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République du Cameroun
Ecole Théologique Saint Cyprien (ETSC) - Ngoya
Affiliée à la Faculté Pontificale de Théologie (Teresianum - Rome)
Yaoundé B.P. 11078
INTRODUCTION A LA
COMPREHENSION DU PENTATEUQUE
Notes de cours
d’amour et de miséricorde à son égard. L’Ancien Testament étant d’ailleurs la partie la plus
ancienne qui relate ces événements. S’il est vrai que la Bible renferme une diversité de livres,
il n’en demeure pas moins vrai que leur nombre est fonction du canon considéré. En ce qui
concerne l’Ancien Testament il existe le canon hébreu et le canon grec, marqués par quelques
différences de contenu. La Bible hébraïque est divisée en une triple partie (TaNaK, acronyme
formé des initiales syllabiques en hébreu désignant chacune des parties) :
-TORAH : (La loi) : il est relaté l’origine du monde et de l’humanité, la naissance d’Israël
comme peuple, son alliance avec YHWH et son cheminement avec lui.
-NEBIIM : Ils actualisent dans la vie, les exigences de la loi. NB/ Le lien que nous trouvons
entre les deux, c’est-à-dire, la Torah et le Nebiim est que les prophètes rappellent la loi de
Dieu donnée à son peuple.
-KETUBIM (les Ecrits) : Ils se focalisent davantage sur les grandes questions de l’existence
humaine. (Mort, souffrance, amitié, sagesse etc).
L’AT : un défi pour le lecteur Chrétien (catholique)
Si de nos jours, la lecture de la Bible est largement diffusée dans le monde catholique,
il faut dire que ce n’était pas le cas avant. C’est surtout le concile Vatican II qui encouragera
la lecture des Saintes Ecritures par tous. Cependant, il y demeure toujours un défi : celui
d’une lecture intégrale et approfondie de L’AT de la part des fidèles catholiques (en dehors
des péricopes proposées dans la liturgie). Ce « désintéressement » pourrait s’expliquer entre
autres par ces différentes raisons :
- Peu de considération véritable de l’AT : Il est bien plus fréquent de rencontrer des fidèles
qui connaissent les récits évangéliques, les textes des épitres pauliniennes et johanniques.
Mais lorsque le sondage est fait sur l’AT ; le constat est parfois étonnant : peu sont ceux qui
peuvent situer avec exactitude, tel ou tel livre vétérotestamentaire, encore moins transmettre
leur contenu avec clarté et passion (comme ils le font avec le NT). Pourtant, il existe une
richesse capable de nourrit notre vie de foi quand on lit cette partie de la Bible (AT).
- Un texte assez compliqué : tel est l’un des arguments émis l’encontre de l’AT. Il est certes
vrai que la distance historico-culturelle qui nous sépare du contexte originaire des textes
vétérotestamentaires, amène quelques fois lecteur d’aujourd’hui à se décourager, voire
abandonner sa lecture : ces textes, dit-on, sont trop antiques et donc caducs. Est –ce toujours
vrai ?
- Certaines contradictions avec les données scientifiques actuelles : la lecture de certains
textes de l’AT déconcertent par certains de leurs affirmations « pré- et/ ou a-logiques ». Rien
de véritablement sensé s’y trouve, estiment certains contemporains. Aussi ces derniers ne
6
trouvent aucun intérêt à lire l’AT, et ce d’autant plus que l’histoire a parfois donné raison à
certains critiques acerbes des Saints Ecritures (Cfr Galilée et l’héliocentrisme/ Jos 10, 12-14).
L’un des objectifs de ce cours est aussi de communiquer aux étudiants le gout succulent dont
regorgent les textes vétérotestamentaires en général, et ceux du pentateuque en particulier.
Montrer et communiquer aux étudiants le gout succulent dont regorgent les textes
vétérotestamentaires.
7
0. INTRODUCTION GENERALE
Comment « introduire » une introduction ? Cette question, apparemment banale, revêt
pourtant toute son importance. En effet, s’engager à un corps d’introduction au pentateuque
c’est « prétendre » remonté au début de tout. C’est aller aux archétypes (modèle premier), non
seulement de l’histoire de celui qui pose ledit problème, c’est-à-dire l’homme, mais aussi
remonter jusqu’au principe principiel, originel de tout ce qui constitue le crée tout entier. Le
challenge est donc grand et la responsabilité y relative. Mais cela n’empêcha point les
chercheurs et amoureux de la Bible de s’y engager. C’est ainsi qu’au cours des années, la
lecture des cinq premiers livres de la Bible sera l’objet de moult travaux. Comment
comprendre ces trames narratives et les différentes lois corrélatives ? Si la figure de Moise va
très tôt s’imposer en tant qu’auteur, il faut dire que la rationalité curieuse et exigeante battra
en brèche une telle assertion.
Mais, cela n’empêcha pas les exégètes à travailler :
Aussi plusieurs hypothèses de recherches naitront au fil des années pour tenter de
résoudre, non uniquement la problématique de l’auteur de ce corpus, mais aussi les multiples
apories qu’on y rencontre. Comment y a-t-on procédé. Qui en furent les principaux
protagonistes ? Et où en est-on parvenu ? Qu’l y a-t-il encore à dire sur le pentateuque, si
possible il y a ? Et d’ailleurs, que contient véritablement ce corpus ? Les livres qui le
composent. Quelle est leur pertinence pour le lecteur d’aujourd’hui ? En quoi le lecteur
d’Afrique, d’origine et/ou par appartenance, trouve-t-il son compte ? Et s’il est surcroit une
personne consacrée « exclusivement » au Seigneur, pour la cause de la parole de Dieu
(Missionnaire) ?
Somme toute, ces interrogations nous amènent à frayer le champ d’investigation qui
sera le nôtre, dans le cadre de notre cours. Mais pour ne pas sombrer dans un travail de
Sisyphe, il importe que nous érigions quelques « garde-fous » herméneutiques ? En d’autres
termes, il est nécessaire d’affronter l’AT, ayant en mains quelques principes de lectures ?
Sans cela, même le pentateuque serait un corpus sibyllin.
Comment aborder un texte vétérotestamentaire
Pour ne pas sombrer dans un travail de Sisyphe il importe que nous érigions quelques
« garde- fous herméneutiques ». En effet, une lecture judicieuse des textes de l’AT obéit à un
certain nombre de principes, comme le propose J.-L Ska2 :
2
J.-L. SKA, Antico Testamento l. Introduzione, p.63-81.
8
* Mais, tout ceci est la preuve de l’imperfection humaine qui n’altère en rien son inerrance.4
Du fait que la Bible ait été écrite dans des situations concrètes, c’est d’ailleurs la
raison pour laquelle il est recommandé de s’intéresser à son contexte. En conséquence, on ne
saurait lire un texte pentateuque par exemple sans être attentif au genre littéraire qui le sous-
tend. De même un texte dont la pointe est une didactique sapientielle (2R 2, 23-25) n’équivaut
pas à un texte de nature apocalyptique.
4
Sur le thème de l'inerrance, inspiration et vérité biblique, on peut lire : J. BARR, « Bibtical Scholarship and the
Theory of Truth », Palabra, prodigio, poesia. ln memoriam P. L. A. SCHOKEL, Roma-Valencia, AnBib 151,
2003, 365-373 ; F. BERETTA, « De l'inerrance absolue à la vérité salvifique de l'Ecriture. Providentissimus
Deus entre Vatican I et Vatican Il », Freiburger Zeitschrift fuur Philosophie und Theofogie 46 (1999), 461-501 ;
COMMISSION BIBLIQUE PONTIFICALE, Inspiration et Vérité de l'Ecriture Sainte (2014).
5
R. MUTI, Prima la musica, poi le parole. Autobiografia, Rizzoli, Milano, 2010.
10
isolée qu'on parvient à la solution. Dans le texte, ce qui importe de faire c’est appréhender le
fil d’Ariane (l’élément conducteur) qui unit chacun de ces détails au point de parvenir à un
ensemble plus grand et de nature différente.
Qu'est-ce qui émeut et fait la beauté d'un concert ? Ce ne sont pas d'abord les notes, les
paroles, les instruments avec leurs accords en soi, etc. Mais c'est la musique qui résonne
quand tout ceci est mis en œuvre. Il en est de même pour ce qui est de la bible.
On y retrouve toutes sortes de genres littéraires dans une variété textuelle (prose, poésie,
apocalyptique, lamentations, prières, oracles, etc). Où se trouve donc la vérité ? Tout comme
dans le concert de musique, « La vérité se trouve dans la composition finale qui rassemble
tous les éléments pour en faire une unique œuvre organique » (Jean Luois Ska, 79).
• Certes, il est des questions légitimes que l’on peut se poser sur les détails, surtout au regard
de certaines contradictions, mais cela ne devrait pas nous faire perdre de vue l’essentiel.
La Bible, et notamment l'AT, parle d'un peuple qui a bel et bien existé et existe encore
aujourd'hui : Israël. Le pays dans lequel l'intrigue se déroule, la Palestine, existe lui aussi. Il
ne s'agit pas d'une fiction où l'on traiterait des X-MEN. La véridicité des récits bibliques
réside dans l'histoire de ce peuple qui, au long des siècles, a cherché à se définir : Qui
sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où se trouve notre destinée ? Qui est notre Dieu au
regard des divinités des peuples environnants ? Autant d'interrogations de fond qu’Israël a
affronté pour parvenir à une constitution claire de son identité, et ce au milieu de moult
périples.
La lecture juste de l'AT, et du pentateuque particulièrement, ne saurait faire l'économie de ces
principes de lecture. Il y a certes une polyphonie dans la bible (ce qui pourrait déconcerter le
lecteur), mais au-delà de cela, il faudrait toujours se rappeler la vérité vétérotestamentaire est
à saisir dans la « symphonie musicale » qui y émerge. Et ce, grâce à la diversité de ses
instruments compositionnels.
a- Ainsi que nous le soulignions en amont, les cinq premiers livres de la bible constituent
le Loi de Moïse. C'est par là que le judaïsme se définit comme religion. Parce que retraçant
l'histoire d'amour qu'entretient le peuple d'Israël avec son Dieu, la Torah revêt une importance
centrale par rapport aux livres de la Bible Hébraïque. Il n'est pas permis de la manipuler
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vaille que vaille. Car le juif considère la loi comme parfaite et complète. Voilà pourquoi rien
ne devrait y être ajouté, ni retranché (Mt 5,12). La loi est d'autant plus importante du fait que
le croyant juif y puise sa sagesse.
Et s'il est vrai que la foi chrétienne plonge ses racines dans la foi juive, comment comprendre
que l'on ignore ce qui constitue le cœur de cette religion juive, à savoir la Torah ? Marcion ne
fut-il pas d'ailleurs considéré hérétique du fait qu'il nia l'AT pour ne prendre en compte que le
NT ?
c- La _révélation biblique n'est pas parcellaire. Mais c’est entenant tout ensemble l'AT et
le NT que l'on comprend l'histoire salvifique proposée à l'humaine création par YHWH.
Pourtant cette histoire a débuté dès les premiers moments de la création (Gn 1) avant de
parvenir à sa pleine manifestation avec l'événement Jésus-Christ, l'Alpha et l'Omega de toutes
choses ; celui dont le retour est attendu (Ap 22,20). On ne devrait à cet effet pas prétendre à
une profession de foi en Dieu si l'on ne considère pas ces modes de sa révélation : au
commencement par la création et plus tard par l'autorévélation en son Fils Unique (DV S 4).
Et c'est pour cette raison que la Constitution dogmatique Dei Verbum affirme sans ambages :
« Dieu, qui par son Verbe crée et conserve toutes choses, présente aux hommes dans le
monde créé un témoignage durable de lui-même (Cfr Rm 1,19-20) ; voulant ouvrir le chemin
du salut éternel, il s'est en outre manifesté dès l'origine à nos premiers parents. Après 'leur
chute, il leur promit une rédemption (...) sans arrêt, il montra sa sollicitude pour le genre
humain, afin de donner la vie éternelle à tous ceux qui par la constance dans le bien
cherchent le salut (Rm 2,6-7)» (DV §53).
12
d- Le Dieu dont il est question dans l'AT en général, et le pentateuque n'est le fruit d'une
déduction idéelle. C'est pourquoi il ne consiste pas à élaborer un corpus systématique de
Théodicée ici. Mais le Dieu qui nous est livré par ces textes se dévoile dans l'expérience. C'est
dans l'économie salvifique que le peuple d'Israël parvient à cerner qui il est : « Le Dieu très
aimant, envisageant et préparant avec soin le salut du genre humain tout entier, s'est choisi,
selon un pian tout particulier, un peuple auquel il confierait ses promesses ( il s'est révélé de
telle manière par des paroles et par des actions comme le Dieu unique, vrai et vivant, au
peuple qu'il s'est acquis, qu'Israël connut par expérience quels étaient les cheminements de
Dieu avec les hommes » (DV S 14). Tout ce que l'on apprendra de YHWH reviendra de cette
rencontre avec son peuple dans l'histoire concrète. C'est là, précisément, que le Seigneur fit
des prodiges pour eux. Ainsi avec son Dieu, Israël vit son histoire « profane » devenir une «
histoire sacrée ».
e- L'une des différences que l'on pourrait noter entre la et celle biblique est la suivante :
Alors que les personnages principaux des récits de la littérature gréco-romaine sont de
véritables héros, toujours vainqueurs ; la bible montre plus des hommes et des femmes qui,
bien que choisi par Dieu, présentent aussi des faiblesses. Leurs vertus louables n'enlève donc
en rien qu'ils demeurent des personnes humaines, concrètes : Abraham, Moise, Josué, Saul,
David Salomon, etc. Ce sont ces personnes ordinaires avec lesquels YHWH entend pourtant
nouer une alliance de salut. D'ailleurs le premier homme ne s'appelle-t-il pas Ha Adam ?
Quand on se réfère même au NT, la valeur des écrits vétérotestamentaires reste intacte :
- A plusieurs endroits, on évoque l'AT en général et même la Loi (Mt 5,17 ; 7,12 ;
11,13). Les premiers chrétiens avaient donc en estime l'AT. C'est ainsi qu'il n'était pas
possible de sélectionner certains textes de la bible au détriment d'autres. L'AT prépare les
événements de la Nouvelle Alliance, et il ne devrait en aucun cas être méprisé comme entend
le souligner te Concile de Trente (1545-1563) : « Suivant l'exemple des pères orthodoxes, le
saint concile reçoit et vénère avec le même sentiment de piété et le même respect tous les
livres tant de l'AT que du NT, puisque Dieu est l'auteur unique de l'un et l'autre » (DZ 1501).
Pour ces premiers chrétiens, il fallait lire l'AT pour y voir les allusions préfiguratrices de leur
Rédempteur : « L'économie de l'AT était organisée par-dessus tout pour préparer la venue du
Christ Rédempteur de tous et du Règne messianique, pour l'annoncer prophétiquement et la
présager par diverses figures. (...) Les livres de l'A T, bien qu'ils contiennent des choses
imparfaites et provisoires, montrent pourtant la vraie pédagogie divine » (DV S 15).
13
- Comme cela apparait, il est vraiment difficile de ne pas se pencher sur l'AT, et donc la
Torah, quand on voudrait bien comprendre la personne de Jésus-Christ. Celui-là qui affirmait
n'être pas venu abolir la Loi et les Prophètes, mais l'accomplir (Mt 5,17). On ne se rappelle
également la controverse contre les juifs, rapportée par le quatrième évangile, où il soutient
que c'est à son sujet que Moïse a écrit (Jn 5,4547).
14
Etudier le pentateuque revient à étudier un corpus cher au peuple d'Israël : la Torah. Il s'agit
d'un complexe littéraire dont l'importance s'est largement répandue, et ce jusqu'à nos jours.
Mais alors qu'entend-on par « Torah » et son synonyme « Pentateuque » ? Quels sont ses
livres constitutifs ? Et quelle est la raison d'être de ceux-ci pour le peuple d'Israël ?
libération d'Israël du potentat Egyptien. Leuitikon (Lévitique) puisqu'on y parle des lois et
rites de Lévi. Aritmoi (Nombres) au regard des recensements évoqués. Deuteronomion
(deuxième livre) en tant complément de la loi promulguée au Sinaï, celle-ci eut lieu à Moab
(Dt17,18).
La Vulgate latine, influencée par le Grec, adoptera les noms : Genesis, Exodus, Leviticus,
Numeri, Deuteronomium.
Le texte hébreu, quant à lui, emprunte le premier mot important du livre même : b eresit (Au
commencement), Shemot (noms), Wayyiqra' (Et il appela), bemidbar (Dans le désert), cfbarim
(paroles).
« Il n'est point permis à quiconque d'écrire l'histoire et il n'y a pas de discordance entre les
écrits, mais seuls les prophètes ont appris par inspiration divine les faits les plus anciens et les
plus lointains et ont écrit en toute clarté comment s'est déroulé ce qui est advenu en leur
temps. Il en découle naturellement, et même nécessairement, que nous n'avons pas des
milliers de livres divergents et contradictoires entre eux, mais vingt-deux livres auxquels, en
toute raison, on accorde foi, lesquels contiennent toute l'histoire de tous les temps. Parmi
ceux-ci, cinq sont les livres de Moïse qui contiennent les lois et la tradition depuis la
création de l'homme jusqu'à la mort de ce même Moïse ».10
Mais peu à peu ce nombre (à savoir cinq) de livres de Moïse sera mis en doute. Au fur
et à mesure que se font les recherches sur l'histoire d'Israël, de nouvelles hypothèses
émergent. Ce qui apporte d'autres terminologies.
1.2.1. L’Hexateuque
Plutôt que de parler de « Pentateuque il est des auteurs pour qui une telle
dénomination de rend véritablement les données comme elles devraient l'être. Déjà cette4dée
avait été émise par des commentateurs à l'instar de Bonfrère (1625), B. Spinoza (1670), A.
Geddes (1792)1 Mais l'idée se précise avec H. Ewald (1803-1875) qui estime que l'on doit
tenir l'ensemble du pentateuque avec le livre de Josué. Car, selon lui, il existe une large
intrigue qui va du récit de la création du monde, et celle-ci trouve son achèvement dans
l'histoire de la conquête de la terre promise. Comment en être exhaustif si l'on sait que le
livre du Deutéronome ne raconte pas encore l'installation en Canaan. Il y a donc la nécessité
d'inclure dans ce premier corpus, le livre de Josué. Dans ce cas, il convient de parler
d'Hexateuque (Gn-Jos).11 D'autres exégètes lui emboiteront le pas dont J. Wellhausen 12, G.
von Rad.13 Ce dernier identifiera même le noyau des différentes traditions à propos des
origines du peuple d'Israël. Ce sont les « credo historiques » (Dt 6,21-23 ; 26,5-9 ; Jos 24,2-
13) dont la conclusion évoque cet octroi de la terre.
1.2.2. Le Tétrateuque
10
J. BLENKINSOPP, The Pentateuch. An Introduction to the First Five Books of the Bible, cité par J.-L SKA,
introduction à la lecture du Pentateuque. Clés pour l’interprétation des cinq premiers livres de la Bible, Lessius,
Bruxelles, 2000, p. 14.
11
A. G. AULD, Joshua, Moses and the Land: Tetrateuch-Pentateuch-Hexateuc.h,in a Generation Since 1938, T
&T Clark, 1980; T. ROMER, «La fin de l'historiographie deutéronomiste et le retour de l'Hexateuqüe? », ThZ 57
(2), 2001, p. 269-280.
12
J. WELLHAUSEN, Die Composition des Hexateuchs und der historischen Bucher des Alten Testaments,
Berlin, 1899.
13
G. von RAD, Dasformgeschichtliche Problem des Hexateuch, BWANT IV, 26, Stuttgart, 1938.
17
Critiquant son maitre G. von Rad, l'exégète M. Noth va faire naitre le terme «
Tétrateuque » en 1943. Cette théorie n'entend prendre en compte le livre du Deutéronome.
Aussi reste-t-il les quatre livres (Gn-Nb). Noth estime dès lors que le Dt est l'introduction de
l'œuvre deutéronomiste. Ses convictions se fondent sur les points suivants :
a- Il y a très peu d'aspect qui puisse expliquer une relation entre les quatre premiers
livres d'une part, et l'histoire dtr d'autre part. En dehors de certains ajouts de moindre
importance. Alors que le Tétrateuque, selon lui, véhicule la théologie de la cour sacerdotale ;
il n'en est pas le cas avec le Dt et le DtrG. Nous avons alors les deux théologies qui sont
mises ensemble.14
b- Il n'existe aucune continuité des sources entre celles du pentateuque d'une part, et le
livre de Josué de l'autre. Comment soutenir encore la théorie de l'Hexateuque ?
c- A bien voir, le Dt constitue l'introduction à la vaste « Histoire deutéronomiste » (Jos-
2R). On a comme l'impression que les récits du livre des Nombres semble revenir en Dt 1-3
(doublet), résumé de l'histoire du peuple d'Israël.
I.2.3. L’Ennéateuque
Il est important de considérer ce corpus littéraire souligne que la mort de Josué ne
saurait t le terminus ad quem. Mais il faut parvenir à identifier que l’on doit partir des récits
de la conquête jusqu’à la perte de cette terre (lors de l’exil). Ce qui donne cet ensemble de
neuf rouleaux (Gn, Ex, Lv, Nb, Dt, Jos, Jg, 1/2 S, 1/2 R) de manière à avoir une trame
narrative partant de l’histoire de la création du monde et tout ce qu’il contient jusqu’à
l’humiliation extrême qu’a subie le peuple d’Israël c’est-à-dire la déportation en pays
babylonien. Ce qui relie de bout en bout tous les récits est la thématique de la terre, celle que
le seigneur promet dès le départ aux patriarches (Gn), dont le peuple sera en quête (Ex,Nb)
avant de la déposséder aux nations y installées par l’aide de YHWH (Josué). Avec
l’instauration de la monarchie, David puis son fils Salomon vont sécuriser le territoire et y
construire ce qu’il y a de plus beau pour Dieu à savoir le temple (Samuel et 1R).
Malheureusement les égarements successifs du peuple conduiront à la perte de ce pays de la
promesse (2R). C’est cette trame narrative que D.N Freedman appelle « Primary History of
14
Constitués de plusieurs prêtres exilés, les milieux sacerdotaux soutiennent que le peuple d'Israël forge son
identité à chaque fois qu'il célèbre le culte à YHWH dans le temple de Jérusalem. Considérés comme un risque
pour Israël (Nb 25), ce dernier doit éviter de les côtoyer. Aucun mariage avec eux n'est à encourager. Les cercles
dtr quant à eux comprennent surtout des laïcs. Ils n'encouragent pas des mariages avec ces peuples. Israël
retrouve son identité en se séparant de tous ces peuples. S'il est vrai que le culte à Jérusalem doit être respecté ;
c'est davantage de l'observance des traditions antiques.
18
Israël15 ». Cependant il n’y a véritablement pas eu une étude systématique pour défendre la
théorie de L’Ennéateuque.
En somme, toutes ces hypothèses n’ont aucunement supplanté, dans la mémoire collective du
peuple hébreu, la place centrale du Pentateuque entendu comme les « cinq cinquièmes de la
tour ».
15
D.N Freedman, « Pentateuch », Interpreter’s Dictionary of the Bible 3, New York, 1967, p. 712-713.
Toutefois, la première histoire n'est pas assimilée à l'histoire du Chroniste qui elle reprend laconiquement
l'histoire des origines jusqu'au règne de David et Salomon. Puis, outre ceux qui accéderont au trône après eux, il
y aura une attention particulière accordée à l'époque post exilique avec la reconstruction (Ne-Esd).
16
J.-L. SKA, Antico Testamento I, p. 133-147.
17
Ibid., p. 133.
19
La Torah est un enseignement, une doctrine, un code normatif que le peuple est censé
suivre, mieux mettre en pratique dans sa vie de tous les jours. C’est en cela que l’on puise
l’intelligence et la sagesse qui amène à se distinguer des autres peuples. C’est un savoir-vivre
et un savoir-être que la Torah confère au peuple israélite. Ce n’est donc pas une question de
pouvoir ni d’avoir comme c’était le cas chez les peuples environnants (Égypte, Phénicie,
Grèce, Babylone, etc.) si les peuples sont attirés vers Israël ce n’est pas pour contempler des
grands édifices ou d’insolentes richesses, encore moins de puissants hommes en tenue. Mais
c’est la singularité que sa Loi qui fascine :
« Il arrivera dans l'avenir que la montagne de la Maison du SEIGNEUR sera établie au
sommet des montagnes et dominera sur les collines. Toutes les nations y afflueront. Des
peuples nombreux se mettront en marche et diront : " Venez, montons à la montagne du
SEIGNEUR, à la Maison du Dieu de Jacob. Il nous montrera ses chemins et nous marcherons
sur ses routes. " Oui, c'est de Sion que vient l'instruction et de Jérusalem la parole du
SEIGNEUR. » (Is 2, 2-3).
Comme on peut le voir, Jérusalem est l’épicentre vers lequel tous accourent pour
puiser à la source du savoir. Un autre prophète tiendra ce même discours, c’est Michée :
« Des nations nombreuses se mettront en marche et diront : " Venez, montons à la montagne
du SEIGNEUR, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous montrera ses chemins et nous
marcherons sur ses routes. Qui, c'est de Sion que vient l'instruction, et de Jérusalem, la
Parole du SEIGNEUR. " Il sera juge entre des peuples nombreux, l'arbitre de nations
puissantes, même au loin. Martelant leurs épées, ils en feront des socs, et de leurs lances, ils
feront des serpes. On ne brandira plus l'épée, nation contre nation, on n'apprendra plus à se
battre. » (Mi 4, 2-3).
D’ailleurs, de nos jours nombreux sont les religions qui se revendiquent d’avoir le
judaïsme, et donc la Torah, à la base de leurs croyances. Que de femmes et hommes ne se
targuent-ils pas d’avoir Abraham pour ancêtre ? Toutefois, qu’entend-on véritablement, dans
un tel contexte, de Pentateuque ? Eu égard au contexte susmentionné, il faut dire que la Torah
et la constitution du peuple d’Israël. C’est en elle que l’on retrouve les éléments qui le
caractérisent. Seulement, à la différence de nos chartes constitutionnelles moderne, relevons
que la Torah-Constitution :
peut-on légitimement affirmer que le récit explique comment Israël s’est constitué comme
peuple élu alors que les différentes lois sont édictées pour régir sa manière de vie selon son
alliance avec YHWH.
Le texte hébreu, quant à lui, emprunte le premier mot important le livre même : beresit
(au commencement), Shemot (noms), Wayyiqra’ (et il appela), bemidbar (dans le désert),
debarim (paroles).
plus lointains et ont écrit en toute clarté comment s’est déroulé ce qui est advenu en leur
temps. Il en découle naturellement, et même nécessairement, que nous n’avons pas des
milliers de livres divergents et contradictoires entre eux, mais 22 livres auxquels, en toute
raison, en accord foi, lesquels contiennent toute l’histoire de tous les temps. Parmi ceux-ci,
cinq sont les livres de Moïse qui contiennent les lois et la tradition depuis la création de
l’homme jusqu’à la mort de ce même Moïse »18.
Mais peu à peu ce nombre (à savoir cinq) de livres de Moïse sera mis en doute. Au fur
et à mesure que se font les recherches sur l’histoire d’Israël, de nouvelles hypothèses
émergent. Ce qui apporte d’autres terminologies.
18
J. BLENKINSOPP, The Pentateuch. An Introduction to the First Five Books of the Bible, cité par J.-L. SKA,
Introduction à la lecture du Pentateuque. Clés pour l’interprétation des cinq premiers livres de la Bible, Lessius,
Bruxelles, 2000, p. 14.
19
« Das portative Vaterland » en allemand. Il est le dit dans une lettre qu'il adresse à Betty Heine en 1853.
22
15,30 ; 19,13.20 ; Lv 7,20.21.25 ; 19,8 ; 22,3. Bref, il est demandé à Israël de s’éloigner de
toute forme de mal (Dt 13,6 ; 17,7.12 ; 19,13.19, 21,21 ; 22,22.24 ; 24,7).
20
PHILON D’ALEXANDRIE, De aeternitate mundi, 19 (Opera VI, 78) cité par J.-L. SKA, Introduction à la
lecture du Pentateuque, p.13.
21
A ce sujet, Philon d’Alexandrie et Flavius Josèphe estime que, sous l'action de l'esprit, que Moïse aurait écrit à
propos de sa mort.
24
comment Nb 22,1 parle-t-il de Transjordanie comme pays au-delà du Jourdain tant il est vrai
que Moïse y est ?) Bien plus, comment comprendre que Moïse, parlant, il soit tenu d’utiliser
la troisième personne, et pas la première personne ? N’y aurait-il pas eu un autre auteur ?
Toutefois, vu la menace la sanction, ces différents critiques vont éviter d’afficher leur position
qui s’émancipe de la vision traditionnelle.
C’est Baruch Spinoza qui franchit le Rubicon. En effet, dans son Tractatus
Theologico-Politicus, il n’hésite pas à attribuer à Esdras la paternité du Pentateuque. C’est ce
dernier qui le fera dans le but d’attribuer une identité au peuple juif durant l’hégémonie perse.
D’ailleurs, dit-il, il existe une continuité entre les livres historiques (Jos-2R) et les trames
narratives du Pentateuque, qu’il ne serait pas plausible de séparer 22. Cependant, on s’attaquait
aussi aux divers problèmes littéraires qui ne feront qu’amplifier le doute sur la personne en
tant qu’auteur du Pentateuque.
historique. Quant au représentant de l’école syriaque, ayant des affinités poussées avec les
milieux sémitiques, ils vont plus accorder de l’importance à la liturgie.
À propos des thématiques autour desquels tourne la réflexion, nous pouvons retenir :
1. La personne de Moïse
Celui-ci est diversement présenté dans le commentaire des Pères de l’église. Moïse
comme écrivain : même si cela n’apparaît pas toujours de manière explicite dans leurs écrits,
il faudrait néanmoins dire que d’après les pères, Moïse est l’auteur du Pentateuque.
Tertullien : « ce qui donne l’autorité aux écritures, c’est l’antiquité très haute. En
effet, le premier prophète, Moïse qui a raconté la création du monde et la multiplication du
genre humain (…) c’est par ce Moïse aussi que Dieu envoya aux juifs la loi qui leur est propre
» (apologétique Ch. XIX, 1-2)23. Origène soutient clairement que Moïse est l’auteur du
Pentateuque, tout comme Isidore de Séville. C’est également le point de vue de Jérôme, même
si quelquefois il n’est pas toujours explicite. Augustin, va plus loin : il cherche dans le texte
certains éléments symboliques. Voilà pourquoi il fait un rapprochement entre le Pentateuque
et la loi avec les cinq pierres que le jeune David ramasse et met dans sa besace au moment
d’affronter le grand Goliath (Sermon XXXII,5-7).
Moïse comme modèle de vie : les pères de l’église ne se limitent pas sur le fait que
l’auteur du Pentateuque est Moïse. Il continue en le présentant comme un modèle si l’on veut
atteindre la sainteté. Cela est clair l’évêque d’Hippone : « Moïse est celui que nous aimons,
que nous admirons, et que nous imitons autant que nous le pouvons » (Contra Faustum, XXII,
69).
Grégoire Nysse, en écrivant sur la vie de Moïse, n’a pour but que d’édifier le peuple
de Dieu. Bien que prenant en considération le sens littéral du texte lors de son exégèse,
Grégoire maintient la tendance à mettre l’accent sur le merveilleux. Les éventuelles
explications du type naturaliste ne l’intéressent pas véritablement : « voilà, O Homme de
Dieu, Césaire, le bref exposé que je te présente au sujet de la perfection de la vie vertueuse, où
j’ai décrit la vie du grand Moïse comme exemplaire de la beauté de la vertu, afin que chacun
de nous, par limitation de ses œuvres, transcrivent l’image de cette beauté qui nous a été
proposée » (la vie de Moïse).24 En d’autres circonstances il faisait remarquer : « la raison pour
laquelle la vie des âmes saintes (les personnages de l’Ancien Testament) a été écrite en détail
23
H. CAZELLES, Pentateuque, DBS VII, col.689.
24
28
n’est-elle pas de diriger dans la voie du bien, par l’exemple des juges des temps anciens, la vie
de leurs successeurs »25.
Moïse comme prophète : les pères considèrent aussi Moïse comme ce prophète dont la
mission était d’annoncer le Christ. Elle est la « figure de Jésus » comme le dit le pseudo
Barnabé. De la même façon que Justin estime que Moïse est le premier des prophètes, de
même il n’est pas de doute, de l’avis d’Irénée, que tous les gestes et actes que Moïse pose sont
au fond ceux du verbe de Dieu. C’est lui qui agissait dans tous les événements de l’exode (Cf.
Démonstration de la prédication apostolique). Dans ses analyses, Irénée procède à une
exégèse littérale, spirituelle ou allégorique et typologique. Bref, pour lui, il existe une
correspondance entre élèves de Moïse et celle du Christ.
2. Le statut de la loi
C’est elle qui trace le canevas de vie chez les juifs. Elle donne le ton des activités à
accomplir : les fêtes, les interdits, cultes, etc. Tout comme son maître, Jésus, le chrétien pense
qu’il faudrait « faire plus » (Mt 5,17- 48). C’est ainsi que les pères préconisent une certaine
rupture avec la loi juive. Le pseudo Barnabé est convaincu que c’est le péché qui, ayant rendu
avec les juifs, empêchent une compréhension du sens de la loi, demeurée cachée
(apologétiques anti-juive).
Justine ne recommande pas qu’on rejette la loi du fait qu’elle est dépassée par celle du Christ.
On y recourt pour une exégèse typologique (Cf. Dialogue avec Tryphon).
Clément d’Alexandrie soutient que la loi de Moïse a servi d’inspiration aux grecs (Les
Stromates).
3. L’histoire d’Israël
Tous les événements de l’Ancien Testament ont été rédigés pour le Christ. Ils sont son
« annonce ». C’est ainsi que la pâque préfigure le Christ, l’agneau en est la figure. C’est le
sens de ces paroles d’Augustin : « nous allons démontrer que les prédictions (des prophètes)
concernent le Christ, que par elle se trouve apporter un apport considérable pour prouver et
assurer notre foi, ils ont mené une vie tout à fait en rapport avec leur prophétie » (Contra
Faustum, Liv XII)26.
4. L’histoire du monde
25
Col 692.
26
Col 701.
29
Les pères de l’Église se sont aussi intéressés au premier livre de la Bible où il est
question de la création du monde en six jours (Hexaemeron). Pour eux, la création et le déluge
sont préfiguration du baptême. On peut citer parmi ceux qui ont traité du thème : Théophile
d’Antioche, Irénée (la théorie de la récapitulation), Tertullien, etc.
c’est le Nouveau Testament qui est le champ d’investigation le plus exploité par les Pères de
l’Église. Dans l’Ancien Testament, c’est surtout les Psaumes, le Cantique des Cantiques.
L’exégèse médiévale va développer les quatre sens de l’écriture : spirituel (symbolique),
littéral (historique), tropologique (moral), anagogique (relative aux réalités célestes
eschatologiques).
27
F. GARCIAS, 35.
32
KARLSTADT va vite végéter cette idée quand il lit (Dt 31,9 // Jos 24,6 ; 2R 22,8). Cf. De
Canonicis Scripturis Libellus.
4. Isaac DE LA PEREYA
L’auteur pense que les difficultés du texte sont une preuve que le Pentateuque n’est pas un
texte original autographique. Au contraire, on l’a écrit à partir de quelques notes sur Moïse et
les événements du passé. C’est un travail de rédaction qui se fera plus tard par de nombreux
auteurs, se basant sur diverses copies. Pour Isaac DE LA PEREYA, Adam ne saurait
considérer comme l’ancêtre de toute l’humanité. Il est plutôt l’ancêtre du peuple juif. Il remet
aussi en question la thèse de la vérité des Saintes Écritures (à ne pas confondre avec la vérité
salvifique).
Selon Spinoza, la Torah est une loi purement politique de l’époque perse par laquelle
Israël affirme son identité. Il n’y existe donc aucun caractère divin et par conséquent la Torah
n’est pas inspirée. Il faudrait d’abord connaître l’histoire du texte des Écritures avant de
prétendre trouver l’histoire du message (le contenu du texte). Et ce n’est pas à une « tradition
» qu’il faudrait se référer. Spinoza soutient la thèse de l’Ennéateuque. D’ailleurs, l’histoire de
la Bible n’a aucune importance, nous ne doit signifier à elle. Cf. Tractatus theologico-
politicus.
7. Jean LECLERC.
C’est un exégète hollandais. Il va écrire l’ouvrage : Sentiment de quelques théologiens
de Hollande sur l’Histoire critique du Vieux Testament composé par Richard Simon de
l’Oratoire (1685).
Selon cet auteur, les résultats auquel est parvenu Richard Simon sont grotesques, et nécessite
par conséquent qu’ils soient « affinés » et « perfectionnés ». Par la méthode historico-critique,
il se penche sur la notion de « tradition » pour nuancer les origines du Pentateuque.
Ainsi, Jean Leclerc estime que le Pentateuque est une compilation post-exilique des
différentes traditions orales et écrites. La forme finale eut lieu à l’époque Esdras.
Cependant, il rappelle que si les samaritains (suite au schisme de la fin du huitième siècle
avant notre ère) ont le même Pentateuque que les juifs, alors il n’est pas logique d’affirmer
que Esdras en est l’auteur. Jean Leclerc soutient que ce serait plutôt le prêtre dont il est
question en 2R 17, 28.
34
ILGEN étudie davantage le cycle de Joseph (Gn 47,2-50, 26). De là, il affirme qu’il existe
deux sources principales dans le livre de la Genèse : le JEHOVISTE ET L’ELOHISTE. Mais
en réalité, il distingue deux «Élohiste », ce qui fait que l’on a finalement trois documents de
base : E1 (devenant plus tard P, c’est-à-dire le Sacerdotal), E2 (le véritable Élohiste) et J (le
Jéhoviste).
L’auteur cherche à trouver le rapport entre l’histoire de documents existants d’Israël. Il
part du constat selon lequel les différents documents trouvés dans le temple de Jérusalem sont
mélangés même altérés. Dès lors, il convie de les épurer et sonder, autant que possible, leur
époque de rédaction de leur origine.
En somme,
S’il est vrai que l’hypothèse documentaire sus présentée tente, à sa manière,
d’expliquer la façon dont on est parvenu au texte final du Pentateuque, au-delà de l’origine
diverse des textes constitutifs, on se trouve néanmoins insatisfait. D’où l’émergence d’autres
hypothèses.
VATER soutient qu’il existe plusieurs documents à la base dont certains remonteraient
à l’époque de Moïse jusqu’à l’élaboration du Pentateuque à l’époque de l’exil au sixième
siècle avant notre ère. À partir des textes législatifs en provenance de milieux différents,
VATER dit que c’est la Loi qui est la base du Pentateuque. Et le noyau de cette loi se
trouve dans le livre du Deutéronome qui fut composé à le produit David et Salomon, son fils.
Ce n’est que plus tard que ses filles des agios des parties narratives de cette base législative.
On ne devrait donc plus parler de « Loi unique de Moïse ».
29
C. HOUTMAN, Pentateuch, 93-94.
39
Conclusion
Au terme de ce chapitre sur les premières théories diachroniques sur le Pentateuque,
on se rend compte que bien des questions fort enrichissantes et intéressantes ont été soulevées.
Nous pouvons brièvement revenir ni sur quelques-unes :
1. La question de l’auteur réel du Pentateuque : est-ce bien Moïse ou quelqu’un d’autre ?
2. La problématique des « sources du Pentateuque » : laquelle ou lesquelles à/ont été à la base
du Pentateuque ?
3. La question des « traditions » orales ou écrites qui se trouveraient « derrière » le texte
Pentateuque. Et de quelle manière ont-elles été transmises au fil des temps ?
4. Quelle est le rapport entre les différentes sources du Pentateuque et leur ancrage dans
l’histoire réelle du peuple d’Israël ?
5. La problématique du « devenir » du Pentateuque : quelles ont été les diverses phases de
l’élaboration du Pentateuque et leur fils action chronologique ?
En bref, toutes ces interrogations (d’ailleurs non exhaustives) vont former le lit pour la mise
en œuvre d’une théorie en exégèse : la Nouvelle Hypothèse Documentaire ou la Théorie
Documentaire Classique.
40
CHAPITRE V : LA THÉORIE DOCUMENTAIRE CLASSIQUE
Hypothèse du documentaire « new-look », tel quel sens développera au XIXe siècle ne
saurait se comprendre en dehors de son contexte historique et social : celui du bouillonnement
idéologique de l’époque.
V.1.3. Le Romantisme
Il a également eu un impact considérable sur les études publiques. En effet, le désir de
retourner vers le passé, enclencher par les tenants du romantisme, fera que les exégètes
s’intéressent davantage sur les époques considérées les plus anciennes de l’histoire et de la
religion biblique. On soupçonne tout ce qui est récent de corrompu. C’est la thèse d’une des
figures de proue de cette tendance Johann Gottfried HERDER (1744- 1803). Selon lui, il était
nécessaire de revenir sur les « manifestations originelles, spontanées et naturelles de la culture
biblique ».30 Les romantiques apprécient moins les périodes dites exiliques et post-exiliques
que la précédente (pré-exilique). On pense que les premières ont favorisé le légalisme le
pharisaïsme.
30
J.L. SKA, Introduction, 151
31
Ce tableau est extrait de W. VATKE.
42
(Pharisaïsme)
Ces quatre sources ont pris davantage de problèmes qu’elles en ont résolus
(lexicographiques, stylistiques, thématiques, etc.) l’ELOHISTE a-t-il existé comme une vraie
source narrative ? Ou plutôt législative ?
À cette époque de WELLHAUSEN, il faudrait reconnaître que l’on n’a une connaissance
lapidaire de l’archéologie et de l’historiographie sur le Proche-Orient Ancien.
Certains exégètes diront qu’il est illogique de poser comme « postulat » l’homogénéité
originale des sources (R. WHYBRAY). Pour quel but rédacteur ont-ils voulu à tout prix
changer les doublets, les contradictions du texte ? Ni cela, ou le risque d’avoir de petits
versets multipliés et variés.
Plutôt que de parler de quatre sources à la base, les exégètes préfèrent parler du
Pentateuque comme une œuvre complexe qui englobe les différents blocs formés de matériel
narrative et législatif. Ces blocs sont autonomes parce qu’ils proviennent des traditions
diverses. Ce sont des unités majeures qui englobent en elle des unités mineures (R.
RENDTORFF).
Tous ces points faibles détectaient la théorie documentaire nouvelle pousseront donc plusieurs
chercheurs à s’acharner contre elle. Nous relevons quelques-unes de ses critiques :
J. A. SOGGIN : « Les travaux de Julius WELLHAUSEN sont bien plus la phase initiale de la
recherche scientifique ».
M. NOTH : « Si les chercheurs prennent en main le livre des nombres, il n’y trouverait pas
trois sources parallèles ».
N. LOHFINK : « L’insuffisance et la stérilité de l’exploitation habituelle de ses résultats ».
R. WHYBRAY : « Il s’agit d’une spéculation sur une autre ».
48
• Il faut aller au-delà des présentes couches littéraires des textes bibliques. Mais « pénétrer en
profondeur » pour atteindre les traditions, les idées originaires : ce sont les archétypes
mythologiques du texte.
• Grâce aux fouilles archéologiques, on ressent la nécessité de procéder à des études
comparatives entre les écrits de la Bible et les grands maîtres de la Mésopotamie. En fait par
exemple de comparaison entre l’épopée de Gilgamesh// Déluge, l’épopée de Athra-hasis//
Création. De cette manière, on comprend mieux le texte biblique dans son rapport avec les
récits des cultures parallèles voisines.
• Pour Gunkel, le livre de la Genèse est « une collection de légendes » (Die Genesis ist eine
Sammlung von Sagen). Les auteurs des différentes sources de Pentateuque sont simplement
des collectionneurs et éditeurs des récits populaires, légendes, traditions orales (Cf les Frères
Grimm de l’Israël antique). Ils ne sont pas des inventeurs.
• Selon lui, les sources sont en réalité un stade tardif dans le processus de composition du
Pentateuque. Ce qui se trouve notamment au départ, ce sont « des légendes autonomes
constituant des unités primitives ». Ainsi, plus une légende brève, plus elle est plus proche de
l’originel.
- Gunkel va désormais étudier les textes législatifs du Pentateuque avec les différents gens
littéraires, car pour lui « la forme exacte et la nécessaire expression du contenu » (forme +
contenue, style + message, esthétique + théologie).
- En étudiant le livre de la Genèse, Gunkel distingue les gens littéraires suivants :
a) les contes ou récits (Märchen)
b) les légendes (Sagen). Celles-ci peuvent être : historiques (Gn 34) ; ethnographique, c’est-à-
dire décrivant la situation d’un peuple comme Caïn (Gn 4) ou Ismaël (Gn 16) ; étiologique
quand celle-ci explique la cause d’une situation donnée. À ce niveau étiologique, on distingue
celles à caractère ethnologique (Gn 9,24ss ; 21,22ss ; 26,25ss), étymologique (Gn 4,1 ; 11,9 ;
19,20. 22 ; 25,26 ; 29,32) ; culturel (Gn 22,1-19 ; 12,16 ; 18,4 ; 28,18 ; 32,33), géologique
(Gn 19).
* La situation de la vie (Sitz im lebem)
- Il n’est pas à confondre avec les gens littéraires.
- Ici on insiste sur la quête d’identification de l’enracinement sociologique et historique des
traditions.
- Le crédo est le suivant : « Tout texte est enraciné à l’origine dans une situation de vie
précise ». Pour Gunkel, toute expression est fonction de la situation, des intérêts et de la
nécessité. Bref, tout s’éclaire par les circonstances.
* La finalité théologique
- pour cette école, identification et/ou définition du genre intérêt, ainsi que le Sitz im lebem
doivent conduire à mieux saisir la perspective originale de chaque auteur. C’est le contenu
théologie du texte. Pour Gunkel, « l’exégèse biblique et une exégèse théologique ».
CONCLUSION
- il faut dire que tous ces exégètes, doublés d’historiens de la religion, de cherche pas à
subordonner la religion israélite la civilisation babylonienne (tendance en
panbababylonienne).
- Mais pour, il faut « mettre en évidence la particularité de l’expérience israélite, précisément
en la situant dans le contexte historique des autres expériences particulières dont témoignaient
les textes du monde ambiant nouvellement découvert ».
- On ne doit plus fonder les problèmes littéraires uniquement sur la différence de force
(J,E,D,P).
- Les incohérences, les tensions, les ambiguïtés du texte biblique s’expliquent davantage par
l’hétérogénéité des légendes et des cycles primitifs recueillis par les auteurs des sources.
- Pour Gunkel, le Jahviste (J), l’Elohiste (E) ne sont pas « des personnalités individuelles »,
mais on doit considérer comme des Écoles de narrateurs.
CHAPITRE VII : EN QUETE DE LA SPECIFICITÉ DE LA FOI D’ISRAEL
VII.1. LA PROBLEMATIQUE DU NOYAU PRIMITIF
- Gunkel n’a pas orienté ses travaux dans la reconstruction de l’histoire du peuple d’Israël et
de ses institutions.
- Ce qui l’intéressait était : les événements, les situations particulières.
- Mais son ouverture vers les traditions pré-littéraires favorisera un engouement. On
s’intéresse de plus en plus à l’époque pré-monarchique, c’est-à-dire le temps des origines.
- Problème : Quel est le noyau originel de la foi d’Israël ?
- Trois principaux exégètes abordent le problème : Albrecht Alt (1883 – 1956), Gerhard
Von Rad (1901 – 1971), Martin Noth (1902 – 1968).
VII.2. A. ALT ET LA THÈSE DU « DIEU DES PÈRES »
- Selon Albrecht Alt (1883 – 1956), cette expression « Dieu des Pères » provient de l’époque
où Israël était encore nomade. N’étant pas sédentaire, leur divinité ne porte pas un nom
précis. C’est pourquoi le lire à un ancêtre éponyme à qui ce Dieu s’est révélé (Gn 26,23 ;
28,13 ; 32,10 ; 46,3 ; Ex 3,6).
- Les patriotes sont de vrai fondateur d’une religion cultuelle. Les patriarches deviennent
des « personnages véritablement historiques » de la Préhistoire d’Israël. Il cesse des
personnages folkloriques.
52
CONCLUSION
Le « Dieu des Pères » et pressions d’une religion nomade pré-yahviste. Le « Dieu
des Pères » est une divinité qui portait les différents plans et tribus pendant la Préhistoire
d’Israël.
Avec les travaux de Alt, les documents qui racontent les récits des patriarches redeviennent
utilisables par l’historien-exégète.
Les travaux de recherche des Alt en rapport avec le droit biblique montrent moins de coûts
favorables auprès d’autres exégètes : R. Rendtorff, H. Graf Reventlow, G. Hölscher, A. C.
Welch, G. Von Rad, H. Gressmann, etc.
53
-Ces grandes thématiques historiques seront reliées entre elles par des connecteurs logiques
suivants des généalogies, des itinéraires, des transferts des héros. C'est ainsi qu'on est
parvenu à une trame narrative continue.
-Les thèmes les plus anciens (Haupthenten) sont : la sortie d'Egypte, rentrée en Canaan.
-A ces précédents viendront se structurer trois autres thèmes : la tradition des patriarches et
les promesses divines, le séjour dans le désert et la révélation sinaïtique.
- Pour Noth, ces thèmes ont été transmis oralement dans un premier moment de façon séparée.
C'est plus tard qu'un long travail rédactionnel va les mettre ensemble. C'est cela l'histoire de la
transmission (Überlieferungsgeschichte) des différentes traditions.
- A cette période-là, il n'y avait pas encore une instance centralisatrice. Mais chaque tribu
avait son autonomie propre.
- M. Noth postule alors l'existence d'une amphictyonie israélite (semblable à celle des
peuples grecs).
- Noth estime que ces tribus se regroupaient souvent à l'époque pré monarchique : il parle
de « Confédération ou Ligue des 12 tribus d'Israël ».
- Ces tribus célébraient leur culte en un lieu commun, avec des rites communs. C'est ainsi
qu'on arrive à forger une tradition pan-israélite, premier embryon du futur pentateuque.
-
VIII.4. LE RECIT SACERDOTAL (P als Erzählung)
- Au départ P (Ex 25-Nb 9) était vu comme une loi qui est encadré par le récit.
- Pour Noth, P est avant tout un récit : Pg (Erzählung)
- Il réduit alors les parties législatives de P en quelques sections : Ex 25-31*, Ex 35-40,
Lv 8, Lv 9.
- Il constate qu'il existe certains textes législatifs qui interrompent des séquences
narratives. Noth les considèrent comme des insertions tardives (PS). On peut citer :
Lv 1-7 (entre Ex 25-31 et Lv 8-10), Lv 1 1-15 ou Lv 17-26.
- Noth opère donc une distinction entre « Loi » et « Histoire » comme le fit Graf
auparavant.
- Dès lors, P est au service du Récit. Voilà pourquoi, P sera utilisé comme trame
narrative de base par les compilateurs dans l'élaboration de la forme finale du
pentateuque
CONCLUSION CRITIQUE
- Noth a réussi une bonne synthèse sur le pentateuque. Toutefois, il y a des questions
ouvertes qui demeurent :
Quelle est la consistance de la source commune de base (Gemeinsame
Grundlage) que postule Noth pour expliquer les ressemblances entre J et E par
rapport aux traditions du Sinaï ct celles des promesses patriarcales. J, E (Sinaï)
J, E (Patriarches) ? Sous quelle forme se présentait cette base commune G :
écrite ou orale ?
56
Par rapport à J. Wellhausen qui faisait des recherches sur des documents qui
existaient, Noth fait plutôt des analyses à partir des traditions pré-littéraires.
Pour certains exégètes c'est de la pure spéculation (Cfr Whybray).
Il y a tellement de matériel du pentateuque que Noth a fini par les « appauvrir
» : ils sont devenus secondaires, peu originaux, peu historiques. Bref, ils les
considèrent comme des ajouts postérieurs.
Moïse est l'un des parents pauvres des travaux de M. Noth. Son rôle demeure
mineur.
Noth n'accorde pas assez d'importance sur la canonique du texte du
pentateuque. Ce qui le fascine sut-tout c'est la « prétention » de reconstruire ce
qui est derrière le texte, c'est-à-dire les traditions orales.
FRANCOPHONE
a) DOCUMENTS
- Il faut dire qu'en ce moment la théorie documentaire est devenue une véritable «
affirmation dogmatique ».
- La théorie ne sert plus à expliquer les problèmes posés par le texte biblique,
mais « c'est le texte qui devait être lu conformément à l'idée des quatre sources
».
- Tous s'accordent à reconnaitre les quatre sources (J, E, D, P) à la base du
pentateuque.
- La datation admise est la suivante :
J (Yahviste) : vers 930 à l'époque de Salomon. Textes-clé (Gn 12,1-
3 ; Ex 19,3ss). Théologie : Justification de l'empire de David, YHWH accompagne
toujours l'homme et accomplit ses promesses à son endroit.
E (Elohiste): vers 850-750 au Royaume du Nord. Provient des
milieux prophétiques. Textesclé (Gn 20-22). Théologie : La « crainte de Dieu », insistance
sur le comportement éthique.
D (Deutéronomiste): vers 750-620. D'origine du Nord peut-être,
puis amené vers Jérusalem par les réfugiés. Textes-clé (Dt 6,4ss). Théologie : Alliance,
obéissance la Loi, adoration exclusive à YHWH.
P (Sacerdotal): vers 550 pendant l'exil en Babylonie. Textes-clé (Gn
I ; Gn17 ; Ex 16). Théologie : souveraineté et sainteté de Dieu, importance des Institutions
sacerdotales, la place capitale du sacerdoce.
61
b) METHODES
Dans les années 1960, la théorie des documents est « canonique ». Les méthodes historico-
critiques y relatives contribuaient d'ailleurs à cela :
- L'histoire des formes (Formgeschichte)
- L'histoire des traditions (Traditionsgeschichte)
- L'histoire de la transmission (Überlieferungsgeschichte)
- La critique des sources (Literarkritik)
« Les introductions à l'A T parues à la fin des années 60 ou au début des années 70 donnaient
l'impression d'un consensus fondamental sur les questions principales relatives à la
formation du pentateuque : la théorie des documents et la séparation des sources étaient
présentées comme acquises et comme base indispensable à toute recherche scientifique » (A.
De Puryn. Romer, 43-44).
Toutefois, cette consécration va bientôt se révéler fragile. Il y a beaucoup d'aspects sur
lesquels les exégètes ne sont pas d'accord : la définition exacte de chacune des sources,
l'origine et la datation précise des sources et le projet théologique qui y est sous-jacent.
Les promesses
- Lors que Alt et Von Rad présentaient les promesses comme un élément reçu des
clans protoisraélites ancestraux, maintenant on les considère comme des insertions
tardives.
- Les promesses sont rédigées en contexte de crise. Ainsi pour J. Hoftijzer, les
promesses sont le fruit d'une ré-interprétation exilique de la tradition patriarcale.
- Quant à C. Westermann, les promesses ne sont plus à considérer comme
appartenant aux récits des origines.
de le dater plutôt à l'époque du Fer (1200-600 av JC). En toute logique elles sont de
l'époque monarchique.
- J. van Seters étudie les traditions de Gn 12-25. Il situe leur contexte historique au
6è s av JC, c'est-à-dire à l'époque de l'exil. Selon lui, le pentateuque est le fruit d'un
long processus de ré-interprétation.
Au départ nous avons quelques textes « elohistes » provenant de certaines traditions «
protoyahvistes ». Ensuite, il y a la rédaction de la trame « yahviste » à l'époque exilique et
postexilique. A cela s'ajouteront des textes de la rédaction sacerdotale (P). Exemple : Gn I-Jg
1,1-2,5.
- Pour van Seters, le Yahviste (J) est le véritable artisan du pentateuque. Cependant,
son J est exilique (et non plus de Salomon comme l'affirmait von Rad).
- En réalité, cette théorie de J. Van Seters et de H. Chr. Schmitt est comme une
nouvelle théorie des compléments avec des datations tardives.
b) La présence deutéronomiste dans le pentateuque
- Dès les années 60, des travaux montrent que plusieurs textes considérés comme
« Yahvistes » ont les mêmes caractéristiques que le Dt. On parle donc de la
rédaction dtr dans le pentateuque. Cfr L. Perlitt, M. Weinfeld, W. Fuss, E.
Auerbach, etc.
- L. Perlitt montre que les textes de l'AT qui parlent de l'alliance (b erît) dans un
sens théologique sont postérieurs au mouvement deutéronomique. Exemple : les
textes qui ont une théologie de l'alliance entre YHWH et Israël (considérés
comme J/E). Pourtant ces textes sont du 7è siècle av JC (Ex 19,5 // Dt 7,6 ;
28,9).
- M. Weinfeld fait une liste des caractéristiques stylistiques et théologiques des
textes deutéronomiques et dtr.
- L. Rost, W. Richter, J. Ph. Hyatt démontrent que les credo historiques (Dt 6;
Dt 26; Jos 24) ne sont pas le noyau de l'Hexateuque. Ils sont plutôt les résultats
de la théologie deutéronomiste.
- H. H. Schmid analyse le « soi-disant Yahviste ».
*Constat 1 : Tous les textes J présupposent la littérature prophétique des 8 è et 7è
siècle av J C. De plus, ces textes ont des liens avec la littérature deutéronomique.
*Constat 2 : la plupart des traditions J, qui sont dans le pentateuque, ne se
retrouvent que dans des textes de l'exil et après l'exil. Exemple : Ex 3, 10ss > Jr 1 ; Ez 2. Dans
ce texte Ex 3,10, on fait de Moise le prophète par excellence. La rébellion du désert (Ex-Nb)
> l'histoire deutéronomiste (Jg 2,6ss).
*II conclut que les fameux textes J sont à dater aux abords de la période exilique et à
proximité des milieux dtr. Le J est plutôt le produit d'une nouvelle théologie en temps de
crise.
c)La démolition de la théorie documentaire
- Malaise croissant. Difficulté à identifier le début et la fin de chaque source.
- Quels sont les réels critères de séparation du J et E ?
64
- Ils maintiennent l'hypothèse documentaire. Mais ils y opèrent des modifications. Ils
sont encore nombreux :
- Ceux qui se revendiquent de G. von Rad défendent un J qui remonte à Salomon : H.
W. Schmidt, K. Berge, F. Kohata, L. Ruppert, J. Scharbert, etc.
- Ceux qui se revendiquent de J. Wellhausen. Ils sont scptiques face à la datation
salomonienne de J (cfr les vonradiens). Ils n'arrivent pas à séparer J et E. C'est
pourquoi ils soutiennent le Jéhoviste (JE). C'est le cas de H. Seebass.
- D'autres soutiennent un J monarchique tout en reconnaissant que certains textes du
pentateuque sont tardifs : E. Zenger, P. Weimar, B. Renaud.
- Leur méthode privilégiée est la critique littéraire
XII. 2.2. Les progressistes
- Ils restent attachés à la théorie des documents, mais ils proposent des datations
plus tardives de ceux-ci.
- Le Tétrateuque (pentateuque) est le résultat de deux documents J et P datant de
l'époque exilique (Cfr M. Rose, C. Levin, J. van Seters).
- La méthode prônée est l'histoire des traditions.
XII.2.3. Les post-modernes
- Ils renoncent au modèle évolutionniste des documents.
- Ils insistent sur la cohabitation des différentes conceptions idéologiques dans le
pentateuque.
- La période décisive de formation du pentateuque est après l'exil : E. Blum, J.
Blenkinsopp, F. Crüsemann, W. Johnstone, R. Albertz, J. L. Ska.
- Ils préfèrent la méthode de l'histoire des rédactions.
document servait désormais de droit perse pour la province concernée. C'est dans ce contexte
que serait né le pentateuque (Cfr Esd 7, 12-26).
- Une critique faite à cette hypothèse : Est-ce ce document officiel qui est le
pentateuque actuel ? Ou bien s'agit-il d'un autre document législatif ?
-De la même manière, le peuple d’Israël est celui présenté comme légitime. Les autres
peuples sont donc à exclure : les Moabites et Ammonites, les Ismaélites.
-On peut subdiviser cette seconde partie de la Genèse de la manière suivante :
Cycle d’Abraham (11,27-25,18)
Cycle de Jacob (25,19-37,1)
Cycle de Joseph (37,2-50,26)
-Les récits de ce cycle sont construits autour de l’idée du voyage. Jacob part de Beersheba en
terre promise (28,10), fuyant les menaces de mort proliférées par son frère Esaü puisqu’il lui
dérobé la bénédiction (27,41-45). Il se rend chez Laban son oncle (29, l). Il retournera chez
lui (3 1,17-18).
-Le cycle de Jacob décrit donc l’itinéraire d’un voyageur, exilé de chez lui, qui doit faire face
aux vissicitudes de la vie avant de rentrer dans sa patrie.
-En réalité, l’histoire de Jacob est celle de la communauté israélite post-exilique. Elle n’a pas
de terre, mais garde tout son désir ardent une fois retournée de revivre son amour de
prédilection avec YHWH. La loi est désormais son seul repère.
-Jacob est la figure idéale de l’exilé. C’est l’œuvre de l’auteur post-Sacerdotal (post-P). Cf.
28,1315.20-22 ; 31,3.10-13 ; 32, 10-13.
-Outre la promesse de la terre et de la descendance (déjà faite à ses pères), Jacob bénéficie de
la promesse de l’assistance-protection divine (28, 15).
-L’exil acquiert une signification théologique. Le voyage de Jacob est une préfiguration du
sort réservé à ses descendants (Exil à Babylone).
-Quelques allusions dans le NT : Rm 9, 1-18.
Structure du cycle de Jacob (2X 19-37. l)
(Tôlëdôt d’Isaac), la naissance d’Esaü et de Jacob (25, 19-26)
Esaü vend son droit d’aînesse (25,27-34)
Intermède — Isaac en territoire philistin (26, 1-33)
Le voyage d’Isaac à Guérar lafemme devenue « sœur » (26, 1-11)
La contestation entre Isaac et les philistins (26, 12-25)
L ‘alliance entre Isaac le roi des philistins (26,26-33)
Jacob soustrait à Esaü sa bénédiction (26,34-28,9)
Le mariage d’Esaü (26,34-35)
La stratégie de Rébecca et sa réalisation (2 7, 1-45)
Une autre bénédiction pour Jacob (27, 46-28,5)
Un autre mariage pour Esaü (28, 6-9)
Le songe de Jacob à Béthel (28, 10-22)
Le séjour de Jacob chez Laban (29,1-32,3)
L ‘arrivée à la maison de Laban (29, 1-14)
Le mariage de Jacob (26,15-30)
La naissance des fils de Jacob (29,31-30,24)
Les stratagèmes de Jacob (30,25-31,2)
72
-L’histoire de Joseph est le récit de la vie d’un homme juste et innocent qui, à partir de son
ingéniosité et honnêteté, est en mesure de prospérer et d’avoir du succès en terre étrangère.
Et c’est lui le vendu qui finira par être le rédempteur de ses propres frères jadis jaloux.
-L’histoire de Joseph est le récit d’une vision positive de la diaspora et de l’exil. Ce qui
contraste avec celle négative de l’humiliation et oppression en exil.
-Même à l’étranger, on peut vivre comme un véritable israélite. On peut réussir à s’intégrer et
même avoir des richesses à l’étranger sans nécessairement perdre son identité personnelle
(47, 11).
-Les Pères de l’Eglise ont fait un rapprochement entre la figure de Joseph et la personne de
Jésus Christ : Tous ont été vendus par leurs frères pour quelques pièces d’argent (37,28 // Mt
26,15 ; 27,3.9), leurs tuniques arrachées (37,3.23.31-33 // Jn 19,23), ils ont rente ans quand
ils commencent leur ascension sociale (41,46 // Lc 3,23), etc.
LE LIVRE DE L’EXODE
-C’est le deuxième livre de la Bible hébraïque. On y relate les événements de la sortie
d’Israël du pays d’Egypte jusqu’à leur arrivée au Mont Sinaï.
-Ce livre est important y compris pour le christianisme puisque la pâque juive est relue pour
faire allusion au Mystère pascal du Christ.
-L’événement de l’exode est l’élément fondamental à partir duquel Israël se définit comme
peuple.
-Grace à l’événement exode, Dieu se révèle à Israël. Son nom est YHWH.
-Au sommet du Mont Sinaï, YHWH scelle de manière singulière un pacte d’alliance avec
Israël. Ce dernier devient le peuple qu’il se choisit particulièrement.
-Au Sinaï, Israël reçoit donc la loi.
-On ne doit pas perdre de vue l’orientation téléologique du livre. C’est l’événement de
l’exode, en tant qu’acte salvifique de YHWH, qui donne sens aux lois, et les éclaire
véritablement. C’est parce qu’il a expérimenté le bras fort et libérateur de Dieu, que le peuple
d’Israël prend la ferme résolution d’observer avec fidélité les lois.
*Contexte historico-social
-Jusqu’au 19e siècle, Ex 1-19 était considéré comme renfermant des faits historiques.
Exemple : à la fin du 19e siècle J. Wellhausen admet le caractère historique de l’exode. Ce
point de vue perdure jusqu’aux années 1980, malgré quelques nuances.
-En 1988 Lemche affirme que l’exode est un récit légendaire et épique. Il n’y existe
aucune vérité historique. Tout cela n’est que de la pure fiction littéraire.
-Certaines données du livre sont difficilement justifiables. Quel était le nombre des Israélites
en sortant d’Egypte (Ex 12,37 ; Nb 1,46 ; 26,51) ? Et comment tout ce monde a-t-il pu
survivre pendant un séjour de 40 ans au désert ?
-Selon Ex 1,11-14, les travaux forcés infligés aux hébreux (Apiru ?) permirent de construire
les villes de Pitom et Ramsès. Or selon les fouilles archéologiques ce n’est pas à l’époque de
Ramsès qu’on a construit la ville de Pitom. De plus, cette ville n’existait pas à cette époque
mais c’est plutôt à l’époque Saïte (7e – 6e siècle av. JC). En ce sens, Ex 1,11 est une
projection des événements tardifs à une époque antérieure avec pour visée de situer
historiquement les origines du peuple d’Israël. En outre, vu la ressemblance littéraire, la
description des faits relatifs à l’esclavage en Egypte (Ex 1ss) cela fait davantage penser à
l’oppression qui eut lieu à l’époque du roi Salomon (1R 5,27-32 ; 1R 9, 15-26).
« Il existe une étroite corrélation entre le récit de l’exode et celui qui traite de la rébellion de
Jéroboam contre Salomon et Roboam » (M. D. Oblath cité par F. Garcia).
-Le récit de l’exode serait une allégorie de ce qui s’est passé lors du schisme d’Israël.
-Qui sont les Hébreux ? Est-ce les Apiru ? ou d’autres peuples ? (Cf. I. Finkelstein - N. Asher
Silberman)
-La personne de Moïse. A quel moment fut-il introduit dans les récits de l’Exode, si l’on part
du fait qu’au départ il existait de grands thèmes indépendants ?
-Quel est le véritable nom de la Sainte Montagne. Sinaï ? Horeb ? Peut-on véritablement
accorder du crédit à son existence historique ?
-Les sources que l’on retrouve à la base du texte final de l’Exode viennent de JE et P.
Néanmoins il existe des ajouts qui proviennent de D.
76
B. Structure du livre
On divise généralement le livre en trois principales parties : La sortie d’Egypte (1,1-15,21),
la pérégrination à travers le désert (15,22-18,27), les événements du Sinaï (19,1-40,38).
-La mort des premiers-nés constitue la dixième plaie. C’est le climax de l’ensemble
des plaies. Il s’agit de l’acte décisif de YHWH. Cette plaie est en rapport avec les cérémonies
rituelles de la pâque.
-Toutefois, il existe une forte similitude entre le récit des plaies tel que décrit dans le
livre de l’Exode d’une part, et les différentes traditions prophétiques, deutéronomiques et
deutéronomistes. Cf. Samuel, Rois, Amos, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel.
-Bref, il apparait que ce récit des plaies est « une composition littéraire,
soigneusement élaborée, davantage qu’un exposé historique » (R. de Vaux).
parcours entre l’Egypte et Canaan, entre le ciel et la terre. C’est un lieu utopique dans le
désert » (F. Garcia).
-Cette dernière section (19-40) comporte essentiellement deux parties :
Ex 19, 1-24,11 (Théophanie, alliance et loi)
Ex 24, 12-40,38 (Sanctuaire, veau d’or, nouvelle alliance).
-On y retrouve aussi des textes sacerdotaux (Ex 19,1-2 ; 24,15-18 ; 25-31 ; 35-40) et des
textes non sacerdotaux (Ex 19,3-24,1 1 ; 32-34).
-Sur la montagne du Sinaï, il y a une véritable théophanie d’alliance puisque la
manifestation de YHWH est en vue de ratifier un pacte d’alliance avec son peuple.
-L’alliance scellée et le don de la loi fait désormais d’Israël la propriété de YHWH (Ex 19,5-
6).
-Peuple saint, auréolé d’une dignité sacerdotale, Israël devra observer la loi de YHWH son
Dieu. Cest un acte de reconnaissance.
-On retrouve comme codes normatifs : le Décalogue (20,2-17), le Code d’alliance (20,22-
23,19), le Décalogue cultuel (34, 10-26).
-C’est le respect des lois qui garantira la liberté d’Israël une fois pénétré la terre promise.
Si la construction du sanctuaire (Ex 24, 12-31,18 ; 35-40) entend symboliser la présence
effective de YHWH au sein de son peuple (25,8), la fabrication du veau d’or par Aaron et
le peuple s’avère être un « anti-sanctuaire » (Cf. R. P. KNIERIM). C’est une sorte de
rejet de la présence de YHWH. C’est ce qui explique la colère du Seigneur. Dans ce
contexte, YHWH va-t-il continuer à habiter au milieu de ce peuple (33,3.5.14) ?
-Malgré ce gros péché d’idolâtrie, YHWH se repent et rétablit l’alliance rompue. Car il est
miséricordieux (34, 6-7). Il renouvelle son alliance en donnant d’autres tablettes de lois (34,
1.27-28).
-Le sanctuaire est ainsi le lieu par excellence où se manifeste la Gloire YHWH (Kabod). Cela
rappelle fort bien le temple de Jérusalem : « Le sanctuaire que Dieu ordonne à Moïse de
construire (25,8-9) est en définitive une copie du temple de Jérusalem ».
-Quant à son contexte de rédaction, il serait après l’exil. Selon H. Utzschneider Ex 25-31 et
35-40 auraient été écrits vers 550-450 av JC. Dans un contexte où Israël est en perte de
repère (pas de monarchie, ni pays, ni lieu de culte), on se rend compte que « le vrai
sanctuaire pour la communauté postexilique ne pouvait être autre que le lieu de la loi. C’est
pourquoi la construction du sanctuaire devait être entreprise au Sinaï » (F. Garcia).
Théologie du livre
-YHWH est un Dieu capable d’être immergé dans l’histoire dans le but de libérer ceux
qui se trouvent dans la souffrance. L’exode n’est pas que celui du peuple mais YHWH lui-
même est le premier à emprunter le chemin exodal. Loin d’être réduit à un simple récit,
l’Exode est davantage une confession de foi faite par Israël au regard de ce qu’a accompli
YHWH dans son histoire. C’est l’autorévélation de Dieu lui-même (Ex 3,14).
-La libération est en réalité le don de Dieu qui entend les clameurs de son peuple. En
quittant l’Egypte, Israël n’est pas encore constitué en peuple (pas terre, ni de loi). Cela
advient avec l’exode. Dès lors l’exode est certes un don de Dieu, mais il est aussi un
engagement de la part du peuple. Celui-ci a dorénavant l’obligation de respecter fidèlement
les lois de YHWH s’il voudrait demeurer un peuple libre.
-L’alliance n’implique pas forcément une égalité entre les partenaires. Mais les deux
partenaires sont tenus de respecter les clauses conclues.
-La fête de Pâque devient le mémorial de la libération.
-La Gloire du Seigneur habite le peuple et chemine avec lui jusqu’à la terre promise (Ex
40,34 // Jn 1,14.16).
-Dieu ne saurait être une force impersonnelle qui régit l’univers. YHWH est un DIEU
PERSONNEL qui libère l’homme de toute forme d’esclavage.
-Le peuple d’Israël passe de la servitude au service de YHWH.
LE LIVRE DU LEVITIQUE
-Une fois constitué comme peuple avec l’événement de l’exode, Israël ressent le besoin
d’être mieux organisé. Sur quelle base juridique se constituera-t-il ?
-Ceci se fait à partir de l’exigence capitale de « pureté » et de « sainteté » dans la vie.
En effet, par l’exode YHWH a voulu mettre à part ce peuple (Lv 25,55). Il l’a sanctifié pour
qu’il ne soit plus « contaminé » par les peuples environnants notamment les Egyptiens.
- C’est celui qui a fait sortir Israël de l’oppression égyptienne qui de ce fait l’a sanctifié
(22,32-33). C’est le fondement théologique qui donne sens au principe juridique.
-En hébreu Wayyiqra’ (Et il appela), le livre est un ensemble de lois et règlements concernant
le sacerdoce des Lévi (25,32-34) certes, mais aussi des prêtres fils d’Aaron (8-10 ; 21-22)
ainsi que l’ensemble du peuple.
-Il s’agit de distinguer ce qui est pur de ce qui ne l’est point : Israël devient un peuple saint
(19,2 ; 22,31-33), et devra traduire cette exigence dans tous les domaines de sa vie. Il ne doit
81
plus vivre comme tout le monde, c’est-à-dire à l’instar des nations dont il a été mis à l’écart
(11,47 ; 18,3-5 ; 20,22-26 ; 22,32-33).
-Le style littéraire du Lévitique est facilement identifiable. C’est l’œuvre du Sacerdotal P : «
Parmi les sources du pentateuque dans les premiers quatre livres de l’œuvre, P est celle qui
se fait reconnaitre le plus facilement à travers son lexique relativement constant, son style
solennel, (...) l’amour soit pour les éléments connexes avec le culte (liturgie rituelle,
institutions), soit pour les généalogies » (J. A. Soggin).
-L’auteur : il s’agit plus d’une Ecole ayant une grande estime pour le culte que d’un
individu particulier.
-Datation : Aujourd’hui on situe la rédaction du Lévitique à l’époque post exilique,
notamment avec la reconstruction de Jérusalem.
-Certains thèmes reviennent entre le livre de l’Exode et celui du Lévitique. Voilà pourquoi
certains exégètes ont pensé en faire un unique livre : la construction du sanctuaire (Lv 1-10 //
Ex 35-40), le sacerdoce (Lv 8-9 // Ex 29), Israël comme peuple saint, sacerdoce royal (Lv
11,44 ; 19,2 // Ex 19,6).
Structure du livre
-Le Lévitique est composé de lois (surtout dans la première partie du livre Lv 1-15) et de
quelques séquences narratives (8-10 ; 16*, 24, 10-23*). Mais on y trouve également des
péricopes parénétiques dans la seconde partie (18-26). C’est donc un livre complexe et
hétérogène (M. Noth).
-Globalement on perçoit deux paflies majeures :
A. Les rites (1-16).
Rites de sacrifices (1-7), rites d’ordination (8-10), rites de purification (11-15), rites de
pénitence. Yom Kippour (16).
B. Le Code de Sainteté (17-26).
Nous devons cette appellation à A. Klostermann (1877) quand il parla de Heiligkeitsgesetz
(H) parce que dans cette seconde partie l’invitation à la sainteté y revient comme un
leitmotiv. Cf. 19,2 ; 20,7.8.24.26 ; 21,15.23 ; 22,9.16.32.
-Mais lorsque le livre est scruté en détail, on a ceci :
Les rites (1-16)
*Les lois sur les sacrifices spontanés : holocaustes, oblation, sacrifice de communion
(1-3)
*Les sacrifices expiatoires : relatifs au péché et à la réparation (4-5)
82
Théologie
-Selon J. Milgrom « Tout le Lévitique est théologie ». En effet, tous les rites et les parénèses
qui y sont contenus sont orientés vers YHWH. La sainteté requise à Israël est d’abord un
attribut de Dieu.
-La rencontre entre Israël et YHWH au Sinaï est un paradigme important pour tout
croyant : la vie active exige que l’on prenne souvent des moments de pause pour adorer Dieu
d’une part, et confronter sa vie personnelle avec la volonté du Créateur. Ainsi, le culte ne
saurait être un perd temps.
-Le culte est plutôt un ressourcement énergétique. C’est un complément important voir
nécessaire au programme de travail recommandé par le Seigneur (Gn 2, 15).
-Le culte n’est pas seulement un repos physique par rapport aux diverses activités menées.
Mais c’est un moment fondamental où l’être humain (individu et communauté) prend
conscience du sens de sa propre existence en tant qu’actuation du projet divin pour toute
l’humanité. Bref, le travail et le culte sont les deux faces d’une même pièce.
83
Israël s’apprête alors à quitter le mont Sinaï pour continuer sa route. Le récit de départ y est
brièvement résumé (Nb 10). Au cours de sa pérégrination à travers le désert YHWH ne cesse
de nourrir son peuple qui pourtant se lamente (Nb 11). Et quand Myriam se plaint contre
Moïse, le Seigneur répond et cette dernière se voit frappée de la lèpre (Nb 12). Quant à
l’exploration du pays de Canaan avant la prise de possession, Israël y envoie une douzaine
d’espions. Mais le peuple craintif, refuse de marcher contre les cananéens (Nb 13-14). Les
prescriptions relatives aux sacrifices, aux fonctions des prêtres sont quant à elles traitées en
Nb 15…
Proposition de structure
Plusieurs divisions du livre des Nombres sont faites par les exégètes. Il n’est donc pas
étonnant de trouver d’autres possibilités autres que celle-ci. Néanmoins il ressort que l’on
peut retrouver trois parties principales :
a) Nb 1,1-10,10
L’intrigue se déroule essentiellement au Sinaï. Ici Moïse et son frère Aaron procèdent :
-au recensement des tribus laïcs
-à l’ordonnancement du campement
-au recensement des lévites et l’assignation de leurs fonctions
-à l’élaboration et à la promulgation de diverses lois
-à la recommandation de différentes dispositions cultuelles et liturgiques
b) Nb 10, 11-21,35
Cette séquence nous rapporte le départ du peuple d’Israël de la montagne du Sinaï. C’est le
commencement du voyage à travers le désert, milieu assez hostile certes, mais aussi riche en
thématique :
-L’exploration du pays de Canaan et les tentatives d’y pénétrer par la région du Sud
-Les plaintes et les récriminations du peuple face à l’agressivité, les atrocités du désert
-YHWH châtie les rebelles et réprimande les murmures du peuple
-Moïse intercesseur et Miséricorde de YHWH qui prend en pitié ce peuple : il pourvoie à ses
besoins (eau, manne, cailles)
-Désobéissance et rébellion à l’autorité de Moïse
-Moïse partage ses responsabilités avec 70 anciens
-Dispositions légales et normes relatives à la vie cultuelle et celle liturgique : sacrifices,
personnes consacrées (lévites et prêtres), le sabbat, l’eau, le serpent de bronze.
86
-Israël fait face aux confrontations et aux autres actions de guerres dans son avancée vers la
terre promise.
-Mort d’Aaron.
c) Nb 22-36
Cette ultime partie du livre des Nombres se déroule dans les plaines de Moab en
Transjordanie.
Dans cette partie on retrouve une imbrication entre les textes narratifs et les sections
législatives et institutionnelles.
Ainsi, les récits qui sont évoqués sont entre autres : l’histoire de Balaam, la succession de
Moïse par Josué, des sections de guerre, des séquences principales de l’exode, la répartition
de la Transjordanie entre Gad, Ruben et la moitié de Manassé.
Quant aux prescriptions de lois, nous avons : la concession du sacerdoce à Pinhas et à sa
descendance, l’héritage des filles au cas où il n’existe pas de garçon comme héritier légitime,
des normes relatives aux sacrifices et aux fêtes, des lois sur les vœux, des lois sur le butin et
sa distribution, la législation sur les villes des lévites et les villes-refuges.
maison. Je lui parle bouche à bouche, dans l’évidence, non en énigmes, et il voit la forme de
YHWH. Pourquoi avez-vous osé parler contre mon serviteur Moïse ? » (Nb 12,6-8).
LE LIVRE DU DEUTERONOME
89
Structure du livre
« Le sens d’un texte est fondamentalement fonction de son organisation structurelle »
La subdivision du Dt est fonction des critères que les chercheurs emploient. Aussi existe-t-il
moult propositions. Néanmoins il faut reconnaitre le livre en soi offre certaines formules
90
d’introduction qui reviennent au fil du texte (1,1 ; 4,44 ; 28,69 ; 33,1). Ce qui pourrait
légitimer la subdivision suivante :
1,1-5 : Introduction
1,6-4,43 : Premier discours de Moïse
I ,6-3,29 : Réflexions sur l’itinéraire de l’Horeb à Moab
4,1-40 : Devoir d’obéissance pour Israël
4,41-43 : Villes refuges
4,44-49 : Introduction
5,1-28,68 : Deuxième discours de Moïse
5, 1-33 : le décalogue
6, 1-11 ,32 : Aimer YHWH de tout son cœur
12, I -26,19 : Code deutéronomique
27, 1-26 : Ratification de l’Alliance à l’entrée de la terre promise
28, 1-68 : Bénédictions et malédictions
28,69-30,20 : Troisième discours de Moïse
31,1-34,12 : Epilogue, les derniers jours de Moïse
3 1, 1-30 : Election de Josué comme successeur
32,1-44 : Cantique de Moïse
(Dt 32,45-47 suit Dt 31,27)
33, 1-29 : Bénédictions de Moïse
34,1-12 : Mort de Moïse
4. L’unité du peuple
A l’unicité de YHWH correspond l’unité du peuple : Israël, en vertu de son élection divine,
est devenu la propriété de Dieu (7,6). C’est désormais un unique peuple, une communauté
qui doit aimer YHWH de manière absolue et exclusive. Il doit se séparer des autres nations
ne partageant pas la même foi en YHWH.
TETRATEUQUE DEUTERONOME
PENTATEUQUE
Relectures post-sacerdotales Relectures post-dtr
Tradition Tradition
du du
Royaume Royaume
du sud du Nord
950 composition
de D (après
700)
850
Reforme de
Chute de Josias Dtr
Samarie (721) (622)
Chute de
Jérusalem 587
Exil babylone Historiograph
593-538 ie dtr (610)
DtrG
Compilation J + TETRATEU
E (700) QUE
PENTATEU
J+E+P QUE
J+E+P+D
94
Annexe A
LA BIBLE DANS SES SUBDIVISIONS : LE CANON HEBREU ET LA SEQUENCE
CATHOLIQUE
(LXX et Vulgate)
CANON HEBREU SEQUENCE CATHOLIQUE (CFR.
VULGATE ET LXX)
תורה Torah (Loi) Pentateuque
ּב ְֵראׁשִ ית (Bereshît, au commencement) - Genèse Genèse
ׁשְמֹות (Shemôt, noms) - Exode Exode
ִקְרא
ָ ַוּי (Wayiqra’, et il appela) - Lévitique Lévitique
ּבְמִדְ ּבַר (Bemidbar, au désert) - Nombres Nombres
הַּדְ ב ִָרים (Devarîm, paroles) - Deutéronome Deutéronome
נביאיםNebi’îm (Prophètes)
Livres historiques
Giosuè Josué
( נביאים ראשיתNebi’îm rishonim Prophètes antérieurs) Giudici Juges
Ruth
יְהֹוׁשֻ ַע (Yehoshua) - Josué 1-2 Samuel
ׁשֹופְטִ ים (Shofetîm) - Juges 1-2 Rois
ׁשְ מּואֵ ל (Shemu’el) - 1-2 Samuel 1-2 Chroniques
מְ ָלכִים (Malakîm) - 1-2 Rois Esdras – Néhémie
Tobit
( נביאים אחוריNebi’îm aharonim Prophètes postérieurs) Judith
Esther
1-2 Maccabées
יְׁשַ ְעיָהּו (Yisha’yahû) - Isaïe
י ְִרמְ יָהּו (Yermiyahû) - Jérémie
יְ ֶחזְקֵאל (Yehezqe’el) - Ezéchiel
Livres prophétiques
( חמש לחמניותHamesh meghillot, cinq rouleaux) Isaïe
רּות (rut) - Ruth Jérémie
95
ירים
ִ ִ( ׁשִ יר הַּׁשShirt hasshirîm) - Cantique des cantiques Lamentations
אֵ יכָה (Ekah, ahimè) - Lamentations Baruch
קֹו ֶהלֶת (Qoelet, rassemblement) Qohéleth = Ezéchiel
Ecclésiaste
Daniel
( אֶ סְּתֵ רEster) - Esther Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas,
Michée, Nahoum, Habaquq, Sophonie,
Aggée, Zacharie, Malachie
ּדָ נִּיֵאל (Dani’el) - Daniel
ֶעז ְָרא (Ezra’) - Néhémie
( מילות הימיםDibrey hayyamîm – Paroles des jours)
1-2 Chroniques