dans les conversations des utilisateurs
communs, exprimant la philosophie de la propriété collective des ressources.
La perturbation des régimes de propriété commune a souvent abouti à des systèmes
d’accès libre qui permettent un accès totalement incontrôlé aux ressources. De cette situation est
souvent née des conflits entre utilisateurs quand certains vont revendiquer les droits exclusifs
d’utilisation de certaines ressources spécifiques (Loth, 2004).
Berkes (1989) et Orstom (1990) cités par Hesse et Pippa (2000) affirment que des études
ont également montré comment les systèmes d’appropriation commune fonctionnent réellement
et comment ces systèmes agissent pour garantir à tous les membres de la communauté – y
compris les sans terres et les autres groupes marginalisés – l'accès aux ressources naturelles clés.
Ces systèmes jouent d’importants rôles sociaux tels que le maintien des mécanismes de
résolution des conflits et peuvent aussi assurer la conservation des ressources naturelles et de la
biodiversité. Il reste à savoir aujourd’hui si ces régimes de propriété commune traditionnels,
gérés par les institutions coutumières peuvent encore être efficaces dans un contexte caractérisé
par une demande accrue des ressources et par des niveaux de conflits et de compétition accrus
qui en découlent.
Dans le cadre de cette étude, nous allons considérer ressources communes comme toute
ressource naturelle (terre, eau, arbre, poisson, …) qui est partagée par plusieurs utilisateurs de
manière simultanée ou séquentielle dans le même espace ou en lien avec cet espace.
2.1.2.4. Pouvoir
Le pouvoir a été défini par Weber cité par Lafon (2007) comme toute chance de faire
triompher au sein d'une relation sociale, sa propre volonté, même contre des résistances. En ce
sens, le pouvoir apparaît comme la cause d'un comportement, comme une restriction à la liberté
d'autrui, ou comme un échange inégal. Dans une situation conflictuelle, il y a une lutte de
pouvoirs pour contrôler les ressources rares. Pour Crozier cité par Lafon (2007), lorsque les
conflits se cristallisent et deviennent ouverts, ils portent toujours sur les relations de pouvoir,
c'est-à-dire sur les règles qui définissent les ressources de chacun dans les négociations. Un de
leurs enjeux devient la régulation, l'évolution et l'application de ces règles. Herrera et Maria
13
(2007 :12) définissent le pouvoir dans le cadre d’un conflit comme étant « la capacité d’exercer
une influence sur la résolution d’un conflit et sur les autres acteurs concernés ».
Tourraine cité par Lafon (2007) établit une relation entre le conflit et le pouvoir. Pour
qu’un conflit se forme, il faut que la notion de pouvoir soit introduite. On trouve alors d’un côté
les dominants qui ont plus de pouvoir sur les ressources et les dominés qui subissent l’action des
autres. Le conflit suppose donc une remise en cause du pouvoir de domination qu’exerce un
acteur social sur un autre acteur social. Selon Herrera et Maria (2007), les relations de pouvoir
déséquilibrées entre les acteurs empêchent de parvenir à un règlement négocié du conflit. A cet
effet, la notion de pouvoir devient un concept très important pour comprendre le conflit et même
pour le résoudre. Connaître les types de pouvoir en jeu peut s’avérer important pour l’analyse
d’un conflit.
Dans le cadre de cette étude, nous allons considérer le pouvoir comme la capacité à
exercer une influence sur les acteurs impliqués dans un conflit. L’influence exercée peut
provenir d’une certaine force, de la coopération entre les acteurs ou de l’intégration.
14
l’analyse des parties prenantes permet d’étudier leur légitimité et de cerner les avantages
réciproques qui pourraient être examinés au cours des négociations.
Pour les besoins de cette étude, nous considérons comme partie prenante toute personne
ou groupe ayant des intérêts dans le conflit et qui y participe directement ou indirectement. Cela
prend en compte les parties impliquées dans le conflit et celles qui sont affectées par celui-ci ou
sa résolution.
A chaque fois que deux parties entrent en conflit, il existe plusieurs stratégies pour gérer
leur différend. Ainsi, en fonction de l’intérêt que chaque partie a à maintenir des bonnes
relations avec d’autres et de l’importance que chaque partie accorde à la réalisation de ses
propres objectifs, Warner (2000) a identifié cinq (05) approches de gestion des conflits
possibles :
1. la force : une partie possède plus de pouvoir que l’autre et n’est pas intéressée par le
maintien des relations. Elle est décidée à atteindre ses objectifs ;
2. le retrait : une partie peut choisir d’éviter la confrontation ou décide de se retirer du
conflit parce qu’elle n’est ni intéressée par le maintien des relations, ni par l’atteinte des
objectifs ;
3. l’accommodation : quand une partie, pour maintenir sa relation personnelle avec l’autre
partie, peut choisir de s’accommoder aux objectifs de l’autre partie ;
4. le compromis : une partie peut abandonner quelque chose en se contentant du minimum ;
15
5. le consensus : les parties évitent le compromis et recherche une situation gagnant –
gagnant.
Selon Moore (2003), dans une situation conflictuelle, les individus ou les groupes ont le
choix entre plusieurs options procédurales pour résoudre leur différend. Ces possibilités varient
en fonction de la formalité du processus, de la familiarité de l’approche, des personnes
impliquées, de l’autorité de la tierce partie (si elle en existe), des types de décision qui en
résultent, et de la coercition exercée par ou sur les parties en conflit. La figure 2 ci-dessous
illustre ces différentes possibilités.
Prise des décisions libre par les parties Prise des décisions Prise des décisions Prise des
libre par la tierce par une tierce décisions par
partie partie autoritaire une contrainte
ou légale extralégale
Evitement Discussion Négociation Médiation Décision Arbitrage Décision Décision Action Violence
du conflit informelle Administrative judiciaire législative directe
et non
résolution violente
du
problème
Cette figure 3 présente à son extrémité gauche, des approches libres et informelles de
gestion de conflit impliquant seulement les parties en conflit et quelquefois une tierce partie (le
médiateur). A l’autre extrémité, nous avons des approches reposant sur l’usage de la force par
une partie entrainant la soumission de l’autre partie.
Herrera et Maria (2007) ont résumé les démarches de gestion de conflit en deux groupes :
une démarche formelle (non consensuelle) et une démarche alternative (consensuelle). La
démarche formelle de résolution des conflits fait intervenir une tierce partie habilitée chargée de
prendre les décisions finales. Dans ce cas, le pouvoir, l’autorité et la légitimité de la tierce partie
détermineront la validité et l’exécution des décisions. La démarche alternative est celle qui
englobe tous les processus visant à créer un consensus. Ce sont les parties en conflit qui prennent
les décisions et qui décident ensemble comment gérer leur conflit. Dans ce cas, la validité et
l’exécution des décisions dépendront du type de processus de résolution des conflits : plus le
processus est participatif, transparent et démocratique, plus la résolution est efficace et durable.
16
Selon Afese (2002) citant Warner (1998), la gestion des conflits tourne généralement
autour d’un certain nombre de concepts clés: arbitrage, réconciliation, négociation et médiation.
Arbitrage : Procédure de règlement des conflits dans laquelle une tierce personne qualifiée
entend les parties impliquées dans un conflit d’intérêts (ou leurs représentants) et rend une
décision. Les arbitres ont une formation juridique et leurs décisions peuvent être ou non
exécutoires, selon les accords pris entre les parties.
Réconciliation : L’effort d’un tiers neutre communiquant séparément avec les parties en conflit
est utilisé dans le but de réduire les tensions et d’aboutir à un accord quant au processus à
adopter pour résoudre le conflit.
Négociation : C’est un processus volontaire dans lequel les parties se rencontrent face à face,
pour parvenir à un accord mutuel ; cela recouvre le fait d’identifier les parties, leurs intérêts,
leurs choix, les conséquences de ces choix, le contexte relationnel ainsi que les motivations à la
négociation.
Médiation : On utilise ici l’assistance d’un tiers neutre (médiateur sans pouvoir décisionnel), qui
se met entre les parties en conflit pour favoriser leur engagement dans un processus de
négociation, et son aboutissement ; le médiateur peut aussi créer des liens avec le ou les pouvoirs
exécutifs.
La matrice gagnant/perdant ci-dessous met en relief toutes les situations possibles pour
les parties en conflit dans le cadre du règlement.
17
Situation 3 : A gagne/ B gagne
Dans cette troisième situation, les parties peuvent trouver des solutions telles qu’elles
soient satisfaites toutes les deux.
De toutes ces issues, la situation A gagne/ B gagne est la plus recherchée car elle repose
généralement sur un consensus, chacune des parties ayant le sentiment que ses intérêts sont pris
en compte et trouve l’accord acceptable. Le conflit est ainsi résolu durablement.
18
l’effet de leur propre poids, incapables de s’adapter aux changements des circonstances et à la
modification des rapports de forces.
Bates (2000) cité par Barron et al. (2004) affirme aussi que le conflit n’est pas un
phénomène négatif. Les conflits existent partout où les gens vivent ensemble. Le développement
est fondé sur la notion de changement et de progrès social, politique et économique.
Inévitablement, les conflits vont accompagner certains changements parce qu’ils impliquent des
réaménagements de pouvoirs et de ressources aussi bien que des défis à relever pour les intérêts
et valeurs existant.
Barron et al. (2004) ajoutent également que le conflit peut avoir des conséquences
créatives ou destructrices. L’échec de la prévention et de la gestion des conflits peut être
dévastateur entrainant des morts et destruction, renversant les bénéfices de développement
durement obtenus, et donnant lieu souvent à un cycle de violence. Par contre, la prévention et la
gestion efficaces des conflits peut fournir une base solide pour des processus de développement
équitables, durables et inclusifs. Selon cette intervention, il ressort que le rôle positif du conflit
dépend de sa bonne gestion par les différentes parties prenantes.
Dans une autre étude, Coser (1971) cité par Afese (2002 :13) a identifié six (06)
principaux rôles positifs d’un conflit sur une communauté.
4. Le conflit peut renforcer les liens entre les groupes (netteté des groupes). Cela implique
que c’est seulement après un conflit que les démarcations précises sont établies entre les
parties prenantes après résolution des problèmes. Robinson (1977) argumente aussi que
le conflit permet la résolution des problèmes.
19
5. A travers le conflit, les liens sont créés entre les groupes structurés vaguement c’est-à-
dire en unifiant les dissidents et les éléments sans rapport. L’implication augmente la
cohésion de groupes. Cela permet de renforcer aussi le lien entre les individus à
l’intérieur d’un groupe ou d’une communauté leur permettant de poursuivre des objectifs
communs, ainsi que l’esprit d’équipe.
En fonction du mode de gestion, les conflits peuvent avoir des conséquences positives et
négatives sur les individus et les communautés concernés. Cela est supporté par Robinson (1977)
comme illustré dans le tableau ci-dessous.
Encadré 1: Manières dont le conflit affecte les individus, les groupes et les communautés
20
développement et ne pas aggraver la pauvreté. Buckles (2001) ajoute que des conflits mal gérés
peuvent conduire souvent à un déploiement chaotique en pure perte des capacités humaines et à
l'épuisement des ressources naturelles elles-mêmes, dont dépendaient la subsistance, l'économie
et la société toute entière. Parfois tout se termine dans un bain de sang.
21
facteurs, notamment la disponibilité et la valeur des ressources, et la facilité d'exclure certains
groupes d’utilisateurs.
Loth (2004), Nori et al. (2008) relèvent la dégradation de l’autorité des leaders
traditionnels à sanctionner les abus et la violence au sein des sociétés locales comme facteur
favorisant et rendant les conflits plus difficiles à gérer. L’érosion de l’autorité des leaders
traditionnels conduit à un accès incontrôlé aux ressources et par conséquent des nombreux
conflits résultant du fait que différents groupes d’utilisateurs vont revendiquer des droits
exclusifs par rapport à certaines ressources spécifiques.
En plus, Nori et al. (2008) trouvent également que dans les zones à écologie fragile, les
effets du changement climatique entrainant généralement une baisse des ressources constituent
aussi une autre cause des conflits liés aux ressources naturelles. La même étude a relevé
également la piètre gouvernance comme facteur favorisant le déclenchement des conflits. La
pauvreté et l’exclusion sociale peuvent également être à l’origine des conflits car les personnes
pauvres se trouvent en situation de désespoir et de stress et deviennent plus agressives et violentes
(Nji, 2004 ; Verstegen, 2001).
Patry (2008) explique les causes des conflits à travers quatre théories :
- Théorie de la précarité : Violence produite par l’impossibilité de satisfaire les besoins
élémentaires des populations ;
- Théorie relationnelle : Violence produite par les oppositions de valeurs, d’intérêt, de
culture entre groupes ;
- Théorie politique : Violence produite par la volonté du contrôle de la machine d’État
comme richesse en excluant les autres groupes ;
- Théorie de la transformation : Violence produite par une exigence rejetée de
changement institutionnel garantissant une forme d’équité.
Pour expliquer la nature des conflits liés à la pêche, Charles (1992) a effectué une
typologie de ces conflits et distingue quatre (04) catégories telles que décrit dans le tableau 1.
23
de groupes sociopolitiques avec des intérêts différents. Chaque groupe a sa propre vision, sa
capacité de lobbying et ses relations avec les ressources naturelles. Il faut donc travailler avec
tout le monde afin de s'assurer que cette diversité d'intérêt est prise en compte dans la gestion des
ressources et que la dynamique du pouvoir en jeu est reconnue par tous les acteurs et prise en
compte.
Brockhaus et al. (2003) citant North (1990) trouvent qu’une appréciation de la
dynamique des conflits et leur gestion ne saurait se fonder sur la base de stéréotypes ethniques
simplistes mais elle requiert une analyse plus approfondie des différents acteurs, de leur rôle
dans l’arène des conflits et dans la gestion des conflits, et doit s’accompagner d’une appréciation
des accords institutionnels associés aux niveaux local, régional et national.
Selon Hesse et Pippa (2000), actuellement ni les populations locales, ni l'Etat, ne
semblent être en mesure de réguler, de manière équitable et durable, les besoins antagonistes des
différents groupes d'utilisateurs des ressources. Les ressources communes stratégiques, de grande
valeur, telles que les forêts ou les zones humides, sont l’objet d’une appropriation exclusive par
les résidents ou sont soumises à un régime d'accès libre qui entraîne la surexploitation, les
conflits et finalement la dégradation des moyens d'existence. C'est cette situation qui constitue
une véritable « tragédie des communs ». Cette pensée a été aussi appuyée par Buckles (2001).
Herrera et Maria (2007) disent que depuis les années 60, La gestion alternative des
conflits est devenue une discipline à part entière pour répondre aux changements sociaux, à
l’évolution des institutions et aux souhaits du secteur public et du secteur privé de régler les
conflits. Par gestion alternative des conflits, on entend toutes les méthodes de gestion des conflits
qui ont pour objet de parvenir à une résolution commune d’un conflit en transformant tous les
intéressés en décideurs actifs et conscients de leurs responsabilités. La gestion alternative des
conflits permet donc aux acteurs d’engager un dialogue constructif et de trouver des solutions
communes aux conflits entre les personnes ou les groupes.
Bennett et al. (2001) ont montré, à travers les études de cas réalisées au Ghana, au
Bangladesh et dans les Caraïbes que pour gérer leurs conflits, les pêcheurs des zones tropicales
utilisent plusieurs voies de recours. Au Ghana par exemple, les chefs de village et les
responsables de la pêche constituent l’une des voies de recours utilisées par les parties en conflit
tandis qu’au Bangladesh, la négociation à l’amiable entre les parties en conflit était d’abord la
voie la plus privilégiée.
24
CHAPITRE 3 : METHODOLOGIE DE L’ETUDE
25
ZONE
D’ETUDE
Tchédé
. Lahaï
26
3.1.2. Le milieu physique
3.1.2.1. Le climat
Comme dans l’ensemble du Sahel depuis le début des années 70, la région du Lac Tchad
dont fait partie la plaine d’inondation du Logone est aux prises avec une sécheresse persistante
(Olivry et al., 1987 et 1994 ; Mahe et al., 1991 ; L’Hôte et al., 2002, tous cités par Sighomnou,
2003). L’Extrême-Nord du Cameroun est soumis à un climat de type soudano-sahélien
caractérisé par une saison sèche qui dure sept (07) mois (de novembre à mai), et une saison
pluvieuse de cinq (05) mois (de juin à octobre). Les mois de juillet et août cumulent à eux seuls
les deux tiers (2/3) du total pluviométrique annuel. Caractérisée par ailleurs par une très forte
variabilité interannuelle, la pluviométrie moyenne est passée de 700 mm avant 1970 à 500 mm
vers les années 80. Il convient cependant de souligner que l’essentiel des eaux responsables de la
submersion de la plaine est engendré par des précipitations plus importantes sur le bassin du
Logone supérieur situé plus au sud (Monts Mandara situés à 100 km et les montagnes de
l’Adamaoua situées à 500 km), où la pluviométrie est comprise entre 1100 et 1700 mm
(Sighomnou, 2003).
L’évolution de la pluviométrie de la Commune de Zina sur une période de onze (11)
années (Fig.6) confirme la très forte variabilité interannuelle de la pluviométrie dans la plaine
d’inondation du Logone. Depuis la fin de la décennie 90, l’on note une baisse progressive de la
pluviométrie annuelle.
Figure 6: Evolution de la pluviométrie de la Commune de Zina sur une période de onze (11) années
Source : Mahat, Station de Zina.
La plaine d’inondation de Waza-Logone est une partie du vaste bassin de Lac Tchad,
souvent rempli de sédiments apportés par les eaux d’inondation. Ces sédiments sont constitués
des matériaux sableux et argileux dépendant des processus géologiques et du matériau parental à
partir duquel ces sédiments ont dérivé. La présence des dépôts des dunes et de sables marque
l’étendue du lac. Les eaux d’inondations favorisent une accumulation et une bonne répartition
des substances alluvionnaires (Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003). Les sols de la plaine
d’inondation sont riches en argiles et cette richesse leur confère des propriétés physiques et
chimiques bénéfiques pour l’inondation périodique de la plaine (Mvondo et al., 2003). On peut
distinguer cinq (05) principaux types de sols dans la plaine d’inondation :
- Les vertisols.
Ces sols sont homogènes et de texture argileuse. Composés en grande proportion d’argile
gonflante, ils ont la particularité d’absorber ou de céder de l’eau suivant l’humidité du milieu
environnant. Ils sont utilisés pour l’agriculture de contre-saison localement appelée « Karal ».
- Les planosols.
Ils correspondent aux plages dénudées de végétation, ou à végétation très clairsemée. Ces
sols dénommés localement « hardés » sont généralement fortement dégradés. Le profil possède
deux horizons caractéristiques : un mince horizon blanchi et particulaire. En dessous, se trouve
un horizon massif et très compact, souvent imperméable. Les conditions édaphiques sont très
contraignantes et de rares espèces végétales peuvent y subsister. Lannea humilis est
particulièrement caractéristique (Ledauphin, 2006).
28
Les planosols alternent avec des sols lessivés. Sableux, ils présentent un horizon
caractéristique, compact et peu perméable, à la profondeur d’un mètre environ. On les retrouve
au niveau de la forêt sèche à Anogeissus leiocarpus. Ces deux types de sols sont, parfois,
regroupés sous l’appellation « planosols ».
Le type de végétation rencontrée dans cette zone est une savane sèche avec une
prédominance d’espèces annuelles et nourrit chaque année après le retrait des eaux plus de
300.000 bovins et ovins venant essentiellement des pays membres de la CBLT (Aceen, 2007).
Cette végétation très diversifiée de la plaine du Logone procure de nombreuses utilisations
notamment dans l’alimentation animale et humaine et dans la pharmacopée traditionnelle
(Mvondo et al., 2003).
De nombreuses études botaniques réalisées dans la plaine révèlent la présence des
formations végétales d’une rare variété. Les espèces annuelles sont largement influencées par la
durée et la profondeur de l’inondation et les conditions de sol. Dans la portion de la plaine
incluant le PNW, le Vetiveria nigritana est l’herbe la plus commune. S’agissant des espèces
végétales pérennes, on peut citer entre autres : le Calotropis procera, le palmier rônier (Borassus
flabellifer), exploité pour la vannerie et le palmier doum (Hyphaene thebaica). Les bourrelets,
les terres exondées et les cordons dunaires sont le domaine de la savane à Acacia, Balanites,
Ziziphus et Tamarindus dans la partie centrale. Le Yaéré proprement dit est une prairie herbacée
inondable occupant les zones les plus basses, tandis que partout ailleurs abonde la savane boisée
ou herbacée à Acacia albida (Mvondo et al., 2003). Cette végétation a subi une forte
modification avec une tendance à la prédominance des ligneux pérennes suite aux effets de
divers facteurs notamment le changement climatique, la baisse des inondations et la pression
humaine (Paba Salé, 1984 et Seignobos, 1982 cités par Loth, 2004).
29
région abrite une flore et une faune très riches, et offre un cadre propice où les oiseaux d’eau
d’Europe viennent séjourner pendant la période hivernale.
- Les mammifères
La plaine de Waza-Logone abriterait une trentaine d’espèces de grands mammifères
parmi lesquels l’éléphant (Loxodonta africana), la girafe (Giraffa camelopardalis), le lion
(Panthera leo), l’hyène zébrée (Hyaena hyaena, Crocuta crocuta) (Loth, 2004 ; Scholte, 2005).
D’après Sournia cité par Ledauphin (2006), la construction du barrage de Maga aurait eu un effet
sur la quantité et la diversité des mammifères de la zone. En effet, suite à la construction de ce
barrage, il y a eu un remplacement progressif des graminées pérennes par des graminées
annuelles qui dépérissent rapidement après l’inondation et une tendance des espèces ligneuses à
coloniser l’espace. Au niveau de la grande faune, les incidences de ces modifications ont été
multiples: disparition d’espèces telles que le cobe defassa (Kobus ellipsiprymnus) et le guépard
(Acinonyx jubatus), diminution spectaculaire des effectifs de certaines espèces dépendant de la
plaine d’inondation pour leur alimentation dont le cobe de Buffon (Kobus kob), l’hippotrague
(Hippotragus equinus) et le damalisque (Damaliscus korrigum), tandis que d’autres plus
inféodées à la végétation arbustive et arborée voyaient leurs effectifs augmenter (gazelle à front
roux Gazella rufifrons, éléphant et girafe). En plus, la migration saisonnière de la faune s’est
accrue. Afin de rechercher de nouveaux pâturages, les animaux migrent hors du par cet
s’exposent ainsi au braconnage. Cependant, il faut dire que la construction du barrage de Maga
n’a pas été la seule cause de déclin de la grande faune de Waza. Il faut, également, mentionner le
déficit pluviométrique des années 70, la peste bovine et le braconnage intensif (Uicn/Minef,
1997 cité par Ledauphin, 2006). Si l’habitat de la plaine d’inondation a été, en partie, réhabilité
du fait de la réouverture de certains mayos, à l’inverse, la faune sauvage est de plus en plus
exposée à la compétition du bétail et à la transmission de maladie (Scholte, 2005).
Selon Adam cité par Ledauphin (2006), les effectifs des hippotragues, cobes de Buffon et
damalisques semblent, peu à peu, se reconstituer. La population d’éléphants est, depuis quelques
années, en constante augmentation, ce qui n’est pas sans causer des dégradations aux forêts
d’Acacia seyal, ni sans poser de problèmes aux populations riveraines, du fait des dégâts aux
cultures commis lors de la migration des pachydermes vers le Nord et le Parc National de
Kalamaloué et vers le Sud-Ouest (Loth, 2004). La population de lions semble, elle, décliner
depuis les années 60. En l’espace d’une quarantaine d’années, ces félins seraient, ainsi, passés
d’une centaine à une vingtaine d’individus (Tumenta et al., 2009). Pour autant, ils continuent
d’exercer une prédation significative sur le bétail, tout spécialement, au Sud-Ouest du PNW
(Bauer, 2003 cité par Ledauphin, 2006).
30
- Les oiseaux
La plaine d’inondation de Waza-Logone offre un cadre propice où les oiseaux viennent y
séjourner et constitue un des sites les plus intéressants d’Afrique centrale en matière d’avifaune
(Uicn/Minef, 1997 cité par Ledauphin). Au total, 379 espèces ont été identifiées dont 16 espèces
migratrices concentrées pour l'essentiel dans le Parc National de Waza (Loth, 2004). Grâce à
cette richesse, la plaine d’inondation de Waza-Logone a obtenu le statut de site RAMSAR
comme zone humide d’importance internationale (Loth, 2004). L’avifaune y est particulièrement
abondante pendant les mois d’octobre à décembre, lorsqu’un grand nombre de migrateurs
paléarctiques fréquentent le PNW (Esser et Van Lavieren, 1979 cités par Ledauphin, 2006). Au
milieu des années 90, plusieurs espèces d’oiseaux n’avaient plus été observées dans la plaine
d’inondation de Waza-Logone, du fait des changements d’habitats, en particulier, certains grands
échassiers. Il faut, tout de même, mentionner que certains d’entre eux subissent la destruction
répétée de leurs colonies par les pêcheurs avec qui ils rentrent en concurrence (Loth, 2004 ;
Scholte, 2005).
- Les poissons
Concernant l’ichtyofaune, la plaine du Logone est quantitativement et qualitativement
l’une des zones les plus riches du pays. Plus de 56 espèces y ont été, ainsi, pêchées parmi
lesquelles Clarias spp, Alestes sp., Petrocephalus bovei, Brycinus nurse, Oreochromis niloticus
et Synodontis nigrita. Au début de la saison des pluies, les poissons migrent du Lac Tchad vers le
Logone. Pendant la période des crues, certaines espèces rentrent dans la plaine, où elles trouvent
d’excellentes conditions pour la croissance et la reproduction (Mvondo et al., 2003). Le PNW
s’avère, à ce propos, particulièrement important du fait d’un stock de géniteurs conséquent. Avec
le retrait des eaux, les poissons retournent dans le Logone à travers les canaux de pêche
(Ledauphin, 2006 ; Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003 ).
31
La baisse de pluviométrie, passant de 700 mm avant les années 70 à environ 500 mm vers
les années 80, suite au changement climatique global, a affecté l’étendue et la durée de
l’inondation (Loth, 2004 ; Sighomnou, 2003). L’amoindrissement des crues du Logone a pour
conséquence une diminution du volume des débordements, voire leur absence totale pendant les
années de très faible hydraulicité comme 1983 et 1984. Ceci est très préjudiciable à la survie des
populations dans ces régions où les terres de décrue sont très utilisées pour les activités agricoles
et pastorales, alors que les activités de pêche dépendent quant à elles de la durée et de l’étendue
des inondations. Il en va de même pour la faune sauvage dans les différents parcs de la région
(Sighomnou, 2003).
Afin de réduire la dépendance de l’agriculture vis-à-vis des précipitations et des
inondations, les autorités camerounaises ont, dans le cadre du projet rizicole dénommé SEMRY
(Société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua), construit en 1979 un
barrage hydro-agricole sur les rives du fleuve Logone au niveau de la localité de Maga. A la
suite de ces aménagements, le système hydrologique du Yaéré a été profondément perturbé.
Réalisés après la baisse du régime des précipitations dans la région, ces aménagements ont
accentué la diminution du volume des inondations (Sighomnou, 2003) et cela a sévèrement
endommagé l’écosystème de la plaine (Loth, 2004). Avec la construction du barrage, la
superficie totale inondée jadis a diminué de 60% (Sighomnou et Naah, 1997).
32
(« Muskwari »). Bien que cette culture soit remplacée par le riz, ce dernier ne pouvait bénéficier
qu’aux organisations rattachées à la SEMRY. En outre, l’insuffisance d’inondation a non
seulement limité le déplacement des troupeaux de bétail mais aussi la production de poissons. Le
manque d’eau pour le cheptel et la faune en saison sèche a entraîné une augmentation des
conflits aussi bien entre les populations riveraines qu’entre celles-ci et la faune sauvage. Les
pertes financières causées par la baisse des inondations ont été estimées à plus de 2 millions
d’euros par an (Tabl. 2) (Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003 ; Roggeri, 1995). La réduction de la
zone de pêche a poussé plusieurs pêcheurs, en particulier les Kotoko, à émigrer vers d’autres
zones encore propices à la pêche (Maga, Lac Tchad et Lagdo par exemple). Face à ces
événements, les jeunes pêcheurs Kotoko vont s’aventurer à la recherche des nouvelles terres de
pêche et deviennent ainsi des pêcheurs nomades (Loth, 2004).
Tableau 2: Coûts économiques annuels dus à la baisse des inondations dans la région de Waza-
Logone.
33
3.1.3. Le milieu humain
La plaine d’inondation du Logone et sa zone d’impact sont depuis des siècles habitées par
une multitude de communautés ethniques et culturelles dont chacun ayant ses propres intérêts par
rapport à l’accès et à l’utilisation des ressources naturelles de la plaine (Loth, 2004). Elles sont
composées essentiellement des Kotoko, des Mouzgoum, des Arabe Choa, des Foulbé (Peul) et
des Bornouang (Kanouri) (Mvondo et al., 2003). On note également la présence des Massa dans
certains villages. A l’exception des Massa et une minorité des Mouzgoum qui sont animistes ou
chrétiens, toutes les autres ethnies pratiquent l’Islam.
Issus des Sao1, peuples disparus depuis le début du 16ème siècle, les Kotoko
représenteraient 28% de la population du Logone et Chari (Mvondo et al., 2003 citant
Seignebos). On les retrouve aussi à Maga et dans la partie de la plaine située dans le département
du Mayo-Sava. Leur apparition remonte entre les 12è et 14è siècles. Les Kotoko constituent le
peuple de pêcheurs traditionnels de la plaine d’inondation et sont détenteurs de techniques de
pêche performantes. Dans une moindre mesure et de manière plus récente, les Kotoko pratiquent,
également, l’agro-pastoralisme. Ils pratiquent une agriculture de subsistance qui repose sur les
céréales et le maraîchage le long des cours d’eau et dans les yaérés. Ils élèvent, par ailleurs, des
petits ruminants et de la volaille (Mvondo et al., 2003 ; Loth, 2004 ; Ledauphin, 2006). Les
Kotoko sont en situation de monopole et se considèrent comme les propriétaires des terres du fait
de l’antériorité de leur implantation. Ils sont maîtres dans l’art de la pêche, activité qu’ils
partagent avec leurs voisins Mouzgoum (Fokou et al., 2004).
Les Mouzgoum partagent les yaérés avec les Kotoko. Traditionnellement agriculteurs et
pêcheurs, ils sont arrivés par vagues successives d’Est en Ouest avec comme épicentre, le pays
Banre, sur la rive orientale du Chari. Leur installation dans la plaine d’inondation pourrait
remonter au 15è siècle où de grands groupes s’installèrent à Pouss, Bourkoumandji et Mbura
(Mvondo et al., 2003). Ils ont été attirés par les terres fertiles et propices pour l’agriculture et
ainsi que la pêche abondante et riche dans la plaine (Scholte, 2005). Les Mouzgoum
commencèrent par s’installer aux endroits de la plaine laissés vacants par les Kotoko. Dans un
premier temps, ils se plièrent aux règles établies par ces derniers. Le pouvoir du sultanat Kotoko
déclinant à la fin du 20ème siècle, les Mouzgoum se mirent à revendiquer des nouvelles terres de
pêche. Les deux ethnies devaient, ainsi, fréquemment, rentrer en conflits (Mvondo et al., 2003 ;
Ledauphin, 2006 ; Loth, 2004 ).
1
Peuples ancêtres des Kotoko. Ils ont eu une culture de la terre cuite et de la muraille clôturant le village.
34
Les Arabes Choa représentent 42% de la population du département du Logone et Chari
(Mvondo et al., 2003 citant Seignobos). Ils étaient, à l’origine, des pasteurs nomades. Se
déplaçant dans une région à cheval sur l’actuel Tchad et l’actuel Soudan, ils vinrent coloniser les
abords du Lac Tchad vers la fin du 18ème siècle, se heurtant, alors, aux populations Kotoko.
Avant les Peuls, les Arabe Choa constituèrent la première société de pasteurs nomades du Nord
Cameroun. Ils devaient, peu à peu, se sédentariser. Alternant, dans un premier temps, culture
pluviale de sorgho et transhumance, ils devaient, bientôt, devenir de véritables agropastoralistes
sédentaires (Mvondo et al., 2003). Ils sont plus impliqués dans le commerce de bétail que
d’autres groupes de la plaine. Ils augmentent la taille de leur troupeau par l’achat des têtes de
bovins supplémentaires pour leur commerce et en prenant bien soin de leurs animaux (Loth,
2004).
Eleveurs par excellence, les Peuls, localement appelés Foulbé, sont présents dans la
région vers la fin du 17ème siècle (Scholte, 2005). Ils y seraient arrivés par l’Ouest (le Mali).
Organisés en clans, les Foulbé sont, à l’heure actuelle, des pasteurs nomades, ou semi-nomades,
ou bien encore, des agro-pastoralistes semi-sédentaires (Loth, 2004). Ils sont particulièrement
présents dans et autour de la plaine inondée de Petté, au Sud du Parc National de Waza (PNW).
Ils pratiquent la transhumance à la recherche de bons pâturages pour leurs bovins (Mvondo et al.,
2003).
Il est difficile de déterminer avec précision l’origine des Bornouang (ou Kanouri).
Toutefois, vu l’importance de l’empire du Kanem-Bournou dans le bassin du Lac Tchad, il
semble que leur implantation soit assez ancienne. On les rencontre dans le Logone et Chari, à
Balda, Alagarno, Djéoudé dans le lamidat de Petté (département le Diamaré); à Doublé et
Limani (département du Mayo-Sava) et à Simatou à Maga (département du Mayo Danay). Leur
répartition spatiale n’a, du reste, là encore, rien du hasard. En effet, les Kanouri habitent, le plus
souvent, des villages localisés où le milieu naturel offre des conditions favorables pour
l’agriculture et, accessoirement, l’élevage, la chasse et, parfois, la pêche. Ainsi, les rencontre-t-
on fréquemment près des mares, des lacs et le long des cours d’eau. Le commerce est l’autre
domaine où les Kanouri se sont illustrés, depuis fort longtemps (Mvondo et al., 2003).
A ces populations sédentaires qui vivent dans les secteurs exondés de la plaine, il faudrait
ajouter les bergers nomades qui viennent des différents pays de la région pour faire paître leurs
animaux en saison sèche de décembre à mai. La population directement concernée par
l’écosystème du Yaéré peut-être actuellement évaluée à plus de 200 000 habitants (Aceen, 2007 ;
Loth, 2004).
35
3.1.4. Les principales activités économiques de la zone
Les principales activités économiques pratiquées dans la zone dépendent des ressources
naturelles fournies par la plaine. Ces activités sont fortement influencées par différentes saisons
(Tabl. 3), lesquelles sont en particulier caractérisées par l’absence ou la présence des pluies et
d’inondation (Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003). Par conséquent, les habitants de la plaine ont
différents moyens d’existence, avec différents degrés de spécialisation allant du pastoralisme à
l’agriculture en passant par la pêche et d’autres activités économiques (Loth, 2004 ; Roggeri,
1995). La valeur économique des ressources halieutiques et pastorales de la plaine d’inondation
de Waza-Logone a été estimée à environ 4,5 milliards de FCFA. Mais malgré sa richesse, elle
abrite les groupes sociaux démunis les plus vulnérables du pays (Aceen, 2007).
Tableau 3: Climat et les types d’utilisations des terres dans la plaine d’inondation de Waza-Logone.
3.1.4. 1. L’élevage
36
milliers d’éleveurs environ 16 000 ménages (Loth, 2004). Trois modes d’élevage extensif
cohabitent dans la zone : la transhumance, le nomadisme et l’élevage extensif sédentaire.
La transhumance et le nomadisme se caractérisent par des déplacements d’amplitude
variée fortement liés à la pluviométrie et à la recherche de pâturages et de points d’eau. Ces
mouvements permettent aux pasteurs de s’adapter aux contraintes saisonnières de
l’environnement sahélien et d’exploiter au mieux les ressources pastorales des zones traversées
(Gepis, 2000). En élevage transhumant, les animaux se déplacent selon un schéma devenu
classique. L’élevage nomade est l’apanage des pasteurs Bororo et concerne surtout les petits
ruminants. Les déplacements s’effectuent dans des directions imprévisibles avec pour seul souci
la recherche des points d’eau et des pâturages.
En élevage extensif sédentaire, les troupeaux effectuent des mouvements de très faible
amplitude qui consistent à paître aux environs du village dans la journée. Dans ce type d’élevage,
les animaux sont le plus souvent confiés à un berger salarié (Gepis, 2000).
Les bovins sont les principales espèces présentes chez la plupart d’éleveurs de la plaine,
quoique certains élèvent aussi d’autres espèces notamment les ovins, les chameaux et les ânes.
Par le passé, les effectifs étaient constitués principalement de bovins des départements du
Diamaré et du Logone et Chari, avec la dégradation du climat dans l’ensemble du bassin du Lac
Tchad, les bovins ont sensiblement augmenté. En plus des animaux appartenant aux éleveurs
sédentaires que sont les Mouzgoum, la plaine accueille chaque année, de décembre à mai, plus
de 300 000 têtes de bovins et ovins venant d’origines diverses : Niger, Nigéria, Tchad et autres
zones de la région de l’Extrême-Nord Cameroun (Aceen, 2007 ; Mvondo et al., 2003). Ces
animaux exercent une forte pression sur les ressources pastorales de la plaine déjà fragilisées par
la baisse d’inondation et le changement climatique. En plus des conflits qui arrivent
occasionnellement entre les éleveurs et les agriculteurs, ou entre les éleveurs et les pêcheurs, les
éleveurs font face à d’autres contraintes notamment les maladies liées à l’eau telle que la douve
du foie et les parasitoses (digestives, sanguines et externes). La prédation des animaux par les
carnivores du PNW affecte le pâturage autour de la zone périphérique du parc. Les pertes
d’animaux dues à ces contraintes sont estimées à 6,7% de la taille totale des troupeaux (Loth,
2004).
La plaine de Waza-Logone est une zone économiquement importante pour le
pastoralisme où les échanges commerciaux du bétail et de lait ont lieu. Environ 300 têtes de
bœufs sont vendues chaque semaine dans les marchés environnants (Zimado, Pouss,
Bourkoumandje, et Mazera) pour alimenter d’autres grands réseaux de commercialisation de
bétail (Loth, 2004).
37
3.1.4. 2. La pêche
La plaine d’inondation de Waza-Logone est l’une des zones de pêche les plus productives
d’Afrique. Le cycle de production des poissons commence avec la saison des pluies (De Iongh et
al., 1998). La pêche est une activité importante dans la zone et notamment dans le Logone, les
mares, les canaux de pêche et le grand lac de Maga. Elle est le domaine de prédilection par
excellence des Kotoko et des Mouzgoum (Mvondo et al., 2003). Ils ont développé depuis
plusieurs siècles, un système de gestion coutumière de la ressource halieutique et de certains
espaces sur l’aspect communautaire (Aceen, 2007). En plus des pêcheurs locaux (principalement
Kotoko et Mouzgoum), on distingue les pêcheurs allogènes professionnels venant pour la
plupart des pays voisins (Nigéria, Tchad, Mali) et les pêcheurs saisonniers de la région de
Yagoua qui passent environ 2 mois dans la plaine (mi –octobre à décembre). Ceux venant des
pays voisins sont vecteurs de nouvelles techniques de pêche souvent dévastatrices de la ressource
(« Gura » ou nasse malienne et « Tarau » ou senne de plage par exemple) (Hamidou et al.,
2006).
Les activités de pêche intensive durent environ six (06) mois de septembre à février.
Chaque année, à partir du mois de novembre ou de décembre (en période de crue), les pêcheurs
mettent en défens, certaines zones profondes du lit des cours d’eau. Ils les exploitent trois à
quatre mois plus tard sous la forme des pêches communautaire et collective, avant que chaque
pêcheur tente individuellement de capturer les poissons. Les produits de la pêche communautaire
(Photo 1) sont destinés à l’autoconsommation et quelque fois le reste à la réalisation des projets
sociaux à caractères communautaires (Aceen, 2007 ; Loth, 2004). Avec la demande croissante en
poissons, les produits de la pêche sont d’abord destinés pour les marchés.
Photo 2: Produits de la pêche communautaire Photo 1 : Pêche avec les paniers (Source : UICN)
(Source : ACEEN)
Dans la plaine d’inondation du Logone, les engins de pêche utilisés sont très diversifiés :
les paniers (Photo 2) localement appelés « mama » utilisés pour la récolte des sardines. Pour la
38
pêche aux Clarias spp, ils utilisent des engins localement appelés « nasse malienne », les lignes
avec hameçons, les épuisettes, les éperviers (Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003).
Au cours de ces dernières années, l’on constate la prolifération des canaux de pêche qui
sont une technique de pêche très ancienne dans la plaine d’inondation du fleuve Logone et ont
existé depuis près de quatre siècles. L’on est passé de moins de 1000 canaux de pêche à plus de
2 500 (Mvondo et al., 2003). La figure 7 ci-dessous montre le rythme de construction des canaux
de pêche entre 1908 et 2006.
Ce graphique montre le rythme avec lequel les canaux de pêche se sont proliférés dans la
plaine d’inondation de Waza-Logone depuis la construction du barrage de Maga. Le creusage
des canaux de pêche a atteint sa vitesse de croisière pendant la décennie 1996 – 2006. 40% des
canaux de pêche ont été creusés en cette période. Les canaux de pêche sont des tranchées
aménagées manuellement et destinées à capturer les poissons qui migrent du lit du cours d’eau
vers les plaines inondées en période de crue ou inversement pendant la décrue. Cette technique a
été revalorisée suite à la baisse des captures et permet ainsi de rapporter 40 kg de poissons par
jour pendant environ deux mois. Les propriétaires des canaux de pêche s’emparent à eux seuls de
plus de la moitié de la production annuelle de la plaine d’inondation de Waza-Logone estimée à
près de 12 000 tonnes de poisson frais (Aceen, 2007).
L’accès inégal aux ressources halieutiques ainsi que la répartition inégale des bénéfices
constituent une source de jalousie et de conflits entre les différents utilisateurs des ressources
naturelles de la plaine d’inondation de Waza-Logone (Aceen, 2007 ; Roggeri, 1995). Au cours
d’une décennie, les conflits dus aux inégalités d’accès aux ressources halieutiques ont entraîné
de nombreuses pertes en vies humaines, au moins cinq inaptes et plus d’une centaine de
personnes a été incarcérée (Aceen, 2007).
39
Les canaux de pêche constituent des pièges à poisson (Photo 3) et sont de dimensions
très impressionnantes et variables : de 70 à 20 000 m de long ; de 2 à 15 m de large et de 1 à 2,5
m de profondeur. Certains constituent de véritables cours d’eau avec un débit de pointe supérieur
à 20m3/s (Sighomnou et al. cités par Aceen, 2007).
Photo 3 : Canal de pêche vu du cours d’eau Photo 4 : Canaux de pêche vus de dessus prenant
(Source : Aceen) l’eau du Logomatya, un bras du fleuve Logone
(Source : Scholte, 2005)
A côté de la pêche proprement dite, il existe plusieurs autres activités connexes qui jouent
un rôle non négligeable dans la vie des populations de la plaine d’inondation. Ces activités sont
la transformation des produits pêchés, le commerce des engins et des produits de pêche et la
navigation (Mvondo et al., 2003).
La pêche dans la partie nord de la plaine est fortement influencée par la proximité du
Nigéria qui capte la quasi-totalité de la production halieutique. Ceci est accentué par le manque
d’infrastructures pour faciliter la distribution des produits vers le sud (routes bitumées, services
de transport en gros bien organisés,…) (Hamidou et al., 2006). En raison de l’inaccessibilité de
la zone en période de pêche, les pêcheurs sont contraints d’écouler leur production sous la forme
transformée et les méthodes les plus répandues sont: le fumage sur les fours traditionnels ; le
séchage du poisson fermenté sur des claies à même le sol ou sur des claies surélevées ou encore
disposés sur de la paille étalée à même le sol (Aceen, 2007).
Dans la plaine d’inondation du Logone, les hommes ont la main mise sur les ressources
naturelles (terres, pêche, bétail). S’agissant de la pêche, les femmes sont moins présentes dans la
pêche proprement dite mais très actives dans la commercialisation des produits de pêche (Photo
5). Elles se chargent ainsi de les distribuer dans toute la région. Cette situation s’expliquerait par
la division du travail au niveau du ménage qui veut que les femmes se consacrent plus aux
40
activités de reproduction alors que les activités génératrices de revenus sont réservées aux
hommes (Aceen, 2007 ; Mvondo et al., 2003).
3.1.4. 3. L’agriculture
41
dessus sont estimées à 50% de la production potentielle de l’ensemble de la région (Kouokam
cité par Loth, 2004).
42
arabique dans la zone impliquerait quatre (04) types d’acteurs directs notamment les cueilleurs
de brousse, les collecteurs villageois, les commerçants et les exportateurs. La gomme collectée
dans la plaine serait estimée à 950 tonnes par an dont 400 à 600 tonnes sont achetées par les
commerçants nigérians et 300 à 400 tonnes par l’exportateur Camerounais CEXPRO.
A partir des matériaux récoltés (paille, tiges, feuilles) dans la plaine, les femmes
fabriquent les objets tels les nattes, les balais. L’artisanat occupe environ 50% de la population
de la plaine d’inondation de Waza-Logone pendant les trois (03) mois de la saison morte. La
production moyenne par semaine et par ménage est d’une natte vendue à environ 1 500 FCFA et
de cinq balais vendus à 25 FCFA chacun (Loth, 2004 ; Mvondo et al., 2003).
De nombreuses études ont rapporté que la proximité des habitats et des activités
humaines avec la faune sauvage crée des situations souvent conflictuelles entre ces deux
groupes. Les conflits hommes – éléphants et les conflits éleveurs – lions et autres prédateurs
constituent des exemples de ce type de conflits dans la zone riveraine au PNW (Mvondo et al.,
2003). Les dégâts occasionnés par les éléphants, les lions et autres prédateurs sur les cultures et
sur les animaux sont de plus en plus importants. Malgré les efforts consentis notamment le
processus de cogestion mis en place depuis 1998 n’a pas permis d’atténuer les méfaits de ces
conflits (Ledauphin, 2006). Bien que restant encore énormes, les dégâts causés par les éléphants
dans le Mayo Kani sont moins importants qu’autrefois. La superficie endommagée représentait
environ 19% de la superficie totale cultivée. Le broutage est le type de dommage le plus
important (47%) suivi du piétinement (31%) et enfin de l’arrachage (22%) (Mvondo et al.,
2003).
La prédation du bétail par les lions entraine régulièrement des pertes d’animaux pour les
éleveurs. Les éleveurs sont attirés par la qualité et la quantité des fourrages autour et dans le
PNW (Loth, 2004). Cette prédation est surtout marquée dans le Sud du Parc, à cause d’une forte
concentration d’animaux domestiques. Les dégâts estimés sont variables d’un auteur à un autre
(Mvondo et al., 2003).
43
3.1.5.2. Les conflits pour le contrôle des mares entre les populations
La plaine d’inondation du Logone est très réputée pour ses mares très poissonneuses que
se disputent les populations locales (Mvondo et al., 2003). Compte tenu de l’importance
socioéconomique des ressources halieutiques, l’accès et le contrôle des mares engendrent des
conflits fréquents entre les populations locales. Ces conflits prennent rapidement des allures de
rivalités interethniques entre Kotoko et Mouzgoum (Aceen, 2007 ; Loth, 2004). Les Kotoko,
présents dans la plaine depuis le 16ème siècle, revendiquent la propriété des mares. Ce qui crée
des conflits avec les populations qui arrivent après (Mvondo et al., 2003).
3.1.5.3. Les conflits entre le service de la conservation et les populations riveraines au Parc
Les mares inondées par le fleuve Logone situées à la périphérie et dans le Parc sont très
poissonneuses et font l'objet d'une grande convoitise des populations riveraines (Ledauphin,
2006 ; Mvondo et al., 2003). Officiellement, la pêche à l’intérieur du Parc est interdite mais la
plupart des riverains prennent les risques de pénétrer dans le Parc surtout dans la nuit pour la
pêche (Loth, 2004). Aujourd’hui, nombre de villageois (Kotoko) réclament le droit d’accès dans
les mares « naturelles » du PNW, puisqu’il s’agit, selon eux, de mares creusées par leurs
ancêtres, les Sao. L’exploitation des mares du PNW est le fait des villages Kotoko et
Mouzgoum, situés à l’intérieur (cas de Baram) ou sur le flanc oriental du parc (Adam et
Mbouche cités par Ledauphin, 2006).
44
3.2. Types des sources des données et instruments de collecte
Deux sources de données ont été utilisées dans cette étude : les sources primaires et les
sources secondaires.
Les sources primaires sont celles qui ont permis de générer des données nouvelles et
originales au cours de l’étude. La collecte des données a mobilisé plusieurs sources
d’informations entre autres:
- Entretien avec les personnes ressources;
- Etude de cas spécifiques ;
- Enquêtes dans les villages.
Pour conduire ces différents entretiens, nous avons utilisé un questionnaire structuré
contenant des questions ouvertes et fermées.
Le questionnaire a d’abord été soumis à un pré-test de l’instrument pour s’assurer de sa
fiabilité et de sa validité. A l’issue de ce test, les modifications mineures ont été apportées avant
le tirage du document final à administrer auprès de l’échantillon.
Nous avons ainsi développé trois (03) types de documents de collecte des données :
o Un questionnaire adressé aux pêcheurs (annexe 1) ;
o Un guide d’entretien avec les personnes ressources (annexe 2) ;
o Un guide pour la conduite des études des cas (annexe 3).
Le questionnaire, les études de cas ainsi que l’entretien ont été conduits par le chercheur
lui-même (Photos 7 et 8) avec l’aide de deux (02) enquêteurs, et d’un interprète. Les enquêteurs
et interprète ont été préalablement formés en technique élémentaire d’enquête et une explication
approfondie de la trame.
Photo 8: Enquête auprès d’un pêcheur Photo 7: Entretien avec le Chef de Centre de pêche d’Iviyé
45
Le séjour dans les villages ainsi que les observations directes sur le terrain nous ont
permis également de mieux appréhender les conflits ainsi que leur impact.
Les sources secondaires nous ont permis d’obtenir des données déjà existantes mobilisées
à partir de l’analyse documentaire (mémoires, ouvrages scientifiques, rapports d’activités,
comptes rendus, les bases de données) disponible à la bibliothèque centrale de l’Université de
Dschang et au Centre d’Etudes de l’Environnement et le Développement du Cameroun (CEDC),
sur Internet et auprès des intervenants dans la zone : les services d’élevage, la commune de Zina,
la Cellule d’Appui au Développement local Participatif Intégré (CADEPI), l’Association
Camerounaise pour l’Education Environnementale (ACEEN) et les chefferies traditionnelles.
Pour nous permettre de procéder à des généralisations des résultats de l’enquête sur toute
la population de l’étude, nous avons constitué un échantillon représentatif. La méthode de triage
systématique a été utilisée pour constituer cet échantillon. Les principales étapes sont :
46
- Etablir une liste complète de la population (enquête préliminaire dans chaque village
retenu pour constituer cette liste) ;
- Choisir un nombre aléatoire N que l’on utilise comme intervalle standard pour
sélectionner chaque énième unité sur la liste à partir d’un point de départ pris au
hasard ;
- Etablir la liste des personnes à enquêter.
Le tableau ci-dessous présente une situation de nos unités d’analyse par village. Le choix
des villages d’étude a été guidé par la présence et la fréquence des conflits liés aux ressources
halieutiques dans le village. Ainsi, une vingtaine de villages a été sélectionnée sur plus de 100
villages que compte la plaine d’inondation de Waza-Logone. Le recensement effectué dans tous
les villages d’étude a permis de déterminer la population d’étude qui est composée de 763
personnes. A partir de cette population, nous avons tiré notre échantillon d’étude. Pour nous
assurer de la représentativité de l’échantillon, nous avons considéré un taux d’échantillonnage de
20%.
Le tableau ci-dessous donne les détails sur le nombre de personnes enquêtées par village.
Tableau 4: Plan d’échantillonnage de personnes à enquêter
1. Lougouma 25 05 05
2. Mahé 17 03 03
3. Tchédé 16 03 03 10
4. Haraf 11 03 03
5. Zouang 17 03 03
6. Zina 230 46 43 101
7. Halé 18 03 03 05
8. Mazera 67 13 13 200
9. Soufna 8 02 02 12
10. Ngoudeni 76 16 16 83
11. Patmangaï 22 05 05 60
12. Davagan 29 05 04 20
13. Tchoukouf 47 10 09 200
14. Sifna 62 13 13
15.Malazina (Lahaï) 22 05 05 100
16.Malazina (Guirvidig) 25 05 05 30
17. Moukak 36 07 00 5
18. Zilim 23 05 05 30
19. Matkeu 12 03 03
TOTAL 763 162 143 856
47
En plus des personnes enquêtées, nous avons eu des entretiens avec quelques personnes
ressources. Il s’agit notamment du Sous-Préfet de Zina, du Commandant de Brigade de Zina, du
Maire de Zina, du Chef de Centre d’Alevinage et de Contrôle de Pêche d’Ivyé, du Chef de
Centre d’Alevinage et de Contrôle de pêche de Mazera, du Responsable de pêche au Sultanat du
Logone Birni, du représentant du Chef de Canton de Hinalé, du représentant du Chef de Canton
de Ngoudeni, du Chef de Canton de Mazera, du Chef de Service Régional de Pêche de
l’Extrême-Nord, du Conservateur du parc national de Waza et du Coordonnateur de
l’Association Camerounaise pour l’Education Environnementale (ACEEN).
Les informations collectées ont été dépouillées manuellement et codifiées avant d’être
analysées grâce aux logiciels Excel et SPSS (Statistical Package for Social Science). Les
techniques de statistique descriptive telles que les tableaux, le calcul de fréquence, des moyennes
ont été utilisées. Les graphiques ont été également utilisés pour montrer la tendance des
phénomènes observés. Les résultats obtenus ont permis de vérifier nos hypothèses de recherche.
En raison des facteurs socioculturels et religieux, les enquêtes auprès des femmes n’ont
pas été possibles. Cela ne nous a pas permis d’avoir les points de vue des femmes sur les
manières dont elles vivent les conflits et comment les conflits entre les hommes affectent leur vie
quotidienne.
48
CHAPITRE 4 : RESULTATS ET DISCUSSION
Le tableau 5 présente la répartition des enquêtés suivant leur âge. Il ressort que les
personnes âgées de plus de 50 ans représentent près de 50% de la population enquêtée (47,51%).
En plus, les personnes âgées de plus de 60 ans représentent le quart de l’échantillon. Cela
pourrait être expliqué par le fait qu’après la campagne de pêche, la population jeune dont le
revenu provient principalement de la pêche, quitte la plaine pour s’installer dans d’autres zones
de pêche (Lac Tchad, Maga, Foumban, Douala, Lagdo). L’enquête préliminaire a montré que
plus de 800 personnes ont quitté la plaine d’inondation après la période de grande pêche. Cela
montre bien l’importance et la forte dépendance de la population de la plaine d’inondation de
Waza-Logone vis-à-vis des ressources halieutiques. Il faut noter également que cette migration
saisonnière est très accentuée dans les cantons de Mazera et Ngoudeni où l’on rencontre une
forte proportion de pêcheurs Kotoko.
49
4.1.2. Répartition des enquêtés selon leur activité
Pour obtenir les résultats ci-après, il a été demandé aux personnes enquêtées de nous
parler de leur occupation principale et ensuite secondaire.
La pêche est une activité importante dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. Elle
est la deuxième activité après l’agriculture. Plus de 20% des personnes enquêtées la pratiquent
comme activité principale tandis qu’elle constitue l’activité secondaire pour près de 80% des
personnes enquêtées. Cette répartition serait expliquée par le fait que l’agriculture est l’activité
de base de la zone car elle assure la sécurité alimentaire des ménages même si la pêche semble
générée plus de revenus (Bauer, 2003). Avec la baisse des inondations, il y a eu une reconversion
progressive des jeunes pêcheurs en agriculteurs. Cela est vérifiable à travers des initiatives
locales de création de rizières. C’est le cas des groupes des jeunes de Zina et de Sara-Sara dans le
Canton de Mazera. On pourrait également expliquer cette répartition par le phénomène de
migration saisonnière des pêcheurs qui caractérise cette zone. En effet, depuis les perturbations
hydrologiques intervenues dans la plaine d’inondation vers la fin de la décennie 70, après la
grande campagne de pêche (octobre à janvier), les pêcheurs professionnels migrent vers d’autres
zones de pêche loin de la zone d’étude. Les résultats ci-dessus confirment ceux de Béné et al.
(2003) qui concluent que la pêche ne constitue plus une activité de production majeure sauf pour
les propriétaires de canaux de pêche et les jeunes pêcheurs capables de se déplacer vers d’autres
zones de pêche. La population continue à la pratiquer par manque d’autres alternatives.
4.1.3. Proportions des enquêtés selon leur système d’éducation et leur niveau d’instructions
50
du contexte. Par ailleurs, les études ont montré que les personnes instruites adoptent plus
facilement les innovations.
Dans les communautés musulmanes en général et dans la plaine d’inondation du Logone
en particulier, l’imam est une personne respectée et écoutée. Il est vecteur de la paix et est très
sollicité pour la médiation en cas de conflits.
Les résultats ci-après ont été obtenus en demandant aux enquêtés s’ils ont été à l’école, le
système d’éducation qu’ils ont fréquenté et ainsi que le diplôme qu’ils ont obtenu.
Tableau 6: Répartition des enquêtés selon leur système d’éducation et leur niveau d’instructions
Canton de N’a pas été à Système d’éducation fréquenté
l’enquêté l’école Coranique Francophone Coranique et francophone
Statut de Sans Avec Avec Statut de Statut de l’imam
l’imam2 CEPE CEPE BEPC l’imam + CEPE
Mazera 20 9 30 9 0 2 2
Lahaï 15 2 16 0 2 1 0
Ngoudeni 6 4 16 1 0 1 0
Hinalé 0 0 2 0 0 0 0
Guirvidig 5 0 0 0 0 0 0
Total 46 15 64 10 2 4 2
Pourcentage (%) 32,16 10,49 44,75 7,00 1,40 2,80 1,40
Il ressort du tableau 6 ci-dessus que près de 70% des personnes enquêtées ont fait un
système d’éducation formel soit coranique, soit francophone ou bien les deux systèmes à la fois.
Cependant à l’intérieur du système francophone, l’on constate que plus de 80% des personnes
concernées n’ont eu que le CEPE. L’on note une disparité entre les cantons. Les cantons de
Mazera et Ngoudeni présentent un taux d’alphabétisation plus élevé par rapport aux autres. Ce
niveau d’éducation faible pourrait être expliqué de manière générale par le fait qu’en raison de
l’intérêt que la population accorde à l’activité de pêche dont la grande campagne va de novembre
en janvier, la rentrée scolaire n’a véritablement lieu qu’à partir de la mi-février. Par ailleurs, le
taux de déperdition scolaire reste également élevé en raison des migrations saisonnières des
parents surtout pêcheurs. Le système d’éducation francophone souffrirait également dans la zone
du manque d’infrastructures scolaires et d’enseignants. Le Collège d’Enseignement Secondaire
(CES) de Zina est un exemple très illustratif du faible intérêt porté à l’éducation occidentale dans
cette zone. Depuis sa création en ……, (exemple du CES de Zina, données à rechercher).
En raison du fort taux d’islamisation et de la proximité du Tchad où le système
d’éducation coranique semble présenté des facilités, les parents préfèreraient envoyer leurs
2
Toute personne ayant accompli au moins une fois la lecture complète du Saint-Coran.
51
enfants dans des écoles coraniques. Globalement, les différents pourcentages obtenus reflètent
bien les réalités des régions septentrionales caractérisées par un taux d’analphabétisme élevé.
Ce faible niveau d’instruction de la population de la zone peut limiter leur capacité à
mieux analyser les situations conflictuelles présentes. Cela influence également leur aptitude à la
négociation car faute d’analyse de la situation, chaque partie a tendance à privilégier seulement
ses propres intérêts.
Dans une zone où les conflits liés aux ressources naturelles sont rapidement transformés
en rivalités interethniques, il est important de connaître la répartition de la population selon son
origine ethnique. Cela pourrait aider à déterminer les zones à fort potentiel de rivalités
interethniques afin que des dispositions soient prises pour en empêcher.
La question posée aux enquêtés consistait à demander leur appartenance ethnique.
Le tableau 7 ci-dessus présente la répartition des personnes enquêtées suivant leur ethnie.
De manière générale, il ressort que les personnes enquêtées sont constituées à part égale des
Kotoko et des Mouzgoum. Cependant les études antérieures dans la plaine ont toujours rapporté
que les Mouzgoum étaient plus nombreux que les Kotoko (Mvondo et al., 2003). Le résultat ci-
dessus pourrait être expliqué par le choix des villages d’étude. Ce choix a été surtout orienté par
la présence des conflits entre les pêcheurs. Les Kotoko bien qu’étant minoritaires dans la plaine
d’inondation, ils seraient plus nombreux dans les villages où la pêche reste encore une activité de
production majeure. Ceci pourrait démontrer le pouvoir qu’ils revendiquent par rapport à la
gestion des ressources halieutiques dans la plaine de Waza-Logone.
Les cantons de Mazera et de Ngoudeni constituaient des Kotoko et Mouzgoum
présenteraient des risques élevés de rivalités interethniques. Le conflit entre les pêcheurs pour le
contrôle des mares poissonneuses est rapidement transformé en conflit interethnique.
52
4.1.5. Répartition des enquêtés suivant leur religion
La taille des ménages est une caractéristique importante qui permet de déterminer les
besoins des ménages et par conséquent le niveau d’utilisation et de compétition pour les
ressources naturelles dont dépendent les activités économiques de la zone.
Moyenne 10,83
Ecart-type 5,396
Intervalle 27
Minimum 1
Maximum 28
L’on constate à partir du tableau 9 ci-dessus que la taille du plus grand ménage est de 28
personnes et le ménage le plus petit ne compte qu’une personne. La taille moyenne des ménages
dans la zone d’étude est de 10,83 personnes. Comparée au niveau national, cette taille reste deux
fois plus grande (4,8 selon EDS3). Les études menées par l’UICN dans la plaine en 1996 ont
montré que la taille moyenne des ménages était de six (06) personnes. De 1996 à 2010, la taille
moyenne des ménages a presque doublé et par conséquent les besoins des ménages ont
également augmenté. Ce qui exigerait aux pêcheurs plus d’efforts de pêche pour subvenir aux
besoins de leur famille d’où la forte compétition pour les ressources halieutiques.
53
4.2. Typologie et manifestation des conflits dans la plaine d’inondation
4.2.1. Conscience de l’existence des conflits dans la zone
Il a été demandé aux personnes enquêtées leur avis sur l’existence des conflits liés aux
ressources naturelles dans leur communauté.
La figure 10 ci-dessus montre que 93% des personnes enquêtées sont conscientes de
l’existence des conflits dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. Cela corrobore les résultats
obtenus par les études antérieures (Mvondo et al., 2003 ; Loth, 2004 ; Scholte, 2005). En effet,
comme il a été décrit plus haut, vaste de 6 000 km2, la plaine d’inondation de Waza-Logone est
caractérisée par sa très grande richesse en ressources naturelles qui attirerait de nombreux
utilisateurs (pêcheurs, agriculteurs, éleveurs,…) d’origines diverses. Selon les estimations de
l’UICN, le taux de croissance démographique dans la zone serait de l’ordre de 2,8% donc un
accroissement rapide de la population. Dans cette situation, toute perturbation au niveau des
ressources naturelles dont dépendent fortement les populations pourrait entraîner une forte
compétition et par conséquent des conflits vont naître entre les utilisateurs.
Les résultats ci-après ont été obtenus en demandant aux personnes enquêtées de parler
des types de conflits liés aux ressources naturelles que l’on rencontre dans leur communauté.
Pour obtenir les résultats ci-après, il a été demandé aux personnes enquêtées leur niveau
d’implication dans les conflits entre les pêcheurs.
Il ressort du tableau 11 ci-dessous que plus de 50% des personnes enquêtées ont été
impliquées au moins une fois dans un conflit entre pêcheurs. Dans certaines zones telles que
Lahaï et Guirvidig, les personnes enquêtées ont été plus impliquées dans les conflits par rapport
aux autres respectivement dans des proportions de 64,70% et 100%. Cela corrobore les
déclarations des autorités administratives et techniques de Zina qui estiment que ces zones
constitueraient des poches des conflits et devraient mériter une attention particulière.
55
Dans le canton de Hinalé par contre, les personnes enquêtées ont été moins impliquées
dans les conflits. Cela pourrait être expliqué par le caractère secondaire de la pêche dans cette
zone et également par l’utilisation des engins et techniques de pêche présentant moins de risques
de conflits.
Tableau 11: Niveau d’implication des enquêtés dans les conflits entre pêcheurs
Implication du répondant dans le conflit
Canton d’origine entre pêcheurs
de l’enquêté Oui % Non % Total
Mazera 36 49,31 37 50,68 73
Lahaï 22 64,70 12 35,30 34
Ngoudeni 14 51,85 13 48,14 27
Hinalé 1 33,34 2 66,66 3
Guirvidig 5 100 0 0 5
Total 78 64 142
Pourcentage (%) 54,93 45,07 100
Les résultats ci-après ont été obtenus en demandant aux personnes enquêtées de décrire
les différentes formes de manifestations des conflits entre les pêcheurs dans la plaine.
Les résultats présentés dans le tableau 12 ci-dessus mettent en évidence trois (03)
principales formes de manifestations des conflits entre pêcheurs dans la plaine d’inondation du
Logone : les querelles (65,70%), la rupture de communication (56,93%) et la violence (35,76%).
Cela montre également que plus de 50% de querelles aboutissent aux confrontations/violences
entre les belligérants. Ces résultats confirment l’ampleur de violence dans les conflits opposant
les pêcheurs déjà relevée par les études antérieures (Aceen, 2007). Le déséquilibre de pouvoir
entre les différents acteurs concernés favoriserait l’usage de la force au lieu de la négociation
pour résoudre leur différend. Cette violence met en évidence une fois de plus l’importance des
ressources halieutiques pour la population de la plaine d’inondation et l’échec des mécanismes
56
de prévention et de gestion de ces conflits. Les ressources halieutiques sont vitales pour les
ménages et une mauvaise campagne de pêche pourrait anéantir tous les efforts de plusieurs
années (Sous-préfet de Zina). La dégradation des méthodes traditionnelles de gestion des
ressources halieutiques suite aux perturbations hydrologiques a laissé place à un accès incontrôlé
aux ressources et par conséquent des conflits naissent de plus en plus.
4.2.5. Durée des conflits entre pêcheurs dans la zone
Les résultats ci-après ont été obtenus en interrogeant les pêcheurs sur l’année d’existence
des conflits entre pêcheurs dans leur communauté.
Tableau 13: Année d’existence des conflits entre les pêcheurs dans la plaine
Les résultats du tableau 13 montrent que les conflits entre les pêcheurs ont existé depuis
les années 1960 mais ils étaient plus localisés dans certaines zones notamment le canton de
Mazera. A partir des années 90, ces conflits ont commencé à gagner l’ensemble de la plaine avec
40,90% des personnes enquêtées qui affirment l’existence des conflits entre les pêcheurs. Cela
pourrait être expliqué par la croissance démographique due au retour massif des pêcheurs suite
aux ré-inondations de la plaine entreprises par le projet Waza-Logone en 1994 et 1997 et aussi
par l’ouverture du réseau nigérian de commercialisation des poissons et par conséquent, il y a eu
une forte compétition pour les ressources halieutiques. Par ailleurs, l’avènement de la démocratie
pourrait également expliquer l’existence des conflits car dans cette zone, la démocratie a été
perçue comme libération et libertinage. Les pêcheurs Mouzgoum qui se sont plié pendant
plusieurs années aux règles de conduite de pêche définies par les Kotoko (premiers occupants)
ont saisi l’occasion offerte par la démocratie pour se libérer du joug pesant.
Pour obtenir les résultats ci-après, il a été demandé aux personnes enquêtées de donner
leur avis sur la fréquence des conflits entre les pêcheurs dans leur communauté.
57
Figure 11: Fréquence annuelle des conflits entre les pêcheurs
La figure 11 ci-dessus montre que plus de 60% des personnes enquêtées estiment que les
conflits ont lieu une fois par an pendant la grande campagne de pêche. Cette fréquence faible est
surtout expliquée par la saisonnalité et l’utilisation communautaire des ressources halieutiques
dans la plaine d’inondation. Dans les villages situés le long du Logone et du Logomatya où
l’activité de pêche est pratiquée toute l’année, la fréquence des conflits dépasserait les 1fois/an.
4.2.7. Influence de la ré-inondation de la plaine d’inondation sur les conflits entre les
pêcheurs
Les résultats ci-après sont obtenus en demandant aux personnes enquêtées de donner leur
appréciation des conflits entre les pêcheurs avant et après la ré-inondation de la plaine entreprise
par le projet Waza-Logone.
58
Figure 12a: Appréciation de la fréquence des Figure 12b: Appréciation de la fréquence
conflits entre les pêcheurs avant les ré- des conflits entre les pêcheurs après les
inondations ré-inondations
Les figures 12a et 12b ci-dessus donnent une appréciation de la fréquence des conflits
entre les pêcheurs avant et après les ré-inondations de la plaine intervenues en 1994 et 1997 sous
l’initiative du projet Waza-logone. Il ressort que plus de 80% des personnes enquêtées affirment
qu’après les ré-inondations de la plaine, il y a eu une augmentation des conflits entre les
pêcheurs. Ce résultat corrobore les conclusions de Sighomnou et Naah (1997) sur l’impact des
essais de la ré-inondation de la plaine d’inondation de Waza-Logone. Cette situation pourrait être
expliquée par le retour massif des pêcheurs dans la plaine après les ré-inondations qui ont permis
la reprise des activités de la pêche. Ce retour a entraîné une croissance rapide des pêcheurs
entrainant une forte compétition pour les ressources halieutiques. Une autre étude menée dans la
plaine a montré une augmentation des pêcheurs sédentaires à l’intérieur et autour du parc
national de Waza de 25% en 1994 et de 34% en 1995 (Scholte, 2003). Certains espaces qui
étaient jadis abandonnés ont fait l’objet de nombreuses revendications. De nouveaux engins et
pratiques de pêche non réglementaires se sont multipliés. C’est le cas des canaux de pêche, de
l’épervier et des nasses maliennes. Cela montre que les études qui ont précédé les ré-inondations
de la plaine ont privilégié les aspects écologiques au détriment des aspects sociaux. Des mesures
d’accompagnement allant dans le sens de la réglementation de l’accès et de l’utilisation des
ressources halieutiques auraient pu être mises en œuvre dans le but de prévenir des éventuels
conflits. Ce résultat met en évidence certaines insuffisances des projets de développement et cela
a été confirmé à Zina au cours des études de cas où les participants ont affirmé que les
intervenants dans la zone auraient favorisé l’instauration des permis de pêche dans la plaine. Ces
59
permis de pêche auraient, à son tour, favorisé la prolifération des engins et pratiques de pêche
non durables qui seraient alors à l’origine des conflits entre les pêcheurs.
Tableau 14: Conflits entre les pêcheurs qui ont marqué la population ces 5 dernières années
60
Les résultats du tableau 14 ci-dessus mettent en évidence les conflits liés aux ressources
halieutiques qui ont marqué la population de la plaine au cours de ces cinq (05) dernières années.
Vingt sept (27) conflits entre les pêcheurs ont retenu l’attention des personnes enquêtées ces cinq
(05) dernières années. Trois (03) conflits semblent avoir plus marqué les populations : le conflit
de Tchédé (25,47%), le conflit de Zina (12,26%) et le conflit de Malazina (8,50%).
Conflit de Tchédé
Le conflit le plus retentissant au cours de ces cinq (05) dernières années dans la plaine
d’inondation est celui qui a opposé les pêcheurs de Tchédé, Kotoko, « autochtones » et
« propriétaires » des mares à ceux de Soufna, Mouzgoum et « venants ».
Ce conflit dont la principale cause est la compétition pour le contrôle des mares très
poissonneuses situées à l’intérieur du Parc National de Waza, s’est très vite transformé en un
conflit interethnique entre les Kotoko et les Mouzgoum. Les conséquences ont été énormes.
Encadré 2: Estimation des dégâts causés par le conflit de Tchédé
Une étude approfondie du conflit de Tchédé avec la population a permis d’évaluer les dégâts:
- 80 à 90 cases incendiées d’une valeur d’environ quarante millions de FCFA ;
- Environ 1000 animaux (bovins, caprins, ovins et asins) emportés d’une valeur monétaire d’environ 25 millions
FCFA ;
- Environ 10 000 millions de FCFA incendiés et emportés ;
- Des quantités importantes de poissons ont été emportées soit une valeur d’environ 20 millions de FCFA ;
- 8 morts dont une femme
Les pertes totales en valeur monétaire sont de 95 millions de FCFA. Les pertes moyennes par ménage sont
estimées à 6 millions de FCFA
En plus des dégâts matériels et humains présentés dans l’encadré ci-dessus, les enfants
ont perdu toute une année scolaire, les traumatismes socio-psychologiques de suite des
affrontements continuent à menacer la santé des couches vulnérables (enfants, femmes et vieux),
les échanges commerciaux entre les deux communautés ont été interrompus. La perte des
facteurs de production (filets, pirogues,…) a handicapé la population dont une partie importante
de son revenu provient de la pêche. La population a tout perdu et jusqu’aujourd’hui elle a du mal
à oublier cet événement très malheureux. Malgré de nombreuses interventions extérieures, la
réconciliation entre les deux communautés reste encore timide.
Dans la perspective de recherche de solution à ce conflit, une commission préfectorale
d’évaluation des dégâts matériels survenus lors de cet affrontement a été mise en place en vue
des dédommagements éventuels. Le rapport de la commission a estimé les dégâts à 74 266 400
FCFA. L’Etat et ses partenaires ont eu à apporter leur appui aux victimes mais les
61
dédommagements promis sont encore attendus. L’administration a eu à organiser plusieurs
rencontres en vue de réconcilier les deux communautés.
Conflit de Zina
Les pêcheurs autochtones et les pêcheurs venants s’affrontent régulièrement dans la zone
de Zina. L’appropriation des plans d’eau par l’utilisation des îlots d’herbes, le barrage des
canaux de pêche, la destruction des engins de pêche, la croissance démographique, la baisse des
inondations et la monétarisation de l’économie sont les principales causes de ces conflits. Le
conflit oppose généralement les propriétaires des canaux de pêche aux autres pêcheurs.
Encadré 3: Rôle de l’harmonie sociale dans le règlement des conflits à Zina
Selon les membres de la communauté rencontrés, malgré la fréquence élevée des conflits dans la zone,
les dégâts matériels et humains importants n’ont pas été enregistrés. L’harmonie sociale (même ethnie, même
religion) aidant, la négociation à l’amiable semble être le moyen de règlement privilégié. Des discussions entre
les parties opposées permettent d’arriver à des résolutions et ensuite c’est le pardon.
Conflit de Malazina
Depuis ces deux dernières années, Malazina (Guirvidig) semble être une poche de conflit
connue de tout le monde. Les pêcheurs tous de l’ethnie Mouzgoum se disputent la gestion d’une
portion très poissonneuse du Logomatya.
Encadré 4: Phase actuelle du conflit de Malazina
Contrairement aux conflits de Tchédé et de Zina se trouvant à leur phase post-conflit, le conflit de
Malazina semble encore être à sa phase de crise. En 2010, les deux communautés se sont affrontées donnant lieu à
quatre (04) personnes blessées et les pertes financières seraient estimées à près de trois (03) millions FCFA. L’une
des parties accuserait l’administration locale de favoritisme à cause des manœuvres de corruption de la partie
opposée.
Malgré l’intervention des médiateurs locaux et des autorités administratives, chacune des
deux parties reste encore sur sa position. Sans une intervention efficace, la prochaine campagne
de pêche pourrait être plus violente.
62
4.3.1. Acteurs à l’origine des conflits
Tableau 15: Acteurs à l’origine des conflits liés aux ressources halieutiques
Canton
d’origine de Acteurs à l’origine des conflits liés aux ressources halieutiques
Pêcheur Pêcheur Pêcheur Pêcheur Chefs village Leaders Autorités
l’enquêté agriculteur professionnel migrant commerçant traditionnels voisin politiques administratives
Mazera 16 42 22 10 7 18 2 1
Lahaï 8 15 5 2 10 8 1 0
Ngoudeni 4 15 3 4 0 7 0 0
Hinalé 0 3 0 0 0 0 0 0
Guirvidig 0 0 0 0 5 5 0 0
Total 28 75 30 16 22 38 3 1
Pourcentage
(%) 19,58 52,44 20,98 11,18 15,38 26,57 2,10 0,70
Cinq (05) groupes d’acteurs ont été identifiés par les personnes enquêtées comme étant à
l’origine des conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation de Waza-
Logone (Tabl.15).
Pêcheurs
Le groupe des pêcheurs comprend quatre (04) catégories dont les pêcheurs agriculteurs,
les pêcheurs professionnels, les pêcheurs migrants et les pêcheurs commerçants. Ces catégories
n’ont pas toutes les mêmes intérêts et les mêmes moyens de pêche. Les pêcheurs professionnels,
en raison leur forte présence et leur arsenal de pêche plus complexe, semblent être plus à
l’origine des conflits liés aux ressources halieutiques (52,44%) par rapport aux autres catégories.
Par ailleurs, pour cette catégorie d’acteurs, la pêche constitue la principale source de revenus
dont les enjeux pendant une campagne de pêche sont plus importants. L’accroissement de la
commercialisation des poissons suite à l’intégration du réseau nigérian pousse les pêcheurs à
développer des nouvelles techniques de pêche en occurrence les canaux de pêche. Les
propriétaires des canaux de pêche s’arrogent des droits de propriété « exclusifs » en privant les
« petits » pêcheurs de toute possibilité d’accès aux ressources halieutiques.
Village voisin
Depuis plusieurs années, les villages partageant les mêmes mares ont tenté de mettre en
place un système de gestion communautaire de la ressource. Les revenus générés sont utilisés
pour réaliser des actions communautaires à caractère social. Pour diverses raisons, le partage
parfois inéquitable des ressources génère des conflits entre les villages voisins (26,57%). Des
revendications de propriété naissent alors entre les villages, qui, autrefois, partageaient la même
ressource.
63
Pour apaiser les tensions entre les villages, l’administration a suspendu l’utilisation
communautaire de plusieurs mares en occurrence Davagan/Patmangaï, Tchoukouf/Sifna (Sous-
préfet, Commandant de Brigade de Zina).
Chefs traditionnels
Selon 15,38% des personnes enquêtées, les chefs traditionnels sont à l’origine des conflits
liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. En effet, les chefs
traditionnels qui sont souvent sensés représenter l’intérêt collectif finissent quelquefois à
privilégier leurs intérêts individuels. Ils utiliseraient les revenus générés par les ressources
halieutiques pour s’approprier les mares avec le soutien de l’administration. Les chefs
traditionnels sont considérés comme étant à l’origine des conflits dans les villages où
l’exploitation communautaire est pratiquée. C’est le cas de certains villages tels que Davagan,
Patmangaï, Tchoukouf, Sifna, Araf.
Leaders politiques
Depuis l’avènement de la démocratie, les leaders politiques utiliseraient les conflits liés
aux ressources halieutiques pour atteindre leurs objectifs. Selon les autorités administratives et
communales rencontrées, le conflit violent et interethnique qui a eu lieu à Tchédé en 2007 serait
un exemple d’utilisation des conflits liés aux ressources halieutiques à des fins politiques. Le
soutien apporté par les leaders politiques à une ethnie serait alors récompensé par un alignement
massif des électeurs derrière sa candidature.
Autorités administratives
Il ressort de nos entretiens avec quelques personnes ressources (Chefs de centre de pêche,
responsable de pêche au Sultanat de Logone Birni) que les conflits liés aux ressources
halieutiques constitueraient une source de revenus importante pour les autorités administratives
de la plaine d’inondation. Des sommes souvent importantes seraient versées par les parties en
conflit aux autorités pour acheter leur conscience et la raison. Par ailleurs, depuis au moins deux
années, l’administration a décidé de suspendre et de pêcher des mares présentant des risques de
conflit à l’instar de Davagan et Tchoukouf. Cette décision donne l’opportunité aux autorités de
contrôler les mares les plus poissonneuses de la plaine.
L’expérience des conflits liés aux ressources halieutiques du village Tamol Leu
(Cambodge) montre l’implication des militaires et des policiers en plus des acteurs cités dans le
cas de la plaine du Logone. Ces militaires et policiers vendraient aux particuliers les pêcheries
appartenant aux communautés locales (Sithirith et Sokkhoeun, 2005).
64
4.3.2. Causes des conflits liés aux ressources halieutiques
Tableau 16: Causes des conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation de
Waza-Logone
Les résultats du tableau 16 ci-dessus mettent en exergue les principales causes des
conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. Dix (10)
causes d’importance variable ont été identifiées par les personnes enquêtées.
65
Baisse des ressources halieutiques
Des études réalisées sur la plaine de Logone ont rapporté qu’il y a eu une baisse
d’environ 90% de la productivité en poisson depuis les aménagements hydro-agricoles réalisés
en 1979 dans le cadre de la SEMRY combinés à la sécheresse des années 70 (Loth, 2004,
Mvondo et al., 2003, Scholte, 2005 ; Sighomnou et Naah, 1997). Ces perturbations
hydrologiques ont conduit à l’abandon des systèmes traditionnels de gestion des ressources
naturelles garants d’une exploitation durable et pacifique. Combinée à la croissance
démographique, la baisse des ressources halieutiques a alors entrainé une forte compétition pour
se procurer la ressource et cela a entrainé les conflits entre les utilisateurs. Plus de 50% des
personnes enquêtées estiment que cette baisse des ressources halieutiques est à l’origine des
nombreux conflits entre les pêcheurs. Une étude similaire réalisée au Cambodge conclue que la
baisse des ressources halieutiques due à de nombreux facteurs notamment l’irrégularité de
l’inondation et le barrage comme étant à l’origine des conflits entre les pêcheurs. Cela a favorisé
l’utilisation des nouveaux engins de pêche plus destructifs notamment l’usage de la lumière et
des produits chimiques pour attirer les poissons (Sithirith et Sokkhoeun, 2005).
66
conséquent des nombreux conflits naissent (tabl. 15). Ces informations ont été confirmées par les
autorités administratives et communales (entretien, 2010).
Croissance démographique
Depuis la moitié des années 90, à cause de la ré-inondation de la plaine, la population de
la plaine aurait augmenté de manière plus rapide suite au retour massif des pêcheurs. Bauer
(2003) rapporte que les pêcheurs sédentaires à l’intérieur et en bordure du parc national de Waza
auraient augmenté de 25% en 1994 et de 34% en 1995. Avec cette explosion démographique, les
pêcheurs doivent fournir plus d’efforts de pêche pour capturer la quantité de poissons nécessaire
à la satisfaction de leurs besoins. Dans cette condition, la compétition sur les ressources
halieutiques devient plus croissante et par conséquent les conflits entre les pêcheurs deviennent
plus fréquents (Tabl. 16).
Différence ethnique
La différence ethnique serait la cause de plusieurs conflits entre les pêcheurs selon
11,88% des personnes enquêtées. Les études réalisées sur la plaine (Aceen, 2006 ; Loth, 2004 ;
67
Mvondo et al., 2003) et les entretiens que nous avons eus avec l’administration et le responsable
de pêche du Sultanat de Logone Birni (2010) confirment cela. Les Kotoko, premiers occupants
de la plaine d’inondation de Waza-Logone, revendiquent la propriété exclusive de toutes les
mares et considèrent les Mouzgoum comme des « venants » et n’ont pas droit aux mêmes
privilèges. Ils auraient consenti des sacrifices importants pour garder ces ressources pendant des
longues années. Les Mouzgoum qui se sont soumis pendant plusieurs siècles aux règles
traditionnelles des Kotoko ont profité de l’évolution du contexte politique, social et économique
pour se libérer de ce joug pesant. L’avènement de la démocratie et la supériorité numérique des
Mouzgoum auraient constitué des facteurs importants à ces revendications. Très fréquemment,
les Kotoko et les Mouzgoum devraient alors entrer en conflit pour le contrôle des mares très
poissonneuses de la plaine.
Manipulation politique
Pour atteindre leurs objectifs, les leaders politiques auraient manipulé les pêcheurs. Selon
les autorités administratives et communales de Zina (communication personnelle, 2010), certains
leaders politiques auraient apporté leur soutien dans les conflits liés aux ressources halieutiques.
Le conflit de Tchédé qui a très vite pris des allures de rivalité interethnique a été un exemple très
illustratif de l’intervention des leaders politiques dans la naissance des conflits liés aux
ressources halieutiques.
Cette partie porte sur l’analyse des résultats concernant les intervenants dans la gestion
des conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation du Logone notamment
l’inventaire de tous ces intervenants, les types de conflits gérés par chaque intervenant ainsi que
68
le nombre de conflits gérés par chaque intervenant en 2009. Il sera également abordé la question
de l’efficacité de chaque intervenant dans la gestion de ces conflits.
4.4.1. Intervenants dans la gestion des conflits liés aux ressources halieutiques
Les résultats ci-après ont été obtenus en demandant aux individus enquêtés la personne à
qui ils s’adressent en cas de conflit.
Tableau 17: Intervenants dans la gestion des conflits liés aux ressources halieutiques
Canton Intervenants en matière de gestion des conflits
d’origine de Amis Groupes Responsable Autorité Sous-préfecture
l’enquêté religieux traditionnelle /gendarmerie
Mazera 16 4 2 56 9
Lahaï 3 4 0 25 8
Ngoudeni 4 6 0 17 2
Hinalé 2 1 0 0 0
Guirvidig 0 0 0 5 0
Total 25 15 2 86 19
Pourcentage (%) 17,48 10,49 1,40 60,14 13,28
Le tableau 17 ci-dessus met en évidence les différents intervenants dans la gestion des
conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. Selon
60,14% des personnes enquêtées, l’autorité traditionnelle est l’intervenant le plus sollicité par
les pêcheurs pour la gestion de leur différend. Elle est suivie des amis (17,48%) et ensuite de
l’administration (13,28%). L’autorité traditionnelle serait plus sollicitée en raison de sa
proximité, du pouvoir traditionnel qu’elle incarne et aussi par sa bonne connaissance du terroir.
Elle serait également sollicitée parce que son jugement est rapide et moins couteux et ensuite elle
cherche à préserver la paix. Les amis et les groupes seraient sollicités parce qu’ils peuvent aider
à régler le conflit sans dépenser de l’argent et ensuite la paix et les relations entre les parties en
conflit sont préservées. L’administration serait sollicitée parce qu’elle dispose des moyens
légaux et le pouvoir pour rétablir l’ordre et faire respecter ses décisions.
La gestion des conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine du Logone semble
être moins organisée. Les parties en conflit peuvent directement s’adresser à n’importe quel
intervenant. Bien qu’étant l’intervenant le plus sollicité, les chefferies traditionnelles ne
disposent pas des personnes en charge des questions de pêche à l’exception du Sultanat de
Logone Birni. Contrairement à la plaine du Logone, la gestion des conflits entre les pêcheurs au
Ghana est hautement structurée et organisée. Au niveau de chaque village, il existe un
responsable de pêche qui est la première personne à contacter en cas de conflit entre pêcheurs.
Cela évite l’escalade des conflits grâce à son intervention rapide et aussi les pêcheurs ne
dépensent presque pas d’argent (Bennett et al., 2000).
69
4.4.2. Types de conflits liés aux ressources halieutiques par intervenant dans la gestion des
conflits
Pour régler leur différend, les pêcheurs de la plaine ont le choix entre plusieurs modes de
règlement des conflits (médiation, mode de règlement coutumier, mode de gestion par
l’administration). Le choix de l’intervenant est dicté par plusieurs critères notamment la gravité
du conflit, les personnes impliquées et les causes du conflit donc en bref le type de conflit.
4.4.2.1. Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par la médiation des amis et
des groupes
Il a été demandé aux personnes enquêtées d’énumérer les types de conflit qui sont gérés
grâce à la médiation des amis et des groupes.
Canton Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par les amis
d’origine de Vol de Conflit lié aux engins de Conflits Conflit entre Conflit entre Tous les types de
l’enquêté poissons à la pêche, touffes d'herbe, moins deux personnes, éleveurs et conflit dépendant
palangre, canaux de pêche, mare, graves, non amis, famille, pêcheurs sur les des parties en
dettes partage inégal violents voisins canaux de pêche conflit Total
Mazera 2 11 2 37 1 4 57
Lahaï 0 7 1 3 0 4 15
Ngoudeni 0 0 1 7 0 1 9
Hinalé 1 1 0 0 0 0 2
Guirvidig 0 0 0 2 0 0 2
Total 3 19 4 49 1 9 85
Pourcentage 3,53 22,35 4,70 57,64 1,17 10,58 100
Canton Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par les groupes
d’origine de Tous les Conflit lié à Conflit entre les Conflit entre Dispute sur Conflit
l’enquêté types de l’appropriation Conflit entre membres d’une même éleveurs et pêcheurs les mares lié aux
conflit moins de l’espace de voisins, famille, amis par sur les canaux de entre les engins de
graves pêche interethnique rapport à la pêche pêche ethnies pêche Total
Mazera 12 13 4 17 2 1 1 50
Lahaï 11 2 0 1 0 0 0 14
Ngoudeni 3 2 2 2 0 0 1 10
Hinalé 1 0 0 0 0 0 0 1
Guirvidig 0 2 0 0 0 0 0 2
Total 27 19 6 20 2 1 2 77
Pourcentage 35,06 24,67 7,80 25,97 2,60 1,30 2,60 100
Il ressort des tableaux 18 et 19 que la médiation des amis et des groupes serait sollicitée
pour régler des conflits opposant les membres d’une même famille, des amis ou des voisins qui
70
sont soucieux de préserver leurs relations. Cette médiation serait donc demandée parce qu’elle
permettrait la prise de décisions conjointe par les parties, elle préserverait également la paix et
les relations entre les parties et n’engagerait aucun frais. Cependant, malgré ses avantages pour
les populations, de manière générale, la médiation ne peut s’occuper que des cas de conflits
moins graves c’est-à-dire sans bagarre, ni blessure et dépendrait aussi de la volonté des parties à
négocier et à appliquer les décisions prises.
4.4.2.2. Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par les autorités
traditionnelles
Le tableau ci-après a été obtenu en demandant aux personnes enquêtées de citer les types
de conflits pour lesquels les chefs traditionnels sont sollicités.
Canton Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par les chefs traditionnels
d’origine de Conflit autour des Vol de poissons Conflit lié aux canaux de Tous les types de Conflit de pêche Conflit entre
l’enquêté touffes d'herbes, aux palangres, pêche, nasse malienne, conflits souvent même lié à l'héritage, voisin,
mare engins de pêche mare naturelle avec bagarre dettes interethnique Total
Mazera 1 5 7 41 5 3 62
Lahaï 1 0 5 22 1 0 29
Ngoudeni 1 2 3 15 0 1 22
Hinalé 0 0 1 0 0 0 1
Guirvidig 0 0 0 5 0 0 5
Total 3 7 16 83 6 4 119
Pourcentage 2,52 5,88 13,44 69,74 5,04 3,36 100
Les résultats du tableau 20 ci-dessus mettent en exergue les types de conflits qui sont
réglés par l’autorité traditionnelle. Environ 70% des personnes enquêtées affirment que l’autorité
traditionnelle peut régler tous les types de conflits liés aux ressources halieutiques et même en
cas de bagarre. Ces résultats corroborent avec ceux présentés au tableau 16 qui mettent en
évidence la forte sollicitation de l’autorité traditionnelle dans le règlement des conflits liés aux
ressources halieutiques. En effet, les pêcheurs se dirigeraient vers les autorités traditionnelles
parce qu’elles sont plus proches des populations, elles sont disposées à écouter les parties en
conflit et le règlement du conflit se ferait à moindre coût.
4.4.2.3. Types de conflits liés aux ressources halieutiques réglés par la Sous-préfecture
/Gendarmerie
Il a été demandé aux personnes enquêtées d’énumérer les types de conflit pour lesquels
l’administration est sollicitée.
71
Tableau 21: Types de conflits réglés par l’administration (Sous-préfecture/gendarmerie)
Le tableau 21 ci-dessus met en évidence les types de conflits liés aux ressources
halieutiques réglés par l’administration. 75,86% des personnes enquêtées affirment que
l’administration serait plus sollicitée pour régler les conflits jugés graves c’est-à-dire avec
bagarres et blessures. Ensuite, d’autres conflits n’ayant pas été réglés par l’autorité traditionnelle
pourraient être renvoyés devant l’administration (16,38%). Les décisions sont prises sur la base
de la réglementation en vigueur avec une probabilité élevée d’avoir un gagnant et un perdant.
Les parties en conflit pourraient influencer le processus grâce à l’usage des manœuvres de
corruption. Dans ce cas, les pêcheurs les plus puissants pourront pencher la décision en leur
faveur. Au Cambodge, 81% des intervenants dans la gestion des conflits liés à la pêche ont
affirmé que l’existence d’un déséquilibre de pouvoir entre les parties opposées permet toujours à
la partie la plus forte de gagner dans le conflit grâce à sa capacité à négocier avec
l’administration. L’administration de pêche seule ne pourrait gérer efficacement les conflits sans
la participation des autres parties prenantes notamment les représentants des pêcheurs, les
communes (Sithirith et Sokkhoeun, 2005).
L’analyse des types de conflit par intervenant montre que les méthodes informelles de
gestion des conflits (amis, groupes) sont beaucoup plus sollicitées pour traiter des cas de conflits
moins graves c’est-à-dire sans bagarre ni effusion du sang. Par contre les méthodes formelles
traditionnelles et les méthodes formelles réglementaires sont sollicitées pour régler les conflits
jugés graves. Selon les personnes enquêtées, la médiation semble être une méthode de règlement
des conflits plus flexible car les parties en conflit participent pour fixer les règles de jeu et la
recherche de consensus contribue au maintien de la paix. Cependant, après avoir revisité les
différentes méthodes de résolution des conflits dans la plaine, il se dégage la nécessité de mieux
les organiser à partir du niveau village jusqu’au niveau du département en passant par le niveau
communal.
72
4.4.3. Prédominance de l’intervenant dans la gestion des conflits
Tableau 22: Nombre de conflits gérés par les chefs traditionnels en 2009
Il ressort du tableau 22 ci-dessus que plus de 90% des personnes enquêtées affirment être
au courant d’au moins un conflit géré par l’autorité traditionnelle même si elles ne sont pas
personnellement impliquées. Le nombre de conflits gérés par l’autorité traditionnelle varie entre
1 et 10. Ces chiffres montrent encore une fois de plus que l’autorité traditionnelle est très
sollicitée bien qu’elle soit souvent accusée d’être à l’origine de ces conflits.
4.4.3.2. Sous-préfecture/gendarmerie
Pour obtenir les résultats ci-après, il a été demandé aux personnes rencontrées de donner
le nombre de conflit géré par l’autorité administrative pendant la campagne de pêche de 2009.
73
l’administration aurait été sollicitée au moins une fois pendant la campagne de pêche de 2009.
Bien qu’elle soit souvent accusée par les pêcheurs d’être à l’origine des conflits, les parties
opposées n’ont pas parfois d’autres choix dans certaines circonstances : échec de négociation
devant l’autorité traditionnelle, conflit violent.
Il ressort du tableau ci-dessus que pendant la campagne de pêche 2009, la justice a été
sollicitée au moins une fois. Mais contrairement aux deux autres intervenants (chefs traditionnels
et administration), la justice serait la moins sollicitée pour diverses raisons notamment son
éloignement (Kousseri, Maroua), les coûts liés au jugement très élevés, la probabilité de
corruption élevée. C’est seulement en cas d’échec d’autres voies de recours que les pêcheurs
tenteraient d’amener l’affaire devant la justice.
L’efficacité de l’intervenant dans la gestion des conflits liés aux ressources halieutiques
est déterminante pour sa sollicitation et également pour réduire les conflits. Le tableau 25 ci-
dessous montre que selon 40,44% des personnes enquêtées, le jugement coutumier devant
l’autorité traditionnelle serait le mode de jugement le plus efficace. Il est suivi de la médiation
des amis et ensuite des groupes. Contrairement aux autres cantons, à Hinalé, la médiation est le
moyen le plus efficace. L’autorité traditionnelle serait plus efficace pour diverses raisons : la
préservation de la paix, la rapidité du jugement, le faible coût du jugement et le respect de la
tradition.
74
Tableau 25: Moyen de résolution des conflits le plus efficace
Canton Moyen le plus efficace de résolution des conflits
d’origine de Négociation Intervention de la Interventi
l’enquêté devant les chefs Sous-préfecture on de la Chef Négociation
Amis Groupes traditionnels /gendarmerie justice religieux à l'amiable Aucun Total
Mazera 22 16 23 6 1 2 1 1 70
Lahaï 6 5 20 3 0 0 1 0 33
Ngoudeni 8 12 7 1 1 0 2 0 25
Hinalé 3 3 0 0 0 0 0 0 3
Guirvidig 0 0 5 0 0 0 0 0 5
Total 39 36 55 10 2 2 4 1 136
(%) 28, 67 26,47 40,44 7,35 1,47 1,47 2,94 0,73 100
4.4.5. Satisfaction des parties en conflit par rapport aux décisions prises par l’intervenant
Il ressort de la figure 13 ci-dessous que près de 80% des personnes enquêtées déclarent
être satisfaites des jugements rendus par l’autorité traditionnelle par rapport aux conflits liés aux
ressources halieutiques. Selon ces enquêtés, l’autorité traditionnelle prendrait tout son temps
pour écouter les parties en conflit et chercherait aussi la vérité et la satisfaction de toutes les
parties. Par ailleurs, le jugement coutumier serait moins coûteux et plus rapide que les autres
jugements. Cependant environ 20% des personnes enquêtées ne seraient pas satisfaites des
jugements rendus par l’autorité traditionnelle. Les raisons évoquées seraient la partialité dans les
jugements, l’absence de transparence et la corruption. L’autorité traditionnelle n’aurait pas
souvent un pouvoir fort pour faire respecter sa décision.
75
4.4.5.2. Appréciation des jugements rendus par la Sous-préfecture /Gendarmerie
76
4.4.5.3. Appréciation des jugements rendus par la justice
Il ressort de la figure 15 ci-dessus que moins de 20% des personnes enquêtées seraient
satisfaites du jugement rendu par la justice contre près de 40% qui exprimeraient leur déception
vis-à-vis du jugement de la justice. Ce fort taux d’insatisfaction serait expliqué par le jugement
qui serait très coûteux, des emprisonnements parfois arbitraires et des manœuvres de corruption
élevées.
Environ 40% des personnes enquêtées n’auraient pas donné leur opinion. Ce fort taux
pourrait être expliqué par le fait que les parties en conflits ne souhaiteraient pas que l’affaire aille
en justice car cela entrainerait beaucoup de dépenses et exigerait beaucoup de temps. En outre, le
processus étant jugé peu transparent et moins accessible (coût, distance, barrière linguistique) ne
serait pas souvent sollicité par les populations.
77
4.5.1. Influence des conflits sur la paix sociale et les actions communautaires
Pour obtenir les résultats ci-après, il a été demandé aux personnes enquêtées de donner
leur avis sur l’influence des conflits liés aux ressources halieutiques sur la paix sociale et les
actions communautaires.
Il se dégage du tableau 26 ci-dessus que selon plus de 80% des personnes enquêtées, les
conflits liés aux ressources halieutiques auraient compromis la paix sociale à travers la rupture
de communication, la séparation et l’absence de relation entre les groupes autrefois rapprochés
(amis, voisins, …). Par ailleurs, il y a la haine et la peur qui s’installent entre les parties en
conflit, la cohésion sociale s’érode. Des facteurs politiques, structurels et économiques peuvent
entrer en jeu et entrainent ainsi la violence. Le cas de Tchédé dont les conséquences sont
nombreuses est très illustratif.
Encadré 5: Conséquences sociales des conflits
Les conséquences sociales de ce conflit sont nombreuses : une dizaine de morts, plus d’une centaine de
blessés et des dégâts matériels importants. Les femmes et les jeunes ayant vécu le conflit ont développé des
traumatismes socio-psychologiques qui ne les permettent pas de mener une vie sociale paisible.
Ces conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine auraient également compromis
la mise en œuvre de certaines actions communautaires à caractère social financées grâce aux
revenus provenant de la pêche communautaire. Les cas illustratifs sont rencontrés dans le Canton
de Lahaï où la plupart des mares naturelles sont exploitées de façon communautaire. C’est les
cas de Patmangaï et Davagan, Tchoukouf et Sifna où de nombreux projets communautaires
(salles de classe, mosquées, points d’eau) ne pourront plus se poursuivre à cause des conflits. Les
conflits ont empêché les réflexions communes et ont également entrainé la suspension et la
pêche de la mare par l’administration.
78
Cependant, selon 16,78% des personnes enquêtées, les conflits n’auraient pas affecté la
paix sociale parce qu’il y a eu réconciliation entre les parties en conflit. Cela met en évidence
l’importance du mode de règlement des conflits.
4.5.2. Influence des conflits liés aux ressources halieutiques sur les groupes vulnérables
(femmes, enfants et vieux).
Bien que les conflits liés aux ressources halieutiques dans la plaine d’inondation de
Waza-Logone impliquent essentiellement les hommes, les groupes vulnérables (enfants, femmes,
vieux) dépendant des hommes peuvent être affectés.
La figure 16 ci-dessus montre que plus de 70% des personnes enquêtées affirment que les
conflits liés aux ressources halieutiques affectent aussi les femmes. En effet, les femmes
dépendant fortement des hommes pour leurs besoins (nutrition, santé, habitat, …) pourraient
souffrir du conflit si l’homme est concerné. Les conséquences énumérées sont : la famine, la
pauvreté, la perte d’amitié et la dislocation des groupes des femmes dans certains cas. Quand le
conflit devient violent, la femme peut être encore plus affectée. Dans le cas du conflit qui a
opposé les pêcheurs de Tchédé à ceux de Soufna, à cause des incendies des maisons, les femmes
auraient tout perdu (literie, assiettes, habits, …) et une femme serait même morte dans ce conflit.
D’autres femmes auraient subi des traumatismes consécutifs à ce phénomène.
79
Encadré 6: Effets des conflits sur les groupes vulnérables
Selon le récit des participants pendant l’étude de cas du conflit de Tchédé, pendant que les hommes
s’affrontaient, les femmes et les enfants sont allés se réfugier en brousse pendant quatre (04) jours sous un
froid accablant de janvier sans couverture et sans eau potable.
Environ 30% des personnes enquêtées affirment que les femmes restent en dehors du
conflit au cas où ce conflit ne se manifesterait que par des querelles et disputent dans la zone de
pêche très loin des ménages.
Les résultats ci-après ont été obtenus en demandant aux personnes enquêtées les manières
par lesquelles les enfants seraient touchés par les conflits liés aux ressources halieutiques.
Il ressort de la figure 17 ci-dessus que près de 70% des personnes enquêtées affirment
que les conflits entre les pêcheurs auraient eu des conséquences sur les enfants. En effet, les
enfants dépendant entièrement de leurs parents pour leurs besoins (nutrition, santé, éducation,
sécurité, …) pourraient être sévèrement affectés par les conflits impliquant leurs parents. Outre
les souffrances diverses (la famine, la santé précaire), l’éducation, l’épanouissement et la
psychologie des enfants seraient gravement affectés. Dans certains cas, pour leur sécurité, les
enfants ont dû abandonner l’école ou changer d’établissement scolaire. Dans le cas de conflit de
Tchédé où il y a eu des bagarres et incendies, les enfants auraient subi des traumatismes et
développeraient une peur et une haine envers les acteurs concernés par les conflits.
Au même titre que les enfants et les femmes, les personnes âgées dépendent des hommes
adultes pour leurs besoins. De manière directe ou indirecte, elles pourraient être affectées par les
80
conflits impliquant des hommes adultes dont elles dépendent pour leur nutrition, santé et sécurité
(Fig. 18). La figure 18 montre qu’en plus de certaines souffrances (famine, insécurité, la
pauvreté), les conflits liés aux ressources halieutiques entraineraient aussi la séparation des
familles et l’installation de la haine.
4.5.3.1. Conséquences des conflits sur la quantité des poissons capturés dans la plaine
Figure 19: Existence de la relation entre les conflits et la quantité de poissons capturés dans la
plaine d’inondation de Waza-Logone
81
La figure 19 ci-dessus met en évidence l’influence des conflits entre les pêcheurs sur la
quantité des poissons capturés dans la plaine. Environ 60% des personnes enquêtées affirment
que les conflits auraient eu une influence négative sur la quantité des poissons capturés. Cette
affirmation serait expliquée par certains par la croyance selon laquelle les conflits
provoqueraient une malédiction divine qui se solderait par une baisse de captures. En outre,
certains rites pratiqués dans le but de solliciter l’aide de Dieu pour une campagne de pêche
fructueuse seraient abandonnés avec les conflits. Pour d’autres, les conflits auraient favorisé
l’accès désordonné aux ressources halieutiques et la prolifération des engins et techniques de
pêche non durables et par conséquent la surexploitation des ressources halieutiques et la baisse
des captures.
Environ 40% des personnes enquêtées affirment que les conflits n’auraient pas contribué
à la baisse des poissons capturés. Selon elles, la baisse des ressources halieutiques serait due à la
diminution des inondations suite à la sécheresse et aux aménagements hydro-agricoles de la
SEMRY. En outre, la population de la plaine aurait également accru due au retour massif des
migrants suite aux ré-inondations intervenues en 1994 et 1997 et par conséquent la quantité de
poissons capturée par pêcheur aurait également baissé.
4.5.3.2. Conséquences des conflits sur la qualité (diversité) des poissons capturés dans la
plaine d’inondation de Waza-Logone
Figure 20: Existence de la relation entre les conflits et la qualité (diversité) de poissons capturés
dans la plaine d’inondation de Waza-Logone
Selon la figure 20 ci-dessus, les personnes enquêtées auraient des avis partagés quand à
l’influence des conflits sur la diversité des poissons dans la plaine d’inondation de Waza-
Logone. Pour certains, les conflits auraient attiré la malédiction divine sur l’activité de pêche
82
entrainant ainsi la disparition des espèces de poissons. D’autres pensent qu’il n’existerait aucune
relation entre l’érosion de la diversité des espèces des poissons et les conflits entre les pêcheurs.
La disparition de certaines espèces de poissons serait seulement expliquée par la baisse des
inondations de la plaine.
4.5.4. Argent dépensé pour le règlement des conflits liés aux ressources halieutiques
Pour régler leur différend par rapport aux ressources halieutiques, les pêcheurs ont le
choix entre plusieurs options : la médiation, le mode de jugement coutumier et le mode de
règlement administratif. Chacune des options pourrait avoir des implications financières sur les
parties en conflit.
La figure 21 ci-dessus met en évidence les ressources financières mobilisées par les
parties opposées pour régler leur différend. Près de 50% des personnes enquêtées affirment que
les parties en conflit dépenseraient plus de 100 000 FCFA pour le règlement de leur conflit. Cet
argent serait utilisé principalement pour corrompre les autorités en vue d’obtenir la raison. En
plus, l’argent serait aussi dépensé pour le transport et les amendes. Les disputes sur les mares
entraineraient souvent des dépenses importantes car ici les enjeux sont importants. Dans certains
cas, l’administration finit par suspendre la mare.
Les résultats de l’étude ont montré qu’environ 55% des personnes enquêtées étaient impliquées au moins une
fois par an dans un conflit entre pêcheurs. Le nombre de pêcheurs dans la plaine d’inondation étant estimé à 10 000 alors
environ 5 500 pêcheurs ont été impliqués dans un conflit. La dépense moyenne annuelle par conflit est de 84 000 FCFA
alors la somme totale dépensée pour la résolution des conflits en 2009 serait de 462 000 000 FCFA. Si cette somme est
répartie de manière uniforme à tous les pêcheurs de la plaine, chaque ménage dépenserait en moyenne 46 200 FCFA par
an pour résoudre les conflits alors que le revenu moyen annuel par pêcheur est d’environ 500 000 FCFA soit près du
10% de son revenu annuel.
83
L’élaboration des conventions locales de gestion des pêcheries entreprises par quelques
ONG locales (ACEEN, ACORD, CADEPI) ont permis de réduire les conflits entre les pêcheurs.
Selon le coordinateur d’ACEEN, le budget nécessaire pour l’élaboration d’une convention locale
est estimé à , budget ? Pertinence
Le tableau 27 ci-dessous présente les résultats sur l’influence des conflits liés aux
ressources halieutiques sur le niveau de pauvreté dans la zone. Selon 73% des personnes
enquêtées, les conflits ont eu une influence négative sur le niveau de pauvreté des populations de
la plaine d’inondation de Waza-Logone. Les conflits entraineraient des dépenses importantes
pour leur règlement (corruption de la justice). L’injustice aggrave la pauvreté et augmente le
fossé entre les pauvres et les riches. Cela confirme les conclusions de Nji et Harshbarger par
rapport à l’étude sur les conflits agropastoraux dans la province du Nord-Ouest (Nji, 2004). En
outre, il y aurait aussi perte du temps et même de poissons en cas de conflit. Dans certains cas,
les pêcheurs doivent vendre leurs engins de pêche ou s’endetter auprès des commerçants usuriers
pour pouvoir régler leur différend. Dans les zones où les revenus dépendent principalement de la
pêche, l’incidence des conflits sur la pauvreté serait encore plus grande. En cas de violence, la
population peut tout perdre. En prenant l’exemple de conflit de Tchédé, la population a perdu
tous ses moyens d’existence : incendie de toutes les maisons, vol de bétail, destruction des
matériels et engins de pêche. Les pertes économiques dues à ce conflit ont été évaluées à 95
millions de FCFA.
Certaines personnes enquêtées pensent qu’il existerait une relation réciproque entre la
pauvreté et le conflit dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. La pauvreté grandissante
dans la zone pousserait les pêcheurs à entrer en compétition pour les ressources halieutiques se
soldant par des conflits. Ces conflits auraient comme conséquence d’aggraver la pauvreté d’où
un cycle vicieux de pauvreté. Cette relation réciproque entre le conflit et la pauvreté dans la
plaine du Logone confirme les conclusions d’autres auteurs qui affirment que la pauvreté est en
même une cause et une conséquence du conflit (Draman, 2003 ; Goodhand, 2001 ; Justino,
2008 ; Verstegen, 2001).
84
Tableau 27 : Influence des conflits sur le niveau de pauvreté
Canton d’origine de Influence des conflits sur le niveau de pauvreté
l’enquêté Oui % Non % Total
Mazera 52 73,24 19 26,76 71
Lahaï 25 75,75 8 24,25 33
Ngoudeni 18 72,00 7 28,00 25
Hinalé 0 0,00 3 100,00 3
Guirvidig 5 100,00 0 0,00 5
Total 100 37 137
Pourcentage (%) 73,00 27,00 100
Le tableau 28 met en évidence l’impact des conflits liés aux ressources halieutiques sur
l’éducation des enfants dans la plaine d’inondation de Waza-Logone. Selon 38,23% des
personnes enquêtées, les conflits auraient eu une influence négative sur l’éducation contre
61,76% qui affirmeraient l’absence de relation entre les conflits et l’éducation dans la zone. Cet
impact varierait selon les zones. Dans le canton de Lahaï où les actions sociales en général et
l’éducation en particulier sont financées grâce aux revenus de la pêche communautaire, toute
perturbation entrainerait aussi des conséquences sur l’éducation des enfants. L’argent de la pêche
servirait à construire les salles de classe et à prendre en charge les enseignants vacataires.
Certains projets d’éducation seraient interrompus dans la zone à cause des conflits. C’est le cas
de Tchoukouf où le projet d’une école coranique a été abandonné.
Dans le canton de Mazera où il y a eu des conflits violents, l’éducation a été sévèrement
touchée. Pour la sécurité de leurs enfants, les parents Mouzgoum ne veulent pas envoyer leurs
enfants au collège à Zina où vivent en majorité les Kotoko. A Tchédé, l’enseignant qui a été
traumatisé par les violences entre Kotoko et Mouzgoum a dû abandonner l’école, pendant
plusieurs mois, les enfants seraient restés sans enseignant. Tous les enfants des villages
85
Mouzgoum autour de Tchédé sont restés longtemps sans aller à l’école. Certains villages ont dû
prendre des initiatives pour créer leurs écoles.
A Ngoudeni, suite au conflit qui a opposé les Kotoko et les Mouzgoum par rapport au
contrôle des mares et canaux de pêche, les enfants de Kotoko sont restés pendant deux ans sans
fréquenter l’école qui se trouverait dans le quartier Mouzgoum.
86
CHAPITRE 5 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
HR1 : Plus les ressources naturelles disponibles dans la plaine d’inondation de Waza-Logone
deviennent rares et variables, plus les conflits entre les différents utilisateurs deviennent de plus
en plus fréquents.
HR2 : Plus les populations mènent une « vie précaire » et deviennent de plus en plus pauvres,
plus la probabilité qu’il ait des conflits est élevée.
HR3 : Il existe une relation entre l’accès inégal aux ressources vitales et les conflits dans la
plaine d’inondation de Waza-Logone.
88
le pouvoir traditionnel. L’absence des institutions fortes capables de reprendre la gestion des
ressources halieutiques a favorisé l’explosion des conflits. L’administration qui est sensée jouer
un rôle de régulation et de maintien de l’ordre serait accusée par les pêcheurs d’usage des
manœuvres de corruption pour maintenir le statu quo. Elle a sa main mise sur toutes les mares
poissonneuses de la plaine. Il se pose alors un problème de bonne gouvernance des ressources
naturelles de la plaine. Selon les personnes enquêtées, l’absence des institutions fortes et la
mauvaise gouvernance dont la corruption expliqueraient la naissance des conflits entre les
pêcheurs dans la plaine du Logone. Les faiblesses des méthodes de gestion des conflits actuelles
favoriseraient la régularité des conflits entre les pêcheurs. Les faits énumérés ci-dessus
confirment l’hypothèse de recherche 4.
89
l’appropriation de l’espace (mares et plans d’eau) et le non respect de la réglementation en
vigueur sont les principales causes de ces conflits.
Pour diverses raisons, notamment la proximité, la préservation de la paix, la rapidité et le
coût très faible du jugement, l’autorité traditionnelle serait l’intervenant le plus sollicité et le plus
efficace dans le règlement des conflits entre pêcheurs dans la plaine d’inondation du Logone.
Les conflits liés aux ressources halieutiques ont eu surtout un impact négatif sur les
populations de la plaine d’inondation du Logone. Sur le plan social, ces conflits ont compromis
la paix sociale nécessaire pour tout processus de développement. La haine et les traumatismes
socio-psychologiques de suite des affrontements ayant entrainé des blessures et des pertes en
vies humaines ont surtout affecté les couches vulnérables (enfants, femmes, vieux). A cause de la
rupture de communication et de la suspension de l’exploitation communautaire de certaines
mares de suite des conflits, de nombreuses actions sociales ne peuvent plus être entreprises.
L’éducation des enfants reste le secteur le plus touché.
Sur le plan économique, ces conflits liés aux ressources halieutiques auraient entrainé la
diminution des revenus des pêcheurs pour deux raisons : la baisse des captures et les dépenses
importantes engagées dans le règlement des conflits. Cela a conduit à l’appauvrissement de la
population. Cependant, certains acteurs notamment l’administration, les services de pêche et les
autorités traditionnelles semblent avoir gagné plus d’argent de suite de conflits entre les
pêcheurs. Les leaders politiques manipuleraient les différentes communautés ethniques pour se
positionner sur le plan électoral et se faire élire.
5.2.2. Recommandations
Sur la base des nos analyses, des perceptions et des attentes des populations concernées
et dans le but d’inverser la tendance actuelle, quelques recommandations peuvent être formulées
à l’endroit des différents acteurs concernés :
Aux pêcheurs
- Privilégier le dialogue et la négociation à l’amiable pour un règlement pacifique,
moins coûteux et durable des conflits entre les pêcheurs à travers une communication
ouverte entre les parties opposées facilitée par des groupes neutres et indépendants ;
- Diversifier les sources de revenus en s’intéressant aux activités telles que la
riziculture et le maraîchage qui semblent constituer une bonne opportunité pour la
zone.
A l’administration
90
- Interdire tout engin et pratique de pêche non durable et susceptible de créer les
conflits entre les pêcheurs. Il s’agit notamment des canaux de pêche et l’appropriation
des plans d’eau à travers les ilots d’herbes ;
- Mettre en place des mécanismes de prévention et de gestion des conflits à travers la
mise place d’une réglementation prenant en compte les réalités locales. Ces
mécanismes doivent être orientés vers les pêcheurs professionnels qui semblent être
plus impliqués dans les conflits liés aux ressources halieutiques ;
- Accroître la capacité d’intervention de l’administration locale à travers un
renforcement des capacités en techniques de prévention et de gestion des conflits, une
amélioration de l’effectif du personnel et une dotation en moyens de transport
appropriés ;
Aux ONG et Projets de développement
- Sensibiliser les pêcheurs sur les conséquences néfastes des conflits violents par
exemple en utilisant les résultats de cette étude;
- Accompagner les populations dans l’identification et la mise en œuvre des actions de
développement pouvant s’attaquer aux causes socioéconomiques, culturelles,
environnementales et institutionnelles des conflits liés aux ressources halieutiques. Il
peut s’agir par exemple des activités économiques complémentaires à la pêche ;
- Faciliter la mise en place des méthodes participatives et inclusives de gestion des
conflits privilégiant la négociation entre toutes les parties prenantes concernées à
l’exemple des initiatives locales d’élaboration des règles d’accès et d’utilisation des
ressources halieutiques qui semblent présentées des avantages dans la prévention et la
gestion des conflits entre les pêcheurs;
- Susciter la mise en réseau et le renforcement des capacités des médiateurs locaux
existants et leur reconnaissance par les populations, les autorités administratives,
traditionnelles, politiques et techniques ;
- Mener des actions de lobbying et plaidoyer auprès des autorités régionales en vue
d’améliorer l’inondation de la plaine à travers une meilleure gestion des eaux de la
retenue de Maga ;
- Mener des actions de lobbying et plaidoyer auprès des autorités régionales en vue de
réduire l’interférence de l’administration et des leaders politiques dans la naissance
des conflits entre les pêcheurs ;
- Organiser les actions de sensibilisation et de lutte contre la corruption
91
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Vogt, Gill et Kees Vogt. 2000. Gestion conjointe des ressources communes: Une étude de cas de
Takiéta, Niger. Nottingham : Russell Press.
Warner, M. 2000. Conflict management in Community-Based Natural Resource Projects:
Experiences from Fiji and Papua New Guinea. Working Paper 135 edition. London: Overseas
Development Institute (ODI).
Warner, M. and P. Jones. 1998. Assessing the need to manage conflict in community-based
natural resource projects, Natural Resource Perspective, n° 35. London : Overseas Development
Institute.
95
ANNEXE
Introduction
Ce questionnaire vous est administré dans le but de collecter les données pour le mémoire d’Ingénieur
Agronome. Toutes les informations obtenues seront confidentielles et ne pourront être utilisées qu’à des
fins académiques et scientifiques. Merci pour votre collaboration et votre coopération.
……Autres :……………………………………………………………………………………
……Autres………………………………………………………………………………………………
2. Revenu annuel…………………………………………………………………………………………
96
B. Conscience de l’existence des conflits et son implication
13. Y a-t-il eu des conflits dans votre communauté ces dernières années ?
Oui Non
14. Lesquels………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………
15. Avez-vous été impliqués dans un conflit entre pêcheurs dans votre communauté ?
Oui Non
16. Comment ce type de conflit se manifeste-t-il ?
Violence/confrontation Rupture de communication Querelles Autres
………………………………………………………………………………………………………
17. Depuis quand ces conflits ont existé dans votre communauté ?
…………………………………………………………………………………………………
18. A votre connaissance, quelle est la fréquence de ces conflits ?
1fois/an 2 fois/an 3 fois/an 4 fois/an 5 fois/an > 5 fois
19. Comment appréciez-vous la fréquence des conflits entre les pêcheurs
Avant les ré-inondations………………………………………………………………………
Après les ré-inondations……………………………………………………………………….
Qu’est-ce qui expliquerait la différence………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
20. Qui est le plus impliqué dans les conflits ? Homme Femme Enfant
97
Pêcheur migrant
Pêcheur-commerçant
Chefs traditionnels
Politiciens
Autres ……………………………………………
Comment et Pourquoi?..............................................................................................................................
………………………………………………………………………………………………………………..
……………………………………………………………………………………..............................
……………………………………………………………………………………………………………
D. Approches de gestion de conflit
23. A qui s’adressez-vous en cas de conflit ?
Amis Groupes Autorité traditionnelle Justice
S/Préfecture/Gendarmerie
Autres…………………………………………………………………
Pourquoi ?........................................................................................................................................................
..........................................................................................................................................................................
.........................................................................................................................................................
24. A votre connaissance, quels sont les cas de conflits liés aux ressources halieutiques qui sont réglés
par les compétences suivantes?
Amis :
Groupe :
Chefs traditionnels :
Sous-préfecture /Gendarmerie:
Autres :…………………………………..
25. Combien de cas de conflits liés aux ressources halieutiques ont été réglés par
Chefs traditionnels : 2009 …………… 2008………… 2007……………
S/préfecture/Gendarmerie : 2009 …………… 2008………… 2007……………
Justice : 2009 …………… 2008………… 2007……………
Autres : 2009 …………… 2008………… 2007……………
26. Selon vous, quel est le moyen le plus efficace ?
Amis Groupes Négociation devant le Chef traditionnel
S/Préfecture/ gendarmerie Intervention de la justice
Autres moyens …………………………………………………………………………………
27. Pourquoi ce moyen est-il le plus efficace ?
Préserve la paix Moins coûteux Règlement rapide
98
Autres raisons
……………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………................
28. Etes-vous satisfaits des décisions par rapport aux conflits qui sont rendues par :
L’autorité traditionnelle ? : Oui Non Souvent Ne sait pas
Pourquoi ?...................................................................................................................................................
La gendarmerie et la S/préfecture? Oui Non Souvent Ne sait pas
Pourquoi ?...................................................................................................................................................
La justice ? Oui Non Souvent Ne sait pas
Pourquoi ?...................................................................................................................................................
29. Dépensez-vous de l’argent dans le règlement de ces conflits ? Oui Non
Pour quoi ?.................................................................................................................................................
....................................................................................................................................................................
30. Selon vous, qu’est-ce qui devrait être fait pour réduire les conflits liés aux ressources halieutiques ?
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
31. Que feriez-vous en tant que pêcheurs pour réduire les conflits liés aux ressources
halieutiques ?...................................................................................................................................................
..........................................................................................................................................................................
.........................................................................................................................................................
E. Impacts
32. Quelle est votre perception des conflits ?
Normale ou Positive Négative
33. Comment les conflits affectent-ils vos relations avec vos voisins ?
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
34. Comment ces conflits affectent-ils les groupes vulnérables (femmes, les enfants, les vieux, les ethnies
minoritaires) ?
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
35. Souffrez-vous actuellement de quelque chose à cause de ces conflits ?
Oui Non
36. Listez et expliquez brièvement ces souffrances
99
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………
37. Selon vous, les conflits ont-ils affecté la quantité des poissons capturés dans la plaine ?
Si oui, de quelle manière
…………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
Non
38. Selon vous, les conflits ont-ils affecté la qualité des poissons capturés dans la plaine ?
Si oui, de quelle manière
…………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………
Non
39. Combien d’argent dépensez-vous chaque année pour régler vos conflits liés à la pêche ?
0 FCFA
10 000 à 30 000 FCFA
31 000FCFA à 60 000FCFA
61 000FCFA à 100 000FCFA
≥ 101 000 FCFA
40. Les conflits ont-ils influencé votre niveau de revenu ?
Augmentation Diminution
41. Ces conflits ont-ils eu une influence sur le niveau de pauvreté dans la zone ?
Oui Non
Si oui, de quelle
manière ?.....................................................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………
42. Quel est le conflit qui vous a le plus marqué ces 5 dernières années ?...............................................
……………………………………………………………………………………………………………
En quelle année a-t-il eu lieu et où ?..........................................................................................................
Quelles ont été les causes de ce conflit ?..................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………
Quelles sont les conséquences/dégâts engendrés par ce conflit (quantité) ?
Blessés :………….. Arrestations (emprisonnement)…………….Morts………………….
Dégâts matériels : Pirogues……………
Maisons……………Vélo…………………….Moto…………………………
Bétail (à préciser)………………………………………………………………………………………
Autres dégâts………………………………………………………………………………………
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43. Ces conflits ont-ils affectés l’éducation des vos enfants, la santé et l’accès à l’eau potable ?
Oui Non
De quelle manière ?...................................................................................................................................
………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
44. Quelle a été la contribution de ces conflits à votre vie aujourd’hui (leçons ou apprentissages)?
…………………………………………………………………………………………………………..
………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………
F. Identification du répondant
45. Localisation : Village………………………, Canton…………………………………
46. Résidence : Permanent Temporaire
47. Sexe : Masculin Féminin
48. Age (années)
≤ 20 ; 21 – 25 ; 26 – 30 ; 31 – 35 ; 36 – 40 ;
41 – 45 ; 46 – 50 ; 51 – 55 ; 56 – 60 ; ≥ 60
49. Ethnie
Kotoko Mouzgoum Autres……………………………………….
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Annexe 2: Guide d’entretien avec les personnes ressources
Conduite de l’entretien
- Saluer, se présenter ;
- Remercier l’interlocuteur pour sa disponibilité, sa collaboration et son indulgence ;
- Présenter le contexte de l’étude ;
- Présenter le plan général de l’entretien et la durée approximative ;
- Commencer l’entretien.
Ce guide d’entretien a été élaboré dans le but de recueillir les informations nécessaires à
la rédaction du mémoire de fin d’études d’ingénieur agronome. Le thème de ce mémoire porte
sur l’impact socioéconomique des conflits liés aux ressources halieutiques : cas de la plaine
d’inondation de Waza-Logone (Extrême-Nord Cameroun) pour la période de 1985 à 2009.
Le guide s’adresse aux personnes ressources ayant été impliquées dans la gestion des
ressources halieutiques et des conflits y afférents dans la plaine d’inondation de Waza-Logone.
Par conséquent, toutes les informations obtenues sont confidentielles et ne seront utilisées qu’à
des fins académiques et scientifiques. Nous vous remercions d’avance pour la disponibilité et le
sérieux que vous voudrez bien nous accorder tout au long ce cet entretien.
♦ Identification de l’enquêteur : KHARI BOUKAR
♦ Qualité : Etudiant en cinquième année de cycle des Ingénieurs Agronomes à la Faculté
d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA), Université de Dschang. Stagiaire au Centre
d’Etude de l’Environnement et du Développement au Cameroun (CEDC) à Maroua.
1. Expériences et degré d’implication dans la gestion des conflits liés aux ressources
halieutiques
- Quelle est votre expérience par rapport à la gestion des ressources halieutiques dans la
plaine d’inondation de Waza-Logone en général?
- Quelle est votre expérience par rapport aux conflits liés aux ressources naturelles et
particulièrement halieutiques ?
- Quelle est votre degré d’implication dans le processus de gestion des conflits liés aux
ressources halieutiques dans la plaine d’inondation de Waza-Logone (si vous y avez été
impliqué) ?
2. Causes et acteurs concernés par les conflits
- Quels sont les acteurs qui sont les plus souvent impliqués dans ces conflits?
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- Selon vous, quelles sont les causes qui expliquent la multiplication des conflits liés aux
ressources halieutiques dans la zone ?
- Quel est le niveau de responsabilité de l’administration, des services techniques, des
autorités traditionnelles et politiques dans la naissance des conflits liés aux ressources
halieutiques dans la zone ?
- Quelles sont les poches potentielles des conflits dans votre zone et pourquoi ?
3. Stratégies de gestion des conflits
- Quelles sont les stratégies actuelles utilisées pour prévenir et gérer ces conflits ? Quelle
est la plus efficace ?
- Quelle est votre appréciation de la fréquence des conflits avant et après la ré-inondation
de la plaine ?
- Pourquoi malgré l’existence de ces mécanismes le nombre de conflits ne cesse
d’augmenter chaque année ?
4. Conséquences des conflits et perspectives d’amélioration de la situation
- Pensez-vous que ces conflits ont eu des effets sur les conditions de vie de la population ?
- A votre avis, Y a-t-il des acteurs dont les conflits les arrangent ? Si oui, lesquels ?
- Que proposeriez-vous pour réduire les conflits liés aux ressources halieutiques dans la
zone ?
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Annexe 3: Guide pour la conduite des études de cas
Etude de cas
Conflit pour le droit de pêche dans la mare de Tchikam : morts et dégâts dans la plaine ;
Conflit de Zina du droit de pêche au commerçant, « extermination » de la ressource,
dividende élevée pour les autorités) ;
Conflit pour l’accès à la réserve de Zilim (communautarisation, réserves pour la
population, investissements sociaux).
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